Dans cet article, elle rapporte qu’il s’agit d’une tentative (dans la continuité, en fait, d’Obama, Trump Biden, Trump) de renverser et de remplacer le
gouvernement syrien actuel afin de briser les lignes d’approvisionnement en armes du groupe chiite Hezbollah, et que cette invasion de la Syrie bénéficie également du soutien des Arabes
du «Golfe», en référence aux roitelets compradores du Moyen-Orient. Ce sont des musulmans sunnites et anti-chiites, parce que le chiisme s’oppose au régime héréditaire et à l’impérialisme
; ces
roitelets considèrent donc que les pays à dominante chiite – l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban – mettent en danger leur propre domination.
Voici le rapport de Beeley :
(s’ouvre avec un reportage vidéo de 3 minutes d’elle par RT news le
matin du 28 novembre, transcription ici :
Eh bien, passons
maintenant à Vanessa Beely, qui est une journaliste d’investigation indépendante basée à Damas. Vanessa, c’est une nouvelle de dernière minute, mais pouvez-vous simplement nous mettre au
courant des détails de cette offensive, que savez-vous jusqu’à présent ?
Oui, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour entrer en contact avec des sources à Alep. Bien sûr, je suis basée à Damas. Mais d’après ce qu’ils m’ont dit,
plutôt que de tomber aux mains des terroristes, l’armée syrienne a fait ce qu’elle fait souvent dans ces situations. Elle s’est retirée de ces zones pour éviter des pertes excessives et
permettre aux terroristes de se conglomérer dans cette zone avant de contre-attaquer. Les gens me disent à Alep que les bruits qu’ils entendent leur rappellent les premiers jours de la
guerre à Alep, c’est donc significatif. Mais nous entendons également parler depuis un certain temps de la possibilité d’une attaque majeure d’Al-Qaida ou de Hayat al-Sham (comme on les a
maintenant rebaptisés) une attaque majeure. Nous savons que, notamment grâce aux services de renseignement russes, des forces spéciales et des agents militaires et de renseignement
ukrainiens ont aidé les terroristes à s’armer et à se préparer à une offensive majeure à Idlib, et bien sûr, le moment choisi est très important. À 4 heures du matin aujourd’hui, le
cessez-le-feu est entré en vigueur entre Israël et le Liban, et avant le cessez-le-feu à 4 heures du matin, Israël a bombardé plusieurs endroits de la frontière entre le Liban et la
Syrie. Dans le même temps, bien sûr, Israël a historiquement soutenu les attaques des groupes terroristes dans le nord-ouest, et dans le centre de la Syrie, par exemple, l’EI, très
récemment, Israël a bombardé un quartier général des forces auxiliaires qui, la veille, combattaient une avancée de l’État islamique depuis la base américaine d’Al-Tanaf, à la frontière
avec la Jordanie. Le moment choisi pour cette attaque est donc, je pense, très important. Je pense que la Syrie sera désormais la cible d’attaques à la fois de la part d’Israël et des
forces terroristes (islamistes sunnites) toujours implantées en Syrie. Mais pour l’instant, c’est la panique.
Fin de son reportage vidéo)
Ce qui suit est un article que j’ai publié sur Telegram ce matin après 24 heures de combats entre l’armée arabe syrienne et les factions terroristes soutenues par
Israël, la Turquie et l’Axe de la terreur américain. Les attaques terroristes ont commencé par des attentats suicides qui auraient été supervisés par le chef de Hayat Tahrir Al
Sham (Al-Qaïda) lui-même, Abou Mohammed Al Jolani (non pas qu’il se soit suicidé bien sûr). Le conflit s’est désormais étendu à l’est de la ville d’Idlib et au sud de Saraqeb, dans le sud
d’Idlib.
Mon message :
Les brigades de l’armée arabe syrienne, y compris les forces spéciales et la Quatrième Division, continuent de pilonner les positions terroristes avec des
tirs d’artillerie dans l’ouest et le sud d’Alep tandis que la Russie et la Syrie bombardent derrière les lignes ennemies pour couper les lignes d’approvisionnement et les voies de fuite –
la Syrie a créé un piège pour faire tomber les mandataires turcs et les gangs Jolani soutenus par les États-Unis.
Vidéo des forces spéciales de la SAA
(montrée)
Cette attaque est évoquée et planifiée depuis le début de l’agression israélienne contre le Liban. L’implication ukrainienne a également été signalée par
l’armée russe en Syrie – fournissant des armes, une formation, des drones et un soutien tout en offrant des salaires décents aux mercenaires extrémistes étrangers pour combattre en
Ukraine contre la Russie – rejoignant l’État islamique déjà présent sur le terrain en Ukraine. Le cessez-le-feu entre Israël et le Liban est entré en vigueur hier à 4 heures du matin.
Presque immédiatement, les forces terroristes soutenues par les sionistes ont lancé leur offensive tant attendue.
Biden a promis davantage de d’armes à Israël, Netanyahou s’est joint aux nombreux génocidaires sionistes pour menacer le président syrien Assad – des avions
de guerre américains ont été envoyés dans les bases aériennes normalisées (avec Israël) des États du Golfe et les services de renseignement israéliens auraient récemment visité
Erdogan.
La guerre de changement de régime qui a débuté en 2011 a conduit au génocide à Gaza et au Liban, à «l’éradication» de la Résistance. La Syrie sera désormais
la cible de la destruction des lignes d’approvisionnement en armes et des installations de fabrication qui permettraient de réarmer le Hezbollah pendant le cessez-le-feu.
Il y aura des tentatives pour détruire l’infrastructure du pont terrestre qui amène les matériaux depuis l’Iran, via l’Irak et la Syrie jusqu’au Liban. Cela
inclut les lignes d’approvisionnement de secours humanitaire essentielles. Israël ciblera la défense aérienne syrienne comme il le fait depuis des années après que les terroristes qu’ils
soutiennent ont également saisi et occupé des bases de défense aérienne à partir de 2011.
Le Hezbollah, la Résistance islamique en Irak et d’autres factions de la résistance régionale opérant depuis l’intérieur de la Syrie seront ciblés sans
égard au nombre de morts parmi les civils. L’État islamique et Al-Qaïda seront incités à attaquer les positions de l’armée arabe syrienne et à créer des fronts pour éloigner les forces
syriennes du sud, où Israël pourrait se préparer à une invasion terrestre depuis les territoires occupés du Golan.
À mon avis, cela fait au moins partie de l’agenda sioniste/américain et le cessez-le-feu leur permet de se concentrer sur la Syrie en attendant que Trump
soit sur le trône américain. La Syrie est le cœur battant de la
Résistance et doit être protégée à tout prix. C’est aussi la dernière ligne de front (en dehors du Yémen) avant l’Iran.
Des jours troubles s’annoncent mais la Résistance et en particulier la Syrie l’emportera. Les forces syriennes combattent depuis 14 ans et possèdent une
expérience du terrain, et elles sont difficiles à vaincre. Les forces russes entraînent depuis un certain temps déjà les brigades syriennes dans toutes les régions de Syrie. L’opération
antiterroriste russe va reprendre. Ce n’est pas la Syrie de 2011/12. Laissez-les essayer.
Nota Bene. Cette offensive terroriste constitue également une violation de l’accord de cessez-le-feu d’Idlib de 2020 [elle avait en fait commencé en
2017] négocié
entre la Turquie et la Russie et cela entraînera donc peut-être une expansion des efforts de libération dans les zones syriennes contrôlées par proxies de la Turquie, au nord et
au nord-ouest. Erdogan tente peut-être de faire pression sur le président Assad pour qu’il normalise les relations avec la Turquie, mais il ne connaît pas encore son ennemi qui redoublera
d’efforts pour expulser les groupes terroristes du territoire syrien – peut-être en les envoyant en Turquie, c’est de là qu’ils sont venus.
Je fournirai davantage de rapports à mesure que les événements évoluent.
Ces derniers jours, le nord de la Syrie a connu d’intenses combats,
marquant les affrontements les plus violents depuis mars 2020, lorsqu’un cessez-le-feu a été négocié avec la participation de la Russie et de la Turquie. Le matin du 27 novembre, des groupes
antigouvernementaux ont lancé une offensive dans les provinces d’Alep et d’Idlib. Selon certaines informations, l’opération implique des factions islamistes, dont Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un
groupe interdit en Russie, ainsi que des forces d’opposition armées telles que l’Armée syrienne libre soutenue par les États-Unis et la Turquie.
Au matin du 28 novembre, les forces d’opposition ont déclaré la capture d’une douzaine de colonies, y compris des zones stratégiquement importantes telles que Urm
al-Sughra, Anjara et Al-Houta, situées à l’ouest d’Alep. De plus, ils ont affirmé s’être emparés de la base de la 46e Brigade, la plus grande base militaire de l’armée syrienne. Des sources
rebelles ont rapporté avoir capturé cinq chars, un véhicule de combat d’infanterie et un stock de missiles. Le même jour, les insurgés ont mené une frappe de précision sur un hélicoptère à la
base aérienne d’An-Nayrab. Des rapports d’Anadolu et de CNN ont indiqué que des positions clés, notamment Kafr
Basma, Urum al-Kubra et plusieurs hauts plateaux stratégiques, sont tombées sous le contrôle des rebelles.
Le 28 novembre, le groupe Al-Fateh al-Mubin a annoncé la capture de Khan al-Assal, situé à seulement 7 kilomètres d’Alep, avec dix chars. Les rebelles ont affirmé
que la panique et le moral en baisse se répandaient parmi les forces du président Bachar Al-Assad. Pendant ce temps, l’offensive a également progressé au sud et à l’est d’Idlib, un bastion
rebelle depuis 2015. Les rebelles ont rapporté avoir pris Dadikh et Kafr Batikh, près de l’autoroute vitale M5.
En trois jours, les militants auraient capturé au moins 70 colonies, s’étendant sur environ 400 kilomètres carrés dans les deux provinces. Dans la soirée du 29
novembre, certains participants à l’opération ont même déclaré la prise d’Alep, la deuxième plus grande ville de Syrie. Ils ont déclaré que leur mission était de « libérer la ville de la cruauté et de la corruption du régime
criminel”, dans le but de restaurer la dignité et la justice pour ses habitants.
Al-Fateh al-Mubin a lancé une chaîne Telegram pour documenter l’opération, intitulée “Dissuader l’agression.” La chaîne a été citée par les principaux
médias internationaux et régionaux. Selon les militants, leur offensive était une réponse à l’intensification présumée des frappes aériennes des forces russes et syriennes sur des zones civiles
dans le sud d’Idlib, ainsi qu’à l’anticipation d’éventuelles attaques de l’armée syrienne.
Pourquoi le conflit a-t-il pris un nouvel élan ?
Avant la crise actuelle, la province d’Idlib était restée le dernier bastion majeur de l’opposition armée au gouvernement d’Assad. La région est devenue un point
focal d’intérêts qui se chevauchent entre diverses puissances locales et internationales, créant un environnement instable et tendu.
En 2017, dans le cadre du processus de paix d’Astana, la Russie, la Turquie et l’Iran ont convenu d’établir des zones de désescalade, Idlib étant désignée comme
l’une d’entre elles. Le but de ces accords était de réduire l’intensité des hostilités et de créer les conditions d’une résolution politique. Cependant, le cessez-le-feu a été violé à plusieurs
reprises et les opérations militaires ont persisté, aggravant le conflit. L’influence croissante de groupes islamistes radicaux, tels que Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a compliqué le dialogue entre
les parties, car nombre de ces organisations ont été exclues des négociations et classées comme groupes terroristes.
La Turquie, motivée par des intérêts stratégiques et des inquiétudes face à une nouvelle vague de réfugiés, a accru sa présence militaire à Idlib. Elle a soutenu
certaines forces d’opposition et établi un réseau de postes d’observation, entraînant parfois des affrontements directs avec l’armée syrienne et des relations tendues avec la Russie. Cela a
ajouté une autre couche de complexité à une situation déjà difficile, alimentant de nouveaux affrontements.
La situation humanitaire à Idlib a continué de se détériorer. Les hostilités en cours ont déclenché une crise humanitaire à grande échelle, déplaçant des millions
de personnes, dont beaucoup sont devenues des réfugiés dans les pays voisins ou ont été déplacées à l’intérieur du pays. Le manque d’aide humanitaire adéquate et la détérioration des conditions
de vie ont exacerbé les tensions et érodé la confiance dans les autorités. Cela a créé un terrain fertile pour la radicalisation, entraînant le recrutement dans des groupes armés.
L’importance stratégique d’Idlib était également un facteur clé. L’emplacement de la province à l’intersection de routes de transport critiques et de sa frontière
avec la Turquie lui conférait une importance à la fois militaire et économique. Le contrôle de ce territoire est devenu une priorité pour toutes les parties impliquées, intensifiant la lutte et
entravant les progrès vers une résolution pacifique.
La radicalisation de l’opposition et la présence d’éléments extrémistes dans ses rangs ont encore compliqué les perspectives de paix. Ces groupes s’intéressent peu
aux négociations et cherchent à prolonger le conflit armé, sapant les efforts internationaux visant à stabiliser la région. Simultanément, les défis internes auxquels le gouvernement syrien est
confronté, tels que les difficultés économiques, les sanctions internationales et les divisions internes, ont affaibli sa position. Cela a probablement incité le gouvernement à poursuivre une
action militaire plus agressive pour consolider le contrôle et la force du projet.
Ainsi, l’escalade actuelle à Idlib découle d’une interaction complexe d’intérêts géopolitiques, de divisions internes, de radicalisation de l’opposition et de
graves problèmes humanitaires. La résolution de la crise nécessite des efforts internationaux coordonnés, y compris un dialogue actif impliquant toutes les parties prenantes, des initiatives
humanitaires pour atténuer les souffrances des civils et un règlement politique qui tienne compte des intérêts des divers groupes et favorise une paix durable. Sans volonté de compromis et de
collaboration, le conflit à Idlib risque de s’aggraver, menaçant la stabilité régionale et la sécurité internationale.
Qui est derrière l’escalade ?
Alors que beaucoup ont émis l’hypothèse que la Turquie pourrait bénéficier de la récente escalade – cherchant à faire pression sur Assad pour qu’il normalise les
relations entre Ankara et Damas – la position officielle de la Turquie est restée ambiguë. Les déclarations et commentaires des autorités turques étaient contradictoires : d’une part, Ankara
semblait apporter un soutien indéniable aux opposants d’Assad ; d’autre part, il semblait réticent à assumer la responsabilité des événements en cours et exprimait clairement sa frustration face
aux actions de “l’opposition basée à Idlib.”
La Turquie a été confrontée à une décision cruciale : soit continuer à soutenir le statu quo dépassé, potentiellement préjudiciable à elle-même et à la région,
soit, conformément à ses déclarations publiques de volonté de rétablir les liens avec Damas et à ses engagements dans le cadre du processus d’Astana, aider ses partenaires – la Russie et l’Iran –
ainsi que la Syrie voisine à résoudre la situation à Idlib.
Il y a aussi des suggestions selon lesquelles l’escalade actuelle aurait pu être orchestrée par des acteurs externes tels qu’Israël et les États-Unis. La flambée a
commencé peu de temps après un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et une semaine après des informations selon lesquelles des missiles occidentaux à longue portée seraient utilisés dans
des frappes au plus profond du territoire russe, ainsi que le test de représailles par la Russie du système de missiles Oreshnik. Il est possible que les États-Unis et Israël, tirant parti de la
situation en Ukraine, des tensions avec l’Iran et de la position anti-israélienne d’Ankara et de son refus de se joindre aux sanctions anti-russes, aient provoqué des troubles en Syrie pour
atteindre plusieurs objectifs.
L’un de ces objectifs aurait pu être de priver l’Iran et ses alliés au Levant d’un répit, d’ouvrir un nouveau “front” contre Téhéran et de semer la discorde entre Téhéran et
Ankara. De plus, cela aurait pu viser à accroître la pression sur les forces aérospatiales russes soutenant Damas, détournant ainsi les ressources russes de son implication en Ukraine. L’Occident
a peut-être cherché à affaiblir davantage la position de la Russie, espérant peut-être ouvrir un “deuxième front” contre Moscou dans l’espoir de réaliser des
gains en Syrie.
Pour Damas, l’escalade aurait pu servir de tactique de pression pour la dissuader d’apporter son soutien au Hezbollah et gêner son implication dans le front
anti-israélien. Elle peut également avoir visé à empêcher la normalisation avec la Turquie et la formation d’une coalition unifiée anti-kurde (et donc anti-américaine) impliquant Moscou, Téhéran,
Ankara et Damas à l’est de l’Euphrate.
Quant à la Turquie, la situation aurait pu être utilisée pour exercer une pression en menaçant une nouvelle vague de réfugiés, une instabilité sécuritaire accrue et
une détérioration des conditions économiques. Cela compliquerait les opérations d’Ankara contre les forces kurdes en Syrie, entraverait la normalisation avec Damas et tendrait ses relations avec
la Russie et l’Iran.
Ainsi, il est plausible que l’escalade actuelle à Idlib ait été initiée par Israël et les États-Unis, dans le but d’affaiblir davantage l’Iran et de créer des
divisions dans les relations russo-turques. Cela souligne la nature multicouche du conflit syrien, où des acteurs extérieurs exploitent les tensions régionales pour faire avancer leurs intérêts
stratégiques. La situation met en évidence la nécessité de positions politiques claires et d’actions coordonnées des puissances régionales pour relever le défi syrien et assurer la stabilité dans
la région.
La guerre à Idlib : Un signe avant-coureur d’une catastrophe mondiale potentielle
L’escalade dans la province syrienne d’Idlib transcende les limites d’un conflit localisé, servant d’avertissement brutal contre l’instabilité mondiale. Le
nord-ouest du pays est devenu un champ de bataille où convergent les intérêts des puissances mondiales, et l’intensification de la violence reflète les profondes fractures de l’ordre mondial
actuel. L’implication de nombreux acteurs extérieurs poursuivant leurs propres agendas a transformé la région en un microcosme de contradictions géopolitiques, préfigurant potentiellement une
crise mondiale plus large.
La résurgence de vieux conflits, tels que les actions militaires d’Israël à Gaza et au Liban, amplifie les tensions sur la scène internationale. Ces affrontements
apparemment dormants ou contrôlés se rallument avec une intensité renouvelée, menaçant la stabilité régionale et mondiale. La reprise de ces derniers souligne l’incapacité des mécanismes
existants à prévenir efficacement l’escalade et à s’attaquer aux causes sous-jacentes de la discorde.
Les tensions mondiales approchent d’un point de basculement critique, alors que de nombreux conflits “gelés” recommencent à “saigner« .” L’ancien ordre mondial, construit sur des
principes et des institutions façonnés au cours du siècle dernier, s’avère inadéquat pour relever les défis de la mondialisation, du progrès technologique et des dynamiques de pouvoir
changeantes. Les organisations et accords internationaux vacillent fréquemment face aux menaces contemporaines, qu’il s’agisse de terrorisme, de cybersécurité ou de guerre hybride.
La construction d’un nouvel ordre mondial nécessite de repenser les structures existantes et, peut-être, de démanteler les approches dépassées. Cette transition est
intrinsèquement conflictuelle, car le passage de l’ancien au nouveau se fait rarement en douceur. Des puissances et des blocs concurrents s’efforcent de sauvegarder leurs intérêts, augmentant le
risque de confrontation à moins qu’une compréhension commune et une confiance mutuelle ne puissent être établies.
La situation à Idlib illustre parfaitement cette douloureuse phase de transition. Elle met en évidence comment les conflits régionaux peuvent dégénérer en crises
mondiales s’ils ne sont pas résolus. L’interaction des forces extérieures en Syrie reflète des tendances plus larges de rivalité et de méfiance entre les grandes puissances, augmentant encore la
probabilité d’un conflit à grande échelle.
En conclusion, l’escalade à Idlib et dans d’autres points chauds mondiaux sert d’avertissement que le monde est au bord d’un profond changement. Pour éviter de
sombrer dans un conflit mondial, la communauté internationale doit travailler en collaboration pour établir un nouvel ordre mondial plus résilient capable de relever les défis modernes. Cela
nécessite le dialogue, le compromis et la volonté de surmonter les anciennes divisions pour un avenir commun.
Murad
Sadygzade
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le 28 novembre à 18H39, le chercheur syrien Basel
al-Khatib décrivait la situation brièvement et en ces termes :
Tableau général et contexte
stratégique :
• Opérations ordonnées par les sionistes…
• Mot de passe : «Al-Assad joue avec le feu», (phrase prononcée le 26 novembre 2024 par Netanyahou lorsqu’il a annoncé son
accord sur le cessez-le-feu au Liban, Ndt)…
• Attaque des campagnes d’Alep et d’Idlib par des troupeaux terroristes…
• Attaque planifiée censée se transformer en une guerre d’usure longue et cruelle et dont l’exécution était prévue pour le cas
où la Syrie participerait directement à la guerre contre l’entité sioniste…
• C’est donc une attaque qui se prépare depuis longtemps…
• L’attaque est actuellement gérée par une cellule d’opérations comprenant des sionistes, des Turcs, des Américains, des Britanniques et
des Ukrainiens…
• Tous les équipements, munitions et armes, que les Américains ont transportés ces derniers temps vers leurs bases illégales en Syrie étaient
destinés aux terroristes afin de préparer cette attaque…
• Les Turcs participent directement en personnel et en armement…
• Les Ukrainiens participent en tant qu’officiers du commandement opérationnel…
• L’attaque n’est qu’une étape de la guerre contre Gaza et le Liban, dans le prolongement de la guerre majeure qui a débuté contre la Syrie
en 2011 et pour les mêmes objectifs. En un mot : nous sommes toujours en guerre…
• Une opération avec de nombreux participants, chacun ayant un objectif distinct de l’autre…
Situation tactique sur le terrain
:
• Les terroristes ont fait quelques progrès au cours des premières heures en raison de l’ampleur et de la violence de l’attaque…
• Une attaque à laquelle ont participé des terroristes (d’élite), acheminés des quatre coins de la planète, d’une grande expérience et
d’un haut niveau de formation…
• L’armée s’est retirée de la première ligne de front afin de préserver la vie des soldats et absorber le choc…
• L’avancée des terroristes le long des lignes de front a été stoppée…
• Les terroristes ont subi de lourdes pertes, que ce soit au niveau de leurs forces d’attaque, de leurs positions arrière ou de leurs
lignes de ravitaillement…
• Intervention massive et écrasante des forces aériennes syriennes et russes…
• Décision stratégique russe prise au plus haut niveau : Ecrasement des terroristes quoi qu’il en coûte et soutien maximum à l’armée
syrienne…
• La Russie considère que cette bataille est sa bataille, comme si elle se déroulait à la périphérie de ses villes.
• Décision iranienne similaire, quoi qu’il en coûte…
• Mobilisation des forces syriennes et de ses auxiliaires sur tous les axes de combat…
• La contre-attaque est désormais proche…
• Une zone d’exclusion aérienne totale sera imposée dans le nord de la Syrie par les forces aériennes russes et syriennes ainsi que par les drones
iraniens…
• La contre-attaque syrienne ne se contentera pas de la reconquête des zones dans lesquelles les terroristes sont entrés, certaines
ayant déjà été reconquises à l’heure où j’écris ces mots. Elle pourrait se transformer en une libération globale, possibilité que je n’exclus pas…
• Rassurez-vous, notre armée est aux commandes…
• Vos hommes, vos fils, vos pères et vos frères sont présents et piétinent le front de ces crapules infidèles avec dans leurs cœurs assez
de rage et de détestation pour occire tous les terroristes de la planète…
• Tout ce que vous pourrez entendre d’autre sur ces événements ne sera que mensonges malfaisants. Je ne vous ai jamais
dit que la vérité. Si Dieu le permet, je continuerai toujours à vous dire la vérité…
• Rassurez-vous…
• Nous allons certainement gagner…
• Prière de diffuser ce message autant que possible.
Et le 29
novembre, M.
Nasser Kandil ancien député libanais et rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Binaa publiait un article intitulé : «Déplacement de la guerre
du Liban vers la Syrie».
Ce n’est pas un hasard si les brigades du terroriste Abou Mouhammad al-Joulani ont attaqué Alep dès que la «brigade Golani» (brigade
d’infanterie israélienne également dénommée 1ère Brigade) est entrée en soins intensifs après son échec dans la guerre contre le Sud-Liban. Autrement dit, la guerre contre la
Résistance libanaise reportée depuis la défaite de l’armée israélienne en juillet 2006 en attendant le moment opportun.
La guerre est, en effet, un plan permanent pour l’entité sioniste comme le prouve ce que vit la région depuis l’opération «Déluge al-Aqsa» à
partir de Gaza. Néanmoins, il est évident que tout ce que l’entité d’occupation a commis contre les pays de la région n’aurait été possible sans une planification conjointe
américano-israélienne.
De même, la guerre contre la Syrie est clairement israélienne, quels qu’aient été ses différents partenaires allant de Washington à Ankara en passant
par les groupes terroristes et certaines capitales arabes ayant participé avec leur argent, leurs médias et leurs fatwas. Une guerre dont l’objectif est de détruire les
forces de la région afin de remplir les conditions de l’hégémonie israélienne : Le «Grand Israël» via l’occupation territoriale ou le Puissant Israël via
l’influence régionale. D’ailleurs, si la guerre contre la Syrie avait réussi à atteindre ses objectifs, il n’y aurait pas eu de guerre contre la Résistance au Liban. Et si la guerre
contre le Liban avait réussi cette fois-ci, il n’y aurait pas eu une nouvelle guerre contre la Syrie immédiatement après le cessez-le feu annoncé le 26 novembre dernier.
Et le Front Al-Nosra, lequel a lui-même annoncé via un communiqué officiel le changement de son nom en «Hay’at Tahrir al-Cham» [HTS] après
s’être présenté comme la branche d’Al-Qaïda en Syrie et avoir prêté allégeance à son chef Aymanal-Zawahiri, est celui-là même que l’ancien ministre israélien de la Guerre,
Moshe Ya’alon, a reconnu comme allié dans une déclaration de 2014 du fait, selon ses propres termes, de sa contribution à la protection des frontières
orientales de l’entité sioniste.
Le Front Al-Nosra est celui-là même dont la Turquie réclame l’intégration au processus de la solution politique en Syrie depuis qu’il a changé de nom,
vu qu’il figurait sur les listes terroristes. Et c’est celui-là même qui a lancé hier l’attaque majeure, couverte par les tirs de drones turcs, contre les positions de l’armée
syrienne.
Le Front Al-Nosra est celui-là même que les États-Unis ont également cherché à intégrer dans la gouvernance syrienne en incitant
l’ancien envoyé de l’ONU, Staffande Mistura, à présenter un projet de solution politique qui lui accorderait l’autonomie dans les zones syriennes se trouvant sous son
contrôle.
Par conséquent ce n’est pas un hasard, non plus, que la Turquie -un membre de l’OTAN qui n’a pas rompu ses liens avec Israël par solidarité avec Gaza comme
l’ont fait des pays d’Amérique latine- soit d’accord avec les États-Unis qui dirigent l’OTAN, ainsi qu’Israël qui en profite, pour un tel usage du Front al-Nosra.
En effet, le conflit en, avec ou sur la Syrie, n’est ni un conflit pour le pouvoir, ni une affaire intérieure, ni une guerre civile. Ceux
qui défendent de tels récits prouvent leur parti pris contre la Syrie ; autrement dit, pour le bloc israélo-turco-américain. C’est pourquoi les forces de la Résistance,
l’Iran et la Russie n’ont pas hésité à se ranger du côté de la Syrie.
Et c’est pourquoi la deuxième bataille d’Alep, qui vient de commencer, apparaît comme une tentative de modifier les résultats de la première bataille
d’Alep. Et ceci dans l’espoir que l’armée syrienne et ses alliés soient épuisés ou désintégrés après des années de guerre ; les brigades du Front al-Nosra étant censées
compenser ce que l’armée israélienne n’a pas réussi à réaliser au Sud Liban et qu’elle a besoin de récupérer ses forces, raison pour laquelle Netanyahou aurait accepté le
cessez-le-feu.
Quant à M.
Nasser Charara, rédacteur en chef du magasine Al-Hadeel, nous retenons de son article, publié ce même 29 novembre, quatre remarques principales :
En arrière-plan de la reprise de la guerre en Syrie, 72H après le cessez-le-feu sur le front libanais, l’intention d’attaquer le
poumon fournissant l’oxygène au Hezbollah est évidente.
Diriger la guerre vers la Syrie en la concentrant sur Alep oblige les alliés du gouvernement syrien à déporter leur poids de la zone de
conflit avec Israël, c’est-à-dire du sud de Damas limitrophe des frontières du Golan occupé, vers les régions du nord syrien ; ce que veut Israël et que Moscou ne
désapprouverait pas.
Le message reçu par la Russie, suite à l’attaque de Hay’at Tahrir al-Cham et ses alliés sur Alep, est essentiellement une mise
en garde consistant à mettre le président Poutine devant la possibilité d’un glissement vers un combat sur deux fronts : L’Ukraine puis la Syrie. Et le but
du message est de lui faire comprendre qu’il s’approche d’une saison de concessions à Israël et aux États-Unis en Syrie, et de concessions à
l’administration Trump et aux Européens en Ukraine ; le seul moyen de réussir à éteindre les incendies qui l’assiègent.
Quant à Erdogan, avec l’avènement de la présidence Trump et l’éventualité d’un retrait militaire américain de Syrie, il cherche à devenir la
clé de la solution politique entre «l’opposition armée» et l’État syrien, tout comme il cherche à ce que la Turquie devienne l’État chargé de régler la situation compliquée au nord de la
Syrie et de superviser les dispositions de sécurité aux frontières syriennes avec l’Irak et La Turquie.
Mais ce 30 novembre,
d’après al-Mayadeen TV et nombre de sources régionales :
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a affirmé que son pays n’est pas impliqué dans les conflits en cours à Alep, mais
prend des précautions pour empêcher une éventuelle vague de déplacés. Il aurait ajouté que l’artère qui maintient en vie les groupes terroristes dans la région est entre
les mains des États-Unis d’Amérique sans le soutien desquels ils ne peuvent continuer à avancer plus de trois jours, et aurait assuré que la Turquie ne permettra
jamais à la structure terroriste en Syrie de devenir un État.
Et la question devient : Mais alors, d’où vient l’armement lourd utilisé au début de l’attaque ? Des États-Unis ? De l’Ukraine ? De la France comme
certaines sources l’affirment ? De la Turquie quoi qu’en disent ses représentants, vu que sans sa frontière ayant servi de passoire à tous les terroristes venus du monde entier, la Syrie
n’en serait pas là où elle est rendue ? De tous ces pays réunis ?
Quoi qu’il en soit, la propagande et la désinformation ont atteint des sommets afin d’égarer les Syriens et probablement de les pousser à fuir leur terre
et, une fois de plus, les pousser à l’exil. Des bruits ont couru que les terroristes sont entrés dans Hama et Damas, ce qui vient d’être nié par Al-Akhbariya TV et le
journaliste syrien Haydar Mustapha circulant dans les rues de la capitale.
Finalement, pour le moment le brouillard reste épais et les cœurs noués.
Le ministre des Affaires étrangères
syrien Bassam Sabbagh a
déclaré le 29 novembre que l’offensive terroriste en cours sur Alep et sa campagne intervient «dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de l’entité d’occupation
israélienne et de ses organisateurs».
Mercredi à l’aube, des miliciens d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS), affilié à Al-Qaïda, dans le gouvernorat d’Idlib en Syrie, ont lancé une offensive contre les
positions de l’Armée arabe syrienne (AAS) dans la campagne d’Alep, à l’ouest du pays. Des avions de combat russes ont été envoyés pour cibler les militants après le début de
l’assaut.
Les miliciens d’HTS ont lancé l’attaque au moment où un cessez-le-feu entre Israël et l’allié de la Syrie au Liban, le Hezbollah, est entré en vigueur après
une guerre de 66 jours. Des avions de combat israéliens ont
bombardé la frontière entre la Syrie et le Liban immédiatement avant l’annonce du cessez-le-feu.
Le ministre des Affaires étrangères M. Sabbagh a souligné le rôle d’Israël dans le mécénat de groupes extrémistes tels que HTS en Syrie, notant que le
gouvernement syrien «a toujours mis en
garde contre l’évidente coïncidence entre les attaques de l’occupation et celle des groupes terroristes qui s’y trouvent».
Lors d’un appel avec son homologue syrien vendredi, le ministre des Affaires étrangères iranien Araghchi a exprimé le soutien continu de son pays au
gouvernement, au peuple et à l’armée syriens dans la lutte contre le terrorisme, la protection de la région et l’établissement de la sécurité et de la stabilité.
Le ministre des Affaires étrangères Araghchi a ajouté que la réactivation des groupes terroristes, qui ont pris pied en Syrie pendant la guerre secrète des
États-Unis contre Damas en 2011, est un «plan
américano-israélien après la défaite d’Israël au Liban et en Palestine».
Les rapports indiquent que les miliciens d’HTS, autrefois connu sous le nom de Front Nusra, ont conquis des territoires considérables dans la campagne
d’Alep Ouest depuis mercredi, et ont réussi à entrer dans certaines zones de la ville d’Alep vendredi.
David Carden, coordinateur humanitaire régional adjoint des Nations unies pour la crise en Syrie, a déclaré à Reuters que
27 civils ont été tués dans les combats, tandis que les médias d’État syriens ont rapporté que quatre civils, dont deux étudiants de la faculté d’ingénierie de l’université d’Alep, ont
été tués lorsque le dortoir du campus a été la cible de tirs d’artillerie des miliciens d’HTS.
Certains habitants d’Alep ont commencé
à fuir la ville, craignant une réédition des événements de 2012, lorsque des militants de l’Armée syrienne libre (ASL) soutenus par les États-Unis, Israël, le Golfe et la Turquie
se sont associés au Front Nusra pour envahir, piller et terroriser les quartiers orientaux de la ville.
Cependant, un commandant de terrain de la 25e division des forces de mission spéciale de l’armée arabe syrienne, les Tiger Forces, dans l’ouest de la ville
d’Alep, a déclaré que la situation était désormais sous contrôle.
Il a déclaré que les terroristes d’HTS, ainsi que des cellules dormantes de l’intérieur de la ville, ont réussi à pénétrer dans certaines parties de la
banlieue d’Alep, où certains soldats syriens ont abandonné leurs positions.
«Attendez-vous à ce
que la situation revienne à la normale demain», a-t-il souligné.
Le journaliste syrien Kevork al-Massian a indiqué que des renforts de l’armée syrienne sont en chemin.
«Les effectifs de
l’armée syrienne en route pour Alep sont considérables, comme l’ont confirmé des personnes voyageant d’Alep à Damas, indiquant que la mission ne consiste pas seulement à récupérer les
territoires récemment perdus, mais qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une campagne offensive plus vaste. Ces informations proviennent directement de sources situées sur le front de
bataille et le long de l’autoroute M5», a-t-il déclaré sur
la plateforme de réseaux sociaux X.
HTS a conquis le gouvernorat d’Idlib pour la première fois en 2015. Connue sous le nom de Jabhat Fatah al-Sham à l’époque, cette branche d’Al-Qaïda a
expulsé l’armée syrienne d’Idlib à l’aide de kamikazes et de missiles antichars TOW fabriqués aux États-Unis et fournis
par la CIA aux groupes alliés de l’ASL.
«Alors que le conflit
au Liban s’apaise, Israël et les États-Unis ont rallumé
la guerre en Syrie. Il y avait des signes
depuis un certain temps que cela allait se produire. Hier, les combattants de HTS, affiliés à Al-Qaïda, qui ont été reconstitués et financés par la CIA, ont relancé leurs
attaques contre les forces gouvernementales syriennes à l’ouest d’Alep. Les attaques des forces aériennes syriennes et russes ont pour l’instant stoppé leur
progression. Les forces Rudwan du Hezbollah ne sont pas encore intervenues mais sont déployées pour défendre Alep.
Je ne m’attends pas à
ce que la situation en Syrie s’aggrave davantage».
À l’heure actuelle, la situation continue de s’aggraver. J’avais sous-estimé le rôle de la Turquie dans cette affaire.
Le président Erdogan semble avoir pris le contrôle de HTS et l’utilise pour poursuivre ses objectifs. Ceux-ci consistent notamment à élargir le contrôle
turc sur les terres syriennes, à endommager davantage le mouvement de résistance anti-turc au sein de la population kurde de Syrie et à faire comprendre au président élu Donald Trump
qu’il peut être un allié fiable dans une lutte contre l’influence iranienne.
Des djihadistes sous contrôle turc ont attaqué des positions du gouvernement syrien à l’ouest de la ville d’Alep et des commandos de diversion semblent
s’être infiltrés dans la ville elle-même. Cette opération s’explique en grande partie par le déferlement de (fausses) nouvelles qui l’accompagne. Les informations actuelles en provenance
de la zone sont bien trop confuses pour qu’il soit possible d’établir avec certitude ce qui est exactement sous le contrôle de qui.
Plusieurs forces se battent en Syrie. Le côté «rebelle» turc, soutenu par Israël, la Turquie et les États-Unis, comprend deux groupes distincts. Les anciens
djihadistes d’Al-Qaïda, Hayat Tarhir al-Sham [HTS], dirigés par Abu Muhammed al-Jolani, étaient, et sont probablement toujours, financés et armés par la CIA par l’intermédiaire d’acteurs
mandataires au Qatar. HTS comprend notamment un nombre important de djihadistes turkmènes et ouïgours originaires d’Asie centrale. Le deuxième groupe est ce que l’on appelle l’Armée
nationale syrienne, un groupe de mercenaires sunnites syriens payés et contrôlés par la Turquie.
Ces «rebelles» se sont immédiatement distingués par leur comportement dépravé :
Je viens de regarder
une séquence des plus horribles où l’on voit les «combattants de la liberté» soutenus par
Erdogan décapiter un soldat syrien qu’ils ont capturé. Un prisonnier de guerre en termes
militaires occidentaux. Je pensais que l’époque de la méchanceté d’ISIS était révolue,
mais voilà que l’histoire se répète et que l’on nous répète qu’il s’agit de bons
«libérateurs». Les images montrent un soldat syrien entouré de «rebelles». Il les supplie et
invoque leur foi islamique. Ils lui retirent la main du cou et un homme armé d’un énorme couteau
en dents de scie entreprend de lui trancher la gorge. Lorsqu’il est coincé, il enfonce le
couteau dans le cou à plusieurs reprises, puis poursuit le massacre aux cris de «Allahahu
Akbar». Ceux qui, dans le monde occidental, soutiennent ces extrémistes soutenus
par l’OTAN et Israël devraient vraiment y réfléchir à deux fois.
De l’autre côté du conflit se trouve l’Armée arabe syrienne (qui semble avoir oublié toutes les leçons qu’elle a dû apprendre au cours de la phase
précédente du conflit). Elle est soutenue par le Corps des gardiens de la révolution iranien, qui a formé et finance plusieurs groupes de combattants chiites en Syrie. Cette action est
menée en étroite coordination avec le Hezbollah au Liban, qui dispose de certaines unités de ses forces spéciales Rudwan stationnées en Syrie. La Russie soutient le gouvernement syrien en
Syrie et utilise actuellement sa puissance aérienne pour interrompre toute nouvelle attaque de la part des «rebelles».
Les Unités de protection du peuple kurde (YPG) sont un mouvement anti-turc. Elles constituent une partie importante des Forces démocratiques syriennes (FDS)
qui ont été soutenues, par intermittence, par le Pentagone dans l’est de la Syrie. Elles se battent actuellement aux côtés du gouvernement syrien, mais ont intérêt à sécuriser les zones
où vivent d’importantes populations kurdes.
Alors que l’on savait que le conflit en Syrie allait bientôt être ravivé, l’immédiateté de la situation semble avoir été une surprise :
Journal russe
Izvestia : L’attaque terroriste majeure sur Alep a été coordonnée entre les services de
renseignement turcs, ukrainiens et français avec le soutien israélien et l’approbation
américaine. La planification a eu lieu il y a deux mois et l’attaque était censée avoir lieu en
mars prochain, mais les événements au Liban ont contribué à
l’urgence.
Comme nous l’avons dit plus haut, il n’existe pas encore d’informations permettant d’évaluer de manière impartiale quel camp contrôle réellement telle ou
telle partie d’Alep ou des zones environnantes. J’ai l’impression que de nombreuses affirmations de contrôle djihadiste ici ou là ne sont que des opérations médiatiques sans signification
militaire.
Mais ce que l’on peut dire jusqu’à présent, c’est que le gouvernement syrien n’a manifestement pas réussi à sécuriser ses lignes sur le terrain et à
préparer son armée à une reprise du conflit. L’armée arabe syrienne semble avoir abandonné de nombreuses positions sans combattre de manière significative.
Il faudra beaucoup de sang et de trésor (encore !) pour en reprendre le contrôle.
Au milieu des combats en cours entre
l’armée syrienne et les terroristes, plus de 200 djihadistes ont été tués vendredi dans la campagne d’Alep et d’Idlib.
Les images publiées par le ministère syrien de la Défense montrent des opérations de haute précision contre des terroristes dans la campagne d’Idlib et dans
la campagne du nord de Lattaquié.
L’armée syrienne continue de cibler les positions et mouvements terroristes dans les campagnes d’Alep et d’Idlib, infligeant de nouvelles pertes en
personnel et en matériel.
Les forces aériennes syriennes et russes ont mené des frappes aériennes contre des mouvements militants près de la ville de Mare, au nord d’Alep.
Dans le sud d’Idlib, les frappes aériennes syriennes et russes ont ciblé des positions terroristes à proximité d’al-Bara et Bénine à Jabal al-Zawiya.
En outre, l’armée syrienne a lancé des attaques à la roquette sur des sites terroristes dans les villes d’al-Ruwayha, Khan al-Sabeel et Maar Dabseh, dans la
campagne du sud d’Idlib.
Au milieu des combats en cours entre l’armée syrienne et les terroristes, plus de 200 terroristes ont été tués vendredi dans la campagne d’Alep et d’Idlib,
selon le Centre de coordination russe en Syrie.
De plus, le centre a rapporté que plus de 600 terroristes ont été tués au cours des deux derniers jours.
Le Centre de coordination russe en Syrie a également déclaré que l’armée de l’air russe «soutient l’armée
syrienne dans ses opérations de lutte contre les terroristes».
L’armée syrienne a notamment infligé de lourdes pertes aux groupes terroristes, tuant et blessant des centaines de personnes, détruisant des dizaines de
véhicules et de véhicules blindés et abattant ou détruisant 17 drones.
