Le Hezbollah et le retrait du Sud syrien

Article proposé par le Gal. Dominique Delawarde - le 03/07/2018

 

Bonjour à tous,

 

L'article de Scarlett Haddad présenté ci-dessous me paraît pertinent à ceci près qu'Israël a tout de même remporté une double victoire dans l'affaire syrienne.

 

1 - La Syrie a dû se séparer de son armement chimique en 2013 sous les pressions occidentales. Cet armement constituait une arme de dissuasion de dernier recours pour la Syrie, face à une éventuelle agression de l'état hébreu. Il n'aura échappé à personne qu'il n'a pas été demandé à

Israël de se séparer de ses armes de destruction massives (chimiques et nucléaires). Le rapport de force entre Syrie et Israël a donc incontestablement évolué en faveur de ce dernier.

 

2 - Cette évolution est d'autant plus flagrante que les destructions et le chaos engendrés par sept ans de guerre en Syrie ont ramené l'économie de ce pays 30 ans en arrière. Le temps et l'argent indispensables à la reconstruction des infrastructures du pays,  allégeront d'autant la menace

pesant sur Israël pendant des décennies. Il sera difficile pour la Syrie de faire effort pour reconstruire le pays et, simultanément, de prétendre reconquérir le Golan occupé et annexé par Israël. L'ingérence de la coalition occidentale aura donc eu quelques effets positifs pour Israël.

 

Pour autant, l'ingérence israélo-occidentale dans l'affaire syrienne aura eu deux effets pervers inattendus et malheureux pour Israël, état qui aura presque toujours agi en coulisse.

 

1 - La constitution d'une alliance improbable mais efficace et solidel'alliance Russie-Syrie-Hezbollah-Iran-Irak qui, sans être menaçante pour Israël, est toutefois "préoccupante" dans la mesure où des forces indésirables sont désormais potentiellement aux frontières de l'état

hébreu. En fait, le fameux "arc chiite" s'est constitué et renforcé dans le combat mené contre DAECH et ses sponsors et soutiens israélo-occidentaux. On peut également noter dans les effets pervers de l'affaire syrienne, le retournement de la Turquie et dans une certaine mesure, celui de l'Egypte qui préfèrent désormais suivre la voie tracée par la Russie. Notons au passage que le nationalisme syrien, que ses forces armées, que la haine anti-occidentale et anti-israélienne, sortiront "renforcés" par ces 7 à 8 années de guerre (2 fois la guerre de 14) et par la victoire finale de Bachar el Assad.   

 

2 - L'émergence d'un nouveau "maître du jeu" aux Proche et Moyen Orient : la Russie de Poutine, seul état capable aujourd'hui de dialoguer avec et d'influencer l'Arabie Saoudite,l'Iran,la Syrie, la Turquie et Israël, l'Egypte, l'Irak et la Jordanie, voire la Palestine occupée. 

 

L'Amérique de Trump, ses deux vassaux européens(UK et FR), leur bras militaire (OTAN), en se jetant à corps perdu dans le seul camp sioniste (ou israélo-saoudien),  ont perdu depuis longtemps leur crédibilité d'arbitre.

 

A +

 

DD        


Scarlett HADDAD - L'Orient-Le Jour

Le 03/07/2018.

 

À deux semaines du sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, qui pourrait avoir une incidence directe sur les dossiers de la région, les regards sont tournés vers la bataille du sud de la Syrie. S’il faut en croire les informations en provenance du front, l’armée syrienne avance rapidement et pourrait atteindre le point de passage al-Nassib avec la Jordanie au cours des prochains jours. Autrement dit, l’objectif serait d’imposer une nouvelle réalité sur le terrain avant la tenue du sommet pour qu’il n’y ait pas de négociations possibles sur le sujet.

Selon les milieux libanais proches des  Américains et de leurs alliés régionaux, la victoire annoncée de l’armée syrienne dans le sud du pays serait due à un compromis conclu entre les Américains et les Russes, en tenant compte des intérêts israéliens. Ce serait donc pour cette raison que l’armée syrienne aura seule le droit d’être présente dans une profondeur de 40 km², à partir de la limite de la partie occupée du Golan.

 

Ces mêmes milieux parlent déjà d’un coup porté au Hezbollah et à l’Iran, puisque les Russes auraient ainsi accepté la condition posée par Israël. 

