La nouvelle est tombée en début de soirée : Un cessez-le-feu commencera à Gaza le dimanche 19 janvier. Nous vous communiquons les détails de l’accord de cessez-le-feu, tels que les a obtenus le
média palestinien « Quds News Network« . Donald Trump a fait plier Benjamin Netanyahou. J’avais évoqué la possibilité de ce dénouement, inattendu par sa rapidité, ce matin ici-même, mais j’étais comme vous, je ne
voulais pas y croire tant que ce n’était pas acté. Les conditions de l’accord, telles qu’elles sont connues, représentent une vraie défaite politique pour Benjamin Netanyahou. Elles donnent
raison aux combattants palestiniens d’avoir tenu ferme sur leurs positions de négociation depuis des mois. Certains diront, à juste titre, que le monde est à nouveau à l’endroit : Un président
américain impose sa volonté à l’Etat d’Israël. Pour autant, ce n’est qu’un début, même s’il est essentiel. L’ordre du monde ne sera rétabli que le jour où les Palestiniens disposeront d’un Etat
souverain.
Post X de la journaliste palestinienne Hind Khoudary, qui a survécu à Gaza depuis quinze mois: « Je veux embrasser le monde entier ».
Voici les conditions du cessez-le-feu telles que le média palestinien Quds News Network en a pris connaissance, en exclusivité :
Gaza (Exclusif)- Quds News Network a obtenu des détails exclusifs sur les mécanismes de mise en œuvre de l’accord sur l’échange de prisonniers palestiniens et israéliens et sur
l’instauration d’un cessez-le-feu durable entre Israël et la Palestine. En
voici les points essentiels :
Préparatifs de la deuxième phase
Selon les informations obtenues par Quds News Network, les deux parties, avec les médiateurs, visent à finaliser l’accord du 27 mai 2024.
Cette phase vise à échanger les prisonniers palestiniens et israéliens et à instaurer un calme durable. Les négociations se poursuivront et toutes les procédures de la première phase
resteront en place jusqu’à ce qu’un accord soit conclu.
Retrait des forces israéliennes
Les forces israéliennes se retireront des zones densément peuplées le long des frontières de Gaza. Elles seront positionnées à 700 mètres à l’est de la bande de Gaza, avec quelques
exceptions autorisant jusqu’à 400 mètres supplémentaires en cinq points spécifiques. Ces positions sont basées sur des cartes approuvées par les deux parties.
Détails de l’échange de prisonniers
Prisonniers malades et blessés : Neuf personnes sur une liste de 33 seront échangées contre 110 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité.
Détenus de Gaza : Israël libérera 1 000 prisonniers détenus après le 8 octobre 2023, qui n’ont pas été impliqués dans les événements du 7 octobre.
Prisonniers âgés : Les hommes de plus de 50 ans seront échangés dans un rapport de 1:3 pour les détenus condamnés à perpétuité et de 1:27 pour les autres.
Détenus célèbres : Ebra Mangesto et Hesham el-Sayed seront échangés dans un rapport de 1:30, ainsi que 47 prisonniers de l’accord Shalit de 2011.
Libérations spéciales : Certains prisonniers seront libérés à Gaza ou à l’étranger, sur la base de listes établies d’un commun accord.
Retrait du corridor de Philadelphie
Les forces israéliennes réduiront leur présence dans ce corridor au cours de la première phase. Après la libération du dernier prisonnier israélien le 42e jour, le retrait commencera et
s’achèvera le 50e jour.
Poste frontière de Rafah
Le point de passage de Rafah sera rouvert aux civils palestiniens et aux blessés après la libération de toutes les femmes israéliennes détenues. Israël veillera à ce que le point de
passage soit opérationnel immédiatement après la signature de l’accord.
Cinquante blessés militaires palestiniens passeront chaque jour, chacun accompagné de trois autres personnes. L’approbation d’Israël et de l’Égypte sera nécessaire.
Les opérations du point de passage s’aligneront sur les discussions à partir d’août 2024.
Sortie pour les civils malades et blessés
Tous les civils malades ou blessés sortiront par Rafah, conformément aux dispositions de l’accord du 27 mai.
Retour des Palestiniens déplacés à l’intérieur du pays
Les civils non armés déplacés du corridor de Netzarim retourneront au nord selon ces conditions :
Les piétons peuvent retourner par la rue Rashid le 7e jour et par la rue Salahudin le 22e jour, sans inspection.
Les véhicules retourneront au nord après inspection par une société privée approuvée par le médiateur.
Protocole d’aide humanitaire
L’aide humanitaire suivra un protocole strict, supervisé par les médiateurs. Les livraisons d’aide se poursuivront conformément aux lignes directrices convenues dans l’accord du 27 mai.
Ce plan de mise en œuvre reflète les efforts déployés pour apporter la stabilité et l’aide à Gaza, tandis que les médiateurs s’efforcent d’assurer le respect de l’accord par toutes les
parties concernées.
La référence à l’accord quasi-finalisé du 27 mai 2024 n’est pas un hasard: le Courrier
des Stratèges vous avait indiqué que le Hamas avait accepté le projet; c’est Israël qui l’avait fait échouer.
Il s’agit bien d’un retrait de la Bande de Gaza par l’armée israélienne ! J’ai lu ailleurs que l’armée israélienne avait accepté de se retirer du « corridor de
Philadelphie » au sud de la bande de Gaza mais je dois encore le vérifier. Nous n’avons pas fini de parler de cet accord.
Trump est-il en train de mettre fin au génocide des Palestiniens de Gaza ?
Donald Trump est-il en train de mettre fin au génocide que subissent les Palestiniens de Gaza ?
Il a en tout cas surpris Benjamin Netanyahou en le forçant à débloquer la négociation qui se déroule à Doha entre les Etats-Unis, l’Egypte, le Qatar et le Hamas. L’objectif est d’obtenir une
libération des otages israéliens avant l’inauguration du 20 janvier. Les Palestiniens trouvent-ils en Trump un allié inattendu, lui qui menaçait, il y a quelques jours encore, de
« déclencher l’enfer » si les otages n’étaient pas libérés ? Dans l’immédiat, la guerre pourrait s’arrêter. A long terme il faudra bien plus pour faire reconnaître les droits des
Palestiniens.