Vendredi, l’armée syrienne a repris le contrôle de plusieurs points violés par des groupes terroristes et continue de renforcer ses positions sur différents
fronts avec du matériel et des troupes pour empêcher de nouvelles brèches.
Attaque terroriste contre Alep, la
campagne sert Israël (MAE syrien)
Plus tôt, le ministre syrien des Affaires étrangères Bassam Sabbagh a déclaré que l’attaque terroriste menée par un grand nombre de militants depuis
mercredi matin contre la ville d’Alep et ses environs servait «les objectifs de
l’entité d’occupation israélienne et de ses sponsors».
Sabbagh a souligné que la Syrie a toujours mis en garde contre la coordination évidente entre les attaques israéliennes et les offensives lancées par des
groupes terroristes contre le pays.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi avait précédemment fait remarquer que la réactivation des groupes terroristes en Syrie faisait
partie d’un plan américano-israélien suite à la défaite d’Israël au Liban et en Palestine.
Lors d’un appel téléphonique avec son homologue syrien, Araghchi a réaffirmé le soutien indéfectible de l’Iran au gouvernement, au peuple et à l’armée
syriens dans la lutte contre le terrorisme, la sauvegarde de la région et la promotion de la sécurité et de la stabilité.
Jeudi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmail Baghaei, a averti que les opérations des groupes terroristes à Alep, Idlib et
leurs banlieues – zones désignées comme faisant partie des «zones de désescalade» – constituaient une violation flagrante de l’accord de désescalade et compromettaient ses résultats.
.
Baghaei a également souligné «la responsabilité de
la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme», mettant en garde contre «les répercussions de l’inaction face à la résurgence de ces groupes en Syrie, y compris la
propagation du chaos et de l’instabilité dans la région».
*
L’armée syrienne reprend le contrôle
de plusieurs positions clés à Alep et Idlib
L’armée syrienne a confirmé que ses
forces continuaient de renforcer toutes les positions sur les différents fronts avec du matériel et des soldats pour empêcher de nouvelles brèches des groupes terroristes.
L’armée syrienne a réussi à reprendre vendredi le contrôle de plusieurs points violés par les groupes terroristes lors de leur attaque contre la campagne
d’Alep et d’Idlib, qui a débuté mercredi.
L’armée syrienne a confirmé que ses forces continuent de renforcer toutes les positions sur les différents fronts avec du matériel et des soldats pour
empêcher de nouvelles violations, tout en infligeant de lourdes pertes aux groupes terroristes, tuant et blessant des centaines de personnes et détruisant des dizaines de véhicules et de
véhicules blindés et abattant 17 drones.
Aux premières heures de vendredi, l’armée syrienne a forcé les militants à se retirer de la ville d’Al-Baqoum après en avoir repris le contrôle, tout en
ciblant également les lignes d’approvisionnement des groupes armés dans la campagne d’Alep et d’Idlib, qui passent par les postes frontières avec la Turquie.
L’armée syrienne a également réussi à repousser l’avancée des terroristes au sud-est d’Idlib, alors que de violents affrontements continuent de faire rage
sur le front ouest d’Alep.
L’armée syrienne déjoue une attaque et
lance une contre-offensive à Idlib
Jeudi, l’armée syrienne a lancé une contre-offensive pour reprendre les positions qu’elle avait précédemment quittées dans le sud-est d’Idlib.
Une intense attaque a été lancée par des groupes militants armés dans les campagnes d’Alep et d’Idlib depuis l’aube de mercredi, selon le correspondant
d’Al-Mayadeen. Les
forces syriennes ont infligé de lourdes pertes aux militants, tuant et blessant au moins 400 personnes.
Le correspondant a rapporté que l’armée arabe syrienne a lancé une contre-offensive visant les positions saisies par les groupes armés dans le sud-est
d’Idlib.
L’armée a repris le contrôle du village de Jobas et a contraint les militants à se retirer des villages de Dadikh et Kafr Batekh, dans l’est d’Idlib, les
combats les plus violents étant concentrés autour de ces zones. Les forces syriennes ont également mené des frappes de roquettes ciblées pour empêcher les militants de retourner vers ces
emplacements stratégiques.
La contre-offensive s’est accompagnée d’un barrage soutenu de frappes de missiles sur le quartier général de la salle d’opérations conjointe des militants,
dirigée par Hayat Tahrir al-Sham, soutenue par les services de renseignement turcs et ukrainiens. Ces frappes ont ciblé des zones à l’ouest d’Alep et se sont étendues jusqu’aux lignes
d’approvisionnement de Jabal al-Zawiya, au sud d’Idlib.
Le ministre iranien des Affaires
étrangères Abbas Araghchi a qualifié la résurgence du terrorisme takfiriste dans le nord de la Syrie de résultat d’un projet américano-israélien, soulignant que cette évolution
faisait suite aux défaites du régime israélien face à la Résistance au Liban et dans les territoires palestiniens.
Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue syrien Bassam al-Sabbagh vendredi, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a décrit
cette évolution indésirable comme «un projet
américano-sioniste» qui a suivi les défaites du régime israélien face aux mouvements de résistance au Liban et dans les territoires palestiniens.
Araghchi a également souligné que la Syrie a efficacement contré la menace du terrorisme.
«L’Iran continue de soutenir la Syrie
face au terrorisme»
Araghchi a réitéré le soutien continu de la République islamique d’Iran au gouvernement, à la nation et à l’armée syriens dans la lutte contre le terrorisme
et la protection de la sécurité et de la stabilité régionales.
Ces commentaires reflètent le fait que l’Iran a été le premier pays à se précipiter pour soutenir la nation arabe en 2014, lorsque le terrorisme et le
militantisme soutenus par l’étranger ont ravagé de vastes zones du pays.
Damas a cependant réussi à inverser progressivement la tendance avec l’aide de ses alliés, en regagnant le territoire perdu et en vainquant Daech, le plus
brutal des groupes terroristes, en 2017.
Sabbagh, quant à lui, a fait part de la situation sur le terrain dans le nord de la Syrie après les attaques terroristes.
Il a tenu à dire que l’État et le peuple syriens s’opposaient de toutes leurs forces à l’agression terroriste et continueraient d’empêcher les terroristes
et leurs partisans de réaliser leurs sinistres ambitions.
Les membres du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham auraient envahi de nombreuses zones contrôlées par le gouvernement syrien et tué des dizaines de
soldats syriens dans le nord du pays arabe.
Plus tard, cependant, la chaîne de télévision libanaise al-Mayadeen a
déclaré que l’armée syrienne avait déjoué des opérations terroristes de grande envergure dans la province d’Alep grâce à une frappe préventive.
«Quatre opérations
terroristes majeures, qui devaient commencer à partir de la ville d’Anadan, à 12 kilomètres au nord-ouest d’Alep, ont été déjouées avant même d’avoir pu commencer», a déclaré la
chaîne.
Selon le rapport, l’armée a lancé des attaques de missiles intensifiées sur des positions terroristes qui s’étendent des villages de l’ouest d’Alep au mont
Zawiya au sud de la ville d’Idlib dans une province adjacente.
L’armée syrienne a également entravé l’avancée des terroristes dirigés par Hayat Tahrir al-Cham dans le sud-est d’Idlib et lancé une contre-attaque pour
regagner du terrain.
Des dizaines de milliers de terroristes sont réapparues en Syrie.
Le gouvernorat d’Idlib et l’ouest de la ville d’Alep sont les endroits où ils sont les plus nombreux.
Ils sont lourdement armés et entraînés par les mêmes pays qui avaient mis en place le complot de 2011 à savoir les États-Unis, Israël, Turquie, France,
Arabie saoudite, Qatar et Grande-Bretagne pendant que le gouvernement légal était soutenu jusqu’à nos jours par la Russie et l’Iran. Si vous avez bien suivi le conflit dès 2011,
passez le rappel et allez à la suite.
Rappel – En 2011, de nombreux belligérants participent au conflit qui connaît plusieurs phases. La majeure partie des premiers groupes
insurgés se structurent autour de l’Armée syrienne libre (ASL), qui est fondée en juillet 2011. L’opposition politique en exil forme quant à elle le Conseil national syrien (CNS) en
septembre 2011 puis la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (CNFOR) en novembre 2012. En 2012 et 2013, les rebelles s’emparent de la majeure partie du
nord et de l’est de la Syrie, mais le régime de Bachar al-Assad résiste dans le sud et l’ouest du pays. L’opposition obtient des financements et des armes de la part de la Turquie,
de l’Arabie saoudite, du Qatar, de la Jordanie, des États-Unis et de la France. Mais l’ASL est progressivement supplantée dans plusieurs régions par des groupes islamistes sunnites
ou salafistes, comme Ahrar al-Cham ou Jaych al-Islam, ou encore par des groupes salafistes djihadistes, comme le Front al-Nosra, reconnu en 2013 comme la branche syrienne d’al-Qaïda.
Le régime syrien est quant à lui soutenu indéfectiblement par l’Iran, qui lui fournit des financements pour contourner les sanctions internationales et qui dépêche dès le début du conflit
des officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique et des dizaines de milices islamistes chiites venues du Liban, d’Irak ou d’Afghanistan, comme le Hezbollah,
l’Organisation Badr ou la Division des Fatimides. En 2012, un autre acteur, le Parti de l’union démocratique (PYD), aile syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), prend
avec sa branche armée, les Unités de protection du peuple (YPG), le contrôle des régions kurdes, au nord de la Syrie.
Le rapport des forces en présence est bouleversé par l’apparition en Syrie de l’organisation salafiste djihadiste État islamique en Irak et au Levant (EIIL)
– rebaptisé ensuite État islamique (EI) – qui en 2014 entre en conflit contre tous les autres belligérants, s’empare de l’est de la Syrie, ainsi que du nord-ouest de l’Irak, et proclame
la restauration du califat. En septembre 2014, menée par les États-Unis, une coalition internationale formée contre l’État islamique commence à mener des bombardements en Syrie et
décide d’appuyer les YPG. Forts du soutien américain, les Kurdes remportent une première victoire à Kobané en janvier 2015, forment en octobre 2015 une alliance avec des groupes arabes
qui prend le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS), et lancent une campagne contre les djihadistes qui aboutit en octobre 2017 à la chute de Raqqa, la «capitale» syrienne de
l’EI. La Turquie intervient également militairement en Syrie : d’abord contre l’État islamique en 2016 et 2017, avant d’attaquer les FDS en 2018 en raison de leurs liens avec le
PKK.
De son côté, la Russie entre dans le conflit syrien en septembre 2015 en intervenant militairement pour soutenir le régime syrien. Cette intervention
redonne l’avantage au camp loyaliste : L’armée syrienne et ses alliés remportent des victoires décisives à Alep en décembre 2016, à Homs en mai 2017, à Deir ez-Zor en novembre 2017,
dans la Ghouta en mai 2018 et à Deraa en juillet 2018.
*
Vous le voyez bien dans le rappel ci-dessus. Tous ces groupes et groupuscules actifs dans le conflit sont liés à des puissances occidentales
appartenant à l’OTAN et des pays régionaux, tous coalisés dans un même projet.
Le mode opératoire de l’OTAN et de ses alliés régionaux et autres est maintenant bien connu de tous les observateurs :
• On crée des groupes
terroristes, on intervient au nom de la lutte contre le terrorisme.
• On finance et crée une
révolution de couleur et on intervient et sanctionne économiquement au nom de la démocratie.
• Une fois le début du
chaos semé, on invente des qualitatifs du genre X le boucher, Y le dictateur, Z le communiste, etc., qualificatifs relayés et amplifiés par les mé(r)dias de service.
• Et j’en passe au
niveau des stratagèmes voyous et criminels pour spolier et démembrer un pays, fusse-t-il millénaire et exemplaire.
Pour terminer, aucun pays n’est à l’abri de tels scénarios. Ceux qui, puissants ou non, qui laissent faire auront inéluctablement leur tour à moins qu’ils
ne représentent aucun intérêt pour le bloc criminel.
Les attaques contre Alep et Idlib pourraient être une tentative de briser «l’Axe de la Résistance» contre Israël et même de relancer la «révolution» de
2011
Ces derniers jours, des terroristes soutenus par l’étranger dans le nord-ouest de la Syrie ont attaqué des positions de l’armée syrienne dans la campagne
d’Alep et d’Idlib, et bombardé des quartiers civils d’Alep.
Alors que les médias régionaux font le point sur ces attaques et contre-attaques menées par la Syrie et la Russie, ce qui est moins clair, c’est ce qui se
passe à Alep même. Les médias proches du terrorisme affirment que Tahrir al-Sham (rebaptisé al-Qaida) et ses alliés terroristes ont pris le contrôle de nombreux quartiers occidentaux et
même du centre-ville.
Mais leurs preuves – de courtes vidéos montrant des terroristes dans différentes zones qu’ils prétendent contrôler – ont été contredites par des vidéos de
Syriens marchant dans des quartiers clés, affirmant que la situation était calme. Nous y reviendrons plus tard.
Voici ce que l’on sait en résumé sur ces attaques. Le mercredi 27 novembre, Hayat Tahrir al-Sham et des factions de l’Armée nationale soutenues par la Turquie ont lancé des attaques dans les campagnes
d’Idlib et d’Alep, dans le cadre de ce qu’ils ont baptisé «Opération de
dissuasion de l’agression».
Selon Al-Mayadeen, tel que rapporté par le journaliste syrien Wassim Issa, des convois de militants, d’équipements et de munitions sont entrés par le
passage de Bab al-Salam avec la Turquie et se sont dirigés vers les fronts de combat dans l’ouest d’Alep et la campagne du sud d’Idlib.
Al Mayadeen a rapporté que Tahrir al-Sham a utilisé de nouvelles armes et de nouveaux équipements, notamment des drones ukrainiens, «apparemment acquis
auprès des services de renseignement de Kiev».
Depuis jeudi soir, les terroristes ont bombardé les résidences universitaires d’Alep et des quartiers de l’ouest d’Alep. Vendredi, les bombardements
terroristes ont tué quatre étudiants et blessé des dizaines d’autres.
Vendredi, l’armée arabe syrienne avait repris de nombreux points percés par les terroristes, a rapporté Al Mayadeen, notant que des combats intenses se
poursuivent sur deux fronts dans la campagne d’Alep, et que sur le front d’Idlib, «des groupes armés
tentent d’ouvrir un nouvel axe après leur échec à avancer davantage vers l’autoroute internationale M5 pour tout le trafic du sud vers Alep, via Hama et le sud-est d’Idlib».
Le commandement général de l’armée et des forces armées a publié la déclaration suivante : «Nos forces armées ont
pu infliger de lourdes pertes aux organisations attaquantes, infligeant des centaines de morts et de blessés dans leurs rangs, détruisant des dizaines de véhicules et de véhicules
blindés, et ont pu abattre et détruire dix-sept drones. «Dans un contexte
similaire, les organisations terroristes, à travers leurs plateformes, diffusent des informations trompeuses, des nouvelles et des clips vidéo visant à terroriser les citoyens. Le
commandement général de l’armée et des forces armées met en garde nos concitoyens de ne pas accepter ces nouvelles et ces fausses informations, et de se contenter de ce qui est diffusé
par les médias nationaux et leurs plateformes officielles.»
Selon le Centre de coordination russe en Syrie, Al Mayadeen a rapporté vendredi soir que plus de 600 terroristes avaient été tués. Cette mise à jour
détaille ensuite les frappes aériennes syriennes et russes contre les terroristes dans le nord d’Alep et dans la campagne d’Idlib.
Ces attaques, apparemment soutenues par la Turquie, les États-Unis et Israël, constituent la dernière tentative en date de déstabiliser la Syrie et
d’affaiblir «l’Axe de la Résistance» contre Israël. Il est bien sûr remarquable que ces attaques aient commencé juste après le prétendu cessez-le-feu entre la Résistance libanaise, le
Hezbollah et Israël (qui a commencé à violer le cessez-le-feu presque immédiatement, comme Israël l’a fait à chaque fois dans le passé).
L’une des raisons possibles de l’implication de la Turquie dans la guerre pourrait être de faire pression sur le président syrien Bachar al-Assad pour qu’il
reconsidère sa position sur les négociations de normalisation avec Ankara. Assad avait jusqu’à présent rejeté de telles négociations tant que les forces turques resteraient en Syrie et,
selon certains analystes, le président turc Recep Tayyip Erdogan aurait pu favoriser une escalade militaire pour contraindre Assad à changer d’avis.
Une autre motivation de l’attaque pourrait être de couper les lignes d’approvisionnement du Hezbollah libanais pendant le cessez-le-feu avec Israël. Depuis
Damas, la journaliste britannique Vanessa Beeley écrit: «Cette attaque a été
évoquée et planifiée depuis le début de l’agression israélienne contre le Liban. La Syrie sera désormais la cible de la destruction des lignes d’approvisionnement en armes et des
installations de fabrication qui réarmeraient le Hezbollah pendant le cessez-le-feu. Des tentatives seront faites pour détruire l’infrastructure des ponts terrestres qui acheminent les
matériaux d’Iran vers le Liban, via l’Irak et la Syrie. Cela comprend les lignes d’approvisionnement en aide humanitaire essentielle. La Syrie est le cœur battant de la Résistance et doit
être protégée à tout prix.»
Tentatives de réanimation de la
«révolution» syrienne
Sans surprise, des appels se multiplient sur les réseaux sociaux pour que le président Assad soit destitué; les mêmes appels entendus lors de l’opération
psychologique orchestrée par l’Occident dans les médias, qui a vu des gens ignorants du monde entier soutenir une «révolution» très sanglante en 2011.
Ce n’est pas une révolution, et ce n’est pas non plus (pour les Syriens) une rébellion qui aurait pour but de détruire Assad (qui bénéficie d’un soutien
massif). Quel genre de révolution détruit sa propre culture, son patrimoine, ses civils et qui est soutenue par les États-Unis et Israël?
Lors d’un de mes quatre voyages à Alep en 2016 seule, en novembre, avant qu’Alep ne soit libérée des forces terroristes, le chef du service de médecine
légale d’un hôpital local, le Dr Zaher Hajo, m’a dit que depuis l’occupation d’Alep en 2012, 10,750 civils avaient été tués par des terroristes, dont 40% étaient des femmes et des
enfants. Lors de cette même visite, j’ai rencontré trois dirigeants sunnites de premier plan qui, selon le prêtre qui nous a présenté, étaient considérés comme des
«infidèles» par al-Nosra et ses complices parce qu’ils ne suivaient pas leur idéologie terroriste déformée. L’un d’eux, le Dr Kukeh, a déclaré: «Ceux qui tuent les
sunnites sont les mêmes qui prétendent les défendre. Les obus qui nous frappent quotidiennement sont envoyés par eux.»
Le Dr Kukeh, qui a dit avoir donné à son fils aîné le prénom du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, «parce que j’aime cet homme», a expliqué qu’en 2012, il
vivait dans l’est d’Alep lorsque les terroristes ont commencé à occuper des quartiers de la ville. Il a été la cible d’un assassinat parce qu’il n’était pas d’accord avec l’idéologie des
terroristes. Les résidences universitaires d’Alep, récemment prises pour cible, l’ont été régulièrement en 2016. À l’époque, elles abritaient depuis quatre ans plus de
10,000 Syriens déplacés à l’intérieur du pays, venus de zones d’Alep et de sa banlieue, y compris de zones occupées par les terroristes.
Lors de visites ultérieures en 2017 et des années suivantes, j’ai vu les vestiges de l’occupation des régions orientales d’Alep par les terroristes (prisons
souterraines avec cellules d’isolement), j’ai recueilli des témoignages de civils syriens sur la vie sous le régime terroriste, et plus tard, j’ai vu la ville commencer à se reconstruire
et à prospérer, avec la réouverture des commerces, la restauration des anciens marchés , la vie animée autour de la célèbre citadelle (sous le règne des terroristes, marcher à proximité
signifiait presque certainement être tué par balle) et au sommet de la citadelle .
La ville que les médias occidentaux et du Golfe ont annoncé comme étant «tombée» lorsqu’elle a été libérée d’Al-Qaïda, de l’EI et de leurs co-terroristes
est revenue à la vie sous le règne du gouvernement syrien. Chaos actuel: Alep occupée?
Tout au long des combats, des informations contradictoires ont circulé sur la prise de certaines parties d’Alep par les terroristes. Comme je l’ai écrit au
début, les photos et vidéos qui semblent montrer une présence terroriste dans les quartiers ouest d’Alep et même dans le centre-ville ne prouvent pas que les terroristes aient pris des
quartiers. Il n’est pas difficile pour des terroristes dormants de surgir, de prendre ces photos et vidéos et de repartir. Le temps nous dira lesquelles de leurs
affirmations sont vraies et lesquelles relèvent d’une guerre psychologique visant à démoraliser les Syriens et à les retourner contre leur armée, voire contre la Russie.
Rappelons l’avertissement du commandement général de l’armée concernant la désinformation. Faire des déclarations définitives sur la situation d’Alep et de
la région environnante, sans preuve, est irresponsable et inutile. À l’ère du clickbait où tout le monde veut être le premier à poster «BREAKING» suivi d’une petite phrase non vérifiée,
discerner la vérité est compliqué.
Si l’impensable se produit et que des quartiers d’Alep sont réoccupés par des terroristes qui ne sont pas différents de l’EI, voire même l’incluent, ils
seront finalement vaincus par la Syrie, la Russie et leurs alliés, comme ils l’ont été auparavant.
«Depuis 2011, l’agression systématique contre la Syrie n’a pas arrêté. C’est une agression américano-sioniste par terroristes interposés qui sont recrutés,
financés et animés par les États-Unis, Israël et la Turquie mais aussi tous les pays de l’OTAN».
L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et l’Irak ont manifesté leur soutien politique au président syrien face à l’agression des djihadistes
et à la prise d’Alep.
Outre le soutien de ses alliés traditionnels, la Russie et l’Iran, la Syrie de Bachar el-Assad a reçu un soutien politique de la part de plusieurs pays
arabes par rapport aux récents évènements à Alep qui fragilisent encore un peu plus le pays.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Aty, a eu un appel téléphonique dans la soirée du 29 novembre avec son homologue syrien, Bassam
Sabbagh, «pour discuter des récents développements dans le nord de la Syrie, en particulier à Idlib et à Alep», selon un communiqué officiel du ministère égyptien des Affaires
étrangères.
Des milices irakiennes en Syrie ?
Le Caire a exprimé sa «préoccupation» face à l’évolution des événements dans les villes d’Idlib et d’Alep, soulignant samedi dans un communiqué officiel son
soutien aux institutions étatiques syriennes et l’importance de leur rôle dans la «lutte contre le terrorisme».
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan bin Abdullah, a reçu le 29 novembre un appel téléphonique du ministre des Affaires
étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, Bassam Sabbagh. Les deux hommes ont évoqué les derniers évènements en Syrie. Riyad et Damas avaient normalisé leurs relations
diplomatiques en 2023 après plus de 10 ans de rupture.
De surcroît, les Émirats arabes unis ont apporté leur soutien politique à la Syrie. En effet, au cours d’un appel avec Bachar el-Assad, le président
émirati Mohammed ben Zayed a affirmé «la solidarité des
Émirats arabes unis avec la Syrie et leur soutien dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme».
L’Irak, pays frontalier de la Syrie, suit de très près les évènements récents en Syrie et s’inquiète des retombées sur son propre territoire. Des renforts
ont même été amassés à la frontière. Selon des informations rapportées par le média saoudien Al-Sharq Al-Aoussat, plusieurs milices irakiennes, inféodées à Téhéran ont passé la frontière
pour appuyer militairement les troupes de Bachar el-Assad.
De son côté, la Ligue arabe a publié un communiqué le 30 décembre, déclarant qu’elle «suit avec une grande préoccupation les développements sur le terrain
en Syrie et souligne la nécessité de respecter l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne», rapporte la filiale arabe de CNN.
L’offensive d’un certain nombre de militants islamistes se réclamant d’Al-Qaida et d’autres mouvements radicaux partis de la région d’Idlib pour relancer la Guerre de Syrie semble marquer le pas.
Israël, la Turquie et le Qatar ont-ils sous-estimé ce que serait la réaction de la Russie? En tout cas, Moscou n’a pas apprécié et a réagi avec vigueur. Au point que le président Erdogan a appelé
Vladimir Poutine.
En fin de semaine, beaucoup de médias mainstream du monde occidental s’emballaient. Non seulement la Guerre de Syrie avait recommencé. Mais le régime d’Assad était
presque renversé.
La géopolitique ne se prête pas aux emballements médiatiques. On ne parle pas d’un conflit comme d’un match de football où les équipes avancent et reculent sur le
terrain.
L’offensive des islamistes est ralentie, sinon arrêtée.
Le 2 décembre, un responsable militaire syrien a déclaré à l’Agence de presse arabe syrienne, une agence d’État : « Au cours des dernières 24 heures, les frappes menées par l’Armée arabe
syrienne (AAS) en coopération avec les forces russes amies opérant en Syrie se sont poursuivies par des frappes aériennes, de missiles et d’artillerie concentrées sur les sites, les
entrepôts, les lignes d’approvisionnement et les axes de déplacement des terroristes dans la campagne d’Alep et d’Idlib.
Cinq quartiers généraux de commandement, sept dépôts de munitions, dont certains contenaient des drones, ont été détruits selon le responsable anonyme.
« Les frappes précises lancées par nos forces armées en coopération avec les forces russes amies ont conduit à l’élimination de plus de 400 terroristes, y compris de nationalités étrangères, au cours des dernières heures », a déclaré le responsable.
« Nos forces armées ont commencé à se déplacer sur plusieurs axes dans la campagne d’Alep, de Hama et d’Idlib pour encercler les terroristes et les expulser des zones où ils sont
entrés et les sécuriser complètement, et pour établir de nouveaux points de concentration afin de se préparer à la prochaine attaque… avec l’arrivée continue de nouveaux renforts
militaires sur les axes d’engagement », a-t-il ajouté.
La Turquie et le Qatar ont-ils gâché leurs chances de rejoindre les BRICS?
Ce 3 décembre 2024, le président turc Erdogan a eu un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine. Les communiqués diplomatiques indiquent que le président russe a
insisté auprès de son homologue turc pour que le conflit qui a redémarré en Syrie s’arrêtent tout de suite. Et, comme de bien entendu, Erdogan a nié toute implication….
En réalité, la tenue de cette conversation avait pour but, de la part de Vladimir Poutine, de faire passer un message très clair sur la colère russe et l’intention
du Kremlin de stopper rapidement les causeurs de chaos. Erdogan voudrait adhérer aux BRICS. Il a sans doute diminué ses chances ces derniers jours; tout comme le Qatar, financeur de
l’attaque.
Prophétie auto-réalisante: l’OTAN crée les conditions d’un clivage pro-Russes/anti-Russes
Un article, comme toujours très bien documenté, de Drago Bosnic, permet de faire le point sur une situation de plus en plus limpide mais où la Turquie prend le
risque, contraire à ses intérêts géopolitiques de long terme, de basculer dans le camp anti-russe :
Dans tous les cas, les frappes russes, le coup de semonce de Poutine à Erdogan, le soutien immédiat de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis à Bacher
El-Assad, l’afflux de combattants irakiens vers la Syrie pour combattre les ennemis d’Assad, tout cela nous indique que l’offensive du 28 novembre a provoqué une forte réaction.
Syrie : Israël et les Etats-Unis sont-ils en train de gagner ?
Israël et les Etats-Unis, tenus en échec militairement par les combattants palestiniens de Gaza, par Ansarallah en Mer Rouge, par le Hezbollah au Liban et par les milices chiites irakiennes,
semblent en revanche capables d’ébranler le régime de Bacher El-Assad en Syrie. Alors que l’on pensait, en début de semaine, que l’offensive des islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) avait été
stoppée, elle a repris hier 5 décembre : Les successeurs d’Al-Qaida et de Daech ont pris Hama et la bataille de Homs démarre alors que j’écris cet article. Beaucoup donne à penser, qu’en
particulier du fait du soutien de la Turquie à HTS, Israël et les Etats-Unis pourraient connaître leur premier succès stratégique depuis longtemps. C’est cependant le risque que comporte une
chute du gouvernement syrien qui représente aussi le plus gros obstacle à la victoire de HTS : Russie, Iraq, Iran n’ont pas intérêt à perdre la Syrie sur l’échiquier complexe du Proche-Orient.
Les positions en Syrie avant le conflit
En début de semaine, on pouvait penser que l’offensive des forces anti-Assad avait été arrêtée. Et puis, hier 5 décembre, est tombée la nouvelle de la chute de
Hama, dont l’armée syrienne s’est retirée.
Aussitôt, les médias occidentaux, les réseaux sociaux sont entrés en effervescence. Damas serait sur le point de tomber et Assad d’être renversé.
Essayons d’y voir clair. Pour approfondir, je recommande le dernier texte de Simplicius. Je
recommande aussi de suivre le conflit dans The Cradle.
Le succès de l’offensive des islamistes
Comment expliquer le succès de l’offensive des islamistes selon un axe Alep-Hama-et peut-être Homs ? On mentionnera plusieurs facteurs :
+ Une planification depuis deux ans au moins, par les Etats-Unis et la Turquie d’une nouvelle offensive contre Assad.
+ La personnalité du chef de Hayat Tahrir al-Sham, Abu Muhammad al-Julani, qui doit incarner un « Al-Qaïda à visage humain ». L’homme est charismatique.
Il a réussi à unir des factions rivales. Partout où HTS avance, ordre a été donné de ne pas persécuter les opposants ni les chrétiens.
+ La faiblesse évidente de l’armée syrienne. Le régime d’Assad a souffert des sanctions et les troupes sont mal payées, insuffisamment entraînées.
+ Occupée en Ukraine, la Russie n’a pas spécialement préparé une riposte à une éventuelle nouvelle opération de déstabilisation.
+ Il faut insister sur le soutien turc à HTS, en particulier la fourniture de drones. L’Ukraine aussi a fourni drones et entraînement aux combattants de HTS. Les
observateurs insistent sur le contraste entre la « guerre des drones », modernes, que mènent les adversaires d’Assad et la difficulté de l’armée syrienne à se défendre face aux
nouvelles façons de faire la guerre.
Sommes-nous à la veille d’une défaite majeure de la Russie et de l’Axe de la Résistance?
La percée des opposants à Assad depuis le nord du pays est impressionnante. On parle aussi de soulèvements à l’est et au sud.
A ce jour, personne ne peut dire avec quelle rapidité l’armée syrienne peut éventuellement se ressaisir.
Néanmoins plusieurs questions se posent: d’abord celle de savoir si les combattants de HTS n’ont pas exagérément étendu leurs lignes, ensuite celle de
l’inévitabilité des réactions que va causer le succès insolent des islamistes et les provocations de leurs soutiens.
Quand Erdogan indique avec
désinvolture, au sortir de la prière du vendredi, ce 6 décembre, que la route de Damas est ouverte, on peut s’attendre à une réaction hostile des Kurdes irakiens, mais aussi de la Russie et de
l’Iran. Quand Abu Muhammad al-Julani demande à l’Iraq de ne pas intervenir, il avoue lui-même qu’il a bien conscience de la précarité de son avancée et surtout de sa capacité à tenir le
pays.
Enfin, on a toutes les raisons de penser que la Russie ne peut pas laisser tomber la Syrie et qu’elle y mettra les moyens, fût-ce en s’engageant plus.
L’énigme de la Syrie : Comment elle pourrait se transformer en la Première Guerre des BRICS
La Majorité mondiale devrait être en
état d’alerte maximale.L’attaque du Grand Idiblistan fait
partie d’une opération complexe et interconnectée.
La chronologie raconte l’histoire.
18 novembre : Ronen Bar, chef du Shin Bet israélien, rencontre les chefs du MIT, le service de renseignement turc.
25 novembre : Mark Rutte, chef de l’OTAN, rencontre le sultan turc Erdogan.
26 novembre : Les salafistes-djihadistes rassemblés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), anciennement Front al-Nosra, soutenus par les services de renseignement
turcs, ainsi qu’une importante coalition Djihadiste-à-louer, lancent une attaque fulgurante contre Alep.
L’offensive Djihadiste-à-louer trouve son origine dans le Grand Idlibistan. C’est là que des dizaines de milliers de djihadistes étaient retranchés, selon
la stratégie Damas-Moscou de 2020 – dont l’échec est désormais avéré – que la Turquie avait dû accepter à contrecœur. La troupe Djihadiste-à-louer est composée de dizaines de mercenaires
qui ont traversé la frontière depuis – où d’autre – la Turquie : Ouïghours, Ouzbeks, Tadjiks, Ukrainiens, et même des importations de l’EI-K.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Esmail Baghaei, a confirmé en début de semaine que l’offensive salafiste-djihadiste était
coordonnée par les États-Unis/Israël.
Baghaei n’a pas mentionné la Turquie, même s’il a souligné que l’attaque terroriste s’est produite immédiatement après qu’Israël a accepté un cessez-le-feu
avec le Hezbollah – déjà rompu par Tel-Aviv des dizaines de fois – et après que Netanyahou a publiquement accusé le président syrien Bachar al-Assad de «jouer avec le feu» en permettant
le transit de missiles iraniens modernes et d’équipements militaires via la Syrie vers le Hezbollah.
Juste avant le cessez-le-feu, Tel-Aviv a détruit pratiquement toutes les voies de communication entre la Syrie et le Liban. Par la suite, Netanyahou a
souligné que l’accent était désormais mis sur «la menace iranienne», essentielle pour briser l’Axe de la Résistance.
Selon une source des services spéciaux syriens qui s’est confiée à RIA Novosti, les
conseillers ukrainiens ont joué un rôle clé dans la prise d’Alep en fournissant des drones et des systèmes américains de navigation par satellite et de guerre électronique, et en
apprenant aux collaborateurs syriens et aux agents du Parti islamique du Turkestan à s’en servir.
Les communications de l’Armée arabe syrienne (AAS) ont été complètement brouillées par ces systèmes de guerre électronique : «Les groupes d’assaut
et les drones étaient équipés de dispositifs GPS cryptés et utilisaient largement l’intelligence artificielle, de sorte que l’utilisation et la navigation des drones d’attaque et des
drones kamikazes s’effectuaient à grande distance».
Le mécanisme a été mis en place il y a plusieurs mois. Kiev a conclu un accord direct avec les salafistes-djihadistes : des drones en échange de lots
de takfiris à
utiliser comme armes contre la Russie dans le cadre de la guerre par procuration menée par les États-Unis et l’OTAN en Ukraine.
Que fait réellement la Turquie
?
Le rôle pratique de la Turquie dans l’offensive salafiste-djihadiste du Grand Idlibistan est on ne peut plus obscur.
Le week-end dernier, le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, qui est aussi un ancien chef des services de renseignement, a nié tout rôle de la
Turquie. Personne – à l’exception de la sphère de l’OTAN – ne le croit. Aucun salafiste-djihadiste du nord-ouest de la Syrie ne peut craquer une allumette sans le feu vert des services de
renseignements turcs, car le système d’Ankara les finance et les arme.
La ligne officielle de la Turquie est de soutenir l’«opposition» syrienne – salafiste-djihadiste – dans son ensemble, tout en déplorant légèrement
l’offensive du Grand Idlibistan. Une fois de plus, il s’agit d’une couverture classique. Pourtant, la conclusion logique est qu’Ankara vient peut-être d’enterrer le processus d’Astana –
en trahissant ses partenaires politiques que sont la Russie et l’Iran.
Erdogan et Hakan Fidan, jusqu’à présent, n’ont pas réussi à expliquer à l’ensemble du Moyen-Orient – ainsi qu’au Sud mondial – comment cette opération
sophistiquée Djihadiste-à-louer a pu être mise en place par les États-Unis/Israël sans que la Turquie n’en ait la moindre connaissance.
Et au cas où il s’agirait d’un piège, Ankara n’a tout simplement pas le pouvoir souverain de le dénoncer.
Ce que les faits montrent clairement, c’est qu’un nouveau front a de facto été ouvert contre l’Iran ; le «Diviser pour régner» des États-Unis/Israël a le
potentiel de briser complètement l’entente Téhéran-Ankara ; et des ressources russes clés – principalement aérospatiales – devront être détournées de l’Ukraine pour soutenir Damas.
Il n’y a pas de mystère : depuis des années, Ankara meurt d’envie de contrôler Alep – même indirectement, pour la «stabiliser» pour les affaires (au profit
des entreprises turques) et aussi pour permettre le retour d’un grand nombre de réfugiés d’Alep relativement riches qui se trouvent actuellement en Turquie. Parallèlement, l’occupation
d’Alep est également un projet américain : dans ce cas, il s’agit de saper sérieusement l’Axe de la Résistance au profit de Tel-Aviv.
Autre nouveauté : le sultan Erdogan – désormais partenaire des BRICS – est une fois de plus sur la sellette. Pire : vis-à-vis de deux membres clés des
BRICS. Moscou et Téhéran attendent des explications détaillées.
Il n’y a rien que Poutine déteste plus que la trahison pure et simple.
Erdogan a pris l’initiative d’appeler Poutine – en introduisant un élément nouveau : il s’est concentré sur les relations économiques entre la Russie et la
Turquie. Après le tsunami des sanctions contre la Russie, la Turquie est devenue le pont clé et privilégié entre Moscou et l’Occident. En outre, les investissements russes en Turquie sont
considérables : gaz, nucléaire, importations de denrées alimentaires. Les deux acteurs ont toujours abordé la guerre en Syrie sous l’angle de la géoéconomie.
Des foules de djihadistes à la
dérive
Entre-temps, les faits sont à nouveau implacables. HTS, l’ancien Front Al-Nosra, n’est peut-être pas ISIS à proprement parler ; il s’agit plutôt d’un ISIS
turc. Le commandant Abu Mohammed al-Joulani, émir de facto de ce groupe rebaptisé, a abandonné toutes les variantes d’Al-Qaïda plus ISIS pour former HTS. Il est à la tête de toute une
gamme de Djihadiste-à-louer, pour la plupart originaires du Heartland. Et c’est un chouchou du MIT turc. Donc, un chouchou d’Israël et de l’OTAN.
La CIA/Pentagone, chacun opérant son propre réseau, a armé 21 des 28 milices syriennes, salafistes-djihadistes et autres, organisées par le MIT de Turquie
en une sorte d’«armée nationale» mercenaire dans le Grand Idlibistan, selon le groupe de réflexion turc SETA.
L’analyste syrien Kevork Almassian a montré comment
les proverbiaux «anciens responsables israéliens» ont admis avoir fourni au gang du Grand Idlibistan des fonds, des armes, des munitions et même des traitements médicaux.
L’ancien colonel de l’armée israélienne Mordechai Kedar a ouvertement admis soutenir les «rebelles» pour «éliminer le triangle du Hezbollah, de l’Iran et
d’Assad». Les «rebelles»,
a-t-il dit, ont même manifesté leur désir «d’ouvrir des
ambassades israéliennes à Damas et à Beyrouth».
HTS est la dernière incarnation de l’un des jouets préférés de l’Occident collectif : le «rebelle modéré» (vous vous souvenez d’Obama/Hillary ?)
L’allégeance est presque à 100% à Ankara. Ils détestent les chiites et les alaouites et gèrent un vaste réseau de prisons.
Ce sont les salafistes-djihadistes de HTS qui ont forcé la reddition complète d’Alep – sans combat – et se sont filmés devant la légendaire Citadelle. De
2012 à 2016, seules quelques dizaines de soldats de l’Armée arabe syrienne ont réussi à défendre la citadelle, même lorsqu’ils étaient complètement encerclés.
Depuis le début de la guerre en 2011, Damas n’a jamais connu une défaite aussi dévastatrice que la chute d’Alep. L’Irak a vécu quelque chose de tragiquement
similaire avec la chute de Mossoul en 2014. On peut affirmer que la majorité absolue des Syriens est opposée à l’accord Russie-Turquie-Iran de 2020, qui a en fait empêché la libération
d’Idlib : une erreur stratégique majeure.
Il y a pire – car le problème a en fait commencé en 2018, lorsque les Turcs n’étaient même pas à Afrin et que la libération de Hama/Idlib a été interrompue
au profit de la libération des banlieues de Damas. C’est à partir de là que des dizaines de milliers de djihadistes ont été transférés à Idlib.
En 2020, il était déjà trop tard : Idlib était défendue par l’armée turque.
L’Armée arabe syrienne, en ce qui concerne Idlib, s’est révélée être une catastrophe endormie. Ils n’ont pas mis à niveau leurs défenses, n’ont pas intégré
l’utilisation des drones, n’ont pas préparé la défense tactique contre les drones FPV kamizake et les drones d’observation, n’ont pas prêté attention aux notes sur les espions étrangers.
Il n’est pas étonnant que la troupe Djihadiste-à-louer n’ait trouvé aucune résistance pour prendre la plus grande partie d’Alep en 48 heures.
Après l’accord de 2020, l’Iran et les forces pro-iraniennes ont quitté la Syrie, en particulier dans les provinces d’Alep et d’Idlib. Ces secteurs ont été
transférés à l’Armée arabe syrienne. Quant aux entreprises russes, qui n’avaient déjà pas vraiment envie d’être sanctionnées en allant à l’encontre du blocus occidental contre Damas,
elles ont été snobées par les clans, les tribus et les familles locales.
Cette fois-ci, il était clair depuis des mois que HTS préparait une offensive. Des avertissements ont été envoyés à Damas. Mais les Syriens ont fait
confiance à l’accord avec la Turquie et au rétablissement des relations avec les pays arabes. Une grave erreur.
Tout cela permet de tirer au moins deux leçons importantes pour la Russie. Désormais, quoi qu’il arrive, Moscou devra régner sur ces réseaux syriens
incestueux – et corrompus – pour contribuer réellement à la défense de la souveraineté du pays. Et ce qui s’est passé à Idlib montre que la guerre contre les banderistes de Kiev devra
aller jusqu’au Dniestr et ne pas s’arrêter aux frontières de la république de Donetsk.
La guerre sur la route – à la croisée
des chemins de la connectivité
Jusqu’à présent, HTS et les troupes Djihadiste-à-louer ne commettent pas trop d’erreurs. Ils tentent d’occuper toutes les routes qui alimentent Alep afin
d’imposer d’autres batailles aussi loin que possible de la ville, de sorte qu’ils aient le temps de s’en emparer complètement.