Cette interprétation des faits est totalement contredite par les milieux proches du Hezbollah. Ceux-ci précisent que depuis la reprise par les forces du régime syrien du contrôle de la région de Ghouta autour de Damas et d’une grande partie du désert jusqu’à la frontière des provinces du

nord-est du pays, le Hezbollah a rappelé de Syrie la plus grande partie de ses combattants. 

Ce retrait s’est fait dans la discrétion, mais il est dicté par une seule raison : le fait que l’armée syrienne n’a plus besoin de renforts. Les mêmes sources affirment ainsi que l’armée du régime a repris son système de permissions accordées aux soldats qu’elle avait suspendu depuis 2011 et

elle a même allégé ses effectifs de 11 000 soldats de réserve qui sont revenus récemment à la vie civile. Toujours selon les mêmes sources, la situation sur le terrain syrien n’exige plus en effet une grande mobilisation et le nombre de fronts ouverts s’est considérablement réduit, rendant inutile une participation consistante du Hezbollah et même des autres forces alliées.

 

 Concernant les Iraniens, les sources proches du Hezbollah affirment qu’il n’y a jamais eu de soldats iraniens en Syrie, la participation iranienne se limitant à l’envoi de conseillers et de formateurs qui se sont installés dans plusieurs points du territoire, là où leur présence était nécessaire pour les besoins de la bataille.

Aujourd’hui, la situation militaire en Syrie a pratiquement basculé en faveur de l’armée du régime et la bataille du Sud est sans doute la dernière grande confrontation, puisque en principe le nord du pays devrait faire l’objet de compromis à grande échelle impliquant les Américains, les Russes ainsi que les Turcs, en plus des Syriens.

 

 Or, l’armée syrienne qui était déterminée depuis longtemps à mener la bataille du Sud a bien préparé son plan, commençant par séparer la région de Deraa de celle de Quneitra, pour empêcher les contacts entre les combattants des deux zones et surtout pour neutraliser autant que possible les risques d’une intervention israélienne pour aider les combattants de l’opposition. De son côté, la Jordanie a fait savoir, après bien des hésitations, qu’elle ne compte pas ouvrir ses frontières aux combattants ni à ceux qui souhaitent les aider. La fameuse chambre d’opérations

installée près de Amman, qui était sous la supervision d’officiers américains épaulés par d’autres de différentes nationalités, et qui a dirigé une grande partie des batailles au cours des sept dernières années, n’a donc plus de raison d’être et n’a pas pu venir en aide aux combattants de l’opposition qui ont montré au cours des derniers jours une grande fragilité.

Selon les sources proches du Hezbollah, si les combattants du parti sont en train de se retirer de Syrie, ce ne serait donc pas dans le cadre d’un accord et pour répondre aux conditions israéliennes, mais tout simplement parce que leur présence massive n’est plus nécessaire. De

même, les Américains et leurs alliés n’ont pas lâché les combattants de l’opposition à la demande des Russes et pour conclure un accord avec eux, mais simplement parce qu’ils ont vu que leur situation était indéfendable et qu’ils allaient vers une défaite certaine.

Dans cette optique, la bataille qui se déroule dans le sud de la Syrie devrait se terminer par une

victoire des forces du régime. C’est pourquoi, dans l’optique du Hezbollah, les Américains et les Israéliens essaient de la récupérer en faisant croire qu’ils ont obtenu gain de cause avec le retrait des combattants du Hezbollah et des militaires iraniens de la région.

 

 Pour les sources du Hezbollah, il s’agirait donc d’une campagne visant à sauver la face des Israéliens, sachant qu’avant 2011, il n’y avait que l’armée syrienne dans cette même région et que l’accord de cessez-le-feu conclu en 1974 sous l’égide de l’ONU était en vigueur. Les Israéliens ont voulu modifier cette équation, allant même jusqu’à chasser les Casques bleus de l’ONU (Undof) dans l’espoir de donner le contrôle de la région et de la Syrie tout entière aux forces de

l’opposition.

Mais ce plan a échoué et ce sont les Israéliens qui réclament aujourd’hui le retour à la situation en vigueur avant 2011, en faisant croire qu’ils ont remporté une victoire à travers le retrait des

forces du Hezbollah et de l’Iran de la région.

Toutefois, pour le Hezbollah, le tapage médiatique ne peut pas cacher les réalités du terrain.

 

Source : https://www.lorientlejour.com/article/1123751/le-hezbollah-et-le-retrait-du-sud-syrien.html?utm_source=olj&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter

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