ISRAËL (II)

Israël provoquera-t-il un cataclysme ?

SOURCE : RZO INTERNATIONAL - LE 26/06/2024 

par Thierry Meyssan

Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, majoritaire à la Knesset, mais largement minoritaire parmi ses concitoyens, menace d’attaquer le Liban. Si cette opération est lancée, l’armée israélienne ne parviendra pas à vaincre seule le Hezbollah. Pour sauver l’État hébreu, Washington sera forcé d’intervenir, mais plutôt que de participer directement à une guerre effroyable, il pourrait soutenir un coup d’État militaire à Tel-Aviv.

Le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, a rencontré ses homologues d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Bahreïn, des Émirats arabes unis et de Jordanie. En application des accords signés avec eux, il les a informés qu’Israël attaquerait le Liban, le samedi 22 juin au soir.

La révélation de cette réunion secrète s’est rapidement répandue sur la toile. Diverses sources officielles l’ont confirmé. Au passage, on a appris qu’un accord entre Tel-Aviv et Riyad avait été conclu. Cette information permet de comprendre pourquoi l’Arabie saoudite a participé, aux côtés de l’alliance occidentale, à la protection d’Israël lors de la riposte iranienne du 14 avril dernier.

Durant les journées du vendredi 21 et du samedi 22, les chancelleries du monde entier ont bruissé d’informations et de déclarations contradictoires. António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a déclaré que le conflit israélo-palestinien ne pourrait en aucun cas être résolu par la voie des armes. «Les peuples de la région et du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un nouveau Gaza (…) Des deux côtés de la Ligne bleue, de nombreuses vies ont déjà été perdues, des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées, et des maisons et des bâtiments ont été détruits (…) Des munitions non explosées (…) constituent une menace supplémentaire pour les habitants d’Israël et du Liban, ainsi que pour le personnel des Nations unies et le personnel humanitaire (…) Il est temps que les parties s’engagent de manière pratique et pragmatique dans les voies diplomatiques et politiques qui s’offrent à elles», a-t-il lancé lors d’une conférence de presse.

Mais Israël refuse toute négociation et le Hezbollah, refusant d’abandonner les Palestiniens, a déclaré qu’il ne négocierait pas la délimitation de la frontière israélo-libanaise tant que le massacre continuera dans la bande de Gaza.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a répondu à Guterres : «Israël ne peut pas permettre à l’organisation terroriste Hezbollah de continuer à attaquer son territoire et ses citoyens, et nous prendrons bientôt les décisions qui s’imposent. Le monde libre doit se tenir inconditionnellement aux côtés d’Israël dans sa guerre contre l’axe du mal dirigé par l’Iran et l’islam extrémiste. Notre guerre est aussi votre guerre, et la menace de Nasrallah contre Chypre n’est qu’un début».1. Il a annoncé qu’il «prendra bientôt les décisions nécessaires» sur ce sujet.

Pendant ce temps, les deux camps ont multiplié les escarmouches. Ainsi, Israël a tiré des obus sur Yaroun (caza de Bint Jbeil) et Naqoura (Tyr). Il a également frappé une zone située entre les localités de Taybé et Deir Seriane (Marjeyoun) à l’aide d’armes au phosphore blanc, déclenchant un incendie dans le secteur. En soirée, deux attaques consécutives ont frappé la localité de Khiam, dans le même caza. L’aviation israélienne a également mené une attaque dans le quartier Kandouli de Meiss el-Jabal. Le Hezbollah, quant à lui, a revendiqué au moins quatre attaques au cours de la journée. Il a ciblé le site militaire maritime de Ras Naqoura (qui correspond au site israélien de Rosh Hanikra, face à Naqoura) «à l’aide de plusieurs drones suicides, en réponse à une frappe israélienne à Deir Kifa (caza de Tyr)» jeudi, qui avait tué un combattant du Hezbollah. Il a assuré «avoir détruit une partie du site et fait plusieurs blessés». Il a aussi lancé une autre attaque par drones suicides sur «une base d’artillerie israélienne» à Za’oura, dans le nord d’Israël, et a effectué des attaques sur les sites israéliens de Rouaissat el-Qarn et Zebdine, situés dans les fermes contestées de Chebaa, ainsi que sur Sammaka, au niveau des collines de Kfarchouba.

Les États-Unis, qui conseillent à leurs ressortissants, depuis le 29 janvier, de ne plus se rendre au Liban par crainte des enlèvements2, se sont fait silencieux, tandis que la mission iranienne à l’ONU tweetait : «Toute décision imprudente du régime d’occupation israélien pour se sauver pourrait plonger la région dans une nouvelle guerre, dont la conséquence serait la destruction des infrastructures du Liban ainsi que de celle des territoires occupés en 1948. Il ne fait aucun doute que cette guerre aura un grand perdant, à savoir le régime sioniste. Le Mouvement de la Résistance libanaise, le Hezbollah, a la capacité de se défendre et de défendre le Liban – peut-être que le moment de l’auto-anéantissement de ce régime illégitime est venu».3

En effet, l’équilibre des forces militaires a considérablement changé depuis la guerre israélo-libanaise de 20064. À l’époque, le Hezbollah était peu expérimenté. Aujourd’hui, il a, au contraire, vécu 12 années de guerre en Syrie contre les djihadistes armés par l’OTAN et protégés par l’armée de l’Air israélienne5. Il aurait aujourd’hui 2500 Forces spéciales (Radwan), 20 000 hommes surentraînés, 30 000 réservistes et 50 000 combattants peu expérimentés. Il disposait de missiles à courte portée. Aujourd’hui, il détient 120 000 projectiles de toutes sortes, dont 150 000 missiles guidés, plusieurs milliers de Zelzal («tremblement de terre»), d’une portée de plus de 120 kilomètres, et plusieurs centaines de missiles guidés Fateh-110 («Libération-110»)6, d’une portée de 300 Kilomètres et toujours de dizaines de milliers de missiles à courte portée comme des Fajr-1, de fabrication iranienne, et des Type-107, de fabrication chinoise. Ce gigantesque arsenal devrait lui permettre de saturer le Dôme de fer et donc de priver Israël de sa défense anti-aérienne7. S’il ne parvient pas à le saturer, le Hezbollah a déjà montré depuis décembre 2023 qu’il pouvait détruire des éléments du Dôme de fer, le rendant ainsi inopérant. Surtout, il dispose de missiles sol-air Sayyad-2 (Chasseur-2) et peut-être de batteries SA-22 Pantsir russes8, avec les premiers, il a mis fin, le 20 mai dernier, à 76 ans de domination aérienne israélienne. S’il n’est pas certain que le Hezbollah puisse abattre des avions à haute altitude, il est clair qu’il peut détruire des hélicoptères et des avions à basse altitude. En outre le Hezbollah a acquis toutes sortes de drones, dont des al-Hodhod («Huppe fasciée») qui se sont infiltrés à Haïfa où ils ont filmé la base navale et l’usine d’armement de RAFAEL (Rafael Advanced Defense Systems Ltd), sans être détectés par les radars israéliens. Et ce n’est pas fini : il dispose désormais de missiles anti-char AT-14 Kornet russes et Toophan iraniens, de blindés lourds comme des chars T-72, de fabrication russe. Il dispose encore de missiles sol-mer, tels que des Yakhont russes.

Il ne fait aucun doute que, s’il affrontait seul Israël, sans intervention des États-Unis, le Hezbollah détruirait en quelques jours les Forces de défense israéliennes (FDI). On ignore ce qu’il adviendrait si le Pentagone devait poursuivre son indéfectible soutien à sa créature.

Dans cette perspective, l’opposition à l’occupation israélienne qui se développe particulièrement chez les jeunes électeurs états-uniens, est un défi. Pour être réélu, le président Biden doit abandonner Israël. Or, cet abandon signifie la disparition de l’État hébreu. Au contraire, l’entrée en guerre de l’armada états-unienne provoquerait aussi celle de l’Iran. Mais on sait, depuis le 14 avril, que Téhéran a des missiles hypersoniques, probablement d’origine russe, que les Occidentaux dans leur ensemble sont incapables d’intercepter.9

Comment la Russie et l’Axe de la Résistance ont-ils pu réaliser de tels progrès en matière d’armement et de science militaire ? Déjà, en 2012, les services de Renseignement israéliens affirmaient que le Hezbollah avait multiplié par 400 sa capacité de bombardement. Ils ne parlaient alors que de quantité. Aujourd’hui, c’est aussi de qualité dont il faut avoir conscience10. Le renversement s’est opéré durant la guerre contre la Syrie. Nous l’avons longuement décrit, mais la presse atlantiste a dénigré nos remarques. En effet, il était indispensable de convaincre les opinions publiques occidentales que la Syrie était un État faible et que des va-nu-pieds allaient renverser la République. Aujourd’hui, la totalité des armées de l’OTAN sont en piteux état, à l’exception de la France pour ses capacités atomiques et des États-Unis, non seulement pour ses capacités de dissuasion, mais aussi pour son armement conventionnel d’avant 1991. Durant 23 ans, l’OTAN s’est transformée en une coalition prétendument «anti-djihadiste», certes forte, mais incapable de livrer une «guerre de haute intensité».

Prévoyant de détruire les tarmacs des bases militaires aériennes israéliennes, le Hezbollah a anticipé le déplacement des avions des FDI sur les bases militaires britanniques d’Akrotiri et de Dhekelia à Chypre. Hassan Nasrallah a donc prévenu Nicosie que, s’il laissait des appareils militaires israéliens faire escale sur son sol, il s’engagerait dans le conflit et devrait en supporter les conséquences.

Depuis le début de l’opération «Épée de fer» (8 octobre 2023), les FDI massacrent en masse, tandis que le Hezbollah prend bien soin de faire le moins de victimes possible. Alors que 37 000 civils palestiniens ont été tués à Gaza, seulement une quinzaine de soldats israéliens l’ont été par la Résistance libanaise, contre plus de 300 combattants du Hezbollah par les FDI. Ce bilan asymétrique donne l’impression, au premier abord, qu’Israël est toujours le plus fort, alors, qu’en réalité, il montre que le Hezbollah tente de repousser une guerre qu’il prévoit terrible.

En 1944, la chute du IIIe Reich fut brutale sous les
coups de l’armée rouge. En 2024, elle pourrait être
aussi brutale pour l’OTAN.

Le changement d’équilibre des forces a été réalisé. Il n’est plus réversible, ni à court, ni à moyen terme. De ce point de vue, il est stupéfiant de voir l’OTAN se comporter comme s’il était encore le maître du monde. Cet entêtement fera que sa chute sera d’autant plus douloureuse.

La seule alternative pour les États-Unis et pour Israël serait d’encourager un coup d’État militaire à Tel-Aviv. D’ores et déjà, un millier d’officiers supérieurs et de sous-officiers se sont réunis dans cette perspective autour du slogan : «Celui qui pense qu’il y a une manœuvre à Rafah se trompe. Celui qui sait qu’il n’y en a pas et qui dit qu’il y en a, ment !»11. Ils sont prêts.

On ignore la décision de la Maison-Blanche, mais le plus haut fonctionnaire du département d’État sur ce sujet, Andrew P. Miller, sous-secrétaire d’État adjoint pour les affaires israélo-palestiniennes, a donné sa démission, le 22 juin. Le département d’État assure que c’est pour une raison personnelle, mais chacun sait qu’il s’opposait à la stratégie du Bear-Hug «calin d’ours» du président Joe Biden12. Il avait mis en œuvre les sanctions contre les suprémacistes juifs.

source : Réseau Voltaire

  1. שראל כ”ץ Israel Katz, X, 22 juin 2024.
  2. «Lebanon Travel Advisory», US State Department, January 29, 2024.
  3. I.R.IRAN Mission to UN, NY, X, 22 juin 2024.
  4. «L’Effroyable imposture 2», Thierry Meyssan, Éditions Alphée.
  5. «Sous nos yeux», Thierry Meyssan, Demi-Lune (2017).
  6. «La Syrie aurait livré au Hezbollah des missiles Fateh 110», Al-Manar (Liban), Réseau Voltaire, 15 février 2010.
  7. «US concerned Israel’s Iron Dome could be overwhelmed in war with Hezbollah, officials say», Natasha Bertrand Alex, Marquardt Kylie Atwood & Jennifer Hansler, CNN, June 20, 2024.
  8. «US intel suggests Syria’s Assad agreed to send Russian missile system to Hezbollah with Wagner group help», Natasha Bertrand, Zachary Cohen & Katie Bo Lillis, CNN, November 2, 2023.
    «Russia’s Wagner Group Plans to Send Air Defenses to Hezbollah, U.S. Says», Michael R. Gordon, Wall Street Journal, November 2, 2023.
  9. «Les missiles hypersoniques iraniens instaurent la dissuasion par la terreur, selon Scott Ritter», par Alfredo Jalife-Rahme, Traduction Maria Poumier, La Jornada (Mexique), Réseau Voltaire, 21 avril 2024.
    «Thierry Meyssan révèle le dessous des relations irano-israéliennes». Le Courrier des stratèges, YouTube. Signalons une erreur dans cette vidéo, l’auteur indique que la Syrie s’est opposée à la guerre occidentale en Irak.
  10. «Israël n’est plus qu’un tigre de papier», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 10 décembre 2012.
  11. «Les officiers de réserve à Gaza en colère : donner des ordres clairs pour occuper Rafah, sinon, tout doit être terminée», Infos Israël news, 5 juin 2024.
  12. «State Dept. expert on Israeli-Palestinian affairs resigns amid Gaza crisis», John Hudson, The Washington Post, June 21, 2024.

Attaquer le Liban pour nucléariser l’Iran : Netanyahou va-t-il lancer des bombes nucléaires tactiques (sic) contre le Hezbollah, avec le soutien des États-Unis ?

par Alfredo Jalife-Rahme

La menace d’agression israélienne contre le Liban est tous les jours plus forte. Pourtant, il ne fait aucun doute que le Hezbollah dispose de moyens conventionnels bien plus importants que ceux d’Israël. D’où l’hypothèse que Tel-Aviv pourrait utiliser des bombes atomiques tactiques, telles que celles qu’ils ont déjà été expérimentées au cours de la guerre saoudienne contre le Yémen. De nombreuses personnalités israéliennes et états-uniennes l’ont évoquée. En martelant que Washington soutiendrait Israël en cas de guerre totale contre le Liban, les officiels états-uniens l’ont rendue possible. Les Occidentaux, présents sur place, sont en train d’être priés par leurs ambassades de quitter immédiatement le pays.

