« La tarte à Tain, le gâteau indigeste de Macron »
....L’édito de Charles SANNAT - Le 09/06/2021.
Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Avertissement. La
violence c’est jamais bien, il ne faut pas frapper le président, mais le non-violent que je suis vous dira aussi qu’il ne faut pas non plus frapper de façon générale son prochain etc… Il faut
le dire donc disons-le, mais dire cela c’est le degré 0 de l’analyse et de la réflexion, alors surtout commençons à penser un peu pour comprendre ce qu’il se passe et ce qui va se
jouer. Notamment la dynamique des violences et des révolutions.
Expliquer, penser, ce n’est pas justifier, ce n’est pas cautionner, c’est analyser pourquoi ce qui vient de se passer, va se reproduire et
s’amplifier, les mêmes causes provoquant les mêmes effets.
Hier le président a été giflé lors d’un bain de foule qui semble tout de même bien maigre côté foule. Généralement, ce genre de « foule » de 10
personnes filmées en plan serré et triées sur le volet, surtout depuis le mouvement des Gilets Jaunes notre jeune président devant, par la force des choses, courir devant le peuple. N’y voyez
de ma part aucun plaisir. Aucune joie. C’est évidemment très grave et que le président de la république suscite un tel rejet est encore plus dramatique et attristant. L’enquête nous dira ou
pas, comment cet « opposant » a pu arriver jusque-là.
Ce qui se
passe est grave, et ce n’est pas faute d’alerter de la colère sourde et immense qui monte dans le pays.
Une colère « tripale ».
Une colère sourde.
Une colère noire.
Que la classe politique ne s’y trompe pas.
Derrière cet homme, ce sont des millions de Français qui ont « giflé » par procuration aussi bien ce président que cette république.
La colère est tripale. Sourde. Noire, et surtout, la colère est massive.
La colère est majoritaire.
Je vous le dis autrement, c’est l’idée viscérale de la France qui ne veut pas mourir et ne supporte plus de se voir mourir.
Mitterrand aurait dit ce sont les forces telluriques.
On n’arrête pas le déchaînement des forces telluriques.
Une fois dit
que gifler le président c’est gifler la république, réfléchissons un peu.
Cela fait de nombreuses années que je cite dans chaque édito la phrase de JFK. « À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables
les révolutions violentes ».
Ce n’est pas un hasard. Cela fait plusieurs années que ce qui se passe aujourd’hui était très facilement prévisible d’un point de vue analytique.
Le président Macron n’est pas un président légitime dans le cœur des gens et il y a des explications très rationnelles à cela que cela plaise ou non.
Il a été élu, il est légalement légitime, mais inconnu quelques mois avant, monté en mayonnaise par un système et des médias, la droite éliminée par l’affaire
Fillon, Macron, ne « pèse » au mieux que 20 %, sans parti, sans base électorale réelle. Pour résumer, dans l’esprit de millions de nos concitoyens et je dirais même de la majorité
de nos concitoyens de droite comme de gauche il est le fruit d’un coup d’Etat médiatique.
Il a mis en place une politique nuisible aux intérêts du peuple.
Il a provoqué à de multiples reprises aussi bien dans ses outrances langagières que dans ses actes comme les photos terribles de la fête de la musique 2018 ou
encore sa promenade à Saint-Martin.
Il détruit volontairement ce qui fait la grandeur de la fonction pour la réduire au poste de gouverneur d’une province européenne des Etats-Unis d’Europe. ENA,
préfectorale, privatisation de fleurons de l’industrie etc…
Il a expliqué à certains qu’ils étaient des moins que rien, ou des « pas grand-chose ».
Lorsque nos concitoyens les plus méritants, travaillant beaucoup pour bien peu, ceux de la seconde ligne qui ont occupé par millions les ronds-points, le tout
Paris les a méprisé, outragé, insulté.
Pour résumer, dans l’esprit de millions de nos concitoyens et je dirais même de la majorité de nos concitoyens il est là non pas
pour le bien de la nation mais pour le bien d’un petit nombre et d’une caste dont il représente les intérêts. Il est vu comme un fossoyeur de la nation. Il est vu comme l’homme des
hommes de l’ombre qui ruinent le pays.
