En partant du principe que l’explosion est le résultat d’une attaque…
Le récit selon lequel l’explosion de Beyrouth était la conséquence exclusive de la négligence et de la corruption de l’actuel gouvernement libanais est maintenant
gravé dans le marbre, du moins dans la sphère atlantiste.
Et pourtant, en creusant un peu plus, nous constatons que la négligence et la corruption ont pu être pleinement exploitées, par le biais du sabotage, pour mettre au
point l’attaque.
Le Liban est le premier territoire de John Le Carré. Un repaire multinational d’espions de toutes sortes – agents de la Maison des Saoud, agents sionistes,
fournisseurs d’armes à des « rebelles modérés », intellectuels du Hezbollah, « royauté » arabe débauchée, contrebandiers auto-glorifiés – dans un contexte de désastre
économique généralisé qui touche un membre de l’Axe de la Résistance, une cible permanente d’Israël aux côtés de la Syrie et de l’Iran.
Comme si cela n’était pas assez volcanique, le Président Trump est entré dans la tragédie pour troubler les eaux – déjà contaminées – de la Méditerranée
Orientale. Briefé
par « nos grands généraux », le Président Trump a déclaré mardi : « Selon eux – ils le sauraient mieux que moi – mais ils semblent penser qu’il s’agit d’une
attaque ».
Trump a ajouté : « C’était une sorte de bombe ».
Cette remarque incandescente a-t-elle laissé le chat sortir du sac en révélant des informations classifiées ? Ou le Président lançait-il un autre non sequitur
?
Trump a finalement retiré ses commentaires après que le Pentagone ait refusé de confirmer ses dires sur ce que les « généraux » avaient dit et que son
Secrétaire à la Défense, Mark Esper, ait soutenu l’explication de l’accident pour l’explosion.
C’est encore une autre illustration graphique de la guerre qui a englouti le Beltway. Trump : attaque. Pentagone : accident. « Je pense que personne ne peut le
dire pour l’instant », a déclaré Trump mercredi. « J’ai entendu les deux versions ».
Il faut tout de même mentionner un rapport de l’agence de presse iranienne Mehr qui indique
que quatre
avions de reconnaissance de la marine américaine ont été repérés près de Beyrouth au moment des explosions. Les renseignements américains sont-ils conscients de ce qui s’est réellement
passé sur tout le spectre des possibilités ?
Ce nitrate
d’ammonium
La sécurité dans le port de Beyrouth – le principal centre économique du pays – devrait être considérée comme une priorité absolue. Mais pour adapter une réplique
de Chinatown de Roman
Polanski : « Oublie ça, Jake. C’est Beyrouth ».
Ces 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, désormais emblématiques, sont arrivées à Beyrouth en septembre 2013 à bord du Rhosus, un navire sous pavillon moldave
naviguant de Batumi en Géorgie au Mozambique. Le Rhosus a fini par être saisi par le Contrôle de l’État du Port de Beyrouth.
Par la suite, le navire a été abandonné de facto par son propriétaire, l’homme d’affaires véreux Igor Grechushkin, né en Russie et résident de Chypre, qui
bizarrement avait « perdu tout intérêt » pour sa cargaison relativement précieuse, n’essayant même pas de la vendre moins chère pour rembourser ses dettes.
Grechushkin n’a jamais payé son équipage, qui a à peine survécu pendant plusieurs mois avant d’être rapatrié pour des raisons humanitaires. Le gouvernement
chypriote a confirmé qu’il n’y avait eu aucune demande à Interpol de la part du Liban pour l’arrêter. Toute l’opération ressemble à une couverture – les véritables destinataires du nitrate
d’ammonium étant peut-être des « rebelles modérés » en Syrie qui l’utilisent pour fabriquer des Engins Explosifs Improvisés (EEI) et équiper des camions suicide, comme celui qui a
démoli l’hôpital Al Kindi à Alep.
Les 2 750 tonnes – emballées dans des sacs d’une tonne étiquetés « Nitroprill HD » – ont été transférées à l’entrepôt du Hangar 12 sur le quai. Il s’en
est suivi un étonnant cas de négligence en série.
De 2014 à 2017, des lettres de fonctionnaires des douanes ainsi que les options proposées pour se débarrasser de la cargaison dangereuse, l’exporter ou la vendre
d’une autre manière, ont tout simplement été ignorées.
Chaque fois qu’ils ont essayé d’obtenir une décision légale pour se débarrasser de la cargaison, ils n’ont obtenu aucune réponse de la justice libanaise.
Lorsque le Premier Ministre libanais Hassan Diab proclame aujourd’hui que « les responsables paieront le prix », le contexte est absolument
essentiel.
