Le possible retrait des États-Unis de
leur position prééminente dans l’OTAN, même s’ils ne se retirent pas de l’Alliance atlantique, renvoie l’Occident politique à lui-même. Comment assurer la paix sur le continent
?
Le projet d’Europe de la Défense,
développé par François Mitterrand et Jacques Chirac, ne permet pas défendre l’espace européen, mais uniquement de donner des moyens d’intervention à l’UE en cas de massacre à l’étranger.
Les projets d’Emmanuel Macron et de Keir Starmer, correspondent aux besoins de leurs pays, mais aucunement à ceux du continent.
Or, le temps presse alors que des
conflits s’annoncent au nord de l’Ukraine, en Moldavie et en Bosnie-Herzégovine.
Le siège de l’OTAN
dans la banlieue de Bruxelles. Lors de sa fondation, l’Alliance employait
de nombreux anciens officiers nazis (dont Klaus Barbie, qui ne fut
renvoyé qu’à la demande expresse de la France). L’architecte qui a
dessiné son nouveau siège n’avait pas remarqué que, vu d’avion, il
reproduisait le sigle de la SS.
Les nombreuses réunions qui se sont déroulées à Paris, à Londres et à Bruxelles sur l’avenir de la Défense de l’Occident politique ont toutes envisagé un
retrait partiel ou total des États-Unis hors de l’OTAN. La question ukrainienne n’était qu’un prétexte qui n’intéressait que quelques participants.
Que signifie le «retrait des
États-Unis» ?
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait envisagé un retrait complet des États-Unis de l’OTAN. En définitive, il s’est contenté de pousser les
États-membres à augmenter leur budget de Défense à 3% de leur PIB. Il agissait en «jacksonien» et voulait substituer le commerce à la guerre.
À l’époque, on n’envisageait la question que sous l’angle des participations financières de chaque membre. Bien que les cotisations de chaque membre à
l’Alliance atlantique ne soient pas claires, le Pentagone fournit 16% du budget annuel et de nombreuses prestations que seules ses armées peuvent proposer. Pour ne pas avoir à payer sa
quote-part, le président français, Emmanuel Macron, avait déclaré que l’OTAN était «en état de mort cérébrale».1.
La situation actuelle est radicalement différente. Le président Donald Trump doit impérativement couper immédiatement dans ses dépenses : son pays a
accumulé une dette ahurissante et serait mis en faillite si ses créanciers exigeaient leur remboursement. J’ai expliqué, il y a deux semaines, que «Donald Trump tente de
gérer le possible effondrement économique de «l’empire américain» de Joe Biden comme Iouri Andropov, Konstantin Tchernenko et Mikhaïl Gorbatchev ont tenté de gérer celui de «l’empire
soviétique» de Léonid Brejnev».2.
Aussi, comme Gorbatchev l’a fait avec le Pacte de Varsovie, Trump va-t-il, non pas se retirer de l’OTAN, mais cesser de payer pour elle. Dans la pratique,
ne pas se retirer de l’Alliance atlantique, tout en se retirant de son organisation, l’OTAN, implique d’en abandonner le commandement. Depuis sa création, l’OTAN est dirigée par un
«commandant suprême des forces alliées en Europe» (SACEUR) obligatoirement états-unien. C’est aujourd’hui le général Christopher G. Cavoli qui cumule cette fonction avec celle de
commandant des forces des États-Unis en Europe.
Le 13 février, Donald
Trump informe Mark Rutte du prochain retrait des troupes états-uniennes
d’Europe et de l’abandon par son pays des privilèges du SACEUR.
C’est cette option que le président Trump a semblé privilégier, le 13 mars, lors de sa réception de Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, à la
Maison-Blanche : les États-Unis ne seraient plus qu’une composante de l’Alliance comme les autres, à égalité avec le Luxembourg par exemple.
Or, sans les moyens considérables de Renseignement et de Transport de troupes des États-Unis, l’OTAN ne disposerait plus de capacité de projection. Elle
serait réduite à une addition de petites armées ne pouvant pas se déplacer, chacune, hors de son territoire national.
Que signifie une «Défense européenne»
?
Durant la Guerre froide, le Royaume-Uni et les États-Unis, qui dirigeaient alors ensemble l’Alliance, avaient le projet de coordonner les alliés d’Europe
occidentale afin de pouvoir les envoyer se battre en Corée. C’est la «Communauté européenne de Défense» (CED) que les patriotes français, c’est-à-dire les gaullistes et les communistes
unis, font échouer en 1954. À défaut, les Anglo-Saxons créèrent «l’Union de l’Europe occidentale» (UEO), dont le rôle fut surtout d’organiser le réarmement de l’Allemagne.
François Mitterrand
et Helmut Köhl ont créé l’Eurocorps et la Politique étrangère et de Sécurité commune pour
que, plus jamais, leurs deux pays ne se battent l’un contre l’autre.
Lors de la réunification allemande, en 1991, les Communautés économiques européennes se transforment, par le traité de Maastricht, en Union européenne.
Désormais elles disposent d’une «Politique étrangère et de Sécurité commune» (PESC). Cependant, si l’Eurocorps est créé, durant les guerres de Yougoslavie, l’Allemagne soutient la
Croatie, tandis que la France soutient la Serbie. Toutefois, en décembre 1998, au sommet de Saint-Malo, le Royaume-Uni accepte l’idée d’une défense européenne, indépendante de l’OTAN.
Quelques jours plus tard, les Européens prolongent la PESC par une «Politique européenne de sécurité et de défense commune» (PESDC), confiée à l’ancien secrétaire général de l’OTAN,
Javier Solana. Désormais l’UE, de sa propre initiative, est prête à organiser des opérations de maintien de la paix.
Tony Blair et Jacques
Chirac ont créé la Politique européenne de sécurité et de défense commune pour que l’UE
puisse organiser des opérations communes de maintien de la paix.
En 2003, lorsque, à la fin de la seconde guerre du Congo, en Ituri, les milices rivales Lendu et Hema s’entretuent, le secrétaire général de l’ONU, Kofi
Annan lance un appel auquel l’Union européenne répond. C’est l’opération Artémis : plus de 2 000 hommes de 18 nations y participent. En réalité les quatre-cinquièmes des
forces sont françaises.
À la suite de cette opération, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne proposent la création de l’Agence européenne de défense (AED) chargée du
développement des capacités militaires, de la recherche et de l’armement. Sur cette lancée, le traité de Lisbonne de 2009 crée le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), chargé
de gérer les éléments civils et militaires dont dispose l’UE pour faire face aux crises. En 2015, après les attentats du Bataclan et de Saint-Denis, commandités par la Turquie3,
la France invoque la clause de défense mutuelle (article 42.7 du traité de Lisbonne) de l’UE.
Federica Mogherini et
les 23 ministres de la Défense de l’UE (sur cette photo, Ursula von der Leyen représente
l’Allemagne) activent la Coopération structurée permanente permettant à quelques
États de l’UE de coopérer à des actions militaires communes dans le
cadre de l’Union.
En 2016, lors de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité,
propose une «Stratégie Globale de l’Union européenne sur la politique étrangère de sécurité» (SGUE). En 2017, la Coopération structurée permanente (CSP), qui avait été prévue par le
traité de Lisbonne, est activée. Elle prévoit de rassembler un «noyau dur» d’États autour de projets inclusifs et ambitieux, menés en complément des actions communes. Simultanément un
Fonds européen de Défense est créé pour faciliter le financement de cette coopération renforcée.
Avec la guerre en Ukraine, où l’UE prend le parti des «nationalistes intégraux» ukrainiens contre la Russie, les choses s’accélèrent : Bruxelles mobilise
des dizaines de milliards d’euros pour produire des armes et les donner à l’Ukraine. Simultanément, l’OTAN coordonne les armées européennes alentour du champ de bataille pour recueillir
du renseignement militaire et pour assister l’armée ukrainienne. Cette symbiose est soudainement remise en cause par la réélection du président Donald Trump.
Quelles options se présentent aux
Européens d’Occident ?
Lorsqu’il est apparu à certains Européens (prioritairement à la France, l’Allemagne et le Danemark, mais pas aux États Baltes, ni à la Pologne et ni à la
Roumanie) que les États-Unis, laissant tomber les «nationalistes intégraux» ukrainiens, allaient conclure un accord de paix séparé avec la Russie, les Européens d’Occident (c’est-à-dire
avec le Royaume-Uni qui n’est pas membre de l’UE et sans la Russie) se sont trouvés face à eux-mêmes.
Les différentes réunions, improvisées à Paris, à Londres et à Bruxelles, ont permis d’élaborer un plan visant à prévenir le chaos qu’un retrait brutal des
troupes états-uniennes d’Europe ne manquerait pas de provoquer. Tous les participants se sont retrouvés autour de l’idée (1) qu’ils devaient acquérir un armement dont ils ne disposent pas
aujourd’hui et (2) qu’ils devaient former de nouveaux soldats. Un tel plan nécessiterait 5 à 10 ans avant de porter ses premiers fruits.4
Pour le moment, les Européens d’Occident considèrent tous, plus ou moins, la Russie comme un dangereux ennemi potentiel. En réalité, en l’état, il n’existe
aucun risque de voir la Russie envahir ses voisins. Moscou n’a jamais envahi l’Ukraine, il a juste mené une «opération militaire spéciale» contre les «nationalistes intégraux», en
application de la résolution 2202 du conseil de Sécurité des Nations unies. Par contre, à l’issue de la guerre en Ukraine, il existe de vrais risques d’assister à une invasion de la
Galicie orientale par la Pologne, une invasion de la Moldavie par la Roumanie et surtout à une sécession de la Republika Srpska de la Bosnie-Herzégovine et à son rattachement à la
Serbie.5
Aussi la question de savoir qui prendra la tête d’une «coalition des volontaires» pour défendre l’Ukraine contre la Russie est particulièrement difficile à
résoudre. Paris et Londres sont en concurrence, étant entendu que la France et le Royaume-Uni sont les deux seules puissances nucléaires du groupe. Or, une bombe atomique ne sert à rien
pour celui qui ne dispose pas d’une défense conventionnelle crédible. L’avantage que Paris et Londres mettent en avant n’existe donc pas, ni pour eux, ni pour leurs alliés.
D’ores et déjà, la Roumanie a fait savoir qu’elle n’avait pas besoin du parapluie nucléaire français (sous-entendu, nous persistons à compter sur celui des
États-Unis)6.
Quant à Londres, une bonne partie du Foreign
Office assure qu’il ne sert à rien de dessiner des plans sur la comète et qu’il vaudrait mieux se focaliser sur une alliance avec la Chine face à la Russie.
Rappelons que la Commission européenne est, historiquement, la lointaine héritière de la Haute autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier
(CECA). À ce titre, sa présidente, Ursula von der Leyen, poursuit la politique de son prédécesseur, Walter Hallstein. Or, ce haut fonctionnaire européen fut, dans les années 1930, le
juriste qui avait imaginé le projet du Neuordnung
Europas (Nouvel ordre européen) pour le compte du chancelier Adolf Hitler. Aussi Madame von der Leyen cherche-t-elle à créer une armée européenne pour la défense de l’UE.
Cependant, cette vision a encore moins de chance de se réaliser que celles du président Emmanuel Macron et du Premier ministre Keir Starmer, dans la mesure où l’on ne peut pas former une
OTAN… sans les moyens de l’OTAN.
Macron et Starmer veulent créer une
OTAN nucléaire européenne. À Paris et à Berlin, pour la première fois depuis 60 ans, on parle à nouveau d’unir les efforts atomiques. Le diagnostic est clair : la folie des missiles
nucléaires a englouti l’Europe et Macron – le plus accro des deux – pousse les pays de l’UE – mais aussi le monde – dans l’engrenage de la Troisième Guerre mondiale
directe.
Macron prend-il le rôle du général de l’Armée de l’air américaine Jack D. Ripper, dans la comédie satirique Docteur Folamour ou :
comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe ? «Alors que les
États-Unis menacent de se retirer unilatéralement, même du plus haut poste militaire de l’OTAN, cinq nations européennes doivent combler le vide», stipule le Guardian.
Dans le
scénario du réalisateur Stanley Kubrick, le général Jack D. Ripper, est «paranoïaque et
fou».
Les États-Unis et la Russie participent à des
conférences en Arabie saoudite sans l’UE, sans Emmanuel Macron, pour trouver des accords permettant d’installer la paix en Ukraine. Mais, en parallèle, le président français a
l’ambition de mener une coalition avec le leader britannique contre la Russie et avec l’UE de fonder une armée européenne en parallèle des discussions entre les Américains et les Russes.
L’exclusion de l’Europe et de la France des négociations a – semble-t-il – accentuer l’ardeur du président français dans son entreprise guerrière.
«Guerre en Ukraine :
Macron recevra Zelensky mercredi soir pour préparer le sommet sur la sécurité», annonceBFMTV.
«Il s’agira
pour Emmanuel Macron, selon l’Élysée, de redire au président Zelensky que la France fera de la poursuite et du renforcement du soutien militaire et financier à l’Ukraine une priorité
absolue» ; «Jeudi matin, Emmanuel
Macron organise un nouveau sommet sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine (pour la mise en place de la «coalition des volontaires»), dans la lignée des réunions ces dernières semaines à
Paris et Londres pour mettre en place des garanties de sécurité pour Kiev dans le cadre d’un éventuel futur accord de paix avec la Russie, que tentent d’arracher les États-Unis de Donald
Trump», conclut BFMTV.
Le syndrome du général de l’Armée de l’air américaine Jack D. Ripper a – ainsi – contaminé plusieurs responsables politiques en UE.
Aujourd’hui, même la Lituanie, à peine visible sur la carte, s’extasie sur
la bombe atomique en envisageant de changer sa constitution pour l’obtenir, et Londres et Paris font déjà claquer – pour le moment – dans des déclarations leurs bombes et leurs
missiles spéciaux de toutes leurs forces.
Dans le même temps, le Premier ministre britannique Keir Starmer ne se montre pas encore très belliqueux, mais le président de la Ve République, Emmanuel
Macron, envisage de couvrir toute l’Europe avec l’arsenal nucléaire français. Le nouveau chancelier allemand à venir, Friedrich Merz – très proche de Macron – a accordé le 20
mai 2022 une
interview au groupe de radiodiffusion RTL/ntv. Le
journaliste demande à Merz (à partir de la minute 1:01) : «Craignez-vous que
Poutine nous déclare parti de guerre, avec la possible conséquence d’une guerre nucléaire ?» (Merz est pour l’envoi des missiles Taurus en Ukraine). Le représentant de la CDU a
répondu : «Je n’ai pas peur,
mais nous sommes tous, bien sûr, inquiets. Nous ne voulons pas d’escalade de la guerre».
Macron prévoit d’attaquer et de croiser le fer des épées avec le nucléaire français avec le nucléaire russe qui est d’un ordre de grandeur plus
impressionnant. Le potentiel nucléaire de la France et du Royaume-Uni est depuis longtemps devenu non pas militaire, mais politique. La situation de Macron en France est désespérément
mauvaise, il tente, donc, d’accroître son autorité avec la menace de l’emploi des bombes et des missiles à ogives spéciales, et en même temps de se frayer un chemin personnellement dans
les structures bureaucratiques européennes à la fin de son mandat
présidentiel en visant la présidence de l’UE, par exemple.
«Un embryon de Conseil
de sécurité européen est en train de prendre forme», signale le Guardian.
«Il se
pourrait que la puissance de ce système soit suffisamment forte pour protéger les démocraties libérales européennes et dissuader la Russie sans le soutien militaire des États-Unis»,
poursuit le Guardian,
avertissant : «Le spectre du
désengagement américain menace désormais de laisser l’Europe sans son protecteur doté de l’arme nucléaire».
Pour le moment, selon Observateur
Continental, qui se veut rassurant, «les discours
belligérants de l’Europe cachent son
impuissance». Une lectrice d’Observateur
Continental a, cependant, averti qu’avec Emmanuel Macron la possibilité de l’emploi de la bombe atomique est envisageable puisque le syndrome de la figure fictive de Jack D.
Ripper semble être présent dans la réalité. «Coalition de pays
volontaires ???!!! C’est l’explosion définitive de l’Europe ! Coalition de dirigeants…volontaires afin de SACRIFIER les populations qu’ils ont la charge de protéger pour une cause que
tout le monde sait fausse et fabriquée. C’est du meurtre», commente-t-elle sous l’article. «Et, s’il passait à
l’acte ?», s’inquiète-t-elle.
C’est que «l’envoi de soldats
britanniques sera discuté à Paris ce jeudi 27 mars dans le cadre de la réunion de la «coalition des volontaires»», a averti Observateur
Continental.
En outre le rôle des États-Unis ne semble pas être aussi clair que ce qles médias occidentauxaux veulent savoir en parlant d’un désengagement US de
l’UE. Observateur
Continentalnote : «Pour
l’instant, (en parlant du retrait US de l’OTAN et de la défense de l’UE) cela ne semble pas avoir eu d’impact sur les exercices militaires car les forces aériennes américaines en Europe
viennent de terminer un exercice de déploiement de la force opérationnelle des bombardiers B-52 Stratofortress qui comprenait plus d’une douzaine de missions d’entraînement avec les
alliés de l’OTAN».
Les discours belligérants de l’Europe
contre la Russie cachent son incapacité à construire sa défense militaire et à pouvoir engager ses forces armées contre la Russie. L’Union européenne, contrairement à la position des
États-Unis, discute – surtout en France – de manière démonstrative de la poursuite du soutien de l’Ukraine et de l’envoi de «soldats de la paix». Tout cela montre que l’UE vit
dans un univers parallèle.
L’UE continue de braver la paix en Ukraine. «Les chefs
d’état-major d’une trentaine de pays prêts à contribuer à des garanties de sécurité pour l’Ukraine» étaient, selon France
24, jeudi dernier à Londres – mais sans les États-Unis – pour
discuter d’un plan de maintien de la paix en cas de cessez-le-feu avec la Russie.
«Le Kremlin a vivement
dénoncé le même jour les plans de militarisation de l’Europe, par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov», souligne le média international français qui n’a pas manqué de rappeler
: «Cette
rencontre se tient alors que le président russe, Vladimir Poutine, a posé comme condition à tout cessez-le-feu l’arrêt de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine. La Russie a aussi
rejeté l’idée d’une présence de troupes étrangères en Ukraine dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu».
Le Guardiana
confirmé la volonté du Royaume-Uni d’envoyer des soldats britanniques en Ukraine «si un accord de
cessez-le-feu est conclu». «Le porte-parole de
Keir Starmer a déclaré que des milliers de soldats seraient nécessaires pour soutenir l’Ukraine en cas de cessez-le-feu et d’accord pour mettre fin à la guerre avec la Russie, que ce soit
par mer, sur terre ou dans les airs», précise le quotidien anglophone.
L’envoi de soldats britanniques sera discuté à Paris ce jeudi 27 mars dans le cadre de la réunion de la «coalition des volontaires». Son
objectif est de consolider la voie vers un cessez-le-feu avec la Russie peu après que les pays en guerre aient tenu des pourparlers prévus en Arabie saoudite lundi.
Le président français, Emmanuel Macron, insiste sur la «pression» [à mettre] sur la Russie pour qu’elle accepte la trêve en Ukraine, et il continue de
marteler : «La Russie constitue
une menace existentielle pour les Européens». Et, il estime que l’Europe doit agir.
«Le Premier ministre
britannique, Keir Starmer, s’efforce avec Emmanuel Macron de constituer une «coalition de pays volontaires» prêts à contribuer d’une façon ou d’une autre» ; «La réunion de jeudi
serait consacrée à la phase opérationnelle de leur plan de maintien de la paix en cas de cessez-le-feu», annonceLe
Monde.
Ces pressions de la France et du Royaume-Uni interviennent alors que les États-Unis et la Russie négocient sans les Européens en Arabie saoudite.
«Les
négociations entre les délégations russe et américaine ont commencé à Riyad», informe, par
ailleurs ce lundi, Observateur
Continental alors que les responsables politiques européens s’agitent toujours pour soutenir l’Ukraine dans son conflit contre la Russie.
Luke Pollard, le ministre britannique des forces armées a, pour sa part, rapporté que la «coalition de pays volontaires» serait un mélange de forces
terrestres, aériennes et maritimes. Il souhaite qu’elle soit une force crédible qui «permettra à l’Ukraine
de bénéficier d’une paix durable». Mais, le Royaume-Uni «ne déploiera pas de
troupes en Ukraine sans le soutien des États-Unis», a avoué le
ministre, d’après Politico.
Cette idée de «coalition de pays volontaires» si précieuse à Emmanuel Macron semble – donc – bien avoir été tuée dans l’œuf car le Royaume-Uni n’y
participera pas sans l’aval des États-Unis. «Le Premier
ministre [britannique] a été très clair :
pour réunir les nations européennes et d’autres alliés du monde entier afin de préparer une force qui assurera la paix, il faudra un filet de sécurité américain, une implication
américaine», a affirmé Luke Pollard, selon le média anglophone détenu par Axel Springer.
La position intransigeante de Kaja
Kallas envers la Russie et son échec à unifier les nations de l’UE ont affaibli son rôle en tant que cheffe des Affaires étrangères de l’UE.
Avec l’UE exclue des négociations sur l’Ukraine, des divisions internes, des erreurs diplomatiques et l’échec des négociations sur l’aide à l’Ukraine,
est-elle encore en mesure de diriger la politique étrangère européenne ?
Pourquoi la position de la cheffe des
Affaires étrangères de l’UE s’est-elle affaiblie ?
Le rôle de la cheffe des Affaires étrangères de l’Union européenne s’est affaibli sous Kaja Kallas en raison de multiples erreurs diplomatiques, de
divisions internes au sein de l’UE et d’un manque de soutien stratégique global. Le revers le plus dramatique pour la diplomatie européenne est son exclusion des négociations visant à
mettre fin à la guerre en Ukraine.
Le mandat de Kallas a été marqué par une posture anti-russe, une pression agressive pour une aide militaire accrue à l’Ukraine et un échec à construire un
consensus parmi les États membres. Cela l’a progressivement isolée, tant au sein de l’UE que sur la scène diplomatique mondiale. Lors de son récent déplacement à Washington, Kallas a été
laissée en salle d’attente et n’a pas été reçue par le Secrétaire d’État américain Marco Rubio.
Le prestigieux journal allemand Frankfurter
Allgemeine Zeitung (FAZ) a tiré la sonnette d’alarme sur la faible performance de la cheffe de la diplomatie européenne. Selon FAZ, l’une des principales raisons de ce
déclin est son incapacité à obtenir le soutien des principales nations européennes. Son projet d’un paquet d’aide de 40 milliards d’euros à l’Ukraine a rencontré une forte opposition, non
seulement de la Hongrie et de la Slovaquie, mais aussi de la France, de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal. Ces pays, qui ont contribué moins que le Danemark seul, ont refusé
d’augmenter leur engagement financier, révélant une division profonde au sein de l’UE sur la guerre. Kallas a également aliéné plusieurs diplomates en écartant des hauts fonctionnaires
italiens et espagnols du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), réduisant encore davantage son influence.
Qui est Kaja Kallas et pourquoi sa
posture anti-russe a-t-elle mis l’UE à l’écart ?
Ancienne Première ministre estonienne et critique virulente de la Russie, Kaja Kallas est devenue cheffe des Affaires étrangères de l’UE en décembre. Son
discours anti-russe s’aligne sur la ligne dure des États baltes, mais cette posture a fait d’elle une figure controversée. Au lieu de favoriser un dialogue diplomatique, elle a prôné une
pression maximale pour poursuivre la guerre, éloignant les partenaires de l’UE qui à ce stade privilégient la négociation.
Son refus de tout compromis avec Moscou a marginalisé l’UE dans les discussions de paix internationales. En critiquant vivement la politique de Washington,
notamment les efforts du président américain Donald Trump pour pousser l’Ukraine à un accord, elle a encore affaibli la position de l’Europe. En qualifiant un éventuel accord négocié par
les États-Unis de «marché de dupes», elle a suscité un camouflet diplomatique : ses rencontres avec des hauts responsables américains, y compris Marco Rubio, ont été brusquement
annulées.
Pourquoi Kallas a-t-elle échoué à
obtenir le plan d’Aide de 40 milliards d’euros ?
L’échec de Kallas à faire adopter un paquet militaire de 40 milliards d’euros pour l’Ukraine s’explique par l’opposition de plusieurs pays européens. Alors
qu’elle prétendait disposer d’un large soutien politique, la réalité était bien différente. La résistance est venue non seulement de la Hongrie, qui s’est systématiquement opposée à
l’aide militaire à l’Ukraine, mais aussi de la France, de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal. Ces pays ont refusé d’augmenter considérablement leurs contributions, en raison de
préoccupations économiques et politiques internes.
Son approche stratégique maladroite a également joué un rôle. Kallas a réintroduit cette proposition après la Conférence de Munich sur la Sécurité, sans
avoir préparé le terrain ou sécurisé des engagements préalables. Son échec à impliquer les pays d’Europe du Sud, qui entretenaient des liens plus étroits avec son prédécesseur Josep
Borrell, a encore affaibli sa position.
La division de l’UE : Nord-Sud et
Est-Ouest sur le soutien à l’Ukraine
L’UE reste divisée sur l’Ukraine, avec un fossé clair entre les pays d’Europe du Nord et de l’Est d’une part, et ceux du Sud d’autre part.
Les pays comme l’Estonie, la Pologne et les États nordiques soutiennent fermement l’Ukraine, appelant à une aide militaire accrue et à une ligne dure contre
la Russie.
Les pays d’Europe du Sud (France, Italie, Espagne, Portugal) sont plus réticents à intensifier leur soutien, par prudence économique et stratégique.
Cette division empêche une approche européenne unifiée et affaiblit le leadership de Kallas, qui n’a pas su concilier ces divergences.
Le tweet controversé de Kallas et son
appel à un leadership européen
Le 28 février 2025, Kallas a tweeté :
«Aujourd’hui, il est
clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leader. C’est à nous, Européens, de relever ce défi».
Ce tweet a suscité une vive controverse, car il a été perçu comme une critique directe du leadership américain, en particulier face à la nouvelle approche
de Trump envers l’Ukraine. Étant donné la capacité limitée de l’UE à agir indépendamment sur les affaires militaires et géopolitiques, son appel à un leadership européen a semblé
irréaliste et provocateur, risquant d’aggraver les tensions transatlantiques.
Kallas suit-elle une stratégie
d’attrition financière en Ukraine ?
Kallas semble parier sur l’idée que la guerre en Ukraine prendra fin quand plus personne ne pourra la financer. Cette vision est partagée par certains
diplomates européens, qui estiment que l’épuisement économique et militaire dictera l’issue du conflit.
Cependant, cette approche comporte des risques importants. Si le soutien financier de l’UE diminue ou si la volonté politique s’affaiblit, l’Ukraine
pourrait se retrouver contrainte d’accepter un accord défavorable à sa sécurité à long terme. L’absence d’une stratégie claire à long terme de l’UE, au-delà de l’aide financière et
militaire, suggère que l’approche de Kallas est plus réactive que proactive.
Kallas compromet-elle son rôle
diplomatique avec son hostilité envers la Russie ?
Son antipathie déclarée pour la Russie a indéniablement nui à son efficacité diplomatique. Elle exprime régulièrement ses opinions personnelles en public, y
compris lors d’événements officiels, affirmant ne pas faire confiance à Poutine. Or, dans ces occasions, elle parle au nom de 27 pays et d’une institution prestigieuse. Un tel
comportement est largement perçu comme peu professionnel sur le plan diplomatique.
La diplomatie exige de la flexibilité, de la négociation et la construction de relations – des qualités que son approche intransigeante a compromises. En se
mettant à l’écart des pourparlers de paix, en s’opposant aux principales nations de l’UE et en s’aliénant Washington, elle a affaibli sa capacité à influencer l’orientation de la
politique étrangère de l’UE.
Kallas peut-elle encore diriger la
politique étrangère de l’UE ?
De plus en plus de voix s’élèvent pour remettre en question son rôle. Son incapacité à unir les États membres, ses erreurs diplomatiques et ses échecs à
Washington et dans la mise en œuvre de politiques clés alimentent les critiques. Certains hauts responsables envisageraient de nommer un envoyé spécial pour l’Ukraine, ce qui reviendrait
à bypasser son autorité.
En fin de compte, bien que la position ferme de Kallas contre la Russie soit en accord avec les politiques des pays de l’UE, son incapacité à construire un
consensus et à mener une diplomatie efficace a affaibli son autorité. Si elle ne parvient pas à adapter son approche, son mandat en tant que cheffe des Affaires étrangères de l’UE
pourrait être de courte durée.
Quelques jours après que le premier ministre britannique Keir Starmer l’a annoncé que le plan de «coalition des volontaires» entrait dans une «phase
opérationnelle», le 20 mars dernier, les représentants de la majorité des pays de l’OTAN se sont réunis dans les banlieues de Londres pour discuter de la création de «la force de
maintien de la paix» en Ukraine et élaborer les plans de son action.
Londres, étant, après Washington, le principal coupable tant du déclenchement que du maintien de la guerre en Ukraine, s’attend à ce que plus de 30 pays,
dont l’intégralité des membres de l’OTAN, prennent une participation dans la nouvelle coalition et apportent leurs contributions.