Des manifestants brandissent des torches lors d’une manifestation appelant à la libération immédiate des otages détenus dans la bande de Gaza par le groupe militant du Hamas à Tel Aviv, Israël,
le lundi 13 janvier 2025.Crédit : Ohad Zwigenberg / AP
C’est le développement inattendu de la semaine. Il y a une semaine, Donald Trump parlait, en conférence de presse, de « déclencher l’enfer » si les otages
n’étaient pas libérés avant son inauguration. or, en fait, c’est Benjamin Netanyahou qui a été soumis à forte pression par l’équipe Trump.
Le Hamas est prêt, depuis des mois, à signer un accord comme celui qui est sur la table
Les négociateurs palestiniens ont donné leur accord à un schéma
de cessez-le-feu. En fait, les négociateurs du Hamas, qui représentent l’ensemble des factions combattantes de la Bande de Gaza, avaient déjà donné leur accord au même schéma il y a des
mois: les otages israéliens seraient relâchés contre un arrêt durable de l’intervention israélienne à Gaza.
Les tentatives d’obstruction des ministres israéliens Ben Gvir et Smotrich
« Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclenché un tollé lundi en affirmant qu’il avait fait échouer à plusieurs reprises un accord de cessez-le-feu avec le
Hamas au cours de l’année écoulée, tout en appelant le ministre des finances, Bezalel Smotrich, à se joindre de nouveau à lui pour contrecarrer un accord en cours d’élaboration. Les
remarques de M. Ben Gvir ont suscité de vives critiques de la part des parents d’un certain nombre d’otages et des législateurs de l’opposition qui accusent depuis longtemps le Premier
ministre Benjamin Netanyahu de s’opposer à un accord de cessez-le-feu afin de préserver sa coalition. (…) Toutefois, M. Ben Gvir a déclaré qu’il n’avait plus le pouvoir d’arrêter ce qu’il
appelle « l’accord de capitulation » parce que M. Netanyahu a élargi la coalition en intégrant le parti Nouvelle Espérance du ministre des affaires étrangères Gideon Sa’ar en septembre de
l’année dernière. « Récemment, d’autres acteurs qui soutiennent l’accord ont rejoint le gouvernement, et nous ne détenons plus l’équilibre des forces », a-t-il déploré ».
Comment l’émissaire de Donald Trump a forcé la main à Netanyahou
En réalité, la pression sur le gouvernement israélien pour arriver à la signature d’un cessez-le-feu est venue de Donald Trump. Selon Haaretz, en effet :
« Vendredi soir dernier, Steven Witkoff, l’envoyé du président élu Donald Trump au Moyen-Orient, a appelé du Qatar pour dire aux collaborateurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu
qu’il viendrait en Israël le lendemain après-midi. Les assistants ont poliment expliqué que c’était en plein shabbat, mais que le Premier ministre serait heureux de le rencontrer samedi
soir. La réaction brutale de Witkoff les a surpris. Il leur explique dans un anglais salé que le shabbat ne l’intéresse pas. Son message était clair et net. Ainsi, s’écartant de manière
inhabituelle des pratiques officielles, le premier ministre s’est présenté à son bureau pour une réunion officielle avec Witkoff, qui est ensuite retourné au Qatar pour sceller l’accord.
Une semaine avant l’investiture de Trump, Jérusalem constate déjà un changement dans les règles du jeu qui a permis de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations sur
les otages. De manière inhabituelle, l’administration Biden sortante a laissé Witkoff diriger le processus, au motif que toute obligation contractée par les États-Unis incombera à Trump,
et non à Biden. Witkoff est un investisseur et promoteur immobilier juif proche de Trump. Il n’a pas les antécédents des personnes qui remplissent habituellement les fonctions
diplomatiques. « Witkoff n’est pas un diplomate. Il ne parle pas comme un diplomate, il ne s’intéresse pas aux manières et aux protocoles diplomatiques », déclare un haut diplomate
israélien sous couvert d’anonymat. « C’est un homme d’affaires qui veut conclure un accord rapidement et qui va de l’avant avec une agressivité inhabituelle »
Les Démocrates aimeraient s’approprier le succès avant le 20 janvier
A première vue, rien ne pourra faire dérailler la signature de l’accord en vue du 20 janvier. Anthony Blinken, le Secrétaire d’Etat sortant, a prononcé
un discours le 14
janvier sur l’avenir du gouvernement de Gaza « après la guerre », où il s’est attribué le mérite d’un accord imminent. C’est évidemment une imposture puisque le gouvernement
Biden a été le complice constant des sabotages des négociations par Netanyahu et ses ministres tout au long de l’année 2024. Espérons, en tout cas, pour les Gazaouis, que la négociation aille,
cette fois, jusqu’au bout.
En fait, Witkoff a forcé Israël à accepter un plan que Netanyahou avait rejeté à plusieurs reprises au cours des six derniers mois. Le Hamas n’a pas changé d’avis : la libération des
otages doit être conditionnée à la libération des
prisonniers palestiniens (la partie facile) et au retrait complet d’Israël de la bande de Gaza (la partie difficile). Netanyahou a rejeté cette condition et c’est ainsi qu’est né
l’accord partiel proposé par l’Égypte.
Au départ, il était question d’un accord humanitaire limité. De plus en plus de conditions ont été ajoutées jusqu’à ce que la proposition devienne beaucoup plus importante et que ses
grandes lignes soient claires : libération des otages, nouveaux accords régionaux et retrait total. Le corridor Philadelphie, que M. Netanyahu a qualifié l’été dernier de fondement de
l’existence d’Israël, fait partie de l’accord. À la demande de l’Égypte, Israël s’en retirera totalement dans un premier temps.
Netanyahou peut-il encore faire échouer le deal?
Le Premier ministre israélien osera-t-il s’opposer à Donald Trump ?
Malgré cela, la balle reste dans le camp de Netanyahou, et personne ne peut être sûr de ce qu’il décidera à la dernière minute.
Lundi après-midi, il a informé le ministre des finances Bezalel Smotrich et le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir. M. Ben-Gvir votera contre tout accord, cela ne fait aucun
doute. Pour lui, gagner des voix populistes lors des prochaines élections est plus important que de sauver des vies. Lorsque Smotrich a quitté la réunion avec le Premier ministre, il
avait l’air pensif. Ceux qui lui ont parlé lundi ont eu l’impression qu’il pensait qu’il s’agissait d’un bon accord.
