La première conséquence des massacres israéliens à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, en Iraq et au Yémen n’est pas celle que nous attendions. À ce jour les criminels au
pouvoir à Tel-Aviv continuent leur conquête avec les armes qu’on leur donne. La transformation a d’abord été en Israël même et dans la diaspora juive, contraignant les FDI à accepter un
cessez-le-feu non-écrit au Liban, tout en bénéficiant de l’aide de Washington pour déplacer les combats en Syrie. Les fronts ukrainiens et libanais ont fusionné et se sont déplacés en
Syrie.
Benyamin Netanyahou, qui a caché à son peuple ses relations avec le Hamas, falsifié des documents officiels sur la journée du 7 octobre, et menti en de
nombreuses circonstances, conduit son pays à l’échec.
POURQUOI NOUS NE VOYONS PAS LES MASSACRES AU MOYEN-ORIENT ?
Au cours des dernières années, le mouvement israélien pour la paix a été démantelé, une confusion a été entretenue entre antisémitisme et
antisionisme, et enfin le narratif du clash des civilisations a été répandu.
Ces trois erreurs nous empêchent de voir et de comprendre ce qui se passe au Moyen-Orient.
Le mouvement pour la paix de Nahum Goldmann, président de l’Organisation sioniste mondiale, n’existe plus. Il avait pour objectif de faire d’Israël le centre
spirituel et moral de tous les juifs, un État neutre sur le modèle de la Suisse, avec des garanties internationales de sécurité, et une présence internationale symbolique permanente. Goldmann,
qui avait dénoncé le procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem et non pas par un tribunal international (ce qui a permis aux sionistes révisionnistes de masquer leurs relations avec lui), négocié une
coexistence pacifique juste et durable avec le président égyptien Gamal Abdel Nasser et avec celui de l’Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat, a même été arrêté en
Israël.
L’historien Bernard Lewis, qui fut conseiller de Benyamin Netanyahou lorsqu’il était ambassadeur d’Israël à l’ONU, a inventé, en 1957, pour le Conseil de sécurité
nationale des États-Unis dont il fut membre, la stratégie du « Choc des civilisations ». Il s’agissait de présenter comme inévitable l’affrontement entre les
civilisations occidentale et islamiques, puis chinoise et ainsi de suite afin de justifier les guerres occidentales successives. Son assistant, Samuel Huntington, un ancien collaborateur des
services secrets sud-africains de l’apartheid, popularisa cette stratégie, en 1993, en lui donnant l’apparence d’un constat universitaire. Il fut rétribué par la CIA pour ce travail de
propagande. Bien que son travail soit un fourre-tout intellectuel qui ne résiste pas à l’analyse, il a pénétré nos esprits. Cette théorie stupide est employée aujourd’hui par Benyamin Netanyahou
pour justifier ses guerres sur « sept fronts » à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, en Iraq, en Iran et au Yémen. Pourtant le même Netanyahou se faisait photographier, en
septembre 2014, au Ziv Medical Center de Zefat en train de rendre visite à 500 officiers d’Al-Qaïda soignés en Israël [1]. Ainsi, il est possible de s’entendre avec des
jihadistes lorsqu’ils massacrent des civils en Syrie, mais pas de s’entendre avec des Palestiniens lorsqu’ils réclament un État.
Natan Sharansky [2], qui fut vice-Premier ministre du général Ariel
Sharon, a conçu le narratif selon lequel ce sont les Palestiniens dans leur ensemble et non pas certains dirigeants israéliens qui refusent la paix. Puis, il a inventé que les révolutionnaires
iraniens voulaient jeter à la mer tous les juifs israéliens (alors que les juifs vivent paisiblement en Iran et sont représentés au Parlement).
Enfin, il a organisé des campagnes médiatiques internationales pour créer une confusion entre « nationalisme », « sionisme » et « sionisme
révisionniste », puis pour assimiler « antisémitisme » et « antisionisme » (à ce jeu-là le quotidien israélien Haaretz serait antisémite).
En 2004, Sharansky a écrit avec Ron Dermer, un livre binaire, La cause de la démocratie, pour nous
assurer qu’Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient. Dermer est devenu ambassadeur d’Israël aux États-Unis (2013-2021), puis ministre des Affaires stratégiques (de 2023 à
aujourd’hui), fonction où il organise la lutte contre le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) dans le monde.
Natan Sharansky poursuit discrètement son travail aujourd’hui, à la fois aux États-Unis et en Ukraine où il est né, via l’Institute for the study of global antisemitism and policy (ISGASP)
(Institut pour l’étude de l’antisémitisme et de la politique mondiales). Cette association états-unienne est abondamment financée par le ministère de Ron Dermer. C’est elle, par exemple, qui a
organisé les auditions au Congrès des rectrices des grandes universités pour les contraindre à réprimer pour antisémitisme les manifestations contre les massacres à Gaza.
Il va de soi que Bernard Lewis, Samuel Huntington, Natan Sharansky et Ron Dermer ne sont pas des « sionistes », mais des « sionistes
révisionnistes ».
REDISTRIBUTION DES CARTES AU MOYEN-ORIENT
Dans cette ambiance de mensonges généralisés, l’ensemble des positions de chaque communauté au Moyen-Orient est en train de changer. C’est une conséquence de la
tentative de conquête par Benyamin Netanyahou du nord de la bande de Gaza et du sud du Liban. Progressivement, tous les acteurs politiques, y compris les juifs israéliens, se sont rendus compte
que les opérations militaires israéliennes n’avaient aucun rapport avec les buts annoncés :
La libération des otages du Hamas et le retour des Israéliens du nord du pays dans leurs foyers.
La coalition Netanyahou poursuit le projet colonial de Vladimir Jabotinsky (1880-1940) :
La création d’un empire au Levant, du Nil à l’Euphrate.
Ce projet n’a aucun rapport avec l’antique royaume de Jérusalem, qui ne comprenait que la ville sainte et sa proche banlieue, mais vise à restaurer l’ancien empire
assyrien comme le protecteur de Jabotinsky, Benito Mussolini, voulait rétablir l’ancien empire romain.
Répondre au défi d’une nouvelle vague fasciste de conquête du Levant a été le sens aussi bien des paroles du président syrien Bachar el-Assad, lors du sommet
conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de coopération islamique, le 11 novembre à Ryad, que de celles du directeur du quotidien israélien Haaretz, Amos Schocken, à la conférence Israel After October 7th : Allied or Alone ? (Israël après
le 7 octobre : Avec des alliés ou seul ?), le 27 novembre à Londres.
La totalité des protagonistes s’accorde sur le constat, même si la plupart évitent de faire référence aux liens de Jabotinsky et de ses disciples avec les fascistes
et les nazis. Cependant, les Occidentaux refusent encore d’ouvrir les yeux et traitent ce conflit comme s’il n’était pas politique, mais ethnique, comme s’il opposait des juifs à des arabes,
voire les juifs aux arabes.
Trois éléments jouent un rôle particulier dans le changement en cours :
• La victoire du jacksonien Donald Trump aux États-Unis sur la coalition straussienne de Kamala Harris. Les premiers entendent substituer les guerres commerciales aux guerres militaires, tandis
que les seconds souhaitent provoquer l’Armageddon.
• Les Forces de défense israéliennes (FDI), qui disposent d’une maîtrise incontestable de l’espace aérien de leurs voisins, s’avèrent incapables de la moindre victoire au sol. Elles n’ont pas de
discipline et nombreux sont ses hommes qui se comportent comme des voyous. Dans le contexte de la défaite des straussiens aux États-Unis, elles ne disposent plus d’autant d’armes et sont
probablement à court de nombre d’entre elles. Enfin, plusieurs de ses unités, qui ont assisté aux crimes de certaines autres, sont désormais au bord de la rébellion.
• La diaspora juive, qui jusqu’à présent soutenait Benyamin Netanyahou sans broncher, parvient enfin à distinguer son soutien aux juifs israéliens des crimes de leur gouvernement. Depuis
l’inculpation de Netanyahou par la Cour pénale internationale, le 21 novembre, la solidarité entre juifs, acquise lors des siècles de persécution par les goyim, ne joue plus. Beaucoup de
personnalités juives, jusqu’ici taiseuses, se démarquent publiquement des crimes commis sur les « sept fronts » et contre l’ONU.
L’Iran a abandonné la stratégie du général Qassem Soleimani de « l’Axe de la Résistance », selon laquelle Téhéran aide et coordonne l’ensemble des groupes
armés indépendants qui luttent contre la colonisation de la région. Il a refusé d’aider le Liban lors de l’invasion israélienne, puis une faction au Pouvoir a transmis à Israël les coordonnées
des principaux chefs militaires du Hezbollah afin qu’ils soient assassinés. Simultanément, Téhéran et Tel-Aviv ont mis en scène leur antagonisme, prétendant l’un et l’autre se tenir prêt pour un combat décisif. Pourtant les deux attaques
iraniennes (opération « promesse honnête » du 13 avril et 1° octobre) et les deux israéliennes (des 19 avril et 26 octobre) n’ont presque pas causé de dégâts humains, même si les
militaires des deux parties en ont profité pour tester les défenses de l’adversaire [3]. Un accord secret entre Washington,
Téhéran et Tel-Aviv est devenu évident.
D’autre part, Téhéran a renoué avec les Kurdes iraquiens. Le président Masoud Pezeshkian s’est rendu, en septembre, en Iraq pour y rencontrer non seulement la tribu
Talabani, mais aussi les Barzani (pro-israéliens).
En Iraq, l’ayatollah Ali al-Sistani, chef spirituel de la communauté chiite, a pris la parole pour délivrer un message confus montrant qu’il ne savait plus
qu’attendre de la République islamique.
Au Yémen, Ansar Allah, persuadé du revirement iranien, a pris des dispositions pour protéger son chef, Abdul-Malik al-Houthi, du sort connu par Hassan Nasrallah.
En Türkiye, comme à son habitude, le président Recep Tayyip Erdoğan explore les diverses possibilités qui s’offrent à lui, sans s’engager ici ou là. Lui, qui se
rapprochait lentement de son homologue syrien, a autorisé des livraisons d’armes aux jihadistes d’Idleb afin qu’ils puissent reprendre le combat contre la République arabe syrienne.
Simultanément, il a envoyé des émissaires discuter avec Abdullah Öcalan, le fondateur du PKK emprisonné depuis 1999. Quels que soient les pourparlers, il est peu probable qu’« Apo »
soutienne l’OTAN et Israël comme son mouvement le fait aujourd’hui.
Le retournement de l’Iran et le double jeu de la Türkiye mettent subitement fin à l’euphorie du sommet des BRICS à Kazan, il y a un mois [4].
En Syrie, le président Bachar el-Assad a immédiatement soutenu les Libanais et ses alliés du Hezbollah lorsque ceux-ci ont été lâchés par l’Iran. Historiquement, le
Liban n’est qu’un gouvernorat de la Syrie, et de son point de vue, celle-ci est responsable de la sécurité des Libanais. Il a donc à la fois donné asile à des centaines de milliers de réfugiés
fuyant les bombardements israéliens et transféré le peu d’armes dont il dispose au Hezbollah.
En réplique, les FDI ont détruit toutes les routes et les ponts permettant d’accéder au Liban, puis avec l’OTAN, ils ont lâché les jihadistes d’Idleb sur Alep, dont
ils ont pris et occupé une large partie. La ville était défendue par les Gardiens de la révolution iraniens qui se sont repliés sans combattre.
À la surprise générale, les jihadistes d’Idleb disposent d’armes dernier cri, financées par le Qatar, et d’une pléiade de drones maniées par des opérateurs
ukrainiens.
LES CONSTANTES DES SIONISTES RÉVISIONNISTES
Une constante du comportement des sionistes révisionnistes est de détruire les preuves matérielles de leurs mensonges. Ainsi, Benyamin Netanyahou a-t-il fait
modifier les horaires des relevés de ses réunions dans la journée du 7 octobre 2023. Il espérait ainsi pouvoir plus facilement nier avoir aidé la réalisation de l’attaque contre ses propres
concitoyens.
Les Israéliens savent qu’il a aidé le Hamas, depuis sa nomination comme Premier ministre, en 2009, jusqu’au 7 octobre. Il assurait que sa stratégie consistait à
favoriser le Hamas pour lutter contre l’OLP de Yasser Arafat. Sa première décision officielle fut d’annuler la demande d’extradition de Moussa Abou Marzouk, à l’époque le plus haut dirigeant du
Hamas, qui était détenu aux États-Unis. D’autres évènements ont montré que son objectif n’était pas de détruire l’OLP, mais d’empêcher la création d’un État palestinien. Ainsi en 2018, lorsque
l’Autorité palestinienne cessa de payer les fonctionnaires à Gaza, il conclut un accord avec Yahya Sinwar, chef militaire du Hamas à Gaza alors emprisonné en Israël. Il donna d’abord secrètement
de l’argent, puis officiellement via le Qatar. En quatre ans, il versa ainsi 2,5 milliards de dollars au Hamas, ce qui lui permis de construire son réseau de tunnels et de s’armer sous les yeux
du Shin Bet.
Ce faisant, Netanyahou et le Hamas obtenaient le soutien des services secrets anglo-saxons, fidèles à la stratégie énoncée, en 1916, par Lord Herbert Samuel, dont
le fils Edwin fut un compagnon de Jabotinsky : veiller à ce que jamais ni l’État juif, ni l’État palestinien à venir ne puissent assurer seuls leur sécurité.