Lors de ladite réunion, les participants ont convenu que les forces «de maintien de la paix» en Ukraine comprendront autant de troupes terrestres que de
forces aériennes et navales. Notamment, des militaires britanniques et français seront déployés tant dans les villes que dans les ports et les infrastructures critiques ; les navires de
patrouille et dragueurs de mines de l’OTAN opéreront en mer Noire.
De son côté, le 27 mars, Emmanuel Macron a organisé un nouveau sommet à Paris entre Volodymyr Zelensky et ses partenaires de guerre : «On a fait un gros
travail avec les Britanniques sur les conditions d’encadrer le cessez-le-feu et donc là, je pense que ça va être l’occasion d’en discuter et de le préciser», a déclaré le président
français.
Bien évidemment, en parlant d’une coalition et d’un grand déploiement militaire des forces de l’alliance du Traité de l’Atlantique Nord, ce n’est guère une
action d’une durée de 30 jours couvrant le cessez-le-feu proposé par les États-Unis d’Amérique qui est en discussion, mais une opération stratégique à long terme.
Les tentatives désespérées de se
sauver la face
La grandeur des ambitions des idées exprimées et des plans élaborés par la coalition anglo-franco-centrique ne peut être comparée qu’à la profondeur
abyssale de leur coupure de la réalité.
Car, jamais aucune force d’aucun pays de l’OTAN ne participera dans le prétendu processus de «maintien de la paix» sur le sol de l’Ukraine
post-conflit.
Après la remise démonstrative des pays du Vieux continent à leur véritable place – celle des vassaux du maitre outre-Atlantique – par le rejet de leur
présence à la table des futures négociations de paix en Ukraine qui n’auront lieu qu’entre les deux réelles puissances en guerre : les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie –
les récentes déclarations des pays-membres du camp en défaite face à la Russie ne sont que des tentatives maladroites et désespérées de sauver les débris restant de leur réputation, en
tant que puissances militaires, aux yeux du monde qui les observent d’une manière de plus en plus sceptique.
Contrairement à ces mensonges et illusions propagés depuis la réunion à Londres au sujet des futures actions des prétendues forces du «maintien de la paix»
en Ukraine dans la période post-guerre, mon affirmation sur l’impossibilité de la participation des forces armées des pays de l’OTAN dans le «maintien de la paix» en Ukraine est sans
équivoque et basée sur des fondements juridiques incontournables.
Plusieurs facteurs-clés rendent parfaitement impossible l’initiative occidentale de «contrôler» la paix en Ukraine à la fin du conflit armé.
La
conditionsine qua
nonde Moscou
Sans la signature de l’accord de paix entre Moscou et Kiev, la présence à titre officiel du moindre contingent militaire ne serait-ce que d’un seul des pays
membres de l’OTAN sur le sol ukrainien vaudra l’entrée directe de l’alliance de l’Atlantique Nord en guerre contre la Fédération de Russie.
Il est connu d’avance via de multiples déclarations de Moscou qui n’ont jamais varié au sujet des rapports entre Kiev et l’OTAN : l’une des
conditions sine qua
non de la signature de l’accord de paix sera l’interdiction signée et ratifiée par la partie adverse de la présence des forces armées du bloc de l’Otan sur le territoire de
l’Ukraine.
Soit, juridiquement, c’est bien le Kremlin et personne d’autre qui décidera de la présence du camp ennemi à ses frontières du sud-ouest. Une présence qui
n’aura jamais lieu : sa seule menace a été l’une des raisons principales pour Moscou d’entrer en guerre qui dure depuis plus de trois ans.
L’unique moyen de réaliser les fantasmes des dirigeants des pays de l’OTAN sur la présence en Ukraine de leurs forces «de maintien de la paix» est celui
d’entrer en guerre contre la Russie et de l’importer.
Les casques bleus
Les Casques bleus sont une force qui agit au nom de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans le cadre des opérations de maintien de la paix (OMP). Il est
donc logique de supposer que leur présence peut avoir lieu en Ukraine post-guerre.
Cela étant, le déploiement d’une telle mission ne peut être décidé que par le principal organe des Nations unies qui est le Conseil de sécurité. Le Conseil,
dont la Fédération de Russie est membre permanent et, à ce titre, dispose du droit de veto lorsque des résolutions doivent être votées.
Ainsi, une fois de plus, c’est bien Moscou qui décidera si la présence des casques bleus en Ukraine aura lieu ou non.
Navires de patrouille et dragueurs de
mines en mer Noire
Lors de la réunion de 20 mars à Londres, l’une des décisions qui a été prise était celle de la future présence des navires de patrouille et dragueurs de
mines de l’OTAN qui opéreront en mer Noire.
Les propagateurs de la désinformation depuis Londres ont «oublié» de parler de l’existence de la convention de Montreux. La convention de
Montreux, signée le 20 juillet 1936, détermine l’exercice de la circulation dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore (Turquie), ainsi que dans la mer Noire. Et le §2 de son
article 18 est sans équivoque :
«Quel que soit l’objet
de leur présence en mer Noire, les bâtiments de guerre des Puissances non riveraines ne pourront pas y rester plus de vingt et un jours».
Soit, aucune sérieuse présence supplémentaire de la marine du bloc de l’OTAN ne peut y avoir lieu. Hormis celles de la Roumanie, de la Bulgarie et de la
Turquie riveraines qui y sont déjà présentes et peuvent naviguer librement dans leurs eaux territoriales et les eaux internationales – ce qu’elles font depuis toujours.
Les déclarations européennes sur la future présence des navires de l’OTAN qui opéreront en mer Noire dans le cadre de «la force de maintien de la paix»
en Ukraine ne sont donc que de la rhétorique vide.
La constitution de
l’Ukraine
En vue des grossières violations au quotidien de la Constitution de l’Ukraine depuis 2014 et, plus particulièrement, depuis les 3 dernières années par les
régimes criminels successifs installés à Kiev, il est presque déplacé de mentionner l’existence d’une Constitution dans ce pays des hors la loi et, encore moins, de mentionner l’existence
de l’article 17 de ladite Constitution qui est sans équivoque :
«Le déploiement de
bases militaires étrangères sur le territoire ukrainien est interdit».
Il est tout à fait certain qu’une violation constitutionnelle de plus, parmi tant d’autres, par le déploiement des forces armées de l’OTAN sur le territoire
de l’Ukraine serait passé tout à fait inaperçu. De plus que l’existence de la Cour constitutionnelle qui est l’unique organe de juridiction constitutionnelle en Ukraine a été réduite par
le régime de Zelensky à n’exister que sur papier.
Post-scriptum
En mettant de côté les fantaisies propagées par la composante européenne de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, revenons à la réalité :
D’une manière incontournable, seule la Fédération de Russie peut réellement garantir la paix sur le territoire de l’Ukraine. Il n’y aura
aucune paix, si les conditions de sécurité et la prise en compte des intérêts russes exigées par Moscou, durant tant d’années avant-même le déclenchement de la guerre, ne sont pas
respectées par le camp-ennemi. Et en mentionnant l’ennemi, ce n’est guère du camp ukrainien qui n’a jamais été qu’un outil périssable entre les mains des tireurs de ficelles anglo-saxons
dont je parle.
L’intervention directe et officielle de la moindre composante militaire d’un seul des pays de l’OTAN sur le sol
ukrainien vaudra directement son entrée en guerre contre la Russie avec toutes les conséquences pour le monde qui en découleront.
Cela étant, si une telle situation a été soigneusement évitée dans les heures les plus sombres du règne belliqueux des «démocrates» sur la Maison-Blanche –
ce n’est certainement pas demain que cela arrivera dans le cadre des gesticulations archaïques et impuissantes des anciennes puissances européennes, dont «l’âge d’or» a sombré à tout
jamais dans l’oubli du passé.
Le projet de financement du réarmement de l’armée UE déjà mis en échec
À peine l’idée lancée, le plan de
réarmement de l’UE, devant être financé à hauteur de 800 milliards d’euros, se heurte à la réalité politique et économique. D’abord, l’UE n’a pas encore cette somme et un premier pays de
l’UE et de l’OTAN refuse ce projet.
Le Parlement néerlandais vient de voter contre le plan de réarmement de l’Europe. Alors que TF1 relance
la question de toucher à l’épargne des Français pour financer ce réarmement, le chemin sur l’économie de guerre prévoit la réalisation de grosses économies sur le dos des salariés,
des travailleurs, des retraités et des chômeurs et sur les structures de santé. Bruxelles envisage un sacrifice des populations.
L’«argent magique» pour le réarmement. Le feu vert est déjà passé au rouge pour le financement du réarmement de l’UE. Thierry Breton, qui a été ministre de
l’Économie et des Finances de 2005 à 2007 en France, et commissaire européen en charge du marché intérieur, également responsable du numérique, de l’industrie, de la défense et de
l’espace du 1er décembre 2019 au 16 septembre 2024, a dans un
entretien à TF1a abordé la
question du financement de ce réarmement de l’UE.
«On parle beaucoup en
ce moment de financement, on l’a vu, il y a eu un Conseil européen qui s’est tenu pas plus tard qu’hier [6 mars], c’est un premier pas et les 27 ont donné leur feu vert», a-t-il
rapporté. «Tous ont félicité.
C’est un démarrage. Je voudrais juste faire une parenthèse. C’est un parallèle absolument parfait avec ce qui s’est passé lorsqu’on s’est mis tous ensemble pour réagir à la crise du
COVID, vous en souvenez ? J’étais très favorable à l’emprunt collectif. Mais, il a fallu faire les choses par étape et, donc, on a commencé par faire avec ce qu’on avait. On appelait ça
le plan chaud. C’était de permettre à l’Europe qu’elle autorise les États membres à s’endetter à l’époque à hauteur de 100 milliards pour pouvoir faire face aux problèmes d’emploi».
C’était «l’argent
magique».
Le bouclier antimissile de l’UE n’est pas européen, mais américain, allemand et israélien. Dans l’entretien avec Thierry Breton, TF1 sur la
question du réarmement de l’UE, souligne le paradoxe suivant : «Le bouclier
antimissile de l’UE, qui typiquement est soi-disant européen, a en réalité une part allemande, une autre américaine et la dernière israélienne». Thierry Breton se veut rassurant,
mais confirme l’existence du projet non européen de la défense : «On ne sait qu’il y a
18 mois, les Allemands ont décidé de créer une petite coalition pour bâtir une architecture. Heureusement, elle n’est pas encore lancée. Elle serait faite de missiles patriotes américains
et effectivement d’un support israélien». Il note que les armées en Europe qui ont des F35 «pour les démarrer, il
faut l’autorisation aux États-Unis pour avoir les codes». Et, TF1 questionne
: «Peut-être qu’il va
falloir qu’on annule les commandes et qu’on les remplace par des Rafale. Faut combien de temps pour faire cette bascule ?»
Les 800 milliards pour le réarmement de l’UE n’existent pas. «Et c’est là qu’on en
vient précisément maintenant à la capacité d’augmenter massivement et très rapidement notre appareil de production industriel militaire en Europe», imagine Thierry Breton, annonçant
qu’«on peut
le faire», et que cela demanderait «un an ou deux
ans». Le hic est qu’il avertit que la Commission européenne n’a pas l’argent pour le projet de réarmement et que pour cette raison elle mise sur le surendettement des pays de l’UE
pour financer cet argent qui n’existe pas. «C’est effectivement
un endettement commun à hauteur de plusieurs centaines de milliards d’euros», martèle-t-il, informant qu’il faudra faire des économies ailleurs pour financer cette économie de
guerre.
Les Pays-Bas refusent le plan de Bruxelles. Thierry Breton craint que «si jamais on n’a pas
une capacité de contraindre» les pays d’aller sur l’économie de guerre «ensemble», «ils vont le faire de
façon isolée» et «on va fragmenter
l’Europe». C’est ce qui se passe maintenant. «Le Parlement
néerlandais vote contre le plan de réarmement de l’Europe», a fait
savoirObservateur
Continental, précisant que «la plupart des
parlementaires des Pays-Bas ont voté contre la participation de l’État à la proposition de la Commission européenne pour le plan de réarmement de l’Europe». «La proposition contre
le plan de réarmement européen a été déposée par Joost Eerdmans (JA21). Au moment du vote, 73 députés (dont le PVV, la BBB et le NSC) et 71 ont fait l’objet d’une opposition. Trois des
quatre partis du gouvernement ont donc voté sur la motion contre les plans du Premier ministre Schoof. Il s’était précédemment engagé à coopérer avec le Projet européen de défense»,
continue Observateur
Continental. La raison : «Les partis
néerlandais ont principalement voté contre le plan européen de réarmement parce que la Commission européenne annonce que les pays peuvent écarter les règles fiscales. Ils craignent que la
dette nationale n’augmente plus rapidement. En outre, ils ne veulent pas que les pays européens contractent conjointement des prêts pour augmenter le budget de la défense. Il y aurait un
risque supplémentaire que les pays puissent payer les dettes des autres».
L’OMS continuera d’avancer. Et comme
le veulent les Européens, jusqu’au dernier Ukrainien.
Commençons par le moment Route de Damas du secrétaire d’État américain Marco Rubio :
«Franchement, c’est
une guerre par procuration entre puissances nucléaires, les États-Unis aidant l’Ukraine et la Russie, et elle doit prendre fin».
Un beau gâchis. Jeffrey Sachs à la
rescousse. Bien sûr, la formulation correcte serait «guerre par procuration lancée par les États-Unis». Mais quand même : Alléluia ! Une telle illumination – par
procuration – des cieux ne pouvait pas frapper le précédent secrétaire américain au génocide.
Passons maintenant à la panique. Panique européenne totale.
Le Petit Roi, aussi populaire en France que les moustiques nocturnes dans une station balnéaire cinq étoiles, a déclaré que la paix en Europe n’était
possible qu’avec une Russie «apprivoisée» et que la Russie constituait une menace directe pour la France et l’Europe.
Concernant l’Ukraine, il a pontifié que la paix ne pouvait tout simplement pas avoir lieu selon les conditions russes ou par le biais de la capitulation
inévitable de l’Ukraine.
Le Petit Roi essoufflé a littéralement explosé. Il a souligné que la France possédait une force de dissuasion nucléaire et l’a offerte au reste de l’Europe,
tout en insistant sur le fait que l’avenir de l’Europe ne devait pas être dicté par Moscou ou Washington.
Le Petit Roi a presque déclaré la guerre à la Russie de manière napoléonienne. Il n’en reste pas moins que l’écrasante majorité des Français accepterait
volontiers que le mini-Napoléon soit immédiatement envoyé sur les champs de bataille de la terre noire de Novorossia, où il se rendrait en moins de 5 minutes, agitant un drapeau
arc-en-ciel, réalisant qu’il est sur le point d’être transformé en steak tartare en un instant.
Associons maintenant cette farce de Molière au sort de la Nouvelle Armée Modèle Woke, beaucoup plus grande et plus grosse, paneuropéenne, régimentée par la
Fuhrerin SS von der Lugen depuis Bruxelles, qui serait financée à hauteur de 800 milliards d’euros – de l’argent que personne n’a, et qui devrait être prêté puis
remboursé avec des taux d’intérêt d’extorsion exorbitants aux vautours habituels du système financier international.
La SS von der Lugen insiste sur le fait que l’Europe est en danger, donc la solution est une expansion massive du complexe militaro-industriel – en
pratique, acheter plus d’armes américaines hors de prix – et le «réarmement».
Parler de Gotterdammerung sous crack.
Si la Nouvelle Armée Modèle Woke venait à voir le jour, la reddition serait également une question de moins de 5 minutes – brandissant des drapeaux
arc-en-ciel – car ses guerriers woke seraient confrontés à la terrible perspective d’être Oreshnikés en un tas de hamburgers grillés au charbon de bois.
Ajoutez à cela le retour de la saga Nord Stream, avec un nouveau rebondissement. Sy Hersh a prouvé de manière concluante que les Nord Stream ont été
bombardés sur ordre de l’ancien régime de Washington. Maintenant, Nord Stream 2, au moins, pourrait être remis en service grâce à un accord pas si secret entre les États-Unis et la Russie
impliquant Gazprom et des oligarques américains.
Pendant ce temps, les fanatiques de Berlin affirment à qui veut l’entendre qu’ils veulent explorer tous les moyens possibles pour empêcher (mes
italiques) la réparation du système Nord Stream – car après tout, personne, surtout le nouveau chancelier BlackRock, ne peut dévier de la politique officielle qui consiste à détruire
l’économie allemande par tous les moyens nécessaires.
Pour aggraver ce scénario kafkaïen, le Premier ministre du Danemark, qui est sur le point de perdre le Groenland «d’une manière ou
d’une autre» au profit de Trump 2.0, a immortalisé les mots «la paix en Ukraine
sera plus dangereuse que la guerre». Le Premier ministre polonais n’a pas manqué une occasion d’ajouter que «l’Europe est plus
forte que la Russie et capable de gagner dans toute confrontation militaire, financière ou économique». L’Europe est actuellement sur ce genre de lancée «gagnante» – comme le montre
le bilan.
Toute cette tour de Babel désorganisée prouve, sans l’ombre d’un doute, que l’Europe est géopolitiquement – et
géoéconomiquement – morte et enterrée. Aucun dieu teutonique – avec une grosse dame qui chante – ne pourra la ressusciter.
Flirter avec un aller simple pour
l’âge de pierre
L’idée que l’Europe soit capable de représenter une menace militaire pour la Russie ne peut même pas être qualifiée de propagande de pacotille pour des
personnes au QI inférieur à zéro. Il faudrait au moins une décennie pour remilitariser l’Allemagne, car son économie est moribonde, poignardée en série par des coûts énergétiques
ingérables. La Russie, pour sa part, est protégée d’une éventuelle attaque nucléaire par le maigre arsenal «parapluie» du Petit Roi par les défenses antimissiles les plus
sophistiquées au monde.
Les missiles défensifs Aegis en Pologne sont relativement inutiles, même si leur principal danger pour la Russie reste la possibilité de convertir le
système pour qu’il puisse gérer des missiles offensifs. Dans l’ensemble, les systèmes Aegis, Patriot, THAAD-PAC-3 et SBIR-HIGH Ground Based Infrared sont tous relativement
inutiles.
À part les États-Unis, l’OTAN n’a tout simplement aucune valeur militaire. Et Washington, sous Trump 2.0, ne sera tout simplement pas
impliqué dans la prochaine guerre européenne.
Les États-Unis disposent de systèmes de ciblage par satellite, mais aucun autre pays de l’OTAN ne les possède. Avec le retrait des États-Unis, et dans
l’éventualité d’une hypothétique attaque de la Nouvelle Armée Woke menée par von der Lugen contre la Russie, les missiles russes peuvent détruire tous les ports, aéroports et
systèmes de fabrication et d’énergie européens en une journée maximum, ramenant instantanément l’Europe à l’âge de pierre.
Cela s’applique à l’Angleterre, à la France, à l’Allemagne, sans parler de divers pays : L’ensemble de l’OTAN. La Russie peut détruire tous les systèmes
d’alimentation britanniques avec des Zircons lancés depuis un sous-marin conventionnel. Âge de pierre, nous voilà. Les missiles hypersoniques russes ne peuvent pas être
interceptés.
Pendant ce temps, le président Poutine insiste pour parler de bon sens aux fous. Lors de la réunion du FSB le 27 février, il a noté comment «certaines élites
occidentales sont toujours déterminées à maintenir l’instabilité dans le monde, et ces forces vont essayer de perturber et de compromettre le dialogue [avec les
États-Unis] qui a commencé.
Nous le voyons. Nous devons en tenir compte et utiliser toutes les possibilités de la diplomatie et des services spéciaux pour perturber de telles tentatives».
Comme l’a noté Andreï Martyanov, les superpuissances n’ont «que deux options au
XXIe siècle : soit déclencher la troisième guerre mondiale qui se terminera par un échange nucléaire, soit trouver un modus vivendi». C’est une conversation d’adultes qui
exclut automatiquement l’hospice européen et les crises de colère enfantines de l’acteur cinglé de Kiev.
L’acteur cinglé n’a jamais eu le
moindre (mes italiques) atout. Il fait maintenant pitié à voir, faisant des culbutes pour s’accrocher au pouvoir, soutenu par l’argent, les armes et la propagande massive de
l’Occident (autrefois) collectif. Aujourd’hui, le pays qu’il a «créé» est en train de perdre non seulement la guerre, mais aussi la guerre de l’image.
L’ancien conseiller du chef de cabinet de Zelensky, Oleksiy Arestovych, aussi visqueux que possible, mais toujours à l’affût d’informations fiables, est
convaincu que l’armée ukrainienne, aveugle et bigleuse, peut tenir au mieux encore un mois et demi à deux mois sans toutes ces bonnes choses américaines. Sans données de renseignement,
les forces de Kiev ne peuvent pas préparer des frappes contre la fédération de Russie ni mener des opérations de reconnaissance et de cyber-opérations.
Le pays 404 dans son ensemble entre maintenant en territoire de Walking Dead. L’Europe, avec ou sans son Armada Invincible de la SS von der Lugen, n’a pas
la capacité industrielle, la puissance financière et la capacité militaire pour arrêter la débâcle. La Russie a déjà déclaré que toute troupe européenne de «maintien de la paix»
deviendrait immédiatement une cible légitime.
L’échec spectaculaire du projet Ukraine est un spectacle à voir. Il n’est pas étonnant que les «élites» politiques actuelles, vulgaires et horribles, soient
en proie à une panique totale. Sans le projet Ukraine et sans la protection mafieuse de la Voix de son Maître, elles ne sont, géopolitiquement parlant, qu’une petite péninsule
postcoloniale sans importance aux frontières occidentales de l’Eurasie en pleine intégration.
Quant à Trump 2.0 et au Kremlin qui auraient déjà conclu une sorte de pré-accord, avant même le début de négociations sérieuses, rien ne le prouve pour
l’instant. Selon des sources russes, il s’agirait d’un accord général sur le cadre des discussions et sur ce qui peut être réalisé dans la pratique. Cette première étape durera au moins
quelques mois.
Les thèmes abordés vont de la levée des sanctions sur les banques russes et de l’utilisation des cartes MIR à la reprise des vols directs et à la réduction
de la militarisation de l’Arctique.
Tout dépend essentiellement de la volonté de Trump de mettre rapidement fin au conflit en Ukraine et de sa capacité à le faire, tout en se désengageant
lentement mais sûrement de l’OTAN.
Compte tenu de ce qui semble être son orientation stratégique, Trump veut s’assurer qu’il n’aura pas à offrir la protection de la mafia aux membres
européens de l’OTAN s’ils insistent pour poursuivre leur Guerre éternelle contre la Russie. Il est clair que la fermeture de Starlink et l’arrêt du satellite ISR conduiraient à une fin de
partie beaucoup plus rapide sur le champ de bataille.
L’OMS, quant à elle, continuera d’avancer. Et comme le veulent les Européens, jusqu’au dernier Ukrainien.
La Russie a retenu la recommandation de Lénine : L’ironie et la patience sont la vertu du bolchevik… Voici démontées les différentes étapes de la
constitution du sophisme de Macron et de l’UE : La Russie est effondrée, son économie est en pleine débâcle, son armée piétine et déserte face à nos guerriers par procuration, Poutine a
quarante cancers et il est enfermé dans sa paranoïa, et dans le même temps on brame qu’il faut se sacrifier, enfin les petits, pas les gros eux ils s’engraissent, parce que le terrible
Poutine et ses chars sont aux portes de notre douce France. J’ajouterai que la situation est telle que le peuple français pourtant considéré comme un des plus rationnels doit avaler ce
plat indigeste dans tous les médias pour justifier n’importe quoi. Cela va même jusqu’à l’effort en faveur de la paix qui doit céder à cette schizophrénie et à l’idée que l’on peut faire
n’importe quoi à la Russie et qu’il n’y aura aucune conséquence.
Danielle
Bleitrach
*
par Kirill Strelnikov
La communauté scientifique mondiale discute activement de la possibilité d’inclure la russophrénie dans la liste officielle des maladies mentales. Il s’agit
d’un état obsessionnel grave dans lequel le patient est convaincu que la Russie est sur le point de s’effondrer totalement et qu’elle va bientôt asservir le monde entier. Les experts
russes suggèrent d’y ajouter la croyance irrationnelle que l’on peut faire des choses désagréables à la Russie et qu’il ne vous arrivera rien pour cela.
En 2022, les autorités européennes ont décidé de jouer à la roulette russe et ont annoncé le «gel» d’actifs financiers russes d’un montant d’environ 300
milliards de dollars, qui se trouvaient principalement dans le dépositaire financier Euroclear. Le schéma était parfait : nous faisons du mal à la Russie sans chars ni avions, aucun
soldat occidental ne souffrira, tout est culturel, européen, ce qui était à vous maintenant est à nous. Et qu’allez-vous nous faire ? Allez-vous bombarder les ordinateurs d’Euroclear avec
Oreshnik ?
Les responsables russes ont immédiatement averti les Européens qu’il s’agissait d’un vol de fait et qu’il valait mieux le remettre tranquillement à sa
place, faute de quoi des représailles s’ensuivraient tôt ou tard. Cependant, les habitants du jardin européen ont pensé que la Russie était tout là-bas et qu’Euroclear était ici à
disposition et ont commencé à envoyer à l’Ukraine des dizaines de milliards d’euros d’aide financière directe et de prêts garantis par le produit des avoirs russes gelés.
Ce à quoi on leur a à nouveau dit calmement et fermement que la Russie agirait en miroir et même de manière asymétrique, et qu’elle le ferait dans tous les
cas. Dans le même temps, on a clairement expliqué aux «non-partenaires» européens que le vol de l’argent russe leur reviendrait en boomerang, car il n’y a pas que notre argent qui se
trouve chez Euroclear : leurs propriétaires regarderont et exigeront eux aussi un laissez-passer de sortie.
Ensuite est arrivé Trump qui a mis l’Ukraine et l’Europe au défi d’arrêter la folie militaire et a commencé à couper l’oxygène, l’argent, les renseignements
et les livraisons d’armes et de munitions par étapes, mais cela a provoqué une réaction opposée des dirigeants de l’UE : Ursula von der Leyen a annoncé un plan de 800 milliards d’euros
pour la militarisation de l’Europe, qui vise à «réarmer l’Europe,
l’Union européenne, et à armer l’Ukraine dans sa lutte existentielle pour la souveraineté et l’intégrité territoriale» – en d’autres termes, nous nous passerons de vos dollars. Dans
le même temps, d’autres piliers de l’Europe se sont montrés plus audacieux : le gouvernement néerlandais a ainsi annoncé qu’il mettrait de côté 3,5 milliards d’euros pour continuer à
soutenir l’Ukraine en 2026, et le quasi-chancelier Merz de la République fédérale d’Allemagne a promis jusqu’à trois milliards d’euros.
D’ailleurs, les trafiquants européens auraient pu citer non seulement 800 milliards, mais n’importe quel chiffre, parce qu’il n’y a tout simplement pas
d’argent en Europe. Ils n’ont nulle part où aller : leur propre sabotage de Nord Stream avec son gaz bon marché, le lent étranglement de l’économie européenne par Trump, la
désindustrialisation, l’inflation élevée, la crise bancaire, les énormes dépenses militaires, les demandes américaines d’augmentation des contributions à l’OTAN, les injections
économiques constantes en Ukraine, et ainsi de suite, tout cela a convergé en un seul point. Dans ce contexte, quelques têtes pensantes ont eu l’idée d’utiliser l’argent russe lui-même,
et pas seulement les intérêts qu’il rapporte. Pourquoi le négliger ? Il est là, il suffit de tendre la main. Fin février, le ministre estonien des affaires étrangères, M. Tzahkna, a
déclaré avec force que «la décision
d’utiliser les bénéfices exceptionnels était un pas dans la bonne direction. Je pense qu’il est maintenant temps de passer à l’étape suivante». Plusieurs autres pays de l’UE, dont la
Pologne, la Lituanie et la Lettonie, ont déclaré qu’ils étaient eux aussi prêts à envisager la saisie d’actifs russes. La joie a été légèrement gâchée par le silence soudain de la
Russie.
Quelques jours seulement se sont écoulés et hier, sur Euroradio, on a entendu la nouvelle suivante : «La Chine s’apprête à
retirer du marché européen des titres d’une valeur de plusieurs billions de dollars». Le présentateur, d’une voix banale et marmonnée, a déclaré que la Chine envisageait de retirer
ses actifs des dépositaires Euroclear et Clearstream et de les envoyer vers un nouveau dépositaire international basé sur la Bourse de Hong Kong (HKEX) et le Système central de règlement
du marché monétaire (CMU), qui constituera une alternative aux structures financières européennes. Cette décision «est une réponse à
l’intensification des risques géopolitiques et à l’utilisation d’instruments financiers comme armes politiques». Le retrait des actifs chinois créera une pénurie de liquidités sur
les marchés européens, et Euroclear, qui a reçu 4,4 milliards d’euros de bénéfices provenant des actifs russes gelés en 2023, pourrait être confronté à une forte baisse de ses revenus et
à une augmentation de sa charge fiscale. Les analystes estiment que la perte des clients chinois réduira la capitalisation d’Euroclear d’au moins 15 à 20%.
Après des grésillements et des parasites, le présentateur a ajouté que l’Arabie saoudite envisageait également de retirer ses actifs de l’Europe, ayant
averti en privé les pays du G7 d’une possible vente de certaines obligations européennes (jusqu’à 20 milliards d’euros) si l’Occident confisquait les actifs russes gelés.
