EUROPE (II)

Leur arrogance & leur bêtise font partie du problème, pas de la solution

Source : RzO International - Le 21/02/2025.

par Martin Jay

Combien de retraités européens devront mourir de froid l’hiver prochain pour que les habitants de ces pays se rendent compte que la guerre en Ukraine n’est qu’un racket ?

Le décalage total d’avec les réalités n’aide personne à oeuvrer à la paix et à la prospérité, mais ce n’est pas l’objectif de cette cabale élitiste à Bruxelles.

L’Union européenne a un problème. Elle a tant besoin de se projeter dans le monde et auprès de ses propres citoyens comme un acteur majeur sur la scène mondiale, avec une «politique étrangère» forte et les moyens d’agir en conséquence, alors qu’en réalité les superpuissances du monde – États-Unis, Russie, Chine – ne la prennent pas au sérieux. À l’approche du sommet de la paix en Arabie saoudite, auquel le président intérimaire de l’Ukraine, M. Zelensky, n’a pas été invité, les hauts fonctionnaires de l’UE ont commencé à paniquer. Ils ont rapidement organisé leur propre sommet pour montrer à leurs concitoyens et à la communauté européenne qu’ils sont toujours utiles, mais cela ne convainc personne. Dans des moments comme celui-ci, l’inquiétude des responsables de l’UE est que les gens modestes en Europe se rendent compte que tous les discours de politique étrangère internationale ne sont inspirés que d’un bout de papier où figurent quelques rêves.

Le simple fait que Trump soit capable d’organiser des pourparlers de paix avec Poutine et de contourner l’UE montre à quel point cette dernière manque d’efficacité. Il est facile de dépenser l’argent des contribuables européens, mais plus difficile d’élaborer les politiques à mettre en œuvre, surtout lorsque les États membres ne font pas confiance à Bruxelles pour mener à bien ses aspirations mondiales.

Les hauts responsables de l’UE ont semblé se livrer à une véritable surenchère pour dénicher les propos les plus absurdes à tenir au sujet de l’Ukraine. Une Ukraine en faillite affaiblirait à la fois l’Europe et les États-Unis ? Vraiment ? Puis, pour ne pas être en reste dans la catégorie «passer pour une idiote», Annalena Baerbock a ajouté qu’il est impossible qu’un accord de paix soit conclu sans «nous» (les Allemands), mais la palme revient certainement à Kaja Kallas, la soi-disant responsable de la politique étrangère de l’UE, qui a déclaré qu’aucun civil russe ne se serait fait tuer en Ukraine.

Le niveau de stupidité, voire d’ignorance, est tout à fait stupéfiant.

Kallas ne peut pas être aussi bête et aussi mal informée, si ? Nombreux sont ceux qui se demandent comment une haute fonctionnaire de l’UE peut arriver à une telle conclusion alors qu’elle est censée assimiler les statistiques et autres données relatives à la guerre. Peut-être a-t-elle simplement choisi de fermer les yeux et d’ignorer les centaines d’enfants tués par les bombardements dans les régions de Donbas et de Donetsk – lors de la guerre récente, mais aussi avant, en 2014. Ou encore les civils massacrés comme des chiens par les soldats ukrainiens à Koursk. Et c’est sans compter les civils russes tués ou mutilés par les attaques de drones à l’intérieur de la Russie.

Malheureusement, ce genre de déclarations ne fait que souligner le ridicule et l’inefficacité de l’UE face aux grandes puissances mondiales. Un tel décalage avec la réalité n’aide personne à œuvrer pour la paix et la prospérité, mais ce n’est pas l’objectif de cette cabale élitiste à Bruxelles. Ils n’accordent de priorités qu’à leurs propres postes bien rémunérés et à leur mode de vie, tout en se protégeant les uns les autres.

En règle générale, le poste de «plus haut diplomate de l’UE», comme on l’appelle souvent, est toujours attribué à un imbécile. C’est comme si les États membres et le cercle de l’UE avaient convenu d’avance que le critère principal pour ce poste est d’être attribué à un incapable, quelqu’un dont on peut garantir qu’il n’accomplira rien sur la scène internationale, mais qui sera juste capable de parler. La logique sous-jacente est que les États membres de l’UE sont divisés sur la manière dont l’UE pourrait développer une politique étrangère audacieuse et brillante, et préfèrent que Bruxelles se contente de faire des discours. Et rien d’autre. Les États membres ne souhaitent même pas que Bruxelles ait trop d’impact, au risque de générer d’autres problèmes. Le meilleur candidat pour un tel poste est donc un crétin, quelqu’un qui a échoué en politique, qui ne maîtrise pas vraiment l’art de la rhétorique et sera très reconnaissant d’occuper ce poste, mais dont on peut également garantir qu’il n’accomplira rien de concret.

Les précédents chefs de la diplomatie européenne répondaient tous à ce critère, mais la plus stupide d’entre eux a été Catherine Ashton, une ministre de second ordre si peu performante sous Blair qu’elle a dû être affectée à Bruxelles. La pauvre Catherine était tellement inepte à son poste qu’elle est devenue la risée de tous, y compris de ses propres collaborateurs, qui se délectent encore de l’anecdote désopilante de sa visite dans un pays étranger et de la façon dont elle s’est perdue dans l’un des ministères dudit pays. Il a fallu envoyer quelqu’un pour l’aider à sortir du bâtiment alors qu’elle se battait avec les ascenseurs et les différents interrupteurs.

Kallas ne vaut guère mieux. Elle est issue d’une dynastie politique estonienne corrompue : son père a été Premier ministre avant elle, et lui aussi a obtenu un poste confortable à Bruxelles en tant que commissaire européen. La corruption au sein de l’élite de l’Union européenne est une constante. Elle récompense toujours ses propres membres en leur offrant des postes excessivement bien rémunérés, alors que personne ne les prend au sérieux. Kallas a dû démissionner de son poste de Premier ministre dans son propre pays après que les Estoniens se sont rendu compte qu’elle était tout simplement incapable. Un sondage a même montré que 70% des Estoniens ne lui faisaient pas confiance pour gouverner. Et où vont les politiciens européens totalement inutiles ensuite ? À Bruxelles, bien entendu !

Lorsque de tels incapables occupent des postes à responsabilité au sein de l’UE, il est évidemment difficile de progresser sur la question de l’Ukraine, car leur vision étriquée de la situation ralentit toute initiative. Bien sûr, von der Leyen, Baerbock et Kallas n’admettront jamais que leur stratégie a ruiné l’économie des États membres de l’UE et mis l’UE en lambeaux. Mais leur arrogance et leur bêtise font partie du problème et ne feront jamais partie de la solution. Trump le sait et c’est pourquoi l’UE n’a pas été invitée. Il a fait preuve d’un peu de bon sens en décidant de mettre fin à la guerre la plus insensée de l’histoire – une guerre dans laquelle les pays de l’UE se tirent eux-mêmes vers le bas jour après jour, car les sanctions se retournent contre eux – permettant aux États-Unis de s’enrichir considérablement sous la présidence de Joe Biden. Si l’UE rejette l’initiative, M. Trump pourrait bien perdre patience et devoir trouver un moyen de la ramener dans le droit chemin, en menaçant probablement de retirer les États-Unis de l’OTAN et/ou de déclencher une guerre commerciale sur les tarifs douaniers. Comment ces trois politiciennes expliqueront-elles aux électeurs que l’inflation s’aggrave encore ? Combien de retraités européens devront mourir de froid l’hiver prochain pour que les habitants de ces pays se rendent compte que la guerre en Ukraine n’est qu’un racket ?

source : Strategic Culture via Spirit of Free Speech

 

Combien l’Europe est-elle encore prête à perdre ?


Source : Le Saker francophone - par Conor Gallagher – 16 février 2025 – Naked Capitalism

Alors que Washington commence à envisager sa sortie du projet Ukraine, les responsables européens continuent de fuir la réalité. C’est compréhensible compte tenu de toute l’eau que l’Europe s’est prise dans la gueule depuis le début de la guerre et de la façon dont les mensonges de ses dirigeants ont fait de la Russie un ennemi existentiel à force d’accuser Moscou d’être la seule responsable.

Tous les sacrifices consentis sur l’autel du projet Ukraine rendent désormais beaucoup plus difficile pour l’Europe d’admettre sa défaite. Et ce ne sont pas seulement du aux dommages économiques que les Européens continuent de subir ; la structure de gouvernance de l’UE et les valeurs sociales ont changé de manière importante à mesure que les priorités du bloc ont été bouleversées.

À certains égards, l’UE est presque méconnaissable comparée à y a trois ans. Je pense donc qu’il serait utile de faire un tour d’horizon de tous ces changements ici avant de passer au refus persistant de la classe européenne d’accepter la réalité et ce que cela pourrait signifier. La liste des changements en Europe en réponse à la guerre sera sans doute incomplète car il y a tellement de choses à inclure, alors j’espère que les lecteurs pourront ajouter tout ce qui me manque dans les commentaires. Remarque : J’omets en grande partie les retombées économiques et la désindustrialisation, car elles ont été si bien couvertes ici et ailleurs.

 

Un bon point de départ pourrait être quelques éléments que l’UE discute de plus en plus, c’est-à-dire sa réorganisation nécessaire pour faire face à la grande “menace” russe à la suite du choc de la sortie des États-Unis du projet Ukraine.

L’un de ces points est en train de modifier un élément central de l’idée même d’une Europe unifiée : les fonds de cohésion. Les gouvernements européens financent cet effort pour renforcer la cohésion économique, sociale et territoriale de l’UE. L’argent — 78 milliards d’euros en 2025 — va en grande partie à l’environnement, aux transports et à d’autres projets d’infrastructures pour les régions sous-développées. Cela semble appartenir au passé. La Commission européenne est en train de finaliser des plans pour permettre à l’argent de financer à la place des projets militaires. Selon le Financial Times :

Cela comprendra l’autorisation de financement pour stimuler la production d’armes et de munitions, bien que l’interdiction d’utiliser les fonds de l’UE pour acheter des armes restera en place.

Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que les fonds de cohésion pouvaient être utilisés pour l’industrie de la défense à condition qu’ils contribuent à la “mission globale visant à renforcer le développement régional« , y compris la mobilité militaire…

Le changement de politique visant à renforcer les dépenses liées à la défense sera également bien accueilli par les payeurs nets du budget de l’UE, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, qui considèrent que l’utilisation des fonds existants est préférable à l’émission de dettes conjointes ou à l’octroi d’un financement accru de l’UE.

On verra si une réorientation des fonds de cohésion est suffisante ou si la “crise » Trump remet les euro-obligations sur la table. La Commission et la Banque centrale européenne n’ont cessé de s’endetter conjointement pour financer l’achat et/ou la fabrication d’armements. Les obligations de défense et les fonds de cohésion militarisés auraient été refusés avec vigueur il y a quelques années ; maintenant, il n’y a que quelques récalcitrants qui se dressent sur le chemin.

Les deux idées signifieraient probablement que plus d’argent sortirait des poches des Européens pour enrichir Northrop Grumman, BAE Systems et Lockheed Martin. Selon l’Institut International de la Paix de Stockholm :

Les 55% des importations d’armes des États européens fournis par les États-Unis en 2019-23 représentaient une augmentation substantielle par rapport aux 35% de 2014-18. Les deux autres principaux fournisseurs de la région étaient l’Allemagne et la France, qui représentaient respectivement 6,4% et 4,6% des importations.

Laissez les bons moments continuer à s’écouler. Selon Bloomberg, “en 2023, Lockheed Martin et RTX ont dépensé un total combiné de 18,9 milliards de dollars en rachats d’actions, contre seulement 4,1 milliards de dollars en dépenses en capital.”

Qu’il s’agisse d’une refonte des dépenses de cohésion ou d’euro-obligations, les deux impliqueraient une plus grande centralisation des financements, en dehors des autorités locales. C’est la continuation de la prise de pouvoir par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen organisée au cours des trois dernières années.

Utilisant la guerre en Ukraine comme une opportunité, Ursula a été dotée de la Directive sur la Diligence Raisonnable en Matière de Durabilité des Entreprises, du Règlement sur les Subventions Étrangères, d’un Instrument d’Achat International, d’un Instrument Anti-Coercition et de la Loi sur les Matières Premières Critiques de l’UE. Les outils » d’Ursula ont largement été utilisés pour maintenir les gouvernements européens en ligne sur le projet Ukraine tout en renforçant la dépendance du bloc vis-à-vis des États-Unis et en garantissant le paiement rapide de son tribut. Si l’UE est à la dérive de ses amarres atlantistes, ces puissances reviendront-elles aux nations du bloc ou suralimenteront-elles ce processus au nom de la lutte contre la Russie ?

Pendant ce temps, la commission d’Ursula saccage rapidement les lois vertes et technologiques mises en place au cours des dernières années. L’UE est déjà dominée par des sociétés informatiques américaines qui fournissent des logiciels, des processeurs, des ordinateurs et des technologies cloud et nous pouvons nous attendre à plus de cela dans l’IA. Dans la foulée des critiques du vice-président JD Vance la semaine dernière sur la réglementation européenne en matière d’IA, l’UE a immédiatement revu ses règles à la hausse, mais ce n’est absolument pas à cause de la pression des États-Unis :

L’UE réduit ses règlements sur la technologie pour stimuler les investissements dans l’intelligence artificielle, selon le chef de la politique numérique.
L’UE réduit la réglementation technologique afin de stimuler les investissements dans l’intelligence artificielle, et non pas en raison de la pression exercée par les entreprises Big Tech américaines et l’administration Trump, a déclaré la responsable numérique de l’Union européenne.
Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive de la Commission européenne en charge de la politique numérique, a déclaré au Financial Times que l’UE souhaitait « aider et soutenir » les entreprises lors de l’application des règles sur l’IA, car l’Union cherchait à stimuler la compétitivité et à ne pas rater le coche de cette technologie.
Bruxelles doit s’assurer « que nous ne créons pas plus d’obligations de rapport pour nos entreprises », a-t-elle déclaré.

https://x.com/Sino_Market/status/1890274030953066660

Quoi d’autre ? Plus d’armes est le quoi d’autre

En 2022, la Banque européenne d’investissement a commencé à financer des projets à double usage. La banque appartient aux États membres de l’UE et existe pour financer des projets qui contribuent à la réalisation des objectifs politiques de l’UE, tous les États membres contribuant à la banque proportionnellement à leur PIB respectif. La part des prêts consacrés à l’atténuation du changement climatique ou à la promotion de la croissance économique n’a cessé de diminuer à mesure que de plus en plus d’argent allait à l’Ukraine et à des projets militaires.

L’année dernière, à la suite d’un appel similaire, la banque luxembourgeoise a modifié ses règles sur le financement des biens à double usage pour permettre aux fonds de circuler vers des projets à vocation principalement militaire plutôt que civile.

Aujourd’hui, la plupart des pays de l’UE demandent à la banque d’aller encore plus loin. Selon l’AFP :

Une lettre diffusée vendredi, signée par 19 des 27 membres de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, a exhorté la Banque européenne d’investissement (BEI) à assouplir ses règles sur ce qu’elle peut financer et augmenter le montant d’argent disponible…

Mais le prêteur n’est toujours pas en mesure de financer directement la production d’armes et de munitions — ce qui l’aide à conserver une excellente note, lui permettant d’emprunter à moindre coût mais que les signataires aimeraient changer.

Les pays signataires ont également exhorté la Banque à discuter de la possibilité “d’émissions de dette spécifiques et réservées” pour financer des projets de sécurité et de défense.

La BEI ne dépense encore que deux milliards d’euros (avec un autre milliard pour l’Ukraine) sur 95 pour des projets strictement militaires, mais la tendance est claire.

Ailleurs, les États membres ont également réduit un fonds commun appelé Fonds de souveraineté européen, qui était destiné à aider l’Europe à concurrencer les subventions américaines de la Loi sur la réduction de l’inflation, de 10 milliards € à 1,5 milliard €. L’argent restant est détournée des projets climatiques vers des projets axés sur les armes.

Destination Grèce

Les gouvernements européens ont déjà engagé 241 milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine (contre 119 milliards par les États-Unis) depuis 2022. Ils ont dépensé près de mille milliers de dollars pour la crise énergétique auto-infligée. Ils sont également occupés à continuer de restructurer complètement leurs sociétés afin d’acheter plus d’armes. Ils sont maintenant poussés à dépenser un énorme cinq pour cent du PIB pour acheter des armes (principalement de fabrication américaine). Il y a quelques années à peine, l’objectif de deux pour cent était déjà difficile.

La commission Von der Leyen envisage maintenant de déclencher une clause d’urgence qui permettra aux gouvernements européens d’augmenter considérablement leurs dépenses militaires sans que cela ne compte dans les limites de déficit budgétaire imposées par l’UE. Celles-ci s’appliqueront bien sûr toujours à d’autres postes budgétaires comme l’éducation et la santé.

Essentiellement, cela signifie affamer d’autres services publics afin d’acheter des armes. Cela fait penser à la Grèce. Selon un article d’Equal Times datant de l’année dernière :

Aucun autre pays n’a souffert aussi directement des mesures d’austérité prescrites par Bruxelles. Dans le même temps, c’est le pays – au sein du groupe de l’Otan – qui a alloué le pourcentage le plus élevé de son PIB aux dépenses militaires, atteignant 3,5% cette année – encore plus que les États-Unis. Conformément au programme des formations qui ont remporté les élections européennes début juin, cette approche même – plus d’austérité et des dépenses militaires élevées – marquera les budgets des années à venir. Cette véritable quadrature du cercle ne peut se traduire que par des coupes significatives dans les dépenses sociales.

…l’exemple fourni par le laboratoire grec offre très peu d’espoir. Après une décennie d’ajustement budgétaire, le pouvoir d’achat en Grèce a chuté, tombant au bas de l’échelle dans l’UE, devant seulement la Bulgarie, tandis que certains de ses services publics, tels que les soins de santé, se sont gravement détériorés, créant un profond sentiment d’inquiétude et de mécontentement parmi la population.

Tout le matériel militaire que l’UE achète pourrait être pour la plupart inutile contre la Russie, mais il sera peut-être utile pour discipliner la population locale mécontente au nom de la compétitivité :

La Grèce introduit la semaine de 6 jours ouvrés, pour la croissance. Le gouvernement pro-entreprise dit que la mesure est nécessaire à cause d’une population en diminution et d’un manque de travailleurs qualifiés. Cela va être le standard dans toute l’Europe d’ici peu.

https://x.com/KitKlarenberg/status/1808013416910463003

La Grèce a depuis été dépassée par quelques autres pays en matière de dépenses militaires :

Mais alors que l’UE souffre de la désindustrialisation, parle de sanctionner davantage les exportations de gaz russe pour faire pencher le marché en faveur des producteurs américains dans le but de rester dans les bonnes grâces de Washington, se prépare à plus d’austérité dans les dépenses non militaires et voit les économies se contracter, le pourcentage du PIB affecté à la défense voit ses rendements diminuer. Par exemple, regardez les résultats d’années d’austérité en Grèce :

Si l’UE poursuit l’austérité sociale alors que les États membres s’en tiennent aux objectifs de dépenses de défense de l’OTAN, ils devront continuer à augmenter le budget pour dépenser le même montant, ce qui entraînera une sorte de spirale de mort économique due à la militarisation. Cela semble être la voie privilégiée plutôt que d’admettre l’échec.

Pas de retour en arrière ?

Quelques éléments ressortent de la multitude de déclarations de l’administration Trump sur l’Ukraine qui, en l’espace d’une semaine, sont passées d’absurdités sur les terres rares à Trump parlant d’un accord avec Moscou et Pékin pour que les trois pays réduisent de moitié leurs budgets militaires (et cela seulement quelques jours après avoir déclaré qu’il voulait augmenter les dépenses militaires). Il est difficile de dire ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, mais il n’en reste pas moins qu’il existe des obstacles majeurs à la paix en Ukraine, et dans les déclarations américaines jusqu’à présent, il y a des éléments qui indiquent le soutien des États-Unis au suicide en cours de l’Europe. Ce sont :

  1. Les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention d’aider à défendre une ligne de cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, déclarant que toute défense de ce type devra provenir des pays européens.
  2. Les États-Unis laissent entendre que la puissance aérienne et la technologie des missiles américains pourraient être à la disposition des Européens.
  3. Si les combats se poursuivent en Ukraine, l’Europe devrait acheter plus d’armes pour l’Ukraine tandis que les États-Unis reculeront.

Donc, dans le meilleur des cas, il y a un règlement. Mais c’est toujours un désastre potentiel pour l’Europe. Selon Bloomberg :

[Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth] expliquait à ses alliés européens qu’ils allaient devoir assumer la majeure partie du fardeau de tout règlement. Bloomberg Economics calcule que la protection de l’Ukraine et l’expansion de leurs propres armées pourraient coûter aux grandes puissances du continent 3.1 milliards de dollars supplémentaires au cours des 10 prochaines années.

Un tel engagement exposerait les fractures que l’UE dissimule depuis des années. Mais avec un pétro-État autoritaire menaçant ses frontières orientales et une prise de conscience croissante qu’ils ne peuvent pas compter sur la Maison Blanche, le coût de l’inaction pourrait être beaucoup plus élevé.

Et s’il n’y a pas de règlement ou si l’UE et l’Ukraine refusent d’y aller ? Ces trois éléments ci-dessus,  s’ils prennent de l’ampleur, laissent la porte ouverte à l’Europe pour devenir la prochaine Ukraine s’ils sont assez délirants pour la traverser.

La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Kaja Kallas, parmi d’autres, est impatiente de franchir cette porte. Selon Politico :

[Kallas] a soutenu l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme la garantie de sécurité “la plus forte” et “la moins chère” disponible. Elle a suggéré que la guerre se poursuivrait avec le soutien de l’Europe si Zelensky était exclu des pourparlers. “S’il y a un accord conclu dans notre dos, cela ne fonctionnera tout simplement pas”, a-t-elle déclaré. “Les Ukrainiens résisteront et nous les soutiendrons.”

La chose amusante à propos de tous les grincements de dents sur les mesures prises par l’administration Trump pour se retirer de l’Ukraine est que l’idée que l’Europe assume davantage la charge de “l’ordre basé sur règles” dans la périphérie russe est depuis longtemps l’objectif déclaré.

