Le Haut-Karabakh, cette enclave séparatiste, terrain d’affrontements meurtriers depuis plus de trente ans entre Erevan et Bakou, a récemment vu une
escalade de violence suite à l’utilisation de la force par l’Azerbaïdjan. Cette situation rebat les cartes dans la région, mettant l’Arménie en position de vulnérabilité, et
marginalisant davantage les acteurs européens dans ce conflit ancestral.
La tension entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie sur le Haut-Karabakh n’est pas nouvelle. Cependant, le récent recours à la force marque un tournant
inquiétant, en témoigne la réaction internationale prudente. Le chercheur britannique Thomas de Waal estime que ce récent recours à la force crée un dangereux précédent, plaçant les
acteurs régionaux et internationaux devant un dilemme complexe. Alors que l’Azerbaïdjan joue la carte militaire, l’Arménie, elle, est en quête de soutien international pour faire
valoir ses revendications.
Les implications sont loin d’être uniquement régionales. Elles révèlent une géopolitique caucasienne de plus en plus complexe et volatile, où les
alliances se font et se défont au gré des intérêts nationaux et des pressions internationales. La Russie, en tant que puissance régionale dominante, se trouve dans une position
délicate, tandis que l’Union européenne et les États-Unis observent avec inquiétude l’évolution de la situation.
Le spectre d’un conflit élargi hante désormais la région. Et l’Europe, jusqu’ici en retrait, pourrait-elle être amenée à jouer un rôle plus actif pour
préserver la stabilité régionale et défendre ses intérêts ? Les enjeux sont élevés et les retombées de cette crise pourraient se faire sentir bien au-delà du Caucase, dans un monde
déjà en proie à de multiples tensions.
Dans la revue Géopolitique Profonde, nous plongeons au cœur des zones de tensions, analysant les ramifications possibles de cette crise sur la scène internationale. Nous
explorons également le rôle potentiel des acteurs internationaux dans la désescalade des tensions et la recherche d’une solution durable.
La géopolitique par les cartes (partie 1) : Le Caucase
J’insiste inlassablement sur le fait que la Géopolitique est une science qui nécessite des outils scientifiques. Les premiers de ces instruments c’est
le raisonnement et l’analyse géopolitique sur les cartes géographiques et les atlas. C’est d’ailleurs le géographe français Lacoste qui a remis la géopolitique à l’honneur dans
l’Espace francophone.
«Vouloir faire de
la Géopolitique sans raisonner sur les cartes et les atlas, à commencer par les atlas historiques, c’est comme vouloir naviguer sans regarder les étoiles», disait avec pertinence
Jean Thiriart (1922-1992), le géopoliticien de «l’Empire euro-soviétique».
Les cartes ça sert aussi à faire la guerre… médiatique notamment
Mais les cartes ça ne sert pas qu’à l’analyse.
Ça sert aussi à faire la guerre Et la guerre médiatique.
Dans tous les conflits actuels (Libye, Syrie, Donbass, Yémen), il y la manipulation des cartes sur les médias occidentaux, donnant au grand public une
image fausse de la situation réelle sur le terrain et de la situation des régimes attaqués par l’Occident.
Le Caucase, une région au carrefour des empires
L’annexion éclair du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan, le 20 septembre, s’inscrit aussi dans un vaste jeu géopolitique qui concerne toute la région. Qui
convoite quoi ? Pour quelles raisons ? Les réponses dans notre carte.
Plus de 100 000 Arméniens ont déjà fui l’enclave séparatiste après l’offensive éclair de Bakou qui, lancée le 19 septembre, aura mis fin en vingt-quatre
heures à un conflit vieux de près de trente-cinq ans. Un effondrement que personne n’avait vu venir (…) une montée en puissance de l’Azerbaïdjan et de son allié turc (…) montrer le
jeu complexe des alliances dans la région, dont le gaz naturel est extrêmement convoité, et les zones de tensions. Une région qui est traversée par des gazoducs et des corridors –
existants ou potentiels.
Ainsi, note la presse turque, la conquête du Haut-Karabakh par Bakou et les négociations à venir autour d’un hypothétique corridor terrestre entre
l’Azerbaïdjan et la Turquie sont riches de promesses économiques, énergétiques et géopolitiques.
Quoi qu’il en soit, les cartes sont désormais rebattues. C’est l’analyse de l’expert russe Nikolaï Silaev dans Rossia v Globalnoï Politiké : «Si le
Haut-Karabakh servait auparavant de baromètre de la situation dans la région – il indiquait qui était le plus fort et qui était le plus faible, qui avait le plus d’influence –,
aujourd’hui ce baromètre est caduc», affirme-t-il, avant de relever l’une des inconnues de cette situation : la Géorgie.
Vu de Russie :
Avec la chute du Haut-Karabakh, on assiste à une recomposition des blocs
Comment ce pays va-t-il réagir ? «D’un côté, la
Géorgie est plus proche de l’OTAN et de l’UE que les autres pays de la région, mais, de l’autre, elle conserve une posture très indépendante vis-à-vis de la crise ukrainienne. En
outre, elle a toujours eu peur de se retrouver «entre le tsar et le sultan», comme disent les Géorgiens. Pour eux aussi, c’est un défi, et l’on verra de quelle manière ils comptent le
relever».
Avec la chute du Haut-Karabakh, on assiste à une recomposition des blocs
Après la victoire azérie, qui signe la fin de la république séparatiste, cet expert russe explique en quoi les cartes sont rebattues dans la région : la
Turquie et l’Azerbaïdjan, dit-il, s’affirment fortement ; le conflit entre l’Iran et Israël, qui soutient Bakou, s’étend désormais au Caucase du Sud. Quant à la Russie, quoique
poussée dehors, elle a encore gros à jouer.