Il est évident que l’annonce par Pékin de son intention de creuser un gros trou dans les finances de l’euro au moment même où les bellicistes en ont besoin
comme de l’air est une coïncidence totale. Personne ne peut supposer que cette question, parmi d’autres, a été abordée par Vladimir Poutine et Xi Jinping le 21 janvier de cette année, car
lors de cette conversation, comme nous le savons, il n’a été question que des célébrations du Nouvel An chinois et des cadeaux de la fête du printemps.
La conversation détendue du dirigeant russe avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane Al-Saoud le 20 février, au cours de laquelle la relation
de confiance entre la Russie et l’Arabie saoudite a été audacieusement et doublement soulignée et Riyad a été considérée comme un lieu possible pour une rencontre entre Poutine et Trump,
est également une coïncidence totale.
Lorsque les eurofinanciers, sûrs de leur impunité, ont plaisanté en disant «rien dans les mains !», ils ont oublié que les mains de la Russie peuvent
devenir très longues si quelque chose se produit. La russophrénie est une maladie grave, mais elle se soigne, et un médecin peut la traiter à distance si nécessaire.
Combien de retraités européens devront mourir de froid l’hiver prochain pour que les habitants de ces pays se rendent compte que la guerre en Ukraine n’est
qu’un racket ?
Le décalage total
d’avec les réalités n’aide personne à oeuvrer à la paix et à la prospérité, mais ce n’est pas l’objectif de cette cabale élitiste à Bruxelles.
L’Union européenne a un problème. Elle a tant besoin de se projeter dans le monde et auprès de ses propres citoyens comme un acteur majeur sur la scène
mondiale, avec une «politique
étrangère» forte et les moyens d’agir en conséquence, alors qu’en réalité les superpuissances du monde – États-Unis, Russie, Chine – ne la prennent pas au sérieux. À l’approche
du sommet de la paix en Arabie saoudite, auquel le président intérimaire de l’Ukraine, M. Zelensky, n’a pas été invité, les hauts fonctionnaires de l’UE ont commencé à paniquer. Ils ont
rapidement organisé leur propre sommet pour montrer à leurs concitoyens et à la communauté européenne qu’ils sont toujours utiles, mais cela ne convainc personne. Dans des moments comme
celui-ci, l’inquiétude des responsables de l’UE est que les gens modestes en Europe se rendent compte que tous les discours de politique étrangère internationale ne sont inspirés que d’un
bout de papier où figurent quelques rêves.
Le simple fait que Trump soit capable d’organiser des pourparlers de paix avec Poutine et de contourner l’UE montre à quel point cette dernière manque
d’efficacité. Il est facile de dépenser l’argent des contribuables européens, mais plus difficile d’élaborer les politiques à mettre en œuvre, surtout lorsque les États membres ne font
pas confiance à Bruxelles pour mener à bien ses aspirations mondiales.
Les hauts responsables de l’UE ont semblé se livrer à une véritable surenchère pour dénicher les propos les plus absurdes à tenir au sujet de l’Ukraine. Une
Ukraine en faillite affaiblirait à la fois l’Europe et les États-Unis ? Vraiment ? Puis, pour ne pas être en reste dans la catégorie «passer pour une
idiote», Annalena Baerbock a ajouté qu’il est impossible qu’un accord de paix soit conclu sans «nous» (les
Allemands), mais la palme revient certainement à Kaja Kallas, la soi-disant responsable de la politique étrangère de l’UE, qui a déclaré qu’aucun civil russe ne se serait fait tuer en
Ukraine.
Le niveau de stupidité, voire d’ignorance, est tout à fait stupéfiant.
Kallas ne peut pas être aussi bête et aussi mal informée, si ? Nombreux sont ceux qui se demandent comment une haute fonctionnaire de l’UE peut arriver à
une telle conclusion alors qu’elle est censée assimiler les statistiques et autres données relatives à la guerre. Peut-être a-t-elle simplement choisi de fermer les yeux et d’ignorer les
centaines d’enfants tués par les bombardements dans les régions de Donbas et de Donetsk – lors de la guerre récente, mais aussi avant, en 2014. Ou encore les civils massacrés comme des
chiens par les soldats ukrainiens à Koursk. Et c’est sans compter les civils russes tués ou mutilés par les attaques de drones à l’intérieur de la Russie.
Malheureusement, ce genre de déclarations ne fait que souligner le ridicule et l’inefficacité de l’UE face aux grandes puissances mondiales. Un tel décalage
avec la réalité n’aide personne à œuvrer pour la paix et la prospérité, mais ce n’est pas l’objectif de cette cabale élitiste à Bruxelles. Ils n’accordent de priorités qu’à leurs propres
postes bien rémunérés et à leur mode de vie, tout en se protégeant les uns les autres.
En règle générale, le poste de «plus haut diplomate
de l’UE», comme on l’appelle souvent, est toujours attribué à un imbécile. C’est comme si les États membres et le cercle de l’UE avaient convenu d’avance que le critère
principal pour ce poste est d’être attribué à un incapable, quelqu’un dont on peut garantir qu’il n’accomplira rien sur la scène internationale, mais qui sera juste capable de parler. La
logique sous-jacente est que les États membres de l’UE sont divisés sur la manière dont l’UE pourrait développer une politique étrangère audacieuse et brillante, et préfèrent que
Bruxelles se contente de faire des discours. Et rien d’autre. Les États membres ne souhaitent même pas que Bruxelles ait trop d’impact, au risque de générer d’autres problèmes. Le
meilleur candidat pour un tel poste est donc un crétin, quelqu’un qui a échoué en politique, qui ne maîtrise pas vraiment l’art de la rhétorique et sera très reconnaissant d’occuper ce
poste, mais dont on peut
également garantir qu’il n’accomplira rien de concret.
Les précédents chefs de la diplomatie européenne répondaient tous à ce critère, mais la plus stupide d’entre eux a été Catherine Ashton, une ministre de
second ordre si peu performante sous Blair qu’elle a dû être affectée à Bruxelles. La pauvre Catherine était tellement inepte à son poste qu’elle est devenue la risée de tous, y compris
de ses propres collaborateurs, qui se délectent encore de l’anecdote désopilante de sa visite dans un pays étranger et de la façon dont elle s’est perdue dans l’un des ministères dudit
pays. Il a fallu envoyer quelqu’un pour l’aider à sortir du bâtiment alors qu’elle se battait avec les ascenseurs et les différents interrupteurs.
Kallas ne vaut guère mieux. Elle est issue d’une dynastie politique estonienne corrompue : son père a été Premier ministre avant elle, et lui aussi a obtenu
un poste confortable à Bruxelles en tant que commissaire européen. La corruption au sein de l’élite de l’Union européenne est une constante. Elle récompense toujours ses propres membres
en leur offrant des postes excessivement bien rémunérés, alors que personne ne les prend au sérieux. Kallas a dû démissionner de son poste de Premier ministre dans son propre pays après
que les Estoniens se sont rendu compte qu’elle était tout simplement incapable. Un sondage a même montré que 70% des Estoniens ne lui faisaient pas confiance pour gouverner. Et où vont
les politiciens européens totalement inutiles ensuite ? À Bruxelles, bien entendu !
Lorsque de tels incapables occupent des postes à responsabilité au sein de l’UE, il est évidemment difficile de progresser sur la question de l’Ukraine, car
leur vision étriquée de la situation ralentit toute initiative. Bien sûr, von der Leyen, Baerbock et Kallas n’admettront jamais que leur stratégie a ruiné l’économie des États membres de
l’UE et mis l’UE en lambeaux. Mais leur arrogance et leur bêtise font partie du problème et ne feront jamais partie de la solution. Trump le sait et c’est pourquoi l’UE n’a pas été
invitée. Il a fait preuve d’un peu de bon sens en décidant de mettre fin à la guerre la plus insensée de l’histoire – une guerre dans laquelle les pays de l’UE se tirent eux-mêmes vers le
bas jour après jour, car les sanctions se retournent contre eux – permettant aux États-Unis de s’enrichir considérablement sous la présidence de Joe Biden. Si l’UE rejette l’initiative,
M. Trump pourrait bien perdre patience et devoir trouver un moyen de la ramener dans le droit chemin, en menaçant probablement de retirer les États-Unis de l’OTAN et/ou de déclencher une
guerre commerciale sur les tarifs douaniers. Comment ces trois politiciennes expliqueront-elles aux électeurs que l’inflation s’aggrave encore ? Combien de retraités européens devront
mourir de froid l’hiver prochain pour que les habitants de ces pays se rendent compte que la guerre en Ukraine n’est qu’un racket ?
Alors que Washington commence à envisager sa sortie du projet
Ukraine, les responsables européens continuent de fuir la réalité. C’est compréhensible compte tenu de toute l’eau que l’Europe s’est prise dans la gueule depuis le début de la guerre et de
la façon dont les mensonges de ses dirigeants ont fait de la Russie un ennemi existentiel à force d’accuser Moscou d’être la seule responsable.
Tous les sacrifices
consentis sur l’autel du projet Ukraine rendent désormais beaucoup plus difficile pour l’Europe d’admettre sa défaite. Et ce ne sont pas seulement du aux dommages économiques que les
Européens continuent de subir ; la structure de gouvernance de l’UE et les valeurs sociales ont changé de manière importante à mesure que les priorités du bloc ont été
bouleversées.
À certains égards,
l’UE est presque méconnaissable comparée à y a trois ans. Je pense donc qu’il serait utile de faire un tour d’horizon de tous ces changements ici avant de passer au refus persistant de la
classe européenne d’accepter la réalité et ce que cela pourrait signifier. La liste des changements en Europe en réponse à la guerre sera sans doute incomplète car il y a tellement de choses
à inclure, alors j’espère que les lecteurs pourront ajouter tout ce qui me manque dans les commentaires. Remarque : J’omets en grande partie les retombées économiques et la
désindustrialisation, car elles ont été si bien couvertes ici et ailleurs.
Un bon point de départ pourrait être quelques éléments que l’UE discute de plus en plus, c’est-à-dire sa réorganisation nécessaire pour faire face à la grande
“menace” russe à la suite du choc de la sortie des
États-Unis du projet Ukraine.
L’un de ces points est en train de modifier un élément central de l’idée même d’une Europe unifiée : les fonds de cohésion. Les gouvernements européens
financent cet effort pour renforcer la cohésion économique, sociale et territoriale de l’UE. L’argent — 78 milliards d’euros en 2025 — va en grande partie à l’environnement, aux transports et
à d’autres projets d’infrastructures pour les régions sous-développées. Cela semble appartenir au passé. La Commission européenne est en train de finaliser des plans pour permettre à l’argent
de financer à la place des projets militaires. Selon le Financial Times :
Cela comprendra l’autorisation de financement pour stimuler la production d’armes et de munitions, bien que l’interdiction d’utiliser les fonds de l’UE pour
acheter des armes restera en place.
Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que les fonds de cohésion pouvaient être utilisés pour l’industrie de la défense à condition qu’ils
contribuent à la “mission
globale visant à renforcer le développement régional« , y compris la mobilité militaire…
Le changement de politique visant à renforcer les dépenses liées à la défense sera également bien accueilli par les payeurs nets du budget de l’UE, tels que
l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, qui considèrent que l’utilisation des fonds existants est préférable à l’émission de dettes conjointes ou à l’octroi d’un financement accru de
l’UE.
On verra si une réorientation des fonds de cohésion est suffisante ou si la “crise » Trump remet les euro-obligations sur la table.
La Commission et la Banque centrale européenne n’ont cessé de s’endetter conjointement pour financer l’achat et/ou la fabrication d’armements. Les obligations de défense et les fonds de
cohésion militarisés auraient été refusés avec vigueur il y a quelques années ; maintenant, il n’y a que quelques récalcitrants qui se dressent sur le chemin.
Les deux idées signifieraient probablement que plus d’argent sortirait des poches des Européens pour enrichir Northrop Grumman, BAE Systems et Lockheed
Martin. Selon l’Institut International de la Paix de Stockholm :
Les 55% des importations d’armes des États européens fournis par les États-Unis en 2019-23 représentaient une augmentation substantielle par rapport aux 35%
de 2014-18. Les deux autres principaux fournisseurs de la région étaient l’Allemagne et la France, qui représentaient respectivement 6,4% et 4,6% des importations.
Laissez les bons moments continuer à s’écouler. Selon Bloomberg, “en 2023, Lockheed Martin et RTX ont dépensé un total combiné de
18,9 milliards de dollars en rachats d’actions, contre seulement 4,1 milliards de dollars en dépenses en capital.”
Qu’il s’agisse d’une refonte des
dépenses de cohésion ou d’euro-obligations, les deux impliqueraient une plus grande centralisation des financements, en dehors des autorités locales. C’est la continuation de la prise de
pouvoir par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen organisée au cours des trois dernières années.
Utilisant la guerre en Ukraine comme une opportunité, Ursula a été dotée de la Directive sur la Diligence Raisonnable en Matière de Durabilité des Entreprises,
du Règlement sur les Subventions Étrangères, d’un Instrument d’Achat International, d’un Instrument Anti-Coercition et de la Loi sur les Matières Premières Critiques de l’UE. Les “outils » d’Ursula ont
largement été utilisés pour maintenir les gouvernements européens en ligne sur le projet Ukraine tout en renforçant la dépendance du bloc vis-à-vis des États-Unis et en garantissant le
paiement rapide de son tribut. Si l’UE est à la dérive de ses amarres atlantistes, ces puissances reviendront-elles aux nations du bloc ou suralimenteront-elles ce processus au nom de la
lutte contre la Russie ?
Pendant ce temps, la commission d’Ursula saccage rapidement les lois vertes et technologiques mises en place au cours des dernières années. L’UE est déjà
dominée par des sociétés informatiques américaines qui fournissent des logiciels, des processeurs, des ordinateurs et des technologies cloud et nous pouvons nous attendre à plus de cela dans
l’IA. Dans la foulée des critiques du vice-président JD Vance la semaine dernière sur la réglementation européenne en matière d’IA, l’UE a immédiatement revu ses règles à la hausse, mais ce
n’est absolument pas à cause de la pression des États-Unis :
L’UE réduit ses règlements sur la technologie pour stimuler les investissements dans l’intelligence artificielle, selon le chef de la politique
numérique. L’UE réduit la réglementation technologique afin de stimuler les investissements dans l’intelligence artificielle, et non pas en raison de la pression exercée par les
entreprises Big Tech américaines et l’administration Trump, a déclaré la responsable numérique de l’Union européenne. Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive de la Commission européenne en charge de la politique numérique, a déclaré au Financial Times que l’UE souhaitait
« aider et
soutenir » les entreprises lors de l’application des règles sur l’IA, car l’Union cherchait à stimuler la compétitivité et à ne pas rater le coche de cette
technologie. Bruxelles doit s’assurer « que nous ne créons pas plus d’obligations
de rapport pour nos entreprises », a-t-elle déclaré.
En 2022, la Banque européenne d’investissement a commencé à financer des projets à double usage. La banque appartient aux États membres de l’UE et existe pour
financer des projets qui contribuent à la réalisation des objectifs politiques de l’UE, tous les États membres contribuant à la banque proportionnellement à leur PIB respectif. La part des
prêts consacrés à l’atténuation du changement climatique ou à la promotion de la croissance économique n’a cessé de diminuer à mesure que de plus en plus d’argent allait à l’Ukraine et à des
projets militaires.
L’année dernière, à la suite d’un appel similaire, la banque luxembourgeoise a modifié ses règles sur le financement des biens à double usage pour permettre aux
fonds de circuler vers des projets à vocation principalement militaire plutôt que civile.
Aujourd’hui, la plupart des pays de l’UE demandent à la banque d’aller encore plus loin. Selon l’AFP :
Une lettre diffusée vendredi, signée par 19 des 27 membres de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, a exhorté la Banque européenne
d’investissement (BEI) à assouplir ses règles sur ce qu’elle peut financer et augmenter le montant d’argent disponible…
Mais le prêteur n’est toujours pas en mesure de financer directement la production d’armes et de munitions — ce qui l’aide à conserver une excellente note,
lui permettant d’emprunter à moindre coût mais que les signataires aimeraient changer.
Les pays signataires ont également exhorté la Banque à discuter de la possibilité “d’émissions de dette spécifiques et
réservées” pour financer des projets de sécurité et de défense.
La BEI ne dépense encore que deux milliards d’euros (avec un autre milliard pour l’Ukraine) sur 95 pour des projets strictement militaires, mais la tendance est
claire.
Ailleurs, les États membres ont également réduit un fonds commun appelé Fonds de souveraineté européen, qui était destiné à aider l’Europe à concurrencer les
subventions américaines de la Loi sur la réduction de l’inflation, de 10 milliards € à 1,5 milliard €. L’argent restant est détournée des projets climatiques vers des projets axés sur les
armes.
Destination Grèce
Les gouvernements européens ont déjà engagé 241 milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine (contre 119 milliards par les États-Unis) depuis 2022. Ils ont dépensé près de mille milliers de dollars pour la crise énergétique auto-infligée. Ils sont également occupés à continuer de restructurer complètement leurs
sociétés afin d’acheter plus d’armes. Ils sont maintenant poussés à dépenser un énorme cinq pour cent du PIB pour acheter des armes (principalement de fabrication américaine). Il y a quelques
années à peine, l’objectif de deux pour cent était déjà difficile.
La commission Von der Leyen envisage maintenant de déclencher une clause d’urgence qui permettra aux gouvernements européens d’augmenter considérablement leurs dépenses militaires sans que cela ne
compte dans les limites de déficit budgétaire imposées par l’UE. Celles-ci s’appliqueront bien sûr toujours à d’autres postes budgétaires comme l’éducation et la santé.
Essentiellement, cela signifie affamer d’autres services publics afin d’acheter des armes. Cela fait penser à la Grèce. Selon un article d’Equal
Times datant de l’année dernière :
Aucun autre pays n’a souffert aussi directement des mesures d’austérité prescrites par Bruxelles. Dans le même temps, c’est le pays – au sein du groupe de
l’Otan – qui a alloué le pourcentage le plus élevé de son PIB aux dépenses militaires, atteignant 3,5% cette année – encore plus que les États-Unis. Conformément au programme des
formations qui ont remporté les élections européennes début juin, cette approche même – plus d’austérité et des dépenses militaires élevées – marquera les budgets des années à venir.
Cette véritable quadrature du cercle ne peut se traduire que par des coupes significatives dans les dépenses sociales.
…l’exemple fourni par le laboratoire grec offre très peu d’espoir. Après une décennie d’ajustement budgétaire, le pouvoir d’achat en Grèce a chuté, tombant
au bas de l’échelle dans l’UE, devant seulement la Bulgarie, tandis que certains de ses services publics, tels que les soins de santé, se sont gravement détériorés, créant un profond
sentiment d’inquiétude et de mécontentement parmi la population.
Tout le matériel militaire que l’UE achète pourrait être pour la plupart inutile contre la Russie, mais il sera peut-être utile pour discipliner la population
locale mécontente au nom de la compétitivité :
La Grèce introduit la semaine de 6 jours ouvrés, pour la croissance. Le gouvernement pro-entreprise dit que la mesure est nécessaire à cause d’une
population en diminution et d’un manque de travailleurs qualifiés. Cela va être le standard dans toute l’Europe d’ici peu.
La Grèce a depuis été dépassée par quelques autres pays en matière de dépenses militaires :
Mais alors que l’UE souffre de la
désindustrialisation, parle de sanctionner davantage les exportations de gaz russe pour faire pencher le marché en faveur des producteurs américains dans le but de rester dans les bonnes
grâces de Washington, se prépare à plus d’austérité dans les dépenses non militaires et voit les économies se contracter, le pourcentage du PIB affecté à la défense voit ses rendements
diminuer. Par exemple, regardez les résultats d’années d’austérité en Grèce :
Si l’UE poursuit l’austérité sociale
alors que les États membres s’en tiennent aux objectifs de dépenses de défense de l’OTAN, ils devront continuer à augmenter le budget pour dépenser le même montant, ce qui entraînera une
sorte de spirale de mort économique due à la militarisation. Cela semble être la voie privilégiée plutôt que d’admettre l’échec.
Pas de retour en arrière ?
Quelques éléments ressortent de la multitude de déclarations de l’administration Trump sur l’Ukraine qui, en l’espace d’une semaine, sont passées d’absurdités
sur les terres rares à Trump parlant d’un accord avec Moscou et Pékin pour que les trois pays réduisent de moitié leurs budgets militaires (et cela seulement quelques jours après avoir déclaré qu’il voulait augmenter les dépenses militaires). Il est difficile de dire ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, mais il n’en reste pas moins qu’il existe des
obstacles majeurs à la paix en Ukraine, et dans les déclarations américaines jusqu’à présent, il y a des éléments qui indiquent le soutien des États-Unis au suicide en cours de l’Europe. Ce
sont :
Les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention d’aider à défendre une ligne de cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, déclarant
que toute défense de ce type devra provenir des pays européens.
Les États-Unis laissent entendre que la puissance aérienne et la technologie des missiles américains pourraient être à la disposition des Européens.
Si les combats se poursuivent en Ukraine, l’Europe devrait acheter plus d’armes pour l’Ukraine tandis que les États-Unis reculeront.
Donc, dans le meilleur des cas, il y a un règlement. Mais c’est toujours un désastre potentiel pour l’Europe. Selon Bloomberg :
[Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth] expliquait à ses alliés européens qu’ils allaient devoir assumer la majeure partie du fardeau de tout
règlement. Bloomberg
Economics calcule que la protection de l’Ukraine et l’expansion de leurs propres armées pourraient coûter aux grandes puissances du continent 3.1 milliards de dollars
supplémentaires au cours des 10 prochaines années.
Un tel engagement exposerait les fractures que l’UE dissimule depuis des années. Mais avec un pétro-État autoritaire menaçant ses frontières orientales et
une prise de conscience croissante qu’ils ne peuvent pas compter sur la Maison Blanche, le coût de l’inaction pourrait être beaucoup plus élevé.
Et s’il n’y a pas de règlement ou si l’UE et l’Ukraine refusent d’y aller ? Ces trois éléments ci-dessus, s’ils prennent de l’ampleur, laissent la porte
ouverte à l’Europe pour devenir la prochaine Ukraine s’ils sont assez délirants pour la traverser.
La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Kaja Kallas, parmi d’autres, est impatiente de franchir
cette porte. Selon Politico :
[Kallas] a soutenu l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme la garantie de sécurité “la plus forte” et “la moins chère” disponible. Elle a
suggéré que la guerre se poursuivrait avec le soutien de l’Europe si Zelensky était exclu des pourparlers. “S’il y a un accord conclu dans notre dos,
cela ne fonctionnera tout simplement pas”, a-t-elle déclaré. “Les Ukrainiens résisteront et nous les
soutiendrons.”
La chose amusante à propos de tous les grincements de dents sur les mesures prises par l’administration Trump pour se retirer de l’Ukraine est que l’idée que
l’Europe assume davantage la charge de “l’ordre basé
sur règles” dans la périphérie russe est
depuis longtemps l’objectif déclaré.
Si nous regardons ce que les néoconservateurs, les groupes de réflexion des ploutocrates des deux côtés de l’Atlantique et les politiciens européens disaient,
cela a toujours été le plan. Voici un rapport daté de septembre de la Conférence de Munich sur la sécurité, communément appelée « Davos avec des fusils” :
Le révisionnisme agressif de la Russie a souligné la primauté de l’OTAN dans la défense européenne. Cependant, la possibilité réelle que Donald Trump
revienne à la Maison Blanche signifie que les Européens pourraient bientôt devoir s’emparer d’une part beaucoup plus importante du fardeau, à la fois en soutenant l’Ukraine et en
dissuadant la Russie. Une Union européenne de la défense forte, fondée sur les pouvoirs réglementaires de l’UE, sa capacité à mettre en commun ses ressources et son vaste marché unique,
peut devenir un catalyseur important d’un pilier européen plus solide au sein de l’OTAN.
Voici une équipe de l’influent Center for Strategic and International
Studies (CSIS) écrivant plus tôt cette année dans Foreign Affairs sur la façon dont l’Europe doit diriger
la lutte contre la Russie afin que les États-Unis puissent se concentrer sur la Chine :
Cette réalité compliquée exige que les alliés des États-Unis, en particulier en Europe, assument une plus grande part de l’endiguement de la Russie.
L’Europe a montré sa résilience politique et économique face à l’agression russe. Pourtant, militairement, le continent reste dépendant des États-Unis. Cette dynamique doit changer, en
partie parce que les États-Unis doivent consacrer davantage de leurs ressources à l’Asie. La croissance des dépenses de défense européennes depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine
par la Russie est une étape encourageante. En 2023, 11 membres de l’OTAN ont atteint leur objectif de dépenses, allouant au moins deux pour cent du PIB à la défense nationale, contre
seulement sept membres en 2022. Les autres doivent emboîter le pas.
L’Europe doit également résoudre le problème de la coordination. À l’heure actuelle, les États-Unis coordonnent plus de 25 armées en Europe. S’ils doivent
continuer à le faire à court terme, ils doivent aussi pousser les différents pays européens et l’Union européenne à assumer ce rôle et à créer un pilier européen plus fort au sein de
l’OTAN.
Le Centre d’Études Politiques Européennes rajoute :
Dans ce contexte, le véritable « moment
hamiltonien » de l’UE en matière de défense serait une décision d’émettre une dette commune pour financer correctement les ambitions énoncées dans sa Stratégie
industrielle de défense.
Sur la base de l’article 122 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et mis en œuvre conformément aux articles 173 et 174 du Traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne, de telles obligations—possibles en vertu du Règlement financier de l’UE—pourraient constituer l’épine dorsale des subventions accordées aux États
membres pour renforcer la capacité de production de défense de l’Union si elles étaient associées aux incitations existantes en faveur de la recherche, du développement, de la production
et des achats de capacités conjointes. Cela éviterait la logique à deux vitesses et les conditionnalités plus faibles entourant les propositions d’utiliser le Mécanisme européen de stabilité (à l’exclusion de pays clés tels que la Pologne, la Suède et le Danemark) pour accorder des prêts aux États membres de l’UE pour les
dépenses de défense.
À l’instar de la manière dont la Facilité pour la reprise et la résilience induite par le Covid a stabilisé les marchés européens et soutenu la demande
pendant et après la pandémie, les obligations Euro-défense sont un facteur potentiel de changement de la donne pour les ambitions de défense de l’UE en raison de la rapidité et de
l’ampleur potentielles de la mobilisation des ressources, et de l’impact potentiel sur la fragmentation du marché. Et, heureusement, la Cour constitutionnelle allemande ne devrait
avoir aucune objection à formuler cette fois-ci.
Et vous pouvez lire la même chose dans le Zeitenwende du chancelier
allemand Olaf Scholz, et dans les discours de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock que l’Allemagne mènera la lutte en Europe pour “l’ordre fondé sur des règles » tandis que les
États-Unis se concentrent sur la Chine.
Alors, quel est le problème maintenant ? Qu’ils ont réellement besoin de le faire maintenant plutôt que de simplement parler ?
Eh bien, Claude-France Arnould, ancienne directrice exécutive de l’Agence européenne de défense, explique une question opérationnelle clé qui tourne autour du Quartier Général Suprême des Puissances Alliées en Europe (SHAPE) — le quartier général des Opérations du
Commandement Allié de l’OTAN en Belgique :
La prise de conscience de ce besoin est le résultat de l’expérience yougoslave. Le choc de ces guerres et une humble dépendance vis-à-vis des États-Unis ont
conduit à la Déclaration franco-britannique de Saint-Malo [1998]. Nous étions incapables de maintenir la paix dans notre propre quartier. Les Britanniques ont réalisé que les Américains
n’aimaient pas ça. Il y avait un risque de désengagement américain si l’Europe avait besoin d’eux pour gérer le comportement de la Serbie dans la région. L’UE devait être capable de mener
de telles opérations de manière autonome. Les détails ont été définis dans l’accord Berlin Plus, permettant aux Européens d’utiliser SHAPE pour des missions dans un cadre européen…
Si un État membre est attaqué, par exemple. Disons un État balte, ou la Pologne, ou la Roumanie, ou un État qui n’est pas encore dans l’OTAN, comme
l’Ukraine, qui espère rejoindre l’UE dès que possible. Bien sûr, toutes les menaces ne viennent pas nécessairement de l’Est. Dans de tels scénarios, nous devons défendre un État membre de
l’UE avec nos propres ressources. Plutôt que de faire une énième grande déclaration sur l’UE et l’OTAN, nous devons donc nous assurer qu’en tant qu’Européens, nous pouvons utiliser SHAPE.
Le meilleur des cas est que nous agissions de concert avec nos alliés, avec les Américains, les Canadiens et les Turcs. Mais si ce n’est pas le cas, pouvons-nous utiliser les capacités de
commandement de l’OTAN ? Je veux parler des ressources humaines, des systèmes de communication sécurisés, de toute la logistique nécessaire pour pouvoir planifier et commander une
opération impliquant plusieurs États européens, soit dans le cadre d’un « pilier européen » de l’OTAN,
soit au sein de l’UE.
Nous verrons ce qui se passera, mais compte tenu de tout ce que l’Europe a déjà perdu dans ce conflit voué à l’échec, serait-il surprenant que ses dirigeants
incompétents ne sachent toujours pas quand l’arrêter ?