Si nous regardons ce que les néoconservateurs, les groupes de réflexion des ploutocrates des deux côtés de l’Atlantique et les politiciens européens disaient, cela a toujours été le plan. Voici un rapport daté de septembre de la Conférence de Munich sur la sécurité, communément appelée « Davos avec des fusils” :

Le révisionnisme agressif de la Russie a souligné la primauté de l’OTAN dans la défense européenne. Cependant, la possibilité réelle que Donald Trump revienne à la Maison Blanche signifie que les Européens pourraient bientôt devoir s’emparer d’une part beaucoup plus importante du fardeau, à la fois en soutenant l’Ukraine et en dissuadant la Russie. Une Union européenne de la défense forte, fondée sur les pouvoirs réglementaires de l’UE, sa capacité à mettre en commun ses ressources et son vaste marché unique, peut devenir un catalyseur important d’un pilier européen plus solide au sein de l’OTAN.

Voici une équipe de l’influent Center for Strategic and International Studies (CSIS) écrivant plus tôt cette année dans Foreign Affairs sur la façon dont l’Europe doit diriger la lutte contre la Russie afin que les États-Unis puissent se concentrer sur la Chine :

Cette réalité compliquée exige que les alliés des États-Unis, en particulier en Europe, assument une plus grande part de l’endiguement de la Russie. L’Europe a montré sa résilience politique et économique face à l’agression russe. Pourtant, militairement, le continent reste dépendant des États-Unis. Cette dynamique doit changer, en partie parce que les États-Unis doivent consacrer davantage de leurs ressources à l’Asie. La croissance des dépenses de défense européennes depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie est une étape encourageante. En 2023, 11 membres de l’OTAN ont atteint leur objectif de dépenses, allouant au moins deux pour cent du PIB à la défense nationale, contre seulement sept membres en 2022. Les autres doivent emboîter le pas.

L’Europe doit également résoudre le problème de la coordination. À l’heure actuelle, les États-Unis coordonnent plus de 25 armées en Europe. S’ils doivent continuer à le faire à court terme, ils doivent aussi pousser les différents pays européens et l’Union européenne à assumer ce rôle et à créer un pilier européen plus fort au sein de l’OTAN.

Le Centre d’Études Politiques Européennes rajoute :

Dans ce contexte, le véritable « moment hamiltonien » de l’UE en matière de défense serait une décision d’émettre une dette commune pour financer correctement les ambitions énoncées dans sa Stratégie industrielle de défense.

Sur la base de l’article 122 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et mis en œuvre conformément aux articles 173 et 174 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, de telles obligations—possibles en vertu du Règlement financier de l’UE—pourraient constituer l’épine dorsale des subventions accordées aux États membres pour renforcer la capacité de production de défense de l’Union si elles étaient associées aux incitations existantes en faveur de la recherche, du développement, de la production et des achats de capacités conjointes. Cela éviterait la logique à deux vitesses et les conditionnalités plus faibles entourant les propositions d’utiliser le Mécanisme européen de stabilité (à l’exclusion de pays clés tels que la Pologne, la Suède et le Danemark) pour accorder des prêts aux États membres de l’UE pour les dépenses de défense.

À l’instar de la manière dont la Facilité pour la reprise et la résilience induite par le Covid a stabilisé les marchés européens et soutenu la demande pendant et après la pandémie, les obligations Euro-défense sont un facteur potentiel de changement de la donne pour les ambitions de défense de l’UE en raison de la rapidité et de l’ampleur potentielles de la mobilisation des ressources, et de l’impact potentiel sur la fragmentation du marché. Et, heureusement, la Cour constitutionnelle allemande ne devrait avoir aucune objection à formuler cette fois-ci.

Et vous pouvez lire la même chose dans le Zeitenwende du chancelier allemand Olaf Scholz, et dans les discours de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock que l’Allemagne mènera la lutte en Europe pour “l’ordre fondé sur des règles » tandis que les États-Unis se concentrent sur la Chine.

Alors, quel est le problème maintenant ? Qu’ils ont réellement besoin de le faire maintenant plutôt que de simplement parler ?

Eh bien, Claude-France Arnould, ancienne directrice exécutive de l’Agence européenne de défense, explique une question opérationnelle clé qui tourne autour du Quartier Général Suprême des Puissances Alliées en Europe (SHAPE) — le quartier général des Opérations du Commandement Allié de l’OTAN en Belgique :

La prise de conscience de ce besoin est le résultat de l’expérience yougoslave. Le choc de ces guerres et une humble dépendance vis-à-vis des États-Unis ont conduit à la Déclaration franco-britannique de Saint-Malo [1998]. Nous étions incapables de maintenir la paix dans notre propre quartier. Les Britanniques ont réalisé que les Américains n’aimaient pas ça. Il y avait un risque de désengagement américain si l’Europe avait besoin d’eux pour gérer le comportement de la Serbie dans la région. L’UE devait être capable de mener de telles opérations de manière autonome. Les détails ont été définis dans l’accord Berlin Plus, permettant aux Européens d’utiliser SHAPE pour des missions dans un cadre européen…

Si un État membre est attaqué, par exemple. Disons un État balte, ou la Pologne, ou la Roumanie, ou un État qui n’est pas encore dans l’OTAN, comme l’Ukraine, qui espère rejoindre l’UE dès que possible. Bien sûr, toutes les menaces ne viennent pas nécessairement de l’Est. Dans de tels scénarios, nous devons défendre un État membre de l’UE avec nos propres ressources. Plutôt que de faire une énième grande déclaration sur l’UE et l’OTAN, nous devons donc nous assurer qu’en tant qu’Européens, nous pouvons utiliser SHAPE. Le meilleur des cas est que nous agissions de concert avec nos alliés, avec les Américains, les Canadiens et les Turcs. Mais si ce n’est pas le cas, pouvons-nous utiliser les capacités de commandement de l’OTAN ? Je veux parler des ressources humaines, des systèmes de communication sécurisés, de toute la logistique nécessaire pour pouvoir planifier et commander une opération impliquant plusieurs États européens, soit dans le cadre d’un « pilier européen » de l’OTAN, soit au sein de l’UE.

Nous verrons ce qui se passera, mais compte tenu de tout ce que l’Europe a déjà perdu dans ce conflit voué à l’échec, serait-il surprenant que ses dirigeants incompétents  ne sachent  toujours pas quand l’arrêter ?

En attendant, la classe dirigeante incapable de l’UE n’a peut-être pas l’argent, la main-d’œuvre, la technologie, la capacité opérationnelle, le soutien du public, mais elle est convaincue qu’elle a le bon état d’esprit :

Ursula von der Leyen @vonderleyen_epp – 5:52 PM · 4 jun 2024
La Finlande compte plus de 50 000 abris antiaériens.

Leur préparation vise à renforcer leur résilience et à dissuader toute agression.

Nous avons tant à apprendre des Finlandais.

C’est ce changement d’état d’esprit que je veux contribuer à instaurer au cours de mon second mandat.

Conor Gallagher

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Donald Trump est-il prêt à retirer les troupes américaines d’Europe orientale?

Sourrce : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 20/02/2025.

Donald Trump est-il prêt à retirer les troupes américaines d’Europe orientale?

Donald Trump va-t-il retirer les troupes américaines des Etats Baltes et, plus généralement, de tous les Etats entrés dans l’OTAN à partir de 1997/1999 ? C’est la rumeur qui court depuis la rencontre de Riyad entre les ministres des Affaires Etrangères américain et russe. Intoxication de services politiques de l’OTAN ou des sections de l’Etat profond américain hostiles à Donald Trump? Ou bien intention réelle d’un président américain prêt à donner à Vladimir Poutine ce que Joe Biden lui avait refusé à l’été 2021 ? Il est trop tôt pour le dire.

La carte ci-dessus rappelle les étapes de l’expansion de l’OTAN en Europe. On remarquera ce paradoxe – qui n’en est pas un dans la logique belliciste des gouvernements américains successifs : L’expansion de l’OTAN a accompagné la diminution du danger russe à travers les décennies.

Ce qui est en jeu, ce sont les pays qui ont été admis à partir de 1997 et qui sont, sur cette carte, entrés en 1999 et après dans l’OTAN. Il s’agit dune partie de l’Europe centrale, de la Scandinavie aux Balkans – celle dont les dirigeants soviétiques puis russes ont toujours souhaité la neutralité stratégique. C’est cette zone que la Russie avait proposé aux Etats-Unis d’inclure dans un nouvel accord de sécurité européen, à l’été 2021.

Alors Donald Trump est-il prêt à cette négociation, à la différence de Joe Biden ?

La Bild-Zeitung informe ou désinforme-t-elle ?

« L’Europe dans l’angoisse« , titre la Bild Zeitung: « Les services secrets redoutent un retrait des troupes américaines« .

La Bild-Zeitung est le grand journal populaire conservateur allemand, possédé par le groupe Springer. Il a toujours été un journal atlantiste. Que penser de l’article paru ce 19 janvier dont nous restituons ici l’essentiel ?

Les négociations américano-russes suscitent de vives inquiétudes dans une grande partie de l’Europe. Le président américain Donald Trump (78 ans) exclut un retrait complet des troupes américaines d’Europe. Selon les informations du journal Bild, les services de sécurité et les responsables politiques occidentaux craignent que les négociations qui ont débuté aujourd’hui à Riyad ne conduisent à la fin de la présence des troupes américaines dans une grande partie de l’Europe.

Un responsable de la sécurité d’Europe de l’Est a déclaré au journal Bild : «D’après nos informations, il s’agit des exigences de Poutine pour 2021, à savoir le retrait des troupes américaines de tous les pays de l’OTAN qui ont rejoint l’alliance après 1990. »

Un scénario catastrophe dans lequel de nombreux experts craignent une invasion immédiate de l’armée russe dans les anciennes républiques soviétiques d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, ainsi qu’une guerre à grande échelle avec la Pologne.

La présence de troupes américaines dans les régions proches de la Russie, selon le consensus des seuls États limitrophes de la Russie, est la meilleure garantie de l’indépendance de ces pays. (…)

L’ancien ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis (43 ans) déclare également à X : « Lavrov a exigé que l’OTAN revienne à ses frontières de 1997 dans l’intérêt de la stabilité en Europe et se retire de tous les pays à l’exception de l’Allemagne de l’Est. Pourquoi Poutine ne devrait-il pas exiger la même chose à Riyad ? »

Selon le journal Bild, l’Italie se prépare également à un éventuel retrait des troupes américaines du Kosovo. Les alliés européens se retrouveraient alors seuls dans les Balkans face à Aleksandar Vučić, l’ami de Poutine, et à sa puissante armée serbe.

▶︎ Un scénario catastrophe dans l’ancienne zone de guerre civile, que les diplomates allemands ont qualifié d’« envisageable » dans une interview accordée au journal Bild.

Le Financial Times analyse la situation : « Poutine souhaite que les troupes de l’OTAN soient retirées de l’ensemble de l’ancien empire soviétique. Les fonctionnaires européens estiment probable que Trump approuve le retrait des troupes américaines des pays baltes et peut-être même plus à l’ouest. L’UE serait alors livrée sans défense à une armée russe. »

Selon les informations du journal Bild, seules les bases américaines de Ramstein en Allemagne et les bases aériennes en Grande-Bretagne ne sont pas concernées pour le moment. Le reste de l’Europe doit se préparer à des changements profonds si Trump et Poutine parviennent à un accord.

L’article parle donc d’un retrait qui pourrait inclure l’Italie – mais non l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Alors info ou infox? S’agit-il de flanquer la panique dans la nomenklatura OTANienne, en espérant qu’elle se révolte contre la politique de Donald Trump ? Ou bien avons-nous un aperçu sur le fait que le président américain a avancé masqué ?

Union européenne : Vers l’éclatement ?

avec Claude Janvier et Jean-Loup Izambert

Source :RzO International - Le 18/02/2025 

par : TV Libertés

L’Union européenne seule contre le reste du monde ? Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les dirigeants de Bruxelles se retrouvent isolés. Les négociations pour la paix en Ukraine se font bien sans eux. Mais renonceront-ils à leur idéologie mondialiste face à la levée des peuples comme en Roumanie et peut-être dans quelques jours en Allemagne, pas sûr. Le Parlement européen avait voté une révision du Traité sur l’Union européenne en novembre 2023 pour transformer le continent en État européen supranational totalement intégré. Où en est le processus aujourd’hui ? Certains pensent que l’entité UE-OTAN s’écroulera d’elle-même face à un monde en transition vers une réorganisation multipolaire. L’avenir appartient-il encore aux peuples d’Europe ?

Le journaliste indépendant Jean-Loup Izambert et l’essayiste Claude Janvier, auteurs de «L’abandon français – Quelque chose est pourri dans mon royaume de France» sont les invités de «Politique & Eco», pour décrypter l’avenir d’une Union européenne désormais à la croisée des chemins…

 

«L’Europe d’aujourd’hui est une vieille sorcière amère et faible»

Source : RzO International - Le 18/02/2025. 

par Dmitry Medvedev

Le coven anti-russe de Munich a été particulièrement perturbé cette fois-ci par le discours ouvertement provocateur du vice-président Vance. Je dois admettre que, contre toute attente, il a mis le feu aux poudres. Tout le monde s’attendait aux habituelles politesses diplomatiques envers l’Europe de la part de son partenaire, ainsi qu’à des commentaires sur les propos de Donald Trump concernant la fin du conflit ukrainien. Mais au lieu de cela, il a pris la parole et a sévèrement réprimandé les Européens, qui se sont complètement perdus ces dernières années : votre démocratie est faible, vos élections sont nulles et vos règles, qui violent la moralité humaine fondamentale, sont merdiques. Et vous n’avez même pas la liberté d’expression ! Ils lui en auraient certainement tenu rigueur s’il n’était pas le patron américain. Mais comme il l’est, ils laisseront passer et avaleront avec rancune cette réprimande brutale de leur partenaire principal. C’est en fait un type audacieux, même s’il est encore un vice-président inexpérimenté. De plus, il a dit la vérité. Il a dit exactement ce que représente l’Europe moderne. Et nous pouvons en ajouter encore. L’Europe d’aujourd’hui, à l’intérieur des frontières de l’UE, est une vieille sorcière amère et faible qui essaie de se déguiser en jeune et saisissante beauté. L’époque d’une telle Europe est irréversiblement révolue. Elle est faible, peu attrayante et d’une utilité limitée pour quiconque, sauf pour elle-même.

P.S. Le clown de Kiev 🤡 a réprimandé Trump pour tout ce qui était possible. C’est-à-dire que le mendiant et voleur fini a craché dans la main de celui qui le nourissait. La question est de savoir comment Trump va réagir.

source : Dmitry Medvedev

« L’Europe va-t-elle se désintégrer à Kiev ? »

Source : Le Courrier des Strratèges - par eric Verhaege - Le 13/02/2025.

Reisner : « L’Europe va-t-elle se désintégrer à Kiev ? »

 

Dans cet entretien hebdomadaire, Ulrike Reisner fait le point sur la conférence sur la sécurité de Munich, et sur quelques à-côtés : les positions du secrétaire à la Défense Hegseth, et les discours de Vance, le vice-président américain, dans la foulée de Donald Trump lui-même. Tout indique que les USA vont faire la paix en Ukraine non seulement sans Zelensky, mais sans les pays européens eux-mêmes, qui seront néanmoins mis à contribution pour garantir l’accord final. L’Union peut-elle survivre à cette mise devant le fait accompli ?

Dans cet entretien, Ulrike Reisner évoque la conjonction de « signaux » envoyés par Donald Trump sur la situation en Ukraine, et plus généralement en Europe.

Ces signes, simultanés, sont hétéroclites :

  • Donald Trump annonce avoir eu une conversation avec Vladimir Poutine, concluant au lancement immédiat de pourparlers de paix sans l’Europe et sans Zelensky…
  • Peter Hegseth, ministre de la Défense US, a expliqué devant l’OTAN que l’Ukraine devait renoncer à ses frontières et qu’elle n’adhérerait pas à l’OTAN
  • le vice-président Vance doit prononcer, devant la conférence pour la sécurité de Munich, un discours très attendu. Mais nous savons déjà officieusement qu’il a expliqué aux Européens que toute mesure contre le réseau X se traduirait par un désengagement américain immédiat de l’OTAN…

Dans cet ensemble, une hypothèse se dégage ; Donald Trump pourrait se désengager brutalement du conflit ukrainien, et sommer l’Union Européenne de garantir la sécurité dans ce pays.

L’Union sera-t-elle capable de dégager une unité politique suffisamment solide pour se substituer à l’allié américain ? En réalité, il s’agira d’un test essentiel à l’occasion duquel l’unité de la Commission et de l’Union elle-même pourraient se fracasser, ouvrant ainsi la voie à une implosion de l’édifice multilatéral.

Ne manquez pas nos prochaines informations sur ce sujet essentiel.

Trump laisse l’Europe seule face à la guerre en Ukraine

Source : Le Courrier des Stratèges - par Ulrike Reisner - Le 10/02/2025.

Trump laisse l’Europe seule face à la guerre en Ukraine, par Ulrike Reisner

Journal de l’Empire des Habsbourg : fin de semaine, 60 chefs d’État et de gouvernement se réunissent à Munich pour la Conférence sur la sécurité. L’engagement militaire et financier en Ukraine sera un thème central, car après l’investiture de Donald Trump, l’espoir d’un soutien actif de la part des Etats-Unis s’amenuise. Mais l’Europe de l’OTAN manque de concepts stratégiques concrets ; et l’UE est loin d’être unie. Les regards se tournent donc vers la France et l’Allemagne, mais ces deux pays sont eux aussi profondément enlisés dans leurs crises gouvernementales.


L’Allemagne, vassal le plus dévoué des Etats-Unis sur le sol européen, accueille la Conférence sur la sécurité depuis des décennies. Cette fois-ci, elle se tiendra de vendredi à dimanche à Munich et représente ainsi pour Olaf Scholz la dernière occasion de se présenter à un public international dans la phase finale de la campagne électorale. Il sera intéressant de voir si et comment Friedrich Merz pourra tirer profit de cette tribune. En effet, contrairement au chancelier Scholz ou aux ministres Habeck et Baerbock, Merz n’occupe pas une position qui pourrait rendre sa présence à la conférence obligatoire. C’est d’autant plus grave que son rival au sein du parti, Markus Söder (CSU), peut jouer les maîtres de maison en tant que ministre-président de Bavière.

L’annonce de la semaine dernière selon laquelle le président désigné de la Conférence sur la sécurité, Jens Stoltenberg, assumera la fonction de ministre des Finances en Norvège a surpris. En fait, les agendas auraient dû lui être confiés dans le cadre de la conférence de cette année. Le président actuel, l’ancien ambassadeur allemand à l’ONU Christoph Heusgen a dû essuyer critiques de nombreuses pour ses déclarations sur la guerre de Gaza (il a plaidé pour une solution à deux États). On ne sait pas si, dans les circonstances actuelles, Heusgencontinuera a assuré la présidence jusqu’à ce que Stoltenberg puisse la reprendre. On a récemment parlé d’une direction intérimaire par le directoire.

L’Europe en crise

La crise de leadership évidente de la conférence reflète la désorientation de l’Europe de l’OTAN : On sent que la vision de l’ordre du libéralisme politique et économique qui a marqué la période unipolaire de l’après-guerre froide a été fortement concurrencée. Et les propres sondages d’opinion réalisés dans le cadre du Security Index, qui recense 33 risques en matière de politique de sécurité dans 11 pays, indiquent que les personnes vivant dans les pays du G7 sont globalement moins optimistes quant à un monde de plus en plus multipolaire que les personnes interrogées dans les pays « BICS » (BRICS moins la Russie, où aucune enquête n’a été réalisée, ndlr).

Le Munich Security Report donne traditionnellement le cadre thématique de la conférence. Le rapport 2025 publié aujourd’hui clarifie ce que tout le monde attendait de toute façon : L’Europe de l’OTAN se prépare à résoudre la question de l’Ukraine sans le soutien actif des États-Unis.

Contrairement aux années précédentes, c’est désormais l’allié transatlantique lui-même qui donne des maux de tête:

Pour Trump et nombre de ses partisans, l’ordre international établi par les Etats-Unis représente un mauvais accord. Il est donc possible que les Etats-Unis renoncent à leur rôle historique de garant de la sécurité de l’Europe, avec des conséquences importantes pour l’Ukraine.

L’« Europe de la Conférence sur la sécurité de Munich » se sent ainsi un peu seule face à « l’agresseur » : Au cours de ce siècle, aucun Etat n’aurait entrepris de plus grands efforts pour bouleverser l’ordre international que la Russie, dit-on. Sa guerre contre l’Ukraine ainsi que la montée des populistes de droite dans de nombreuses sociétés européennes menaceraient des éléments clés de la vision libérale de l’UE. Et de poursuivre :

La réélection de Donald Trump pourrait encore aggraver ces défis et relancer le débat sur la nécessité pour l’UE de devenir un pôle autonome dans la politique internationale. Mais elle pourrait également renforcer les mouvements populistes, approfondir les divisions internes de l’Europe et saper la capacité de l’UE à surmonter les crises auxquelles elle est confrontée.

L’OTAN sans concept

En l’absence de concepts stratégiques concrets et compte tenu des divisions croissantes au sein des partenaires européens de l’OTAN, on espère manifestement que les nouvelles puissances géopolitiques émergentes s’affaibliront elles-mêmes. C’est en tout cas l’impression que donne le rapport 2025 :

- La Russie serait confrontée à des problèmes économiques croissants et aux conséquences de sa propre hypertrophie impériale.

- En Chine, les progrès économiques et militaires du pays seraient loin d’être garantis face à une série de crises dont il est lui-même responsable.

- L’économie indienne souffrirait de faiblesses structurelles et de restrictions du pluralisme politique et culturel.

- Quant à l’Afrique du Sud, son image internationale aurait été ternie par la montée de la rhétorique anti-occidentale et la détérioration de ses résultats en matière de promotion des droits de l’homme et du droit international.