Audrey Azoulay, ancienne ministre française de la Culture et actuelle directrice générale de l’UNESCO, a fait traîner la
réunion de la commission de préservation des sites historiques pour permettre aux FDI de détruire des sites archéologiques libanais.
Une autre constante du comportement des sionistes révisionnistes est de détruire les preuves archéologiques de leur imposture. Ainsi, toujours en 2009, la
seconde décision de Netanyahou devenu Premier ministre fut de creuser des tunnels sous le mont du temple afin de pouvoir dynamiter la mosquée Al-Aqsa. Ces derniers mois, il a fait détruire
tous les vestiges archéologiques du sud du Liban, croisés ou ottomans, et a même tenté de détruire les temples de Baalbeck, le plus grand sanctuaire de l’empire romain. Ce faisant, il
continuait les destructions opérées durant la guerre du Golfe du site de Babylone, ou durant la guerre de Syrie des vestiges d’Alep et de Palmyre.
Tout doit être fait pour que la revendication de la terre, du Nil à l’Euphrate, apparaisse comme légitime.
Un changement
véritablement sismique semble se produire très rapidement au Moyen-Orient. La Turquie et les États du Golfe ont accepté l’anéantissement de la nation palestinienne et la création d’un Grand
Israël, en échange de l’anéantissement des minorités chiites de Syrie et du Liban et de l’imposition du salafisme dans l’ensemble du monde arabe oriental.
Cela signifie
également la fin des communautés chrétiennes du Liban et de Syrie, comme en témoignent l’arrachage de toutes les décorations de Noël, la destruction de tous les alcools et l’imposition forcée
du voile aux femmes à Alep.
Hier, des avions d’attaque au sol américains Warthog ont attaqué et fortement décimé des renforts qui, à l’invitation du gouvernement syrien, étaient en route
vers la Syrie depuis l’Irak. Les frappes aériennes israéliennes constantes et quotidiennes sur l’infrastructure militaire syrienne depuis des mois ont été un facteur majeur de démoralisation
et de réduction de la capacité de l’armée arabe syrienne du gouvernement syrien, qui s’est tout simplement évaporée à Alep et à Hama.
C’est très dur de voir le vent tourner en Syrie. Les Russes doivent maintenant soit renforcer massivement leurs bases syriennes avec des troupes au sol, soit
les évacuer. Face aux exigences en Ukraine, ils pourraient opter pour cette dernière solution, et il semblerait que la marine russe ait déjà quitté Tartous.
La rapidité de l’effondrement de la Syrie a pris tout le monde par surprise. Si la situation ne se stabilise pas, Damas pourrait être assiégée et ISIS être de
retour sur les collines au-dessus de la vallée de la Bekaa en l’espace d’une semaine, compte tenu de la rapidité de leur progression et des courtes distances à parcourir.
Une nouvelle attaque israélienne sur le Sud-Liban coïncidant avec une invasion salafiste de la vallée de la Bekaa semblerait alors inévitable, car les
Israéliens souhaiteraient évidemment que leur frontière avec leur nouveau grand voisin syrien de type taliban se situe le plus au nord possible. Il pourrait alors s’agir d’une course sur
Beyrouth, à moins que les Américains n’aient déjà organisé l’attribution de la ville.
Ce n’est pas une coïncidence si l’attaque contre la Syrie a commencé le jour du cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Les forces djihadistes ne veulent pas
être perçues comme combattant aux côtés d’Israël, même si elles combattent des forces qui ont été bombardées sans relâche par Israël et qui, dans le cas du Hezbollah, sont épuisées par la
lutte contre Israël.
Les rebelles syriens semblent apprécier les frappes israéliennes sur le Hezbollah qui les ont aidés dans leur avance rapide. Des personnalités de
l’opposition parlant à une télé israélienne ont déclaré aimer la nation israélienne et veulent se lier d’amitié avec elle. Des rapports indiquent que le Hezbollah pourrait envoyer des
troupes en Syrie car Assad cherche de l’aide – Agrandir
A l’heure actuelle, les médias israéliens disent beaucoup plus de vérité sur les forces rebelles syriennes que les médias britanniques et
américains. Voici un autre article du Times of Israel :
Bien que le HTS se soit officiellement séparé d’Al-Qaïda en 2016, il reste une organisation salafiste jihadiste désignée comme une organisation terroriste
aux États-Unis, dans l’UE et dans d’autres pays, avec des dizaines de milliers de combattants.
Son essor soudain fait craindre qu’une éventuelle prise de contrôle de la Syrie ne la transforme en un régime islamiste de type taliban – avec des
répercussions pour Israël à sa frontière sud-ouest. D’autres, cependant, considèrent l’offensive comme un développement positif pour Israël et un nouveau coup porté à l’axe iranien dans
la région.
Cette situation contraste avec celle des médias britanniques qui, du Telegraph à l’Express en passant par le Guardian, ont promu le récit officiel selon lequel non seulement les mêmes organisations, mais aussi les mêmes personnes responsables de tortures et d’exécutions massives de non-Sunnites,
y compris de journalistes occidentaux, sont aujourd’hui de gentils libéraux.
Cela n’est nulle part plus évident que dans le cas d’Abu Mohammad Al-Jolani, parfois orthographié Al-Julani ou Al-Golani, qui est aujourd’hui présenté par les médias occidentaux comme un leader modéré. Il était le chef adjoint d’ISIS, et la CIA avait mis sa tête à prix pour 10 millions de dollars ! Oui, c’est
la même CIA qui, aujourd’hui, le finance, l’équipe et lui fournit un soutien aérien.
Les partisans des rebelles syriens tentent toujours de nier qu’ils bénéficient du soutien d’Israël et des États-Unis, alors qu’il y a près de dix ans, le
Congrès américain a ouvertement déclaré que plus d’un demi-milliard de dollars avaient été dépensés pour aider les forces rebelles syriennes, et que les Israéliens ont ouvertement fourni des services médicaux et autres aux djihadistes, ainsi qu’un soutien aérien efficace.
Une conséquence intéressante de ce soutien conjoint de l’OTAN et d’Israël aux groupes djihadistes en Syrie est une nouvelle perversion de l’État de droit
national. Pour prendre l’exemple du Royaume-Uni, la section 12 de la loi sur le terrorisme stipule qu’il est illégal d’exprimer une opinion qui soutient, ou peut amener quelqu’un d’autre à
soutenir, une organisation proscrite.
L’utilisation abusive de cette disposition par la police britannique pour persécuter les partisans palestiniens qui auraient encouragé le soutien aux
organisations interdites Hamas et Hezbollah est notoire, les références alléguées, même tangentielles, conduisant à des arrestations. Sarah Wilkinson, Richard Medhurst, Asa Winstanley,
Richard Barnard et moi-même en sommes tous des victimes notables, et la persécution a été considérablement intensifiée par Keir Starmer.
Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) est également un groupe interdit au Royaume-Uni. Pourtant, les médias grand public britanniques et les organisations musulmanes britanniques font ouvertement la promotion et l’éloge de HTS depuis une semaine – franchement beaucoup plus ouvertement que je n’ai jamais vu quelqu’un au Royaume-Uni soutenir le Hamas et le
Hezbollah – et pas une seule personne n’a été arrêtée ou même mise en garde par la police britannique.
En soi, c’est l’indication la plus forte que les services de sécurité occidentaux sont entièrement derrière l’attaque actuelle contre la Syrie.
Pour mémoire, je pense qu’il s’agit d’une loi épouvantable, et personne ne devrait être poursuivi pour avoir exprimé une opinion, quelle qu’elle soit. Mais
l’application politiquement biaisée de cette loi est indéniable.
Lorsque l’ensemble des médias grand public et d’État de l’Occident publient un récit identique disant que les Syriens sont ravis d’avoir été libérés par HTS de
la tyrannie du régime Assad – et ne disent absolument rien de la torture et de l’exécution des chiites qui les accompagnent, ainsi que de la destruction des décorations et des icônes de Noël
– il devrait être évident pour tout le monde de savoir d’où vient cette idée.
Pourtant – et il s’agit là d’une autre répercussion intérieure britannique – un nombre très important de musulmans au Royaume-Uni soutiennent HTS et les
rebelles syriens, en raison du financement injecté dans les mosquées britanniques par des sources salafistes saoudiennes et émiraties. À cela s’ajoute l’influence des services de sécurité
britanniques, également exercée par l’intermédiaire des mosquées, à la fois par des programmes de parrainage et des « groupes de réflexion » bénéficiant à des chefs
religieux agréés, et par l’exécrable programme coercitif Prevent.
Les médias musulmans britanniques ostensiblement pro-palestiniens – comme Middle East Eye et 5 Pillars – soutiennent avec enthousiasme les alliés
syriens d’Israël qui assument la destruction de la résistance au génocide des Palestiniens. Al Jazeera alterne entre des articles détaillant
l’effroyable massacre en Palestine et des articles vantant les mérites des rebelles syriens qui ont instauré un régime allié à Israël en Syrie.
Parmi les mécanismes qu’ils emploient pour concilier ces deux points de vue, il y a le refus de reconnaître le rôle vital de la Syrie dans la fourniture d’armes
au Hezbollah par l’Iran. Un approvisionnement que les djihadistes ont désormais interrompu, à la plus grande joie d’Israël, et en conjonction avec les frappes aériennes israéliennes et
américaines.
En fin de compte, pour de nombreux musulmans sunnites, tant au Moyen-Orient qu’en Occident, il semble que la haine sectaire des chiites et l’imposition du
salafisme exercent une plus forte attraction que la prévention de la destruction finale de la nation palestinienne.
Je ne suis pas musulman. Mes amis musulmans sont presque tous sunnites. Personnellement, je considère que la division persistante à cause de la religion, depuis
plus d’un millénaire, est profondément inutile et qu’elle est la source d’une haine persistante et inutile.
Mais en tant qu’historien, je sais que les puissances coloniales occidentales ont consciemment et explicitement utilisé la division entre sunnites et chiites,
depuis des siècles, pour diviser et gouverner. Dans les années 1830, Alexander Burnes rédigeait des rapports sur la manière d’utiliser la division du Sind entre les dirigeants chiites et les
populations sunnites pour favoriser l’expansion coloniale britannique.
Le 12 mai 1838, dans sa lettre de Simla exposant sa décision de lancer la première invasion britannique de l’Afghanistan, le gouverneur général britannique Lord
Auckland prévoyait d’exploiter la division entre chiites et sunnites dans le Sind et en Afghanistan pour faciliter l’attaque militaire britannique.
Les puissances coloniales le font depuis des siècles, les communautés musulmanes continuent de s’y laisser prendre, et les Britanniques et les Américains le
font en ce moment même pour poursuivre leur remodelage du Moyen-Orient.
En termes simples, de nombreux musulmans sunnites ont subi un lavage de cerveau qui les a amenés à haïr les musulmans chiites plus qu’ils ne haïssent ceux qui
commettent actuellement un génocide contre une population très majoritairement sunnite à Gaza.
Je parle du Royaume-Uni parce que j’en ai été le témoin direct lors de la campagne électorale à Blackburn. Mais il en va de même dans l’ensemble du monde
musulman. Aucun État dirigé par des musulmans sunnites n’a levé le petit doigt pour empêcher le génocide des Palestiniens.
Leurs dirigeants utilisent le sectarisme anti-chiite pour maintenir le soutien populaire à une alliance de facto avec Israël contre les seuls groupes – Iran,
Houthi et Hezbollah – qui ont réellement tenté d’apporter aux Palestiniens un soutien pratique dans la résistance. Et contre le gouvernement syrien qui a facilité l’approvisionnement de ces
groupes.
Le marché tacite mais bien réel est le suivant. Les puissances sunnites accepteront l’anéantissement de toute la nation palestinienne et la formation du Grand Israël, en échange de l’anéantissement des communautés chiites en Syrie et au Liban par Israël et les forces soutenues par l’OTAN (y compris la
Turquie).
Il y a bien sûr des contradictions dans cette grande alliance. Les alliés kurdes des États-Unis en Irak ne seront probablement pas satisfaits de la destruction
par la Turquie des groupes kurdes en Syrie, ce qui est ce qu’Erdoğan gagne du rôle militaire très actif de la Turquie dans le renversement de la Syrie – en plus d’étendre le contrôle turc sur
les champs pétrolifères.
Le gouvernement irakien, favorable à l’Iran, aura d’autant plus de mal à accepter la poursuite de l’occupation américaine sur des pans entiers de son territoire
qu’il se rendra compte qu’il est la prochaine cible.
L’armée libanaise est sous le contrôle des États-Unis et le Hezbollah a dû être considérablement affaibli pour accepter le désastreux cessez-le-feu avec Israël.
Les milices fascistes chrétiennes traditionnellement alliées à Israël sont de plus en plus visibles dans certains quartiers de Beyrouth, même si l’on peut se demander si elles seront assez
stupides pour faire cause commune avec les djihadistes du Nord. Mais si la Syrie tombe entièrement sous la coupe des djihadistes – ce qui pourrait arriver rapidement – je n’exclus pas que le
Liban suive très vite et soit intégré dans une Grande Syrie salafiste.
Il est difficile de savoir comment les Palestiniens de Jordanie vont réagir à cette tournure désastreuse des événements. Le royaume hachémite, marionnette
britannique, est la destination désignée pour les Palestiniens de Cisjordanie nettoyés ethniquement dans le cadre du plan du Grand Israël.
