• Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a été assassiné le 28 septembre 2024, cinquante-quatre ans, jour pour
jour après la mort subite de Gamal Abdel Nassez, président de la République arabe unie (Égypte).
La référence à Nasser n’est pas fortuite : Le raïs était mort (officiellement d’un problème cardiaque) alors qu’il venait de refuser le plan de paix
israélo-arabe du secrétaire d’État William P. Rogers et qu’il s’apprêtait à destituer son troisième vice-président, Anouar el-Sadate. Hassan Nasrallah a été éliminé alors qu’il se battait pour
l’indépendance de la Palestine et alors qu’il s’interrogeait sur les objectifs de certains de ses compagnons. Il venait d’accepter le plan de cessez-le-feu états-uno-français de 21 jours, il en
avait fait informer Washington et Paris par le gouvernement libanais, mais n’avait pas eu le temps de rendre publique son acceptation (cf. VAI 2048).
• Hassan Nasrallah était un Sayyed, c’est-à-dire qu’il était un descendant direct du prophète Mohamed. Il était surnommé « Said al-Muqawama »
(M. Résistance), en raison de son action opiniâtre contre l’occupation israélienne de la Palestine, du Liban et de la Syrie. Sa mort n’a pas été ressentie qu’au Liban, en Syrie et en Iran,
mais dans tout le monde musulman, particulièrement dans le monde arabe.
À la différence des
autres leaders chiites, il s’adressait à tous, n’utilisant jamais de référence religieuse lorsqu’il s’adressait à des non-musulmans. Bien que chef spirituel, il défendait une vision laïque de
l’État.
Sous son commandement, le Hezbollah est devenu la puissante armée populaire au monde. D’abord soutenu financièrement par la Syrie, puis par l’Iran, il constitua
progressivement ses propres réseaux de financement dans le monde, particulièrement en Afrique. Il disposait d’un armement gigantesque offert principalement par l’Iran.
Le Hezbollah était devenu la principale force de défense du Liban au point que l’armée régulière du pays lui demanda volontiers de se déployer à la frontière
libanaise, ce qui rendit, du point de vue israélien, inefficace la résolution 1701, rédigée à la fin de la guerre de 2006 par Victoria Nuland et amendée par Jacques Chirac.
Contrairement à la vision occidentale de son action, il n’a jamais conduit d’opérations terroristes à l’étranger (ni en Argentine, ni en Bulgarie), ni jamais
utilisé ses armes contre les autres partis politiques libanais (l’opération de 2008 n’a visé que les immeubles utilisés par l’Otan et Israël, pas ceux utilisés par la famille Hariri).
Le système politique libanais liant les élections aux appartenances religieuses, Hassan Nasrallah n’a pas pu se présenter à la présidence du Liban. Cependant, si le
Liban avait choisit son président sur le principe un homme, une voix, il aurait été élu à une large majorité. Au demeurant le Hezbollah s’est progressivement substitué aux carences de l’État, aussi bien en matière de voirie que de santé ou d’éducation.
Hassan Nasrallah s’était rendu avec l’envoyé iranien Abbas Nilforoushan au siège du Hezbollah à Haret Hreik (sud de Beyrouth) pour une réunion avec 22 commandants,
dont Ali Karaki. Ceux-ci souhaitaient se plaindre du refus de soutien de l’Iran (cf. VAI 2016). Une « taupe iranienne » (ou une taupe en Iran) a alors prévenu le Mossad. Benyamin
Netanyahou a donné instruction de le tuer et de lancer l’opération « Nouvel ordre régional » depuis sa chambre d’hôtel à New York. Il a interrompu son séjour aux États-Unis et est
revenu en Israël. Le Sayyed est mort hors de la présence des commandants, avec ses gardes du corps, soufflé par l’explosion.
Les
Nations unies sont devenues une parodie d’elles-mêmes. Lors de la réunion des dirigeants mondiaux à New York cette semaine, Gaza, le Liban et la Palestine ne figuraient nulle part à
l’ordre du jour, mais un pacte américain adopté à la va-vite et destiné à protéger «l’ordre fondé sur des règles» figurait en tête de liste.
L’incapacité – et le manque de volonté – des Nations unies et de son Conseil de sécurité à mettre fin à un génocide diffusé en direct les a discréditées
au-delà de toute rédemption possible. Toute résolution sérieuse infligeant des conséquences sérieuses à la psychopathologie mortelle d’Israël a été, est et sera bloquée au Conseil de
sécurité de l’ONU.
Un spectacle surréaliste s’est déroulé dimanche et lundi derniers à New York, juste avant la 79ème Assemblée générale annuelle, où les chefs d’État se sont
réunis pour prononcer leurs nobles discours à la tribune de l’AG.
Les États membres de l’ONU ont adopté un Pacte
pour l’Avenir, avec 143 voix pour, seulement sept contre et 15 abstentions. Le diable est dans les détails, bien sûr : qui l’a conçu et approuvé, comment a-t-il été placé en tête de
l’ordre du jour alors que le monde brûle, et pourquoi sentons-nous une odeur de rat (géant) ?
La machine de relations publiques de l’ONU a annoncé, joyeusement, que le «résultat clé du
Sommet de l’Avenir est une opportunité unique dans une génération d’orienter l’humanité sur une nouvelle voie vers notre avenir commun».
Joli langage, mais pour être clair, cela n’a rien à voir avec le concept philosophique chinois, inclusif, de «communauté d’un avenir partagé pour
l’humanité». Il s’agit plutôt de l’avenir commun envisagé par la ploutocratie atlantiste qui dirige le soi-disant «jardin» et qui ne produit que des diktats pour la «jungle».
Le vote
de la Chine, de la Russie et de l’Iran
Le premier représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l’ONU, Dmitry Polyansky, a bien résumé l’initiative :
«Les Nations unies ont
enfreint leurs propres principes pour se plier à un groupe de délégations du «beau jardin», qui ont usurpé les pourparlers depuis le tout début. Et la majorité de la «jungle», comme un
troupeau, n’a pas trouvé le courage de protester et de défendre ses droits. Ils porteront la responsabilité des conséquences».
Un certain nombre de diplomates, s’exprimant officieusement sur un ton assez déconcerté, ont confirmé qu’il n’y avait pas eu de négociations préalables
sérieuses et que le pacte avait été adopté par consensus, avec un groupe minimaliste de seulement sept pays – tous issus de la «jungle» – tentant d’opposer une résistance, rejetant le
texte préparé et ne parvenant pas à ajouter des amendements de dernière minute.
Même le tout nouveau président de l’Assemblée générale des Nations unies, Philemon Yang, a tenté de faire quelque chose. Les résistants ont proposé que Yang
reporte le vote jusqu’à ce que toutes les dispositions aient été approuvées, en particulier celles relatives au désarmement et au rôle d’ingérence des ONG dans le travail du
haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Mais le «jardin» a exercé une pression totale pour faire passer le pacte, et les résistants ont proposé trop peu, trop tard.
Quelques diplomates africains se sont plaints, officieusement, que leurs pays étaient opposés au pacte mais qu’ils votaient «par solidarité». C’est un code
pour dire qu’ils ont été intimidés ou même soudoyés par le «jardin».
Et maintenant, le clou de l’affaire. La Russie et l’Iran ont voté «non». Et la Chine s’est abstenue.
En bref, les trois États-civilisation clés, qui se trouvent être les principaux moteurs de l’intégration de l’Eurasie et sans doute les trois membres les
plus importants des BRICS, ont rejeté le pacte fabriqué par le jardin. La principale raison non déclarée est que ce pacte est en fin de compte contraire aux BRICS et à l’émergence d’un
deuxième pôle mondial.
Les nombreuses références directes du pacte à l’«ordre international fondé sur des règles», le mantra de l’Hégémon, constituent un indice irréfutable. Le
pacte a été habilement conçu pour isoler les États-civilisations les plus puissants et pour diviser les BRICS de l’intérieur : le classique «diviser pour régner».
Quant au véritable pacte pour l’avenir de la Majorité mondiale, il commencera bientôt à être sérieusement discuté – non pas à l’ONU, mais au sommet
annuel des BRICS à Kazan le mois prochain.
Gaza qui
?
Bien que le bâtiment de l’ONU accueille le plus grand groupe de dirigeants mondiaux réunis en un an, absolument rien n’est fait au sujet du génocide de Gaza
et de l’expansion de la guerre d’Israël au Liban. Cette inactivité surprenante face à la crise humanitaire la plus urgente de la planète a stupéfié même les «jardiniers» du golfe
Persique, qui s’accrochent généralement aux diktats des États-Unis sur la plupart des sujets.
Le secrétaire général adjoint du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour les affaires politiques et les négociations, le Dr Abdel Aziz Aluwaisheg, a même
rédigé un éditorial qui souligne l’illusion du président américain Joe Biden «affirmant que le
système international fonctionne et que les États-Unis en particulier le maintiennent en place» – le seul chef d’État à avoir fait cette affirmation à la tribune cette année.
Dans sa chronique intitulée «Le dernier
discours imparfait de Biden à
l’Assemblée générale de l’ONU», Aluwaisheg révèle : «Dans les réunions de
haut niveau qui se tiennent à New York ces jours-ci, comme le «Sommet de l’Avenir», les participants s’accordent à dire que le système des Nations unies est cassé et qu’il a besoin d’une
réforme, voire d’une refonte». Il ajoute :
«Du point de vue d’une
superpuissance disposant d’un droit de veto, le système fonctionne. Elle peut arrêter toute action qui lui déplaît et se rallier aux décisions qu’elle approuve. Qu’y a-t-il de mieux ?
Mais le monde est différent du point de vue des réfugiés sans défense de Gaza, blottis dans les ruines de leurs maisons, qui ont perdu de nombreux membres de leur famille et qui
pourraient être tués à tout moment par une force militaire bien supérieure, non contrôlée par l’ONU et soutenue par ses membres les plus puissants».
L’ONU
devient une annexe de Davos
L’ensemble du bâtiment de l’ONU à New York a été réduit à un monolithe célébrant l’abattement et le cynisme, car il devient évident pour tout corps
diplomatique que le génocide de Gaza et maintenant son extension au Liban sont pleinement soutenus par le syndicat criminel occidental, dirigé par le sionisme anglo-américain.
À cet égard, tout vote à l’ONU devrait être considéré comme non pertinent. Toute la structure de l’ONU devrait être considérée comme non pertinente.
Le Pacte doit être lu à ses risques et périls. Il s’agit d’une salade de mots cliché mélangeant une signalisation virtuelle débridée avec une reprise
d’anciennes politiques d’accords morts tels que l’accord commercial TPP de l’ère Obama, ainsi qu’une initiative de numérisation mondiale initialement rédigée, en thèse, par les
gouvernements de l’Allemagne et de la Namibie.
Pourtant, les véritables rédacteurs étaient les suspects habituels : Big Tech et Big Finance, les garants de l’«ordre international fondé sur des
règles».
Cet avenir envisagé pour l’humanité – contrairement à l’esprit communautaire chinois – est une apothéose de la Quatrième
Révolution industrielle, en provenance directe du gang de Davos, personnifié par le Forum économique mondial (WEF).
Ce sont ces acteurs qui ont supervisé les précédentes «négociations», inexistantes, renvoyant à l’accord de coopération fatidique entre l’ONU et le Forum
économique mondial (WEF) signé en juillet 2019, quelques mois avant l’ère Covid.
Cet accord, comme l’a fait remarquer l’analyste Peter Koenig, est «illégal», car
«l’ONU ne
peut pas conclure d’accords avec des ONG, mais de facto non pertinent dans un monde ordonné par des règles». Dans la réalité, l’ONU n’est plus qu’une annexe de
Davos.
Bienvenue donc dans votre avenir dystopique, qui est désormais couché sur papier. Pas sur papier, pardon, c’est tellement démodé : en écriture
numérique.
Y a-t-il une issue ? Oui. La Résistance mondiale se transforme progressivement en une force cohérente et transcontinentale, dont la portée et la profondeur
sont en grande partie dues à une Chine de plus en plus affirmée. Les BRICS sont déterminés à développer de puissants nœuds interconnectés capables d’orienter la Majorité mondiale vers un
avenir équitable, vivable et non dystopique. Tous les regards se tournent vers Kazan en octobre.
Depuis le 7
octobre 2023, le bilan des pertes
palestiniennes directes, liées aux opérations des forces israéliennes largement soutenues par l’occident otanien, tant à Gaza qu’en Cisjordanie, établi au 14 août 2024 à
12h 45 GMT est de :
Pour Gaza
: 39 965 tués dont plus de 16 500 enfants, plus de 92 294 blessés
Pour la
Cisjordanie : 625 tués dont 146 enfants, plus de 5400 blessés.
Total Palestine
: 40 590 tués, plus de 97
694 blessés; plus de 10 000 disparus
Si l’on y ajoute les pertes indirectes (malnutrition,
défaut de soins, épidémies) en appliquant le facteur 4 retenu par le Lancet pour
le conflit palestinien, le nombre total de décès palestiniens liés à la guerre serait proche de 203 000
!
La position de la Russie sur le génocide des Palestiniens a été clairement exposée au Conseil de sécurité de l’ONU le 13 août 2024.
La réaction iranienne à l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas sur son territoire se fait toujours attendre plongeant
l’occident otanien, et surtout ses marchés financiers, dans l’incertitude, ajoutant aux difficultés très réelles des économies occidentales et israélienne. Tout cela est
du pain béni pour la Russie.
L’Iran, bien sûr, doit aussi prendre son temps pour s’organiser et se coordonner avec ses alliés et amis du monde musulman mais aussi des BRICS et de
l’OCS, dont la Russie. Il doit prévoir le coup qu’il va porter dans ses moindres détails, mais aussi le
coup d’après, celui qui suivra l’inévitable riposte israélienne.
Celui qui se croit encore et toujours le maître du Jeu est bien Benjamin Netanyahou. Conforté par l’accueil reçu lors de sa dernière et 4ème
intervention devant le Congrès US le 24 juillet dernier, il reste convaincu que les États-Unis le soutiendront jusqu’au bout dans sa croisade contre l’Iran, et que l’OTAN suivra. Il
multipliera les provocations et ne reculera pas devant l’escalade, comme il l’a fait jusqu’à présent.
La situation me semble donc extrêmement dangereuse, notamment pour un Occident otanien qui n’est pas au meilleur de sa forme économique et militaire et
qui n’est plus en mesure d’imposer sa loi à la coalition planétaire qui se forme peu à peu contre lui.
A force de vouloir et de chercher la guerre en surestimant leurs capacités et sans demander l’avis de leur population plus que réticentes, les
gouvernances néoconservatrices occidentales ne vont-elles pas finir par la trouver et par la perdre ? L’avenir nous le dira.
Pour bien comprendre ce qui se passe, je vous propose aujourd’hui cette interview de Alastair Crooke et de Alexander Mercouris qui sont de véritables
experts du sujet dont ils parlent. Selon eux, «la guerre est
inévitable». (voir aussi les
commentaires).
Je vous propose ici un autre article de l’historien Zachary Foster qui expose les méthodes employées par le sionisme, de ses débuts à nos jours, pour
s’approprier le sol de la Palestine.
Cet article rappelle que l’achat de terres par les sionistes ne leur a pas permis d’avoir une réelle emprise physique sur le territoire de la Palestine
puisque en 1947, donc juste avant la création de leur entité, ils ne possédaient que 5,7% des terres. On rappellera au passage que dans l’entité, un juif n’a pas le droit de vendre
une parcelle de terre à un non juif.
La méthode la plus efficace employée par les sionistes pour s’approprier la terre a été le vol, qu’il soit opéré par la force des armes ou par des
procédés juridiques relevant eux aussi du vol.
Outre l’exposition de ces méthodes de rapine qui n’ont jamais cessé, l’article de Zachary Foster a l’intérêt de rappeler que l’appropritation par la
force de terres palestiniennes n’a pas commencé en 1948 mais entre 1936 et 1939 avec l’appui de l’armée britannique qui était en Palestine au titre du mandat donné par la Société Des
Nations au Royaume Uni.
Mounadil al Djazaïri
*
Les 3 étapes du sionisme
par Zachary
Foster
En 1904, le leader sioniste Menachem Oussishkin expliquait que
«sans
la propriété de la terre, la terre d’Israël ne deviendra jamais juive». Il identifiait ensuite les trois stratégies d’acquisition de la terre : l’achat, la conquête et la
réquisition gouvernementale. Oussishkin était visionnaire, car c’est précisément de cette manière que le mouvement sioniste, puis l’État d’Israël, ont pris le contrôle de la grande
majorité du territoire de la Palestine historique. Voici une brève histoire des trois étapes du sionisme, d’abord l’achat, puis la révolte et la guerre, et enfin le décret
d’État.
Commençons par la première étape du sionisme. En 1914, les juifs possédaient environ
2% de la Palestine et en 1948, ils en
possédaient environ 5,7%, soit environ 1,5 million de dunams sur les 26,3 millions de dunams de la Palestine mandataire. Cette stratégie a perduré jusqu’à aujourd’hui, même
si elle a considérablement reculé. L’acquisition de terres par achat a été coûteuse et lente, et donc peu attractive.
Cela nous amène à la deuxième étape du sionisme, la conquête. Souvent oubliée, la première période au cours de laquelle les sionistes ont acquis
des terres par conquête s’est déroulée entre 1936 et 1939. Au cours de cette période, les Arabes palestiniens se sont lancés dans une révolte ouverte contre les Britanniques, connue
sous le nom de Grande révolte arabe. Dans leur tentative de réprimer le soulèvement, les Britanniques ont
formé, armé et soutenu les forces paramilitaires sionistes et leur ont permis d’établir des avant-postes de «sécurité».
Les sionistes ont saisi l’occasion d’établir des «faits sur le terrain». Les colons juifs arrivaient sur un site et construisaient rapidement une tour de guet et quelques cabanes avec une toiture en moins de 24 heures, selon ce qu’on appelait la méthode
«tour et palissade». Très vite, les «avant-postes de sécurité» ont été transformés en colonies agricoles. C’est ainsi que les sionistes ont établi 57 nouvelles colonies en
Galilée, dans la vallée du Jourdain, au centre et au sud du pays. Ces colonies rurales (voir ici)
abritent aujourd’hui des dizaines de milliers de juifs israéliens.
En 1948, les forces sionistes, puis l’État d’Israël, ont conquis 78% de la Palestine sous mandat britannique, expulsant 700 000 Palestiniens de leurs
foyers. L’État [sioniste] a ensuite procédé à la confiscation des terres qui appartenaient auparavant aux réfugiés. Une étude de l’ONU de 1951 a évalué les terres
saisies à 16,3 millions de dunams, qui comprenaient des terres privées et communautaires, tandis que le fonctionnaire de l’ONU Sami Hadawi les a estimées à 19 millions de
dunams. La plupart des estimations ont cependant tendance à
se situer entre 4,2 et 6,6 millions de dunams de terres confisquées par Israël au lendemain de la guerre. Il s’agit de loin de la plus grande acquisition de terres de l’histoire du
sionisme.
En juin 1967, Israël a conquis les 22% restants de la Palestine historique, à savoir la Cisjordanie et la bande de Gaza. Mais cette fois, les forces
israéliennes ont expulsé un pourcentage bien plus faible de la population palestinienne et ont dû adopter la troisième et dernière stratégie d’acquisition de terres : le
décret.
Le premier décret, connu sous le nom de Loi sur les biens des absents (ordonnance militaire 58, publiée le 23 juillet 1967), était similaire à la Loi
sur les biens des absents de 1950 utilisée pour s’emparer des terres palestiniennes après 1948. En 1967, l’armée israélienne définissait les
«biens
des absents» comme «les biens dont le
propriétaire légal, ou quiconque est autorisé par la loi à les contrôler, a quitté la zone avant le 7 juin 1967 ou après». Le Contrôleur de l’État israélien a signalé qu’au cours
des premières années de l’occupation, environ 430 000 dunams, soit 7,5% de la Cisjordanie, ont été confisqués de cette manière.
La deuxième stratégie consistait à déclarer que les terres appartenaient à un État ou à un organisme hostile. L’ordonnance militaire 59, promulguée le
31 juillet 1967, déclarait propriété
de l’État toute terre ou propriété appartenant à un État hostile ou à un organisme d’arbitrage lié à un État hostile. En 1979, 687 000 dunams, soit 13% de la Cisjordanie, avaient été
confisqués de cette manière.
La troisième stratégie consistait à confisquer des
terres pour des besoins «publics» [lire : juifs]. Israël a largement utilisé ce décret pour saisir les terres nécessaires à la construction de routes pour desservir le réseau illégal
de colonies israéliennes. Aujourd’hui, la plupart de ces routes ne sont accessibles qu’aux Israéliens, et non à la population palestinienne des territoires occupés, ce qui en fait non
pas des routes publiques mais des routes d’apartheid.
La quatrième stratégie consistait à classer des
terres comme réserves naturelles. L’armée israélienne a émis l’ordre 363 en décembre 1969, qui impose des restrictions sur l’utilisation des terres pour l’agriculture et le pâturage
dans les zones définies comme réserves naturelles. En 1985, 250 000 dunams (soit 5% de la Cisjordanie) ont été transformés en
réserves naturelles et en 1997, ce chiffre était passé à 340 000 dunams. En 2020, Israël a
créé 7 réserves naturelles supplémentaires et agrandi 12 réserves naturelles existantes pour maintenir le contrôle israélien sur la zone. Puis, en avril 2022,
Israël a
créé sa plus grande nouvelle réserve naturelle en Cisjordanie depuis près de 3 décennies, interdisant de fait 22 000 dunams supplémentaires aux Palestiniens.
La cinquième stratégie consistait à confisquer des
terres à des fins militaires. D’août 1967 à mai 1975, Israël a déclaré 1,5 million de dunams de terres – 26,6% de la Cisjordanie – zones militaires fermées. Une grande partie de ces
terres a ensuite été convertie en colonies juives. Une décision de la Cour suprême israélienne de 1979 a forcé l’État à modifier légèrement sa stratégie : d’abord, les terres
palestiniennes seraient déclarées «terres d’État», puis elles pourraient être réaffectées à la construction de colonies juives. De 1979 à 1992, ce système a été utilisé pour voler
plus de 900 000 dunams de terres, qui ont ensuite été allouées presque exclusivement aux colonies. Aujourd’hui, 1,2 million de dunams (22% de la Cisjordanie) relèvent de cette
catégorie de terres.
Israël continue d’utiliser ces trois méthodes pour s’emparer de la Palestine. Les juifs continuent de tenter d’acheter des terres aux Palestiniens,
l’État continue de voter de nouvelles lois et de publier de nouveaux décrets pour confisquer davantage de terres palestiniennes, et l’armée israélienne a déjà pris le
contrôle d’au moins 16% de la superficie de Gaza au cours des dix derniers mois par le biais de la conquête militaire.
La CIJ, consultée, vient de rappeler le droit international concernant les territoires occupés illégalement par Israël depuis bientôt soixante ans – après la Guerre des Six Jours de juin 1967.
Les médias de l’establishment en font un événement sensationnel. Constatons que ce qui est devenu révolutionnaire en Occident, c’est le rappel du droit!
LIRE ICI: le résumé de l’avis consultatif sur les Conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris
Jérusalem-Est https://t.co/wXTuuIgw68pic.twitter.com/GESFQS5uqS
Prenez le temps de lire le résumé de l’avis rendu par la Cour Internationale de Justice, suite à la demande de l’Assemblée Générale des Nations Unies concernant le
statut des territoires occupés par Israël en juin 1967.
Avant l’avis, on trouve un long rappel de ce qu’il y a dans les résolutions de l’ONU depuis 1947 à propos d’Israël et de la Palestine.
Le rappel au droit est révolutionnaire
Rien de nouveau diront, à juste titre, ceux qui connaissent le droit international. Mais les Etats-Unis, avant et après les accords d’Oslo, ont soutenu l’idée que
les résolutions de l’ONU concernant Israël pouvaient être ignorées, voire piétinées.
Voilà pourquoi le rappel au droit de la CIJ est important. Il est visiblement révolutionnaire pour les médias subventionnés, qui avalent goulument depuis octobre
les narratifs de l’armée israélienne.
La Cour rappelle par exemple que Gaza est toujours, juridiquement, un territoire illégalement occupé par Israël. Le fait que l’armée israélienne ait retiré ses
troupes en 2007 ne change rien. La Cour n’a pas encore répondu à la question du “génocide” des Palestiniens de Gaza. Mais elle rappelle le contexte.
La position des Etats-Unis et d’Israël – de la légitimation du bombardement des civils au refus de faire appliquer le droit pour reconnaître un Etat
palestinien – est de moins en moins défendable.
Zachary Foster énumère et décrit les 8 catégories, ou niveaux juridiques, qui segmentent la population en Palestine occupée, c’est-à-dire ce qui
correspond à ce qu’on appelle l’État sioniste et à ce qu’on appelle les territoires occupés (Gaza et Cisjordanie)
Ces niveaux correspondent à des types de populations différents (juifs et non juifs) et à des localisations géographiques différentes. Cette dernière
dimension est particulièrement importante en Cisjordanie marquée par une division en quatre zones : Jérusalem-Est, zones A, B et C.
«La
zone A comprend les sept grandes villes palestiniennes de Cisjordanie, à savoir Jénine, Qalqiliya, Tulkarem, Naplouse, Ramallah, Bethléem et Hébron, où il incombe à
l’Autorité Palestinienne d’assurer la sécurité et l’administration. La zone A couvre 20% de la Cisjordanie et comprend 55% de sa population. Dans les faits, l’armée israélienne se
donne le droit d’intervenir en zone A.
La zone
B comprend la plupart des autres localités palestiniennes, à l’exception de certains camps de réfugiés et villages. L’Autorité Palestinienne y a, en théorie, la
responsabilité civile et Israël conserve une responsabilité prépondérante pour les questions de sécurité. La zone B comprend 28% du territoire de la Cisjordanie et 41% de sa
population.
La zone
C est sous contrôle total d’Israël pour la sécurité et l’administration. La zone C représente la plus grande portion des terres de la Cisjordanie (62%). Et c’est la
seule zone possédant une continuité territoriale en Cisjordanie, encerclant et divisant les zones A et B. De plus, la zone C constitue la plus grande part des terres fertiles et de
ressources de Cisjordanie. Elle contient également l’intégralité des routes menant aux colonies israéliennes, les zones tampons (près des colonies, du Mur, des routes, des zones
stratégiques et d’Israël) et quasiment toute la Vallée du Jourdain, de Jérusalem-Est et du désert. Toutes les frontières sont situées en Zone C, où les Israéliens bénéficient toujours
du contrôle total».
Zachary Foster est historien universitaire, spécialiste de l’histoire de la Palestine et du Moyen-Orient contemporain.
Mounadil al Djazaïri
*
Les 8 catégories de l’apartheid israélien expliquées
par Zachary
Foster
L’État d’Israël reconnaît huit catégories de personnes sous son contrôle. Pour chacune de ces huit catégories, Israël contrôle l’enregistrement des
naissances, des mariages, des divorces, des décès et des changements d’adresse. Israël contrôle les réseaux de télécommunication, les réseaux électriques, l’approvisionnement en eau,
l’espace aérien et la monnaie. Israël contrôle les mouvements des personnes entrant et sortant du pays. Toutes les catégories de personnes sont contrôlées par un seul État, avec un
seul Premier ministre, un seul ministre de la Défense, un seul cabinet et une seule chaîne de commandement militaire.
Mais chaque catégorie a des droits juridiques différents. C’est pourquoi toutes les grandes organisations de défense des droits de l’homme
ont qualifié Israël
d’État d’apartheid. Voici un bref aperçu de son fonctionnement.
1ère
catégorie : Les citoyens juifs d’Israël (7.2 millions de personnes)
Les citoyens juifs d’Israël ont le droit de vote. Ils peuvent louer, acheter ou posséder des biens immobiliers dans plus de 900 localités en Israël. Ils
peuvent acheter des biens immobiliers auprès du Fonds national juif, qui possède environ 13% du territoire israélien. Il n’existe aucune restriction au regroupement familial pour les
juifs. Les juifs peuvent détruire des biens palestiniens en Cisjordanie en toute impunité.
Les juifs qui protestent contre leur gouvernement sont rarement confrontés à des violences mortelles ou même disproportionnées de la part de la police israélienne. Le Parlement
israélien est susceptible d’interdire
à l’État de placer des juifs en «détention administrative», dans laquelle une personne est emprisonnée sans procès et sans avoir commis d’infraction. En 2018, les législateurs
israéliens ont adopté la loi sur l’État-nation, définissant Israël comme un État pour le peuple juif. L’État existe dans le but de servir les intérêts des juifs. Ce n’est le cas pour
aucune autre catégorie.
2ème
catégorie : Les citoyens palestiniens (et autres non-juifs) d’Israël (2,5 millions de personnes)
Les citoyens palestiniens d’Israël jouissent du plein droit de vote. Mais il leur est en pratique interdit d’acheter
ou de posséder des terres dans plus de 900 localités d’Israël. Ils ne peuvent pas acheter de biens immobiliers au Fonds national juif, qui possède environ 13% du territoire israélien.
Les citoyens palestiniens n’ont pas
le droit de faire venir vivre avec eux en Israël les membres de leur famille en Cisjordanie ou à Gaza. Les Palestiniens qui protestent contre le gouvernement israélien sont
souvent confrontés à des violences ou à des représailles disproportionnées, comme lors d’une manifestation en 1997 où les forces israéliennes ont
blessé des centaines de Palestiniens qui protestaient contre la confiscation de 4000 hectares de terres près d’Umm al-Fahm. Les écoles, les conseils locaux et les
municipalités palestiniens reçoivent bien moins de subventions par habitant que les écoles juives. Le Parlement israélien devrait probablement adopter
une loi permettant à l’État de limiter aux seuls Palestiniens l’utilisation effective de sa politique de «détention administrative».
3ème
catégorie : Les citoyens palestiniens d’Israël non reconnus (85 000 personnes)
Ces citoyens d’Israël vivent dans des dizaines de communautés non reconnues par l’État d’Israël. Ils sont principalement d’origine bédouine et vivaient
en Israël bien avant l’existence de l’État, en fait, avant l’existence du sionisme. Leurs communautés se voient refuser l’accès au réseau électrique israélien, aux conduites d’eau et
au ramassage des ordures. Israël n’autorise pas les transports publics à les desservir. Israël ne goudronne pas les routes et n’autorise pas de nouvelles constructions dans
les villages non reconnus. Des ordres de démolition de maisons sont en suspens sur des milliers de maisons et de structures dans les villes non reconnues et peuvent être exécutés à
tout moment. En mai 2024, par exemple, les forces israéliennes ont
démoli 47 maisons à Wadi al-Khalil, un village bédouin palestinien non reconnu dans le sud d’Israël, entraînant le déplacement forcé de plus de 300 Bédouins
palestiniens.
4ème
catégorie : Les Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est occupée par Israël (360 000 personnes)
Les résidents palestiniens de Jérusalem-Est ne bénéficient pas de la citoyenneté israélienne à la naissance, même s’ils vivent sur un territoire annexé
par Israël en 1967. Ils bénéficient en revanche d’un permis de résidence révocable. Depuis 1967, Israël a retiré leur
permis de résidence à plus de 15 000 Palestiniens de Jérusalem-Est. Israël rejette également
93% des demandes de permis de construire des Palestiniens à Jérusalem-Est, ce qui signifie que 85% des maisons palestiniennes de Jérusalem-Est sont considérées
comme illégales et peuvent être démolies à tout moment. La loi israélienne permet également
aux juifs de s’emparer des propriétés de Jérusalem-Est qui leur appartenaient avant 1948, mais elle ne permet pas aux Palestiniens de s’emparer des propriétés qu’ils possédaient avant
1948 à Jérusalem-Ouest ou ailleurs. À Jérusalem, les écoles, cliniques, hôpitaux, parcs et routes palestiniens sont tous sous-financés par rapport à leurs équivalents juifs.
5ème
catégorie : Les Palestiniens qui vivent dans la zone A de la Cisjordanie (1,6 million)
Les Palestiniens qui vivent dans la zone A de la Cisjordanie sont des populations apatrides qui subissent depuis 57 ans une occupation militaire
israélienne. Ils n’ont pas le droit de voter pour le gouvernement qui contrôle leur vie. Ils n’ont pas de liberté de mouvement en Cisjordanie et ne peuvent pas la quitter sans
autorisation. S’ils quittent la
Cisjordanie pendant plus de trois ans, ils peuvent perdre leur droit d’être une personne apatride sous occupation. Ils peuvent être emprisonnés indéfiniment
sans inculpation, une politique connue sous le nom de «détention administrative». L’eau sous terre et le ciel au-dessus de leurs têtes sont contrôlés par Israël. De plus, le
sous-traitant de l’armée israélienne, l’Autorité palestinienne (AP), restreint encore
davantage leur liberté de réunion et leur liberté d’expression en réprimant violemment les manifestations et en emprisonnant ou en assassinant des opposants politiques, comme Nizar
Banat.
6ème
catégorie : Les Palestiniens qui vivent dans la zone B de la Cisjordanie (1,3 million de personnes
Les Palestiniens qui vivent dans la zone B de la Cisjordanie sont des populations apatrides qui sont soumis à une occupation militaire israélienne
depuis 57 ans. Ils sont confrontés aux mêmes restrictions à leur liberté de mouvement et de parole et à leur droit de résidence et de réunion que les Palestiniens de la zone A de
Cisjordanie. De plus, ils se heurtent à des points de contrôle israéliens chaque fois qu’ils se rendent dans la zone A ou C de la Cisjordanie. Ils doivent obtenir des
permis pour accéder à leurs terres si elles se trouvent dans la zone A ou C. De plus, le gouvernement israélien actuel a commencé à étendre son contrôle sur la zone B tout comme il
l’a fait sur la zone C (discutée plus loin), faisant de cette zone le prochain site majeur des saisies de terres et des efforts en cours d’Israël pour la dépeupler [de sa
population palestinienne, NdT]. Cela a impliqué la légalisation de
cinq avant-postes de colonies en Cisjordanie et le lancement d’appels d’offres pour des milliers de nouveaux logements dans les colonies israéliennes de la zone B.)
7ème
catégorie : Les Palestiniens qui vivent dans la zone C de la Cisjordanie (100 000 personnes)
Les Palestiniens vivant dans la zone C de Cisjordanie sont des populations apatrides qui subissent depuis 57 ans une occupation militaire israélienne.
Leur liberté de mouvement et de parole, ainsi que leur droit de résidence et de réunion sont encore plus restreints que ceux des zones A et B de Cisjordanie. Moins de 1% des terres de
la zone C sont actuellement disponibles pour la construction. Les Palestiniens vivant dans la zone C ont 100 fois plus de chances de se voir ordonner la démolition de leur maison que
de se voir accorder un permis de construire. Parallèlement, une douzaine de villages palestiniens de la zone C ont été victimes d’un nettoyage ethnique au cours des dernières
années à Khirbet Humsa, Masafer Yatta, Ein Samiya, Ras a-Tin, Lifjim, Khirbet Zanuta, Khirbet al-Ratheem, al-Qanub, Ein al-Rashash et Wadi al-Seeq.
8ème
catégorie : Les Palestinens qui vivent à Gaza (2.2 millions personnes)
Les Palestiniens qui vivent à Gaza sont des populations apatrides qui vivent sous occupation militaire israélienne depuis 57 ans,
ainsi que sous un siège de 17 ans et un génocide qui dure depuis 9 mois. Au cours des 9 derniers mois seulement, Israël a refusé à la population de Gaza le droit à un
abri, aux soins médicaux, à l’eau, à la nourriture, à l’électricité et au droit à la vie elle-même : Israël a tué au moins 39 000 Palestiniens à Gaza,
et 186
000 d’entre eux risquent de mourir du fait du génocide. Israël fait également mourir
de faim plus d’un million de Palestiniens à Gaza et laisse les autres dans des conditions de famine et d’insécurité alimentaire catastrophiques. Israël a réduit la
quantité d’eau disponible à Gaza de 94%. Israël a endommagé ou
complètement détruit tous les hôpitaux de Gaza et a complètement détruit 76%
des écoles de Gaza. Israël a également déplacé de force la quasi-totalité des 2,2 millions de Palestiniens de Gaza.
Le bilan du génocide/nettoyage ethnique en cours ne cesse de s’alourdir. Il s’élèverait aujourd’hui à 38 794 tués et 89 364 blessés à l’heure où j’écris
ces lignes. Si l’on applique le facteur 4 préconisé par le Lancet,
journal scientifique britannique dont les articles faisaient autorité lors de la Covid, pour calculer les pertes indirectes (malnutrition, épidémie, défaut de soins) on en serait
aujourd’hui à 194 000 décès
au 18 juillet 2024.1
Au rythme
actuel, le nombre de 200 000 décès (méthodologie du
Lancet)devrait être
dépassé avant la fin du mois.
Il convient de rappeler que l’opération palestinienne de prise d’otages de la journée du 7 octobre 2023, visant à obtenir un échange contre les 7000 otages
palestiniens pourrissant, à l’époque, sans jugement dans les geôles israéliennes, certains depuis plusieurs années, aurait fait 1100 morts du côté israélien dont une large part tués
par les forces armées israéliennes elles mêmes, en application de la doctrine Hannibal, selon le journal israélien Haaretz.2
Ce qu’on peut reprocher à nos médias grand public et à nos politiques, c’est d’avoir relayé un
fake narratif des événements du 7 octobre : complètement
fake concernant l’histoire des bébés décapités, passés au four, et à moitié
fake concernant l’application de la doctrine Hannibal et le nombre des victimes israéliennes tuées par Tsahal dont ON a simplement oublié de faire mention.
Le lecteur notera que, en marge de l’opération de Gaza, les Israéliens ont arrêté près de 10 000 Palestiniens en
Cisjordanie. Ces arrestations arbitraires visent évidemment à s’approprier les terres
des personnes incarcérées qui constituent, soit dit en passant, un nouveau «stock d’otages». Rien de bien nouveau dans
ces méthodes de voyous si ce n’est qu’elles peuvent être appliquées dans une certaine discrétion puisque les médias du monde entier ont tous les yeux tournés vers Gaza et l’Ukraine et non vers la
Cisjordanie.3
Ce sont
ces méthodes de voyous, appliquées par les colons israéliens soutenus par l’Armée, qui suscitent la haine et, par conséquent, les révoltes palestiniennes contre le colonisateur et la politique
d’apartheid.
Enfin, dans une sorte de réaction jusqu’au-boutiste et suicidaire, dans un vote
au parlement à 69 contre 9, la classe politique israélienne, prend une résolution excluant
pour aujourd’hui et pour l’avenir, la création d’un État palestinien.4
Israël se place donc clairement dans le camp de la minorité planétaire des 48 États (sur 193), principalement affiliés à l’occident otanien, qui n’ont toujours pas
reconnu l’État palestinien à l’ONU. Ce camp se réduit comme peau de chagrin au fil du temps. Il s’isole toujours plus du reste du monde et risque fort d’en payer collectivement le
prix.
Alors que nos médias et nos hommes politiques insistent lourdement sur le caractère terroriste du Hamas pour justifier l’opération génocidaire des
forces armées israéliennes, présentée comme une légitime défense, contre les populations civiles palestiniennes, il est utile de se rappeler qu’avant de devenir un terrorisme
d’État, le terrorisme
sioniste a précédé, et fait naître, en riposte, le terrorisme palestinien.
Ce terrorisme sioniste s’est appliqué à plusieurs pays et, paradoxalement, à ceux qui soutiennent aujourd’hui l’action génocidaire menée par Israël à
l’encontre des Palestiniens. Les
commanditaires et les acteurs des actions terroristes sionistes, lorsqu’ils ont été identifiés, n’ont jamais été sérieusement inquiétés ou sanctionnés. Ce terrorisme
sioniste a fait des dizaines de milliers de victimes en Palestine et dans le reste du monde au fil des années surtout si l’on ajoute au bilan les exactions commises par les colons
depuis 75 ans à l’égard des populations palestiniennes et les bombardements continus et «non provoqués» des États voisins par les forces aériennes israéliennes.
Si l’on ajoute à ce triste bilan, les guerres menées sous des prétextes mensongers par le meilleur proxy du sionisme israélien (US-OTAN) en Libye, en
Irak, en Syrie, au Yemen, en Afghanistan et ailleurs, le nombre des victimes se compte en centaine de milliers, voire en millions.
Examinons, un par un, le cas des États occidentaux victimes du terrorisme sioniste:
Le Royaume Uni :784 citoyens britanniques ont été victimes de ce terrorisme sioniste entre 1944 et 19481
La France et la Suède :Ceux qui se réfèrent à l’histoire se souviennent de l’assassinat du colonel Sérot, chef des observateurs de l’ONU
le 17 Septembre 1948 dans un attentat qui a également coûté la vie du comte suédois, Folke Bernadotte, envoyé spécial de l’ONU, dont les
rapports et le projet de plan de partage de la Palestine ne convenaient pas aux sionistes fous furieux d’alors.2
Les responsables de cet assassinat ont été identifiés, arrêtés et incarcérés pour satisfaire l’opinion mondiale puis
amnistiés et promus, après quelques jours symboliques de prison. Nathan Yalin Mor fut élu à la Knesset lors
des premières élections législatives israéliennes en janvier 1949 et le tueur du comte Bernadotte et du colonel Sérot, Yehoshua
Cohen, devint le garde du corps personnel de Ben
Gourion dans les années 1950. Yitzhak
Shamir, le chef des opérations militaires du Lehi, devint ensuite un des cadres supérieurs du Mossad après
1950, et même premier
ministre d’Israël à deux reprises. …
Les États-Unis:Ils ont été touchés, eux aussi, le 8 juin 1967 par le terrorisme sioniste dans une attaque qui se voulait sous faux
drapeau, dont les gouvernances israéliennes ont le secret. Bilan : 34 marins US tués et 171 blessés. Wikipédia, toujours discret lorsqu’il s’agit d’évoquer les crimes d’Israël,
qualifie cette affaire gravissime «d’incident». Ben
voyons !3
Cette affaire a été étouffée par le président US de l’époque, Lyndon B Johnson, grand sayan devant l’éternel, reconnu et honoré comme tel en
Israël.4
Pour mes amis anglophone, l’affaire du Liberty est évoquée dans un excellent documentaire vidéo publié par la chaîne TV Al Jazeera sous le titre :
«The Day Israel
Attacked America» avec les interviews de nombreux témoins US de cette attaque meurtrière.5
On peut se demander pourquoi, dans le cadre d’une mise en contexte de ce qui se passe aujourd’hui, les médias et les politiques occidentaux n’évoquent
jamais ce terrorisme
sioniste qui a précédé et suscité, en riposte, le terrorisme palestinien et qui a visé à plusieurs reprises nos pays
occidentaux. On peut se demander pourquoi on nous parle beaucoup de la centaine d’otages israéliens encore détenus par les factions armées palestiniennes, otages qu’il
faudrait libérer de toute urgence et qu’on oublie bien sûr les 7 000 otages palestiniens qui pourrissaient, sans jugement et depuis plusieurs années, dans les geôles
israéliennes le 7 octobre 2023 et dont le nombre a été porté à 10 000 depuis cette date.
L’accusation gratuite de terrorisme avec incarcération immédiate est une méthode connue et commode, pratiquée depuis 75 ans pour s’approprier les terres des Palestiniens récalcitrants
et cela dans un silence complice d’une trop large part de l’opinion publique mondiale.
On aimerait bien sûr les commentaires éclairés de nos politiques (Meyer Habib, Eric Ciotti, Yaël Braun-Pivet, Christian Estrosi, Raphael
Glucksmann) sur ces actes avérés du terrorisme sioniste et, bien sûr, les commentaires de nos médias grand public dont les journalistes vedettes devraient avoir suivi des
cours d’histoire et d’éthique avant de nous servir leurs narratifs biaisés.
Ma conclusion est simple. Lorsqu’on veut éviter de susciter le terrorisme d’une partie de l’humanité qui se juge, à juste
titre, maltraitée ou opprimée, on évite de soutenir l’oppresseur, parfaitement identifié, au-delà du raisonnable. On évite les
narratifs biaisés, et perçus comme tels, par l’énorme majorité planétaire. On évite ce que font les allemands et les états-uniens, à savoir fournir des armes aux spoliateurs et aux
tortionnaires qui pratiquent un terrorisme d’État depuis 75 ans. On tente d’appliquer une politique étrangère équilibrée.
Pour moi, les Jeux de Paris 2024, représentent une parfaite opportunité pour les services israéliens d’organiser
une action terroriste sous faux drapeaux, qui serait attribuée aux palestiniens ou, pourquoi pas, aux russes, dans le double objectif de discréditer les palestiniens
et de faire taire les soutiens du peuple palestinien en France, en Europe et dans le Monde. Ces Jeux sont donc, incontestablement, des Jeux à haut risque, l’ennemi
n’étant pas forcément celui qu’on croit qu’il est.
J’ajoute pour clore ce sujet du terrorisme d’État sioniste que le bilan actuel des pertes palestiniennes à Gaza s’élève à 36
000 morts, 7 000 disparus (sous les décombres) et
Quel est le positionnement de la Chine concernant la Palestine ? Et, comment a-t-il évolué dans l’Histoire et particulièrement ces dernières années
?
La Chine a-t-elle les moyens de ses nouvelles ambitions au Moyen-Orient ? Et qu’on est-il du regard porté par les musulmans sur la Chine ? Enfin,
l’alliance Russie/Chine est-elle tenable sur la durée ? Ou bien la divergence des agendas politiques pourrait-elle devenir intenable dans un avenir proche ?
Retrouvez les réponses à toutes ces questions dans cet entretien avec Youssef Hindi, Laurent Michelon et Rachid Achachi.
«Israël a détruit Gaza & tué des dizaines de milliers de civils. Quiconque possède une expérience militaire ne peut cacher son admiration pour les
tactiques étonnantes des Brigades Al-Qassam.»
Bien qu’il ait
tué des dizaines de milliers de civils, Israël n’a pas été en mesure de vaincre le Hamas, ni d’atteindre ses objectifs à Gaza.
Après six mois de combats acharnés et le retrait de l’armée israélienne de la ville de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, de nombreux
commentateurs israéliens et occidentaux ont affirmé que le Hamas était en train de gagner la guerre et d’entrer dans l’histoire militaire par la même occasion.
Sir Tom Phillips, ancien diplomate britannique et ambassadeur en Israël et au Royaume d’Arabie saoudite, a écrit le 9 avril dans Haaretz que
le Hamas avait réussi à atteindre son objectif, à savoir «obtenir la
libération du plus grand nombre possible de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, et s’affirmer à nouveau comme une force avec laquelle il faut compter».
Il a ajouté que le Hamas avait survécu «à l’assaut des
forces de défense israéliennes bien plus longtemps que dans toute autre guerre menée par Israël» et que, ce faisant, qu’il avait «considérablement
écorné le statut dissuasif tant vanté d’Israël. En bref, et avec
des conséquences potentielles à long terme redoutables pour Israël, Tsahal ne semble plus invincible».
Le Hamas a bloqué un éventuel accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël, qui semblait inévitable avant le début de la guerre le 7
octobre, et a replacé la question palestinienne «sur le devant de
la scène internationale» après des années d’échec de l’Autorité palestinienne (AP).
Phillip note que la victoire finale du Hamas réside en la «vitesse
fulgurante de la délégitimation d’Israël après le 7 octobre aux yeux de nombreuses personnes dans le monde».
Le 8 avril, le journaliste israélien Amos Harel a également écrit dans Haaretz que
les principaux objectifs d’Israël à Khan Yunis «n’ont pas été
atteints».
Après le retrait de la 98e division de la ville de Gaza, Harel a noté que les «deux objectifs de
l’armée israélienne étaient la capture des hauts responsables du Hamas à Gaza, et la libération des captifs israéliens actuellement détenus par la Résistance palestinienne à
Gaza».
«Il faut dire la
vérité au public : Les massacres et les destructions massives que l’armée israélienne laisse derrière elle à Gaza, ainsi que les quelques pertes subies de notre côté, ne nous
rapprochent pas vraiment des objectifs de notre offensive», conclut-il.
Dans une analyse parue dans Yedioth
Ahronoth, Nadav Eyal, spécialiste de la politique israélienne, explique qu’Israël souhaitait rétablir son pouvoir de dissuasion, éliminer le Hamas et libérer les prisonniers
détenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Mais aucun de ces objectifs n’a été atteint.
«L’échec d’Israël
n’est pas lié aux objectifs de la guerre, qui ont été pleinement soutenus par tous les pays occidentaux. L’échec réside exclusivement dans l’exécution», a écrit M. Eyal, ajoutant que
«la guerre ne se gagne pas uniquement en tuant. Une stratégie politique complémentaire est indispensable».
Le premier échec, selon l’article, vient «des souffrances
des civils à Gaza».
«Ceux qui veulent
renverser le pouvoir du Hamas à Gaza ne doivent pas mener une offensive de vengeance à la romaine, ni ériger de mur de protection ou mener des actions de représailles comme si nous
étions dans les années 1950».
Le commentateur israélien a également reproché au Premier ministre israélien Netanyahou son attitude à l’égard de Washington.
«La confrontation
publique et malveillante de M. Netanyahu avec l’administration Biden n’a fait qu’accentuer la fragilité d’Israël», a-t-il déclaré.
M. Eyal a également noté qu’Israël s’était isolé de la communauté internationale et que même ses alliés à Washington et à Bruxelles commençaient à lui
tourner le dos.
«Non seulement
(Israël) a perdu le soutien de la plupart des pays occidentaux et est très proche d’un embargo sur les armes de la part de l’Europe, y compris de la part de son grand allié, mais les
plaques tectoniques sont en mouvement».
Le 27 mars, des responsables des services de renseignement israéliens ont également noté le changement intervenu à Washington. Ils ont déclaré auTelegraph que
l’objectif déclaré du gouvernement israélien d’«éradiquer le
Hamas» dans la bande de Gaza était devenu irréalisable depuis que les États-Unis avaient “tourné le
dos» à Tel-Aviv en s’abstenant lors d’un vote du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en début de semaine.
«Si vous m’aviez
posé la question il y a un mois, j’aurais certainement dit oui, [nous pouvons éliminer le Hamas] parce qu’à l’époque, les Américains soutenaient Israël», a déclaré un responsable
des services de renseignement israéliens au quotidien britannique, suggérant que cette évaluation «avait maintenant
changé».
«Les États-Unis
sont hostiles à l’invasion de Rafah, contrairement à ce qu’ils pensaient auparavant. Par conséquent, la donne a changé, ce qui signifie qu’Israël doit prendre des mesures radicales
pour changer la dynamique et le climat», a ajouté la source, soulignant que «la pression monte
sur Israël pour parvenir à un accord, ce qui signifierait que le Hamas survivra. Le Hamas et les Iraniens misent tous deux là-dessus».
Selon ce fonctionnaire, la conviction au sein de l’appareil sécuritaire israélien est que le Hamas «cherche à
résister jusqu’à l’été», lorsque
la campagne électorale américaine battra son plein.
S’exprimant sur la chaîne turque Haber
Global, l’analyste militaire et colonel à la retraite Eray Gucuer a également suggéré que le Hamas était en train de gagner la guerre, tout en discutant du retrait israélien de
Khan Yunis avant un assaut présumé sur Rafah.
«Si l’armée
israélienne se trouve réellement dans la situation où elle ne peut attaquer Rafah qu’en retirant sa brigade de Khan Yunis, cela signifie qu’elle a effectivement perdu la guerre sur le
terrain».
«Israël, dans
cette guerre, a presque entièrement détruit Gaza et tué des dizaines de milliers de civils. Pourtant, les Brigades Qassam existent toujours. Jusqu’à ce jour, elles ont la supériorité
militaire sur le terrain… quiconque possède une expérience militaire ne peut cacher son admiration pour les tactiques étonnantes adoptées par les Brigades Al-Qassam… En effet, ils
sont en train d’écrire l’histoire.»
«Rendez-vous
compte, depuis le début de l’offensive à Gaza et jusqu’à aujourd’hui, nous entendons encore parler de Beit Hanoun et de Ben Lahia, du quartier Al-Nasr et du quartier Al-Zaytoun.
Pourquoi ? Parce que les combattants de Qassam ont, pour la première fois depuis que je connais le sujet, inventé une tactique inédite dans l’histoire de la guérilla»,
conclut-il.
Le 18 janvier 1919, les «Alliés», vainqueurs de la Première Guerre mondiale, tinrent la «Conférence de paix de Paris»1,
dans le but, disent-ils, de négocier les traités de paix avec les vaincus, mais aussi et surtout afin de redessiner la nouvelle carte du monde en distribuant officiellement les parts
entre les vainqueurs, surtout que la Grande-Bretagne et la France (avec la Russie tsariste) s’étaient déjà mises d’accord en 1916, avant la fin de cette guerre, sur la manière
de partager l’héritage de «l’homme malade» ottoman sous le nom «Accords de Sykes-Picot», et que le ministre britannique des Affaires étrangères, James Balfour, avait présenté un
an plus tard, en 1917, une promesse au mouvement sioniste, par l’intermédiaire de son représentant, le banquier Rothschild, de lui céder une partie de la Palestine et d’accroître le
taux de l’immigration juive vers ce pays, vu que cette immigration n’avait pas donné les fruits espérés par le mouvement sioniste, puisque la proportion des juifs par rapport à la
population indigène en Palestine ne dépassait pas, en 1919, les huit pour cent.
Voilà pourquoi, aucun des représentants des vingt-sept pays présents à la conférence n’a été surpris qu’il y ait parmi eux une délégation de
l’Organisation sioniste mondiale, ni que cette délégation ait présenté un document contenant des propositions parmi lesquelles nous citons : Premièrement, la reconnaissance du
«droit historique du peuple juif» en Palestine, et de son droit à reconstruire «sa patrie nationale» sur son territoire… Deuxièmement, le traçage des frontières de cette entité se
prolongerait jusqu’au fleuve libanais Litani, au nord, à l’est jusqu’à la ligne ferroviaire du Hedjaz saoudien et au sud jusqu’à la région égyptienne du Arich.2
Toutes les propositions, ou presque, furent acceptées ; et la Grande-Bretagne, désignée par la SDN puissance mandataire sur la Palestine, ce qui
voulait dire qu’elle avait la décision exclusive d’accorder la citoyenneté palestinienne à qui elle voulait, va faciliter, avec l’accord des autres puissances capitalistes, dont la
France, l’expansion de l’émigration juive vers la Palestine. Et, c’est ainsi que le nombre des juifs est passé, en 22 ans, de moins de cent mille à quelques cinq cent mille (presque
le tiers de la population). Cet événement fut célébré par la «Conférence
Biltmore» qui s’était tenue en 1942 à New York et qui annonça que les émigrés juifs ont contribué à «faire fleurir le
désert» et que le moment était venu pour que l’émigration juive se développe sans aucune condition, y compris en dehors des prérogatives de l’État mandataire.
À noter que Ben Gourion, non satisfait du fait que les juifs ne représentaient encore que le tiers de la population palestinienne, avait déclaré,
alors, qu’il acceptait temporairement de construire son État sur une partie de la Palestine, à partir de deux critères :
Le premier, dépendant de la capacité du mouvement sioniste à assurer rapidement une présence décisive pour les juifs dans la zone qu’il souhaitait
contrôler ;
Le second, relevant de l’influence que le mouvement sioniste doit exercer sur les grandes puissances afin de les pousser à accepter les frontières du
«Grand Israël».3
«La terre et la force» : mots
d’ordre sionistes
Dans la bande de Gaza et en
Cisjordanie
Ce que nous essayons de mettre au clair, c’est que tous les projets proposés par le mouvement sioniste et adoptés par la Grande-Bretagne, puis par les
États-Unis devenus «puissance mandataire» après la seconde Guerre mondiale, n’étaient que des projets partiels au sein du projet de base qui s’étend du Nil à l’Euphrate et dont «la
Palestine historique», invoquée par le mouvement sioniste lors de la Conférence de Paris, devait constituer le cœur de ce projet. Et, c’est pour réaliser ce projet de base que le
mouvement de colonisation des territoires s’est toujours poursuivi sans relâche, à commencer par les territoires palestiniens occupés en 1948, et, surtout, après la guerre de 1967 et
le texte de la résolution internationale 242 qui avait donné à l’entité sioniste la possibilité d’éviter le retrait de tous les territoires occupés (dont Al-Quds et la Cisjordanie
palestiniens, le Golan syrien, les fermes de Chebaa et les hauteurs de Kfarchouba libanais) sous prétexte que la version anglaise de cette résolution parlait «de certains» et non de
tous territoires occupés… Il faut dire que le ministre des Affaires étrangères britannique, qui avait rédigé le texte de la résolution, a réussi, une fois de plus, à donner à
cette entité la capacité de s’armer du pouvoir international afin de mettre la main sur la presque totalité de la Palestine, et sur une grande partie des hauteurs syriennes et
libanaises qui surplombent la plaine de Houleh, et d’amener de nouveaux émigrants pour remplacer la population d’origine soumise, depuis 1948, à de multiples transferts
forcés.4
Il convient de noter que l’accélération du mouvement de colonisation, après la signature des accords d’Oslo en 1993,
est venue réduire les pertes résultant du retrait de l’occupation sioniste de la bande de Gaza, du démantèlement des colonies qu’elle avait implantées à l’intérieur de celle-ci, tout
en gardant la partie dite «Zone de couverture» qui encercle le territoire gazaoui, le transformant en une vaste prison à ciel ouvert où vivotent plus de deux millions de personnes
menacées soit par une lente tuerie, soit par le déracinement. A cela s’ajoutent la saisie d’une grande partie des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée et le déploiement, par
dizaines, de nouvelles colonies, ce qui fait que les Palestiniens vivent actuellement sur seulement 12% de leur territoire national originel, tout en rendant
impossible la mise en œuvre de la résolution 181 du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la partition de la Palestine et la constitution d’un nouvel État palestinien, si minime
soit-il. Enfin, il ne faut pas oublier toutes les attaques qui ont eu lieu contre les camps des réfugiés, notamment au Liban, les guerres et les opérations «punitives» contre l’OLP,
en particulier contre les forces de la gauche qui en font partie, et les assassinats qui ont été perpétrés, et le sont encore, contre les dirigeants et les cadres palestiniens.
D’ailleurs, si nous examinons de près l’histoire des trente dernières années, nous pouvons nous rendre compte de ce plan, élaboré par le mouvement
sioniste, dans le but d’achever la saisie de tout le territoire de la Palestine «historique»5.
Il convient aussi de noter, ici, que ce plan reposait, et repose toujours, principalement sur le slogan «La terre et la force»,
c’est-à-dire s’emparer des terres appartenant aux Palestiniens tout en commettant les crimes de déplacement forcé et de génocide par la force des armes, notamment l’armée de l’air
usant toujours des nouvelles technologies de pointe US .
Le pourquoi de toutes ces
tentatives et tout ce déploiement de la force ?
Parce que le facteur démographique, prôné par certains sionistes extrémistes au pouvoir depuis Ben Gourion, n’a pas jusqu’à ce jour réussi à faire
pencher la balance en faveur de l’occupant. Bien au contraire ; à la fin de chaque guerre d’agression, la fuite parmi les anciens colons et les nouveaux venus est prédominante. Par
contre, le mouvement de l’immigration des Falachas6 n’a
pas réussi à inverser la tendance : Les nombre des sionistes en Palestine occupée va décroissant.7
C’est pourquoi, il est devenu nécessaire, pour les sionistes israéliens, de pratiquer un nouveau transfert, à Gaza cette fois, et aussi de massacrer
toutes celles et tous ceux qui refusent de partir. Mais pour aller où ? Les avis des criminels vont de l’Égypte à une ile proche que l’on peut louer ; seuls seront tolérés,
selon certains responsables sionistes, quelques deux-cent-mille nécessaire pour les bas travaux que les colons refusent de pratiquer.8
En plus de ce qui précède, nous devons aussi citer deux facteurs importants qui font de Gaza un centre économique essentiel pour l’entité sioniste et
pour les États-Unis.
- Le premier de ces facteurs concerne les gisements de Gaz présents dans les eaux territoriales de Gaza et évalués à plusieurs mille
milliards de dollars.9
- Le deuxième est que cette région est considérée, depuis le début des années 1960, notamment à la suite de la nationalisation du canal de Suez par
Nasser et de l’agression tripartite qui l’a suivie, comme l’emplacement idéal pour construire un nouveau canal reliant le golfe d’Aqaba à la Méditerranée.
Ce projet, reporté à plusieurs reprises en raison de son coût élevé et de la différence de longueur avec le Canal de Suez, vient d’être renouvelé et
redessiné dernièrement en collaboration avec Washington : Il devrait passer par Gaza qui constituera la route la plus courte, la plus large (deux voies de
navigation) et la moins chère… donc, une alternative plus lucrative, surtout que Washington en a impérieusement besoin pour faire face au projet chinois de la «Route de la
soie».
Le projet du «Grand
Israël»
Mais, ce projet visant à s’emparer de la bande de gaza et à déplacer sa population vers l’inconnu marquera-t-il la fin de la colonisation en Cisjordanie
et aussi la fin de l’expansion sioniste vers les pays alentour ?
La réponse à cette question est non.
En effet, le mouvement sioniste continuera, sauf en cas de dissuasion musclée, à vouloir aller de l’avant dans son projet expansionniste, présenté en
partie à la Conférence de paix de paris…
Rappelons que l’entité sioniste, non contente d’avoir soutiré au Liban, en octobre 2022, 1420 kilomètres carrés nos eaux territoriales gorgées de gaz,
vient de poser le problème de la révision des frontières terrestres, mais aussi de l’application de la résolution 1701, prise par le Conseil de sécurité à la suite de l’agression de
2006 contre le Liban et stipulant le retrait de toute résistance armée jusqu’à quarante-cinq kilomètres des frontières avec la Palestine occupées… Ce qui veut dire repousser les
frontières libanaises jusqu’au fleuve Litani présenté en 1919 par la délégation sioniste comme étant la frontière nord de son entité grandissante.
D’ailleurs, le Sud du Liban subit, depuis le début de l’agression sioniste contre la bande de gaza, des agressions quotidiennes. La bande frontalière,
mais aussi des villes et des localités du Sud profond sont bombardées avec des armes interdites, dont le phosphore blanc ; plus de cent mille personnes ont été obligées de
quitter leurs villages et leurs biens et quelques trois cents civils, dont des femmes et des enfants surtout, ont trouvé la mort. Le gouvernement Netanyahou ne se prive pas, non plus,
de menacer la capitale Beyrouth…
Tous ces crimes, qui se poursuivent depuis plus de quatre mois contre les peuples palestinien et libanais, se déroulent à l’ombre du silence officiel
arabe et international… à l’exception de la position honorable de la République de l’Afrique du Sud et de la Cour internationale de Justice visant à protéger les Palestiniens de Gaza
et de prévenir le génocide que les sionistes préparent à leur encontre.
Enfin, il ne faut pas oublier la mainmise sioniste sur le Golan syrien occupé, avec la bénédiction de l’administration de Donald Trump, ni les
tentatives d’expansion vers la Jordanie et l’Égypte, ni la forte présence israélienne dans le Kurdistan irakien.
Voilà pourquoi, la seule solution possible réside dans la création d’un mouvement international de résistance. Un mouvement global et uni
face aux plans colonialistes impérialistes et sionistes, quel que soit le nom sous lequel ils se présentent.
La Conférence de paix de Paris dura une année, au cours de laquelle plusieurs accords furent signés, dont, principalement, l’Accord de Sèvre considéré comme une mise en œuvre de
l’Accord de Sykes-Picot. La Société des Nations, alors créée, accepta le mandat de la Grande-Bretagne et de la France sue le Sultanat ottoman. On sait que la révolution Bolchévique
dévoila le contenu de l’Accord de Sykes-Picot, signé aussi par le ministre des Affaires étrangères d tsar, Sergueï Sazonov.
Cf. les études et les livres parus à la fin du siècle dernier.
Cf. Le livre de Anita Shapira «Land and Power», publié par l’Université de Stanford-Californie en 1999. Il nous faudra ajouter que l’appellation «Le Grand Israël» du projet
sioniste fut utilisée pour la première fois, à la suite de la «Guerre des six jours» en 1967.
Il nous faut préciser que le premier point de la résolution 242 (signée le 22 novembre 1967, c’est-à-dire presque six mois après la guerre) stipulait ce qui suit :
«Withdrawal of Israeli forces from territories occupied in the recent conflict», ce qui fut interprété «quelques territoires» vu l’absence de l’article défini «the» devant
les «territoires occupés». De plus, Lord Caradon avait ajouté une clause qui stipulait que la résolution serait votée telle quelle sans aucun amendement, de sorte qu’elle
serait soit acceptée sans changement, soit rejetée. Seuls la Syrie et le mouvement Fath avaient déclaré leur refus…
Cf. La déclaration de l’entité sioniste comme «État des juifs dans le monde», les tentatives poursuivies dans le but de «judaïser» Al-Quds et d’en faire la capitale de cet
«État», le soi-disant «Accord du siècle» suivi par la Conférence de Manama au Bahreïn, l’extension du mouvement de normalisation des relations avec les pays du Golfe arabique et
le Soudan afin de redonner vie à l’Accord de Camp David, les discussions incessantes concernant la création de l’Etat palestinien… Tout cela sous l’égide de l’administration
étasunienne républicaine ou démocrate) qui use et abuse du droit de veto afin de protéger ce qu’elle appelle sa «base avancée» au Moyen-Orient. Il ne faut pas oublier, non plus,
le régime préférentiel accordé par l’Union européenne à l’entité sioniste.
Juifs noirs d’Éthiopie, qui se disent les descendants des Hébreux venus de Jérusalem en Éthiopie sous la conduite de Ménélik, fils de Salomon et de la reine de Saba. On dit
que près de 70 000 d’entre eux ont été accueillis en Israël au cours des opérations «Moïse» (1985) et «Salomon» (1991), après la reconnaissance officielle de leur
appartenance au judaïsme.
Cf. le livre de Ammon Safer «The Separation Barrier», deuxième partie, Université de Haïfa, 2004.
Revoir les déclarations de certains ministres du gouvernement Netanyahou, dont, en particulier, celles des ministres de la Sécurité et des Finances, Itamar Ben Gvir et
Bezalel Smotrich.
Les eaux au large de la bande de Gaza comprennent deux principaux gisements de gaz : le premier est situé à 35 kilomètres à l’ouest de la ville de Gaza, et le second
s’étend entre les eaux territoriale de cette région et celles des territoires palestiniens occupés.
Charles Villeneuve reçoit le Gal. Lalanne-Berdouticq : Le point sur Gaza trois mois
après
Devant la Cour Internationale de Justice, le chef du service juridique du Ministère des Affaires Etrangères chinois a rappelé en termes simples les principes du droit international :
Souveraineté, droit à l’auto-détermination, légitimité de la résistance à l’occupation. Ainsi se terminent trente années de “loi de la jungle” encouragée par les Etats-Unis. Un moment historique
! Une révolution ? Certains diront une restauration des principes du droit. Si vous tenez à parler de révolution, alors c’est une “Glorieuse révolution”, par référence aux événements anglais de
1688-89 : Une restauration des libertés. Bien entendu, on est encore loin de pouvoir faire respecter par Israël ces principes du droit. Mais le fait que la Chine ait osé proclamer la légitimité
de la résistance palestinienne à l’occupation est fondamental !
Retenez bien cette dat e: 22 février 2024. La prise de parole du chef du service juridique du Ministère chinois des Affaires étrangères représente
un point de basculement dans les relations internationales.
A vrai dire, Ma Xinmin n’a rien dit de novateur. Au contraire, il a rappelé le droit international existant. Mais, après trente ans de “loi de la jungle” américaine
dans les relations internationales, c’est un séisme.
Le cœur du propos
‘En poursuivant leur autodétermination, un peuple a le droit de se battre, de chercher et recevoir des soutiens. C’est sur la base de ce droit que le peuple palestinien a proclamé l’Etat de
Palestine en 1988, qui a été reconnu par plus de 130 pays. En poursuivant leur droit à l’auto-détermination, le recours du peuple palestinien à la force pour résister à l’occupation
étrangère, avec l’objectif d’ établir un Etat indépendant, est un droit inaliénable, bien fondé dans le droit international. Des peuples variés se sont libérés d’une domination coloniale ou
de l’oppression étrangère pour créer un Etat indépendant après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont donné l’exemple pratique d’un tel droit. De nombreuses résolutions internationales
reconnaissent la légitimité à combattre par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée menée par des peuples qui sont sous une domination coloniale ou une occupation étrangère,
pour réaliser leur droit à l’auto-détermination. (….) Le combat armé, dans ce contexte, est autre chose que le terrorisme. Il est reconnu par le droit international…”
Ma
Xinmin, La Haye, 22 février 2024
Ce n’est que le début d’une nouvelle ère
Bien entendu, ce n’est que le début. Il est évident que les membres de l’actuel gouvernement israélien vont se boucher les oreilles et crier fort pour être sûrs de
ne rien entendre.
J’entends bien l’objection, aussi : Est-ce que le gouvernement chinois fait autre chose que répéter ce qui a été dit maintes fois dans les résolutions non
respectées de l’ONU ? Raisonner ainsi, cependant, c’est ne pas voir plusieurs choses:
+ Israël, entre la fin des années 1990 et aujourd’hui, a calqué son comportement sur l’unilatéralisme américain. Tel-Aviv va être obligé, comme les Etats-Unis, de
s’adapter au monde polycentrique.
+ La déclaration chinoise a un énorme retentissement dans tout le Proche-Orient. Elle va galvaniser la Résistance Palestinienne.
+ La Chine n’est en guerre avec aucun autre Etat. Il est plus facile, pour elle, de tenir cette position, que pour la Russie – même si Xi Jinping et Vladimir
Poutine sont en phase sur le sujet.
+ Last but not least, cette déclaration devrait avoir un impact important sur l’Union Européenne. Non seulement parce que le discours sur “le Hamas mouvement
terroriste” est délégitimé. Mais aussi parce que, par la bouche de Ma Xinmin, c’est tout simplement, le principe de la souveraineté des Etats qui est réaffirmé.
Je suis un médecin américain qui s’est rendu à Gaza. Ce que j’y ai vu, ce n’est pas une guerre, c’est un anéantissement.
Fin janvier, j’ai quitté mon domicile en Virginie, où je travaille
comme chirurgien plasticien et reconstructeur, et j’ai rejoint un groupe de médecins et d’infirmières qui se rendaient en Égypte avec le groupe d’aide humanitaire MedGlobal pour faire du
volontariat à Gaza.
J’ai travaillé dans
d’autres zones de guerre. Mais ce dont j’ai été témoin au cours des dix jours qui ont suivi à Gaza n’est pas une guerre, c’est un anéantissement. Au moins 28 000 Palestiniens ont été tués par
les bombardements israéliens sur Gaza. Depuis Le Caire, la capitale égyptienne, nous avons roulé pendant 12 heures vers l’est jusqu’à la frontière de Rafah. Nous avons passé des kilomètres de
camions d’aide humanitaire garés parce qu’ils n’étaient pas autorisés à entrer dans la bande de Gaza. À part mon équipe et d’autres envoyés des Nations unies et de l’Organisation mondiale de
la santé, il y avait très peu de monde sur place.
L’entrée dans le sud de la bande de Gaza le 29 janvier, où se trouvent de nombreuses personnes ayant fui le nord, ressemblait aux premières pages d’un roman
dystopique. Nos oreilles étaient engourdies par le bourdonnement constant de ce que l’on m’a dit être les drones de surveillance qui tournaient en permanence. Nos nez étaient dévorés par la
puanteur d’un million de personnes déplacées vivant à proximité les unes des autres sans installations sanitaires adéquates. Nos yeux se sont perdus dans la mer de tentes. Nous avons séjourné
dans une maison d’hôtes à Rafah. La première nuit a été froide et beaucoup d’entre nous n’ont pas pu dormir. Nous sommes restés sur le balcon à écouter les bombes et à voir la fumée s’élever
de Khan Yunis.
Le lendemain, alors que nous approchions de l’hôpital européen de Gaza, des rangées de tentes bordaient et bloquaient les rues. De nombreux Palestiniens se sont
dirigés vers cet hôpital, et d’autres hôpitaux, en espérant qu’il représenterait un sanctuaire à l’abri de la violence – ils avaient tort.
Les gens se sont également répandus dans l’hôpital, vivant dans les couloirs, les cages d’escalier et même les placards. Les allées autrefois larges, conçues
par l’Union européenne pour accueillir la circulation intense du personnel médical, des brancards et du matériel, sont désormais réduites à un passage en file indienne. De chaque côté, des
couvertures suspendues au plafond délimitent de petits espaces pour des familles entières, offrant ainsi un peu d’intimité. Un hôpital conçu pour accueillir environ 300 patients s’efforçait
désormais de prendre en charge plus de 1 000 patients et des centaines d’autres en quête d’un refuge.
Le nombre de chirurgiens locaux disponibles était limité. On nous a dit que beaucoup d’entre eux avaient été tués ou arrêtés, et qu’on ne savait pas où ils se
trouvaient, ni même s’ils vivaient encore. D’autres étaient piégés dans les zones occupées du nord ou dans des endroits proches où il était trop risqué de se rendre à l’hôpital. Il ne restait
plus qu’un chirurgien plasticien local qui couvrait l’hôpital 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Sa maison ayant été détruite, il vivait dans l’hôpital et avait réussi à mettre tous ses biens
personnels dans deux petits sacs à main. Ce récit est devenu très courant parmi le personnel restant de l’hôpital. Ce chirurgien a eu de la chance, car sa femme et sa fille étaient encore en
vie, alors que presque tous les autres employés de l’hôpital pleuraient la perte de leurs proches.
J’ai commencé à travailler immédiatement, réalisant 10 à 12 opérations par jour, travaillant 14 à 16 heures d’affilée. La salle d’opération tremblait souvent à
cause des bombardements incessants, parfois toutes les 30 secondes. Nous opérions dans des environnements non stériles, ce qui aurait été impensable aux États-Unis. Nous n’avions qu’un accès
limité aux équipements médicaux essentiels : Nous procédions quotidiennement à des amputations de bras et de jambes à l’aide d’une scie Gigli, un outil datant de la guerre de Sécession qui
consiste essentiellement en un segment de fil de fer barbelé. De nombreuses amputations auraient pu être évitées si nous avions eu accès à du matériel médical standard. Il était difficile de
soigner tous les blessés dans le cadre d’un système de santé qui s’est complètement effondré.
J’ai écouté mes patients me chuchoter leurs histoires, alors que je les transportais dans la salle d’opération. La majorité d’entre eux dormaient chez eux
lorsqu’ils ont été bombardés. Je ne pouvais m’empêcher de penser que les plus chanceux étaient morts instantanément, soit par la force de l’explosion, soit ensevelis sous les décombres. Les
survivants ont dû subir des heures d’intervention chirurgicale et de multiples allers-retours en salle d’opération, tout en pleurant la perte de leurs enfants et de leurs conjoints. Leurs
corps étaient remplis d’éclats d’obus qu’il fallait extraire chirurgicalement de leur chair, morceau par morceau.
J’ai cessé de comptabiliser le nombre de nouveaux orphelins que j’avais opérés. Après l’opération, ils étaient installés quelque part dans l’hôpital, sans que
je sache qui s’occuperait d’eux ou comment ils survivraient. Une fois, une poignée d’enfants, tous âgés de 5 à 8 ans, ont été portés par leurs parents jusqu’à la salle d’urgence. Tous avaient
reçu une balle de sniper dans la tête. Ces familles rentraient chez elles à Khan Yunis, à environ 3,5 km de l’hôpital, après le retrait des chars israéliens. Mais les tireurs d’élite sont
apparemment restés sur place. Aucun de ces enfants n’a survécu.