Il sera donc intéressant de voir si les dirigeants européens feront l’autocritique nécessaire lors de la Conférence sur la sécurité de cette année et s’ils évalueront de manière réaliste les nombreux problèmes sur leur propre continent - notamment l’état désastreux de la sécurité intérieure et extérieure. Nous aborderons ce thème jeudi prochain dans notre entretien vidéo hebdomadaire et mettrons en lumière le rôle particulier de l’Allemagne et de la France.

 

 

L’Union européenne deviendra-t-elle une grande puissance militaire ?

Source : RzO International - Le 25/01/2025.

 

par Philippe Rosenthal

L’Ukraine devrait devenir un centre de production de drones de reconnaissance et d’attaque. Le paquebot européen, qui se voulait luxueux et puissant, se comporte comme le Titanic.

Les dirigeants de l’Union européenne, du Royaume-Uni et de l’OTAN examineront un plan général de militarisation de l’Europe lors d’un sommet d’urgence le 3 février. Le président du Conseil européen, António Costa, en a parlé dans sa lettre d’invitation à cette réunion.

Les résultats du sommet constitueront la base des recommandations de la Commission européenne et du service diplomatique de l’UE pour l’élaboration du Livre blanc de l’UE sur la défense : la nouvelle stratégie militaire de l’Union européenne.

Costa a appelé les pays de l’UE à «coopérer plus étroitement sur les questions militaires au sein de l’Union européenne», ce qui signifie le transfert de certaines puissances militaires souveraines vers des structures européennes. Selon lui, les pays de l’UE ne seront tout simplement pas en mesure de fournir le niveau d’investissement requis, y compris pour la recherche et la mise en œuvre de nouvelles technologies.

Vie publique rappelle le plan d’un programme ambitieux pour renforcer l’industrie de défense de l’UE par la Commission européenne. De 2025 à 2027, le budget de l’UE allouerait 1,5 milliard d’euros pour améliorer la compétitivité de la base technologique et industrielle du secteur de défense européen afin de répondre aux changements dans le paradigme de sécurité européen.

La mise en œuvre de ces plans ambitieux n’est possible qu’en redémarrant la production d’armes et d’équipements militaires en Europe. Cependant, cette relance s’est heurtée à de sérieux problèmes. Par conséquent, même avec des fonds alloués à la défense, le complexe militaro-industriel européen a besoin d’une réforme structurelle.

Premièrement de nombreuses usines de défense de l’UE doivent être modernisées. Deuxièmement, l’UE, étant une union de différents pays et non un seul État, elle ne dispose initialement pas d’outils communs pour l’achat d’armes. Chaque pays a créé ses propres armées et les armées sans se soucier des plans de défense de l’OTAN. Il faut désormais créer ces outils de toutes pièces, en renforçant le rôle des institutions européennes dans le domaine de l’industrie militaire.

La Commission propose la mise en place d’un mécanisme européen de ventes militaires. «L’objectif d’ici 2030 est d’acquérir 40% des équipements de manière commune et 50% des équipements au sein de l’Union européenne», selon la Vie publique qui précise : «Les mesures envisagées prennent en compte l’Ukraine». À l’heure actuelle, le complexe militaro-industriel de l’Union européenne n’est pas prêt pour une guerre majeure. Tous les analystes militaires occidentaux le reconnaissent. Mais ces préparatifs ont déjà commencé.

Est-ce que l’UE peut réaliser sa militarisation et dans quel délai ? La production militaire que les dirigeants européens ont l’intention de déployer en Europe nécessite une réforme si radicale qu’il serait plus facile de la construire à partir de zéro.

Premièrement, le marché unique créé par l’Union européenne n’incluait que très récemment l’industrie de la défense. Les entreprises européennes de défense sont en grande partie nationales, à quelques exceptions près comme Airbus et MBDA (Matra BAE Dynamics Aérospatiale).

L’Eurofighter Typhoon est un exemple rare de coopération européenne en matière de défense. Chacun des pays de l’UE possède actuellement sa propre armée, ses propres programmes d’armement et ses propres lobbyistes au sein des ministères de la Défense, qui soutiennent leur production d’armes et d’équipements militaires.

En conséquence, au lieu de créer un char paneuropéen, les pays de l’UE produisent le char français Leclerc, l’italien C1 Ariete, le polonais PT-91 Twardy, le britannique CR2 Challenger 2 et le char allemand Leopard 2.

Récemment, des Abrams américains et des K2 sud-coréens sont apparus dans l’armée polonaise. Ils sont désormais en service dans les pays européens. La situation est la même dans l’aviation militaire. Trois chasseurs sont produits simultanément en Europe : le Rafale de la société française Dassault, l’Eurofighter Typhoon paneuropéen et le Gripen de la société suédoise Saab.

Observateur Continental constatait très tôt l’impossibilité de réaliser le projet du char franco-allemand, MGCS du fait de l’action politique de Berlin. Ce projet posait de nombreux problèmes, notamment insolubles. En outre, de nombreux États membres de l’UE achètent des équipements finis auprès de fournisseurs situés en dehors de l’Europe, notamment aux États-Unis. Le Monde fait savoir, citant un commentaire d’un responsable européen anonyme, que la majeure partie des achats militaires en Europe est effectuée en dehors du continent.

«Depuis 2022, 75% des achats [d’armes et] d’équipements militaires proviennent d’entreprises non européennes et 68% d’entreprises américaines», note le quotidien français. Selon la source, l’UE s’efforce d’augmenter la part des marchés publics en Europe à au moins 50%.

Le programme de la Commission européenne publié en mars 2024 précise que ce chiffre de 50% des achats en Europe devrait être atteint d’ici 2030, et d’ici 2035 il devrait être de 60%.

Malgré le changement radical de stratégie militaire intervenu en raison de l’apparition de milliers de drones de reconnaissance sur le théâtre d’opérations ukrainien, l’artillerie reste toujours l’élément essentiel et joue un rôle décisif dans l’obtention de la supériorité militaire sur le champ de bataille.

«L’artillerie est connue depuis des siècles comme le «roi de la bataille», et cela reste encore vrai aujourd’hui. Dans le conflit russo-ukrainien, les tirs d’artillerie représentent environ 80% des pertes des deux côtés», stipulent les analystes de l’American Council on Foreign Relations.

Le groupe de défense allemand Rheinmetall AG a commencé l’année dernière la construction d’une usine dans le Land de Basse-Saxe qui produira des obus d’artillerie, des explosifs et des composants d’artillerie de roquettes et 200 000 obus d’artillerie devraient être fabriqués par an et jusqu’à 1900 tonnes d’explosif en hexogène et, si possible, d’autres composants pour les ogives nucléaires. En outre, ils envisagent de créer des moteurs de fusée et des ogives qui seront nécessaires au projet d’artillerie de fusée allemand. «Au total, nous souhaitons produire jusqu’à 700 000 obus d’artillerie par an d’ici 2025», souligne Rheinmetall avertisant : Les entrepôts de la Bundeswehr sont vides.

Rheinmetall est la seule entreprise de défense de l’UE qui vise à produire des munitions d’artillerie à grande échelle de tous types. L’augmentation de la production d’obus prévue par les Allemands ne permettra pas de se rapprocher du niveau correspondant de production d’obus en Russie, même à moyen terme. Rheinmetall est la seule entreprise de défense de l’UE qui vise à produire des munitions d’artillerie à grande échelle de tous types. Notons que l’augmentation de la production d’obus prévue par les Allemands ne permettra pas de se rapprocher du niveau correspondant de production d’obus en Russie, même à moyen terme.

Le Financial Times a rapporté en mars 2023 que les pays de l’UE étaient confrontés à une pénurie d’explosifs, soulignant que l’UE disposait de réserves limitées de poudre à canon, de TNT et de nitrocellulose. «Le principal problème est que l’industrie européenne de défense n’est pas capable de produire des armes à grande échelle», a déclaré un responsable allemand au quotidien anglophone. L’Union européenne est tellement à la traîne que Volodymyr Zelensky affirme que Bruxelles sans l’expertise militaire de l’Ukraine ne pas s’en sortir.

source : Observateur Continental

L’Union européenne va tester la manipulation des élections en Roumanie avant de généraliser à d’autres nations

Source : RzO international - Le 22/01/2025.  

par Jean Chapoutier

Pour les européistes béats, le peuple est sourd aux grands enjeux du monde et ils ne veulent plus laisser le droit de vote à ce peuple ; laisser le peuple voter librement est un luxe qu’ils ne peuvent plus se permettre. Lors de la mise en place de l’Union européenne et du Traité de Maastricht, la future dictature européenne était encore balbutiante, mais depuis, la bête a pris de l’assurance et elle se cache à peine. Une dictature qui a de plus en plus de mal à cacher sa vraie nature, plante ses griffes dans le corps des vieilles nations européennes.

Le processus entamé par l’annulation pure et simple de l’élection présidentielle roumaine du 24 novembre 2024 annonce les funérailles des prétendues valeurs démocratiques européennes, qui sont tant vantées, et pour lesquelles il faudrait mourir face aux «orques» russes.

Le peu de démocratie formelle qui avait encore cours dans l’Union européenne, à savoir la liberté de se prononcer pour tel ou tel candidat, de se déclarer publiquement en sa faveur et d’appeler à voter pour lui, la liberté d’opinion et d’expression politique, le droit d’avoir une activité politique, sont devenus de trop pour les technocrates de Bruxelles, et ces libertés formelles risquent de devenir de l’histoire ancienne si l’Union européenne parvient à ses fins. Et absolument aucun dirigeant politique, de quelque bord que ce soit, ne s’est, pour l’instant, saisi de ce qui est en train de se passer en Roumanie et qui préfigure l’avenir de l’Union européenne.

C’est en effet à l’occasion des nouvelles élections présidentielles prévues en mai 2025 que Bruxelles va mettre en œuvre une variante du candidat unique, ou tout du moins de l’idéologie unique.

La Roumanie est devenue, contre son gré, le laboratoire dans lequel les «institutions de Bruxelles» vont affiner leur technique de bidouillage du système électoral afin de garantir que la «future démocratie européenne» soit tout à fait conforme aux exigences de ceux qui sont aux commandes. Ils vont tester ce qu’il est possible de faire sur le terrain de la manipulation des élections.

Pour rappel, Thierry Breton avait publiquement reconnu que les instances de l’Union européenne sont à l’origine de l’annulation des résultats de l’élection présidentielle roumaine de novembre 2024. Ce même Thierry Breton a également menacé l’Allemagne du même sort que la Roumanie au cas où le vote des Allemands, pour les prochaines élections, ne correspondrait pas à ce que l’Union européenne attend.

L’annulation du premier tour des élections en Roumanie a été la première étape de ce qui n’est rien d’autre qu’un complot contre les peuples, contre la démocratie, et, de toute évidence, les chefs d’orchestre européens ne veulent rien laisser au hasard d’un vote, aussi peu démocratique soit-il.

Ils veulent des résultats garantis à 100%, et pour cela, il est nécessaire d’avoir en lice uniquement des candidats «conformes à 100%» avec l’idéologie européiste.

Ils ne peuvent pas permettre aux peuples d’élire des candidats qui ne sont pas adoubés 100% Sorros.

Bruxelles va donc tester en Roumanie, lors du nouveau vote qui aura lieu en mai, une variante du candidat unique, candidat qui sera automatiquement férocement dans la ligne de ses maîtres de Bruxelles, le but étant d’interdire la victoire au premier tour des élections présidentielles d’un nouveau Cӑlin Georgescu, qui était arrivé en tête avec 23% des voix.

Concrètement, les informations qui sont parvenues de Roumanie semblaient tellement extraordinaires qu’elles semblaient être des «fake news».

Le gouvernement «provisoire» de la Roumanie a édicté une ordonnance réglementaire d’urgence visant à interdire aux citoyens de s’exprimer sur les intentions de vote ou d’appeler à voter pour tel candidat. Toute infraction sera punie d’une amende de 3000 à 10 000 € alors que le salaire moyen mensuel en Roumanie est de 350 € par mois.

La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût.

Le texte exact de cette ordonnance est :

«Aux fins de cette ordonnance d’urgence, lors des élections présidentielles de Roumanie en 2025, tout matériel écrit, en ligne, audio ou vidéo utilisé au cours de la campagne électorale qui incite directement ou indirectement les électeurs à choisir ou non, à voter ou ne pas voter pour un candidat indépendant ou pour un candidat d’un parti politique clairement identifié est considéré comme du matériel de publicité politique. La violation de ces dispositions constitue une contravention si les faits n’ont pas été commis dans des conditions telles qu’ils sont considérés comme des délits au regard du droit pénal et sont sanctionnés d’une amende de 15000 à 50 000 lays».(soit 3000 à 10000 euros)

Pour info, le salaire moyen en Roumanie est de 350 euros mensuels !

Ce texte réglementaire a été édicté avec la bénédiction de Bruxelles qui ne trouve rien à redire quant à l’interdiction de la liberté d’expression du citoyen, à l’interdiction des droits démocratiques, à l’interdiction de l’activité politique.

Les citoyens auront interdiction de parler en faveur de leur candidat, auront interdiction de lui faire de la «publicité» par quelques moyens que ce soit : Matériel écrit, en ligne, audio ou vidéo, sous peine d’une amende de 3000 à 15 000 euros , à titre de comparaison, en France, proportionnellement, l’amende serait de 15 000 à 75 000 euros.

Les seuls contacts autorisés entre le candidat et la population seraient les télévisions et les radios officielles, ce qui revient à dire que seuls les candidats adoubés par l’Union européenne auraient le droit de s’exprimer.

Si un tel système est appliqué en France, les petits candidats n’auraient plus aucune visibilité, ce qui est le but poursuivi.

Les distributions de tracts sur les lieux publics seraient interdites, les meetings et les réunions publiques seraient des infractions pénales, y compris les candidats n’auraient plus le droit de s’exprimer sur leurs chaînes internet d’informations.

Ce qui revient à l’interdiction pure et simple des petits candidats, puisque seules seraient autorisées les expressions organisées dans le cadre réglementaire par les grandes chaînes d’informations et, comme on le sait, on ne peut vraiment pas dire que l’égalité du temps de parole soit respectée sur les grandes chaînes d’info, mais cette ignominie va encore plus loin : Ce qu’on appelle les discussions de bistrot seraient sous le coup de la loi dès lors que l’on parlerait des élections autrement qu’en termes généraux.

Il en va de même pour les forums de discussion ou pour les commentaires qui tombent directement sous le coup de la loi.

La loi qui sera expérimentée en Roumanie détruira la liberté d’expression, le droit de manifester, la liberté de râler, la liberté de dire ce qu’on pense, Macron en rêvait, l’Union européenne va l’expérimenter, adieu gilets jaunes et manifs retraite.

Et ce n’est pas de la propagande prorusse, c’est ce que l’Union européenne va expérimenter en Roumanie, c’est un test en grandeur nature qui pourrait être généralisé à l’ensemble des pays de l’Union européenne.

Ils justifient les attaques contre la démocratie en expliquant qu’ils veulent protéger son processus électoral.

On interdit la démocratie pour protéger la démocratie. Orwell ne l’avait pas vu venir, celle-là : C’est la marche en avant de la dictature européenne.

L’UE se déchire à cause de son propre terrorisme énergétique

Source : Le Courrier des Stratèges - par Ulrike Reisner - Le 15/01/2025.

L’UE se déchire à cause de son propre terrorisme énergétique, par Ulrike Reisner

Journal de l’Empire des Habsbourg : Alors que les élites occidentales ont les yeux rivés sur Davos et sur Washington, une guerre énergétique sans merci fait rage dans les coulisses. Après que l’Ukraine a cessé de faire transiter le gaz par son territoire, l’administration sortante de Joe Biden laisse derrière elle un autre train de sanctions visant les revenus pétroliers et gaziers de la Russie. Les pays du Nord, sous la direction de Varsovie, continuent à semer la zizanie. Les Etats d’Europe du Sud-Est, qui dépendent traditionnellement de ces livraisons d’énergie, souffrent. Une forte résistance se fait jour, s’étendant de la Roumanie et de la Bulgarie à la Hongrie et à la Slovaquie, en passant par la Serbie. Cette fissure deviendra-t-elle un moment décisif dans une phase de faiblesse de l’UE et de l’OTAN ? Et à qui profite une scission ?

La Russie a annoncé il y a quelques jours une tentative d’attentat des troupes ukrainiennes contre le gazoduc Turkish Stream :

« Après l’interruption du gazoduc Nord Stream en 2022 et l’arrêt du transit du gaz russe par l’Ukraine en janvier 2025, Turkish Stream restera le seul gazoduc à fournir du gaz russe à la Turquie, à la Bulgarie, à la Serbie, à la Hongrie et à la Slovaquie »

    , écrit par exemple gazeta.ru. Le porte-parole du Kremlin, Peskov, a qualifié l’attaque contre la station Turkish Stream d’« acte de terrorisme énergétique » .

Il s’agit de ressources énergétiques et de la question de savoir qui peut et doit les fournir et à quelles conditions. Il s’agit de beaucoup d’argent, de pouvoir de marché et d’avantages géopolitiques. Dans ce contexte, tous les moyens sont désormais bons : des sanctions économiques sévères à la violence physique.

Une lutte acharnée

Presque chaque jour, des informations nous parviennent du sud-est de l’Europe sur les conséquences de cette guerre énergétique :

– L’Ukraine a cessé au début de l’année de faire transiter le gaz russe par son propre territoire en direction de l’Europe.

– La Bulgarie avait introduit en 2023 une taxe de dix euros par mégawattheure pour le gaz russe transporté sur son territoire. La Hongrie avait alors menacé de bloquer l’adhésion de la Bulgarie à Schengen et la taxe avait été supprimée. De nouvelles tentatives d’introduire cette taxe ont aujourd’hui échoué en raison du veto du Parlement.

– En République de Moldavie, candidate à l’adhésion à l’UE depuis juin 2022, l’arrêt des livraisons de gaz russe à la région de Transnistrie provoque des pics de prix et des coupures de courant. L’UE veut soutenir le gouvernement pro-européen de Chișinău avec un paquet d’aide de 1,8 milliard d’euros.

– Outre la Moldavie, qui a déjà déclaré l’état d’urgence national en décembre, c’est surtout la Slovaquie qui est touchée par l’arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine. Le Premier ministre Robert Fico a annoncé qu’en contrepartie, la Slovaquie ne fournirait plus d’électricité à l’Ukraine.

– Contrairement à la Slovaquie, la Hongrie achète la majeure partie de ses importations de gaz russe via le gazoduc Turkish Stream et a pour cette raison renouvelé ses contrats de livraison avec la Russie en octobre dernier. C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter la tentative d’attentat contre le gazoduc.

– La Serbie est également sous pression : le gouvernement du président américain sortant Joe Biden a adopté le 10 janvier 2025 son paquet de sanctions le plus complet à ce jour, qui vise les revenus pétroliers et gaziers de la Russie. Les sanctions visent avant tout aussi les filiales de Gazprom dans plusieurs Etats, dont la société serbe NIS Novi Sad. Comme l’a annoncé le président serbe Aleksandar Vucic, la Serbie dispose désormais de 45 jours pour se séparer des propriétaires russes de NIS. Si NIS reste majoritairement détenue par Gazprom Neft, la Serbie pourrait être confrontée à des pénuries massives de pétrole.

Déchirure au sein de l’UE

Alors que l’Europe du Sud-Est doit faire face aux graves conséquences de cette lutte d’énergie, les partisans d’une approche encore plus dure se forment dans le Nord de l’Europe : Le Danemark, la Finlande, la Suède et les trois États baltes veulent réduire drastiquement les importations de pétrole russe et exigent des mesures plus sévères de l’UE.

Parallèlement, une autre proposition de la Pologne et de neuf autres États membres (Estonie, Lettonie, Lituanie, Danemark, Suède, Finlande, République tchèque, Roumanie et Irlande) prévoit des restrictions sur les exportations de combustibles fossiles de Moscou – en particulier sur le gaz naturel liquéfié (GNL) – et un accès nettement plus strict aux financements étrangers. Il n’est pas étonnant que l’initiative vienne de Varsovie : la Pologne préside actuellement le Conseil de l’UE et exerce également une influence sur l’ordre du jour à Bruxelles.(Détail piquant en marge : Une entreprise russe liée à Gazprom fournit du gaz à une partie de la flotte de bus de Varsovie.).

Nous observons actuellement que certains États de l’UE-Europe s’engagent activement dans une politique énergétique qui nuit économiquement à d’autres États de l’UE. Ont-ils oublié l’article 3 du TFUE, selon lequel l’Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples ? Pourquoi l’UE prend-elle le risque de se diviser ?

À qui profite une scission ?

Elle profite en premier lieu aux États-Unis, qui poursuivent des intérêts géopolitiques aux marges de l’Union. Elle profite ensuite à la Grande-Bretagne, qui a d’autant plus de chances en Europe que les États membres sont divisés entre eux. Mais elle profite aussi au bras exécutif de l’UE : Si la branche législative s’affaiblit parce que les membres sont en désaccord, la force de l’Union résidera dans la Commission.

Pour qui toutes ces armes, si nous n’avons pas de soldats ?

Source : Le Courrier des Stratèges - par Ulrike Reisner - Le 10/01/2025.

Défendre servilement l’OTAN est-ce défendre les intérêts de la France ? par le Général MARTINEZ

Journal de l’Empire des Habsbourg : la récente demande de Donald Trump d’augmenter les dépenses de défense a enflammé les débats dans les pays européens de l’OTAN. En Allemagne surtout, qui entre actuellement dans le vif du sujet de la campagne électorale, on rivalise d’objectifs. C’est bon pour les carnets de commande de l’industrie de l’armement, car cela fait grimper les prix. Mais qui va servir tous les systèmes d’armes qui doivent être achetés dans le cadre du réarmement de l’Europe ? Un rapide coup d’œil montre qu’il manque partout des soldats. Le recrutement des armées souffre de l’abolition du service militaire obligatoire, de la démographie et de l’état de santé parfois dramatique de la population.

Suivons d’abord la piste de l’argent – une bonne recommandation pour comprendre la manière d’agir du président désigné des Etats-Unis. En exigeant un objectif de 5 % pour les budgets de défense de l’OTAN, Trump fait tout d’abord grimper les prix. Sur les marchés boursiers, les actions de l’armement ont réagi aux dernières nouvelles en provenance de Washington par des hausses de cours significatives.

