...face aux inacceptables « exigences » algériennes
...par Bernard Lugan - Le 22/12/2020.
En parlant de la colonisation comme d’un « crime contre l’humanité », Emmanuel Macron a ouvert une boite de Pandore qu’il ne pourra plus refermer. Déjà, le 15
juillet 2019, Mohand Ouamar Bennelhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM (Organisation nationale des moudjahidines, les anciens combattants), avait appelé les députés algériens à
voter une loi criminalisant la colonisation française. Maintenant qu’il y a tout à craindre du rapport de la « commission Stora » sur la « mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie »
qui devrait remis au début de l’année 2021, voilà déjà les demandes de « réparations » qui s’accumulent. Certaines exigent la remise des archives de l’Algérie française, d’autres formulent des
demandes de « dédommagement » s’élevant à 100 milliards de dollars !!!
L’Etat semblant avoir renoncé à défendre l’image de la France et ses intérêts face à ces exigences à la fois surréalistes et insupportables, il ne reste donc
que la réaction citoyenne et la mobilisation du « pays réel » à travers les réseaux sociaux. Tel est le but de cette analyse.
Puisque le « Système » algérien veut faire les comptes, nous allons donc lui présenter l’addition de ce que l’Algérie a coûté à la France entre 1830 et 1962…sans
parler du coût colossal de l’immigration depuis cette dernière date…
Au mois de juillet 1962, au terme de 132 années de présence, la France avait créé l’Algérie, lui avait donné son nom, l’avait unifiée et lui avait offert un
Sahara qu’elle n’avait, et par définition, jamais possédé puisqu’elle n’avait jamais existé auparavant. La France avait drainé ses marécages, avait bonifié ses terres, avait équipé le pays,
avait soigné et multiplié par dix ses populations. Elle avait également fait entrer dans la modernité des tribus jusque-là dissociées qui n’avaient jamais eu conscience d’appartenir à un tout
commun supérieur.
La France laissait en héritage à l’Algérie indépendante :
- 70.000 km de routes,
- 4300 km de voies ferrées,
- 4 ports équipés aux normes internationales,
- une douzaine d’aérodromes principaux,
- des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.),
- des milliers de bâtiments administratifs, de mairies, de casernes, de gendarmeries,
- 31 centrales hydroélectriques ou thermiques,
- une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie,
- des milliers d’écoles, d’instituts de formation, de lycées, d’universités, d’hôpitaux, de maternités, de dispensaires, de centres de santé, etc.
Tout cela avait été créé par la France, pensé et réalisé par des ingénieurs et des architectes français, et payé par les impôts des contribuables français.
En 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait à elle seule 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que le budget de l’Education
nationale ou ceux, additionnés des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce.
Et cela, en pure perte car, économiquement, l’Algérie n’avait pas d’intérêt pour la France. Qu’il s’agisse des minerais, du liège, de l’alpha, des vins, des
agrumes etc., toutes les productions algériennes avaient en effet des coûts supérieurs à ceux du marché. Ainsi, alors que le vin comptait pour près de 54% de toutes ses exportations agricoles
vers la métropole, le prix de l’hectolitre qu’elle vendait à la France était largement supérieur à celui produit en Espagne, ce qui n’empêcha pas la métropole de se fermer au vin espagnol
pour s’ouvrir encore davantage au sien…
En 1930, le prix du quintal de blé était de 93 francs alors que celui proposé par l’Algérie variait entre 120 et 140 f, soit 30 à 50% de plus.
Quant au pétrole, il avait lui aussi été subventionné par la France. Découverts en 1956, les hydrocarbures du Sahara furent mis en production entre 1957 et
1959, avec une exploitation qui débuta véritablement en 1961, quelques mois donc avant l’indépendance. Or, comme Daniel Lefeuvre l’a clairement montré, l’Etat français fut quasiment contraint
d’imposer à des compagnies réticentes de s’investir dans cette production. En effet :
- Le pétrole algérien devait obligatoirement être vendu sur le marché mondial car il était trop léger pour la transformation en fuel dont avait alors besoin
l’industrie française.
- A cette époque le marché mondial était saturé. L’URSS bradait ses huiles à bas prix et les gros producteurs du Moyen-Orient limitaient leur
production.
- L’Algérie et la Libye arrivant en même temps sur le marché la chute des cours allait être accélérée, d’autant plus que le pétrole libyen était plus facile à
exploiter et à écouler que celui d’Algérie.
- Le brut algérien était cher : 2,08 $ le baril contre 1,80 $ au cours mondial.