Le dernier jour, alors que je retournais à la maison d’hôtes où les habitants savaient que les étrangers séjournaient, un jeune garçon est arrivé en courant et
m’a remis un petit cadeau. Il s’agissait d’un rocher de la plage, avec une inscription en arabe écrite au marqueur : “De Gaza, avec amour, malgré la douleur“. Alors que je me
tenais sur le balcon et que je regardais Rafah pour la dernière fois, nous pouvions entendre les drones, les bombardements et les rafales de mitrailleuses, mais quelque chose était différent
cette fois-ci : Les sons étaient plus forts, les explosions plus proches.
Cette semaine, les forces israéliennes ont attaqué un autre grand hôpital de Gaza et prévoient une offensive terrestre à Rafah. Je me sens incroyablement
coupable d’avoir pu partir alors que des millions de personnes sont contraintes d’endurer le cauchemar de Gaza. En tant qu’Américaine, je pense à nos impôts qui ont financé les armes qui ont
probablement blessé mes patients là-bas. Déjà chassés de chez eux, ces gens n’ont plus nul part où aller.
Irfan
Galaria
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Hamas provoque un électrochoc planétaire en dévoilant la nature génocidaire du sionisme (partie 1)
Les hommes politiques et les médias mainstream occidentaux ont longtemps dupé leur monde, en faisant croire à qui veut l’entendre que le parti politique
palestinien Hamas, pivot ces dernières années de la résistance armée, contre l’occupant israélien, serait une organisation «terroriste» «fondamentaliste», « islamiste». Et de
marteler : «tantôt proche des frères musulmans d’Égypte, tantôt apparenté à Daech (ISIS en anglais et EI en français) ; soit dit en passant, Daech fut créée par le
Mossad-CIA-MI6, comme proxy, dans le sillage d’Al-Qaïda. L’EI, se bat toujours en Syrie contre Bachar et pour l’étoile de David et la bannière étoilée, tandis que le contribuable
étasunien croit que son pays combat le terrorisme…
Pour preuve que Daech est un monstre terroriste, créé à la solde de l’Occident, pour mettre à terre les pays arabes, son sigle en anglais (ISIS) ou
(Islamic State In Irak and Syria) est un clin d’œil au Mossad et une pale copie du sigle sioniste : Israel’s Secret Intelligence Service.
De la résistance palestinienne et
des tentatives sionistes de l’étouffer
Daech possède
tous les matériels de guerre anglo-américains-sionistes et il est financé par certains pays arabes du Golfe, «pour le bien
d’Israël», selon Hilary Clinton, propos confirmés par l’ex-1er ministre Qatari Jassem Al thani…, (vidéos). Les porte- paroles d’Israël furent invités en vain, par les chaines
satellitaires arabes, à produire une preuve, la plus infime soit-elle, impliquant les mouvements de la résistance (Hezbollah, Hamas, etc.), contre un pays quelconque, autre que
l’entité sioniste. Par contre, le sionisme, dont nul n’en évoque jamais l’existence, comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse, est un régime de
colonisation sanguinaire, raciste, capable de tous les coups tordus, y compris envers ses alliés ; à preuve l’espionnage, à grande échelle, même de Chefs d’État, y compris
des pays amis (Meckel, Sarkozy, etc.), avec le logiciel espion Pegasus, destiné à attaquer les Smartphones.
Hamas vient d’arracher le masque à Israël, laissant apparaitre le visage génocidaire de ce régime politique, pire à beaucoup d’égards que le régime
nazi, auquel le sionisme talmudo-cabaliste a rajouté une dimension biblique, exacerbée par un espoir messianique nébuleux et dangereusement fanatique. Et c’est au nom de ces
théogonies qu’un parano comme Netanyahou (ivre de versets talmudiques, à l’instar de centaines de milliers de sionistes comme lui) ne résiste pas à la tentation de faire couler
gratuitement le sang, histoire de hâter la venue du Messie (et partant faire reculer son jugement personnel pour corruption), à certaines conditions, jamais remplies jusqu’ici :
la quête d’une génisse rousse, exempte de défaut, pour pouvoir purifier l’autel des sacrifices, suivant un rituel bien défini par des Écrits où il est question : de cendres de la
génisse, après sacrifice ; de bois de cèdre ; d’eau lustrale, recueillie par un enfant prédisposé à cet exercice de collecte du précieux liquide, etc. Dans l’univers sioniste
clos, plutôt athée, ceux qui le composent ne croient pas généralement en Dieu. Toutefois ils prêtent foi au sacrifice d’une génisse, aux faux prophètes, aux faux messies, au cadastre
biblique offrant sur un plateau d’argent une «terre promise», à un «peuple élu», etc. Des calembredaines débitées, pendant des siècles, à des goyim de plus en plus sidérés, à force de
victimisation et de jérémiades sans larmes, devenues des sourires en coin, narquois, alors que les Judéens ne croient en rien ; ce qui fit dire au philosophe juif français Henri
Atlan : Dans le judaïsme point de trinité, ni de fils, ni de Saint Esprit, juste un Dieu, auquel personne ne croit…
L’effet de la propagande mensongère sioniste à atteint de tels sommets, qu’il est permis aux «enfants d’Israël», de jouer comme toujours sur le registre
victimaire, pour diaboliser leurs adversaires, en les traitant notamment de : «terroristes» ; d’«animaux», etc., comme enseigné par le Talmud, sans respect aucun à ces bêtes
nourricières de l’homme ; prenant le cas truculent et bestial des cabalistes, pour des généralités applicables à tous… En fait de mensonges, notons que la création de Hamas en
1987 fut certes applaudie par l’entité sioniste, pensant de la sorte affaiblir la résistance globale, incarnée à l’époque par l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), avec
pour chef de file le Fatah de Yasser Arafat. Voyant au bout du compte que le parti Hamas ne mordait pas à l’hameçon, en se lançant dans des guerres fratricides, fomentée
machiavéliquement par l’occupant sioniste, celui-ci changea le fusil d’épaule, en jouant la carte de la négociation avec l’OLP, pendant que Hamas poursuivait sa radicalisation.
Pourtant, Israël usa toutes les ficelles de la séduction en vain, pour convaincre les dirigeants de Hamas de composer avec l’occupant, sans parler du
recours à la répression sauvage (politique de la carotte et du bâton). Des épreuves de force, toujours présentées par les médias aux ordres comme des «ripostes» (jamais des
initiatives d’agression d’Israël), au «monstre islamiste», dont ses membres sont déclarées «cibles légitimes», comme dans un tir aux pigeons ; en témoignent les assassinats des
principaux fondateurs de Hamas et un nombre incalculable de ses cadres et militants, au même moment où Israël faisait fuiter des infox,
relatives à une prétendue création de Hamas, par ses services. C’est cette information colportée aujourd’hui par un certain Joseph Borrel, en service commandé aux ordres du sionisme,
comme beaucoup de ses acolytes de l’UE, pour discréditer davantage la cause patriotique de feu le Cheikh Ahmed Yacine, tétraplégique assassiné sur son fauteuil roulant par le
Mossad.
Une juste cause d’un peuple qui vient, par son sens du sacrifice et sa détermination, de gagner la sympathie de la planète entière, après avoir dévoilé
au grand jour la vraie nature génocidaire, sauvage et inhumaine du sionisme… En effet le fameux «Free, free
Palestine» et le keffieh palestinien,
déployés lors des manifestations planétaires, auxquelles y participent nombre de juifs orthodoxes, ne sont pas un simple slogan et un quelconque tissu, symbole de lutte. Ils évoquent
désormais le mémento des
morts, rappelant à l’humanité malade la fin prochaine du règne cauchemardesque de l’Occident collectif et son injustice criante, devant les plus faibles, en passe d’être heureusement
neutralisée à temps, grâce au sursaut opportun des civilisations anciennes, déjà regroupées au sein des BRICS : Afrique du Sud, Chine, Russie, Inde, Iran, Égypte, Éthiopie,
Arabie, Brésil, Argentine, etc., et encore deux bonnes douzaines de pays frappent au portillon.
Si cette infox de
création du Hamas par l’occupant, présentait la moindre véracité, elle aurait certainement été frappée du sceau «ultra secret», sans que l’opinion publique ne puisse s’en saisir et en
tous cas jamais rotée aussi bruyamment par Joseph Borrel, Chef de la diplomatie européenne, déclarant souvent une chose et son contraire. Est-il besoin de rappeler la polémique
impolitique, suscitée par l’objectivité peu diplomatique, du premier ambassadeur de l’UE, au sujet du «jardin européen» et de «la jungle du reste du monde» ; suivi d’un précédent
plaidoyer du «droit d’Israël à se défendre», contre un peuple palestinien colonisé et enfermé, dans une prison à ciel ouvert, durant 75 ans. Maintenant que les carottes sont cuites,
le monde sortant de sa profonde léthargie, Borrel implore Israël de se conformer aux résolutions de la CIJ, de cessez le massacre et le feu, après que l’UE ait défendu en rang serré
le bourreau sioniste enragé, dans ses actions génocidaires, sans cesse renouvelées à Gaza. Aujourd’hui, la planète attend avec impatience le lancement des plaintes contre les
complices d’Israël (USA, UK, France, Allemagne, etc.,) sans quoi, le risque est grand de voir le Sud collectif procéder à un boycott général des produits, de tous les pays
occidentaux, en vue de mettre à genoux les économies solidaires avec Israël !
Ce blocus contre I‘entité sioniste s’impose, comme seul moyen de légitime défense solidaire, avec le peuple palestinien. Ce processus, initié par les
Houthis au Yémen, porte déjà ses fruits, avec une augmentation de l’ordre de 40% des tarifs de fret et des assurances, avec des répercutions d’autant sur la valeur des produits, du
fait du déroutement des navires par le cap de Bonne-espérance (Afrique du Sud). Quant à la résistance globale en lutte, pour la récupération des terres occupées au Levant dans
la : Plaine de la Bekaa (Liban) ; au Golan (Syrie) ; une grande partie kurde occupée du coté irakien et syrien, avec une présence insoutenable des USA et des
bombardements intermittents d’Israël, quand ça lui plait, comme si les tueries des Palestiniens ne lui suffisent pas. Faisons confiance au courage et à la résilience légendaire
des peuples (et non à leurs dirigeants majoritairement corrompus), de ne pas laisser le champ libre à l’ennemi. La résistance continuera à faire parler la poudre avec des succès
majuscules, comme hier elle livra des guerres à l’ennemi sioniste avec des pierres (Intifada), sans se lasser. C’était le seul moyen à l’époque de faire valoir son existence sur sa
terre, menacée par des colons sionistes morveux et voleurs, justifiant l’occupation du territoire d’autrui, par un simple slogan : «une terre sans peuple, pour un peuple
(élu) sans terre». C’est ainsi que le sionisme compte rééditer la Nakba de 49, avec le transfert ailleurs de deux millions de Gazaouis, vers d’autres pays arabes, voire
d’Afrique, selon les derniers plans de Netanyahou, à faire exécuter par Joe Biden and Co., commandant en chef du vaisseau amiral de l’Empire occidental, complètement sionisé.
Les pays les plus puissants se
sont généralement forgés dans la résistance
Quand on pense aux pays qui obtinrent leur indépendance de haute lutte (Vietnam, Cuba, Algérie, Afrique du Sud, etc.), on ne peut s’empêcher de les
comparer à deux autres exemples de résistances historiques, entre cousins colonisateurs : Le soulèvement de Georges Washington et ses milices, appelés alors «les Fils de la
Liberté», livrèrent une guerre de 8 ans (1775-1783) à l’Angleterre, en vue de la libération de l’Amérique, «au nom du droit
naturel à l’insurrection légitime, y compris dans la pensée politique commune aux Lumières britanniques…» Furent-ils des terroristes ? Du reste, lors de la signature du
traité de paix, les résistants américains, ne se firent pas faute de rappeler aux colons britanniques, le droit légitime à se défendre. N’est-ce pas aussi le combat pour la Liberté
des Palestiniens ? Lorsque Charles de Gaule lança son appel de juin 1940 aux Français, à prendre les armes, pour libérer la France de l’occupant allemand, fut-il traité de terroriste
? De tels exemples, multiples à travers l’histoire, montrent bien que la partialité est partie intégrante de la psyché de
l’Occident politique. Celui-ci veut à tous les coups gagner, à pile et à face et voir son vis-à-vis perdre sans coup férir.
Les USA, dont autrefois l’exemple a suscité tant d’espoirs chez les peuples en lutte, piétinent aujourd’hui les propres principes instaurés par les
pères fondateurs de l’Amérique, qui affirmaient déjà en 1776, dans une déclaration gravée dans du marbre, que : «les Colonies-Unies
d’Amériques (devenues ultérieurement les États-Unis, Ndl’A) ont le droit d’être des
États libres et indépendants» ; propos réaffirmés au lendemain de la Seconde guerre mondiale, par le Potus Franklin
D. Roosevelt, en direction des autres nations, en ces termes : «l’ère de la colonisation est
close. Ces contradictions (les USA n’en sont plus à une près), entre les paroles et les actes, et autres traités sur le partage du Moyen-Orient (Cf., conférences de San Remo,
de Sèvres, etc.), ne confortent-elles pas l’opinion de plus en plus répandue, dans le Sud global, qualifiant désormais l’Occident d’espace politique peuplé d’«États
voyous», de «politiciens menteurs, vivant dans des «sociétés aux valeurs majoritairement décadentes». Le penchant récent des pays africains, latinos, etc., pour la
Russie et la Chine n’est pas le fruit du hasard, tant l’Occident brule à petits feux ses vaisseaux, sans apparemment s’en rendre compte.
Si les politiques et les médias occidentaux assimilent les résistants arabes, qui luttent pour la récupération de leur terre, pour des terroristes
(Hezbollah libanais, Hamas palestinien etc.), Tsahal (qui massacre des enfants et des femmes, faute de pouvoir se mesurer aux combattants de la résistance, sur le champ d’honneur)
serait sans doute une armée de bons Samaritains ; autant que peuvent l’être les recrues des organisations sionistes de : l’Aman,
le Shin Bet,
le Mossad… Des
organisations de la terreur et une véritable armée civile, comptant quelque 150 000 Sayanim dans le monde, encartés dans des
milliers d’organisations sionistes et incrustés dans tous les rouages des institutions occidentales et internationales : ONU, UE et même la Ligue arabe et l’Organisation de
la Coopération islamique, n’y échappent pas, grâce «…aux charmes de
nos femmes, la brillance de notre argent et l’exercice de notre influence…» ; Cf., la déclaration solennelle du B’nai
B’rith, organisation maçonnique ouverte uniquement aux sionistes. Exit tous
les Goyim, même les plus proches du sionisme.
Le slogan secret du Mossad «par le mensonge tu vaincras» reste inconnu pour le commun des mortels. Néanmoins, il est révélateur d’une seconde nature,
inculquée par le Talmud, aux auxiliaires sionistes de cet instrument de la terreur et sa capacité d’infiltrer tous les cercles, puisque les
Sayanim sont partout : Omnipotents ; omniprésents et omniscients ; ils sont porteurs de diverses nationalités, de tous les pays d’accueil, tout en
gardant leur identité propre et l’espoir messianique judéocratique intact. Cf. l’ouvrage du juif franco-marocain, Jacob Cohen, intitulé : «Le printemps des
Sayanim». Aussi, c’est avec un art consommé de cacher les couleuvres que les sionistes dissimulent les vraies origines de cette «armée la plus
morale du monde», se gardant toutefois de dire qu’elle est issue d’anciennes organisations terroristes sionistes, dont une
partie active toujours dans le secret, depuis les débuts du siècle dernier : Lehi, Irgoun, Haganah, Betar, etc.
Ces organisations terroristes, sans uniformes ni insignes, ont repris du poil de la bête à l’étranger, après avoir semé la terreur, au sein des
populations palestiniennes, suite à la création de l’entité sioniste en 1948, pour asséner tous les coups tordus à des contestataires européens du suprémacisme sioniste. Sous les
proscriptions arbitraires de ces organisations secrètes, une partie des familles palestiniennes furent condamnées à l’errance, à travers le monde (non par un arrêt exilique de Dieu,
comme ce fut le cas des juifs, mais…) par la volonté du sionisme !) À entendre certains sionistes, du genre Attali, prétendre que la mémoire serait juive (comme si les Goym
en étaient dépourvus), par quel miracle le «Peuple élu» oublia-t-il les époques où il fut sans cesse persécuté (pour quelles raisons ?), par tous les goyim de la création, depuis
les Babyloniens, jusqu’aux Allemands, en passant par les Égyptiens, les Romains, les Ibériques, etc. ? Seuls les Arabes ont épargné des Pogroms habituels aux juifs, sans doute, en
raison des versets du Coran, appelant le croyant au devoir de soumission à Moussa (Moïse) et Aissa (Jésus), en tant que messagers d’un Dieu unique aux trois religions…
L’énumération serait trop longue, si on devait rajouter les guerres fratricides, entre Judéens et Israéliens, Pharisiens et Sadducéens, Zélotes vs
Esséniens (ceux-ci bien que pacifiques, se vouant à la théologie et la spiritualité, furent quand même anéantis par les conflits, comme le furent les deux frères ennemis, Jacob et
Esaü, arrivant à croiser le fer, pour un plat de lentilles ; seuls des occasions de complots ensemble pouvaient rassembler deux camps juifs, comme ce fut le cas de l’entente
entre sectes, lors de la mise à mort de Jésus. Il est à croire aussi que ce serait le complot, contre Dieu et les Goyim, qui aurait permis depuis des siècles cette soudure invisible
entre juifs, porté par l’ambition de dominer le monde, pour le mener vers le chaos (ordo ad
chaos), prédit par les Ecritures. Mais c’est certainement dans des pays arabes où l’ingratitude du «peuple élu» est la plus manifeste (Infra) ; de l’aveu même de
congénères juifs orthodoxes abrégé en un discours du Grand rabbin orthodoxe, David Weiss, Président de Naturei Karta ; un phénomène d’ingratitude à l’égard des Arabes, en dépit
de l’asile et la protection qu’ils reçurent, déjà au commencement de leur histoire, il y a environ 3000 ans lorsqu’ils furent chassés de Babylone, et ce jusqu’à la fin de leur errance
en 1948, en Palestine ; lorsque l’Agence Juive Mondiale négocia avec Adolphe Jacob Hitler le contrat de transfert (havaara en
hébreux), des juifs allemands vers la Palestine. Oui ! Avec Adolphe Jacob Hitler et la polémique provoquée en direction du ministre russe Serguei Lavrov, relative à l’origine
juive du Führer, était un simple écran de fumée, pour étouffer une affaire aussi encombrante, de nature à faire remonter à la surface quelques souvenirs et beaucoup de mensonges. Il
semble, selon l’écrivain juif canadien, Henry Makow (voir ses livres sur les Illuminati), seulement ceux qui refusèrent la havaara,
connurent le sort funeste que l’on sait et rarement, en raison de leur «origine juive», ou cette pseudo «haine des juifs», comme elle est généralement serinée par les Goebbels
contemporains…
Sous d’autres cieux, le sinistre Betar (organisation terroriste) sévit encore en France, où le juif français antisioniste, feu Robert Faurisson,
Professeur d’université de son état, catalogué de négationniste de la Shoah, gouta à toutes les persécutions et humiliations, infligées à cet intellectuel du troisième âge, jusqu’à sa
mort. D’autres sommités avant lui, dont le penseur français Roger Garaudy, pour avoir formulé le même avis, le betar lui montra de quel bois il est fait, en lui fermant les portes au
nez, de toutes les maisons d’édition de France, outre de lui avoir fait subir toutes sortes d’avanies. Beaucoup, comme eux payèrent le prix fort (le Père Régimbald et son compatriote
canadien le journaliste Serge Monast, l’écrivain américain Douglas Reed, le suédois Yuri Lina, l’écrivain Hervé Ryssen, le député belge Laurent Louis ; le
parlementaire britannique Galloway, l’humoriste français Dieudonné, l’écrivain Alain Soral) ; tous n’ont pas plus aux sionistes ou furent catalogués d’«antisémites» ; terme
délétère, utilisé à tort et à travers, depuis que cette engeance s’est emparée des commandes de toutes les institutions des pays d’accueil occidentaux et en particulier les USA, la
France, l’Allemagne, la GBR… Ce qui fit dire à juste titre, à Michèle Sibony, militante française pour la paix, juive elle-même : «L’antisémitisme cessera lorsque les
juifs deviendront comme tout le monde, des sujets soumis à la loi».
Du juif errant au sioniste
conquérant, triomphant, jubilant…
Le «juif errant», puni par Dieu pour ses transgressions de la morale divine et celle des hommes, selon les Écritures, fut trimballé pendant des siècles
dans les caravanes arabes, depuis le Yémen, puis de l’Arabie heureuse, jusqu’aux confins de l’Andalousie, après les grandes épopées arabo-musulmanes, du Maghreb à l’aller, et au
retour lors de la reconquista…
Ce peuple finira un jour, cédant aux chants des sirènes sionistes, en Palestine arabe, dans laquelle non seulement il occupera la place des Arabes autochtones, mais in
fine forcera environ un quart d’entre eux à l’exil ; ajoutons qu’à peu près autant passera de vie à trépas, après le terrible génocide de 48 (Nakba non jugée à ce
jour), avec la complicité des forces britanniques occupantes. Ces dernières fermèrent les yeux sur cette forfaiture.
Après coup un nombre conséquent restera sur place en Palestine, lequel sera divisé en deux parties : l’une, constituée par des Palestiniens,
appelés «Arabes de 48», accepta de servir l’occupant et d’avaler des couleuvres sionistes, à longueur de temps ; la seconde partie subira le joug et le sort de réfugiés,
majoritairement dans des camps de l’ONU (UNRWA), créés à cet effet, il y a 75 ans, pour que les grandes puissances se donnent bonne conscience. Mais beaucoup d’entre eux rejoindront
la résistance clandestine, telles : L’OLP et ses différentes branches ; Hamas et sa branche armée Azzedine El Qassam (du nom du martyr, fondateur du parti). Cette branche
armée compte dans ses rangs nombre de chefs actuels de la résistance armée, dans le fameux «métro de Gaza», parmi lesquels les deux commandant en chefs : Yahia Senouar et Mohamed
Daif, nés à Khan Younes, puis passèrent chacun une vingtaine d’années dans les geôles sionistes… Ce camp de réfugiés, connu pour avoir subi, comme tant d’autres camps, à chaque
incursion de l’armée sioniste, le martyre, au prix de milliers de martyrs, massacrés à la moindre saute d’humeur des colons ultranationalistes Khazars, durant des décennies…
Quel qualificatif donner à la terreur imposée par des colons armés, sur les Palestiniens désarmés et leurs biens déclarés vacants, après leur départ
forcé de leur terre, sinon de terrorisme d’État, dans toute son horreur… Terrorisme : voilà un mot rendu obligatoire, dans
la sémantique sioniste, et ânonnée comme une leçon de catéchisme de persévérance, par des hommes politiques occidentaux, initialisés à l’effet de nuire à la résistance palestinienne
et au monde arabe et musulman, en général. Mais la revanche palestinienne s’exprime désormais sur le champ de bataille, au bout du viseur de la fusée El Yacine ; arme de
fabrication locale, usinée dans les tunnels de Gaza. Ces armes, adaptées à la guérilla urbaines et les combats rapprochés, réduisirent en cendres, lors des trois mois d’opération
«déluge d’Al Aqsa», plus de 1200 véhicules blindés ; chaque frappe étant filmée, par un cameraman de Hamas, vidéos à l’appui, dont un bon nombre de markavas,
autour desquelles le silence est total, et pour cause : une estimation du bilan des morts, avancée par le général de division, jordanien à la retraite, Fayez El Douiri, en
sa qualité de consultant de la chaine qatarie Al Jazeera,
se situe entre 4800 à 5000 soldats israéliens, en considérant une moyenne de 6 soldats, par véhicule blindé touché (chars, transport de troupes, etc.). Le nombre est
à multiplier, au moins par deux, quant aux blessés (10 000 dont certains portent des blessures graves.)
Etant réduite à l’impuissance par la résistance (dont les éléments, un maximum de trois, n’apparaissent que pour tirer et se replier, dans leurs caches
souterraines respectives, ou au milieu des décombres des immeubles), l’armée d’occupation se venge sans rougir sur les populations civiles, fuyant l’horreur des bombardements,
auxquels nul quartier de Gaza n’y échappe : Les militaires sionistes au sol, leur indiquant des couloirs labyrinthiques, menant à des impasses, de manière à les piéger en masse,
dans des prétendus «zones de sécurité», augmentant ainsi le nombre de victimes civils sans défense, de 250 à 300 morts/jour ; nonobstant le droit et les
conventions internationales de l’ONU, otage de l’empire de US-Sion.
Notons que toutes les théories politiques et sociales, devenant de la philosophie pour gens riches, instruits et s’ennuyant à mort afortiori, furent
imposées suivant la vision de la doxa talmudo-cabaliste, voulant tailler en pièces toute forme de nationalisme des autres nations, devenu monopole (entre-soi) exclusif des «enfants
d’Israël». Le nationalisme fut liquidé et remplacé d’abord par le cosmopolitisme proto-sioniste, comme ils réussirent à achever le christianisme, avant que le tour de l’Islam
n’arrive, après le dépeçage de l’empire Ottoman en 1916, par deux ministres franco-britanniques Sykes et Picot. L’Islam est désormais dans le malaxeur de la réinitialisation
talmudique, avec des «interdits», à n’en plus finir, et des ouvertures grotesques charriées bientôt par le fameux projet NEOM, du prince héritier Mohamed Ben Salmane, dit MBS. Un
autre Las-Vegas en terre d’Islam où jeux de hasard, consommation d’alcool et autres mélanges des genres sont en perspective. Des vices non seulement blâmables par la religion, mais
répréhensibles par la Loi, dans des lieux publics.
Rappelons que le cosmopolitisme avorta dans l’antiquité, mais il sera remis au goût du jour au XVIIIe, pour finalement tomber entre les mains des
mondialistes actuels, dont les représentants du «mal absolu de l’humanité» s’activent aujourd’hui au sein de milliers de think
tanks et autres organisations cryptocratiques dont le public ignore tout, du genre : Bilderberg ; Cercle à Paris ; Club de Rome ; CFR ;
Trilatérale ; Forum mondial de Davos, animé par un certain Klaus Schwab and Co., à l’œuvre pour le «bien des bipèdes», souvent victimes de pandémies incompréhensibles, dont
le «covidisme» fut traité avec des vaccins suspectés de tous les travers, par l’opinion publique.
L’humanité commence à s’étirer, voulant sans doute secouer sa longue torpeur et mettre le holà à ce manège en «isme», puisant ses racines davantage dans
la mythologie biblique (plutôt talmudique), devenue une nouvelle constitution (secrète) adoptée par l’Occident collectif, au profit d’une secte de falsificateurs détraqués,
en quête de domination du monde. Par des tours de passe-passe, ces troqueurs de bible, en échange d’un talmud griffonné de mains de mortels rabbins, recrutent leurs
ouailles dans les synagogues de Satan, dénoncées en leur temps par les apôtres, et leurs adeptes méphistophéliques dans des cryptes (appelées pudiquement des camping), du
genre Bohemian
grove (Californie), où les invités par centaines parrainées, en voient de toutes les couleurs, dans les nouvelles Sodome et Gomorrhe des États-Unis.
Notons que l’«Israël du Nouveau Monde, fut évoqué par certains pères fondateurs, au temps des Provinces Unies d’Amérique (1er nom de l’État américain).
Ils étaient au nombre de 55, réunis à la Convention constituante de Philadelphie, parmi lesquels des juifs riches et influents : Benjamin Franklin, John Rutledge,
Nataniel Gorham, David Breadley, Jacob Broom, Jonathan Dayton, Robert Sherman, Abraham Baldwin, etc. À cette catégorie, il y a lieu de rajouter pas moins de 22 chrétiens
protestants, majoritairement proto-sionistes, avant la date et la lettre. Les chrétiens protestants seront remplacés ultérieurement par les «protestants évangélistes», à partir des
années 60 ; sans compter un paquet de francs-maçons, à leur tête, le plus illustre d’entre eux : Georges Washington, premier président des USA.
Ceci pour comprendre le syncrétisme fusionnel entre le sionisme et les classes politiques occidentales et plus particulièrement aux USA, où les
élections sont une affaire de gros sous, ce qui explique le rôle déterminant du lobby
juif dans toutes les élections. Chaque membre d’un parti politique (démocrate/républicain) ou chaque président, indépendamment de son camp politique (Bush père et fils,
Clinton, Obama, Trump, Biden), se sent dans son for intérieur sioniste et il a besoin de le faire sentir et ressentir vivement au lobby sioniste…
Et le phénomène est d’autant plus remarquable que des élections approchent et les enjeux importants, comme en ce moment critique. Dès lors, appartient-il à chacun d’afficher
ouvertement son appartenance au sionisme, comme ce fut le cas de Joe Biden, au mois d’octobre 2023, à Tel-Aviv, lors de la déclaration de guerre totale à Hamas par Israël… Candidats à
l’élection et leur parti respectif d’un côté, les contributeurs et les donateurs de l’autre, se livrent à un véritable show où
les enjeux tournent moins autour de projets de politique, économique et de sociétés que de plaire à l’establishment sioniste.
Ainsi, forts de cette aura auréolée, en tout lieu et circonstances, les sionistes juifs, croient avoir expulsé Moise du royaume des cieux, en prenant sa
place, pour faire le plus mauvais usage des «dix commandements», les transformant en un cadastre hors-la loi. C’est du reste pour se venger de Dieu, qui prononça contre eux un Décret
exilique, qu’ils jetèrent leur dévolu sur l’Occident global : USA, GB, France, Canada, Italie, Espagne, Australie, etc., pour faire avancer leur agenda athée et
à tout le moins agnostique, au plus offrant… Depuis la proclamation officielle du sionisme, à la fin du XIXe Siècle, ses adeptes sont devenus les maitres du jeu, du feu, des
flammes et de l’enfer sur terre, dans l’Occident protestant et surtout athée ; un ensemble politico-économique rehaussé depuis 1949, par les forces de l’Otan, pour clouer le
bec à tout pays contestataire de l’ordre Anglo-US-Sion, prévalant dans l’Empire… Avec la complicité de l’Occident perfide et son aide invariablement inconditionnelle, Israël se venge
cyniquement de tout, de Dieu et même de l’UNRWA ; une petite agence de l’ONU pour les réfugiés, avec l’intention de lui faire couper aujourd’hui les contributions financières,
alimentaires et vestimentaires, octroyées par les pays donateurs, au prétexte qu’elle aurait prêté main forte à Hamas. Cependant, fort de son impunité, Israël accuse des parties, mais
sans daigner fournir des éléments de preuves, à l’appui de sa plainte, contre 12 des employés de l’agence onusienne qui seraient, selon les allégations de l’entité sioniste, impliqués
dans les attaques du 7 octobre. L’autre tort de l’UNRWA est d’avoir osé dénoncer des tirs de chars de l’«armée la plus morale du monde», sur un centre de formation à Khan Younes
(Gaza), où l’ONU a déploré, le 24/01/2024, la mort de 13 personnes et une cinquantaine de blessés (femmes, enfants et vieillards), parmi les familles sans abris ; utilisant les
dépendances du centre onusien comme refuge, contre les bombardements sionistes…
(Fin de la
1ère partie)
Hamas provoque un électrochoc planétaire en dévoilant la nature génocidaire du sionisme (partie
2)
Les Pharisiens de
mèche avec l’Occident refont l’histoire, redessinent les destins des hommes et des États
Les Sionistes et leurs vassaux occidentaux conquis, s’arrogèrent le droit et le pouvoir de défaire et de faire des États et des frontières
(Saoudie, Jordanie, Émirats, Koweït, etc.), à leur solde, comme ils ont chassé de leur terre les Palestiniens, en vue de la création de l’État d’Israël. C’est la Perfide
Albion qui s’attribua des droits de satisfaire les désirs de l’oligarchie sioniste (Déclaration de Henry Cambell Bannerman, suivie de celle de Balfour en 1917), permettant
à l’empire britannique de s’approprier les terres du Moyen-Orient, à commencer par la Palestine, qu’ils prendront de force. Il semble qu’ils doivent les rendre par la
force, car une lame de fond est en mouvement et le «déluge d’El Aqsa», l’opération spéciale en Ukraine, l’avènement de Trump au pouvoir (sauf accident), la dislocation de
l’UE et de l’OTAN, la résistance unie au Moyen-Orient, et autres phénomènes de bouleversement, n’y sont pas étrangers. Ces vautours tire-sous allèrent aussi jusqu’à
s’emparer du Donbass, au dollar symbolique et d’acquérir à vil prix la Patagonie, comme autrefois, Wall Street, la City à Londres, etc., seront grandement achetées par le
Capital apatride triomphant, et financièrement dominateur, incarné par la pieuvre, appelée Georges Soros et bien avant ce judéocrate, les Princes de l’argent, issus des
douze tribus d’Israël, sauf que la plus fortunée actuellement, est certainement la 13ème tribu de Khazarie ; une grande partie de Manhattan à New York, de la City, à
Londres, et des centaines de quartiers d’affaires dans le monde leur appartiennent.
Il semble que Soros, un ancien maitre-nageur, dans une piscine à Budapest, rencontra un jour le destin, en la personne d’un richissime
congénère Loubavitch, qui aurait fait de lui, un trader,
avec un avenir tout tracé. Puis, il devint la pieuvre financière dont nous avons échos, pour redistribuer cette manne à d’autres congénères talmudo-sionistes, en vertu de
la solidarité tribale et des cercles hermétiques, à l’exemple de sa firme Open
society ; autour de laquelle gravitent une foultitude d‘autres firmes, parmi lesquelles celle qui emploie les fameuses femen qui
attaquent «les seins nues», les cibles désignées par l’Establishment. De
nombreux judéocrates connurent un sort semblable, en rencontrant en chemin la félicité, leur présentant le père Noel, le plus riche du monde, pour les placer au dessus du
panier, de façon à être le plus près possible du sommet de la pyramide talmudique, à l’exemple de E. Macron (président à 40 ans), Elisabeth Borne, Gabriel Attal (1er
Ministre à 34 ans), Yaël Braun-Pivet, etc., en France et tant d’autres ailleurs en GBR ; un empire où le pouvoir ne quitte pas les mains des Judéocrates, depuis
Benjamin Disraéli à Boris Johnson, en passant par Winston Churchill, David Cameron et Ben Wallace est en lice, dans ce vaste monde occidental, fermé pour certains et
ouvert pour les mêmes.
Certains planeront dans les hauteurs, déjà au sortir de l’ENA et de Sciences Po, dans le cadre des Young
leaders (French-American Fondation).1,
pour découvrir comment on fabrique des élites, acquises au sionisme et à l’Oncle Sam (Samuel Wilson, fournisseur de viande à l’armée US, devenu Uncle Sam) : ici, très
peu de places disponibles pour les autres tribus, à moins d’un accident (Powel, Austin, Condoleezza Rice, etc.) ; par contre les places vacantes dans la case de
l’Oncle Tom ne manquent pas, contrairement à celle de l’Oncle Sam, où la cooptation est de rigueur… La finalité du regroupement de la secte, dans des espèces de
paradis terrestre du genre Patagonie, tandis que les Goym seront éparpillés, dans des déserts hostiles, représente la démonstration de force des «enfants d’Israël», en
pleine revanche, sur le sort et contre ce «Dieu vindicatif» et austère qui a fait errer tout ce beau monde, à travers la terre.
À chacun son sort, mais le moins enviable est certainement celui des Palestiniens, en ce moment. Certains vous diront, en cette période
tumultueuse, ressemblant à la fin des temps, le refus d’arrêter le génocide de Gaza est aussi un plan sioniste d’incitation des Gazaouis à fuir leur terre pour un refuge
hypothétique ailleurs, le long des frontières d’Égypte, pour se jeter dans la gueule du désert du Sinaï. À cette différence près que ce désert n’est pas inventé par
Hollywood ou par des rabbins, dans un Talmud cousu main, où une secte fabrique elle-même son propre destin fantaisiste et même celui d’un monde de corniaud.
Celui que les sionistes inhumains livrent au Sinaï est condamné à partager son sort avec celui des scorpions et des vipères à cornes, sans
végétation, sans eau et à des températures extrêmes ; en attendant de se débarrasser d’autres Palestiniens de Cisjordanie, dans le désert jordanien, pas plus clément,
comme lieu de supplice des Palestiniens. Les Sionistes tentent de rééditer l’histoire de la Nakba de 1949, mais cette fois-ci la résistance veille au grain, le missile
Yacine 105, sur l’épaule du combattant d’El Qassam ; étant en position de force, Hamas semble avoir toutes les cartes en mains et le dernier mot à la bouche, autant
dans l’initiative militaire que dans les négociations politiques de : cessez-le feu ou d’arrêt des combats ; d’échanges, à raison de 30 otages israéliens, selon
les catégories (soldats, soldates, généraux (il y en a un paquet) des civils des hommes, femmes et des cadavres) contre 300 captifs palestiniens, dont la majorité furent
capturés dans la rue sans motif ni jugement…
Le lot de tout vainqueur est de dicter le tempo et
de tout vaincu, comme c’est le cas d’Israël aujourd’hui, d’en accepter les conditions. Quant à l’Oncle Sam il ne peut faire grand chose, en dehors de produire des
illusions, avec des «baignoires,» ayant pour nom : SS Gérald Ford ; SS Eisenhower, etc. Et, le théâtre des opérations érigé au Yémen n’est pas un simple
décor pour tourner un film hollywoodien, avec des balles à blanc, comme le «métro de Gaza» n’est pas une vaine entreprise et les bases militaires US-Sion au Liban, sur les
terres syro-irakiennes ne sont pas de simples vues de l’esprit, mais des réalités embrasées par la guerre sur le terrain ; tandis que Netanyahou était hier encore
obnubilé par l’objectif d’anéantir Hamas, libérer les otages, jeter les Palestiniens en enfer… Il n’en est plus rien aujourd’hui, à peine si son armée «Pampers», renforcée
de milliers de mercenaires, peut juguler les attaques de Hamas, armée constituée de patriotes volontaires, sans congés ni soldes…
L’ennui avec l’engeance sioniste est que non seulement elle s’accapare des terres d’autrui, mais de plus elle loue les services de
mercenaires pour massacrer les populations palestiniennes, comme autrefois furent exterminées les races amérindienne, africaine, mapuches, etc., après les avoir humiliées,
privées de leurs biens et piétiné leur culture… Ils sont environ 20 000 mercenaires engagés dans l’opération terrestre sioniste à Gaza, entre GI’S (US) au nombre
de 2000 soldats ayant servi à Falouja ; pas loin de 5000 binationaux français ; des Britanniques et leurs équipements de surveillance aérienne électronique,
outre des spécialistes du renseignement ; des Asiatiques indiens, thaïs, même des Ukrainiens qui fuient le hachoir à viandes de Bakhmout, d’Advika, etc.
S’agissant de la contrée du Moyen Orient, de nouvelles révélations sont en cours que les Sionistes refusent d’admettre. Pourtant, ils seront
bien obligés, les rapports de force étant en train de changer. En effet, des recherches scientifiques et archéologiques officielles, entamées dans les années 60-80,
situant la terre dudit eretz Israël, à Asir, (à ne pas confondre avec M’isr en Egypte) ; une contrée, entre le Yémen et l’Arabie (réputée autrefois heureuse, en
raison de son climat d’antan, à la végétation luxuriante), et non dans l’actuelle Palestine. Voir les recherches de l’archéologue et historien libanais, feu Kamal Salibi,
auteur du livre : «The bible came from Arabia», (la bible vient d’Arabie). Mieux encore, les résultats de ses travaux seront confortés, en 2015, par une thèse
du scientifique égyptien, Ashraf Ezzat, intitulée : «l’Égypte antique n’a connu ni pharaon, ni Israélites esclaves…» Le contenu du livre de celui-ci ne fut pas
l’objet de controverses ni démentis, au contraire de l’ouvrage de Salibi qui bénéficia de la publicité résultant d’un bruit de fond, provoqué par cette annonce en
1985.
La thèse du Dr. Ezzat constitue un ensemble de questions-réponses : Pourquoi ne trouve-t-on aucune mention des pyramides d’Égypte, dans
la bible ? Puis des affirmations, du genre : Jérusalem, la vérité cachée «rien de sain dans la ville sainte» ! Enfin, en dehors, des hiéroglyphes
égyptiens (la plus riche bibliothèque du monde ancien) lesquels n’ont jamais fait état de cette fausse réalité historique et de l’irréelle géographie biblique… D’autres
historiens et archéologues arabes, vont plus loin, en affirmant que la Bible remaniée (en fait le Talmud) est sortie de l’imagination de religieux talmudiques et reprise
par des proto-sionistes, pour réécrire d’abord le roman judéo-chrétien, longtemps enseigné au Moyen âge, dans les écoles occidentales, et projeté au milieu du siècle
dernier, dans des écrans de cinéma d’Hollywood, devenue l’Histoire…
Les chrétiens ne disaient-ils pas : «mentir comme un Rabbin» ? Et aujourd’hui la majeure partie des politiques qui eurent l’occasion de
rencontrer Netanyahou disent de lui qu’il n’y a pas pire menteur que ce type. Mieux encore, ces thèses précitées, qui se complètent ne sont ni désapprouvées ni infirmées
par des universitaires juifs, habituellement rapides à la riposte. Décidemment, l’humanité est confrontée à une situation inédite, sans la moindre réaction, au siècle où
nous sommes, lorsque des chercheurs révèlent que le contenu de la Torah de Moise est détourné de sa vocation première, dans : son interprétation, sa pratique, autant
que dans sa narration de l’histoire et de la géographie, avec un lieu du script identifié
au Yémen et non en Palestine, ni même en Égypte. Des équipes de chercheurs arabes (le Syrien Ahmed Daoud, l’Irakien Roubaiie, etc., sont à pied d’œuvre pour réhabiliter
l’histoire de la contrée, de manière à ne plus laisser subsister le moindre doute, en remettant chaque chose à sa place, après avoir fait longtemps le dos rond
…
Pourtant, le monde demeure indifférent face à cette nouvelle extraordinaire, d’autant plus que le récit talmudique a substitué la croyance
en un Dieu unique, à un récit de caractère théogonique, ayant prévalu dans l’antiquité païenne ; des Demi-dieux qui s’écartent des chemins du tout-puissant, pour
imposer leur voie en «isme», à l’exemple de l’athéisme, avec lequel on a subjugué une partie du monde goy, autrefois pieux (la France ne fut-elle pas «la fille ainée de
l’église ?»), sans jamais apporter la preuve de l’inexistence indiscutable de Dieu ; comme il n’existe du reste aucune justification : de la «terre
promise» ; du «peuple élu», etc.
Aussi, par quel tour de magie, explique-on au monde, que chaque génération pharisienne ou sadducéenne (la différence entre les deux est
aussi épaisse qu’une feuille de cigarette) a pondu son faux messie (Menahem ben Juda ; Abraham Aboulafia ; Sabbatai Tsevi, Jacob Frank, etc.) ; soit environ 120
faux Messie connus en 3000 ans. Mensonges, avec lesquels les Judéocrates de tous les temps se délectèrent, au dépend de l’humanité ! En fait, les dés furent pipés au moins
depuis 1492, période de l’expansion ibérique, à partir de laquelle il y eut proliférations et soumissions aux croyances satanistes, exorcisme, magie noire et autres
ouvertures ésotériques, derrière lesquelles se cache le sionisme des cryptes. Voilà pour quelle raison ces croyances et pratiques font peur, y compris les Espagnols.
Le décret Alhambra des rois catholiques d’Espagne fut un édit d’expulsion des juifs, pour pratique souterraine, provoqué par le culte sataniste du sang et l’esprit du
lucre de Mamon (démon du culte de l’argent, des jeux de hasard, etc.)
Le Talmud ou la preuve
écrite d’une conspiration ancienne
En l’an 1492, Chemor Moise, Grand Rabbin d’Espagne, reçut la réponse tant attendue du Grand Conseil des Sages de Constantinople, suite à son
plaidoyer au sujet des juifs d’Espagne, menacés d’expulsion, en vertu du décret Alhambra,
une nouvelle loi espagnole ordonnant à tous les sujets de se convertir au christianisme; les Musulmans refluèrent en masse en direction du Maghreb et nombre de juifs les
suivirent et d’autres voulurent rester en Espagne. Par cette lettre le Grand Rabbin d’Espagne demandait au Sanhédrin (en hébreu Assemblée des Grands rabbins, formant
pouvoir politico-religieux et judiciaire) de lui indiquer l’attitude à adopter face à cette situation nouvelle. La réponse à peine croyable pour une personne saine
d’esprit, à garder constamment en mémoire, pour bien comprendre la pensée, les actions et les buts visés par les «Anciens de Sion», qui ont fait école, depuis. Leurs
protocoles provisoires (qui deviendront les Protocoles des Sages de Sion) vont préparer le lit du sionisme politique, sous un habillage religieux, et par delà cette
entreprise criminelle, en l’occurrence de parvenir à la réalisation de l’impératif messianique, dans le cadre d’un Nouvel Ordre Mondial, annoncé par les Bush père et fils,
sous la conduite d’un gouvernement juif mondial, avec pour capitale Jérusalem.
Après avoir financièrement ruiné, sans état d’âme ni scrupules, les pays du Sud par le biais de la détérioration des termes de l’échange et
de l’endettement, depuis les années cinquante, voici venir le tour des États occidentaux de se retrouver en faillite (n’étaient les effets du dollar et de la planche
à billets) et dont le niveau de dettes enfle inexorablement : États-Unis 33 000 Milliards USD avec un service de la dette de 3000 Milliards USD ; UE
23 000 Euros, etc. Cela se produit précisément- là, en Occident, où se trouve la matrice judéo-wasp (White Anglo-saxon Protestants), à l’origine de la dérive du monde
vers l’inconnu : le énième «Nouvel Ordre Mondial», pour hâter la réalisation du projet messianique juif, autrement dit l’arrivée du Messie, et de parvenir aux
fins de domination du monde ; phénomène progressant graduellement mais sûrement, le capital talmudo-diasporique agira méthodiquement en un siècle : en inculquant
dans les conciences, successivement, l’idée d’un »foyer national juif à des hommes politiques occidentaux, d’abord Woodrow Wilson, celui qui a cédé la FED au capital
diasporique, puis au judéocrate Winston Churchill en G.B; Hitler (Et oui, Adolph Jacob Hitler!) en Allemagne ; Franklin Roosevelt (USA), etc.
Ceux qui croient en l’eschatologie et la fin des temps, une grande empoignade, dans la poudrière du Moyen-Orient, aura lieu dans un
futur proche, au cours de laquelle les forces du bien (alliées autour de l’Islam et du christianisme, venues des contrées polaires) contre les forces satanistes ;
lesquelles forces du bien prendront le dessus sur les forces du mal, après une sélection qui se ferait par le feu et les prémisses sont là, manifestes en Ukraine, Gaza,
Yémen, Syrie, Irak, Lybie, Soudan, etc. ; en tous cas pas «l’axe du bien» annoncés par les Bush père et fils, Condoleezza Rice et les conservateurs US. On n’en est
loin, nonobstant les agitations de la bête, à l’origine de guerres civiles menaçant les USA où une vingtaine d’États risquent de détacher leurs étoiles de la bannière
étoilée… Nous y reviendrons sans aucun doute, avec d’autres écrits. La priorité fut de traduire dans les faits cette idée, à travers la réalisation effective d’un l’État
s’appelant Israël, avec pour capitale Jérusalem, où serait accueilli le messie, selon les croyances messianiques juives. L’autre idée fut de placer systématiquement à la
tête des grandes puissances des pions acquis à la cause sioniste, soit autant de marionnettes manipulables et dirigeables à loisir, dans la direction souhaitée par le
pouvoir corrupteur de l’argent, coulant à flot pendant les campagnes électorales ruineuses, suivant les recommandations des Protocoles des Sages de Sion. Enfin, endetter
ces États à mort pour les rendre tributaires des emprunts de la communauté diasporique…
Des Protocoles des
Sages de Sion (PSS)
C’est sur la base de la réponse adressée à Chemor Moise, Grand Rabbin d’Espagne, par le Prince juif de Constantinople, que seront
entièrement élaborésles futurs Protocoles des Sages de Sion, présentés trois siècles plus tard (sans la moindre preuve) par les spécialistes sionistes des «écrans de
fumée», comme étant «une œuvre de «falsification antisémite», forgée par les services de police tsariste, avant la Première Guerre mondiale…» À une question à lui posée
par un journaliste, l’industriel Henry Ford (1863-1947), dira : «que
ces protocoles soient vrais ou faux, n’a aucune espèce d’importance, il importe que la réalité prouve leur existence».
Les PSS
extrait :
Voici une synthèse des PSS, se rapportant à l’argent et de la dette, dont le programme se déroule sous nos yeux bandés :
(….) «Le
contrôle des nations sera assuré par la création de gigantesques monopoles privés qui seront les dépositaires d’immenses richesses dont dépendront les Goyim (les
non-juifs). (….) C’est ainsi que le jour qui suivra l’effondrement politique verra leur anéantissement, en même temps que celui du crédit accordé aux États. (….) Des
crises économiques porteront atteinte aux États ennemis, en leur soustrayant l’argent mis en circulation. En accumulant de grands capitaux privés qui sont ainsi soustraits
à l’État, ce dernier va être obligé de s’adresser à nous pour emprunter ces mêmes capitaux…» (…) «Ces
emprunts consentis avec des intérêts seront une charge pour les États qui en deviendront les esclaves, sans volonté propre. Ils s’adresseront à nos banquiers pour leur
demander l’aumône au lieu d’exiger des impôts du peuple…» (…) Des
emprunts étrangers sont comme des sangsues, il n’y a aucune possibilité de les éloigner du corps d’État, car elles ne peuvent que se détacher d’elles-mêmes ou être
rejetées par l’État» (…) «Cependant,
les États Goyim ne les rejetteront pas, ils s’en attireront sans cesse d’autres, ce qui les conduira à une fin inexorable. Les dettes de l’État rendront les hommes d’État
corruptibles, ce qui les mettra encore plus à notre merci. (…)» Nous y sommes en plein !
Ramallah siège de la
retraite dorée de Abou Mazem, président fantoche de l’AP
Le parti Fatah, d’Abou Mazem, somnolant dans les bras de Morphée, devenait à la longue malléable, après avoir, dans les années 60, détourné
des avions ou posé des bombes, pensant ainsi se venger de l’arbitraire de la colonisation sioniste et partant se faire entendre par la «communauté internationale».
Celle-ci fut autant acquise au sionisme que totalement sourde aux cris et hurlements des douleurs physiques et des souffrances morales des Palestiniens. Le sionisme,
en tant que finalité de l’idéologie talmudo-cabaliste, fut promu à ce niveau géopolitique, pour servir et également défendre les intérêts néocolonialistes de l’empire
anglo-étasunien, en pleine expansion, dans une région moyen-orientale, propre à exciter les appétits, à jamais inassouvis de l’Occident global. L’OLP finira par se laisser
embobiner par les promesses mensongères de l’entité sioniste, des Anglo-américains et des pays arabes «normalisateurs» des relations avec Israël et partisans d’une pseudo
solution (sans issue) de deux «États» ; terme négocié à Oslo en 1993, à la faveur de propositions trompeuses de la pax
americana, poursuivant les mêmes finalités impérialo-colonialistes que la pax
ebraica. Un impensable «État palestinien», qui du reste ne connaitra jamais le jour, trente ans après, en raison des atermoiements sans fin d’Israël.
Les Sionistes avaient en effet de bonnes raisons, de se perdre en ergotage de mauvaise foi, se figurant qu’entre temps les deux camps
palestiniens politiquement rivaux s’entretuent, à l’instar des factions libanaises en 1982. Le chemin de la paix demeure semé de chausse-trappes, posées par les services
d’intelligence occidentaux, complices avec le Mossad et tous allergiques au fond à l’idée même de «vivre cote à cote» avec des «animaux» ; terme réel
utilisé dans le Talmud, pour fustiger les Goyim, auxquels il est interdit de concéder un seul arpent de ce qu’ils considèrent comme étant «eretz Israël» et encore moins
sur lequel poser l’État fantoche de Palestine. L’AP d’Abou Mazem se berce d’illusion, en croyant de telles balivernes, dès lors que ce projet de deux États, non
seulement n’a jamais effleuré l’esprit d’aucun gouvernement sioniste, outre qu’il ne figure pas dans le plan de l’Occident global, du «Grand Israël» ; foyer et âtre
indispensables aux névroses obsessionnelles (fixettes) du «peuple élu», dont l’État est porté à bout de bras par l’Oncle Sam et par le capital apatride.
En scrutant l’histoire de près, on se rend compte qu’il n’existe pas une communauté sur terre qui connaisse l’âme et l’esprit des juifs,
autant que les Arabes et dans une certaine mesure les musulmans, pour se laisser ainsi, comme le dit l’adage : «rouler dans la farine», par leurs petits cousins
germains, descendants d’Abraham ( Sem étant une escroquerie intellectuelle, avec un transfert linguistique subtil à un concept de race qui n’est pas un véritablement…) Le
Khazar ashkénaze n’a rien de commun (ni religion, ni langue, ni accoutrement, ni teint, ni morphologie, etc.,) avec par exemple les Séfarades d’Espagne et du
Maghreb.
À moins que certains dirigeants arabes actuels ne soient ni arabes, ni musulmans, sans doute des convertis, comme le laissent supposer
certains murmures dans les royaumes, pour ne pas comprendre le pourquoi de cette haine féroce. Aussi, il faut dire que les Arabes n’ont pas de réponses car ils ne se
posent pas de questions, dès lors que la majorité des grandes tribus héritèrent d’Émirats (royaumes) offerts sur un plateau d’argent par la Perfide Albion. Dès lors,
paraissent-ils distants dans un conflit théologique (Judéo-chrétiens VS Islam), où même le bon Dieu ne reconnaitrait pas les siens, tant les intérêts des uns et des autres
se télescopent sans fin…
En réalité les roitelets du Golf, demeurent redevables envers leurs protecteurs anglo-américains et suzerains réels, jusqu’à preuve du
contraire, de la contrée en voie de sionisation complète. Et le projet futuriste Neom (d’enterrement de l’Islam) en est un témoignage accablant. Dès lors, la naissance
d’un État chimérique palestinien, aux côtés de l’État imaginaire d’une secte gâtée, devenant à la longue pourrie, était d’avance vouée à l’échec, par reniement atavique de
leurs vis-à-vis sionistes et néanmoins cousins. Beaucoup de gens ignorent que c’est dans la nature de la secte pharisienne, et ses héritiers de faux dévot du Talmud
rabbinique, qui entretiendrait une pseudo rancune tenace de Sarah envers Ager, mère d’Ismail, à propos de plaintes d’Isaac contre son frère ainé ; qui aurait
mené à la répudiation de la mère et du fils, malgré les dénégations de ce dernier, selon lequel ce n’était que querelles d’enfants et il se mit à jurer à plusieurs
reprises. On crut quand même Ismail coupable, en dépit du fait qu’il a juré de sa bonne foi. Des querelles que la mémoire de l’homme n’a point oubliées, au point de faire
couler le sang 3000 ans après… Chez l’Arabe, lorsqu’il a accepté de jurer sur ce qu’il a de plus cher, tu peux le croire. Mais comment s’assurer que le Juif est de bonne
foi, alors qu’ils partagent l’univers de ceux-là même qui rejettent la Torah, en suivant l’«homme du mensonge» qui jongle avec le Talmud. Dès lors, se croit-il permis, y
compris, de se délier légalement des engagements, pris à l’endroit des hommes et de Dieu : il lui suffit tout simplement de déclarer (à lui-même) son reniement à
la promesse donnée, à l’occasion de Youm
Kippour, lors de la prière du «Col
Nidré» ou Col Nidre, (valable pendant une année, selon le Traité Nedarim.)
Autant dire que le mensonge est inscrit dans les gènes des Pharisiens antiques, ancêtres des sionistes supprémacistes actuels, individus
réputés «sacrificiels», pourvu que la querelle fut permanente et que sang coulât à flot… Et cela est encore plus vrai, lorsque ceux-ci sont organisés en sectes élitistes,
comme cela fut le cas des Sadducéens. D’une façon générale, ils privilégièrent la vie dans des ghettos, en vue de dissimuler leurs basses œuvres dans des cryptes, à l’abri
des regards indiscrets. À Brooklyn (New York) un tunnel secret, menant à une crypte (?) sous une synagogue de juifs Loubavitch, mis au jour par la police, il y a quelques
jours à peine, le 10/01/2024… Notons que les Loubavitch sont originaires d’un village de Biélorussie, portant ce nom khazar, à laquelle appartient Jerad Kouchner, époux de
Ivanka Trump, et dont le père fut un temps président de cette dynastie hassidite Habad-Loubavitch, avant de finir en prison, suite à des poursuites pour
malversions.
C’est d’ailleurs le mensonge qui constitue une des raisons pour lesquels les contemporains des Pharisiens de l’époque les qualifiaient
d’hypocrites, de faux dévots, voire de faux jetons. Ainsi, pouvaient-ils se livrer dans des cryptes, à toutes sortes d’interdits, à commencer à l’origine par l’écriture du
Talmud, tant de fois interdits et brulés par les églises catholiques, lesquelles qualifièrent cet ouvrage, déjà à cette époque, de «livres de jongleries». Lorsque plus
tard, Martin Luther, père du protestantisme, découvrit la fausse nature du livre, qu’il avait entre les mains, (un Talmud offert par des Rabbins pour semer une zizanie
active entre catholiques et protestants), en vue de s’inspirer de son contenu, pour professer la nouvelle foi protestante, il écrira à son tour un livre-brulot : «les
juifs et leurs mensonges».
Les Grands Rabbins, au nombre de 70 membres du Sanhédrin (assemblée), à l’origine de l’écriture de ce livre d’insanités, supposé être
l’interprétation de la Torah, produiront par la suite la Cabale, le Zohar, les PSS, et différentes déclarations solennelles, telle que celle des B’nai B’rith, évoquée plus
haut. Ces ouvrages intentionnellement méandreux, pour brouiller les pistes, finirent avec le sionisme actuel, confectionné au fil des siècles par petites touches, composé
de doctrines se terminant en «isme» : tel le mondialisme ou le regroupement de gens issus de religions, races et ethnies différentes, permettant ainsi
aux »sionistes de tous les pays de s’unir» (on pourrait prêter cette formule aux Judéocrates Lénine ou Léon Trosky, sans risque d’être lapidé), en suivant à la lettre
un langage codé, pour dominer un troupeau de goyim (moutons) dispersés, pour ne pas dire égarés, comme ceux qui font office de gouvernants aux Palestiniens à Ramallah
(Cisjordanie).
Pour finir avec la résistance palestinienne, ce sera le pouvoir installé à Ramallah, incarné par l’«Autorité Palestinienne» (AP), qui
ramollira définitivement l’esprit, les muscles et les os des résistants de l’OLP et du Parti Fatah. Celui-ci deviendra, contre toute attente et la volonté de nombreux
chefs, moisissant en ce moment dans les geôles sionistes (tel l’initiateur et héros de l’Intifada,
Merouan Barghouti, emprisonné depuis 24 ans), un parti d’auxiliaires d’Israël et de l’Occident sioniste, sur lequel les anglo-américains miseront pour faire passer la
pilule de l’État chimérique du énième État de Palestine. Dans l’intervalle, cette autorité fut dotée d’une force de sécurité de 30 000 policiers, sans doute pour
«mater» les Palestiniens (au lieu de voler au secours de leurs frères à Gaza ou à Djénine, en Cisjordanie), et une garde prétorienne, dite présidentielle, de 3 500 hommes.
Elle serait au service des chefs de la 5ème colonne et beaucoup plus au service de l’entité sioniste que d’une pseudo autorité, compromise jusqu’au cou avec le
sionisme.
Depuis la disparition de Yasser Arafat (empoisonné ?), la question est sans réponse à ce jour et son remplacement par le «Grand»
négociateur d’Oslo, alias Abou Mazem, né Mahmoud Abbas, totalement stérile ; un homme à l’échine souple et seulement capable de toutes les compromissions… En
l’espèce, on peut faire confiance aux sionistes pour corrompre, y compris le fer et l’acier, alors que Abbas, ce Judas palestinien, tel qu’il est accusé ouvertement, dans
les commentaires de nombreux internautes, ils en ont fait une bouchée. Abbas aurait été adoubé d’emblée, par l’entité sioniste suivi de l’Occident global. Cependant, le
parti Hamas fut mis à l’index, dans la mesure où il refusait de se laisser corrompre, par des postes au sein de l’AP et du fait qu’il ne permettait pas à ses membres, de
s’embrigader dans les corps de police, sous commandement israélien…
Dès lors, Hamas sera-t-il odieusement diabolisé par la propagande sioniste en Occident, tout autant qu’une demi-douzaine de factions
palestiniennes : Djihad Islami, Brigade El Qods, Brigade des martyrs d’Al Aqsa, etc., prenant part aujourd’hui à l’opération «déluge d’El Aqsa». Ces factions sont
toutes opposées aux Accords d’Oslo, pour une paix fantasmagorique dont Abbas et la bande des quatre, qui lui tenaient compagnie (Qorei, Bourdina, Arikat, Abou Rabou), en
ont fait leur monopole. Finalement, ils payeront tous le prix de cette compromission, avec les anglo-américains-sionistes, en étant tous les quatre évincés de la direction
de l’AP, pour diverses raisons dont la collusion avec des membres du gouvernement sioniste ; deux membres, parmi les négociateurs d’Oslo (Saib Arikat et Abou Rabou)
auraient livré des secrets d’État en 2012, à Tsipi Livni, alors ministre des affaires étrangères d’Israël, après avoir partagé son lit, dans un grand hôtel londonien, dont
la chambre fut truffée de caméras…
C’est suite aux dénégations des deux négociateurs palestiniens, confondus par une information diffusée par la chaine Qatari Al Jazira, que
Tsipi Livni reconnaitra sans être priée les faits, «pour le bien d’Israël», dira-t-elle d’emblée, lors d’une interview accordée au journal The
Times britannique et des chaines TV sionistes. Quant à Mahmoud Abbas, alias Abou Mazem, il restera seul face au spectre de Yasser Arafat, qui hante les lieux et
la mémoire des bureaux de la présidence de l’AP à Ramallah, symbole de la honte des dirigeants arabes en général et de l’OLP en particulier.
Il y a de plus en plus,
l’inquiétante impression que l’habitude se prend des souffrances de Gaza, et que le silence se fait peu à peu. Un peu partout, dans les grandes villes du monde, comme s’ils
sentaient ce danger, les peuples, et surtout la jeunesse, marchent pour Gaza et la Palestine, dans des manifestations imposantes contre le silence.
Il y a d’abord le silence des médias occidentaux. Au fur et à mesure que le carnage accroit sa férocité, plus un mot, plus une image de Gaza. Et
pourtant ce ne sont pas les images qui manquent. Il y a les journalistes palestiniens à l’intérieur de Gaza. Ils filment, ils témoignent sans relâche. Plus de 100 ont déjà été tués.
Les images qu’ils envoient sont en boucle sur les télés arabes, sur les réseaux sociaux. Mais dans la sphère occidentale, on veut parler surtout de l’Ukraine, on cancane sur les
«peoples», on parle de tout et de rien mais surtout pas de Gaza et de la Palestine.
Pas un mot ou presque, sur un évènement aussi considérable que celui de la Cour internationale de Justice qui instruit la plainte en génocide contre
Israël.
Les appels à l’aide, les cris de douleurs montent de Gaza, tous les jours, toutes les nuits du génocide en cours. On ne peut pas ne pas entendre, ne pas
voir, mais l’Occident ferme les yeux, se bouche les oreilles. Le président français Macron a annoncé dernièrement qu’un hommage serait rendu le 7 février aux Franco-Israéliens
qui sont morts en Israël. Le président Biden, lui, selon des familles d’otages israéliens, aurait versé des larmes lors d’une rencontre avec eux. Pas un mot sur les 30 000
Palestiniens morts, à ce jour, à Gaza, sur les 60 000 blessés. Pas un mot sur les 10 000 enfants palestiniens tués. Pas une parole de compassion pour les milliers d’autres enfants qui
mendient de l’eau comme ailleurs on peut mendier une pièce de monnaie. Les petits enfants de Gaza mendient de l’eau, ils tendent un récipient de fortune pour mendier quelques gouttes
d’eau. Vous vous imaginez ! Ils mendient de l’eau ! Les maitres de l’Occident n’ont aucune compassion, aucune empathie. Ils restent de marbre. Le premier besoin est de boire, le
premier acte de solidarité humaine est de donner à boire à l’homme assoiffé. Il a fallu attendre la civilisation des États-Unis et d’Israël pour interdire de boire à la population de
Gaza, aux enfants de Gaza. Les États-Unis réclament «la libre
circulation des marchandises, dans la mer Rouge», mais est-ce qu’ils la permettent à Gaza ? Et ils ont l’audace de dire des Houthis, qui se sont portés seuls au secours de Gaza,
qu’ils sont des «pirates». Et ils parlent sans honte des «valeurs occidentales», de la «mission de l’Amérique», de «l’axe du bien»…
La Chine, l’Inde, la
Russie
Il y a aussi le silence hélas, d’autres pays dont on attend plus, la Chine, l’Inde, la Russie. Bien sûr, il n’y a rien de comparable à l’attitude des
dirigeants occidentaux. Ils soutiennent constamment les aspirations palestiniennes, ils ont dénoncé la guerre contre Gaza, ils réclament un cessez le feu, un État palestinien. Mais
quand même, ne pourraient-il pas faire plus, beaucoup plus ? Ils ont des responsabilités internationales. Nous n’entendons pas beaucoup la Chine, plus occupée par Taïwan. Pas beaucoup
aussi la Russie, occupée par l’Ukraine. Et l’Inde, qui dès 1947 soutient le peuple palestinien, mais qui, à la surprise générale, s’abstient le 27 Octobre sur une résolution de
l’Assemblée générale de l’ONU qui exigeait le cessez le feu. Il est vrai qu’elle se rattrapera, un peu plus tard, sur ce point du cessez le feu, en le réclamant elle aussi, au sommet
des BRICS du 21 Novembre. Le Japon avait pour tradition de soutenir les positions des pays arabes concernant le conflit palestinien. Dernièrement il ne l’a pas fait et avait
même soutenu Israël. Puis il s’est repris pour dénoncer l’action de celle-ci. À une journaliste occidentale qui s’étonnait de ces hésitations, un diplomate japonais a confié qu’ils
n’avaient pas dénoncé Israël car ils avaient constaté avec surprise que certains pays arabes eux-mêmes étaient hostiles à Hamas. N’y a-t-il pas un peu de cela, y compris chez d’autres
grands pays alliés traditionnels de la Palestine. Quelles étroitesses ! La cause palestinienne en est-elle moins juste parce qu’elle est dirigée par un mouvement islamiste ?
Les
dénonciations
verbales
Il y a, de plus, le silence assourdissant des États arabes, à quelques exceptions près, leur passivité manifeste. Ne parlons pas de la dénonciation ou
des condamnations verbales. C’est la moindre des choses. D’ailleurs, même cette «moindre des choses» n’existe parfois pas. Les dénonciations verbales ont perdu désormais de leur
valeur. Elles ne font que conforter les États Unis et Israël que «ça n’ira pas plus loin». Significativement, les États-Unis et leurs vassaux ne prennent au sérieux actuellement que
les Houthis. Peut-être même pas l’Iran et le Hezbollah, du moins pour l’instant. Tous, d’une manière ou d’une autre, sont des spectateurs du massacre. Le prétexte est qu’il faudrait
tous agir ensemble, ce qui n’arrivera jamais. Les Houthis eux n’ont pas attendu. Ils ont donné l’exemple.
Et pourtant les pays arabes pourraient faire beaucoup, même en faisant peu: par exemple rompre leurs relations diplomatiques avec Israël pour ceux qui
en ont, les suspendre avec les pays qui soutiennent la guerre menée par l’État Hébreu, ou convoquer au moins leurs ambassadeurs pour protestations, commencer à prendre des sanctions,
forcer des passages à la frontière de Gaza, rompre le blocus sur Gaza, encourager des flottilles à s’y rendre comme cela avait été le cas de «La flottille de la liberté» contre le
blocus en mai 2010, demander à leur population de boycotter les entreprises qui financent directement ou indirectement la guerre. Ils pourraient parachuter des vivres, des
médicaments. Non, aucune idée, aucune imagination. Rien. Ils regardent et ils crient au crime humanitaire, aux crimes contre l’humanité. Ce dont on peut être sûr c’est qu’il y aura un
jour la colère des peuples arabes, et qu’un jour, demain, dans dix ans, mais un jour certain, la note leur sera présentée. On ne peut imaginer comportement plus révoltant.
Entendez- vous les cris qui montent de Gaza, voyez-vous ces hommes, ces femmes, ces vieillards brandir vers vous des corps sans vie d’enfants, petits
êtres délivrés enfin de ce monde sans âme, anges retournant vers les anges. Entendez-vous ces cris de douleurs qui n’en finissent pas. Bouchons- nous les oreilles, fermons nos yeux,
continuons de vivre notre vie si précieuse, évitons même de regarder les images de Gaza car «c’est tellement
insoutenable, tellement insupportable». Il faut beaucoup de force actuellement pour continuer de croire en l’humanité.
Nous serons tous des
assassins
Ce qui se passe à Gaza n’est jamais arrivé. Certes, l’Histoire a déjà été parsemée de sièges sanglants de ville, de tueries impitoyables, de génocides,
la liste est interminable de la persévérance avec laquelle les hommes ont tué leurs pareils. Mais ce qui arrive à Gaza est autre chose, non pas seulement par l’ampleur de la tuerie,
mais par son contexte, de par son vécu, son ressenti par la planète toute entière. Dans une plaidoirie sobre et bouleversante à la Cour internationale de justice, Blinne Ní
Ghrálaigh, avocate irlandaise parlant au nom de l’Afrique du sud, a dit : «C’est le premier
génocide de l’Histoire dont les victimes diffusent leur propre destruction, en direct, dans l’espoir, pour le moment vain, que le monde fasse quelque chose (…) Tout le monde devrait
être horrifié et avoir honte». Ces paroles résonneront jusqu’à la fin des temps.
Jusqu’à présent les assassins, les génocidaires agissaient secrètement ou en vase clos, à l’abri des regards. Imaginons simplement qu’un assassin,
ou un groupe d’assassins, aient commis leur crime devant des témoins silencieux, passifs. Que dirait la justice, mais surtout la conscience de ces témoins silencieux et passifs ?
Pourraient-ils en ressortir indemnes, ne seraient-ils pas hantés pour toujours par ce moment ? Eh bien c’est ce qui se passe actuellement. On tue à Gaza devant nos yeux, nuits et
jours, et tous les jours ça recommence, et il nous faut nous lever le matin avec cette boule dans la gorge, avec l’idée de retrouver ce massacre qui se poursuit froidement,
systématiquement, sans relâche, sans pitié, sans miséricorde. C’est invivable, c’est impossible à vivre, et nous le vivons. Pourrions-nous nous en sortir sans être meurtris à jamais
?
Avec la tragédie de Gaza, on est passé à autre chose, à un autre degré d’inhumanité, d’horreur. Le crime est immense, sans équivalent, inédit. Ce sont
des millions, des centaines de millions d’hommes qui assistent chaque jour à ce spectacle sanglant, en direct. Et Israël le fait avec bonne conscience, et elle dit que cela va
continuer chaque jour, pendant une année, deux années peut être. Et les États-Unis continuent de leur fournir ce qu’il faut pour cela.
Les Israéliens, et par procuration les États-Unis, car sans eux Israël ne pourrait rien faire, ne tuent pas simplement à Gaza, ils nous détruisent nous
aussi. Ils détruisent en nous l’humanité. Celle-ci s’use chaque jour un peu plus, en nous, à regarder impuissants nos pareils souffrir, mourir devant nos yeux, nous appeler à
l’aide sans que personne effectivement ne bouge, ne vole à leur secours, en dehors de dénonciations trop faibles, trop attendues, trop convenues pour arrêter le bras des assassins.
Ceux-ci savent que nous les voyons. Nous les voyons et ils continuent pourtant. Ils veulent peut être que nous les voyons, ils veulent nous obliger à un silence complice, à un silence
qui tue. Nous serons alors tous des assassins, l’acteur, comme le spectateur. Et nous allons être hantés par ce crime contre l’humanité probablement longtemps, très longtemps. C’est
terrible ce qui se passe. On ne peut imaginer aujourd’hui à quel point cela pourra l’être à l’avenir. Le projet des meurtriers va beaucoup plus loin que leurs crimes. Il est de nous
faire mourir de honte, de nous faire taire à jamais, de nous faire perdre notre âme. À Gaza, c’est aussi nous qu’on assassine, chaque jour.
Attaque du 7 octobre, avenir de Gaza : Le Hamas publie un document de 20 pages livrant «sa version des faits»
Le Hamas palestinien affirme dans
un document publié ce 21 janvier que son attaque du 7 octobre contre Israël était «une étape nécessaire» contre l’occupation israélienne des Territoires palestiniens, et reconnaît que
le «chaos» a entraîné des «erreurs».
Dans un document de près de vingt pages publié ce 21 janvier, le premier du genre, le Hamas, dit vouloir livrer «sa version des
faits».
Alors que son attaque du 7 octobre contre Israël a entrainé la mort de 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à
partir de chiffres officiels israéliens, le Hamas insiste sur le fait «d’avoir fait de
son mieux pour éviter de toucher des civils».
«Des erreurs ont
peut-être été commises lors de la mise en œuvre de l’opération «déluge d’al-Aqsa», en raison de l’effondrement soudain de l’appareil sécuritaire et militaire le long de la frontière
entre Israël et la bande de Gaza», assure le Hamas.
Le Hamas se défend
«Éviter de porter
atteinte aux civils, en particulier les enfants, les femmes et les personnes âgées est une obligation religieuse et morale des combattants des brigades al-Qassam», poursuit-il en
mentionnant sa branche armée.
Des enquêtes sont en cours en Israël après des témoignages faisant état de violences sexuelles.
Le 7 octobre, environ 250 personnes ont été prises en otage au cours de ces attaques. Selon Israël, 132 personnes restent captives dans la bande de
terre – dont 27 seraient décédées, toujours selon un décompte de l’AFP à
partir de chiffres officiels israéliens.
Depuis, plus de 25 000 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tués dans la bande de Gaza par les
bombardements et les opérations militaires israéliennes, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Dans son rapport, le mouvement islamiste demande également «l’arrêt immédiat
de l’agression israélienne sur Gaza, des meurtres et du nettoyage ethnique commis contre l’ensemble de la population de Gaza».
Quant à l’avenir du territoire, le Hamas dit rejeter «catégoriquement
tout projet international ou israélien visant à décider de l’avenir de la bande de Gaza», et souligne que «le peuple
palestinien a la capacité de décider de son avenir et d’organiser ses affaires internes» en insistant sur le fait que «personne au
monde» n’avait le droit de décider pour eux.
Le bureau des médias du Hamas a publié une brochure en anglais, intitulée «Notre
récit : opération déluge d’Al-Aqsa». Si elle clarifie la question des exactions qui sont attribuées au Hamas, elle accroît la confusion sur sa nature et
ses objectifs.
Après avoir décrit les souffrances du peuple palestinien depuis la fin du Califat ottoman, il nie avoir commis des exactions contre des
civils et assure qu’«éviter
de nuire aux civils, en particulier aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées, constitue un engagement religieux et moral de la part de tous les combattants des
Brigades Al Qassam». Sans nier que «peut-être
certaines erreurs se sont produites», il précise : «Les
allégations selon lesquelles les Brigades Al Qassam, le 7 octobre, ciblaient des civils israéliens, ont été promues par l’occupation israélienne, ce ne sont que des
mensonges et de totales fabrications. La source de ces allégations est le récit officiel israélien et aucune source indépendante ne les a recoupées. C’est un fait bien
connu que le discours officiel israélien a toujours cherché à diaboliser la Résistance palestinienne, tout en légalisant son agression brutale contre
Gaza».