Ni le Premier Ministre, ni le Président, ni aucun des ministres du cabinet ne savaient que le nitrate d’ammonium était stocké dans le Hangar 12, confirme l’ancien
diplomate iranien Amir Mousavi, Directeur du Centre d’Études Stratégiques et de Relations Internationales à Téhéran. Nous parlons d’un EEI massif, placé au milieu de la ville.
La bureaucratie du port de Beyrouth et les mafias qui en sont réellement responsables sont étroitement liées, entre autres, à la faction al-Mostaqbal, qui est
dirigée par l’ancien Premier Ministre Saad al-Hariri, lui-même entièrement soutenu par la Maison des Saoud.
L’immensément corrompu Hariri a été démis de ses fonctions en octobre 2019 au milieu de graves protestations. Ses acolytes ont fait « disparaître » au
moins 20 milliards de dollars du trésor public libanais, ce qui a sérieusement aggravé la crise monétaire du pays.
Pas étonnant que le gouvernement actuel – où nous avons le Premier Ministre Diab soutenu par le Hezbollah – n’ait pas été informé de la présence de nitrate
d’ammonium.
Le nitrate d’ammonium est plutôt stable, ce qui en fait l’un des explosifs les plus sûrs utilisés dans les mines. Normalement, un incendie ne le fait pas exploser.
Il ne devient hautement explosif que s’il est contaminé – par exemple par du pétrole – ou s’il est chauffé au point de subir des modifications chimiques qui produisent une sorte de cocon
imperméable autour de lui, dans lequel l’oxygène peut s’accumuler jusqu’à un niveau dangereux où une inflammation peut provoquer une explosion.
Pourquoi, après avoir dormi dans le Hangar 12 pendant sept ans, ce stock a-t-il soudainement eu la démangeaison d’exploser ?
Jusqu’à présent, la principale explication
directe, fournie par l’expert du Moyen-Orient Elijah Magnier, indique que la tragédie a été « provoquée » par un forgeron désemparé, équipé d’un chalumeau opérant à proximité du
nitrate d’ammonium non sécurisé. Non sécurisé en raison, une fois de plus, de la négligence et de la corruption – ou dans le cadre d’une « erreur » intentionnelle anticipant la
possibilité d’une explosion future.
Ce scénario, cependant, n’explique pas l’explosion initiale en « feu d’artifice ». Et n’explique certainement pas ce dont personne – du moins en Occident
– ne parle : les incendies délibérés d’un marché iranien à Ajam, aux Émirats Arabes Unis, ainsi que d’une série d’entrepôts alimentaires/agricoles à Najaf, en Irak, immédiatement après la
tragédie de Beyrouth.
Suivez
l’argent
Le Liban, qui possède des actifs et des biens immobiliers d’une valeur de plusieurs billions de dollars, est une pêche juteuse pour les vautours de la finance
mondiale. Il est tout simplement irrésistible de s’emparer de ces actifs à des prix aussi bas, en pleine nouvelle dépression. En parallèle, le vautour FMI se mettrait en mode d’extorsion totale
et finirait par « annuler » une partie des dettes de Beyrouth tant qu’une variation sévère de « l’ajustement structurel » serait imposée.
Dans ce cas, ce sont les intérêts géopolitiques et géoéconomiques des États-Unis, de l’Arabie Saoudite et de la France qui en profitent. Ce n’est pas un hasard si
le Président Macron, un serviteur
dévoué des Rothschild, est arrivé à Beyrouth jeudi pour promettre le « soutien » néocolonial de Paris et pour imposer, comme un vice-roi, un ensemble complet de
« réformes ». Un dialogue inspiré des Monty Python, avec un fort accent français, aurait pu suivre dans ce sens : « Nous voulons acheter votre port ». « Il n’est pas à
vendre ». « Oh, quel dommage, un accident vient de se produire ».
Il y a un mois déjà, le FMI « avertissait »
que « l’implosion » au Liban « s’accélérait ». Le Premier Ministre Diab a dû accepter la proverbiale « offre que vous ne pouvez pas refuser » et ainsi
« débloquer des milliards de dollars en fonds de donateurs ». Ou autre. La course ininterrompue sur la monnaie libanaise, depuis plus d’un an, n’était qu’un avertissement – relativement
poli.
Cela se produit au milieu d’une confiscation massive d’actifs au niveau mondial, caractérisée dans un contexte plus large par une baisse du PIB américain de près de
40%, des faillites en série, une poignée de milliardaires amassant des profits incroyables et des mégabanques trop grosses pour faire faillite, dûment renflouées par un tsunami d’argent
gratuit.
