Macron/Poutine

Macron en visite chez Poutine : La fin du « en même temps » ?

...par Nicolas Gauthier - Le 07/02/2022.

Source : Bd. Voltaire.

 

Il n’y a pas qu’Emmanuel Macron, parti en voyage diplomatique à Moscou et à Kiev pour tenter de désamorcer la crise russo-ukrainienne, qui sache jouer du « en même temps » ! Vladimir Poutine excelle lui aussi en cet exercice. À en croire Le Figaro du 6 février, la maître du Kremlin aurait ainsi assuré à celui de l’Élysée : « Tu es un interlocuteur de qualité. Je t’attends. Nous prendrons le temps d’aller au fond des choses. » Mais, encore dans le « en même temps », les médias moscovites, dénoncent, toujours selon la même source, une « Amérique hystérique » et une « Europe sans voix et sans visage. »

Fortuitement, il se trouve qu’Emmanuel Macron est désormais la seule « voix » et le seul « visage » de cette même Europe, pour cause de transition de pouvoir en Allemagne et de Brexit anglais. C’est peu, mais c’est déjà ça. Certes, la position française est fragilisée par un président sortant et tardant à entrer en campagne ; mais le nouveau tsar sait qu'il doit faire avec. Après, que négocier ? Là est toute la question : lors des chutes conjointes du Mur de Berlin et de l’URSS, un accord tacite fut plus ou moins acté, obligeant la  à relâcher la pression sur ses frontières occidentales, tandis que l’Otan s’engageait à ne pas davantage pousser ses pions vers l’Est.

Ce « gentleman agreement » a volé en éclats depuis longtemps. En effet, quand les USA ne crient pas à un « péril islamiste » depuis longtemps couvé par leurs troubles alliances avec l’Arabie Saoudite, les voilà qui ressortent désormais du chapeau leur ancestral tropisme antirusse. Logique, sachant que le principal cauchemar des analystes de la CIA demeure une alliance entre Paris, Berlin et Moscou. Soit un axe susceptible de faire pièce aux ambitions américaines sur le Vieux monde. Ancestrale lutte entre tellurocratie et thalassocratie, empire des terres contre celui des mers, dualité existentielle, naguère apprise aux aspirants du Quai d’Orsay, mais un brin oubliée depuis.

« En même temps », Washington s’oppose à Pékin, empire à la fois tellurocratique et thalassocratique, continental et à vocation océanique. Bien malgré lui, Vladimir Poutine, sommé de choisir ses alliés, pour cause de stratégie occidentale inepte et de politique européenne évanescente, est poussé dans les bras chinois. En son temps, Henry Kissinger n’avait pas ménagé ses efforts pour briser cet axe sino-russe, poussant Richard Nixon, pourtant anticommuniste fervent, à tendre la main à son homologue Mao Tse Toung. C’était une autre époque…

Et aujourd’hui ? Emmanuel Macron, qui sait tout cela, se trouve à la croisée des chemins. Lui qui fut l’un des premiers à courageusement évoquer « la mort cérébrale de l’Otan » est précisément le même qui tente de redonner chair à cette chimère. Celle d’une Otan qui, dépassant largement ses prérogatives d’origine – la lutte anticommuniste – aurait désormais vocation à devenir le gendarme du monde, au mépris des plus élémentaires intérêts européens en général et des nôtres en particulier.

À ce titre, il est intéressant de voir un Emmanuel Macron, il y a cinq ans candidat d’une France redéfinie en « startup nation », conception typique d’un « nouveau monde », venir maintenant au secours du « monde ancien », quand la raison froide des États primait sur l’émotion médiatique.

En de telles circonstances – une possible guerre à l’Est de l’Europe –, on voit bien les limites de cet « en même temps » présidentiel, sachant qu’en la circonstance, le président sortant ne joue pas que sa propre réélection, mais le destin de notre vieille Europe. Dernière question découlant des précédentes :

La France a-t-elle comme unique vocation historique de jouer les  des Américains, à se laisser embringuer dans son combat contre la  et la Chine ?

Il n’est pas sûr que, dans cette configuration nouvelle, le « en même temps » élyséen puisse tenir longtemps.

