* Etats-Unis-Iran : les faucons s’opposent sur le Golfe
* Pourquoi Israël a fait sauter les pétroliers ?
* Pétroliers: l'inquiétante pièce à conviction !
* L’armateur du pétrolier japonais infirme la version US sur l’incident en mer d’Oman
https://fr.sputniknews.com/international/201906151041437194-oman-petroliers-japonais/
* Le prix de l’or noir explose
https://reseauinternational.net/le-prix-de-lor-noir-explose/
...mon humble avis :
Bonjour à tous,
En réponse à de nombreuses questions qui me sont posées sur les
pétroliers attaqués à Fujaîrah ou en mer d'OMAN, je vous
adresse ci après mon analyse personnelle sous forme d'une
réponse à l'un de mes interlocuteurs.
Il se trouve que je connais bien toutes les parties en cause dans
cette affaire pour les avoir côtoyées et même fréquentées
durant de longues périodes (US, UK, FR, Israël, Emirats,
Iran).
Mon avis vaut ce qu'il vaut. A chacun de se faire sa propre idée
en réfléchissant par lui
même....
Cher Jean-Paul,
Pour moi, il ne fait aucun doute, je dis bien "aucun doute" que le Mossad est directement impliqué dans l'affaire (avec ou sans l'aide de la CIA et des américains).
Il est actuellement vital pour Israël de se débarrasser du régime
des Mollah en Iran et, dans le cadre
de l'extension de l'influence d'Israël aux Proche et
Moyen-Orients, de se débarrasser de tous les "régimes ennemis" (Syrie, Irak, Yemen).
Lorsqu'il s'agit de sa survie, Israël ne recule devant rien. Il se sait soutenu par
la "bande des trois" (USA, UK, FR), par les médias de ces pays qu'il contrôle
et par les dirigeants de ces trois pays dont il a financé les élections par le biais des
lobbies qui agissent au profit Israël.
Y a-t-il eu un précédent israélien avéré dans le
terrorisme international sous faux drapeau ou dans le terrorisme international tout court ?
La réponse est OUI !
Il y a eu l'affaire du bateau USS Liberty attaqué le 8 juin 1967. 34
marins américains y ont perdu la vie. Il s'agissait au départ
de faire porter le chapeau à l’Égypte. Ayant été pris la main
dans le sac, les israéliens se sont excusés et ont prétexté
"une erreur" .....
Le secrétaire à la défense US McNamara a alors déclaré à l'amiral US
qui voulait réagir: « Le président Johnson ne va pas
déclencher une guerre ou "embarrasser un allié
des américains" (sic) pour quelques marins. »
Ben voyons .......
Je n'évoque même pas l'explosion de l'Hotel King David le 22 Juillet
1946, ses 91 morts et 46 blessés pour la plupart
britanniques.
Je n'évoque pas non plus l'assassinat de l'envoyé spécial (suédois)
de l'ONU Folke BERNADOTTE le 17 septembre 1948 et du colonel
français André Sérot, commandant des observateurs de l'ONU en
Palestine.
Je n'évoque pas enfin la triste affaire du massacre de Deir Yassin le 9
avril 1948 ......
Aujourd'hui plus encore qu'hier, Israël est assuré de l'impunité.
Trump, May et Macron sont totalement sous la coupe des lobbies pro-israéliens dans leurs pays respectifs. Tous ceux qui, comme moi, osent faire ressurgir les
leçons du passé et qui connaissent bien la partie "israélienne"
pour l'avoir fréquentée, courent le risque de se voir
"anathémiser" et accusé d'antisémitisme".
Ce genre de terrorisme "intellectuel" fonctionne encore puisque rares
sont ceux qui ont évoqué Israël comme suspect numéro 1 des
attaques de pétroliers dans le Golfe ou à ses abords,
le but étant d'essayer d'entraîner la "coalition occidentale" dans une nouvelle "croisade anti-iranienne".
Dans les indices qui accréditent cette thèse, il y a les
réactions politiques et médiatiques plutôt précipitées et
maladroites émanant des US et de l'UK, complices éternels
d'Israël, et accusant l'Iran. C'est "cousu de fils blancs"...
Ces deux pays, comme
Israël, ne reculent devant rien et prennent les citoyens du monde entier pour des cons en pensant qu'ils vont croire que, le jour même de la visite amicale du premier ministre japonais en Iran, les iraniens chercheraient à couler deux pétroliers...liés au Japon..... sous les
yeux de caméras extérieures aux deux bateaux, qui se trouvaient là "par
hasard"
pour filmer "l'attentat iranien du
siècle".
Décidément, comme dans l'affaire Skripal, les services Israéliens
et occidentaux, trop sûrs d'eux même, sont de plus en plus
maladroits......
A +
DD
l n’y a aucune preuve que l’Iran ait été à l’origine de l’attaque vendredi contre des pétroliers dans le golfe d’Oman.
De nombreux acteurs, au Moyen-Orient et aux États-Unis, sont intéressés à inciter les États-Unis à prendre part à une confrontation militaire avec l’Iran. La plupart de ces acteurs ont la capacité de lancer des attaques clandestines contre des navires civils. Que le gouvernement américain blâme l’Iran pour une telle attaque est évident. Mais même les analystes israéliens doutent que l’Iran soit responsable des récents incidents. Le gouvernement allemand doute que la vidéo présentée par les États-Unis montre quelque chose d’important. D’autres soulignent le moment suspect où l’incident a eu lieu.