Résultat : là encore, la France a surpayé un pétrole dont elle avait pourtant financé les recherches et la mise en exploitation, phénomène qui se
poursuivra d’ailleurs après l’indépendance.
Quant à l’immigration algérienne en France, et là encore, contrairement à tous les poncifs, elle n’a correspondu à aucune nécessité économique, l’absence de
qualification et de stabilité de cette main-d’œuvre nécessitant la mise en place de mesures d’adaptation inutilement coûteuses. De plus, contrairement à la vulgate, l’afflux d’Algériens en
métropole, dans les années 1950, n’a pas répondu aux besoins en main d’œuvre de l’économie française au cours des années de reconstruction ou des « Trente Glorieuses » puisque, sur 110 000
Algériens recensés en 1950 dans la région parisienne, Daniel Lefeuvre a montré que 50 000 n’avaient pas de moyens d’existence réguliers. De même, en 1957, sur 300 000 Algériens vivant en
France le nombre de sans-emploi était de 100 000…
En Algérie où tout était plus cher qu’en métropole, année après année, la France a comblé la différence. Par comparaison avec une usine métropolitaine,
l’ensemble des dépenses, salaires et accessoires était ainsi de 37% plus élevé en Algérie, ce qui faisait qu’une usine qui y était construite n’étant pas rentable, il lui fallait donc, non
seulement un marché subventionné par la France, mais en plus un marché protégé…
Au lieu d’avoir pillé l’Algérie comme l’affirment contre la vérité historique et économique les dirigeants algériens, les culpabilisateurs et les « décoloniaux
», la France s’y est au contraire ruinée.
Par le labeur de ses colons la France avait également permis à l’Algérie d’être alimentairement auto-suffisante. Aujourd’hui elle est le premier importateur
africain de biens alimentaires pour un total annuel moyen de 12 à 14 milliards de dollars (Centre national algérien de l'informatique et des statistiques-douanes-CNIS).
Pour mémoire, en 1961, l’Algérie exporta 600.000 quintaux de grain et 700.000 quintaux de semoule. Aujourd’hui, la moyenne annuelle des importations de ces
produits se situe entre 5 et 30 millions de quintaux par an.
L’Algérie n’exporte plus d’oranges alors qu’avant 1962, les exportations étaient de 200.000 tonnes. Elle n’exporte plus de tomates (elle en exportait 300 000
quintaux avant 1962), de carottes, d’oignons, de petits pois, de haricots verts, de melons, de courgettes etc., toutes productions qui faisaient la richesse de ses maraîchers avant 1962.
Avant cette date, les primeurs algériens débarquaient à Marseille par bateaux entiers. Notamment les pommes de terre nouvelles dont les exportations annuelles oscillaient entre 500.000 et un
million de quintaux alors qu’au 4e trimestre 2020, rien qu’en semences, et pour la seule France, l’Algérie en a importé 4300 tonnes (Ouest-France 14 décembre 2020). Toujours avant
1962, l’Algérie exportait 100.000 hectolitres d’huile d’olive et 50.000 quintaux d’olives tandis qu’aujourd’hui, la production nationale ne permet même pas de satisfaire la demande locale. La
seule facture de lait en poudre et de laitages atteint en moyenne annuelle quasiment 2 milliards de dollars.
Alors que la moitié de la population a moins de 20 ans, le pays est dirigé par des vieillards dont la seule « légitimité » repose sur le mythe de la résistance
à la colonisation et sur d’auto-affirmations « résistancialistes » le plus souvent imaginaires. Quant aux nombreuses associations d’ « ayants-droit » auto proclamés acteurs ou
héritiers de la « guerre de libération », dont les Moudjahidines ou Les enfants de martyrs, elles bloquent la jeunesse sur des schémas obsolètes qui tournent le dos à la
modernité. Avec 6% de toutes les dotations ministérielles, le budget du ministère des Anciens combattants est ainsi supérieur à ceux de l'Agriculture (5%) et de la Justice (2%)…
La cleptocratie d’Etat qui, depuis 1962 a fait main-basse sur l’Algérie indépendante a dilapidé l’héritage laissé par la France avant de détourner des dizaines
de milliards de dollars de recettes gazières et pétrolières sans songer à préparer l’avenir. Après avoir ruiné le pays, il ne lui reste donc plus que son habituelle recette : accuser la «
France coloniale ».
Et pourquoi cesserait-elle d’ailleurs de le faire puisque, à Paris, les héritiers des « porteurs de valises » boivent avec tant volupté au calice de la
repentance…encouragés en cela par le président de la République lui-même…
« En un siècle, à force de bras, les colons ont, d’un marécage infernal,
mitonné un paradis lumineux.