En novembre dernier, Amichay Eliyahu, ministre du Patrimoine, se proposait d’utiliser
des bombes atomiques tactiques pour en finir avec les arabes de Palestine. Sur le
moment, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, le démentait et le sanctionnait.
Cependant, on a constaté depuis plusieurs mois que les déclarations les plus
extrêmes, même démenties, n’étaient pas faites par hasard, mais pour
préparer l’opinion publique internationale à ce qui allait suivre.

La frontière entre le nord d’Israël et le sud du Liban est incandescente, les rumeurs d’une invasion imminente de l’armée israélienne pour pulvériser la guérilla chiite du Hezbollah n’ayant pas été démenties, et les multimédias proches de Joe Biden ne cachant pas le soutien inconditionnel des États-Unis à l’opération.1

Dans l’interview du juge Napolitano avec le colonel à la retraite Douglas MacGregor (DMG), 77 ans, conseiller du Pentagone sous l’administration Trump, et actuel commentateur des questions militaires, s’est étendu sur la faisabilité d’une attaque israélienne contre le Hezbollah et, à la minute 19:03, a exhorté de manière menaçante «à ne pas exclure la possibilité qu’Israël utilise des armes nucléaires tactiques (sic) contre le Hezbollah».2

Il semble bien que plusieurs politiciens israéliens3 et rabbins4 ainsi que le pugnace sénateur républicain Lindsey Graham5, qui a suggéré qu’Israël utilise ses armes nucléaires comme à Hiroshima et Nagasaki6 pour retrouver sa «force de dissuasion»7, vont voir leurs vœux nucléaires exaucés.

DMG a approuvé l’affirmation imprudente du «médiateur» de Biden, le Khazarien Amos Hochstein8, 51 ans, double citoyen états-unien et israélien, né en Israël et ayant servi dans l’armée hébraïque, qui a «averti les responsables libanais que si le Hezbollah ne cessait pas ses attaques quasi quotidiennes sur le nord, Israël pourrait lancer une attaque limitée (re-sic) avec le soutien des États-Unis».9

DMG a fait remarquer que l’invasion israélienne coïnciderait avec l’arrivée, du 23 au 25 juin (méga-sic !), du groupe de frappe embarqué sur le porte-avions états-unien. Il a affirmé que les États-Unis soutiendraient Israël avec leurs satellites, leurs avions, leurs missiles, leur force navale et l’ensemble de leur système de surveillance et de reconnaissance avec échange de données.

Il a également affirmé que le Hezbollah bénéficierait d’un soutien similaire de la part de l’Iran et qu’en cas d’attaque US contre l’Iran, la Russie et la Chine n’abandonneraient pas la théocratie chiite.

Tout cela est déjà bien connu depuis que nous avons émis l’hypothèse, dès le début de la guerre d’Israël contre le Hamas, que ce que cherche réellement Netanyahou est la destruction de l’Iran par les États-Unis.10

DMG estime que la situation au Moyen-Orient est bien plus dangereuse qu’en Ukraine : entraînant bientôt la fermeture du détroit d’Ormuz – ce qui ferait grimper en flèche le prix du baril de pétrole – et l’explosion intérieure en Égypte et en Turquie, dont les populations ne tolèrent pas le génocide à Gaza.

DMG a confirmé que le Pakistan – qui possède 170 bombes nucléaires11 – a proposé de mettre son arsenal à la disposition de la Turquie – deux grandes puissances régionales sunnites – pour rééquilibrer la dissuasion face à Israël.

Par ailleurs, les publications occidentales sous-estiment le nombre réel de bombes nucléaires clandestines d’Israël et, selon les penchants des uns ou des autres, le situent entre 90 et 400 (méga-sic). À mon avis, le chiffre de 400 bombes nucléaires est plus exact, étant donné que l’ancien président James Carter avait déclaré il y a longtemps qu’Israël en possédait plus de 300 (sic12).

Pour sa part, la mission diplomatique de l’Iran auprès des Nations unies a mis en garde Israël contre les conséquences d’une guerre totale contre le groupe de résistance Hezbollah au Liban et a affirmé qu’«Israël serait le grand perdant».13

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a averti qu’en cas d’invasion israélienne, il se battrait sans règles et sans limites et a menacé de cibler militairement la partie grecque de Chypre si Israël continuait à utiliser ses aéroports et ses bases à des fins militaires.14

Chaque fois que les deux Khazars Antony Blinken (huit visites), secrétaire d’État, et Amos Hochstein (quatre visites) viennent tenter d’apaiser à la fois la guerre à Gaza et l’escalade des attaques transfrontalières entre le Hezbollah et Israël, les deux situations délicates s’aggravent.

source : Réseau Voltaire

traduction Maria Poumier 

 

  1. «US offers assurances to Israel this week in the event of full-blown war with Hezbollah», MJ Lee, CNN, June 21st, 2024.
  2. «Col. Douglas Macgregor : IDF vs. Netanyahou», Judge Napolitano – Judging Freedom, YouTube, June 22, 2024.
  3. «Bajo la lupa : Revital Gotliv, legisladora aliada de Netanyahou, exige lanzar bombas nucleares (¡megasic !) contra Gaza», Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 15 de octubre de 2023.
    «Bajo la lupa : Israel amenaza con lanzar sus clandestinas bombas nucleares contra Gaza e Irán», Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 8 de noviembre de 2023.
  4. «Bajo la lupa : Escalada en Jerusalén : el rabino Eliyahu Mali invoca la «Halakha» para aniquilar bebés (sic) palestinos», Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 10 de marzo de 2024.
  5. «Bajo la lupa : Senador Graham recomienda a Israel aniquilar a palestinos de Gaza con «modelo Hiroshima», Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 15 de mayo de 2024
  6. «Bajo la lupa : Representante republicano Tim Walberg, por solución final de Gaza, «estilo Hiroshima y Nagasaki»», Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 3 de abril de 2024.
  7. «Deterrence – Political and military strategy», Britannica, April 29, 2024.
  8. «Bajo la lupa : ¿Podrá Biden detener la anunciada invasión de Israel a Líbano ?», Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 19 de junio de 2024.
  9. «Biden aide warns Lebanon : If Hezbollah doesn’t withdraw, Israel could attack with US support – report», Times of Israel, June 20, 2024.
  10. «El anhelo de Netanyahou detrás de Gaza : la destrucción de Irán», Alfredo Jalife-Rahme, Sputnik, 27 de octubre de 2023.
  11. «Pakistan nuclear weapons, 2023», Hans M. Kristensen, Matt Korda & Eliana Johns, Bulletin of Atomic Scientits, September 11, 2023.
  12. «El expresidente Carter alertó sobre las 300 bombas termonucleares clandestinas que posee Israel, Alfredo Jalife-Rahme, Sputnik, actualizado 2 de mayo de 2024. 
  13. «Iran : Israel will be the ‘ultimate loser’ in war with Hezbollah», PressTV, June 22, 2024.
  14. «Hezbollah threatens war against Cyprus if it helps Israel», Seb Starcevic & Nektaria Stamouli, Politico, June 19, 2024.

 

Israël se prépare à entrer au Liban ? Comment l'US Navy se prépare 

 

Interview de Ilan Pappé et Vijay Prashad réalisée par Jazair Hope

Jazair Hope a accueilli deux invités distingués qui ont accepté pour la deuxième fois son invitation : M. Ilan Pappé, qui s’exprime depuis Londres, et M. Vijay Prashad, depuis Santiago, au Chili.

M. Ilan Pappé est un historien israélien expatrié, activiste social et professeur à l’Université d’Exeter. Il est renommé pour son travail approfondi sur l’histoire du conflit israélo-palestinien et son plaidoyer en faveur d’une résolution pacifique.

M. Vijay Prashad est historien et journaliste indien. Il est le directeur exécutif du Tricontinental : Institut de recherche sociale. Il est hautement respecté pour son analyse perspicace des problèmes sociaux et politiques mondiaux.

• Lien vers l’interview en Anglais (vous pouvez mettre les sous-titres en français ou arabe) : Distinguished Geopoliticians Insight and Scenarios On The Palestinian Cause

*

Jazair Hope : Messieurs Pappé et Prashad, je vous remercie vivement de nous rejoindre aujourd’hui. J’attends avec impatience une discussion stimulante et enrichissante. Monsieur Pappé, si vous souhaitez dire quelques mots d’introduction, je vous en prie.

M. Ilan Pappé : Merci beaucoup. C’est un grand plaisir d’être à nouveau sur Jazair Hope. Merci beaucoup pour m’avoir invité. Souhaitez-vous que je commence la discussion, ou devrions-nous d’abord écouter M. Prashad ?

M. Vijay Prashad : Tout ce que je dirai, c’est que «l’espoir ne meurt jamais». Je trouve que votre slogan, «Jazair Hope Never Sleeps», est très significatif. Malgré la situation horrible dans laquelle nous vivons dans le monde, le fait d’être des êtres humains nous donne l’optimisme de surmonter tous les obstacles. Les humains sont des êtres créatifs, et cela nous donne de l’espoir. C’est pour moi un grand plaisir de me retrouver en compagnie de personnes pleines d’espoir et non de haine. Nous sommes dans l’espérance, pas dans la haine.

Hope JZR : Notre discussion aujourd’hui se concentrera sur les scénarios futurs du conflit israélo-palestinien. Nous examinerons quatre scénarios, analysant leur probabilité et leurs conséquences potentielles. Les quatre scénarios sont :

  • Un scénario de solution à deux États
  • Un scénario où Israël disparaît complètement
  • Un scénario où Israël annexe tous les territoires palestiniens
  • Une escalade vers une guerre mondiale

Nous serons également ouverts pour discuter d’autres scénarios potentiels que nos invités pourraient suggérer. Avant de commencer, j’ai partagé avec notre public un petit sondage que je vais afficher à l’écran, leur demandant de donner leur avis sur la probabilité de chaque scénario. Je prie ceux qui n’ont pas encore voté de le faire. À la fin de la discussion, nous explorerons leurs opinions.

Hope JZR : M. Pappé, veuillez nous dire ce que vous pensez du premier scénario, la solution à deux États.

M. Ilan Pappé : Merci. La solution à deux États est morte depuis très longtemps déjà. Je dis toujours que la solution à deux États est comme un cadavre allongé dans une morgue, mais on ne nous a pas encore invité aux funérailles. Les intérêts politiques et économiques de nombreuses personnes sont investis dans cette solution, les empêchant d’admettre son échec total et son «irrelevance» par rapport à la réalité sur le terrain.

Il y a deux dimensions pour analyser «l’irrelevance» de la solution à deux États : morale-idéologique et pratique. Morale et idéologiquement, la solution à deux États est une idée colonialiste. Elle suggère que le mouvement colonialiste de peuplement qui colonise un pays en Asie de l’Ouest devrait permettre à une partie de la terre d’être dirigée par les peuples autochtones, non pas avec une pleine souveraineté, mais comme une entité autonome dans une petite partie de la terre colonisée. Cette approche reflète l’ère de l’apartheid en Afrique du Sud, où l’Afrique du Sud blanche a offert des bantoustans – de petits royaumes destinés à dompter la résistance au système d’apartheid.

Pratiquement, cette solution est également impossible. La Cisjordanie abrite actuellement 700 000 colons juifs qui représentent une partie significative de l’électorat israélien. L’idéologie qui considère la Cisjordanie comme faisant partie d’Israël et soutient une colonisation accrue rend la solution à deux États impraticable. De plus, les Accords d’Oslo de 1993, qui représentent la meilleure offre jamais faite dans le cadre de cette solution, ne contrôlaient que partiellement certaines parties de la Cisjordanie et excluaient des millions de réfugiés palestiniens et de citoyens d’Israël.

En conclusion, la solution à deux États substitue une forme d’occupation à une autre et perpétue l’impression trompeuse de véritables pourparlers de paix. Elle ne met pas fin à l’oppression et à la colonisation, mais offre plutôt une façade de progrès tout en maintenant le statu quo.

Hope JZR : Merci, Monsieur Pappé, la même question pour vous, Monsieur Prashad.

M. Vijay Prashad : Il n’est pas surprenant que le professeur Pappé et moi partagions la plupart de nos positions. Permettez-moi d’aborder cela sous un angle légèrement différent. Ayant voyagé en Cisjordanie, à Jérusalem, en Israël et à Gaza, je dois dire que nous parlons d’une toute petite partie de la planète. La Cisjordanie et Jérusalem sont petites, mais elles ont une immense signification historique et émotionnelle. L’idée d’une solution à deux États est impraticable dès le départ en raison des complexités géographiques et logistiques.

Aujourd’hui, il est crucial de comprendre que lorsque des gouvernements comme ceux de la Chine et de l’Inde soutiennent la solution à deux États, ils l’utilisent comme un bouclier pour empêcher l’annexion immédiate de Gaza et de la Cisjordanie. Cette position politique ne vise pas véritablement à soutenir une solution à deux États mais à maintenir les frontières actuelles pour éviter toute escalade et tout déplacement supplémentaire.

En résumé, alors que la solution à deux États est un concept mythique, le soutien politique actuel vise à empêcher une seconde Nakba. Il est important de faire la distinction entre ces deux aspects : l’impraticabilité de la solution elle-même et les manœuvres politiques visant à protéger les terres palestiniennes contre toute annexion future.

Hope JZR : Merci. Il est clair que la solution à deux États, bien qu’historiquement significative, rencontre de nombreux défis moraux, idéologiques et pratiques. Nous aimerions maintenant explorer le scénario d’une éventuelle annexion de tous les territoires palestiniens par Israël.

M. Pappé : Que pensez-vous de la probabilité qu’Israël annexe tous les territoires palestiniens ?

Ilan Pappé : Tout d’abord, il est important de reconnaître qu’Israël contrôle déjà la totalité de la Palestine historique, bien que cela ne soit pas toujours directement ou selon la loi. Il y a une annexion de facto en pratique, même si elle n’a pas encore été formalisée par la loi. La possibilité d’une annexion de jure, où elle est déclarée par la loi, est certainement présente, compte tenu de l’orientation actuelle de la politique israélienne.