«Nous
sommes convaincus que toute enquête juste et indépendante prouvera la véracité de notre discours et prouvera l’ampleur des mensonges et des informations trompeuses du
côté israélien. Cela inclut également les allégations israéliennes concernant les hôpitaux de Gaza selon lesquelles la Résistance palestinienne les utilisait comme
centres de commandement ; une allégation qui n’a pas été prouvée et qui a été réfutée par les informations de nombreuses agences de presse occidentales»,
poursuit-il.
Le Hamas appelle la Cour pénale internationale à mener une enquête indépendante sur ces faits afin d’identifier et de condamner les
individus qui les ont perpétrés.
En outre, la brochure se termine par une description de l’organisation qui contredit ses documents précédents. La Hamas assure que :
«Son
objectif est de libérer la Palestine et de faire face au projet sioniste. Son cadre de référence est l’Islam, qui en détermine les principes, les objectifs et les
moyens. Le Hamas rejette la persécution de tout être humain ou toute atteinte à ses droits pour des raisons nationalistes, religieuses ou sectaires».
Il «affirme
que son conflit concerne le projet sioniste et non les juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne mène pas une lutte contre les juifs parce qu’ils sont juifs, mais
mène une lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine».
La brochure se conclut en posant des revendications pour la fin de l’occupation israélienne et la liberté des Palestiniens de décider
seuls de leur avenir. Cependant, jamais la brochure n’évoque d’«État» palestinien. De même elle ne fait référence à la Cour internationale de Justice qu’à propos de sa
décision sur l’illégalité du Mur de Séparation, c’est-à-dire qu’elle ne l’envisage pas comme un tribunal des États.
Historiquement, le Hamas est la branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans, dont il prétend s’être détaché depuis la
défaite de la Confrérie en Syrie, en 2017. À l’époque, il ne luttait pas pour l’indépendance de la Palestine, mais pour la restauration d’un Califat. Aujourd’hui, le
Hamas est divisé en deux courants, l’un sous l’autorité du guide palestinien des Frères musulmans, Mahmoud Al-Zahar, l’autre lié à la Résistance palestinienne, sous la
conduite de Khalil Hayya. Cette brochure est donc loin de clarifier son positionnement politique. Le titre de l’opération du 7 octobre, «Déluge d’Al-Aqsa», fait
référence à la libération de la mosquée Al-Aqsa ; une «vérité coranique», selon le guide Mahmoud Al-Zahar. Israël a soutenu le courant fidèle à la Confrérie afin qu’il
lutte contre le Fatah, mais assassine les leaders du courant ayant rejoint la Résistance palestinienne, comme Saleh al-Arouri.
Trois heures et demie. Trois
heures et demie de Jénine à Toulkarem. En trois heures et demie, vous pouvez prendre l’avion pour Rome ou conduire jusqu’à Eilat. Mais aujourd’hui, en Cisjordanie occupée, il est à
peine possible de conduire entre deux villes proches.
C’est le temps qu’il nous a fallu cette semaine pour aller de Jénine à Toulkarem, soit 35 kilomètres. Depuis le début de la guerre à Gaza, au bout de
chaque route palestinienne de Cisjordanie il y a une barrière métallique verrouillée. Waze vous indique d’emprunter ces routes, mais même cette application intelligente ne sait pas
qu’il y a une barrière verrouillée au bout de chacune d’entre elles.
S’il n’y a pas de barrière verrouillée, il y a un barrage routier «respirant». S’il n’y a pas de barrage respirant, il y a un barrage étrangleur. Près
de la gare ottomane de Sebastia, des soldats de réserve empêchent les Palestiniens d’emprunter le moindre chemin de gravier. Près de Shavei Shomron, les soldats autorisent les
déplacements du sud vers le nord, mais pas dans la direction opposée. Pourquoi ? Parce que.
Les soldats du barrage suivant prennent des selfies, et toutes les voitures attendent qu’ils aient fini de se photographier pour recevoir le geste
dédaigneux et condescendant de la main qui leur permettra de passer, tandis que l’embouteillage recule sur la route.
Le barrage d’Einav que nous avons traversé le matin a été fermé à la circulation dans l’après-midi par les soldats. Impossible de savoir quoi que ce
soit. Le barrage de Huwara est fermé. La sortie de Shufa est fermée. De même que la plupart des voies de sortie des villages vers les routes principales. C’est ainsi que nous avons
voyagé cette semaine, comme des cafards drogués dans une bouteille, trois heures et demie de Jénine à Toulkarem, pour atteindre la route 557 et retourner en Israël.
Telle est la vie des Palestiniens en Cisjordanie ces jours-ci. «Cela pourrait
être mieux / cela pourrait être un désastre / bonsoir le désespoir et bonsoir l’espoir / qui est le prochain dans la file et qui est dans la prochaine file» (Yehuda Poliker et
Yaakov Gilad). Le soir venu, des milliers de voitures dont les conducteurs se sont simplement arrêtés sur le bord du chemin, victimes de l’abjection, s’alignent le long des routes de
Cisjordanie. Ils sont là, impuissants et silencieux. Il faut voir la peur dans leurs yeux lorsqu’ils parviennent à s’approcher du barrage ; le moindre faux pas peut entraîner leur
mort. De quoi vous faire exploser.
Cela peut vous faire exploser de voir qu’Israël fait maintenant tout pour pousser la Cisjordanie à une nouvelle intifada. Ce ne sera pas facile. La
Cisjordanie n’a ni le leadership ni l’esprit combatif de la seconde intifada, mais comment ne pas exploser ?
Quelque 150 000 ouvriers qui travaillaient en Israël sont au chômage depuis trois mois. On peut aussi exploser devant l’hypocrisie de l’armée. Ses
commandants avertissent qu’il faut permettre aux ouvriers d’aller travailler, mais l’armée israélienne sera la principale responsable du soulèvement palestinien s’il éclate.
Le problème n’est pas seulement économique. Sous le couvert de la guerre et avec l’aide du gouvernement d’extrême droite, les FDI ont modifié
dangereusement leur conduite dans les territoires occupés : elles veulent une autre Gaza en Cisjordanie.
Les colons veulent Gaza en Cisjordanie afin de pouvoir chasser le plus grand nombre possible de Palestiniens, et l’armée les soutient. Selon les
chiffres de l’ONU, depuis le 7 octobre, 344 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, dont 88 enfants. Huit ou neuf d’entre eux ont été tués par des colons. Dans le même temps, cinq
Israéliens ont été tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, dont quatre par les forces de sécurité.
La raison en est que, ces derniers mois, les FDI ont commencé à tirer depuis les airs pour tuer en Cisjordanie, comme à Gaza. Le 7 janvier, par exemple,
l’armée a tué sept jeunes qui se tenaient sur un îlot de circulation près de Jénine, après que l’un d’entre eux a apparemment lancé une charge explosive sur une jeep et l’a
manquée.
Il s’agissait d’un massacre. Les sept jeunes étaient membres d’une même famille, quatre frères, deux autres frères et un cousin. Cela n’intéresse pas
Israël.
Aujourd’hui, les FDI déplacent des forces de Gaza vers la Cisjordanie. L’unité d’infiltration Douvdevan est déjà sur place, la brigade Kfir est en
route. Ces forces reviendront en Cisjordanie, stimulées par les massacres aveugles perpétrés à Gaza, et voudront poursuivre leur excellent travail dans cette région également.
Israël veut une intifada. Peut-être même qu’il l’obtiendra. Il ne devra pas feindre la surprise lorsqu’elle se produira.
Thierry Meyssan, qui accorde des
interviews à tous ceux qui le lui demandent sans discrimination, a expliqué à Monika Berchvok son analyse de l’affrontement à Gaza.
Monika Berchvok : Pour
vous, la thèse d’une attaque surprise le 7 octobre est difficile à croire. Quelles sont les incohérences qui vous font penser à un scénario à la 11 septembre ?
Thierry Meyssan : Le
gouvernement de coalition de Benjamin Netanyahou avait été alerté par un rapport des services de Renseignement militaires un an auparavant, ainsi que l’a relaté le New York
Times. Il n’a pas réagi. Lorsque, cet été, son ministre de la Défense l’a rappelé à l’ordre en Conseil des ministres, il l’a révoqué, ainsi que l’a révélé Haaretz.
Cependant, sous la pression de son parti, il l’a réintégré peu après.
Par la suite des rapports se sont entassés sur son bureau. Parmi ceux-ci un des Renseignements, qu’il a retourné à son auteur comme peu crédible, et qui
lui a été renvoyé deux autres fois avec des introductions d’officiers différents.
Ou encore deux rapports de la CIA. Et encore une démarche d’un de ses amis personnels, le directeur du Memri. Et comme si cela ne suffisait pas, un
appel téléphonique du ministre du Renseignement égyptien.
Non seulement, le Premier ministre n’a rien fait, mais il a agi pour rendre cette attaque plus facile : il a pris l’initiative de démobiliser les
gardes-frontières de sorte que personne n’a pu intervenir lorsque l’attaque a débuté.
Notez bien que j’ai la même lecture des événements que le pape François : lors de son message de Noël, le Saint-Père a qualifié, par deux fois, la
guerre à Gaza de «folie sans
excuses». Pourtant, peu après, il a évoqué l’«odieuse attaque
du 7 octobre», signifiant qu’il ne pensait pas que la guerre israélienne était une riposte à cette attaque. Il a alors demandé un arrêt des combats et la résolution de la
question palestinienne.
MB : Au sein du pouvoir
israélien, il y aurait donc une fracture aussi importante ? Le clan Netanyahou aurait quel but dans cette opération ?
TM : Durant les mois
qui ont précédé l’attaque de la Résistance palestinienne, Israël a été le théâtre d’un coup d’État. Ce pays n’a pas de Constitution, mais des lois fondamentales. Elles régissent un
équilibre des pouvoirs en confiant à la Justice la capacité de neutraliser les rivalités entre le gouvernement et la Knesset.
Sous l’impulsion du Law and Liberty
Forum, financé par le straussien états-uno-israélien Elliott Abrams, la commission des Lois de la Knesset, présidée par Simtcha Rothman, par ailleurs président du Law and Liberty
Forum, a détricoté les institutions israéliennes. Durant l’été, les manifestations monstres se sont multipliées. Mais rien n’y a fait. L’équipe Netanyahou a modifié les règles
d’adoption des lois, éliminé la clause de «raisonnabilité» des décisions judiciaires, renforcé le pouvoir de nomination du Premier ministre, et affaibli le rôle des conseillers
juridiques des ministères. En définitive, la Loi fondamentale sur la Dignité humaine et la Liberté est devenue un simple règlement. Le racisme est devenu une opinion comme une autre.
Et les ultra-orthodoxes ont pu se goinfrer de subventions et privilèges divers.
Israël aujourd’hui n’est plus du tout le même pays qu’il y a six mois.
MB : La société civile
israélienne est divisée et semble à bout de souffle. Pensez-vous que le modèle sioniste est mort ?
TM : Le sionisme est
une idéologie d’un autre siècle. Il s’agit d’un nationalisme juif au service de l’Empire britannique. Durant des siècles, les juifs s’y sont opposés avant que Theodor Hertzl n’en
fasse l’idéal de certains d’entre eux.
MB : La situation à Gaza
est en train de virer à l’épuration ethnique. Tsahal, est-il capable de prendre totalement le contrôle de ce territoire et de le vider de sa population ?
TM : L’idée d’une
épuration ethnique n’est pas neuve. Elle s’enracine dans les positions de l’Ukrainien Vladimir Jabotinsky dont, en Israël, Menahem Begin, Yitzhak Shamir et la famille Netanyahou se
réclamaient comme, aux États-Unis, Leo Strauss et Elliott Abrams. Ce groupe, suprémaciste juif, affirme que la Palestine est «Une terre sans
peuple, pour un peuple sans terre». Dans ces conditions, les autochtones palestiniens n’existent pas. Ils doivent partir ou être massacrés.
C’est, à ma connaissance, aujourd’hui, le seul groupe au monde qui préconise publiquement un génocide.
MB : Côté Palestinien,
le Hamas semble aussi divisé entre deux tendances antagonistes ?
TM : Le Hamas est la
branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans. Son nom est l’acronyme de «Mouvement de la Résistance islamique», ce qui correspond au mot arabe «zèle». Son idéologie n’a
rien à voir avec la libération de la Palestine, mais avec l’établissement d’un Califat. Son slogan est : «Dieu est son
objectif, le Prophète est son modèle, le Coran sa constitution : le jihad est son chemin et la mort pour l’amour de Dieu est le plus élevé de ses souhaits». Depuis sa
création, il bénéficie de toute l’aide de la famille Netanyahou qui voyait en lui une alternative au Fatah laïque de Yasser Arafat. Le prince de Galles et actuel Charles III a été un
des protecteurs de la Confrérie. Barack Obama, a placé un agent de liaison de la Confrérie au sein du Conseil national de sécurité états-unien. Un dirigeant de la Confrérie a même été
reçu à la Maison-Blanche en juin 2013.
Cependant, au vu de l’échec des Frères musulmans durant le prétendu «printemps arabe», une faction du Hamas a pris ses distances avec la Confrérie. Il
n’y a donc plus un Hamas, mais deux. Le Hamas historique est gouverné par Mahmoud Al-Zahar, Guide la Confrérie à Gaza. Sous ses ordres, le milliardaire Khaled Mechaal au Qatar et
Yahya Sinwar à Gaza. Au contraire, la branche du Hamas ayant rejoint la Résistance palestinienne est dirigée par Khalil Hayya.
Cette division du Hamas n’est pas couverte par les médias occidentaux, mais uniquement par certains médias arabes. Le président Bachar el-Assad s’est
réconcilié, en octobre 2022, avec Khalil Hayya alors qu’il a refusé de recevoir Khaled Mechaal. À ses yeux, et aux miens, le Premier ministre de Gaza, Ismaïl Haniyyeh, a organisé
l’attaque de la ville de réfugiés palestiniens en Syrie, Yarmouk, en 2012. À l’époque, les combattants du Hamas et ceux d’Al-Qaïda étaient entrés dans la ville pour éliminer les
«ennemis de Dieu». Ils étaient encadrés par des officiers du Mossad israélien et se sont dirigés vers les demeures des cadres du FPLP, qu’ils ont assassinés. Parmi eux, un de mes
amis. Le président Bachar el-Assad vient, il y a quelques jours, de prononcer un discours contre le Hamas historique et pour celui qui a rejoint la Résistance palestinienne.
MB : Que représente
l’authentique résistance palestinienne pour vous ?
TM : La Résistance
palestinienne n’a rien à voir avec l’obscurantisme des Frères musulmans, ni avec l’opportunisme des milliardaires du Hamas. C’est un mouvement de libération nationale face au
colonialisme des suprémacistes juifs.
MB : Pouvez-vous revenir
sur l’histoire de la Confrérie des Frères musulmans. Cette société secrète tente-t-elle de revenir dans le jeu après ses défaites en Syrie et en Égypte ?
TM : La Confrérie a
été fondée, en 1928, par Hassan el-Banna, en Égypte. J’ai consacré une partie de mon dernier livre à son histoire internationale. Cependant, je ne suis pas parvenu à éclaircir les
soutiens dont elle a bénéficié à ses débuts. Toujours est-il qu’après la Seconde Guerre mondiale, elle est devenue un outil au service du MI6 britannique et bientôt de la CIA
états-unienne. Elle s’est dotée d’un «Appareil secret» qui s’est spécialisé dans les assassinats politiques en Égypte. Un franc-maçon égyptien, Sayyed Qutob, est devenu son théoricien
du jihad. L’organisation de la Confrérie a été copiée sur celle de la Grande Loge Unie d’Angleterre. La Confrérie s’est étendue au Pakistan avec le gendre d’Al-Banna, Saïd Ramadan, le
père de Tariq Ramadan, et le philosophe Sayyid Abul Ala Maududi.
Par la suite, Ramadan est allé travailler à Munich pour la CIA, à Radio Free
Europe, aux côtés de l’Ukrainien Stepan Bandera, grand massacreur de juifs.
La Confrérie a débuté son action militaire lors de la guerre du Yémen du Nord, dans les années 60, contre les nationalistes arabes de Gamal Abdel
Nasser. Mais c’est avec Zbigniew Brzezinski qu’elle est devenue un acteur indispensable de la stratégie états-unienne en Afghanistan. Ce dernier a placé au pouvoir au Pakistan la
dictature frériste du général Zia-ul-Haq et a lancé en Afghanistan, contre les Soviétiques, les combattants du milliardaire frériste saoudien Oussama Ben Laden.
Dans cette période, l’Arabie saoudite utilisait la Ligue islamique mondiale pour armer la Confrérie avec un budget plus important que celui consacré à
sa propre armée nationale.
La Confrérie a tenté, en vain, de prendre le pouvoir dans plusieurs États, notamment en Syrie avec l’opération de Hama. Elle s’est impliquée dans la
guerre de Bosnie Herzégovine, où elle a créé la Légion arabe. Oussama Ben Laden est devenu conseiller militaire du président Alija Izetbegovic, dont le straussien états-unien Richard
Perle est devenu le conseiller diplomatique et le Français Bernard-Henri Lévy, le conseiller en communication.
Mais le grand œuvre de la Confrérie n’est arrivé qu’avec Al-Qaïda et Daech. Ces organisations jihadistes, en tout point comparables au Hamas historique,
ont été utilisées par la CIA et le Pentagone, principalement en Algérie, en Iraq, en Libye, en Syrie en Égypte et en Tunisie, pour détruire des capacités de résistance des pays
arabes.
La France, qui avait donné asile à leurs dirigeants durant la Guerre froide, les a combattus avec l’alliance entre François Mitterrand et Charles
Pasqua. Elle a réalisé que le Groupe islamique armé (GIA) n’était qu’une manœuvre britannique pour l’exclure du Maghreb.
Cependant aujourd’hui, personne ne comprend que la Confrérie n’est qu’un outil de manipulation des masses. Nos dirigeants, d’Emmanuel Macron à Jean-Luc
Mélenchon, se laissent berner par son discours qu’ils prennent au pied de la lettre. Ils la traitent comme une organisation religieuse, ce qu’elle n’est pas du tout.
MB : Le Qatar à un rôle
plus que trouble. Quelle est sa place dans la conspiration ?
TM : Au début, le
Qatar s’est placé comme une puissance neutre, apportant ses bons offices. Mais beaucoup se sont inquiétés du fait qu’il héberge la branche politique du Hamas, que certains sont des
amis personnels de l’émir et qu’il rémunère les fonctionnaires du Hamas à Gaza.
Le Qatar a répondu qu’il faisait tout cela à la demande des États-Unis comme il l’avait fait pour les Taliban.
En réalité, après qu’Abdel Fattah al-Sissi eut renversé la dictature de Mohamed Morsi, à la demande du peuple égyptien, dont 40 millions de citoyens ont
défilé, il a informé l’Arabie saoudite que les Frères préparaient un coup d’État contre le roi Salman. Brusquement la Confrérie, qui avait été choyée durant des années, est devenue
l’ennemie du Royaume. Le Qatar a alors publiquement assumé son rôle de parrain de l’islamisme, tandis que le prince héritier MBS tentaient d’ouvrir son pays.
Lorsque Donald Trump a prononcé son discours contre le terrorisme à Riyad, en 2017, l’Arabie saoudite a mis en garde le Qatar de cesser immédiatement
ses relations avec la Confrérie et ses milices, Al-Qaëda et Daech. Ce fut la crise du Golfe.
Les choses se sont éclaircies ces jours-ci : l’émir Al-Thani a envoyé une de ses ministres, Lolwah Al-Khater, à Tel-Aviv. Elle a participé au
conseil de guerre israélien pour aplanir les difficultés dans l’accord de libération des otages. Mais elle n’a pas compris que le cabinet de guerre comprenait des opposants à la
dictature de Benjamin Netanyahou, dont le général Benny Gantz. Elle s’est montrée pour ce qu’elle est : non pas une négociatrice neutre, mais une autorité capable de prendre des
décisions au nom du Hamas. C’est pourquoi, à la sortie de cette réunion, Joshua Zarka, directeur général adjoint des Affaires stratégiques du ministère des Affaires étrangères, a
déclaré qu’Israël «réglera ses
comptes avec le Qatar» dès qu’il aura terminé son rôle de médiateur.
Au sein du cabinet de guerre, l’opposition à Netanyahou a commencé à se demander si tout cela, le coup d’État cet été et l’attaque du 7 octobre, n’était
pas une mise en scène de l’administration Biden.
MB : Les États-Unis
seraient donc à la manœuvre. Quelle serait la stratégie de Biden dans la région ?
TM : Joe Biden n’a
pas toutes ses capacités. Aux États-Unis, il y a même une émission de télévision hebdomadaire sur ses problèmes de santé et ses absences intellectuelles. Dans son ombre, un petit
groupe a relancé la stratégie de George W. Bush et Barack Obama : détruire toutes les structures politiques du «Moyen-Orient élargi» à l’exception de celles d’Israël.
C’est ce qui se passe en Libye, au Soudan, à Gaza et que l’on poursuit au Yémen.
L’administration Biden assure vouloir faire cesser le massacre à Gaza, mais poursuit ses livraisons d’obus et de bombes pour qu’il continue. Il prétend
vouloir maintenir la liberté de circulation en mer Rouge, mais forme une coalition internationale contre Ansar Allah qu’il qualifie à tort d’antisémite et qu’il affuble du sobriquet
de «Houthis» (c’est-à-dire de «bande la famille al-Houthis»). Washington vient de faire annuler la signature du traité de paix au Yémen, sous les auspices des Nations unies. Il
relance une guerre qui avait déjà pris fin.
MB : Au regard de ce
chaos, quel est le bilan de Trump dans la géopolitique du Proche-Orient ? Son retour pourrait amener une autre voie pour sortir de ce conflit ?
TM : Donald Trump
est un ovni politique. Il se réclame de l’ancien président Andrew Jackson (1829-1837) et n’a aucun rapport avec les idéologies républicaine et démocrate. Sa première décision
lorsqu’il est arrivé à la Maison-Blanche a été de priver le directeur de la CIA de son siège au Conseil national de Sécurité. Cela a provoqué ses premiers ennuis et la démission
forcée du général Mike Flynn.
Donald Trump souhaitait résoudre les problèmes internationaux par le commerce et non par les armes. On peut considérer que c’est une voie illusoire,
mais il est le seul président US qui n’a jamais déclenché de guerre. Il a interrompu brutalement l’usage par Washington de proxys terroristes, notamment Al-Qaëda et Daech. Il a mis en
cause le rôle de l’OTAN ; une alliance militaire qui vise selon les mots de son premier secrétaire général à «Garder les
Américains à l’intérieur, les Russes à l’extérieur et les Allemands sous tutelle».
S’il était au pouvoir, il aiderait la majorité des citoyens israéliens à se débarrasser des «sionistes révisionnistes», c’est-à-dire le groupe de
Benjamin Netanyahou ; il poursuivrait la mise en application des Accords d’Abraham et mettrait fin au soutien occidental à la Confrérie des Frères musulmans ; il aiderait la
majorité des Ukrainiens à se débarrasser de Volodymyr Zelensky et ferait la paix avec la Russie. Etc.
Toutefois, Donald Trump n’est pas encore élu et l’équipe au pouvoir actuellement tente de le contraindre à renoncer à son programme pour pouvoir accéder
à la Maison-Blanche.
MB : À terme, l’Occident
incarnée par l’axe américano-sioniste est-il condamné à mourir ?
TM : Vous qualifiez
d’«américano-sioniste» le groupe qui dirigea actuellement l’Occident politique. C’est une manière de voir. Je pense cependant qu’elle n’est pas liée à un État. Il se trouve que ces
gens sont au pouvoir aux États-Unis et en Israël, mais ils pourraient l’être ailleurs. Il se trouve qu’ils se réclament du nationalisme juif, mais ils ne sont pas nationalistes. Ces
gens sont des suprémacistes. Ils récusent l’égalité entre les personnes humaines et considèrent comme insignifiant de massacrer des masses humaines. Pour eux, «On ne fait pas
d’omelette sans casser d’œufs».
C’est cette manière de penser qui a provoqué la Seconde Guerre mondiale et ses gigantesques massacres de civils.
Aujourd’hui, de nombreux dirigeants du monde réalisent qu’ils ne sont pas différents des nazis et apportent les mêmes horreurs. Le Tiers-Monde est
désormais éduqué et membre des Nations unies. Il ne peut plus supporter le pouvoir de ces gens-là. La Russie aspire à rétablir le Droit international que le tsar Nicolas II avait créé
avec le Prix Nobel français Léon Bourgeois lors de la conférence de La Haye, en 1899. La Chine aspire à la Justice et ne tolérera plus de «traités inégaux».
Il me semble que ce système de gouvernance est déjà mort. Aux Nations unies, la résolution annuelle exigeant la fin du blocus de Cuba a été adoptée par
197 États contre 2 (les États-Unis et Israël). La résolution pour un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza a été adoptée par 153 États, c’est un peu moins, mais l’enjeu est bien
plus grand. Quoi qu’il en soit, nous voyons bien qu’une majorité se dégage contre la politique de ces gens. Lorsque la digue cédera, et nous sommes proches de ce moment, l’Occident
politique s’effondrera. Nous devons absolument nous détacher de ce radeau avant qu’il ne coule.
L’humanité doit arrêter l’holocauste des Palestiniens
Source : RzO International - Le 07/01/2024.
par Chems Eddine
Chitour
«Nous querellons
les miséreux pour mieux nous dispenser de les plaindre». (Vauvenargues)
Résumé
Dans cette contribution plaidoyer nous allons rappeler le catalogue de l’horreur, et du génocide qui se passe à Ghaza. L’année 2023 fut de fait une
année horrible pour les Palestiniens. En fait dans cette folie même les humanitaires sont canardés, ceci étant un message pour le SG de l’ONU qui a essayé de faire son travail. Nous
sommes tous autant que nous sommes à des degrés divers responsables du malheur des Palestiniens.
D’abord les pays occidentaux qui bafouent leurs propres règles quand il s’agit de défendre Israël. Ensuite les grandes puissances BRICS en tête qui
s’avèrent en fait frileuses pour dire le droit. Enfin les pays arabes qui attendent que la tuerie s’arrête pour reprendre leur business avec Israël. Nous devrions avoir la décence de
ne plus parler de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, car les droits reconnus et défendus «exception faite d’Israël» sont ceux de l’homme blanc et la fracture du West et
du Rest fait que l’avenir sera de plus en plus chaotique, notamment aussi par la course à la suprématie, pour défendre chacun ses intérêts. Où sont les Droits de l’homme chantés dans
toutes les langues et devenus un mantra trompeur dans la bouche des Occidentaux qui dictent la norme du bien et du mal.
Les Nations sont plus Désunies que jamais et on s’aperçoit que toutes les instances internationales auxquelles à tort on se réfère sont en fait
calibrées pour l’homme blanc. C’est la guerre des puissants contre les faibles. Veut-on se développer ? Il faut passer à travers les fourches caudines du FMI et de la BM pour être
ajustées à la dimension d’un marché de consommateurs avec, une disparition de la solidarité de l’État envers les classes vulnérables. Un autre exemple, à l’OMC les règles du commerce
qui sont dimensionnées pour les pays développés. Ceux qui ne rentrent pas dans le rang de la démocratie subiront la peine de la Cour pénale internationale faite pour juger les
miséreux. Si cela ne suffit pas, on fera appel à l’OTAN qui imposera une démocratie aéroportée et un régime change. Le sort de la Palestine nous interpelle ; c’est en fait et
définitivement l’ensauvagement du monde et les pays occidentaux qui dictaient la norme du bien et du mal sont bien mal placés pour donner des leçons.
La force brute triomphe c’est assurément une défaite de la pensée de la dignité. Que sera 2024 ? À n’en point douter si nous ne faisons rien ce sera une
tragédie palestinienne de plus, une impunité totale d’Israël qui nous fait perdre définitivement la foi devant la jungle actuelle pour conjurer ce sort funeste. Nous devons mettre la
CPI devant ses responsabilités et inciter l’humanité dans son ensemble à se pencher sur le calvaire palestinien pour lui donner une espérance. En sus des 21 900 morts de Ghaza et des
55 000 blessés, même les Palestiniens de Cisjordanie meurent de la main des colons qui se sentent pousser des ailes en chassant les Palestiniens de leurs logements. L’agence des
Nations unies pour les réfugiés palestiniens a déclaré que 2023 a été «l’année la plus
meurtrière jamais enregistrée» pour les Palestiniens en Cisjordanie, avec 504 personnes tuées. Au moins 70 enfants avaient été tués en Cisjordanie depuis la guerre en cours dans
la bande de Ghaza le 7 octobre.
Deux lettres
courageuses
Dans toute cette conspiration du silence, due à la force brute, la lâcheté de deux lettres de démission de hautes personnalités jettent le trouble sur
l’offensive israélienne à Ghaza. D’abord du côté du gouvernement, avec le départ très médiatisé le 18 octobre de Josh Paul, le responsable des transferts d’armes au Bureau des
affaires politico-militaires. Puis le 28 octobre, avec celui de Craig Mokhiber, le directeur du bureau new-yorkais en charge des droits de l’Homme aux Nations unies. Pour leurs prises
de position à charge et à contre-courant des engagements occidentaux dans la guerre israélo-palestinienne.1
La lettre de démission de Craig Mokhiber, le directeur du bureau du Haut-commissariat aux droits de l’homme à New York, qui résume parfaitement la
situation en Palestine et ce qu’endure le peuple palestinien depuis 75 ans. Cette lettre date du 10 novembre 2023 : «Monsieur le
Haut-Commissaire, Je vous écris dans un moment de grande détresse pour le monde, Une fois encore, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l’Organisation que nous
servons semble impuissante à l’arrêter. Je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l’objet d’exploitation politique abusive. Mais le massacre actuel du peuple palestinien,
ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, ne laisse aucune place au doute ou au débat. À Ghaza, les habitations, les écoles, les églises, les mosquées et les
établissements médicaux sont attaqués sans raison et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris à Jérusalem occupée, les maisons sont saisies et réattribuées en
fonction uniquement de la race. Par ailleurs, de violents pogroms perpétrés par les colons sont accompagnés par des unités militaires israéliennes. Dans tout le pays, l’apartheid
règne».2
«Il s’agit d’un
cas d’école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers
vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. De concert avec tout cela, les médias corporatifs occidentaux, de plus en plus aux ordres des gouvernements, sont en totale
rupture avec l’article 20 du PIDCP déshumanisant les Palestiniens sans cesse pour justifier le génocide, et diffusant la propagande guerrière et les appels à la haine nationale,
raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. Dans de telles circonstances, notre organisation est plus que jamais appelée
à agir de manière efficace et fondée sur des principes. Mais nous n’avons pas relevé ce défi. Le mantra de la «solution à deux États» est devenu une plaisanterie ouverte dans les
couloirs de l’ONU».[2]
Le pouvoir des États-Unis et la
peur du lobby israélien
«Monsieur le
Haut-Commissaire, j’ai rejoint cette Organisation dans les années 1980, Nous avions pour nous les droits humains. Nous avions pour nous les principes. L’ironie de l’histoire veut que
la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ait été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien. Les droits de l’homme à tout le monde,
sauf aux Palestiniens Alors que nous commémorons le 75ème anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le mythe éculé selon lequel la DUDH est née des atrocités qui l’ont
précédée, et d’admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXe siècle, celui de la destruction de la Palestine. Mais la voie de l’expiation est
claire. Prenons le parti de la justice».[2]
Qu’est- ce qu’un génocide
?
Dans les différents articles on s’aperçoit que les rédacteurs prennent mille précautions pour ne pas encourir la colère d’Israël, de ses lobbys et de
ses relais (les pays occidentaux). Pourtant la lumière se fait jour et de plus en plus, la vérité commence à émerger. Cette contribution nous vient du Canada. Lisons-la : «Bien que des voix
encore rares mais de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer l’évidence, un mot demeure largement tabou celui de génocide. Les chiffres qui rendent compte du massacre perpétré
à Gaza par l’État israélien en riposte à celui commis par le Hamas – qui aurait tué 1200 personnes, en majorité des civils, dans une attaque le 7 octobre dernier – donnent le vertige.
À peine un mois après le début du conflit, plus de 10 000 civils, dont plus de 4000 enfants, avaient perdu la vie sous les bombes israéliennes, soit davantage que les 9806 civils
(dont 531 enfants) morts en 20 mois de guerre entre la Russie et l’Ukraine».3
«Durant ce premier
mois de bombardements, l’armée israélienne a affirmé avoir effectué 11 000 frappes aériennes sur le petit territoire de 360 km2 (ce qui est inférieur à la superficie de la ville de
Montréal), soit neuf fois plus que l’État russe lors des trente premiers jours de son invasion de l’Ukraine. En date du 11 décembre, ce sont plus de 18 200 personnes qui ont été tuées
à Ghaza, dont environ 70% sont des femmes et des enfants selon une étude publiée début décembre dans la prestigieuse revue The Lancet, ces chiffres sont réalistes, et sont même
probablement une sous-estimation du nombre réel de morts. De fait, dans l’ensemble de la bande de Gaza, on estime qu’entre 29% et 37% des bâtiments ont été détruits, proportion qui
atteint entre 56% et 69% dans le nord du territoire. Après seulement un mois de conflit, d’autres sources évaluaient à 45% la proportion de bâtiments résidentiels détruits à Gaza,
contre 32% à Marioupol, considérée comme la ville martyre de l’Ukraine. Selon l’ONU, ce sont 85% des habitant·e·s de la bande de Ghaza qui ont été déplacé·e·s en deux mois de
conflit».[3]
Rima El Khouria rappelle la définition de l’ONU : «Le génocide,
c’est le crime le plus grave. C’est ce qui explique que les États sont plus que réticents à qualifier de génocide les hostilités actuelles d’Israël. Selon la définition de l’ONU, le
crime de génocide désigne un acte «commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». Pour l’invoquer, il faut d’abord
qu’il y ait un acte constitutif de génocide. La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide en énumère cinq : meurtres de membres d’un groupe ; atteintes
graves à leur intégrité physique ou mentale ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; mesures
visant à entraver les naissances au sein du groupe ; transfert forcé d’enfants à un autre groupe. D’emblée, en observant la tragédie qui se déroule à Gaza, avec les attaques contre
des civils, la destruction d’écoles ou d’hôpitaux, la détention et la torture de Gazaouis qui se trouvaient sur le territoire d’Israël le 7 octobre et la soumission des Palestiniens à
des conditions insoutenables, il semble y avoir là au moins trois des cinq actes constitutifs d’un génocide».4
«L’autre élément
clé de tout génocide, c’est l’intention. «Qu’ils aient raison ou non, qu’ils aient été attaqués en premier ou non, ça ne change rien aux règles du droit international humanitaire». Ça
ne justifie pas que Ghaza soit devenu un cimetière d’enfants. Ça ne justifie pas le nombre record de travailleurs humanitaires de l’ONU et de journalistes qui y ont été tués. Ça ne
justifie certainement pas la lâcheté des dirigeants qui savent et ne font rien. À partir de quel degré d’horreur la communauté internationale se réveillera-t-elle ?»[4]
Depuis 1945 Un marqueur de la faute originelle de l’Occident a été imposée sans débat de fond ni de vérification de la véracité des faits. Il s’agit des
massacres imputés à Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale à l’endroit des juifs en omettant aussi que dans les camps de prisonniers il n’y avait pas que des juifs mais aussi des
Tziganes des insoumis et d’autres nationalités. Bref l’histoire veut que Raphael Lemkin ait proposé une définition de l’holocauste pour les meurtres uniquement à l’endroit des juifs
en donnant une définition appropriée et en nomment ce drame comme étant l’horreur suprême de l’humanité.
On ne sait toujours pas combien il y eut de morts lors des massacres perpétrés par l’Allemagne, tant les avis divergent ! Aux 6 millions déclarés par
Israël qu’il ne faut pas remettre en cause ! Il n’est pas permis d’en parler, de discuter, de faire des recherches et dans chaque pays, les organisations juives veillent au grain. On
connait les mésaventures de Faurisson qui a voulu montrer que ce chiffre était très exagéré. Il sera bâillonné ! En France la loi Gayssot punit tous ceux qui remettent en cause le
dogme. De fait
la shoah est vue comme une asymptote qui doit déboucher sur l’expiation ad vitam aeternam de la faute de l’Occident du fait de l’un des leurs. Cette expiation est
imposée aux Palestiniens qui ne sont pour rien dans l’horreur nazie. Cette faute se décline à la fois sur le plan matériel d’une pompe à finance bien décrite par Norman Finkelstein
dont les parents sont morts à Auschwitz, dans son ouvrage appelée l’industrie de l’holocauste.
Elle se décline aussi sur le plan médiatique où les médias à l’unisson sont tétanisés, et minimisent les atrocités sans nom du gouvernement israélien.
Quant aux opinions il y en à trois ! Celle des Occidentaux qui assument, imposent et arment Israël qui est en train de rayer de la carte Ghaza et ses habitants en bloquant toute idée
de cessez-le-feu Nous avons ensuite la position des gouvernements dont celles des BRICS qui a beaucoup déçu du fait qu’on pensait à tort qu’ils étaient capables de dire le droit et
qu’en fait ils font le minimum syndical et enfin et c’est le plus tragique, les pays arabes et musulmans pour qui cette affaire dérange la reddition qui était en cours dans le cadre
des Accords d’Abraham.
La CPI et la lutte contre
l’impunité
La CPI actuelle en fait le minimum malgré des décisions cosmétiques. Il fut une époque où la procureure Madame Bensouda avait l’intention de dire le
droit à propos d’autres massacres précédents. Elle a été empêchée de faire son travail. Actuellement le procureur Khan donne l’impression de s’intéresser au dossier notamment quand
plusieurs pays dont l’Algérie mais aussi l’Afrique du Sud ont déposé une plainte pour crime contre l’humanité dont se serait rendu coupable Israël. Il est fort à parier que le dossier
va se perdre dans les méandres de l’oubli comme ce fut pour le Rapport Gladstone…
La contribution suivante parue sur le site Médiapart abonde
dans ce sens : «À Ghaza, la CPI
joue sa crédibilité. La justice internationale est critiquée pour sa lenteur dans le conflit au Proche-Orient, alors qu’elle s’est montrée efficace en Ukraine. La 22ème Assemblée des
États parties à la Cour pénale internationale (CPI) ouverte le 4 décembre dernier à New York, vient de s’achever le 14 décembre. Les discussions entre les États, le procureur et les
autres personnels de la Cour ont notamment été marquées par la guerre menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, qui a déjà coûté la vie à plus de 18 000 Palestiniens et
contraint près de 2 millions d’habitants de Gaza à fuir leurs logements, en réponse aux attaques du Hamas en Israël qui aurait tué 1200 Israéliens et en a pris 240 en otage le 7
octobre dernier. Face aux critiques, Khan a affiché sa volonté de reprendre personnellement le dossier en main. Le 4 décembre dernier, il a achevé une visite en Israël et en
Palestine. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, plus de 800 000 colons israéliens sont établis. La fracture entre l’Occident et le «Sud global» perceptible dans la guerre en Ukraine
s’est accentuée depuis le 7 octobre. Dès lors, pour faire taire les critiques quant à un deux poids, deux mesures, la CPI se doit d’être à la hauteur des enjeux du conflit
israélo-palestinien».5
Conclusion
Devant cette situation inédite, doit-on, se boucher les oreilles, ne pas voir l’horreur ? Faire semblant qu’il ne se passe rien ? Cette faute innommable
par le Goliath des temps modernes tétanise la planète entière. Il reste, qu’on le veuille ou non la culpabilité de chaque citoyen du monde qu’il soit au Brésil ou au Congo de ne pas
répondre d’une façon ou d’une autre à la détresse des enfants palestiniens. Dans l’Europe cette limite insoutenable c’est aussi la détresse, voire la mort d’un enfant qui ne semble
pas réveiller en eux la compassion. Est-ce bien raisonnable et moral que plus de 10 000 enfants palestiniens, présumés «terroristes» dès le jour de leur naissance, soient massacrés,
démembrés, transformés en montagne de chair humaine sous les bombes gracieusement fournies par l’Occident global, qui prétend donner des leçons de morale au reste de la planète et
imposer sa loi ?
Que reste-t-il de la crédibilité de l’Occident aux yeux d’un monde qui regarde, effaré, les gouvernances occidentales et les parlementaires soutenir
l’insoutenable ? «L’Europe est de fait une colonie israélienne». La complicité et la responsabilité des démocraties européennes est totale dans cette affaire du Pogrom de Ghaza. Cette
complicité à vomir de l’Empire, qui est bien la nôtre, dans le génocide israélien envers les Palestiniens… et cette lâcheté dans notre refus de bien nommer cet ensemble de crimes
contre l’humanité, à jamais injustifiable, impardonnable et inexpiable.
Le monde entier a vu et ne peut pas dire qu’il ne savait pas ! Le génocide suit son court. Plus de 22 000 Palestiniens ont perdu la vie dont une grande
majorité d’enfants. Plus de 55 000 blessés et des milliers d’orphelins qui errent dans les ruines de Gaza à 90% détruites et devenues inhabitables, à la recherche de nourriture, d’eau
et d’un espace ou se prémunir contre les rigueurs de l’hiver. Il est à espérer enfin que le cessez-le-feu advienne dans les meilleurs délais. Que justice soit rendue au peuple
palestinien dont le calvaire a plus d’un siècle depuis une scandaleuse lettre d’un certain Lord Balfour qui octroie la Terre palestinienne qui ne lui appartient pas aux juifs de la
diaspora en novembre 1917. Lettre qui sera complétée par un partage injuste en 1947 aux Nations unies, débouchant sur le nettoyage ethnique de la Nakba.
On a cru que le problème allait être réglé avec les Accords d’Oslo. Benyamin Netenyahou reconnait qu’il a tout fait pour torpiller ces accords, créant
au passage le Hamas qui las de voir les 2,4 millions d’habitants vivre démunis de tout dans une prison à ciel ouvert a lancé l’attaque du 7 avril amenant le génocide actuel, une
deuxième Nakba sous l’œil indifférent et lâche de
tous les pays grands ou petits incapables d’imposer un cessez-le-feu du fait du veto américain qui laisse Israël mettre en œuvre sa solution finale. En ce seuil de l’année
2024 nous ne pouvons que prier Dieu pour permettre à cette Palestine de vivre et aux enfants palestiniens d’avoir des rêves comme tous les enfants du Monde.
La situation actuelle du peuple palestinien en Cisjordanie et plus particulièrement à Gaza où la population subit un génocide était prévisible. Et
l’aide humanitaire occidentale ne peut masquer la complicité de l’Occident comme le souligne la député irlandaise Clare Daly : «Ce n’est pas
seulement le génocide d’Israël, mais aussi celui de l’Europe».
Sans oublier l’impérialisme états-unien.
Prévisible parce que l’analyse faite en 2021 dans l’article, intitulé «Le peuple
palestinien et les Accords d’Abraham», est d’actualité concernant les objectifs stratégiques de l’État d’Israël, de l’Occident et des monarchies du Golfe et des États arabes
signataires des Accords d’Abraham… Ci-dessous le contenu de cet article.
Une cuillère rouillée comme arme pour gagner la liberté
Le 24 juin 2021,
Nizar Bitat, militant des droits humains et dénonciateur de la corruption qui sévit en Cisjordanie meurt quelques heures après son arrestation par la sécurité palestinienne.
Le 6 septembre 2021, six Palestiniens s’évadent de la prison israélienne de Gilboa.
À l’aide d’une cuillère rouillée, ils ont creusé un trou aboutissant à des passages souterrains. Cinq membres du Jihad islamique et un dirigeant éminent
de la Brigade des martyrs d’Al-Aqsa, une branche armée de la jeunesse du Fath dont l’un des premiers dirigeants fut Marwan Barghouti. Arrêté en Cisjordanie en 2001 par l’armée
occupante et condamné à perpétuité. À noter que les sensibilités politiques des évadés n’ont eu aucun impact dans le projet de «construction du tunnel» de la liberté.
A contrario, les dirigeants de l’Autorité nationale palestinienne (ANP) et ceux du Hamas sont dans l’incapacité de s’entendre sur l’essentiel, à savoir,
faire front face à l’occupation sioniste. Une occupation contre laquelle les six évadés ont mené la résistance. Aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza.
Pourtant, côté Gaza comme côté Cisjordanie, les populations vivent dans des prisons à ciel ouvert. Certes, les conditions de vie à Gaza sont beaucoup
plus dures. Mais côté Cisjordanie, les expropriations, c’est à dire la colonisation rampante de la Cisjordanie, y compris à Jérusalem font de beaucoup d’habitants des locataires
éphémères.
Bref, les six évadés palestiniens, repris par l’armée d’occupation donnent aux dirigeants palestiniens de Gaza et de Cisjordanie une leçon en leur
rappelant à travers leurs actes que les Palestiniens ont«trois
mots d’ordre : L’unité nationale, la mobilisation nationale et la libération». (Charte nationale de l’OLP ; article 11)1
Concernant la libération nationale, l’ANP sous l’autorité de Mahmoud Abbas est, depuis 2005 pour le moins, dans une situation ambiguë. En effet, on ne
peut pas en même temps collaborer avec l’occupant sur le plan sécuritaire conformément aux Accords d’Oslo (1993) et exiger un État palestinien avec Jérusalem-est comme capitale
pendant que la force occupante continue la colonisation de la Cisjordanie.
À n’en pas douter, l’article 8 de la Charte de l’OLP est toujours d’actualité. En effet, cet article stipule que «la phase
historique que traverse actuellement le peuple palestinien est caractérisée par la lutte nationale pour la libération de la Palestine. De ce fait, les dissensions entre les forces
nationales palestiniennes sont d’une importance secondaire et doivent être résolues eu égard à la contradiction fondamentale qui existe entre les forces du sionisme et de
l’impérialisme, d’un côté, et le peuple palestinien arabe, de l’autre».[1]
En Palestine, rien de nouveau !
Certes, M. Abbas a déclaré à l’Assemblée générale de l’ONU, le 23 septembre 2021, qu’Israël a «un an pour se
retirer des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-est» tout en ajoutant que «si nous n’y
parvenons pas, alors à quoi bon maintenir la reconnaissance d’Israël sur la base des frontières de 1967 ?»2
Une telle déclaration devant l’Assemblée générale de l’ONU implique l’inscription de la lutte politique de la population palestinienne à Gaza et en
Cisjordanie dans l’esprit de l’article 8, cité ci-dessus. Dans un an, pour rester en cohérence avec sa propre déclaration, M. Abbas aboutira à la conclusion suivante : Les Accords
d’Oslo furent une erreur stratégique. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à la réponse des dirigeants sionistes.
Un plan «Abraham» pour les
Palestiniens
Les États-Unis et l’entité sioniste préparent un nouveau plan pour le peuple palestinien dans le cadre de la normalisation. Et comme on vient de fêter
l’anniversaire du sommet des Accords d’Abraham sous les auspices des États-Unis, appelons ce plan qui est en préparation avec la collaboration de certains proches de M. Abbas, le
«plan Abraham».
Et c’est le Premier ministre de l’entité sioniste, Naftali Bennett qui, en avouant être, «choqué comme
israélien et juif de savoir qu’un travailleur palestinien doit se lever chaque jour à trois heures du matin, et faire la queue pour prendre son travail à Tel-Aviv à 7 heures du
matin»3 donne
en filigrane l’idée centrale de ce plan. Choqué, certes, mais le 30 juillet 2013, ministre de l’économie et chef du Foyer juif, il déclara : «…Tuer
tous les terroristes attrapés par les autorités plutôt que de les mettre en prison… J’ai tué beaucoup d’Arabes, aucun problème avec ça…»4
Point de commentaire !
Pour répondre à la question palestinienne, le premier ministre Naftali Bennett résume ce plan «Abraham» en quelques mots : Dissoudre cette question dans
un conflit régional tout en réduisant le problème politique à une simple réponse sociale et économique.
En effet, sur la question nationale palestinienne, c’est le ministre de la Défense, Benny Gantz, qui répond à M. Abbas : «il grimpe un
arbre immense dont il va être difficile de redescendre».5
En revanche sur la question sociale et économique, le ministre précise qu’il est nécessaire «de reconnaître
que le seul moyen de gérer cette réalité [palestinienne] est de développer
la sécurité, de développer l’économie et de renforcer la gouvernance de l’Autorité palestinienne».[3]
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid ne dit pas autre chose en annonçant «un plan
économique pluriannuel à Gaza en échange de la sécurité».[5]
Mais il est important de souligner que dans l’entourage de M. Abbas, des responsables palestiniens abondent dans le même sens en qualifiant les propos
de Lapid comme étant un «nouvel accord
d’Oslo… Il pourrait sauver Gaza…»[5]
D’État point mais des enclaves reliées par des corridors avec Gaza comme ouverture vers la mer sous l’autorité d’une administration autonome
palestinienne. Éligible pour faire État.
Alors pourquoi plan «Abraham»
?
En écho aux déclarations de M. Abbas à l’ONU, le Premier ministre N. Bennett a répondu en occultant la question palestinienne. Mais seulement en
apparence !
Puisqu’il n’a pas hésité à dénoncer les organisations palestiniennes, le Jihad islamique et le Hamas comme étant des groupes terroristes. Citons à ce
sujet ses propos : «Alors qu’Israël s’efforce de faire le bien, nous ne pouvons pas perdre de vue un seul instant ce qui se passe dans notre région. Israël est littéralement
encerclé par le Hezbollah, les milices chiites, le Jihad islamique et le Hamas».6
Un préliminaire pour dénoncer l’Iran comme étant la menace principale pour toute la région. Il va de soi que les monarchies du Golfe, les signataires
des Accords d’Abraham et les États-Unis ne peuvent qu’acquiescer. À n’en pas douter, la question palestinienne est à l’ordre du jour dans certaines chancelleries arabes mais pas selon
les désirs de M. Abbas. Et parions que dans le cadre des Accords d’Abraham, pour «sauver Gaza»
et «renforcer la
gouvernance de l’Autorité palestinienne»[3],
le «nouvel accord
d’Oslo»présuppose la
pacification de cette bande côtière... Avec l’aide de l’État égyptien… ? Déjà, en gelant les avoirs de sociétés liées au Hamas, les autorités soudanaises ont apporté leur
part dans cette pacification… Tout indique que l’espoir pour le peuple palestinien prend la direction de l’Iran et de la résistance arabe dont le Hezbollah…
Biden peut croire que sa «longue
expérience» le place du «bon côté» lorsqu’il s’agit de juger les événements, mais son expérience est tirée d’une autre époque.
Biden a souri et répondu «Je sais» lorsqu’un invité
lui a dit que Netanyahou entraînait les États-Unis dans un conflit civilisationnel – et que Netanyahou le blâmait (Biden), se plaignant que la Maison-Blanche voulait empêcher
Israël de s’attaquer à la racine du problème, en ressassant les problèmes de Gaza et du «jour d’après».
En pratique, Netanyahou ne fait qu’organiser une manœuvre de flanc classique – tenter de contourner Biden en soulignant le «conflit plus large» avec
l’Iran : «Pourquoi me harceler à propos de Gaza alors qu’un conflit monumental fait rage», suggère Biden avec exaspération.
«Il s’agit d’une
bataille contre l’axe iranien qui menace maintenant de fermer le détroit maritime de Bab el-Mandeb… C’est l’intérêt… de toute la communauté civilisée», a déclaré Netanyahou – pas
très subtilement.
La réaction de Biden est un sourire suffisant, qui laisse entendre qu’il pense pouvoir surpasser Netanyahou («le renard»). Telle est l’approche de Biden
: Il cherche à désamorcer l’allégation de Netanyahou selon laquelle les États-Unis feraient de l’obstruction en organisant un défilé de visites de haut niveau qui réitèrent leur
soutien indéfectible à Israël – et à devancer Bibi en insistant sur le fait qu’il (Biden) s’occupera des questions qui ne concernent pas Gaza (Hezbollah, Yémen, etc.).
Ainsi, les États-Unis rassemblent une force maritime pour affronter Ansarullah au Yémen ; l’administration Biden prendra des mesures pour sanctionner
les colons violents en Cisjordanie ; elle avertit Bagdad de mettre au pas le Hashad al Sha’abi ; et ses envoyés à Beyrouth tentent de forger un «accord diplomatique» qui inclura le
retrait des forces Radwan du Hezbollah de l’autre côté du fleuve Litani, dans le sud du Liban, et traitera également des différends frontaliers non résolus entre Israël et le
Liban.
Biden s’enorgueillit d’être un acteur très expérimenté en matière de politique étrangère et se croit trop rusé pour les astuces de Bibi. Mais peut-être
que Netanyahou, malgré ses nombreux défauts, comprend mieux la région ?
Biden se fait clairement avoir. Même s’il ne le reconnaît pas.
Netanyahou sait qu’il est «hors de question» que le Hezbollah dépose les armes et se retire au nord du Litani. Il le sait et peut donc attendre l’échec
diplomatique de Biden avant de dire que les quelque 70 000 citoyens israéliens déplacés des villes du nord à la suite du 7 octobre doivent «rentrer chez eux» et que si les États-Unis
ne peuvent pas déloger le Hezbollah de la barrière frontalière, alors Israël le fera.
Netanyahou utilise l’initiative diplomatique libanaise de Biden pour construire une justification européenne à une opération israélienne dans quelques
semaines pour repousser le Hezbollah loin de la frontière avec Israël. (Une opération israélienne contre le Hezbollah est prévue depuis le début de la guerre de Gaza).
Netanyahou sait également que le contrôle de la violence des colons en Cisjordanie n’est pas de son ressort, mais de celui de ses partenaires, à savoir
les ministres Ben Gvir et Smotrich. Ni lui, ni Biden ne peuvent leur dicter leur conduite – ils ont discrètement augmenté la pression sur les Palestiniens de Cisjordanie depuis des
mois.
Enfin, Netanyahou connaît les Houthis : Ils ne seront pas dissuadés par la flottille maritime de Biden. Ils se réjouiront plutôt d’entraîner l’Occident
dans un bourbier en mer Rouge.
Qu’on le veuille ou non, la tactique de Biden, qui consiste à contenir et à anticiper l’escalade régionale en faisant des États-Unis eux-mêmes l’acteur
principal – à la place d’Israël -, entraîne clairement les États-Unis plus profondément dans le conflit. Biden croit-il que les Houthis vont se laisser faire tranquillement parce que
le Gerald Ford est ancré au large de Bab Al-Mandeb, ou que le Hezbollah va accepter les instructions d’Amos Hochstein ?
La deuxième façon dont Biden est dépassé, c’est qu’il considère que le problème israélien n’est que celui de Bibi, se livrant ainsi à une politique
personnelle. Bien sûr, il est vrai que le Premier ministre israélien façonne la politique israélienne en fonction de ses propres besoins de survie, mais arrêtez-vous un instant sur ce
que le président Herzog a déclaré mardi lors d’un entretien organisé
par l’Atlantic Council, un groupe de réflexion de premier plan basé à Washington.
Herzog a longtemps été considéré comme nettement «conciliant» et «gauchiste» par l’establishment de la politique étrangère du Beltway – avant la guerre
– par rapport à Netanyahou.
Dans l’interview, Herzog a déclaré : «Nous avons
l’intention de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza et de changer le cours de l’histoire». Il a déclaré que le conflit actuel était un affrontement entre «un ensemble de
valeurs civilisationnelles» et il a qualifié le Hamas (en termes purement manichéens) de «force du
mal», ajoutant qu’Israël ne tolérerait plus que Gaza soit une «plate-forme pour
l’Iran – entraînant tout le monde dans l’abîme de l’effusion de sang et de la guerre».
La convergence entre Herzog et Bibi reflète peut-être un changement plus important en Israël – un changement stratégique qui va bien au-delà de
l’obsession personnelle de Biden pour Bibi :
Depuis le 7 octobre, le New
York Times et le Jerusalem
Post rapportent que 36% des Israéliens se sont résolument tournés vers la droite sur un certain nombre de questions politiques, notamment le soutien aux colons de
Cisjordanie, l’appui aux politiciens d’extrême droite et même la réimplantation de colonies à l’intérieur de la bande de Gaza. Bien que l’opinion publique à l’égard de Netanyahou soit
en train de s’effriter,
on ne s’attend pas à ce que son gouvernement tombe.
Et même si cela devait se produire, le point le plus important à saisir est que le soutien aux politiques défendues par le gouvernement de droite
radicale de Netanyahou s’accroît, et rapidement.
La droite israélienne croit généralement
au contrôle israélien de la Cisjordanie et de Gaza, et de nombreux Israéliens de droite sont opposés au principe d’un État palestinien existant aux côtés d’Israël. Cela se reflète
dans de nombreuses politiques du gouvernement actuel, qui ont contribué à étendre la colonisation israélienne en Cisjordanie et à rendre la bande de Gaza invivable pour les
Palestiniens.
De l’autre côté du spectre se trouve la gauche israélienne. Le Jerusalem
Post note que la gauche est largement convaincue qu’Israël «occupe» la Cisjordanie et que la fin du conflit ne peut être obtenue qu’en mettant fin à l’occupation et en
permettant une solution à deux États. Mais personne n’est explicite sur l’emplacement de ce second État – un État palestinien. Juridiquement, il s’agirait de Gaza, de la Cisjordanie
et d’une partie de Jérusalem. Mais qui pourrait le faire respecter ? Qui expulserait les colons de Cisjordanie ?
Pour de nombreux Israéliens, l’État d’occupation «d’apartheid» des 30 dernières années constituait la «solution à deux États» viable, mais ses piliers
(séparation structurelle, application militaire et dissuasion), qui semblaient promettre à de nombreux Israéliens la «tranquillité» qu’ils espéraient, ont volé en éclats le 7
octobre.
«Le traumatisme
causé par les événements du 7 octobre a bouleversé la société israélienne. Elle les a amenés à s’interroger sur les principes les plus fondamentaux de la sécurité dans leurs
maisons», a déclaré l’éditorialiste israélien Tal Schneider :
«Ils demandent
maintenant plus – plus de militaires, plus de protection, plus de politique de fermeté».
«Beaucoup de gens
de droite», écrit Ariella
Marsden dans le Jerusalem
Post, «et une minorité
de gens de gauche, ont vu dans le 7 octobre la preuve que la paix avec les Palestiniens est impossible». Il n’est pas surprenant que la réflexion se soit portée sur le retrait de
population, ce qui va de pair avec le thème de la «nouvelle guerre d’indépendance» de Netanyahou.
En bref, Biden peut croire que sa «longue expérience» le place du «bon côté» lorsqu’il s’agit de juger les événements. Toutefois, son expérience date
d’une autre époque. L’Israël politique qu’il a connu est révolu : Il est arrivé au bout du chemin en ce qui concerne l’ancien paradigme de son modus vivendi palestinien. La
démographie ne pousse plus à «donner» un État aux Palestiniens, mais plutôt à débarrasser la terre de toutes les «populations hostiles».
Les Israéliens sont en train de chercher leur nouvelle solution.
Et tout comme la résistance du Hamas a mis en évidence de nouvelles façons de mener la guerre, la «longue expérience» de Biden, illustrée par l’envoi de
porte-avions et de navires des années 1960 pour rester au large, à l’ère des drones intelligents et agiles, souvent intraçables, et des missiles à tête chercheuse, met en évidence
quelque chose de tout aussi révolu.
Les États-Unis sont aujourd’hui directement engagés au Yémen, au Liban, en Cisjordanie, en Irak et en Syrie. Et plus la guerre s’étend, plus les
États-Unis seront tenus au moins partiellement responsables – Vous avez délibérément laissé Gaza être détruite, et ce qui est détruit, cela vous appartient. Ce qui sera détruit par la
suite vous appartiendra également.
Deux millions de Gazaouis sans ressources seront tous des réfugiés sans aucun gouvernement pour assurer les fonctions et les services de base.
Netanyahou a-t-il compris ? Bien sûr. La grande majorité des Israéliens s’en soucie-t-elle ? Non. Mais le reste du monde, lui, s’en soucie et voit une tache sombre s’étendre sur la
carte et s’infiltrer dans l’Occident.
La flottille américaine de la mer Rouge, les efforts diplomatiques au Liban, les appels frénétiques à la Chine pour demander de l’aide afin de contenir
l’Iran et les efforts à Bagdad suffiront-ils à mettre un terme au plan de l’Axe ?
Non – la Résistance doit voir que les États-Unis pataugent et qu’Israël – submergé par la colère – invite positivement à la prochaine montée sur
l’échelle de l’escalade d’un conflit diffus et progressif plus large.
Alors que des reportages indiquent qu’Israël procède à des exécutions de masse de prisonniers civils à Gaza et que des hommes politiques israéliens font
ouvertement part de leurs intentions génocidaires, les États-Unis réaffirment leur soutien à la guerre menée par Israël contre les civils palestiniens. Aux yeux du monde entier, le
massacre à Gaza apparaît comme le «génocide des États-Unis».
Mercredi, les Nations unies et l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme ont publié des rapports accusant les forces israéliennes d’avoir
procédé à une exécution de masse de civils dans le nord de la bande de Gaza. Après avoir chassé ou tué tous les journalistes encore présents dans le nord, Israël est passé du massacre
de civils par des bombardements à des exécutions sommaires.
Ces crimes de guerre s’accompagnent d’un plaidoyer ouvert en faveur du génocide de la part des responsables israéliens, non seulement par des références
bibliques voilées, comme l’invocation d’«Amalek» par le Premier ministre israélien Netanyahou, mais aussi par des appels directs à copier le génocide nazi des juifs.
Lors d’une interview radiophonique dimanche, David Azoulai, chef du Conseil régional israélien de Metula, a déclaré que Gaza devrait ressembler à
«Auschwitz».
Il a déclaré : «Dites à tous les
habitants de Gaza de se rendre sur les plages. Les navires de la marine devraient charger les terroristes sur les côtes du Liban. Toute la bande de Gaza devrait être vidée et nivelée,
comme à Auschwitz».
Dans une interview télévisée, Miri Golan, ministre israélienne de la Promotion de la femme, a déclaré : «Je me fiche de
Gaza (…) pour ce que j’en sais, ils peuvent sortir et nager dans la mer». Elle a ajouté : «Je veux voir les
cadavres de terroristes dans Gaza».
Daniella Weiss, ancienne maire d’une colonie israélienne en Cisjordanie et dirigeante du mouvement des colons israéliens, a déclaré lors d’une interview
télévisée que l’objectif d’Israël était de «libérer Gaza des
Arabes» afin de préparer «l’établissement
de colonies juives dans l’ensemble de la bande de Gaza».
Israël affame les 2,2 millions d’habitants de Gaza. Lundi, Human Rights Watch a accusé Israël d’avoir «l’intention
d’affamer les civils comme méthode de guerre». Selon le Programme alimentaire mondial, la proportion de Gazaouis souffrant de «faim très
sévère» est passée de 24 à 44%.
Dans ce contexte, les États-Unis renforcent leur soutien catégorique au génocide israélien. Lors d’une conférence de presse mercredi, un journaliste a
demandé au secrétaire d’État Antony Blinken de commenter le fait qu’«une grande partie
du monde blâme les États-Unis et Israël» et «considère qu’il
s’agit d’une guerre des États-Unis».
Blinken n’a pas tenté de se distancier de l’affirmation selon laquelle Israël mène «la guerre des États-Unis». Au lieu de cela, il en a rajouté :
«Je n’entends
pratiquement personne dire, exiger du Hamas qu’il cesse de se cacher derrière les civils, qu’il dépose les armes, qu’il se rende. Ce serait terminé demain, si le Hamas faisait cela,
ça aurait été fini il y a un mois, il y a six semaines, si le Hamas avait fait cela. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’exigences à l’égard de l’agresseur et que seules des
exigences à l’égard de la victime soient formulées ?»
L’affirmation de Blinken selon laquelle le gouvernement israélien est la «victime» du conflit est tellement absurde qu’elle ne mérite même pas d’être
réfutée. Après avoir orchestré une mise en veilleuse délibérée de l’armée et des services de renseignement le 7 octobre, le gouvernement Netanyahou a massacré 25 habitants de Gaza
pour chaque Israélien tué ce jour-là. Tout en s’appuyant sur les attaques du 7 octobre pour se proclamer «victime» des Palestiniens qu’il opprime et domine, le gouvernement Netanyahou
a entrepris de mettre en œuvre ce que le ministre israélien de l’Agriculture Avi Dichter a appelé une «Nakba de Gaza
2023», c’est-à-dire le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
Avec un niveau de cynisme comparable uniquement à celui des fonctionnaires du Troisième Reich, Blinken a proclamé que l’objectif d’Israël n’était pas de
massacrer la population de Gaza, mais de la protéger. «Israël mène ses
opérations en mettant l’accent sur la protection des civils, en minimisant les dommages et en maximisant l’aide qui leur est apportée», a-t-il affirmé.
Dans une question complémentaire, on a demandé à Blinken : «Y a-t-il une
ligne rouge pour vous ?» concernant le nombre de personnes qu’Israël sera autorisé à massacrer. À cette question, Blinken a répondu que les États-Unis avaient «l’intention
d’aller jusqu’au bout».
Les commentaires de Blinken sont intervenus après que le président américain Joe Biden a admis, lors d’un événement de campagne, qu’Israël procédait à
des «bombardements
aveugles», ce qui constitue un crime au regard du droit international, et qu’il a admis que le ministre israélien de la Défense cherchait à «se venger (…) de
tous les Palestiniens».
Si l’on met ensemble les commentaires de Biden et de Blinken, la conclusion évidente est que la «vengeance (…)
contre tous les Palestiniens» est, en fait, la «guerre des
États-Unis» ou, plus précisément, le génocide des États-Unis.
Tout au long de ce processus, les États-Unis ont apporté un soutien financier, logistique et militaire au génocide, tout en s’interposant aux Nations
unies pour permettre le massacre des Palestiniens. L’année dernière, les États-Unis ont fourni à Israël une aide économique de 3,3 milliards de dollars, qui s’ajoute aux 260 milliards
de dollars fournis par les États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dix dernières semaines, les États-Unis ont fourni à Israël 10 000 tonnes d’équipements
militaires, notamment des véhicules blindés, des armements et des munitions. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont effectué des vols de surveillance par drone au-dessus de Gaza, et il
a même été rapporté que du personnel américain opérait sur le terrain.
Pire, les États-Unis ont promis d’opposer leur veto à toute résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu, leur ambassadrice auprès des
Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, déclarant : «Tout
cessez-le-feu en ce moment serait au mieux temporaire et au pire dangereux».
Des raisons profondes et fondamentales existent pour lesquelles les États-Unis soutiennent le génocide à Gaza. Tout d’abord, les États-Unis ont
clairement décidé de procéder à une escalade militaire majeure au Moyen-Orient, dans le cadre de ce qu’ils considèrent comme une lutte existentielle pour l’hégémonie mondiale visant à
dominer la Chine, la Russie et l’Iran. Israël, qui fonctionne effectivement comme un État de garnison pour l’impérialisme américain au Moyen-Orient, est un élément essentiel de ce
plan.
Deuxièmement, face à un mouvement de grève croissant et à une opposition politique intérieure de plus en plus forte, le gouvernement Biden cherche à
créer un précédent en matière de traitement des zones urbaines rebelles par le biais de meurtres de masse. Pour les factions de l’oligarchie américaine qui cherchent à résoudre la
crise politique intérieure par la dictature, le génocide à Gaza est considéré comme un terrain d’essai.
Enfin, le génocide est devenu l’occasion de mettre en œuvre une répression massive des droits démocratiques. Dans toute l’Europe, des manifestations ont
été interdites et des manifestants ont été arrêtés simplement pour s’être opposés au sionisme. Aux États-Unis, des groupes d’étudiants universitaires ont été dissous et des
universitaires et des étudiants ont perdu leur poste pour s’être opposés à la politique étrangère des États-Unis. Les réseaux de médias sociaux ont mis en place un régime draconien de
censure de l’internet, dans ce que Human Rights Watch a appelé une «pratique de
censure illégitime de la liberté d’expression, y compris de ceux qui s’expriment pacifiquement en faveur de la Palestine».
De cette réalité découle la conclusion inévitable que la lutte contre le génocide à Gaza est la lutte contre les gouvernements impérialistes qui le
permettent.
Décrivant la montée du fascisme au XXe siècle, Léon Trotsky a écrit que «la société
capitaliste vomit» sa «barbarie non
digérée». Le génocide de Gaza représente le même processus. L’ordre social capitaliste, avec l’Amérique en tête, étale devant le monde entier sa barbarie meurtrière. Cet ordre
social n’offre à l’humanité que l’inégalité sociale systémique, la guerre et le meurtre de masse.
La lutte contre le génocide à Gaza doit, pour cette raison, devenir la lutte pour la transformation socialiste de la société par la construction d’un
mouvement de masse dans la classe ouvrière. Les travailleurs doivent préparer des grèves dans les docks et les aéroports afin d’empêcher l’envoi à Israël de tout article à usage
militaire, dans le cadre de la préparation systématique d’une grève générale politique contre la guerre.
En 75 jours une tyrannie abjecte
peut-elle s’installer dans l’apathie ?
Gideon Levy : Israël, un «peuple
élu», qui se présente toujours comme victime, tout en déshumanisant les autres
Plus de 95% des Israéliens approuvent à Gaza la destruction programmée, menée de façon systématique, d’un peuple opprimé depuis plus d’un siècle. Les
psychiatres n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur ce trait de la personnalité qu’on appelle la psychopathie. Il caractérise l’absence d’empathie ou de compassion pour les
souffrances d’autrui. Il y a pourtant quelque chose qui saute aux yeux, si les psychopathes ne constituent que 1 à 2% d’une population donnée, pourquoi ce chiffre est-il largement
dépassé lorsqu’on considère la population des Young Leaders. Laurent
Guyénot parle de psychopathie collective biblique pour le peuple israélien dont la pratique endogamique aurait induit une importante composante génétique héréditaire. Pourquoi pas aussi une
«psychopathie collective Young Leader», à effet immédiat, une assurance vie des sponsors qui vous ont fait élire, garantissant : richesse, puissance et protection judiciaire pour
vos crimes.
La théologie chrétienne aurait pu, si elle avait suivi Marcion plutôt que Tertullien ou Irénée, se détacher définitivement de l’Ancien Testament comme
Saint Paul le suggérait dans son épître aux Galates. Cela n’a pas été fait et explique le silence dans les églises occidentales alors que l’on devrait s’attendre à des manifestations
de dégoût devant un tel crime.
«Mais à ce propos, si par hasard il naissait aujourd’hui des gens tout neufs, qui ne soient ni habitués à l’asservissement, ni attachés à la
liberté, s’ils ne connaissaient rien de l’un et de l’autre que le nom ; si on leur offrait soit d’être serfs, soit d’être indépendants, selon les lois qui leur conviendrait, sans
aucun doute ils préféreraient obéir à la seule raison plutôt qu’être au service d’un homme ; sauf peut-être si c’était le peuple d’Israël qui, sans contrainte ni nécessité, se
donna un tyran : je ne lis jamais l’histoire de ce peuple sans en être affligé, à en devenir presque inhumain, car je me réjouis de tous les maux qui leur en ont coûté par la
suite».
Étienne de La
Boétie
Discours
de la Servitude Volontaire – Librio, 2018, p.20
«Demain, et demain, et demain Se glisse dans ce pauvre pas de jour un jour Vers la dernière syllabe du temps des souvenirs ; Et tous nos hiers ont éclairé les fous Sur le chemin de la mort poussiéreuse. Éteins-toi, petite chandelle ! La vie n’est qu’une ombre en marche, un pauvre acteur Qui s’agite pendant une heure sur la Scène Et alors on ne l’entend plus ; c’est un récit Conté par un idiot, plein de sang et furie, Ne signifiant rien.
Macbeth
et la vision la plus mûre et la plus profonde du mal chez Shakespeare. Acte V, Scène V
Les trois évènements rappelés ci-dessous, pour illustrer les propos, sont des faits, pas des opinions. Ils se sont réellement produits.
Le nombre total de victimes des frappes aériennes israéliennes et des attaques d’artillerie intensives a dépassé 23 000, dont 9000 enfants et
nourrissons. Alors que des centaines d’enfants restent sous les décombres et que leurs chances d’être sauvés diminuent après des semaines de tentatives de sauvetage infructueuses, le
nombre total d’enfants victimes dépassera probablement les 10 000. On peut se demander combien faudra-t-il de cadavres innocents, dans ce monde occidental où les dirigeants ont perdu
toute boussole morale et ne regardent que leurs maîtres, pour trouver la solution qui pourtant saute aux yeux du monde libre.
«La réponse est
absolument non», a dit Hotovely, Elle a ensuite affirmé que les Gazaouis devaient être «rééduqués», faisant la comparaison entre ce qui, selon elle, devra se passer au sein de
l’enclave côtière et ce qui était survenu en Allemagne et au Japon après la Seconde Guerre mondiale».
Il y a 25 siècles naissait la théorie des idées platoniciennes et l’invention par Aristote de la logique formelle. C’était une victoire sur les
sophistes qui enseignaient à la jeunesse fortunée d’Athènes l’art de convaincre indépendamment de la valeur morale des arguments utilisés. Le plus célèbre, Protagoras, prétendait que
l’Homme était la mesure de toute chose en cultivant pour cela le relativisme. C’était l’âge d’or de la Grèce antique. Les idées platoniciennes (beauté, vérité, justice etc.) sont
totalement étrangères à la civilisation juive qui a préféré choisir un Dieu guerrier et tyrannique dont on va voir toutes les conséquences par la suite dans ce texte. L’histoire du
neveu du Rabbin qui, ayant étudié la Thora et le talmud, demande à son oncle si il peut étudier la sagesse grecque se voit répondre : Va et quand il ne fait ni jour, ni nuit,
étudie la pensée grecque, montre l’impossibilité de trouver un compromis avec une pensée qui s’est arrêtée à «thèse, antithèse, antithèse…». Procédant par étapes, la cancel et woke
culture qui a envahi tous les médias n’a d’autre but que de miner les fondements de la civilisation de l’homme occidental. Des atrocités se produisent à Gaza, dans le silence
médiatique. Je voudrais vous parler de cela, en analysant des faits depuis le 7 octobre et en rappelant quelques mises en garde prophétiques plus anciennes.
Dans un entretien avec Ben Gourion, De Gaulle l’avertissait avant la guerre des six jours, qu’il considérerait comme agresseur le premier qui
déclencherait les hostilités. Le 27 novembre 1967, lors d’une conférence de presse, il faisait une déclaration, avec une phrase clef : La résistance à l’oppression n’est pas du
terrorisme :
«On pouvait se
demander, en effet, et on se demandait, même chez beaucoup de juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou
moins justifiables et au milieu des peuples Arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n’allaient pas entraîner d’incessants, d’interminables frictions et conflits (…) Certains
même redoutaient que les juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est à dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en
viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf
siècles (…) Le 24 mai j’avais déclaré à Monsieur Ebban, ministre des Affaires étrangères d’Israël que je voyais à Paris : Si Israël est attaqué, nous ne le laisserons pas
détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l’infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés,
beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les arabes, je ne doute pas que le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires. (…) La France n’a pas été entendue,
Israël ayant attaqué, s’est emparé en six jours de combat des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant il organise, sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut
aller sans oppression, répression, expulsion et s’y manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme (…) Mais un règlement dans cette voie, à moins que les
Nations Unis ne déchirent, elles-mêmes, leur propre charte, un règlement doit avoir pour base, l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute
belligérance, et la reconnaissance de chacun des États en cause par tous les autres».
Le 7 octobre 2023 : Le sursaut du
Hamas contre l’oppression ou opération israélienne sous fausse bannière ?