 

Macron/Poutine : Quel message sera délivré ?

...par Karine Bezchet-Golovko - Le 08/02/2022.

Source : Rzo Internatioonal.

 

La rencontre Poutine / Macron, une semaine avant celle du Chancelier allemand avec le Président russe également à Moscou, aurait pu faire espérer un sursaut de bon sens, ou tout au moins d’instinct de survie, de nos dirigeants européens. Malheureusement, il y a de fortes chances qu’ils ne soient utilisés par les Etats-Unis que comme des caisses de résonnance, d’un discours qu’ils ne construisent pas. Et leur briefing par la Maison Blanche avant leur tournée « diplomatique » moscovite tend à le confirmer.

Macron arrive aujourd’hui à Moscou pour s’entretenir avec Poutine de la situation en Ukraine et, comme l’écrit toute la presse française, pour conduire Poutine à la désescalade. Cela sur fond de campagne présidentielle française, dans laquelle la figure macronienne est largement entachée par la gestion, aussi liberticide que corrompue, de la crise covidienne. Sans oublier l’escalade militaire provoquée par l’armée ukrainienne sur le front.

Avant son voyage, Macron n’a cessé de répéter que la France prendra avec l’Occident (entendre les Etats-Unis) des mesures terribles contre la Russie, si elle envahit l’Ukraine – reprenant ad nauseam le discours atlantiste, qui n’envisage même pas la possibilité que la Russie ne veut pas « envahir » l’Ukraine.

Hier encore, Macron a eu un entretien téléphonique avec Biden, comme le révèle Reuters, même si la presse française est beaucoup plus discrète sur le sujet …

The 40 minutes-long call allowed the two leaders to « share information about contacts made during the weekend » for good coordination ahead of the trip, the French Presidency said.

Dans une semaine, c’est au tour du Chancelier allemand de venir à Moscou. Et sans grande surprise, lui aussi va se faire briefer par Biden avant sa rencontre avec Poutine :

Les deux dirigeants évoqueront en particulier « leur engagement commun à poursuivre la voie diplomatique ainsi qu’à joindre leurs efforts pour dissuader la Russie de toute agression contre l’Ukraine », a déclaré la porte-parole de la présidence américaine Jen Psaki dans un communiqué.

« Cette visite sera l’occasion d’affirmer les liens profonds et solides entre les États-Unis et l’Allemagne », a-t-elle également estimé.

L’on a un peu l’impression d’assister à un spectacle de marionnettes …

Si l’Europe et la Russie ont réellement une carte à jouer pour réguler la situation en Ukraine, comme nous l’avions écrit (voir notre texte ici), ce n’est certainement pas de cette manière. Car le plus important n’est pas le fait du déplacement, mais le message délivré. Si la France ne peut que délivrer le message atlantiste, non seulement ce voyage sera inutile, mais il portera atteinte à l’image de notre pays.

Karine Bechet-Golovko

source:http://russiepolitics.blogspot.com/

 

 

Ukraine : « Certaines idées » de E. Macron peuvent permettre d’avancer, selon V. Poutine

...par RT France - Le 08/02/2022.

Source : RzO International.

 

Vladimir Poutine a déclaré que « certaines des idées » avancées par Emmanuel Macron pour désamorcer la crise russo-occidentale sur l’Ukraine pouvaient permettre d’avancer. Il s’est aussi dit prêt à tout faire pour éviter une escalade militaire.

Le président russe Vladimir Poutine a estimé le 7 février que certaines des idées de son homologue français Emmanuel Macron pour désamorcer la crise russo-occidentale sur l’Ukraine pouvaient permettre d’avancer, à l’issue de plus de cinq heures d’entretien à Moscou. « Certaines de ses idées, de ses propositions […] sont possibles pour jeter les bases d’avancées communes », a déclaré Vladimir Poutine, au cours d’une conférence de presse commune, tout en jugeant prématuré de les exposer publiquement.

Lors de la conférence de presse, le chef de l’État russe a réitéré ses critiques contre l’OTAN, qu’il accuse de s’être élargie ces trente dernières années jusqu’à menacer la Russie. « On essaye de nous calmer avec des assurances comme quoi l’OTAN est une organisation pacifique et de défense », a-t-il dit, avant de citer « l’Irak, la Libye, Belgrade » en contre-exemples.

