L’armée israélienne est en grande difficulté à Gaza. Ce n’est pas dans les médias français que vous le trouverez. Mais dans les médias israéliens. Les milices combattantes palestiniennes ne
cessent de refaire leurs effectifs. Et les soldats israéliens repartent de la Bande en proie à des troubles psychologiques ou psycho-somatiques importants. Progressivement le pari de « l’Axe
de la Résistance » qui était, en octobre 2023, d’user la société israélienne, malgré la surpuissance de bombardement que procurent les Etats-Unis à Tsahal, est-il en train de se réaliser ?
Combattants du Front Populaire de Libération de la Palestine
« Le Hamas a recruté quelque 4 000 nouveaux agents pour son aile militaire au cours des derniers mois », a rapporté mercredi le site
d’information israélien Walla,
citant des sources du commandement sud de l’armée.
« Dans certains endroits, le Hamas s’est adapté à la lutte contre les forces du sud de la bande de Gaza », ont ajouté les sources.
Le rapport ajoute que tout au long de la guerre, les combattants des Brigades Qassam ont été en mesure d’échapper aux services de renseignement et de déjouer les opérations.
Mohammad Sinwar, chef militaire des Brigades Qassam et frère du défunt chef du Hamas Yahya Sinwar, et le commandant Izz al-Din Haddad sont les deux chefs qui dirigent les opérations du
groupe de résistance palestinien, selon le site d’information. « Ils ont fait très attention à ne pas s’exposer.
Ces derniers jours, des batailles féroces ont repris à Gaza, l’aile militaire du Hamas reconstituant ses rangs
Les milices combattantes palestiniennes refont leurs forces
Prenons le temps de comprendre ce que cela signifie. L’armée israélienne se plaint qu’il lui manque entre dix et vingt-mille hommes. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle une épreuve de force est engagée entre le gouvernement israélien et certaines communautés juives religieuses d’Israël qui ne veulent pas servir.
Face à cela, on nous dit que le seul Hamas arrive à recruter, en quelques semaines 4000 combattants à Gaza. Il faudrait y ajouter les autres milices palestiniennes:
Jihad islamique international, Front Populaire de Libération de la Palestine etc….Le ratio, depuis le début du conflit est d’un tiers de combattants des autres milices à ajouter aux hommes du
Hamas. Disons qu’il y a entre 5 et 6000 combattants palestiniens.
Parcourez les canaux Telegram des milices palestiniennes en regard des nouvelles données par la presse israéliennes: tous les jours ont lieu une dizaine
d’embuscades, d’escarmouches, de combats où les Israéliens perdent des soldats, tués ou blessés.
La démoralisation de l’armée israélienne
Là encore, « The Cradle » propose une revue de presse israélienne:
Pendant ce temps, l’armée israélienne est épuisée, épuisée et psychologiquement endommagée par la guerre qui dure depuis plus d’un an, et par des batailles terrestres féroces.
« L’armée estime que d’ici 2030, le nombre de soldats handicapés atteindra 100 000, dont 60 % souffriront de troubles mentaux », a rapporté mercredi la
société israélienne de radiodiffusion (KAN).
De plus en plus de soldats refusent également de servir dans l’armée. Selon un rapport du
magazine Ha-Makom publié
le 20 octobre, nombre d’entre eux sont déprimés, épuisés, psychologiquement endommagés et démotivés.
L’un des parents d’un soldat cité dans le rapport de Ha-Makom a
déclaré que, selon son fils, « les salles sont vides. Tous ceux qui ne sont pas morts ou blessés ont subi des dommages mentaux. Il en reste très peu qui sont retournés au combat. Et ils
ne sont pas tout à fait bien non plus ».
Il faut comprendre cet effondrement psychologique répandu et sans doute appelé à se généraliser aux multiples sens d’une « démoralisation »:
(1) Les soldats israéliens sont épuisés psychologiquement par une guerre qui n’en finit pas. Ils n’ont plus le moral.
(2) La guerre n’a plus de sens pour eux.
(3) Tsahal est engagée dans une guerre d’extermination des Palestiniens.
(4) Comme dans tout génocide, les bourreaux sont atteints de syndromes psychologiques et même psycho-somatiques aigus.
Derrière les apparences, un bilan terrible pour Israël
Israël a pris le contrôle de Gaza à la suite d’une opération terrestre déclenchée par le massacre du 7 octobre et continue de gouverner la Cisjordanie. Ces dynamiques façonnent une
réalité sécuritaire complexe, avec Israël empêtré sur de nombreux fronts et confronté à l’absence de gouvernance stable à ses frontières.
Les réalisations militaires d’Israël au cours de l’année écoulée, notamment la destruction des restes de l’armée d’Assad et l’affaiblissement d’adversaires tels que le Hezbollah,
n’améliorent pas nécessairement l’équilibre général des forces face à l’Iran. Téhéran n’est pas seulement évalué à l’aune de sa capacité à représenter une menace directe, mais aussi à
l’aune de sa réussite à fragmenter les États régionaux en entités faibles dépendantes d’un parrainage extérieur.
Et l’auteur est pessimiste quant à l’impact socio-économique sur Israël :
Les implications économiques de cette nouvelle réalité sont peut-être les plus importantes. Le fonctionnement d’une armée moderne nécessite des ressources massives. Alors que les dépenses
de défense augmentent, les budgets pour le développement des infrastructures, l’éducation, la protection sociale et l’innovation diminuent. En d’autres termes, une plus grande partie des
recettes fiscales d’Israël est réorientée vers la lutte contre les menaces sécuritaires actuelles plutôt que vers la construction d’une infrastructure civile robuste pour soutenir la
croissance économique à long terme.
C’est le talon d’Achille de tout État occidental : la dépendance à un niveau de vie élevé et à la stabilité économique comme fondement de la résilience nationale.
La société israélienne étant obligée de sacrifier son bien-être au profit des dépenses de sécurité, une érosion interne se produit. L’écart entre riches et pauvres peut s’élargir et la
classe moyenne – un pilier central de la stabilité sociale et économique – peut se réduire. À long terme, la réduction des investissements dans l’éducation, la recherche et le
développement, les infrastructures de transport et l’énergie propre entravera le potentiel de croissance d’Israël.
La baisse cumulative du niveau de vie remodèlera la société, exacerbera les tensions internes et sapera la cohésion nationale
Le point de vue que je cite est perspicace mais il a une limite : il considère qu’Israël ne fait que se défendre contre l’Iran et ses alliés. Je pense pour ma part
plus exact de présenter Israël comme l’agresseur permanent. Ce qui rend encore plus évident l’effet délétère de l’enlisement en cours. Quand on n’est pas soutenu par des
principes moraux et que vient la défaite, l’effondrement du moral et la désintégration sociale sont d’autant plus marqués.
Aujourd’hui, Israël est en surextension militaire (Gaza, Cisjordanie, Galilée, Syrie) avec des troupes au sol qui ont de moins en moins envie de se battre; quand
elles le font, elles se comportent comme la pire des armées du XXè siècle; et toute la société israélienne est confrontée aux récits des horreurs qui rongent les soldats – quand ils ne les
racontent pas. Ajoutons-y l’isolement international croissant du pays et le mécanisme redoutable de l’implosion nationale est définitivement mis en place.
Le nettoyage ethnique est pratiquement terminé au nord de la bande de Gaza
Un général de Tsahal a récemment admis que l’objectif était d’expulser les habitants et de ne leur laisser aucune possibilité de retour.
Les efforts déployés par Israël pour éliminer ou expulser les Palestiniens de la bande de Gaza – efforts qui sont évidents depuis les tous premiers jours de
l’assaut militaire israélien sur le territoire, qui dure depuis un an – sont en passe d’atteindre leur objectif dans la partie la plus septentrionale de la bande de Gaza.
Les responsables israéliens ont également laissé transparaître d’autres signes montrant que tel est bien leur objectif. La semaine dernière, un général de
brigade des forces de défense israéliennes (FDI) a déclaré à des journalistes israéliens qu’en expulsant les habitants de cette zone, qui comprend la ville de Beit Lahiya et le camp de
réfugiés de Jabaliya, Tsahal n’avait pas l’intention de les laisser revenir. Le général a ajouté qu’Israël n’autoriserait aucune aide humanitaire dans cette partie de la bande de Gaza car
«il n’y a
plus de civils».
Un porte-parole des FDI a par la suite essayé de démentir les propos du général, et le gouvernement israélien, à plusieurs reprises, a nié avoir procédé à
des expulsions forcées. Cependant, les rapports concernant ce qu’il se passe sur le terrain, en dépit des mesures prises par Israël pour empêcher la presse de couvrir la zone de conflit,
confirment qu’il s’agit d’une campagne de nettoyage ethnique. Des journalistes du journal israélien Haaretz ont
pu confirmer les expulsions forcées. D’autres articles ont confirmé que l’aide ne parvenait pas dans le nord de la bande de Gaza, avec pour conséquence la perspective d’une famine.
Les images les plus fréquentes quand il s’agit du nord de Gaza sont en partie celles qui nous sont devenues familières il y a un an : bâtiments réduits à
l’état de ruines et photos d’habitants quittant leurs maisons avec le peu de biens qu’ils peuvent emporter. Ces images d’exode ressemblent à celles du précédent nettoyage ethnique
israélien visant les Palestiniens, la Nakba de 1948.
Même si Israël le nie, ce qui se passe semble fort être une version du «plan des généraux», une proposition présentée au gouvernement de Benjamin Netanyahou
en septembre et qui a ensuite fait l’objet d’une fuite. Celle-ci prévoit de couper l’approvisionnement de la partie de la bande de Gaza en question et de dire à tous ceux qui y vivent
qu’ils doivent partir ou être considérés comme des «combattants» susceptibles d’être attaqués.
Les opérations israéliennes se concentrent actuellement sur le nord, mais la majeure partie des opérations menées par l’armée israélienne dans toute la
bande de Gaza depuis un an s’apparente à un nettoyage ethnique. Les habitants qui n’ont pas été tués – et le nombre réel de morts dans les décombres est probablement bien plus élevé que
le décompte officiel actuel qui s’élève à environ 43 000 – se retrouvent dans un terrain vague où il est impossible de vivre. L’attaque israélienne a détruit les équipements et les
services de santé et d’éducation, les systèmes d’urgence et la plupart des autres infrastructures nécessaires à l’existence d’une communauté.
Les dirigeants du mouvement de colonisation juive en Cisjordanie ont hâte que les colonies gagnent la bande de Gaza. Le plan des généraux est davantage axé
sur la sécurité, l’idée étant de transformer la partie de la bande à partir de laquelle le Hamas a lancé son attaque contre le sud d’Israël l’année dernière en une zone tampon contrôlée
par les forces de défense israéliennes. Alors que le gouvernement Netanyahou fait toujours l’objet de critiques internes pour avoir laissé cette attaque se produire, un tel dispositif
représenterait une «réussite» à faire valoir même si l’objectif déclaré de «destruction» du Hamas ne pourra jamais être atteint et même si cela ne fera rien ou pas grand-chose pour éviter
que les Palestiniens ne commettent d’autres formes de violence à l’encontre d’Israël, sans reproduire l’attaque du Hamas du 7 octobre.
Les récentes évolutions politiques en Israël ont rendu le gouvernement de Netanyahou encore plus enclin à continuer le nettoyage ethnique à Gaza. Netanyahou
a limogé le ministre de la défense, Yoav Gallant, qui était favorable à un cessez-le-feu prévoyant le retour des otages israéliens encore détenus et qui avait déclaré que l’armée
israélienne n’avait «plus rien à
faire» à Gaza. Netanyahou l’a remplacé par le ministre des Affaires étrangères Israël Katz, communément considéré comme un béni-oui-oui sous la coupe de Netanyahou.
Les changements opérés par Netanyahou au sein de son cabinet prouvent qu’il se satisfait de dépendre non seulement des partis ultra-orthodoxes, qui sont
favorables au maintien d’un projet de dérogation au service militaire auquel Gallant était opposé, mais également des extrémistes, tels que le ministre de la Sécurité nationale Itamar
Ben-Gvir, qui ont explicitement appelé à la création d’une bande de Gaza peuplée de colons juifs et excluant toute présence palestinienne.
L’évolution politique aux États-Unis – le retour de Donald Trump au pouvoir – a également donné à Netanyahou une plus grande liberté de manœuvre pour
poursuivre le nettoyage ethnique. Le bilan du premier mandat de Trump, qui a accordé au gouvernement Netanyahou presque tout ce qu’il voulait, a rendu sa victoire ce mois-ci très
populaire en Israël. Ben-Gvir et son collègue extrémiste Bezalel Smotrich se sont montrés particulièrement enthousiastes face à sa victoire. Ben-Gvir a déclaré qu’avec le retour de Trump
au pouvoir : «Voici venu le temps
de la souveraineté, voici venu le temps de la victoire totale».
Pour ceux qui cherchent à donner à la victoire de Trump une autre tournure, plus orientée vers la paix pour Gaza, et parmi eux on compte certains Arabes
américains du Michigan qui l’ont soutenu, l’espoir réside dans les affirmations répétées mais vagues de Trump affirmant qu’il mettra fin, d’une manière ou d’une autre, à la guerre
actuelle au Moyen-Orient. Il ne fait aucun doute que Trump, comme tout autre président qui entre en fonction, aimerait que ce gâchis soit écarté de sa politique étrangère le plus tôt
possible au cours de son mandat. Mais le fait de chercher à mettre fin, en tout ou en partie, à la guerre ne dit rien sur la manière dont elle se terminerait.
L’autre facette de la politique de Trump au cours de son premier mandat au Moyen-Orient, outre l’extrême déférence à l’égard de Netanyahou, a été une
hostilité constante à l’encontre des Palestiniens, allant de la fermeture du bureau diplomatique palestinien à Washington à la suppression du financement de l’agence des Nations unies
chargée de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Pendant la campagne présidentielle, Trump a utilisé le terme «palestinien» comme une insulte pour désigner son adversaire de l’époque, Joe
Biden.
Trump fera pression sur Netanyahou pour qu’il mette fin à l’assaut israélien contre Gaza (ainsi qu’à l’offensive au Liban) le plus tôt possible, mais il le
fera tout en restant muet sur la situation des Palestiniens qui vivent dans cette région. Le souhait publiquement exprimé par Trump est qu’Israël «finisse le travail» à Gaza. Le nettoyage
ethnique est une partie importante du «travail» auquel Israël se livre actuellement. Le finir signifie terminer le nettoyage ethnique dans le nord de la bande de Gaza, même si cela veut
dire remettre à plus tard la réalisation des plans israéliens plus ambitieux visant à vider le reste de la bande de ses habitants palestiniens.
Outre les questions morales et juridiques évidentes qu’elle soulève, l’épuration ethnique pratiquée par Israël à Gaza a d’autres conséquences s’agissant de
la stabilité régionale et des intérêts des États-Unis. La violence de la résistance palestinienne à Israël ne s’arrêtera pas, même si elle est menée en grande partie depuis l’exil. Les
mesures israéliennes extrêmes ne feront qu’accroître la colère et le désir de riposter.
La soumission des Palestiniens par Israël ayant été la principale source d’instabilité et de violence au Moyen-Orient – comme le démontre une nouvelle fois
la guerre actuelle au Liban et les échanges de tirs entre Israël et l’Iran découlant de la situation à Gaza – la forme extrême de soumission qu’est la purification ethnique alimentera
cette plus grande instabilité.
Les agissements d’Israël s’éloignent de plus en plus de tout ce que l’on peut raisonnablement considérer comme une réponse juste et appropriée à l’attaque
du Hamas de l’année dernière, et Israël en devient de plus en plus un paria sur le plan international. Dans la mesure où les États-Unis se sont associés à ces opérations, par la
fourniture persistante d’armes et le maintien d’une couverture diplomatique, ils seront de plus en plus la cible de l’opprobre de la communauté internationale. Les conséquences possibles
vont du boycott des entreprises américaines au terrorisme contre les intérêts et les citoyens américains.
Une femme accompagnée d’un enfant est
abattue alors qu’elle brandit un drapeau blanc | Des fillettes affamées sont écrasées à mort dans la file d’attente pour du pain | Un homme de 62 ans menotté est écrasé, manifestement par
un char d’assaut | Une frappe aérienne vise des personnes qui tentent d’aider un garçon blessé | Une base de données de milliers de vidéos, de photos, de témoignages, de rapports et
d’enquêtes documente les horreurs commises par Israël à Gaza.
La note de bas de page n° 379 du document très fouillé et très complet que l’historien Lee Mordechai a rédigé contient un lien vers un clip vidéo. On y
voit un gros chien ronger quelque chose au milieu de buissons. «Wai, wai, il a pris le terroriste, le terroriste est parti – parti dans les deux sens du terme», dit le soldat qui a filmé
le chien en train de manger un cadavre. Après quelques secondes, le soldat lève la caméra et ajoute : «Mais quelle vue magnifique, quel magnifique coucher de soleil ! Un soleil rouge
se couche sur la bande de Gaza». Un beau coucher de soleil, assurément.
Le rapport que le Dr Mordechai a compilé en ligne – «Bearing
Witness to the Israel-Gaza War» – constitue la documentation la plus méthodique et la plus détaillée en hébreu (il existe également une traduction en anglais) des crimes de
guerre perpétrés par Israël dans la bande de Gaza. Il s’agit d’un acte d’accusation choquant composé de milliers d’entrées relatives à la guerre, aux actions du gouvernement, des médias,
des forces de défense israéliennes et de la société israélienne en général. La traduction anglaise de la septième version du texte, la plus récente à ce jour, compte 124 pages et contient
plus de 1400 notes de bas de page faisant référence à des milliers de sources, y compris des rapports de témoins oculaires, des séquences vidéo, des documents d’enquête, des articles et
des photographies.
Par exemple, il existe des liens vers des textes et d’autres types de témoignages décrivant des actes attribués à des soldats de Tsahal qui ont été vus
«tirant sur
des civils agitant des drapeaux blancs, maltraitant des individus, des captifs et des cadavres, endommageant ou détruisant allègrement des maisons, diverses structures et institutions,
des sites religieux et pillant des biens personnels, ainsi que tirant au hasard avec leurs armes, tirant sur des animaux locaux, détruisant des propriétés privées, brûlant des livres dans
des bibliothèques, dégradant des symboles palestiniens et islamiques (y compris en brûlant des Corans et en transformant des mosquées en espaces de restauration)».
Un lien renvoie à la vidéo d’un soldat de Gaza brandissant une grande pancarte prise dans un salon de coiffure de la ville de Yehud, dans le centre
d’Israël, avec des corps éparpillés autour de lui. D’autres liens renvoient à des images de soldats déployés à Gaza lisant le Livre d’Esther, comme il est d’usage lors de la fête de
Pourim, mais à chaque fois que le nom du méchant Haman est prononcé, ils tirent un obus de mortier au lieu de se contenter d’agiter les bruiteurs traditionnels. Un soldat est vu en train
de forcer des prisonniers ligotés et les yeux bandés à envoyer des salutations à sa famille et à dire qu’ils veulent être ses esclaves. Des soldats sont photographiés tenant des piles
d’argent qu’ils ont pillées dans les maisons de Gaza. Un bulldozer des FDI est vu en train de détruire une grande pile de paquets de nourriture provenant d’une agence d’aide humanitaire.
Un soldat chante la chansonnette des enfants «L’année prochaine, nous brûlerons l’école», alors qu’on voit une école en flammes à l’arrière-plan. Et il y a de nombreuses séquences où l’on
voit des soldats montrant des sous-vêtements féminins qu’ils ont pillés.
La note de bas de page n°379 figure dans une sous-section intitulée «Déshumanisation dans les forces de défense israéliennes» qui est incluse dans le
chapitre intitulé «Discours israélien et déshumanisation des Palestiniens». Elle contient des centaines d’exemples du comportement cruel de la société israélienne et des institutions de
l’État à l’égard des habitants de Gaza qui souffrent – d’un Premier ministre qui parle d’Amalek, au chiffre de 18 000 appels d’Israéliens sur les médias sociaux pour raser la bande, aux
médecins israéliens qui soutiennent le bombardement des hôpitaux de Gaza, en passant par l’humoriste qui plaisante sur le fait que les Palestiniens ne sont pas les seuls à souffrir, Il
comprend également un chœur d’enfants chantant doucement «Dans un an, nous anéantirons tout le monde et nous reviendrons ensuite labourer nos champs», sur la mélodie de la chanson
emblématique de l’époque de la guerre d’indépendance, «Shir Hare’ut» (Chanson de la Camaraderie).
Les liens dans «Témoigner de la
guerre Israël-Gaza» mènent également à des images graphiques de corps éparpillés, dans toutes les conditions possibles, de personnes écrasées sous les décombres, de flaques de sang
et de cris de personnes qui ont perdu toute leur famille en un instant. Des éléments attestent du meurtre de personnes handicapées, d’humiliations et d’agressions sexuelles, de l’incendie
de maisons, de la famine forcée, de tirs aléatoires, de pillages, de l’abus de cadavres et de bien d’autres choses encore.
Même si tous les témoignages ne peuvent être corroborés, l’image qui s’en dégage est celle d’une armée qui, dans le meilleur des cas, a perdu le contrôle de
nombreuses unités, dont les soldats ont fait ce qui leur plaisait, et qui, dans le pire des cas, laisse son personnel commettre les crimes de guerre les plus atroces que l’on puisse
imaginer.
Mordechai cite des exemples d’horribles situations difficiles que la guerre a imposées aux habitants de Gaza. Un médecin qui ampute la jambe de sa nièce sur
une table de cuisine, sans anesthésie, à l’aide d’un couteau de cuisine. Des gens qui mangent de la chair de cheval et de l’herbe, ou qui boivent de l’eau de mer pour apaiser leur faim.
Des femmes obligées d’accoucher dans une salle de classe bondée. Des médecins regardant, impuissants, des blessés mourir parce qu’il n’y a aucun moyen de les aider. Des femmes affamées
poussées dans une file chaotique à l’extérieur d’une boulangerie ; selon le rapport, deux filles de 13 et 17 ans et une femme de 50 ans ont été écrasées à mort lors de cet
incident.
Dans les camps DP de la bande de Gaza en janvier, selon «Bearing Witness», il y avait en moyenne un cabinet de toilette pour 220 personnes et une douche
pour 4500 personnes. Un grand nombre de médecins et d’organisations de santé ont signalé que des maladies infectieuses et des affections cutanées se propageaient parmi un grand nombre de
Gazaouis.
Le quartier Shujaiyeh
de la ville de Gaza, le 7 octobre 2024. «Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des camps de la mort
pour que cela soit considéré comme un génocide».
De plus en plus
d’enfants
Lee Mordechai, 42 ans, ancien officier du corps des ingénieurs de combat des FDI, est actuellement maître de conférences en histoire à l’université
hébraïque de Jérusalem, où il se spécialise dans les catastrophes humaines et naturelles des époques antique et médiévale. Il a écrit sur la peste de Justinien au VIe siècle et sur
l’hiver volcanique qui a frappé l’hémisphère nord en 536 de notre ère. Il a abordé le sujet de la catastrophe de Gaza d’une manière académique et historique, avec une prose sèche et peu
d’adjectifs, en utilisant la plus grande diversité possible de sources primaires ; ses écrits sont dépourvus d’interprétation et ouverts à l’examen et à la révision. C’est
précisément la raison pour laquelle les visages reflétés dans son texte sont si épouvantables.
«J’ai senti que je ne pouvais pas continuer à vivre dans ma bulle, que nous parlions de crimes capitaux et que ce qui se passait était tout simplement trop
important et contredisait les valeurs dans lesquelles j’avais été élevé ici», explique Mordechai. «Je ne cherche pas à confronter les gens ou à polémiquer. J’ai rédigé ce document pour
qu’il soit connu de tous. Ainsi, dans six mois, un an, cinq ans, dix ans ou cent ans, les gens pourront revenir en arrière et constater que c’est ce que l’on savait, ce qu’il était
possible de savoir, dès janvier ou mars dernier, et que ceux d’entre nous qui ne savaient pas ont choisi de ne pas savoir».
«Mon rôle en tant qu’historien, poursuit-il, est de donner la parole à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, qu’il s’agisse d’eunuques au XIe siècle ou
d’enfants à Gaza. Je cherche délibérément à ne pas faire appel aux émotions des gens et je n’utilise pas de mots qui pourraient être controversés ou obscurs. Je ne parle pas de
terroristes, de sionisme ou d’antisémitisme. J’essaie d’utiliser un langage aussi froid et sec que possible et de m’en tenir aux faits tels que je les comprends».
Mordechai était en congé sabbatique à Princeton lorsque la guerre a éclaté. Lorsqu’il se réveille le 7 octobre, c’est déjà l’après-midi en Israël. En
quelques heures, il a compris qu’il y avait une disparité entre ce que le public israélien voyait et la réalité. Cette compréhension découle d’un système alternatif de réception
d’informations qu’il s’était créé neuf ans plus tôt.
«En 2024, lors de l’opération Bordure protectrice [à Gaza], je suis rentré de mes études doctorales aux États-Unis et de mes recherches dans les Balkans.
J’ai eu l’impression qu’il n’y avait pas de discours ouvert en Israël ; tout le monde disait la même chose. J’ai donc fait un effort conscient pour accéder à d’autres sources
d’information – [basées sur] les médias étrangers, les blogs, les médias sociaux. Cela ressemble aussi à mon travail d’historien, qui consiste à rechercher des sources primaires. Je me
suis donc créé une sorte de système personnel pour comprendre ce qui se passait dans le monde. Le 7 octobre, j’ai activé le système et j’ai rapidement réalisé que le public en Israël
avait un retard de quelques heures – Ynet a publié un bulletin sur la possibilité que des otages aient été pris, mais j’avais déjà vu des clips d’enlèvements. Cela crée une dissonance
entre ce qui est dit sur la réalité de la situation et la réalité réelle, et ce sentiment s’intensifie».
Le rapport contient plus de 1400 notes de bas de page faisant référence à des milliers de sources. Il détaille les cas où les troupes israéliennes ont tiré
sur des civils brandissant des drapeaux blancs, ont maltraité des individus, des captifs et des cadavres, ont tiré au hasard avec leurs armes, ont joyeusement détruit des maisons, brûlé
des livres et dégradé des symboles islamiques.
En effet, la disparité entre ce que Mordechai a découvert et les informations parues dans les médias israéliens et étrangers n’a fait que s’accroître. «Au
début de la guerre, l’histoire la plus marquante était celle des 40 nourrissons israéliens décapités le 7 octobre. Cette histoire a fait les gros titres des médias internationaux, mais
lorsqu’on la compare à la liste [officielle de l’Assurance nationale] des personnes tuées, on se rend vite compte que
cela n’a pas eu lieu».
Mordechai a commencé à suivre les informations en provenance de Gaza sur les réseaux sociaux et dans les médias internationaux. «Dès le début, j’ai reçu un
flot d’images de destruction et de souffrance, et j’ai compris qu’il y avait deux mondes séparés qui ne se parlaient pas. Il m’a fallu quelques mois pour comprendre quel était mon rôle
ici. En décembre, l’Afrique du Sud a présenté ses revendications officielles de génocide à l’encontre d’Israël en 84 pages détaillées avec de multiples références à des sources pouvant
être recoupées».
«Je ne pense pas que tout doive être accepté comme une preuve», ajoute-t-il, «mais il faut s’y frotter, voir sur quoi cela repose, examiner ses
implications. Au début de la guerre, j’ai voulu retourner en Israël pour faire du bénévolat pour le compte d’une organisation de la société civile, mais pour des raisons familiales, je
n’ai pas pu le faire. J’ai décidé d’utiliser le temps libre dont je disposais pendant le congé sabbatique à Princeton pour essayer d’éclairer le public israélien qui ne consomme que les
médias locaux».
Il a publié la première version de «Bearing
Witness», de huit pages seulement, le 9 janvier. Selon le ministère de la santé de Gaza, officiellement connu sous le nom de ministère palestinien de la santé – Gaza, le nombre de
personnes tuées dans la bande de Gaza s’élevait alors à 23 210. «Je ne crois pas que ce qui est écrit ici entraînera un changement de politique ou convaincra beaucoup de gens», écrit-il
au début de ce document. «J’écris plutôt ceci publiquement, en tant qu’historien et citoyen israélien, afin de faire connaître ma position personnelle concernant l’horrible situation
actuelle à Gaza, au fur et à mesure que les événements se déroulent. J’écris en tant qu’individu, en partie à cause du silence général décevant sur ce sujet de la part de nombreuses
institutions académiques locales, en particulier celles qui sont bien placées pour le commenter, même si certains de mes collègues se sont courageusement exprimés».
Depuis, Mordechai a passé plusieurs centaines d’heures à collecter des informations et à écrire, continuant à mettre à jour le document qui figure sur le
site web qu’il a créé. Depuis qu’il s’est lancé dans ce projet, il a amélioré sa façon de travailler : il compile méticuleusement des rapports provenant de différentes sources sur une
feuille de calcul Excel, à partir de laquelle il sélectionne, après un examen approfondi, les éléments qui seront mentionnés dans le texte. Il utilise une grande variété de sources :
images filmées par des civils, articles de presse, rapports des Nations unies et d’autres organisations internationales, médias sociaux, blogs, etc.
Bien qu’il reconnaisse que certaines de ses sources ne respectent pas les normes journalistiques ou éthiques, Mordechai s’en tient à la crédibilité de sa
documentation. «Ce n’est pas comme si je copiais-collais tout ce que quelqu’un d’autre trouve. D’un autre côté, il est clair qu’il y a un fossé entre ce qui existe et ce que nous
aimerions voir : Nous aimerions que chaque incident dans la bande de Gaza soit examiné correctement par deux organisations internationales indépendantes et non indépendantes, mais cela
n’arrivera pas».
«J’examine donc qui rapporte l’information, s’il a été pris en flagrant délit de mensonge, si une association ou un blogueur a transmis des informations
dont je peux prouver qu’elles sont incorrectes – et si c’est le cas, j’arrête de les utiliser et je les supprime. Je donne plus de poids aux sources neutres, comme les organisations de
défense des droits de l’homme et les Nations unies, et je fais une sorte de synthèse entre les sources pour voir si elles [les informations] sont cohérentes. Je travaille également de
manière très ouverte et j’invite tous ceux qui le souhaitent à me contrôler. Je serais très heureux de voir que je me suis trompé dans ce que j’ai écrit, mais ce n’est pas le cas. Jusqu’à
présent, j’ai dû faire très peu de corrections».
La lecture du rapport de Mordechai permet de dissiper le brouillard qui recouvre les Israéliens depuis le début de la guerre. Le nombre de morts en est un
bon exemple : La guerre du 7 octobre est la première guerre dans laquelle Israël ne fait aucun effort pour comptabiliser le nombre de tués dans l’autre camp. En l’absence de toute autre
source, de nombreuses personnes dans le monde – gouvernements étrangers, médias, organisations internationales – s’appuient sur les rapports du ministère palestinien de la santé – Gaza,
qui sont jugés tout à fait crédibles. Israël s’efforce de démentir les chiffres du ministère. Les médias locaux indiquent généralement que la source de ces données est le «ministère de la
Santé du Hamas».
Des enfants
palestiniens dans un centre de distribution de nourriture à Deir al-Balah, la semaine dernière. Mordechai
affirme que plus d’enfants ont été tués à Gaza que tous les enfants de toutes les guerres du
monde, au cours des trois années précédant le 7 octobre.
Cependant, peu d’Israéliens savent que non seulement les FDI et le gouvernement israélien ne disposent pas de leurs propres chiffres concernant le nombre de
morts, mais que des sources israéliennes haut placées, ne disposant pas d’autres données, finissent par confirmer celles publiées par le ministère à Gaza. À quel niveau ?
Benjamin Netanyahou lui-même. Le 10 mars, par exemple, le premier ministre a déclaré dans une interview qu’Israël avait tué 13 000 militants armés du Hamas
et estimé que pour chacun d’entre eux, 1,5 civil avait été tué. En d’autres termes, jusqu’à cette date, entre 26 000 et 32 500 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza. Ce
jour-là, le ministère palestinien a publié un chiffre de 31 112 morts à Gaza, dans la fourchette citée par Netanyahou. À la fin du mois, Netanyahou a parlé de 28 000 morts, soit environ
4600 de moins que le chiffre officiel palestinien. Fin avril, le Wall Street Journal a cité une estimation d’officiers de haut rang des FDI selon laquelle le nombre de morts s’élevait à
environ 36 000, soit plus que le chiffre publié par le ministère palestinien à l’époque.
Mordechai : «Il semble que, du côté israélien, on choisisse de ne pas s’occuper des chiffres, bien qu’Israël puisse ostensiblement le faire – la technologie
existe, et Israël contrôle le registre de la population palestinienne. L’establishment de la défense dispose également d’images faciales ; il pourrait les recouper et voir si une
personne déclarée morte est passée par un point de contrôle. Allez, montrez-moi ! Donnez-moi des preuves et je changerai d’approche. Cela me compliquera la vie, mais je serai
beaucoup moins contrarié.
Je pense que nous devons nous demander quelle «barre» de preuves est nécessaire pour que nous changions d’avis sur le nombre de Palestiniens qui ont été
tués. C’est une question que chacun d’entre nous doit se poser – peut-être que pour vous les preuves que je cite ne sont pas suffisantes – parce qu’il doit y avoir une sorte d’étape
réaliste dans l’accumulation des preuves à partir de laquelle nous accepterons les chiffres comme fiables».
«Pour moi, explique-t-il, ce moment est arrivé il y a longtemps. Une fois que l’on a fait le sale boulot et que l’on comprend un peu mieux les chiffres, la
question n’est plus de savoir combien de Palestiniens sont morts, mais pourquoi et comment le public israélien continue de douter de ces chiffres après plus d’un an d’hostilités et en
dépit de toutes les preuves».
Dans son rapport, il cite les chiffres du ministère palestinien qui mentionnent, parmi les personnes tuées depuis le début de la guerre jusqu’en juin
dernier, 273 employés des Nations unies et des organisations humanitaires, 100 professeurs, 243 athlètes, 489 travailleurs de la santé (dont 55 médecins spécialistes), 710 enfants de
moins d’un an et quatre prématurés qui sont morts après que les FDI ont forcé l’infirmier qui s’occupait d’eux à quitter l’hôpital. L’infirmier s’occupait de cinq prématurés et a décidé
de sauver celui qui semblait avoir les meilleures chances de survie. Les corps en décomposition des quatre autres ont été retrouvés dans des couveuses deux semaines plus tard.
La note de bas de page du texte de Mordechai concernant ces nourrissons ne fait pas référence à un tweet d’un habitant de Gaza ou à un blog pro-palestinien,
mais à une
enquête du Washington
Post. Les Israéliens qui s’interrogent sur «Bearing Witness to
the Israel-Gaza War» au motif qu’il s’appuie sur les médias sociaux ou sur des rapports non vérifiés doivent savoir qu’il se fonde également sur des dizaines d’enquêtes menées par
presque tous les médias occidentaux qui se respectent. De nombreux médias ont examiné les incidents survenus à Gaza en appliquant des normes journalistiques rigoureuses et ont trouvé des
preuves d’atrocités.
Une enquête de CNN a
corroboré l’affirmation palestinienne concernant le «massacre de la farine», au cours duquel environ 150 Palestiniens venus chercher de la nourriture auprès d’un convoi d’aide le 1er mars
ont été tués. Les FDI ont déclaré que c’était la foule et la bousculade des habitants de Gaza eux-mêmes qui les avaient tués, et non les coups de semonce tirés par les soldats dans la
zone. En fin de compte, l’enquête de CNN, fondée sur
une analyse minutieuse de la documentation et sur 22 entretiens avec des témoins oculaires, a révélé que la plupart des victimes mortelles avaient effectivement été tuées par des tirs
d’avertissement.
Interrogé sur l’image qui l’a le plus marqué, Mordechai mentionne une photo du corps de Jamal Hamdi Hassan Ashour, 62 ans, qui aurait été écrasé par un char
d’assaut et dont le corps a été mutilé au point d’être méconnaissable. L’image a été publiée sur une chaîne Telegram israélienne avec la légende suivante : «Vous allez adorer
ça !».
Le New York
Times, ABC, CNN,
la BBC, des
organisations internationales et l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem ont publié les résultats de leurs propres enquêtes sur des actes de torture, des
sévices, des viols et d’autres atrocités perpétrés contre des détenus palestiniens dans la base
de Sde Teiman des FDI dans le Néguev et dans d’autres installations. Amnesty International a examiné quatre incidents dans lesquels il n’y avait pas de cible militaire ni de
justification à l’attaque et au cours desquels les forces de l’armée israélienne ont tué 95 civils au total.
Une enquête menée fin mars par Yaniv Kubovich dans Haaretz a montré que les FDI créaient des «zones de mort» dans lesquelles de nombreux civils étaient
abattus après avoir franchi une ligne imaginaire délimitée par un commandant de terrain ; les victimes étaient classées dans la catégorie des terroristes après leur mort.
La BBC a mis
en doute les estimations des FDI concernant le nombre de terroristes que ses forces ont tués en général ; CNN a fait
un rapport détaillé sur un incident au cours duquel une famille entière a été éliminée ; NBC a
enquêté sur une attaque contre des civils dans des zones dites humanitaires ; le Wall Street
Journal a vérifié que les FDI s’appuyaient sur des rapports de décès à Gaza publiés par le ministère palestinien de la santé ; AP a
affirmé dans un rapport détaillé que les FDI n’avaient présenté qu’un seul élément de preuve fiable montrant que le Hamas opérait sur le terrain d’un hôpital – le tunnel découvert dans la
cour de l’hôpital Shifa ; The New
Yorker et The
Telegraph ont publié les résultats d’enquêtes approfondies sur des cas d’enfants dont les membres ont dû être amputés, et bien d’autres choses encore – toutes mentionnées dans
«Bearing
Witness».
Le rapport publié cette semaine par le ministère palestinien de la santé – Gaza, qui indique que depuis le 7 octobre, 1140 familles ont été totalement
rayées du registre de la population locale, probablement victimes de bombardements aériens, n’est pas inclus dans le rapport.
Mordechai cite de nombreux éléments relatifs au laxisme des règles d’engagement des FDI dans la bande de Gaza. Un clip montre un groupe de réfugiés avec une
femme à l’avant, tenant son fils d’une main et un drapeau blanc de l’autre ; on la voit se faire tirer dessus, probablement par un sniper, et s’effondrer tandis que l’enfant lui
lâche la main et s’enfuit pour sauver sa vie. Un autre incident, largement diffusé fin octobre, montre Mohammed Salem, 13 ans, appelant à l’aide après avoir été blessé lors d’une attaque
de l’armée de l’air.
Alors qu’ils s’approchent pour offrir de l’aide, ils sont la cible d’une nouvelle attaque de ce type. Salem et un autre jeune ont été tués, et plus de 20
personnes ont été blessées.
Mordechai reconnaît que le fait de regarder les témoignages visuels de la guerre a endurci son cœur – aujourd’hui, il peut regarder même les scènes les plus
horribles. «Lorsque les vidéos d’ISIS ont été publiées [il y a des années], je ne les ai pas regardées. Mais là, j’ai senti que c’était mon obligation, parce que c’est fait en mon nom,
donc je dois les voir pour transmettre ce que j’ai vu. Ce qui est important, c’est la quantité ; ce sont des enfants, et encore des enfants, et encore des enfants».
Mordechai. «J’ai
écrit cela pour que dans un semestre ou dans 100 ans, les gens reviennent
en arrière et voient que c’est ce qu’il était possible de savoir, dès le
mois de janvier, et que ceux d’entre nous qui ne savaient pas ont
choisi de ne pas savoir.
Lorsqu’on lui demande laquelle des milliers d’images, qu’il s’agisse de vidéos ou de photos, de personnes mortes, blessées ou souffrantes l’a le plus
marqué, Mordechai réfléchit et mentionne la photo du corps d’un homme qui a ensuite été identifié comme étant Jamal Hamdi Hassan Ashour. Ashour, 62 ans, aurait été écrasé par un char
d’assaut en mars, son corps ayant été mutilé au point d’être méconnaissable. Une ligature sur l’une de ses mains atteste qu’il avait été détenu auparavant, selon des sources
palestiniennes.
L’image a été publiée sur une chaîne Telegram israélienne avec la légende «Vous allez adorer ça !».
«Je n’ai jamais rien vu de tel dans ma vie», déclare Mordechai à Haaretz. «Mais
le pire, c’est que l’image a été partagée par des soldats dans un groupe Telegram israélien et qu’elle a suscité des réactions très favorables».
Outre les informations concernant Ashour, «Bearing Witness»
fournit des liens vers les images d’un certain nombre d’autres corps dont l’état suggère qu’ils ont été écrasés par des véhicules blindés. Dans un cas, selon un rapport palestinien, les
victimes étaient une mère et son fils.
Un cas mentionné uniquement dans une note de bas de page témoigne des questions relatives aux méthodes de Mordechai et aux dilemmes auxquels il a été
confronté. Fin mars, Al
Jazeera a diffusé une interview d’une femme qui était arrivée à l’hôpital Shifa de Gaza et avait déclaré que des soldats des FDI avaient violé des femmes. Peu de temps après, la
famille de cette femme a démenti ses allégations et Al
Jazeera a supprimé le reportage, mais de nombreuses personnes avaient encore des doutes.
«Selon ma méthodologie, après la suppression d’Al Jazeera, ce n’est pas crédible et cela n’a pas eu lieu», explique Mordechai. «Mais je me pose aussi la
question : Peut-être que je participe à la réduction au silence de cette femme ? Et ce n’est pas pour honorer la vérité que cette femme est réduite au silence, mais au nom de son honneur
et de celui de sa famille. Est-ce parfait ? Ce n’est pas parfait, mais en fin de compte, je suis un être humain et c’est à moi de décider. J’ai donc expliqué dans une note de bas de page
qu’il s’agissait de l’allégation d’une femme et j’ai ajouté [qu’elle était] «presque certainement fausse» pour exprimer mes réserves».
«Je ne garantis pas que chaque témoignage soit totalement fiable. En fait, personne ne sait exactement ce qui se passe à Gaza – ni les médias
internationaux, ni les Israéliens, ni même les forces de défense israéliennes.
Dans «Bearing Witness», je soutiens que le fait de faire taire les voix de Gaza – de restreindre les informations qui en sortent – fait partie de la méthode
de travail qui rend la guerre possible. Je soutiens la synthèse que j’utilise et j’aimerais avoir tort. Mais du côté israélien, il n’y a rien. Je parle de preuves – apportez-moi des
preuves !
L’un des cas décrits dans le document, même si de nombreux Israéliens auront du mal à le croire, concerne l’utilisation par les FDI d’un drone qui émettait
le son des pleurs d’un nourrisson afin de déterminer où se trouvaient les civils et peut-être de les faire sortir de leur abri. Dans la vidéo référencée par le lien donné par Mordechai,
on entend des pleurs et on voit les lumières d’un drone.
«Nous savons qu’il y a des drones équipés de haut-parleurs, peut-être qu’un soldat qui s’ennuie décide de le faire pour plaisanter et que cela est perçu par
les Palestiniens comme une horreur», explique-t-il. «Mais est-ce si exagéré qu’un soldat, au lieu d’être filmé avec des culottes et des soutiens-gorge ou de dédier l’explosion d’une rue à
sa femme, fasse quelque chose comme ça ? C’est peut-être une invention, mais c’est compatible avec ce que je vois». Cette semaine, Al Jazeera a diffusé un reportage d’investigation sur
les «drones
pleureurs» et a affirmé que leur utilisation avait été confirmée par un certain nombre de témoins oculaires qui ont tous raconté la même histoire.
«Nous pouvons toujours contester ce genre de témoignages anecdotiques, mais il est plus difficile de le faire face à des montagnes de témoignages plus
étayés», note Mordechai. «Par exemple, des dizaines de médecins américains qui ont travaillé bénévolement à Gaza ont rapporté qu’ils voyaient presque tous les jours des enfants qui
avaient reçu une balle dans la tête. Essayons-nous même d’expliquer ou de faire face à cela ?»
Plus d’enfants ont été tués à Gaza que dans toutes les guerres du monde au cours des trois années précédant le 7 octobre. Au cours du premier mois de la
guerre, le nombre d’enfants tués était dix fois supérieur au nombre d’enfants tués au cours de la guerre d’Ukraine en un an.
L’un des sommets de la brutalité militaire israélienne à Gaza s’est manifesté lors du deuxième grand raid
sur l’hôpital Shifa à la mi-mars, ajoute l’historien ; il y consacre d’ailleurs un chapitre distinct. Les FDI ont affirmé que l’hôpital était un centre d’activité du Hamas à
l’époque et qu’il y avait eu des échanges de tirs pendant le raid, à la suite duquel 90 membres du Hamas avaient été arrêtés, certains d’entre eux occupant des postes de haut rang.
Cependant, l’occupation de Shifa par les FDI s’est poursuivie pendant environ deux semaines. Au cours de cette période, selon des sources palestiniennes,
l’hôpital est devenu une zone de meurtres et de tortures.
Apparemment, 240 patients et membres du personnel médical ont été enfermés dans l’un des bâtiments pendant une semaine, sans accès à la nourriture. Les
médecins présents sur place ont rapporté qu’au moins 22 patients étaient décédés. Un certain nombre de témoins oculaires, y compris des membres du personnel, ont décrit des exécutions.
Une vidéo tournée par un soldat montre des détenus ligotés et les yeux bandés, assis dans un couloir, face à un mur. Selon les sources, après le retrait des FDI de l’hôpital, des dizaines
de corps ont été découverts dans la cour. Un certain nombre de clips documentent la collecte des corps, certains mutilés, d’autres enterrés sous des décombres ou gisant dans de grandes
mares de sang coagulé. Une corde est attachée autour du bras de l’un des hommes morts, ce qui pourrait indiquer qu’il a été ligoté avant d’être tué.
D’autres sommets de brutalité ont été atteints au cours des deux derniers mois dans le cadre de l’opération militaire en cours dans la partie nord de la
bande de Gaza. L’opération a débuté le 5 octobre. Les FDI ont coupé Jabalya, Beit Lahia et Beit Hanoun de la ville de Gaza, et les habitants ont reçu l’ordre de partir.
Beaucoup l’ont fait, mais plusieurs milliers sont restés dans la zone assiégée.
À ce stade, l’armée a lancé ce que l’ancien chef d’état-major des FDI et ministre de la défense, Moshe Ya’alon, a qualifié cette semaine de «nettoyage
ethnique» de la région : Les groupes d’aide ont été interdits d’accès, le dernier dépôt de farine a été incendié et les deux dernières boulangeries fermées, et même les activités des
équipes de défense civile qui évacuaient les blessés ont été interdites. L’approvisionnement en eau a été interrompu, les ambulances ont été mises hors service et les hôpitaux ont été
attaqués.
Mais l’effort principal de l’armée s’est concentré sur les raids aériens. Presque chaque jour, les Palestiniens font état de dizaines de morts lors du
bombardement d’immeubles d’habitation et d’écoles, devenus des camps de déplacés. Le rapport de Mordechai cite des dizaines de témoignages bien documentés sur les campagnes de
bombardement : familles ramassant les corps de leurs proches parmi les ruines, funérailles dans d’immenses fosses communes, blessés couverts de poussière, adultes et enfants en état de
choc, personnes pleurant avec des morceaux de corps éparpillés autour d’elles, et ainsi de suite.
Les conséquences de
l’opération de deux semaines menée par les FDI à l’hôpital Shifa, en avril.
Dans un clip vidéo datant du 20 octobre, on voit deux enfants extraits des décombres. Le premier a l’air abasourdi, les yeux exorbités et totalement couvert
de sang et de poussière. À côté de lui, on retire un corps sans vie, apparemment celui d’une fille.
Au cours des deux dernières semaines, Haaretz a, pour sa part, envoyé des questions à l’unité du porte-parole de l’armée israélienne concernant une
trentaine d’incidents, la plupart à Gaza, au cours desquels de nombreux civils ont été tués. L’unité a répondu qu’elle avait classé la plupart d’entre eux comme des événements inhabituels
et qu’ils avaient été renvoyés à l’état-major général pour une enquête plus approfondie.
Mordechai rejette d’emblée l’affirmation couramment entendue par les Israéliens selon laquelle ce qui se passe à Gaza n’est pas si terrible si on le compare
à d’autres guerres. «Bearing Witness» montre, par exemple, que plus d’enfants ont été tués à Gaza que tous les enfants tués dans toutes les guerres du monde au cours des trois années qui
ont précédé la guerre du 7 octobre. Dès le premier mois de la guerre, le nombre d’enfants morts était 10 fois supérieur au nombre d’enfants tués dans la guerre d’Ukraine en un an.
Plus de journalistes ont été tués à Gaza que pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Selon une
enquête publiée par Yuval Avraham sur le site web Sicha Mekomit (Local Call), concernant les systèmes d’intelligence artificielle utilisés dans les campagnes de bombardement des
FDI à Gaza, l’autorisation a été donnée de tuer jusqu’à 300 civils afin d’assassiner des personnalités de haut rang du Hamas. En comparaison, des documents révèlent que pour les forces
armées américaines, ce chiffre s’élevait à un dixième de ce nombre – 30 civils – dans le cas d’un meurtrier d’une plus grande envergure que Yahya Sinwar : Oussama Ben Laden.
Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des camps de la mort pour que l’on puisse parler de génocide. Tout se résume à la commission d’actes et à l’intention,
et l’existence des deux doit être établie. Lee Mordechai
Un rapport
d’enquête du Wall Street
Journal affirme qu’Israël a déversé plus de bombes sur Gaza au cours des trois premiers mois de la guerre que les États-Unis n’en ont largué sur l’Irak en six ans.
Quarante-huit prisonniers sont morts dans les centres de détention israéliens au cours de l’année écoulée, contre neuf à Guantanamo au cours de ses 20 années d’existence. Les chiffres
sont également éloquents lorsqu’il s’agit des données concernant les décès dans les guerres menées par d’autres pays : En Irak, les forces de la coalition ont tué 11 516 civils en cinq
ans, et 46 319 civils ont été tués au cours des 20 années de guerre en Afghanistan. Selon les estimations les plus indulgentes, quelque 30 000 civils ont été tués dans la bande de Gaza
depuis le 7 octobre 2023.
Le rapport de Mordechai reflète non seulement les horreurs qui se produisent à Gaza, mais aussi l’indifférence d’Israël à leur égard. «Au début, on a tenté
de justifier l’invasion de l’hôpital Shifa ; aujourd’hui, il n’y a même pas cette prétention – vous attaquez des hôpitaux et il n’y a pas de discussion publique. Nous ne faisons face
d’aucune manière aux implications de ces opérations. Vous ouvrez les médias sociaux et vous êtes submergés par la déshumanisation. Qu’est-ce que cela nous fait ? J’ai grandi dans une
société dont l’éthique était totalement différente. Il y a toujours eu des pommes pourries, mais regardez l’affaire du bus n° 300 [un événement survenu en 1984, au cours duquel des
agents du Shin Bet sur le terrain ont exécuté deux Arabes qui avaient détourné un bus] et voyez où nous en sommes aujourd’hui. Il est important pour moi de tendre un miroir, il est
important pour moi que ces choses soient connues. C’est ma forme de résistance».
Un sombre secret
Dans les versions les plus récentes de «Bearing Witness», Mordechai a ajouté une annexe qui explique pourquoi, selon lui, les actions d’Israël à Gaza
constituent un génocide, un sujet qu’il a développé au cours de notre conversation. «Nous devons déconnecter l’idée que nous nous faisons du génocide en tant qu’Israéliens – les chambres
à gaz, les camps de la mort et la Seconde Guerre mondiale – du modèle qui apparaît dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide [de 1948]», explique-t-il.
«Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des camps de la mort pour que cela soit considéré comme un génocide. Tout se résume à la commission d’actes et à l’intention, et l’existence de ces
deux éléments doit être établie. En ce qui concerne la commission d’actes, il s’agit de meurtres, mais pas seulement – [il y a] aussi des blessures, des enlèvements d’enfants et même de
simples tentatives d’empêcher les naissances au sein d’un groupe particulier de personnes. Tous ces actes ont en commun la destruction délibérée d’un groupe.
«Les gens à qui je parle ne discutent généralement pas des actions entreprises, ils discutent de l’intention. Ils diront qu’il n’existe aucun document
montrant que Netanyahou ou [le chef d’état-major des FDI] Herzl Halevi ont ordonné un génocide. Mais il y a des déclarations et des témoignages. Il y en a beaucoup, beaucoup. L’Afrique du
Sud a soumis un document de 120 pages qui contient un grand nombre de témoignages prouvant l’intention. Le journaliste Yunes Tirawi a recueilli des déclarations sur le génocide et le
nettoyage ethnique sur les médias sociaux de plus de 100 personnes ayant des liens avec Tsahal – apparemment de nombreux officiers de réserve. «Que faisons-nous avec tout cela ? De mon
point de vue, les faits parlent. Je vois une ligne directe entre ces déclarations, l’absence de tentative de lutte contre ces déclarations, et la réalité sur le terrain qui correspond à
ces déclarations».
La version anglaise de «Bearing Witness» fait référence à des articles rédigés par six autorités israéliennes de premier plan, qui ont déjà déclaré qu’à
leur avis, Israël commet un génocide : Omer Bartov, spécialiste de l’Holocauste et du génocide ; Daniel Blatman, chercheur sur l’Holocauste (qui a écrit que ce que fait Israël à Gaza
se situe entre le nettoyage ethnique et le génocide) ; l’historien Amos Goldberg ; Raz Segal, spécialiste de l’Holocauste ; Itamar Mann, expert en droit
international ; et l’historien Adam Raz.
’La définition est moins importante», dit Mordechai. «Ce qui est important, ce sont les actes. Admettons que la Cour internationale de justice de La Haye
déclare dans quelques années qu’il ne s’agit pas d’un génocide mais d’un quasi génocide. Cela atteste-t-il d’une victoire morale d’Israël ? Ai-je envie de vivre dans un endroit qui
perpétue un «quasi-génocide» ? Le débat sur le terme attire l’attention, mais les choses se produisent d’une manière ou d’une autre, qu’elles atteignent la barre ou non. En fin de compte,
nous devons nous demander comment arrêter cela et comment nous répondrons à nos enfants lorsqu’ils nous demanderont ce que nous avons fait pendant la guerre. Nous devons agir.
Mais la définition est importante. Vous dites aux Israéliens : «Regardez, vous vivez à Berlin en 1941». Quel est l’impératif moral pour les personnes qui
vivaient à Berlin à l’époque ? Qu’est-ce qu’un citoyen est censé faire lorsque son État commet un génocide ?
«Une position morale a toujours un prix. S’il n’y a pas de prix, il s’agit simplement d’une position normative acceptée. La valeur d’une chose pour une
personne est exprimée par le prix qu’elle est prête à payer pour l’obtenir. D’un autre côté, je suis conscient que les gens ont aussi d’autres considérations et d’autres besoins – ramener
de la nourriture à la maison, préserver les liens avec leur famille – chacun doit prendre ses propres décisions. De mon point de vue, ce que je fais, c’est parler et continuer à parler,
que les gens m’écoutent ou non. Cela me prend beaucoup de temps et de force mentale, mais je suis arrivé à la conclusion que c’est la chose la plus utile que je puisse faire.
Après notre séparation, Mordechai m’a envoyé un dernier lien. Celui-ci n’était pas lié à un témoignage sur les atrocités commises à Gaza, mais à une
nouvelle de la regrettée romancière américaine Ursula K. Le Guin, «The Ones Who Walk Away from Omelas» (Ceux qui s’éloignent d’Omelas). L’histoire parle de la ville d’Omelas, où les gens
sont beaux et heureux, et où leur vie est intéressante et joyeuse. Mais à l’âge adulte, les citoyens d’Omelas apprennent peu à peu le sombre secret de leur ville : leur bonheur dépend de
la souffrance d’un enfant qui est contraint de rester dans une pièce insalubre sous terre, et ils n’ont pas le droit de le consoler ou de l’aider. «C’est l’existence de l’enfant, et leur
connaissance de son existence, qui rend possible la noblesse de leur architecture, le caractère poignant de leur musique, la profondeur de leur science. C’est à cause de l’enfant qu’ils
sont si doux avec les enfants», écrit Le Guin.
La majorité des habitants d’Omelas continuent à vivre avec cette connaissance, mais de temps en temps, l’un d’entre eux rend visite à l’enfant et ne revient
pas, mais continue à marcher et abandonne la ville. L’histoire se termine ainsi : «Ils avancent dans les ténèbres et ne reviennent pas. L’endroit vers lequel ils se dirigent est un lieu
encore moins imaginable pour la plupart d’entre nous que la cité du bonheur. Je ne peux absolument pas le décrire. Il est possible qu’il n’existe pas. Mais ils semblent savoir où ils
vont».
Le bureau du porte-parole de l’IDF a répondu que l’IDF «n’opère que contre des cibles militaires et prend toute une série de précautions pour éviter de
blesser des non-combattants, notamment en émettant des avertissements à l’intention des citoyens. En ce qui concerne les arrestations, tout soupçon de violation des ordres ou du droit
international fait l’objet d’une enquête et est traité. En général, si l’on soupçonne un soldat de s’être mal comporté et d’avoir commis un acte criminel, une enquête est ouverte par la
division des enquêtes criminelles de la police militaire».
Ce qui se passe à Gaza est bien un génocide, entrepris par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, pour faire disparaître de Gaza cette population palestinienne dont le reste du monde ne veut pas
qu’elle soit déplacée. L’établissement d’un génocide est un sujet technique, non pas seulement du point de vue juridique, mais du point de vue de l’appréhension des faits. Les événements
collectés sur le terrain rentrent-ils dans la définition du génocide établie par les chercheurs et reprise par les grandes organisations internationales, à commencer par la Cour Internationale de
communication Justice? C’est là que le travail d’Amnesty International est précieux. Il aide à documenter et étayer l’enquête.
Le lecteur trouvera ci-dessus le rapport complet établi par Amnesty International pour prouver que les violences massives commises par les Israéliens à Gaza
constituent bien les éléments d’un génocide.
Nous prévenons les lecteurs que les réalités décrites dans ce rapport sont insoutenables. Par contraste, elles en disent long
sur le refus de voir de notre gouvernement et d’une partie de la classe politique et de l’intelligentisia française.
Les autorités israéliennes ont commis et commettent toujours des actes interdits par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, dans l’intention
spécifique de détruire physiquement la population palestinienne de Gaza.
Elles se sont notamment rendues coupables de meurtres, d’atteintes graves à l’intégrité
physique ou mentale des personnes, et de soumission délibérée des Palestiniens et Palestiniennes de Gaza à des conditions de vie destinées à entraîner leur destruction physique. Depuis
plus d’un an, la population palestinienne de Gaza a été déshumanisée et traitée comme un groupe de sous-humains ne méritant pas le respect de ses droits fondamentaux, ni de sa dignité.
Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d’alarme pour la communauté internationale : il s’agit d’un génocide, qui doit cesser immédiatement. (…)
Nos équipes de chercheur·ses et d’expert·es ont examiné et analysé rigoureusement et méthodiquement un ensemble de faits survenus entre octobre 2023 et juillet 2024, qui par leur
récurrence, leur simultanéité, leurs effets immédiats ou leurs conséquences cumulées s’avèrent constituer des actes relevant de la Convention sur le génocide.
Le génocide, un terme défini par le droit international
Déterminer s’il y a eu génocide relève d’une conclusion juridique. Nos expert·es se sont concentrés sur le cadre juridique du génocide en droit international, tel qu’il est
défini et érigé en infraction par la Convention sur le génocide et repris tel quel par le Statut de Rome. Ils ont d’abord vérifié que les Palestinien.es faisaient bien partie d’un
groupe protégé tel que défini dans la Convention : à savoir un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Ils ont ensuite examiné rigoureusement et méthodiquement l’ensemble des
faits commis par les forces israéliennes d’octobre 2023 à juillet 2024 dans la bande Gaza pour vérifier s’ils correspondaient bien aux actes constitutifs d’un génocide, tels qu’énoncés
dans la Convention. Enfin, ils ont examiné les différentes preuves permettant de déterminer l’intention, un des critères clés de la définition de la Convention sur le génocide.
Bombardements incessants de zones densément peuplées, destruction de structures hospitalières, coupure permanente d’eau et d’électricité, entrave à la délivrance d’aide humanitaire,
multiples déplacements forcés de la population…
Ces différentes attaques et actions commises par les forces israéliennes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 ont été scrupuleusement examinées.
Un génocide sous nos yeux
Comme historien du nazisme, et en particulier de la Shoah, j’ai travaillé sur des milliers de documents et de témoignages concernant les politiques génocidaires des
nazis. Comme professeur, j’ai expliqué à des étudiants comment une violence de masse passait le seuil au-delà duquel on pouvait la qualifier de génocidaire.
Pour ces raisons, je constate la qualité du rapport établi par Amnesty International
J’y ajoute un constat : Ce rapport ne nous parle pas
au passé. Il nous parle d’un génocide en train de se dérouler, sous nos yeux.
Meyssan : « Netanyahou a menti à son peuple sur ses relations avec le Hamas »
Dans ce quinzomadaire, nous revenons avec Thierry Meyssan sur le cessez-le-feu au Liban et sur le mandat d’arrêt international délivré par la CPI contre Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant. C’est
l’occasion de réévoquer les relations entre le Premier Ministre israélien et le Hamas… et sa de plus en plus plausible implication dans les événements du 7 octobre 2023.
La presse française en parle peu, mais les juges israéliens resserrent peu à peu l’étau autour de Benjamin Netanyahou, sur les événements du 7 octobre
2023. Le Courrier a déjà évoqué cette
question.
Thierry Meyssan revient sur cette question à l’occasion de notre émission. Il rappelle les soutiens financiers massifs accordés par Benjamin Nétanyahou. Dans la
pratique, le rôle du Premier Ministre israélien dans le déroulement du 7 octobre pose de nombreux problèmes, soulève de nombreuses questions, qui nourrissent un soupçon sur les tenants et
aboutissants de cette journée terrible.
Et si Nétanyahou avait menti à son peuple ?
Netanyahou n’arrive pas à dissimuler la défaite stratégique d’Israël face au Hezbollah
Le Premier ministre israélien a beau jouer l’énergie et la maîtrise sur les événements dans son discours du 26 novembre 2024, il ne peut pas dissimuler la défaite stratégique de Tsahal contre le
Hezbollah. Deux mois après l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Nasrallah, et d’une partie de l’état-major du mouvement combattant chiite libanais, une comparaison avec l’offensive de
2006 montre que l’armée israélienne n’a pas pu avancer plus que durant la campagne d’il y a dix-huit ans, considérée comme une défaite. Petit à petit la vérité se fait jour: c’est Israël, et non
le Hezbollah, qui était pressé d’arriver à un cessez-le-feu.
Benjamin Netanyahou a prononcé hier un discours pour expliquer à ses compatriotes pourquoi il était nécessaire de signer un cessez-le-feu au Liban.
Commençons par la fin du discours. Netanyahou explique qu’il y a trois raisons de signez le cessez-le-feu :
(1) Se concentrer sur l’Iran. Et là il dit qu’il ne peut pas en dire plus.
(2) Refaire les stocks de munitions et d’armes israéliens – curieusement, il avoue qu’ils ne sont approvisionnés que lentement;
(3) Isoler encore plus le Hamas à Gaza.
Les risques à venir au Proche-Orient
De fait, la question à se poser est de savoir pourquoi le Hezbollah accepte un cessez-le-feu qui n’inclue pas la fin de l’opération militaire à Gaza. N’était-ce pas
la position défendue par l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Nasrallah, assassiné par les Israéliens fin septembre ? Cependant le Hamas, dans son communiqué publié ce jour, affirme voir
dans le retrait de l’armée d’Israël une victoire du Hezbollah. Simple propagande ?
De ce fait, n’y a-t-il pas à craindre que la campagne contre les civils de Gaza redouble, au nom de cette lutte contre le mouvement invoquée par Netanyahou ? Et que
veut dire « se concentrer sur l’Iran »? Est-ce que le Premier ministre israélien prévoit une attaque contre ce pays consécutivement à l’arrivée de Donald Trump
à la Maison Blanche ?
L’étonnante carte de l’offensive israélienne au Liban
Pour bien comprendre ce qu’il en est, je voudrais montrer trois cartes :
Tout d’abord une carte indiquant l’avancée au sol de l’armée israélienne au Liban en 1982 – et les retraits successifs des forces israéliennes des zones occupées au Liban dans les années 1980 !
Regardons maintenant une carte sur laquelle est indiquée l’avancée terrestre de l’armée israélienne en 2006 dans une guerre face au Hezbollah considérée comme une défaite :
Il s’agit du liseré orange au sud du Liban.
Eh bien regardons maintenant la carte de la guerre qui vient d’être interrompue par un cessez-le-feu :
Il s’agit de la zone en mauve au nord de la frontière israélo-libanaise indiquée en rouge. On dira sobrement que, même après avoir éliminée la direction politique du Hezbollah, Benjamin
Netanyahou a été incapable de faire mieux qu’en 2006 – une campagne considérée comme une défaite.
Un discours en trompe-l’œil
Les cartes ci-dessus nous disent quelque chose de simple : Le Premier ministre israélien est bien en peine de dissimuler la retraite stratégique de son
pays.
Soudain apparaît une hypothèse qui ne correspond pas du tout à ce que vous avez entendu dans les médias mainstream : Ce n’est pas le Hezbollah qui était
sous pression pour signer un cessez-le-feu. C’est le gouvernement israélien.
Rien de ce que dit Netanyahou ne correspond à ce que nous savons du conflit : Il a beau se vanter d’une bataille sur sept fronts et d’une vue globale,
(1) il évoque une riposte israélienne contre Israël dont nous avons montré, qu’elle était minimale et largement une mise en scène.
(2) Il se vante de bombardements du port d’Hodeida au Yémen mais oublie de parler du blocus de la Mer Rouge par Ansarallah. ou des missiles et drones envoyés depuis le Yémen sur Tel Aviv
(3) Il évoque des pertes gigantesques du Hamas mais oublie de nous dire pourquoi il faudrait encore se concentrer sur Gaza.
(4) la question de l’affrontement avec les milices combattantes chiites d’Irak est escamotée.
(5) les menaces contre Assad sont-elles plus que de la rhétorique?
(6) l’évocation de la Cisjordanie est pathétique: l’armée israélienne s’y heurte à une résistance croissante, qu’elle ne sait combattre que par des razzias de prisonniers.
(7) Enfin, le Premier ministre parle curieusement de la réinstallation à venir des Israéliens qui ont dû quitter le nord d’Israël du fait des roquettes du Hezbollah. Faut-il être fin stratège
pour se demander comment il n’a pas été possible de faire revenir plutôt les habitants du Nord, alors que l’on prétend avoir démantelé l’arsenal du Hezbollah?
Décidément, tout indique que le gouvernement israélien essaie de dissimuler qu’il a obtenu un répit pour une armée très éprouvée et manquant de munitions et
d’armes.
Cela s’appelle dissimuler une défaite stratégique.
Oui, c’est une théorie du complot. En effet, tout n’est pas fait par deux ou trois personnes qui l’écrivent et le publient, de sorte que nous savons tous ce
qu’ils ont fait.
Mais nous en savons parfois suffisamment sur ce qu’ils ont fait pour avoir une bonne idée de la situation dans son ensemble.
Le 7 octobre 2023, un groupe organisé de combattants de la liberté palestiniens/Hamas a brisé le blocus qui réprimait leur pays d’origine, Gaza, imposé par
leurs ravisseurs israéliens. Leur situation a été qualifiée d’«apartheid» et de
«prison à
ciel ouvert» par Jimmy Carter, Nelson Mandela, Noam Chomsky et d’autres – et comme un
blocus est un acte de guerre, les combattants de la liberté avaient parfaitement le droit de le briser s’ils le pouvaient. Et, qu’on le veuille ou non, les Israéliens s’y attendaient
toujours.
Par une longue tradition non reconnue, leurs ravisseurs israéliens kidnappaient et emprisonnaient des citoyens palestiniens, la plupart sans inculpation ni
procès et certains torturés.
De l’autre côté de la même tradition non reconnue, les Palestiniens capturaient parfois des Israéliens – presque toujours des militaires à dessein – pour
les échanger avec les Israéliens contre des Palestiniens emprisonnés.
Les Palestiniens, malgré la propagande israélienne bien connue – et contrairement aux Israéliens – prennent bien soin de leurs otages, sinon il n’y a aucune
valeur commerciale. Un exemple classique est l’échange de prisonniers Gilad Shalit en 2011. Après avoir été détenu pendant plus de 5 ans, Shalit
a été échangé contre 1027 prisonniers palestiniens détenus par Israël.
En raison de tous les gadgets d’espionnage, de capteurs électroniques et de signaux satellite utilisés par l’appareil israélien pour maintenir Gaza et la
Cisjordanie – et leurs propriétaires légitimes en cage – on a prétendu qu’un tel raid était désormais impossible.
L’appareil d’emprisonnement israélien avait des taupes au Hamas, des cartes de leurs tunnels, surveillait leurs communications, traquait leurs agents et
leurs répétitions – et ils avaient été prévenus par les services de renseignement britanniques et américains. Ils connaissaient la date, l’heure et le lieu de l’attaque du Hamas prévue.
En fait, Netanyahou
avait été prévenu à l’avance le matin de l’attaque.
Selon un document
préparé par la division de Gaza de l’armée israélienne, ils connaissaient même les noms de certains des combattants du Hamas et ils avaient prévu de capturer 200 à 250 militaires
israéliens. Ils avaient l’intention de les garder en vie bien sûr – les otages morts, rappelons-le, n’ont aucune valeur d’échange.
Bien que les personnes informées pensaient qu’une telle opération ne pouvait pas être une surprise, les Israéliens ont apparemment été pris au dépourvu. Et
puis très lents à réagir. Cela peut sembler familier à la génération du 11 septembre ?
La première excuse était que leurs services de renseignements étaient défaillants. Lorsqu’il a été révélé que les Américains les avaient spécifiquement
prévenus, ainsi que les Britanniques et leur propre appareil, la machine à porte-parole israélienne – articulée autour de la devise du MOSSAD, «Par la tromperie tu feras la guerre» – a
créé un autre motif de discorde
limité : ils avaient été «trop
confiants».
Quand ils ont finalement réagi, apparemment convaincus qu’il s’agissait d’un autre enlèvement de la part du Hamas, les Israéliens ont invoqué
la directive
Hannibal, qui consiste à tuer les leurs plutôt que de les laisser être pris en otage et utilisés pour un échange.
En effet, les premiers rapports faisaient état d’hélicoptères de combat israéliens effectuant leur travail lors d’un festival de musique et ailleurs. Plus
tard, il a été admis que ces machines meurtrières aériennes avaient probablement tué «quelques» civils
«par
erreur». Israël a d’abord revendiqué 700 morts, mais a substitué 2382 blessés à ce chiffre. Le reste du monde s’est finalement arrêté à un nombre bien inférieur.
Alors, combien de morts revendiqués par Israël ont été tués par les combattants de la liberté du Hamas, à la recherche d’otages vivants à échanger, et
combien par des navires de combat israéliens appliquant la directive Hannibal ?
Mais, sachant ce qu’ils savaient, pourquoi les Israéliens laisseraient-ils les choses se passer mal ?
Cela pourrait-il avoir quelque chose à voir avec cela ?
Cela a du sens au vu des faits – et des fausses déclarations du type «laissez les choses se passer» qui sont en vogue ces derniers temps chez de nombreux
gouvernements afin qu’ils puissent faire des choses encore pires que ce qu’ils font habituellement.
Pourquoi dans ce cas ? Qu’est-ce que les Israéliens avaient en tête ?
Eh bien, ils
avaient initialement volé ce qui est aujourd’hui Israël, principalement aux Palestiniens, et ils
ont volé de plus en plus à chaque fois qu’ils en ont l’occasion, en particulier en Cisjordanie. Selon les Nations unies, la Cour pénale internationale et même la plupart des
observateurs occasionnels, ce projet s’est transformé en génocide et en nettoyage ethnique, fomenté contre ce qui reste des propriétaires originels de cette terre qu’ils ont volée.
Le fait que leur Premier ministre Benjamin Netanyahou ait été reconnu coupable de plusieurs crimes et qu’il aille probablement en prison une fois que le
massacre actuel de plus de 40 000 hommes, femmes et surtout enfants palestiniens aura finalement pris fin n’arrange rien, même si lui et les dirigeants parlent déjà de la «guerre
éternelle».
Après tout, si vous aviez fait aux Palestiniens ce que les Israéliens leur font encore subir, vous attendriez-vous à ce qu’ils vous pardonnent un jour
?
L’une des rares bonnes choses qui ressortent du cauchemar implacable qui se déroule à Gaza est que le monde occidental a enfin un regard clair sur Israël.
Le vrai Israël.
Pas l’Israël qu’ils vous enseignent à l’école. Ce n’est pas «la seule démocratie du Moyen-Orient», où les juifs ont trouvé refuge après avoir été victimes
des nazis et ont réussi à créer une société prospère malgré leur existence dans une mer d’ennemis sauvages déterminés à les détruire.
Pas cet Israël. Le vrai. Sans doute la société la plus raciste
de la planète, dont l’existence a dépendu de la violence, du vol, de la tyrannie et des abus incessants depuis sa création.
Le véritable Israël, dont le gouvernement affame délibérément et méthodiquement des civils palestiniens par dizaines
de milliers simplement parce qu’ils n’appartiennent pas à la bonne ethnie.
Le vrai Israël, dont l’armée est si sadique qu’elle a créé un système d’IA pour cibler spécifiquement les combattants présumés du Hamas
lorsqu’ils sont à la maison avec leurs familles, et a
appelé l’IA «Où est papa ?» parce qu’elle tuerait des pères lorsqu’ils sont à la maison avec leurs enfants.
Le vrai Israël, dont les soldats ne peuvent s’empêcher de publier des images d’eux-mêmes vêtus
de sous-vêtements de femmes palestiniennes mortes et déplacées et jouant avec les jouets d’enfants palestiniens morts et déplacés.
Le vrai Israël, où la
majorité des hommes ne croient pas que le viol par une connaissance ou le viol conjugal sont de véritables crimes, et où la majorité ne
croit pas que les soldats accusés d’avoir violé et torturé un prisonnier palestinien jusqu’à ce qu’il soit gravement blessé devraient faire face à des accusations
criminelles.
Le vrai Israël, qui bombarde régulièrement des bâtiments remplis de civils et utilise ensuite des drones
de sniper pour éliminer les survivants, y compris les enfants.
Le vrai Israël, dont on a entendu les
drones jouer les sons des bébés qui pleurent et des femmes qui hurlent afin d’attirer les civils pour qu’ils puissent être tués.
Le vrai Israël, dont les forces militaires ciblent le personnel médical si méthodiquement que les médecins et les infirmières de
Gaza enlèvent
leurs uniformes lorsqu’ils quittent l’hôpital afin d’éviter d’être assassinés.
Le vrai Israël, qui a sciemment
attaqué les emplacements des travailleurs humanitaires.
Le vrai Israël, dont les citoyens sont si déformés et tordus qu’ils assistent
à des excursions en bateau pour assister joyeusement à la dévastation dans la bande de Gaza.
Le vrai Israël, dont les
citoyens mettent en place des blocus pour empêcher les camions d’aide d’atteindre les civils affamés de Gaza pendant
qu’ils profitent de barbecues et installent des châteaux gonflables et des machines à barbe à papa pour leurs enfants.
Le vrai Israël, dont les influenceurs TikTok ont
lancé une tendance virale se moquant de la souffrance des civils à Gaza.
Le vrai Israël, dont les citoyens se
rendront dans un autre pays et déchireront les drapeaux palestiniens et chanteront qu’il n’y a plus d’enfants à Gaza, puis pleureront la victime lorsque les gens se
défendront.
C’est le véritable Israël, dans toute sa gloire. Et c’est bien qu’on le voie.
Plus tôt tout le monde cessera de soutenir cette société bizarre et meurtrière et commencera à insister pour que les valeurs humaines normales l’emportent
sur les forces démentes qui la maintiennent en vie, plus tôt il pourra y avoir la paix dans la région. Et plus notre espèce se portera bien.
Honte à moi ! Dans mon précédent article sur Substack, j’ai critiqué injustement le livre de Thomas Suárez, «State of Terror : How
Terrorism Created Modern Israel» (téléchargeable
gratuitement ici), pour ne pas avoir abordé la cause profonde du terrorisme inné d’Israël. Je dois avouer que je l’avais parcouru assez rapidement. Kevin Barrett m’a
conseillé de le lire plus attentivement, ce que j’ai fait. C’est, je m’en rends compte maintenant, le fruit d’une recherche herculéenne menée par un universitaire d’une capacité
exceptionnelle et d’une grande intégrité. C’est une révélation sur une réalité écœurante que même moi j’avais sous-estimée avant de le lire. Il démontre avec clarté qu’Israël est né comme
un État voyou, avec la malveillance dans son ADN.
Ma critique est maintenue. Suárez aurait pu citer au moins une fois Deutéronome 2 :25, dans lequel «Yahweh, le dieu
d’Israël» se présente comme le dieu de «la crainte et de la
terreur» : «Je vais répandre dès
aujourd’hui la frayeur et la crainte de toi sur tous les peuples qui sont sous le ciel ; et, au bruit de ta renommée, ils trembleront et seront saisis d’angoisse à cause de toi». Tel
dieu, tel peuple. Lorsque Suárez mentionne que «la bande Stern, comme
on l’appelait communément, ou plus formellement Léhi, était la plus fanatique des trois principales organisations, prétendant être (comme l’a dit le secrétaire en chef à Jérusalem) «les
héritiers des traditions les plus pures de l’ancien Israël»», il aurait été approprié de discuter si cette affirmation était bien fondée ou non.
D’un autre côté, il est probablement préférable que Suárez limite son enquête aux faits bruts ; Cela rend son argumentation sur la nature criminelle
d’Israël – et la complicité de l’Occident – inattaquable.
Je vais étudier ce livre plus en profondeur – et vérifier les autres livres de Suárez – et probablement en faire une critique dans un prochain article. Mais
pour l’instant, je veux m’attarder sur un aspect important du terrorisme israélien que Suárez souligne, comme Kevin me l’a justement fait remarquer : les sionistes ont commis de nombreux
crimes atroces contre des juifs jugés «non coopératifs» dans leur pillage mafieux des terres des Palestiniens.
C’est aussi tout à fait biblique. «La peur
et la terreur» sont l’essence du contrôle des juifs sur les Goyim, mais c’est aussi l’essence du contrôle des juifs sur les juifs eux-mêmes. Le Tanakh a été écrit par des
générations de Lévites comme un moyen de contrôler les Israélites par la peur d’un dieu épouvantail. C’est pourquoi, dans le monde biblique, un bon juif est un juif qui craint
Dieu.
Le Dieu de la terreur et les juifs qui
craignent Dieu
Selon la loi juive (Torah), les juifs qui cherchent à s’assimiler, à coopérer ou, pire, à se marier avec des Gentils, méritent la mort, et leur mort servira
d’exemple aux autres. Quand, au deuxième siècle avant J.-C., certains Israélites pensèrent : «Allions-nous aux
Gentils qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’eux, de nombreux malheurs nous ont frappés», les Maccabées déclenchèrent une guerre civile contre eux,
«frappant
les pécheurs dans leur colère et les renégats dans leur fureur» (1 Maccabées 1-2)1.
Le Livre des Jubilés, datant de cette période, proclame :
«Et si quelqu’un en
Israël veut donner sa fille ou sa sœur à un homme de la race des Gentils, il mourra sûrement, et on le lapidera ; car il a fait honte à Israël ; et on brûlera au feu la femme, parce
qu’elle a déshonoré le nom de la maison de son père, et elle sera arrachée d’Israël».
(30 :7)
Terroriser les juifs pour les amener à une stricte séparation et à une endogamie est l’essence même de l’alliance yahviste.
Dans Nombres 16-17, un groupe de deux cent cinquante Lévites menés par Coré sont eux-mêmes exterminés pour s’être rebellés contre Moïse et Aaron.
«Je vais
les détruire ici et maintenant», dit Yahweh, et «un feu jaillit alors
de Yahweh et dévora les deux cent cinquante hommes qui offraient de l’encens» (16 :20-35).
«Le lendemain, toute
la communauté des Israélites murmurait contre Moïse et Aaron et disait : «C’est vous qui avez tué le peuple de Yahweh !» «Alors Yahweh dit : «Je vais les détruire ici et maintenant», et
une peste décima quatorze mille sept cents d’entre eux» (17 :6-14).
Ces épisodes mettent en évidence que l’autorité de Yahweh et de sa caste
lévitique est entièrement fondée sur la violence et la terreur contre les Israélites eux-mêmes. Ils montrent également que l’Alliance est fondée sur la menace
permanente de destruction. Les juifs qui défient leurs élites désignées par Dieu et qui fréquentent leurs voisins non juifs, mangent avec eux, se marient avec eux et, ce
faisant, montrent du respect envers leurs dieux, sont la lie du peuple juif, des traîtres à Yahweh et à leur race. Ils méritent d’être éliminés sans pitié, d’autant plus qu’ils mettent en
danger toute la communauté en attirant la colère de Yahweh.
Yahweh enseigne au peuple juif que l’amitié avec les non juifs est une trahison de l’Alliance et sera punie par un désastre, peut-être l’extermination.
L’alliance de Yahweh est fondée sur la terreur, comme le montre clairement le Lévitique :
«27 Si, malgré cela,
vous ne m’écoutez point et si vous me résistez,
28 je vous résisterai
aussi avec fureur et je vous châtierai sept fois plus pour vos péchés.
29 Vous mangerez la
chair de vos fils, et vous mangerez la chair de vos filles.
30 Je détruirai vos
hauts lieux, j’abattrai vos statues consacrées au soleil, je mettrai vos cadavres sur les cadavres de vos idoles, et mon âme vous aura en horreur.
31 Je réduirai vos
villes en déserts, je ravagerai vos sanctuaires, et je ne respirerai plus l’odeur agréable de vos parfums. etc». (26 :27-31).
De telles menaces sont répétées à maintes reprises. Josué, successeur de Moïse parmi les Lévites, dit aux Israélites qui avaient pris
possession de Canaan :
«7 Ne vous mêlez point
avec ces nations qui sont restées parmi vous ; ne prononcez point le nom de leurs dieux, et ne l’employez point en jurant ; ne les servez point, et ne vous prosternez point devant
eux.
8 Mais attachez-vous
à l’Éternel, votre Dieu, comme vous l’avez fait jusqu’à ce jour.
9 L’Éternel a chassé
devant vous des nations grandes et puissantes ; et personne, jusqu’à ce jour, n’a pu vous résister.
10 Un seul d’entre
vous en poursuivait mille ; car l’Éternel, votre Dieu, combattait pour vous, comme il vous l’a dit.
11 Veillez donc
attentivement sur vos âmes, afin d’aimer l’Éternel, votre Dieu.
12 Si vous vous
détournez et que vous vous attachez au reste de ces nations qui sont demeurées parmi vous, si vous vous unissez avec elles par des mariages, et si vous formez ensemble des
relations,
13 soyez certains que
l’Éternel, votre Dieu, ne continuera pas à chasser ces nations devant vous ; mais elles seront pour vous un filet et un piège, un fouet dans vos côtés et des épines dans vos yeux, jusqu’à
ce que vous ayez péri de dessus ce bon pays que l’Éternel, votre Dieu, vous a donné.
14 Voici, je m’en
vais maintenant par le chemin de toute la terre. Reconnaissez de tout votre cœur et de toute votre âme qu’aucune de toutes les bonnes paroles prononcées sur vous par l’Éternel, votre
Dieu, n’est restée sans effet ; toutes se sont accomplies pour vous, aucune n’est restée sans effet.
15 Et comme toutes
les bonnes paroles que l’Éternel, votre Dieu, vous avait dites se sont accomplies pour vous, de même l’Éternel accomplira sur vous toutes les paroles mauvaises, jusqu’à ce qu’il vous ait
détruits de dessus ce bon pays que l’Éternel, votre Dieu, vous a donné.
16 Si vous
transgressez l’alliance que l’Éternel, votre Dieu, vous a prescrite, et si vous allez servir d’autres dieux et vous prosterner devant eux, la colère de l’Éternel s’enflammera contre vous,
et vous périrez promptement dans le bon pays qu’il vous a donné». (Josué 23 :6-16)
Dans ce seul passage, vous avez tout ce qu’il faut savoir pour comprendre ce qui se passe en Palestine aujourd’hui. Pour les Israéliens, le passé biblique
est un présent éternel. Et il ne s’agit pas de religion, mais du modèle de l’histoire d’Israël.
Les élites juives d’aujourd’hui ne sont peut-être pas des Lévites au sens strict du terme, mais la judéité est toujours un système de
contrôle mental des masses juives par les élites juives.La judéité est en fait mieux comprise
comme une forme de syndrome de
Stockholm. Comme le dit Smilesburger dans le roman de Philip Roth, Operation Shylock : «Un juif connaît Dieu
et sait comment, depuis le premier jour où Il a créé l’homme, Il a été irrité contre Lui du matin au soir. (…) Faire appel à un père fou et violent, et pendant trois mille ans, voilà ce
que c’est que d’être un juif fou!»2 Les
juifs se sentent haïs par toute l’humanité (les juifs sont «le peuple choisi pour
la haine universelle», a écrit le proto-sioniste Leon Pinsker3),
mais il se peut qu’il s’agisse, en partie, d’un cas de projection freudienne : Au fond d’eux-mêmes, ils savent que le dieu qui les a choisis est le dieu de la haine, pas un dieu
de l’amour. Il ne les aime que tant qu’ils obéissent à ses lois folles sans discussion, mais les déteste dès qu’ils essaient d’être des êtres humains libres. Ce dieu sociopathe
est, bien sûr, un épouvantail invoqué par les Lévites.
C’est pourquoi la seule façon de sauver les juifs est de révéler la méchanceté de leurs dirigeants. «Les maux d’Israël
sont les maux des dirigeants», a écrit l’éditeur juif Samuel Roth dans «Jews Must Live : An
Account of the Persecution of the World by Israel on All the Frontiers of Civilization» (1934). Il impute toutes les souffrances des juifs à «l’hypocrisie et à la
cruauté stupéfiantes que nous impose notre direction fatale».
«À commencer par le
Seigneur Dieu d’Israël lui-même, ce sont les dirigeants successifs d’Israël qui, un par un, se sont rassemblés et ont guidé la carrière tragique des juifs – tragique pour les juifs et non moins
tragique pour les nations voisines qui les ont subis. (…) malgré nos fautes, nous n’aurions jamais fait autant de dégâts au monde si ce n’était pas grâce à notre génie du
leadership maléfique».4
Les juifs peuvent et seront sauvés, lorsqu’ils briseront le sort de Yahweh. Nous devons les aider en affirmant sans équivoque que leur dieu biblique n’est
pas Dieu, mais une marionnette grotesque façonnée par leurs dirigeants sacerdotaux malfaisants pour les terroriser et les soumettre. À moins qu’ils ne soient prêts à adopter le
marcionisme, les chrétiens devraient se tenir à l’écart de ce dialogue ; les juifs n’ont pas besoin de se convertir au christianisme, ils doivent se
convertir à la critique historique, à l’analyse rationnelle et scientifique et à la déconstruction de leurs écritures.
Par chance, certains juifs sont plutôt doués pour cela.
La théorie de l’Exode de Richard E.
Friedman
L’un des érudits bibliques les plus talentueux et les plus respectés d’aujourd’hui est Richard Elliott Friedman. Dans son livre le plus récent, «The Exodus : How it
Happened and Why it Matters» (HarperOne,
2017), il résout la contradiction suivante : d’une part, nous n’avons aucune preuve archéologique d’une migration massive d’Égypte vers Canaan, et nous avons à la place des
preuves archéologiques que les Israélites étaient indigènes du pays de Canaan ; D’un autre côté, nous avons des preuves scripturales de l’origine égyptienne d’une grande partie des
traditions sacerdotales de la Torah. La solution, soutient Friedman, est simple : les tribus d’Israël avaient «des origines
largement indigènes» dans le pays de Canaan, à l’exception d’une tribu sans territoire : les Lévites, qui sont venus d’Égypte en nombre relativement faible et ont superposé leur
culte exclusif de Yahweh sur le culte du dieu suprême El des Israélites. Israël existait probablement en tant que royaume dans la Palestine d’aujourd’hui avant qu’une bande de conquérants
lévites ne s’y installe et n’impose progressivement son régime religieux et militaire. Voici les principaux arguments :
Premièrement, de nombreux
lévites ont des noms à consonance égyptienne (Hophni, Hur, deux hommes nommés Phinées, Merari, Mushi, Pashhur et bien sûr Moïse [a]), alors que «pas une seule
personne du reste d’Israël n’a de nom égyptien».
Deuxièmement, «dans toutes nos
sources antérieures, seuls les lévites ont un lien avec l’Exode».
Troisièmement, les sources
sacerdotales (E, P et D) montrent une familiarité avec la culture, la tradition et la littérature égyptiennes.
Un argument solide est tiré de deux des sources les plus archaïques de la Bible : le Cantique de la mer ou Cantique de Myriam (Exode 15) et le Cantique de
Débora (Juges 5). «Le Cantique de
Débora, qui se déroule en Israël, ne mentionne pas les Lévites ; et le Cantique de Myriam, qui se déroule en Égypte, ne mentionne pas Israël». Dans le Cantique de Myriam, le peuple
sauvé des Égyptiens qui le poursuivaient est simplement «le peuple de
Yahweh». Le Cantique de Débora «célèbre la bataille…
qui a établi pour la première fois l’hégémonie israélite en tant que pays» et nomme toutes les tribus sauf les Lévites.
Cela est confirmé par une autre source très ancienne, la Bénédiction de Moïse (Deutéronome 33), qui combine des oracles sur de nombreuses tribus d’Israël et
de Juda, y compris Lévi, dont l’oracle est le seul à mentionner les pérégrinations dans le désert.
Les Lévites n’étaient pas une tribu, mais un groupe de prêtres, sans attribution de territoire. Ils étaient dispersés parmi les tribus, prenaient le
contrôle direct de dix villes et vivaient d’un dixième (une dîme) des produits des tribus israélites (Josué 13-19). Ce n’est que par une fiction tardive que les Lévites ont été comptés
comme l’une des tribus d’Israël et qu’on leur a donné un ancêtre parmi les fils de Jacob (Genèse 49).
Cela signifie que les Lévites, adorateurs de Yahweh, ont colonisé les tribus israéliennes et leur ont appris que le vrai nom de leur dieu El avait été
révélé au chef des Lévites Moïse sous le nom de «Yahweh» (Exode 3 :6). Bien qu’ils aient émigré d’Égypte, les Lévites n’étaient pas d’origine égyptienne et étaient peut-être des «Habiru»
judéens (un mot qui signifie «pillards nomades», d’où le mot «hébreu» est dérivé) exploités comme travailleurs forcés par les Égyptiens. Cela expliquerait pourquoi «ce que nous savons de
la religion de l’ancien Israël ne semble pas provenir d’une source égyptienne» (contrairement à ce que Freud a supposé, Yahweh n’a rien en commun avec le Dieu solaire
d’Akhenaton).
Les Lévites pouvaient convertir, soumettre et taxer les Israélites autochtones parce qu’ils n’étaient pas seulement une caste sacerdotale, mais une bande de
conquérants particulièrement violents et cruels. Ils massacrèrent environ trois mille Israélites dans l’épisode du Veau d’or (Exode 32 :26-28) :
«26 Moïse se plaça à
la porte du camp, et dit : À moi ceux qui sont pour l’Éternel ! Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent auprès de lui.
27 Il leur dit :
Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d’une porte à l’autre, et que chacun tue son frère, son
parent.
28 Les enfants de
Lévi firent ce qu’ordonnait Moïse ; et environ trois mille hommes parmi le peuple périrent en cette journée».
Dans ce passage, les Lévites apparaissent comme une sorte de troupes d’élite de Moïse, terrorisant le peuple pour le soumettre à leur culte exclusif et
ethnocentrique du Dieu Jaloux.