La guerre au Moyen-Orient est une affaire de route. Soit avec des chevaux dans le désert, soit avec des Toyota. Peu de mines sont exploitées et il n’y a pas
de boue comme en Ukraine. La guerre en Syrie est donc en constante évolution – et toujours sur la route. HTS utilise déjà l’autoroute M4 depuis Idlib et avancent sur des secteurs de
l’autoroute cruciale M5 reliant Alep à Damas.
Pendant ce temps, les éléments d’une contre-offensive se mettent en place. Depuis l’Irak, des dizaines de milliers de miliciens chiites, yazidis et
chrétiens du Hezbollah Kata’ib, de la brigade Fatemiyoun et des Hashd al-Shaabi (les Unités de mobilisation populaire, UMP, très expérimentées dans la lutte contre ISIS) sont entrés en
Syrie au nord-est par le passage d’al-Bukamal.
La 25e division/Forces du tigre du commandant respecté Suhail Al-Hassan, en fait les meilleures forces syriennes, sont en mouvement aux côtés des milices
tribales.
La Syrie est un carrefour de connectivité absolument essentiel, qui rappelle les anciennes routes de la soie. Si le combo États-Unis/Israël réalise son
éternel rêve de changement de régime à Damas, il bloquera le point de transit crucial de l’Iran vers la Méditerranée orientale.
Ils permettraient également au Qatar de construire enfin un gazoduc pour fournir du gaz naturel à l’Europe via la Syrie, l’un des stratagèmes de Brzezinski
pour remplacer le gaz naturel russe – un dossier que j’ai examiné
en détail il y a déjà 12 ans.
La tactique de l’État profond américain n’est pas exactement une nouveauté : essayer de détourner la Russie en se concentrant sur la Syrie, étirer Moscou et
alléger la pression sur l’Ukraine, juste avant la signature du très sérieux partenariat stratégique global entre la Russie et l’Iran.
Mais il y a des facteurs de complication pour les États-Unis. L’Arabie saoudite, qui était un fervent partisan du terrorisme au début de la guerre contre la
Syrie, a changé de politique après que la Russie s’est impliquée en 2015. Et maintenant, Riyad est également un partenaire des BRICS – qui reste encore sur sa faim. L’Arabie saoudite,
l’Égypte et les Émirats arabes unis, significativement, soutiennent Assad contre les sbires HTS.
La Syrie est absolument cruciale pour la stratégie globale de la Russie au Moyen-Orient et en Afrique. Damas est un lien essentiel entre la Russie et
l’Afrique, où Moscou déploie de facto toute sa puissance mondiale, comme
j’ai pu le constater récemment en Afrique du Sud, avec quelques ajouts intrigants sous la forme de contre-sanctions de facto contre les oligarques occidentaux, dont les positions à
travers l’Afrique sont sérieusement ébranlées.
La Russie et l’Iran, membres des BRICS, n’ont pas d’autre choix : ils doivent remédier, par tous les moyens nécessaires, à l’incompétence affichée par Damas
et l’Armée arabe syrienne, afin de pouvoir conserver leur accès à la Méditerranée orientale, au Liban, à l’Irak et au-delà. Cela implique une démarche très sérieuse : La Russie détourne
des actifs clés de la bataille de Novorossiya pour préserver une Syrie relativement souveraine.
Le somnambulisme vers la première
guerre des BRICS
À l’heure actuelle, l’Armée arabe syrienne semble avoir mis en place une ligne de défense encore fragile dans les villages situés au nord de Hama. Le fieffé
Gen Javad Ghaffari, ancien numéro deux du général Soleimani, spécialiste de tous les vecteurs de la guerre contre le terrorisme, est arrivé d’Iran pour aider. D’ailleurs, en 2020, il
voulait aller jusqu’à Idlib. C’est pourquoi Assad a exigé qu’il parte ; Damas a choisi de geler la guerre. Aujourd’hui, la situation est tout à fait différente.
La troupe du Grand Idlibistan Djihadiste-à-louer/OTAN ne dispose d’aucune défense aérienne. Ils sont maintenant frappés pratiquement sans arrêt par les
avions de chasse russes/syriens.
La situation à Alep est dramatique. Les gangs terroristes dirigés par HTS contrôlent la quasi-totalité de la Zone Rouge, et les rares secteurs qui n’ont pas
encore été envahis sont assiégés. Ils avancent également sur le front Alep-Raqqa, mais les Kurdes, soutenus par les États-Unis, avancent également : cela signifie une avancée de l’OTAN.
Dans le désert, tout est étrangement silencieux.
L’armée russe n’avait que 120 personnes à Alep. Ceux qui ont survécu sont partis. Alors, qu’est-ce qui attend la Russie ? Le meilleur scénario possible à
moyen terme serait de se concentrer sur Lattaquié ; d’enseigner aux soldats syriens comment se battre à la russe ; et de les diriger sur la façon de libérer correctement leur propre
pays.
L’étape immédiate consiste à prendre conscience des conséquences désastreuses de l’offre d’un refuge à des dizaines de milliers de terroristes dans le Grand
Idlibistan en 2020.
L’étape suivante consiste à bien comprendre que si Moscou négocie une sorte de Minsk-3 avec l’OTAN – ce qui est essentiellement ce que Trump préconiserait –
Kiev deviendra Idlib 2.0. Et les gangs banderistes veilleront à ce qu’il y ait de nouveaux Alep – tombés – à l’intérieur de la Fédération de Russie.
La Majorité mondiale devrait être en état d’alerte maximale. L’attaque du Grand Idiblistan fait partie d’une opération
complexe interconnectée – avec le chaos déployé comme outil préférentiel – visant à mettre l’Asie occidentale sens dessus dessous et à l’enflammer littéralement. Cela pourrait
bien se métastaser en la Première Guerre des BRICS.
Jusqu’à récemment, une hypothèse de
travail géopolitique sérieuse était que le Moyen-Orient et l’Ukraine étaient deux vecteurs du modus operandi standard de l’Hégémon, qui consiste à inciter et à déclencher des guerres
éternelles.Aujourd’hui, les deux guerres sont
réunies dans une Omni-Guerre.
Une coalition de néocons straussiens aux États-Unis, de sionistes révisionnistes acharnés à Tel-Aviv et de nuances de gris néonazies ukrainiennes parient
désormais sur une confrontation finale – avec plusieurs connotations allant de l’expansion du lebensraum à
la provocation de l’Apocalypse.
Ce qui leur barre la route, ce sont essentiellement deux des principaux BRICS : La Russie et l’Iran.
La Chine, autoprotégée par leur rêve collectif de «communauté d’un avenir partagé pour l’humanité», observe prudemment sur la touche, car elle sait qu’au
bout du chemin, la véritable guerre «existentielle» menée par l’Hégémon sera dirigée contre elle.
En attendant, la Russie et l’Iran doivent se mobiliser pour la Totalen Krieg.
Car c’est ce que l’ennemi est en train de lancer.
Saper les BRICS et
l’INSTC
La déstabilisation totale de la Syrie, avec une forte contribution de la CIA et du MI6, qui se déroule maintenant en temps réel, est un stratagème
soigneusement mis au point pour saper les BRICS et au-delà.
Elle se déroule parallèlement au retrait
par Pashinyan de l’Arménie de l’OTSC – sur la base d’une promesse américaine de soutenir Erevan dans un éventuel nouvel affrontement avec Bakou ; et parallèlement à
l’encouragement de l’Inde à accélérer la course aux armements avec le Pakistan ; et à l’intimidation généralisée de l’Iran.
Il s’agit donc également d’une guerre visant à déstabiliser le corridor
international de transport nord-sud (INSTC), dont les trois principaux protagonistes sont la Russie, l’Iran et l’Inde, membres des BRICS.
Dans l’état actuel des choses, l’INSTC ne présente aucun risque géopolitique. En tant que corridor des BRICS de premier plan en devenir, il porte en lui le
potentiel de devenir encore plus efficace que plusieurs des corridors transversaux chinois de l’Initiative ceinture et route (BRI).
L’INSTC serait une bouée de sauvetage essentielle pour une grande partie de l’économie mondiale en cas de confrontation directe entre le combo
États-Unis/Israël et l’Iran – la fermeture éventuelle du détroit d’Ormuz entraînant l’effondrement d’une pile de produits financiers dérivés de plusieurs milliards de dollars, ce qui
ferait imploser économiquement l’Occident dans son ensemble.
La Turquie d’Erdogan, comme d’habitude, joue un double jeu. D’un point de vue rhétorique, Ankara défend une Palestine souveraine et exempte de génocide. En
pratique, la Turquie soutient et finance une équipe hétéroclite de djihadistes du Grand Idlibistan – formés par des néo-nazis ukrainiens à la guerre des drones et dotés d’armes financées
par le Qatar – qui viennent de marcher sur Alep, Hama, et peut-être au-delà, et de les conquérir.
Si cette armée
de mercenaires était de vrais adeptes de l’islam, ils marcheraient pour la Défense de la Palestine.
Dans le même temps, la situation réelle dans les couloirs du pouvoir à Téhéran est extrêmement obscure. Certaines factions sont favorables à un
rapprochement avec l’Occident, ce qui aurait des conséquences évidentes sur la capacité de l’Axe de la Résistance à lutter contre Tel-Aviv.
Sur le Liban, la Syrie
n’a jamais hésité. L’histoire explique pourquoi : Du point de vue de Damas, le Liban reste historiquement un gouvernorat, de sorte que Damas est responsable de la sécurité de
Beyrouth.
C’est l’une des principales raisons pour lesquelles Tel-Aviv a lancé l’offensive salafiste-djihadiste actuelle contre la Syrie, après avoir détruit
pratiquement tous les couloirs de communication entre la Syrie et le Liban. Ce que Tel-Aviv n’a pas pu accomplir sur le terrain – une victoire sur le Hezbollah dans le sud du Liban – a
été remplacé par l’isolement du Hezbollah de l’Axe de la Résistance.
En cas de doute, relire
Xénophon
Les guerres au Moyen-Orient sont un mélange complexe de vecteurs nationaux, sectaires, tribaux et religieux. Dans un sens, il s’agit de guerres sans fin,
contrôlables jusqu’à un certain point, mais qui repartent ensuite.
La stratégie russe en Syrie semblait très précise. Comme il était impossible de normaliser un pays complètement fragmenté, Moscou a opté pour libérer la
Syrie qui compte vraiment – la capitale, les villes les plus importantes et la côte méditerranéenne orientale – des troupes salafistes-djihadistes.
Le problème est que le gel de la guerre en 2020, avec l’implication directe de la Russie, de l’Iran et (à contrecœur) de la Turquie, n’a pas résolu le
problème des «rebelles modérés». Aujourd’hui, ils sont de retour – en force, soutenus par une vaste troupe de Djihadistes-à-louer, avec les renseignements de l’OTANistan derrière
eux.
Certaines choses ne changent jamais.
Jake Sullivan, alors collaborateur d’Hillary Clinton : «AQ [Al-Qaïda] est
de notre côté en Syrie».
James Jeffrey, envoyé spécial pour la Syrie sous Trump (2018-2020) : «HTS [Hayat
Tahrir al-Cham] est un actif
des États-Unis pour la stratégie à Idlib».
Il n’y a pas de meilleur timing pour la renaissance de l’«actif» HTS. Si HTS remplit un vide énorme, méfiez-vous quand cela se produit au Moyen-Orient. La
Russie est entièrement concentrée sur l’Ukraine. Le Hezbollah a beaucoup souffert des bombardements et des meurtres en série de Tel-Aviv. Téhéran se concentre sur la façon de traiter avec
Trump 2.0.
L’histoire nous apprend toujours. La Syrie est désormais une Anabasis d’Asie occidentale. Xénophon – soldat et écrivain – nous raconte comment, au IVe
siècle avant J.-C., une «expédition» («anabasis», en grec ancien) de 10 000 mercenaires grecs a été engagée par Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxès II, roi de Perse, de l’Arménie à
la mer Noire. L’expédition échoua lamentablement – et le pénible voyage de retour fut interminable.
2400 ans plus tard, nous voyons des gouvernements, des armées et des mercenaires plonger encore dans les guerres sans fin du Moyen-Orient – et s’en extraire
maintenant est encore plus insoluble.
La Syrie est aujourd’hui fatiguée, épuisée, l’Armée arabe syrienne devenant complaisante avec le long gel de la guerre depuis 2020. Tout cela couplé au
siège vicieux de famine déclenché par la loi César des États-Unis, et l’impossibilité de commencer à reconstruire le pays avec l’aide d’au moins 8 millions de citoyens qui ont fui la
guerre sans fin.
Au cours de ces quatre dernières années, les problèmes se sont accumulés. Les violations du processus d’Astana se sont multipliées et Israël a bombardé la
Syrie presque quotidiennement en toute impunité.
La Chine est restée pratiquement immobile. Pékin n’a tout simplement pas investi dans la reconstruction de la Syrie.
La perspective donne à réfléchir. Même la Russie – qui est une icône de la résistance de facto, même si elle ne fait pas officiellement partie de l’Axe de
la Résistance ouest-asiatique – a connu près de trois années de lutte acharnée contre l’Ukraine.
Seul un Axe de la Résistance cohérent et consolidé – après s’être débarrassé d’innombrables 5èmecolumnistes travaillant à l’intérieur – aurait une chance de
ne pas être éliminé un par un par le même ennemi consolidé, encore et encore.
On a parfois l’impression que les BRICS – en particulier la Chine – n’ont rien appris de Bandung en 1955 et de la manière dont le Mouvement de
non-alignement (MNA) a été neutralisé.
On ne peut pas battre une hydre hégémonique impitoyable avec le flower power.
La chute du régime syrien provisoirement conclue par le départ du président Bachar al-Assad vers une destination pour l’instant inconnue (Moscou
semble-t-il), a étonné par sa rapidité.
La faiblesse du régime n’est pas une nouveauté puisqu’il n’a dû sa survie dans la guerre intérieure qu’a connu le pays de 2011 à 2017 que grâce à la
fidélité de l’essentiel de son armée et à l’intervention de ses alliés : le Hezbollah, l’Iran et la Russie.
Cette fois la donne a été différente pour plusieurs raisons. La première est que tout au long des années de gel du conflit avec le
processus dit d’Astana, les rebelles soutenus par la Turquie n’ont cessé de se renforcer militairement, aussi bien en matériel (on a pu voir des images de véhicules blindés) qu’en
hommes venus souvent de l’étranger, Tchétchènes, Turkmènes, Ouïghours etc.. Ils ont même bénéficié d’apports de l’Ukraine puisqu’on sait qu’un certain nombre d’entre eux sont
allés faire le coup de feu contre la Russie en Ukraine et que des spécialistes venus d’Ukraine les
auraient même assistés et entraînés notamment à l’utilisation de drones en situation de combat.
Blindés du Hayat
Tahrir al-Sham (HTS) à l’entrée d’Alep
De l’autre côté, le potentiel de l’armée gouvernementale syrienne est allé s’affaiblissant, victime d’attaques régulières menées par l’aviation sioniste,
parfois en coordination avec les «rebelles» et victime de l’état de délabrement économique du pays dont les zones productrices de pétrole et de céréales sont occupées depuis des années
par les États-Unis qui en accaparent les ressources pour eux-mêmes et leurs protégés.
Cette armée gouvernementale a certainement été travaillée par des émissaires venus du camp rebelle et a donc évité de combattre : un soldat de l’armée
syrienne touche une solde d’une trentaine de dollars contre plus de 150 dollars pour son homologie «rebelle», un officier supérieur de l’armée syrienne touche moins de 100 dollars tandis qu’un officier «rebelle» touche plus
de 1000 dollars. On devrait peut-être se demander d’où proviennent les financements de ces «rebelles». La seule arme qui est intervenue est l’aviation, conjointement à l’aviation russe
(l’aviation est l’arme à laquelle appartenait Hafez al-Assad qui était pilote de chasse).
L’inventaire de
l’armée de l’air syrienne comprend une cinquantaine de Mig 21 et 86 Mig 23, des avions
complètement dépassés
Mais sans action combinée avec les forces terrestres, les attaques aériennes n’ont pas d’effet décisif et c’est pourquoi l’aviation russe a rapidement
renoncé à ses opérations de bombardement.
L’inaction de l’armée syrienne, contrairement aux années 2011-2017, est aussi la raison pour laquelle ni le Hezbollah, ni les milices irakiennes, ni l’Iran
pas plus que la Russie n’ont souhaité intervenir dans le conflit alors que des mouvements de forces étaient pourtant en préparation.
La Russie a préféré limiter les dégâts pour elle-même et on verra ce qu’elle a obtenu lors des discussions qu’elle a eues avec le gouvernement turc.
L’impact stratégique pour la Russie de la chute du régime syrien sera sans doute assez limité : la Russie est d’abord une puissance continentale qui n’a pas d’ambitions de déploiement de
forces loin de son proche-étranger.
Les choses se présentent différemment pour le Hezbollah qui se retrouve privé de possibilités d’acheminement par voie terrestre des armes que lui
fournissait l’Iran.
C’est un coup dur aussi pour l’Iran du fait de sa relation avec le Hezbollah (une relation multiséculaire avec les Chiites libanais) mais surtout du fait
que l’administration Trump à venir va pouvoir plus aisément mettre à exécution son projet de mise à bas du régime iranien, projet conçu évidemment en coordination avec le régime
sioniste.
En attendant, alors que le régime sioniste vient d’accroître son emprise sur le Golan syrien, nous allons voir comment va évoluer la situation en Syrie :
transition vers l’établissement d’un ordre constitutionnel ? Guerres entre factions ? Morcellement du pays ?
*
La chute de la Syrie
par Moon of Alabama
Il me faudra encore du temps pour pleinement comprendre comment cela a pu se produire à la vitesse à laquelle cela s’est produit :
BEYROUTH (AP) – Le
gouvernement syrien est tombé tôt dimanche, mettant fin de manière stupéfiante à 50 années de règne de la famille Assad, après qu’une offensive rebelle soudaine a traversé le
territoire contrôlé par le gouvernement et est entrée dans la capitale en 10 jours.
La télévision d’État
syrienne a diffusé une déclaration vidéo d’un groupe d’hommes affirmant que le président Bachar al-Assad avait été renversé et que tous les détenus dans les prisons avaient été libérés.
(…)
Le Premier ministre
syrien Mohammed Ghazi Jalali a déclaré que le gouvernement était prêt à «tendre la main» à l’opposition et à transférer ses fonctions à un gouvernement de transition.
«Je suis chez moi et
je ne suis pas parti, et cela est dû à mon appartenance à ce pays», a déclaré Jalili dans une déclaration vidéo. Il a ajouté qu’il se rendrait à son bureau pour continuer à travailler
dans la matinée et a appelé les citoyens syriens à ne pas dégrader les biens publics.
Il n’a pas répondu
aux informations selon lesquelles Assad aurait fui».
Pendant et après sa lutte contre les terroristes takfiristes, la Syrie a été soumise à de lourdes sanctions. Ses principales ressources à l’est étaient sous
contrôle américain. L’aviation israélienne bombardait à volonté ses infrastructures militaires. Elle était mûre pour tomber.
Dès la signature du pseudo cessez-le-feu au Liban, la Turquie a déchaîné contre la Syrie ses «rebelles syriens» takfiristes, dont beaucoup sont
des étrangers. Ces derniers étaient exceptionnellement bien armés et entraînés. Ils disposent d’équipements
de vision nocturne, de drones, d’artillerie, de communications Starlink et d’un commandement compétent et professionnel.
L’armée arabe syrienne s’est révélée peu fiable. Certaines unités ont tout simplement disparu. D’autres ont reçu l’ordre de battre en retraite à la hâte
avant même d’être sous pression. On peut se demander dans quelle mesure son commandement a été infiltré ou corrompu.
Au cours des derniers mois, les alliés de la Syrie, l’Iran et la Russie, ont tenté de négocier un compromis entre l’opposition et le gouvernement Assad. Ils
n’ont finalement pas réussi à vaincre l’entêtement de Bachar al-Assad. Ils ont eu le sentiment d’être pris dans un piège et ont refusé de s’y laisser prendre.
La Syrie risque désormais de s’effondrer. De nombreux actes sanglants seront commis et de nombreuses personnes chercheront un refuge.
L’axe de la résistance a perdu sa principale voie de communication. La logistique entre l’Iran et le Liban va devenir très difficile.
RIP Syria. Mon Dieu, si vite. Les services de renseignements turcs/occidentaux ont coopté/acheté/fait chanter pour l’essentiel l’ensemble de l’armée et de
l’administration syriennes pour qu’elles se retirent, et l’économie était tellement ruinée par les sanctions et l’occupation des régions pétrolières et céréalières que l’État était
incapable de résister.
Ibrahim Amin a écrit il y a quelques jours dans Al-Akhbar que la Russie avait prévenu Bachar Al-Assad que l’axe s’effondrait et l’avait exhorté à s’entendre
avec la partie de l’opposition syrienne reconnue par Moscou. Il a refusé. Erdogan a tenté de se réconcilier avec lui et il a refusé. Difficile de dire ce sur qu’il escomptait.
Il n’y a pas de révolution syrienne. Il y a la contre-révolution contrôlée par la CIA. Ça a l’apparence d’une révolution mais c’est tout le
contraire.
La Syrie a perdu sa souveraineté au profit de bandes concurrentes de mercenaires djihadistes soutenus par la Turquie et par Israël qui sont unis par leur
haine des minorités religieuses. Un jour sombre pour l’humanité.
Pardonnez-moi : si l’Occident avait parié que l’Iran et la Russie allaient faire de cette crise une guerre sanglante et prolongée qui les épuiseraient,
affaiblissant l’Iran en vue de lui porter le coup fatal, il semble alors tout à fait logique que Poutine ne morde pas à l’hameçon, pas vrai ? Et à la place faire de la Syrie le casse-tête
de l’Occident, plutôt que le sien ?
Je n’ai jamais eu de choses positives à dire sur le régime syrien (et je n’ai jamais écrit ou dit un mot d’éloge pour le régime, depuis l’époque de Hafidh
Al-Asad) mais : comment pouvons-nous parler de la Syrie sans parler des plans israélo-américains pour détruire l’État et la société en Syrie, au Liban, en Irak et en Libye ? Peu importe à
quel point un régime est laid, les États-Unis et Israël parviennent à le remplacer par quelque chose de bien pire. Regardez la Libye et l’Irak. En Afghanistan, les États-Unis ont établi
un régime si répugnant que les gens ont préféré les talibans.
Hay’at Tahrir al-Cham (HTS), qui a désormais pris le pouvoir en Syrie, a été désigné par le département d’État américain
comme organisation terroriste mondiale le 17 mai 2018. Qu’est-ce qui conditionne la durée pendant laquelle cette désignation restera en vigueur ?
Il est clair qu’un accord a été
conclu, en partie pour sauver des vies, mais les détails ne sont pas clairs. En revanche, nous savons qui en bénéficie.
La prise de contrôle de la Syrie par Al-Qaïda, soutenue par les États-Unis, fait suite au retrait israélien du Liban quelques heures après le cessez-le-feu
israélo-libanais – essentiellement une retraite israélienne après l’absence de progrès contre le Hezbollah dans la guerre terrestre au Sud-Liban -, le criminel de guerre Netanyahou s’est
tourné vers la Syrie, avertissant le président syrien Bachar al-Assad qu’il «joue avec le
feu».
Les Israéliens s’en prennent depuis longtemps à la Syrie et veulent supprimer l’État indépendant qui constitue le lien essentiel entre l’Iran et le Liban,
un canal de soutien matériel à la fois à la résistance palestinienne et libanaise.
Lors d’un sommet de l’OTAN, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a déclaré que les principaux alliés de la Syrie – la Russie, l’Iran et le
Hezbollah – «sont tous
distraits» par leurs propres problèmes, et «il semble qu’HTS ait
profité de cet état de fait». Plus précisément, Washington, Israël et la Turquie en ont profité.
Selon le journaliste palestinien à Washington Saeed Arikat, l’attaque d’HTS a été coordonnée par l’administration Biden avec la Turquie et Israël et
«résulte
d’un plan d’urgence américano-israélien» de la «vision
américaine» au deuxième jour de l’accord de cessez-le-feu au Liban, «en particulier en
raison de l’incapacité des Israéliens à remporter une victoire décisive» contre le Hezbollah et qu’il s’agit d’un «plan visant à
infliger une défaite à l’Iran et à ses alliés dans la région», comme l’armée syrienne qui a repris le contrôle d’Alep il y a huit ans. Ce plan a connu un succès retentissant.
L’effondrement rapide de l’armée syrienne ville après ville – Alep, Hama, Homs et Damas – a fait passer la prise de contrôle pour un coup d’État quasiment
sans effusion de sang. En l’absence de toute résistance réelle à l’invasion soutenue et équipée par la Turquie (les partenaires des Frères musulmans d’Erdogan, les Qataris, ont également
financé HTS).
Le président Assad et sa famille ont fui le pays (apparemment vers la Russie) et son Premier ministre Mohammed Gazi Jalali s’est rendu à HTS. Le chef
«rebelle» al-Jolani a fait quelques déclarations apaisantes sur l’absence de représailles et la nécessité de préserver les bâtiments publics, mais l’histoire de ce groupe est sanglante et
sectaire.
Il est clair qu’un accord a été conclu, en partie pour sauver des vies, mais les détails ne sont pas clairs. Nous savons qui a gagné. Les Israéliens ont été
récompensés, probablement au-delà de leurs espérances, par la suppression du lien essentiel entre l’Iran et la Résistance palestinienne et libanaise. Netanyahou a été plus que dédommagé
pour la défaite israélienne au Sud-Liban et effectivement récompensé pour son génocide à Gaza.
Hayat Tahrir al-Sham fait suite à Jahbat al-Nusra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie qui a été soutenue de manière semi-officielle par Washington et d’autres
régimes de l’OTAN, en particulier celui d’Erdogan en Turquie, qui a stationné des troupes turques dans le nord de la Syrie pendant plusieurs années. Contrairement aux groupes de
Résistance du Hamas, du PIJ et du Hezbollah, qui ne sont répertoriés comme «terroristes» que par les États anglo-américains et leurs alliés, HTS a été interdit par le Conseil de sécurité
de l’ONU.
«Nous restons
déterminés à traduire en justice les principaux responsables de l’AQS [branche palestinienne du Parti Baath syrien] & HTS». – Ambassade
américaine à Damas @USEmbassySyria,
le 15 mai 2027
Reste à voir comment Washington et ses alliés vont tenter de reconnaître un «gouvernement» dirigé par un groupe toujours qualifié de terroriste en vertu du
droit américain et international. Le régime d’HTS a également été soutenu par les trois États étrangers qui occupent toujours militairement la Syrie : la Turquie, Israël et les
États-Unis.
Un relookage est en cours, mais ceci est une spécialité américaine.
Les relations amicales entre les «rebelles» d’HTS (dont beaucoup ne sont pas syriens) et Israël sont notoires. Il y a quelques années, des hôpitaux
israéliens soignaient des combattants d’Al-Qaïda et les renvoyaient en Syrie. Israël a ensuite aidé à évacuer des combattants et leurs protagonistes de crise, Les Casques blancs, vers le
territoire israélien, en 2018. Plus récemment, HTS a transmis des messages rassurants aux Israéliens, leur garantissant que son combat ne concerne que le gouvernement d’Assad. Les
soutiens d’HTS ont même remercié les Israéliens d’avoir tué le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Quoi qu’il en soit, quelques heures après la prise de Damas par HTS, des chars israéliens ont pénétré dans le sud de la Syrie, près de Quneitra,
prétendument pour «repousser les
rebelles islamistes».
Avec la chute du président syrien Bachar al-Assad, Israël exploite désormais l’absence d’un gouvernement fonctionnel pour attaquer et détruire la
Syrie.
Israël détruit les bases aériennes, les bases militaires, les systèmes de défense, les installations de renseignement et les structures gouvernementales
syriennes. En gros, ils bombardent la Syrie pour la ramener à l’âge de pierre.
Centre de renseignements en feu :
Base aérienne de Mezzah à Damas :
Carte de la zone de la base aérienne de Mezzah :
La Syrie n’a pas de gouvernement opérationnel, ni d’armée opérationnelle.
Au lieu de le laisser tranquille, Israël attaque tout le pays, qui est, de fait, sans
défense.
VOILÀ la vraie nature de l’Israélien.
«À partir de ce soir,
le front principal des combats se déplacera vers la Syrie. Nous commencerons les combats sur le front syrien et ne permettrons à personne d’atteindre nos frontières», a déclaré le
chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, après une série de frappes aériennes israéliennes en Syrie.
Dans ce nouveau numéro de Chaos Global, nous passons en revue l’accélération de l’Histoire dont nous sommes témoins. Il devient évident que l’arrivée prochaine de Donald Trump au pouvoir aux USA
« distille » de puissants effets dont l’ordre final est encore incertain. De l’Ukraine à la Syrie, en passant par les conséquences du protectionnisme annoncé, nous posons les premiers
éléments de décryptage de ce qui pourrait arriver dans les prochaines semaines et les prochains mois. Avec beaucoup d’humilité, car nous sommes loin de tout savoir, de tout comprendre, de tout
deviner, de tout prévoir…
Dans ce nouveau numéro de Chaos Global, nous rappelons plusieurs points :
Donald Trump a répété son programme des premiers jours (très stable) qui comporte plusieurs points essentiels :
des expulsions d’étrangers en situation irrégulière
l’imposition de barrières douanières
une diminution de l’aide à l’Ukraine
un possible retrait américain de l’OTAN
sur le front ukrainien, cette position pourrait se révéler redoutable pour Zelinsky, qui refuse par ailleurs de négocier un cessez-le-feu sans « garanties
de sécurité »
En outre, en Syrie, nous avons à disposition moins de réponses que de questions. En particulier, l’extrême rapidité du renversement d’Assad soulève des questions
sur les circonstances exactes de l’opération.
Sur le fond, il apparaît que le HTS qui mène l’insurrection n’est autre que la branche syrienne d’Al-Qaïda, manifestement aidée par les puissances
occidentales, illustre parfaitement la connivence historique entre le terrorisme islamique et la CIA.
Mais jusqu’où va cette connivence ?
L’occupation israélienne lance une agression massive contre la Syrie
Aujourd’hui lundi, l’occupation israélienne a lancé une agression massive contre la Syrie. Les médias israéliens ont rapporté que l’armée de l’air de
l’occupation «a attaqué plus de 150
cibles militaires en Syrie, dans le cadre des efforts visant à détruire l’armée syrienne».
Selon le correspondant de la radio de l’armée d’occupation, des dizaines de cibles attaquées en Syrie sont des chars, des avions et des hélicoptères
militaires de l’armée syrienne.
L’armée d’occupation israélienne a lancé les raids les plus massifs contre la Syrie depuis la guerre d’octobre 1973, selon les médias israéliens citant de
sources de l’armée de l’air.
Dans les détails, l’Observatoire de l’opposition syrienne a révélé des raids israéliens qui ont visé les entrepôts de l’armée syrienne à Al-Sumaria à Damas,
en plus de la Corniche, d’Al-Mushairfa et de Ras Shamra dans la campagne de Lattaquié.
L’Observatoire a souligné : «Israël a détruit tous
les escadrons d’avions de guerre dans les aéroports, en plus des radars et des dépôts d’armes».
Le correspondant d’Al-Manar a
fait état lundi soir d’une agression israélienne visant le port de Lattaquié, sur la côte syrienne.
Il a déclaré que l’armée d’occupation a ciblé la région de Barzeh, à proximité de Damas, en plus de l’aéroport d’hélicoptères dans la région d’Aqraba à
Damas, et de l’aéroport de Qamichli, dans le nord-est de la Syrie.
Les chasseurs de l’occupation israélienne ont détruit des hélicoptères militaires à l’aéroport d’Aqraba, dans la campagne de Damas, et ont également ciblé
les environs de la ville de Homs et la région de Chinchar au sud, selon notre correspondant.
L’occupation a également ciblé les centres de recherche scientifique dans les régions de Jamraya, Barzeh et Masyaf, dans la campagne syrienne de
Hama.
Selon notre correspondant, l’entité israélienne a visé le siège du département de guerre électronique près d’Al-Bahdalia, adjacent à Sayyeda Zeinab (P)
à Damas.
Dans la région de Tartab de la ville de Qamichli, dans la campagne nord de Hassaké, l’armée d’occupation a lancé des raids contre le 54e régiment de l’armée
syrienne.
Le correspondant d’Al-Manar a
souligné que l’agression aérienne israélienne généralisée s’accompagne de progrès continus dans la zone occupée par Israël à Quneitra.
Un responsable de la sécurité israélienne a révélé «qu’Israël a pris la
décision de détruire les armes de l’armée syrienne à la suite de la chute du régime».
Pendant ce temps, la Douzième chaîne israélienne a rapporté : «L’armée de l’air
travaille à très grande échelle dans toute la Syrie afin de détruire ce qui reste de l’armée syrienne».
La chaîne israélienne 12 a souligné que «c’est le moment
approprié pour se débarrasser de toutes les capacités de l’armée syrienne, afin qu’elles ne tombent entre les mains de personne, et peu importe qui sera au pouvoir plus tard».
Kan TV a
cité un responsable israélien confirmant que «l’objectif d’Israël
est de détruire tout l’équipement de l’armée syrienne, des chars aux missiles».
Pour répondre à la question de savoir s’il y a des vainqueurs et des vaincus dans l’effondrement de la Syrie, faisons-nous un tableau simple, avec les « pro » et les
« contra » pour chacun des belligérants. C’est là que l’on voit que l’affaire est beaucoup plus complexe qu’elle n’en a l’air. J’ai pensé, comme beaucoup, que la Russie et l’Iran
étaient clairement perdants. J’en suis moins convaincu après réflexion.
Au risque d’être rébarbatif, je vais faire la liste des belligérants et indiquer les « pro » et les « contra » à propos de deux questions simples: Israël, les USA, la Turquie
sont-ils vainqueurs dans l’affaire de Syrie ? La Russie et l’Iran sont-ils perdants ?
Israël est-il vainqueur ?
PRO : Oui, Israël a pu s’étendre au-delà du Golan annexé. L’aviation israélienne a bombardé les infrastructures syriennes en pratiquement 500 sorties aériennes. Après un
extraordinaire retournement de situation, Israël semble plus proche que jamais de pouvoir déclencher une guerre avec l’Iran malgré la défaite que ses troupes au sol venaient d’essuyer face au
Hezbollah..
CONTRA : L’armée israélienne terrestre est soit exsangue soit démoralisée par les guerres de Gaza et du Hezbollah. En étendant encore plus son territoire, Israël étend le domaine
d’intervention de ses troupes au sol. Ajoutons que les Israéliens se trouvent désormais en confrontation avec les islamistes qu’ils ont encouragés mais qui n’ont pas de raison de renoncer à
soutenir les Palestiniens. Enfin, notons qu’Israël s’est définitivement aliéné la Russie.
Les Etats-Unis : Bientôt maîtres du Proche-Orient ?
PRO : Ce qu’Obama n’avait pas réussi, un Biden sénile l’aura réussi « à l’insu de son plein gré ». En réutilisant la célèbre liste du Général Clarke, après la destruction américaine de
l’Irak, de la Libye, de la Somalie, du Soudan, du Liban, de la Syrie il ne resterait plus qu’à détruire l’Iran pour faire payer « aux terroristes » le 11 septembre. D’autre part, les
Etats-Unis consolident leur emprise sur le pétrole syrien, en passant alliance avec les Kurdes. Et puis, les Etats-Unis compliquent les projets chinois de Routes de la Soie: la côte syrienne ne
pourra plus être un point d’aboutissement. Il devient possible d’accélérer, avec Israël, la mise en place d’un gazoduc entre le Qatar et Israël.
CONTRA : Les USA vont devoir gérer l’anarchie qu’ils ont créée. Ils seront face aux risques d’affrontements entre les différents « occupants » de la Syrie d’après
Assad. Israéliens contre Turcs. Israéliens contre Gentils Djihadistes Inclusifs. Turcs contre Kurdes etc…Sans oublier que les bases américaines deviennent encore plus évidemment des cibles pour
les mouvements combattants chiites d’Irak. Et puis, les Démocrates, au moment de partir, ont joué un mauvais tour à Donald Trump, qui voulait largement se désengager du Proche-Orient.
La Turquie : Une déstabilisation géniale ?
PRO : La Turquie a prouvé son influence. Elle s’est débarrassée d’un pays dont les dirigeants étaient considérés comme un ennemi. Elle étend son emprise sur des terres
anciennement ottomanes, réaffirmant l’islam turc face à l’islam arabe et persophone. Elle confirme son double jeu: soutenir verbalement les Palestiniens; soutenir en fait Israël
CONTRA : Immédiatement après la chute d’Assad, Erdogan a publié un message pour dire qu’il ne restait plus que deux chefs d’Etat dans le monde, Poutine et lui-même. On peut être
sûr que Trump et Xi Jinping apprécieront. Le président turc s’est en fait mis mal avec Vladimir Poutine, avec l’Iran et son entrée dans les BRICS est compromise. Il a fait le jeu de l’OTAN et des
Etats-Unis tellement ouvertement qu’il sera inévitablement mis en quarantaine. Et il sera d’autant plus en position de faiblesse que la rapidité de la chute du régime d’Assad risque d’enliser la
Turquie dans le désert de Syrie au lieu de lui permettre de creuser son axe néo-ottoman en Asie centrale.
Pour répondre à la question de savoir s’il y a des vainqueurs et des vaincus dans l’effondrement de la Syrie, faisons-nous un tableau simple, avec les « pro » et les
« contra » pour chacun des belligérants. C’est là que l’on voir que l’affaire est beaucoup plus complexe qu’elle n’en a l’air. J’ai pensé, comme beaucoup, que la Russie et l’Iran
étaient clairement perdants. J’en suis moins convaincu après réflexion.
Au risque d’être rébarbatif, je vais faire la liste des belligérants et indiquer les « pro » et les « contra » à propos de deux questions simples: Israël, les USA, la Turquie
sont-ils vainqueurs dans l’affaire de Syrie ? La Russie et l’Iran sont-ils perdants ?
Israël est-il vainqueur?
PRO : Oui, Israël a pu s’étendre au-delà du Golan annexé. L’aviation israélienne a bombardé les infrastructures syriennes en pratiquement 500 sorties aériennes. Après un
extraordinaire retournement de situation, Israël semble plus proche que jamais de pouvoir déclencher une guerre avec l’Iran malgré la défaite que ses troupes au sol venaient d’essuyer face au
Hezbollah..
CONTRA : L’armée israélienne terrestre est soit exsangue soit démoralisée par les guerres de Gaza et du Hezbollah. En étendant encore plus son territoire, Israël étend le domaine
d’intervention de ses troupes au sol. Ajoutons que les Israéliens se trouvent désormais en confrontation avec les islamistes qu’ils ont encouragés mais qui n’ont pas de raison de renoncer à
soutenir les Palestiniens. Enfin, notons qu’Israël s’est définitivement aliéné la Russie.
Les Etats-Unis : Bientôt maîtres du Proche-Orient ?
PRO : Ce qu’Obama n’avait pas réussi, un Biden sénile l’aura réussi « à l’insu de son plein gré ». En réutilisant la célèbre liste du Général Clarke, après la
destruction américaine de l’Irak, de la Libye, de la Somalie, du Soudan, du Liban, de la Syrie il ne resterait plus qu’à détruire l’Iran pour faire payer « aux terroristes » le 11
septembre. D’autre part, les Etats-Unis consolident leur emprise sur le pétrole syrien, en passant alliance avec les Kurdes. Et puis, les Etats-Unis compliquent les projets chinois de Routes de
la Soie: la côte syrienne ne pourra plus être un point d’aboutissement. Il devient possible d’accélérer, avec Israël, la mise en place d’un gazoduc entre le Qatar et Israël.
CONTRA : Les USA vont devoir gérer l’anarchie qu’ils ont créée. Ils seront face aux risques d’affrontements entre les différents « occupants » de la Syrie d’après
Assad. Israéliens contre Turcs. Israéliens contre Gentils Djihadistes Inclusifs. Turcs contre Kurdes etc…Sans oublier que les bases américaines deviennent encore plus évidemment des cibles pour
les mouvements combattants chiites d’Irak. Et puis, les Démocrates, au moment de partir, ont joué un mauvais tour à Donald Trump, qui voulait largement se désengager du Proche-Orient.
La Turquie : Une déstabilisation géniale ?
PRO : La Turquie a prouvé son influence. Elle s’est débarrassée d’un pays dont les dirigeants étaient considérés comme un ennemi. Elle étend son emprise sur des terres
anciennement ottomanes, réaffirmant l’islam turc face à l’islam arabe et persophone. Elle confirme son double jeu: soutenir verbalement les Palestiniens ; Soutenir en fait Israël
CONTRA : Immédiatement après la chute d’Assad, Erdogan a publié un message pour dire qu’il ne restait plus que deux chefs d’Etat dans le monde, Poutine et lui-même. On peut être
sûr que Trump et Xi Jinping apprécieront. Le président turc s’est en fait mis mal avec Vladimir Poutine, avec l’Iran et son entrée dans les BRICS est compromise. Il a fait le jeu de l’OTAN et des
Etats-Unis tellement ouvertement qu’il sera inévitablement mis en quarantaine. Et il sera d’autant plus en position de faiblesse que la rapidité de la chute du régime d’Assad risque d’enliser la
Turquie dans le désert de Syrie au lieu de lui permettre de creuser son axe néo-ottoman en Asie centrale.
La cabale otano-israélienne qui
applaudit à la chute de Damas obtiendra plus que ce à quoi elle s’attendait.Des luttes de pouvoir et des luttes
intestines entre les milices extrémistes et la société civile, chacune soutenue par différents acteurs régionaux et étrangers qui veulent leur part du gâteau.
Le titre court définissant la fin abrupte et rapide de la Syrie telle que nous savions qu’elle serait : Eretz Israël rencontre le nouvel ottomanisme. Le
sous-titre ? Une victoire pour l’Occident et un coup mortel porté à l’Axe de la Résistance.
Commençons par la capitulation de l’ancien président syrien Bachar al-Assad. Des diplomates qataris, officieusement, soutiennent qu’Assad a tenté de
négocier un transfert de pouvoir avec l’opposition armée qui avait lancé une offensive militaire majeure dans les jours précédents, en commençant par Alep, puis en se dirigeant rapidement
vers le sud, vers Hama, Homs, en visant Damas. C’est ce qui a été discuté en détail entre la Russie, l’Iran et la Turquie à huis clos à Doha le week-end dernier, lors du dernier soupir du
moribond «processus d’Astana» visant à démilitariser la Syrie.