Tout cela signifie potentiellement la fin du pluralisme au Levant et son remplacement par le suprémacisme. Un Grand Israël ethno-suprémaciste et une
Grande Syrie salafiste religieusement suprémaciste.
Contrairement à de nombreux lecteurs, je n’ai jamais été un partisan du régime Assad ni aveugle à ses violations des droits de l’homme. Mais ce qu’il a
indéniablement fait, c’est maintenir un État pluraliste où les traditions religieuses et communautaires historiques les plus étonnantes – y compris les sunnites (et de nombreux sunnites
soutiennent Assad), les chiites, les alaouites, les descendants des premiers chrétiens et les locuteurs de l’araméen, la langue de Jésus – ont tous été en mesure d’y coexister.
Il en va de même pour le Liban.
Ce à quoi nous assistons, c’est à sa destruction et à l’imposition d’un régime de type saoudien. Toutes les petites choses culturelles qui indiquaient
le pluralisme – des arbres de Noël aux cours de langues, en passant par la viticulture et les femmes non voilées – viennent d’être détruites à Alep et pourraient l’être de Damas à
Beyrouth.
Je ne prétends pas qu’il n’y a pas de véritables démocrates libéraux dans l’opposition à Assad. Mais leur importance militaire est négligeable, et l’idée qu’ils
seraient influents au sein d’un nouveau gouvernement est illusoire.
En Israël, qui prétendait être un État pluraliste, le masque est tombé. L’appel musulman à la prière vient d’être interdit. Des membres de la minorité arabe de
la Knesset ont été suspendus pour avoir critiqué Netanyahou et un génocide est en cours. Chaque jour, de nouveaux murs sont construits, non seulement dans les territoires illégalement
occupés, mais aussi dans l’« État
d’Israël » lui-même, afin de mettre en œuvre l’apartheid.
J’avoue avoir eu un jour l’impression que le Hezbollah était lui-même une organisation religieuse suprématiste ; la tenue et le style de ses dirigeants semblent
théocratiques. Puis je suis venu ici et j’ai visité des endroits comme Tyr, dont le gouvernement local est élu par le Hezbollah depuis des décennies, et j’ai constaté que les maillots de bain
et l’alcool sont autorisés sur la plage et que le voile est facultatif. De plus, il existe des communautés chrétiennes qui ne sont absolument pas inquiétées.
Je n’irai jamais à Gaza, mais je me demande si je n’aurais pas été surpris de la même manière par le gouvernement du Hamas.
Ce sont les États-Unis qui promeuvent la cause de l’extrémisme religieux et de la fin, dans tout le Moyen-Orient, d’un
pluralisme sociétal similaire aux normes occidentales. Il s’agit bien entendu d’une conséquence directe du fait que les États-Unis sont alliés aux deux centres de suprématie
religieuse que sont Israël et l’Arabie saoudite.
Ce sont les États-Unis qui détruisent le pluralisme, et c’est l’Iran et ses alliés qui le défendent. Je
n’aurais pas vu cela aussi clairement si je n’étais pas venu ici. Mais une fois qu’on l’a vu, c’est d’une évidence aveuglante.
Craig Murray –
Beyrouth, le 6 décembre 2024
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Moyen-Orient : Un nouvel ordre régional émergera-t-il de Bagdad ?
Pour rappel, le
28 juin dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan déclarait son souhait de renouveler ses rencontres amicales avec le président Bachar al-Assad comme par le passé,
en dépit du fait que, dès 2011, il a été le fer de lance de la destruction de la Syrie et le complice extrêmement efficace de la coalition otano-arabo-sioniste.1
Depuis, le président turc a tenté de mâter ceux qui se sont violemment opposés à son désir d’ouverture sur la Syrie de quelques bords qu’ils soient,
déplacés syriens égarés ou terroristes et mercenaires armés dans le nord de la Syrie, tout comme il a tenté de calmer les comportements racistes qui ont explosé contre les réfugiés
syriens en Turquie.
Le 7
juillet, il a renouvelé son souhait d’une rencontre avec le président syrien à bord de l’avion qui le ramenait de Berlin où il a assisté au match perdu de son équipe nationale
à l’Euro-2024 de football. D’après Al-Mayadeen2,
l’essentiel de ce deuxième message se résume à dire qu’il était prêt «à tout moment à
inviter son voisin Bachar al-Assad à Ankara», en arguant que le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre irakien Mouhammad al-Soudani œuvraient pour cette
rencontre «en Turquie».
Il a ajouté : «Dès que Bachar
al-Assad fera un pas vers de meilleures relations avec la Turquie, nous initierons une réponse appropriée… Israël doit abandonner ses intentions de semer les conflits dans la région
et les États occidentaux, notamment les États-Unis, doivent cesser de soutenir Israël à cet effet».
Le 8
juillet, le quotidien syrien Al-Watan titrait :
«Arrivée à Idleb
du cadavre de l’un des mercenaires syriens d’Ankara en provenance du Niger»3.
550 mercenaires syriens dupés, puisés par Erdogan au sein des milices armées à sa solde [qu’il a eu le toupet de nommer «armée nationale syrienne»], puis expédiés depuis avril 2024 en
deux lots successifs au Niger pour combattre dans ses propres intérêts, comme tant d’autres expédiés auparavant en Libye et en Azerbaïdjan.
Dans ces conditions, il est difficile de ne pas comprendre le silence des autorités syriennes ; le président syrien, conscient du rôle premier de
la géographie de son pays, ayant déclaré une fois pour toutes son ouverture à toutes les initiatives liées aux relations entre la Syrie et la Turquie, mais que «la condition
fondamentale de tout dialogue syro-turc est la déclaration par Ankara de sa volonté de se retirer de tout le territoire syrien et de mettre fin à ses activités
terroristes».
Mais, comme chacun le sait, pour Erdogan, les seuls «terroristes» sont les Kurdes du PKK, et le 11 juillet, l’agence de presse du gouvernement
turc, Anadolu, nous
a appris que Erdogan attendait des alliés de l’OTAN une approche non discriminatoire dans la lutte contre le terrorisme4 ;
et TRT Afrika,
filiale du principal radiodiffuseur de service public en Turquie, nous a appris aussi que le sommet de l’OTAN 2024, tenu à Washington du 9 au 11 juillet, répond aux préoccupations de
la Turquie !?5
Le 12
juillet, c’est une fois de plus à bord de l’avion de retour du sommet de l’OTAN 2024 qu’Erdogan a déclaré : «Nous voulons la
paix en Syrie et nous attendons de tous ceux qui sont du côté de la paix qu’ils soutiennent cet appel historique… Une paix juste profitera surtout à la Turquie… Le ministre turc des
Affaires étrangères discute actuellement avec les parties concernées pour l’établissement d’une feuille de route…».6
Mais dans la
soirée du 12 juillet, le ministre irakien des Affaires étrangères Fouad Hussein avait déjà annoncé, à partir de Washington, qu’un accord de principe avait été conclu avec la
Syrie et la Turquie pour la tenue d’une réunion des responsables des deux pays dans la capitale irakienne, Bagdad. Une réunion dont la date sera fixée après son retour en
Irak.7
Bagdad qui
serait l’endroit idéal pour une réunion au sommet entre la Turquie et la Syrie au cas où les rencontres préliminaires des responsables des deux pays lèveraient les doutes des Syriens,
comme l’a espéré M. Nabih
al-Bourgi dans son éditorial du 9 juillet8 que
nous traduisons ci-dessous :
«Si le sommet entre Bachar al-Assad et Recep Tayyip Erdogan se tient à Bagdad, ce serait l’endroit idéal, étant donné que la Syrie et l’Irak sont les
deux seuls pays arabes limitrophes de la Turquie, laquelle souffre du problème kurde aussi bien à l’intérieur qu’au-delà de ces deux frontières. Une région où les fleuves ont divisé
ou rassemblé au fil du temps.
Le choix de Bagdad pourrait paraître étrange vu que cette capitale des Abbasides a souvent été en conflit, parfois sanglant, avec la capitale des
Omeyyades, Damas, même lorsqu’elles se sont réunies sous la bannière d’un seul parti : le «Parti Baas».
Un conflit politique ou historique qui s’est transformé en un conflit idéologique dont la dimension philosophique fut problématique, au point que la
relation entre Damas et Bagdad a pu être comparée à la relation entre Moscou et Pékin sous la bannière communiste. Du reste, John Foster Dulles, lequel a lancé en 1957 la «doctrine
Eisenhower» consistant à éviter le développement du communisme au Moyen-Orient, a appelé à l’établissement d’un «mur d’enfer» entre la Syrie et l’Irak.
Or, lors du Congrès de Vienne (1815) visant à reformuler les relations et les cartes européennes après l’ère bonapartiste, le chancelier autrichien
Clément Metternich avait déclaré : «Fermez bien les
fenêtres pour que les hurlements de l’Histoire ne nous parviennent pas». En l’occurrence, l’Histoire de notre région est pesante et exténuante, ce qui ne nous fait pas avancer,
mais nous fait plutôt reculer. Et l’idéologie remplace le langage des concessions par le langage des cavernes, ce qui résume la calamité dont nous souffrons : l’inconscience de
l’invisible.
En effet, nous savons tous que le président turc a pensé pouvoir exploiter les conflits géopolitiques et même les conflits tribaux pour relancer le
sultanat, mais qu’il lui a bêtement échappé que l’Occident et l’Orient s’opposeraient à ce sultanat qui a maintenu les Arabes dans le réfrigérateur (ou l’obscurantisme ; Ndt)
pendant quatre siècles environ.
Nous savons aussi que le président turc qui parlait du président syrien comme d’un «cher frère»
a noyé toute la Syrie dans le sang, si bien que la poignée de main entre les deux présidents promet d’être un moment passionnant.
Aujourd’hui, la Turquie est en déclin économique et l’homme qui dirige la «Sublime
Porte» pourrait en être la victime puisque les États-Unis peuvent la pousser encore plus bas, s’ils le souhaitent. Ce qui risque de se produire si le président Erdogan concrétise
sa rencontre avec le président Al-Assad. Mais les Turcs ne disent-ils pas que ceux qui ont sauvé Erdogan du «coup d’État américain», en 2016, ce sont les Iraniens et les Russes, et
que ce sont eux qui tenteront de le protéger si les Américains tentent de l’évincer, surtout depuis le déclin dramatique de la popularité de son Parti de la justice et du
développement (AKP) ? Un déclin qui s’est clairement manifesté lors des dernières élections législatives en Turquie.
Il est indubitable que Erdogan reste ce personnage suscitant nombre d’interrogations. Qui sait où cet homme met les pieds, et même où il met la tête ?
Il est tantôt à la porte de la Maison-Blanche, tantôt à la porte du Kremlin. Il danse parfois au niveau du goulot, parfois au niveau du fond de la bouteille. Comment Assad pourrait-il
lui faire confiance avant qu’il ne s’engage à retirer son armée du territoire syrien, tout en se préparant à s’entendre sur une formule contractuelle garantissant la sécurité des deux
pays de manière parallèle et équilibrée ?
Quoi qu’il en soit, il n’est plus question que les griffes ottomanes continuent à attaquer la Syrie blessée et soumise au siège le plus dur de
l’Histoire, afin de forcer Bachar al-Assad à transformer Damas en banlieue de Jérusalem. Ce que Al-Assad père a rejeté, Al-Assad fils ne peut l’accepter. Tous deux incarnent l’âme
syrienne, sa fierté nationale et patriote.
Et maintenant, les intérêts syriens et turcs se rejoignent plus que jamais. Les États-Unis d’Amérique vivent une crise interne et une crise externe. Et
Israël, l’État fou, est devenu un État aveugle.
Au début de la crise syrienne, Vladimir Poutine avait déclaré : «De Damas naîtra
le nouvel ordre international». Un nouvel ordre régional émergera-t-il de Bagdad en relations étroites avec l’Iran et l’Arabie saoudite ?».
Hier, 3 soldats
américains ont été tués et 34 blessés lors d’une attaque qui a touché un lieu connu sous le nom de Tour 22. Cet endroit fait partie de la zone d’Al Tanf où les troupes américaines occupent
illégalement des parties de la Syrie pour contrôler le trafic sur la route principale entre l’Irak et la Syrie.
Les informations
disponibles jusqu’à présent ne répondent pas aux nombreuses questions qui se posent.
La tour 22 se trouve du côté jordanien de la frontière, mais la Jordanie insiste sur le fait qu’aucune attaque n’a eu lieu sur son territoire.
Une autre anomalie est le nombre élevé de blessés à la suite de l’attaque présumée d’un drone. Les drones sont utilisés en masse dans la guerre en Ukraine, mais
les pertes qu’ils causent sont généralement inférieures à une poignée par drone.
Les systèmes de défense aérienne à courte et moyenne portée (C-RAM, l’équivalent des canons Phalanx de la marine) hautement automatisés de la base devraient
être en mesure d’abattre n’importe quel drone. Pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné ?
Les États-Unis ont également utilisé la base d’Al Tanf et le camp de Rukban pour héberger et former des groupes dissidents d’ISIS afin qu’ils soient en mesure
d’attaquer les ennemis présumés des États-Unis. Ces personnes étaient-elles dans les parages ?