Seul l’amour pouvait oser pareil défi… Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus
colons ont plus chéri cette terre que nous, qui sommes ses enfants… ». (Boualem Sansal )
Quand, en février 2017, le candidat Emmanuel Macron a osé qualifier l’œuvre française en Algérie de « crimecontre l’humanité », je me doutais bien qu’en se livrant à une repentance racoleuse, il ouvrait
la boîte de Pandore, et qu’il donnait du grain à moudre aux revendications et réclamations en tous genres d’une partie de nos anciens colonisés – racialistes, décoloniaux, etc – qui
entretiennent une véritable haine de la France. À l’époque, je lui ai adressé une longue lettre qui a circulé sur Internet, puis j’ai écrit un livre pour dire ce qu’a
été réellement la présence française en Algérie (1).
En fait, Macron se comportait en lèche-babouches pour s’attirer les suffrages des Franco-Algériens, en particulier ceux des enfants du jus solis. Égal à lui-même, c’est-à-dire arrogant et méprisant, il se moquait comme d’une guigne de blesser les «
pieds-noirs » et les harkis. Répétant à l’envi qu’il appartient à une génération qui ne porte pas « le poids de la
colonisation », il aurait pu, il aurait dû, éviter un sujet qui ne peut que creuser davantage le fossé entre les Français et une immigration revancharde qui déteste la France
(mais accepte ses aides sociales diverses et variées).
Quelques mois après son élection, Macron rendait visite à la veuve du traître Maurice Audin et, une nouvelle fois, salissait le rôle de l’armée française en
Algérie. Puis, histoire de mettre encore un peu de sel sur une plaie à vif, il chargeait Benjamin Stora – « pieds roses » et ancien
trotskiste – d’une commission chargée de pacifier les relations franco-algériennes. Brillante idée que cette commission !!!!
L’Algérie « exige dela France qu’elle lui remette la totalité des
archives de la période coloniale » a affirmé, lundi 21 décembre, Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives algériennes. Ce Chikhi a été chargé par le Président Abselmadjid
Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation en Algérie, de concert avec Benjamin Stora. « Les demandes de la partie algérienne
sontclaires et ne nécessitent pas de concertations », a-t-il estimé, ajoutant
que « la question est immuable car le passé ne saurait être effacé ou oublié ». Ceux qui connaissent l’histoire de l’Algérie française
doivent penser – et ils ont raison – qu’on s’oriente indubitablement vers des « accords » unilatéraux, comme à Évian en mars 1962.
D’ailleurs le professeur Seddik Larkeche (2) a écrit à Macron que « la France ne pourra pas échapper à son
obligation de dédommager l’Algérie pour les crimes commis pendant la colonisation… ».
Ce « dédommagement », il l’évalue à 100 milliards d’euros.
Une broutille, une bagatelle ! Pourquoi pas 200 ou 300 milliards ? Au diable l’avarice !
Et bien, au risque de vous surprendre, je suis d’accord pour ce dédommagement mais, comme un bon accord nécessite des concessions réciproques, j’y mettrais
seulement trois conditions :
a)- Le retour en Algérie, aux frais du gouvernement algérien, de TOUS les ressortissants algériens (et franco-algériens) qui vivent chez nous de divers subsides
alloués par l’État colonisateur sans travailler. Et le renvoi au pays, avec déchéance de nationalité, des délinquants franco-algériens.
b)- La restitution des sommes indument perçues, au titre de leur retraite, par d’anciens travailleurs algériens retournés au bled et qui auraient entre 103 et…
130 ans. Ils sont plusieurs milliers. Le paiement des hospitalisations, au Val-de-Grâce ou ailleurs, des caciques du FLN venus se faire soigner en France me semblerait également assez
normal.
c)- Le remboursement des travaux effectués par la France pour équiper et moderniser l’Algérie.
Pour éviter les comptes d’apothicaire, contentons-nous des dernières années de présence française en Algérie. Un rappel de l’œuvre française n’est pas
inutile.
En matière d’éducation : La France a doté l’Algérie de 800 écoles primaires, 25 lycées, 24 collèges, 1 université (5
000 étudiants), et 8 écoles normales. Etablissements servis par 1 500 professeurs.
En matière de santé : Nous avons construit un hôpital de 2 000 lits, deux hôpitaux de 1 000 lits, 112 hôpitaux
polyvalents, 14 établissements spécialisés, 9 cliniques privées et un InstitutPasteur. Et nous
avons fourni 1 950 médecins civils aidés par 700 médecins militaires, soit un médecin pour 3 700 habitants (3).