Dag Detter, un financier suédois, et Nasser Saidi, un ancien ministre libanais et Vice-Gouverneur de la banque centrale, suggèrent que
les actifs de la nation soient placés dans un fonds de richesse nationale. Parmi les actifs les plus intéressants, citons Électricité du Liban (EDL), les services d’eau, les aéroports, la
compagnie aérienne MEA, la société de télécommunications OGERO et le Casino du Liban.
L’EDL, par exemple, est responsable de 30% du déficit budgétaire de Beyrouth.
C’est loin d’être suffisant pour le FMI et les méga-banques occidentales. Ils veulent engloutir tout le monde, plus beaucoup de biens immobiliers.
« La valeur économique des biens immobiliers publics peut être au moins aussi élevée que le PIB et souvent plusieurs fois la valeur de la partie opérationnelle
de tout portefeuille », affirment Detter et Saidi.
Qui ressent les
ondes de choc ?
Une fois de plus, Israël est l’éléphant dans la pièce désormais largement dépeinte par les médias d’entreprise occidentaux comme « le Tchernobyl du
Liban ».
Israël a admis que le Hangar 12 n’était pas une unité de stockage d’armes du Hezbollah. Pourtant, le jour même de l’explosion de Beyrouth, et suite à une série
d’explosions suspectes en Iran et à une forte tension à la frontière syro-israélienne, le Premier Ministre Netanyahu a tweeté :
« Nous avons frappé une cellule et maintenant nous frappons les répartiteurs. Nous ferons ce qui est nécessaire pour nous défendre. Je leur suggère à tous, y compris au Hezbollah, d’y
réfléchir ».
Cela est lié à l’intention, ouvertement proclamée à la fin de la semaine dernière, de bombarder
l’infrastructure libanaise si le Hezbollah porte atteinte aux soldats des Forces de Défense Israéliennes ou aux civils israéliens.
Un titre –
« Les ondes de
choc de l’explosion de Beyrouth seront ressenties par le Hezbollah pendant longtemps » – confirme que la seule chose qui compte pour Tel-Aviv est de profiter de la tragédie pour
diaboliser le Hezbollah, et par association, l’Iran. Cela rejoint la loi « Contrer le Hezbollah dans l’armée libanaise » de 2019 du Congrès américain {S.1886}, qui ordonne à Beyrouth
d’expulser le Hezbollah du Liban.
Les renseignements saoudiens, qui ont accès au Mossad et qui diabolisent le Hezbollah bien plus qu’Israël, interviennent pour brouiller encore les pistes. Toutes
les opérations de renseignement auxquelles j’ai parlé refusent de s’exprimer, vu l’extrême sensibilité du sujet.
Néanmoins, il faut souligner qu’une source d’information saoudienne, dont le stock commercial est constitué d’échanges d’informations fréquents avec le Mossad,
affirme que la cible initiale était des missiles du Hezbollah stockés dans le port de Beyrouth. Son histoire est que le Premier Ministre Netanyahu était sur le point de s’attribuer le mérite de
la frappe – suite à son tweet. Mais le Mossad a alors réalisé que l’opération s’était horriblement mal déroulée et s’était transformée en une catastrophe majeure.
Le problème commence par le fait qu’il ne s’agissait pas d’un dépôt d’armes du Hezbollah – comme même Israël l’a admis. Lorsque des dépôts d’armes explosent, il y a
une explosion primaire suivie de plusieurs explosions plus petites, quelque chose qui peut durer des jours. Ce n’est pas ce qui s’est passé à Beyrouth. L’explosion initiale a été suivie d’une
seconde explosion massive – presque certainement une explosion chimique majeure – et puis il y a eu le silence.
Thierry
Meyssan, très proche des renseignements syriens, avance la possibilité que « l’attaque » ait été réalisée avec une arme inconnue, un missile – et non une bombe nucléaire – testé en
Syrie en janvier 2020. (Le test est montré dans une vidéo ci-jointe.) Ni la Syrie ni l’Iran n’ont jamais fait
référence à cette arme inconnue, et je n’ai eu aucune confirmation de son existence.
En supposant que le port de Beyrouth ait été touché par une « arme inconnue », le Président Trump a peut-être dit la vérité : c’était une
« attaque ». Et cela expliquerait pourquoi Netanyahu, contemplant la dévastation de Beyrouth, a décidé qu’Israël devait garder un profil très
bas.
Regardez ce
chameau en mouvement
L’explosion de Beyrouth pourrait à première vue être considérée comme un coup mortel porté à l’Initiative Ceinture et Route, étant donné que la Chine considère la
connectivité entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban comme la pierre angulaire du corridor Ceinture et Route de l’Asie du Sud-Ouest.