Les États-Unis affirment qu’un groupe de résistance irakien, prétendument soutenu par l’Iran, est responsable de l’attaque. Il existe plusieurs groupes de ce
type alliés à l’Iran en Syrie et en Irak. Lequel d’entre eux a fait cela ? Les États-Unis le savent-ils ?
Il s’agit certainement d’une escalade par rapport aux attaques précédentes. Le président Biden a déclaré qu’il y répondrait.
La question est alors de savoir où réagir (Syrie, Irak, Iran) et à quel niveau. Il est très probable que les États-Unis procèdent à une escalade à partir de
leurs précédents bombardements de tel ou tel groupe de résistance irakien. Si les États-Unis attaquent des institutions ou des positions liées à l’État, la situation s’aggravera
encore.
Le camp de la résistance s’efforcera alors d’endommager davantage de biens américains. Depuis l’assassinat du général Quassam Suleimani par les États-Unis,
l’objectif global est d’éliminer les États-Unis du Moyen-Orient.
La réponse immédiate des États-Unis à la frappe a été l’activation d’avions-citernes à long rayon d’action :
Au moins 6 avions-citernes KC-135 de l’armée de l’air américaine, la plupart provenant de la base aérienne de March en Californie du Sud, se dirigent vers
le nord-est des États-Unis et se préparent à traverser l’Atlantique en direction du Royaume-Uni et de l’Europe. Je me demande quel type d’avion ils vont ravitailler ?
Les ravitailleurs aériens sont utilisés pour maintenir les avions de combat en vol pendant plusieurs heures. Les raisons de maintenir les avions en vol ne sont
pas nécessairement d’attaquer quelqu’un, mais d’empêcher qu’ils ne soient détruits par une attaque sur leurs propres aéroports.
Les États-Unis disposent de nombreuses bases au Moyen-Orient qui abritent un grand nombre de jets coûteux.
Si les
États-Unis soupçonnent que ces bases seront attaquées, ils auront besoin d’une grande capacité de ravitaillement en vol pour sauver les avions à réaction qui y sont actuellement
stationnés.
On pourrait en conclure que les États-Unis vont attaquer une cible si importante qu’ils doivent se préparer à une riposte totale contre leurs propres bases au
Moyen-Orient.
Il existe plusieurs autres possibilités, mais cette conclusion semble être la plus probable.
Prenons maintenant un peu de recul pour examiner la situation dans son ensemble.
L’escalade actuelle au Moyen-Orient est due à la tentative sioniste de nettoyage ethnique à Gaza, en Cisjordanie et au Sud-Liban. Le soutien actif des
États-Unis à cet objectif a conduit à de nouvelles guerres américaines au Yémen, en Irak et maintenant en Syrie. Bien que les États-Unis aient affirmé qu’ils ne veulent pas d’une guerre
totale au Moyen-Orient, ils font tout pour la favoriser.
La décision dystopique des États-Unis et de leurs vassaux européens de refuser tout soutien à l’UNRWA en réponse à la décision de la Cour internationale de justice contre le génocide des Palestiniens par Israël constitue une nouvelle escalade. On savait depuis des semaines qu’une douzaine ou moins des 30 000 employés de l’UNRWA étaient probablement impliqués dans les événements du 7 octobre. Le fait d’annoncer cela juste
après la décision de la CIJ est un acte de vengeance évident contre l’ensemble du système des Nations unies.
Il s’agit d’un ordre fondé sur des règles, dans lequel les États-Unis établissent et rejettent toutes les règles à leur guise, en luttant même contre le droit
international et humanitaire établi de longue date.
Francis Boyle déclare qu’avec l’arrêt du financement de l’UNRWA par les États (y compris les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni), il ne s’agit
plus pour ces États d’aider et d’encourager le génocide israélien contre les Palestiniens, en violation de l’article 3(e) de la Convention sur le génocide qui criminalise la “complicité” dans le génocide. Ces
États violent aussi directement l’article 2(c) de la Convention sur le génocide : ‘Soumettre délibérément le groupe à des
conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle…‘”.
La CIJ est la plus haute cour indépendante dont dispose l’humanité. Les États-Unis et leurs mandataires ont décidé de lutter contre le droit international
communément admis.
Il s’agit de l’ordre fondé sur des règles contre tous ceux qui le refusent. C’est le passé unilatéral qui s’oppose à un avenir multilatéral en création. Une
période dangereuse.
Comme le dit Antonio Gramsci, cité par Arnaud Bertrand :
L’ancien monde se meurt, le nouveau monde se bat pour naitre. C’est le temps des monstres.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Youssef Hindi : «La menace islamiste fut forgée par les Anglo-Américains»
Youssef Hindi retrace l’histoire du wahabisme saoudien, considéré comme une hérésie par l’islam, et surtout l’histoire de sa rencontre avec les intérêts Anglo-Américains. Comment ceux
qui sont aujourd’hui considérés comme des terroristes sont-ils devenus les outils d’une vision occidentale qui a amalgamé le «réformisme musulman» et un courant extrémiste de l’islam
?
Les origines de cette relation géostratégique entre l’Arabie saoudite et les États-Unis se trouvent dans les efforts britanniques de renverser l’Empire ottoman, où les services
secrets britanniques, notamment avec Lawrence d’Arabie, ont travaillé pour mobiliser les Arabes contre les Ottomans. Cela a conduit à l’alliance Saoudo-wahhabite au XVIIIe siècle,
favorisée par les Britanniques.
L’arrivée des Américains dans les années 1940 consolide cette alliance, cristallisant le pacte de Quincy en 1945 entre Roosevelt et Ibn Saoud. Cette union était axée sur la sécurité
du Royaume en échange du pétrole, fondant ainsi le pétrodollar et solidifiant le contrôle américain sur ces ressources.
Par M.K. Bhadrakumar – Le 28 novembre 2023 – Source Indian Punchline
Tout le monde espérait qu’Israël abandonnerait la voie de la
répression, de la colonisation et de l’apartheid en tant que politique d’État et accepterait plutôt un règlement négocié du problème palestinien sous la pression de son protecteur, mentor,
guide et gardien – les États-Unis. Mais cela s’est avéré illusoire et cela tourne à une liste d’espoirs déçus et d’hypocrisie. La grande question aujourd’hui est de savoir si un changement de
paradigme est possible. C’est également le dilemme auquel est confronté le président américain Joe Biden, à 80 ans.
L’histoire montre que
si les événements catastrophiques ont une myriade d’effets négatifs, des effets positifs sont également possibles, surtout à long terme. La réconciliation franco-allemande après les deux
guerres mondiales est peut-être le plus bel exemple de l’histoire moderne, et elle a semé les graines du projet d’intégration européenne. L’effondrement de l’Union soviétique a certainement
donné un élan au rapprochement sino-russe, qui s’est transformé en un partenariat “sans limite“.
Toutefois, pour que de tels miracles se produisent, il faut un leadership visionnaire. Jean Monnet et Konrad Adenauer étaient en effet des visionnaires
politiques – et, d’une manière différente, les deux pragmatiques consommés Boris Eltsine et Jiang Zemin l’étaient également.
Biden et Benjamin Netanyahu pourraient-ils appartenir à ce panthéon ? Lorsque Biden a rencontré Netanyahou et son cabinet de guerre à Tel Aviv le 18 octobre, il
les a rassurés : “Je ne crois pas qu’il faille être
juif pour être sioniste, et je suis sioniste“. C’est là que réside le paradoxe. En effet, comment peut-on être à la fois catholique irlandais et sioniste ? Le Sinn Féin, qui est en
passe d’arriver en tête des prochaines élections en Irlande, soutient la cause Palestinienne et condamne Israël. Bien sûr, cela n’est pas surprenant.
Biden est déchiré entre des croyances contradictoires. Il est évident que lorsque Biden parle d’une solution à deux États, il devient difficile de le croire.
Quant à Netanyahou, il n’éprouve même pas le besoin de faire semblant d’en parler après avoir systématiquement enterré l’accord d’Oslo et s’être engagé sur la voie d’une théocratie juive dans
ce qui était autrefois l’État d’Israël. Qu’on ne s’y trompe pas, le Grand Israël est là pour rester et l’opinion mondiale le considère comme un État d’apartheid.
On croit à tort que Biden subit la pression de l’opinion américaine sur le conflit à Gaza. Mais le fait est que le soutien à Israël a toujours été plutôt mince
en Amérique et que, sans le lobby israélien, cela serait devenu évident depuis longtemps. Curieusement, environ un tiers des Juifs américains, en particulier les jeunes, ne se soucient même
pas du lobby israélien.
Cela dit, il est également vrai que les Américains ont généralement une opinion favorable d’Israël. Ce qui leur pose problème, c’est la politique agressive
d’Israël, et ce malgré l’absence de tout débat ouvert dans les médias ou les universités américaines sur la répression des Palestiniens par l’État ou la colonisation de la Cisjordanie.
Un moment décisif s’est produit lorsque Netanyahou a raillé et humilié le président Barack Obama à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, en s’associant
au Congrès contre la présidence dans une tentative audacieuse de faire dérailler les négociations avec Téhéran.
Ces dernières années, l’image d’Israël a été ternie dans l’opinion libérale à la suite de l’ascension des forces de droite et des relents d’attitudes racistes,
y compris chez les jeunes Israéliens. En effet, Israël est un pays de moins en moins libéral, même à l’égard de ses propres citoyens. En raison de ces facteurs, les Américains n’ont plus une
vision idéalisée d’Israël comme d’un pays moralement intègre luttant pour son existence.
Entre-temps, le soutien à Israël s’est nettement érodé au sein du Parti Démocrate. Il convient toutefois de relativiser cette évolution, car on observe une
augmentation du soutien à Israël chez les Républicains. Ainsi, bien que le “consensus bilatéral” sur Israël se dissipe, paradoxalement,
le lobby israélien conserve son influence.
En effet, le lobby israélien n’a jamais prêté beaucoup d’attention aux Américains de base, mais s’est plutôt concentré sur les représentants du pouvoir et s’est
efforcé de consolider leur soutien. Il faut donc comprendre que ce que Biden ne peut pas ne pas prendre en compte, c’est que les élites de l’establishment du Parti Démocrate restent
profondément attachées aux relations avec Israël, même si le soutien du parti aux politiques israéliennes a peut-être diminué et que l’opinion américaine trouve révoltante la bestialité de la
conduite israélienne à Gaza.
Les élites craignent que le Lobby ne les prenne pour cible s’il y a le moindre signe de fléchissement dans leur soutien à Israël. En d’autres termes, les élites
politiques ne placent pas les intérêts nationaux américains au-dessus de leurs intérêts personnels ou professionnels. Ainsi, le lobby israélien gagne toujours sur la question palestinienne et
sur l’obtention d’un soutien financier généreux pour Israël, sans conditions. Il ne faut pas se leurrer : le lobby est prêt à tout pour arriver à ses fins lorsque le moment est venu, comme
aujourd’hui.
Biden n’est guère en mesure de déplaire ou de contrarier le lobby israélien en ce jour de décompte. Alors, pourquoi fait-il de grandes promesses au président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi, selon lesquelles “en aucun cas les États-Unis ne permettront le déplacement forcé
des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie, ni le siège de Gaza, ni le redécoupage des frontières de Gaza” ?
La réponse est simple : il s’agit de faits accomplis qui ont été imposés aux États-Unis et à Israël par les États arabes à un moment ou il donne de l’importante
à la sécurité collective de la région, aucun d’entre eux n’étant disposé à légitimer le génocide d’Israël ou son plan de nettoyage ethnique. Même la petite Jordanie a osé dire “non” à Biden ?
Biden fait des promesses creuses. En réalité, ce qui compte, c’est que le lobby israélien fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger le Grand Israël qui
est en train de prendre forme. Une fois de plus, il ne coûte rien à Biden d’affirmer son soutien à une solution à deux États. Il sait qu’il faudra des lustres avant qu’une telle vision ne
prenne vie, si tant est qu’elle prenne vie et, si l’on se fie à l’expérience de l’Afrique du Sud, le chemin sera semé d’embûches et de bains de sang.
Plus important encore, Biden sait qu’Israël n’acceptera pas une solution à deux États, comme le prévoit l’initiative arabe élaborée par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui est une matrice finement équilibrée d’intérêts mutuels dans une perspective historique et à long
terme. Dans un discours historique prononcé devant la Ligue arabe le jour de l’adoption de l’initiative en 2002, le prince héritier Abdallah avait déclaré avec une grande prescience :
“En dépit de tout ce qui s’est passé et de ce qui peut
encore se passer, la question primordiale dans le cœur et l’esprit de chaque personne de notre nation arabo-islamique est la restauration des droits légitimes en Palestine, en Syrie et au
Liban“.
Il est fort probable qu’Israël se retranchera derrière son lobby aux États-Unis et préférera être un paria dans la communauté mondiale, plutôt qu’une solution à
deux États qui exige l’abandon de l’État sioniste construit autour du Grand Israël. Le seul moyen de changer la donne serait que Biden soit disposé à faire en sorte que les États-Unis
imposent leur volonté à Israël – par des moyens coercitifs, si nécessaire.