Israël est, bien sûr, le premier candidat à une telle attaque sous faux drapeau. Le Premier ministre Netanyahou s’est activé contre l’Iran pendant les 25 dernières années. Il a plusieurs fois menacé d’attaquer directement le pays mais préférerait que les États-Unis le fassent. Le service de renseignement clandestin israélien, le Mossad, est capable d’opérations de grande envergure. On sait que les sous-marins israéliens ont déjà opéré dans la mer d’Oman.
Les Saoudiens subissent les pressions des forces houthies à leurs frontières méridionales. Les Houthis reçoivent un soutien matériel de l’Iran. Si les États-Unis attaquaient l’Iran, les Saoudiens seraient soulagés. Les Saoudiens ont besoin d’un prix du pétrole bien supérieurs à 60 dollars le baril pour financer leur pays. Tout ce qui fait grimper les prix, comme les attaques de pétroliers, est évidemment dans leur intérêt. L’assassinat de Jamal Khashoggi en Turquie a montré que les Saoudiens avaient développé de grandes capacités clandestines et n’avaient aucun scrupule à les utiliser.
Les complices des saoudiens au Yémen, les Émirats arabes unis, sont sous le contrôle impitoyable de Mohammad bin Zayed. Bin Zayed est l’un des principaux instigateurs de la politique anti-iranienne des États-Unis. Bin Zayed a embauché Eric Prince, de Blackwater, pour former une armée de mercenaires. Prince est un ancien de l’US Navy SEAL, un spécialiste militaire formé aux opérations clandestines en mer. Mettre secrètement une bombe ventouse sur un navire est exactement ce que les SEAL apprennent à faire.
Le président américain Donald Trump a embauché plusieurs ennemis de l’Iran dans son administration. Son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, milite depuis des années pour un changement de régime à Téhéran. Bolton est connu pour savoir contourner le secrétaire à la Défense et les chefs d’état-major. Il communique directement avec les niveaux inférieurs de l’armée américaine et avec ses commandants régionaux. Le commandement central américain affirme maintenant que :
"Un missile sol-air iranien SA-7 modifié a tenté d'abattre un MQ-9 américain à 13 h 45, heure locale, le 13 juin, dans le golfe d'Oman, afin de perturber la surveillance du corps iranien des gardes de la révolution islamique lorsque celui-ci a attaqué le M / T Kokuka Courageous ... ”
Bien sûr – ça doit être vrai. Tout comme le CENTCOM prétend que les pétroliers ont été endommagés par des mines ventouses, qui sont inefficaces lorsqu’elles sont utilisées au-dessus de la ligne de flottaison d’un navire. Le propriétaire japonais du Kokuka Courageous a déclaré que le CENTCOM mentait et que le navire avait été attaqué par des« objets volants ». Le drone MQ9 Reaper est un moyen de surveillance, mais il est également capable de lancer des missiles. Si la nouvelle affirmation du CENTCOM est vraie, où est la vidéo prise par le drone de « l’attaque iranienne » ? Comment pouvons-nous être sûrs que ce n’est pas un drone américain qui a tiré des missiles sur le navire japonais ?
Il y a bien sûr aussi la CIA. Il y a deux ans, elle a créé un nouveau centre de mission pour faire monter la mayonnaise en Iran :
Le Centre de mission pour l’Iran réunira des analystes, du personnel des opérations et des spécialistes de l’ensemble de la CIA afin d’exploiter toute la gamme des capacités de l’agence, y compris des actions clandestines. ...
Pour diriger le nouveau groupe, M. Pompeo a choisi un officier vétéran du renseignement, Michael D'Andrea, qui a récemment supervisé le programme de frappes mortelles de drones de l'agence et qui a été crédité par nombre de ses pairs de ses succès contre Al-Qaïda durant la longue campagne des États-Unis contre le groupe terroriste. ...
M. D’Andrea, ancien directeur du Centre de lutte contre le terrorisme de la CIA, est reconnu par ses pairs comme un directeur exigeant mais efficace et un converti à l’islam qui travaille de longues heures. Certains responsables américains ont exprimé leur préoccupation quant à ce qu’ils percevaient de son attitude agressive à l’égard de l’Iran.
On peut se demander sur quoi D’Andrea, avec son expérience dans la direction de frappes de drones, a travaillé au cours des deux dernières années. Quelles opérations a-t-il planifiées ?
Nous savons que les attaques sous faux drapeaux sont aussi américaines que le chewing-gum et l‘apple-pie. Le Boston Tea Party (1773) était composé de colons camouflés en Indiens. Vous souvenez-vous de l’USS Maine (1898) ? De l’attaque du golfe du Tonkin (1964) qui n’a jamais existé ? Des fausses attaques chimiques organisées récemment par les États-Unis, lorsque ceux-ci ont payé des acteurs pour pouvoir ensuite blâmer le gouvernement syrien ?