Comme Friedman l’a démontré dans «Qui a écrit la
Bible ?», les Lévites se divisèrent en deux maisons sacerdotales rivales, les Aaronides (descendants d’Aaron) et les Mushites (descendants de Moïse), qui se livrèrent à des
luttes de pouvoir. Le Livre des Nombres rappelle comment les Aaronides s’assurèrent le sacerdoce lorsque Phinées, le petit-fils d’Aaron, reçut de Yahweh, «pour lui et sa
descendance après lui, (…) le sacerdoce pour toujours», c’est-à-dire «le droit d’accomplir
le rituel d’expiation pour les Israélites». Pour quel acte saint Phinées fut-il ainsi récompensé ? Par le meurtre d’un Israélite et de sa femme madianite, qui avaient transgressé la
loi de stricte endogamie : il «saisit une lance,
suivit l’Israélite dans la niche, et là il transperça par le ventre, l’Israélite et la femme»,. Par cet acte, dit Yahweh, Phinées montra qu’il avait «le même zèle que
moi» (Nombres 25 :11-13).
Appeler Yahweh un «dieu jaloux» est un
euphémisme : il s’agit en réalité d’un xénophobe haineux et meurtrier.
Réfléchissons au fait que, selon la
Bible, le sacerdoce du Dieu jaloux a été obtenu en récompense du double meurtre d’un couple interracial. Vous avez là l’essence même de la foi juive.
[a] L’histoire de Moïse
constitue d’emblée une énigme. Selon le récit biblique, le prophète a une double identité : il est né d’une Israélite de la tribu de Lévi (mais quid de son père et de ses origines ?),
puis il est adopté par la fille de Pharaon. Étymologiquement, «Moïse» est d’origine égyptienne : il provient de la transcription de m-s-j, «engendrer», «enfanter», que l’on retrouve dans
de nombreux noms de pharaons, ainsi de Ramsès («engendré par Ré») ou de Thoutmosis («engendré par Thot»). «Moïse» en est donc une forme abrégée, sans adjonction, dans ce cas, d’une
quelconque référence divine. L’auteur du récit biblique avait certainement connaissance de l’origine égyptienne du nom de Moïse, mais cela signifie-t-il qu’il était égyptien ? Il est
difficilement imaginable qu’on ait inventé pour le héros de l’exode un tel nom égyptien. De plus, plusieurs compagnons du Moïse biblique portent eux aussi des noms égyptiens : son frère,
Aaron («Grand est le nom [du dieu]), son petit-fils, Pinhas («le Noir» ou le «Nubien»), et sa sœur, Miriam («la Bien-Aimée»). Les textes égyptiens de la fin du IIe millénaire avant
notre ère témoignent de l’existence de plusieurs hauts fonctionnaires originaires du Levant qui avaient, à côté de leurs noms sémitiques, des patronymes égyptiens élaborés à partir de la
racine m-s-j.
J’ai suggéré à diverses reprises que nos médias constituent un
puissant outil de contrôle mental, guère différent de ce que l’on peut trouver dans des intrigues classiques de science-fiction. Prétendre développer une pensée indépendante, lorsque l’on
reste immergé des semaines ou des mois dans le narratif totalement contrôlé que ces médias développent, relève de l’opération impossible. Chez la plupart des gens, les chuchotements qui se
font entendre à l’arrière du crâne prend le pas sur le raisonnement logique, et les réactions émotionnelles peuvent être activées ou désactivées comme si on les contrôlait au moyen d’un
interrupteur.
Bezalel Smotrich, ministre des finances israélien
On trouve un exemple parfait de ce fait avec le tristement célèbre incident de l’USS Liberty, qui se produisit en 1967. Alors qu’il naviguait
tranquillement dans les eaux internationales, ce navire étasunien a été attaqué par les Israéliens, dont la marine et l’armée de l’air ont tué ou blessé plus de 200 soldats étasuniens, et
dont la tentative de couler le navire sans laisser le moindre survivant n’a échoué que par un coup de chance. Cet incident provoqua le plus grand nombre de décès en mer des États-Unis depuis
les grandes batailles de la seconde guerre mondiale, et il ne fait aucun doute que si c’était un autre pays qui en avait été l’auteur, des représailles rapides et de grande ampleur en
auraient découlé, avec le bombardement de grandes villes pour ensevelir et tuer des milliers d’habitants, et pourquoi pas une chasse visant à mettre à mort le dirigeant ennemi qui aurait
ordonné une telle attaque non provoquée.
Au lieu de cela, notre gouvernement a totalement dissimulé l’incident à l’époque, et la seule conséquence en a été que le tribut financier que les États-Unis
versent chaque année à l’État juif a augmenté constamment. Même lorsque les faits ont été révélés, une bonne dizaine d’années plus tard, l’indignation est restée confinée à une toute petite
tranche de la population étasunienne, et la majorité des gens, ayant entendu le récit, a vaguement supposé que, puisque les médias affirmaient qu’il n’y avait « rien à voir », il n’était pas nécessaire de
porter attention au sujet. Des événements qui, en des circonstances normales, auraient pu provoquer une guerre punitive d’ampleur, n’ont alors provoqué que quelques haussements d’épaule
inconfortables.
Au vu de leur taille et de leur armement avancé, les États-Unis constituaient dans les années 1960 le colosse de la scène mondiale, et aucun autre pays n’était
en mesure de poser directement un défi à cette puissance. Mais ils sont restés impuissants face à la nation qui les a attaqués, parce que la petite minorité juive favorable à Israël a déployé
ses outils médiatiques de contrôle mental pour transformer le peuple étasunien en marionnettes impuissantes, manipulées par des fils invisibles.
J’ai discuté cet étrange épisode historique il y a plusieurs années.
Plus d’un demi siècle s’est écoulé depuis cet incident et, durant la plupart de ces décennies, la puissance de ce contrôle médiatique sur la population des
États-Unis est restée énorme, et a même connu une croissance continue de plus en plus extrême.
Il y a quelques semaines à peine, le Mossad israélien a subitement fait exploser des milliers de pagers piégés au Liban, et ces explosions simultanées
ont tué ou grièvement estropié 500 civils environ, dont des enfants, tout en blessant des milliers de personnes. Cette action relève évidemment du crime de guerre, mais au vu de l’échelle des
attaques et de l’impact terrifiant sur le public que constitue la conversion d’appareils électroniques ordinaires en bombes mortelles distribuées à l’échelle d’un pays tout entier, elle
constitue sans doute l’un des pires attentats terroristes de l’histoire du monde, et pose des précédents extrêmement dangereux pour des frappes à venir contre d’autres pays, y compris contre
les États-Unis. Si les médias étasuniens avaient dépeint l’incident d’une autre manière, les Étasuniens indignés auraient certainement exigé que l’État terroriste responsable soit rayé de la
surface de la terre ; mais au lieu de cela, les médias ont présenté un narratif différent, si bien que la population des États-Unis aura pour partie simplement haussé les épaules, voire aura
même salué cette action.
Dans un récent article, l’un de nos contributeurs a décrit la réaction à laquelle il a assistée au cours d’un dîner avec des amis catholiques conservateurs, et il me semble que cette expérience mérite d’être citée en détail
:
Peu de temps après les attentats désormais tristement célèbres au pager, à la radio et au panneau
solaire dans le Sud Liban, j’ai été invité à un dîner, avec un groupe d’amis et de connaissances, au domicile d’un prêtre catholique dont je suis voisin. Après avoir mangé et pris part
aux conversations de routines habituelles, la conversation s’est orientée d’elle-même vers la politique et la situation en cours de développement au Moyen-Orient. Comme j’avais déjà
rencontré ce groupe plusieurs fois au cours de l’année écoulée, je connaissais les positions que la plupart des invités cultivait au sujet des problèmes israélo-palestiniens et au sujet
de la puissance juive internationale. Ils sont comme un seul homme d’opinion qu’Israël constitue un allié indispensable pour les États-Unis, et un défenseur de ces
vénérables « valeurs
judéo-chrétiennes » au sein d’un Moyen-Orient par ailleurs non civilisé et bestial. (Un jour, peut-être mènera-t-on une étude pour examiner les raisons pour lesquelles le
christianisme soutient avec une telle véhémence le peuple qui rejette leur Seigneur et Sauveur, et a construit tout un édifice théologique sur la base de ce rejet, tout en assassinant et
estropiant leurs co-religionaires au Moyen-Orient.)
Sur ce dernier point, ces Chrétiens ne sont sans doute pas conscients que le Judaïsme tient leur religion pour une abomination, et que de nombreux dirigeants
juifs ont juré d’éradiquer le christianisme de la Terre Promise, comme l’a suggéré cette petite vidéo tirée d’une longue interview menée par Tucker Carlson d’un pasteur chrétien de Bethléem en 2024 :
Tucker Carlson au sujet des Chrétiens qui soutiennent Israël
« Si vous vous éveillez le matin et
décidez que votre foi chrétienne exige de vous que vous souteniez un gouvernement étranger qui incendie des églises et tue des Chrétiens, je pense que vous avez raté quelque
chose. »pic.twitter.com/K5xMAwexD0
Ladite conversation développée durant ce dîner s’est ensuite tournée vers le conflit en cours à Gaza, et l’utilisation de ces appareils électroniques
explosifs.
La conversation a débuté sur un déluge de platitudes ineptes mais habituelles sur le droit d’Israël à se défendre et de répondre aux attaques du 7 octobre
2023 lancées par le Hamas. La réponse totalement asymétrique d’Israël qui, selon le prestigieux journal médical britannique The
Lancet, a déjà tué presque 200000 Palestiniens, n’a pas été assez robuste, au moins dans l’esprit de l’un des fidèles ayant participé à ce dîner. Lorsque le sujet des attaques
au pager au
Liban a été évoqué, quelques hommes, dont le pasteur, se sont mis à hululer et à beugler leur soutien envers les violations flagrantes du droit international par les Juifs. J’ai commencé
à disserter sur l’immoralité et les conséquences profondes de cet attentat, mais mes interlocuteurs délibérément obtus ont rapidement dénoncé ma position pour m’informer que l’attentat
constituait en réalité une attaque très bien pensée et tout à fait proportionnée, au vu des viols de masse et autres atrocités commises par le Hamas le 7 octobre. Sans m’attarder sur
l’irrationalité patente de leur argument, j’ai choisi d’avancer l’idée que les renseignements israéliens avaient sans doute planifié cette opération avec des années d’avance, et avaient
sans doute exploité leur profonde infiltration dans les industries technologiques pour piéger les appareils en question en usine. Je les ai informés qu’une telle pénétration d’industries
clés constitue un risque très important pour tout le monde à l’échelle de la planète, et que cette nouvelle attaque pouvait fort bien constituer un dangereux précédent. Que je suggère que
les renseignements israéliens disposent des capacités de pré-implanter des explosifs dans des produits de grande consommation a provoqué des grognements de dérision, suivis d’un discours
bref mais des plus remarquables sur l’Holocauste, après quoi la conversation s’est orientée sur des sujets plus mondains.
Pour ce qui concerne la population des États-Unis, développer des réactions aussi faussées ne constituent pas du tout un phénomène récent. Le 7 décembre 1941,
l’armée du Japon a lancé une attaque surprise contre celle des États-Unis, et je suis certain que les parents ou grands-parents des personnes conservatrices ayant pris part à ce dîner avaient
jugé qu’il s’agissait de l’un des coups portés de manière traîtresse les pires jamais lancé, et que la preuve était faite à titre définitif de la vilenie du Japon. De nombreux Étasuniens ont
par la suite considéré l’éradication nucléaire des populations civiles de Hiroshima et de Nagasaki comme un juste retour des choses pour cette frappe militaire inattendue survenue en
1941.
Mais voici qu’une génération plus tard, Israël a produit une action très semblable, et a frappé d’une attaque surprise les forces aériennes égyptiennes et
syriennes stationnées au sol, ce qui a permis à l’armée israélienne de gagner facilement la guerre et de s’emparer de territoires appartenant à ces deux pays. Pourtant, en raison de la
présentation qu’en ont fait les médias, presque tous les Étasuniens ayant assisté à l’événement se sont réjouis de voir le courageux petit État d’Israël remporter une victoire militaire aussi
brillante.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les États-Unis et leurs alliés ont établi les Nations Unies pour mettre en œuvre le droit international et maintenir
la paix. Les médias étasuniens, fervents partisans d’Israël, ont souvent décrit l’établissement de l’État d’Israël en 1948 comme l’une des actions les plus vertueuses de la jeune ONU, ce
corps international ayant accordé une patrie nationale au peuple juif qui avait tellement souffert.
Et voici qu’en début d’année 2024, l’Assemblée Générale de l’ONU a voté pour reconnaître la Palestine comme État membre, accordant ainsi une patrie nationale
semblable au peuple palestinien qui a tellement souffert, et par conséquent, Israël s’est retournée contre son créateur dans une action de vengeance acharnée. Au cours d’une allocution
cinglante, l’ambassadeur d’Israël à l’ONU a publiquement — et littéralement ! — déchiré la Charte des Nations Unies devant les autres membres, dénonçant cette instance internationale comme illégitime et « antisémite », et il a alors semblé qu’il
déclarait l’amère hostilité de son pays envers le monde entier. Je ne suis pas certain qu’une scène semblable se soit jamais produite à la tribune de l’ONU, sans compter qu’elle a été jouée
par un pays qui doit son existence même à l’ONU.
Autre développement sans précédent qui s’est produit début octobre 2024, Israël a interdit au Secrétaire Général de l’ONU de pénétrer sur son territoire. Puis, au cours des toutes dernières semaines, l’attaque israélienne contre l’ONU a connu une escalade du stage symbolique au niveau militaire, l’armée israélienne ayant à plusieurs reprises tiré sur les soldats de la paix de l’ONU au Liban et ayant exigé qu’ils quittent ce pays souverain, malgré la
résolution du Conseil de Sécurité y autorisant leur présence depuis longtemps. Plusieurs soldats portant les couleurs de l’ONU ont été blessés durant ces incidents, et 15 d’entre eux ont été frappés par ce qui semble avoir constitué une attaque chimique de la part d’Israël.
Au cours de l’année écoulée, les Israéliens ont tué plus de 200 travailleurs humanitaires envoyés à Gaza par l’ONU, et certaines personnalités de premier plan
exposent leur désir de voir les soldats de la paix de l’ONU au Liban subir le même sort. Matthew Brodsky, ancien conseiller juif à la Maison-Blanche, qui a vécu en Israël et étudié ce pays, a
passé des années à informer les membres du Congrès et la branche exécutive sur les problèmes du Moyen-Orient, et il a récemment déclaré qu’« Israël devrait
lancer un tapis de bombes sur la zone irlandaise puis y lâcher du napalm, » exhortant Israël à éradiquer les contingents de l’ONU, ce qui ne s’apparente guère à l’attitude que l’on
pourrait attendre d’un ancien dirigeant étasunien.
Bien que l’ONU ait créé l’État d’Israël, certains aspects surprenants de cette relation légale ont été traités dans une longue interview il y a quelques jours avec
le colonel Jacques Baud, un ancien officier militaire suisse très réputé, disposant d’une expérience importante au Moyen-Orient.
Comme l’explique Baud, juste après l’établissement de l’État d’Israël, les militants de ce pays ont assassiné le comte Folke Bernodotte, négociateur de paix envoyé par l’ONU pour résoudre le différend entre eux et les Palestiniens, un assassinat qui a provoqué un vote de condamnation de
la part du Conseil de Sécurité de l’ONU. Au vu de cet héritage terroriste, l’admission originelle d’Israël aux Nations-Unies a été assujettie à trois conditions : Qu’Israël fige ses
frontières, qu’un droit de retour soit accordé aux Palestiniens qui avaient fui ou avaient été expulsés, et que Jérusalem se voit attribué un statut international. Mais comme aucun
gouvernement israélien n’a jamais souscrit à la moindre de ces conditions, Baud indique que d’un point de vue strictement légal, Israël devrait être banni de l’ONU et déclaré État voyou.
Baud souligne que dès les premiers jours, les dirigeants de l’État d’Israël avaient toujours rêvé d’une expansion territoriale à grande échelle passant par
l’annexion des pays voisins, et que telle était la raison pour laquelle aucun gouvernement israélien n’a jamais accepté de figer ses frontières, comme l’avaient exigé les Nations Unies.
Un documentaire publié il y a quelques jours sur Arte, une chaîne publique européenne, sembla confirmer les
affirmations avancées par Baud, et indique également que ces idées d’agrandissement territorial n’ont pas du tout été abandonnées. Dans l’une des interviews, Bezalel Smotrich, ministre des
finances israélien, a déclaré que les frontières de son pays devaient s’étendre peu à peu jusqu’à intégrer les territoires de Jordanie, du Liban, d’Égypte, de Syrie, d’Irak et d’Arabie
Saoudite, qui constituent tous la terre promise par Dieu au peuple juif. De toute évidence, un discours aussi agressif n’est pas propice à faire progresser le Moyen-Orient vers la stabilité et la
paix.
De fait, au cours des dernières générations, je n’ai jamais entendu le moindre autre haut dirigeant politique énoncer tranquillement son intention de conquérir ses
divers voisins et d’annexer leur territoire.
Je suis certains que de nombreux Occidentaux ayant subi une lavage de cerveau attribueraient des déclarations de ce type à Adolf Hitler et pensent que c’est
précisément ce type de projets énoncés publiquement qui ont justifié la formation de l’alliance mondiale qui a vaincu et détruit l’Allemagne nazie, mais il s’agit de stupidités absolues. Durant
la période de faiblesse de l’Allemagne, la Pologne avait pris illégalement le contrôle de la ville de Dantzig, à 95 % allemande, et après que Hitler était parvenu à résoudre pacifiquement
tous les autres différends territoriaux de l’Allemagne, la seule demande qu’il restait de sa part était que cette ville fût rendue à l’Allemagne, et c’est cette petite étincelle qui a déclenché
la seconde guerre mondiale. Ce récit important a été discuté en détails dans 1939 — La Guerre aux Nombreux Pères,
publié en 2011 par Gerf Schultze-Rhonhof, un expert militaire et historien allemand très bien accepté par l’establishment.
Que les citoyens ignorants des États-Unis aient accepté un récit historique aussi faux de la seconde guerre mondiale est une chose, mais la création d’une alliance
mondiale visant à détruire l’Allemagne nazie apparaîtrait sans doute comme un précédent parfait pour établir une alliance similaire visant à détruire la sioniste Israël. Pourtant, le pouvoir du
contrôle mental institué par les médias empêche ses victimes ne serait-ce que de maintenir dans leur conscience un raisonnement logique de cette nature.
Bien que les projets déclarés par Smotrich visant à créer un Grand Israël en conquérant la plus grande partie du Moyen-Orient puissent apparaître comme extrêmes, il
semble que le personnage soit abonné à ces croyances, et que l’exception soit le fait qu’il les ait exprimées. De fait, comme l’a documenté le professeur Shlomo dans son excellent
ouvrage L’Invention de la Terre d’Israël,
paru en 2012, ce type d’idées a toujours constitué le véritable objectif du mouvement sioniste.
De même, Smotrich a fait preuve de la même candeur en déclarant publiquement il y a deux mois environ qu’il serait « juste et moral » qu’Israël éradique totalement
les deux millions de Palestiniens, mais que l’opinion publique mondiale empêchait actuellement son gouvernement de réaliser cette action importante. Une fois de plus, sa position représentait
sans doute les opinions privées de la plupart de ses camarades siégeant au sein du gouvernement israélien.
Au fil des années, des personnalités israéliennes de premier plan se sont fait connaître par des déclarations publiques régulières, affirmant qu’ils escomptaient massacrer
des millions de non-Juifs dans le monde entier. En 2018, j’ai noté les déclarations spectaculaires énoncées par le futur premier ministre Ariel Sharon au début des années 1980, lors d’une longue
interview pratiquée par Amos Oz, l’une des personnalités littéraires de premier plan d’Israël. Oz avait ensuite publié ces remarques sous un voile d’anonymat, au sein d’un chapitre de sa
collection d’essais En Terre d’Israël parue en
1983.
Comme je l’ai expliqué en 2018, Sharon s’était fièrement déclaré comme « judéo-nazi ».
Qu’il se décrive en ces termes n’était guère une exagération, puisqu’il préconisait avec allégresse le massacre de millions d’ennemis d’Israël et la vaste
expansion du territoire israélien par la conquête des territoires voisins et l’expulsion de leurs populations, ainsi que la libre utilisation d’armes nucléaires si quiconque s’opposait trop
fermement à de tels efforts. Selon son opinion audacieuse, les Israéliens et les Juifs en général étaient tout simplement trop doux et trop humbles et devaient retrouver leur place dans le
monde en redevenant un peuple conquérant, probablement détesté mais certainement craint. Pour lui, le massacre récent de femmes et d’enfants palestiniens à Sabra et à Chatila n’avait
absolument aucune importance, et l’aspect le plus regrettable de l’incident était que les meurtriers soient des phalangistes chrétiens alliés d’Israël plutôt que des soldats israéliens
eux-mêmes.
Certes, l’excès rhétorique est assez répandu parmi les politiciens, et de toute évidence, un voile d’anonymat garanti déliera de nombreuses langues. Mais est-ce
que quelqu’un peut imaginer une personnalité américaine ou occidentale s’exprimer en ces termes, à plus forte raison de quelqu’un qui évolue dans les plus hautes sphères politiques ? Ces
jours-ci, Donald Trump tweete parfois à deux heures du matin une insulte grossière mal orthographiée, et les médias américains sont saisis d’horreur. Mais étant donné que son administration
fuit comme une passoire, s’il se vantait régulièrement auprès de ses confidents de vouloir massacrer des millions de personnes, nous en aurions sûrement entendu parler. D’ailleurs, il ne
semble pas y avoir la moindre preuve que les premiers nazis allemands aient jamais parlé de cette manière en privé, et encore moins pendant qu’un journaliste prenait soigneusement des notes.
Mais en ce qui concerne les « judéo-nazis » d’Israël,
c’est une toute autre histoire.
Bien que ces affirmations assoiffées de sang proférées par Smotrich et Sharon fussent généralement dirigées vers les Musulmans et les Chrétiens du Moyen-Orient, les
Européens constituent également certainement les cibles escomptées par cette destruction, surtout de type nucléaire. Par exemple, durant la deuxième Intifada du début des années 2000, des
bombardements suicides à grande échelle pratiqués par des militants palestiniens qui revendiquaient la liberté pour la Cisjordanie occupée avaient mis la société israélienne sous forte pression,
et le professeur Martin van Creveld, l’un des historiens militaires les plus respectés du pays, a déclaré que si l’État d’Israël se retrouvait sur le point d’échouer, il détruirait l’ensemble des villes européennes par pure vengeance :
Nous possédons plusieurs centaines de têtes et missiles nucléaires, et nous pouvons les envoyer vers des cibles situées dans toutes les directions, peut-être
même sur Rome. La plupart des capitales européennes constituent des cibles pour notre armée de l’air. Permettez-moi de citer le général Moshe Dayan : « Israël doit être semblable à un chien
méchant, trop dangereux pour qu’on s’en prenne à lui. » Je considère ce pays comme totalement impuissant à ce stade. Nous allons devoir essayer d’empêcher que les choses en
arrivent à ce stade, si cela est possible. Nos forces armées, cependant, ne sont pas au trentième rang mondial, mais plutôt au deuxième ou troisième rang. Nous avons la capacité de faire
tomber le monde avec nous. Et je peux vous assurer que cela va se produire si Israël doit choir.
Cette doctrine, voulant qu’un Israël en effondrement fasse usage de son arsenal nucléaire contre la plus grande partie du monde, est appelée « Option Samson, » et a fait l’objet d’une vaste
publicité dans un best-seller paru en 1991 sous ce titre, écrit par le renommé journaliste d’investigation Seymour Hersh. Mais bien que le livre ait reçu beaucoup d’attention, aussi bien lors de sa parution qu’au cours des décennies qui ont suivi, j’ai découvert en le lisant il y a
quelques années que l’un de ses éléments les plus surprenants n’avait jamais été discuté dans aucune des diverses critiques et résumés que j’avais pu lire dans les médias.
À l’instar de la plupart des observateurs, j’avais toujours supposé qu’Israël avait développé son arsenal nucléaire comme un atout qu’elle pourrait jouer contre les
États arabes voisins, si ces derniers semblaient proches de prendre la main dans le cadre d’une confrontation militaire conventionnelle. De fait, durant les graves revers militaires de la guerre
de 1973, Israël a agi précisément ainsi, et a menacé d’éradication nucléaire le Caire et Damas, ce qui a contribué à contraindre l’Administration Nixon à fournir un afflux sans précédent
d’équipements militaires qui permirent à Tel Aviv d’inverser la tendance et d’en sortir victorieuse.
Mais l’ouvrage de Hersh consacre presque vingt pages au fait remarquable que durant les années 1980, la cible première de l’arsenal nucléaire et thermonucléaire
israélien était en réalité l’Union Soviétique. Il explique que les Israéliens avaient subrepticement eu accès aux informations de reconnaissance des États-Unis, qui leur avaient permis de cibler
Moscou, Leningrad et la plupart des autres villes soviétiques d’une possible annihilation. Cette capacité de frappe nucléaire avait pour objet de dissuader puissamment l’URSS d’apporter trop de
soutien à ses alliés arabes, qui constituaient les adversaires immédiats d’Israël. Durant ces années, les Soviétiques étaient au faîte de leur puissance militaire, disposaient du plus grand
arsenal nucléaire au monde et, comme Israël est vraiment petit sur le plan géographique, j’ai trouvé très choquant que ce pays ait développé un plan de bataille sérieux visant à attaquer et à
détruire le plus grand pays du monde.
Qui plus est, selon Hersh, les Israéliens menaient également d’importants efforts pour développer des armes nucléaires miniaturisées, propices à être transportées
dans un bagage ordinaire, que le Mossad pourrait alors faire entrer facilement par contrebande en URSS ou dans tout autre pays considéré comme potentiellement hostile, sans moyen de défense
possible contre une méthode d’envoi aussi discrète. Au fil des années, de nombreux commentateurs agités ont souvent proféré sur Internet que les ambassades israéliennes du monde entier
contenaient sans doute des armes nucléaires qui pouvaient être déclenchées en cas de crise, ce qui détruirait les capitales de tous les pays majeurs, et j’avais toujours rejeté ces idées comme
relevant de la paranoïa déraisonnée. Mais à la relecture de portions du livre de Hersh paru en 1991, et à l’examen des attaques récentes au pager explosif, je n’en suis plus aussi certain.
Ce type d’attitude extrêmement téméraire ou extrêmement stupide continue de persister parmi les dirigeants israéliens actuels. Enragé l’an dernier par ce qu’il
considérait comme un soutien insuffisant de la part de la Russie après l’attentat du Hamas, une haute personnalité politique israélienne a déclaré sur RT qu’après qu’Israël aurait détruit le
Hamas, il ciblerait la Russie par de sévères représailles, une menace stupéfiante à l’encontre du pays qui possède l’arsenal nucléaire le plus vaste au monde.
Bien que les États-Unis aient souvent entretenu de mauvaises relations avec divers pays d’Amérique latine, je n’ai jamais entendu les dirigeants de Cuba, du
Vénézuéla ou du Nicaragua apparaître sur les chaînes de télévision des États-Unis et menacer les États-Unis en faisant étalage d’une rage aussi fervente.
En des circonstances normales, des pays dont les dirigeants affirment publiquement leur intention de conquérir tous les pays voisins, d’exterminer des millions de
civils considérés par eux comme hostiles, et peut-être en fin de compte de faire usage de leur arsenal nucléaire pour détruire l’ensemble des villes européennes, susciterait sans aucun doute des
préoccupations considérables à l’international. De telles préoccupations seraient évidemment d’autant plus grandes si ces paroles terrifiantes correspondaient à des actions tout aussi
terrifiantes, comme une vague d’assassinats sans précédent dans l’histoire depuis des générations, dirigées aussi bien contre des dirigeants du Moyen-Orient que de l’Occident. Très récemment, les
Israéliens ont fait usage de quelque quatre-vingts bombes antibunker d’une tonne chacune pour raser tout un quartier de Beyrouth, la capitale du Liban, dans l’objectif — atteint — d’assassiner un
dirigeant ennemi, et mes nombreux articles de l’année passée ont régulièrement résumé divers de leurs terrifiants crimes de guerre.
De fait, les Israéliens ont continué de générer une avalanche de contenus saisissants pour ces vidéos. Des foules d’activistes israéliens bloquaient de manière
répétée le passage des camions apportant des denrées alimentaires et, en quelques semaines, des dirigeants de l’ONU déclaraient que plus d’un million de Gazaouis étaient au bord de la mort
faute d’alimentation. Lorsque des Gazaouis désespérés et affamés se sont rués sur l’un des rares convois ayant pu se frayer un chemin, l’armée israélienne a ouvert le feu et a tué plus de 100 personnes dans le « Massacre de la farine »,
et cette scène s’est ensuite répétée. Toutes ces scènes terrifiantes de mort et de famine délibérée ont été diffusées à l’échelle mondiale sur les réseaux sociaux, certains des pires exemples
provenant des comptes de soldats israéliens enchantés de les diffuser, comme la vidéo prise par eux du corps d’un enfant palestinien dévoré par un chien affamé. Une autre image montrait les restes d’un prisonnier palestinien entravé qui avait été écrasé vivant par les chenilles d’un char israélien. Selon une organisation européenne des droits de
l’homme, les Israéliens ont de manière répétée utilisé des bulldozers pour enterrer vivants des Palestiniens en grand nombre. Les dirigeants de l’ONU ont rapporté la découverte de fosses communes aux abords de plusieurs hôpitaux, et les victimes apparaissaient comme dévêtues et encore entravées, ce qui fait penser à des exécutions par arme à feu. Comme l’a indiqué Andrew Anglin, un provocateur sur Internet, le comportement des Juifs israéliens n’apparaît pas simplement comme « méchant » mais comme
digne de « méchants de
bande dessinée », avec des crimes patents qui semblent suivre le scénario de films de propagande absolus, mais dans la vraie vie.
Pourtant, malgré le caractère aussi extrême de ces faits, la quasi-totalité du contrôle mental médiatique déployé par Israël et par ses alliés politiques locaux a
suffi à maintenir une vaste majorité des citoyens occidentaux dans le camp israélien, en fervent soutien à ses actions.
Mais un tel contrôle mental médiatique exige un quasi monopole sur les sources d’information. Durant deux ou trois générations, tel a largement été le cas, avec
d’énergiques partisans d’Israël gardant les portes et s’assurant que le moins possible d’informations contradictoires parviennent aux yeux et aux oreilles du public étasunien. Mais la montée
d’Internet a fortement érodé le pouvoir des médias électroniques traditionnels, qui ont été remis en question surtout par le canal de distribution que constituent les réseaux sociaux. Des
tentatives majeures ont été menées dans le but d’aligner ces réseaux sociaux, mais des plateformes relativement peu censurées, comme TikTok, et la plateforme Twitter détenue par Elon Musk,
continuent de permettre la propagation à grande échelle des images terribles filmées dans les territoires détruits de Gaza, qui ont ainsi modifié l’opinion des plus jeunes habitants des
États-Unis.
La censure qu’applique la plateforme YouTube est certes beaucoup plus stricte, mais le site constitue pour autant un canal de distribution pour des contenus
importants qui auraient été impensables il y a une vingtaine d’années.
Prenons par exemple Al
Jazeera, le réseau d’informations mondial établi par le Qatar, qui s’est bâti une réputation internationale durant la guerre en Irak. Une liste noire concertée par l’ensemble des entreprises
de télévision câblée lui avait interdit tout accès aux foyers étasuniens, ce qui avait apparemment relégué le réseau à devenir anecdotique dans le paysage informationnel des États-Unis. Pourtant,
tout cela a changé avec l’avènement de l’Internet, et Al Jazeera a pu distribuer des contenus puissants et
produits de manière professionnelle et jouer la compétition quasiment d’égal à égal face aux productions semblables émises par CBS ou FoxNews.
Dans le même temps, des opérations médiatiques produites avec des bouts de ficelle, comme Grayzone, ont pu utiliser YouTube pour distribuer leurs contenus
vidéo, et bien qu’elles ait de temps à autre pu être censurées par la plateforme, personne n’aurait pu, il y a quinze ou vingt ans, prendre connaissance de leurs travaux.
Le premier anniversaire des attentats du 7 octobre s’est déroulé il y a une semaine, et Al Jazeera comme Grayzone ont toutes deux produit des documentaires
puissants sur des aspects centraux des douze derniers mois. Ces productions ne se sont pas concentrées sur les mêmes éléments, mais ont apporté des éclairages tout à fait complémentaires sur ce
pan de l’histoire, cependant que presque tous les éléments concernés restaient complètement ignorés des médias dominants étasuniens. Pris ensemble, ces documentaires s’étalent sur plus de deux
heures, et je pense que quiconque s’étant jusqu’ici informé uniquement suivant des sources dominantes étasuniennes, qu’elles soient télévisuelles ou imprimées, et qui visionnerait ces
documentaires verrait ses opinions chamboulées.
Le documentaire d’Al Jazeera, d’une durée de 80 minutes, se concentre sur les crimes de guerre israéliens, et a d’ores et déjà attiré nettement plus d’un million de
vues sur YouTube en moins de deux semaines, et sans doute des centaines de milliers de vues supplémentaires sur Twitter et d’autres plateformes, si bien qu’il apparaît comme un début très
solide.
Les armées commettent des crimes de guerre depuis des temps immémoriaux, mais on n’en avait jamais documenté avec tant de détails, et une grande partie des preuves
proviennent des comptes de soldats israéliens sur les réseaux sociaux qui ont joyeusement filmé et mis en ligne leurs contenus, possiblement dans l’idée d’impressionner leurs amis. Je doute que
toute autre armée dans le monde ait jamais été aussi heureuse de se vanter de ses crimes, sans doute parce que des décennies d’impunité quasiment absolue sur les plans politiques et médiatiques a
fait se développer l’arrogance du gouvernement, des soldats et des citoyens israéliens, jusqu’à des niveaux sans précédent.
Al Jazeera a fait appel à toutes les personnes bien informées pour évaluer ces contenus, parmi lesquelles des dirigeants expérimentés d’organisations de défense des
droits de l’homme ainsi qu’un général britannique à la retraite, et au cours de leurs interviews face à la caméra, ces personnes se montrent totalement révulsées par les violations absolues du
droit international auxquelles elles assistent.
Des Palestiniens faits prisonniers, dont la plupart apparaissent comme des civils innocents, ont été grièvement abusés et maltraités, utilisés illégalement comme
boucliers humains, et parfois même tués sans raison. Les domiciles et propriétés privées ont été pillés ou détruits, ainsi que les hôpitaux locaux et les autres infrastructures civiles. Un expert
militaire exprime sa stupéfaction de constater que les forces armées d’une nation développée puissent se comporter d’une manière aussi indisciplinée, qui apparaît presque comme ce qu’on
s’attendrait à constater de la part d’une milice tribale ou d’une bande de brigands, et non pas d’une armée moderne régulière.
En arrivant sur la fin du documentaire, les viols et abus sexuels systémiques de prisonniers palestiniens sont apparemment tolérés par les hauts dirigeants d’Israël
et par une ligne politique soutenue par une vaste majorité de la population juive. Est également brièvement fait mention des rapports émis par de nombreux médecins occidentaux selon lesquels de
grands nombres d’enfants et bambins palestiniens se font exécuter par des tireurs d’élite israéliens, tués par des tirs précis visant la tête ou la poitrine.
Malgré le contenu très lugubre de ce documentaire, j’ai ressenti un sentiment d’absurdité à entendre ces experts occidentaux cataloguer sobrement la longue liste
des actions illégales et crimes de guerre produits par Israël auxquels ils assistaient. J’ai imaginé une scène des Monty Python présentant Tamerlan et les membres de sa tribu d’Asie Centrale
édifier joyeusement des montagnes de crânes humains après avoir saccagé une ville, et recevant des admonestations d’experts juridiques internationaux, indiquant que ces activités représentaient
des violations claires et nettes de diverses sections de plusieurs statuts internationaux. Je soupçonne que l’impact de cette critique occidentale sur les soldats israéliens et leurs hauts
dirigeants politiques produirait à peu près le même effet. Par exemple, le meneur des violeurs des forces de défense israéliennes est rapidement devenu un héros national après qu’il a été menacé
de poursuites et que son identité a été révélée.
Le documentaire d’Al
Jazeera consacre quatre-vingts minutes aux preuves fortement étayées de crimes de guerre et d’atrocités israéliennes contre des civils palestiniens sans défense, et presque tous ces
éléments sont restés totalement ignorés des médias dominants occidentaux. Dans le même temps, le documentaire de quarante minutes produit par Grayzone couvre l’autre facette de l’histoire, à savoir
la couverture massive et écrasante par les médias occidentaux des atrocités et crimes de guerre commis par le Hamas, dont presque tous semblent avoir été montés de toute pièce dans une opération
de propagande, ou à tout le moins manquent de preuves solides pour les étayer. Malheureusement, cette vidéo est limitée sur YouTube et on ne peut pas l’intégrer à une autre page.
Durant les journées qui ont suivi le raid du Hamas, des journalistes occidentaux crédules ont commencé à
rapporter que quarante bébés israéliens avaient été décapités par le Hamas, et après que cette fable a été réfutée et retirée, des récits tout aussi fabriqués de bébés rôtis ont rapidement pris
sa place, suivis par la suite par des histoires de mutilations sexuelles brutales et de viols en groupe. Bien qu’aucune de ces accusations ne dispose du moindre fondement documenté, les hautes
personnalités occidentales, comme le président Biden, ont accordé du crédit à ces fabrications absurdes.
Malheureusement, les rétractations de ces diverses histoires d’atrocités commises par le Hamas n’ont attiré qu’une petite frange de l’attention accordée aux récits
eux-mêmes, et je suis certain que ces récits se sont profondément ancrés dans la mémoire d’une grande partie de la population des États-Unis et de l’Occident. Les personnes bien informées peuvent
considérer les « quarante bébés
décapités » comme l’abréviation de fictions atroces ridicules, mais je soupçonne que cinq à dix fois plus d’Étasuniens continuent de penser que ces récits étaient avérés. Et sans
doute même plus au sein de la société israélienne, au vu des charges émotionnelles impliquées.
Sur la base des remarques énoncées avec désinvolture que l’on peut constater dans le cadre de ces documentaires vidéos, je pense qu’une vaste majorité des
Israéliens de la rue continuent de croire en ces récits d’atrocités, considérant les combattants du Hamas comme des monstres d’apparence humaine qui ont décapité et rôti des nouveau-nés et violé
en groupe et mutilé des gamines, et supposant que les civils palestiniens les soutiennent, et s’apparentant donc grandement à eux. Ainsi, les fictions de viols groupés de gamines et de femmes
israéliennes sont devenus un facteur crucial amenant les Israéliens à commettre des viols de groupe bien réels contre leurs captifs palestiniens pour se venger, ainsi que d’autres brutalités,
tortures et meurtres tels que présentés dans le documentaire produit par Al Jazeera.
Ces affirmations grotesques d’atrocités imaginaires commises par le Hamas ont eu des conséquences terribles dans la vraie vie, et il s’agit d’un schéma que j’ai vu
se produire au cours d’autres événements historiques majeurs. Dans un article de 2018, j’ai puisé dans la longue étude de l’antisémitisme historique du professeur Albert Lindemann pour noter l’existence de certaines tendances culturelles et de
leurs résultats parfois malheureux.
Alors que Lindemann décrit franchement la tension entre la population juive russe, qui croît très rapidement, et les autorités gouvernementales, il ne peut
éviter de mentionner la notoire réputation juive pour les pots-de-vin, la corruption et la malhonnêteté, de nombreuses personnalités de tous les milieux politiques notant que la remarquable
propension des Juifs à commettre des parjures dans les tribunaux entraînait de graves problèmes dans l’administration efficace de la justice. L’éminent sociologue américain E.A. Ross,
écrivant en 1913, a caractérisé le
comportement habituel des Juifs d’Europe de l’Est en des termes très similaires.
Les médias occidentaux restent sous un contrôle très étroit exercé par des partisans d’Israël, mais l’Occident ne représente qu’une petite partie déclinante de la
population et de l’économie mondiale.
L’une des quelques chaînes YouTube occidentales majeures apportant une perspective différente à ces événements est celle du juge Andrew Napolitano, qui invite des universitaires étasuniens, des experts en sécurité nationale, et des journalistes éminents, dont les opinions sont totalement bannies de
nos médias dominants. Bien qu’ils représentent une grande variété de différentes perspectives idéologiques et professionnelles, ils sont tous d’accord sur la même réalité fondamentale des
événements, une réalité très divergente de celle qui est présentée dans nos médias.
Parmi les invités réguliers sur cette chaîne on trouve le professeur John Mearsheimer, un éminent politologue qui vient de revenir d’un voyage en Chine et dans
plusieurs autres pays. Dans un interview accordée la semaine dernière, il a souligné que malgré le fait que les États-Unis et l’Occident restent sous ce contrôle médiatique, les médias du reste
du monde apportent un récit très différent des événements, bien plus proche de celui adopté par les invités de cette chaîne YouTube.
Il y a une vingtaine d’années, les médias globaux étasuniens et leur puissant système de contrôle mental dominaient la planète, mais désormais, leur zone
d’influence est en déclin territorial rapide, et le portrait extrêmement malhonnête qu’ils font du conflit israélien à Gaza provoque des dégâts très importants dans la crédibilité qui leur
reste.
Pour terminer, il me faut noter qu’une entreprise médiatique turque a produit une vidéo courte mais très puissante décrivant l’année 2040, et la 16ème commémoration
du massacre génocidaire de la population civile de Gaza, qui se sera produite alors que presque le monde entier y assistait sans rien faire.
Le colonel Lawrence Wilkerson, qui a longtemps occupé le poste de directeur de cabinet du secrétaire d’État Colin Powell, a passé de nombreuses années à proximité
du sommet du gouvernement des États-Unis, mais lorsqu’on lui a montré cette vidéo dans le cadre d’une interview, il s’est étranglé et il lui a fallu quelques instants pour récupérer sans
sang-froid avant de pouvoir poursuivre.
Ron Unz
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Voici pourquoi les attaques israéliennes contre l’Iran sont une colossale erreur de Netanyahou
Nous voyons qu’Israël n’a plus de
stratégie militaire à long terme, seulement des excursions à court terme qui épuiseront à la fois ses ressources et le moral de ses soldats de première ligne.
Alors que le monde entier attend avec impatience le résultat des élections américaines qui auront lieu dans quelques jours, beaucoup attendent aussi de voir
quelles seront les conséquences de la récente frappe israélienne contre l’Iran. Bien que Joe Biden lui ait dit qu’il ne pouvait pas frapper d’installations militaires, Israël a fait
exactement cela contre l’avis de son principal sponsor. Il n’y a peut-être jamais eu de meilleur exemple de l’échec de la diplomatie occidentale que cet incident, étant donné qu’Israël
ment à son propre peuple et au monde occidental par le biais de médias plus qu’heureux de raconter des histoires sur la réalité des attaques, l’Iran doit maintenant envisager un certain
nombre d’options pour savoir comment il va réagir. Mais il réagira certainement.
Mais cet acte singulier est probablement le plus téméraire jamais commis par Netanyahou. Jamais auparavant le Premier ministre israélien n’avait pris de
risques aussi importants et pris un tel pari qui non seulement pousse les États-Unis au bord d’une guerre avec l’Iran, mais met également en lumière la question existentielle d’Israël
lui-même. La
prochaine frappe sur l’infrastructure militaire d’Israël pourrait être le coup de grâce pour qu’Israël puisse fonctionner comme une entité militaire, obligeant les
États-Unis, ou le prochain président, à intervenir, les critiques de Trump soulignant déjà qu’il doit un certain nombre de faveurs aux juifs sionistes, qu’ils ne manqueront pas de
réclamer.
Netanyahou cherche désespérément à maintenir les guerres sur tous les fronts simplement pour rester au pouvoir. Mais ce dont on parle à peine, c’est de
l’État d’Israël lui-même, dont l’économie est en ruine. Jusqu’où ira le prochain président américain dans son soutien à la nouvelle guerre d’Israël contre l’Iran, à la fois en termes de
dépenses militaires et de relance de l’économie qui a vu 40 000 entreprises faire faillite
depuis le 7 octobre 2023 et près d’un million d’Israéliens quitter le pays.
Netanyahou est désormais comme un joueur de poker qui a épuisé tous ses avoirs sur la table et qui détient deux paires. Comment peut-il croire qu’il peut
affronter l’Iran alors que même à Gaza et au Liban, il perd des soldats à un rythme qui devrait l’inquiéter, lui et ses généraux. Oui, il a frappé le Hezbollah et réduit ses capacités,
mais il n’a pas réussi à éliminer le mandataire iranien qui continue d’envoyer des missiles et des drones vers Israël, obligeant les Israéliens à se réfugier dans leurs abris antiaériens,
même à ce jour.
La décision de frapper l’Iran a sûrement été prise dans le cadre d’un dilemme politique grave. Cependant, l’acte lui-même a eu un
effet inverse à celui que ni lui ni son entourage n’auraient pu imaginer. La plupart des cibles n’ont même pas été significativement endommagées et un très faible
pourcentage de missiles israéliens ont réussi à traverser la défense aérienne iranienne, qui est si efficace que même l’aviation israélienne a eu trop peur de voler dans l’espace aérien
iranien. Beaucoup en Occident seront dupes de l’interprétation que font le lobby israélien et son impressionnante machine de communication selon laquelle il s’agit d’une grande victoire
et que de nombreux sites ont été détruits, sans tenir compte du fait que Tsahal ne peut fournir la moindre
preuve vidéo pour étayer des affirmations aussi ridicules, comme elle l’a fait auparavant à Gaza et au Liban.
Mais la véritable défaite d’Israël sous Netanyahou reste à venir. L’Iran a désormais toutes les preuves tangibles dont il a besoin pour élaborer une
stratégie et frapper Israël encore plus fort qu’avant. La frappe erronée de Netanyahou contre l’Iran ne se mesure pas tant aux dégâts mineurs qu’elle a causés à quelques sites
d’armes. Elle se
mesure à la façon dont le mythe de la puissance militaire d’Israël a été démystifié une fois pour toutes. Pendant des décennies, Israël a prétendu être supérieur à tous les
autres, y compris à l’Iran, et cela était tenu pour acquis par les journalistes occidentaux partisans qui ont entretenu ce rêve. Il est remarquable que la frappe iranienne contre Israël
le 1er octobre ait montré même aux Israéliens que leurs systèmes de défense aérienne étaient désespérément inadéquats contre les missiles hypersoniques iraniens. Cela aurait dû suffire à
calmer les têtes brûlées qui enfourchent Netanyahou. À ce stade, le message qu’il a délivré à l’ONU, selon lequel «il n’y a aucun
endroit en Iran que les missiles israéliens ne puissent atteindre», aurait dû être pris au pied de la lettre et interprété littéralement. Atteindre les sites iraniens est une chose.
Les détruire en est une autre.
Maintenant que la poussière retombe et qu’Israël attend la réponse de l’Iran, le deuxième mythe selon lequel la
capacité de frappe d’Israël était très efficace contre les défenses aériennes iraniennes est également brisé. Il semble que Netanyahou ait plié, car il n’a plus de bluff à jouer
à la table de poker. À moins bien sûr qu’il ne persuade délibérément son propre pays d’adopter une stratégie suicidaire dans laquelle l’Iran profanerait complètement l’armée israélienne,
ne laissant aux États-Unis d’autre choix que de s’installer à grande échelle. Cette soi-disant stratégie suicidaire ne peut être exclue, mais semble difficile à croire. La vérité est que
jusqu’à ce qu’Israël frappe l’Iran, il ne savait pas si ses propres missiles et avions avaient la capacité de pénétrer le système de défense aérienne iranien, largement soutenu par la
Russie qui lui a envoyé des systèmes S-400 en août.
Pour l’instant, la presse israélienne, par pur patriotisme, se livre à une avalanche de fausses nouvelles sur la destruction des systèmes de défense
aérienne iraniens et des usines de missiles. Mais cette jubilation ne durera pas longtemps. Curieusement, les mêmes médias deviennent plus pragmatiques à propos des opérations
israéliennes au Liban qui durent depuis plus d’un mois et qui, en deux jours seulement, ont permis de renvoyer plus de 80 sacs mortuaires en Israël, rejetant un récit qui commence déjà à
remettre en question la décision de traverser la frontière libanaise. Le Jerusalem
Post, dans un éditorial, admet en fait que la campagne perd de sa crédibilité en raison du nombre de morts parmi les soldats de Tsahal. «Le nombre de soldats
tués dans le sud du Liban semble également augmenter au lieu de diminuer au fil du temps», estime-t-il. «Les frappes contre le
Hezbollah, comme l’assassinat des commandants de Radwan en septembre et l’élimination du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, auraient dû affaiblir le commandement et le contrôle du
groupe».
L’article est un aveu remarquable de la stratégie d’Israël, mal conçue et mal planifiée, tout comme l’invasion de 2006. Mais faire sortir les soldats de
Tsahal du sud du Liban sera beaucoup plus difficile que de les y envoyer, car Netanyahou a mis le bras dans un nid de frelons. Israël ne peut pas envisager une guerre d’usure contre le
Hezbollah, car même Netanyahou sait qu’il ne peut pas la gagner. Ses seuls moyens de marquer des points
sont les assassinats et les bombardements de civils dans le sud de Beyrouth, une stratégie que beaucoup qualifieraient de terrorisme. Son équipe de voyous militaires n’a
pas retenu la leçon selon laquelle les bombardements aériens ne sont pas un facteur décisif dans une guerre contre une guérilla disciplinée. Elle a échoué en Irak. Elle a même échoué au
Vietnam. Une fois de plus, nous voyons qu’Israël n’a plus de stratégie militaire à long terme, seulement des excursions à court terme qui épuiseront à la fois ses ressources et le moral
de ses soldats de première ligne.
L’agression israélienne continue en simultanée à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, au Yémen et en Iran et apparaît à beaucoup comme exceptionnelle
et sans précédent.
Les attaques israéliennes visant des aéroports, des hôpitaux, des écoles et des abris civils sont vues comme l’œuvre d’un gouvernement d’extrême-droite
dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu que le pays n’a jamais perpétrée auparavant.
De même, on considère la violence des colons en Cisjordanie et les invasions de la mosquée al-Aqsa par des colons comme des provocations et des violations
inédites que les précédents gouvernements israéliens rationnels n’auraient jamais autorisées ou du moins cherché à limiter sérieusement.
Mais rien de tout cela n’est vrai.
Si l’ampleur du génocide à Gaza – qui a fait, selon des estimations récentes, environ 200.000 morts – est sans précédent, de telles atrocités sont monnaie
courante dans tous les gouvernements israéliens.
Des précédents
horribles
Les dirigeants du Parti travailliste israélien ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité similaires à ceux commis par Israël, dont les
peuples du monde arabe sont victimes depuis la fondation même de la colonie de peuplement juive et suprématiste prédatrice.
Il existe plusieurs exemples de précédents horribles de ce type. Après la guerre de 1967, Israël a réprimé dans le sang les manifestations contre sa
conquête de trois pays arabes. Les occupants israéliens ont attaqué quotidiennement les habitants de Gaza, de Cisjordanie, du plateau du Golan et du Sinaï – leur tirant dessus, les tuant,
les frappant, les arrêtant et détruisant des milliers de leurs maisons.
Les Israéliens ont complètement démoli l’ancien quartier marocain de Jérusalem et ont continué à raser des villages palestiniens entiers, dont Shuyukh dans
la région d’Hébron, et Nusayrat et Jiftlik, entre autres, dans la vallée du Jourdain.
Ils ont également attaqué les villages de Banyas, Jibata, Kafr Harib, Nakhilah et d’autres sur les hauteurs du Golan, qui ont tous été détruits au cours de
la seule deuxième moitié de 1967.
En Cisjordanie occupée, ils ont continué à utiliser des défoliants chimiques en 1972 dans le village d’Aqraba près de Naplouse, où ils ont confisqué 100.000
dunums (100km²) de terre, ne laissant aux paysans palestiniens que 6.000 dunums (6km²).
Les Palestiniens refusant de vendre les terres restantes, un avion Piper israélien a pulvérisé leurs champs avec des défoliants, détruisant 200 hectares de
terres plantées de blé pour «donner une leçon à
ces villageois».
En 1972, Israël a expulsé 10.000 Égyptiens du Sinaï occupé après avoir confisqué leurs terres en 1969. Les Israéliens ont continué à raser et à détruire
leurs maisons, leurs récoltes, leurs mosquées et leurs écoles afin d’établir six kibboutzim, neuf colonies juives rurales et la ville-colonie juive de Yamit.
Massacre des Arabes
Pendant ce temps, les Israéliens bombardaient tous les pays arabes voisins et commettaient des massacres.
En novembre 1967, ils bombardèrent le camp de réfugiés palestiniens d’al-Karamah en Jordanie, y compris une école de filles. Ils tuèrent 14 personnes, dont
trois écolières et une enseignante. En février 1968, ils bombardèrent à nouveau le camp, cette fois-ci l’école de garçons, tuant également 14 autres personnes.
Les avions israéliens lancèrent ensuite des bombes au napalm sur plus de 15 villages jordaniens et camps de réfugiés le long du Jourdain, tuant 56
personnes, dont 46 civils. Plus de 70.000 personnes se réfugièrent à Amman.
En juin 1968, Israël a lancé des roquettes sur la ville jordanienne d’Irbid, tuant 30 personnes et a bombardé au napalm la ville jordanienne de Salt, tuant
28 autres. Au cours des cinq derniers mois de 1969, Israël a tué plus de 69 Jordaniens lors de bombardements.
En février 1969, Israël a également bombardé la Syrie, tuant neuf civils. Ces bombardements ont ciblé des villages comme Majdal Sallum, Maysalun et Hasbaya
et ont culminé avec le bombardement israélien de sept villages syriens, qui a tué 200 personnes rien qu’en septembre 1972.
Tout au long de cette période, Israël a également bombardé l’Égypte.
En septembre 1967, les bombardements israéliens ont tué 44 Égyptiens à Port Tawfiq et à Suez, et 36 autres à Ismailiyyah. En juillet 1968, l’artillerie
israélienne a de nouveau ciblé Suez, tuant 43 Égyptiens. Rien qu’à Ismaïlia, entre 1967 et mars 1970, Israël a tué 600 personnes et créé près d’un million de réfugiés qui ont fui les
villes du canal de Suez. Israël a ensuite bombardé la ville égyptienne de Mansourah, tuant 12 personnes en mars 1970.
Mais ce n’est pas tout. Toujours en Egypte, les Israéliens ont commis deux des pires massacres en février 1970, lorsqu’ils ont bombardé au napalm une usine
de ferraille à Abu Za’bal, tuant 70 ouvriers, et en avril 1970, lorsqu’ils ont bombardé une école primaire à Bahr al-Baqar et tué 46 enfants.
Leurs raids sur les villages libanais ont augmenté en 1970, notamment sur Kafr Kela et Bint Jubayl, tuant des dizaines de civils. Les raids aériens
israéliens ont augmenté en 1972, particulièrement en février et septembre de cette année-là, tuant 58 civils.
Et pour que l’on ne pense pas que le Yémen a échappé à l’agression israélienne, au début des années 1960, en particulier entre 1964 et 1966, les avions de
l’armée de l’air israélienne étaient occupés à survoler le Yémen et à larguer des armes et des munitions aux forces royalistes soutenues par les Américains, les Britanniques et les
Saoudiens contre les révolutionnaires républicains dans la guerre civile au Yémen.
Quant à l’Iran, dont le Shah tyrannique était un proche allié d’Israël, Israël l’avait aidé à réprimer le peuple iranien de toutes les manières
possibles.
En août 1967, des documents officiels israéliens affirment qu’ «un partenariat
étroit, amical et pratique a été établi entre l’armée israélienne et les services de sécurité et leurs homologues iraniens, avec l’exécution conjointe de programmes et de missions
d’importance nationale, avec des visites mutuelles continues des chefs des forces armées et de leurs hauts fonctionnaires».
En effet, les Israéliens allaient plus tard s’occuper de la formation de la police iranienne répressive en Israël et entretenir une relation très étroite
avec les services secrets du Shah, notoirement cruels, la Savak, qui a persécuté tous les dissidents iraniens.
La belligérance
israélienne
Comme aujourd’hui, les hôpitaux ont toujours été une cible militaire favorite d’Israël.
Lors de la conquête brutale de Jérusalem-Est en 1967, Israël a délibérément bombardé l’hôpital Augusta Victoria au napalm, en prétendant à tort qu’il était
utilisé par l’armée jordanienne, l’une des nombreuses inventions d’Israël. En 1982, il a bombardé l’hôpital Gaza dans un camp de réfugiés de Beyrouth.
En ce qui concerne les aéroports, Israël a bombardé les principaux aéroports civils de Damas et d’Amman lors de sa conquête de 1967.
Si la dernière décennie a vu se répéter les attaques israéliennes contre les aéroports d’Alep et de Damas, la tactique n’est pas nouvelle.
En effet, Israël a bombardé l’aéroport international de Beyrouth en décembre 1968 et détruit 13 avions de ligne civils, d’une valeur de près de 44 millions
de dollars à l’époque, en plus des hangars et d’autres installations aéroportuaires. En 1970, Israël a également bombardé les environs de l’aéroport international du Caire. En 1973, il a
abattu un avion civil libyen, tuant 106 passagers à bord.
Cette exposition d’atrocités vise à démontrer que la malveillance et la violence qu’Israël a infligées aux Palestiniens, aux Libanais, aux Syriens et aux
Yéménites au cours de l’année écoulée ne sont rien d’autre qu’une continuation de son agression de longue date contre les Palestiniens et les Arabes en général. Ces atrocités n’ont pas
été commises par un parti d’extrême-droite, mais par le soi-disant Parti travailliste «progressiste» et ses Premiers ministres Levi Eshkol, Yigal Allon et Golda Meir. *
Ces éléments ne sont que quelques-unes des atrocités commises par Israël sur une courte période historique – bien avant sa guerre génocidaire actuelle. Bien
sûr, la belligérance israélienne et les atrocités de ses colons sionistes remontent au début du colonialisme de peuplement sioniste à la fin du XIXe siècle. Ce que l’année dernière a
démontré, cependant, c’est que c’est l’ampleur de la destruction israélienne, et non le type d’atrocités, qui ne cesse de croître et de s’accroître à pas de géant.
Si les sionistes ont assassiné 13.000 Palestiniens en 1948 et qu’Israël a tué 18.000 Palestiniens et Libanais en 1982, son génocide actuel a décuplé le
nombre de Palestiniens et de Libanais anéantis. Il n’a cependant pas changé la nature de l’agressivité, de l’inhumanité ou des stratégies de la colonie de peuplement.
La seule différence observable est celle du degré, et non de la nature.
Ceux qui veulent imputer ces crimes à Netanyahou ou même à son parti Likoud devraient revoir une partie de cette histoire pour se défaire de telles
illusions.
Ces crimes de guerre sont, en fait, une stratégie fondamentale du régime colonial de peuplement qui gouverne Israël depuis sa création. La seule nouveauté
est l’ampleur des crimes, et non leur essence.
*Rappelons entre
autres que pendant les 3 semaines de guerre israélienne contre Gaza – du 27.12.2008 au 21.01.2009, qui a fait environ 1.500 victimes palestiniennes, le Premier ministre de l’entité
coloniale était Ehud Olmert, que l’on nous présentait en France (et au-delà) comme un «homme de gauche pacifiste», une colombe ! (NdT)
Amnesty International fait partie des organisations qui réussissent tant bien que mal, à maintenir une présence à Gaza – et témoignent. Quelques extraits significatifs pour contribuer à la
compréhension d’une politique israélienne tiraillée entre des aspirations contradictoires – mais toutes mortelles pour les Palestiniens de ce minuscule territoire si densément peuplé.
J’ai posé la question hier à un permanent d’Amnesty International : L’organisation a eu des observateurs sur le terrain depuis le début de la présente guerre. Des
informations parviennent donc en temps réel, qui confirment les images des journalistes ou pourront, éventuellement, venir étayer le dossier de l’Afrique du
Sud déposé devant la Cour Internationale de Justice.
L’organisation a constitué quelques dossiers, disponibles sur son site. Avec un décalage par rapport à l’observation des faits.
L’enquête principale publiée par A.I
Elle concerne un aspect peu regardé par un certain nombre d’observateurs: la destruction de l’habitat et des terres agricoles tout au long de la frontière avec
Israël.
Prétextant des raisons de sécurité, l’armée israélienne a mené une campagne militaire de destructions massives dans la zone à l’Est de Gaza, le long du mur qui démarque le territoire
palestinien occupé par Israël. L’objectif affiché est de créer
une large zone tampon pour protéger la population israélienne de potentielles nouvelles attaques par le Hamas en détruisant des tunnels et d’autres “infrastructures
terroristes”.
Nous avons mené l’enquête sur huit mois de destructions massives, d’octobre
2023 à mai 2024. Nous nous sommes focalisés sur quatre lieux le long de cette “zone tampon” à Gaza.
Une carte permet de voir la zone concernée :
Au sud, Khuzaa
Environ 11 000 Palestiniens et Palestiniennes vivaient dans la ville de Khuzaa, dans le gouvernorat de Khan Younès, dans le sud de Gaza.
Dans les sept semaines après le 7 octobre 2023, des images satellites montrent qu’environ
178 structures dans la ville et autour de celle-ci ont été détruites ou gravement endommagées, dont beaucoup par des frappes aériennes.
C’est à la fin du mois de décembre 2023 que les attaques contre la ville et les destructions s’accélèrent, lorsque les forces terrestres israéliennes sont entrées dans la ville à plus
grande échelle. Plus
de 850 structures ont été détruites ou gravement endommagées entre le 26 novembre 2023 et le 7 janvier 2024, selon le Centre satellitaire des Nations Unies.
Le 27 décembre 2023, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait lancé une opération baptisée « Oz et Nir », en référence au kibboutz de Nir Oz, qui a été attaquée par le Hamas et
d’autres groupes armés le 7 octobre 2023. Le général de brigade Avi Rosenfeld, commandant de la division de Gaza de l’armée israélienne, a écrit dans un message aux troupes :
« Le jour du shabbat maudit, le 7 octobre, les horribles terroristes, qui ont commis les crimes les plus horribles imaginables, venaient de Khirbat Khizaaa (Khuzaa). Nous consacrerons
toutes nos forces à éliminer les terroristes qui s’y cachent, à la surface et sous terre, et à démanteler les infrastructures du terrorisme et du mal. »
Au nord: Chajaya
À Chajaya, l’un des plus grands quartiers de la ville de Gaza, plus
de 750 structures se trouvant dans la « zone tampon » imposée par Israël et au-delà de celle-ci ont
été détruites ou gravement endommagées entre le 26 novembre 2023 et le 6 janvier 2024, selon le
Centre satellitaire des Nations Unies.
Parmi ces structures figuraient deux écoles, des mosquées et des dizaines de bâtiments résidentiels. L’armée israélienne a affirmé, sans fournir de preuves, que certains de ces bâtiments
abritaient des armes, des munitions et des conduits de tunnel.
Les camps de réfugiés de la zone centre-est de Gaza
Dans le centre de Gaza, la zone autour et à l’est des camps de réfugié·es d’Al Bureij et d’Al Maghazi a été rasée entre la fin du mois de décembre 2023 et janvier 2024.
Le calendrier des destructions correspond à l’offensive de l’armée israélienne dans ces deux zones densément peuplées, où elle a affirmé avoir trouvé des armes, des lance-roquettes et des
conduits de tunnels. L’armée n’a cependant fourni aucune
preuve ou explication quant à la nécessité militaire impérieuse de détruire les villages et les terres agricoles le long de la ligne de démarcation, alors que les armes et les
objectifs militaires auraient été trouvés beaucoup
plus loin à l’intérieur de la bande de Gaza.
Plus de 1 200 structures ont été gravement endommagées ou détruites dans la zone entre le 26 novembre 2023 et le 29 février 2024. Les destructions ont touché des zones
couvrant jusqu’à 1,8 kilomètre dans la bande de Gaza depuis la barrière de démarcation et plus de trois kilomètres du nord au sud, couvrant environ quatre kilomètres carrés.
Plus au sud, des bâtiments et des terres agricoles ont également été détruits par l’armée israélienne à Al Sureij et Abasan al Kabira, deux villages ruraux situés à environ un kilomètre
de la barrière.
Des images satellites montrent que l’armée israélienne avait avancé vers Al Sureij à la fin du mois de décembre 2023. À la fin du mois de janvier 2024, environ la moitié des bâtiments du
village avaient été démolis et les champs environnants rasés. Des vidéosdiffusées sur les réseaux
sociaux les 19 et 20 janvier montrent l’explosion d’un ensemble de maisons. Ni l’armée israélienne ni les groupes armés palestiniens n’ont publié d’informations sur leurs activités à
Al Sureij et aux alentours.
À la fin du mois de février 2024, l’armée israélienne s’est déployée plus loin dans la région à l’est de Khan Younès, où se trouve Abasan al Kabira. Entre le 13 février et le 13 mars,
l’armée israélienne a affirmé avoir tué des combattants palestiniens et trouvé des armes et des lance-roquettes dans la région d’Abasan, dans laquelle se trouvent les villes d’Abasan
al Kabira et d’Abasan al Saghira.
La période coïncide avec la démolition de la mosquée Omar bin
Abdul Aziz. Cette vidéo, publiée le 19 février,
montre des soldats marchant dans la région de manière détendue, sans aucune indication de danger imminent.
La place de ces observations dans la politique israélienne depuis le 7 octobre 2023
Le rapport d’Amnesty International prend sa place dans un ensemble très chaotique : Les initiatives successives du gouvernement Netanyahu à Gaza.
Le chaos n’est pas seulement lié à d’éventuelles injonctions successives. Elles peuvent être simultanées, comme les tendances au sein du Pouvoir israélien.
Très justement, Amnesty International parle, à propos de ce que nous venons de citer, de “crimes de guerre”. Le souci de construire une bande
désertifiée entre le territoire et le mur est une préoccupation des militaires.
Durant la même période, le gouvernement a d’abord tenté un “nettoyage ethnique”. Puis, aucun pays ne voulant accueillir les réfugiés palestiniens, le
gouvernement Netanyahu est passé à une phase plus ouvertement génocidaire.
Des espions israéliens écrivent l’info pour le public occidental
L’ancien espion israélien, Shachar Peled, a travaillé pour i24 News en Israël avant de décrocher un emploi chez CNN, puis Google
« Un an après les attaques du 7 octobre, Netanyahu enchaine une
série de victoires. » Tel est le titre d’un récent article d’Axios décrivant le premier ministre israélien surfant sur une vague de triomphes. Ces “succès” militaires étonnants, note son auteur Barak Ravid,
incluent le bombardement du Yémen, les assassinats du chef du Hamas Ismail Haniyeh et du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, et l’attaque par téléavertisseurs contre le Liban.
Le même auteur est récemment devenu viral pour un article qui affirmait que les attaques israéliennes contre le Hezbollah “ne sont pas destinées à conduire à la guerre mais sont une
tentative de parvenir à une désescalade par l’escalade“. Les utilisateurs des médias sociaux se sont moqués de Ravid pour ce raisonnement bizarre et orwellien. Mais ce que presque tout
le monde a loupé est que Barak Ravid est un espion israélien – ou du moins il l’était jusqu’à récemment. Ravid est un ancien analyste de l’Unité 8200 de l’Agence d’espionnage israélienne et, pas plus tard que l’année dernière, il était encore réserviste au sein du groupe des Forces de défense israéliennes.
L’unité 8200 est l’organisation d’espionnage la plus importante et peut-être la plus controversée d’Israël. Elle a été responsable de nombreuses opérations
d’espionnage et de terrorisme de grande envergure, y compris la récente attaque par téléavertisseur qui a blessé des milliers de civils libanais. Comme cette enquête le révélera, Ravid est
loin d’être le seul ex-espion israélien travaillant pour les principaux médias américains, travaillant dur pour fabriquer un soutien occidental aux actions de son pays.
Un initié à la Maison Blanche
Ravid est rapidement devenu l’une des personnes les plus influentes du corps de presse de Capitol Hill. En avril, il a remporté le prestigieux Prix des
Correspondants de presse de la Maison Blanche “pour
l’excellence globale de la couverture de la Maison Blanche” − l’une des plus hautes distinctions du journalisme américain. Les juges ont été impressionnés par ce qu’ils ont décrit comme ses “niveaux profonds et presque intimes d’approvisionnement aux
États-Unis et à l’étranger” et ont choisi six de ses articles comme des pièces de journalisme exemplaires.
La plupart de ces articles ne consistaient simplement qu’à imprimer des sources anonymes venant de la Maison Blanche ou du gouvernement israélien, en les
faisant bien paraître, et en éloignant le président Biden des horreurs de l’attaque israélienne contre la Palestine. En tant que tel, il n’y avait fonctionnellement aucune différence entre
ces communiqués de presse et ceux de la Maison Blanche. Par exemple, une histoire que les juges ont choisie était intitulée “Scoop: Biden dit à Bibi qu’une pause de combat de 3 jours
pourrait aider à obtenir la libération de certains otages”, et a présenté le 46e président des États-Unis comme un acharné humanitaire dévoué à réduire la souffrance. Un autre a décrit à
quel point Biden devenait “frustré” contre
Netanyahu et le gouvernement israélien.
Les manifestants avaient appelé les journalistes à snober l’événement en solidarité avec leurs homologues tombés à Gaza (ce qui, au moment de la rédaction de cet article,
concerne au moins 128 journalistes). Non seulement il n’y a pas eu de boycott de l’événement, mais les organisateurs ont décerné leur plus haute distinction à un responsable du
renseignement israélien devenu journaliste qui a acquis la réputation d’être peut-être le sténographe du pouvoir le plus dévoué à Washington.
Ravid a reçu personnellement le prix des mains du président Biden, qui l’a embrassé comme un frère. Qu’un (ancien) espion israélien connu puisse embrasser Biden
de cette manière en dit long non seulement sur la relation intime entre les États-Unis et Israël, mais aussi sur la mesure dans laquelle les médias de l’establishment tiennent le pouvoir
responsable.
Ravid s’est fait un nom en imprimant sans critique des informations flatteuses qui lui ont été données par le gouvernement américain ou israélien et en les
faisant passer pour un scoop. En avril, il a écrit que ”le
président Biden a posé un ultimatum au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans leur appel de jeudi: Si Israël ne change pas de cap à Gaza, nous ne pourrons pas vous
soutenir“”, et qu’il “exerçait sa plus forte
pression pour mettre fin aux combats à Gaza en six mois de guerre, avertissant que la politique sur la guerre dépendra de l’adhésion d’Israël à ses exigences” qui comprennent
« un cessez-le-feu immédiat ». En
juillet, il a répété des sources anonymes qui lui ont dit que Netanyahu et Israël s’efforçaient de « trouver une solution diplomatique » – – une autre
affirmation très douteuse.
D’autres articles de Ravid suivant le même modèle incluent:
Ce blanchiment implacable de l’administration Biden a suscité de nombreuses moqueries en ligne.
EXCLUSIVITÉ AXIOS : Après avoir vendu des armes à Netanyahu pour des millions de dollars, Biden a joué − bruyamment − la chanson “Mauvais sang” de Taylor Swift. “Tout le monde pouvait l’entendre”, selon une source proche
de Biden, a tweeté l’utilisateur de X David Grossman. “Continuer à remettre de gros tas d’argent et d’armes, mais en
secouant la tête pour que tout le monde sache que je suis en en désaccord avec cela”, a plaisanté le comédien Hussein Kesvani, en réponse au dernier article de Ravid suggérant que Biden est devenu “de plus en plus méfiant” envers le gouvernement
israélien.
Tout au long de cette supposée scission entre les États-Unis et Israël, l’administration Biden a continué d’exprimer son soutien enthousiaste aux offensives
israéliennes, de bloquer les résolutions de cessez-le-feu et l’État palestinien à l’ONU, et a envoyé pour 18 milliards de dollars d’armes à Israël au cours des 12 derniers mois. Ainsi, aussi discutables que soient ces rapports Axios, ils jouent un rôle vital
pour Washington, permettant à l’administration Biden de se distancier de ce que les organismes internationaux qualifient de génocide. La fonction de Ravid a été de fabriquer le consentement
parmi les auditoires libéraux de l’élite qui lisent Axios, leur permettant de continuer à croire que les États-Unis sont un honnête courtier pour la paix en Asie occidentale plutôt qu’un
facilitateur clé d’Israël.
Ravid ne cache pas son dédain ouvert pour les Palestiniens. En septembre, il a retweeté un message qui déclarait :
C’est la méthode pali-nazie – ils empochent des concessions sans rien donner en retour, puis utilisent ces concessions comme base de référence pour le
prochain cycle de négociations. Les Pali-Nazis ne savent pas comment dire la vérité.
Moins d’une semaine plus tard, il a promu l’affirmation très douteuse du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle les Forces de Défense israéliennes avaient trouvé une photo des
enfants de Mohammed Sinwar, chef des Brigades al-Qassam, célébrant devant une immense photo des avions frappant le World Trade Center. Gallant a déclaré qu’ils avaient trouvé cette photo –
essayant clairement d’associer faussement les Palestiniens au 11 septembre – dans un tunnel “où les frères Sinwar se cachaient comme des rats.”
Fondée en 1952, l’unité 8200 est la division la plus importante et la plus controversée de l’armée israélienne.
Responsable des opérations secrètes, de l’espionnage, de la surveillance et de la cyberguerre, depuis le 7 octobre 2023, le groupe est au premier plan de
l’attention mondiale. Elle est
largement identifiée comme l’organisation à l’origine de la tristement célèbre attaque par téléavertisseurs au Liban, qui a fait au moins neuf morts et environ 3 000 blessés. Alors
que beaucoup en Israël (et Ravid lui-même) ont salué l’opération comme étant un succès, elle a été condamnée dans le monde entier comme un acte de
terrorisme flagrant, y compris par
l’ancien directeur de la CIA Leon Panetta.
L’unité 8200 a également construit une liste de gazaouis à tuer, alimentée par l’intelligence artificielle, suggérant l’assassinat de dizaines de milliers de
personnes (y compris des femmes et des enfants). Ce logiciel fut le principal mécanisme de ciblage utilisé par TSAHAL dans les premiers mois de son attaque contre la bande densément
peuplée.
Décrite comme le Harvard d’Israël, l’Unité 8200 est l’une des institutions les plus prestigieuses du pays. Le processus de sélection est très sélectif; les
parents dépensent des fortunes en cours de sciences et de mathématiques pour leurs enfants, espérant qu’ils seront choisis pour y servir, ouvrant une carrière lucrative dans le secteur de la
haute technologie en plein essor d’Israël.
Il sert également de pièce maîtresse de l’appareil d’État répressif futuriste d’Israël. En utilisant des quantités gigantesques de données compilées sur les
Palestiniens, en suivant chacun de leurs mouvements grâce à des caméras de reconnaissance faciale, en surveillant leurs appels, messages, courriels et données personnelles, l’Unité 8200 a
créé un filet dystopique qu’elle utilise pour surveiller, harceler et réprimer les Palestiniens.
L’Unité 8200 compile des dossiers sur chaque Palestinien, y compris leurs antécédents médicaux, leur vie sexuelle et leurs antécédents de perquisition, afin que
ces informations puissent être utilisées ultérieurement à des fins d’extorsion ou de chantage. Si, par exemple, une personne trompe son conjoint, a désespérément besoin d’une opération
médicale ou est secrètement homosexuelle, cela peut être utilisé comme levier pour transformer des civils en informateurs et espions pour Israël. Un ancien agent de l’Unité 8200 a déclaré que dans le cadre de sa formation, il avait été chargé de mémoriser différents mots arabes pour “gay” afin de pouvoir les écouter dans les
conversations.
Les agents de l’Unité 8200 ont continué à créer certaines des applications les plus téléchargées au monde et bon nombre des programmes d’espionnage les plus
tristement célèbres, y compris Pegasus. Pegasus a été utilisé pour surveiller des dizaines de dirigeants politiques à travers le monde, dont le Français Emmanuel Macron, le Sud-Africain Cyril
Ramaphosa et le Pakistanais Imran Khan.
Le gouvernement israélien a autorisé la vente de Pegasus à la Central Intelligence Agency, ainsi qu’à certains des gouvernements les plus autoritaires de la
planète. Dont l’Arabie saoudite, qui a utilisé le logiciel pour surveiller le journaliste du Washington Post, Jamal Khashoggi, avant qu’il ne soit
assassiné par des agents saoudiens en Turquie.
Une récente enquête de MintPress News a révélé qu’une grande partie du marché
mondial des VPN est détenue et exploitée par une société israélienne dirigée et cofondée par un ancien élève d’Unit 8200.
En 2014, 43 réservistes de l’Unité 8200 ont rédigé une déclaration conjointe déclarant qu’ils n’étaient plus disposés à servir dans l’unité en raison de ses pratiques contraires à l’éthique, qui incluaient de
ne faire aucune distinction entre les citoyens palestiniens ordinaires et les terroristes. La lettre indiquait également que leurs renseignements étaient transmis à de puissants politiciens
locaux, qui les utilisaient comme bon leur semblait.
Cette déclaration publique a laissé Ravid hérissé de colère contre ses collègues. À la suite du scandale, Ravid est allé à la radio de l’armée
israélienne pour attaquer les lanceurs d’alerte. Ravid a déclaré que s’opposer à l’occupation de la Palestine, c’était s’opposer à Israël lui-même, car l’occupation est une “partie” fondamentale d’Israël. “Si le problème est vraiment l’occupation“, a — t-il dit,
“alors vos impôts sont aussi un problème – ils
financent le soldat au poste de contrôle, le système éducatif… et 8200 est un excellent résultat.”
Laissant de côté les commentaires de Ravid, la question se pose : Est-il vraiment acceptable que des membres d’un groupe conçu pour infiltrer, surveiller et
cibler des populations étrangères, qui a produit plusieurs des technologies d’espionnage les plus dangereuses et invasives de la planète, et qui est largement derrière des attaques
terroristes internationales sophistiquées, écrivent les infos des Américains concernant Israël et la Palestine ? Quelle serait la réaction si de hauts responsables des médias
américains étaient démasqués comme étant des officiers du renseignement du Hezbollah, du Hamas ou du FSB russe ?
Des infos sur Israël, présentées par Israël
Cependant, Ravid est loin d’être le seul journaliste influent en Amérique à avoir des liens profonds avec l’État israélien. Shachar Peled a passé trois ans en tant qu’officier dans l’Unité 8200, à la tête d’une équipe d’analystes en surveillance, renseignement et cyberguerre. Elle a
également été analyste technologique pour le service de renseignement israélien, Shin Bet. En 2017, elle a été embauchée comme productrice et scénariste par CNN et a passé trois ans à monter des segments pour les
émissions de Fareed Zakaria et Christiane Amanpour. Google l’a ensuite embauchée pour devenir leur spécialiste senior des médias.
Un autre agent de l’Unité 8200 qui a ensuite travaillé pour CNN est Tal Heinrich. Heinrich a passé trois ans en tant qu’agent de l’Unité 8200. Entre 2014 et 2017, elle a été productrice de terrain et de bureau d’information pour le Bureau
notoirement pro-israélien de CNN à
Jérusalem, où elle a été l’une des principales journalistes à façonner la compréhension américaine de l’Opération Bordure protectrice, le bombardement israélien de Gaza qui a tué plus de 2000
personnes et laissé des centaines de milliers de personnes déplacées. Heinrich a ensuite quitté CNN et est maintenant devenue le porte-parole officiel
du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le penchant de CNN pour l’embauche de personnalités de l’État
israélien se poursuit à ce jour. Tamar Michaelis, par exemple, travaille actuellement pour le réseau, produisant une grande partie de son contenu Israël/Palestine. Ceci bien qu’il ait déjà
été porte-parole officiel de Tsahal dans les forces de défense israéliennes.
Le New York
Times, quant à lui, a embauché Anat Schwartz, un ancien officier du renseignement de l’Armée de l’air israélienne sans expérience journalistique. Schwartz a co-écrit l’infâme
et maintenant discrédité “Cris sans
paroles”, qui affirmait que les combattants du Hamas violaient systématiquement les Israéliennes le 7 octobre. Le personnel du Times lui-même s’est révolté contre le manque de
preuves et de vérification des faits dans l’article.
Plusieurs employés du New York Times, dont le chroniqueur vedette David Brooks,
ont eu des enfants servant dans l’Armée israélienne ; lorsqu’ils rapportent ou offrent des opinions sur la région, le Times n’a jamais divulgué ces conflits d’intérêts
flagrants à ses lecteurs. Il n’a pas non plus révélé qu’il avait acheté une maison à Jérusalem pour son chef de bureau qui avait été volée à la famille de l’intellectuelle palestinienne Ghada
Karmi en 1948. MintPress Newsa interviewé Karmi l’année dernière à propos de son dernier livre et des tentatives israéliennes de la faire taire.
Jeffrey Goldberg (un Américain), ancien rédacteur en chef du New York Times Magazine et actuel rédacteur en chef
de The Atlantic, a abandonné l’Université de
Pennsylvanie pour se porter volontaire comme gardien de prison de Tsahal pendant la première Intifada palestinienne. Dans ses mémoires, Goldberg a révélé que, pendant qu’il servait dans l’Armée israélienne, il a aidé à dissimuler les abus envers les prisonniers palestiniens.
Les entreprises de médias sociaux sont également remplies d’anciens agents de l’Unité 8200. Une étude MintPress de 2022 a révélé que pas moins de 99 anciens agents de l’Unité 8200 travaillaient pour Google.
Facebook emploie également des dizaines d’anciens espions de l’unité controversée, dont Emi Palmor, qui siège au conseil de surveillance de Meta. Ce panel de 21
personnes décide en fin de compte de l’orientation de Facebook, Instagram et des autres offres de Meta, en décidant du contenu à autoriser, à promouvoir et à supprimer. Meta a
été formellement condamné pour sa suppression systématique des voix palestiniennes sur ses plateformes par Human Rights Watch, qui a documenté plus de 1 000 cas de censure
ouvertement anti-palestinienne rien qu’en octobre et novembre 2023. Une mesure de ce biais est mise en évidence par le fait qu’à un moment donné, Instagram a automatiquement inséré le mot “terroriste” dans les profils des utilisateurs qui se
disaient palestiniens.
Malgré les affirmations répandues des politiciens américains selon lesquelles c’est un foyer de racisme anti-israélien et antisémite, TikTok emploie également
de nombreux anciens agents de l’Unité 8200 à des postes clés de son organisation. Par exemple, en 2021, elle a embauché Asaf Hochman en tant que responsable mondial de la stratégie produit et des opérations. Avant de rejoindre TikTok, Hochman a passé plus de cinq ans en tant qu’espion
israélien. Il travaille maintenant pour Meta.
Une censure venant du haut de l’échelle
En ce qui concerne l’attaque israélienne contre ses voisins, les médias institutionnels ont toujours affiché un parti pris pro-israélien. Le New York Times, par exemple, s’abstient régulièrement d’identifier l’auteur de la violence lorsque cet auteur est l’armée israélienne et décrit le génocide de 1948 d’environ 750 000 Palestiniens
comme une simple “migration“. Une étude de la couverture du journal a révélé que des mots comme ”assassinat“, ”massacre“ et ”horrible” apparaissent 22 fois plus fréquemment lorsqu’on
parle des morts israéliens que de morts palestiniens, malgré la disparité gigantesque du nombre de personnes tuées des deux côtés.
Par exemple, dans un article sur la façon dont des soldats israéliens ont tiré 335 balles sur une voiture contenant une enfant palestinienne, puis ont abattu
les secouristes venus la sauver, CNN lui a donné comme
titre “Une fillette palestinienne de cinq ans
retrouvée morte après avoir été piégée dans la voiture de ses parents décédés”- un titre qui pourrait être interprété comme si sa mort était un accident tragique.
Ce genre de reportage n’arrive pas par accident. En fait, cela vient tout droit du sommet de la hiérarchie. Une note de service du New
York Times divulguée en novembre a révélé que la direction de l’entreprise avait explicitement demandé à ses journalistes de ne pas utiliser des mots tels que “génocide”, “massacre” et “nettoyage ethnique” lorsqu’ils discutaient des actions
d’Israël. Le personnel du Times doit
s’abstenir d’utiliser des mots comme “camp de
réfugiés”, “territoire occupé” ou même
“Palestine” dans leurs reportages, ce qui rend
presque impossible la transmission de certains des faits les plus élémentaires à leur public.
Le personnel de CNN subit des pressions similaires. En octobre dernier,
le nouveau PDG, Mark Thompson, a envoyé une note à tous les membres du personnel leur demandant de s’assurer que le Hamas (et non Israël) est présenté comme responsable de la violence, qu’ils doivent
toujours utiliser la phrase “contrôlé par le
Hamas” lorsqu’ils discutent du ministère de la Santé de Gaza et de leurs chiffres de décès civils, et leur interdisant tout reportage présentant le point de vue du Hamas, dont son
directeur principal des normes et pratiques de l’information a déclaré au personnel qu’il n’était “pas digne d’intérêt” et équivalait à “une rhétorique incendiaire et de la propagande.”
Le Times et CNN ont licencié plusieurs journalistes pour leur
opposition aux actions israéliennes ou leur soutien à la libération palestinienne. En novembre, Jazmine Hughes du Times a été expulsée après avoir signé une lettre ouverte s’opposant au génocide en Palestine. Le journal a résilié le contrat d’Hosam Salem l’année précédente après une campagne de pression du groupe pro-israélien Honest Reporting. Et Marc Lamont Hill, présentateur de CNN, a été brutalement licencié en 2018 pour avoir appelé à la libération de la Palestine dans un discours aux Nations Unies.
Les grands médias comme Axios, CNN et le New York Times savent évidemment qui ils embauchent. Ce
sont quelques-uns des emplois les plus recherchés dans le journalisme, et des centaines de candidats postulent probablement pour chaque poste. Le fait que ces organisations choisissent de
sélectionner des espions israéliens avant tout le monde soulève de sérieuses questions sur leur crédibilité journalistique et leur objectif.
Embaucher des agents de l’Unité 8200 pour produire des articles d’informations devrait être aussi impensable que d’employer des combattants du Hamas ou du
Hezbollah comme reporters. Pourtant, d’anciens espions israéliens sont chargés d’informer le public étasunien des offensives en cours de leur pays contre la Palestine, le Liban, le Yémen,
l’Iran et la Syrie. Qu’est-ce que cela dit de la crédibilité et des préjugés de nos médias ?
Étant donné qu’Israël ne pourrait pas continuer à poursuivre cette guerre sans l’aide américaine, la bataille pour l’esprit américain est aussi
importante que les actions sur le terrain. Et à mesure que la guerre de propagande se poursuit, les frontières entre journaliste et combattant s’estompent. Le fait que bon nombre des
meilleurs journalistes qui nous fournissent des informations sur Israël/Palestine soient littéralement d’anciens agents des services de renseignement israéliens ne fait que le
souligner.
Alan
MacLeod
Note du Saker Francophone
Tous ceux qui se
connaissent les noms des propriétaires, et le contenu des médias français savent que l’influence sioniste y est aussi importante qu’aux Etats-Unis.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Tous les «jeux» de guerre joués au
cours des années successives se sont soldés par une défaite des États-Unis.
Une guerre majeure entre Israël et l’Iran devrait bientôt éclater – c’est ce qu’affirme le ministre israélien de la Défense, Gallant. Elle débutera
lorsqu’Israël lancera son attaque contre l’Iran, envisagée depuis longtemps. Gallant a promis que
la frappe israélienne sur l’Iran serait «létale, précise
etparticulièrement
surprenante», ajoutant que l’Iran «ne comprendra pas ce
qui lui est arrivé, ni comment».
«Comment», voilà
un choix de mots intéressant.
Depuis ce matin, il n’y a aucun signe de la réponse létale promise par Gallant. Il semblerait qu’Israël, qui avait initialement attaché de l’importance à
une réponse rapide et directe, attende que les batteries de missiles antibalistiques THAAD soient mises en place et que les troupes américaines qui les utiliseront arrivent en
Israël.
Le THAAD ne changera probablement pas la donne. Le 1er octobre, l’Iran a prouvé sa capacité
à saturer et à submerger les capacités de défense aérienne israéliennes grâce à deux volées successives de missiles balistiques entrants. Ce qu’il faut retenir de l’arrivée du
THAAD, c’est que, d’une part, Israël est à
court de missiles d’interception et que, d’autre part, le fait d’entraîner les États-Unis dans une guerre qui les opposerait à l’Iran est bien plus important pour Netanyahou que
le respect du calendrier.
Les batteries THAAD pourraient paradoxalement faire exactement cela (entraîner les États-Unis dans la guerre). Les forces américaines étant désormais
déployées sur le terrain pour soutenir l’action cinétique militaire d’Israël contre l’Iran, Israël insère effectivement un «fil-piège» américain dans le drame de la guerre : Si des
soldats américains sont tués, alors les États-Unis entreront en guerre contre l’Iran ; ils se sentiront obligés de réagir avec force à la mort de soldats américains.
Netanyahou veut cette guerre depuis 25 ans. Il peut maintenant la voir prendre forme – directement
sous ses yeux. De plus, de son point de vue, elle survient à un moment bénin, juste avant les élections américaines, au cours desquelles presque tous les candidats s’efforcent de
proclamer leur fidélité à Israël.
Pour être clair, c’est tout à fait sérieux. Cela pourrait évoluer vers un conflit majeur avec la Russie, si Téhéran était menacé. Le génocide d’Israël à
Gaza et ses bombardements inhumains – dépassant toutes les règles de la guerre – sur les civils au Liban pour les forcer à se soumettre sous la terreur ont fait de la Russie un partenaire
à part entière de l’Iran. La Russie a donc travaillé dur pour compléter les défenses iraniennes avec ses propres systèmes de défense haut de gamme.
Toutefois, le rôle de la Russie se limitera probablement à fournir à l’Iran cette assistance en matière de défense : ISR (Intelligence, Surveillance,
Reconnaissance) russe ; son dernier système de guerre électronique ; certains missiles ; et peut-être des missiles de défense aérienne S-400 (bien que leur arrivée en Iran n’ait pas été
confirmée).
La Russie aura tout intérêt à observer comment ces armes se comporteront face à une attaque israélienne.
Si elles fonctionnent bien, la dissuasion générale russe s’en trouvera considérablement renforcée.
Et c’est là que réside le point essentiel : Pour les sionistes israéliens et les néoconservateurs américains, le chemin qui mène à un Moscou désarçonné
passe par un Téhéran décapité et vaincu. La victoire de l’Iran – et donc de la Résistance – est dans l’intérêt de la Russie.
Enthousiasmée par la décapitation par Israël d’une grande partie de la direction du Hezbollah et encouragée peut-être par un signal non autorisé (et erroné)
de l’Iran indiquant qu’il pourrait répondre de manière superficielle à une frappe israélienne, l’équipe Biden pourrait bien percevoir qu’un nouveau Moyen-Orient dirigé par les sionistes
est sur le point de voir le jour.
Les chefs d’état-major du Pentagone interviendront-ils pour arrêter la marche vers le conflit – comme ils l’ont fait pour les plans d’escalade de Blinken en
Ukraine ? Cela semble peu probable. Jusqu’à présent, ils ont soutenu Israël sans réserve. Et ils ont accepté d’envoyer les batteries THAAD.
Les chefs d’état-major auront certainement ressenti le fort sentiment pro-israélien du Congrès, qui contraste fortement avec le désenchantement croissant à
l’égard de l’Ukraine.
Pourtant, affronter l’Iran – soutenu par la Russie et la Chine – n’est pas une mince affaire : est-ce vraiment «gagnable» ? Et si ce n’était pas le cas ?
Que se passerait-il si Israël perdait – et donc si les États-Unis perdaient ? Ce serait un tremblement de terre, une humiliation qui ébranlerait le monde occidental.
Un commentateur, James Kroeger, prédit de manière intrigante que «l’attaque d’Israël,
si elle a lieu, sera une nouvelle frappe de
décapitation (…) :Cette fois-ci, elle
sera exécutée d’une manière encore plus stupéfiante que celle qu’ils ont réalisée contre Nasrallah».