Organiser une Rave Party (Soirée Disco) à quelques kilomètres de Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert du monde, en dit long sur la personnalité des
participants. Mais Gaza est aussi une prison très particulière. Elle est aujourd’hui bombardée quotidiennement par ses gardiens depuis près de deux mois et cela en dit long aussi sur
la personnalité des geôliers.
Depuis plus de cent ans, l’idéologie sioniste n’a eu de cesse de grignoter la terre ancestrale du peuple palestinien, sans jamais respecter la promesse
faite, dans la déclaration Balfour de 1917, de respecter les populations musulmanes et chrétiennes, populations dix fois plus nombreuses que la population juive. Les déclarations de
l’ONU n’ont également jamais été respectées depuis 1948.
La seule qui fut respectée, la création de l’État d’Israël en 1948 repose sur un vote de l’assemblée générale et non sur celui du conseil de sécurité.
Utilisant la ruse et le mensonge en continu, Israël est un État qui n’a jamais eu la moindre intention d’accepter l’existence d’un État palestinien et pour cela n’a d’ailleurs jamais
défini ses frontières.
Il faut se poser une question concernant l’évènement du 7 octobre 20023 : Est-ce l’identité des victimes qui détermine la moralité du meurtre ? En quoi
les actions du Hamas diffèrent-elles de celles des combattants juifs qui ont massacré des villages palestiniens entiers en 1948 ? Plus de 500
villages détruits et onze villes vidées de leurs habitants : Ma’aloul, Deir
Yassin, Tantoura, Lydda, Beit Affa, Lifta… De nombreux Nouveaux Historiens, Universitaires ou Politiciens Israéliens : Simha Flapan, Tom Segev, Avi Schlaïm, Ilan Pappé,
Benny Morris, Israël Shamir, Shlomo Sand, Israël Shahak, Norman Finkelstein…, ont abordé le sujet de la Nakba, de ces quelques 700 000 Palestiniensdéracinés en
1948, contraints de fuir leur habitation. Plus de 180 villages palestiniens détruits en 1948 sont aujourd’hui des sites récréatifs ou des parcs nationaux israéliens,
l’environnementalisme étant utilisé pour dissimuler les crimes de la Nakba.
Aujourd’hui, tout espoir de voir Israël faire preuve d’un minimum de retenue semble avoir été vain. Une paix durable à Gaza et en
Cisjordanie occupée est impossible tant qu’Israël ne reconnaîtra pas le droit à l’existence du Peuple Palestinien.
La France, en 2023, est-elle un
territoire occupé ou une république bananière ?
1- Israël
sera-t-il banni des Jeux olympiques de Paris 2024 ? C’est un article paru dans The
Nation et repris dans le Jerusalem
Post. Il évoque les inquiétudes selon lesquelles la guerre menée par Israël à Gaza pourrait le voir banni des Jeux olympiques de 2024, ses athlètes étant obligés de concourir
sous un drapeau neutre (…) The Nation,
est un magazine américain connu pour sa position progressiste et ses critiques de la politique israélienne. Le CIO a récemment interdit à la Russie de participer en tant que nation
aux prochains Jeux olympiques. Certains athlètes russes pourraient concourir sous un drapeau neutre et, s’ils sortent victorieux, leur hymne national ne sera pas joué lors des
cérémonies de remise des médailles.
Le Comité
d’éthique prône, dans la foulée, l’exclusion de Emilie Gomis. Deux jours après les attaques perpétrées par le Hamas en Israël le 7 octobre dernier, Emilie Gomis avait
publié un message dans lequel on voyait des cartes de France de 1947, 1967 et 2023, sur lesquelles le drapeau tricolore recouvrant le territoire français est progressivement remplacé
par le drapeau israélien, avec cette question : «Que feriez-vous
dans cette situation ?» Elle avait rapidement présenté ses excuses.
(Ce qu’elle n’aurait jamais dû faire, n’ayant rien dit de mal)
2- Jeudi 7 décembre, alors que nous savons qu’il y a eu plus de 17 000 morts à Gaza dont plus de 6000 enfants, le président Macron
organise dans la salle des fêtes de l’Élysée la cérémonie religieuse juive d’Hanouka, avec le grand rabbin de France Haïm Korsia allumant la première bougie.
Une première dans une république qui se dit laïque, après la loi de séparation des Églises et de l’État 1905. Tout cela après
une illumination de la tour Eiffel aux couleurs d’Israël et Macron qui décide d’un vote à l’ONU contre un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. Quel est le chiffre de Palestiniens assassinés nécessaire, pour pouvoir critiquer Israël sans être accusé d’antisémitisme ?
3- Ilan Halimi, est un jeune juif tué par le «gang des Barbares» dont le cerveau Youssouf Fofana, condamné à perpétuité est toujours en prison. Ce
meurtre, en 2006, avait ému la France entière. Square et jardin ont été nommés en son souvenir. Richard
Berry et Alexandre Arcady ont réalisé chacun un long-métrage qui retrace le crime racial dont le jeune juif avait été victime.
• «Le Prix Ilan
Halimi, dans
sa 6ème
édition, sera remis par la Première ministre en février 2024».
«Dans le contexte
des attaques terroristes dramatiques en Israël (sic), il doit être plus que jamais l’occasion pour la jeunesse d’exprimer son désir de paix et de cohésion. Ensemble faisons
reculer la haine et l’intolérance ! Les modalités d’évaluation portent sur la qualité de la présentation, le contenu et la pertinence de l’action réalisée. Un Grand Prix Ilan Halimi
et trois distinctions viendront récompenser les lauréats».
Une précision pour les malcomprenants de profession qui pullulent dans les grands médias : Je n’ai rien contre ces commémorations concernant Ilan
Halimi, mais est-ce opportun quand d’effroyables crimes sont commis contre les Palestiniens.
Au soir de sa vie, il veut que Vladimir Poutine soit jugé par un tribunal international. Pour satisfaire à ce besoin de justice, il souhaite la défaite
de la Russie et que le dictateur russe soit transféré à la Cour pénale internationale ou à une juridiction internationale ad hoc.
Les assassinats dits ciblés par drone, où la justice est absente, où on ne sait jamais qui a donné l’ordre ni qui a appuyé sur le bouton, les millions
de morts en Irak, Libye, Afghanistan, Palestine… où les responsables connus, voire respectés sont assurés de mourir dans leur lit n’intéressent pas monsieur Badinter. Il ne s’est
jamais prononcé sur ces morts. Peut-être que ce qui se passe à Gaza va enfin le réveiller.
Gideon Levy, éditorialiste au
journal Haaretz, psychanalyse les gouvernements israéliens
Levy n’est pas le seul journaliste à critiquer la politique criminelle du gouvernement israélien actuel. Vous avez aussi d’autres périodiques en lignes,
qui font un travail d’information équilibré : +972, Mondoweiss, Middle
East Eye, The Electronic
Intifada, thegrayzone.com…
Une vidéo du 10 avril 2015, dans laquelle le journaliste israélien Gideon Levy, discute du conflit israélo-palestinien est devenue virale dans le cadre des évènements
d’octobre-décembre 2023. Ces réflexions se sont révélées prophétiques, compte tenu de l’actualité dans la région. Dans cette vidéo, Gideon Levy définit ainsi la société
israélienne :
Un «peuple élu», qui se présente toujours comme victime, tout en déshumanisant les autres.
1. La plupart des
Israéliens, si ce n’est pas tous, croient qu’ils sont le peuple élu et donc qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent.
2. Il n’y a
jamais eu dans l’histoire humaine un pays ou, comme en Israël, l’occupant se présentait toujours comme une victime, et pas seulement une victime mais la seule victime. Cela permet aux
israéliens le droit de se défendre puisqu’ils sont des victimes.
3. La
déshumanisation systématique d’autres peuples, depuis les Amalécites, Cananéens, Philistins… jusqu’aux Palestiniens aujourd’hui. Si les Palestiniens ne sont pas vraiment humains, ils
ne sont donc pas concernés par une violation des droits de l’homme !
Il n‘existe pas, sur toute la planète, une colonisation aussi violente qui se présente comme victime du
colonisé (sic).
Ensuite, il pointe la stratégie de déshumanisation de l’adversaire, en l’occurrence les Palestiniens, qui selon une bonne partie de la population israélienne ne valent pas
plus que des chiens. C’est une stratégie très efficace pour se déculpabiliser du vol de leurs terres et les tuer alors que la population palestinienne habite sur place depuis des
millénaires et que c’est une population extrêmement lettrée et civilisée tandis que les juifs ashkénazes n’avaient jamais mis les pieds en terre Sainte.
Nous avons aujourd’hui une situation unique, du jamais vu dans l’histoire du monde. Il existe une immense prison, Gaza, où vivent plus de 2 millions de
prisonniers et où les gardiens de prison bombardent ces prisonniers où bon leur semble, des écoles aux hôpitaux, en transformant comme l’a déclaré le secrétaire général de l’ONU la
prison en Gaza en cimetière pour enfant. À ce jour, le 9 décembre 2023, le bilan au 7 octobre est : plus de 17000
prisonniers de Gaza assassinés, dont plus de 6000 enfants. Dans
une autre vidéo à l’Université d’Oxford, Gideon Levy rappelle que les dirigeants israéliens n’ont jamais envisagé de respecter la déclaration Balfour qui est «Une lettre adressée à Lord
Rothschild le 2 novembre 1917» :
«Le gouvernement
de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour les juifs et fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation de cet
objectif, étant
clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en
Palestine».
Ni aucune des décisions de l’ONU depuis 1948 qui formalisaient la création de deux
États pour les juifs et les Palestiniens. Les nombreuses déclarations de
tous les premiers ministres israéliens sont claires dans leurs hypocrisies sur ce point. L’existence, à ce jour, de plus de 600 colonies de peuplement juives sur le
territoire réservé par l’ONU aux Palestiniens en est l’illustration la plus visible. Gideon Levy rappelle ensuite que la solution d’un seul État démocratique est actuellement
illusoire, Israël est un État d’apartheid (Cisjordanie) ou de prison à ciel ouvert (Gaza). Trois grandes organisations non gouvernementales (ONG) internationales : Human Rights
Watch et Amnesty International dont l’objectif est de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que B’Tselem le centre
israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés militairement par Israël ont reconnu la situation d’apartheid subie par le peuple palestinien.
Si les dirigeants israéliens persistent dans leur vision biblique d’un nettoyage ethnique d’essence divine au mépris des nombreuses lois
internationales qu’ils n’ont respectées que lorsqu’elles étaient à leur avantage, alors toutes les catastrophes sont possibles dans le futur.
«Nous avons,
depuis le 7 octobre 2023, un massacre délibéré puisque ce ne sont pas deux armées régulières qui se font face avec une équivalence de moyens. En effet, Tsahal avec ses avions,
hélicoptères Apache, bateaux, chars, artillerie et l’aide militaire massive des USA, bombarde sans relâche une population civile désarmée et terrorisée qui n’a ni État ni armée pour
la défendre et pour riposter. Les Palestiniens vivant sous occupation depuis trois générations et qui, en savates et sans gilets pare-balles ont le courage de résister sont appelés
terroristes par les larbins occidentaux».
Simone Weil, la philosophe morte à Londres en 1943 avait fait une distinction d’une actualité brûlante, entre le terrorisme d’État, bénéficiant de toute
la puissance politique, médiatique, judiciaire, administrative, militaire, policière et financière et celui d’individus irresponsables. Elle écrivait :
«Un meurtre commis
par le gouvernement… est cent fois pire, ou plutôt infiniment pire, que cent meurtres commis par des individus irresponsables», cité par Simone Pétrement : «La vie de Simone
Weil» Fayard 1973 p.662.
Discours de Netanyahou aux forces
de sécurité : «Nous sommes en lutte contre Amalek»
Laurent Guyénot dans un article récent : «La psychopathie
biblique d’Israël» aborde le problème de la psychopathie collective des dirigeants israéliens, une façon inhumaine d’interagir avec les communautés non juives (Goyim). La
psychopathie est un syndrome de traits psychologiques classé parmi les troubles de la personnalité. Le «Manuel diagnostique
et statistique des
troubles mentaux», 5e édition (DSM-5) suggère de parler de «trouble
antisocial de la personnalité». Il y a quelques années on distinguait la psychopathie (innée) de la sociopathie (acquise). Ce comportement asocial caractérisé par un manque
d’empathie, qu’il soit inné ou acquis, semble singulariser aussi de nombreux «Young Leaders» occidentaux. Il est donc peu
probable qu’une définition précise, permettant aux citoyens de les distinguer au moment d’une élection dans une démocratie, soit agréée dans un futur proche.
«Vous devez vous
souvenir de ce qu’Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible, nous nous en souvenons et nous nous battons. Nos héros qui se battent à Gaza perpétuent une dynastie de héros qui remonte
à 3000 ans d’histoire – de Josué aux héros de 1948, de la guerre des Six Jours à la guerre du Kippour et à toutes les autres guerres». Nos troupes de héros ont un objectif
principal suprême : Vaincre complètement l’ennemi meurtrier et garantir notre existence dans ce pays. Nous avons toujours dit plus jamais. «Plus jamais», c’est maintenant (…) Le
Saint, béni soit-Il, protégera et sauvera nos soldats de tout trouble et de toute détresse, et de toute affliction et maladie, Il enverra bénédiction et succès dans chaque œuvre
accomplie par leurs mains. Il nous soumettra nos ennemis, et ils seront couronnés de la couronne du salut et de la couronne de la victoire. Soyez forts et acceptez la victoire – avec
l’aide de D’, ensemble nous gagnerons !» (Chabbat Chalom, Benjamin Netanyahou, Le Premier ministre israélien)
Les paroles concernant Amalek sont tirées du premier livre de Samuel (15:2) : Ainsi parle l’Éternel des armées. Je me suis souvenu de ce qu’Amalek
a fait à Israël (…) Il ordonne au roi Saül de détruire l’ennemi et tout son peuple. «Va maintenant,
frappe Amalek et détruis tout ce qu’il possède, tu ne l’épargneras pas, mets à mort hommes et femme, enfants et bébés, bœufs et brebis, chameaux et ânes». Amalek, l’ennemi
archétypal du peuple juif, est toujours présent. Il est souvent interprété littéralement chez les colons et l’extrême droite religieuse.
Reprenant le slogan kahaniste «Plus jamais ça», Netanyahou présentera les bombardements des hôpitaux et des populations civiles à Gaza comme la deuxième
guerre d’indépendance. Dans une citation d’un discours prononcé plus tôt le jour même devant la Knesset, il affirmait avec Chutzpah : «C’est une lutte
entre les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres, entre l’humanité et la loi de la jungle».
Le rabbin Amichai Friedman, dans un discours sur une base d’entraînement militaire israélienne, déclarera d’ailleurs : «tout le pays» est «à nous», y compris Gaza et le Liban. Ce n’est pas une coïncidence si Netanyahou a présenté une carte d’Israël
lors de son récent discours à l’ONU, où la Palestine, le territoire palestinien, n’existait pas. Israël est, pour les colons et le gouvernement au pouvoir, une théocratie
ethno-nationaliste, un peuple élu par un dieu vengeur qui décide des peuples à éliminer. Une puissance nucléaire, imprévisible dans ses débordements contre les ennemis goys comme le
furent les USA contre le Japon en 1945.
Depuis presque 3 semaines, je suggère l’idée avec de plus en plus de force que le nombre officiel de 1400 morts israéliens suite aux attaques du
Hamas [du 7 octobre
2023, NdT] a peut-être été considérablement exagéré. Voici ce que j’ai affirmé lundi
dernier :
«Le nombre total
de décès israéliens reste incertain. Le gouvernement a proclamé le nombre de 1400 morts, un nombre universellement repris dans les médias de toute la planète, mais presque un mois
après la fin de ces combats, moins de 1100 noms ont été publiés, ce qui soulève de sérieux doutes vis-à-vis de la réalité du nombre total. De fait, M. Blumenthal a indiqué que lorsque
l’ambassadeur d’Israël à l’ONU a distribué les terribles images de corps de civils israéliens tués par le Hamas, nombre d’entre eux se sont avérés être des corps de combattants du
Hamas tués par les Israéliens. Il semble donc tout à fait possible que plusieurs centaines de militants du Hamas morts aient été intégrés au départ dans le total de 1400, et que le
gouvernement israélien se soit par la suite senti trop embarrassé pour reconnaître son erreur première».
Pour autant que je puisse en juger, j’ai été quasiment le seul sur Internet à émettre ces suppositions téméraires, et j’ai bien évidemment été l’objet
de vives critiques pour mon mode de pensée «conspirationniste».
Mais samedi matin, le New York
Times a fait paraître cette brève :
Certains observateurs ont affirmé que même ce nouveau total de 1200 semble intégrer de nombreux soldats israéliens qui ont été tués à Gaza dans les
semaines suivant l’attaque initiale, si bien que ce nombre pourrait être considérablement exagéré.
Max Blumenthal, opération «Déluge
d’Al-Aqsa» du 7 octobre 2023
Chris Hedges et Max Blumenthal, du site The
Grayzone, interviennent dans cette vidéo
de 42 min. Cette vidéo est sous-titrée en
anglais. Les informations qui ne sont pas favorables à Israël disparaissant souvent, je rappelle donc ici les points principaux de cette importante vidéo. Pour ces deux
journalistes, la plupart des victimes ont été tuées et démembrées par des missiles Apache Hellfire et des tirs de chars d’assaut.
Le bilan officiel des victimes israéliennes de l’attaque est estimé à 1200 civils, alors que l’estimation initiale était de 1400. Parmi ces victimes
figurent plusieurs centaines de civils qui, selon Israël, ont été tués par des militants du Hamas. D’autres témoignages de survivants du 7 octobre suggèrent une autre
explication : Dans leur obstination à vaincre le Hamas, les commandants israéliens auraient volontairement pris pour cible et sacrifié des soldats et des civils
israéliens dans les tirs croisés. Les corps et les voitures carbonisés, ainsi que les corps démembrés, ont été clairement causés par les missiles Hellfire des hélicoptères Apache et
des tirs de chars. Le Hamas n’avait pas cette capacité.
C’est la procédure Hannibal, une doctrine militaire élaborée en 1986, à la suite de la capture de
3 soldats israéliens par le Hezbollah lors de la guerre du Liban. Elle tire son nom du chef des Carthaginois qui préféra se suicider au lieu d’être fait prisonnier par les romains
victorieux. Il y avait une petite différence toutefois, Hannibal fut élaboré par des fonctionnaires israéliens sans aucun risque pour eux, alors qu’Hannibal était à la tête de son
armée. Cette doctrine avait pour but d’éviter que des militaires tombent aux mains de l’ennemi suite à l’utilisation d’une force maximum avec le risque de tuer les soldats et des
civils. Cette procédure sera donc gardée strictement secrète jusqu’à ce qu’un réserviste envoie une lettre en 2003 au journal Haaretz pour
la dénoncer.
Pour Chris Hedges, un ancien journaliste du NYT qui
avait critiqué la guerre en Irak : Il est évident que Tsahal a décidé ce matin du 7 octobre de tirer non seulement sur les combattants du
Hamas mais aussi sur des otages israéliens. Tuval Escapa, membre de l’équipe de sécurité du kibboutz Be’eri, a déclaré à la presse israélienne qu’il avait mis en place
une ligne téléphonique pour assurer la coordination entre les résidents du kibboutz et l’armée israélienne. Escapa a déclaré au journal Haaretz son
désespoir lorsque les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles, y compris le bombardement des maisons sur leurs occupants, afin d’éliminer les terroristes avec les
otages. Le journal rapporte que les commandants israéliens ont été contraints de mener une attaque aérienne contre leurs propres installations à l’intérieur du point de passage d’Erez
vers Gaza afin de repousser les terroristes qui en avaient pris le contrôle. Cette base abritait des officiers et des soldats de l’administration israélienne. Il précise que cette
même directive avait été exécutée lors d’un assaut israélien en 2014 sur Gaza, connu sous le nom de «Barrière Protectrice». Le 1er août 2014, des combattants du Hamas avait capturé un
soldat israélien, le lieutenant Hadar Golden. En réponse, Israël lancera plus de 2000 bombes, missiles et obus sur la zone où il était détenu. Golden a été tué ainsi que plus de 100
civils palestiniens. La directive aurait été annulée en 2016.
Blumenthal rappelle qu’il y a en ce moment un véritable génocide à Gaza. Tous les gens qu’il connaît ont perdu un voisin soit un membre de leur famille.
Ils ont tous perdu leur habitation. Pour maintenir l’attention populaire sur le 7 octobre, alors que les médias étrangers commencent à se concentrer sur l’horreur à Gaza, nous avons
eu droit aux bébés décapités, cuits au four, sortis du ventre de leur mère par de soi-disant terroristes du Hamas, des viols jusqu’aux viols collectifs de femmes dans les rues de la
ville de Gaza. A 4’ 30’’ le mensonge des 40 bébés décapités a été répété par Biden, qui a affirmé avoir vu les photos, donnant à Israël la latitude de mener cet assaut génocidaire
dont nous sommes aujourd’hui témoins. Antony Blinken, lors de son témoignage au Sénat, a également répété ces mensonges (…) Le 7 octobre a permis à Israël de cibler et d’exterminer
des centaines de familles dans la bande de Gaza, ainsi que dans les hôpitaux et les centres médicaux. (…) Des témoignages ont ensuite commencé à filtrer, contredisant l’histoire
officielle racontée par les États-Unis et Israël à savoir : les terroristes du Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël et ont commencé à tirer et à tuer des gens au hasard, puis à les
brûler vifs, à ligoter des familles entières dans leurs maisons et à les brûler, ont en quelque sorte «fait fondre des voitures» lorsqu’ils tentaient de fuir, et ont procédé à cette
gigantesque fusillade de masse.
Pour Blumenthal l’offensive du Hamas avait pour but de rassembler le maximum d’otages, en particulier des
militaires, pour conduire ensuite à un échange de prisonniers. Ce fut le cas lors de la libération de Gilad Shalit en 2011, un tankiste fait prisonnier en 2006, sera
libéré contre 1027 prisonniers palestiniens. (…) (Il y a des milliers de prisonniers dans les prisons israéliennes, dont des enfants et des femmes. La plupart attendent leurs
jugements depuis des années et certains ne connaissent même pas le motif de leur incarcération, ils sont en fait des otages).
Lors de l’assaut du 7 oct. Le poste-frontière d’Erez, cible militaire, a été immédiatement pris d’assaut par les tireurs. Les militaires qui assuraient
le contrôle et le siège de ce passage se sont réfugiés dans un bunker souterrain. Un responsable de l’armée a alors pris la décision de bombarder le passage en envoyant des missiles
Hellfire à guidage laser depuis des hélicoptères Apache. Ce fut le début de l’opération «Iron Swords», le bombardement en tapis de Gaza, annoncé par Netanyahou.
A 11’ Blumenthal parle des combattants et civils qui ont été pris dans des tirs croisés. Il y avait aussi des chars Merkava. Selon Yasmin Porat, qui
avait fui le festival de musique et s’était réfugiée au Kibboutz Be’eri dans une maison avec son ami, ils seront capturés un moment par les assaillants.
Elle a raconté à la Radio nationale israélienne que lorsque les forces spéciales de Tsahal sont arrivées, ils ont commencé à tirer dans le tas et la
plupart des captifs et des assaillants du Hamas ont été tués dans des tirs croisés. Elle a vu son ami, dont les mains avaient été attachées par les assaillants, tué par les forces
spéciales israéliennes. Elle seule a survécu avec un assaillant. Les photos du Kibboutz Be’eri ressemblent à celles des habitations de Gaza qui ont été pilonnées par les chars,
l’aviation ou l’artillerie israélienne. Il est impossible que les tirs du Hamas aient pu causer de tels dommages structurels dans ce Kibboutz avec des armes de poing, kalachnikovs ou
RPGs (lance-roquettes individuel). A 13’, la chaîne i24News,
parle d’israéliens du ministère des affaires étrangères qui ont étudié ces documents et après visite du Kibboutz Be’eri ont dit qu’il y avait des traces de chars partout. C’est
exactement ce qu’a déclaré le responsable de la sécurité de Be’eri.
Si vous regardez les conséquences pour le bâtiment, le toit s’est effondré. Les pilotes d’hélicoptères Apache ont déclaré dans leurs témoignages en
hébreu aux médias israéliens qu’ils ne disposaient d’aucun renseignement, d’aucun moyen de distinguer les civils des combattants au sol. À 17’ on leur a dit de décharger complètement
leurs munitions, puis de retourner à la base, de refaire le plein, de recharger, et d’aller tirer sur le plus grand nombre de voitures et de personnes
possible sur le terrain. Le chaos à l’état pur. Ces témoignages ont été totalement ignorés par les médias occidentaux. Est-ce qu’ils ont été encouragés à tirer sur des captifs
ou des voitures dont ils pensaient qu’elles contenaient des captifs ? Nous ne le savons pas. Ce que nous savons avec certitude, c’est qu’il y avait des ordres venant d’en haut
pour tuer des civils israéliens si des tireurs du Hamas se trouvaient parmi eux, ceci afin d’éliminer les tireurs. C’est la même doctrine qui est employée à Gaza. Pour Gaza la
doctrine israélienne est : «Chaque civil est
une cible s’il est le voisin du terroriste d’à côté». On l’appelle : «The Neighbor Policy». De nombreux habitants de Gaza qui ne faisait pas partie de
l’opération sont arrivés dans la journée. Certains avaient peut-être des armes, la plupart voulaient voir le paysage d’où leurs familles avaient été expulsées. À 19’, la vidéo montre
des images de voitures complètement calcinées, les cadavres à l’intérieur étaient complètement carbonisés. Pour moi, ce sont les signes clairs de tirs de missiles Hellfire à partir
d’hélicoptères Apache. Des équipages ont mis sur le réseau des vidéos les montrant tirant sur des voitures avec des missiles, ou tirant sur les piétons marchant le long de la route.
Qui étaient-ils ?
La plupart des voitures repartaient ver Gaza, probablement avec des captifs. Il est clair qu’il y a eu beaucoup d’israéliens tués par Tsahal. Chris
Hedge rapporte : J’ai vu à la suite de la première guerre du Golfe (1991), sur ce que l’on a appelé l’autoroute de la mort, des milliers de véhicules militaires avec des corps
d’Irakiens complètement carbonisés par des Apaches. Beaucoup de ces photos du 7 octobre ne sont plus visibles par le public est-ce que vous savez pourquoi ?
Blumenthal, j’étais à Gaza en 2014, au moment de la guerre des 51 jours. J’ai vu une voiture sur le bas côté rôtie par un missile Hellfire. Le corps du
conducteur n’était plus là mais sa sandale avait fondu sur l’accélérateur. Cette photo est dans mon article pour servir de comparaison avec les photos du ministère israélien qui
voulait fournir une preuve de la sauvagerie du Hamas – elles sont identiques – En fait, c’était un jeune gazaoui, chauffeur de taxi du nom Fadi Alawa. Il avait ramassé un blessé du
Hamas pour l’amener à l’hôpital, ignorant que c’était un combattant. (…) Le ministère israélien des Affaires étrangères a un site web appelé hamas-massacre.com. L’ambassadeur de l’ONU
– un personnage déséquilibré nommé Gilard Iradan – a enlevé le code QR à son adresse à l’ONU, qui était censé mener à un dossier Google Drive contenant toutes ces images de voitures
carbonisées, de corps fondus et toutes sortes d’autres atrocités commises par le Hamas. Mais toutes les images ont fini par disparaître. Peut-être qu’un grand nombre de ces images
étaient fausses ou représentaient des combattants du Hamas tués par des missiles. (…) Ellie Beir apparaît sur scène. C’est un sauveteur bénévole, juif orthodoxe nationaliste de New
York, qui fait partie du groupe United Hatzalah. Il a annoncé qu’un bébé avait été cuit dans un four par des «terroristes» du Hamas. En fait il n’a pas vu cela directement, c’est
quelqu’un d’autre, Ellie Moskowitz. Mais Ellie ne l’a pas vu lui non plus. Il a expliqué qu’il avait trouvé un petit sac avec des parties de corps (…) Elles ont été montrées par
Netanyahou, diffusées sur Twitter et envoyées à des influenceurs par le ministère. Ceci après que Netanyahou ait été forcé de se rétracter sur l’histoire des 40 bébés décapités (…) Un
seul bébé israélien est mort. Millie Cohen, 10 mois, tué accidentellement par un combattant dans des tirs croisés.
On ne parle plus de ces bébés. Ce que l’on voit aujourd’hui est la propagande la plus horrible et la plus lugubre,
fausse, qui dépend d’apparents tirs amis et qui est utilisée pour justifier le massacre bien réel de bébés à Gaza et l’extermination systématique de cette
société.
À 30’. En ce qui concerne les otages restants, je ne pense pas qu’ils s’en sortiront vivants. Tout le monde se fiche des otages le public israélien
approuve cette opération à plus de 90%. La dynamique de destruction est telle qu’il n’y a plus de négociations possibles.
Dans un article CheckNews de Libération du
11 nov. 2023, le journaliste se pose la question : «Une
vidéo prouve-t-elle qu’un hélicoptère israélien a tiré sur des civils participants au festival de musique ?» Libé reprend
une citation d’un article du média israélien Ynet publié
le 15 octobre, et veut démontrer, qu’ayant été coupée, elle prend un autre sens quand on la relit in extenso. Insinuant ainsi que l’analyse que fait Max Blumenthal qui utilise la
citation «coupée» est biaisée. Voilà ce que déclare le militaire dans Ynet :
«Après que les
pilotes se sont rendu compte qu’il était extrêmement difficile de distinguer dans les avant-postes et les colonies occupés qui était un terroriste et qui était un soldat ou un
civil, il a été décidé que la première mission des hélicoptères de combat et des drones armés Zik était d’arrêter les flux de terroristes et la foule meurtrière qui affluait sur
le territoire israélien à travers les brèches de la clôture. Au début, la cadence de tir contre les milliers de terroristes était énorme, et ce n’est qu’à un certain moment que
les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement la cible».
La partie coupée du texte original est ici barrée et en gras la partie importante qui est conservée. On peut toujours parler de biais dès qu’une copie
n’est pas strictement identique à l’original. Ce n’est évidemment pas le cas ici. Les Israéliens ne disparaîtront pas, par enchantement, parce que des combattants arrivent. Précisons
que CheckNews a été créé en septembre 2017, succédant au service Désintox de Libération,
qui était la première rubrique de fact-checking de la presse française. Il s’agit désormais d’un projet purement Libé.
Le colonel Nof Erez de l’armée de l’air israélienne a déclaré au journal israélien Haaretz que l’armée israélienne a pu déployer la directive Hannibal
le 7 octobre et ainsi aurait pu frapper des otages israéliens au moment où ils étaient ramenés à Gaza par des combattants palestiniens. Nof Erez a déclaré que si la directive avait
été déployée, il s’agirait d’une action intentionnelle.
On peut voir aussi en fin de cette vidéo de 3 min : L’armée
israélienne a-t-elle tué ses propres soldats le 7 octobre ? Yasmin Porat qui a survécu à l’attaque sur le kibboutz Be’eri, répond à Aryeh Golan, le présentateur de radio
israélien qui lui demande :«lorsqu’ils
ont tenté d’éliminer les ravisseurs, le Hamas», elle l’interrompt : Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages, car les tirs croisés étaient très
nourris. Le journaliste et auteur, Jonathan Cook, confirmera. Des hélicoptères Apache ont été utilisés sur des festivaliers qui assistaient au Super Nova music festival. Nous verrons
ci-dessous que des chars Merkava ont été utilisés dans un kibboutz où des otages étaient retenus.
Cet article traite du droit divin d’exterminer de Laurent Guyénot. Il est bibliquement fondée par une «alliance» dont les termes sont clairement énoncés dans le
Deutéronome : Alliance des juifs avec leur dieu (culte exclusif), et alliance des juifs entre eux (stricte endogamie). Lévitique 19 :18 «Tu ne te vengeras
pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Le prochain est «l’enfant de ton peuple». Solidarité ethnique
extrême entre juifs, la Bible hébraïque donne aux Israéliens le droit divin de massacrer.
Remarquons à ce propos que la déclaration souvent avancée : «Celui qui sauve
une vie, c’est comme s’il avait sauvé le monde entier» (Sanhedrin 37a) n’est pas celle des Haredim. La
nouvelle traduction anglaise ArtScroll du Talmud, publiée par les juifs orthodoxes dans leurs synagogues, est : «Celui qui sauve
une vie juive, c’est comme s’il avait sauvé le monde entier».
Articles du 26 novembre 2023. Deux
journaux israéliens de tendance opposée, parlent de l’évènement du 7 octobre, pourquoi de tels articles, plus d’un mois et demi après l’attaque ?
Ils parlent des aventures de soldates israéliennes tankistes. Elles interviennent dans des chars, contre des «terroristes» qui sont à pied et sans armes
lourdes. Je donne le nombre d’utilisation du mot terroriste, qui n’a pas de définition précise acceptée et n’est certainement pas honnête dans le cas de personnes résistant à une
occupation depuis 75 ans. Le soulèvement du ghetto de Varsovie, après quatre ans d’occupation allemande, est en Israël un cas similaire de résistance, pas de terrorisme.
Le texte pertinent est en gras et
souligné lorsqu’il fait référence à des tirs dans la communauté du Kibboutz. Il n’y a pas de doute que tout comme pour l’utilisation de missiles Hellfire tirés à
l’aveuglette au début de l’intervention de Tsahal, à partir d’hélicoptères Apache, ces tirs «amis» des tankistes ont provoqués des victimes chez les Israéliens.
«L’armée
israélienne a été vivement critiquée pour la lenteur de sa réaction initiale à l’attaque du Hamas le 7 octobre (…) mon chauffeur a repéré deux terroristes sur la route et l’a signalé.
Je lui ai dit de les écraser, a déclaré le commandant de l’un des chars, un sous-lieutenant identifié comme Michal. Elle a simplement écrasé les terroristes et s’est éloignée,
empêchant ainsi une nouvelle infiltration (…) Les soldats, avec trois chars à ce stade de l’attaque, se sont terriblement battus, d’une manière pour laquelle ils n’avaient même pas
été entraînés, ils ont tiré à l’intérieur des colonies israéliennes (…) certains affirmant également que la tragédie aurait pu être évitée si les échelons supérieurs de
l’armée avaient écouté les observateurs stationnés à la frontière de Gaza, tous des femmes, qui les avaient avertis de la présence d’activités inhabituelles. Les survivants du
massacre du 7 octobre sont convaincus que si des hommes avaient tiré la sonnette d’alarme, les choses se seraient passées différemment».
Titre Times of
Israël du 26 nov. 23, «Des femmes
tankistes de Tsahal ont éliminé des dizaines de terroristes du Hamas le 7 octobre». Times of
Israël est un quotidien en ligne, en français, ne critiquant jamais les activités sionistes, religieuses et colonialistes du gouvernement. On fera la comparaison de ce texte
un peu folklorique avec le texte précédent. Le mot terroriste apparaît ici 21 fois.
«Elles se sont
rendues dans certaines des 20 communautés du sud d’Israël sauvagement attaquées ce matin-là, écraser les terroristes. On m’a dit qu’il y avait des terroristes dans les arbres, tout
autour de moi : alors nous avons commencé à tirer. Nous avons tiré des projectiles anti-bunker sur les terroristes à proximité et des obus de mortier sur ceux qui étaient plus
éloignés, explique Michal, une autre soldate de l’unité, dans le reportage de la Douzième chaîne. Je pouvais voir les impacts, je voyais les terroristes tomber,
ajoute-t-elle (…) Nous nous sommes rapprochées de la frontière et avons vu les corps brûlés de terroristes qui s’étaient cachés dans les arbres. Nous avons continué à tirer
en avançant pour nous assurer de tous les éliminer (…) Nous avons ensuite reçu des informations collectées par des témoins oculaires du kibboutz Holit. J’ai laissé un char à la
frontière, dit à l’opératrice de tirer à volonté et suis partie pour Holit. Il y avait des terroristes partout. J’ai dit à la pilote : écrase-les (…) Interrogées sur ce
qu’elles ont éprouvé en tirant pour la première fois sur des terroristes, les soldates sont restées stoïques (…) C’est ce pour quoi nous nous sommes entraînées. Nous étions prêtes à
tout, confie à la Douzième chaîne une commandante identifiée sous le nom de Tamar. Nous avons fait ce que notre tête et nos mains savaient faire. Sur le moment, on ne se dit
pas : «Est-ce que je sauve cette personne ou cette maison ?» On sait qu’il y a un terroriste et qu’il faut le tuer avant qu’il n’entre dans l’une des communautés
frontalières, ajoute-t-elle (…) elles se sont battues d’une manière époustouflante. Elles ont fait des choses auxquelles elles n’avaient pas été formées. Elles ont tiré à
l’intérieur des communautés israéliennes, roulé sur les routes principales. Ce n’était pas une bataille contre des êtres humains. Il n’y avait aucune trace d’humanité en eux. Mon
rôle est de protéger les gens : le leur de tuer des gens, ajoute Hila».
Le montage en préparation du
dossier d’accusation du Hamas par Israël : Faux drapeau et Mise en condition du public
Une opération sous faux drapeau
qui sort de l’ordinaire
«Des documents,
des courriels et des entretiens montrent que des responsables israéliens ont obtenu le plan de bataille du Hamas pour l’attaque terroriste du 7 octobre plus d’un an avant qu’elle ne
se produise. Mais les responsables de l’armée et des services de renseignement israéliens ont rejeté ce plan, le jugeant trop difficile à mettre en œuvre pour le Hamas».
Un des auteurs de l’article est Ronen Bergman dont le dernier livre s’intitule «Rise and Kill
First» i.e. «Si quelqu’un
vient pour te tuer, lève-toi et tue le premier» – l’histoire secrète des assassinats ciblés d’Israël. Ce livre aura droit à une promotion sur France 2, au
cours d’une soirée animée par Laurent Delahousse, où j’ai souvenance qu’il y avait plus d’admiration pour la méthode d’assassinat expéditif que de reproche.
Il n’y a aucune preuve de la réalité des faits présentés dans l’article. La phrase dans l’article : «On ne sait pas si
le Premier ministre Benjamin Netanyahou ou d’autres hauts responsables politiques ont également pris connaissance de ce document», crédible pour un esprit naïf peut très bien
être un paragraphe de l’opération sous fausse bannière et avec un but de consolidation d’une opération de Hasbara en gestation. Il est quand même surprenant, que pour mur bourrée
d’électronique, où un chat qui passe met en alerte un mécanisme de détection d’intrus sophistiqué et où le satellite le plus sophistiqué au monde, l’Ofek 13, peut voir un objet de
seulement 10 cm depuis l’espace dans toutes les conditions météorologiques, l’opération du 7 octobre se soit déroulée sans déclenchement du système d’alarme. On pourra lire en
français les articles récents de Réseau International ici et là.
Mise en condition du public
israélien, 9 évènements ou témoignages lus dans la presse
Quand un État contrôle les médias l’intox de masse est facile. À la fin du XIXe siècle on coupait une main d’un Congolais qui n’avait pas été efficace
dans son travail d’extraction de l’hévéa. Cela a donné l’idée d’accuser les Allemands de faire de même aux enfants belges pendant la grand guerre (aucun manchot n’a été trouvé en
1919). Quelques tentatives ont aussi échouées pendant 39-45. Le succès a été au rendez-vous avec des prématurés jetés hors des couveuses au Koweït et quelques cadavres déterrés à la
hâte ont permis le montage de Timisoara pour éliminer le couple Ceaucescu. Un sommet a été atteint avec l’éprouvette brandie à l’ONU par C. Powell. Mais ce sera l’échec pour les 40
bébés décapités ou celui passé au four.
L’attaque du 7 octobre et la libération du territoire ayant duré moins de 24 heures il aurait été facile à Israël avec des journalistes compréhensifs et
des professionnels de toutes disciplines de venir le 8 ou 9 octobre pour faire les analyses des corps, blessés ou morts et de l’état des destructions. Rien n’a été fait,
pourquoi ?
L’accès au
territoire palestinien reste impossible pour la presse internationale depuis le 7
octobre, sauf pour ceux dûment accrédités. Les forces israéliennes ont tué près de 50 journalistes en quarante-cinq jours à
Gaza, l’un des bilans les plus meurtriers de ce siècle. La majorité des journalistes, des Palestiniens, ont été tués avec des membres de leur famille lors de frappes
qui ont touché leurs domiciles.
Il est peu probable que les guerriers du Hamas perdent du temps lorsqu’ils viennent chercher des otages ! Dans Israël surarmé, la rapidité de
l’attaque était de mise, on ne voit pas comment ils auraient eu le temps et l’envie de commettre des viols.
Les premiers otages israéliens civils libérés reconnaissent qu’ils ont été bien traités par leurs geôliers. Ils ont fait des déclarations à leur retour
chez eux. L’explication israélienne qu’ils avaient été drogués n’est pas convaincante. Cela changera probablement pour les prochaines libérations s’il y en a.
Le député Mathieu Lefèvre, membre du parti du président Macron dont le tropisme pro-israélien est ardent et qui est incidemment président du groupe
d’amitié France-Israël, a organisé à l’Assemblée nationale, le 14 novembre, la projection d’un montage d’images fixes et animées des massacres commis par le Hamas le
7 octobre. Le journal Le Monde parlera
d’images produites par des criminels. La présentation de cet évènement par le Times of
Israël sera abracadabrantesque. Il a été précisé qu’Israël utilise les images des caméras corporelles du Hamas pour rallier le monde à sa cause. Des vidéos montrent des
exécutions et des corps de femmes exhibés dans les rues.
Le Visionnage aura lieu dans
une pièce reculée de l’Assemblée nationale, à Paris, à huis-clos, sans téléphones ni collaborateurs d’un film des massacres du 7 octobre en Israël, projeté dans différents
endroits du monde par les (seules) autorités israéliennes. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, »avait demandé la plus grande vigilance aux équipes de secours du
Palais-Bourbon et notamment aux pompiers», en prévision d’éventuels malaises. Si la diffusion était réservée au groupe d’amitié France-Israël, quelques élus, non-membres de ce
groupe, y ont également participé. Une centaine de députés était présent, soit 20% des députés ce qui n’est pas mal pour ce groupe d’amitié. À ma connaissance, personne à ce jour n’a
pu voir ces vidéos.
Il est prévisible que nous aurons droit dès la fin du conflit à une Hasbara (propagande) massive dans les médias. Rappelons que l’ancienne devise du
Mossad était : «Par la ruse tu
vaincras». L’opération Hasbara a commencé dès la déclaration Balfour par un mélange de mensonges et de prescriptions qui sont maintenant partout dans les médias
comme : «Palestine, une
terre sans peuple pour un peuple sans terre», Tsahal l’armée la plus morale du monde, seule démocratie au Moyen-Orient, floraison du désert, Israël où coule le lait et le miel,
Israël (pays colonisateur) a le droit de se défendre, etc..
Le
regain soudain et massif d’attention des médias et de la communauté internationale près de deux mois après le 7 octobre appelle la question : Pourquoi maintenant ? Le
gouvernement israélien a donc projeté, pour l’instant en exclusivité auprès de milieux amis invités : Journalistes, élus, influenceurs… cette vidéo de 47 minutes, d’images des
massacres commis par le Hamas le 7 octobre, au lieu de partager les séquences avec les agences de presse pour qu’elles en rendent compte et les vérifient de manière indépendante
(les journalistes d’Al Jazeera,
notamment, n’ont pas été invités à y assister). Parmi les invités, certains n’y ont vu aucune «preuve
concluante» de torture, de violence sexuelle, de viol ou de décapitation. De plus, bien qu’il ait appelé l’ONU à condamner les actes de violence sexuelle du Hamas, Israël refuse
de coopérer avec une commission d’enquête de l’ONU sur les violences sexuelles commises par le Hamas sur la base ridicule que l’ONU a «un
parti pris anti-israélien».
Le Dr Elkayam-Levy, chef de la «Commission civile
sur les crimes du 7 octobre commis par le Hamas contre les femmes et les enfants» est professeur de droit spécialisée en violations des droits de l’homme. Elle a des liens
étroits avec le «Conseil national de sécurité» et a affirmé qu’il y avait une tactique systématique et concertée de viols massifs.
Un exemple d’inversion accusatoire, le manque de nourriture, d’eau et de médicaments est causé par Tsahal et les nuits blanches sont la cause des
bombardements ressenties aussi par tous les Palestiniens de Gaza.
2- Libération du
26 novembre, Au fil des libérations d’otages, le voile se lève sur leurs conditions de détention. Les proches des 41 personnes (dont 26 Israéliens) ayant été
libérées les 24 et 25 novembre commencent à livrer des bribes d’informations sur leur vie quotidienne, même s’il est difficile pour le moment de savoir exactement où ils ont
vécu – dans le nord ou le sud de la bande de Gaza, dans les tunnels du Hamas ou des maisons. Ils n’ont pas été torturés ou
maltraités, mais certains jours, ils n’avaient rien à manger. (Note : c’est le cas de tout le monde à Gaza).
3- Un
titre du Courrier
International reprenant un article du Sunday
Times : Les combattants du Hamas l’ont violée. Le dernier lui a tiré une balle dans la tête. Des rescapés du massacre détaillent les sévices sexuels infligés aux femmes
israéliennes par les combattants du Hamas, près de 200 personnes ont été tuées de sang-froid, parfois décapitées (sic) et souvent mutilées. Attendons les preuves convaincantes.
5- Dans un Blog récent de France-Irak-actualité qui
soutient les pays opprimés du M.O. Matthew Miller, porte-parole du département d’État US a déclaré à la presse : Il semble que l’une des raisons pour lesquelles le
Hamas ne veut pas libérer les femmes qu’ils retiennent en otage, c’est qu’ils ne veulent pas que qu’elles racontent ce qui leur est arrivé pendant leur détention. Les femmes
libérées par le Hamas ont pourtant parlé de traitement très humain, voire amical.
La France – qui s’affiche médiatiquement comme le factotum d’Israël – a décrété le gel pour six mois des avoirs du chef du mouvement palestinien Hamas à
Gaza, Yahya Sinouar, selon un décret publié au Journal officiel. Sinouar a passé 23 ans dans les geôles israéliennes et n’a (presque) jamais quitté Gaza.
Salir, sans preuve, un adversaire est un procédé courant pour un futur procès international à grand spectacle. Israël a déjà tué 1500 combattants du
Hamas à Gaza au lieu de les capturer, Yahya Sinouar ne sera capturé que s’il offre un intérêt médiatique.
6- Dans The Jerusalem
Post du 7 nov., Des
archéologues sont à la recherche de vestiges des victimes du Hamas. Au milieu du chaos de cendres, de fils de fer tordus et de bois noirci, les archéologues de l’Autorité
israélienne des antiquités espèrent trouver un vestige de ceux qui ont péri le 7 octobre. Les photos de cet article sont intéressantes, l’armement du Hamas ne pouvait pas commettre de
tels dégâts.
Lors de la visite d’un officier supérieur de l’état-major général de l’armée israélienne dans les différents quartiers généraux de division, des
officiers supérieurs de la réserve ont fait remarquer qu’une «main invisible» a supprimé les vidéos de différentes caméras de surveillance militaires montrant les événements de ce
jour-là, a indiqué le site en hébreu.
8- Le
maire adjoint de Jérusalem, Aryeh Yitzhak King, a qualifié les palestiniens de «sous-hommes», invoquant des références bibliques. Des images publiées par l’armée israélienne
montrent des centaines de civils Palestiniens, capturés à Gaza, en sous-vêtements, agenouillés sur le sol et gardés par des soldats israéliens. Dans son message, King a déclaré :
«Si
cela ne tenait qu’à moi, j’aurais envoyé des bulldozers et je les aurais placés derrière les monticules de terre et j’aurais donné l’ordre de recouvrir ces centaines de fourmis, tant
qu’elles sont encore en vie».
9- TOI du 18 déc. Dans une interview à la radio, dans laquelle David Azoulaï, maire de Metula, a déclaré : «Il
faut vider la bande de Gaza. L’aplatir. Comme à Auschwitz. En faire un musée pour que le monde entier puisse voir ce qu’Israël peut faire. Parce que le 7 octobre a quelque part
été une deuxième Shoah». Le musée d’État d’Auschwitz-Birkenau a condamné les propos du maire, ce à quoi l’édile a réagi en accusant les Polonais d’antisémitisme.
Articles particuliers dans des
journaux proches du gouvernement de Netanyahou
Ynetnews, 3
déc. C’est
ainsi que des rabbins ont déterminé la mort de 6 otages sans avoir vu leurs corps. L’annonce de l’assassinat de six otages a été faite lors d’une réunion dans le bureau du grand
rabbin d’Israël Yitzhak Yosef, avec la participation du rabbin Yaakov Roja, expert en identification des victimes ; des représentants du système de sécurité et du ministère de la
santé ont présenté des informations qui prouvent que les otages sont morts.
Afin d’économiser de l’espace et d’être aussi respectueux de l’environnement que possible, Hasid a expliqué que les voitures pourraient être
déchiquetées avant d’être enterrées. La logique sous-jacente à cette initiative est de maximiser l’efficacité de l’espace en compactant les véhicules existants.
Sur la photo, l’état des voitures est caractéristique d’armement ennemi lourd. Avant de tout détruire il aurait été facile d’analyser les cendres et les
traces de sang et trouver la cause de tels dégâts. On fait aujourd’hui des analyses d’ADN sur des restes humains millénaires. On peut y voir la
volonté d’une destruction irréversible de preuves.
23 nov. La chaîne N12 a
rapporté mardi qu’après des efforts harassants, l’organisation avait conclu qu’elle ne pouvait pas trouver ou retirer tous les restes des victimes dans les véhicules. L’un des
départements de l’organisation se consacre à la garantie de la «dignité dans la mort». Afin d’économiser de l’espace et de respecter au mieux l’environnement, un
porte-parole de l’aide d’urgence a expliqué que les voitures devaient être déchiquetées avant d’être enterrées. L’idée de base de cette initiative est de maximiser l’efficacité de
l’espace en comprimant les véhicules existants. (Et peut-être aussi : circuler, il n’y a plus rien à voir)
Perplexité devant les histoires un
peu ridicules ci-dessous !
Article du 1er Décembre dans Jpost,
le Hamas a drogué des enfants ; il a brûlé leurs jambes avec un pot d’échappement de moto pour les identifier. Le 7 octobre, des terroristes du Hamas ont kidnappé Yagel, 12
ans, et Or Yaakov, 16 ans, du kibboutz Nir Oz, sur des motos et ils ont placé une des jambes des enfants dans le pot d’échappement de la moto ce qui provoquait des brûlures. Selon un
oncle de deux de ces enfants otages qui ont été libérés, ils ont été drogués. Je ne vois pas pour le Hamas l’intérêt de cette pratique d’identification, pertinent en Israël ? Le
député Naftali Bennett a commenté cette révélation sur X : «Nous savons
maintenant que les terroristes du Hamas qui retenaient en otage Yagel 13 ans, et son frère Or, ont utilisé un pot d’échappement de moto bouillant pour ‘imprimer une brûlure sur leurs
jambes afin de les identifier s’ils tentaient de s’échapper», a déclaré l’ancien Premier ministre. J’insiste : Ils ont pris un morceau de métal bouillant et l’ont épinglé
aux jambes d’un enfant captif de 13 ans sans défense. «Le Hamas est un
monstre sadique et nous allons devoir le tuer», a conclu Bennett. Naftali Bennett est un personnage particulier. Il a été Premier ministre d’Israël du 13 juin 2021 au 30 juin
2022. Il dirige le parti politique nationaliste Yamina, après avoir été à la tête de la formation nationaliste et sioniste religieuse Le Foyer juif. Il a en 2013 préconisé de tuer
tous les «terroristes» attrapés par les autorités plutôt que de les mettre en prison. «J’ai tué
beaucoup d’Arabes, aucun problème avec ça», a aussi renchéri ce chef du parti pro-colonisation «Foyer juif».
Ci-dessous les commentaires de
lecteurs israéliens à cet article de Haaretz. Ils sont instructifs
• La plupart des
choses que dit ce médecin sont embarrassantes, car elle n’est pas qualifiée et n’est pas professionnelle. Comment a-t-elle été choisie pour cela ? Il n’y a pas de médecins légistes en
Israël ? Ou des personnes crédibles ?
• Cet article m’a
également surpris. Il n’incite pas vraiment à croire que nous aurons un jour une meilleure idée de ce qui s’est passé ce jour-là que celle que nous avons aujourd’hui.
• Bien essayé, mais
la CPI a besoin de plus de preuves que les Israéliens qui crient toujours au loup.
• Je suis
entièrement d’accord avec tout cela. Je souhaite que ces faits soient pleinement documentés et fassent l’objet de poursuites. Mais depuis quand les Israéliens se soucient-ils de la
torture et de l’humiliation, sexuelle ou autre, qu’ils font régulièrement subir aux Palestiniens emprisonnés ? Les Israéliens font preuve d’une hypocrisie obstinée et obtuse sur ces
questions. Les Israéliens devraient se poser la question suivante : «Quand m’en suis-je préoccupé jusqu’à présent ?»
• La commission
chargée d’enquêter sur les allégations de viols et autres crimes sexuels commis lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre devrait être dirigée par un érudit ou un expert indépendant et
respecté, très éloigné du gouvernement. Cela ne s’applique pas à Cochav Elkayam-Levy. Elle est identifiée comme une experte «en droits de l’homme», mais elle n’est pas avocate
spécialisée dans les droits de l’homme. Elle a travaillé au bureau du procureur général du gouvernement israélien, au sein du département de droit international, et a élaboré la
justification juridique de l’alimentation forcée des grévistes de la faim palestiniens par les fonctionnaires israéliens. Mme Elkayam-Levy est également la
fondatrice et la directrice de l’«Institut Dvora», qui fonctionne comme un organe consultatif proche du «Conseil de sécurité nationale» du Premier ministre israélien. Pour ces seules
raisons, elle ne peut être une personnalité crédible pour mener l’enquête.
• Une atrocité
barbare (comme celle du 7 octobre) n’est jamais une excuse ou une justification pour commettre une autre atrocité vengeresse. L’élimination et l’extermination délibérées d’un peuple
ou d’un groupe ethnique par une personne, une entité ou un État ne peuvent en aucun cas être justifiées par le terrorisme et ne peuvent jamais être justifiées de manière crédible par
la «légitime défense». La destruction vengeresse et gratuite des maisons, des infrastructures vitales et des vies de civils non combattants dans un territoire densément peuplé
constitue clairement un crime de guerre et un crime contre l’humanité, et n’est en aucun cas un exercice du «droit à l’autodéfense». Et aucun mensonge n’est assez gros pour
l’expliquer. Ce qui s’est passé le 7 octobre et ce dont nous sommes témoins aujourd’hui à Gaza sont des outrages criminels à notre humanité collective et doivent tous deux être
condamnés par toutes les personnes de bonne conscience. La grande leçon de la Shoah a été et reste «Plus Jamais, à Personne»
!
• D’habitude, je ne
réponds pas à ceux qui sont trop lâches pour s’approprier un commentaire en omettant d’utiliser leur vrai nom. Mais il y a des points de fond qu’il faut dire ici pour corriger les
hypothèses moralement obtuses qui tentent d’excuser un comportement clairement criminel. Dans aucune région du monde, il n’est justifié de faire exploser des immeubles d’habitation,
des hôpitaux, des écoles, des immeubles de bureaux et des infrastructures civiles de maintien de la vie si des malfaiteurs ont trouvé refuge dans ces structures après avoir commis des
atrocités odieuses contre l’humanité (sauf à Gaza ?!). Et si ces malfaiteurs utilisent des civils innocents et non combattants comme boucliers humains, il n’est jamais justifié qu’une
personne, une entité, une arme ou un état blesse ou tue pour atteindre les malfaiteurs. Il s’agit d’une dépravation gratuite et d’un meurtre prémédité, et toute personne, entité,
armée ou État qui agit de la sorte doit être poursuivi et condamné pour avoir blessé ou tué des boucliers humains civils non combattants, ce qui constitue une atrocité pour l’ensemble
de l’humanité.
• Pourquoi
devrions-nous croire une personne, travaillant à partir de documents fournis par un gouvernement connu pour utiliser la désinformation dans sa guerre, et de rapports de seconde main,
plutôt qu’un grand nombre d’organismes et d’organisations internationaux ? Tout ce document sent la propagande. Elle ne mentionne pas une seule fois le bombardement de Gaza, y compris
la mort de milliers d’enfants et de femmes ? Elle déclare clairement qu’elle ne s’intéresse pas aux preuves et prétend faire de l’historiographie. Je le dis clairement, l’histoire,
comme toutes les autres sciences, repose sur des preuves et il est évident qu’en dehors de la collecte de ces preuves, nous ne pouvons pas, à ce stade, deux mois après les attaques
terroristes contre le sud d’Israël, procéder à une quelconque analyse historique. Et oui, il est évident que des violences, y compris des violences sexuelles, ont eu lieu le 7
octobre, nous l’avons vu maintes et maintes fois dans les guerres passées et présentes. Il faut lutter contre cela, mais pas en bombardant 2,4 millions de personnes, dont 99% sont
probablement innocentes de ces crimes.
• Les gens ont du
mal à éprouver de la sympathie pour ces femmes, alors que les juifs ont assassiné 5000 enfants !
• Le passage
d’accusations de viol, sans enquête ni preuve internationale, à des viols planifiés par le Hamas de manière systémique sent le Hasbara de la pire espèce ! Non ?
• Depuis que
j’observe le conflit israélo-palestinien, je ne me souviens pas avoir lu ou entendu une seule fois que les Palestiniens avaient utilisé le viol comme arme de guerre. Pourquoi
maintenant ?
Compte tenu de la gravité de ces allégations de viols utilisés comme armes de guerre par les Palestiniens, cette enquête devrait être confiée à la CPI
pour qu’elle mène une enquête et engage des poursuites. Les personnes qui ont commis ces actes devraient être poursuivies en tant que criminels de guerre par la Cour pénale
internationale de La Haye. Il est dans l’intérêt de tous que cela soit fait en priorité.
• Une journée de
massacre est disséquée sous mille angles. 75 ans de massacres par des Israéliens balayés dans le trou de mémoire d’Orwell ! La joie meurtrière des sionistes est dégoûtante. 98%
d’entre eux estiment que les 20 000 personnes assassinées jusqu’à présent à Gaza ne sont pas suffisantes. Les soldats de Tsahal rient et applaudissent lorsqu’ils tuent à l’aide d’un
viseur de sniper.
La plus grande partie des commentaires étaient soit sceptiques, soit critiques. Les 2 ci-dessous sont différents, et probablement (malheureusement) plus
représentatifs de l’opinion de la société israélienne.
• Elkayam-Levy cite
comme preuve l’existence de vidéos, de documentaires et d’expériences personnelles. Vous devez comprendre qu’un champ de bataille ne peut pas, par nature, être traité comme une scène
de crime. Le fait que vous ayez choisi de ne pas croire en dit plus sur vous que sur ce qui s’est passé. Je soupçonne que vous faites
partie de ceux qui croient qu’Israël a commis un génocide contre les Palestiniens, malgré l’absence totale de preuves documentaires et statistiques à l’appui de cette
affirmation (sic).
• J’ai lu l’article
– ce qu’il faut en retenir «C’est bien arrivé
et c’est tellement horrible, mais demander des preuves ou des chiffres, c’est dégoûtant». «Ne demandez pas
de preuves, condamnez simplement le Hamas. (!)»
Israël se présente toujours comme
la seule victime – Le couple : Mensonge et Arrogance
Le 22 novembre, le pape François a reçu au Vatican des familles d’otages israéliens détenus par le Hamas à Gaza et, ensuite, des Palestiniens qui
ont des membres de leurs familles détenus dans les prisons de l’État hébreu. Pour l’association des rabbins italiens, ce double entretien symbolise une glaciale équidistance
intolérable de la part du souverain pontife. Cette déclaration, rapportée
par le site d’information Open, a
été publiée par l’Assemblée des rabbins d’Italie le 23 novembre.
Nous vous laissons juger des propositions choquants exprimées par Nathalie Nagar suite à la diffusion d’une vidéo
partagée par la présidente de la Croix-Rouge. Ci-dessous la diatribe verbatim de N. Nagar, Arrogance, Mensonge, Chutzpah, tout y est :
«Mirjana Spoljaric
est-ce que vous la connaissez ? est-ce que vous avez déjà entendu son nom, bah non forcément et en Israël on la connaît pas des masses. Elle est la présidente du comité
international de la Croix rouge alors vous pensez bien. Elle a pris des cours chez Jean-Luc Mélenchon manifestement, dénonçant je cite les souffrances intolérables de la
population de Gaza alors n’ayez d’inquiétude israéliens et israéliennes vous qui avez été par milliers (sic) tués, éventrés (sic), massacrés, brûlés au pot d’échappement (sic),
traumatisés, j’en passe n’ayez pas d’inquiétude. Elle projette de venir en Israël dans les semaines à venir. Ah nous voilà rassurés Israël, vous savez madame Mirjana Spoljaric,
n’a pu compter que sur lui-même et les juifs du monde entier depuis le début de cette guerre. Je n’oublie pas l’oncle Joe qui a donné de lui et de son pays. Oui mais voilà d’autres
organisations humanitaires nous ont oublié alors on a hâte pour que l’État juif vous dise haut et fort qu’on a pas besoin de la coopération de la Croix rouge et que le cirque de la
libération des otages et la seule scène sur laquelle manifestement la Croix-Rouge excelle. Venez, vous serez reçu, bien on sait pas, heureusement que ça dépend pas de moi (ouf), on
demandera aux familles des otages de s’en occuper».
6- Suffisance. Golda Meir, déclarera au président égyptien Anouar al-Sadate, pendant les premières tentatives de diplomatie jamais entreprises entre
l’État juif et un pays arabe après la guerre de Yom Kippur : «Nous pouvons vous
pardonner d’avoir tué nos fils. Mais nous ne vous pardonnerons jamais de nous avoir fait tuer les vôtres». Une invraisemblable déclaration qui relève de la projection freudienne,
de l’inversion accusatoire, au minimum une argumentation spécieuse relevant de la casuistique sophistique. La Chutzpah, culot monstre typiquement juif, parfois drôle comme cette
blague attribuée à Woody Allen du juif parricide qui demande l’indulgence du tribunal parce qu’il est orphelin !
Elle s’explique par l’identification, par tous les responsables politiques israéliens, de la résistance populaire devant une situation tragique à du
«terrorisme». Une déformation que même des sophistes grecs à l’époque de leur splendeur n’aurait jamais osé faire.
Comment tout cela va finir ?
Les évènements les plus récents conduisent au pessimisme
• L’Alliance
internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) donne la définition suivante de l’antisémitisme : «Une certaine
perception des juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs
biens, des institutions communautaires et des lieux de culte».
Depuis plus de cent ans l’aspiration du peuple Palestinien est légitime : Retrouver leur État. Celle des juifs a été satisfaite par le vote à l’ONU
en 1948. Or, il n’est pas mentionné dans ce texte de l’IHRA le principe légitime de la reconnaissance de l’existence d’un État palestinien, tel que défini par la déclaration Balfour
et le partage du territoire de la Palestine mandataire par la même décision de l’ONU de 1948. Le but de ce long et nébuleux texte est donc bien de faire le silence sur cette
aspiration du peuple palestinien.
Au moment où plus de 95% de la population israélienne soutient le génocide des Palestiniens de Gaza, ce texte porte en germe la criminalisation de toute
forme d’opposition au sionisme, jusqu’à interpréter à terme tout soutien pour la cause palestinienne à de l’antisémitisme. Nous sommes revenu à la loi de la jungle où la force tribale
seule s’exprime. Cette pensée domine aujourd’hui la pensée israélienne. Elle a conduit à l’assassinat de Yitzhak Rabin à Tel-Aviv le 4 novembre 1995, aujourd’hui à la déclaration du
Premier ministre Benyamin Netanyahou du 13 décembre 2023 : «Rien n’empêchera Israël de poursuivre la guerre contre le Hamas, y compris les «pressions
internationales»».
• Le soutien total
des USA à Israël, leur refus récent au Conseil de sécurité de soutenir l’arrêt du génocide à Gaza sont tragiques. Il s’explique, en partie, par un autre génocide celui des
Amérindiens. On estime qu’à la découverte du continent américain à la fin du XVe siècle la population autochtone de l’Amérique du Nord était de quelques millions. Cette population,
sera réduite à quelques dizaines de milliers à la fin du XIXe siècle.
Au cours de la conquête de l’Ouest au XVIII et XIXe siècle, l’historien Howard
Zinn déclare : «les gouvernements
américains ont signé plus de quatre cents traités avec les Amérindiens et les ont tous violés, sans exception». Le major-général Philip
Henry Sheridan, général dans l’Armée de l’Union lors de la guerre de Sécession qui prendra ensuite la direction des guerres indiennes aura une formule définitive :
«Un bon
Indien est un Indien mort».
• Les étudiants US
ont manifesté, comme partout dans le Monde, ni plus ni moins, pour dénoncer le traitement des Palestiniens par Israël. L’accusation d’antisémitisme a une fois de plus parfaitement
fonctionné. La
présidente de l’université de Pennsylvanie (Pen), Elizabeth Magill, a dûdémissionner,
le 9 décembre, sous l’accusation d’antisémitisme trop faiblement combattu sur son campus. Des manifestations ont eu lieu également sur les campus de Harvard et du Massachusetts
Institute of Technologie (MIT). Seule, à ce jour, la présidente de Harvard a été maintenue à son poste par son conseil d’administration.
Pourtant jamais
personne n’a appelé au génocide des juifs dans ces manifestations, aucun juif n’a été agressé, du moins je n’ai rien lu sur ce sujet. Il n’en est pas de même pour les étudiants
palestiniens ou arabes. L’un a été renversé par une voiture et hospitalisé à l’université de Stanford et trois étudiants palestiniens ont été blessés par des tirs d’arme à feu samedi
alors qu’ils se promenaient dans l’État du Vermont (…) Et c’est le moment choisi par le Congrès US pour convoquer des présidents d’université pour quoi ? … discuter
d’antisémitisme !
On constate, dans certains pays, que ceux qui ont commis ou commettent ce que les organisations de défense des droits de l’homme qualifient aujourd’hui
de «génocide» sont souvent ceux qui prétendent en être les victimes. Un sommet de l’hypocrisie dans l’inversion accusatoire.
Des commentaires montrent que beaucoup de lecteurs de gauche (Haaretz) ne
sont pas dupes.
Par exemple :
«Cette guerre a
été construite sur des mensonges, concernant les événements réels du 7 octobre. Une grande partie des meurtres d’Israéliens y compris des otages, ont été commis lorsque les
hélicoptères Apache et les chars d’assaut sont entrés en scène, suivant la directive Hannibal, tuant sans discernement otages, membres du Hamas, festivaliers de la Rave Party et des
familles dans les kibboutz. Ils sont à l’origine des corps brûlés que l’on a fait passer pour les “quarante bébés décapités». Une enquête internationale sur ces événements, y compris
les allégations de viol, a été refusée. Pourtant, comme vous le dites à juste titre, tout Israël soutient ce génocide répugnant à Gaza».
• Itamar Ben Gvir,
kahaniste et ministre de la Sécurité nationale, impose la création d’une garde nationale, des dizaines de morts déjà chez les Palestiniens. Le ministre des Finances d’extrême droite,
Bezalel Smotrich, a déclaré à la radio publique israélienne qu’Israël doit détruire le Hamas pour s’assurer qu’il n’y ait plus «personne à qui
parler de l’autre côté».
Un attentat malheureusement très
fréquent en Israël
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré : «Cet événement
prouve une fois de plus que nous ne devons pas faire preuve de faiblesse, que nous ne devons parler au Hamas qu’à travers des lunettes de tir, qu’à travers la guerre». Un des
soldats, Aviad Frija, se réclame fièrement des «jeunes des collines», ce terme bucolique cache le colon voleur des terres palestiniennes. La colonisation israélienne, en pleine
expansion, est réputée pour sa violence envers les autochtones palestiniens.
Ce drame est la conséquence tragique du refus
systématique de tous les gouvernements israéliens de reconnaître la création de l’État palestinien. Les jeunes palestiniens sont nés dans la violence et depuis trois
générations vivent dans la misère et sans aucune espérance. La mort est leur dernière arme, l’attentat suicide, après un dernier coup d’éclat contre leurs tourmenteurs. La presse
israélienne qui dans un pays où de nombreux israéliens sont armés, refuse de voir la désespérance et qualifie ces exécutions de neutralisation.
Une dérive qui risque de devenir
fréquente elle aussi !
Cette procédure (l’autopsie) n’aurait jamais été utilisée pour les nombreux Palestiniens, parfois des enfants, abattus à bout portant en Cisjordanie par
des soldats ou des colons qui ont la gâchette facile.
Lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre, les Israéliens et les otages qui ont été tués par les hélicoptères Apache et les chars d’assaut, dans le cadre
de la procédure Hannibal ont été enterrés à la hâte pour éviter que des analyses médico-légales ne révèlent combien de personnes parmi les 1200 ont été tuées par les forces
israéliennes, comme l’ont rapporté les médias israéliens Haaretz,
+972, Mondoweiss etc.
Le Monde, 15
déc. L’armée israélienne annonce avoir tué «par erreur» trois otages israéliens à Gaza. Le gouvernement du Hamas palestinien a annoncé vendredi que les opérations
militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 18 800 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre sont à 75% des enfants (8000) et des femmes (6200). Un
journaliste d’Al-Jazeera,
Samer Abou Daqqa, a été tué vendredi, et un autre blessé dans une attaque israélienne de la bande de Gaza
La destruction de Gaza est-elle
programmée par Netanyahou et son gouvernement ?
Un excellent article sur le site +972.
Une usine d’assassinats de masse : Les bombardements calculés d’Israël sur Gaza. Des frappes aériennes autorisées sur des cibles non militaires et l’utilisation d’un système
d’intelligence artificielle ont permis à l’armée israélienne de mener sa guerre la plus meurtrière contre Gaza, révèle cette enquête.
TOI, 16
déc. Les
essais d’inondation des tunnels du Hamas à l’eau de mer sont concluants. Les premiers essais de Tsahal visant à injecter de l’eau de mer dans les
tunnels d’attaque du Hamas dans la Bande de Gaza semblent avoir été couronnés de succès. La presse continentale a décidé d’être plus discrète depuis quelques jours sur
les atrocités commises. Si l’on regarde Al-Jazeera,
pour ceux qui y ont accès, les crimes commis par Israël sont tellement horribles qu’on ne comprend pas toujours ce que l’on regarde. Jusqu’à mettre en scène des enfants israéliens qui
chantent la destruction de la Palestine ! (cette vidéo particulièrement monstrueuse a été rapidement supprimée de YouTube, le texte est toujours visible, cf
ci-dessous)
Nous n’avons plus de mots, Notre âme crie encore, Notre âme ne chante pas seulement Aujourd’hui, notre âme se bat aussi, Un peuple Le peuple de
l’éternité Nous ne cesserons pas de protéger nos maisons, Nous ne nous tairons pas, Nous montrerons au monde comment aujourd’hui nous détruisons notre ennemi. Ils chantent pour
célébrer et soutenir la campagne d’extermination massive des Palestiniens de Gaza menée par l’armée israélienne. Les visages doux des enfants accompagnent de manière incongrue les
paroles génocidaires de la soi-disant «chanson de l’amitié 2023».
Première strophe :
Une nuit
d’automne tombe sur la plage de Gaza Les avions
bombardent, détruisent, détruisent Regardez, Tsahal
franchit la ligne pour anéantir les
porteurs de croix gammées. Dans un an, il
n’y aura plus rien Et nous
retournerons chez nous en toute sécurité Dans un an, nous
aurons anéanti tout le monde Et nous
retournerons labourer nos champs
Chœur :
Et nous nous
souviendrons de chacun les beaux et les
purs Nous ne
laisserons jamais nos cœurs oublier une telle
amitié L’amour sanctifié
par le sang Tu reviendras et
tu fleuriras parmi nous
Deuxième strophe :
Nous n’avons plus
de mots Notre âme crie
encore Notre âme ne
chante pas seulement Aujourd’hui,
notre âme se bat aussi Un
peuple Le peuple de
l’éternité Nous ne cesserons
pas de protéger nos maisons Nous ne nous
tairons pas Nous montrerons
au monde comment
aujourd’hui nous détruisons notre ennemi
Lyrics translated
from Hebrew for The Electronic Intifada by David Sheen.
L’armée
israélienne utilise l’intelligence artificielle (IA) pour bombarder Gaza. Depuis le 7 octobre, le nombre de morts civils jugé acceptable par le commandement
militaire israélien dans l’objectif de tuer un dirigeant du Hamas est passé de quelques dizaines à des centaines. L’armée israélienne en utilisant l’IA pour bombarder Gaza a pu passer
de 50 cibles par an à 100 cibles par jour. Mais nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel. Rien n’arrive par hasard. Lorsqu’une
fillette de 3 ans est tuée dans sa maison à Gaza, c’est parce que quelqu’un, dans l’armée, a décidé que ce n’était pas grave qu’elle soit tuée.
TOI, 2
déc. Un pro-Palestiniens s’immole
par le feu devant le consulat d’Israël à Atlanta dans le sud-est des États-Unis. L’individu est dans un état critique après ce qui a été, selon la police, «un acte extrême
de protestation politique». (Ce n’est qu’un Palestinien après tout)
N’oubliez jamais qu’Israël est un mandataire de l’OTAN pour détruire le Moyen-Orient, tout comme l’Ukraine est un mandataire de l’OTAN pour détruire la
Russie. Ce qu’Israël fait à Gaza à la population civile palestinienne – avec le soutien de l’administration Biden – est un crime contre l’humanité qui ne sert aucun objectif militaire
significatif. Comme le dit J-Street, une organisation importante du lobby israélien, «l’ampleur du
désastre humanitaire en cours et des pertes civiles est presque insondable».
1- Israël massacre délibérément un grand nombre de civils, dont environ 70% sont des enfants et des femmes.
2- Israël affame délibérément la population palestinienne désespérée en limitant considérablement les quantités de nourriture, de carburant, de gaz, de
médicaments et d’eau qui peuvent être acheminées à Gaza.
3- Les dirigeants israéliens parlent des Palestiniens et de ce qu’ils aimeraient faire à Gaza en des termes choquants, surtout si l’on considère que
certains d’entre eux évoquent sans cesse les horreurs de l’Holocauste.
4- Israël ne se contente pas de tuer, de blesser et d’affamer un très grand nombre de Palestiniens, il détruit aussi systématiquement leurs maisons
ainsi que les infrastructures essentielles, notamment les mosquées, les écoles, les sites du patrimoine, les bibliothèques, les principaux bâtiments gouvernementaux et les
hôpitaux.
5- Israël ne se contente pas de terroriser et de tuer les Palestiniens, il humilie aussi publiquement nombre de leurs hommes qui ont été arrêtés par les
Forces de Défense israélienne (FDI, Tsahal) lors de perquisitions de routine.
6- Bien que ce soient les Israéliens qui massacrent, ils ne pourraient le faire sans le soutien de l’administration Biden.
7- Alors que l’attention se concentre actuellement sur Gaza, il est important de ne pas perdre de vue ce qui se passe simultanément en Cisjordanie. Les
colons israéliens, en étroite collaboration avec les FDI, continuent de tuer des Palestiniens innocents et de voler leurs terres.
Alors que j’assiste à cette catastrophe pour les Palestiniens, je n’ai qu’une seule question à poser aux dirigeants israéliens, à leurs
défenseurs américains et à l’administration Biden : N’avez-vous aucune décence ?
Rencontre de fin d’année avec Thierry Meyssan : il nous livre son analyse de la situation en Israël au tournant des Fêtes de fin d’année. Cette période d’accalmie sera-t-elle mise à profit par
les Israéliens pour mener une nouvelle offensive, cette fois au Liban ? Rien n’interdit de le penser. Une analyse toujours irremplaçable.
