Ce dimanche 4 octobre, sur les quelque 181 000 inscrits sur la liste spéciale du référendum d’auto-détermination de la Nouvelle-Calédonie, 53,6 % ont voté
« non » pour la deuxième fois. Ce nouveau rapport de force (53-47), qui exclut 43 000 Calédoniens du vote, incitera les partisans de la souveraineté à réclamer une troisième
consultation dans six mois. D’autres continuent à proposer une négociation qui permettrait de mette fin à un processus de vingt-deux ans, nourri d’incertitudes qui ont ralenti la
concrétisation d’une émancipation réelle. Une telle négociation devra prendre en compte l’épopée multiculturelle du pays, le rôle central que le nickel a joué dans son développement et la
nécessité de réduire cette dépendance.
L’Indo-Pacifique : de la
réalité géographique à la réalité identitaire
La migration des Austronésiens vers les îles du Pacifique commence 2 000 ans avant notre ère. Ces migrants trouvent des hommes sur place. Bien avant cela, comme
l’explique l’historien Nicholas Thomas, commissaire de l’exposition « Océanie » au
Musée du Quai Branly en 2019, des aborigènes ont pris la mer pour peupler, entre autres, les îles Bismarck. En Nouvelle-Calédonie, hormis le premier homme, le « frère » n’est donc
pas africain, mais quelqu’un qui, à un moment ou à un autre, a quitté les rives de la Mer de Chine.
C’est en 1891 qu’arrive le premier convoi de Tonkinois en provenance de l’actuel Vietnam, essentiellement constitué de prisonniers du bagne de Poulo Condor (Côn
Dao). À partir de 1895, les volontaires suivent, généralement en provenance du Delta du Fleuve Rouge, les crises du climat provoquant des crises alimentaires. Ils travaillent dans la mine
(sous et sur terre) alors que ceux qui sont envoyés aux Nouvelles-Hébrides sont employés dans les plantations. Ils seront près de 22 000 entre le premier convoi et 1939. Pour décrire leur
situation, ils se nomment Chân
Dang, soit « les pieds
enchaînés ». Généralement engagés pour cinq ans, ils souhaitent le rapatriement, bien qu’un certain nombre feront souche. Photographe et intellectuel, Ca-lé Ngoc est arrivé en
1914 à bord du Calédonien, sur ordre de déportation pour « complot contre la
sûreté de l’Etat ». Il est interné à Maré (Îles Loyauté). Libéré en 1924, il a créé le plus connu et le plus populaire des studios de photo de Nouméa.
En 1945, les Châng
Dang affirment leur nationalisme après la proclamation d’indépendance du Vietnam. Ils se rebellent aussi contre leurs conditions de travail et initient le pays à la grève. Après la
chute de Dien Bien Phu, ils subissent des représailles locales. Entre 1960 et 1964, les Français demandent, pour faire justice, à ce que les Vietnamiens établis sur le Caillou rentrent
« chez eux ». Entre propagande communiste et haine coloniale, leur départ forcé donne lieu à des scènes tragiques : ceux qui sautent du bateau sont rattrapés et incarcérés.
Quelques-uns échappent à ce destin, dont Jean Vanmai, qui fut caché par un ami kanak et est aujourd’hui le premier historien des Châng Dang.
Chinois de
Tahiti, Indonésiens de Java
La mine calédonienne eut du mal à recruter des travailleurs chinois dans le dernier quart du XIXème siècle. Paradoxalement, la communauté chinoise est arrivée
plus tard, de Tahiti. L’un d’entre eux était là au commencement. Embarqué à Canton sur Le Brigand, dix ans avant la prise de possession, Jemmy Song a lié son destin à un fondateur, James
Paddon, un Anglais passé par l’Australie, santalier, trafiquant en opium sans doute, qui établit des « stations » aux Nouvelles-Hébrides et en Nouvelle-Calédonie et participa à la
création de la Société Le Nickel.
À partir de 1892, les Japonais pallièrent l’absence d’engagés chinois. Entre cette date et 1919, 5 575 d’entre eux sont venus travailler, essentiellement dans
la mine. Il en restait 1 340 en 1941 : suivant l’attaque de Pearl Harbor, ils furent d’abord internés, puis déportés.
Dans sa thèse Orang
Kontrak, Catherine Adi estime à 91 le nombre de convois de Javanais (pas tous originaires de Java) arrivés en Nouvelle-Calédonie de janvier 1896 à juin 1949, ayant amené près de 20
000 engagés, dont deux tiers d’hommes. Les très difficiles conditions de vie et de travail dans le pays d’origine expliquent en partie ces exils, la natalité pesant sur les approvisionnements
de riz. Les Javanais travaillent dans la mine (en surface), l’agriculture et les emplois domestiques. Les contrats sont généralement de cinq ans, après quoi les rapatriements sont encouragés.