En attendant, la classe dirigeante incapable de l’UE n’a peut-être pas l’argent, la main-d’œuvre, la technologie, la capacité opérationnelle, le soutien du
public, mais elle est convaincue qu’elle a le bon état d’esprit :
Ursula von der Leyen @vonderleyen_epp – 5:52 PM · 4 jun 2024 La Finlande compte plus de 50 000 abris antiaériens.
Leur préparation vise à renforcer leur résilience et à dissuader toute agression.
Nous avons tant à apprendre des Finlandais.
C’est ce changement d’état d’esprit que je veux contribuer à instaurer au cours de mon second mandat.
Conor
Gallagher
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Donald Trump est-il prêt à retirer les troupes américaines d’Europe orientale?
Donald Trump va-t-il retirer les troupes américaines des Etats Baltes et, plus généralement, de tous les Etats entrés dans l’OTAN à partir de 1997/1999 ? C’est la rumeur qui court depuis la
rencontre de Riyad entre les ministres des Affaires Etrangères américain et russe. Intoxication de services politiques de l’OTAN ou des sections de l’Etat profond américain hostiles à Donald
Trump? Ou bien intention réelle d’un président américain prêt à donner à Vladimir Poutine ce que Joe Biden lui avait refusé à l’été 2021 ? Il est trop tôt pour le dire.
La carte ci-dessus rappelle les étapes de l’expansion de l’OTAN en Europe. On remarquera ce paradoxe – qui n’en est pas un dans la logique belliciste des
gouvernements américains successifs : L’expansion de l’OTAN a accompagné la diminution du danger russe à travers les décennies.
Ce qui est en jeu, ce sont les pays qui ont été admis à partir de 1997 et qui sont, sur cette carte, entrés en 1999 et après dans l’OTAN. Il s’agit dune partie de
l’Europe centrale, de la Scandinavie aux Balkans – celle dont les dirigeants soviétiques puis russes ont toujours souhaité la neutralité stratégique. C’est cette zone que la
Russie avait proposé aux Etats-Unis d’inclure dans un nouvel accord de sécurité européen, à l’été 2021.
Alors Donald Trump est-il prêt à cette négociation, à la différence de Joe Biden ?
La Bild-Zeitung informe ou désinforme-t-elle ?
« L’Europe
dans l’angoisse« , titre la Bild Zeitung: « Les
services secrets redoutent un retrait des troupes américaines« .
La Bild-Zeitung est le grand journal populaire conservateur allemand, possédé par le groupe Springer. Il a toujours été un journal atlantiste. Que penser de
l’article paru ce 19 janvier dont nous restituons ici
l’essentiel ?
Les négociations américano-russes suscitent de vives inquiétudes dans une grande partie de l’Europe. Le président américain Donald Trump (78 ans) exclut un retrait complet des troupes
américaines d’Europe. Selon les informations du journal Bild, les services de sécurité et les responsables politiques occidentaux craignent que les négociations qui ont débuté aujourd’hui
à Riyad ne conduisent à la fin de la présence des troupes américaines dans une grande partie de l’Europe.
Un responsable de la sécurité d’Europe de l’Est a déclaré au journal Bild : «D’après nos informations, il s’agit des exigences de Poutine pour 2021, à savoir le retrait des troupes
américaines de tous les pays de l’OTAN qui ont rejoint l’alliance après 1990. »
Un scénario catastrophe dans lequel de nombreux experts craignent une invasion immédiate de l’armée russe dans les anciennes républiques soviétiques d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie,
ainsi qu’une guerre à grande échelle avec la Pologne.
La présence de troupes américaines dans les régions proches de la Russie, selon le consensus des seuls États limitrophes de la Russie, est la meilleure garantie de l’indépendance de ces
pays. (…)
L’ancien ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis (43 ans) déclare également à X : « Lavrov a exigé que l’OTAN revienne à ses frontières de 1997 dans
l’intérêt de la stabilité en Europe et se retire de tous les pays à l’exception de l’Allemagne de l’Est. Pourquoi Poutine ne devrait-il pas exiger la même chose à Riyad ? »
Selon le journal Bild, l’Italie se prépare également à un éventuel retrait des troupes américaines du Kosovo. Les alliés européens se retrouveraient alors seuls dans les Balkans face à
Aleksandar Vučić, l’ami de Poutine, et à sa puissante armée serbe.
▶︎ Un scénario catastrophe dans l’ancienne zone de guerre civile, que les diplomates allemands ont qualifié d’« envisageable » dans une interview accordée au journal Bild.
Le Financial Times analyse la situation : « Poutine souhaite que les troupes de l’OTAN soient retirées de l’ensemble de l’ancien empire soviétique. Les fonctionnaires européens estiment
probable que Trump approuve le retrait des troupes américaines des pays baltes et peut-être même plus à l’ouest. L’UE serait alors livrée sans défense à une armée russe. »
Selon les informations du journal Bild, seules les bases américaines de Ramstein en Allemagne et les bases aériennes en Grande-Bretagne ne sont pas concernées pour le moment. Le reste de
l’Europe doit se préparer à des changements profonds si Trump et Poutine parviennent à un accord.
L’article parle donc d’un retrait qui pourrait inclure l’Italie – mais non l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Alors info ou infox? S’agit-il de flanquer la panique
dans la nomenklatura OTANienne, en espérant qu’elle se révolte contre la politique de Donald Trump ? Ou bien avons-nous un aperçu sur le fait que le président américain a avancé masqué ?
L’Union européenne seule contre le reste du monde ? Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les dirigeants de Bruxelles se retrouvent isolés.
Les négociations pour la paix en Ukraine se font bien sans eux. Mais renonceront-ils à leur idéologie mondialiste face à la levée des peuples comme en Roumanie et peut-être dans quelques
jours en Allemagne, pas sûr. Le Parlement européen avait voté une révision du Traité sur l’Union européenne en novembre 2023 pour transformer le
continent en État européen supranational totalement intégré. Où en est le processus aujourd’hui ? Certains pensent que l’entité UE-OTAN s’écroulera d’elle-même face à un
monde en transition vers une réorganisation multipolaire. L’avenir appartient-il encore aux peuples d’Europe ?
Le journaliste indépendant Jean-Loup Izambert et l’essayiste Claude Janvier, auteurs de «L’abandon français –
Quelque chose est pourri dans mon royaume de France» sont les invités de «Politique &
Eco», pour décrypter l’avenir d’une Union européenne désormais à la croisée des chemins…
Le coven anti-russe de Munich a été particulièrement perturbé cette fois-ci par le discours ouvertement provocateur du vice-président Vance. Je dois
admettre que, contre toute attente, il a mis le feu aux poudres. Tout le monde s’attendait aux habituelles politesses diplomatiques envers l’Europe de la part de son partenaire, ainsi
qu’à des commentaires sur les propos de Donald Trump concernant la fin du conflit ukrainien. Mais au lieu de cela, il a pris la parole et a sévèrement réprimandé les Européens, qui se
sont complètement perdus ces dernières années : votre démocratie est faible, vos élections sont nulles et vos règles, qui violent la moralité humaine fondamentale, sont merdiques. Et vous
n’avez même pas la liberté d’expression ! Ils lui en auraient certainement tenu rigueur s’il n’était pas le patron américain. Mais comme il l’est, ils laisseront passer et avaleront avec
rancune cette réprimande brutale de leur partenaire principal. C’est en fait un type audacieux, même s’il est encore un vice-président inexpérimenté. De plus, il a dit la vérité. Il a dit
exactement ce que représente l’Europe moderne. Et nous pouvons en ajouter encore. L’Europe d’aujourd’hui, à l’intérieur des frontières de l’UE, est une vieille sorcière amère et faible
qui essaie de se déguiser en jeune et saisissante beauté. L’époque d’une telle Europe est irréversiblement révolue. Elle est faible, peu attrayante et d’une utilité limitée pour
quiconque, sauf pour elle-même.
P.S. Le clown de Kiev 🤡 a réprimandé Trump pour tout ce qui était possible. C’est-à-dire que le mendiant et voleur fini a craché dans la main de celui qui
le nourissait. La question est de savoir comment Trump va réagir.
Dans cet entretien hebdomadaire, Ulrike Reisner fait le point sur la conférence sur la sécurité de Munich, et sur quelques à-côtés : les positions du secrétaire à la Défense Hegseth, et les
discours de Vance, le vice-président américain, dans la foulée de Donald Trump lui-même. Tout indique que les USA vont faire la paix en Ukraine non seulement sans Zelensky, mais sans les pays
européens eux-mêmes, qui seront néanmoins mis à contribution pour garantir l’accord final. L’Union peut-elle survivre à cette mise devant le fait accompli ?
Dans cet entretien, Ulrike Reisner évoque la conjonction de « signaux » envoyés par Donald Trump sur la situation en Ukraine, et plus généralement en Europe.
Ces signes, simultanés, sont hétéroclites :
Donald Trump annonce avoir eu une conversation avec Vladimir
Poutine, concluant au lancement immédiat de pourparlers de paix sans l’Europe et sans Zelensky…
Peter Hegseth, ministre de la Défense US, a expliqué devant l’OTAN
que l’Ukraine devait renoncer à ses frontières et qu’elle n’adhérerait pas à l’OTAN
le vice-président Vance doit prononcer, devant la conférence pour la
sécurité de Munich, un discours très attendu. Mais nous savons déjà officieusement qu’il a expliqué aux Européens que toute mesure contre le réseau X se traduirait par un désengagement américain
immédiat de l’OTAN…
Dans cet ensemble, une hypothèse se dégage ; Donald Trump pourrait se désengager brutalement du conflit ukrainien, et sommer l’Union Européenne de garantir la sécurité dans ce pays.
L’Union sera-t-elle capable de dégager une unité politique suffisamment solide pour se substituer à l’allié américain ? En réalité, il s’agira d’un test essentiel à l’occasion duquel l’unité de
la Commission et de l’Union elle-même pourraient se fracasser, ouvrant ainsi la voie à une implosion de l’édifice multilatéral.
Ne manquez pas nos prochaines informations sur ce sujet essentiel.
Trump laisse l’Europe seule face à la guerre en Ukraine
Journal de l’Empire des Habsbourg : fin de semaine, 60 chefs d’État et de gouvernement se réunissent à Munich pour la Conférence sur la sécurité. L’engagement militaire et financier en Ukraine
sera un thème central, car après l’investiture de Donald Trump, l’espoir d’un soutien actif de la part des Etats-Unis s’amenuise. Mais l’Europe de l’OTAN manque de concepts stratégiques
concrets ; et l’UE est loin d’être unie. Les regards se tournent donc vers la France et l’Allemagne, mais ces deux pays sont eux aussi profondément enlisés dans leurs crises
gouvernementales.
L’Allemagne, vassal le plus dévoué des Etats-Unis sur le sol européen, accueille la Conférence sur la sécurité depuis des décennies. Cette fois-ci, elle se tiendra
de vendredi à dimanche à Munich et représente ainsi pour Olaf Scholz la dernière occasion de se présenter à un public international dans la phase finale de la campagne électorale. Il sera
intéressant de voir si et comment Friedrich Merz pourra tirer profit de cette tribune. En effet, contrairement au chancelier Scholz ou aux ministres Habeck et Baerbock, Merz n’occupe pas une
position qui pourrait rendre sa présence à la conférence obligatoire. C’est d’autant plus grave que son rival au sein du parti, Markus Söder (CSU), peut jouer les maîtres de maison en tant que
ministre-président de Bavière.
L’annonce de la semaine dernière selon laquelle le président désigné de la Conférence sur la sécurité, Jens Stoltenberg, assumera la fonction de ministre des
Finances en Norvège a surpris. En fait, les agendas auraient dû lui être confiés dans le cadre de la conférence de cette année. Le président actuel, l’ancien ambassadeur allemand à l’ONU
Christoph Heusgen a dû essuyer critiques de
nombreuses pour ses déclarations sur la guerre de Gaza (il a plaidé pour une solution à deux États). On ne sait pas si, dans les circonstances actuelles, Heusgencontinuera a assuré la
présidence jusqu’à ce que Stoltenberg puisse la reprendre. On a récemment parlé d’une direction intérimaire par le directoire.
L’Europe en crise
La crise de leadership évidente de la conférence reflète la désorientation de l’Europe de l’OTAN : On sent que la vision de l’ordre du libéralisme politique et
économique qui a marqué la période unipolaire de l’après-guerre froide a été fortement concurrencée. Et les propres sondages d’opinion réalisés dans le cadre du Security Index, qui recense 33 risques
en matière de politique de sécurité dans 11 pays, indiquent que les personnes vivant dans les pays du G7 sont globalement moins optimistes quant à un monde de plus en plus multipolaire que les
personnes interrogées dans les pays « BICS » (BRICS moins la Russie, où aucune enquête n’a été réalisée, ndlr).
Le Munich Security Report donne traditionnellement le cadre thématique de la conférence. Le rapport 2025 publié aujourd’hui
clarifie ce que tout le monde attendait de toute façon : L’Europe de l’OTAN se prépare à résoudre la question de l’Ukraine sans le soutien actif des États-Unis.
Contrairement aux années précédentes, c’est désormais l’allié transatlantique lui-même qui donne des maux de tête:
Pour Trump et nombre de ses partisans, l’ordre international établi par les Etats-Unis représente un mauvais accord. Il est donc possible que les Etats-Unis renoncent à leur rôle
historique de garant de la sécurité de l’Europe, avec des conséquences importantes pour l’Ukraine.
L’« Europe de la Conférence sur la sécurité de Munich » se sent ainsi un peu seule face à « l’agresseur » : Au cours de ce siècle, aucun Etat
n’aurait entrepris de plus grands efforts pour bouleverser l’ordre international que la Russie, dit-on. Sa guerre contre l’Ukraine ainsi que la montée des populistes de droite dans de nombreuses
sociétés européennes menaceraient des éléments clés de la vision libérale de l’UE. Et de poursuivre :
La réélection de Donald Trump pourrait encore aggraver ces défis et relancer le débat sur la nécessité pour l’UE de devenir un pôle autonome dans la politique internationale. Mais elle
pourrait également renforcer les mouvements populistes, approfondir les divisions internes de l’Europe et saper la capacité de l’UE à surmonter les crises auxquelles elle est
confrontée.
L’OTAN sans concept
En l’absence de concepts stratégiques concrets et compte tenu des divisions croissantes au sein des partenaires européens de l’OTAN, on espère manifestement que les
nouvelles puissances géopolitiques émergentes s’affaibliront elles-mêmes. C’est en tout cas l’impression que donne le rapport 2025 :
- La Russie serait confrontée à des problèmes économiques croissants et aux conséquences de sa propre hypertrophie impériale.
- En Chine, les progrès économiques et militaires du pays seraient loin d’être garantis face à une série de crises dont il est lui-même responsable.
- L’économie indienne souffrirait de faiblesses structurelles et de restrictions du pluralisme politique et culturel.
- Quant à l’Afrique du Sud, son image internationale aurait été ternie par la montée de la rhétorique anti-occidentale et la détérioration de ses résultats en
matière de promotion des droits de l’homme et du droit international.
Il sera donc intéressant de voir si les dirigeants européens feront l’autocritique nécessaire lors de la Conférence sur la sécurité de cette année et s’ils
évalueront de manière réaliste les nombreux problèmes sur leur propre continent - notamment l’état désastreux de la sécurité intérieure et extérieure. Nous aborderons ce thème jeudi prochain dans
notre entretien vidéo hebdomadaire et mettrons en lumière le rôle particulier de l’Allemagne et de la France.
L’Union européenne deviendra-t-elle une grande puissance militaire ?
L’Ukraine devrait devenir un centre de
production de drones de reconnaissance et d’attaque. Le paquebot européen, qui se voulait luxueux et puissant, se comporte comme le Titanic.
Les dirigeants de l’Union européenne, du Royaume-Uni et de l’OTAN examineront un plan général de militarisation de l’Europe lors d’un sommet d’urgence le 3
février. Le président du Conseil européen, António Costa, en a
parlé dans sa lettre d’invitation à cette réunion.
Les résultats du sommet constitueront la base des recommandations de la Commission européenne et du service diplomatique de l’UE pour l’élaboration du Livre
blanc de l’UE sur la défense : la nouvelle stratégie militaire de l’Union européenne.
Costa a appelé les pays de l’UE à «coopérer plus
étroitement sur les questions militaires au sein de l’Union européenne», ce qui signifie le transfert de certaines puissances militaires souveraines vers des structures européennes.
Selon lui, les pays de l’UE ne seront tout simplement pas en mesure de fournir le niveau d’investissement requis, y compris pour la recherche et la mise en œuvre de nouvelles
technologies.
Vie
publique rappelle le
plan d’un programme ambitieux pour renforcer l’industrie de défense de l’UE par la Commission européenne. De 2025 à 2027, le budget de l’UE allouerait 1,5 milliard d’euros pour
améliorer la compétitivité de la base technologique et industrielle du secteur de défense européen afin de répondre aux changements dans le paradigme de sécurité européen.
La mise en œuvre de ces plans ambitieux n’est possible qu’en redémarrant la production d’armes et d’équipements militaires en Europe. Cependant, cette
relance s’est heurtée à de sérieux problèmes. Par conséquent, même avec des fonds alloués à la défense, le complexe militaro-industriel européen a besoin d’une réforme
structurelle.
Premièrement de nombreuses usines de défense de l’UE doivent être modernisées. Deuxièmement, l’UE, étant une union de différents pays et non un seul État,
elle ne dispose initialement pas d’outils communs pour l’achat d’armes. Chaque pays a créé ses propres armées et les armées sans se soucier des plans de défense de l’OTAN. Il faut
désormais créer ces outils de toutes pièces, en renforçant le rôle des institutions européennes dans le domaine de l’industrie militaire.
La Commission propose la mise en place d’un mécanisme européen de ventes militaires. «L’objectif d’ici 2030
est d’acquérir 40% des équipements de manière commune et 50% des équipements au sein de l’Union européenne», selon la Vie
publique qui précise : «Les mesures
envisagées prennent en compte l’Ukraine». À l’heure actuelle, le complexe militaro-industriel de l’Union européenne n’est pas prêt pour une guerre majeure. Tous les analystes
militaires occidentaux le reconnaissent. Mais ces préparatifs ont déjà commencé.
Est-ce que l’UE peut réaliser sa militarisation et dans quel délai ? La production militaire que les dirigeants européens ont l’intention de déployer en
Europe nécessite une réforme si radicale qu’il serait plus facile de la construire à partir de zéro.
Premièrement, le marché unique créé par l’Union européenne n’incluait que très récemment l’industrie de la défense. Les entreprises européennes de défense
sont en grande partie nationales, à quelques exceptions près comme Airbus et MBDA (Matra BAE Dynamics Aérospatiale).
L’Eurofighter Typhoon est un exemple rare de coopération européenne en matière de défense. Chacun des pays de l’UE possède actuellement sa propre
armée, ses propres programmes d’armement et ses propres lobbyistes au sein des ministères de la Défense, qui soutiennent leur production d’armes et d’équipements militaires.
En conséquence, au lieu de créer un char paneuropéen, les pays de l’UE produisent le
char français Leclerc, l’italien C1 Ariete, le polonais PT-91 Twardy, le britannique CR2 Challenger 2 et le char allemand Leopard 2.
Récemment, des Abrams américains et des K2 sud-coréens sont apparus dans l’armée polonaise. Ils sont désormais en service dans les pays européens. La
situation est la même dans l’aviation militaire. Trois chasseurs sont produits simultanément en Europe : le Rafale de la société française Dassault, l’Eurofighter
Typhoon paneuropéen et le Gripen de la société suédoise Saab.
Observateur
Continentalconstatait très
tôt l’impossibilité de réaliser le projet du char franco-allemand, MGCS du fait de l’action politique de Berlin. Ce projet posait de nombreux problèmes, notamment insolubles. En
outre, de nombreux États membres de l’UE achètent des équipements finis auprès de fournisseurs situés en dehors de l’Europe, notamment aux États-Unis. Le
Mondefait
savoir, citant un commentaire d’un responsable européen anonyme, que la majeure partie des achats militaires en Europe est effectuée en dehors du continent.
«Depuis 2022, 75% des
achats [d’armes et] d’équipements militaires proviennent d’entreprises non européennes et 68% d’entreprises américaines», note le quotidien français. Selon la source,
l’UE s’efforce d’augmenter la part des marchés publics en Europe à au moins 50%.
Le programme de la Commission européenne publié en mars 2024 précise que
ce chiffre de 50% des achats en Europe devrait être atteint d’ici 2030, et d’ici 2035 il devrait être de 60%.
Malgré le changement radical de stratégie militaire intervenu en raison de l’apparition de milliers de drones de reconnaissance sur le théâtre d’opérations
ukrainien, l’artillerie reste toujours l’élément essentiel et joue un rôle décisif dans l’obtention de la supériorité militaire sur le champ de bataille.
«L’artillerie est
connue depuis des siècles comme le «roi de la bataille», et cela reste encore vrai aujourd’hui. Dans le conflit russo-ukrainien, les tirs d’artillerie représentent environ 80% des pertes
des deux côtés», stipulent les
analystes de l’American Council on Foreign Relations.
Le groupe de défense allemand Rheinmetall AG a commencé l’année dernière la construction
d’une usine dans le Land de Basse-Saxe qui produira des obus d’artillerie, des explosifs et des composants d’artillerie de roquettes et 200 000 obus d’artillerie devraient être
fabriqués par an et jusqu’à 1900 tonnes d’explosif en hexogène et, si possible, d’autres composants pour les ogives nucléaires. En outre, ils envisagent de
créer des moteurs de fusée et des ogives qui seront nécessaires au projet d’artillerie de fusée allemand. «Au total, nous
souhaitons produire jusqu’à 700 000 obus d’artillerie par an d’ici 2025», souligne Rheinmetall avertisant : Les entrepôts de la Bundeswehr sont vides.
Rheinmetall est la seule entreprise de défense de l’UE qui vise à produire des munitions d’artillerie à grande échelle de tous types. L’augmentation de
la production d’obus prévue par les Allemands ne permettra pas de se rapprocher du niveau correspondant de production d’obus en Russie, même à moyen terme. Rheinmetall est la seule
entreprise de défense de l’UE qui vise à produire des munitions d’artillerie à grande échelle de tous types. Notons que l’augmentation de la production d’obus prévue par les Allemands ne
permettra pas de se rapprocher du niveau correspondant de production d’obus en Russie, même à moyen terme.
Le Financial
Timesa
rapporté en mars 2023 que les pays de l’UE étaient confrontés à une pénurie d’explosifs, soulignant que l’UE disposait de réserves limitées de poudre à canon, de TNT et de
nitrocellulose. «Le principal problème
est que l’industrie européenne de défense n’est pas capable de produire des armes à grande échelle», a déclaré un responsable allemand au quotidien anglophone. L’Union
européenne est tellement à la traîne que Volodymyr Zelensky affirme que
Bruxelles sans l’expertise militaire de l’Ukraine ne pas s’en sortir.
Pour les européistes béats, le peuple est sourd aux grands enjeux du monde et ils ne veulent plus laisser le droit de vote à ce peuple ; laisser le peuple
voter librement est un luxe qu’ils ne peuvent plus se permettre. Lors de la mise en place de l’Union européenne et du Traité de Maastricht, la future dictature européenne était encore
balbutiante, mais depuis, la bête a pris de l’assurance et elle se cache à peine. Une dictature qui a de plus en plus de mal à cacher sa vraie nature, plante ses griffes dans le corps des
vieilles nations européennes.
Le processus entamé par l’annulation pure et simple de l’élection présidentielle roumaine du 24 novembre 2024 annonce les funérailles des prétendues valeurs
démocratiques européennes, qui sont tant vantées, et pour lesquelles il faudrait mourir face aux «orques» russes.
Le peu de démocratie formelle qui avait encore cours dans l’Union européenne, à savoir la liberté de se prononcer pour tel ou tel candidat, de se déclarer
publiquement en sa faveur et d’appeler à voter pour lui, la liberté d’opinion et d’expression politique, le droit d’avoir une activité politique, sont devenus de trop pour les
technocrates de Bruxelles, et ces libertés formelles risquent de devenir de l’histoire ancienne si l’Union européenne parvient à ses fins. Et absolument aucun dirigeant politique, de
quelque bord que ce soit, ne s’est, pour l’instant, saisi de ce qui est en train de se passer en Roumanie et qui préfigure l’avenir de l’Union européenne.
C’est en effet à l’occasion des nouvelles élections présidentielles prévues en mai 2025 que Bruxelles va mettre en œuvre une variante du candidat unique, ou
tout du moins de l’idéologie unique.
La Roumanie est devenue, contre son gré, le laboratoire dans lequel les «institutions de Bruxelles» vont affiner leur technique de bidouillage du système
électoral afin de garantir que la «future démocratie européenne» soit tout à fait conforme aux exigences de ceux qui sont aux commandes. Ils vont tester ce qu’il est possible de faire sur
le terrain de la manipulation des élections.
Pour rappel, Thierry Breton avait publiquement reconnu que les instances de l’Union européenne sont à l’origine de l’annulation des résultats de l’élection
présidentielle roumaine de novembre 2024. Ce même Thierry Breton a également menacé l’Allemagne du même sort que la Roumanie au cas où le vote des Allemands, pour les prochaines
élections, ne correspondrait pas à ce que l’Union européenne attend.
L’annulation du premier tour des élections en Roumanie a été la première étape de ce qui n’est rien d’autre qu’un complot contre les peuples, contre la
démocratie, et, de toute évidence, les chefs d’orchestre européens ne veulent rien laisser au hasard d’un vote, aussi peu démocratique soit-il.
Ils veulent des résultats garantis à 100%, et pour cela, il est nécessaire d’avoir en lice uniquement des candidats «conformes à 100%» avec l’idéologie
européiste.
Ils ne peuvent pas permettre aux peuples d’élire des candidats qui ne sont pas adoubés 100% Sorros.
Bruxelles va donc tester en Roumanie, lors du nouveau vote qui aura lieu en mai, une variante du candidat unique, candidat qui sera automatiquement
férocement dans la ligne de ses maîtres de Bruxelles, le but étant d’interdire la victoire au premier tour des élections présidentielles d’un nouveau Cӑlin Georgescu, qui était arrivé en
tête avec 23% des voix.
Concrètement, les informations qui sont parvenues de Roumanie semblaient tellement extraordinaires qu’elles semblaient être des «fake news».
Le gouvernement «provisoire» de la Roumanie a édicté une ordonnance réglementaire d’urgence visant à interdire aux citoyens de s’exprimer sur les intentions
de vote ou d’appeler à voter pour tel candidat. Toute infraction sera punie d’une amende de 3000 à 10 000 € alors que le salaire moyen mensuel en Roumanie est de 350 € par mois.
La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût.
Le texte exact de cette ordonnance est :
«Aux fins de cette
ordonnance d’urgence, lors des élections présidentielles de Roumanie en 2025, tout matériel écrit, en ligne, audio ou vidéo utilisé au cours de la campagne électorale qui incite
directement ou indirectement les électeurs à choisir ou non, à voter ou ne pas voter pour un candidat indépendant ou pour un candidat d’un parti politique clairement identifié est
considéré comme du matériel de publicité politique. La violation de ces dispositions constitue une contravention si les faits n’ont pas été commis dans des conditions telles qu’ils sont
considérés comme des délits au regard du droit pénal et sont sanctionnés d’une amende de 15000 à 50 000 lays».(soit 3000 à 10000 euros)
Pour info, le salaire moyen en Roumanie est de 350 euros mensuels !
Ce texte réglementaire a été édicté avec la bénédiction de Bruxelles qui ne trouve rien à redire quant à l’interdiction de la liberté d’expression du
citoyen, à l’interdiction des droits démocratiques, à l’interdiction de l’activité politique.
Les citoyens auront interdiction de parler en faveur de leur candidat, auront interdiction de lui faire de la «publicité» par quelques moyens que ce soit :
Matériel écrit, en ligne, audio ou vidéo, sous peine d’une amende de 3000 à 15 000 euros , à titre de comparaison, en France, proportionnellement, l’amende serait de 15 000 à 75 000
euros.
Les seuls contacts autorisés entre le candidat et la population seraient les télévisions et les radios officielles, ce qui revient à dire que seuls les
candidats adoubés par l’Union européenne auraient le droit de s’exprimer.
Si un tel système est appliqué en France, les petits candidats n’auraient plus aucune visibilité, ce qui est le but poursuivi.
Les distributions de tracts sur les lieux publics seraient interdites, les meetings et les réunions publiques seraient des infractions pénales, y compris
les candidats n’auraient plus le droit de s’exprimer sur leurs chaînes internet d’informations.
Ce qui revient à l’interdiction pure et simple des petits candidats, puisque seules seraient autorisées les expressions organisées dans le cadre
réglementaire par les grandes chaînes d’informations et, comme on le sait, on ne peut vraiment pas dire que l’égalité du temps de parole soit respectée sur les grandes chaînes d’info,
mais cette ignominie va encore plus loin : Ce qu’on appelle les discussions de bistrot seraient sous le coup de la loi dès lors que l’on parlerait des élections autrement qu’en
termes généraux.
Il en va de même pour les forums de discussion ou pour les commentaires qui tombent directement sous le coup de la loi.
La loi qui sera expérimentée en Roumanie détruira la liberté d’expression, le droit de manifester, la liberté de râler, la liberté de dire ce qu’on pense,
Macron en rêvait, l’Union européenne va l’expérimenter, adieu gilets jaunes et manifs retraite.
