L’ONM exige le vote d’une loi pour « demander des comptes » à la France
...par Fayçal Métaoui - Le 15/07/2019
L'Organisation nationale des Moujahidine (ONM) appelle le Parlement à proposer un projet de loi sur la criminalisation des actes de la colonisation française en Algérie.
« Nous devons demander des comptes aux français. Le Parlement algérien doit proposer une loi pour exiger des compensations à la France. Nous voulons qu’il y ait une loi dans notre pays pour
qualifier la colonisation française de destruction et de génocide. Ils voulaient remplacer les Algériens par la population française. C’était une colonisation de peuplement. Le Parlement doit
répondre. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’ONM a demandé des réparations. Nous ne sommes pas des mendiants, c’est le droit des Algériens. Ils ont détruit un pays », a déclaré Mohand
Ouamar Benelhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM, dans une vidéo diffusée, ce lundi 15 juillet, sur le site de l’organisation.
Et d’ajouter : « Eux (les Français) n’ont laissé ici que des broutilles, des choses sans valeur. En contrepartie, les pieds-noirs, qui sont revenus en Algérie, réclament aujourd’hui des
réparations et des compensations sur les biens qu’ils ont laissés. Ils ont même déposés plainte devant la justice contre des Algériens. Nous pouvons payer pour leurs bicoques à condition qu’ils
présentent des actes de propriété authentiques de ces biens et des terrains. Nous aussi, nous allons établir un état des lieux. Des milliers de villages, de villes et de maisons ont été détruits
soient par des bombardements, soit par inoccupation après les regroupements des populations (dans des camps à partir de 1956). Les gens ont été forcés de quitter leurs demeures. Il s’agit de
centaines de milliers de maisons que les Français se sont partagés. Idem pour les bonnes terres agricoles ».
« En 35 ans, la moitié du peuple algérien a été décimée »
Le chiffre d’un million et demi de martyrs est, selon Mohand Ouamar Benelhadj, erroné. « Ce recensement est faux. Il y a eu plus de morts en Algérie. Il y a des algériens qui ont perdu la vie par
le feu ou par le fer, d’autres de famine et d’autres en raison de maladies. Les Français disent que les Algériens étaient au nombre de six millions au début de leur occupation (à partir de 1830).
En 1865, un recensement fait à l’époque de Napoléon III évoquait le nombre de trois millions d’Algériens, c’est-à-dire la moitié. En 35 ans, la moitié du peuple algérien a été décimée. Durant la
colonisation française, la mortalité infantile était de 80 %, sur dix enfants né, huit mouraient », a-t-il constaté.
Il est revenu sur la loi française du 23 février 2005 sur « les bienfaits » de la colonisation. « Les Français ont évoqué dans cette loi les faits positifs de la colonisation alors que pour nous,
il s’agissait de crimes coloniaux. Une occupation de 130 ans est devenue pour eux « une mission civilisatrice ». À plusieurs fois, le secrétariat de l’ONM a dénoncé cette loi mais les Français
sont libres de promulguer les lois qui les arrangent en tant que colonisateurs et en tant qu’impérialistes. Il était du devoir de notre gouvernement d’actionner notre Parlement pour répondre, pas
par une lettre, mais par une loi qui dit le contraire par rapport à ce qui a été sacralisé par les Français lors de leur présence en Algérie. Le monde entier connaît les crimes de la France en
Algérie. Malheureusement, le Parlement algérien n’a rien fait », a-t-il regretté.
« Pour Zohra Drif Bitat, les moujahidines devaient se contenter d’écrire l’Histoire »
Mohand Ouamar Benelhadj a révélé qu’à l’époque l’ensemble du secrétariat de l’ONM, mené par feu Saïd Abdaou, s’est déplacé au siège du Conseil de la Nation où il a rencontré son président
Abdelkader Bensalah ainsi qu’une quinzaine de sénateurs dont des anciens combattants de la guerre de libération nationale ou des enfants de martyrs.