En réalité, les engagements durent plusieurs fois la durée initiale et la résidence libre, qui reste un privilège, peut prendre plus de 20 ans.
En 1945, tous les travailleurs présents en Nouvelle-Calédonie sont libérés. En 1946, ils obtiennent le droit de vote. Certains enfants d’Orang
Kontrak sont retournés en Indonésie dans les années 1950. En 2014, 3 859 Calédoniens se disaient d’origine indonésienne, soit 1,4 % de la population. Les Vietnamiens représentaient
moins d’1 % avec un peu plus de 2 500 personnes, ces chiffres ne reflétant pas leur influence économique.
Les familles
de La Réunion
De la Réunion sont venues plusieurs familles calédoniennes : les Célières, Arsapin, de Gaillande, de Greslan, Luciano, Mitride, Rolland, Sautron. La crise du
sucre dans l’île volcanique motiva l’émigration de diverses populations, dont les créoles, les Malabars et les coolies indiens
qui arrivent en nombre à partir de 1869 pour essayer de développer, en vain, la canne à sucre sur le territoire. Peut-être sont-ils 600 au plus en 1875. La Grande-Bretagne, arguant que
certains sont citoyens britanniques, les fera envoyer en Australie et à Fidji. Vers 1901, un autre contingent arrive pour travailler dans la mine, et ceux-ci repartiront. Un auteur chiffre
cette communauté à 1 000 représentants en 1939.
Jugés illégitimes par certains parce qu’ils représentent les puissances coloniales, les Européens se mêlent à ce creuset. L’aventure transforme la femme en
homme et le missionnaire en guerrier. Jean Baré, embarqué sur L’Etoile pour débarquer à La Nouvelle Cythère (Tahiti) en 1768, est une femme, maîtresse et gouvernante des enfants du botaniste
Philibert Commerson. Parti de Lyon en 1741, l’évangéliste Pierre Poivre finit gouverneur de l’Isle de France (Maurice), après avoir combattu les corsaires et brisé le monopole hollandais des
épices. Aux marchands et pionniers libres s’ajoutent les hordes du bagne, sujet trop vaste pour être traité ici.
L’empreinte
chinoise en Polynésie
La migration des Polynésiens vers la Nouvelle-Calédonie, et le métissage avec les Mélanésiens, prédatent largement la colonisation. Polynésiens et Mélanésiens,
essentiellement Néo-hébridais, ont fait l’objet d’un trafic mené d’abord par des marchands américains, anglais et australiens, le « blackbirding ». Dans
la période contemporaine, les communautés tahitienne et wallisienne se sont gonflées pendant le « boom du nickel » dans les années 1960. En 2014, les Wallisiens représentaient plus
de 8 % de la population calédonienne, les Tahitiens un peu plus de 2 %.
En Polynésie, c’est la Chine qui a laissé ses marques. Dans l’effondrement de l’empire Qing, qui suit les assauts menés par les grandes puissances depuis 1840,
les plus démunis cherchent des terres de survie. Le premier bateau de travailleurs, majoritairement Hakkas des environs de Canton, arrive en 1865. Tous, cependant, ne viennent pas sous
contrat : certains repartent dès les années 1870 quand d’autres restent et sont autorisés à épouser des Tahitiennes. Ils travaillent la terre et deviennent colporteurs et commerçants, tout en
se répandant dans l’archipel. Leur place dans le négoce suscite une violente opposition, assortie de procès et de meurtres. Les émigrations les plus importantes ont eu lieu entre 1907 et
1914, puis dans les années 1920. Les débuts de la naturalisation datent de 1933. La population chinoise aurait dépassé les 4 000 personnes en 1928 pour atteindre 6 655 en 1951, après deux
gros rapatriements en 1947 et 1948. Bien qu’estimée à 10 000 membres, la communauté Tinito (chinoise) de Tahiti est, du fait du métissage, difficile à dénombrer.
Parti en 1904 d’un village du Guangdong, pas si loin du départ de la Route de la soie, Robert Wan a construit la Route de la
Perle, selon le titre de sa biographie par la chimiste niçoise installée en Polynésie, Paule Landon. L’homme, qui est artiste-peintre, laisse derrière lui sa première épouse pour
vivre à Papeete dans une famille de la communauté hakka. De la vente de ses dessins à vélo à l’alimentation à grande échelle, il aura fallu à Wan Kong Fung près de 40 ans pour se lancer dans
la création de fermes perlières dans les Tuamotu, plaçant les poe rava (les
perles noires) au deuxième rang des exportations de la Polynésie française. En 1985, Robert Wan est revenu en Chine où il a retrouvé des parents. À Hong Kong et ailleurs, il a été sacré
« empereur mondial de la perle », alchimie sino-japonaise qui, elle aussi, a migré de la Mer de Chine à l’autre bout du Pacifique.