Et ce n’est pas de la propagande prorusse, c’est ce que l’Union européenne va expérimenter en Roumanie, c’est un test
en grandeur nature qui pourrait être généralisé à l’ensemble des pays de l’Union européenne.
Ils justifient les attaques contre la démocratie en expliquant qu’ils veulent protéger son processus électoral.
On interdit la démocratie pour protéger la démocratie. Orwell ne l’avait pas vu venir, celle-là : C’est la marche en avant de la dictature
européenne.
L’UE se déchire à cause de son propre terrorisme énergétique
Journal de l’Empire des Habsbourg : Alors que les élites occidentales ont les yeux rivés sur Davos et sur Washington, une guerre énergétique sans merci fait rage dans les coulisses. Après que
l’Ukraine a cessé de faire transiter le gaz par son territoire, l’administration sortante de Joe Biden laisse derrière elle un autre train de sanctions visant les revenus pétroliers et gaziers de
la Russie. Les pays du Nord, sous la direction de Varsovie, continuent à semer la zizanie. Les Etats d’Europe du Sud-Est, qui dépendent traditionnellement de ces livraisons d’énergie, souffrent.
Une forte résistance se fait jour, s’étendant de la Roumanie et de la Bulgarie à la Hongrie et à la Slovaquie, en passant par la Serbie. Cette fissure deviendra-t-elle un moment décisif dans une
phase de faiblesse de l’UE et de l’OTAN ? Et à qui profite une scission ?
La Russie a annoncé il y a quelques jours une tentative d’attentat des troupes ukrainiennes contre le gazoduc Turkish Stream :
« Après
l’interruption du gazoduc Nord Stream en 2022 et l’arrêt du transit du gaz russe par l’Ukraine en janvier 2025, Turkish Stream restera le seul gazoduc à fournir du gaz russe à la Turquie,
à la Bulgarie, à la Serbie, à la Hongrie et à la Slovaquie »
, écrit par exemple
gazeta.ru. Le porte-parole du Kremlin, Peskov, a qualifié l’attaque contre la station Turkish Stream d’« acte
de terrorisme énergétique » .
Il s’agit de ressources énergétiques et de la question de savoir qui peut et doit les fournir et à quelles conditions. Il s’agit de beaucoup d’argent, de pouvoir de
marché et d’avantages géopolitiques. Dans ce contexte, tous les moyens sont désormais bons : des sanctions économiques sévères à la violence physique.
Une lutte acharnée
Presque chaque jour, des informations nous parviennent du sud-est de l’Europe sur les conséquences de cette guerre énergétique :
– L’Ukraine a
cessé au début de l’année de faire transiter le gaz russe par son propre territoire en direction de l’Europe.
– La Bulgarie avait
introduit en 2023 une taxe de dix euros par mégawattheure pour le gaz russe transporté sur son territoire. La Hongrie avait alors menacé de bloquer l’adhésion de la Bulgarie à Schengen et la taxe
avait été supprimée. De nouvelles tentatives d’introduire cette taxe ont aujourd’hui échoué en
raison du veto du Parlement.
– En République de Moldavie,
candidate à l’adhésion à l’UE depuis juin 2022, l’arrêt des livraisons de gaz russe à la région de Transnistrie provoque des pics de prix et des coupures de courant. L’UE veut soutenir le
gouvernement pro-européen de Chișinău avec un paquet d’aide de 1,8 milliard d’euros.
– Outre la Moldavie, qui a déjà déclaré l’état d’urgence national en décembre, c’est surtout la Slovaquie qui
est touchée par l’arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine. Le Premier ministre Robert Fico a annoncé qu’en contrepartie, la Slovaquie ne fournirait plus d’électricité à l’Ukraine.
– Contrairement à la Slovaquie, la
Hongrie achète la majeure partie de ses importations de gaz russe via le gazoduc Turkish Stream et a pour cette raison renouvelé ses contrats de livraison avec la Russie en octobre
dernier. C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter la tentative d’attentat contre le gazoduc.
– La Serbie est
également sous pression : le gouvernement du président américain sortant Joe Biden a adopté le 10 janvier 2025 son paquet de sanctions le plus
complet à ce jour, qui vise les revenus pétroliers et gaziers de la Russie. Les sanctions visent avant tout aussi les filiales de Gazprom dans plusieurs Etats, dont la société serbe NIS Novi
Sad. Comme l’a annoncé le président serbe Aleksandar Vucic, la Serbie dispose
désormais de 45 jours pour se séparer des propriétaires russes de NIS. Si NIS reste majoritairement détenue par Gazprom Neft, la Serbie pourrait être confrontée à des pénuries massives
de pétrole.
Parallèlement, une autre proposition de la
Pologne et de neuf autres États membres (Estonie, Lettonie, Lituanie, Danemark, Suède, Finlande, République tchèque, Roumanie et Irlande) prévoit des restrictions sur les exportations de
combustibles fossiles de Moscou – en particulier sur le gaz naturel liquéfié (GNL) – et un accès nettement plus strict aux financements étrangers. Il n’est pas étonnant que l’initiative vienne de
Varsovie : la Pologne préside actuellement le Conseil de l’UE et exerce également une influence sur l’ordre du jour à Bruxelles.(Détail piquant en marge : Une entreprise russe liée à
Gazprom fournit du gaz à une partie de la flotte de bus de Varsovie.).
Nous observons actuellement que certains États de l’UE-Europe s’engagent activement dans une politique énergétique qui nuit économiquement à d’autres États de l’UE.
Ont-ils oublié l’article 3 du TFUE, selon lequel l’Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples ? Pourquoi l’UE prend-elle le risque de se diviser ?
À qui profite une scission ?
Elle profite en premier lieu aux États-Unis, qui poursuivent des intérêts géopolitiques aux marges de l’Union.
Elle profite ensuite à la Grande-Bretagne, qui a d’autant plus de chances en Europe que les États membres sont divisés entre eux. Mais elle
profite aussi au bras exécutif de l’UE : Si la branche législative s’affaiblit parce que les membres sont en désaccord, la force de l’Union résidera dans la Commission.
Pour qui toutes ces armes, si nous n’avons pas de soldats ?
Journal de l’Empire des Habsbourg : la récente demande de Donald Trump d’augmenter les dépenses de défense a enflammé les débats dans les pays européens de l’OTAN. En Allemagne surtout, qui entre
actuellement dans le vif du sujet de la campagne électorale, on rivalise d’objectifs. C’est bon pour les carnets de commande de l’industrie de l’armement, car cela fait grimper les prix. Mais qui
va servir tous les systèmes d’armes qui doivent être achetés dans le cadre du réarmement de l’Europe ? Un rapide coup d’œil montre qu’il manque partout des soldats. Le recrutement des armées
souffre de l’abolition du service militaire obligatoire, de la démographie et de l’état de santé parfois dramatique de la population.
Suivons d’abord la piste de l’argent – une bonne recommandation pour comprendre la manière d’agir du président désigné des Etats-Unis. En exigeant un objectif de 5
% pour les budgets de défense de l’OTAN, Trump fait tout d’abord grimper les prix. Sur les marchés boursiers, les actions de
l’armement ont réagi aux dernières nouvelles en provenance de Washington par des hausses de cours significatives.
Le service militaire obligatoire aboli
Selon les dernières estimations, les 32 pays de
l’OTAN consacreront en 2024 environ 2,71% de leur PIB à la défense, soit environ 1,4 billion d’euros. La Pologne est en tête avec 4,12%, les derniers étant l’Espagne (1,28%), la Slovénie
(1,29%) et le Luxembourg (1,29%).
En 2024, les dépenses de défense de l’Allemagne ont dépassé pour la première fois l’objectif de l’OTAN de 2 % du PIB. Ce chiffre comprend des fonds provenant du
fonds spécial de la Bundeswehr, d’un montant total de 100 milliards d’euros. Mais compte tenu de l’étroitesse du budget, le déficit est inévitable : Des équipements majeurs d’une valeur d’environ
90 milliards d’euros ont été commandés, et il manquera au plus tard à partir de 2027, selon les directives actuelles, un montant de plusieurs dizaines de
milliards.
Mais il n’y a pas que l’argent qui manque : en 2011, l’Allemagne a suspendu la convocation au service militaire obligatoire. Le ministre de la Défense Boris Pistorius s’est
prononcé en faveur d’un nouveau modèle de service militaire obligatoire, sans résultat jusqu’à présent. Friedrich Merz souhaite réintroduire progressivement le service militaire obligatoire et
allouer 80 milliards d’euros au budget de la défense à partir de 2028 au lieu de 50 milliards actuellement.
L’AfD a inscrit le service militaire obligatoire dans son programme de base, mais doit encore décider s’il en fera un thème de sa campagne électorale.Les Verts souhaitent mettre en place un
modèle de service militaire volontaire et rendre le service de réserve plus attractif pour un groupe cible plus large. Et le FDP a l’intention de faire de la Bundeswehr la force armée
conventionnelle la plus puissante d’Europe.
Comme en Allemagne, les forces armées des principaux pays de l’OTAN restent sous-équipées. Selon une étude de l’International
Institute for Strategic Studies en novembre dernier, les armées professionnelles européennes ne sont pas en mesure de recruter suffisamment de personnel qualifié et de le
conserver.
C’est encore dans le nord de l’Europe que la situation est la meilleure : La Suède avait suspendu son service militaire obligatoire en 2010, mais l’avait
réintroduit dans le contexte de l’annexion de la Crimée par la Russie. Au Danemark aussi, le service militaire est obligatoire à partir de 18 ans, mais jusqu’à présent uniquement pour les hommes.
Les femmes devraient être recrutées à partir de 2026. Le service militaire est également obligatoire en Norvège, en Finlande et dans les pays baltes.
La situation est totalement différente dans le reste de l’Europe (à l’exception de la Grèce et de la Turquie): la Hongrie et la République tchèque ont aboli le
service militaire obligatoire en 2004, la Slovaquie en 2005, la Roumanie et la Pologne ont décidé de ne pas le rendre obligatoire en 2007 et 2010 respectivement – mais les hommes majeurs doivent
s’inscrire pour pouvoir être appelés à la guerre en cas de besoin. En Croatie, depuis 2008, seuls les citoyens volontaires sont enrôlés dans l’armée.
Problèmes de relève
Le recrutement et la fidélisation du personnel restent un problème dans toute l’Europe. Les principales forces armées européennes et leurs stocks d’équipement sont
fortement réduits par rapport à l’époque de la guerre froide. La
rémunération, les perspectives de carrière et l’attractivité de l’emploi sont un côté de la médaille ; la baisse des taux de natalité et la détérioration de l’état général de la population en
sont un autre. Une étude récente sur le
recrutement des soldats nés en 2005 montre qu’un tiers d’entre eux sont en surpoids.
Il reste à regarder du côté de la Suisse et à se demander si les armées de milice peuvent constituer une solution au problème. Une partie des Confédérés est
personnellement engagée dans la défense nationale et, en partie, dans la protection civile. Mais des obstacles simples pour le service de remplacement ont dilué l’obligation de servir, le service
militaire est devenu pratiquement volontaire. Pourtant, l’armée de milice est considérée en Suisse comme le noyau de la résilience. En cas de crise, le nombre de militaires formés pourrait être
rapidement augmenté – par exemple en prolongeant l’obligation de
servir.
Les dirigeants européens devront rapidement prendre une décision : On ne peut pas à la fois maudire les Etats-Unis et attendre qu’ils viennent à notre secours. Si
les Etats ont une chose en main, c’est la possibilité d’obliger leurs citoyens à servir leur patrie. Cela doit concerner aussi bien les hommes que les femmes et comprend aussi bien le service
militaire que la protection civile.
Si cela n’est pas fait de manière conséquente et systématique, l’Europe ne pourra pas défendre ses intérêts mais continuera à se faire le larbin des
intérêts des autres.
Les responsables de l’UE prétendront ignorer les crimes de guerre commis par Israël. Ce document divulgué montre qu’ils ont été avertis
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont rejeté un appel à mettre fin aux ventes d’armes à Israël le mois dernier, malgré les preuves
croissantes de crimes de guerre – et, potentiellement, de génocide – qui leur ont été présentées dans une enquête interne obtenue par The
Intercept.
Le contenu de cette évaluation de 35 pages pourrait influencer les futurs procès pour crimes de guerre de politiciens européens pour complicité dans
l’assaut d’Israël contre Gaza, selon des avocats, des experts et des dirigeants politiques.
Cette enquête a été effectuée par le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, Olof Skoog, et envoyée aux ministres de l’UE avant une réunion
du Conseil le 18 novembre, dans le cadre d’une proposition faite par le chef de la politique étrangère de l’UE de suspendre le dialogue politique avec Israël. La proposition a été rejetée
par le conseil des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE.
L’analyse de Skoog présente des preuves, provenant de sources des Nations unies, de crimes de guerre commis par Israël, le Hamas et le Hezbollah depuis le 7
octobre 2023, lorsqu’environ 1200 personnes ont été tuées lors d’une attaque dirigée par le Hamas qui a déclenché l’assaut d’Israël contre la bande de Gaza. L’ONU estime que quelque 45
000 personnes sont mortes à Gaza depuis, dont plus de la moitié seraient des femmes et des enfants.
Bien que l’évaluation n’ait pas épargné le Hamas et le Hezbollah, une grande partie de son langage le plus fort était réservée aux Forces de défense
israéliennes.
«La guerre a des
règles», dit le compte rendu. «Compte tenu du nombre
élevé de victimes civiles et de souffrances humaines, les allégations portent principalement sur la manière dont les responsables, y compris les Forces de défense israéliennes (FDI),
n’ont apparemment pas réussi à faire la distinction entre civils et combattants et à prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils et les biens de caractère civil
contre les effets des attaques, en violation des principes fondamentaux du DIH» – le droit international humanitaire.
Skoog cite une utilisation accrue d’un «langage
déshumanisant» par les dirigeants politiques et militaires israéliens, ce qui peut «contribuer à prouver
l’intention» de commettre un génocide.
«L’incitation à la
discrimination, à l’hostilité ou à la violence – telle que celle exprimée dans les déclarations des responsables israéliens – constitue une violation grave du droit international des
droits de l’homme et peut constituer le crime international d’incitation au génocide», indique le rapport.
Les implications pour les hauts fonctionnaires des pays exportateurs d’armes vers Israël – comme l’Allemagne, l’Italie et la France – n’ont pas échappé à
Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des Finances et secrétaire général du Mouvement pour la démocratie en Europe 2025.
Si la Cour pénale internationale déclare des responsables israéliens coupables de crimes de guerre, a déclaré Varoufakis à The Intercept,
la distribution même du rapport aux ministres de l’UE revêt une importance car les Européens ne pourront pas plaider l’ignorance.
«Ils ne peuvent nier
de manière plausible qu’ils étaient au courant des faits étant donné le contenu du rapport du représentant spécial de l’UE qu’ils avaient le devoir de prendre en considération», a
déclaré Varoufakis. «Le monde sait
maintenant qu’ils savaient qu’ils enfreignaient le droit international parce que le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme le leur a explicitement dit. L’histoire les
jugera sévèrement. Et peut-être en sera-t-il de même par la CPI».
Une action diplomatique
bloquée
Le document est né d’une demande formulée en février par l’Espagne et l’Irlande pour évaluer si la guerre d’Israël à Gaza violait les articles sur les
droits de l’homme de l’Accord d’association UE-Israël, qui, entre autres, a permis quelque 46,8 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2022.
Si la Commission européenne identifiait une violation, elle devrait entrainer une suspension de l’accord à l’ordre du jour. Mais la présidente
pro-israélienne de la Commission, Ursula von der Leyen, a cependant refusé d’agir.
Par conséquent, Skoog a été chargé par le Service extérieur de l’UE, le Service européen pour l’action extérieure, d’enquêter. Il a produit une première
évaluation en juillet. The
Intercept a obtenu une version de l’évaluation qui a été mise à jour en novembre.
La guerre d’Israël contre
Gaza
Le document, qui n’a pas été rapporté auparavant, a été discuté en interne dans le cadre de la proposition du service extérieur de l’UE de suspendre le
«dialogue
politique» avec Israël, le seul aspect de la relation sur lequel le service extérieur de l’union a du pouvoir ; le document de Skoog soutient effectivement le gel des relations.
Cependant, la proposition, a été rejetée par les ministres de l’UE, ainsi qu’une recommandation de facto d’interdire les exportations d’armes vers Israël.
Le rapport a révélé que parce que le nombre de morts à Gaza correspond à la répartition démographique de la population civile du territoire, le schéma des
meurtres indique des «attaques
aveugles» qui pourraient constituer des crimes de guerre.
«Lorsqu’elles sont
commises dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile», ajoute l’évaluation, «elles peuvent
également impliquer des crimes contre l’humanité».
Skoog a appelé les pays de l’UE à «refuser la licence
d’exportation» – pour les armes – «s’il existe un risque
évident que la technologie ou l’équipement militaire à exporter puisse être utilisé pour commettre de graves violations du droit international humanitaire».
À la suite de cette évaluation, certains politiciens de l’UE risqueront d’être complices s’il s’avère qu’Israël a commis des crimes de guerre, a déclaré
Tayab Ali, associé du cabinet d’avocats britannique Bindmans, qui a récemment poursuivi le gouvernement britannique en justice pour ses exportations d’armes vers Israël.
«Les avocats de toute
l’Europe surveillent cela de près et sont susceptibles d’initier des mécanismes de responsabilité nationaux et internationaux. Les intérêts économiques ne sont pas un moyen de défense
contre la complicité de crimes de guerre», a déclaré Ali à The Intercept.
«Il est
stupéfiant que, suite au contenu de ce rapport, des pays comme la France et l’Allemagne envisagent de soulever des questions d’immunité pour protéger des criminels de guerre recherchés
comme Netahyahou et Gallant».
Diana Buttu, ancienne conseillère juridique et négociatrice de l’Autorité palestinienne, a suggéré que le rejet de la propre analyse de l’UE par ses États
membres était politique.
«Légalement, nous
savons où les dominos devraient tomber», a déclaré Buttu. «Il s’agissait de
savoir si la politique serait conforme à la loi, et malheureusement, ce n’est pas le cas».
Collusion criminelle
Le rapport de Skoog n’évite pas de rapporter les atrocités du Hamas le 7 octobre, décrivant la prise d’otages, par exemple, comme «une violation du
droit international humanitaire et un crime de guerre».
Les attaques à la roquette du Hamas et du Hezbollah étaient «intrinsèquement
aveugles et peuvent constituer un crime de guerre», indique-t-il.
L’enquête dénonce également l’utilisation de tunnels dans des zones civiles comme équivalant à l’utilisation de boucliers humains, ce qui est également un
crime de guerre. L’armée israélienne, cependant, n’a pas fourni de «preuves
substantielles» pour étayer cette allégation, qui, même si elle était prouvée, ne justifierait pas des attaques aveugles ou disproportionnées contre des zones civiles.
Le rapport réfute une défense israélienne majeure contre les allégations de crimes de guerre concernant le ciblage d’hôpitaux dans la bande de Gaza.
L’évaluation de Skoog soutient que «le ciblage
intentionnel des hôpitaux peut constituer des crimes de guerre», indépendamment de toute activité du Hamas là-bas.
L’évaluation de Skoog indique que le droit international accorde à Israël «le droit et même le
devoir de protéger sa population», mais que cela ne peut être exercé qu’en réponse à une attaque armée ou à une attaque imminente et doit être proportionné. Parce qu’il s’agit d’une
puissance occupante, indique l’évaluation, Israël a également l’obligation d’assurer la sécurité et la santé de ceux qui vivent sous son occupation.
Agnès Bertrand-Sanz, experte humanitaire d’Oxfam, a déclaré que l’évaluation «renforce l’argument
selon lequel les gouvernements de l’UE ont agi en complicité avec les crimes d’Israël à Gaza».
«Même lorsque leurs
propres services leur présentent les faits, ils refusent d’agir», a-t-elle déclaré. «Ceux qui ont continué
à exporter des armes vers Israël au mépris des conseils clairs du rapport sont impliqués dans un cas flagrant de collusion criminelle».
Les sanctions contre la Russie continuent d’entraîner des conséquences économiques extrêmement négatives pour les pays occidentaux eux-mêmes, en particulier
en Europe, où la crise énergétique semble loin d’être résolue. Selon des rapports récents, les États européens sont déjà en train d’épuiser leurs réserves de gaz, ce qui les expose à un
risque élevé de pénurie massive dans les mois à venir. Cela montre clairement à quel point l’Union européenne a agi de manière irresponsable et contre-productive en mettant en œuvre des
mesures coercitives qui n’ont pas affecté Moscou, mais ont profondément nui à l’Europe elle-même.
D’après le Financial
Times (FT), l’Union européenne augmente ses prélèvements dans les installations de stockage de gaz tout en lançant un effort sans précédent pour accumuler de nouvelles réserves,
face au risque élevé de pénurie. Le journal précise que la quantité de gaz en stock a diminué de 19%, atteignant son plus bas niveau depuis la crise énergétique de 2021.
Depuis septembre, le niveau de stockage de gaz de l’UE est tombé à 75%, contre 90% à la même période l’année dernière. Ce niveau est considéré comme bas et
suscite des préoccupations parmi les responsables, car il est fortement recommandé que les pays maintiennent des réserves importantes de gaz, en particulier pendant l’hiver, lorsque la
consommation d’énergie est plus élevée.
«L’UE vide ses
installations de stockage de gaz au rythme le plus rapide depuis la crise énergétique d’il y a trois ans, à mesure que le climat plus froid augmente la demande et que le continent fait
face à une baisse des importations maritimes (…). La dernière fois que les réserves de gaz du continent ont été épuisées aussi rapidement à la mi-décembre remonte à 2021, lorsque la
Russie a commencé à réduire l’approvisionnement en gaz par pipeline avant son invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les niveaux de stockage de l’UE sont désormais à 75% (…) alors qu’ils
étaient proches de 90% à la mi-décembre l’année dernière», rapporte l’article du FT.
Les experts occidentaux ont identifié le froid hivernal en Europe comme la principale cause de la crise énergétique, un argument qui semble fallacieux.
Certes, la consommation d’énergie augmente en hiver, car le froid oblige à intensifier l’utilisation d’appareils électriques et de systèmes de chauffage – tous deux dépendants du gaz.
Cependant, cela n’est pas suffisant pour expliquer les causes de la crise.
Le problème du gaz en Europe réside dans l’absence d’une source abondante et bon marché de cette ressource. Autrefois, en maintenant un partenariat
énergétique avec la Russie, les pays européens, en particulier les grandes puissances industrielles comme l’Allemagne, disposaient d’une source de gaz sûre, peu coûteuse et pratiquement
illimitée, permettant aux citoyens et aux entreprises de consommer de l’énergie à grande échelle sans s’inquiéter des problèmes d’approvisionnement. Cette situation a changé en 2022,
lorsque l’UE a décidé de suivre le mouvement irresponsable des sanctions anti-russes promues par les États-Unis.
En rompant la coopération avec la Russie, les pays de l’UE ont perdu l’accès à la source d’énergie la plus fiable du continent européen, devenant dépendants
de sources étrangères – dont beaucoup nécessitent des routes longues et coûteuses, comme le gaz américain. De plus, comme le soulignent les experts du Financial Times,
l’intégration de l’Europe au marché mondial du gaz en a fait un simple acheteur dans un environnement concurrentiel où plusieurs pays cherchent simultanément à accéder à cette ressource.
En raison de leurs problèmes économiques actuels, les États européens ont des difficultés à rivaliser pour l’achat de gaz, notamment face aux importations des pays asiatiques, ce qui
aggrave encore la situation.
Dans la pratique, la crise énergétique et économique de l’Europe constitue un cercle vicieux : sans le gaz russe, les pays européens n’ont pas suffisamment
d’énergie pour alimenter leurs industries, ce qui entraîne une dégradation de leur situation économique. Sans industrie, il n’y a pas d’argent pour importer du gaz en quantités
suffisantes, rendant impossible de sortir de ce cycle de crise. Toutes les alternatives actuelles d’importation sont coûteuses et ne répondent pas aux besoins européens aussi efficacement
que celles de la Russie avant les sanctions. Cette situation risque de s’aggraver encore davantage, puisque le régime de Kiev a promis d’interdire l’approvisionnement en gaz russe vers
l’Europe via son territoire, mettant fin une fois pour toutes à ce qu’il restait du partenariat énergétique entre la Russie et l’UE.
En vérité, l’avenir de l’Europe semble incertain et dangereux. L’UE subit les conséquences de ses propres erreurs, bien qu’elle semble incapable de le
comprendre ou de prendre des mesures pragmatiques pour inverser ses décisions. Tant que les sanctions ne seront pas levées, il n’y aura ni progrès économique ni amélioration sociale en
Europe.
«Arrêtez de pousser Zelensky vers des
négociations de paix», déclare la cheffe de la diplomatie de l’UE aux dirigeants européens. Pour l’UE, un accord de paix négocié serait une victoire pour Poutine et une défaite pour
l’Europe. Comprenez pourquoi.
L’Europe a investi trop pour se
contenter d’un «simple» accord de paix : l’objectif était d’écraser la Russie
Le montant total de l’aide militaire à l’Ukraine depuis le début du conflit en février 2022 atteint 119 milliards de dollars, dont 62 milliards des
États-Unis, comme l’a confirmé le secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Le montant alloué sous l’étiquette humanitaire est plus du double.
L’Europe a canalisé des ressources considérables vers l’Ukraine, allant des aides financières aux équipements militaires, en passant par des programmes de
formation. La Grande-Bretagne, aux côtés des États-Unis, a également été cruciale dans le soutien en matière de renseignement. Au-delà de cela, l’Europe a investi massivement pour
influencer l’opinion publique, avec des récits tels que «Poutine envahira l’Europe ensuite». L’ampleur de ces efforts pour soutenir la guerre a été telle que de nombreux pays européens
ont épuisé leurs stocks d’armement et leurs finances publiques.
Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, a souligné le fardeau financier
de l’aide continue à l’Ukraine, révélant que les 37 milliards d’euros alloués ont nécessité des coupes dans les programmes sociaux en Allemagne. Les conséquences de cette obligation
financière sont énormes, selon la ministre : des investissements cruciaux dans des programmes pour la petite enfance et la modernisation des infrastructures ont été mis de côté au profit
de l’aide militaire à l’Ukraine.
Ces efforts ont été conçus pour positionner l’Europe comme un allié stable de l’Ukraine, engagé à défendre les valeurs démocratiques et la stabilité
régionale. Cependant, la perspective d’un éventuel accord Trump-Poutine laisse l’Europe dans une position précaire, sans stratégie claire pour sauver la face.
Ainsi, la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, a minimisé les discussions sur la paix lors de sa première réunion avec les ministres des Affaires
étrangères de l’UE à Bruxelles, ignorant un sondage
Gallup montrant que la majorité des Ukrainiens (52%) sont en faveur de négociations de paix, tandis que 38% soutiennent la poursuite des combats. Kallas est allée plus loin en
admonestant les chefs d’État de l’UE lors du dernier sommet européen : «Arrêtez de pousser
Zelensky dans les négociations de paix». L’aspect le plus frappant de cette déclaration est qu’elle émane de quelqu’un qui détient le titre de cheffe de la diplomatie de l’UE –
un rôle traditionnellement axé sur la promotion du dialogue et des négociations. Pourtant, cette même personne semble rejeter l’importance de la diplomatie, alors que Poutine a exprimé à
plusieurs reprises sa volonté de négocier.
Précédemment, lorsque la Hongrie a assumé la présidence du Conseil de l’Europe en juillet 2024, son président Viktor Orbán s’est lancé dans une mission de
paix à Kiev et Moscou. Au lieu de recevoir du soutien, Orbán a été durement critiqué, menaçant de voir la présidence de la Hongrie mise à l’écart, et des activités organisées sous sa
direction ont même été sabotées. Une telle hostilité souligne la résistance ancrée en Europe à tout accord de paix concernant le conflit.
La peur de l’insignifiance
géopolitique ?
Les dirigeants de l’Union européenne ont exprimé leurs inquiétudes croissantes quant aux répercussions possibles de l’approche de résolution de la guerre en
Ukraine proposée par le président élu des États-Unis, Donald Trump. La promesse de Trump de privilégier une résolution rapide du conflit a suscité des craintes à Bruxelles qu’un tel
accord, probablement négocié directement avec Moscou, pourrait coûter cher à l’Ukraine et à l’architecture de sécurité du continent européen.
Un tel accord pourrait modifier radicalement le paysage géopolitique, risquant de marginaliser l’Europe dans des négociations cruciales ou de saper ses
investissements et sacrifices. L’engagement de l’Europe a été présenté comme une position morale et stratégique contre l’agression, mais si Washington s’oriente vers une réconciliation
avec Moscou, l’Europe pourrait sembler surmenée et politiquement mise à l’écart dans ses propres affaires européennes.
Sans un plan cohérent pour gérer les conséquences d’un potentiel accord entre Trump et Poutine, l’Europe risque de perdre sa crédibilité, tant à l’intérieur
de ses frontières qu’à l’échelle mondiale.