« Zohra Drif Bittat, alors vice-président du Sénat, a donné quelques orientations mais n’a pas parlé de la loi française (sur « les bienfaits » de la colonisation). Pour elle, les moujahidines
devaient se contenter d’écrire l’Histoire. J’ai pris la parole pour dire qu’il est devoir du Parlement de produire une loi pour répondre aux français. Après, personne n’a parlé. On nous a juste
invités à prendre des boissons. Le lendemain, le SG (de l’ONM) m’a reçu pour me dire en souriant qu’on l’a contacté pour lui parler de moi et de mon intervention au Sénat. « Nous ne savions pas
qu’il y avait parmi vous quelqu’un comme lui », lui a –t-on affirmé. Ils avaient omis d’ajouter « mouchawic’h » (perturbateur). L’affaire s’est arrêtée à ce niveau-là », a-t-il détaillé.
Pour lui, l’ONM ne reviendra pas sur ses revendications. « Il existe un contentieux avec la France, des comptes à régler avec les Français. Nous avons tourné la page avant eux au point d’oublier
tout alors que nous ne devrions pas oublier, tout doit rester en mémoire. Il n’est pas permis d’être amnésique. Il est de notre rôle de rappeler aux algériens ce qui s’est passé dans notre pays.
Ici, la France a commis des crimes. Ils parlent de « mission civilisatrice » alors que pour nous il s’agissait d’une mission destructrice. Nous l’avons dit et nous maintenons tout ce que nous
avons dit », a conclu le SG de l’ONM.
Et maintenant la Justice tunisienne demande des excuses et des réparations à la France pour la colonisation !
La France est dans le collimateur de la justice transitionnelle tunisienne, plus précisément de l’Instance vérité et dignité (IVD) chargée de faire la lumière sur
les crimes d’État commis en Tunisie sous les régimes précédents. Elle a mis la France devant ses responsabilités pour les crimes commis devant la période coloniale, en exigeant des excuses de sa
part. Un mémorandum a été envoyé à l’Élysée et à l’ambassade de France à Tunis.
Algérie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux »
...par Bernard Lugan - le 18/07/2019
Ce communiqué peut être abondamment repris à la condition d’en citer la source
Cette phrase d’Etienne de la Boétie résume la relation franco-algérienne. A chaque fois qu’il est en difficulté, le
« Système » algérien sort en effet le joker-martingale de l’accusation de la France, sachant qu’il sera immédiatement relayé par les héritiers des « porteurs de valises », ethno-masochistes buvant goulûment au calice de la repentance et de la contrition.
Le 15 juillet dernier, montrant en cela qu’il n’est pas encore mentalement décolonisé, Mohand Ouamar Bennelhadj,
membre essentiel du « Système » algérien puisqu’il est le secrétaire général par intérim de l’ « Organisation nationale des moudjahidines », les « anciens
combattants », a ainsi appelé le parlement algérien à voter une loi criminalisant la colonisation française. Il a en outre demandé que
cette loi ouvre la voie à des « compensations », osant écrire que les Français ont « génocidé » les Algériens et que, après avoir pillé le pays, ils « n’ont laissé ici
que des broutilles, des choses sans valeur».
Ces accusations ne relèvent pas de l’anecdote. Ce n’est pas de sa propre initiative que ce pâle apparatchik dont
l’association constitue le pivot du « Système » et dévore 6% du budget de l'Etat -plus que ceux des ministères de l'Agriculture
(5%) et de la Justice (2%)-, a lancé ces accusations gravissimes. Depuis deux ou trois semaines, acculé par la rue, le général Gaïd Salah a en effet ordonné qu’une offensive
anti-française destinée à tenter de faire dévier la contestation populaire soit lancée. Face à cette véritable déclaration de guerre, le président
Macron garde un étourdissant silence…
Alors, puisque, comme ils en ont hélas l’habitude, les « lapins de coursive » qui dirigent la France se tairont,
il est donc nécessaire que les « réseaux sociaux » s’emparent de l’affaire, à la fois pour exiger une réponse officielle des autorités
françaises, et pour « remettre les pendules à l’heure ».
En 1962, la France a légué à l’Algérie un héritage exceptionnel et non des « Broutilles » et
des « choses sans valeur », à savoir 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000
kilomètres étaient goudronnés, 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être
desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de
bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la
métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes (soit autant
d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112
hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui
l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et de la semoule pour le couscous…
Tout ce que la France légua à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays
qui n’avait jamais existé et dont même son nom lui fut donné par la France.Tout avait été payé par les impôts des Français. Daniel Lefeuvre a montré
qu’en 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des
Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce !
Tous les arguments permettant de réfuter la fausse histoire de l’Algérie écrite par les profiteurs du
« Système » se retrouvent dans mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.
Ce communiqué peut être abondamment repris à la condition d’en citer la source
<<....Face à cette véritable déclaration de guerre, le président Macron garde un étourdissant silence…>>
...et pour cause, "LUI" qui à affirmé à Alger même, que la colonisation était un crime contre l'humanité
ouvrant ainsi la boite de pandore ! JMR
Quand le « Système » algérien aux abois fait donner ses supplétifs
...par Bernard Lugan - le 21/07/2019.
Le jeudi 21 juillet, le site de propagande Algérie patriotique a réagi
(cliquer ici pour lire l'article) à mon communiqué
daté du 18 juillet et intitulé « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Je vais commenter cette réaction aussi rapide que maladroite.
Le « Système » algérien a réagi rapidement parce que j’ai dénoncé sa manœuvre et le cœur de son
mensonge en pointant le rôle de l’Association des moudjahidine, ces profiteurs de l’indépendance qui, depuis des décennies, vivent de la rente tirée de la fausse histoire de l’Algérie en
captant 6% du budget de l’Etat...
Acculé par la rue le « Système » n’a que deux moyens de détourner la marée de la contestation
populaire.
1) S’attaquer au Maroc, comme en 1963 quand la « Guerre des Sables » lui a permis de mettre en
parenthèses le soulèvement kabyle, mais, avec le Maroc, qui s’y frotte s’y pique…
2) Rien de tel avec l’ectoplasme français, ce chapon politique dont les élites se complaisent dans leur
dhimmitude émasculée, d’où l’attaque en forme de déclaration de guerre faite le 15 juillet 2019 par Mohand Ouamar Bennelhadj (voir mon communiqué en date du 18 juillet ci-dessus).
Puisque Algérie patriotique relève le gant, et comme les autorités françaises vont,
comme elles en ont l’habitude, se blottir tel le lièvre au gîte, je tire donc ma rapière afin de porter quatre coups :
1) L’Algérie qui n’a jamais existé est directement passée de la colonisation turque à la
colonisation française. J’attends qu’Algérie patriotique me démontre
scientifiquement, et non pas par des glapissements indignés, le contraire.
2) Au moment de l’indépendance, comme il fallait tenter de donner une cohérence aux
différents ensembles composant ce pays qui n’avait jamais existé et auquel, tout à fait artificiellement, le général De Gaulle avait rattaché le Sahara et ses hydrocarbures, la nécessité de
l’unité se fit à travers un nationalisme arabo-musulman niant la composante berbère du pays. Résultat, les Berbères -non les seuls berbérophones- qui constituent l’immense majorité de la
population de l’Algérie (comme le démontre la génétique) furent certes « libérés » de la colonisation française, mais pour retomber dans la colonisation arabe qu’ils subissent depuis
plus de dix siècles. J’attends là encore qu’Algérie patriotique me
démontre le contraire.
3) Le 15 juillet 2019, Mohand Ouamar Bennelhadj, membre essentiel du
« Système » algérien puisqu’il est le secrétaire général par intérim de l’ « Organisation nationale des moudjahidines », les « anciens
combattants », a donc appelé le parlement algérien à voter une loi criminalisant la colonisation
française. Or, que représente véritablement cette association quand, selon l’ancien ministre algérien Abdeslam Ali Rachidi, « tout le monde sait que 90% des anciens combattants,
les moudjahidine, sont des faux » (El Watan, 12 décembre 2015) ?