Il y a également un certain nombre d’acteurs non étatiques qui auraient pu être impliqués dans les attaques de pétroliers. La secte de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) est connue pour ses attaques terroristes contre l’Iran. Mais ce n’est pas le seul groupe. Au cours des deux dernières années, les terroristes baloutches à la frontière irano- pakistanaise, les séparatistes arabes du mouvement Ahvaz, État islamiqueet des groupes kurdes ont tous lancé des attaques terroristes contre l’Iran. Tous ces groupes sont financés par l’un ou l’autre des acteurs étatiques énumérés plus haut. Avec des fonds pratiquement illimités, ils auraient tous pu développer les capacités nécessaires pour endommager un pétrolier.
Tous les acteurs susmentionnés ont les motivations et la capacité potentielle de lancer des attaques qu’ils peuvent ensuite imputer à l’Iran. Il n’est donc pas étonnant que tout le monde parle de « conneries » lorsque le secrétaire d’État Pompeo affirme que « seul l’Iran »aurait pu le faire. Il n’y a tout simplement aucune preuve – zéro – que l’Iran a commis les attaques.
Il n’est donc pas étonnant que même les lecteurs assidus de Moon of Alabama doutent lorsque nous écrivons que la nouvelle stratégie de l’Iran consiste à exercer une « pression maximale » sur Trump. Cela avait l’air bizarre quand cela avait été développé pour la première fois dans la mise à jour du post précité. Mais si on se met à la place des décideurs iraniens, cela devient soudainement une évaluation réaliste.
Le lendemain de notre premier reportage sur la nouvelle stratégie iranienne, Asia Timesa confirmé l’existence du concept :
Ce genre d’avertissement non létal, qui a provoqué une flambée des prix du pétrole, figure dans le cahier des charges iranien depuis que le gouvernement Trump a annoncé qu’il prendrait des mesures pour réduire la capacité de la république islamique à vendre son pétrole.
"Cela faisait l'objet d'un débat avant même la révocation des dérogations pétrolières [en novembre], mais surtout comme une réponse possible à une tentative visant à supprimer [les] exportations iraniennes", a déclaré une source iranienne à Asia Times sous couvert d'anonymat, car il n'était pas autorisé à parler sur le sujet.
L’idée derrière cela, selon la source de Asia Times, est de pousser les Saoudiens à demander à Trump de réduire la pression sur l’Iran :
"Si MBZ dit à Trump qu'il est temps de ralentir la politique de pression maximale ce sera très différent d'un [président japonais Shinzo] Abe appelant à des négociations", a déclaré la source.
Mais ralentir la politique de pression maximale de Trump contre l’Iran n’est pas suffisant pour ce dernier. Comme nous l’avons expliqué, ce que l’Iran veut, c’est éliminer la campagne de pression maximale de Trump en exerçant une pression maximale sur lui.
Elijah Magnier est connu pour avoir accès à des sources de haut niveau à Téhéran. Il a rapporté hier soir :
Des sources proches des décideurs iraniens ont répété les paroles du président Hassan Rouhani et du conseiller iranien de Sayyed Khamenei pour les affaires internationales, Ali Akbar Velayati, selon lesquels «si l'Iran ne peut exporter du pétrole par le golfe Persique, personne au Moyen Orient ne pourra le faire». La source "s'attend à de nouvelles attaques à l'avenir, compte tenu de la décision des États-Unis d'arrêter les flux de pétrole iranien par tous les moyens. Ainsi, le pétrole cessera d’être livré au monde si l’Iran ne peut pas exporter ses deux millions de barils par jour".
"Les tensions dans le Golfe ne pourront être apaisées que lorsque les sanctions seront levées contre l'Iran. Sinon, davantage d'objectifs pourraient être ciblés et le niveau de tension augmenterait progressivement. [..] Si l'Iran souffre, le reste du monde souffrira également", a déclaré la source. ...
«Le président Trump parie sur le maintien du statu quo. Cela ne convient pas à l’Iran, car son économie en souffrira cruellement. Cautériser la blessure économique profonde et tenir jusqu’à ce que Trump termine son premier mandat c'est jouer le jeu de Trump et cela ne se produira pas. La tension dans le Golfe a commencé lorsque Trump a décidé de se retirer de l'accord nucléaire (connu sous le nom de JCPOA). Laissez-le payer le prix maintenant. Si l'Iran ne peut pas exporter son pétrole brut, cela signifie que le pays doit être prêt pour la guerre», poursuit la source.
« Si vous voulez une pression maximale », dit l’Iran à Trump, « nous pouvons le faire. »
Bien entendu, aucun responsable iranien ne le confirmera publiquement.
Ce qui rend la situation confuse et le raisonnement contre-intuitif, c’est que l’Iran et certains de ses ennemis ont maintenant les mêmes intérêts tactiques. Les deux côtés veulent augmenter la tension dans la région. Cela garantit que des nouvelles attaques se produiront. Il existe de très nombreuses cibles potentielles pour cette campagne.
Les ennemis de l’Iran espèrent que davantage d’attaques contre les pétroliers vont entraîner Trump et ses acolytes britanniques dans un conflit militaire avec l’Iran.