Si l’Indo-Pacifique est la réalité géographique d’un espace maritime encadrant la masse eurasiatique, il est aussi une réalité identitaire déclinée sur quelques
millénaires et dont les descendants ont fait souche sur ses îles.
Le héros
Dang
Dans son opus majeur, Le Héros aux mille et un
visages, le mythologue américain Joseph Campbell a tracé les contours de la « quête
héroïque ». Celle-ci est entreprise de gré ou de force. Le héros est généralement un sauveur qui transforme son destin et celui des siens. Il doit travailler pour le bien
commun et la quête n’est terminée que lorsqu’il rapporte au groupe un trésor, « a
boon » dans les mots de Campbell. De la muscade au nickel en passant par la perle noire, le trésor inclut une longue liste de matières premières.
La survie passe par la construction de communautés que les patriarches financent. Plus américain que français, le modèle communautaire contredit les principes
de la République, terre d’enracinés qui tente d’assimiler les déracinés que sont les immigrants. De New York à Nouméa, le modèle de la réussite collective est étrangement similaire : travail
acharné, épargne systématique, gratification remise à plus tard, intermariages faisant suite aux mariages forcés des anciens, pratique religieuse et cultuelle, encouragement des pratiques de
conservation du groupe et punition de celles qui le menacent.
André Dang est né en 1936 sur les terres rouges du massif du Koniambo, au nord de la Nouvelle-Calédonie. Sa mère, immatriculée A 649, est arrivée l’année
précédente du Vietnam avec un contrat de 15 ans de travail. Elle a rencontré le père de son fils sur la mine ; un an et demi après la naissance, celui-ci meurt. Triage des arrivants,
quarantaine, faim, travail perpétuel, manque de sommeil, violences physiques : tous les critères de l’esclavage sont rassemblés. Rapidement, le jeune Nha est confié à une famille adoptive à
Nouméa. Entre école, travail à l’épicerie et copains, il entame son destin. A 12 ans, quand son beau-père est interné pour meurtre, Nha emménage avec sa mère, le maraîchage de liserons d’eau
à l’aube donnant les clés de la survie. Âgé de 18 ans en 1954, il se marie, puis part quatre ans plus tard poursuivre des études de mécanique à Marseille. L’entrée dans le monde de la mine se
fera par l’automobile. La station-service qu’il a construite au Rond-Point du Pacifique est détruite en janvier 1985 au cours des « événements ». En vacances avec sa femme en
Australie, André Dang y restera six ans. Ami de Jean-Marie Tjibaou, son histoire personnelle le lie au destin du mouvement indépendantiste.
1988 : les Accords de Matignon mettent fin aux violences des années 1980. La création de la Sofinor, détenue à 85 % par la province Nord, permet le rachat en
1990 de la Société Minière du Sud Pacifique (SMSP) de Jacques Lafleur, geste de paix pour sceller les Accords, mais sans titres miniers.
1998 : on recommence, mais en plus grand. Par l’Accord de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie devient « pays » d’Outre-Mer. La province Nord a son siège non
loin de l’immense massif du Koniambo. Au titre du rééquilibrage économique, et le changement de majorité en France en 1997 aidant, la SMSP obtient qu’Eramet lui transfère le massif du
Koniambo, en échange de la privatisation de la société d’État, qui est indemnisée. André Dang développe son modèle pour la mine calédonienne du futur en trois temps : d’abord, le minerai doit
être valorisé avant exportation ; ensuite, source de richesse, la matière première doit rester dans les mains du pays ; enfin et surtout, l’actionnaire étranger ne peut détenir que 49 % des
opérations. Au passage, la SMSP rachète à la famille Pentecost la Nickel Mining Company et crée, plus tard, avec le Sud-Coréen Posco une usine en Corée du Sud sur le modèle 51-49, qui
implique d’ailleurs l’exportation du minerai.
La décision irrévocable de construire une usine de transformation sur le site du Koniambo a été prise avant le 31 décembre 2005. Le partenaire de départ, le
Canadien Falconbridge étant avalé par X-Strata en 2006, c’est ce dernier qui assuma la construction de Koniambo Nickel (KNS) dès 2008. KNS est détenu à 51 % par la SMSP et 49 % par Glencore
(depuis le rachat d’X-Strata en 2013). De plus, la Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle (STCPI) détient 34 % de la Société Le Nickel (SLN), propriété d’Eramet à 56
%. STCPI est détenue à égalité entre la province Sud, d’un côté, et une association des deux autres provinces de l’autre.
Voilà pour le trésor, « the
boon ». En théorie.