On nous serine que l’objectif de l’opération israélienne à Gaza est de «vaincre le Hamas». Mais est-ce vrai ? Nous ne pensons pas que ce
soit le cas.
Nous ne pensons pas qu’une personne raisonnable tenterait d’éradiquer une organisation militante en ravageant de vastes étendues du pays tout en tuant
des dizaines de milliers d’innocents. Ce n’est pas ainsi qu’on obtient du soutien pour sa cause, ni une stratégie efficace pour vaincre l’ennemi. Au contraire, il s’agit d’une
politique qui ne manquera pas d’horrifier les alliés et les critiques, compromettant ainsi considérablement les chances de succès de l’opération. Et c’est pourquoi nous ne pensons pas
que l’attaque israélienne contre Gaza ait grand-chose à voir avec le Hamas. Nous pensons qu’il s’agit d’un écran de fumée utilisé pour détourner l’attention des véritables objectifs
de la campagne.
Et quels pourraient être ces «vrais objectifs» ?
Les véritables objectifs portent sur une question qui n’est jamais abordée dans les médias, mais qui est le principal moteur des événements :
La démographie.
Comme nous le savons tous, le plan à long terme d’Israël est d’incorporer Gaza et la Cisjordanie au Grand Israël. Ils veulent contrôler tout le
territoire, du Jourdain à la mer Méditerranée. Le problème, cependant, est que s’ils annexent les territoires occupés sans se débarrasser de la population, alors la population
palestinienne égalera ou dépassera celle des juifs, ce qui conduira à la disparition de l’État juif. C’est en résumé le problème fondamental. Consultez cet article qui aide à
expliquer ce qui se passe :
«La démographie
est une question de sécurité nationale en Israël et un indicateur clé des relations israélo-palestiniennes et de leurs perspectives : les tendances démographiques en Israël évoluent
rapidement, ce qui aura un impact sur les perspectives de violence et de résolution des conflits.
Fin 2022, plus de
sept millions d’Israéliens vivaient en Israël et en Cisjordanie, et sept millions de Palestiniens vivaient en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, en Israël et à Jérusalem-Est, une
région en quelque sorte intégrée appelée «Grand Israël» par les militants juifs de droite…
La bombe
démographique est déjà en marche. Les juifs israéliens éprouvent une peur existentielle d’être dépassés par la population palestinienne, et cela est encore instrumentalisé par les
dirigeants politiques nationalistes de droite. La démographie est au cœur du conflit territorial entre juifs et Arabes, alors que les deux nations mènent une guerre majeure contre les
chiffres, visant à utiliser les taux de fécondité comme une arme pour les transformer en élément prédictif de victoire.
Le gouvernement
israélien de droite prépare le terrain pour l’annexion de facto de la zone C de Cisjordanie, Israël : «une bombe démographique à retardement dans la réalité d’un seul État
d’aujourd’hui», Cependant, la démographie reste un combat pour la survie et une bataille difficile pour Israël. Et paradoxalement, c’est particulièrement vrai si Israël progressait
dans l’annexion de la zone palestinienne C. La démographie a été l’un des outils employés pour rassurer l’opinion publique juive sur le fait que la Judée et la Samarie pouvaient
encore être intégrées à Israël, tout en conservant une majorité démographique juive».
En tant qu’Américain, la diversité ne me semble pas quelque chose de si grave. Mais pour de nombreux Israéliens, il s’agit de strychnine pure. Les
sionistes, en particulier, considèrent la croissance de la population arabe comme une «bombe démographique à retardement» qui menace l’avenir de l’État juif. Et c’est de cela qu’il
s’agit réellement dans la bagarre à Gaza ; de se débarrasser des gens mais de garder la terre. En fait, les 75 dernières années de conflit peuvent être réduites à seulement 8 mots :
«Ils veulent la terre, mais pas les gens». Voici d’autres extraits du Times of
Israel :
«Les juifs
représentent moins de 47% de tous ceux qui vivent à l’ouest du Jourdain, a averti mardi un démographe israélien, affirmant que la majeure partie de la population israélienne ignore
l’existence du péril dans lequel le pays glisse en devenant éventuellement une minorité dirigeante dans la région.
Arnon Soffer,
professeur de géographie à l’Université de Haïfa, a déclaré mardi à la radio militaire qu’outre les populations juive et arabe, il avait abouti à ses chiffres en prenant en
considération les centaines de milliers de personnes non juives résidant en Israël et qui n’ont pas la citoyenneté israélienne. Selon Soffer, il y a 7,45 millions de juifs et autres,
ainsi que 7,53 millions d’Arabes israéliens et palestiniens, qui vivent dans ce qu’il appelle la Terre d’Israël, c’est-à-dire Israël plus la Cisjordanie et bande de Gaza. Si l’on
prend en compte le nombre de ressortissants non israéliens, la proportion de Juifs se situe entre 46 et 47% du total, affirme-t-il.
Selon le Bureau
central des statistiques officiel d’Israël, fin 2021, 9,449 millions de personnes vivaient en Israël (y compris les Israéliens vivant dans les colonies de Cisjordanie). Parmi eux,
6,982 millions (74%) sont juifs, 1,99 millions (21%) sont arabes et 472 000 (5%) ne sont ni l’un ni l’autre… Le Bureau palestinien des statistiques estime la population palestinienne
de Cisjordanie à un peu plus de 3 millions et celle de Gaza à un peu plus de 2 millions.
Soffer a expliqué
à la radio militaire que bien que le taux de natalité soit plus élevé parmi la population juive ces dernières années, le taux de mortalité l’est également, c’est-à-dire dans la
population arabe, qui est beaucoup plus jeune en moyenne que la population juive, cette même population arabe qui croît plus rapidement».1
Imaginez, pendant une minute, que vous publiiez un certain nombre d’articles sur vos réseaux sociaux disant que vous pensiez qu’il y avait trop de Noirs
ou d’Asiatiques en Amérique. Combien de temps pensez-vous qu’il faudrait avant que vous soyez banni, censuré ou enterré sous une avalanche de menaces de mort ? Mais quand nous
regardons le contenu de l’article ci-dessus, nous voyons qu’un grand journal israélien publie avec désinvolture un article qui déclare en termes bruts que le pays est confronté à un
«péril démocratique» parce qu’il y a trop d’Arabes dans les zones destinées à une future annexion. Comment ça, ce n’est pas du racisme ?
Mais c’est ainsi que la question est discutée en Israël. La démographie est considérée comme une question de sécurité nationale, une question
existentielle et une question qui décidera de l’avenir de l’État juif. Faut-il s’étonner que la réaction ait été si extrême ? Faut-il s’étonner quand les gens qualifient le fait qu’il
y ait une importante population de Palestiniens en Palestine de «problème arabe» ? Et bien sûr, une fois que la population indigène est considérée comme un «problème», il incombe aux
dirigeants politiques de trouver une solution.
Alors, quelle est exactement la solution au «problème arabe» ?
Moins d’Arabes, bien sûr. C’est pourquoi l’idée d’expulser les Palestiniens a une longue tradition dans la pensée sioniste qui remonte à cinquante ans
avant la création de l’État juif. Il se trouve que les Arabes ont toujours posé un problème, déjà lorsque les juifs représentaient moins de 10% de la population. Allez comprendre ?
Regardez ce commentaire du père idéologique du sionisme politique lui-même, Theodor Herzl, qui a écrit ce qui suit :
«Nous allons
essayer de faire traverser la frontière à la population sans le sou en lui procurant un emploi dans les pays de transit, tout en lui refusant tout emploi dans notre propre pays…
l’expropriation et le déplacement des pauvres doivent être effectués avec discrétion et circonspection».
Il est choquant de constater que Herzl écrivait ces mots en 1895, 50 ans avant qu’Israël ne déclare son statut d’État. Et nombre des dirigeants
sionistes qui l’ont suivi partageaient la même vision du monde, comme le premier Premier ministre israélien David Ben Gourion qui déclarait :
«Vous êtes sans
aucun doute au courant de l’activité du [Fonds national juif] à cet égard. Il faudra désormais procéder à un transfert d’une portée complètement différente. Dans de nombreuses régions
du pays, de nouvelles colonies ne seront pas possibles sans le transfert des fellahs arabes». Il a conclu : «La puissance
juive [en Palestine], qui croît régulièrement, augmentera également nos possibilités de réaliser ce transfert à grande échelle». (1948)
Et voici à nouveau Ben Gourion en 1938 :
«Je suis favorable
au transfert obligatoire. Je n’y vois rien d’immoral».
Vous voyez jusqu’où remonte ce raisonnement ? Les sionistes peaufinaient leurs plans de nettoyage ethnique bien avant qu’Israël ne devienne un État. Et
pour une bonne raison. Ils savaient que les chiffres ne soutenaient pas les perspectives d’un État juif durable. La seule façon de résoudre la quadrature du cercle était la
réinstallation obligatoire, également connue sous le nom de «transfert». Et même si cette politique aurait pu répugner à un grand nombre de juifs, un nombre bien plus important
d’entre eux pensaient sans aucun doute que cela relevait d’une cruelle nécessité. La préservation de l’État juif est devenue la valeur la plus élevée permettant un comportement qui
autrement serait dénigré comme inacceptable et immoral. Voici comment Ben Shapiro le résumait dans un essai intitulé «Le transfert
n’est pas un gros mot» :
«Le temps des
demi-mesures est révolu… Certains ont suggéré à juste titre qu’Israël soit autorisé à décapiter les dirigeants terroristes de l’Autorité palestinienne. Mais cela aussi n’est qu’une
demi-mesure. L’idéologie de la population palestinienne ne se distingue pas de celle des dirigeants terroristes. (…)
Voici l’essentiel
: Si vous pensez que l’État juif a le droit d’exister, alors vous devez permettre à Israël de transférer les Palestiniens et les Arabes israéliens de Judée, Samarie, Gaza et Israël
proprement dit. C’est une solution moche, mais c’est la seule solution. Et c’est bien moins laid que la perspective d’un conflit sanglant à l’infini. (…)
Les juifs ne
réalisent pas que l’expulsion d’une population hostile est un moyen couramment utilisé et généralement efficace pour prévenir des affrontements violents. Il n’y a pas de
chambres à gaz ici, donc ce n’est pas un génocide ; c’est un transfert. (…)
Il est temps
d’arrêter d’être dégoûté. Les juifs ne sont pas des nazis. Le transfert n’est pas un génocide. Et tout le reste n’est pas une solution».2
L’importance de la pièce Shapiro ne peut être surestimée.
- Premièrement, il lie explicitement la viabilité future de l’État juif au nettoyage ethnique des Palestiniens.
- Deuxièmement, il reconnaît que le transfert est «une vilaine solution», mais soutient cette politique comme un mal nécessaire.
- Et troisièmement, il justifie la mise en œuvre de l’expulsion massive en plaçant l’ensemble de la population palestinienne dans la même catégorie que
les terroristes. («L’idéologie de la
population palestinienne est impossible à distinguer de celle des dirigeants terroristes».)
Ainsi, en substance, Shapiro défend nos arguments. Il admet franchement que la seule politique qui préservera l’État juif est le nettoyage ethnique. Et
à en juger par les développements sur le terrain, nous devons supposer que le gouvernement Netanyahou est arrivé à la même conclusion. Les habitants de Gaza sont bombardés, affamés et
terrorisés, dans le but explicite de les rassembler en direction de la frontière sud, où ils seront forcés, sous la menace des armes, de fuir leur patrie historique.
En résumé : Les objectifs stratégiques de l’opération israélienne à Gaza sont totalement différents de l’objectif déclaré de vaincre le
Hamas. Toutes les terres à l’ouest du Jourdain sont actuellement en train d’être nettoyées de leurs occupants indigènes afin qu’elles puissent être incorporées au Grand Israël tout en
conservant une importante majorité juive. La diabolisation du peuple palestinien – qui fait des victimes de cette attaque les coupables – vise à dissimuler la politique sous-jacente
basée sur la discrimination raciale. Il ne fait aucun doute que si les Arabes de Gaza étaient d’origine juive, ils échapperaient au génocide auquel ils sont confrontés
aujourd’hui.
Chut, on tue…mais aussi, en silence, la riposte finale arrive !
Comme souvent l’Histoire est fille du temps et des événements. Et à chacun son timing. Gaza rasée, rêve de sionistes, impliquait une force diluvienne
pour créer un point de non-retour. Cette barbarie ne pouvait exister sans une excuse suffisante pour vendre un narratif de «violence légitime» et, bien entendu, une pleine
collaboration des démocraties occidentales par leurs gouvernements et médias. Si les premiers jours les spectateurs pouvaient majoritairement approuver Israël, le temps était compté
avant que l’effarante disproportion, la déconnexion évidente entre éradiquer le Hamas et une quête de solution finale pour 2,4 millions de Gazaouis, but unique, ne chatouille les
consciences. Israël a dû aller très vite et sans retenue, militaire, humaine, politique. Les relais en occident se fatiguent à ressasser le sempiternel droit de se défendre contre un
antisémitisme qui est partout et non discutable. Mais même discrets les peuples ne sont pas dupes et ânonnent de moins en moins les slogans obligés.
Face à cet impératif de vitesse, réussi d’ailleurs puisque Gaza ne peut plus être une solution viable pour les Gazaouis restants, se construit
vraisemblablement une terrible riposte. Qui ne peut que se faire par la réunion d’une nouvelle communauté internationale. La constituer était déjà dans les cartons de ce «sud global»,
de cette union des partisans d’un monde multipolaire. Énorme tâche, pleine d’écueils, de tensions à résoudre, de complexes adhésions à un tronc commun… Et tout cela ne peut se faire
que lentement et dans un certain silence comme tout bon accord de diplomatie.
Le départ a été donné quand les USA ont préféré une guerre chaude avec la Russie, rendant de facto une réaction militaire certaine. La surprise a été
que les Russes aussi s’étaient préparés et particulièrement diplomatiquement. Que le camp occidental se soit rangé comme un seul vassal derrière les calculs de son empire n’est en
rien surprenant. Mais après l’échec des trains de sanctions, la démonstration de la possibilité de vie sans le dollar et l’incapacité de gagner la guerre sur le terrain, malgré des
sacrifices ukrainiens qui pèseront sur des générations dans ce qui restera de ce pays… tout a commencé. Le monde n’obéit plus aux diktats et menaces de l’empire US, il louvoie, il
s’accorde de nouveau sans se soumettre aux intérêts d’un occident fatigué, démonétisé et irresponsable. Comme les tentatives passées d’un monde meilleur et organisé pour la paix et né
de traumatismes (Société Des Nations en 1919, ONU en 1945), l’explosion de la tragédie en Palestine va faire émerger une nouvelle donne… et peut être plus qu’un «machin». Cela
nécessite beaucoup d’échanges, de négociations, donc de temps. Mais le risque d’embrasement, qui reste toujours la meilleure solution pour faire oublier une succession d’échecs par
une bonne catastrophe totale, devrait accélérer le tempo.
Aussi, sans se projeter follement, il est vraisemblable que les allers retours des nouveaux puissants de ce monde, la liberté de réflexion, les
déclarations d’amitié inenvisageables préparent ce changement. Pensez-y ! L’Arabie saoudite, sunnite, qui traite avec l’Iran, chiite. La guerre au Yémen, en Syrie, en Irak pour
le plus grand profit des USA, change. Taiwan qui s’oriente vers un retour négocié avec la Chine, la Russie qui arpente le globe pour vendre un front de résistance contre un pays ivre
de sa puissance et de sa volonté de domination suivant leur «Rules-based order» qui ne sert avec certitude que leur pouvoir… et tant de travail diplomatique partout.
Il est certain que quand les leaders des plus grands pays producteurs de pétrole, donc de vie économique, se voient de visu, ce ne peut être que pour
fixer un prix. Assurément, leur crainte de voir les conflits se nucléariser, s’étendre, les ravager sans apport pour les criminels qui attisent ce feu… est au centre de leurs
discussions. La politique des petits pas, la confiance dans le bon sens et la justice de pays qui ne cessent de prouver leur duplicité, l’inéluctabilité d’une solution globale
imposent une riposte finale ! Et dans le silence afin qu’elle soit imparable quand elle sera déclenchée.
Que sera-t-elle ? Pas militaire puisque l’on ne combat pas Armageddon par Armageddon. Plutôt une combinaison de respect pour toutes les parties et
leurs attentes raisonnables, une main de fer qui mettra à l’arrêt le monde occidental par des mesures immédiates sur les échanges commerciaux, la fourniture d’énergies fossiles,
l’isolement total de la part du monde occidental qui suivra les USA dans leur folle course… et la mise au rebut du sionisme, l’imposition d’une solution claire, garantie et juste au
nouvel Israël. Et il faut croire que cela se fera, par optimisme, mais aussi par réalisme puisqu’il n’y a pas d’autre alternative que la fin de tous. Bien sûr ce sera coûteux pour les
populations, déstabilisant pour certains pays plus que d’autres mais fatal pour les résidus du grand pouvoir occidental si il n’accepte son évolution vers être une partie seulement du
monde de demain. La justice pour tous et le bon sens dénué de calculs extrêmes permettront de forcer les bonnes décisions sur toutes les parties.
Gaza n’en revivra pas, mais Israël sauf à suicider l’avenir, devra devenir un pays ordinaire, avec des frontières, des voisins, la reconnaissance d’être
des humains comme les autres, ni supérieurs ni éternelles victimes autoproclamées. De nouveau dans l’humanité, dans l’avenir. Le temps passera, les haines se tairont. Espérons que le
silence qui semble enterrer les Palestiniens soit celui de l’espoir d’une vie meilleure pour tous où la guerre ne sera pas la norme et l’outil de contrôle qu’elle est devenue.
Ce n’est pas parce que l’alternative est le cauchemar que c’est un rêve. C’est la voie de l’humanité.
S’il y a une occupation et une colonisation visibles à l’heure des drones et d’internet, c’est bien en Palestine. Il suffit de se rendre à Jérusalem
dans le quartier de Sheikh Jarrah, de se heurter au mur d’annexion – pudiquement appelé barrière de séparation – à Kalandia ou Bethléem, de prendre n’importe quelle route réservée aux
colons qui traversent la Cisjordanie pour prendre conscience du cancer que représentent les colonies qui mitent le territoire pour ne laisser aux Palestiniens que des
confettis.
Celui qui ne sait pas, ne veut pas
voir !
En majorité, les Israéliens ont fermé les yeux devant l’intolérable injustice subie par les Palestiniens ! Pire ils ont voulu ignorer l’existence
de ce peuple, cautionnant la colonisation explosive dans les territoires occupés depuis trente ans qui a tué les «Accords d’Oslo» et rendu impossible la solution à deux États,
pourtant rabâchée comme un mantra par les puissances occidentales chargées de la faire appliquer.
La réalité vient de les rattraper : Le peuple palestinien existe ! On ne peut pas enterrer la résistance d’un peuple contre l’oppression qu’il
subit ! Malheureusement, cela s’est produit dans la terreur pour des civils israéliens. Il a fallu le prix du sang pour qu’on reparle de la Palestine !
75 ans de Nakba, d’oppression, de négation de leurs droits ! 75 ans de sumud pour un peuple épuisé, expulsé de ses terres, fragmenté en autant
d’enclaves, séparé par l’occupation : depuis 1993, Gaza est coupée de la Cisjordanie, ainsi que Jérusalem, au mépris du droit international qui spécifie que la puissance
occupante n’a pas le droit de modifier les frontières, d’empêcher les gens de circuler, de travailler.
Depuis 75 ans, les Palestiniens vivent dans l’insécurité et la violence d’une répression terrifiante qui ne leur laisse pas de répit : arrestations
massives – je ne connais aucun Palestinien qui n’ait pas un membre de sa famille en prison ; villages séparés de leurs terres par le mur, maisons encerclées, check-points qui
rendent la circulation impossible, oliviers coupés ou récolte des olives empêchée, universités attaquées. Sans parler des 16 ans de blocus illégal de Gaza et des quatre guerres
meurtrières menées contre sa population.
À Jérusalem, dans la vallée du Jourdain, dans les collines du sud d’Hébron ils subissent une politique de nettoyage ethnique. Il y a un an, j’ai
rencontré des Jérusalémites chassés de leurs maisons par une décision arbitraire de la Cour de justice israélienne qui s’appuie sur un corpus de lois iniques, héritées tantôt de
l’empire ottoman ou britannique ou bien israélienne – comme la loi des absents – pour se donner une caution juridique. Il faut entendre le témoignage bouleversant de cette artiste,
réfugiée de 1948 à Jérusalem, raconter avec quelle violence sa maison a été démolie au petit matin, celui de cet autre qui a dû lui-même la détruire pour ne pas avoir à payer en plus
les bulldozers israéliens ; rencontrer des femmes, des enfants harcelés par les colons qui veulent les déloger comme à Beita, à Huwara ou à Wadi Fukin ; écouter les Bédouins
de la vallée du Jourdain ou des collines du sud d’Hébron en territoires occupés mais aussi ceux du Naqab, en Israël, décrire la destruction de leur village, leurs troupeaux décimés,
leurs citernes d’eau vidées par les colons ; avoir vu les sources détournées par les colonies comme à Al Auja près de Jéricho. Je n’en finirai pas de décliner la longue litanie
des crimes commis par Israël. Ceci bien avant Netanyahou et ses ministres fascistes.
L’occupation, la colonisation sont les péchés volontairement ignorés par le peuple israélien, exception faite d’une poignée de «justes» qui s’opposent à
la colonisation. Pour moi qui ai grandi pendant la guerre d’Algérie, j’ai souvent pensé que si les Israéliens ne voulaient pas voir combien l’occupation pourrissait leur société,
s’ils continuaient de cautionner ce régime d’apartheid, ils risquaient de subir le drame des Pieds-noirs d’Algérie. Et j’ai souvent répondu à nos détracteurs, lors de mes débats
publics, que les meilleurs défenseurs du peuple israélien, c’étaient nous qui avions le courage de dire : stop à l’impunité d’Israël, il faut mettre un terme à l’injustice subie
par les opprimés sinon l’explosion sera terrible !
Ceux-là même qui en France versent des larmes pour les crimes du Hamas, n’ont pas levé le petit doigt, malgré les cris d’alerte de ceux qui s’appuient
sur le droit international systématiquement bafoué par Israël. Il y a pourtant eu les rapports de B’Tselem, de Human Rights Watch, d’Amnesty International dénonçant de manière très
argumentée les crimes d’apartheid commis par Israël.
La complaisance et la lâcheté de
l’UE
La responsabilité des puissances occidentales est énorme et le sentiment des Palestiniens du «deux poids deux mesures» nourrit leur colère. Lors de
notre mission en 2022, nous ne pouvions pas rencontrer un Palestinien sans qu’il nous dise son indignation devant la célérité de l’Union européenne à voter des sanctions contre la
Russie pour défendre l’Ukraine alors que rien n’était fait pour contraindre Israël à appliquer le droit.
Non seulement, aucune sanction n’est appliquée à Israël, mais on cherche à criminaliser ceux qui condamnent ce régime d’apartheid et combattent
l’idéologie sioniste. La volonté d’assimiler l’anti-sionisme à une «nouvelle forme» d’antisémitisme, est non seulement scandaleuse mais conduit malheureusement à une confusion qui ne
peut que renforcer l’antisémitisme. De la même façon, chercher à expliquer les causes du conflit pour comprendre le drame d’aujourd’hui reviendrait à justifier les crimes du Hamas
pour ces inconditionnels du droit absolu d’Israël à se défendre. Le cercle vicieux se referme et paralyse la réflexion.
Pour mémoire, je me souviens qu’en 2003, au début de la seconde Intifada, pour combattre la résurgence de l’antisémitisme, Leila Shahid, alors déléguée
générale de Palestine en France, Dominique Vidal, historien, fils de déporté et Michel Warshawski, israélien anti-colonialiste, avaient entrepris un cycle de rencontres dans les cités
populaires des quartiers dits «sensibles» afin de combattre les préjugés contre les juifs et d’expliquer la nature du conflit. Très vite leurs voix avaient été ballonnées par les
préfets qui craignaient pour l’ordre public.
Pour en rajouter sur la complicité de l’Europe et de la France, ce que Leila Shahid appelait «la lâcheté de
l’Union européenne», je dénonce leur attentisme après les accords d’Oslo, où tout pouvait se résoudre, à condition de faire pression sur Israël : pas un mot pour stopper la
colonisation galopante, la fermeture de Jérusalem et des Institutions palestiniennes de la ville ; pas un mot pour exiger l’ouverture d’un corridor entre Gaza et la Cisjordanie.
Pire, après l’échec de Camp David, sous les coups de boutoir de Ehoud Barak et de Ariel Sharon, Yasser Arafat avait appelé la communauté internationale à la reconnaissance de l’État
palestinien, début 2000, date à laquelle le statut final des Accords de Paix aurait dû être validé. Cela aurait constitué un acte fort mettant Israël et son allié étasunien au pied du
mur. Qui a demandé aux Palestiniens d’attendre qu’Israël et les EU soient prêts : l’Union européenne et la France !
Je ne vais pas développer ici, l’échec d’Oslo, ce serait trop long ! Le seul témoignage que je voudrais apporter, pour l’avoir vécu, c’est
l’immense espoir qu’avait suscité cet accord de reconnaissance mutuelle auprès des organisations populaires des femmes et de la société civile palestinienne qui avaient conduit cette
résistance exemplaire pendant l’Intifada. Certes l’OLP avait fait une concession de taille en acceptant de construire leur État sur 22% de la Palestine historique, mais pour celles et
ceux qui ont eu la chance de vivre ces premiers mois, quelle bouffée d’air pour le peuple, pour les femmes après des années d’occupation militaire, de pouvoir espérer construire leurs
institutions, revendiquer leurs droits, exister enfin ! Certainement qu’il n’y a pas eu assez de vigilance face aux signaux d’alerte : le bouclage de Jérusalem, l’extension
des colonies. Excès de confiance en la parole donnée par Rabin, bientôt assassiné ! Foi dans un processus qui devait conduire à un statut final sur les questions fondamentales
sans cesse repoussées par l’occupant israélien qui, pendant ce temps, mettait en place méticuleusement les instruments du dépeçage «provisoire» de la Cisjordanie en la morcelant en
trois zones A,B,C (un provisoire qui deviendrait définitif) et en isolant toujours plus Gaza et Jérusalem.
En novembre 1999, j’étais dans les camps de réfugiés au Liban, avant de me rendre à Ramallah pour fêter l’État palestinien quand Sharon a déboulé sur
l’Esplanade des Mosquées, déclenchant l’Intifada et sa terrible répression qui déboucherait sur l’enfermement d’Arafat dans la Muqata et la destruction de toute l’infrastructure de
l’Autorité palestinienne ; ce qui aura des conséquences quant au succès du Hamas aux élections de 2006. J’ai vécu directement l’horreur des jeunes lanceurs de pierres tués sur
les cheks points puis, en 2002, l’agression barbare nommée «opération remparts», constatant les ruines de tous les ministères, des muqatas, effondrées comme un millefeuille dans
chaque région, les trottoirs réduits en dentelles, les voitures écrabouillées en de surréalistes statues de César, les maisons des camps de réfugiés éventrées par les chars dans les
ruelles de Deheishe, Balata, Jabalya, sans parler du massacre dans le camp de Jenin. J’ai recueilli les récits des gens, envahis dans leur maison saccagée par la soldatesque, enfermés
dans une seule pièce. J’ai vécu les sièges sans fin de Naplouse et de Bethléem. Les routes bloquées par des check
points qui empêchaient toute vie sociale et économique. Il y a eu les bombardements démentiels à Khan Younis dans la bande de Gaza, l’aéroport et le port en constructions
avec des fonds européens détruits, les canalisations d’eau coupées. Déjà.
Je me souviens de la colère de l’attaché culturel du Consulat de France à Jérusalem disant que l’Europe se contentait de mettre des rustines en
finançant des projets qu’Israël s’empressait de détruire sans qu’on lui demande aucun dédommagement.
Et puis, toujours en 2002, je découvrais le mur, la terre bouleversée, les oliviers arrachés pour construire cette monstruosité qui dessinait les
contours de l’annexion en suivant les projets d’extension des colonies. Mur qui, il faut le rappeler a été condamné par la Cour internationale de Justice sans effet sur la politique
israélienne de colonisation. Et, malgré tout, une résistance populaire admirable qui s’organisait dans les villages menacés par le mur.
Enfin, lors d’une mission en 2005 avec des élus dont Jean Louis Bianco, alors député et président du Conseil général des Alpes de Haute Provence, juste
après la mort d’Arafat et l’élection de Mahmoud Abbas, nous avions rencontré le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne et les responsables de partis de l’OLP
dont ceux de l’initiative de Genève. Tous nous avaient alertés : «si l’Europe ne
fait rien pour obliger Israël à stopper la colonisation, à permettre l’accès à Jérusalem et à la Bande de Gaza, si le mur continue à détruire nos terres, c’est le Hamas qui va gagner.
Nous avons besoin de l’intervention de l’UE…»
Rien ne s’est passé et le Hamas a été élu démocratiquement. Ce n’était pas un vote idéologique, mais l’expression d’une colère, et un avertissement à
l’Autorité palestinienne pour qu’elle refuse la coopération sécuritaire avec l’armée d’occupation et soutienne la résistance populaire contre la colonisation.
L’Europe aurait encore pu jouer un rôle positif après ces élections si elle n’avait pas suivi, une fois de plus les EU et Israël, en bloquant toute
possibilité pour l’Autorité palestinienne de constituer un gouvernement d’union nationale avec le Hamas ; l’UE suspendit aussitôt son aide budgétaire ainsi que tout projet mené
en coopération avec le gouvernement. Un nouveau mécanisme d’assistance fut établi dans lequel le secteur privé et les ONG locales et internationales furent invités à se substituer à
l’AP. Ce boycott diplomatique et financier conduisit à une crise politique sans précédent et au durcissement des divisions inter-palestiniennes.
La suite, on la connait : La guerre entre factions rivales à Gaza débouchant sur le coup de force du Hamas, le blocus de Gaza, la dérive de la
démocratie israélienne vers le suprémacisme juif et l’accentuation de la politique d’apartheid.
Non, on ne pourra pas dire qu’on
ne savait pas !
Il faut avoir tout cela en mémoire pour comprendre la rage des opprimés à qui on ne laisse aucune solution que la violence. Car quoique fassent
les
Palestiniens, qu’ils lancent des pierres, protestent en masse sur les checks-points, manifestent pacifiquement contre le mur dans les villages menacés, s’opposent aux expulsions
de leur maison à Jérusalem, organisent des actions de confusion nocturne pour rendre la vie des colons insupportable ; ce sont toujours des terroristes pour la puissance
occupante ! En 2000, après l’échec des accords de Camp David, le travailliste Ehud Barak avait déclaré qu’il n’y avait plus d’interlocuteur palestinien ! Depuis 23 ans, pas
un seul gouvernement israélien n’a repris des négociations sérieuses avec l’Autorité palestinienne.
Aujourd’hui, à Gaza, il y danger de génocide et d’une nouvelle Nakba. Les colons se sentent les mains libres pour expulser les Palestiniens de leur
terre en Cisjordanie, l’armée pour en finir avec la résistance dans les camps de réfugiés. Chaque jour, des morts dans le camp de Jenin. C’est toute une jeunesse qui est
assassinée !
Éradiquer le Hamas, disent-ils ! Et tous nos thuriféraires médiatiques de renchérir. Surtout pas de cessez le feu : Il faut en finir avec les
terroristes. C’est certainement pour «éradiquer le Hamas» que la violence prend des accents de pogroms en Cisjordanie, que la ferme de Fayez et Mona, à Tulkarem, a été une fois de
plus, détruite.
De dangereux terroristes ? Fayez et Mona sont un couple merveilleux, qui ont subi toutes les injustices qui résument la Palestine… Lui est
communiste, les deux sont enfants de réfugiés ; Mona a grandi au camp de Balata, c’est une enfant de la première Intifada. Ils se battent dans un combat inégal pour défendre leur
terre qui a le malheur de se trouver le long de la ligne verte. Leur exploitation avait déjà été détruite trois fois au moment de la seconde Intifada. Ils ont perdu beaucoup
d’hectares par le mur qui passe sur leur propriété prise en tenaille entre ce mur et une usine chimique israélienne de type Seveso. Avec acharnement, Mona et Fayez ont reconstruit
leur ferme dans un choix écologique de développement durable, innovant dans la permaculture, la protection des semences ; recevant des jeunes étudiants pour les sensibiliser à la
souveraineté alimentaire. Fayez et Mona sont des résistants non violents de tous les combats. L’action de l’armée d’occupation détruisant de nouveau leur ferme démontre si nous avions
besoin de preuves que ce qui se joue aujourd’hui, c’est bien la volonté d’en finir avec les Palestiniens.
Voilà le piège de la revanche
orchestré par Israël
Aujourd’hui, Gaza anéantie, plus de 20 000 morts, plus de 5000 enfants tués, des dizaines de milliers de blessés, une situation sanitaire
désastreuse, des centaines de Palestiniens assassinés en Cisjordanie.
«Réduire en
cendres Gaza est une tragédie sans nom qui se déroule avec la bonne conscience occidentale de légitime défense d’Israël. Et après les massacres, quoi ?» Interroge
Denis Sieffert dans Politis.
La seule solution : Revenir au droit international. Exiger la fin de l’occupation et de la
colonisation, le respect des droits des Palestiniens à leur souveraineté, et travailler à une solution politique. Et dans l’urgence : Cessez
le feu !
La douleur envahit le cœur de tous ceux qui ont conservé un tant soit peu d’humanité devant les crimes exterminatoires commis par un régime raciste et
brutal contre les enfants, les femmes et les civils palestiniens. Des crimes d’une monstruosité sans précédent dans notre histoire moderne qui font que les personnes émues par cette
tragédie se demandent à quoi d’autre s’attendre encore.
Quoi d’autre après cet holocauste sioniste ciblant les enfants et les femmes sans défense dont des dizaines de milliers ont été déchiquetés sous les
décombres ? Quoi d’autre après le ciblage de l’UNRWA, la seule institution encore soucieuse de leur fournir de l’aide, tuant ses cadres et détruisant ses locaux ? Quoi d’autre
après la destruction de tous les hôpitaux et centres médicaux, en plus des privations de médicaments, d’eau, de nourriture et de carburant ? Quoi d’autre après la propagation des
épidémies, la victoire de la mort sur la vie dans chaque lieu, chaque place et chaque quartier ? Quoi d’autre après la destruction de la plupart des maisons ayant transformé leurs
habitants en personnes déplacées, ou redéplacées depuis la «catastrophede
1948» ?
D’où la question : «quel est le plan
ayant nécessité la mise en œuvre de ce terrifiant nettoyage ethnique et l’appel de toutes les puissances occidentales à rester unies et solidaires avec ses auteurs ?»
Il ne fait aucun doute que les plans du jour d’après sont conservés dans les tiroirs de la cellule opératoire des criminels de guerre qui mènent ce
génocide monstrueux contre un peuple sans défense. Des plans dont certains indicateurs sont apparus dès le premier jour de l’agression, bien que leurs lectures aient pu paraître
contradictoires par moments.
Ainsi, lorsque les États-Unis ont décidé d’établir un pont aérien, pour transférer les armes meurtrières les plus récentes à l’armée sioniste, et
d’envoyer dès le premier jour de l’agression deux porte-avions suivis par un sous-marin nucléaire, beaucoup ont été surpris et certains ont exprimé leur désapprobation ;
notamment, parce que l’entité sioniste se vante d’avoir l’armée la plus puissante du Moyen-Orient et le plus grand nombre d’avions de combat.
Et lorsque les dirigeants occidentaux, dont le président Biden, son secrétaire d’État et la plupart des responsables européens se sont précipités pour
rendre visite à l’entité sioniste afin de lui affirmer qu’ils sont de son côté et d’approuver ses odieux crimes de nettoyage ethnique et de génocide, beaucoup ont trouvé que ces
réactions dépassaient ce qui était attendu ou requis ; d’autres ayant conclu qu’Israël était ébranlé et avait donc besoin de soutien et d’assistance.
Il y a peut-être une part de vérité dans cette conclusion, mais elle n’inclut pas la vérité la plus importante que j’aborderai après avoir rappelé les
rapports du Bureau de la sécurité nationale d’Israël des années 2017 à 2020.
Ces rapports discutaient avec le plus grand sérieux du danger de l’implication du Hezbollah dans le combat de la Syrie contre le terrorisme, ainsi que
du danger du soutien iranien à ce combat. La conclusion qui s’en dégageait était que toute guerre qui éclaterait dans le futur mettrait Israël face à l’Alliance des résistances allant
de l’Iran jusqu’au Liban ; l’ensemble des études ayant considéré qu’il s’agissait là de l’un des plus grands dangers résultant de la guerre contre la Syrie et que la première
tâche qu’Israël devra entreprendre est d’empêcher cette alliance de s’enraciner et de construire des mécanismes de coopération entre ses membres.
D’ailleurs, c’est précisément à partir de ce point de vue que les forces militaires américaines, en collaboration avec les groupes armés terroristes,
ont occupé la zone d’Al-Tanf (au niveau du triangle frontalier Syrie-Jordanie-Irak) afin d’empêcher toute communication entre l’Iran, l’Irak et la Syrie. Une occupation qui continue,
car la ligne Iran-Irak-Syrie qui rejoint obligatoirement le Liban est toujours considérée comme la plus grande menace existentielle pour l’entité sioniste.
Par conséquent, lorsque le président sioniste Biden a envoyé l’armada américaine en Méditerranée orientale, que son secrétaire d’État Antony Blinken a
fait la navette entre les capitales arabes et a rejoint la salle des opérations génocidaires commises par les avions de guerre sionistes, et que les Européens se sont succédé en
Israël pour lui confirmer qu’ils étaient de son côté, il ne s’agissait pas de garantir la victoire d’Israël sur une résistance palestinienne assiégée depuis 15 ans, sans forces
aériennes, ni véhicules blindés, ni routes de ravitaillement, ni surface géographique, ni millions de combattants ; il s’agissait plutôt de dissuader n’importe quel mouvement de
la région de se joindre à cette résistance contre l’agression israélienne ou de la soutenir.
Dans cet objectif, ils ont fait de leur mieux pour pousser à condamner le Hamas ou du moins à ne pas le soutenir. Et parce que leur objectif premier est
d’empêcher l’union des résistances régionales contre l’entité sioniste, ils ont terrorisé n’importe qui oserait œuvrer dans ce sens par la menace se résumant à dire que son pays
subirait le même sort que celui subi par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
Aujourd’hui, après que le sionisme mondial et ses partenaires occidentaux aient commis les crimes les plus horribles de l’ère moderne, et après l’échec
du Conseil de sécurité des Nations unies et de la soi-disant «Communauté internationale» à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette agression infâme contre les
Palestiniens, les éléments du plan sous-jacent commencent à être révélés.
Le premier élément est l’exigence du dégagement du Hezbollah libanais jusqu’au fleuve Litani, soit à 40 kms de la frontière libanaise, pour soi-disant
favoriser le retour dans leurs foyers des colons Israéliens ayant fui la Haute Galilée depuis le 7 octobre 20231.
D’où les pressions des partenaires de l’entité sioniste, accompagnées des menaces de ce qui pourrait arriver à ceux qui se dresseraient contre cette exigence.
Le deuxième élément est le remplacement du déplacement forcé des Palestiniens par une prétendue émigration volontaire, laquelle pourrait se transformer
en «départ volontaire» moyennant un accord avec de nombreux pays des quatre coins de la planète qui se répartiraient les Palestiniens, débarrassant ainsi les coalisés de leur
attachement à leur terre.
Comment un départ peut-il être volontaire alors que la plupart des habitants de Gaza et de nombreux habitants de Cisjordanie sont sans abri, sans eau,
sans carburant, sans médicaments et sans nourriture ? La vraie réponse ne peut être que la suivante : soit la mort par les bombardements et la famine, soit l’émigration, il n’y a
pas de troisième option ; notamment, depuis la destruction de tous les hôpitaux de Gaza.
Telle est l’opération de dissuasion pratiquée par l’Occident en partenariat avec les sionistes. Une opération qui aurait atteint indirectement un autre
objectif : celui de signifier au mouvement mondial visant à se débarrasser de l’hégémonie unipolaire que son opposition lui coutera très cher, que tous les pays occidentaux
s’unissent comme un seul pour soutenir ceux qui restent dans leur camp et frappent sans merci ceux qui osent leur tenir tête, que le facteur temps est très important et mis à profit
par les forces génocidaires sionistes pour s’en prendre aux mouvements résistants, l’un après l’autre. Il est donc indubitable que s’opposer à de tels plans nécessite une lecture et
une réaction rapides avant que les planificateurs n’aient eu le temps de les mettre en œuvre.
Or, à ce stade, les indicateurs du jour d’après montrent qu’Israël va poursuivre la liquidation de la cause palestinienne et l’exode des Palestiniens.
Ils montrent aussi que son plan d’aujourd’hui a dépassé celui bien connu de son «expansion du Nil à l’Euphrate», puisqu’il cherche à contrôler le pétrole, le gaz et les richesses de
toute la région par divers moyens en collaboration avec diverses parties. Le résultat en est qu’il travaille à la réalisation du rêve annoncé par Shimon Peres : «Les États-Unis du
Moyen-Orient dirigés par Israël».
Est-il venu le temps de se réveiller pour tous ceux qui risquent d’être mangés le jour où le taureau blanc fut mangé ?2
Dr. Bouthaïna
Chaabane
Conseillère politique du président syrien Bachar al-Assad
Signification de «ceux qui risquent d’être mangés le jour où le taureau blanc fut mangé» : Il s’agit du titre d’une fable attribuée par certains à l’écrivain grec
Ésope ; par d’autres à Ali ibn Abi Taleb, cousin, disciple, gendre et quatrième calife de l’Islam.
C’est l’histoire de trois taureaux, un blanc, un noir et un roux, et d’un lion qui aimerait bien les manger s’ils n’étaient aussi forts quand
ils sont unis.
Alors, le lion eut une idée.
Il partit voir les taureaux noir et roux et leur dit : «Vous ne trouvez pas que du fait de sa couleur, le taureau blanc se conduit en
supérieur ? Si vous me laissez faire…».
Les deux taureaux le laissèrent manger le taureau blanc.
Quelques temps après, le lion partit voir le taureau roux et lui dit : «Tu ne trouves pas que depuis que le taureau blanc n’est plus, le
taureau noir commence à se la jouer ? Toi et moi avons à peu près la même couleur, si tu me laisses faire…».
Le lion partit aussitôt manger le taureau noir.
Le taureau roux comprit un peu tard qu’il allait se faire manger à son tour. Il dit : «J’ai été mangé le jour où le taureau blanc fut
mangé». Morale de l’histoire ; Aux bons entendeurs du monde dit «arabe», salut !
Huit questions souvent posées et dans lesquelles je résume les réponses apportées par Le Courrier des Stratèges depuis deux mois.
Le 7 octobre est-il une “attaque terroriste” ?
NON. C’est une attaque militaire soigneusement planifiée dont l’ampleur a pris par surprise l’armée
israélienne. Le premier objectif de la résistance palestinienne était de faire le maximum d’otages pour disposer d’un moyen de pression et faire libérer les Palestiniens emprisonnés en Israël. Le
deuxième objectif était de rappeler au monde le sort du peuple palestinien au moment où la perspective d’un rapprochement entre l’Arabie Saoudite et Israël faisait courir le risque d’enterrer
définitvement la perspective d’un Etat palestinien.
Le 7 octobre était-il un “pogrom” ?
NON. Prise par surprise, l’armée israélienne a tâché de dissimuler l’ampleur du désastre en orchestrant une
large propagande sur les “crimes antisémites du Hamas”. L’expression est biaisée. Premièrement, la branche armée du Hamas (brigades Al-Qassam) combat aux côtés d’une dizaine d’autres mouvements.
Ensuite, il y a eu, de fait, 1200 militaires et civils israéliens tués ce jour-là. Mais il est difficile de faire la différence entre des civils tués par la résistance palestinienne lors de son
attaque des kibboutz autour de Gaza. Et les morts de “tirs amis” israéliens lorsque Tsahal a commencé à reprendre pied au cours de la journée du 7 octobre.
Le 7 octobre était-il connu à l’avance du côté israélien ?
OUI. Les services israéliens avaient observé la préparation d’une opération par des combattants palestiniens.
Mais leurs avertissements n’ont pas été pris au sérieux par le gouvernement Netanyahou. En revanche,il n’est pas plausible de dire que le gouvernement israélien aurait laissé faire. L’attaque a
été beaucoup trop dévastatrice pour être simplement un coup monté au nom d’une ancienne complicité entre Israël et le Hamas. En réalité le David palestinien a surpris le Goliath israélien. A
l’abri de la technologie du “Dôme de Fer”, l’armée et la population israélienne se croyaient invulnérables. Les combattants palestiniens ont pratiqué une incursion de”basse technologie”
Le 7 octobre a-t-il été organisé par les combattants palestiniens en lien avec une ou plusieurs puissances de la région ?
DIFFICILE A SAVOIR Les regards se sont rapidement tournés vers l’Iran. Mais le gouvernement américain lui-même
a déclaré publiquement que ce n’était pas le cas. Les deux autres suspects, plus plausibles, sont la Turquie (pour l’entraînement militaire) et le Qatar (pour le financement). Les deux pays
avaient des raisons de se sentir exclus de la dynamique régionale créée par l’admission au nombre des BRICS de l’Egypte, de l’Arabie Saoudite et des Emirats-Arabes-Unis. Pour autant, il y a eu
très clairement une décision proprement palestinienne. Contrairement à ce que pensaient beaucoup d’acteurs de la communauté internationale,le sentiment national palestinien est une
réalité.
Israël a-t-il voulu profiter de la guerre pour expulser les Palestiniens de la bande de Gaza ?
OUI. Pour comprendre la logique israélienne, il faut comprendre ce qui commence avec la Nakba de 1948. Les
combattant de l’Etat israélien naissant ont profité du refus arabe d’accepter le règlement de l’ONU pour lancer une politique d’expulsion des Palestiniens de leurs terres. L’Etat de guerre
permanent entre Israël et (certains de) ses voisins a servi de prétexte à grignoter toujours plus de la terre de Palestine, bien au-delà des frontières mises en place par les Nations Unies. La
paix n’a jamais convenu à une partie de la société politique israélienne.L’encre des accords d’Oslo n’était pas encore sèche que la colonisation de terres palestiniennes réduisait à néant
l’accord. Benjamin Netanyahou incarne plus que d’autres le refus du compromis. Il a souvent parlé de la possibilité d’expulser les Gazaouis vers l’Egypte. Au début de la présente guerre, des
documents ont été publié et ont circulé au sein du gouvernement israélien prônant un nettoyage ethnique de Gaza et la “réinstallation” des Palestiniens de Gaza dans le Sinaï .
A-t-on raison de voir un risque de “génocide” des Palestiniens à Gaza?
OUI. Cela ne fait pas plaisir à écrire quand on a,comme moi,consacré une partie de sa carrière de chercheur à
l’histoire de la Shoah. Mais je trahirais les travaux scientifiques que j’ai publiés si je ne reconnaissais pas dans ce qui se passe un risque génocidaire. La population civile de Gaza est
systématiquement visée par les bombardements israéliens. Les habitants sont expulsés de chez eux, jetés sur les routes, chassés à nouveau de leurs campements de fortune. Intellectuels,
universitaires, journalistes palestiniens sont systématiquement éliminés par des “snipers”. La population gazaouie est désormais privée de soins médicaux, exposée à la famine, tant les livraisons
dans la bande de Gaza sont contingentées par les Israéliens.Il est des scènes insupportables pour un historien des violences de masses:la manière dont des hommes palestiniens de plus de 15 ans
sont rassemblés,déshabillés puis emmenésdans des camions vers une destination inconnue évoque de fâcheux précédents. Les 20 000 morts et les 50000 blessés comportent un grand nombred e femmes et
d’enfants délibérément visés.
Les Palestiniens ont-ils néanmoins une chance de survivre?
OUI – On peut voir Gaza, dans sa situation actuelle, comme un ghetto de Varsovie dont les combattants seraient
supérieurement organisés. Et la répression menée par des troupes au sol assez largement inexpérimentées. La résistance palestinienne sait que le temps joue pour elle. Elle peut compter sur le
soutien des mouvements frères en Cisjordanie, sur le Hezbollah, sur les combattants chiites irakiens pour monter en puissance et occuper Tsahal sur plusieurs fronts, obligeant le commandement
israélien à disperser ses forces.Plus le temps passe, plus l’opinion mondiale se révolte contre Israël, plus la Russie et la Chine sont en mesure,avec les pays arabo-musulmans, de mettre les
Etats-Unis et Israël sous pression. Par exemple, l’entrée prochaine(1er janvier 2024) de l’Egypte dans les BRICS est pour beaucoup dans la capacité du Caire à neutraliser les pressions
américaines pour accepter la “réinstallation” des Gazaouis dans leSinaï.
Israël peut-il gagner la guerre?
NON – Mesurons d’abord l’efficacité israélienne aux objectifs affichés: éradiquer le Hamas. Après deux mois,
les bastions de la résistance palestinienne à Gaza ne sont toujours pas tombés. Ensuite, en admettant même l’arrestation ou l’élimination spectaculaire de quelques chefs palestiniens ou la
libération de quelques otages, les combats ne cesseraient pas pour autant. Et puis, Israël reste très dépendant des livraisons d’armes des USA, qui seront certainement remises en cause à partir
du moment où la guerre durera.
La précision du vocabulaire aide à évincer les faux semblants. Exemple des glissements verbaux, de conflit à guerre, de guerre à génocide, et,
désormais, de passer à la folie furieuse d’exterminer aveuglément ? Cette mesure de la gradation de la sociopathie de quelques états repose sur des témoignages de feu. Témoignages tels qu’ils sont et non tels que
nous désirions qu’ils soient. Tellement l’horreur sacrée affleure de partout. Les liens sont mis en fin afin que vous vérifiiez par vous-mêmes. Nous avons structuré ces
témoignages ardents afin qu’ils vous pénètrent directement à la conscience.
1. Lâchetés si extrêmes des bombardements !
«pas seulement de jour, mais aussi de nuit. Les bombardements sont perpétrés dans le noir, quand l’électricité
est coupée et que la seule lumière vient des feux qui brûlent. Ils ont lieu quand internet est coupé,
quand les journalistes sont abattus,
pour cacher leurs crimes, l’immolation d’enfants par le feu». L’immolation
d’enfants par le feu : là nous entrons dans des pays qui ont quitté la civilisation, qui égalent les nazis en fermes condamnations, mondiales ! Des États plus que voyous,
de États vraiment mis au ban de l’Humanité…
«qui se réveillent pour continuer, encore et encore, à vivre dans l’angoisse. Je peux sentir le goût des produits chimiques, des poisons flottant dans
l’air pendant des heures et des… jours après ces explosions aveugles. Je peux sentir l’odeur âcre du
phosphore blanc, utilisé par Israël à Gaza, qui recouvre les murs des bâtiments en flammes et les corps. Je peux sentir la faim collective : pour la nourriture, la justice, et pour que tout cela s’arrête»… Ces cris dignes surpassent aisément les braiements
hypocrites qui osent dire «le droit de se défendre» Oui tout le monde a ce droit alors. Et ce droit nous enflamme afin d’accuser avec preuves
les monstres ?
«C’est notre histoire, et c’est la tragédie de toutes les familles de Gaza. Plus d’un
Palestinien sur deux cents à Gaza a été tué au cours de ces 40 derniers jours»… et nuls, surtout pas les inexcusables arriérés occidentaux, si indignes de l’Humanité ne
peuvent oser un «nous ne savions pas !».
2. Semer sciemment les germes des maladies mortelles
La lâcheté monstrueuse, qui dissimule toute sa haine injustifiable, se dévoile chaque jour : «Ceux qui ne sont pas tués sous les bombes israéliennes
meurent… lentement, privés de médicaments, de nourriture et d’eau»… Les morts lentes montrent du doigt de justice implacable les salauds inexcusables qui sont derrière ces horreurs
innommables !
«des nouvelles chaque fois plus terribles, des nouvelles de mes proches tués par l’occupation israélienne, par ces crimes de guerre dont se vantent les responsables israéliens qui disent qu’une fois Gaza
rasée, il ne restera plus qu’une «ville de tentes».
J’ai toujours vécu à Gaza lors des précédents bombardements israéliens, qui utilisent si souvent des avions et des missiles étasuniens, offerts et
donnés en guise d’«aide (sic)». Cette «aide (aides vicieuses pour se défendre devant des populations… sans défenses !)» va à l’encontre de celle que j’achète aujourd’hui. De la nourriture, des médicaments, et même des jouets pour les
enfants qui ont tout perdu. (l’indélicatesse occidentale n’a pas de
limites. Préférer, pour les enfants, des «cadeaux» superflus plutôt qu’un définitif cessez-le-feu !!!). The
Middle East Children’s Alliance collecte des fonds pour que nous puissions acheter ces fournitures, et les distribuer
aux enfants et aux familles de Gaza… L’indécence de ces aides si déplacées occidentales – un vrai
cessez-le-feu est le seul cadeau acceptable – détruit tout respect qui pouvait subsister envers
les complices lucides des sionistes !
«La bande de Gaza est désormais un paysage infernal… invivable rempli de tas de décombres recouvrant des
milliers de… cadavres. Les corps en décomposition accélèrent la transmission de maladies désagréables
comme la tuberculose et le choléra. Selon Euro-Med Monitor, le contact avec des cadavres laissant échapper des excréments, des vêtements
souillés et des outils ou véhicules contaminés peut… propager l’hépatite, la tuberculose et le VIH et aussi… détruire les réserves
d’eau souterraine. Les oiseaux, les rongeurs et les insectes mangent des cadavres et propagent d’autres maladies, notamment le paludisme». Ce qui supprime le droit à encore
délirer de l’Oms, de toutes les institutions internationales «qui se donnent le droit de ne pas intervenir (soc)».
Crimes de guerre plus «non assistances à personnes en grand danger». Que reste-t-il du minable vernis occidental ? Assez pour entendre
leurs condamnations-damnations fermes et inébranlables !
3. Les barbaries inexcusables se déchaînent
«Les partisans de la Palestine pensent qu’Israël cible activement les civils dans une joyeuse campagne de
génocide sanguinaire, essayant de massacrer autant d’innocents que possible.
Ils ont tous tort.
Israël n’essaie pas de tuer des gens. Il essaie de détruire… des bâtiments (et ainsi de chasser les occupants
afin de s’emparer illégamment de la terre de Gaza… qu’Israël convoite depuis plus de 75 ans…).
Puisque l’extermination continue de tuer des gens… des années après le retour de la dite «paix». Les décombres sont… dangereux. Les bombes et les
munitions non explosées doivent être éliminées par des professionnels, un processus qui prend des années, voire… des
décennies.
Des gens meurent lorsque des bâtiments sont bombardés. Mais tuer des gens n’est pas l’objectif des Israéliens. Ils veulent… raser Gaza. L’assassinat de
milliers d’habitants de Gaza est un effet secondaire de l’aplatissement des bâtiments». Nous voici en face des trous et des yeux aussi –
impossible de faire semblant de ne pas comprendre. Comprendre quoi ? Que nous
avons affaire à des esprits enfantins immatures, qui ne seront jamais adultes. Inaptes au mot prendre ses responsabilités, à
assumer leurs actes et à pouvoir continuer à faire écran. Ecrans dans des arrangements verbaux foireux : exemple, aux débuts des bombardements les sionistes affirmaient «après la
guerre (avec le respect envers les populations !), nous n’occuperons pas Gaza». Le dernier message, imposant aux palestiniens de «quitter les lieux», à la fin de la pause-Hamas a bien dit «avant l’annexion de Gaza». Donc toujours sans l’avis des populations, juste là pour servir de
«décor indifférent» aux lubies de ces tueurs. Sans Loi aucune, juste avec des absurdes règles qui dérèglent, ils sont très minoritaires. Sauf que, par exemple, leurs taux de nuisances
est grand : en France les médias d’argent font l’omerta, le silence insensé sur les… réalités. Ce pourquoi les témoignages sont si
précieux.
4. Le but concret des monstres ?
«Israël a autre chose en tête : Les Palestiniens quitteront Gaza de leur propre gré». Afin donc
de servir la soupe aux hyper drogués occidentaux, pour qui agiter des images
truquées suffit pour chuter dans leurs enfers intérieurs. Sans rédemptions possible. Nul sur Terre ne peut pardonner d’avoir
«couverte» l’ignominie sioniste. Puisque pendant ce temps…
5. L’appel direct aux pogroms (assassinats de masse) ?
En Cisjordanie, armés de fusils d’assaut, donc pour assassiner «On y voit des personnes armées, en uniforme, qui chargent de grands sacs en toile
blanche dans un pick-up sur lequel brille un gyrophare».
Corruptions extrêmes des institutions supposées défendre le Droit. Et ont tourné donc voyous, pillards illégaux et aux assassins sans
circonstances atténuante !
La scène se déroule dans ses champs d’oliviers, près de Naplouse, en Cisjordanie «occupée» comme du temps des nazis. «Ils nous ont fait s’asseoir dans l’herbe, nous ont volé huit récolteuses, qui coûtent 4000 dollars chacune, et environ 250 kg d’olives
destinées à faire de l’huile, d’une valeur de plus de 2000 dollars», dit-il. «Mais nous allons bien, grâce à Dieu», finit-il par
soupirer d’un air las.
250 attaques en Cisjordanie !
«On est passés de l’apartheid à un génocide», affirme
l’agriculteur, faisant écho aux propos d’ONG palestiniennes, israéliennes et internationales qui accusent Israël d’apartheid de… ségréguer les Palestiniens en Cisjordanie, voire de
pratiquer un… nettoyage ethnique». La Libre circulation du sens réel des
mots aide tant à stopper net les manipulations des consciences. Tout est identifié dans la barbarie sioniste qui ne passera plus !
«Mais le pire, c’est qu’ils empoisonnent nos puits et nos terres avec des herbicides ou des déchets chimiques
industriels.
S’ils veulent vraiment récupérer nos terres, pourquoi s’acharner ainsi et les détruire ?». C’est
bien la terre-brûlée, les razzias insensées des envahisseurs irresponsables que nous voyons à l’œuvre !!!
La réponse devient parce qu’ils sont devenus fous, aveuglés de trop de haines et de folies furieuses… toutes
les illégales insultes européennes dont les faux-dirigeants arrosent illégitimement leurs saines populations… viennent de trouver leurs vrais destinataires…
Vous remarquerez que ces témoignages sont inattaquables.
Surtout sertis dans des textes à structures transparentes.
Ce document a pris ses extraits dans les liens suivants dont les auteurs sont chaleureusement remerciés :
Nouveau : piocher dans les plus percutantes phrases ou analyses des documents et
vidéos joints !
les bombardements brûlent durant des… jours, d’où l‘image, pire qu’insoutenable, de «l’immolation d’enfants
par le feu»
«le contact avec des cadavres laissant échapper des excréments, des vêtements souillés et des outils ou
véhicules contaminés peut… propager l’hépatite, la tuberculose et le VIH et aussi… détruire les réserves d’eau souterraine.
«Ceux qui ne sont pas tués sous les bombes israéliennes meurent… lentement, privés de
médicaments, de nourriture et d’eau.
Voici les vraies réalités : y… Échapper est impossible !
Contrairement à la manière dont on
présente le Qatar, l’émirat n’est pas un négociateur neutre dans l’affaire des otages de l’opération Déluge d’Al-Aqsa. Une bévue de sa ministre, Lolwah Al-Khater, venue suivre les
négociations à Tel-Aviv, montre, au contraire, que Doha exerce une autorité sur le Hamas. Les nouveaux membres du cabinet de guerre israélien ont découvert avec surprise que
le Qatar avait participé au complot de Benjamin Netanyahou pour préparer l’attaque contre Israël, le 7 octobre 2023.
La bévue de Lolwah
Al-Khater
Lolwah Al-Khater, ministre qatarie à la Coopération internationale, s’est rendue à Tel-Aviv, le 25 novembre 2023. C’était la première fois qu’un
officiel qatari visitait Israël. Elle a été reçue par le cabinet de guerre pour résoudre les problèmes d’application de l’accord sur les échanges d’otages. Elle s’est également rendue
à Gaza.
Habituée aux discussions avec David Barnea, directeur du Mossad, elle ne semble pas avoir saisi que le cabinet de guerre ne comprend pas seulement des
fidèles du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Sans se cacher, elle a alors, pour gagner du temps, pris des décisions au nom du Hamas, sans en référer à lui.
Les membres de l’ancienne opposition qui ont rejoint le cabinet d’urgence et ont assisté à cette discussion, ont été choqué de la voir sortir de son
rôle de médiatrice et de laisser entrevoir ses liens d’autorité sur le Hamas, branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans.
À la sortie de cette réunion, Joshua Zarka, directeur général adjoint des Affaires stratégiques du ministère israélien des Affaires étrangères, a
déclaré qu’Israël «réglera ses
comptes avec le Qatar» dès qu’il aura terminé son rôle de médiateur. En effet, si le Qatar a la possibilité de donner des ordres au Hamas, il ne peut masquer plus longtemps sa
responsabilité dans l’attaque du 7 octobre. Non seulement, ce n’est pas un médiateur, mais c’est un ennemi des Israéliens.
Revenons un instant sur l’identité du Qatar.
Le Qatar et les
États-Unis
Le Qatar n’est devenu indépendant de l’Empire britannique qu’en 1971. Son premier émir, Khalifa ben Hamad Al Thani, se tourne alors vers la France. Il
développe son pays en se méfiant des revenus faciles des hydrocarbures. Mais, en 1995, il est renversé par son fils, Hamad ben Khalifa Al Thani. Le nouvel émir conclu des accords
gaziers, mais aussi pétroliers, principalement avec des sociétés anglo-saxonnes (Exxon Mobil, Chevron Phillips, Shell, Centrica), française (Total), chinoises (China National Offshore
Oil, CNOOC, Petrochina), indiennes, sud-coréennes et japonaises. L’argent coule désormais à flot.
En 1996, dans la foulée des accords d’Oslo, le Qatar crée avec les juifs franco-canadiens David et Jean Frydman, amis d’Yitzhak Rabin et de Yasser
Arafat, une télévision panarabe pour confronter les points de vue arabes et israéliens, Al-Jazeera.
C’est un succès immédiat. Cependant, la chaîne, qui participe intellectuellement au mouvement pour la paix en Israël, devient la bête noire des États-Unis lors de leurs guerres contre
l’Afghanistan et contre l’Iraq.
En 2002, les États-Unis concluent un accord militaire avec le Qatar. Ils y installent le quartier général du commandement de leurs troupes au
Moyen-Orient, le CentCom, sur la gigantesque base d’Al-Udeid. Celle-ci abrite 11 000 soldats et une centaine d’avions. Pour cela ils retirent leurs hommes d’Arabie saoudite.
Le Pentagone rappelle alors à l’émir qu’il n’est pas en mesure de le défier : un matin, il est réveillé par des Forces spéciales, dans sa chambre à
coucher. Un officier US lui assure qu’ils viennent de le protéger d’un imaginaire coup d’État. L’émir comprend le message et se conforme désormais aux exigences de ses
protecteurs.
En 2005, l’actionnariat d’Al-Jazeera est
ébranlé par le boycott des annonceurs saoudiens. Les frères Frydman se retirent de la chaîne. Elle est complétement reformatée par la société de conseil JTrack. Celle-ci place le
Frère Wadah Khanfar à sa tête1.
Progressivement, il censure toute critique de l’«impérialisme américain» et va même jusqu’à retirer certaines images montrant les crimes états-uniens en Irak. Al-Jazeera,
dont plusieurs journalistes sont tués par les forces US et dont un collaborateur est fait prisonnier et torturé à Guantánamo, devient le porte-voix des puissances anglo-saxonnes et
donne la parole à l’islamisme sunnite. En 2009, Wadah Khanfar visite les États-Unis où il est reçu par tous ceux qui comptent parmi les élites dirigeantes.
En 2008, l’émir intronise un nouveau président au Liban, en violation de la Constitution, en lieu et place du président sortant.
En 2011, le patron de JTrack, le Frère Mahmoud Jibril, devient soudainement le leader de la contestation du régime, dont il était pourtant un ministre.
Le Frère palestinien Wadah Khanfar quitte Al-Jazeera pour
présider un think tank turc, l’Al-Sharq Forum. La chaîne est reprise en main par le Premier ministre, cheikh Hamad ben Jassem ben Jaber Al Thani. Instantanément, elle se met au
service de l’OTAN, dont elle devient le principal outil de propagande dans le monde arabe. Elle donne une vision partiale des conflits en Libye et en Syrie pour se transformer en
chaîne de la Confrérie des Frères musulmans. L’imam Youssef al-Qaradawi devient le prédicateur officiel de la chaîne. Il explique à ses auditeurs que Mahomet serait sans aucun doute
aujourd’hui du côté de l’OTAN.
Le Qatar devient le principal entremetteur au Moyen-Orient. Il négocie des accords de paix entre arabes, partout où les États-Unis le lui demandent, au
Sahara occidental, dans les rivalités interpalestiniennes, au Darfour, en Érythrée et au Yémen. Mais il peut aussi utiliser son pouvoir pour relancer des guerres. Ainsi, en 2012, il
donne 2 milliards de dollars au Soudan, du Frère Omar al-Bashir, pour qu’il rappelle son envoyé spécial, le général Mohammed Ahmed Mustafa al-Dabi2.
Celui-ci, jusque-là apprécié de tous notamment pour son rôle pacifique au Darfour, avait été nommé président de la Mission internationale de la Ligue arabe en Syrie. Lui et ses
collègues avaient eu accès à tout ce qu’ils voulaient voir. Dans un rapport préliminaire, il avait conclu que les médias occidentaux mentaient et qu’il n’y avait pas de révolution en
Syrie.
En 2013, l’émir abdique au profit de son fils, Tamim ben Hamad Al Thani.
La «crise du
Golfe»
De juin 2017 à janvier 2021, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis menèrent un blocus du Qatar, paralysant le Conseil de coopération du Golfe.
Cette Guerre froide a été mal interprétée. Selon le Financial
Times, elle serait liée à une sombre histoire de paiement de rançon, selon d’autres à une déclaration de l’émir, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, favorable à l’usage politique de
l’islam tel que le pratiquent aussi bien la Confrérie des Frères musulmans que l’Iran.
En réalité, le président de la République arabe d’Égypte, Abdel Fattah al-Sissi, était parvenu à se procurer des documents de la société secrète qui
avait gouverné son pays durant un an, la Confrérie des Frères musulmans. Ancien directeur du Renseignement militaire, il les avait étudiés. Après le discours, à Riyad, du président
états-unien Donald Trump contre le terrorisme des Frères musulmans (21 mai 2017), il avait compris l’usage qu’il pouvait en tirer. Il avait donc transmis au roi les preuves en sa
possession espérant obtenir son soutien dans sa lutte contre les Frères. Ils contenaient les preuves d’un complot de la Confrérie et du Qatar pour renverser le roi d’Arabie, Salmane
ben Abdelaziz Al Saoud. Pour le roi et son fils, ce fut un choc : non seulement la Confrérie que le Royaume avait choyée durant des années, lui accordant un budget militaire plus
important que celui de sa propre armée, se permettait de soutenir Daech, mais elle s’en prenait aussi au monarque.
Le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et Bahreïn, suivis par le gouvernement yéménite d’Abdrabbo Mansour Hadi, le
gouvernement libyen de Tobrouk, la Mauritanie, les Maldives et les Comores rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ces pays ferment leurs frontières terrestres, aériennes
et maritimes à l’émirat, l’étranglant soudainement. Le président états-unien, Donald Trump, prend parti et accuse le Qatar de financer «l’extrémisme religieux». L’émirat est soutenu
par la Turquie, le Maroc, le Hamas, l’Iran et l’Allemagne où le Guide national de la Confrérie, Ibrahim el-Zayat, a alors ses entrées au ministère des Affaires étrangères. Le Niger et
le Tchad soutiennent, eux, l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et Bahreïn adressent un ultimatum en 13 points au Qatar3.
Il s’agit de rompre avec l’islam politique et ses soutiens : la Türkiye et l’Iran.
La crise ne trouvera de solution que lorsque le président états-unien, Donald Trump, tente de réconcilier les pays arabes entre eux et avec Israël. Il
organise le rapprochement entre le Maroc et Israël, puis celui de la crise du Golfe. La polémique autour de l’islam politique est mise en sourdine.
L’Émirat du Qatar et la confrérie
des Frères musulmans
La Confrérie (Ikwan)
poursuit le but que lui a fixé son fondateur, l’Égyptien Hassan El-Banna, à la fin de la Première Guerre mondiale : rétablir le Califat4.
Dans une lettre au Premier ministre égyptien de l’époque, il décrit ses trois objectifs :
une réforme
de la législation et l’union de tous les tribunaux sous la charia ;
le
recrutement au sein des armées en instituant un volontariat sous la bannière du djihad ;
la connexion
des pays musulmans et la préparation de la restauration du Califat, en application de l’unité exigée par l’islam.
L’Ikwan est
une société secrète organisée sur le modèle de la Grande Loge Unie d’Angleterre. On ne connaît donc son action qu’à partir de témoignages de ses anciens membres ou de documents saisis
lors de ses défaites.
Dès sa création, la Confrérie s’est doublée de milices chargées d’assassiner ses opposants. Elle s’est d’abord développée en Égypte, puis dans tout le
monde arabe et au Pakistan. Le Royaume-Uni et les États-Unis n’ont pas tardé à recourir à ses hommes politiques (comme le Frère Muhammad Zia-ul-Haq au Pakistan ou le Frère Mahmoud
Jibril en Libye, et à ses milices, comme Al-Qaïda, Daesh, ou la Ligue de protection de la révolution tunisienne. Dès son arrivée à la Maison-Blanche, le président Barack Obama a
désigné un membre de la Confrérie, Mehdi K. Alhassani, au sein de son Conseil national de Sécurité, afin d’établir un lien permanent avec elle.5
Lorsque les États-Unis ont débuté l’épisode syrien de la «Guerre sans fin», ils ont demandé au Hamas de déménager son bureau de Damas à Doha. Lorsque
l’Arabie saoudite a définitivement rompu avec la Confrérie, en 2014, le Qatar l’a spontanément remplacé. Sans disposer des mêmes moyens que son puissant voisin, l’émirat en est devenu
le grand argentier avec l’approbation des États-Unis. En 2018, c’est le Qatar qui prend en charge les salaires des fonctionnaires du Hamas à Gaza. Avec l’accord de Benjamin
Netanyahou, son ambassadeur s’y rend avec des valises pleines de 15 millions de dollars en petites coupures. L’opération sera renouvelée chaque mois.
En 2022, le président états-unien, Joe Biden, élève le Qatar au rang d’Allié majeur hors-OTAN ; un honneur réservé à une dizaine de pays dans le
monde.
La bévue de Lolwah Al-Khater atteste que le Qatar est plus que cela. Il exerce une autorité sur la stratégie politique et militaire du Hamas.
Actuellement, il n’y a pas de négociations, et la position officielle et définitive du Hamas et de la Résistance est qu’il n’y aura pas d’échange de prisonniers jusqu’à l’arrêt complet et
définitif de l’agression terroriste sioniste.
Dès le début, le Hamas a déclaré sans duplicité que les prisonniers étrangers arrivés à Gaza le 7 octobre n’étaient pas ciblés, et qu’il était prêt à les libérer sans aucune contrepartie, et que
les enfants et les femmes civiles prisonniers n’étaient pas non plus visés par l’opération, et ne sont arrivés à Gaza que du fait de conditions exceptionnelles, et seraient libérés en échange de
nos femmes et enfants détenus par l’occupation via un échange sous supervision internationale. Cela a été fait.
L’ennemi prétend que nous détenons encore des femmes et des enfants, mais nous avons libéré tous ceux qui étaient entre nos mains, et s’il se trouve encore des cas particuliers, c’est à notre
insu (entre les mains d’autres factions ou individus).
Les prisonniers restants entre nos mains sont des soldats et des employés de l’armée d’occupation, et il n’y aura donc aucune négociation à leur sujet avant la fin de l’agression.
L’échec des négociations
Nous avons dit depuis le début que nous étions prêts à échanger les corps des martyrs palestiniens détenus par l’occupation, qui ont trouvé le martyre dans les prisons ou ailleurs, et parmi eux,
évidemment, les combattants qui ont trouvé le martyre durant l’opération du 7 octobre, mais nous avons besoin de temps pour récupérer les corps des prisonniers sionistes tués par l’occupation
lors de ses raids sur notre peuple à Gaza. Il y a des dizaines d’Israéliens tués par les frappes de l’armée d’occupation, peut-être une soixantaine, et une partie d’entre eux est encore sous les
décombres. Ils étaient avec les habitants, et ont été tués. Mais l’occupant a répondu que les corps des Israéliens tués ne l’intéressaient pas actuellement, et les dernières négociations étaient
au sujet des personnes âgées de sexe masculin. En ce qui nous concerne, à partir du moment où ils ont tous servi dans l’armée et que certains sont encore réservistes, les critères d’échange sont
différents de ceux des femmes et des enfants.
L’occupation a refusé de conclure l’accord de libération des anciens soldats avec de nouveaux critères, et c’est pourquoi ils ont relancé leur agression criminelle hier et aujourd’hui, pensant
qu’en recommençant à cibler nos enfants et nos femmes, nous changerions de position et capitulerions. Cependant, notre position officielle est que tout accord d’échange de prisonniers ne sera
discuté qu’après la fin de la guerre.
Les objectifs de l’agression
L’ennemi se fait des illusions s’il pense pouvoir nous imposer sa domination par la force, la destruction, le siège et les massacres de masse. Son premier round dans la guerre a été un échec
retentissant : malgré près de 50 jours de frappes annihilatrices contre Gaza, il a été incapable de contrôler le nord de Gaza, la ville de Gaza et ses alentours. L’occupation reconnait qu’elle
n’a pénétré que dans 40% du nord de Gaza. Nous sommes absolument convaincus que l’occupation ne parviendra pas à contrôler la bande de Gaza, ni la Cisjordanie, ni notre peuple, et qu’il ne
parviendra pas à briser notre volonté. C’est une affirmation catégorique.
Les forces que l’armée sioniste a mobilisées pour attaquer Gaza, soit un tiers de ses forces terrestres, plus d’un tiers de ses forces aériennes et sa force navale. Ces forces sont suffisantes
pour attaquer de grands pays entiers. Pourtant, connaissant la combativité de nos soldats, elle a décidé de n’attaquer qu’un tiers de la zone nord de la bande de Gaza, et pendant 50 jours, elle
n’a pas réussi à en prendre le contrôle, et elle n’y parviendra jamais.
Les pays qui soutiennent l’occupation sont convaincus que les objectifs annoncés par le gouvernement sioniste, à savoir éliminer le Hamas, récupérer les prisonniers par la force et contrôler Gaza
sont irréalisables.
Je pense que l’ennemi sioniste a besoin de passer par ce cycle pour que son peuple, ses dirigeants et son armée soient assurés qu’il est absolument incapable de réaliser ces objectifs. Il ne
parviendra pas à libérer les prisonniers, sauf par le biais d’une opération d’échange comme le souhaite la Résistance.
Pour l’échange de Gilad Shalit, nous avions dit dès le premier jour que le prix de la libération de ce soldat était 1000 prisonniers, et nous avons libéré 1045 prisonniers. Et cette fois, nous
avons dit dès le premier jour que le prix de nos prisonniers sionistes est la libération de la totalité des prisonniers palestiniens présents dans les geôles de l’occupation. Et tout le monde
finira bien par comprendre que les prisonniers israéliens ne seront libérés que contre tous nos détenus, après le cessez-le-feu.