ROSSIA V GLOBALNOÏ POLITIKÉ : À en croire les commentaires dans les médias, la Turquie s’affirme de plus en plus. Les relations entre l’Iran et
l’Azerbaïdjan étaient déjà exécrables et on voit que maintenant Israël fournit une aide active à Bakou. On entend parler de nouveaux blocs informels, avec d’un côté la Turquie,
l’Azerbaïdjan et Israël, et de l’autre, l’Iran, la Russie et… je ne sais quel autre partenaire.
En réalité, on parle de blocs depuis l’effondrement de l’URSS, en tout cas depuis les années 1990. Et les choses étaient toujours à peu près présentées
ainsi : d’un côté la Turquie et l’Azerbaïdjan, auxquels on rattachait parfois la Géorgie, et de l’autre, la Russie, l’Arménie et l’Iran. La Russie a toujours essayé de se tenir à
l’écart de cette logique de blocs dans le Caucase. En partie parce qu’elle privilégiait un ordre géopolitique plus vaste, en partie parce qu’il était important pour elle d’entretenir
des relations avec tout le monde.
Aujourd’hui, elle se trouve face à une situation difficile du fait que l’Iran est un partenaire clé, tandis que l’Azerbaïdjan est l’un des pays que doit
traverser la voie de transport international en construction baptisée «Couloir
Nord-Sud» [itinéraire ferroviaire et maritime conçu pour assurer la liaison entre la Russie et l’Inde via l’Iran]. Après la guerre arméno-azerbaïdjanaise de 2020, le
géopolitologue Akhmet Iarlykapov a formulé une pensée très juste en disant que le Moyen-Orient se rapprochait du Caucase du Sud.
Par Dmitry Orlov – Le 28 Septembre 2023 – Source Club Orlov
Ce qui se passe
actuellement est l’un des épisodes les plus honteux d’une longue et souvent douloureuse histoire arménienne : Le larbin et traître occidental Nikol Pashinyan, ainsi que ses collègues traîtres du
gouvernement arménien, ont complètement vendu 120 000 de leurs compatriotes arméniens du Karabakh, mettant fin à des milliers d’années d’histoire arménienne dans cette région. Un tiers de la
population a fui vers l’Arménie au cours des derniers jours.
La trahison de Pashinyan s’est déroulée en plusieurs étapes. Tout d’abord, il a refusé de négocier avec l’Azerbaïdjan, provoquant un conflit armé auquel l’armée
arménienne n’était pas préparée et qu’elle a rapidement perdu. Ensuite, lors d’une réunion avec des fonctionnaires de l’UE, il a signé un protocole selon lequel il cédait l’ensemble du territoire
de la région à l’Azerbaïdjan, annulant ainsi l’accord de maintien de la paix conclu avec la Russie. Enfin, lorsque l’Azerbaïdjan a commencé à revendiquer ses droits souverains sur la région
(qu’il a accordés), il a eu l’audace d’accuser la Russie de manquer à ses obligations. Quelles obligations ?
Bien qu’ils aient été poignardés dans le dos par Pashinyan, les soldats de la paix russes ont continué à faire ce qu’ils pouvaient pour aider la population
arménienne du Karabakh, en fournissant de l’aide humanitaire, des soins médicaux et des abris temporaires et en supervisant l’exode ordonné des milliers de personnes (un tiers de la population
arménienne totale à ce jour) qui affluent vers la frontière arménienne.
Fidèle à lui-même, le gouvernement arménien ne fait pratiquement rien pour aider les réfugiés qui affluent. Ces personnes ont été forcées de fuir avec seulement les
vêtements qu’elles portaient sur le dos. Beaucoup d’entre eux dorment maintenant dans leur voiture dans des villes déjà inondées par les réfugiés des vagues précédentes.
Pendant ce temps, Pashinyan a conspiré avec une délégation américaine, qui comprenait bien sûr l’horrible sorcière Samantha Power, pour organiser une force
occidentale de maintien de la paix au Karabakh, une idée manifestement ridicule puisque le Karabakh est désormais un territoire azerbaïdjanais et qu’il est peu probable que l’Azerbaïdjan autorise
une présence militaire étrangère, et puisqu’il n’y aura pas d’Arméniens sur place pour maintenir la paix.
L’Occident ne peut plus rien faire de constructif, mais il peut encore certainement causer des dégâts par son ingérence inutile et insipide. Nous assistons à la
mort lente d’un pays ancien, autrefois grand et important sur le plan historique. Ce qui est doublement triste, c’est que l’immense et riche diaspora arménienne a largement renié sa patrie
historique.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Vae victis ! (Malheur aux vaincus !) Cette expression latine est connue depuis 390 avant JC, lorsque l’armée romaine subit une défaite écrasante face au chef de la tribu gauloise
Brennus. Mais le principe qui le sous-tend reste à ce jour d’actualité à 100%. Les parties victorieuses du conflit arméno-azerbaïdjanais – Bakou et Ankara – se réjouissent. Les
perdants – l’Arménie et la communauté arménienne du Haut-Karabakh – pleurent et imputent leurs problèmes au reste du monde. David Babayan, conseiller du président de la République du
Haut-Karabakh, juge quant à lui que ce drame honteux sera une marque dans l’histoire du peuple arménien : « Le
sort de notre pauvre peuple restera dans l’histoire comme une honte pour le peuple arménien et pour le monde civilisé tout entier ».