Le service militaire obligatoire aboli

Selon les dernières estimations, les 32 pays de l’OTAN consacreront en 2024 environ 2,71% de leur PIB à la défense, soit environ 1,4 billion d’euros. La Pologne est en tête avec 4,12%, les derniers étant l’Espagne (1,28%), la Slovénie (1,29%) et le Luxembourg (1,29%).

En 2024, les dépenses de défense de l’Allemagne ont dépassé pour la première fois l’objectif de l’OTAN de 2 % du PIB. Ce chiffre comprend des fonds provenant du fonds spécial de la Bundeswehr, d’un montant total de 100 milliards d’euros. Mais compte tenu de l’étroitesse du budget, le déficit est inévitable : Des équipements majeurs d’une valeur d’environ 90 milliards d’euros ont été commandés, et il manquera au plus tard à partir de 2027, selon les directives actuelles, un montant de plusieurs dizaines de milliards.

Mais il n’y a pas que l’argent qui manque : en 2011, l’Allemagne a suspendu la convocation au service militaire obligatoire. Le ministre de la Défense Boris Pistorius s’est prononcé en faveur d’un nouveau modèle de service militaire obligatoire, sans résultat jusqu’à présent. Friedrich Merz souhaite réintroduire progressivement le service militaire obligatoire et allouer 80 milliards d’euros au budget de la défense à partir de 2028 au lieu de 50 milliards actuellement. L’AfD a inscrit le service militaire obligatoire dans son programme de base, mais doit encore décider s’il en fera un thème de sa campagne électorale.Les Verts souhaitent mettre en place un modèle de service militaire volontaire et rendre le service de réserve plus attractif pour un groupe cible plus large. Et le FDP a l’intention de faire de la Bundeswehr la force armée conventionnelle la plus puissante d’Europe.

Comme en Allemagne, les forces armées des principaux pays de l’OTAN restent sous-équipées. Selon une étude de l’International Institute for Strategic Studies en novembre dernier, les armées professionnelles européennes ne sont pas en mesure de recruter suffisamment de personnel qualifié et de le conserver.

C’est encore dans le nord de l’Europe que la situation est la meilleure : La Suède avait suspendu son service militaire obligatoire en 2010, mais l’avait réintroduit dans le contexte de l’annexion de la Crimée par la Russie. Au Danemark aussi, le service militaire est obligatoire à partir de 18 ans, mais jusqu’à présent uniquement pour les hommes. Les femmes devraient être recrutées à partir de 2026. Le service militaire est également obligatoire en Norvège, en Finlande et dans les pays baltes.

La situation est totalement différente dans le reste de l’Europe (à l’exception de la Grèce et de la Turquie): la Hongrie et la République tchèque ont aboli le service militaire obligatoire en 2004, la Slovaquie en 2005, la Roumanie et la Pologne ont décidé de ne pas le rendre obligatoire en 2007 et 2010 respectivement – mais les hommes majeurs doivent s’inscrire pour pouvoir être appelés à la guerre en cas de besoin. En Croatie, depuis 2008, seuls les citoyens volontaires sont enrôlés dans l’armée.

Problèmes de relève

Le recrutement et la fidélisation du personnel restent un problème dans toute l’Europe. Les principales forces armées européennes et leurs stocks d’équipement sont fortement réduits par rapport à l’époque de la guerre froide. La rémunération, les perspectives de carrière et l’attractivité de l’emploi sont un côté de la médaille ; la baisse des taux de natalité et la détérioration de l’état général de la population en sont un autre. Une étude récente sur le recrutement des soldats nés en 2005 montre qu’un tiers d’entre eux sont en surpoids.

Il reste à regarder du côté de la Suisse et à se demander si les armées de milice peuvent constituer une solution au problème. Une partie des Confédérés est personnellement engagée dans la défense nationale et, en partie, dans la protection civile. Mais des obstacles simples pour le service de remplacement ont dilué l’obligation de servir, le service militaire est devenu pratiquement volontaire. Pourtant, l’armée de milice est considérée en Suisse comme le noyau de la résilience. En cas de crise, le nombre de militaires formés pourrait être rapidement augmenté – par exemple en prolongeant l’obligation de servir.

Les dirigeants européens devront rapidement prendre une décision : On ne peut pas à la fois maudire les Etats-Unis et attendre qu’ils viennent à notre secours. Si les Etats ont une chose en main, c’est la possibilité d’obliger leurs citoyens à servir leur patrie. Cela doit concerner aussi bien les hommes que les femmes et comprend aussi bien le service militaire que la protection civile.

Si cela n’est pas fait de manière conséquente et systématique, l’Europe ne pourra pas défendre ses intérêts mais continuera à se faire le larbin des intérêts des autres.

 

Les responsables de l’UE prétendront ignorer les crimes de guerre commis par Israël. Ce document divulgué montre qu’ils ont été avertis

Source : RzO International - Le 10/01/2025. 

par Arthur Neslen

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont rejeté un appel à mettre fin aux ventes d’armes à Israël le mois dernier, malgré les preuves croissantes de crimes de guerre – et, potentiellement, de génocide – qui leur ont été présentées dans une enquête interne obtenue par The Intercept.

Le contenu de cette évaluation de 35 pages pourrait influencer les futurs procès pour crimes de guerre de politiciens européens pour complicité dans l’assaut d’Israël contre Gaza, selon des avocats, des experts et des dirigeants politiques.

Cette enquête a été effectuée par le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, Olof Skoog, et envoyée aux ministres de l’UE avant une réunion du Conseil le 18 novembre, dans le cadre d’une proposition faite par le chef de la politique étrangère de l’UE de suspendre le dialogue politique avec Israël. La proposition a été rejetée par le conseil des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE.

L’analyse de Skoog présente des preuves, provenant de sources des Nations unies, de crimes de guerre commis par Israël, le Hamas et le Hezbollah depuis le 7 octobre 2023, lorsqu’environ 1200 personnes ont été tuées lors d’une attaque dirigée par le Hamas qui a déclenché l’assaut d’Israël contre la bande de Gaza. L’ONU estime que quelque 45 000 personnes sont mortes à Gaza depuis, dont plus de la moitié seraient des femmes et des enfants.

Bien que l’évaluation n’ait pas épargné le Hamas et le Hezbollah, une grande partie de son langage le plus fort était réservée aux Forces de défense israéliennes.

«La guerre a des règles», dit le compte rendu. «Compte tenu du nombre élevé de victimes civiles et de souffrances humaines, les allégations portent principalement sur la manière dont les responsables, y compris les Forces de défense israéliennes (FDI), n’ont apparemment pas réussi à faire la distinction entre civils et combattants et à prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils et les biens de caractère civil contre les effets des attaques, en violation des principes fondamentaux du DIH» – le droit international humanitaire.

Skoog cite une utilisation accrue d’un «langage déshumanisant» par les dirigeants politiques et militaires israéliens, ce qui peut «contribuer à prouver l’intention» de commettre un génocide.

«L’incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence – telle que celle exprimée dans les déclarations des responsables israéliens – constitue une violation grave du droit international des droits de l’homme et peut constituer le crime international d’incitation au génocide», indique le rapport.

Les implications pour les hauts fonctionnaires des pays exportateurs d’armes vers Israël – comme l’Allemagne, l’Italie et la France – n’ont pas échappé à Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des Finances et secrétaire général du Mouvement pour la démocratie en Europe 2025.

Si la Cour pénale internationale déclare des responsables israéliens coupables de crimes de guerre, a déclaré Varoufakis à The Intercept, la distribution même du rapport aux ministres de l’UE revêt une importance car les Européens ne pourront pas plaider l’ignorance.

«Ils ne peuvent nier de manière plausible qu’ils étaient au courant des faits étant donné le contenu du rapport du représentant spécial de l’UE qu’ils avaient le devoir de prendre en considération», a déclaré Varoufakis. «Le monde sait maintenant qu’ils savaient qu’ils enfreignaient le droit international parce que le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme le leur a explicitement dit. L’histoire les jugera sévèrement. Et peut-être en sera-t-il de même par la CPI».

Une action diplomatique bloquée

Le document est né d’une demande formulée en février par l’Espagne et l’Irlande pour évaluer si la guerre d’Israël à Gaza violait les articles sur les droits de l’homme de l’Accord d’association UE-Israël, qui, entre autres, a permis quelque 46,8 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2022.

Si la Commission européenne identifiait une violation, elle devrait entrainer une suspension de l’accord à l’ordre du jour. Mais la présidente pro-israélienne de la Commission, Ursula von der Leyen, a cependant refusé d’agir.

Par conséquent, Skoog a été chargé par le Service extérieur de l’UE, le Service européen pour l’action extérieure, d’enquêter. Il a produit une première évaluation en juillet. The Intercept a obtenu une version de l’évaluation qui a été mise à jour en novembre.

La guerre d’Israël contre Gaza

Le document, qui n’a pas été rapporté auparavant, a été discuté en interne dans le cadre de la proposition du service extérieur de l’UE de suspendre le «dialogue politique» avec Israël, le seul aspect de la relation sur lequel le service extérieur de l’union a du pouvoir ; le document de Skoog soutient effectivement le gel des relations. Cependant, la proposition, a été rejetée par les ministres de l’UE, ainsi qu’une recommandation de facto d’interdire les exportations d’armes vers Israël.

Le rapport a révélé que parce que le nombre de morts à Gaza correspond à la répartition démographique de la population civile du territoire, le schéma des meurtres indique des «attaques aveugles» qui pourraient constituer des crimes de guerre.

«Lorsqu’elles sont commises dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile», ajoute l’évaluation, «elles peuvent également impliquer des crimes contre l’humanité».

Skoog a appelé les pays de l’UE à «refuser la licence d’exportation» – pour les armes – «s’il existe un risque évident que la technologie ou l’équipement militaire à exporter puisse être utilisé pour commettre de graves violations du droit international humanitaire».

À la suite de cette évaluation, certains politiciens de l’UE risqueront d’être complices s’il s’avère qu’Israël a commis des crimes de guerre, a déclaré Tayab Ali, associé du cabinet d’avocats britannique Bindmans, qui a récemment poursuivi le gouvernement britannique en justice pour ses exportations d’armes vers Israël.

«Les avocats de toute l’Europe surveillent cela de près et sont susceptibles d’initier des mécanismes de responsabilité nationaux et internationaux. Les intérêts économiques ne sont pas un moyen de défense contre la complicité de crimes de guerre», a déclaré Ali à The Intercept. «Il est stupéfiant que, suite au contenu de ce rapport, des pays comme la France et l’Allemagne envisagent de soulever des questions d’immunité pour protéger des criminels de guerre recherchés comme Netahyahou et Gallant».

Diana Buttu, ancienne conseillère juridique et négociatrice de l’Autorité palestinienne, a suggéré que le rejet de la propre analyse de l’UE par ses États membres était politique.

«Légalement, nous savons où les dominos devraient tomber», a déclaré Buttu. «Il s’agissait de savoir si la politique serait conforme à la loi, et malheureusement, ce n’est pas le cas».

Collusion criminelle

Le rapport de Skoog n’évite pas de rapporter les atrocités du Hamas le 7 octobre, décrivant la prise d’otages, par exemple, comme «une violation du droit international humanitaire et un crime de guerre».

Les attaques à la roquette du Hamas et du Hezbollah étaient «intrinsèquement aveugles et peuvent constituer un crime de guerre», indique-t-il.

L’enquête dénonce également l’utilisation de tunnels dans des zones civiles comme équivalant à l’utilisation de boucliers humains, ce qui est également un crime de guerre. L’armée israélienne, cependant, n’a pas fourni de «preuves substantielles» pour étayer cette allégation, qui, même si elle était prouvée, ne justifierait pas des attaques aveugles ou disproportionnées contre des zones civiles.

Le rapport réfute une défense israélienne majeure contre les allégations de crimes de guerre concernant le ciblage d’hôpitaux dans la bande de Gaza. L’évaluation de Skoog soutient que «le ciblage intentionnel des hôpitaux peut constituer des crimes de guerre», indépendamment de toute activité du Hamas là-bas.

L’évaluation de Skoog indique que le droit international accorde à Israël «le droit et même le devoir de protéger sa population», mais que cela ne peut être exercé qu’en réponse à une attaque armée ou à une attaque imminente et doit être proportionné. Parce qu’il s’agit d’une puissance occupante, indique l’évaluation, Israël a également l’obligation d’assurer la sécurité et la santé de ceux qui vivent sous son occupation.

Agnès Bertrand-Sanz, experte humanitaire d’Oxfam, a déclaré que l’évaluation «renforce l’argument selon lequel les gouvernements de l’UE ont agi en complicité avec les crimes d’Israël à Gaza».

«Même lorsque leurs propres services leur présentent les faits, ils refusent d’agir», a-t-elle déclaré. «Ceux qui ont continué à exporter des armes vers Israël au mépris des conseils clairs du rapport sont impliqués dans un cas flagrant de collusion criminelle».

source : The Intercept via Le Saker Francophone

L’aggravation de la crise énergétique européenne

Source : RzO International - Le 04/01/2025. 

par Lucas Leiroz

Les sanctions contre la Russie continuent d’entraîner des conséquences économiques extrêmement négatives pour les pays occidentaux eux-mêmes, en particulier en Europe, où la crise énergétique semble loin d’être résolue. Selon des rapports récents, les États européens sont déjà en train d’épuiser leurs réserves de gaz, ce qui les expose à un risque élevé de pénurie massive dans les mois à venir. Cela montre clairement à quel point l’Union européenne a agi de manière irresponsable et contre-productive en mettant en œuvre des mesures coercitives qui n’ont pas affecté Moscou, mais ont profondément nui à l’Europe elle-même.

D’après le Financial Times (FT), l’Union européenne augmente ses prélèvements dans les installations de stockage de gaz tout en lançant un effort sans précédent pour accumuler de nouvelles réserves, face au risque élevé de pénurie. Le journal précise que la quantité de gaz en stock a diminué de 19%, atteignant son plus bas niveau depuis la crise énergétique de 2021.

Depuis septembre, le niveau de stockage de gaz de l’UE est tombé à 75%, contre 90% à la même période l’année dernière. Ce niveau est considéré comme bas et suscite des préoccupations parmi les responsables, car il est fortement recommandé que les pays maintiennent des réserves importantes de gaz, en particulier pendant l’hiver, lorsque la consommation d’énergie est plus élevée.

«L’UE vide ses installations de stockage de gaz au rythme le plus rapide depuis la crise énergétique d’il y a trois ans, à mesure que le climat plus froid augmente la demande et que le continent fait face à une baisse des importations maritimes (…). La dernière fois que les réserves de gaz du continent ont été épuisées aussi rapidement à la mi-décembre remonte à 2021, lorsque la Russie a commencé à réduire l’approvisionnement en gaz par pipeline avant son invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les niveaux de stockage de l’UE sont désormais à 75% (…) alors qu’ils étaient proches de 90% à la mi-décembre l’année dernière», rapporte l’article du FT.

Les experts occidentaux ont identifié le froid hivernal en Europe comme la principale cause de la crise énergétique, un argument qui semble fallacieux. Certes, la consommation d’énergie augmente en hiver, car le froid oblige à intensifier l’utilisation d’appareils électriques et de systèmes de chauffage – tous deux dépendants du gaz. Cependant, cela n’est pas suffisant pour expliquer les causes de la crise.

Le problème du gaz en Europe réside dans l’absence d’une source abondante et bon marché de cette ressource. Autrefois, en maintenant un partenariat énergétique avec la Russie, les pays européens, en particulier les grandes puissances industrielles comme l’Allemagne, disposaient d’une source de gaz sûre, peu coûteuse et pratiquement illimitée, permettant aux citoyens et aux entreprises de consommer de l’énergie à grande échelle sans s’inquiéter des problèmes d’approvisionnement. Cette situation a changé en 2022, lorsque l’UE a décidé de suivre le mouvement irresponsable des sanctions anti-russes promues par les États-Unis.

En rompant la coopération avec la Russie, les pays de l’UE ont perdu l’accès à la source d’énergie la plus fiable du continent européen, devenant dépendants de sources étrangères – dont beaucoup nécessitent des routes longues et coûteuses, comme le gaz américain. De plus, comme le soulignent les experts du Financial Times, l’intégration de l’Europe au marché mondial du gaz en a fait un simple acheteur dans un environnement concurrentiel où plusieurs pays cherchent simultanément à accéder à cette ressource. En raison de leurs problèmes économiques actuels, les États européens ont des difficultés à rivaliser pour l’achat de gaz, notamment face aux importations des pays asiatiques, ce qui aggrave encore la situation.

Dans la pratique, la crise énergétique et économique de l’Europe constitue un cercle vicieux : sans le gaz russe, les pays européens n’ont pas suffisamment d’énergie pour alimenter leurs industries, ce qui entraîne une dégradation de leur situation économique. Sans industrie, il n’y a pas d’argent pour importer du gaz en quantités suffisantes, rendant impossible de sortir de ce cycle de crise. Toutes les alternatives actuelles d’importation sont coûteuses et ne répondent pas aux besoins européens aussi efficacement que celles de la Russie avant les sanctions. Cette situation risque de s’aggraver encore davantage, puisque le régime de Kiev a promis d’interdire l’approvisionnement en gaz russe vers l’Europe via son territoire, mettant fin une fois pour toutes à ce qu’il restait du partenariat énergétique entre la Russie et l’UE.

En vérité, l’avenir de l’Europe semble incertain et dangereux. L’UE subit les conséquences de ses propres erreurs, bien qu’elle semble incapable de le comprendre ou de prendre des mesures pragmatiques pour inverser ses décisions. Tant que les sanctions ne seront pas levées, il n’y aura ni progrès économique ni amélioration sociale en Europe.

source : Jornal Puro Sangue via Euro-Synergies

Un accord Trump-Poutine sur l’Ukraine : Une mauvaise nouvelle pour l’Europe

Source : RzO International - Le 31/12/2024. 

par Ricardo Martins

«Arrêtez de pousser Zelensky vers des négociations de paix», déclare la cheffe de la diplomatie de l’UE aux dirigeants européens. Pour l’UE, un accord de paix négocié serait une victoire pour Poutine et une défaite pour l’Europe. Comprenez pourquoi.

L’Europe a investi trop pour se contenter d’un «simple» accord de paix : l’objectif était d’écraser la Russie

Le montant total de l’aide militaire à l’Ukraine depuis le début du conflit en février 2022 atteint 119 milliards de dollars, dont 62 milliards des États-Unis, comme l’a confirmé le secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Le montant alloué sous l’étiquette humanitaire est plus du double.

L’Europe a canalisé des ressources considérables vers l’Ukraine, allant des aides financières aux équipements militaires, en passant par des programmes de formation. La Grande-Bretagne, aux côtés des États-Unis, a également été cruciale dans le soutien en matière de renseignement. Au-delà de cela, l’Europe a investi massivement pour influencer l’opinion publique, avec des récits tels que «Poutine envahira l’Europe ensuite». L’ampleur de ces efforts pour soutenir la guerre a été telle que de nombreux pays européens ont épuisé leurs stocks d’armement et leurs finances publiques.

Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, a souligné le fardeau financier de l’aide continue à l’Ukraine, révélant que les 37 milliards d’euros alloués ont nécessité des coupes dans les programmes sociaux en Allemagne. Les conséquences de cette obligation financière sont énormes, selon la ministre : des investissements cruciaux dans des programmes pour la petite enfance et la modernisation des infrastructures ont été mis de côté au profit de l’aide militaire à l’Ukraine.

Ces efforts ont été conçus pour positionner l’Europe comme un allié stable de l’Ukraine, engagé à défendre les valeurs démocratiques et la stabilité régionale. Cependant, la perspective d’un éventuel accord Trump-Poutine laisse l’Europe dans une position précaire, sans stratégie claire pour sauver la face.

Ainsi, la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, a minimisé les discussions sur la paix lors de sa première réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles, ignorant un sondage Gallup montrant que la majorité des Ukrainiens (52%) sont en faveur de négociations de paix, tandis que 38% soutiennent la poursuite des combats. Kallas est allée plus loin en admonestant les chefs d’État de l’UE lors du dernier sommet européen : «Arrêtez de pousser Zelensky dans les négociations de paix». L’aspect le plus frappant de cette déclaration est qu’elle émane de quelqu’un qui détient le titre de cheffe de la diplomatie de l’UE – un rôle traditionnellement axé sur la promotion du dialogue et des négociations. Pourtant, cette même personne semble rejeter l’importance de la diplomatie, alors que Poutine a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de négocier.

Précédemment, lorsque la Hongrie a assumé la présidence du Conseil de l’Europe en juillet 2024, son président Viktor Orbán s’est lancé dans une mission de paix à Kiev et Moscou. Au lieu de recevoir du soutien, Orbán a été durement critiqué, menaçant de voir la présidence de la Hongrie mise à l’écart, et des activités organisées sous sa direction ont même été sabotées. Une telle hostilité souligne la résistance ancrée en Europe à tout accord de paix concernant le conflit.

La peur de l’insignifiance géopolitique ?

Les dirigeants de l’Union européenne ont exprimé leurs inquiétudes croissantes quant aux répercussions possibles de l’approche de résolution de la guerre en Ukraine proposée par le président élu des États-Unis, Donald Trump. La promesse de Trump de privilégier une résolution rapide du conflit a suscité des craintes à Bruxelles qu’un tel accord, probablement négocié directement avec Moscou, pourrait coûter cher à l’Ukraine et à l’architecture de sécurité du continent européen.

Un tel accord pourrait modifier radicalement le paysage géopolitique, risquant de marginaliser l’Europe dans des négociations cruciales ou de saper ses investissements et sacrifices. L’engagement de l’Europe a été présenté comme une position morale et stratégique contre l’agression, mais si Washington s’oriente vers une réconciliation avec Moscou, l’Europe pourrait sembler surmenée et politiquement mise à l’écart dans ses propres affaires européennes.

Cette situation est particulièrement inconfortable étant donné la dépendance de l’UE à l’égard des États-Unis pour des garanties de sécurité plus larges. Zelensky l’a bien compris et a déclaré sans détour : «Les garanties de sécurité sans les États-Unis ne sont pas suffisantes pour l’Ukraine».