En pratique, le projet KNS est en dette de plus de 1 000 milliards de francs CFP (8,38 milliards d’euros). La SMSP n’a pas apporté de fonds propres au projet et
a participé marginalement à son financement par la dette. Bien qu’elle soit en opération depuis 2013, l’usine, qui produit très en-dessous de ses capacités, ne sera bénéficiaire qu’en 2030
dans le meilleur des cas ; dans l’intérim, c’est le constructeur Glencore qui, responsable du financement de la construction, est payé en revenus financiers. Industriel des minerais, Glencore
est aussi un grand négociant de matières premières. Comme l’explique Dominique Nacci sur le site Calédonickel, la marge est vaste entre propriété nominale et propriété économique.
La
décolonisation par le nickel : exit la « solution pays » ?
Le 8 septembre dernier, le consortium conduit par l’Australien New Century Resources (NCR), et soutenu par la province Sud (loyaliste) se retirait de plus de
trois mois de négociations pour le rachat de l’usine du Sud calédonien détenue par Vale Canada. Hormis les coûts d’équipements à financer, le retrait d’un fonds et des doutes sur la carrure
de NCR, une campagne menée par les autorités coutumières et les parties prenantes contre ce rachat a découragé les investisseurs internationaux quatre semaines avant le deuxième référendum
d’auto-détermination.
Le 14 septembre, André Dang, encore PDG de la SMSP à 84 ans, venait exposer sa « solution
pays » au Congrès, selon un montage bien connu : 51 % pour la SMSP (qui invitait la province Sud à se joindre au projet) et 49 % pour un métallurgiste sud-coréen, Korea Zinc.
Avant le scrutin, on apprenait que Korea Zinc ne souhaitait pas assumer les responsabilités de la charte environnementale du projet. L’article 51-49 est donc mis en sommeil, alors que la
province Sud et l’État indiquaient poursuivre des négociations avec les salariés et cinq groupes internationaux. La mention de la Chine suscite l’anxiété. Premier client du Caillou, celle-ci
représente plus de 30 % des exportations calédoniennes.
Depuis 1988, le nickel figure dans les grandes donnes de toutes les transitions politiques calédoniennes, sortes de décolonisations économiques de facto. Le
PIB calédonien devrait se contracter d’environ 4 % cette année. Bien que le nickel représente 90 % des exportations calédoniennes, il ne compte que pour 10 % dans un PIB très dépendant des
services et de la consommation, elle aussi soutenue par les emplois du secteur minier. Depuis 2009, la Nouvelle-Calédonie dispose d’un fonds nickel pour la réhabilitation des sites miniers,
mais toujours pas de fonds de stabilisation, ni de fonds souverain.
Lors du « Battery
Day » de Tesla le 22 septembre dernier, Elon Musk a indiqué vouloir produire des « battery
packs » à la chimie révolutionnaire*. L’entreprise américaine garderait un œil sur l’usine du Sud. Que les fabricants de véhicules électriques soient localisés en Asie favorise
le Caillou. Cependant, toute hausse des cours invite les industriels à trouver des alternatives, indonésiennes et philippines ou technologiques. Le respect des normes ESG (environnement,
société, gouvernance) est un facteur de renchérissement que la concurrence prend soin d’éviter. Côté SLN (Société Le Nickel), la mandataire Hélène Bourbouloux a été dépêchée pour sauver la
« vieille dame », qui a cumulé huit exercices déficitaires. À l’heure des batteries sans nickel, ni cobalt, et quand la rentabilité des projets semble toujours remise à un lendemain
qui chantera mieux qu’aujourd’hui, les usines calédoniennes prennent des allures de châteaux de cartes.
Chargée d’un cours sur les marchés dits « émergents » à Paris, je l’avais intitulé « Re-emerging
markets ». L’Indo-Pacifique, qui s’inscrit dans une histoire infiniment plus longue que celle de l’Atlantique, n’émerge pas. Espace d’empires, de royaumes et de sultanats
anciens, il réémerge. C’est dans ce fascinant voisinage, en crise temporaire, que le Caillou doit s’insérer sans perdre plus de temps. La communauté calédonienne, qui reflète cet espace, a le
choix entre attendre une consultation supplémentaire, suivie d’une transition vers une hypothétique indépendance, et s’engager immédiatement dans une intégration alors que les pays de la
région préparent leur sortie de crise. Dans le contexte du XXIème siècle, les héros calédoniens devront confronter la fragilité du trésor nickel et songer à en faire émerger un autre, lié à
la fois aux ressources de l’économie verte et bleue, et aux impératifs climatiques.
illustration: Le premier référendum sur
l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie s’était soldé le 4 noevmbre 2018 par une victoire du « non » à 56,67 % des suffrages. Ici, un meeting du Front de Libération nationale kanak
et socialiste (FLNKS) en septembre 2018. (Source : La
Croix)
Nouvelle-Calédonie : En filigrane du chaos sociétal se cache la « guerre du nickel »
Source :
Bd. Voltaire - par Philippe Charlez - Le 21/05/2024
Les événements récents en Nouvelle-Calédonie conduisant à une situation quasi insurrectionnelle sont interprétés par les médias et les personnalités politiques
comme un relent de conflit colonial entre Kanaks indépendantistes et Caldoches loyalistes. Si cette lecture garde évidemment tout son sens historique, elle passe invariablement sous silence
« la guerre du nickel ».