«Vous voyez, le
Pentagone ne signera pas les plans des forces de défense israéliennes pour attaquer les champs de pétrole de l’Iran ou même l’industrie nucléaire enterrée de l’Iran ; mais ils ont
l’habitude de soutenir Israël lorsqu’il cible les dirigeants de la Résistance qui s’opposent à Israël.Les forces de défense
israéliennes ne viennent-elles pas d’utiliser 82 bombes américaines de 2000 livres à Beyrouth pour tuer Nasrallah ?Avec la complicité
totale des États-Unis ?»
«En tant que concept
de base, les États-Unis sont susceptibles d’approuver et peut-être même de permettre une frappe de «décapitation» sur
les principaux dirigeants iraniens à Téhéran, en pensant que l’Iran serait trop stupéfait pour répondre par une attaque de «guerre totale» contre Israël.Après tout, qu’a fait
l’Iran après la mort de Nasrallah ?Attaquer quelques
bases aériennes des forces de défense israéliennes sans tuer d’Israéliens ?Cela a-t-il dissuadé
Israël d’oser attaquer à nouveau l’Iran ?»
«Ce que le
Pentagone n’approuverait probablement pas, c’est l’utilisation
d’armes nucléaires pour décapiter le gouvernement iranien – parce que cela pourrait suffire à déclencher la guerre totale que le Pentagone craint tant :Mais que se
passerait-il si l’astucieux Israël, après avoir accepté l’aide des États-Unis dans une opération visant à lancer une bombe conventionnelle «bunker buster» contre le Guide suprême,
décidait de son propre chef de lancer également une bombe nucléaire tactique ou stratégique sur Téhéran qui dévasterait complètement la chaîne de commandement iranienne ?»
«Comprenez que
l’intention d’Israël n’est pas d’éviter une guerre
totale avec l’Iran, mais d’en déclencher une, et l’utilisation d’une bombe nucléaire sur Téhéran ne ferait que cela.C’est garanti à
100%.Bibi comprend
qu’après une telle attaque, si l’Iran répond en attaquant Israël avec tout ce qu’il a, il sera en mesure de faire adopter par le Congrès une déclaration de guerre contre
l’Iran».
«Les médias et le
département d’État [ainsi que le Congrès] seraient mobilisés d’abord pour nier que des armes nucléaires ont été utilisées, puis pour trouver des excuses émotionnelles expliquant pourquoi
Israël avait besoin d’utiliser ses armes nucléaires «pour se
défendre».Le thème qu’ils
répéteront inlassablement est le suivant : «Le pauvre Israël,
menacé d’anéantissement par des terroristes, a eu recours aux seules armes qui lui restaient pour vaincre le mal auquel il était confronté…».
«La folie
?Oui.La
«folie» Netanyahou»… Pourtant, l’énigmatique «létale, précise et
surtout surprenante» de Gallant : «L’Iran ne comprendra
pas ce qui lui est arrivé, ni comment» – une formulation étrange qui correspond parfaitement à la thèse de Kroeger.
Grande inconnue : Le Pentagone sera-t-il capable de prendre position et de refuser d’obtempérer ? En effet, le Pentagone s’est toujours opposé à une guerre
totale entre les États-Unis et l’Iran.
Pourquoi
? Tous les «jeux» de guerre qui se sont déroulés au cours des années successives se sont soldés par une défaite des États-Unis.
Dominique de Villepin a vivement dénoncé le silence sur les massacres en Palestine : «Gaza est sans doute
le plus grand scandale historique, je n’ose pas trouver de référence. Plus personne n’en parle dans ce pays, c’est le silence, la chape de plomb, les médias n’en parlent plus. Je suis
obligé d’aller sur Google pour trouver une brève qui me donne des nouvelles du nombre de morts à Gaza. C’est un véritable scandale sur le plan de la démocratie».
On ne peut pas dire qu’on n’a pas été averti ! Et pas par un quidam, mais par le plus grand scientifique et intellectuel public du XXe siècle :
Albert Einstein.
Einstein avait déclaré que sa «vie était partagée
entre les équations et la politique», mais ses vastes écrits politiques sur Israël et le sionisme ont été déformés ou balayés sous le tapis.
On peut les trouver dans une nouvelle édition enrichie du livre «Einstein on Israel
and Zionism» de Fred Jerome, publié chez Baraka Books.
*
À quelques semaines de la création de l’État d’Israël, Shepard Rifkin, directeur exécutif du groupe Stern, a souhaité que des représentants du groupe
rencontrent Albert Einstein aux États-Unis, «la plus grande figure
juive de l’époque» selon I.F. Stone. La réponse d’Einstein était sans équivoque :
«Lorsqu’une
véritable catastrophe
finale devait nous arriver en Palestine, les premiers responsables seraient les Britanniques et les seconds les organisations terroristes constituées dans nos propres rangs.
Je ne veux voir personne qui est associée à ces gens égarés et criminels». Toutes les citations sont du livre «Einstein
on Israel and Zionism», New Enriched Edition (Baraka Books, 2024). Nos traductions.
Pour saisir la prescience d’Einstein, on n’a qu’à remplacer «les Britanniques» par «les Américains» et les «organisations terroristes» comme le groupe Stern
et le groupe Irgun par le gouvernement Netanyahou, héritiers des Menahem Begin et Yihtzak Shamir.
Einstein avait déclaré que sa «vie était partagée
entre les équations et la politique». Pourtant, chez ses biographes – il y en des centaines – et dans les grands médias, ses vastes écrits politiques sur Israël et le sionisme ont
été, au mieux, balayés sous le tapis, au pire, déformés complètement en faisant de lui un suppôt de l’État d’Israël.
C’est-à-dire jusqu’à ce que feu Fred Jerome les cherche, les retrouve, les fait traduire, surtout de l’Allemand, et les publie dans le livre «Einstein
on Israel and Zionism». Malheureusement, la première édition ce livre, publiée par une maison d’édition newyorkaise a connu un tout petit tirage, n’a jamais été promue ni
transformée en livre électronique, et a été épuisée en un rien de temps, l’éditeur ayant cédé à la pression énorme des sionistes. Voilà pourquoi nous avons publié une nouvelle édition
avec l’accord de Jocelyn Jerome, veuve de l’auteur.
C’est en Allemagne dans les années 1920, une époque d’antisémitisme rampant où la théorie de la relativité était attaquée comme de la «science juive», que
Einstein a été attiré par le mouvement sioniste. C’est seulement en 1914 en arrivant en Allemagne, écrit-il, qu’il «découvre pour la
première fois qu’il est un juif», découverte qu’il attribue davantage à des «Gentils qu’aux
juifs». Auparavant, il se voyait comme un membre de l’espèce humaine.
Il se disait «sioniste culturel», mais dès 1921 Kurt Blumenfeld, un militant sioniste envoyé pour recruter Einstein, mettait en garde Chaim Weizmann, futur
président d’Israël, au sujet du grand scientifique :
«Einstein, comme vous
le savez, n’est pas sioniste, et je vous demande de ne pas essayer de faire de lui un sioniste ou de l’attacher à notre organisation. (…) Einstein, qui penche pour le socialisme, se sent
très impliqué dans la cause des travailleurs juifs. (…) J’ai entendu dire que vous souhaitiez qu’Einstein fasse des discours. Soyez très prudent avec cela. Einstein dit souvent des choses
par naïveté qui ne sont pas bien accueillies par nous».
À part la supposée «naïveté» d’Einstein, Blumenfeld ne saurait dire mieux. Einstein serait constamment un obstacle au projet de colonisation sioniste de la
Palestine et de la création de l’État d’Israël jusqu’à sa mort en 1955.
Voici un échantillon de ses prises de position.
Ses échanges avec Chaim Weizmann, futur président d’Israël, illustrent à quel point Einstein était important aux yeux des sionistes, mais surtout à quel
point ses opinions divergeaient des leurs. Dans une lettre à Weizmann du 25 novembre 1929, il a écrit : «Si nous ne parvenons
pas à trouver une voie vers une coopération honnête et des pactes honnêtes avec les Arabes, alors nous n’aurons rien appris de nos deux mille ans de souffrance et nous
méritons le sort
qui nous attend».
L’idée du «sort qui nous attend» revient souvent. En 2024, il semble avoir déjà prévu que l’État d’Israël que les sionistes rêvaient de créer sans
«une
coopération honnête des pactes honnêtes» avec leurs voisins palestiniens deviendrait ce qu’il est actuellement, l’endroit le plus dangereux au monde pour les juifs.
Quelques semaines plus tard, le 14 décembre 1929, il écrit au directeur de l’organisation sioniste de Londres, Selig Brodestsky, «Je suis heureux que
nous n’ayons aucun pouvoir. Si notre aveuglement bête se révèle assez fort, alors nous nous ferons péter le cerveau comme nous le méritons».
Par ailleurs, Leon Simon, l’un de ses premiers éditeurs et traducteurs a écrit : «Le nationalisme du
professeur Einstein ne laisse aucune place à l’agressivité ou au chauvinisme. Pour lui, la domination des juifs sur les Arabes en Palestine, ou la perpétuation d’un état d’hostilité
mutuelle entre les deux peuples, signifierait l’échec du
sionisme».
Contrairement à la grande majorité des sionistes, l’appui d’Einstein à un éventuel «foyer juif» – pas un État – ne se limitait pas à la Palestine. Il n’y
avait de rien de religieux dans son engagement. Certains sionistes préconisaient l’établissement d’un tel foyer, entre autres, en Chine, au Pérou ou à Birobidjan en Union soviétique, mais
en bonne entente avec les autorités étatiques et les populations dans chaque cas. Einstein appuyait ces démarches. À titre d’exemple, sur le foyer juif de Birobidjan en Unions soviétique
au lendemain de la Seconde guerre mondiale il écrit :
«Nous ne devons pas
oublier que durant ces années de persécutions atroces contre le peuple juif, la Russie soviétique a été la seule grande nation à avoir sauvé des centaines de milliers de vies juives.
L’entreprise d’installer 30 000 orphelins de guerre juifs à Birobidjan et de leur assurer ainsi un avenir satisfaisant et heureux est une nouvelle preuve de l’attitude humaine de la
Russie envers notre peuple juif. En aidant cette cause, nous contribuerons de manière très efficace au salut des restes du judaïsme européen».
Dans les années charnières entre la fin de la guerre et sa mort en 1955, Einstein n’y allait pas par quatre chemins au sujet du projet de l’État juif.
Invité à témoigner devant le Anglo-American Committee of Inquiry on Palestine, à Washington, D.C., en janvier 1946, Einstein a répondu sans équivoque à une question sur l’éventuel État
d’Israël versus un foyer culturel : «Je n’ai jamais été en
faveur d’un État».
En mars 1947, I.Z. David, un membre du groupe terroriste Irgun dirigé par Menahem Bégin, lui a envoyé un questionnaire auquel il a répondu du tac au
tac :
«Question :
Quelle est votre opinion sur la création d’une Palestine nationale juive libre ?
Einstein : Un
foyer national juif ? Oui. Une Palestine nationale juive ? Non. Je suis favorable à une Palestine binationale libre à une date ultérieure après un accord avec les
Arabes.
Question :
Quelle est votre opinion sur la partition de la Palestine et les propositions de Chaim Weizmann concernant la partition ?
Einstein : Je
suis contre la partition».
Sur la question de l’impérialisme britannique et américain, Einstein ne se faisait pas d’illusions au moment où Londres passait le relais à
Washington : «Il me semble que nos
chers Américains modèlent maintenant leur politique étrangère sur le modèle des Allemands, puisqu’ils semblent avoir hérité de l’orgueil et de l’arrogance de ces derniers. Apparemment,
ils veulent aussi assumer le rôle que l’Angleterre a joué jusqu’à présent. Ils refusent d’apprendre les uns des autres et n’apprennent pas grand-chose, même de leur propre dure
expérience. Ce qui a été implanté dans les têtes dès la petite enfance est plus fermement enraciné que l’expérience et le raisonnement. Les Anglais en sont encore un bon exemple de cela.
Leurs méthodes démodées de répression des masses en utilisant des éléments autochtones sans scrupules de la classe économique supérieure leur coûteront bientôt tout leur empire, mais ils
sont incapables de se résoudre à changer leurs méthodes, peu importe qu’il s’agisse des conservateurs ou des socialistes. Avec les Allemands, c’était exactement la même chose. Tout cela
serait bien, sauf que c’est si triste pour les meilleurs éléments et les opprimés…» (Lettre à Hans Mühsam)
Quant aux ancêtres politiques du gouvernement Netanyahou actuel, Einstein tirait à boulets rouges, sur eux et leurs partis politiques, notamment dans
le New
York Times. Lorsque Menahem Bégin venait à New York fin 1948, Einstein, Hannah Arendt et d’autres personnalités juives des États-Unis ont publié une lettre dénonçant sa venue et
l’organisation qu’il dirigeait, soit «un parti
politique très proche, dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son attrait social, des partis nazis et fascistes». L’exemple qu’ils citent : le
massacre de 240 homme, femmes et enfants au village palestinien de Deir Yassine.
Jusqu’à sa mort en 1955, Einstein répéterait cette accusation : «Ces gens sont des
nazis dans leurs pensées et leurs actes». Quiconque dirait cela aujourd’hui dans les grands médias serait traité d’antisémite et serait banni de ces mêmes médias.
Il est de notoriété publique que lors de la mort de Chaim Weizmann en 1952, le Premier ministre d’Israël a offert la présidence d’Israël à Albert Einstein.
En revanche, moins connue est la raison donnée par Einstein pour expliquer ce refus : «Je serais dans
l’obligation de dire aux Israéliens des choses qu’ils ne veulent pas entendre». Et encore moins connue est la déclaration de Ben Gourion : «Dîtes-moi ce que je
vais faire s’il dit oui ! Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas ne pas la lui offrir. Mais s’il accepte, nous serons dans le pétrin».
Des centaines, voire des milliers, de gens se font accuser d’antisémitisme parce qu’ils osent critiquer l’État d’Israël, le traiter d’un État d’apartheid et
dénoncer le génocide des Palestiniens. Qu’ils se rassurent : ils sont en bonne compagnie, car si Einstein était en vie aujourd’hui il se trouverait aux premiers rangs des
manifestants.
Robin Philpot est
éditeur de Baraka Books, Montréal.
Faisons un récapitulatif sobre et
froid. J’ai compilé une liste des 29 principales réalisations d’Israël en 2024.
1. Israël a essentiellement perdu des
territoires dans le nord de la Palestine occupée. Les tirs de roquettes du Hezbollah au cours des onze derniers mois ont chassé la population de colons du Nord. C’est
probablement pour toujours. La population de colons israéliens dans l’enveloppe de Gaza a également été réduite depuis les attaques du 7 octobre.
De plus, les attaques en cours du Yémen, de l’Irak, de l’Iran et du Liban sont en train de dépeupler Israël.
2. Les Houthis ont établi un étranglement
imbrisable sur la mer Rouge et tous les transports maritimes traversant la mer Rouge. Il n’y a aucun moyen de briser cet étranglement. L’US Navy et toutes les autres marines
occidentales ont essayé pendant près de 12 mois et ont complètement échoué.
Les tentatives de mener des frappes contre les Houthis, y compris des frappes massives contre les infrastructures essentielles à Hodeida, n’ont donné AUCUN
résultat sur une période de près d’un an. Les Israéliens peuvent remercier pour cette réussite.
3. La consolidation du Hezbollah en tant
que principale force militaire au Liban : Les forces Radwan du Hezbollah se sont révélées capables de protéger les frontières méridionales du Liban avec la Palestine.
Toutes les tentatives de Tsahal et des Forces spéciales américaines en soutien pour prendre le contrôle de cette zone et repousser les forces de
Radwan ont échoué.
4. La survie assurée du
Hamas : Le Hamas dans la bande de Gaza est toujours présent, après presque un an. Pendant des mois, ils ont démontré leur capacité à frapper quotidiennement les forces de
Tsahal, détruisant l’équipement terrestre et les troupes de Tsahal. C’est vrai, même si c’est de nature incrémentale. Le Hamas est toujours en mesure de lancer des roquettes depuis
l’enveloppe de Gaza.
Cela signifie que leurs installations de fabrication de fusées sont toujours fonctionnelles. Le Hamas a fait preuve de persévérance et de résilience.
Comparé au Fatah en Cisjordanie, le Hamas a démontré sa capacité et sa volonté d’actualiser le désir palestinien d’autodétermination.
En raison de la réponse excessive d’Israël au 7 octobre, le Fatah a été définitivement mis à l’écart. Le Hamas sera à jamais reconnu comme le vrai visage de
la résistance palestinienne.
5. La validation de la résilience du
Hezbollah : Malgré l’élimination d’une composante de la direction du Hezbollah, le Hezbollah a reconstitué sa structure de direction. Le plus haut conseil de direction, la
Choura, est toujours intacte.
Malgré une infiltration techniquement brillante de la chaîne d’approvisionnement des infrastructures de communication par Israël et après une frappe
aérienne massive impliquant des missiles anti-bunker rarement utilisés, Israël n’a pas réussi à entamer la capacité de combat ni même le moral du Hezbollah.
6. Le Hezbollah a établi, pour la
première fois dans l’histoire, une zone tampon débarrassée des Israéliens à l’intérieur du territoire détenu par Israël (Palestine occupée).
7. Les frappes récentes et précédentes
menées par le CGRI sur Tel-Aviv ont montré l’échec du Dôme de fer et l’échec de TOUS les systèmes de défense aérienne d’Israël. Fronde de David. Arrow. Patriot. De plus, il
a également été prouvé que les systèmes de défense aérienne des satrapes israéliens (la Jordanie) étaient défaillants. Encore plus, les systèmes d’interception de l’US Navy se sont avérés
inadéquats.
Cela a des implications énormes pour le conflit entre les États-Unis et l’Iran. Cela signifie que les États-Unis devront tenir compte du fait que,
indépendamment de ce qu’ils pourraient infliger à l’Iran, ils ne pourront protéger personne ni eux-mêmes contre des représailles iraniennes simultanées.
Les États-Unis doivent maintenant reconnaître que l’Iran a la capacité de détruire ses groupes de porte-avions.
Sa puissance marine n’est donc plus d’aucune utilité dans le golfe Persique, l’océan Indien, la mer Rouge, le golfe d’Oman … Ils doivent maintenant
recalculer tous leurs plans d’attaque précédents.
8. Le durcissement des positions du
Hezbollah dans le Sud du Liban : Malgré les frappes spectaculaires et tragiques qu’Israël a menées sur Beyrouth, les dégâts essentiels se limitent aux blocs civils et aux
villages civils du sud. Il semble que très peu de la puissance de feu aérienne considérable d’Israël ait nui au Hezbollah lui-même. Non seulement le Hezbollah reste logé là-bas, mais la
création de décombres et la destruction leur ont fourni une couverture et un abri futurs.
L’effet net de ces frappes a été de galvaniser les combattants du Hezbollah, de stimuler le recrutement du Hezbollah, de dresser fermement l’opinion
mondiale contre Israël. L’environnement mondial des Israéliens, des sionistes et, malheureusement, même des juifs non sionistes a été pollué à cause des actions de Netanyahou à
Beyrouth.
De l’autre côté de l’équation, Tsahal a gaspillé des quantités substantielles de matériel pour tuer des civils et détruire des infrastructures civiles. Une
infrastructure qui n’a rien à voir avec la menace posée par le Hezbollah.
Alors que les États-Unis ont mis tout leur arsenal à la disposition d’Israël, ces matériaux sont loin d’être infinis et s’épuiseront bientôt ; ou
deviendront si chers qu’ils commenceront à exercer de nouvelles pressions sur l’économie et les chaînes logistiques américaines.
9. L’occupation continue de l’Irak par
les États-Unis est en train de se désagréger : Malgré la présence américaine en Irak, ils sont manifestement incapables d’exercer une influence sur les mouvements de
résistance irakiens là-bas, qui lancent des attaques de missiles et de drones de plus en plus sophistiquées depuis le territoire irakien sous le nez des garnisons américaines.
De plus, le comportement d’Israël a stimulé l’activité anti-américaine en Irak et entraînera sous peu une éjection violente des forces américaines de ce
pays, quelles que soient les tentatives du gouvernement fantoche actuel de maintenir la présence américaine. Cela prendra peut-être des années, mais l’éjection des forces américaines
d’Irak est pratiquement assurée maintenant que les Hachd ont démontré leur capacité à utiliser une force létale substantielle.
10. L’occupation syrienne est en train de
se désagréger : Les frappes contre les bases américaines en Syrie sont devenues hebdomadaires maintenant. Les mouvements de résistance en Syrie ont montré qu’ils avaient la
capacité de mettre les bases américaines sous pression constante. Les États-Unis vont bientôt perdre leur confortable perchoir sur les champs pétrolifères de Conoco en Syrie et avec lui,
le contrôle des divers mouvements militants antigouvernementaux de la région … et avec cela, le contrôle de la Syrie. La Turquie et la Russie sont devenues confiantes pour bombarder
l’État islamique et les mandataires kurdes en Syrie.
En bref, la soif de sang inutile d’Israël a mis en péril l’occupation continue de l’ensemble du Moyen-Orient par les États-Unis.
11. Israël a déstabilisé la
Jordanie. L’Iran a poussé la Jordanie (et d’autres) à montrer leurs cartes à la table de poker du Moyen-Orient. Le gouvernement jordanien a été exposé comme étant un satrape
complètement contrôlé par Israël. Ses intérêts nationaux sont complètement subordonnés à Israël et aux États-Unis, au-delà des intérêts du peuple jordanien.
Le compte à rebours jusqu’à la fin du régime du roi Abdallah de Jordanie et de son administration a donc commencé.
12. Israël a semé les graines de la
déstabilisation en Égypte. L’Iran a poussé la Jordanie et l’Égypte à montrer leurs cartes à la table de poker du Moyen-Orient. L’Égypte a été exposée comme un satrape complet des
États-Unis et d’Israël, complètement subordonné aux besoins de l’entité sioniste. Chaque Égyptien, avec des souvenirs chaleureux de Gamal Abdel Nasser, pleure probablement à ce
stade.
La seule chose qui empêche la population égyptienne de renverser son gouvernement en ce moment est l’armée égyptienne. Cela restera malheureusement le cas
jusqu’à ce que le bon catalyseur arrive pour allumer l’étincelle de la révolution …
Cependant, le résultat net de toutes ces tensions croissantes en Égypte est d’accroître les sympathies pour le peuple palestinien, en ouvrant des lignes de
contrebande vers Gaza.
13. La croyance en la supériorité morale
et civilisationnelle occidentale a été complètement détruite. Le fait que le colonialisme occidental soit bel et bien vivant et que la civilisation occidentale soit
moralement en faillite a été exposé aux pays du Sud.
Cette faillite morale s’est manifestée tant au niveau de ses gouvernements qu’au niveau de ses populations apathiques qui soutiennent les actions de leurs
gouvernements.
Le résultat de ceci est que les pays du Sud sont maintenant en mesure de reprendre le contrôle de leur diplomatie dans tous les forums avec les puissances
occidentales.
Dans le passé, chaque discours diplomatique entre les puissances occidentales et les pays non occidentaux commençait par des haussements de sourcils et de
l’embarras de ces pays à propos de leur bilan en matière de droits de l’homme.
Aujourd’hui, chaque discours diplomatique entre l’Occident et une nation du Sud commence par une réfutation des hautes valeurs morales occidentales. La
récente conférence des BRICS à Kazan l’a bien montré.
14. La neutralisation des sanctions
occidentales militarisées : Les actions d’Israël, déclenchant les actions de l’Iran, du Yémen et du Hezbollah ont révélé que les sanctions occidentales contre la Résistance
du Moyen-Orient ont été inutiles pour arrêter l’avancée technologique et militaire de ces puissances.
De plus, ces sanctions ont servi à pousser le Moyen-Orient dans la sphère commerciale des BRICS et à l’éloigner de la sphère commerciale du G7. C’est un
auto-étranglement des économies occidentales menée par les États-Unis au nom de leur garnison en Palestine occupée.
En fin de compte, ces sanctions se sont retournées spectaculairement contre elles, entraînant effectivement la sanction et le blocus mondiaux de la
navigation occidentale à travers la mer Rouge et des confiscations de pétroliers «coup pour coup» dans le golfe Persique.
15. Le compromis de l’intégrité des
chaînes d’approvisionnement occidentales. La compromission des chaînes d’approvisionnement occidentales en appareils mobiles, qui n’a pu se produire que grâce à la collaboration
de plusieurs États occidentaux, y compris Taïwan (hors du contrôle de Pékin) et Hong Kong (contrôlée vaguement par Pékin) a entraîné une perte totale de confiance dans les équipements de
télécommunications occidentaux et a alerté Pékin et Moscou sur un compromis potentiel dans leurs propres chaînes d’approvisionnement.
Alors que les implications de cela se déroulent encore, le succès futur des exportations occidentales et l’inclusion d’Israël dans les chaînes
d’approvisionnement sont maintenant remis en question.
La Chine est désormais, encore plus qu’avant, non seulement le «fournisseur de volume» mais aussi le «fournisseur de confiance».
16. En raison des actions d’Israël, les
États-Unis ont été exposés à son peuple et à la communauté des Nations Unies (CSNU, AGNU) comme étant complètement sous le contrôle du Lobby sioniste. Ce n’est plus un
gouvernement du peuple par le peuple (si jamais ça l’a été !). Dans le passé, on soupçonnait qu’Israël avait une certaine influence sur la politique étrangère et intérieure américaine,
mais maintenant il est certain qu’Israël contrôle totalement la politique étrangère américaine. La question de savoir qui contrôle qui est devenu insignifiante – ils se contrôlent l’un
l’autre. De plus, ce compromis de l’État, la subversion des gouvernements occidentaux aux fins du lobby sioniste, a été visible avec d’autres gouvernements occidentaux comme l’Allemagne,
la France, la Grande-Bretagne.
Nous venons d’assister à la destruction de la «Pax» Americana et à son remplacement par la «Pax» Judaica. Ainsi, la prédiction du Cheikh Imran Hossein s’est
réalisée.
17. Bravo sur le front du génocide
!Israël a progressé assez loin dans son génocide de la population palestinienne de Gaza au cours des 12 derniers mois. Le dépeuplement de la bande de Gaza est en
bonne voie par la maladie, la famine, autant que par les missiles et les bombes.
Pour cela, il y aura un prix à payer aux yeux de l’histoire, pour les sionistes. Israël a fourni la bonne excuse (et non la justification) à un tyran
entreprenant de commettre de futures persécutions et génocides contre les juifs – ou d’autres.
18. L’économie israélienne sera détruite,
selon de multiples vecteurs, dans un avenir prévisible. Les multinationales ayant des bureaux en Israël ont été touchées négativement. Les entreprises touchées vont des
entreprises individuelles qui ne peuvent plus opérer en Israël en raison de l’instabilité et de la perte de main-d’œuvre, aux grandes entreprises dont les mesures de conformité éthique
les obligent à se dissocier d’Israël. L’impact s’étend aux entreprises qui ne peuvent tolérer la perturbation des infrastructures énergétiques et des lignes logistiques.
19. De nouvelles menaces persistantes
auxquelles l’Occident ne peut remédier ont été créées. Les Houthis et les Hachd irakiens en sont un exemple.
Il n’y a juste pas de fin en vue ici. Ces acteurs vont être là pendant des années, menaçant la viabilité d’Israël en tant qu’«endroit pacifique pour les
juifs» et transformant ce pays en une simple garnison américaine de plus au Levant.
20.Infrastructures pétrolières et
gazières israéliennes dégradées en Méditerranée. Les récentes frappes ont non seulement détruit certaines des plates-formes gazières israéliennes en Méditerranée, mais ont
également démontré que l’Iran avait la capacité d’anéantir l’infrastructure énergétique d’Israël. Israël va maintenant devoir recalculer la sécurité de son approvisionnement énergétique.
Tous les clients de la production de gaz et de pétrole d’Israël devront recalculer leurs équations de sécurité énergétique.
21. Continuité assurée de la
Résistance. La radicalisation accrue du Hezbollah par la destitution de la direction conservatrice aînée a conduit les commandants plus jeunes, plus agressifs et moins retenus à
prendre les devants. De plus, cela a douloureusement rappelé aux anciens dirigeants restants du conseil de la Choura qu’il n’y avait pas de négociation avec les Israéliens et les
Américains et que la seule issue était de se battre.
Le meurtre de héros nationaux comme Hassan Nasrallah a très probablement galvanisé la jeunesse libanaise.
Dans la même veine, la prochaine génération de combattants du Hamas et d’Al Qassam, maintenant encore des enfants, a été créée dans les camps de Gaza, de
Cisjordanie, d’Ein Al Hilwe et d’autres camps palestiniens libanais et les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie et en Syrie.
C’est la principale raison de la campagne meurtrière américaine et israélienne menée contre les enfants et les bébés palestiniens.
22. Une distraction pour les États-Unis et
l’Empire occidental : En fin de compte, la débâcle en Palestine occupée, conçue et entretenue par Benjamin Netanyahou, a entraîné une ponction majeure sur les ressources
américaines.
C’est une distraction dans l’affrontement d’adversaires plus grands et plus menaçants comme la Chine et la Russie.
Plus les États-Unis accumulent d’énergie cognitive, de ressources financières et de capital politique dans le conflit au Moyen-Orient, moins il leur en
reste pour faire face aux graves développements sur les fronts russe et chinois.
La Nouvelle route de la soie, par exemple, se poursuit à un rythme soutenu. Les développements spatiaux et marins, chinois et russes, progressent à pas de
géant. La fabrication chinoise de puces a atteint l’échelle de 7 nm et le 4 nm est en cours de test. Le développement de missiles hypersoniques en Russie et en Chine a dépassé de loin les
développements américains. La Chine a mis en place un réseau de transmission 6g. La Chine exploite la plus grande station spatiale que l’humanité ait jamais déployée.
23. L’ONU a été exposée comme étant une
organisation impuissante et en fait préjudiciable : Israël, par son propre comportement à l’ONU, a exposé l’ensemble de l’organisation, de la CPI, de la CIJ, du CSNU, de
l’AGNU et même des organisations comme l’UNRWA comme étant complètement impuissantes pour toutes les tâches qui ne soutiennent pas les intérêts des Puissances occidentales. Bien que cela
soit évident depuis la création de l’OIAC il y a quelques années, la pourriture a été exposée à tous les niveaux de l’ONU et martelée à plusieurs reprises par les représentants israéliens
à l’ONU.
Personne ne peut plus l’ignorer, personne d’autre que ceux qui bénéficient de cette impuissance.
24. Ça saigne : La vulnérabilité d’Israël, de son économie, de son armée et de ses alliés a été exposée par des acteurs non étatiques qui ont maintenant démontré
qu’ils étaient capables de maintenir cette soi-disant «superpuissance» régionale pendant une année consécutive alors qu’ils sont gravement sous-approvisionnés, sous-armés et en
infériorité numérique.
Si d’autres pays arabes décident à tout moment qu’Israël ne sert plus leurs objectifs au Moyen-Orient, ils ont vu la preuve qu’Israël n’est pas invincible
et au contraire, remarquablement vulnérable.
25. L’affaiblissement de l’État libanais,
Irakien, Syrien et yéménite est un renforcement du Hezbollah et du mouvement Houthi : Israël, en prenant le boulet de démolition au gouvernement et à la souveraineté civils
libanais et yéménites, a créé un environnement dans lequel l’État ne pourra jamais détenir le monopole de la violence. Toute l’étendue du Liban, de l’Irak, de la Syrie et du Yémen restera
donc libre et ouverte au Hezbollah et à Ansarullah pour opérer sans contre-force gouvernementale. Même si cette «liberté» est la liberté du chaos.
26. Il peut
être terrifié jusqu’à la paralysie : La réponse tardive d’Israël à la dernière attaque hypersonique de l’Iran démontre que le simple recours à la violence suffit à
paralyser non seulement l’Appareil d’État d’Occupation israélien, mais également celui de l’Empire anglo-américain au sens large, qui semble lui-même effrayé de riposter directement
contre l’Iran.
27. Le monde le voit bien. Pour
peut-être la première fois dans l’histoire, des accusations de crimes de guerre conduisant à de véritables mandats d’arrêt ont été
émises contre des individus israéliens (par la CIJ). Oui, avec beaucoup de réticence, mais cela indique que même l’Occident dominé par les sionistes commence à craquer sous le stress de
ses propres contradictions. Ces contradictions ne feront que s’étendre davantage …
28. L’échec total de l’invasion terrestre
du Liban et le discrédit du pouvoir de Tsahal : Il est clair que l’invasion terrestre du Liban par Tsahal est un échec par rapport à l’invasion et à l’occupation précédentes
de Beyrouth par Israël. À une époque où TSAHAL/FIO aurait dû améliorer la technologie et la formation militaires, avec le soutien total de l’Occident, ses performances sur le terrain ne
représentent plus qu’une fraction de ce qu’elle pouvait autrefois démontrer. Même si les FDI/FOI parviennent un jour à se frayer un chemin jusqu’à Beyrouth, elles y arriveront
complètement meurtries. Ensuite, la vraie guerre commencera …
29. TSAHAL/FDI et le soi-disant «État»
d’Israël ont été exposés comme étant un organe entièrement dépendant et indivisible de l’Empire américain: La dépendance totale vis-à-vis des ponts aériens massifs
d’armes américaines, du THAAD, de l’Intervention politique américaine à l’ONU et d’autres arènes a exposé Israël comme n’étant rien sans l’infrastructure de survie fournie par les
Américains. L’image d’Israël en tant qu’État futur viable pour les juifs a ainsi été complètement brisée. Il ne peut exister pour l’instant
qu’avec l’Oncle Sam derrière lui. Quand l’Empire tombera, Israël tombera avec. Les ennemis (et alliés) d’Israël le notent bien et planifient
en conséquence.
Comment toutes ces «conditions initiales sensibles» – ces «réalisations» – se combineront-elles au cours des 6 à 12 prochains mois
pour former des effets imprévus plus importants ?
À chacun de l’envisager, mais l’image qui en ressort ne semble pas bonne pour Israël, quoi qu’il en soit pour le reste du Levant.
On le sait, une procédure contre l’entité sioniste pour génocide a été intentée auprès de la Cour internationale de Justice par le gouvernement sud-africain. Une procédure qui a été
rejointe par un certain nombre d’autres États comme la Belgique et le Mexique.
Il faudra du temps avant que la cour statue, qui dans une décision provisoire a parlé de risque plausible de génocide, statue définitivement.
Il va de soi que cette procédure déplaît à l’entité sioniste et à ses soutiens qui contestent qu’un génocide soit en cours. Ils le contestent sur la base de
leur propre définition du génocide qui ne correspond que partiellement à celle qui a été retenue par la Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide, convention adoptée en 1948 par l’ONU et qui a une portée universelle.
N’importe quel juriste de bonne foi considère que, au minimum, le risque de génocide à Gaza est réel et qu’il faudrait faire le nécessaire pour éviter sa
réalisation complète. L’analogie qui permet de comprendre ce point est celle entre la tentative de meurtre et le meurtre. C’est une fois le meurtre constaté qu’on pourra affirmer avec
certitude que la tentative observée avait bien pour finalité de tuer.
L’intention génocidaire est d’autant plus crédible qu’elle traverse le discours sioniste depuis des années et est particulièrement claire dans le slogan
sioniste «Une terre sans peuple pour un peuple sans terre».
Zachary Foster nous rappelle brièvement l’ancienneté et la teneur de la rhétorique génocidaire des
Sionistes.
Mounadil
al Djazaïri
*
Une brève histoire de la rhétorique génocidaire en Israël avant le 7 octobre
par Zachary
Foster
Depuis près d’un siècle, les dirigeants sionistes et israéliens font des déclarations génocidaires à l’encontre des Arabes et des Palestiniens. Cela a
commencé par l’accusation selon laquelle les Palestiniens seraient eux-mêmes génocidaires et seraient donc comparables aux animaux, aux nazis ou à Amalek. «Il n’y a pas de
Palestiniens innocents à Gaza», pour reprendre une expression qui date de bien avant octobre 2023. Voici un bref historique de la rhétorique génocidaire en Palestine et en Israël avant le
7 octobre.
Depuis les années 1930, les dirigeants sionistes se sont convaincus que les Arabes palestiniens étaient des génocidaires. Le chef de la Haganah [la milice
qui formera l’armature de l’armée de l’entité, NdT] de 1922 à 1931, Yosef Hecht, confiait dans
son journal que «nous sommes toujours
persécutés [et] assassinés par la majorité des peuples «civilisés», ou des peuples sauvages et cruels comme les Arabes… Leur intention à notre égard n’est pas seulement de nous humilier
mais aussi de nous détruire physiquement». Les sionistes ont compris très tôt qu’il n’y avait pas de meilleure justification à la violence contre les Palestiniens que
de dire vouloir empêcher leur propre anéantissement.
En août 1947, le chef de la communauté sioniste en Palestine, David Ben Gourion, a
fait écho à ce point de vue : «Le but des attaques
arabes contre le sionisme n’est pas le vol, la terreur ou l’arrêt de la croissance sioniste, mais la destruction totale du Yishouv [les colons juifs, NdT]». Ce ne sont pas des
«adversaires politiques», mais des «élèves
et des professeurs d’Hitler, qui prétendent qu’il n’y a qu’une seule façon de résoudre la question juive… l’annihilation totale». En fait, Hitler est le numéro un sur la liste
des personnes auxquelles les Palestiniens sont comparés, comme nous le verrons.
La guerre de 1948 éclata quelques mois plus tard et la machine de propagande sioniste se mit en branle. L’armée israélienne distribua des
tracts comparant l’ennemi arabe à Amalek, le peuple biblique que les Israélites avaient reçu l’ordre d’exterminer. Les dirigeants sionistes répandirent l’idée que les Arabes voulaient
«jeter les juifs à la mer».
Pourtant, l’historien israélien Shay Hazkani a
passé 15 ans à chercher de telles affirmations dans des sources arabes, et n’a rien trouvé, pas une seule référence à un rejet des juifs de Palestine à la mer.
Selon lui, «à en juger par les
documents que j’ai rassemblés pour mon dernier livre, les allégations concernant un plan arabe visant à «jeter les juifs à la mer» sont en réalité ancrées dans la propagande sioniste
officielle. Cette propagande a commencé pendant la guerre, peut-être pour encourager les combattants juifs à laisser le moins de Palestiniens possible dans les zones qui allaient devenir
une partie d’Israël».
«Montrez-moi les
motivations, je vous montrerai les résultats» est une expression qui devrait être plus populaire dans les discussions sur la rhétorique génocidaire parmi les dirigeants sionistes.
Après tout, un génocide des Palestiniens correspondait à un rêve sioniste devenu réalité : une terre sans peuple, pour un peuple sans terre.
L’attitude du «ils veulent tous nous tuer» est profondément ancrée dans la société israélienne. En 1970, un article de Davar, une publication israélienne de
«gauche», disait :
«Le
mouvement antisémite, dans toutes ses révélations antisionistes et anti-israéliennes, prouve que ses auteurs souhaitent achever la «solution finale» initiée par Hitler à travers la
répartition des rôles : les nations arabes continueront le génocide physique…»
C’est le «faiseur de paix» Yizhak Rabin qui s’est fait connaître grâce à ses messages de campagne génocidaires. En 1992, il avait
promis de «garder Gaza hors de
Tel-Aviv», ajoutant dans un moment d’inattention : «J’aimerais voir Gaza
sombrer dans la mer».
Après l’échec du processus d’Oslo et le déclenchement du deuxième soulèvement au cours duquel plus de 1000 Israéliens et 3000 Palestiniens ont été tués, la
rhétorique génocidaire s’est répandue comme une traînée de poudre. Plus la résistance palestinienne à la suprématie juive est féroce, plus la rhétorique génocidaire s’accentue, une
tendance qui est devenue évidente depuis le 7 octobre, mais qui était claire et nette bien avant.
La droite religieuse a mené la charge en 2001, lorsque le grand rabbin d’Israël Ovadia Yosef, en référence aux
Arabes, a déclaré : «Il est interdit
d’être miséricordieux envers eux. Vous devez leur envoyer des missiles et les anéantir. Ils sont mauvais et damnables». En 2010, il a
déclaré à propos du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du peuple qu’il dirige : «Tous ces gens mauvais
devraient disparaître de ce monde. Dieu devrait les frapper d’une épidémie, eux et ces Palestiniens».
Les rabbins ont aussi une arme secrète à leur disposition : la Bible. En 2010, le grand rabbin de Safed, Shmuel Eliyahu, a
publié un édit religieux cosigné par 50 auteurs religieux financés par les contribuables israéliens, citant un verset biblique génocidaire dans son appel à ne pas louer [de biens
immobiliers, NdT] aux Arabes : «Quand ton Dieu,
Yahweh, t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas hériter, il bannira les autres nations… Yahweh te les livrera, et tu les abattras. Détruis-les complètement, et ne signe aucun pacte
avec elles. Ne leur montre aucune pitié…»
La référence biblique a fourni un vernis pour rendre défendable ce qui était un appel pur et simple à un génocide contre les Palestiniens, émanant
de dizaines de rabbins payés par le gouvernement israélien.
En 2010, les rabbins Yitzhak Shapira et Yosef Elitzur ont
publié un guide juridique justifiant les meurtres de masse. L’ouvrage insiste sur le fait que le commandement contre le meurtre «ne s’applique qu’au
juif qui tue un juif, et non au juif qui tue un non juif, même si ce non juif est l’un des justes parmi les nations». Tout comme les autres rabbins génocidaires, Shapira et Elitzur
n’ont eu à subir aucune conséquence.
Les justifications religieuses du génocide avancées par les chefs spirituels d’Israël ont eu leur pendant avec les justifications politiques et militaires
avancées par le courant dominant du pays [non religieux, NdT].
En novembre 2012, lors de la guerre contre Gaza, Gilad Sharon, militant du parti de centre-gauche Kadima, a appelé l’armée israélienne à «raser complètement
Gaza». «Le désir d’empêcher
que des civils innocents à Gaza ne soient blessés», écrivait-il dans le Jerusalem Post,
«finira par
porter préjudice aux véritables innocents : les habitants du sud d’Israël. Les habitants de Gaza ne sont pas innocents. Ils ont élu le Hamas… ils ont choisi cela librement et doivent
vivre avec les conséquences».
En juin 2014, Netanyahou avait qualifié d’«animaux humains» les membres dissidents du Hamas qui avaient enlevé et tué trois adolescents
israéliens. Les dirigeants israéliens avaient exploité cet épisode pour arrêter des centaines de responsables du Hamas en Cisjordanie, déclarant ainsi la guerre à l’organisation. En
quelques semaines, Israël avait déclaré une guerre totale à Gaza, tuant 2 251 Palestiniens, en majorité des civils, lors de son attaque de 51 jours en juillet 2014.
Lors de l’agression contre Gaza, la députée israélienne Ayelet Shaked, membre d’un des principaux partis de la coalition gouvernementale, a
publié un message sur Facebook décrivant l’ensemble du peuple palestinien comme des cibles légitimes :
«Les soldats ennemis
se cachent parmi la population et c’est seulement grâce à son soutien qu’ils peuvent combattre. Derrière chaque terroriste se trouvent des dizaines d’hommes et de femmes, sans lesquels il
ne pourrait pas s’engager dans le terrorisme. Les acteurs de la guerre sont ceux qui incitent à la haine dans les mosquées, qui rédigent les programmes scolaires meurtriers, qui leur
offrent un abri, qui leur fournissent des véhicules et tous ceux qui les honorent et leur apportent leur soutien moral. Ce sont tous des combattants ennemis et leur sang retombera sur
leurs têtes».
Elle avait ensuite déclaré que les mères palestiniennes donnent naissance à des serpents, ce qui revient à appeler au massacre des centaines de
milliers de femmes palestiniennes de Gaza en âge d’élever des enfants.
Pendant tout ce temps, les dirigeants israéliens continuaient à comparer les Palestiniens aux nazis. En 2015, le Premier ministre israélien Netanyahou
lançait une nouvelle théorie de l’histoire, affirmant que c’était un Palestinien, Amin al-Husseini, qui avait donné à Hitler l’idée d’exterminer les juifs d’Europe. Aucun historien
ne croit à cette théorie, mais les faits n’ont jamais eu d’importance lorsqu’il s’agissait de décrire les Palestiniens comme des génocidaires.
En fait, Netanyahou a l’habitude de faire référence à la terminologie de l’époque nazie lorsqu’il parle des Palestiniens. «La Judée et la
Samarie ne peuvent pas être Judenrein», a
déclaré un proche de Netanyahou à Frank-Walter Steinmeier. Judenrein était le terme utilisé par les nazis pour désigner l’élimination des juifs en Allemagne.
En 2018, les plus hautes sphères de l’establishment politique israélien étaient désormais ouvertement génocidaires. Comme ce fut le cas en 2012 et 2014, la
rhétorique génocidaire s’inscrivait dans le contexte de la résistance palestinienne à l’assujettissement.
En réponse au mouvement de protestation de 2018 à Gaza, connu sous le nom de Grande marche du retour, une forme de lutte non armée pour la liberté à la
manière de Ghandi, le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman avait déclaré :
«Il faut
comprendre qu’il n’y a pas d’innocents dans la bande de Gaza. Tout le monde a un lien avec le Hamas». «Il n’y a pas
d’innocents dans la bande de Gaza». Tels étaient les mots du ministre israélien de la Défense en 2018.
Depuis le 7 octobre, la rhétorique génocidaire s’est déplacée des marges vers tous les recoins du courant dominant israélien. Nous avons désormais
besoin de
bases de données pour garder la trace des centaines et centaines de déclarations génocidaires faites par les médias, l’establishment politique et l’armée israéliens. Ce n’est pas
comme s’il y avait eu des signes avant-coureurs.
Lorsqu’ils sont entrés à Gaza le
27 octobre, après trois semaines de bombardements aériens à la suite de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les soldats israéliens ont emporté leurs iPhones avec
eux.
“Nous vivons à l’ère de la technologie, et cela a été décrit comme
le premier génocide de l’histoire diffusé en direct ”, a déclaré la romancière palestinienne Susan Abulhawa à l’unité d’enquête d’Al Jazeera (I-Unit).
Au cours de l’année
qui a suivi, les soldats israéliens ont publié des milliers de vidéos et de photos sur Instagram, Facebook, TikTok et YouTube.
Ces vidéos et photos
constituent la base du nouveau film d’I-Unit, qui enquête sur les crimes de guerre israéliens principalement par le biais des preuves fournies par les soldats israéliens
eux-mêmes.
C’est, selon Rodney
Dixon, un expert en droit international présenté dans le film, “un trésor que vous rencontrez très rarement. Quelque chose sur
lequel je pense que les procureurs se lècheront les babines”.
Comment cette enquête a-t-elle été menée ?
Alors que les journalistes occidentaux cherchent à dépeindre la guerre contre Gaza comme complexe et nuancée, un flot de publications sur les réseaux sociaux de
soldats israéliens suggérait qu’ils ne la considéraient pas du tout comme cela.
I-Unit a donc décidé d’enquêter sur ces publications.
Elle s’attendait à devoir consacrer des ressources considérables à la géolocalisation – l’utilisation de cartes satellites et d’autres sources pour identifier
des emplacements spécifiques – et à l’utilisation d’un logiciel de reconnaissance faciale afin d’identifier les soldats présentés sur les photos et les vidéos. Ce qu’il a découvert,
cependant, c’est que, pour la plupart, les soldats publiaient du matériel en leur propre nom sur des plateformes accessibles au public et donnaient souvent des détails sur le moment et
l’endroit où les incidents décrits avaient eu lieu.
I-Unit a commencé à collecter ces vidéos et photos, compilant une base de données de plus de 2 500 comptes de médias sociaux.
Elle a montré les images à un éventail d’experts militaires et des droits de l’homme, dont Dixon, Charlie Herbert, major général à la retraite de l’armée
britannique, et Bill Van Esveld, directeur associé pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch.
Elle a également fait appel à des équipes sur le terrain pour filmer les dépositions des témoins et a utilisé des images de drones israéliens collectées
par Al Jazeera Arabic.
Qu’a trouvé l’enquête ?
Le comportement affiché sur les photos et les vidéos va des blagues grossières et des soldats fouillant dans les tiroirs de sous-vêtements des femmes à ce qui
semble être le meurtre de civils non armés.
Il appartiendra aux procureurs de décider de la culpabilité ou non des soldats, mais Dixon et Van Esveld ont déclaré à Al Jazeera que plusieurs des incidents documentés
méritaient une enquête par des enquêteurs internationaux.
La plupart des photos et vidéos entraient dans l’une des trois catégories suivantes : destruction gratuite, mauvais traitements infligés aux détenus et
utilisation de boucliers humains. Tous les trois peuvent constituer des violations du droit international humanitaire (DIH) et des crimes de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour
pénale internationale.
Destruction gratuite
Les vidéos montrent fréquemment des soldats en train de démolir des maisons et de détruire des biens et des possessions. D’autres montrent des maisons
incendiées. La caractéristique la plus récurrente étant l’explosion de bâtiments.
“Le fait
même qu’ils aient pu placer des explosifs dans ces
bâtiments montre très clairement qu’il n’y avait aucune menace présente dans ces bâtiments”, a déclaré Herbert
à Al Jazeera.
”Il n’y a aucune
justification pour détruire une structure si l’ennemi n’y est pas“, a déclaré Van Esveld. “Vous ne pouvez pas vous promener sans raison, détruisant
inutilement des biens civils. C’est interdit”, a-t-il ajouté. “Et si vous le faites régulièrement, cela devient un crime de guerre.”
Que dit la Ligue des droits de l’homme sur la destruction des biens ?
L’article 8(2) (a) (iv) du Statut de Rome interdit “la destruction et l’appropriation extensives de biens, non
justifiées par des nécessités militaires et effectuées illégalement et sans motif”.
Mauvais traitements des détenus
Certaines des vidéos montrent un grand nombre de détenus déshabillés jusqu’à leurs sous-vêtements, maintenus dans des positions stressantes et moqués pour
s’être souillés. L’une montre des détenus nus et presque nus, ligotés et les yeux bandés, frappés à coups de pied et traînés par terre.
Dans une vidéo, un soldat franco-israélien filme un détenu tiré de l’arrière d’un camion et dit: “Regardez, je vais vous montrer son dos. Tu vas rire de ça. Il a
été torturé.”
”La torture est l’un des
crimes internationaux les plus graves. Très souvent, cependant, il est difficile d’obtenir des preuves. Ce genre de matériel où vous avez des personnes à la caméra admettant qu’elles ont
participé à la torture serait très utile à tout enquêteur ou procureur“, a déclaré Dixon à Al Jazeera.
Les vidéos des soldats sont complétées par des témoignages recueillis par l’équipe de I-Unit à Gaza. Le film diffuse trois témoignages de coups et
d’abus.
”Ils ont emmené mon
fils, l’aîné, qui venait de se marier“, a déclaré Abu Amer. “Il a été torturé. Je pouvais entendre ses cris alors qu’ils
l’étouffaient et le battaient dans la pièce adjacente. Nous ne pouvions rien faire avec les fusils pointés sur nos têtes. Nous ne pouvions pas bouger.”
Abu Amer raconte qu’un soldat a dit à son fils : “Rien ne nous empêche de te tuer. On pourrait tous vous tuer.
C’est normal. Personne ne nous dissuadera, et personne ne nous demandera des comptes.”
Les femmes ont également été maltraitées. Hadeel Dahdouh a déclaré qu’un soldat lui avait donné un coup de pied dans le ventre. “Il m’a frappé dans le dos avec le pistolet et sur la tête avec un
morceau de métal à la main. Je lui ai demandé
« desserrez les menottes », mais il ne faisait que les resserrer davantage.”
Un autre Palestinien de Gaza, Fadi Bakr, a déclaré qu’il avait été forcé de s’allonger sur un cadavre en décomposition par un soldat qui menaçait de
l’exécuter.
Plus tard, au centre de détention de Sde Teiman, dans le sud d’Israël, il a déclaré avoir vu des gardiens utiliser un chien pour violer un jeune détenu de sexe
masculin.
Que dit la Ligue des droits de l’homme sur les mauvais traitements infligés aux détenus ?
L’article 8(2) (a) (ii) du Statut de Rome interdit “la torture ou les traitements inhumains, y compris les
expériences biologiques” ; tandis que l’article 8 (2)(b)(xxi) interdit “de commettre des atteintes à la dignité de la personne, en
particulier des traitements humiliants et dégradants”.
Boucliers humains
I-Unit a interrogé six personnes qui ont témoigné avoir été utilisées comme boucliers humains par les troupes israéliennes.
Abu Amer a décrit comment, lors d’affrontements entre soldats israéliens et combattants palestiniens, les soldats israéliens “nous ont emmenés, les hommes, et nous ont placés près du balcon.
Ils ont placé leurs armes au-dessus de nos têtes et ont tiré sur les jeunes hommes de l’autre côté.”
Il dit qu’il a ensuite été forcé d’inspecter les bâtiments à la recherche de pièges et d’embuscades pendant qu’un soldat le surveillait depuis un balcon avec
une mitrailleuse. “Il a dit, essayez n’importe quoi et
je vous tuerai.”
Des images rassemblées par Al Jazeera Arabic le confirment. Elle montre un détenu
forcé d’inspecter des bâtiments vides tout en étant surveillé par un drone.
Des images séparées montrent des détenus ensanglantés équipés de caméras afin qu’ils puissent entrer dans des bâtiments que les troupes n’ont pas encore
sécurisés.
Une photo prise par un soldat israélien dans la ville de Gaza en novembre – et publiée en ligne – montre deux détenus marchant devant un char avec un soldat
derrière eux. Dans une interview, l’un des hommes a décrit plus tard comment ils avaient été contraints et utilisés comme boucliers humains.
À l’hôpital Nasser de Khan Younis, en février, un jeune homme a été forcé d’agir comme messager par les Israéliens, ordonnant aux personnes déplacées d’évacuer
le bâtiment. L’homme a ensuite été abattu par un tireur embusqué devant sa mère.
Utiliser des personnes pour effectuer des tâches militaires est “à bien des égards la définition de l’utilisation de personnes
comme bouclier humain”, a expliqué Dixon.
I-Unit a obtenu une vidéo de Palestiniens utilisés comme boucliers humains.
I-Unit a interrogé la mère de la
victime et un autre témoin.
Que dit la Ligue des droits de l’homme sur l’utilisation de boucliers humains ?
L’article 8(2) (b) (xxiii) du Statut de Rome interdit “d’utiliser la présence d’un civil ou d’une autre personne
protégée pour mettre certains points, zones ou forces militaires à l’abri d’opérations militaires”.
Y a-t-il des unités particulières qui figurent en bonne place sur les photos et les vidéos ?
Le Bataillon d’ingénierie de combat 8219 – également connu sous le nom de Commando Gadhan – figure en bonne place dans les vidéos publiées en ligne.
Il a détruit des centaines de bâtiments dans la ville de Gaza, puis a progressé vers le sud de la bande où, entre le 28 décembre et le 9 juin, il a entièrement
détruit Khirbet Khuza’a, une ville de 13 000 habitants proche de la clôture séparant Gaza d’Israël.
“Nous … avons détruit un
village entier pour nous venger de ce qu’ils ont fait au Kibboutz Nir Oz le 7/10”, a écrit le capitaine Chai Roe Cohen de la compagnie C du bataillon 8219 dans un post Instagram le 7
janvier. Nir Oz se trouve juste de l’autre côté de la clôture de Khirbet Khuza’a et a été attaqué le 7 octobre, avec environ un quart de ses habitants tués ou capturés.
“La rhétorique de
vengeance que nous avons entendue de la part de certains soldats israéliens est inquiétante. Les atrocités ne justifient pas les atrocités”, a déclaré Van Esveld à Al Jazeera.
Le 8219 était commandé lors de ses opérations à Gaza par le lieutenant-colonel Meir Duvdevani.
“La Cour pénale
internationale recherchera ceux qui se trouvent en haut de la chaîne de commandement et des preuves provenant directement des commandants sur les ordres qu’ils ont donnés et la manière dont
ils commandent et contrôlent les troupes sont des preuves capitales”, a déclaré Dixon.
I-Unit a également examiné une vidéo mise en ligne par un soldat appelé Shalom Gilbert, membre du Bataillon de parachutistes 202. La vidéo montre trois hommes
non armés tués par des tireurs d’élite.
“Ce n’est pas parce
qu’un civil se promène dans une zone où se déroulent des combats qu’il est équitable … S’il s’implique dans les hostilités à un moment donné, oui, il perd son statut de civil. Ils peuvent
être ciblés. Mais ensuite, vous devez montrer la preuve qu’ils représentent une menace pour vous … C’est potentiellement une question que la Cour pénale internationale voudra examiner”,
a déclaré Dixon.
Le bataillon 202 contenaient une équipe de tireurs d’élite, connue sous le nom d’Unité Fantôme, composée de 21 personnes.
Complicité occidentale
Le gouvernement israélien fait actuellement l’objet d’une enquête pour génocide à la Cour internationale de Justice. Cela soulève la possibilité que tous les
pays qui ont prêté assistance à l’effort de guerre d’Israël puissent également être inculpés.
Entre 2019 et 2023, 69% des importations d’armes israéliennes provenaient des États-Unis et 30% d’Allemagne. Tous deux ont continué à fournir des armes tout au
long de ce conflit, bien que les approvisionnements allemands aient diminué depuis le début de cette année.
Le film présente des reportages de Declassified UK, qui montrent le rôle central joué par la
base britannique de la RAF, Akrotiri sur l’île de Chypre. Les Britanniques effectuent des vols de surveillance au-dessus de Gaza depuis début décembre, soi-disant pour faciliter le sauvetage
des captifs israéliens.
Dans le film, Matt Kennard de Declassified UK a fait valoir que cela “n’explique pas” les vols. Il n’y avait “que deux otages britanniques à Gaza. Il y avait jusqu’à 1 000
heures d’images [de surveillance] en mars.”
Les avions R1 Shadow utilisés par les Britanniques ont une capacité de repérages de cibles.
”Lorsque vous commencez
à agir dans un conflit à un niveau tel que les personnes sur le terrain qui se battent utilisent vos informations pendant qu’elles se battent, vous pouvez devenir une partie au conflit“,
a expliqué Van Esveld.
“Si vous savez et que
vous continuez à fournir des armes et des informations de ciblage, d’autant plus si vous savez que le résultat est une violation flagrante des droits de l’homme, alors
vous êtes passif également de complicité.
Donc, vous savez, le déni que vous êtes profondément impliqué dans ce qui se passe à Gaza commence à ne plus tenir”, a-t-il ajouté.
I-Unit a interrogé le gouvernement du Royaume-Uni sur ses vols de surveillance. Il nous a répondu : “Le Royaume-Uni ne participe pas au conflit entre Israël et le
Hamas … Par principe, nous ne fournissons des renseignements à nos alliés que lorsque nous sommes convaincus qu’ils seront utilisés conformément au Droit international humanitaire. Seules les
informations relatives au sauvetage des otages sont transmises aux autorités israéliennes.”
Il a ajouté : “Notre
priorité reste de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza afin que les otages puissent être libérés, les civils protégés et que l’aide affluent.”
Il
fallait qu’il ait l’air différent. S’il n’avait pas semblé différent, nous ne l’aurions jamais laissé franchir la porte.
Lorsque l’Holocauste est revenu, il est venu en dénonçant l’antisémitisme et en portant une étoile de David.
Il n’allait jamais ressembler à ce que nous attendions. Il n’allait pas se présenter dans son vieux costume familier avec la croix courbée et la petite
moustache, en mettant tous les problèmes sur le dos des juifs.
Il fallait qu’il ait l’air différent. S’il n’avait pas semblé différent, nous ne l’aurions jamais laissé franchir la porte.
Et c’est encore ce qui déconcerte beaucoup de gens : il a l’air différent. Il ne ressemble pas à ce que tous les films sur la Seconde Guerre mondiale et les
romans sur l’Holocauste nous ont appris à surveiller. En fait, c’est tellement différent que les victimes de la dernière histoire ont la même religion que les antagonistes de la
nouvelle.
Le vieil aphorisme «L’histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent» est vrai parce que les gens n’ont pas tendance à faire deux fois exactement la même
erreur de la même manière, mais le conditionnement qui les a conduits à faire la première erreur les amènera souvent à en faire une deuxième similaire. Nous avons tous été trop
familiarisés avec le programme d’extermination nazi pour accepter que des juifs soient à nouveau rassemblés et embarqués dans des trains, mais nous n’avons pas non plus purgé notre
civilisation de toute la violence, de la haine et de la tyrannie qui l’ont rendue possible. C’est pourquoi ce nouvel Holocauste a pu se produire.
Nous avons tous été conditionnés à guetter le prochain Hitler, mais il n’y aura jamais d’autre Hitler. Nous nous sommes tellement concentrés sur la
recherche de l’Hitler qui ne viendra jamais que beaucoup d’entre nous ont manqué le moment où nous avons commencé à chanter des vers qui riment avec ceux que nous entendions en Allemagne
il y a huit décennies.
Les gens supposent que ce qui se passe à Gaza ne peut pas être un véritable génocide, parce que les médias ne cessent d’assurer à tout le monde que ce n’est
pas ce à quoi nous assistons, tout comme le font les politiciens des deux partis.
Les gens disent : «Ce n’est pas possible que ce soit ce à quoi ça ressemble».» Si c’était le cas, nous en aurions entendu parler dans les journaux».
Les méchants de cette nouvelle histoire ne ressemblent pas aux méchants de l’ancienne histoire et, si vous êtes un occidental correctement endoctriné, ils
pourraient ne pas ressembler du tout à des méchants. Ils pourraient simplement ressembler à des juifs qui se défendent contre des terroristes et à des gouvernements occidentaux qui
défendent à juste titre leur cher allié – ce qui est exactement ce qu’ils devraient faire s’ils veulent éviter un nouvel Holocauste !
Mais c’est justement cette perception erronée qui rend possible l’Holocauste d’aujourd’hui. Cette atrocité de masse est tolérée par une grande partie de la
population précisément parce que nous considérons qu’il est intolérable qu’un grand nombre de juifs soient tués par ceux qui les haïssent, sans comprendre que les personnes qui ont été
tuées le 7 octobre l’ont été non pas en raison de leur religion, mais parce qu’elles faisaient partie d’un projet de colonisation qui repose sur l’abus perpétuel d’une population
autochtone préexistante.
Les gens défendent les actions d’Israël en disant qu’Israël a des raisons de faire les choses comme il les fait. Ils doivent bombarder
Gaza – ils ont subi une attaque non provoquée de la part d’une bande de terroristes malfaisants. Ils doivent bombarder
tous les hôpitaux, toutes les écoles et toutes les mosquées – c’est là que se cache le Hamas. Ils doivent bombarder
les zones remplies d’enfants – le Hamas utilise ces enfants comme boucliers humains.
Mais ceux qui commettent des atrocités de masse justifient toujours leurs
actes. Ils ont toujours des
raisons de le faire. Ils les présentent toujours comme
un acte nécessaire d’auto-préservation.
C’est toujours à cela qu’aurait ressembler le prochain Holocauste. Il n’y aurait jamais eu de nouveaux méchants ricanant et se tordant la moustache en
disant : «Haha, nous sommes méchants ! Tuons un tas de gens parce que nous sommes méchants !». Ils se seraient toujours présentés comme les héros et les victimes, et l’autre camp comme
les méchants et les bourreaux. Ils présenteront toujours un tas de raisons pour lesquelles ce qu’ils font est en fait bon et juste, même si cela semble maléfique à première vue.
Si nous voulons prévenir les atrocités génocidaires, nous devons être capables de reconnaître ce qui se passe en temps réel, et nous ne pouvons pas le faire
si nous nous attendons à ce qu’elles se présentent sous une forme familière et immédiatement reconnaissable. Nous devons être capables de voir à travers les manipulations et les
justifications ici et maintenant afin de pouvoir les arrêter dans leur élan au lieu d’attendre que l’histoire les juge dans notre rétroviseur après qu’elles se soient déjà
produites.
Il est important de le reconnaître lorsqu’il s’agit de sauver Gaza, et il est important de le reconnaître lorsqu’il s’agit d’empêcher les Holocaustes du
futur. Ils ne seront jamais identiques à ceux du passé. Leur forme sera sans précédent et leur orchestration sera justifiée différemment. Mais ils rimeront. Et nous devons être en mesure
de nous en rendre compte au moment où cela se produit.
Il est primordial de comprendre que l’État sioniste d’Israël ne sait résoudre les conflits qu’avec la force militaire et des réactions violentes. En raison
de cette politique étrangère profondément ancrée depuis sa fondation en tant qu’État terroriste à part entière, il n’y a pas de place pour la négociation et/ou le compromis sur quoi que
ce soit. Car cette tribu de meurtriers et de voleurs invétérés n’a jamais signé de traité ou de trêve, d’accord ou de pacte de bonne foi ; et ils ne le feront jamais. En fait, l’État
d’apartheid d’Israël a été fondé par les formes les plus violentes de terrorisme ; il est soutenu par le terrorisme ; et ne peut exister à l’avenir que de la même manière.
La dure réalité est que l’État d’Israël a été délibérément créé comme une opération terroriste nationale pour être utilisé comme un proxy par l’OTAN (alias
Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord). Les États-Unis et le Royaume-Uni utilisent particulièrement Israël pour garder tous les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient sous
leur coupe, ce qu’ils font depuis la Seconde Guerre mondiale. Cependant, l’ensemble de l’échiquier militaire et géopolitique du Moyen-Orient a radicalement changé depuis la création
d’Israël en 1947.
Par exemple, l’Iran et d’autres ennemis d’Israël possèdent désormais certaines des technologies d’armes de drones et d’armes ICBM hypersoniques les plus
avancées de la planète. De plus, l’Iran dispose désormais d’armes nucléaires qui peuvent transformer Israël en un parking vitrifié en quelques heures. Ce à quoi la communauté
internationale assiste réellement aujourd’hui, c’est la profonde frustration et l’anxiété d’Israël face à cette situation toujours plus difficile. Car la situation ne fait qu’empirer de
jour en jour, alors que les terroristes les plus acharnés et les bellicistes incorrigibles de Tel-Aviv et de Jérusalem creusent pour eux-mêmes une tombe de plus en plus profonde à chaque
acte de terrorisme et de guerre.
Comment
cela ?
C’est désormais la dynamique quotidienne, qui a commencé sérieusement avec l’opération terroriste sous fausse bannière du 7 octobre perpétrée par le groupe
terroriste Tsahal/MOSSAD contre le peuple israélien :
Tout d’abord, Israël assassine un dirigeant politique ou militaire iranien, du Hamas ou du Hezbollah. Ensuite, il y a des représailles mineures pour ces
assassinats terroristes. Ensuite, Israël utilise ces représailles militaires justifiées comme justification pour bombarder sans retenue tout endroit qu’il choisit. Les cibles civiles
telles que les hôpitaux, les écoles, les immeubles d’habitation, les crèches, les banques, les camps de réfugiés, etc. entraînent inévitablement la mort d’un grand nombre de femmes et
d’enfants, de personnes âgées et d’infirmes, assassinés en masse par Tsahal, générant ainsi encore plus de haine anti-israélienne dans le monde entier.
Nous assistons aujourd’hui à des actes de tromperie encore plus désespérés et à des stratagèmes éhontés de tromperie pure et simple de la part de l’équipe
Netanyahou, dans le but de réfuter d’une manière ou d’une autre la légitimité des diverses accusations de génocide émises contre les principaux dirigeants militaires israéliens par les
tribunaux internationaux. Comme suit :
Tout
indique une attaque de drone sous fausse bannière contre la maison de Netanyahou pour justifier une contre-attaque contre Teheran.
Voyez-vous
ce qui se passe ici ?
Israël est comme un chien enragé, mordant tout ce qui se trouve à sa portée en raison de sa propre impuissance paralysante et de son idéologie sioniste
autodestructrice. Cependant, au fond de lui-même, chaque chien enragé sait qu’il doit être abattu pour son propre bien et pour le bien de toutes les futures victimes.
La
véritable leçon du 7 octobre est qu’Israël ne peut pas être réformé
Ce qui signifie que l’État sioniste d’Israël a un désir de mort. Car chaque action belliqueuse entreprise par Israël n’a fait que sceller davantage son
destin. D’une manière ou d’une autre, la communauté internationale des nations se débarrassera de ce cancer mortel, qui n’a apporté que d’innombrables morts et destructions au
Moyen-Orient ainsi que sur d’autres continents loin de ce que l’on appelle communément le projet du Grand Israël.
POINTS
CLÉS : Parce qu’Israël est devenu la nation paria la plus détestée de l’histoire moderne, même ses soi-disant amis ne l’aiment pas ; après tout, qui veut être associé à un
régime nazi génocidaire ? Plus important encore, de nombreux traités secrets de défense mutuelle ont été signés par divers pays alignés sur les BRICS, de sorte que, si Israël attaque à
nouveau l’Iran, l’axe anglo-américano-sioniste attaque en réalité la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie, l’Égypte, entre autres. Étant donné le niveau d’armement hautement sophistiqué
qui vise Israël dans un échange de tirs tous azimuts, Israël serait réduit en ruines en un jour et une nuit. Et la junte de Netanyahou le sait, c’est pourquoi elle a recours au massacre
perpétuel d’innocents sans défense dans les zones environnantes où la résistance est relativement impuissante.
Note de
l’éditeur de SOTN :
La guerre en Ukraine a commencé parce que la Russie de Poutine est entrée en Syrie en 2015 pour arrêter l’invasion terroriste en cours de l’empire
anglo-américano-sioniste, ce qui a jeté un ÉNORME obstacle au projet du Grand Israël. Cela a rendu l’État sioniste d’Israël extrêmement furieux. Et leur seul moyen de contraindre la
Russie à quitter le Moyen-Orient était de préoccuper leurs forces armées avec une menace majeure pour Moscou en provenance de l’Ukraine, pensaient-ils.
Le coup d’État de Maïdan a été spécialement programmé pour détruire les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi et pour profiter de l’attention portée par les
Russes aux énormes exigences de sécurité des jeux. Cela a également été réalisé comme une vengeance de la Cabale khazare, comme en témoigne la guerre déclenchée par Victoria «Nudelman»
Nuland.
Le gouvernement israélien et l’armée ont-ils déjà perdu la bataille de la communication concernant Yahya Sinwar? Le récit de sa mort combattante et les détails donnés par Tsahal défont toute
l’image que Tel-Aviv a voulu imposer sur les chefs du Hamas. Ajoutons que l’absence d’accès aux preuves alléguées de la mort de Sinwar transforment naturellement le récit du 16 octobre en une
mythologie, qui galvanise les pays de l’Axe de la Résistance et une grande partie du monde arabo-musulman; et qui insinue le doute dans l’esprit des Occidentaux
Il existe désormais un récit bien établi de la mort de Yahya Sinwar, grâce, paradoxalement, à la communication choisie par l’armée israélienne.
Les images présentées ont été filmées par un drone:
Comment on crée un mythe
Le Hamas a confirmé la mort de
son chef. Avouons qu’on avait eu, jusque-là peu d’éléments concrets à part des affirmations venues d’Israël et des photos difficiles à authentifier:
La propagande israélienne avait voulu nous persuader que Sinwar était un lâche, caché au fond d’un tunnel, portant un gilet d’explosifs et entouré d’otages. L’armée
israélienne finit par nous avouer le contraire. Sinwar était un combattant et il est mort les armes à la main, en luttant avec ses compagnons d’armes, jusqu’à son dernier souffle.
On peut imaginer sans peine que Sinwar avait déjà mené, depuis octobre 2023 plusieurs attaques de ce type contre les troupes israéliennes. Celle du 17 octobre 2024
lui a été fatale.
D’où vient l’erreur d’appréciation israélienne?
En réalité, les Israéliens n’ont pas seulement commis une erreur de communication. Ils ont sincèrement pensé qu’ils humiliaient Sinwar et les Palestiniens en le
montrant, mourant, isolé, dans une maison détruite.
Ils en ont fait un héros.
Je conclurai par l’un des posts les plus fins que j’ai trouvé sur X, pour expliquer la psychologie israélienne :
La culture israélienne a quelque chose d’extraordinaire. Quoi que l’on pense de Sinwar, il est mort comme un héros hollywoodien. Le dernier homme debout, seul parmi ses camarades morts,
couvert de poussière, à peine vivant, contre toute attente, utilisant le bras qui lui reste pour lancer l’arme la plus proche qu’il puisse atteindre vers le drone sans cervelle piloté par
un lâche qui se cache derrière la machine. C’est comme dans Terminator, mais en vrai. Et les Israéliens pensent qu’ils humilient Sinwar et la résistance palestinienne en rendant cela
public. Il y a quelque chose de profondément détraqué dans la société israélienne
On peut le dire autrement : Sinwar incarne soudain le combat fragile mais résolu
de l’homme face une société robotisée, de surveillance etc….C’est l’image que retiendront la majorité des habitants de la planète, même si Tel-Aviv continue à nous demander de dénoncer le
terrorisme de Sinwar et des autres combattants du Hamas.
«Un an après le 7 octobre : La guerre sans fin d’Israël»
Contrairement à une idée reçue, l’Assemblée générale des Nations unies n’a accepté l’adhésion d’Israël que sous condition (résolution 273). Or, Tel-Aviv n’a jamais respecté ses
engagements. Il refuse d’appliquer 229 résolutions du conseil de Sécurité et de l’assemblée générale. Il vient de déclarer une agence de l’ONU « organisation terroriste », a
appelé à raser son siège à New York, a désigné persona non grata son secrétaire général António Guterres, et vient d’attaquer quatre
fois les forces de l’ONU au Liban (FINUL), blessant deux casques bleus.
Benyamin Netanyahou, dans une allocution télévisée, le 13 octobre, a déclaré : « Je voudrais lancer un appel direct au Secrétaire général de
l’ONU. Le moment est venu pour vous de retirer la FINUL des bastions du Hezbollah et des zones de combat. L’armée israélienne l’a demandé à plusieurs reprises et a essuyé des refus répétés, ce
qui a pour effet de fournir des boucliers humains aux terroristes du Hezbollah. Votre refus d’évacuer les soldats de la FINUL les a transformés en otages du Hezbollah, les a mis en danger, ainsi
que nos soldats ».
Lors du retrait britannique de la Palestine
mandataire (c’est-à-dire de la Palestine placée par la SDN sous l’administration provisoire du Royaume-Uni), le 14 mai 1948, le Conseil général sioniste, émanation de la Haganah (c’est-à-dire la
principale milice de la communauté juive immigrée), proclama unilatéralement l’indépendance de l’État d’Israël. Elle fut annoncée par le président de l’Agence juive (c’est-à-dire l’exécutif de
l’Organisation sioniste mondiale)
Il importe ici de préciser que l’occupant britannique ne se retira que d’environ un quart de la Palestine mandataire. Il avait déjà officiellement quitté les trois
autres quarts, constituant la Transjordanie mandataire, future Jordanie.
Après quelques jours de réflexion, l’assemblée générale des Nations unies décida de reconnaître le nouvel État, non sans avoir souligné qu’en principe, ce n’était
pas à une milice, la Haganah, de proclamer un État, même si cette proclamation venait combler le vide du départ de l’autorité mandataire, c’est-à-dire des Britanniques. L’assemblée générale avait
bien noté que la proclamation d’indépendance ne disait rien du régime de cet État (théocratie ou république), ni de ses frontières. Elle entendait poursuivre son plan en vue de la création d’un
État binational, à la fois arabe et juif, sans continuité territoriale entre les deux entités (Jérusalem et Bethléem ayant un statut international). Elle avait été rassurée par la référence du
nouvel État à « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous les citoyens sans distinction de croyance, de race et de sexe. »
Dès le lendemain de l’indépendance, l’Égypte, l’Irak, la Transjordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen envoyèrent leurs armées en Palestine. L’histoire officielle
assure aujourd’hui que ces six pays (les « arabes », comprenez les « musulmans ») n’acceptaient pas un État juif, alors que cinq d’entre eux s’opposaient à la colonisation
juive après la colonisation britannique et que le sixième soutenait Israël. La religion n’était un problème que pour Izz al-Din al-Qassam, les Frères musulmans et le mufti nazi Mohammed Amin
al-Husseini. Identiquement, la propagande assure que ces armées furent battues en brèche par la valeureuse armée israélienne, sous-entendu « depuis le premier jour, les juifs sont moralement
supérieurs aux arabes ». La réalité fut tout autre. La guerre mondiale venait de se finir et aucun de ces pays, hormis la Transjordanie, n’avait d’armée digne de ce nom. Leurs troupes
étaient exclusivement formées de volontaires. En outre, l’armée transjordanienne, qui mit fin au conflit, se battit du côté d’Israël contre les autres arabes. En effet, la Transjordanie, toujours
sous influence britannique, espérait empêcher la création d’un État palestinien et annexer son territoire. Son armée n’était autre que celle des Britanniques (la « Légion arabe ») et
était toujours placée sous le commandement du général John Bagot Glubb (alias « Glubb Pacha »). Ce sont les Transjordaniens (en fait les Britanniques) et non pas les Israéliens qui ont
vaincus les autres armées arabes. Au cours du conflit, son souverain, le roi Abdallah Ier a d’ailleurs été proclamé « roi de Palestine. »
Durant ce conflit, les forces israéliennes, laissèrent les Britanniques de Transjordanie se battre contre les arabes et appliquèrent quant à elles le Plan D (en hébreu : Plan
« Dalet »). La Haganah entendait en effet partager le moins de territoires possibles avec la Transjordanie. Les forces israéliennes importèrent illégalement des armes de Tchécoslovaquie
(déjà dirigée par les communistes), probablement avec l’accord de l’URSS, prétendument pour lutter contre la colonisation britannique, en réalité pour expulser les Palestiniens. C’est
la Nakba (catastrophe). 750 000 Palestiniens (soit entre 50 et 80 % de la population) sont déplacés de force.
Israël demande et obtient, l’année suivante, son adhésion aux Nations unies. À cette époque aucun État décolonisé n’en fait partie. Les pays sous influence
anglo-saxonne y sont majoritaires. Cependant ils n’acceptent Israël que sous condition. Dans sa résolution 273, l’assemblée générale de l’ONU fait référence à un engagement écrit du ministre des
Affaires étrangères du gouvernement provisoire d’Israël, Moshé Shertok, par lequel il « accepte sans réserve aucune les obligations découlant de la Charte des Nations Unies et s’engage à les
observer du jour où il deviendra Membre des Nations Unies » [1].
À ce jour, Israël n’a pas respecté cet engagement et ne s’est pas conformé à 229 résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Son adhésion
pourrait donc être suspendue à tout moment.
Au cours des derniers mois,
• Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré le 23 mars que l’ONU était devenue « une organisation antisémite et
anti-israélienne qui abrite et encourage le terrorisme ».
• Israël a mené campagne contre une agence des Nations unies, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient (UNRWA), l’accusant d’être au service du Hamas. En juillet dernier, la Knesset a adopté trois lois (1) interdisant à l’UNRWA d’opérer sur le territoire israélien (2) privant son
personnel des immunités diplomatiques (3) la déclarant organisation terroriste.
• Le représentant permanent d’Israël aux Nations unies, Gilad Erdan, a déclaré lors de la fin de son mandat, en août dernier, parlant du siège de l’ONU à New York,
que « cet édifice doit être rasé de la surface de la Terre. »
• Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, persona non grata.
• Les Forces de Défense d’Israël (FDI) ont délibérément visé les soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), blessant deux
« casques bleus » sri-lankais.
Ce qu’il faut retenir :
• Israël n’a pas été créé par son peuple, mais par son armée.
• La première guerre israélo-arabe n’a pas été gagnée par les Israéliens, mais par les arabes de Transjordanie sous commandement britannique.
• En adhérant aux Nations unies, Israël s’était engagé à en respecter toutes ses résolutions, ce qu’il n’a jamais fait 229 fois.
• Après la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Iraq, le Yémen et l’Iran, le gouvernement Netanyahou a ouvert un huitième front, contre les Nations unies cette
fois.
La doctrine
permanente d’Israël en matière de sécurité nationale consiste essentiellement à dire : « Nous pourrons avoir la paix demain si nous tuons quelques
personnes de plus aujourd’hui. »
Mais c’est toujours
aujourd’hui. Demain n’arrive jamais.
Israël ne parvient
jamais à tuer pour parvenir à la paix, car c’est impossible.
On ne peut pas
assassiner, opprimer et tyranniser les gens pour qu’ils obéissent. Vous pouvez tuer les gens qui s’opposent à vous, mais ce faisant, vous ne faites que créer davantage de gens qui s’opposent
à vous. Vous pouvez brûler la terre en tuant tous les membres du Hamas et du Hezbollah, mais ce faisant, vous ne faites qu’assurer la naissance d’autres Hamas et d’autres
Hezbollahs.
La seule façon de
soumettre une population est de tuer tout le monde. Transformer tout le Moyen-Orient en un désert de mort et de destruction, de sorte qu’il n’y ait plus personne pour s’opposer à vous. C’est
la seule façon de faire fonctionner le principe « tuer aujourd’hui pour avoir la paix
demain ».
En toute honnêteté, cela a fonctionné pour d’autres projets coloniaux occidentaux. En Amérique du Nord et en Australie, l’homme blanc a simplement tué, tué, tué
et tué jusqu’à ce que l’opposition soit exterminée et que les quelques survivants soient brisés.
Mais la population indigène de la Palestine historique est différente, en ce sens qu’elle n’est pas isolée. Elle est entourée d’anciennes civilisations qui
entretiennent avec elle une relation de longue date et une parenté de religion et de culture. Toute tentative d’extermination de la population indigène, comme ce fut le cas pour d’autres
projets occidentaux de colonisation, suscite l’hostilité des nations environnantes, comme nous le constatons aujourd’hui.
Ainsi, pour qu’Israël puisse obtenir la paix en tuant, il doit non seulement tuer les Palestiniens, mais aussi tous ceux qui, dans la région environnante, s’y
opposeraient. Les Israéliens le savent, c’est pourquoi on entend certains sionistes d’extrême droite parler de la nécessité d’un « Grand Israël » dont le territoire s’étendrait bien
au-delà des frontières actuelles d’Israël.
Israël existera donc toujours dans un état de guerre continu jusqu’à ce qu’il (A) cesse d’exister dans son itération tyrannique actuelle ou (B) tue ou brise
tous ses ennemis dans tout le Moyen-Orient. C’est la seule façon de mettre fin à cette tuerie.
Et c’est pourquoi Israël ne peut pas continuer à exister dans sa version actuelle. C’était une très, très mauvaise idée, comme d’autres très, très mauvaises
idées de l’histoire, l’esclavage par exemple.
Pour que les massacres cessent, il faut mettre fin au projet meurtrier de colonisation connu sous le nom d’Israël. C’est une tâche considérable, mais il en a
été de même pour la libération des esclaves. La seule alternative est de s’enfoncer de plus en plus dans cette trajectoire vers toujours plus de tueries, en attirant des forces militaires de
plus en plus puissantes et en augmentant de manière exponentielle le nombre de morts dans le processus.
Une guerre massive entre les puissants alliés occidentaux d’Israël contre l’Iran et ses partenaires dans la région tuerait des millions et des millions de
personnes et dévasterait l’économie mondiale. Mais c’est précisément la trajectoire sur laquelle le soutien occidental aux campagnes meurtrières d’Israël nous entraîne.
Je trouve cette perspective insoutenable. Il serait beaucoup moins dévastateur de démanteler l’État d’apartheid d’Israël et de prendre des dispositions pour que
l’Occident absorbe tous ceux qui souhaitent fuir un État où tout le monde aurait les mêmes droits. Ce serait difficile, ce serait gênant, mais ce serait beaucoup, beaucoup plus facile et plus
éthique que d’aider Israël à continuer d’appliquer sa doctrine « tuer aujourd’hui pour avoir la paix
demain ». [Solution pourtant
impossible à cause de la puissance des lobbys
sionistes en Occident, NdT]
Personne n’a jamais présenté d’argument justifiant la poursuite de l’existence d’Israël dans sa forme actuelle qui soit à la fois logique et moralement défendable.
C’est juste une chose folle et stupide que nous faisons, comme toutes les autres choses folles et stupides que nous avons faites au cours de l’histoire. Un jour, ce sera évident pour tout le
monde.
Caitlin
Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Avons-nous ou non le droit de comparer les morts du 7 octobre et ceux de l’ethnocide gazaoui ?
Dans la vulgate pro-israélienne officielle, colportée sur les plateaux des TV réglementées par des camelots en tous genres, il est impossible de comparer les morts innocents du 7 octobre 2023
(et, d’une manière générale, toute mort d’un Juif ou d’une Juive en raison de son statut de Juif ou d’Israélien) avec n’importe quel autre mort. Comme s’il existait un saut existentiel entre un
Juif mort en raison de sa judaïté et le reste de la planète humaine. Un saut ontologique diront certains. Malheureusement, le droit international raisonne autrement : il n’a pas consacré la
supériorité du prétendu peuple juif (concept qui fleure tant le national-socialisme) sur les autres peuples ou sur les autres individus. Dura lex, sed lex !
comparer les massacres massifs de civils palestiniens par une armée israélienne équipée de pied en cap par les Etats-Unis avec les 1.200 morts civils israéliens du 7 octobre 2023 est devenu une forme de blasphème ou de parjure dans la vulgate médiatique française, largement subventionnée par l'Etat pourtant, il existe une disproportion entre l'agression terroriste du 7 octobre, qui est abominable, et la réation inhumaine des Israéliens depuis cette date factuellement, Israël viole le droit international en massacrant sans limite et sans motif des civils dont rien ne prouve qu'ils ont partie liée aux auteurs des attentats du 7 octobre 2023, si ce n'est une familiarité ethnique qui ne constitue en rien une preuve l'Occident perd son âme et son sens lorsqu'il confond la légitime défense et la vengeance armée par l'armée la plus riche et la plus puissante du monde...
Dans ce numéro de Chaos Global, nous revisitons l’actualité de la semaine en nous interrogeant sur la
conscience morale des élites occidentales, de
la caste, toute occupée à donner, en même temps, comme disait Macron, des leçons de morale en matière de Droits de l’Homme et de droit international, tout en affirmant que tout débat sur
le respect de ces Droits par Israël relèverait de l’antisémitisme. Ainsi, il faudrait que le monde, sauf Israël, fonctionne selon le droit international. En revanche, interroger le respect de ce
droit par Israël relèverait de l’antisémitisme.
Le raisonnement caché est au fond assez simple : Tout le monde doit respecter le droit international, sauf les Occidentaux, et
tout spécialement les Israéliens qui, en raison de la Shoah perpétrée par les Allemands, disposeraient d’une sorte de sauf-conduit, d’immunité, de droit
supérieur, qui autoriserait à violer impunément la loi commune des nations.
D’où le fantasme de Bruno Retailleau, largement porté par les médias soumis à Bolloré, pour qui l’état de droit ne concernerait pas certains thèmes, certaines
communautés ou certaines personnes. Ainsi, l’antisionisme, selon lui, serait de l’antisémitisme.
Dans la pratique, il semblerait que cette opinion donne lieu à une offensive cognitive en bonne et due forme, où, des Etats-Unis jusqu’à Israël en passant par la
France, le droit d’Israël à ne pas se soumettre à la loi commune des nations soit revendiqué.
C’est particulièrement vrai avec Netanyahou, qui considère qu’il peut impunément demander aux troupes des Nations Unies de renoncer au mandat adopté par les
Nations, et qui n’hésite pas à menacer militairement les représentants de cet ordre international. Mais d’où peut bien sortir cette croyance primitive selon laquelle le Premier Ministre israélien
pourrait se mettre au-dessus de la loi des nations, tout en revendiquant les bienfaits du droit ?
Comment peut-il se faire que des esprits éduqués et “formés” en Occident adhèrent à ce point à la propagande israélienne qu’ils ne soient plus en état de dire “non”
à des actions barbares comme des massacres en masse, délibérés et assumés, d’innocents ?
Comment se fait-il qu’ils puissent en amoindrir la portée, l’intentionnalité, la visée profonde, et même la réalité ?
Lorsqu’une Caroline Fourest, par ailleurs sourcilleuse sur le droit des homosexuels en Europe, lorsqu’un Raphaël Enthoven, disqualifient par principe toute
évocation des morts civiles à Gaza au nom du “on ne peut pas comparer”, que nous disent-ils de leur vision raciale des civilisations ?
La réalité est que le droit international public est toujours fondé sur la comparaison et sur la proportionnalité : Un Etat agressé par un autre peut se défendre
d’une agression en obéissant à un principe de proportionnalité ! Il ne peut déclencher une avalanche nucléaire sur son voisin du fait d’une agression mineure. Le droit international suppose la
comparaison.
Poser comme principe que l’on ne peut comparer les victimes du 7 octobre et les dizaines de milliers de victimes de Gaza et du Liban est déjà une contestation même
du droit international et de ses règles.
Afin d’offrir une vue d’ensemble sur le conflit au Proche-Orient, Kla.TV publie
le dernier film de David Sorensen. Les secrets bouleversants que ce documentaire révèle, avec beaucoup d’images originales et de témoignages, jettent une lumière crue sur ces
organisations criminelles qui – selon Sorensen – se sont toujours cachées derrière l’État d’Israël et le Hamas. Ce film montre sans ménagement le terrible visage des élites sataniques qui
veulent instaurer un gouvernement mondial unique et ne reculent devant aucune violence. Un film qui ouvre les yeux en ces temps troublés et que personne ne devrait manquer !
Il n’y a qu’un seul État auquel on reconnaît explicitement le droit d’exister. C’est justement cet État qui est fondé sur la violence, qui est un État
d’apartheid et qui n’a jamais respecté les décisions de la communauté internationale, de l’ONU. Par sa manière d’agir, il viole continuellement les droits de l’homme, les droits
internationaux et les droits de la guerre. Comment peut-on encore justifier son droit à l’existence ?
Dans le monde occidental, en particulier en RFA, il y a des questions qui ne devraient pas être posées, pour ne pas dire qu’elles doivent l’être. Pourquoi
en est-il ainsi ? Je suis d’accord avec Thomas de Maizière, qui a déclaré en novembre 2015 : «Une partie de ces
réponses insécuriserait la population». Parmi ces questions, il y a celle de savoir pourquoi c’est précisément l’État d’Israël qui se voit garantir un droit d’existence
exclusif. Je n’essaierai pas non plus de répondre à cette question, car cela risquerait d’insécuriser mon droit personnel à l’existence. Mais je pose la question de savoir si ce droit à
l’existence d’Israël peut être annulé par des actes que cet État a commis et commet.
Le droit à l’existence de l’Empire allemand a été annulé par l’Empire britannique au plus tard au début de la Première Guerre mondiale, bien que le DR n’ait
donné aucune raison pour cela. En effet, de nombreuses preuves ont été mises au jour aujourd’hui, montrant que l’Angleterre planifiait depuis 1875 la destruction de la RD. Avec Hitler et
la Seconde Guerre mondiale, et les atrocités qui l’ont accompagnée, la RD a donné à l’Angleterre le droit subjectif d’annuler le droit à l’existence de la RD. Durant la première moitié du
XXe siècle, l’Angleterre a ainsi redéfini de manière autocratique toutes les frontières européennes à l’est du Rhin, sans tenir compte des ethnies ou des traditions. Ces délimitations
violentes ont ensuite été déclarées sacro-saintes, immuables «à jamais», jusqu’à aujourd’hui. On a notamment appris aux Allemands eux-mêmes à accepter cet état de fait, car ils se sont
chargés sous Hitler d’une dette héréditaire tout aussi éternelle. Le Reich allemand a perdu son droit à l’existence et chaque Allemand doit en assumer la responsabilité. L’Angleterre a
atteint son objectif.
«Le bien ne peut jamais naître du
mensonge et de la violence».
– Mahatma Gandhi
Après la Première Guerre mondiale et la destruction de l’Empire ottoman, l’Angleterre s’est emparée du contrôle de la Palestine. L’immigration des juifs
vers la Palestine a augmenté à grande échelle. Parallèlement, les hostilités entre les Palestiniens et les immigrés ont augmenté dans des proportions croissantes. L’Angleterre n’a rien
fait pour apaiser les tensions. Au contraire, le gouverneur anglais Sir Samuel Herbert a veillé à ce que les deux parties aient accès à toujours plus d’armes. Après la fin de la Seconde
Guerre mondiale, la situation a tellement dégénéré que les juifs de Palestine ont proclamé l’État d’Israël le 14 mai 1948. Toutefois, le territoire de l’État était plutôt une mauvaise
blague. Voir l’image au-dessus de l’article.