Présenter le conflit comme la guerre
personnelle de Poutine : Les récits simplistes sont plus convaincants
Le mantra «La Russie ne doit pas gagner» est devenu un cri de ralliement dans toute l’UE, où tout accord est présenté comme une «victoire pour Poutine». Ce
récit réduit commodément la guerre à une croisade personnelle de Vladimir Poutine, rejetant les intérêts stratégiques et nationaux plus larges qui sous-tendent les actions de
Moscou.
En personnalisant le conflit, il devient plus facile de le présenter comme un affrontement manichéen du bien contre le mal, un récit amplifié avec
empressement par les médias et les analystes politiques. Cette représentation a efficacement alimenté les peurs publiques avec des affirmations selon lesquelles «l’Europe est en danger»,
galvanisant ainsi le soutien à l’engagement militaire continu.
Cependant, tout le monde n’a pas adopté cette dichotomie simpliste. Des analystes indépendants et des observateurs critiques se sont opposés à cette vision,
soulignant les dangers de négliger les réalités géopolitiques complexes en jeu. Ils soutiennent que voir le conflit sous l’angle des intérêts stratégiques rationnels, plutôt que de
l’absolutisme moral, pourrait ouvrir des avenues pour un dialogue significatif et une résolution – des options actuellement mises de côté en faveur de l’escalade.
Ce refus de considérer des perspectives alternatives risque de prolonger le conflit, laissant l’Europe de plus en plus tendue par les coûts économiques et
politiques de son engagement sans faille en faveur d’une solution militaire. Pendant ce temps, les voix appelant au pragmatisme et à la paix restent noyées dans le vacarme de la
rhétorique de guerre.
En conclusion
L’Europe doit de toute urgence repenser son approche, en donnant la priorité à l’agilité diplomatique et à des stratégies à long terme qui lui permettent de
réaffirmer sa propre influence, indépendamment des fluctuations de la politique américaine. Pendant ce temps, l’affirmation de Trump selon laquelle il pourrait mettre fin à la guerre en
24 heures semble de plus en plus irréaliste. Le soi-disant «État Profond» – comprenant l’appareil informationnel, de renseignement et militaire – semble avoir ses propres projets,
signalant potentiellement à Trump où se trouve vraiment le pouvoir. De plus, malgré les pertes humaines, infrastructurelles et sociales en Ukraine, la guerre reste très rentable pour
certains acteurs.
Il est heureux qu’il n’existe pas de prix Nobel pour la bêtise humaine, car il serait impossible de l’attribuer, tant les candidats seraient nombreux, à
commencer par les gouvernants européens. La question de l’Ukraine (nous refusons de l’appeler invasion ou guerre, même si elle pourrait être les deux d’un point de vue technique) n’a rien
à voir avec ce que les médias occidentaux – ou devrions-nous dire «accidentels» – répètent jusqu’à la nausée. La Russie ne cherche pas à annexer l’Ukraine ; elle n’a pas non plus lancé
une guerre de conquête ni, encore moins, agit par nostalgie d’un empire perdu. Il s’agit d’un conflit géopolitique au sens pur du terme. Géopolitique dans une perspective héritée du XIXe
siècle, une lutte de pouvoir et d’intérêts, sans conflit idéologique ni opposition de systèmes, bien que les mercenaires et les naïfs habituels – qui, malheureusement, ne sont pas une
espèce en voie de disparition – s’évertuent à le présenter sous toutes les couleurs possibles. Non, ce n’est rien de tout cela. C’est la vieille lutte entre le monde en devenir et celui
qui refuse de mourir (comme disait le communiste Antonio Gramsci), provoquée par le refus de l’OTAN de cesser son expansion vers la Russie. Car telle, et non autre, est la raison de
l’action militaire : assurer la sécurité de la Russie, ce que l’UE/OTAN a refusé, indiquant qu’elle persistait dans sa politique expansionniste.
On affirme, répète et martèle qu’en cas de conflit de cette ampleur, la première victime est la vérité. Nous ne sommes pas d’accord. Nous pensons que la
première victime est l’intelligence, car il faut être ignorant, sot et insensé pour croire que la Russie s’est lancée sur l’Ukraine pour des balivernes telles que des délires de grandeur
ou des amours impériaux déçus, dignes d’un roman de Corín Tellado (pour ceux qui ne la connaissent pas, la plus prolifique auteure de romans d’amour). Rien de tout cela. Les guerres
coûtent cher, très cher, et leur issue dépend, comme l’a noté Thucydide, des moyens financiers disponibles. Vladimir Poutine n’est pas un imprudent, comme certains tentent pathétiquement
de le présenter. Moins encore un aventurier à la manière de Crassus, le riche romain qui, cherchant à rivaliser avec César et Pompée, finança une guerre contre les Parthes et fut
littéralement décimé, avec ses 30 000 soldats (d’où l’expression «erreur crasse»).
Nous l’avons mentionné dans un précédent article. L’Ukraine est un pion, mais surtout une pièce sur l’échiquier mondial (pour reprendre l’expression de
Zbigniew Brzezinski), où se joue la répartition du pouvoir pour les décennies à venir, si nous y parvenons. Pour clarifier : il existe aujourd’hui trois grands acteurs – la Russie, les
États-Unis et la Chine – divisés en deux camps. D’un côté, l’alliance entre la Chine et la Russie, de l’autre, les États-Unis. Ce n’est pas une invention de notre part. Les États-Unis
eux-mêmes et leurs alliés le répètent jusqu’à saturation. Puisque seuls les incompétents inventent des conflits géostratégiques, nous citerons ici des documents officiels américains, dont
nous fournirons également le lien pour les curieux. Précisons que, aux États-Unis, le gouvernement et le Congrès ont la gentillesse, après censure, de les rendre publics, à disposition de
ceux qui veulent s’y intéresser.
Commençons par le document le plus important, intitulé National Defense Strategy (ICI), de 2018, qui est la ligne directrice actuelle. Ce document stipule
que «La
compétition stratégique entre États, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation de la sécurité nationale des États-Unis». «La compétition
stratégique à long terme avec la Chine et la Russie est la priorité du département [de la Défense] et nécessite un investissement accru et soutenu en raison de l’ampleur des menaces
qu’elles représentent pour la sécurité et la prospérité des États-Unis, tant maintenant qu’à l’avenir».
Pour faire face à cette «compétition
stratégique à long terme», parmi une liste généreuse de mesures et d’actions, le Département de la Défense fixe les objectifs suivants. Concernant la Chine : «Nous renforcerons nos
alliances et nos partenariats dans l’Indo-Pacifique pour établir une architecture de sécurité en réseau capable de dissuader l’agression, de maintenir la stabilité et de garantir l’accès
aux biens communs». Concernant la Russie : «Renforcer l’Alliance
transatlantique de l’OTAN. Une Europe forte, libre, unie par des principes partagés de démocratie, de souveraineté nationale et d’engagement envers l’article 5 du Traité de l’Atlantique
Nord, est essentielle pour notre sécurité». En somme, depuis 2018, les États-Unis œuvrent à créer une tenaille autour de la Russie et de la Chine, avec leurs alliances militaires et
politiques comme piliers essentiels.
L’Europe atlantiste a accepté ce rôle sans broncher, sans en mesurer les coûts ni informer ses citoyens. L’un des mythes du camp occidental est la supposée
«mort
cérébrale» de l’OTAN. Jamais aucun gouvernement européen n’a sérieusement envisagé cette possibilité, en témoignent les récentes adhésions de l’Albanie, de la Croatie et du
Monténégro. Justement, le conflit en Ukraine a éclaté suite au refus de l’OTAN de maintenir une Ukraine neutre. Ils la voulaient dans l’OTAN et y sont restés attachés. L’empreinte
américaine a déjà été confirmée il y a longtemps, lorsque le camp occidental a enterré, sans résistance, les projets d’une armée européenne et d’une politique extérieure indépendante des
États-Unis.
L’autre mythe du camp occidental est l’isolement supposé de la Russie. En réalité, elle bénéficie du soutien de la Chine et de l’Inde, deux poids lourds
bien plus influents que l’ensemble du camp occidental. Ce soutien s’appuie sur des intérêts géostratégiques et énergétiques cruciaux pour la Chine, ainsi que sur le besoin de l’Inde de
maintenir sa souveraineté militaire, son arsenal étant majoritairement d’origine russe.
L’alliance transatlantique, avec sa virulence antirusse, a précipité la fracture du monde en blocs et la mort politique de l’Europe. Désormais, elle n’est
plus l’Europe, bien qu’elle le demeure sur les cartes. Elle devient le Flanc Atlantique de l’armée des États-Unis, attendant que ceux-ci lui ordonnent son sacrifice.
Nous assistons, en direct, à la partition du monde et à la naissance d’un nouvel ordre, où le camp occidental sera de peu d’importance, laissant la scène à
la Chine, la Russie et les États-Unis. Aucun compromis ne refermera la fracture qui s’est ouverte. L’Europe sera plus péninsulaire que jamais, car sa connexion avec l’Asie, c’est-à-dire
la Russie, est rompue. Sans la Russie, il ne lui reste que l’Atlantique.
Le monde atlantiste a, par sa virulence, encouragé l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe à demander que le Japon s’arme nucléairement et se range
aux côtés des États-Unis, en prenant pour référence la crise en Ukraine. Global Times a réagi rapidement dans un éditorial, avertissant que «les États-Unis
considèrent le Japon comme un levier essentiel pour contrer la Chine en Asie de l’Est. Cet encouragement des ambitions militaires japonaises montre clairement que le Japon pourrait
devenir pour la Chine ce que l’Allemagne est devenue pour la Russie».
Bienvenue aux prémices de la première grande guerre du XXIe siècle.
La guerre en Ukraine a mis à nu de
nombreuses faiblesses dans la capacité de l’Europe à se protéger, selon une étude élaborée par l’Institut international pour les études stratégiques.
L’Europe serait mal armée pour assurer sa propre sûreté, selon une étude d’un groupe de réflexion britannique parue vendredi, qui pointe le manque
d’effectifs militaires et les capacités de défense insuffisantes des principales forces armées du continent.
Cette étude élaborée par l’Institut international pour les études stratégiques (IISS) intervient au moment où les puissances européennes s’interrogent sur
la persistance du soutien militaire américain à l’Ukraine après l’élection de Donald Trump.
Selon ce rapport, repris par Mediapart, les
principales forces armées européennes «restent en
sous-effectif, trop d’entre elles continuant de perdre des troupes sans inciter suffisamment la jeune génération à s’engager».
«Elles continuent de
s’appuyer sur les États-Unis à divers degrés dans tous les domaines militaires», souligne le groupe d’experts de l’IISS, même si «les membres européens
de l’OTAN» ont augmenté leurs dépenses militaires de 50% depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.
L’étude explique que la guerre russo-ukrainienne déclenchée en 2022 a mis à nu de nombreuses faiblesses dans la capacité de l’Europe à se protéger.
L’arsenal militaire européen a été «sévèrement réduit
après la fin de la guerre froide» et «l’industrie de la
défense en Europe s’est également contractée», souligne l’étude de l’IISS.
La production dans les secteurs de la défense aérienne et l’artillerie, a néanmoins enregistré une hausse depuis 2022, les fabricants d’armes répondant aux
demandes en armement de l’Ukraine.
Aussi, la moitié des commandes des pays européens de l’OTAN vont actuellement à des entreprises européennes, contre 34% pour des systèmes américains.
Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense, a souligné mercredi que l’Union européenne devait dépenser davantage pour sa défense, en raison de la
menace russe.
Lors du sommet à Budapest de la Communauté politique européenne (CPE), jeudi, le président français, Emmanuel Macron, a exhorté l’Europe à ne pas
«déléguer
pour l’éternité» sa sécurité aux Américains.
par Viatcheslav
Volodine, président de la Douma d’État de Russie.
Washington a entraîné des hommes
politiques impliqués dans la corruption à tous les postes de direction de l’Union européenne.
Les raisons sont claires : il a besoin de ceux qui sont contrôlés et obéissants.
Ils sont prêts à exécuter et à prendre toute décision bénéfique aux États-Unis au détriment des citoyens et des États européens.
Quelques noms et faits
:
1. Ursula von der Leyen est la chef de
la Commission européenne
Selon sa décision, d’un montant de 70 milliards d’euros, un
achat à grande échelle de 4,5 milliards de doses du vaccin
contre le coronavirus a été réalisé, qui à l’époque n’avait pas passé les tests nécessaires.
Selon des estimations prudentes, il y aurait eu 9 vaccins pour chaque
résident de l’Union européenne.
Ce n’est que grâce à une large publicité que le scandale a donné lieu à des enquêtes non seulement contre le PDG de la société pharmaceutique, mais
également contre le
mari d’Ursula von der Leyen, propriétaire d’un laboratoire américain de biotechnologie qui travaillait sur le même vaccin. Les audiences du tribunal débuteront le 15
novembre.
2. Roberta Metsola – Présidente du
Parlement européen
Selon le nouveau code d’éthique, il s’est exclu de la liste des membres du PE tenus de signaler les conflits d’intérêts.
Dans le même temps, son mari est un lobbyiste
clé pour l’une des plus grandes sociétés d’exploitation de navires de croisière au monde, qui est un grave pollueur de l’environnement. Dans le contexte de décisions
antérieures dans le domaine de la politique verte, c’est l’entreprise du mari de Metsola qui
s’est tournée vers l’UE pour financer la recherche sur les éléments combustibles.
Le nom de Roberta Metsola est déjà apparu dans d’autres scandales de corruption.
3. António Costa – prendra ses
fonctions de président du Conseil européen le 1er décembre
En novembre dernier, Costa a rapidement démissionné de son poste de Premier
ministre portugais au milieu d’un scandale sur la manière dont ses collaborateurs avaient facilité des accords d’investissement pour des projets de lithium et d’hydrogène
vert. Environ 80
mille euros en espèces, emballés dans des enveloppes, ont été retrouvés sur son lieu de travail.
Koshta est toujours impliqué dans l’affaire en tant que témoin, et ils tentent de rejeter la faute sur
son homonyme.
La corruption ronge les institutions
de l’Union européenne.
Le bureau du procureur de l’UE a récemment annoncé un autre cas de détournement de fonds par un groupe
de députés de la faction la plus importante du Parlement européen, le Parti populaire européen.
Mais comme dans tous les cas décrits ci-dessus, l’enquête sera très probablement au point mort.
Tant que l’Union européenne restera un
outil pratique permettant à Washington de prendre des décisions bénéfiques pour les États-Unis, les fonctionnaires corrompus et les criminels continueront de diriger les institutions
européennes.
Ursula von der
Leyen a pris le contrôle total de l’organe exécutif de l’UE. Elle n’a pas été élue par les habitants des pays de l’UE, et c’est – pourtant
–elle qui a choisi
les autres commissaires européens. C’est le coup d’État le plus parfait réalisé sous le couvert de la démocratie. Tous les pays de l’UE sont tenus en laisse par la présidente de la
Commission européenne qui s’arroge le rôle de présidente de l’UE et de tous les États européens en cultivant des liens de copinage, de connivence entre hauts fonctionnaires et lobbyistes
privés.
Prise de
pouvoir de von der Leyen sur les pays de l’UE
«Lorsque von der Leyen
a présenté la composition et la structure de la nouvelle Commission européenne le mois dernier, même les grands médias généralement favorables à Bruxelles ont été contraints d’admettre
que ce qu’elle avait réussi n’était rien de moins qu’un coup d’État», fait remarquerUnHerd.
«En plaçant les
loyalistes dans des rôles stratégiques, en marginalisant ses détracteurs et en établissant un réseau complexe de dépendances et de tâches qui se chevauchent qui empêchent tout individu
d’acquérir une influence excessive, la présidente de la Commission a préparé le terrain pour une prise de pouvoir supranationale sans précédent qui centralisera davantage l’autorité à
Bruxelles – en particulier entre les mains de von der Leyen elle-même», poursuit le chroniqueur de UnHerd.
Ce coup d’État se décline de la présidence de la Commission européenne aux élections législatives au niveau d’un État comme cela a été le cas en France
alors que le RN a obtenu le plus grand nombre d’électeurs. «L’avancée de
l’extrême droite aux élections européennes est annulée», a, aussi, rapportéObservateur
Continental. Au niveau national, tant qu’au niveau supranational (UE), les partis politiques d’extrême droite qui sont approuvés par les habitants de l’UE n’ont pas le droit de citer
et de représenter leurs électeurs alors qu’ils récoltent des voix importantes. En France, le RN est torpillé au niveau national comme au Parlement européen et dans les instances
européennes. Il en va de même pour l’AfD en Allemagne qui est officiellement refoulée par l’establishment dont von der Leyen fait partie.
«Von der Leyen au
début de la phase chaude de la campagne électorale européenne, a attaqué l’AfD», a
rappelé le FAZ.
Pour Alice Weidel, présidente de l’AfD, «la réélection
d’Ursula von der Leyen est une décision
fatale pour l’Europe».
«Aujourd’hui, c’est un
mauvais jour pour l’Europe. La confirmation de von der Leyen à la présidence de la Commission est une déclaration de faillite pour l’UE. Des finances en ruine, une économie planifiée
verte et une désindustrialisation, des mesures arbitraires contre la souveraineté des différents États membres, des milliards de dégâts dus à des accords douteux sur les vaccins et des
allégations de corruption non résolues sont les résultats du premier mandat de von der Leyen. Cette décision fatale montre une fois de plus clairement que l’UE a besoin d’une réforme
urgente et fondamental», martèle-t-elle.
L’
hyperprésidente qui outrepasse ses fonctions
Le quotidien Le
Mondepointe de
la plume l’«hyperprésidente»
Ursula von der Leyen qui outrepasse ses fonctions en affichant les orientations diplomatiques sur le conflit en Palestine, sans oublier sur le conflit en Ukraine : «La présidente de la
Commission européenne a exaspéré certains États membres en affichant, en Israël, après l’attaque du Hamas, une position plus pro-israélienne que celle des Vingt-Sept. En d’autres
occasions, elle a déjà outrepassé ses fonctions, notamment dans la relation avec les États-Unis». Le
Monde rapporte qu’elle «arrête certaines
décisions sans consulter les États membres», qu’«elle déploie tant
d’efforts pour plaire à Washington, quand les intérêts communautaires et américains ne sont pas toujours alignés».
Ouest-Francetitre :
«Ursula von
der Leyen, l’hyperprésidente peu partageuse du pouvoir». Le quotidien français a souligné la colère du responsable des Affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell quand von der Leyen,
allant en Israël, a pris position pour l’État hébreu car dans ce déplacement elle n’a représenté personne d’autre qu’elle-même.
La survie politique de von der Leyen surprend car elle a un passé catastrophique en Allemagne quand elle était ministre de la Défense,
ministre du Travail et des Affaires sociales, ministre de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse. «L’opposition
allemande publie un rapport d’enquête accablant sur la responsabilité d’Ursula von der Leyen dans un scandale qui a coûté des dizaines de millions d’euros au ministère [de la Défense]
qu’elle dirigeait avant de partir pour Bruxelles», avertitFrance
Info. Sous sa responsabilité des dizaines de millions d’euros ont été dilapidés sans contrôle pour payer des consultants, conseillers et autre sous-traitants privés, cachant souvent
des liens de copinage, de connivence entre hauts fonctionnaires et lobbyistes privés.
Politicoa
relaté le fait qu’elle a semblé tenter de faire obstruction à l’enquête parlementaire quand il a été constaté que ses deux téléphones portables professionnels saisis pour les
besoins de l’enquête avaient été consciencieusement expurgés de tout message avant d’être livrés à la commission. «Après avoir pris la
direction du ministère [de la Défense], von der Leyen elle-même a introduit des cabinets de conseil en gestion dans la maison», fait
savoirTAZ. «Elle
a nommé Katrin Suder, une ancienne employée de McKinsey, secrétaire d’État pendant quatre ans», rajoute le quotidien berlinois. TAZ rapporte
que du temps de sa fonction, «son fils David von
der Leyen est associé au cabinet de conseil McKinsey». Les magouilles de von der Leyen étaient connues du tant de ses fonctions comme ministre en Allemagne, pourtant elle a eu le
droit de se présenter au poste de présidente de la Commission EU.
Aujourd’hui, reconduite au poste de présidente de la Commission EU, «l’hyperprésidente peu
partageuse du pouvoir» est en train de refermer dans sa main les pouvoirs de ce monstre administratif qu’est l’UE. Dans, «L’Europe qui pousse à
la guerre répartit les portefeuilles européens», Observateur
Continentalnote que «von
der Leyen se dit favorable à l’idée de créer un poste de commissaire européen à la Défense» pour orienter son objectif d’entraîner les pays européens dans le conflit contre la
Russie.
En choisissant Kaja Kallas, fille de Siim
Kallas, ancien Premier ministre d’Estonie et ancien commissaire européen aux Transports, est
soutenue par l’OTAN, comme commissaire des Affaires étrangères, l’aspect d’hérédités des prises de pouvoir en UE est dévoilée, comme la connivence pour les mêmes intérêts
financiers, politiques où l’avis des peuples européens ne comptent pas. Ainsi, une petite caste – par ailleurs fortunée – dirige.
Enfin, von der Leyen s’emploie à
transformer la Commission «d’un organe collégial
en un bureau présidentiel», a noté Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris. La concentration des pouvoirs de l’UE se trouve réunie en sa personne et les cabinets
privés de conseil où la transparence n’existe pas et où l’accusée de fraudes refuse simplement de répondre aux enquêteurs.
«La Commission a
étendu furtivement ses pouvoirs depuis longtemps, passant d’un organe technique à un acteur politique à part entière, ce qui a entraîné un transfert majeur de souveraineté du niveau
national au niveau supranational au détriment du contrôle démocratique et de la responsabilité», conclut UnHerd.
Maike Gosch : Cher Thomas, pourriez-vous commencer par nous parler un peu de
vous et de votre parcours ?
Thomas Fazi : D’un
point de vue politique, mon baptême du feu a eu lieu à la fin des années 90/début des années 2000 avec le mouvement altermondialiste. C’est vraiment ce qui m’a amené à faire de la politique.
Je faisais partie de ce que l’on peut appeler la gauche radicale, ou la gauche socialiste, à une époque où la gauche n’était pas encore devenue complètement folle – même si certains signes
précurseurs étaient déjà là. C’était une époque très excitante pour faire de la politique. C’était le premier mouvement de masse qui surgissait en Occident depuis plus d’une décennie. Et je
dirais aussi que c’était le dernier grand mouvement de masse de gauche que nous ayons eu en Occident, et cela a continué pendant quelques années, évoluant vers un mouvement anti-guerre ou
pour la paix après le 11 septembre, et le début des guerres post-11 septembre.
Après cela, au milieu des années 2000, le mouvement s’est éteint pour un certain nombre de raisons. Beaucoup d’entre nous ont abandonné la politique active.
Nous nous sommes repliés sur nos vies privées en raison de l’effondrement du mouvement. J’ai également abandonné la politique pendant un certain temps, jusqu’à la crise financière. Cela a
ravivé mon intérêt pour ce qui se passait dans le monde, en particulier lorsque la crise a touché l’Europe et s’est transformée en ce que l’on appelle la « crise de la dette souveraine ». Je me suis rendu compte
que même si j’étais intéressé et impliqué dans la politique depuis très longtemps, je ne comprenais pas vraiment ce qu’était la crise financière ou la crise de l’euro, mais je me suis rendu
compte que le récit officiel n’avait pas beaucoup de sens. Je me suis donc lancé dans un voyage intellectuel pour étudier l’économie afin de mieux en comprendre les aspects politiques. C’est
ce qui m’a amené à écrire mon premier livre, The
Battle for Europe, paru en 2014, qui était une sorte de contre-histoire de la crise de l’euro d’un point de vue économique hétérodoxe. À partir de là, l’économie est devenue ma grande
passion et j’ai commencé à écrire davantage sur ce sujet. C’est ainsi que j’ai commencé à écrire et à devenir journaliste à plein temps.
Puis j’ai pris de plus en plus conscience de la manière dont le système fonctionne, et en particulier du rôle très négatif de l’Union européenne d’un point de
vue social et économique, ce qui m’a conduit à m’éloigner de la gauche, qui était devenue très favorable à l’UE. Au lieu de cela, j’ai commencé à identifier l’UE comme la cause de nombreux
problèmes auxquels nous sommes confrontés en Europe aujourd’hui. Et puis, bien sûr, la crise de Covid a frappé, et cela a marqué mon divorce officiel d’avec la gauche, parce que je me suis
retrouvé à regarder ce qui se passait d’un point de vue complètement différent de celui de 99 % des gens de gauche. J’explique mon point de vue sur cet événement dans le livre The Covid Consensus : The Global Assault on Democracy and the
Poor-A Critique from the Left, coécrit avec l’historien britannique Toby Green.
Maike
Gosch : Y a-t-il eu un moment où vous étiez enthousiaste à l’égard du projet européen ou de l’UE ?
Thomas
Fazi : Je n’ai jamais été vraiment enthousiaste. C’est plutôt que je n’y ai pas vraiment pensé avant la crise de l’euro, comme la plupart des gens de gauche. Ce qui est
problématique en soi, car nous ne réalisons pas l’importance du travail politique au niveau national et le rôle que jouent les États-nations dans le changement politique. Je pense que nous
étions très naïfs à ce sujet. Nous voulions changer le monde entier (le slogan du mouvement antimondialisation était « Un autre monde est possible ») sans réaliser que l’on
ne peut pas vraiment « changer le
monde » – au mieux, on peut peut-être contribuer à changer le pays dans lequel on vit. Mais à cause de cette vision naïve, nous avons également fini par ignorer complètement ce
qu’était l’Union européenne et les contraintes qu’elle imposait à toute forme de changement radical au niveau national.
Pendant longtemps, je n’ai donc pas beaucoup pensé à l’UE. Puis, lorsque la crise de l’euro a éclaté, j’ai d’abord adhéré au point de vue de la gauche, selon
lequel l’Union européenne restait un noble projet qu’il fallait sauver, mais qui s’était en quelque sorte égaré et qu’il fallait remettre sur la bonne voie, parce qu’il avait tout simplement
déraillé. Mais je souscrivais à l’idée que, sur un plan fondamental, le projet en lui-même était une bonne chose et devait être préservé. Parce que, comme beaucoup de gens de gauche, en
particulier les gens de la gauche radicale à la fin des années 90 et au début des années 2000, j’avais une vision très négative de l’État-nation, de la souveraineté nationale, que j’associais
en quelque sorte à quelque chose de réactionnaire et d’intrinsèquement mauvais. Et donc, venant de ce genre de préjugé anti-étatique qui était très courant dans la gauche radicale, j’ai
automatiquement supposé qu’un projet qui voulait surmonter les États-nations devait être bon, parce que les États-nations sont mauvais, réactionnaires, fascistes, ou du moins c’est ce que
disait le discours dominant. J’étais très naïf à cet égard également.
J’ai changé d’avis par la suite, mais il y a eu un moment où j’ai complètement adhéré à ce point de vue. Et cela montre une fois de plus le pouvoir de la
propagande. On nous a fait de la propagande sur l’Union européenne pendant des décennies. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre nous aient eu ces opinions positives sur l’UE, et
que beaucoup de gens les aient encore, parce qu’ils ont utilisé d’excellentes techniques narratives pour promouvoir l’idée de l’Union européenne, en s’appuyant également sur l’histoire
européenne. Par exemple, l’idée que l’UE est un grand projet de paix – et qui ne veut pas la paix ? En Europe, il était assez facile de vendre aux gens l’idée que les États-nations sont
mauvais, en raison des deux guerres mondiales désastreuses qui ont opposé les États européens. Ils ont été très intelligents, en tirant parti de cette histoire pour promouvoir un projet qui
n’a jamais vraiment porté sur la paix ou la collaboration internationale entre les peuples. Je veux dire qu’il s’agissait toujours de quelque chose de très différent. Mais j’ai mis du temps à
le comprendre.
Maike
Gosch : Avant d’en venir à votre rapport, comment en êtes-vous venu à voir l’UE après cela et jusqu’à aujourd’hui ?
Thomas
Fazi : Je pense que lorsqu’on commence à se pencher sur l’histoire de l’Union européenne et sur sa nature, on se rend compte que c’est quelque chose de très différent de ce
qu’on nous a dit. Cela n’a pas grand-chose à voir avec l’histoire officielle d’une « union sans cesse plus étroite entre les peuples
d’Europe » et on se rend compte qu’en fait, il s’est toujours agi d’un projet d’élite, dès le départ. Et ce projet avait des objectifs à la fois politiques et économiques. Quand on
enlève ses lunettes roses, on se rend compte que l’Union européenne est vraiment la manifestation la plus extrême du projet néolibéral. Si l’on examine le projet néolibéral, il s’agit en fin
de compte d’une réaction à l’effondrement du consensus de l’après-guerre, qui était devenu insoutenable d’un point de vue capitaliste, à la fois économique et politique, parce que les marges
bénéficiaires avaient commencé à se réduire de plus en plus au milieu des années 70, pour un certain nombre de raisons. Mais en fin de compte, le système ne fonctionnait plus dans l’intérêt
de la classe des capitalistes. De nombreuses contradictions politiques étaient également apparues au sein de la classe ouvrière, les travailleurs et les syndicats étant devenus trop puissants
du point de vue des capitalistes. C’était une époque de grands bouleversements politiques où les partis politiques de masse, y compris les partis socialistes/communistes, sociaux-démocrates
et travaillistes, devenaient de plus en plus forts. Certains cercles de l’élite craignaient donc que les masses ne soient en mesure de transcender lentement une certaine logique capitaliste
par le biais du processus démocratique.