Le nickel occupe une place incontournable, dans les sociétés modernes. Grâce à ses propriétés peu corrosives, il va d’abord remplacer le cuivre dans la fabrication
des pièces de monnaie puis, associé au chrome, il va devenir l’ingrédient de base de nombreux alliages, comme l’acier inoxydable. Grâce à ses propriétés magnétiques, il intervient dans la
fabrication des aimants. Et, enfin, grâce à ses propriétés électrochimiques, il participe à la fabrication des accumulateurs et des batteries. Le nickel est un élément crucial des smartphones,
mais aussi des batteries ion-lithium des véhicules électriques.
Rouleau compresseur chinois
Le marché mondial du nickel est particulièrement singulier
: la Chine consomme 55 % de la production alors que l’Indonésie en produit la moitié. Cette situation récente est liée à un accroissement exponentiel de la production indonésienne qui, en moins
de dix ans, a plus que décuplé.
Premier producteur mondial d’acier, d’éoliennes, de panneaux solaires et de batteries, la Chine a un besoin exponentiel de nickel, un métal qu’elle ne produit qu’en
faibles quantités. Consciente de l’énorme potentiel nickélifère
indonésien, l’empire du Milieu a passé avec son voisin insulaire le « pacte du diable ». En y finançant massivement et à vitesse
stratosphérique le développement de nouvelles mines de nickel, le couple infernal a en un clic formé un oligopole anticoncurrentiel inondant le marché de nickel indonésien. Aussi, malgré
une demande croissante de nickel liée à l’émergence des véhicules électriques, la surproduction indonésienne a provoqué une chute des cours de 50 %, depuis début 2023.
Si l’Indonésie, bénéficiant de coûts de production parmi les plus faibles du monde, ne souffre pas trop de cette crise de surproduction qu’elle a consciemment
provoquée, il n’en est pas de même des autres acteurs touchés de plein fouet.
Poumon économique de l'archipel
Troisième producteur mondial recélant dans son sous-sol 30 % des réserves, la Nouvelle-Calédonie n’échappe pas à l’hécatombe. Principale ressource, le nickel est le
poumon économique de l’archipel employant le quart de la population et contribuant à 20 % de son PIB. D’atout historique, le métal gris est en
train de se transformer en malédiction pour la collectivité d’outre-mer.
Premier employeur de l’archipel, la société Le Nickel, filiale d’Eramet, a vu ses ventes chuter de 50 % au cours du premier trimestre 2024. Les deux autres sociétés
minières, Prony Resources et KNS, sont également en très grande difficulté. En conséquence, Eramet a décidé d’arrêter tout investissement au sein de la SLN et le Suisse Glencore, détenant 49 % de
KNS, de vendre sa participation.
Pour pallier l’urgence de la situation et faire face aux échéances de trésorerie, l’État français a sorti son carnet de chèques, octroyant aux trois
compagnies près de 400 millions d'euros sous forme de prêts, d’aides et de subventions.
En échange, l’exécutif a proposé, fin 2023, l’instauration d’un « Pacte Nickel » destiné à rendre la production plus
rentable en mettant notamment en lumière la grosse différence
entre extraction et raffinage : « Si l’activité d’exportation de minerai brut est bénéficiaire, à l’inverse, tous les
raffineurs présentent des résultats négatifs depuis plus de dix ans. » Aussi, pour sauvegarder les activités minières, l’État propose d’arrêter progressivement les activités de
raffinage.
Implicitement, le Pacte Nickel (qui n’a toujours pas été voté) restitue à l’État une compétence devenue calédonienne depuis les accords de Nouméa de 1998. Selon
Ronald Frère, chef de file du parti indépendantiste, il s’agit
d’un« pacte colonial de reprise en main par l’État de la maîtrise des matières premières calédonienne ». De quoi
compliquer encore plus la situation et faire du nickel un élément central de la crise néo-calédonienne.
La situation du nickel en Nouvelle-Calédonie n’est malheureusement qu’un indicateur, parmi d’autres, de la faillite industrielle européenne face à un rouleau
compresseur chinois devenu inarrêtable. Comment croire à une potentielle réindustrialisation du pays alors que nous sommes incapables de maintenir à flots la dernière exploitation minière
française ?