Mais à midi, il a annoncé qu’il s’agissait d’une catastrophe qu’Israël ne devait pas accepter. La déclaration de M. Smotrich n’a toutefois pas abordé la question essentielle, à savoir
s’il considère qu’il s’agit d’une raison de quitter la coalition. S’il quitte la coalition, il entraînera
Ben-Gvir avec lui et le gouvernement tombera. S’il se contente de s’opposer à l’accord, son opposition n’aura aucun sens – elle se limitera à du temps d’antenne dans les
émissions de radio.
Cette question est liée à une autre, à savoir si Netanyahou peut faire passer le budget 2025 et mieux assurer la survie de la coalition, à la lumière de la crise sur le projet de loi
Haredi et de la lutte intestine dans le camp ultra-orthodoxe pour savoir qui peut être le plus extrême.
La méthode Trump
La méthode Trump est connue depuis son premier mandat. Il n’aime pas la guerre, il préfère les accords économiques et commerciaux. Trump n’est pas
du genre à supporter une guerre de Gaza qui s’éternise. Ceci ne veut pas dire qu’il soit l’ami des Palestiniens.
Toute la diplomatie de son premier mandat a consisté à chercher à obtenir des accords entre Etats arabes et Israël dans lesquels les Palestiniens n’étaient tout
simplement plus pris en considération – au mépris du droit international.
Nous nous réjouirons si le cauchemar des Palestiniens de Gaza s’arrête dans quelques jours et si les otages israéliens encore vivants, bien qu’abandonnés
par le gouvernement Netanyahou à de sordides considérations politiques, sont libérés par les milices palestiniennes.
Mais la crise de Gaza a commencé il y a des années et elle ne sera pas terminée par un coup de baguette magique.
Depuis des décennies, Israël joue la carte de la duplicité. Il signe avec les Palestiniens des accords
censés être mis en œuvre par étapes. La première phase donne à Israël ce qu’il veut – en l’occurrence ici la libération des otages israéliens à Gaza – mais Israël ne met généralement pas en œuvre les
phases suivantes qui mèneraient à une paix juste et équitable. Il provoque éventuellement les Palestiniens par des attaques armées aveugles pour se venger, qualifie la réaction
palestinienne de provocation, et abroge l’accord de cessez-le-feu pour reprendre le massacre.
Si ce dernier accord de cessez-le-feu en trois phases est ratifié – et il n’y a aucune certitude qu’il le soit par
Israël – il ne sera, je pense, guère plus qu’une pause dans les bombardements à l’occasion de l’inauguration présidentielle. Israël n’a pas l’intention d’arrêter son carrousel de la
mort.
Le cabinet israélien a reporté le vote sur la proposition de
cessez-le-feu tout en continuant à pilonner Gaza. Au moins 81 Palestiniens ont été tués au cours des dernières 24
heures.
Le matin suivant l’annonce de l’accord, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a accusé
le Hamas d’avoir revu certains points de l’accord «dans le but
d’extorquer des concessions de dernière minute». Il a prévenu que son cabinet ne se réunira pas «tant que les
médiateurs n’auront pas notifié à Israël que le Hamas a accepté tous les éléments de l’accord».
Le Hamas a rejeté les affirmations de Netanyahou,
et a réitéré son engagement en faveur du cessez-le-feu tel qu’il a été convenu avec les médiateurs.
L’accord comprend trois phases. La première, d’une durée de 42 jours, prévoit un arrêt des hostilités. Le Hamas doit libérer certains otages israéliens – 33
Israéliens capturés le 7 octobre 2023, dont les cinq femmes encore en captivité, les personnes de plus de 50 ans et les malades – en échange d’un millier de Palestiniens emprisonnés par
Israël.
L’armée israélienne devra se retirer des zones peuplées de la bande de Gaza dès le premier jour du cessez-le-feu. Le 7ème jour, les Palestiniens déplacés
seraient autorisés à regagner le nord de Gaza. Israël devra autoriser l’entrée de 600 camions d’aide alimentaire et médicale chaque jour à Gaza.
La deuxième phase, débutant le 16ème jour du cessez-le-feu, verrait la libération des derniers otages israéliens. Israël devrait achever son retrait de Gaza
au cours de la deuxième phase, tout en maintenant une présence dans certaines parties du couloir de Philadelphie, qui s’étend le long de la frontière de 12 km entre Gaza et l’Égypte. Il
doit aussi céder son contrôle sur le checkpoint de Rafah, entre Gaza et l’Égypte.
La troisième phase doit aboutir à des négociations en vue de mettre un terme définitif à la guerre.
Mais c’est le bureau de Netanyahou qui a déjà rejeté l’accord. Il a publié une déclaration refusant le retrait des
troupes israéliennes du couloir Philadelphie au
cours de la première phase de 42 jours du cessez-le-feu. «Concrètement, Israël
restera dans le couloir Philadelphie jusqu’à nouvel ordre», tout en affirmant que les Palestiniens tentent de violer l’accord. Tout au long des nombreuses négociations de
cessez-le-feu, les Palestiniens ont exigé que les troupes israéliennes se retirent de Gaza. L’Égypte a condamné la prise de son
poste-frontière par Israël.
Les profondes dissensions entre Israël et le Hamas, même si les Israéliens acceptent finalement l’accord, menacent de le faire imploser. Le Hamas cherche à
obtenir un cessez-le-feu permanent. Mais la politique israélienne est sans équivoque quant à son «droit» de se réengager militairement. Il n’y a pas de consensus sur la question de savoir
qui gouvernera Gaza. Israël a clairement indiqué que le maintien du Hamas au pouvoir est inacceptable. L’accord ne mentionne pas le statut de l’Office de secours et de travaux des Nations
unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), l’agence des Nations unies qu’Israël a interdite et qui fournit l’essentiel de
l’aide humanitaire apportée aux Palestiniens, dont 95% ont été déplacés. Rien n’est prévu pour la reconstruction de Gaza, qui n’est plus qu’un champ de ruines. Et, bien sûr, aucune piste
pour un État palestinien indépendant et souverain n’est prévue dans l’accord.
Les mensonges et manipulations d’Israël sont tristement prévisibles.