L’Iran calcule que Trump comprendra le danger et reconnaîtra qu’un tel conflit ruinerait sa présidence. Qu’il acceptera d’annuler les sanctions et rejoindra l’accord sur le nucléaire pour ne pas se faire reprocher des prix du pétrole sans précédent et des conséquences catastrophiques pour l’économie mondiale.
Nous pouvons nous attendre à ce que ce jeu du chat et de la souris se poursuive au cours des douze prochains mois. Trump sera sous pression des deux côtés. De toute façon le printemps, ou l’été prochain, est la dernière limite pour qu’il prenne une décision. Jusque-là, nous verrons plus de victimes dans cette nouvelle guerre des pétroliers.
Les ennemis de l’Iran, ainsi que l’Iran lui-même, ont maintenant intérêt à ce que de nouvelles attaques contre les pétroliers se produisent. Mais à moins de preuves indépendantes très convaincantes, nous ne saurons jamais qui les aura commises. Il y a tout simplement trop de joueurs qui ont les motivations et la capacité de faire de telles attaques. Tous ont des raisons valables pour endommager plus de navires. Tous ont un déni plausible. C’est ce qui rend la situation actuelle si dangereuse. Heureusement, le problème peut être facilement résolu.
Celui qui a causé ce conflit est Donald Trump. C’est aussi lui qui peut y mettre fin immédiatement.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francphone
Source : https://lesakerfrancophone.fr/iran-retour-de-flamme-pour-trump
Les attaques qui se déroulent dans le Golfe et ses eaux contre les ports, les pipelines d’approvisionnement en énergie et les pétroliers ont pris la proportion d’une guerre à petite échelle ; Mais la guerre ne prendra de l’importance que si l’Iran ou les États-Unis commettent de nouvelles erreurs ou causent de nouvelles frictions. Une décision ou un évènement suspect ou mal interprété pourrait entraîner une guerre plus large au Moyen-Orient, surtout que les armées et leurs alliés sont en état d’alerte. L’efficacité militaire des deux parties et de leurs alliés – disséminés dans tous les coins du Moyen-Orient – est réelle et ne devrait pas être sous-estimée.
Les Etats-Unis n’ont pas besoin de donner une raison juste, sérieuse et solide pour faire une guerre, il leur suffit de la décider. Les événements récents – les actes de sabotage à al-Fujairah (Emirats arabes unis), l’attaque du gazoduc Aramco, les attaques contre deux pétroliers dans le golfe d’Oman, et la vidéo du Commandement central des États-Unis qui prétend montrer le personnel d’un bateau iranien en train d’enlever une mine ventouse non explosée du Kokuka Courageous – auraient déjà fourni aux Etats-Unis de nombreux prétextes de guerre, s’ils voulaient la guerre. Le président Donald Trump aurait alors déjà ordonné à ses militaires de tirer des missiles de précision comme il l’a fait en Syrie ou au moins de faire une frappe aérienne punitive en collaboration avec ses partenaires européens. Ou il aurait peut-être même préparé son armée à partir en guerre comme George W. Bush l’a fait avec l’Irak en 2003.
C’est parce qu’il est conscient qu’une opération militaire contre l’Iran ne serait pas une partie de plaisir que Trump s’est abstenu d’ordonner l’attaque. Les conséquences d’une telle attaque sont imprévisibles et il n’en sortirait sans doute pas grandi.
Cela suffit à montrer que Trump ne veut pas aller à la guerre mais qu’il n’a pas non plus anticipé la réaction de l’Iran à ses sanctions et à ses violentes menaces. Le président américain n’a probablement pas compris, ni pris au sérieux, son homologue iranien Hassan Rouhani quand ce dernier a affirmé l’année dernière que “si l’Iran ne pouvait pas exporter le pétrole du Golfe, aucun autre pays ne pourrait le faire”. L’habitude qu’ont les politiciens occidentaux, et notamment Trump, d’abuser des phrases creuses et des fanfaronnades les rend peut-être incapables de comprendre des personnalités publiques qui pensent ce qu’elles disent.
Les deux camps, l’Iran et les États-Unis, sont dans une impasse. L’Iran pense que le fait d’accepter de s’assoir à une table de négociation avec les Etats-Unis serait un signe de faiblesse. De plus, Téhéran n’a aucune confiance dans les engagements et les promesses des États-Unis. Le chef de la Révolution Sayyed Ali Khamenei a dit aux autorités iraniennes : “Si vous donnez un doigt aux USA, ils vous prendront la main, puis le bras entier, puis tout le corps. Ne faites jamais confiance aux Etats-Unis”.
Trump s’est mis lui-même dans une impasse lorsqu’il a abandonné l’accord nucléaire et imposé de sévères sanctions à l’Iran. Il a fait sortir le génie de sa bouteille et unifié la population iranienne contre l’administration américaine au moment même où beaucoup en Iran soutenaient les négociations et la reprise des relations avec les États-Unis.
Trump a sous-estimé les capacités militaires de l’Iran et, en particulier, la puissance stratégique des missiles de croisière actuellement détenus par les alliés de Téhéran au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen. Ces moyens militaires ainsi que d’autres similaires peuvent causer de graves dommages aux alliés étatsuniens du Moyen-Orient et aux forces étatsuniennes déployées dans la région. Une telle confrontation aurait aussi pour effet de déstabiliser l’économie mondiale et Trump en serait accusé, même par les siens, parce que c’est lui qui a révoqué l’accord nucléaire et déclenché l’escalade actuelle de tensions – et tout ce qui arrivera.