Philippe Charlez
Chroniqueur à BV, ingénieur des Mines de l'École polytechnique de Mons (Belgique), docteur en physique de l'Institut de physique du globe de Paris, enseignant, expert
énergies à l’institut Sapiens
Nouméa, il est 23h, ce samedi 18 mai, je remonte du « front » en bas de la maison où je suis depuis 16h.
La ville est détruite … Que le gouvernement français n’ait pas bien géré ce dossier, c’est un fait … Mais la façon dont la CCAT (Comité de coordination des actions de terrain) a organisé tout cela est en train d’être mis au grand jour .. Ce
sont des fous capables d’envoyer leur gosses détruire toutes les infrastructures du pays - ils ont été formés pour incendier les immeubles, les bâtiments avec cocktails Molotov,
véhicules volés et j’en passe. Tout cela était programmé et ce depuis bien plus d’un an… Tutugoro il y a 2 ans déclarait que l’économie pouvait bien s’écrouler, les kanaks retourneraient aux champs - le fameux « ben tant pis
». Le gouvernement, le congrès sont complices, Wamytan le 1er … qui organise des voyages sponsorisés au nom du Congrès en Azerbaïdjan !!! Ingérence Tout ceci étant téléguidé par la Russie à minima (comme en Afrique entre autres) … la Chine aussi qui lorgne sur nos eaux, nos terres et leurs
richesses, prête qu’elle est à venir récupérer le magot, du Vanuatu (qu’elle annexe, spolie et corrompt), des Salomons et de Fidji où elle s’installe depuis 20 ans. Voilà le genre
de discussions entre Poutine et Xi Jinping lors du dernier voyage du russe à Pékin. « Soutiens moi dans mon infamie en Ukraine et je te donnerai la Calédonie » Même la Turquie. Karpowership, une entreprise turque qui loue la centrale électrique au fioul flottante - normalement une solution bannie dans nos
pays développés et plutôt réservée à l’Afrique - alimentant la SLN et notre agglomération. Cette verrue nécessaire aujourd’hui - nos politiques, encore eux ayant été
incapables de décider d’une solution de remplacement de notre vieille centrale Enercal depuis 15 ans et des milliards dépensés en études, audits, voyages et petits fours - est
installée dans notre grande rade, le cœur du développement de ce pays. Des turcs qui produisent notre énergie avec une base avancée et un nid d’espions à la solde d’un dictateur
et d’un pays désormais ennemi !! Musulman par dessus le marché !
Les leaders indépendantistes du FLNKS, de l’UC, de l’UNI, qui sont nos « ministres des cabinets » d’un gouvernement d’incompétents et du congrès ont
créé ce monstre et ces terroristes que sont la CCAT. Bien aidés pour les mettre aux perchoirs par l’éveil océanien, parti pré-pubère faiseur de roi d’un certain tukumuli,
wallisien qui met en porte-à-faux toute une communauté, sa communauté, pas vraiment bienvenue dans notre île en raison de luttes ancestrales. Polynésiens et mélanésiens s’étant
affrontés pendant des siècles au fil de leurs rencontres sur les archipels du Pacifique Sud. Il y a aujourd’hui plus de wallisiens et futuniens chez nous qu’à W&F … Vous
savez, ces guerriers wallisiens si fiers de porter le Coq dans notre merveilleux XV de France, ces Taofifenua (salut mon grand frère Willy, papa de Romain), ces Mauvaka et
tellement d’autres qui vivent en France. La CCAT : Ils ont fomenté tout cela après le 3e référendum. « L’indépendance quel qu’en soit le prix, même s’il faut 1000 morts parmi nos jeunes, ce
seront nos martyrs pour notre Kanaky de demain … » Ils sont aujourd’hui capables d’envoyer leurs enfants mais surtout « les jeunes » faire les pires exactions à coups de cailloux en espérant des
bavures de l’état colonial depuis 4 jours … La Russie et ses armées de hackers et autres trolls distillant posts et parutions finement diffusés incitant à la vindicte et à la
haine sur les réseaux. Le colonialisme a bon dos … En 4 jours toute l’agglomération a brûlé … plus de cabinets de médecine générale, de cardiologie, 2 centres de dialyse, ont été détruits depuis
mercredi … les vieux et les insuffisants rénaux commencent à crever et ce n’est qu’un début … Ce ne sont pas les blancs qui crèvent, ce sont nos mamans et papas kanaks,
wallisiens, futuniens, tahitiens, vanuatais, notre mosaïque Pacifique … Vietnamiens, chinois, javanais, japonais la complètent … Descendants de bagnards, colons, zoreils et tous
les métis .. voilà le Peuple Calédonien, ce peuple pionnier, travailleur et courageux. Pas d’assistanat ici, d’argent braguette, de rsa, d’allocations chômage à rallonge et autres
privilèges que la France nous offre. Par contre des émoluments de hauts fonctionnaires aux petits et grands chefs coutumiers … sûrement la paix sociale …
Kanak, le Cercle et la Case Nous tous ici avons accepté le fait que les kanaks sont le Peuple Premier, qu’il doit être respecté avec humilité et fraternité, qu’il nous ouvre sa
case avec le cœur qui le caractérise.