La société et la politique israélienne ont beaucoup évolué vers la droite. En Israël, «droite» ne concerne pas seulement le capitalisme versus le socialisme, mais plutôt une position nationaliste, sioniste et annexionniste concernant la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce qui était autrefois une idée marginale est maintenant devenu «mainstream» dans la politique israélienne. Il est possible que la Knesset israélienne finisse par adopter des lois pour annexer des parties de la Cisjordanie, en particulier la zone C, qui représente 60% de la Cisjordanie et est déjà sous contrôle israélien selon les Accords d’Oslo.

La coalition de droite actuellement au pouvoir ne cherche pas seulement à annexer complètement la Cisjordanie, mais aussi la bande de Gaza. Pour eux, l’annexion inclut le nettoyage ethnique et la dépopulation. Ils considèrent cela comme un acte légitime pour sécuriser l’État d’Israël, sans aucune inhibition morale. Ce scénario doit être pris très au sérieux. Cependant, ce n’est pas une cause perdue. Nous pouvons et devons galvaniser nos sociétés et nos gouvernements pour éviter un tel acte désastreux, en cherchant à éviter de vastes expulsions et des effusions de sang potentielles par des moyens pacifiques.

Hope JZR : Merci, M. Pappé. Monsieur Prashad, voudriez-vous nous faire part de vos opinions sur la probabilité de ce scénario ?

Vijay Prashad : Ce scénario d’annexion n’est pas nouveau ; il remonte à des décennies. Ariel Sharon, lorsqu’il a rejoint le gouvernement en 1977, a pris la direction du ministère de l’Agriculture pour se concentrer sur la construction illégale de colonies en Cisjordanie. Ce projet à long terme d’activité de colonisation dépasse largement la simple appropriation de terres – il s’agit de changer la conscience de la société israélienne. Les colonies ont poussé la société israélienne vers une dérive vers la droite, non seulement parmi les colons, dont beaucoup sont essentiellement des terroristes, mais à travers toute la société, provoquant des idéologies annexionnistes.

Je crains un scénario où il y aurait une attaque contre le Dôme du Rocher ou la mosquée Al-Aqsa. Un tel événement serait catastrophique et pourrait mobiliser les gens dans le monde entier dans une frénésie. Ce n’est pas une hypothèse farfelue ; il y a des élus au gouvernement israélien et des prédicateurs évangéliques aux États-Unis qui en parlent. Nous devons être résolus et lutter contre cette attitude dangereuse.

Le problème de l’annexion n’est pas seulement un problème palestinien, mais aussi un problème israélien. La société israélienne doit affronter son obsession pour l’idée d’Eretz Israël et l’effacement des Palestiniens. Cette obsession corrompt la vie quotidienne israélienne, et les Israéliens doivent prendre cela très au sérieux. Il est déjà tard, mais il est encore temps de se réveiller et de traiter ces questions.

Hope JZR : Merci à vous deux. Il est clair que le scénario de l’annexion par Israël de tous les territoires palestiniens est très préoccupant. Comme l’a souligné M. Pappé, le climat politique actuel en Israël rend ce scénario possible, tandis que M. Prashad a mis en lumière les implications culturelles et sociétales à long terme d’une telle démarche.

M. Prashad : Je continue avec vous pour le troisième scénario, qui gagne en crédibilité parmi les géopoliticiens. Ce scénario implique la disparition d’Israël tel qu’il existe actuellement en tant qu’État. Quels sont les facteurs possibles qui pourraient conduire à ce résultat ? S’agirait-il de pressions intrinsèques au sein de la société israélienne, de pressions mondiales, de guerre ou d’autres facteurs ?

M. Vijay Prashad : Franchement, ce scénario n’est pas simplement une spéculation politique. De nombreux politologues préconisent une solution à un État où Israël, en tant qu’État d’apartheid, cesserait d’exister, laissant place à un État laïque et démocratique avec des droits égaux pour tous. C’est certainement un scénario idéal dans l’abstrait. Cependant, sa réalisation nécessite un immense changement social et culturel, où les gens commencent à se faire confiance mutuellement et à se voir comme égaux.

Regardez l’Algérie après sa guerre d’indépendance. Il était incroyablement difficile pour les pieds-noirs de rester en Algérie en grand nombre. De même, après la fin de la domination britannique en Inde, la plupart des Britanniques sont partis. Même en Afrique du Sud, bien que la réconciliation ait été possible, le racisme et les inégalités sociales persistent. Réaliser une solution à un État en Israël et en Palestine est encore plus difficile, à la fois politiquement et socialement. La droite israélienne est peu susceptible d’accepter les factions palestiniennes alors qu’ils ne reconnaissent même pas les partis politiques arabes israéliens au sein de leur propre système.

À l’intérieur, bien qu’il y ait des Israéliens qui quittent le pays, cela ne conduit pas à une perte nette significative de population, car d’autres arrivent. Le caractère de la société pourrait changer radicalement, et pas nécessairement pour le mieux. La lutte pour changer la société israélienne de l’intérieur constitue un obstacle majeur à toute solution à un État.

Hope JZR : Merci. M. Pappé, veuillez partager votre perspective sur ce scénario.

M. Ilan Pappé : D’un point de vue légèrement différent, je crois que nous assistons au début de la fin d’Israël en tant qu’État, non pas en raison de souhaits externes, mais en raison de problèmes inhérents au projet sioniste. Plusieurs facteurs contribuent à cette implosion interne.

L’attaque du Hamas le 7 octobre a agi comme un séisme, révélant et prolongeant les fissures existantes au sein de la société israélienne. Ces fissures sont maintenant si importantes qu’elles menacent l’effondrement de l’État. Israël n’est pas unique face à un tel destin ; d’autres États de la région, comme la Syrie, le Liban, la Libye, le Yémen et l’Irak, connaissent une désintégration ou une instabilité grave.

Un facteur majeur est la division interne entre juifs séculiers et religieux en Israël. Malgré les menaces externes, cette division s’approfondit, conduisant à une sorte de guerre civile froide. Les événements récents ont mis en lumière l’échec de l’armée israélienne à défendre ses citoyens, diminuant son invincibilité aux yeux de la société israélienne.

Économiquement, Israël fait face à une crise. Depuis le 7 octobre, plus d’un demi-million d’Israéliens, dont une partie significative de l’élite financière, ont quitté le pays, transférant leur capital et potentiellement eux-mêmes. Cette instabilité économique, couplée au besoin d’une aide financière massive des États-Unis, mine davantage la stabilité d’Israël.

Sur le plan international, l’isolement d’Israël s’accentue. Le soutien des communautés juives mondiales diminue, de nombreux jeunes juifs dans le monde ne s’identifiant plus comme sionistes et soutenant plutôt la solidarité avec les Palestiniens. Cette perte de soutien rend Israël très vulnérable.

Le mouvement national palestinien, bien qu’actuellement en désordre, montre des promesses parmi la jeune génération. Ils sont plus unis, consensuels et actifs. Il y a de l’espoir qu’ils puissent combler le vide laissé par l’effondrement potentiel d’Israël, offrant une vision d’égalité pour tous les résidents et le retour des réfugiés palestiniens, créant ainsi une nouvelle entité politique en Palestine historique.

Hope JZR : Merci. Il est évident que le scénario de la disparition d’Israël en tant qu’État implique de nombreux facteurs complexes, notamment les pressions sociétales internes, les défis économiques, l’isolement international et l’évolution du mouvement national palestinien.

M. Pappé, tout au long de la discussion sur les scénarios précédents, il est clair que la situation est très complexe. Compte tenu de cette complexité, abordons le quatrième scénario d’escalade vers un conflit mondial. Comment envisagez-vous que cela se déroule ?

M. Ilan Pappé : Il existe en effet un danger significatif que le conflit actuel s’intensifie en une guerre régionale avant de potentiellement devenir un conflit mondial. La guerre actuelle à Gaza et la guerre de basse intensité entre Israël et le Hezbollah au nord pourraient facilement s’intensifier. L’implication de l’Iran dans le conflit, qui a commencé à se dérouler le 7 octobre, est un facteur critique.

Les plans d’Israël pour aborder militairement la situation dans le nord en repoussant le Hezbollah au nord de la rivière Litani et en créant une zone tampon dans le sud du Liban pourraient entraîner l’implication de l’Iran et des États-Unis dans le conflit. Ce scénario est alarmant car si les États-Unis et l’Iran sont entraînés dans la guerre, un effet domino pourrait s’ensuivre, entraînant d’autres forces régionales et internationales dans la mêlée.

Un problème majeur est l’acceptation du récit israélien au sein des établissements de sécurité du Nord mondial et éventuellement en Inde. Ce récit présente l’Iran comme le principal problème de la région, le décrivant comme une force déstabilisatrice avec un supposé désir d’imposer une révolution chiite à travers le monde arabe. Cette dichotomie simpliste des forces du bien contre le mal, avec Israël inexplicablement présenté comme le «bien», ignore les complexités de la région et les héritages coloniaux. L’imposition par l’Occident du modèle de l’État-nation sur la Méditerranée orientale a échoué, et toute structure politique future doit reconnaître cet échec.

L’Iran, malgré ses problèmes de droits de l’homme, est essentiel pour toute réconciliation et stabilisation de la région. Historiquement, l’Iran a été essentiel pour la région, et l’exclure des futurs processus de paix est impraticable. Nous devons dépasser le récit du bien contre le mal pour désamorcer efficacement la situation et trouver des solutions plus substantielles.

Hope JZR :  M. Prashad, voudriez-vous partager vos réflexions sur ce scénario d’escalade vers un conflit mondial ?

M. Vijay Prashad : Le seul pays qui semble vouloir un conflit mondial est les États-Unis. Les États-Unis poursuivent une politique suicidaire en Ukraine, provoquant la Russie en suggérant que des armes de l’OTAN pourraient être utilisées pour frapper les centres d’alerte des ICBM à l’intérieur du territoire russe. C’est une provocation inutile. Les États-Unis provoquent également la Chine en mer de Chine méridionale, violant le droit international dans le processus.

Soixante-quinze pour cent des dépenses militaires mondiales sont réalisées par les pays de l’OTAN, les États-Unis étant responsables d’une part importante. La Chine représente 10% et la Russie 3%, tandis que les dépenses militaires du monde arabe sont minimes, à l’exception de l’Arabie saoudite. La réalité est que le pays terroriste le plus important sur Terre en ce moment est le gouvernement des États-Unis.

La Chine, en revanche, n’est pas intéressée par la guerre et cherche activement à désamorcer les tensions, comme en tentant de négocier un grand accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Les médias mondiaux dépeignent cependant la Chine, la Russie et l’Iran comme des menaces, ignorant la véritable menace posée par les États-Unis, qui possède 900 bases militaires à travers le monde.

Les pays arabes comme l’Égypte et la Jordanie, qui étaient autrefois vocaux et actifs en politique régionale, sont maintenant largement silencieux ou inefficaces. L’Égypte, autrefois leader dans le monde arabe, est désormais invisible. La Jordanie, malgré son importante population palestinienne, reste largement silencieuse. Même si le Yémen prend position, d’autres nations arabes doivent se lever et menacer de rompre leurs liens avec Israël en réponse à ses actions.

La Chine et l’Iran ne veulent pas la guerre. Même la Russie, malgré ses actions en Ukraine, ne veut pas d’un conflit plus large. Les États-Unis, en revanche, semblent déterminés à maintenir leur autorité déclinante par le militarisme. Cela fait des États-Unis un pays dangereux et un médiateur peu fiable pour tout processus de paix, en particulier dans le conflit israélo-palestinien.

Hope JZR : Merci messieurs pour vos vues précieuses. Il est clair que le potentiel d’escalade du conflit actuel vers une guerre mondiale est influencé par de nombreux facteurs, y compris les dynamiques régionales, les récits internationaux et les actions des grandes puissances comme les États-Unis et la Chine.

Nous avons maintenant passé 53 minutes à explorer ces scénarios. Voici les résultats du sondage. Nous avons près de 300 votes : la solution à deux États a recueilli 21%, l’annexion de la Palestine par Israël 2%, l’escalade vers une guerre mondiale a obtenu 13%, et la fin d’Israël tel qu’il existe actuellement 68%. Je ne sais pas si cela représente des vœux pieux ou la probabilité perçue de ces scénarios.

Réaction des invités

Ilan Pappé : Oui, je pense que vous avez raison. Il est difficile d’interpréter si les gens prédisent ce qui va se passer ou expriment leurs désirs. Cela reflète une rencontre d’espoir, et peut-être que cela devrait être mon dernier point. Je tiens à être prudent avec le terme «fin» (نهاية ou nihaaya en arabe), car il semble très destructeur. En tant que juif israélien, je ne plaide pas pour la destruction ou le mal à quiconque. Il y a 8 millions de juifs en Palestine ; on ne peut pas simplement les faire disparaître. Je crois que ce que les gens veulent dire, c’est l’effondrement des États ou des régimes, pas la fin des peuples. Cette distinction est cruciale, surtout lorsqu’il s’agit de questions sensibles comme celles-ci. Je suis un fervent partisan du slogan «La Palestine doit être libre, du fleuve à la mer». Cependant, je dois expliquer cela non seulement aux Palestiniens mais aussi aux Israéliens. Ce que nous visons, c’est la fin de l’apartheid, de la colonisation et du génocide – un changement de régime. Le sionisme, autrefois destiné à combattre l’antisémitisme, s’est transformé en une idéologie coloniale de peuplement qui cherche à déplacer les Palestiniens. Nous devons nous débarrasser de cette idéologie pour construire un avenir basé sur l’égalité et la reconnaissance des injustices historiques. Ce processus implique la réconciliation et la justice restauratrice, visant non pas à la destruction mais à la création de quelque chose de nouveau et de juste.

Hope JZR : Très clair, M. Elan.

Vijay Prashad : Le professeur Pappé l’a bien articulé. Nous venons de civilisations anciennes, et nos histoires sont riches en diversité et en complexité. L’imposition d’idées impitoyables et «divisives» a causé beaucoup de souffrances. L’externalisation par l’Europe de son antisémitisme en Palestine a été une injustice profonde. La solution à l’antisémitisme réside dans le fait que l’Europe affronte sa propre histoire, et non pas en l’exportant ailleurs.