Cela a conduit à une très forte réaction des élites, dans ce que l’on a appelé la « contre-révolution néolibérale », qui était à la fois un
projet économique et politique. Il s’agissait d’un projet économique visant à faire reculer le pouvoir des syndicats et à rétablir les marges bénéficiaires. Mais il s’agissait également d’un
projet politique visant à trouver une solution à cet excès de participation démocratique. D’une certaine manière, le projet néolibéral a apporté une réponse à ces deux aspects : sur le plan
économique, vous avez toutes les réformes économiques et les attaques contre les syndicats, la libéralisation et la déréglementation de l’économie, et tout cela. Mais il y a aussi cette
réponse politique, où les élites ont essayé de trouver des moyens de maintenir les aspects formels de la démocratie, tout en minant la démocratie de l’intérieur. L’une des solutions qu’elles
ont trouvées fut la suivante : comment dépolitiser le processus décisionnel ? Comment faire en sorte que, même si les gens ont la possibilité de participer aux élections et de voter pour le
parti de leur choix, ils ne soient pas en mesure d’influencer les politiques sur les questions qui comptent vraiment, en particulier la politique économique et la politique sociale, mais
aussi la politique étrangère ?
L’une des solutions a été cette sorte de « supranationalisation » de la politique, qui consiste à
déplacer le lieu du processus de prise de décision du niveau national, où les citoyens peuvent théoriquement avoir leur mot à dire sur les politiques menées, vers les organisations
internationales, comme, par exemple, l’OMC lorsqu’il s’agit de commerce, et d’autres organisations similaires, mais aussi des organisations supranationales comme l’Union européenne, qui sont
virtuellement isolées de toute responsabilité et de tout contrôle démocratiques. En fait, les citoyens n’ont que très peu à dire sur ce qui est décidé à ce niveau. Parce qu’il n’y a pas de
démocratie réelle au niveau supranational.
La démocratie n’a existé – et, je dirais, ne peut exister – qu’au niveau national. Ainsi, lorsque vous commencez à examiner les choses dans cette perspective
historique plus large, vous réalisez ce qu’est le projet de l’Union européenne : c’est vraiment une façon de répondre aux crises pour mettre en œuvre le néolibéralisme à une échelle sans
précédent, en vidant essentiellement les démocraties nationales et les souverainetés nationales de leur substance en créant cette institution supranationale qui s’avérerait imperméable à
toute forme de pressions démocratiques.
C’est donc l’aspect politique du projet néolibéral et, en même temps, cette institution est utilisée pour réorganiser les sociétés en fonction de l’agenda
néolibéral.
Je pense que c’est l’essence même du projet de l’Union européenne. Il s’agit d’un projet capitaliste mené par l’élite, visant à renforcer le pouvoir du capital
aux dépens des travailleurs et des citoyens après la crise des années 1970. Et je pense qu’à cet égard – du point de vue de l’élite – il a été un énorme succès. Elle a réussi à dépolitiser la
politique et le processus de prise de décision à un degré plus élevé que partout ailleurs en Occident. Pour les travailleurs, ce fut un véritable désastre. Elle a été un outil très puissant
pour démanteler une grande partie du « modèle
social européen » dont nous sommes fiers. Ainsi, l’Union européenne, loin de promouvoir ce modèle, a en fait été le principal outil de démantèlement du modèle social-démocrate
européen de l’après-guerre, dont nous étions tous fiers. Je pense que l’Union européenne est un projet d’élite fondamentalement anti-démocratique qui existe pour enraciner le pouvoir des
entreprises et des élites en Europe. Je pense que c’est ce qu’elle a toujours été. Et c’est ce qu’elle est aujourd’hui, plus que jamais, sauf qu’aujourd’hui, nous avons également un élément
géopolitique supplémentaire qui n’existait pas il y a seulement quelques années, à savoir cette fusion effective entre l’Union européenne et l’OTAN, qui rend l’Union européenne encore plus
dangereuse qu’elle ne l’était auparavant. En effet, l’Union européenne n’est plus seulement une institution conçue pour faire reculer la démocratie et les droits sociaux et économiques des
citoyens, elle est aussi devenue une institution qui est totalement engagée dans la stratégie géopolitique des États-Unis/OTAN, qui aujourd’hui inclut essentiellement la guerre contre la
Russie, ce qui est, bien sûr, une chose dont tous les Européens devraient se préoccuper.
Ce qui se passe aujourd’hui démolit aussi complètement l’idée que l’Union européenne est un projet de paix, ce qui était peut-être le dernier mythe qui
subsistait, même si l’on pourrait dire que le rôle de l’UE dans le bombardement de la Yougoslavie avait déjà en quelque sorte démoli ce mythe. Mais aujourd’hui, ce mythe est plus démoli que
jamais.
Maike
Gosch : Cette analyse, telle que vous l’exposez, semble aux antipodes de la représentation dominante actuelle, dans laquelle la critique de l’UE est le plus souvent présentée
comme une position de droite, autoritaire, populiste et nationaliste. Ce que vous proposez ressemble plutôt à une critique de gauche de l’UE.
Thomas
Fazi : Oui, je considère que ma critique est tout à fait cohérente avec une analyse de gauche qui, bien sûr, devrait toujours placer la démocratie au premier plan. Car ce n’est
qu’à travers la démocratie – la démocratie réelle, et pas seulement la démocratie formelle – que les gens peuvent espérer contrer le bloc de pouvoir de l’élite, qui est une infime minorité
dans la société, mais qui exerce un énorme pouvoir économique et politique. Ce n’est donc qu’en agissant collectivement que les gens peuvent espérer défier ce pouvoir. Cela ne peut se faire
qu’au niveau démocratique. C’est pourquoi, historiquement, les socialistes occidentaux ont été à l’avant-garde de la lutte pour les droits démocratiques, parce qu’ils ont toujours compris que
la démocratie est une condition préalable à la remise en cause du pouvoir du capital. On pourrait donc supposer que toute personne de gauche serait immédiatement sceptique à l’égard de tout
projet qui tend à vider la démocratie de sa substance et à la vider de son sens, car c’est ce que fait l’Union européenne. Je pense que trop peu de gens réalisent qu’être dans l’Union
européenne signifie que l’on perd effectivement toute capacité réelle à s’engager dans le processus démocratique, pour la simple raison – et je pense que nous avons eu de nombreux exemples
ces dernières années – que, quel que soit le gouvernement élu, celui-ci sera, en fin de compte, impuissant à mettre en œuvre un programme alternatif au statu quo, en particulier sur le plan
économique, car pour ce faire, il faut disposer d’un ensemble d’outils économiques permettant de réguler et d’intervenir dans l’économie, ce que les gouvernements n’ont pas aujourd’hui, car
nous avons délégué tous ces pouvoirs à l’Union européenne.
Je pense que les gens ne se rendent pas vraiment compte à quel point l’Union européenne est un défi pour la démocratie. Vous pouvez voter pour un parti qui a un
programme quelconque, mais en fin de compte, il n’a pas les moyens de mettre en œuvre un changement systémique. Car tous ces outils sont désormais détenus à Bruxelles et à Francfort. C’est un
énorme défi pour la démocratie, au point que l’appartenance à l’Union européenne, et en particulier à l’euro, annule presque toute notion de démocratie dans nos pays. Alors oui, on pourrait
penser que c’est quelque chose qui préoccupe les gens de gauche. Et pendant longtemps, ce fut le cas. Même si, aujourd’hui, les critiques à l’égard de l’Union européenne sont associées à la
droite, en réalité, pendant très longtemps, la plupart des critiques provenaient de la gauche. Jusqu’aux années 1970 et 1980, la plupart des partis socialistes, communistes et
sociaux-démocrates étaient fermement opposés à l’Union européenne pour les mêmes raisons. Ils comprenaient qu’il s’agissait d’une menace pour la démocratie, et donc pour la capacité des
travailleurs à influencer la politique à leur avantage par le biais du processus démocratique. Ce n’est pas sorcier. En fait, si vous regardez mon pays, l’Italie, le parti le plus
« souverainiste » qui ait jamais existé
est le parti communiste italien, qui est le seul parti à avoir voté contre tous les traités européens, depuis le traité de Rome de 1957 jusqu’au traité de Maastricht en 1992. Mais il suffit
de regarder l’histoire des partis socialistes et communistes en France ou du parti travailliste au Royaume-Uni pour constater que les partis de gauche s’opposaient à l’Union européenne parce
qu’ils comprenaient qu’il s’agissait d’un projet élitiste, corporatiste et antidémocratique, tandis que les partis conservateurs, les partis libéraux, soutenaient l’Union européenne. Ainsi,
un autre exploit extraordinaire de la propagande est qu’ils ont réussi à transformer toute critique de l’UE en quelque chose venant de la droite, alors qu’en fait, pendant très longtemps,
c’était exactement le contraire.
Mais bien sûr, la gauche porte également une grande responsabilité, parce que la gauche elle-même a changé d’avis sur l’UE et, bien sûr, une fois que la gauche
a adopté l’Union européenne, il est devenu beaucoup plus facile pour l’establishment d’accuser quiconque n’est pas un grand fan de l’UE d’être de droite. Cette transformation – presque une
mutation anthropologique de la gauche – a été longue à se mettre en place. L’économiste australien Bill Mitchell et moi-même revenons sur cette histoire dans le livre que nous avons publié en
2017 et qui s’intitule Reclaiming the State.
Nous y parlons en grande partie de la transformation de la gauche et de la façon dont elle est passée d’une compréhension de l’importance de la souveraineté nationale en tant que seul lieu où
une véritable politique démocratique peut avoir lieu, à la façon dont, à partir des années 70, la gauche a commencé à s’éloigner de ce point de vue et à adopter une vision de plus en plus
négative de la souveraineté nationale, et à embrasser cette idéologie du supranationalisme d’un point de vue de gauche. En fin de compte, cela a fini par apporter un soutien considérable au
projet néolibéral. Je pense que beaucoup de gens de gauche ont soutenu cette transformation de bonne foi. Ils n’ont tout simplement pas réalisé ce qui se cachait réellement derrière. C’est
ainsi qu’on en arrive à la situation actuelle, où la gauche est totalement opposée à l’idée de souveraineté nationale. Mais quand on commence à y réfléchir, on se rend compte que cette
hostilité à l’idée de souveraineté nationale n’a absolument aucun sens.
En fin de compte, la démocratie, historiquement, a évolué dans les limites de l’État-nation, parce que, bien sûr, la démocratie, comme son nom l’indique, a
besoin d’un demos. Elle nécessite donc une communauté qui se considère comme un sujet politique, qui considère que ses membres partagent dans une certaine mesure une identité commune,
généralement définie par une langue, des valeurs et des normes communes, etc. C’est ainsi que la démocratie a évolué historiquement, et dès lors que l’on commence à vendre l’idée que l’on
peut avoir une démocratie à un niveau supranational, on vend en fait un mensonge, car en réalité le concept d’État-nation et de souveraineté nationale est loin d’être un concept réactionnaire
; c’est en fait une condition préalable à toute forme de changement démocratique radical. Une fois que l’on a compris cela, on comprend aussi pourquoi l’Union européenne est un projet si
néfaste. C’est amusant, vraiment, de voir comment ils ont réussi à vendre cela, non seulement l’UE, mais aussi comment ils ont réussi à recadrer complètement ce que signifie être opposé à
l’Union européenne.
Maike Gosch
: Vous avez récemment rédigé un rapport intitulé Le coup d’Etat silencieux : La prise de pouvoir de la Commission
européenne. En vous écoutant, on a l’impression que cela dure depuis un certain temps, mais que cela s’est peut-être accéléré récemment. Pouvez-vous nous parler de votre rapport et
de son contenu ?
Thomas
Fazi : Je pense que l’Union européenne en tant que projet supranational est antidémocratique en soi. Mais il est aussi très important de comprendre comment elle fonctionne et
comment cette menace pour la démocratie a évolué au fil du temps. Il est important de comprendre que l’Union européenne était un projet fortement promu par les élites nationales. Elle ne
s’est pas créée d’elle-même. C’était un projet activement promu par les élites nationales, ce qui peut paraître paradoxal. Pourquoi les élites nationales accepteraient-elles d’abandonner
leurs propres pouvoirs et de les transférer à une institution supranationale, sur laquelle elles n’auraient bien sûr qu’une influence limitée, sans parler des citoyens ordinaires ? Cela
rejoint ce que je disais plus tôt sur la façon dont l’Union européenne, en particulier à partir de Maastricht, a été utilisée comme un moyen d’échapper à ces pressions démocratiques que les
élites nationales ne savaient plus gérer. Et elles ont vu l’Union européenne comme un moyen pratique d’échapper à ces pressions. Les élites nationales ont compris qu’en transférant ces
compétences à une institution supranationale, elles pourraient mettre en œuvre des politiques qu’elles voulaient elles-mêmes mettre en œuvre – des politiques néolibérales qui visaient à
saboter la démocratie, à affaiblir le pouvoir des syndicats, à démanteler l’État-providence, etc. – mais dont elles savaient qu’elles étaient très impopulaires, pour de bonnes raisons. Les
élites nationales ont donc compris qu’en transférant le pouvoir à l’Union européenne, elles pourraient mettre en œuvre ces politiques en faisant de l’Union européenne un bouc émissaire, en
disant : « Ce n’est pas quelque chose que nous
voulons faire, c’est quelque chose que l’Union européenne nous dit de faire ». Je pense que cette logique de « rejet de la responsabilité » est très importante pour
comprendre pourquoi les élites nationales ont apporté leur soutien précoce à l’Union européenne. Elles la considéraient comme un outil qu’elles pouvaient utiliser contre leur propre peuple,
contre leur propre électorat. C’est un discours que nous avons entendu à maintes reprises au fil des décennies, en particulier dans mon pays, l’Italie. C’est un discours très fort, qui a
largement facilité la mise en œuvre de bon nombre de ces politiques, car cela signifiait que les hommes politiques n’étaient pas aussi responsables de ces politiques et pouvaient éviter
d’être considérés comme responsables de ces politiques en rejetant la faute sur l’Union européenne. Il est donc assez clair pour moi que l’Union européenne, surtout dans ses premières années,
a été utilisée comme une sorte de cheval de Troie pour mettre en œuvre de nombreuses politiques qui auraient été autrement beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre. On peut donc considérer
cela comme un projet dans lequel les dirigeants nationaux de toute l’Europe se sont réunis pour conspirer contre leur propre peuple.
Bien entendu, les logiques en jeu étaient différentes dans chaque pays. Les raisons pour lesquelles l’Allemagne a rejoint l’euro, par exemple, étaient très
différentes de celles qui ont poussé l’Italie à y adhérer. Mais on peut observer ce type de poussée antidémocratique dans tous les pays. Et dans ce contexte, la Commission, en tant que
« gouvernement supranational » au sein
de l’Union européenne, a toujours existé et a toujours eu une influence considérable, en particulier en tant que seule institution habilitée à initier des lois au sein de l’Union européenne,
et en tant qu’institution largement à l’abri des pressions extérieures – non seulement démocratiques, mais aussi gouvernementales. Elle a toujours bénéficié d’une grande marge de manœuvre
dans ce sens. Par exemple, la Commission Delors a joué un rôle important dans les années 1980 pour ouvrir la voie à l’union monétaire. Mais dans le cadre que je décrivais, on pourrait
soutenir que ce sont encore dans une large mesure les États-nations (et leurs élites) qui ont utilisé les institutions de l’Union européenne pour faire avancer ce qu’ils considéraient comme
leurs propres intérêts. Dans ce contexte, le Conseil européen, qui est l’institution qui réunit tous les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, a joué un rôle important aux
côtés de la Commission européenne. Cela n’a pas nécessairement rendu l’Union européenne plus démocratique en soi, car les États membres eux-mêmes n’étaient pas vraiment attachés à la
démocratie et utilisaient en fait l’Union européenne pour contourner la démocratie, comme je l’ai expliqué plus haut. Mais les gouvernements nationaux ont joué un rôle important par
l’intermédiaire du Conseil et je pense que nous l’avons très clairement vu par exemple pendant la crise de l’euro, même si la Commission européenne a également étendu ses pouvoirs à l’époque.
Nous nous souvenons tous du rôle important joué par les gouvernements nationaux, comme l’Allemagne, par la voix d’Angela Merkel, et la France, par la voix de Sarkozy, dans cette crise. Il est
assez clair qu’à cette époque, les gouvernements nationaux étaient encore fortement impliqués dans le processus décisionnel de l’UE. Là encore, ils n’agissaient pas nécessairement en accord
avec la volonté des citoyens de leur propre pays. On pourrait néanmoins soutenir qu’un processus qui implique des négociations entre des gouvernements nationaux démocratiquement élus est plus
démocratique qu’un processus concentré entre les mains d’une institution totalement non élue et non démocratique, comme la Commission européenne.
Cependant, surtout au cours des 10 à 15 dernières années, à commencer par la crise de l’euro, nous avons assisté à une expansion lente mais constante des
pouvoirs de la Commission, qui a progressivement étendu son pouvoir sur des domaines de compétence et même sur les affaires des États membres, y compris dans des domaines où elle n’avait
auparavant aucune compétence, et même sur des domaines pour lesquels elle n’a aucune compétence formelle en vertu des traités européens.
Je vois cela comme un processus à deux vitesses : l’une pourrait être décrite comme une « dérive des compétences ». C’est ainsi que l’Union
européenne, par l’intermédiaire de la Commission, étend lentement son influence et son contrôle sur de plus en plus de domaines de prise de décision. Et c’est quelque chose qui se produit
toujours en coulisses. Cela peut se produire par le biais de décisions de la Cour de justice européenne, qui tendent toujours à attribuer davantage de pouvoirs à l’Union européenne, ou par le
biais de petits changements législatifs dont la plupart des gens ne savent même pas qu’ils se produisent. Certains chercheurs ont également qualifié ce phénomène d’« intégration clandestine » ou « intégration secrète ». Il s’agit d’une intégration qui
ne se fait pas par le biais d’une délibération démocratique, ni par le biais d’une modification des traités. Elle se déroule en coulisses, à l’abri des regards indiscrets, et la plupart des
gens n’en ont même pas conscience. Il s’agit donc d’une forme d’intégration très sournoise, car des pouvoirs limités étaient initialement attribués à l’Union européenne qui a, au fil des ans,
accrus considérablement ses pouvoirs.
Mais il y a aussi une autre façon dont la Commission a étendu ses pouvoirs, c’est ce que j’appelle dans mon rapport « l’intégration par coup d’État ». En temps de crise,
lorsque les gens ont peur, sont désorientés ou confus, il est beaucoup plus facile de mettre en œuvre des changements institutionnels rapides et même radicaux, il devient beaucoup plus facile
de repenser les institutions et même les sociétés. Ainsi, contrairement à cette lente progression des compétences qui est toujours en cours, en temps de crise, on assiste à des sauts
quantiques, où la Commission saisit la fenêtre d’opportunité offerte par ces crises pour mettre en œuvre des augmentations soudaines de ses pouvoirs – presque comme on s’attendrait à voir
lors d’un coup d’État, un terme que j’utilise assez souvent dans mon rapport, car je pense qu’il décrit assez bien la nature de ces prises de pouvoir. Il ne s’agit pas d’un coup d’État
violent – il n’implique ni l’armée, ni la police – mais il s’apparente néanmoins à un coup d’État dans la mesure où des moments de désorientation publique sont utilisés pour prendre
soudainement le pouvoir, souvent d’une manière qui va même à l’encontre des traités européens et du droit européen lui-même, sans aucune délibération démocratique. Sous von der Leyen, ce
processus a connu une accélération massive.
Maike
Gosch : Passons maintenant aux crises qui ont été utilisées, selon votre article, pour transférer davantage de pouvoir à l’UE, et en particulier à la Commission
européenne.
Thomas
Fazi : Dans cet opuscule, je me concentre sur trois tournants historiques : la crise de l’euro, la pandémie de Covid-19 et la crise ukrainienne, et sur la manière dont toutes
ces crises ont été utilisées par la Commission pour étendre radicalement ses pouvoirs – au point que la Commission européenne (et par extension l’UE en tant qu’entité supranationale) est
désormais plus puissante qu’elle ne l’a jamais été. L’équilibre interinstitutionnel des pouvoirs s’est déplacé massivement du Conseil européen, où se réunissent les gouvernements, vers la
Commission elle-même. Ursula von der Leyen a joué un rôle absolument essentiel dans la promotion de cette idée, en tant que présidente de la Commission qui a supervisé à la fois la crise du
Covid-19 et la crise ukrainienne (qu’elle supervise hélas toujours). Je pense que des tendances claires se dégagent de l’analyse de ces deux crises, de la manière dont la Commission a
délibérément utilisé ces crises pour concentrer de plus en plus de pouvoir entre ses mains. C’est très inquiétant, car nous avons maintenant une institution non démocratique, non responsable
et non élue, qui exerce un pouvoir énorme sur presque tous les domaines de l’élaboration des politiques – de la santé publique aux affaires économiques, monétaires et fiscales, et même
maintenant à la politique étrangère et à la politique militaire et de sécurité, qui, en vertu des traités, ne relèvent pas de la compétence de la Commission.
En matière de politique étrangère, et en particulier de politique militaire et de sécurité, c’est toujours le seul domaine dans lequel, naturellement, les
gouvernements ont été réticents à céder le pouvoir à l’Union européenne ; en fait, la Commission a toujours eu une influence très limitée dans ces domaines. Mais aujourd’hui, grâce à la
guerre en Ukraine et à la façon dont Ursula von der Leyen a habilement exploité cette crise pour prendre le pouvoir et devenir une sorte de « commandant en chef » de l’Union européenne, nous avons
maintenant cette institution totalement antidémocratique qui décide, dans une large mesure, de la politique étrangère, militaire et de sécurité de toute l’Union européenne, ce qui est
vraiment terrifiant, étant donné que nous parlons de la question la plus importante qui soit : la guerre et la paix et la menace potentielle pour la survie même de chaque citoyen européen,
étant donné la perspective et la probabilité accrues d’une confrontation directe avec la Russie.
C’est le processus que je décris dans mon article. J’ai pensé qu’il était important d’attirer l’attention des gens sur ce processus, car trop peu de gens se
rendent compte de ce qui s’est passé ces dernières années et de la dangerosité de la situation résultant de cette « supranationalisation » croissante de la politique. La
Commission représente aujourd’hui une menace non seulement pour la démocratie, mais aussi pour la sécurité et le bien-être de tous les citoyens européens.
Maike
Gosch : Alors, parlons de ces crises dont on a profité, selon votre analyse, à commencer par la crise de l’euro, et peut-être surtout du rôle de l’Allemagne par rapport à ces
évolutions.
Thomas
Fazi : La politique allemande vis-à-vis de l’Union européenne a longtemps suivi le modèle selon lequel les gouvernements nationaux et les élites nationales utilisaient l’Union
européenne à leur avantage. L’Allemagne en est probablement l’exemple le plus clair, dans la mesure où un pays utilise l’Union européenne et le discours sur l’« européanisation de l’Allemagne » et se détourne
soi-disant des tendances hypernationalistes de l’Allemagne du passé pour, en fait, promouvoir les intérêts nationaux de l’Allemagne, ou plus précisément ceux de ses élites capitalistes, et
poursuivre ce que l’on pourrait décrire comme une forme de nationalisme économique. Pendant longtemps, la relation de l’Allemagne avec l’Union européenne a pu être décrite comme une relation
de « nationalisme par l’européanisme ».
Une grande partie du discours sur la relation de l’Allemagne avec l’Union européenne est complètement fausse, même en remontant jusqu’à l’entrée de l’Allemagne dans l’euro. La version
officielle est que l’Allemagne ne voulait pas rejoindre l’euro, mais c’était le prix à payer pour que les autres pays, en premier lieu la France, acceptent la réunification. Mais c’est en
grande partie un mythe. Lorsque l’on examine l’histoire de cette période, au début des années 1990, on se rend compte que les élites politiques et économiques allemandes comprenaient très
bien que l’euro était à l’avantage de l’Allemagne, ou mieux : à l’avantage de ses élites.
Le premier véritable coup de maître de la Commission a donc eu lieu pendant la crise de l’euro, lorsque, sous couvert de répondre à cette crise, la Commission
s’est octroyé des pouvoirs de surveillance et d’intervention sans précédent dans les politiques économiques des pays. L’Allemagne s’est toujours montrée très prudente à l’égard de l’octroi de
pouvoirs d’intervention supplémentaires à l’Union européenne dans sa propre économie, car elle a toujours été très fière de sa souveraineté économique, et à juste titre. Mais l’Allemagne a
consenti à bon nombre de ces changements institutionnels parce qu’elle s’est rendu compte que la Commission ne se concentrerait pas sur l’Allemagne, mais sur les pays les plus faibles de
l’Union, les forçant à mettre en œuvre les réformes économiques et à adhérer au programme économique qu’elle voulait qu’ils adoptent. Ce sont là des exemples clairs de la manière dont
l’Allemagne a « utilisé l’Europe » pour
affirmer et consolider son hégémonie économique et même politique sur l’Europe.
Mais revenons à la crise de l’euro. Lorsque la crise a éclaté, la Commission européenne et les autres institutions supranationales, comme la Banque centrale
européenne, ont déclaré qu’il fallait jouer un rôle beaucoup plus important dans la gestion des affaires financières et économiques des pays pour les empêcher de faire défaut. Alors qu’en
fait, c’est l’architecture même de l’euro était la principale raison pour laquelle plusieurs pays étaient confrontés à des problèmes financiers. Et pourtant, la crise a été utilisée par la
Commission européenne pour prendre temporairement le contrôle des finances de ces pays. Elle l’a fait par exemple par le biais de la « troïka », l’institution ad hoc composée de la
Commission, de la BCE et du FMI, qui a été créée pendant la crise. Et ce qui se passe dans toutes ces crises, c’est que certaines mesures sont présentées comme temporaires et
« ponctuelles », mais conduisent ensuite
à un changement institutionnel permanent. La troïka, qui était une institution ad hoc, créée pour résoudre la crise actuelle, a ensuite donné naissance à un certain nombre de nouvelles
règles, lois, réglementations, organisations, comme le Mécanisme européen de stabilité, et même à un traité, le Pacte budgétaire, qui a institutionnalisé le régime d’austérité et le système
de surveillance budgétaire, en vertu duquel la Commission s’est vu conférer des pouvoirs étendus pour superviser les équilibres budgétaires des États membres. Cela a conduit à un changement
institutionnel massif et à un transfert de pouvoir considérable du niveau national au niveau supranational.
Et cela a constitué un schéma qui s’est répété lors des crises suivantes. Ainsi, lorsque la crise du Covid a éclaté en 2020, Ursula von der Leyen s’est
immédiatement mise à la tête de la réponse à la crise, à la fois sur le plan économique, puis sur le plan de l’approvisionnement en vaccins. Et l’argument était toujours le même :
« Nous sommes confrontés à une crise massive, nous
ne pouvons donc pas laisser les gouvernements nationaux s’en occuper seuls. Laissez-nous gérer la situation, nous avons l’expertise et nous sommes les seuls à pouvoir prendre des décisions
pour tout le monde ». Et encore une fois, si l’on regarde les mesures économiques qui ont été adoptées pendant la pandémie, comme le lancement du fonds Next Generation EU, présenté comme un fonds de soutien
économique pour aider les pays à traverser la crise, en fait, cela a conduit à un véritable changement dans la constitution économique de facto de l’Union européenne, car pour la première
fois, nous avons vu l’UE se lancer dans un programme massif d’emprunts conjoints, ce qui a toujours été rejeté par certains pays, notamment l’Allemagne, et par certains électeurs. Et cette
résistance n’a pas été surmontée par un débat public démocratique ou une modification des traités, mais simplement sous couvert de réponse à la crise. Ainsi, sous couvert de réponse
économique à la crise du Covid, nous nous trouvons maintenant dans une situation où l’UE s’endette conjointement, ce qu’elle n’avait jamais fait, certainement pas à cette échelle. En outre,
la Commission est également responsable du versement de ces fonds, ce qui bien sûr lui donne un énorme pouvoir de décision, non seulement sur la manière dont cet argent est dépensé – car
c’est elle qui décide en dernier ressort de la destination de cet argent – mais elle peut également l’utiliser pour faire chanter les États qui n’adhèrent pas à l’agenda de Bruxelles, en
menaçant de retenir ces fonds, comme elle l’a fait avec la Hongrie et la Pologne, par exemple.
Ensuite, dans la deuxième phase de la crise du Covid, la Commission, ou plutôt Ursula von der Leyen elle-même, a mené à elle seule un programme massif d’achat
de vaccins pour l’ensemble de l’UE, signant pour le compte des États membres des contrats d’une valeur stupéfiante de 71 milliards d’euros. La plupart de ces contrats ont été signés à huis
clos. Ursula von der Leyen a négocié elle-même un accord d’une valeur de 35 milliards d’euros au cours d’une série de SMS et d’appels avec le PDG de Pfizer, Albert Bourla, qui ont depuis
disparu. Toutes les tentatives des auditeurs, des commissaires à la transparence, des députés européens, des journalistes et des citoyens pour savoir ce qui s’est passé exactement se sont
heurtées à des obstacles, et le « Pfizergate » est devenu l’un des plus grands scandales
de l’histoire de l’UE. De plus, même l’argument avancé par la Commission pour ce programme d’achats conjoints, à savoir qu’en négociant au nom de tous les États membres, elle pourrait obtenir
des prix plus bas, s’est avéré sans fondement.