Ce qui a suivi, c’est l’expansion violente du territoire israélien et l’expulsion forcée de millions de Palestiniens de leur patrie ancestrale. Les guerres
se sont succédé et, en 1967, les États-Unis étaient sur le point de larguer deux bombes atomiques sur Le Caire. Ainsi, il faut observer que l’État d’Israël travaille depuis 1948 à
expulser tous les Palestiniens de son territoire national en constante extension. Comme les Indiens d’Amérique, les Palestiniens se sont vu attribuer des territoires de plus en plus
petits dans lesquels ils ont dû se retirer. D’innombrables résolutions de l’ONU ont demandé à Israël de faire preuve de retenue. Israël les a toutes ignorées et a continué à agir sans
relâche. Il y a eu une guerre avec la Syrie et jusqu’à aujourd’hui, les hauteurs du Golan sont occupées par Israël, contrairement aux résolutions de l’ONU. Depuis, Israël tire à volonté
jusque dans les profondeurs de la Syrie, provoquant ainsi la mort de nombreux civils là-bas.
Le Mossad
est une organisation d’assassins
L’État d’Israël et son service secret, le Mossad, se permettent d’assassiner dans les États qui l’entourent, et parfois dans le monde entier, des personnes
qu’ils ont déclarées comme étant leurs ennemis. Sans aucune base juridique qui pourrait être reconnue au niveau international. Tout comme les États-Unis assassinent des personnes dans le
monde entier avec leurs drones. Oui, dans les deux cas, il s’agit d’un meurtre, car la caractéristique conforme au droit pour un meurtre est présente : Préméditation et perfidie. Et cela
ne s’améliore pas. Au contraire, ces derniers temps, Israël a assassiné sournoisement de plus en plus de ses ennemis, notamment des dirigeants de haut rang du Hamas, du Hezbollah et
également de l’Iran. Peu importe pour Israël qu’un grand nombre de civils soient ainsi assassinés. L’Occident accepte les déclarations d’Israël selon lesquelles tout cela relève de
l’autodéfense et applaudit même plus ou moins modérément. (Voir l’image tout en bas)
Imaginons maintenant que la Russie assassine par des frappes ciblées des bellicistes et des personnes qui déclarent ouvertement vouloir démanteler
directement la Fédération de Russie par des sanctions ou même des attaques contre Moscou. Ou la Russie pulvériserait tout simplement le ministère de la Guerre à Kiev et tous ses
occupants. Les cris seraient sans fin. Nous souvenons-nous encore du cirque autour des prétendus meurtres de Poutine en Angleterre ? Ou de Navalny ? Des cris, bien que l’Occident n’ait
jamais prouvé que Moscou était coupable, car ce n’était probablement pas le cas. Israël, en revanche, non seulement admet ouvertement ses meurtres, mais s’en vante même.
La
destruction ciblée de logements est un crime de guerre
Pendant toute l’opération spéciale de Moscou dans l’ex-Ukraine orientale, moins de civils ont péri des mains de la Russie qu’Israël n’en a envoyé à la mort
en un jour à Gaza. Israël a bombardé Gaza jusqu’à la rendre inhabitable. Et aujourd’hui, cette action se poursuit au Liban. Ah oui, c’est de la légitime défense et chaque bombe ne visait
bien sûr qu’un seul chef terroriste. Mais Israël a quand même l’honnêteté de «recommander» aux habitants des zones attaquées de quitter la zone visée ? Pour ensuite bombarder l’espace
désigné comme sûr. Où ces pauvres gens doivent-ils encore se réfugier ? Cela n’intéresse pas les maîtres de Jérusalem. Ou bien si ? L’automne dernier, un haut responsable politique
israélien a déclaré que les Palestiniens devraient émigrer en Allemagne.
La Russie a été exclue des Jeux olympiques, pas Israël. La Russie doit être mise à genoux par des sanctions, Israël est approvisionné en armes. Mais gare à
celui qui pourrait livrer des armes ou du matériel pouvant servir à la fabrication d’armes à la Russie. Une fois de plus, on crie au scandale et une fois de plus, une affirmation non
prouvée suffit. Si l’Occident n’avait pas cette double morale insupportable, c’est Israël qui aurait dû être contraint, il y a des décennies déjà, par des sanctions et des embargos, à
adopter un comportement conforme au droit international. Je ne veux pas parler des droits de l’homme. Que de misère cela aurait pu éviter !
Qu’est-ce
qu’une organisation terroriste ?
Le Hamas est considéré comme une organisation terroriste. Oui, il a assassiné quelques Israéliens et pris une centaine d’otages il y a un an, et il se
défend contre Israël, la puissance occupante, avec des moyens que l’on peut tout à fait qualifier de terroristes. Il en va de même
pour le Hezbollah. Mais comme ni le Hamas ni le Hezbollah ne sont des États, il ne s’agit pas de terrorisme d’État. Il s’agit de tentatives désespérées de modifier d’une manière ou d’une
autre une situation insupportable ; d’y échapper. Si l’Occident se tenait aux côtés des Palestiniens et rappelait Israël à l’ordre, les Palestiniens n’auraient pas à commettre de
tels actes terroristes.
Mais qui est vraiment le terroriste ? Ce qu’Israël fait à Gaza et maintenant au Liban, c’est de la terreur pure. Ainsi, les avions de combat israéliens
survolent délibérément Beyrouth à une vitesse supersonique afin de semer la terreur parmi les Libanais grâce au bang supersonique. Israël largue des bombes directement sur la ville de
Beyrouth. Des centaines de milliers de personnes sont en fuite. Vers la Syrie également, et maintenant Israël a également bombardé le point de passage vers la Syrie. Au moins 50 000
personnes, des civils, sont déjà mortes à Gaza sous les bombes israéliennes. Plus de 100 000 sont blessés. Aussi, voire surtout, des femmes et des enfants. Il n’y a plus d’écoles
fonctionnelles ni d’autres établissements d’enseignement à Gaza. L’unique université a été dynamitée. Israël a privé les enfants des Palestiniens de la possibilité de s’instruire,
c’est-à-dire de leur avenir. On voit alors ce que les politiciens israéliens veulent dire lorsqu’ils traitent les Palestiniens d’animaux.
Jusqu’à
présent, l’Iran n’a attaqué que des cibles militaires
Jetons maintenant un coup d’œil sur le comportement des ennemis d’Israël. L’Iran a tiré 180 missiles sur Israël en représailles aux meurtres commis par
Israël. Contrairement aux affirmations d’Israël, elles ont causé de gros dégâts. L’Iran n’a toutefois pas visé de villes ou de civils avec des missiles efficaces. Trois bases militaires
israéliennes ont été touchées : La base d’Ossad, la base aérienne d’Evatim et la base d’Atzerim. Certains avions ont été détruits et les pistes de décollage ont également
été endommagées. Deux avions ont été touchés près du quartier général du Mossad. Aucun civil n’a été tué. Ah oui, l’Iran est un État terroriste.
Israël réagit à présent comme un enfant rebelle et veut à nouveau exercer des représailles selon la coutume de l’Ancien Testament. La paix ne pourra jamais
s’installer de cette manière. Mais ne faut-il pas, comme en Ukraine ou comme lors de la Première Guerre mondiale, se demander qui a lancé les hostilités ? Dans le cas d’Israël, cette
question est résolue. Ce sont les envahisseurs qui ont commencé par la violence et l’expulsion. Et encore une chose sur le méchant Iran : Si Israël attaque à nouveau l’Iran, Téhéran veut
attaquer l’infrastructure et la structure énergétique, mais pas les villes avec des civils.
Un État
terroriste peut-il avoir le droit d’exister ?
Pour l’État d’Israël, le droit à l’existence est considéré comme une évidence. Pourquoi n’en est-il pas de même pour le Liban ? Ou pour la Syrie, que
l’Occident lui-même voulait démanteler ? En quelques jours, Israël a gravement endommagé ou détruit quelque 3100 bâtiments au Liban depuis le début des frappes aériennes israéliennes. Ces
attaques ont fait au moins 1336 morts et ont forcé plus d’un million de personnes à quitter leurs maisons. Israël est un État d’apartheid et un État de terreur. Vu la manière dont l’État
d’Israël se comporte et s’est comporté, il a perdu son droit à l’existence dans sa forme actuelle. Je me joins ainsi aux rabbins qui disent que l’État d’Israël n’aurait jamais dû être
fondé de cette manière. Mais soyons clairs : Tout cela ne s’applique pas aux citoyens d’Israël. Après tout, ce n’est pas seulement depuis un an que nous pouvons observer que des millions
d’Israéliens manifestent contre la politique de Netanyahou. À l’échelle allemande, cela représenterait dix millions de personnes. Ces citoyens d’Israël souffrent tout autant de cette
politique inhumaine.
Pour conclure, je signale une fois de plus que c’est finalement l’Angleterre qui a créé et est responsable de tous, oui, de tous les problèmes au Proche et
au Moyen-Orient et pas seulement là-bas. Un vieux juif me l’avait déjà dit en 1976, lors de mon premier séjour à Tel-Aviv, et même plus. Il m’a dit : «En fait, les juifs et
les Allemands devraient être les meilleurs amis !» Il a alors vu mon incompréhension sur mon visage et a ajouté : «Tu ne le comprends
pas encore, mais nous avons tous deux été victimes de l’Empire britannique». J’ai continué à faire des recherches et, après de longues années, je suis arrivé à la même
conclusion. J’ai consigné ces conclusions dans mon ouvrage «L’Angleterre, les
Allemands, les juifs et le XXe siècle». Et si quelqu’un ose me traiter d’antisémite à cause de ce qui précède, qu’il lise d’abord cet ouvrage. Cela lui évitera de présenter des
excuses embarrassantes.
Vous pouvez lire en avant-première dans le chapitre «Israël», extrait de mon ouvrage, comment l’Angleterre a fabriqué la haine entre les juifs et les
arabes/palestiniens. Téléchargez ce
chapitre en cliquant ici.
Et ici, vous pouvez encore une fois voir la différence entre l’action d’Israël et celle de la Fédération de Russie :
L’ancien premier ministre israélien Naftali Bennett sur ses entretiens avec Poutine en mars 2022 et la source du «courage» de Zelensky :
Poutine a annoncé la dénazification. Cela signifie probablement aussi éliminer Zelensky. La vie d’un dirigeant n’a pas de prix. Et j’ai compris que Zelensky
était donc menacé. Il se trouvait dans un bunker secret.
J’ai demandé à Poutine : «Allez-vous tuer
Zelensky ?»
Il a répondu : «Nous ne tuerons pas
Zelensky»
Puis j’ai demandé : «Dois-je comprendre
que vous me donnez votre parole que vous ne tuerez pas Zelensky ?»
Il a de nouveau répondu : «Nous ne tuerons pas
Zelensky».
Après nous être retrouvés dans la voiture du Kremlin à l’aéroport, j’ai contacté Zelensky par WhatsApp ou Telegram. Vous n’aviez pas peur que les Russes le
voient ? Non. Il n’y avait aucun problème.
J’ai appelé Zelensky et je lui ai dit : «Je reviens d’une
réunion, il ne va pas te tuer».
Il m’a demandé : «Tu es sûr
?»
J’ai répondu : «À 100%, il ne le fera
pas».
Deux heures plus tard, Zelensky s’est rendu dans son bureau et s’y est filmé avec son téléphone portable en annonçant : «Je n’ai pas peur
!»
Extrait de notre entretien avec Olivier Berruyer, dans lequel s’exprime sur la situation au Moyen-Orient, la guerre à Gaza et les montées en tensions avec
l’Iran et le Liban.
Nicolas Bonnal nous a sortis les textes de Douguine et Korybko mais aussi de Paul Craig Roberts.
Pour eux, les «ennemis de l’occident», sont trop mous, et pour le Hezbollah, a laissé passer le moment opportun pour infliger une défaite mortelle à
Israël.
Je n’ai pas leur analyse.
Pour moi, la bataille est une bataille terminale, avec des péripéties, et pour la Russie (je considère les conflits en Palestine comme un simple appendice
de cette guerre, avec la bande de Gaza, le Liban, la Syrie et le Yémen, avec un zeste d’Iran).
Le but du jeu, n’est pas une victoire locale, c’est une victoire totale. Les Zusa sont habitués aux défaites humiliantes, et y survivent.
Là, l’enjeu, c’est un tapis, auquel répond pitoyablement Israël par exemple. L’assassinat, la décapitation des états-majors, ça importe peu.
C’est même une marque marquante de faiblesse, et l’indication qu’il n’y a pas de stratégie. Aucune. Parce qu’objectivement, dans beaucoup de guerre,
l’état-major de départ n’est jamais celui d’arrivée, il a été tué, décimé, révoqué, «limogé», et à beaucoup d’époque, l’encadrement jaillit de la base.
Cela a été le cas en 1914 en France, où une écrasante des cadres étaient simplement des idiots, doublés en peaux d’imbéciles véritables. Devant l’hécatombe,
une nouvelle génération de cadres est apparue, très compétente, bien qu’ayant une instruction sommaire. Maints corps de métiers pas du tout militaires, se sont retrouvés officiers.
Pétain, s’il était colonel, avait une très mauvaise réputation. Il tenait – déjà – l’attaque baïonnette au canon pour une bredinerie sans nom, devant des mitrailleuses. Ceux qui pensaient
le contraire ont été tués devant lesdites mitrailleuses ou ont pris une balle dans le dos, de gens qui appréciaient mieux les risques, bien qu’ils n’aient pas d’épaulettes.
Et ce n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres. «Les généraux sont interchangeables» disait Hitler, et l’armée soviétique a fait jaillir son encadrement des
combats.
Cela ne change rien, d’ailleurs, à la situation d’Israël. État de 10 millions d’habitants, entourés de 200 millions hostiles et l’Iran en a 90. L’Iran n’est
pas faible. Sa simple masse critique le fait plus fort qu’Israël, malgré tout ce que peut dire LCI.
Israël dépend d’un approvisionnement essentiellement US qui n’arrive pas à alimenter les deux conflits. Et d’une industrie européenne défunte, et pour ce
qu’il en reste, de l’ordre du lilliputien.
Au vu des performances économiques de l’ensemble Europe et USA, voir Japon et annexes, on peut penser que la technique stalinienne remise au goût du jour
par Poutine de l’Anaconda, fonctionne.
Les Américains auraient dû comprendre. Ils ont eux-mêmes déployé un plan Anaconda en 1861-1865, le plan de Winfield Scott pour briser le sud.
Après, les tenants du pouvoir peuvent faire bien du mal, assassiner Trump, bourrer les urnes, nommer Barnier au pouvoir, ostraciser ou interdire AFD, BSW et
RN, rien ne change dans la crise. La cocotte-minute est sur le point d’exploser, on ne sait comment cela se fera et quel sera le détonateur, mais cela se fera.
En fait, le système est en train de tirer ses dernières cartouches. Trump pas élu ? Sans importance, le mouvement de dislocation le remplacera.
Barnier veut économiser 60 milliards ? Il va réduire le PIB de 150 et augmentera le déficit de 80. Pas sûr que ce soit un moyen d’être populaire.
AFD, BSW et RN interdits ? Cela ne changera pas l’avis des populations. Seule une violence publique de plus en plus forte sera la seule solution provisoire
des gouvernants.
Gouvernants d’ailleurs, qui sont facilement éliminables, éjectables, voire tuable. Tous ceux qui ont appuyés Maggie ont eu tôt fait de la virer. Comme ils
viennent de virer Biden.
Pour
résumer, il est clair que le recours à la violence, d’Israël en particulier, des élites en général pour administrer le monde est avant tout, l’étape ultime d’une élite qui n’a plus rien à
dire et qui n’argumente plus. Leur propagande est vomitive et les Barnier sont les Bruning d’aujourd’hui. Ils vont amener ceux qu’ils sont sensés combattre au pouvoir.
Tels les nazis en
URSS, ils remportent desvictoires
tactiques. Mais aucune
stratégique. L’offensive au Liban, est une redite du 22 juin 1941. Incapable de gagner à Gaza, malgré un carnage (sans doute 200 000 morts), Israël, élargit le conflit en Cisjordanie et
au Liban.
«Quand je cherche
l’homme dans la technique et dans le style européens, je vois une succession de négations de l’homme, une avalanche de meurtres». – Franz Fanon
L’incursion
du Hamas était moins un 11 septembre israélien qu’une offensive palestinienne du Têt. Aucune oppression hideuse n’a jamais donné lieu à une résistance sympathique.
L’assaut meurtrier d’Israël contre la population de Gaza – durant l’année écoulée – avec le soutien matériel, diplomatique et politique de l’Occident
collectif – équivaut à observer un chien enragé arracher la chair des os de ce que beaucoup croyaient concevoir comme un monde dans lequel il vaut la peine de vivre. À ce stade, ce n’est
plus le cas.
Les massacre permanents et déments d’Israël n’ont rien à voir avec la rage déclenchée par l’esclavagiste en réponse aux insoumis qui osaient s’échapper de
la plantation. Et c’est là que nous saisissons le véritable «crime» des Palestiniens de Gaza : leur refus de rester à la place que leur assigne le colonisateur et oppresseur. C’est-à-dire
métaphoriquement à genoux, vaincus et brisés dans leur cœur, leur corps et leur esprit.
Telle est la véritable signification du 7 octobre 2023. Ce jour a prouvé aux Israéliens et à leurs soutiens occidentaux qu’en dépit de leur condition de
peuple confiné dans une réserve de l’ère moderne, et du mépris raciste de leur humanité, les Palestiniens sont toujours déterminés. Il a également révélé un niveau de planification et
d’ingéniosité qu’aucun peuple colonisé n’est censé pouvoir jamais atteindre.
Personne n’a mieux compris ou articulé la psychologie des opprimés que le légendaire militant et penseur anticolonialiste Frantz
Fanon :
«La violence»,
a-t-il écrit un jour, «libère l’indigène de
sa condition d’esclave, de son complexe d’infériorité, de son désespoir et de son inertie ; elle lui donne du courage et lui rend sa dignité».
Fanon est peut-être mort en 1961, mais son analyse du colonialisme occidental, de sa brutalité et de l’impact déshumanisant sur ses victimes – en forgeant
des enchaînements psychologiques d’oppression et de haine de soi qui ne peuvent être brisés que par une «lutte meurtrière et décisive» contre le colonisateur – reste d’actualité plus de
cinq décennies après la parution de son œuvre classique, «Les
damnés de la terre».
Fanon a écrit ce livre en pleine lutte épique pour la libération nationale entre le peuple algérien et ses maîtres coloniaux français, opposant la puissance
d’un pays européen industrialisé à une insurrection anticoloniale pauvrement armée, mais soutenue par la population. Ce fut un conflit âpre et acharné qui dura huit longues années, de
1954 à 1962.
En fin de compte, la quête de libération nationale du peuple algérien s’est avérée plus forte que la capacité de la France à maintenir une colonie
nord-africaine qu’elle occupait depuis les années 1830. À la fin du conflit, marquée par la déclaration du président français Charles de Gaulle selon laquelle le peuple algérien avait le
droit de déterminer son propre avenir, 1,5 million de personnes ont péri, dont une grande majorité d’Algériens.
Le 7 octobre était moins le 11 septembre d’Israël que l’offensive
du Têt des Palestiniens. C’était un cri provenant des entrailles de l’oppression structurelle, une réaffirmation de la dignité perçue par Fanon dans la violence d’un peuple
colonisé et opprimé. C’était, en somme, la rage meurtrière de ceux qui refusent d’accepter le statut de non-peuple.
Dans l’esprit de Geronimo, Sitting Bull et Crazy Horse. Dans l’esprit des Mau Mau, l’esprit du leader révolutionnaire irlandais James Connolly, célèbre pour
le soulèvement de Pâques 1916. Dans l’esprit de Bobby Sands et des autres grévistes de la faim irlandais qui ont sacrifié leur vie pour la liberté en 1981. Dans l’esprit de tous les
mouvements de résistance et de lutte anticoloniaux qui ont jamais existé, les Palestiniens de Gaza ont osé dire «Non !» le 7 octobre 2023.
Manifestants
palestiniens à Gaza le 17 octobre 2023.
La vague de violence absolue qui s’est abattue sur le peuple palestinien depuis n’est pas le fruit d’une cause juste. C’est précisément le contraire. Comme
pour les Français en Algérie, les Américains au Viêt Nam et les Britanniques en Irlande, ce projet de colonisation sioniste a échoué par nature. Il ne peut perdurer qu’au prix d’une
violence et de massacres inouïs, tant son concept suprématiste est insoutenable.
La vérité élémentaire et sans fard veut qu’on ne peut maintenir 2,2 millions de personnes confinées dans une réserve indienne pendant 17 ans, contrôler leur
accès à l’électricité, à l’eau potable et à tous les produits de première nécessité, tout en les privant de leur liberté de mouvement, de leur dignité, de leurs espoirs et de leur avenir.
Non, on ne peut pas faire cela et s’attendre à une résistance quasi inexistante.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’opération «Al-Aqsa Flood», déclenchée par les Palestiniens de Gaza il y a un an aujourd’hui. Aucune oppression
hideuse n’a jamais donné lieu à une résistance sympathique. L’histoire ne fait aucun doute à ce sujet.
Le prétexte de cette audacieuse opération palestinienne est la multiplication des violations de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, troisième
lieu saint de l’islam, pendant le ramadan de 2023. Elle se fondait également sur le refus catégorique d’accepter la normalisation de leur condition de peuple colonisé et dépossédé dans
l’ensemble du monde arabe et musulman.
Gaza est aujourd’hui en ruines. Plus de 40 000 personnes ont été tuées jusqu’à présent dans l’orgie de vengeance d’Israël. D’aucuns, et c’est
compréhensible, douteront de la raison d’être du 7 octobre, compte tenu de l’ampleur des souffrances infligées à la population de Gaza dans le sillage de cette journée. Mais il faut bien
distinguer le temps chronologique du temps historique. Concernant ce dernier, il est encore trop tôt pour dire si le jeu en valait la chandelle.
Mais en réfléchissant à cette question spécifique à un niveau plus approfondi, il s’agirait de plaquer les normes des non colonisés sur celles des
colonisés. En vérité, la seule question que nous devrions nous poser un an plus tard est la suivante : quel choix ont-ils eu ? Entre vivre à genoux et mourir debout, ont-ils eu vraiment
le choix ?
Il est inédit que les gros titres des journaux grand public israéliens et les slogans du mouvement BDS soient presque identiques. Aucun État au monde n’a
été capable d’infliger autant de dommages à l’économie israélienne que l’État d’Israël lui-même, et le résultat est une multiplication des signes montrant que l’économie israélienne a
atteint une impasse, sans aucune perspective tant que l’État reste un État sioniste d’apartheid rejeté par le monde entier, à l’exception des États-Unis et de l’Allemagne.
Lorsque les manifestants israéliens contre le gouvernement ont brandi une énorme pancarte avec le slogan du BDS «De nation start-up à nation en panne», ce
n’était rien de moins qu’une violation de droits d’auteur. Mais c’était en février 2023. Après le 7 octobre, tout a changé.
L’attaque génocidaire d’Israël contre la bande de Gaza, qui a tué plus de 40 000 Palestiniens, dont plus de 15 000 enfants, pourrait bien condamner plus de
146 000 autres Palestiniens de Gaza à mourir dans les mois à venir en raison de complications de santé liées aux blessures, à la famine et aux maladies. La guerre a détruit la vie de 2,3
millions de personnes dans la bande de Gaza et de milliers d’autres en Cisjordanie occupée. Les estimations de l’ONU indiquent que 70% des maisons ont été détruites et que les débris
mettront 15 ans à être dégagés. Néanmoins, il ne fait aucun doute que les survivants palestiniens du génocide, bien que traumatisés, appauvris et en deuil de leurs proches disparus,
finiront par reconstruire et se remettre, peu importe le temps que cela prendra.
La destruction physique en Israël causée par la guerre est minime en comparaison, et pourtant une chose a été détruite : l’avenir du pays.
Les indicateurs économiques parlent d’une véritable catastrophe. Plus de 46 000 entreprises ont fait faillite, le tourisme s’est arrêté, la note de crédit
d’Israël a été abaissée, les obligations israéliennes se vendent à des niveaux proches de celles des obligations «pourries», et les investissements étrangers, qui avaient déjà chuté de
60% au premier trimestre de 2023 (en raison des politiques du gouvernement d’extrême droite d’Israël avant le 7 octobre), ne montrent aucun signe de reprise. La majorité des fonds
investis dans les fonds d’investissement israéliens ont été détournés vers des investissements à l’étranger, car les Israéliens ne veulent pas que leurs propres fonds de pension, leurs
assurances ou leurs économies soient liés au sort de l’État d’Israël. Cela a entraîné une stabilité surprenante du marché boursier israélien, car les fonds investis dans des actions et
obligations étrangères ont généré des bénéfices en devises étrangères, lesquels ont été multipliés par la hausse du taux de change entre les devises étrangères et le shekel israélien.
Mais ensuite, Intel a annulé un plan d’investissement de 25 milliards de dollars en Israël, la plus grande victoire du BDS à ce jour.
La crise touche plus
profondément les moyens de production de l’économie israélienne.
Tous ces indicateurs sont financiers. Mais la crise frappe plus profondément les moyens de production de l’économie israélienne. Le réseau électrique
d’Israël, qui est largement passé au gaz naturel, dépend encore du charbon pour répondre à la demande. Le plus grand fournisseur de charbon d’Israël est la Colombie, qui a annoncé qu’elle
suspendrait les livraisons de charbon à Israël tant que le génocide se poursuivrait. Après la Colombie, les deux plus grands fournisseurs sont l’Afrique du Sud et la Russie. Sans
électricité fiable et continue, Israël ne pourra plus prétendre être une économie développée. Les fermes de serveurs ne fonctionnent pas sans alimentation 24 heures sur 24, et personne ne
sait combien de coupures de courant le secteur israélien de la haute technologie pourrait potentiellement supporter. Les entreprises technologiques internationales ont déjà commencé à
fermer leurs succursales en Israël.
La réputation d’Israël en tant que «nation start-up» dépend de son secteur technologique, qui, à son tour, dépend de ses employés hautement qualifiés. Les
universitaires israéliens rapportent que les recherches conjointes avec des universités étrangères ont fortement diminué en raison des efforts des mouvements étudiants. Les journaux
israéliens sont pleins d’articles sur l’exode des Israéliens instruits. Le professeur Dan Ben David, un économiste célèbre, a soutenu que l’économie israélienne repose sur 300 000
personnes (le personnel supérieur des universités, des entreprises technologiques et des hôpitaux). Une fois qu’une partie significative de ces personnes partira, dit-il, «nous ne deviendrons
pas un pays du tiers monde, nous cesserons tout simplement d’exister».
Les données sur le nombre réel d’Israéliens quittant le pays sont confuses et contradictoires. En période d’incertitude extrême, alors que les journaux
israéliens diffusent de la désinformation sur une vague mondiale d’antisémitisme, comme si les Juifs seraient plus en danger en Europe ou en Amérique du Nord qu’en Israël, de nombreux
Israéliens optent encore pour l’émigration – les familles prennent des vacances prolongées et d’autres Israéliens explorent des options de travail et d’études à l’étranger. Pourtant, les
estimations du nombre d’Israéliens ayant déjà quitté le pays varient énormément.
Les deux secteurs de l’économie israélienne qui ne signalent pas d’effondrement sont les entreprises d’armement, qui affichent des ventes élevées (bien que
la plupart soient domestiques, armant le génocide), et les «exits» – lorsque des entreprises internationales se disputent les restes du secteur technologique israélien en quête de bonnes
affaires. Même Google a exprimé son intérêt pour l’achat de la société israélienne de cybersécurité Wiz, fondée par des officiers des services de renseignement israéliens qui sont
impatients de vendre leur entreprise à Google afin de pouvoir quitter Israël.
Les économistes israéliens s’attendent à ce que le gouvernement israélien prenne des mesures urgentes pour faire face à la crise, mettre fin à la guerre,
réduire les dépenses publiques, augmenter les impôts, rétablir la confiance du public dans les institutions publiques israéliennes et réparer les relations étrangères d’Israël, notamment
avec les pays dont il dépend pour le commerce – l’UE, la Turquie et la Colombie. Le gouvernement israélien met plutôt en œuvre des plans pour détruire l’économie palestinienne, non
seulement à Gaza mais aussi celle de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Il adopte une approche belliqueuse envers tout État qui critique ses politiques et a adopté un budget de
dernière minute irréaliste pour 2024.
À l’ère de l’économie de l’information, les perspectives économiques des États ne sont déterminées ni par les matières premières ni par la qualité de la
main-d’œuvre. Nous vivons plutôt dans une ère d’«économie des attentes». Le battage médiatique autour de la «nation start-up» d’Israël s’est transformé en #Shutdownnation. Deux
économistes israéliens de renom, Jugene Kendel et Ron Tzur, ont publié un rapport secret dans lequel ils prédisent qu’Israël ne survivra pas jusqu’à son centième anniversaire. Le rapport
est gardé secret car ils ne veulent pas qu’il devienne une prophétie autoréalisatrice, mais ils ont donné des interviews à ce sujet. Lors de la 76ème journée de l’indépendance
d’Israël, Haaretz a
publié un éditorial dans ses éditions anglaise et hébraïque, avec le titre : «Israël survivra-t-il
pour fêter ses 100 ans ? Seulement si Netanyahou démissionne». L’édition en hébreu a été publiée sans cette précision. Presque quatre mois se sont écoulés et Netanyahou ne montre
aucun signe de renoncer au pouvoir et sabote les négociations pour un cessez-le-feu afin d’empêcher les élections.
Trois historiens israéliens, deux sionistes et un anti-sioniste, ont déclaré que le projet sioniste était arrivé à son terme. Lorsqu’une masse critique
d’Israéliens, quelle que soit leur opinion politique, sera convaincue que l’apartheid israélien est devenu insoutenable, ils n’accepteront plus d’investir de l’énergie et de l’argent, de
risquer leur vie et celle de leur famille pour le projet sioniste. Ils chercheront un avenir meilleur pour eux-mêmes, comme le ferait toute personne saine d’esprit, soit en quittant
Israël, soit, mieux encore, en œuvrant pour un nouveau système politique démocratique en Palestine. Une personne, une voix, et un avenir dans lequel chacun, quelle que soit sa religion et
son origine ethnique, peut avoir une place.
Cette question, je suis sûr que, comme moi, vous vous l’êtes posée (et je la poserai à Edouard Husson dans notre émission de lundi “Chaos Global” que vous pourrez retrouver à 18h, ce 7 octobre
sur la chaîne Youtube gratuite du Courrier des Stratèges).
Ce lundi 7 octobre, tout le monde aura en tête le massacre de 1.200 innocents israéliens l’an dernier, acte immanquablement terroriste qui suscite forcément notre
compassion. Depuis cette date, le gouvernement Netanyahou n’a pas hésité à massacrer à tour de bras des dizaines de milliers d’autres innocents, principalement des femmes et des enfants. Il n’a
pas non plus hésité à condamner les autres habitants de Gaza au pire : des enfants opérés en masse sans anesthésie, des souffrances abominables pour les enfants, les femmes, les civils, des
bombardements incessants, des exactions, une population en permanence soumise à des ordres d’évacuation qui rend la vie intenable dans cette prison à ciel ouvert.
Selon une propagande bien huilée, la souffrance des civils palestiniens est un mal nécessaire, qui ne compte pour rien, ou pour pas grand chose, et une conséquence
naturelle de l’attaque du 7 octobre.
Ce deux poids deux mesures très occidental, très ethnocentré, très partial, est au coeur des publireportages que la presse subventionnée diffuse quotidiennement
pour nous enjoindre de donner un chèque en blanc aux extrémistes du gouvernement israélien dans leur projet de recomposition du Moyen-Orient par voie militaire. Incidemment, cette propagande
raciste nous explique implicitement que les Palestiniens étant arabes, et que les Arabes étant par nature de fourbes terroristes islamistes, tout Palestinien désarmé tué par un sniper de l’armée
israélienne a bien mérité son sort, et sa mort nous évite un attentat meurtrier sur les Champs-Elysées.
Contrarier cette propagande suprémaciste serait de l’antisémitisme.
Depuis un an, le Courrier des Stratèges fait entendre une autre voix. Il dénonce l’instrumentalisation de la Shoah, mise au service d’une idéologie extrémiste qui
n’a aucune légitimité à invoquer, pour se justifier, les souffrances monstrueuses infligées aux Juifs par les Allemands et quelques-uns de leurs alliés entre 1933 et 1945.
Nous défendons l’égalité entre les peuples, entre les personnes, qu’il s’agisse d’Israéliens juifs ou de Musulmans ou de Chrétiens palestiniens, massacrés en nombre
aujourd’hui par l’armée israélienne dans le silence coupable d’une France traditionnellement protectrice des Lieux Saints. Cette position humaniste nous vaut de nombreuses pressions et
insultes.
Au demeurant, nous rencontrons ici, si l’on en croit les sondages officiels, une ligne partagée par une majorité de Français ordinaires sur qui la propagande
israélienne n’a plus d’effet.
Qui veut mourir pour le projet de Netanyahou ?
Pour ma part, je viens d’une famille ouvrière qui a caché des Juifs pendant la guerre.
Ma famille vivait sous administration militaire allemande, puisqu’elle habitait Liège. Le régime d’occupation y était sensiblement plus raide et brutal que dans la
France occupée. Pourtant, cacher des Juifs, c’était résister et sauver des innocents. Risquer sa vie pour eux était une question de dignité et coulait de source.
N’oublions jamais que, durant l’Occupation, ceux qui résistaient aux Allemands et aux Autrichiens étaient appelés terroristes.
Je viens donc d’une famille de terroristes, qui m’a initié à la langue allemande, parce qu’au fur et à mesure des perquisitions, mes tantes, mon oncle apprenaient
cette langue et souvent répétaient devant moi, bien des années plus tard, avec angoisse, de façon quasi automatique, les paroles des soldats de la Wehrmacht qui débarquaient à la maison à la
recherche d’autres terroristes.
Après le 7 octobre, je n’ai eu aucun état d’âme à considérer que le terrorisme du Hamas était monstrueux. Mais j’ai aussi condamné les massacres de civils à Gaza,
et j’en suis fier. Je trouve immondes les agents de la vassalisation aux Etats-Unis et à Israël qui m’ont traité d’antisémite, simplement parce que l’aide que nous avons apportée aux Juifs
pendant la guerre ne doit pas être souillée par des meurtres barbares décidés par un gouvernement d’irresponsables.
Redisons-le, répétons-le inlassablement : le gouvernement israélien consacre plusieurs millions d’euros pour déverser sa propagande un peu partout en Europe, et
particulièrement en France, qui accueille la deuxième diaspora juive dans le monde. Cette propagande ne fait pas dans la dentelle : soit tu soutiens l’hécatombe à Gaza, soit tu es
antisémite.
De fil en aiguille, la destruction massive de Gaza se mue en destruction massive du Liban et en recomposition sans état d’âme du Moyen-Orient. Pour y parvenir,
Benjamin Netanyahou profite de l’apathie d’un Joe Biden affaibli, et joue délibérément aux docteurs Folamour avec son arsenal nucléaire.
Les frappes israéliennes tous azimuts peuvent tout à fait nous entraîner dans un conflit sans limite. Ce que les Anglo-Saxons appellent une “All-out war”. Dans ce
cas de figure, l’engagement militaire français ne se limitera pas à des images télévisées où chacun commentera une actualité “extérieure”. Rien n’exclut que notre sol ne soit frappé par le
conflit, et que nos enfants ne doivent être engagés dans des combats au sol.
Benjamin Netanyahou n’a jamais eu un mot de sympathie pour les goyim qui le soutiennent dans ses délires. Au contraire, il se contente de les menacer, de les
intimider dès qu’ils osent la moindre nuance. Il ne semble pas sensible à la culpabilité que nous exprimons vis-à-vis de la Shoah, sauf pour en jouer à son profit. Sa réaction aux déclarations
d’Emmanuel Macron ce week-end l’a rappelé : Les pays chrétiens, pour Nétanyahou, sont un arsenal ambulant, et rien d’autre.
Êtes-vous prêts à accepter que vos enfants meurent pour son projet de recomposition du Moyen-Orient ?
Mobilisons-nous pour préserver nos libertés.
Des informations passent la censure : Les frappes iraniennes ont fait du dégât en Israël
Malgré la censure militaire israélienne, des informations de plus en plus nombreuses montrent que les frappes iraniennes n’étaient pas du théâtre. Les Iraniens sont non seulement montés en gamme
par rapport à la mi-avril, mais ils ont aussi multiplié le nombre de cibles, en particulier militaires. le Dôme de Fer et l’ensemble du dispositif anti-missile israélien ont exposé leurs
vulnérabilités.
Je donne, pour commencer, quelques extraits du dernier papier de Simplicius, publié ce 4 octobre au matin. Comme on va le constater, l’analyste militaire a vaincu
son scepticisme de mercredi dernier quant à l’effectivité des frappes iraniennes:
Les missiles iraniens ont réussi à déjouer la défense aérienne multicouche d’Israël, écrit le magazine « Der Spiegel ».La
publication note que cette fois-ci ,
l’attaque de missiles a été nettement plus réussie que la précédente, en avril, lorsqu’Israël et ses alliés avaient encore réussi à intercepter 99 % des missiles et des drones
iraniens.«
Ils ont probablement tiré les leçons des attaques d’avril et ont choisi cette fois des missiles balistiques », explique l’expert militaire Fabian Hinz, de l’Institut international
d’études stratégiques (IISS).
Nous disposons maintenant de photos satellite de la base de Nevatim.
Un hangar a été touché et, sur une photo satellite antérieure, la queue de ce qui semble être un avion de combat en sortait :
Cependant, d’autres impacts sont apparus un peu partout.
La zone de la base touchée était la zone « transport, ravitaillement, surveillance et reconnaissance », qui abriterait le 122e escadron Nachshon (EW/signaux), et non la zone des avions de
chasse où se trouvent habituellement les fameux F-35. (…)
Les experts ont ensuite identifié 32 points de frappe à partir d’une vue satellite plus large de 3 mètres :
Cependant, il semble que nous ne disposions pas encore de photos satellite détaillées des autres sections, ni des autres bases aériennes susceptibles d’être touchées, à savoir les bases
aériennes de Hatzerim et de Tel Nof.
Le plus intéressant est qu’il y a eu une brève controverse hier concernant des nuages numériques déchiquetés apparemment « peints » au-dessus des bases israéliennes, empêchant d’évaluer
les dommages. Les experts ont estimé qu’il s’agissait simplement de « nuages » – bien qu’étrangement, cela semble rarement se produire en Ukraine – mais le plus étrange est que les deux
bases pénétrées ont apparemment eu cette « chance » nuageuse
Un fil intéressant, dont les vidéos ont été vérifiées
Comme on a vu circuler beaucoup de vidéos, j’indique ce fil sur X, dont les vidéos ont été vérifiées:
La controverse sur les F35
Une question se pose: dans quelle mesure, les Iraniens ont-ils réussi à détruire des F35 américains ? C’est bien entendu le secret le mieux gardé vis-à-vis de
l’opinion publique, vu sa charge symbolique.
Pour Military Watch, il ne fait aucun doute que beaucoup d’avions ont été détruits :
Les rapports indiquent que la majeure partie des F-35 de la base aérienne de Nevatim – plus de 20 chasseurs – ont été détruits lors de l’attaque, les chasseurs furtifs représentant l’une
des cibles les plus précieuses en Israël. L’installation a été largement qualifiée de « base aérienne la plus
importante d’Israël » en raison de l’ importance des F-35 dans la flotte
du pays. Israël ne dispose que de deux escadrons de ces coûteux jets furtifs et en dépend fortement, car le reste de la flotte de chasseurs repose sur une avionique largement obsolète et
sur de vieux radars à balayage mécanique. Les F-35 jouent un rôle central dans les plans israéliens d’attaques potentielles contre l’Iran,
leurs capacités furtives et leur avionique avancée, y compris les systèmes de guerre électronique et d’autres dispositifs de suppression de la défense aérienne, en faisant des atouts
optimaux pour de telles opérations. La destruction des F-35 est donc une étape importante pour limiter la capacité d’Israël à répondre par une nouvelle escalade. Bien qu’Israël ait
commandé un troisième escadron de F-35,
des problèmes importants liés à
la production, qui ne représente qu’une fraction
des taux initialement prévus, ont entraîné une très longue file d’attente pour les livraisons, ce qui signifie qu’Israël ne commencera à recevoir les chasseurs nouvellement commandés qu’à
partir de 2028.
L’état actuel de la flotte de chasseurs israélienne reste très incertain et, outre la destruction signalée de la base aérienne de Nevatim, d’autres pertes de chasseurs ont été signalées,
notamment des pertes de F-15 à la base aérienne de Hatzerim.
Les plans de représailles de l’Iran contre Israël nécessitaient une coordination avec ses alliés. Le lundi 30 septembre, le Premier ministre russe Mikhail Mishustin s’est rendu à Téhéran pour des discussions prévues de longue date sur
la coopération économique (…)
Moscou a donc probablement été informée des frappes à venir contre Israël. La Chine a également été assurée et informée:
Quelques heures plus tard, après le départ de Mishustin, le corps des gardiens de la révolution iranienne a lancé une volée de quelque 250 missiles balistiques en direction d’Israël:
Chef d’état-major des forces armées iraniennes :
Parmi nos cibles figuraient les trois principales bases aériennes d’Israël, le QG terroriste du Mossad, les sites radars et les sites de rassemblement des véhicules blindés autour de la bande
de Gaza, responsables du génocide à Gaza.
La défense antimissile israélienne « Dôme de fer » n’a pas été en mesure d’intercepter un nombre significatif de missiles iraniens.
Plus de 250 missiles balistiques iraniens ont touché #Israël. De nombreux bâtiments en Israël sont endommagés. La possibilité d’une guerre régionale s’accroît. Les Israéliens s’attendent à
des représailles et l’Iran à des représailles. …
Des vidéos vérifiées montrent des dizaines d’impacts de missiles iraniens contre des cibles
en Israël. Plusieurs frappes ont touché le quartier général du Mossad à Tel-Aviv. Une plate-forme gazière située sur la côte d’Ashkelon aurait également été touchée. La vidéo montre
qu’elle est en feu.
Un semi-avertissement ?
Simplicius affine l’explication, avec trois jours de recul :
L’Iran a averti les États-Unis après
avoir lancé les missiles.
En réalité, nous savons pertinemment que les États-Unis et Israël s’attendaient déjà à ces frappes, puisque des articles ont été publiés plusieurs heures auparavant, indiquant que l’Iran
se préparait peut-être à des frappes. La surveillance par satellite des États-Unis et d’Israël l’aurait probablement révélé en voyant l’Iran installer l’équipement nécessaire dans sa base
située à l’extérieur de Chiraz – j’ai vu des images à ce sujet.
Ainsi, sachant qu’une attaque était imminente, même si les propos d’Araghchi sont exacts, Israël et les États-Unis disposeraient d’environ 10 à 15 minutes pour effectuer les mouvements de
dernière minute nécessaires, comme faire décoller des F-35, car c’est le temps qu’il faudrait aux missiles pour atteindre Israël.
Le scénario apparaît forcé. En réalité, la capacité à détruire les F35 a moins dépendu d’une réaction israélienne de dernier moment que de la précision des missiles
envoyés.
On reste dans le cadre de frappes en-deçà d’une guerre totale. Mais les thèses contradictoires sur les destructions de F35 donnent à penser qu’au moins quelques
unités ont été détruites.
Ils mentent. Ils trichent. Ils volent. Ils bombardent. Et ils manipulent
Les
psychopathes talmudiques ne sont pas seulement obsédés par le déchaînement du feu contre l’Axe de la Résistance, ils s’en prennent désormais aussi aux intérêts nationaux russes.
On pourrait faire valoir que la Nuit de Représailles Balistiques de l’Iran, réponse mesurée aux provocations en série d’Israël, a moins de conséquences sur
l’efficacité de l’Axe de la Résistance que la décapitation du commandement du Hezbollah.
Néanmoins, le message a suffi à faire frémir les psychopathologues talmudiques ; malgré leurs dénégations hystériques et leur propagande massive, le Papier
Toilette en Fer et le système Arrow ont de facto été rendus inutiles.
Le CGRI a fait savoir que la volée de missiles avait été inaugurée par un seul Fatteh 2 hypersonique qui a détruit le radar du système de défense aérienne
Arrow 3, capable d’intercepter les missiles dans l’atmosphère.
Et des sources militaires iraniennes bien informées ont indiqué que des pirates informatiques étaient passés en mode cyberattaque lourde pour perturber le
système Dôme de fer juste avant le début de l’opération.
Le Corps des gardiens de la révolution iranienne a finalement confirmé qu’environ 90% des cibles prévues avaient été touchées, ce qui signifie que chaque
cible était censée recevoir plusieurs missiles et que certains ont été interceptés.
Les spéculations vont bon train quant au nombre de F-35 et de F-15 détruits ou endommagés sur les deux bases aériennes, dont l’une, Nevatim, dans le Néguev,
est devenue littéralement inopérante.
L’entente militaire entre l’Iran et la Russie – dans le cadre de leur partenariat stratégique global qui allait bientôt être signé – était en vigueur. Le
CGRI a utilisé le brouilleur électromagnétique russe récemment fourni pour aveugler les systèmes GPS d’Israël-OTAN – notamment ceux des avions américains. C’est ce qui explique le Dôme de
fer frappant au loin dans le ciel vide de la nuit.
Présenter
les représailles de l’Iran comme un casus belli
Rien de tout cela n’a changé de manière substantielle l’équation de la dissuasion. Israël continue de bombarder le sud de Beyrouth. Le schéma reste le même
: chaque fois qu’ils sont touchés, les génocidaires crient de douleur ou pleurnichent comme des bébés agaçants alors même que leur machine à tuer continue de tourner – avec des civils non
armés comme cibles privilégiées.
Les bombardements ne s’arrêtent jamais – et ils ne s’arrêteront pas, de la Palestine au Liban et à la Syrie, en passant par l’Asie occidentale, et menant à
la «réponse» de la Nuit Balistique de l’Iran.
L’Iran se trouve dans une position géopolitique et militaire extrêmement difficile, sans parler de la situation géoéconomique, toujours sous le coup d’un
tsunami de sanctions. Il est évident que les dirigeants de Téhéran sont pleinement conscients du piège tendu par le combo talmudique-sioniste américain, qui veut entraîner l’Iran dans une
guerre majeure.
Jake Sullivan, l’un des piliers du combo Biden qui dicte réellement la politique américaine (au nom de leurs sponsors), compte tenu de l’état pathétique du
zombie à la Maison-Blanche, l’a pratiquement explicité :
«Nous avons clairement
indiqué que cette attaque aurait des conséquences – de graves conséquences – et nous travaillerons avec Israël pour nous en assurer».
Traduction : La Nuit des Représailles est présentée comme un casus belli. Les États-Unis et Israël accusent déjà l’Iran d’être responsable de la méga-guerre
qui pourrait éclater au Moyen-Orient.
Cette guerre est le Saint des Saints depuis au moins l’époque du régime Cheney – il y a deux décennies. Et pourtant, Téhéran, s’il le décidait, a déjà ce
qu’il faut pour raser Israël. Ils ne le feront pas parce que le prix à payer serait insupportable.
Même si les psychopathes talmudiques et les Sio-cons obtenaient finalement ce qu’ils souhaitent, ce qui est peu probable, cette guerre, après une campagne
de bombardements dévastatrice, ne pourrait être gagnée qu’avec l’envoi massif de troupes américaines sur le terrain. Peu importe la manière dont les médias/Think Tankland contrôlés par
les zio-cons le présentent, cela n’arrivera pas.
Et la marche de la folie se poursuit sans interruption : le projet sioniste, une étreinte mortelle entre les États-Unis et Israël, contre l’Iran. Mais avec
une différence de taille : le soutien de la Russie et, plus loin derrière, de la Chine. Ces trois pays forment la triade clé des BRICS. Ils sont à l’avant-garde de la construction d’un
monde multinœudal nouveau
et équitable. Et ce n’est pas un hasard s’il se trouve qu’ils sont les trois principales «menaces» existentielles pour l’Empire du Chaos, du Mensonge et du Pillage.
Alors que le projet Ukraine est en train de sombrer dans l’Histoire et que l’«ordre international fondé sur des règles» est définitivement enterré dans la
terre noire de Novorossia, le véritable front de la Guerre Unique, la nouvelle incarnation des Guerres Éternelles, est l’Iran.
Parallèlement, Moscou et Pékin réalisent pleinement que plus l’Exceptionalistan s’enlisera au Moyen-Orient, plus ils disposeront d’une marge de manœuvre
pour accélérer l’assèchement du Léviathan bancal.
Gaza-sur-le-Litani
Le Hezbollah a du pain sur la planche. Les ressources – en particulier l’approvisionnement en armes et en matériel militaire, via la Syrie et par voie
aérienne de l’Iran vers le Liban – deviendront de plus en plus rares. À titre de comparaison, Israël dispose d’une chaîne d’approvisionnement illimitée à partir de l’Exceptionalistan,
sans parler des tonnes d’argent.
Les renseignements israéliens sont loin d’être négligeables, puisque des commandos ont pénétré en profondeur et en secret dans le territoire du Hezbollah
pour recueillir des informations sur le réseau de fortifications. Lorsqu’ils atteindront les zones peuplées du Sud-Liban – en fait, si ils atteignent -, il s’agira de bombardements
démentiels et de tirs d’artillerie lourde contre des zones résidentielles.
Cette opération pourrait bien s’appeler «Gaza-sur-le-Litani». Elle n’aura lieu que si le réseau complexe du Hezbollah au Sud-Liban est démantelé – un «si»
considérable.
Malgré toutes ses bonnes intentions, Jeffrey Sachs n’a pas hésité à qualifier les
Israéliens de terroristes extrémistes judéo-suprémacistes. La quasi-totalité de la Majorité mondiale en est désormais consciente.
La suite de la planification talmudique-zio-con pourrait notamment inclure un horrible faux drapeau, peut-être après l’élection présidentielle américaine,
par exemple sur un navire de l’OTAN ou sur des troupes américaines dans le golfe Persique, afin d’enfermer la nouvelle administration dans la guerre américaine contre l’Iran, prévue de
longue date. Dick Cheney aura un orgasme – et crèvera.
Le sommet des BRICS, qui se tiendra à Kazan sous la présidence russe, aura lieu dans moins de trois semaines. En contraste frappant avec les génocides et
les guerres en série au Moyen-Orient, Poutine et Xi se tiendront près de la porte – ouverte – au nom des BRICS+, accueillant des dizaines de pays qui fuient l’Occident collectif comme la
peste.
La Russie est maintenant pleinement derrière l’Iran – et autant qu’en Ukraine qui bat de l’aile, cela signifie que la Russie est en guerre contre les
États-Unis/Israël ; après tout, le Pentagone abat directement les missiles iraniens, alors qu’Israël est l’État prééminent de facto des États-Unis, entièrement, fiscalement soutenu par
les contribuables américains.
La situation devient de plus en plus délicate. Immédiatement après une réunion très importante entre Alexander Lavrentiev, l’envoyé spécial de Poutine en
Syrie, et Ali Akbar Ahmadian, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, Tel-Aviv est entré en pleine démence – quoi d’autre – et a pris pour cible des entrepôts
des forces russes en Syrie.
Il y a eu une réponse conjointe de la Russie et de la Syrie en matière de défense aérienne. Ce que cela montre, c’est que les psychopathes talmudiques ne
sont pas seulement obsédés par le déchaînement du feu contre l’Axe de la Résistance, mais qu’ils s’en prennent maintenant aussi aux intérêts nationaux russes. Cela peut devenir très moche
pour eux en un clin d’œil – et c’est une illustration de plus que le nom du jeu (nouveau et mortel) est États-Unis/Israël contre Russie/Iran.
Un
attachement sincère à la vérité, à la justice et à la bonté ne peut que conduire à considérer le projet sioniste avec un dégoût total après avoir appris ce qu’il est réellement, ce qu’il
fait réellement et pourquoi nos gouvernements occidentaux le soutiennent réellement.
Les bons Occidentaux ne commencent pas par haïr Israël. Lorsque notre cœur est à la bonne place, nous commençons par accorder à Israël le bénéfice du doute
et nous supposons que la situation doit être plus compliquée qu’il n’y paraît, parce que nous n’allons pas simplement supposer par réflexe que l’État juif est mauvais comme une sorte de
néo-nazi. Nous avons grandi en apprenant la persécution du peuple juif, en regardant des films et en lisant des livres à ce sujet, et en jurant, comme tout le monde, que cela ne se
reproduirait plus jamais.
C’est pourquoi, pour des raisons tout à fait sensées et naturelles, nous avons tendance à commencer par considérer tout ce qui a trait aux juifs et au
judaïsme d’un œil sympathique.
Ce n’est que lorsque nous commençons à apprendre et à prêter attention aux actions d’Israël que ce point de vue commence à changer. Nous finissons par
comprendre qu’Israël est en fait profondément mauvais, non pas parce qu’il est rempli de juifs, mais parce qu’il s’agit d’un projet occidental de colonisation qui inflige à la population
indigène les mêmes types de génocide, de nettoyage ethnique, de vol et d’abus que d’autres projets occidentaux de colonisation tels que l’Australie, les États-Unis et le Canada ont
infligés au cours des siècles précédents.
Et nous apprenons que ce mal n’imprègne pas seulement le gouvernement israélien, mais toute la société israélienne – non pas à cause du judaïsme ou de la
judéité, mais pour la même raison que la haine et le racisme imprégnaient les sociétés du sud Jim Crow et de l’Afrique du Sud de l’apartheid. Les Israéliens sont endoctrinés dès leur
naissance à considérer les populations indigènes non juives de la région comme moins qu’humaines, parce que sinon il n’y aurait aucun sens moral à ce qu’il y ait un État où un groupe
ethnique reçoit un traitement préférentiel par rapport aux autres, ou à ce que cet État ait été déposé sur une civilisation préexistante sans l’autorisation des personnes qui y vivent.
Cet endoctrinement est le ciment de l’ensemble du projet colonialiste.
Nous apprenons que c’est ce que nous voyons lorsque nous traduisons des commentaires d’Israéliens en hébreu sur les médias sociaux qui ressemblent à une
page de «Mein Kampf»
d’Hitler, ou lorsque nous voyons des photos de soldats israéliens s’habillant de manière moqueuse avec les vêtements de femmes palestiniennes mortes ou déplacées et jouant avec les jouets
d’enfants palestiniens morts ou déplacés, ou lorsque nous lisons des sondages d’Israéliens juifs soutenant les massacres quotidiens perpétrés par Israël dans la bande de Gaza et au Liban.
Voilà à quoi ressemble une société entière endoctrinée dès sa naissance à considérer ses voisins comme des sauvages sans esprit.
Et nous comprenons progressivement que, tout comme les Israéliens juifs sont endoctrinés d’une manière qui déforme leur perception et leur conscience, nous
avons nous-mêmes été endoctrinés pour voir Israël sous un jour favorable. Tous nos médias présentent constamment Israël comme la victime de toute violence dans laquelle il est impliqué,
et tous nos politiciens présentent constamment Israël comme un ami et toute personne qui s’y oppose comme un ennemi. Cela se produit pour la même raison que la classe politico-médiatique
occidentale nous ment sur toutes les guerres occidentales : Parce qu’Israël est un élément crucial de la machine de guerre occidentale. C’est la seule raison pour laquelle son projet de
colonisation est soutenu par l’empire occidental.
Joe Biden a souvent dit que s’il n’y avait pas d’Israël, les États-Unis devraient en créer un pour protéger leurs intérêts au Moyen-Orient. Le fait d’avoir
un État qui est à la fois (A) construit artificiellement à partir de la base par des forces occidentales et (B) entièrement dépendant du soutien de l’empire occidental donne à l’empire un
outil permanent avec lequel justifier la présence militaire non-stop nécessaire pour dominer une région cruciale riche en ressources, et pour créer la violence et le chaos nécessaires
pour empêcher le Moyen-Orient de s’unir en un puissant bloc de superpuissances qui n’est pas redevable aux intérêts occidentaux.
C’est pourquoi Israël est si important pour l’empire occidental, et c’est pourquoi nous avons toujours été bombardés de messages dans les médias nous disant
que nous devrions soutenir Israël. Les bons Occidentaux ne commencent pas par détester Israël parce qu’ils grandissent dans un environnement d’information qui nous programme pour le
soutenir et qui exploite la persécution historique des juifs pour nous manipuler et nous faire soutenir un État d’apartheid meurtrier qui ne peut exister sans une guerre
incessante.
Les bons Occidentaux ne commencent pas par haïr Israël, mais, s’ils sont vraiment bons, ils finissent par haïr Israël. Un dévouement sincère à la
vérité, à la justice et à la bonté ne peut qu’amener à considérer le projet sioniste avec un dégoût total après avoir appris ce qu’il est réellement, ce qu’il fait réellement et pourquoi
nos gouvernements occidentaux le soutiennent réellement.
Je vois beaucoup de Français sincères qui sont persuadés que si l’on veut défendre la nation et la souveraineté il faudrait être un partisan d’Israël.
Cela les amène à fermer les yeux sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité du gouvernement Netanyahou.
En réalité, la souveraineté et l’indépendance d’Israël sont une illusion : Ce sont des bombes américaines qui tuent à Gaza et à Beyrouth. Sans le soutien
des USA, Israël aurait dû faire des compromis depuis longtemps – se comporter comme une nation.
Israël aujourd’hui n’est que le poste avancé d’un empire mortifère. Et ne vous y trompez pas : Les Palestiniens, à qui on refuse depuis des décennies la
mise en œuvre des résolutions de l’ONU, sont l’exemple par excellence du sort que réserve l’Occident euro-atlantique aux peuples qui veulent exister comme nations libres et
pacifiques.
Tous ceux qui se lamentent sur notre perte de souveraineté sans défendre les Palestiniens ne comprennent pas les enjeux du conflit actuel.
Abandonnez les Palestiniens et un jour, les derniers défenseurs d’une nation française libre et indépendante seront écrasés sous la botte de fer du fascisme gris
occidental. Défendez les Palestiniens et vous comprendrez rapidement que c’est vous que vous défendez. La cause palestinienne doit être la cause prioritaire de toutes les nations
libres.
La France ne pourra garantir durablement sa souveraineté et son indépendance que dans un monde où la Palestine a le droit d’exister comme un État souverain.
C’est à Gaza, en Cisjordanie et au Liban que se joue l’avenir de la France. C’est là que commencera – ou non – la reconstruction d’un ordre international pacifique et stable. La création
d’un État national palestinien, conformément aux résolutions des Nations unies est le passage obligé vers un meilleur XXIe siècle.
Netanyahou a prononcé un discours de 35 minutes devant une assistance très
clairsemée, de nombreux diplomates ayant quitté la salle pour marquer leur réprobation pour l’accueil d’un génocidaire dans l’enceinte de l’Assemblée générale de l’ONU.
Le chef de l’État Hébreu avait pris la précaution de faire venir une claque que l’on a vu clairement regroupée dans les tribunes à l’arrière de la salle.
Cette claque permettait aux télévisions amies de filmer quelques gros plans sur des applaudissements et d’abuser les téléspectateurs en leur laissant croire que Netanyahou pouvait encore
être soutenu à l’ONU.
La teneur de son discours a été marquée par deux maladresses : la première a été
de traiter l’ONU de «marécage antisémite» et de «farce méprisable». La seconde a été de réitérer les deux
plus gros mensonges de son narratif de la journée du 7 octobre 2023, mensonges désormais connus de la planète entière, à savoir : l’histoire des bébés démembrés et brûlés vivants,
mensonge dénoncé par la presse israélienne elle-même et surtout l’oubli de dire que la moitié des victimes israéliennes du 7 octobre l’avaient été sous le feu des Forces israéliennes en
application de la directive Hannibal.
Ces deux maladresses ont complètement décrédibilisé l’ensemble de son discours. C’était à peu près aussi ridicule que si Colin Powell revenait d’outre-tombe
avec un petit tube en verre pour réitérer ses mensonges éhontés de 2003 devant le Conseil de sécurité de l’ONU sur les armes de destruction massives prétendument détenues par
l’Irak.
Netanyahou est-il un menteur, lui aussi ? Oui, si l’on en croit Nicolas Sarkozy, Obama et Chirac
Parmi les représentants des pays qui ont quitté la salle de l’Assemblée générale de l’ONU lors du discours de Netanyahou se trouvaient ceux
de l’Indonésie.
4ème pays le plus peuplé au monde, 6ème puissance économique en parité de pouvoir d’achat, membre du G 20, ce pays en forte croissance est, avec beaucoup d’autres, vent debout contre
Israël. L’Occident otanien, complice d’Israël, ne devrait donc pas être surpris de voir l’Indonésie se tourner vers la multipolarité, voire les BRICS, plutôt que vers le
sionisme mondialiste pratiqué avec ferveur par des gouvernances corrompues de l’Occident otanien. Encore un clou dans le cercueil de la défunte hégémonie occidentale
US-UE-OTAN-AUKUS.
L’agence de notation internationale de crédit Moody a dégradé les notations locales et monétaires à long terme du gouvernement israélien de A2 à
Baa1, soit de deux crans,
en raison de perspectives négatives. C’est la deuxième baisse en 2024. En février Moody avait déjà dégradé la note d’Israël d’un cran (de A1 à A2). Une baisse de trois
crans en 6 mois, c’est du jamais vu pour Israël.
Cette baisse serait-elle l’expression d’un antisionisme primaire de la part de l’agence Moody ?
Probablement pas puisque l’agence Fitch avait fait de même en août dernier. Mais pas de panique, tout va bien. Le Mozart israélien de la Finance et du
nettoyage ethnique Bezalel Smotrich, a expliqué sur X, que l’économie israélienne rebondirait à la suite des mesures budgétaires «responsables»
qu’il prévoit de prendre.
Ce genre de promesse n’engage que ceux qui les croient. Elles ressemblent à celles de Bruno Lemaire, il y a deux ans, qui nous avait promis d’effondrer
l’économie russe. Ça craint…
Liban
Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a été tué par une frappe israélienne à Beyrouth. Cet assassinat a été fermement et immédiatement condamné,
sans surprise, par la Chine, la Russie et l’Iran ainsi que par plusieurs pays qui leur sont liés (Venezuela, Cuba, Syrie, RPDC, Y2men, Irak, mais aussi Pakistan, Turquie, Tunisie et
d’autres).
Cet assassinat ne devrait pas changer grand-chose aux cours des événements que nous connaissons tous, à l’exception peut-être, d’un durcissement de la
résistance libanaise, arabe et musulmane contre l’État d’Israël et ses complices de l’Occident otanien.
Paradoxalement, le chiite Hassan Nasrallah était respecté par la rue sunnite pour la continuité et la détermination de sa résistance à Israël, pendant plus
de trente ans. En l’assassinant, Netanyahou a réussi l’exploit de faire l’unité des rues sunnites et chiites, dans tous les pays majoritairement musulmans, contre Israël et ses complices
de l’Occident otanien.
Lorsqu’on additionne tout cela avec les conflits en Ukraine et en mer de Chine, on réalise qu’Israël entraîne avec lui cet Occident otanien dans un
isolement géopolitique et économique qui ne peut que croître. Il faut garder à l’esprit que les ressources énergétiques et de matières premières manquent cruellement aux pays de
l’Occident otanien pour faire tourner leurs économies et qu’ils ne sont plus en mesure d’aller les reconquérir par la force des armes.
Liberté
d’expression sur le conflit israélo-palestinien
Une vidéo m’a beaucoup amusé et attristé à la fois. Une dizaine de policiers allemands, la plupart en
surpoids, courent après un gamin de douze ans pour l’appréhender au seul motif qu’il brandissait un drapeau palestinien.
• Si l’on peut sans problème brandir des drapeaux israéliens en nombre illimité en Allemagne, le faire avec un drapeau palestinien y est manifestement
prohibé. Et ceux qui veulent témoigner sur la Palestine et Gaza y sont interdits de séjour.
• À
regarder opérer la bande de pieds nickelés en surpoids de la Polizei allemande, on se dit que l’Allemagne de 2024 n’a rien à voir avec celle qui enchaînait les victoires en 1939 et qui a
tenu en échec une coalition mondiale pendant 6 ans. En 1939, les Allemands sous l’uniforme étaient jeunes et musclés. En 2024, ils ont vieilli et pris du poids. On ne gagne pas les
guerres avec des soldats en surpoids, accrocs à la télé, aux jeux vidéo, au confort et au téléphone portable.
Il y a quelques minutes qu’Israël a lancé un nouveau projet de violence militaire de masse, il est donc peut-être temps de rafraîchir les règles officielles
sur la façon dont nous sommes censés penser et parler de ces questions.
Règle 1
: L’histoire enregistrée a commencé le 7 octobre 2023. Il s’est peut-être passé des choses avant cette date, mais personne ne s’en souvient.
Règle 2
: Tout ce qu’Israël fait de mal est justifié par la règle 1. Cela est vrai même s’il fait des choses qui seraient considérées comme totalement injustifiables si elles étaient
faites par une nation comme la Russie ou l’Iran.
Règle 3
: Israël a le droit de se défendre, mais personne d’autre ne l’a.
Règle 4
: Israël ne bombarde jamais les civils, il bombarde les terroristes. Si un nombre choquant de civils meurent, c’est parce qu’ils étaient en fait des terroristes, ou parce que
des terroristes les ont tués, ou parce qu’un terroriste s’est tenu trop près d’eux. Si aucune de ces raisons ne s’applique, c’est pour une autre raison mystérieuse sur laquelle nous
attendons toujours que les FDI enquêtent.
Règle 5
: Critiquer tout ce que fait Israël signifie que vous haïssez le peuple juif. Il n’y a aucune autre raison pour laquelle quelqu’un pourrait s’opposer à ce que des explosifs
militaires soient largués sur des zones remplies d’enfants, si ce n’est une haine obsessionnelle pour une petite foi abrahamique.
Règle 6
: Rien de ce que fait Israël n’est jamais aussi mauvais que les critiques haineuses décrites dans la règle 5. Les critiques des actions d’Israël sont toujours pires que les
actions d’Israël elles-mêmes, parce que ces critiques haïssent les juifs et souhaitent commettre un nouvel Holocauste. Empêcher cela doit mobiliser 100% de notre énergie politique et de
notre attention.
Règle 7
:Israël ne peut jamais être la victime, il ne peut qu’être la victime. Si Israël attaque le Liban, c’est parce que le Hezbollah l’a attaqué sans aucune
provocation alors qu’Israël s’occupait innocemment de ses affaires en essayant de commettre un petit génocide en toute tranquillité. Si les gens protestent contre le fait qu’Israël
bombarde des villes entières pour les réduire en poussière, alors Israël est la victime parce que les protestations ont rendu les partisans d’Israël tristes.
Règle 8
: Le fait qu’Israël soit littéralement toujours en état de guerre avec ses voisins et avec les populations indigènes déplacées doit être interprété comme une preuve que la
règle 7 est vraie plutôt que comme une preuve que la règle 7 est un non-sens ridicule.
Règle 9
: Les vies arabes sont beaucoup, beaucoup moins importantes pour nous que les vies occidentales ou israéliennes. Personne n’est autorisé à réfléchir sérieusement aux raisons
de cette situation.
Règle 10
: Les médias disent toujours la vérité sur Israël et ses différents conflits. Si vous en doutez, vous êtes probablement en violation de la règle 5.
Règle 11
: Les affirmations non fondées qui dépeignent les ennemis d’Israël sous un jour négatif peuvent être rapportées comme des nouvelles factuelles sans aucune vérification des
faits ou qualification, tandis que les dossiers largement prouvés de la criminalité israélienne doivent être rapportés avec un scepticisme extrême et des qualificatifs douteux comme «le
Liban dit» ou «selon le ministère de la santé dirigé par le Hamas». Il est important de le faire, car sinon vous pourriez être accusé d’être un propagandiste.
Règle 12
: Israël doit continuer à exister dans sa forme actuelle, quel qu’en soit le coût ou le nombre de morts. Il n’est pas nécessaire de présenter des raisons logiques ou morales
pour lesquelles c’est le cas. Si vous contestez cela, vous êtes probablement en violation de la règle 5.
Règle 13
: Le gouvernement américain n’a jamais menti sur quoi que ce soit, et est toujours du bon côté dans tous les conflits.
Règle 14
:(Américains
uniquement) Rien de ce qui se passe au Moyen-Orient n’est aussi urgent ou important que de s’assurer que la bonne personne gagne l’élection présidentielle américaine. Ignorez
tous les faits gênants qui vous distraient de cette mission d’une importance inégalée.
Règle 15
: Israël doit être protégé parce qu’il est le dernier bastion de la liberté et de la démocratie au Moyen-Orient, quel que soit le nombre de journalistes qu’il doit assassiner,
quel que soit le nombre d’institutions de presse qu’il doit fermer, quel que soit le nombre de manifestations que ses partisans doivent démanteler, quelle que soit la liberté d’expression
qu’il doit éliminer, quels que soient les droits civils qu’il doit effacer, et quel que soit le nombre d’élections que ses lobbyistes doivent acheter.
Le documentaire d’investigation de TRT World, «Holy
Redemption», dévoile la brutalité des colons juifs armés et illégaux qui visent à déraciner les Palestiniens de la Cisjordanie occupée.
L’équipe d’enquête et d’investigation de TRT World s’est infiltrée au sein du groupe «Jeune des collines» (Hilltop Youth) considéré comme «le Daesh
d’Israël», prêt pour le «grand massacre»
des Palestiniens.
Amos Hochstein, en sa qualité de représentant spécial du président Joe Biden et non pas en tant qu’officier israélien, a suggéré au président français,
Emmanuel Macron, de proposer une initiative de paix pour le Liban.
Les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron ont immédiatement publié un communiqué : «Il est temps de
parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers.
Les échanges de tirs qui ont eu lieu depuis le 7 octobre, et en particulier au cours des deux dernières semaines, menacent d’élargir le conflit et de porter atteinte aux civils.
C’est pourquoi nous avons travaillé ensemble ces derniers jours sur un appel conjoint à un cessez-le-feu temporaire afin de donner à la diplomatie une chance de réussir et d’éviter de
nouvelles escalades de part et d’autre de la frontière.»
Cette déclaration a été approuvée dans l’heure par l’Australie, le Canada, l’Union européenne, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, l’Arabie saoudite, les
Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et le Qatar.
Washington et Paris espèrent négocier un cessez-le-feu ou une trêve de trois semaines, durant laquelle Amos Hochstein effectuera des navettes diplomatiques
entre le Liban et Israël, jusqu’à parvenir à un accord global, à l’image de ce qui s’est produit en 2022 quand un deal sur la délimitation de la frontière maritime entre les deux pays
avait été conclu. Israël a rejeté cette proposition comme il l’avait fait des propositions de paix à Gaza. Cette initiative s’avère donc n’être qu’une mise en scène pour
permettre aux FDI de poursuivre leur attaque.
☞ L’accord israélo-libanais sur le frontière maritime prévoyait une répartition des zones d’exploitation des ressources d’hydrocarbures. Par la suite, il
s’est avéré que les données dont on disposait à l’époque étaient fausses et que la partie attribuée au Liban est bien moins dotée que l’on avait cru. Amos Hochstein est un expert
mondialement reconnu des exploitations pétrolières.
☞ Il importe de rappeler que durant les cinq semaines suivant l’opération Déluge d’Al-Aqsa (7 octobre 2023), les FDI ont pilonné l’extrême-sud du Liban pour
prévenir toute incursion du Hezbollah. Celui-ci n’a réagi qu’après le déplacement d’environ 100 000 Libanais, l’assassinat d’un photographe de Reuters et les blessures infligés à six
autres journalistes. La presse internationale ayant refusé de couvrir ce front dangereux, le Hezbollah a décidé de riposter et de provoquer le déplacement de 100 000
Israéliens. Il ne fait donc aucun doute qu’Israël est le seul responsable du conflit en cours.
☞ Le Mossad a lancé, les 17 et 18 septembre, une opération faisant exploser les bipeurs et talkies walkies du service de sécurité civil du Hezbollah (cf.
VAI 1964). Ces matériels n’étaient pas utilisés par les combattants du Hezbollah, mais par son service de sécurité, équivalent des polices municipales dans les communes où le Hezbollah a
remporté les élections. Cette opération constitue une violation de l’article 7 du Protocole sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des mines, pièges et autres dispositifs
(dit Convention de Genève du 10 octobre 1989). Elle a été unanimement condamnée par tous les États membres Nations unies et n’a pas été publiquement revendiquée par Israël.
☞ Immédiatement après, les FDI ont débuté des bombardements sur de nombreuses villes libanaises et des assassinats ciblés de commandants du Hezbollah,
tandis que celui-ci répliquait.
☞ Ces opérations correspondent à une déclaration du gouvernement de Benyamin Netanyahou, le 23 septembre, devant la Haute Cour d’Israël, reconnaissant qu’il
avait perdu face au Hamas à Gaza (cf. VAI 2000).
Depuis
sa fondation jusqu’à nos jours, Israël a été façonné par une mentalité d’«État gangster», marquée par une violence et une oppression débridées qui ne font qu’approfondir son instabilité –
une histoire à laquelle il semble ne pas vouloir se soustraire.
Le 31 mai 1948, un homme né en Pologne du nom de David Ben Gourion a converti les groupes terroristes sionistes – Haganah, Stern,
Irgoun et Palmach – en ce qui allait être appelé les «Forces de défense israéliennes» (FDI). Cet homme allait devenir le premier Premier ministre d’Israël et ses actions ont jeté les
bases de ce que beaucoup décrivent comme un État colonial de peuplement en Palestine.
Ce fait résume l’essence même de l’État d’occupation aujourd’hui, illustrant de manière frappante les racines violentes et aveugles sur lesquelles l’État et
son armée ont été établis. Aujourd’hui, les opérations militaires israéliennes se poursuivent à Gaza et en Cisjordanie occupée, où les chars écrasent les corps des morts et des blessés et
où les habitants sont jetés
du haut des toits ou victimes de tirs isolés dans leurs maisons.
Le fait de «donner la mort ou de
porter gravement atteinte à l’intégrité physique de civils dans le but d’intimider une population» est la définition même du terrorisme, selon les termes de l’Assemblée générale
des Nations
unies.
Des immeubles résidentiels entiers sont réduits en ruines au nom de l’«assassinat» de résistants, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou même à Beyrouth.
Le gouvernement israélien a normalisé les attaques sanglantes contre les hôpitaux, les églises et les mosquées, et a armé
les technologies de communication pour anéantir en masse les personnes dans les maisons, les bureaux et les rues, afin d’effrayer les civils et de les contraindre à la
soumission.
S’il y a bien un mot qui définit au mieux le modus operandi d’Israël, c’est le terrorisme.
Depuis sa création en tant qu’entité politique, en passant par ses premières campagnes de nettoyage ethnique, jusqu’à ses interventions militaires actuelles à Gaza, en Cisjordanie, au
Liban, en Syrie, en Irak, en Iran et au Yémen – sans parler de ses actions antérieures en Égypte, en Jordanie, en Tunisie et au Soudan -, l’histoire d’Israël est marquée par un mépris
flagrant pour le droit international et les principes moraux.
Le terrorisme est l’arme la plus puissante d’Israël, l’«État-gangster» que l’on surnomme aujourd’hui le «gang de Netanyahou», et de ses appareils
sécuritaires et militaires. Cette mentalité de gang fait depuis longtemps partie de l’idéologie sioniste, qui dissimule ses objectifs sous une noble rhétorique religieuse tout en
déclenchant des actes dépravés de violence et de domination.
Près d’un siècle plus tard, Israël lutte toujours pour obtenir un statut légitime, son existence étant perpétuellement entachée par sa création brutale et
l’oppression constante des Palestiniens.
Oubliez toutes les mystifications occidentales utilisées pour convaincre l’opinion publique selon lesquelles l’État d’occupation serait la «seule démocratie
du Moyen-Orient». Comme le dit un proverbe arabe :
«Ce qui est construit
sur le mensonge est mensonge».
Le «père fondateur» polonais de cet État, Ben Gourion, était lui-même plongé dans des campagnes de nettoyage ethnique criminel et de déplacement, tout comme
les bandes terroristes sionistes qui ont fondé l’État d’occupation sur la base des idées de l’Ukrainien Ze’ev
Jabotinsky. Ce dernier a été le premier à appeler à la militarisation du sionisme pour affronter les Palestiniens indigènes, et établir le projet colonial au Levant.
Les premiers sionistes qui ont combattu aux côtés des forces britanniques pendant la Première Guerre mondiale au sein de la Légion juive, cofondée par
Jabotinsky, ont fortement contribué à la formation progressive de l’État sioniste. De nombreux historiens pensent qu’en échange des services rendus par cette légion, ces Juifs occidentaux
ont bénéficié de la déclaration britannique Balfour,
qui s’engageait à créer un État pour eux en Palestine.
Israël est donc le produit de l’union illégitime entre une puissance coloniale en déclin et une puissance occupante émergente. Il est naturel que le
«mauvais garçon» illégitime né de ce mariage douteux présente de nombreuses caractéristiques des colonisateurs, des occupants, des voyous et des gangs terroristes.
Prenons, par exemple, un incident survenu avant la création de l’État d’occupation. En juillet 1938, le gang terroriste de l’Irgoun a fait exploser deux
voitures piégées sur le marché
de Haïfa, tuant et blessant 70 Palestiniens.
La violence de l’Irgoun s’est étendue au-delà de la Palestine, comme en 1946, lorsque des terroristes juifs ont fait exploser l’ambassade britannique à
Rome, frustrés par ce qu’ils considéraient comme l’hésitation des Britanniques à accélérer l’immigration juive en Palestine.
Cette attaque a contribué à alimenter le sentiment antijuif en Grande-Bretagne et a encouragé la poursuite de l’immigration juive en Palestine, une tactique
qui rappelle les complots sionistes en Égypte,
en Irak et
en Syrie visant à cibler et à terroriser les minorités juives, incitant à la violence et aux conflits sociaux qui les forceraient finalement à fuir vers la Palestine.
L’expression «terrorisme sioniste» était courante dans le discours officiel britannique, y compris dans la rhétorique et la correspondance de l’autorité
mandataire en Palestine. C’était notamment le cas dans les années 1930, avant la Seconde Guerre mondiale, et après le déclenchement de la Grande Révolte palestinienne de 1936-1939,
lorsque la population arabe indigène s’est soulevée contre les autorités d’occupation britanniques et l’afflux incontrôlé de colons juifs étrangers.
Prenons l’exemple du gang sioniste Lehi, également connu sous le nom de Stern, qui a assassiné le ministre britannique Lord Moyne au Caire en 1944. Le gang
de l’Irgoun, dirigé par le militant Menachem Begin – un autre futur Premier ministre israélien – a fait exploser l’hôtel King David à Jérusalem en 1946, alors qu’il abritait le siège du
gouvernement du mandat britannique, tuant et blessant environ 150 personnes, dont des dizaines de Britanniques, de Palestiniens et même de Juifs.
Après le départ des Britanniques de Palestine, les bandes terroristes sionistes se sont tournées vers les Nations unies. En septembre 1948, le gang du Lehi
a assassiné le médiateur de l’ONU, le comte Folke Bernadotte, accusé de soutenir les Arabes.
Mais l’objectif premier des terroristes sionistes reste la population arabe indigène de Palestine, composée de musulmans, de chrétiens et de juifs. Leurs
campagnes violentes visaient les marchés, les mosquées, les espaces publics et des villages entiers, y compris d’horribles attaques dans des endroits comme Haïfa, Deir
Yassin et Tantura, où les habitants ont été brutalement assassinés, violés et torturés.
La création d’Israël en 1948 n’a guère contribué à mettre fin à cette mentalité de gang. Au contraire, elle s’est institutionnalisée au sein des nouvelles
forces de défense israéliennes, que Ben Gourion a contribué à façonner. Les massacres et l’oppression se poursuivent, mais à une échelle plus vaste et plus systématique.
En 1953, 200 Palestiniens ont été tués à Qibya, 70 à Qalqilya en 1956 et 49 à Kafr Qasim la même année. Il ne s’agit là que de quelques exemples des
atrocités commises, qui n’ont cessé de se multiplier au fil du temps.
L’État gangster a opéré en Asie occidentale sous couvert de l’immunité internationale, et est rapidement passé de la tutelle britannique à la tutelle
américaine. Les Britanniques ont ouvert la voie en promettant la création de l’État sioniste et en facilitant l’immigration juive, tandis que les États-Unis ont été les premiers à
reconnaître Israël en tant qu’«État indépendant» le 14 mai 1948.
Les partis démocrate et républicain ont convenu de ne pas toucher aux relations avec l’État depuis ses débuts. En 1972, Washington a utilisé pour la
première fois son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies en faveur d’Israël pour bloquer une plainte libanaise, un droit de veto que
Washington a utilisé plus de 50 fois depuis.
Selon les données de l’Agence américaine pour le développement international, Israël est le principal bénéficiaire de l’aide américaine, avec plus de 260
milliards de dollars entre 1948 et 2023, et 310 milliards de dollars à partir de mars 2024. Les deux tiers de cette aide sont de nature militaire, simplement pour permettre à Israël de
tuer à sa guise.
Mais la machine de guerre sioniste s’est emballée depuis les années 1930 jusqu’à aujourd’hui, tentant de tuer 4000 personnes en une minute en utilisant
des appareils
sans fil et des beepers à Beyrouth, et en traquant les Palestiniens jusqu’à la mort dans des zones censées être des «zones sécurisées». Si la brutalité a servi de tactique pour
démontrer la puissance et la supériorité d’Israël, elle n’a apporté à l’État ni la paix ni la stabilité.
Aujourd’hui, un sentiment croissant d’impuissance s’insinue
dans le discours israélien. Le lancement de l’opération «Al-Aqsa Flood» et les affrontements qui ont suivi avec toutes les composantes de l’Axe de résistance de l’Asie occidentale ont
ébranlé l’État israélien. Lorsque le Hezbollah a
bombardé le nord de la Palestine occupée, jusqu’à Haïfa, les médias israéliens ont rapporté que plus d’un million de citoyens se trouvent désormais à portée des missiles du
Hezbollah.
Même des généraux et analystes israéliens ont reconnu la précarité de la situation de Tel-Aviv. Le général de réserve Itzhak Brik a déclaré :
«Les réalisations
tactiques d’Israël constituent des capacités sans précédent, mais elles ne changent rien à la dangereuse réalité qui l’entoure».
Uri Misgav écrit dans le Haaretz israélien
que «c’est
une guerre sans fin, sans but, sans plan et sans résultat. Le seul objectif, le seul plan et le seul bénéfice est de poursuivre la guerre afin de préserver le pouvoir de Netanyahou. Nous
ne pouvons pas nous laisser mener comme un troupeau à l’abattoir».
L’expert israélien en matière de sécurité et d’armée, Yossi Melman, parle d’un «scénario
effrayant» :
«La guerre contre le
Hezbollah ne se résume pas à de simples frappes, mais nous avons besoin d’une large présence militaire au Liban. Cela signifie une guerre d’usure comme celle que l’armée a subie dans le
sud jusqu’au retrait en 2000. Si nous pensons que l’armée et le front intérieur résisteront à une guerre sur deux fronts, rien ne garantit que la guerre ne se déplacera pas vers la
Cisjordanie en ébullition. Une guerre sur plusieurs fronts implique également le lancement de missiles depuis les fronts du Yémen, du Golan et de l’Irak».
Les récentes invasions israéliennes de villages palestiniens et de camps de réfugiés à Jénine, Qabatiya, Tulkarem et Gaza ont été marquées par une
effroyable sauvagerie, des rapports faisant état de soldats maltraitant des civils blessés, profanant les corps des morts et prenant pour cible les travailleurs humanitaires.
Ces actes, filmés en direct, révèlent la même mentalité de gang terroriste qui persiste depuis la création d’Israël. Qu’il s’agisse d’exécuter des
prisonniers blessés, de violer des détenus ou de détruire des routes, des maisons et des magasins sans raison, le comportement des forces israéliennes reflète celui de syndicats du crime
plutôt que celui d’un État moderne.
Le journaliste palestinien Hilmi Musa a écrit depuis les ruines de Gaza après que la résistance libanaise a répondu en bombardant Haïfa :
«Il est clair que la
joie de l’ennemi devant ce qui a été accompli ces derniers jours n’a pas duré longtemps, et il y a bon espoir que sa déconvenue se produise bien plus tôt que prévu. L’agression sera
vaincue et l’occupation prendra fin».
Mais malgré tous les signes avant-coureurs, Israël, comme les organisations terroristes qui l’ont créé, semble incapable de tirer les leçons de l’histoire.
Son cycle de violences se poursuit, aveugle aux inéluctables conséquences de ses actes.
L’essayiste Piero San Giorgio nous a accordé un entretien sur la situation en Israël et au Liban, après la vague d’explosions de “pagers” du Hezbollah. Comme il le souligne, la rationalité
militaire de la stratégie israélienne est aujourd’hui difficile à saisir, car les massacres de civils désarmés pris dans la nasse de Gaza ne peuvent que nourrir un surcroît de haine contre
Israël, à rebours de l’objectif de paix à long terme que les Israéliens devraient rechercher.
Alors que ce soir même les opérations aériennes se poursuivent (tirs de rocket contre Israël de la part du Hezbollah, bombardements ciblés mais violents israéliens
au sud Liban), les objectifs de guerre du gouvernement israélien paraissent de plus en plus énigmatiques.
la réaction aux attentats de 7 octobre semble militairement et humainement hors de proportion : non seulement le Hamas est encore en état de combattre, mais les
massacres de civils à grande échelle nourrissent une haine inextinguible contre Israël, dont l’économie s’effondre
l’issue du conflit paraît très incertaine, et, après 11 mois de guerre, Israël ne peut revendiquer une victoire claire
le glissement vers un embrasement régional constitue, pour Israël, une fuite en avant qui ressemble de plus en plus à un pari hasardeux
Dans tous les cas de figure, à quoi sert de massacrer abondamment des Palestiniens coincés à Gaza et qui ne peuvent s’enfuir ?
In fine, à quoi Israël pourra ressembler lorsque les hostilités cesseront ? Comment imaginer une relation de confiance avec les populations palestiniennes après ces
horreurs ?
La déraison parle, et l’Histoire sanctionnera.
L’attaque hollywoodesque contre les bipeurs envoie un message clair : Israël veut une guerre superflue de plus
Nous l’avons maintenant aussi par écrit, en milliers d’exemplaires explosifs : Israël veut une guerre, une grande guerre. Il n’y a pas d’autre moyen de
comprendre l’opération de style hollywoodien qui a explosé au Liban que la transmission à l’ennemi d’un message de bipeur déterminé, révélant les véritables intentions d’Israël. Un
millier d’explosions et 3000 blessés sont une invitation à la guerre. Elle viendra.
Hollywood écrit déjà les scénarios, mais en réalité, contrairement aux films d’action et de science-fiction, il y a un jour après. Quiconque est excité par
l’explosion d’un bipeur devrait aller au cinéma, car dans le monde réel, il faut déterminer un objectif clair pour chaque action entreprise. Nous ne sommes pas aux Jeux olympiques de la
technologie, avec des médailles pour l’opération la plus étonnante. Nous sommes au milieu de la guerre la plus criminelle et la plus superflue dans laquelle Israël se soit jamais
embarqué. Et il s’avère qu’il en veut une autre.
Il est inconcevable qu’après une année de guerre ratée à Gaza, qui n’a atteint aucun objectif et n’a permis à Israël d’obtenir aucun résultat autre que
l’assouvissement d’une soif de vengeance, Israël en veuille une autre. Il est inconcevable qu’après avoir payé et continuer à payer un prix aussi fatal à la suite de la guerre à Gaza,
Israël souhaite une nouvelle guerre. C’est inimaginable, mais c’est un fait.
Tout comme la guerre à Gaza, les explosions de bipeurs au Liban sont inutiles. Félicitations aux planificateurs et aux exécutants, nous avons conquis Rafah
et fait exploser les bipeurs ; chapeau aux Forces de défense israéliennes et au Mossad, et maintenant ?
Les difficultés des habitants du nord se sont-elles améliorées depuis l’autre jour, lorsque les bipeurs ont bourdonné puis explosé ? Israël est-il désormais
plus en sécurité ? Le sort des otages s’est-il amélioré ? Le statut d’Israël dans le monde s’est-il amélioré ? La menace iranienne s’est-elle dissipée ? Y a-t-il eu un seul changement
positif à la suite de la dernière opération secrète, si ce n’est le gonflement de l’ego de nos responsables de la sécurité ?
Tout comme les glorieux assassinats qui n’ont jamais rien apporté, l’héroïsme des bipeurs n’est rien d’autre qu’un gadget cinématographique. Hormis la bave
versée dans les studios de télévision par les personnes qui salivent devant chaque Arabe mort ou blessé, la situation d’Israël le jour d’après est pire qu’elle ne l’était le jour
précédant cette opération héroïque, même si, en Israël, on distribue des bonbons.
La guerre dans le nord s’est rapprochée l’autre jour, à une vitesse alarmante. Ce sera la guerre la plus évitable de l’histoire du pays. Elle pourrait
également être le plus grand bain de sang de l’histoire du pays. Lorsque le Hezbollah déclare explicitement qu’il cessera de tirer dès qu’un accord de cessez-le-feu sera signé avec le
Hamas, et qu’Israël ne veut en aucun cas arrêter la guerre à Gaza, il invite le Hezbollah à l’attaquer. Voilà à quoi ressemble une guerre choisie.
Si la guerre à Gaza a aggravé la situation d’Israël par tous les moyens possibles, la guerre dans le nord causera des dommages mille fois plus importants.
Gaza pourrait n’être que le prélude au désastre de la prochaine guerre : les victimes, les destructions, l’hostilité dans le monde entier, l’horreur et la haine qui se perpétuent pendant
des générations pourraient créer une situation dans laquelle les batailles horribles et coûteuses dans le quartier de Shuja’iyya, à Gaza, nous manqueraient.
Et c’est ce que nous voulons nous infliger, de nos propres mains ?
Mais les choses sont plus simples qu’il n’y paraît. Un cessez-le-feu à Gaza entraînera un cessez-le-feu dans le nord. Nous pourrons alors parler d’un
accord. Même s’il n’est pas conclu, une réalité sans guerre dans le nord est préférable pour Israël. Personne ne sait avec certitude à quoi nous ressemblerons après une nouvelle guerre.
Combien nous saignerons et combien nous serons battus avant de gagner en apparence. Tout comme il aurait été préférable que la guerre de Gaza n’éclate pas – il s’agissait manifestement
d’une guerre choisie -, il serait préférable que la guerre dans le nord n’ait pas lieu.
Il est peut-être encore possible de l’empêcher (ce qui est beaucoup plus douteux après l’explosion des bipeurs). Mais pour cela, Israël doit abandonner la
croyance qu’il peut tout résoudre par la force, par les armes, par l’explosion de bipeurs, par les assassinats, par la guerre. Dans ma naïveté, j’ai cru qu’Israël avait appris cette leçon
à Gaza. Au lendemain de l’explosion des bipeurs, on peut affirmer avec certitude et tristesse que ce n’est pas le cas. Loin de là.
Tout a commencé le 7 octobre 2023 si on en croit la vulgate sioniste reprise généralement implicitement par la plupart des médias occidentaux. Il y a eu
avant le 7 une période où chacun vivait sa petite vie paisiblement, les Palestniens dans la bande de Gaza, malheureusement sous la férule du Hamas, une bande d’antisémites avides de sang
juif, et les juifs (sionistes) dans leurs petites villes ou villages de communautés pacifiques et industrieuses au centre desquels il ne manque que l’église pour que le Français moyen
puisse le reconnaître comme sien.
La vérité est évidemment toute autre et l’historien américain Zachary Foster (encore lui !) nous le rappelle. Ces agglomérations proches de la bande de Gaza
ont une histoire et cette histoire ne déroge pas à celle du reste de l’entité sioniste basée sur le mensonge, le vol et le crime.