Vivre ensemble en harmonie est un défi profond, mais c’est possible. Nous devons apprendre à nous aimer les uns les autres en tant qu’êtres humains, malgré les difficultés immenses de ce voyage. Le poète de ma région ancestrale a dit une fois : «Il y a 250 ans, nous étions des personnes ; avec beaucoup de difficulté, nous sommes devenus humains». Ce voyage continue.

Hope JZR : Encore merci à vous deux. Cela a été un plaisir de vous avoir ici. J’espère vous accueillir à nouveau à l’avenir pour une autre discussion enrichissante.

Merci à tous.

proposée par Amar Djerrad

Israël veut-il vraiment intensifier sa guerre avec le Hezbollah?

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 19/06/2024

Israël veut-il vraiment intensifier sa guerre avec le Hezbollah?

L’armée israélienne aurait validé les plans d’un basculement dans une guerre de haute intensité avec le Hezbollah. D’un côté on est sceptique, vu que Tsahal s’est montrée incapable, depuis huit mois, de vaincre les mouvements combattants palestiniens à Gaza. De l’autre, la guerre menée par le gouvernement israélien depuis le début octobre échappant à toute rationalité stratégique, une fuite en avant est possible. Elle permettrait à Benjamin Netanyahu de rester au pouvoir….

 

 

Le journal The Cradle donne des détails en même temps qu’il met à disposition la vidéo du Hezbollah:

Le 18 juin, le Hezbollah a diffusé des images de surveillance en gros plan, récemment capturées par ses drones de reconnaissance, montrant des cibles israéliennes sensibles dans le nord, notamment le port de Haïfa.

La vidéo montre des cibles, notamment des bâtiments appartenant à la société israélienne Rafael, spécialisée dans les technologies de défense, au nord de Haïfa, où sont fabriqués, assemblés et stockés des missiles de défense aérienne pour les systèmes Iron Dome et David’s Sling.

La vidéo montre également des images de drone en gros plan de la colonie très peuplée de Kiryot, située à 26 kilomètres de la frontière libanaise, au nord de la côte de Haïfa. Selon la vidéo du Hezbollah, plus de 260 000 colons résident dans la colonie de Kiryot.

Dans le port de Haïfa, les drones du Hezbollah ont filmé des hangars où sont entretenus des navires, un quartier général de la marine israélienne et un bâtiment où sont stockées des marchandises.

Les images montrent également un complexe militaire où sont stationnés des sous-marins israéliens, un centre de commandement et de contrôle des sous-marins dans le port de Haïfa, et plusieurs navires de guerre, dont les célèbres navires militaires israéliens Saar 4.5 et Saar 6.

La principale plate-forme commerciale du port de Haïfa est incluse dans les images, ainsi que la principale centrale électrique de Haïfa, des sites de stockage pétrochimique, des réservoirs de pétrole et l’aéroport de Haïfa, où l’on peut voir des avions de chasse dans la vidéo.

The Cradle, 18 juin 2024

Alors, une guerre de haute intensité contre le Hezbollah?

Devant l’émoi suscité par la publication de la milice chiite libanaise, l’armée a réagi:

Le chef du commandement nord de l’armée israélienne, le général de division Ori Gordin, et le chef de la direction des opérations, le général de division Oded Basiuk, ont approuvé les plans de bataille pour une attaque à grande échelle contre le Liban, a annoncé l’armée le 19 juin.

“Les plans opérationnels pour une offensive au Liban ont été approuvés, et l’armée “accélère la préparation des forces sur le terrain”, a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a menacé mardi : “Nous sommes très proches du moment où nous déciderons de changer les règles du jeu contre le Hezbollah et le Liban. Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera durement touché”

The Cradle, 19 juin 2024

Ces annonces et menaces sont-elles crédibles?

D’un côté, la situation militaire est critique: les mouvements combattants palestiniens de Gaza ne sont pas vaincus; les affrontements s’intensifient en Cisjornanie; Ansarallah, depuis le Yemen, a pratiquement mis au chômage le port d’Eilat; il a fallu l’aide des Etats-Unis pour limiter l’effet d’une attaque depuis l’Iran il y a quelques semaines; les divisions politiques vont croissantes; les soldats engagés sont épuisés et le gouvernement, non seulement, envisage de repousser la limite d’âge pour l’emploi des réservistes sur le front, mais il a commencé à remettre en cause les exemptions de service des groupes religieux.

Et pourtant Israël envisagerait de se lancer dans une bataille beaucoup plus intense au nord? Avec tous les risques de voir détruit une partie d’Israël au nord vu ce dont le Hezbollah est aujourd’hui capable?

On a toutes les raisons d’être sceptique. Mais Netanyahu a décidé d’attaquer Rafah alors que tout plaidait contre. Alors pourquoi ne pratiquerait-il pas, là aussi, une fuite en avant? Périsse Israël, semble-t-il dire, pourvu que je ne doive pas quitter mon poste de Premier ministre et devoir affronter les tribunaux et la prison.

 

 

Au train où vont les choses, Israël aura peut-être disparu dans quelques jours

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 20/06/2024.

Netanyahu a besoin de l’opération à Gaza pour conserver son pouvoir, par Dmitri Bavyrine

Dans cette interview quinzomadaire de Thierry Meyssan, nous dressons un point sur l’actualité internationale. Thierry Meyssan s’interroge, entre autres, sur la capacité pratique de l’Etat israélien, à contrecarrer une offensive internationale, née du refus israélien de reconnaître les frontières de 1948. Le conflit qui s’annonce verra-t-il la disparition de l’Etat israélien, à l’instar de la disparition de l’Etat chrétien de Jérusalem ?

 

L’évolution récente en Israël ne manque pas d’inquiéter, notamment avec le départ “pas que” symbolique de Benny Gantz hors du gouvernement Nétanyahu. L’extrémisme du seul Netanyahu a-t-il seul pris le pouvoir, sans aucun “conseil de défense” pour tempérer les prises de positions tonitruantes et extrémistes du Premier Ministre israélien ?

Le suicide d’Israël

par Chris Hedges

La décadence d’Israël génèrera lassitude et indifférence. Il ne lui restera que l’escalade de la sauvagerie, la torture et la violence assassine contre des civils désarmés

Lorsqu’Israël aura réussi à décimer Gaza – Israël parle de mois de guerre se prolongeant au moins jusqu’à la fin de l’année – il aura signé sa propre condamnation à mort. La façade civilisée d’Israël, son prétendu respect de l’État de droit et de la démocratie, son mythe de l’armée israélienne héroïque et de la création miraculeuse de la nation juive – qu’il a su vendre à son public occidental – reposeront sur des cendres. Le capital social d’Israël sera épuisé. Israël sera considéré comme le régime d’apartheid hideux, répressif et rempli de haine qu’il a toujours été, aliénant ainsi les jeunes générations de juifs américains. Son protecteur, les États-Unis, au fur et à mesure que les nouvelles générations accéderont au pouvoir, prendra ses distances avec Israël. Le soutien du peuple viendra des sionistes réactionnaires et des fascistes christianisés d’Amérique qui voient dans la domination d’Israël sur l’ancienne terre biblique un signe avant-coureur du Second Avènement et dans son asservissement des Arabes un racisme similaire et une célébration de la suprématie de la race blanche…

Les nations requièrent plus que le recours à la force pour survivre. Elles nécessitent une dimension mystique. Celle-ci confère un sens, un civisme et même une noblesse qui incitent les citoyens à se sacrifier pour la nation. Elle est porteuse d’espoir pour l’avenir. Elle procure un message. Elle est source d’identité nationale.

Lorsque la dimension mystique implose, qu’elle est démasquée en tant que mensonge, c’est un des socles centraux du pouvoir de l’État qui s’effondre. J’ai rapporté la disparition des valeurs mystiques communistes en 1989, lors de la révolution en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. La police et l’armée ont décidé qu’il n’y avait plus rien à défendre. La décadence d’Israël engendrera la même lassitude et la même indifférence. Israël ne sera pas en mesure de recruter des collaborateurs locaux, tels que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne – méprisés par la plupart des Palestiniens – pour servir les intérêts des colonisateurs.

Tout ce qui reste à Israël, c’est l’escalade de la sauvagerie, y compris la torture et la violence meurtrière contre des civils désarmés, accélérant le déclin. Cette violence généralisée ne fonctionne qu’à court terme, comme ce fut le cas lors de la guerre menée par les Français en Algérie, de la sale guerre de la dictature militaire argentine, de l’occupation britannique de l’Inde, de l’Égypte, du Kenya et de l’Irlande du Nord et de l’occupation américaine du Viêt Nam, de l’Irak et de l’Afghanistan. Mais à long terme, elle est tout simplement suicidaire.

source : Chris Hedges via Spirit of Free Speech

La solution à l’enlisement d’Israël dans le Nord réside dans la fin de la guerre à Gaza

  1. par Gideon Levy

Le succès ne se discute pas, et certainement pas en Israël. Après le succès éclatant dans la bande de Gaza, nous adopterons le même modèle au Liban : une grande guerre, une victoire totale. Nous l’avons déjà dit à maintes reprises : nous n’avons rien oublié et nous n’avons rien appris. Mais nous n’avons jamais appliqué cette platitude en lambeaux à un laps de temps aussi court.

Les leçons tirées des guerres sont toujours oubliées à un moment ou à un autre, mais devons-nous oublier la leçon de la guerre à Gaza avant même qu’elle ne soit terminée, pour répéter la même erreur ? La folie d’Israël lui fait honte, comme l’arrogance de croire que la victoire est dans notre poche.

Disons-le tout de suite : comme celle qui l’a précédée à Gaza, la guerre qui est sur le point de se développer dans le nord sera classée comme une autre guerre choisie. Si Israël n’aurait pas dû envahir Gaza avec toutes ses forces dans le seul but de tuer, de détruire et de punir, principalement pour étancher sa soif de vengeance – une guerre choisie évidente -, la guerre du Liban sera, elle aussi, classée parmi toutes les guerres choisies d’Israël.

La troisième guerre du Liban, qui est aux portes, sera bien sûr décrite, comme ses prédécesseuses, dont la première s’appelait Opération Paix en Galilée et a éclaté, soit dit en passant, le 6 juin 1982, et dont la seconde a éclaté en juillet 2006, comme une guerre qui nous a été imposée : que faire lorsque la Galilée est abandonnée et en flammes ? Rester assis et se taire ? Baisser la tête ? La discussion sur une guerre dans le nord est une discussion unilatérale. Personne ne présente l’alternative (et il y en a une). La seule question qui se pose est celle du calendrier.

Nous devons dispenser le Nord de la punition du Hezbollah, et cela, dit-on, ne peut se faire que par la guerre. Comme à Gaza. Une fois de plus, les Forces de défense israéliennes vont envahir, occuper, tuer et être tuées ; le front intérieur sera battu comme il ne l’a jamais été auparavant, et l’armée le sera probablement aussi. 

Le terrible verbe «intensifier» a été transféré vers le nord. Intensifier la guerre. Le chef d’état-major a déjà annoncé que nous avions atteint le point où il fallait prendre une décision. Il a parlé de la seule décision qu’il connaisse : une autre guerre. Il n’y a pas d’alternative, absolument pas d’alternative.

Bien sûr qu’il y a une alternative. Au milieu de tout le bruit, de tout le feu et de toute la souffrance des habitants du nord, la raison pour laquelle le Hezbollah attaque a été oubliée, et on a fait en sorte qu’elle soit oubliée : la guerre à Gaza. Il y a maintenant deux alternatives : l’une, vers laquelle nous nous dirigeons, consiste à reproduire le fiasco de Gaza jusqu’aux abords de Beyrouth. La seconde, qui est trop bonne, est d’arrêter la guerre à Gaza. La paix en Galilée ne sera obtenue que de cette manière. Un accord garantira toujours plus qu’une nouvelle guerre, qui risque d’être la pire des guerres d’Israël.

Il est impossible de croire à la sérénité avec laquelle Israël glisse vers la pire de ses guerres sans débat public, sans opposition, même sans présentation de l’alternative : un accord de cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre avec le Hamas.

La pancarte «Non à la guerre au Nord» n’a pas encore été écrite. Les manifestants contre une guerre au Liban ne sont pas encore descendus dans la rue. Le Hezbollah a déclaré que la fin de la guerre à Gaza entraînerait la fin de la guerre dans le nord, et une promesse du Hezbollah est généralement beaucoup plus fiable qu’une promesse de Benjamin Netanyahou.

Le Hezbollah ne sera pas éradiqué et ne se retirera pas au-delà des montagnes du Chouf, mais qu’est-ce qu’une guerre apporterait, à part des victimes ? Une guerre dans le nord n’aboutira qu’à une effroyable effusion de sang, après quoi un accord sera signé, exactement comme celui qui pourrait être signé maintenant sans guerre. Le Hezbollah ne peut pas continuer si Gaza se tait – et Gaza ne se taira qu’avec un accord.

Israël se lancera dans une guerre majeure dans le nord, alors que sa position internationale est au plus bas et que Tsahal est meurtri par ses échecs à Gaza.

Rappelons-le : les deux objectifs déclarés (et non réels) d’Israël à Gaza n’ont pas été atteints. Loin de là. Dans la guerre de Gaza, depuis le tout début jusqu’à sa fin lointaine, Israël ne fait que perdre. Et si elle fonctionne si bien contre le Hamas, la guerre fonctionnera certainement encore mieux contre son frère aîné et mieux armé, le Hezbollah. Nous frapperons et nous serons frappés. Et retournerons à la table des négociations.

Il est impossible de rester silencieux face à ce qui se passe au nord. Israël doit à des dizaines de milliers de ses citoyens une solution à leur détresse, ce dont on ne parle pas assez. La solution à leur détresse se trouve à Gaza, uniquement à Gaza. Ou, dirons-nous, au bureau du Premier ministre à Jérusalem.

 

Source : Haaretz via Tlaxcala

Pour couvrir ses crimes de guerre, Israël prétend maintenant «avoir perdu le contrôle» de ses soldats

SOURCE : RZO INTERNATIONAL - LE 01/06/2024.

par Robert Inlakesh

Ce n’est pas une coïncidence si des idéologues extrémistes sont promus au sein de Tsahal & si des soldats «indisciplinés» ont carte blanche pour commettre des crimes contre les Palestiniens.