Les accords de Camp David, signés en 1979 par le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menachem Begin, sans la participation
de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ont normalisé les relations diplomatiques entre Israël et l’Égypte. Mais les phases suivantes, parmi lesquelles la promesse d’Israël
de résoudre la question palestinienne avec la Jordanie et l’Égypte, de permettre l’autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza dans un délai de cinq ans et de mettre fin à la
construction de colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, n’ont jamais été honorées…
Prenons par exemple les accords d’Oslo de 1993. Ces accords, signés en 1993, qui ont vu l’OLP
reconnaître le droit d’Israël à exister et Israël reconnaître l’OLP comme la représentation légitime du peuple palestinien, et les accords d’Oslo II, signés en 1995, qui détaillaient le
processus vers la paix et la création d’un État palestinien, étaient mort-nés. Ces accords stipulaient que toute discussion sur les «colonies» juives illégales devait être reportée
jusqu’aux pourparlers sur le statut «final», date à laquelle le retrait militaire israélien de la Cisjordanie occupée devait être achevé. L’autorité gouvernementale devait
être transférée d’Israël à l’Autorité
palestinienne, censée être temporaire. La Cisjordanie a été divisée en zones A, B et C. L’Autorité palestinienne dispose d’une autorité limitée dans les zones A et B. Israël contrôle
toute la zone C, soit plus de 60% de la Cisjordanie.
Le droit des réfugiés palestiniens à retourner sur les terres historiques qui leur ont été confisquées en 1948 lors de la création d’Israël – un droit
inscrit dans le droit international – a été abandonné par le chef de l’OLP, Yasser Arafat, aliénant instantanément de nombreux Palestiniens, en particulier ceux de Gaza, où 75% sont des
réfugiés ou des descendants de réfugiés. Edward Said a qualifié les accords d’Oslo de
véritable instrument de capitulation palestinienne, de Versailles palestinien, et a qualifié Arafat de «Pétain des
Palestiniens».
Les retraits militaires israéliens prévus par les accords d’Oslo n’ont jamais eu lieu. L’accord provisoire ne comportait aucune disposition visant à mettre
fin à la colonisation juive, mais seulement l’interdiction de «mesures unilatérales». Les colons juifs étaient au nombre d’environ 250 000 en Cisjordanie au moment des accords d’Oslo. Ils
sont aujourd’hui au moins 700 000. Aucun traité définitif n’a
jamais été conclu.
Le journaliste Robert Fisk a qualifié les accords d’Oslo d’«imposture, de
mensonge, de ruse pour amener Arafat et l’OLP à abandonner tout ce pour quoi ils avaient lutté pendant plus d’un quart de siècle, un moyen de créer de faux espoirs afin de réduire à néant
l’aspiration à la création d’un État».
Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, qui a signé les accords d’Oslo, a été assassiné le 4 novembre 1995 à la suite
d’un rassemblement de soutien aux accords, par Yigal Amir, un étudiant en droit juif d’extrême droite. Itamar Ben-Gvir, aujourd’hui ministre de la Sécurité nationale d’Israël, était l’un
des nombreux hommes politiques d’extrême droite à avoir proféré des menaces à l’encontre d’Ytzhak Rabin. La
veuve de ce dernier, Leah, a accusé Netanyahou et ses soutiens – qui
distribuaient des tracts lors de rassemblements politiques représentant Rabin en uniforme nazi – d’être responsables du meurtre de son mari.
Depuis, Israël a mené une série d’assauts meurtriers sur Gaza, nommant cyniquement les opérations de
bombardement «tondre la
pelouse». Ces attaques, qui font des milliers de morts et de blessés et dégradent encore davantage les fragiles infrastructures de Gaza, portent des noms comme Operation Rainbow
(2004), Operation Days of Penitence (2004), Operation Summer Rains (2006), Operation Autumn Clouds (2006) et Operation Hot Winter (2008).
Israël a enfreint l’accord de cessez-le-feu
conclu en juin 2008 avec le Hamas, sous l’égide de l’Égypte, en lançant un raid frontalier qui a tué six membres du Hamas. Ce raid a déclenché, comme Israël le souhaitait, une riposte du
Hamas, qui a tiré des roquettes et des obus de mortier sur Israël. Les tirs du Hamas ont fourni le prétexte à une attaque israélienne massive. Israël, comme toujours, a justifié sa frappe
militaire par son droit à la défense.
L’opération Cast Lead (2008-2009), au cours de laquelle Israël a mené un assaut terrestre et aérien durant 22 jours, l’armée de l’air israélienne ayant
largué plus de 1000 tonnes d’explosifs sur Gaza, a fait 1 385 morts – selon le
groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem -, dont au moins 762 civils, dont 300 enfants. Quatre Israéliens ont été tués au cours de la même période par des roquettes du
Hamas et neuf soldats israéliens sont morts à Gaza, dont quatre victimes de «tirs amis». Le
journal israélien Haaretz rapportera
plus tard que l’opération Cast Lead a été préparée au cours des six mois précédents.
L’historien israélien Avi Shlaim, qui a servi dans l’armée israélienne, a écrit que «la brutalité des
soldats d’Israël n’a d’égale que la mendicité de son porte-parole… leur propagande est un tissu de mensonges… Ce n’est pas le Hamas mais Tsahal qui a rompu le cessez-le-feu. L’armée
israélienne ont violé le cessez-le-feu en menant un raid à Gaza le 4 novembre, au cours duquel six hommes du Hamas ont été tués. L’objectif d’Israël n’est pas seulement de défendre sa
population, mais de renverser à terme le gouvernement du Hamas à Gaza en retournant le peuple contre ses dirigeants».
Ces séries d’attaques contre Gaza ont été suivies par des assauts israéliens en novembre 2012, connus sous le nom d’opération Pillar of Defense, puis en
juillet et août 2014 avec l’opération Protective Edge, une offensive de sept semaines qui a fait 2
251 morts parmi les Palestiniens, ainsi que 73 Israéliens, dont 67 soldats.
Ces agressions de l’armée israélienne ont été suivies en 2018 par des manifestations majoritairement pacifiques de Palestiniens, baptisées La grande marche
du retour, le long de la clôture de Gaza. Plus de 266 Palestiniens ont été abattus par des soldats israéliens, et
30 000 autres blessés. En mai 2021, Israël a tué plus de 256
Palestiniens à Gaza à la suite d’attaques de la police israélienne
contre des fidèles palestiniens dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. D’autres agressions contre des fidèles de la
mosquée Al-Aqsa ont eu lieu en avril 2023.
Puis, le 7 octobre 2023, les barrières de sécurité qui cernent Gaza, où les Palestiniens dépérissent sous blocus depuis plus de
16 ans dans cette prison à ciel ouvert, ont été franchies. Les attaques menées par des Palestiniens armés ont fait quelque 1200 morts parmi les Israéliens – dont des
centaines tués par Israël lui-même – et ont donné
à Israël le prétexte qu’il attendait depuis longtemps pour mettre Gaza à feu et à sang, dans le cadre de la fameuse opération Swords of Iron War.