Trump dit qu’il ne veut pas d’une escalade militaire. Cette intention est aujourd’hui clairement confirmée par le commandement central américain : “Les Etats-Unis n’ont aucun intérêt à s’engager dans un nouveau conflit au Moyen-Orient”.
Une guerre plus large ferait beaucoup de tort à l’Iran, mais elle serait tout aussi dévastatrice pour de nombreux pays du Moyen-Orient. Les alliés de l’Iran se disent prêts à la guerre. Au Liban, le chef du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a déclaré à ses responsables politiques et à ses commandants militaires le mois dernier (malgré de multiples démentis) qu’une guerre cet été était très probable.
C’était aussi l’analyse du commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, Qassem Soleimani, qui a dit à ses partenaires que l’Iran n’accepterait pas de vivre sous des sanctions sévères. Sayyed Nasrallah a dit ce mois-ci : “Toute la région brûlera si les Etats-Unis partent en guerre contre l’Iran”, et “Toutes les forces et tous les intérêts des Etats-Unis dans la région seront annihilés”. En Irak, plusieurs groupes irakiens veulent chasser les milliers de soldats américains du pays. Ce sont des combattants expérimentés et ils sont équipés de missiles de croisière de précision qui seront probablement utilisés pour frapper les différentes bases étatsuniennes disséminées dans la région, en cas de guerre contre l’Iran. Au Yémen, les Houthis ont déjà frappé l’aéroport saoudien d’Abha avec un de ces missiles et, le mois dernier, ils ont frappé une station pétrolière de la province saoudienne de Yanbu avec un drone armé.
Tout cela montre que l’Iran est prêt à mettre le Moyen-Orient à feu et à sang si on l’empêche d’exporter son pétrole. Trump doit maintenant prendre conscience que les sanctions qu’il a mises en place conduiront soit à la guerre, soit, au mieux, à l’insécurité du transport maritime de l’énergie qui part du Golfe vers le reste du monde.
Trump ne peut pas s’aventurer dans une guerre au moment où il va entamer une campagne électorale pour être réélu. Les corps des soldats américains rentrant chez eux dans des sacs en plastique deviendraient le symbole historique de l’ère Trump.
Mais le président américain n’offre rien à l’Iran qui puisse apaiser les tensions. Les envoyés européens et japonais qui affluent en Iran pour “servir de médiateurs” n’ont manifestement pas offert d’acheter leur part des deux millions de barils de pétrole par jour dont dépend l’économie iranienne, ni de lever les sanctions américaines ni de faire revenir les entreprises qui ont déserté l’Iran sous la menace de sanctions américaines. Le soutien purement verbal de ces émissaires n’améliore en rien la vie de la population iranienne qui vit sous ces sanctions économiques draconiennes imposées par les États-Unis.
Le journal iranien à Javan a décrit le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas avec des lunettes bleues de l’étoile de David, portant un brassard à croix gammée et effectuant un salut nazi
Si l’Iran était à l’origine de ces attaques dans le Golfe, ce serait parce que l’absence de toute possibilité d’échapper aux agressions de Trump a conduit le pays sur la voie d’une escalade progressive. Qui que ce soit qui a attaqué le deux pétroliers dans le golfe d’Oman, n’avait pas l’intention de les couler ni de les détruire ; s’il avait voulu le faire, au moins 6 à 8 mines auraient été utilisées pour détruire tous les compartiments du pétrolier. Le fait même qu’une des deux mines ait explosé au-dessus de la ligne de flottaison suggère que celui qui a fait ça voulait minimiser la pollution dans le Golfe.
Si c’est la voie que l’Iran a choisie, le prochain coup sera plus dur. Y aura-t-il d’autres attaques contre les aéroports, les stations pétrolières ou les pétroliers ? La prochaine attaque peut couler un navire. Mais la “guerre contre les pétroliers” n’a certainement pas pris fin avec cette dernière attaque dans le Golfe d’Oman.
L’Iran est bien sûr le principal suspect derrière ces attentats, mais aucune preuve tangible n’en a été apportée à ce jour. Enlever si rapidement et si facilement une mine ventouse inconnue, comme le montre la vidéo étatsunienne – est tout à fait extraordinaire, même pour des experts en explosifs. Aucun expert – même s’il connaît très bien ces mines – ne toucherait à des munitions non explosées sans prendre la précaution de déjouer lentement et attentivement tous les éventuels pièges et de se prémunir contre un éventuel déclenchement à distance. On a besoin de preuves solides, et non pas d’une analyse simpliste, car les implications de cette attaque sont très graves.
Alors, y a-t-il un moyen de sortir de ce cycle d’escalade ? L’Iran ne fait pas confiance aux Nations Unies parce que l’administration américaine a réduit le rôle et l’efficacité de cette organisation. Il ne fait pas confiance à l’Europe, qui a choisi de rester les bras croisés, divisée et soumise aux sanctions et aux brimades américaines. L’Iran ne fait pas confiance à Trump qui a révoqué l’accord nucléaire et est accusé dans son pays de ne pas “respecter le droit ou les institutions démocratiques “.