Puis, après l’invasion russe de l’Ukraine début 2022, Ursula von der Leyen s’est de nouveau placée à la tête de la réponse de l’UE et a ainsi atteint deux
objectifs qu’elle poursuivait depuis son entrée en fonction en 2019 : élargir le mandat de l’UE et de la Commission en matière de sécurité, tout en garantissant la subordination de l’Union à
la stratégie des États-Unis et de l’OTAN, transformant ainsi l’UE en bras politique de l’OTAN. Elle a commencé par lancer un ensemble de sanctions sans précédent, adopté
littéralement le lendemain de
l’invasion russe, et qui avait donc été préparé bien à l’avance. De nombreuses autres ont suivi. L’accaparement des pouvoirs est que traditionnellement, le Conseil était en charge du régime
des sanctions, la Commission étant uniquement chargée de superviser les aspects techniques et la mise en œuvre. Les rôles ont maintenant changé et l’ensemble du processus a été élaboré et
dirigé par von der Leyen, sans doute en étroite coordination avec Washington, au point que les États-Unis, du moins au début, en savaient plus sur le travail concernant les sanctions que les
États membres eux-mêmes. Et, fin 2022, une décision a été prise par le Conseil pour donner à la Commission le pouvoir d’établir et d’appliquer des sanctions en cas de violation de ces mêmes
sanctions, ce qui relevait jusqu’alors de la compétence des États membres individuels. Dans toutes ses déclarations publiques et ses discours, Ursula von der Leyen a adopté un ton de plus en
plus belliqueux sur le conflit ukrainien, en multipliant les sanctions, puis en jouant un rôle crucial dans le financement de l’aide militaire létale, à hauteur de 3,6 milliards d’euros
provenant du mécanisme de financement de la Facilité européenne pour la paix. Grâce à cette stratégie de déclarations publiques, qui a continué à repousser toujours plus loin les limites,
elle a réussi à « verrouiller » la
stratégie UE-OTAN (maintenant devenue indissociable), en utilisant efficacement des tactiques écrasantes et la pression sur ces pairs pour faire que les États membres suivent son exemple –
tout cela, attention, sur des questions de défense et de sécurité, sur lesquelles la Commission, il convient de le répéter, n’a aucune compétence formelle.
Je l’explique de manière beaucoup plus détaillée dans le rapport et je parle également de la manière dont la Commission a utilisé cette crise pour renforcer ses
efforts de contrôle des opinions et des récits (comme on les appelle désormais) dans l’UE, via un nouveau régime de censure sous la forme du Digital Services Act.
Maike
Gosch : Votre rapport est publié par le MCC Brussels. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette institution et sur votre relation avec elle ?
Thomas
Fazi : Le MCC Brussels est un think tank hongrois. Il n’est pas directement financé par le gouvernement, c’est donc un think tank indépendant, mais comme tous les think tanks,
il reflète une idéologie. Et le MCC Brussels est assez proche des vues de Victor Orbán. La Hongrie est aujourd’hui l’un des rares pays qui, selon moi, défend encore les principes fondamentaux
de la souveraineté et de la démocratie, et qui tente de repousser l’empiétement toujours croissant de l’UE sur les affaires intérieures des États-nations, et c’est aussi le seul pays qui
s’oppose à la stratégie UE-OTAN en Ukraine.
L’institution a donc bien sûr ses propres opinions, qui rejoignent en partie celles d’Orbán. Je ne partage pas son avis sur tous les sujets, mais je partage
sans aucun doute son point de vue sur l’Union européenne et ses opinions géopolitiques, notamment vis-à-vis de l’Ukraine et de l’OTAN. Le simple fait que le think tank soit associé à Orbán le
discréditera aux yeux de certains. Mais là encore, je pense que cette méthode qui consiste à délégitimer toute opinion critique en la décrivant simplement comme étant « d’extrême droite » ou pro-Poutine ou autre ne semble
plus si efficace que ça. J’inviterais davantage de personnes à comprendre qu’il s’agit simplement d’une façon de refuser de s’engager dans un débat.
J’ai récemment présenté le rapport à Bruxelles et de nombreux journalistes hostiles sont venus à la présentation. Je pense qu’ils étaient venus là-bas dans
l’espoir d’obtenir de bonnes citations pour rédiger un article contre le MCC, mais au lieu de cela, je pense qu’ils sont repartis en réalisant que ce qu’ils avaient entendu était une analyse
solide qui n’avait rien d’« extrême
droite ». Et en fait, la plupart d’entre eux ont fini par ne pas écrire sur le sujet – pour cette raison même, je pense, parce qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas dénigrer
mon essai ou l’événement, et l’un d’eux me l’a dit très explicitement. Je suis donc heureux d’écrire des articles pour quiconque est prêt à me laisser écrire sans censure ni interférence.
Cela pourrait être un think tank conservateur comme le MCC, mais je serais tout aussi heureux d’écrire pour un think tank de gauche. Le problème est que la gauche, comme mentionné en début
d’interview, est devenue si détachée de ses valeurs traditionnelles qu’elle considère un socialiste de la vieille école comme moi comme un homme de droite parce qu’il parle de l’importance de
la souveraineté nationale ou d’autres questions de ce genre. C’est l’un des paradoxes de notre époque : moi qui viens de la gauche, de la gauche socialiste, sur un certain nombre de questions
fondamentales – comme la souveraineté nationale, l’Union européenne, l’OTAN, la guerre en Ukraine – je me retrouve souvent plus proche aujourd’hui de gens qui viennent de la droite ou qui
viennent de traditions politiques complètement différentes de la mienne que de ceux de gauche. Mais encore une fois, je ne vois pas cela comme un glissement à droite de ma part. Je vois cela
comme une folie totale de la plupart des gens de gauche. Comme je l’ai déjà dit, ma position sur ces questions n’a pas changé au cours des vingt dernières années et, en fait, elle est
étroitement liée à la position que la gauche a eue pendant très longtemps sur ces questions, jusqu’à il y a quelques décennies.
Maike
Gosch : Je pense que, que l’on soit d’accord ou non avec votre description de ces évolutions comme un « coup d’État », la plupart des gens s’accordent à dire
que nous avons assisté ces dernières années à un renforcement des pouvoirs de la Commission et qu’elle a assumé des compétences dans des domaines où elle n’en avait pas auparavant. Je me
demande s’il y a eu une quelconque résistance à cette « prise de pouvoir » que vous décrivez, soit de la part
du Parlement, soit de la part des gouvernements nationaux, soit de la part de tout autre organisme ou de toute autre personne ?
Thomas
Fazi : Tout d’abord, en ce qui concerne le Parlement européen, il serait naïf de s’attendre à ce que le Parlement européen, parmi toutes les institutions, s’y oppose, car il a
toujours été en faveur d’un renforcement des pouvoirs de l’Union européenne aux dépens des gouvernements nationaux. Ainsi, historiquement, les députés européens ont toujours promu le
transfert de souveraineté du niveau national au niveau supranational. Le Parlement européen, historiquement, a toujours été attaché à l’idée fédéraliste – les États-Unis d’Europe, etc. – et a
donc toujours été en faveur du transfert de pouvoir à la Commission et de l’octroi de pouvoirs accrus à la Commission aux dépens des États-nations, même s’il parle de la nécessité de
« démocratiser la Commission », etc.,
mais ce n’est qu’une édulcoration de ce qui constitue fondamentalement un soutien total à l’idée de supranationalisation elle-même. Peut-être que le Parlement actuel adoptera une approche
légèrement différente, mais historiquement, le Parlement a toujours été en faveur du transfert de pouvoirs à la Commission.
Donc, non, il n’y a pas eu beaucoup de résistance à ce sujet. Il y a eu également très peu de résistance de la part des citoyens, mais c’est, je pense, parce
que beaucoup de gens ne sont pas vraiment conscients de ce qui se passe, sauf sur un plan instinctif, en termes de prise de conscience que l’Union européenne est plus puissante qu’elle ne
devrait l’être – et ont tendance à voter de plus en plus pour des partis « populistes » eurosceptiques – mais ils manquent souvent
d’une compréhension plus profonde de ce qui se passe exactement au niveau institutionnel.
Il y a eu relativement peu de résistance de la part des gouvernements également, mais je pense que cela pourrait en partie être dû au fait qu’il pourrait y
avoir dans les calculs de certains gouvernements un peu de cette « logique de rejet de la faute », que j’ai mentionnée au
début, qui est toujours à l’œuvre. Ainsi, par exemple, si vous êtes favorable à un soutien massif à l’Ukraine et que vous voulez mener une guerre par procuration contre la Russie, mais que
votre peuple n’est pas susceptible de soutenir cette politique, alors il peut être utile de confier à la Commission la mise en œuvre de cette politique, car vous pouvez alors dire :
« C’est l’ensemble de l’Union européenne qui fait
cela. Ce n’est pas ce que nous voulons, mais c’est la Commission qui prend les devants. C’est l’Union européenne qui fait pression pour cette politique, et tout le monde le fait aussi. Nous
devons donc nous y conformer ». Mais je pense que cela tient plus généralement au fait que la supranationalisation est dépendante du chemin parcouru. Une fois que ce processus est
lancé, il devient très difficile de l’arrêter ou de le suspendre, et encore moins de l’inverser. Il prend une sorte de logique qui lui est propre.
Même un petit transfert de souveraineté au niveau supranational créera les conditions qui rendront d’autres transferts de souveraineté inévitables ou
apparemment inévitables. L’existence d’une institution supranationale et l’adhésion à cette institution supranationale créent de très fortes pressions institutionnelles, matérielles et même
psychologiques sur les gouvernements pour qu’ils acceptent ensuite d’autres transferts de souveraineté. Cela est particulièrement évident dans la sphère économique. Si vous avez renoncé à
votre souveraineté monétaire, vous avez renoncé à une grande partie de votre souveraineté économique. Alors, bien sûr, quand une crise frappe, vous n’avez pas d’autre choix que de céder
davantage de contrôle à l’institution qui contrôle réellement votre économie, qui se trouve être l’Union européenne, comme nous l’avons vu lors de la crise de l’euro. Mais le simple fait
d’appartenir à l’Union européenne, à ce genre de « club multinational », crée en soi d’énormes pressions,
dans le sens où, chaque fois qu’une crise d’ampleur continentale ou même mondiale survient, elle crée d’énormes pressions sur les gouvernements pour qu’ils acceptent que ce soit la
Commission, en tant que seule institution capable d’agir rapidement et à l’échelle européenne, qui prenne les devants.
Je pense que la montée des partis dits « populistes » à travers l’Europe est clairement un rejet
fort de leurs propres gouvernements. Mais c’est aussi certainement, indirectement, un rejet des politiques de l’UE, dans la mesure où les gouvernements ne font souvent que mettre en œuvre les
politiques émanant de l’Union européenne. Donc, oui, les citoyens ont essayé de faire pression à certains égards par leurs votes. Et, bien sûr, nous devrions espérer beaucoup plus de
cela.
Maike
Gosch : En dehors de cela, avez-vous une idée ou une suggestion sur ce que les citoyens européens pourraient faire pour contrer cette prise de pouvoir, s’ils sont d’accord avec
votre analyse ?
Thomas
Fazi : Ce qu’il faut faire, je pense, c’est sensibiliser davantage les citoyens à ce qui se passe et à l’ampleur du problème et de la menace que représente l’Union européenne.
Je pense que c’est la meilleure chose et la plus importante que nous puissions faire : sensibiliser les citoyens à l’importance de démanteler cette institution. Il est devenu presque
impossible pour les citoyens de concevoir une Europe sans l’UE, mais honnêtement, ce que nous devons comprendre, c’est que les contradictions de l’Union européenne s’accumulent de plus en
plus. Il est donc loin d’être certain que l’UE puisse survivre aux dix ou vingt prochaines années. Les contradictions économiques qui en résultent ne cessent de s’accroître. Les performances
économiques de l’Europe sont fondamentalement les pires des pays industrialisés. Et l’UE en porte une grande part de responsabilité. Et vous avez la pression constante de l’UE sur le
processus démocratique. Combien de temps cela peut-il durer ? Combien de temps peut-on réprimer les partis qui critiquent l’Union européenne ? Et puis, bien sûr, il y a l’élément géopolitique
– le rôle clé de l’Union européenne dans le conflit potentiellement catastrophique avec la Russie. L’Union européenne est donc aujourd’hui un échec économique, politique et géopolitique
total. Peut-être pas du point de vue des élites, mais certainement du point de vue de l’écrasante majorité des gens. Elle nous a tous trahis à de nombreux niveaux.
J’aimerais voir émerger un mouvement fort contre l’UE dans toute l’Europe, car je pense que c’est seulement à partir des cendres de l’Union européenne que nous
pourrons reconstruire une Europe fondée sur une véritable collaboration entre les États – un véritable internationalisme – qui nécessite l’existence d’États souverains. C’est très différent
de ce que nous avons aujourd’hui, qui est le supranationalisme, qui est la négation des États-nations et donc la négation de l’internationalisme. Espérons donc tous que nous verrons
l’émergence d’une forme d’opposition à l’échelle européenne à cette institution hautement destructrice. Le mieux que nous puissions faire est de sensibiliser les gens à ce qu’est réellement
l’UE et, espérons-le, de jouer un rôle dans l’émergence de ce mouvement.
Thomas
Fazi
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Pourquoi les dirigeants européens veulent-ils la guerre ?
L’anxiété et la colère concernant l’avenir de l’Union européenne
augmentent depuis un certain temps. L’Union est en proie à une crise de plus en plus grave – ou plutôt à plusieurs crises de plus en plus graves : une crise du coût de la vie, une crise du
logement, une crise migratoire, une crise de la croissance lente et, surtout, une crise politique. Elle est confrontée à un défi de taille : l’extrême droite, qui progresse dans les sondages
dans de nombreux pays de l’UE, menace de mettre à mal la fragile cohésion de l’Union et les « valeurs libérales ».
Il y a quelques
jours, le Parti de la liberté (extrême droite) a remporté les élections autrichiennes avec 30 % des voix. L’extrême droite est peut-être encore exclue du processus de formation du
gouvernement en Autriche, mais ses autres variantes européennes sont au pouvoir ou soutiennent un gouvernement dans 9 des 27 pays de l’UE.
Sur le plan international, le défi le plus important auquel l’UE est confrontée est sans doute la poursuite de la guerre dans l’Ukraine voisine, qui ne montre
aucun signe d’apaisement malgré un flux soutenu d’armes en provenance d’Europe et des États-Unis. Et, bien sûr, il y a l’ombre du changement climatique, qui continue d’alimenter des
catastrophes naturelles mortelles.
Sans surprise, la réponse des dirigeants politiques de l’UE à ces crises croissantes n’a pas été de s’attaquer à leurs causes profondes, qui se résument toutes
aux politiques néolibérales destructrices qu’ils ont joyeusement embrassées. Au lieu de cela, ils ont réagi en faisant du bellicisme, espérant peut-être que la perspective de la guerre
aiderait les Européens à oublier leurs griefs.
Au cours des deux dernières années, nous avons entendu à maintes reprises que la plus grande menace pour la sécurité européenne était la Russie et que la
solution consistait à vaincre la Russie en Ukraine. On nous a répété que le chemin de la paix passait par l’escalade.
Les armes européennes ont afflué en Ukraine, les pays de l’UE élargissant progressivement leur gamme pour y inclure des armes plus meurtrières et plus
destructrices. La dernière en date est l’insistance des dirigeants européens, dont le chef de la diplomatie européenne sortant, Josep Borrell, pour que l’Ukraine soit autorisée à utiliser des
missiles à longue portée pour frapper des cibles sur le territoire russe.
Le 19 septembre, le Parlement européen a adopté une résolution non contraignante demandant aux pays fournissant des missiles à l’Ukraine de l’autoriser à les utiliser contre des cibles russes.
La Russie a mis en garde à plusieurs reprises contre une telle initiative. Elle a même récemment mis à jour sa doctrine nucléaire, abaissant le seuil d’utilisation des armes nucléaires.
Alors que l’escalade par la fourniture d’armes à l’Ukraine se poursuit, les Européens apprennent également que leurs pays doivent dépenser davantage en
armements pour se préparer à l’éventualité où cette même escalade qu’ils encouragent deviendrait incontrôlable et où l’UE se retrouverait en guerre contre la Russie. Andrius Kubilius,
commissaire européen à la défense désigné – un poste nouvellement créé pour faire face à la « menace russe » – estime par exemple que l’Union devrait devenir un « entrepôt d’armes de guerre » pour dissuader
Moscou.
Le mantra de l’économie de guerre a également été promu, les Européens étant poussés à croire qu’une construction militaire pourrait stimuler une économie
européenne en train de battre de l’aile.
En septembre, l’économiste libéral Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et ancien Premier ministre italien, a publié un rapport très attendu intitulé « L’avenir de la compétitivité européenne », qui a été
salué par beaucoup comme un « pas dans la bonne
direction » pour promouvoir une intégration économique plus profonde de l’Union.
« La paix est
l’objectif premier de l’Europe. Mais les menaces à la sécurité physique augmentent et nous devons nous y préparer », écrit Draghi dans l’introduction du rapport. Il suggère ensuite
que l’UE investisse massivement dans le développement de son industrie de l’armement.
Les dirigeants européens semblent de plus en plus adhérer à l’adage latin « Si vis pacem para bellum », ou « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Le problème de
la « guerre pour la paix » aujourd’hui
est que l’existence d’armes nucléaires, qui peuvent anéantir la civilisation humaine, a radicalement changé l’équation guerre-paix, en particulier dans les cas où une puissance nucléaire est
impliquée.
On peut bien sûr arguer que les dirigeants européens sont forts en paroles, mais pas tellement en actes – d’où leur réticence à autoriser l’Ukraine à utiliser
des missiles à longue portée, malgré la résolution du Parlement européen et toute la rhétorique enthousiaste. Cependant, l’ambiguïté et les menaces rhétoriques restent dangereuses car elles
ouvrent la voie à des incidents militaires qui pourraient avoir de graves conséquences.
Toutes ces discussions sur la guerre, la préparation à la guerre et l’armement pour la guerre ont pour effet de détourner l’attention des nombreuses crises de
l’UE et de leurs origines.
Malgré son insistance à défendre les droits de l’homme, la liberté, la démocratie et l’équité, l’UE est essentiellement une organisation néolibérale qui protège
les droits des riches à devenir plus riches. La politique économique n’est pas façonnée par le souci de la santé et du bien-être des citoyens européens ordinaires, mais par celui de garantir
les profits des entreprises.
C’est pourquoi l’État-providence recule dans toute l’Europe, l’emploi devient de plus en plus précaire et dominé par l’économie des petits boulots, et les prix
de l’alimentation, des services publics et du logement sont inabordables pour beaucoup. Les politiques néolibérales extractives de l’UE, sous la forme de divers accords commerciaux avec les
pays en développement, ravagent également les économies du Sud et favorisent la migration vers le continent.
Le noyau néolibéral de l’UE est également la raison pour laquelle les dirigeants européens ne parviennent pas à mettre en place une transition écologique juste
sans en faire supporter le coût aux citoyens ordinaires.
Le bellicisme, l’armement et la création d’un grand complexe militaro-industriel unifié ne résoudront aucun de ces problèmes. L’UE devrait plutôt revoir ses
stratégies politiques, sociales, climatiques et économiques pour se concentrer sur les valeurs sociales, la démocratie participative, le pluralisme, le bien-être, la croissance durable, la
paix et la coopération. Cela pourrait signifier le développement d’une nouvelle forme de socialisme pour remplacer le désastre néolibéral actuel et élever toute l’Europe.
Santiago Zabala et
Claudio Gallo
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Il est désormais interdit de s’opposer à la guerre
La semaine dernière, il s’est passé quelque chose d’unique au Parlement européen, une de ces choses dont nos médias ne nous parlent jamais. C’est qu’un
eurodéputé polonais du nom de Grzegorz Braun a pris la parole et s’est déchaîné pour dénoncer le soutien de Bruxelles à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, un soutien qui nous a
coûté jusqu’à présent 88 milliards d’euros selon l’UE elle-même. Braun a à peine pu parler quelques secondes : le président de l’Assemblée, Esteban González Pons, lui a immédiatement
fermé le micro et a passé la parole à un commissaire. En réponse, le commissaire a dit au Polonais que la Russie est un pays où la démocratie et la liberté d’expression ne sont pas
respectées. Un argument particulièrement frappant pour quelqu’un qui vient de se faire couper le micro pour avoir dit ce qu’il ne fallait pas. Il est vrai que le profil politique de
Grzegorz Braun est plutôt énergique, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui importe, c’est la contradiction flagrante d’un système qui, au nom de la liberté d’expression, prive un
député du droit de s’exprimer.
Il se passe quelque chose de vraiment inhabituel avec la guerre en Ukraine, c’est l’épaisse chape d’hostilité qui s’abat sur tous ceux qui osent être en
désaccord avec la doxa officielle, à savoir ce discours de soutien aveugle à Zelensky qui, en à peine deux ans, a conduit l’Union européenne à devenir un appendice de l’OTAN, qui a plongé
toute l’Europe dans une crise énergétique et industrielle dont les effets sont déjà plus que visibles, qui a fait de nous tous les ennemis jurés d’une puissance nucléaire et qui a ouvert
un conflit planétaire qui ne manquera pas de se poursuivre sous diverses formes pendant des années.
Les conséquences de cette position sont suffisamment graves pour exiger au moins un débat minimal, mais non : la doxa est implacable et exige une adhésion
irrationnelle que l’on n’a pas connue, même dans les périodes les plus tendues de l’ancienne guerre froide. Les intérêts en jeu doivent être nombreux et très puissants. Le rapport de
l’Oakland Institute nous apprend que le gouvernement de Zelensky a vendu les meilleures terres agricoles du pays à de grandes entreprises étrangères. La presse économique internationale
nous apprend également que BlackRock et Pimco ont des intérêts importants dans la dette ukrainienne et qu’ils se sont déjà positionnés pour «gérer» la reconstruction du pays une fois la
guerre terminée. Il ne s’agit certainement que de la partie émergée de l’iceberg. Et ce doit être un très, très gros iceberg, quand il n’y a pas de médias officiels qui ne répètent pas
tous les jours les slogans habituels, même quand les preuves montrent qu’il s’agit de mensonges. Si gros que l’Allemagne (et pas des moindres) a accepté avec une soumission ovine que l’on
fasse sauter un gazoduc vital.
Le plus exaspérant, cependant, est que le simple fait de prétendre être en faveur d’une paix immédiate en Ukraine mérite toutes sortes de condamnations, à
commencer par celle, très utilisée, de «poutiniste». Pour autant que je me souvienne, c’est la première fois que cela se produit. Au cours du dernier demi-siècle, nous avons connu des
conflits très sanglants dans différentes parties du monde et il y a toujours eu quelqu’un pour brandir l’étendard de la paix. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Même un gouvernement aussi
frileux que celui de l’Espagne, toujours prêt à se remplir la tête d’illusions doucereuses, obéit docilement dans cette affaire ukrainienne et soutient Washington et Londres dans une
guerre à laquelle, en principe, l’Espagne n’a aucun intérêt particulier. Pourquoi ? Le seul dirigeant occidental de poids sur la scène mondiale qui s’est engagé en faveur de négociations
de paix en Ukraine a été Donald Trump, et ils ont déjà essayé de le tuer à deux reprises. Ce n’était certainement pas uniquement à cause de la guerre en Ukraine, mais cela fait partie du
package (et c’est ce qui est le plus inquiétant).
Depuis une position exactement opposée à celle du Polonais Braun, le vieux gauchiste italien Vincenzo de Luca a récemment rappelé l’évidence : hier, il
était téméraire d’étendre sans fin l’OTAN vers l’Est et aujourd’hui, il est irrationnel de faire la guerre sans savoir quel en est l’objectif. La doxa répond à ces objections en disant
que seuls les extrêmes politiques (droite et gauche) remettent en cause le soutien à l’Ukraine et le harcèlement organisé contre la Russie. Mais ce n’est pas vrai : d’innombrables voix de
tous bords idéologiques voient le tableau et pensent la même chose, ce qui est d’ailleurs ce que dicte le vieux réalisme politique. Ce qui est peut-être le plus pertinent, c’est
précisément ceci : le réalisme qui a caractérisé les chancelleries occidentales pendant plus d’un demi-siècle a été massivement remplacé par une rhétorique irresponsable de bellicisme
puéril, si manifestement puérile qu’il est inévitable que quelqu’un nous cache quelque chose. L’iceberg.
J’allais écrire : Les députés européens «s’engagent» pour la guerre contre la Russie.
Bien évidemment qu’ils ne s’engageront pas eux-mêmes ; mais ils ne sont pas le moins du monde troublés d’envoyer leurs peuples au
casse-pipe, de déclencher éventuellement une guerre nucléaire qui fera des dizaines de millions de morts militaires et civils, vieillards, femmes et enfants compris, et la destruction de
tous les moyens de subsistance de ceux qui n’auront pas eu la chance de mourir sur le coup ; rappelons-nous Dresde, Hiroshima, Nagasaki… trois villes intégralement détruites ainsi que
leurs habitants par ceux-là mêmes qui agressent maintenant la Russie et les peuples européens.
La prise de conscience de cette abomination passée et à venir devrait inciter les moins informés (ou les plus décérébrés) à se poser des questions pour
comprendre, enfin, que nos «élites» occidentales, dans leur grande majorité, sont en guerre contre leurs propres peuples, et ça ne date pas d’hier.
Nous avons, à travers de nombreux articles, expliqué comment l’Amérique, devenue l’Ordre mondial, avait, au lendemain de la seconde guerre mondiale,
constitué la vassalité de l’Europe en installant au pouvoir de cette nouvelle Europe des hommes et des femmes entièrement acquis à la cause atlantiste ; j’écrivais le 4 mars 2023, dans
cet article : «L’Ukraine, berceau et
tombeau des Européens ?»1
«L’un des fondateurs
de cette structure sera Jean Monnet, agent de la CIA (selon Marie-France Garaud, Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres), tandis que d’autres fondateurs de cette
institution comme Robert Schuman et le belge Paul-Henri Spaak tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis.
On nous a fait croire
que le plan Marshall fut mis en place par les Américains pour, selon eux, «aider» les Européens ; ce plan Marshall a été une telle réussite pour leurs affaires qu’ils n’hésiteront pas à
provoquer des conflits (tout bénéfice pour le complexe militaro-industriel) pour reconstruire des pays qu’ils auront ruinés auparavant ou pour piller leurs ressources. La liste est
interminable (les derniers en date : Irak, Syrie, Libye, Serbie, Afghanistan). L’Ukraine vient d’entrer en lice et là, les USA font très fort : ils demandent à un petit pays, l’Ukraine,
d’entrer en guerre contre un grand pays (la Russie) qui refuse leur domination ; l’Ukraine envoie sa population se faire massacrer, les armes sont fournies par les Européens et ce sont
les entreprises américaines (sous la houlette de Blackrock) qui reconstruiront l’Ukraine dévastée, aux frais des mêmes Européens».
Je n’ai rien de plus à rajouter à ce que j’écrivais il y a deux ans dans cet autre article : «Lola, islam, motion
de censure, Ukraine : mais à quoi joue le RN ?»2
«Sur le plan géopolitique, nous savons désormais que cette affaire ukrainienne a été préfabriquée de longue date par les USA, l’UE, l’OTAN, la CIA ou l’Ordre
mondial, comme vous préférez (mais considérez tous ces organismes ou États comme une seule entité).
Le Système mondial
représenté par les USA n’a qu’un objectif : Faire perdurer sa suprématie en supprimant tous ceux qui pourraient y porter atteinte ; un axe Europe-Russie qui pourrait se
mettre en place serait létal pour l’Empire mondial qui doit à tout prix le bloquer ; l’affaire des Balkans, les bombardements meurtriers sur la population serbe, la création de l’État
islamique du Kosovo n’avaient pas d’autre but que d’empêcher ce rapprochement. L’affaire ukrainienne est une autre tentative du Système pour réaliser son projet impérialiste. L’ennemi de l’Europe n’est pas la Russie, ce sont les USA qui ne cachent pas leur hostilité à l’égard des Européens et de toute nation qui
viendrait contrarier leur projet de mainmise sur le monde».
Vous trouverez ci-après la liste des députés européens qui ont voté le 18 septembre 2024 pour la guerre, ceux qui se sont abstenus, ceux qui ont voté
contre.3
Marion Maréchal et son groupe (Nicolas Bay, Guillaume Peltier, Laurence Trochu) ont voté pour la guerre ; ils sont
donc quatre fois infidèles, une première fois à leur parti d’origine, Reconquête, une deuxième fois à leur pays, une troisième fois à leur peuple, une quatrième fois à une véritable
Europe qui n’a jamais vu le jour, libre et indépendante de l’Ordre mondial et qui aura enfin réussi à faire la jonction avec son grand frère de l’Est. Ces gens qui ont trahi (aussi) notre avenir et celui de nos enfants seront responsables du malheur qui pourrait arriver car on ne peut pas croire
qu’ils sont incapables d’imaginer les conséquences de leur vote.
Sarah Knafo, seule représentante de Reconquête, s’est abstenue.
Tous les députés RN ont voté contre, sauf Jordan Bardella qui était absent.