4) De plus, ces moudjahidine furent moins nombreux que les Algériens combattant dans l’armée française
et cela, l’histoire officielle algérienne le sait… et elle le tait. Démonstration :
Nombre d’Algériens servant dans l’armée française
A la différence des registres de l’Association des Moudjahidine, l’armée française a tenu des fiches d’incorporation, de traitement, de démobilisation etc., ce
qui permet de démontrer qu’au mois de janvier 1961, alors que le processus menant à l’indépendance était clairement engagé, environ 250 000 Algériens servaient dans l’armée
française contre 202 842 un an plus tôt, à savoir :
- 60 432 appelés
- 27 714 engagés
- 700 officiers dont 250 appelés
- 4600 sous-officiers
- 63 000 Harkis (ils étaient 57900 en 1960)
- 88700 dans les groupes d’autodéfense dont 19100 Moghaznis et 62000 membres de
l’autodéfense villageoise
Nombre de combattants indépendantistes
Selon les sources françaises :
Selon le 2° Bureau français, au mois de mars 1962, à la signature des accords d’Evian, les combattants
nationalistes de l’intérieur étaient estimés à 15.200, tant réguliers qu’auxiliaires, et ceux de l’extérieur (l’ALN, ou armée des frontières) étaient 22 000 en Tunisie et 10 000 au Maroc.
Les effectifs combattants des indépendantistes étaient donc au total de 50 000 hommes en armes contre près de 250 000 dans l’armée française, soit cinq fois moins. (Toutes les
références sont données dans mon livre Algériel’histoire à l’endroit).
Selon les sources algériennes :
Les sources algériennes n’indiquent pas de grosses différences par rapport aux sources
françaises.
Dans son livre publié en 1997, Benyoucef Benkhedda dernier président du GPRA, écrit ainsi qu’à la fin de
la guerre, les maquis de l’intérieur comptaient 35 000 combattants (15 200 pour les sources françaises), à savoir 7000 pour la wilaya I, 5000 pour la II, 6000 pour la III, 12000
pour la IV, 4000 pour la V et 1000 pour la VI.
Comme les effectifs de l’ALN, l’armée des frontières sont connus, à savoir un peu plus de
30 000 hommes, selon les chiffres donnés par les nationalistes algériens, les effectifs combattants nationalistes étaient donc d’un peu moins de 70 000 hommes, soit quasiment un quart
des 250 000 Algériens qui servaient alors dans l’armée française. J’attends également qu’Algérie patriotique me démontre le contraire.
Si Algérie Patriotique veut continuer à se faire le porte-voix du « Système »
aux abois à travers l’histoire officielle de l’Algérie écrite par son socle régimiste gavé de subventions et acheté par les passe-droits, nous pouvons continuer l’exercice. Dans mon éventuelle
prochaine réponse j’expliquerai alors à ses lecteurs
comment les Berbères furent colonisés par les Arabes, et comment les arabistes de l’armée des frontières leur volèrent l’indépendance de 1962…
Ces « faux moudjahidine » qui veulent criminaliser la France
...par Bernard Lugan - le 29/07/2019.
Face au raz-de-marée populaire, le « Système » algérien attaque la France pour tenter de faire diversion. Le 15 juillet 2019, Mohand
Ouamar Bennelhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM (Organisation nationale des moudjahidines, les anciens combattants), a ainsi appelé les députés algériens à voter une loi
criminalisant la colonisation française.
En réponse à cette déclaration de guerre, j’ai, le 18 et le 21 juillet, posté deux communiqués sur mon blog. Mohand Ouamar Bennelhadj a
réagi dans une vidéo postée le 24 juillet.
Qu’est donc l’ONM, organisation faux-nez du « Système » algérien pour le compte duquel elle met en cause la France avec une violence
encore jamais atteinte dans l’histoire des « complexes » relations franco-algériennes?
Une organisation sangsue
Selon l’ancien ministre Abdeslam Ali Rachidi, en Algérie : « (…) tout le monde sait que
90% des anciens combattants, les moudjahidine, sont des
faux » (El Watan, 12 décembre 2015),
Et pourtant, le ministère des moudjahidine, façade institutionnelle de l’ONM, bénéficie du 3° budget de l’Etat. En 2017, avec
245 milliards de dinars (mds/dz) -en fonction du taux de change environ 2 milliards d’euros-, le budget du ministère des Moudjahidine se situait juste derrière ceux de l’Education et de la
Défense.