Trump ne peut pas se coordonner avec la Russie parce que cela serait utilisé contre lui pendant sa campagne électorale. Il ne peut pas non plus laisser la main à la Chine, c’est le plus important concurrent économique, l’un des plus grands pays du monde et le cauchemar des Etatsuniens. La seule porte de sortie pourrait se trouver dans le Golfe. Tous les pays Arabes ne sont pas des ennemis et certains entretiennent de bonnes relations avec l’Iran et les États-Unis : L’Irak, le Qatar, le Koweït et Oman, par exemple. Si les États-Unis refusent de s’appuyer l’un de ces pays pour entamer des négociations sérieuses en vue d’alléger les sanctions contre l’Iran, la petite guerre actuelle pourrait bien prendre des dimensions plus importantes dans les semaines à venir.
Elijah J. Magnier : @ejmalrai
Traduction : Dominique Muselet
16 juin 2019
Elijah J. Magnier
Middle East Politics
Source...avec photos : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article11338
Voilà une phrase prophétique du président américain Abraham Lincoln, qui n’aura jamais été autant d’actualité qu’en 2019.
La preuve en est par l’actuelle tension agitant le golfe Persique, zone pour le moins stratégique, puisque c’est par là que passe une large partie de l’approvisionnement pétrolier du reste de la planète. Depuis que deux supertankers, l’un norvégien et l’autre japonais, ont été l’objet d’attaques, les Américains nous mentent-ils ?
Si tel était le cas, ce ne serait pas la première fois. Deux exemples parmi les plus récents ? Ces bébés koweïtiens assassinés dans leurs couveuses par la soldatesque irakienne, en 1990. Ces « armes de destruction massive » des mêmes Irakiens en 2003, fiole brandie par le général Powell en guise de preuve à l’appui, dans l’enceinte de l’ONU. Et encore doit-on en oublier.
Dans le registre maritime : ces deux navires de guerre américains, officiellement coulés les 2 et 4 août 1964, par les communistes du Vietnam du Nord dans la baie du Tonkin, mais officieusement sacrifiés par Washington, attentat « sous faux drapeau » finalement reconnu par la Maison-Blanche en 2005. Cela, même nos médias les plus frileux vis-à-vis de l’ami américain osent enfin l’évoquer. Comme quoi trop de mensonges finissent par tuer le mensonge. Les temps changent ; enfin…
Diversification de l’information oblige – merci les réseaux sociaux –, c’est grâce au site russe Sputnik France qu’on apprend que le premier à contredire la version des faits n’est autre que Yutaka Katada, armateur japonais d’un des deux bateaux en question, qui dément donc l’hypothèse états-unienne d’une mine collée sur le flanc du navire :
Il s’agirait donc d’un missile. Mais tiré par qui ?
Le 16 juin, Le Figaro, quotidien pourtant peu connu pour son américanophobie galopante, campe globalement sur les mêmes positions. Selon un article de Georges Malbrunot, ancien otage en Irak et spécialiste réputé de la question, les vidéos produites par les USA « posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses ». Le même jour, semblable son de cloche chez Le Journal du dimanche : « Les images diffusées par Washington ne prouvent absolument rien?. »
Sur le site de BFM, la prudence est aussi de mise. C’est d’autant plus sage que l’on ne sait pas vraiment à qui « peut profiter le crime », pour reprendre l’expression consacrée.
Certes, une initiative iranienne, venue du plus haut sommet de l’État ou d’une de ses factions plus bellicistes, n’est pas à exclure. Mais L’Orient-Le jour, le quotidien libanais de référence en cette partie du monde, ne semble pas y croire : « Les seuls arguments que Washington et ses alliés peuvent utiliser pour accuser ouvertement Téhéran sont les menaces régulièrement avancées par les Iraniens, et surtout les Pasdarans, Gardiens de la révolution, de fermer le détroit d’Ormouz » C’est mince.
Après, la piste israélienne ? Le très gouvernemental quotidien Tehran Times ne se donne même pas la peine de l’évoquer dans son édition du même 16 juin, préférant railler la politique du faucon Mike Pompeo, responsable de la politique étrangère américaine : « Le plus drôle de l’histoire est que Pompeo nous conseille d’user de diplomatie vis-à-vis de la diplomatie américaine. Dans sa bouche, c’est véritablement charmant. »
Une initiative américaine, alors ? En matière de provocation, ils n’ont évidemment de leçons à recevoir de personne. Mais il n’est pas forcément sûr que Donald Trump veuille déclarer une autre guerre en cette région du monde, dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour tous, malgré les gesticulations d’un Mike Pompeo et de son comparse John Bolton, tous deux de l’espèce des évangélistes hystériques. Bref, rien n’est aussi simple, tel que récemment écrit en ces colonnes.
Ne demeure donc plus que l’hypothèse la moins invraisemblable : celle de Riyad. Il est vrai que Mohammed ben Salmane, l’actuel prince héritier saoudien, dont les services, bien connus pour faire discrètement découper l’un de leurs compatriotes journalistes en rondelles dans une ambassade turque, auront, en matière d’actions « discrètes », inauguré comme une sorte de marque de fabrique en matière d’amateurisme.