Pourtant, cela pourrait se retourner contre elle – gravement. La Chine et l’Iran se positionnent déjà comme les investisseurs de référence après l’explosion, ce qui
contraste fortement avec les tueurs à gages du FMI, et comme l’a conseillé le Secrétaire Général du Hezbollah, Nasrallah, il y a quelques semaines seulement.
La Syrie et l’Iran sont en première ligne pour fournir de l’aide au Liban. Téhéran envoie un hôpital d’urgence, des colis alimentaires, des médicaments et du
matériel médical. La Syrie a ouvert ses frontières avec le Liban, a envoyé des équipes médicales et reçoit des patients des hôpitaux de Beyrouth.
Il est toujours important de garder à l’esprit que « l’attaque » (Trump) du port de Beyrouth a détruit le principal silo à grains du Liban, outre la
destruction totale du port – la principale source de revenus du pays.
Cela s’inscrirait dans une stratégie visant à affamer le Liban. Le même jour où le Liban est devenu largement dépendant de la Syrie pour l’alimentation – puisqu’il
ne contient plus qu’un mois de blé -, les États-Unis ont attaqué des silos en Syrie.
La Syrie est un énorme exportateur de blé biologique. C’est pourquoi les États-Unis prennent régulièrement pour cible les silos syriens et brûlent leurs récoltes.
Ils tentent également d’affamer la Syrie et de forcer Damas, déjà soumise à de sévères sanctions, à dépenser des fonds dont elle a grand besoin pour acheter de la nourriture.
Contrairement aux intérêts de l’axe États-Unis/France/Arabie Saoudite, le plan A pour le Liban consisterait à sortir progressivement de l’emprise des États-Unis et
de la France et à se diriger directement vers la Ceinture et Route ainsi que vers l’Organisation de Coopération de Shanghai. Aller à l’Est, à la manière eurasiatique. Le port et même une grande
partie de la ville dévastée, à moyen terme, peuvent être reconstruits rapidement et professionnellement par les investissements chinois. Les Chinois sont des spécialistes de la construction et de
la gestion portuaires.
Ce scénario résolument optimiste impliquerait une purge des crapules hyper-riches et corrompues de la ploutocratie libanaise – qui, de toute façon, se précipitent
dans leurs appartements parisiens au premier signe de troubles.
Ajoutez à cela le système de protection sociale très efficace du Hezbollah – dont j’ai pu constater l’efficacité l’année dernière – qui a une chance de gagner la
confiance des classes moyennes appauvries et de devenir ainsi le noyau de la reconstruction.
Ce sera une lutte de Sisyphe. Mais comparez cette situation à celle de l’Empire du chaos – qui a besoin de chaos partout, en particulier en Eurasie, pour couvrir le
chaos de Mad Max à venir à l’intérieur des États-Unis.
Le notoire 7
pays en 5 ans du Général Wesley Clark vient une fois de plus à l’esprit – et le Liban reste l’un de ces 7 pays. La lire libanaise s’est peut-être effondrée, la plupart des Libanais sont
peut-être complètement fauchés et Beyrouth est à présent à moitié dévastée. C’est peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase, qui permet au chameau de retrouver sa liberté et de revenir
enfin en Asie le long des Nouvelles Routes de la Soie.
Le Hezbollah
libanais divulgue des infos précises concernant le port de Haïfa…
Le déni aura tenu quelques jours. Après moults spéculations et une dizaine d’hypothèses, une source militaire syrienne confirme une information que pratiquement
tous les gouvernements détiennent: le départ de feu suivi d’une première explosion puis d’une seconde bien plus puissante au point que l’onde de choc supersonique avait soulevé une sorte de
champignon ressemblant à celui d’une arme nucléaire tactique de faible puissance, ne sont pas le résultat d’un accident mais d’un acte hostile.
Le Secrétaire général du Hezbollah libanais a évoqué pour la première fois le rôle vital du port de Haïfa dans le nord d’Israël et par dessus tous les milliers
de tonnes de matières dangereuses qui y sont entreposées. Textuellement, Hassan Nasrallah a ironisé que son mouvement connaissait mieux le port de Haïfa que celui de Beyrouth. Cette
déclaration publique a déclenché une alerte nucléaire en Israël.