Quant à l’idée de briser la Résistance à Gaza, de briser la volonté de notre peuple et de contrôler la bande de Gaza, ce ne sont que des illusions. L’occupation mène une guerre de vengeance et de
crimes contre les innocents, et tout ce que réalise l’ennemi, c’est d’assassiner des femmes et des enfants, de raser des immeubles résidentiels et des maisons, de détruire les infrastructures,
les hôpitaux, les mosquées, les églises et les écoles. Et le monde entier voit la barbarie et l’atrocité de ces crimes perpétrés par l’occupant.
La fin du cessez-le-feu
La position américaine n’est pas indépendante de la position sioniste : elle ne la suit pas mais la précède, et c’est bien connu. Biden précède Netanyahou en couvrant, justifiant et commanditant
ces crimes contre le peuple palestinien. Et les Etats-Unis ont annoncé il y a quelques jours qu’ils avaient livré à Israël des armes d’une capacité de destruction sans précédent : une seule
d’entre elles larguée sur le camp de réfugiés de Jabaliya a tué plus de cent personnes. Et ils utilisent aujourd’hui ces nouvelles armes pour exterminer nos femmes et nos enfants. C’est de
notoriété publique.
Les Etats-Unis sont en faillite morale complète en ce qui concerne le conflit en Palestine, et sont devenus plus fascistes et nazis que l’entité sioniste elle-même. Les Israéliens qui suivent les
faits savent bien que deux jours avant la fin du cessez-le-feu, le ministre de la guerre israélien Yoav Gallant a lui-même admis avoir signé la décision de reprendre les opérations militaires,
qui est bel et bien une décision israélienne préméditée ; ce n’est donc pas le Hamas qui a rompu le cessez-le-feu. Du reste, ce n’était pas un cessez-le-feu mais une trêve, le temps d’effectuer
des échanges partiels de prisonniers, et cela ayant été effectué, la reprise des combats était inévitable.
Notre peuple se battra, résistera et ne se rendra pas tant que nous n’aurons pas forcé l’ennemi à reconnaître les droits historiques, nationaux et politiques de notre peuple reconnus par le monde
entier.
Comment mettre fin à la guerre ?
L’ennemi fera l’expérience de ce cycle pour s’évertuer à atteindre des objectifs qu’il n’a pas réussi à atteindre lors du cycle précédent, à savoir libérer ses prisonniers et liquider le Hamas,
et il échouera cette fois-ci également. Point final. Si, dans le nord de Gaza, il a mené toute cette guerre destructrice, est entré dans les hôpitaux et a perpétré tous ces massacres, sans
parvenir à libérer quiconque, et que certains échanges de prisonniers ont eu lieu dans le centre de la ville de Gaza, comme le monde entier a pu le voir, cela confirme bien l’échec israélien au
premier round de la guerre.
Nous avons pris la ferme décision de libérer la totalité de nos prisonniers dans les geôles israéliennes en échange des prisonniers israéliens entre nos mains, et il s’agit d’une décision
irrévocable. Il nous est impossible de revenir là-dessus.
Que la guerre suive donc son cours, avec ses souffrances indicibles. Nous ressentons profondément la souffrance de notre peuple, de nos enfants, de nos femmes, et l’effusion de sang à Gaza et en
Cisjordanie est l’effusion de notre sang, mais ce sacrifice est nécessaire, c’est un devoir pour libérer notre peuple, nos lieux saints, obtenir nos droits et libérer et nos prisonniers qui
reçoivent actuellement les pires traitements. Le ministre israélien de la sécurité, le nazi Ben-Gvir, se rend personnellement dans les prisons pour assister à l’humiliation, à la répression et à
la torture des prisonniers, comme les chefs nazis qui se rendaient en personne dans les camps d’extermination.
En ce qui nous concerne, le monde entier voit comment les combattants du Hamas et des autres factions de la Résistance traitent humainement les prisonniers sionistes à Gaza.
La situation militaire de la Résistance
La Résistance est prête à faire face à tous les scénarios, qu’il s’agisse d’une guerre aérienne ou terrestre, ou à ce que l’ennemi pénètre dans toutes les rues et ruelles. La Résistance est
prête, et embrassée par tout le peuple palestinien, qui est tout entier Résistance. S’il y avait une scission entre cette résistance et ce peuple, il aurait été impossible que ce peuple supporte
tous ces sacrifices. On n’entend personne dénoncer ou accuser la Résistance, car tous ont conscience de la sainteté et de la sincérité de ce combat.
Nous déclarons donc à notre peuple et au monde de ne pas avoir peur pour la Résistance, de ne pas s’inquiéter pour elle. La Résistance à Gaza ne craint rien, mais cela ne dispense pas notre
Communauté [arabe et islamique] de soutenir par tous les moyens nos enfants, nos femmes et notre peuple soumis aux massacres. La Résistance va bien et sera victorieuse, avec la grâce de Dieu.
Je ne vais pas donner de délai, mais rapidement, tout le monde verra bien que la question n’est pas de savoir ce qui se passera après le Hamas, mais plutôt de savoir comment cette armée
d’occupation peut se sortir du bourbier dans lequel elle s’est enlisée.
Le risque de déportation
L’idée de déplacement a toujours été présente dans l’esprit du projet sioniste criminel, depuis les débuts du sionisme, qui s’est fondé sur l’idée d’arracher notre peuple de sa terre et de le
déporter. Durant la Nakba de 1948, des centaines de milliers de Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. On parle de 80% de notre population qui a été déportée. Ce projet reste profondément
enraciné dans leurs esprits, et ils y œuvrent constamment.
Au sujet du projet de déportation, je tiens à souligner pour nos frères en Cisjordanie que ce projet devait initialement être implémenté en Cisjordanie, et Smotrich, Ben Gvir, une grande partie
de ce gouvernement et tout le Likoud y œuvraient activement. Mais l’ouverture de la bataille à partir de Gaza a déplacé l’attention vers cette zone. Mais ils continuent à rêver de déportation.
Mais je tiens à déclarer que le projet de déplacement a échoué dès les premiers jours de la guerre. Durant les premiers jours de la guerre, il y avait une volonté claire, forte et résolue de
l’occupation de déporter en Egypte la majorité de la population de Gaza, avec le soutien des Etats-Unis. Mais la fermeté de notre peuple et sa disposition à mourir sur sa terre et dans sa maison
plutôt que de les quitter, ainsi que la forte position du monde arabe, l’Egypte entre autres, qui ont catégoriquement rejeté la déportation, ont fait échouer ce projet. C’est pourquoi le premier
projet stratégique de l’ennemi au début de la guerre a été abandonné.
Si la destruction de la ville de Gaza n’a pas pu réaliser ce projet, ce n’est ni la destruction de Khan Younis, ni la destruction de Deir el-Balah, ni la destruction de toute autre ville qui y
parviendra. Ce projet a d’ores et déjà échoué.
La situation en Cisjordanie
Tout le monde sait qu’avant la bataille du Déluge d’Al-Aqsa lancée le 7 octobre, la Cisjordanie était le fer de lance de la Résistance face à l’armée d’occupation et aux colons, et la situation a
connu une escalade significative et une forte tension, car notre peuple est arrivé à la conclusion que face à ce gouvernement et à cette occupation, la résistance armée était la seule voie.
Puis après le 7 octobre, la pression sur la Cisjordanie était terrible, et l’occupation a commis tous les crimes dont elle rêvait, les exécutions sur le terrain devenant la norme. Les 3
dirigeants des Brigades de Jénine tués il y a quelques jours ont été appréhendés et exécutés sur place. Les enfants à Jénine sont exécutés sous les yeux du monde entier. Un enfant a été exécuté d’une balle dans la tête, et un autre également, assassinés de sang-froid. Aujourd’hui encore, un autre enfant a été tué. Quant aux destructions de
maisons, aux fermetures des routes, aux frappes aériennes contre le camp de Jénine, à l’usage des tanks, etc., tout ça est devenu la norme.
Mais malgré la répression féroce, notre peuple a toujours repris rapidement sa Résistance, comme en témoigne l’opération à Al-Quds réalisée par deux jeunes des Brigades al-Qassam, et nous sommes
absolument convaincus que la Cisjordanie pèsera de tout son poids dans cette bataille. Depuis le 7 octobre, elle a fourni plus de 250 martyrs, un nombre sans précédent en un mois et demi depuis
la Première Intifada.
En Cisjordanie, à Gaza et dans les territoires occupés en 1948, ainsi que dans les camps de réfugiés à l’étranger, c’est un même sang qui coule dans nos veines. La Cisjordanie est présente dans
cette bataille, et elle le sera de plus en plus. Et je déclare à notre peuple en Cisjordanie que la bataille que mène la Résistance à Gaza vise en premier lieu à défendre la mosquée Al-Aqsa,
Al-Quds (Jérusalem), a lutter contre l’expulsion et la colonisation, et nous devons donc tous y participer de toutes nos forces, sans se préoccuper des conséquences.
La situation au Liban et au Yémen
Nous accordons un poids à tout acte réalisé par quiconque dans le monde en soutien à la cause palestinienne, à ses droits et à sa Résistance, qu’il s’agisse des manifestations massives qui se
déroulent aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs, du soutien populaire massif dans les pays arabo-musulmans ou des prises de position de gouvernements, de partis ou de personnalités solidaires
avec notre peuple et sa lutte.
Et bien sûr, nous accordons un poids, nous respectons et remercions les actions ciblant l’occupation de la part du Hezbollah au Liban, des Forces al-Fajr, des Brigades al-Qassam, des Brigades
d’Al-Quds et de tous ceux qui participent à la lutte. Et nous remercions les opérations militaires menées par nos frères yéménites en aide à la Palestine et à Al-Quds ; ils ont lancé des missiles
et des drones qui ont atteint la Palestine occupée, et saisi des navires israéliens. Et en Irak, en Syrie et partout ailleurs, toute action menée contre l’occupation et contre ceux qui
l’assistent sont louées et remerciées, car elles permettent d’alléger l’effusion de sang palestinien et viennent en secours à notre cause en entravant l’ennemi.
Les forces israéliennes d’occupation et les colons terrorisent la population palestinienne de Cisjordanie afin de l’expulser et de voler ses
terres.
Depuis un mois et demi, les objectifs génocidaires d’Israël à Gaza sont devenus de plus en plus clairs. Non seulement l’armée israélienne massacre des
civils, mais elle bombarde également l’enclave dans le but de détruire toutes les infrastructures civiles nécessaires à la vie.
Hôpitaux, écoles, stations d’épuration, toute source d’électricité – y compris les panneaux solaires -, entrepôts et fermes ont été pris pour cible.
Cela a rendu la bande de Gaza invivable, forçant les Palestiniens à vivre une nouvelle Nakba.
Mais ce n’est pas seulement à Gaza qu’Israël espère se débarrasser de la population palestinienne. La volonté israélienne de procéder à un nettoyage
ethnique s’étend à la Cisjordanie occupée, où est mis en œuvre un plan similaire, bien que plus subrepticement.
Des plans
d’annexion
Séparer la poursuite du génocide à Gaza du contexte palestinien à plus grande échelle revient à nier que la cible des crimes israéliens n’est pas
limitée au mouvement Hamas ni à la bande de Gaza, mais bien à l’existence palestinienne dans la Palestine historique dans son ensemble.
Il ne s’agit pas d’une crainte imaginaire des Palestiniens, mais d’une réalité que même les fondateurs de l’État israélien ont constamment et
ouvertement admise.
«Il n’y a pas
d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins, et de les transférer tous, sauf peut-être [les Arabes de] Bethléem, Nazareth et la vieille Jérusalem»,
écrivait Joseph Weitz, le directeur du Fonds national juif (FNJ), dans son journal en 1940.
«Pas un seul
village ne doit être laissé debout, pas une seule tribu [bédouine]. Ce n’est qu’après ce transfert que le pays pourra absorber des millions de nos frères et que le problème juif
cessera d’exister. Il n’y a pas d’autre solution», avait-il conclu.
Les milices juives qui ont mené une campagne de nettoyage ethnique massif des Palestiniens pour créer Israël n’ont pas pris le contrôle de la
Cisjordanie et de Gaza en 1948, non pas parce qu’elles ne le souhaitaient pas, mais parce qu’elles n’en avaient pas la capacité.
La pression internationale et les limites de leurs propres capacités militaires les en ont empêchées.
Ces territoires servaient aussi commodément de destination aux Palestiniens expulsés du littoral méditerranéen, des villes comme Yaffa, Safad, Lydd et
des villages environnants, dont les milices s’étaient emparées.
La guerre de 1967 a donné à Israël l’occasion de réaliser son objectif de régner sur toute la Palestine historique. Il a occupé Jérusalem-Est,
la Cisjordanie et Gaza, ainsi que la péninsule égyptienne du Sinaï et le plateau du Golan syrien, qui reste occupé à ce jour.
Depuis lors, divers plans ont été élaborés pour annexer une partie ou la totalité de la Cisjordanie et de Gaza, tout en repoussant la population
palestinienne soit dans des bantoustans séparés les uns des autres, soit vers les pays voisins, la Jordanie et l’Égypte.
La construction de plus de 150 colonies israéliennes [totalement illégales au regard du droit international] et de 120 avant-postes dans toute la
Cisjordanie occupée est une politique qui découle de ces plans.
C’était également le cas à Gaza jusqu’en 2005, date à laquelle Israël a démantelé ses colonies et imposé un siège sur le territoire deux ans plus
tard.
Sous le prétexte de «protéger» les 700 000 colons, Israël a empiété sur de plus en plus de terres palestiniennes, expulsant de plus en plus de
Palestiniens de leurs communautés et leur refusant l’accès à leurs fermes, à leurs pâturages et à leurs oliveraies.
Cette situation a porté atteinte aux moyens de subsistance et à l’autosuffisance des Palestiniens.
Elle a également enhardi et encouragé les colons à harceler, torturer et tuer les Palestiniens sur leur propre territoire. Ces mesures, associées à des
politiques visant à étrangler l’économie palestinienne et à pousser la majorité des Palestiniens dans un état de constante précarité, ont pour but ultime de forcer la population
palestinienne à partir «volontairement».
Préparer la Nakba
Au cours de l’année écoulée, le gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahou a intensifié ces politiques. Lorsque le Hamas a lancé
son offensive
du 7 octobre, la situation en Cisjordanie occupée était déjà intolérable depuis longtemps.
L’année 2023 s’annonçait comme la
plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie occupée depuis que les Nations unies ont commencé à recenser les décès en 2006.
A la date du 7 octobre, les forces israéliennes et les colons avaient tué quelque 248 Palestiniens, en majorité des civils, dont au moins 45
enfants.
L’armée israélienne, en coordination avec les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP), a mené des raids violents et des meurtres
en série dans toute la Cisjordanie, en particulier dans les districts de Naplouse, Jénine et Tulkarem, dans le nord du pays.
Le nombre d’attaques de colons contre les communautés palestiniennes a également explosé et a gagné en ampleur et en violence. En février, les colons
ont mené un pogrom dans
la ville palestinienne de Huwara.
En juin, le gouvernement israélien et son ministre des finances, [le fasciste] Bezalel Smotrich, ont annoncé de nouvelles mesures facilitant et
accélérant l’annexion de terres palestiniennes. En juillet, les expansions approuvées des colonies israéliennes ont atteint des sommets.
L’économie palestinienne, déjà au bord du désastre, a souffert encore plus de la destruction des infrastructures et de la limitation de la liberté de
mouvement par les forces israéliennes et les colons.
Les démolitions de maisons et de structures de subsistance palestiniennes se sont multipliées. Au 1er octobre, plus de 750 bâtiments avaient
été détruits, entraînant le déplacement de plus de 1100 Palestiniens.
Tous ces processus, qui visent à l’expulsion des Palestiniens et à l’annexion de leurs terres, étaient déjà en cours avant le 7 octobre. Israël a
ensuite profité de l’offensive du Hamas le 7 octobre pour les accélérer.
Et alors que jusque-là, les vociférations de «mort aux
Arabes» pouvaient être entendues publiquement, principalement lors de rassemblements de colons, après le 7 octobre, une majorité d’Israéliens s’est sentie tout à fait à l’aise
pour exprimer ouvertement ce sentiment entre eux et avec le reste du monde.
Au cours des 50 derniers jours, Israël a tué 249 Palestiniens en Cisjordanie, dont au moins 60 enfants. Les raids israéliens sur les villages, les
villes et les camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie occupée se sont intensifiés en
termes d’ampleur, de gravité et d’utilisation d’armes meurtrières, notamment des fusils automatiques, des chars et des drones suicides «Maoz».
Le nombre de Palestiniens arrêtés et placés en détention administrative – la version officielle de l’enlèvement par Israël – a atteint un
niveau record. Depuis le 7 octobre, au moins 3 260 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie occupée, dont de nombreux enfants. Les 150 Palestiniens libérés jusqu’à présent dans le
cadre de l’accord d’échange d’otages sont également susceptibles d’être arrêtés à nouveau.
Les rapports et
les vidéos faisant état d’abus et de tortures en détention se sont multipliés. Les Palestiniens sont également régulièrement harcelés et battus, même chez eux ou dans la
rue.
Encouragés et armés par les autorités israéliennes, les colons israéliens sont devenus encore
plus violents. Ils ont intensifié les expulsions forcées des communautés bédouines palestiniennes dans le sud, près de la vallée du Jourdain, et dans le centre, près de Ramallah,
déplaçant plus de 1000 personnes depuis le 7 octobre.
Ces pratiques ont également eu un impact dévastateur sur l’économie palestinienne.
L’armée israélienne a verrouillé les principaux barrages militaires dans toute la Cisjordanie occupée, paralysant presque totalement les transports. Les
travailleurs journaliers ont eu du mal à gagner leur vie, tandis que les stocks de nourriture s’amenuisent et que les importations sont
retenues plus longtemps dans les ports israéliens.
Le secteur de la santé est également en état de crise, incapable de gérer le nombre qui ne cesse d’augmenter de blessés et de malades. Pour tout
aggraver, l’armée israélienne a également commencé à assiéger et attaquer les hôpitaux de Cisjordanie.
Toutes ces tactiques servent à répandre la crainte et le désespoir parmi les Palestiniens, les préparant finalement à l’annexion et à
l’expulsion.
Éliminer la
résistance
Aujourd’hui, nous assistons à la poursuite de la Nakba à
Gaza et en Cisjordanie. L’objectif d’Israël est d’expulser les Palestiniens et de tenter d’assimiler les survivants, comme il a essayé de le faire avec les Palestiniens de
1948.
Aujourd’hui, ces survivants ont la citoyenneté israélienne, mais sont traités comme des citoyens de seconde
zone et souvent exposés à des pratiques discriminatoires et violentes de la part des citoyens juifs-israéliens et des autorités.
Face à cette catastrophe imminente, les Palestiniens de Cisjordanie sont livrés à eux-mêmes.
L’Autorité palestinienne (AP) est le seul acteur palestinien ayant accès aux armes, mais elle n’a rien fait pour protéger les Palestiniens contre la
violence israélienne.
Les forces de sécurité de l’AP, fortes de 10 500 hommes, sont formées par les États-Unis et la Jordanie au maintien de l’ordre, et non à la
confrontation avec une autre force armée.
Pire encore, ces forces et les unités de renseignement ont directement aidé Israël à attaquer et à démanteler toutes les poches de résistance armée en
Cisjordanie au cours des dernières années.
Contrairement aux affirmations de la propagande israélienne, les jeunes qui ont décidé de prendre les armes – principalement concentrés
à Naplouse et Jenine – ne font pas partie du Hamas ; certains sont membres du Fatah ou sont des transfuges des forces de l’Autorité palestinienne, mais beaucoup
n’ont aucune affiliation politique.
Depuis le 7 octobre, l’armée israélienne s’est attachée à éradiquer ces groupes de résistance afin que la population civile de Cisjordanie soit
totalement démunie face à la violence, à la dépossession et à l’expulsion.
Mais à mesure qu’Israël intensifie la violence, la résistance palestinienne apparait. Les Palestiniens ne cesseront pas de lutter contre l’occupation et
l’apartheid simplement parce qu’ils n’en ont pas les moyens.
Personne ne veut vivre au bord de la survie, poussé et maintenu au bord du gouffre par un régime étranger.
Le moins que le monde puisse faire est de cesser de donner tête baissée dans la propagande israélienne et de défendre le droit des Palestiniens
à résister à
leur colonisateur et à leur oppresseur dans leur quête de libération.
C’est le moment de rassembler le courage nécessaire pour s’exprimer et mettre un terme à la volonté génocidaire d’Israël.
C’est ici que les livres d’histoire nous offrent la possibilité de reconnaître que les États d’apartheid violents fondés sur des massacres ne sont ni légitimes, ni
durables.
Ce que les États arabes peuvent faire pour punir Israël
Source : The Cradle par Karim Shami - Le 30/11/2023.
Une position unifiée de l’OPEP visant à défier les États-Unis et à réduire les niveaux de production pétrolière a donné aux dirigeants arabes une influence mondiale. Il en serait de même
pour une position unifiée contre le carnage israélien à Gaza.
Crédit photo : Le berceau
Le 10 novembre, à peine un mois après le lancement de l'opération Inondations d'Al-Aqsa par
la résistance palestinienne et le début de l'attaque brutale d'Israël sur Gaza, le ministère saoudien des Affaires étrangères a annoncé la tenue d'un sommet extraordinaire
conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Riyad . .
Initialement programmée séparément, la décision de regrouper les réunions aurait été due à
l' absence de consensus entre les États arabes sur la manière de répondre collectivement à l'agression
extrêmement disproportionnée d'Israël contre les 2,3 millions de civils de Gaza.
Il semblerait que les nations arabes ne soient pas parvenues à s'entendre sur un certain
nombre de mesures controversées recommandées par certains de leurs membres. Il s’agissait notamment de décisions interdisant l’utilisation de bases militaires
américaines régionales pour fournir des armes à Israël, suspendant toutes les relations arabes avec Israël et imposant un embargo pétrolier contre l’entité
occupante.
Un sommet très ordinaire
Malgré un sentiment généralisé contre les agressions israéliennes en Asie occidentale et
dans le monde islamique au sens large, le sommet, comme beaucoup s’y attendaient, s’est conclu sans actions concrètes contre Israël, soulignant la
faiblesse et la réticence des 22 dirigeants arabes à affronter Israël et ses alliés
occidentaux.
Cela soulève une question cruciale : au lieu d’une décision collective de la Ligue arabe,
que peuvent faire les nations arabes individuelles pour soutenir la Palestine, et pourquoi n’ont-elles pas déjà fait ces choses ?
Pour démêler les complexités de la géopolitique arabe et dans le but de simplifier les
différentes visions du monde et priorités de la région, les États arabes peuvent être classés en trois groupes politiques principaux – chacun étant influencé par des acteurs non
arabes : les États-Unis, la Turquie et l’Iran.
Les politiques étrangères de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït, de
Bahreïn, d’Oman, de la Jordanie, de l’Égypte, du Maroc et de Djibouti – la plupart gouvernées par des monarchies héréditaires – s’alignent étroitement sur celles des États-Unis et
de l’Occident. Bien qu’ils abritent de nombreuses bases militaires
américaines, ces États pourraient paradoxalement jouer un rôle substantiel en soutenant la Palestine sans recourir au conflit.
Le Maroc, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan, l’Égypte et la Jordanie
entretiennent tous des relations économiques, politiques et sécuritaires avec Israël. Pourtant, contrairement aux pays lointains d’Amérique latine, aucun n’a rompu ses liens,
même si Bahreïn a suspendu ses liens économiques.
Au lieu de cela, les ambassades israéliennes en Jordanie, au Maroc, en Égypte et à
Bahreïn ont été évacuées sur ordre du ministre des Affaires étrangères Eli Cohen et du directeur général du
ministère en raison de manifestations massives de soutien aux Palestiniens.
Les États les plus stratégiquement importants de ce groupe sont la Jordanie et l’Égypte,
qui partagent toutes deux des frontières avec Israël et entretiennent les relations les plus anciennes avec Tel Aviv. L’Égypte, un acteur clé depuis la signature des accords de Camp David en 1979, a la capacité d’influencer immédiatement les événements à
Gaza. Mais depuis les présidents Anouar Sadate jusqu'à
l'actuel Abdel Fattah el- Sissi, le Caire a fait des heures supplémentaires pour protéger la frontière sud d'Israël
et s'est engagé activement dans des accords énergétiques pour stimuler leurs économies mutuelles.
Si elle choisit de le faire, l’Égypte peut bloquer les navires israéliens dans le canal de
Suez, ouvrir le passage de Rafah vers Gaza pour inonder le territoire assiégé d’une aide essentielle et mettre fin à la coopération en matière de renseignement – aujourd’hui et
sans effusion de sang.
La Jordanie, qui partage la plus longue frontière avec l’État occupant, manque de moyens
substantiels pour contrer l’influence israélienne. Cependant, Amman
pourrait rompre ses liens avec Israël et menacer Tel-Aviv d’assouplir ses contrôles aux frontières – permettant potentiellement à des combattants étrangers et à des armes de
s’infiltrer en Cisjordanie occupée – un scénario que Tel Aviv craint grandement.
Les monarchies du golfe
Persique
, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Koweït et Oman, produisent
collectivement plus de 20 % du pétrole mondial. Une décision stratégique, telle qu’un embargo sur les exportations de pétrole vers Israël
et les pays qui ne soutiennent pas un cessez-le-feu immédiat à Gaza, pourrait exercer une pression considérable sur une Europe déjà aux prises avec une diminution de l’offre et
une flambée des prix de l’énergie.
Les 27 bases américaines dans ces pays arabes, y compris la cinquième flotte américaine
dont le siège est à Bahreïn, fournissent tout l’effet de levier dont ils ont besoin auprès de Washington.
En recalibrant leur collaboration avec l'armée américaine afin que cette dernière soit
obligée de considérer et de respecter également ses responsabilités nationales et régionales, ces États pourraient avoir un impact sur les livraisons incontestées
d'armes du
commandement central américain à la machine de guerre israélienne.
La richesse et l’empire médiatique de l’Arabie saoudite ont étendu leur influence à travers
le monde arabe et au-delà, lui conférant une influence cruciale dans les décisions arabes. Dans les années 1980, Riyad a rallié la jeunesse musulmane contre les Soviétiques en
Afghanistan, puis a répété un scénario similaire en Syrie dans les années 2010.
Le potentiel des Saoudiens à mobiliser des millions de personnes pour soutenir une cause
est évident, surtout si l’on considère le rôle de Riyad dans l’exportation du wahhabisme comme forme de politique étrangère et de projection de puissance douce dans le monde
musulman – bien que cela ait diminué ces dernières années sous la direction modernisatrice et réformiste de dirigeant de facto, le prince héritier Mohammed Bin
Salman. Même si Israël reçoit 60 % de ses importations de pétrole de l'Azerbaïdjan et du Kazakhstan, à majorité
musulmane, en tant que producteur majeur de pétrole et poids lourd de l'OPEP, l'Arabie Saoudite peut demander l'arrêt des exportations d'énergie vers Israël, ce qui aurait un
impact immédiat et débilitant sur le marché de Tel-Aviv. effort de guerre.
Cependant, les décisions politiques des dirigeants arabes restent floues, les alliés arabes
des États-Unis n’entravant pas l’aide militaire à Tel-Aviv ni ne bloquant l’espace aérien aux avions israéliens et américains. L'Égypte, la Jordanie et l'Arabie Saoudite ont
plutôt abattu des missiles se dirigeant vers Israël pour le protéger des attaques extérieures, car
leurs dirigeants préfèrent défendre les frontières d'Israël plutôt que de perdre leur pouvoir. Les alliés arabes de la Turquie
Les liens de longue date du président turc Recep Tayyip Erdogan avec les Frères musulmans
ont récemment renforcé l'influence d'Ankara dans le monde arabe. Le
Qatar, en tant que principal allié arabe de la Turquie, partage des perspectives de politique étrangère et des vues communes sur la cause palestinienne, malgré les formidables
relations commerciales d'Ankara avec Israël.
De plus, les dirigeants du Hamas se déplacent librement dans ce petit pays du
Golfe. Doha est l’une des plus grandes sources d’aide financière à
la bande de Gaza assiégée et, sur le plan diplomatique, a joué et continue de jouer un rôle de premier plan dans les négociations de trêves et d’échanges de prisonniers entre la résistance palestinienne et Israël,
comme en témoigne le dernier accord facilité par les Qataris.
Néanmoins, d’une manière générale, le Qatar reste aligné sur le camp occidental, auquel
penche également la Turquie, alliée de l’OTAN. Malgré son
vaste empire médiatique qui défend ouvertement la cause palestinienne et son opposition résolue à une
normalisation sans État palestinien, le soutien du Qatar est toujours limité et n'atteint pas son plein potentiel.
L’Axe de la Résistance
Aujourd’hui, les États arabes et les acteurs non étatiques alignés sur l’Iran jouent de loin le rôle le plus crucial dans le soutien à la cause palestinienne, en
particulier là où elle compte le plus : la lutte armée pour la libération nationale. Malgré les difficultés, ils continuent de résister et de contribuer à l’Axe de résistance
plus large de la région.
Depuis le 8 octobre, la résistance au Liban, dirigée par le Hezbollah, a mené avec succès
une politique militaire lente consistant à détourner toute l’attention de l’armée israélienne de Gaza vers sa frontière nord, marquée par des affrontements quasi
quotidiens.
En ciblant stratégiquement et en éliminant les réseaux de communication et de surveillance
israéliens, le Hezbollah a essentiellement forcé un tiers des forces d'occupation à surveiller la frontière nord et à dépeupler des
colonies entières et des bases militaires dans un rayon de cinq kilomètres.
Aujourd’hui, la Syrie, principal État arabe membre de l’Axe de la Résistance, est
considérée comme le maillon le plus faible de cette alliance. Sous
le régime oppressif des sanctions occidentales depuis les années 1970, la situation économique de la Syrie s'est
considérablement aggravée depuis le début du conflit de changement de régime mené par des armées étrangères en 2011, qui a détruit des pans entiers du
pays.
Israël utilise cette vulnérabilité pour lancer régulièrement des frappes aériennes et des
missiles contre la Syrie, et a continué à le faire malgré son enlisement militaire à ses frontières sud et nord.
Les Syriens ne sont cependant pas hors de propos. Des missiles sont tirés occasionnellement sur le plateau du Golan occupé par Israël, tandis
que des missiles antichar guidés (ATGM), tels que le Kornet russe, utilisés contre les véhicules blindés israéliens à Gaza et dans le sud du Liban, sont fournis
par Damas .
La Syrie continue également d’être une voie essentielle pour le transfert, le transport et
le stockage d’armes et de main-d’œuvre à travers l’Axe.
Les forces armées yéménites alliées à Ansarallah ont également été actives ces dernières
semaines en solidarité avec Gaza, ayant tiré des missiles et des drones qui ont atteint le sud d'Israël, à environ 2 000 kilomètres de là. Les Yéménites ont également intensifié leurs opérations navales dans la mer Rouge, se révélant une menace pour les navires israéliens opérant dans
cette voie de navigation stratégique.
Le leader d'Ansarallah, Abdul-Malik al-Houthi, a promis le 14 novembre que les forces armées yéménites « cibleraient les navires de l'ennemi
israélien dans la mer Rouge, et nous les détruirions ; nous n'hésiterons pas à les cibler et à le faire savoir au monde entier ». ".
Cinq jours plus tard, un Galaxy Leader israélien a été saisi en mer Rouge - avec son équipage à bord - et emmené au port de Hodeidah au
Yémen. Puis, le 25 novembre, une attaque de drone a visé un cargo appartenant à la compagnie maritime israélienne
ZIM. L’Irak, qui a été pour l’essentiel démembré et occupé par les États-Unis depuis 2003,
abrite de multiples factions de résistance soutenues par Téhéran qui se sont engagées à cibler les intérêts et les bases militaires américaines en Irak et en
Syrie. Les États-Unis ont annoncé avoir été attaqués en Irak à 66 reprises depuis octobre. De plus, des missiles ont été tirés par ces groupes vers Israël, mais ont été interceptés
par la Jordanie.
Une « unité des fronts »
La crainte d’une guerre sur plusieurs fronts, impliquant le Hezbollah, la Syrie et leurs
alliés, y compris les groupes de résistance palestinienne en Syrie et au Liban, a contraint les États-Unis et leurs alliés à envoyer une formidable présence navale dans la
région. Cela comprenait des navires de la marine, des porte-avions,
des destroyers et des sous-marins vers la Méditerranée orientale, en signe de soutien à Tel Aviv.
Le déploiement militaire accru a été déclenché par les actions d’un groupe de résistance
relativement restreint au Liban en crise. On ne peut qu’imaginer
l’immense influence et la pression que pourrait exercer un front uni des nations arabes contre Israël et ses quelques fervents partisans.
L'Algérie d'Afrique du Nord, une exception, exprime son soutien aux Palestiniens et
s'oppose catégoriquement à la normalisation avec Tel Aviv. C’est
également l’un des rares États arabes à entretenir des relations positives avec l’Iran et la Syrie. En tant que producteur majeur de gaz , la simple menace d’arrêter les exportations de gaz pourrait exercer une pression
massive de la part de l’UE sur Israël. Bien qu'aucune action militaire n'ait encore été entreprise, le parlement
algérien a
voté à l'unanimité en faveur du soutien à la Palestine par des moyens militaires si
nécessaire.
Les bombardements persistants et le ciblage intentionnel des civils à Gaza sont sur le
point d’influencer l’opinion publique arabe en faveur du soutien à la résistance, si de tels sentiments ne sont pas déjà pleinement enracinés. En revanche, l’inaction des monarchies arabes alliées aux États-Unis va presque
certainement intensifier la surveillance de ces régimes et éroder leur légitimité nationale et régionale.
Plus Israël poursuit son génocide à Gaza, plus son inaction devient difficile à
expliquer. Même si un cessez-le-feu rapide pourrait atténuer ce
problème pour les monarchies arabes et d’autres États arabes pro-occidentaux, Israël – et son soutien les États-Unis – semblent plutôt prêts à intensifier leur guerre dans la
bande de Gaza. Cela ne prend même pas en compte la guerre qu’Israël
mène tranquillement depuis des semaines en Cisjordanie occupée, une zone gouvernée par une autorité pro-américaine, qui perd de jour en jour sa crédibilité et son
soutien.
La solution
cruciale consiste pour les nations arabes à surmonter les divisions internes et à forger un front uni pour exercer collectivement une influence afin de mettre un terme à la guerre
à Gaza. Tout comme les principaux États arabes de l’OPEP ont acquis
une influence démesurée lorsqu’ils ont défié Washington de réduire leur production pétrolière, ils se rendront probablement compte qu’une position collective et dure contre Israël
ne fera que confirmer leur force sur la scène mondiale.
La jungle est là, s’insinuant à
l’intérieur de chacun d’entre nous.
«Mistah Kurtz – il
est mort». (Joseph Conrad, «Le cœur des
ténèbres»)
Joseph Conrad a dit un jour qu’avant de se rendre au Congo, il était un simple animal. C’est dans l’une de ces terres partiellement tracées par la
cruauté et l’hypocrisie de l’éthique impériale que Conrad a découvert le colonialisme européen dans son incarnation la plus terrible, dûment dépeinte dans «Le cœur des
ténèbres» – l’une des plus grandes épopées de sensibilisation de l’histoire de la littérature.
C’est au Congo que Conrad, un Polonais né dans ce que l’on appelle encore aujourd’hui l’«Ukraine», alors contrôlée par la Pologne, et qui n’a commencé à
écrire en anglais qu’à l’âge de 23 ans, a perdu à jamais toute illusion sur la mission civilisatrice de sa race.
D’autres éminents Européens de son époque ont connu la même horreur : ils ont participé à des spectacles de conquête et d’atrocité, aidé la métropole à
piller l’Afrique, utilisé le continent comme toile de fond de leurs aventures juvéniles meurtrières et de leurs rites de passage, ou encore testé leur courage en «sauvant» les âmes
des indigènes.
Ils ont traversé le cœur sauvage du monde et ont fait fortune, leur réputation ou leur pénitence pour revenir dans le doux confort de l’inconscience –
quand ils n’ont pas été renvoyés dans un cercueil, bien sûr.
Pour dominer les peuples «primitifs», Britannia a remplacé le fer et l’épée par le commerce. Comme toute foi monothéiste, elle croyait qu’il n’y avait
qu’une seule façon d’être, une seule façon de boire son thé, une seule façon de jouer le jeu – n’importe quel jeu. Tout le reste était non civilisé, sauvage, brutal, fournissant au
mieux des matières premières et des maux de tête aigus.
La jungle à
l’intérieur
Pour la sensibilité européenne, le monde subéquatorial, en fait tout le Sud mondial, était l’endroit où l’homme blanc se rendait pour triompher
personnellement ou pour se dissoudre, en devenant en quelque sorte «l’égal» des indigènes. La littérature, depuis l’époque victorienne, est pleine de héros voyageant vers des
latitudes «exotiques» où les passions – comme les fruits tropicaux – sont plus grandes qu’en Europe, et où des formes perverties de connaissance de soi peuvent être expérimentées
jusqu’à l’oubli.
Conrad lui-même a placé ses héros torturés dans des lieux «obscurs» de la Terre pour qu’ils expient leurs ombres en même temps que les ombres du monde,
loin de la «civilisation» et de ses châtiments conventionnels.
Et cela nous amène à Kurtz dans «Le cœur des
ténèbres» : il est dans une classe à part parce qu’il arrive à un extrême de la connaissance de soi pratiquement inédit dans la littérature européenne, face à la révélation
complète de la malignité de sa mission et de son espèce.
Au Congo, Conrad a perdu son innocence. Et son personnage principal a perdu la raison.
Lorsque Kurtz a migré au cinéma dans «Apocalypse
Now» de Coppola, et que le Cambodge a remplacé le Congo comme cœur des ténèbres, il a dénigré l’image de l’Empire. Le Pentagone a donc envoyé un guerrier-intellectuel pour le
tuer, le capitaine Willard. Coppola a dépeint le spectateur passif Willard comme étant encore plus fou que Kurtz : c’est ainsi qu’il a réussi le démasquage psychédélique de toute la
farce du colonialisme civilisateur.
Aujourd’hui, il n’est pas nécessaire de prendre la mer ou d’embarquer dans une caravane à la recherche de la source des fleuves brumeux pour vivre
l’aventure néo-impériale.
Il suffit d’allumer son smartphone pour suivre un génocide, en direct, 24/7, et même en HD. Notre rencontre avec l’horreur… l’horreur – immortalisée par
les mots de Kurtz dans «Le cœur des
ténèbres» – peut être vécue en se rasant le matin, en faisant du Pilates ou en dînant avec des amis.
Et comme Coppola dans «Apocalypse
Now», nous sommes libres d’exprimer une stupeur morale humaniste face à une «guerre», en fait un massacre, qui est déjà perdue – impossible à soutenir sur le plan éthique.
Aujourd’hui, nous sommes tous des personnages conradiens, nous ne faisons qu’entrevoir des fragments, des ombres, mélangés à la stupeur de vivre dans
une époque horriblement mémorable. Il n’est pas possible de saisir la totalité des faits – surtout lorsque les «faits» sont fabriqués et reproduits ou renforcés
artificiellement.
Nous sommes comme des fantômes, cette fois non pas face à la grandeur de la nature, ou traversant la jungle épaisse et irréversible, mais branchés sur
une urbanité dévastée comme dans un jeu vidéo, co-auteurs de la souffrance ininterrompue. Le cœur des ténèbres est construit par «la seule démocratie» au Moyen-Orient au nom de «nos
valeurs».
Autant d’horreurs invisibles qui se déroulent derrière le brouillard, au cœur d’une jungle désormais reproduite en cage urbaine. En assistant,
impuissants, au massacre gratuit de femmes et d’enfants, au bombardement d’hôpitaux, d’écoles et de mosquées, c’est comme si nous étions tous les passagers d’un bateau ivre plongeant
dans un tourbillon, admirant la puissante majesté de tout le paysage.
Et nous sommes déjà en train de mourir avant même d’entrevoir la mort.
Nous sommes les épigones des hommes creux de T.S. Eliot. Les cris obsédants de la jungle ne viennent plus d’un hémisphère «exotique». La jungle est ici,
à l’intérieur de chacun d’entre nous.
Le secrétaire général du Hezbollah libanais a rencontré, le 22 novembre, une délégation de hauts responsables du Mouvement de la résistance islamique de
la Palestine (Hamas). La rencontre a eu lieu alors qu’au moins cent Palestiniens ont été tués dans des attaques israéliennes dans la nuit de mardi à mercredi aux alentours des
hôpitaux et des camps de réfugiés de la bande de Gaza. Cité par la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen.
Des personnalités éminentes du Hamas, dont Khalil al-Hayya et Oussama Hamdan, étaient présentes à cette réunion qui a
eu lieu à Beyrouth. Nasrallah et les responsables du Hamas ont passé en revue les derniers évènements survenus sur le terrain depuis l’opération-surprise du mouvement
basé à Gaza, baptisée Tempête d’Al-Aqsa, contre Israël, le 7 octobre 2023. Les deux parties ont évalué les scénarios potentiels sur tous les fronts de Résistance, en particulier dans
la bande de Gaza, en soulignant la nécessité d’une coordination plus étroite et d’une plus grande fermeté afin de sortir victorieux de la guerre à Gaza. La réunion a eu lieu le jour
même où les combattants du Hezbollah ont lancé une série de frappes de représailles contre les positions militaires israéliennes dans la partie nord des territoires occupés en
1948.
Par ailleurs la chaîne de télévision libanaise Al-Manar,
citant un communiqué du Hezbollah, a rapporté que les combattants du groupe avaient pilonné l’avant-poste d’al-Raheb avec un missile Burkan, les combattants libanais ont frappé des
postes militaires israéliens dans les régions de Bayyad Blida et de Yiftah. Le 21 novembre, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Qassem, a déclaré que le
Hezbollah était en état de guerre avec Israël. «Israël veut
terroriser les Palestiniens et les forcer à abandonner leur résistance en massacrant la population de la bande de Gaza», avait-il dit. «La victoire
appartient à la Résistance et l’ennemi sioniste sera incapable d’atteindre ses objectifs», a déclaré le cheikh Naïm Qassem.
La vision russe sur une possible participation de l’Iran avec la Résistance palestinienne
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti que l’Iran et le mouvement de résistance libanais Hezbollah pourraient décider de
s’engager dans la guerre en cours à Gaza s’ils étaient provoqués par les actions israéliennes.
Lavrov a déclaré dans une interview à la chaîne de télévision RT publiée
récemment que ni l’Iran ni le Hezbollah n’avaient aucune envie de participer à la guerre à Gaza, sauf en cas de provocations de la part du régime israélien. Le Hezbollah est impliqué
dans des affrontements transfrontaliers avec Israël depuis que le régime a lancé début octobre une opération militaire à grande échelle contre les Palestiniens dans le territoire
méditerranéen de la bande de Gaza. Les responsables du Hezbollah ont averti que la confrontation avec Israël pourrait s’intensifier si le régime n’arrête pas son massacre de civils à
Gaza.
Dans son interview, Lavrov a accusé les États-Unis de tenter de bloquer les efforts des pays comme la Russie de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza.
Le diplomate russe a également déclaré que la solution inévitable à la crise en Palestine était la formation d’un État palestinien, Moscou essaie de transmettre cette proposition
au régime israélien.
Dans ce contexte l’on cite aussi que le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yvan Gil Pinto, a annoncé le soutien de son pays à l’imposition
d’un embargo pétrolier à l’entité sioniste afin de mettre un terme à ses crimes contre les Palestiniens à Gaza. Dans un communiqué rapporté par le site web
pakistanais, WE
News, Yvan Gil a qualifié la situation à Gaza de catastrophique, ce qui est en violation des accords internationaux sur le droit humanitaire. Yvan Gil a précisé que la
Venezuela n’exporte pas actuellement de pétrole vers Israël et n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’entité sioniste. Cependant, le pays était prêt à soutenir toute
mesure adoptée au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour remédier à la situation à Gaza.
Eva Karene Bartlett, de nationalité
canadienne, est une des grandes journalistes contemporaines. Pour ses reportages libres sur le sort des Palestiniens, sur la guerre de Syrie ou la guerre d’Ukraine, elle est régulièrement la
cible des chiens de garde de la presse subventionnée (les “fact-checkers” bien mal nommés puisque ce sont des censeurs, des “speech-checkers”). Nous avons demandé à Madame Bartlett l’autorisation
de reproduire un récent en deux parties, datant de dix ans (les faits rapportés datent de la seconde partie des années 2000), sur les humiliations et souffrances subies par les Palestiniens, en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les actuels massacres et destructions commis en Palestine représentent une intensification de pratiques qu’Eva Bartlett décrit depuis des années.
Le texte original, en langue anglaise, est paru sur le blog In Gaza and beyond
Observations en Palestine occupée (partie 1)
Depuis mai 2007, j’ai vécu dans différentes régions de la Palestine occupée, j’ai été témoin des crimes de l’entité sioniste et j’ai partagé les tragédies
quotidiennes, les injustices et les réalités de la vie des Palestiniens.
En 2007, en Cisjordanie occupée, j’ai été volontaire avec l’ISM (International Solidarity Movement)
pendant huit mois, au cours desquels j’ai été détenue lors d’une manifestation contre une autoroute réservée aux Juifs en Cisjordanie, arrêtée lors d’une action d’expulsion d’un barrage routier,
menottée et entravée pendant deux jours, puis finalement expulsée et interdite de séjour en Palestine occupée.
Au cours de ces mois, j’ai été témoin des aspects les plus horribles de la vie sous le régime sioniste : attaques par des colons juifs illégaux (également armés) et
par des soldats sionistes contre des enfants, des femmes et des personnes âgées palestiniens ; points de contrôle militaires humiliants, dont certains avec des tourniquets semblables à ceux d’un
zoo, qui servent tous à retarder ou à empêcher complètement les déplacements des Palestiniens ; raids et lock-downs de plusieurs semaines dans les villes palestiniennes, au cours desquels l’armée
sioniste saccage les maisons et enlève généralement un ou plusieurs membres de la famille, y compris des enfants. Il y a actuellement 195 enfants palestiniens dans les prisons sionistes.
À Susiya, un hameau des collines du sud de l’Hébron, j’ai été témoin du vol de terres et de leur annexion rapide par les colons juifs illégaux. Alors que nous
étions en train de documenter cette annexion, un colon a admis avec joie que la terre était palestinienne mais que les vignes qu’ils avaient plantées sur le terrain valaient 60 000 shekels
(environ 17 500 dollars) et étaient destinées à la production de vin. “Cela n’a pas d’importance. Vous voyez, les raisins que nous cultivons deviendront du vin. Et je boirai le vin. Tout ce que
vous dites n’a pas d’importance.”
J’ai dormi dans les tentes des familles palestiniennes qui, vingt ans plus tôt, avaient été expulsées de leurs maisons et vivaient désormais dans des tentes
délabrées, maintes fois démolies par l’armée sioniste – et toujours sous la menace d’une prochaine démolition. Nous sommes restés avec eux dans l’espoir de prévenir les attaques inévitables des
colons voisins. Hajj Khalil, un octogénaire, avait été brutalement battu par des colons l’année précédente. Il a de nouveau été brutalement battu, ainsi que sa femme, l’année suivante.
“Judée et Samarie”
Lors de mes rencontres avec l’armée, qui dispose d’une base militaire près de Susiya, je les ai souvent entendus appeler la Cisjordanie occupée “Judée et Samarie”,
ce qui témoigne de leur ignorance et de leur lavage de cerveau. D’ailleurs, le site Internet de l’armée d’occupation sioniste ne prétend même pas reconnaître la Palestine, qu’elle soit historique
ou actuelle, et parle lui aussi de “Judée et Samarie”.
Khalil (Hébron) est l’un des exemples les plus effrontés du contrôle illégal de la terre palestinienne par des colons juifs. Environ 800 colons armés dirigent H2,
une zone de Khalil entièrement contrôlée par les sionistes. À Tel Rumeida en particulier, les attaques ont été fréquentes et graves au fil des ans, leurs agressions sadiques étant soutenues par
les soldats sionistes. Les Palestiniens de tous âges sont fréquemment pris pour cible et des familles ont été brutalement expulsées de leurs maisons par les colons qui les ont ensuite
occupées.
À maintes reprises, en Palestine occupée, je me suis retrouvée avec d’autres militants de la solidarité à faire des choses qui semblaient être une pure perte de
temps. À Khalil, nous nous tenions pendant des heures près des points de contrôle militaires et surveillions si les Palestiniens étaient indûment retenus ou empêchés de passer par les soldats
sionistes.
Dans certains cas, notre présence faisait honte aux soldats et les Palestiniens étaient autorisés à passer, mais dans la plupart des cas, les soldats étaient si
belliqueux qu’ils se moquaient que nous voyions (et filmions) leurs actes de cruauté à l’encontre des Palestiniens. Souvent, nous avons également été détenus ou arrêtés par les soldats sionistes
lorsque nous refusions de quitter une zone soudainement considérée comme une “zone militaire fermée”, une tactique utilisée par l’armée sioniste pour empêcher les Palestiniens et les étrangers
d’entrer dans une zone, mais aussi pour annexer davantage de terres palestiniennes (comme ce fut le cas à Susiya).
Dans la rue Shuhada (Martyrs) – autrefois la rue principale de Khalil, florissante et prospère, aujourd’hui une rue fantôme, aux maisons fermées et racistes, aux
graffitis haineux peints sur les portes et les murs – nous restions assis pendant des heures sous le soleil, simplement comme une présence qui pourrait dissuader les colons d’attaquer les enfants
palestiniens qui se rendaient à l’école, ou les femmes et les personnes âgées palestiniennes qui se déplaçaient. Rester assis pendant des heures semblait être une perte de temps colossale, mais
dans de nombreux cas, notre présence permettait effectivement un certain degré de sécurité.
Nous avons participé à la reconstruction de maisons démolies par l’armée sioniste sous le faible prétexte de l’absence de permis de construire (accordé par Israël)
ou de lois sur le zonage. À l’une de ces occasions, la famille que nous accompagnions reconstruisait pour la troisième fois. Le Comité israélien contre les démolitions de maisons estime qu’au
moins 27 000 maisons palestiniennes ont été démolies depuis 1967 (sans compter celles qui ont été bombardées à Gaza). Dans le cadre du “plan Prawer”, les sionistes ont l’intention de déplacer 70
000 Palestiniens ayant la citoyenneté “israélienne” et de détruire 35 villages dans le désert du Naqab, en Palestine occupée.
“Les colons n’ont pas été chagrinés lorsque nous avons crié ‘Vous allez tuer quelqu’un!'”
Pendant la saison des olives, nous avons rejoint des familles dans des régions connues pour les attaques brutales des colons illégaux, récoltant les olives avec les
Palestiniens locaux jusqu’à ce que les attaques inévitables se produisent. À une occasion, un Palestinien a été méchamment blessé à la tête par de lourdes pierres lancées contre lui. J’ai manqué
de peu de recevoir une pierre sur la tempe, la main de mon appareil photo l’ayant bloquée. Les quelque six colons installés sur une colline au-dessus de nous n’ont pas été chagrinés lorsque nous
avons crié qu’ils allaient tuer quelqu’un. C’était, après tout, leur intention.
Une autre absurdité pendant la saison de la récolte des olives, et en général pour tout agriculteur essayant d’accéder à sa terre, est la nécessité d’obtenir un
permis, accordé (ou non) par les sionistes. Et même avec ce permis, il n’y a aucune garantie que les Palestiniens pourront accéder à leurs terres et y travailler.
Lors d’une invasion militaire dans la vieille ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie, nous avons parcouru les rues pour apporter de la nourriture aux
Palestiniens bloqués dans leurs maisons, et nous avons escorté ceux qui étaient sortis de chez eux lorsque le “couvre-feu” (lock-down) a été imposé. À un moment donné, après avoir escorté trois
femmes dans des maisons encerclées par des soldats sionistes, un infirmier palestinien que nous accompagnions a été fait prisonnier par les soldats, les yeux bandés et les mains menottées, et
utilisé comme bouclier humain pour dissuader la résistance palestinienne de riposter contre les soldats envahisseurs. Aucune de nos tentatives pour négocier sa libération n’a abouti ; le fait
d’informer les soldats qu’il était illégal d’utiliser des civils – et même des médecins – comme boucliers humains n’a eu aucun effet. Après tout, les sionistes sont au-dessus des lois…
Bil’in, un village situé au nord de Ramallah, a été l’un des premiers villages à protester contre le mur gargantuesque et illégal que les sionistes sont en train de
construire et qui s’enfonce profondément dans la Cisjordanie déjà occupée. Depuis 2005, des hommes, des femmes, des enfants et des anciens de Bil’in ont marché tous les vendredis sur leurs
terres, protestant contre cette nouvelle annexion sioniste et la perte de 60 % des terres du village. Ils sont systématiquement confrontés à un assaut de balles réelles, de balles en métal
recouvertes de caoutchouc et de volées de gaz lacrymogène.
Une grenade lacrymogène tue Bassam Abu Rahme
Les balles “en caoutchouc” sont en fait des roulements métalliques recouverts d’une très fine couche de caoutchouc, souvent fendus intentionnellement avant d’être
tirés, afin d’infliger un maximum de blessures. Elles sont destinées à être utilisées uniquement sur les jambes, mais les soldats sionistes tirent régulièrement sur le visage.
La quantité de gaz lacrymogène tirée sur les manifestants de Bil’in est stupéfiante, mais la manière dont ils sont tirés est encore plus mortelle : souvent, ils
sont tirés directement sur la personne, ce qui a entraîné la mort de Bassam Abu Rahme. Atteint à quelques mètres à peine par une grenade lacrymogène à haute vélocité, Bassam n’a pas survécu. Au
moment de son assassinat en avril 2009, il était le 18e manifestant contre le mur à être assassiné par l’armée sioniste, de nombreux jeunes de 14 à 16 ans et un enfant de 10 ans figurant parmi
les morts.
Ceux qui sont considérés comme des organisateurs sont systématiquement enlevés, à la fois pendant les manifestations et pendant les raids nocturnes sur le village,
et sont généralement gardés sans inculpation pendant des mois, certains des 134 Palestiniens étant détenus dans des prisons sionistes dans le cadre de la “détention administrative”.
A Bil’in et dans les nombreux autres villages palestiniens qui organisent de telles manifestations gandhiennes, nous avons défilé avec eux et avons été également
affaiblis par les nuages de gaz lacrymogènes. Lorsqu’il semblait que l’armée allait enlever un Palestinien, nous essayions de le “désarrêter”. Une fois, en enroulant nos membres autour d’Adeeb,
l’un des nombreux manifestants enlevés à Bil’in, nous avons réussi à éviter son arrestation, mais nous avons été frappés au corps et à la tête avant que les soldats ne lancent une bombe
lacrymogène directement sur nous [vidéo].
Le gandhisme est permanent…et piétiné, en Palestine!
L’ironie d’une telle brutalité contre les diverses manifestations non violentes est que les médias corporatistes disent souvent “pourquoi n’y a-t-il pas de Gandhi
palestinien ?”. Mais chaque jour de survie sous la domination sioniste est en soi une protestation non violente, sans parler des manifestations qui ont lieu chaque semaine.
Bien que j’aie été témoin d’horribles actes de violence et de dégradation contre les Palestiniens aux mains de l’armée sioniste et des colons, au cours des quatre
années environ que j’ai passées en Palestine occupée, j’ai aussi vu, de manière surprenante, beaucoup de beauté, de générosité, de culture et de résilience.
Cela n’est pas surprenant pour quiconque connaît les Palestiniens, mais pour un observateur qui n’entendrait parler que des diverses guerres que l’État sioniste
inflige aux Palestiniens occupés, on ne s’attendrait guère à ce que la beauté et la vie s’épanouissent.
Cependant, la souffrance et la tragédie l’emportent largement sur la joie et l’espoir, dans un déséquilibre similaire à celui du rapport de force entre l’État
sioniste, lourdement armé, et les Palestiniens occupés, armés de pierres et de roquettes artisanales.
Le moins que je puisse faire, que nous puissions faire, c’est de travailler à modifier ce déséquilibre des forces en faveur de la justice.
Eva Karene Bartlett, de
nationalité canadienne, est une des grandes journalistes contemporaines. Pour ses reportages libres sur le sort des Palestiniens, sur la guerre de Syrie ou la guerre d’Ukraine, elle est
régulièrement la cible des chiens de garde de la presse subventionnée (les “fact-checkers” bien mal nommés puisque ce sont des censeurs, des “speech-checkers”). Nous avons demandé à Madame
Bartlett l’autorisation de reproduire un récent en deux parties, datant de dix ans (les faits rapportés datent de la seconde partie des années 2000), sur les humiliations et souffrances subies
par les Palestiniens, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les actuels massacres et destructions commis en Palestine représentent une intensification de pratiques qu’Eva Bartlett décrit
depuis des années. Si le récit consacré à la Cisjordanie, que nous avons reproduit hier, était poignant, celui concernant Gaza est proprement terrifiant
Observations de la Palestine occupée (partie II -Gaza) – novembre 2013
Le mois dernier, des pluies torrentielles d’une ampleur inhabituelle ont inondé une grande partie de la bande de Gaza, qui était déjà sous le choc d’un siège
israélo-égyptien qui dure depuis 2006. Des centaines de milliers de personnes ont été touchées et plus de 5 000 ont été évacuées de leur domicile. Des coupures d’électricité de 20 à 22 heures par
jour, voire des journées entières, sont devenues la norme, affectant tous les aspects de la vie à Gaza.
La bande de Gaza, une bande de terre de 365 kilomètres carrés, longue de 40 km et large de 12 km, accueille 1,7 million de Palestiniens, dont les deux tiers sont
des réfugiés.
Alors que les souffrances de Gaza remontent à plusieurs décennies, depuis 2006, une grande partie du monde a coupé les liens avec Gaza et, depuis 2007, Israël,
soutenu par l’Égypte et les puissances occidentales, impose un blocus total à la bande de Gaza.
Israël et l’Egypte ont imposé un blocus à Gaza depuis 2007
Il ne s’agit pas simplement d’un blocus économique, mais plutôt d’un verrouillage complet des déplacements, des marchandises, de l’accès aux soins de santé à
l’extérieur, et d’une limitation des importations de carburant, de gaz de cuisine et de médicaments, pour ne citer que quelques articles, dans l’enclave. Cette situation a des répercussions sur
tous les aspects de la vie imaginables.
En novembre 2008, j’ai rejoint un bateau de parlementaires européens naviguant de Chypre à la bande de Gaza, pour tenter de briser symboliquement le blocus. Outre
cet acte de solidarité, c’était aussi mon seul moyen d’entrer dans la bande de Gaza. Tous les postes-frontières, sauf un, étant contrôlés par Israël et les autres par le régime égyptien(complice)
de Moubarak, l’entrée par la mer était la seule option. Toutefois, l’issue n’était pas certaine : Israël contrôle également les eaux palestiniennes.
Canonnière israélienne encadrant le Dignity alors qu’il naviguait dans les eaux internationales en direction des eaux palestiniennes.
Organisée par le mouvement Free Gaza, la traversée de novembre était la troisième du genre. Deux autres bateaux ont atteint les côtes palestiniennes avant que les
navires de guerre israéliens ne commencent à entraver violemment le passage, y compris en éperonnant un bateau.
J’ai rejoint la poignée d’autres militants des droits de l’homme de l’ISM (International Solidarity Movement) pour entamer ce qui allait être, pendant trois ans,
l’expérience la plus surréaliste et la plus horrible que j’aie jamais vécue en tant qu’activiste.
Notre travail consistait à accompagner des agriculteurs et des pêcheurs qui tentaient d’exercer leur métier, régulièrement sous le feu des mitrailleuses des soldats
sionistes. Dans le cas des pêcheurs, ils sont également soumis à des bombardements et à des attaques au canon à eau de forte puissance, dont la force brise les fenêtres, fend les éléments
structurels en bois des bateaux et détruit l’équipement de navigation électronique. La marine israélienne ajoute souvent un produit chimique à l’eau pulvérisée, ce qui fait que les victimes
trempées empestent les excréments pendant des jours. [vidéos]
Harcèlement et agressions des pêcheurs palestiniens par la marine israélienne
Lors d’un assaut contre des pêcheurs, la marine a d’abord pulvérisé des tirs de mitrailleuse sur un chalutier à un kilomètre de la côte nord de Gaza pendant environ
quinze minutes, avant de tirer un missile qui a mis le feu au bateau. Les pêcheurs ont sauté par-dessus bord et ont été sauvés, mais pas le bateau. Ravagé par les flammes, le bateau a été détruit
et, avec lui, les moyens de subsistance des quelque huit pêcheurs qui travaillaient régulièrement sur le bateau.
Une demi-heure après ma première sortie avec les pêcheurs, en novembre 2008, une canonnière israélienne nous a chargés, faisant une embardée à la dernière minute.
Intimidation. Les pêcheurs se sont précipités pour remonter leurs filets. Peu après, une autre canonnière s’est dirigée vers nous en tirant des coups de canon à eau. Notre chalutier a réussi à
s’échapper avant l’arrosage. Ce harcèlement mineur n’est rien en comparaison des agressions répétées qui se produisent généralement lorsque les pêcheurs tentent de pêcher, ne serait-ce qu’à
quelques kilomètres de la côte. En vertu des accords d’Oslo, les pêcheurs palestiniens ont le droit de pêcher à 20 milles nautiques, mais la règle israélienne fixe la limite à six milles.
Souvent, lorsque les pêcheurs sont attaqués en mer, c’est à plusieurs reprises, car la marine israélienne les suit d’un endroit à l’autre, ce qui rend leurs efforts de pêche largement
infructueux.
Les pêcheurs sont régulièrement enlevés et leurs bateaux volés par la marine. Si les bateaux sont restitués, c’est inévitablement après de nombreux mois, et
dépouillés de leurs filets et de leur équipement. Le processus d’enlèvement des pêcheurs se déroule généralement comme suit : une ou plusieurs canonnières israéliennes attaquent le chalutier (ou
les petites embarcations à rames courantes à Gaza) à la mitrailleuse et/ou au canon ; la marine ordonne aux pêcheurs de se déshabiller jusqu’aux sous-vêtements, de plonger dans l’eau et les
oblige souvent à nager ou à faire du sur-place pendant de longues périodes, quelle que soit la température de l’eau. Les pêcheurs sont ensuite remontés à bord, enlevés dans un centre de détention
et interrogés sur tout ce qui n’a rien à voir avec la pêche.
Intimidation des agriculteurs
Une politique d’intimidation similaire est appliquée quotidiennement dans les régions frontalières de Gaza, où les agriculteurs et toute personne travaillant ou
vivant près de la frontière sont exposés à des tirs de mitrailleuses ou à des bombardements. Parmi eux, certains des plus pauvres de la bande de Gaza, généralement des enfants, travaillent dans
les régions frontalières pour ramasser des pierres et des gravats (provenant des maisons détruites par l’armée israélienne) afin de les revendre dans le secteur de la construction. Ces
travailleurs sont doublement menacés : ils risquent d’être pris pour cible par des mitrailleuses ou des tirs d’artillerie et de voir exploser les engins non explosés qui se trouvent sous les
décombres lorsqu’ils sont dérangés [vidéos].
Pendant la guerre de 2008-2009 contre la population de Gaza, outre les bombardements des avions de guerre, de nombreuses maisons dans les régions frontalières ont
été détruites par des explosifs de démolition. Cela s’est accompagné de la destruction intentionnelle de puits et de citernes dans les régions frontalières. Les chars et les bulldozers ont
transformé d’immenses étendues de terre en vagues de terre inexploitables. La combinaison de tous ces éléments a rendu les zones flanquant la frontière invivables et presque impossibles à
cultiver. [voir : Ils font comme de l’art
ici]
Les agriculteurs qui tentent d’accéder à leurs terres, qu’il s’agisse de personnes âgées ou d’enfants (hommes et femmes), sont régulièrement pris pour cible par les
soldats israéliens. La “zone tampon” de 50 mètres établie unilatéralement par les autorités israéliennes du côté de Gaza au milieu des années 90 a été étendue au fil des ans jusqu’à la “zone
tampon” actuelle de 300 mètres. En réalité, la politique actuelle consiste à attaquer les Palestiniens jusqu’à deux kilomètres de la frontière.
Zone interdite et tirs arbitraires
Cette zone interdite dérobe environ un tiers des terres agricoles de Gaza, des terres qui se trouvent être parmi les plus fertiles de la bande. Il s’agit d’une zone
autrefois connue comme le “grenier à blé” de Gaza en raison des nombreux oliviers, arbres fruitiers et à noix, du blé et du seigle, des lentilles et des pois chiches, ainsi que des divers légumes
et fruits qui poussaient autrefois en abondance sur ces terres. Aujourd’hui, au nom de la “sécurité”, toutes les semaines ou toutes les deux semaines, des bulldozers blindés accompagnés de chars
d’assaut rasent des pans entiers de terres agricoles, même au-delà de la limite de 300 mètres imposée par Israël.
Nous avons accompagné des agriculteurs en train de planter du blé ou de récolter leurs cultures, souvent des cultures à faible rendement comme le persil ou les
lentilles. Ce faisant, ils sont régulièrement la cible de tirs de soldats israéliens à bord de jeeps ou de tireurs d’élite depuis des monticules de terre situés le long de la clôture frontalière.
Certains agriculteurs sont des travailleurs rémunérés, gagnant au mieux l’équivalent de cinq dollars par jour, ce qui contribue au revenu de leur famille. D’autres sont des grands-parents, des
petits-enfants, qui travaillent sur des terres que leurs familles cultivent depuis des générations.
Des tours de tir militaires sont disséminées le long de la frontière, y compris des tours télécommandées dotées de mitrailleuses pivotantes tirées par des soldats
équipés de manettes dans des salles de contrôle situées à des kilomètres de là. Notre politique consistait à nous tenir debout, les bras levés, visiblement vides de tout ce qui pouvait être
interprété comme une menace, et à rester sur place jusqu’à ce que les agriculteurs veuillent partir. Il s’agissait pour les agriculteurs de réclamer les terres dont ils sont chassés de force par
les politiques et les tirs israéliens. Nous ne portions qu’un mince gilet fluorescent, et la plupart d’entre nous avions des appareils photo ou des caméras vidéo pour documenter
l’agression.
Lorsque les soldats tirent, c’est souvent après avoir surveillé les agriculteurs pendant de longues périodes. Dans un cas, l’armée nous a observés pendant deux
heures alors que nous travaillions sur un terrain situé à plus de 500 mètres de la frontière, et a choisi le moment où les ouvriers agricoles poussaient une camionnette pleine de persil pour
commencer à leur tirer dessus. Bien que nous nous soyons placés devant les fermiers, entre eux et les soldats, ces derniers ont tiré autour de nous, touchant au mollet un ouvrier agricole sourd
de dix-sept ans.
Dans un autre cas, nous avons essuyé des tirs nourris pendant plus de 40 minutes de la part de soldats israéliens qui se trouvaient à environ 500 mètres de nous.
Les fermiers étaient couchés sur le sol, sans aucun abri pour les protéger. Nous sommes restés debout, les balles volant à quelques mètres de nos mains, de nos têtes, de nos pieds. L’ambassade du
Canada m’a appelé pour me dire qu’elle ne ferait rien et que les travailleurs humanitaires devraient être conscients des politiques de sécurité israéliennes dans les régions frontalières de
Gaza.
Même si la blessure n’est pas immédiatement mortelle, les personnes touchées par des tirs dans les zones frontalières risquent de se vider de leur sang avant
d’avoir accès à des soins médicaux. Les ambulances, également visées par les tirs et les bombardements israéliens, ne peuvent pas prendre le risque de s’approcher trop près de la frontière.
Ainsi, lorsque Ahmed Deeb, un jeune homme de 21 ans qui participait à une manifestation contre les politiques frontalières, a reçu une balle dans l’artère fémorale, le temps qu’un groupe de
jeunes hommes le transporte jusqu’à une ambulance plus éloignée, il avait perdu trop de sang et est décédé en arrivant à l’hôpital. (voir aussi : Quelle menace ai-je fait peser sur les soldats
israéliens ?]
“Les Israéliens refusent aux Palestiniens la dignité de récupérer les corps”
Le 14 juin 2009, nous avons rejoint des volontaires palestiniens dans la région de Beit Hanoun, au nord de Gaza, pour rechercher le corps d’un jeune homme disparu
deux mois auparavant. Un berger de la région avait signalé avoir senti ce qui semblait être un cadavre dans la région nord-est, près de la barrière frontalière. Alors que nous marchions en ligne,
ratissant le sol à la recherche du corps, les soldats israéliens ont commencé à nous tirer dessus. Le père du défunt marchait avec nous, esquivant chaque coup de feu tiré dans notre direction.
Les balles se rapprochaient et se rapprochaient de plus en plus vite alors que nous localisions le corps en état de décomposition avancée, que nous le chargions sur un drap et que nous
l’emportions, le père gémissant. Les Israéliens refusent aux Palestiniens la dignité de récupérer les corps de leurs proches.
La guerre israélienne de 2008-2009 a fait 1419 morts
Pendant la guerre israélienne de 2008-2009 contre Gaza, qui a fait au moins 1419 morts, nous nous sommes portés volontaires pour accompagner le Croissant-Rouge
palestinien dans ses ambulances et documenter les atrocités et les crimes de guerre israéliens.
En accompagnant les ambulances, nous voulions dissuader les avions de guerre, les chars et les drones d’attaquer les médecins. Nous avons été encouragés par le fait
qu’au cours de la première semaine, deux travailleurs médicaux avaient déjà été tués et 15 autres blessés dans l’exercice de leurs fonctions (à la fin des 23 jours d’attaques, 23 travailleurs
d’urgence avaient été tués et 50 blessés). En vertu des conventions de Genève, les médecins et les secouristes doivent pouvoir accéder en toute sécurité aux blessés et aux morts. À Gaza, comme
c’est souvent le cas, le droit international n’a pas d’importance, et les médecins sont empêchés d’atteindre ceux qui les appellent, et les médecins sont pris pour cible. [voir aussi
: Defend the
Rescuers et Rescuers Targeted, One Year
On]
Dans les premières minutes de l’attaque, les avions de guerre israéliens ont pris pour cible des postes de police situés dans des zones densément peuplées de la
bande de Gaza. L’hôpital Shifa, le principal hôpital de Gaza, était une masse chaotique de personnes à la recherche de leurs proches et de corps un peu partout. Les étages de l’hôpital étaient
couverts de personnes dont l’état était plus ou moins grave et qui attendaient d’être soignées, y compris dans l’unité de soins intensifs sous-équipée. Les ambulances et les voitures défilent à
toute allure, déposant les blessés et les morts.
Le poste du Croissant-Rouge, situé à l’est de Jabalia, dans le nord de Gaza, était, dès notre deuxième matinée avec les médecins, trop dangereux d’accès :
l’invasion terrestre avait commencé pendant la nuit, et les obus volaient dangereusement près du bâtiment. Le matin, il était impossible d’y accéder et, à la fin des attaques, nous sommes revenus
pour le trouver criblé de tirs de mitrailleuses et touché par des obus. Le deuxième matin, un infirmier avec qui j’avais travaillé toute la soirée a été tué par une bombe à fléchettes tirée sur
son ambulance. [voir aussi : Assurer un maximum de pertes à
Gaza].
Le 6 janvier, des bombes israéliennes ont pris pour cible une école de l’ONU, Fakhoura, un sanctuaire connu pour abriter de nombreux Palestiniens déplacés à
l’intérieur de leur propre pays. Lorsque la quatrième bombe a frappé, 43 civils ont été tués et 10 blessés.
En accompagnant les médecins, j’ai vu des personnes horriblement brûlées et mutilées par le phosphore blanc utilisé en divers endroits de la bande de Gaza. Le
phosphore blanc brûle jusqu’à ce que l’on soit privé d’oxygène.
Novembre 2012: 8 jours de bombardements israéliens qui tuent 171 Palestiniens
J’ai également vu des civils terrifiés qui avaient été pris en otage par l’armée, privés de nourriture, d’eau et de médicaments et, dans de nombreux cas,
terrorisés. Des gens qui affluent de tout le nord de Gaza, à pied, sous les bombes, à la recherche d’une sécurité inexistante. Et les victimes des frappes de drones : l’armée emploie la méthode
de bombardement “double-tap” : elle frappe une zone et frappe à nouveau dans les minutes qui suivent, bombardant avec précision ceux qui sont venus aider les victimes de la première frappe. Je
n’oublierai jamais le cri strident d’un homme dont la femme a été prise dans cette deuxième frappe fatale, hurlant en ramassant les morceaux de sa bien-aimée et en l’accompagnant à la
morgue.
De nombreuses atrocités plus tard, au terme de 23 jours de bombardements incessants, nous avons commencé à voir l’immensité des attaques à l’échelle de la bande.
Des personnes assassinées à bout portant, y compris des enfants ; des familles enterrées vivantes lors du bombardement de bâtiments entiers, dont les survivants ont été privés de soins médicaux
pendant des jours, jusqu’à ce que nombre d’entre eux succombent à leurs blessures ; des graffitis racistes laissés sur les murs des maisons occupées par les soldats sionistes ; des murs de terre
de la taille d’un terrain de football, qui ont été détruits par les bombardements ; des fosses en terre de la taille d’un terrain de football utilisées pour détenir des prisonniers dénudés,
détenus pendant des jours, dont certains ont ensuite été emmenés dans des prisons israéliennes ; des hôpitaux bombardés, notamment au phosphore blanc, y compris un hôpital de rééducation où la
plupart des patients étaient invalides ; des jardins d’enfants, des universités, des mosquées, des marchés, des écoles et des fermes, bombardés et détruits. [voir : Les crimes de guerre
israéliens se révèlent au grand jour].
Ce scénario cauchemardesque s’est reproduit en novembre 2012, sous huit jours de bombardements israéliens qui ont tué 171 Palestiniens. Non seulement l’armée a
massacré d’autres Palestiniens, mais elle a également dévasté les infrastructures de la bande de Gaza, détruisant à nouveau des ponts importants, des canalisations d’eau et d’égouts, des écoles,
un stade de football, des cliniques et des hôpitaux, ainsi que des stations de télévision, laissant à nouveau les Palestiniens nettoyer les dégâts causés par les jeux de guerre d’Israël. Dans le
même temps, les autorités israéliennes ont restreint et maintenant interdit l’entrée des matériaux de construction dans la bande de Gaza, rendant la reconstruction des maisons et des bâtiments
détruits quasiment impossible [voir : Tuer avant le calme et L’aplatissement de Gaza].
Même sans les massacres et les fusillades, la vie est plus qu’insupportable à Gaza.
En 2006, les avions de guerre sionistes ont bombardé l’unique centrale électrique de Gaza, qui fournissait alors environ la moitié des besoins énergétiques de la
bande. Depuis lors, l’interdiction des matériaux de construction et des pièces de rechange a eu pour conséquence que la centrale n’a jamais été entièrement réhabilitée, la pénurie d’électricité
provoquant des coupures de courant. En période de prospérité, les coupures de courant ne durent que 6 à 8 heures par jour. Actuellement, en raison d’une pénurie de carburant due à la fois à la
complicité du gouvernement de Ramallah et au bombardement des tunnels vitaux entre Gaza et l’Égypte, Gaza manque tellement de carburant pour faire fonctionner sa centrale électrique que les
coupures de courant durent en moyenne de 14 à 18 heures par jour.