Mais aujourd’hui, les émeutiers kanaks en grande majorité empêchent l’accès à notre hôpital, le Médipole, récente unité et fleuron à la pointe de la
médecine, un outil fabuleux pour un si petit territoire. Les soignants y sont conduits par la mer … Les malades ne peuvent y accéder sans risques et doivent être escortés par les
blindés à la merci d’émeutiers et de leurs barrages sur notre 4 voies, porte d’entrée et de sortie principale de Nouméa.
L’économie est détruite … La CCAT, émanation crapuleuse de leaders politiques alcooliques notoires et gavés depuis 30 ans a envoyé ces jeunes en déshérence mais pas qu’eux …
pour détruire la société le Froid - la plus grande brasserie et fabriquant de coca cola … sachant pertinemment que des stocks conséquents d’hydrogène s’y trouvaient. Leur
explosion aurait potentiellement pu détruire la plus grande « cité » kanak de Nouméa, Montravel située à 200 m !!! Ça, c’était le 1er jour … Malgré les injonctions du haut
commissaire de quitter les lieux alors que l’incendie faisait rage et pour les préserver, les jeunes restaient sur place et empêchaient la lutte des pompiers … le drame d’une
explosion majeure a néanmoins été évité … Les enseignes commerciales suivantes ont été pillées et détruites méthodiquement : Mr Brocolage (2 grandes quincailleries), Décathlon, Cimac,
Hyper Carrefour, Conforama, Casino, Leader Price, Champion, Darty, Renault, Nissan, Mitsubishi, Komatsu … une cinquantaine de grandes enseignes … Plus de 300 autres entreprises,
privées, fruits du travail d’entrepreneurs, développant au quotidien leurs affaires avec les kanaks et toutes les autres communautés de ce pays, le « vivre ensemble » quoi … tout
ce tissu économique est détruit à cette heure et ce n’est pas fini. Réalisez qu’ils les ont envoyés pour détruire par le feu Gazpac-Air Liquide et Mobil, notre stock stratégique en carburant et en gaz sur la
presqu’île de Numbo !!! Les riverains de cette zone industrielle se sont battus avec des cailloux pour éviter ce cataclysme et n’ont du leur salut que grâce à nos Gendarmes et au
GIGN arrivés en renfort.
NICKEL MAUDIT : Les 3 usines de nickel sont à l’arrêt, elles sont l’objet d’un chantage permanent et d’une surenchère démagogique des leaders
indépendantistes, qu’ils soient politiques ou coutumiers depuis des années. Ils tirent sur la fibre kanak et son lien à la terre pour manipuler à dessein, et négocier iniquement
tel ou tel massif … Les Fondations montées lors de la construction des 2 dernières usines (Prony dans le Sud et KNS pour le Koniambo) ont donné lieu à des versements de sommes
pharaoniques aux chefs et leaders coutumiers normalement destinées à former les jeunes, que ce soit dans les métiers de la mine, de l’environnement, mais aussi de l’agriculture,
du bâtiment et de l’industrie. Ils se sont gavés, et rien ou si peu n’a servi à nos jeunes kanaks sur zone. Ces projets, bien que discutables d’un point de vue environnemental
étaient fabuleux dans le sens où ces jeunes pouvaient être formés et embauchés, tout en vivant dans leurs tribus environnantes selon leurs coutumes et auprès des leurs. Pour faire
simple, les jeunes kanaks (emploi local) étaient prioritaires, ils étaient impliqués dans des projets de premier plan mondial, avec tous niveaux de formations (de la femme de
ménage à l’ingénieur. de l’ouvrier spécialisé au cuisinier, administratif …) Quelle chance, nous « Enculés de blancs et autres zors » qui nous battons en France et dans nos DOM
pour avoir de telles opportunités d’emplois et de développement pour nos jeunes.
Écoles, collèges, lycées, centres de formation ont été détruits … Toutes ces structures financées par le pays et la France sont une chance pour tous
nos jeunes et en particulier les kanaks, seuls mélanesiens bénéficiant de tels établissements. Gratuits de surcroît, oui, l’enseignement est gratuit chez nous, comme en France et
on le piétine outrageusement. La très grande majorité des parents de cette planète paie pour l’instruction de ses enfants … Savez vous combien coûte une année de lycée en Nouvelle
Zélande ou en Australie ? 25 à 50 000 euros !!! En France dans nos Écoles aujourd’hui, on se plaint, on défie et nous, on tolère l’intolérable entre wokisme, communautarisme,
islamisme et manque d’autorité structurante, nous sommes en train de saper nos fondements et ce qui fait partie de notre grandeur, l’école obligatoire et gratuite, normalement
garante de l’instruction et de l’avenir de nos enfants et de notre Nation.