Les négociations sur le transfert de pouvoir ont échoué. Assad s’est donc vu offrir l’asile par le président russe Vladimir Poutine à Moscou. Cela explique
pourquoi l’Iran et la Russie ont instantanément changé de terminologie alors qu’ils se trouvaient encore à Doha, et ont commencé à parler d’«opposition légitime» afin de distinguer les
réformistes non militants des extrémistes armés qui sèment la zizanie dans l’État.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le langage corporel en dit long sur sa colère, a littéralement déclaré : «Assad doit négocier
avec l’opposition légitime, qui figure sur la liste de l’ONU».
C’est très important : Lavrov ne parlait pas de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), la mafia djihado-salafiste, ou Djihadiste-à-louer, financée par l’Organisation
nationale du renseignement turc (MIT) avec des armes financées par le Qatar, et entièrement soutenue par l’OTAN et Tel-Aviv.
Ce qui s’est passé après les funérailles à Doha est assez obscur, suggérant un coup d’État télécommandé par les services secrets occidentaux, se développant
aussi rapidement que l’éclair, avec des rapports de trahison intérieure.
L’idée initiale d’Astana était d’assurer la sécurité de Damas et de confier la gestion de HTS à Ankara. Pourtant, Assad avait déjà commis une grave erreur
stratégique en croyant aux nobles promesses de l’OTAN transmises par l’intermédiaire de ses nouveaux amis dirigeants arabes des Émirats arabes unis et d’Arabie saoudite.
À son propre étonnement, selon des responsables syriens et régionaux, Assad a finalement réalisé à quel point sa position était fragile, après avoir refusé
l’assistance militaire de ses fidèles alliés régionaux, l’Iran et le Hezbollah, croyant que ses nouveaux alliés arabes pourraient le protéger.
L’Armée arabe syrienne (AAS) était en lambeaux après 13 ans de guerre et d’impitoyables sanctions américaines. La logistique était en proie à une corruption
déplorable. La pourriture était systémique. Mais surtout, alors que beaucoup étaient prêts à combattre à nouveau les groupes terroristes soutenus par l’étranger, les initiés affirment
qu’Assad n’a jamais déployé pleinement son armée pour contre-attaquer l’assaut.
Téhéran et Moscou ont tout essayé, jusqu’à la dernière minute. En fait, Assad était déjà en grande difficulté depuis sa visite à Moscou le 29 novembre, qui
n’avait donné aucun résultat tangible. L’establishment de Damas a donc considéré l’insistance de la Russie pour qu’Assad abandonne ses précédentes lignes rouges sur la négociation d’un
règlement politique comme un signal de facto annonçant la fin.
Turquie : «Nous n’avons rien à voir
avec cela»
Outre le fait qu’il n’a rien fait pour empêcher l’atrophie et l’effondrement croissants de l’AAS, Assad n’a rien fait pour freiner Israël, qui bombarde la
Syrie sans relâche depuis des années.
Jusqu’au dernier moment, Téhéran était prêt à aider : Deux brigades étaient prêtes à entrer en Syrie, mais il aurait fallu au moins deux semaines pour les
déployer.
L’agence de presse Fars a
expliqué le mécanisme en détail, depuis l’inexorable manque de motivation des dirigeants syriens à lutter contre les brigades terroristes jusqu’à Assad, qui a ignoré les avertissements
sérieux du guide suprême iranien Ali Khamenei depuis juin, jusqu’à il y a deux mois, avec d’autres responsables iraniens avertissant que HTS et ses soutiens étrangers préparaient une
guerre-éclair. Selon les Iraniens :
«Après la chute
d’Alep, il est devenu clair qu’Assad n’avait pas vraiment l’intention de rester au pouvoir, nous avons donc commencé à engager des pourparlers diplomatiques avec l’opposition et nous
avons organisé la sortie en toute sécurité de nos troupes de Syrie. Si l’AAS ne se bat pas, nous ne risquerons pas non plus la vie de nos soldats. La Russie et les Émirats arabes unis ont
réussi à le convaincre de se retirer, nous ne pouvions donc rien faire».
La Russie n’a pas confirmé avoir convaincu Assad de se retirer : Il suffit d’interpréter cette réunion ratée à Moscou le 29 novembre. Pourtant, il est
significatif qu’il y ait eu confirmation, avant cela, que la Turquie savait tout de l’offensive de HTS il y a déjà six mois.
La version d’Ankara est, comme on peut s’y attendre, obscure : HTS l’a informée et lui a demandé de ne pas intervenir. En outre, le ministère turc des
Affaires étrangères a affirmé que le président-calife Recep Tayyip Erdogan avait tenté d’avertir Assad (Damas n’a rien dit à ce sujet). Ankara, par la voix de son ministre des Affaires
étrangères Hakan Fidan, nie fermement avoir orchestré ou approuvé l’offensive de Djihadiste-à-louer. Elle pourrait le regretter, car tout le monde, de Washington à Tel-Aviv, s’est
empressé de s’attribuer le mérite de la chute de Damas.
Seule la machine de propagande de l’OTAN croit à cette version, car HTS est depuis des années entièrement soutenu non seulement par la Turquie, mais aussi,
secrètement, par Israël, qui a été démasqué pour avoir versé des
salaires aux extrémistes pendant la guerre en Syrie, et qui a fameusement aidé
à réhabiliter les combattants d’Al-Qaïda blessés
au combat.
Tout cela conduit au scénario prédominant d’une démolition contrôlée soigneusement calculée par la CIA, le MI6 et le Mossad, avec un flux d’armement
ininterrompu, une formation ukrainienne des takfiris à
l’utilisation de drones kamikazes FPV et des Samsonites remplis d’argent liquide pour corrompre les hauts fonctionnaires syriens.
Un nouveau grand jeu
rechargé
L’effondrement de la Syrie pourrait être un cas classique d’«extension de la Russie» – et aussi de l’Iran, lorsqu’il s’agit du pont terrestre crucial qui la
relie à ses alliés en Méditerranée (les mouvements de résistance libanais et palestiniens). Sans oublier le message adressé à la Chine qui, malgré ses grands discours sur la «communauté
d’un avenir partagé», n’a absolument rien fait pour aider à la reconstruction de la Syrie.
Sur le plan géo-énergétique, il n’y a désormais plus d’obstacles à la résolution d’une saga épique du Pipelineistan – et l’une des principales raisons de la
guerre contre la Syrie, telle que je l’ai
analysée il y a neuf ans : La construction du gazoduc Qatar-Turquie à travers le territoire syrien pour fournir à l’Europe une alternative au gaz russe. Assad avait rejeté ce
projet, après quoi Doha a aidé à financer la guerre syrienne pour le renverser.
Rien ne prouve que les États clés du golfe Persique, tels que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, accepteront avec joie le statut géoéconomique du
Qatar si le gazoduc est construit. Pour commencer, il doit traverser le territoire saoudien, ce que Riyad n’est peut-être plus disposé à faire.
Cette question brûlante est liée à une série d’autres questions, notamment : La porte d’entrée syrienne ayant pratiquement disparu, comment le Hezbollah
sera-t-il approvisionné en armes à l’avenir et comment le monde arabe réagira-t-il à la tentative de la Turquie de la jouer total Néo-ottoman ?
Il y a aussi le cas épineux de la Turquie, État partenaire des BRICS, qui entre directement en conflit contre la Russie, la Chine et l’Iran, principaux
membres des BRICS. Le nouveau virage d’Ankara pourrait même lui valoir d’être rejetée par les BRICS et de ne pas bénéficier d’un statut commercial favorable de la part de la Chine.
Bien que l’on puisse certainement affirmer que la perte de la Syrie pourrait être dévastatrice pour la Russie et la Majorité mondiale, retenez vos chevaux –
pour l’instant. En cas de perte du port de Tartous que l’URSS-Russie gère depuis 1971, ainsi que de la base aérienne de Hmeimim – et donc d’éviction de la Méditerranée orientale – Moscou
disposerait d’options de remplacement, avec différents degrés de faisabilité.
Il y a l’Algérie (partenaire des BRICS), l’Égypte (membre des BRICS) et la Libye. Et même le golfe Persique qui, soit dit en passant, pourrait faire partie
du partenariat stratégique global Russie-Iran, qui sera officiellement signé le 25 janvier à Moscou par Poutine et son homologue iranien, le président Massoud Pezeshkian.
Il est extrêmement naïf de penser que Moscou a été pris par surprise par la mise en scène d’un prétendu Koursk 2.0. Comme si tous les moyens de
renseignement russes – bases, satellites, renseignements au sol – n’avaient pas scruté pendant des mois une bande de djihado-salafistes rassemblant une armée de dizaines de milliers de
personnes dans le Grand Idlib, avec une division de chars d’assaut. Il est donc tout à fait plausible que ce qui se joue soit la Russie classique, combinée à la ruse perse. Il n’a pas
fallu longtemps à Téhéran et à Moscou pour faire le calcul de ce qu’ils perdraient – notamment en termes de ressources humaines – en tombant dans le piège du soutien à un Assad déjà
affaibli dans une nouvelle guerre terrestre sanglante et prolongée. Pourtant, Téhéran a offert un soutien militaire, et Moscou, un soutien aérien, et des scénarios de négociations jusqu’à
la toute fin.
Aujourd’hui, l’ensemble de la tragédie syrienne – et notamment un éventuel califat dirigé par le djihadiste réformé et respectueux des minorités Abou
Mohammed al-Joulani – relève de l’entière responsabilité de l’OTAN, de Tel-Aviv et d’Ankara.
Ils ne sont tout simplement pas préparés à naviguer dans la matrice syrienne ultra-complexe, tribale, clanique et corrompue, sans parler du magma de 37
organisations terroristes qui ne sont maintenues ensemble, jusqu’à présent, que par le petit ciment de l’éviction d’Assad. Ce volcan va certainement leur exploser à la figure
collectivement, potentiellement sous la forme d’horribles batailles internes qui pourraient durer au moins quelques années.
Le nord-est et l’est de la Syrie sont déjà, instantanément, embourbés dans une anarchie totale, avec une multitude de tribus locales déterminées à maintenir
leurs projets mafieux à tout prix, refusant d’être contrôlées par un composite du Rojava américano-kurde qui est en grande partie communiste et laïque. Certaines de ces tribus
s’acoquinent déjà avec les djihado-salafistes soutenus par la Turquie. D’autres tribus arabes se sont
alliées cette année à
Damas contre les extrémistes et les sécessionnistes kurdes.
L’ouest de la Syrie pourrait aussi être un territoire d’anarchie, comme à Idlib : Rivalité sanglante entre réseaux terroristes et bandits, entre clans,
tribus, groupes ethniques et groupes religieux régentés par Assad, le panorama est encore plus complexe qu’en Libye sous l’ancien président Mouammar Kadhafi.
Quant aux lignes d’approvisionnement des coupeurs de têtes, elles seront inévitablement distendues – et il sera alors facile de les couper, non seulement
par l’Iran, par exemple, mais aussi par l’aile de l’OTAN via la Turquie/Israël lorsqu’ils se retourneront contre le Califat, comme ils le feront invariablement si les abus de ce dernier
deviennent trop médiatisés. Personne n’est en mesure de prévoir ce qu’il adviendra de la carcasse de la Syrie de la dynastie Assad. Des millions de réfugiés pourraient revenir, notamment
de Turquie, que Washington tente depuis des années d’empêcher pour protéger son projet de «kurdification» dans le nord, mais dans le même temps, des millions de personnes fuiront,
terrifiées par la perspective d’un nouveau califat et d’une reprise de la guerre civile.
Y a-t-il une lueur d’espoir au milieu de cette morosité ? Le chef du gouvernement de transition sera Mohammad al-Bachir, qui était, jusqu’à récemment, le
Premier ministre du soi-disant gouvernement de salut syrien (SSG) à Idlib, sous le contrôle de HTS. Ingénieur électricien de formation, Bachir a ajouté un diplôme supplémentaire à sa
formation en 2021 : Charia et droit.
Perdre la Syrie ne doit pas signifier
perdre la Palestine
La Majorité mondiale pleure peut-être ce qui, en apparence, ressemble à un coup presque mortel contre l’Axe de la Résistance. Pourtant, il est hors de
question que la Russie, l’Iran, l’Irak – et même la Chine, qui garde un silence tonitruant – laissent une armée supplétive djihado-salafiste soutenue par l’OTAN, Israël et la Turquie
l’emporter. Contrairement à l’Occident collectif, ces pays sont plus intelligents, plus coriaces, infiniment plus patients et tiennent compte des contours de la grande image qui se
profile à l’horizon. Il est trop tôt ; tôt ou tard, ils se mettront en branle pour empêcher le djihadisme soutenu par l’Occident de se répandre à Pékin, Téhéran et Moscou.
L’agence russe de renseignement extérieur Sluzhba Vneshney Razvedki (SVR) doit désormais surveiller 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 la prochaine
destination de l’importante brigade djihado-salafiste qui traverse le cœur de la Syrie, composée en grande majorité d’Ouzbeks, de Ouïghours, de Tadjiks et d’une poignée de Tchétchènes. Il
ne fait aucun doute qu’ils seront utilisés pour «étendre» (selon la terminologie du Think Tankland américain) non seulement l’Asie centrale, mais aussi la Fédération de Russie. Pendant ce
temps, Israël sera débordé dans le Golan. Les Américains se sentiront temporairement en sécurité autour des champs pétrolifères d’où ils continueront à voler le pétrole syrien. Ce sont
deux latitudes idéales pour le début de ce qui serait la première riposte concertée des BRICS contre ceux qui déclenchent la première guerre des BRICS.
Et puis il y a la tragédie ultime : La Palestine. Un
énorme coup de théâtre s’est produit à l’intérieur même de la vénérable mosquée des Omeyyades à Damas. L’armée des coupeurs de têtes OTAN-Israël-Turquie promet maintenant
aux Palestiniens qu’elle viendra libérer Gaza et Jérusalem.
Pourtant, jusqu’à dimanche dernier, tout se résumait à «Nous aimons Israël». Le MC de cette opération de relations publiques – conçue pour tromper le monde
musulman et la Majorité mondiale – n’est autre que le calife d’al-Cham lui-même, Joulani.
Dans l’état actuel des choses, le nouveau régime de Damas sera, à toutes fins utiles, soutenu par ceux qui soutiennent et conçoivent Eretz Israël et le
génocide de la Palestine. Cela se voit déjà au grand jour, de la bouche même des membres du cabinet israélien : Tel-Aviv aimerait idéalement expulser la population de Gaza et de
Cisjordanie vers la Syrie, bien que la Jordanie soit leur destination préférée.
C’est sur cette bataille qu’il faut désormais se concentrer. Le défunt secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, était catégorique lorsqu’il
insistait sur la signification profonde de la perte de la Syrie : «La Palestine serait perdue». Plus que jamais, il appartient à la Résistance mondiale de ne pas le permettre.
Dans le cadre du renversement de Assad, les médias occidentaux font des éloges de l’organisation humanitaire syrienne des Casques blancs : ils recherchent
des prisonniers du gouvernement Assad dans des cellules de prison souterraines.
Mais attention : les reportages des Casques blancs se sont fait remarquer à plusieurs reprises par de fausses images et de fausses vidéos. La journaliste
indépendante Vanessa Beeley, qui effectuait à l’époque un reportage sur place, avait déjà démasqué en 2017 l’organisation soi-disant humanitaire des «Casques blancs» comme étant un groupe
de soutien aux terroristes. L’objectif des «Casques blancs» aurait été, depuis le début de la crise syrienne, de produire une propagande anti-Assad. En 2017, la journaliste canadienne
indépendante Eva Bartlett a rapporté que les «Casques blancs» portaient même des armes. Est-ce que les Casques blancs recherchent et chassent même des partisans de Assad au lieu de
libérer des prisonniers présumés de Assad ?
L’organisation de protection civile des «Casques blancs» prétend être neutre, mais, selon la journaliste canadienne indépendante Eva Bartlett, ils portent
des armes et se tiennent debout sur les corps de soldats syriens. Qu’est-ce qui est vrai ? Faites-vous votre propre opinion avec ce court documentaire.
Avant tout propos, le film de la chute de Bachar al-Assad ne s’est pas déroulé selon un scénario idéal de la Russie. Car même si la Syrie était un boulet
plus qu’autre chose, la Russie a perdu la face aux yeux du Monde et sera perçue comme un des perdants de l’affaire. Elle aurait aimé stabiliser ce front jusqu’à ce qu’elle en finisse en
Ukraine. Et éviter le merdier qu’un État islamique à cheval sur la Syrie et l’Irak (qui suivra forcément) ne manquera d’entrainer. Ensuite, il ne faut jamais perdre de vue que tout ce que
fait Washington (et ses relais locaux, Israël et Turquie notamment) a pour but in fine de contrarier, embêter voire détruire la Russie, au-delà des avantages immédiats que ces actions
peuvent lui procurer.
Les Russes et les Iraniens savaient qu’une offensive se préparait depuis Idlib. Des bombardements préventifs avaient été menés deux à trois mois auparavant.
Les Syriens, bien qu’informés n’ont pris aucune disposition pratique pour y faire face. L’armée s’est retirée des grandes villes sans combattre. Qui a donné cet ordre de retrait n’est pas
encore très clair (initiative des généraux de leur propre chef ou ordre de Bachar al-Assad lui-même). Ce qu’on peut déjà entrevoir aujourd’hui, c’est que Bachar al-Assad n’était plus trop
chaud pour assumer la présidence de la Syrie.
La patate chaude refilée aux
Occidentaux et à la Turquie
Il faut savoir que même si le gouvernement syrien a été sauvé par l’action énergique et déterminante de la Russie, le pays a été dévasté par la guerre, avec
des millions de personnes de sa force vive qui a quitté le pays. Les zones les plus riches (contenant les réserves de pétrole, de gaz et de blé de la Syrie sont restées occupés par les
USA via leur proxy kurde. De plus, ce pays du Levant a été soumis à un embargo atroce qui a non seulement empêché la reconstruction du pays mais l’a ruiné davantage. C’est un pays avec
une économie détruite, une armée en lambeaux et une population découragée et épuisée par les nombreuses privations que la Russie et l’Iran maintenaient sous respiration artificielle.
C’est ce pays que la Russie, lasse, vient de refourguer aux occidentaux. Un pays divisé en zones rivales voire ennemies, qui s’affronteront inévitablement pour les ressources que chaque
camp voudra contrôler afin de rendre viable économiquement sa zone.
Erdogan voulait contrôler la province d’Alep afin de rapatrier les quelques 3 millions et demi de réfugiés que sa population ne supporte plus. Il n’était
pas question d’un changement de régime, encore moins de devoir assumer la charge d’un pays ruiné qui s’il est laissé à l’abandon, ne manquera pas d’entrainer encore plus de réfugié. Sans
parler des nombreuses armes à feu qui ont été pillées, distribuées aux civils. Les kurdes se retrouveront renforcés et pourraient vouloir une jonction avec leur frère de Turquie. Surtout
si les Israélo-américains décident d’appliquer leur plan de démembrement de la Turquie (cf. Le Moyen-Orient élargi). Erdogan aura tout le loisir de réfléchir aux conséquences de sa
violation des accords d’Astana.
Quant aux occidentaux, notamment les européens, la précédente vague de migration qu’ils ont connue sera une plaisanterie devant ce qui les attend. La
Turquie pourra au passage leur soutirer quelques milliards. La délinquance, les viols et autres problèmes de sécurité vont accroitre de manière exponentielle. Israël a pris soin de
détruire l’Office syrien de l’identification. Mais qui a dit que les candidats à l’immigration demanderont une carte d’invitation ? Sans oublier l’infiltration de terroristes qui ne
manqueront pas de commettre des attentats et accomplir leur vision de la destruction de l’occident infidèle.
Israël est présenté comme le grand vainqueur du chaos en Syrie. Mais rien n’est moins sûr. Son armée de terre est à bout de souffle, un mélange de troupes
restées correctes et d’autres, ayant sombré dans les massacres. Mais cette deuxième catégorie, celle des tueurs de civils, la plus grande du reste, ça n’a jamais rien valu militairement.
Si on enlève l’aviation à Israël, le reste de l’armée, est visiblement totalement incapable au sol. Et même en supposant que le vide laissé par la destruction de ses voisins lui permet de
faire un grand pas vers le Grand Israël, le pays ne compte que 10 millions d’habitants. Si on enlève les Palestiniens d’origine, il ne resterait plus que 8 millions de colons. Sachant
qu’ils ont déjà du mal avec les seuls palestiniens, comment pourront-ils assujettir d’autres populations farouches ? En outre, l’économie israélienne est détruite. Ses ports sont à
l’arrêt, frappés de plein fouet par un blocus des Houthis qui tiennent en respect toute les marines occidentales. Tous ces faits mis ensemble n’offrent pas de perspectives
réjouissantes.
Le piège pour la Russie et le calcul
russe
L’objectif évident de Washington en lançant cette offensive était d’ouvrir un autre front pour la Russie et l’obliger à prélever dans ses ressources sur le
front ukrainien. Il s’agissait tout simplement d’obliger la Russie à geler le conflit en Ukraine pour se concentrer sur le front syrien, ce qu’elle a fait en 2014. Visiblement, les
dirigeants russes ont fait leur choix et le conflit en Ukraine ne sera pas gelé. En vérité, la Russie n’a plus besoin de bases en méditerranée pour vaincre l’OTAN. Ses missiles
hypervéloces lui permettent de frapper et couler les flottes occidentales n’importe où dans le monde. Ce qu’elle pourrait d’ailleurs faire à l’aide d’un proxy (les Houthis sont de bons
candidats). Elle a surtout besoin de son point d’attache à Tartous pour assurer la chaîne logistique vers les pays africains. Alors un point logistique civil ou du moins très peu
militarisé peut être conservé en Syrie. Sinon, au pire des cas, il reste encore l’Algérie ou l’Égypte qui pourraient lui fournir ce point de transit.
Le calcul iranien
L’Iran a probablement abandonné sa projection vers l’ouest et la Méditerranée pour se recontinentaliser en priorité et s’intégrer au maillage sino-russe
eurasiatique. Il est probable que l’élimination des têtes clés de «l’axe de la résistance» ces derniers mois ait soulagé des factions de l’exécutif iranien qui veulent sortir l’Iran de
l’œil du cyclone d’une prochaine coalition occidentale initiée par Israël après l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche. L’Iran n’a plus d’espoir de lever les blocages européens compte
tenu de l’influence israélienne directe et de sa main mise sur les réseaux politiques européens. Il a donc logiquement renoncé à ses proxys pour se mettre sous parapluies militaire russe
et économique chinois.
De plus, des mandataires ne sont plus vraiment nécessaires dans sa confrontation avec l’axe israélo-américain, les missiles (y compris hypersoniques) et les
drones assurent des capacités de frappe à la fois de longue portée et rapide dans tout le Moyen-Orient à l’Iran, donc une dissuasion efficace. En ce qui concerne la sanctuarisation de son
territoire, je pense que le pays annoncera dans quelques mois qu’il est devenu une puissance nucléaire.
La prise de contrôle jihadiste de la Syrie est avant tout une tragédie pour le peuple syrien, qui pourrait connaître le même sort que la Libye.
Mais pour la Russie, c’est une toute autre affaire. Contrairement à Washington, Moscou ne cherche pas à s’étendre excessivement et à se battre pendant 20
ans pour une cause perdue. Au contraire, elle laisse ses ennemis semer les graines de leur propre défaite future. S’il y a une chose qui est claire maintenant, c’est que les gouvernements
dirigés par Al-Qaïda reviennent toujours hanter les États-Unis.
Mon invité aujourd’hui est Graham Fuller, ancien officier de renseignement de la CIA et géostratège.
Israël a intensifié ses frappes aériennes en Syrie après le renversement du régime de Bachar Al-Assad.
L’armée israélienne a envahi la ville de Quneitra, située dans le sud-ouest de la Syrie, et a pénétré la ligne frontalière entre le Liban et la
Syrie.
Ce déploiement a permis à Israël d’atteindre 25 kilomètres de Damas, allant au-delà du plateau du Golan.
Des images capturées par les équipes d’Anadolu sur le terrain montrent des chars israéliens déployés dans les rues de Quneitra, illustrant la progression de
l’occupation israélienne en territoire syrien.
L’armée israélienne a précisé dans un communiqué que 320 «cibles stratégiques» avaient été attaquées depuis la chute du régime syrien.
Les cibles visées incluent des systèmes de défense aérienne, des dépôts de missiles, des avions et hélicoptères militaires, ainsi que des navires de guerre
syriens. Le communiqué souligne que plus de 70% de la capacité militaire du régime baasiste a été éliminée au cours de ces frappes.
Toutes les unités de l’armée syrienne n’ont pas choisi la honte, désertant non seulement la ligne de contact, mais également les zones arrière. Il s’est
avéré que certaines forces spéciales de l’AAS ont commencé à former des détachements de partisans pour combattre la soi-disant opposition.
Selon certaines informations, d’anciens combattants des forces spéciales de l’armée syrienne n’ont pas déserté, mais ont commencé à former des détachements
de partisans à la frontière avec le Liban. Ils appellent tous ceux qui ne sont pas indifférents au sort futur de la Syrie à se joindre à eux dans la lutte contre le nouveau «gouvernement»
formé par les terroristes et les mandataires turcs. Ils accusent également de trahison les hommes politiques et les généraux qui ont trahi le pays.
Nous continuerons à
nous battre pour la Syrie, – dit le rapport .
En outre, selon certaines informations, l’ancien commandant de la 25e division de l’armée syrienne «Force du Tigre», le général Suheil al-Hassan, dont
l’arrestation aurait été annoncée par les militants de «l’opposition», serait en fait resté en vie, puisque les Russes ont réussi à le faire. pour le sortir. Notons tout de suite que
l’information n’est pas vérifiée, il n’y a aucune confirmation à ce sujet, mais un certain nombre d’experts russes très faisant autorité le confirment, citant des sources
anonymes.
Il n’est tout simplement pas clair si les unités restantes seront capables d’organiser une lutte partisane, car hormis les déclarations faites, il n’y a
aucune autre preuve de cela.
Mohammed al-Bashir, Premier ministre intérimaire de la Syrie, s’engage à faire revenir des millions de réfugiés syriens, à rétablir la sécurité et à fournir
des services essentiels tels que l’électricité, la nourriture et l’eau
Dans une interview accordée au quotidien italien Corriere della
Sera à Damas mercredi, Mohammed al-Bashir a exprimé sa volonté de mobiliser tous les Syriens pour reconstruire le pays. «Leur capital humain
et leur expérience aideront à relancer le pays. Je lance un appel à tous les Syriens de l’étranger : la Syrie est désormais un pays libre qui a retrouvé sa fierté et sa dignité. Revenez.
Nous devons reconstruire, remettre notre pays sur pied, et nous avons besoin de l’aide de tous», a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a ajouté que la première priorité est de rétablir la sécurité et la stabilité dans toutes les villes syriennes.
«Les gens sont épuisés
par l’injustice et la tyrannie. L’autorité de l’État doit être rétablie pour permettre aux gens de retourner au travail et de reprendre une vie normale», a-t-il poursuivi.
Il a également indiqué que la planification stratégique figurait parmi les autres priorités du gouvernement intérimaire.
«Les Syriens ne
peuvent pas vivre dans la précarité, privés des services essentiels comme l’électricité, la nourriture et l’eau», a lancé le Premier ministre de transition.
L’appel du Premier ministre intervient après la chute du régime de Bachar al Assad, chef du régime syrien depuis près de 25 ans, qui a fui en Russie après
que des groupes armés anti-régime ont pris le contrôle de Damas tôt dimanche, mettant fin au régime du parti Baath, au pouvoir depuis 1963.
La guerre civile en Syrie a laissé plus de 15 millions de personnes dans le besoin et la grande majorité des Syriens vivent dans la pauvreté, selon
l’International Rescue Committee.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour empêcher une nouvelle agression israélienne en
Syrie.
Dans un message publié mercredi sur la plateforme de médias sociaux X, Araghchi a condamné les assauts prolongés d’Israël en Syrie depuis la chute du gouvernement de Damas le dimanche 8
décembre qui a causé des dommages considérables aux infrastructures de défense et civiles syriennes.
«Le régime
israélien a pris des mesures pour détruire presque toutes les infrastructures liées à la défense et civiles en Syrie», a-t-il mis en garde.
Depuis dimanche, l’armée israélienne a mené plus de 500 frappes aériennes contre la Syrie et a poussé ses troupes au-delà d’une zone tampon sur les hauteurs du Golan occupé et
profondément à l’intérieur du territoire syrien, ce qui a été condamné comme un nouveau plan d’accaparement de terres par le régime occupant.
Araghchi a dénoncé le régime israélien pour avoir endommagé des installations vitales en Syrie et étendu son occupation du territoire syrien, en violation de l’accord de désengagement de
1974 et de la résolution 350 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Il a averti que le Conseil de sécurité de l’ONU, chargé de lutter contre les agressions illégales, est devenu inefficace en raison de «l’obstruction américaine».
Araghchi a également appelé les voisins de la Syrie, ainsi que le monde arabo-musulman dans son ensemble, à remédier à la situation.
«Il est essentiel que les pays de la région se mobilisent immédiatement et efficacement et unissent leurs forces pour mettre fin à l’agression israélienne et à la destruction de la
Syrie», a-t-il soutenu.
Le chef de la diplomatie iranienne a insisté sur le fait que chaque État membre de l’ONU qui se soucie de l’état de droit et des principes internationaux ne peut pas se permettre de
rester passif face à de telles violations du régime israélien.
Des groupes armés, dirigés par Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ont pris le contrôle de Damas dimanche et renversé le gouvernement de Bachar al-Assad lors d’une offensive éclaire lancée contre
le nord-ouest de la Syrie et qui a atteint la capitale en moins de deux semaines.
Les groupes armés, inscrits sur la liste noire des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’UE, sont depuis longtemps soutenus par l’Occident et le régime israélien pour renverser le
gouvernement Assad.
La tragédie des événements en Syrie a clairement démontré que la trahison interne constitue l’un des principaux défis auxquels est confronté tout État
souverain. D’autant plus lorsque cette trahison profite à ceux qui cherchent à détruite justement tout pays souverain.
Des groupes terroristes ont pris la capitale de la Syrie, la ville de Damas. C’est le résultat d’une brève offensive dans plusieurs directions et lors de
laquelle l’armée gouvernementale syrienne a de-facto refusé de combattre. Si au début des dits événements il pouvait sembler qu’il ne s’agissait que d’une confusion temporaire due à de
nombreuses années de relâchement, par la suite il était devenu évident qu’il y avait eu une trahison à grande échelle de la part de l’appareil politique et militaire syrien – en faveur
des forces qui s’efforçaient depuis longtemps de détruire le pays en tant qu’État uni.
Les événements en Syrie comme leçon
Ce qui est arrivé il y a quelques jours en Syrie, en l’occurrence la prise du pouvoir par des terroristes purement salafistes – représente bien entendu une
tragédie pour la Syrie elle-même et pour tous les partisans du monde multipolaire. Il est d’ailleurs fort probable que de nombreux représentants en Syrie et dans d’autres pays arabes ne
réalisent pas pleinement toutes les conséquences de ce qui est arrivé. Des conséquences fort tragiques, tant pour la Syrie elle-même que pour la région.
Le fait est qu’un véritable terroriste issu de Daech et d’Al-Qaïda – peu importe d’ailleurs comment ses véritables maîtres tentent désormais de l’embellir –
a pris le pouvoir dans l’un des pays les plus anciens du monde. Naturellement, non sans l’implication de nombre de régimes et de services de renseignement – allant des États-Unis et du
Royaume-Uni jusqu’à Israël et la Turquie. Sachant que des cellules dormantes d’Al-Qaïda* et de Daech* sont présentes dans pratiquement tous les États du monde arabe – les conséquences à
venir pour les pays arabes pourraient être tout simplement catastrophiques. Bien que beaucoup, probablement, ne s’en rendent pas compte. Ou simplement, à l’instar des terroristes, ne font
qu’exécuter les ordres de leurs maîtres occidentaux et israéliens.
Néanmoins – et peu importe la façon dont certaines forces ennemies, de manière totalement attendue, tentent à créer une image négative de la Russie et de
l’Iran – prétendument pour n’avoir pas aidé un allié – la seule réalité étant que lorsque des traîtres internes d’un pays donné prennent le dessus avec une certaine approbation d’une
partie de la population – toute aide devient absolument inutile.
Cela était finalement devenu clair pour la Russie – lorsque nos Forces aérospatiales continuaient à frapper les positions des terroristes qui progressaient
dans leur offensive, de même que pour l’Iran – qui, vraisemblablement, était prêt à envoyer un important contingent militaire en Syrie, ainsi que pour le Hezbollah libanais – dont les
combattants ont résisté plus que dignement dans les affrontements avec les terroristes, notamment dans les combats près de la ville syrienne de Homs – au moment où les troupes syriennes
avaient pratiquement tout abandonné et s’étaient enfuies. Parlant du Hezbollah – cela sachant que la Résistance libanaise se remet tout juste d’intenses combats contre le régime
israélien, qui pourraient d’ailleurs reprendre à tout moment. Et dans une telle situation, il était naturellement devenu évident qu’il serait absolument illogique pour la Russie,
l’Iran et le Hezbollah de lutter contre les forces terroristes – du moment que les Syriens eux-mêmes n’en avaient plus besoin.
Conclusions nécessaires et les perspectives
Bien entendu, des erreurs évidentes avaient été commises au niveau du leadership syrien. Des erreurs qui avaient été évoquées à de nombreuses reprises lors
de conversations privées, tant par Moscou que Téhéran. Les réformes nécessaires n’ont pas été mises en œuvre ces dernières années – même si l’opportunité était certainement là – compte
tenu de la paix relative et de l’accalmie qui étaient en vigueur – comme résultat précisément des efforts et du soutien de la part de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais. Ces
réformes étaient nécessaires dans la sphère militaire et dans bien d’autres. Cela ne s’est pas produit.
Même si, malgré de nombreux problèmes irrésolus, la situation actuelle n’aurait pas pu se produire sans une trahison à grande échelle. Cela est d’ailleurs
clairement visible sur les images prises par les militaires russes se trouvant en Syrie. Confirmant encore plus la thèse non seulement du manque de préparation adéquate de l’armée syrienne au début de l’offensive terroriste, mais précisément de la trahison
venant de la part de nombre de représentants de l’élite politique et militaire syrienne.
Quels étaient les acteurs externes impliqués ? Très certainement les mêmes Anglo-Etasuniens, ainsi que le régime israélien, la Turquie d’Erdogan, bien
que l’implication d’un certain nombre d’États arabes est fort probable aussi. Quoi qu’il en soit, cela est désormais une question secondaire. L’essentiel étant que les partisans du
monde multipolaire doivent activement surveiller toute tentative de trahison à l’intérieur de leurs pays – et les éradiquer dès le tout premier stade des tentatives de déstabilisation. De
la manière la plus dure qui soit. En plus de devoir réaliser toutes les réformes nécessaires – dans tous les domaines clés.
Quant aux ennemis et adversaires de l’ordre mondial multipolaire, les grands problèmes pour eux ne font que commencer. Menant une guerre sur plusieurs
fronts contre la Russie et ce dans différentes parties du monde, les représentants de la minorité planétaire occidentale et leurs agents voulaient provoquer un nouveau front chaud pour
notre pays. Cela n’a pas fonctionné – leurs plans ont été parfaitement compris par le leadership russe. Cela signifie que tous les nouveaux problèmes syriens tomberont désormais sur les
ennemis du monde multipolaire. Y compris l’activation des terroristes d’Al-Qaïda* et de Daech*, un nouveau flux massif potentiel de réfugiés, et aussi tout simplement des menaces pour
leur propre sécurité – puisque les Occidentaux et consorts n’ont toujours pas réalisé que contrôler indéfiniment des terroristes est impossible. Tôt ou tard, ils deviennent
incontrôlables, avec toutes les conséquences qui en découlent.
Donc à tous les initiateurs de cette campagne, il faudrait souhaiter du «succès» ultérieur, d’autant plus que les alliés d’hier commencent déjà à se dévorer
les uns les autres. Les pro-turcs contre les Kurdes pro-étasuniens des soi-disant FDS, le tout avec l’implication directe des terroristes d’Al-Qaïda, de Daech, ainsi que des régimes
étasunien et israélien. De notre côté, il est désormais possible d’observer sereinement. D’autant plus que le leader syrien Bachar al-Assad est désormais en Russie et a évité le sort de
Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi. Quant aux Syriens qui se réjouissent des changements pour le «meilleur» – ils pourront s’immerger au maximum dans le monde du chaos total et de
l’arbitraire – pardon – de démocratie, de liberté et de progrès. Et enfin en ce qui concerne les traîtres internes – ils finissent toujours mal.
Israël détruit toutes les infrastructures militaires et de défense syriennes. L’une des plus anciennes civilisations du monde va devenir un terrain de
jeu pour les prédateurs
Plus de 350 frappes aériennes israéliennes ont visé le territoire syrien au cours des dernières heures. L’ennemi israélien occupe en Syrie un territoire
équivalent à deux fois la taille de la bande de Gaza, et son armée se trouve à moins de 40 km de Damas, la capitale.
Après 48 heures plutôt mouvementées, je suis à l’abri et je reprendrai très bientôt mes activités normales d’écriture et de diffusion. J’ai eu une heure
pour faire une valise, emmener un chien et passer une frontière envahie par des voyous armés qui pillent et se battent entre eux pour le butin. La nuit précédente, j’avais été assiégée
par des groupes armés qui tiraient en l’air pour célébrer leur «victoire»,
tandis qu’Israël commençait à utiliser des bombes «bunker
buster» sur les sites militaires syriens et la défense aérienne à proximité de la maison. La maison a tremblé de fond en comble. À 10 heures du matin, des camions remplis de
voleurs armés sont arrivés et ont frappé à ma porte d’entrée. J’étais au téléphone avec un ami qui m’a supplié de trouver une arme – il est clair que je n’en ai pas. Je leur ai crié
dessus de l’intérieur et les chiens sont devenus fous. Après trois coups, ils sont partis.
J’ai beaucoup d’autres choses à raconter dans les jours à venir. Les médias sociaux sont un fouillis de mensonges, de désinformation et d’hypocrisie pure et
simple. Merci à tous ceux qui ont envoyé des courriels et des messages, cela m’a vraiment remonté le moral qui était au plus bas.
J’ai écrit cette note ce matin. J’ai besoin de beaucoup de temps pour digérer cette perte pour le monde entier et pour moi, en tant qu’être humain, qui
voyait mon avenir dans ma Syrie bien-aimée.
Quiconque peut expliquer pourquoi le discours d’adieu préenregistré de Assad et la possible explication de ces événements catastrophiques n’ont pas été
diffusés, comme prévu, après son départ du pays, est prié d’entrer en contact avec nous.
Tous les traîtres qui se retournent aujourd’hui contre Assad pour protéger leurs intérêts – vous étiez en mesure de dire quelque chose pendant 14 ans.
Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
Je ne reproche à personne d’adopter la nouvelle ère. Les gens en Syrie sont isolés et ont peur, certains sont terrifiés.
Les vautours des grands médias affluent pour griffer le cadavre de l’une des plus anciennes civilisations du monde. L’histoire sera révisée, comme elle
l’est toujours, par le vainqueur. Si seulement le vainqueur était véritablement syrien et issu de la base, et non une force terroriste incubée dans les sites noirs de la #CIA et renforcée
par Israël et l’alliance collective occidentale d’hégémonie sans pitié.
La Syrie va devenir le creuset aveugle d’intérêts étrangers, de pillage des ressources et de nouveaux accaparements de terres par les sionistes. Une nation
sans armée et sans infrastructure militaire n’est pas une nation. C’est un terrain de jeu pour les prédateurs.
Voici le bilan des frappes israéliennes menées jusqu’à présent contre les infrastructures militaires et de défense syriennes :
Une escadrille de 30 avions israéliens survolant la Syrie frappe des installations militaires et de défense aérienne.
– L’armée de l’air israélienne a pris pour cible le siège de l’administration de la guerre électronique près d’Al-Bahdaliyah, à proximité de la ville de
Sayyida Zeinab, dans la campagne de Damas.
– Israël bombarde des centres de recherche scientifique à Barzeh (Damas), la 47e brigade à Hama et l’aéroport pour hélicoptères à Aqraba.
– Frappes aériennes israéliennes sur la région de Yafour, dans la campagne de Damas.
– Des avions de guerre israéliens bombardent le port de Lattaquié. Selon certaines informations, les attaques visaient des navires militaires ancrés dans le
port.
Israël exploite l’effondrement de l’État en Syrie et détruit toutes les capacités stratégiques de l’armée syrienne afin d’empêcher quiconque d’en profiter à
l’avenir pour reconstruire une armée forte.
Les avions de guerre israéliens sont désormais capables de pénétrer dans l’espace aérien syrien et d’utiliser des bombes qui détruisent les bunkers.
Israël a détruit toutes les bases de défense aérienne et tous les aéroports militaires syriens et s’attaque désormais de manière intensive aux entrepôts de
missiles balistiques et aux usines d’armement.
Les maisons de Damas tremblent en raison de l’intensité des frappes aériennes israéliennes successives.
Des dizaines de frappes aériennes israéliennes sont actuellement menées dans différentes régions de la Syrie.
Raids israéliens sur l’aéroport de Qamishli dans le nord-est de la Syrie.
Frappes aériennes israéliennes sur Jableh, sur la côte syrienne.
Israël a renouvelé ses frappes aériennes sur l’aéroport militaire d’Aqraba dans la campagne de Damas et sur la zone de Shinshar au sud de Homs.
Frappes aériennes israéliennes sur l’aéroport militaire Basil Al-Assad à Jableh.
Ces derniers jours, les médias officiels de pays occidentalo-arabo-sionistes, comme les utilisateurs malveillants de réseaux sociaux encore plus
malveillants qu’eux, ont tenté une fois de plus de lobotomiser les peuples en prétendant, photos et vidéos à l’appui, que le président syrien est bel et bien le boucher du peuple et que
le Front al-Nosra, alias HTS, fait effectivement du bon boulot en Syrie.1.
Pour cela, ils ont mis à profit la libération des détenus du «régime» de la prison de Sednaya. Une amie s’est même écriée : «Comment ça, tu ne
regardes pas BFM, LCI, CNews etc. ? Comparé à ce que ces chaînes nous montrent, l’Holocauste n’est plus au sommet de l’horreur. Ils nous ont montré des enfants, presque des bébés, des
fosses publiques conservées dans du sel…».