La destruction permanente des infrastructures
Cette situation a des répercussions dangereuses sur les secteurs de la santé, de l’assainissement, de l’eau, de l’éducation et de l’industrie. Les équipements de
survie des hôpitaux, les salles d’opération, les unités de soins intensifs, les appareils de dialyse, les réfrigérateurs pour le plasma et les médicaments, et même les simples services de
blanchiment hygiénique sont tous touchés
Les stations d’épuration, déjà surchargées de travail faute de réparations et d’agrandissement des bassins de rétention des eaux usées, finissent par déverser 90
millions de litres ou plus d’eaux usées dans la mer ; en cas de coupure d’électricité, le déversement est aggravé et les bassins d’eaux usées débordent parfois dans les zones résidentielles,
comme cela s’est produit récemment dans un quartier de la ville de Gaza. [voir : Attack on Water Brings
Sanitation Crisis et Israel’s threat to cut Gaza
water supply would be “complete catastrophe”
Les tunnels de Gaza
J’ai visité quelques tunnels pendant mon séjour à Gaza. Bien que certains des centaines de tunnels reliant Gaza à l’Égypte aient été fortifiés et soient
suffisamment grands pour permettre le passage d’objets interdits, tels que des véhicules ou même des chameaux, les tunnels que j’ai vus étaient petits, faiblement fortifiés par endroits avec des
planches de bois, et chevauchaient des tunnels voisins, côte à côte, l’un sur l’autre. Les personnes travaillant dans les tunnels font partie de la population désespérément pauvre de Gaza,
travaillant de longues heures sous une chaleur insupportable pour un salaire de misère, et toujours exposées aux dangers de l’effondrement du tunnel, de l’électrocution due à un mauvais câblage à
l’intérieur, ou des bombardements sionistes.
Mais les tunnels autorisés à entrer dans Gaza sont interdits ou limités par le régime sioniste. Entre 2008 et 2010, ces produits interdits comprenaient des articles
aléatoires tels que des couches, du papier A4, du bétail, des semences, des engrais, des chaussures et des pâtes. Le régime israélien est allé jusqu’à calculer la quantité minimale de calories
nécessaires pour que les Palestiniens ne soient pas complètement affamés (voir : Food Consumption in the Gaza
Strip-Red Lines). Même après l’allègement de certaines de ces restrictions ridicules, les tunnels sont restés essentiels pour l’importation de quantités suffisantes de carburant et de gaz de
cuisine.
Les dommages causés à l’aquifère côtier par l’extraction excessive seront irréversibles en 2020 si aucune mesure n’est prise aujourd’hui, selon un rapport de l’ONU
de 2012. À l’heure actuelle, 95 % de l’eau de Gaza est impropre à la consommation selon les normes de l’OMS.
Les couches de crise fabriquées qui rendent la vie à Gaza tout à fait insupportable et dangereuse ont continué à s’intensifier alors que, dans le même temps, le
black-out médiatique sur Gaza se poursuit. De mon expérience dans la bande de Gaza, et notamment de mes rencontres avec les différents responsables de l’eau, de l’assainissement, de la santé et
de l’agriculture, j’ai appris que la dépendance actuelle de 80 % à l’égard de l’aide alimentaire pourrait être inversée, que les taux de chômage pourraient être réduits et qu’une qualité de vie
décente serait possible si, et seulement si, le blocus était levé, les exportations et la liberté de circulation autorisées, et les attaques israéliennes contre les agriculteurs et les pêcheurs
stoppées.
En attendant, et tant que les dirigeants du monde, y compris ceux du Canada, ne cesseront pas de soutenir aveuglément l’État sioniste et n’agiront pas pour faire
appliquer les nombreuses résolutions de l’ONU qui rendent justice aux Palestiniens, les souffrances ne feront qu’empirer.
Le cessez-le-feu récemment annoncé
est une bénédiction pour les Palestiniens comme pour les Israéliens. Il permet d’échanger des prisonniers, de distribuer de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin et de calmer
les émotions des deux côtés du conflit.
Si le cessez-le-feu, négocié entre Israël et le Hamas par le Qatar, a fait l’objet d’un accord mutuel entre les deux parties, il ne faut pas croire
qu’il s’agit d’une victoire pour le Hamas. Israël a adopté une position très agressive : Compte tenu de son objectif annoncé de détruire le Hamas en tant qu’organisation, il n’aurait
accepté aucun cessez-le-feu, quelles que soient les conditions.
Le Hamas, quant à lui, avait fait de la libération des prisonniers palestiniens, et en particulier des femmes et des enfants, détenus par Israël, l’un
des principaux objectifs qu’il s’était fixés en lançant le cycle actuel de combats avec Israël. Vu sous cet angle, le cessez-le-feu représente une victoire importante pour le Hamas et
une défaite humiliante pour Israël.
L’une des raisons pour lesquelles Israël a évité un cessez-le-feu est qu’il était persuadé que l’opération offensive qu’il avait lancée dans le nord de
Gaza allait neutraliser le Hamas en tant que menace militaire, et que tout cessez-le-feu, quelle que soit la justification humanitaire, ne ferait que donner du temps à un ennemi du
Hamas vaincu pour se reposer, se rééquiper et se regrouper. Le fait qu’Israël ait signé un cessez-le-feu est le signe le plus sûr que tout ne va pas pour
le mieux dans l’offensive israélienne contre le Hamas.
Ce résultat n’aurait dû surprendre personne. Lorsque le Hamas a lancé son attaque du 7 octobre contre Israël, il a mis en œuvre un plan élaboré depuis
des années. L’attention méticuleuse portée aux détails dans l’opération du Hamas souligne le fait que le Hamas avait étudié les services de renseignement et les forces militaires
israéliennes déployées contre lui, découvrant des faiblesses qui ont été exploitées par la suite. L’action du Hamas représentait plus qu’une planification et une exécution tactiques
et opérationnelles saines, c’était aussi un chef-d’œuvre de conceptualisation stratégique.
L’une des principales raisons de la défaite israélienne du 7 octobre est que le gouvernement israélien était convaincu que le Hamas n’attaquerait
jamais, quoi qu’en disent les analystes du renseignement chargés de surveiller les activités du Hamas à Gaza. Ce manque d’imagination est dû au fait que le Hamas a identifié les buts
et objectifs politiques d’Israël (l’annulation du Hamas en tant qu’organisation de résistance en entreprenant une politique visant à «acheter» le Hamas par le biais d’un programme
élargi de permis de travail délivrés par Israël aux Palestiniens vivant dans la bande de Gaza). En jouant le jeu du programme de permis de travail, le Hamas a incité les
dirigeants israéliens à la complaisance, ce qui a permis au Hamas de préparer son attaque au vu et au su de tous.
L’attaque du 7 octobre par le Hamas n’était pas une opération isolée, mais faisait plutôt partie d’un plan stratégique ayant trois objectifs principaux
:
Remettre la question d’un État palestinien sur le devant de la scène internationale, libérer les milliers de prisonniers palestiniens détenus
par Israël et contraindre Israël à cesser de profaner la mosquée Al Aqsa, le troisième lieu saint de l’islam.
L’attaque du 7 octobre ne pouvait pas, à elle seule, atteindre ces résultats. Elle a plutôt été conçue pour déclencher une réaction israélienne qui
créerait les conditions nécessaires à la réalisation des objectifs du Hamas.
L’attaque du 7 octobre a été conçue pour humilier Israël jusqu’à l’irrationalité, afin de s’assurer que toute réponse israélienne serait gouvernée par
le besoin émotionnel de vengeance, par opposition à une réponse rationnelle visant à annuler les objectifs du Hamas. Dans ce cas, le Hamas a été guidé par la doctrine israélienne
établie de punition collective (connue sous le nom de doctrine Dahiya, du nom de la banlieue ouest de Beyrouth qui a été lourdement bombardée par Israël en 2006 afin
de punir le peuple libanais pour l’échec d’Israël à vaincre le Hezbollah au combat). En infligeant à Israël une défaite humiliante qui a brisé le mythe de l’invincibilité israélienne
(en ce qui concerne les forces de défense israéliennes) et de l’infaillibilité (en ce qui concerne les services de renseignement israéliens), et en prenant en otage des centaines
d’Israéliens avant de se retirer dans son repaire souterrain sous Gaza, le Hamas a tendu à Israël un piège dans lequel le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou s’est précipité, comme on pouvait s’y attendre.
Le Hamas a préparé un réseau de tunnels sous la bande de Gaza qui, au total, s’étend sur plus de 500 kilomètres. Surnommés le «métro de Gaza», ces
tunnels consistent en de profonds bunkers souterrains interconnectés utilisés pour le commandement et le contrôle, le soutien logistique, le traitement médical et le cantonnement,
ainsi que d’autres réseaux de tunnels dédiés aux opérations défensives et offensives. Les tunnels sont enterrés suffisamment profondément pour ne pas être détruits par la plupart des
bombes en possession d’Israël et ont été conçus pour résister à un siège d’une durée maximale de trois mois (90 jours).
Le Hamas sait qu’il ne peut pas engager un affrontement classique force contre force avec Israël. L’objectif était plutôt d’attirer les forces
israéliennes dans la bande de Gaza, puis de les soumettre à une série interminable d’attaques par de petites équipes de combattants du Hamas qui émergeraient de leurs repaires
souterrains, attaqueraient une force israélienne vulnérable, puis disparaîtraient à nouveau sous terre. En bref, soumettre l’armée israélienne à ce qui équivaut à une mort par mille
coupures.
Et cela a fonctionné. Si les forces israéliennes ont pu pénétrer dans les zones moins urbanisées du nord de la bande de Gaza, profitant de la mobilité
et de la puissance de feu de leurs troupes blindées, les progrès sont illusoires, car les forces du Hamas harcèlent continuellement les Israéliens, utilisant des roquettes à tête
tandem meurtrières pour mettre hors service ou détruire les véhicules israéliens, tuant des dizaines de soldats israéliens et en blessant des centaines d’autres. Alors qu’Israël s’est
montré réticent à communiquer le nombre de véhicules blindés perdus de cette manière, le Hamas affirme qu’ils se comptent par centaines. Les affirmations du Hamas sont renforcées par
le fait qu’Israël a mis fin à la vente des anciens chars Merkava 3 et a organisé son inventaire de ces véhicules en nouveaux bataillons de blindés de réserve pour compenser les
lourdes pertes subies à Gaza et le long de la frontière nord avec le Liban, où les forces du Hezbollah sont engagées dans une guerre d’usure meurtrière avec Israël dans le cadre
d’opérations destinées à soutenir le Hamas dans la bande de Gaza.
Mais la principale raison de la défaite d’Israël à ce jour est Israël lui-même. Après avoir mordu à l’hameçon et être tombé dans le piège du Hamas,
Israël a poursuivi l’exécution de sa doctrine Dahiya contre la population palestinienne de Gaza, en menant des attaques aveugles contre des biens civils, au mépris flagrant du droit
de la guerre. On estime à 13 000 le nombre de civils palestiniens tués par ces attaques, avec notamment plus de 5000 enfants. Des milliers d’autres victimes sont encore ensevelies
sous les décombres de leurs habitations détruites.
Alors qu’Israël aurait pu obtenir le soutien de la communauté internationale à la suite de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, sa réaction
manifestement excessive a plutôt retourné l’opinion publique mondiale contre lui, ce sur quoi le Hamas comptait.
Aujourd’hui, Israël est de plus en plus isolé, perdant le soutien non seulement de ce que l’on appelle le Sud mondial, mais aussi des bastions
traditionnels du sentiment pro-israélien aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe. Cet isolement, combiné au type de pression politique qu’Israël n’est pas habitué à recevoir, a
contribué à l’acquiescement du gouvernement Netanyahou concernant le cessez-le-feu et l’échange de prisonniers qui s’en est suivi.
Reste à savoir si le cessez-le-feu tiendra ou non. De même, la question de la transformation du cessez-le-feu en une cessation durable des hostilités
reste ouverte. Mais une chose est sûre : En déclarant que la victoire est définie par la défaite totale du Hamas, les Israéliens ont préparé le terrain pour une victoire du Hamas, que
ce dernier obtient simplement en survivant.
Mais le Hamas fait plus que survivre : Il gagne. Ayant combattu les forces de défense israéliennes jusqu’à l’immobilisation sur le
champ de bataille, le Hamas a vu chacun de ses objectifs stratégiques dans ce conflit porter ses fruits. Le monde s’emploie activement à faire valoir la nécessité absolue d’une
solution à deux États comme condition préalable à l’instauration d’une paix durable dans la région. Les Palestiniens prisonniers d’Israël sont échangés contre les Israéliens pris en
otage par le Hamas. Et le monde islamique est uni dans sa condamnation de la profanation par Israël de la mosquée Al Aqsa.
Aucune de ces questions n’était à l’ordre du jour le 6 octobre. Le fait qu’elles soient abordées aujourd’hui témoigne du succès remporté par le
Hamas le 7 octobre, ainsi que dans les jours et les semaines qui ont suivi, les forces israéliennes ayant été vaincues par la combinaison de la ténacité du Hamas et de sa propre
prédilection pour la violence aveugle à l’encontre des civils. Loin d’être éliminé en tant que force militaire et politique, le Hamas s’est imposé comme la voix et l’autorité les plus
pertinentes lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts du peuple palestinien.
Prisonnier de sa réintégration dans le commandement de l’OTAN sous Sarkozy, notre pays a des troupes stationnées au Proche-Orient; et nos dirigeants pourraient nous entraîner à soutenir Israël de
façon assez prévisible, le conflit de Gaza crée une polarité entre des nations (peuples anglo-saxons, Allemagne), qui ont une vision inégalitaire des relations internationales et d’autres
(Russie, Chine, monde arabo-musulman) qui croient fondamentalement à l’égalité des hommes et des peuples. La France, par son identité romaine, devrait être avec les seconds. Mais, dans un
néo-vichysme fondamental, elle a choisi de suivre les premiers.
Extraordinaire scène, au Conseil de sécurité
des Nations Unies : Le président de séance, Monsieur Zhang Jun, représentant permanent de la Chine à l’ONU, remet en place le représentant israélien, Gilad Menashe Erdan, qui se
plaignait des exposés qu’il venait d’entendre sur la situation en Cisjordanie et à Gaza.
La scène paraît emblématique à plusieurs titres :
+ ce sont les représentants de deux des plus anciens peuples du monde qui se font face.
+ le représentant chinois suggère que la période de l’hégémonie américaine, où l’on laissait passer toutes les provocations israéliennes dans l’enceinte des Nations
Unies, est terminée.
+ Plus profondément, c’est l’affreontement entre un homme qui ne croit pas à l’égalité entre les peuples et un autre qui y croit absolument.
De l’égalité des peuples
On connaît les extraordinaires travaux d’anthropologie
historique d’Emmanuel Todd qui, en observant l’égal accès ou nom de tous les membres d’une fratrie à l’héritage, en déduit un rapport profond des sociétés à l’idée d’égalité entre les
peuples.
+ les Romains, les Russes,les Chinois, ont toujours eu une extraordinaire capacité d’assimilation des peuples conquis parce que, fondamentalement, leurs coutumes
d’héritage étaient égalitaires.
+ En revanche, Américains, Britanniques ou Allemands, Israéliens ou Japonais, systèmes anthropologiques à héritiers uniques, ont toujours tendu à une vision
inégalitaire des relations internationales et fonctionnent plutôt, pour reprendre une distinction de Youssef
Hindi, selon.un principe d’hégémonie (instable).
Ces considérations sont utiles, dans la mesure où elles permettent de comprendre l’incapacité structurelle d’Israël à développer une coexistence pacifique avec les
Palestiniens mais aussi à traiter les Palestiniens titulaires d’un passeport israélien autrement que des citoyens de seconde catégorie.
Mais les soutiens qu’obtient Israël sont aussi liés à une attitude fondamentale ancrée dans des systèmes anthropologiques. Comment ne pas être frappé par le soutien
spontané de l’Inde, société de castes, à Israël. Est-ce un hasard si ce soutien revient au moment où le Premier ministre Narenda Modi est lui-même préoccupé d’affirmer la suprématie des Hindous
sur les musulmans et les chrétiens. Il y a quelques semaines,, Arundhati
Roy, Indienne et célèbre écrivain, déclarait :
Oui, il y a toujours des élections en Inde et, pour s’assurer une base fiable, le parti au pouvoir, le Bhartiya Janata Party (BJP), diffuse inlassablement son message de suprématie hindoue
auprès d’une population de 1,4 milliard d’habitants. C’est pourquoi les élections sont le moment principal des meurtres, des lynchages et du racisme sous-jacent – le moment le plus dangereux
pour les minorités de l’Inde, en particulier pour les musulmans et les chrétiens.
Blätter
für deutsche und internationale Politik, novembre 2023
Et la France?
Dans ce tableau général, la France est anthropologiquement contrastée (un centre égalitaire et une périphérie inégalitaire en matière de coutumes d’héritage) mais
son appartenance à la civilisation romaine a fait de notre pays le lieu d’une assimilation sans égale pendant des siècles. Une même romanité fondamentale unit la monarchie et la
République.
Notre problème vient du renoncement, depuis Valéry Giscard d’Estaing, à nous comporter comme une nation souveraine. Giscar était obsédé par le “modèle allemand”.
Ses successeurs ont eu tendance à adopter le “modèle américain”.
Sur la question du conflit israélo-palestinien, on voit un lent abandon de la position française de défense des droits des Palestiniens. Cet abandon s’accélère avec
Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, notre pays est inaudible car il a abandonné le plaidoyer universel pour l”égalité des hommes et des peuples, cette croyance fondamentale qui réunit la monarchie et
la République, De Gaulle et Jaurès.
Et pourtant, le meilleur de l’histoire de France, le pays de Saint Louis et de Jaurès, la patrie de Saint Vincent de Paul et du Général de Gaulle, la culture de La
Fontaine et de Julien Benda, nous engagent à dénoncer de toutes nos forces ce qui est en train de se passer à Gaza. Nous devrions faire honte à nos dirigeants (si l’on peut encore employer ce
mot) et leurs porte-voix germano-pratins.
Etre Français, c’est crier justice pour les victimes palestiniennes d’aujourd’hui, exiger que la France joue le rôle médiateur, pacificateur, qu’implique son statut
de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Faut-il que la France ne soit pas seulement “occidentale” ou “européenne”? Il est absolument scandaleux qu’au nom de l’OTAN nous ayons des troupes actuellement
prêtes à un éventuel engagement dans la guerre de Gaza. La France ne peut pas prendre parti pour l’oppression et l’injustice sans cesser d’être la
France.
Je ne veux pas que mon pays soit partie prenante dans un pseudo-choc des civilisations. La France n’accueille ni ne soutient les individus ou les peuples selon leur
religion, leur culture ou leur couleur de peau mais selon leur adhésion aux principes universels que sont la paix entre les Etats, la liberté des personnes et l’égalité entre les individus et les
peuples.
«Gaza est sous occupation : Israël ne peut donc pas revendiquer le droit à la légitime défense»
Ce ne sont pas moins de dix mouvements combattants palestiniens qui ont attaqué Israël le 7 octobre 2023. Et ils ne se revendiquent pas tous en première instance de l’Islam. Continuons à démolir
le mauvais récit occidental sur cette journée surprenante.
Depuis le 7 octobre, le gouvernement israélien, le gouvernement américain et les gouvernements des pays membres de l’UE récitent comme un mantra le nom “Hamas”. Or
il suffit de pousser une investigation minimale pour obtenir la liste suivante des dix groupes qui ont participé à l’attaque contre Israël le 7 octobre 2023.
Comment le savoir? Tout simplement en allant lirece que racontent les mouvements palestiniens eux-mêmes. En l’occurrence, le canal Telegram qui
publie les communiqués de l’ensemble de ces groupes.
En reproduisant ces documents, nous n’endossons aucunement la dose de propagande qu’ils contiennent. Mais nous voulons casser le narratif de Washgington,Londres,
Brucelles et Tel-Aviv, qui a justifié les bombardements des civils de Gaza depuis le 7 octobre.
Démolir le narratif occidental
C’est dix groupes sont présents à Gaza et en Cisjordanie.
Pourquoi faire cette liste?
Parce que c’est la première fois depuis des années que tous ces groupes s’entendent pour une action commune. Parce que certains se réclament du nationalisme ou de
marxisme avant de se réclamer de l’islam.
Parce que la fixation sur le Hamas est une façon de prendre les gens pour des imbéciles. Et de se tromper de combat.
Parce que “l’éradication” du Hamas ne serait pas la fin de la Résistance Palestinienne.
J’ose espérer que les services de mon pays connaissent dans le détail tous ces mouvements. Et que l’idée d’une coalition contre le Hamas est une mauvaise blague du
Science-Poteux attardé qui sévit au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré.
En tout cas, il serait temps de mettre à la poubelle le “choc des civilisations” dont se réclame Netanyahu, et de regarder le réel.
Le 7 octobre n’est ni un “pogrom” ni un “nouveau Bataclan” commis par un seul mouvement terroriste islamiste.
C’est une attaque coordonnée,de type militaire, d’une alliance de mouvements armés, mélangeant Islam,
nationalisme et marxiste, et qui ont mis en échec l’armée la plus réputée du Proche-Orient pendant de longues heures. Vous dites qu’ils ont été violents, ont tué beaucoup de civils en plus de
soldats, de policiers et d’ agents des services israéliens ? Qui le niera ? Tout en ajoutant que certains de ces civils ont perdu la vie entre deux feux ennemis ; et que l’armée israélienne a tué
certains des siens pour éviter qu’ils soient emmenés comme otages. Et puis qu’il y a eu des combattants palestiniens tués.
C’est la complexité de la guerre, que les deux belligérants voudront toujours simplifier et que nous devons restituer le plus exactement possible. Comme
observateurs mais aussi comme Français, qui désirons que la paix s’installe au Proche-Orient et qui avons besoin que la paix civile subsiste chez nous.
Les brigades al-Qassam, bras armé du Hamas
Saraya al-Quds,branche militaire du Djihad Islamique Palestinien
Les brigades des martyrs d’Al-Aqsa, groupe de combattants issus du Fatah
La Tanière du Lion, groupe de combattants formé en 2022
Les brigades des Moudjahidin
Les brigades Al-Nasser Salah al-Din. Branche combattante des comités de résistance populaire
Les brigades du Martyr Abu Ali Mustafa (branche combattante du Front populaire marxiste pour la libération de la Palestine)
les Brigades de la Résistance Nationale (Forces Omar al-Qasim) branche combattante du Front Démocratique Marxiste pour la Libération de la Palestine
Confusion Nocturne
Le Quartier des Opérations Générales de la Résistance Palestinienne
Le «droit de défense» des colons est une imposture – l’extermination des Gazaouis est un génocide
L’action-éclair de la résistance palestinienne, «Déluge d’Al-Aqsa» – menée par moins 3000 combattants (effectif de deux bataillons) du Hamas, du Jihad
islamique, du Front populaire de libération de la Palestine et autres – a provoqué les réactions de vengeance de l’armée sioniste qui n’a trouvé, comme courage, que de bombarder les
populations civiles et les infrastructures tuant femmes et enfants innocents, détruisant les habitations, les mosquées, les églises, les hôpitaux, signes d’un sentiment de
vulnérabilité et d’anéantissement du mythe suprémaciste.
Ce qui explique cet empressement – désordonné, et déraisonnable – des Anglo-Saxons et de la France à soutenir aveuglément cette entité factice, refusée
même par une grande partie des Juifs ayant subi les affres du nazisme.
«Israël» pantin favori de
l’Hégémon, abcès non crevé du Moyen-Orient
Y a-t-il vraiment, une logique, de la sagesse, de l’équité à s’échiner à soutenir inconditionnellement un peuple juif martyrisé, par un occident au
passé démoniaque, puis l’imposer, par les mêmes bourreaux, sur un territoire déjà peuplé, et permettre à sa faction extrémiste et raciste – s’autoproclamant représentants de tous les
juifs – de pratiquer les mêmes crimes funestes sur les autochtones ? Une Palestine innocente du supplice juif, pour la coloniser en guise de compensation en lieu et place de
l’Allemagne nazie ? Il y a quelque chose de paradoxal, d’abominable ! Pourtant plus de 78 ans après la mort d’Hitler, on continue à l’incriminer pour son nazisme alors qu’ils font
mieux que lui avec leurs guerres/conflits, plus ou moins longs, après 1945. Pour faire oublier et minimiser les leurs ? Sans aucun doute ! Nous en avons compté environ 240 ! Celui
entre Palestiniens et Israélien dure depuis 75 ans !
«Israël» n’est autre que l’outil, le proxy, la marionnette privilégiée, au service du puissant Capital dominateur et non le «Capital puissant» comme on
le fait croire aux juifs et au reste du monde ! «Israël» ne vaut que ce que lui fait valoir ce Capital avec ses soutiens, par le sionisme. L’Ukraine est l’exemple factuel.
Il y a de quoi rendre les gouvernants sionistes déments, incontrôlables en réagissant tels des sangliers blessés grognant à qui veut les entendre à
l’attaque «islamo-terroristes» ou de «bêtes sauvages» contre qui ils proposent des «thérapies» diaboliques telles : «La seule solution
pour Israël est d’annexer la Bande de Gaza et de tuer assez de fils de putes pour s’assurer que le problème ne revienne plus» (Ben Shapiro, 2023), après d’autres immoralités
prononcées, par le passé. Passons sur ceux qu’ils désignent de goyim et «d’idolâtres» qu’ils excluent du genre humain, tels les chrétiens.
Citons quelques-unes pour avoir une idée avec quel spécimen humain, nous avons à faire (reprises depuis diverses sources publiées) :
«La façon de
traiter les Palestiniens est de les frapper… à maintes reprises, de les frapper jusqu’à ce que … ça en devienne insupportable». (Benjamin Netanyahou, Premier ministre)
«… Vous allez
sérieusement continuer à me poser des questions sur les civils palestiniens ? Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? N’avez-vous pas vu ce qui s’est passé ? Nous combattons des
nazis» (Naftali Bennett ancien Premier ministre).
«… il n’y a pas de
civils innocents à Gaza, c’est toute une nation qui est responsable» (président israélien Isaac Herzog). [Il y a plus de 2 millions d’habitants à Gaza dont la moitié sont
des enfants sans compter les femmes et vieillards…]
«Les menaces
palestiniennes ont des caractéristiques cancéreuses … certains disent qu’il faut amputer les organes, mais pour l’instant, j’applique la chimiothérapie». (Moshe Yaalon, général
et ministre de la Défense).
«Les Palestiniens
sont des bêtes sauvages, ils ne sont pas humains». (Eli Ben Dahan, ministre délégué de la Défense).
«Ceux qui sont
avec nous méritent tout, mais ceux qui sont contre nous méritent d’avoir la tête coupée à la hache». (Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères)
«Nos soldats sont
les seuls innocents à Gaza. Ils ne doivent en aucun cas être tués à cause d’une fausse morale qui préfère protéger les civils ennemis. Un seul cheveu sur la tête d’un soldat israélien
est plus précieux que toute la population de Gaza». (Moshe Feiglin, porte-parole de la Knesset)
Etc.. Une vidéo
en ligne montre1 toute
la sauvagerie de l’idéologie sioniste israélienne.
Les sionistes accusent, par tromperie, l’adversaire de pratiques moribondes qu’ils projettent de faire eux-mêmes, allant jusqu’à menacer d’extermination
des civils sans armes, faute de pouvoir affronter directement les combattants qui les terrassent en défendant leur patrie. Auraient-ils fait et dit cela si les Palestiniens avaient
des armes ultramodernes ? Comme tous les impérialistes et les colonialistes, ils ne sont prompts à bomber le torse que face à un adversaire «supposé» faible !
«Résistant», «combattants» et autres, n’existent pas dans le verbe des colons et de leurs soutiens. Ce sont des «terroristes», comme le sont tous ceux
qui font face à une agression ou luttent contre une colonisation. L’exemple le plus saillant est celui de l’Algérie. La France coloniale est rentrée chez elle après 132 ans de
colonisation de peuplement. Le Front de libération nationale en Algérie était aussi une «organisation terroriste». Il est inimaginable que des quidams venus de nulle part occupent la
Palestine – planifient l’expulsion de ses habitants – en déclarant au monde que c’est leur patrie ! «Terroristes», «assassins», «nazis» ou autres, ils restent des qualificatifs de
déshumanisation de l’adversaire par des oppresseurs en se présentant en victime pour cacher leurs immondicités. À propos de «terrorisme» l’Histoire montre bien qu’il vient du
«mouvement
juif des Sicaires ou Zélotes»2 considérés
comme l’inventeur du terrorisme politico-religieux. Les peuples du monde ne sont pas dupes !
Toutes ces déclarations passent normalement – sans aucune réprobation, condamnation – chez les occidentaux sionisés, pour cause de perte de souveraineté
que domine l’oligarchie anglo-saxonne et sioniste ! Il faut vraiment être anti humain pour lancer à la face du monde des monstruosités pareilles contre le peuple palestinien, qui ne
fait que défendre sa patrie, contre des spoliateurs, dont le monde entier reconnaît la légitimité de l’un et l’arbitraire des autres ! Soutient l’un et condamne l’autre ! Il suffit de
voir les imposantes manifestations pro
palestiniennes dont aux États-Unis3 même
(parmi-eux des juifs
surtout aux États-Unis4 exigeant
l’arrêt immédiat de la guerre et des attaques contre Gaza) comparées à celles pro israéliennes, même
manipulées5,6,
pour comprendre que le monde sait distinguer le bon grain de l’ivraie.
Un hystérique hurluberlu nommé
Amir Weitmann
Notre curiosité, cette fois, porte sur cet hurluberlu hystérique du Likoud, un certain Amir Weitmann chef du groupe parlementaire (de prénom arabe et de
nom d’origine germanique) qui
dans une interview à Russia
Today7 menace,
avec fureur et détermination, la Russie ; certainement affolé par «l’affront» subi de la part de ceux considérés négligeables ayant fait s’effondrer, avec peu de moyens, leur mythe
d’invincibilité ! Alors que la discussion évoquait le bombardement de l’hôpital al-Ahli à Gaza, ce dégénéré a reproché à la Russie d’être «co-responsable» du «massacre» du 7 octobre
parce qu’elle n’a pas pris clairement position avec Israël, en lançant cette bravade :
«La Russie
soutient les ennemis d’Israël, la Russie soutient les nazis qui veulent commettre un génocide contre nous … nous allons en finir avec ces nazis, nous allons gagner cette guerre … nous
n’oublions pas ce que vous faites … nous ferons en sorte que l’Ukraine gagne… croyez-moi, la Russie paiera le prix …», alors qu’au même moment cette TV diffuse les vidéos des
victimes civiles palestiniennes. Amir a dû inclure, par confusion, l’aide apportée par la Russie à la Syrie qu’il souhaite aussi détruire ! Dans peu de temps donc Israël va terrasser
la Russie ! Pour ce genre de dénaturation, les Russes n’en ont pas fait cas !
Ce genre de propos absurdes venants de responsables israéliens, anciens et actuels, toutes tendances confondues, trahissent une panique qui renvoie à
l’échec des puissances Atlantistes en Ukraine. Lorsque le président russe a averti que le siège de Gaza rappelait le siège de Leningrad par l’Allemagne nazie, c’est senti comme une
estocade !
Ajoutons la récente menace d’un officiel sioniste d’une «frappe nucléaire» sur Gaza qui n’est que l’expression d’une déchéance morale n’ayant de sens
que chez les aliénés. Un bluff de nullard qui ne sait pas de quoi il s’agit (peut-être d’un pétard de fêtes) et qui «grille» la politique officielle sioniste qui nie avoir cette arme.
On cache l’échec en cours par des déclarations diaboliques et des menaces d’anéantissement que relaient des médias-mensonges minables, satisfaits de leur misérabilité !
En colonialiste, Israël n’a pas de
«droit de défense» à faire valoir
Les dirigeants américains et leurs laquais ne cessent de déclamer : «Israël a le droit
de se défendre». Israël n’a pas de droit de défense à faire valoir en tant que colonialiste et raciste. C’est une imposture ! Pour Dominique de Villepin «Nous sommes
essentiellement dans une politique de vengeance, la légitimité de défense n’est pas un droit indiscriminé à tuer des populations civiles». Le problème est qu’Israël ne peut plus
faire la guerre sans l’implication directe des États-Unis, sur lesquels il puise sa force avec le pouvoir qu’on lui prête, et ces derniers savent que non seulement ils seront seuls
face à plusieurs fronts y compris celui des États arabes supposés proches d’eux (mais dont les peuples sont antisionistes), mais surtout du fait de sa position en déclin sur le plan
international face à celle de la Russie en Ukraine et à la Chine, deux puissances qui guident le nouvel ordre multilatéraliste et anticolonialiste dans le cadre du BRICS+. S’aventurer
dans une guerre au Moyen-Orient sans perspectives et moyens appropriés en suivant une sorte de secte – exécrée par la majorité des peuples – dont les objectifs n’ont rien de commun
avec ceux du peuple américain est de l’aliénation. Hassan Nasrallah le guide du Hezbollah a bien expliqué, lors de son discours du 4 novembre, les risques d’une guerre régionale
elle-même liée à la poursuite des hostilités en Palestine. L’erreur est de croire que les arabo-musulmans et les groupes palestiniens combattants ne peuvent pas s’entendre même quand
la limite de l’entendement est dépassée.
L’armada US en Méditerranée qui s’est approchée en faisant mine de venir à la rescousse d’Israël et/ou pour intimider la Russie n’a pas de sens du point
de vue militaire. Ils savent que les armes défensives russes invincibles, jusque-là en veille, sont dans la région, dans le golfe persique et la mer Rouge, sans compter les puissants
avions de combat ainsi que les dangereux drones (russes, iraniens ou autres) face à une multitude de cibles américaines. Mais «chat échaudé craint l’eau froide». Il nous parait peu
probable que les USA se préparent à une implication directe dans cette zone du Moyen-Orient trop dangereuse, voire un piège existentiel.
On parle d’une «unité des fronts» pour le même objectif, ce qui suppose l’implication, directe ou indirecte, d’autres acteurs, soutenant la cause
palestinienne et hostiles aux USA, bien plus puissants. Si le Mouvement Ansarullah, à Sanaa, déclare être en guerre directe avec les Américains suite à leurs menaces et qu’en réponse
le Mouvement lance des missiles sur Israël, c’est que l’Axe de la Résistance est bien engagé, préparé et soutenu pour mener une guerre longue, sans appréhension.
Quand l’écrasante majorité d’Israéliens juifs-sionistes détaleront vers d’autres pays d’Europe et d’Amérique en particulier, sans projet de retour, il
ne restera que le retour des véritables propriétaires (musulmans, chrétiens et juifs de souche). Le prétexte de l’appartenance de la Palestine aux «juifs» par référence «il y a 2000
ans» est une absurdité des plus crasse, inacceptable aussi bien par la raison, par l’Histoire et à contre-courant de l’évolution historique. La leur n’est que contingente !
L’iniquité est toujours rattrapée par la justice. Les Palestiniens comme tous les peuples ayant subi l’injustice recouvrent toujours, tôt ou tard, leurs droits inaliénables. On peut
sous-estimer les luttes pour des droits et renvoyer aux calendes grecques ce droit, mais souvent une bataille peut corriger une anomalie historique. «Tous les
accidents sont soumis à ces causes, et, si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire une cause particulière, a ruiné un État, il y avait une cause générale qui faisait que cet État
devait périr par une seule bataille…»(Montesquieu)
«Il y a une doctrine qui dit que pour éviter des otages et des échanges de prisonniers, il faut tuer les soldats ou civils israéliens qui seraient entre
les mains de la résistance palestinienne. Donc on a de bonnes raisons de remettre en questions et d’enquêter».
«Les États-Unis veulent absolument contrôler le pétrole, donc le Moyen-Orient. Ils veulent briser tout État qui voudrait résister à ce projet et qui
n’accepterait pas de donner son pétrole pour rien».
Par le général (2S) Bertrand Binnendijk qui fut attaché militaire au Maroc puis en Israël.
Chers amis
Vous trouverez ci-après trois documents, un écrit et deux vidéos, susceptibles de vous apporter une vision élargie de ce conflit sans fin car sans issue :
Une interview d'Alain Bauer très fine et pertinente
une autre de Charles Enderlin, journaliste franco-israélien très pro-palestinien, que j'ai personnellement connu au cours
de la seconde intifada et que j'avais alors surpris en flagrant délit de mauvaise foi et de mensonge. Pour autant, c'est un authentique homme de terrain et, en cela, très intéressant
à écouter. Je ne peux que me ranger à ses arguments, en particulier sur la colonisation, le péché majeur d'Israël.
un article d'Alexandre Del Valle, sur les liens réels ou supposés de cette crise avec l'Iran. Assez bien vu.
A ces documents de qualité, je voudrais ajouter quelques considérations personnelles étayées par mon expérience sur place
dans des conditions très similaires en 2001-2004.
I. Au plan politique:
Les événements actuels ne sont pas un nouveau conflit. Ils sont la prolongation d'un conflit qui a commencé en 1948, pour ne pas dire
avant, avec les premiers pogroms anti juifs par les Arabes en Palestine d'alors, dans la première moitié du 20ème siècle. Les combattants d'aujourd'hui avaient 5 ans lors de la
deuxième intifada. Nous sommes dans un cycle d'éruptions de violence générationnelle. La prochaine éruption aura lieu dans les années 2050. Seule croît la violence et la barbarie
des attaques et celles des représailles.
Même si on peut critiquer les Israéliens pour leurs nombreuses erreurs, il faut pourtant quand même garder présent à l'esprit le fait
qu'en 1947, le vote des Nations Unies qui décidait de la création d'un Etat juif, décidait aussi et simultanément de la création d'un Etat palestinien. Lequel avait à l'époque sur
le papier, une superficie au moins deux à trois fois plus grande que ce qu'il en reste aujourd'hui (voir la carte en PJ 2). Cet Etat palestinien fut rejeté par les Etats arabes,
tout comme ils ont rejeté la création d'Israël. Pourquoi ? C'est là que le religieux a rejoint le politique : Une terre musulmane un jour est musulmane pour toujours. Accepter la
création d'un Etat juif, c'était se laisser spolier injustement pour des crimes anti juifs commis par des chrétiens (persécutions à travers les siècles, les pogroms en Pologne et
en Russie, la Shoa, etc.). Une grande Palestine, dirigée par des musulmans, avec deux populations, arabe et juive, oui. Deux Etats distincts, non. D'où les guerres à répétition,
en 1948, 1967, 1973, première puis seconde intifadas, et enfin celle d'aujourd'hui, en attendant la prochaine.
Pour autant, les Israéliens ont aussi de très graves torts :
Avoir voulu diviser pour mieux régner, en soutenant quasi officiellement la montée en puissance du Hamas, pour
affaiblir l'OLP, première Autorité palestinienne (nom de ce proto-Etat palestinien qui n'a toujours pas de reconnaissance juridique pleine et entière comme
personne juridique de droit international dans les instances comme l'ONU et autres).
Ensuite et surtout, le péché majeur des gouvernements israéliens successifs a été de laisser se
développer une colonisation aussi effrénée qu’incontrôlée dans les territoires supposés devenir un jour () ce fameux Etat palestinien. Cette colonisation a transformé la Cisjordanie en gruyère avec plus de trous que de pâte. Tout,
sauf un futur Etat digne de ce nom. (voir la carte en PJ 3)
Or, tout hypothétique traité de paix supposerait une évacuation de plus des cinq cent mille colons ! Aucun gouvernement israélien ne
serait capable d'imposer cela, ni politiquement, ni pratiquement. Dans le système électoral israélien à la proportionnelle intégrale, on compte 40 000 électeurs pour un député à
la Knesset. Les colons représentent donc entre 12 et 13 députés, sur un total de 120. Ils sont donc indispensables pour constituer une majorité !
Pour en terminer avec les colonies, il en existe trois catégories : Economiques (pour loger les immigrants faisant
leur alya par exemple), militaires à vocation défensive (vallée du Jourdain, grands points de passage en Cisjordanie) et surtout religieuses. Ces dernières ne se
laisseront jamais démembrer. Pourquoi ? Parce que 98% des lieux saints de la Torah et de l'existence du Peuple élu se trouvent dans les territoires palestiniens.
Un drame absolu.
Une solution politique passerait donc forcément par un bras de fer avec la communauté internationale, et d'abord avec les Américains
(qui octroient chaque année gracieusement 3 milliards de $ à Israël pour acheter des armements ... américains). Avec le lobby juif aux EU, c'est impensable. Même Obama ne s'y est
pas risqué.
L'équation politique est donc la suivante : Pour faire la paix, il faudra rendre leur terre aux Palestiniens. Jamais les colons
n'accepteront de quitter leurs installations, en particulier les religieux. Donc, il sera impossible de faire la paix. CQFD!
On en parle peu pour l'instant, mais Benjamin Netanyahu, qui est un authentique forban corrompu au dernier degré, devra rendre des
comptes à son peuple. Il est très gravement fautif d'avoir installé au gouvernement des partis religieux extrémistes qui ont rendu impossible tout espoir , même ténu, de dialogue,
et ce à seule fin de se maintenir au pouvoir pour échapper aux poursuites judiciaires qui l'enverront en prison pour de nombreuses années.
II. Au plan militaire
Parler d'une offensive terrestre de grande ampleur comme le racontent les journalistes et, malheureusement aussi, des généraux en
retraite qui n'ont jamais mis les pied sur place, est complètement grotesque. On n'est pas en Pologne ! Dans le nord, la bande de Gaza fait 5 km de large. La ville occupe
l'essentiel du terrain, sur une terre absolument plate et pelée. Les chars ne servent quasiment à rien, sauf à tirer occasionnellement au canon sur des immeubles abritant des
snipers.
La tactique israéliennne, le "combat en essaim", mise au point dans les années 2002-2003 dans les combats
similaires à Jénine (Jéninegrad, fantastique trouvaille de propagande palestinienne à l'époque !) consiste à passer de maison en maison, en perçant les murs de séparation,
pour éviter les rues où les soldats israéliens seraient des cibles trop faciles. La progression est donc d'une lenteur extrême, dans une ville gigantesque, d'autant plus
que tout est piégé par des mines et autres moyens explosifs : Planchers, meubles, canapés, fauteuils, réfrigérateurs, etc. TOUT. Ce type de
combat "consomme" beaucoup plus de combattants que le gouvernement ne peut accepter d'en perdre s'il veut garder le soutien de sa population (le soutien international a
presque déjà entièrement fondu, comme à chaque fois).
Le sous-sol de Gaza est truffé de tunnels, aussi vite recreusés qu'ils ont été détruits. Ce sont les poumons de Gaza, donc vitaux
à ce titre. Ils permettent tous les trafics, en particulier d'armes et de munitions. Les militaires égyptiens censés surveiller l'étanchéité de la frontière sont très mal
payés. Les bakchichs font donc leur travail.
C'est pourquoi les militaires israéliens, qui doivent quand même venger les victimes de la barbarie initiale du 7 octobre 2023 et
reprendre l'ascendant sur leur adversaire, n'ont pas d'autres options que de frapper massivement par les airs. C'est stérile, car sans lendemain, mais c'est comme ça
!
Gaza va donc devenir un immense champ de ruine, qui sera reconstruit dans la foulée en un temps record, comme ce fut le cas en
2002-2004. Les victimes innocentes seront enterrées et iront au paradis d'Allah. La vie reprendra son cours. Les Gazaouis retourneront travailler dans les entreprises
israéliennes situées juste après la frontière. Mais le Hamas, dont le commandement se reconstitue aussi vite qu'il est décimé, aura eu gain de cause : Rappeler que le problème
palestinien est toujours là et isoler à nouveau Israël sur la scène internationale.
Pour conclure, une phrase cent fois entendue dans des bouches palestiniennes de tout âge et sexe : "dans un an, dans
dix ans , dans cent ans, dans mille ans, inch Allah, mon frère, nous les remettrons à la mer".
Les Israéliens le savent. Ils ne céderont pas non plus. Ce conflit est sans fin.
Mais à Dieu, rien d'impossible avec la prière. La seule arme qui nous reste !
Il y a deux facteurs irréfutables qui ressortent de tout examen de la crise à Gaza : l’intransigeance persistante du Premier ministre Benjamin
Netanyahou, et la volonté israélienne de ne pas rechercher une solution diplomatique et politique à la tragédie palestinienne.
Netanyahou gouverne Israël depuis
le 31 mars 2009, avec une interruption du 23 mars 2021 au 1 novembre 2022
Déjà en 2014 la situation à Gaza était la suivante :
«Netanyahou
utilise à présent une force militaire écrasante pour terroriser une communauté civile afin de revenir au statu quo antérieur qui restreint à Gaza l’électricité, l’oblige à envoyer les
eaux usées dans la mer, s’assure que l’eau reste imbuvable et organise la pénurie de carburant qui contraint les usines d’épuration à fermer. Bref, il assure la perpétuation du
désespoir parmi ceux qui sont obligés de vivre dans ces conditions. Un tel désespoir conduirait tout être humain à croire que la résistance violente est le seul recours qui lui
reste.
Peut-être la
comparaison avec le Ghetto de Varsovie n’est-elle pas complètement tirée par les cheveux, après tout». (Melvin A. Goodman, le 23 juillet 2014)
Melvin A.
Goodman est un ancien cryptographe et analyste de la CIA, professeur en Sécurité nationale et membre du think tank «Center for International Policy». Il est l’auteur
notamment de «National
Insecurity : The Cost of American Militarism» (City Lights Publishers, 2013).
1. Le nettoyage ethnique de
la Palestine n’a pas cessé depuis 1947… Seulement la méthode ! :
En effet, Netanyahou menace les
Palestiniens d’expulsions massives, il le fera d’autant plus facilement que Israël est un État raciste où
l’apartheid règne depuis sa création.
Ainsi, Jonathan
Cook écrivain et journaliste basé à Nazareth, Israël membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine nous apprend que :
«Israël a refusé
de reconnaître une nationalité israélienne à l’instauration du pays en 1948, faisant ainsi une distinction inaccoutumée entre «citoyenneté» et
«nationalité». Même si tous les Israéliens sont qualifiés «citoyens d’Israël», l’État, lui, est défini comme
appartenant à la «nation juive», c’est-à-dire non seulement aux 5,6 millions de juifs israéliens mais encore aux plus de 7 millions de juifs de la
diaspora. !!!
Le statut spécial de nationalité
juive est un moyen pour saper les droits de citoyenneté des non juifs en Israël, spécialement pour le cinquième de la population qui est arabe. Quelques 30 lois en
Israël privilégient spécifiquement les juifs, notamment dans les domaines des droits relatifs à l’immigration, à la naturalisation, à l’accès à la terre et à l’emploi.
Grâce à
l’apartheid, il est donc facile pour le gouvernement
Israélien de chasser de leur pays tous les non juifs pour laisser la place aux juifs venus de pays étrangers. Le but est de faire d’Israël un État juif peuplé que de
juifs, véritable sanctuaire d’une religion qui dérape vers des pratiques sectaires.
Israël a pour obsession
l’agrandissement de son territoire pour accueillir le maximum de juifs.
Ce pays fait régner la terreur autour de lui. Il n’hésite pas à kidnapper des enfants palestiniens pour faire que la peur s’empare des
Palestiniens.
Par exemple, les forces israéliennes ont arrêté en 2017, 700 enfants palestiniens, pour les traduire en cour martiale sous l’inculpation de jet des
pierres sur des véhicules ou des soldats israéliens. 97 pour cent d’entre eux ont été
soumis à la torture, et 14 pour cent d’entre eux étant
soumis à des agressions sexuelles, ou la menace d’agression sexuelle. Ceci a été révélé par la journaliste israélienne Amira Hass, dans un journal Ha’aretz.
De plus, Les forces d’occupation
israéliennes et les colons juifs ont assassiné plus de 3000 enfants palestiniens depuis le déclenchement de l’Intifada al-Aqsa, de fin septembre 2000, jusqu’à avril
2017.
Aujourd’hui, la nouvelle méthode consiste en un bombardement massif : 32
000 tonnes, en un mois, sur les populations civiles. C’est hallucinant et CRIMINEL.
2. Depuis plusieurs années,
l’armée israélienne a pris l’habitude de nettoyer la Palestine en tirant sur des enfants
En décembre 2021 le gouvernement autorise ses soldats à tirer à balles réelles sur des lanceurs de pierres ou de cocktails Molotov, même s’ils ne
constituent plus une menace immédiate. Ces nouvelles règles sont une «politique
d’exécution».
Cette autorisation de tir va à l’encontre des lois internationales qui n’autorise formellement ses soldats à faire usage de leurs armes que s’ils
estiment qu’une vie est en danger.
Par exemple :
• Un soldat
israélien tire sur un Palestinien en hurlant joyeusement «Je l’ai frappé,
le fils de pute» https://youtu.be/Vse-NAfEPBk
Viseur d’un
soldat-sniper israélien : à la 40ème
seconde de la vidéo, l’enfant est
mort
Maintenant l’armée la plus morale du monde est passée aux bombes lâchées lâchement des avions : 32 000 tonnes en 1
mois. Le gouvernement israélien va-t-il dépasser les nazis à ce rythme ?
D’autres vont encore plus loin dans l’horreur.
3. «La destruction de la
Bande de Gaza par une frappe nucléaire» : ces propos d’un ministre israélien suscitent pour le moins «de nombreuses questions»
Le ministre israélien du Patrimoine Amichaï Eliyahou sur un recours à l’arme atomique
pour régler le conflit à Gaza !!!!!!!
• Le Premier
ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, commentant la récente déclaration du ministre israélien du
Patrimoine Amihai Eliyahu, qui appelait à la destruction de
la bande de Gaza par une frappe nucléaire, a déclaré que dix mille civils déjà morts à cause de l’agression de Tel-Aviv ne suffisaient pas.
• Shtayyeh a
souligné que le ministre israélien aimerait voir un deuxième Hiroshima à Gaza, organisant un génocide mené avec l’aide des armes nucléaires israéliennes. Le chef du gouvernement
palestinien a qualifié le ministre israélien du Patrimoine de personne assoiffée de sang qui appelle à tuer pour tuer et justifier le génocide et l’extermination massive de la
population civile de la bande de Gaza, en faisant référence au livre sacré des juifs – la Torah. Le ministre israélien, proposant la «solution finale à
la question palestinienne», a cité un passage de la Torah appelant à l’extermination complète de la population ennemie, y compris les hommes, les femmes, les enfants, les
nourrissons et les animaux domestiques.
• Le Premier
ministre palestinien a également rappelé que le ministre israélien de la
Défense avait qualifié la population de la bande de Gaza d’«animaux» et que l’un des hauts généraux de Tsahal avait déclaré la nécessité de créer une crise humanitaire
dans l’enclave palestinienne, privant complètement la région de sa viabilité.
De 2008 à
2020 : 5590 Palestiniens / 251 Israéliens morts ou blessés
4. Ils ont osé les pires
crimes : des hôpitaux, des écoles, des ambulances, des convois d’aide humanitaire sont bombardés
Une puissante déflagration a frappé, mardi 17 octobre, vers 19 h 30, la cour de l’hôpital Al-Ahli, dans le centre de la ville de Gaza. En
plus des malades et des blessés des bombardements israéliens engagés en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre, des centaines de déplacés s’y étaient massés, espérant
trouver dans ce carré de verdure un refuge plus sûr que leurs propres maisons. Le ministère de la Santé local a annoncé la mort d’«au moins 500
personnes». Cf : le journal Le
Monde du 18 octobre 2023.
Des innocents,
parmi les morts, ont miraculeusement survécu au bombardement
Dans un contexte où les hôpitaux sont déjà surchargés, les frappes aériennes se déroulent de manière quasi continue, celles-ci ayant déjà fait plus de
1417 morts, dont 447 enfants à la date 12 octobre 2023, selon le ministère de la Santé à Gaza. On voit se multiplier sur les réseaux sociaux des images terribles d’hôpitaux ou
d’ambulances bombardées par les forces de Tsahal.
Pour se rendre compte de la violence de la contre-attaque, les avions de combat israéliens ont partiellement détruit 22 639 logements, 10
établissements de santé et 48 écoles depuis samedi et ils ont complètement détruit 168 bâtiments.
Alors que les infrastructures médicales étaient déjà largement insuffisantes et que le matériel médical manquait fortement, la situation s’est donc
encore aggravée avec les bombardements de l’hôpital de Beit Hanoun, désormais inutilisable, ou encore ceux de l’unité néonatale de l’hôpital Al-Shifa, grandement endommagée par des
missiles.
Voilà la logique, assumée par le premier ministre des forces d’occupation : «tout détruire», jusqu’au secouriste cherchant à sauver des
blessés.
En plus de la destruction des
hôpitaux, symbole par excellence de la déshumanisation totale des Palestiniens par Israël, tous les biens de première nécessité sont refusé aux Gazaouis, qui appellent,
au même titre que les différentes ONG, à la mise en place d’un corridor humanitaire, sans lequel l’espérance de vie de nombreux blessés sera très affaibli. En témoignent les
nombreuses images qui circulent d’enfants blessés par des tirs de missiles et attendant d’être pris en charge.
Un hôpital à
Gaza, bientôt il n’en restera plus un seul
B – Bombardement de quatre
écoles de l’ONU abritant des déplacés touchées par des bombardements
L’ONU a annoncé que quatre de ses écoles dans la bande de Gaza abritant des déplacés de la guerre ont été touchées ce jeudi par des bombardements,
imputés à Israël par le Hamas.
15 personnes avaient été tuées dans le bombardement israélien d’une école de l’ONU accueillant des milliers de déplacés dans un camp de réfugiés du nord
de la bande de Gaza.
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a confirmé
qu’«au
moins une frappe» avait «visé la cour de
l’école où des familles déplacées étaient installées sous des tentes, et une autre frappe à l’intérieur de l’école où des femmes préparaient du pain».
Des enfants se trouvent parmi les
morts, a précisé sa porte-parole Juliette Touma, dans cette école qui accueillait, à la mi-octobre, 16 000 déplacés.
«Le massacre de
l’école al-Fakhoura perpétré par Israël en ce [samedi] matin a fait 15 morts et 70
blessés», avait indiqué plus tôt le porte-parole du ministère Ashraf al-Qidreh, lors d’une conférence de presse.
Vendredi soir, 3 novembre 2023, une frappe sur une école transformée en abri de fortune pour déplacés dans le nord de la bande de Gaza avait
fait 20
morts et des dizaines de blessés.
Le 2 novembre, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué que deux des écoles touchées se trouvaient dans les camps de
réfugiés de Jabaliya et de Chati (nord) et deux autres à Boureij, plus au sud, et que les bombardements auraient fait 23 morts.
Cf : le journal l’Alsace du 4 novembre 2023
C – Bombardement d’un convoi
d’aide humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
La Société du Croissant-Rouge palestinien a annoncé ce mercredi matin, 8 novembre, que l’armée israélienne avait attaqué le convoi d’aide humanitaire du
(CICR) dans la ville de Gaza.
Dans le même temps, le directeur des hôpitaux de la bande de Gaza a déclaré que la situation dans les hôpitaux, notamment dans les secteurs du nord, est
«catastrophique et
indescriptible».
Alors que Netanyahou poursuit l’offensive criminelle à Gaza et a ouvert la voie à une possible occupation militaire de Gaza, les violences touchant les
Gazaouis vont continuer d’augmenter le chiffre effarant de la dizaine de milliers de morts depuis le début de l’offensive. Les scènes décrites par Emily Callahan relèvent de la
barbarie de la politique génocidaire mis en œuvre à Gaza avec la complicité des USA qui fournit les bombes
«C’est scandaleux et cela montre
une nouvelle fois le mépris flagrant pour la vie des civils», a estimé l’UNRWA qui gère des écoles, des cliniques et fournit une aide alimentaire.
5. Gaza aujourd’hui (10
novembre 2023) :
A – Situation
générale
1,5 million de déplacés. Pour les 2,4 millions d’habitants de Gaza, le désespoir est intense après un mois de bombardements ininterrompus. «Arrêtez cette
machine à détruire. Sauvez-nous», a imploré le 7 novembre Hicham Koulab, un déplacé palestinien
Piégés dans leur territoire de 362
km², les Gazaouis sont aussi soumis depuis le 9 octobre à un siège total qui les prive de livraisons d’eau, d’électricité et de nourriture.
Dans le nord, «de nombreuses
personnes cherchant désespérément de la nourriture se sont introduites dans les trois dernières boulangeries où il restait des stocks de farine de blé» le 7 novembre, selon
l’OCHA, qui a dénombré 650 camions d’aide humanitaire entrés sur le territoire depuis le 21 octobre par Rafah, seul point de passage de la bande de Gaza non contrôlé par Israël avec
l’Égypte.
Dans le sud, il faut «quatre à six
heures d’attente en moyenne pour recevoir la moitié d’une portion de pain normale», a précisé l’OCHA, selon lequel quelque 600 personnes, détentrices de passeports
étrangers, et 17 blessés, ont pu être évacuées le 7 novembre par Rafah.
L’armée israélienne a multiplié les appels aux civils à quitter le nord pour se réfugier au sud, plus sûr selon elle. Mais les bombardements continuent
de toucher aussi cette partie du territoire, où s’entassent des centaines de milliers de déplacés. Le territoire compte plus d’1,5 million de déplacés internes.
Dans la bande de Gaza, la guerre a entraîné le déplacement d’1,5 million de personnes, selon l’ONU. «La situation est
très difficile. Il n’y a pas de pain, pas d’eau, rien, même pas d’eau salée. On a vu des cadavres (sur la route), les enfants avaient très peur», a raconté Zakaria Akel, qui
fuyait avec sa famille vers le sud. Cf : Euronews avec AFP,
Publié le 06/11/2023
Près de 70% de la population de Gaza (1,5 million) est contrainte de quitter son domicile
Plus de 70% de l’électricité ne fonctionne plus
Par, ailleurs, la résistance des Palestiniens s’organise et inflige des pertes aux forces armées occupantes : plus de 20 chars détruits,…
B – Dernière minute :
Dans la nuit du 9 au 10 novembre : bombardement israélien intensif contre 9 hôpitaux à Gaza
L’aviation israélienne a intensifié, dans la nuit de jeudi à vendredi 10 novembre, ses frappes hystériques contre les hôpitaux dans la bande de
Gaza.
Huit hôpitaux ont été visés par ces bombardements qui ont fait des martyrs et des blessés et provoqué la terreur parmi les patients et les
déplacés.
Israël a bombardé les environs du complexe médical Al-Shifa à Gaza, où des tentes y étaient installées pour les personnes déplacées, en plus d’une tente
pour les journalistes, ce qui a entraîné la mort de13 citoyens et la blessure ds dizaines d’autres.
Le directeur du complexe médical Al-Shifa à Gaza a affirmé que :
«Nous ne
quitterons pas l’hôpital et nous n’abandonnerons pas les patients qui s’y trouvent. Nous nous attendons à ce que l’hôpital et les patients qui s’y trouvent soient bombardés à tout
moment».
Israël a également bombardé l’hôpital pour enfants de Rantisi, à l’ouest de la ville de Gaza, provoquant un incendie dans ses installations..
Les chars ont encerclé les hôpitaux de Rantissi, Al-Nasr et Al-Ayoun, appelant à leur évacuation.
L’aviation israélienne a également lancé une série de raids violents à proximité de l’hôpital Indonésien, dans le nord de la bande de Gaza, qui abrite
des dizaines de milliers de blessés, des malades et des personnes déplacées, dont une majorité d’enfants, de femmes et de personnes âgées. Plusieurs d’entre eux sont mortes et
plusieurs autres ont été blessés.
Le bombardement a causé de graves dommages à certaines installations hospitalières, ainsi que la panique parmi les citoyens qui se sont précipités vers
les lieux pour tenter de se mettre à l’abri des bombardements.
Un secouriste a en outre été blessé lors d’une frappe aérienne d’occupation israélienne à proximité de l’hôpital Al Awda, dans le nord de la bande de
Gaza.
La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré que l’aviation israélienne avait visé les environs de l’hôpital Al Awda, blessant un secouriste et
mettant hors service deux de ses ambulances.
En réaction, les directeurs des centres hospitalièrs à Gaza et du nord de Gaza ont indiqué qu’il ne restait que quelques heures avant que les hôpitaux
ne soient hors service, après que les tentatives visant à étendre leurs services aient échoué. Ils ont appelé la communauté internationale à œuvrer pour acheminer des fournitures
médicales et du carburant avant qu’une catastrophe majeure ne se produise.
Le ministre de la Santé, Mai Al-Kaila, a en outre appelé les Nations unies à intervenir immédiatement pour stopper les bombardements des hôpitaux
Al-Shifa, Al-Awda et Al-Rantisi dans la bande de Gaza.
Rappel : ce n’est pas la première fois que les forces d’occupation israéliennes commettent de tels actes horribles. Le 17 octobre, l’aviation
israélienne a bombardé l’hôpital Baptiste de Gaza, tuant plus de 500 personnes.
Le porte-parole du ministère de la Santé à Gaza a fait état de 10 818 morts dont 4412
enfants, 2918 femmes et 667 personnes âgées, suite aux bombardements israéliens.
Les crimes de guerre ça
suffit
*
Pour conclure cette partie :
Une vidéo postée par le général Dominique Delawarde
Le docteur Rony Brauman, né à Jérusalem d’un père sioniste, ancien directeur de Médecin sans frontières, JUSTE PARMI LES NATIONS MODERNES, est
interviewé par un journaliste servile de LCI, nommé
PUJADAS, pendant 4 minutes : Un moment d’anthologie visionné près de 330 000 fois. Prenez le temps de lire quelques-uns des 3000 commentaires.
Dans son livre paru en 1993, puis réédité, « Pétrole, une guerre d’un siècle. L’ordre mondial anglo-américain » William Engdahl décrit les moyens extrêmes que les Anglo-Américains ont
mis en œuvre – et sont encore prêts à le faire – pour conserver une suprématie née en 1815 et renforcée au prix des deux Guerres mondiales. «
Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations », disait Henry Kissinger. Ce qui vaut pour l’« or noir » vaut désormais également pour l’ « or bleu ».
Considéré auparavant comme un hydrocarbure de seconde zone, le gaz naturel est devenu – avec les sanctions contre la Russie – une source d’énergie fortement recherchée. Et grâce aux avancées
technologiques récentes, son exploitation offshore, en eaux profondes, promet une très bonne rentabilité. La découverte il y a quelques années de gigantesques réserves de gaz naturel en
Méditerranée orientale a aiguisé l’appétit des pays riverains : Chypre, Turquie, Syrie, Liban, Israël, Égypte, Libye. Ce qui a ravivé les tensions géopolitiques autour de la délimitation des
frontières maritimes. Or, si l’on prend en compte l’existence d’importants gisements d’or bleu cachés dans la zone économique de la bande de Gaza, peut-être découvririons-nous une autre cause du
conflit entre Israël et le Hamas.
Cet article initialement publié sur le site stoletie.ru n’engage
pas la ligne éditoriale du Courrier.
Outre le désir impulsif de se « venger » brutalement, sur le dos des Palestiniens, de l’attaque sanguinaire du Hamas et de détruire cette organisation terroriste,
se cachent d’autres intérêts derrière le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, et les tentatives d’Israël de s’emparer de cette enclave à tout prix. Le portail grec Pronews en fait
état dans un article publié mercredi 8 novembre, sous le titre : « Un
autre jeu derrière la guerre et le carnage ». Ce dont il est question ici, ce sont les d’énormes réserves d’énergie dans le plateau maritime de la ZEE : au moins un billion de
mètres cubes de gaz naturel. « La
guerre à Gaza », écrit le portail,
« semble cacher bien plus qu’il n’y paraît, puisqu’elle inclut le secteur énergétique et les gisements d’hydrocarbures de la Méditerranée orientale dans l’équation de la
terreur ».
Les droits d’exploration dans la ZEE de Gaza arrivent à échéance en 2024
Il s’avère que les droits d’exploration pour le gaz naturel (et éventuellement le pétrole) situé dans la ZEE de Gaza – et qui sont actuellement détenus par la
société britannique BP – expireraient en 2024. Les deux zones spécifiques représentées sur la carte – Gaza Marina et Med Yavne – cachent en effet des gisements colossaux
d’hydrocarbures. Le premier d’entre eux, détenu à 100 % par la ZEE de Gaza, contient un billion de mètres cubes de gaz naturel. Comme le fait remarquer Pronews, à partir de 2025, celui
qui contrôlera Gaza (le Hamas ou un gouvernement sous tutelle d’Israël) sera en mesure d’accorder des droits d’exploration et d’exploitation minière à qui bon lui semblera.
Le portail suggère que les Palestiniens pourraient transférer ces droits sur les gisements, par exemple à la Russie. « Les
droits britanniques d’exploration du champ gazier offshore de Gaza expirent en 2024. Après cela, Gaza pourra transférer ces droits à la Russie. C’est très inquiétant pour
Washington. Gardez à l’esprit que l’administration Biden était également à l’origine de la destruction de Nord Stream » rappelle Pronews. Or, l’octroi des droits à une entité
russe est ce que veulent à tout prix éviter les États-Unis et la Grande-Bretagne. Quant à Israël, il ne fait aucun doute que le gouvernement de Netanyahu ne sera plus au pouvoir après la
guerre, puisque plus de 75 % des citoyens israéliens le tiennent pour responsable de la situation actuelle et de ses développements.
La bande de gaza appartient à l’Autorité palestinienne
De l’avis du portail russe Neftegaz.ru, « Le gaz est la principale cause du conflit entre Israël et les Palestiniens ». Même les problèmes avec
l’Autorité palestinienne sont liés au gaz, ou plutôt à un gisement découvert en 2009 en mer Méditerranée sur le plateau face à la bande de Gaza. Les réserves de gaz y sont estimées à 4
milliards de dollars ! On ne sait pas exactement comment le plateau de la bande de Gaza s’est retrouvé entre les mains de l’Autorité palestinienne. Mais telle est aujourd’hui la
situation.
Lorsque les combats se déroulaient en 1967, personne ne pensait aux champs offshores. Israël a repris victorieusement le contrôle du plateau du Golan, de la
péninsule du Sinaï, de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Puis la bande de Gaza, ainsi que son plateau, ont été transférés à l’Autorité palestinienne. Cette dernière
entend désormais couvrir les propres besoins d’énergies des Palestiniens avec le gaz extrait, et vendre le surplus à Israël.
Israël, aidé par les Américains, semble vouloir à tout prix récupérer le champ gazier de Gaza
Les droits d’exploration du gisement de gaz ont été transférés en 1999, pour une période de 25 ans, à un consortium composé de : British Gas avec une part de
60 %, de la Société libanaise Consolidated Contractors avec une part de 30 %, et du Fonds d’investissement de l’Autorité palestinienne avec 10 %. Mais Israël essaie par tous les moyens d’empêcher
les Palestiniens d’utiliser le gisement. Ainsi, un tribunal israélien a déjà refusé aux Palestiniens le droit de disposer du gaz de ce champ. De plus, l’Etat hébreux a tout fait pour
empêcher le démarrage de la production de gaz. « Alors
peut-être est-ce pour cette raison que le massacre actuel à Gaza a été provoqué, afin d’en expulser les Palestiniens et de prendre ensuite possession des riches gisements ? », se
demande la publication.
Il est donc possible qu’Israël et les États-Unis se soient fixé pour objectif non seulement de vaincre le Hamas, mais aussi d’établir leur contrôle sur la bande de
Gaza, ce qui implique également le contrôle des énormes réserves d’hydrocarbures découvertes dans le plateau maritime adjacent. Cette hypothèse est notamment confirmée par la déclaration du
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans une interview à la chaîne de télévision américaine ABC News. Le journal britannique Guardian en parle également. « Je
pense qu’Israël aura la responsabilité globale de la sécurité pour une période indéterminée parce que nous avons vu ce qui se passe lorsque nous ne l’avons pas. Lorsque nous n’avons pas
cette responsabilité en matière de sécurité, tout ce que nous avons, c’est une montée de la terreur du Hamas à une échelle que nous n’aurions jamais pu imaginer », a déclaré le Premier
ministre israélien.
Selon le Guardian, certains responsables américains ont également suggéré que l’Autorité palestinienne, qui gouverne la Cisjordanie, pourrait assumer la
responsabilité à Gaza, tandis que d’autres ont proposé que ce soit un consortium d’États arabes qui en prenne la charge. Interrogé sur la déclaration de Netanyahu, le porte-parole du
Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a déclaré : « Ce
que nous soutenons, c’est que le Hamas ne peut plus contrôler Gaza. Nous sommes en discussion avec nos homologues israéliens sur ce à quoi devrait ressembler la gouvernance à Gaza dans une
période post-conflit ». En d’autres termes, le représentant américain a donc clairement indiqué qu’après la fin du conflit armé, les Etats-Unis débattraient avec Israël de la question
de la gestion future de la bande de Gaza.
Bien évidemment, les discussions Israélo-américaines sur le sort de l’enclave ne tiennent aucunement compte des opinions des Palestiniens vivant sur ce territoire.
D’ailleurs, les habitants de la bande de Gaza pourraient être tout bonnement expulsés de leurs terres et réinstallés dans d’autres territoires. Comme l’ont déjà rapporté les médias, des
négociations à ce sujet sont déjà en cours avec les autorités égyptiennes et d’autres États. Il est évident, qu’après cette expulsion des Palestiniens de leurs terres ancestrales, le
contrôle des gisements d’hydrocarbures passera entièrement entre les mains d’Israël et des sociétés occidentales.
Les nombreuses guerres du pétrole menées ou suscitées par les anglo-saxons
La véritable cause du massacre actuel à Gaza – le contrôle des gisements – est confirmé par la longue histoire de nombreuses autres guerres au Moyen-Orient qui ont
été menées pour le pétrole et le gaz.
La bataille pour les ressources énergétiques au Moyen-Orient a commencé en 1951, lorsque le Premier ministre iranien, Mohammad Mossadegh, décida de nationaliser
l’industrie pétrolière iranienne, contrôlée à l’époque par l’Anglo-Iranian Oil Company. Les troupes armées prirent le contrôle des infrastructures pétrolières du pays. La
Grande-Bretagne et les États-Unis étaient particulièrement effrayés par le fait que Mossadegh s’appuyait, non seulement sur les nationalistes et les religieux, mais aussi sur le Parti
communiste. Parce que Washington et Londres étaient convaincus que Mossadegh préparait la « soviétisation » de l’Iran, la CIA et le renseignement britannique MI5 menèrent une opération
organisée par l’armée, afin de renverser Mossadegh.
En 1973, à la veille de la fête juive de Yom Kippour, les troupes syriennes et égyptiennes, soutenues par l’URSS, attaquèrent Israël. Les pays arabes
exportateurs de pétrole décidèrent de réduire leur production pétrolière de 5 % par mois et d’interdire complètement les exportations de pétrole vers les pays qui soutenaient Israël, à
savoir : les États-Unis, les Pays-Bas, le Portugal, l’Afrique du Sud et la Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe). En outre, les pays Arabes doublèrent les prix de vente du pétrole
exporté. Les prix mondiaux du pétrole augmentèrent donc fortement : aux États-Unis, le prix de l’essence automobile fut multiplié par quatre !
En janvier 2004, la BBC publia des documents d’archives du gouvernement britannique. Ceux-ci indiquaient que les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient discuté de
la possibilité d’envahir l’Arabie Saoudite et le Koweït pour prendre le contrôle de leurs gisements de pétrole. Ils avaient aussi élaboré des plans pour renverser les dirigeants de plusieurs
États arabes et leur gouvernement, pour ensuite les remplacer par des responsables « plus dociles ». Cependant, la « diplomatie de la canonnière » ne fut pas utilisée.
En 1986-1987, éclata la guerre entre l’Irak et l’Iran, avec des attaques des forces aériennes et navales des deux belligérants contre des navires transportant
du pétrole. Une première dans l’histoire ! Au total, plus de 80 pétroliers appartenant à différents pays du monde furent attaqués. La guerre se termina en 1988 par un « match nul » :
les frontières des deux pays restèrent pratiquement inchangées. Mais environ 1,5 million de personnes furent tuées pendant ce conflit, tout en précisant que les données exactes restent encore
inconnues.
En 1990, l’Irak envahit le Koweït. L’Irak espérait rembourser ses dettes contractées pendant la guerre avec l’Iran grâce à la vente de pétrole. L’Irak fit
valoir que le Koweït était une partie historique de l’Irak, arrachée par les colonialistes britanniques. L’ONU imposa des sanctions contre l’Irak.
En 2003, les États-Unis dirigèrent une coalition internationale pour envahir l’Irak, l’accusant à tort de développer secrètement des armes de destruction
massive. Cependant, l’objectif principal de l’opération était d’établir le contrôle du pétrole irakien. Selon le « BP Statistical Review of World Energy », l’Irak possède les
deuxièmes plus grandes réserves de pétrole au monde, juste derrière l’Arabie Saoudite. En outre, le coût du pétrole irakien et saoudien est le plus bas au monde. L’une des premières
réponses du régime de Saddam Hussein fut d’incendier les puits de pétrole. Cela ne l’a pas aidé : le régime irakien fut renversé en moins d’un mois.
Après avoir envoyé illégalement leurs troupes en Syrie en 2014 – sous le prétexte de combattre l’EI, les États-Unis commencèrent immédiatement à piller la richesse
pétrolière du pays. Selon le ministère russe de la Défense, les États-Unis gagnent trente millions de dollars par mois grâce à la production pétrolière en Syrie. Les systèmes
d’approvisionnement sont établis depuis longtemps ; les gisements les plus importants sont gardés par des soldats de sociétés militaires privées et des forces armées kurdes contrôlées par le
Pentagone.
Il est donc tout à fait logique qu’aujourd’hui, sous couvert de « lutte contre le Hamas », les États-Unis visent à nouveau la conquête de nouvelles sources de
ressources énergétiques au Moyen-Orient.
L’ethnocide palestinien peut-il réparer le génocide juif ?
Selon la presse israélienne elle-même, les services de renseignement du pays ont dessiné un projet de déportation des Palestiniens de Gaza vers le Sinaï. Il s’agirait de déplacer 2,4 millions de
personnes pour récupérer cette enclave gênante du point de vue de l’homogénéité territoriale israélienne. On retrouve ici la vieille légende qui a fondé le sionisme : La Palestine serait une
terre vierge de tout habitant, sauf de quelques Bédouins et de quelques sauvages qui ne forment pas un peuple. Cette négation de l’autre heurte de plein fouet le mythe fondateur d’un Etat
constitué pour éviter un nouveau génocide. Peut-on vraiment réparer une tragédie subie en infligeant une tragédie à un autre peuple ?
Dans l’esprit occidental contemporain, la justification ultime d’Israël et de son existence, c’est la réparation de la Shoah.
Parce que la folie prusso-nazie a détruit des millions de Juifs dans des conditions inhumaines, l’Occident s’est rangé, au gré de circonstances qui appelleraient
d’interminables analyses historiques, à la nécessaire réparation de la douleur et de la faute par la création d’un État sur la terre historique du peuple juif. Les sionistes et pro-israéliens de
tous bords peuvent raconter ce qu’ils veulent, se faire leurs films à eux, l’Occidental moyen a aujourd’hui très peu d’idées sur les raisons qui justifient l’installation d’un État “hébreu” en
Terre Sainte plutôt qu’au Rwanda, en Uruguay ou à Madagascar. Sur le fond, il fallait réparer, et on l’a fait vaille-que-vaille.
L’histoire de “l’an prochain à Jérusalem” n’est venue qu’après. Lorsque, en 1948, l’ONU crée l’État d’Israël, le prétexte religieux d’une installation sur une terre
choisie par Dieu pour son peuple élu n’est pas déterminant, loin s’en faut. Les sionistes eux-mêmes, dont les gros bataillons sont des Juifs d’Europe de l’Est marqués à gauche, sont souvent loin
de croire à Yahvé et aux promesses prophétiques dont Netanyahu annonce aujourd’hui l’accomplissement.
Que l’on soit bien clair ! Bien entendu, l’intention sioniste de créer un État pour les Juifs n’est pas née en 1948. Bien entendu, elle répond à une construction
historique au cœur de plusieurs “séries”, dont le millénarisme occidental du 19è siècle qui a voulu réoccuper la Palestine après des siècles d’abandon. Bien entendu, dès les premières années du
vingtième siècle, la diaspora a acheté des terres pour installer des “colonies” et des kibboutzim qui préfiguraient Israël.