Celle-là même dont ces deux attaques perpétrées dans le golfe Persique portent la marque…
Tandis que les États-Unis préparent une nouvelle escalade au Moyen-Orient, en accusant l’Iran d’attaquer les pétroliers dans le golfe d’Oman, le vice-premier ministre Matteo Salvini rencontre à Washington le secrétaire d’État Mike Pompeo, un des artisans de cette stratégie, en l’assurant que “l’Italie veut redevenir dans le continent européen le premier partenaire de la plus grande démocratie occidentale”. Ainsi accroche-t-il l’Italie à l’opération lancée par Washington.
L’”incident du Golfe d’Oman”, casus belli contre l’Iran, calque “l’incident du Golfe du Tonkin” du 4 août 1964, utilisé comme casus belli pour bombarder le Nord Vietnam, accusé d’avoir attaqué un torpilleur USA (accusation qui s’est ensuite révélée fausse). Aujourd’hui une vidéo diffusée par Washington montre l’équipage d’une présumée vedette iranienne qui, en plein jour, décroche du flanc d’un pétrolier une mine non explosée pour effacer sa provenance (car la mine aurait porté l’inscription “made in Iran”).
Avec ces “preuves”, qui constituent une véritable insulte à l’intelligence, Washington cherche à camoufler le but de l’opération. Celle-ci relève de la stratégie pour le contrôle des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel et de leurs couloirs énergétiques. Ce n’est pas un hasard si dans le viseur des États-Unis se trouvent l’Iran et l’Irak, dont les réserves pétrolifères totales dépassent celles de l’Arabie Saoudite et sont cinq fois supérieures à celles des USA. Les réserves iraniennes de gaz naturel sont environ 2,5 fois celles des USA. Pour la même raison se trouve dans le viseur étasunien le Vénézuela, pays qui a les plus grandes réserves pétrolifères du monde.
Le contrôle des couloirs énergétiques est de première importance. En accusant l’Iran de vouloir “interrompre le flux de pétrole à travers le Détroit d’Ormuz”, Mike Pompeo annonce que “les États-Unis défendront la liberté de navigation”. Autrement dit, il annonce que les États-Unis veulent contrôler militairement cette zone clé pour l’approvisionnement énergétique y compris de l’Europe, en empêchant avant tout le transit du pétrole iranien (à qui l’Italie et d’autres pays européens ne peuvent pas de toutes façons accéder librement à cause de l’interdit étasunien).
D’Iran aurait pu aussi arriver en Europe du gaz naturel à bas prix par un gazoduc traversant l’Irak et la Syrie ; mais le projet, lancé en 2011, a sauté à la suite de l’opération USA/OTAN pour démolir l’État syrien.
De Russie aurait pu arriver directement en Italie, et de là être distribué dans d’autres pays européens avec de notables avantages économiques, du gaz naturel, au moyen du South Stream à travers la Mer Noire ; mais le gazoduc, déjà en phase avancée, a été bloqué en 2014 sous la pression des États-Unis et de l’Union européenne même, avec de gros dommages pour l’Italie.
C’est par contre le redoublement du Nord Stream qui s’est poursuivi, faisant de l’Allemagne le centre de triage du gaz russe. Puis, sur la base de l’accord de “coopération stratégique USA-Ue dans le domaine énergétique” stipulé en juillet 2018, les exportations étasuniennes de gaz naturel liquéfié (Lng) dans l’Ue ont triplé. Le centre de triage est la Pologne, d’où le “gaz de la liberté” arrivera aussi en Ukraine.
L’objectif de Washington est stratégique : frapper la Russie en remplaçant en Europe le gaz russe par celui des USA. Mais on n’a aucune garantie ni sur les prix ni sur la durée des fournitures USA de gaz, extrait des schistes bitumineux par la technique du fracking (fracturation hydraulique), désastreuse pour l’environnement.
Que dit de tout cela Matteo Salvini qui, arrivé dans la “plus grande démocratie du monde occidental”, a fièrement déclaré “je fais partie d’un gouvernement qui en Europe ne se contente plus des miettes” ?
Manlio Dinucci
Édition de mardi 18 juin2018 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio.
Source : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article11345
...par Thierry Meyssan - le 18/06/2019.
Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire.
Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump(2017).
La montée des tensions dans le Golfe est un jeu dangereux qui peut déraper à tout instant. Les sabotages non revendiqués de tankers peuvent être le fait de presque toutes les parties, y compris des États-Unis habitués des opérations sous faux drapeau. Cependant une analyse rationnelle montre que Téhéran n’est pas du tout aujourd’hui dans cette disposition d’esprit. Dans un autre article, (ci-dessus) Manlio Dinucci explique l’incident en le replaçant dans le cadre de la politique énergétique globale de Washington.
Source : https://www.voltairenet.org/article206732.html
Les États-Unis et le Royaume-Uni accusent l’Iran du sabotage de six pétroliers dans le Golfe sans en fournir la moindre preuve, sinon une vidéo US illisible. Selon eux, une embarcation des Gardiens de la Révolution y récupérait l’aimant d’une mine-ventouse non explosée sur la coque d’un des tankers, alors même que les marins assurent que leur bâtiment a été frappé par un drone ou un missile.