En matière d’agriculture : 13 000 000 hectares ont été cultivés, dont 75 % appartenant aux musulmans. 200 000
hectares ont été irrigués par des barrages.
Le cheptel était de 5 000 000 ovins et 3 000 000 caprins, dont 90 % propriété des musulmans. 3 000 000 d’ânes, bovins et chevaux. 11 000 000 de quintaux annuels
de blé produits, 8 000 000 d’orge, 1 000 000 d’avoine, 450 000 hectares de vignes. (18 000 000 hectolitres de vin). 40 000 hectares de culture maraîchère et fruitière, 20 000
hectares de tabac, 12 000 hectares de coton, liège et alfa.
Industrie agro-alimentaire : La France a construit des conserveries de poissons, légumes, brasseries, jus de fruits
et distilleries (apéritifs). Un institut agricole à Maison-Carrée et cinq autres écoles dans le pays.
Communications terrestres : Nous avons bâti 54 000 km de routes nationales et départementales, 24 000 km de
pistes sahariennes. 4 420 km de voies ferrées, plus 747 km de voies étroites.
Le parc ferroviaire était de 77 locomotives diéso-électriques, 25 autorails, 41 locos-tracteurs pour les gares, 91 locomotives à vapeur (pour voies étroites),
31 motrices électriques pour la région de Bône (électrifiée), 500 wagons de voyageurs et 10 000 wagons pour le fret.
Communications maritime : La France a construit 23 ports dont Alger (4 000 000 de tonnes de fret et 450 000
passagers/an), Oran (2 000 000 de tonnes de fret et 250 000 passagers/an), Arzew : port gazier, et Bougie : port pétrolier. Ainsi que de nombreux ports de pêche de Nemours à La
Calle.
Communications aériennes : Nous avons construit 3 grands aéroports : Alger, Oran et Constantine. 1 000 000 de
voyageurs/an. L’aéroport d’Alger Maison-Blanche était, en 1959, le deuxième aéroport de France. Plus de nombreux petits aérodromes, sans compter les bases militaires créées à partir de 1955
(Boufarik, ou Aïn-Arnat). Une compagnie aérienne, « Air Algérie », créée en 1945. (6 Caravelles en 1960). 53 aéro-clubs et 460 avions privés.
Communications téléphoniques, radio/TV : La France a posé 6 câbles sous-marins, et 2 câbles souterrains au Sahara. 4
voies radioélectriques, 1 faisceau hertzien (et 4 au Sahara). Outre les stations radio existant depuis les années 1920, nous avons créé une station TV à Cap-Matifou en 1954, avec des relais
dans toute l’Algérie. 15 centraux téléphoniques, 120 000 postes téléphoniques. 818 bureaux de poste (recette principale, annexe ou agence). Ainsi que 600 agences ou annexes postales dans le
bled.
Activités minières : Exploitation de mines de plomb et de zinc dans l’Ouarsenis, à Sidi-Kamber au nord de
Constantine. De marbre à Filfila dans le Constantinois et Le Chenoua dans l’Algérois. Mines de fer à El-Hallia (Constantinois), Zaccar (Algérois), Ouenza au sud de Bône. Mine de houille à
Kenadza près de Colomb-Béchar. Mines de phosphate de chaux à Tébessa et Sétif (Constantinois). Plus trois usines de production chimique à Bône, Maison-Carrée et La Sénia.
Métallurgie : Nous avons laissé environ 3 000 établissements, dont beaucoup de petits ateliers qui employaient
en gros 25 000 salariés. Quelques usines spécialisées, telles que : l’acier laminé à La Sénia, tréfilerie de cuivre-alu à Alger. Construction de bâtiments à ossature métallique à Constantine
(Ets Duplan). Articles ménagers alu à Bône. Emballages de fer blanc et fûts au Gué de Constantine à Alger. Wagons de chemin de fer à Bône. Électrodes de soudure, « Air Liquide » à Alger. Fabrication de pylônes électriques à Maison-Carrée et Rouïba. Assemblage de camions Berliet à Rouïba. Aciérie à Bône,
achevée en 1961.
Bâtiment : trois cimenteries à Pointe Pescade et Rivet (Algérois) et St-Lucien-La Cado (Oranie). Et une cinquantaine
de briqueteries-tuileries.