Cet article initialement publié sur le site mk.ru n’engage pas la
ligne éditoriale du Courrier.
Le « monde civilisé » (s’il existe bien sûr, ce qui est loin d’être un fait) ne remarquera certainement pas les conséquences des propos de David Babayan. La paix est un concept trop large et trop
élastique. Chaque partie a ses propres problèmes et préoccupations. Et chacune de ces parties n’est absolument pas prête à assumer le fardeau des chagrins et des défaites des uns et des
autres. Toutefois, une partie du monde, c’est-à-dire la Russie, sera certainement impactée par les conséquences de la désintégration du Haut-Karabakh (rectification : en fait, elle a déjà
été touchée).
Un précédent historique : Chypre
Prenons un extrait du livre « The Last Honest Man », du célèbre journaliste politique américain, James Risen : « En
juillet 1974, la junte militaire au pouvoir en Grèce a soutenu un coup d’État à Chypre dans le but de destituer le président de l’île et de créer une union entre la Grèce et
Chypre ». Faire de Chypre un territoire entièrement grec était un objectif de longue date des ultranationalistes grecs de droite. Mais cette décision a provoqué une invasion de
l’île par la Turquie. En essayant de trouver un bouc émissaire, le chef de la junte grecque, Dimiotrios Ioannides, reprocha amèrement aux États-Unis de ne pas avoir réussi à arrêter
l’invasion turque. Cela conduisit à une hostilité accrue de la Grèce envers l’Amérique. Aussi, le 19 août 1974, une foule de Grecs attaqua l’ambassade américaine dans la capitale de Chypre,
Nicosie, tuant l’ambassadeur Roger Davis … Après un accord de cessez-le-feu, Chypre fut divisée en zones grecque et turque. Cette issue catastrophique entraîna la chute de la junte
militaire. Mais les sentiments négatifs à l’égard des États-Unis en Grèce ne se sont pas atténués.
Le Haut-Karabakh n’a jamais été un projet politique russe
Je suis convaincu que la sécurité des diplomates russes et des citoyens russes en Arménie sera assurée à 100 %. Mais pour tous les autres, les parallèles entre
ce qui a été décrit ci-dessus et la situation arménienne actuelle sont visibles à l’œil nu. Le Haut-Karabakh n’a jamais été un projet politique russe. Il s’agissait d’un projet national
purement arménien, pour lequel la Russie ne peut et ne doit assumer aucune responsabilité dans l’effondrement actuel. Mais pour l’Arménie, c’est une consolation, même très faible, de
rechercher un bouc émissaire. Et aucun argument logique ne fonctionne ici et ne fonctionnera pas pendant sans doute encore longtemps.
En fait, Nikol Pashinyan se comporte selon le modèle de Dimiotrios Ionnides. Et cela est tout à fait compréhensible. S’il ne peut pas imputer
l’effondrement du principal projet national arménien des dernières décennies aux « autres », à savoir la Russie, alors il n’y a qu’un seul accusé potentiel : Lui-même. Par conséquent, le
Premier ministre arménien promeut désormais par tous les moyens la vague antirusse et la thèse selon laquelle les « alliés » (c’est-à-dire Moscou) ont brutalement abandonné Erevan et vont
désormais chercher de nouveaux amis.
Le petit jeu des Américains et de Macron
Les pays antirusses désireux d’attraper un poisson en eaux troubles sont heureux de se joindre à ce jeu. La directrice de l’agence gouvernementale américaine
pour le développement international, Samantha Power a déclaré : « J’ai
atterri à Erevan. En ce moment important pour le pays et la région, je suis ici pour réaffirmer le ferme soutien et le partenariat des États-Unis avec l’Arménie et pour parler directement
avec ceux touchés par la crise humanitaire au Haut-Karabakh ».
De son côté, Paris joue plus brutalement, mais à une échelle bien plus grande. Le président français Macron estime que : « la
Russie est complice de l’Azerbaïdjan dans le conflit du Karabakh. » C’est fort, très fort, même selon les standards de Macron. Permettez-moi de vous rappeler que lors de leur
dernière offensive au Karabakh, l’armée azerbaïdjanaise a tué plusieurs soldats de la paix russes. Ce seul fait brise complètement la logique du président français. Mais il ne joue pas
sur la logique, mais sur les émotions. Et je dois admettre qu’il le fait bien.
Vers un reformatage géopolitique inévitable du Caucase du Sud
Nous avons donc un Azerbaïdjan victorieux et une Arménie qui a subi une défaite historique et qui se considère comme offensée par la Russie. La combinaison de
ces deux facteurs conduira inévitablement à un reformatage géopolitique du Caucase du Sud. Cependant, rien n’est clair concernant la situation qui émergera à la suite de ce
reformatage.
Ilham Aliyev a gagné la guerre, mais parviendra-t-il à gagner la paix ? Retenons une autre citation du conseiller du président du Haut-Karabagh, David Babayan
: « Notre
peuple ne veut pas vivre au sein de l’Azerbaïdjan. 99,9% préfèrent quitter les terres historiques ». Si cette prévision se réalise, cela signifiera officiellement une nouvelle
grande victoire pour Bakou. La déclaration du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, est typique de ces journées : « L’Azerbaïdjan
a la responsabilité de garantir et de faire respecter pleinement les droits et la sécurité des Arméniens du Karabakh, y compris leur droit de vivre dignement dans leurs foyers. »
Mais si tous les Arméniens du Karabakh partent volontairement pour l’Arménie, l’Azerbaïdjan n’aura pas à assumer la responsabilité de garantir leurs
droits. Bien entendu, cela correspond pleinement aux désirs les plus profonds du président Aliyev et de tout son pays.