Cette macabre saga n’est pas terminée. Les objectifs d’Israël demeurent inchangés, à savoir éradiquer les Palestiniens
de leur terre. Cette dernière proposition de cessez-le-feu n’est qu’un chapitre de plus du cynisme d’Israël. Il se peut qu’il s’effondre de bien des manières et, je le crois, qu’il
s’effondrera.
Mais prions, au moins en cet instant, pour que le massacre cesse.
Dans le tragique mélodrame du «cessez le feu entre Israël et le Hamas», le président Biden, qui a soutenu et armé Israël dans la démolition de la Palestine,
joue le rôle de médiateur de paix ; le Premier ministre Netanyahou, qui a opéré le génocide des Palestiniens, joue le rôle de représentant d’un pays agressé et obligé de se défendre. Il y
a des preuves certaines que le plan du Hamas d’attaquer Israël était connu par les commandements et services secrets israéliens, qui l’ont facilité sur la base d’une stratégie analogue à
celle de l’attaque du 11 septembre 2001 à New York et Washington qui servit aux USA pour déclencher la «guerre mondiale au terrorisme».
Le «cessez le feu», ou interruption du bombardement israélien de Gaza, servira en tous cas (s’il est mis en œuvre) à sauver des vies palestiniennes, après
que 100 000 Palestiniens, en très grande majorité civils, ont été trucidés. Il reste un territoire, celui de Gaza détruit et occupé militairement par Israël ; reste la Cisjordanie, où se
poursuit le génocide pour démolir les bases de l’État de Palestine. Reste la stratégie de guerre mise en acte dans un Moyen-Orient que l’Occident n’arrive plus à dominer.
Cette situation ne concerne pas seulement le Moyen-Orient. La confrontation est désormais mondiale : d’un côté l’Occident qui a recours à la guerre pour
conserver la domination unipolaire dans un monde qui change ; de l’autre l’émergence d’un monde multipolaire, avec l’avancée économique de la Chine, la résistance de la Russie,
l’élargissement des BRICS. Pour alimenter la guerre, l’appareil politico-médiatique répand l’idée d’un ennemi qui menace de plus en plus les «démocraties de l’Occident».
Emblématique est ce que le Secrétaire de l’OTAN Mark Rutte a déclaré au Parlement Européen : «La guerre de la
Russie contre l’Ukraine continue. En même temps, la Russie accélère sa campagne de déstabilisation contre nos pays avec des attaques informatiques, des tentatives d’assassinat, des actes
de sabotage et autres. Et la Russie n’est pas seule. Elle a à ses côtés la Chine, la Corée du Nord et l’Iran. Et entretemps persistent de nombreux autres dangers, du terrorisme à la
prolifération nucléaire, à la désinformation». Le secrétaire de l’OTAN demande donc à l’Europe «d’augmenter
rapidement la production de biens cruciaux, parmi lesquels des navires, chars d’assaut, jets, munitions, satellites et drones». Ceci implique une augmentation de la déjà colossale
dépense militaire au détriment des dépenses sociales.
Les autorités de l’occupation israélienne ont publié vendredi les noms de 95 détenus palestiniens, dont une majorité de femmes et de mineurs, libérables dès
dimanche dans le cadre du premier échange de prisonniers en application de l’accord de trêve avec le Hamas destiné à mettre fin à plus de 15 mois de guerre.
La liste comprend 70 femmes, dont une mineure, et 25 hommes, dont 9 âgés de moins de 18 ans. Selon les informations du ministère, le plus jeune a 16 ans.
Sur la liste, seuls sept prisonniers ont été arrêtés avant le 7 octobre 2023.
Selon l’AFP, parmi les
femmes figure Khalida Jarrar, femme politique, membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), et députée dans le conseil législatif palestinien. Entre 2015 et 2023 elle a
été arrêtée à trois reprises pour ses activités de militante en faveur de la Palestine. Arrêtée fin décembre en Cisjordanie occupée, cette sexagénaire et détenue depuis lors sans
charge.
Abla Saadate, l’épouse du secrétaire général du FPLP Ahmad Saadate ainsi que la sœur du vice-président du bureau politique du Hamas le martyr Salah
al-Aarouri devraient aussi être libérées dimanche.
Selon deux sources proches du Hamas, le premier groupe de captifs à être libéré devrait être composé de «trois soldates
israéliennes» sur les 33 libérables de la première phase.
Chiffres pour la première
phase
Pendant la première phase de 42 jours, 1737 détenus palestiniens devraient être libérés, a précisé vendredi le président de l’Organisation des affaires des
détenus et des libérés palestiniens.
Selon le quotidien israélien Haaretz, 290
prisonniers palestiniens devraient être libérés sur les 563 condamnés à perpétuité.
Mais la correspondante d’Al-Jazeera assure
que le chiffre de ces derniers est nettement supérieur au chiffre officiel des autorités de l’occupation qui excluent dans leur décompte les détenus palestiniens des territoires de
1948.
Les détenus ne devraient plus être
arrêtés
«En échange de chaque
soldate captive, seront libérés 30 détenus condamnés à la perpétuité ainsi que 20 qui purgent de lourdes peines ne dépassant pas les 15 années qui leur reste», a révélé une source
palestinienne pour la chaine d’information libanais Al-Mayadeen en
exposant les critères suivis pour l’opération d’échange.
«En échange de chaque
captive et chaque enfant israélien détenu par le Hamas, 30 prisonnières et enfants palestiniens seront libérés. 30 prisonniers palestiniens âgés et malades seront libérés contre chaque
captif israélien âgé (50 ans) ou malade», a ajouté cette source, selon laquelle «en vertu de l’accord,
les prisonniers palestiniens qui seront libérés ne seront pas arrêtés à nouveau pour les mêmes accusations pour lesquelles ils avaient été arrêtés précédemment, et les prisonniers libérés
ne seront pas arrêtés à nouveau pour purger le reste de leur peine, et ils ne seront pas tenus de signer un quelconque document en échange de leur libération».
Des détenus du Hezbollah libérés à la
2nde phase
Les critères fixés pour l’échange de prisonniers lors de la première phase ne devraient pas non plus constituer la base de l’échange lors de la deuxième
phase de l’accord, précise la source palestinienne.