Le port de Beyrouth a connu un départ de feu totalement inexpliqué tout près d’un entrepôt d’une grande quantité de nitrates d »ammonium saisie par les
autorités libanaises il y a des années. Ce départ de feu fut exploité par les Israéliens ou leurs alliés pour y envoyer un premier missile de croisière. Le jour de cette explosions, il y
avait 22 aéronefs de combat israéliens au-dessus du Liban et un nombre indéterminé de drones de reconnaissance et d’attaque. La seconde frappe fut la plus puissante. Elle a été occasionnée
par une charge non conventionnelle de faible puissance (de 0,5 à 1,4 kilotonnes) et à radioactivité marginale.
Le Hezbollah libanais a ajusté sa stratégie en conséquence. Demeure le cirque des pays qui font semblant de vouloir aider le Liban alors qu’il a été mis à
l’index et sous embargo durant les trois dernières années. Le Président libanais Michel Aoun refusa en conséquence toute demande d’enquête internationale au motif que celle-ci fera tout pour
écarter tous les soupçons sur Israël.
La géopolitique n’est plus un art rationnel en 2020.
Le capitaine Boris
Prokochev, dont le navire Rhosus chargé de nitrate d’ammonium a été saisi en 2013 par les autorités libanaises, a donné au média russe RBC plus de détails sur cette cargaison qui a
explosé récemment dans le port de Beyrouth, faisant de nombreux morts et blessés et provoquant des dégâts massifs.
Le capitaine du navire Rhosus qui a transporté en 2013 les plus de 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont explosé au port de Beyrouth le 4 août 2020,
Boris Prokochev, a partagé avec le média russe RBC sa version de cet
incident dévastateur.
Il est notamment sûr que ce corps chimique n’a pas pu exploser tout seul.
« Il y a eu une cause extérieure. Peut-être une étincelle, peut-être un incendie criminel ou un engin explosif. Il y avait une sorte de détonateur
externe », a-t-il affirmé.
Interrogé pour savoir si la substance pouvait perdre ses propriétés chimiques au cours des années passés après la saisie du navire par les autorités
libanaises, le marin a indiqué que la cargaison avait été stockée hermétiquement et que donc ni l’air, ni l’eau ne pouvaient pénétrer dans le compartiment.
« Le nitrate d’ammonium se trouvait dans deux sacs dont l’un, en polyéthylène hermétique, a été placé à l’intérieur d’un autre sac en polypropylène ou
quelque chose de ce genre, très dense comme un plastique. L’air et l’eau n’y pénétraient pas. Chaque sac pesait une tonne, il y avait 2 750 sacs », a expliqué l’ancien capitaine.
L’arraisonnement du
navire
D’après le média, le Rhosus transportait alors le nitrate d’ammonium du port géorgien de Batoumi vers le Mozambique. Au cours du trajet, le capitaine a
décidé d’entrer dans le port de Beyrouth où la cargaison a été confisquée. Alors que nombre de marins ont pu rentrer chez eux immédiatement après l’arraisonnement du navire, le capitaine,
le chef mécanicien, le troisième mécanicien et le maître d’équipage n’ont pu le faire qu’un an après.
M.Prokochev précise que les sacs contenant le nitrate d’ammonium ont été débarqués après leur départ.
Une explosion, suivie d’une seconde, s’est produite le 4 août dans un entrepôt du port de Beyrouth où était stocké le nitrate d’ammonium en question.
D’après les derniers chiffres, au
moins 158 personnes ont été tuées et 6000 blessées, plusieurs dizaines sont encore portées disparues. Des centaines de milliers sont désormais sans abri, la moitié de la ville
ayant été détruite ou endommagée.
Des zones d’ombres nécessitent une élucidation indispensable dans l’affaire du nitrate d’ammonium qui a causé la plus grande catastrophe au Liban.
L’une d’entre elles, préliminaire et indispensable, est sans doute liée aux conditions de son arrivée depuis la Géorgie, alors qu’elle était destinée au Mozambique
en principe, et aux raisons pour lesquelles elle s’y est bloquée.
Or une nouvelle version de faits pourrait donner une certaine réponse.Elle est relayée par des observateurs libanais avisés.
La réelle destination de ce nitrate d’ammonium, produits utilisés comme engrais agricole et hautement explosif à une certaine concentration azotique ne serait pas
le Mozambique mais l’opposition syrienne armée, qui était alors en guerre contre le gouvernement syrien.
Cette version des faits s’est inspirée d’un article, publié par le site d’information SyriaTruth le 25 décembre 2013. C’est-à-dire un mois après que le
navire a accosté dans le port de Beyrouth.
Tout en étant un site opposé au pouvoir syrien, il avait les premières années de la guerre contre la Syrie révélé les réelles tendances et manigances de
nombreux groupes de l’opposition syrienne.