Ils pensent sincèrement représenter, incarner et défendre beaucoup plus le pays que celui qui est le locataire de l’Elysée et qui est considéré dans une large
mesure comme un usurpateur.
Le bal des couineurs peut reprendre comme un mantra nécessaire et convenu qu’en giflant Macron c’est la République que l’on gifle, je peux vous assurer que d’un
point de vue analytique, une révolution qui fait tomber un ordre établi va, forcément par définition détruire l’ordre établi, donc pour protéger la « République », il va falloir
trouver des arguments d’un autre calibre pour être crédible.
BFM peut dire que les Gilets Jaunes sont des complotistes qui détruisent la république, pas un seul d’entre eux pensent à un seul moment menacer cette
république. Mieux ils pensent en être les vrais défenseurs.
Le hiatus est donc total entre dirigeants et dirigés.
Ils n’ont pas été compris disais-je.
Alors ils
répondent, « je vous hais, compris ? ».
Après plusieurs mois de manifestations Gilets Jaunes, syndicales et autres et de propagande, le gouvernement à fait deux choses.
De la communication et de la répression.
Tour de France, grand débat blablablabla.
Des dizaines d’éborgnés et de gueules cassées.
La
police est devenu milice car elle ne faisait plus du maintien de l’ordre indispensable, mais du maintien au pouvoir.
La résolution de la crise devait être politique. Un grand homme aurait remis son mandat. Il serait parti.
Ils ont voulu rester.
Ils veulent reprendre les réformes là où elles ont été laissées.
Mieux, ils veulent réduire Mélenchon, pour faire monter Marine le Pen, car c’est exactement la stratégie de la petite politique du diviser pour
mieux régner. Une fois détruit et réduit le Mélenchon et LFI, on réduira et on détruira Marine le Pen, on tentera même de pousser une candidature dissidente de Zemmour qui
sait, puis on se fera élire à nouveau en 2022 avec 50.1 % des voix sur les restes fumants d’un front républicain branlant pour continuer sans représentativité réelle une politique que
l’immense majorité du peuple de ce pays toutes couleurs, origines, et religions confondues refuse.
« À vouloir étouffer les
révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »
Notre pays vient de passer des mois éprouvants, et d’autres nous attendent. Sur le plan économique, mais aussi sanitaire car, même si on ne vous le dit pas,
rien n’est fini, mais aussi politique. Le déconfinement et le retour à une vie plus normale va s’accompagner de grands débordements, là aussi prévisibles.
L’été risque d’être très chaud.
Si l’on veut éviter à notre pays un bain de sang et de violence, la résolution de nos différentes crises majeures ne peut être que politique et donc
non-violente.
Le mouvement des Gilets Jaunes n’est pas terminé, et les révolutions, prennent plusieurs années. C’est rarement un seul évènement le lundi à 15h30. C’est un
processus, un mouvement, une dynamique bien particulière qui s’étend toujours sur plusieurs années.
Ce pays danse sur un volcan, et la chaleur devient de plus en plus intense au fur et à mesure que la pression monte.
La pression du temps.
La pression de l’heure de vérité qui approche.
Tous ceux qui analysent la situation avec lucidité et froideur le savent et le ressentent.
L’heure approche et nous allons vers des temps qui ne seront ni beaux à voir, ni beaux à vivre.
La violence est toujours aveugle, toujours terrible, jamais souhaitable.
Parfois inéluctable.
Nous sommes dans un de ces moments où l’histoire semble inéluctable, les pulsions de mort et de violence collective irrépressibles.
Notre société est profondément malade, fracassée.
La classe politique devrait se poser une seule question.
Comment guérir notre pays
?
Au lieu de cela, c’est magouilles, propagande, mensonge et manipulation.
Pour le moment c’est une tarte à Tain. Ce n’est pas bien. C’est même très mal.
Mais à mon sens, ce n’est que le début d’un orage qui laissera notre pays exsangue.
La grandeur et le sens politique voudraient que cet homme soit condamné en comparution immédiate, et gracié par le président avec un sincère « je vous ai
compris », une véritable solution politique, car, pour que la solution soit politique et éviter la violence, Macron, doit faire le choix, de ne pas se représenter ce qui semble peu
probable.