Habitat urbain et rural : Dans les années 50, l’office HBM (Habitations à bon marché) a construit des logements à
Bab-El-Oued, Le Ruisseau, Le Clos Salembier, Diar-es-Saâda et Mahcoul. De grandes cités nouvelles ont vu le jour à Oran, Constantine, Philippeville, Bône, Sétif, Bougie, Blida, Tlemcen,
Mostaganem et Bel-Abbés. À la veille de l’indépendance, le pays possédait 274 stades, dont 5 à Oran. Entre 1959 et 1962, il s’est construit 50 à 60 000 logements urbains et 80 à 90 000
logements ruraux par an.
Énergie : Au départ de la France, il y avait 11 compagnies d’électricité en Algérie. L’ensemble a été
nationalisé, sous le sigle EGA, en 1947. En 1950, on comptait 25 centrales thermiques, dont 6 grosses installées sur les quais d’Oran, Alger et Bône, 27 barrages hydro-électriques, petits,
moyens et gros, certains étaient polyvalents (irrigations des terres et alimentation d’eau des villes et villages). 21 800 km de lignes à haute tension (150 et 60 KVA), 250 000 000 de KWh
produits en 1940, 1 000 000 000 en 1961.
Mais le plus beau fleuron, la plus belle réussite de l’Algérie française reste la découverte et la mise en valeur des hydrocarbures au Sahara par les ingénieurs
de la «Société Nationale deRecherche Pétrolière en
Algérie », (en partenariat avec « Total »), dans les années 50. En
1959, la production de pétrole était de 1 200 000 tonnes et 9 000.000 en 1962. En 1972, lorsque les compagnies pétrolières françaises quitteront le Sahara, il y a 250 puits de pétrole
forés.
Elles ont construit le premier pipe-line Hassi-Messaoud-Bougie, trouvé du gaz naturel à Hassi R’mel, construit un gazoduc Hassi R’mel-Arzew, une raffinerie à
Hassi-Messaoud puis à Alger, enfin, une usine de liquéfaction de gaz à Arzew…
Pardon pour cette longue et fastidieuse liste mais elle me semblait nécessaire.
En 1961, il y avait 236 000 soldats musulmans dans l’armée française en Algérie pour lutter contre le FLN. L’armée de
Boumediene qui entrait en Algérie en 1962 n’avait que 50 000 hommes… Ce sont ces hommes, ces barbares, qui ont ensuite égorgé 120 000 harkis et leurs familles,
et environ 5 000 Européens, avec la complicité du gouvernement français. Ces crimes atroces ont été commis après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, en violation des accords d’Évian
garantissant la sécurité de tous. Ce n’étaient donc pas des « crimes de guerre » mais des « crimescontre l’humanité » commis dans la lâche indifférence de l’opinion publique française ;
indifférence orchestrée par le pouvoir gaulliste allié au FLN.
J’invite les gens qui nous accusent de tous les maux et osent exiger un « dédommagement » à méditer
les propos tenus par des musulmans favorables à l’indépendance de l’Algérie. Citons, par exemple, l’écrivain algérien Boualem Sansal qui a écrit: « Trente ans après l’indépendance, nous voilà ruinés, avec plus de nostalgiques que le pays comptait d’habitants et plus de Rapetoux qu’il n’abritait de
colons. Beaucoup d’Algériens regrettent le départ des « pieds- noirs ». S’ils étaient restés, nous aurions peut-être évité cette
tragédie…». Avis partagé par la journaliste algérienne Malika Boussouf qui écrit: « Si les « pieds-
noirs » n’étaient pas partis en masse, l’Algérie ne serait peut-être pas dans l’état désastreux dans lequel elle se trouve. » On peut aussi citer Ferhat Abbas, président de la République algérienne, qui reconnaissait : « La France n’a pas colonisé l’Algérie, ELLE L’A FONDÉE.»
Donnons la parole à Bachir Ben Yamed, directeur de l’hebdomadaire « jeune Afrique » : « À son indépendance,
nul pays extérieur au monde occidental, Japon et Afrique du Sud exceptés, ne disposait d’une infrastructure aussi développée que celle de l’Algérie… ».