Cependant, comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, les appétits de Bakou et d’Ankara ne se limitent pas au seul Karabakh. Sur la chaîne Telegram du célèbre
spécialiste russe de la région, Sergueï Markedonov, on peut lire : « La
Turquie est prête à apporter son soutien dans l’enquête concernant les Azerbaïdjanais expulsés de l’Azerbaïdjan occidental ». Le texte cité ci-dessus est un fragment du discours de
l’ambassadeur de Turquie à Bakou, Cahit Bağcı (il date de janvier 2023).
Mais attention, ces propos méritent une précision ! Rappelons-nous que les territoires arméniens sont appelés « Azerbaïdjan
occidental » à Bakou et à Ankara … Bien entendu, il n’est pas nécessaire de recourir à l’escalade du conflit. Il faut suivre cependant comment vont se mettre en œuvre à terme
divers instruments d’influence envers l’adversaire. Il ne faut donc pas être naïf : La redistribution du Caucase du Sud ne fait que commencer.
Accélération des livraisons d'armes israëliennes à l'Azerbaïdjan
Mardi 19 septembre, l’Azerbaïdjan (11 millions d’habitants) vient de lancer une nouvelle offensive contre l’enclave arménienne du Haut-Karabakh (120 000 habitants)
en violation des accords de cessez-le-feu de 2020. Le régime de Bakou invoque des soi-disant « provocations arméniennes de grande
ampleur » justifiant à ces yeux une « opération antiterroriste », alors même
qu’il affame depuis des mois la population de l’enclave en bloquant le corridor de Latchine qui la relie à l’Arménie voisine (3 millions d’habitants). Évidemment, les autorités azerbaïdjanaises
déclarent que « la
responsabilité des tensions intentionnelles dans la région incombe aux dirigeants militaires et politiques de l’Arménie ».
Cette offensive a lieu dans l’indifférence la plus totale de la communauté internationale – alors même que se tient une assemblée générale des Nations unies à
New York –, notamment de l’Europe – qui a conclu d’important contrats gaziers avec l’Azerbaïdjan – et de la Russie, pourtant censée être garante des accords de 2020. Seule la France a réclamé une
réunion du Conseil de sécurité.
Un autre État est particulièrement complice de l’opération de purification ethnique de Bakou visant à chasser tous les Arméniens de leurs terres
ancestrales : Israël.
LA
MULTIPLICATION DES VOLS ENTRE BAKOU ET OVDA
En effet, ces dernières semaines, les vols d’avions azéris vers Israël, afin de venir prendre livraison d’armes et de munitions dans l’État hébreu, se sont
multipliés, alors que les tensions autour du Haut-Karabakh s’aggravaient à l’initiative de Bakou.
En particulier, un avion-cargo Ilyushin-76 azerbaïdjanais a atterri jeudi 13 septembre sur la base aérienne israélienne d’Ovda, au nord d’Eilat, dans le sud
d’Israël. Après deux heures au sol pour charger sa cargaison, l’appareil a redécollé, survolé le centre d’Israël, continué vers le nord au-dessus de la Turquie et ensuite vers l’est afin de
revenir en Azerbaïdjan. Ainsi que l’on relevé de nombreux observateurs suivant le site spécialisé Flightradar24, Il s’agit du cinquième
vol de ce type depuis début septembre.
Plus intéressant, Avi Scharf, un journaliste du quotidien israélien Haaretz, a fait le lien entre ces vols
et le déclenchement des actions militaires de Bakou contre le Haut-Karabakh et l’Arménie. En effet, il a observé une relation directe entre les livraisons d’armes israéliennes au régime
autocratique et raciste d’Ilham Alyev[1] et les opérations militaires contre l’enclave séparatiste arménienne[2] comme l’illustre le graphe ci-dessous.
Ce phénomène n’est pas nouveau : une enquête menée par Haaretz en mars 2023[3] a révélé qu’entre 2016 et 2023, 92 vols cargo effectués par la compagnie azérie Silk Way Airlines (SW) ont atterri à la base aérienne d’Ovda, le seul
aérodrome israélien par lequel des armes et des munitions peuvent entrer et sortir du pays. L’enquête a également révélé que le nombre de vols avait significativement augmenté pendant la
guerre d’Artsakh de 2020 – laquelle a fait des milliers de morts, de blessés et de déplacés parmi les civils – et fin 2021, période de forte tension au Haut-Karabakh[4]. Depuis mars 2023, 11 autres vols azéris ont été observés, dont 5 au cours des deux dernières semaines, soit un total de 103 vols en sept ans.
Ces révélations sont à l’origine de la dégradation des relations entre Israël et l’Arménie. Erevan a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv en 2020 et exigé qu’Israël
cesse toute exportation d’armes vers l’Azerbaïdjan et adopte une position neutre dans le conflit. En vain.
UNE
COMPAGNIE AÉRIENNE AUX ACTIVITÉS OPAQUES
Silk Way Airlines est l’une des plus grandes compagnies aériennes de fret en Asie. Mais ses activités sont largement sujettes à caution. Elle effectue des
transports pour divers gouvernements. Ainsi, en octobre 2013, l’Autorité de l’aviation civile israélienne a signé une exemption permettant aux avions de SW d’acheminer des cargaisons de matières
explosives – classées comme matières dangereuses interdites de vol – d’Ovda vers un aérodrome militaire situé à la périphérie de Bakou. Suite à cela, SW a fait l’objet d’un rapport d’enquête des
médias tchèques en 2018, affirmant que des armes interdites à la vente à l’Azerbaïdjan y étaient acheminées en dépit de l’embargo international décrété contre ce pays avaient été livrés
à Bakou via Israël.[5].