La plus grande bataille, le plus grand combat est toujours celui des cœurs et de l’amour. Et côté amour et cœur, Macron n’a pas la côte…
Ce pays étouffe, ce pays est étouffé par une classe politique et médiatique insupportable de suffisance et de bien-pensance, et ce pays va exploser parce qu’on
lui interdit de penser et de se penser.
Si vous ne laissez pas d’espaces de parole
Si vous ne laissez pas d’espaces d’expression et de pensées même si vous êtes en désaccord, surtout si vous êtes en désaccord.
Si vous ne laissez pas de libertés.
Si vous ne laissez pas assez de démocratie.
Alors, vous comprenez mieux le sens de la phrase et de la pensée de JFK.
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »
Vous pouvez déplorer le résultat de la violence, et j’ai entendu ce soir le concert des couinemuses. Un concert nécessaire, mais très, très insuffisant. Les
mêmes causes produiront les mêmes effets. Pire.
Les mêmes causes vont amplifier une violence qui sera de plus en plus forte.
Personne ne veut dire de quoi cette gifle est le nom et ce qu’elle représente ou porte en elle.
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »
Qui sème le mépris récolte une juste colère. Gifler le monarque est, certes, hautement symbolique, mais si l’altitude institutionnelle de la cible appelle une
sanction proportionnée, la signification du geste est lourde de sens car elle signale que sa véritable hauteur, ressentie par le peuple, est réduite à néant.
Entre mise en scène permanente, arrogance et compassion simulée en alternance, et défaites en tous genres, du gouffre des déficits et de la dette à la montée de la violence, la « Macronie » apparaît pour ce qu’elle est, le pouvoir du microcosme, de cette oligarchie technocratique et mondaine qui entraîne la
France dans une descente aux enfers sans fin. Alors le giflé, tentant de récupérer l’incident, se victimise en parlant d’« ultra-violence ».
Comme si une petite baffe qui exprime la révolte impuissante de celui qui se sent dupé depuis si longtemps par un système incarné par l’arrogance d’un homme
était de l’ultra-violence. C’est même le contraire : la réaction face à celui qui parle de violence quand on s’attaque à sa personne mais laisse s’accroître la véritable violence, celle qui
viole, qui blesse, qui tue directement ou non, par la kalach ou par la drogue, et n’hésite plus à agresser policiers, gendarmes et pompiers, celle qui terrorise dans les quartiers perdus de
la République ces gens qui ne sont rien.
En 2020, malgré le confinement puis le couvre-feu, malgré la répression de ceux qui ne portaient pas ce masque, ce sont 187 nuits d’émeutes (plus d’un jour sur deux) qui ont émaillé la
vie d’un pays. Les quartiers nord de Marseille sont perdus depuis longtemps. On s’habitue à la violence endémique dans certaines « cités » des grandes agglomérations, mais le mal se répand
partout. Désormais, une immigration non maîtrisée a offert sa « chance », la présence de trafics et d’un islamisme virulent, jusqu’aux villes moyennes, à ces communes inscrites de manière immémoriale dans notre histoire et notre culture.
Récemment, dans la nuit du 5 au 6 juin, et ça fait « sens », car c’était dans l’Yonne, à Sens, moins de trente mille habitants, avec sa cathédrale où on sacrait
nos rois avant Reims, dans le quartier des Chaillots : un mat de vidéosurveillance scié, les caméras emportées, trois magasins pillés dont un spécialisé, justement, dans les systèmes de
protection. Cela s’était déjà produit le 12 mars. Il n’y a finalement pas eu d’affrontements, aucun blessé et aucune interpellation. Mais le préfet de l’Yonne ose parler
d’« une mobilisation totale des services de l’État » et le maire va jusqu’à
évoquer « l’intervention audacieuse » de la police sans
laquelle « la situation aurait pu être plus grave ». En somme, courage fuyons
!
Plus au sud, une autre commune de moins de trente mille habitants, la capitale du melon entre Avignon et Saint-Rémy-de-Provence : une rixe éclate entre automobilistes et se règle au couteau. Deux Afghans sont blessés : que font-ils à Cavaillon quand
quatre-vingt-dix Français sont morts dans leur pays pour qu’ils y restent ? De quoi vivent-ils ? Qui sont les agresseurs virtuoses de l’arme blanche ?