Incidemment, Zachary Foster nous apprend que ces colonies ont été fondées un 6 octobre selon un modus operandi assez proche de celui qu’on retrouve encore
en Cisjordanie occupée avec les colonies dites «illégales», c’est-à- dire qui ne sont pas officiellement planifiées par les autorités sionistes (du point de vue du droit, organisées ou
non par le pouvoir sioniste, toutes ces colonies sont illégales).
Ces agglomérations sur le sort duquel l’opinion publique occidentale est invitée à se lamenter, ont eu et ont toujours une fonction militaire à la fois
défensive, de boucliers humains, et offensive et c’est donc à dessein qu’elles ont été implantées à proximité immédiate de la bande de Gaza.
Mounadil
al Djazaïri
*
Les origines des communautés israéliennes attaquées le 7 octobre 2023
par Zachary
Foster
Pourquoi une demi-douzaine d’agglomérations israéliennes sont-elles situées si près de Gaza ?
Be’eri, Nirim, Re’im, Kfar Aza et Nahal Oz n’ont pas été établies si près de Gaza par hasard. Ces colonies ont été construites dans les années 1940 et 1950
pour étendre les frontières de la communauté sioniste, prendre le contrôle de plus de terres et servir de première ligne de défense et de première ligne d’attaque. Les membres de ces
communautés ont également participé à l’expulsion des Palestiniens de leurs maisons dans le Néguev en 1948, massacrant les Palestiniens qui résistaient à l’assujettissement et empêchant
leur retour. Pour reprendre une expression chère à tant de sionistes aujourd’hui, ces communautés ont été construites comme des «boucliers humains». Malheureusement, le 7 octobre 2023,
elles ont fini par servir le but pour lequel elles avaient été créées.
Il s’agit ici d’une brève histoire des origines des communautés attaquées par les groupes militants palestiniens le 7 octobre.
C’était le dimanche 6 octobre 1946. Les sionistes avaient prévu d’établir 11
avant-postes dans le désert du sud, dont Tkuma, Be’eri et Nirim. Le 6 octobre a été choisi pour l’opération parce que c’était un dimanche et que les autorités britanniques «aimaient boire le
week-end», comme l’a
rappelé un agent sioniste dans un documentaire produit en 1976 sur cette affaire. C’était aussi la nuit suivant Yom Kippour. «Les Britanniques ne
s’attendraient jamais à ce que les juifs fassent une telle chose la nuit suivant Yom Kippour», a déclaré Yaakov Sharett, qui a également participé à
l’opération.
Quelques mois plus tôt, le «Plan Morrison-Grady» avait prévu le contrôle britannique du désert du Sud, connu sous le nom de Naqab en arabe
et de Néguev en hébreu (le plan prévoyait la partition du reste du pays). Bien entendu, les sionistes voulaient que le désert du Sud soit sous le contrôle des juifs, et non
des Britanniques.
Ainsi, environ 300 colons sionistes partirent à
la faveur de la nuit noire, cette nuit fatidique, avec 300 camions remplis de clôtures, de baraquements, de lits, de nourriture, d’eau et, bien sûr, d’armes. Ils furent divisés en 11
groupes de 30 colons, chaque groupe étant chargé d’occuper l’un des 11 emplacements. Une fois occupés, ils réussirent à construire rapidement des baraquements, des clôtures et une tour
avant que les autorités britanniques n’aient eu le temps d’intervenir.
«Notre objectif était
de conquérir le Néguev, nous avons donc dû le coloniser», a
déclaré Miriam Bonim, qui a participé à l’opération.
C’est ainsi que, les 6 et 7 octobre 1946, les sionistes ont établi Be’eri et Nirim, deux des communautés israéliennes attaquées le 7 octobre 2023.
Les 11 sites avaient été choisis pour leur valeur stratégique (lire : militaire), raison pour laquelle ils ont reçu un soutien continu du Fonds
national juif. Ils ont été construits pour étendre les frontières du Yishouv et servir d’avant-postes
pour recueillir des renseignements sur les Arabes de la région. La culture n’était possible que si l’eau était acheminée par canalisations, ce qui était coûteux à construire et
à défendre. En d’autres termes, ces colonies n’avaient aucune valeur économique, commerciale ou agricole. Elles ont été construites pour servir de ligne de front pour la guerre que les
sionistes savaient devoir mener pour établir un État en Palestine.
Quelques mois après leur création, Be’eri et Nirim avaient besoin de
combattants armés du Palmach et de la Haganah pour repousser d’éventuels troubles de la part de la population arabe. Dans certains cas, lorsque les Bédouins arabes de la région
affrontaient les colons sionistes, les Britanniques payaient les Arabes pour maintenir la paix.
Les relations entre les colons et les autochtones se sont dégradées après le plan de partage de l’ONU de novembre 1947. Les combattants du Palmach ont
investi les colonies frontalières, les ont fortifiées et ont enrôlé les colons dans des activités militaires. «Il n’y avait aucune
différence entre un civil et un combattant», selon un témoignage.
Dans le documentaire de 1976, les participants sionistes interviewés se
vantaient avec fierté d’avoir transformé ces centres civils en bases militaires et d’avoir supprimé toute distinction entre combattants et civils. C’est ainsi qu’ils voulaient eux-mêmes
qu’on se souvienne d’eux. Ironiquement, l’utilisation de boucliers humains est devenue aujourd’hui l’accusation la plus populaire d’Israël contre le Hamas.
Pendant la guerre de 1948, ces colonies frontalières sionistes ont également contribué à expulser les Arabes des communautés environnantes et à perpétrer
des massacres contre eux en mai 1948. Les habitants du village arabe voisin de Huj ont
signé un accord écrit avec les colons sionistes pour qu’ils soient autorisés à rester, «mais ils ont été
chassés comme tous les autres 247 villages de cette région, principalement vers Gaza». Les combattants juifs ont également chassé le
clan Abu Yahiya, où les hommes ont été séparés des femmes. Certains ont été abattus et
les autres expulsés. À Burayr, où il y avait une résistance à la domination juive, les colons sionistes des villes frontalières ont contribué au massacre de plusieurs
dizaines à une
centaine de Palestiniens. Ils ont également expulsé les
habitants des villages voisins de Sumsum, Najd, Muharraqa et Kaufakha.
Après la proclamation de l’État d’Israël en mai 1948, Nirim livra une
bataille intense contre les forces égyptiennes, au cours de laquelle sept combattants colons israéliens furent tués et d’autres encore blessés, ce qui aboutit à la destruction complète de
la colonie frontalière. Mais les soldats civils de Nirim tinrent bon et repoussèrent les Égyptiens.
La méthode consistant à associer civils et soldats s’est avérée efficace et a été poursuivie dans les années 1950. Israël a
construit 25 autres centres de peuplement dans le désert du sud pour fortifier la ligne de front, notamment Re’im, Kfar Aza et Nahal Oz, abréviation de Nahalim Mul Aza,
«soldats Nahal en face de Gaza». Ces communautés ont également été durement touchées le 7 octobre 2023.
Au départ, le statut des «civils» israéliens dans ces nouvelles villes frontalières était «identique à celui des
soldats de réserve», selon l’historien
israélien Yoav Gelber. Ces communautés «civiles» étaient même organisées en compagnies et en pelotons et intégrées dans la hiérarchie de commandement et de contrôle de l’armée
israélienne. À Nahal Oz, par exemple, qui comptait 70 résidents adultes dans les années 1950, 16 d’entre eux étaient employés à
des tâches de garde quotidiennes. L’armée israélienne formait et équipait ces civils pour les tâches civiles classiques, comme le tir à la mitrailleuse et le tir de roquettes
antichars.
Tout au long des années 1950, les agglomérations frontalières ont été la cible d’attaques de la part des fedayins palestiniens, notamment de vols, de
sabotages et d’actes de violence. Les colonies proches de Gaza ont alors été plongées
dans un état de «terreur et de panique» pendant près d’une décennie.
La tâche de ces communautés était d’empêcher les
réfugiés palestiniens qui avaient été «enfermés» de force derrière les lignes d’armistice de Gaza de retourner chez eux dans le nouvel État d’Israël.
Ces localités sont également devenues des bases pour les opérations militaires offensives menées à Gaza pendant la décennie où Israël a tenté d’éradiquer la
résistance palestinienne de Gaza. Moshe Dayan, chef d’état-major de Tsahal, a
utilisé Kfar Aza comme QG militaire lors du raid de février 1955 sur Gaza, connu sous le nom d’opération Flèche noire. Il s’agissait du raid le plus sanglant mené par Israël
contre Gaza depuis la guerre de 1948, qui a fait 8 morts parmi les soldats israéliens, 14 morts parmi les soldats égyptiens et 2 morts parmi les Palestiniens.
Avant le raid de 1955, la politique claire et cohérente de l’Égypte consistait en réalité à freiner les
incursions palestiniennes en Israël, mais l’agression israélienne a poussé l’Égypte à changer de cap et à accorder aux militants palestiniens une plus grande liberté d’action contre les
cibles israéliennes.
Faisons un bond jusqu’au 7 octobre 2023. Une fois de plus, Be’eri, Nirim, Re’im, Kfar Aza et Nahal Oz ont tragiquement servi le but pour lequel ils
ont été construits, à savoir servir de première ligne de défense à l’État d’Israël.
Dans cet entretien avec le géopolitologue Eric Denécé, nous passons en revue les explosions de bippeurs du Hezbollah déclenchées par les Israéliens, et nous
examinons les possibles réactions du Hezbollah.
Pour Eric Denécé, une confrontation directe entre le Hezbollah et Israël est désormais inévitable... et imminente.
Le Mossad vient de réaliser une opération spectaculaire en faisant exploser à distance les bipeurs de membres du Hezbollah. Mais l’opération est moins destructrice pour le mouvement chiite
libanais qu’elle n’en a l’air. Surtout, si Israël est gagnant à court terme, à long terme, son image politique en ressort encore détériorée. P.S.
Nous avions à peine bouclé cet article qu’on apprenait que le Mossad récidivait en faisant exploser à distance des talkie-walkies de membres du service d’ordre de l’enterrement des victimes des
explosions d’hier..
Pour comprendre les enjeux et la portée de l’attentat monté par le Mossad contre le Hezbollah, en faisant exploser les bipeurs, je recommande l’analyse détaillée
proposée par Moon of Alabama. L’auteur
du blog connaît très bien le domaine du renseignement.
Un attentat spectaculaire mais à l’impact militaire limité
L’attaque terroriste menée hier par Israël contre le Hezbollah au
Liban était assez sophistiquée.
En février, le Hezbollah avait demandé à ses affiliés d’éviter les téléphones intelligents, qui peuvent être contrôlés par des services de renseignement étrangers, et d’utiliser plutôt
des téléavertisseurs pour recevoir des messages textuels et des alarmes en cas de besoin.
Israël a dû voir dans cette suggestion une occasion d’infiltrer la chaîne d’approvisionnement de ces outils de communication.
Il a réussi à manipuler les envois de téléavertisseurs au Liban, dont certains ont été acquis par le Hezbollah et ses affiliés. Hier, des messages codés spécifiques ont été envoyés aux
pagers manipulés. Quelques instants plus tard, ils ont commencé à exploser. Onze personnes ont été tuées et quelque 4 000 ont été blessées.
Toutes les personnes tuées ou blessées n’étaient pas membres du Hezbollah. Les bipeurs sont également utilisés par les services d’urgence et les bénévoles. Les médias occidentaux évitent
de qualifier cet attentat d’opération terroriste. Mais demandez-vous comment ils décriraient l’attentat s’il s’était produit dans l’autre camp du conflit.
Les bipeurs ne sont pas un moyen exclusif du Hezbollah. L’attaque a été menée sans discrimination. Les explosions se sont produites dans de nombreuses situations de la vie quotidienne
– lors de visites dans des magasins (vidéo), au volant de voitures au
milieu de la circulation, à proximité de passants, y compris des enfants.
Les téléavertisseurs étaient vendus sous la marque Gold Apollo, une société taïwanaise spécialisée dans ce type d’appareils. Mais, selon la société, les appareils vendus au Liban ont
été fabriqués sous licence par la société hongroise BAC Consulting KFT.
La PDG et fondatrice de BAC est Cristiana Arcidiacono-Barsony, qui se décrit comme une conseillère stratégique en affaires intérieures avec une expérience internationale au
Moyen-Orient.
Selon son profil académique, elle a étudié aux universités SOAS et LSE à Londres.
Ce qui précède indique que le MI-6 est impliqué dans cette affaire.
Elijah Magnier rapporte (vid) que la livraison des pagers a été retardée pendant
plusieurs mois par les douanes d’un pays du Moyen-Orient. Ce temps aurait été mis à profit par les services israéliens pour démonter les appareils et remplacer leurs batteries Lithium-Ion
d’origine par des batteries contenant des explosifs et de la grenaille d’oiseau afin de créer un maximum de dégâts. L’électronique des appareils a été manipulée pour déclencher des
explosions différées après que le téléavertisseur ait reçu un certain message codé.
Cette opération très sophistiquée a dû coûter des millions et impliquer un très grand nombre de spécialistes.
Il aurait été idéal pour Israël de déclencher une telle pagaille dans le cadre d’une attaque générale contre le Hezbollah. Le Hezbollah aurait ainsi eu plus de temps pour mettre en œuvre
ses plans de défense.
Déclencher l’attaque en dehors d’un contexte de guerre à grande échelle est une manœuvre plutôt molle. La plupart des blessés se rétabliront rapidement et reprendront leurs fonctions. (…)
[Il est plausible] que le gouvernement Netanyahou ait utilisé cette attaque comme un moyen de faire taire ses détracteurs qui réclament une attaque totale contre le Hezbollah. Les
militaires israéliens et Netanyahou savent qu’une guerre avec le Hezbollah serait perdue d’avance.
Ils peuvent maintenant dire : « Vous voyez, nous faisons déjà quelque chose de très très sérieux… ».
Mais ce coup d’éclat n’a eu que peu d’effet. Il s’agissait d’un coup unique. Les chances de répéter une telle opération sont quasi nulles.
Demain, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, donnera publiquement plus d’informations sur l’incident et ses conséquences possibles.
Un attentat qui accroît la défaite politique d’Israël
Il est un aspect que “Moon of Alabama” ne traite pas. C’est l’effet politique en retour de cet attentat. Comme il le dit lui-même, il y a des enfants et des volontaires de l’action humanitaire parmi les personnes touchées ou tuées. Leur seule présence parmi les victimes rend odieuse l’action de
l’Etat d’Israël.
Et puis, il y a le moment choisi. Hors des Etats-Unis et de l’Union Européenne, on s’efforce de faire baisser les tensions au Proche-Orient et d’obtenir un
cessez-le-feu. L’action d’Israël se caractérise par des provocations permanente. L’action du Mossad dont nous parlons relève de la stratégie
du chien enragé ou stratégie du fou, comme on voudra, qui
caractérise le comportement israélien.
Pendant longtemps, il s’est agi d’une stratégie d’intimidation gagnante envers les voisins d’Israël. A présent, elle se retourne contre ses auteurs. Elle met en
porte-à-faux les Etats arabes épris de normalisation avec l’Etat hébreu. Elle renforce la détermination de l’Axe de la Résistance, groupé autour de l’Iran, dont les membres (y compris le
Hezbollah) gardent leur sang-froid mais sont déterminés à neutraliser sur le long terme la puissance militaire israélienne.
Le Mossad a prouvé son ingéniosité et son savoir-faire à court terme. A long terme, il a rendu un mauvais service de plus à Israël.
Confirmation : Le Yémen combattant a percé le Dôme de Fer israélien avec un missile hypersonique
Les Yéménites d’Ansarallah ont bien réussi à percer les défenses anti-missiles israéliennes, après avoir survolé des navires de guerre américains et français: la confirmation nous vient d’Israël
où Netanyahu n’a pas pu cacher le désastre et où armée et médias essaient de faire du “contrôle des dégâts” communicationnels. L’outil militaire israélien et américain apparaît obsolète: quelles
que soient les dénégations, le missile concerné est bien de type hypersonique; il a parcouru son trajet à plus de 8000 km/h. Une défaite stratégique se profile à l’horizon pour le camp occidental
au Proche-Orient. L’Iran, mais aussi la Russie, sont en embuscade.
Comme le représente la carte ci-dessus: Le Yémen combattant d’Ansarallah a lancé un missile capable de parcourir 2000 kilomètres, d’échapper à toute interception
par la flotte américaine ou française puis de percer le Dôme de Fer pour aller toucher une centrale énergétique israélienne.
La confirmation par Benjamin Netanyahu lui-même!
Pour les personnes qui douteraient de l’exploit militaire des Houthis, une dépêche
Reuters révèle la rage de Benjamin Netanyahu:
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël infligerait un « lourd tribut » aux Houthis, alliés à l’Iran, qui contrôlent le nord du Yémen, après qu’ils ont atteint le
centre d’Israël avec un missile dimanche pour la première fois.
Le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Sarea, a déclaré que le groupe avait frappé avec un nouveau missile balistique hypersonique qui a parcouru 2 040 km (1270 miles) en seulement
11 minutes et demie.
Un responsable militaire israélien a déclaré que le missile avait été touché par un intercepteur et qu’il s’était fragmenté dans les airs, au lieu d’être complètement détruit.
« Quiconque a besoin d’un rappel à ce sujet est invité à visiter le port de Hodeida », a déclaré M. Netanyahu, faisant référence à une frappe aérienne israélienne de représailles contre
le Yémen en juillet pour un drone houthi qui avait touché Tel-Aviv.
Un média israélien s’étonne de l’échec du Dôme de Fer
Un article du Jerusalem Post dit
tout le désarroi israélien devant l’échec du bouclier antimissile israélien appelé le “Dôme de Fer”:
Dimanche matin, un missile des Houthis a apparemment échappé aux systèmes de détection
avancés d’Israël. Malgré ces systèmes, ce n’est que lorsque le missile a survolé l’espace aérien israélien qu’il a finalement été abattu, ce qui soulève des questions quant à
d’éventuelles défaillances des systèmes de sécurité en place.
Les Houthis ne disposent pas de leur propre industrie de missiles balistiques. Tout leur stock provient de l’Iran. Ce qui est connu au Yémen sous le nom de « Tufan » est essentiellement
le missile iranien Ghadir, lui-même un développement du Shahab-3. Depuis 25 ans, le système Arrow a été développé et amélioré pour pouvoir l’intercepter.
Ce missile a une portée d’environ 2 000 km, ce qui est suffisant pour couvrir la distance entre le Yémen et Israël. Le missile est transporté de son lieu de stockage par camion
jusqu’au site de lancement, où il est assemblé. La cible du missile est prédéterminée et il est impossible de modifier sa trajectoire ou de la corriger en cours de vol. Contrairement au
Shahab, les préparatifs du lancement, qui consistent principalement à remplir le premier étage de carburant, ne prennent qu’une trentaine de minutes au lieu de plusieurs heures.
Le missile est lancé verticalement et suit une trajectoire balistique, c’est-à-dire qu’il se déplace en arc de cercle. Il traverse l’atmosphère avec son moteur toujours en marche, ce qui
le propulse vers l’avant. Pendant le vol, le premier étage se sépare et le deuxième étage rentre dans l’atmosphère après avoir épuisé son carburant, continuant à accélérer sous l’effet de
la gravité. (…)
Depuis le nord du Yémen, le missile ne met que 12 à 15 minutes pour atteindre le centre d’Israël. Son poids avant le lancement est estimé à 15-17 tonnes, mais l’ogive elle-même pèse
environ 650 kg, une charge explosive importante qui, combinée à sa vitesse d’impact, peut causer de graves dommages à des structures civiles et militaires légèrement protégées. (…)
Ce missile comporte des étages de détection, qui semblent avoir mal fonctionné ce matin. Lorsque le missile est mis en place pour le lancement, il se trouve dans une zone ouverte visible
par les satellites de reconnaissance israéliens et américains, qui sont censés surveiller les sites de lancement potentiels.
Lorsque le missile est lancé, la chaleur intense générée par son moteur est détectée par le réseau américain de satellites d’alerte aux missiles, et l’information est censée être relayée
à Tsahal.
Plusieurs systèmes radar sont censés détecter et suivre le missile lorsqu’il est sur sa trajectoire vers Israël.
Il s’agit notamment des radars des marines américaine et israélienne en mer Rouge, du radar longue portée en bande X produit par Raytheon et situé dans le Néguev, exploité par les troupes
américaines, et enfin du radar du système Arrow.
On ne sait toujours pas si le missile a été détecté à temps et pourquoi il n’a pas été intercepté par le système Arrow comme prévu.
Un tir plus destructeur que ce qu’en disent les Israéliens?
Un autre article du Jerusalem
Post nous montre une armée israélienne cherchant à minimiser le tir d’Ansarallah :
Le missile balistique tiré par le Yémen sur Israël à 6h21 dimanche matin n’était pas un missile hypersonique comme l’ont prétendu les Houthis, a déclaré l’armée israélienne mardi soir.
En outre, les forces de défense israéliennes ont indiqué que le missile n’était pas un nouveau type de missile de manœuvre avancé capable de déjouer les systèmes de défense aérienne
d’Israël.
Au contraire, l’armée israélienne a déclaré qu’elle avait tiré plusieurs intercepteurs, dont le Arrow 2 et le Iron Dome, contre le missile et qu’au moins un
intercepteur avait touché le missile mais ne l’avait pas détruit complètement à l’impact.
Au lieu de cela, l’impact de l’intercepteur a conduit le missile à se disloquer dans l’espace aérien israélien et à tomber principalement dans un champ ouvert près de Kfar Daniel, avec
d’autres morceaux d’intercepteurs multiples tombant dans d’autres zones, telles que la gare ferroviaire de Paatei Modiin et Rehovot.
Les forces de défense israéliennes vont maintenant examiner pourquoi l’impact de l’intercepteur n’a provoqué que la désintégration du missile et ne l’a pas complètement détruit.
En fait, les forces de défense israéliennes ont également déclaré que l’ogive était restée intacte lorsqu’elle a frappé la zone ouverte, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles un
incendie important s’est produit.
Cependant, il semble que lorsque les forces de défense israéliennes ont vu le missile se désintégrer au-dessus de la zone ouverte de Kfar Daniel, elles ont décidé qu’il ne valait plus la
peine de continuer à le viser.
Dans le même temps, la réaction des FDI a soulevé d’autres questions.
Pourquoi l’Arrow 3 n’a-t-il pas détruit le missile balistique dans l’atmosphère terrestre ? Pourquoi était-il nécessaire de tirer plusieurs intercepteurs ?
Le fait qu’un missile balistique ne soit abattu qu’une fois qu’il a pénétré dans l’espace aérien israélien constitue déjà une sorte d’échec.
Le Jerusalem
Post est indulgent avec Tsahal. La communication de ‘larmée israélienne est totalement contradictoire en effet: si vraiment il ne s’agissait pas d’un missile hypersonique, comment se
fait-il qu’il n’ait pas été intercepté? Sans s’en rendre compte, l’armée israélienne révèle sa faiblesse.
On comprend bien que les Israéliens font comme les Américains: ils préfèrent dénigrer les armes hypersoniques de leurs adversaires plutôt que d’avouer qu’ils n’ont
pas encore réussi à en fabriquer.
Simplicius contrebalance le point de vue israélien par des informations russes :
Une source russe fournit d’autres détails possibles :
En ce qui concerne le tir de missile du Yémen sur Israël, il est presque certain que le Yémen a utilisé sa variante nationale du missile balistique hypersonique iranien Kheybar Shekan-2,
révélé il y a quelques mois sous le nom de « Hatem-2
Auparavant, le Yémen avait annoncé qu’il avait commencé la production nationale du Kheybar Shekan iranien original sous le nom de « Palestine » (Falasteen).Le
Kheybar Shekan-2 ou « Hatem-2 » est simplement une version améliorée de ce missile, dotée d’une ogive hypersonique et d’une portée et de manœuvres accrues.
Notre expert militaire favori a pris le temps de croiser de près les vidéos et les cartes:
Il s’agit de la centrale électrique de Gezer, qui a été touchée aujourd’hui par un missile balistique yéménite.Lorsque
l’on zoome, les seules structures qui ressemblent un tant soit peu à celles de la vidéo se trouvent en plein centre de la centrale.
Le Yémen fait preuve d’une précision étonnante.Le
missile a touché la centrale juste à côté des turbines.Si
vous regardez attentivement l’image, vous pouvez voir les deux cheminées qui marquent l’emplacement des turbines à gaz qui produisent l’électricité.Les
tuyaux et l’infrastructure connexe se trouvent juste en dessous, probablement les tuyaux de carburant qui alimentent les turbines.
Cela ne semble pas être de la haute précision comparé à du matériel militaire haut de gamme, mais il faut tenir compte de la source.
Si le Yémen dispose de roquettes aussi précises, capables de percer les meilleurs systèmes de défense aérienne du monde, que pensez-vous que l’Iran possède ?
La défaite stratégique d’Israël et des Etats-Unis est à l’horizon
Simplicius ajoute à juste titre:
Les Houthis affirment qu’Israël a tiré plus de 20 intercepteurs qui ont tous raté leur cible. Si un seul missile – qui ne serait même pas de la classe la plus avancée de l’Iran – a pu
contourner toutes les défenses de l’OTAN et frapper le cœur d’Israël, cela n’augure vraiment rien de bon pour une attaque iranienne majeure de centaines, voire de milliers de variantes
plus avancées. Il n’est pas non plus de bon augure pour l’Empire que Poutine choisisse de lui rendre la pareille en armant le Yémen avec une technologie encore plus avancée ; cela
illustre l’hésitation des États-Unis à lancer une escalade contre la Russie.
L’Iran avait promis des représailles surprenantes après l’assassinat de Haniyeh sur le territoire iranien. Et si le tir dont nous parlons en faisait partie? Ce
n’est pas un tir direct depuis l’Iran. Mais Téhéran, en ayant soutenu le Yémen Libre à s’équiper d’une technologie de missiles hypersoniques atteint son objectif sans doute mieux que dans une
confrontation directe.
Et puis, Simplicius nous met sur la piste d’une autre réflexion très intéressante: imaginons que Britanniques et Américains décident, malgré tout, d’effectuer, pour
les Ukrainiens, quelques tirs en profondeur sur des objectifs en Russie: Moscou pourrait avoir recours aussi à une stratégie indirecte, pour aller toucher les Etats-Unis au point le plus sensible
de leur dispositif géopolitique: Israël.
Dans tous les cas, une défaite stratégique majeure pour Israël et pour les Etats-Unis se profile à l’horizon.
Il n’existe aucun argument, qui soit à la fois logique et moral, pour soutenir Israël
C’est fou de constater que personne ne
puisse réellement articuler une raison pour laquelle Israël devrait être soutenu qui soit à la fois logiquement cohérente et moralement défendable.
Les Occidentaux
grandissent en étant endoctrinés avec le préjugé que ce petit pays du Moyen-Orient est super important et doit être soutenu et défendu à tout prix, mais si vous examinez les raisons avancées
pour expliquer pourquoi il doit en être ainsi, vous constatez qu’aucune d’entre elles ne tient vraiment la route.
« Israël est le seul endroit où les Juifs peuvent être en sécurité
! »
C’est clairement faux. Un Juif à New York est évidemment beaucoup, beaucoup plus en sécurité qu’un Juif à Tel-Aviv. Créer de force un tout nouvel État ethnique
d’apartheid, imposé à une civilisation préexistante, signifie naturellement qu’Israël ne peut exister que dans une violence perpétuelle, ce qui met en danger tous ceux qui y vivent.
« Les Juifs
méritent une patrie ! »
Pourquoi ? Pourquoi une religion mériterait-elle d’avoir son propre pays où ses membres seraient en charge de tous les autres et recevraient un traitement
préférentiel ? Il y a plus de mormons dans le monde que de juifs, et ils n’ont pas leur propre pays. Il y a plus de sikhs dans le monde que de juifs, et ils n’ont pas leur propre pays. Il n’y a aucune raison logiquement cohérente pour que chaque religion ait son propre
État-nation, et il n’y a aucune raison logiquement cohérente pour qu’un tel principe s’applique aux juifs mais pas aux scientologues.
« Israël est la
seule démocratie libérale du Moyen-Orient. »
C’est tout simplement ridicule. Un régime d’apartheid génocidaire qui prive activement de ses droits et maltraite la population palestinienne est l’exact opposé de « libéral » et de « démocratique ». Mais même si ce n’était pas le cas, il
n’y a aucune raison logiquement cohérente et moralement défendable pour qu’une religion donnée ait un représentant d’une idéologie politique particulière en son sein, peu importe le nombre de
personnes qui doivent être assassinées et opprimées pour qu’il en soit ainsi.
« Je soutiens
l’existence d’Israël mais je m’oppose aux mauvais traitements infligés aux Palestiniens. »
Cette phrase est très populaire auprès des libéraux, mais elle est absurde et contradictoire. Israël a maltraité les Palestiniens tout au long de son existence,
depuis sa création ; ce n’est que dans les contes de fées imaginaires des sionistes libéraux qu’il a existé sans tyrannie, vol et meurtre, et ce n’est que dans leurs contes de fées
imaginaires qu’un État ethnique juif peut être imposé à une civilisation de non-juifs d’une manière qui pourrait se faire sans tyrannie, vol et meurtre incessants.
Les seules options sont une solution à deux États, qu’Israël fait ouvertement tout ce qu’il peut pour empêcher d’advenir, et une solution à un État où tout le monde a des droits égaux, qui ne serait donc, par définition, pas un État juif. Les sionistes libéraux prétendent
vivre dans un monde alternatif où ce n’est pas la réalité. C’est ainsi que les libéraux tentent de résoudre le problème du soutien à Israël alors que c’est moralement indéfendable ; ils
inventent simplement un monde imaginaire dans lequel cela est moral, et prétendent que c’est une possibilité réelle.
Netanyahou se contente maintenant de nonchalamment montrer tous les signes d’une annexion de la Cisjordanie tandis que l’administration Biden continue
d’insister sur le fait qu’il est un partenaire de bonne foi et que la solution à deux États est toujours sur la table. https://t.co/P8mLz2zcaT
« Israël est
essentiel pour protéger nos intérêts dans la région. »
Cela est logiquement cohérent d’un certain point de vue, mais ce n’est certainement pas moralement défendable.
Il n’y a même aucune raison logiquement cohérente pour qu’un occidental normal dise qu’Israël protège « nos » intérêts au Moyen-Orient. Il est logiquement
cohérent pour les dirigeants de l’empire occidental de dire qu’aider Israël à mener l’incessante violence nécessaire à son existence contribue à semer le chaos, la tyrannie, la
déstabilisation et la division nécessaires pour assurer sa domination géostratégique d’une région riche en ressources et empêcher les nations du Moyen-Orient de s’unir en un bloc de
superpuissances qui utiliseraient leurs ressources pour faire avancer leurs propres intérêts dans le monde.
Contrairement à ce que certains croient, Israël n’est pas responsable de l’existence du bellicisme occidental. Par contre le bellicisme occidental est
responsable de l’existence d’Israël. S’il n’y avait pas d’Israël, ils inventeraient simplement une autre excuse pour maintenir une présence militaire au Moyen-Orient et continuer à semer la
violence et le chaos. Biden lui-même l’a reconnu,
en déclarant : « S’il n’y avait pas
Israël, les États-Unis devraient inventer un Israël pour protéger leurs intérêts dans la région. »
De ce point de vue, il est donc logique de dire que l’empire occidental aurait plus de mal à faire avancer ses objectifs unipolaristes sur la scène mondiale sans un
agent déstabilisateur dont l’existence dépend entièrement du soutien constant de l’Occident. Et si vous voulez vraiment vous ranger du côté des impérialistes pour soutenir Israël, vous pouvez
alors affirmer qu’Israël fournit la couverture narrative parfaite pour maintenir une présence militaire au Moyen-Orient.
Pendant de nombreuses années, le dernier argument mettant fin au débat contre le retrait militaire occidental du Moyen-Orient a été que cela provoquerait la
destruction d’Israël, car les voisins d’Israël l’élimineraient tout simplement sans la dissuasion de la machine de guerre américaine pour le protéger.
Et si vous prenez pour acquis qu’Israël doit continuer d’exister dans sa forme actuelle, c’est vraiment un argument qui met fin au débat. Si vous considérez comme
acquis qu’Israël doit être autorisé à exister en tant qu’État ethnique d’apartheid, créé artificiellement de force au milieu du XXe siècle, alors bien sûr, il n’y a aucune chance qu’il existe
sans violence incessante, et bien sûr, il n’y a aucune chance qu’il sorte vainqueur de toute cette violence sans le soutien de l’empire centralisé par les États-Unis.
Ce que cela signifie, c’est que si vous acceptez qu’Israël doit continuer à exister tel qu’il existe actuellement, vous acceptez nécessairement que les États-Unis
et leurs alliés occidentaux doivent conserver une mainmise militaire sur le Moyen-Orient. Il n’y a aucun moyen de maintenir cet État artificiel créé artificiellement sans violence incessante, vous devez donc rester en position de contribuer à infliger cette violence à tout moment.
Ce qui est très pratique pour la structure de pouvoir centralisée par les États-Unis, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais ce n’est bien sûr pas moralement
défendable. Il n’est pas moralement défendable de continuer à tuer des Moyen-Orientaux année après année, décennie après décennie, afin de diriger le monde. C’est peut-être logiquement cohérent,
mais c’est aussi profondément maléfique.
Tous les arguments en faveur du soutien à Israël échouent soit logiquement, soit moralement, soit les deux. C’est pourquoi tant de propagande est utilisée pour nous
manipuler afin de soutenir ce régime meurtrier, et pourquoi les voix qui s’y opposent sont de plus en plus réprimées par les structures de pouvoir de l’establishment.
Ils n’ont aucun argument, alors ils ont de plus en plus recours à l’instrument autoritaire.
Si l’on enlève les couches, les arguments en faveur du maintien du projet israélien sont tous axés sur la domination et le contrôle, ce qui explique pourquoi de
plus en plus de domination et de contrôle sont utilisés pour protéger ce projet de tout examen minutieux.
Israël, en fin de compte, n’est rien d’autre qu’une guerre incessante. Et, comme toutes les guerres, son existence dépend de la dissimulation de la vérité au
public.
Caitlin
Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
L’arrêt de la CIJ contre l’occupation israélienne est une bombe à retardement
L’avis consultatif de 83 pages publié vendredi dernier par la Cour internationale de justice de La Haye concernant l’occupation du territoire palestinien par Israël est, comme le dit le cliché,
un tremblement de terre juridique. La Cour a explicitement déclaré que la présence israélienne dans les territoires palestiniens occupés et la domination qu’elle y exerce sont illégales – et cela
inclut Jérusalem-Est, au cas où les Israéliens et d’autres gens auraient oublié que le bassin sacré est sous occupation. [Le bassin sacré, ou bassin historique, est un terme israélien moderne
désignant une zone géographique à Jérusalem qui comprend la vieille ville et ses territoires adjacents, NdT] Israël a l’obligation légale de mettre fin à cette occupation prolongée, a statué la
Cour. Ce faisant, la CIJ a mis fin au grand mensonge israélien, qui cherche à profiter des prérogatives d’un occupant militaire sans être soumis aux limitations et obligations imposées à un
occupant par le droit international.
Le Juge Nawaf Salam, Président de la Cour internationale de justice, rend son arrêt sur le caractère illégal de l’occupation israélienne du territoire
palestien. La Haye 19 juillet 2024. (Photo de Nick Gammon/AFP via Getty Images) Source Getty images
La CIJ a également établi qu’Israël procède à des transferts forcés de communautés et d’individus palestiniens dans les territoires occupés – un crime de guerre
qui, lorsqu’il est commis de manière systématique ou généralisée, constitue un crime contre l’humanité, autrement dit, une catégorie de crimes encore plus grave. La Cour a constaté qu’Israël
n’empêche ni ne punit la violence des colons, qu’il exproprie des terres publiques et les colonise en les attribuant à des colons, qu’il a annexé Jérusalem-Est et qu’il annexe de grandes parties
de la Cisjordanie – principalement la zone C selon les accords d’Oslo, laquelle constitue environ 60 % du territoire de la Cisjordanie – en violation directe d’une interdiction claire et
fondamentale du droit international. Plus grave encore, la Cour a établi qu’Israël pratique un système de ségrégation raciale, voire même d’apartheid, dans les territoires occupés. En outre, la
Cour a estimé qu’Israël devait réparer les torts causés aux victimes palestiniennes, notamment par la restitution de leurs terres et leurs biens lorsque cela est possible et en les indemnisant
lorsque la restitution n’est pas possible.
Cette décision constitue bel et bien un tremblement de terre sur le plan juridique. Tout ce que les organisations de défense des droits humains et les juristes,
tant en Israël-Palestine que dans le reste du monde, soutiennent depuis des années a maintenant été validé par la plus haute institution juridique internationale au monde.
La CIJ a mis fin au grand mensonge israélien, qui cherche à jouir des pouvoirs d’un occupant militaire sans être soumis aux limitations et obligations imposées
à un occupant par le droit international. MICHAEL SFARD
Mais les tremblements de terre en droit international sont plutôt des tremblements de terre à retardement. Contrairement à un tribunal d’État dont les décisions ont
un effet immédiat – quelqu’un va en prison ou une politique gouvernementale est stoppée net – un avis consultatif de la Cour internationale de justice s’infiltre dans la réalité politique et
l’influence de manière rampante et par étapes. En ce sens, peut-être que plutôt qu’un tremblement de terre, cela ressemble davantage à un nuage qui avance lentement et vient recouvrir le
soleil.
Ainsi, au lendemain de la publication de l’avis, on peut avoir l’impression que, fondamentalement, rien n’a changé, que l’occupation n’a pas bougé d’un pouce,
qu’elle est aussi bien ancrée et stable qu’avant la publication de cet avis consultatif à La Haye. Mais ce n’est pas vraiment le cas. L’impact de cet avis se manifestera par des répliques.
Cela se fera sentir au niveau des avocats, des conseillers juridiques et des autres personnes qui, à partir de maintenant, conseilleront et guideront les
gouvernements, les agences internationales et les autres entités qu’ils représentent sur la base du droit international, en transposant les décisions de la CIJ concernant l’occupation israélienne
en interdictions de mener certains actes et en obligations d’en mener d’autres dans leur relation avec Israël. A titre d’exemple, la CIJ a ainsi clairement précisé que l’obligation des tiers – à
savoir tous les pays du monde et les Nations Unies – dépasse le simple fait de ne pas reconnaître la présence illégale d’Israël dans les territoires palestiniens occupés. Ils sont également tenus
de s’abstenir de toute action susceptible d’aider Israël à poursuivre sa domination dans ce territoire – comme l’indique l’avis consultatif : « Ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la
situation créée par la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé. » Les États devraient au contraire passer au crible toutes leurs relations avec Israël et s’assurer que
leurs relations commerciales ou diplomatiques n’aident pas directement ou indirectement Israël dans ses efforts d’annexion et son projet de colonisation. Dans le cas contraire, ils seraient en
violation flagrante du droit international.
Tout ce que les organisations de défense des droits humains et les juristes, tant en Israël-Palestine que dans le reste du monde, soutiennent depuis des années
est désormais validé par la plus haute institution juridique internationale du monde. MICHAEL SFARD
C’est pourquoi l’avis de la CIJ constitue un séisme juridique. Dans les semaines et les mois à venir, plusieurs pays seront contraints de reconsidérer la nature de
leurs relations avec Israël, qu’elles soient commerciales, militaires, économiques et/ou diplomatiques. En apparence, leur devoir est de faire la distinction entre Israël aux frontières de la
Ligne verte – les lignes de l’armistice de 1949 – et les colonies dans les territoires palestiniens occupés. Mais lorsque le gouvernement israélien lui-même efface la Ligne verte, les
bouleversements dans les relations pourraient également affecter Tel-Aviv.
Lorsque ce sont les mêmes institutions israéliennes qui opèrent en Cisjordanie et en Israël – qu’il s’agisse de l’armée israélienne, de l’autorité foncière
israélienne ou de l’autorité des antiquités, lesquelles pourraient étendre le champ d’action de leur pouvoir pour y inclure la Cisjordanie en vertu d’un nouveau projet de loi proposé par le
gouvernement actuel – il pourrait s’avérer difficile pour un autre pays de mener à bien un projet commun avec celles-ci. Même si ce projet se limite géographiquement à la ligne verte, il pourrait
être en violation de l’interdiction de la CIJ de prêter aide ou assistance au maintien de l’occupation illégale par Israël. Et même si on peut couper les cheveux en quatre, certains pays
préfèreront sans doute éviter le casse-tête que représente le fait de s’assurer que les effets de leur coopération commerciale ou culturelle avec Israël restent bel et bien cantonnés à
Israël.
Grâce à son pouvoir tout particulier, la loi peut parfois agir comme un atout face aux blocages créés par les intérêts politiques. Par sa clarté et sa portée, le
droit est dans certains cas à même de provoquer une action, ou d’empêcher une action, qui autrement ne serait déterminée que par une volonté politique ténue, ou l’absence de volonté. Dans le cas
présent, le droit international relatif à l’occupation israélienne, tel qu’énoncé par la CIJ, devient un nouvel instrument puissant qui s’ajoute à la politique, à l’économie et à la puissance
militaire, entre autres, dans la matrice des forces qui détermineront le sort de ce conflit. Les dirigeants politiques du monde entier, y compris à Washington, qui trouvent difficile de critiquer
la politique israélienne et qui, par leur action ou leur inaction, ont contribué à faire perdurer l’occupation israélienne, ont désormais une excellente raison de changer de cap. Ils peuvent tout
simplement dire : « Je n’ai pas le choix, c’est une question de droit. C’est ce que la loi impose.»
Michael Sfard, avocat israélien spécialisé dans les droits humains et auteur de The Wall and the Gate : Israel, Palestine, and the Legal Battle for Human Rights,
est boursier de DAWN (Democracy for the Arab World Now ).
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les
cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
Opposés à Netanyahu, deux tiers des Israéliens veulent négocier avec le Hamas
par Thierry Meyssan
La grève générale qui vient de se dérouler en Israël n’est pas seulement une manifestation contre la rhétorique selon laquelle il ne faudrait pas négocier avec les terroristes et que les
FDI vont libérer les otages détenus à Gaza. Elle marque le début d’une prise de conscience que le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, ne défend pas les juifs. Certes, les Israéliens juifs ne sont pas encore conscients du nettoyage ethnique à Gaza, mais ils le deviennent des pogroms anti-arabes en Cisjordanie. Progressivement, ils commencent à
admettre que leurs ennemis ne sont pas leurs voisins, mais sont parmi eux. Ce sont les sionistes révisionnistes.
L’opinion publique israélienne change. Après s’être détournés du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, inefficace lors de l’attaque du 7 octobre, certains
Israéliens se sont à nouveau ralliés à lui après la réplique iranienne du 11 avril. Ils seraient environ un tiers à le soutenir aujourd’hui. Ce sont à la fois des colons, implantés
illégalement en Cisjordanie, et des citoyens qui perçoivent les Arabes, les Turcs et les Perses comme des ennemis.
Les deux tiers restants ouvrent lentement les yeux. L’exécution de six otages par le Hamas, le 31 août, alors que les « Forces de défense » (FDI)
allaient les libérer, leur a montré, que loin de permettre leur libération, la présence de soldats à Gaza les condamne à mort. Ils considèrent donc désormais l’obstination du Premier ministre
à envahir non seulement Gaza, mais aussi la Cisjordanie, au détriment de la vie des otages comme la preuve qu’il sert les intérêts des seuls colons et pas ceux de l’ensemble des juifs
israéliens. Ils ne voient pas pour autant la souffrance des arabes israéliens, ni les pogroms en Cisjordanie et encore moins le nettoyage ethnique à Gaza.
C’est dans cette ambiance que le syndicat historique d’Israël, celui qui fut la principale organisation du Yichouv durant l’entre-deux-guerres, le Histadrout, a
appelé à une grève générale. Comme tous les syndicats occidentaux, cette organisation est beaucoup moins importante que par le passé lorsqu’elle était l’émanation du mouvement des kibboutzim.
Elle ne comprend plus que 400 000 membres, mais dispose toujours d’une autorité morale. Lors d’un meeting, son secrétaire général, Arnon Bar-David, a déclaré : « Je suis ici pour me
battre, pour que personne ne soit laissé pour compte. Les juifs n’abandonnent pas les juifs, qui ne sait pas cela ? Il n’est pas possible que nos enfants meurent dans les tunnels à cause
de considérations politiques ». Considérant que la centrale faisait elle-même de la politique au lieu de défendre les travailleurs, le gouvernement a obtenu du Tribunal national du
travail qu’il déclare la grève générale illégale. Quant au ministre du Trésor, Bezalel Smotrich, il a donné instruction à ses services de ne pas payer les fonctionnaires grévistes. Quoi qu’il
en soit, le mouvement a été très suivi. Il a inscrit dans l’esprit des Israéliens que Benyamin Netanyahou ne défendait pas les juifs, qu’il ne les avait jamais défendus.
Simultanément, un des 32 membres du gouvernement, le ministre de la Défense, le général Yoav Gallant, a déclaré en Conseil des ministres que le nouvel objectif
du Premier ministre d’occuper le corridor de Philadelphie (c’est-à-dire la petite bande frontière égypto-gazaouie) viole les accords de Camp David sans apporter le moindre avantage
stratégique. La discussion de cabinet ayant tourné aux invectives, le général Gallant a porté l’affaire sur la place publique.
Selon le portail internet Ynet (groupe du Yediot Aharonot),
réputé centriste et proche de l’administration, si en mai un accord était sur le point d’être conclu avec le Hamas, tout a été bouleversé par le Document de clarification de la partie israélienne, le 27 juillet. Ce texte posait soudainement de nouvelles exigences afin de rendre tout accord
impossible. C’est lui qui, pour la première fois, a posé l’exigence d’une présence des FDI dans le corridor de Philadelphie.
Seuls ceux qui suivent la politique israélienne comprennent la simultanéité de la grève générale et de l’esclandre de Gallant. Elle permet, enfin, de comprendre
ce qui s’était passé l’année dernière.
Au printemps 2023, les partis démocratiques avaient fait pression pour que le Histadrout organise une grève générale contre le projet de réforme des lois
fondamentales (équivalentes d’une Constitution), c’est-à-dire contre le coup d’État que les sionistes révisionnistes étaient en train d’opérer. Cependant la centrale de gauche au lieu de s’en
tenir à la défense de la démocratie avait aussi soutenu le général de droite Yoav Gallant que Benyamin Netanyahou venait subitement de renvoyer de son poste de ministre de la Défense. Sa
pression avait été si forte que le Premier ministre l’avait réintégré au gouvernement.
À l’époque, personne n’avait compris ce qui liait les syndicalistes au général. Toutefois, on apprenait par la suite qu’il avait été renvoyé pour avoir explosé
en Conseil des ministres et demandé des explications sur l’absence de réaction du Premier ministre aux rapports du Shin Bet (contre-espionnage) et des FDI. Quatre mois avant l’attaque du 7
octobre, tous les services de renseignement israéliens rédigeaient rapport sur rapport annonçant la « Tempête parfaite » (nom de code de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa »
du 7 octobre) que la Résistance palestinienne préparait. Le Premier ministre n’a pas voulu les entendre. Il a maintenu sa surdité lors de l’esclandre du général Gallant. Il n’a pas défendu
son pays lors de l’attaque du 7 octobre, mais a utilisé celle-ci pour nettoyer ethniquement Gaza et a laissé se multiplier des pogroms anti-arabes en Cisjordanie.
Dès lors, la question que nous posions depuis la mi-novembre [1] commence aussi à interpeller des
Israéliens : Et si Benyamin Netanyahou n’était pas incompétent, mais complice de l’attaque ?
Cette question taraude des Israéliens qui ont demandé la création d’une commission d’enquête d’État portant sur tous les aspects de l’attaque du 7 octobre, de
sa préparation et de sa réponse. La procure générale d’Israël, Gali Baharav Miara, qui considère cette question comme pertinente, l’a demandé aussi. Cependant, Benjamin Netanyahou et ses
complices s’y sont opposés.
Cette question est aujourd’hui sur toutes lèvres depuis que la presse israélienne a révélé que le contre-espionnage, le Shin Bet/Shabak avait prévenu le Premier
ministre de l’imminence de l’attaque, 10 semaines auparavant [2]. Cette fois, on ne parle plus de sources
étrangères, mais bien d’une des agences de sécurité israéliennes.
Progressivement l’histoire de l’actuelle coalition gouvernementale refait surface. Les suprémacistes juifs (les Kahanistes) ne sont pas une secte juive de plus.
Certes, ils militent pour la destruction de la mosquée d’Al-Aqsa et la reconstruction à sa place du temple de Salomon, alors que les rabbins Haredi, à la fois ashkénazes et séfarades, en plus
des grands rabbins israéliens, considèrent ces actes comme impur et interdisent à tous les juifs d’entrer dans les cours de la mosquée Al-Aqsa. Ils semblent donc se distinguer des sionistes
révisionnistes de Volodymyr Jabotinski et de Benzion Netanhayou qui militaient pour un État juif du Nil à l’Euphrate. En réalité, le rabbin Meïr Kahane, était un agent de Yitzhak Shamir
(successeur de Jabotinky) aux États-Unis qui le finançait au travers du Mossad dont il était alors un des dirigeants. D’ailleurs, lors de son premier mandat de Premier ministre, en 1996,
Benjamin Netanyahu fit creuser un tunnel sous la mosquée Al-Aqsa.
Personne en Israël n’en est à rappeler que Volodymyr Jabotinski et Benzion Netanhayou (le père du Premier ministre) étaient des alliés de Benito Mussolini qui a
hébergé, à Rome, leur milice, le Bétar [3]. À plus forte raison, aucun Israélien n’ose
s’interroger sur les liens entre ces fascistes historiques et le nazisme. Certes, Jabotinski est mort au début de la guerre, le 4 août 1940, à New York, sans avoir eu à se prononcer sur
l’idéologie raciale de celui-ci. Mais, durant l’entre-deux-guerres, alors qu’il était administrateur de l’Organisation sioniste (mondiale), il s’était allié aux nationalistes intégraux
ukrainiens de Symon Petlioura et Dmytro Dontsov contre les soviétiques. Leurs hommes se livrèrent à des massacres de juifs sans soulever la moindre réaction de sa part. Lorsque l’Organisation
sioniste lui demanda des explications, il démissionna sans répondre.
David Ben Gourion, le premier Premier ministre d’Israël partisan des Alliés, disait que Jabotinski était sûrement fasciste et peut-être nazi ; raison pour
laquelle il s’est opposé au transfert de ses cendres à Jérusalem. La question se pose pour deux raisons : D’abord les sionistes révisionnistes ont conduit des négociations avec les nazis durant toute la Seconde Guerre
mondiale contre les Alliés. Ce sont les Allemands qui ont refusé d’aller plus loin dans leur collaboration, alors que les juifs disciples de Jabotinsky étaient demandeurs.
Ensuite, en mai dernier, l’historien Nadav Kaplan a révélé [4] que les disciples de Jabotinski
suivaient en détail les négociations du Hongrois Rezső Kasztner (dit « Rudolf Ysrael Kastner ») avec les Nazis durant toute la Guerre mondiale y compris avec Adolf Eichmann, chargé
du transfert des juifs vers les camps d’extermination. Il a émis l’hypothèse (pour le moment insuffisamment étayée) que Ben Gourion avait ordonné son assassinat durant son procès afin de ne
pas rouvrir la plaie. Si les travaux de Kaplan devaient être développés, il y aurait une continuité entre le massacre des juifs par les nazis et celui des Palestiniens par les sionistes
révisionnistes.
Il convient d’admettre que les Israéliens ne sont pas les victimes du Hamas, mais, comme les Palestiniens, des sionistes
révisionnistes.
La campagne quotidienne
d’assassinats menée par les israéliens à Gaza se poursuit sans relâche.
Netanyahou bloque
(vidéo) toute proposition de cessez-le-feu en ajoutant de nouvelles conditions aux détails déjà convenus. Sa dernière quête consiste à obtenir le contrôle militaire
permanent du « corridor de Philadelphie »,
qui désigne la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza.
Deux accords internationaux, négociés par les États-Unis et acceptés par l’Égypte et Israël, interdisent toute présence d’une force légère plus que temporaire dans le corridor
:
Les États-Unis ont assuré à l’Égypte que les actions d’Israël le long de la frontière seraient conformes aux accords de Camp David de 1978 et au protocole
d’accord de 2005. Ces accords limitent clairement la présence militaire d’Israël près des frontières égyptiennes, n’autorisant que de petites unités israéliennes à des fins de sécurité, et
ont été conçus pour garantir la stabilité et éviter une occupation prolongée dans des zones sensibles.
Netanyahou ne se soucie pas du tout de ce que la Maison Blanche a pu promettre à l’Égypte. La timidité de Biden à le punir lui permet d’ignorer tous les
avertissements.
Les pogroms des colons sionistes en Cisjordanie, soutenus par le gouvernement, menacent de rendre la situation identique à celle de la bande de Gaza. Comme le souligne l’éditorial de Haaretz (archivé) :
Le ministre de la Cisjordanie, Bezalel Smotrich, et le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, sous la direction de Netanyahou et avec la
participation de l’armée, font tout ce qu’ils peuvent pour ouvrir un autre front en plus de ceux qui sont déjà enflammés.
Leur vœu sera bientôt exaucé.
Mais deux fronts ne suffisent pas encore. Au cours du week-end, plusieurs voix israéliennes, dont celle de Netanyahou, ont appelé à une campagne imminente contre le Hezbollah au Liban :
L’ancien membre du cabinet de guerre Benny Gantz a déclaré dimanche qu’Israël devrait se concentrer sur le Hezbollah et la frontière libanaise, avertissant que
« nous sommes en retard sur
ce point », …
…
« Le temps de l’action dans le nord est
venu », a déclaré Gantz dimanche lors du sommet Middle East America Dialogue (MEAD) à Washington, DC, ajoutant : “En fait, je pense que nous sommes en retard
sur ce point”.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exhorté dimanche son gouvernement à se préparer à « changer la situation » sur le
front nord avec le Liban, compte tenu des affrontements en cours et des tensions croissantes.
S’exprimant lors d’une réunion hebdomadaire du cabinet, il a déclaré que la situation dans le nord ne pouvait plus durer, appelant l’armée et toutes les agences
de sécurité à se préparer à un changement sur le front.
Le gouvernement s’est engagé à ce que tous les habitants du nord rentrent chez eux en toute sécurité, a-t-il ajouté, tout en décrivant le Hezbollah au Liban
comme le bras « le plus
fort » de l’Iran.
Entre-temps, des sources de sécurité israéliennes ont déclaré aux médias locaux que la bataille avec le Liban était « imminente », mais que le moment
n’avait pas encore été fixé.
Le Hezbollah n’est pas intimidé et le combat quotidien à la frontière nord se poursuit :
« Israël ne pourra pas renvoyer ses colons dans
leurs maisons, quels que soient leurs cris. Le seul moyen de les faire revenir est de mettre fin à la guerre contre Gaza », a déclaré le chef adjoint du conseil exécutif du
Hezbollah, le cheikh Ali Daamoush.
S’exprimant lors de funérailles à Dahieh, dans la banlieue sud de Beyrouth, il a souligné que le Hezbollah « n’acceptera jamais un changement des règles
d’engagement et une modification des équations actuelles ». « Plus l’ennemi intensifie ses attaques, plus
la résistance renforcera sa dissuasion et étendra ses opérations », a-t-il déclaré.
…
Sur le terrain, le Hezbollah a riposté dimanche à l’assassinat par Israël de trois membres de la défense civile lors d’une attaque contre leur camion de
pompiers la veille.
Le parti a lancé des drones et des roquettes sur la Haute Galilée et la Galilée occidentale.
L’armée israélienne a annoncé dimanche qu’elle avait lancé une série de raids aériens contre des cibles du Hezbollah dans le sud du Liban, ajoutant qu’elle
avait également intercepté plusieurs projectiles tirés depuis le Liban au cours de la nuit.
L’armée a déclaré avoir frappé des installations militaires du Hezbollah à Aitaroun, Maroun al-Ras et Yaroun dans le sud.
Le Hezbollah a déclaré avoir tiré des roquettes sur la ville israélienne de Kiryat Shmona en réponse à l’assassinat des membres de la défense civile.
…
Le Premier ministre intérimaire, Najib Mikati, a condamné l’attaque comme une violation du droit international et a annoncé une réunion d’urgence lundi avec les
ambassadeurs occidentaux et les organisations internationales pour aborder les hostilités en cours.
« À ce jour, en raison de l’agression
israélienne, 25 ambulanciers de différentes équipes ont été tués, ainsi que deux travailleurs de la santé, et 94 ambulanciers et travailleurs de la santé ont été blessés », ajoute
le communiqué du ministère de la santé.
Le ministère de la santé a également condamné l’attaque, la qualifiant de « frappe flagrante » contre un
appareil officiel de l’État libanais. Il s’agit de la deuxième attaque de ce type contre une équipe d’urgence en moins de 12 heures.
Le ciblage intentionnel du personnel médical est une tactique qu’Israël utilise également à Gaza.
Les dernières menaces israéliennes concernant une opération militaire imminente au Liban ne visent qu’à « intimider », selon des sources
diplomatiques.
« Elles visent également à bloquer le dernier
rapprochement irano-américain, dont les premiers signes sont apparus dans l’accord conclu en Irak, qui n’aurait pas vu le jour sans le feu vert iranien », ont déclaré ces sources
au journal al-Joumhouria dans des propos
publiés lundi.
L’Irak et les États-Unis se sont mis d’accord sur un retrait progressif de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, mais n’ont pas encore signé
d’accord définitif, a déclaré dimanche le ministre irakien de la défense.
Pourtant, la température dans la région augmente. Hier, un soldat jordanien à la retraite a tué trois Israéliens au point de passage d’Allenby, entre la Cisjordanie et la Jordanie. La nuit dernière, Israël a bombardé plusieurs sites en Syrie, tuant au moins 16 personnes dont 5 civils.
En lisant les médias occidentaux, on a l’impression que le carnage quotidien en Palestine et dans ses environs semble déjà se normaliser.
Mais j’ai surtout l’impression que la situation est prête à exploser. Le moindre nouvel incident pourrait facilement faire dégénérer la situation en une guerre plus
large qui, pour Israël, deviendra bientôt existentielle.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Les forces israéliennes sont accusées d’avoir tué leurs propres citoyens, le 7 octobre
L’armée israélienne est sous pression pour révéler combien de ses propres citoyens ont été tués en raison de la prétendue et controversée « Directive Hannibal ». (AP / Tsafrir Abayov)
“Hannibal à Erez, envoyez un Zik [drone d’attaque]“, a été
l’ordre donné le 7 octobre. Ces mots, rapportés par le journal israélien Haaretz en juillet, confirment ce que de nombreux Israéliens craignent depuis les attaques du Hamas du 7
octobre dans le sud d’Israël. Les forces israéliennes ont tué leurs propres citoyens.
Les autorités
israéliennes affirment que plus de 800 civils et environ 300 soldats ont été tués le 7 octobre. De nombreux otages israéliens sont morts depuis à Gaza.
Les Israéliens sont
encore sous le choc de l’horreur et de la douleur de l’attaque terroriste menée par le Hamas, qui a été la journée la plus sanglante de l’histoire d’Israël. Mais l’armée israélienne subit une pression croissante pour
révéler combien de ses propres citoyens ont été tués par des soldats, des pilotes et des policiers israéliens dans la confusion provoquée par l’attaque du Hamas contre les communautés du sud
d’Israël.
Les survivants et les familles demandent non seulement “ce qui s’est passé“, mais aussi si l’armée a invoqué la
controversée – et prétendument annulée – “Directive Hannibal“.
Qu’est-ce que la Directive Hannibal ?
Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré que la directive avait été nommée au hasard par un programme informatique, mais Hannibal était le célèbre
général carthaginois qui avait pris du poison plutôt que d’être capturé par les Romains.
La doctrine, rédigée en 1986 en réponse à l’enlèvement de soldats israéliens au Liban, autorisait les forces israéliennes à tirer sur les ennemis qui retenaient
leurs camarades en otage – même au risque de les mettre en danger.
Ses auteurs ont déclaré que la directive n’autorisait pas à tuer des captifs, mais les critiques affirment qu’au fil du temps, une interprétation s’est répandue
dans l’armée selon laquelle il valait mieux tuer des camarades que de permettre leur capture.
« Ils ont interprété
cela comme s’ils étaient [censés] tuer intentionnellement et délibérément le soldat afin de déjouer la tentative d’enlèvement, et c’était malinterprété », a déclaré à ABC le philosophe israélien Asa Kasher, auteur du code
d’éthique de Tsahal.
« C’est légalement
et moralement mal et éthiquement mal, c’est mal à tous égards. »
En 2011, le Hamas a utilisé avec succès un otage israélien pour obtenir un échange majeur de prisonniers, échangeant un soldat israélien, le tireur de char Gilad Shalit, contre plus de 1 000 prisonniers, dont l’actuel chef du Hamas, Yahya Sinwar.
Après le 7 octobre, certains témoignages de civils et de militaires israéliens ont affirmé que les forces israéliennes avaient, en réponse à l’attaque du Hamas,
tué leurs propres citoyens.
Néanmoins, de nombreux Israéliens et partisans d’Israël condamnent quiconque suggère que cela s’est produit, alors que d’autres témoignages et reportages de
médias israéliens confirment que c’est vrai.
L’armée israélienne n’a ni confirmé ni démenti que la directive Hannibal ait été appliquée le 7 octobre, se contentant de dire qu’il s’agissait d’un des
nombreux éléments de cette journée faisant l’objet d’une enquête.
En réponse aux questions de la chaîne ABC, l’armée israélienne a fourni une déclaration affirmant
: « L’armée israélienne se concentre actuellement
sur l’élimination de la menace posée par l’organisation terroriste Hamas. Les questions de ce type seront examinées ultérieurement.
»
« C’était un Hannibal de masse »
En juillet, le journal israélien Haaretzrévélait que les commandants de l’armée de l’air israélienne avaient donné l’ordre de tirer sur les troupes capturées par le Hamas à trois endroits différents, faisant
explicitement référence à la directive Hannibal.
Un ancien officier israélien, le colonel de l’armée de l’air Nof Erez, a déclaré dans un podcast de Haaretz que la directive n’avait pas été spécifiquement
ordonnée mais qu’elle avait été « apparemment
appliquée » par les équipages aériens qui ont répondu.
Pris de panique, opérant sans leur structure de commandement normale et incapables de se coordonner avec les forces terrestres, ils ont tiré sur des véhicules
rentrant à Gaza, sachant qu’ils transportaient probablement des otages.
« C’était un
Hannibal de masse. Il y avait des tonnes et des tonnes d’ouvertures dans la clôture, et des milliers de personnes dans tous les types de véhicules, certains avec des otages et d’autres
sans », a déclaré le colonel Erez.
Les pilotes de l’armée de l’air ont décrit au journal Yedioth
Ahronot le tir de quantités « énormes » de munitions le 7 octobre sur des personnes
qui tentaient de traverser la frontière entre Gaza et Israël.
“Vingt-huit hélicoptères
de combat ont tiré au cours de la journée toutes les munitions qu’ils avaient dans le ventre, avec de nouvelles tentatives de réarmement. Nous parlons de centaines d’obus de 30 millimètres et
de missiles Hellfire“, a déclaré le journaliste Yoav Zeitoun. “La fréquence des tirs sur les milliers de terroristes était
énorme au début, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques et à choisir soigneusement les cibles“.
Les officiers des chars ont également confirmé qu’ils avaient appliqué leur propre interprétation de la directive lorsqu’ils ont tiré sur des véhicules rentrant à Gaza, potentiellement avec
des Israéliens à bord.
“Mon intuition me disait
qu’ils [les soldats d’un autre char] pourraient être sur eux“, a déclaré le capitaine de char Bar Zonshein à la chaîne israélienne Channel 13.
On demande au capitaine Zonshein : “Vous pouviez donc les tuer avec cette action ? Ce sont vos
soldats“. “C’est vrai“, a-t-il répondu,
“mais j’ai décidé que c’était la bonne décision, qu’il
valait mieux arrêter l’enlèvement, qu’ils ne soient pas enlevés“.
Le journaliste d’investigation Ronen Bergman a écrit pour le journal Yedioth
Ahronot que l’armée avait promulgué la directive Hannibal à minuit le 7 octobre.
“L’armée israélienne a
ordonné à toutes ses unités de combat de suivre la ‘directive Hannibal’, sans toutefois mentionner explicitement ce nom“, a-t-il déclaré. “L’instruction est d’arrêter ‘à tout prix’ toute tentative des
terroristes du Hamas de retourner à Gaza, en utilisant un langage très similaire à la ‘directive Hannibal’ originale, malgré les assurances répétées des services de sécurité selon lesquelles
la procédure a été annulée“.
L’enquête de Bergman a révélé que 70 véhicules ont été détruits par des avions et des chars israéliens pour les empêcher d’entrer dans Gaza, tuant tous ceux qui
se trouvaient à l’intérieur.
“On ne sait pas à ce
stade combien de personnes enlevées ont été tuées en raison de l’activation de cet ordre [Hannibal] le 7 octobre“, a-t-il écrit.
La directive Hannibal originale, bien que confidentielle, recommanderait d’utiliser des armes légères et des tirs de sniper contre les ennemis qui retiennent des otages – et de ne pas utiliser de bombes, de missiles ou d’obus
de char.
En 2015, le procureur général d’Israël a déclaré que l’assassinat d’un otage était expressément interdit.
Mais les soldats n’étaient pas les seuls à être pris pour cible le 7 octobre.
Un char reçoit l’ordre de tirer sur une maison
Dans deux incidents, des civils israéliens ont survécu aux tirs des forces israéliennes sur eux et ayant tué d’autres otages.
Une survivante du kibboutz Nir Oz, une communauté frontalière de Gaza, a raconté avoir été la cible de tirs de l’armée israélienne alors que des membres du Hamas tentaient de l’emmener avec d’autres otages de l’autre côté de la frontière
dans un wagon électrique.
“Un hélicoptère de
l’armée israélienne est apparu au-dessus de nous. À un moment donné, l’hélicoptère a tiré sur les terroristes, le chauffeur et les autres. Il y avait des cris dans le
wagon“, a déclaré Neomit Dekel-Chen au site d’information israélien Ynet.
Mme Dekel-Chen a déclaré qu’une femme, son amie Efrat Katz, avait été tuée par balle.
L’enquête a conclu que les otages ne pouvaient pas être distingués des terroristes.
Néanmoins, le chef de l’armée de l’air, le général de division Tomer Bar, a déclaré qu’il “n’avait trouvé aucune faute dans l’opération de l’équipage de
l’hélicoptère, qui a agi conformément aux ordres dans une réalité complexe de guerre“.
L’armée a également confirmé que les troupes avaient reçu l’ordre de tirer sur une maison, alors qu’elles savaient que des civils étaient retenus en otage à
l’intérieur.
Dans le kibboutz Be’eri, où 101 civils israéliens ont été tués, un char a reçu l’ordre de tirer sur au moins une maison, après un échange de tirs prolongé avec
une quarantaine d’hommes armés du Hamas qui retenaient 15 otages à l’intérieur et à l’extérieur.
L’incident de la « maison de Pessi » est devenu célèbre en Israël, du nom
de la résidente, Pessi Cohen, qui a été tuée avec d’autres otages retenus là.
Ce sont les deux survivants qui ont révélé que l’armée israélienne avait tiré sur la maison.
« Nous savons qu’au
moins un otage a été tué par l’un des obus », a déclaré à ABC Omri Shifroni, un proche et survivant du 7
octobre.
Trois des proches de Shifroni ont été tués dans la maison de Pessi alors qu’il se cachait de l’autre côté du kibboutz avec sa femme et ses enfants.
“Il y en a quelques
autres que nous ne connaissons toujours pas et nous ne saurons peut-être jamais exactement ce qui les a tués“, a-t-il déclaré.
La tante de Shifroni, Ayala, sa petite-nièce Liel et son petit-neveu Yanai ont tous été tués chez Pessi – il pense que ce sont les terroristes. Mais il reste
contrarié par la décision de l’armée israélienne d’utiliser des munitions lourdes sur des maisons à Be’eri.
L’armée israélienne admet qu’elle n’a pas réagi de manière appropriée après que le groupe terroriste palestinien Hamas a attaqué la communauté de Be’eri dans le
sud d’Israël, tuant 1 200 personnes et prenant des dizaines d’otages.
“Je pense que la vraie
question, la question morale, est de savoir si c’est la bonne chose à faire – tirer des obus de char sur une maison avec des otages – même s’il s’agit de tirs sélectifs“, a-t-il déclaré.
“Je pense que ce n’était pas la bonne décision, pas une
bonne décision et pas morale. Mais je peux aussi comprendre qu’il y avait un grand chaos à Be’eri et qu’il y avait beaucoup de pression pour mettre fin à l’événement là-bas. Je pense qu’ils
n’avaient pas l’intention de tirer et de tuer des otages, mais quand vous tirez un obus de char sur une maison, vous devez prendre en compte que cela est susceptible de se
produire. »
Le philosophe israélien Asa Kasher a déclaré à ABC que la directive ne s’appliquait pas aux otages civils.
« C’est une
situation nouvelle, et toutes les considérations sont différentes », a déclaré le professeur Kasher. « Tuer un civil pour déjouer une tentative d’enlèvement est
vraiment [incorrect]… tout le monde comprend que cela va bien au-delà de ce qui est autorisé dans une démocratie. »
Le professeur Kasher s’est dit consterné par les informations selon lesquelles les soldats avaient appliqué la directive Hannibal le 7 octobre.
« Ils ont agi selon des normes professionnelles
très basses », a-t-il déclaré. «C’est
insensé, ce n’est pas la nature d’une démocratie, ce n’est pas la nature de Tsahal, ce n’est pas la nature du commandement.»
L’armée se disculpe de ses actes répréhensibles
En réponse aux demandes répétées des survivants de Be’eri et des proches des personnes tuées là-bas, Tsahal a ouvert une enquête sur ses actions dans le
kibboutz.
L’armée a blanchi les forces israéliennes de toute faute, constatant qu’un char n’avait tiré “à proximité” de la maison que lorsque les négociations pour
libérer les otages avaient échoué.
“L’équipe a déterminé
que, sur la base des informations examinées et au mieux de leur compréhension, aucun civil à l’intérieur du bâtiment n’avait été blessé par des tirs d’obus de char, à l’exception d’un
incident isolé à l’extérieur du bâtiment où deux civils ont été blessés par des éclats d’obus“, indique le rapport. “L’équipe a déterminé que la plupart des otages ont probablement
été assassinés par les terroristes, et des enquêtes et des examens supplémentaires des conclusions supplémentaires sont nécessaires.”
Sharon Cohen, la belle-fille de Pessi Cohen, a déclaré à la radio israélienne qu’elle n’acceptait pas les conclusions de l’enquête. “Ce n’est pas tout à fait vrai [que les otages n’aient pas été
blessés par les obus des chars]“, a-t-elle déclaré à la radio israélienne Bet le 14 juillet. “Pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas vraiment
entrer dans les détails. Ce sont des détails sur lesquels on nous a dit qu’ils feraient l’objet d’une nouvelle enquête. En outre, je dirai que parce que les incidents dans le kibboutz étaient
si exceptionnels, étranges et difficiles, toute la question de l’enlèvement des corps, des autopsies et de toutes ces choses n’a essentiellement pas été faite.”
L’examen de l’armée israélienne contredit également le témoignage de l’une des deux survivantes de la maison de Pessi, Yasmin Porat, qui a déclaré à la radio israélienne Kan, le 15 octobre que les hommes armés du Hamas
n’avaient pas menacé les otages et avaient l’intention de négocier avec la police pour leur retour en toute sécurité à Gaza.
Elle a déclaré qu’une unité spéciale de la police israélienne avait commencé la fusillade en tirant sur la maison, prenant “cinq ou six” résidents du kibboutz à l’extérieur dans
“des tirs croisés très, très intenses“.
Dans l’interview, on lui a demandé : “Donc nos forces ont peut-être tiré. Ils ont tué tout le monde, y
compris les otages“. “Sans aucun doute“, a-t-elle répondu.
“Ils ont éliminé
tout le monde [dans la maison], y compris les otages.”
Eric Tlozek, Orly
Halpern and Allyson Horn
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Démissions dans les forces de sécurité israéliennes : Révolte latente ou purges ?
Israël connaît une série spectaculaire de démissions de haut niveau dans ses forces de sécurité. Au moment où des manifestations d’ampleur ont lieu à Tel Aviv pour réclamer un accord de
cessez-le-feu pour la libération des otages retenus à Gaza, certains voient dans la vaguer de démissions, l’amorce d’une révolte contre le gouvernement. Cependant cette vision des choses n’est
pas exclusive d’une tendance du gouvernement à imposer au sein de l’appareil d’Etat les tenants d’un nettoyage ethnique de la Palestine.
Le chef de la division des renseignements de la police israélienne, Dror Assaraf, envisage de démissionner, selon le Jerusalem
Post.
Assaraf est le quatrième à démissionner de son poste ces derniers jours.
Démissions en série
The Cradle fait le point:
Le général de division Tamir Yadai, commandant des forces terrestres de l’armée israélienne, a décidé de
démissionner pour des « raisons personnelles », a rapporté le site d’information hébreu Walla le
3 septembre.
Walla a également rapporté récemment que le commandant de l’unité 8200 d’Israël, le général de brigade Yossi Shariel, envisageait d’annoncer sa démission dans les semaines à
venir. L’unité 8200 est celle dont le quartier général a été pris pour cible par le Hezbollah dans le cadre de son attaque de représailles à la fin du mois d’août.
Ynet a rapporté que le chef du renseignement de la division de Gaza de l’armée envisage également de quitter son poste.
En avril, Aharon Haliva, chef de la direction du renseignement militaire, a démissionné parce qu’il n’avait pas réussi à empêcher l’opération « Al-Aqsa Flood » du 7 octobre.
Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, aurait également exprimé son intention de démissionner pour la même raison une fois la guerre terminée.
Le journaliste israélien Yossi Yehoshua a écrit pour le média Ynet le
4 septembre que le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a également « assumé la responsabilité [du 7 octobre] et devrait lui aussi démissionner en temps voulu ».
Peut-être cela se produira-t-il réellement dans les mois à venir ».
Mais comment interpréter ces démissions dans l’appareil d’Etat. Les médias israéliens voient plutôt une tendance de fond:
Selon le journal hébreu Maariv,
le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui est en charge du système pénitentiaire et de la police, a bloqué la promotion de plusieurs officiers, dont M. Assaraf.
Les médias israéliens ont rapporté au début de l’année que la Haute Cour d’Israël s’était montrée très préoccupée par une loi adoptée en décembre 2022 qui accordait à M. Ben Gvir des pouvoirs plus étendus sur le système policier.
Le même rapport de Maariv,
publié le 4 septembre, indique que la nomination de chaque nouveau commissaire de police s’accompagne d’une vague de démissions. Il ajoute que certains réalisent qu’ils pourraient ne pas
être promus et décident de démissionner, tandis que d’autres sont informés qu’ils devraient prendre leur retraite.
La révolte latente contre le gouvernement n’est pas exclusive d’un noyautage toujours plus efficace de l’appareil d’Etat avec les partisans de la politique
du gouvernement de “nettoyage ethnique” à Gaza et en Cisjordanie.
Dix semaines avant l’attaque du Hamas, Netanyahou était au courant, selon le Shin Bet ; non, un an plus tôt, selon le New York Times
Source : RzO Voltaire - par Alfredo
Jalife-Rahme - Le 07/09/2024.
Le Shin Bet/Shabak, l’agence de sécurité israélienne, fait partie de la communauté de l’espionnage, aux côtés du Mossad (espionnage étranger) et de l’Aman
(espionnage militaire).
Le Shin Bet/Shabak dépend directement du Premier ministre en exercice et possède trois ailes opérationnelles : le département arabe (sic), le département des
étrangers et le département pour la protection des fonctionnaires [1]
Un rapport du portail Ynet News, repris intégralement par la presse israélienne [2], révèle que Ronen Bar (RB), chef du Shin Bet/Shabak, avait averti le
Premier ministre Netanyahou 10 semaines (sic !) avant l’attaque emblématique du Hamas du 7 octobre.
Le bureau de Netanyahou, comme d’habitude, s’est défendu en affirmant que l’avertissement ne concernait pas la guerre à Gaza et que, selon l’herméneutique
du Times of Israel (très proche de Netanyahou), il faisait référence à une guerre avec le Hezbollah au Liban ou à une « troisième intifada [3] » en Cisjordanie.
Aluf Benn, du journal anti-Netanyahou Haaretz, affirme qu’une seule personne détient le tableau complet de ce que Netanyahou savait avant le 7
octobre [4] et rapporte que le chef de l’opposition Yair Lapid a souligné que le principal témoin de l’échec du 7 octobre est le général de division Avi Gil (AG), secrétaire militaire
de Netanyahou avant la guerre et à ses débuts.
Le général AG ne faisait pas partie du cercle rapproché de Netanyahou, c’est pourquoi il a demandé sa retraite anticipée, avouant plus tard qu’il avait signalé au
procureur général, Gali Baharav-Miara, les tentatives des associés de Netanyahou (sic) pour falsifier les documents de prise de décision au début de la guerre.
Dans cette affaire délicate des avertissements du Shin Bet/Shabak et du major général AG, le fuyant Netanyahou a fait appel à sa famille pour le défendre : sa
femme Sara - qui a affirmé que son conjoint n’était au courant de rien - et même son fils Yaïr, confortablement installé à Miami, qui a attaqué l’establishment militaire. Mais, s’il n’y a pas eu
de trahison (méga-sic !), pourquoi ont-ils peur d’une enquête ? » [5].
Yair a déclaré une guerre de mèmes à George Soros (GS), partisan du nouvel ordre unipolaire mondialiste [6].
Mais les allégations d’aléas tectoniques, classiques en Israël, ont été balayées par le rapport du 30 novembre 2023 selon lequel Israël était au courant du plan
d’attaque du Hamas plus d’un an auparavant[7].
Les journalistes du NYT - plus proches du parti travailliste, aujourd’hui dans l’opposition, en raison de ses liens avec Soros, les Clinton (Bill et
Hillary) et Obama/Biden - affirment avoir examiné en détail le plan d’attaque du Hamas, que les responsables israéliens avaient jugé trop ambitieux car trop difficile à mettre en œuvre pour le
Hamas.
Il y a dix mois déjà, je posais la question suivante dans cette section « Bajo la lupa », de La Jornada : Netanyahou avait-t-il transmis des
secrets d’État israéliens à ses alliés de circonstance du Hamas, ou a-t-il laissé faire ? Netanyahou a-t-il laissé faire pour opérer à sa guise sous faux drapeau, ou s’agissait-il d’un
sabotage délibéré par une partie de l’armée et des services d’espionnage israéliens pour renverser Netanyahou, qu’ils trouvent insipide et inefficace ? J’ai fait remarquer qu’il n’y a pas
encore de réponses irréfutables, mais qu’un jour elles seront connues [8].
Aujourd’hui, une fois de plus, RB, le chef controversé du Shin Bet/Shabak, s’en prend au terrorisme juif (sic)[9].
Aujourd’hui, près d’un an plus tard, en pleine guerre civile en Israël et 62 jours avant l’élection présidentielle cruciale aux États-Unis, il est fort probable que
le Premier ministre Netanyahou ait été au courant depuis plus d’un an du projet d’attaque du Hamas, qui, semble-t-il, faisait partie de son stratagème pour ouvrir 7 fronts de guerre à partir
d’Israël pour enfin séduire et entraîner les États-Unis dans une guerre finale, de type Gog et Magog/Armageddon, contre l’Iran [10].
Le plus comique dans l’histoire, c’est qu’aujourd’hui, en pleine grève générale en Israël, Netanyahou accuse les citoyens de son pays de faire le jeu du Hamas et de son chef Yahya
Sinwar [11].
Le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou continue d’entraîner son pays dans une guerre dont on ne voit pas la fin. Bien qu’il ait rasé la bande de Gaza et éliminé plusieurs
dirigeants du Hamas et du Hezbollah, Israël n’est pas plus près de la victoire sur les fronts nord et sud.
Selon le New York Times,
de hauts responsables américains ont admis que les Forces de défense israéliennes (FDI) avaient fait tout ce qu’elles pouvaient sur le plan militaire à Gaza, mais qu’elles n’avaient pas
réussi à détruire le Hamas.
Détérioration
soudaine de la situation à la frontière avec le Liban
Le 25 août, la situation à la frontière avec le Liban s’est brusquement détériorée. Plus de 100 avions de chasse de l’armée de l’air israélienne ont frappé
à titre préventif des lanceurs du Hezbollah dans le sud du Liban. Les FDI ont également intercepté plusieurs dizaines de drones d’attaque se dirigeant vers le centre d’Israël. Auparavant,
le Hezbollah avait tiré 250 roquettes et 20 drones sur le nord d’Israël en réponse à l’assassinat de son chef militaire Fuad Shukr.
Selon Reuters, les
deux parties ont échangé des messages par l’intermédiaire de médiateurs afin de clarifier leurs positions et d’éviter une nouvelle escalade. La chaîne de télévision
israélienne Channel
12 a confirmé que les dirigeants israéliens étaient optimistes quant à la possibilité d’une solution diplomatique à la crise. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré
que le groupe pourrait envisager de mettre fin aux hostilités actuelles. Moshe Ya’alon, ancien chef d’état-major de Tsahal qui a travaillé sous les ordres de Netanyahou, s’est dit
convaincu que l’Iran et le Hezbollah n’avaient aucun intérêt à une escalade, et a ajouté qu’il ne pouvait pas en dire autant des dirigeants israéliens.
Netanyahou n’est toutefois pas satisfait de cette évolution. Il reste attaché à une solution exclusivement militaire au problème. De nombreuses personnes en
Israël partagent sa vision messianique. Ils soutiennent les disciples de Zeev (Vladimir) Jabotinsky, l’idéologue des révisionnistes sionistes, dans leurs efforts pour réaliser ce qu’ils
ont toujours voulu et promis : expulser les Palestiniens, comme ils le croient, de la terre d’Israël.
Israël
met-il en œuvre le projet Nakba-2 ?
Apparemment, pour atteindre cet objectif, les sionistes militants (selon certains rapports, ils sont au moins 2 millions en Israël) ont l’intention
d’imposer leur volonté aux États-Unis et de les entraîner dans une guerre régionale à grande échelle, s’ils sont empêchés de réaliser leur projet d’expulsion forcée des Palestiniens
(faire Nakba-2) de la Cisjordanie.
Benjamin Netanyahou joue constamment et délibérément la carte de l’entraînement de l’Iran dans cette guerre. Sa première tentative a été de frapper la
mission diplomatique de l’Iran à Damas et d’assassiner un général du Corps des gardiens de la révolution islamique. Elle a échoué. Les représailles de l’Iran ont été symboliques et n’ont
pas causé beaucoup de dommages à Israël.
La deuxième tentative a été l’assassinat par défi d’Ismail Haniyeh, chef du politburo du Hamas à Téhéran. Netanyahou s’attend à ce que si l’Iran réagit à
l’assassinat de Haniyeh et riposte, les États-Unis soient contraints de défendre Israël et de frapper l’Iran.
Netanyahou, voyant que l’Iran marque une pause et ne cède pas à ses aventures, pourrait bien décider, sous un prétexte plausible, de prendre un autre pari –
une frappe préventive sur l’Iran. Les calculs du Netanyahou sont les mêmes : Les Américains ne pourront pas se tenir à l’écart en cas
de riposte iranienne.
Si les États-Unis opposent leur veto à une attaque contre l’Iran avant les élections présidentielles afin que Kamala Harris ne perde pas, et que l’Iran ne
riposte pas à la mort de Haniyeh, alors Netanyahou, pour expulser les Palestiniens, peut étendre les combats de Gaza à la
Cisjordanie. Pour ce faire, il pourrait bien aller jusqu’à mener une provocation majeure dans la zone du Mont du Temple. Il pourrait par exemple mettre le feu à la mosquée
Al-Aqsa pour inciter les Palestiniens à riposter. En même temps, il faut tenir compte du fait que les colons israéliens en Cisjordanie, qui représentent plus de 700 000 personnes, dont
des dizaines de milliers de personnes ayant la citoyenneté américaine en plus de la citoyenneté israélienne, ont reçu une grande quantité d’armes légères sur les instructions du ministre
de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
Pour Netanyahou et son entourage radical de droite, plus la situation est mauvaise, mieux c’est. Les sionistes révisionnistes ont besoin d’une crise ou
d’une confusion provoquée par la guerre pour réaliser pleinement leur projet Nakba-2. Cela permet notamment à Netanyahou de rester au pouvoir, même à ce prix.
En conséquence, les États-Unis sont piégés dans leur soutien militaire inconditionnel à Israël, et Netanyahou n’a plus beaucoup de temps pour entraîner
l’Iran dans la guerre. Comme le souligne Yossi Werter, chroniqueur politique au Haaretz, au
cours de l’année qui s’est écoulée depuis le 7 octobre 2023, Israël, sous la direction de Netanyahou, s’est retrouvé dans la pire situation stratégique de son histoire.
Quant à l’Iran et au Hezbollah, il semble qu’ils aient compris les intentions de Netanyahou. Il est peu probable que l’Iran respecte les règles de
Netanyahou et qu’il l’affronte ouvertement. Selon un certain nombre d’indices, Téhéran a choisi la tactique de l’épuisement d’Israël.
«Israël
a tué plus de salariés de l’ONU que tout autre pays dans l’histoire, a détenu et torturé du personnel de l’ONU et a attaqué, calomnié et entravé l’Organisation et ses opérations dûment
mandatées».
L’assaut dévastateur d’Israël sur Gaza, qui dure depuis bientôt un an, et les exactions croissantes des colons en Cisjordanie confèrent une nouvelle urgence
aux initiatives visant à suspendre l’État juif de l’Assemblée générale des Nations unies.
La société civile palestinienne réclame depuis longtemps une telle mesure, et la guerre de Gaza, ainsi que les deux déclarations majeures de la Cour
internationale de justice (CIJ) concernant Israël cette année, ont donné une nouvelle impulsion à l’initiative.
L’idée est d’utiliser contre l’État juif le même mécanisme que celui utilisé en 1974 pour geler la participation de l’Afrique du Sud de l’apartheid à
l’Assemblée générale. Cette mesure a contribué à l’isolement du gouvernement minoritaire blanc et à son effondrement.
C’est le nouvel État démocratique sud-africain qui a introduit la
requête pour génocide contre Israël devant la CIJ, aboutissant à une décision provisoire de la Cour en janvier soutenant largement les arguments de l’Afrique du Sud.
En juillet, la Cour, répondant à une demande de l’Assemblée générale, a rendu un avis consultatif estimant que
l’occupation des territoires palestiniens par Israël relevait de la colonisation, de la discrimination raciale et de l’apartheid.
Le Comité national palestinien BDS (BNC),
à la tête de la campagne pour la suspension d’Israël, a déclaré à PassBlueMaren
Mantovani, coordinatrice internationale de la campagne «Stop
the Wall». L’organisation est basée à Ramallah, la capitale palestinienne en Cisjordanie.
«La société civile
palestinienne déploie des efforts continus et concertés pour pousser l’ONU à remplir sa mission (…) et à définir et mettre en œuvre les modalités précises pour mettre fin aux crimes et
aux violations d’Israël», a déclaré
Mantovani.
Saleh Hijazi, conseiller du BNC sur la politique de lutte contre l’apartheid, a déclaré qu’il s’attendait à ce que les appels à la suspension d’Israël s’intensifient le mois prochain
avec l’ouverture de la 79ème sessionde
l’Assemblée générale. L’AGNU, comme on l’appelle, commence le 10 septembre.
(La délégation palestinienne à l’ONU a
déclaré le 22 août qu’elle prévoit également d’initier prochainement une «résolution
applicable» à l’Assemblée générale, «exigeant dans un
délai donné la fin de cette occupation illégale et toutes les autres questions contenues» dans l’avis consultatif de la CIJ).
«J’ai participé à un
certain nombre de forums internationaux au cours des derniers mois, notamment à une réunion conjointe entre l’Organisation de la coopération islamique et le Comité des Nations unies pour
l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, où les sanctions, y compris les mesures diplomatiques et la suspension d’Israël de l’Assemblée générale des Nations unies, ont
constitué une grande partie de la discussion», a déclaré Hijazi par courrier électronique.
«En effet, les
organisations de la société civile, les mouvements et les groupes de base du monde entier soutiennent un tel appel et le considèrent comme nécessaire».
Parmi ceux qui ont exprimé leur soutien figure Balakrishnan
Rajagopal, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à un habitat convenable.
«J’espère que les pays
du Sud augmenteront la pression en faveur d’une action significative pour arrêter le génocide à Gaza, mettre fin à l’occupation de la Palestine et veiller à ce que les auteurs de crimes
graves soient traduits en justice», a-t-il déclaré dans un courriel. «L’une de ces actions
pourrait très bien s’inspirer du précédent créé par les mesures prises contre l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid».
Craig Mokhiber, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme ayant travaillé pour l’ONU, a écrit dans un message à PassBlue qu’«il
est difficile d’imaginer un pays méritant davantage, au minimum, d’être suspendu de l’AGNU».
«Le précédent
suspendant l’Afrique du Sud de l’apartheid est bien établi», a-t-il noté. «L’Assemblée générale
des Nations unies devrait immédiatement suspendre Israël et ordonner à l’Organisation d’utiliser ses ressources et ses mécanismes pour lutter contre l’apartheid israélien et les
violations flagrantes des droits de l’homme, comme elle l’a fait pour l’Afrique du Sud».
Il a ajouté qu’aucun pays n’avait violé plus systématiquement les principes de la Charte des Nations unies qu’Israël.
«Israël est
aujourd’hui jugé par la Cour internationale de justice pour génocide, ses dirigeants font l’objet de demandes de mandats d’arrêt auprès de la CPI [Cour pénale internationale] pour crimes
contre l’humanité, la CIJ a conclu qu’il pratiquait l’apartheid et que l’occupation du territoire palestinien, qui dure depuis des décennies, était illégale», a-t-il
déclaré.
Lors d’une réunion au Caire en juillet, le conseil de la Ligue des États arabes a décidé de poursuivre l’idée de suspendre Israël, mais jusqu’à présent,
aucun État membre des Nations unies n’a pris de mesures officielles en ce sens.
Le gouvernement sud-africain, qui a placé la solidarité avec les Palestiniens au centre de sa politique étrangère, n’a pas encore abordé la question de la
suspension, a déclaré Clayson
Monyela, porte-parole du ministère des relations internationales et de la coopération.
Néanmoins, les organisations non gouvernementales sud-africaines sont convaincues que Pretoria sera à l’avant-garde de la démarche.
«Nous nous attendons à
ce que l’Afrique du Sud la soutienne pleinement à tous les niveaux», a déclaré Bram Hanekom, membre du conseil d’administration d’Africa4Palestine,
lors d’un entretien téléphonique avec PassBlue. «Pour nous, la
question relève de la morale, de la justice et de notre propre histoire».
Mais l’Afrique du Sud dépend fortement de ses relations commerciales avec les États-Unis et doit éviter de s’aliéner les législateurs de Washington plus
encore qu’elle ne l’a déjà fait – non seulement en déposant le dossier du génocide, mais aussi en ne condamnant pas Moscou pour son invasion de l’Ukraine et en entretenant des liens
étroits avec l’Iran et la Chine.
Par conséquent, réclamer la suspension d’Israël comporterait de «sérieux
risques», a déclaré Hanekom. «En tant que nation,
nous nous livrons à un incroyable exercice d’équilibre».
Mouin Rabbani, analyste du Moyen-Orient, cite l’influence globale de Washington lorsqu’il affirme que la campagne palestinienne peut avoir une importance symbolique, mais qu’il est
peu probable qu’elle aboutisse à l’objectif proclamé d’une nouvelle victoire comme celle contre l’Afrique du Sud en 1974.