« Syria Truth a appris de sources concordantes à Beyrouth et à Damas qu’un bateau transportant des milliers de tonnes de nitrate d’ammonium hautement concentré est
arrivé dans le port de Beyrouth, le mois passé, en faveur des groupes armés à Homs et dans le Qalamoune en vue de l’utiliser pour fabriquer des explosifs », a écrit le site.
A cette époque, les frontières libanaises servaient de passage d’armes aux milices syriennes qui combattaient le gouvernement. Avec le soutien de protagonistes
libanais et des pays du Golfe. Étaient suspectés de contribution à ce trafic le parti du Futur de Saad Hariri, et le Qatar. Le ministre des Affaires étrangères de cet émirat, Hamad Ben
Jaber al-Thani, a plus tard révélé , lors de l’éclatement de la discorde avec l’Arabie saoudite, que cette dernière lui avait confié de soutenir les groupes terroristes en Syrie.
En 2013, la région de Qousseir n’avait pas encore été libérée par le Hezbollah et était entièrement occupée par entre les milices de tous bords dont l’ASL, le
front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie.
Selon Syria truth, les groupuscules armés avaient tenté, auparavant de s’emparer de l’usine d’engrais azotiques de Homs. En vain.
Le site syrien rend compte d’une directive promulguée par le chef de la sécurité intérieure syrien le général Ali Mamlouk qui a exigé le renforcement de la
surveillance sur les passages frontaliers entre le Liban et la Syrie. Sommant d’interdire le passage de nitrate d’ammonium d’une concertation azotique dépassant les 30%, car pouvant servir aux
engins explosifs. Les informations du général syrien lui auraient été livrées dans le cadre de la collaboration entre les renseignements syriens et libanais.
Il est question dans l’article du navire Rhosus, impliqué dans le transport du nitrate d’ammonium. Il aurait été acheté par un pays du Golfe en faveur des groupes
armés en Syrie, le front al-Nosra ou l’Armée syrienne libre. Il aurait dans un premier moment tenté d’accoster dans le port de Tripoli, au nord du Liban, pour y évacuer sa cargaison mais il
semble qu’elle n’a pu le faire pour des raisons inconnues. Le site syrien indique que son évacuation dans le port de Beyrouth aurait été supervisée par le colonel Imad Othmane, qui était alors le
chef du département des renseignements, un service de sécurité proche du courant du Futur. Ainsi que par l’ingénieur Hassan Qoraytem, qui était alors le directeur général de l’administration et
de l’investissement du port de Beyrouth et de Badri Daher qui était le chef de la direction Manifeste du port.
Ces deux derniers, Qoraytem et Daher ont été arrêtés cette semaine parmi d’autres suspects.
Cette version des faits exacerbe les doutes, d’autant que les révélations du capitaine du navire laisse en suspens une question primordiale.
Interrogé par Cyber Really, Boris Prokochev, rapporte que le navire lui avait été confié en seconde main, après le départ de son premier équipage, pour
non-paiement. Selon lui, alors qu’il voulait battre pavillon vers le Mozambique, son propriétaire russe qui détient la nationalité chypriote, un certain Igor Grechushkin lui a, à
l’improviste, demandé de se rendre au Liban, au motif de rajouter une cargaison supplémentaire, des équipements en acier pour le chemin de fer au Mozambique, pour soi-disant payer les
membres de l’équipage.
Sur les côtes libanaises, une fois chargé, le navire s’est mis à couler. Et la cargaison de nitrate a été sauvée et déposée dans le dépôt 12.
Depuis ni les autorités libanaises concernées ne l’ont déplacée, ni Grechushkin n’a demandé à la récupérer, ni son présumé destinataire au Mozambique ne l’a
non plus réclamée. Il va falloir l’identifier. Il s’agirait d’une société de safari qui n’a rien à voir avec les projets agricoles.
Dans certains médias libanais, on soupçonne déjà que la quantité de nitrate d’ammonium qui a explosé est inférieure aux 2750 tonnes qui étaient déposées
initialement.
Explosion à Beyrouth : face aux accusations, les dénégations hypocrites d’Israël
...par Gidéon Lévy - Le 07/08/2020.