Vladimir Poutine a ainsi critiqué le refus occidental d’accepter les principales demandes de la Russie : la fin de la politique d’élargissement de l’OTAN, l’engagement de ne pas déployer d’armes offensives à proximité des frontières russes et le retrait d’infrastructures militaires de l’Alliance sur les frontières de 1997, c’est-à-dire avant que l’organisation n’accueille en son sein d’anciens membres du bloc soviétique.

Vladimir Poutine a également dénoncé l’aide militaire occidentale envers l’Ukraine qu’il accuse d’être la seule responsable de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix. « Kiev rejette toujours toutes les opportunités d’un rétablissement pacifique de son intégrité territoriale », a-t-il déclaré.

Le président russe a aussi balayé les accusations selon lesquelles la Russie se comportait de manière belliqueuse en organisant des manœuvres militaires sur son territoire à la frontière avec l’Ukraine. « Dire que la Russie se comporte de manière agressive est illogique », a-t-il affirmé avant d’expliquer : « Ce n’est pas nous qui nous nous dirigeons vers les frontières de l’OTAN ».

Macron évoque des « termes de convergence » entre la Russie et la France, Poutine se montre rassurant

Emmanuel Macron a, pour sa part, déclaré avoir proposé à Vladimir Poutine de « bâtir des garanties concrètes de sécurité » pour tous les États impliqués dans la crise ukrainienne. « Le président Poutine m’a assuré de sa disponibilité à s’engager dans cette logique et de sa volonté de maintenir la stabilité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a ajouté le président français, évoquant des « termes de convergence » entre la Russie et la France, sans les détailler.

Se voulant rassurant, Vladimir Poutine a affirmé être disposé à tout faire pour trouver des compromis et éviter une escalade militaire dans le conflit russo-occidental autour de l’Ukraine. « De notre côté, nous ferons tout pour trouver des compromis qui pourront satisfaire tout le monde », a-t-il déclaré, assurant que ni lui ni Emmanuel Macron ne voulaient une guerre entre la Russie et les forces de l’OTAN qui « n’aurait pas de vainqueur ».

Source : RT France

 

Ukraine : Moscou dément tout engagement de Poutine à Macron sur une pause militaire

Ukraine : moscou dement tout engagement de poutine a macron sur une pause militaire[reuters.com]

Source : La Tribune.

 

MOSCOU (Reuters) - Le Kremlin a réfuté mardi les informations selon lesquelles le président russe Vladimir Poutine se serait engagé auprès de son homologue français Emmanuel Macron à ne pas prendre pour l'instant de nouvelles initiatives militaires près de l'Ukraine, douchant les affirmations du camp français sur des avancées diplomatiques.

Emmanuel Macron, qui s'est rendu lundi à Moscou, est le plus important chef d'Etat parmi les puissances occidentales à avoir rencontré Vladimir Poutine depuis l'éclatement de la crise diplomatique autour de l'Ukraine provoquée par l'importante mobilisation de troupes russes à la frontière entre la Russie et son voisin ukrainien.

Aucune avancée majeure n'est ressortie des discussions entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lundi soir mais un membre de la délégation française a déclaré mardi à Reuters que le président russe s'était engagé pendant son entretien avec Emmanuel Macron à s'abstenir de lancer dans l'immédiat de nouvelles manoeuvres militaires près de l'Ukraine afin de favoriser une possible désescalade.

Selon ce responsable, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat, le dirigeant russe a aussi promis que les troupes russes envoyées en Biélorussie pour des exercices militaires conjoints près de la frontière ukrainienne rentreraient ensuite en Russie à la fin des manoeuvres, prévue le 20 février.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré mardi que ces informations n'étaient "pas exactes".

Vladimir Poutine n'a fait aucune nouvelle promesse concernant un départ des troupes russes basées en Biélorussie, a déclaré le porte-parole. Il est prévu que ces troupes retournent à un moment ou un autre sur leurs bases en Russie après les manoeuvres, mais "personne n'a jamais dit qu'elles resteraient" en Biélorussie, a-t-il ajouté.