En 2018, un rapport de l’Organized Crime and Corruption Reporting
Project (OCCRP[6]) avait révélé que SW aurait effectué 350 vols secrets entre 2014 et 2017, transportant illégalement des centaines de tonnes d’armes de la Bulgarie vers les zones de conflit
du Moyen-Orient. Le rapport a également mis en lumière le fait que SW, qui appartient à une société ayant eu des liens avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et sa famille, a obtenu
plusieurs contrats lucratifs de la part de l’armée américaine, mais aussi selon l’analyste Anis Raiss, du ministère canadien de la Défense nationale, des forces armées allemandes, de l’armée
française et des Nations unies[7]. Il est intéressant de noter que la compagnie aérienne s’est vu accorder un prêt de 419,5 millions de dollars de l’EXIM Bank américaine pour accroître sa flotte, en achetant
trois avions-cargos 747-8 à Boeing pour poursuivre ses opérations, qui ont été qualifiées de « sinistres »[8].
Les importantes exportations d’armes israéliennes vers l’Azerbaïdjan ont également suscité la controverse et les critiques de Human Rights Watch (HRW) à partir de
2020 en raison des violations des droits de l’homme commises par l’armée azerbaïdjanaise, notamment l’utilisation d’armes à sous-munitions et le ciblage de zones civiles[9].
Ainsi, depuis 2016, par le biais de ses importantes livraisons d’armes en soutien des actions militaires de l’Azerbaïdjan, l’État hébreu est directement complice du
sort funeste réservés aux Arméniens du Haut Karabakh que le régime Aliev est déterminé à faire disparaître.
[3] Avi Scharf & Oded Yaron, « 92 flights from Israeli base reveal arms exports to Azerbaijan” Haaretz, 6 mars
2023 (https://www.haaretz.com/israel-news/security-aviation/2023-03-06/ty-article-magazine/.premium/92-flights-from-israeli-base-reveal-arms-exports-to-azerbaijan/00000185-fd3d-d96e-adef-ff3dc38e0000)
[7] Anis Raiss, “Gunning for conflict: Israeli-Azerbaijani collaboration against Iran”, The Craddle, 5 avril 2023
(https://new.thecradle.co/articles/gunning-for-conflict-israeli-azerbaijani-collaboration-against-iran)
[8]Idem.
Evidemment, la compagnie aérienne azerbaïdjanaise a démenti les allégations selon lesquelles elle aurait effectué des centaines de vols secrets transportant des armes et a affirmé que le rapport
était le « résultat d’une
campagne organisée de désinformation rédigée par des auteurs motivés par des considérations géopolitiques« .
Depuis son accession à l’indépendance en 1991, l’Azerbaïdjan – État autocratique parmi les plus mal classés au monde que cela soit pour les droits de l’homme, la
liberté d’expression ou la liberté de la presse[1] – est devenu l’un des plus proches partenaires d’Israël dans le monde musulman. Bien que la Turquie demeure l’allié le plus fidèle de
Bakou, la détérioration des relations entre Tel Aviv et Ankara n’a pas modifié les relations d’Israël avec l’Azerbaïdjan. Au contraire, depuis vingt ans, les liens entre les deux pays se
sont considérablement renforcés. Depuis le début des années 2000, Israël a développé une discrète mais étroite alliance stratégique avec l’Azerbaïdjan, vendant à ce pays à majorité chiite des
armements pour une valeur de plusieurs milliards de dollars. En retour, l’Azerbaïdjan fournit à Israël du pétrole[2]et surtout, une base pour ses opérations de renseignement en Iran.
La possibilité qu’offre l’Azerbaïdjan à Israël de bénéficier d’un approvisionnement régulier en hydrocarbures est un facteur majeur dans les relations développées
et entretenues avec Bakou, considéré comme un partenaire fiable, stable – en l’absence de toute opposition interne au régime d’Aliev – et stratégique[3].
ISRAËL, FOURNISSEUR MAJEUR D’ARMEMENTS À L’AZERBAÏDJAN
Si les achats d’armements de l’Azerbaïdjan auprès de la Russie et de la Turquie sont souvent évoqués, le rôle joué important joué par l’État hébreu en la matière
est moins connu.
De 2010 à 2011, les dépenses militaires de l’Azerbaïdjan sont passées de 1,59 milliard de dollars (3,95% du PIB) à 3,1 milliards de dollars (6,2% du PIB). En plus
des dépenses militaires directes, en 2011, 1,36 milliard de dollars a été investi pour développer l’industrie de la défense, portant le montant total du budget de la défense à 4,46 milliards de
dollars, soit 8,9% du PIB. Depuis 2012, les dépenses militaires de l’Azerbaïdjan ne cessent de poursuivre leur augmentation[4]. Le Stockholm Peace Research Institute (SIPRI) constate que
l’Azerbaïdjan a dépassé la plupart des pays du monde en ce domaine, enregistrant une augmentation de 493% entre 2004 et 2014[5]. Cet État constitue ainsi un marché de plusieurs milliards de
dollars pour les industriels de défense, parmi lesquels ceux de l’État hébreu.