À l’heure où j’écris ce cri du cœur, cette indignation viscérale, l’aérodrome de Magenta est attaqué par des hordes d’émeutiers. Cet aérodrome
domestique au cœur de Nouméa sert de pont entre l’aéroport international de Tontouta - les 40 km qui les séparent étant impraticables désormais à cause de kanaks avides de «
dignité et de liberté » - où arrivent en ce moment même nos Gendarmes, nos CRS et les seules forces capables d’arrêter cette catastrophe que nous vivons et accessoirement de nous
sauver. Pour votre information, cet aérodrome assailli à cette heure est le point de départ 4* pour nos îles loyautés et l’île des pins, nos autres kanaks, ces « planches à voile
», c’est le terme usité par les kanaks de la grande terre pour les nommer et qui préfigure l’avenir de ces îliens en cas d’indépendance … Ces même loyaltiens qui voyagent à bas
coût dans des ATR 72 flambants neufs payés par la France assurant la continuité territoriale et offrant à 18 000 personnes à 95% mélanesiennes une proximité inédite avec la
grande terre et Nouméa … La Colonisation …
Nouméa « la blanche » et ses quartiers sud est désormais l’ultime cible de cette horreur, le saint graal. On nous promet de venir dans nos maisons
pour les brûler et nous assassiner !!!
J’ai tellement à écrire … mais je dois désormais retrouver mes nouveaux camarades de Lutte sur nos barrages érigés à la hâte pour nous défendre avec
des barres de fer, des pavés, des gomme cognes … de sauvages irresponsables, alcoolisés, canabissés et assoiffés de vengeance d’une histoire dont nous avons tous
héritée. Cette Lutte, la vraie, la seule qui justifie que l’on tue notre prochain, celle de La Défense de nos Enfants, de nos Femmes et de nos Parents, de
nos Amis, de nos maisons et de tout ce qui fait de nous des Hommes. Je vais y retrouver mes voisins de quartier que je ne connaissais pas ou peu jusqu’alors, eux ces caldoches,
ces zors, ces viets, ces chinois, ces métis, ces wallisiens et tahitiens et désormais de plus en plus de kanaks qui se rendent compte à quel point ils ont été manipulés par leurs
leaders et qui constatent que la vie ne sera jamais plus comme avant … c’est bien la seule lumière dans cette nuit funeste. Et on appelle cela des milices armées en terres
coloniales !!! Et encore, je suis un nanti, je l’ai toujours été, merci papa, merci maman, et mon quartier est protégé et effectivement un putain de quartier de «
gros bourges » mais je n’arrête pas de penser à mes frères et sœurs, copains et employés qui vivent un enfer dans les quartiers mixtes de Nouméa où règnent le chaos, la peur et la
terreur à cette heure. Le GIGN, le RAID, les polices municipales et nationales se battant depuis 3 jours pour exfiltrer de leurs maisons nos citoyens abandonnés, meurtris et
exténués. Allez, j’y vais, haut les cœurs pour que vivent et résistent les derniers quartiers non encore saccagés et brûlés de Nouméa … Vive la vie !!! Et je ne l’ai finie celle là, même si je sais que nos lendemains vont être terribles … À tout à l’heure, il est 2h36, j’enfile mon treillis et rejoins mes potos au rond point de l’Ancre marine dans la merveilleuse baie de l’orphelinat
où je suis arrivé en 1976, en espérant que d’ici 24, 48h l’armée prenne nos positions, arrête cette horreur et nous protège …
Ah, au fait, je n’ai pas le droit de vote … mais je m’en fous et je reconnais cette erreur de notre gouvernement national d’avoir « brusqué les choses » , même si cela fait 3 ans
que l’on attend de nos responsables politiques qu’ils s’entendent et offrent à tout un pays un avenir dans la paix …
Mais ça c’était avant
Putain, faut que j’y aille …
Encore, au fait, cet accord et ces 10 ans de résidence avaient été actés dans le marbre des accords de Nouméa il y 26 ans …
18 ans de résidence serait la solution ? comme un enfant qui y naîtrait, un néo arrivant y ayant fait sa vie …
J’enrage quand j’entends en live tous ces verts, socialos et autres NUPES de merde et son pyromane de Melenchon sur les chaînes d’infos vous expliquant la gueule enfarinée qu’il
faut décoloniser ce pays, bandes de cons, ça fait 30 que l’on construit ce futur désormais ex pays …
J’ai honte pour mes frères kanaks et ne sais plus désormais comment leur pardonner et leur accorder la dignité qu’il mérite !!??
Allez j’y vais…