Un dirigeant du Hamas a confié pour Al-Mayadeen sous
couvert d’anonymat que la libération de ceux qui ont été faits prisonniers après le 7 octobre 2023 sera reportée à la seconde phase, dont les détenus appartenant au Hezbollah.
Deux captifs franco-israéliens
libérables
Deux Franco-israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, figurent dans la liste des premiers otages libérables pendant la première phase,
selon Paris. Tous deux avaient été enlevés dans le kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, libérés lors de la première trêve en novembre 2023.
L’accord de trêve qui prévoit dans une première phase la libération de 33 otages captif israéliens a été validé par le cabinet de sécurité israélien, mais
devrait encore être approuvé par le gouvernement.
Les trois phases de
l’accord
L’accord comprend trois phases. Outre les premières libérations, la première phase comprend, selon le président américain, Joe Biden, «un cessez-le-feu
total», un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l’aide humanitaire.
La deuxième phase doit permettre la libération des derniers captifs, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la
restitution des corps des captifs morts en captivité.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, à savoir «une fin définitive de
la guerre», selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
L’Autorité palestinienne prête à
gouverner Gaza
Le cessez-le-feu laisse en suspens l’avenir politique de Gaza.
L’Autorité palestinienne, est prête à «assumer pleinement
ses responsabilités» à Gaza, a déclaré vendredi son président, Mahmoud Abbas dans sa première déclaration après l’annonce de l’accord.
Le Hamas, qui a remporté les dernières élections législatives palestiniennes en 2006 et pris le pouvoir à Gaza en 2007, avait indiqué au début de la guerre
qu’il ne souhaitait pas gouverner la bande de Gaza après le conflit. Des sources du Hamas ont indiqué à l’AFP qu’elles
seraient prêtes à confier les affaires civiles de Gaza à une entité palestinienne.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahou, un des plus à droite de l’histoire d’Israël, a fait de la destruction du Hamas à Gaza un de ses objectifs de guerre,
mais il a également signifié à maintes reprises sa ferme opposition à voir l’Autorité palestinienne revenir à Gaza.
Mais le secrétaire d’État américain Antony Blinken a estimé la semaine dernière que l’Autorité palestinienne, qui détient une autorité administrative
partielle en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, devrait à l’avenir reprendre le contrôle de Gaza.
Quelles concessions Steve Witkoff
a-t-il offertes à Netanyahou ?
Les négociations
de Doha impliquant les États-Unis, Israël, le Hamas, l’Égypte et le Qatar me rappellent la question de Frank Sinatra : «Est-ce un tremblement
de terre ou seulement un choc ?, est-ce une bonne soupe de tortue ou seulement un simulacre ?» Compte tenu de l’histoire des diverses propositions de paix au Moyen-Orient qui, sous
une forme ou une autre, ont brièvement levé la tête pour mourir sans gloire, il serait peut-être sage de considérer le dernier cessez-le-feu entre Israël et Gaza, qui devait initialement
commencer dimanche, comme la soupe de Sinatra, comme un travail en cours. Et peut-être même qu’il n’est pas vraiment en cours en raison d’agendas et d’accords cachés qui pourraient aller
à l’encontre de ce qui est couché sur le papier. Je pense en particulier aux engagements possibles des États-Unis envers Israël qui donneront au Premier ministre Benjamin Netanyahou des
options lui permettant de reprendre les hostilités en citant les violations par le Hamas des détails des conditions du cessez-le-feu, qu’elles se soient réellement produites ou non. C’est
ainsi que le jeu s’est récemment déroulé en ce qui concerne le Liban et la Syrie, où Israël a manipulé la situation à son avantage, vraisemblablement avec la pleine connivence du
président Joe Biden et de sa bande d’égorgeurs.
Il est intéressant de noter que tant le génocidaire Joe Biden que Donald Trump s’attribuent le mérite du cessez-le-feu, qui a été retardé et n’a pas été
pleinement accepté par Israël dans un premier temps en raison de prétendus «détails». «Le Hamas se retire
des accords et crée une crise de dernière minute qui empêche un règlement», a
déclaré le bureau de Netanyahou jeudi, ajoutant que le cabinet du gouvernement ne se réunirait pas pour voter sur la question jusqu’à ce que le Hamas recule sur de
«nouvelles demandes», accusant le groupe militant de revenir sur certaines parties de l’accord dans le but d’obtenir de nouvelles concessions. Selon des sources israéliennes, le différend
porte sur le «corridor de sécurité» de Philadelphie, où Israël souhaite maintenir une présence militaire, et sur les détails de l’échange d’otages. Certaines de ces questions auraient été
résolues vendredi matin, lorsque le cabinet de sécurité israélien a approuvé le cessez-le-feu.
Mais des inquiétudes subsistent quant à ce qui se passera réellement. Chris Hedges fait remarquer qu’Israël n’a jamais
pleinement mis en œuvre un accord conclu avec les Palestiniens. Néanmoins, quoi qu’il advienne finalement, il est clair que Joe Biden, qui a en fait collaboré avec les Israéliens
et leur a permis de massacrer pas moins de 80 000 Palestiniens, n’a rien à voir avec l’évolution réussie vers l’éventuel accord de cessez-le-feu, et n’a même jamais eu le courage de
confronter les Israéliens pour les contraindre à modérer leur comportement. C’est Donald Trump qui a clairement envoyé son négociateur en chef pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff,
lui-même juif et sioniste convaincu, en mission pour parler franchement à Netanyahou des options qui s’offrent à lui avec l’arrivée de la nouvelle administration lundi. Il semblerait que
Trump souhaite sincèrement mettre fin à la crise de Gaza et de nombreux rapports indiquent qu’il a envoyé des signaux à Netanyahou suggérant qu’il y a un nouveau shérif en ville et que
Gaza est à la fois une distraction par rapport à des problèmes plus importants comme l’Iran et les BRICS, ainsi qu’une mauvaise politique et un énorme problème de relations publiques pour
les États-Unis et Israël si le conflit est autorisé à se poursuivre. L’un des
signaux était, de manière notoire, une vidéo dans laquelle Jeffrey Sachs, professeur à Columbia, disait du mal de Bibi : «Depuis 1995,
Netanyahou défend la théorie selon laquelle le seul moyen de se débarrasser du Hamas et du Hezbollah est de renverser les gouvernements qui les soutiennent. Il s’agit de l’Irak, de la
Syrie, du Liban et de l’Iran. Ce type n’est rien d’autre qu’un obsessionnel. Il essaie toujours de nous faire combattre l’Iran aujourd’hui, cette semaine. C’est un sombre fils de pute,
désolé de vous le dire. Parce qu’il nous a entraînés dans des guerres sans fin et qu’en raison de la puissance de tout cela dans la politique américaine, il a obtenu ce qu’il
voulait». La vidéo a été publiée sur le site de médias sociaux de Trump, Truth Social.