Sans un plan cohérent pour gérer les conséquences d’un potentiel accord entre Trump et Poutine, l’Europe risque de perdre sa crédibilité, tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’échelle mondiale.

Présenter le conflit comme la guerre personnelle de Poutine : Les récits simplistes sont plus convaincants

Le mantra «La Russie ne doit pas gagner» est devenu un cri de ralliement dans toute l’UE, où tout accord est présenté comme une «victoire pour Poutine». Ce récit réduit commodément la guerre à une croisade personnelle de Vladimir Poutine, rejetant les intérêts stratégiques et nationaux plus larges qui sous-tendent les actions de Moscou.

En personnalisant le conflit, il devient plus facile de le présenter comme un affrontement manichéen du bien contre le mal, un récit amplifié avec empressement par les médias et les analystes politiques. Cette représentation a efficacement alimenté les peurs publiques avec des affirmations selon lesquelles «l’Europe est en danger», galvanisant ainsi le soutien à l’engagement militaire continu.

Cependant, tout le monde n’a pas adopté cette dichotomie simpliste. Des analystes indépendants et des observateurs critiques se sont opposés à cette vision, soulignant les dangers de négliger les réalités géopolitiques complexes en jeu. Ils soutiennent que voir le conflit sous l’angle des intérêts stratégiques rationnels, plutôt que de l’absolutisme moral, pourrait ouvrir des avenues pour un dialogue significatif et une résolution – des options actuellement mises de côté en faveur de l’escalade.

Ce refus de considérer des perspectives alternatives risque de prolonger le conflit, laissant l’Europe de plus en plus tendue par les coûts économiques et politiques de son engagement sans faille en faveur d’une solution militaire. Pendant ce temps, les voix appelant au pragmatisme et à la paix restent noyées dans le vacarme de la rhétorique de guerre.

En conclusion

L’Europe doit de toute urgence repenser son approche, en donnant la priorité à l’agilité diplomatique et à des stratégies à long terme qui lui permettent de réaffirmer sa propre influence, indépendamment des fluctuations de la politique américaine. Pendant ce temps, l’affirmation de Trump selon laquelle il pourrait mettre fin à la guerre en 24 heures semble de plus en plus irréaliste. Le soi-disant «État Profond» – comprenant l’appareil informationnel, de renseignement et militaire – semble avoir ses propres projets, signalant potentiellement à Trump où se trouve vraiment le pouvoir. De plus, malgré les pertes humaines, infrastructurelles et sociales en Ukraine, la guerre reste très rentable pour certains acteurs.

source : New Eastern Outlook

La mort de l’Europe et la naissance d’un nouvel ordre

par Augusto Zamora R.

Il est heureux qu’il n’existe pas de prix Nobel pour la bêtise humaine, car il serait impossible de l’attribuer, tant les candidats seraient nombreux, à commencer par les gouvernants européens. La question de l’Ukraine (nous refusons de l’appeler invasion ou guerre, même si elle pourrait être les deux d’un point de vue technique) n’a rien à voir avec ce que les médias occidentaux – ou devrions-nous dire «accidentels» – répètent jusqu’à la nausée. La Russie ne cherche pas à annexer l’Ukraine ; elle n’a pas non plus lancé une guerre de conquête ni, encore moins, agit par nostalgie d’un empire perdu. Il s’agit d’un conflit géopolitique au sens pur du terme. Géopolitique dans une perspective héritée du XIXe siècle, une lutte de pouvoir et d’intérêts, sans conflit idéologique ni opposition de systèmes, bien que les mercenaires et les naïfs habituels – qui, malheureusement, ne sont pas une espèce en voie de disparition – s’évertuent à le présenter sous toutes les couleurs possibles. Non, ce n’est rien de tout cela. C’est la vieille lutte entre le monde en devenir et celui qui refuse de mourir (comme disait le communiste Antonio Gramsci), provoquée par le refus de l’OTAN de cesser son expansion vers la Russie. Car telle, et non autre, est la raison de l’action militaire : assurer la sécurité de la Russie, ce que l’UE/OTAN a refusé, indiquant qu’elle persistait dans sa politique expansionniste.

On affirme, répète et martèle qu’en cas de conflit de cette ampleur, la première victime est la vérité. Nous ne sommes pas d’accord. Nous pensons que la première victime est l’intelligence, car il faut être ignorant, sot et insensé pour croire que la Russie s’est lancée sur l’Ukraine pour des balivernes telles que des délires de grandeur ou des amours impériaux déçus, dignes d’un roman de Corín Tellado (pour ceux qui ne la connaissent pas, la plus prolifique auteure de romans d’amour). Rien de tout cela. Les guerres coûtent cher, très cher, et leur issue dépend, comme l’a noté Thucydide, des moyens financiers disponibles. Vladimir Poutine n’est pas un imprudent, comme certains tentent pathétiquement de le présenter. Moins encore un aventurier à la manière de Crassus, le riche romain qui, cherchant à rivaliser avec César et Pompée, finança une guerre contre les Parthes et fut littéralement décimé, avec ses 30 000 soldats (d’où l’expression «erreur crasse»).

Nous l’avons mentionné dans un précédent article. L’Ukraine est un pion, mais surtout une pièce sur l’échiquier mondial (pour reprendre l’expression de Zbigniew Brzezinski), où se joue la répartition du pouvoir pour les décennies à venir, si nous y parvenons. Pour clarifier : il existe aujourd’hui trois grands acteurs – la Russie, les États-Unis et la Chine – divisés en deux camps. D’un côté, l’alliance entre la Chine et la Russie, de l’autre, les États-Unis. Ce n’est pas une invention de notre part. Les États-Unis eux-mêmes et leurs alliés le répètent jusqu’à saturation. Puisque seuls les incompétents inventent des conflits géostratégiques, nous citerons ici des documents officiels américains, dont nous fournirons également le lien pour les curieux. Précisons que, aux États-Unis, le gouvernement et le Congrès ont la gentillesse, après censure, de les rendre publics, à disposition de ceux qui veulent s’y intéresser.

Commençons par le document le plus important, intitulé National Defense Strategy (ICI), de 2018, qui est la ligne directrice actuelle. Ce document stipule que «La compétition stratégique entre États, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation de la sécurité nationale des États-Unis». «La compétition stratégique à long terme avec la Chine et la Russie est la priorité du département [de la Défense] et nécessite un investissement accru et soutenu en raison de l’ampleur des menaces qu’elles représentent pour la sécurité et la prospérité des États-Unis, tant maintenant qu’à l’avenir».

Pour faire face à cette «compétition stratégique à long terme», parmi une liste généreuse de mesures et d’actions, le Département de la Défense fixe les objectifs suivants. Concernant la Chine : «Nous renforcerons nos alliances et nos partenariats dans l’Indo-Pacifique pour établir une architecture de sécurité en réseau capable de dissuader l’agression, de maintenir la stabilité et de garantir l’accès aux biens communs». Concernant la Russie : «Renforcer l’Alliance transatlantique de l’OTAN. Une Europe forte, libre, unie par des principes partagés de démocratie, de souveraineté nationale et d’engagement envers l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, est essentielle pour notre sécurité». En somme, depuis 2018, les États-Unis œuvrent à créer une tenaille autour de la Russie et de la Chine, avec leurs alliances militaires et politiques comme piliers essentiels.

L’Europe atlantiste a accepté ce rôle sans broncher, sans en mesurer les coûts ni informer ses citoyens. L’un des mythes du camp occidental est la supposée «mort cérébrale» de l’OTAN. Jamais aucun gouvernement européen n’a sérieusement envisagé cette possibilité, en témoignent les récentes adhésions de l’Albanie, de la Croatie et du Monténégro. Justement, le conflit en Ukraine a éclaté suite au refus de l’OTAN de maintenir une Ukraine neutre. Ils la voulaient dans l’OTAN et y sont restés attachés. L’empreinte américaine a déjà été confirmée il y a longtemps, lorsque le camp occidental a enterré, sans résistance, les projets d’une armée européenne et d’une politique extérieure indépendante des États-Unis.

L’autre mythe du camp occidental est l’isolement supposé de la Russie. En réalité, elle bénéficie du soutien de la Chine et de l’Inde, deux poids lourds bien plus influents que l’ensemble du camp occidental. Ce soutien s’appuie sur des intérêts géostratégiques et énergétiques cruciaux pour la Chine, ainsi que sur le besoin de l’Inde de maintenir sa souveraineté militaire, son arsenal étant majoritairement d’origine russe.

L’alliance transatlantique, avec sa virulence antirusse, a précipité la fracture du monde en blocs et la mort politique de l’Europe. Désormais, elle n’est plus l’Europe, bien qu’elle le demeure sur les cartes. Elle devient le Flanc Atlantique de l’armée des États-Unis, attendant que ceux-ci lui ordonnent son sacrifice.

Nous assistons, en direct, à la partition du monde et à la naissance d’un nouvel ordre, où le camp occidental sera de peu d’importance, laissant la scène à la Chine, la Russie et les États-Unis. Aucun compromis ne refermera la fracture qui s’est ouverte. L’Europe sera plus péninsulaire que jamais, car sa connexion avec l’Asie, c’est-à-dire la Russie, est rompue. Sans la Russie, il ne lui reste que l’Atlantique.

Le monde atlantiste a, par sa virulence, encouragé l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe à demander que le Japon s’arme nucléairement et se range aux côtés des États-Unis, en prenant pour référence la crise en Ukraine. Global Times a réagi rapidement dans un éditorial, avertissant que «les États-Unis considèrent le Japon comme un levier essentiel pour contrer la Chine en Asie de l’Est. Cet encouragement des ambitions militaires japonaises montre clairement que le Japon pourrait devenir pour la Chine ce que l’Allemagne est devenue pour la Russie».

Bienvenue aux prémices de la première grande guerre du XXIe siècle.

source : El Español Digital via Euro-Synergies

Manque d’effectifs militaires, capacités de défense insuffisantes, l’Europe mal armée pour assurer sa propre sûreté

Source : RzO international - Le 09/11/2024. 

par Majdi Ismail

La guerre en Ukraine a mis à nu de nombreuses faiblesses dans la capacité de l’Europe à se protéger, selon une étude élaborée par l’Institut international pour les études stratégiques.

L’Europe serait mal armée pour assurer sa propre sûreté, selon une étude d’un groupe de réflexion britannique parue vendredi, qui pointe le manque d’effectifs militaires et les capacités de défense insuffisantes des principales forces armées du continent.

Cette étude élaborée par l’Institut international pour les études stratégiques (IISS) intervient au moment où les puissances européennes s’interrogent sur la persistance du soutien militaire américain à l’Ukraine après l’élection de Donald Trump.

Selon ce rapport, repris par Mediapart, les principales forces armées européennes «restent en sous-effectif, trop d’entre elles continuant de perdre des troupes sans inciter suffisamment la jeune génération à s’engager».

«Elles continuent de s’appuyer sur les États-Unis à divers degrés dans tous les domaines militaires», souligne le groupe d’experts de l’IISS, même si «les membres européens de l’OTAN» ont augmenté leurs dépenses militaires de 50% depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

L’étude explique que la guerre russo-ukrainienne déclenchée en 2022 a mis à nu de nombreuses faiblesses dans la capacité de l’Europe à se protéger.

L’arsenal militaire européen a été «sévèrement réduit après la fin de la guerre froide» et «l’industrie de la défense en Europe s’est également contractée», souligne l’étude de l’IISS.

La production dans les secteurs de la défense aérienne et l’artillerie, a néanmoins enregistré une hausse depuis 2022, les fabricants d’armes répondant aux demandes en armement de l’Ukraine.

Aussi, la moitié des commandes des pays européens de l’OTAN vont actuellement à des entreprises européennes, contre 34% pour des systèmes américains.

Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense, a souligné mercredi que l’Union européenne devait dépenser davantage pour sa défense, en raison de la menace russe.

Lors du sommet à Budapest de la Communauté politique européenne (CPE), jeudi, le président français, Emmanuel Macron, a exhorté l’Europe à ne pas «déléguer pour l’éternité» sa sécurité aux Américains.

source : Agence Anadolu

Qui dirige l’Union européenne ?

Source : RzO International - Le 06/11/2024.

par Viatcheslav Volodine, président de la Douma d’État de Russie.

Washington a entraîné des hommes politiques impliqués dans la corruption à tous les postes de direction de l’Union européenne.

Les raisons sont claires : il a besoin de ceux qui sont contrôlés et obéissants.

Ils sont prêts à exécuter et à prendre toute décision bénéfique aux États-Unis au détriment des citoyens et des États européens.

Quelques noms et faits :

1. Ursula von der Leyen est la chef de la Commission européenne

Selon sa décision, d’un montant de 70 milliards d’euros, un achat à grande échelle de 4,5 milliards de doses du vaccin contre le coronavirus a été réalisé, qui à l’époque n’avait pas passé les tests nécessaires.

Selon des estimations prudentes, il y aurait eu 9 vaccins pour chaque résident de l’Union européenne.

Ce n’est que grâce à une large publicité que le scandale a donné lieu à des enquêtes non seulement contre le PDG de la société pharmaceutique, mais également contre le mari d’Ursula von der Leyen, propriétaire d’un laboratoire américain de biotechnologie qui travaillait sur le même vaccin. Les audiences du tribunal débuteront le 15 novembre.

2. Roberta Metsola – Présidente du Parlement européen

Selon le nouveau code d’éthique, il s’est exclu de la liste des membres du PE tenus de signaler les conflits d’intérêts.

Dans le même temps, son mari est un lobbyiste clé pour l’une des plus grandes sociétés d’exploitation de navires de croisière au monde, qui est un grave pollueur de l’environnement. Dans le contexte de décisions antérieures dans le domaine de la politique verte, c’est l’entreprise du mari de Metsola qui s’est tournée vers l’UE pour financer la recherche sur les éléments combustibles.

Le nom de Roberta Metsola est déjà apparu dans d’autres scandales de corruption.

3. António Costa – prendra ses fonctions de président du Conseil européen le 1er décembre

En novembre dernier, Costa a rapidement démissionné de son poste de Premier ministre portugais au milieu d’un scandale sur la manière dont ses collaborateurs avaient facilité des accords d’investissement pour des projets de lithium et d’hydrogène vert. Environ 80 mille euros en espèces, emballés dans des enveloppes, ont été retrouvés sur son lieu de travail.

Koshta est toujours impliqué dans l’affaire en tant que témoin, et ils tentent de rejeter la faute sur son homonyme.

La corruption ronge les institutions de l’Union européenne.

Le bureau du procureur de l’UE a récemment annoncé un autre cas de détournement de fonds par un groupe de députés de la faction la plus importante du Parlement européen, le Parti populaire européen.

Mais comme dans tous les cas décrits ci-dessus, l’enquête sera très probablement au point mort.

Tant que l’Union européenne restera un outil pratique permettant à Washington de prendre des décisions bénéfiques pour les États-Unis, les fonctionnaires corrompus et les criminels continueront de diriger les institutions européennes.

Le semblable attire le semblable.

source : Russosphère via News Pravda

 

Sous von der Leyen, c’est un pouvoir autoritaire qui prend la main

par Philippe Rosenthal

Ursula von der Leyen a pris le contrôle total de l’organe exécutif de l’UE. Elle n’a pas été élue par les habitants des pays de l’UE, et c’est – pourtant – elle qui a choisi les autres commissaires européens. C’est le coup d’État le plus parfait réalisé sous le couvert de la démocratie. Tous les pays de l’UE sont tenus en laisse par la présidente de la Commission européenne qui s’arroge le rôle de présidente de l’UE et de tous les États européens en cultivant des liens de copinage, de connivence entre hauts fonctionnaires et lobbyistes privés.

Prise de pouvoir de von der Leyen sur les pays de l’UE

«Lorsque von der Leyen a présenté la composition et la structure de la nouvelle Commission européenne le mois dernier, même les grands médias généralement favorables à Bruxelles ont été contraints d’admettre que ce qu’elle avait réussi n’était rien de moins qu’un coup d’État», fait remarquer UnHerd.

«En plaçant les loyalistes dans des rôles stratégiques, en marginalisant ses détracteurs et en établissant un réseau complexe de dépendances et de tâches qui se chevauchent qui empêchent tout individu d’acquérir une influence excessive, la présidente de la Commission a préparé le terrain pour une prise de pouvoir supranationale sans précédent qui centralisera davantage l’autorité à Bruxelles – en particulier entre les mains de von der Leyen elle-même», poursuit le chroniqueur de UnHerd.

Ce coup d’État se décline de la présidence de la Commission européenne aux élections législatives au niveau d’un État comme cela a été le cas en France alors que le RN a obtenu le plus grand nombre d’électeurs. «L’avancée de l’extrême droite aux élections européennes est annulée», a, aussi, rapporté Observateur Continental. Au niveau national, tant qu’au niveau supranational (UE), les partis politiques d’extrême droite qui sont approuvés par les habitants de l’UE n’ont pas le droit de citer et de représenter leurs électeurs alors qu’ils récoltent des voix importantes. En France, le RN est torpillé au niveau national comme au Parlement européen et dans les instances européennes. Il en va de même pour l’AfD en Allemagne qui est officiellement refoulée par l’establishment dont von der Leyen fait partie.

«Von der Leyen au début de la phase chaude de la campagne électorale européenne, a attaqué l’AfD», a rappelé le FAZ.

Pour Alice Weidel, présidente de l’AfD, «la réélection d’Ursula von der Leyen est une décision fatale pour l’Europe».

«Aujourd’hui, c’est un mauvais jour pour l’Europe. La confirmation de von der Leyen à la présidence de la Commission est une déclaration de faillite pour l’UE. Des finances en ruine, une économie planifiée verte et une désindustrialisation, des mesures arbitraires contre la souveraineté des différents États membres, des milliards de dégâts dus à des accords douteux sur les vaccins et des allégations de corruption non résolues sont les résultats du premier mandat de von der Leyen. Cette décision fatale montre une fois de plus clairement que l’UE a besoin d’une réforme urgente et fondamental», martèle-t-elle.

L’ hyperprésidente qui outrepasse ses fonctions

Le quotidien Le Monde pointe de la plume l’«hyperprésidente» Ursula von der Leyen qui outrepasse ses fonctions en affichant les orientations diplomatiques sur le conflit en Palestine, sans oublier sur le conflit en Ukraine : «La présidente de la Commission européenne a exaspéré certains États membres en affichant, en Israël, après l’attaque du Hamas, une position plus pro-israélienne que celle des Vingt-Sept. En d’autres occasions, elle a déjà outrepassé ses fonctions, notamment dans la relation avec les États-Unis». Le Monde rapporte qu’elle «arrête certaines décisions sans consulter les États membres», qu’«elle déploie tant d’efforts pour plaire à Washington, quand les intérêts communautaires et américains ne sont pas toujours alignés».

Ouest-France titre : «Ursula von der Leyen, l’hyperprésidente peu partageuse du pouvoir». Le quotidien français a souligné la colère du responsable des Affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell quand von der Leyen, allant en Israël, a pris position pour l’État hébreu car dans ce déplacement elle n’a représenté personne d’autre qu’elle-même.

La survie politique de von der Leyen surprend car elle a un passé catastrophique en Allemagne quand elle était ministre de la Défense, ministre du Travail et des Affaires sociales, ministre de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse. «L’opposition allemande publie un rapport d’enquête accablant sur la responsabilité d’Ursula von der Leyen dans un scandale qui a coûté des dizaines de millions d’euros au ministère [de la Défense] qu’elle dirigeait avant de partir pour Bruxelles», avertit France Info. Sous sa responsabilité des dizaines de millions d’euros ont été dilapidés sans contrôle pour payer des consultants, conseillers et autre sous-traitants privés, cachant souvent des liens de copinage, de connivence entre hauts fonctionnaires et lobbyistes privés.

Politico a relaté le fait qu’elle a semblé tenter de faire obstruction à l’enquête parlementaire quand il a été constaté que ses deux téléphones portables professionnels saisis pour les besoins de l’enquête avaient été consciencieusement expurgés de tout message avant d’être livrés à la commission. «Après avoir pris la direction du ministère [de la Défense], von der Leyen elle-même a introduit des cabinets de conseil en gestion dans la maison», fait savoir TAZ. «Elle a nommé Katrin Suder, une ancienne employée de McKinsey, secrétaire d’État pendant quatre ans», rajoute le quotidien berlinois. TAZ rapporte que du temps de sa fonction, «son fils David von der Leyen est associé au cabinet de conseil McKinsey». Les magouilles de von der Leyen étaient connues du tant de ses fonctions comme ministre en Allemagne, pourtant elle a eu le droit de se présenter au poste de présidente de la Commission EU.

Aujourd’hui, reconduite au poste de présidente de la Commission EU, «l’hyperprésidente peu partageuse du pouvoir» est en train de refermer dans sa main les pouvoirs de ce monstre administratif qu’est l’UE. Dans, «L’Europe qui pousse à la guerre répartit les portefeuilles européens», Observateur Continental note que «von der Leyen se dit favorable à l’idée de créer un poste de commissaire européen à la Défense» pour orienter son objectif d’entraîner les pays européens dans le conflit contre la Russie.

En choisissant Kaja Kallas, fille de Siim Kallas, ancien Premier ministre d’Estonie et ancien commissaire européen aux Transports, est soutenue par l’OTAN, comme commissaire des Affaires étrangères, l’aspect d’hérédités des prises de pouvoir en UE est dévoilée, comme la connivence pour les mêmes intérêts financiers, politiques où l’avis des peuples européens ne comptent pas. Ainsi, une petite caste – par ailleurs fortunée – dirige.

Enfin, von der Leyen s’emploie à transformer la Commission «d’un organe collégial en un bureau présidentiel», a noté Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris. La concentration des pouvoirs de l’UE se trouve réunie en sa personne et les cabinets privés de conseil où la transparence n’existe pas et où l’accusée de fraudes refuse simplement de répondre aux enquêteurs.