Mais pour cela, il faut avoir le courage de ses convictions et avoir un ingrédient rare en politique : la compassion. Le demi-siècle de vie publique de Biden,
qui a été couronné de succès, a été presque entièrement consacré à la realpolitik et on y trouve aucune trace de conviction ou de compassion. Un héritage ne peut être construit sur des
considérations éphémères et sur l’opportunisme.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Au moment où les États-Unis ont renoncé, sous la pression diplomatique et sous l’impression de quelques incursions militaires très pénibles au sol à Gaza – y compris de leurs commandos en soutien aux
Israéliens – à patronner une expulsion des Gazaouis vers l’Égypte, la situation géopolitique au Proche-Orient apparaît dans une impasse. Alexandre N. nous propose de comprendre ce qui se
passe sous forme d’un petit traité de géopolitique. Aujourd’hui, première partie, sur les ressorts profonds de la guerre de Gaza – la 17è guerre israélo-palestinienne.
« Morituri te salutant … ». En agissant tel qu’elles le font, les deux puissances militaires occidentale USA et Israël – soumettent le monde à un véritable crash test de leurs
dominations respectives – et tout particulièrement le monde musulman – mais elles aussi par effet retour. Et pourtant rien ou presque ne bouge vraiment. C’est dramatique à constater mais la
population gazaouie sera bien sacrifiée sauf surprise.
Cependant, cette guerre, dont l’objectif est apparemment l’élimination / expulsion de quelques 2,3 millions d’individus concentrés sur à peu près 365 km² totalement
verrouillés et assiégés, ne sera ni « fraîche », ni « courte », ni « joyeuse » comme le crurent les imbéciles pour celle de 1914. Et les imbéciles d’aujourd’hui sont
peut-être bien ceux qui l’approuvent trop ostensiblement car comme vient de le dire Recep Erdogan (au demeurant très ambigu dans cette affaire) : « Chaque
pays a le droit de se défendre, mais où est la justice ? »
La première victime d’une guerre, c’est “le plan”
« It’s great, of course, to fight against an enemy whose most dangerous weapon is an ATGM (2) and a mortar » – “C’est
génial, bien sûr, d’affronter un ennemi dont les armes les plus dangereuses sont un missile guidé anti-char et un mortier”. La débauche de moyens militaires de destruction pour réaliser cet
objectif ne laisse a
priori aucun doute … tout au moins sur les papiers d’état-major ou dans certaines têtes.
Mais rien que l’arithmétique macabre en montre déjà les limites : environ 8000 victimes après 3 semaines de bombardement aussi intensifs, montre aussi qu’à un
tel rythme il faudrait des années pour atteindre le premier terme de l’objectif : inconcevable. Le plan était donc en fait de concentrer au plus vite un maximum de population dans la partie
Sud de Gaza puis d’en négocier mécaniquement l’évacuation vers le Sinaï ou ailleurs, moyennant la discrète collaboration de quelques pays musulmans, en appelant ça bien sûr une « opération
humanitaire sécurisée » ».
Une fois encore « les imbéciles » et d’autres ne verront là que du réalisme. Mais depuis quand ceux qui veulent la guerre seraient des réalistes, surtout
si eux-même ne la font pas ? Le premier couac n’a d’ailleurs pas tardé : L’Égypte, qu’on avait omis de prévenir, s’oppose et elle n’est pas la seule loin s’en faut. Comme on ne
cessera de le répéter, le premier mort de la guerre c’est bien le plan, ce qui manifestement a du mal à rentrer dans le crane de certains. On objectera alors qu’il y a eu surprise et qu’il
ne pouvait y avoir que précipitation à cause de la nécessaire réaction.
Faux : cette guerre ne fut pas une « surprise » sauf fabriquée, et elle était même programmée depuis longtemps. Mais tel n’est pas ici l’objet.
Un facteur aggravant de l’impasse qui se prépare est cette illusion des Américains de croire qu’ils pourront gagner la guerre ( presque uniquement ) par l’opinion (manipulée ). Ils n’ont toujours
pas compris que depuis une certaine opération appelée « covid » puis une autre appelée Ukraine, ils avaient perdu – définitivement – cette guerre de l’opinion qui existe bien. La carte
infra pourtant d’origine US, le montre déjà où on voit que les pays qui ne condamnent pas le Hamas représente en effet les 7 huitièmes de la population planétaire, de même qu’elle recouvre
« étrangement » l’antagonisme directe entre les tenant du monde américains dit « avec des règles » et ceux qui soutiennent celui fondé sur le droit international.
Comme il n’est pas question ici de jouer l’haruspicine (cet art divinatoire antique consistant à lire dans les entrailles d’un animal sacrifié avant ou après la
bataille), simplement va-t-on passer cette nouvelle guerre israélo-palestinienne au tamis de la géopolitique et de son corolaire la guerre.
La géopolitique – Définition
La géopolitique désigne cet affrontement permanent entre les groupes humains – homogènes et organisés ainsi que selon leur positionnement géographique -, pour
l’accès aux ressources par eux jugées vitales mais très aléatoirement réparties. Ce qui fait alors « l’humanité » de cette affrontement par rapport à « l’animalité », c’est
qu’il n’est pas vraiment guidé par la résilience mais bien par la cupidité. Il résulte du phénomène géopolitique l’instauration d’une série d’équilibres évolutifs plus ou moins stables, et de
type fractal en ce qu’il engerbe de manière interagissante les niveaux local, régional et global.
La guerre s’inscrit alors très naturellement dans cette géopolitique en tant qu’acte volontaire d’un ( ou plusieurs) acteur(s) pour modifier brutalement l’un de ces
équilibres. Mais il est alors bien entendu que cette démarche humaine n’a aucun but explicitement géopolitique mais que celle-ci n’est qu’un moyen d’atteindre des buts spécifiques.
On comprend alors immédiatement que, selon le principe immuable d’action/réaction, tout déséquilibre brutal d’ordre géopolitique nécessairement engendre alors et
quel qu’en soit le terme, un contre-déséquilibre parfaitement antagoniste et visant à revenir à l’équilibre antérieur. Et c’est très précisément ce redoutable aspect géopolitique qui
n’est jamais pris
en compte dans les plans de guerre.
C’est donc au travers de leur guerres qu’il faut définir les géopolitiques d’Israël et des États-Unis en ajoutant cependant l’aspect le plus important.
Fondamentalement l’histoire de la guerre dit que celui qui veut changer par ce moyen des paramètre géopolitique doit pour cela obtenir la victoire stratégique étant entendu que la victoire
militaire n’en est absolument pas garante. Les Français estiment avoir gagner militairement la guerre d’Algérie, ce qui techniquement n’est pas faux, mais ils n’en on pas obtenu la victoire
stratégique.
La victoire stratégique revient à celui ( ceux ) à qui l’histoire donne raison en dernier ressort, mais pour la durée d’une constante de temps stratégique au moins.
C’est ce que Churchill traduisait à sa manière par le fait qu’on peut perdre toutes les batailles sauf la dernière. Cette même histoire dit enfin que les guerres qui tendent à se répéter sur une
même thème traduisent nécessairement une sorte d’obsession géopolitique.
Les guerres d’Israël
L a création d’Israël procède d’une faute originelle, au sens géopolitique, par le brutal déséquilibre qu’elle induit. Brutalement en effet, les Juifs se voient
octroyer un État par un vote de l’ONU en 1947 sur la base d’une partition
de la Palestine – alors sous « mandat » britannique – où 62 % de la terre est attribuée au nouvel État juif, mais sur lesquels les Palestiniens étaient deux fois plus nombreux que les
Juifs. La première guerre d’Israël, déclenchée immédiatement après sa création, a tenté de corriger l’erreur par l’épuration ethnique de 700 000 des 900 000 Palestiniens alors présents sur son
territoire. Toutes les guerres qui suivront – et celle d’aujourd’hui n’est que la 17ème – et quelles que soient leurs formes, ne s’expliquent pas autrement que par cette logique
implacable. Toutes ont débouché sur des victoires d’apparence dont aucune stratégique.
Simplement démontrent-elle l’obsession
géopolitique qu’a eu Israël d’un État ethniquement homogène, ce dont d’ailleurs les extrémistes de son actuel gouvernement se revendiquent. On doit aussi pour le comprendre, évaluer la
menace telle que perçue par Israël et dont l’un des aspects qui n’est pas le moindre est que les 2,3 millions de Gazaouis ne sont qu’une partie des descendants des 200 000 palestiniens résiduels
de 1947.
Pas plus que les précédentes cette 17ème guerre ne parviendra à la réaliser cet État homogène, tout au plus s’en rapprochera-t-il au mieux. Moyennant quoi, les guerres suivantes porteront alors
sur la Cisjordanie et la destruction d’Al Aqsa, elle-même supposée constituer l’humiliation ultime pour un monde musulman qu’Israël évalue dans sa menace comme regroupant 2 milliard d’individus.
On comprend alors que, comme disent les Anglais : « le
diable ne peut que se cacher dans les détails ».
La confusion progressive des intérêts américains et israéliens
Jusqu’à la guerre du Kippour exclue (1973), Israël n’a pas bénéficié du soutien américain. Or c’est précisément cette guerre qui détruit le mythe d’invincibilité
militaire d’Israël crée par la précédente guerre dite « des 6 jours » (1967 ). C’est pourquoi ce soutien américain devient soudainement indispensable, mais ne pouvant s’exercer alors
que sous la forme arbitrale inhérente au duopole géopolitique des deux super-puissance d’alors, USA-URSS.
Mais cette forme arbitrale a disparu elle dès que l’URSS implose, pour ce transformer alors en un appui militaire, économique et diplomatique plus direct, et
jusqu’à l’engagement total des forces américaines d’aujourd’hui. Ceci constitue déjà en soi une rupture et potentiellement une erreur géopolitique.
Cette évolution n’est elle même que la conséquence inéluctable d’une évolution interne à la société américaine, marquée par la montée du phénomène de double
allégeance États-Unis/Israël.
La double allégeance signifie géostratégiquement une convergence totale entre les intérêts vitaux et/ou stratégiques respectifs. Or, à l’aune – toujours – de
l’histoire de la guerre, une telle convergence, purement théorique à la base, se révèle toujours politiquement intenable et débouche nécessairement sur l’asservissement de l’intérêt des uns à
l’intérêts des autres. C’est ce que Talleyrand à sa manière traduisait par : « Il
n’y a pas d’ennemis ou d’amis permanents, il n’y a que des intérêts permanents ».
Cette double allégeance produit donc une combinaison désormais inextricable entre les guerres d’Israël et celles des États-Unis, avec une forte probabilité de
transformer la rupture géopolitique initiale en une erreur du même type. Ce qui pourrait alors se concrétiser de deux manières : des crises politique internes d’une part, et de l’autre la la
dégénérescence de deux guerres combinées – l’une locale (Israël), et l’autre régionale (USA) – en une guerre globale. Et nul ne peut alors contester qu’on y est
presque !
La tactique stratégique de la Russie frappe les États-Unis et Israël grâce aux capacités hypersoniques de l’Iran
Dans une tournure imprévisible des événements, la Russie a asséné un coup calculé aux États-Unis et à Israël en armant l’Iran de missiles hypersoniques
avancés, faisant de ce pays un instrument de choix. Les implications de cette manœuvre stratégique sont considérables et pourraient modifier l’équilibre des forces dans la région instable
du Moyen-Orient.
Le conflit entre les États-Unis et la Russie s’est progressivement transformé en une guerre par procuration. Les USA ont d’abord rallié les pays occidentaux
à leur cause. En rejoignant cette alliance occidentale, Israël s’est aligné étroitement sur le Commandement central américain (CENTCOM), chargé de protéger les intérêts américains dans la
vaste région qui s’étend de la Corne de l’Afrique à l’Asie centrale. Les dirigeants de Tel-Aviv ont ouvertement condamné les actions de la Russie et ont activement soutenu l’Ukraine en
lui fournissant du matériel d’écoute et des renseignements de sécurité pour tuer des soldats russes. Cet effort conjoint qui rassemble cinquante pays a été coordonné à la base américaine
de Ramstein, en Allemagne. Dans ce contexte, la Russie, qui travaille avec diligence mais en toute discrétion, a porté un coup terrible aux États-Unis et à Israël en fournissant à l’Iran
une technologie de missiles hypersoniques de pointe, une capacité que seuls quelques pays possèdent dans le monde.
L’annonce par l’Iran de la mise au point du Al-Fatah, un missile balistique hypersonique d’une portée de 1400 kilomètres, marque une étape importante. Avec
une vitesse de Mach 13-15, soit environ 15 000 kilomètres par heure, le Al-Fatah peut changer de vitesse en plein vol, ce qui rend son interception pratiquement impossible. Cet
exploit place l’Iran dans un groupe exclusif de pays qui possèdent cette technologie de pointe, y compris la Russie, la Chine et la Corée du Nord, ce que n’avaient pas vu venir de
nombreux pays européens.
Pendant des années, la Russie a maintenu un équilibre précaire au Moyen-Orient, s’abstenant d’armer l’Iran avec des missiles avancés pour éviter de
provoquer les États-Unis et Israël. Mais cette réticence a changé au milieu de 2022, peu après le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Occident en Ukraine. À ce moment-là, un
accord historique de coopération en matière de défense entre l’Iran et Moscou a ouvert la voie au transfert de milliers de drones iraniens à Moscou (un accord dont j’ai été le premier à
parler) et à l’appui à la construction d’une usine de drones en Russie. La décision du Kremlin de se tourner vers l’Iran s’explique par le fait qu’il s’est rendu compte qu’il se battait
seul. L’Iran était le seul pays à apporter un soutien militaire sans faille et à ne pas craindre les sanctions américaines et occidentales. L’Iran a montré sa détermination à se tenir
debout, à soutenir la Russie et à défier les États-Unis, malgré les quelque 3800 sanctions qu’il subit depuis la Révolution de 1979. Téhéran a démontré son engagement envers ses amis en
demeurant inébranlable malgré une adversité de longue date.