Mais, pour une fois, la vérité a vite été révélée par la Défense civile syrienne et l’Association des détenus rattachée aux Nations unies. Ce qui fait que
certains médias ont été bien obligés d’admettre cette vérité, comme l’a fait prudemment France
24 en langue arabe.
LA RECHERCHE DU VERSANT FRANÇAIS DE L’ÉMISSION DE FRANCE
24 INTITULÉE «VÉRITÉ OU
MANIPULATION ?» AYANT ÉTÉ INFRUCTUEUSE, EN VOICI LA TRADUCTION :
La prison de Sednaya, de mauvaise réputation, a occupé une place centrale au sein des réseaux sociaux suite à la mainmise des factions de «l’opposition» et
la libération de ses prisonniers. La plateforme X a été envahie par des images poignantes de la libération des prisonniers, parmi lesquelles cette vidéo (image 0.11). D’après les
utilisateurs, elle montre un prisonnier dans un état pitoyable et amnésique.
image
0.11
Mais, en même temps, des séquences trompeuses se sont propagées, dont cette photo publiée sur X (image 0.41), les utilisateurs prétendant qu’elle
correspondait à l’instant même où un prisonnier a été trouvé dans l’un des étages souterrains de la prison de Sednaya.
image
0.41
Néanmoins, les recherches ont montré que cette information est inexacte. Nous avons retrouvé cette photo dans une vidéo publiée sur un compte TikTok (image
0.57). Elle montre un jeune homme sortant d’un creusage souterrain tenant une énorme araignée dans sa main, avec la mention : Créée par IA… Autrement dit, elle ne montre pas un réfugié
syrien comme l’ont prétendu les utilisateurs de cette plateforme.
image
0.57
Une autre vidéo largement propagée sur la plateforme X, par des utilisateurs prétendant documenter l’état d’un prisonnier syrien enfermé dans une cellule
individuelle (image 1.38), s’est révélée également trompeuse. Nous l’avons retrouvée sur YouTube. La vidéo est ancienne et date de 2017. Il s’agit d’une représentation artistique d’une
cellule de prison exposée dans un musée vietnamien, non d’un prisonnier syrien sorti de la prison de Sednaya.
image
1.38
Une autre séquence, également propagée sur la plateforme X par des utilisateurs prétendant qu’elle concerne un prisonnier politique syrien ayant passé 30
ans dans les prisons du parti Baas ; lequel, après sa libération s’est rendu sur les tombes de ses fils tués par le «régime» pendant la guerre, ou la révolution syrienne (image 1.57).
Après vérification, il s’avère que cette séquence ne correspond pas à ce que prétendent les utilisateurs. En effet, la vidéo est estampillée «Al-Qods», date du 14 novembre 2024, et montre
un prisonnier palestinien rendu sur les tombes de ses deux fils à Berkin (Ouest de Jénine en Cisjordanie).
image
1.57
Parallèlement, certains ont affirmé qu’il existait des prisonniers syriens enfermés dans des cellules secrètes souterraines, dont ce compte (à 2’56 de la
vidéo de France 24) qui a
prétendu que ces cellules s’étendaient sur 3 étages avec des milliers de prisonniers.
Cependant, l’Association des détenus et des disparus a publié une déclaration affirmant qu’il ne reste désormais aucun détenu dans la prison de Sednaya. De
son côté, la Défense civile syrienne a déclaré sur la plateforme X que ses différentes équipes n’ont trouvé jusqu’ici aucune cave ou porte secrète dans cette prison. Mais, en dépit de ces
affirmations, voici une vidéo (image 3’28) qui affirme que les fouilles continuent à la recherche d’éventuels prisonniers… ».2
image
3’28
CE QUE NE DIT PAS FRANCE
24 :
Ce que ne dit pas ou n’a pas remarqué la journaliste de France
24 sur cette (image 3’28) est que la tenue de cet homme, qui continue apparemment à piocher, évoque très fortement l’uniforme de l’organisation des Casques
blancs, ces fameux usurpateurs d’identité, associés au Front al-Nosra et désormais membres de la défense civile du gouvernement HTS. La preuve en est que Mme Farah al-Atassi,
membre éminent de l’opposition syrienne aux États-Unis, a déclaré il y a deux jours que ce sont les Casques blancs, entraînés à Idlib par les forces de la prétendue opposition
démocratique et laïque, qui se sont chargés de l’ouverture des prisons syriennes.3
Une image qui, à la lumière des événements actuels en Syrie, explique pourquoi Washington a tenu à inviter le Directeur des Casques blancs, Raed al-Saleh, à
participer à la session du Conseil de sécurité de l’ONU tenue le 3 décembre dernier4.
En effet, le communiqué de presse de l’ONU nous dit que la délégation russe, scandalisée par son odieuse présence, a demandé que sa participation soit mise aux voix et que Washington l’a
emporté avec 11 voix pour, 2 contre (Chine et Fédération de Russie) et 2 abstentions (Algérie et Mozambique).
Ainsi, Raed al-Saleh a pu s’exprimer très longuement, revêtu de cet uniforme permettant d’identifier sur le terrain les membres de cette prétendue
organisation humanitaire, créée pour servir les ambitions colonialistes occidentalo-sionistes et soutenir les organisations extrémistes.
ET ISRAËL NE FAIT QUE SE D֤ÉFENDRE :
Finalement, tout a été programmé et mis en œuvre pour détourner les regards de ce qui se passe au Levant et surtout occulter les crimes d’Israël qui ne fait
que se défendre. À croire que viendra le jour où il ne pourra plus se défendre que contre lui-même, quoiqu’il ne soit pas exclu que même dans ce cas, Washington et le monde qui se dit
judéo-chrétien le défendront, alors qu’après avoir empoisonné l’Islam, ils viennent de massacrer la vraie chrétienté, celle de son berceau levantin.
Le message de M. Ghassan Chami
Ceux qui appellent à «la bataille pour la
préservation des preuves des crimes du régime Al-Assad»5,
comme ceux qui font mine de croire que les révolutionnaires terroristes auraient muté en colombes de paix et de tolérance feraient bien d’écouter le message de M. Ghassan Shami6 et,
aussi, de visionner sa vidéo postée ce matin sur sa page FB. En voici la traduction :
«Aux patriarches
d’Antioche et de tout le Levant,
À tous ceux qui
croient en la liberté des croyances,
Aux églises
d’Occident en dépit de leur silence,
Assez de
dhimmitude.
Haussez la
voix.
Les promesses
rassurantes d’Al-Joulani et de son clan aux chrétiens n’ont duré qu’un seul jour, au bout duquel les Takfiris ont repris leur habitude et se sont mis à profaner et à saccager l’église
Sainte-Sophie d’Al-Suqaylabiyah dans la région de Hama (une réplique réduite de Hagia Sophia à Istanbul, construite par la volonté et la foi de ses habitants grecs
orthodoxes).
Ce qui est étrange
est que l’évêque grec orthodoxe de Hama Nicolas Baalbaki qui l’a consacrée et qui a subi un assaut le jour de son inauguration (le 24 juillet 2022 ; Ndt), ainsi que le prêtre Dimitrius
Maher Haddad qui y baptisait les enfants et qui a négocié avec les takfiris au nom de la ville, ont gardé tous deux un silence de tombes.
Bien qu’il soit malvenu de notre part de juger le silence de ces deux hommes d’église et de tous ceux qui se trouvent aujourd’hui à la merci de ces
individus sans foi ni loi, comme si nous avions déjà oublié le massacre de Adra8 et
toutes les autres atrocités dénoncées notamment par feu Nahed Hattar, l’écrivain et journaliste jordanien qui a payé de sa vie sa défense de la Syrie et de la liberté des
croyances.
En revanche, nous pouvons juger la cruauté et la cupidité d’un monde qui se dit civilisé et se fait aujourd’hui complice de ceux qui assassinent et plongent
en enfer un merveilleux pays décrit comme le pilier du ciel : La Syrie.
Au Conseil de sécurité, les délégations se rejettent la responsabilité de la récente escalade des hostilités dans le nord-est de la Syrie https://press.un.org/fr/2024/cs15919.doc
Dans un entretien avec JSF-TV, Thierry Meyssan explique comment les Forces spéciales US, les fantassins turcs et l’armée de l’Air israélienne ont, ensemble, détruit
la République arabe syrienne.
Abou Mohammed al-Joulani, qui de fait détient aujourd’hui le pouvoir à Damas, a une histoire éloquente : il commence sa militance djihadiste dans les rangs
d’Al-Qaïda comme collaborateur de Abou Bakr al-Baghdadi, le «calife» qui en 2013 fonde l’ISIS, l’«État Islamique de l’Irak et de la Syrie». En 2011, pendant la phase préparatoire,
al-Baghdadi l’envoie en Syrie avec des fonds importants pour créer le Front al-Nosra, faction formellement autonome mais en réalité appartenant à l’État islamique.
La faction d’al-Joulani participe dès sa naissance à l’opération USA-OTAN pour démolir l’État syrien. Une des raisons de cette opération est le fait que
Syrie, Iran et Irak avaient signé en juillet 2011 un accord pour un gazoduc qui aurait dû relier le gisement iranien de South Pars, le plus grand du monde, à la Syrie et donc à la
Méditerranée et à l’Europe, créant un corridor énergétique alternatif à ceux qui traversent la Turquie et d’autres parcours, contrôlés par les compagnies étasuniennes et
européennes.
La guerre couverte en Syrie commence par une série d’attentats terroristes, effectués surtout à Damas et Alep. Des centaines de forces d’élite britanniques
SAS opèrent en Syrie, avec des unités étasuniennes et françaises. Le commandement des opérations est à bord de navires OTAN dans le port d’Alexandrette en Turquie. La force de choc est
constituée par une armée de groupes islamistes provenant d’Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie, Libye et autres pays. Les armes arrivent à travers un réseau international organisé par la
CIA, qui les fournit aux groupes infiltrés en Syrie, d’abord entraînés en territoire turc et jordanien. L’opération est dirigée par le quartier-général avancé du Commandement Central USA
dans la base qatarie d’Al Udeid. En ce point Moscou décide en 2015, à la demande de Damas, d’intervenir directement en soutien de l’armée syrienne. L’intervention, effectuée par des
forces aériennes, démontre que la «Coalition anti-ISIS» conduite par les USA faisait semblant de combattre l’ISIS. En un peu plus de deux ans la coalition russo-syrienne libère environ
les trois quarts du territoire national, tombés dans les mains de l’ISIS et autres mouvements soutenus par les USA.
En 2016 al-Joulani interrompt formellement les liens avec Al-Qaïda, en rebaptisant le groupe Jabhat Fatah al-Sham puis Hayat Tahrir al-Cham (HTS) en 2017.
Sous Joulani, l’HTS devient la force dominante à Idlib, la plus grande place-forte des «rebelles» dans le Nord-Ouest de la Syrie. Soutenue notamment par la Turquie, la faction
d’al-Joulani se prépare pendant une année à l’opération en Syrie. Elle est dans cet objectif armée à travers des canaux secrets et entraînée par les forces spéciales Khimik du
Renseignement ukrainien. Entrée en Syrie le 8 novembre, la faction armée islamiste d’al-Joulani avance rapidement et conquiert Damas le 7 décembre. L’armée syrienne n’oppose aucune
résistance significative, symptôme d’une désagrégation interne avérée par le fait que, alors que le président Assad reçoit l’asile en Russie, le personnel de l’ambassade syrienne à Moscou
hisse le drapeau des «rebelles» islamistes qui viennent de conquérir Damas.
Tandis que les États-Unis confirment être en contact avec les «rebelles» à travers la Turquie, Israël s’approprie une autre morceau de territoire syrien sur
les Hauteurs du Golan et effectue des centaines d’attaques aériennes, définies comme «défensives», contre des ports et aéroports syriens. La conquête de la Syrie par ces forces constitue
un coup dur à la fois pour l’Iran, qui voit s’affaiblir le front de résistance à l’offensive israélienne au Moyen-Orient soutenue par USA, OTAN et UE, et pour la Russie qui perd quasi
certainement l’accès au port syrien de Tartous, unique port d’ancrage pour ses navires militaires en Méditerranée, et risque le ralentissement ou l’interruption du Corridor de Transport
Nord-Sud qui, à travers le Moyen-Orient, lui permet de contourner le blocus à l’Ouest.
La volonté d’obtenir la défaite de la
Russie dans le conflit ukrainien a incité les États-Unis, l’OTAN et l’Occident collectif à déployer les outils de la terreur à l’échelle mondiale, ce qui a conduit à la chute de Bachar
al-Assad en Syriele 8 décembre 2024, à la suite d’un
conflit décennal et multidimensionnel.
Depuis leurs salons feutrés, les dirigeants occidentaux contemplent avec une certaine distance les ruines de la Syrie. Un spectacle qui, semble-t-il, les
amuse autant qu’il les intrigue.
Car, après tout, n’est-ce pas là le résultat logique de leurs interventions bienveillantes ?
Ce conflit complexe, loin de se limiter à un simple enjeu local, s’est mué en un véritable laboratoire du terrorisme international. L’État islamique a su
tirer parti des faiblesses du pouvoir central et des divisions internes pour s’étendre. Les répercussions dépassent largement les frontières syriennes :
Flux massif de réfugiés, déstabilisation régionale, prolifération des armes et montée en puissance des réseaux
terroristes.
La récente déclaration de
Lavrov à Doha met en lumière l’urgence d’une solution politique négociée pour freiner ce cycle de violence et prévenir de futures escalades. La Syrie est désormais un sanctuaire
pour des groupes terroristes aux ambitions mondiales, qui exploitent le chaos pour recruter, planifier des attaques et diffuser leur idéologie. Empirée par la chute de Bachar, la
menace terroriste appelle une coopération internationale intensifiée pour désamorcer les réseaux extrémistes. En parallèle, la guerre redéfini les équilibres géopolitiques régionaux,
compliqués par les interventions étrangères, notamment des États-Unis et de l’OTAN. La reconstruction du pays, un défi colossal, exigera des investissements conséquents et une étroite
coordination internationale. Bien que le dialogue entre grandes puissances semble s’ouvrir, les intérêts divergents et la méfiance persistent. C’est pourquoi, lors de la 22ème session
du Forum de
Doha le 7 décembre 2024, le ministre des Affaires étrangères de la fédération de Russie, Lavrov a fermement souligné l’importance de préserver la souveraineté, l’intégrité territoriale et
l’unité de la Syrie, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a condamné vigoureusement toute tentative des groupes terroristes, tels qu’Hayat Tahrir al-Cham,
de déstabiliser le pays. Lavrov a également insisté sur l’inadmissibilité d’utiliser ces groupes à des fins géopolitiques, notamment à partir de la zone de désescalade d’Idlib. Son
engagement est clair : Empêcher à tout prix ces éléments de triompher, indépendamment de leurs déclarations de renonciation au terrorisme.
Un conflit complexe aux répercussions
durables
La guerre en Syrie, loin d’être un simple conflit local, est devenue un maelström où s’entrecroisent les intérêts des puissances régionales et
internationales, les aspirations de nombreux groupes armés, et les souffrances d’une population civile prise en otage. Ce conflit multifacette a transformé le paysage politique, social et
géographique du pays, laissant des cicatrices profondes. La chute de
Bachar, sponsorisée par l’Occident en complicité avec certains pays de la région, a fait de la Syrie un véritable laboratoire du terrorisme, favorisant la prolifération de groupes
extrémistes comme l’État islamique (interdit en Russie). Les répercussions dépassent les frontières syriennes, menaçant de déstabiliser les régions voisines et réarrangeant la
géopolitique mondiale. Dans ce contexte, l’appel à la raison de Lavrov à Doha souligne l’urgence d’une solution politique globale. Ayant donc entrainé la chute de Bachar, la guerre en
Syrie devient de plus en plus une crise systémique aux implications profondes, nécessitant une action urgente pour atténuer les souffrances et prévenir une escalade.
La menace terroriste, un défi
transfrontalier
Facteur du retour de l’état de guerre sur la scène mondiale, la menace terroriste en Syrie représente un défi transfrontalier d’une complexité croissante,
transformant le pays en un terreau fertile pour le radicalisme et en une école du terrorisme. Profitant du chaos généré par la chute de Bachar al-Assad, les groupes terroristes exploitent
le vide sécuritaire pour endoctriner et former une nouvelle génération de combattants. Leurs ambitions dépassent les frontières syriennes, menaçant la région entière et au-delà grâce à
des réseaux sophistiqués pour l’approvisionnement en armes et la coordination d’attentats spectaculaires. Face à cette menace multiforme, la communauté internationale est confrontée à un
défi requérant une réponse globale et une coopération internationale exemplaire, malgré les divergences politiques. Il est crucial d’adresser les liens entre terrorisme et criminalité
transnationale, de considérer l’impact dévastateur sur les populations civiles syriennes, et d’analyser le rôle des nouvelles technologies dans la diffusion de l’idéologie extrémiste.
Car, la lutte antiterroriste nécessite une détermination sans faille et une approche critique pour enrayer cette menace à la sécurité internationale, comme le déclare Lavrov lors de la
réunion de Doha.
Les enjeux géopolitiques et les défis
de la reconstruction
Aujourd’hui, les enjeux géopolitiques et les défis de la reconstruction en Syrie sont au cœur de l’échiquier international. Après des années de conflit, la
Syrie s’ouvre comme un vaste chantier où la complexité technique et financière se mêle à un jeu stratégique d’influences, particulièrement marqué par l’implication constante de la Russie
aux côtés du gouvernement syrien, et le soutien antinomique des États-Unis et ses alliés aux groupes terroristes. La reconstruction représente donc une opportunité économique colossale,
estimée à plusieurs centaines de milliards de dollars, attirant les regards des voisins proches (dont certains ont déjà lancé des manœuvres dilatoires) et des puissances occidentales
désireuses de relancer leurs économies et de renforcer leurs relations commerciales. Cette entreprise ne peut toutefois réussir sans une stratégie de financement transparente et
équitable. Politiquement, les diverses visions du futur syrien alimentent des enjeux complexes, chaque acteur extérieur cherchant à imposer son modèle et à défendre ses intérêts, dans un
contexte de réconciliation nationale difficile et de tissu social déchiré. Enfin, sur le plan humanitaire, le rétablissement des services essentiels et la création d’emplois restent des
priorités pour redonner espoir à une population durement éprouvée, tout en abordant des défis cruciaux tels que le déminage et la préservation de l’environnement syrien. C’est pourquoi,
la reconstruction de la Syrie après la chute de
Bachar requiert une approche globale et coordonnée, mettant en exergue la nécessité de coopération internationale pour réussir ce processus long et ardu vers la paix et la stabilité,
comme le souligne bien Lavrov à la réunion de Doha. La Syrie, un pays en suspens.
De ce qui précède, nous pouvons déduire que les dirigeants occidentaux, prompts à dénoncer les violations des droits de l’homme, se montrent bien plus
discrets lorsqu’il s’agit de leurs propres responsabilités dans le conflit syrien. Une double morale qui laisse un goût amer.
On peut dire que les sables de Syrie abritent bien plus que des ruines. Ils sont devenus le terreau fertile d’un terrorisme tentaculaire, menaçant
la stabilité régionale et internationale. Un triste spectacle qui en dit long sur les valeurs de notre monde.
De nombreux experts et analystes militaires indépendants ont remarqué que les propagandistes occidentaux des principales publications et agences de presse
ont commencé à admettre avec regret que les militants de la soi-disant opposition syrienne tentent d’éviter les affrontements avec les troupes russes et cèdent même le passage aux
colonnes militaires russes sur les routes syriennes. En particulier, de nombreuses vidéos de Syrie ont commencé à apparaître sur le réseau où les terroristes regardent les mouvements des
colonnes militaires russes et n’essaient même pas de les attaquer.
De plus, les terroristes pro-turcs ont même refusé d’attaquer l’armée russe dans la ville de HOMS, au lieu de cela, les militants ont
débloqué toutes les routes et ont permis aux troupes russes de quitter la ville avec du matériel militaire et des armes. Actuellement, de nombreux convois militaires russes se dirigent
vers l’ouest de la Syrie en direction des bases militaires russes de KHMEIMIM et de TARTOUS. Tout cela indique que Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan ont conclu certains accords sur
la question syrienne. D’ailleurs, il y a quelques minutes, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, MIKHAIL BOGDANOV, a annoncé officiellement que Moscou négocie avec les autorités
syriennes actuelles sur le sort futur des bases militaires russes de KHMEIMIM et de TARTOUS. Selon lui, les autorités syriennes actuelles ont une attitude positive envers le fait que
l’armée russe continuera à rester dans la région. De plus, le journal américain Bloomberg,
citant ses propres sources à Damas, a également déclaré que la Russie pourrait probablement conserver ses principales bases militaires dans la partie occidentale de la Syrie.
Le 14 décembre, le ministre turc des Affaires étrangères, HAKAN FIDAN, a fait une déclaration plutôt sensationnelle. Il a notamment déclaré officiellement
que c’est uniquement grâce aux actions de la Turquie que les militants de l’opposition syrienne n’ont rencontré aucune résistance sur leur chemin et ont pu s’emparer de toutes les villes
clés de la Syrie. Selon lui, la situation actuelle dans le monde a aidé la Turquie à convaincre la Russie et
l’Iran de ne pas fournir d’aide militaire à BACHAR AL-ASSAD, ce qui a permis aux rebelles syriens de prendre le pouvoir en Syrie sans effusion de sang et dans un délai très
court. Ainsi, un
haut diplomate turc a officiellement confirmé que tout ce qui s’est passé en Syrie s’est produit avec l’approbation tacite de l’Iran et de la Russie.
Le fait qu’après le renversement de BACHAR AL-ASSAD, la Russie ait conservé son ambassade à Damas et les principales bases militaires de KHMEIMIM et de
TARTOUS indique que Vladimir Poutine avait vraiment une sorte d’accord avec son homologue turc. D’ailleurs, il y a quelques jours, Recep Tayyip Erdoğan a également
laissé entendre qu’il existe des accords entre la Turquie et la Russie. Dans une interview accordée à des journalistes, le leader turc a déclaré que Vladimir Poutine et
lui-même étaient les hommes politiques les plus expérimentés du monde. Cependant, malgré les allusions claires de la Turquie selon lesquelles le renversement de Bachar al-Assad a eu lieu
avec l’approbation tacite du président russe, certains aspects de ce qui s’est passé sont vraiment difficiles à croire.
Le fait est que la Russie n’acceptera jamais que les terroristes du groupe TAHRIR AL-CHAM prennent le pouvoir en Syrie. De plus, Vladimir
Poutine sait très bien qu’il existe en Syrie un grand nombre d’armes soviétiques et russes qui peuvent être utilisées par l’Occident contre l’armée russe en Ukraine, où Moscou est à un
pas de la victoire. D’ailleurs, les craintes du Kremlin concernant les stocks importants d’armes de l’ancienne armée syrienne sont pleinement justifiées. Le fait est
que le 13 décembre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé en Turquie où il a tenté de convaincre Recep Tayyip Erdoğan de l’importance de transférer toutes les armes de
l’armée syrienne au régime de Kiev.
Il s’agit de plus de 2,152 millions
d’obus d’artillerie de 122 mm, de 5000 unités de chars T62, T72 et T90 et même de 3000 unités de véhicules de combat d’infanterie Bmp1 et Bmp2.
Bien sûr, la plupart de ces équipements militaires sont défectueux. Cependant, même une petite partie d’entre eux peut fournir une aide significative aux
troupes ukrainiennes en retraite. Bien conscient qu’on ne peut pas faire confiance à Erdoğan, surtout étant donné que les États-Unis disposent de leviers d’influence assez efficaces sur
Ankara sous la forme de formations kurdes près de la frontière turque, Vladimir Poutine a résolu ce problème avec l’aide du plus important allié de Washington au Moyen-Orient.
En particulier, des initiés du Kremlin ont affirmé que c’est après une longue conversation
téléphonique entre Vladimir Poutine et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que l’armée de l’air israélienne a commencé à détruire des entrepôts contenant du matériel
militaire lourd dans toute la Syrie. De plus, la Russie a même donné à
Israël l’emplacement exact d’un dépôt d’armes classifié situé dans différentes parties de la Syrie pour leur destruction ultérieure.
Il est rapporté que dans les dernières 48 heures seulement, l’armée de l’air israélienne a mené plus de 200 frappes aériennes sur ces arsenaux, détruisant
une énorme quantité d’équipement lourd, y compris des obus d’artillerie et des armes légères. De plus, le 14 décembre, l’armée de l’air israélienne a également détruit plus de 30
installations militaires sur le territoire du soi-disant Corps informatique de l’ancienne armée syrienne, car il s’est avéré que ces installations militaires contenaient un système de
guerre électronique, des radars et des antennes de communication que les États-Unis prévoyaient de transférer à l’armée ukrainienne.
Ces actions israéliennes ont provoqué
la colère de Washington, car l’administration Biden prévoyait de transférer tous ces types d’armes au régime de Kiev.
Certains sénateurs américains ont même considéré ces actions israéliennes comme un coup de poignard dans le dos. Selon eux, Israël
aurait fourni une aide inestimable à Vladimir Poutine avec ces frappes aériennes. Cependant, le Tel-Aviv officiel a nié toutes ces accusations. Selon les autorités
israéliennes, ces dépôts d’armes en Syrie ont été détruits uniquement sur la base de la sécurité nationale d’Israël, car toutes ces armes pourraient tomber entre les mains de groupes
terroristes. Quoi qu’il en soit, les actions d’Israël ont fait le jeu de Vladimir Poutine et l’armée ukrainienne s’est retrouvée sans armes en provenance de Syrie. En voyant tout cela, il
devient clair que Vladimir Poutine a livré la Syrie aux rivaux géopolitiques de Moscou.
Actuellement, les soi-disant alliés des États-Unis au Moyen-Orient sont engagés dans la division de la Syrie, en particulier après la fuite de Bachar
al-Assad, Israël a lancé une opération terrestre dans la partie sud-ouest de la Syrie et occupé des territoires importants du pays. Dans ce contexte, de nombreux commandants de terrain du
groupe TAHRIR AL-CHAM ont déclaré qu’ils libéreraient non seulement les territoires du sud de la Syrie de l’occupation israélienne, mais aussi Jérusalem elle-même.
Cependant, il semble que ces commandants de terrain devront bientôt se battre contre leurs maîtres turcs. Le fait est que le 13 décembre, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a promis
aux journalistes de rectifier l’erreur de la première guerre mondiale et que des villes syriennes telles que RAQQA, DAMAS, ALEP et IDLIB seraient intégrées à la Turquie.
En outre, des sources internes à Ankara ont déclaré que lors d’une réunion avec le secrétaire d’État Antony Blinken, le président turc avait également
déclaré qu’il avait donné l’ordre d’abattre les avions de combat israéliens s’ils exprimaient le désir d’aider les formations kurdes. Ainsi, sous nos yeux, les alliés actuels se
transforment peu à peu en ennemis prêts à s’entre-tuer pour le droit de posséder le territoire syrien riche en minéraux et en pétrole. Tout ce qui se passe actuellement en
Syrie est très bénéfique pour Vladimir Poutine, car l’échappatoire des terroristes kurdes qui réclament l’indépendance et le désir d’Israël et de la Turquie d’annexer des territoires
syriens sont très distrayants pour l’Occident dirigé par les États-Unis[ils se détournent de
l’Ukraine].
À l’heure actuelle, l’administration Biden fait tout son possible pour empêcher que la situation en Syrie ne dégénère une fois pour
toutes. Tout cela a
un impact très négatif sur le régime de Kiev, soutenu par l’Occident, qui continue de subir une défaite écrasante face à l’avancée des troupes russes. Dans ce contexte, de
nombreux experts indépendants ont exprimé leur confiance dans le fait qu’après la victoire de la Russie en Ukraine, Vladimir Poutine ramènera Bachar al-Assad en Syrie,
d’autant plus que les partisans de l’ancien président syrien sont toujours en Syrie et créent même des détachements partisans afin de libérer leur pays des occupants américains, turcs et
israéliens. D’ailleurs, le fait que les forces spéciales russes aient sauvé le célèbre général syrien SUHEIL AL-HASSAN et l’aient transporté à Moscou montre que nous avons enterré la
Syrie trop tôt.
La lutte pour ce magnifique pays ne
fait que commencer.
Le lundi 9 décembre 2024, les rédactions de France et de Navarre exultent ! Le «tyran» et «boucher» Assad est tombé, après presque quinze années de
guerre de l’Occident, un blocus criminel et des centaines de milliers de morts. L’armée des «rebelles» a vaincu. Des «rebelles» qui sont aussi des «islamistes djihadistes», une
information dont la divulgation est désormais autorisée par la Kommandantur de
l’OTAN». Brrrr», tremble le petit Occidental un peu perdu à vrai dire car, pendant vingt ans, on lui a dit que les «djihadistes» avec des longues barbes (à ne pas confondre avec le père
Noël !) sont les pires ennemis de la démocratie. Mais quelques photos prises cette fois sous le bon angle, une barbe coupée de près et un costume à l’occidental font subitement d’Abou
Mohammad al-Joulani non plus un terroriste dont la tête est mise à prix par le FBI pour 10 millions de dollars, mais un «radical pragmatique», sauveur du peuple syrien et de la
démocratie. Attention toutefois, préviennent les gouvernements et les rédactions (c’est la même chose) en Occident : il ne faudrait pas que la Syrie se disloque dans une guerre ethnique
monstrueuse faisant des centaines de milliers de morts ! Ça n’est évidemment pas le but, ni des pays occidentaux, ni des Israéliens, certes menteurs patentés, massacreurs
génocidaires, promoteurs du terrorisme d’État, mais avant tout «défenseurs de la démocratie» et «bienfaiteurs de l’humanité» comme tout petit Français qui écoute sagement son journal du
matin sur Radio
France ou qui regarde religieusement son journal du soir sur France 2 en
est heureusement et scrupuleusement informé. N’avait-il pas déjà été informé le 21 août 2013, avec la rigueur et l’impartialité qui toujours caractérisent
nos journalistes français, que le massacre de la Ghouta était dû au «boucher» Assad, ce monstre sanguinaire n’hésitant pas à tuer par dizaines de milliers sa propre population ?
*
Cet article reprend
l’entrée no 58 de l’essai «Index obscurus : deux siècles et demi de complots 1788-2022», publié aux éditions
JC Godefroy en janvier 2024. Ce livre s’attache à démontrer combien l’utilisation péjorative du terme «complotiste» n’a pas de sens : les complots, très souvent par le biais
d’attentats sous fausse bannière, pullulent dans l’histoire humaine, et particulièrement dans l’histoire occidentale moderne.
En 2011, la Libye – pays le plus développé du continent africain selon l’indicateur IDH – est ramenée à l’âge de pierre par les bombardements de l’OTAN. Le
chiffre inventé de 6000 manifestants tués par la «répression», brandi par la très corrompue Ligue libyenne des droits de l’homme et repris en chœur par tous les
médias occidentaux, aura conduit à des dizaines de milliers de civils effectivement tués
sous les bombes des avions français, anglais ou américains. Ce «succès» enhardit nos bouchers de l’OTAN, poussés par leur poste avancé israélien au Moyen Orient : la prochaine cible sera
la Syrie. Dès le mois de février 2011, l’ancien candidat à la présidence US John McCain fait convoyer des armes en direction de groupes «islamistes» sous contrôle occidental installés en
Syrie. Le 20 mars 2011, comme pour Benghazi en Libye, un groupe d’émeutiers proches des Frères musulmans s’attaque au Palais de justice de la ville de Deraa puis, se laissant sagement
guider par des agents du Mossad, il s’en prend à un centre de renseignements militaires se consacrant à la surveillance des activités israéliennes sur le Golan occupé. Des snipers,
prétendument de l’armée syrienne, apparaissent sur les toits de Deraa et font plusieurs dizaines de morts, tant du côté des forces de l’ordre que des manifestants. Le président Bachar
el-Assad réagit en promulguant un certain nombre de lois protégeant le droit de manifester et en donnant la consigne expresse aux armées de ne pas réprimer les manifestants ou
pseudo-manifestants. Il est d’emblée évident que la Syrie fait l’objet d’une tentative de coup d’État organisé par l’Occident, le Qatar et Israël et mené par des groupes d’«islamistes»
manipulés. Parmi les cris des «manifestants», on peut entendre de véritables appels au nettoyage ethnique, voire au génocide : «Les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au
tombeau !»
En août, un Conseil national syrien est créé à Istanbul. Une mission d’information de la Ligue arabe, créée sur la demande du Qatar, ne va cependant pas
rendre les bonnes conclusions et vivement déplaire aux journalistes occidentaux : il n’y a pas de révolution en Syrie et il n’y a pas eu de répression sanglante alors que les médias
étrangers étaient autorisés à couvrir les événements. Impossible évidemment dans ces conditions d’obtenir la «no-fly zone» qui
avait permis à l’OTAN d’effectuer ses bombardements meurtriers en toute impunité sur la population civile libyenne. Armés par l’OTAN, les groupes de mercenaires «islamistes» s’emparent
d’un certain nombre de villes proches de la frontière turque, au nord-est de la Syrie. Ils imposent dans celles-ci une forme de «charia» ultra-violente et sèment la terreur autour d’eux.
Le 9 avril 2013 est créé l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), également appelé ISIS (Islamic State of Iraq and Sham) ou Daech, son acronyme en langue arabe, dont l’essentiel des
ressources va provenir du pillage des champs de gaz et de pétrole syriens, emportés par longs convois de camions en Turquie sous la protection de l’OTAN. L’Occident cherche sans cesse des
prétextes pour pouvoir bombarder les populations civiles de Syrie, évoquant par exemple de ridicules jets depuis des hélicoptères de barils de poudre, censés prouver la barbarie
rétrograde des autorités syriennes, incapables d’utiliser comme savent si bien le faire les Américains ou les Israéliens, du napalm, du phosphore blanc ou de l’uranium appauvri. Le prix
Nobel 2009 ultra-gaguesque Barack (Obama) décide que la «ligne rouge» sera franchie si le «régime de Bachar» fait usage de gaz pour «réprimer» sa population. Les esprits sagaces auront
tout de suite compris que la prochaine étape sera l’organisation d’une attaque au gaz sous fausse bannière immédiatement attribuée à «Bachar». Celle-ci ne se fait pas attendre.
Le 21 août 2013, dans la banlieue de Damas, une attaque au gaz sarin imputée aussitôt aux forces syriennes fait plus de 500 morts (certains bilans évoquent
même jusqu’à 2000 civils tués) et des milliers de blessés. Les États-Unis et ses valets, le Royaume-Uni et la France, s’emparent de ce prétexte qui en rappelle bien d’autres – de
l’USS Maine au 11
septembre en passant par l’USS Maddox – et
se proposent de «sauver» le peuple syrien à coups de missiles Tomahawk. La Russie – échaudée par l’erreur qui l’a conduite à faire confiance aux diplomates occidentaux et à s’abstenir
lors du vote de la résolution 1973 sur l’instauration d’une «zone d’exclusion aérienne» en Libye – empêche heureusement cette énième boucherie, s’opposant à toute intervention étrangère
et bloquant à l’ONU la résolution mensongère qui s’apprêtait à donner un semblant de légitimité (le vernis suffit dans ces cas-là) à cette nouvelle tentative de carnage occidental. Moscou
avance qu’il n’y a aucune preuve indiquant que ce soient les forces armées syriennes qui aient commis l’attaque au gaz sarin, ce qui de fait n’aurait aucun sens, et qu’il pourrait s’agir
au contraire d’une monstrueuse manipulation des mercenaires du Front al-Nosra ou de ceux de l’Armée syrienne libre (ASL), les deux monstres créés par l’Occident pour lui permettre, après
la Libye, de piller la Syrie. Une hypothèse reprise six mois plus tard, dans le plus grand silence des médias français, par le journaliste américain et prix Pulitzer 1970 pour ses
révélations sur le massacre de Mỹ Lai au Vietnam, Seymour Hersh. De prétendues interceptions téléphoniques d’officiers syriens sont brandies pour démontrer la responsabilité de l’armée
syrienne : il s’agit en vérité de faux grotesques produits par le renseignement israélien, un spécialiste du genre. On se rappelle qu’Israël avait déjà utilisé de fausses interceptions
d’officiels libyens lors de l’attentat de la discothèque La Belle à
Berlin en 1986. Le comble de l’ignominie est atteint avec une vidéo diffusée par l’ASL et qui prétend montrer des enfants tués au gaz sarin afin de dénoncer les «horreurs» du «boucher»
Assad. Des parents finiront par y reconnaître leurs propres enfants, enlevés quelques jours plus tôt par des nervis «djihadistes» de l’OTAN dans des villages alaouites (branche du chiisme
dont fait partie le président al-Assad) près de la ville de Lattaquié. Ce sont les assassins eux-mêmes, tournant autour des corps de leurs victimes comme des vautours, qui tentent donc de
faire passer leurs propres crimes pour un massacre causé par leur adversaire.
Le 14 janvier 2014, deux professeurs du Massachusetts Institute of Technology, Richard Lloyd et Theodore Postol, démontrent que les obus chimiques ont été
tirés depuis la zone contrôlée par les rebelles. Dans le numéro du 3 septembre 2013 de Libération, le
journaliste Bernard Guetta expliquait pourtant à ceux qui réclamaient des «preuves» au sujet du massacre de la Ghouta : «Les faits sont (…)
établis et, pour ce qui est de savoir qui en est responsable, la réponse relève du simple bon sens». Le glorieux journaliste français à la probité exemplaire sous-entendait que
quiconque osait prétendre que le massacre de la Ghouta n’avait pas été commis par l’armée syrienne était soit fou, soit complice. Il aura fallu quatre mois pour démentir le «bon sens»
d’un Bernard Guetta. Entre-temps, sur la foi donc du «bon sens» de notre journaliste devin, les habitants de Damas seront passés tout près d’un bombardement «chirurgical» des forces
occidentales, rien ne valant évidemment mieux pour libérer une population de son «dictateur» que de l’écraser sous les bombes.
Pour comprendre la réalité de ce qui vient de se passer en Syrie, sur la chute du gouvernement de Bashar al-Assad cédant la direction du pays au néo-groupe
pseudo-terroriste islamiste fraichement rasé de près, rebaptisé HTS (Hay’at Tahrir
al-Sham, je ne l’écrirai au complet qu’une seule fois !), il faut d’abord comprendre l’enjeu réel caché derrière la Syrie sur l’échiquier géopolitique.
«Qui contrôle le
pétrole, contrôle le monde»
Le projet du Grand Israël publié en 1982 sous la plume de l’ex-fonctionnaire sioniste Oded Yinon trouve ses origines beaucoup plus loin, au début du XXe
siècle. Un pays «Du Nil à l’Euphrate» engloberait le Liban, la Jordanie, la Syrie, le Koweït, la moitié de l’Irak, un tiers de l’Arabie saoudite et le Sinaï égyptien. L’agrandissement
d’Israël n’a jamais rien eu de messianique, mais a toujours été un plan mondialiste des banques internationales pour accaparer le pétrole de la péninsule arabique, ou par projection
métaphorique, pour contrôler le marché mondial du pétrole. Vladimir Poutine l’a très bien compris, et c’est pourquoi il s’est interposé devant les «terroristes» à la solde des Occidentaux
en Syrie, en septembre 2015. Il faut savoir que la Syrie est le tout dernier rempart bloquant le plan du Grand Israël. Depuis 2015, le contrôle de Vlad sur le marché mondial du pétrole
s’est beaucoup accru puisque l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont joint l’alliance alternative des BRICS. On parle maintenant du Venezuela, de l’Algérie, du Nigeria,
de l’Indonésie… Cela devrait sonner une alarme retentissante aux oreilles, mêmes non-averties.
L’ignorance répandue de l’enjeu réel du Grand Israël explique pourquoi personne ne comprend rien à ce qui se passe en Syrie. La plupart des analystes
croient vraiment au narratif, pourtant tricoté par les mainstreams,
d’un «projet messianique» des sionistes intégristes guidés par un passage du livre sacré au chevet de Netanyahou. Cette idée est grotesque, puisque les élites qui utilisent les
différentes confessions religieuses pour manipuler les peuples depuis des générations ne font des projets messianiques que dans les bulletins de nouvelles. En vérité, Israël n’existe que
pour le pétrole, plus précieux que l’or et la planche à billets. On ne peut faire fonctionner un moteur à essence en le bourrant de billets verts. Si tu vends du pétrole, ton pays
s’enrichit, si tu en achètes, tu enrichis tes ennemis. Il faut décider de l’approvisionnement et des prix. Si l’Amérique ne contrôle pas le prix, elle continuera de rouler sa coûteuse
exploitation locale à perte. Le Grand Israël est un plan centenaire pour le contrôle du pétrole moyen-oriental, et ainsi, avoir le doigt sur l’interrupteur qui fait bouger les armées,
l’agriculture, les camions, les cargos et les avions du monde. Bref, la défense, la production industrielle et le transport des marchandises. Encore plus bref : l’économie
mondiale.
Le chemin de Damas
Du point de vue de Poutine, le contrôle de la Syrie pour bloquer le plan mondialiste du Grand Israël est absolument crucial. Sa main de fer sur le pétrole
est celle qui martèle l’hégémonie mondialiste, condamnée à s’en remettre au réchauffement climatique par le CO2, scientifiquement plus risible que Big Foot et la terre plate. Quand les
hordes de terroristes-à-louer sont apparues à l’horizon d’Alep, peu importe que les armées syrienne et iranienne s’impliquent ou pas, la Russie aurait déployé le nécessaire pour stopper
la croisade HTS vers Damase, quitte à alléger le front ukrainien le temps d’en finir avec les mercenaires barbus, 35 fois moins nombreux que les soldats ukrainiens qui bénéficient d’un
financement 200 fois plus élevé et qui pourtant se font aplatir en Novorussie. Vlad aurait même pu appeler ses amis chinois, Houthis ou nord-coréens en renfort. Or, Poutine
n’a absolument rien
tenté pour stopper HTS.
L’Iran, en apparence, perd avec la Syrie la possibilité de soutenir le Hezbollah et laisse tomber les Palestiniens et le Liban, ses causes principales, et
on doit croire qu’elle permettrait volontiers à Israël d’élargir son territoire jusqu’aux frontières iraniennes, en retirant leurs prestigieux Gardiens de la Révolution d’Homs, en ne
faisant absolument
rien ?
Cela fait deux générations d’Assad qu’Israël tente de coucher la Syrie, qui n’a jamais bronché en un demi-siècle, mais nous devons maintenant croire que
moins de 30 000 pseudo-terroristes en Toyota aient soudainement réussi le coup en 12 jours avec leurs mitraillettes ? L’Armée syrienne comptait sur 270 000 hommes aguerris, mais
elle a décidé de déposer les armes devant les idéologues à géométrie variable, livrant du coup ses familles à cette bande de coupe-gorges, parce qu’elle se sentait soudainement
«fatiguée»
?