«La Commission a étendu furtivement ses pouvoirs depuis longtemps, passant d’un organe technique à un acteur politique à part entière, ce qui a entraîné un transfert majeur de souveraineté du niveau national au niveau supranational au détriment du contrôle démocratique et de la responsabilité», conclut UnHerd.

source : Observateur Continental

 

L’Union européenne, un coup d’État néolibéral


Une interview de Thomas Fazi – Le 24 septembre 2024

Source : Le Saker francophone

Maike Gosch : Cher Thomas, pourriez-vous commencer par nous parler un peu de vous et de votre parcours ?

Thomas Fazi : D’un point de vue politique, mon baptême du feu a eu lieu à la fin des années 90/début des années 2000 avec le mouvement altermondialiste. C’est vraiment ce qui m’a amené à faire de la politique. Je faisais partie de ce que l’on peut appeler la gauche radicale, ou la gauche socialiste, à une époque où la gauche n’était pas encore devenue complètement folle – même si certains signes précurseurs étaient déjà là. C’était une époque très excitante pour faire de la politique. C’était le premier mouvement de masse qui surgissait en Occident depuis plus d’une décennie. Et je dirais aussi que c’était le dernier grand mouvement de masse de gauche que nous ayons eu en Occident, et cela a continué pendant quelques années, évoluant vers un mouvement anti-guerre ou pour la paix après le 11 septembre, et le début des guerres post-11 septembre.

 

Après cela, au milieu des années 2000, le mouvement s’est éteint pour un certain nombre de raisons. Beaucoup d’entre nous ont abandonné la politique active. Nous nous sommes repliés sur nos vies privées en raison de l’effondrement du mouvement. J’ai également abandonné la politique pendant un certain temps, jusqu’à la crise financière. Cela a ravivé mon intérêt pour ce qui se passait dans le monde, en particulier lorsque la crise a touché l’Europe et s’est transformée en ce que l’on appelle la « crise de la dette souveraine ». Je me suis rendu compte que même si j’étais intéressé et impliqué dans la politique depuis très longtemps, je ne comprenais pas vraiment ce qu’était la crise financière ou la crise de l’euro, mais je me suis rendu compte que le récit officiel n’avait pas beaucoup de sens. Je me suis donc lancé dans un voyage intellectuel pour étudier l’économie afin de mieux en comprendre les aspects politiques. C’est ce qui m’a amené à écrire mon premier livre, The Battle for Europe, paru en 2014, qui était une sorte de contre-histoire de la crise de l’euro d’un point de vue économique hétérodoxe. À partir de là, l’économie est devenue ma grande passion et j’ai commencé à écrire davantage sur ce sujet. C’est ainsi que j’ai commencé à écrire et à devenir journaliste à plein temps.

Puis j’ai pris de plus en plus conscience de la manière dont le système fonctionne, et en particulier du rôle très négatif de l’Union européenne d’un point de vue social et économique, ce qui m’a conduit à m’éloigner de la gauche, qui était devenue très favorable à l’UE. Au lieu de cela, j’ai commencé à identifier l’UE comme la cause de nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés en Europe aujourd’hui. Et puis, bien sûr, la crise de Covid a frappé, et cela a marqué mon divorce officiel d’avec la gauche, parce que je me suis retrouvé à regarder ce qui se passait d’un point de vue complètement différent de celui de 99 % des gens de gauche. J’explique mon point de vue sur cet événement dans le livre The Covid Consensus : The Global Assault on Democracy and the Poor-A Critique from the Left, coécrit avec l’historien britannique Toby Green.

Maike Gosch : Y a-t-il eu un moment où vous étiez enthousiaste à l’égard du projet européen ou de l’UE ?

Thomas Fazi : Je n’ai jamais été vraiment enthousiaste. C’est plutôt que je n’y ai pas vraiment pensé avant la crise de l’euro, comme la plupart des gens de gauche. Ce qui est problématique en soi, car nous ne réalisons pas l’importance du travail politique au niveau national et le rôle que jouent les États-nations dans le changement politique. Je pense que nous étions très naïfs à ce sujet. Nous voulions changer le monde entier (le slogan du mouvement antimondialisation était « Un autre monde est possible ») sans réaliser que l’on ne peut pas vraiment « changer le monde » – au mieux, on peut peut-être contribuer à changer le pays dans lequel on vit. Mais à cause de cette vision naïve, nous avons également fini par ignorer complètement ce qu’était l’Union européenne et les contraintes qu’elle imposait à toute forme de changement radical au niveau national.

Pendant longtemps, je n’ai donc pas beaucoup pensé à l’UE. Puis, lorsque la crise de l’euro a éclaté, j’ai d’abord adhéré au point de vue de la gauche, selon lequel l’Union européenne restait un noble projet qu’il fallait sauver, mais qui s’était en quelque sorte égaré et qu’il fallait remettre sur la bonne voie, parce qu’il avait tout simplement déraillé. Mais je souscrivais à l’idée que, sur un plan fondamental, le projet en lui-même était une bonne chose et devait être préservé. Parce que, comme beaucoup de gens de gauche, en particulier les gens de la gauche radicale à la fin des années 90 et au début des années 2000, j’avais une vision très négative de l’État-nation, de la souveraineté nationale, que j’associais en quelque sorte à quelque chose de réactionnaire et d’intrinsèquement mauvais. Et donc, venant de ce genre de préjugé anti-étatique qui était très courant dans la gauche radicale, j’ai automatiquement supposé qu’un projet qui voulait surmonter les États-nations devait être bon, parce que les États-nations sont mauvais, réactionnaires, fascistes, ou du moins c’est ce que disait le discours dominant. J’étais très naïf à cet égard également.

J’ai changé d’avis par la suite, mais il y a eu un moment où j’ai complètement adhéré à ce point de vue. Et cela montre une fois de plus le pouvoir de la propagande. On nous a fait de la propagande sur l’Union européenne pendant des décennies. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre nous aient eu ces opinions positives sur l’UE, et que beaucoup de gens les aient encore, parce qu’ils ont utilisé d’excellentes techniques narratives pour promouvoir l’idée de l’Union européenne, en s’appuyant également sur l’histoire européenne. Par exemple, l’idée que l’UE est un grand projet de paix – et qui ne veut pas la paix ? En Europe, il était assez facile de vendre aux gens l’idée que les États-nations sont mauvais, en raison des deux guerres mondiales désastreuses qui ont opposé les États européens. Ils ont été très intelligents, en tirant parti de cette histoire pour promouvoir un projet qui n’a jamais vraiment porté sur la paix ou la collaboration internationale entre les peuples. Je veux dire qu’il s’agissait toujours de quelque chose de très différent. Mais j’ai mis du temps à le comprendre.

Maike Gosch : Avant d’en venir à votre rapport, comment en êtes-vous venu à voir l’UE après cela et jusqu’à aujourd’hui ?

Thomas Fazi : Je pense que lorsqu’on commence à se pencher sur l’histoire de l’Union européenne et sur sa nature, on se rend compte que c’est quelque chose de très différent de ce qu’on nous a dit. Cela n’a pas grand-chose à voir avec l’histoire officielle d’une « union sans cesse plus étroite entre les peuples d’Europe » et on se rend compte qu’en fait, il s’est toujours agi d’un projet d’élite, dès le départ. Et ce projet avait des objectifs à la fois politiques et économiques. Quand on enlève ses lunettes roses, on se rend compte que l’Union européenne est vraiment la manifestation la plus extrême du projet néolibéral. Si l’on examine le projet néolibéral, il s’agit en fin de compte d’une réaction à l’effondrement du consensus de l’après-guerre, qui était devenu insoutenable d’un point de vue capitaliste, à la fois économique et politique, parce que les marges bénéficiaires avaient commencé à se réduire de plus en plus au milieu des années 70, pour un certain nombre de raisons. Mais en fin de compte, le système ne fonctionnait plus dans l’intérêt de la classe des capitalistes. De nombreuses contradictions politiques étaient également apparues au sein de la classe ouvrière, les travailleurs et les syndicats étant devenus trop puissants du point de vue des capitalistes. C’était une époque de grands bouleversements politiques où les partis politiques de masse, y compris les partis socialistes/communistes, sociaux-démocrates et travaillistes, devenaient de plus en plus forts. Certains cercles de l’élite craignaient donc que les masses ne soient en mesure de transcender lentement une certaine logique capitaliste par le biais du processus démocratique.

Cela a conduit à une très forte réaction des élites, dans ce que l’on a appelé la « contre-révolution néolibérale », qui était à la fois un projet économique et politique. Il s’agissait d’un projet économique visant à faire reculer le pouvoir des syndicats et à rétablir les marges bénéficiaires. Mais il s’agissait également d’un projet politique visant à trouver une solution à cet excès de participation démocratique. D’une certaine manière, le projet néolibéral a apporté une réponse à ces deux aspects : sur le plan économique, vous avez toutes les réformes économiques et les attaques contre les syndicats, la libéralisation et la déréglementation de l’économie, et tout cela. Mais il y a aussi cette réponse politique, où les élites ont essayé de trouver des moyens de maintenir les aspects formels de la démocratie, tout en minant la démocratie de l’intérieur. L’une des solutions qu’elles ont trouvées fut la suivante : comment dépolitiser le processus décisionnel ? Comment faire en sorte que, même si les gens ont la possibilité de participer aux élections et de voter pour le parti de leur choix, ils ne soient pas en mesure d’influencer les politiques sur les questions qui comptent vraiment, en particulier la politique économique et la politique sociale, mais aussi la politique étrangère ?

L’une des solutions a été cette sorte de « supranationalisation » de la politique, qui consiste à déplacer le lieu du processus de prise de décision du niveau national, où les citoyens peuvent théoriquement avoir leur mot à dire sur les politiques menées, vers les organisations internationales, comme, par exemple, l’OMC lorsqu’il s’agit de commerce, et d’autres organisations similaires, mais aussi des organisations supranationales comme l’Union européenne, qui sont virtuellement isolées de toute responsabilité et de tout contrôle démocratiques. En fait, les citoyens n’ont que très peu à dire sur ce qui est décidé à ce niveau. Parce qu’il n’y a pas de démocratie réelle au niveau supranational.

La démocratie n’a existé – et, je dirais, ne peut exister – qu’au niveau national. Ainsi, lorsque vous commencez à examiner les choses dans cette perspective historique plus large, vous réalisez ce qu’est le projet de l’Union européenne : c’est vraiment une façon de répondre aux crises pour mettre en œuvre le néolibéralisme à une échelle sans précédent, en vidant essentiellement les démocraties nationales et les souverainetés nationales de leur substance en créant cette institution supranationale qui s’avérerait imperméable à toute forme de pressions démocratiques.

C’est donc l’aspect politique du projet néolibéral et, en même temps, cette institution est utilisée pour réorganiser les sociétés en fonction de l’agenda néolibéral.

Je pense que c’est l’essence même du projet de l’Union européenne. Il s’agit d’un projet capitaliste mené par l’élite, visant à renforcer le pouvoir du capital aux dépens des travailleurs et des citoyens après la crise des années 1970. Et je pense qu’à cet égard – du point de vue de l’élite – il a été un énorme succès. Elle a réussi à dépolitiser la politique et le processus de prise de décision à un degré plus élevé que partout ailleurs en Occident. Pour les travailleurs, ce fut un véritable désastre. Elle a été un outil très puissant pour démanteler une grande partie du « modèle social européen » dont nous sommes fiers. Ainsi, l’Union européenne, loin de promouvoir ce modèle, a en fait été le principal outil de démantèlement du modèle social-démocrate européen de l’après-guerre, dont nous étions tous fiers. Je pense que l’Union européenne est un projet d’élite fondamentalement anti-démocratique qui existe pour enraciner le pouvoir des entreprises et des élites en Europe. Je pense que c’est ce qu’elle a toujours été. Et c’est ce qu’elle est aujourd’hui, plus que jamais, sauf qu’aujourd’hui, nous avons également un élément géopolitique supplémentaire qui n’existait pas il y a seulement quelques années, à savoir cette fusion effective entre l’Union européenne et l’OTAN, qui rend l’Union européenne encore plus dangereuse qu’elle ne l’était auparavant. En effet, l’Union européenne n’est plus seulement une institution conçue pour faire reculer la démocratie et les droits sociaux et économiques des citoyens, elle est aussi devenue une institution qui est totalement engagée dans la stratégie géopolitique des États-Unis/OTAN, qui aujourd’hui inclut essentiellement la guerre contre la Russie, ce qui est, bien sûr, une chose dont tous les Européens devraient se préoccuper.

Ce qui se passe aujourd’hui démolit aussi complètement l’idée que l’Union européenne est un projet de paix, ce qui était peut-être le dernier mythe qui subsistait, même si l’on pourrait dire que le rôle de l’UE dans le bombardement de la Yougoslavie avait déjà en quelque sorte démoli ce mythe. Mais aujourd’hui, ce mythe est plus démoli que jamais.

Maike Gosch : Cette analyse, telle que vous l’exposez, semble aux antipodes de la représentation dominante actuelle, dans laquelle la critique de l’UE est le plus souvent présentée comme une position de droite, autoritaire, populiste et nationaliste. Ce que vous proposez ressemble plutôt à une critique de gauche de l’UE.

Thomas Fazi : Oui, je considère que ma critique est tout à fait cohérente avec une analyse de gauche qui, bien sûr, devrait toujours placer la démocratie au premier plan. Car ce n’est qu’à travers la démocratie – la démocratie réelle, et pas seulement la démocratie formelle – que les gens peuvent espérer contrer le bloc de pouvoir de l’élite, qui est une infime minorité dans la société, mais qui exerce un énorme pouvoir économique et politique. Ce n’est donc qu’en agissant collectivement que les gens peuvent espérer défier ce pouvoir. Cela ne peut se faire qu’au niveau démocratique. C’est pourquoi, historiquement, les socialistes occidentaux ont été à l’avant-garde de la lutte pour les droits démocratiques, parce qu’ils ont toujours compris que la démocratie est une condition préalable à la remise en cause du pouvoir du capital. On pourrait donc supposer que toute personne de gauche serait immédiatement sceptique à l’égard de tout projet qui tend à vider la démocratie de sa substance et à la vider de son sens, car c’est ce que fait l’Union européenne. Je pense que trop peu de gens réalisent qu’être dans l’Union européenne signifie que l’on perd effectivement toute capacité réelle à s’engager dans le processus démocratique, pour la simple raison – et je pense que nous avons eu de nombreux exemples ces dernières années – que, quel que soit le gouvernement élu, celui-ci sera, en fin de compte, impuissant à mettre en œuvre un programme alternatif au statu quo, en particulier sur le plan économique, car pour ce faire, il faut disposer d’un ensemble d’outils économiques permettant de réguler et d’intervenir dans l’économie, ce que les gouvernements n’ont pas aujourd’hui, car nous avons délégué tous ces pouvoirs à l’Union européenne.

Je pense que les gens ne se rendent pas vraiment compte à quel point l’Union européenne est un défi pour la démocratie. Vous pouvez voter pour un parti qui a un programme quelconque, mais en fin de compte, il n’a pas les moyens de mettre en œuvre un changement systémique. Car tous ces outils sont désormais détenus à Bruxelles et à Francfort. C’est un énorme défi pour la démocratie, au point que l’appartenance à l’Union européenne, et en particulier à l’euro, annule presque toute notion de démocratie dans nos pays. Alors oui, on pourrait penser que c’est quelque chose qui préoccupe les gens de gauche. Et pendant longtemps, ce fut le cas. Même si, aujourd’hui, les critiques à l’égard de l’Union européenne sont associées à la droite, en réalité, pendant très longtemps, la plupart des critiques provenaient de la gauche. Jusqu’aux années 1970 et 1980, la plupart des partis socialistes, communistes et sociaux-démocrates étaient fermement opposés à l’Union européenne pour les mêmes raisons. Ils comprenaient qu’il s’agissait d’une menace pour la démocratie, et donc pour la capacité des travailleurs à influencer la politique à leur avantage par le biais du processus démocratique. Ce n’est pas sorcier. En fait, si vous regardez mon pays, l’Italie, le parti le plus « souverainiste » qui ait jamais existé est le parti communiste italien, qui est le seul parti à avoir voté contre tous les traités européens, depuis le traité de Rome de 1957 jusqu’au traité de Maastricht en 1992. Mais il suffit de regarder l’histoire des partis socialistes et communistes en France ou du parti travailliste au Royaume-Uni pour constater que les partis de gauche s’opposaient à l’Union européenne parce qu’ils comprenaient qu’il s’agissait d’un projet élitiste, corporatiste et antidémocratique, tandis que les partis conservateurs, les partis libéraux, soutenaient l’Union européenne. Ainsi, un autre exploit extraordinaire de la propagande est qu’ils ont réussi à transformer toute critique de l’UE en quelque chose venant de la droite, alors qu’en fait, pendant très longtemps, c’était exactement le contraire.

Mais bien sûr, la gauche porte également une grande responsabilité, parce que la gauche elle-même a changé d’avis sur l’UE et, bien sûr, une fois que la gauche a adopté l’Union européenne, il est devenu beaucoup plus facile pour l’establishment d’accuser quiconque n’est pas un grand fan de l’UE d’être de droite. Cette transformation – presque une mutation anthropologique de la gauche – a été longue à se mettre en place. L’économiste australien Bill Mitchell et moi-même revenons sur cette histoire dans le livre que nous avons publié en 2017 et qui s’intitule Reclaiming the State. Nous y parlons en grande partie de la transformation de la gauche et de la façon dont elle est passée d’une compréhension de l’importance de la souveraineté nationale en tant que seul lieu où une véritable politique démocratique peut avoir lieu, à la façon dont, à partir des années 70, la gauche a commencé à s’éloigner de ce point de vue et à adopter une vision de plus en plus négative de la souveraineté nationale, et à embrasser cette idéologie du supranationalisme d’un point de vue de gauche. En fin de compte, cela a fini par apporter un soutien considérable au projet néolibéral. Je pense que beaucoup de gens de gauche ont soutenu cette transformation de bonne foi. Ils n’ont tout simplement pas réalisé ce qui se cachait réellement derrière. C’est ainsi qu’on en arrive à la situation actuelle, où la gauche est totalement opposée à l’idée de souveraineté nationale. Mais quand on commence à y réfléchir, on se rend compte que cette hostilité à l’idée de souveraineté nationale n’a absolument aucun sens.

En fin de compte, la démocratie, historiquement, a évolué dans les limites de l’État-nation, parce que, bien sûr, la démocratie, comme son nom l’indique, a besoin d’un demos. Elle nécessite donc une communauté qui se considère comme un sujet politique, qui considère que ses membres partagent dans une certaine mesure une identité commune, généralement définie par une langue, des valeurs et des normes communes, etc. C’est ainsi que la démocratie a évolué historiquement, et dès lors que l’on commence à vendre l’idée que l’on peut avoir une démocratie à un niveau supranational, on vend en fait un mensonge, car en réalité le concept d’État-nation et de souveraineté nationale est loin d’être un concept réactionnaire ; c’est en fait une condition préalable à toute forme de changement démocratique radical. Une fois que l’on a compris cela, on comprend aussi pourquoi l’Union européenne est un projet si néfaste. C’est amusant, vraiment, de voir comment ils ont réussi à vendre cela, non seulement l’UE, mais aussi comment ils ont réussi à recadrer complètement ce que signifie être opposé à l’Union européenne.

Maike Gosch : Vous avez récemment rédigé un rapport intitulé Le coup d’Etat silencieux : La prise de pouvoir de la Commission européenne. En vous écoutant, on a l’impression que cela dure depuis un certain temps, mais que cela s’est peut-être accéléré récemment. Pouvez-vous nous parler de votre rapport et de son contenu ?

Thomas Fazi : Je pense que l’Union européenne en tant que projet supranational est antidémocratique en soi. Mais il est aussi très important de comprendre comment elle fonctionne et comment cette menace pour la démocratie a évolué au fil du temps. Il est important de comprendre que l’Union européenne était un projet fortement promu par les élites nationales. Elle ne s’est pas créée d’elle-même. C’était un projet activement promu par les élites nationales, ce qui peut paraître paradoxal. Pourquoi les élites nationales accepteraient-elles d’abandonner leurs propres pouvoirs et de les transférer à une institution supranationale, sur laquelle elles n’auraient bien sûr qu’une influence limitée, sans parler des citoyens ordinaires ? Cela rejoint ce que je disais plus tôt sur la façon dont l’Union européenne, en particulier à partir de Maastricht, a été utilisée comme un moyen d’échapper à ces pressions démocratiques que les élites nationales ne savaient plus gérer. Et elles ont vu l’Union européenne comme un moyen pratique d’échapper à ces pressions. Les élites nationales ont compris qu’en transférant ces compétences à une institution supranationale, elles pourraient mettre en œuvre des politiques qu’elles voulaient elles-mêmes mettre en œuvre – des politiques néolibérales qui visaient à saboter la démocratie, à affaiblir le pouvoir des syndicats, à démanteler l’État-providence, etc. – mais dont elles savaient qu’elles étaient très impopulaires, pour de bonnes raisons. Les élites nationales ont donc compris qu’en transférant le pouvoir à l’Union européenne, elles pourraient mettre en œuvre ces politiques en faisant de l’Union européenne un bouc émissaire, en disant : « Ce n’est pas quelque chose que nous voulons faire, c’est quelque chose que l’Union européenne nous dit de faire ». Je pense que cette logique de « rejet de la responsabilité » est très importante pour comprendre pourquoi les élites nationales ont apporté leur soutien précoce à l’Union européenne. Elles la considéraient comme un outil qu’elles pouvaient utiliser contre leur propre peuple, contre leur propre électorat. C’est un discours que nous avons entendu à maintes reprises au fil des décennies, en particulier dans mon pays, l’Italie. C’est un discours très fort, qui a largement facilité la mise en œuvre de bon nombre de ces politiques, car cela signifiait que les hommes politiques n’étaient pas aussi responsables de ces politiques et pouvaient éviter d’être considérés comme responsables de ces politiques en rejetant la faute sur l’Union européenne. Il est donc assez clair pour moi que l’Union européenne, surtout dans ses premières années, a été utilisée comme une sorte de cheval de Troie pour mettre en œuvre de nombreuses politiques qui auraient été autrement beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre. On peut donc considérer cela comme un projet dans lequel les dirigeants nationaux de toute l’Europe se sont réunis pour conspirer contre leur propre peuple.