L’affirmation d’Israël selon laquelle il a perdu le contrôle des troupes à Gaza n’est qu’une tentative d’obtenir une couverture juridique pour les crimes de guerre commis par ses militaires, et masque le problème bien plus aigu de l’impunité systémique qui règne au sein de l’armée d’occupation.

Plusieurs mois après que les commentateurs des médias ont commencé à prédire une «défaite stratégique» des forces israéliennes à Gaza, le haut commandement militaire israélien affirme avoir perdu le contrôle de diverses unités de ses forces armées.

L’argument semble faire des soldats d’occupation des boucs émissaires, afin de fournir un démenti plausible à leurs supérieurs et de les dédouaner des accusations de crimes de guerre. Les nombreux éléments de preuve concernant ces «unités israéliennes hors-la-loi» pourraient potentiellement conduire à une mise en accusation accablante des dirigeants militaires de Tel-Aviv.

Bien que la Cour internationale de justice (CIJ) ait récemment appelé Israël à mettre fin à son opération militaire à Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu reste déterminé à envahir le secteur, même s’il fait personnellement l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). En proie à des divisions internes et aux pressions exercées pour se conformer à l’ordre de la CIJ, Tel-Aviv se trouve en situation très précaire.

Les «unités voyous» de l’armée d’occupation

Le week-end dernier, le quotidien hébreu Haaretz a lâché une bombe narrative en affirmant que «l’état-major général de l’armée israélienne a perdu le contrôle des unités, en particulier des unités de réserve, et ce depuis des mois». L’article tente de dépeindre une situation où le chef d’état-major Herzi Halevi viendrait seulement de «prendre conscience» de l’existence d’éléments prétendument hors-la-loi opérant sous sa surveillance, ces «unités incontrôlées» commettant les crimes cités par la CIJ à l’encontre d’Israël.

Tout au long de la guerre à Gaza, les soldats israéliens ont publié des preuves de leurs crimes, de leurs intentions génocidaires et de leurs actes pervers alors qu’ils opéraient à l’intérieur du territoire côtier assiégé.

Ces vidéos incriminantes, publiées principalement sur TikTok et Instagram, mais aussi au sein de groupes Telegram qui glorifient le meurtre de civils palestiniens, ont fait couler beaucoup d’encre. Il semble que les dirigeants israéliens adoptent désormais la stratégie du «petit nombre de pommes pourries» afin d’exonérer leurs hauts gradés militaires de toute responsabilité.

La tâche ne sera pas aisée. Certains réseaux sociaux sont gérés par des responsables de l’occupation. En outre, l’establishment militaire israélien a admis qu’il gérait des comptes sur Telegram qui diffusent des scènes de torture dans le cadre d’une opération de guerre psychologique menée par le «Service de l’influence de la Direction des opérations».

Quelles sont les entités responsables d’agissements illégaux ?

Pour l’instant, il n’existe pas de liste officielle des unités qui auraient prétendument «perdu la boule». L’écrivain Amos Harel de Haaretz, avance que ces troupes peuvent simplement être identifiées par ceux qui ont posté des vidéos les compromettant.

Prenons le cas de Yair Ben David, un commandant du 2908e bataillon, cité dans la demande de la CIJ sud-africaine pour avoir exprimé des intentions génocidaires. Il s’est vanté des destructions dont ses hommes se sont rendus coupables à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, en se référant à un récit biblique où tous les habitants mâles ont été massacrés, et a déclaré que “toute la bande de Gaza devrait ressembler à Beit Hanoun».

Bien que cette déclaration ait été faite dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux en décembre 2023, aucune mesure n’a été prise par les dirigeants militaires israéliens pour réprimer son unité.

Un autre article de Haaretz publié fin janvier, intitulé «L’armée israélienne doit agir avant que certains de ses soldats ne se transforment en gangs sans foi ni loi», fait référence au commentaire de Ben David et note que «90 commandants de bataillons de réservistes ont adressé une pétition au chef d’état-major de Tsahal pour qu’il continue à opérer à Gaza, au Liban et en Cisjordanie jusqu’à la victoire».

David Bar Kalifa, commandant de la division 36, la plus importante division régulière de l’armée israélienne, est également cité dans l’article pour ses injonctions de «vengeance» à l’encontre de la population palestinienne. Or, Tel-Aviv n’a pris aucune mesure pour modifier ou réformer la structure de la division, laquelle a été transférée par la suite à la frontière libanaise, bien que le chef du commandement sud d’Israël, Yaron Finkelman, ait plaidé en faveur de son déploiement dans le centre de la bande de Gaza.

Aviad Yisraeli, officier du 6261e bataillon de la 261e brigade, a ouvertement publié sur les réseaux sociaux son intention de «s’assurer qu’il ne reste plus personne» avant de participer à l’invasion de Khan Yunis en décembre. M. Yisraeli, qui vit dans un avant-poste illégal de colons près de Bethléem, en Cisjordanie occupée, n’a fait l’objet d’aucune mesure disciplinaire de la part de ses supérieurs et a été récemment déployé à Rafah.

Le 6 mai, lorsque les forces israéliennes ont envahi le checkpoint de Rafah, des soldats se sont filmés en train de le détruire et le saccager et ont diffusé les images sur les réseaux sociaux. Ces soldats appartenaient à la 401e brigade de la 162e division, tandis que la brigade Givati s’est emparée d’autres zones à l’est de Rafah.

La prise du checkpoint de Rafah est peut-être l’une des offensives militaires les plus critiques commises par les Israéliens pendant toute la guerre, car leur intrusion dans ce que l’on appelle le «corridor de Philadelphie» constitue une violation officielle de l’accord de Camp David conclu en 1979 avec l’Égypte. Le recours à la 401e brigade, connue pour son esprit de subordination, reflète un malaise plus profond au sein du haut commandement israélien.

Depuis des mois, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, exhorte les soldats à ne pas filmer de tels actes, ce qui indique clairement que les dirigeants de l’armée sont conscients depuis bien longtemps de leurs agissements. Aucune mesure disciplinaire n’a été prise à ce jour – la mesure la plus proactive prise par les autorités a consisté à annoncer des «enquêtes de police» sur la mise en ligne d’images. Aucune suite n’a été donnée à ces enquêtes sur les milliers de vidéos, de photos et de messages postés par les soldats.

Maîtriser le chaos

Si les dirigeants israéliens ont réellement perdu le contrôle d’unités entières de leur armée, pourquoi seraient-elles à nouveau déployées dans des zones sensibles telles que la Cisjordanie, la bande de Gaza et le long de la frontière libanaise ?

Une telle prise de décision irréfléchie, impliquant des soldats soupçonnés de ne pas suivre les ordres et dont les vidéos sont utilisées comme preuve de l’intention génocidaire devant la CIJ, est une mise en accusation sévère du haut commandement israélien.

En janvier, un rapport de la radio hébraïque «Kan Reshet Bet» a déclaré :

«Les combattants réservistes appelés à s’entraîner avant la création de la brigade Hashomer […] ont sévèrement critiqué les graves lacunes en matière d’équipement, de professionnalisme, le manque d’effectifs et surtout le fait qu’en plein entraînement, ils ont été informés qu’ils entraient dans la bande de Gaza sans avoir suivi la formation requise.»

De tels articles ne sont pas rares dans les médias israéliens, et illustrent bien la situation décisionnelle du commandement militaire. Si l’on ajoute à cela les nombreuses déclarations d’intention génocidaire, documentées par l’association de défense des droits des Palestiniens Al-Haq, émanant à la fois des responsables militaires et politiques, le tableau qui se dégage est celui d’un chaos maîtrisé.

L’équipe juridique sud-africaine de la CIJ a établi un lien entre l’invocation par M. Netanyahou de l’histoire biblique d’Amalek et les soldats israéliens, y voyant un appel à l’assassinat de masse des civils palestiniens. Les crimes de guerre potentiels motivés par une telle rhétorique sont imputables aux individus lorsque les décisions du commandement militaire autorisent un tel comportement.

Si le haut commandement israélien n’est pas conscient de la présence d’éléments extrémistes et incontrôlés au sein de son armée, comment expliquer la formation de l’unité «Desert Frontier», qui a intégré des colons extrémistes de la «Hilltop Youth». Ce groupe radical de colons justiciers a été précédemment décrit par les médias israéliens comme étant des terroristes pour avoir attaqué des soldats israéliens et des civils palestiniens.

Un climat d’impunité

L’attitude irresponsable des soldats ne date pas de 2023. Elle résulte du climat d’impunité absolue dans lequel évoluent les troupes israéliennes. Pendant la guerre de 2008/2009 à Gaza, un soldat israélien n’a été sanctionné que pour le vol d’une carte de crédit, et non pour avoir tué, torturé ou brutalisé des Palestiniens, ou pour avoir rasé leurs maisons, leurs commerces et leurs terres.

Ou pour avoir utilisé des Palestiniens comme boucliers humains – un crime que Tel-Aviv attribue au Hamas, mais que ses troupes commettent au quotidien. Selon B’Tselem, deux soldats impliqués pour avoir pris un enfant de neuf ans comme bouclier humain ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et rétrogradés du rang de sergent-chef à celui de simple soldat, deux ans après l’incident. Aucun de leurs commandants n’a été jugé.

Les deux soldats en question avaient ordonné à un garçon de neuf ans, sous la menace d’une arme, d’ouvrir un sac qu’ils croyaient piégé. Malgré la gravité de leur comportement – mettre en danger un jeune enfant – les deux soldats ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et rétrogradés du grade de sergent-chef à celui de soldat, deux ans après l’incident. Aucun de leurs commandants n’a été jugé.

Depuis, les exactions des troupes israéliennes n’ont fait qu’empirer. Bien qu’il existe de nombreux autres cas documentés de soldats israéliens utilisant des civils palestiniens – souvent des enfants – comme boucliers humains, ce fut le dernier cas puni par le système judiciaire israélien.

L’argument selon lequel les dirigeants militaires israéliens ne prennent conscience qu’aujourd’hui de la réalité des manquements de leurs soldats ne sert qu’à fabriquer un déni de responsabilité plausible. Ce n’est pas une coïncidence si des idéologues extrémistes ont été promus au sein de l’armée israélienne, et si des soldats peu disciplinés, encouragés par la rhétorique génocidaire de leurs chefs, ont carte blanche pour commettre des crimes contre les Palestiniens.

source : The Cradle via Spirit of Free Speech

 

ISRAËL MET (aussi) EN DANGER LES JUIFS : Les conséquences d'une politique dévastatrice...

 

 

Enfin la justice. Mais les Israéliens vont-ils commencer à se réveiller ?

Source : RzO International - Le 25/05/2024.

par Gideon Levy

Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait.

Enfin, la justice ; les tout premiers signes du début d’une justice tardive, partielle, mais tout de même un peu de justice.

Il n’y a aucune joie à voir son Premier ministre et son ministre de la Défense devenir wanted dans le monde entier, mais il est impossible de ne pas ressentir une certaine satisfaction face à l’amorce d’une certaine justice.

Dans la complaisance et la victimisation des Israéliens, dans les interminables débats bien-pensants à la télévision, dans les cris sur un monde antisémite et l’injustice de l’amalgame entre Israël et le Hamas, il manque une question fondamentale et fatidique : Israël a-t-il commis des crimes de guerre à Gaza ? Personne n’ose aborder cette question essentielle et critique : Y a-t-il eu, oui ou non, des crimes ?

Si des crimes de guerre ont été commis, des massacres et une famine, comme l’a suggéré le courageux procureur Karim Khan (à la nomination duquel Israël a participé en coulisses, ayant trouvé sa prédécesseure Fatou Bensouda suspecte), alors il y a des criminels qui en sont responsables. Et s’il y a des criminels de guerre, il est du devoir du monde de les traduire en justice. Ils doivent être déclarés wanted et arrêtés.

Si le Hamas a commis des crimes de guerre – et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet – ses criminels doivent être traduits en justice. Et si Israël a commis des crimes de guerre – et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet dans le monde, sauf dans l’Israël suicidaire qui se trompe lui-même – les responsables de ces crimes doivent également être traduits en justice.

Le fait de les regrouper n’implique pas une symétrie morale ou une équivalence juridique. Même si Israël et le Hamas étaient accusés séparément, Israël aurait soulevé un tollé contre le tribunal.

Le seul argument entendu aujourd’hui en Israël est que le juge est un fils de pute. Le seul moyen suggéré pour empêcher sa condamnation sévère est de nuire à la Cour pénale internationale de La Haye.

Convaincre des nations amies de ne pas respecter ses décisions, imposer des sanctions (!) à ses juges. C’est ainsi que pense tout criminel, mais un État n’a pas le droit de penser ainsi. Les deux tribunaux internationaux devant lesquels Israël et les Israéliens sont jugés méritent le respect de l’État et non son mépris. L’outrage au tribunal de la part d’Israël ne fera qu’allonger la liste des accusations et des soupçons qui pèsent sur lui.

Il vaut mieux qu’Israël, en ce moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait. Mieux vaut qu’il se reproche quelque chose, n’importe quoi, plutôt que de blâmer le monde entier. Comment en sommes-nous arrivés là, telle devrait être la question, plutôt que de se demander comment ils en sont arrivés là.

Quand assumerons-nous enfin la responsabilité de quoi que ce soit, de quelque chose fait en notre nom ? Les 106 députés qui ont signé la pétition contre la CPI et les zéro députés qui ont signé la pétition inexistante contre les crimes de guerre israéliens sont un triste reflet du pays : Unis contre la justice, unis dans un éternel sentiment de victimisation, sans droite ni gauche, un chœur céleste. Si Israël est un jour reconnu coupable de crimes de guerre, il faudra se souvenir que 106 députés ont voté pour blanchir ceux de Benjamin Netanyahou et de Yoav Gallant.

La bande de Gaza est en ruines, ses habitants sont tués, blessés, orphelins, affamés, démunis, alors que la plupart d’entre eux étaient innocents. Il s’agit clairement d’un crime de guerre. La famine est considérée par tout le monde en Israël comme un moyen légitime, qu’on le soutienne ou le combatte, tout comme les massacres intentionnels. Comment peut-on affirmer qu’il n’y a pas eu de famine ou de massacre intentionnel ?