Face aux commentaires du Kremlin, l'Elysée a semblé faire marche arrière mardi, indiquant que le responsable français mentionnait des points abordés entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine plutôt que des engagements pris par le président russe.

Le chef de l'Etat français, qui s'est rendu ce mardi à Kiev pour une rencontre avec son homologue ukrainien Volodimir Zelenski, a assuré pour sa part auprès de journalistes avoir obtenu qu'il n'y ait "pas de dégradation et d'escalade" dans la crise en Ukraine.

Emmanuel Macron, qui a précisé ne pas s'attendre "une seule seconde" à ce que le président russe fasse "des gestes" à l'occasion de leur entretien bilatéral, a estimé avoir atteint son objectif.

Les puissances occidentales, et notamment les Etats-Unis, redoutent une invasion de l'Ukraine par la Russie après l'annexion de la Crimée en 2014. Moscou assure ne pas avoir d'intention hostile mais n'exclut pas des mesures militaires non spécifiées s'il n'obtient pas des garanties sur sa sécurité, notamment l'engagement par l'Otan de ne jamais inclure l'Ukraine parmi ses membres.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont menacé la Russie de sanctions en cas d'attaque de l'Ukraine. Lundi, le président américain Joe Biden a réitéré ses avertissements concernant un éventuel blocage du projet de gazoduc sous-marin Nord Stream 2 construit par Gazprom entre la Russie et l'Allemagne pour contourner l'Ukraine, sans toutefois donner de détails précis sur sa mise en place.

 

 

(Reportage Dmitry Antonov et Pavel Polityuk, rédigé par Peter Graff; version française Myriam Rivet et Blandine Hénault, édité par Bertrand Boucey et Sophie Louet)

 

 

Plus de cinq longues heures pour Macron à Moscou devant une table géante

...par Olivier Renault - Le 09/02/2022.

 

Source : RzO International.

 

Selon des observateurs, Emmanuel Macron avait deux objectifs à remplir durant la rencontre avec Vladimir Poutine : sonder la possibilité de discuter avec Moscou de sujets de la liste des demandes russes et savoir où l’Occident peut rencontrer Moscou à mi-chemin, en le confirmant par des actions.

Les Français ont remarqué la table géante qui séparait le président russe et le président français. Cela a été le sujet de nombreuses blagues sur Facebook en défaveur du président français qui paraissait si petit et si loin du chef du Kremlin. Quel a été le succès de la rencontre à Moscou qui a duré plus de cinq heures ?

Le président russe, Vladimir Poutine, et le président français, Emmanuel Macron, se sont entretenus à Moscou le 7 février 2022 et ont donné après plus de cinq heures d’un entretien une conférence de presse conjointe. Le sujet principal était la situation autour de l’Ukraine, ainsi que les exigences de la Russie en matière de garanties de sécurité. À la veille des pourparlers avec Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a reçu un appel téléphonique du président américain, Joe Biden, la conversation a duré 40 minutes. Avant son envol, le président français a déclaré qu’il considérait le dialogue comme le seul moyen d’assurer la sécurité en Europe. Il a souligné la nécessité de trouver une réponse sécuritaire commune pour la Russie et l’Europe afin d’éviter la guerre. Le 8 février 2022, le président français est à Kiev.

Vladimir Poutine a commencé la conférence de presse conjointe en énumérant tous les désaccords que Moscou entretient avec l’Occident, à la fois sur les principales demandes de garanties de sécurité et sur un règlement dans le sud-est de l’Ukraine. Il y revint, d’ailleurs, plus d’une fois. D’après ses paroles, il n’y avait aucun sentiment que les positions des parties s’étaient rapprochées.

Au contraire, on avait le sentiment que pendant plus de cinq heures, il y avait eu un échange d’opinions difficilement conciliables. La similitude des positions n’a été mentionnée qu’en ce qui concerne la solution du problème du programme nucléaire iranien, ainsi que sur les questions de la poursuite de la coopération dans les domaines économique, culturel et humanitaire.