«Il existe des
différences fondamentales entre la situation que vous avez connue avec l’Afrique du Sud dans les années 1970 et la situation actuelle de la Palestine», a déclaré Rabbani lors d’un
entretien téléphonique.
«La suspension de
l’Afrique du Sud a eu lieu dans le contexte de la guerre froide, où il existait des clivages très clairs entre les votes et où toute résolution anticoloniale bénéficiait d’une majorité
quasi automatique», a-t-il ajouté. «La situation actuelle
est très différente : il n’y a plus de grands blocs comme dans les années 1970, et une conséquence supplémentaire est que les gouvernements sont bien plus vulnérables au lobbying des
États-Unis et de l’Europe».
En outre, Washington est beaucoup plus investi dans Israël qu’il ne l’était dans l’Afrique du Sud il y a 50 ans et s’opposerait «bien plus
énergiquement» aux mesures visant à suspendre l’État juif, a déclaré Rabbani.
«Un autre facteur est
que l’existence même du régime israélien ne fait pas l’objet d’une réprobation mondiale universelle comme c’était le cas pour le régime de la minorité blanche en Afrique du Sud – son
existence même était considérée comme inacceptable dans la plupart des pays du monde. Je ne pense pas que nous ayons encore atteint cette situation avec Israël».
«On a tendance à
rejeter la faute et la responsabilité sur [le Premier ministre Benjamin] Netanyahou, ou sur le gouvernement israélien, et la prise de conscience que le problème ici est celui du régime,
plutôt que celui d’un dirigeant individuel, a encore du chemin à faire».
Mokhiber a décrit Israël comme détenant «le record mondial de
violation des résolutions de l’ONU».
«Israël a été reconnu
responsable de violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme et du droit humanitaire par des commissions d’enquête successives de l’ONU et des procédures spéciales
indépendantes. Pire encore, il a tué plus de personnel de l’ONU que n’importe quel autre parti dans l’histoire (et de loin), a détenu et torturé du personnel de l’ONU, et a régulièrement
attaqué, calomnié et entravé l’Organisation et ses opérations dûment mandatées».
Ni la mission israélienne auprès de l’ONU ni la délégation palestinienne n’ont répondu aux demandes de commentaires.
La nuit dernière, le
Hezbollah a mené une nouvelle attaque d’envergure contre Israël, présentée comme une « riposte » à la mort du commandant Fouad Shukr. Les
événements habituels se sont déroulés : Le ciel nocturne d’Israël s’est couvert d’une constellation de roquettes Iron Dome et des citoyens paniqués se sont rués vers les aéroports pour fuir
le pays.
Des sirènes et des explosions sans arrêt pendant les 60 dernières minutes. C’est absolument dément. Une « situation spéciale » a officiellement été
déclarée. C’est la guerre. Priez pour Israel. Les explosions NE CESSENT PAS. C’est du sérieux.
L’aéroport international Ben Gurion de Tel Aviv est rempli de voyageurs car tous les vols, d’arrivés et de départs, ont été annulés.
Israël a affirmé avoir mené une vaste
attaque préventive qui a détruit une grande partie du stock de roquettes du Hezbollah avant qu’elles ne soient utilisées.
Un bateau de classe Dvora des FDI a même été touché par ce qui semblait être un missile guidé du Hezbollah au large de la côte de Nahariya, dans le nord
d’Israël, et au moins un membre de l’équipage aurait été tué :
Le plus remarquable est que nous approchons maintenant du premier anniversaire, en octobre, du début de la guerre d’Israël contre Gaza, et qu’Israël n’a
toujours pas réussi à vaincre entièrement la minuscule force qu’est le Hamas. La Russie est critiquée pour avoir mis plus de deux ans à vaincre la plus grande force militaire d’Europe, alors
que le pays présenté comme ayant « l’armée la plus
avancée du monde » n’est pas en mesure de vaincre une minuscule force de guérilla en un an.
Ce fait est confirmé par de nombreuses sources officielles :
A Gaza, l’armée israélienne a atteint le bout du chemin expliquent des officiels étasuniens Israel a sévèrement repoussé le Hamas mais ne sera pas capable
de l’éliminer complètement disent des officiles étasuniens.
La première, tirée du NY Times ci-dessus, déclare :
Israël a fait
tout ce qu’il pouvait sur le plan militaire à Gaza, selon de hauts responsables américains, qui affirment que la poursuite des bombardements ne fait qu’accroître les risques pour
les civils, alors que la possibilité d’affaiblir davantage le Hamas a diminué.
…un nombre croissant de responsables de la sécurité nationale au sein du gouvernement ont déclaré que l’armée israélienne avait sérieusement fait reculer le Hamas,
mais qu’elle ne serait jamais en mesure d’éliminer complètement le groupe.
En outre, les opérations militaires les plus récentes d’Israël se sont soldées par un échec :
Aux yeux des analystes américains, les opérations militaires les plus récentes d’Israël relèvent d’une stratégie de type « Whac-a-Mole ». Alors
qu’Israël développe des renseignements sur un regroupement potentiel de combattants du Hamas, les Forces de défense israéliennes ont décidé de se lancer à leur poursuite.
Elles admettent ensuite que le réseau de tunnels du Hamas s’est avéré beaucoup plus vaste et plus solide qu’Israël ne l’avait prévu, et que si de nombreux
tunnels ont été endommagés, il en reste beaucoup qui sont intacts et à partir desquels le Hamas continue d’opérer.
D’anciens et actuels responsables du Pentagone se plaignent qu’Israël n’a pas encore démontré qu’il pouvait sécuriser toutes les zones de Gaza dont il s’est
emparé, en particulier après le retrait de ses forces.
Mais un article récent de CNN réfute même les modestes affirmations de succès
israélien mentionnées ci-dessus :
Netanyahou déclare que la victoire contre le Hamas est en vue. Les données nous racontent une différente histoire.
Presque la moitié des bataillons du Hamas à Gaza Nord et Gaza Centre ont reconstitué en partie leur capacité opérative malgré plus de neuf mois de brutale
offensive israélienne. Selon les analyses de l’American Enterprise Institute’s Critical Threats Project, l’Institute for the study of war et CNN.
Netanyahou, qui subit une pression internationale croissante pour accepter un cessez-le-feu et un accord de libération des otages à Gaza, a déclaré à
plusieurs reprises que les forces israéliennes se rapprochaient de leur objectif déclaré d’éliminer le Hamas et de détruire ses capacités militaires. Le 24 juillet, lors d’une réunion
conjointe du Congrès, il a déclaré : « La victoire est en vue »
:
Mais les analyses scientifiques des opérations militaires du Hamas depuis qu’il a mené des attaques contre Israël le 7 octobre, qui s’appuient sur des
déclarations militaires israéliennes et du Hamas, des images du terrain et des entretiens avec des experts et des témoins oculaires, jettent le doute sur ses affirmations.
Malgré l’assassinat de son chef et tous les autres « coups » qu’Israël prétend lui avoir portés, le Hamas,
écrit CNN, continue de faire son retour
:
Pourtant, les recherches, qui couvrent les activités du Hamas jusqu’en juillet, montrent que le groupe semble avoir fait un usage efficace de ressources de
plus en plus rares sur le terrain. Selon les nouvelles analyses, plusieurs unités ont fait leur retour dans des zones clés
libérées par l’armée israélienne après des batailles rangées et des bombardements intensifs, regroupant les restes de leurs bataillons dans une tentative désespérée de
reconstituer leurs rangs.
« Les israéliens vont dire qu’ils ont nettoyé l’endroit mais ils ne l’ont pas fait complètement, ils n’ont pas vaincu du tout les combattants » déclare
Brian Carter, chargé du Moyen Orient au Critical Threats Project, qui a dirigé le projet commun d’étude du Hamas et de l’armée israélienne avec l’Institute for the study of war. « Le
Hamas est prêt à se battre et veut se battre ».
CNN affirme
que l’aile militaire du Hamas, Al-Qassam, dispose de 24 bataillons prêts au combat et que les forces de défense israéliennes n’en ont dégradé qu’une infime partie (3) :
L’aile militaire du Hamas, connue sous le nom de Brigades Qassam, est divisée en 24 bataillons répartis sur l’ensemble du territoire, selon l’armée
israélienne.
Au 1er juillet, seuls 3 des 24 bataillons était inaptes au combat, c’est-à-dire effectivement détruit par l’armée israélienne, selon les recherches du
CTP et de l’ISW. Une unité est inapte au combat quand elle n’est plus capable de remplir ses missions. Ce qui est visible par le fait qu’elle n’attaque plus ou tente de rares attaques
sans effets.
Un an de présence de « la force militaire la plus avancée du monde », et ils
ne peuvent détruire que 3 bataillons ennemis ? Pendant ce temps, la Russie détruit autant de bataillons ukrainiens en certaines journées.
Ils précisent que 8 des 24 bataillons sont considérés comme pleinement « efficaces au combat », tandis que les 13 autres ont été
quelque peu dégradés mais continuent de fonctionner de manière plus sporadique, à la manière d’une guérilla. Ils admettent toutefois que le Hamas travaille activement à la reconstitution de
tous les bataillons dégradés.
Alors qu’Israël a naturellement rejeté ces conclusions, des personnalités militaires américaines continuent d’apporter leur pierre à l’édifice :
« Si les bataillons du Hamas étaient en
grande partie détruits, les forces israéliennes n’auraient pas encore à se battre », déclare le
colonel Peter Mansoor, retraité de l’armée américaine, qui a contribué à superviser le déploiement de 30 000 soldats américains supplémentaires en Irak en 2007 – une stratégie
anti-insurrectionnelle connue sous le nom de “surge”.
« Le fait qu’ils soient toujours à Gaza,
essayant toujours de mettre en déroute des éléments des bataillons du Hamas, me montre que le premier ministre Netanyahu a tort », ajoute-t-il. « La capacité du Hamas à reconstituer ses
forces de combat est intacte ».
L’article cite des civils palestiniens ayant fui le nord de Gaza, qui affirment que le Hamas y est plus fort que jamais et qu’il reconstitue activement ses
forces.
« Nous avons commencé à remarquer une
résurgence du Hamas moins d’une semaine après le retrait d’Israël du nord de la bande de Gaza en janvier », a déclaré Carter du CTP. « Nous avons constaté que cet effet se
poursuivait dans toute la bande de Gaza… C’est le processus qui a défini les bataillons du Hamas ».
Un « soldat
israélien de haut rang » a déclaré à CNN que les déclarations du Hamas sur la reconstruction
étaient vraies et qu’il avait recruté des « milliers » de nouveaux membres au cours des derniers
mois.
Les analyses de l’ISW et du CTP suggèrent que la reconstitution s’est faite de deux manières différentes. Quelques unités des Qassam ont regroupées des
unités très endommagées pour en faire des bataillons efficaces au combat. D’autres se sont régénérés en recrutant de nouveaux combattants et en fabriquant des armes avec le matériel
abandonné par les forces israéliennes.
L’expert Robert Pape déclare à CNN que les actions d’Israël ne font que renforcer le
Hamas :
« Israël génère exactement le type de
colère politique supplémentaire, de chagrin supplémentaire, d’émotion supplémentaire qui conduira de nouvelles personnes à devenir des combattants », a déclaré Pape.
« Le pouvoir stratégique réel du Hamas
s’accroît », a-t-il ajouté. « Le pouvoir du Hamas réside dans sa
capacité à recruter ».
En substance, cela reflète l’orgueil démesuré typique de l’Empire, que l’on voit aujourd’hui si souvent dans le monde entier :
Les Houthis sont devenus une dangereuse nation voyou. Les Etats-Unis pourraient les écraser. Les Houthis ont vaincu la marine étasunienne.
Ce qui est le plus remarquable, c’est que beaucoup pensent de plus en plus que cette situation va conduire à la dissolution d’Israël. D’une certaine manière, on
peut dire que Netanyahou et son clan de droite raciste encouragent délibérément un renouveau du Hamas parce que leur plan B est d’utiliser le spectre du Hamas comme excuse pour continuer à
dévaster Gaza indéfiniment jusqu’à ce que tous les Palestiniens soient purgés, d’une manière ou d’une autre. Ce serait un scénario gagnant-gagnant pour Israël, s’il n’y avait pas le fait que
la société israélienne elle-même est confrontée à des pressions extrêmes dues aux tensions actuelles.
Dans l’article de CNN ci-dessus, un officier israélien de haut rang
déclare :
Partout où le Hamas va se montrer nous arriverons…est-ce-que ce jeu de ping-pong peut durer éternellement ? Non. Notre société n’est pas faite pour cela. Ni
la communauté internationale.
En fait, de plus en plus d’observateurs pensent qu’Israël se trouve dans une sorte de « spirale morbide » :
Israël est dans une spirale morbide. Qui va-t-il entrainer avec lui ?
Le Général Yitzhak Barik avertit : « Israel va s’écrouler dans moins d’un an » Yitzhak Barik : « si cette guerre d’attrition contre le Hamas et le Hezbollah
continue, Israël va s’écrouler dans moins d’un an »
Yitzhak Barik aurait été qualifié de « prophète de la colère » en Israël pour avoir prédit
avec précision l’opération « déluge d’Al-Aqsa ». Aujourd’hui, dans une tribune publiée dans Haaretz, il accuse le gouvernement israélien de
« jeter de la poudre aux yeux » du
public en mentant sur la destruction du Hamas.
Je suppose que le ministre de la défense Gallant comprend déjà que la guerre n’a plus de raison d’être. Israël s’enfonce dans la boue gazaouie, perdant de
plus en plus de soldats, tués ou blessés, sans aucune chance d’atteindre l’objectif principal de la guerre : faire tomber le Hamas.
Le pays galope vraiment au bord du gouffre. Si la guerre d’usure contre le Hamas et le Hezbollah se poursuit, Israël s’effondrera d’ici un an.
Il cite la dissolution et la polarisation de la société israélienne, les pertes économiques et la lente évolution d’Israël vers le statut d’État paria. Il
ajoute que le nouveau chef du Hamas, Sinwar, comprend la situation et la fait délibérément durer pour saigner davantage Israël en tant que nation ; en bref : « la guerre d’usure joue en sa faveur ».
Il réserve ses condamnations les plus graves à Netanyahou lui-même :
Ce dernier a décidé de « mourir avec les Philistins »
– en l’occurrence, les citoyens d’Israël – dans le seul but de conserver son pouvoir.
Il a perdu son humanité, sa moralité fondamentale, ses normes, ses valeurs et sa responsabilité à l’égard de la sécurité d’Israël. Seul son remplacement et
celui de ses acolytes dans les plus brefs délais peuvent sauver le pays. Israël est entré dans une spirale existentielle et pourrait bientôt atteindre un point de non-retour.
Il conclut :
Après 2.000 ans d’exil, nous sommes revenus et avons établi un glorieux pays. Nous en avons payé le prix élevé de dizaines de milliers de morts et de
blessés. Et aujourd’hui le pays est en train de se désintégrer entre nos propres mains à cause de Netanyahou, Gallant, Halevi et leurs mignons. Mais il est encore possible de faire
quelque chose avant qu’il ne soit trop tard.
Il a raison de dire que les dirigeants israéliens sont devenus absolument féroces dans leurs frustrations face à la communauté mondiale qui ne soutient pas la
terreur cruelle et méchante d’Israël. Il suffit de regarder la récente vidéo des commentaires de l’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan, depuis sa voiture, alors qu’il quitte le siège
de l’ONU à New York :
[Vidéo dans laquelle
l’ambassadeur israélien à l’ONU dit que le bâtiment de l’ONU devrait être fermé et démoli, NdT]
Bien que la vidéo semble doublée, ses propos ont été confirmés par de nombreux médias, dont le Jerusalem
Post.
Haaretz fait également état d’une lettre envoyée par le chef du Shin Bet, Ronen Bar, à Netanyahou et au ministre de la défense, Gallant, dans laquelle il
déclare que le « terrorisme juif »
menace désormais l’existence même de l’État d’Israël.
Le terrorisme juif a explosé et rien ne peut l’arrêter. Il peut entrainer la chute d’Israel.
Israel Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a déclaré dans une lettre adressée à Netanyahou, à Gallant
et à d’autres ministres et publiée par Channel 12 que le « terrorisme juif » des colons en Cisjordanie et les incursions de Ben Gvir dans la mosquée Al-Aqsa causent « des dommages indescriptibles à
Israël ».
En réponse à ses avertissements sur la terreur des colons en Cisjordanie, Ben Gvir aurait exigé le renvoi de Ronen Bar et se serait retiré de la réunion des
ministres, selon la station de radio de l’armée israélienne.
Ils poursuivent en décrivant le terrorisme effréné des colons juifs en Cisjordanie :
Dans un pays normal, on n’hésiterait pas à faire ce qu’il faut. Ils écarteraient la droite radicale du gouvernement et ordonneraient aux services de
sécurité de traiter le terrorisme juif avec
la même gravité que le terrorisme palestinien.
Mais tant que le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des finances, Bezalel Smotrich, resteront au gouvernement, il sera
impossible de lutter contre le terrorisme juif. Tant que le premier sera en charge de la police et le second des territoires occupés, les terroristes juifs sauront qu’ils ont le soutien
des autorités supérieures.
L’image dépeinte par la lettre du chef du Shin Bet est glauque. Il y décrit un changement dans la nature des activités terroristes juives : « des activités
clandestines qui se déroulent maintenant en pleine lumière. De l’utilisation d’un briquet à l’utilisation d’armes de guerre. Des armes de guerre qui ont parfois été légalement fournies
par l’Etat ».
Si Israël continue de nier cette amère vérité selon laquelle une herbe sauvage juive qui a poussé dans les territoires est désormais hors de contrôle, le
terrorisme juif fera tomber Israël. « Le phénomène des « jeunes des collines »
est depuis longtemps devenu une plate-forme pour commettre des violences contre les Palestiniens », écrit Bar.
En substance, ce qu’ils disent, c’est qu’Israël est désormais ouvertement dirigé par des extrémistes radicaux qui entraînent le pays tout entier dans leur
chute. Les têtes pensantes en Israël appellent à un gouvernement plus modéré qui puisse reconnaître que le terrorisme débridé et le génocide ne sont pas une stratégie gagnante à long terme.
Malheureusement, les Netanyahou, Ben-Givir et autres Smotrich sont trop fortement retranchés au sommet de la pyramide dirigeante. Après tout, certains d’entre eux comme Ben-Givir sont des
kahanistes déclarés – une idéologie ouvertement raciste qui considère tous les Arabes comme des ennemis et s’efforce de les priver de tout droit en Israël.
Je vois des gens continuer à désigner Israël comme « le plus grand allié de l’Amérique », mais ils ne
peuvent citer une seule chose qu’Israël offre à l’Amérique en tant qu’« allié ».
Quand on les pousse à nommer quelque chose, ils démontrent leur incapacité à faire la différence entre un « allié » et un « intérêt ». Demandez-leur de nommer une chose qu’Israël
apporte aux États-Unis, et ils répondent par des choses comme :
« Un avant-poste sécurisé pour la projection de puissance au Moyen-Orient. »
C’est ce qu’on appelle un intérêt – Israël facilite la protection des intérêts impériaux de l’Amérique au Moyen-Orient, ce qui fait d’Israël lui-même un intérêt
géostratégique américain, et non un allié.
De plus, les gens considèrent l’absence de réaction de l’Iran à l’assassinat de Haniyeh sur leur territoire comme une faiblesse ou une lâcheté. J’ai exprimé ici
que je pense que c’est une décision intelligente – l’Iran voit qu’Israël s’étouffe lentement sous la pression. Des centaines de milliers d’agriculteurs et de citoyens israéliens essentiels du
nord ont fui, beaucoup d’entre eux déclarant ouvertement qu’ils ne reviendront jamais. L’économie d’Israël est en chute libre, avec son seul port sur la mer Rouge, Eilat, qui est complètement
fermé depuis des mois, l’opérateur portuaire ayant annoncé le licenciement de la plupart des travailleurs.
Les attaques contre les voies maritimes de la Mer Rouge ont amené le port israélien à la faillite
Le 7 juillet 2024, le PDG du port a déclaré à la commission des affaires économiques de la Knesset qu’il n’y avait eu aucune activité au port au cours des
huit derniers mois et qu’il demandait une aide financière. Plus tard, le PDG a déclaré : « Il faut reconnaître que le port est en
état de faillite ».
Les analyses continuent de se multiplier, annonçant la fin de l’économie israélienne :
La fin de l’économie israélienne Alors que la guerre génocidaire contre Gaza continue de plus belle, l’économie israélienne fait face à une catastrophe. Les
destructions matérielles dues à la guerre ont été minimales en Israël mais une chose a été détruite : son futur.
Les indicateurs économiques n’indiquent rien de moins que d’une catastrophe économique. Plus de 46 000 entreprises ont fait faillite, le tourisme s’est
arrêté, la note de crédit d’Israël a été abaissée, les obligations israéliennes sont vendues à des prix proches de ceux des « junk bonds », et les
investissements étrangers qui ont déjà chuté de 60 % au premier trimestre 2023 (en raison des politiques du gouvernement israélien d’extrême droite d’avant le 7 octobre) ne montrent
aucune perspective de reprise. La majorité de l’argent investi dans les fonds d’investissement israéliens a été détourné vers des investissements à l’étranger parce que les Israéliens ne
veulent pas que leurs propres fonds de pension et fonds d’assurance ou leurs propres économies soient liés au sort de l’État d’Israël. Cela a provoqué une stabilité surprenante sur le
marché boursier israélien, car les fonds investis dans des actions et des obligations étrangères ont généré des bénéfices en devises étrangères, qui ont été multipliés par la hausse du
taux de change entre les devises étrangères et le shekel israélien. Puis Intel a annulé un plan d’investissement de 25 milliards de dollars en Israël, la plus grande victoire du BDS de
tous les temps.
Il est difficile de prédire l’avenir sans tomber dans le biais de la répétition, mais comme l’article ci-dessus le dit, de nombreuses personnalités ont
maintenant proclamé que l’ère du sionisme lui-même est arrivée à son terme, et qu’un lent exode d’Israël, une sorte d’anti-Aliyah, continuera à se produire jusqu’à ce qu’Israël s’effondre et
se dissolve de lui-même.
J’ai déjà déclaré auparavant que je pouvais voir la fin d’Israël ressembler à celle de l’ancienne Rhodésie. La seule grâce salvatrice pourrait être que si Trump
remporte la présidence et parvient à « sauver » Israël en négociant un accord, ce qui
aboutirait ensuite à ce que certains des radicaux soient finalement démasqués, alors Israël continuerait probablement à boiter pendant un certain temps. Mais le pays serait grandement
affaibli sur la scène internationale, car les dommages causés à son image ont gravement porté atteinte aux perspectives d’avenir du pays.
De plus, la montée en puissance des BRICS et du Sud global en général signifie que l’Iran et d’autres pays adversaires continueront de gagner en puissance et en
ascendant tandis que les alliés d’Israël seront progressivement affaiblis sur la scène mondiale. Il a été récemment déclaré que même Ben Salman d’Arabie saoudite a été menacé d’assassinat en
raison de discussions sur sa réconciliation avec Israël, ce qui montre que les tendances se sont retournées contre Israël dans la région.
Une grande guerre est inévitable au Moyen Orient
J’ai déjà déclaré que Netanyahou et Zelensky sont deux oiseaux de même augure avec les mêmes objectifs désespérés : ils doivent entraîner les États-Unis dans
une guerre mondiale plus vaste pour sauver leurs régimes et leur pays. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils sont condamnés, que cela se produise ou non. Car les États-Unis n’ont pas le
pouvoir de gagner une grande guerre contre l’un ou l’autre de leurs adversaires ; l’Ukraine et Israël sont donc condamnés à leur sort, les États-Unis se sacrifiant également dans le
processus.
Il y a de fortes chances que d’ici 2050-2075, Israël suive le même chemin que la Rhodésie, ou du moins n’existe plus sous sa forme actuelle. La seule chose qui
pourrait le sauver, ou au moins lui faire gagner du temps, est la seule chose que ses dirigeants ne permettront jamais : une solution à deux États.
Simplicius
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Les panneaux indicateurs sont là pour que tout
le monde puisse les lire : l’Occident, en négligeant délibérément ces marqueurs explicites, ne peut pas se plaindre ou échapper aux conséquences qui en découlent.
Non, la “sourde oreille” n’est pas un nouveau dérèglement
occidental – un effondrement massif et unique de la santé mentale – que nous vivons. Il s’agit de quelque chose de pire : un retour à une version dogmatique et autoritaire de la vérité
qui, selon le physicien dissident Eric Weinstein, a (en Occident) également détruit la vraie science – en ignorant et en réduisant au silence ses voix dissidentes les plus
importantes, tout en récompensant amplement les fraudeurs de la science.
Prenons un exemple : le 24 juillet, le Premier ministre Netanyahou s’est adressé au Congrès américain en déclarant, sur un mode manichéen sans nuance, que
l’Occident était confronté à un “axe du
mal” (l’Iran et ses alliés), que les États-Unis devaient s’employer à détruire. Il s’agissait d’un appel à participer à une guerre civilisationnelle.
Son invitation a été saluée par 58 ovations de la part des législateurs américains.
À son retour, Netanyahou a constaté un désastre dans la communauté druze du Golan. Des fragments de missiles avaient frappé, tuant et blessant de nombreux enfants
qui jouaient au football (les circonstances exactes ne sont toujours pas claires). La rationalité occidentale est cependant parfaitement capable de déduire, premièrement, que Majdal Shams se
trouve dans la Syrie occupée ; deuxièmement, que la communauté druze qui s’y trouve reste très majoritairement syrienne (rejetant la citoyenneté israélienne) et largement pro-syrienne. Et qu’ils
ne sont ni juifs ni israéliens. L’Occident ne semble toutefois pas en mesure de tirer une autre conclusion très évidente : pourquoi le Hezbollah attaquerait-il intentionnellement une communauté
syrienne en un territoire syrien qui est largement favorable à la Résistance ?
Il ne le ferait pas. Pourtant, ces faits évidents sont complètement ignorés par une rationalité qui, comme le suggère Weinstein, préfère activement la fraude à la
vérité. Le porte-parole Kirby a déclaré que le Hezbollah avait attaqué des enfants dans le nord d’Israël.
Le ministre israélien de la défense ne cesse de répéter : “Nous ne voulons pas la guerre” . Les dirigeants
occidentaux répètent le même discours : personne ne veut la guerre. “Nous sommes convaincus que la réponse d’Israël sera restreinte et
limitée à des cibles militaires” . La Maison Blanche : “Selon nous, il n’y a pas de raison pour une escalade dramatique au
Sud-Liban et il y a encore du temps et de l’espace pour la diplomatie” .
Que se passe-t-il alors ? Deux assassinats majeurs : l’un à Beyrouth et l’autre à Téhéran (c’est-à-dire à un invité sur le territoire souverain iranien). Les
dirigeants occidentaux expriment leur “préoccupation” . La cible du Hamas à Téhéran, Ismaïl
Haniyeh, comme l’a fait remarquer le Premier ministre qatari, était le principal négociateur à propos des otages de Gaza.
Cela aussi sera négligé, bien que l’intention de Netanyahou de réunir le Hamas, le Hezbollah et l’Iran en un seul “axe du mal” – répondant ainsi à sa thèse de la session
conjointe du Congrès – doit être évidente, même pour un Washington aveugle.
Rappelons la nouvelle “équation” qui a suivi l’assassinat d’un haut responsable
du CGRI au consulat iranien en avril 2024 : désormais, l’Iran répondra directement – et directement de l’Iran. Washington affirme qu’il ne veut pas d’une guerre
avec l’Iran, mais c’est pourtant ce que Netanyahou a explicitement préconisé. Les législateurs n’ont-ils pas compris ce qu’il voulait dire ?
Depuis près de dix mois, Israël est incapable de stabiliser la situation le long de la frontière nord et de permettre le retour des Israéliens déplacés dans leurs
foyers. Même si l’attaque de Beyrouth ne débouche pas sur une guerre plus étendue, le rétablissement d’une stabilité négociée à la frontière libanaise est désormais hors de portée, tout comme
l’est un accord sur les otages de Gaza. “Comment une
médiation peut-elle réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie ?” , a ironisé le Premier ministre qatari al-Thani.
Ce qui s’est passé en Israël le jour même où les assassinats ont été perpétrés sera également “passé sous silence” en Occident : des groupes
d’autodéfense d’extrême droite ont quitté leurs campements et ont pris d’assaut deux bases militaires des Forces de défense israeIiennes. Les scènes anarchiques d’effractions massives, fomentées par plusieurs membres de la coalition au
pouvoir, dont certains ont participé aux entrées forcées, ont suscité la condamnation furieuse du ministre de la défense, Gallant.
Les invasions ont été soutenues par un ministre et plusieurs membres de la Knesset qui cherchaient à libérer des réservistes soupçonnés de violences aggravées et de sodomie forcée à l’encontre d’un détenu palestinien. Selon une source de sécurité, le détenu blessé a été transporté à
l’hôpital avec de graves blessures, y compris au niveau intime, l’empêchant de marcher.
“Le spectacle d’officiers de la police
militaire venant arrêter nos meilleurs héros à Sde Teiman n’est rien moins que honteux” , a déclaré Ben Gvir, dont le ministère contrôle la police israélienne et l’administration
pénitentiaire israélienne, à propos de la prise d’assaut du poste de Tsahal.
Cependant, le tableau d’ensemble, tel qu’il est décrit par Yossi Melman, est le suivant :
“Ce qui se passe de la part de la droite
messianique nationaliste, avec le soutien, la connivence ou le silence des ministres et des députés de droite, est un “putsch” .Les jeunes descendent des collines de l'”État
de Juda” pour agir avec les mêmes méthodes violentes – utilisées contre les Palestiniens – (mais maintenant) utilisées contre l’État d’Israël.Le député Limor Son Har-Malech (Otzma
Yehudit) a déclaré :“Le peuple d’Israël se battra contre les
ennemis de l’extérieur et les ennemis qui tentent de nous détruire à l’intérieur du pays” [ceux qui, comme l’avocat général, cherchent à enquêter sur les tortures pratiquées au Sde
Teiman].Le concept
du couteau dans le dos et de la trahison à l’intérieur du pays fait écho aux voix qui se sont élevées en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale”.
Encore une fois, cette question a été négligée, mais elle n’a pas fait la une des journaux : la situation à Sde Teiman était largement connue et considérée comme “plus horrible que
tout ce que nous avons entendu à propos d’Abu Ghraib et de Guantanamo” . Un rapport de l’ONU a expliqué en détail comment les Palestiniens détenus arbitrairement étaient confrontés à la
torture et aux mauvais traitements. Les défenseurs des colonies ont néanmoins décrit les auteurs du viol anal comme des “héros” et ont qualifié les enquêteurs des FDI de cinquième
colonne. Les rapports suggèrent que les auteurs de Sde Teiman bénéficient d’une protection de haut niveau.
Ce récit de torture systématique fait suite à des révélations antérieures selon lesquelles l’armée israélienne a marqué des dizaines de milliers d’habitants de Gaza comme suspects d’assassinat, en utilisant un système
de ciblage par IA, appelé Lavender, avec peu de
surveillance humaine et une politique permissive en ce qui concerne les pertes.
Dans le même ordre d’idées, les ministres de droite ont célébré l’ assassinat d’Ismail Haniyeh à Téhéran sur les réseaux sociaux mercredi matin, en déclarant : “C’est la bonne façon de purger le monde de cette saleté” .
Le ministre du patrimoine, Amichay Eliyahu,
membre du parti d’extrême droite Otzma Yehudit du ministre de la sécurité nationale Itamar Ben Gvir, a tweeté :
Plus d’accords imaginaires de “paix” ou de
reddition, plus de pitié pour ces morts qui marchent.La poigne de fer qui les frappera est celle
qui apportera le calme et un minimum de confort, et qui renforcera notre capacité à vivre en paix avec ceux qui cherchent la paix.La mort de Haniyeh rend le monde un peu
meilleur.
Quelle est donc cette “vérité” que l’Occident ignore et dont il tait la réalité,
tout en amplifiant ses fraudes narratives ? C’est que l’Israël qu’ils prétendent comprendre est aujourd’hui très différent. Et que son épistémologie est en contradiction avec le rationalisme
mécaniste.
Une secte eschatologique de droite détient aujourd’hui la majorité au sein du gouvernement et dispose d’une milice d’autodéfense prête à attaquer l’establishment
militaire et l’État israélien. Personne n’a été arrêté pour l’attaque et la prise de contrôle des deux bases. Ils n’osent pas.
Moshe “Bogie” Ya’alon, ancien chef d’état-major des forces de
défense israéliennes, qui a également été ministre de la défense d’Israël, a déclaré lors d’une interview vidéo sur les forces qui prennent le contrôle d’Israël :
Lorsque vous parlez de Smotrich et de Ben
Gvir :ils ont un rabbin.Il s’appelle Dov
Lior.C’est le rabbin
du Jewish Underground, qui avait l’intention de faire exploser le Dôme du Rocher – et avant cela les bus de Jérusalem.Pourquoi ?Pour accélérer la “dernière guerre”
.Ne les
entendez-vous pas parler de la dernière guerre ou du concept de “soumission” de Smotrich ?Lisez l’article qu’il a publié dans Shiloh en
2017.Tout d’abord,
ce concept repose sur la suprématie juive :Mein Kampf à l’envers. “Mes cheveux se dressent sur la tête quand je
dis cela – comme il l’a dit.J’ai appris et grandi dans une maison de
survivants de l’Holocauste et ‘plus jamais ça’ .C’est Mein Kampf à l’envers : la suprématie
juive. C’est pourquoi [Smotrich] dit : “Ma femme n’entrera pas dans une pièce avec un Arabe” .C’est ancré dans
l’idéologie.Ensuite,
ce à quoi il aspire – dès que possible – c’est à une grande guerre.Une guerre de Gog et
Magog.Comment mettre
le feu aux poudres ?Un massacre comme celui du Caveau des
Patriarches [1994] ?Baruch Goldstein est un élève de ce
rabbin.Ben Gvir a
accroché la photo de Goldstein [dans sa maison]. Voilà ce qui
entre dans le processus de décision du gouvernement israélien.
Le rabbin Dov Lior a été décrit par Netanyahou comme “l’unité d’élite qui dirige Israël” , en raison de son influence et
de son contrôle sur les forces coloniales. L’Irgoun de 1948, qui s’appuyait fortement sur les Mizrahim, est en train de renaître ?
N’est-il pas temps que les structures dirigeantes occidentales sortent de leur rêverie et lisent les signes qui se manifestent tout autour d’elles ?
Certains joueurs sérieux ne pensent pas comme vous, Occidentaux ; ils recherchent Gog et Magog (la prophétie selon laquelle “les enfants d’Israël” seront victorieux lors de la
bataille d’Armageddon).
C’est ce que vous risquez.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Les fascistes israéliens ont pris le contrôle des rênes de l’État
Une secte eschatologique de droite détient désormais la majorité au sein du cabinet et dispose d’une milice d’autodéfense prête à attaquer l’establishment
militaire et l’État israélien. Personne n’a été arrêté pour l’attaque et la prise de contrôle des deux bases. Ils n’osent pas.
Moshe « Bogie » Ya’alon, ancien chef d’état-major des forces de défense israéliennes, qui a également été ministre de la défense d’Israël, a déclaré lors d’une
interview vidéo sur ces forces qui sont en train de prendre le contrôle d’Israël :
« Lorsque vous
parlez de Smotrich et de Ben Gvir : Ils ont un rabbin. Il s’appelle Dov Lior. C’est le rabbin du Jewish Underground, qui avait l’intention de faire exploser le Dôme du Rocher – et avant cela
les bus de Jérusalem. Pourquoi ? Pour accélérer la « dernière guerre ». Ne les entendez-vous pas parler de la dernière guerre ou du concept de « soumission » de Smotrich ? Lisez l’article
qu’il a publié dans Shiloh en 2017. Tout d’abord, ce concept repose sur la suprématie juive : Mein Kampf à l’envers ».
« Mes cheveux se
dressent sur la tête quand je dis cela – comme il l’a dit. J’ai appris et grandi dans la maison de survivants de l’Holocauste et du ‘plus jamais ça’. C’est Mein Kampf à l’envers : La
suprématie juive : c’est pourquoi [Smotrich] dit : « Ma femme n’entrera pas dans une pièce s’il y a un Arabe ». C’est ancré dans l’idéologie. Ensuite, ce à quoi il aspire – dès que possible –
c’est à une grande guerre. La guerre de Gog et Magog. Comment mettre le feu aux poudres ? Un massacre comme celui du Caveau des Patriarches [1994] ? Baruch Goldstein est un élève de ce
rabbin. Ben Gvir a accroché la photo de Goldstein [dans sa maison] ».
« Voilà ce qui entre
dans le processus de décision du gouvernement israélien ».
Le rabbin Dov Lior a été décrit par Netanyahou comme « l’unité d’élite qui dirige Israël », en raison de son influence et de son contrôle sur les forces des
colons. L’Irgoun de 1948, qui s’appuyait fortement sur les Mizrahim, est-il en train de renaître ?
N’est-il pas temps que les structures dirigeantes occidentales sortent de leur rêverie et lisent les runes qui se manifestent tout autour d’elles ? Certains
joueurs sérieux ne pensent pas comme vous, Occidentaux ; ils recherchent Gog et Magog (la prophétie selon laquelle « les enfants d’Israël » seront victorieux lors de la bataille
d’Armageddon). C’est ce que vous risquez.
Voici un autre avertissement.
Le Shin Bet est le service de sécurité intérieure d’Israël. Il dépend directement du premier ministre.
Lorsque le chef du Shin Bet publie un avertissement tel que celui reproduit ci-dessous, cela veut dire que la situation est
plus que grave.
Ronen Bar, chef du Shin Bet, a envoyé la lettre la plus terrible que j’ai vue, mettant en garde contre la menace émergente du terrorisme des colons. Il estime
qu’il est soutenu par de nombreux acteurs du système et qu’il va se transformer en un mouvement qui menacera le bien-être d’Israël. Voici les passages les plus importants de la lettre, tels
que rapportés par Guy Peleg de Channel 12 :
« Je vous écris
cette lettre dans la douleur. Dans une peur profonde. En tant que juif, en tant qu’Israélien et en tant que responsable de la sécurité, j’ai appris que le phénomène du terrorisme juif par les
jeunes des collines était en augmentation. Le phénomène des jeunes des collines est depuis longtemps à l’origine d’un nombre important d’actes de terrorisme à l’encontre des
Palestiniens.
Avec la
détérioration de la situation sécuritaire, l’incapacité de la police à faire respecter la loi, et peut-être même un encouragement caché de sa part, le phénomène évolue et prend de l’ampleur.
D’un travail individuel, il est maintenant repris par des centaines de personnes. Les détenus ne craignent plus d’être placés en détention administrative, car ils y bénéficient de bonnes
conditions de vie.
En plus de l’argent
qu’ils reçoivent lorsqu’ils sont libérés et des éloges qu’ils reçoivent des membres de la Knesset, la délégitimation des services de sécurité s’est poursuivie. Ils sont passés d’une activité
secrète et étroite à une organisation ouverte et à grande échelle. Parfois, cela est dû à l’utilisation d’armes fournies par l’État. De l’évitement des forces de sécurité à l’attaque de
celles-ci. Il s’est déconnecté de l’establishment pour recevoir le soutien de certaines parties de l’establishment.
La réponse n’est pas
le Shin Bet. Le Shin Bet est un pansement conçu pour traiter un petit groupe d’extrémistes. Il ne peut pas s’attaquer à la racine du problème. Ce qu’il faut, c’est une coalition de
dirigeants, comprenant des ministres, des services gouvernementaux, des rabbins et des dirigeants régionaux. Sans cela, c’est la loi du plus fort qui fait la loi.
Les dirigeants de ce
mouvement ont tenté d’amener le système à une perte totale de contrôle. Nous sommes à l’aube d’un processus qui changera notre réalité. Les dommages causés à Israël et à la plupart des colons
sont indescriptibles :
Une
délégitimation globale, même parmi nos amis les plus proches.
D’importantes
forces de l’IDF sont nécessaires et elles ont déjà du mal à répondre aux besoins opérationnels.
Des attaques de
vengeance qui ouvriront un nouveau front dans la guerre à plusieurs fronts qui existe déjà.
L’entrée dans le
cycle de la terreur de nouveaux éléments qui en étaient sortis.
Une pente
glissante vers l’anarchie.
La difficulté de
créer des alliances régionales contre l’axe chiite.
Par-dessus tout,
c’est une tache sur le judaïsme et sur nous tous.
Poursuivre dans
cette direction conduira à de nombreuses effusions de sang et rtransformera le visage d’Israël en quelque chose de méconnaissable ».
En définitive, trop d’éléments de la société israélienne soutiennent le terrorisme juif. Dans le même temps, les résultats auxquels il conduit pourraient
compromettre l’existence d’Israël en tant qu’État juif et démocratique. Il s’agit d’une crise à laquelle il faut s’attaquer.
Après le 7 octobre, Ben Gvir, le ministre de la sécurité nationale, a acheté 10 000 fusils d’assaut pour des « équipes de sécurité civile » en Cisjordanie. Ces colons
armés constituent son armée privée. Ben Gvir contrôle également la police.
Il ordonne à la police de rester en retrait pendant que son armée de colons commet des pogroms contre les Palestiniens. Alors que l’armée israélienne est occupée à
se battre – et à perdre – sur de multiples fronts, la situation est destinée à devenir catastrophique pour Israël.
C’est ce que veulent les idéologues et ce que craignent Moshe « Bogie » Ya’alon et Ronen Bar.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Israël au bord de la faillite «dans moins d’un an» si la guerre se poursuit, selon un général israélien
«Nous nous
enfonçons un peu plus chaque jour, avec des soldats tués et de nombreux blessés, sans la moindre chance d’atteindre cet objectif principal de victoire totale. Le pays court à sa
perte».
Malgré l’effondrement de l’économie, les appels mondiaux au boycott, les conflits internes, la pénurie des effectifs et la guerre sur plusieurs fronts,
les autorités israéliennes ont continué à saboter les pourparlers de cessez-le-feu susceptibles d’apaiser les tensions régionales.
L’ancien médiateur de l’armée israélienne, le général de réserve Yitzhak
Brik, affirme que son pays «risque la
faillite dans moins d’un an» si la guerre contre la résistance palestinienne à Gaza et la résistance libanaise dans le nord continue à son rythme
actuel.
Dans une tribune publiée par Haaretz le
21 août, Brik affirme que le ministre de la Défense Yoav Gallant a commencé à «revenir sur
terre», soulignant les récents commentaires de Gallant dans lesquels il a qualifié de «baratin» les
promesses de «victoire
totale» du Premier ministre Benjamin Netanyahou dans la bande de Gaza.
«Gallant a
commencé à comprendre que si une guerre régionale éclate sans accord de cessez-le-feu, Israël court un grand danger», déclare Brik, ajoutant que «Gallant a réalisé
que la guerre n’a plus de raison d’être. Nous nous enfonçons un peu plus chaque jour, perdant des soldats tués, avec de nombreux blessés, sans la moindre chance d’atteindre l’objectif
principal de victoire totale».
«En effet, le pays
court à sa perte. Si la guerre d’usure contre le Hamas et le Hezbollah persiste, Israël s’effondrera dans moins d’un an», souligne l’ancien commandant de l’armée.
Brik poursuit en énumérant les nombreuses menaces pesant sur Israël dix mois après le début de sa campagne génocidaire à Gaza, notamment l’intensification
desattaques à l’intérieur de son territoire, une crise
des effectifs dans l’armée due à de lourdes
pertes, une économieen faillite aggravée par les appels mondiaux au boycott
du pays, d’éventuels embargos sur les
livraisons d’armes et «la perte de
cohésion sociale et la haine entre les différents pans de la population, qui peuvent s’enflammer et provoquer l’effondrement du pays en interne. Tous les chemins
politiques et militaires mènent Israël à la catastrophe… Israël est entré dans une spirale existentielle et pourrait bientôt atteindre un point de retour», conclut Brik.
Son avertissement sévère intervient alors que des sources politiques ont révélé aux médias israéliens jeudi que Netanyahou «n’a
pas bougé d’un iota» sur les conditions du cessez-le-feu à Gaza, après s’être entretenu avec le président américain Joe Biden la veille au soir.
Les négociations sur le cessez-le-feu devraient reprendre dans la capitale égyptienne dans les prochains jours sans la présence du Hamas, car le groupe
palestinien a rejeté une nouvelle proposition soutenue par les États-Unis et a continué à exiger qu‘Israël respecte les termes d’une proposition antérieure acceptée le 2 juillet, déclarant que les négociations unilatérales donnent à Israël «davantage de
temps pour prolonger le génocide contre notre peuple».
Hier 13 août, des Juifs israéliens ont envahi l’Esplanade des Mosquées, au mépris du respect des Lieux Saints. Le rêve de ces gens est de reconstruire le Temple de Jérusalem – ce qui impliquerait
de détruire la mosquée El-Aqsa et le Dôme du Rocher. Ce n’est pas un hasard que l’attaque palestinienne du 7 octobre se soit appelée “Déluge d’El-Aqsa”: les mouvements combattants palestiniens
n’entendaient pas seulement ramener la question palestinienne au cœur de la diplomatie mondiale. Il s’agissait aussi d’arrêter le messianisme israélien qui entend faire de Jérusalem une capitale
exclusivement juive, religieusement parlant. Les chrétiens feraient bien de prendre au sérieux une menace qui les concerne aussi.
Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, le 28 septembre 2000
Mardi 13 août, des Juifs israéliens ont une nouvelle fois provoqué les musulmans Palestiniens – et ceux du monde entier – en envahissant l’esplanade des mosquées –
qui est pour eux l’Esplanade du Temple puisque c’est sur le sommet du Mont Moriah que se trouvaient les temples aujourd’hui détruits, celui de Salomon (détruit en 586 avant notre ère) puis celui
d’Hérode (détruit en 70 de notre ère).
Des centaines de colons israéliens, dont le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont pris d’assaut
l’ enceinte de la mosquée Al-Aqsa à
Jérusalem occupée le 13 août, accompagnés d’une force de protection de la police israélienne.
Le ministre israélien des affaires du Néguev et de la Galilée, Yitzhak Wasserlauf, et un grand groupe de colons accompagnaient également M. Ben Gvir.
Il s’agissait de la sixième incursion de Ben Gvir
dans l’enceinte de la mosquée
Al-Aqsa depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Benjamin Netanyahu en 2022.
L’huile jetée sur le feu
Ses nombreuses incursions dans le lieu saint ont été hautement provocatrices et ont contribué à l’escalade continue des tensions en Cisjordanie occupée et à
Jérusalem au cours des deux dernières années. “Nous sommes à Tisha B’Av, sur le mont du Temple, pour commémorer la destruction du Temple. Mais il faut le dire avec sincérité : il y a des progrès très
significatifs ici dans la gouvernance, dans la souveraineté. Comme je l’ai dit, notre politique est de permettre la prière”, a déclaré M. Ben Gvir depuis l’intérieur de l’enceinte, qu’il a prise
d’assaut pour commémorer la fête de Tisha B’Av.
“Les forces d’occupation ont empêché les fidèles d’entrer dans les cours de la mosquée Al-Aqsa et ont déployé d’importantes forces à ses portes afin de faciliter
l’assaut des colons sur le site sacré… Parallèlement à l’incursion, la police israélienne a transformé la vieille ville de Jérusalem en une zone militaire fortement fortifiée”, a rapporté
WAFA.
Le vrai motif de la Guerre de Gaza
Le mécanisme qui nourrit la violence israélienne est malheureusement limpide. Le messianisme israélien alimente le vol des terres aux Palestiniens dans les
territoires occupés. Le 13 août, des colons israéliens ont également déraciné des dizaines
d’oliviers à l’est de Tulkarem, en Cisjordanie occupée. Les violences commises par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie se sont multipliées depuis le 7 octobre. La semaine dernière, plus de 10 Palestiniens ont été tués par les forces
israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem en l’espace de 24 heures. Plus de 600 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le début de la guerre israélienne contre Gaza.
Les combattants palestiniens qui ont lancé l’opération “Déluge d’El-Aqsa” ont désigné le motif profond du comportement israélien depuis des années: la fusion du
sionisme séculier et du néo-messianiste conduit au projet délirant de vouloir reconstruire le Temple de Jérusalem. C’est pour cela que les Palestiniens doivent quitter leur terre et que, s’ils
s’accrochent à la terre de leurs ancêtres, ou prennent les armes pour se révolter, ils sont massacrés.
Les soldats israéliens ont souvent une représentation du Temple de Jérusalem sur leur manche de chemise:
Notre République laïque soutient un tel projet….: n’y a-t-il pas une contradiction?
Les esprits lucides qui critiquent la politique du gouvernement Netanyahu ne vont pas au fond des choses. Certes, le gouvernement israélien a officiellement
critiqué l’incursion de Ben-Gvir. Mais le Premier ministre ne lui a pas plus ordonné de démissionner cette fois que lors des incursions précédentes.
Benjamin Netanyahu ne croit ni à Dieu ni à diable mais il a besoin de l’énergie religieuse du messianisme juif sioniste pour réaliser le Grand Israël. Et ce qui
rend le mouvement religieux dont nous parlons proprement efficace à ses yeux, c’est le fait que ces gens veulent vraiment reconstruire le Temple de Jérusalem.
Le judaïsme traditionnel, formé après la destruction du Second Temple, attend la venue du Messie pour la reconstruction du Temple. Le sionisme, fils de la Kabbale,
pense au contraire qu’il faut reconstruire le Temple pour hâter la venue du Messie. En cela ils sont soutenus par les chrétiens sionistes américains, croyants protestants qui voient dans le
retour des Juifs sur la Terre d’Israël, le prélude au Second Avènement du Christ.
Regardez la vidéo ci-dessus : Vous verrez avec quel sérieux un certain nombre de Juifs, en Israël et dans le monde préparent le rétablissement des rituels du
Temple, y compris les sacrifices d’animaux.
Nous devrions prendre très au sérieux ces folies, qui alimentent la violence d’Etat d’Israël. Et les chrétiens ne devraient pas se sentir moins concernés que les
musulmans. Nous avions évoqué, il y a quelques mois, les violences commises contre les chrétiens par des sionistes religieux dans Jérusalem.
La France doit retrouver sa mission de protectrice des Lieux Saints
Notre nation est traditionnellement protectrice des Lieux Saints. Au Moyen-Age, nos rois et la noblesse combattante de France ont lutté pour libérer
l’accès au Saint Sépulcre, lieu le plus saint de la chrétienté. Au cours des siècles, la mission de la France s’est maintenue – partagée au XIXè siècle avec la Russie.
Il est vital aujourd’hui, de protéger l’Esplanade des mosquées et de garantir le libre accès des croyants musulmans à leurs lieux saints. C’est la
menace la plus immédiate; mais ne sous-estimons pas l’hostilité croissante des religieux sionistes vis-à-vis des chrétiens.
Nous touchons à des questions très profondes. La France d’Emmanuel Macron commet une grave erreur – et une faute politique – en soutenant, comme
elle le fait, le gouvernement israélien. Les résolutions de l’ONU doivent être respectées. Le caractère international de Jérusalem doit être préservé. Nation historiquement chrétienne, abritant
aujourd’hui la première communauté juive et la première communauté musulmane d’Europe, la France doit garantir le libre accès des croyants des trois religions monothéistes à leurs lieux saints
respectifs.
Il est temps de sortir de l’ornière où nous a embourbé un président sans culture historique et sans instinct géopolitique.
Mémoire de Edwin Montagu sur l’antisémitisme du gouvernement (britannique) actuel
Mémoire de Edwin Montagu sur l’antisémitisme du gouvernement (britannique) actuel – Soumis au cabinet britannique, août 1917
J’ai choisi le titre ci-dessus pour ce mémorandum, non pas dans un sens hostile, non pas du tout pour me quereller avec un point de vue antisémite qui
pourrait être défendu par mes collègues, non pas avec le désir de nier que l’antisémitisme puisse être défendu par des hommes rationnels, non pas même dans le but de suggérer que le
gouvernement est délibérément antisémite ; mais je souhaite faire état de mon opinion selon laquelle la politique du gouvernement de Sa Majesté est antisémite et, par conséquent,
constituera un terrain de ralliement pour les antisémites dans tous les pays du monde.
Ce point de vue est motivé par la réception hier d’une correspondance entre Lord Rothschild et M. Balfour.
La lettre de Lord Rothschild est datée du 18 juillet et la réponse de M. Balfour doit être datée d’août 1917.
Je crains que ma protestation n’arrive trop tard, et il se peut que le gouvernement ait été pratiquement engagé lorsque Lord Rothschild a écrit et avant
que je ne devienne membre du gouvernement, car il y a manifestement eu une correspondance ou une conversation avant cette lettre. Mais j’estime qu’en tant que seul ministre juif du
gouvernement, mes collègues pourraient me donner l’occasion d’exprimer des opinions qui me sont peut-être propres, mais auxquelles je tiens beaucoup et que je dois demander la
permission d’exprimer lorsque l’occasion s’en présentera.
Je crois fermement que cette guerre a porté un coup fatal à l’internationalisme et qu’elle a été l’occasion d’un renouveau du sens de la nationalité,
qui se relâchait, car non seulement la plupart des hommes d’État de la plupart des pays ont tacitement convenu que la redistribution des territoires résultant de la guerre devait se
faire plus ou moins sur des bases nationales, mais nous avons appris à nous rendre compte que notre pays défend des principes, des objectifs, une civilisation qu’aucun autre pays ne
défend au même degré, et qu’à l’avenir, quel qu’ait pu être le cas dans le passé, que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre, nous devons vivre et nous battre pour ces
objectifs et ces aspirations, organiser nos vies et nos capacités industrielles de manière à être prêts à tout moment à relever le défi. Pour prendre un exemple, la science de
l’économie politique, qui dans sa pureté ne connaît pas le nationalisme, sera dorénavant tempérée et considérée à la lumière de ce besoin national de défense et de sécurité.
C’est dans cette atmosphère que le gouvernement propose d’approuver la formation d’une nouvelle nation avec un nouveau foyer en Palestine. Cette nation
sera vraisemblablement formée de Russes juifs, d’Anglais juifs, de Roumains juifs, de Bulgares juifs et de citoyens juifs de toutes les nations – survivants ou parents de ceux qui ont
combattu ou donné leur vie pour les différents pays que j’ai mentionnés, à un moment où les trois années qu’ils ont vécues ont uni leur vision et leur pensée plus étroitement que
jamais avec les pays dont ils sont citoyens.
Le sionisme m’a toujours semblé être un credo politique malicieux, insoutenable pour tout citoyen patriote du Royaume-Uni. Si un Anglais juif pose ses
yeux sur le Mont des Oliviers et aspire au jour où il secouera la terre britannique de ses chaussures et retournera à ses activités agricoles en Palestine, il m’a toujours semblé
reconnaître des objectifs incompatibles avec la citoyenneté britannique et admettre qu’il n’est pas apte à participer à la vie publique en Grande-Bretagne, ni à être traité comme un
Anglais. J’ai toujours compris que ceux qui se sont laissé aller à ce credo étaient en grande partie animés par les restrictions et le refus de liberté imposés aux juifs en Russie.
Mais au moment même où ces juifs ont été reconnus comme des Russes juifs et ont bénéficié de toutes les libertés, il semble inconcevable que le sionisme soit officiellement reconnu
par le gouvernement britannique et que M. Balfour soit autorisé à dire que la Palestine doit être reconstituée comme le «foyer national du
peuple juif». Je ne sais pas ce que cela implique, mais je suppose que cela signifie que les mahométans et les chrétiens doivent laisser la place aux juifs, que les juifs doivent
être placés dans toutes les positions de préférence et doivent être associés de manière particulière à la Palestine, de la même manière que l’Angleterre l’est avec les Anglais ou la
France avec les Français, que les Turcs et autres mahométans en Palestine seront considérés comme des étrangers, de la même manière que les juifs seront dorénavant traités comme des
étrangers dans tous les pays, sauf la Palestine. Peut-être aussi que la citoyenneté ne sera accordée qu’à l’issue d’un test religieux.
Je pose avec insistance quatre principes :
1. J’affirme qu’il n’existe pas de nation juive. Les membres de ma famille, par exemple, qui vivent dans ce pays depuis des
générations, n’ont aucune sorte de communauté de vue ou de désir avec une famille juive d’un autre pays, si ce n’est qu’ils professent plus ou moins la même religion. Il n’est pas
plus vrai de dire qu’un Anglais juif et un Maure juif sont de la même nation que de dire qu’un Anglais chrétien et un Français chrétien sont de la même nation : de la même race,
peut-être, à travers les siècles – à travers les siècles de l’histoire d’une race particulièrement adaptable. Le Premier ministre et M. Briand sont, je suppose, apparentés à travers
les âges, l’un en tant que Gallois et l’autre en tant que Breton, mais ils n’appartiennent certainement pas à la même nation.
2. Lorsqu’on dira aux juifs que la Palestine est leur foyer national, chaque pays voudra immédiatement se débarrasser de ses citoyens
juifs, et vous trouverez en Palestine une population qui chassera ses habitants actuels, qui prendra tout ce qu’il y a de mieux dans le pays, qui viendra de tous les coins du globe,
qui parlera toutes les langues de la terre et qui sera incapable de communiquer entre elle autrement que par l’intermédiaire d’un interprète. J’ai toujours compris que c’était la
conséquence de la construction de la Tour de Babel, si tant est qu’elle ait jamais été construite, et je ne suis certainement pas en désaccord avec l’opinion communément admise, comme
je l’ai toujours compris, par les juifs avant que le sionisme ne soit inventé, selon laquelle le retour des juifs pour former une nation dans le pays d’où ils ont été dispersés
nécessiterait une direction divine. Je prétends que la vie que les juifs britanniques ont menée, les objectifs qu’ils se sont fixés, le rôle qu’ils ont joué dans notre vie publique et
nos institutions publiques, leur donnent le droit d’être considérés, non pas comme des juifs britanniques, mais comme des Britanniques juifs. Je serais prêt à priver tous les
sionistes de leur droit de vote. Je serais presque tenté de proscrire l’organisation sioniste comme illégale et contraire à l’intérêt national. Mais je demanderais à un gouvernement
britannique suffisamment de tolérance pour refuser une conclusion qui fait de tous leurs concitoyens juifs des étrangers par implication, si ce n’est immédiatement par la loi.
3. Je nie que la Palestine soit aujourd’hui associée aux juifs ou qu’elle puisse être considérée comme un endroit où ils pourraient
vivre. Les dix commandements ont été remis aux juifs sur le Sinaï. Il est tout à fait vrai que la Palestine joue un rôle important dans l’histoire juive, mais il en va de
même dans l’histoire mahométane moderne et, après l’époque des juifs, elle joue certainement un rôle plus important que n’importe quel autre pays dans l’histoire chrétienne. Le Temple
était peut-être en Palestine, mais le Sermon sur la Montagne et la Crucifixion l’étaient aussi. Je ne refuserais pas aux juifs de Palestine l’égalité des droits à la colonisation avec
ceux qui professent d’autres religions, mais un test religieux de citoyenneté me semble être le seul admis par ceux qui adoptent une vision bigote et étroite d’une époque particulière
de l’histoire de la Palestine, et revendiquent pour les juifs une position à laquelle ils n’ont pas droit. Si ma mémoire est bonne, il y a trois fois plus de juifs dans le monde que
ce qui pourrait être admis en Palestine si l’on en chassait toute la population qui y reste actuellement. Si je me souviens bien, il y a trois fois plus de juifs dans le monde qu’il
ne serait possible d’en faire entrer en Palestine si l’on en chassait toute la population qui s’y trouve aujourd’hui.
4. Je comprends aisément que les rédacteurs du Morning
Post et du New
Witness soient des sionistes, et je ne suis pas du tout surpris que les non-juifs d’Angleterre accueillent favorablement cette politique. J’ai toujours reconnu
l’impopularité, bien plus grande que certains ne le pensent, de ma communauté. Nous avons obtenu une part bien plus importante des biens et des opportunités de ce pays que ce à quoi
nous avons numériquement droit. Dans l’ensemble, nous atteignons la maturité plus tôt et, par conséquent, nous sommes en concurrence déloyale avec les personnes de notre âge. Beaucoup
d’entre nous ont été exclusifs dans leurs amitiés et intolérants dans leur attitude, et je peux facilement comprendre que beaucoup de non-juifs en Angleterre veuillent se débarrasser
de nous. Mais de même qu’il n’y a pas de communauté de pensée et de mode de vie parmi les Anglais chrétiens, il n’y en a pas non plus parmi les Anglais juifs. De plus en plus, nous
sommes éduqués dans les écoles publiques et les universités, et nous prenons part à la politique, à l’armée et à la fonction publique de notre pays. Et je suis heureux de penser que
les préjugés contre les mariages mixtes sont en train de disparaître. Mais lorsque le juif a un foyer national, il s’ensuit que l’élan visant à nous priver des droits de la
citoyenneté britannique doit être considérablement accru. La Palestine deviendra le ghetto du monde. Pourquoi le Russe devrait-il accorder au juif des droits égaux ?
Son foyer national est la Palestine. Pourquoi Lord Rothschild attache-t-il tant d’importance à la différence entre juifs britanniques et juifs étrangers ? Tous les juifs seront des
juifs étrangers, habitants du grand pays de Palestine… Je ne sais pas comment sera choisi l’heureux tiers, mais le juif aura le choix, quel que soit le pays auquel il appartient, quel
que soit le pays qu’il aime, quel que soit le pays dont il se considère comme partie intégrante, entre aller vivre avec des gens qui lui sont étrangers, mais auxquels ses compatriotes
chrétiens lui ont dit qu’il devait appartenir, et rester comme un hôte indésirable dans le pays auquel il croyait appartenir.
Je ne suis pas surpris que le gouvernement prenne cette mesure après la formation d’un régiment juif, et j’attends de savoir si mon frère, qui a été
blessé dans la division navale, ou mon neveu, qui fait partie des Grenadier Guards, sera contraint par l’opinion publique ou par les règlements de l’armée de devenir officier dans un
régiment qui sera principalement composé de personnes qui ne comprendront pas la seule langue qu’il parle – l’anglais. Je comprends très bien que lorsqu’il a été décidé, à juste
titre, d’obliger les juifs étrangers de ce pays à servir dans l’armée, il a été difficile de les placer dans des régiments britanniques en raison des difficultés linguistiques, mais
c’était parce qu’ils étaient étrangers, et non parce qu’ils étaient juifs, et une Légion étrangère me semble avoir été la bonne chose à faire. Une Légion juive rend plus difficile la
position des juifs dans les autres régiments et impose une nationalité à des gens qui n’ont rien en commun.
J’ai le sentiment que l’on demande au gouvernement d’être l’instrument de la réalisation des souhaits d’une organisation sioniste largement dirigée,
d’après mes informations, en tout cas dans le passé, par des hommes d’origine ou de naissance ennemie, et qui, par ce moyen, ont porté un coup sévère aux libertés, à la position et
aux possibilités de service de leurs compatriotes juifs.
Je dirais à Lord Rothschild que le gouvernement est prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir pour les juifs de Palestine une liberté
totale d’installation et de vie sur un pied d’égalité avec les habitants de ce pays qui professent d’autres croyances religieuses. Je demande au gouvernement de ne pas aller plus
loin.
E.S.M.
23 août 1917
source : Grande-Bretagne, Public Record Office, Cab. 24/24, 23 août 1917. Lord Edwin Samuel Montagu (1879-1924), homme d’État anglo-juif, a
été ministre britannique des munitions en 1916 et secrétaire d’État aux Indes en 1917-1922.
Les médias israéliens ont affirmé mercredi «qu’Israël est non
seulement isolé, mais se sent soumis à une sorte de siège, notamment dans le secteur de l’aviation».
Israël connaît un état d’alerte suite aux menaces de l’Iran et du Hezbollah de répondre aux récents assassinats, qui ont visé le chef du Hezbollah Fouad
Chukr dans la banlieue sud de Beyrouth, et le chef du Hamas Ismail Haniyeh.
Le journal israélien Haaretz a
déclaré «qu’Israël dans le
passé était une partie du monde où les avions arrivaient et où les gens se déplaçaient, mais aujourd’hui la réalité est devenue différente, en raison du siège et des tragédies qui en
résultent».
Le journal a souligné que les voyages à l’intérieur «d’Israël sont
devenus presque impossibles désormais, car la majorité des colons vivent devant des pièces fortifiées par peur de toute attaque».
Il a estimé que le sentiment de siège s’est «intensifié»
au cours de la semaine dernière, avec les compagnies aériennes étrangères abandonnant leurs atterrissages à Tel-Aviv, et le «château de cartes
a commencé à s’effondrer» avec le groupe Lufthansa (la deuxième plus grande compagnie aérienne d’Europe en en termes de nombre de passagers et de taille de la flotte
aérienne).
Le journal a souligné que les prix des billets sont «très
élevés», notant que «le prix d’un
aller simple de Londres à Tel-Aviv, via Al, jeudi prochain, est de 1487 dollars américains, tandis qu’un billet aller-retour de Tel-Aviv, à Londres vous coûtera 2366 $».
Il a été considéré que «cela représente
un coût élevé si la personne obtient un siège, car aucun billet n’est disponible en classe économique».
Haaretz a
également expliqué que «les propriétaires
des compagnies aériennes sont les principaux bénéficiaires de la guerre. La société El Al, cotée en bourse et contrôlée par Eli Rosenberg, le fils du milliardaire américain Kenny
Rosenberg, était au cours de la guerre, au premier trimestre de l’année, l’entreprise la plus rentable de tous les temps, elle a réalisé un bénéfice net de 80,5 millions de
dollars».
Bien qu’ils aient rapporté avec zèle et indignation les allégations de crimes sexuels commis par le Hamas le 7
octobre, se basant sur les seules déclarations de Tsahal, nos médias et élites sont très timorés face au déferlement de preuves de viols contre les détenus palestiniens, en plein
génocide à Gaza. Un journal israélien dénonce ce niveau de dépravation caricatural comme le visage d’Israël.
Alain Marshal
*
par Oren
Ziv
Une émeute pour l’impunité révèle qu’Israël revendique fièrement ses crimes. Des manifestants d’extrême droite, des soldats et des
députés se sont ralliés à des gardiens soupçonnés d’avoir violé un détenu palestinien. Autrefois marginaux, ils sont aujourd’hui le visage public de l’État.
Parmi la foule de centaines de militants israéliens de droite qui manifestaient devant la base militaire de Beit Lid dans la nuit du 29 juillet, un
groupe de soldats masqués portant des armes se distinguait. Ces soldats étaient facilement identifiables grâce à l’illustration figurant sur leur badge : Un serpent à l’intérieur de l’étoile de David, l’insigne de la Force 100. Créée au lendemain de la première Intifada, la Force 100 est une
unité de Tsahal chargée de surveiller les détenus palestiniens et de réprimer les soulèvements dans les prisons militaires. Depuis octobre, cette unité gère également la base militaire de
Sde Teiman, où des Palestiniens de la bande de Gaza sont détenus, maltraités et torturés.
Les soldats sont venus à Beit Lid pour soutenir dix de leurs camarades qui avaient été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir violé un détenu
palestinien à Sde Teiman, et exiger leur libération. Selon Physicians for Human Rights – Israel (Médecins pour les droits de l’homme),
le détenu a été hospitalisé il y a trois semaines avec de graves blessures au rectum. Plus tôt dans la journée de lundi, des manifestants et des membres d’extrême droite de la Knesset
[parlement israélien] se sont rassemblés à l’extérieur de Sde Teiman après que la police militaire israélienne a pénétré dans la base pour arrêter les suspects, parmi lesquels se
trouvait un commandant de la Force 100.
Les images de la
scène de viol en réunion diffusées sur la chaine israélienne Channel 12. Lors d’une
audition parlementaire à ce sujet, un échange choquant a été capté : «– Enfoncer un
bâton dans le rectum d’une personne, c’est légitime ? – Oui, tout est
légitime ! Si le détenu appartient aux Nukhba, tout est légitime. Tout !» s’est écrié
Hanoch Milwidsky, député du Likoud, le parti de Netanyahou.
«L’avocate général
des armées [Yifat Tomer-Yerushalmi] aime les Nukhba», pouvait-on lire sur une pancarte à l’extérieur de Beit Lid, en référence à l’unité militaire d’élite du Hamas dont des
membres seraient détenus à Sde Teiman selon les manifestants. «L’avocat général
des armées est un criminel», scandait une autre pancarte.
Même les législateurs se sont joints aux attaques contre Tomer-Yerushalmi. «Je suis venue à
Sde Teiman pour dire à nos combattants que nous sommes avec vous, que nous vous protégerons», a déclaré la députée d’Otzma Yehudit (Pouvoir juif) Limor Son Har-Melech, dans une
vidéo postée depuis
l’extérieur du centre de détention. «Nous ne
permettrons jamais à la criminelle avocate générale des armées de vous faire du mal. Elle se soucie des terroristes de la Nukhba et de leurs droits, au lieu de se soucier de nos
combattants, elle les affaiblit. L’histoire la jugera et nous la jugerons aussi». Les manifestants ont scandé «Traîtres !»
à l’adresse des soldats et des policiers qui gardaient Beit Lid.
Outre les membres de la Force 100, les manifestants comprenaient des kahanistes,
des jeunes colons des collines de
Cisjordanie occupée, des partisans du Premier ministre Benjamin
Netanyahou et des téléspectateurs de la chaîne de télévision Channel
14. Dans le passé, on pouvait dire que ces groupes constituaient une minorité politique. Mais aujourd’hui, ils font partie du gouvernement, ils dirigent les forces de l’ordre
du pays et ils sont le visage d’Israël. Un journal israélien
a titré que les manifestants avaient «déclaré la guerre
à l’État d’Israël», mais ils sont en fait l’État, comme le montre le soutien qu’ils ont reçu de la part de ministres et de parlementaires.
Des membres de
l’unité 100 de Tsahal participent à une manifestation devant la base
militaire de Beit Lid, le 29 juillet 2024. (Oren Ziv)
Pendant la majeure partie de la manifestation, des soldats masqués de la Force 100 se sont tenus directement devant les quelques policiers et soldats
qui tentaient d’empêcher les émeutiers d’entrer dans la base. Pourtant, les officiers de garde n’ont pas fait grand-chose pour disperser la foule.
La police n’a pas utilisé de chevaux ni de canons à eau, des tactiques familières à tous les Palestiniens, Éthiopiens ou Israéliens ultra-orthodoxes qui
ont osé manifester. Même lorsque les manifestants ont franchi les entrées et se sont introduits dans Sde Teiman, puis dans Beit Lid, personne n’a été arrêté ni même identifié par la
police. Ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes que des soldats, certains munis de boucliers et de matraques, ont évacué de force les émeutiers de Beit Lid. Lors des manifestations
antigouvernementales massives de 2023, certains manifestants se sont vu retirer leur
permis de port d’arme et d’autres ont été retirés du service
de réserve de l’armée après avoir été arrêtés ; il est clair que rien de tout cela n’arrivera aux émeutiers de lundi.
«J’ai donné un coup de pied au photographe de B’Tselem»
Les Palestiniens et les militants anti-occupation de Cisjordanie connaissent bien le spectacle terrifiant des milices israéliennes armées. Ces dernières
années, des hommes masqués, soldats et colons, ont été les principaux agents des lois oppressives de l’occupation, allant jusqu’à donner des ordres à la police israélienne et à
d’autres soldats. Depuis le début de la guerre contre Gaza, des milices juives opèrent dans tout le pays sous le couvert de «brigades d’alerte». Lundi, il n’était donc pas anormal de
voir les miliciens armés se promener sans entrave autour de la manifestation.
Sur le terrain, il était clair que la police ne voulait tout simplement pas évacuer les manifestants de Beit Lid. Plus tôt dans la journée, lorsque les
manifestants ont pénétré dans Sde Teiman, la police aurait refusé la demande d’aide de l’armée. Le ministre de la défense, Yoav Gallant, a demandé
l’ouverture d’une enquête pour déterminer si le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a délibérément entravé la réaction de la police aux émeutes.
Comme il n’y a pas eu d’affrontements sérieux avec la police ou les soldats, de nombreux manifestants ont déversé leur colère sur les médias : ils ont
attaqué, insulté et craché sur les journalistes, à l’exception de l’équipe de la chaîne de droite Channel 14,
qui a été accueillie par des applaudissements.
Manifestants
devant la base militaire de Beit Lid, le 29 juillet 2024. (Oren Ziv)
«J’ai donné un
coup de pied au photographe de B’Tselem» [association israélienne de défense des droits de l’homme], s’est vanté un manifestant à son ami, après avoir attaqué un photojournaliste
étranger et avoir été repoussé par d’autres manifestants. «Brahnu, on
t’aime, mais on déteste Al-Jazeera», ont-ils lancé au journaliste de Channel 12
News, Brahanu Teganya.
«Il est interdit
de photographier, c’est contraire à la loi», a menacé un manifestant en s’approchant des photographes. Cette interdiction n’existe pas, mais en ce qui concerne les manifestants,
c’est eux qui font la loi.
Mardi, le tribunal militaire israélien de Beit Lid a tenu une audience à huis clos pour les dix soldats ; deux d’entre eux ont été libérés plus tard
dans la soirée. Cette fois-ci, un grand nombre de policiers ont encerclé le bâtiment, tandis que quelques dizaines de manifestants se tenaient à l’extérieur. Un jeune manifestant a
brandi une écharpe ornée d’un drapeau palestinien en criant : «Voilà ce que
l’avocat militaire a perdu !»
Hila, l’épouse d’un des soldats arrêtés, s’est adressée aux médias à l’extérieur du tribunal. En raison d’une interdiction de divulguer des informations
sur les suspects, elle a refusé de donner son nom de famille.
Manifestants
devant la base militaire de Beit Lid, le 29 juillet 2024. (Oren Ziv)
«Mon mari est au
combat depuis le 7 octobre en tant que soldat de réserve, a-t-elle déclaré. Il a été amené ici hier pour être détenu, d’une manière humiliante et honteuse. Je ne crois pas que notre
pays puisse agir de la sorte, et je suis ici pour faire entendre sa voix et celle des autres soldats».
En ce qui concerne les accusations de viol, elle a déclaré : «C’est le
témoignage d’un méprisable combattant de la Nukhba, avec du sang sur les mains, qui a osé se plaindre, et tout le pays se déchaîne à cause de cela. Nous ne devons pas oublier qui est
notre véritable ennemi. Nous sommes face à des monstres, une organisation terroriste, et je dis que nous les vaincrons».
Deux visions de la violence israélienne
La source de la colère des manifestants, tant à Sde Teiman qu’à Beit Lid, est que les forces de l’ordre israéliennes ont osé interroger des soldats.
Pour eux, les soldats méritent une immunité totale – même s’ils commettent des viols. Comme l’a
dit le député Tali Gottlieb : «Quels que soient
les soupçons, dès lors que ce sont des soldats et des combattants qui gardent les terroristes de la Nukhba, personne ne les mettra aux arrêts».
Cela marque un nouveau point bas dans le discours public israélien, même si, compte tenu du climat public depuis le 7 octobre, ce n’est pas surprenant.
Depuis des décennies, dans la grande majorité des cas, les soldats ne sont presque jamais tenus pour responsables des atrocités qu’ils ont commises – même celles qui s’apparentent à
des crimes de
guerre. Selon de multiples enquêtes de +972, les
soldats de Gaza ont été autorisés à piller,
vandaliser, tirer et tuer à leur guise, au vu et au su de leurs commandants sur le terrain.
Dans les médias israéliens, les émeutes de Beit Lid ont été présentées comme une lutte entre l’armée et la police, ou entre l’État israélien et la
foule. Mais c’est loin d’être le cas. La politique de l’armée consistant à fermer les yeux sur les milices de droite en Cisjordanie et à soutenir les actions de soldats isolés, ainsi
que les meurtres et les destructions systématiques à Gaza, est précisément ce qui nous a conduits à cette situation, où l’interrogatoire de soldats soupçonnés de viol provoque des
protestations aussi violentes, soutenues par des personnalités du gouvernement.
Des soldats
empêchent des manifestants d’entrer dans la base militaire de Beit Lid, le
29 juillet 2024. (Oren Ziv)
Mais les événements de lundi soir montrent également un autre élément de cette histoire : Les limites du pouvoir de l’extrême droite. Même s’ils peuvent
ostensiblement changer la politique eux-mêmes, par exemple en adoptant une loi sur l’immunité des soldats, les membres de la coalition doivent encore manifester contre leur propre
gouvernement pour faire entendre certaines de leurs demandes les plus extrêmes. Cette situation révèle donc certaines des tensions qui subsistent au sein de la coalition au
pouvoir.
Il est difficile de dire si ce cas de viol de prisonnier – parmi des milliers de témoignages sur les abus dans
les prisons et les centres de détention – a donné lieu à une enquête et à des arrestations publiques en raison de sa gravité ou parce qu’il y avait trop de témoins. Il est également
difficile de dire avec certitude si les mouvements ont été motivés par la nécessité de montrer, dans le contexte des enquêtes
internationales, que le système israélien peut demander des comptes à ses soldats «voyous».
Mais ce qui est clair, c’est que l’émeute de lundi représentait un combat entre deux Israëls. Le premier est celui de la «mamlachtiyut» – une éthique
nationale qui révère les institutions de l’État, qui ouvre le feu mais enquête parfois, qui tue mais en limitant quelque peu les «dommages collatéraux», qui commet des crimes de
guerre mais ne s’en vante pas. L’autre camp est celui qui est fier des crimes commis par Israël, qui refuse de s’en excuser et qui cherche à abolir toutes les restrictions légales
visant à limiter la violence débridée, même si cela signifie entrer en conflit avec l’État.
Ce dernier camp est devenu de plus en plus le visage public d’Israël et a contribué à amener le pays devant la Cour internationale de justice et la Cour
pénale internationale de La Haye. L’obligation de rendre des comptes au niveau international pourrait éventuellement diminuer le pouvoir des extrémistes en Israël, tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur du gouvernement. Cependant, la voie à suivre, alors que des soldats masqués prennent les rênes du pouvoir dans les rues, ne peut que devenir plus violente.
Si ce n’est déjà fait, je vous invite à signer et à faire largement circuler cette pétition sur
change.org, qui appelle à ma réintégration à la CGT, d’où j’ai été exclu le 12 avril pour avoir initié une pétition dénonçant les positions ambigües de la Confédération suite au 7
octobre et demandant un soutien authentique à la cause palestinienne (que vous pouvez également lire et signer
ici). L’UNSEN (Union Nationale des Syndicats de l’Education Nationale de la CGT) a confirmé mon exclusion après une audience d’appel tenue le 21 juin, sur laquelle je
reviendrai prochainement. Un pourvoi auprès de la Confédération est en cours.
En particulier, voici le message, adressé sur le groupe Whatsapp des membres de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme le 4
novembre 2023, qui a déclenché le processus d’éviction (lire la totalité de l’échange en question sur ce lien)
:
«Je viens de lire le dossier Gaza de la revue nationale de la CGT, et je suis vraiment
consterné.
L’histoire se souviendra de tous ces ‘amis’ de la Palestine qui rivalisent de zèle pour répandre la propagande de
l’armée israélienne sur les massacres du Hamas qui ont tué des centaines de femmes et d’enfants, alors même que les données disponibles le réfutent, et lui servent de couverture
dans son génocide bien réel, tout en répandant insidieusement le cliché raciste selon lequel les Palestiniens, comme tous les Arabes, sont juste des assassins et des violeurs.
Après les couveuses du Koweït, les armes de destruction massive de Saddam et le viagra de Kaddhafi, il y en a encore pour tomber massivement dans le panneau.
Le 7 octobre n’était pas un massacre mais une opération militaire qui a anéanti l’équivalent d’un bataillon de la
Brigade de Gaza voire davantage, comme le montrent les seuls chiffres existants publiés à ce jour (par le journal israélien Haaretz), qui indiquent bien qu’au moins la moitié des
tués Israéliens étaient des soldats (dont de nombreuses femmes, qui servent obligatoirement dans l’armée, et moins de 20 enfants).
De courageux Israéliens dénoncent les mensonges de l’armée israélienne qui font un amalgame délibéré entre
militaires, colons/miliciens surarmés et civils, et accusent Tsahal d’avoir délibérément sacrifié ses civils en masse plutôt que de les laisser tomber vivants entre les mains du
Hamas (doctrine Hannibal, officielle et bien connue). En voici un
exemple parmi tant d’autres.
Je compte écrire un courrier à la CGT nationale pour dénoncer leur position honteuse».
De toute évidence, une guerre régionale totale aboutira à l’anéantissement de l’entité sioniste et, même avec l’implication directe des États-Unis, elle reste ingagnable.
Bien que l’alliance israélo-américaine ait réussi à commettre deux assassinats spectaculaires en l’espace de quelques heures et donné l’impression
d’être prête pour une guerre totale, il est clair qu’elle ne pourrait faire face qu’à une conflagration régionale qui aboutira rapidement à une impasse. Toutefois, si cette escalade
prend une mauvaise tournure, il ne leur reste que deux options, et toutes deux sont terribles.
L’entité sioniste a été confrontée à un choix, après avoir échoué à remporter la victoire à Gaza : soit mettre fin à la guerre, soit l’intensifier. Le
discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou devant le Congrès américain a clairement montré que le chef de l’entité est déterminé à recourir à l’escalade et qu’il
bénéficiera d’un soutien bipartite aux États-Unis pour mener à bien des actions conçues pour atteindre l’objectif souhaité.
Trouvant leur justification dans le massacre de 12 enfants syro-druzes sur les hauteurs du Golan occupé, accusant immédiatement le Hezbollah, les
militaires israéliens ont lancé leur attaque contre un immeuble de plusieurs étages dans le sud de Beyrouth. Alors que les sionistes ont tenté de tirer profit de la souffrance du
peuple autochtone du Golan, vivant à Majdal Shams, à des fins de propagande, le peuple a refusé de les laisser faire et a imputé aux sionistes le massacre de leur village, le
Hezbollah ayant nié avec véhémence toute implication dans ce massacre.
Le massacre a eu lieu à un moment opportun pour le régime sioniste, puisque le premier ministre israélien terminait son voyage aux États-Unis. Peu
après, les Israéliens ont assassiné 7 Libanais et en ont blessé environ 80 lors de leur attaque contre la banlieue sud de Beyrouth. La cible principale était le chef militaire du
Hezbollah, Fouad Shoukr, tué avec trois enfants et deux femmes mardi dernier. Quelques heures plus tard, le chef politique du Hamas, Ismail Hanniyeh, a été assassiné dans la capitale
iranienne, Téhéran.
Rien de tout cela n’est dû au hasard et suggérer que les États-Unis ne sont pas impliqués est tout simplement ridicule.
Quelle est la stratégie israélo-américaine ?
Il est clair qu’une guerre régionale totale aboutira à l’anéantissement de l’entité sioniste et que, même avec l’implication directe des États-Unis,
elle est ingagnable. Même si nous supposons que des armes nucléaires pourraient être utilisées, la puissance de feu de la résistance est telle que les Israéliens souffriraient du même
coup de l’ampleur de la puissance de feu dirigés vers eux.
Sachant la victoire impossible, il semble évident que des stratégies sont mises en place pour empêcher une guerre d’atteindre sa conclusion inévitable.
Les Israéliens et les Américains sont frustrés par leurs échecs dévastateurs depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qu’il s’agisse de l’incapacité de l’armée sioniste à
remporter une victoire contre la résistance palestinienne à Gaza ou de la défaite embarrassante des États-Unis face à Ansarallah au Yémen. Les coups portés à l’entité sioniste, dans
les domaines sécuritaire, militaire, politique, sociétal et économique, sont si rudes qu’il est difficile de savoir comment elle pourra un jour s’en remettre.
Face à une telle situation, l’alliance américano-israélienne avait deux options : soit accepter la défaite stratégique et rechercher une solution
diplomatique au chaos qu’elle a provoqué ces dix derniers mois, soit recourir à l’escalade. Les assassinats de Beyrouth et de Téhéran ont clairement montré qu’ils avaient choisi
l’escalade.
Les Israéliens eux-mêmes ont mené deux grands jeux de guerre au cours des dernières années, testant les capacités de l’armée sioniste à mener une guerre
sur plusieurs fronts, et ont chaque fois perdu. Il ne faut pas oublier que ces exercices militaires ont été menés dans l’optique où l’armée israélienne serait au complet. À l’heure
actuelle, l’armée sioniste est à bout de souffle, sous-entraînée, surmenée et souffre d’un manque de motivation et de discipline. En outre, elle a perdu un grand nombre de chars et de
véhicules blindés de transport de troupes, des milliers d’entre eux ayant été endommagés et détruits à Gaza.
Israël n’a donc pas la capacité de mener la guerre qu’il poursuit, et c’est pourquoi les assassinats en ont choqué plus d’un. Cependant, comme je l’ai
déjà écrit ici pour Al-Mayadeen,
les Israéliens avaient une dernière option pour prolonger la guerre et la stratégie est la suivante :
«Engager une
guerre avec le Liban, mais tenter de la limiter à quelques échanges et clore le conflit sur une impasse. Une guerre avec le Hezbollah provoquera un immense carnage dans les
infrastructures israéliennes et des dizaines de morts israéliens, détournant ainsi l’attention de la population de la guerre dans la bande de Gaza. Un tel contexte permettrait au
Premier ministre israélien de conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas dans la bande de Gaza. À partir de là, le régime sioniste pourrait alors se tourner vers la
Cisjordanie, annexer environ 60% de son territoire et lancer une opération militaire – similaire à l’Operation Defensive Shield’ en 2002 – pour assassiner la majorité des combattants
de la résistance du secteur».
Dans un tel scénario, Benjamin Netanyahou utilisera les assassinats des chefs de la résistance comme des trophées pour se vanter d’une prétendue
victoire, tout en présentant l’argument selon lequel son régime a affronté une menace existentielle de la part de multiples ennemis et a survécu. Il utilisera ensuite l’accaparement
des terres en Cisjordanie comme preuve de sa conquête et l’assassinat des combattants de la résistance en Cisjordanie comme une réussite en matière de «sécurité».
Pour les États-Unis et leurs alliés israéliens, ce scénario est «le plus
favorable».
Cependant, la situation pourrait rapidement échapper à tout contrôle et les préjudices causés à l’entité sioniste pourraient s’avérer si importants
qu’il n’en resterait plus qu’une coquille vide – si tant est qu’elle parvienne à survivre. Il s’agit d’une stratégie pour le moins dangereuse et, bien qu’ils puissent y voir une
tentative audacieuse de restaurer l’hégémonie israélo-américaine en Asie occidentale, elle témoigne également de leur faiblesse et de leur absence de perspectives. Un tel risque, qui
pourrait entraîner la fin de l’entité sioniste, ne pourra être pris que si l’entité est au pied du mur.
Si les choses tournent mal pour les sionistes, il ne leur restera probablement que deux alternatives. La première sera la fameuse option Samson, qui
consiste à utiliser l’arme nucléaire. La seconde pourrait impliquer le déploiement de forces régionales en Palestine occupée pour éviter la chute de l’entité sioniste.
La première option n’a pas besoin d’être détaillée, c’est de la terreur à l’état pur. La seconde n’a pas été discutée publiquement jusqu’à présent, mais
elle pourrait également être mise en œuvre s’il semble que le régime israélien est sur le point de s’effondrer sur le terrain, et que le territoire palestinien est libéré. Si un tel
événement se produit, il est plausible que les armées jordanienne et égyptienne soient déployées en Palestine occupée, afin d’empêcher la prise de contrôle du territoire par les
combattants de la résistance peu enclins à s’engager avec les armées régionales, et que les forces armées turques soient également mobilisées. Bien qu’il n’y ait aucune preuve à
l’appui de cette théorie, elle pourrait être considérée comme le seul moyen de désamorcer la situation si l’entité sioniste est au bord de la désintégration.
Quoi qu’il en soit, les sionistes ont fait un pari, et seul l’avenir nous dira ce qui en adviendra.
Extrait de notre entretien avec l’homme politique et essayiste Jacques Cheminade, dans lequel il s’exprime sur la guerre actuelle à Gaza, et sur les
pistes possibles pour pacifier les tensions dans la région.
Les responsables occidentaux parlent
toujours du «droit d’Israël à se défendre», ce qui suscite toutes sortes de débats sur la question de savoir si une force d’occupation a effectivement le
droit de se défendre en vertu du droit
international. Ce que ces débats négligent, c’est le fait qu’Israël N’EST
PASen train de «se défendre». C’est de l’offensive pure et simple. Une attaque pure et simple. Israël est toujours l’agresseur.
Israël ne se «défend» jamais, et les États-Unis ne «défendent» jamais Israël. Ces deux nations existent dans un état constant
d’attaque et d’agression, qui est ensuite présenté comme une «défense» par la propagande.
Les États-Unis sèment la violence et la division au Moyen-Orient dans le cadre de leur politique. La création même d’Israël a été un acte d’agression à
l’encontre des peuples sur lesquels cet ethno-état d’apartheid a été déposé, et il a été l’agresseur depuis lors. Les autres nations et groupes du Moyen-Orient se sont défendus contre
ces agressions. Ils sont les seuls à pouvoir prétendre «défendre» quoi que ce soit.
Même les mesures qui semblent intrinsèquement défensives, comme le «Dôme de fer» et les interceptions de missiles et de drones que nous avons vues en
avril dernier lors des frappes de représailles de l’Iran, ne sont pas défensives de la manière dont Israël et les États-Unis les utilisent, car elles servent à protéger Israël contre
les mesures défensives des personnes qu’il attaque. Une veste en Kevlar cesse d’être une mesure défensive lorsque vous l’utilisez pour éviter d’être arrêté par la police lors d’une
fusillade de masse. Un bouclier cesse d’être un outil de défense lorsque vous l’utilisez pour vous assurer que vous pouvez poignarder quelqu’un avec votre épée. Ce ne sont que des
mesures prises pour faciliter l’agression israélienne en supprimant les capacités de dissuasion et de défense des personnes attaquées.
*
Le sénateur Marco Rubio a
présenté un projet de loi visant à «contrer les
systèmes financiers adverses», car «la Chine, la
Russie et l’Iran utilisent des systèmes financiers alternatifs pour échapper aux sanctions américaines».
«L’application des
sanctions est essentielle pour faire respecter nos lois», écrit Rubio.
«L’application de
nos lois». Ces monstres du marais de Washington croient vraiment, vraiment qu’ils possèdent la planète.
*
Pendant ce temps, le sénateur Lindsey Graham a introduit une législation autorisant la force militaire américaine contre l’Iran.
Les gens disent que Lindsey Graham est gay, mais il ne l’est pas. Je ne sais pas s’il y a un mot pour désigner l’orientation sexuelle où vous ne pouvez
être excité que par la violence militaire de masse, mais ce n’est pas gay.
*
Les États-Unis attaquent avec désinvolture les forces
militaires irakiennes au mépris de la volonté du gouvernement irakien, mais les responsables américains parlent de l’Irak comme s’il s’agissait d’une nation souveraine et
d’un «partenaire de sécurité» égal et respecté, et non d’un pays occupé soumis à la domination de Washington.
*
Les personnes qui vous disent «Parlez aux Vénézuéliens !» pour justifier leur soutien aux opérations américaines de changement de régime souffrent d’au
moins quatre délires :
Que tous les Vénézuéliens détestent leur gouvernement.
Que tout le monde dans N’IMPORTE QUEL pays déteste universellement son gouvernement.
Que le fait de souligner l’existence de Vénézuéliens qui détestent Maduro est une sorte de point intéressant ou perspicace.
Que l’interventionnisme américain en matière de changement de régime est toujours bon, utile ou basé sur la vérité.
*
Il y a une chanson «Expert In A Dying
Field» d’un groupe d’Aukland appelé The Beths, et chaque fois que je l’entends, je me dis «Dieu, j’espère que c’est moi un jour».
J’espère vivre un jour dans un monde où toutes les informations et les connaissances que j’ai recueillies sur l’impérialisme, la tyrannie et les abus
seront obsolètes.