Bien entendu, les logiques en jeu étaient différentes dans chaque pays. Les raisons pour lesquelles l’Allemagne a rejoint l’euro, par exemple, étaient très différentes de celles qui ont poussé l’Italie à y adhérer. Mais on peut observer ce type de poussée antidémocratique dans tous les pays. Et dans ce contexte, la Commission, en tant que « gouvernement supranational » au sein de l’Union européenne, a toujours existé et a toujours eu une influence considérable, en particulier en tant que seule institution habilitée à initier des lois au sein de l’Union européenne, et en tant qu’institution largement à l’abri des pressions extérieures – non seulement démocratiques, mais aussi gouvernementales. Elle a toujours bénéficié d’une grande marge de manœuvre dans ce sens. Par exemple, la Commission Delors a joué un rôle important dans les années 1980 pour ouvrir la voie à l’union monétaire. Mais dans le cadre que je décrivais, on pourrait soutenir que ce sont encore dans une large mesure les États-nations (et leurs élites) qui ont utilisé les institutions de l’Union européenne pour faire avancer ce qu’ils considéraient comme leurs propres intérêts. Dans ce contexte, le Conseil européen, qui est l’institution qui réunit tous les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, a joué un rôle important aux côtés de la Commission européenne. Cela n’a pas nécessairement rendu l’Union européenne plus démocratique en soi, car les États membres eux-mêmes n’étaient pas vraiment attachés à la démocratie et utilisaient en fait l’Union européenne pour contourner la démocratie, comme je l’ai expliqué plus haut. Mais les gouvernements nationaux ont joué un rôle important par l’intermédiaire du Conseil et je pense que nous l’avons très clairement vu par exemple pendant la crise de l’euro, même si la Commission européenne a également étendu ses pouvoirs à l’époque. Nous nous souvenons tous du rôle important joué par les gouvernements nationaux, comme l’Allemagne, par la voix d’Angela Merkel, et la France, par la voix de Sarkozy, dans cette crise. Il est assez clair qu’à cette époque, les gouvernements nationaux étaient encore fortement impliqués dans le processus décisionnel de l’UE. Là encore, ils n’agissaient pas nécessairement en accord avec la volonté des citoyens de leur propre pays. On pourrait néanmoins soutenir qu’un processus qui implique des négociations entre des gouvernements nationaux démocratiquement élus est plus démocratique qu’un processus concentré entre les mains d’une institution totalement non élue et non démocratique, comme la Commission européenne.

Cependant, surtout au cours des 10 à 15 dernières années, à commencer par la crise de l’euro, nous avons assisté à une expansion lente mais constante des pouvoirs de la Commission, qui a progressivement étendu son pouvoir sur des domaines de compétence et même sur les affaires des États membres, y compris dans des domaines où elle n’avait auparavant aucune compétence, et même sur des domaines pour lesquels elle n’a aucune compétence formelle en vertu des traités européens.

Je vois cela comme un processus à deux vitesses : l’une pourrait être décrite comme une « dérive des compétences ». C’est ainsi que l’Union européenne, par l’intermédiaire de la Commission, étend lentement son influence et son contrôle sur de plus en plus de domaines de prise de décision. Et c’est quelque chose qui se produit toujours en coulisses. Cela peut se produire par le biais de décisions de la Cour de justice européenne, qui tendent toujours à attribuer davantage de pouvoirs à l’Union européenne, ou par le biais de petits changements législatifs dont la plupart des gens ne savent même pas qu’ils se produisent. Certains chercheurs ont également qualifié ce phénomène d’« intégration clandestine » ou « intégration secrète ». Il s’agit d’une intégration qui ne se fait pas par le biais d’une délibération démocratique, ni par le biais d’une modification des traités. Elle se déroule en coulisses, à l’abri des regards indiscrets, et la plupart des gens n’en ont même pas conscience. Il s’agit donc d’une forme d’intégration très sournoise, car des pouvoirs limités étaient initialement attribués à l’Union européenne qui a, au fil des ans, accrus considérablement ses pouvoirs.

Mais il y a aussi une autre façon dont la Commission a étendu ses pouvoirs, c’est ce que j’appelle dans mon rapport « l’intégration par coup d’État ». En temps de crise, lorsque les gens ont peur, sont désorientés ou confus, il est beaucoup plus facile de mettre en œuvre des changements institutionnels rapides et même radicaux, il devient beaucoup plus facile de repenser les institutions et même les sociétés. Ainsi, contrairement à cette lente progression des compétences qui est toujours en cours, en temps de crise, on assiste à des sauts quantiques, où la Commission saisit la fenêtre d’opportunité offerte par ces crises pour mettre en œuvre des augmentations soudaines de ses pouvoirs – presque comme on s’attendrait à voir lors d’un coup d’État, un terme que j’utilise assez souvent dans mon rapport, car je pense qu’il décrit assez bien la nature de ces prises de pouvoir. Il ne s’agit pas d’un coup d’État violent – il n’implique ni l’armée, ni la police – mais il s’apparente néanmoins à un coup d’État dans la mesure où des moments de désorientation publique sont utilisés pour prendre soudainement le pouvoir, souvent d’une manière qui va même à l’encontre des traités européens et du droit européen lui-même, sans aucune délibération démocratique. Sous von der Leyen, ce processus a connu une accélération massive.

Maike Gosch : Passons maintenant aux crises qui ont été utilisées, selon votre article, pour transférer davantage de pouvoir à l’UE, et en particulier à la Commission européenne.

Thomas Fazi : Dans cet opuscule, je me concentre sur trois tournants historiques : la crise de l’euro, la pandémie de Covid-19 et la crise ukrainienne, et sur la manière dont toutes ces crises ont été utilisées par la Commission pour étendre radicalement ses pouvoirs – au point que la Commission européenne (et par extension l’UE en tant qu’entité supranationale) est désormais plus puissante qu’elle ne l’a jamais été. L’équilibre interinstitutionnel des pouvoirs s’est déplacé massivement du Conseil européen, où se réunissent les gouvernements, vers la Commission elle-même. Ursula von der Leyen a joué un rôle absolument essentiel dans la promotion de cette idée, en tant que présidente de la Commission qui a supervisé à la fois la crise du Covid-19 et la crise ukrainienne (qu’elle supervise hélas toujours). Je pense que des tendances claires se dégagent de l’analyse de ces deux crises, de la manière dont la Commission a délibérément utilisé ces crises pour concentrer de plus en plus de pouvoir entre ses mains. C’est très inquiétant, car nous avons maintenant une institution non démocratique, non responsable et non élue, qui exerce un pouvoir énorme sur presque tous les domaines de l’élaboration des politiques – de la santé publique aux affaires économiques, monétaires et fiscales, et même maintenant à la politique étrangère et à la politique militaire et de sécurité, qui, en vertu des traités, ne relèvent pas de la compétence de la Commission.

En matière de politique étrangère, et en particulier de politique militaire et de sécurité, c’est toujours le seul domaine dans lequel, naturellement, les gouvernements ont été réticents à céder le pouvoir à l’Union européenne ; en fait, la Commission a toujours eu une influence très limitée dans ces domaines. Mais aujourd’hui, grâce à la guerre en Ukraine et à la façon dont Ursula von der Leyen a habilement exploité cette crise pour prendre le pouvoir et devenir une sorte de « commandant en chef » de l’Union européenne, nous avons maintenant cette institution totalement antidémocratique qui décide, dans une large mesure, de la politique étrangère, militaire et de sécurité de toute l’Union européenne, ce qui est vraiment terrifiant, étant donné que nous parlons de la question la plus importante qui soit : la guerre et la paix et la menace potentielle pour la survie même de chaque citoyen européen, étant donné la perspective et la probabilité accrues d’une confrontation directe avec la Russie.

C’est le processus que je décris dans mon article. J’ai pensé qu’il était important d’attirer l’attention des gens sur ce processus, car trop peu de gens se rendent compte de ce qui s’est passé ces dernières années et de la dangerosité de la situation résultant de cette « supranationalisation » croissante de la politique. La Commission représente aujourd’hui une menace non seulement pour la démocratie, mais aussi pour la sécurité et le bien-être de tous les citoyens européens.

Maike Gosch : Alors, parlons de ces crises dont on a profité, selon votre analyse, à commencer par la crise de l’euro, et peut-être surtout du rôle de l’Allemagne par rapport à ces évolutions.

Thomas Fazi : La politique allemande vis-à-vis de l’Union européenne a longtemps suivi le modèle selon lequel les gouvernements nationaux et les élites nationales utilisaient l’Union européenne à leur avantage. L’Allemagne en est probablement l’exemple le plus clair, dans la mesure où un pays utilise l’Union européenne et le discours sur l’« européanisation de l’Allemagne » et se détourne soi-disant des tendances hypernationalistes de l’Allemagne du passé pour, en fait, promouvoir les intérêts nationaux de l’Allemagne, ou plus précisément ceux de ses élites capitalistes, et poursuivre ce que l’on pourrait décrire comme une forme de nationalisme économique. Pendant longtemps, la relation de l’Allemagne avec l’Union européenne a pu être décrite comme une relation de « nationalisme par l’européanisme ». Une grande partie du discours sur la relation de l’Allemagne avec l’Union européenne est complètement fausse, même en remontant jusqu’à l’entrée de l’Allemagne dans l’euro. La version officielle est que l’Allemagne ne voulait pas rejoindre l’euro, mais c’était le prix à payer pour que les autres pays, en premier lieu la France, acceptent la réunification. Mais c’est en grande partie un mythe. Lorsque l’on examine l’histoire de cette période, au début des années 1990, on se rend compte que les élites politiques et économiques allemandes comprenaient très bien que l’euro était à l’avantage de l’Allemagne, ou mieux : à l’avantage de ses élites.

Le premier véritable coup de maître de la Commission a donc eu lieu pendant la crise de l’euro, lorsque, sous couvert de répondre à cette crise, la Commission s’est octroyé des pouvoirs de surveillance et d’intervention sans précédent dans les politiques économiques des pays. L’Allemagne s’est toujours montrée très prudente à l’égard de l’octroi de pouvoirs d’intervention supplémentaires à l’Union européenne dans sa propre économie, car elle a toujours été très fière de sa souveraineté économique, et à juste titre. Mais l’Allemagne a consenti à bon nombre de ces changements institutionnels parce qu’elle s’est rendu compte que la Commission ne se concentrerait pas sur l’Allemagne, mais sur les pays les plus faibles de l’Union, les forçant à mettre en œuvre les réformes économiques et à adhérer au programme économique qu’elle voulait qu’ils adoptent. Ce sont là des exemples clairs de la manière dont l’Allemagne a « utilisé l’Europe » pour affirmer et consolider son hégémonie économique et même politique sur l’Europe.

Mais revenons à la crise de l’euro. Lorsque la crise a éclaté, la Commission européenne et les autres institutions supranationales, comme la Banque centrale européenne, ont déclaré qu’il fallait jouer un rôle beaucoup plus important dans la gestion des affaires financières et économiques des pays pour les empêcher de faire défaut. Alors qu’en fait, c’est l’architecture même de l’euro était la principale raison pour laquelle plusieurs pays étaient confrontés à des problèmes financiers. Et pourtant, la crise a été utilisée par la Commission européenne pour prendre temporairement le contrôle des finances de ces pays. Elle l’a fait par exemple par le biais de la « troïka », l’institution ad hoc composée de la Commission, de la BCE et du FMI, qui a été créée pendant la crise. Et ce qui se passe dans toutes ces crises, c’est que certaines mesures sont présentées comme temporaires et « ponctuelles », mais conduisent ensuite à un changement institutionnel permanent. La troïka, qui était une institution ad hoc, créée pour résoudre la crise actuelle, a ensuite donné naissance à un certain nombre de nouvelles règles, lois, réglementations, organisations, comme le Mécanisme européen de stabilité, et même à un traité, le Pacte budgétaire, qui a institutionnalisé le régime d’austérité et le système de surveillance budgétaire, en vertu duquel la Commission s’est vu conférer des pouvoirs étendus pour superviser les équilibres budgétaires des États membres. Cela a conduit à un changement institutionnel massif et à un transfert de pouvoir considérable du niveau national au niveau supranational.

Et cela a constitué un schéma qui s’est répété lors des crises suivantes. Ainsi, lorsque la crise du Covid a éclaté en 2020, Ursula von der Leyen s’est immédiatement mise à la tête de la réponse à la crise, à la fois sur le plan économique, puis sur le plan de l’approvisionnement en vaccins. Et l’argument était toujours le même : « Nous sommes confrontés à une crise massive, nous ne pouvons donc pas laisser les gouvernements nationaux s’en occuper seuls. Laissez-nous gérer la situation, nous avons l’expertise et nous sommes les seuls à pouvoir prendre des décisions pour tout le monde ». Et encore une fois, si l’on regarde les mesures économiques qui ont été adoptées pendant la pandémie, comme le lancement du fonds Next Generation EU, présenté comme un fonds de soutien économique pour aider les pays à traverser la crise, en fait, cela a conduit à un véritable changement dans la constitution économique de facto de l’Union européenne, car pour la première fois, nous avons vu l’UE se lancer dans un programme massif d’emprunts conjoints, ce qui a toujours été rejeté par certains pays, notamment l’Allemagne, et par certains électeurs. Et cette résistance n’a pas été surmontée par un débat public démocratique ou une modification des traités, mais simplement sous couvert de réponse à la crise. Ainsi, sous couvert de réponse économique à la crise du Covid, nous nous trouvons maintenant dans une situation où l’UE s’endette conjointement, ce qu’elle n’avait jamais fait, certainement pas à cette échelle. En outre, la Commission est également responsable du versement de ces fonds, ce qui bien sûr lui donne un énorme pouvoir de décision, non seulement sur la manière dont cet argent est dépensé – car c’est elle qui décide en dernier ressort de la destination de cet argent – mais elle peut également l’utiliser pour faire chanter les États qui n’adhèrent pas à l’agenda de Bruxelles, en menaçant de retenir ces fonds, comme elle l’a fait avec la Hongrie et la Pologne, par exemple.

Ensuite, dans la deuxième phase de la crise du Covid, la Commission, ou plutôt Ursula von der Leyen elle-même, a mené à elle seule un programme massif d’achat de vaccins pour l’ensemble de l’UE, signant pour le compte des États membres des contrats d’une valeur stupéfiante de 71 milliards d’euros. La plupart de ces contrats ont été signés à huis clos. Ursula von der Leyen a négocié elle-même un accord d’une valeur de 35 milliards d’euros au cours d’une série de SMS et d’appels avec le PDG de Pfizer, Albert Bourla, qui ont depuis disparu. Toutes les tentatives des auditeurs, des commissaires à la transparence, des députés européens, des journalistes et des citoyens pour savoir ce qui s’est passé exactement se sont heurtées à des obstacles, et le « Pfizergate » est devenu l’un des plus grands scandales de l’histoire de l’UE. De plus, même l’argument avancé par la Commission pour ce programme d’achats conjoints, à savoir qu’en négociant au nom de tous les États membres, elle pourrait obtenir des prix plus bas, s’est avéré sans fondement.

Puis, après l’invasion russe de l’Ukraine début 2022, Ursula von der Leyen s’est de nouveau placée à la tête de la réponse de l’UE et a ainsi atteint deux objectifs qu’elle poursuivait depuis son entrée en fonction en 2019 : élargir le mandat de l’UE et de la Commission en matière de sécurité, tout en garantissant la subordination de l’Union à la stratégie des États-Unis et de l’OTAN, transformant ainsi l’UE en bras politique de l’OTAN. Elle a commencé par lancer un ensemble de sanctions sans précédent, adopté littéralement le lendemain de l’invasion russe, et qui avait donc été préparé bien à l’avance. De nombreuses autres ont suivi. L’accaparement des pouvoirs est que traditionnellement, le Conseil était en charge du régime des sanctions, la Commission étant uniquement chargée de superviser les aspects techniques et la mise en œuvre. Les rôles ont maintenant changé et l’ensemble du processus a été élaboré et dirigé par von der Leyen, sans doute en étroite coordination avec Washington, au point que les États-Unis, du moins au début, en savaient plus sur le travail concernant les sanctions que les États membres eux-mêmes. Et, fin 2022, une décision a été prise par le Conseil pour donner à la Commission le pouvoir d’établir et d’appliquer des sanctions en cas de violation de ces mêmes sanctions, ce qui relevait jusqu’alors de la compétence des États membres individuels. Dans toutes ses déclarations publiques et ses discours, Ursula von der Leyen a adopté un ton de plus en plus belliqueux sur le conflit ukrainien, en multipliant les sanctions, puis en jouant un rôle crucial dans le financement de l’aide militaire létale, à hauteur de 3,6 milliards d’euros provenant du mécanisme de financement de la Facilité européenne pour la paix. Grâce à cette stratégie de déclarations publiques, qui a continué à repousser toujours plus loin les limites, elle a réussi à « verrouiller » la stratégie UE-OTAN (maintenant devenue indissociable), en utilisant efficacement des tactiques écrasantes et la pression sur ces pairs pour faire que les États membres suivent son exemple – tout cela, attention, sur des questions de défense et de sécurité, sur lesquelles la Commission, il convient de le répéter, n’a aucune compétence formelle.

Je l’explique de manière beaucoup plus détaillée dans le rapport et je parle également de la manière dont la Commission a utilisé cette crise pour renforcer ses efforts de contrôle des opinions et des récits (comme on les appelle désormais) dans l’UE, via un nouveau régime de censure sous la forme du Digital Services Act.

Maike Gosch : Votre rapport est publié par le MCC Brussels. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette institution et sur votre relation avec elle ?

Thomas Fazi : Le MCC Brussels est un think tank hongrois. Il n’est pas directement financé par le gouvernement, c’est donc un think tank indépendant, mais comme tous les think tanks, il reflète une idéologie. Et le MCC Brussels est assez proche des vues de Victor Orbán. La Hongrie est aujourd’hui l’un des rares pays qui, selon moi, défend encore les principes fondamentaux de la souveraineté et de la démocratie, et qui tente de repousser l’empiétement toujours croissant de l’UE sur les affaires intérieures des États-nations, et c’est aussi le seul pays qui s’oppose à la stratégie UE-OTAN en Ukraine.

L’institution a donc bien sûr ses propres opinions, qui rejoignent en partie celles d’Orbán. Je ne partage pas son avis sur tous les sujets, mais je partage sans aucun doute son point de vue sur l’Union européenne et ses opinions géopolitiques, notamment vis-à-vis de l’Ukraine et de l’OTAN. Le simple fait que le think tank soit associé à Orbán le discréditera aux yeux de certains. Mais là encore, je pense que cette méthode qui consiste à délégitimer toute opinion critique en la décrivant simplement comme étant « d’extrême droite » ou pro-Poutine ou autre ne semble plus si efficace que ça. J’inviterais davantage de personnes à comprendre qu’il s’agit simplement d’une façon de refuser de s’engager dans un débat.

J’ai récemment présenté le rapport à Bruxelles et de nombreux journalistes hostiles sont venus à la présentation. Je pense qu’ils étaient venus là-bas dans l’espoir d’obtenir de bonnes citations pour rédiger un article contre le MCC, mais au lieu de cela, je pense qu’ils sont repartis en réalisant que ce qu’ils avaient entendu était une analyse solide qui n’avait rien d’« extrême droite ». Et en fait, la plupart d’entre eux ont fini par ne pas écrire sur le sujet – pour cette raison même, je pense, parce qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas dénigrer mon essai ou l’événement, et l’un d’eux me l’a dit très explicitement. Je suis donc heureux d’écrire des articles pour quiconque est prêt à me laisser écrire sans censure ni interférence. Cela pourrait être un think tank conservateur comme le MCC, mais je serais tout aussi heureux d’écrire pour un think tank de gauche. Le problème est que la gauche, comme mentionné en début d’interview, est devenue si détachée de ses valeurs traditionnelles qu’elle considère un socialiste de la vieille école comme moi comme un homme de droite parce qu’il parle de l’importance de la souveraineté nationale ou d’autres questions de ce genre. C’est l’un des paradoxes de notre époque : moi qui viens de la gauche, de la gauche socialiste, sur un certain nombre de questions fondamentales – comme la souveraineté nationale, l’Union européenne, l’OTAN, la guerre en Ukraine – je me retrouve souvent plus proche aujourd’hui de gens qui viennent de la droite ou qui viennent de traditions politiques complètement différentes de la mienne que de ceux de gauche. Mais encore une fois, je ne vois pas cela comme un glissement à droite de ma part. Je vois cela comme une folie totale de la plupart des gens de gauche. Comme je l’ai déjà dit, ma position sur ces questions n’a pas changé au cours des vingt dernières années et, en fait, elle est étroitement liée à la position que la gauche a eue pendant très longtemps sur ces questions, jusqu’à il y a quelques décennies.

Maike Gosch : Je pense que, que l’on soit d’accord ou non avec votre description de ces évolutions comme un « coup d’État », la plupart des gens s’accordent à dire que nous avons assisté ces dernières années à un renforcement des pouvoirs de la Commission et qu’elle a assumé des compétences dans des domaines où elle n’en avait pas auparavant. Je me demande s’il y a eu une quelconque résistance à cette « prise de pouvoir » que vous décrivez, soit de la part du Parlement, soit de la part des gouvernements nationaux, soit de la part de tout autre organisme ou de toute autre personne ?

Thomas Fazi : Tout d’abord, en ce qui concerne le Parlement européen, il serait naïf de s’attendre à ce que le Parlement européen, parmi toutes les institutions, s’y oppose, car il a toujours été en faveur d’un renforcement des pouvoirs de l’Union européenne aux dépens des gouvernements nationaux. Ainsi, historiquement, les députés européens ont toujours promu le transfert de souveraineté du niveau national au niveau supranational. Le Parlement européen, historiquement, a toujours été attaché à l’idée fédéraliste – les États-Unis d’Europe, etc. – et a donc toujours été en faveur du transfert de pouvoir à la Commission et de l’octroi de pouvoirs accrus à la Commission aux dépens des États-nations, même s’il parle de la nécessité de « démocratiser la Commission », etc., mais ce n’est qu’une édulcoration de ce qui constitue fondamentalement un soutien total à l’idée de supranationalisation elle-même. Peut-être que le Parlement actuel adoptera une approche légèrement différente, mais historiquement, le Parlement a toujours été en faveur du transfert de pouvoirs à la Commission.