Dans le même temps, Vladimir Poutine a brièvement mentionné « certaines propositions » d’Emmanuel Macron comme méritant de l’intérêt et de nouvelles négociations, mais tout dépendrait des résultats de son prochain voyage à Kiev. Immédiatement après cela, les présidents se téléphoneront. Emmanuel Macron, à son tour, a clairement indiqué qu’il espère obtenir un certain succès, et tout peut être décidé dans les prochains jours. Et il a même dit qu’« il y a des points de contact » avec la Russie qu’il appelait autrefois « notre ami ».

À la veille de la visite du président français, le Kremlin a franchement refroidi ses attentes optimistes à son égard. Selon le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, la situation en Ukraine est « trop compliquée pour s’attendre à des changements décisifs au cours d’une seule rencontre ». Ce qui par contumace, pour ainsi dire, s’est opposé à l’invité qui, juste avant le vol pour Moscou, était plein d’optimisme. Dans un entretien publié à la veille de sa visite, Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne croyait pas que l’objectif de la Russie était de prendre le contrôle de l’Ukraine, mais plutôt de « clarifier les règles de coexistence » avec l’OTAN et l’UE.

L’un des objectifs de sa visite à Moscou a été de réanimer des négociations au format Normandie sur l’Ukraine. Emmanuel Macron a écrit sur Twitter avant de rencontrer le président russe : « Commençons à bâtir une réponse utile pour la Russie, utile pour toute notre Europe, une réponse qui permette d’éviter la guerre, de construire les éléments de confiance, de stabilité, de visibilité. Ensemble ».

Pour le locataire de l’UE, les initiatives de politique étrangère à grande échelle, y compris en direction de la Russie, sont traditionnelles, et désormais elles font également partie de sa tactique en vue des élections présidentielles d’avril 2022, où il a de très bonnes chances d’être réélu. Et jusque-là, il n’a pas du tout besoin d’une guerre en Ukraine. Mais après tout, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est également actif dans les initiatives de médiation. Il continue d’appeler Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky à lui rendre visite à Ankara pour la réconciliation. Vladimir Poutine, bien sûr, préférerait Emmanuel Macron dans cette situation. Et, pas seulement parce que la France préside actuellement l’UE, mais aussi parce qu’il le considère comme un bon interlocuteur, comme il l’a lui-même appelé un jour.

Dès lors, il n’hésite pas à soutenir les efforts de son collègue français pour s’affirmer comme le négociateur en chef de l’Europe auprès de Moscou, un rôle auparavant joué par Angela Merkel. Il n’y en a toujours pas d’autres. Le chef du Kremlin n’a pas encore rencontré en personne le successeur d’Angela Merkel, Olaf Scholz, mais il le fera dans une semaine. Le chancelier allemand, juste avant son voyage à Moscou dans le cadre de la « diplomatie de la navette » d’Emmanuel Macron, a eu des entretiens avec Joe Biden à Washington. Les États-Unis veulent clairement diriger eux-mêmes « l’orchestre européen » pour que la « fête russe » y soit jouée à l’unisson avec l’Amérique, et non selon leur propre lecture de cette « partition politique ».

En fin d’année dernière, le président français a lancé nonchalamment l’idée d’un système de sécurité européen plus indépendant des États-Unis, mais ne l’a pas beaucoup développé jusqu’à présent. L’un de ses éléments constitutifs devrait être le maintien de la Russie au sein du système européen, par opposition au rapprochement toujours plus grand entre Moscou et Pékin. Cependant, ce sont toutes des idées « grandes et belles », mais pour le moment, il est nécessaire de résoudre d’une manière ou d’une autre la crise ukrainienne, ainsi que de développer une réponse occidentale acceptable aux demandes de Moscou en matière de garanties de sécurité. Sans cela, toute la beauté des grandes idées s’estompera rapidement.

Aussi, il ne faut pas exagérer l’indépendance précédemment connue de Paris vis-à-vis de Washington. Emmanuel Macron, en ce sens, n’est pas de Gaulle. Il ne remettra pas une seconde en cause l’unité de l’OTAN. En particulier, il ne soutiendra pas les demandes russes de garanties de sécurité que l’OTAN et les États-Unis rejettent. Dans ce cas, Moscou ne doit pas compter sur une scission dans les rangs.