Selon le SIPRI[6], sur la période 2011-2020, près de 27% des armements vendus à l’Azerbaïdjan ont été fournis par Israël – et 69% pour la période 2016-2020
ayant conduit à la seconde guerre du Haut-Karabakh. Ses industriels ont fourni à Bakou leurs systèmes d’armes les plus avancés :
– des missiles antichars guidés et des missiles balistiques tactiques Extra d’une portée de 150 km[7] ;
– des systèmes de défense antiaérienne Barak-8[8]. En mai 2021, des médias ont même évoqué le fait que l’Azerbaïdjan pourrait également avoir acheté des batteries de défense antimissiles Iron Dome afin de faire face aux
activités militaires de l’Iran à sa frontière et qu’il envisageait d’acheter le système de défense antimissile Arrow-3 d’Israël[9] ;
– 6 patrouilleurs rapides Shaldag, produits en Azerbaïdjan entre 2015
et 2019 dans un chantier naval construit par les Israéliens ;
– des systèmes de guerre électronique et des technologies d’espionnage avancées, y compris le très controversé logiciel Pegasus du groupe NSO[11].
Mais c’est surtout dans le domaine des drones que la coopération israélo-azérie a été la plus poussée. Depuis 2007, année où l’armée azérie a passé sa première
commande de drones auprès de l’entreprise israélienne Aeronautics Defence Systems, elle s’est presque entièrement équipée d’engins de fabrication israélienne : drones de renseignement
(Aerostar et Searcher Mk II[12]), drones tactiques (Heron 450 et 900) ou encore
« munitions rodeuses » (Harop d’Israel Aerospace
Industry, SkyStriker d’Elbit Systems
et Orbiter-1K). Quelques
mois avant la guerre du Haut-Karabakh de 2020, on estimait que l’Azerbaïdjan disposait de près de 120 drones tactiques et de 500 drones kamikazes, la grande majorité d’entre eux étant israéliens.
Pourtant, durant ce conflit, les médias ont davantage parlé des 50 drones Bayraktar TB2 achetés à la Turquie que
des drones israéliens, principalement en raison du soutien largement affiché et médiatisé d’Ankara à Bakou.
Une partie de ces drones a été produite localement, suite à la création d’une coentreprise entre le ministère des Industries de la défense azéri et la société
israélienne Aeronautics Defense Systems. Cette entreprise, dénommée Azad Systems Company, située à Bakou, a commencé sa production en mars 2011. Puis, en février 2012, IAI a ouvert un cours
de formation pour les opérateurs de drones azerbaïdjanais[13]. Grâce à celle-ci formation et aux matériels performants livrés, en 2020, lors de la guerre du Haut-Karabagh, l’Azerbaïdjan a pu utiliser de manière très innovante ses
drones et a été en mesure d’intégrer et de déployer ensemble les engins turcs et israéliens.
Au-delà de ces armes, la société israélienne Elta Systems a réalisé pour Bakou une cartographie numérique de l’ensemble du Haut-Karabagh, ce qui a donné
un avantage considérable aux forces azerbaïdjanaises dans la conduite de leurs opérations. Grâce à la modélisation numérique terrian des opérations permettant un ciblage de haute
précision, les drones azéris ont été responsables de près de 90% des pertes arméniennes en chars, en artillerie et en systèmes de défense antiaérienne.
Enfin, pendant le conflit de 2020, un pont aérien reliant l’État hébreu et l’Azerbaïdjan à travers les espaces aériens turc et géorgien a permis un
approvisionnement continu en munitions et équipements des forces azéries par près d’une centaine d’avions-cargos[14].
Depuis la fin de la guerre, les visites officielles de dirigeants israéliens se sont poursuivies sur un rythme régulier :
– visite du ministre israélien des Finances, Avigdor Lieberman (avril 2022) afin de conclure des accords pour développer les relations économiques, en
particulier les importations israéliennes de pétrole ;
– visite du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz (octobre 2022) qui n’a été rendue publique qu’à son issue car elle concernait la signature de
plusieurs accords de coopération majeurs dans les domaines militaire et sécuritaire[15] ;
– visite du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen (avril 2023) afin d’approfondir encore les relations entre les deux pays.
Aussi, après 30 ans de relations diplomatiques officieuses entre les deux États, l’Azerbaïdjan a ouvert le 29 mars 2023 son ambassade à Tel-Aviv.
Ces derniers jours encore, grâce à plusieurs articles publiés par le quotidien israélien Haaretz et au suivi des
activités aériennes azéries via le site Flightradar24, il a été
possible d’observer l’accélération des livraisons d’armes israéliennes à Bakou, qui une nouvelle fois a précédé une offensive contre le Haut-Karabakh[16].
Mais la coopération entre Israël et l’Azerbaïdjan ne se limite pas au secteur militaire ; elle s’étend également à des
projets économiques. Le gouvernement de Bakou a récemment lancé des appels d’offres pour la reconstruction des « zones libérées » du Haut-Karabakh.
Des entreprises israéliennes ont déjà pris part à ces projets, notamment la plateforme d’investissement OurCrowd[17]. Israël s’est également engagé à partager avec l’Azerbaïdjan son expertise dans le domaine de la production agricole, en particulier de
la culture du blé, qui fait l’objet d’une pénurie mondiale en raison de la guerre d’Ukraine.