Le jour d’après la CPI, Israël doit se regrouper pour procéder à une introspection nationale, ce qu’il n’a jamais fait auparavant. Chaque Israélien doit se poser la question suivante : «Comment en sommes-nous arrivés là ?» Il ne suffit pas de blâmer Netanyahou, le principal coupable, ni d’étouffer l’affaire avec des arguments évasifs sur la hasbara, des conseils juridiques erronés et des remarques extrêmes de la part de responsables israéliens.

Le problème est bien plus profond : Depuis 57 ans*, Israël maintient un régime malfaisant et répréhensible, et aujourd’hui, enfin, le monde se réveille et commence à agir contre lui. Est-ce que cela sera également en mesure de réveiller au moins quelques Israéliens de leur sens de la justice je-m’en-foutiste et scélérat ?

 

NdT
*En bon Israélien l’auteur fait débuter le parcours criminel d’Israël en 1967. C’est son choix.

Faucheuse (d’)enfant (s)

source : Haaretz via Tlaxcala

Le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt contre Netanyahou, Gallant et d’autres personnes

Source : Le Saker francophone - Le 21/05/2024.

 


Par Moon of Alabama – Le 20 mai 2024

Aujourd’hui, le procureur de la Cour pénale internationale, Karim A.A. Khan KC, a déposé des demandes de mandats d’arrêt devant une chambre préliminaire de la Cour.

Ces demandes concernent les deux parties du conflit en Palestine :

Sur la base des éléments de preuve recueillis et examinés par mon Bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire que Yahya SINWAR (chef du Mouvement de résistance islamique (“Hamas”) dans la bande de Gaza), Mohammed Diab Ibrahim AL-MASRI, plus connu sous le nom de DEIF (commandant en chef de l’aile militaire du Hamas, connue sous le nom de Brigade Al-Qassam) et Ismail HANIYEH (chef du bureau politique du Hamas) portent la responsabilité pénale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité suivants, commis sur le territoire d’Israël et de l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) depuis au moins le 7 octobre 2023 :

 

Ces trois personnes sont déjà menacées d’assassinat par Israël. Elles ne voyagent pas et se tiennent à l’écart du public. Même si des mandats d’arrêt sont délivrés à leur encontre, il est peu probable qu’elles s’en préoccupent.

De l’autre côté du conflit, le problème est différent :

Sur la base des preuves recueillies et examinées par mon Bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire que Benjamin NETANYAHU, le Premier ministre d’Israël, et Yoav GALLANT, le ministre de la Défense d’Israël, portent la responsabilité pénale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité suivants, commis sur le territoire de l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) à partir du 8 octobre 2023 au moins :

  • Affamer des civils comme méthode de guerre est un crime de guerre, en violation de l’article 8(2)(b)(xxv) du Statut ;

  • Le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé, en violation de l’article 8(2)(a)(iii), ou d’infliger des traitements cruels est un crime de guerre, en violation de l’article 8(2)(c)(i) ;

  • L’homicide volontaire en violation de l’article 8(2)(a)(i), ou le meurtre est un crime de guerre en violation de l’article 8(2)(c)(i) ;

  • Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile est un crime de guerre, en violation des articles 8(2)(b)(i) ou 8(2)(e)(i) ;

  • L’extermination et/ou le meurtre en violation des articles 7(1)(b) et 7(1)(a), y compris dans le contexte des décès causés par la famine, est un crime contre l’humanité ;

  • La persécution est un crime contre l’humanité, conformément à l’article 7, paragraphe 1, point h) ;

  • D’autres actes inhumains sont des crimes contre l’humanité, conformément à l’article 7, paragraphe 1, point k).

Si les mandats d’arrêt contre Netanyahou et Galant sont acceptés, ils devront cesser tout voyage vers ou passant par les nombreux pays qui sont membres du Statut de Rome. (Les États-Unis, Israël, la Russie et le Soudan ont signé le statut de Rome mais n’en sont pas devenus membres).

Les États membres sont tenus d’exécuter les mandats d’arrêt si le procureur de la CPI les fait valider. Les mandats d’arrêt s’accompagnent également d’une stigmatisation qui empêchera les politiciens pro-sionistes d’Europe et d’ailleurs de rencontrer Netanyahou ou d’autres personnes impliquées.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Sur le même sujet

La Cour pénale internationale lance un mandat d’arrêt contre Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité

- La communauté internationale se décide enfin à poursuivre Netanyahu pour ses crimes

 

 

L’art de l’impossible : Ni État palestinien, ni État libanais, ni État syrien aux frontières d’Israël

SOURCE : RZO International  - LE 15/05/2024

par Nabih al-Bourgi

Pour la grande majorité des Levantins et nombre d’observateurs, Israël a été créé pour servir d’outil aux Américains et aux Européens, ces derniers étant les seuls responsables de la tragédie du peuple juif et de leur «holocauste» pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais aujourd’hui, leur comportement devant la tragédie vécue par les Palestiniens, notamment dans Gaza, tendrait à démontrer que c’est l’inverse qui est vrai : les Américains et les Européens seraient des otages, voire des outils entre les mains d’Israël.

Quoi qu’il en soit, la folie meurtrière qui s’est emparée des Israéliens a amené les Américains à justifier leur assistance militaire, sans limites et tout aussi meurtrière, par leur souci de sauver Israël de lui-même ; autrement dit, de la folie de ses dirigeants et de l’extrémisme de bon nombre de ses ressortissants.

Une folie israélienne qui semble avoir contaminé les Américains, l’exemple parlant d’une telle contamination ayant récemment été donné par le célèbre sénateur de la Caroline du Sud et membre du Parti républicain, Lindsey Graham, lequel a réitéré publiquement ses justifications du bombardement atomique des États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki, encourageant Israël à adopter son raisonnement.1

Déclarations qui ont, quand même, poussé l’allié japonais à réagir2 et qui expliquent les propos de l’auteur, M. Nabih al-Bourgi, éminent éditorialiste au quotidien Addiyar. [NdT].

*

Ce qui nous a été rapporté à propos de la série de négociations pour un cessez-le-feu à Gaza suggère que l’approche politique d’Israël relève de l’art de l’impossible, plutôt que de l’art du possible, et que celui qui lui tend la main se retrouve comme s’il l’avait mise dans la gueule d’un loup.

Il ne manquait plus à David Barnea – l’ex-directeur du Mossad – que de déclarer à la délégation du Hamas : «Remettez-nous les otages, nous vous donnerons 40 jours pour choisir entre la mort et la déportation».

Un choix dont les Palestiniens ont fait l’expérience pendant quatre décennies et en plus d’un endroit, les Israéliens étant des pros pour tuer le temps, tout comme ils sont des pros pour tuer les Arabes.

Une horrible soif de meurtre et de destruction qui semble être une vengeance contre l’humanité toute entière. Et cela, Mesdames et Messieurs, correspond désormais au onzième commandement de l’Arche d’Alliance qui dicte de tuer…

Il n’empêche qu’en sept mois, les milliers de frappes aériennes, les milliers de tonnes de bombes et de missiles n’ont pas réussi à mettre à mal la Résistance palestinienne assiégée dans une bande de terre cadenassée de toutes parts. Est-ce là l’Israël que Moshe Dayan – l’ancien chef d’état-major de Tsahal devenu ministre de la Défense – considérait comme «la sainte citadelle sur laquelle nul autre que nous ne mettra les pieds» ? Une citadelle dont les murs se sont effondrés en quelques minutes…

L’obsession américaine de sauver Israël de peur que Benjamin Netanyahou ne pousse sa politique hystérique jusqu’au suicide est claire. D’où son assistance militaire stupéfiante, son engagement à pousser l’Arabie saoudite à normaliser ses relations avec l’État sioniste avec tout ce que cela implique comme répercussions sismiques sur les processus stratégiques du (grand) Moyen-Orient, en plus de l’établissement dans le sud d’Israël d’une base militaire3 accueillant 23 000 soldats avec leurs équipements et leurs systèmes de missiles afin d’assurer «l’éternité» de l’État hébreu. Mais, étonnamment, ces fous ne font même pas confiance à l’Amérique, comme l’a écrit Thomas Friedman, le célèbre éditorialiste au New York Times.

Israël ne reviendra jamais à ce qu’il était avant le 7 octobre, et même avant l’été 2006, lorsque l’armée israélienne est arrivée épuisée au trente-troisième jour de son attaque sur le Liban et que ses chars Merkava fumaient à Wadi al-Hujair, au Sud du Liban.

Aujourd’hui, les étudiants de l’Université Columbia ont posé la question de savoir s’il est juste et judicieux que les impôts des Américains servent à soutenir des meurtriers. Quant à nous, nous revenons sur la déclaration de l’un des dirigeants du parti Otzma Yehudit [Force Juive], Michael Ben-Ari. Déclaration selon laquelle aucun des prophètes de la Torah n’a parlé d’un État pour les Palestiniens. Bien au contraire, ils ont souvent appelé à les éradiquer. Par conséquent, la promesse divine s’accomplit non seulement en retournant en Terre Promise, mais aussi en effaçant la moindre trace de Palestiniens en Palestine.

Ce qui s’est passé et continue dans la bande de Gaza est complètement éloigné des normes morales, voire immorales, de la guerre. Et tout comme Harry Truman – président des États-Unis de 1945 à 1953 – a ordonné de larguer la bombe atomique sur Hiroshima afin que la superpuissance américaine écrive «une autre histoire de l’humanité» comme l’a dit Dean Acheson – secrétaire d’État dans son gouvernement de 1949 à 1953 – Israël devrait larguer sa bombe sur Gaza, ou sur Téhéran, pour écrire une autre histoire de la région.

Benjamin Netanyahou n’a-t-il pas menacé le jour même de l’opération Déluge d’Al-Aqsa de «changer le Moyen-Orient», pour ensuite devenir encore plus agressif lorsque le porte-avions Gerald Ford, les sous-marins nucléaires et d’autres navires de guerre ont pris la route de la Méditerranée orientale ?

Joe Biden est un otage entre les mains du président du Likoud, Benjamin Netanyahou, lequel parie sur le prolongement de la guerre jusqu’à ce que les États-Unis entrent dans leur coma électoral. Quelle diplomatie adopter dans ce cas ? D’autant plus que les Américains savent que Netanyahou et la majorité des Israéliens refusent d’entendre parler d’un État palestinien, tandis que pour Bezalel Smotrich – adepte du sionisme religieux, ministre des Finances et ministre au ministère de la Défense dans le gouvernement de Netanyahou VI – la création d’un État palestinien serait pire qu’une bombe dans le dos et un danger tangible imminent pour Israël.4

C’est dans ce contexte que l’administration américaine a poussé l’Élysée, devenue l’ombre de la Maison-Blanche, à ouvrir une entrée diplomatique par la porte libanaise ; la «porte du feu» selon Gadi Eizenkot, l’ex-chef d’état major de Tsahal.

Les dirigeants israéliens, qui menacent quotidiennement de transformer le Liban en enfer, pratiquent à notre égard la même diplomatie qu’ils pratiquent à l’égard des Palestiniens : L’art de l’impossible.

En effet, considérant qu’il leur faut redessiner les cartes, ils ont informé les Américains et les Français que ce qui se passe sur le terrain depuis le lendemain du 7 octobre 2023 nécessite des dispositions de sécurité plus efficaces allant au-delà de l’application de la résolution 1701(2006)5, (application pourtant réclamée à maintes reprises par les uns et les autres).

Plus clairement, ils veulent placer le Sud du Liban sous tutelle militaire israélienne, alors que l’accord libano-israélien du 17 mai 19836, qui n’a tenu que quelques mois, revenait insidieusement à placer tout le Liban sous tutelle militaire israélienne.

L’équation de Jéhovah  est donc : «Il n’y aura ni État palestinien, ni État libanais, ni État syrien aux frontières d’Israël».

Qu’en décideront le destin et la Providence ?

source : Addiyar [لا دولة فلسطينية، ولا دولة لبنانية، ولا دولة سورية، على حدود اسرائيل]

Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal

  1. «Un sénateur américain réitère ses justifications du bombardement atomique sur Hiroshima et Nagasaki»
    https://www.nippon.com/fr/news/yjj2024051300134
  2. «Japan FM reacts to US Senate atomic bombings remarks»
    https://www3.nhk.or.jp/nhkworld/en/news/2024/05/10
  3. «Une base militaire américaine secrète en Israël, qu’est ce que vous en savez ?»
    https://www.trtfrancais.com/une-base-militaire-americaine-secrete-en-israel-quest-ce-que-vous-en-savez
  4. «Bezalel Smotrich prévient que la création d’un État palestinien constitue un «danger tangible» imminent»
    https://www.radioj.fr/bezalel-smotrich-previent-que-la-creation-d-un-etat-palestinien-constitue-un-danger-tangible-imminent
  5. La résolution 1701 (2006) https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/N0646504-2.pdf
  6. L’accord libano-israélien du 17 mai 1983 https://www.persee.fr/doc/afdi1983-num-29

Netanyahu essaie de cacher que l’expulsion des Gazaouis a échoué

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 10/05/2024.

Netanyahu essaie de cacher que l’expulsion des Gazaouis a échoué

 

BERLIN, GERMANY - MARCH 16: Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and German Chancellor Olaf Scholz (not pictured) speak to the media following talks at the Chancellery on March 16, 2023 in Berlin, Germany. Netanyahu's one-day visit to Berlin is being accompanied by protests, including both by people angry over Israel’s policies towards Palestinians as well as those critical of possible new legislation in Israel supported by Netanyahu that would undermine the independence and the power of Israel's Supreme Court, effectively curtailing democracy in Israel. (Photo by Sean Gallup/Getty Images)

Benjamin Netanyahu a pris deux fois la parole depuis hier pour expliquer comment il voir l’avenir de Gaza. Le mélange de mégalomanie et de défi au reste du monde dissimule une réalité simple: le projet d’expulsion des Palestiniens de Gaza, motivation profonde de la campagne menée en représailles au 7 octobre a échoué. Cela n’en rend pas le vieux chef isolé moins dangereux dans l’immédiat pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. mais la réalité s’impose: malgré les souffrances inouïes infligées aux Palestiniens, la guerre de Gaza est une défaite stratégique, non seulement pour Israël mais pour les Etats-Unis.

Illustration du plan Gaza 2035

Benjamin Netanyahu a pris la parole ces 9 et 10 mai pour parler de l’avenir de Gaza…et d’Israël.