Je préfère croire que Witkoff a offert à Netanyahou un bâton et une carotte. Le Premier ministre est en grande difficulté avec sa propre coalition
gouvernementale, plus particulièrement les factions dirigées par Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qui rejettent tout cessez-le-feu tant que le Hamas n’est pas complètement détruit,
mais il semble maintenant que même s’ils démissionnent du gouvernement, ils ne choisiront pas de faire tomber Netanyahou. L’une des incitations de Trump semble être l’annulation
d’une décision de
Biden de sanctionner les colons israéliens de droite en Cisjordanie qui utilisent la violence pour harceler les Palestiniens dans les villages qui leur restent et dans leurs
fermes. Il a également été suggéré que les États-Unis pourraient fermer les yeux sur la réinstallation de colons juifs israéliens à Gaza, éliminant ainsi tout retour chez eux pour les
habitants de la bande de Gaza. Convaincre le mouvement des colons de rester positivement engagé dans ce qui est sur le point de se produire pourrait être crucial pour la survie de
Netanyahou. Pour convaincre les colons, de hauts responsables du parti républicain les ont également invités à assister à l’investiture de Trump, lundi. Les colons assisteront également à
la première session du «Caucus des amis de la Judée et de la Samarie» nouvellement créé au sein du Congrès américain. La Judée et la Samarie sont les noms bibliques préférés d’Israël pour
désigner la Cisjordanie, ce qui indique que les républicains sont favorables à ce que l’État juif éradique à la fois les Palestiniens et le nom même de la Palestine.
Plus important en termes de ce qui se passe sur le terrain, la chaîne d’information israélienne ynetrapporte que «le président Trump,
selon une source familière avec les détails, a déjà promis à Netanyahou et au ministre Ron Dermer que s’ils acceptent un cessez-le-feu et le retrait des forces de défense israéliennes de
la bande de Gaza, il soutiendra Israël rétroactivement s’il décide de reprendre les combats et de violer le cessez-le-feu». Par ailleurs, Israël pourrait choisir de reprendre les
combats après la fin de la période initiale de six semaines de trêve, donnant ainsi l’impression de respecter pleinement le cessez-le-feu. Il peut jouer sur les deux tableaux et pourrait
même obtenir de Washington l’engagement de faire avancer les préparatifs d’une action militaire commune contre l’Iran.
Comme troisième incitation pour Israël, l’administration Trump aurait accepté de supprimer les sanctions
commerciales américainesinitiées
en novembre 2021 contre la société d’espionnage israélienne NSO Group et son logiciel espion Pegasus qui «a été utilisé pour
pirater des responsables du gouvernement américain et d’autres politiciens de haut niveau, des militants pour la paix et les droits de l’homme, des avocats internationaux, des
journalistes et plus encore – et qui aurait joué un rôle clé dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi par l’Arabie saoudite». Les responsables de l’administration Biden ont
affirmé à l’époque que cette mesure représentait la première fois que le département du Trésor sanctionnait des personnes ou des entités pour l’utilisation abusive d’un logiciel espion.
Le logiciel «permet à un
utilisateur d’infiltrer des appareils électroniques par le biais d’attaques «zéro-clic» qui ne nécessitent aucune interaction de la part de l’utilisateur ou l’ouverture du virus pour que
le logiciel espion infecte l’appareil». Le logiciel espion, qui a été utilisé dans des dizaines de pays, a permis l’extraction non autorisée de données, le suivi de la géolocalisation et
l’accès à des informations personnelles sur les appareils compromis».
Une liste de 50 000 numéros de téléphone susceptibles d’intéresser les clients du logiciel «Pegasus» de NSO a fait l’objet d’une fuite et a été publiée en
France. Les fondateurs de NSO étaient membres de l’unité 8200 de surveillance électronique ultrasecrète de l’armée israélienne et NSO serait actuellement une façade pour l’armée
israélienne et le Mossad. Selon d’anciens dénonciateurs de l’unité 8200, les membres de l’unité avaient l’habitude de marquer un «X» sur leur casque pour chaque assassinat que leur
surveillance avait permis.
Un rapport d’Amnesty International ainsi qu’une
enquête menée par le Washington
Post et 16 autres groupes de médias ont révélé que les clients utilisant le logiciel espion de qualité militaire «Pegasus» de NSO comprennent de nombreux gouvernements connus
pour la surveillance qu’ils exercent sur leurs propres citoyens. NSO prétend que Pegasus n’est utilisé que par des agences légitimes pour espionner des «terroristes et des
grands criminels», mais la liste divulguée «comprend des numéros
de journalistes, de militants des droits de l’homme, de chefs d’État, de rois, de Premiers ministres – et la fiancée du journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi, ainsi que celle du
journaliste mexicain assassiné Cecilio Pineda Birto».
L’enquête du Post,
intitulée Pegasus Project,
a permis d’identifier et de vérifier les noms de plusieurs membres de la famille royale arabe, de 64 chefs d’entreprise, de 85 militants des droits de l’homme et de plus de 600 hommes
politiques et fonctionnaires. Selon le Washington Post,
le logiciel a été utilisé dans de multiples «tentatives et succès
de piratage». Le Post était
particulièrement sensible à cette menace, car 189 journalistes figuraient sur la liste. Concrètement, la «libération» de Pegasus signifie que le FBI et la NSA pourront l’utiliser pour
renforcer leur espionnage des citoyens américains, ce qui impliquera la recherche des critiques de la politique étrangère des États-Unis, et il ne serait pas surprenant de le voir utilisé
pour éradiquer les critiques d’Israël, qui seront considérées comme de l’antisémitisme, de plus en plus considérées comme un délit majeur par les administrations américaines.