Quand les responsables politiques israéliens témoignent leur solidarité avec le Liban, quand ils proposent une aide humanitaire, quand la mairie de Tel-Aviv est illuminée aux couleurs du pays du
cèdre, le journaliste Gideon Levy peine à ignorer l’hypocrisie ambiante. Après tout, ce n’est pas comme si l’armée israélienne n’avait jamais fait trembler la terre au Liban ni menacer de réduire
en cendres ses infrastructures… (IGA)
Tout l’Israël officiel s’est présenté comme choqué par la catastrophe qui a frappé son voisin, le Liban, hier. Presque tout le monde prend un visage triste. À
l’exception de Richard Silverstein, qui tient le blog Tikkun Olam, personne n’a accusé Israël d’être à l’origine de la catastrophe. À l’exception de Moshe Feiglin, député et chef du parti Zehut
qui appartient à la coalition du Likoud, et de quelques autres racistes [y a-t-il autre chose en Israël ?], personne n’a exprimé de joie satanique à ce sujet.
Déclarations
de Feiglin : « Aujourd’hui, c’est Tu B’Av, un jour de joie, et un véritable et immense merci à D.ieu et à tous les génies et héros vraiment (!) qui ont organisé pour nous cette merveilleuse
célébration en l’honneur du jour de l’amour. Pour marquer les vacances de Tu B’Av, nous avons un fantastique feu d’artifice depuis le port de Beyrouth. Vous ne croyez pas vraiment qu’il
s’agissait d’un entrepôt de carburant mal géré, n’est-ce pas ? Comprenez-vous que cet enfer était censé nous tomber dessus comme une pluie de missiles ?! J’ai une certaine expérience des
explosifs. La plus grande explosion à laquelle j’ai participé était de 2,5 tonnes de TNT. Ce que nous avons vu hier au port de Beyrouth était bien plus grand. L’effet destructeur (sans le
rayonnement) était comme une bombe nucléaire. Si c’était nous, et j’espère que c’était nous, alors nous devrions en être fiers, et avec cela nous créerons un équilibre de terreur. En évitant de
dire que c’est nous, nous nous mettons du côté obscur de la moralité. Nous sommes tous autorisés à nous réjouir. »
Heureusement, l’ancien porte-parole de l’armée israélienne Avi Benayahu a chassé Feiglin de la course : « Avec de telles déclarations, vous n’appartenez pas au
peuple juif », a déclaré Benayahu, l’homme de moralité juive, et cette tâche honteuse a été lavée.
Benayahu a raison : l’État juif n’a jamais causé de telles catastrophes, et lorsque nos ennemis sont tombés, il ne s’est jamais réjoui. Les Forces de défense
israéliennes, dont Benayahu était la voix, n’ont jamais causé de destructions et de dévastations, certainement pas au Liban, certainement pas à Beyrouth. Qu’est-ce que Tsahal a à voir avec la
destruction des infrastructures ? Avec une explosion dans le port de Beyrouth ? Pourquoi l’armée la plus morale du monde aurait-elle quelque chose à voir avec les bombardements de
centres de population ? Et c’est ainsi que les dirigeants du pays se sont empressés d’offrir leur aide au pays des cèdres dévasté, un geste juif et israélien si typique, humain, haut et émouvant
au point de nous tirer des larmes.
Il est vrai que l’armée de l’air israélienne fait fi de la souveraineté du Liban et vole dans ses cieux comme s’ils étaient les siens. Certes, Israël a dévasté le
Liban à deux reprises pendant la guerre (1982 et 2006), mais on ne va pas tenir de comptes d’apothicaire. Le Président israélien a adressé une déclaration de condoléances au peuple libanais, le
Premier ministre et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense ont déclaré qu’ils avaient « donné des instructions pour offrir une assistance humanitaire et médicale au Liban
».
Comme si toute cette bienfaisance ne suffisait pas, le maire de Tel Aviv a ordonné que le bâtiment de la municipalité soit illuminé des couleurs du drapeau
libanais. Les mots sont incapables de décrire un geste si éthéré. Toute la haine passée a été mise de côté, et Israël est maintenant un ami dans le besoin de son voisin souffrant. C’était
peut-être une bénédiction de Tu B’Av, la fête de l’amour, célébrée hier. Mais quand même, un vague souvenir menace de gâcher la fête à la gloire de notre bonté et de notre altruisme, que nous
aimons tant ici.
N’est-ce pas ce même ministre de la Défense qui, la semaine dernière, a menacé ce même Liban de détruire ses infrastructures ? Le Premier ministre n’a-t-il pas
également menacé le Liban ? Et à quoi ressemble la destruction des infrastructures au Liban ? Exactement à ce qui a été vu au Liban mardi. Le bruit du tonnerre a secoué la ville, une fumée noire
s’est répandue au-dessus, des destructions et des ravages, du sang civil a coulé, 4 000 blessés aux portes de l’hôpital, comme l’a décrit avec horreur l’ambassadrice d’un pays européen à
Beyrouth, qui avait auparavant servi en Israël. Elle a été blessée mardi dans l’explosion et était sous le choc.