Jugement identique chez
Ferhat Abbas, encore lui, quand il déclare : « l’œuvre de la France est admirable ! Si la France était restée
vingt ans de plus elle aurait fait de l’Algérie l’équivalent d’un pays européen. » Il devait ajouter sur le tard : « La France a commis un crime : elle a livré le peuple algérien aux tueurs et aux assassins. » C’est aussi l’écrivain
Belkacem Ibazizen qui déclare : « la scolarisation française en Algérie a fait faire aux Arabes un bond de mille
ans. ». Et Abderramane Fares de surenchérir : « S’il est, en Algérie, un domaine où
l’effort de la France ne se discute pas, c’est bien celui de l’enseignement. On doit dire que l’école a été un succès… Les vieux maîtres, les premiers instituteurs, ont apporté toute leur foi
pédagogique, et leur influence a été extrêmement heureuse. »
Terminons avec une citation d’Hocine Aït Hamed, l’un des chefs historiques du FLN :
« Chasser les « pieds-noirs » a été plus qu’un crime, une faute, car notre chère patrie a perdu son identité
sociale… N’oublions pas que les religions, les cultures juives et chrétiennes se trouvaient en Afrique bien avant les Arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. Avec
les « pieds-noirs » et leur dynamisme, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine, méditerranéenne, hélas ! Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques
stratégiques. Il y a eu envers les « pieds-noirs » des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les
Arméniens.»
Boualem Sansal parle de « tragédie », Bacir
Ben Yamedet Aït Hamed de « faute » et
de « crime ». Est-il besoin d’en rajouter ? La France a TOUT donné à l’Algérie. Ce pays a connu un essor considérable, rendant riche et fertile une terre inculte. Mais je veux bien, après tout, pour
faire plaisir à Emmanuel Macron, Benjamin Stora, Abdelmadjid Chikhi et Seddik Larkeche, que la France se sente redevable de 100 milliards d’euros à l’Algérie, mais, même en chiffrant à minima
les ouvrages énumérés plus haut, l’Algérie nous devrait, au bas mot, un billiard – soit 1 million de milliards – d’ euros.
Alors oui, apurons nos dettes réciproques, chiche !
Éric de Verdelhan
1)- « Hommage à NOTRE Algérie française ». Dualpha éditions ; 2019.
2)- Lequel, si j’ai bien compris, vit et enseigne en France.
Comment prétendre sérieusement vouloir « pacifier » les mémoires quand celle de l’Algérie repose sur une histoire fondée sur le ressentiment anti-français ?
...par Bernard Lugan - Le 23/01/2021.
Pacifier les mémoires, certes, mais à condition :
1) Que cela ne soit pas une fois de plus à sens unique… Or, les principales mesures
préconisées par le Rapport Stora incombent à la partie française alors que du côté algérien ilest simplement demandé des vœux
pieux…
2) Que la mémoire algérienne ne repose plus sur une artificielle construction
idéologique car, comme l’a joliment écrit l’historien Mohammed Harbi, « L’histoire est l’enfer et
le paradis des Algériens ».
Enfer parce que les dirigeants
algériens savent bien qu’à la différence du Maroc millénaire, l’Algérie n’a jamais existé en tant qu’Etat et qu’elle est directement passée de la colonisation turque à la colonisation française.
(Voir à ce sujet mon livre Algérie l’histoire à l’endroit).
Paradis parce que, pour oublier
cet « enfer », arc-boutés sur un nationalisme pointilleux, les dirigeants algériens vivent dans une fausse histoire « authentifiée » par une certaine intelligentsia
française…dont Benjamin Stora fait précisément partie….
Voilà donc pourquoi, dans l’état actuel des choses, la « réconciliation » des mémoires est
impossible. Voilà aussi pourquoi toutes les concessions successives, toutes les déclarations de contrition que fera la France, seront sans effet tant que l’Algérie n’aura pas réglé son propre
non-dit existentiel.
Et cela, les « préconisations » du Rapport Stora sont incapables de
l’obtenir, puisque, pour l’Algérie, la rente-alibi victimaire obtenue de la France, notamment par les visas, est un pilier, non seulement de sa propre histoire, mais de sa philosophie
politique…
Un peu de culture historique permettant de comprendre pourquoi, il est donc singulier de devoir constater
que l’historien Benjamin Stora a fait l’impasse sur cette question qui constitue pourtant le cœur du non-dit algérien.
Au moment de l’indépendance, la priorité des nouveaux maîtres de l’Algérie fut en effet d’éviter la
dislocation. Pour cela, ils plaquèrent une cohérence historique artificielle sur les différents ensembles composant le pays.
Ce volontarisme unitaire se fit à travers deux axes principaux :
1) Un nationalisme arabo-musulman niant la composante berbère du pays. Résultat, les Berbères furent
certes « libérés » de la colonisation française qui avait duré 132 ans, mais pour retomber aussitôt dans une « colonisation arabo-musulmane » qu’ils subissaient depuis plus de
dix siècles…
2) Le mythe de l’unité de la population levée comme un bloc contre le colonisateur français, à l’exception
d’une petite minorité de « collaborateurs », les Harkis. Or, la réalité est très différente puisqu’en 1961, 250.000 Algériens servaient dans l’armée française, alors qu’à la même date,
environ 60.000 avaient rejoint les rangs des indépendantistes[1].