J’ai envie d’être un expert
dans un domaine en voie de disparition. Là où personne n’a besoin de savoir quels mensonges sont véhiculés à Washington ou qui tue qui au Moyen-Orient, parce que rien de tout
cela n’arrive plus et que tout le monde s’en sort et est heureux. Les détails de la manipulation de la propagande impériale ne sont plus pertinents pour le monde dans lequel nous
vivons, parce qu’il n’y a pas de machine de propagande impériale et qu’il n’y a pas d’empire. Où toute information sur les guerres dans lesquelles nous avons été trompés devient
rapidement aussi insignifiante que les informations sur les guerres menées par des empires disparus depuis longtemps dans l’histoire ancienne. Il n’est plus urgent de se réveiller de
notre coma induit par la propagande et de renverser les structures de pouvoir qui tuent notre biosphère et menacent toute vie terrestre avec des armes nucléaires, car le grand
soulèvement a déjà eu lieu.
En fin de compte, c’est tout ce que visent ceux d’entre nous qui se sont lancés dans ce combat : Leur propre obsolescence totale et leur inutilité.
Qu’un jour, toutes les connaissances que nous avons accumulées ne soient plus que d’obscures futilités et que tout le travail que nous avons accompli soit oublié, parce que nous
vivons dans un monde sain et harmonieux qui n’en a plus l’utilité. Nous pourrons alors nous consacrer à l’art, à la beauté, à la découverte et à l’amour, et au projet de collaborer
avec tous les autres au bien de toutes les créatures, dans une société enfin en paix avec elle-même.
Quand la catastrophe nous tombera dessus, rappelez-vous comment nous avons exulté quand Israël a tué un chef du Hamas et battu la Turquie aux Jeux
olympiques
C’était la fin d’une semaine joyeuse, comme nous n’en avions pas vu depuis dix mois. Mercredi, nous avons dégommé le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran ; vendredi, nous avons
blackboulé Kayra Özdemir aux Jeux olympiques de Paris. Nous avons pulvérisé Haniyeh avec une bombe, la judoka turque a été mise au tapis par ippon en 15 secondes.
Les deux abattages ont plus de points communs qu’il n’y paraît : ils ont tous deux suscité une immense vague de fierté et de joie nationales ; la chaîne
de supermarchés Victory a même ouvert une table en l’honneur de la première mise à mort mais les deux actions étaient destinées exactement à cette raison. Les deux n’ont aucune raison
d’être, si ce n’est l’honneur, la satisfaction, le plaisir et la fierté nationale. Il est agréable et réconfortant de savoir que nous avons dégommé un Hamasnik et une athlète
turque.
Les politiciens sionistes ont rivalisé entre eux pour savoir qui se réjouirait le plus de ces deux actes : le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, et le
leader du parti travailliste, Yair Golan, ont été enthousiasmés par les deux. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a fait le lien : «Cette victoire
est ce que [le judoka] Peter Paltchik a fait ce soir contre son adversaire suisse et ce que [la judoka] Inbar Lanir a fait à ses adversaires en trois matches. Nous les avons vaincus
et soumis».
Le journaliste Shai Golden a exprimé l’esprit du temps avec encore plus de précision : «Raz Hershko.
Guerrière israélienne. Nous avons les meilleures guerrières sur le tapis et sur le champ de bataille. Allez, allez, Israël ! Le peuple d’Israël vit !» Vivre, à la fois sur le
tatami et sur le champ de bataille.
Il est un peu injuste de comparer un sport dans lequel Israël réussit honorablement et légitimement avec les assassinats, dans lesquels Israël réussit
de manière déshonorante et illégitime. Mais la comparaison s’impose quand on sait que tant d’Israéliens, probablement la majorité absolue, traitent les deux domaines de la même
manière. Les médailles ne se gagnent qu’en sport, mais regardez comment les Israéliens s’attribuent aussi des médailles pour les assassinats.
«En deux
assassinats à couper le souffle, Israël a restauré pendant six heures ce qu’il était autrefois : un pays qui peut éclipser les films hollywoodiens», a déclaré Ben Caspit avec une
puérilité embarrassante. Ce sont nos meilleures heures, celles où nous tuons des gens, pour ne pas dire assassinons des gens, comme la mafia, comme les régimes louches. Nos plus
belles heures sont lorsque la majeure partie du monde nous déteste au plus haut point.
Merci, Mossad, pour ces six belles heures que nous avons connues, comme les heures de judo aux Jeux olympiques, comme les exercices au sol de Simone
Biles. Merci aux médias d’avoir blanchi ces assassins et leurs iniquités en leur chantant des chants de gloire. L’assassinat qui a profité à Israël n’est pas encore né.
Au cours des six heures dont a joui Caspit, Israël a tué deux de ses ennemis, l’un un militaire du Hezbollah, l’autre un homme d’État du Hamas.
L’association des mots «homme d’État du Hamas» fait grincer les oreilles des Israéliens – ça n’existe pas dans les pages de la propagande – mais Haniyeh était le président du bureau
politique du Hamas. Il est peu probable qu’il ait jamais tenu une arme, malgré le blanchiment d’Israël, et il est peu probable qu’il ait su à l’avance qu’il y aurait une attaque le 7
octobre.
Il ne s’agit pas de faire l’éloge de Haniyeh, ni de déplorer sa mort, mais un pays qui assassine l’homme avec lequel il négocie un cessez-le-feu et la
libération des otages a franchi la limite de sa légitimité. Un pays qui le fait sur le sol iranien, le lendemain de la prestation de serment de son nouveau président, veut une guerre
avec l’Iran. Un pays qui applaudit à cela est un pays stupide : il applaudit à des catastrophes qui risquent de lui retomber littéralement sur la tête.
Une bombe posée à l’avance dans la bonne chambre de la maison d’hôtes des gardiens de la révolution iranienne, voilà qui enflamme l’imagination. Si
«Fauda» avait écrit un tel acte, on lui aurait reproché un manque de crédibilité extrême. C’est vraiment bien de savoir que nous sommes capables d’accomplir un tel exploit. Mais, bon
sang, à quoi cela a-t-il servi ? Quel est l’avantage ? Nous verrons les dégâts dans les prochains jours. On le constate déjà dans les foyers, les supermarchés et les jardins
d’enfants, angoissés par ce qui va suivre. Avant la catastrophe imminente, souvenez-vous de tous les hourras.
En pleine cascade de tensions au Moyen-Orient suite à l’assassinat
du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, par Israël et aux vœux de “vengeance” de Téhéran, le nouveau gouvernement du président
Massoud Pezeshkian, qui a prêté serment mardi, a fait ses premiers pas jeudi. L’ancien ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a été nommé “adjoint
stratégique” du président iranien et s’est vu confier la responsabilité du Centre d’études stratégiques (CSS).
Le CSS est l’organe
de recherche du bureau du président. La nomination de Zarif signifie son retour dans l’arène de la politique étrangère et la haute estimation de Pezeshkian pour ses qualifications uniques
afin de conduire la diplomatie de Téhéran sur la voie du milieu.
La longue exposition
de Zarif aux cercles politiques américains pendant son long mandat d’ambassadeur auprès des Nations unies et son réseau social actif à New York sont ses atouts stratégiques. Zarif est un
visage familier et est très apprécié dans les capitales occidentales.
Pezeshkian a donné la priorité à la nomination de Zarif ; il n’a pas encore annoncé son choix pour le ministère des affaires étrangères. Le retour de Zarif dans
le circuit diplomatique ne peut qu’être perçu comme un signal adressé aux puissances occidentales. Il y a là un paradoxe. Si l’Iran tient compte du fait que les États-Unis perdraient beaucoup
à une confrontation militaire directe, il n’en reste pas moins que seuls les Américains et les Européens sont en mesure d’empêcher une véritable guerre dans la région, dans cette situation de
crise en développement.
C’est également ce que semble penser Moscou. Lors d’une conversation téléphonique avec le ministre iranien des affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri
Kani, jeudi, le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a “appelé toutes les parties sans exception qui pourraient
influencer la situation dans la bande de Gaza et au Moyen-Orient en général à éviter les actions qui pourraient entraîner une nouvelle déstabilisation de la situation et de nouvelles victimes
parmi les civils” – d’après le communiqué de presse russe. (souligné par l’auteur).
Dans les remarques qu’il a faites au Majlis mardi après la cérémonie de prestation de serment, le président Pezeshkian a réaffirmé que la politique étrangère de son
gouvernement viserait un engagement constructif avec le monde tout en défendant la dignité et les intérêts nationaux de l’Iran.
La victoire électorale de Pezeshkian suggère que le réformisme s’est transformé en un courant majeur de la politique iranienne. La dialectique iranienne est
lourde de conséquences pour Israël et les États-Unis, dans la mesure où leur ancien calcul visant à alimenter la dissidence et à déclencher des troubles sociaux en Iran ne fonctionnera plus.
Certes, le spectre d’un engagement constructif entre l’Occident et l’Iran hante Israël.
Israël considérera le retour de Zarif comme emblématique d’un nouvel élan iranien en faveur de négociations en vue d’un accord nucléaire qui pourrait ouvrir la
voie à l’élimination des sanctions occidentales ainsi qu’à une coopération élargie. Dans ce contexte, dans une référence voilée au traité de non-prolifération nucléaire, Pezeshkian a
clairement indiqué dans ses remarques au Majlis que “nous avons été et resterons attachés à nos
obligations“.
Dans ce contexte prometteur, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a demandé à rencontrer d’urgence Pezeshkian “dans les meilleurs délais“. Dans une lettre adressée à
Pezeshkian, Grossi a écrit : “La coopération entre
l’Agence internationale de l’énergie atomique et la République islamique d’Iran est au centre de l’attention des cercles internationaux depuis de nombreuses années. Je suis convaincu
qu’ensemble, nous serons en mesure de réaliser des progrès décisifs sur cette question cruciale“.
Encore une fois, une autre sous-intrigue qui se joue ici est qu’Israël ne peut plus espérer que les pays du Golfe – l’Arabie Saoudite et les EAU, en particulier
– s’alignent avec lui contre l’Iran. Les temps ont changé en Iran et dans la région, ainsi qu’à l’échelle internationale, y compris aux États-Unis où, pour la première fois, le ressentiment
et la désapprobation des politiques israéliennes s’expriment ouvertement.
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a félicité par téléphone Pezeshkian pour sa victoire aux élections du mois dernier et a exprimé sa satisfaction
quant au renforcement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite dans divers domaines, soulignant la nécessité de renforcer ces relations autant que possible. Les autorités saoudiennes
ont exprimé leur espoir de pouvoir faire des affaires avec le nouveau gouvernement de Téhéran.
De même, la radiation du Hezbollah de la liste noire de la Ligue arabe, récemment, montrerait à quel point l’Arabie saoudite et d’autres États arabes s’éloignent des positions
anti-iraniennes de Washington. Les États de la région sont de plus en plus conciliants avec l’Iran et tentent de trouver des moyens de “partager le voisinage” avec Téhéran, pour reprendre les mots
célèbres du président américain de l’époque, Barack Obama.
Le Hezbollah est le joyau de la couronne de la révolution islamique iranienne. Par conséquent, le signal de la Ligue arabe selon lequel le Hezbollah est un
acteur essentiel transmet un message fort de la part de Riyad, à savoir la diminution du soutien régional aux politiques américaines visant à écraser l’Iran et les acteurs alignés sur
Téhéran.
En fait, jeudi, le ministre d’État saoudien, le prince Mansour bin Miteb bin Abdulaziz, a personnellement remis à Pezeshkian une lettre du roi Salman bin Abdulaziz Al Saud exprimant l’espoir de mesures plus constructives dans le développement des relations bilatérales avec l’Iran et de la
poursuite de la coordination et de la consultation en vue de promouvoir la paix et la sécurité régionales.
Dans l’ensemble, les monarchies du Golfe, qui surveillent de près l’Iran, perçoivent un changement de paradigme dans l’évolution rapide de l’équilibre de la
sécurité régionale. En définitive, Pezeshkian appelle à l’unité régionale pour contrer les influences extrémistes. Il a déclaré : « Les voix radicales ne doivent pas étouffer les voix des quelque
deux milliards de musulmans pacifiques. L’islam est une religion de paix. »
Quarante-cinq ans après la révolution iranienne de 1979, la République islamique se présente comme la voix de la modération et de la raison ! Bien entendu, cela
ne signifie pas que l’Iran et les autres membres de l’axe de la résistance modéreront leur réponse aux récentes actions d’Israël. Les représailles de l’Iran à l’assassinat de Haniyeh seront
certainement plus sévères et plus douloureuses que tout ce que Tel-Aviv a connu jusqu’à présent.
Une guerre contre l’Iran sera très différente des précédentes guerres d’Israël contre les États arabes. Elle restera ouverte jusqu’à ce qu’Israël autorise la
création d’un État palestinien. La capacité de riposte d’Israël s’épuisera progressivement, comme cela s’est produit vis-à-vis du Hezbollah. L’avantage à moyen et long terme revient à l’Iran,
un pays beaucoup plus grand qu’Israël, puisqu’il s’agira d’une guerre sur plusieurs fronts avec des acteurs non étatiques.
D’autre part, il est difficile de croire qu’Israël a agi seul pour attaquer la souveraineté de l’Iran, ce qui équivaut à un acte de guerre, sans l’approbation des États-Unis. C’est ce facteur “inconnu connu” qui rend la situation très dangereuse. Le
guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, a déjà ordonné une frappe directe sur le territoire israélien.
Le Washington
Post, citant des responsables du Pentagone, a écrit qu’en vue d’une éventuelle escalade, la marine américaine a déjà concentré 12 navires de guerre dans la région. Parmi eux, le
porte-avions Theodore Roosevelt se trouve dans le golfe Persique avec six destroyers. Cinq navires de guerre américains se trouvent également en Méditerranée orientale. Le Premier ministre
Netanyahou a déclaré qu’Israël “fait face à des jours
difficiles” et qu’il est “prêt à faire face à
n’importe quel scénario“.
Netanyahou est convaincu du soutien des États-Unis, qui s’est traduit par l’accueil chaleureux qu’il a reçu lors de son récent voyage à Washington. C’est
peut-être ce soutien qui a permis à Netanyahou d’écourter sa visite aux États-Unis, de rentrer chez lui et de s’aventurer immédiatement dans une telle aggravation de la situation.
Si c’est le cas, les États-Unis coordonnent la situation, mais l’histoire israélo-américaine est aussi celle de la queue qui remue le chien, le plus souvent. Il
est clair que Netanyahou tente de créer une nouvelle réalité au Moyen-Orient et qu’il écrit les scénarios de ces événements directement pour lui-même. Il est à la fois le réalisateur et le
scénariste, tandis que les autres protagonistes, y compris les États-Unis et les Européens, sont contraints soit de jouer le jeu avec lui, soit de faire bonne figure dans ce mauvais
jeu.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Gideon Levy : Les assassinats «totalement inutiles» d’Israël «ne changent en rien la donne»
Les assassinats de dirigeants du Hamas et du Hezbollah par Israël sont «totalement
inutiles» et ne servent que «l’ego de certains
machos israéliens», selon le journaliste et auteur israélien de renom, Gideon Levy.
«Les assassinats
ne changent en rien la donne. Ils ne l’ont jamais fait et ne le feront jamais, et par conséquent, tous ces meurtres sont toujours sans but», a déclaré Levy dans une
interview accordée à Anadolu.
«Cela ne sert à
rien, ni les intérêts d’Israël, ni la sécurité, ni rien. C’est vraiment un jeu d’enfants, des enfants qui veulent tous être des James Bonds et montrer à quel point ils sont
sophistiqués», a-t-il ajouté.
Le leader politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a été tué, mercredi, dans la capitale iranienne, Téhéran, après avoir assisté à la cérémonie d’investiture
du président Masoud Pezeshkian. La veille, un commandant du Hezbollah, Fuad Shukr, a été la cible d’une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de la capitale libanaise,
Beyrouth.
Le Hamas et l’Iran attribuent la responsabilité de la mort de Haniyeh à Israël, mais Tel-Aviv n’a ni confirmé ni infirmé son implication.
Un jour plus tard, jeudi, l’armée israélienne a affirmé qu’elle disposait de renseignements selon lesquels le commandant militaire du Hamas, Mohammad
Deif, avait été tué lors d’une frappe aérienne le 13 juillet dans la région de Khan Younes, à Gaza. Le mouvement de résistance palestinien n’a toutefois pas confirmé la mort de
Deif.
Levy a souligné que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu « pense que l’assassinat de Haniyeh éliminera le Hamas et qu’il (Israël)
atteindra son objectif », mais ajoute que cela est « totalement déconnecté de la réalité ».
«Au contraire, le
Hamas n’est pas plus faible aujourd’hui, il est beaucoup plus fort politiquement qu’avant cette guerre», a-t-il déclaré.
«Politiquement,
le Hamas est aujourd’hui beaucoup plus populaire en Cisjordanie, dans le monde arabe, voire dans le monde entier, beaucoup plus accepté […] et tuer Ismail Haniyeh n’y change pas
grand-chose.»
Citant l’histoire d’Israël qui a assassiné des dirigeants du Hamas, y compris son fondateur, le Cheikh Ahmed Yassine, il a ajouté : «À chaque fois,
ils nous ont dit que le Hamas avait été écrasé … et quelques mois plus tard, on voyait un Hamas plus fort».
«Netanyahu ne veut
pas que cette guerre prenne fin».
Selon Levy, la récente vague d’assassinats est liée à l’objectif de Netanyahu de prolonger, voire d’élargir, sa guerre contre la Bande de Gaza.
Israël est poursuivi pour «crime de
génocide» devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour son offensive meurtrière contre l’enclave palestinienne, où quelque 40
000 Palestiniens ont été tués, dont plus de 27 200 femmes et enfants, tandis que plus de 91 000 autres ont été blessés.
Les pourparlers en vue d’un cessez-le-feu ne peuvent se poursuivre «lorsque vous
assassinez le négociateur», a déclaré Levy.
«Soit on négocie,
soit on assassine. On ne peut pas gagner sur les deux tableaux», a-t-il déclaré, ajoutant que les négociations «risquent d’être
reportées pour longtemps».
«Nous pourrions
être confrontés très bientôt à une guerre régionale et il est évident qu’aucun cessez-le-feu ne sera sur la table et que personne ne parlera à Israël», a déclaré Levy,
ajoutant qu’obtenir la libération des prisonniers israéliens n’a jamais été l’objectif de Netanyahu et qu’il continue à
«agir
comme s’il voulait une escalade».
«Personne de
sérieux ne peut croire que tuer Haniyeh contribuera à la libération des otages. Au contraire, cela ne fait que la retarder, mais c’est là l’objectif de Netanyahu», a-t-il
ajouté.
«Netanyahu ne veut
pas que la guerre prenne fin et il fait tout ce qui est en son pouvoir pour retarder la fin de la guerre et le cessez-le-feu. Le prix à payer est de jouer avec la vie des
otages», a déploré le journaliste israélien.
Après le 7 octobre, tout le monde était certain que la carrière de Netanyahu était finie, mais il «remonte dans les
sondages», a déclaré Levy.
Et d’ajouter : «Netanyahu est
l’homme politique israélien le plus détesté et le plus aimé de tous les temps».
«Ceux qui le
détestent n’accepteront rien de lui et ceux qui le suivent accepteront tout de lui», précise Gidéon Levy.
Celui-ci a réaffirmé que les récents assassinats ont entraîné une escalade et que «nous sommes plus
proches d’une guerre régionale».
«Si l’Iran entre
en jeu, nous aurons une nouvelle donne, et je ne vois pas comment l’Iran pourrait ne pas entrer en jeu», a-t-il conclu.
On peut décrire la stratégie d’Israël depuis sa création comme une application magistrale de la “stratégie du fou”, calcul rationnel consistant à apparaître plus fort qu’on ne l’est réellement
car on est prêt (1) à porter des coups exagérés à l’adversaire pour l’impressionner et le faire douter de lui-même; (2) à repousser sans cesse les limites de ce que vos alliés sont prêts à
supporter de votre part. L’actuelle séquence de frappes israéliennes tous azimuts correspond à un paroxysme de la “stratégie du fou”. Avec le temps, celle-ci a perdu de son efficacité face à des
adversaires de plus en plus forts et n’hésitant plus à démasquer le bluff des Israéliens.
Le canal telegram du “Middle East
Spectator” fait la synthèse des attaques américano-israéliennes de ces derniers jours:
Nous approchons d’un moment où presque toutes les factions de la Résistance ont un compte à régler avec les Israéliens
-Le Hezbollah –
pour l’assassinat de son commandant au cœur de Beyrouth.
- L’Iran –
pour l’assassinat d’Ismael Haniyeh à l’intérieur du territoire iranien.
- Hamas – pour l’assassinat d’Ismael Haniyeh et peut-être de Muhammad Deif.
- Yémen – pour les frappes aériennes israéliennes sur le port d’al-Hodeidah la semaine dernière.
- La Résistance
irakienne – pour la mort de plusieurs de ses soldats lors d’une frappe aérienne américaine.
S’il existe un moment propice à l’éclatement d’une guerre régionale de grande ampleur contre Israël, c’est bien dans les prochains
jours.
Il faudrait ajouter les atroces massacres de civils palestiniens à Khan Younès et dans le reste de la bande de Gaza depuis une semaine : L’assassinat de deux journalistes d’Al Jazeera le 31
juillet.
Tout se passe comme si l’axe américano-israélien avait décidé de porter la “stratégie du fou” à son paroxysme.
La “stratégie du fou”
Dans un pénétrant article publié par The Cradle, Daniel
Nammour et Sharmine Narwani écrivent :
Les actions incendiaires de Tel-Aviv la nuit dernière soulèvent la question suivante: Israël est-il tout simplement fou ?
Ne voit-il pas que la censure mondiale se prépare, que les boycotts se multiplient, que ses alliances s’amenuisent, que les médias sociaux se déchaînent et que son isolement est de plus
en plus flagrant ? (…)
La réponse est simple : NON.
Les gouvernements israéliens successifs ont été tout à fait rationnels, s’appuyant sur une stratégie unique dont l’État n’a jamais dévié.
Conscient de ses lacunes géographiques, démographiques, politiques et économiques dès le départ, le projet sioniste a mis en œuvre, de manière très calculée, ce que l’on peut appeler la «
stratégie du fou (MAD) », afin d’atteindre ses objectifs et de s’affirmer bien au-dessus de sa catégorie de poids géopolitique.
Stratégie étrange mais efficace, la stratégie du fou découle en fait de la théorie de la
dissuasion :
Créer une présence
menaçante en ayant une réputation agressive avec
un brin de folie empêchera vos ennemis de vous attaquer. Ils
n’attaqueront pas une personne qui emporte son ennemi avec elle si elle tombe.
Telle est l’essence de la stratégie d’Israël vis-à-vis de ses amis comme de ses ennemis, et une fois qu’on l’a comprise, il est difficile de ne pas voir cette tactique dans toutes les
relations de l’État.
Depuis l’origine du sionisme ?
Nammour et Narwani vont très loin. Ils considèrent que le sionisme, à partir des années 1930 ou 1940, n’a jamais fonctionné autrement :
La stratégie du fou n’est pas une nouvelle stratégie israélienne ; ses débuts remontent aux années précédant la création de l’État, lorsque les milices sionistes ont bombardé et tué les
forces britanniques qui avaient permis l’immigration juive en Palestine et lancé des opérations militaires pour nettoyer ethniquement la population autochtone du pays.
Israël a institué une « présence menaçante » offensive dès sa création : Des actes terroristes commis par des milices juives telles que le Stern Gang et l’Irgoun ont assassiné des
diplomates britanniques au Caire en 1944, fait exploser l’hôtel King David en 1946, perpétré le massacre de Deir Yassin en 1947, suivi de la Nakba palestinienne en 1948.
Mais au lieu d’être punis pour leurs crimes, les sionistes ont été récompensés par un vote des Nations unies qui a officialisé l’État d’Israël en 1947.
Le mauvais comportement avait récolté des récompenses extraordinaires, alors pourquoi abandonner la stratégie ?
Le gros des premières milices terroristes sionistes a ensuite formé l’armée israélienne. L’homme politique qui a ordonné le nettoyage ethnique des Palestiniens a été nommé « père d’Israël
» et est devenu le premier Premier ministre du pays. D’autres chefs de milice se sont rapidement hissés à ce rang – Menachem Begin, Yitzhak Rabin, Yitzhak Shamir – et
certains d’entre eux ont reçu le prix Nobel de la paix. Une fois de plus, le mauvais
comportement a payé.
Après la création d’Israël, une série de guerres avec les voisins arabes en 1956, 1967, 1973 et 1982 a récompensé Israël en lui permettant de gagner de nouveaux territoires, d’implanter
davantage de colonies et d’occuper une plus grande place à la table internationale.
Un flux constant d’agressions militaires et de renseignements israéliens a été lancé sur une région qui s’étendait sur une superficie 250 fois supérieure à celle d’Israël, couvrant le
Liban, la Syrie, l’Irak, l’Iran, la Jordanie, les Émirats arabes unis, la Tunisie, l’Égypte et l’Ouganda.
Tout cela n’a été possible que grâce au soutien diplomatique, économique, militaire et médiatique de l’Occident, qui s’est donné beaucoup de mal pour couvrir les provocations audacieuses et illégales d’Israël, en réorientant plutôt le récit vers les efforts israéliens en faveur du processus de
paix, sa « démocratie », son armée « disciplinée et avancée » et son invincible armée « morale » protégeant la « terre
promise juive ». En bref, en aidant Tel-Aviv à « préparer et apprivoiser » l’opinion mondiale, les alliés occidentaux d’Israël ont préparé le terrain pour que la
communauté internationale accepte
et attende le mauvais comportement d’Israël comme un « avant-poste de la civilisation » occidental essentiel.
La riposte à l’attaque palestinienne du
7 octobre: Une escalade de la “stratégie du fou”
Analysée dans ce cadre, la riposte au 7 octobre peut être comprise comme une escalade spectaculaire de la “stratégie du fou”:
+ massacre de dizaines de milliers de civils gazaouis (les estimations vont de
40 000 à 200 000 morts). Il s’agit d’une violence de masse – à tendance génocidaire – pratiquée sans vergogne devant les yeux du monde
entier. Elle s’accompagne d’un blocage de l’aide humanitaire, pour provoquer famines et maladies.
+ Bombardement et destruction systématique des hôpitaux de Gaza.
+ Bombardement des églises chrétiennes pour dissuader les chrétiens, en Palestine ou dans le monde, de se solidariser avec les musulmans. On ajoutera la destruction systématique des mosquées
de Gaza, pour persuader l’adversaire et l’opinion mondiale qu’il n’y a rien de sacré chez les Palestiniens.
+ assassinat ciblé de 200 journalistes sur le terrain à Gaza environ pour dissuader tout travail d’information impartial.
+ bombardement du sud du Liban pour dissuader la population de solidariser avec le Hezbollah.
+ attaques multipliées contre l’Iran :
Attentat contre les citoyens iraniens se rendant à la tombe du Général Soleimani en janvier 2024;
Bombardement du consulat d’Iran à Damas;
Assassinat d’Ismaël Haniyeh; (J’ajoute personnellement – et j’y consacrerai un article prochainement – l’hypothèse que l’accident d’hélicoptère du président Raïsi a été causé par le suicide
du pilote, agent du Mossad infiltré).
Jusqu’où peut aller l’escalade de la “stratégie du fou”?
L’option Samson
Comme on le sait, Israël possède l’arme nucléaire mais ne l’a jamais reconnu publiquement. Cela laisserait, selon plusieurs experts, ouverte la menace, dissuasive, d’une utilisation de l’arme
nucléaire selon la “stratégie du fou”, ce que l’on a appelé l’option Samson :
Bien que les armes nucléaires aient été considérées comme le garant ultime de la sécurité israélienne dès les années 1960, le pays a évité de construire son armée autour de ces armes,
recherchant plutôt une supériorité conventionnelle absolue afin d’éviter un engagement nucléaire de dernier recours. À l’origine, l’option Samson n’était conçue que comme un moyen de
dissuasion. Selon le journaliste américain Seymour
Hersh et l’historien israélien Avner Cohen, des
dirigeants israéliens comme David
Ben-Gourion, Shimon
Peres, Levi
Eshkol et Moshe
Dayan ont inventé cette expression au milieu des années 1960. Ils l’ont nommée d’après le personnage bibliqueSamson, qui a
brisé les piliers d’un temple philistin,
faisant s ‘écrouler
le toit et se tuant lui-même ainsi que des milliers de Philistins qui l’avaient capturé, mutilé et s’étaient rassemblés pour le voir encore plus humilié, enchaîné, en guise de
représailles pour les massacres qu’il avait perpétrés contre leur peuple .
Dans un article intitulé « Le dernier secret de la guerre des Six Jours », le New
York Times rapporte que, dans les jours précédant la guerre des Six Jours
de 1967, Israël avait prévu d’envoyer une équipe de parachutistes par hélicoptère dans le Sinaï. Leur
mission consistait à installer et à faire exploser à distance une bombe nucléaire au sommet d’une montagne, en guise d’avertissement aux États belligérants environnants. Bien qu’en
infériorité numérique, Israël a éliminé l’armée de l’air
égyptienne et a occupé le Sinaï, remportant la guerre avant même que l’essai n’ait pu être mis en place. Le général de brigade israélien à la retraite Itzhak Yaakov a qualifié
cette opération d’option Samson israélienne.
Lors de la guerre du Kippour
de 1973, les forces arabes écrasaient les forces israéliennes et le Premier ministre Golda Meir a
autorisé une alerte nucléaire et ordonné que 13 bombes atomiques soient préparées pour être utilisées par des missiles et des avions. L’ambassadeur d’Israël a informé le président Nixon
que des « conclusions très graves » pourraient être tirées si les États-Unis ne transportaient pas de matériel par avion. Nixon s’est exécuté. Certains commentateurs considèrent qu’il
s’agit là de la première menace d’utilisation de l’option Samson.
Seymour Hersh écrit que « la surprenante victoire du Likoud de Menachem
Begin aux élections nationales de mai 1977 […] a porté au pouvoir un gouvernement encore plus attaché que les travaillistes à l’option Samson et à la nécessité d’un arsenal
nucléaire israélien ».
Louis René Beres,
professeur de sciences
politiques à l’Université de
Purdue, a présidé le Projet Daniel, un
groupe de conseillers du Premier ministre Ariel Sharon. Dans
le rapport final du projet Daniel et dans d’autres documents, il affirme que la dissuasion effective de l’option Samson serait renforcée si l’on mettait fin à la politique d’ambiguïté
nucléaire. Dans un article de 2004, il recommande à Israël d’utiliser la menace de l’option Samson pour « soutenir les préemptions conventionnelles » contre les moyens nucléaires et non
nucléaires de l’ennemi, car « sans ces armes, Israël, qui doit s’appuyer entièrement sur des forces non nucléaires, pourrait ne pas être en mesure de dissuader l’ennemi de riposter à
l’attaque
préemptive israélienne ».
“Le fou a tout perdu, sauf la raison” (Chesterton)
Si l’on revient à l’analyse proposée par Nammour et Narwani, la “stratégie du fou” suit un calcul rationnel. On pense à la célèbre formule de Gilbert Keith Chesterton : “Le fou a tout perdu,
sauf la raison”.
Et l’on sait que la dissuasion nucléaire suit une logique rationnelle. Les Etats-Unis et l’URSS ne se sont jamais menacés directement pendant la Guerre froide – sauf à Cuba en octobre 1962 –
parce qu’ils savaient la capacité destructrice de l’autre. MAD en est venu à signifier “Mutually Assured Destruction”.
Les Israéliens sont cependant dans une situation particulièrement difficile. Ils sont à présent en infériorité conventionnelle évidente. Comment pourront-ils s’en sortir sans utiliser
l’option Samson.
La chance de la communauté internationale vient de ce que la bombe nucléaire israélienne pèse bien peu face aux immenses arsenaux américain, russe et même chinois. Les Israéliens ne peuvent
pas engager l’arme nucléaire sans disposer d’une garantie américaine. Or les Etats-Unis ne peuvent prendre le risque d’une confrontation nucléaire avec la Russie.
Imaginons qu’Israël ait malgré tout recours à l’option Samson : Une frappe nucléaire contre, disons, l’Iran, mettrait Israël définitivement au ban des nations, rendant le pays définitivement
vulnérable à une frappe systématique sur ses centres de commandement militaire et politique.
Je serais très étonné pour ma part que le Pentagone n’ait pas un scénario de blocage de l’utilisation israélienne de l’arme atomique. Et que la Russie et l’Iran n’aient pas examiné ensemble
un scénario militaire de frappes préventives.
Le piège d’une “stratégie du fou” illimitée
Même si on n’écarte pas l’option Samson complètement, constatons que la marge de manœuvre de Tel-Aviv s’est considérablement réduite ces dernières années. La faiblesse de la stratégie du fou
tient à ce qu’elle s’use quand elle est systématiquement utilisée. Les adversaires d’Israël sont devenus plus forts et moins vulnérable au chantage israélien.
Nammour et Narwani décrivent une opposition croissante à la “stratégie du fou” israélienne :
En termes de MAD, la définition d’un contre serait la suivante : « s’opposer au fou et le priver de la victoire ». Mais les alliés d’Israël, beaucoup plus puissants,
n’ont pas été prêts jusqu’à présent à risquer la relation et ses avantages perçus, tandis que les ennemis régionaux d’Israël ont perdu leurs guerres ou n’ont pas été en mesure d’imposer
des solutions.
Mais le statu quo a changé avec la création de l’axe de la résistance en Asie occidentale, une alliance d’acteurs étatiques et non étatiques comprenant l’Iran, la Syrie, le
Hezbollah libanais, le Hamas palestinien, Ansarallah au Yémen, Hashd al-Shabi en Irak, et d’autres encore.
Au fil des décennies, cet axe a soigneusement décimé la projection de puissance menaçante d’Israël
et, surtout, a mis en œuvre la pratique de la riposte en nature, lorsque cela est possible. Quelques faits marquants :
- L’opération « Accountability » : Alors qu’Israël frappait des villages civils au Liban en 1993, le Hezbollah a riposté en lançant de nouveaux missiles contre des cibles
civiles israéliennes. Cette riposte a contraint Israël à accepter un accord informel, le premier du genre, visant à réduire au minimum les attaques contre les civils.
- L’opération « Raisins de la colère » : D’une plus grande ampleur que les affrontements de 1993, un accord formel a été conclu en 1996, stipulant clairement que le ciblage
des civils est une ligne rouge dans le conflit.
- Retrait du Liban en 2000 : Après 18 ans de guerre d’usure au Liban, Israël est contraint de se retirer des terres arabes sans aucune condition. À cette occasion, le
secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé son célèbre discours enflammé, déclarant qu’Israël était « plus faible qu’une toile d’araignée », remettant ainsi en question
tous les fondements d’Israël et sa projection de puissance militaire depuis le sommet de la frontière entre le Liban et l’État d’occupation.
- La guerre de 2006 : A la suite d’un incident frontalier, Israël retente sa chance en lançant une guerre de grande envergure contre le Liban, mais ne parvient pas à atteindre
ses objectifs. Cette fois, la guerre de 33 jours s’achève par une résolution de sécurité de l’ONU qui stipule que ni les attaques civiles ni les attaques militaires ne sont autorisées.
- Opération « Déluge d’Al-Aqsa » : Le 7 octobre 2023, le Hamas ouvre une brèche dans le mur le plus sophistiqué qu’Israël ait jamais construit pour contrôler sa frontière avec
Gaza. Cette fois, la projection de puissance, même à l’intérieur d’Israël, a été brisée, obligeant Tel-Aviv à déclarer une guerre ingagnable, à affaiblir sa sécurité intérieure, à épuiser
ses ressources militaires et à détruire son économie. Israël a été contraint d’aller au-delà de sa stratégie MAD et est devenu un paria international.
- Opération True Promise :
Pour la première fois, l ‘Iran lance plusieurs attaques de drones et de missiles balistiques sur Israël en représailles directes aux frappes de Tel-Aviv contre le consulat iranien
à Damas. Au cours des frappes de représailles des 13 et 14 avril 2024, l’Iran a dû faire face à la défense aérienne d’Israël, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, mais a réussi
à pénétrer dans les trois cibles visées et à les atteindre.
- Blocus naval du Yémen : En réponse à l’assaut militaire brutal d’Israël sur Gaza, les forces armées du Yémen ont lancé une campagne soutenue pour stopper le transit de tous
les navires à destination d’Israël et liés à ce pays dans les voies navigables asiatiques. Étant donné qu’Israël importe plus de 80% de ses produits par voie maritime, les opérations
yéménites ont porté un coup dur à l’économie israélienne, ont entièrement mis hors service le port d’Eilat, qui est d’une importance vitale, et ont fait grimper les coûts d’assurance pour
Israël.
En bref, la stratégie du fou d’Israël peut être mise en échec par des amis ou des ennemis. Il faut regarder la stratégie du fou en face, se retrancher et riposter. Plus Israël est
contré, plus il paraît irrationnel (crazy, par différenciation avec mad).
Netanyahu ne renoncera jamais à “sa” guerre avec l’Iran – L’obtiendra-t-il?
Au moment où l’on voyait la tension encore monter entre Israël et le Hezbollah, depuis quelques jours, un attentat attribué au Mossad et perpétré à Téhéran a permis l’assassinat d’Ismaël Haniyeh,
le chef du Bureau Politique du Hamas. Comme il l’avait clairement exprimé devant le Congrès, Benjamin Netanyahu veut obtenir ce qui est l’objectif de sa carrière politique depuis trente ans: une
guerre avec l’Iran.
Alors que le monde suivait une nouvelle escalade au nord d’Israël: en l’occurrence, la frappe contre un immeuble au sud de Beyrouth, où se trouvait, selon le
renseignement israélien, le responsable des frappes de
missiles du Hezbollah, Fouad Chouker. La frappe avait plusieurs morts et une centaine de blessés.
L’Iran avait, en conséquence, averti Israël. Mais cela ne suffit pas à Netanyahu. Comme il l’a expliqué devant
le Congrès, voici une semaine, Netanyahu veut une guerre avec l’Iran. Le Mossad a donc choisi une nouvelle provocation: le chef du Hamas a été assassiné alors qu’il se trouvait à Téhéran.
L’obsession morbide de Netanyahu
Nous l’avons dit plusieurs fois: le fil directeur de la carrière de Benjamin Netanyahu est la volonté d’anéantir la nation iranienne, qu’il considère être la seule
menace existentielle véritable pour l’avenir d’Israël. Le Premier ministre israélien, malgré les vingt ans qu’il a passés au pouvoir, n’a jamais obtenu ce qu’il recherche.
Les raisons en sont multiples. Le refus des USA d’aller à une confrontation (même si l’on n’en fut pas loin en 2005-2006). Le soutien croissant de la Chine et de la
Russie à l’Iran. Et surtout, l’intelligence diplomatique et stratégique de l’Iran.
Plus le temps passe, plus Netanyahu voudrait “sa” guerre. Et plus il multiplie les provocations.
La fuite en avant du vieux chef corrompu
Profondément suicidaire, Netanyahu pense à une guerre totale, qui anéantirait l’une des deux nations.
Or le rapport de forces objectif entre Israël et son environnement, nous le voyons depuis le 7 octobre, est très défavorable. Tenu en échec par les combattants
palestiniens à Gaza, menacé jusqu’à Tel Aviv par les combattants yéménites d’Ansarallah, obligé d’évacuer une partie des implantations du nord du fait des frappes du Hezbollah, Israël est sur la
défensive.
Le massacre atroces des civils gazaouis et les incursions quotidiennes sanglantes en Cisjordanie signent l’impuissance croissante de Netanyahu. Que fera Israël le
jour où le Hezbollah intensifie ses frappes, détruit Haïfa, oblige les populations du nord à l’exode?
Les combattants chiites libanais ont aujourd’hui une supériorité indéniable sur Tsahal. On imagine bien des bombardements à Beyrouth semblables à ceux de Gaza. Mais
Netanyahu risque en fait de déclencher contre lui-même une machine inarrêtable, celle construite par feu le Général Soleimani et qu’on appelle “Axe de la Résistance”. Sous les coups du Hezbollah,
des combattants palestiniens, irakiens, yéménites, Israël sera menacé de destructions terribles.
Voilà pourquoi Netanyahu veut absolument entraîner l’Iran dans la guerre.
C’est là que les choses deviennent très dangereuses: au mépris des traités internationaux et avec la complicité des Américains, Israël a acquis la bombe atomique
(et tout fait pour empêcher l’Iran de l’acquérir).
Or la Russie et la Chine ne laisseront jamais détruire l’Iran. Ni les Etats-Unis Israël. Il y a donc le potentiel d’une escalade nucléaire. Netanyahu, aussi
déraisonnable que Fidel Castro au moment de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962, le sait, et il en joue. Le monde est en grand danger.
L’État génocidaire va-t-il connaître son putsch militaire ?
Depuis plusieurs années et par la voix de nombreux analystes, conseillers de l’ombre, ex militaires, écrivains, journalistes… le scénario d’un putsch militaire qui viendrait rebattre
les cartes en Israël est évoqué avec insistance comme pour exorciser le mauvais sort sinon pour prévenir des conséquences fâcheuses d’une telle entreprise.
Dès 1984, au lendemain de l’invasion du Liban, dans les colonnes du Monde
Diplo, Amnon
Kapeliouk, journaliste et écrivain franco-israélien et cofondateur de l’organisation de défense des droits humains B’Tselem,
traduisait le malaise de la société israélienne, isolée sur la scène internationale, en proie à une récession économique sans précédent qui a laissé sur les carreaux bon nombre de
citoyens, polarisée politiquement et tiraillée entre plusieurs camps antagonistes : «extrémistes
contre modérés, Sépharades contre Ashkénazes, juifs contre arabes, démunis contre nouveaux riches» plaidait-t-il.
Devant ce froid diagnostic digne de la médecine légale, Amnon Kapeliouk conclut à l’imminence d’un coup d’État qui induit la liquidation de la
«démocratie». Pour mieux appuyer son propos, il cite une longue enquête approfondie, s’étalant sur six pages. Illustré d’un char écrasant la Knesset, le titre du
quotidien Haaretz en
ce jour 27 janvier 1984, est sans appel : «Chars à la
Knesset – coup d’État militaire en Israël ?»
Passé la période de consternation et de flottement qui culmine par l’exécution sommaire de quelques fauteurs de troubles et la diffusion du communiqué
n°1 du haut commandement à la Maison de la télévision, le journal de gauche reproduit plusieurs entretiens avec des personnalités issues de différentes sensibilités, chacune dans son
domaine d’expertise.
Le général de réserve Dov Tamari exclue dans l’immédiat cette prévision alarmiste, il ajoute toutefois que si la démocratie israélienne est menacée
actuellement, «c’est par des
éléments civils plus que par des militaires».
Fin observateur de la vie politique, le général estime que le pluralisme politique est monnaie courante tant chez les simples soldats qu’au sein du
corps des officiers israéliens. À l’inverse des réservistes (des civils mobilisés pendant onze mois de l’année), personne donc ne montera à l’assaut du parlement : «Un corps
d’officiers inquiet du manque de ressources ne représente pas une menace pour la démocratie tant qu’il ne voit pas dans cette insuffisance de ressources une volonté délibérée
d’affaiblir l’armée» conclut-il.
Si le professeur Youval Neeman, fondateur du parti d’extrême droite Tehiya (Renouveau) juge que la thèse d’un coup d’État est possible, seulement en cas
de trouble grave à l’ordre public, son confrère, le député travailliste Shevah Weiss, en revanche n’écarte pas tout à fait cette possibilité, dans l’hypothèse d’un conflit ouvert avec
la droite messianique au vu de ses revendications sur la Cisjordanie : «Maintenant, je
suis dans l’embarras, et j’incline de plus en plus à croire que ce qui autrefois était pour moi invraisemblable dévient aujourd’hui une éventualité envisageable», avance t-il
prudemment.
Le général Matti Peled, abonde également dans ce sens tout en nuançant le propos, il considère en effet que le danger qui guette «la démocratie
électorale israélienne»1 réside
moins dans l’éventualité d’un coup d’État militaire, que l’instauration d’un cabinet d’urgence qui confisque tous les pouvoirs au nom des intérêts suprêmes de la nation. Un coup
d’État légaliste, tient-il à préciser.
Expert en sciences politiques à l’université de Tel-Aviv, M. Yoram Peri (travailliste) juge que l’armée israélienne n’est pas une institution qui se
situe en dehors du champ politique, soumise à un devoir de réserve et de discrétion, elle entretient au contraire des liens étroits avec l’appareil des partis, dans le cadre d’une
collaboration politico-militaire active. Si la situation sécuritaire se détériore, l’armée se positionnera en faveur du gouvernement.
Directeur du département d’histoire de l’université de Tel-Aviv, le professeur Shlomo Ben-Ami regrette amèrement la fragilité de la démocratie, en
l’absence de contre pouvoirs. La législation accorde fait la part belle aux lois d’urgence,de là à les appliquer, il y a qu’un pas. «Tout est légal
dans l’État d’Israël. Il ne faut pas envoyer les chars dans les rues. Cette situation existe déjà dans les territoires occupés, et il n’est pas très difficile de l’instaurer en
Israël».
Le professeur Weiss est beaucoup plus explicite : «Plus d’un million
d’âmes (les Palestiniens) vivent depuis dix-sept ans déjà sous un régime militaire. Il n’est pas difficile d’appliquer les mêmes normes à trois millions de personnes de plus».
Des lois d’urgences répétées au fascisme, il y a qu’un pas (lire Agamben).
Les bruits de bottes, laissant présager l’imminence d’un coup d’État à Medinat
Yisrael font souvent les gros titres.
Dans un article intitulé «Risque de putsch
en Israël ?» et publié dans les colonnes de l’Humanité en
date du 17 octobre 1996, le Pr Zeev Maoz, un expert israélien des questions de défense, n’écarte pas l’hypothèse d’un coup d’État militaire en raison de l’entêtement du Premier
ministre Benyamin Netanyahou qui marginalise selon lui, la majorité des officiers supérieurs, pour leur prétendue sensibilité de gauche : «Si nous sommes
confrontés à une crise internationale alors que la confiance fait défaut entre les échelons politiques et militaires, il y aura de bonnes raisons de s’inquiéter», confie-il
à Haaretz et
d’ajouter : «Les militaires
sont privés de la possibilité d’influer sur la situation par le jeu politique, aussi la probabilité d’un putsch – action naturellement illégale – devient-elle à leurs yeux de plus en
plus séduisante(…)».
Les officiers supérieurs sont impliqués dans les grandes décisions depuis la création de l’État juif, en 1948, et nombre d’entre eux, comme Moshe Dayan
et Yitzhak Rabin, ont effectué des carrières politiques de premier plan. Le cabinet de Benyamin Netanyahou comprend lui-même quatre généraux en retraite. Le chef du Likoud accuse ses
prédécesseurs travaillistes d’avoir politisé à outrance l’armée en l’associant directement aux négociations avec les voisins arabes de l’État juif. Le maire de Haïfa, le général de
réserve Amram Mitzna, a confirmé le fossé grandissant de méfiance entre politiques et militaires et souligné qu’il créait une «situation intenable».
Les choses sont-elles différentes aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr
L’attaque du Hamas en ce jour du 7
octobre, 50 ans quasiment jour pour jour après la guerre du Kippour, intervient dans un contexte agité comme pour mieux accentuer des clivages préexistants, et affecter
irrémédiablement le semblant
de cohésion au sein de la société israélienne.
État spoliateur, né d’un viol, Israël est un miracle sociologique en raison de son assemblage hétéroclite hasardeux qui comporte en lui les germes de sa
propre décadence. Tiraillé par des dissensions tant structurelles comme cela a été mis en évidence plus haut que conjoncturelles, beaucoup d’observateurs spéculent sur sa dissolution
imminente :
• En
2018, la Knesset a adopté une nouvelle loi fondamentale : «Israël, État-nation du peuple juif». Ce texte prescrit au risque de faire voler en éclat le tissu social déjà mis à rude
épreuve que «le droit
d’exercer l’auto-détermination au sein de l’État d’Israël est réservé uniquement au peuple juif» et assimile le développement de l’implantation juive comme une valeur
nationale…
• Tout
au long de l’année 2023 et jusqu’à la date fatidique du 7 octobre, des centaines de milliers d’Israéliens battaient le pavé tous les samedis soir boulevard Kaplan à Tel-Aviv contre un
projet de réforme controversé du système judiciaire qui réduit sensiblement le pouvoir des magistrats au profit de l’exécutif.
• «Nous
mourrons plutôt que de nous enrôler» ou encore : «À la Cour suprême
: Nous sommes prêts à aller en prison pour [ne pas aller à] l’armée». Tel est le mot d’ordre en signe de protestation contre les appels insistants à la mobilisation chez les
Haredim, une faction de juifs ultra-orthodoxes (13% de la population), exemptée jusqu’à ici du service militaire depuis Ben Gourion par se consacrer à l’étude de la Torah.
Devant ces atteintes aux libertés fondamentales dans «la seule démocratie du Moyen-Orient», on est en droit de se demander si Hersi Halevi, le chef
actuel de l’État major ne serait-il pas tenté de renverser la table, endossant à nouveau le rôle de Phinéas, le grand prêtre des juifs, le redresseur des torts ?
Diplômé en administration des affaires et en philosophie de l’université hébraïque de Jérusalem, et formé à la prestigieuse université américaine de la
défense nationale à Washington, Halevi – bien qu’il se rend à la synagogue sans porter la kippa – voit d’un mauvais oeil l’implication directe de Bezalel Smootrich, et
d’Itamar Ben-Gvir,
figures de proue du sionisme religieux dans les questions qui relèvent de la sécurité nationale, ce d’autant plus que tous les deux sont considérés dans les cercles fermés, comme
des jobnik,
autrement dit sans réelle expérience au combat, dans un contexte où Israël est embarqué simultanément sur cinq
théâtres d’opérations.
«Il y a un temps
pour la paix et un temps pour la guerre», a martelé Netanyahou, citant un passage de la bible. N’a t-il pas promis au milieu des années 90 au rabbi Mendel Schneerson de hâter la
venue du Messie quitte à sacrifier ses concitoyens ?
Les divergences entre civils et militaires s’affichent à présent au grand jour que de nombreuses voix s’élèvent pour évoquer une possible guerre civile
avec des références explicites à L’Altalena, un bateau affrété par l’Irgoun et envoyé par le fond sur ordre de Ben Gourion au cours d’un événement tragique qui matérialisa les
scissions au sein du jeune État indépendant d’Israël.
L’écrivain israélien Amos Kenan avait envisagé les prémices d’une prise de pouvoir par la force des armes. Le roman Ein
Harod est dédié à Amos Kenan, le père de l’auteur, et est tiré du nom d’un village collectiviste, d’inspiration socialiste initialement avant le virage liberal des années 90,
qui a dévoyé la vocation révolutionnaire des premiers kibboutzim.
«Un combattant
palestinien et un résistant israélien, fuyant après un coup d’État militaire, se trouvent contraints de marcher ensemble, à travers le pays, dont chacun conteste à l’autre la moindre
parcelle. Le roman est écrit dans un hébreu littéraire moderne».
La Cour internationale de Justice vient de rendre une autre décision historique concernant l’occupation illégale de la Palestine par Israël qui, à en
juger par la réaction furieuse de Netanyahou, doit vraiment faire mal. Alors, jetons un coup d’œil à cela. L’avis consultatif : https://www.icj-cij.org/sites/default
Avant d’entrer dans la décision de la Cour internationale de Justice (ou la CIJ comme je l’appellerai dorénavant), clarifions ce dont il s’agit ici.
Car, bien qu’il s’agisse d’une décision très significative qui a dû être dûment votée par les 15 juges de la cour, ce n’est pas un jugement exécutoire sur une affaire concrète portée
devant la CIJ par un membre de l’ONU, comme le cas de l’Afrique du Sud contre Israël. Il n’y a pas de verdict de «culpabilité» ou de punition attachée à celle-ci. Ce que la cour a
produit est un soi-disant «avis consultatif» sur une question juridique que l’Assemblée générale de l’ONU lui a demandé de produire.
Pourquoi l’Assemblée a-t-elle fait cela ? Eh bien, les avis consultatifs de la CIJ sont les interprétations les plus autoritaires du droit international
que vous puissiez obtenir. Cela signifie que les 15 avocats de la cour et leurs équipes ont étudié une certaine question juridique pendant des mois et des années, puis ont rendu un
jugement au sens d’une «super opinion d’expert» sur la question.
Dans la pratique du droit international, ces avis deviennent alors des «sources de droit», qui peuvent elles-mêmes servir à plusieurs fins : 1. Ils
peuvent servir de base à de futurs verdicts sur des questions concrètes si les membres décident de se traîner devant la cour. 2. Ils peuvent informer les membres de l’ONU à
l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité de ce que dit réellement la loi, ce qui facilite la défense ou l’opposition aux résolutions qui pourraient être proposées. Ce que nous
pouvons nous attendre à voir dans ce cas. L’Assemblée générale créera certainement à l’avenir des résolutions qui seront basées sur ce verdict.
La deuxième chose à noter est que bien qu’Israël «rejette» vigoureusement la décision et ne modifiera certainement pas son comportement. C’est un grand
revers pour le projet sioniste.
Vous voyez, le droit international n’est pas comme le droit national. Il n’est pas exécutoire de la même manière que le droit national. Il ne se forme
pas non plus de la même manière que le droit national. Le droit national est (généralement) fait par des organes législatifs, (généralement) appelés parlements. Ce sont des règles
plus ou moins concrètes qui sont ensuite utilisées par la machine étatique pour structurer la vie sociale à l’intérieur d’un pays.
Le droit international ne fonctionne pas comme cela, car il n’y a pas de parlement mondial avec la même force sur tout le monde. L’Assemblée générale de
l’ONU peut ressembler un peu à un parlement mais ce n’est vraiment pas le même type d’institution. Le droit international représente avant tout la «volonté collective générale» de la
communauté internationale telle qu’exprimée à travers des traités, des déclarations, des coutumes et des avis d’experts.
Donc, ce que signifie ce verdict, c’est une autre instance de «le monde» ne reconnaissant pas les revendications d’Israël sur les terres palestiniennes.
Bien sûr, Israël est en colère maintenant et dit, littéralement, «Le peuple d’Israël n’est pas des occupants sur sa propre terre et dans sa capitale éternelle, Jérusalem» – c’est en
fait une déclaration assez utile, car c’est exactement le cœur du problème. Le verdict signifie que le monde ne reconnaît pas précisément cette revendication, à savoir qu’Israël, en
vertu du fait que des juifs ont vécu sur ces terres il y a 2000 ans, tire des droits historiques magiques sur la terre. Ce n’est pas un concept de droit international et ne le sera
pas. Et Israël est furieux de ne pas pouvoir imposer sa volonté ici.
Arrêt de la CIJ : L’occupation est illégale, les colonies doivent être évacuées et les Palestiniens indemnisés
La Cour internationale de Justice a déclaré que l’occupation par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est était illégale, que les colonies devaient être évacuées et que les
Palestiniens devaient être indemnisés et autorisés à retourner sur leurs terres.
Dans un avis
consultatif cinglant qui ne manquera pas de serrer la vis juridique à Israël et de mettre ses alliés occidentaux dans une situation délicate, l’organe judiciaire suprême du
monde a déclaré aujourd’hui que l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est par Israël, qui durent depuis 57 ans, sont illégales, qu’elles doivent cesser,
que les colonies doivent être évacuées et que les Palestiniens, privés de leur droit inaliénable à l’autodétermination, doivent être indemnisés pour les pertes subies et autorisés à
retourner sur leurs terres.
«L’abus continu
par Israël de sa position de puissance occupante, par l’annexion et l’affirmation d’un contrôle permanent sur le territoire palestinien occupé et la frustration continue du droit du
peuple palestinien à l’autodétermination, viole les principes fondamentaux du droit international et rend illégale la présence d’Israël dans le territoire palestinien occupé», a
déclaré le président de la Cour libanaise, Nawaf Salam, devant les chambres combles de la Cour au Palais de la Paix à La Haye.
Le juge Nawaf a ajouté, en lisant l’avis
consultatif de 83 pages de la CIJ, que la communauté internationale est tenue de ne pas reconnaître comme légaux les actes internationalement illicites commis par Israël au
cours de son occupation prolongée, et de ne pas prêter aide et assistance à la poursuite de ces actes.
Les neuf clauses du dispositif de l’avis consultatif ont été adoptées par une majorité écrasante des 15 juges de la Cour.
Contrairement à l’ordonnance de mesures conservatoires rendue le 26 janvier par la CIJ à l’encontre d’Israël, en réponse à la requête déposée par
l’Afrique du Sud au titre de la convention sur le génocide, les avis consultatifs de l’organe judiciaire suprême des Nations unies ne sont pas contraignants.
Les avis consultatifs de l’organe judiciaire suprême des Nations unies ne sont pas contraignants, mais ils constituent l’expression la plus autorisée du
droit international et ont un poids politique énorme.
En déclarant illégale l’occupation des territoires palestiniens par Israël, la Cour va bien au-delà de son arrêt de 2004 sur le mur de séparation
israélien. Cet avis déclarait simplement que la barrière était illégale et constituait un obstacle au droit du peuple palestinien à l’autodétermination. Israël n’en a aucunement tenu
compte et ses alliés occidentaux se sont abstenus de l’appliquer.
Dans l’avis consultatif rendu aujourd’hui, la Cour réaffirme l’illégalité de la colonisation israélienne au regard de la quatrième convention de Genève
et confirme l’applicabilité de la quatrième convention de Genève, des deux pactes relatifs aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et de la convention sur
l’élimination de la discrimination raciale (CERD) en dehors du territoire internationalement reconnu d’Israël (Israël nie qu’ils s’appliquent).
Passant outre les conséquences juridiques de l’assaut israélien sur Gaza (jugé plausiblement génocidaire dans ses ordonnances de mesures provisoires
entièrement différentes à l’encontre d’Israël), la Cour a confirmé que le statut de Gaza en tant que partie intégrante des territoires occupés – et le statut d’Israël en tant que
puissance occupante – ont précédé les événements du 7
octobre.
Requête de
l’Assemblée générale des Nations unies
L’arrêt d’aujourd’hui est la réponse de la Cour à une demande d’avis consultatif sur les «Conséquences
juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est», et sur la manière dont ces politiques et pratiques
affectent le «statut
juridique» de l’occupation israélienne, dont l’Assemblée générale des Nations unies l’a saisie à la fin de l’année dernière, dans une résolution qu’Israël et ses alliés
occidentaux ont remué ciel et terre pour écarter.
Dans sa lettre à la CIJ l’informant de la demande d’avis consultatif, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé à la CIJ de
se pencher sur «la violation
permanente par Israël du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, du fait de son occupation prolongée, de la colonisation et de l’annexion du territoire palestinien occupé
depuis 1967 (…) et de l’adoption d’une législation et de mesures discriminatoires connexes».
La référence à la «législation et
aux mesures discriminatoires» dans la demande d’avis consultatif de l’Assemblée générale ouvrait la porte à la Cour pour qu’elle se prononce sur la question de l’apartheid israélien.
Et c’est ce qu’elle a fait, en citant de manière cruciale l’article 3 de la Convention de 1965 sur l’élimination de la discrimination raciale et de
l’apartheid (CERD), dans lequel l’apartheid est spécifiquement interdit – la première interdiction de ce type, antérieure à la Convention de 1976 sur l’apartheid.
«La Cour observe
que la législation et les mesures prises par Israël imposent et servent à maintenir une séparation quasi complète en Cisjordanie et à Jérusalem-Est entre les communautés de colons et
les communautés palestiniennes», indique l’avis consultatif d’aujourd’hui. «Pour cette
raison, la Cour considère que la législation et les mesures d’Israël constituent une violation de l’article 3 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale».
«Je pense que la
conclusion d’une violation de l’article 3 est extrêmement importante», a déclaré le juriste irlandais David Keane à Mondoweiss à
la suite de l’arrêt.
Cependant, Keane souligne qu’une violation de l’article 3 peut se référer à la ségrégation raciale ou à l’apartheid, ou aux deux. Plusieurs juges ont
évoqué la violation de l’article 3 dans des déclarations individuelles, sans spécifier l’apartheid.
Le juge sud-africain Dire Tladi l’a fait.
«J’interprète
cette conclusion comme une acceptation du fait que les politiques et les pratiques d’Israël constituent une violation de l’interdiction de l’apartheid», a écrit le juge
Tladi.
«Je peux
comprendre qu’il y ait une certaine réticence à qualifier d’apartheid les politiques d’Israël dans le TPO.
Je soupçonne que la principale raison de cette hésitation est qu’à ce jour, seules les politiques du gouvernement sud-africain d’avant 1994 en Afrique du Sud et ailleurs en Afrique
australe ont été qualifiées d’apartheid … [Il] est difficile de ne pas voir que les politiques, la législation et les pratiques israéliennes impliquent une discrimination généralisée
contre les Palestiniens dans presque tous les aspects de la vie, comme c’était le cas dans l’Afrique du Sud de l’apartheid».
La décision de la Cour sur l’article 3 de la CERD, bien que nuancée, arrive à un moment opportun. Depuis six ans, le comité CERD examine une «plainte
interétatique» déposée par la Palestine à l’encontre d’Israël, affirmant que ce dernier enfreint l’article 3. La plainte est en mode «conciliation» depuis plus d’un an. Israël a
refusé d’y participer.
La référence d’aujourd’hui à une violation de l’article 3 promet d’accélérer le processus du CERD. «L’avis
consultatif fournit au CERD une plate-forme pour prendre une décision individuelle sur la question de l’apartheid», a déclaré David Keane à Mondoweiss.
Réponse rapide de
la CIJ
Compte tenu de la complexité des questions posées par l’Assemblée générale des Nations unies, la CIJ a réagi rapidement.
Début janvier, le secrétaire général des Nations unies, Guterres, a remis à la Cour 15 000
pages de rapports et de résolutions de l’ONU, documentant l’ensemble des pratiques israéliennes au cours des 57 années d’occupation militaire israélienne.
Les violations du droit international commises par Israël sont importantes et flagrantes, a-t-on déclaré à la Cour suprême des Nations unies, dans des
plaidoiries et des déclarations écrites déposées par 57 États membres des Nations unies et trois organisations – la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique
et l’Union africaine -, soit le plus grand nombre de personnes ayant jamais plaidé une affaire devant la CIJ.
La question centrale posée à la Cour est la suivante : La présence d’Israël dans le TPO a-t-elle franchi la limite entre l’occupation légale, telle que
définie et réglementée par les conventions de La Haye de 1907 et de Genève de 1949, et «l’acquisition
inadmissible de territoire par la guerre», c’est-à-dire l’annexion ?
Oui, ont affirmé ces dernières années un nombre croissant d’autorités juridiques.
Dans un rapport de l’automne 2017 au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le rapporteur spécial de l’époque, Michael Lynk, a proposé un test en
quatre parties pour la légalité d’une occupation.
Israël a échoué, a déclaré Lynk :
a) en annexant des parties du territoire qu’il a occupé en juin 1967 (Jérusalem-Est et les hauteurs du Golan) ;
b) en ne restituant pas le territoire à la souveraineté palestinienne dans un délai raisonnable ;
c) en n’agissant pas dans l’intérêt supérieur du peuple palestinien (désigné par la quatrième Convention de Genève comme un «peuple
protégé») ;
et en n’agissant pas de bonne foi, «en pleine
conformité avec ses devoirs et obligations en vertu du droit international», et en tant qu’État membre de l’ONU.
En outre, comme l’ont fait valoir Lynk et d’autres devant la CIJ en février dernier, la CIJ a établi un précédent en la matière.
Dans son avis de 1971 sur la présence continue de l’Afrique du Sud en Namibie (Sud-Ouest africain), la Cour a statué que l’Afrique du Sud avait
«abusé
des termes de sa tutelle», que son occupation était donc «illégale» et
que le régime de l’apartheid était tenu de «retirer
immédiatement son administration de Namibie et de mettre ainsi fin à son occupation du territoire».
N’ayant pas réussi à empêcher l’adoption d’un avis consultatif à l’ONU, les alliés d’Israël avaient demandé à la Cour de refuser d’en rendre un, même si
la demande était recevable et relevait de la compétence de la Cour ; cela risquerait d’entraver le «processus de paix», un différend bilatéral mieux résolu par les parties elles-mêmes
; si la Cour rendait un avis, elle devrait le formuler de la manière la plus étroite possible, en prenant ses distances par rapport à des causes profondes et complexes, remontant à un
siècle, fondées sur plus de 15 000 pages de documents qui lui ont été fournis par l’Assemblée générale et que la Cour n’a pas la capacité d’évaluer.
La Cour a rejeté ces arguments dans son arrêt d’aujourd’hui.
Tout en continuant à rechercher une solution juste et pacifique à ce qu’il est convenu d’appeler le «conflit», la CIJ a statué aujourd’hui que la
communauté internationale devait tenir Israël pour responsable de ses actes illicites.
Les «modalités
précises pour mettre fin à la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé est une question qui doit être traitée par l’Assemblée générale, qui a demandé cet avis,
ainsi que par le Conseil de sécurité», indique l’avis consultatif d’aujourd’hui. «Il appartient à
l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité d’examiner les nouvelles mesures à prendre pour mettre fin à la présence illégale d’Israël, en tenant compte du présent avis
consultatif».
Cependant, l’avis consultatif d’aujourd’hui souligne que «tous les États
ont l’obligation de ne pas reconnaître comme légale la situation résultant de la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé. Ils sont également tenus de ne pas
prêter aide ou assistance au maintien de la situation créée par la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé. Il appartient à tous les États, dans le respect de
la Charte des Nations unies et du droit international, de veiller à ce qu’il soit mis fin à tout obstacle résultant de la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien
occupé à l’exercice par le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination».
Un
arrêt historique
«Je pense qu’il
s’agit d’une décision historique», déclare Julia Pinzauti, juriste à l’université de Leiden, qui donne un cours sur la CIJ. «Et compte tenu de
l’illégalité flagrante des pratiques israéliennes, je pense que la CIJ n’aurait pas pu parvenir à une autre conclusion», a déclaré Mme Pinzauti à Mondoweiss.
«C’est
l’aboutissement d’années et d’années de travail, en particulier de la part des organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme», explique Pinzauti.
«En fin de compte,
c’est aux États tiers et aux organisations internationales qu’il revient de décider si ces décisions feront une différence en termes de cessation d’une occupation illégale, de
préservation de vies humaines et d’élimination de l’apartheid et des pratiques et mesures discriminatoires qui entravent le droit du peuple palestinien à
l’autodétermination».
L’ancien rapporteur spécial de l’ONU, Michael Lynk, avait déclaré à Mondoweiss,
quelques jours avant la décision, qu’il s’agirait désormais d’une pièce maîtresse de pratiquement toutes les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil des droits de
l’homme.
«Le mot «illégal»
sera désormais placé devant le mot «occupation»», a déclaré Lynk. La guerre d’Israël contre Gaza a renforcé l’isolement d’Israël, explique Lynk. «Un tel arrêt de
la Cour internationale de justice ne fera, je pense, qu’accélérer cet isolement».
La Cour internationale de Justice a tranché. À 14 voix contre 1 elle a exigé vendredi qu’Israël mette fin à l’occupation le plus rapidement possible,
une occupation que le tribunal juge illégale.
«Lorsque les juges
arrivent à cette conclusion et exigent qu’Israël paie des réparations aux Palestiniens, Israël peut défier, ignorer, ridiculiser et attaquer l’opinion autant qu’il veut. Mais cela
donne raison à de nombreux pays – ennemis et amis, détracteurs et partisans», commente Haaretz, le
quotidien israélien.
Les points clés de l’avis de la CIJ :
La présence continue d’Israël dans les territoires palestiniens occupés est considérée comme illégale. Israël doit mettre fin à sa présence dans les
territoires occupés dès que possible.
Israël devrait immédiatement cesser l’expansion des colonies et évacuer tous les colons des zones occupées.
Israël est tenu de réparer les dommages causés à la population locale et légale dans les territoires palestiniens.
La communauté et les organisations internationales ont le devoir de ne pas reconnaître la présence israélienne dans les territoires comme légale et
d’éviter de soutenir son maintien.
L’ONU devrait réfléchir aux actions nécessaires pour mettre fin le plus rapidement possible à la présence israélienne dans les territoires.
Le tribunal a déclaré que l’occupation était devenue permanente et s’était transformée en annexion. En fait, la présence totale d’Israël en Cisjordanie
est illégale, a estimé le tribunal. Le tribunal a déclaré que l’occupation constituait de facto une annexion, répondant ainsi à la question centrale à laquelle il était demandé de
répondre.
Il ajoute que l’occupation consiste en «une
discrimination systématique, une ségrégation et» – c’est là le mot redouté – «l’apartheid».
Concernant les colonies, le tribunal a à la fois fait écho et armé l’opinion mondiale. Il a déclaré que les colonies sont «illégales et en
violation du droit international».
Le tribunal a rendu sa décision sous forme d’avis juridique sur saisine des Nations unies, à qui il fournit des avis sur demande dans le cadre de son
mandat. En tant que telle, la décision n’est pas juridiquement contraignante, et même si elle est renvoyée par l’Assemblée générale au Conseil de sécurité pour application, on peut
s’attendre à un veto américain.
Des conséquences politiques substantielles
«Pourtant,
souligne Haaretz, cette décision entraîne des conséquences politiques substantielles, en particulier dans le contexte de la guerre à Gaza et de l’opinion mondiale cruciale quant à la
poursuite de la guerre par Israël. Cet avis sape encore davantage les arguments fondamentaux d’Israël sur la nature de ses relations avec la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Certains pays,
banques, fonds de pension et sociétés multinationales pourraient utiliser cet avis pour étendre les sanctions contre les individus, les colonies, les organisations et les entreprises
israéliennes.
Plus inquiétant
encore pour Israël, la décision de la Cour aura forcément un effet sur la Cour pénale internationale, la cour sœur de La Haye qui examine de nouvelles accusations de génocide et de
crimes de guerre contre Israël. Elle pourrait émettre des mandats d’arrêt contre d’autres responsables que le Premier ministre et le ministre de la Défense.
La Cour a
essentiellement doté les pays, les institutions et les entreprises de justifications raisonnées, non seulement pour réprimander Israël, mais aussi pour le pénaliser. Personne ne pense
que cette décision déclenchera une refonte politique ou un réveil politique. Mais les pontifications, les condamnations et les moqueries instinctives en Israël sont tout aussi
irréalisables. Le monde entier a peut-être tort, bien sûr, mais l’ignorer n’est pas une attitude politique ou morale possible».
Netanyahou bientôt reçu au Congrès US ? Ce sera déterminant pour la succession dans ce pays et l’invasion du Liban
Source : RzO Voltaire - Le 03/07/2024- par Alfredo
Jalife-Rahme
La réception du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, par une session jointe du
Congrès US, n’est pas une simple opération contre le président Joe Biden, c’est aussi un appui à la majorité parlementaire israélienne dans sa continuation du massacre à Gaza. En outre, compte
tenu du forcing de Netanyahu pour entrer en guerre contre le Hezbollah, impliquer l’Iran, faire intervenir les États-Unis, ce sera un pas de plus dans la stratégie d’atomisation de la
Perse.
En 2015 déjà, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’était imposé au Congrès contre l’avis du président de l’époque, Barack Obama. Il avait
placé les secrétaires de son ambassade dans les travées de la salle pour noter les parlementaires qui ne l’applaudissaient pas et qui ne pourraient donc pas compter sur son aide intéressée pour
leur réélection.
Après la débâcle de Joe Biden dans son débat désastreux face à Donald Trump, et en attendant le deuxième tour des élections en Iran, la présence controversée du
premier ministre Benjamin Netanyahu le 24 juillet prochain au Congrès US a déclenché une vague de commentaires intenses, qui, surtout en provenance des groupes de compatriotes à l’intérieur et à
l’extérieur d’Israël, soulignent la prédisposition du premier ministre en faveur de Trump, tandis que les groupes pro-Biden/démocrates fustigent sa présence indésirable. L’élection des États-Unis
est-elle entre les mains de Netanyahou et de l’AIPAC, le puissant lobby israélo-états-unien ?
Le Comité pour les affaires publiques sioniste-américain (AZCPA) s’est introduit au sein de l’AIPAC, le groupe de pression qui exerce une forte influence sur les
pouvoirs exécutif et législatif des États-Unis. Il est considéré comme le plus puissant groupe de pression de la pléthore d’organisations pro-israéliennes aux États-Unis. L’AIPAC se vante de
représenter « plus de 3 millions (sic) d’États-uniens pro-Israël dans chaque district du Congrès pour renforcer le soutien bipartisan dans la relation des USA avec Israël ». Le comité
s’auto-évalue comme le « plus grand lobby pro-israélien » , celui qui offre le plus de ressources (sic) directement aux candidats : 98 % des candidats qu’il soutient ont
gagné les élections générales en 2022 !
Ses énormes revenus, sans compter les dons déductibles d’impôts des financiers khazars de Wall Street s’élevaient à 473,5 millions de dollars en 2022. Le
portail israélien Forward a indiqué qu’à partir du 7 octobre, date emblématique de l’attaque du Hamas contre Israël, l’AIPAC a recueilli
90 millions de dollars dont « une grande partie est destinée à ce jour aux élections de 2024 [1] ». Le journal anti-Netanyahu Haaretz explique la puissance de l’AIPAC aux États-Unis, dont le « groupe collecteur aura un rôle décisif dans les élections de 2024 [2] ». Il ne faut pas sous-estimer la
toute-puissance décisive de l’AIPAC qui, outre qu’il apporte du lubrifiant à une pléiade de législateurs américains, vient d’infliger une douloureuse défaite dans son fief new-yorkais au
représentant Jamaal Bowman, membre du groupe progressiste et pro-palestinien Squad, dirigé par la jeune Alexandria Ocasio-Cortez [3], grâce aux dons sionistes massifs de ceux qui
cherchent maintenant d’autres têtes électorales à décapiter [4].
Le portail Jacobin affirme que la défaite de Bowman par l’AIPAC masque paradoxalement « sa
faiblesse » [5]. Même le Financial Times commente le déploiement des plans de guerre du Premier ministre Netanyahu dans son interview autiste sur la chaîne 14, proche des zélotes
du cabinet, Ben Gvir et Smotrich, pour un « été de conflits [6] ». Le Réseau Voltaire, en France, a déjà
expliqué [7] que lesÉtats-uno-Israéliens à la double
nationalité condamnent la prochaine visite de Netanyahou à Washington. Le Groupe UnXeptable de Californie a lancé une campagne contre la présence de Netanyahou au Congrès le 24 juillet
prochain ; à mon avis, ce sera déterminant pour l’ invasion prévue au Liban.
Selon le Réseau Voltaire. [8], une pléiade de personnalités israéliennes
condamnent aussi sur le New York Times la visite annoncée : David Harel, président de l’Académie des sciences d’Israël ; Tamir
Pardo, ancien chef du Mossad israélien ; Ehud Barak, ancien premier ministre d’Israël ; Aaron Ciechanoveret, prix Nobel de chimie ; ou encore le romancier et essayiste David
Grossman, etc. Avant la débâcle de Biden, la Maison-Blanche ne cachait pas ses craintes quant à la présence de Netanyahu au Congrès : « personne ne sait ce qu’il va dire [9] ».
John Mearsheimer, professeur à l’Université de Chicago, a évoqué le pouvoir inconcevable du lobby israélien aux
États-Unis [10] qui est devenu, à mon avis, un État au sein de l’État.
Le verdict est sans appel: dans la guerre la plus longue qu’il a dû mener, l’Etat d’Israël est en train de perdre. Ce sont des responsables militaires et du renseignement qui le disent désormais
publiquement. Bien entendu, les politiques sont, comme ailleurs en Occident, dans le déni de réalité.
Le commandement de l’armée israélienne fait pression en privé pour un cessez-le-feu complet à Gaza, comme le rapporte The Cradle, dont nous
recommandons l’article sur le sujet. Les militaires voient désormais un cessez-le-feu…
…comme le “meilleur moyen” de récupérer plus de 100 captifs et de “conclure un accord avec le Hezbollah” qui empêcherait l’extension de la guerre, selon six responsables actuels et anciens de
la sécurité qui ont parlé au New
York Times (NYT) sous le couvert de l’anonymat.
The
Cradle, 2 juillet 2024
L’armée israélienne manque de munitions, d’hommes, de motivation
Le tableau est terrible après neuf mois de combat :
Les généraux craignent d’être entraînés dans une “guerre éternelle” par un échelon politique qui a saboté à
plusieurs reprises les tentatives de
parvenir à un accord de cessez-le-feu. Selon les responsables qui ont parlé au NYT, “l’armée manque de pièces détachées, de munitions, de motivation et même de
troupes”.
“Les généraux pensent également que leurs forces ont besoin de temps pour récupérer au cas où une guerre terrestre éclaterait contre le Hezbollah”, souligne le
rapport.
“Les réservistes sont
moins nombreux à se présenter au travail (…) [et] les officiers se méfient de plus en plus de leurs commandants”, ont déclaré les responsables, ajoutant que certains chars à Gaza “ne sont pas
chargés avec la pleine capacité des obus qu’ils transportent habituellement” dans le but d’économiser les réserves de munitions.
The
Cradle, 2 juillet 2024
Vers une rébellion contre Netanyahu?
Le divorce est consommé entre le Premier ministre israélien et le commandement de Tsahal :
Ces dernières semaines, des membres éminents des services de sécurité israéliens se sont publiquement exprimés contre l’objectif déclaré du gouvernement de “détruire le Hamas” à Gaza avant
que la guerre génocidaire ne s’arrête.
“Cette idée de détruire le Hamas, de le faire disparaître, c’est simplement jeter du sable dans les yeux du public. Le Hamas est une idée, le Hamas est un parti. Il est ancré dans le cœur des
gens – quiconque pense que nous pouvons éliminer le Hamas se trompe”, a déclaré Daniel Hagari ,
porte-parole de l’armée, le 19 juin.
Ses propos ont été repris plus tard par le chef du Conseil de sécurité nationale , Tzachi Hanegbi, qui
a déclaré : “Nous ne pouvons pas nous débarrasser du Hamas en tant qu’idée, nous avons besoin d’une idée alternative”.
“L’armée est tout à fait favorable à un accord sur les otages et à un cessez-le-feu”, a déclaré Eyal Hulata, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Israël, au NYT.
“Ils comprennent qu’une pause à Gaza rend la désescalade plus probable au Liban. Et ils ont moins de munitions, moins de pièces détachées, moins d’énergie qu’auparavant – ils pensent
donc aussi qu’une pause à Gaza nous donne plus de temps pour nous préparer au cas où une guerre plus importante éclaterait avec le Hezbollah”.
The
Cradle, 2 juillet 2024
“Maintenir le Hamas au pouvoir est l’option la moins mauvaise pour Israël…”
Vous lisez bien:
Selon le rapport, les responsables sont également d’accord pour dire que “maintenir le Hamas au pouvoir pour l’instant en échange de la récupération des otages [est] l’option la moins pire
pour Israël”.
Ces révélations interviennent alors que Tel-Aviv a annoncé son intention de “réduire” les combats
à Gaza pour redéployer ses forces vers le nord afin de lutter contre le Hezbollah. Néanmoins, un grand nombre de troupes devraient rester à Gaza pendant encore plusieurs mois afin de
contrôler les corridors de Netzarim et de Philadelphie.
Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, majoritaire à la Knesset, mais largement minoritaire parmi ses concitoyens, menace d’attaquer le Liban. Si cette opération est lancée,
l’armée israélienne ne parviendra pas à vaincre seule le Hezbollah. Pour sauver l’État hébreu, Washington sera forcé d’intervenir, mais plutôt que de participer directement à une
guerre effroyable, il pourrait soutenir un coup d’État militaire à Tel-Aviv.
Le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, a rencontré ses homologues d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Bahreïn, des Émirats arabes unis et
de Jordanie. En application des accords signés avec eux, il les a informés qu’Israël attaquerait le Liban, le samedi 22 juin au soir.
La révélation de cette réunion secrète s’est rapidement répandue sur la toile. Diverses sources officielles l’ont confirmé. Au passage, on a appris
qu’un accord entre Tel-Aviv et Riyad avait été conclu. Cette information permet de comprendre pourquoi l’Arabie saoudite a participé, aux côtés de l’alliance occidentale, à la
protection d’Israël lors de la riposte iranienne du 14 avril dernier.
Durant les journées du vendredi 21 et du samedi 22, les chancelleries du monde entier ont bruissé d’informations et de déclarations contradictoires.
António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a déclaré que le conflit israélo-palestinien ne pourrait en aucun cas être résolu par la voie des armes. «Les peuples de la
région et du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un nouveau Gaza (…) Des deux côtés de la Ligne bleue, de nombreuses vies ont déjà été perdues, des dizaines de
milliers de personnes ont été déplacées, et des maisons et des bâtiments ont été détruits (…) Des munitions non explosées (…) constituent une menace supplémentaire pour les habitants
d’Israël et du Liban, ainsi que pour le personnel des Nations unies et le personnel humanitaire (…) Il est temps que les parties s’engagent de manière pratique et pragmatique dans les
voies diplomatiques et politiques qui s’offrent à elles», a-t-il lancé lors d’une conférence de presse.
Mais Israël refuse toute négociation et le Hezbollah, refusant d’abandonner les Palestiniens, a déclaré qu’il ne négocierait pas la délimitation de la
frontière israélo-libanaise tant que le massacre continuera dans la bande de Gaza.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a répondu à Guterres : «Israël ne peut
pas permettre à l’organisation terroriste Hezbollah de continuer à attaquer son territoire et ses citoyens, et nous prendrons bientôt les décisions qui s’imposent. Le monde libre doit
se tenir inconditionnellement aux côtés d’Israël dans sa guerre contre l’axe du mal dirigé par l’Iran et l’islam extrémiste. Notre guerre est aussi votre guerre, et la menace de
Nasrallah contre Chypre n’est qu’un début».1.
Il a annoncé qu’il «prendra bientôt
les décisions nécessaires» sur ce sujet.
Pendant ce temps, les deux camps ont multiplié les escarmouches. Ainsi, Israël a tiré des obus sur Yaroun (caza de Bint Jbeil) et Naqoura (Tyr). Il a
également frappé une zone située entre les localités de Taybé et Deir Seriane (Marjeyoun) à l’aide d’armes au phosphore blanc, déclenchant un incendie dans le secteur. En soirée, deux
attaques consécutives ont frappé la localité de Khiam, dans le même caza. L’aviation israélienne a également mené une attaque dans le quartier Kandouli de Meiss el-Jabal. Le
Hezbollah, quant à lui, a revendiqué au moins quatre attaques au cours de la journée. Il a ciblé le site militaire maritime de Ras Naqoura (qui correspond au site israélien de Rosh
Hanikra, face à Naqoura) «à l’aide de
plusieurs drones suicides, en réponse à une frappe israélienne à Deir Kifa (caza de Tyr)» jeudi, qui avait tué un combattant du Hezbollah. Il a assuré «avoir détruit une
partie du site et fait plusieurs blessés». Il a aussi lancé une autre attaque par drones suicides sur «une base
d’artillerie israélienne» à Za’oura, dans le nord d’Israël, et a effectué des attaques sur les sites israéliens de Rouaissat el-Qarn et Zebdine, situés dans les fermes contestées
de Chebaa, ainsi que sur Sammaka, au niveau des collines de Kfarchouba.
Les États-Unis, qui conseillent à leurs ressortissants, depuis le 29 janvier, de ne plus se rendre au Liban par crainte des enlèvements2,
se sont fait silencieux, tandis que la mission iranienne à l’ONU tweetait : «Toute décision
imprudente du régime d’occupation israélien pour se sauver pourrait plonger la région dans une nouvelle guerre, dont la conséquence serait la destruction des infrastructures du Liban
ainsi que de celle des territoires occupés en 1948. Il ne fait aucun doute que cette guerre aura un grand perdant, à savoir le régime sioniste. Le Mouvement de la Résistance
libanaise, le Hezbollah, a la capacité de se défendre et de défendre le Liban – peut-être que le moment de l’auto-anéantissement de ce régime illégitime est venu».3
En effet, l’équilibre des forces militaires a considérablement changé depuis la guerre israélo-libanaise de 20064.
À l’époque, le Hezbollah était peu expérimenté. Aujourd’hui, il a, au contraire, vécu 12 années de guerre en Syrie contre les djihadistes armés par l’OTAN et protégés par l’armée de
l’Air israélienne5.
Il aurait aujourd’hui 2500 Forces spéciales (Radwan), 20 000 hommes surentraînés, 30 000 réservistes et 50 000 combattants peu expérimentés. Il disposait
de missiles à courte portée. Aujourd’hui, il détient 120 000 projectiles de toutes sortes, dont 150 000 missiles guidés, plusieurs milliers de Zelzal («tremblement
de terre»), d’une portée de plus de 120 kilomètres, et plusieurs centaines de missiles guidés Fateh-110 («Libération-110»)6,
d’une portée de 300 Kilomètres et toujours de dizaines de milliers de missiles à courte portée comme des Fajr-1, de fabrication iranienne, et des Type-107, de fabrication chinoise. Ce
gigantesque arsenal devrait lui permettre de saturer le Dôme de fer et donc de priver Israël de sa défense anti-aérienne7.
S’il ne parvient pas à le saturer, le Hezbollah a déjà montré depuis décembre 2023 qu’il pouvait détruire des éléments du Dôme de fer, le rendant ainsi inopérant. Surtout, il dispose
de missiles sol-air Sayyad-2 (Chasseur-2)
et peut-être de batteries SA-22 Pantsir russes8,
avec les premiers, il a mis fin, le 20 mai dernier, à 76 ans de domination aérienne israélienne. S’il n’est pas certain que le Hezbollah puisse abattre des avions à haute altitude, il
est clair qu’il peut détruire des hélicoptères et des avions à basse altitude. En outre le Hezbollah a acquis toutes sortes de drones, dont des al-Hodhod («Huppe
fasciée») qui se sont infiltrés à Haïfa où ils ont filmé la base navale et l’usine d’armement de RAFAEL (Rafael Advanced Defense Systems Ltd), sans être détectés par les radars
israéliens. Et ce n’est pas fini : il dispose désormais de missiles anti-char AT-14 Kornet russes et Toophan iraniens, de blindés lourds comme des chars T-72, de fabrication
russe. Il dispose encore de missiles sol-mer, tels que des Yakhont russes.
Il ne fait aucun doute que, s’il affrontait seul Israël, sans intervention des États-Unis, le Hezbollah détruirait en quelques jours les Forces de
défense israéliennes (FDI). On ignore ce qu’il adviendrait si le Pentagone devait poursuivre son indéfectible soutien à sa créature.
Dans cette perspective, l’opposition à l’occupation israélienne qui se développe particulièrement chez les jeunes électeurs états-uniens, est un défi.
Pour être réélu, le président Biden doit abandonner Israël. Or, cet abandon signifie la disparition de l’État hébreu. Au contraire, l’entrée en guerre de l’armada états-unienne
provoquerait aussi celle de l’Iran. Mais on sait, depuis le 14 avril, que Téhéran a des missiles hypersoniques, probablement d’origine russe, que les Occidentaux dans leur ensemble
sont incapables d’intercepter.9
Comment la Russie et l’Axe de la Résistance ont-ils pu réaliser de tels progrès en matière d’armement et de science militaire ? Déjà, en 2012, les
services de Renseignement israéliens affirmaient que le Hezbollah avait multiplié par 400 sa capacité de bombardement. Ils ne parlaient alors que de quantité. Aujourd’hui, c’est aussi
de qualité dont il faut avoir conscience10.
Le renversement s’est opéré durant la guerre contre la Syrie. Nous l’avons longuement décrit, mais la presse atlantiste a dénigré nos remarques. En effet, il était indispensable de
convaincre les opinions publiques occidentales que la Syrie était un État faible et que des va-nu-pieds allaient renverser la République. Aujourd’hui, la totalité des armées de l’OTAN
sont en piteux état, à l’exception de la France pour ses capacités atomiques et des États-Unis, non seulement pour ses capacités de dissuasion, mais aussi pour son armement
conventionnel d’avant 1991. Durant 23 ans, l’OTAN s’est transformée en une coalition prétendument «anti-djihadiste», certes forte, mais incapable de livrer une «guerre de haute
intensité».
Prévoyant de détruire les tarmacs des bases militaires aériennes israéliennes, le Hezbollah a anticipé le déplacement des avions des FDI sur les bases
militaires britanniques d’Akrotiri et de Dhekelia à Chypre. Hassan Nasrallah a donc prévenu Nicosie que, s’il laissait des appareils militaires israéliens faire escale sur son sol, il
s’engagerait dans le conflit et devrait en supporter les conséquences.
Depuis le début de l’opération «Épée de fer» (8 octobre 2023), les FDI massacrent en masse, tandis que le Hezbollah prend bien soin de faire le moins de
victimes possible. Alors que 37 000 civils palestiniens ont été tués à Gaza, seulement une quinzaine de soldats israéliens l’ont été par la Résistance libanaise, contre plus
de 300 combattants du Hezbollah par les FDI. Ce bilan asymétrique donne l’impression, au premier abord, qu’Israël est toujours le plus fort, alors, qu’en réalité, il montre que le
Hezbollah tente de repousser une guerre qu’il prévoit terrible.
En 1944, la chute
du IIIe Reich fut brutale sous les coups de l’armée
rouge. En 2024, elle pourrait être aussi brutale
pour l’OTAN.
Le changement d’équilibre des forces a été réalisé. Il n’est plus réversible, ni à court, ni à moyen terme. De ce point de vue, il est stupéfiant de
voir l’OTAN se comporter comme s’il était encore le maître du monde. Cet entêtement fera que sa chute sera d’autant plus douloureuse.
La seule alternative pour les États-Unis et pour Israël serait d’encourager un coup d’État militaire à Tel-Aviv. D’ores et déjà, un millier d’officiers
supérieurs et de sous-officiers se sont réunis dans cette perspective autour du slogan : «Celui qui pense
qu’il y a une manœuvre à Rafah se trompe. Celui qui sait qu’il n’y en a pas et qui dit qu’il y en a, ment !»11.
Ils sont prêts.
On ignore la décision de la Maison-Blanche, mais le plus haut fonctionnaire du département d’État sur ce sujet, Andrew P. Miller, sous-secrétaire d’État
adjoint pour les affaires israélo-palestiniennes, a donné sa démission, le 22 juin. Le département d’État assure que c’est pour une raison personnelle, mais chacun sait qu’il
s’opposait à la stratégie du Bear-Hug «calin
d’ours» du président Joe Biden12.
Il avait mis en œuvre les sanctions contre les suprémacistes juifs.
Attaquer le Liban pour nucléariser l’Iran : Netanyahou va-t-il lancer des bombes nucléaires tactiques (sic) contre le Hezbollah, avec
le soutien des États-Unis ?
La
menace d’agression israélienne contre le Liban est tous les jours plus forte. Pourtant, il ne fait aucun doute que le
Hezbollah dispose de moyens conventionnels bien plus importants que ceux d’Israël.
D’où l’hypothèse que Tel-Aviv pourrait utiliser des bombes atomiques tactiques, telles que celles qu’ils ont déjà été expérimentées
au cours de la guerre saoudienne contre le Yémen.
De nombreuses personnalités israéliennes et états-uniennes l’ont évoquée. En martelant que Washington soutiendrait Israël en cas de guerre totale contre le Liban, les
officiels états-uniens l’ont rendue possible. Les Occidentaux, présents sur place, sont en train d’être priés par leurs ambassades de quitter immédiatement le
pays.
En
novembre dernier, Amichay Eliyahu, ministre du Patrimoine, se proposait d’utiliser des
bombes atomiques tactiques pour en finir avec les arabes de Palestine. Sur le moment,
le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, le démentait et le sanctionnait. Cependant,
on a constaté depuis plusieurs mois que les déclarations les plus extrêmes,
même démenties, n’étaient pas faites par hasard, mais pour préparer
l’opinion publique internationale à ce qui allait suivre.