La visite d’Emmanuel Macron à Moscou poursuivait principalement deux objectifs. Le premier consiste à tester la possibilité de négociations avec Moscou sur des sujets de désarmement figurant dans la liste des demandes russes du 17 décembre 2021 et des sujets que les dirigeants russes qualifient de « secondaires » et de « dénonciation » des principaux problèmes, principalement la non-expansion de l’OTAN à l’est et le retrait de ses infrastructures des frontières russes. Le second était de comprendre où, après tout, les alliés occidentaux peuvent rencontrer le président russe à mi-chemin, le confirmant par quelques actions concrètes.

Enfin, le leader français aimerait donner un nouveau souffle au format Normandie presque mort. Mais, pour cela, encore faut-il convaincre d’une manière ou d’une autre Kiev de se conformer aux accords de Minsk. Et, ce ne sera pas plus facile pour Emmanuel Macron de le faire que d’obtenir le consentement de Vladimir Poutine à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Cependant, si quelqu’un aime le processus même de la « diplomatie de la navette », alors pourquoi ne devrait-il pas se rencontrer à mi-chemin dans ce domaine. Toute négociation vaut mieux que la guerre.

Parallèlement à la rencontre de Moscou, Joe Biden et Olaf Scholz se sont rencontrés à Washington. Lors d’une conférence de presse conjointe, le président américain a qualifié Berlin de l’un de ses plus proches alliés et déclaré qu’en cas d’« invasion » de l’Ukraine par la Russie, l’Amérique « mettrait fin » au gazoduc Nord Stream 2, tout en étant prête à couvrir une partie importante des besoins en gaz naturel des pays européens si ses livraisons depuis la Russie sont suspendues. Olaf Scholz a tout fait pour ne pas parler de Nord Stream 2 et faisait penser à un vassal devant son maître. L’Allemagne est sous l’administration américaine depuis 1945.

Le 7 février 2022, une réunion entre le président Volodymyr Zelensky et la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, devait avoir lieu à Kiev, mais, selon Jake Tapper, présentateur de CNN et correspondant en chef à Washington, Kiev a annulé la réunion en raison du refus de la ministre allemande de s’opposer à Nord Stream 2. La ministre allemande n’a pas voulu promettre que l’Allemagne abandonnerait le gazoduc en cas d’« invasion » russe de l’Ukraine, mais surtout évoquer la relance du format Normandie. Et le chancelier Olaf Scholz a déclaré qu’il ne savait rien du refus de Volodymyr Zelensky de rencontrer Annalena Baerbock.

À Kiev, la ministre allemande a tenu une conférence de presse avec le ministère ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba au lieu de Volodymyr Zelensky. La DW rapporte que Berlin refuse toujours de livrer des armes à l’Ukraine. À la question d’un journaliste de la DPA, évoquant une confusion, à savoir pour quelle raison la rencontre avec Volodymyr Zelensky n’ a pas eu lieu, citant la déclaration du Bureau allemand du président fédéral selon lequel « aucune rencontre n’avait été prévue », Annalena Baerbock a expliqué, durant sa conférence de presse à Kiev, qu’en raison de l’absence du ministre français des Affaires étrangères à la rencontre, elle a décidé de s’y adapter et de ne pas rencontrer le président ukrainien.

Olivier Renault

source : Observateur Continental

 

Les internautes s’amusent de la taille de la table lors de la rencontre entre Macron et Poutine

Le 09/02/2022.

 

Source : RzO International.

 

La longueur de la table aux extrémités de laquelle étaient assis, seuls, les deux chefs d’État lors de leur rencontre à Moscou est à l’origine de nombreuses réactions et montages humoristiques sur les réseaux sociaux.

Alors que le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron se rencontraient à Moscou le 7 février pour discuter notamment des tensions autour du dossier ukrainien, la taille impressionnante de la table aux extrémités de laquelle étaient assis, seuls, les deux hommes a suscité des réactions amusées de nombreux internautes, et a éveillé leur créativité.