Ce qui vient de se passer en Syrie, plutôt qu’un mystère épais, explique enfin pourquoi ni la Russie, ni l’Iran, ni le Hezbollah, ni la Syrie n’ont voulu en
finir avec le nœud de vipère terroriste planqué à Idlib depuis 5 ans. On les a gardés au frais, exactement pour les ressortir au bon moment : il fallait que Trump soit au pouvoir pour
achever la formidable bascule qui s’en vient, à très court terme. Ce serait arrivé en 2020, mais les machines Dominion en ont décidé autrement.
Dernier élément de compréhension : n’oubliez jamais que la CIA a fait une tentative d’assassinat sur le président turc Recep Tayiip Erdogan en 2017, et que
ce sont les services secrets Russes qui lui ont sauvé la vie. Depuis ce jour, la Turquie est le seul membre de l’OTAN à travailler avec la Russie. Sans surprise, les Turcs étaient
justement chargés de financer, approvisionner et divertir les terroristes tapis à Idlib.
Le samedi 7 décembre, les ministres des affaires étrangères Hakan Fidan de la Turquie, Serguei Lavrov de la Russie et Abbas Aragchi de l’Iran se sont réunis
en marge du Forum de Doha. Ils ont ajusté leurs montres et le lendemain, Assad déposait les armes, déménageait à Moscou, et les bases russes de Tartous et Lattaquié en Syrie ne seraient
pas inquiétées. Depuis, les terroristes se sont fait une beauté et disent ne plus vouloir enquiquiner le peuple syrien.
Le deal du siècle
Le monde va basculer très rapidement en 2025.
Vous ne vous êtes pas questionnés sur le fait qu’en ce moment, Israël masse ses troupes sur le plateau du Golan et bombarde la Syrie de loin, alors que la
Turquie est le seul pays à se déplacer librement en Syrie ? Demandez à tous ceux qui prétendent «qu’Israël est le grand gagnant de la chute d’Assad» pourquoi elle bombarde la Syrie de
loin, ou même perdrait son temps à le faire, puisque Israël serait maintenant à la manœuvre avec HTS ? En réalité, Israël est dans une course contre la montre pour gruger la Syrie, avant
que Donald Trump s’installe à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2025. En fait, le secret sur ce qui vient réellement de se passer en Syrie doit être contenu, pour ne pas déclencher une
riposte mondialiste massive avant l’arrivée de Trump.
La vérité, c’est plutôt que de retrouver la petite armée syrienne supportée par la Russie et l’Iran sur son chemin de l’agrandissement, Israël trouvera
maintenant la Turquie. La même Turquie qui ne sait pas comment fermer la base d’Incirlik, la Turquie qui n’en peut plus du financement américain des Kurdes, la Turquie qui dénonce le
génocide des Palestiniens, la Turquie dépitée par l’Union européenne, la Turquie qui veut devenir le hub des
pipelines de gaz et pétrole de la péninsule, la Turquie qui veut entrer dans les BRICS, la Turquie menée par Erdogan qui a une vendetta contre la CIA et qui promet un nouveau royaume
ottoman. Tout ça, Poutine peut lui offrir, mais pas l’Occident. Tout ce qu’Erdogan doit faire est d’empêcher Israël de réaliser son rêve, plus énergétique que messianique. En plus
d’accomplir ses objectifs les plus fous, Erdogan fermera enfin la trappe de tous ceux qui l’accusaient de ne rien faire pour les Palestiniens. Et il ne sera pas inquiété par les
États-Unis, ni l’OTAN, à partir de l’assermentation de Trump, dont le premier objectif est de débarrasser toutes les officines gouvernementales de «l’État profond», contrôlé par les
mondialistes.
Le soleil se lève toujours sur le
monde multipolaire
Donald Trump est un nationaliste parfaitement aligné sur la même idéologie non-interventionniste des grands leaders du BRICS, qui veulent faire des affaires
et faire rouler l’économie. Trump souhaite rebrancher les États-Unis au monde sur une base très différente et bien sûr, il jure quotidiennement d’amener la paix. Ainsi, Netanyahou est à
la veille de subir le même sort que Zelensky et voir le soutien américain fondre comme bonhomme de neige au printemps. Soudainement éclairé, votre blogueur local vous expliquera alors que
l’apparent sionisme de Trump était intéressé, et uniquement lié à l’AIPAC et son élection. Il aurait dû le savoir avant ; Trump est anti-mondialiste et Israël n’est absolument rien
d’autre qu’un plan mondialiste.
Israël devra bientôt se plier à une solution avec les Palestiniens. Puis, Trump troquera la fin de l’OTAN contre la paix en Ukraine. On en a presque
fini avec le mondialisme ; encore quelques mois et on se refait un Bretton-Woods, mais sur des monnaies nationales.
Thierry Meyssan est interrogé par Éric Verhaeghe sur le «régime de Bachar». Il explique que celui-ci était complètement différent de l’image que l’on a
dressé de lui et dresse l’éloge de son action.
Au passage, il répond aux questions sur son rôle en Syrie.
Cet entretien permet de comprendre ce que sont les narratifs de l’OTAN.
Avec un aplomb surprenant, la presse internationale nous assure que nous n’assistons pas
à un changement militaire de régime en Syrie, mais à une révolution renversant la République arabe syrienne. La présence de l’armée turque et des forces spéciales états-uniennes nous est cachée.
On nous abreuve avec une propagande plusieurs fois démentie sur les crimes imputés à « Bachar ». On transforme des égorgeurs cannibales en respectables révolutionnaires. Encore une
fois, la presse internationale, consciemment, nous ment.
En 11 jours, la République arabe syrienne, qui avait résisté vaillamment depuis 2011 aux attaques des jihadistes soutenus par la plus grande coalition de
l’histoire, a été renversée. Que s’est-il donc passé ?
Tout d’abord, depuis le 15 octobre 2017, les États-Unis ont organisé un siège de la Syrie interdisant à la fois tout commerce avec elle et interdisant aux Nations
unies de participer à sa reconstruction [1]. Cette stratégie a été étendue, en 2020, au Liban
avec le Caesar Act [2]. Nous autres, membres de l’Union européenne, avons
tous participé à ce crime. La majorité des Syriens était mal nourrie. La livre s’était effondrée : ce qui valait 1 livre avant la guerre, en 2011, en valait 50 000 lors de la chute de Damas
(la livre a été réévaluée trois jours plus tard grâce à un apport d’argent qatari). Les mêmes causes ayant toujours les mêmes effets, la Syrie a été vaincue comme l’Iraq avant elle, lorsque la
secrétaire d’État Madeleine Albright se félicitait avoir causé la mort de maladie et de sous-nutrition d’un demi-million d’enfants iraquiens.
D’autre part, si ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) qui ont pris Damas, ce ne sont pas eux qui l’ont emporté au plan militaire. Le 27 novembre,
HTC, armé par le Qatar et encadré par l’armée turque déguisée en « armée nationale syrienne » (ANS), a pris le contrôle de
l’autoroute M4 qui servait de ligne de cessez-le-feu. En outre HTC et la Türkiye disposaient de drones très performants manœuvrés par des conseillers ukrainiens. Enfin, HTC a emmené avec lui la
colonie ouighoure du Parti islamique du Turkestan (TIP) qui était retranchée à al-Zanbaki depuis 8 ans [3]. Les théâtres d’opération israélien, russe et
chinois ont donc fusionné.
Puis, ces forces ont attaqué Alep, jusque-là défendue par les Gardiens de la révolution iraniens. Ceux-ci se sont retirés sans un mot, laissant une petite garnison
de l’armée arabe syrienne défendre la ville. Face à la disproportion des forces, le gouvernement syrien a donné l’ordre à ses troupes de se
replier sur Hama ce qu’elles ont fait, le 29 novembre, après une brève bataille.
Le 30 novembre, le président syrien, Bachar el-Assad, s’est rendu en Russie. Non pas pour assister à l’examen que son fils Hafez passait à l’université de Moscou où
il poursuit ses études, mais pour appeler à l’aide. Les forces russes en Syrie ne pouvaient que bombarder les convois des jihadistes car elles sont uniquement aériennes. Elles ont donc tenté de
bloquer la route d’HTC et de la Turquie. Elles ne pouvaient pas intervenir au sol contre eux. Alep était bel et bien perdue. Au demeurant, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, suivant la
tradition de son pays [4], n’a jamais reconnu la perte des territoires ottomans de Grèce (Thessalonique), de l’île de Chypre, de Syrie (Alep) et d’Iraq (Mossoul).
Les cellules jihadistes dormantes ayant été réactivées par la Türkiye, l’armée arabe syrienne, déjà épuisée, devait se battre sur tous les fronts à la fois. C’est
ce qu’a essayé de faire, en vain, le général Maher el-Assad (le frère du président).
Ali Larijani, envoyé spécial de l’ayatollah Ali Khameneï, s’est rendu à Damas pour expliquer le retrait des Gardiens de la révolution d’Alep et poser des conditions
pour une aide militaire de la République islamique d’Iran ; des conditions culturelles ahurissantes pour un État laïque. Dans un entretien téléphonique avec son homologue iranien, Masoud Pezeshkian, le président Bachar el-Assad a déclaré que « l’escalade terroriste » visait
à « tenter de morceler la région, d’effriter ses États et de redessiner la carte régionale conformément aux intérêts et objectifs de l’Amérique et de l’Occident. ». Cependant le
communiqué officiel ne rend pas compte de l’ambiance de la conversation. Le président syrien voulait savoir qui avait donné l’ordre aux Gardiens de la révolution d’abandonner Alep. Il n’a pas eu
de réponse. Il a alors mis en garde le président Pezeskhian face aux conséquences pour l’Iran d’une chute de la Syrie. Rien n’y a fait. Téhéran exigeait toujours qu’on lui remette les clefs de la
Syrie pour la défendre.
Le 2 décembre, le général Jasper Jeffers III, commandant en chef des Forces spéciales des États-Unis (UsSoCom), arrive à Beyrouth. Officiellement, il vient pour
surveiller l’application du cessez-le-feu oral israélo-libanais. Compte tenu de ses fonctions, il est évident que ce ne sera qu’une partie de sa mission. Il supervisera la prise de Damas par la
Türkiye derrière HTC.
Le 5 décembre, les États-Unis relancent au Conseil de sécurité des Nations unies leurs accusations contre le président Bachar el-Assad d’utiliser des armes
chimiques pour réprimer son propre peuple. Ils ne tiennent pas compte des très nombreuses objections, témoignages et enquêtes qui ont démontré qu’elles ne sont que de la propagande de guerre. Les
armes chimiques sont le premier argument de la gigantesque machine de persuasion des Anglo-Saxons. Ce sont elles qui ont permis au numéro 2 des Nations unies, Jeffrey Feltman, d’interdire la
reconstruction de la Syrie. Ce sont elles qui ont permis de convaincre l’opinion publique occidentale que « Bachar est le bourreau de Damas » et de lui imputer tous les morts de la
guerre lancée contre son pays.
Simultanément, le Pentagone indique à HTC et à l’armée turque qu’ils peuvent poursuivre leur avancée, prendre Damas et renverser la République arabe
syrienne.
Les 6 et 7 décembre, se tenait au Qatar le Forum de Doha. De nombreuses personnalités du Moyen-Orient y participaient aux côtés du ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov. En marge du Forum, garantie est donné à la Russie, qui représente le président el-Assad, que les soldats de l’armée arabe syrienne ne seront pas poursuivis et que les
bases militaires de la Fédération de Russie ne seront pas attaquées. Une autre garantie est donnée à l’Iran que les sanctuaires chiites ne seront pas détruits, mais il semble que Téhéran en était
déjà persuadé.
Selon Hakan Fidan, le ministre turc des Affaires étrangères, Benyamin Netanyahou et Joe Biden considéraient que l’opération devait se terminer là. C’est le
Pentagone qui a décidé, avec le Royaume-Uni, de poursuivre jusqu’à renverser la République arabe syrienne [5].
Abou Mohammed al-Jolani, le leader d’HTC, donne une interview à Jomana Karadsheh pour CNN. Elle le met en valeur alors que le site Rewards for Justice du
département d’État propose encore 10 millions de dollars pour toute information permettant d’arrêter le chef jihadiste [8].
Le 7 décembre, HTC et la Türkiye prennent la prison de Saïdnaya. C’est un enjeu important pour la propagande de guerre qui l’a surnommée « l’abattoir
humain ». On prétend en effet que des milliers de personnes y ont été torturées, exécutées et que leurs cadavres ont été brûlés dans un crématorium. Durant trois jours, les Casques blancs,
une ONG qui a à la fois sauvé des vies et participé à des massacres, fouillent la prison et ses alentours à la recherche de souterrains secrets, de salles de tortures et d’un crématorium.
Las ! Ils ne trouvent aucune preuve des crimes dénoncés. En définitive, la journaliste Clarissa Ward met en scène pour CNN la libération d’un prisonnier qui n’a pas vu le jour depuis trois
mois, mais est propre, bien habillé et les ongles soignés [9].
Les accusations de tortures et d’exécutions sommaires sont d’autant plus difficiles à supporter que Bachar el-Assad a donné, dès 2011, des instructions interdisant
toute forme de torture et qu’il a créé un ministère de la Réconciliation nationale chargé de réintégrer les Syriens qui avaien rejoints les jihadistes, et enfin qu’il a mis en œuvre une
quarantaine de fois des amnisties générales.
À New York, le Conseil de sécurité adopte à l’unanimité la résolution 2761 [6]. Elle autorise à ne pas tenir compte des sanctions
frappant les jihadistes lors « d’opérations humanitaires ». Les Nations unies, qui n’ont jamais autorisé de secourir les populations écrasées sous le joug de Daesh, viennent soudainement d’autoriser que l’on commerce avec
HTC. Ce revirement du Conseil de sécurité correspond aux instructions du conseiller des Nations unies, Noah Bonsey, ainsi qu’il l’avait déjà avancé en février 2021
lorsqu’il travaillait pour George Soros [7].
Le 8 décembre, le président Bachar el-Assad donne l’ordre à ses hommes de déposer les armes. Damas tombe sans coup férir. Les jihadistes déploient immédiatement des
banderoles imprimées à l’avance et apposent le symbole du nouveau régime sur leurs uniformes. L’ancien combattant d’Al-Qaïda, puis numéro 2 de Daesh, Abou Mohammed al-Jolani, de son vrai nom
Ahmad el-Chara, prend le pouvoir. Entouré de conseillers en communication britanniques, il prononce un discours à la grande mosquée des Omeyyades, sur le modèle de celui du calife de Daesh, Abou
Bakr al-Baghdadi, à la grande mosquée Al-Nouri de Mossoul, en 2019.
HTC traite désormais les chrétiens comme des mustamin (classification islamique pour des étrangers non musulmans
qui résident de manière limitée sur un territoire musulman), leur épargnant le pacte du dhimmi (série de droits et de devoirs réservés aux non-musulmans) et le paiement de
l’impôt de la djizîa. En septembre 2022, pour la première fois en une décennie, une cérémonie en l’honneur de sainte Anne a pu avoir lieu dans
l’église arménienne d’al-Yacoubiyah, dans la campagne de Jisr al-Shugur, à l’ouest d’Idleb.
3 000 soldats de l’armée arabe syrienne s’exilent en Iraq. Ils sont désarmés et hébergés dans des tentes au poste frontière d’Al-Qaim, puis transférés dans une base
militaire à Rutba. Bagdad annonce qu’il tente d’obtenir des garanties pour qu’ils puissent retourner chez eux [10]
Les Forces de défense israéliennes (FDI) lancent une opération de destruction des matériels et des fortifications de l’armée arabe syrienne. En quatre jours, 480
bombardements coulent la flotte et incendient les armureries et les entrepôts. Simultanément, des équipes au sol assassinent les principaux scientifiques du pays. Après avoir fait visiter à des journalistes les fortifications syriennes vides, le long de la côte, Benny Kata, un commandant militaire local, déclare à ses
invités : « Il est clair que nous resterons ici pendant un certain temps. Nous y sommes préparés. » Déjà les FDI envahissent un peu plus la Syrie, au-delà de la ligne de cessez-le-feu du Golan qu’elles occupent. Elles annoncent créer en territoire syrien une
nouvelle zone tampon, pour protéger l’actuelle zone tampon, bref pour l’annexer. En outre, elles annexent le mont Hermon de manière à pouvoir surveiller toute la région.
Le 9 décembre, le général Michael Kurilla, commandant en chef des forces états-uniennes au Moyen-Orient élargi (CentCom) se rend à Amman pour rencontrer le général
Yousef Al-H’naity, président des chefs d’état-major de Jordanie. Il réaffirme l’engagement des États-Unis à soutenir la Jordanie si des menaces émanent de la Syrie au cours de la période de
transition actuelle.
Le 10 décembre, le général Michael Kurilla visite ses troupes et celles des Forces démocratiques syriennes (mercenaires kurdes), dans plusieurs bases en Syrie. Il
met au point un plan pour que Daesh ne sorte pas de la zone qui lui a été assignée par le Pentagone et ne s’ingère pas dans le changement de régime à Damas. Immédiatement, des bombardements
intenses empêchent Daesh de s’approcher.
HTC nomme Mohammed al-Bachir, ancien « gouverneur » jihadiste d’Idleb, comme Premier ministre du nouveau régime. C’est un membre de la Confrérie des
Frères musulmans, sponsorisé par le MI6 britannique. La France, qui avait négocié avec son envoyé spécial, Jean-Yves Le Drian, la nomination de Riad Hijab (ancien secrétaire du Conseil des
ministres en 2012), réalise qu’elle s’est faite flouée. Le soir même, il n’est plus question de faire de Jean-Yves Le Drian le Premier ministre en France. Au contraire, l’Élysée fait inviter au journal de France2 le procureur antiterroriste de Paris. Celui-ci met fin aux acclamations du nouveau pouvoir à Damas et déplore que HTC soit impliqué dans l’assassinat
du professeur français Samuel Patty (2020) et dans le massacre de Nice (86 morts, en 2016). La presse française change alors son fusil d’épaule et commence à s’interroger sur le nouveau pouvoir
que la presse internationale continue à présenter comme respectable.
Le 11 décembre, les principales factions palestiniennes présentes en Syrie (Front de libération de la Palestine, Front démocratique de libération de la Palestine,
Mouvement du Jihad islamique, Front palestinien de lutte populaire, Commandement général) se réunissent à Yarmouk (Damas) en présence de délégués de HTC (Département des opérations militaires).
Le Fatah et le Hamas ne participent pas à la réunion. Il leur est demandé de faire la paix avec l’allié israélien. Il est décidé qu’aucune faction ne disposerait d’un statut privilégié
et que toutes seraient traitées identiquement. Chaque groupe s’engage à déposer les armes.
Le général Michael Kurilla se rend successivement au Liban et en Israël pour trois jours. À Beyrouth, il rencontre le général Joseph Aoun, commandant des forces
armées libanaises, et surtout son collègue, le général US Jasper Jeffers III. À Tel-Aviv, il rencontre l’ensemble des chefs d’état-major israéliens et le ministre de la Défense, Israël Katz. À
cette occasion, il déclare : « Ma visite en Israël, ainsi qu’en Jordanie, en Syrie, en Iraq et au Liban au cours des six derniers jours, a souligné l’importance de voir les défis et les
opportunités actuels à travers les yeux de nos partenaires, de nos commandants sur le terrain et des membres du service. Nous devons maintenir des partenariats solides pour faire face aux menaces
actuelles et futures qui pèsent sur la région. »
Le 12 décembre, Ibrahim Kalin, directeur de l’Organisation nationale de renseignement turque (Millî İstihbarat Teşkilatı - MIT), est le premier haut-fonctionnaire
étranger à visiter le nouveau pouvoir de Damas. Le même jour, les mercenaires kurdes, qui administrent le Nord-Est de la Syrie pour l’armée d’occupation des États-Unis, hissent le nouveau drapeau
du pays vert, blanc et noir à trois étoiles, celui du mandat français. Kalin sera suivi le 15 décembre par une délégation qatarie.
Pour valider les accusations de tortures imputées à l’ancien régime, Clarissa Ward, décidément très en forme, met en scène pour CNN des cadavres trouvés à la morgue
d’un hôpital de Damas, comme le même CNN avait mis en scène ceux d’une morgue à Timișoara, lors du renversement des Ceaușescu, en 1989 [11]
Pendant ce temps, selon les Nations unies, plus d’un million de Syriens tentent de fuir leur pays. Ils ne croient pas que les jihadistes de HTC soient
soudain devenus civilisés.
L’auteur de cet article, Thierry Meyssan, a été durant neuf ans conseiller des autorités libyennes, puis syriennes. De cette expérience, il a tiré un ouvrage
fondamental sur la politique occidentale au Moyen-Orient : Sous nos yeux, Du 11-Septembre à Donald Trump.
Les États-Unis et Israël ont détruit la Syrie et appellent cela la paix
Selon les célèbres lignes de Tacite, un historien romain,
« Ravager, massacrer, usurper sous de faux titres,
ils appellent cela l’empire ; et là où ils en font un désert, ils appellent cela la paix ».
À notre époque, c’est
Israël et les États-Unis qui créent un désert et l’appellent la paix.
L’histoire est
simple. En violation flagrante du droit international, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et ses ministres revendiquent le droit de régner sur sept millions d’Arabes
palestiniens. Lorsque l’occupation israélienne des terres palestiniennes conduit à une résistance militante, Israël qualifie cette résistance de « terrorisme » et demande aux États-Unis de renverser les
gouvernements du Moyen-Orient qui soutiennent les « terroristes ». Les États-Unis, sous l’emprise du lobby
israélien, entrent en guerre pour le compte d’Israël.
La chute de la Syrie cette semaine est le point culminant d’une campagne israélo-américaine contre la Syrie qui remonte à 1996 avec l’arrivée de Netanyahu au
poste de Premier ministre. La guerre israélo-américaine contre la Syrie s’est intensifiée en 2011 et 2012, lorsque Barack Obama a chargé secrètement la CIA de renverser le gouvernement syrien
dans le cadre de l’opération « Timber
Sycamore ». Cet effort a finalement abouti cette semaine, après plus de 300 000 morts dans cette guerre syrienne, depuis 2011.
La chute de la Syrie a été rapide en raison de plus d’une décennie de sanctions économiques écrasantes, du fardeau de la guerre, de la saisie du pétrole syrien
par les États-Unis, des priorités de la Russie concernant le conflit en Ukraine et, plus immédiatement, des attaques d’Israël contre le Hezbollah, qui était le principal soutien militaire du
gouvernement syrien. Il ne fait aucun doute qu’Assad a souvent mal joué et qu’il a dû faire face à un grave mécontentement interne, mais son régime était voué à l’effondrement depuis des
décennies par les États-Unis et Israël.
Avant que la campagne américano-israélienne visant à renverser Assad ne commence sérieusement en 2011, la Syrie était un pays à revenu intermédiaire qui
fonctionnait et se développait. En janvier 2009, le conseil d’administration du FMI s’exprimait en ces termes :
Les administrateurs se sont félicités des bons résultats macroéconomiques enregistrés par la Syrie ces dernières années, qui se sont traduits par une
croissance rapide du PIB non pétrolier, un niveau confortable de réserves de change et une dette publique faible et en baisse. Ces résultats reflètent à la fois la vigueur de la demande
régionale et les efforts de réforme déployés par les autorités pour passer à une économie davantage axée sur le marché.
Depuis 2011, la guerre perpétuelle menée par Israël et les États-Unis contre la Syrie (bombardements, djihadistes, sanctions économiques, saisie par les
États-Unis des champs pétroliers syriens, etc… a plongé le peuple syrien dans la misère.
Dans les deux jours qui ont suivi l’effondrement du gouvernement, Israël a mené environ 480 frappes sur toute la Syrie et a complètement détruit la flotte syrienne à Lattaquié. Poursuivant son programme expansionniste, le Premier ministre Netanyahou a revendiqué illégalement le contrôle de
la zone tampon démilitarisée du plateau du Golan et a déclaré que le plateau du Golan ferait partie de l’État d’Israël « pour l’éternité ».
L’ambition de Netanyahou de transformer la région par la guerre, qui remonte à près de trois décennies, se déroule sous nos yeux. Lors d’une conférence de presse tenue le 9 décembre, le premier ministre israélien s’est vanté d’une « victoire absolue », justifiant ainsi le génocide en
cours à Gaza et l’escalade de la violence dans toute la région :
Je vous le demande, réfléchissez : si nous avions accédé à ceux qui nous disaient sans cesse : « Il faut arrêter la guerre »,
nous ne serions pas entrés à Rafah, nous ne nous serions pas emparés du corridor de Philadelphie, nous n’aurions pas éliminé Sinwar, nous n’aurions pas surpris nos ennemis au Liban et
dans le monde entier dans une opération-stratagème audacieuse, nous n’aurions pas éliminé Nasrallah, nous n’aurions pas détruit le réseau souterrain du Hezbollah et nous n’aurions pas mis
en évidence la faiblesse de l’Iran. Les opérations que nous avons menées depuis le début de la guerre démantèlent l’axe brique par brique.
La longue histoire de la campagne israélienne visant à renverser le gouvernement syrien n’est pas très bien comprise, mais les documents sont clairs. La guerre
d’Israël contre la Syrie a commencé avec les néoconservateurs américains et israéliens en 1996, qui ont élaboré une stratégie de « rupture
nette » pour le Moyen-Orient à l’intention de Netanyahou lorsqu’il est entré en fonction. L’élément central de cette stratégie était le rejet par Israël (et les États-Unis)
de la « terre contre la paix », l’idée
selon laquelle Israël se retirerait des territoires palestiniens occupés en échange de la paix. Au lieu de cela, Israël conserverait les terres palestiniennes occupées, régnerait sur le
peuple palestinien dans un État d’apartheid, procéderait progressivement à un nettoyage ethnique de l’État et appliquerait ce que l’on appelle « la paix contre la paix » en renversant les
gouvernements voisins qui s’opposent aux revendications territoriales d’Israël.
La stratégie de « Rupture
nette » affirme que « notre
revendication de la terre – à laquelle nous nous accrochons par espoir depuis 2000 ans – est légitime et noble » et poursuit en déclarant que « la Syrie défie Israël sur le sol libanais. Une approche efficace, avec laquelle les Américains peuvent
sympathiser, serait qu’Israël prenne l’initiative stratégique le long de ses frontières nord en engageant le Hezbollah, la Syrie et l’Iran, qui sont les principaux agents de l’agression au
Liban… ».
Dans son livre Fighting Terrorism, publié en
1996, Netanyahou a exposé sa nouvelle stratégie. Israël ne combattrait pas les terroristes, mais les États qui les soutiennent. Plus précisément, il ferait en sorte que les États-Unis se
chargent de combattre à sa place. Comme il l’a expliqué en 2001 :
« La première chose à comprendre, et la plus cruciale, est la suivante : Il n’y a pas de terrorisme international sans le soutien d’États souverains…..
Si l’on supprime ce soutien étatique, c’est tout l’échafaudage du terrorisme international qui s’effondre en poussière ».
La stratégie de Netanyahou a été intégrée à la politique étrangère des États-Unis. L’élimination de la Syrie a toujours été un élément clé du plan. Cela a
été confirmé au général Wesley Clark après le 11 septembre. Lors d’une visite au Pentagone, il lui a été dit que « nous allons attaquer et détruire les gouvernements de sept pays
en cinq ans – nous allons commencer par l’Irak, puis nous passerons à la Syrie, au Liban, à la Libye, à la Somalie, au Soudan et à l’Iran ». L’Irak serait le premier, puis la Syrie
et le reste. (La campagne de Netanyahou en faveur de la guerre en Irak est décrite en détail dans le nouveau livre de Dennis Fritz, Deadly Betrayal (mortelle traitrise). Le rôle du lobby israélien est expliqué en détail dans le nouveau livre d’Ilan Pappé, Lobbying for Zionism on Both Sides of the
Atlantic (Lobbying pour le sionisme des
deux côtés de l’Atlantique). L’insurrection qui a frappé les troupes américaines en Irak a retardé le calendrier de cinq ans, mais n’a pas modifié la stratégie de base.
À ce jour, les États-Unis ont mené ou parrainé des guerres contre l’Irak (invasion en 2003), le Liban (financement et armement d’Israël par les États-Unis), la
Libye (bombardements de l’OTAN en 2011), la Syrie (opération de la CIA dans les années 2010), le Soudan (soutien aux rebelles pour faire éclater le Soudan en 2011) et la Somalie (soutien à
l’invasion de l’Éthiopie en 2006). Une éventuelle guerre des États-Unis contre l’Iran, ardemment souhaitée par Israël, est toujours en suspens.
Aussi étrange que cela puisse paraître, la CIA a soutenu à plusieurs reprises des djihadistes islamistes pour mener ces guerres, et ces djihadistes viennent de
renverser le régime syrien. Après tout, la CIA a contribué à la création d’Al-Qaïda en formant, armant et finançant les moudjahidines en Afghanistan à partir de la fin des années 1970.
Certes, Oussama ben Laden s’est ensuite retourné contre les États-Unis, mais son mouvement était tout de même une création américaine. Ironiquement, comme le confirme Seymour Hersh, ce sont les services de renseignement d’Assad qui ont « averti les États-Unis de l’imminence d’un attentat à la bombe
d’Al-Qaïda contre le quartier général de la cinquième flotte de la marine américaine ».
L’opération Timber Sycamore était un programme secret de la CIA d’un milliard de dollars lancé par Obama pour renverser Bachar el-Assad. La CIA a financé, formé
et fourni des renseignements à des groupes islamistes radicaux et extrémistes. L’effort de la CIA a également impliqué une « ligne clandestine » pour acheminer des armes de Libye
(attaquée par l’OTAN en 2011) vers les djihadistes en Syrie. En 2014, Seymour Hersh a décrit l’opération dans son article « The Red Line and the Rat
Line » :
« Une annexe hautement classifiée du rapport, non rendue publique, décrivait un accord secret conclu début 2012 entre les administrations Obama et Erdoğan.
Il s’agit de la « ligne
du rat ». Selon les termes de l’accord, le financement provenait de la Turquie, ainsi que de l’Arabie saoudite et du Qatar ; la CIA, avec le soutien du MI6, était chargée
d’acheminer en Syrie des armes provenant des arsenaux de Kadhafi. »
Peu après le lancement de Timber Sycamore, en mars 2013, lors d’une conférence conjointe du président Obama et du premier ministre Netanyahu à la Maison Blanche, Obama a déclaré : « En ce qui concerne la Syrie, les États-Unis continuent de
travailler avec leurs alliés et amis et avec l’opposition syrienne pour accélérer la fin du régime d’Assad. »
Pour la mentalité sioniste américano-israélienne, un appel à la négociation de la part d’un adversaire est considéré comme un signe de faiblesse de ce dernier.
Ceux qui appellent l’autre partie à négocier finissent généralement assassinés par Israël ou les États-Unis. C’est ce qui s’est passé récemment au Liban. Le ministre libanais des affaires
étrangères a confirmé que Hassan Nasrallah, ancien secrétaire général du Hezbollah, avait accepté un cessez-le-feu avec Israël quelques jours avant son assassinat. La volonté du Hezbollah d’accepter un accord de paix conforme aux souhaits du monde arabo-musulman, à savoir une solution à deux États, ne date pas d’hier. De même, au lieu de négocier pour
mettre fin à la guerre à Gaza, Israël a assassiné le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran.
De même, en Syrie, au lieu de permettre l’émergence d’une solution politique, les États-Unis se sont opposés à plusieurs reprises à un processus de paix. En
2012, l’ONU avait négocié un accord de paix en Syrie qui a été bloqué par les Américains, qui ont exigé qu’Assad parte dès le premier jour de l’accord de paix. Les États-Unis voulaient
un changement de régime, pas la paix. En septembre 2024, Netanyahou a présenté à l’Assemblée générale une carte du Moyen-Orient divisée entre « bénédiction » et « malédiction », le Liban, la Syrie, l’Irak et l’Iran
faisant partie de la malédiction de Netanyahou. La véritable malédiction est le chemin d’Israël vers la destruction et la guerre, qui a maintenant englouti le Liban et la Syrie, avec le
fervent espoir de Netayahou d’entraîner les États-Unis dans une guerre contre l’Iran également.
Les États-Unis et Israël se félicitent d’avoir réussi à anéantir un autre adversaire d’Israël et défenseur de la cause palestinienne, Netanyahou
revendiquant « le mérite d’avoir lancé un
processus historique ». Il est fort probable que la Syrie succombe maintenant à une guerre continue entre les nombreux protagonistes armés, comme cela s’est produit lors des
précédentes opérations de changement de régime menées par les États-Unis et Israël.
En résumé, l’ingérence américaine, sur ordre de l’Israël de Netanyahou, a laissé le Moyen-Orient en ruines, avec plus d’un million de morts et des guerres
ouvertes faisant rage en Libye, au Soudan, en Somalie, au Liban, en Syrie et en Palestine, et avec l’Iran au bord d’acquérir un arsenal nucléaire, poussé par la situation géopolitique, contre
ses propres inclinations à cette éventualité.
Tout cela est au service d’une cause profondément injuste : priver les Palestiniens de leurs droits politiques au service de l’extrémisme sioniste fondé sur le livre de Joshua, datant du 7e siècle avant notre ère. Fait remarquable, selon ce texte – sur lequel s’appuient les zélotes religieux d’Israël – les Israélites
n’étaient même pas les premiers habitants de la terre. Au contraire, selon ce texte, Dieu ordonne à Josué et à ses guerriers de commettre de multiples génocides pour conquérir cette
terre.
Dans ce contexte, les nations arabo-musulmanes et, en réalité, la quasi-totalité du monde se sont unies à plusieurs reprises pour réclamer une solution à deux États et la paix entre Israël et la Palestine.
Au lieu de la solution à deux États, Israël et les États-Unis ont créé un désert et l’ont appelé la paix.
Jeffrey D.
Sachs
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le président russe Vladimir Poutine a longuement évoqué
l’évolution récente de la situation en Syrie lors de la discussion télévisée interactive du marathon annuel des résultats de l’année avec le public russe et les médias, qui s’est tenue à Moscou le 19
décembre.
Il s’agissait des
premières remarques publiques de Poutine sur le sujet et, 12 jours après la prise de Damas par les forces d’opposition armées et l’exil de l’ancien président Bachar el-Assad et de sa famille
à Moscou, elles signifient que le Kremlin est en train de recalibrer sa boussole au sujet du Moyen-Orient.
Poutine a révélé qu’il rencontrerait bientôt Assad, ce qui témoigne d’un niveau de transparence très rare dans la diplomatie internationale, dans des
circonstances volatiles comparables. Nous ne savons toujours pas, par exemple, ce qu’il est advenu du président afghan Ashraf Ghani après la prise de pouvoir des talibans il y a quatre ans,
ni si le président Joe Biden a même eu la courtoisie de recevoir l’allié déchu de l’Amérique – qui plus est, un ancien mandataire.
Poutine n’a aucune raison de se sentir honteux ou pétrifié par le changement de régime en Syrie. La mission de la Russie en Syrie était de décimer les groupes
extrémistes soutenus par les États-Unis qui déstabilisaient ce pays et la région dans le cadre d’un projet de changement de régime. Cette entreprise a été couronnée de succès, la Russie ayant
infligé une défaite cuisante au projet américain. La mission russe en Syrie n’a jamais eu pour objectif caché de soutenir le régime syrien. Comme l’a expliqué Poutine, les forces terrestres
russes n’ont jamais été déployées ni impliquées dans les combats en Syrie.
La rapidité avec laquelle Assad a reçu l’asile à Moscou et le transfert pacifique du pouvoir à Damas indiquent que le Kremlin n’a pas été pris par surprise.
Comparez encore l’évacuation chaotique et désespérée des États-Unis le 16 août 2021 de l’aéroport de Kaboul, avec des Afghans tombant du ciel au moment du décollage des avions
militaires américains. Pourtant, la propagande occidentale peint l’histoire en noir en affirmant que la Russie a été « vaincue » en Syrie !
Le récit du ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, semble tout à fait plausible lorsqu’il affirme qu’à la demande d’Ankara, Moscou et Téhéran ont
conseillé à Assad de transférer pacifiquement le pouvoir. Fidan a déclaré à la chaîne de télévision NTV le 13 décembre : « Nous avons parlé aux Russes et aux Iraniens et leur avons dit que
l’homme dans lequel ils avaient investi ne valait plus la peine d’être investi. Ils ont passé un coup de fil et, le soir même, Assad n’était plus là. »
Poutine a ouvertement reconnu que la Russie entretenait des contacts avec le HTS et que leurs conversations auraient une incidence sur le sort des bases de
Lattaquié. La Russie propose à la communauté internationale d’utiliser ces bases pour acheminer l’aide humanitaire en Syrie.
Il est possible que la Turquie, la Russie et l’Iran aient synchronisé leurs montres. Téhéran a révélé ce week-end qu’il rouvrait son ambassade à Damas et que
les HTS avaient proposé d’assurer la sécurité du fonctionnement de la mission. Tout au long des trois heures et demie qu’a duré l’événement à Moscou jeudi dernier, Poutine n’a jamais critiqué
le soutien de la Turquie au HTS ni remis en question la légitimité des préoccupations exprimées par Ankara dans la situation syrienne – bien qu’il reste sceptique quant à la possibilité de
résoudre la question de la nationalité kurde, qui concerne 30 à 35 millions de personnes d’origine kurde réparties entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran.
Poutine a affirmé que Moscou avait déjà fait savoir aux HTS et aux États de la région que les bases russes étaient « capables d’offrir une assistance… (et) que cela avait été
accueilli avec compréhension et volonté de collaborer ». Poutine a souligné : « Une majorité écrasante d’entre eux a exprimé son intérêt pour le
maintien de nos bases militaires en Syrie ».
Poutine a ridiculisé le pronostic de l’administration Biden selon lequel la Russie est confrontée à une « défaite » en Syrie. Son message général était
qu’« il y aura beaucoup de choses à
discuter » avec Trump lorsqu’ils se rencontreront, ce qui implique que l’administration Biden n’a plus d’importance pour l’avenir de la Syrie. Les efforts de l’administration Biden
pour rallier les États arabes n’ont pas abouti, car le déficit de confiance est considérable. Les Arabes soupçonnent que la poursuite de l’occupation illégale par les États-Unis a des
arrière-pensées.
En effet, une nouvelle matrice apparaît, l’obsession de l’administration Biden de créer un bourbier au Moyen-Orient pour la future administration Trump.
Dimanche, la secrétaire d’État adjointe, Barbara Leaf, a atterri à Damas pour transmettre personnellement la décision des États-Unis de supprimer la récompense de 10 millions de dollars pour l’arrestation du chef du HTS (le chef de facto de la Syrie), Abu Mohammed al-Jolani, à la suite de ce qu’elle
a déclaré être des réunions « très
productives » avec les représentants du groupe.
Cette capitulation abjecte permettra à Washington de lever les sanctions contre la Syrie en vertu de l’infâme Caesar Syria Civilian Protection Act (loi sur la
protection des civils en Syrie) de 2019. Cependant, la Russie a déjoué les plans de l’administration Biden en Syrie. Poutine a laissé entendre qu’une relation de travail avec les nouveaux
dirigeants de Damas était en train de se développer. Il a déclaré : « Je ne sais pas, nous devons réfléchir à la manière dont nos
relations évolueront avec les forces politiques actuellement au pouvoir (à Damas) et celles qui gouverneront ce pays à l’avenir – nos intérêts doivent être alignés. Si nous restons, nous
devons agir dans l’intérêt du pays hôte ».
Poutine a ajouté : « Quels seront ces intérêts ? Que pouvons-nous faire pour eux ? Ces
questions exigent une réflexion approfondie de la part des deux parties. Nous sommes d’ores et déjà en mesure d’offrir une assistance, y compris en utilisant nos bases… [du blé
russe par exemple ? NdSF] Même si des défis
subsistent, notre position s’aligne fermement sur le droit international et la souveraineté de toutes les nations, y compris le respect de l’intégrité territoriale de la Syrie. Cela implique
de soutenir la position des autorités actuelles qui gouvernent le territoire de la République arabe syrienne. À cet égard, nous nous tenons à leurs côtés ».
Il s’agit d’une déclaration importante qui aura un écho dans tout le monde arabe. Qu’on ne s’y trompe pas, la transition de la Russie après l’ère Assad est en
bonne voie. Les contours d’une approche politique pragmatique se dessinent. Les services de renseignement russes auraient fait le travail de bêche dans cette transition.
Poutine a fait remarquer avec raillerie que « les groupes qui luttaient contre le régime Assad et les forces
gouvernementales à l’époque ont subi des changements internes. Il n’est pas surprenant que de nombreux pays européens et les
États-Unis tentent aujourd’hui de développer des relations avec eux. Le feraient-ils s’il s’agissait d’organisations terroristes ? Cela signifie qu’elles ont changé, n’est-ce pas ? Donc,
notre objectif (l’intervention de la Russie en Syrie en 2015) a été atteint, dans une certaine mesure. »
En coulisse, la Turquie encourage tacitement le partenariat de la Russie avec HTS. De manière significative, Poutine s’est attardé sur les ramifications du
problème kurde, pour lequel la Turquie pourrait avoir besoin de la coopération de la Russie pour naviguer sur la voie délicate qui s’ouvre à elle.
Les préoccupations de la Turquie s’articulent autour de quatre axes principaux : premièrement, assurer la sécurité de la frontière turque avec la Syrie ;
deuxièmement, créer les conditions du retour des réfugiés syriens de Turquie ; troisièmement, repousser les forces kurdes syriennes des régions frontalières ; et quatrièmement, contrer le
soutien occulte de l’Europe, des États-Unis et d’Israël à un État kurde indépendant. Poutine a souligné « la gravité de la question kurde ». Il n’y a pas de
conflit d’intérêts entre la Turquie et la Russie.
Si Poutine a fait preuve de compréhension et d’une certaine sympathie à l’égard des préoccupations légitimes de la Turquie, il n’a pas mâché ses mots pour
condamner la mainmise d’Israël sur les terres syriennes. Selon lui, « je pense que le principal bénéficiaire de l’évolution de la
situation en Syrie est Israël… Sur les hauteurs du Golan, Israël a progressé le long du front sur 62-63 kilomètres et sur une profondeur de 20-25 kilomètres. Ils ont occupé des fortifications
construites à l’origine pour la Syrie par l’Union soviétique, de solides structures défensives comparables à la ligne Maginot ».