Le renforcement constant des liens avec l’Azerbaïdjan s’est encore manifesté en août 2023 lorsque a été organisée à Bakou la
conférence des rabbins européens, alors même qu’il est de notoriété que la « laïcité » affichée par le régime d’Aliev n’est qu’une façade et que
celui-ci clame qu’il veut « nettoyer » son pays de tous les Arméniens. Cet événement a entraîné de nombreuses réactions dans la communauté juive
française, notamment celle de l’historien de l’antisémitisme Marc Knobel, qui a publié une véhémente tribune dénonçant cette compromission dans Le
Point[18] – dont s’est fait l’écho la chaine internationale I24
News[19].
L’AZERBAÏDJAN, BASE AVANCÉE DU RENSEIGNEMENT ISRAÉLIEN CONTRE L’IRAN
Dès les années 1990, les Israéliens auraient construit sur les frontières méridionales de l’Azerbaïdjan plusieurs stations de
renseignement électronique pour surveiller les activités de l’Iran[20]. Bakou aurait également autorisé le Mossad à établir une base opérationnelle avancée sur son territoire afin de conduire des opérations
à l’intérieur de l’Iran[21]. Ainsi, il a été révélé il y a deux ans que le vol des archives nucléaires iraniennes réalisé par le Mossad en 2018 avait été
organisé depuisl’Azerbaïdjan occidental, et que les volumineuses archives ont transité par ce pays avant d’être transférées en Israël[22]. La coopération entre les deux pays concerne également la lutte antiterroriste, les opérateurs du Mossad profitant de leur présence
dans le pays pour y recueillir des renseignements sur les organisations terroristes, notamment sur le Hezbollah[23].
Enfin, Bakou aurait mis à la disposition de l’État hébreu ses aérodromes au cas où ce dernier déciderait d’attaquer les
sites nucléaires iraniens. L’accès d’Israël aux aérodromes de l’Azerbaïdjan changerait la donne dans sa capacité à frapper les installations nucléaires
iraniennes, car il permettrait aux chasseurs-bombardiers israéliens de se replier vers le nord et d’atterrir en Azerbaïdjan au lieu de devoir compter sur le
ravitaillement en vol. Si l’utilisation des aérodromes azéris ne garantit pas une attaque israélienne contre l’Iran, elle augmente certainement la
faisabilité d’une telle agression.
Reste à savoir jusqu’où Bakou est prêt à aller contre son voisin méridional avec lequel les relations sont de plus en plus
tendues[24]. L’utilisation par Israël du territoire azerbaïdjanais comme base d’attaques contre son territoire ne sera jamais tolérée par l’Iran
pour qui le partenariat stratégique Tel Aviv/Bakou est une source d’inquiétude. Afin de compromettre cette relation, le régime iranien mènerait des
opérations clandestines en Azerbaïdjan qui prendraient pour cible des sites commerciaux et culturels juifs ou parrainés par Israël pour faire
comprendre à la société azerbaïdjanaise que les relations avec Israël nuisent à sa sécurité[25].
*
Le soutien de l’État hébreu à Bakou a tout pour surprendre. Lors de la guerre de 2020 au Haut-Karabakh, la sympathie d’Israël
aurait en effet dû pencher du côté des Arméniens – un peuple qui a également subi un génocide –, ou tout au moins Tel Aviv aurait pu faire preuve d’une
neutralité bienveillante pendant le conflit. Mais il n’en a rien été et l’Arménie, qui a ouvert une mission diplomatique en Israël en juin 2020, a rappelé
son ambassadeur en octobre suivant, lors de l’attaque des forces azerbaïdjanaises contre le Haut-Karabakh, rendue notamment possible grâce aux livraisons
d’armes israéliennes.
De plus, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’État hébreu n’a jamais officiellement reconnu le génocide arménien de 1915,
antérieur à la Shoah, tout aussi inhumain et barbare que l’extermination des juifs européens, lequel se poursuit jusqu’à nos jours[26].
Si les préoccupations d’Israël face à l’encerclement iranien par proxys interposés sont légitimes, force est de constater que
pour assurer sa sécurité, l’État hébreu n’hésite pas à nouer des alliances contre nature au regard des valeurs démocratiques qu’il professe, quand bien même
cela nuit à d’autres : avec l’Arabie saoudite pays d’exportation de l’idéologie mortifère wahhabite ; avec l’Azerbaïdjan régime totalitaire et
haineux…
De plus Israël prend un grand risque en s’alliant à l’Azerbaïdjan. En effet, Tel Aviv néglige le fait que l’argument majeur de
Bakou pour reconquérir le Haut-Karabakh est le respect de l’intégrité territoriale des États et des frontières internationalement reconnues (rejetant
de facto le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes). Au nom de ce principe, nul doute qu’un jour, l’Azerbaïdjan, État musulman, se rangera dans le
camp de ceux qui demandent le retour aux frontières de 1967 pour l’État hébreu…
[2] Israël importe plus de 40% de son pétrole d’Azerbaïdjan, via l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC)
[3] Alexander Murinson, The Ties
between Israel and Azerbaijan, Mideast Security and Policy Studies n°110, The Begin-Sadat (BESA) Center for Strategic Studies, October 2014.
[9] Igor Delanöé, « Israel – Azerbaijan: an alliance in search of renewal”, Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, 28
juillet 2021(https://fmes-france.org/israel-azerbaijan-an-alliance-in-search-of-renewal/)
[11] Anis Raiss, “Gunning for conflict: Israeli-Azerbaijani collaboration against Iran”, The
Craddle, 5 avril 2023 (https://new.thecradle.co/articles/gunning-for-conflict-israeli-azerbaijani-collaboration-against-iran)
[17] OurCrowd a signé un protocole d’accord avec la Public Investment Company of Azerbaijan (AIC) pour une coopération stratégique en
matière d’investissements. L’AIC devrait investir dans une dizaine de start-ups de son portefeuille susceptibles d’aider l’économie azerbaïdjanaise, en se
concentrant sur des domaines tels que l’énergie, la santé, l’agritech, la food-tech et l’éducation (cf. Anis Raiss, op.
cit.).