A titre de comparaison le budget du Ministère l’Agriculture était de 212 mds/dz, celui du Travail de l’emploi et de la sécurité sociale de
151, celui des Finances de 87, celui de la Justice de 72, celui de la Solidarité nationale de 70, celui de l’Energie de 44, celui de la Formation professionnelle de 48, celui de la Jeunesse et
sports de 34, celui de la Communication de 18, celui de la Culture de 16, celui de l’Industrie et des mines de 4 et celui de l’Aménagement du Territoire de 3.
L’importance de ce budget s’explique en partie par les pensions versées à plus de deux millions d’ayants-droit car, paradoxe algérien, au lieu
de diminuer selon la loi naturelle voulant que plus on avance dans le temps, moins il y a de gens qui ont connu Napoléon…, en Algérie, tout au contraire, plus les années passent, et plus le
nombre des « anciens combattants » augmente…
Résultat :
- Fin 1962-début 1963, l’Algérie comptait 6000 moudjahidine identifiés, 70.000 en 1972 et 200.000 en 2017…
- Selon les propres chiffres de l’ONM, en 1972, 220 000 Algériens recevaient une pension, soit 70.000 titulaires de la carte de
moudjahidine et 150.000 veuves de « maquisards ».
- A la fin de la décennie 1980, ce chiffre avait doublé puisque, toutes catégories d’ayants-droit confondues, il était passé à 500.000.
- En 2010, par un phénomène de génération spontanée, les moudjahidine et leurs ayants-droit étaient 1,5 million. Ceci
s’explique car, en Algérie, plus d’un demi-siècle après l’indépendance, l’on demande encore la carte d’ancien moudjahidine… certains qui n’avaient pas 10 ans en 1962 l’ont même
obtenue…
Pour être reconnu moudjahidine, nul besoin de lourdes formalités. Il suffit à l’impétrant que deux témoins attestent de ses
« hauts faits guerriers » pour qu’il reçoive l’Attestation communale d’ancien combattant. Ce document lui permet ensuite de faire valider cette précieuse qualité par la
généreuse commission de reconnaissance. « Généreuse » en effet comme l’a montré l’emblématique « affaire Mellouk », du nom du juge Benyoucef Mellouk qui a dénoncé 312 de ses
confrères ayant reconnu contre rétribution la qualité de moudjahidine à un nombre considérable de faux demandeurs.
Pourchassé par les associations, exclu de la magistrature, Benyoucef Mellouk fut condamné à la prison car il avait osé toucher au cœur même du
« Système » algérien et de sa clientèle.
Une association de prébendiers
Pourquoi cette recherche effrénée du statut d’ancien moudjahidine ?
Tout simplement parce que les titulaires de la précieuse carte ainsi que leurs ayants-droit touchent une rente de l’Etat, bénéficient de
prérogatives, jouissent de prébendes et disposent de passe-droits.
Cette carte qui joue le rôle d’amortisseur social permet également d’obtenir une licence de taxi ou de débit de boisson, des facilités
d’importation, notamment de voitures hors taxes, des réductions du prix des billets d’avion, des facilités de crédit, des emplois réservés, des possibilités de départ à la retraite, des
avancements plus rapides, des priorités au logement etc.
Achetés par le « Système » qui les tient, d’autant plus quand il s’agit d’imposteurs, les titulaires de la carte constituent son
ossature populaire. Leur poids politique qui est considérable s’exerce à travers le maillage du pays par plusieurs associations nationales.
Ainsi, l’ONEC (Organisation nationale des enfants de chouhada (martyrs), le CNEC (Coordination nationale des enfants de
chouhada) ou encore l’ONEM (Organisation nationale des enfants de moudjahidine. Cette dernière qui compte 1,5 million d’adhérents a des antennes dans toute l’Algérie et même en France.
Le nombre de ses membres s’explique car, dans un entretien en date du 27 octobre 2004 donné à Libération, M’barak Khalfa, alors dirigeant de l’ONEM, a pu déclarer sans la moindre
pudeur que, comme : « (…) il y a eu au moins un million (!!!) de moudjahidine, cela fait six ou
sept millions d’enfants et donc de membres potentiels. Au rythme actuel, on va finir par dépasser les effectifs de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) ».