La possession par l’Iran de missiles hypersoniques représente un saut qualitatif sans précédent et témoigne de l’étroite coopération entre la Russie et
l’Iran. Elle envoie un message clair aux États-Unis, qui maintiennent une présence militaire importante autour de la République islamique, à savoir que l’Iran possède des capacités de
dissuasion avancées pour sauvegarder ses intérêts en Asie et menacer éventuellement l’allié israélien des USA.
Le message adressé à Israël est on ne peut plus clair. En permettant à l’Iran d’acquérir des missiles capables d’échapper au système de défense « Dôme
de fer » de Tel-Aviv, la Russie a effectivement neutralisé la capacité d’Israël à intercepter les missiles iraniens. Cette évolution représente un défi de taille pour Israël, qui est
désormais confronté à la perspective de frappes potentielles sur son sol s’il s’attaque aux installations nucléaires iraniennes. L’Iran a déjà fait preuve d’audace en attaquant Ain
al-Assad en 2020, la plus grande base militaire américaine en Irak, en réponse à l’assassinat du général Qassem Soleimani par le président de l’époque, Donald Trump.
Par conséquent, l’Iran dispose de plusieurs cartes de dissuasion puissantes dans son jeu :
1. Il bénéficie d’alliés solides au Moyen-Orient, prêts à entrer en guerre pour défendre l’Axe de Résistance mis en place par Téhéran.
2. Son arsenal de drones s’est révélé très efficace, en faisant des ravages dans l’armée ukrainienne et en détruisant des armes occidentales dans le conflit
en Ukraine, ce qui a aidé la Russie à reprendre le contrôle du champ de bataille.
3. Les capacités de l’Iran en matière de missiles ont démontré leur potentiel et leur efficacité en menant des attaques fructueuses contre des bases de
Daech en Syrie, des bases de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien en Irak et même d’une base du Mossad israélien au Kurdistan irakien.
En munissant ses alliés de missiles avancés et précis, l’Iran a créé un équilibre se situant entre la terreur et la dissuasion, qui limite la liberté
d’action militaire d’Israël au Liban et en Syrie contre le Hezbollah, par crainte d’une riposte rapide et robuste.
La Russie n’a pas reconnu publiquement son implication dans le programme de missiles iranien, tout comme l’Iran a tenté à plusieurs reprises de nier avoir
fourni ses drones à Moscou. N’empêche que les actions de la Russie en disent long sur sa détermination à répondre aux griefs et marquent une nouvelle approche stratégique à l’égard de
Téhéran. Le Kremlin a ouvert ses portes à un pays (l’Iran) qui a tenu bon dans les circonstances les plus sombres, qui a ignoré les menaces américaines et européennes et qui fait preuve
d’une conviction inébranlable en restant imperméable à l’intimidation occidentale.
Le message russe a des répercussions auprès des parties concernées à Washington et à Tel-Aviv, car il efface les dernières lignes rouges et ouvre la voie à
un avenir sans précédent pour la coopération russo-iranienne. Ce partenariat, forgé par le respect des accords, est susceptible de produire d’autres surprises qui pourraient avoir des
répercussions durables. Lorsque la poussière sera retombée, les coûts de la mise en œuvre de l’accord deviendront de plus en plus évidents, remodèleront le paysage géopolitique et
modifieront éventuellement la dynamique du pouvoir dans la région.
Face à l’initiative stratégique de la Russie, le monde retient son souffle quant aux répercussions de la possession par l’Iran de missiles hypersoniques.
Doté d’un armement de pointe et d’un engagement inébranlable envers ses intérêts, l’Iran est prêt à protéger sa souveraineté et à remettre en question la dynamique traditionnelle du
pouvoir au Moyen-Orient. Alors que les tensions restent vives et que les enjeux ne cessent de croître, l’évolution de l’alliance russo-iranienne devient un point focal de l’attention
internationale, dont les retombées potentielles s’étendent bien au-delà des frontières de ces pays.
James le Mesurier,
chef des Casques blancs en Syrie, a été retrouvé mort à Istanbul. Il serait tombé de son balcon.
Aide financière
Le Volkskrant néerlandais
a publié cette semaine un article remarquable :
«Le ministère
néerlandais des Affaires étrangères garde secret un audit qui, selon le tribunal d’Amsterdam, doit être partiellement révélé. Le rapport porte sur de possibles abus financiers au sein de
la fondation Mayday Rescue, appelée les Casques blancs, impliquée dans les opérations de sauvetage en Syrie».
Pendant de nombreuses années,
l’organisation Mayday Rescue, dont le siège se trouve à Amsterdam, a été la fondation néerlandaise, dotée d’un million d’euros, qui a soutenu les secouristes des Casques blancs en Syrie.
Huit pays donateurs – dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les États-Unis – ont versé ensemble environ 100 millions d’euros de subventions à Mayday.
Le ministère néerlandais des affaires étrangères estime que la divulgation du rapport d’audit pourrait nuire au «bon fonctionnement de
l’État». La
divulgation de l’enquête mettrait également en péril les relations diplomatiques néerlandaises. Selon le ministère des affaires étrangères, d’autres pays concernés ont «explicitement
indiqué»que la
divulgation de l’enquête pourrait nuire aux relations avec les Pays-Bas.
La question qui se pose maintenant est la suivante : avec ces déclarations, qu’est-ce que le ministère néerlandais a à cacher, ou plutôt qu’est-ce que les
Pays-Bas et l’Occident ont à cacher ?
La réponse est simple ! Les Casques
blancs faisaient partie d’Al-Qaïda, un groupe terroriste qui a ensuite fusionné avec DAESH – ISIS (IS). La preuve a été présentée par le directeur de l’organisation basée en Russie :
Study of Democracy Foundation, Maxim Grigoriev en 2018.
Le rapport est basé sur des entretiens avec plus de 100 témoins oculaires, dont 40 membres des Casques blancs, 50 résidents et 15 anciens combattants
terroristes. Plus de 500 civils ont également été interrogés dans les villes syriennes d’Alep et de Deraa.
«Il existe des preuves
accablantes prouvant que les centres du Casque blanc ont participé en permanence à la construction de fortifications pour combattre pour des groupes terroristes et des groupes armés
illégaux qui leur ont fourni de l’eau et de la nourriture et ont évacué des terroristes blessés des lignes de front», a déclaré M. Grigoriev en 2018.
Comme je l’ai souvent dit et écrit dans de nombreux articles, les Pays-Bas sont le pays le plus mondialiste d’Europe, après le Royaume-Uni. L’argent
transite par les «boîtes aux lettres
vides» néerlandaises sous le couvert d’entreprises et de fondations. C’est le cas des Casques
blancs, ou de la Mayday Rescue Foundation, fondée au Royaume-Uni et blanchie aux Pays-Bas, et également financée par l’argent des contribuables néerlandais par le biais de ce que l’on
appelle les loteries (d’État) (loterie du code postal).
«Les Pays-Bas n’ont
rien à envier à leur pays frère, les États-Unis, en matière de guerre, de mort et d’expulsion. Tout est devenu incontrôlable au cours des dernières décennies, les Pays-Bas n’ont jamais
été autant impliqués dans des guerres et des effusions de sang qu’aujourd’hui dans le Donbass !»1
Le secret n’en est plus un. Les Pays-Bas ont soutenu 22 groupes terroristes en Syrie, qu’ils ont appelés rebelles et, ce que le gouvernement néerlandais
sait faire, l’ont dissimulé dans un soi-disant programme d’aide appelé NLA (Non-Lethal-Assistance). Mais en réalité, au nom de leur patron, les États-Unis, ils ont dû soutenir ces groupes
terroristes, les terroristes étant appelés rebelles, une autre dissimulation. Mais les Syriens et bien sûr les Irakiens le savent. L’émergence de l’IS ou de DAESH est soutenue et financée
par l’Occident et, bien sûr, le gouvernement néerlandais ne veut pas le rendre public !
«Daesh est l’acronyme
arabe de «al-Dawla al-Islamiya fi Iraq wal-Sham» (DAESH), qui n’est en fait que le nom de l’IS, à savoir l’État islamique en Irak et au Levant. Mais l’utilisation de cet acronyme évite de
dire que le groupe est une représentation officielle de la pensée islamique».
Décès à Istanbul
Le fondateur de la fondation Mayday Rescue, le Britannique James Le Mesurier, est décédé en novembre 2019 après une chute de son appartement à Istanbul, en
Turquie. Peu avant sa mort, Le Mesurier a écrit dans une lettre aux pays donateurs concernés qu’il y avait eu des abus financiers au sein de la fondation Mayday, notamment une fraude
portant sur 50 000 dollars. C’est la version officielle. Mais pourquoi dénoncer une somme minime de 50 000 dollars, sachant que les pays occidentaux ont donné des millions de dollars et
d’euros à cette soi-disant fondation, bien sûr grâce aux contribuables des pays concernés !
«Après la mort de Le
Mesurier, la division néerlandaise du cabinet comptable Grant Thornton a enquêté sur la fondation Mayday. Jusqu’à présent, seul le résumé est connu. Selon ce résumé, qui s’étend sur neuf
paragraphes, les enquêteurs n’ont trouvé aucune preuve de fraude. Selon les comptables, le détournement de 50 000 USD décrit par Le Mesurier était basé sur un malentendu».
Le ministère néerlandais des affaires étrangères n’aurait pas dû rejeter complètement une demande d’information pour la divulgation d’un rapport de Grant
Thornton Accountants sur la fondation Mayday Rescue et les Casques blancs, a statué le tribunal d’Amsterdam en juillet de l’année dernière. Néanmoins, le ministère a depuis
refusé de publier certaines parties du rapport d’audit.
«En d’autres termes,
le gouvernement néerlandais craint que le prochain scandale ne vienne s’ajouter à tous les autres scandales et à son soutien à la guerre contre la Russie, et qu’il doive finalement faire
place nette et faire l’objet de poursuites !»
S’adressant au journal britannique Daily Mail, Emma
Winberg a rejeté les rumeurs d’une implication syrienne ou russe dans la mort de son mari, désignant le directeur financier de Le Mesurier, le Néerlandais Johan
Eleveld, comme suspect. Accusant le Néerlandais d’avoir poussé son mari au bord du désespoir, Mme Winberg a déclaré :«Elevand
a exploité la moindre erreur de James».
Selon elle, Elevand, contrôleur financier au ministère néerlandais des Affaires étrangères, a rejoint Mayday en août 2018. Mayday était basée à Istanbul,
mais elle était enregistrée aux Pays-Bas en tant que fondation caritative.
Chez Mayday, tout le monde était bien payé. Les honoraires de la direction se situent dans le segment haut du secteur de l’aide internationale. James Le
Mesurier avait initialement un salaire mensuel de 18 000 dollars. Les donateurs ont fixé la rémunération des volontaires en Syrie à 150 dollars par mois !
En 2018, un poste de directeur financier (CFO) est vacant à la Mayday Foundation, bien rémunéré évidemment ! Le candidat idéal se désiste après un premier
enthousiasme. Le numéro deux sur la liste est Johan Eleveld, qui travaille pour des entreprises privées et le ministère néerlandais des Affaires étrangères. Il rejoindra la fondation le
23 août 2018 en tant que directeur du développement/contrôleur.
«Mais la même année,
en 2018, le gouvernement néerlandais a soudainement cessé de soutenir les terroristes (encore appelés rebelles par eux), car «il y a trop de morts et la Syrie est en ruines», selon
l’argument !»
Les fonctionnaires néerlandais de l’équipe chargée de la Syrie à Istanbul et à La Haye ont déclaré à Le Mesurier qu’ils étaient également choqués et que
«la
décision avait été prise au plus haut niveau». Les diplomates néerlandais sur le terrain ont déclaré : «C’est absurde, c’est
de la politique. Cela n’a rien à voir avec Mayday et les Casques blancs, mais avec l’autre vent politique qui soufflait».
Pourquoi les Pays-Bas laissent-ils tomber comme une pierre une organisation qui sauve des gens et recueille des preuves de crimes de guerre ? Les Casques
blancs jouissaient d’une excellente réputation aux Pays-Bas en tant qu’organisation la plus courageuse et la plus importante sur le plan humanitaire, qui pouvait encore travailler en
Syrie ? Les gens s’interrogent, trompés par le gouvernement néerlandais, qui savait depuis le début qu’il soutenait les terroristes !
«La réponse est à
nouveau simple, l’Occident a perdu la guerre en Syrie, Bachar-al-Assad est toujours président de la Syrie, et le gouvernement est toujours là, même de retour sur la scène politique arabe
!»
Mais la Mayday Foundation était toujours opérationnelle après les révélations et est devenue un problème pour le gouvernement néerlandais. Les États-Unis
ont changé de politique et ont mis le gouvernement néerlandais dans une position difficile, car l’Occident tout entier a perdu sa guerre par procuration en Syrie.