Un message aux Américains

Israel National News reprend les meilleurs extraits d’une interview du Premier ministre destinée à un public américain:

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré à la personnalité de la télévision américaine Dr. Phil, dans une interview diffusée jeudi, qu’il espérait que le président américain Joe Biden et lui-même parviendraient à surmonter leurs désaccords sur la guerre de Gaza.

« Je connais Joe Biden depuis de nombreuses années, 40 ans et plus. Nous avons souvent eu des accords, mais aussi des désaccords. Nous avons réussi à les surmonter. J’espère que nous pourrons les surmonter maintenant, mais nous ferons ce que nous devons faire pour protéger notre pays”, a déclaré M. Netanyahu.

Dans le même temps, le Premier ministre a souligné qu’Israël se battrait seul s’il le fallait.

« Quand les gens nous disent de ne pas aller à Rafah… ils nous disent de les laisser intacts et la chose se répète encore et encore, alors je pense que les gens qui ont l’esprit droit, les gens qui ont l’esprit rationnel, comprennent que nous n’avons pas le choix.

« J’ai dit lors du service commémoratif de l’Holocauste que nous avons eu l’autre jour [que] pendant l’Holocauste, nous nous sommes tenus seuls, mais nous étions sans défense. Et aujourd’hui, si Israël doit rester seul, nous resterons seuls, mais nous savons aussi que nous ne sommes pas seuls parce qu’il y a tant de gens honnêtes partout qui nous soutiennent, qui comprennent la vérité, et nous vaincrons nos ennemis et nous assurerons notre avenir”, a déclaré M. Netanyahou.

Interrogé sur ce qu’il répond à ceux qui qualifient de « résistance » l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, le Premier ministre a répondu : « Le Hamas déclare ouvertement son objectif d’anéantir tout ce que vous voyez ici, de tuer chaque homme, chaque femme et chaque enfant en Israël, de détruire l’État. Ce n’est pas de la résistance. C’est de l’agression pure et dure. C’est leur doctrine.

L’Iran dit la même chose : « Notre but est de détruire Israël ». Nous sommes le ‘petit Satan’. D’ailleurs, leur objectif est de vous détruire. Vous êtes le ‘grand Satan’. Nous leur barrons la route et ils ont raison. Nous ne faisons pas que nous protéger, nous le faisons, mais ce faisant, nous protégeons toute la civilisation libre, toute la culture occidentale. Ils veulent l’effacer”, a ajouté M. Netanyahu.

Concernant sa vision du lendemain de la guerre à Gaza, M. Netanyahou a déclaré : « Je pense que nous devrons assurer une démilitarisation continue car, même si vous détruisez l’armée terroriste, il peut rester des terroristes individuels. Nous devons les extirper en permanence ».


« Nous devrons probablement mettre en place une sorte de gouvernement civil, d’administration civile, par des habitants de Gaza qui ne sont pas déterminés à nous détruire, éventuellement, je pense, avec l’aide des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et d’autres pays qui, je pense, veulent voir la stabilité et la paix », a-t-il ajouté.

« Mais Israël devra continuellement éradiquer les terroristes, car je ne vois personne venir pour le faire en ce moment… J’aimerais bien que ce soit le cas, mais je ne le vois pas, et nous continuerons donc à agir contre les restes de l’armée terroriste », a souligné le Premier ministre.

israelnationalnews.com, 10 mai 2024

“Nous combattrons avec les ongles s’il le faut”

Pour la société israélienne, le Premier ministre a publié une vidéo, avec quelques jours d’avance sur la célébration de la naissance de l’Etat d’Israël (le 14 mai):

Derrière les formules de défi, on entend que le pays est bien seul. Et puis il y a cette formule étonnante (c’est moi qui souligne):

“Si nous devons rester seuls, nous resterons seuls. S’il le faut, nous nous battrons avec nos ongles. Mais nous avons bien plus que des ongles

Vidéo pour le Jour de L’Indépendance

Le plan Gaza 2035

Quel contraste entre un Premier ministre qui évoque une société israélienne éventuellement réduite à rien et le plan mégalomane appelé “Gaza 2035”. Selon le Jerusalem Post:

Les plans d’Israël pour une Gaza d’après-guerre ont fait l’objet de nombreux débats. Des documents du bureau du Premier ministre ont été publiés en ligne vendredi, montrant le plan d’Israël pour revitaliser l’économie de Gaza.

Les documents publiés en ligne montrent que le Premier ministre Benjamin Netanyahu tente d’instaurer une paix durable et de réintégrer Gaza dans l’économie régionale grâce à d’importants investissements dans l’infrastructure et l’économie.

Le plan a pour objectif de reconstruire Gaza afin de modérer sa politique.

Le plan souligne également la place centrale qu’occupe historiquement Gaza sur les routes commerciales est-ouest, puisqu’elle se trouve à la fois sur les routes commerciales Bagdad-Égypte et sur les routes commerciales Yémen-Europe.

Le plan de la zone de libre-échange Gaza-Arish-Sderot fait partie du plan du gouvernement pour une Gaza d’après-guerre. (…)
Selon les documents, le retour de Gaza à l’autonomie se fait en trois étapes.

La première étape, intitulée « Aide humanitaire », devrait durer 12 mois. Israël créera des zones sûres échappant au contrôle du Hamas, en commençant par le nord et en s’étendant lentement vers le sud. Une coalition de pays arabes (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Égypte, Bahreïn, Jordanie et Maroc) répartira et supervisera l’aide humanitaire dans les zones de sécurité. Les Palestiniens de Gaza gèreront les zones de sécurité sous la supervision des États arabes.

La deuxième phase interviendrait dans les cinq à dix prochaines années. Le plan consiste à transférer la responsabilité de la sécurité israélienne à Israël, tandis que la coalition arabe créera un organisme multilatéral appelé Autorité de réhabilitation de Gaza (GRA) pour superviser les efforts de reconstruction et gérer les finances de la bande de Gaza. La GRA sera dirigée par des Palestiniens de Gaza et sera responsable de la gestion des zones de sécurité. Cette gestion sera coordonnée avec la mise en œuvre d’un « plan Marshall » et d’un programme de déradicalisation.

Au cours de la troisième phase, appelée « autonomie », Israël conserverait le droit d’agir contre les « menaces à la sécurité ».Le pouvoir serait lentement transféré à un gouvernement local de Gaza ou à un gouvernement palestinien unifié (incluant la Cisjordanie). Toutefois, cela dépend de la réussite de la déradicalisation et de la démilitarisation de la bande de Gaza et sera soumis à l’accord de toutes les parties.

L’étape finale consisterait pour les Palestiniens à gérer la bande de Gaza de manière totalement indépendante et à adhérer aux accords d’Abraham.

Ce plan présente plusieurs avantages pour les pays concernés. Pour Israël, le principal avantage, outre la sécurité dans le sud, est la normalisation avec l’Arabie saoudite.

Les principaux avantages pour les États du Golfe qui y participeraient seraient des pactes défensifs avec les États-Unis et un accès sans entrave aux ports méditerranéens de Gaza par le biais de chemins de fer et de pipelines. Le plan prévoit également que si une telle intervention réussit à Gaza, elle pourra être répétée au Yémen, en Syrie et au Liban.

Pour la population de Gaza, les principaux avantages de la fin du contrôle du Hamas seraient des investissements massifs dans la bande et des possibilités d’emploi considérables, ainsi qu’une voie vers la réunification avec la Cisjordanie et l’autogouvernance.


Le plan régional plus large consiste à accélérer les mégaprojets tels que NEOM en Arabie saoudite et à les mettre en œuvre dans le Sinaï.

Cela permettrait à Gaza de fonctionner comme un port industriel important sur la Méditerranée, qui serait le principal entrepôt pour l’exportation des marchandises gazaouies, mais aussi du pétrole saoudien et d’autres matières premières en provenance du Golfe.

Le plan prévoit également la création d’une vaste zone de libre-échange couvrant Sderot-Gaza-El Arish, qui permettrait à Israël, à Gaza et à l’Égypte de tirer parti de l’emplacement, en coopération.

En combinant les nouveaux investissements dans les infrastructures et l’intégration de la région, les gisements de gaz récemment découverts juste au nord de Gaza contribueraient à soutenir l’industrie en plein essor.

Des champs d’énergie solaire seraient également construits dans le Sinaï, ainsi que des usines de dessalement qui contribueraient à lutter contre le changement climatique.

L’une des idées avancées par le plan est de faire de Gaza une plaque tournante pour la fabrication de véhicules électriques. L’espoir est que toute cette intégration puisse faire de Gaza, mais aussi d’El-Arish et de Sderot, un concurrent de la fabrication chinoise bon marché.

Jerusalem Post, 3 mai 2024

Netanyahu a perdu et il sort des lapins de son chapeau

Première remarque : Tout cela est bâti sur le sable… de Gaza rasée à 70%. Le Premier ministre israélien fait comme si les Etats-Unis devaient arriver à convaincre les Saoudiens de signer un accord avec Israël.

Deuxième remarque : La mégalomanie est poussée à son comble quand Netanyahu imagine que “Gaza 2035” servira de modèle pour le Yemen, la Syrie et le Liban… Il ne manque que l’Iran….

Troisième remarque : Il est bien question, dans ces projections des Gazaouis qu’au mois d’octobre dernier le gouvernement Netanyahu voulait expulser vers le Sinaï !

C’est bien là l’essentiel: Le plan de nettoyage ethnique de Gaza a échoué.

En attendant, le calvaire des Palestiniens continue

Le déni de réalité qui caractérise le Premier ministre israélien est flagrant. Il est mortifère, aussi, pour les Palestiniens de Cisjordanie, soumis à des attaques permanentes de l’armée et de la police israélienne. Et pour les Gazaouis, exposés à un nouveau ralentissement des livraisons de l’aide humanitaire depuis que l’armée israélienne s’est emparée du point du poste-frontière de Rafah.

Le scénario à venir n’est pas compliqué à anticiper : Le gouvernement israélien poussera à la limite son opération contre les civils de Gaza, en s’arrêtant avant de mettre en danger le soutien américain. Et, pendant ce temps, Tsahal aura des pertes croissantes face aux combattants palestiniens.

Israël : Une discrète déconfiture ?


Par Yves Smith – Le 8 mars 2024 – Source Naked Capitalism

De nombreux commentateurs de la guerre à Gaza ont décrit, souvent avec une certaine consternation, l’unanimité du public israélien en faveur de la poursuite vigoureuse du conflit, ainsi que la conviction ouvertement exprimée que les Palestiniens sont des sous-hommes qui méritent la brutalité et la mort. L’opinion publique devient de plus en plus dure. La droite a obtenu de bons résultats aux élections locales. On me dit également qu’un chercheur du MIT développant des idées sur la manière de résoudre le conflit a découvert que les jeunes en Israël sont plus conservateurs que les cohortes plus âgées.

Ce manque de souci de traiter la vie avec respect par un peuple théoriquement civilisé est inquiétant, étant donné que dans de nombreux pays avancés, les lois contre la maltraitance animale protégeraient mieux les Palestiniens que les États musulmans et l’ONU ne l’ont fait.

 

Mais malgré l’apparent consensus sur l’extermination de la Palestine, des tensions croissantes, notamment économiques, existent également. Israël est une petite économie ouverte, dont les échanges commerciaux représentent près de 32 % du PIB. Certains secteurs sont vulnérables aux effets de la guerre. Par exemple, le tourisme, en termes plus larges, contribue à hauteur de 5 à 6 % au PIB.

Certains signes indiquent qu’Israël subit davantage de dégâts sous la ligne de flottaison que ne le révèlent les médias anglo-saxons. Le taux de baisse de 20 % du PIB du quatrième trimestre a été un choc. Et il est peu probable qu’il y ait un grand rebond. Même si le conflit devait se terminer bientôt, Israël se retrouverait face à des voisins hostiles et bien plus puissants économiquement et militairement.

Pardonnez-moi de m’appuyer encore sur l’ancien diplomate britannique Alastair Crooke pour les points clés de notre analyse, mais il soulève des questions critiques que je n’ai pas vues abordées dans d’autres rapports en langue anglaise.

Crooke, qui suit la presse hébraïque, a souligné à plusieurs reprises que le 7 octobre a brisé le sentiment de sécurité en Israël et que cela est fondamentalement important. Il soutient que l’hypothèse selon laquelle les Juifs seraient à l’abri de tout danger partout en Israël est profondément intériorisée. Je me souviens qu’après le 11 septembre (rappelez-vous que j’étais à New York) le degré de désarroi des individus dépendait de la quantité de porno genre « tour qui s’effondre » qu’ils regardaient et/ou de leur conviction que le monde était sûr.

Crooke soutient également que le sentiment de violation est si grave que le public a besoin qu’Israël rétablisse la perception qu’il dispose d’une armée puissante et redoutable en remportant une victoire visible. Cela ne s’est pas produit à Gaza. Les Israéliens savent que la guerre ne se passe pas très bien à Gaza. Crooke dit que les Israéliens pensent que le nombre de morts militaires est beaucoup plus élevé que ce que rapportent Tsahal, d’autant plus que les informations allant dans ce sens sont rapidement supprimées par la censure. D’où (comme nous le verrons plus loin) la pression exercée pour s’attaquer au Liban.

Une dernière observation de Crooke : l’Iran, le Hezbollah et d’autres membres de la Résistance ont étudié la manière dont les États-Unis et Israël mènent la guerre et ont planifié leur guerre en conséquence. Les deux pays s’appuient sur des campagnes dominées par la puissance aérienne et destinées à être écrasantes. Leurs opposants au Moyen-Orient ont également observé qu’aucun des deux pays n’avait prévu de mener une guerre longue. Cela est confirmé par Mark Sleboda, qui, dans une récente émission sur l’analyse syrienne avec Andrei Martyanov, a déclaré que les académies militaires occidentales n’étudient même pas les guerres d’usure (à 13h50). Ils les considèrent comme trop primitifs.1

Malheureusement, de la même manière que les rapports sur l’économie israélienne n’ont pas donné beaucoup d’indications sur l’ampleur des dégâts causés par la baisse du PIB au dernier trimestre, les signes persistants de pressions économiques et sociales risquent d’être sous-estimés ou tout simplement de ne pas être couvert par les médias. Alors s’il vous plaît, partagez d’autres observations et anecdotes dans les commentaires.