« Il semble que
plusieurs milliers de personnes (israéliennes) soient déjà stationnées sur place. Il semble non seulement qu’ils n’aient pas l’intention de partir, mais aussi qu’ils prévoient de renforcer
encore leur présence ».
Poutine a prévenu qu’il fallait s’attendre à « d’autres complications », car l’occupation israélienne
pourrait « aboutir à la fragmentation de la
Syrie ». À cet égard, la Russie partage la même perception que la Turquie, l’Iran et les États arabes.
Il est intéressant de noter que Poutine s’est montré confiant dans le fait que la Russie est du bon côté de l’histoire avec une réinitialisation de sa politique
qui vise à harmoniser les positions de la Turquie, de l’Iran et des États arabes. En effet, cet exploit diplomatique renforce la position de la Russie au Moyen Orient.
À l’inverse, se retrancher ou non en Syrie, telle est la question qui hantera la présidence Trump. Le Pentagone s’oppose déjà à la déclaration de Trump selon
laquelle « nous n’avons rien à faire (en
Syrie) ». Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a révélé que les effectifs américains en Syrie atteignaient 2 000 hommes, soit plus du double des 900 hommes précédemment
annoncés. Ces troupes restent activement déployées et aucun plan de retrait n’est prévu.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Si la répression politique à l’intérieur de la Syrie était impitoyable, elle était cependant le fruit amer d’une situation sécuritaire extrêmement
dangereuse pour nombre de minorités dans le pays.
Le caractère autoritaire du régime ne suffit pas à qualifier Hafez al-Assad de «dictateur», qui, en réalité, exerce le pouvoir grâce au consensus qu’il est
parvenu à obtenir de la part des différentes communautés autour de sa personne. Il sera un formidable diplomate qui œuvrera dans l’intérêt de la nation syrienne.
Les djihadistes sont les meilleurs
alliés d’Israël.
J’ai beaucoup de mal à avaler le désastre qui s’est produit en Syrie, et à en digérer les conséquences. Cela me rend malade.
Bien que j’aie anticipé le désastre qui se profilait, mon dernier article a été écrit juste avant la fuite d’Assad et la chute de Damas, et il était encore
possible d’imaginer qu’il y aurait peut-être une autre issue à jouer. Eh bien, c’est désormais définitivement terminé, et nul ne peut nier qui a gagné et qui a perdu. Le résultat est
déprimant et démoralisant.
Pour reprendre ce que je disais dans cet article, «Si la Syrie est
maintenant perdue au dépend des forces djihadistes parrainées par Erdogan, la Russie, l’Iran, le Liban, l’Axe de la Résistance et le peuple palestinien auront perdu quelque chose de très
important, quelque chose qui ne pourra être récupéré sans un combat encore plus meurtrier que celui qui aurait été nécessaire pour empêcher cette perte». De même,
l’impérialisme américain, le sionisme et le néo-ottomanisme turc ont remporté une victoire géopolitique stratégique qui leur donne des avantages qui seront difficiles à surmonter.
Depuis 2012, j’ai écrit au moins 17 articles sur la «guerre par procuration multiple et concentrique» que les États-Unis, Israël, la Turquie et les États du
Golfe (en particulier le Qatar) ont menée avec leurs pions djihadistes pour détruire l’État syrien. En 2015, elle était devenue «le programme
d’action secrète américain le plus coûteux de l’histoire». Avec beaucoup d’autres, j’ai critiqué et attaqué la destruction arrogante et insouciante d’un pays et d’une
région par l’Axe du Chaos, créant des centaines de milliers de victimes et de réfugiés, détruisant des villes et villages anciens et dynamiques, remplaçant le pluralisme laïc par un
sectarisme takfiri qui coupe les têtes – tout cela pour éliminer un système politique indépendant et résistant à l’impérialisme américain, au colonialisme sioniste et aux ambitions
turques. Moi et beaucoup d’autres avons été heureux de voir ce projet interrompu par une intervention russe, et, même si la plupart d’entre nous savions qu’il n’était pas arrêté, nous
étions trop complaisants quant aux effets destructeurs continus de l’occupation et des sanctions américaines en cours (selon la voyou américaine Diana Stroul) et bien trop
complaisants quant à la persistance et à l’armement du bastion djihadiste contrôlé par la Turquie à Idlib.
Au cours des dernières années, beaucoup d’entre nous se sont concentrés sur le déclin du pouvoir dur et doux de l’impérialisme américain par rapport à la
puissance militaire croissante de la Russie, de la Chine et de leur bloc économique allié au sein des BRICS, ainsi que sur le déclin du pouvoir dur et doux du sionisme par rapport à la
puissance croissante de l’Iran, du Hezbollah et de l’Axe de la Résistance et par rapport à la compréhension croissante du monde (en particulier de la jeunesse mondiale) de l’illégitimité
du colonialisme sioniste.
Tous ces facteurs sont toujours d’actualité, mais nous avons bêtement sous-estimé la force, la ténacité et la diversité de l’équipe sioniste impérialiste,
et nous devons le reconnaître. Nous ne le voyions pas comme le cogneur de l’équipe, mais en Syrie, Erdogan est entré et a frappé un home run qui a permis à l’équipe de terminer en beauté.
Et nous ne savions même pas dans quelle manche nous étions. La saison va être longue et difficile.
Voilà où nous en sommes maintenant, ce que nous devons accepter :
La Syrie n’existe plus. La «nation» syrienne n’existe plus que comme une abstraction souhaitée ; elle n’est plus et ne sera plus jamais la
structure géopolitique qu’elle était. C’est désormais un territoire divisé en cantons sectaires – ethniques et religieux -, sans administration centrale ni pouvoir militaire, soumis aux
caprices politiques et militaires des États réels, en particulier les États-Unis, Israël et la Turquie, qui ont planifié et mis en œuvre ce résultat.
La «direction» actuelle en Syrie est composée d’Al-Qaïda rebaptisée Hay’at Tahrir al-Cham (HTS), dirigée par Abu Mohammed al-Joulani. Au
moment où j’écris ces lignes, Joulani est toujours un «terroriste» dont la tête est mise à prix à 10 millions de dollars américains, même s’il rencontre également des personnalités des
médias occidentaux et des membres du gouvernement, qui s’efforcent frénétiquement de le rebaptiser. Une coupe de cheveux, une barbe taillée, un nouveau costume et même un nouveau nom,
Ahmed al-Sharaa, et voilà, le vieux «terroriste» de l’EI/al-Qaïda devient un rebelle modéré, respecté au niveau international et épris de diversité.
En fait, la «direction» du HTS/al-Joulani-al-Sharaa ne contrôle rien. Son travail, qu’elle fait très bien, est de se retirer et de
permettre à Israël de bombarder l’ancien pays plus de 800 fois pour détruire chaque parcelle de l’armée de l’ancienne Syrie et de ses installations de recherche, de s’emparer de ses
principales ressources en eau et d’envahir, de saisir et de coloniser tout le territoire de l’ancienne Syrie qu’il veut. Le travail du HTS est de permettre à son marionnettiste immédiat,
Erdogan, de rappeler au monde que, sans cette fichue guerre mondiale il y a cent ans, Alep et Damas feraient partie de la Turquie. Le travail du HTS est de «faire passer» l’ancienne Syrie
dans une économie de «libre marché» afin que le capital américain et européen puisse acheter tous ses actifs. Et HTS/Joulani n’a pas de tâche plus importante que de
proclamer sans cesse que son nouveau régime n’a aucun problème avec Israël ou l’Occident, et qu’il acceptera pacifiquement tout ce qu’Israël, la Turquie ou les États-Unis/Blackrock
veulent faire du cadavre de la Syrie. Cela me rend malade.
La défaite et l’élimination de la Syrie ont été principalement le résultat d’une offensive militaire directe et indirecte menée pendant douze ans par un
certain nombre de puissances régionales et extrarégionales – une attaque que nul autre pays que la superpuissance ne pouvait espérer vaincre. Bien sûr, l’autoritarisme baasiste d’Assad –
que les pays occidentaux ont ignoré et même adopté quand cela leur convenait – peut être critiqué ; l’autoritarisme lui-même, nous devrions tous le reconnaître, est source de faiblesse
politique. Mais il est plus que naïf de penser que les forces étrangères menant l’attaque contre la Syrie avaient un intérêt réel à atteindre leurs objectifs proclamés de «démocratie» et
de «droits», ou qu’elles instaureront un régime qui les incarnerait mieux. Il s’agissait d’une invasion étrangère utilisant des mandataires djihadistes fanatiques pour détruire le pays,
et non pour le rendre plus «démocratique».
En effet, Joulani est un grand partisan de l’Arabie saoudite ultra-autoritaire et promet que son mouvement «ne sera pas une plateforme pour menacer ou
déstabiliser un quelconque pays arabe ou du Golfe… «La révolution
syrienne s’est terminée avec la chute du régime, et nous ne permettrons pas qu’elle se propage ailleurs». En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une révolution pour la
«démocratie».
La Syrie a également été vaincue et éliminée, de manière proximale, par quelque chose de très mauvais. Une offensive impérialiste similaire, à plusieurs
volets et persistante, a été lancée contre d’autres pays plus faibles, par exemple Cuba et le Venezuela. Cela n’explique pas l’effondrement complet, en une semaine environ, d’une armée et
d’une force aérienne de 170 000 hommes soutenues par des pays considérablement plus puissants (la Russie, l’Iran). La force «rebelle» qui sortait d’Idlib comptait peut-être 30 000 hommes,
dont 5 à 10 000 pourraient être qualifiés d’«aguerris». Selon Poutine, lorsque 350 forces djihadistes se sont approchées d’Alep, la garnison de 30 000 hommes de l’Armée syrienne arabe
(ASA) dans la ville «s’est retirée sans
combattre, a fait sauter ses positions et est partie». Même s’il exagère les chiffres, il est clair que l’ASA n’a pas résisté.
Je ne sais pas ce qui explique cela, et rien, y compris la déclaration d’Assad, ne le permet de manière définitive. Je soupçonne que le fait que les soldats
de l’Armée syrienne ne gagnaient que 40 dollars par mois contre 2000 dollars par mois pour les djihadistes est révélateur de nombreuses voies menant à la corruption, mais je n’en sais
rien. Le fait que l’on pointe du doigt cette situation est un autre résultat propice, voulu et inévitable qui sert le but de division de l’impérialisme sioniste. J’espère, et je pense que
c’est important, que nous obtenions une réponse plus claire, mais je pense aussi que nous devrions nous abstenir de tirer des conclusions hâtives qui pourraient diviser.
La résistance palestinienne a été affaiblie et le peuple palestinien est exposé à un danger plus grave et plus immédiat. Il en est ainsi, bien évidemment,
sur le plan matériel et pratique. La Syrie était un pivot de l’axe de résistance antisioniste. Elle a fourni un soutien militaire et politique crucial à la cause palestinienne et a permis
un lien territorial qui a permis à l’Iran d’approvisionner le Hezbollah. Ce lien a maintenant disparu. Le «pont terrestre» reliant l’Iran à la Palestine est devenu un corridor aérien
reliant Israël à l’Iran.
Le plan de Netanyahou a toujours été de vaincre les Palestiniens en éliminant tous les États qui les soutenaient, en partant du principe que la puissance
militaire, politique et financière d’un ou de plusieurs États ne pouvait pas être facilement remplacée. Ce plan a réussi grâce à la destruction d’une succession d’États par les États-Unis
au nom d’Israël et à la cooptation d’autres États arabes réactionnaires par le biais d’accords de type Abraham.
L’Axe de la Résistance se réduit désormais à l’Iran, au Hezbollah, au Yémen et à certaines milices en Irak, et l’Iran, son plus puissant soutien, est dans
la ligne de mire. Le massacre des Palestiniens à Gaza au cours des 14 derniers mois a démontré qu’aucune des nations les plus puissantes du monde n’est prête à risquer la confrontation
directe avec les États-Unis et Israël qui serait nécessaire pour y mettre un terme. La Russie et la Chine ne sont pas des pays antisionistes et ne déplaceront pas leurs forces des
conflits existentiels sur leur propre théâtre pour sauver les Palestiniens. La Turquie a montré son vrai visage derrière le masque antisioniste. Le Yémen n’est pas assez puissant.
Reste l’Iran, qui, avec la disparition de la Syrie, constitue le dernier front fort de la résistance antisioniste. L’Iran ne peut inverser la tendance du
colonialisme sioniste que s’il inflige une défaite cuisante à Israël, au cours d’une bataille contre Israël et les États-Unis au cours de laquelle il sera bombardé d’armes nucléaires.
Mais même l’Iran, qui est sérieusement antisioniste et qui n’a pas encore mis en œuvre sa promesse de représailles contre Israël, a ses propres intérêts nationaux et pourrait préférer
éviter une guerre aussi destructrice – même si je ne pense pas qu’Israël, désormais gonflé à bloc par sa stratégie syrienne, le permettra. Il y aura
une guerre contre l’Iran.
Malgré tous mes vœux pieux, je ne compte pas sur la Russie ou la Chine pour entrer dans un tel conflit contre les États-Unis et Israël pour sauver l’Iran.
Si l’un ou l’autre pays a conclu un véritable traité de défense mutuelle avec l’Iran, il devrait l’annoncer maintenant. Cela n’a aucun sens de le cacher jusqu’au début d’une guerre. S’ils
ne l’annoncent pas, ils ne l’ont pas. La Russie et la Chine peuvent vivre avec un Israël fort et un Iran faible parce qu’elles sont intéressées par la stabilité et sont confiantes dans
leur capacité à y parvenir à long terme. La Russie est plus susceptible d’inciter l’Iran à éviter une guerre et à accepter un accord.
Voilà le problème qui se pose aux Palestiniens : Aucun pays puissant au monde, à l’exception peut-être de l’Iran, ne se soucie d’eux autant que les
États-Unis d’Israël. Aucun pays n’est aussi antisioniste que les États-Unis sont sionistes. Les États-Unis sont prêts à risquer leur vie dans une guerre totale pour protéger Israël et le
projet sioniste. C’est un engagement irrationnel, existentiel, absolu, du type «si ce Capitole s’écroulait».
Quel pays est aussi irrationnel dans son engagement envers la cause palestinienne ?
Quel pays va s’engager dans cette voie pour sauver les Palestiniens et mettre fin au projet sioniste ?
L’Iran devra bientôt décider s’il saisira la seule chance d’empêcher l’achèvement de la Nakba 2, qui est en passe de se terminer avec Israël prenant le
contrôle et occupant des parties de la Syrie et du Liban et les seules personnes vivant dans la bande de Gaza étant des colons juifs israéliens.
Au moins aussi importants que les effets militaires et pratiques de la débâcle syrienne sont les effets idéologiques et psychologiques. Il est déjà assez
pénible d’avoir à accepter que des pays lointains et puissants dont nous aimions penser qu’ils aideraient les Palestiniens ne le feront pas, parce qu’ils ont d’autres objectifs plus
importants pour eux. Pire encore, bien pire, d’avoir à admettre que leurs voisins arabes et musulmans proches, et les Palestiniens eux-mêmes, ont des objectifs confus et contradictoires
qui affaiblissent leur lutte.
Quand le Hamas «félicite le peuple syrien pour avoir réussi à réaliser ses aspirations à la liberté et à la justice», on s’étouffe en entendant la réponse.
Ce qui s’est passé en Syrie n’était pas une révolution pour la «liberté et la justice» obtenue par un soulèvement du «peuple syrien». Il s’agissait d’une invasion de combattants
djihadistes venus du monde entier, financés et entraînés par la Turquie et les États-Unis dans le but de détruire et de disperser l’État syrien au nom du sionisme et de l’impérialisme. Le
Hamas ne le sait-il vraiment pas ?
Lorsque le Hamas poursuit en «réaffirmant notre engagement envers l’unité de la Syrie, [et] l’intégrité de ses territoires… [et] condamne fermement
l’agression brutale répétée de l’occupation sioniste contre les territoires syriens et rejette fermement toute ambition ou tout projet sioniste visant la Syrie sœur», il suffit de
souligner que ce qui a en réalité été «réalisé» par les envahisseurs djihadistes, sans aucune résistance de leur part, est la destruction par Israël de toute l’ancienne force militaire
syrienne et l’invasion et la saisie israéliennes de vastes pans de la Syrie – la fin de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie.
Lorsque le chef du HTS, al-Joulani, proclame que l’Iran était et est son principal ennemi, et qu’il est fier d’avoir «fait reculer de 40
ans le projet iranien dans la région en éliminant les milices iraniennes et en fermant la Syrie à l’influence iranienne», le Hamas ne réalise-t-il pas qu’il parle d’«éliminer» le
Hezbollah, la plus puissante force armée antisioniste, qui combat depuis 14 mois au nom de Gaza, avec l’Iran comme principal soutien ? Si l’Iran est le dernier front fort de l’Axe de la
Résistance et le seul pays capable de blesser suffisamment Israël pour arrêter le massacre à Gaza, comment l’attitude de félicitations du Hamas envers le HTS va-t-elle affecter la volonté
de l’Iran d’encaisser des coups extrêmement destructeurs pour ce combat ?
Malheureusement, une proportion importante d’Arabes sunnites partage l’attitude de félicitations du Hamas à l’égard de ce qu’ils ne veulent pas reconnaître
comme le renversement de l’État syrien par les États-Unis, Israël, la Turquie et les djihadistes. Ce qui signifie – et c’est peut-être aussi ce qu’ils ne veulent pas reconnaître, mais
c’est incontestablement vrai – que pour eux, la principale contradiction n’est pas celle entre le colonialisme sioniste et la liberté palestinienne, mais celle entre sunnites et chiites,
ou entre arabes et non-arabes, ou quelque autre division de ce genre.
Quelles que soient les modalités, il s’agit d’une division – une division qui a été instrumentalisée par l’entourage colonial sioniste qui a déjà conquis la
Syrie et qui, si elle n’est pas supprimée, avalera toute la Palestine. La méfiance et la division sont aussi puissantes que les armes nucléaires.
Je déteste le dire, mais il ne sert à rien de faire semblant : La destruction de la Syrie a gravement, voire fatalement, porté atteinte à la cause
palestinienne. Il est probable que, sans la défaite de l’impérialisme américain et du sionisme, par une combinaison de défaite militaire et de révolution interne dans les deux systèmes
politiques, les Palestiniens soient dans une situation difficile.
D’un autre côté, faites attention à ce que vous demandez. La Turquie et les États-Unis ont réussi à détruire l’État syrien. Le seul point négatif est que la
Turquie et les États-Unis sont désormais maîtres du spectacle de merde chaotique qu’ils ont créé – djihadistes, conflits ethno-religieux, revendications socio-économiques, réfugiés,
etc.
Ce qui était un régime politiquement répressif (comme tant d’autres) et stable, laïc, pluraliste, quasi socialiste, fondé sur l’égalité religieuse, ethnique
et sexuelle, avec alphabétisation, éducation, soins de santé et emploi, est en train d’être divisé en un ensemble de bantoustans sectaires ethno-religieux en conflit les uns avec les
autres, et dont les richesses naturelles et sociales sont vendues à des «investisseurs» étrangers, rejetant de nouvelles hordes de réfugiés – le tout surveillé par différents pays
travaillant à contre-courant. Turcs, Kurdes et Israéliens se disputent le pouvoir. Différentes bandes de forces soutenues par les États-Unis se battent entre elles. Des Syriens en colère
résistent aux différentes occupations. Les Israéliens ont déjà commencé à tirer sur les manifestants syriens. L’armée syrienne n’a pas été affaiblie ou vaincue, mais dissoute. Vous
souvenez-vous de ce qui s’est passé avec l’armée irakienne dissoute ?
En d’autres termes, l’Empire du Chaos a réussi à apporter… le chaos. Il va être difficile, voire impossible, de le gérer d’une manière qui convienne
à tous les joueurs. Il y a trop de cuisiniers, et ils ont concocté un ragoût qui va être très difficile à avaler.
Ça me rend malade, et j’espère qu’ils s’étoufferont avec.
Voici quelques points clés d’une discussion avec mon ami Qusay (pas son vrai nom) à Damas. Il est traducteur et professeur d’université. La situation en
Syrie continue d’évoluer. Voir le compte X de Tim Anderson pour des vidéos montrant des atrocités en cours qui contredisent le récit des médias occidentaux et alliés.
La Syrie est laïque
«Je suis musulman, mais nous célébrons Noël. La Syrie est un pays laïque. Nous célébrons toutes les autres religions et sectes. Je me souviens que lorsque
j’étais enfant, mon père célébrait ce jour et disait : «c’est le jour de la naissance de Jésus-Christ, notre prophète. Nous devons donc en profiter. Nous devons répandre l’amour, la
paix». Cela fait partie de la mentalité syrienne de célébrer tous ces événements parce que nous apprenons de cet amour, de ce sacrifice, de la paix et de ces choses. C’est donc quelque
chose de notre tradition. Nous espérons que cela ne se terminera pas».
Situation à Damas
«Les quatre premiers jours après le départ d’Assad ont été marqués par le chaos, le pillage et le vol. Après cela, il y a eu une sorte de paix à Damas. Mais
aujourd’hui, la situation est à nouveau très dangereuse. Ma femme et moi sommes allés acheter des choses pour la maison. Mais il y avait trop de tirs d’armes. Nous avons dû rentrer chez
nous. C’est à nouveau dangereux».
Situation à Alep
«À Alep, ils ont interdit l’un des principaux sites religieux minoritaires. À cause de cela, il y a eu des manifestations. Deux personnes ont été tuées. Il
y a eu une audience préalable au procès et hier, trois juges ont été tués alors qu’ils rentraient chez eux. Les choses empirent. Certaines personnes disent maintenant : «Nous allons armer
notre peuple. Vous êtes incapable de nous protéger, vous êtes contre nous». C’est la situation dangereuse d’aujourd’hui».
Couvre-feu
«Nous avons un couvre-feu de 12 heures. Les gens ne sont pas autorisés à sortir. Avant cela, les choses étaient calmes et silencieuses. Mais en ce moment,
oui, les choses empirent. Nous espérons qu’ils ne deviendront pas incontrôlables».
Nourriture, électricité et
carburant
«Il n’y a de l’électricité à Alep qu’une demi-heure ou une heure par jour. Au début à Alep, les nouveaux dirigeants ont apporté des générateurs
d’électricité et pendant deux ou trois jours, il y avait beaucoup plus d’électricité. Avant de prendre le contrôle du reste de la Syrie. Maintenant, les gens ont rarement de
l’électricité. Je vis dans le projet Dummar, l’un des bons quartiers de Damas. Nous avons de l’électricité pendant une heure toutes les 12 heures, seulement deux heures par jour».
«Les prix des aliments ont récemment baissé. Mais beaucoup de gens n’ont pas d’argent et ne peuvent pas payer. Le nouveau gouvernement a déclaré que les
gens ne recevront pas leur salaire pour ce mois-ci parce qu’en Syrie, les gens avaient l’habitude de recevoir leurs salaires à l’avance. Ils ont dit que nous ne vous donnerons pas votre
salaire parce que vous l’avez déjà pris au début du mois de décembre. Donc, maintenant, les gens meurent vraiment de faim à cause de cela».
«Les coûts de transport ont été multipliés par quatre par cinq. Cela ne vaut presque pas la peine pour beaucoup de gens d’aller travailler. Les nouveaux
dirigeants disent qu’ils étudient maintenant cela et qu’ils augmenteront les salaires trois ou quatre fois. Mais d’après ce que nous voyons, ce ne sont que de fausses tentatives de calmer
les gens».
«Avant de s’emparer du reste de la Syrie, ils ont promis aux habitants d’Alep que ce serait le paradis. Ils ont dit qu’ils allaient donner aux gens le
salaire équivalent à 250 dollars américains par mois. C’est une grande augmentation et les gens en étaient très heureux. Maintenant, après avoir pris le contrôle du reste de la Syrie, ils
ont dit, d’accord, nous ne pouvons pas le faire parce qu’il y a beaucoup d’obligations et maintenant nous allons étudier les salaires et nous verrons bien».
Menaces pour l’industrie
syrienne
«L’entrée des marchandises turques menace maintenant l’industrie syrienne. Les produits turcs arrivent en Syrie avec des bas prix et une meilleure qualité.
L’industrie syrienne a été mise à mal par les sanctions occidentales, les prix élevés du carburant et de l’électricité, et d’autres facteurs. Ils ne peuvent donc pas rivaliser avec ceux
de Turquie. Hier encore, un leader de l’industrie a appelé le nouveau gouvernement à imposer des taxes sur les marchandises importées. L’industrie syrienne a besoin d’une certaine
protection. Nous ne savons donc pas où les choses vont aller. Les rumeurs sont omniprésences en Syrie».
Sécurité
«Jusqu’à présent, la seule sécurité est celle qui venait de HTS. Ils sont très peu nombreux. Récemment, ils ont fait des annonces pour le retour des anciens
soldats ou des policiers. Les nouveaux dirigeants ont déclaré qu’ils feront une réconciliation pour tous les soldats ou policiers précédemment recrutés. Ils ont dit d’aller dans ces
centres et s’ils voient que vous n’avez commis aucun crime contre l’opposition ou aucune torture ou autre, ils vont vous recruter au sein du nouveau personnel de la police. Nous
verrons».
Collèges et
universités
«Ils ont changé tout ce qui était lié au parti Baas ou à Assad pour d’autres noms. Les universités publiques sont désormais ouvertes. Chaque jour, il y a
une prière en plein jour à l’intérieur de l’université. Les cours sont interrompus et la prière a lieu et tous les groupes de personnes y participent. Mais vous êtes libre de prier ou de
ne pas prier. Ils ne forcent personne à participer. Et pourtant. Jusqu’à présent, ils n’appliquent aucune règle islamique. Par exemple, les femmes peuvent aller dans la rue sans hijab ou
foulard».
«Les universités privées ont été pillées et ont encore reporté les cours. Les cours doivent reprendre le 4 janvier».
L’Occident et les Alliés arrivent à
Damas
«Les nouveaux dirigeants reçoivent des délégations du monde entier. Mais jusqu’à présent, nous n’avons rien vu de bon à tout cela. Les gens commencent à
perdre patience parce qu’ils voient des pays riches venir à nous et que personne n’apporte de carburant, d’huile ou de fournitures nécessaires. Alors pourquoi viennent-ils s’ils n’ont pas
de solutions immédiates ? Il y a des délégations des États-Unis, du Qatar, de l’Arabie saoudite, de Turquie, de Jordanie et de nombreux autres pays. Alors les gens disent, d’accord, c’est
bien qu’ils aient maintenant ces relations, mais quel en est l’effet ? Pourquoi rien n’a changé ?»
Les Syriens reviennent ou partent
?
«Beaucoup d’amis m’ont dit qu’au moment où ils pourraient quitter le pays, ils partiraient. Ils voient la situation très sombre avec les avancées d’Israël
sur les terres syriennes. Et malheureusement, maintenant nous n’avons aucun pouvoir pour résister parce qu’Israël a détruit toutes les capacités militaires de l’armée syrienne. Donc les
gens, ils savent que les choses ne vont pas être dans une bonne situation. Les gens ont très peur. Beaucoup de gens n’ont pas d’argent pour aller à leur travail ou pour nourrir leurs
bébés ou pour faire quoi que ce soit».
«Les gens reviennent-ils de l’étranger ? C’est difficile à dire. Au début, on estimait qu’environ 20 000 Syriens sont revenus de Turquie dans leurs
villages. La Turquie facilite le retour des Syriens. Cela fait partie de l’ensemble du programme. Mais d’autres Syriens sont partis. Surtout les musulmans chiites. J’en sais beaucoup,
surtout qui étaient des soldats. Ils sont partis pour le Liban parce qu’ils craignaient pour leur sécurité et leur sûreté».
Pourquoi l’armée syrienne s’est-elle
effondrée ?
«C’est un mystère parce qu’il n’y a pas de données vraies à ce sujet. Certaines personnes disent qu’Assad a été informé par la Russie qu’ils ne peuvent plus
le protéger. Il a donc informé l’armée qu’ils devraient se rendre et qu’ils n’avaient pas besoin de riposter. Il y a beaucoup d’histoires. Qu’est-ce qui est vrai ? Malheureusement, le
président Assad n’a laissé aucune déclaration derrière lui, ce qui rend les gens très en colère pour être franc avec vous».
Réaction du public au départ
d’Assad
«Les soldats se battaient pour le pays lorsqu’ils ont découvert que Bachar al-Assad avait quitté le pays. C’était irresponsable de sa part parce qu’il y
avait des gens qui dépendaient de lui, ils croyaient en lui et soudain il a tout quitté. Au moins, il devrait dire aux gens que je pars, vous pouvez vous rendre».
«Il a vraiment retourné les gens contre lui. Il n’a pas averti ses soldats, ses hauts fonctionnaires ou qui que ce soit d’autre qu’il partait. Une autre
chose est que les images de la prison de Sednaya étaient vraiment terrifiantes. Et c’est la chose qui a retourné tout le peuple contre le régime parce qu’ils ont des émissions vidéo en
direct de la prison de Sednaya. Les gens ont donc vu cette diffusion en direct. Pourquoi devriez-vous torturer ces gens ? Alors oui, ces deux choses ont retourné les gens contre
lui».
«Quand Alep était perdu, il n’a jamais parlé. Il ne s’est jamais présenté. Il n’a jamais encouragé les gens, il n’a jamais dit, nous récupérerons Alep.
Toute personne normale dirait quelque chose. Mais il vivait dans sa tour d’ivoire. Le ministre des Affaires étrangères de la Turquie a déclaré que deux jours avant la chute, ils l’ont
contacté et voulaient lui parler, pour négocier. Mais il a refusé. Je ne sais pas pourquoi il a commis ces erreurs. Par ses erreurs, tout a été perdu».
«Et puis vous partez sans le dire à votre peuple, les gens qui ont perdu la vie, les gens qui ont sacrifié leurs enfants pour vous parce qu’ils croyaient
que vous alliez unir les Syriens. Nous savons qu’il pourrait unir les Syriens, nous le savons, mais par ces erreurs qu’il a commises, nous sommes tous perdus».
Une analyse juste et sans concession des faits sur le terrain syrien. Par-delà toutes les impostures et propagandes occidentale-sionistes, à lire et
diffuser sans modération. La Syrie possède en son sein une solution à étendre à toute la région : le Confédéralisme
Démocratique, qui n’a pas été conçu pour être une «exclusivité» kurde, bien au contraire. Ce mode de société est universel à l’humain et doit renaître pour une nouvelle étape de notre
évolution sur le chemin de notre humanité vraie.
Résistance 71
*
par Tim Anderson
Tout comme la Résistance palestinienne
et libanaise est fatiguée mais résiliente, la nation syrienne sous occupation est amenuisée, mais pas hors de combat.
La Syrie n’est pas morte, elle est
occupée. Les
deux plus grandes armées de l’OTAN, les Israéliens et leurs marionnettes alambiquées Al-Qaïda avaient occupé un tiers du pays avant le 8 décembre 2024, maintenant ils en occupent les
100%. Le gouvernement de «transition» mené par des terroristes listés comme tels par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) a du chemin à faire avant de recevoir une quelconque
approbation locale ou internationale (NdT : nous ne retenons pas notre souffle quant à l’approbation «internationale» des caniches de l’empire…), et une résistance civile et armée a déjà
émergé.
Le régime HTS (Jabhat al Nosra, Al-Qaïda) n’a pas de mandat démocratique ni révolutionnaire et ses sponsors se dépêchent d’essayer de le réétiqueter
(l’organisation est toujours terroriste pour le CSNU et est une organisation terroriste bannie) comme étant démocratique et inclusive. Il ne fait aucun doute qu’ils trouveront quelques
collaborateurs branquignols. Beaucoup de Syriens sont en train de se réinventer pour survivre et, dans certains cas, de trouver un rôle dans le nouveau régime. Pourtant, d’après la
Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU, après l’offensive de HTS, un autre million de personnes ont été «nouvellement déplacées» tandis que certains qui avaient fui la sale guerre
retournent au pays.
Pourtant, devant la tragédie de la prise de pouvoir d’Al-Qaïda en Syrie, il y a une renaissance des valeurs syriennes, un phénomène qui n’est ni rapporté
par les médias anglo-americano-sionistes ni par leurs médias alliés en Turquie et au Qatar (NdT : référence ici à l’omniprésente Al-Jazeera).
Tout comme pour les crimes israéliens à Gaza, nous devons nous tourner vers les médias sociaux pour trouver les détails des :
1. crimes du régime Al-Qaïda
2. toujours plus de fausse propagande et d’exagérations sans fin contre le régime tombé d’Assad, utilisées pour justifier une occupation étrangère et
3. l’émergence d’une résistance civile et armée à cette occupation. C’est précisément cette résistance qui nous dit que la nation syrienne est toujours
vivante…
Assad est parti et il est hautement inconcevable qu’il revienne. Beaucoup de ceux qui étaient proches de lui sont amers quant à sa manière de sortie si
rapide. Il s’est rendu, dans quelles circonstances nous ne le savons toujours pas, laissant ainsi un vide que l’occupation étrangère s’est empressée de combler.
Il est très clair qu’il y a eu un échec et une démission de l’armée arabe syrienne, de son commandement et de son commandant en chef (Assad), ce pas
nécessairement de la volonté même des soldats syriens. Certains groupes de militaires syriens sont déjà passés en mode guérilla sur les terroristes sectaires. C’est d’une ignorance crasse
que d’étiqueter ces braves soldats simplement comme des «loyalistes» au régime ou à Assad lui-même. Ils ne font que défendre de l’intérieur une Syrie indépendante et inclusive et sa
constitution qui est aujourd’hui sous sérieuse menace.
Il y a eu pas mal de spéculations sur
les rôles de la Russie et de l’Iran dans l’effondrement du gouvernement Assad. Des
analystes autrement plus sobres, se réfèrent même à un Poutine «poignardant Assad dans le dos». Nous ne pouvons voir aucune preuve de cela ou d’une quelconque trahison, à la seule
exception que le soutien de l’armée russe à l’armée arabe syrienne contre les armées d’invasion par procuration a toujours eu pour limite de ne pas entrer directement en conflit avec
Israël ou la Turquie. Les explications
iraniennes de l’effondrement du gouvernement Assad suivent ces lignes : l’Iran a averti Damas
de la menace en cours depuis septembre et a offert une aide directe, mais Assad a refusé cette aide, voulant se distancier de l’Iran et visant à obtenir une sorte de succès économique
avec les monarchies arabes du Golfe Persique.
Il est possible qu’il ait été trompé
par de fausses promesses, mais en tous les cas, il n’a pas appelé l’Iran à l’aide. Dans
ces circonstances, sans y être invitée, l’Iran ne pouvait pas combattre pour l’armée syrienne. Des sources proches de l’armée syrienne ont dit qu’Assad a opéré des changements
incompréhensibles au sein des commandants les plus expérimentés, menant sur la roche quelques généraux les plus capables. Il est certain que la Syrie a été sous une énorme pression
économique et que cela a pu affaiblir grandement ses capacités de résistance. Pourtant, à la fin, il y a eu un échec du commandement syrien qui a mené à la reddition d’Assad. Du même
raisonnement, on peut être d’accord avec la première explication proposée par Helena Cobban disant : «Poutine a décidé
qu’il ne pouvait pas sauver le gouvernement Assad s’il ne pouvait pas se sauver lui-même».
Avec les Syriens maintenant s’adaptant à survivre sous la règle islamiste de HTS, beaucoup espérant que leurs vies seront «libres» ou se dérouleront
normalement, il ne fait aucun doute qu’une grande tragédie leur est tombée dessus. Oubliez la propagande non-stop contre
Assad, un régime politique emmené par Al-Qaïda mis en place par des puissances étrangères prédatrices est le pire des résultats pour le peuple syrien. Les
Israéliens battus dans les combats au sol à Gaza et au Liban, ont obtenu une option libre en Syrie, se ruant pour y occuper de grands espaces du sud et d’y bombarder toute
l’infrastructure militaire existante. La chute du gouvernement Assad fut donc un revers cinglant pour l’Axe de la Résistance [contre l’occupation coloniale sioniste génocidaire], le seul
véritable allié de la Résistance palestinienne et libanaise [du Hezbollah].
Dans les premiers jours, alors que les médias occidentaux rapportaient que la «violence sectaire était moindre qu’envisagée et crainte». Il y eut des
douzaines d’assassinats sectaires en Syrie. Les crimes du régime HTS commencèrent de manière plutôt sporadique que systématique, alors que Joulani et ses sbires essayaient de polir leur
image de marque pour leurs sponsors étrangers. Mais le caractère sectaire de HTS n’a pas changé. Alors qu’en 2011, les terroristes salafistes chantaient «Les chrétiens à Beyrouth et les
Alaouites au cimetière», en décembre 2024, la foule pro-Joulani chantait «Homs aux sunnites, dehors les alaouites».
Les Syriens cherchèrent un espoir dans la nouvelle rhétorique qui affirmait que, malgré son histoire bien sanglante, le régime HTS affirmait sa «tolérance»
pour les minorités et les femmes. Beaucoup de Syriens ont agité le nouveau drapeau (NdT : qui s’avère être le drapeau syrien lors du mandat de protection français après le
démantèlement de l’empire ottoman…) pour se protéger, tandis que d’anciens soldats syriens se précipitèrent pour rechercher une amnistie du nouveau régime, craignant des représailles.
Beaucoup furent arrêtés et mis en prison. (NdT : surtout ne pas se demander ce qu’il se passe dans les geôles d’un régime Al CIAda…)
Pourtant les crimes de HTS furent filmés et publiés, comme le meurtre sectaire de deux soldats qui furent appelés «cochons nousayri (alaouites)». Il y a
maintenant des médias sociaux qui documentent les crimes du régime HTS et d’autres qui documentent les actions de résistance (NdT : comme la Ligue de Défense
musulmane alaouite, qui «défend les musulmans et non-musulmans contre le suprématisme juif, l’islamisme hasbara et le christianisme sioniste»).
Quoi qu’il en soit, la nation syrienne
demeure parce qu’il y a une résistance, civile et armée. Il y a eu des attaques en mode guérilla sur des forces de HTS sur la côte entre Jableh et Lataquié (le 14 décembre),
à Talfita dans la campagne de Damas (le 20 décembre) et avec d’autres embuscades faites par d’anciens soldats à Tartous (25 décembre) qui a tué 14 et blessé 10 combattants de HTS, tout
comme les citoyens de la ville de Daraa ont caillassé les envahisseurs israéliens et que de braves foules ont organisé des manifestations sur la place des Oumeyyades de Damas. Damas
demandant des élections, les droits des femmes et une fin des attaques sectaires. Dans une tentative de normaliser cette violence, l’agence Reuters a rapporté que la «police» syrienne a
imposé un couvre-feu après des «émeutes».
Il y a eu des manifestations similaires à Homs, Alep, par des chrétiens dans les zones chrétiennes de Damas et à Tartous contre la politique et la pratique
sectaires. À Tartous, le vieux slogan promettant la loyauté à Assad («avec notre âme avec notre sang») est devenu un serment de loyauté à la Syrie pour des gens de toutes les sectes
religieuses.
Après l’attaque de Tartous à Noël, de gros renforts de HTS ont été vus se déplaçant vers les villes côtières, avec des rapports indiquant que des sunnites
rejoignaient les manifestants chiites, alaouites et les chrétiens demandant que les combattants étrangers soient expulsés du pays. Joulani a suggéré que ces combattants étrangers
pourraient recevoir la citoyenneté syrienne. Pourtant, il y a des milliers d’extrémistes étrangers en Syrie (Tchétchènes, Ouïghours, Ouzbeks, Afghans, Albanais, Européens etc.) dans les
rangs de la coalition HTS soutenue par l’OTAN.
Dans leurs efforts de couvrir l’histoire et les crimes des gangs de HTS et de faire diversion des crimes israéliens contre Gaza, le Liban et la Syrie, les
merdias occidentaux se sont empressés de ressasser les crimes supposés du régime Assad. J’ai parlé de tout cela dans mon livre de 2016 «The Dirty War on
Syria».
En bref, des massacres «faux-drapeaux» furent utilisés pour imposer un embargo économique contre la Syrie en 2012 (NdT : même scénario que pour l’Irak) ;
les accusations multiples (2013-2018) d’utilisation par Assad d’armes de destruction massive, en l’occurrence des armes chimiques sont aussi faux-drapeaux : des attaques perpétrées par des
groupes armés soutenus par les États-Unis, puis faussement blâmées sur l’armée arabe syrienne. La
plupart des accusations d’abus impliquaient des combattants terroristes capturés ou blessés, terroristes que les merdias occidentaux s’empressaient de qualifier «d’opposition politique».
Dans le cas des soi-disant «charniers», à l’encontre de ceux des civils et médecins assassinés par les sionistes à Gaza, en Syrie, les charniers étaient des cadavres de terroristes tués
dans des opérations militaires de grande envergure.
Il y eut le cas notoire de «César», un fonctionnaire de la morgue de Damas qui s’est enfui au Qatar en 2014 avec des photos de cadavres et qui affirmait que
ces corps dans une
morgue en temps de guerre, étaient ceux de prisonniers de «l’opposition» qui avaient été torturés à mort dans les geôles du régime. Pourtant, même l’organisation Human Rights
Watch basée aux États-Unis, qui passait son temps à émettre de la propagande contre la Syrie pendant cette sale guerre, a été obligés d’admettre que plus de la moitié de ces photos
étaient des photos de «soldats du
gouvernement et autre combattants armés, ou de civils, tués dans des attaques, des explosions ou des assassinats».
Des affirmations des plus exagérées contre l’armée syrienne ont été répandues afin de couvrir les bien pires et très bien documentées atrocités sectaires de
Daesh (NdT : armée mercenaire «djihadistes» salafistes de l’OTAN financée essentiellement par le Qatar, donc
Exxon-Mobil pour sa guerre du gaz en cours) et des gangs de HTS, crimes qui conduisirent les groupes mercenaires d’Al Nosra, HTS et l’EIIL/Daech, à être listés dans les groupes
terroristes par le CS des Nations unies. Ce que cela veut dire pour la reconnaissance d’une Syrie dirigée par HTS est des plus intéressant. Bien sûr, Washington veut légitimer
son armée mercenaire triomphante en Syrie, mais le faire mettrait en péril le narratif déjà bien ténu que Washington «combat le terrorisme» dans de multiples pays ; ainsi
ils peuvent préférer la création d’une faible coalition de HTS et de ses collaborateurs, des individus choisis parmi les minorités et l’ancien gouvernement. Au niveau du CSNU, une
décision unanime est nécessaire pour lever l’interdiction de HTS, autrement, des gels des avoirs, interdictions de voyager et un embargo sur les armes sont attendus de chaque pays.