Ce que Le Mesurier ne savait pas en 2018, c’est que son soi-disant employé néerlandais Eleveld, qui était bien sûr un actif des services secrets
néerlandais, était impliqué dans de longues procédures dans son pays au sujet de ses anciennes sociétés en Roumanie et était en fait un criminel en «col
blanc».
Il y a donc eu un conflit entre Eleveld et Le Mesurier, si l’on en croit les dires, mais Eleveld faisait partie du ministère néerlandais et probablement
aussi de l’AIVD, les services secrets des Pays-Bas, qui étaient largement représentés à Istanbul et à Gaziantep pendant la guerre en Syrie.
Ce n’est pas certain, mais c’était bien sûr une solution pratique au problème du gouvernement néerlandais de se débarrasser de Le
Mesurier, il pouvait commencer à parler des Casques blancs, qui s’est avéré être une organisation terroriste après tout, émergée avec Al-Qaïda, etc. Sa mort a résolu beaucoup de
problèmes pour le gouvernement néerlandais !
«Bien sûr, cette
histoire folle, qui s’est réellement produite, est également le principe directeur d’une partie de la haine du gouvernement néerlandais contre la Russie, après tout, la Russie, avec
l’armée syrienne (SAA) et l’Iran (Hezbollah), a veillé à ce que les États-Unis et l’UE perdent en Syrie, la première perte. Cela va loin, très loin, surtout pour le Premier ministre Mark
Rutte !»
Le Moyen-Orient se stabilise, sur fond de grand démantèlement.
par Alastair Crooke
- Le 02/06/2023.
Les contradictions structurelles
propres aux États-Unis, à savoir une économie hyperfinanciarisée qui aspire la substance de son hôte de l’économie réelle, une société qui vit dans la crainte d’une facture
d’hôpital.
Les États-Unis restent distants et inconsolables dans le sillage de la révolution diplomatique au Moyen-Orient. Tout d’abord, la Chine a servi de médiateur
(et a garanti) un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran, puis, la semaine dernière, le président Bachar al-Assad s’est présenté avec assurance au sommet de la Ligue arabe, où il a été
salué et embrassé par tout le monde. Après 12 longues années de lutte, le président Assad a été légitimé dans la sphère arabe et la Syrie est redevenue un État normal et souverain pour la
majeure partie du monde.
Mais un nouvel état d’esprit est apparu : La colère monte dans le monde entier. Pour ceux qui ont été vilipendés, sanctionnés et attaqués au nom de «l’ordre
fondé sur des règles», le message est clair : vous n’êtes pas seuls ; de nombreux peuples expriment leur colère et leur mécontentement. Le dogme diviseur du «avec nous», ou être traité
comme une menace extrémiste, si «contre nous» est en train d’être renversé. La politique étrangère des États-Unis s’effondre au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et aux États-Unis.
Dans son discours, le président al-Assad a évoqué l’opportunité que cette vague de mécontentement et de colère offrait à la région de revoir ses
dispositions – en s’éloignant de la domination et de l’intervention occidentales :
«Cette occasion
historique exige du monde arabe qu’il se repositionne et s’investisse dans l’atmosphère positive de réconciliation qui a précédé le sommet d’aujourd’hui», a ajouté al-Assad, faisant
référence aux récentes initiatives diplomatiques qui ont abouti à la reprise des liens diplomatiques entre l’Arabie saoudite, Téhéran et Damas.
Le président al-Assad a également souligné la nécessité de consolider la culture arabe face au «libéralisme moderne
qui vise les appartenances innées de l’homme et le dépouille de sa morale et de son identité».
Ce dernier point soulevé par al-Assad – «le danger culturel» associé au libéralisme contemporain – est en train de devenir un thème mondial, les États
soulignant leur souhait de gérer leur vie selon leur propre mode d’existence.
Bien sûr, la Syrie n’est pas encore souveraine. Les forces des États-Unis et de la Turquie, ainsi que les milices soutenues par l’étranger, occupent des
portions significatives du territoire syrien. Néanmoins, la position de la Ligue arabe, qui rejette toute intervention étrangère, et sa légitimation de facto du gouvernement syrien
aideront Damas à trouver une issue négociée.
Pour Israël, la perspective est celle d’un changement radical, avec la crainte d’être «laissé
dans la poussière». Le Premier ministre Netanyahou, confronté à des schismes internes et à des manifestations incessantes, a cherché à minimiser ces changements tectoniques et à
projeter une image de «business as usual» pour contrer l’attention portée par les médias étrangers aux manifestations et à l’agitation politique en Israël.
Attaquer les Palestiniens à Gaza permet de maintenir intacte la coalition de droite de Netanyahou – comme l’a écrit un
commentateur israélien : «Tuer des enfants
rassemble les Israéliens». Cependant, les deux piliers de l’unité israélienne de Netanyahou pour «rassembler les Israéliens autour du drapeau», à savoir la mise en avant de la
«menace» nucléaire iranienne et l’éloge de sa réussite dans le cadre des fameux accords d’Abraham, ont tous deux perdu de leur éclat.
Tout d’abord, la réconciliation entre l’Iran et les États du Golfe réduit à néant une grande partie de la justification initiale de la politique iranienne
des États-Unis, à savoir la crainte de l’Iran par les pays arabes. Les deux anciens antagonistes résolvent actuellement leurs différends par la voie diplomatique (sous l’égide de la
Chine) et échangent des garanties de sécurité mutuelles. Quoi qu’il en soit, l’équipe Biden ne veut pas d’une guerre avec l’Iran. Elle a déjà suffisamment de pain sur la planche.
Deuxièmement, Jake Sullivan, lors de son récent voyage en Arabie saoudite, n’a pas réussi à persuader le Royaume de normaliser ses relations avec Israël.
Les États arabes présents au sommet mettent plutôt l’accent sur l’initiative de paix arabe de 2002, qui exclut toute normalisation avec Israël tant qu’un État palestinien n’aura pas vu le
jour. Les États qui se sont «normalisés» continueront sur le même mode, mais la structure conceptuelle des accords d’Abraham (du point de vue israélien) est entièrement vidée de sa
substance. Les États arabes sont occupés à ouvrir des canaux diplomatiques et commerciaux avec l’Iran ; ils ne constituent plus un axe anti-iranien au nom de Washington et de
Tel-Aviv.
Si nous prenons un peu de recul et que nous envisageons les événements régionaux dans une perspective plus large, nous pourrions remarquer deux choses à
propos de la situation mondiale : La première est que les difficultés actuelles d’Israël et les signes d’un éventuel démantèlement du projet ne proviennent pas, comme ses dirigeants et
ses alliés extérieurs n’ont cessé de le prédire, de forces extérieures, mais des contradictions
internes non résolues d’Israël.
Le problème structurel d’Israël est mis en évidence par l’actuelle impasse amère sur le plan de réforme judiciaire de Netanyahou. La population juive
israélienne est divisée en deux : Ashkénazes contre Mizrahi ; «équilibristes» laïques contre exclusifs de la «judéité» – aucun des deux camps n’étant disposé à faire marche arrière et
chacun prétendant être le «plus démocratique» ; et chacun ayant une vision d’Israël totalement incompatible avec celle de «l’autre». Israël se trouve à l’aube d’un conflit civil de faible
intensité.
De même, la polarisation des États-Unis et l’aggravation de leurs divisions politiques, qui, pour certains Américains, laissent présager une forme de
sécession interne comme seule solution à la prétendue désintégration des États-Unis, ne proviennent pas – comme l’affirment ses dirigeants politiques – de forces extérieures (la Russie,
la Chine ou l’Iran), mais de ses propres contradictions non résolues.
Les contradictions structurelles propres aux États-Unis, à savoir une économie hyperfinanciarisée qui aspire la substance de son hôte de l’économie réelle,
une société qui vit dans la crainte tremblante d’une facture d’hôpital, qui désespère d’envoyer ses enfants à l’université avec ses frais de scolarité exorbitants, et un système politique
presque constamment paralysé, une confrontation à somme nulle, sont auto-générées et ne sont pas des «démons» extérieurs (sauf peut-être dans les profondeurs de la psyché
inconsciente).
Voici le contraste : La région se libère des divisions et des schismes du passé. Les «grandes puissances» occidentales, quant à elles, s’enfoncent
dans les leurs. Cette confluence est systémiquement instable : Elle représente un déséquilibre et conduira probablement à une période de troubles durables.
Le Moyen-Orient est une zone géographique stratégique importante pour la France : - relative proximité géographique, - responsabilités envers les chrétiens d’Orient et histoire du protectorat Syrie/Liban, - route maritime et approvisionnement en pétrole, - accords de Défense et exportation d’armement.
- Liban : 700 hommes déployés dans le cadre de l’ONU (opération DAMAN) - Jordanie : Opération CHAMMAL. Base aérienne projetée comprenant 300 hommes et une huitaine d’aéronefs).
Opération en coalition pour lutter contre DAECH - Irak/Syrie : Opération CHAMMAL. Participation à la formation de l’armée irakienne - Emirats Arabes Unis : 700 h - base interarmées – déploiement dans le cadre d’un accord de Défense - Djibouti : 1 500 h – base interarmées – déploiement dans le cadre d’un accord de Défense - Golfe d’Oman – CTF 150 : 200 personnes
Pour agrandir la carte
ci-dessous, cliquez sur le visuel
La pluie de roquettes palestiniennes qui s’est abattue sur les villes israéliennes, le 12 Mai 2021, fera date dans l’histoire du conflit israélo-palestinien
par sa forte charge symbolique et son intensité, confirmant de manière indubitable la centralité de la question palestinienne dans la géopolitique du Moyen-Orient, apportant au passage la
démonstration que le ciel israélien est devenu une passoire devant des roquettes de fabrication artisanale, plaçant en porte à faux le leadership sunnite arabe à la suite de sa reptation
collective devant l’État hébreu.
Quatre mois après la fin du Mandat du président xénophobe américain Donald Trump – qui s’était employé avec l’aide de son gendre philosioniste Jared Kushner
à enterrer en grande pompe la question palestinienne, par une série de mesures unilatérales et illégales au regard du droit international (reconnaissance de Jérusalem comme capitale
d’Israël, transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, reconnaissance de l’annexion du Golan syrien) –, la flambée israélo-palestinienne remet au premier plan de
l’actualité ce conflit, alors que Benyamin Netanyahou, piégé par sa surenchère électoraliste pour échapper à son inculpation pour corruption, est contraint à une fuite en avant dans une
escalade de la violence.
Fait significatif, la riposte palestinienne a été assurée par le Hamas depuis l’enclave de Gaza, accentuant le discrédit de Mahmoud Abbas, président de
l’Autorité palestinienne, en traduisant par des actes, dans des faits, sur le terrain, la promotion du Hamas au rang de défenseur des Palestiniens.
L’engagement du Hamas dans la bataille signe le retour d’une formation sunnite, l’unique formation sunnite, dans le combat pour la Palestine, qu’elle avait
déserté sous la présidence de Khaled Mecha’al, en se joignant à la coalition islamo-atlantiste dans la guerre contre la Syrie.
De manière sous-jacente, il signe de manière éclatante le retour par la grande porte du Hamas dans le giron de l’axe anti OTAN. Le Hamas avait en effet
revendiqué son autonomie face à la Confrérie des Frères musulmans et rejoint « Mihawar Ad Douwal Al Moumana’a » l’axe de l’immunisation au virus de la soumission à l’hégémonie
israélo-américaine, dans une déclaration faite en décembre 2020 au journal libanais Al Akhbar au terme d’un entretien avec le Hezbollah.
Les affrontements du Eid Al
Fitr place en porte à faux aussi bien le Maroc, président du Comité Al Qods, pour son troc honteux (reconnaissance d’Israël en échange de la reconnaissance d’Israël sur le
Sahara occidental), que le Qatar, parrain des Frères musulmans, pour son acceptation d’Israël dans le dispositif régional du Centcom, dont le siège est à Doha ; Abou-Dhabi, qui lui permet
de poursuivre en toute impunité son agression contre le Yémen en tandem avec l’Arabie Saoudite ; Bahreïn de poursuivre la répression de sa population en toute quiétude. Tous réunis pour
leur prosternation collective en une démarche inconsidérée en direction de Donald Trump, en fin de mandat.
Ci joint la déclaration de Ismail Haniyeh sur la revendication de l’Indépendance du Hamas par rapport à la confrérie des Frères musulmans :
L’attaque menée depuis Gaza est intervenue le 12 mai, à la veille de la fête du Fitr, qui marque traditionnellement la fin du Ramadan, et deux jours avant
la date anniversaire de la proclamation unilatérale de l’indépendance de l’État hébreu.
Sur la problématique du conflit israélo-palestinien, cf ce lien :
Près de 1 500 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers différentes villes israéliennes depuis le début des affrontements, Lundi 12 Mai
2021.
De l’aveu même de l’armée israélienne, le tir de 350 roquettes a « échoué » et des « centaines » d’autres ont été interceptées par le
bouclier anti-missiles israélien Dôme de fer. Ce qui a contrario révèle que quelques centaines de roquettes ont réussi à déjouer le système de défense balistique israélien.
Les raids israéliens ont fait au total 83 morts, parmi lesquels 17 enfants, et près de 500 blessés, selon le Hamas. En Israël, sept personnes ont été tuées,
parmi lesquelles un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées dans les tirs de roquettes.
La flambée de violence fait suite aux affrontements sur l’esplanade de la mosquée Al Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, illégalement occupé
et annexé par Israël, selon le droit international.