Or, cette fausse histoire constitue le socle du « Système » algérien, lequel se maintient contre
le peuple, appuyé sur une clientèle régimiste achetée par les subventions et les passe-droits. Ce même « Système » qui, à chaque fois qu’il est en difficulté intérieure, lance des
attaques contre la France.
N’en déplaise à Benjamin Stora, voilà qui n’autorise pas
à croire à sa volonté d’apaisement mémoriel.
La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle.
...à lire ABSOLUMENT..car elle remet toutes choses à leur juste place !! JMR
[1] Soit 15.200 réguliers et auxiliaires selon le 2° Bureau françaiset 35.000 pour Benyoucef Benkheda, président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne).
En plus de ces combattants de l’intérieur, 32000 servaient dans l’ALN, l’armée des frontières, dont 22.000 en Tunisie et 10.000 au Maroc. Le détail de ces chiffres est également donné
dans mon livre Algérie l’histoire à l’endroit.
RÉCONCILIATION : De l’Allemagne à l’Algérie
...par le Gal. Jacques Favin-Levêque - Le 22/01/2021.
Lorsque, 18 ans après la fin de la 2e Guerre Mondiale, la réconciliation entre la France et l’Allemagne
est devenue réalité, les deux chefs d’Etat, Adenauer et de Gaulle, ont incarné une volonté politique commune. Le général de Gaulle pouvait à juste titre s’appuyer sur le succès de sa
tournée en République fédérale allemande en 1962. Il y avait été follement acclamé par une population subjuguée par l’hommage qu’il rendait au « Grosse Deutsche Volk » dans ses discours en langue allemande. La réconciliation était dès lors possible car voulue et partagée par les deux
adversaires d’hier.
C’est une grande naïveté de penser que la réconciliation entre la France et l’Algérie sera effective par la vertu d’une nième repentance française alors que la
repentance n’est pas partagée. Il faudrait pour cela que chacun reconnaisse ses responsabilités dans le conflit et que le pardon soit réciproque. En fait la réconciliation, avec
tout ce qu’elle comporte d’enjeux intérieurs, ne sera possible que lorsque l’Algérie reconnaitra ses fautes elle aussi et cessera de faire porter à la France la responsabilité de la
situation désastreuse du pays, près de 60 ans après son indépendance.
Emmanuel Macron avait déjà commis une inacceptable injure à la France et à son histoire en qualifiant la colonisation de l’Algérie
de « crime contre l’humanité ». Souhaitons qu’il rompe définitivement avec la repentance outrancière....
Non, il n’y a, hélas, aucune comparaison possible avec les acteurs du Traité de l’Elysée en 1963... ! Force est de constater qu’il n’est pas
facile d’être un homme d’Etat à la hauteur de l’Histoire d’un grand pays..
En ce début d’an II du Covid-19, où tout semble partir en cacahuète dans notre pauvre pays en retard vaccinal sur l’Histoire, il est une bonne nouvelle qui
réchauffera peut-être le cœur des derniers pieds-noirs et harkis, sacrifiés au sens de l’Histoire récente : « la France » – oui, « la France » – ne compte pas s’excuser pour la colonisation de l’Algérie. C’est l’Élysée qui le dit. Diantre !
Pourtant, depuis ce jour refondateur de la parole repentante du 15 février 2017 où le candidat élyséen d’En Marche ! avait déclaré, sur une chaîne algérienne,
que la colonisation était « un crime contre l’humanité », la pièce
révisionniste semblait jouée avec un cynisme accompli. En recherche d’alliances financières et électorales, Emmanuel Macron s’autorisait, à peu de frais, et à l’étranger, le jugement d’un phénomène historique qu’il ne connaît que par a priori négatifs. Ajoutant, sans qu’on l’en ait prié, l’aplaventrisme dans la
soumission idéologique aux lectures marxisées de l’Histoire, après l’injure aux sacrifiés nationaux – prêtres, soldats, déportés devenus colons –, il zézayait cette brutale contrition
: « C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons
regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes. »
Double objectif dans ce discours de candidat. Complaisance diplomatique pour Alger, avant même que d’être élu. Blâmable en soi. Mais, surtout, volonté de
rallier, pour se maintenir « quoi qu’il en coûte », les troisième et quatrième générations migrantes d’Algérie, françaises automatiques du sol, acculturées, manipulables, dont les seuls
exutoires d’affirmation visible semblaient ceux de brandir le drapeau vert et blanc pendant les matchs de foot.