Le duel irano-US a changé de nature depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, en janvier 2017, mais la réaction iranienne ne peut être comprise qu’en fonction des épisodes précédents et de leurs retournements.
Le président George Bush avait tout fait ce qui était en son pouvoir pour lancer une guerre contre l’Iran à la suite de celle contre l’Iraq. Il entendait poursuivre la destruction systématique des structures étatiques du « Moyen-Orient élargi », conformément à la stratégie Rumsfeld/Cebrowski. Cependant une première fois la Commission Baker-Hamilton (2006) l’en empêcha. La classe dirigeante US ne trouvait pas assez vite son retour sur investissement pour soutenir une « Guerre sans fin ». Une seconde fois, le commandant du CentCom, l’amiral William Fallon, qui avait commencé à discuter avec Mahmoud Ahmadinejad de la stabilisation de l’Iraq, s’y opposa (2007-08). En définitive, le vice-président Dick Cheney donna instruction à Israël de louer des aéroports géorgiens de manière à pouvoir bombarder directement l’Iran sans avoir à réapprovisionner d’avions en vol. Mais ce fut la Russie qui cloua au sol les bombardiers israéliens dès les premières heures de la guerre d’Ossétie du Sud (août 2008).
À son arrivée à la Maison-Blanche, Barack Obama tenta de poursuivre la même stratégie, mais de manière moins brutale. Comme Bush et Cheney, il était persuadé qu’il fallait agir vite pour s’emparer du pétrole iranien alors que cette ressource allait bientôt manquer à l’économie mondiale (théorie du « pic pétrolier »). Plutôt que de lancer une nouvelle guerre dont le public US ne voulait pas, il amplifia des manifestations pour renverser son homologue iranien (2009). Constatant l’échec de cette « révolution colorée » face à Mahmoud Ahmadinejad, il mena à Oman des discussions avec les partenaires habituels de Washington depuis la Révolution de l’imam Rouhollah Khomeini, c’est-à-dire le clan d’Hachemi Rafsandjani (mars 2013) et plus particulièrement cheikh Hassan Rohani qui avait été le premier contact iranien lors de l’affaire Iran-Contras. Lorsque ce dernier fut élu (2013), il débuta immédiatement des négociations d’État à État pour partager le Moyen-Orient entre Saoudiens et Iraniens sous couvert de lutte contre la prolifération nucléaire. Un traité fut négocié en présence des grandes puissances en Suisse, mais il ne fut signé qu’en 2015. L’Iran obtint le droit d’exporter à nouveau son pétrole pour redémarrer son économie.
Progressivement, les relations entre les deux États se normalisèrent, jusqu’à ce que Donald Trump devienne président US (2017). Son objectif était complétement différent : la Maison-Blanche ne croyait plus que le pétrole allait manquer, mais était au contraire persuadée qu’il y en avait trop sur le marché ; elle ne poursuivait plus la politique impériale de ses prédécesseurs, mais se préoccupait uniquement de faire de l’argent. Plutôt que d’organiser sa domination du Moyen-Orient, elle entendait limiter l’approvisionnement du marché mondial de manière à pouvoir maintenir les prix du brut au niveau de la rentabilité du pétrole de schiste US. Les États-Unis encouragèrent des manifestations contre la classe politico-religieuse (2017-18), puis abrogèrent l’accord sur le nucléaire (2018).
Depuis lors, l’Iran parait tétanisé. À la différence des politiques, les religieux sont rigides et ne savent pas faire leur auto-critique. Dieu, qu’ils représentent sur terre, ne saurait se dédire. C’est pourquoi, contrairement à une idée répandue, la théocratie iranienne est excellente commerçante, mais piètre diplomate.
L’Iran refuse toute offre de négociation avec les États-Unis et attend désespérément le retour des Démocrates au pouvoir à Washington ; un pari dangereux dans la mesure où Donald Trump pourrait être réélu pour 4 ans et que l’économie iranienne est au bord du précipice.
Cette paralysie empêche l’Iran de planifier des provocations comme celle que Washington et Londres lui attribuent, d’autant que des attaques contre les intérêts occidentaux compromettraient ses futures relations avec les Démocrates US.
Contre toute attente, la méthode Trump n’aboutira pas dans ce cas. La culture perse est celle des miniatures. Elle a ceci de particulier que les Iraniens sont le peuple le plus capable d’endurer de très longs tourments pour triompher.
Thierry Meyssan
Le 17/06/2019.
* Attaques en mer d'Oman: les deux pétroliers sécurisés, Riyad en alerte
* Mer d'Oman : le scénario israélo-saoudien ?
http://parstoday.com/fr/news/iran-i79281-mer_d'oman_le_sc%C3%A9nario_isra%C3%A9lo_saoudien
* Pétroliers : Moscou appelle à une enquête internationale
* Londres menace militairement l’Iran
http://parstoday.com/fr/news/world-i79363-londres_menace_militairement_l%E2%80%99iran
* Pétroliers attaqués : c’est l’Iran qui décide de bloquer ou pas le détroit d’Ormuz
https://www.french.almanar.com.lb/1395825
Le 18/06/2019.