C’était dans le quartier du Dr-Ayme, là où, le 29 mai, des dealers avaient construit quatre dos-d’âne sur la chaussée à l’aide de béton armé dans le but de ralentir les descentes de police, suffisamment hauts pour casser les voitures. Pour le
moment, aucune interpellation n’a eu lieu. Certes, pour l’instant, l’appropriation ne s’étend pas sur l’ensemble du pays, mais elle progresse, et c’est sans doute cela, le progressisme
macronien !
Le ministre de l’Intérieur clamera que ces fièvres sont provoquées par son action contre la drogue. Comme si, après le passage de la police, le marché ne se
déplaçait pas, faute d’une action et d’une installation pérennes. Le procureur général près la Cour de cassation, François Molins, reconnaît sans ambages la dégradation de la situation
: « Il y a plus de violence, dirigée souvent contre les personnes les plus
vulnérables, les personnes âgées ou les femmes, avec une influence grandissante de la drogue et de l’alcool. »
Voilà qui remet en perspective la gifle présidentielle et l’ultra-violence !
En France, on met Don-Quichotte en prison !
...par Christian Vanneste - Le 11/06/2021.
Damien, comme le personnage le plus célèbre de la littérature espagnole, aime la chevalerie. Le rêve d’une vie plus pure le hante et lui fait parfois confondre les
moulins avec des géants, et les présidents avec des têtes-à-claques. Il est patriote et voit la France à travers sa grandeur plus qu’au travers des chiffres d’une économie défaillante. Il n’aime
pas Macron, parce que celui-ci n’aime pas la France et se plaît à l’amoindrir. Ce qui le fascine chez les chevaliers qu’il idéalise, c’est leur droiture et leur sens de l’honneur, et ce qui
l’insupporte chez Macron, c’est la mise en scène permanente, la théâtrocratie qui fonde son pouvoir, la fausse monnaie politique qu’il distribue “quoi qu’il en coûte” aux Français. Alors il
s’était dit qu’il devait lui jeter ses vérités à la figure. Mais, quand il a vu le président en chemise foncer sur lui, sourire aux lèvres, séducteur conquérant sûr de lui et tellement
sympathique apprêté, il a bouilli. Les quatre vérités sont devenues un seul geste, le soufflet, celui qui atteint plus l’honneur que la joue, le genre de gifle qui appelle au duel. La scène était
assez comique et a fait rire une bonne partie de la planète : Jupiter en veine de reconquête court vers ses admirateurs, peu nombreux, mais sans doute sélectionnés et donc enthousiastes, et se
prend une beigne. L’élan a été brisé et le corps physique du roi a été emporté par ceux qui en ont la garde. Mais si bien des Français se sont plus ou moins discrètement réjouis, le choeur de la
République s’est aussitôt ému : c’est le corps sacré du monarque qui a été profané et à travers lui la République, les institutions les plus vénérées. En fait, tous les Français qu’il représente,
ont été frappés. Certes, en ces temps d’élections personne ne souhaite jouer les sacrilèges, manquer du respect dû à une fonction qu’ils souhaitent occuper, ou approcher, et chacun, riant sous
cape, y est allé de son couplet conformiste et constitutionnel, mais chez certains la sincérité a laissé percer la vérité. Celui qui, depuis une élection ressemblant à un coup d’Etat
médiatico-judiciaire, se trouvait ainsi revêtu d’une légitimité incertaine et s’était évertué à jouer la comédie du pouvoir sans jamais l’incarner, n’avait pas deux corps, mais un seul changeant
souvent de costume.
La liste est longue des cas où le locataire de l’Elysée a désacralisé sa fonction : Entre la cour des amis douteux comme Benalla, l’affichage de Gide, l’auteur des
Faux Monnayeurs et pédophile aux goûts exotiques, comme référence de la République, le mépris des Gaulois étalé sans vergogne, les postures dégradantes pour la fonction présidentielle, à Saint
Martin, ou lors de la fête de la musique à l’Elysée, les repentances publiques scandaleuses envers des dictatures, en Algérie, au Rwanda, l’autre corps du roi a cessé d’exister, et c’est bien le
seul qui ait jamais été le sien, celui de M. Macron qui s’en est pris une, par quelqu’un qui n’en pouvait plus de sa suffisance. Qui est le plus coupable dans cette affaire ? Celui qui commet un
geste irréfléchi, ou celui qui par son comportement, ses propos, son arrogance, son narcissisme effréné l’a suscité ?