Selon certains analystes, le courant de la gauche libérale, partisan d’une gestion mondialisée de la planète dont Macron est le disciple, aurait acté le
principe d’un renouvellement ethnico-culturel de la population hexagonale, à brève échéance. D’où cette stratégie de ses cadres pour contrôler les opinions par invention-diffusion de ce que
nous pouvons appeler un « roman apatride » du futur, en déniant l’ancienne valeur cohésive du « roman national » républicain d’antan. Quoi qu’il en soit, de 1945 à nos jours, la relecture
universitaire du fait colonial s’est toujours faite à charge.
Les insultes du candidat Macron à la « mémoire » des pieds-noirs, jugée par lui sectaire, dans une duplicité de langage où il insinuait leur passé « criminel »
en Algérie ont eu, au résultat, peu d’incidence électorale, malgré le tollé provoqué chez les rapatriés. Ne seraient-ils plus, eux et les harkis, pour le camp du « progrès » déterminé à
conquérir une jeunesse plus nombreuse issue de la « mémoire » adverse, que des gêneurs anachroniques ? Minoritaires. Catalogués, jugés, condamnés.
Mais alors, pourquoi le rapport de Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », rendu public ce 20 janvier, recommande-t-il, implicitement, de ne
plus formuler d’excuses pour ce que le macronisme en marche qualifiait expressément de « crime contre l’humanité », voici à peine quatre ans ? Ce serait, a dit en substance l’historien
mandaté en haut lieu, parce que « la question de la repentance est un piège
politique » tendu par l’extrême droite pour s’emparer du débat. Reconnaissons là un procédé trotskiste habile de désignation du loup fasciste pour noyer la sardine et sortir son
mécène de la nasse piégeuse où il s’était glissé.
Car malgré tous ses efforts, depuis son élection, pour promouvoir son « roman apatride » d’appel, notre chef d’État irrésolu n’a toujours pas conquis la
jeunesse immigrée de la « mémoire » adverse. Les « Allahou akbar » proférés dans les cours de collège et lycée font craindre maintenant un repli racinaire que ne peuvent contrer les leçons
théoriques sur la laïcité ! Par la caution Stora pour refuser l’excuse « mémorielle », le Président Macron espère sans doute éviter que les autres Français, ceux de « mémoire » européenne,
lassés par sa faiblesse et ses atermoiements, ne reviennent, par repli opposé, au camp des défenseurs du « roman national » structurant. Parce que tous les peuples ont besoin, pour vivre en
tant que tels, d’appel à leur fierté. Pas de crachats !
L' Union Nationale des Combattants -UNC- donne son avis sur le rapport Stora.
L’UNC ET LE RAPPORT STORA
L’Union nationale des combattants (UNC) comprend de nombreux anciens combattants d'Afrique du Nord, des veuves d’anciens
combattants d’Afrique du Nord, des veuves de guerre et des orphelins de la guerre d’Algérie. Elle perpétue le souvenir de ces
combattants « Morts pour la France », sert leur mémoire, et reste très vigilante vis-à-vis de toute démarche
qui porterait atteinte à leur honneur.
L’UNC a donc pris connaissance avec beaucoup d’attention du rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre
d’Algérie, remis au président de la République le 20 janvier dernier et de ses 25 propositions.
L’UNC constate qu’il n’y est pas question « d’excuses » ou de « repentance » et elle s’en félicite.
Indéniablement, ce rapport comporte des propositions intéressantes et raisonnables,
particulièrement le travail de mémoire sur les disparus de la guerre d’Algérie, notamment les Européens victimes des
massacres d’Oran le 5 juillet 1962, la mise en place d’un système de travail commun entre les chercheurs des deux côtés de la Méditerranée ou
la liberté de circulation pour les harkis et leurs descendants.
Pour autant, l’UNC ne saurait souscrire aujourd’hui comme hier à la commémoration des
accords d’Évian du 19 mars qui ne signifient pas, loin de là, la fin des combats. Elle s’oppose
formellement à la panthéonisation de personnages qui, par leur choix, ont indirectement
contribué à la mort de soldats français ou se sont faits les complices d’actions terroristes.
Cependant, l’UNC est disposée à apporter sa contribution aux travaux des commissions dont la création est suggérée dans
ce rapport dans une démarche véritablement équilibrée.
Enfin, l’UNC attend de connaitre l’accueil qui sera réservé à ce rapport par le gouvernement