La moitié d’Israël et l’ensemble de l’état-major de Tsahal savent comment réciter la célèbre doctrine Dahiya, objet de tous les louanges. Un politicien sur deux a
menacé de la mettre en œuvre. C’est notre langage avec le Liban et Gaza. C’est la doctrine adoptée par le Carl von Clausewitz israélien, l’ancien chef d’état-major Gadi Eisenkot, l’espoir actuel
de la gauche israélienne, alors qu’il était chef du commandement du Nord.
Et quelle est cette doctrine sophistiquée qui porte le nom de la banlieue sud de Beyrouth, bastion des masses populaires du Hezbollah décimées en 2006 ? C’est
l’utilisation d’une force disproportionnée et impitoyable contre les infrastructures, semant la destruction et l’effusion d’autant de sang que possible. « Aplatir une fois pour toutes », pour
donner une leçon à l’ennemi. L’armée israélienne a essayé cela plus d’une fois dans le passé, au Liban et à Gaza, et ce fut une réussite vertigineuse. Cela ressemble à ce qui a été vu à Beyrouth
mardi.
Il ne s’est pas encore écoulé une semaine depuis qu’Israël a menacé de détruire les infrastructures du Liban si le Hezbollah osait venger le meurtre d’un de ses
combattants dans une action militaire limitée à la frontière, mais Israël le destructeur devient Israël le miséricordieux. Accepteriez-vous l’aide humanitaire d’un tel pays ? Y a-t-il une
démonstration d’hypocrisie plus écœurante * ?
Quand Israël a démoli Dahiya et d’autres quartiers de Beyrouth, le bâtiment de la municipalité de Tel Aviv n’était pas illuminé des couleurs du drapeau libanais.
Quand Israël a tué des milliers de femmes et d’enfants innocents, vieux et jeunes, à Gaza pendant l’opération criminelle Plomb durci et l’opération Bordure protectrice, la municipalité n’a pas
été éclairée aux couleurs du drapeau palestinien. Mais mercredi, nous étions tous si humains, si Libanais pour un moment. Jusqu’au prochain Dahiya.
La DCA de la Résistance a débordé pour la première fois les frontières syriennes pour chasser dans le ciel d’Israël. Depuis l’Armée de l’air de sioniste n’y opère
que via des hélicoptères, craignant d’avoir à perdre ses F-16. La perspective d’un Hezbollah plaçant le Liban sous la protection des batteries de missiles déployées en Syrie et ce dans le cadre
d’une DCA intégrée au foyer iranien a-t-elle poussé l’axe US/Israël à dévaster Beyrouth. À lire l’article de The Washington Institut,
on tend à y croire.
« Le 8 juillet, le ministre syrien de la Défense, Ali Abdullah Ayoub et le général de division Mohammad Baqeri, chef d’état-major des forces armées iraniennes, ont
signé un accord à Damas pour élargir considérablement la coopération militaire bilatérale, en particulier dans le domaine de la défense aérienne… Téhéran a développé une vision stratégique pour
une protection efficace via l’espace aérien.
« En 2019, par exemple, le général Baqeri a proposé une connexion des réseaux de défense aérienne iranienne et irakienne pour créer un bouclier face
aux « ennemis communs ».
Et l’article d’ajouter : « L’Iran peut ainsi mettre les systèmes de missiles sol-air, à basse et haute altitude à la disposition de la Syrie, des missiles
capables d’intercepter des cibles aussi loin que 200 km et à des altitudes allant jusqu’à 30 km. L’Iran peut aussi envoyer certaines des capacités de fusion/gestion de données et des systèmes de
détection passive (non actives) qu’il avait dévoilés ces dernières années et tout ceci est un danger non seulement pour Israël mais aussi pour les USA ».
« L’Iran a un certain nombre de systèmes S-200, S-75 / HQ-2 et 2K12 en service dans le pays et il les a mis à niveau au fil des ans. L’accord signé avec la
Syrie a ceci d’inquiétant que l’Iran pourrait également proposer de mettre à niveau les batteries de la Syrie de même qu’il pourrait envoyer à Assad des systèmes développés localement tels
que le Raad, le Tabas,
Khordad-15, le Talash et
le Khordad-3 (ce dernier ayant été utilisé pour abattre le drone américain). Téhéran pourrait également avoir l’intention d’aider la Syrie à mettre en place des chaînes de production/d’assemblage
locales pour de tels systèmes, très probablement dans des installations souterraines (des capacités de production similaires pourraient éventuellement être offertes à l’Irak ou même au
Hezbollah). »