La justice a tranché, rapidement. une fois n’est pas coutume. Un gentil président courant par amour vers son peuple a été giflé par un extrémiste violent
collectionneur d’armes, monarchiste criant Montjoie Saint Denis, cet atroce cri de guerre médiéval, bien plus terrible que le Allaouakbar des islamistes : il y a longtemps que la cour et les
antichambres espéraient épingler l’extrême-droite blanche et chrétienne dans un attentat. Narcisse triomphant devient victime : bonus assuré dans les sondages. Don Quichotte n’a pas agi seul.
Sancho Pança prenait des images, ce qui établit la complicité dans le crime prémédité, et l’on a découvert chez lui un exemplaire de Mein Kampf, ce qui prouve la noirceur du personnage. Le
Parquet avait tenu contre toute vraisemblance à parler de violence délibérée, de détermination froide, et de possible récidive pour justifier une peine sévère. Et il a obtenu une sanction mesurée
à la cible mais disproportionnée pour le coupable. Celui qui avait agressé Sarkozy s’était vu infliger 6 mois avec sursis. Damien, c’est 18 mois dont quatre ferme, avec mandat de dépôt. Un homme
sans passé judiciaire est donc en prison alors que la plupart des malfrats récidivistes n’y vont pas pour des condamnations inférieures à deux ans. Un acte irréfléchi, commis par un inconnu des
services de police, qui ne laisse envisager aucun risque de récidive, et ne présente donc aucun danger pour la société, conduit donc inutilement un homme en prison, quand tant d’autres qui
devraient y être sont en liberté. Peut-être avait-il bu un peu et était-il désinhibé ? L’Assassin de Mme Halimi n’a pas été, lui, condamné, en raison de ses bouffées délirantes provoquées par la
drogue. Mais la réaction judiciaire ne s’arrête pas là car Damien est mis au ban de la République : Il a également été condamné à un sursis probatoire de deux ans, avec une obligation de travail
ou de formation assortis de soins psychologiques. S’ajoutent à cela une interdiction de détenir des armes pendant cinq ans, l’interdiction définitive d’exercer toute fonction publique et une
privation de droits civiques pendant trois ans. Parce qu’il se faisait une trop haute idée de son pays, un patriote ne sera donc plus citoyen et jamais fonctionnaire quand tant d’autres
demeureront les citoyens d’un pays qu’ils détestent.
En écoutant Jacques Brel, on se dit que dans notre pays, il n’y a plus de place pour ceux qui sont en quête d’un idéal… sauf en prison. Cette peine injuste et
démesurée a, au moins, le mérite d’inverser la victimisation et de faire réfléchir toutes les victimes pour lesquelles la justice n’a été ni aussi rapide, ni aussi dure.
Les femmes battues doivent-elles s’en réjouir ou se demander comment la justice naguère si laxiste, dont les moyens et les places de prison manquent cruellement pour ne pas laisser les délinquants en toute impunité, est-elle parvenue à
juger aussi fermement et rapidement un prévenu ? Quand elle le souhaite, elle le pourrait donc ?
Reconnu coupable des faits jeudi, Damien Tarel écope de 18 mois de prison dont quatre mois fermes, privation des droits civiques durant 3 ans, interdiction de
détenir des armes pendant 5 ans et obligation de recevoir des soins psychologiques. «
Quand j’ai vu son regard sympathique et menteur qui voulait faire de moi un électeur, j’étais rempli de dégoût » témoigne à la barre le prévenu qui estime « que les gilets jaunes et le peuple français s’expriment, mais ne sont pas écoutés ». Il aurait giflé un citoyen lambda, il n’aurait risqué que 750 euros d’amende,
rappelait son avocate Me Elodie Guellier dans Le Figaro. Pour mémoire, Nolan
Lapie qui avait giflé Manuel Valls en janvier 2017 avait été condamné à six mois avec sursis.