[24] Notamment au sujet du corridor du Zangezour que réclame Bakou – qui couperait l’Iran de l’Arménie – et de ses revendications sur
l’Azerbaïdjan iranien.
[26] Cf. Haut-Karabakh
: le Livre noir, sous la direction d’Éric Denécé et Tigrane Yégavian, CF2R/Ellipses, Paris, 2022.
En tournant le dos aux Russes pour faire les yeux doux à Zelensky, à l’OTAN et à von der Lahyene, le Premier ministre arménien s’est fait duper par l’Occident
Mais qu’espérait donc le Premier ministre arménien en se tournant vers l’OTAN et Zelensky ? Les 3 ou 4000 soldats russes basés entre Arménie et
Haut-Karabakh n’en faisaient pas assez, n’empêchaient pas le blocus, c’est vrai, mais l’Azerbaïdjan aurait il osé envahir le Haut-Karabakh sans ce renversement d’alliance ?
Qu’espérait il alors que le gaz de l’Azerbaïdjan a acheté Vonder La Hyene ?
Revenons sur ce renversement d’alliance dont les médias ne parleront pas.
L’Arménie a
annoncé, mardi 10 janvier, refuser d’accueillir en 2023 des manœuvres militaires d’une alliance menée par la Russie.
Erevan rompt avec la neutralité qu’il affichait jusqu’ici sur la guerre en Ukraine. L’ex-république soviétique annonce la livraison d’une aide
humanitaire à Kiev, et la tenue d’exercices militaires conjoints avec les États-Unis. (8 septembre 2023 )
Anna Hakobyan, l’épouse du Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, tout sourire, serrant la main de Volodymyr Zelensky. Mme Hakobyan était à
Kiev, mercredi 6 septembre, pour participer, sur invitation de la femme du président ukrainien, Olena Zelenska.
En mai, Nikol Pashinyan avait déjà franchi un cap en osant déclarer que,«dans
la guerre avec l’Ukraine, [ils][l’Arménie] ne [sont] pas
un allié de la Russie».Mais
c’est la première fois que le pays affiche son soutien à l’Ukraine, quitte à déclencher le courroux de Vladimir Poutine.
Les relations russo-arméniennes se sont encore détériorées en septembre après que le Premier ministre Nikol Pashinyan a déclaré que l’alliance avec la
Russie ne pouvait pas garantir la sécurité nationale de son pays. M. Pashinyan a ensuite envoyé son épouse en Ukraine avec un lot d’aide humanitaire et a fait avancer la
ratification par le parlement du traité fondateur d’une cour
internationale qui a émis un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine en mars.
L’AZERBAÏDJAN POUVAIT EN TOUTE SÉCURITÉ ATTAQUER ;
Nikol Pashinyan a peur de se battre contre l’Azerbaïdjan, mais il déclare la guerre à la Russie, n’est-il pas stupide ? Phrase du discours de
Vazgen Manoukian, membre du Comité national qui l’a mentionné dans son discours lors du rassemblement à l’appel du Comité National.
Ce dernier a déclaré que beaucoup de gens craignent qu’en cas de changement de pouvoir en Arménie, il y ait une guerre, comme en Artsakh. Cependant,
selon l’homme politique, la réalité est différente.
«Ils disent que si
nous remplaçons Nikol, il y aura une guerre. La réalité est que la Turquie et l’Azerbaïdjan savent ligne par ligne ce qu’ils feront de nous, et si nous ne remplaçons pas Nikol, ils le
feront. Aliev et Erdogan ont écrit au tableau ce qu’ils allaient faire, maintenant ils effacent ces lignes. Ils ont déjà supprimé la question de l’Artsakh, qui a été résolue. Il
s’agit d’une lutte pour l’existence du peuple arménien, de l’Arménie, et Pashinyan en est la tête du clou. Il y a des actions qui dépendent du monde, il y a aussi des actions qui
dépendent de nous, nous devrions jeter ce clou de côté», a souligné Vazgen Manoukian.
Il a appelé l’armée à se lever face au changement de pouvoir, notant que davantage de sang pourrait couler demain.
Scott Ritter : L’Arménie dit vouloir se tourner vers l’ouest mais se retrouve désormais isolée. «L’Arménie devrait
le savoir : elle ne sera jamais membre de l’OTAN, elle ne sera pas membre de l’UE. Elle a tourné le dos à son seul véritable allié dans la région, à savoir la Russie, et sera donc
isolée. Je pense qu’après avoir perdu le Haut-Karabagh, l’Arménie connaîtra une nouvelle période politique très difficile. […] L’Arménie devra revenir à ses racines diplomatiques
fondamentales et améliorer ses relations avec la Russie».
Il faut comprendre que le Haut-Karabakh seul n’a aucun intérêt stratégique pour l’Azerbaïdjan ou la Turquie. Il n’y a que des montagnes et des Arméniens
qui y vivent dans des forêts avec des villages qui entourent des églises multi centenaires.
La stratégie est bien plus sombre pour l’avenir de la région. C’est ce que cette capsule essaye de décrire.
Quand des pays comme Israël et la Turquie deviennent amies … c’est que l’objectif à atteindre est GIGANTESQUE ?