Les médias ont couvert le faible soutien public à Netanyahu, les protestations contre l’échec de la libération des otages et le spectacle de l’ingérence américaine dans la politique israélienne en essayant de jouer le rôle de faiseur de roi en invitant un simple ministre, Benny Gantz, à Washington.2 Nous passerons donc sous silence l’intensification des joutes de haut niveau en Israël. Les experts estiment généralement que le départ de Netanyahu et le moment où il le fera ne fera pas de différence en termes de politique ; Au contraire, ses successeurs seront très probablement plus à droite, ce qui signifie aussi plus sanguinaires.

Un problème persistant est celui du statut des colons déplacés de la frontière libanaise. Wikipédia estime le total à 96 000. Pour donner une idée de l’importance, ce niveau, un peu supérieur à 1 %, rapporté à la population américaine, serait supérieur à 3,5 millions. Le gouvernement israélien leur fournit des logements (on ne sait pas si c’est pour tous ou seulement pour ceux qui doivent être évacués).

Outre le coût de ce soutien social (qui, selon certains, n’est pas viable à long terme), il y a également une perte de revenus et d’emplois pour les entreprises opérant dans ces villes frontalières. S’ils continuent à se dépeupler trop longtemps, il sera impossible de les faire revivre. Le client et les employés auront évolué.

Les habitants des villes frontalières se battent pour rentrer chez eux et exigent qu’Israël repousse le « Hezbollah » jusqu’au fleuve Litani au Liban afin de leur fournir une zone tampon. Cette exigence équivaut à la mise en place d’une zone démilitarisée au Liban aux dépens des résidents libanais de très longue date ou, à défaut, une occupation israélienne. Le gouvernement a promis à ces colons qu’il éliminerait la menace à la frontière. Pourtant, de nombreux experts militaires (Scott Ritter, qui a une grande expérience personnelle avec l’armée israélienne, s’est montré le plus bruyant et le plus détaillé, mais d’autres arrivent à la même conclusion) affirment que si Israël tentait d’envahir le Liban, le résultat probable serait Il ne s’agira pas seulement d’une défaite, mais aussi d’une occupation par le Hezbollah d’Israël jusqu’en Galilée.

Ce qui sape le moral, c’est qu’il est difficile de cacher que la campagne à Gaza n’a pas abouti à une victoire, ce qui n’augure rien de bon non plus pour une action contre le Hezbollah, beaucoup plus puissant. Extrait du Middle East Monitor du 6 mars :

La poursuite de la guerre israélienne contre la bande de Gaza assiégée aggrave les pertes de Tel Aviv aux niveaux politique et militaire, a déclaré mardi le journal israélien Maariv dans un article…

Le journal affirme que l’armée israélienne traîne les pieds au ralenti le long de la bande de Gaza et lance rarement de nouvelles opérations, sauf lorsqu’elle tente de ratisser certaines des petites zones qu’elle a laissées derrière elle… ajoutant que les dirigeants politiques traînent également les pieds, attendant une intervention extérieure et tentant de parvenir à un accord d’échange de prisonniers.

Selon le journal, c’est la raison pour laquelle les dirigeants politiques ne font pas beaucoup de déclarations, n’ordonnent pas à l’armée d’occuper les camps du centre de Gaza ou les zones rurales autour de Rafah et ne tentent pas d’évacuer les réfugiés de Rafah.

Il a affirmé que prendre de telles mesures exercerait une pression sur le Hamas et améliorerait les termes de l’accord d’échange, tout en préparant le terrain pour l’occupation de Rafah.

Cependant, selon le rapport, le chef du Hamas à Gaza, Sinwar, a réussi à assiéger Israël là où il le souhaitait, c’est-à-dire sous la pression internationale en raison de la question des réfugiés et de la pénurie de nourriture et d’eau dans la bande de Gaza, ce qui l’a rendu réticent à parvenir à un accord….

Il est clair que la branche militaire du Hamas ne veut pas conclure un accord qui signifie que les réfugiés ne reviendront pas, que l’armée ne se retirera pas des villes et que la bande de Gaza ne pourra pas être reconstruite.”

Ce retard permet au Hamas de traîner Israël jusqu’après le mois de Ramadan, ce qui prolongera la guerre d’au moins deux mois supplémentaires, alors que l’armée israélienne aurait pu mettre fin à son opération militaire et occuper le centre de Gaza et les camps de Rafah il y a un mois, si les dirigeants politiques l’avaient autorisé, ajoute le journal dans son rapport.

Remarquez l’impatience implicite de mettre fin à la guerre. Il n’est pas clair si cela est dû à des coûts financiers et à d’éventuelles pertes militaires supplémentaires, ou à des tensions politiques dues à une incertitude persistante.

La guerre prolongée engendre des problèmes de main-d’œuvre. Tiré de The Cradle, le 4 mars, la crise de la main-d’œuvre en Israël s’aggrave alors qu’une vague de démissions frappe l’armée :

L’unité du porte-parole de l’armée israélienne, dirigée par le lieutenant-colonel Daniel Hagari, a été témoin d’une grande vague de démissions.

Parmi ceux qui ont démissionné figurent le commandant en second de Hagari, le colonel Butbol, ainsi que le colonel Moran Katz et le porte-parole international de l’armée, le lieutenant Richard Hecht.

« Un grand nombre d’officiers ont récemment annoncé leur retraite de l’unité responsable du système d’information militaire », a rapporté la chaîne d’information en hébreu, Channel 14, le 3 mars.

Cela ne semble pas si significatif en soi, mais l’article se concentre ensuite sur un problème que nous avons mentionné dans Links, à savoir qu’Israël s’apprête à recruter des Haredim, les ultra-pieux qui ont été exemptés du service militaire :

Ces démissions surviennent alors que d’importantes tensions envahissent l’establishment militaire israélien.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a appelé à la fin des exemptions pour la communauté ultra-orthodoxe d’Israël, citant une grave crise de personnel dans l’armée…

« L’armée a désormais besoin de main-d’œuvre. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question de mathématiques », a déclaré dimanche le ministre de la Défense….

Israël subit de lourdes pertes du fait de sa guerre génocidaire à Gaza et de sa tentative d’éradiquer la résistance palestinienne.

Nous avons souligné le fait que le projet de loi visant à recruter les Haredim, qui sont normalement exemptés du service militaire3, a suscité des protestations, notamment le blocage d’une route principale pendant huit heures. Même le New York Times a jugé bon de reconnaître ce schisme. Extrait d’un article en début de semaine :

Contrairement à la plupart des Israéliens, pour qui le service militaire est obligatoire, les Haredim sont exemptés de la conscription pour se concentrer sur les études religieuses. Ils reçoivent également des subventions substantielles de l’État pour maintenir un système éducatif indépendant qui évite les mathématiques et les sciences au profit de l’étude des Écritures.

Alors que le nombre de Juifs ultra-orthodoxes a explosé – pour atteindre plus d’un million de personnes aujourd’hui, soit environ 13 % de la population d’Israël, contre environ 40 000 en 1948 – ces privilèges et exemptions ont suscité le ressentiment des Israéliens laïcs. De nombreux Israéliens estiment que leur propre service militaire et leurs impôts fournissent à la fois une protection physique et une récompense financière à une communauté sous-employée qui donne peu en retour. Les efforts laïcs visant à attirer les ultra-orthodoxes dans l’armée et dans le monde du travail ont provoqué la colère de nombreux Haredim, qui voient le service militaire comme une menace pour leur vie de dévotion religieuse….

Les sondages montrent que le courant dominant israélien est plus que jamais désireux de forcer les Haredim à s’enrôler, en particulier avec un nombre croissant de soldats revenant des combats à Gaza et remettant en question l’absence d’ultra-orthodoxes sur les lignes de front.

L’article tente de donner une tournure positive en affirmant que désormais près de 30 % des sondés ultra-orthodoxes se déclarent favorables à la conscription. C’est encore une minorité. Que se passe-t-il lorsque les Haredi enrôlés refusent les ordres et sont envoyés dans les prisons militaires ? Je peux voir que c’est un résultat assez courant.

Une autre source de stress réside dans les dommages économiques persistants liés à l’émigration à la suite du 7 octobre. De nombreux médias anglophones du monde musulman, tels que l’Agence Anadolu et le Middle East Monitor, ont rapporté que le magazine israélien Zman a déclaré, sur la base d’une analyse de données officielles, qu’environ 470000 Israéliens avaient émigré et que l’immigration avait chuté de 70 % en novembre. Les lecteurs de Naked Capitalism n’ont pas pu confirmer l’information ; peut-être a-t-elle été effacé par les censeurs officiels ? Quelques jours après cette vague d’histoires, Jordan News a estimé le total à 370 000 jusqu’à fin novembre, mais a avancé qu’il pourrait être plus élevé :

Depuis le 7 octobre, les données de l’Autorité de la population et de l’immigration révèlent qu’environ 370 000 Israéliens ont quitté le pays, la dernière mise à jour s’étendant jusqu’à fin novembre. Selon les statistiques, les Israéliens cherchent de plus en plus refuge à l’étranger, notamment en Europe, avec un intérêt croissant pour l’achat de biens immobiliers dans plusieurs pays européens.

Le journal économique israélien The Marker a souligné que les familles israéliennes manifestent un vif intérêt pour l’achat de biens immobiliers et de maisons à l’étranger depuis le 7 octobre. Fin octobre, environ 230 309 Israéliens ont immigré, tandis que 139 839 supplémentaires sont partis en novembre, selon les données et en tandem avec le ministère israélien de l’Intérieur, a rapporté Jo24.

Parallèlement, les estimations du site Internet « Zaman Yisrael » suggèrent que ce chiffre pourrait être plus élevé, avec des rapports indiquant que plus de 500 000 Israéliens ont quitté le pays, dépassant le nombre de rapatriés et de nouveaux immigrants. Le site Internet anticipe une potentielle augmentation des départs, notamment parmi les Israéliens qui résidaient déjà à l’étranger ou voyageaient pendant les fêtes juives de septembre.

L’impact économique de ces départs sera probablement disproportionné par rapport à leur nombre. Les personnes qui peuvent déménager dans un court délai, ce qui signifie avoir ou pouvoir louer un logement à l’étranger, sont susceptibles d’être en moyenne aisées. Vous ne pouvez vous imposer chez vos proches et amis que pour une période limitée.

Le 6 mars, Middle East Monitor a fait le point sur les dégâts économiques. Je ne suis pas sûr de la nature de ces demandes d’indemnisation, car il est inconcevable que 700 000 soldats aient été tués ou blessés.

Extrait de l’article :

Les dégâts israéliens enregistrés lors de la guerre dans la bande de Gaza assiégée sont six fois supérieurs à ceux enregistrés lors de la guerre du Liban en 2006, a révélé mardi le directeur de l’administration fiscale israélienne, Shai Aharonovitz, selon les médias locaux.

Le site Internet israélien Walla a déclaré qu’Aharonovitz avait révélé des données inquiétantes concernant l’étendue des dommages israéliens dus à la guerre à Gaza et les demandes d’indemnisation enregistrées.

S’exprimant lors d’un événement, il a déclaré : « La guerre a posé un défi très complexe pour faire face aux dommages directs, ce que nous n’avons jamais vu auparavant. »

« Les dégâts sont désormais six fois plus importants que lors de la Seconde Guerre du Liban (2006), et environ un demi-million de demandes [d’indemnisation] ont été déposées jusqu’à présent. »

Le responsable israélien a estimé que les demandes d’indemnisation pour dommages indirects dépasseraient les 700 000 et a exhorté les recrues de l’armée à les déposer, ajoutant : « Nous n’avons jamais été dans une situation pareille auparavant ».

Pour sa part, Ilan Pelto, PDG de la Fédération des entreprises publiques, a critiqué l’augmentation du budget militaire en temps de guerre, affirmant : « Si nous entrons dans un état d’hystérie et si nous cédons à la pression de l’armée et que le cadre budgétaire est violé au-delà de ce qui est nécessaire, cela aura de graves conséquences, tant en matière fiscale que sociale

Aucune de ces trajectoires n’est bonne et elles ne semblent pas susceptibles de s’inverser de si tôt. Et surtout, Israël n’a jamais été mis à l’épreuve de cette manière. Contrairement à la Russie, elle n’a pas d’antécédents de souffrances et de sacrifices extrêmes en temps de guerre, ni de mythes sur la gravité de la douleur et la victoire finale. Trop d’Israéliens sont-ils réticents à donner ce qu’il faut pour leur nation ?

Yves Smith

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Notes

  1. Cela correspond parfaitement à la position officielle selon laquelle les Russes sont des hommes des cavernes dotés d’armes nucléaires. Mais cela me rappelle le grand combat entre Muhammed Ali et George Forman. Si vous avez regardé le documentaire When We Were Kings, l’équipe d’Ali était découragée juste avant qu’Ali ne monte sur le ring. Ils craignaient que le jeune et extrêmement puissant Forman ne se contente pas de battre Ali, mais qu’il lui donne un coup de poing si dur qu’il le tuerait.

    Ali a commencé par utiliser un coup de poing risqué et amateur, l’attaque de la droite. Mais même si Foreman ne semblait pas s’être entraîné pour cela et avait d’abord reçu quelques coups, il a commencé à réagir avec succès. Ali a ensuite utilisé sa célèbre et nouvelle corde-à-dope, fatiguant tellement Foreman qu’Ali l’a achevé au 8ème tour. ↩

  2. Les médias israéliens ont largement présenté la Maison Blanche comme ayant invité Gantz (voir ici et ici). Il est difficile de penser que Gantz serait assez effronté pour solliciter des réunions non sollicitées à haut niveau. Le porte-parole John Kirby a néanmoins décrit Gantz comme ayant sollicité les réunions. ↩
  3. Curieusement, cela se fait par voie législative, et le dernier projet de loi exemptant les Haredim a expiré fin juin 2023. Le gouvernement israélien a présenté à plusieurs reprises des excuses à la Haute Cour pour ne pas avoir recruté les Haredim et a tenté d’améliorer cela via des réglementations temporaires. Il a admis que si un projet de loi militaire n’est pas adopté d’ici le 1er avril, le gouvernement devra enrôler les étudiants de la yeshiva. ↩

 

 

Ambassadeur Chas Freeman 

L'Iran vient de détruire la puissance américaine au Moyen-Orient  

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