Une association vivant sur le mensonge
Les vrais maquisards, ceux de l’intérieur, ceux qui ont effectivement lutté contre l’armée française, sont indignés par ces pratiques. Non
contents de s’être fait voler l’indépendance par les planqués de l’ALN, l’armée des frontières durant l’été 1962 (voir à ce sujet le chapitre VII de mon livre « Algérie, l’histoire à l’endroit »), voilà
qu’ils doivent supporter d’être assimilés aux imposteurs prébendiers porteurs, tout comme eux, de la carte de moudjahidine.
Voilà pourquoi, en 2003, plusieurs authentiques anciens combattants issus de toute l’Algérie ont adressé un mémorandum à la présidence de la
République afin que soit diligentée une enquête concernant le scandale des faux moudjahidine. Selon eux, l’ONM, cette association qui, rappelons-le demande le vote d’une loi
criminalisant la France, comptait à l’époque 80% de faux maquisards… dont le ministre des moudjahidine en personne… (Liberté-Algérie 28/10/2003).
Selon le colonel Ahmed Bencherif, ancien patron de la gendarmerie nationale et président de l’Association de lutte contre les faux
Moudjahidine, 750 millions de dinars, sont versés chaque mois à de faux moudjahidine.
Selon le quotidien El Watan en date du 10 février 2007, sur une population de 70.000 personnes, la seule ville d’Aïn Defla
(ancienne Duperré) compterait 14.000 faux moudjahidine, dont 1.300 femmes… Quant à Koléa, dans la Mitidja, 2/3 de ses moudjahidine seraient des imposteurs
(Libération, 27 octobre 2004).
Toujours selon le colonel Ahmed Bencherif, cette inflation de faux maquisards s’explique parce que, nommés par le « Système », les
responsables de l’ONM appliquent sa politique consistant à développer une clientèle d’obligés lui permettant de faire croire qu’il bénéficie d’un soutien populaire. Cela est d’autant plus facile
que, comme l’a déclaré Abid Mustapha, ancien colonel de la Wilaya V, au sein des instances dirigeantes de l’ONM : « Nous (les vrais combattants), sommes devenus une minorité ! Ceux
qui occupent les responsabilités au sein du conseil national de l’ONM sont des faux ».
En 2008, Nouredine Aït Hamouda, député du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), a provoqué un tumulte quand, dans
l’hémicycle, il a osé dénoncer le scandale des faux moudjahidine. Et il avait la légitimité pour le faire puisqu’il est le fils du colonel Amirouche Aït Hamouda, chef
emblématique du maquis kabyle de la willaya III tué au combat le 29 mars 1959[1].
Plus encore, il a pulvérisé le mythe du 1,5 million morts causés par la guerre d’indépendance, chiffre totalement fantaisiste mais qui
permet au « Système » de justifier le nombre surréaliste des ayants-droit, notamment celui des veuves et des orphelins. Or, selon Nouredine Aït Hamouda, sur les 2 millions de porteurs
de la carte de moudjahidine et d’ayants-droit, les ¾ sont des faux…
Pour le « Système » algérien, la dénonciation de l’ONM et des faux moudjahidine représente un danger mortel puisque
sa « légitimité » repose sur sa propre version de la guerre d’indépendance. Or, l’ONM est le principal vecteur de cette histoire reconstruite. Quant à ses dociles responsables nommés,
ils ont pour mission de cautionner, de populariser et d’ancrer le mensonge sur lequel s’engraissent les profiteurs et les corrompus qui dirigent l’Algérie.
Bernard Lugan
[1] Si l’on en croit ce
qu’écrit Saïd Sadi (Amirouche, une vie, deux morts, un testament, Paris, 2010), Amirouche aurait été donné aux Français par ses rivaux arabes du MALG (Ministère de l’Armement et
des Liaisons Générales, le service de renseignement de l’ALN), or, ceux qui l’auraient « balancé » et leurs héritiers constituent le cœur du « Système »
algérien…
L’Algérie demande à la France de la repentance… et puis quoi, encore ?
...par Pierre Arette - Le 05/07/2020.