La frontière entre le nord d’Israël et le sud du Liban est incandescente, les rumeurs d’une invasion imminente de l’armée israélienne pour
pulvériser la guérilla chiite du Hezbollah n’ayant pas été démenties, et les multimédias proches de Joe Biden ne cachant pas le soutien inconditionnel des États-Unis à
l’opération.1
Dans l’interview du juge Napolitano avec le colonel à la retraite Douglas MacGregor (DMG), 77 ans, conseiller du Pentagone sous
l’administration Trump, et actuel commentateur des questions militaires, s’est étendu sur la faisabilité d’une attaque israélienne contre le Hezbollah et, à la minute
19:03, a exhorté de manière menaçante «à ne
pas exclure la possibilité qu’Israël utilise des armes nucléaires tactiques (sic) contre le Hezbollah».2
Il semble bien que plusieurs politiciens israéliens3 et
rabbins4 ainsi
que le pugnace sénateur républicain Lindsey Graham5,
qui a suggéré qu’Israël utilise ses armes nucléaires comme à Hiroshima et Nagasaki6 pour
retrouver sa «force
de dissuasion»7,
vont voir leurs vœux nucléaires exaucés.
DMG a approuvé l’affirmation imprudente du «médiateur» de Biden, le Khazarien Amos Hochstein8,
51 ans, double citoyen états-unien et israélien, né en Israël et ayant servi dans l’armée hébraïque, qui a «averti
les responsables libanais que si le Hezbollah ne cessait pas ses attaques quasi quotidiennes sur le nord, Israël pourrait lancer une attaque limitée (re-sic) avec le
soutien des États-Unis».9
DMG a fait remarquer que l’invasion israélienne coïnciderait avec l’arrivée, du 23 au 25 juin (méga-sic !), du groupe de frappe
embarqué sur le porte-avions états-unien. Il a affirmé que les États-Unis soutiendraient Israël avec leurs satellites, leurs avions, leurs missiles, leur force navale et
l’ensemble de leur système de surveillance et de reconnaissance avec échange de données.
Il a également affirmé que le Hezbollah bénéficierait d’un soutien similaire de la part de l’Iran et qu’en cas d’attaque US contre l’Iran,
la Russie et la Chine n’abandonneraient pas la théocratie chiite.
Tout cela est déjà bien connu depuis que nous avons émis l’hypothèse, dès le début de la guerre d’Israël contre le Hamas, que ce que cherche
réellement Netanyahou est la destruction de l’Iran par les États-Unis.10
DMG estime que la situation au Moyen-Orient est bien plus dangereuse qu’en Ukraine : entraînant bientôt la fermeture du détroit d’Ormuz
– ce qui ferait grimper en flèche le prix du baril de pétrole – et l’explosion intérieure en Égypte et en Turquie, dont les populations ne tolèrent pas le génocide à
Gaza.
DMG a confirmé que le Pakistan – qui possède 170 bombes nucléaires11 –
a proposé de mettre son arsenal à la disposition de la Turquie – deux grandes puissances régionales sunnites – pour rééquilibrer la dissuasion face à Israël.
Par ailleurs, les publications occidentales sous-estiment le nombre réel de bombes nucléaires clandestines d’Israël et, selon les penchants
des uns ou des autres, le situent entre 90 et 400 (méga-sic). À mon avis, le chiffre de 400 bombes nucléaires est plus exact, étant donné que l’ancien président James
Carter avait déclaré il y a longtemps qu’Israël en possédait plus de 300 (sic12).
Pour sa part, la mission diplomatique de l’Iran auprès des Nations unies a mis en garde Israël contre les conséquences d’une guerre totale
contre le groupe de résistance Hezbollah au Liban et a affirmé qu’«Israël
serait le grand perdant».13
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a averti qu’en cas d’invasion israélienne, il se battrait sans règles et sans limites
et a menacé de cibler militairement la partie grecque de Chypre si Israël continuait à utiliser ses aéroports et ses bases à des fins militaires.14
Chaque fois que les deux Khazars Antony Blinken (huit visites), secrétaire d’État, et Amos Hochstein (quatre visites) viennent tenter
d’apaiser à la fois la guerre à Gaza et l’escalade des attaques transfrontalières entre le Hezbollah et Israël, les deux situations délicates s’aggravent.
Jazair Hope a accueilli deux
invités distingués qui ont accepté pour la deuxième fois son invitation : M. Ilan Pappé, qui s’exprime depuis Londres, et M. Vijay Prashad, depuis Santiago, au Chili.
M. Ilan Pappé est un
historien israélien expatrié, activiste social et professeur à l’Université d’Exeter. Il est renommé pour son travail approfondi sur l’histoire du conflit israélo-palestinien et son
plaidoyer en faveur d’une résolution pacifique.
M. Vijay Prashad est
historien et journaliste indien. Il est le directeur exécutif du Tricontinental : Institut de recherche sociale. Il est hautement respecté pour son analyse perspicace des problèmes
sociaux et politiques mondiaux.
Jazair
Hope : Messieurs Pappé et Prashad, je vous remercie vivement de nous rejoindre aujourd’hui. J’attends avec impatience une discussion stimulante et enrichissante.
Monsieur Pappé, si vous souhaitez dire quelques mots d’introduction, je vous en prie.
M. Ilan Pappé
: Merci beaucoup. C’est un grand plaisir d’être à nouveau sur Jazair Hope. Merci beaucoup pour m’avoir invité. Souhaitez-vous que je commence la discussion, ou
devrions-nous d’abord écouter M. Prashad ?
M. Vijay Prashad
: Tout ce que je dirai, c’est que «l’espoir ne meurt jamais». Je trouve que votre slogan, «Jazair Hope Never Sleeps», est très significatif. Malgré la situation horrible
dans laquelle nous vivons dans le monde, le fait d’être des êtres humains nous donne l’optimisme de surmonter tous les obstacles. Les humains sont des êtres créatifs, et cela nous
donne de l’espoir. C’est pour moi un grand plaisir de me retrouver en compagnie de personnes pleines d’espoir et non de haine. Nous sommes dans l’espérance, pas dans la haine.
Hope
JZR : Notre discussion aujourd’hui se concentrera sur les scénarios futurs du conflit israélo-palestinien. Nous examinerons quatre scénarios, analysant leur
probabilité et leurs conséquences potentielles. Les quatre scénarios sont :
Un scénario de solution à deux États
Un scénario où Israël disparaît complètement
Un scénario où Israël annexe tous les territoires palestiniens
Une escalade vers une guerre mondiale
Nous serons également ouverts pour discuter d’autres scénarios potentiels que nos invités pourraient suggérer. Avant de commencer, j’ai partagé avec
notre public un petit sondage que je vais afficher à l’écran, leur demandant de donner leur avis sur la probabilité de chaque scénario. Je prie ceux qui n’ont pas encore voté de le
faire. À la fin de la discussion, nous explorerons leurs opinions.
Hope JZR : M.
Pappé, veuillez nous dire ce que vous pensez du premier scénario, la solution à deux États.
M. Ilan Pappé
: Merci. La solution à deux États est morte depuis très longtemps déjà. Je dis toujours que la solution à deux États est comme un cadavre allongé dans une morgue, mais
on ne nous a pas encore invité aux funérailles. Les intérêts politiques et économiques de nombreuses personnes sont investis dans cette solution, les empêchant d’admettre son échec
total et son «irrelevance» par rapport à la réalité sur le terrain.
Il y a deux dimensions pour analyser «l’irrelevance» de la solution à deux États : morale-idéologique et pratique. Morale et idéologiquement, la
solution à deux États est une idée colonialiste. Elle suggère que le mouvement colonialiste de peuplement qui colonise un pays en Asie de l’Ouest devrait permettre à une partie de la
terre d’être dirigée par les peuples autochtones, non pas avec une pleine souveraineté, mais comme une entité autonome dans une petite partie de la terre colonisée. Cette approche
reflète l’ère de l’apartheid en Afrique du Sud, où l’Afrique du Sud blanche a offert des bantoustans – de petits royaumes destinés à dompter la résistance au système
d’apartheid.
Pratiquement, cette solution est également impossible. La Cisjordanie abrite actuellement 700 000 colons juifs qui représentent une partie significative
de l’électorat israélien. L’idéologie qui considère la Cisjordanie comme faisant partie d’Israël et soutient une colonisation accrue rend la solution à deux États impraticable. De
plus, les Accords d’Oslo de 1993, qui représentent la meilleure offre jamais faite dans le cadre de cette solution, ne contrôlaient que partiellement certaines parties de la
Cisjordanie et excluaient des millions de réfugiés palestiniens et de citoyens d’Israël.
En conclusion, la solution à deux États substitue une forme d’occupation à une autre et perpétue l’impression trompeuse de véritables pourparlers de
paix. Elle ne met pas fin à l’oppression et à la colonisation, mais offre plutôt une façade de progrès tout en maintenant le statu quo.
Hope JZR : Merci,
Monsieur Pappé, la même question pour vous, Monsieur Prashad.
M. Vijay Prashad
: Il n’est pas surprenant que le professeur Pappé et moi partagions la plupart de nos positions. Permettez-moi d’aborder cela sous un angle légèrement différent. Ayant
voyagé en Cisjordanie, à Jérusalem, en Israël et à Gaza, je dois dire que nous parlons d’une toute petite partie de la planète. La Cisjordanie et Jérusalem sont petites, mais elles
ont une immense signification historique et émotionnelle. L’idée d’une solution à deux États est impraticable dès le départ en raison des complexités géographiques et
logistiques.
Aujourd’hui, il est crucial de comprendre que lorsque des gouvernements comme ceux de la Chine et de l’Inde soutiennent la solution à deux États, ils
l’utilisent comme un bouclier pour empêcher l’annexion immédiate de Gaza et de la Cisjordanie. Cette position politique ne vise pas véritablement à soutenir une solution à deux États
mais à maintenir les frontières actuelles pour éviter toute escalade et tout déplacement supplémentaire.
En résumé, alors que la solution à deux États est un concept mythique, le soutien politique actuel vise à empêcher une seconde Nakba. Il est important
de faire la distinction entre ces deux aspects : l’impraticabilité de la solution elle-même et les manœuvres politiques visant à protéger les terres palestiniennes contre toute
annexion future.
Hope JZR : Merci. Il
est clair que la solution à deux États, bien qu’historiquement significative, rencontre de nombreux défis moraux, idéologiques et pratiques. Nous aimerions maintenant explorer le
scénario d’une éventuelle annexion de tous les territoires palestiniens par Israël.
M. Pappé : Que
pensez-vous de la probabilité qu’Israël annexe tous les territoires palestiniens ?
Ilan Pappé : Tout
d’abord, il est important de reconnaître qu’Israël contrôle déjà la totalité de la Palestine historique, bien que cela ne soit pas toujours directement ou selon la loi. Il y a une
annexion de facto en pratique, même si elle n’a pas encore été formalisée par la loi. La possibilité d’une annexion de jure, où elle est déclarée par la loi, est certainement
présente, compte tenu de l’orientation actuelle de la politique israélienne.
La société et la politique israélienne ont beaucoup évolué vers la droite. En Israël, «droite» ne concerne pas seulement le capitalisme versus le
socialisme, mais plutôt une position nationaliste, sioniste et annexionniste concernant la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce qui était autrefois une idée marginale est maintenant
devenu «mainstream» dans la politique israélienne. Il est possible que la Knesset israélienne finisse par adopter des lois pour annexer des parties de la Cisjordanie, en particulier
la zone C, qui représente 60% de la Cisjordanie et est déjà sous contrôle israélien selon les Accords d’Oslo.
La coalition de droite actuellement au pouvoir ne cherche pas seulement à annexer complètement la Cisjordanie, mais aussi la bande de Gaza. Pour eux,
l’annexion inclut le nettoyage ethnique et la dépopulation. Ils considèrent cela comme un acte légitime pour sécuriser l’État d’Israël, sans aucune inhibition morale. Ce scénario doit
être pris très au sérieux. Cependant, ce n’est pas une cause perdue. Nous pouvons et devons galvaniser nos sociétés et nos gouvernements pour éviter un tel acte désastreux, en
cherchant à éviter de vastes expulsions et des effusions de sang potentielles par des moyens pacifiques.
Hope JZR : Merci, M.
Pappé. Monsieur Prashad, voudriez-vous nous faire part de vos opinions sur la probabilité de ce scénario ?
Vijay Prashad : Ce
scénario d’annexion n’est pas nouveau ; il remonte à des décennies. Ariel Sharon, lorsqu’il a rejoint le gouvernement en 1977, a pris la direction du ministère de l’Agriculture pour
se concentrer sur la construction illégale de colonies en Cisjordanie. Ce projet à long terme d’activité de colonisation dépasse largement la simple appropriation de terres – il
s’agit de changer la conscience de la société israélienne. Les colonies ont poussé la société israélienne vers une dérive vers la droite, non seulement parmi les colons, dont beaucoup
sont essentiellement des terroristes, mais à travers toute la société, provoquant des idéologies annexionnistes.
Je crains un scénario où il y aurait une attaque contre le Dôme du Rocher ou la mosquée Al-Aqsa. Un tel événement serait catastrophique et pourrait
mobiliser les gens dans le monde entier dans une frénésie. Ce n’est pas une hypothèse farfelue ; il y a des élus au gouvernement israélien et des prédicateurs évangéliques aux
États-Unis qui en parlent. Nous devons être résolus et lutter contre cette attitude dangereuse.
Le problème de l’annexion n’est pas seulement un problème palestinien, mais aussi un problème israélien. La société israélienne doit affronter son
obsession pour l’idée d’Eretz Israël et l’effacement des Palestiniens. Cette obsession corrompt la vie quotidienne israélienne, et les Israéliens doivent prendre cela très au sérieux.
Il est déjà tard, mais il est encore temps de se réveiller et de traiter ces questions.
Hope JZR : Merci à
vous deux. Il est clair que le scénario de l’annexion par Israël de tous les territoires palestiniens est très préoccupant. Comme l’a souligné M. Pappé, le climat politique actuel en
Israël rend ce scénario possible, tandis que M. Prashad a mis en lumière les implications culturelles et sociétales à long terme d’une telle démarche.
M. Prashad : Je
continue avec vous pour le troisième scénario, qui gagne en crédibilité parmi les géopoliticiens. Ce scénario implique la disparition d’Israël tel qu’il existe actuellement en tant
qu’État. Quels sont les facteurs possibles qui pourraient conduire à ce résultat ? S’agirait-il de pressions intrinsèques au sein de la société israélienne, de pressions mondiales, de
guerre ou d’autres facteurs ?
M. Vijay Prashad
: Franchement, ce scénario n’est pas simplement une spéculation politique. De nombreux politologues préconisent une solution à un État où Israël, en tant qu’État
d’apartheid, cesserait d’exister, laissant place à un État laïque et démocratique avec des droits égaux pour tous. C’est certainement un scénario idéal dans l’abstrait. Cependant, sa
réalisation nécessite un immense changement social et culturel, où les gens commencent à se faire confiance mutuellement et à se voir comme égaux.
Regardez l’Algérie après sa guerre d’indépendance. Il était incroyablement difficile pour les pieds-noirs de rester en Algérie en grand nombre. De même,
après la fin de la domination britannique en Inde, la plupart des Britanniques sont partis. Même en Afrique du Sud, bien que la réconciliation ait été possible, le racisme et les
inégalités sociales persistent. Réaliser une solution à un État en Israël et en Palestine est encore plus difficile, à la fois politiquement et socialement. La droite israélienne est
peu susceptible d’accepter les factions palestiniennes alors qu’ils ne reconnaissent même pas les partis politiques arabes israéliens au sein de leur propre système.
À l’intérieur, bien qu’il y ait des Israéliens qui quittent le pays, cela ne conduit pas à une perte nette significative de population, car d’autres
arrivent. Le caractère de la société pourrait changer radicalement, et pas nécessairement pour le mieux. La lutte pour changer la société israélienne de l’intérieur constitue un
obstacle majeur à toute solution à un État.
Hope JZR : Merci. M.
Pappé, veuillez partager votre perspective sur ce scénario.
M. Ilan Pappé : D’un
point de vue légèrement différent, je crois que nous assistons au début de la fin d’Israël en tant qu’État, non pas en raison de souhaits externes, mais en raison de problèmes
inhérents au projet sioniste. Plusieurs facteurs contribuent à cette implosion interne.
L’attaque du Hamas le 7 octobre a agi comme un séisme, révélant et prolongeant les fissures existantes au sein de la société israélienne. Ces fissures
sont maintenant si importantes qu’elles menacent l’effondrement de l’État. Israël n’est pas unique face à un tel destin ; d’autres États de la région, comme la Syrie, le Liban, la
Libye, le Yémen et l’Irak, connaissent une désintégration ou une instabilité grave.
Un facteur majeur est la division interne entre juifs séculiers et religieux en Israël. Malgré les menaces externes, cette division s’approfondit,
conduisant à une sorte de guerre civile froide. Les événements récents ont mis en lumière l’échec de l’armée israélienne à défendre ses citoyens, diminuant son invincibilité aux yeux
de la société israélienne.
Économiquement, Israël fait face à une crise. Depuis le 7 octobre, plus d’un demi-million d’Israéliens, dont une partie significative de l’élite
financière, ont quitté le pays, transférant leur capital et potentiellement eux-mêmes. Cette instabilité économique, couplée au besoin d’une aide financière massive des États-Unis,
mine davantage la stabilité d’Israël.
Sur le plan international, l’isolement d’Israël s’accentue. Le soutien des communautés juives mondiales diminue, de nombreux jeunes juifs dans le monde
ne s’identifiant plus comme sionistes et soutenant plutôt la solidarité avec les Palestiniens. Cette perte de soutien rend Israël très vulnérable.
Le mouvement national palestinien, bien qu’actuellement en désordre, montre des promesses parmi la jeune génération. Ils sont plus unis, consensuels et
actifs. Il y a de l’espoir qu’ils puissent combler le vide laissé par l’effondrement potentiel d’Israël, offrant une vision d’égalité pour tous les résidents et le retour des réfugiés
palestiniens, créant ainsi une nouvelle entité politique en Palestine historique.
Hope JZR : Merci. Il
est évident que le scénario de la disparition d’Israël en tant qu’État implique de nombreux facteurs complexes, notamment les pressions sociétales internes, les défis économiques,
l’isolement international et l’évolution du mouvement national palestinien.
M. Pappé, tout au long de la discussion sur les scénarios précédents, il est clair que la situation est très complexe. Compte tenu de cette complexité,
abordons le quatrième scénario d’escalade vers un conflit mondial. Comment envisagez-vous que cela se déroule ?
M. Ilan Pappé : Il
existe en effet un danger significatif que le conflit actuel s’intensifie en une guerre régionale avant de potentiellement devenir un conflit mondial. La guerre actuelle à Gaza et la
guerre de basse intensité entre Israël et le Hezbollah au nord pourraient facilement s’intensifier. L’implication de l’Iran dans le conflit, qui a commencé à se dérouler le 7 octobre,
est un facteur critique.
Les plans d’Israël pour aborder militairement la situation dans le nord en repoussant le Hezbollah au nord de la rivière Litani et en créant une zone
tampon dans le sud du Liban pourraient entraîner l’implication de l’Iran et des États-Unis dans le conflit. Ce scénario est alarmant car si les États-Unis et l’Iran sont entraînés
dans la guerre, un effet domino pourrait s’ensuivre, entraînant d’autres forces régionales et internationales dans la mêlée.
Un problème majeur est l’acceptation du récit israélien au sein des établissements de sécurité du Nord mondial et éventuellement en Inde. Ce récit
présente l’Iran comme le principal problème de la région, le décrivant comme une force déstabilisatrice avec un supposé désir d’imposer une révolution chiite à travers le monde arabe.
Cette dichotomie simpliste des forces du bien contre le mal, avec Israël inexplicablement présenté comme le «bien», ignore les complexités de la région et les héritages coloniaux.
L’imposition par l’Occident du modèle de l’État-nation sur la Méditerranée orientale a échoué, et toute structure politique future doit reconnaître cet échec.
L’Iran, malgré ses problèmes de droits de l’homme, est essentiel pour toute réconciliation et stabilisation de la région. Historiquement, l’Iran a été
essentiel pour la région, et l’exclure des futurs processus de paix est impraticable. Nous devons dépasser le récit du bien contre le mal pour désamorcer efficacement la situation et
trouver des solutions plus substantielles.
Hope JZR : M.
Prashad, voudriez-vous partager vos réflexions sur ce scénario d’escalade vers un conflit mondial ?
M. Vijay Prashad
: Le seul pays qui semble vouloir un conflit mondial est les États-Unis. Les États-Unis poursuivent une politique suicidaire en Ukraine, provoquant la Russie en
suggérant que des armes de l’OTAN pourraient être utilisées pour frapper les centres d’alerte des ICBM à l’intérieur du territoire russe. C’est une provocation inutile. Les États-Unis
provoquent également la Chine en mer de Chine méridionale, violant le droit international dans le processus.
Soixante-quinze pour cent des dépenses militaires mondiales sont réalisées par les pays de l’OTAN, les États-Unis étant responsables d’une part
importante. La Chine représente 10% et la Russie 3%, tandis que les dépenses militaires du monde arabe sont minimes, à l’exception de l’Arabie saoudite. La réalité est que le pays
terroriste le plus important sur Terre en ce moment est le gouvernement des États-Unis.
La Chine, en revanche, n’est pas intéressée par la guerre et cherche activement à désamorcer les tensions, comme en tentant de négocier un grand accord
entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Les médias mondiaux dépeignent cependant la Chine, la Russie et l’Iran comme des menaces, ignorant la véritable menace posée par les États-Unis, qui
possède 900 bases militaires à travers le monde.
Les pays arabes comme l’Égypte et la Jordanie, qui étaient autrefois vocaux et actifs en politique régionale, sont maintenant largement silencieux ou
inefficaces. L’Égypte, autrefois leader dans le monde arabe, est désormais invisible. La Jordanie, malgré son importante population palestinienne, reste largement silencieuse. Même si
le Yémen prend position, d’autres nations arabes doivent se lever et menacer de rompre leurs liens avec Israël en réponse à ses actions.
La Chine et l’Iran ne veulent pas la guerre. Même la Russie, malgré ses actions en Ukraine, ne veut pas d’un conflit plus large. Les États-Unis, en
revanche, semblent déterminés à maintenir leur autorité déclinante par le militarisme. Cela fait des États-Unis un pays dangereux et un médiateur peu fiable pour tout processus de
paix, en particulier dans le conflit israélo-palestinien.
Hope JZR : Merci
messieurs pour vos vues précieuses. Il est clair que le potentiel d’escalade du conflit actuel vers une guerre mondiale est influencé par de nombreux facteurs, y compris les
dynamiques régionales, les récits internationaux et les actions des grandes puissances comme les États-Unis et la Chine.
Nous avons maintenant passé 53 minutes à explorer ces scénarios. Voici les résultats du sondage. Nous avons près de 300 votes : la solution à deux
États a recueilli 21%, l’annexion de la Palestine par Israël 2%, l’escalade vers une guerre mondiale a obtenu 13%, et la fin d’Israël tel qu’il existe actuellement 68%. Je ne sais pas
si cela représente des vœux pieux ou la probabilité perçue de ces scénarios.
Réaction des
invités
Ilan Pappé : Oui, je
pense que vous avez raison. Il est difficile d’interpréter si les gens prédisent ce qui va se passer ou expriment leurs désirs. Cela reflète une rencontre d’espoir, et peut-être que
cela devrait être mon dernier point. Je tiens à être prudent avec le terme «fin» (نهاية ou nihaaya en arabe), car il semble très destructeur. En tant que juif israélien, je ne plaide
pas pour la destruction ou le mal à quiconque. Il y a 8 millions de juifs en Palestine ; on ne peut pas simplement les faire disparaître. Je crois que ce que les gens veulent dire,
c’est l’effondrement des États ou des régimes, pas la fin des peuples. Cette distinction est cruciale, surtout lorsqu’il s’agit de questions sensibles comme celles-ci. Je suis un
fervent partisan du slogan «La Palestine doit être libre, du fleuve à la mer». Cependant, je dois expliquer cela non seulement aux Palestiniens mais aussi aux Israéliens. Ce que nous
visons, c’est la fin de l’apartheid, de la colonisation et du génocide – un changement de régime. Le sionisme, autrefois destiné à combattre l’antisémitisme, s’est transformé en une
idéologie coloniale de peuplement qui cherche à déplacer les Palestiniens. Nous devons nous débarrasser de cette idéologie pour construire un avenir basé sur l’égalité et la
reconnaissance des injustices historiques. Ce processus implique la réconciliation et la justice restauratrice, visant non pas à la destruction mais à la création de quelque chose de
nouveau et de juste.
Hope JZR : Très
clair, M. Elan.
Vijay Prashad : Le
professeur Pappé l’a bien articulé. Nous venons de civilisations anciennes, et nos histoires sont riches en diversité et en complexité. L’imposition d’idées impitoyables et
«divisives» a causé beaucoup de souffrances. L’externalisation par l’Europe de son antisémitisme en Palestine a été une injustice profonde. La solution à l’antisémitisme réside dans
le fait que l’Europe affronte sa propre histoire, et non pas en l’exportant ailleurs.
Vivre ensemble en harmonie est un défi profond, mais c’est possible. Nous devons apprendre à nous aimer les uns les autres en tant qu’êtres humains,
malgré les difficultés immenses de ce voyage. Le poète de ma région ancestrale a dit une fois : «Il y a 250 ans,
nous étions des personnes ; avec beaucoup de difficulté, nous sommes devenus humains». Ce voyage continue.
Hope JZR : Encore
merci à vous deux. Cela a été un plaisir de vous avoir ici. J’espère vous accueillir à nouveau à l’avenir pour une autre discussion enrichissante.
Merci à tous.
proposée par Amar Djerrad
Israël veut-il vraiment intensifier sa guerre avec le Hezbollah?
L’armée israélienne aurait validé les plans d’un basculement dans une guerre de haute intensité avec le Hezbollah. D’un côté on est sceptique, vu que Tsahal s’est montrée incapable, depuis huit
mois, de vaincre les mouvements combattants palestiniens à Gaza. De l’autre, la guerre menée par le gouvernement israélien depuis le début octobre échappant à toute rationalité stratégique, une
fuite en avant est possible. Elle permettrait à Benjamin Netanyahu de rester au pouvoir….
Le journal The
Cradledonne des détails en
même temps qu’il met à disposition la vidéo du Hezbollah:
Le 18 juin, le Hezbollah a diffusé des images de surveillance en gros plan, récemment capturées par ses drones de reconnaissance, montrant des cibles israéliennes sensibles dans le nord,
notamment le port de Haïfa.
La vidéo montre des cibles, notamment des bâtiments appartenant à la société israélienne Rafael, spécialisée dans les technologies de défense, au nord de Haïfa, où sont fabriqués, assemblés
et stockés des missiles de défense aérienne pour les systèmes Iron Dome et David’s Sling.
La vidéo montre également des images de drone en gros plan de la colonie très peuplée de Kiryot, située à 26 kilomètres de la frontière libanaise, au nord de la côte de Haïfa. Selon la vidéo
du Hezbollah, plus de 260 000 colons résident dans la colonie de Kiryot.
Dans le port de Haïfa, les drones du Hezbollah ont filmé des hangars où sont entretenus des navires, un quartier général de la marine israélienne et un bâtiment où sont stockées des
marchandises.
Les images montrent également un complexe militaire où sont stationnés des sous-marins israéliens, un centre de commandement et de contrôle des sous-marins dans le port de Haïfa, et plusieurs
navires de guerre, dont les célèbres navires militaires israéliens Saar 4.5 et Saar 6.
La principale plate-forme commerciale du port de Haïfa est incluse dans les images, ainsi que la principale centrale électrique de Haïfa, des sites de stockage pétrochimique, des réservoirs
de pétrole et l’aéroport de Haïfa, où l’on peut voir des avions de chasse dans la vidéo.
The
Cradle, 18 juin 2024
Alors, une guerre de haute intensité contre le Hezbollah?
Devant l’émoi suscité par la publication de la milice chiite libanaise, l’armée a réagi:
Le chef du commandement nord de l’armée israélienne, le général de division Ori Gordin, et le chef de la direction des opérations, le général de division Oded Basiuk, ont approuvé les plans
de bataille pour une attaque à grande échelle contre le Liban, a annoncé l’armée le 19 juin.
“Les plans opérationnels pour une offensive au Liban ont été approuvés, et l’armée “accélère la préparation des forces sur le terrain”, a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a menacé mardi : “Nous sommes très proches du moment où nous déciderons de changer les règles du jeu contre le Hezbollah et le
Liban. Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera durement touché”
D’un côté, la situation militaire est critique: les mouvements combattants palestiniens de Gaza ne sont pas vaincus; les affrontements s’intensifient en
Cisjornanie; Ansarallah, depuis le Yemen, a pratiquement mis au chômage le port d’Eilat; il a fallu l’aide des Etats-Unis pour limiter l’effet d’une attaque depuis l’Iran il y a quelques
semaines; les divisions politiques vont croissantes; les soldats engagés sont épuisés et le gouvernement, non seulement, envisage de repousser la limite d’âge pour l’emploi des réservistes sur le
front, mais il a commencé à remettre en cause les exemptions de service des groupes religieux.
Et pourtant Israël envisagerait de se lancer dans une bataille beaucoup plus intense au nord? Avec tous les risques de voir détruit une partie d’Israël au nord vu
ce dont le Hezbollah est aujourd’hui capable?
On a toutes les raisons d’être sceptique. Mais Netanyahu a décidé d’attaquer Rafah alors que tout plaidait contre. Alors pourquoi ne pratiquerait-il pas, là aussi,
une fuite en avant? Périsse Israël, semble-t-il dire, pourvu que je ne doive pas quitter mon poste de Premier ministre et devoir affronter les tribunaux et la prison.
Au train où vont les choses, Israël aura peut-être disparu dans quelques jours
Dans cette interview quinzomadaire de Thierry Meyssan, nous dressons un point sur l’actualité internationale. Thierry Meyssan s’interroge, entre autres, sur la capacité pratique de l’Etat
israélien, à contrecarrer une offensive internationale, née du refus israélien de reconnaître les frontières de 1948. Le conflit qui s’annonce verra-t-il la disparition de l’Etat israélien, à
l’instar de la disparition de l’Etat chrétien de Jérusalem ?
L’évolution récente en Israël ne manque pas d’inquiéter, notamment avec le départ “pas que” symbolique de
Benny Gantz hors du gouvernement Nétanyahu. L’extrémisme du seul Netanyahu a-t-il seul pris le pouvoir, sans aucun “conseil de défense” pour tempérer les prises de positions tonitruantes et
extrémistes du Premier Ministre israélien ?
La décadence d’Israël génèrera
lassitude et indifférence. Il ne lui restera que l’escalade de la sauvagerie, la torture et la violence assassine contre des civils désarmés
Lorsqu’Israël aura réussi à décimer Gaza – Israël parle de mois de guerre se prolongeant au moins jusqu’à la fin de l’année – il aura signé sa propre
condamnation à mort. La façade civilisée d’Israël, son prétendu respect de l’État de droit et de la démocratie, son mythe de l’armée israélienne héroïque et de la création miraculeuse
de la nation juive – qu’il a su vendre à son public occidental – reposeront sur des cendres. Le capital social d’Israël sera épuisé. Israël sera considéré comme le régime
d’apartheid hideux, répressif et rempli de haine qu’il a toujours été, aliénant ainsi les jeunes générations de juifs américains. Son protecteur, les États-Unis, au fur et à
mesure que les nouvelles générations accéderont au pouvoir, prendra ses distances avec Israël. Le soutien du peuple viendra des sionistes réactionnaires et des fascistes christianisés
d’Amérique qui voient dans la domination d’Israël sur l’ancienne terre biblique un signe avant-coureur du Second Avènement et dans son asservissement des Arabes un racisme similaire
et une célébration de la suprématie de la race blanche…
Les nations requièrent plus que le recours à la force pour survivre. Elles nécessitent une dimension mystique. Celle-ci confère un sens, un civisme et
même une noblesse qui incitent les citoyens à se sacrifier pour la nation. Elle est porteuse d’espoir pour l’avenir. Elle procure un message. Elle est source d’identité
nationale.
Lorsque la dimension mystique implose, qu’elle est démasquée en tant que mensonge, c’est un des socles centraux du pouvoir de l’État qui s’effondre.
J’ai rapporté la disparition des valeurs mystiques communistes en 1989, lors de la révolution en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. La police et l’armée ont décidé
qu’il n’y avait plus rien à défendre. La décadence d’Israël engendrera la même lassitude et la même indifférence. Israël ne sera pas en mesure de recruter des collaborateurs locaux,
tels que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne – méprisés par la plupart des Palestiniens – pour servir les intérêts des colonisateurs.
Tout ce qui reste à Israël, c’est l’escalade de la sauvagerie, y compris la torture et la violence meurtrière contre des civils désarmés, accélérant le
déclin. Cette violence généralisée ne fonctionne qu’à court terme, comme ce fut le cas lors de la guerre menée par les Français en Algérie, de la sale guerre de la dictature militaire
argentine, de l’occupation britannique de l’Inde, de l’Égypte, du Kenya et de l’Irlande du Nord et de l’occupation américaine du Viêt Nam, de l’Irak et de l’Afghanistan. Mais à long
terme, elle est tout simplement suicidaire.
Le succès ne se discute pas, et certainement pas en Israël. Après le succès éclatant dans la bande de Gaza, nous adopterons le même modèle au Liban : une grande guerre, une victoire
totale. Nous l’avons déjà dit à maintes reprises : nous n’avons rien oublié et nous n’avons rien appris. Mais nous n’avons jamais appliqué cette platitude en lambeaux à un laps de
temps aussi court.
Les leçons tirées des guerres sont toujours oubliées à un moment ou à un autre, mais devons-nous oublier la leçon de la guerre à Gaza avant même qu’elle
ne soit terminée, pour répéter la même erreur ? La folie d’Israël lui fait honte, comme l’arrogance de croire que la victoire est dans notre poche.
Disons-le tout de suite : comme celle qui l’a précédée à Gaza, la guerre qui est sur le point de se développer dans le nord sera classée comme une autre
guerre choisie. Si Israël n’aurait pas dû envahir Gaza avec toutes ses forces dans le seul but de tuer, de détruire et de punir, principalement pour étancher sa soif de vengeance –
une guerre choisie évidente -, la guerre du Liban sera, elle aussi, classée parmi toutes les guerres choisies d’Israël.
La troisième guerre du Liban, qui est aux portes, sera bien sûr décrite, comme ses prédécesseuses, dont la première s’appelait Opération Paix en Galilée
et a éclaté, soit dit en passant, le 6 juin 1982, et dont la seconde a éclaté en juillet 2006, comme une guerre qui nous a été imposée : que faire lorsque la Galilée est abandonnée et
en flammes ? Rester assis et se taire ? Baisser la tête ? La discussion sur une guerre dans le nord est une discussion unilatérale. Personne ne présente l’alternative (et il y en a
une). La seule question qui se pose est celle du calendrier.
Nous devons dispenser le Nord de la punition du Hezbollah, et cela, dit-on, ne peut se faire que par la guerre. Comme à Gaza. Une fois de plus, les
Forces de défense israéliennes vont envahir, occuper, tuer et être tuées ; le front intérieur sera battu comme il ne l’a jamais été auparavant, et l’armée le sera probablement
aussi.
Le terrible verbe «intensifier» a été transféré vers le nord. Intensifier la guerre. Le chef d’état-major a déjà annoncé que nous avions atteint le
point où il fallait prendre une décision. Il a parlé de la seule décision qu’il connaisse : une autre guerre. Il n’y a pas d’alternative, absolument pas d’alternative.
Bien sûr qu’il y a une alternative. Au milieu de tout le bruit, de tout le feu et de toute la souffrance des habitants du nord, la raison pour laquelle
le Hezbollah attaque a été oubliée, et on a fait en sorte qu’elle soit oubliée : la guerre à Gaza. Il y a maintenant deux alternatives : l’une, vers laquelle nous nous dirigeons,
consiste à reproduire le fiasco de Gaza jusqu’aux abords de Beyrouth. La seconde, qui est trop bonne, est d’arrêter la guerre à Gaza. La paix en Galilée ne sera obtenue que de cette
manière. Un accord garantira toujours plus qu’une nouvelle guerre, qui risque d’être la pire des guerres d’Israël.
Il est impossible de croire à la sérénité avec laquelle Israël glisse vers la pire de ses guerres sans débat public, sans opposition, même sans
présentation de l’alternative : un accord de cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre avec le Hamas.
La pancarte «Non à la guerre au Nord» n’a pas encore été écrite. Les manifestants contre une guerre au Liban ne sont pas encore descendus dans la rue.
Le Hezbollah a déclaré que la fin de la guerre à Gaza entraînerait la fin de la guerre dans le nord, et une promesse du Hezbollah est généralement beaucoup plus fiable qu’une promesse
de Benjamin Netanyahou.
Le Hezbollah ne sera pas éradiqué et ne se retirera pas au-delà des montagnes du Chouf, mais qu’est-ce qu’une guerre apporterait, à part des victimes ?
Une guerre dans le nord n’aboutira qu’à une effroyable effusion de sang, après quoi un accord sera signé, exactement comme celui qui pourrait être signé maintenant sans guerre. Le
Hezbollah ne peut pas continuer si Gaza se tait – et Gaza ne se taira qu’avec un accord.
Israël se lancera dans une guerre majeure dans le nord, alors que sa position internationale est au plus bas et que Tsahal est meurtri par ses échecs à
Gaza.
Rappelons-le : les deux objectifs déclarés (et non réels) d’Israël à Gaza n’ont pas été atteints. Loin de là. Dans la guerre de Gaza, depuis le tout
début jusqu’à sa fin lointaine, Israël ne fait que perdre. Et si elle fonctionne si bien contre le Hamas, la guerre fonctionnera certainement encore mieux contre son frère aîné et
mieux armé, le Hezbollah. Nous frapperons et nous serons frappés. Et retournerons à la table des négociations.
Il est impossible de rester silencieux face à ce qui se passe au nord. Israël doit à des dizaines de milliers de ses citoyens une solution à leur
détresse, ce dont on ne parle pas assez. La solution à leur détresse se trouve à Gaza, uniquement à Gaza. Ou, dirons-nous, au bureau du Premier ministre à Jérusalem.
Ce n’est pas une coïncidence si des idéologues extrémistes sont promus au sein de Tsahal & si des soldats «indisciplinés» ont carte blanche
pour commettre des crimes contre les Palestiniens.
L’affirmation d’Israël selon laquelle il a perdu le contrôle des troupes à Gaza n’est qu’une tentative d’obtenir une couverture juridique pour les
crimes de guerre commis par ses militaires, et masque le problème bien plus aigu de l’impunité systémique qui règne au sein de l’armée d’occupation.
Plusieurs mois après que les commentateurs des médias ont commencé à prédire une «défaite stratégique» des forces israéliennes à Gaza, le haut commandement militaire israélien affirme avoir perdu le contrôle de diverses unités de ses
forces armées.
L’argument semble faire des soldats d’occupation des boucs émissaires, afin de fournir un démenti plausible à leurs supérieurs et de les dédouaner des
accusations de crimes de guerre. Les nombreux éléments de preuve concernant ces «unités
israéliennes hors-la-loi» pourraient potentiellement conduire à une mise en accusation accablante des dirigeants militaires de Tel-Aviv.
Bien que la Cour internationale de justice (CIJ) ait récemment appelé Israël à mettre fin à son opération militaire à Rafah, la ville la plus
méridionale de Gaza, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu reste déterminé à envahir le secteur, même s’il fait personnellement l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). En proie à des divisions internes et aux pressions exercées pour se conformer à l’ordre de la CIJ,
Tel-Aviv se trouve en situation très précaire.
Les «unités voyous» de l’armée d’occupation
Le week-end dernier, le quotidien hébreu Haaretz a lâché une bombe narrative en affirmant que «l’état-major
général de l’armée israélienne a perdu le contrôle des unités, en particulier des unités de réserve, et ce depuis des mois». L’article tente de dépeindre une situation où le chef
d’état-major Herzi Halevi viendrait seulement de «prendre
conscience» de l’existence d’éléments prétendument hors-la-loi opérant sous sa surveillance, ces «unités
incontrôlées» commettant les crimes cités par la CIJ à l’encontre d’Israël.
Tout au long de la guerre à Gaza, les soldats israéliens ont publié des preuves de leurs crimes, de leurs intentions génocidaires et de leurs actes
pervers alors qu’ils opéraient à l’intérieur du territoire côtier assiégé.
Ces vidéos incriminantes, publiées principalement sur TikTok et Instagram, mais aussi au sein de groupes Telegram qui glorifient le meurtre de civils
palestiniens, ont fait couler beaucoup d’encre. Il semble que les dirigeants israéliens adoptent désormais la stratégie du «petit nombre de pommes pourries» afin d’exonérer leurs
hauts gradés militaires de toute responsabilité.
La tâche ne sera pas aisée. Certains réseaux sociaux sont gérés par des responsables de l’occupation. En outre, l’establishment militaire israélien a
admis qu’il gérait des comptes sur Telegram qui diffusent des scènes de torture dans le cadre d’une opération de guerre psychologique menée par le «Service de
l’influence de la Direction des opérations».
Quelles sont les entités responsables d’agissements illégaux ?
Pour l’instant, il n’existe pas de liste officielle des unités qui auraient prétendument «perdu la
boule». L’écrivain Amos Harel de Haaretz,
avance que ces troupes peuvent simplement être identifiées par ceux qui ont posté des vidéos les compromettant.
Prenons le cas de Yair Ben David, un commandant du 2908e bataillon, cité dans la demande de la CIJ sud-africaine pour avoir exprimé des intentions génocidaires. Il s’est vanté des destructions dont ses hommes se sont rendus
coupables à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, en se référant à un récit biblique où tous les habitants mâles ont été massacrés, et a déclaré que “toute la bande
de Gaza devrait ressembler à Beit Hanoun».
Bien que cette déclaration ait été faite dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux en décembre 2023, aucune mesure n’a été prise par les dirigeants militaires israéliens pour réprimer son unité.
David Bar Kalifa, commandant de la division 36, la plus importante division régulière de l’armée israélienne, est également cité dans l’article pour ses
injonctions de «vengeance» à
l’encontre de la population palestinienne. Or, Tel-Aviv n’a pris aucune mesure pour modifier ou réformer la structure de la division, laquelle a été transférée par la suite à la frontière libanaise, bien que le chef du commandement sud d’Israël, Yaron Finkelman, ait plaidé en faveur de son déploiement dans le
centre de la bande de Gaza.
Aviad Yisraeli, officier du 6261e bataillon de la 261e brigade, a ouvertement publié sur les réseaux sociaux son intention de «s’assurer qu’il ne reste plus personne» avant de participer à l’invasion de Khan Yunis en décembre. M. Yisraeli, qui vit dans un avant-poste illégal de
colons près de Bethléem, en Cisjordanie occupée, n’a fait l’objet d’aucune mesure disciplinaire de la part de ses supérieurs et a été récemment déployé à Rafah.
Le 6 mai, lorsque les forces israéliennes ont envahi le checkpoint de Rafah, des soldats se sont filmés en train de le détruire et le saccager et ont diffusé les images sur les réseaux sociaux. Ces soldats
appartenaient à la 401e brigade de la 162e division, tandis que la brigade Givati s’est emparée d’autres zones à l’est de Rafah.
La prise du checkpoint de Rafah est peut-être l’une des offensives militaires les plus critiques commises par les Israéliens pendant toute la guerre,
car leur intrusion dans ce que l’on appelle le «corridor de
Philadelphie» constitue une violation officielle de l’accord de Camp David conclu en 1979 avec l’Égypte. Le recours à la 401e brigade, connue pour son esprit de
subordination, reflète un malaise plus profond au sein du haut commandement israélien.
Depuis des mois, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, exhorte les soldats à ne pas filmer de tels actes, ce qui indique clairement que les dirigeants de l’armée sont conscients depuis bien longtemps de leurs agissements. Aucune mesure
disciplinaire n’a été prise à ce jour – la mesure la plus proactive prise par les autorités a consisté à annoncer des «enquêtes de
police» sur la mise en ligne d’images. Aucune suite n’a été donnée à ces enquêtes sur les milliers de vidéos, de photos et de messages postés par les soldats.
Maîtriser le chaos
Si les dirigeants israéliens ont réellement perdu le contrôle d’unités entières de leur armée, pourquoi seraient-elles à nouveau déployées dans des
zones sensibles telles que la Cisjordanie, la bande de Gaza et le long de la frontière libanaise ?
Une telle prise de décision irréfléchie, impliquant des soldats soupçonnés de ne pas suivre les ordres et dont les vidéos sont utilisées comme preuve de
l’intention génocidaire devant la CIJ, est une mise en accusation sévère du haut commandement israélien.
En janvier, un rapport de la radio hébraïque «Kan Reshet
Bet» a déclaré :
«Les combattants
réservistes appelés à s’entraîner avant la création de la brigade Hashomer […] ont sévèrement critiqué les graves lacunes en matière d’équipement, de professionnalisme, le manque
d’effectifs et surtout le fait qu’en plein entraînement, ils ont été informés qu’ils entraient dans la bande de Gaza sans avoir suivi la formation requise.»
De tels articles ne sont pas rares dans les médias israéliens, et illustrent bien la situation décisionnelle du commandement militaire. Si l’on ajoute à
cela les nombreuses déclarations d’intention génocidaire, documentées par l’association de défense des droits des Palestiniens Al-Haq, émanant à la fois des responsables militaires et politiques, le tableau qui se
dégage est celui d’un chaos maîtrisé.
L’équipe juridique sud-africaine de la CIJ a établi un lien entre l’invocation par M. Netanyahou de l’histoire biblique d’Amalek et les soldats israéliens, y voyant un appel à l’assassinat de masse des civils
palestiniens. Les crimes de guerre potentiels motivés par une telle rhétorique sont imputables aux individus lorsque les décisions du commandement militaire autorisent un tel
comportement.
Si le haut commandement israélien n’est pas conscient de la présence d’éléments extrémistes et incontrôlés au sein de son armée, comment expliquer la
formation de l’unité «Desert Frontier», qui a intégré des colons extrémistes de la «Hilltop
Youth». Ce
groupe radical de colons justiciers a été précédemment décrit par les médias israéliens comme étant des terroristes pour avoir attaqué des soldats israéliens et des civils
palestiniens.
Un climat d’impunité
L’attitude irresponsable des soldats ne date pas de 2023. Elle résulte du climat d’impunité absolue dans lequel évoluent les troupes israéliennes.
Pendant la guerre de 2008/2009 à Gaza, un soldat israélien n’a été sanctionné que pour le vol d’une carte de crédit, et non pour avoir tué, torturé ou brutalisé des Palestiniens, ou pour avoir rasé leurs maisons, leurs commerces et leurs terres.
Ou pour avoir utilisé des Palestiniens comme boucliers humains – un crime que Tel-Aviv attribue au Hamas, mais que ses troupes commettent au quotidien.
Selon B’Tselem, deux soldats impliqués pour avoir pris un enfant de neuf ans comme bouclier humain ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et rétrogradés
du rang de sergent-chef à celui de simple soldat, deux ans après l’incident. Aucun de leurs commandants n’a été jugé.
Les deux soldats en question avaient ordonné à un garçon de neuf ans, sous la menace d’une arme, d’ouvrir un sac qu’ils croyaient piégé. Malgré la
gravité de leur comportement – mettre en danger un jeune enfant – les deux soldats ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et rétrogradés du grade de sergent-chef à celui
de soldat, deux ans après l’incident. Aucun de leurs commandants n’a été jugé.
Depuis, les exactions des troupes israéliennes n’ont fait qu’empirer. Bien qu’il existe de nombreux autres cas documentés de soldats israéliens
utilisant des civils palestiniens – souvent des enfants – comme boucliers humains, ce fut le dernier cas puni par le système judiciaire israélien.
L’argument selon lequel les dirigeants militaires israéliens ne prennent conscience qu’aujourd’hui de la réalité des manquements de leurs
soldats ne sert qu’à fabriquer un déni de responsabilité plausible. Ce n’est pas une coïncidence si des idéologues extrémistes ont été promus au sein de l’armée israélienne, et si des
soldats peu disciplinés, encouragés par la rhétorique génocidaire de leurs chefs, ont carte blanche pour commettre des crimes contre les Palestiniens.
Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait.
Enfin, la justice ; les tout premiers signes du début d’une justice tardive, partielle, mais tout de même un peu de justice.
Il n’y a aucune joie à voir son Premier ministre et son ministre de la Défense devenir wanted dans
le monde entier, mais il est impossible de ne pas ressentir une certaine satisfaction face à l’amorce d’une certaine justice.
Dans la complaisance et la victimisation des Israéliens, dans les interminables débats bien-pensants à la télévision, dans les cris sur un monde
antisémite et l’injustice de l’amalgame entre Israël et le Hamas, il manque une question fondamentale et fatidique : Israël a-t-il commis des crimes de guerre à Gaza
? Personne n’ose aborder cette question essentielle et critique : Y a-t-il eu, oui ou non, des crimes ?
Si des crimes de guerre ont été commis, des massacres et une famine, comme l’a suggéré le courageux procureur Karim Khan (à la nomination duquel Israël
a participé en coulisses, ayant trouvé sa prédécesseure Fatou Bensouda suspecte), alors il y a des criminels qui en sont responsables. Et s’il y a des criminels de guerre, il est du
devoir du monde de les traduire en justice. Ils doivent être déclarés wanted et arrêtés.
Si le Hamas a commis des crimes de guerre – et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet – ses criminels doivent être traduits en justice. Et si
Israël a commis des crimes de guerre – et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet dans le monde, sauf dans l’Israël suicidaire qui se trompe lui-même – les responsables de ces
crimes doivent également être traduits en justice.
Le fait de les regrouper n’implique pas une symétrie morale ou une équivalence juridique. Même si Israël et le Hamas étaient accusés séparément, Israël
aurait soulevé un tollé contre le tribunal.
Le seul argument entendu aujourd’hui en Israël est que le juge est un fils de pute. Le seul moyen suggéré pour empêcher sa condamnation sévère est de
nuire à la Cour pénale internationale de La Haye.
Convaincre des nations amies de ne pas respecter ses décisions, imposer des sanctions (!) à ses juges. C’est ainsi que pense tout criminel, mais un État
n’a pas le droit de penser ainsi. Les deux tribunaux internationaux devant lesquels Israël et les Israéliens sont jugés méritent le respect de l’État et non son mépris.
L’outrage au tribunal de la part d’Israël ne fera qu’allonger la liste des accusations et des soupçons qui pèsent sur lui.
Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait. Mieux vaut qu’il se reproche quelque chose,
n’importe quoi, plutôt que de blâmer le monde entier. Comment en sommes-nous arrivés là, telle devrait être la question, plutôt que de se demander comment ils en sont arrivés
là.
Quand assumerons-nous enfin la responsabilité de quoi que ce soit, de quelque chose fait en notre nom ? Les 106 députés qui ont signé la pétition contre
la CPI et les zéro députés qui ont signé la pétition inexistante contre les crimes de guerre israéliens sont un triste reflet du pays : Unis contre la justice, unis dans un éternel
sentiment de victimisation, sans droite ni gauche, un chœur céleste. Si Israël est un jour reconnu coupable de crimes de guerre, il faudra se souvenir que 106 députés ont voté pour
blanchir ceux de Benjamin Netanyahou et de Yoav Gallant.
La bande de Gaza est en ruines, ses habitants sont tués, blessés, orphelins, affamés, démunis, alors que la plupart d’entre eux étaient innocents. Il
s’agit clairement d’un crime de guerre. La famine est considérée par tout le monde en Israël comme un moyen légitime, qu’on le soutienne ou le combatte, tout comme
les massacres intentionnels. Comment peut-on affirmer qu’il n’y a pas eu de famine ou de massacre intentionnel ?
Le jour d’après la CPI, Israël doit se regrouper pour procéder à une introspection nationale, ce qu’il n’a jamais fait auparavant. Chaque Israélien doit
se poser la question suivante : «Comment en sommes-nous arrivés là ?» Il ne suffit pas de blâmer Netanyahou, le principal coupable, ni d’étouffer l’affaire avec des arguments
évasifs sur la hasbara, des conseils juridiques erronés et des remarques extrêmes de la part de responsables israéliens.
Le problème est bien plus profond : Depuis 57 ans*, Israël maintient un régime malfaisant et
répréhensible, et aujourd’hui, enfin, le monde se réveille et commence à agir contre lui. Est-ce que cela sera également en mesure de réveiller au moins quelques
Israéliens de leur sens de la justice je-m’en-foutiste et scélérat ?
NdT *En bon Israélien l’auteur fait débuter le parcours criminel d’Israël en 1967. C’est son choix.
Aujourd’hui, le procureur
de la Cour pénale internationale, Karim A.A. Khan KC, a déposé des demandes de mandats d’arrêt devant une chambre préliminaire de la Cour.
Ces demandes concernent
les deux parties du conflit en Palestine :
Sur la base des
éléments de preuve recueillis et examinés par mon Bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire que Yahya SINWAR (chef du Mouvement de résistance islamique (“Hamas”) dans la bande de Gaza),
Mohammed Diab Ibrahim AL-MASRI, plus connu sous le nom de DEIF (commandant en chef de l’aile militaire du Hamas, connue sous le nom de Brigade Al-Qassam) et Ismail HANIYEH (chef du bureau
politique du Hamas) portent la responsabilité pénale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité suivants, commis sur le territoire d’Israël et de l’État de Palestine (dans la bande
de Gaza) depuis au moins le 7 octobre 2023 :
…
Ces trois personnes sont déjà menacées d’assassinat par Israël. Elles ne voyagent pas et se tiennent à l’écart du public. Même
si des mandats d’arrêt sont délivrés à leur encontre, il est peu probable qu’elles s’en préoccupent.
De l’autre côté du conflit, le problème est différent :
Sur la base des preuves recueillies et examinées par mon Bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire que Benjamin NETANYAHU, le Premier
ministre d’Israël, et Yoav GALLANT, le ministre de la Défense d’Israël, portent la responsabilité pénale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité suivants, commis
sur le territoire de l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) à partir du 8 octobre 2023 au moins :
Affamer des civils comme méthode de guerre est un crime de guerre, en violation de l’article 8(2)(b)(xxv) du Statut ;
Le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé, en violation de
l’article 8(2)(a)(iii), ou d’infliger des traitements cruels est un crime de guerre, en violation de l’article 8(2)(c)(i) ;
L’homicide volontaire en violation de l’article 8(2)(a)(i), ou le meurtre est un crime de guerre en violation de l’article 8(2)(c)(i) ;
Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile est un crime de guerre, en violation des articles 8(2)(b)(i) ou
8(2)(e)(i) ;
L’extermination et/ou le meurtre en violation des articles 7(1)(b) et 7(1)(a), y compris dans le contexte des décès causés par la famine, est un crime
contre l’humanité ;
La persécution est un crime contre l’humanité, conformément à l’article 7, paragraphe 1, point h) ;
D’autres actes inhumains sont des crimes contre l’humanité, conformément à l’article 7, paragraphe 1, point k).
Si les mandats d’arrêt contre Netanyahou et Galant sont acceptés, ils devront cesser tout voyage vers ou passant par les nombreux pays qui sont membres du Statut de
Rome. (Les États-Unis, Israël, la Russie et le Soudan ont signé le statut de Rome mais n’en sont pas devenus membres).
Les États membres sont tenus d’exécuter les mandats d’arrêt si le procureur de la CPI les fait valider. Les mandats d’arrêt s’accompagnent également d’une
stigmatisation qui empêchera les politiciens pro-sionistes d’Europe et d’ailleurs de rencontrer Netanyahou ou d’autres personnes impliquées.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Pour la grande majorité des Levantins et nombre d’observateurs, Israël a été créé pour servir d’outil aux Américains et aux Européens, ces derniers
étant les seuls responsables de la tragédie du peuple juif et de leur «holocauste» pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais aujourd’hui, leur comportement devant la tragédie vécue par
les Palestiniens, notamment dans Gaza, tendrait à démontrer que c’est l’inverse qui est vrai : les Américains et les Européens seraient des otages, voire des outils entre les
mains d’Israël.
Quoi qu’il en soit, la folie meurtrière qui s’est emparée des Israéliens a amené les Américains à justifier leur assistance militaire, sans limites et
tout aussi meurtrière, par leur souci de sauver Israël de lui-même ; autrement dit, de la folie de ses dirigeants et de l’extrémisme de bon nombre de ses ressortissants.
Une folie israélienne qui semble avoir contaminé les Américains, l’exemple parlant d’une telle contamination ayant récemment été donné par le célèbre
sénateur de la Caroline du Sud et membre du Parti républicain, Lindsey Graham, lequel a réitéré publiquement ses justifications du bombardement atomique des États-Unis sur Hiroshima
et Nagasaki, encourageant Israël à adopter son raisonnement.1
Déclarations qui ont, quand même, poussé l’allié japonais à réagir2 et
qui expliquent les propos de l’auteur, M. Nabih al-Bourgi, éminent éditorialiste au quotidien Addiyar. [NdT].
*
Ce qui nous a été rapporté à propos de la série de négociations pour un cessez-le-feu à Gaza suggère que l’approche politique d’Israël relève de l’art
de l’impossible, plutôt que de l’art du possible, et que celui qui lui tend la main se retrouve comme s’il l’avait mise dans la gueule d’un loup.
Il ne manquait plus à David Barnea – l’ex-directeur du Mossad – que de déclarer à la délégation du Hamas : «Remettez-nous les
otages, nous vous donnerons 40 jours pour choisir entre la mort et la déportation».
Un choix dont les Palestiniens ont fait l’expérience pendant quatre décennies et en plus d’un endroit, les Israéliens étant des pros pour tuer le temps,
tout comme ils sont des pros pour tuer les Arabes.
Une horrible soif de meurtre et de destruction qui semble être une vengeance contre l’humanité toute entière. Et cela, Mesdames et Messieurs, correspond
désormais au onzième commandement de l’Arche d’Alliance qui dicte de tuer…
Il n’empêche qu’en sept mois, les milliers de frappes aériennes, les milliers de tonnes de bombes et de missiles n’ont pas réussi à mettre à mal la
Résistance palestinienne assiégée dans une bande de terre cadenassée de toutes parts. Est-ce là l’Israël que Moshe Dayan – l’ancien chef d’état-major de Tsahal devenu ministre de la
Défense – considérait comme «la sainte
citadelle sur laquelle nul autre que nous ne mettra les pieds» ? Une citadelle dont les murs se sont effondrés en quelques minutes…
L’obsession américaine de sauver Israël de peur que Benjamin Netanyahou ne pousse sa politique hystérique jusqu’au
suicide est claire. D’où son assistance militaire stupéfiante, son engagement à pousser l’Arabie saoudite à normaliser ses relations avec l’État sioniste avec tout ce
que cela implique comme répercussions sismiques sur les processus stratégiques du (grand) Moyen-Orient, en plus de l’établissement dans le sud d’Israël d’une base militaire3 accueillant
23 000 soldats avec leurs équipements et leurs systèmes de missiles afin d’assurer «l’éternité» de l’État hébreu. Mais, étonnamment, ces fous ne font même pas confiance à
l’Amérique, comme l’a écrit Thomas Friedman, le célèbre éditorialiste au New York
Times.
Israël ne reviendra jamais à ce qu’il était avant le 7 octobre, et même avant l’été 2006, lorsque l’armée israélienne est arrivée épuisée au
trente-troisième jour de son attaque sur le Liban et que ses chars Merkava fumaient à Wadi al-Hujair, au Sud du Liban.
Aujourd’hui, les étudiants de l’Université Columbia ont posé la question de savoir s’il est juste et judicieux que les impôts des Américains servent à
soutenir des meurtriers. Quant à nous, nous revenons sur la déclaration de l’un des dirigeants du parti Otzma Yehudit [Force Juive], Michael Ben-Ari. Déclaration selon laquelle aucun
des prophètes de la Torah n’a parlé d’un État pour les Palestiniens. Bien au contraire, ils ont souvent appelé à les éradiquer. Par conséquent, la promesse divine s’accomplit non
seulement en retournant en Terre Promise, mais aussi en effaçant la moindre trace de Palestiniens en Palestine.
Ce qui s’est passé et continue dans la bande de Gaza est complètement éloigné des normes morales, voire immorales, de la guerre. Et tout comme Harry
Truman – président des États-Unis de 1945 à 1953 – a ordonné de larguer la bombe atomique sur Hiroshima afin que la superpuissance américaine écrive «une autre
histoire de l’humanité» comme l’a dit Dean Acheson – secrétaire d’État dans son gouvernement de 1949 à 1953 – Israël devrait larguer sa bombe sur Gaza, ou sur Téhéran, pour
écrire une autre histoire de la région.
Benjamin Netanyahou n’a-t-il pas menacé le jour même de l’opération Déluge
d’Al-Aqsa de «changer le Moyen-Orient», pour ensuite devenir encore plus agressif lorsque le porte-avions Gerald Ford, les sous-marins nucléaires
et d’autres navires de guerre ont pris la route de la Méditerranée orientale ?
Joe Biden est un otage entre les mains du président du Likoud, Benjamin Netanyahou, lequel parie sur le prolongement de la guerre
jusqu’à ce que les États-Unis entrent dans leur coma électoral. Quelle diplomatie adopter dans ce cas ? D’autant plus que les Américains savent que Netanyahou et la majorité des
Israéliens refusent d’entendre parler d’un État palestinien, tandis que pour Bezalel Smotrich – adepte du sionisme religieux, ministre des Finances et ministre au ministère de la
Défense dans le gouvernement de Netanyahou VI – la création d’un État palestinien serait pire qu’une bombe dans le dos et un danger tangible imminent pour Israël.4
C’est dans ce contexte que l’administration américaine a poussé l’Élysée, devenue l’ombre de la Maison-Blanche, à
ouvrir une entrée diplomatique par la porte libanaise ; la «porte du
feu» selon Gadi Eizenkot, l’ex-chef d’état major de Tsahal.
Les dirigeants israéliens, qui menacent quotidiennement de transformer le Liban en enfer, pratiquent à notre égard la même diplomatie qu’ils pratiquent
à l’égard des Palestiniens : L’art de l’impossible.
En effet, considérant qu’il leur faut redessiner les cartes, ils ont informé les Américains et les Français que ce qui se passe sur le terrain depuis le
lendemain du 7 octobre 2023 nécessite des dispositions de sécurité plus efficaces allant au-delà de l’application de la résolution 1701(2006)5,
(application pourtant réclamée à maintes reprises par les uns et les autres).
Plus clairement, ils veulent placer le Sud du Liban sous tutelle militaire israélienne, alors que l’accord libano-israélien du 17 mai 19836,
qui n’a tenu que quelques mois, revenait insidieusement à placer tout le Liban sous tutelle militaire israélienne.
L’équation de Jéhovah est donc : «Il n’y aura ni État palestinien, ni État libanais, ni État syrien aux
frontières d’Israël».
BERLIN, GERMANY - MARCH 16: Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and German Chancellor Olaf Scholz (not pictured) speak to the media following talks at the Chancellery on March 16, 2023 in
Berlin, Germany. Netanyahu's one-day visit to Berlin is being accompanied by protests, including both by people angry over Israel’s policies towards Palestinians as well as those critical of
possible new legislation in Israel supported by Netanyahu that would undermine the independence and the power of Israel's Supreme Court, effectively curtailing democracy in Israel. (Photo by Sean
Gallup/Getty Images)
Benjamin Netanyahu a pris deux fois la parole depuis hier pour expliquer comment il voir l’avenir de Gaza. Le mélange de mégalomanie et de défi au reste du monde dissimule une réalité simple: le
projet d’expulsion des Palestiniens de Gaza, motivation profonde de la campagne menée en représailles au 7 octobre a échoué. Cela n’en rend pas le vieux chef isolé moins dangereux dans l’immédiat
pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. mais la réalité s’impose: malgré les souffrances inouïes infligées aux Palestiniens, la guerre de Gaza est une défaite stratégique, non seulement
pour Israël mais pour les Etats-Unis.
Illustration du plan Gaza 2035
Benjamin Netanyahu a pris la parole ces 9 et 10 mai pour parler de l’avenir de Gaza…et d’Israël.
Un message aux Américains
Israel National News reprend les
meilleurs extraits d’une interview du Premier ministre destinée à un public américain:
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré à la personnalité de la télévision américaine Dr. Phil, dans une interview diffusée jeudi, qu’il espérait que le président américain Joe Biden
et lui-même parviendraient à surmonter leurs désaccords sur la guerre de Gaza.
« Je connais Joe Biden depuis de nombreuses années, 40 ans et plus. Nous avons souvent eu des accords, mais aussi des désaccords. Nous avons réussi à les surmonter. J’espère que nous pourrons
les surmonter maintenant, mais nous ferons ce que nous devons faire pour protéger notre pays”, a déclaré M. Netanyahu.
Dans le même temps, le Premier ministre a souligné qu’Israël se battrait seul s’il le fallait.
« Quand les gens nous disent de ne pas aller à Rafah… ils nous disent de les laisser intacts et la chose se répète encore et encore, alors je pense que les gens qui ont l’esprit droit, les
gens qui ont l’esprit rationnel, comprennent que nous n’avons pas le choix.
« J’ai dit lors du service commémoratif de l’Holocauste que nous avons eu l’autre jour [que] pendant l’Holocauste, nous nous sommes tenus seuls, mais nous étions sans défense. Et aujourd’hui,
si Israël doit rester seul, nous resterons seuls, mais nous savons aussi que nous ne sommes pas seuls parce qu’il y a tant de gens honnêtes partout qui nous soutiennent, qui comprennent la
vérité, et nous vaincrons nos ennemis et nous assurerons notre avenir”, a déclaré M. Netanyahou.
Interrogé sur ce qu’il répond à ceux qui qualifient de « résistance » l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, le Premier ministre a répondu : « Le Hamas déclare ouvertement son
objectif d’anéantir tout ce que vous voyez ici, de tuer chaque homme, chaque femme et chaque enfant en Israël, de détruire l’État. Ce n’est pas de la résistance. C’est de l’agression pure et
dure. C’est leur doctrine.
L’Iran dit la même chose : « Notre but est de détruire Israël ». Nous sommes le ‘petit Satan’. D’ailleurs, leur objectif est de vous détruire. Vous êtes le ‘grand Satan’. Nous leur barrons la
route et ils ont raison. Nous ne faisons pas que nous protéger, nous le faisons, mais ce faisant, nous protégeons toute la civilisation libre, toute la culture occidentale. Ils veulent
l’effacer”, a ajouté M. Netanyahu.
Concernant sa vision du lendemain de la guerre à Gaza, M. Netanyahou a déclaré : « Je pense que nous devrons assurer une démilitarisation continue car, même si vous détruisez l’armée
terroriste, il peut rester des terroristes individuels. Nous devons les extirper en permanence ».
« Nous devrons probablement mettre en place une sorte de gouvernement civil, d’administration civile, par des habitants de Gaza qui ne sont pas déterminés à nous détruire, éventuellement, je
pense, avec l’aide des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et d’autres pays qui, je pense, veulent voir la stabilité et la paix », a-t-il ajouté.
« Mais Israël devra continuellement éradiquer les terroristes, car je ne vois personne venir pour le faire en ce moment… J’aimerais bien que ce soit le cas, mais je ne le vois pas, et nous
continuerons donc à agir contre les restes de l’armée terroriste », a souligné le Premier ministre.
israelnationalnews.com,
10 mai 2024
“Nous combattrons avec les ongles s’il le faut”
Pour la société israélienne, le Premier ministre a publié une vidéo, avec quelques jours d’avance
sur la célébration de la naissance de l’Etat d’Israël (le 14 mai):
Derrière les formules de défi, on entend que le pays est bien seul. Et puis il y a cette formule étonnante (c’est moi qui souligne):
“Si nous devons rester seuls, nous resterons seuls. S’il
le faut, nous nous battrons avec nos ongles. Mais nous avons bien plus que des ongles“
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pour le Jour de L’Indépendance
Le plan Gaza 2035
Quel contraste entre un Premier ministre qui évoque une société israélienne éventuellement réduite à rien et le plan mégalomane appelé “Gaza 2035”. Selon le Jerusalem Post:
Les plans d’Israël pour une Gaza d’après-guerre ont fait l’objet de nombreux débats. Des documents du bureau du Premier ministre ont été publiés en ligne vendredi, montrant le plan d’Israël
pour revitaliser l’économie de Gaza.
Les documents publiés en ligne montrent que le Premier ministre Benjamin Netanyahu tente d’instaurer une paix durable et de réintégrer Gaza dans l’économie régionale grâce à d’importants
investissements dans l’infrastructure et l’économie.
Le plan a pour objectif de reconstruire Gaza afin de modérer sa politique.
Le plan souligne également la place centrale qu’occupe historiquement Gaza sur les routes commerciales est-ouest, puisqu’elle se trouve à la fois sur les routes commerciales Bagdad-Égypte et
sur les routes commerciales Yémen-Europe.
Le plan de la zone de libre-échange Gaza-Arish-Sderot fait partie du plan du gouvernement pour une Gaza d’après-guerre. (…)
Selon les documents, le retour de Gaza à l’autonomie se fait en trois étapes.
La première étape, intitulée « Aide humanitaire », devrait durer 12 mois. Israël créera des zones sûres échappant au contrôle du Hamas, en commençant par le nord et en s’étendant lentement
vers le sud. Une coalition de pays arabes (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Égypte, Bahreïn, Jordanie et Maroc) répartira et supervisera l’aide humanitaire dans les zones de sécurité.
Les Palestiniens de Gaza gèreront les zones de sécurité sous la supervision des États arabes.
La deuxième phase interviendrait dans les cinq à dix prochaines années. Le plan consiste à transférer la responsabilité de la sécurité israélienne à Israël, tandis que la coalition arabe
créera un organisme multilatéral appelé Autorité de réhabilitation de Gaza (GRA) pour superviser les efforts de reconstruction et gérer les finances de la bande de Gaza. La GRA sera dirigée
par des Palestiniens de Gaza et sera responsable de la gestion des zones de sécurité. Cette gestion sera coordonnée avec la mise en œuvre d’un « plan Marshall » et d’un programme de
déradicalisation.
Au cours de la troisième phase, appelée « autonomie », Israël conserverait le droit d’agir contre les « menaces à la sécurité ».Le pouvoir serait lentement transféré à un gouvernement local
de Gaza ou à un gouvernement palestinien unifié (incluant la Cisjordanie). Toutefois, cela dépend de la réussite de la déradicalisation et de la démilitarisation de la bande de Gaza et sera
soumis à l’accord de toutes les parties.
L’étape finale consisterait pour les Palestiniens à gérer la bande de Gaza de manière totalement indépendante et à adhérer aux accords d’Abraham.
Ce plan présente plusieurs avantages pour les pays concernés. Pour
Israël, le principal avantage, outre la sécurité dans le sud, est la normalisation avec l’Arabie saoudite.
Les principaux avantages pour les États du Golfe qui y participeraient seraient des pactes défensifs avec les États-Unis et un accès sans entrave aux ports méditerranéens de Gaza par le biais
de chemins de fer et de pipelines. Le plan prévoit également que si une telle intervention réussit à Gaza, elle pourra être répétée au Yémen, en Syrie et au Liban.
Pour
la population de Gaza, les principaux avantages de la fin du contrôle du Hamas seraient des investissements massifs dans la bande et des possibilités d’emploi considérables, ainsi qu’une voie
vers la réunification avec la Cisjordanie et l’autogouvernance.
Le plan régional plus large consiste à accélérer les mégaprojets tels que NEOM en Arabie saoudite et à les mettre en œuvre dans le Sinaï.
Cela permettrait à Gaza de fonctionner comme un port industriel important sur la Méditerranée, qui serait le principal entrepôt pour l’exportation des marchandises gazaouies, mais aussi du
pétrole saoudien et d’autres matières premières en provenance du Golfe.
Le plan prévoit également la
création d’une vaste zone de libre-échange couvrant Sderot-Gaza-El Arish, qui permettrait à Israël, à Gaza et à l’Égypte de tirer parti de l’emplacement, en coopération.
En combinant les nouveaux investissements dans les infrastructures et l’intégration de la région, les gisements de gaz récemment découverts juste au nord de Gaza contribueraient à soutenir
l’industrie en plein essor.
Des champs d’énergie solaire seraient également construits dans le Sinaï, ainsi que des usines de dessalement qui contribueraient à lutter contre le changement climatique.
L’une des idées avancées par le plan est de faire de Gaza une plaque tournante pour la fabrication de véhicules électriques. L’espoir est que toute cette intégration puisse faire de Gaza,
mais aussi d’El-Arish et de Sderot, un concurrent de la fabrication chinoise bon marché.
Jerusalem
Post, 3 mai 2024
Netanyahu a perdu et il sort des lapins de son chapeau
Première remarque : Tout cela est bâti sur le sable… de Gaza rasée à 70%. Le Premier ministre israélien fait comme si les Etats-Unis devaient
arriver à convaincre les Saoudiens de signer un accord avec Israël.
Deuxième remarque : La mégalomanie est poussée à son comble quand Netanyahu imagine que “Gaza 2035” servira de modèle pour le Yemen, la Syrie et le
Liban… Il ne manque que l’Iran….
Troisième remarque : Il est bien question, dans ces projections des Gazaouis qu’au mois d’octobre dernier le gouvernement Netanyahu voulait
expulser vers le Sinaï !
C’est bien là l’essentiel: Le plan de nettoyage ethnique de Gaza a échoué.
En attendant, le calvaire des Palestiniens continue
Le déni de réalité qui caractérise le Premier ministre israélien est flagrant. Il est mortifère, aussi, pour les Palestiniens de Cisjordanie, soumis à des attaques
permanentes de l’armée et de la police israélienne. Et pour les Gazaouis, exposés à un nouveau ralentissement des livraisons de l’aide humanitaire depuis que l’armée israélienne s’est emparée du
point du poste-frontière de Rafah.
Le scénario à venir n’est pas compliqué à anticiper : Le gouvernement israélien poussera à la limite son opération contre les civils de Gaza, en s’arrêtant avant de
mettre en danger le soutien américain. Et, pendant ce temps, Tsahal aura des pertes croissantes face aux combattants palestiniens.
De nombreux commentateurs de la guerre à Gaza ont décrit, souvent
avec une certaine consternation, l’unanimité du public israélien en faveur de la poursuite vigoureuse du conflit, ainsi que la conviction ouvertement exprimée que les Palestiniens sont des
sous-hommes qui méritent la brutalité et la mort. L’opinion publique devient de plus en plus dure. La droite a obtenu de bons résultats aux élections locales. On me dit également qu’un
chercheur du MIT développant des idées sur la manière de résoudre le conflit a découvert que les jeunes en Israël sont plus conservateurs que les cohortes plus âgées.
Ce manque de souci de
traiter la vie avec respect par un peuple théoriquement civilisé est inquiétant, étant donné que dans de nombreux pays avancés, les lois contre la maltraitance animale protégeraient mieux les
Palestiniens que les États musulmans et l’ONU ne l’ont fait.
Mais malgré l’apparent consensus sur l’extermination de la Palestine, des tensions croissantes, notamment économiques, existent également. Israël est une petite
économie ouverte, dont les échanges commerciaux représentent près de 32 % du PIB. Certains secteurs sont vulnérables aux effets de la guerre. Par exemple, le tourisme, en termes plus larges, contribue à hauteur de 5
à 6 % au PIB.
Certains signes indiquent qu’Israël subit davantage de dégâts sous la ligne de flottaison que ne le révèlent les médias anglo-saxons. Le taux de baisse
de 20 % du PIB du quatrième trimestre a été un choc. Et il est peu probable qu’il y ait un grand rebond. Même si le conflit devait se terminer bientôt, Israël se retrouverait face à
des voisins hostiles et bien plus puissants économiquement et militairement.
Pardonnez-moi de m’appuyer encore sur l’ancien diplomate britannique Alastair Crooke pour les points clés de notre analyse, mais il soulève des questions
critiques que je n’ai pas vues abordées dans d’autres rapports en langue anglaise.
Crooke, qui suit la presse hébraïque, a souligné à plusieurs reprises que le 7 octobre a brisé le sentiment de sécurité en Israël et que cela est
fondamentalement important. Il soutient que l’hypothèse selon laquelle les Juifs seraient à l’abri de tout danger partout en Israël est profondément intériorisée. Je me souviens qu’après le
11 septembre (rappelez-vous que j’étais à New York) le degré de désarroi des individus dépendait de la quantité de porno genre « tour qui s’effondre » qu’ils regardaient
et/ou de leur conviction que le monde était sûr.
Crooke soutient également que le sentiment de violation est si grave que le public a besoin qu’Israël rétablisse la perception qu’il dispose d’une armée
puissante et redoutable en remportant une victoire visible. Cela ne s’est pas produit à Gaza. Les Israéliens savent que la guerre ne se passe pas très bien à Gaza. Crooke dit que les
Israéliens pensent que le nombre de morts militaires est beaucoup plus élevé que ce que rapportent Tsahal, d’autant plus que les informations allant dans ce sens sont rapidement supprimées
par la censure. D’où (comme nous le verrons plus loin) la pression exercée pour s’attaquer au Liban.
Une dernière observation de Crooke : l’Iran, le Hezbollah et d’autres membres de la Résistance ont étudié la manière dont les États-Unis et Israël mènent la
guerre et ont planifié leur guerre en conséquence. Les deux pays s’appuient sur des campagnes dominées par la puissance aérienne et destinées à être écrasantes. Leurs opposants au
Moyen-Orient ont également observé qu’aucun des deux pays n’avait prévu de mener une guerre longue. Cela est confirmé par Mark Sleboda, qui, dans une récente émission sur l’analyse syrienne
avec Andrei Martyanov, a déclaré que les académies militaires occidentales n’étudient même pas les guerres d’usure (à 13h50). Ils les considèrent comme trop primitifs.1
Malheureusement, de la même manière que les rapports sur l’économie israélienne n’ont pas donné beaucoup d’indications sur l’ampleur des dégâts causés par la
baisse du PIB au dernier trimestre, les signes persistants de pressions économiques et sociales risquent d’être sous-estimés ou tout simplement de ne pas être couvert par les médias. Alors
s’il vous plaît, partagez d’autres observations et anecdotes dans les commentaires.
Les médias ont couvert le faible soutien public à Netanyahu, les protestations contre l’échec de la libération des otages et le spectacle de l’ingérence
américaine dans la politique israélienne en essayant de jouer le rôle de faiseur de roi en invitant un simple ministre, Benny Gantz, à Washington.2 Nous passerons donc sous silence l’intensification des joutes de haut niveau en Israël. Les experts estiment généralement que le départ
de Netanyahu et le moment où il le fera ne fera pas de différence en termes de politique ; Au contraire, ses successeurs seront très probablement plus à droite, ce qui signifie aussi plus
sanguinaires.
Un problème persistant est celui du statut des colons déplacés de la frontière libanaise. Wikipédia estime le total à 96 000. Pour donner une idée de
l’importance, ce niveau, un peu supérieur à 1 %, rapporté à la population américaine, serait supérieur à 3,5 millions. Le gouvernement israélien leur fournit des logements (on ne sait pas si
c’est pour tous ou seulement pour ceux qui doivent être évacués).
Outre le coût de ce soutien social (qui, selon certains, n’est pas viable à long terme), il y a également une perte de revenus et d’emplois pour les entreprises
opérant dans ces villes frontalières. S’ils continuent à se dépeupler trop longtemps, il sera impossible de les faire revivre. Le client et les employés auront évolué.
Les habitants des villes frontalières se battent pour rentrer chez eux et exigent qu’Israël repousse le « Hezbollah » jusqu’au fleuve Litani au Liban afin de
leur fournir une zone tampon. Cette exigence équivaut à la mise en place d’une zone démilitarisée au Liban aux dépens des résidents libanais de très longue date ou, à défaut, une occupation
israélienne. Le gouvernement a promis à ces colons qu’il éliminerait la menace à la frontière. Pourtant, de nombreux experts militaires (Scott Ritter, qui a une grande expérience personnelle
avec l’armée israélienne, s’est montré le plus bruyant et le plus détaillé, mais d’autres arrivent à la même conclusion) affirment que si Israël tentait d’envahir le Liban, le
résultat probable serait Il ne s’agira pas seulement d’une défaite, mais aussi d’une occupation par le Hezbollah d’Israël jusqu’en Galilée.
Ce qui sape le moral, c’est qu’il est difficile de cacher que la campagne à Gaza n’a pas abouti à une victoire, ce qui n’augure rien de bon non plus pour une
action contre le Hezbollah, beaucoup plus puissant. Extrait du Middle East Monitordu 6 mars :
La poursuite de la guerre israélienne contre la bande de Gaza assiégée aggrave les pertes de Tel Aviv aux niveaux politique et militaire, a déclaré mardi le
journal israélien Maariv dans un
article…
Le journal affirme que l’armée israélienne traîne les pieds au ralenti le long de la bande de Gaza et lance rarement de nouvelles opérations, sauf
lorsqu’elle tente de ratisser certaines des petites zones qu’elle a laissées derrière elle… ajoutant que les dirigeants politiques traînent également les pieds, attendant une intervention
extérieure et tentant de parvenir à un accord d’échange de prisonniers.
Selon le journal, c’est la raison pour laquelle les dirigeants politiques ne font pas beaucoup de déclarations, n’ordonnent pas à l’armée d’occuper les
camps du centre de Gaza ou les zones rurales autour de Rafah et ne tentent pas d’évacuer les réfugiés de Rafah.
Il a affirmé que prendre de telles mesures exercerait une pression sur le Hamas et améliorerait les termes de l’accord d’échange, tout en préparant le
terrain pour l’occupation de Rafah.
Cependant, selon le rapport, le chef du Hamas à Gaza, Sinwar, a réussi à assiéger Israël là où il le souhaitait, c’est-à-dire sous la pression
internationale en raison de la question des réfugiés et de la pénurie de nourriture et d’eau dans la bande de Gaza, ce qui l’a rendu réticent à parvenir à un accord….
“Il est clair que la branche militaire du
Hamas ne veut pas conclure un accord qui signifie que les réfugiés ne reviendront pas, que l’armée ne se retirera pas des villes et que la bande de Gaza ne pourra pas être
reconstruite.”
Ce retard permet au Hamas de traîner Israël jusqu’après le mois de Ramadan, ce qui prolongera la guerre d’au moins deux mois supplémentaires, alors que
l’armée israélienne aurait pu mettre fin à son opération militaire et occuper le centre de Gaza et les camps de Rafah il y a un mois, si les dirigeants politiques l’avaient autorisé,
ajoute le journal dans son rapport.
Remarquez l’impatience implicite de mettre fin à la guerre. Il n’est pas clair si cela est dû à des coûts financiers et à d’éventuelles pertes militaires
supplémentaires, ou à des tensions politiques dues à une incertitude persistante.
La guerre prolongée engendre des problèmes de main-d’œuvre. Tiré de The Cradle, le 4 mars, la crise de la main-d’œuvre en Israël s’aggrave alors qu’une vague de démissions frappe l’armée :
L’unité du porte-parole de l’armée israélienne, dirigée par le lieutenant-colonel Daniel Hagari, a été témoin d’une grande vague de démissions.
Parmi ceux qui ont démissionné figurent le commandant en second de Hagari, le colonel Butbol, ainsi que le colonel Moran Katz et le porte-parole
international de l’armée, le lieutenant Richard Hecht.
« Un grand nombre d’officiers ont récemment
annoncé leur retraite de l’unité responsable du système d’information militaire », a rapporté la chaîne d’information en hébreu, Channel 14, le 3 mars.
Cela ne semble pas si significatif en soi, mais l’article se concentre ensuite sur un problème que nous avons mentionné dans Links, à savoir qu’Israël s’apprête à recruter des Haredim, les ultra-pieux qui ont été exemptés du service militaire :
Ces démissions surviennent alors que d’importantes tensions envahissent l’establishment militaire israélien.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a appelé à la fin des exemptions pour la communauté ultra-orthodoxe d’Israël, citant une grave crise de
personnel dans l’armée…
« L’armée a désormais besoin de
main-d’œuvre. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question de mathématiques », a déclaré dimanche le ministre de la Défense….
Israël subit de lourdes pertes du fait de sa guerre génocidaire à Gaza et de sa tentative d’éradiquer la résistance palestinienne.
Nous avons souligné le fait que le projet de loi visant à recruter les Haredim, qui sont normalement exemptés du service militaire3, a suscité des protestations, notamment le blocage d’une route principale pendant huit heures. Même le New York Times a jugé bon de reconnaître ce schisme.
Extrait d’un article en début de semaine :
Contrairement à la plupart des Israéliens, pour qui le service militaire est obligatoire, les Haredim sont exemptés de la conscription pour se concentrer
sur les études religieuses. Ils reçoivent également des subventions substantielles de l’État pour maintenir un système éducatif indépendant qui évite les mathématiques et les sciences au
profit de l’étude des Écritures.
Alors que le nombre de Juifs ultra-orthodoxes a explosé – pour atteindre plus d’un million de personnes aujourd’hui, soit environ 13 % de la population
d’Israël, contre environ 40 000 en 1948 – ces privilèges et exemptions ont suscité le ressentiment des Israéliens laïcs. De nombreux Israéliens estiment que leur propre service militaire
et leurs impôts fournissent à la fois une protection physique et une récompense financière à une communauté sous-employée qui donne peu en retour. Les efforts laïcs visant à attirer les
ultra-orthodoxes dans l’armée et dans le monde du travail ont provoqué la colère de nombreux Haredim, qui voient le service militaire comme une menace pour leur vie de dévotion
religieuse….
Les sondages montrent que le courant dominant israélien est plus que jamais désireux de forcer les Haredim à s’enrôler, en particulier avec un nombre
croissant de soldats revenant des combats à Gaza et remettant en question l’absence d’ultra-orthodoxes sur les lignes de front.
L’article tente de donner une tournure positive en affirmant que désormais près de 30 % des sondés ultra-orthodoxes se déclarent favorables à la conscription.
C’est encore une minorité. Que se passe-t-il lorsque les Haredi enrôlés refusent les ordres et sont envoyés dans les prisons militaires ? Je peux voir que c’est un résultat assez
courant.
Une autre source de stress réside dans les dommages économiques persistants liés à l’émigration à la suite du 7 octobre. De nombreux médias anglophones du monde
musulman, tels que l’Agence Anadolu et
le Middle East Monitor, ont
rapporté que le magazine israélien Zman a déclaré, sur la base d’une analyse de données
officielles, qu’environ 470000 Israéliens avaient émigré et que l’immigration avait chuté de 70 % en novembre. Les lecteurs de Naked Capitalism n’ont pas pu confirmer l’information ;
peut-être a-t-elle été effacé par les censeurs officiels ? Quelques jours après cette vague d’histoires, Jordan News a estimé le total à 370 000 jusqu’à fin
novembre, mais a avancé qu’il pourrait être plus élevé :
Depuis le 7 octobre, les données de l’Autorité de la population et de l’immigration révèlent qu’environ 370 000 Israéliens ont quitté le
pays, la dernière mise à jour s’étendant jusqu’à fin novembre. Selon les statistiques, les Israéliens cherchent de plus en plus refuge à l’étranger, notamment en Europe, avec un
intérêt croissant pour l’achat de biens immobiliers dans plusieurs pays européens.
Le journal économique israélien The Marker a souligné que les
familles israéliennes manifestent un vif intérêt pour l’achat de biens immobiliers et de maisons à l’étranger depuis le 7 octobre. Fin octobre, environ 230 309 Israéliens ont immigré,
tandis que 139 839 supplémentaires sont partis en novembre, selon les données et en tandem avec le ministère israélien de l’Intérieur, a rapporté Jo24.
Parallèlement, les estimations du site Internet « Zaman Yisrael » suggèrent que
ce chiffre pourrait être plus élevé, avec des rapports indiquant que plus de 500 000 Israéliens ont quitté le pays, dépassant le nombre de rapatriés et de nouveaux immigrants. Le site
Internet anticipe une potentielle augmentation des départs, notamment parmi les Israéliens qui résidaient déjà à l’étranger ou voyageaient pendant les fêtes juives de septembre.
L’impact économique de ces départs sera probablement disproportionné par rapport à leur nombre. Les personnes qui peuvent déménager dans un court délai, ce qui
signifie avoir ou pouvoir louer un logement à l’étranger, sont susceptibles d’être en moyenne aisées. Vous ne pouvez vous imposer chez vos proches et amis que pour une période limitée.
Le 6 mars, Middle
East Monitor a fait le point sur les dégâts économiques. Je ne suis pas sûr de la nature de ces demandes d’indemnisation, car il est inconcevable que 700 000 soldats aient été
tués ou blessés.
Les dégâts israéliens enregistrés lors de la guerre dans la bande de Gaza assiégée sont six fois supérieurs à ceux enregistrés lors de la guerre du Liban en
2006, a révélé mardi le directeur de l’administration fiscale israélienne, Shai Aharonovitz, selon les médias locaux.
Le site Internet israélien Walla a déclaré
qu’Aharonovitz avait révélé des données inquiétantes concernant l’étendue des dommages israéliens dus à la guerre à Gaza et les demandes d’indemnisation enregistrées.
S’exprimant lors d’un événement, il a déclaré : « La guerre a posé un défi très complexe
pour faire face aux dommages directs, ce que nous n’avons jamais vu auparavant. »
« Les dégâts sont désormais six fois plus
importants que lors de la Seconde Guerre du Liban (2006), et environ un demi-million de demandes [d’indemnisation] ont été déposées jusqu’à présent. »
Le responsable israélien a estimé que les demandes d’indemnisation pour dommages indirects dépasseraient les 700 000 et a exhorté les recrues de l’armée à
les déposer, ajoutant : « Nous n’avons jamais été dans une
situation pareille auparavant ».
Pour sa part, Ilan Pelto, PDG de la Fédération des entreprises publiques, a critiqué l’augmentation du budget militaire en temps de guerre, affirmant
: « Si nous entrons dans
un état d’hystérie et si nous cédons à la pression de l’armée et que le cadre budgétaire est violé au-delà de ce qui est nécessaire, cela aura de graves conséquences, tant en matière
fiscale que sociale.»
Aucune de ces trajectoires n’est bonne et elles ne semblent pas susceptibles de s’inverser de si tôt. Et surtout, Israël n’a jamais été mis à l’épreuve de cette
manière. Contrairement à la Russie, elle n’a pas d’antécédents de souffrances et de sacrifices extrêmes en temps de guerre, ni de mythes sur la gravité de la douleur et la victoire finale.
Trop d’Israéliens sont-ils réticents à donner ce qu’il faut pour leur nation ?
Yves
Smith
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Notes
Cela correspond parfaitement à la position officielle selon laquelle les Russes sont des hommes des cavernes dotés d’armes nucléaires. Mais cela me
rappelle le grand combat entre Muhammed Ali et George Forman. Si vous avez regardé le documentaire When We Were Kings, l’équipe d’Ali était découragée
juste avant qu’Ali ne monte sur le ring. Ils craignaient que le jeune et extrêmement puissant Forman ne se contente pas de battre Ali, mais qu’il lui donne un coup de poing si dur
qu’il le tuerait.
Ali a commencé par utiliser un coup de poing risqué et amateur, l’attaque de la droite. Mais même si Foreman ne semblait pas s’être entraîné pour
cela et avait d’abord reçu quelques coups, il a commencé à réagir avec succès. Ali a ensuite utilisé sa célèbre et nouvelle corde-à-dope, fatiguant tellement Foreman qu’Ali l’a achevé au 8ème tour.
Les médias israéliens ont largement présenté la Maison Blanche comme ayant invité Gantz (voir ici et ici). Il est difficile de penser que Gantz serait assez effronté pour solliciter des réunions non sollicitées à haut niveau. Le porte-parole John Kirby a
néanmoins décrit Gantz comme ayant sollicité les réunions.
Curieusement, cela se fait par voie législative, et le dernier projet de loi exemptant les Haredim a expiré fin juin 2023. Le gouvernement israélien a
présenté à plusieurs reprises des excuses à la Haute Cour pour ne pas avoir recruté les Haredim et a tenté d’améliorer cela via des réglementations temporaires. Il a admis que si un
projet de loi militaire n’est pas adopté d’ici le 1er avril, le gouvernement devra enrôler les étudiants de la yeshiva.
Ambassadeur Chas Freeman
L'Iran vient de détruire la puissance américaine au Moyen-Orient