France :
Une tétanie symptomatique à l’égard du fait juif du fait de la collaboration nazie
L’arrestation du président de l’Association de Solidarité France Palestine (AFSP), M. Bertrand Heilbronn, 71 ans, à sa sortie du Quai d’Orsay, mercredi 12
mai 2021, pour avoir appelé à manifester en soutien au peuple palestinien, illustre, de manière symtomatique, la tétanie de la classe politique française devant le fait juif, sa crainte
du lobby israélien en France et le poids de la culpabilité française dans la collaboration nazie, 80 ans après la capitulation française.
Amorcée par le post gaulliste Nicolas Sarkozy, accentuée par le socialo-motoriste François Hollande, l’alignement inconditionnel de la France sur les thèses
de l’extrême droite israélienne représentée par le premier ministre Benyamin Netanyahou, s’est accentuée sous Emmanuel Macron, dont la visite en catimini aux Palestiniens, a constitué la
face la plus pitoyable de la couardise et du reniement.
Timorés, les médias français avaient présenté les affrontements israélo-palestiniens devant l’esplanade de la mosquée Al Aqsa comme étant des affrontements
entre musulmans et juifs religieux comme pour suggérer une guerre de religion entre deux groupements extrémistes, et occulter le combat national du peuple palestinien à son indépendance
et surtout contre son dépérissement, de même que la connivence occidentale à l’égard de l’arbitraire israélien.
Même le rapport de l’organisation américaine Human Right Watch, accusant Israël de pratiquer un « régime d’Apartheid », n’a incité les médias français à
sortir de leur frilosité.
Au point qu’un journaliste, Dominique Vidal, ancien collaborateur du Monde
diplomatique, fils d’anciens résistants de confession juive, à faire part, publiquement, de sa « honte » devant ces deux faits dégradants : les « pogroms anti
arabes de juifs extrémistes et le silence des grands médias occidentaux, particulièrement français ».
La viabilité d’Israël se pose face aux perspectives démographiques de la population palestinienne.
Israël a procédé à quatre élections législatives en deux ans, sans résultats concluants, symptomatique de la confusion dans laquelle baigne ce que les
occidentalistes qualifie d’unique démocratie du Moyen-Orient ». Cette impasse politique intervient sur fond de prévisions pessimistes sur la viabilité de l’État hébreu.
Un rapport, publié en décembre 2016, par le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA) indique que le nombre de personnes vivant à Gaza devrait plus
que doubler au cours des 30 prochaines années. Intitulé « Palestine 2030
Changements démographiques : opportunités pour le développement », le rapport examine les changements démographiques et les possibilités de développement dans l’ensemble des
Territoires palestiniens occupés. L’étude du Fonds montre que des décennies d’occupation et de dépendance à l’aide étrangère ont entravé la croissance.
16,7 millions de Palestiniens vivront dans l‘ensemble grand Israël à l’horizon de 2050. Les taux de fécondité dans les Territoires palestiniens occupés sont
deux fois plus élevés que ceux des pays les plus avancés de la région. Cette tendance devrait faire passer la population de 4,7 millions aujourd’hui à 6,9 millions de personnes en 2030 et
à 9,5 millions en 2050.
Le taux de croissance démographique le plus élevé devrait se produire dans la bande de Gaza, où le rapport estime que la population aujourd’hui de 1,85
millions de personnes devrait passer à 3,1 millions en 2030 et à 4,7 millions en 2050.
En Israël, la population a atteint, en 2019, 9 136 000 habitants, dont 20.6% d’Arabes israéliens (1 750 000 habitants, principalement musulmans, et une
minorité chrétienne), selon le Bureau central des Statistiques israélien. Arabes-Israéliens est un borborygme qui désigne dans la terminologie israélienne les Palestiniens, les habitants
originels du pays de la Palestine du mandat britannique.
Cisjordanie (9,5 millions) + Gaza (4,7 millions) + Palestiniens de l’intérieur (2,5 millions d’Arabes-israéliens), cela donnerait un total de 16, 7 millions
de Palestiniens vivant dans l’ensemble du grand Israël.
Épilogue : Sur
le plan militaire
Depuis 1967, Israël n’a plus jamais remporté une victoire militaire. Jusqu’à cette date, l’État hébreu menait des guerres contre des armées gouvernementales
arabes dont l’objectif majeur était de défendre le régime politique de leur pays et non la libération de la Palestine.
Depuis le début du XXIe siècle, plus exactement l’an 2000 coïncidant avec le dégagement militaire israélien du Sud Liban, sous la pression du Hezbollah,
sans négociations directes, ni traité de paix, Israël est prise en tenaille, dans une alliance de revers, au Nord, par la formation paramilitaire chiite libanaise, au sud à Gaza par le
Hamas et le Jihad islamique, qui y mènent une guerre asymétrique.
En superposition, au niveau des alliances régionales, les États Unis, l’allié majeur d’Israël au Moyen-Orient, sont en phase de reflux, alors que les
principaux alliés de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine (Chine, Russie, Iran) sont en phase de montée en puissance, parallèlement au déploiement victorieux des
forces paramilitaires de la zone : les Houthistes au Yémen face à l’Arabie Saoudite ; Hached al Chaabi, en Irak face aux États Unis ; le Hezbollah libanais, face à Israël au sud Liban et
aux groupements terroristes sunnites en Syrie.
Un tel sombre tableau pourrait expliquer la précipitation soudaine de quatre pays arabes dont trois monarchies (Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc, Soudan)
à normaliser leurs relations avec Israël, à l’automne 2020, sans doute en vue de conjurer un sort fatal..
La riposte balistique du Hamas a apporté la preuve de la porosité du ciel israélien, révélé au grand jour la nudité des Rois arabes, en même temps qu’elle
apportait une claire démonstration de l’impossibilité pour Israël de fonder une démocratie sur un régime d’Apartheid, à la manière de l’Afrique du Sud de l’époque
coloniale ou des états confédérés du sud des États-Unis du temps de la guerre de sécession… Affaire à
suivre
Le parlement iranien vient d’approuver
l’adhésion de la République islamique à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), précédemment consacrée lors du sommet de Samarcande en septembre dernier, marquant ainsi
l’aboutissement d’un processus qui a duré pas moins de 15 ans.
L’Iran a déjà demandé à devenir membre des BRICS+ en pleine expansion, qui, avant 2025, seront inévitablement configurés comme le G20 alternatif du Sud
global qui compte vraiment.
L’Iran fait déjà partie du Quad qui compte vraiment, aux côtés des membres des BRICS (Russie, Chine et Inde). L’Iran approfondit son partenariat stratégique
avec la Chine et la Russie et accroît sa coopération bilatérale avec l’Inde.
L’Iran est un partenaire clé de la Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie, ou Initiative Ceinture et Route (BRI). Il est sur le point de
conclure un accord de libre-échange avec l’Union économique eurasienne (UEE) et constitue un nœud essentiel du Corridor international de transport nord-sud (INSTC), aux côtés de la Russie
et de l’Inde.
Tout ce qui précède configure l’émergence rapide de la République islamique d’Iran en tant que grande puissance d’Asie occidentale et d’Eurasie, avec une
vaste portée dans le Sud global.
L’ensemble des « politiques » impériales à l’égard de Téhéran ont ainsi été réduites à néant.
Il n’est donc pas étonnant que les courants d’iranophobie accumulés précédemment – alimentés par l’Empire pendant quatre décennies – se soient récemment
métastasés en une nouvelle offensive de révolution colorée, entièrement soutenue et diffusée par les médias anglo-américains.
Le scénario est toujours le même. Le leader de la révolution islamique, l’ayatollah Seyyed Ali Khamenei, en a donné une définition concise. Le problème
n’est pas les bandes d’émeutiers inconscients et/ou les mercenaires : « La principale
confrontation, a-t-il dit, est celle de
« l’hégémonie mondiale ». »
L’ayatollah Khamenei s’est fait quelque peu l’écho de l’intellectuel et auteur américain Noam Chomsky, qui a fait remarquer comment un ensemble de sanctions
américaines sur quatre décennies a gravement nui à l’économie iranienne et « causé d’énormes
souffrances ».
Utiliser les Kurdes comme des actifs
jetables
La dernière surenchère de la révolution de couleur se superpose à la manipulation des Kurdes en Syrie et en Irak. Du point de vue impérial, la guerre par
procuration en Syrie, qui est loin d’être terminée, constitue non seulement un front supplémentaire dans la lutte contre la Russie, mais permet également d’instrumentaliser des Kurdes
très dépendants contre l’Iran et la Turquie.
L’Iran est actuellement attaqué selon une variante perverse du schéma appliqué à la Syrie en 2011. Une sorte de situation de « protestation
permanente » a été imposée dans de vastes étendues du nord-ouest de l’Iran.
Ce qui a changé à la mi-novembre, c’est que des bandes armées ont commencé à appliquer des tactiques terroristes dans plusieurs villes proches de la
frontière irakienne, et l’on pense même qu’elles étaient suffisamment armées pour prendre le contrôle de certaines de ces villes.
Téhéran a inévitablement dû envoyer des troupes des CGRI pour contenir la situation et renforcer la sécurité à la frontière. Ils se sont engagés dans des
opérations similaires à ce qui a été fait auparavant à Dara’a, dans le sud-ouest de la Syrie.
Cette intervention militaire a été efficace. Mais sous quelques latitudes, les gangs terroristes continuent d’attaquer les infrastructures gouvernementales
et même les biens civils. Le fait essentiel est que Téhéran préfère ne pas réprimer ces manifestations indisciplinées par la force meurtrière.
Le problème vraiment crucial n’est pas les manifestations en soi : c’est le transfert d’armes par les Kurdes d’Irak en Iran pour soutenir le scénario de la
révolution de couleur.
Téhéran a lancé un ultimatum de facto à Bagdad : mettez-vous d’accord avec les Kurdes et faites-leur comprendre les lignes
rouges.
À l’heure actuelle, l’Iran utilise massivement des missiles balistiques Fateh et des drones kamikazes Shahed-131 et Shahed-136 contre certaines bases
terroristes kurdes dans le nord de l’Irak.
On peut se demander si cela suffira à contrôler la situation. Ce qui est clair, c’est que la « carte kurde », si elle n’est pas apprivoisée,
pourrait être facilement jouée par les suspects habituels dans d’autres provinces iraniennes, compte tenu du solide soutien financier, militaire et informationnel offert par les Kurdes
irakiens aux Kurdes iraniens.
La Turquie est confrontée à un problème relativement similaire avec les Kurdes syriens instrumentalisés par les États-Unis.
Dans le nord de la Syrie, il s’agit principalement de bandes armées se faisant passer pour des « Kurdes ». Il est donc tout à fait possible que
ces bandes armées kurdes, essentiellement jouées par Washington comme des idiots utiles, finissent par être décimées, simultanément, à court ou moyen terme, à la fois par Ankara et
Téhéran.
Si tout échoue, priez pour un
changement de régime
Un changement de donne géopolitique, impensable il y a encore peu de temps, pourrait bientôt se produire : une rencontre de haut niveau entre le président
turc Recep Erdogan et son homologue syrien Bashar al-Assad (rappelez-vous la rengaine de la décennie « Assad doit partir ») en Russie, avec la médiation de nul autre que le
président russe Vladimir Poutine.
Que faudrait-il pour que les Kurdes comprennent qu’aucun État – que ce soit l’Iran, la Syrie ou la Turquie – ne leur offrira de terres pour leur propre
nation ? Les paramètres pourraient éventuellement changer si les Irakiens de Bagdad parviennent enfin à expulser les États-Unis.
Avant d’en arriver là, le fait est que l’Iran a déjà bouleversé la géopolitique de l’Asie occidentale, grâce à ses missiles de croisière intelligents, ses
drones kamikazes extrêmement efficaces, sa guerre électronique et même ses missiles hypersoniques de pointe.
Les « planificateurs » de l’Empire n’ont jamais rien vu venir : un partenariat stratégique entre la Russie et l’Iran qui est non seulement tout à
fait logique sur le plan géo-économique, mais qui constitue également un multiplicateur de force militaire.
En outre, cela fait partie de la vision d’ensemble sur laquelle se concentrent les BRICS+ élargis : L’intégration de l’Eurasie (et au-delà) via des
corridors économiques multimodaux tels que l’INTSC, les pipelines et les trains à grande vitesse.
Le plan A de l’Empire, sur l’Iran, était un simple accord nucléaire (JCPOA), conçu par l’administration de Barack Obama comme rien d’autre qu’un plan
d’endiguement grossier.
Trump a en fait tout fait sauter – et il ne reste plus rien : une relance du JCPOA, qui a été – en théorie – tentée depuis des mois à Vienne, a toujours été
vouée à l’échec parce que les Américains eux-mêmes ne savent plus ce qu’ils en attendent.
Ce qui reste donc comme plan B pour les psychopathes néocons/néolibéraux straussiens en charge de la politique étrangère américaine, c’est de jeter toutes
sortes de boucs émissaires – des Kurdes à la toxique OMPI – dans le chaudron iranien et, amplifié 24 heures sur 24 par des médias grand public hystériques, de prier pour un changement de
régime.
Eh bien, cela n’arrivera pas. Téhéran doit simplement attendre, faire preuve de retenue et observer comment tant de signaux de vertu de la révolution de
couleur finiront par s’évanouir.