Cette configuration pouvait surprendre, mais était due au protocole sanitaire appliqué par la présidence russe en cette période de pandémie de Covid-19. Certains internautes ont d’ailleurs noté que la même table avait servi lors de la rencontre entre Vladimir Poutine et le Premier ministre hongrois qui a eu lieu le 1er février dernier.

 

La sénatrice les Républicains des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a estimé que « l’ambiance a changé » en comparant une photo d’une poignée de main chaleureuse entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron en 2019, et une photo de la rencontre du 7 février.

 

« L’histoire raconte qu’un fuseau horaire sépare Macron et Poutine », a commenté le journaliste politique Romain Herreros.

 

« Une source diplomatique proche du Quai d’Orsay confie […] que “toutes les options sont sur la table, et il y en a beaucoup” », a plaisanté le compte « Géobordel » en publiant un montage photo sur lequel la table des négociations est rallongée.

 

« La taille de la table pendant l’entretien entre Poutine et Macron vaut le détour(nement) », a commenté un certain Mczy en accompagnement d’un montage vidéo montrant Emmanuel Macron parlant à son homologue russe avec l’aide d’un mégaphone.

 

Le journaliste Antoine Llorca a lui repris un montage vidéo dans lequel la table a été transformée en balançoire à bascule.

 

 

L’internaute « Dr Sven » a quant à lui publié une ancienne publicité de la marque de produits ménagers Pliz montrant une comédienne glissant à plat-ventre sur une grande table afin de la nettoyer.

 

Un autre internaute a estimé que la rencontre ressemblait à un match du « championnat du monde de ping pong ».

Image

source : RT France

"POUTINE Le Grand"

Edito de François Billot de Lochner - Le 08/02/2022.


 
La communication, et notamment la communication par l’image, est désormais l’outil majeur utilisé par tous les hommes politiques du monde entier. Certes, les discours peuvent être écoutés, mais seules resteront gravées dans les mémoires les images choc diffusées par les médias. 

Déjà, il y a presque un siècle, la diffusion à grande échelle de la remontée des Champs-Élysées par De Gaulle, en 1944, mettait en lumière l’impact considérable de l’image au niveau mondial, bien plus important que les discours que le général a pu tenir par la suite. La façon dont Vladimir Poutine vient d’accueillir Emmanuel Macron au Kremlin, il y a quelques heures, est à cet égard exemplaire. À l’évidence, le président russe n’avait rien laissé au hasard, et la vidéo qui circule sur l’accueil qu’il a réservé au président français est un chef-d’œuvre du genre.

 

Qu’y voyons-nous ?


Vladimir Poutine est en position debout, veste fermée, au bout d’une immense table blanche, dans une immense salle blanche : le décor est glacial, comme le veut évidemment Poutine. Les portes s’ouvrent et apparaît un Macron, veste ouverte, qui bredouille à distance quelques mots en anglais avant que Poutine, séparé de son interlocuteur par cette immense table blanche, lui fasse signe de s’asseoir. 

 

Un tel accueil est rien moins que glaçant. Et si la posture physique de Poutine est toute de rigueur, Macron, avant de s’asseoir, met fébrilement une de ses mains dans sa poche, traduisant ainsi le malaise qu’il éprouve en face d’un président russe impérial.


Quel est le sens de cette mise en scène de Vladimir Poutine ?

Montrer à la terre entière que les relations internationales à la mode Macron, faites d’embrassades désordonnées, de copinages hors de propos, de sourires convenus et ridicules, ne sont pas de mise au Kremlin : Les relations internationales sont toutes autres.

Poutine représente un pays doté de l’arme atomique et d’une armée puissante, regorgeant de matières premières, s’opposant frontalement à la déconstruction du monde proposée par les « élites » occidentales : Par la façon dont il accueille son interlocuteur, il montre aux yeux du monde que la Russie éternelle est à des années-lumière de la mortelle décadence occidentale.


De la rencontre Poutine-Macron, il restera dans la mémoire collective la démonstration qu’un grand président a reçu à sa façon, une façon impériale, un président de l’Union européenne qui, pour lui, compte si peu.

  François Billot de Lochner

Macron/Poutine : La conférence de presse en intégralité - Le 07/02/2022

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