En général, ce que veut Washington en
Syrie est essentiellement la destruction de la volonté d’indépendance qui lui permet d’être l’alliée de l’Iran et le soutien de la Résistance palestinienne et libanaise. Cette
mission a été menée à bien, pour l’heure. Ce qui va se passer ensuite est moins important pour les États-Unis et sa base avancée Israël, mais pourrait vouloir dire :
a) des luttes sectaires à
long terme comme en Libye après que Kadhafi fut renversé (NdT : par l’OTAN une fois de plus en 2011)
b) un démantèlement de l’État
dans le style de l’Irak pour en faire un système fédéral sectaire et faible. Dans chaque cas, le but est de
prévenir la restauration d’une nation ayant une volonté politique indépendante.
Il y a eu des plans antérieurs pour la partition de la Syrie, à la fois du régime colonial français et des options variées flottant en relation au projet
des États-Unis pour un «nouveau Moyen-Orient». Ces plans impliquaient un mini-état alaouite sur la côte ouest, une sorte de protectorat Druze dans le sud, peut-être une région kurde dans
le nord-est et un cœur du pays «sunnite» géré par les extrémistes salafistes. Mais une telle partition est maintenant sujettes à des contraintes : primo, le point auquel peut parvenir la
résistance unifiée post-Assad et sa capacité à affaiblir la règle imposée par les factions coalisées de HTS et des extrémistes étrangers, secondo est ce que va saisir Erdogan sur les
parties du Nord de la Syrie et de sa demande d’élimination les séparatistes kurdes en Turquie ; tertio est la vitesse d’annexion d’Israël des parties du sud du pays et des montagnes entre
la Syrie et le Liban. Il n’y a absolument aucune indication
que le régime HTS s’opposerait aux ambitions territoriales des Israéliens ou des forces turques d’Erdogan, ces forces ayant fourni un soutien considérable aux forces
d’Al-Nosra/Daesh/HTS.
Une 4ème contrainte est la résolution 2254 de l’ONU de
2015 que Washington et ses mignons ont utilisé contre Assad mais qui pourrait maintenant devenir un obstacle au régime de HTS : la résolution demande le maintien de
l’intégrité territoriale de la Syrie, une «gouvernance crédible, inclusive et non-sectaire», une nouvelle constitution suivie par des «élections libres et justes». Les
pays arabes de la région sont essentiellement d’accord avec la résolution 2254 du CSNU, tout comme le sont la Russie et le Chine. Bien que les officiels de l’ONU soient essentiellement
soumis aux desiderata des grandes puissances, appelant le régime HTS une «flamme d’espoir», les résolutions du CSNU vont certainement influencer la légitimité internationale.
Pour l’heure, le régime de HTS n’a ni
mandat démocratique ni mandat révolutionnaire, il est donc tout à fait légitime de le renverser de la même manière qu’il est venu au pouvoir, jusqu’à ce qu’il y ait un véritable mandat
démocratique. Cela place une lourde responsabilité sur la nation syrienne : peut-elle résister par des méthodes de guérilla civile et militaire à un régime d’occupation
sectaire soutenu par les deux plus grosses armées de l’OTAN (NdT : rappelons-le les USA et la Turquie) plus l’entité sioniste, qui a déjà détruit la quasi-totalité de l’infrastructure
militaire du pays ? Quoi qu’il en soit et comme nous
l’avons vu dans bien des pays déjà, même contre toute attente, tant qu’il y a de la résistance, la nation vit et survit.
L’Iran pense que l’Axe de la
Résistance, le
soutien clef de la Palestine et du Liban, via maintenir sa position d’avantage moral et stratégique contre les Israéliens et va s’adapter aux changements qu’impliquent la chute de Damas.
L’ancien commandant du CGRI iranien, le major-général Mohsen Rezaei ajoute que de son point de vue, la résistance syrienne va rapidement se développer et gagner et puissance. «En moins d’un an, les
Syriens raviveront la résistance de leur pays d’une manière différente et vont neutraliser le plan maléfique des États-Unis et du régime sioniste» et de leurs collaborateurs.
Alors que nous pouvons comprendre que beaucoup de Syriens vont tester toutes les options possibles pour survivre sous le régime actuel, ces étrangers qui
célébrèrent la chute d’Assad et partagèrent naïvement le slogan d’une «Syrie libre» devraient apprécier le fait qu’ils applaudissent une grande victoire des Israéliens et de la stratégie
américaine d’écraser la ligne principale d’approvisionnement pour la Résistance palestinienne et libanaise. L’Iran va s’assurer que cette ligne soit reconstruite. Tout comme la résistance
palestinienne et libanaise est épuisée mais résiliente, la nation syrienne occupée a pris un coup, mais n’est pas hors de combat.
envoyé par Amar Djerrad
Pourquoi l’expansion en Syrie est un piège pour Israël
Israël semble avoir gagné « sa » guerre contre l’Iran et son Axe de la Résistance. Cette victoire n’aurait cependant pas pu avoir lieu sans les aides considérables de l’Amérique et de
l’Europe, militaires, financières, politiques (vétos américains, condamnation de la décision de la CPI, etc.).
Hamas est certes affaibli, mais continue après 15 mois de guerre non seulement de se battre et de résister, mais de faire mal à l’armée israélienne. Donc pas de
disparition de Hamas.
Il est vrai aussi que la Cisjordanie et les Territoires Occupés ont aussi été dévastés et occupés par les Colons soutenus par l’armée israélienne, mais les
Palestiniens résistent encore et encore.
Quels scénarios pour la Palestine ?
La Cause Palestinienne, qui avait été reléguée dans les oubliettes de l’Histoire, est revenue en force au-devant de la scène internationale. Fatah et Hamas ont
signé un accord (sous l’égide de la Chine) pour une gestion future de ce qui restera des territoires de la Palestine de 1947, y compris Gaza.
La suite des évènements en Palestine est encore inconnue. Netanyahou pourra-t-il annexer la Cisjordanie et Gaza ? Chassera-t-il les Palestiniens vers la
Jordanie qui sera déstabilisée ? Les Américains (et les Israéliens eux-mêmes d’ailleurs) ont-ils intérêt à voir un de leurs solides alliés dans cette région subir les foudres des rébellions
et troubles ?
Le Liban est certes sous mandat américain avec un policier israélien. Israël occupe encore certaines zones du pays et est positionné maintenant sur le Mont Hermon
(côté syrien) d’où il peut dominer le Sud du Liban, la Bekaa, la Syrie et même une partie de la Turquie. Mais Hezbollah n’a pas disparu de la carte. Même s’il est affaibli, autant militairement
que socialement, il garde encore une capacité de nuisance et de frappe non négligeable.
Israël vient d’assister à la chute de l’ancien régime des Assad, en principe ennemi, mais avec lequel il avait trouvé une forme de modus vivendi plus ou moins
pacifique. Les Jihadistes, principalement d’obédience Frères Musulmans (comme Hamas, la Turquie ou Qatar), qui viennent de prendre le Pouvoir en Syrie ne seront pas nécessairement favorables à
Israël, même si leur chef parle d’ouvrir une ambassade israélienne à Damas (et à Beyrouth !!). C’est pourquoi Israël, par précaution, a non seulement détruit toute l’infrastructure militaire
syrienne mais a aussi élargi sa zone d’occupation au Sud de la Syrie. Certainement avec l’accord et l’aval de son « patron » américain.
Israël continuera-t-il sa guerre contre l’Irak, et contre le Yémen, pour détruire encore plus l’Axe de la Résistance en frappant les milices pro-iraniennes ?
Continuera-t-il sa campagne napoléonienne contre l’Iran en détruisant l’infrastructure nucléaire ?
Le rêve du Grand Israël que certains ministres affichent haut et fort semble se réaliser. En tous cas avancer. Cependant, cette nette et claire avancée militaire
bute sur plusieurs obstacles qui pourraient non seulement entraver cette ambition, mais se retourner complètement contre ses initiateurs.
Le rêve du Grand Israël : Ambitions et réalités
Cette expansion n’aurait jamais pu se faire sans les nombreux financiers et fournisseurs d’armes qui ont leurs propres ambitions qui ne correspondent pas
nécessairement à celles de leur mandataire. L’Amérique souhaiterait imposer dans cette région une Pax Americana et non pas une Pax Israéliana. L’Amérique veut avoir un retour sur investissement
pour les sommes fabuleuses investies dans ces guerres qui durent depuis un certain temps.
Il ne faut pas se leurrer. Même si Israël, Netanyahou et la communauté juive ont une influence certaine à Washington, c’est l’Oncle Sam qui, au final, décide en
fonction de ses propres intérêts. Le slogan « America First » n’est pas une invention de Trump. C’est une stratégie américaine – que Trump représente bien et ouvertement – qui date
depuis longtemps et est omniprésente au moins depuis Reagan, si ce n’est depuis Truman ou Eisenhower. Evidemment avec des va-et-vient, des hésitations entre les isolationnistes et les
interventionnistes.
La grande différence entre la Pax Americana et le Grand Israël est celle entre un empire en constitution et un conquérant. Le premier délègue certaines des
fonctions de protection des périphéries à des groupes certes « soumis » en contrepartie de leur laisser libertés culturelles et cultuelles. C’est le propre même d’un empire.
Alors que le second veut juste judaïser les zones nouvellement conquises. C’est-à-dire installer en lieu et place des populations autochtones, ses propres
membres. Si le Grand Israël consiste à remplacer les locaux par des Juifs, y en aura-t-il assez pour venir s’installer, se battre et mourir pour défendre les frontières ? Et si ce
Projet n’implique pas l’élimination des locaux mais à les soumettre comme des citoyens de seconde zone (voire comme des « animaux », comme cela a été maintes fois énoncé par des
ministres actuels), comment gérer la démographie ? Même les Juifs religieux (les Hassidim) ne veulent pas faire le service militaire. Qu’en sera-t-il des rébellions, des
soulèvements ?
Israël est sans aucun doute une puissance militaire, surtout aérienne et maritime. Cependant ces deux armées ne peuvent conquérir des territoires
au sol et encore moins implanter ce Grand Israël dont certains rêvent. En plus, vouloir occuper de nouvelles terres que d’autres aussi convoitent ou veulent gouverner comme la Turquie, l’Iran,
l’Egypte, l’Arabie, la Russie, la Chine, etc... les met en conflit direct ou indirect avec ceux-ci.
Peut-être que je me trompe, mais plus ce Projet semble progresser, plus il ressemble à un élastique que l’on étire tellement qu’à la fin il se déchire et se
retourne comme un boomerang contre son lanceur. Depuis 76 ans (1948), Israël n’a cessé de conquérir des terres, de tenter de détruire la Palestine, a mené près de 15 guerres depuis sa création et
n’a nullement réussi à développer un système de gestion acceptable. Israël, l’Ashkénaze, n’a jamais réussi à partager une partie de son pouvoir centralisé à quiconque, à peine aux Sépharades ou
aux Sabras et, évidemment, jamais aux Palestiniens israéliens.
Est-ce une preuve de son incapacité à développer un Grand Israël ?
La Pax Americana : Un empire confronté à des résistances
Israël a cependant réussi un coup de génie, celui d’avoir transformé une inimité en plantant les germes d’une haine féroce, qui finira par
l’anéantir.
En fait il s’agit d’un Projet mort-né.
Il semble donc difficile aux Américains de « mandater » indéfiniment un policier qui ne peut occuper un sol et assurer la Pax Americana. Le mandat se
limitera probablement à la destruction et à la préparation du terrain afin que d’autres, associés à l’empire américain, occupent la place. Cela provoquera inévitablement des conflits entre le
mandant et le mandataire, dont l’expression pourrait être la fin du soutien inconditionnel.
Je suis convaincu qu’à terme (cette date est directement liée à la vitesse de l’expansion) cette utopie prendra fin. Les dégâts auront été énormes,
mais cela ouvrira une nouvelle voie à l’Histoire. Les Juifs resteront intégrés dans les zones du Proche-Orient libérées du joug colonialiste.
La Pax Americana (du style Pax Romana) à travers son nouvel empire aura-t-elle eu le temps de s’installer et de construire ses structures ? Je ne saurai le
dire, car la Résistance à cette forme de gestion est très forte. Les projets des mandants et mandataires disparaîtront-ils en même temps ou séparément ? Seule
l’Histoire le dira.
L’histoire de la Syrie n’est pas aussi simple que «le président Assad est tombé» et les «salafistes
technocrates» ont pris le pouvoir.
À un certain niveau, l’effondrement était prévisible. On sait qu’Assad a été influencé par l’Égypte et les Émirats arabes unis pendant plusieurs années. Ils
l’ont incité à rompre avec l’Iran et la Russie, et à s’orienter vers l’Union européenne. Depuis trois ou quatre ans, il a progressivement annoncé et mis en œuvre cette initiative. L’Iran
a notamment été confronté à des obstacles croissants sur les questions opérationnelles dans lesquelles il coopérait avec les forces syriennes. Son changement de cap se voulait un message.
La situation financière de la Syrie – après des années de sanctions Caesar américaines et la perte de tous les revenus agricoles et énergétiques saisis par les États-Unis dans le nord-est
occupé de la Syrie – était catastrophique. La Syrie n’avait tout simplement pas d’économie.
Sans doute, le rapprochement avec Israël et Washington a-t-il été présenté à Assad comme la seule issue possible à la guerre civile. La «normalisation»
pourrait conduire à la levée des sanctions, implorent-ils. Et Assad, selon ceux qui sont en contact avec lui, (même à la onzième heure avant l’«invasion» de HTS) croyait que les États
arabes proches de Washington auraient opté pour son maintien à la tête du pays, plutôt que de voir la Syrie devenir la proie des salafistes.
Pour être clair : Moscou et Téhéran avaient prévenu Assad que son armée (dans son ensemble) était trop fragile, trop sous-payée et trop pénétrée et soudoyée
par les services de renseignement étrangers pour qu’on puisse s’attendre à ce qu’elle défende l’État. Assad a également été averti à plusieurs reprises de la menace que représentaient les
djihadistes d’Idlib qui prévoyaient de s’emparer d’Alep, mais le président n’a pas seulement ignoré les avertissements, il les a réfutés.
Une très importante force militaire extérieure lui a été proposée non pas une fois, mais deux fois, même dans les «derniers jours», alors que les milices de
Joulani avançaient. Assad a refusé. La première fois, il a déclaré à un interlocuteur : «Nous sommes
forts», mais peu de temps après, à une deuxième occasion, il a admis : «Mon armée
s’enfuit».
Assad n’a pas été abandonné par ses alliés. Il était trop tard. Il avait fait volte-face une fois de trop. Deux des principaux acteurs (la Russie et l’Iran)
ont été frustrés et rendus incapables d’apporter leur aide – sans le consentement d’Assad.
Un Syrien qui connaissait la famille Assad et qui s’était entretenu assez longuement avec le président juste avant l’invasion d’Alep l’avait trouvé
étonnamment optimiste et imperturbable – assurant à son ami qu’il y avait suffisamment de forces (2500) à Alep pour faire face aux menaces de Joulani, et laissant entendre que le
président Sissi pourrait être prêt à apporter une aide à la Syrie. (L’Égypte craignait bien sûr que les islamistes des Frères musulmans prennent le pouvoir dans un ancien État laïc
baasiste).
Ibrahim Al-Amine, rédacteur en chef d’Al-Akhbar, a
noté une perception similaire de la part d’Assad :
«Assad semble être
devenu plus confiant dans la capacité d’Abou Dhabi à résoudre son problème avec les Américains et certains Européens, et il a beaucoup entendu parler de tentations économiques s’il
acceptait la stratégie de sortie de l’alliance avec les forces de la résistance.L’un des
collaborateurs d’Assad, qui est resté avec lui jusqu’aux dernières heures avant qu’il ne quitte Damas, raconte que l’homme espérait encore que quelque chose d’important se produise pour
mettre fin à l’attaque des factions armées.Il pensait que «la
communauté arabe et internationale» préférerait qu’il reste au pouvoir, plutôt que les islamistes prennent en charge l’administration de la Syrie».
Pourtant, alors même que les forces de Joulani se trouvaient sur l’autoroute M5 reliant Damas, la famille Assad au sens large et les principaux responsables
ne faisaient aucun effort pour se préparer à un départ, ou pour avertir leurs amis proches de penser à de telles éventualités, a déclaré l’interlocuteur. Même lorsque Assad se rendait à
Hmeimin en
route pour Moscou, aucun conseil de «partir» n’a été envoyé à ses amis.
Ces derniers ont déclaré qu’ils ne savaient pas, après le départ silencieux d’Assad vers Moscou, qui exactement, ni quand, avait ordonné à l’armée syrienne
de se retirer et de se préparer à la transition.
Assad s’est brièvement rendu à Moscou le 28 novembre, un jour après les attaques de HTS dans la province d’Alep et leur rapide avancée vers le sud (et un
jour après le cessez-le-feu au Liban). Les autorités russes n’ont rien dit sur le contenu des réunions du président à Moscou, et la famille Assad a déclaré que le président était rentré
de Russie sans rien dire non plus.
Par la suite, Assad s’est finalement rendu à Moscou (soit le 7 décembre, après avoir envoyé un avion privé sur plusieurs vols à destination de Dubaï, soit
le 8 décembre) – en ne disant à nouveau à pratiquement personne dans son entourage immédiat et familial qu’il partait pour de bon.
Qu’est-ce qui a provoqué cet état d’esprit inhabituel ? Personne ne le sait, mais des membres de sa famille ont émis l’hypothèse que Bachar al-Assad avait
été gravement désorienté sur le plan émotionnel par la grave maladie de son épouse, Asma, à laquelle il est très attaché.
Pour dire les choses franchement, alors que les trois principaux acteurs pouvaient voir clairement la direction
que prenaient les événements (la fragilité de l’État n’était pas une surprise), c’est l’attitude de déni d’Assad et la rapidité du dénouement militaire
qui l’ont surpris. C’était le véritable «cygne noir».
Qu’est-ce qui a déclenché les événements ? Depuis plusieurs années, Erdogan exigeait d’Assad, premièrement, qu’il négocie avec «l’opposition syrienne
légitime», deuxièmement, qu’il remanie la Constitution et, troisièmement, qu’il rencontre le président Erdogan en personne (ce qu’Assad a toujours refusé de faire). Les trois puissances
ont fait pression sur Assad pour qu’il négocie avec l’«opposition», mais il n’a pas voulu, pas plus qu’il n’a voulu rencontrer Erdogan. (Les deux se détestent). La frustration sur ces
points était grande.
Erdogan est désormais incontestablement «propriétaire» de l’«ex-Syrie». Les
irrédentistes ottomans sont fous de joie et réclament davantage de revanchisme turc. D’autres – les citadins turcs les plus laïques – sont moins enthousiastes face à l’étalage du
nationalisme religieux turc.
Erdogan, cependant, pourrait bien être (bientôt) en proie au remords de l’acheteur : oui, la Turquie se dresse en tant que nouveau propriétaire de la Syrie,
mais il est maintenant «responsable» de ce qui se passera ensuite (HTS est clairement révélé comme un mandataire turc). Les minorités sont tuées ; les exécutions sectaires brutales
s’accélèrent ; le sectarisme devient de plus en plus extrême. Il n’y a toujours pas d’économie syrienne en vue, pas de revenus et pas de carburant pour la raffinerie d’essence (auparavant
fournie par l’Iran).
L’adhésion d’Erdogan à un Al-Qaïda occidentalisé et rebaptisé a toujours risqué de s’avérer superficielle (comme le démontrent cruellement les tueries
sectaires). Al-Joulani parviendra-t-il à imposer son Al-Qaïda en costume à ses adeptes hétérodoxes ? Abou Ali al-Anbari, principal collaborateur d’Al-Baghdadi à l’époque (2012-2013), a
donné cette appréciation cinglante
de Joulani :
«C’est une personne
rusée ; il a deux visages ; il s’adore ; il ne se soucie pas de ses soldats ; il est prêt à sacrifier leur sang pour se faire un nom dans les médias – il brille quand il entend son nom
mentionné sur les chaînes satellitaires».
Quoi qu’il en soit, il est clair que le stratagème d’Erdogan a rallumé le sectarisme sunnite et l’impérialisme ottoman, autrefois (et pour la plupart)
assoupis. Les conséquences seront nombreuses et se répercuteront dans toute la région. L’Égypte est déjà inquiète, tout comme le roi Abdallah en Jordanie.
De nombreux Israéliens se considèrent comme les «gagnants» de la fin de la Syrie, puisque la ligne d’approvisionnement de l’Axe de la Résistance a été
coupée en son milieu. Le chef de la sécurité israélienne, Ronan Bar, a très probablement été informé par Ibrahim Kalin, chef des services de renseignement turcs, lorsqu’ils se sont
rencontrés à Istanbul le 19 novembre, de l’invasion attendue d’Idlib – à temps pour qu’Israël instaure le cessez-le-feu au Liban et entrave le passage des forces du Hezbollah en Syrie
(Israël a immédiatement bombardé tous les postes-frontières entre le Liban et la Syrie).
Néanmoins, les Israéliens pourraient découvrir qu’un zèle salafiste ravivé n’est pas leur ami – ni, en fin de compte, à leur avantage.
L’Iran signera l’accord de défense tant attendu avec la Russie le 17 janvier 2025.
La Russie se concentrera sur la guerre en Ukraine et restera à l’écart du bourbier du Moyen-Orient – pour se concentrer sur la lente restructuration
mondiale qui a eu lieu, et sur la tentative globale de faire en sorte que Trump reconnaisse en temps voulu les intérêts de sécurité du «Heartland» asiatique et des BRICS, et pour convenir
d’une certaine frontière à la sphère de sécurité du Rimland (atlantiste), de sorte que la coopération sur les questions de stabilité stratégique mondiale et de sécurité européenne puisse
être convenue.
James Jeffrey, ancien
ambassadeur des États-Unis en Irak et en Turquie, dans une interview accordée en mars 2021 à PBS Frontline, a présenté très clairement le modèle de ce
qui vient de se produire en Syrie ce mois-ci :
« La Syrie, compte tenu de sa taille, de sa situation stratégique
et de son importance historique, est le pivot d’un système de sécurité géré par les États-Unis dans la région… Il y a donc cette alliance générale qui est verrouillée avec nous. Mais […]
c’est en Syrie que la tension est la plus forte ».
Jeffrey y explique
(dans l’interview de 2021) pourquoi les États-Unis ont modifié leur soutien à Jolani et à Hayat Tahrir al-Sham (HTS) :
« Nous avons obtenu
de Mike Pompeo qu’il délivre une dérogation pour nous permettre d’aider HTS – j’ai donc reçu et envoyé des messages à HTS – Les réponses de HTS furent les suivantes : « Nous [HTS]
voulons être vos amis. Nous ne sommes pas des terroristes. Nous ne faisons que combattre Assad » ».
L’intervieweur de PBS Frontline pose alors la question suivante : Les
États-Unis « soutiennent indirectement
l’opposition armée » ? Ce à quoi Jeffrey répond :
« Il était
important pour nous que HTS ne se désintègre pas … notre politique était … était de laisser HTS tranquille … Et le fait que nous n’ayons jamais ciblé [HTS], le fait que nous n’ayons jamais
élevé la voix auprès des Turcs au sujet de leur cohabitation avec eux – en fait, j’ai utilisé cet exemple la dernière fois que j’ai parlé à des Turcs de très haut rang – quand ils ont
commencé à se plaindre de cette relation que nous [les États-Unis] avons avec les FDS [dans l’est de la Syrie].
Je leur ai dit : «
Ecoutez, la Turquie a toujours soutenu que vous nous vouliez dans le nord-est de la Syrie, ce qui est le cas. Mais vous ne comprenez pas. Nous ne pouvons pas être dans le nord-est de la Syrie
sans la plateforme, parce que nous n’avons que quelques centaines de soldats là-bas » ; … J’ai dit : « C’est comme vous à Idlib… ».
Nous voulons que vous
soyez à Idlib, mais vous ne pouvez pas être à Idlib sans avoir une plateforme, et cette plateforme est en grande partie HTS. Or, contrairement aux FDS, le HTS est une organisation terroriste
officielle désignée par les Nations unies. Est-ce que je me suis déjà plaint, ou est-ce qu’un responsable américain s’est déjà plaint de ce que vous faites avec HTS ? Non
… ».
David Miller, un universitaire britannique, a noté qu’en 2015, un éminent musulman sunnite syrien, Shaykh al-Yaqoubi (qui est anti-Assad), n’a pas été convaincu par les efforts de Jolani pour rebaptiser Al-Qaïda en
Jabhat al-Nusra. Dans l’interview qu’il a accordée à Al-Jazira en 2013, Jolani a confirmé à deux reprises son allégeance à Al-Qaïda, déclarant qu’il avait reçu des ordres de son chef, le Dr
Ayman [al-Zawahiri] … et que ces ordres consistaient à ne pas cibler l’Occident. Il a confirmé que sa propre position était celle d’une intolérance dure à l’égard de ceux qui pratiquaient un
islam « hérétique ».
« Alors qu’ISIS a enfilé des costumes, permis le dépeçage de la Syrie par les États-Unis, prêché la paix avec l’État sioniste, voulu des marchés libres et
conclu des accords gaziers avec ses mécènes régionaux, ses « vrais croyants » … dans la diaspora identitaire sunnite n’ont pas encore compris qu’ils avaient été vendus – comme cela avait
toujours été prévu ».
En privé, les planificateurs de cette guerre dans les pays de l’OTAN rient d’envoyer dans un hachoir à viande de la jeune chair à canon salafiste du monde
entier. Les salaires de 2 000 dollars ne sont qu’un grain de sable comparé à la richesse en gaz et en construction qui devrait revenir dans les coffres turcs, qataris, israéliens et
américains. Ils ont tué la Palestine pour cela, et ils passeront les 30 prochaines années à le justifier, en se basant sur n’importe quel discours que les très coûteuses sociétés de
relations publiques engagées par l’OTAN et les États du Golfe leur feront miroiter… L’opération de changement de régime en Syrie est l’opération du siècle ».
Bien entendu, le récit de James Jeffrey n’a rien de nouveau. Entre 1979 et 1992, la CIA a dépensé des milliards de dollars pour financer, armer et entraîner les
milices moudjahidines afghanes (comme Oussama ben Laden) dans le but de saigner à blanc l’URSS en l’entraînant dans un bourbier. C’est dans les rangs des moudjahidines qu’Al-Qaida a vu le
jour.
« Et pourtant, dans
les années 2010, alors même que les États-Unis étaient ostensiblement en guerre contre Al-Qaïda en Irak et en Afghanistan, ils travaillaient secrètement avec lui en Syrie sur un plan visant à
renverser Assad. La CIA a dépensé environ un milliard de dollars par an pour former et armer un vaste réseau de groupes rebelles à cette fin. Comme l’a dit Jake Sullivan à la secrétaire d’État Hillary Clinton dans un courriel divulgué en 2012, « AQ [Al-Qaïda] est de notre côté en Syrie » », comme
l’observe Alan Macleod dans Consortium
News.
Les comptes rendus de la presse turque confirment largement que ce scénario de Jeffrey est toujours le plan en cours actuellement : Ömer Önhon, ancien
ambassadeur principal et sous-secrétaire adjoint chargé du Moyen-Orient et de l’Asie au ministère turc des affaires étrangères, écrit que :
« L’opération visant à renverser le régime d’Assad en Syrie a été méticuleusement planifiée pendant plus d’un an, avec la participation coordonnée de la
Turquie, des États-Unis et de plusieurs autres nations. Il ressort de diverses déclarations que le départ d’Assad est le résultat d’un réseau complexe d’accords entre pratiquement toutes
les parties prenantes. Alors que le HTS travaille activement à se donner une nouvelle image, cette transformation reste à prouver ».
Cette histoire de HTS a un précédent : Au cours de l’été qui a suivi la guerre (infructueuse) d’Israël contre le Hezbollah en 2006, Dick Cheney, assis dans son
bureau, déplorait bruyamment la forte résistance du Hezbollah et, pire encore, le fait qu’il lui semblait que l’Iran avait été le principal bénéficiaire de la guerre d’Irak menée par les
États-Unis en 2003.
L’invité de Cheney, le prince Bandar, alors chef des services de renseignement saoudiens, a vigoureusement abondé dans son sens (comme l’a relaté John Hannah, qui a participé à la réunion) et, à la surprise générale, le prince Bandar a proclamé que l’Iran pouvait encore être réduit à sa portion
congrue : La Syrie était le maillon « faible » qui pouvait s’effondrer par le biais d’une
insurrection islamiste. Le scepticisme initial de Cheney s’est transformé en exaltation lorsque Bandar a déclaré que l’implication des États-Unis pourrait être inutile. Il – Bandar –
orchestrerait et gérerait le projet : « Laissez-moi faire », a-t-il dit. Bandar a déclaré
séparément à John Hannah : « Le roi sait qu’à part
l’effondrement de la République islamique elle-même, rien n’affaiblirait plus l’Iran que la perte de la Syrie ».
Et bien…Cette première tentative n’a pas été couronnée de succès. Elle a conduit à une guerre civile sanglante, à laquelle le gouvernement du président Assad a
finalement survécu.
Ainsi, Jeffrey ne faisait que réitérer la suite : le « tapis tiré » originellement par les wahhabites sous les
pieds de la Syrie par le Golfe a simplement été transformé en une attaque par HTS, un amalgame rebaptisé de diverses milices composées principalement d’anciens combattants (dont beaucoup
n’étaient pas syriens) d’Al-Qaïda/al-Nusra et d’ISIS, dirigées – dans cette deuxième tentative – par les services de renseignement turcs et financées par le Qatar.
La Syrie a donc été désintégrée et pillée au nom de la « libération » des Syriens de la menace d’ISIS, qu’ils –
Washington – avaient installé en premier lieu, et que les États-Unis ont ensuite utilisé pour justifier l’occupation du nord-est de la Syrie par les forces américaines. Dans le même ordre
d’idées, la partie tacite de ce plan est de rendre la Syrie laïque – avec son système juridique emprunté à la France – « islamique » (« nous appliquerons la loi islamique ») pour justifier
les attaques israéliennes et les accaparements de terres, qui sont présentés comme des « mesures défensives contre les djihadistes ».
Bien sûr, il est exact qu’il y a probablement de l’argent à gagner avec ces événements. Cela n’a jamais été prouvé, mais les études géologiques réalisées avant
le début de la première guerre en Syrie, en 2011, semblaient montrer qu’il pourrait bien y avoir des gisements de pétrole ou de gaz en Syrie, au-delà des gisements relativement petits du
nord-est. Et oui, la reconstruction sera une aubaine pour le secteur de la construction turc, en perte de vitesse.
L’armée syrienne en difficulté ne constituait pas une menace militaire directe pour Israël en tant que tel. On peut donc se demander pourquoi les
Israéliens s’acharnent sur ce pays. « L’objectif d’Israël est de détruire la Syrie », estime
le professeur Mearsheimer. « Ce n’est pas en
grande partie à cause d’Israël, d’ailleurs. Je pense que les Américains et les Turcs ont joué un rôle beaucoup plus important qu’Israël dans la destruction de la Syrie ».
« Le pays est détruit et je ne connais personne
qui pense que les rebelles qui contrôlent aujourd’hui Damas vont pouvoir rétablir l’ordre dans ce pays… Du point de vue d’Israël, la situation est tout à fait satisfaisante »,
ajoute M. Mearsheimer.
Les va-t-en-guerre anti-russes américains espèrent également que la Russie s’enlise dans un bourbier de plus en plus grand au Moyen-Orient.
Tout cela nous ramène directement à la déclaration de Jeffrey : « La Syrie, compte tenu de sa taille, de sa situation stratégique
et de son importance historique, est le pivot de la mise en place d’un système de sécurité géré par les Américains dans la région… ».
La Syrie a été dès le départ – dès 1949 – « l’équilibre » à Israël dans la région. Ce rôle est
désormais révolu et il ne reste plus que l’Iran pour contrebalancer la poussée israélienne vers un « Grand Israël ». Il n’est donc pas surprenant que les
Israéliens s’agitent pour que les Américains se joignent à eux dans une nouvelle orgie de destruction, cette fois à l’encontre de l’Iran.
La Russie avait-elle connaissance de ce qui se préparait à Idlib et de l’orchestration d’une transition de pouvoir ? Bien sûr ! Les très efficaces services
russes devaient être au courant, car ce projet sur la Syrie est en cours depuis le milieu des années 1970 (par l’intermédiaire de l’Institut Hudson et du sénateur Scoop Jackson).
Au cours des quatre dernières années, Assad a fait part de son plan désespéré avec l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte pour
s’orienter vers une position plus pro-israélienne/pro-occidentale, dans l’espoir de se normaliser avec Washington et d’obtenir ainsi un allègement des sanctions.
Le stratagème d’Assad a échoué – et la Syrie émergera probablement comme une « tragédie grecque », où la tragédie évolue au fur et à
mesure que les acteurs jouent leur propre nature. Les tensions ethniques et sectaires latentes vont probablement se raviver, les incendies vont se propager. Le couvercle est ouvert. Et la
Russie ne va jamais mordre à l’hameçon en se lançant dans l’aventure.
L’alliance américano-israélienne veut depuis longtemps la Syrie. Et maintenant, ils l’ont. C’est à eux qu’incombe la responsabilité de tout désordre
concomitant. Oui, les États-Unis – en théorie – peuvent se féliciter d’avoir mis en place un « système de sécurité [et de flux d’énergie dominant] géré par les
Américains ».
Mais les strates dirigeantes américaines n’allaient jamais laisser l’Europe devenir indépendante sur le plan énergétique. Les États-Unis ont besoin des actifs
énergétiques du Moyen-Orient pour eux-mêmes, afin de garantir leur surendettement. Les États européens sont laissés à l’abandon, alors que la crise budgétaire se fait sentir et que la
croissance européenne s’essouffle.
D’autres pourraient y voir un scénario collatéral, à savoir qu’un Moyen-Orient en conflit, voire à nouveau radicalisé, aggravera les tensions sociales internes
déjà « vives » en Europe.
« La voie suivie par le gouvernement israélien actuel est de conquérir, d’annexer, de commettre un nettoyage ethnique… et d’établir des colonies juives. Les
sondages montrent qu’environ 70 % des Israéliens, parfois plus, soutiennent cette démarche – ET qu’Israël est une démocratie libérale ».
« Cette voie [contradictoire] nous mènera à la destruction », conclut-il.
Quelle autre issue peut être trouvée à ce projet sioniste ? Il y a plus de sept millions de Palestiniens entre le « fleuve et la mer ». Vont-ils tous disparaître de la
carte ?
Alastair
Crooke
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Que cache la victoire trop facile des Américains en Syrie ?
Le 8 décembre 2024, la situation en Syrie s’est retournée en l’espace de quelques jours sans coup férir. Presque aucun coup de feu n’a été tiré. Une ribambelle de groupuscules jihadistes (entre
20 et 30 groupes) sont réapparus, principalement d’obédience Frères Musulmans, alliés à des survivants de Al Qaeda et de Daech (EI), soutenus par la Turquie d’un côté et Israël de l’autre avec
probablement un financement qatariote et un parrain (manipulateur ?) lointain, les USA. La Syrie est revenue aux mains de sunnites après un demi-siècle de dictature alaouite (d’obédience
chiite).
Le régime de Bachar El Assad n’a offert aucune résistance. Ni l’armée, ni les services de renseignements, ni le très brutal et tristement célèbre frère de Bachar,
Maher, avec ses troupes spéciales n’ont agi ou réagi. Les alliés du régime déchu, la Russie, l’Iran, l’axe de la Résistance (Hezbollah (HA) ou le HaschdechChaabi irakien)n’ont pas non plus réagi,
ni aidé à part quelques belles paroles.
La main invisible : Un coup monté ou une simple coïncidence ?
Cela ressemble étrangement à une pièce de théâtre préparée à l’avance, avec un producteur/metteur en scène, deux acteurs principaux et quelques accessoiristes ayant
tous participé à la mise en scène de cette tragi-comédie.Cela a été trop vite pour que l’on ne puisse pas imaginer un « coup monté »,qui paraît s’être déroulé comme un conte de fées.
D’ailleurs toutes les informations qui ont circulé indiquent que cette bataille se prépare depuis plusieurs mois. Il fallait attendre le feu vert pour appuyer sur le bouton.
Il est venu dès qu’un « cessez-le-feu » a été signé au Liban. Le rideau s’est levé sur la scène, dès le lendemain de la signature de cet accord (pour
employer un terme plus exact, un « mandat » américano-français) par le Hezbollah au Liban. Après le génocide des Palestiniens, autorisé, encouragé et financé par le monde occidental, on
constate l’affaiblissement considérable de l’Axe de la Résistance et de l’Iran lui-même.
Une victoire américaine trop facile ?
Peu importe comment la Syrie s’est renversée, ce sont les conséquences de cette action qui sont importantes. C’est un énorme pas en avant que la Pax Americana a
franchi avec ce coup de force, un de plus dans l’avancée américaine, c’est-à-dire, la mise en place dans nos régions troubles de ce « Nouveau Moyen-Orient », dont ils rêvent depuis
plusieurs décennies. Mais, c’est aussi un grand risque que prennent les Américains avec cette « victoire » facile.
Les acteurs sont nombreux avec des agendas non seulement différents, mais parfois contradictoires. La Turquie et Israël n’ont pas les mêmes objectifs. Les Kurdes et
les Jihadistes encore moins. Les Jihadistes entre eux non plus. Certes, les ennemis des USA sont affaiblis, mais sont loin d’avoir disparu de la carte. Ni l’Iran, ni le Hezbollah, ni la Russie,
ni l’Axe de la Résistance n’ont disparu. La Chine est restée prudente durant toute cette période. Même les Alliés, comme l’Arabie Saoudite, sont restés silencieux. Israël a son propre agenda (le
Grand Israël, « du Nil à l’Euphrate ») qui ne correspond pas nécessairement à celui des Américains à moyen ou long terme.
Entre paix fragile et illusion d’une stabilité
Les répercussions sur les pays voisins et lointains sont encore totalement inconnues et peuvent être aussi très grandes. Je résume très succinctement (une liste à
la Prévert) les conséquences potentielles de ce changement de statut en Syrie :
En Syrie même. La transition risque de ne pas se passer aussi pacifiquement que cela en a l’air jusqu’à maintenant. Les divergences entre les factions
jihadistes, les velléités d’autonomie des kurdes, les réminiscences de l’ancien régime, les occupations turque et israélienne sont tous des facteurs de déstabilisation
potentielle ;
L’Irak craint que cette vague jihadiste ne se répercute chez eux. Les factions irakiennes de l’axe de la résistance craignent des frappes israéliennes,
soutenues par des composantes locales anti-iraniennes. De même l’Irak pourrait craindre une résurgence de l’Etat Islamique ;
Le Hezbollah craint lui aussi d’être combattu autant de l’intérieur, à travers les réfugiés syriens au Liban, ou par un renforcement de l’opposition politique
libanaise ou par des bombardements israéliens qui occupent (de manière illégale) le Mont Hermon qui surplombe le Liban ;
Le Liban craint évidemment que, si le scénario précédent a lieu, dans le but de porter le coup de « grâce » au Hezbollah, cela ne provoque non
seulement des soucis sécuritaires incontrôlables, mais des mini-guerres civiles. Sans oublier que le jihadistes ont pris le contrôle (côté syrien, évidemment) de tous les postes frontières
avec le pays, qui souffre déjà de problèmes politiques, économiques, financiers énormes. En plus les Israéliens qui occupent encore une partie du territoire libanais ne semblent pas vouloir
le quitter à la fin des 60 jours prévus depuis l’instauration du nouveau mandat ;
L’Iran craint encore une frappe israélienne potentielle sur son infrastructure nucléaire ou autre. De même des troubles intérieurs, avec un changement potentiel
de régime ;
La Jordanie craint également autant la contagion du Jihadisme chez eux, que de l’annexion de la Cisjordanie par Netanyahou, dès la prise de pouvoir de Trump et
le renvoi de milliers de Palestiniens vers la Jordanie ;
La Turquie, acteur essentiel et principal de ce renversement de régime, craint des conflits d’abord avec les Kurdes, ensuite des tensions avec Israël, qui,
depuis le Mont Hermon, peut observer tout mouvement suspect au moins jusqu’au Sud de la Turquie, mais aussi avec l’OTAN et les USA ;
Israël même, qui a complètement détruit l’infrastructure militaire syrienne, et occupé de nouvelles terres en Syrie où il compte rester au moins jusqu’à fin
2025 peut s’attendre à un nouveau front (peut-être que même il le souhaite ?) ;
Les pays du Golfe qui voient d’un mauvais œil l’apparition de Frères Musulmans, leur bête noire, au pouvoir à Damas, avec le soutien de tout le monde
occidental, USA en tête, leur principal allié. Comment feront-ils pour « financer » la reconstruction de la Syrie et que feront-ils des ex-Qaeda et ex-Daech libérés ?
La Russie craint d’être chassée de ses 2 bases militaires syriennes (Humaymim et Tartous). Elle vient d’annoncer que la Grande Bretagne et les USA viennent
d’armer l’Etat Islamique pour mener des opérations « terroristes » contre ces deux bases ;
L’Europe qui craint de voir revenir chez eux des prisonniers politiques (de nationalités européennes) qu’ils avaient qualifié de terroristes (anciens Al Qaeda,
EI, Frères Musulmans, etc.). Si de nouveaux troubles importants venaient à s’installer de nouveau en Syrie, une nouvelle vague de réfugiés pourrait se rajouter aux précédentes et leur statut
sera encore indécis, alors que l’Europe est en train justement de considérer ne plus vouloir accorder laprotection aux anciens réfugiés vu leur reconnaissance du nouveau pouvoir ;
Ce ne sont que certains des problèmes potentiels, peut-être les principaux, qui semblent découler de la situation en Syrie. Il est cependant beaucoup trop tôt pour
envisager quoi que ce soit comme analyse sérieuse de ce qui vient de se passer en Syrie et de ses conséquences ces dernières semaines. Je ne m’aventurerai donc pas sur ce terrain encore largement
miné par des spéculations de tout genre. Il se pourrait aussi que tout se passe bien, comme cela a l’air de se passer jusqu’à maintenant, comme par magie.