Le président Abdelmadjid Tebboune (capture d'écran)
Vendredi 3 juillet 2020 : la France restitue à l’Algérie 24 crânes de combattants arabo-berbères décapités en 1849 à Zaatcha. Sans attendre, dès samedi, profitant d’un contexte international favorable, le
président Abdelmadjid Tebboune, dans une interview donnée à France
24, a demandé que la France aille plus loin dans ses excuses pour la colonisation de son pays : « On a déjà reçu des
demi-excuses. Il faut faire un autre pas […] On le souhaite. » Et d’ajouter que notre Président était « quelqu’un de très honnête ». Que devons-nous craindre ? Encore une manipulation
de l’Histoire ?
Oui, car le siège de Zaatcha fut une boucherie bien partagée ; oui, car le cheik Bouziane, ayant proclamé le djihad, agissait par dépit et non par
patriotisme ; oui, car lui-même fit décapiter à tour de bras, amis ou ennemis, selon une vieille méthode terroriste ; oui, car déjà c’était une « guerre civile » arabo-berbère ;
oui…
Le gouvernement algérien peut-il enfin assumer que son parti pris idéologique de désignation perpétuelle de l’ennemi français pour étouffer le besoin
démocratique de sa « jeune » nation – elle a, quand même, aujourd’hui, 58 ans – n’est plus porteur de foi ni de cohésion identitaire ? Certes, l’hymne national algérien, le Kassaman,
que nos dirigeants politiques écoutent sans broncher, au garde-à-vous, lors des rencontres diplomatiques, éructe : « Yâ firansâ inna dhâ yawm ul-hisâb » (« La France doit rendre des comptes
»).
Curieusement, voici la « jeune » République algérienne comme atteinte en ses chefs de schizophrénie, maladie d’adultes, dans laquelle le dément vit dans
le passé, comme si le réel n’existait pas. Sorte de paralysie figée dans le souvenir falsifié du drame de 1954. Serait-elle un de ces « fils prodigues », mal émancipé avec pertes et
fracas d’une paternité oppressive mais qui, incapable de couper le cordon ombilical, voudrait « le beurre et l’argent du beurre » pour s’assurer subsistance et identité ? Quoi qu’en
dise le Kassaman, qui proclame aussi « Wa tawaynâhu kamâ yutwa l-kitâb
» (« Nous l’avons clos comme on ferme un livre »), le livre reste ouvert à la page du reproche et du reniement non assumé.
Ne reprochons pas au Kassaman des élans belliqueux copiés sans vergogne ; petite musique d’un « sang impur » abreuvant des sillons… Mais notre
République honteuse n’aide pas le patient à la guérison : rappelons-nous ce que disait le candidat Macron, en 2017, lorsqu’il se permettait de réveiller la haine en disant de la
colonisation : « C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est
une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces
gestes. » Pas étonnant que le président algérien se soit engouffré de nouveau dans la brèche. Mais lui aussi fait fausse route, même si nous savons qu’une nation ne se
conforte que par la désignation d’un danger mortifère.
Non, la colonisation française d’avant l’idée du crime n’est pas un « crime contre l’humanité ». Elle a été une politique impériale, dominatrice, oui.
Mal conduite, oui. Mais appuyée aussi sur les élites claniques de l’époque. Elle a eu ses horreurs criminelles, elle a eu ses grandeurs et ses sacrifices. Elle a surtout contribué,
par défaut, à créer un peuple algérien.
Lors de sa visite à Alger de décembre 2017, Emmanuel Macron avait promis la restitution des restes humains entreposés au musée de l’Homme. C’est chose faite et c’est heureux. Honneur aux vaincus ! Il est
abominable de laisser un fantôme sans sépulture. En 2014, le crâne d’Ataï avait ainsi rejoint la Nouvelle-Calédonie, dans le respect d’anciens rites.
Mais il est tout aussi abominable d’instrumentaliser l’Histoire et, pour nos gouvernements, d’y céder. Méditons quand même cette parole d’Évangile
: «Laisse les morts ensevelir leurs morts.»
...par Jean Sévillia et Robert Ménard - Le 06/07/2020.
Suite aux propos tenus, ce week-end, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, Jean Sévillia et Robert Ménard ripostent au micro de Boulevard Voltaire. Comment la France réagira-t-elle à ce genre d’injonction ?
Algérie : Jean Castex n’est pas un béni-oui-oui ? Qu’il le montre !