Donc, non, il n’y a pas eu beaucoup de résistance à ce sujet. Il y a eu également très peu de résistance de la part des citoyens, mais c’est, je pense, parce que beaucoup de gens ne sont pas vraiment conscients de ce qui se passe, sauf sur un plan instinctif, en termes de prise de conscience que l’Union européenne est plus puissante qu’elle ne devrait l’être – et ont tendance à voter de plus en plus pour des partis « populistes » eurosceptiques – mais ils manquent souvent d’une compréhension plus profonde de ce qui se passe exactement au niveau institutionnel.

Il y a eu relativement peu de résistance de la part des gouvernements également, mais je pense que cela pourrait en partie être dû au fait qu’il pourrait y avoir dans les calculs de certains gouvernements un peu de cette « logique de rejet de la faute », que j’ai mentionnée au début, qui est toujours à l’œuvre. Ainsi, par exemple, si vous êtes favorable à un soutien massif à l’Ukraine et que vous voulez mener une guerre par procuration contre la Russie, mais que votre peuple n’est pas susceptible de soutenir cette politique, alors il peut être utile de confier à la Commission la mise en œuvre de cette politique, car vous pouvez alors dire : « C’est l’ensemble de l’Union européenne qui fait cela. Ce n’est pas ce que nous voulons, mais c’est la Commission qui prend les devants. C’est l’Union européenne qui fait pression pour cette politique, et tout le monde le fait aussi. Nous devons donc nous y conformer ». Mais je pense que cela tient plus généralement au fait que la supranationalisation est dépendante du chemin parcouru. Une fois que ce processus est lancé, il devient très difficile de l’arrêter ou de le suspendre, et encore moins de l’inverser. Il prend une sorte de logique qui lui est propre.

Même un petit transfert de souveraineté au niveau supranational créera les conditions qui rendront d’autres transferts de souveraineté inévitables ou apparemment inévitables. L’existence d’une institution supranationale et l’adhésion à cette institution supranationale créent de très fortes pressions institutionnelles, matérielles et même psychologiques sur les gouvernements pour qu’ils acceptent ensuite d’autres transferts de souveraineté. Cela est particulièrement évident dans la sphère économique. Si vous avez renoncé à votre souveraineté monétaire, vous avez renoncé à une grande partie de votre souveraineté économique. Alors, bien sûr, quand une crise frappe, vous n’avez pas d’autre choix que de céder davantage de contrôle à l’institution qui contrôle réellement votre économie, qui se trouve être l’Union européenne, comme nous l’avons vu lors de la crise de l’euro. Mais le simple fait d’appartenir à l’Union européenne, à ce genre de « club multinational », crée en soi d’énormes pressions, dans le sens où, chaque fois qu’une crise d’ampleur continentale ou même mondiale survient, elle crée d’énormes pressions sur les gouvernements pour qu’ils acceptent que ce soit la Commission, en tant que seule institution capable d’agir rapidement et à l’échelle européenne, qui prenne les devants.

Je pense que la montée des partis dits « populistes » à travers l’Europe est clairement un rejet fort de leurs propres gouvernements. Mais c’est aussi certainement, indirectement, un rejet des politiques de l’UE, dans la mesure où les gouvernements ne font souvent que mettre en œuvre les politiques émanant de l’Union européenne. Donc, oui, les citoyens ont essayé de faire pression à certains égards par leurs votes. Et, bien sûr, nous devrions espérer beaucoup plus de cela.

Maike Gosch : En dehors de cela, avez-vous une idée ou une suggestion sur ce que les citoyens européens pourraient faire pour contrer cette prise de pouvoir, s’ils sont d’accord avec votre analyse ?

Thomas Fazi : Ce qu’il faut faire, je pense, c’est sensibiliser davantage les citoyens à ce qui se passe et à l’ampleur du problème et de la menace que représente l’Union européenne. Je pense que c’est la meilleure chose et la plus importante que nous puissions faire : sensibiliser les citoyens à l’importance de démanteler cette institution. Il est devenu presque impossible pour les citoyens de concevoir une Europe sans l’UE, mais honnêtement, ce que nous devons comprendre, c’est que les contradictions de l’Union européenne s’accumulent de plus en plus. Il est donc loin d’être certain que l’UE puisse survivre aux dix ou vingt prochaines années. Les contradictions économiques qui en résultent ne cessent de s’accroître. Les performances économiques de l’Europe sont fondamentalement les pires des pays industrialisés. Et l’UE en porte une grande part de responsabilité. Et vous avez la pression constante de l’UE sur le processus démocratique. Combien de temps cela peut-il durer ? Combien de temps peut-on réprimer les partis qui critiquent l’Union européenne ? Et puis, bien sûr, il y a l’élément géopolitique – le rôle clé de l’Union européenne dans le conflit potentiellement catastrophique avec la Russie. L’Union européenne est donc aujourd’hui un échec économique, politique et géopolitique total. Peut-être pas du point de vue des élites, mais certainement du point de vue de l’écrasante majorité des gens. Elle nous a tous trahis à de nombreux niveaux.

J’aimerais voir émerger un mouvement fort contre l’UE dans toute l’Europe, car je pense que c’est seulement à partir des cendres de l’Union européenne que nous pourrons reconstruire une Europe fondée sur une véritable collaboration entre les États – un véritable internationalisme – qui nécessite l’existence d’États souverains. C’est très différent de ce que nous avons aujourd’hui, qui est le supranationalisme, qui est la négation des États-nations et donc la négation de l’internationalisme. Espérons donc tous que nous verrons l’émergence d’une forme d’opposition à l’échelle européenne à cette institution hautement destructrice. Le mieux que nous puissions faire est de sensibiliser les gens à ce qu’est réellement l’UE et, espérons-le, de jouer un rôle dans l’émergence de ce mouvement.

Thomas Fazi

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Pourquoi les dirigeants européens veulent-ils la guerre ?


Par Santiago Zabala et Claudio Gallo – Le 5 Octobre 2024 – Source Aljazeera & Le Saker francophone

L’anxiété et la colère concernant l’avenir de l’Union européenne augmentent depuis un certain temps. L’Union est en proie à une crise de plus en plus grave – ou plutôt à plusieurs crises de plus en plus graves : une crise du coût de la vie, une crise du logement, une crise migratoire, une crise de la croissance lente et, surtout, une crise politique. Elle est confrontée à un défi de taille : l’extrême droite, qui progresse dans les sondages dans de nombreux pays de l’UE, menace de mettre à mal la fragile cohésion de l’Union et les « valeurs libérales ».

Il y a quelques jours, le Parti de la liberté (extrême droite) a remporté les élections autrichiennes avec 30 % des voix. L’extrême droite est peut-être encore exclue du processus de formation du gouvernement en Autriche, mais ses autres variantes européennes sont au pouvoir ou soutiennent un gouvernement dans 9 des 27 pays de l’UE.

 

Sur le plan international, le défi le plus important auquel l’UE est confrontée est sans doute la poursuite de la guerre dans l’Ukraine voisine, qui ne montre aucun signe d’apaisement malgré un flux soutenu d’armes en provenance d’Europe et des États-Unis. Et, bien sûr, il y a l’ombre du changement climatique, qui continue d’alimenter des catastrophes naturelles mortelles.

Sans surprise, la réponse des dirigeants politiques de l’UE à ces crises croissantes n’a pas été de s’attaquer à leurs causes profondes, qui se résument toutes aux politiques néolibérales destructrices qu’ils ont joyeusement embrassées. Au lieu de cela, ils ont réagi en faisant du bellicisme, espérant peut-être que la perspective de la guerre aiderait les Européens à oublier leurs griefs.

Au cours des deux dernières années, nous avons entendu à maintes reprises que la plus grande menace pour la sécurité européenne était la Russie et que la solution consistait à vaincre la Russie en Ukraine. On nous a répété que le chemin de la paix passait par l’escalade.

Les armes européennes ont afflué en Ukraine, les pays de l’UE élargissant progressivement leur gamme pour y inclure des armes plus meurtrières et plus destructrices. La dernière en date est l’insistance des dirigeants européens, dont le chef de la diplomatie européenne sortant, Josep Borrell, pour que l’Ukraine soit autorisée à utiliser des missiles à longue portée pour frapper des cibles sur le territoire russe.

Le 19 septembre, le Parlement européen a adopté une résolution non contraignante demandant aux pays fournissant des missiles à l’Ukraine de l’autoriser à les utiliser contre des cibles russes.

La Russie a mis en garde à plusieurs reprises contre une telle initiative. Elle a même récemment mis à jour sa doctrine nucléaire, abaissant le seuil d’utilisation des armes nucléaires.

Alors que l’escalade par la fourniture d’armes à l’Ukraine se poursuit, les Européens apprennent également que leurs pays doivent dépenser davantage en armements pour se préparer à l’éventualité où cette même escalade qu’ils encouragent deviendrait incontrôlable et où l’UE se retrouverait en guerre contre la Russie. Andrius Kubilius, commissaire européen à la défense désigné – un poste nouvellement créé pour faire face à la « menace russe » – estime par exemple que l’Union devrait devenir un « entrepôt d’armes de guerre » pour dissuader Moscou.

Le mantra de l’économie de guerre a également été promu, les Européens étant poussés à croire qu’une construction militaire pourrait stimuler une économie européenne en train de battre de l’aile.

En septembre, l’économiste libéral Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et ancien Premier ministre italien, a publié un rapport très attendu intitulé « L’avenir de la compétitivité européenne », qui a été salué par beaucoup comme un « pas dans la bonne direction » pour promouvoir une intégration économique plus profonde de l’Union.

« La paix est l’objectif premier de l’Europe. Mais les menaces à la sécurité physique augmentent et nous devons nous y préparer », écrit Draghi dans l’introduction du rapport. Il suggère ensuite que l’UE investisse massivement dans le développement de son industrie de l’armement.

Les dirigeants européens semblent de plus en plus adhérer à l’adage latin « Si vis pacem para bellum », ou « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Le problème de la « guerre pour la paix » aujourd’hui est que l’existence d’armes nucléaires, qui peuvent anéantir la civilisation humaine, a radicalement changé l’équation guerre-paix, en particulier dans les cas où une puissance nucléaire est impliquée.

On peut bien sûr arguer que les dirigeants européens sont forts en paroles, mais pas tellement en actes – d’où leur réticence à autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée, malgré la résolution du Parlement européen et toute la rhétorique enthousiaste. Cependant, l’ambiguïté et les menaces rhétoriques restent dangereuses car elles ouvrent la voie à des incidents militaires qui pourraient avoir de graves conséquences.

Toutes ces discussions sur la guerre, la préparation à la guerre et l’armement pour la guerre ont pour effet de détourner l’attention des nombreuses crises de l’UE et de leurs origines.

Malgré son insistance à défendre les droits de l’homme, la liberté, la démocratie et l’équité, l’UE est essentiellement une organisation néolibérale qui protège les droits des riches à devenir plus riches. La politique économique n’est pas façonnée par le souci de la santé et du bien-être des citoyens européens ordinaires, mais par celui de garantir les profits des entreprises.

C’est pourquoi l’État-providence recule dans toute l’Europe, l’emploi devient de plus en plus précaire et dominé par l’économie des petits boulots, et les prix de l’alimentation, des services publics et du logement sont inabordables pour beaucoup. Les politiques néolibérales extractives de l’UE, sous la forme de divers accords commerciaux avec les pays en développement, ravagent également les économies du Sud et favorisent la migration vers le continent.

Le noyau néolibéral de l’UE est également la raison pour laquelle les dirigeants européens ne parviennent pas à mettre en place une transition écologique juste sans en faire supporter le coût aux citoyens ordinaires.

Le bellicisme, l’armement et la création d’un grand complexe militaro-industriel unifié ne résoudront aucun de ces problèmes. L’UE devrait plutôt revoir ses stratégies politiques, sociales, climatiques et économiques pour se concentrer sur les valeurs sociales, la démocratie participative, le pluralisme, le bien-être, la croissance durable, la paix et la coopération. Cela pourrait signifier le développement d’une nouvelle forme de socialisme pour remplacer le désastre néolibéral actuel et élever toute l’Europe.

Santiago Zabala et Claudio Gallo

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Il est désormais interdit de s’opposer à la guerre

par José Javier Esparza

La semaine dernière, il s’est passé quelque chose d’unique au Parlement européen, une de ces choses dont nos médias ne nous parlent jamais. C’est qu’un eurodéputé polonais du nom de Grzegorz Braun a pris la parole et s’est déchaîné pour dénoncer le soutien de Bruxelles à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, un soutien qui nous a coûté jusqu’à présent 88 milliards d’euros selon l’UE elle-même. Braun a à peine pu parler quelques secondes : le président de l’Assemblée, Esteban González Pons, lui a immédiatement fermé le micro et a passé la parole à un commissaire. En réponse, le commissaire a dit au Polonais que la Russie est un pays où la démocratie et la liberté d’expression ne sont pas respectées. Un argument particulièrement frappant pour quelqu’un qui vient de se faire couper le micro pour avoir dit ce qu’il ne fallait pas. Il est vrai que le profil politique de Grzegorz Braun est plutôt énergique, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui importe, c’est la contradiction flagrante d’un système qui, au nom de la liberté d’expression, prive un député du droit de s’exprimer.

Il se passe quelque chose de vraiment inhabituel avec la guerre en Ukraine, c’est l’épaisse chape d’hostilité qui s’abat sur tous ceux qui osent être en désaccord avec la doxa officielle, à savoir ce discours de soutien aveugle à Zelensky qui, en à peine deux ans, a conduit l’Union européenne à devenir un appendice de l’OTAN, qui a plongé toute l’Europe dans une crise énergétique et industrielle dont les effets sont déjà plus que visibles, qui a fait de nous tous les ennemis jurés d’une puissance nucléaire et qui a ouvert un conflit planétaire qui ne manquera pas de se poursuivre sous diverses formes pendant des années.

Les conséquences de cette position sont suffisamment graves pour exiger au moins un débat minimal, mais non : la doxa est implacable et exige une adhésion irrationnelle que l’on n’a pas connue, même dans les périodes les plus tendues de l’ancienne guerre froide. Les intérêts en jeu doivent être nombreux et très puissants. Le rapport de l’Oakland Institute nous apprend que le gouvernement de Zelensky a vendu les meilleures terres agricoles du pays à de grandes entreprises étrangères. La presse économique internationale nous apprend également que BlackRock et Pimco ont des intérêts importants dans la dette ukrainienne et qu’ils se sont déjà positionnés pour «gérer» la reconstruction du pays une fois la guerre terminée. Il ne s’agit certainement que de la partie émergée de l’iceberg. Et ce doit être un très, très gros iceberg, quand il n’y a pas de médias officiels qui ne répètent pas tous les jours les slogans habituels, même quand les preuves montrent qu’il s’agit de mensonges. Si gros que l’Allemagne (et pas des moindres) a accepté avec une soumission ovine que l’on fasse sauter un gazoduc vital.

Le plus exaspérant, cependant, est que le simple fait de prétendre être en faveur d’une paix immédiate en Ukraine mérite toutes sortes de condamnations, à commencer par celle, très utilisée, de «poutiniste». Pour autant que je me souvienne, c’est la première fois que cela se produit. Au cours du dernier demi-siècle, nous avons connu des conflits très sanglants dans différentes parties du monde et il y a toujours eu quelqu’un pour brandir l’étendard de la paix. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Même un gouvernement aussi frileux que celui de l’Espagne, toujours prêt à se remplir la tête d’illusions doucereuses, obéit docilement dans cette affaire ukrainienne et soutient Washington et Londres dans une guerre à laquelle, en principe, l’Espagne n’a aucun intérêt particulier. Pourquoi ? Le seul dirigeant occidental de poids sur la scène mondiale qui s’est engagé en faveur de négociations de paix en Ukraine a été Donald Trump, et ils ont déjà essayé de le tuer à deux reprises. Ce n’était certainement pas uniquement à cause de la guerre en Ukraine, mais cela fait partie du package (et c’est ce qui est le plus inquiétant).

Depuis une position exactement opposée à celle du Polonais Braun, le vieux gauchiste italien Vincenzo de Luca a récemment rappelé l’évidence : hier, il était téméraire d’étendre sans fin l’OTAN vers l’Est et aujourd’hui, il est irrationnel de faire la guerre sans savoir quel en est l’objectif. La doxa répond à ces objections en disant que seuls les extrêmes politiques (droite et gauche) remettent en cause le soutien à l’Ukraine et le harcèlement organisé contre la Russie. Mais ce n’est pas vrai : d’innombrables voix de tous bords idéologiques voient le tableau et pensent la même chose, ce qui est d’ailleurs ce que dicte le vieux réalisme politique. Ce qui est peut-être le plus pertinent, c’est précisément ceci : le réalisme qui a caractérisé les chancelleries occidentales pendant plus d’un demi-siècle a été massivement remplacé par une rhétorique irresponsable de bellicisme puéril, si manifestement puérile qu’il est inévitable que quelqu’un nous cache quelque chose. L’iceberg.

source : Noticias Holisticas via Euro-Synergies

Voyage en Absurdie : Les députés européens votent pour la guerre contre la Russie

Source : RzO International - Le 26/09/2024.

par Pierre-Emile Blairon

J’allais écrire : Les députés européens «s’engagent» pour la guerre contre la Russie.

Bien évidemment qu’ils ne s’engageront pas eux-mêmes ; mais ils ne sont pas le moins du monde troublés d’envoyer leurs peuples au casse-pipe, de déclencher éventuellement une guerre nucléaire qui fera des dizaines de millions de morts militaires et civils, vieillards, femmes et enfants compris, et la destruction de tous les moyens de subsistance de ceux qui n’auront pas eu la chance de mourir sur le coup ; rappelons-nous Dresde, Hiroshima, Nagasaki… trois villes intégralement détruites ainsi que leurs habitants par ceux-là mêmes qui agressent maintenant la Russie et les peuples européens.

La prise de conscience de cette abomination passée et à venir devrait inciter les moins informés (ou les plus décérébrés) à se poser des questions pour comprendre, enfin, que nos «élites» occidentales, dans leur grande majorité, sont en guerre contre leurs propres peuples, et ça ne date pas d’hier.

Nous avons, à travers de nombreux articles, expliqué comment l’Amérique, devenue l’Ordre mondial, avait, au lendemain de la seconde guerre mondiale, constitué la vassalité de l’Europe en installant au pouvoir de cette nouvelle Europe des hommes et des femmes entièrement acquis à la cause atlantiste ; j’écrivais le 4 mars 2023, dans cet article : «L’Ukraine, berceau et tombeau des Européens ?»1

«L’un des fondateurs de cette structure sera Jean Monnet, agent de la CIA (selon Marie-France Garaud, Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres), tandis que d’autres fondateurs de cette institution comme Robert Schuman et le belge Paul-Henri Spaak tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis.

On nous a fait croire que le plan Marshall fut mis en place par les Américains pour, selon eux, «aider» les Européens ; ce plan Marshall a été une telle réussite pour leurs affaires qu’ils n’hésiteront pas à provoquer des conflits (tout bénéfice pour le complexe militaro-industriel) pour reconstruire des pays qu’ils auront ruinés auparavant ou pour piller leurs ressources. La liste est interminable (les derniers en date : Irak, Syrie, Libye, Serbie, Afghanistan). L’Ukraine vient d’entrer en lice et là, les USA font très fort : ils demandent à un petit pays, l’Ukraine, d’entrer en guerre contre un grand pays (la Russie) qui refuse leur domination ; l’Ukraine envoie sa population se faire massacrer, les armes sont fournies par les Européens et ce sont les entreprises américaines (sous la houlette de Blackrock) qui reconstruiront l’Ukraine dévastée, aux frais des mêmes Européens».

Je n’ai rien de plus à rajouter à ce que j’écrivais il y a deux ans dans cet autre article : «Lola, islam, motion de censure, Ukraine : mais à quoi joue le RN ?»2

«Sur le plan géopolitique, nous savons désormais que cette affaire ukrainienne a été préfabriquée de longue date par les USA, l’UE, l’OTAN, la CIA ou l’Ordre mondial, comme vous préférez (mais considérez tous ces organismes ou États comme une seule entité).

Le Système mondial représenté par les USA n’a qu’un objectif : Faire perdurer sa suprématie en supprimant tous ceux qui pourraient y porter atteinte ; un axe Europe-Russie qui pourrait se mettre en place serait létal pour l’Empire mondial qui doit à tout prix le bloquer ; l’affaire des Balkans, les bombardements meurtriers sur la population serbe, la création de l’État islamique du Kosovo n’avaient pas d’autre but que d’empêcher ce rapprochement. L’affaire ukrainienne est une autre tentative du Système pour réaliser son projet impérialiste. L’ennemi de l’Europe n’est pas la Russie, ce sont les USA qui ne cachent pas leur hostilité à l’égard des Européens et de toute nation qui viendrait contrarier leur projet de mainmise sur le monde».

Vous trouverez ci-après la liste des députés européens qui ont voté le 18 septembre 2024 pour la guerre, ceux qui se sont abstenus, ceux qui ont voté contre.3

Marion Maréchal et son groupe (Nicolas Bay, Guillaume Peltier, Laurence Trochu) ont voté pour la guerre ; ils sont donc quatre fois infidèles, une première fois à leur parti d’origine, Reconquête, une deuxième fois à leur pays, une troisième fois à leur peuple, une quatrième fois à une véritable Europe qui n’a jamais vu le jour, libre et indépendante de l’Ordre mondial et qui aura enfin réussi à faire la jonction avec son grand frère de l’Est. Ces gens qui ont trahi (aussi) notre avenir et celui de nos enfants seront responsables du malheur qui pourrait arriver car on ne peut pas croire qu’ils sont incapables d’imaginer les conséquences de leur vote.

Sarah Knafo, seule représentante de Reconquête, s’est abstenue.

Tous les députés RN ont voté contre, sauf Jordan Bardella qui était absent.

source : Euro-Synergies

 

UE : Ursula von der Leyen veut la guerre

TVL - JT du vendredi 20 septembre 2024

 

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