Ainsi donc dans notre pays, il est désormais acté que l’on peut défenestrer une femme juive en criant Allah akbar et être reconnu pénalement irresponsable, et
prendre quatre mois de prison ferme pour une gifle. Damien Tarel avait bu avant de commettre son acte, mais à l’inverse de Kobili Traoré l’assassin de Sara Halimi considéré comme atteint de «
bouffées délirantes », le gifleur pourtant sous l’emprise de l’alcool, ne bénéficiera pas du même traitement.
Depuis l’annonce du verdict et l’emprisonnement immédiat de Damien Tarel, les réactions se multiplient dans les médias. « Je n’ai jamais vu une telle condamnation et exécution pour une seule gifle donnée par un mari
à son épouse » twitte l’avocate Caroline Mecary, pourtant proche soutien de Jean-Luc Mélenchon. « J’ose espérer que la justice aurait été aussi
sévère dans le cas où l’assaillant aurait eu un profil plus à gauche. Il est clair que la justice est très, très partiale aujourd’hui. » analyse pour sa part Alain Finkielkraut sur France 5.
Pour Jean-Yves Le Gallou« Ce qui est le plus choquant dans la
condamnation de Damien Tarel pour la gifle, c’est moins la prison que l’obligation de « soins psychologiques ». Une psychiatrisation des opposants qui rappelle les pires du stalinisme
». Damien Tarel est proche des Gilets jaunes. La fermeté et la rapidité de son jugement pourraient bien réveiller quelques tensions dans un peuple muselé qui souffre depuis trop
longtemps.
« Sacralité » ou respect dû à la fonction
...par Maxime Tandonnet - Le 14/06/2021.
Depuis que M. le président a été giflé par un individu dans la
Drôme, les termes de « sacralité » ou de « respect dû à la fonction » prolifèrent. De ce qu’on entend, ce n’est pas l’homme qui était visé, mais la fonction
présidentielle. A contre-courant, je m’élève contre cette conception. Dans une monarchie, le corps du roi est sacré. En République, le chef de l’Etat est un
homme comme les autres. Sa personne n’a rien de sacré. Il n’incarne pas une fonction – définie par l’article 5 de la Constitution – il la remplit, il l’exerce. Il n’incarne pas non
plus la Nation – ce sont les duce ou les caudillo qui prétendent incarner un peuple, pas les chefs de l’Etat républicains.
L’expression « c’est la France ou c’est la
république qui a été giflée » est idiote.
En République, le président est un serviteur de la nation. Il n’est pas au-dessus de la nation, il est bien au contraire à son service. Ce qui
est scandaleux, insupportable dans l’agression dont l’occupant de l’Elysée a été l’objet, c’est la banalisation de la violence comme mode d’expression social et politique.
Cette violence est exactement aussi inacceptable que celle que subissent dans la rue ou à la maison, des femmes, des enfants, des personnes malades ou
handicapées. Ni plus, ni moins.
Toute gifle est aussi odieuse – et condamnable -, qu’elle vise la joue d’un président ou de tout autre citoyen. Il n’y a strictement aucune raison de punir
davantage la gifle subie par un président que celle reçue par les uns et les autres quotidiennement. Le président est un homme comme un autre dans une République, une démocratie.
Quant au « respect dû à la fonction« , la
formule est absurde. Qu’est-ce que la « fonction présidentielle » aujourd’hui (par-delà la personne de l’actuel titulaire)?
Celle d’un histrion dont la mission consiste pour l’essentiel à gesticuler, provoquer et se pavaner quotidiennement dans la perspective d’une réélection pour
détourner l’attention des vrais problèmes de l’époque (violence, chômage, pauvreté, déclin économique, effondrement intellectuel et moral).
En quoi cette « fonction » serait elle respectable? On confond tout. A la grande époque des présidents jusqu’aux années 1980, personne n’avait la
sinistre idée de parler de « sacralité » ou de respect dû à la fonction. Ces termes eussent été considérés comme obscènes. Leur banalisation aujourd’hui est un autre signe du déclin
de l’intelligence démocratique.
A l’époque, il n’était question que de confiance, la confiance de la nation en son chef de l’Etat et son gouvernement. Or, la confiance ne se décrète pas.
Contrairement à la notion de sacralité ou de respect, la confiance se gagne. Elle se mérite.