La libération de Pegasus est une affaire importante car il s’agit d’une source importante de revenus et de renseignements de haut niveau pour le
gouvernement israélien et ses services de sécurité. Si mon intuition est bonne, Israël négociera le cessez-le-feu le plus durement possible, en créant des conditions ou des
interprétations qui lui permettront de faire marche arrière et de reprendre les opérations militaires après avoir invoqué des violations mythiques de la part du Hamas. Il pourra reprendre
les hostilités tout en obtenant la libération d’un certain nombre de ses otages, ce qui serait un coup de pouce pour le gouvernement de Netanyahou. Trump se gardera bien de révéler le
faux drapeau israélien, ayant fait valoir qu’il est un faiseur de paix et qu’il est aux commandes. La levée des sanctions et l’adoption par le Congrès des colons israéliens aideront
également Netanyahou sur le plan politique. Il est intéressant de noter que les médias israéliens et leur public ont réagi négativement à l’annonce de l’imminence d’un cessez-le-feu,
affirmant qu’il s’agissait d’une «défaite». En réalité, Israël pourrait, comme toujours, être le vainqueur de ce qui est en train de se passer, sans véritable réaction de la part de
Washington. Lorsqu’il s’agit de traiter avec Israël, Trump pourrait parler durement, mais pourrait finir par emprunter le même chemin que Joe Biden. Y aura-t-il un véritable cessez-le-feu
? Peut-être pas.
Il est évident que toute personne dotée d’un minimum d’humanité ne peut que se réjouir que soit mis un terme au génocide par bombes du peuple arabe
palestinien à Gaza mais encore faut-il que ce ne soit pas une forfaiture conclue pour servir d’écran de fumée à la poursuite du génocide.
Comment s’assurer qu’il ne s’agisse pas précisément d’une arnaque ?
Il faut d’abord en examiner les termes de la trêve et y chercher les échappatoires s’ils existent. Précisément, cet accord de «cessez-le-feu» comprend de
nombreux échappatoires puisqu’il est conçu en 3 étapes distinctes dont les modalités des 2 suivantes demeurent à être négociées et que la fin des hostilités – la fin de l’occupation des
sionazi israéliens sur la Palestine – n’est aucunement prévue ni même mentionnée.
Le monde occidental a atteint un tel degré d’immoralité et d’ignominie qu’il propose de se réjouir que l’État sionazi israélien «suspende temporairement»,
et contre compensation, son génocide, ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité, rien de plus.
Ainsi, en bombardant des civils captifs et désarmés, des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, des camps de réfugiés, etc., indistinctement, l’armée
sionazie se livrait à des crimes de guerre avérés.
En coupant l’eau, l’électricité, l’essence, les médicaments et tous les biens nécessaires à la vie aux civils captifs désarmés et en prenant en otage des
civils non combattants à travers le ghetto de Gaza et la Cisjordanie occupée, l’armée sionazie se livrait à des crimes contre l’humanité.
En interdisant et détruisant l’accès à l’eau, à la nourriture et aux médicaments dans le but déclaré et constamment répété par le gouvernement sionazi
israélien d’exterminer «les animaux à visage
humain» que serait les palestiniens détenus à Gaza, l’armée sionazie se livrait à un génocide.
Dans ces circonstances, comment se réjouir d’un simple «cessez-le-feu» soumis au bon vouloir des criminels génocidaires alors que le minimum décent aurait
été que la communauté internationale déclare la guerre à Israël, détruise son armée nazie, et traduise en justice tous ses dirigeants néo-nazis.
En être réduit à faire confiance au gouvernement d’«un peuple réactionnaire en entier», un gouvernement qui viole le droit international, bafoue toutes les
résolutions de l’ONU, n’a jamais respecté sa parole, ni le moindre engagement, à la minute même qu’il adoptait ce «cessez-le-feu» violait à chaque instant celui signé avec le Liban
quelques jours auparavant, violait la souveraineté de la Syrie et continuait ses bombardements et ses rafles en Palestine occupée.
50 000 palestiniens martyrs sont morts, 260 000 furent blessés et laissés sans soins dont 70% d’enfants et de femmes non combattants ; entre 65 à 85% du
bâti de Gaza a été détruit ou très sévèrement endommagé ; tous les hôpitaux, les écoles, les mosquées ont été détruits ; le personnel médical, les journalistes (220 journalistes) et le
personnel de l’ONU a été assassinés, devant pareils dévastations, comment avoir l’outrecuidance de crier : «victoire» au motif que tout le monde n’a pas été exterminé, du moins à ce jour
?
Pour le peuple palestinien martyr le pire est à venir puisque la famine, la soif, les épidémies infectieuses menacent. Que peut représenter 600 camions de
vivre pour plus de 2 millions d’indigents dépourvus de tout ? Les prisonniers libérés pourront être emprisonnés aussitôt les otages libérés et placés en sécurité, hors de portée des
Palestiniens.
Comment l’échange d’un bœuf contre un œuf peut-il constituer une «victoire» pour la partie lésée ?
La propagande d’une «victoire» n’a qu’un but : disculper la résistance palestinienne
de l’erreur monumentale d’avoir cru que les sionazis israéliens agirait humainement pour sauver les otages en négociant, ce qui s’avéra totalement inepte. Cette erreur est
aggravée par la confiance en l’entité sionazie israélienne et ses sponsors qu’ils respecteront la parole donnée et l’entente signée, ce qui est au mieux de la naïveté et au pire une
trahison.
Comment croire que la résistance palestinienne ignorait la directive Hannibal à
l’effet de tuer les otages pour tuer leurs ravisseurs et ne jamais négocier avec les preneurs d’otages ? Plus encore, comment croire qu’ils ignoraient la barbarie, l’inhumanité, le
racisme, le suprémacisme et la volonté génocidaire du gouvernement de Mileikowsky, alias Benyamin Netanyahou, le «fou de
Yahvé» et la trahison consommée de tous les dirigeants arabes compradores, corrompus et inféodés à l’occident par leurs créances en dollars U$ et le bradage à vil prix des
hydrocarbures ? Comment croire qu’ils ignorent la violation systématique et contemporaine du «cessez-le-feu» signée au Liban ?
L’opération «Déluge d’al Aqsa» était vouée à l’échec et l’avoir déclenchée pose la cuisante question du pourquoi ? Prétendre à
une «victoire» alors que le peuple palestinien martyr a souffert comme jamais auparavant dans sa triste histoire ne doit pas sursoir à l’obligation incontournable de rendre des
comptes.
La résistance palestinienne d’obédience religieuse a prouvé sa nuisance envers la cause sacrée du peuple palestinien martyr, à son territoire et à sa
dignité et seule la révolution prolétarienne de tous les prolétaires du monde apportera une paix juste et universel, le bonheur et la postérité au courageux peuple palestinien et à toute
l’humanité.