...par Gabrielle Cluzel - Le 06/07/2020.
On nous le dit, à gauche, on nous le répète à l’envi. Notre nouveau Premier ministre est un « homme bien ». Pas une belle personne, comme on dit
maintenant, car Jean Castex est un politique à l’ancienne – en costume sombre, doté d’une calvitie de bon aloi et d’un accent du terroir fleurant bon la France de Charles
Pasqua et Lino Ventura. Marié (durablement) et père de famille nombreuse – il a 4 filles. Ce n’est pas lui que l’on verra sur les tribunes du 14 Juillet avec un tee-shirt « Tous les
garçons et les filles », ni courir le guilledou en boîte de nuit alors que la France en gilet jaune bat le pavé. Il a, du reste, réservé sa première sortie officielle à la police de
Seine-Saint-Denis pour lui exprimer ce qui ressemble à un soutien. Un Premier ministre exprimant sa solidarité aux forces de l’ordre, ce n’est certes pas non plus l’exploit du siècle,
mais de nos jours, on en chanterait presqu’un Te Deum…
Jean Castex serait à Édouard Philippe ce que Castor est à Pollux. En plus rustique. Le genre agricole, comme dirait Audiard. En plus falot, aussi. Un défaut dans lequel Emmanuel Macron aurait vu un immense atout. Si l’on en croit un article récent du Monde, cependant, le monsieur est capable aussi de faire son tonton flingueur.
Quand il gérait le déconfinement, n’a-t-il pas dit, excédé, de Philippe de Villiers, « Je ne prendrai jamais ce c… au téléphone » ? Il est vrai que taper
de ce côté-là de l’échiquier politique ne demande pas un courage mirifique. Comme preuve d’indépendance d’esprit, il faudra repasser.
Mais une occasion en or s’offre à lui de montrer qu’il n’est pas venu pour beurrer les sandwichs : le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dit,
samedi, attendre des « excuses de la France pour la colonisation de l’Algérie ». Emmanuel Macron est ficelé, réduit au silence. Quand on a dit, pendant sa campagne, pour ratisser du côté de la diversité, que la colonisation était un crime contre l’humanité, forcément, il ne reste rien d’autre à faire que se taire ou s’exécuter. Mais son Premier ministre, lui, pourrait
montrer sa fermeté : « Je suis fidèle à la France »,
a-t-il joliment dit pour justifier ses retournement de veste. Si la France est son trésor, c’est le moment de le prouver ; touchez pas au Grisbi !
Oh, bien sûr, inutile de faire une déclaration officielle urbi et orbi. Il ne s’agit pas, non plus, de rendre le soufflet du dey d’Alger. La
fin d’un petit entretien matutinal radiophonique avec une Ruth Elkrief ou un Jean-Jacques Bourdin y suffira, une fois que le remaniement aura été largement commenté et que l’on voudra
réveiller l’auditeur assoupi le nez dans son café, écoutant égrener la liste sans fin des obscurs maroquins.
L’Algérie attend des excuses ? La France aussi, pardi.
Pour les razzias barbaresques en Méditerranée ayant réduit en esclavage des centaines de milliers d’Européens. Ce sont même elles qui ont conduit Charles X à lancer l’expédition d’Alger. Pour les pieds-noirs assassinés ou
chassés. Pour la tombe de leurs aïeuls profanée. Pour les biens dont ils ont été spoliés et qui ont été tous dilapidés : lorsque la France est partie, Alger ressemblait à Nice. C’est
aujourd’hui Bagdad, à peu de choses près.
Pour la mauvaise foi d’un État failli qui, depuis 60 ans, use de la colonisation comme d’un épouvantail fatigué, d’une vieille ficelle archi-usée pour
excuser son impéritie, et pour cette impéritie qui conduit ses ressortissants à traverser en masse la Méditerranée, notamment pour se faire soigner – comme le montre la vague de malades du coronavirus qui vient de débarquer…
Maintenant, ça suffit l’Algérie. La plaisanterie a assez duré. Le cave se rebiffe : les Français seraient si fiers, enfin, après des années de lâcheté !
Mais il est à craindre que ce ne soit là que cinéma.