Mais sans la Shoah, personne (en Occident) n’aurait jamais accepté le droit de créer un État confessionnel en expropriant massivement et en expulsant des millions
de civils, comme cela s’est passé en 1948. Face à la monstruosité, il fallait se faire pardonner, et les Occidentaux se sont laissés aller au narratif de l’époque : La Palestine est une terre
vierge occupée par quelques sauvages, que l’on donne à un peuple civilisé victime d’une dévastation innommable, et sur les responsabilités de laquelle on n’est pas pressé de se poser des
questions.
Cela arrangeait donc tout le monde, en Europe, aux États-Unis, de ne pas trop interroger le mythe colporté par tant de pèlerins chrétiens jusque-là, selon lequel
les Palestiniens n’existaient ni en tant que peuple, ni en tant que culture spécifique.
Mais l’histoire est aussi tenace que la réalité. Les Palestiniens existent, le peuple palestinien existe, la nation palestinienne existe. Ce n’est pas une épine
dans le pied d’Israël, c’est un tronc d’arbre, qui s’obstine depuis 1948. L’Occident a beau le nier, l’Occident a beau expliquer que la reconnaissance d’une entité palestinienne est déjà
l’antichambre d’Auschwitz, il n’en reste pas moins qu’ils sont là et qu’ils nous renvoient à notre propre conscience, et à nos fautes.
Face à ce principe de réalité, les services israéliens, selon la presse israélienne elle-même,
ont une idée : Achever l’ethnocide commencé avant même 1948, et déporter massivement les Gazaouites en Egypte et au-delà s’il le faut. En Espagne, au Canada, où l’on veut, pourvu qu’ils ne soient
plus là.
Il ne s’agirait pas d’un génocide. Israël n’a pas pour projet de tuer intentionnellement ces populations civiles, comme les nazis avaient l’intention de liquider
les Juifs. Si des femmes, des enfants, doivent mourir, ce sera pour ainsi dire “par accident”, c’est-à-dire au terme de bombardements aveugles, prétendument punitifs ou menés pour exterminer des
terroristes. L’intention est “seulement” de continuer la négation de l’autre, et de le chasser d’une terre sur laquelle d’autres ont un projet concurrent. Dans l’ex-Yougoslavie, on appelait cette
visée intentionnelle le nettoyage ethnique.
Je préfère l’appeler ethnocide parce que, dans l’esprit israélien, il est beaucoup plus vaste qu’un simple nettoyage ethnique. Par exemple, en
1982, lorsque le Premier Ministre ex-terroriste Menahem Begin a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, l’une des premières actions de l’armée israélienne a consisté à dynamiter l’immeuble qui
abritait les archives palestiniennes. Il fallait supprimer la mémoire d’un peuple, pour supprimer la conscience de ce peuple lui-même.
Le projet de déportation massive constitue une étape supplémentaire dans la logique ethnocidaire à l’œuvre depuis près de 80 ans. On peut en comprendre les raisons
objectives : Les Israéliens, au nom de la loi du plus fort, défendent la terre qu’ils estiment être la leur.
Tout le problème tient à la dimension morale et émotionnelle de cette solution : Qui, en Occident, acceptera que les victimes se transforment en bourreaux et
servent de nous comme caution de leurs agissements ? J’entends bien que certains nous expliquent désormais qu’Israël n’est plus une réparation de la Shoah, mais un poste avancé dans la lutte qui
opposerait l’Islam et l’Occident. Mais enfin, voilà qui s’appelle changer de monture en cours de route.
Sur le fond, les Israéliens ne devraient pas oublier que nous considérons la souffrance infligée aux Palestiniens jusqu’ici comme un mal nécessaire pour réparer la
Shoah. Mais il est évident que l’Occident n’aura aucune compassion pour des victimes qui se métamorphosent en acteurs d’une nouvelle tragédie historique. On ne peut pas réparer un mal par un
autre mal. Ce serait très naïf de le croire, vraiment.
Il est difficile de faire comprendre les développements de la guerre en Palestine tant que les comptes rendus journalistiques partent du mensonge de
l’antisémitisme dans un conflit où les deux belligérants sont des sémites. Mais l’accusation de racisme sert à criminaliser un camp. Tandis que l’autre récupère les
symboles de la persécution du siècle dernier et, si cela ne suffit pas, ceux des siècles précédents. Comme l’a fait l’inusable Zelensky, rappelant les pogroms de l’époque tsariste et
«oubliant» que nombre d’entre eux se sont produits dans l’Ukraine d’aujourd’hui.
Le racisme n’a donc rien à voir là-dedans, puisque les deux partis sont sémites. La religion n’a rien à voir non plus. On l’a vu en juillet dans le
Trentin, lorsque le groupe de réflexion Il Nodo di
Gordio a organisé une rencontre entre des représentants de diverses religions, y compris des juifs et des musulmans. Ils se sont affrontés et ont dialogué sans le moindre
problème. Parce que ceux qui ont de l’intelligence et de la culture ne font pas la guerre. Mais il est évident que les hommes de religion – qui sont bien différents des agitateurs au
nom d’un Dieu quelconque – ont de moins en moins de poids par rapport aux intérêts matériels et quotidiens de leurs fidèles respectifs.
Sans même aller jusqu’à la réalité du catholicisme. Avec des églises dramatiquement vides qui témoignent de l’inutilité désormais
absolue de la parole du pape et des hiérarchies ecclésiastiques.
Mais si ce n’est pas la race, si ce n’est pas la religion, alors quel est le moteur d’un affrontement qui – grâce à un criminel comme Netanyahou et à
son protecteur RimbanBiden – risque de se transformer en une guerre mondiale aux conséquences catastrophiques ?
Le seul vrai Dieu qui reste dans cette partie du monde : L’argent.
- L’argent qui pousse les colons à prendre d’assaut les fermes palestiniennes en Cisjordanie pour voler les terres.
- L’argent qui pousse à occuper Gaza pour la possibilité éventuelle d’avoir à l’avenir des gisements de gaz à exploiter dans la mer.
- L ’argent qui pousse les pays arabes et islamiques de la région à utiliser les Palestiniens comme une arme d’échange ou de menace pour de nouveaux
accords entre eux ou avec les atlantistes.
Ce ne sont pas les rabbins ou les imans qui déclenchent les guerres. Ce sont les intérêts géostratégiques qui profitent de la faiblesse de l’Autorité
palestinienne, de la perfidie de Netanyahou prêt à sacrifier les Israéliens pour rester au pouvoir, de la stupidité arrogante des Américains, des intérêts de Moscou pour détourner
l’attention de l’Ukraine, des intérêts de Pékin pour un conflit qui affaiblira encore plus l’Occident.
Tous ont des intérêts et sont prêts, pour leurs propres intérêts, à faire massacrer des dizaines de milliers de civils palestiniens. Tous les
protagonistes sont déjà tournés vers l’avenir. Non pas celui de la Palestine et de la création éventuelle des deux États, mais celui des nouveaux rapports de force mondiaux. Plus le
massacre se poursuivra – ce qui changera le terme de «boucherie mexicaine» en «boucherie israélienne» – plus la méfiance et la colère du Sud mondial à l’égard des atlantistes augmenteront.
1. Présenté en application de la résolution 77/247 de l’Assemblée générale, le présent rapport porte sur la période du 1er juin 2021 au 31 mai 2023. Il repose sur
les activités de suivi menées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) dans le Territoire palestinien occupé et sur des informations recueillies par d’autres
entités des Nations Unies ainsi que par des organisations non gouvernementales. Il convient de le lire conjointement avec le rapport du Secrétaire général sur les colonies de peuplement
israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé et avec les rapports que le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a
présentés à la cinquante-deuxième session du Conseil des droits de l’homme
2. À partir des tendances observées et des cas recensés, le présent rapport montre que les politiques et pratiques israéliennes ont des répercussions sur l’exercice
des droits humains dans le Territoire palestinien occupé et y constituent une entrave. Faute de place, il ne traite pas de tous les sujets de préoccupation ni de tous les cas attestés au cours de
la période considérée.
3. Au cours de la période considérée, Israël a continué de priver d’accès au Territoire palestinien occupé le personnel recruté sur le plan international du bureau
du Haut-Commissariat dans ce territoire, ce qui a compliqué la réalisation d’activités cruciales prescrites par l’ONU en matière de droits humains. En septembre 2023, le Chef du HCDH dans le
Territoire palestinien occupé a obtenu un visa valable pour plusieurs entrées dans ce territoire et en Israël jusqu’à la fin du mois de décembre 2023.
II. CADRE JURIDIQUE
4. Le droit international des droits humains et le droit international humanitaire sont applicables dans le Territoire palestinien occupé. Dans le rapport que le
Secrétaire général a présenté au Conseil des droits de l’homme à sa trente-quatrième session , on trouvera une analyse détaillée du cadre juridique applicable.
III. APPLICATION DE LA RÉSOLUTION 77/247 DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
A. Conduite des hostilités
5. Au cours de la période considérée, il y a eu deux escalades majeures des hostilités entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza, du 5 au 7 août 2022,
puis du 9 au 13 mai 2023.
6. En août 2022, l’escalade des hostilités a entraîné la mort de 51 Palestiniens (29 hommes, 13 garçons, 5 filles et 4 femmes) dans Gaza, dont 31 ont été tués par
l’armée de l’air israélienne et 16 par des groupes armés palestiniens . Il ressort des activités de suivi du HCDH que parmi les Palestiniens tués figuraient 37 civils (15 hommes, 13 garçons, 5
filles et 4 femmes) et 6 personnes dont le statut restait indéterminé. La grande majorité des 383 Palestiniens blessés (152 hommes, 103 garçons, 67 femmes et 61 filles), notamment les 164
enfants, étaient des civils . Il y a eu également 34 Israéliens blessés .
7. Plusieurs frappes menées par l’armée de l’air israélienne lors de l’escalade des hostilités en août 2022, dont la frappe du 7 août sur un cimetière situé à l’est
de Jabaliya, qui a coûté la vie à 5 garçons, ont fait craindre d’éventuelles violations du droit international humanitaire, notamment des principes de proportionnalité et de précautions dans
l’attaque ainsi que de l’interdiction des attaques sans discrimination et des attaques dirigées intentionnellement contre des civils .
8. En mai 2023, l’escalade des hostilités a coûté la vie à 33 Palestiniens (23 hommes, 4 filles, 2 garçons et 4 femmes) dans Gaza, dont 30 ont été tués par l’armée
de l’air israélienne et 3 par des roquettes tirées par des groupes armés palestiniens et retombées avant d’avoir franchi les limites du territoire. Au moins 13 d’entre eux (3 hommes, 4 filles, 2
garçons et 4 femmes) étaient des civils . Une Israélienne et un Palestinien ont été tués par des roquettes tirées sur Israël depuis Gaza. Par ailleurs, 192 Palestiniens (82 hommes, 47 femmes et
63 enfants) ont été blessés entre le 9 et le 13 mai . Selon les autorités israéliennes, 95 Israéliens ont été blessés.
9. Des frappes de l’armée de l’air israélienne ont tué 10 civils (femmes, hommes et enfants) lors de trois attaques lancées quasi simultanément contre des immeubles
d’habitation, juste après minuit, le 9 mai 2023, en vue d’atteindre 3 membres importants de la branche armée du Jihad islamique palestinien, Saraya el-Qods. Lorsqu’elles ont eu lieu, moins d’une
semaine s’était écoulée depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre Israël et le Jihad islamique palestinien à la suite d’un échange de tirs les 2 et 3 mai, et il n’y avait pas
d’hostilités actives . Les frappes israéliennes auraient été autorisées à l’avance.
10. Les attaques en question font craindre un non-respect du droit international humanitaire, notamment des principes de précautions dans l’attaque et de
proportionnalité ainsi que, dans un cas, de l’interdiction des attaques sans discrimination. En l’occurrence, le 9 mai, l’armée de l’air israélienne a pris pour cible le chef des opérations du
Jihad islamique palestinien en Cisjordanie, Tariq Ezz el-Din, dans un immeuble d’habitation du quartier de Rimal, à Gaza. Il ressort des activités de suivi du HCDH que l’armée de l’air
israélienne a largué au moins deux bombes sur le bâtiment, dont l’une semble avoir explosé dans l’appartement situé au dernier étage, tuant trois civils d’une autre famille , ainsi que Tariq Ezz
el-Din, sa fille de 12 ans et son fils de 8 ans qui se trouvaient dans l’appartement du dessous. Une autre bombe a frappé l’édifice au rez-de-chaussée. L’attaque a causé d’importants dégâts au
bâtiment et également endommagé deux immeubles d’habitation voisins. Le fait de lancer des attaques sans discrimination qui causent des décès ou des blessures parmi les civils, ou de lancer une
attaque en sachant qu’elle causera incidemment des pertes en vies humaines, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux biens de caractère civil qui sont excessifs par rapport à
l’avantage militaire concret et direct attendu, peut constituer un crime de guerre .
11. En août 2022 et en mai 2023, des groupes armés palestiniens ont tiré, notamment depuis des quartiers densément peuplés de Gaza, des projectiles qui étaient par
nature dirigés sans discrimination vers Israël , ce qui peut constituer une violation des interdictions concernant les attaques sans discrimination et l’emploi d’armes de nature à frapper sans
discrimination, au regard du droit international humanitaire, et, par conséquent, un crime de guerre . Un grand nombre de ces projectiles sont tombés dans Gaza ; en août 2022, ils ont fait
16 morts palestiniens (6 hommes, 6 garçons, 3 filles et 1 femme) et des blessés . En mai 2023, des roquettes tirées sans discrimination depuis Gaza ont tué une civile israélienne et un civil
palestinien travaillant en Israël, et blessé 40 civils israéliens . Sur place, ces tirs ont causé la mort de trois Palestiniens, dont un garçon de 16 ans et une fille de 8 ans tués par une
roquette tombée dans la rue Sahaba, à Gaza, le 10 mai 2023. Le même jour, lors d’une autre attaque, un Palestinien de 51 ans a été tué dans la province de Gaza-Nord.
12. Dans les deux cas d’escalade des hostilités, les frappes israéliennes ont touché des biens de caractère a priori civil et provoqué des dommages . Selon le
Bureau de la coordination des affaires humanitaires, au cours de l’escalade de mai 2023, 2 943 logements ont été atteints, dont 103 ont été détruits et 140 gravement endommagés ; 1 244
Palestiniens ont été déplacés à l’intérieur du territoire ; 20 écoles administrées par l’Autorité palestinienne et 6 écoles administrées par l’Office de secours et de travaux des Nations
Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient ont été endommagées, de même que l’hôpital Aqsa, dans la province de Deïr el-Balah, et l’hôpital indonésien, dans le nord de Gaza, ainsi
que deux cliniques de soins de santé primaires, dans la province de Khan Younès et le nord de Gaza. Selon des sources israéliennes, lors de l’escalade de mai 2023, des roquettes et d’autres
projectiles ont endommagé 429 structures, notamment des habitations, des bâtiments publics et des entreprises.
B. Personnes tuées ou blessées dans le cadre de l’application de la loi
13. Les forces de sécurité israéliennes ont intensifié le recours à la force meurtrière contre les Palestiniens dans toute la Cisjordanie. Parallèlement, les
attaques commises par des Palestiniens armés, ou présumées comme telles, ont augmenté. Dans de nombreux cas suivis par le HCDH, les forces de sécurité israéliennes ont apparemment fait usage
de la force sans nécessité ou de manière disproportionnée, ce qui a entraîné une potentielle privation arbitraire de la vie. En 2022, le nombre de Palestiniens tués en Cisjordanie, y compris
à Jérusalem-Est, a été plus élevé qu’au cours de n’importe quelle autre année depuis 2005, et la situation s’est encore détériorée en 2023. Au cours de la période considérée, les forces de
sécurité israéliennes ont tué, en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, 304 Palestiniens (232 hommes, 9 femmes, 61 garçons et 2 filles), 116 d’entre eux ayant péri lors
d’accrochages, 62 lors d’attaques supposément commises par des Palestiniens, 56 lors d’affrontements, 56 lors d’opérations des forces de sécurité israéliennes, 6 lors de manifestations et 8
dans d’autres circonstances , et en ont blessé au moins 21 829, dont 1 421 par des tirs à balles réelles .
14. La privation arbitraire de la vie est interdite par le droit international des droits humains. Selon le Comité des droits de l’homme, les États parties au
Pacte international relatif aux droits civils et politiques sont censés prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir toute privation arbitraire de la vie par leurs agents de maintien
de l’ordre . Ils devraient, entre autres, mettre en place des procédures visant à garantir que les opérations de maintien de l’ordre soient correctement planifiées compte tenu de la nécessité
de réduire au minimum le risque qu’elles représentent pour la vie humaine, et utiliser des armes moins meurtrières pour mener ces opérations, conformément à l’obligation qu’ils ont de
protéger le droit à la vie . Depuis 2022, le HCDH a recensé une série de cas, qui se sont multipliés en 2023, dans lesquels les forces de sécurité israéliennes appliquaient des tactiques
militaires aux opérations de maintien de l’ordre en Cisjordanie, par exemple en utilisant des missiles antichars, des projectiles explosifs tirés à l’épaule et d’autres armes militaires et en
postant des tireurs d’élite sur les toits, dans des zones urbaines très peuplées et très fréquentées, bien souvent en plein jour. Les forces de sécurité israéliennes semblent ne pas avoir
pris de mesures pour désamorcer les situations d’affrontement ou pour veiller à ce qu’une force potentiellement létale ne soit employée qu’en dernier recours, lorsque cela est strictement
nécessaire pour protéger la vie ou prévenir un préjudice grave face à une menace imminente . Les déclarations des autorités israéliennes, qui ont indiqué par la suite que les opérations ayant
coûté la vie à des Palestiniens avaient été menées pour les « neutraliser » , font craindre que certains de ces meurtres, notamment dans les cas de privation arbitraire de la vie,
puissent constituer des exécutions extrajudiciaires et, dans un contexte d’occupation et selon les circonstances, des homicides intentionnels .
15. Entre janvier et mai 2023, 112 Palestiniens (91 hommes, 19 garçons et 2 femmes) ont été tués en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est . En comparaison,
entre janvier et mai 2022, 50 Palestiniens (33 hommes, 13 garçons et 4 femmes) avaient été tués en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.
16. Il ressort des activités de suivi du HCDH que lors d’une opération menée le 22 février 2023 dans la vieille ville de Naplouse, les forces de sécurité
israéliennes ont tué 12 Palestiniens (11 hommes et 1 garçon âgé de 16 ans) et en ont blessé 103 par des tirs à balles réelles et 55 par des tirs d’obus. Les forces de sécurité israéliennes
ont affirmé que l’intervention, réalisée entre 10 h 20 et 13 heures, visait à appréhender trois hommes palestiniens qui auraient été impliqués dans des fusillades et auraient planifié
d’autres attaques . L’opération a déclenché des accrochages entre des Palestiniens armés et les forces de sécurité israéliennes, qui ont utilisé notamment des projectiles explosifs tirés à
l’épaule et lancé des gaz lacrymogènes depuis des drones dans deux zones habitées et très fréquentées du cœur commercial de la ville. De nombreux habitants, y compris des enfants, étaient
présents à ce moment-là ; au moins 700 personnes auraient été touchées par les gaz lacrymogènes. Parmi les 12 Palestiniens tués, un homme de 72 ans a été abattu par les forces de
sécurité israéliennes alors qu’il marchait. En tirant en direction d’un Palestinien armé qui s’enfuyait par la cour bondée d’une clinique, celles-ci ont également tué un jeune de 16 ans, un
homme de 23 ans et un autre de 64 ans, qui ne faisaient que passer. Le 26 janvier 2023, elles ont mené une opération dans le camp de Jénine, ce qui a donné lieu à des accrochages au cours
desquels 10 Palestiniens ont été tués et 28 blessés . Parmi eux, deux garçons ainsi qu’une femme de 61 ans ont été tués à l’intérieur de leur habitation, alors qu’ils ne représentaient aucune
menace.
17. Dans certains cas, les meurtres commis en Cisjordanie semblent s’apparenter à des exécutions extrajudiciaires . Il ressort des activités de suivi du HCDH
que, lors d’une opération menée à Jénine le 16 mars 2023, les forces de sécurité israéliennes ont tué 4 Palestiniens (dont 1 garçon) et en ont blessé au moins 23. Des vidéos montrent que deux
hommes, membres présumés du Jihad islamique palestinien et du Hamas, ont été abattus à bout portant, bien qu’ils ne semblent pas armés et ne constituent vraisemblablement pas une menace
imminente . L’un a été tué en prenant la fuite, tandis que l’autre a reçu une balle dans la tête alors qu’il était déjà immobilisé.
18. Certaines attaques, qualifiées de cas de « confirmation de l’élimination de la cible », font craindre que les forces de sécurité israéliennes
aient pu recourir intentionnellement à la force meurtrière contre un suspect qui ne représentait plus aucune menace . Le 17 novembre 2021, un jeune Palestinien de 16 ans a été abattu dans la
vieille ville de Jérusalem par un Israélien armé, supposément un colon, et la police des frontières israélienne, après avoir agressé et légèrement blessé deux membres de cette police avec un
couteau . Une vidéo issue des caméras de surveillance de la police montre que les agents ont maintenu le garçon contre le mur, après quoi l’Israélien armé l’a abattu.
19. Bien que la plupart des victimes soient des hommes et des garçons, le recours à la force par les forces de sécurité israéliennes a causé de nombreux décès
parmi les femmes et les jeunes filles. Au cours de la période considérée, cette pratique a coûté la vie à huit femmes et à deux filles palestiniennes en Cisjordanie, y compris à
Jérusalem-Est, parmi lesquelles cinq ont été tuées lors d’opérations des forces de sécurité israéliennes et cinq lors d’agressions présumées contre des Israéliens. Dans la plupart des cas
examinés, le recours à la force meurtrière par les forces de sécurité israéliennes s’est révélé inutile ou disproportionné et a apparemment entraîné la privation arbitraire de la vie. Il
ressort des activités de suivi du HCDH que, le 11 décembre 2022, les forces de sécurité israéliennes ont abattu une jeune Palestinienne de 15 ans lors d’un raid nocturne à Jénine. La victime
a reçu une balle dans la tête et deux balles dans la poitrine pendant qu’elle filmait l’intervention avec son téléphone depuis le toit de son habitation. On peut citer comme autre exemple le
meurtre de Chirine Abou Aklé, journaliste d’Al-Jazeera tuée alors qu’elle effectuait un reportage sur une opération à Jénine . Par ailleurs, des attaques menées par des Palestiniens isolés
ont coûté la vie à cinq femmes et une fille israéliennes.
20. Le recours à la force meurtrière contre les enfants s’est poursuivi. Entre le 1er juin 2021 et le 31 mai 2023, les forces de sécurité israéliennes ont tué
63 enfants (61 garçons et 2 filles) en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est : 24 ont péri lors de tirs croisés, 14 lors d’opérations des forces de sécurité israéliennes, 12 lors
d’affrontements armés, 8 lors d’attaques menées supposément par des Palestiniens, 3 lors de manifestations et 2 dans d’autres circonstances. Parmi eux, 44 ont été touchés au-dessus de la
taille, dont 16 à la tête, ce qui fait craindre un recours intentionnel à la force meurtrière. Au cours des cinq premiers mois de 2023, les forces de sécurité israéliennes ont tué 19 enfants
palestiniens en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, par des tirs à balles réelles : c’est le chiffre le plus élevé depuis 2008 , ce qui laisse penser qu’Israël n’a peut-être
pas encore pris les mesures nécessaires pour limiter le recours à la force meurtrière contre les enfants. Parmi ces jeunes victimes, 17 ont été touchées par balle dans la partie supérieure du
corps, dont 7 à la tête.
21. Dans plusieurs cas où des enfants ont été tués, une force meurtrière injustifiée semble avoir été utilisée intentionnellement, ce qui a apparemment donné
lieu à des exécutions extrajudiciaires. Il ressort des activités de suivi du HCDH que le 29 avril 2023, lors d’affrontements à Touqou, au sud-est de Bethléem, les forces de sécurité
israéliennes ont touché à la poitrine un jeune de 15 ans en utilisant une force meurtrière. Elles l’auraient tué après l’avoir menacé d’un châtiment pour avoir participé aux affrontements .
Le 15 mars 2022, elles ont tué un jeune de 16 ans en lui tirant dans le dos. Les forces de sécurité israéliennes ont affirmé qu’il avait ouvert le feu sur elles. Cependant, selon des
témoignages recueillis par le HCDH, il a été touché par balle dans le dos alors qu’il s’enfuyait lors d’une opération menée dans le camp de Balata, à Naplouse. Le 16 janvier 2023, à l’aube,
les forces de sécurité israéliennes ont tué un jeune de 14 ans à l’issue d’une opération visant le camp de Dheïché, à Bethléem. Les informations rapportées par le HCDH laissent penser que les
tireurs d’élite ont visé le garçon avec une force meurtrière après qu’un cocktail Molotov avait été lancé par un inconnu sur un véhicule blindé.
22. Les forces de sécurité israéliennes ont mis des enfants palestiniens en danger, notamment en recourant à des pratiques qui revenaient à les utiliser comme
boucliers humains lors de certaines opérations de maintien de l’ordre. Au cours d’une opération menée à Jénine le 13 mai 2022, elles ont contraint une jeune fille de 16 ans, dont le frère
était recherché, à rester pendant plus de deux heures devant l’un de leurs véhicules militaires lors d’un échange de tirs avec des Palestiniens armés. Le 22 février 2023, un jeune de 16 ans a
été menotté, puis positionné entre les forces de sécurité israéliennes et des Palestiniens visés par une opération à Naplouse. Le 1er mars 2023, lors d’une opération menée dans le camp Aqbet
Jabr, au sud de Jéricho, les forces de sécurité israéliennes ont contraint un Palestinien de 20 ans et son cousin de 21 mois à rester près d’elles pour leur servir de boucliers contre des
jets de pierres.
23. Les forces de sécurité israéliennes ont continué d’utiliser des armes à feu, apparemment sans recourir à des armes moins meurtrières, indépendamment de la
gravité de la menace potentielle détectée et souvent en premier ressort , notamment face à Palestiniens qui leur jetaient des pierres, ce qui ne constituait peut-être pas, dans la plupart des
cas, une menace imminente de mort ou de blessure grave. Au cours de la période considérée, elles ont tué 56 Palestiniens (32 hommes et 24 garçons) en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est,
après avoir été visées par des jets de pierres. Par exemple, le 26 janvier 2023, lors d’affrontements avec des Palestiniens qui leur jetaient des pierres, elles ont tué par balle un homme de
22 ans originaire de Ram, au nord de Jérusalem, après qu’un Palestinien avait lancé des pièces d’artifice dans leur direction.
24. Dans la grande majorité des cas recensés, l’usage de la force par les forces de sécurité israéliennes n’a peut-être pas été légitime, ni conforme aux
principes de nécessité et de proportionnalité . L’utilisation d’armes à feu causant le décès de personnes qui ne représentent pas une menace immédiate de mort ou de blessure grave peut
constituer une violation de l’interdiction de privation arbitraire de la vie et peut, selon les circonstances, constituer un acte d’homicide intentionnel, c’est-à-dire un crime de guerre dans
le contexte d’une occupation militaire .
25. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a exprimé son inquiétude quant à l’impunité concernant l’usage illégitime de la force par les
forces de sécurité israéliennes . Il faut que toute présomption d’homicide arbitraire donne lieu à une enquête diligente, efficace, indépendante et transparente et, s’il existe des preuves
suffisantes, à des poursuites contre les auteurs de ce crime .
C. Pratiques pouvant constituer des peines collectives
26. Israël continue d’imposer des mesures punitives à des personnes et des communautés palestiniennes pour des infractions qu’elles n’ont pas commises, de façon
discriminatoire . Les peines collectives sont expressément interdites par le droit international humanitaire et peuvent constituer des violations de nombreuses dispositions du droit
international des droits humains .
27. Les autorités israéliennes ont poursuivi et développé la pratique consistant à murer et à démolir l’habitation des familles de Palestiniens soupçonnés
d’avoir attaqué ou tué des Israéliens. Cette pratique a visé uniquement des Palestiniens, sans être appliquée à d’autres personnes accusées de faits similaires. Lorsqu’Israël a démoli à titre
punitif 27 structures d’habitation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, 132 Palestiniens (42 hommes, 35 femmes, 30 garçons et 25 filles) ont été expulsés de leur logement et 171 ont
subi d’autres formes de préjudice .
28. En particulier, les décisions prises de murer immédiatement les habitations, première étape vers leur démolition, ont pris de plus grandes proportions, ce
qui a encore affaibli le contrôle exercé par le système judiciaire . Au petit matin du 28 janvier 2023, les forces de sécurité israéliennes auraient fait une descente au domicile familial de
l’auteur présumé de la fusillade survenue à Neve Yacoub le 27 janvier, lors de laquelle sept Israéliens auraient été tués par un Palestinien à Jérusalem-Est, et arrêté 15 de ses proches, dont
sa mère. Le 29 janvier, le logement aurait été muré avec du béton et le 8 février, la famille a été informée qu’il serait démoli .
29. La démolition à titre punitif d’habitations familiales peut être accompagnée d’autres violations des droits humains. Le 15 novembre 2022, un Palestinien du
village de Harès (province de Salfit), soupçonné d’avoir tué trois Israéliens et d’en avoir blessé trois près de la colonie d’Ariel, a été abattu . Il ressort des activités de suivi du HCDH
que les forces de sécurité israéliennes ont confisqué la dépouille de l’auteur présumé de l’attaque, fait une descente au domicile familial, arrêté son cousin et maintenu ce dernier en
détention sans inculpation pendant 27 jours, durant lesquels il a dit avoir subi de mauvais traitements. Le Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires a annulé le
permis de travail de dizaines de proches de l’auteur présumé, pour lesquels un emploi en Israël ou dans les colonies israéliennes constituait la principale source de revenus. Selon les
informations rapportées par le HCDH, le domicile familial de l’auteur présumé a été démoli le 3 mai 2023.
30. Le 10 février 2023, le père de l’auteur présumé d’un attentat à la voiture bélier qui avait tué trois Israéliens aurait été convoqué par le bureau du
Ministère israélien de l’intérieur à Jérusalem-Est, pour une vérification de son statut de résident. Ses frères ont tous été détenus, pendant des périodes variables, et deux d’entre eux ont
été assignés à résidence. Le 14 mars 2023, le beau-frère de l’auteur présumé a été arrêté et placé en détention administrative jusqu’au 30 avril. Dans aucun de ces cas, les proches de
l’auteur présumé n’ont été accusés ou inculpés d’une quelconque infraction.
31. Les pratiques israéliennes pouvant constituer des peines collectives touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles palestiniennes et ont de
graves répercussions sur leur bien-être physique et psychologique . Dans certains cas rapportés, en plus d’avoir subi des expulsions, les proches des auteurs présumés, souvent des épouses,
des mères et des sœurs, auraient été arbitrairement arrêtés, détenus et maltraités.
32. Les autorités israéliennes ont peut-être utilisé arbitrairement les pouvoirs administratifs prévus par la législation antiterroriste pour saisir les biens
de Palestiniens reconnus coupables d’avoir agressé ou tué des Israéliens . Ces mesures touchent les membres des familles de prisonniers palestiniens, dont l’habitation a dans de nombreux cas
été démolie illégalement par les autorités israéliennes. Selon les informations disponibles, à la fin du mois de février 2023, les autorités israéliennes avaient saisi les comptes bancaires
et les objets de valeur de 160 personnes de Jérusalem-Est (24 détenus, 55 anciens détenus et 81 membres de familles de Palestiniens emprisonnés) .
33. Au cours de la période considérée, le bouclage de Gaza est entré dans sa seizième année. Le Secrétaire général a exprimé à maintes reprises sa préoccupation
quant aux conséquences de cette mesure pour la population civile, soulignant qu’elle pourrait constituer une peine collective . Les autorités israéliennes ont continué d’aggraver les
souffrances de la population civile de Gaza par des mesures pouvant constituer des violations massives de ses droits économiques, sociaux et culturels, notamment par la réduction
intermittente ou l’interdiction totale de la zone de pêche et la fermeture des points de passage entre Gaza et Israël, qui limite considérablement la circulation des personnes, du
combustible, du gaz, des vivres, des fournitures médicales et des articles de première nécessité à destination ou en provenance de la bande de Gaza . En plus d’empêcher les civils de fuir les
violences liées au conflit, ces fermetures ont eu de graves conséquences pour les personnes devant fuir les violences sexistes.
34. Il ressort des activités de suivi du HCDH que la marine israélienne a continué de restreindre l’accès côtier de Gaza, en tirant des balles réelles ou
recouvertes de caoutchouc et en utilisant des canons à eau contre les pêcheurs locaux. En 2022, elle a considérablement intensifié les mises en détention de pêcheurs naviguant le long de la
côte de Gaza (souvent dans un rayon de 1 à 3 milles marins, donc dans les zones de pêche autorisées par Israël), ce qui a accentué leur précarité. Selon les informations rapportées par le
HCDH, 66 d’entre eux ont été arrêtés en 2022, contre 12 en 2021. Au cours des cinq premiers mois de 2023, la marine israélienne a arrêté 14 pêcheurs gazaouites. Souvent, elle les a forcés à
se déshabiller et à sauter dans l’eau froide, les a menottés et leur a bandé les yeux, et leur a refusé l’accès à leur famille ou à une représentation en justice. En outre, 23 pêcheurs ont
été blessés, la plupart lors d’arrestations en 2022, par des balles recouvertes de caoutchouc tirées par la marine israélienne, y compris à bout portant. Par ailleurs, 7 bateaux ont été
confisqués en 2021, 24 en 2022 et 4 au 31 mai 2023, ce qui a eu de lourdes répercussions sur les moyens de subsistance des pêcheurs concernés. Les autorités israéliennes n’ont pas inculpé les
pêcheurs arrêtés et les ont relâchés, la plupart dans la journée, ce qui laisse penser que ces arrestations ont pu être arbitraires.
35. Selon le Jerusalem Legal Aid and Human Rights Center, à la fin de la période considérée, les autorités israéliennes avaient confisqué les corps de 127
Palestiniens, dont 1 femme et 10 garçons, tués par les forces de sécurité israéliennes . Il n’y a eu aucun fait nouveau concernant la situation des 2 civils israéliens et des dépouilles de 2
soldats israéliens retenus à Gaza . Le Comité des droits de l’homme a noté que le fait de confisquer les corps de personnes décédées et de priver les familles du droit de les enterrer pouvait
constituer un acte de torture et une forme de mauvais traitements . La non-restitution des dépouilles est également incompatible avec les obligations d’Israël en tant que Puissance occupante
.
D. Détention et mauvais traitements
36. Le nombre de Palestiniens détenus par Israël a considérablement augmenté. Selon des rapports d’organisations non gouvernementales, à la fin du mois de mai
2023, l’administration pénitentiaire israélienne détenait au nom de raisons de sécurité 4 857 prisonniers (dont 160 enfants, parmi lesquels 1 fille, et 29 femmes), notamment 181 Gazaouites .
La plupart avaient été arrêtés dans le Territoire palestinien occupé et étaient incarcérés en Israël. Le droit international humanitaire prévoit que les personnes inculpées seront détenues
dans le pays occupé et que, si elles sont condamnées, elles devront y purger leur peine. La déportation ou le transfert illégal ou la détention illégale peuvent être considérés comme des
infractions graves à la quatrième Convention de Genève et comme des crimes de guerre au titre de l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale . Conformément à la
réglementation israélienne, les personnes incarcérées pour raisons de sécurité sont soumises à des conditions difficiles, telles que la restriction de l’accès à leur famille et au monde
extérieur par la privation d’appels téléphoniques, de congés pénitentiaires ou de visites conjugales . Pour faire pression sur le Hamas, il serait interdit aux prisonniers gazaouites affiliés
à ce mouvement de recevoir la visite de leur famille . Le refus de laisser les personnes privées de liberté recevoir des visites de leur famille peut constituer un traitement contraire à
l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et, dans certaines circonstances, une peine collective
37. Selon l’Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, le nombre de Palestiniens en détention administrative a doublé (passant de 495 à 1 131)
entre le mois de mai 2021 et le 31 mai 2023, où il a atteint son niveau le plus élevé depuis 2008 . La détention administrative est appliquée pendant des périodes indéfinies et, souvent, sur
la base d’informations secrètes, sans qu’il soit possible de la contester véritablement ; elle pourrait entraîner des souffrances physiques et mentales susceptibles de constituer des
actes de torture ou d’autres mauvais traitements . Selon le Comité des droits de l’homme, la détention administrative équivaut généralement à une détention arbitraire étant donné que d’autres
dispositifs efficaces sont disponibles pour faire face à la menace. Pour être conforme au droit international des droits humains, toute privation de liberté doit être appliquée pour des
motifs et conformément à la procédure prévus par la loi. Lorsqu’aucun fondement juridique raisonnable n’est invoqué, la détention peut être considérée comme arbitraire . En contraste avec le
nombre élevé de Palestiniens concernés, au 1er mars 2023, seuls quatre Israéliens se trouvaient en détention administrative, ce qui fait craindre que cette pratique touche les Palestiniens de
manière disproportionnée .
38. Le 2 mai 2023, Khader Adnan, militant palestinien et membre politique du Jihad islamique palestinien, a été retrouvé mort dans sa cellule du centre de
détention Nizan, à l’issue d’une grève de la faim de 86 jours. Les autorités israéliennes n’ont pas veillé à ce qu’il soit transféré dans un hôpital, alors que des représentants de la société
civile, notamment des experts médicaux de Physicians for Human Rights, son avocat et sa famille avaient insisté pour qu’il soit hospitalisé immédiatement . Ayant été précédemment détenu par
les autorités israéliennes à 12 reprises, Khader Adnan a passé environ huit ans dans les prisons israéliennes, souvent sans inculpation ni jugement, et y a fait cinq grèves de la faim pendant
de longues périodes.
39. Le 1er février 2023, le Ministre israélien de la sécurité nationale a annoncé des mesures visant à aggraver les conditions de détention des Palestiniens (y
compris des femmes), dont certaines auraient déjà été mises en œuvre . Elles consisteraient notamment à supprimer les fours servant à cuire du pain, à réduire la durée des bains et à diminuer
la quantité d’eau allouée pour les douches. Des détenues de la prison Damon ont signalé à Addameer que le contrôle quotidien des cellules était assuré par un gardien qui accompagnait la
gardienne . Selon Physicians for Human Rights, les protestations contre les mesures annoncées ont donné lieu à de sévères représailles, notamment à une descente dans le quartier des femmes de
la prison Damon, au placement de détenues à l’isolement et à l’interdiction des visites familiales et de l’utilisation des téléphones pendant un mois . L’administration pénitentiaire
israélienne aurait effectué des descentes similaires dans des prisons pour hommes .
40. Selon Addameer, en mai 2023, plus de 700 Palestiniens souffrant de graves problèmes de santé, dont 200 atteints de maladies chroniques, étaient détenus dans
les prisons israéliennes . L’article 40A de la loi antiterroriste de 2016 empêche la libération anticipée des personnes emprisonnées pour raisons de sécurité et condamnées pour des
infractions considérées comme des actes de terrorisme en lien avec des meurtres. Jusqu’à présent, cet article n’a été appliqué qu’aux Palestiniens, y compris ceux atteints d’une maladie en
phase terminale .
41. Une femme de 24 ans souffrant d’un trouble neurologique a été arrêtée lors d’une descente menée à son domicile à 3 heures du matin et envoyée, mains et
jambes entravées, au centre de détention Jalama. Elle a signalé au HCDH qu’elle était maintenue à l’isolement et soumise à des mauvais traitements. Elle a été transférée à la prison Damon et
condamnée à cinq mois d’emprisonnement, au cours desquels elle n’a pas été soignée de manière appropriée, ce qui a entraîné des complications de santé. D’autres femmes ont signalé qu’on leur
avait refusé des médicaments ou qu’on leur en avait administrés sans leur consentement.
42. Les Palestiniens ont continué de faire l’objet de détentions provisoires prolongées . La détention avant jugement ne doit pas être la règle et doit reposer
sur une évaluation au cas par cas déterminant qu’elle est raisonnable et nécessaire au regard de toutes les circonstances, par exemple pour éviter que l’intéressé ne prenne la fuite, ne
modifie des preuves ou ne commette une nouvelle infraction . En outre, comme l’a déclaré le Comité des droits de l’homme, elle doit être aussi brève que possible .
43. Des défenseuses palestiniennes des droits humains ont indiqué que la menace d’une détention provisoire prolongée, à laquelle elles pensaient pouvoir
échapper en plaidant coupable, les poussait à accepter une procédure de jugement sur reconnaissance préalable de culpabilité, convaincues qu’innocentes ou pas, elles seraient déclarées
coupables et condamnées. Ce constat est étayé par des données que les forces de défense israéliennes ont fournies au Mouvement pour la liberté d’information, selon lesquelles entre 2018 et
2021, 96 % des affaires ouvertes par des procureurs militaires contre des Palestiniens se sont soldées par une condamnation, et seulement 0,3 % par un acquittement. Parmi les
condamnations, 99,6 % ont été prononcées à la suite d’un plaider-coupable .
44. Des Palestiniennes auraient été soumises à des mauvais traitements fondés sur le genre lors de leur arrestation, de leur interrogatoire ou de leur
détention. Une Palestinienne de Jérusalem-Est a fait part de fouilles à nu inutiles, dégradantes et humiliantes qu’elle et sa fille, mineure, qui avaient des liens de parenté avec l’auteur
présumé d’une infraction, avaient subies à leur domicile. Des femmes ont indiqué qu’on leur avait infligé des traitements destinés à leur arracher des aveux et à les dissuader de militer. Une
Palestinienne de Jérusalem-Est a déclaré avoir essuyé des insultes verbales à caractère sexuel de la part d’une policière israélienne lors de son transfert vers Israël. Une autre
Palestinienne a raconté avoir été transportée, pieds et mains liés, dans une camionnette « semblable à une cage », « sombre et étroite ». L’ancienne Directrice de Health
Work Committees (organisation non gouvernementale palestinienne œuvrant dans le domaine de la santé et du développement), Shatha Odeh, a relaté que les trajets effectués entre Ramat HaSharon
et la prison Ofer dans ces camionnettes duraient huit heures et étaient suivis de huit à onze heures d’interrogatoire. Des femmes ont qualifié l’expérience d’humiliante et
d’intimidante.
45. Les forces de sécurité israéliennes auraient eu recours à la violence physique lors d’interrogatoires, en particulier contre des jeunes hommes et des
garçons palestiniens. Un adolescent a déclaré avoir subi de multiples interrogatoires, au cours desquels il avait été giflé et frappé à coups de bâton, de poing et de genou, au visage et à la
tête, et à coups de pied, aux jambes et au ventre. Les autorités israéliennes n’ont toujours pas pris de mesures législatives ou autres pour garantir que, quand il est établi qu’une
déclaration a été faite à la suite de tortures, cette déclaration ne soit pas invoquée comme preuve au cours de poursuites, quelles qu’elles soient .
46. Entre le 31 mai 2021 et le 30 mars 2023, on a recensé en moyenne mensuelle 146 enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes , dont 27 %
purgeaient une peine, les autres étant incarcérés dans l’attente de leur procès ou de leur jugement ou à titre administratif. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a confirmé que
pendant cet intervalle, au moins 29 enfants palestiniens avaient été retenus en détention administrative par Israël. Selon les témoignages sous serment de 149 enfants palestiniens détenus par
l’armée israélienne (en Israël pour 57 % d’entre eux), l’arrestation, le transfert, l’interrogatoire et la détention donneraient lieu à des mauvais traitements systématiques, notamment
des violences physiques (77 %) et des privations de nourriture et d’eau (61 %), d’accès aux toilettes (47 %) et d’accès à un avocat ou à un parent avant et pendant
l’interrogatoire (91 %) . En outre, 50 enfants ont déclaré avoir été placés à l’isolement lors d’interrogatoires, pendant des périodes allant d’un à quarante-cinq jours. Le droit
international des droits humains dispose que la détention d’enfants doit n’être qu’une mesure de dernier ressort et être d’une durée aussi brève que possible .
47. Les informations recueillies indiquent, de même, une utilisation inappropriée de la mise à l’isolement contre les Palestiniens. Le 13 mars 2023, le tribunal
de district de Beersheba a prolongé de six mois l’isolement de seize mois auquel était soumis Ahmad Manasra, bien que ce prisonnier palestinien de 21 ans ait été diagnostiqué comme souffrant
de schizophrénie. Pendant son séjour en prison, depuis l’âge de 13 ans, sa santé mentale se serait considérablement détériorée. L’isolement provoque souvent de graves souffrances mentales et
physiques qui s’apparentent à de la torture ou à des traitements cruels et inhumains. La loi antiterroriste de 2016 empêche la libération anticipée d’Ahmad Manasra pour raisons
médicales.
E. Restrictions des droits aux libertés d’expression, de réunion et d’association
48. Au cours de la période considérée, les autorités israéliennes ont continué de restreindre les droits aux libertés d’expression, de réunion pacifique et
d’association , en redoublant d’efforts pour réduire au silence les personnes défendant les droits humains des Palestiniens et mettre un terme aux activités des organisations de la société
civile œuvrant dans ce domaine, sous prétexte de leur affiliation à des organisations terroristes, et peut-être aussi en représailles pour leur coopération avec l’Organisation des Nations
Unies .
49. La législation antiterroriste israélienne a parfois été appliquée pour interdire le travail légitime des organisations consacrées à l’action humanitaire et
à la défense des droits humains . Les forces de sécurité israéliennes ont convoqué ou arrêté des membres du personnel de sept de ces organisations, qu’Israël classait parmi les entités
terroristes ou jugeait illégales . Les citations à comparaître, les arrestations, les détentions et les intimidations semblent avoir visé tout particulièrement les défenseuses des droits
humains, parfois avec une orientation clairement sexiste .
50. Des interdictions de voyager ont visé les personnes défendant les droits humains, ce qui a empêché les membres des organisations pointées du doigt
d’exprimer dans les instances internationales leurs préoccupations en matière de droits humains. Par exemple, la Directrice exécutive de Union of Palestinian Women’s Committees, Tahreer
Jaber, et la Directrice exécutive de Bisan, Ubai Al-Aboudi, frappées d’une interdiction de voyager, n’ont pas pu se rendre à la Commission d’enquête sur le Territoire palestinien occupé et
Israël pour témoigner le 8 novembre 2022 .
51. En novembre 2021, une analyse scientifique et technique menée par l’organisation non gouvernementale Front Line Defenders sur des appareils appartenant à
des personnes palestiniennes œuvrant à la défense des droits humains ou travaillant pour des organisations de la société civile a révélé que ceux des directions du Bisan Center, d’Al-Haq et
d’Addameer avaient été infectés par le logiciel espion Pegasus , .
52. Le fait, pour les sept organisations d’action humanitaire et de défense des droits humains, d’être assimilées à des entités terroristes ou illégales a eu de
graves répercussions sur leurs activités : retraits de financement, rejets ou retards de virements bancaires, convocations à des interrogatoires, interdictions de voyager, mise en
détention, notamment administrative, de membres du personnel et du conseil d’administration et démission de leurs pairs par crainte de subir le même sort ou des représailles. Ces mesures ont
eu un impact considérable sur l’action des défenseuses des droits humains et perturbé des services essentiels pour les femmes, notamment les services de santé les concernant tout
particulièrement.
53. Selon la Commission chargée d’enquêter dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, les autorités israéliennes ont pris
pour cible les organisations de la société civile qui dénonçaient les violations des droits humains, ce qui a fait craindre, dans un cas au moins, que les mesures prises puissent constituer
un crime de guerre . Le 7 mars 2022, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté un membre du personnel d’Addameer (l’une des organisations désignées comme terroristes), Salah Hammouri,
puis l’ont placé en détention administrative pour une durée de trois mois, prolongée à deux reprises, sur la base de « preuves secrètes ». L’homme n’a jamais été inculpé ni jugé .
En octobre 2021, il s’est vu retirer son permis de séjour à Jérusalem-Est pour cause de « manquement à l’allégeance » à Israël et, le 12 décembre 2022, il a été expulsé vers la
France, apparemment en violation du droit international humanitaire, qui interdit l’expulsion de la population protégée d’un territoire occupé .
54. Le 30 août 2022, l’ancien chef du bureau de Gaza de l’organisation non gouvernementale World Vision International, Mohammad el-Halabi, a été condamné par un
tribunal israélien à douze ans de prison. Il a été jugé coupable pour 13 chefs d’accusation liés au terrorisme , alors que de graves violations du droit à une procédure régulière auraient été
commises à son égard : détention provisoire d’une durée de six ans , torture, mise au secret, extorsion d’aveux sous la contrainte, absence de preuves à charge présentées en audience
publique, recours massif à des preuves secrètes, audiences tenues à huis clos sans motif valable, et restriction de l’accès à son avocat, entre autres . Le recours qu’il a déposé devant la
Cour suprême est en instance depuis le 18 octobre 2022, après une succession de reports d’audience, principalement en raison de procédures de confidentialité et de restrictions imposées à la
défense . De graves violations du droit à une procédure régulière peuvent rendre arbitraire une détention .
55. Les journalistes palestiniens demeurent aux prises avec un environnement qui restreint la liberté d’expression et les expose à des risques de violence.
Selon le Committee to Protect Journalists, Israël n’a poursuivi aucun des auteurs de meurtres commis sur 20 journalistes étrangers (19 hommes et 1 femme), de nationalité palestinienne ou
autre, depuis 2001 . Une journaliste palestinienne indépendante, Lama Ghousheh, a été arrêtée le 4 septembre 2022 pour « identification à une organisation terroriste et incitation à la
violence », en raison de ses reportages, diffusés sur les médias sociaux, concernant des Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes, et de ses entretiens avec des
prisonniers libérés. Le 13 septembre 2022, elle a été relâchée dans le cadre d’une assignation à résidence à la condition de ne pas accéder aux médias sociaux et de ne pas communiquer avec
des personnes extérieures à sa famille.
F. Restrictions à la liberté de circulation et leurs effets sur l’exercice d’autres droits
56. Les autorités israéliennes ont continué de restreindre la liberté de circulation, principalement au moyen d’un régime de permis discriminatoire, et en
restreignant unilatéralement l’accès à certaines zones de Gaza, sur terre et en mer, dans le cadre de la fermeture de la province . Ces restrictions ont continué de perturber la vie
quotidienne des Palestiniens et eu de graves répercussions qui les ont empêchés d’exercer d’autres droits, notamment le droit au travail, à un niveau de vie adéquat, à l’éducation et à la
santé. Les restrictions à la liberté de circulation et aux déplacements imposées par Israël, notamment le système de points de contrôle en Cisjordanie, restent un des principaux facteurs qui
empêchent les femmes palestiniennes d’accéder aux services de santé, à l’éducation et aux possibilités d’emploi et d’exercer leurs droits en tant que femmes et de bénéficier de l’égalité des
genres . Le Comité des droits de l’homme s’est déclaré profondément préoccupé par la persistance des restrictions à la liberté de circulation imposées au moyen du régime de permis
discriminatoire . En outre, il s’est inquiété du fait que les violations du droit à la liberté de circulation renforçaient le climat de coercition et d’oppression à l’égard des Palestiniens,
en les forçant à fuir la communauté où ils étaient implantés depuis des générations. Le déplacement et la réinstallation dans d’autres zones résidentielles du fait d’un climat de coercition
pourraient constituer une forme de transfert forcé, contraire aux obligations incombant à Israël au regard du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme
.
57. La législation, que le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale juge discriminatoire à l’égard de la population palestinienne du Territoire
palestinien occupé, a continué d’être appliquée afin que le statut de résident soit retiré à des Palestiniens de Jérusalem-Est occupée. Selon HaMoked, les chiffres du Ministère de l’intérieur
montrent qu’en 2022, 81 résidents palestiniens de Jérusalem-Est, dont 42 femmes et 1 enfant, ont perdu leur statut de résident pour avoir quitté le pays, contre 26 en 2021 . Toujours selon
HaMoked, entre 1967 et 2022, Israël a retiré ce statut à 14 808 Palestiniens de Jérusalem-Est, au motif qu’il avait « expiré » . Les restrictions à la liberté de résidence et de
circulation fragmentent les communautés palestiniennes, les isolent les unes des autres et les ségréguent de la population israélienne juive.
58. Depuis 2003, Israël applique des lois visant à refuser aux Palestiniens le statut de résident dans le cadre d’un regroupement familial sur son territoire .
En décembre 2022, à la suite d’une requête déposée par des organisations de défense des droits humains, la Haute Cour de justice a demandé au Gouvernement d’envisager des mesures
d’atténuation de responsabilité au regard de la loi , qui n’ont pas encore été mises en œuvre. Les autorités israéliennes ont continué d’utiliser le régime discriminatoire de permis et la
« procédure de délivrance de permis pour les personnes de Judée-Samarie résidant dans la bande de Gaza » afin d’interdire le regroupement familial des Palestiniens gazaouites en
Israël ou en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est ; en conséquence, les familles dont un ou plusieurs membres sont enregistrés comme résidents de Gaza sont, soit séparées, soit forcées
de partir s’y installer . Selon l’organisation non gouvernementale Gisha, cela a pour effet de pousser la population palestinienne à quitter la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, pour Gaza
. Les normes culturelles faisant qu’elles vivent généralement avec leur mari, les femmes palestiniennes sont touchées de manière disproportionnée par cette politique . Cette pratique,
instaurée dans le cadre de la politique israélienne de séparation, favorise le déplacement forcé des Palestiniens de Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est, vers Gaza .
59. En apportant des modifications à la législation entre 2008 et 2018, la Knesset a habilité le Gouvernement à retirer leur citoyenneté et leur permis de
séjour permanent à Jérusalem-Est aux Palestiniens reconnus coupables d’actes constituant un « manquement à l’obligation de loyauté » . En février 2023, ces pouvoirs ont été étendus
de sorte que les Palestiniens condamnés à une peine de prison pour « acte de terrorisme » et ayant reçu des avantages monétaires de l’Autorité palestinienne prétendument en relation
avec l’acte qu’ils auraient commis puissent être privés de leur citoyenneté et de leur permis de séjour . Cette modification permet à Israël de transférer ou d’expulser des Palestiniens, y
compris de Jérusalem-Est occupée, dans d’autres parties de la Cisjordanie, Gaza ou un pays tiers. Les transferts forcés, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire
occupé, sont interdits par la quatrième Convention de Genève et constituent une infraction grave à celle-ci . Le 5 mars 2023, après que Munir Ar-Rajabi eut purgé une peine de vingt ans
d’emprisonnement, Israël aurait retiré à l’ancien prisonnier palestinien son permis de séjour à Jérusalem-Est et l’aurait transféré à Hébron, en Cisjordanie .
60. Le 4 septembre 2022, le Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires a publié une version actualisée de la « procédure d’entrée
des étrangers en Judée-Samarie », entrée en vigueur le 20 octobre 2022, qui régit toutes les entrées d’étrangers en Cisjordanie uniquement. Selon HaMoked, la procédure est très
restrictive et pourrait nuire à des milliers de familles dans lesquelles l’un des conjoints est un ressortissant étranger. Elle pourrait perturber le fonctionnement normal des institutions
éducatives et universitaires et empêcher de nombreux détenteurs de passeports étrangers de travailler, de faire du bénévolat ou d’étudier dans le Territoire palestinien occupé, ce qui
porterait préjudice à l’économie et à la vie locales .
61. Les restrictions de circulation imposées par Israël ont continué d’avoir des effets très préoccupants sur le droit à la santé des Palestiniens . Selon
l’Organisation mondiale de la Santé, entre le 1er juin 2021 et le 31 mai 2023, les autorités israéliennes n’ont approuvé que 26 419 (soit 69,1 %) des 38 226 demandes de permis concernant
des patients gazaouites. L’acheminement d’équipements et de fournitures médicaux essentiels vers Gaza est resté limité, alors que les périodes de pénurie perduraient : d’après les
informations reçues au 31 mai 2023, pour 43 % des médicaments essentiels et 25 % des produits médicaux jetables essentiels, les stocks représentaient moins de trente jours de
réserves.
IV. RECOMMANDATIONS
62. Les recommandations qui suivent doivent être lues conjointement avec les recommandations déjà formulées dans les précédents rapports du Secrétaire général
et du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
63. Le Secrétaire général recommande qu’Israël : a) Respecte le droit international humanitaire dans la conduite des hostilités, en particulier au regard des principes de nécessité militaire, de distinction,
de proportionnalité et de précaution, et veille à ce que les responsables de toutes violations du droit international humanitaire et du droit international des droits humains répondent de
leurs actes ; b) Fasse que la force soit toujours employée dans le respect du droit international et des normes internationales, y compris pendant les opérations de maintien
de l’ordre, en réglementant l’utilisation des balles réelles, en donnant aux forces de sécurité le matériel et la formation nécessaires pour qu’elles utilisent des armes à létalité réduite,
en veillant à ce que toutes les opérations de maintien de l’ordre soient planifiées et exécutées de sorte à réduire au minimum la menace mettant la vie en danger et en adoptant des sanctions
disciplinaires et pénales appropriées à l’égard des membres des forces de sécurité qui ne respectent pas ces dispositions ; c) Procède rapidement à une enquête pénale indépendante, impartiale, transparente, approfondie et efficace sur tous les cas d’emploi de la force pendant les
opérations de maintien de l’ordre qui entraînent la mort ou occasionnent des blessures, fasse en sorte que les personnes responsables répondent des violations commises et octroie aux victimes
une réparation adéquate ; d) Prenne toutes les mesures qui s’imposent pour garantir le plein respect du droit international humanitaire, surtout en ce qui concerne les civils vivant sous
occupation ou la conduite des hostilités, et pour s’assurer qu’aucune violation ne reste impunie ; e) Mette immédiatement fin à toutes pratiques pouvant s’apparenter à de la torture ou à d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, veille à
ce que toutes allégations de violations donnent rapidement lieu à des enquêtes impartiales, approfondies et indépendantes, fasse en sorte que les responsables répondent de leurs actes,
octroie des réparations intégrales aux victimes et donne des garanties de non-répétition ; f) Veille à ce que la législation antiterroriste soit conforme au droit international et aux normes internationales et, en particulier, à ce que les définitions
des « actes terroristes » et des « organisations terroristes » soient compatibles avec les principes de légalité, de prévisibilité et de sécurité juridique. Ces
définitions doivent être accessibles et formulées avec précision, respecter les principes de non-discrimination et de non-rétroactivité, et faire que les organisations palestiniennes d’action
humanitaire et de défense des droits humains cessent d’être jugées illégales ou classées parmi les organisations terroristes ; g) Mette fin aux détentions arbitraires et garantisse le respect des droits des détenus, y compris toutes les garanties de procédure et d’un procès
équitable ; h) Prenne toutes les mesures qui s’imposent pour mettre fin à toutes les pratiques discriminatoires et illégales, notamment celles qui s’apparentent à des
peines collectives, et pour abroger toutes les lois discriminatoires ; i) Lève immédiatement les mesures de bouclage de Gaza et garantisse la liberté de circulation de tous les Palestiniens du Territoire occupé. Toute restriction
de la liberté de circulation doit être conforme au droit international, en particulier au droit international des droits humains ; j) S’acquitte de ses responsabilités en tant que Puissance occupante, notamment en ce qui concerne l’accès des Palestiniens aux soins de
santé ; k) Respecte les droits des enfants palestiniens, y compris le droit à la vie, et s’assure qu’ils sont traités avec les égards dus à leur âge. Ils ne doivent
être détenus qu’en dernier recours et, le cas échéant, le moins longtemps possible ; l) Fasse que les journalistes, les parties prenantes de la société civile et les personnes, notamment les femmes, qui défendent les droits humains puissent
mener leurs activités sans être harcelés ni soumis à des procédures judiciaires contraires au droit international des droits humains, et que leurs droits soient respectés et
protégés ; m) Veille à ce que les cas signalés de meurtres, d’intimidations ou d’attaques visant des journalistes ou des parties prenantes de la société civile fassent
l’objet d’enquêtes approfondies, afin que les auteurs de ces actes soient poursuivis. En particulier, il recommande qu’Israël veille à ce que les enquêtes concernant des attaques contre les
défenseuses des droits humains tiennent compte des questions de genre, et prenne d’urgence des mesures conservatoires pour prévenir d’autres actes de violence, de menace et d’intimidation
fondées sur le genre ; n) Accorde au personnel du HCDH recruté sur le plan international des visas et un accès sans restriction, afin que celui-ci puisse mener à bien le travail
crucial qui lui a été confié en matière de droits humains dans le Territoire palestinien occupé.
64. Le Secrétaire général recommande que les autorités et les groupes armés palestiniens de Gaza respectent pleinement le droit international humanitaire, en
particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, et veillent à ce que les auteurs de violations répondent de leurs actes.
65. En outre, le Secrétaire général : a) Demande à tous les États de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le respect des Conventions de Genève du 12 août 1949 par la Puissance
occupante, compte tenu des moyens dont ils peuvent raisonnablement disposer et de l’influence qu’ils peuvent exercer, et rappelle aux États, en particulier à ceux ayant des liens étroits avec
les parties, qu’ils doivent user de leur influence pour garantir le respect du droit international ; b) Demande à tous les États de prendre les mesures nécessaires pour garantir le plein respect et l’application des résolutions du Conseil de sécurité, de
l’Assemblée générale et du Conseil des droits de l’homme.
Dans la guerre mal nommée Israël-Hamas, on ne peut renvoyer les deux parties dos à dos, dit Michel Seymour, professeur honoraire de philosophie de
l’Université de Montréal.
La différence n’est pas seulement explicable par le caractère disproportionné de la riposte, par la punition collective et le meurtre de civils. La
différence existe en amont par l’occupation, la colonisation et le blocus.
Le Hamas est un mouvement de libération du territoire occupé. En vertu de la charte de l’ONU, il a le droit d’exister pour défendre ce territoire. Il
n’a pas le droit de commettre des crimes de guerre. Mais parler du Hamas comme d’un groupe terroriste a pour effet de légitimer le pouvoir de domination d’Israël et d’évacuer les
enjeux de fond.
Dans cette entrevue, Michel Seymour revient notamment sur l’histoire coloniale d’Israël, sur les résolutions de l’ONU toujours bafouées par Israël avec
l’appui indéfectible des États-Unis, sur la responsabilité des pays occidentaux, dont le Canada, dans ce qui peut être caractérisé de génocide, sur les déclarations incendiaires de
dirigeants israéliens que les pays occidentaux continuent à appuyer et sur l’état des grands médias établis.
Il conclut sur la réponse ultra faible des autorités politiques canadiennes et québécoises, sauf dans le cas de Québec Solidaire.
Aucun pays n’a sans doute autant bénéficié de l’invasion américaine de l’Irak que la République islamique d’Iran. Au cours d’une guerre qui a duré plus
d’une décennie, Washington a dépensé plus de 2000 milliards de dollars de ses propres fonds pour éliminer l’un des adversaires régionaux les plus puissants de l’Iran. Ce faisant,
l’invasion a facilité la montée du mouvement militant chiite irakien, qui constitue aujourd’hui le noyau des Forces de mobilisation populaire (FMP) irakiennes. Bien qu’il s’agisse
techniquement d’une branche auxiliaire des forces de sécurité irakiennes, les FMP se tournent régulièrement vers Téhéran pour obtenir des conseils.
Les FMP appartiennent à ce que les dirigeants iraniens appellent «l’Axe de la Résistance» (mehvar-e moqâvemat en farsi), un
terme qui dénote l’extraordinaire expansion de l’influence de l’Iran au Moyen-Orient et en Asie centrale ces dernières années. Outre les FMP en Irak, l’Axe de la Résistance comprend
une coalition internationale de dizaines de groupes armés, de factions militantes, de tribus chiites et de partis politiques. Elle s’étend des Houthis au Yémen et du Hezbollah au
Liban, à des branches entières des forces armées syriennes, et même aux milices chiites en Afghanistan, en Azerbaïdjan et à Bahreïn. La coalition comprend également une mosaïque
complexe de groupes armés palestiniens, tels que le Jihad islamique palestinien et – de plus en plus après 2018 – le Hamas.
Ces acteurs sont certes disparates, et contrastent souvent les uns avec les autres. Par exemple, les relations entre le Hamas et les Syriens sont
tendues depuis des années. Tous sont cependant unis dans leur position anti-occidentale commune et leur mépris envers les États pro-occidentaux du Moyen-Orient, notamment l’Arabie
saoudite et Israël. De plus, leurs liens au sein de l’Axe de la Résistance restent informels et relativement lâches. Cependant, ils reçoivent tous un soutien – y compris un
financement et une formation – du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), une branche des forces armées iraniennes qui protège et promeut l’héritage idéologique de la
révolution islamique de 1979.
Depuis 2011, le CGRI considère l’Axe de la Résistance comme un élément essentiel de sa stratégie militaire asymétrique. Son objectif est d’aider l’Iran
à affronter avec succès ses adversaires bien plus puissants, dont deux – les États-Unis et Israël – sont dotés de l’arme nucléaire. C’est précisément
pourquoi Téhéran a investi une fortune pour transformer le Hezbollah en ce que les experts décrivent comme «un multiplicateur
de force» qui peut donner du fil à retordre à Israël. En 2014, Téhéran a lancé une initiative similaire dans la bande de Gaza, initialement avec le Jihad islamique palestinien –
un groupe qui, tout comme le Hamas, a émergé des Frères islamiques égyptiens dans les années 1980.
L’accord financier entre le Jihad islamique palestinien et l’Iran a alarmé le Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2008. Au fil du temps, cependant, le Hamas
a également commencé à flirter avec l’Axe de la Résistance iranien, attiré par les financements lucratifs et les opportunités de formation offertes par Téhéran. En 2020, le Hamas
s’engageait activement aux côtés du CGRI sous l’égide de l’Axe de la Résistance. Dans une large mesure, la sophistication opérationnelle de l’attaque du 7 octobre contre Israël, menée
conjointement par le Hamas et le Jihad islamique palestinien, a fourni une preuve claire du patronage de l’Iran envers ces deux groupes militants. Grâce à l’Iran, les factions armées
palestiniennes à Gaza sont aujourd’hui mieux armées et mieux entraînées qu’elles ne l’ont jamais été dans le passé. Elles le démontreront probablement dans les jours ou semaines à
venir, alors que les Forces de défense israéliennes (FDI) commenceront leur offensive terrestre sur Gaza.
La grande question, cependant, est de savoir comment les autres composantes de l’Axe de la Résistance réagiront à l’attaque imminente de Tsahal.
Certains experts s’empressent de souligner que ni l’Iran ni le Hezbollah ne sont particulièrement enthousiastes à l’idée de se joindre à une guerre sanglante et probablement prolongée
avec Israël. L’État libanais en ruine et la société iranienne profondément divisée semblent incapables de résister – et encore moins de survivre – à une guerre majeure. Cependant, il
semble peu probable que le Hamas et ses alliés de la bande de Gaza aient lancé une attaque terroriste aussi dévastatrice contre Israël, avec des conséquences prévisibles de grande
envergure pour l’ensemble du Moyen-Orient, sans coordination préalable avec le CGRI – et, par association, avec les principaux éléments de l’Axe de la Résistance. En d’autres termes,
l’Iran était au courant de l’attaque du Hamas et a presque certainement promis au Hamas qu’il ne ferait pas face seul à l’attaque de Tsahal qui s’ensuivrait.
Alors que Tsahal se prépare à entrer à Gaza, les dirigeants du Hamas sont parfaitement conscients que leur seul espoir de repousser avec succès
l’attaque israélienne imminente est l’émergence d’un deuxième front de guerre, le long de la frontière israélo-libanaise. Seul le Hezbollah peut y parvenir, avec l’approbation
implicite de l’Iran. Les États-Unis n’ont pas tardé à envoyer deux porte-avions en Méditerranée, signalant ainsi au Hezbollah qu’ils n’hésiteraient pas à entrer dans le conflit si le
groupe militant libanais ouvrait un front nord dans la guerre. Le voyage sans précédent du président américain Joe Biden en Israël en temps de guerre était une tentative claire
d’envoyer un message similaire à Téhéran.
Ces messages suffiront-ils à convaincre les Iraniens de garder leurs distances avec la guerre, et donc abandonner le Hamas ? Peut-être. Cependant,
abandonner le Hamas à son sort créerait des divisions au sein de l’Axe de la Résistance, que Téhéran gère méticuleusement depuis plus d’une décennie. Les dirigeants iraniens ne
peuvent pas se permettre de perdre le commandement de l’Axe de la Résistance, qu’ils considèrent comme une arme cruciale dans leur confrontation avec les États-Unis et leurs alliés.
Comme l’a souligné récemment un commentateur, «la guerre à Gaza
représente le premier événement test significatif de la coopération entre les éléments de l’Axe de la Résistance» sous la direction du CGRI.
La plupart des observateurs s’accordent sur le fait qu’à l’heure actuelle, rien ne prouve que l’Iran ait l’intention d’élargir le conflit – ce qui est
probablement une mauvaise nouvelle pour le Hamas. Cependant, les guerres sont par nature imprévisibles, et Téhéran a déjà commencé à proférer des menaces, affirmant qu’il «ne resterait pas
spectateur» si l’armée israélienne entrait dans Gaza. Si les menaces iraniennes se concrétisent, il est peu probable que la Russie et la Chine restent à l’écart. Le spectre d’un
conflit régional plus vaste se cache en arrière-plan.
Israël-Palestine : Savoir garder raison dans la tempête
source : France-Soir - par Jean Neige - Le 19/10/2023.
TRIBUNE - Depuis le début de
l’offensive massive du Hamas à partir du territoire de Gaza, samedi 7 octobre, jour de Shabat, et 50e anniversaire de la guerre-éclair de Yom Kippour, on assiste sur
les réseaux sociaux à un déferlement d’images de violence. Assassinat de civils israéliens d’un côté et prise d’otages, destruction d’immeubles entiers de l’autre via des frappes aériennes. Un
nouveau cycle destructeur a démarré et on craint l’engrenage. On a rapidement évoqué des centaines de morts et des milliers de blessés de part et d’autre, et le bilan s’alourdit de jour en jour.
Les réactions sur les réseaux sociaux sont le plus souvent des torrents d’indignation. Certains comptes que je suis
depuis des années deviennent hystériques. Les appels à une vengeance implacable se multiplient et tout discours qui rappelle la complexité politique de la situation est rejeté dans la case
"soutien au terrorisme".
D’abord, rappelons que la violence contre des civils désarmés est toujours condamnable, quelle que soit la raison. Le
Hamas s’avilie à exécuter des civils et ne sert certainement pas sa cause, ni Dieu.
Mais une fois la condamnation faite, il faut rappeler que cette violence ne sort jamais de nulle part. On ne peut lutter
contre de manière efficace sans s’attaquer à ses causes, car tout est cause et conséquences.
Un historique incontournable
Après l’holocauste de la Seconde Guerre mondiale, comment ne pas répondre au souhait ardent des survivants juifs d’avoir
un Etat à eux où ils ne seraient pas persécutés ? Ce fut chose faite, dans la douleur déjà, le 14 mai 1948.
Mais quiconque se renseigne sur la courte histoire de l’Etat d’Israël depuis sa création ne peut ignorer l’injustice
fondamentale faite au peuple palestinien, sommé de faire place au nouvel Etat juif. L’ancien Premier ministre israélien Ben Gourion l’avait très bien compris.
Depuis, la situation est toujours demeurée tendue et instable, et les Palestiniens n’ont cessé de perdre du terrain,
guerre après guerre. En poursuivant une politique constante de colonisation de la Palestine, contre les résolutions de l’ONU, Israël a fait des territoires palestiniens des confettis, où les
habitants vivent dans des enclaves, totalement dépendants du nouvel Etat juif. La succession de cartes ci-dessous vaut mieux qu’un discours.
La seule solution raisonnable pour tous les observateurs extérieurs, qui puisse garantir sécurité et dignité de chaque
côté, semble celle des deux Etats. Les Accords d’Oslo de 1993 devaient aller dans cette voie mais ils semblent avoir été torpillés des deux côtés. Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien
signataire des Accords, fut assassiné par un extrémiste juif en 1995. Et Yasser Arafat fut accusé de double discours. Dès l’arrivée au pouvoir de Benjamin Netanyahou, en 1996, la dynamique était
grippée. Les accords échoueront en 2000 sur la question du statut de Jérusalem et sur celle du retour des réfugiés palestiniens de l’étranger.
Je me souviens aussi très bien comment le gouvernement Sharon décida de bombarder l’autorité palestinienne à chaque
attentat du Hamas, mais sans toucher au Hamas. Cela permettait d’affaiblir l’embryon d’Etat palestinien, tout en maintenant en place un parti religieux niant le droit à l’existence d’Israël. Ce
faisant, la force du Hamas donnait un prétexte pour justifier de mettre fin au processus de paix. Sharon ne s’attaqua au Hamas qu’en juillet 2002, alors que ce dernier, sous la pression
saoudienne, était sur le point de s’engager à ne plus cibler les civils israéliens. Ainsi, le Hamas se radicalisa à nouveau.
Dans le même esprit, une polémique a resurgi concernant l'autorisation par Netanyahou du transfert d’argent au Hamas par
le Qatar, en 2019. La somme devait servir à payer les fonctionnaires de l’organisation islamiste qui nie le droit à l’existence d’Israël. Selon de multiples sources, le Premier ministre
toujours en place aurait justifié cette décision en expliquant que tous ceux qui étaient contre la naissance d’un Etat palestinien devaient soutenir la division des Palestiniens entre le Hamas d’un côté
et le Fatah de l’autre, l’un contrôlant Gaza et l’autre les confettis de la Cisjordanie. Voilà qui paraît un calcul politique pour le moins cynique et à haut risque !
Le processus de paix étant en panne, les Palestiniens sans perspective politique croupissaient dans des territoires
enclavés. La bande de Gaza est devenue une prison surpeuplée à ciel ouvert où ne poussent que la frustration, la haine et le désir de vengeance. La situation ne pouvait qu’exploser à nouveau, tôt
ou tard.
Comment Israël a pu se faire surprendre ainsi ?
Cette question est soulevée par beaucoup. L’ampleur de l’opération du Hamas qui attaque tous azimuts par terre, par air
et par mer, démontre un travail de planification et d’organisation sans précédent. Comment tout cela a-t-il pu passer inaperçu étant donné le nombre de personnes
impliquées ?
Comment cet État qui a construit les services de sécurité et de renseignement réputés comme les plus efficaces au monde,
un État qui fabrique des outils de surveillance qu’il exporte, comme le rappelle Edward
Snowden, comment cet État surpuissant a-t-il pu se faire surprendre ainsi ? Une femme en colère présentée
comme une ex-soldate de Tsahal déployée à la frontière affirme dans une vidéo que même un cafard serait vu en train de la traverser. Elle se demande comment 400 combattants palestiniens ont pu
la franchir sans
encombre. Le journaliste Michael Ganoe rappelle que les Israéliens, outre leurs
outils de renseignement technique très performants, disposent aussi d’agents de terrain habitués à l’infiltration parlant couramment l’arabe. Comment ont-ils pu ne rien repérer ? C’est
incompréhensible.
Et puis, une source du renseignement égyptien a affirmé que son gouvernement avait transmis à plusieurs reprises au gouvernement israélien des informations à propos de "quelque chose d’important "
en préparation de la part du Hamas. Après avoir d’abord nié, le bureau du premier ministre israélien a fini par admettre qu’ils avaient bien été prévenus, d’après des sources israéliennes. Dès lors, comment peuvent-ils donc ne pas avoir pris les mesures nécessaires ?
Alors, inévitablement, face à ces questions fondamentales pour l’heure sans réponses, les théories du complot vont bon
train. Netanyahou aurait décidé de laisser faire l’attaque pour justifier de régler la question du Hamas une fois pour toutes sous un déluge de bombes, voire pour déclencher un cycle de violences
qui impliquerait aussi la Cisjordanie, le Hezbollah au nord, et par ricochet l’Iran. Israël aurait alors le prétexte pour donner une leçon à tous ses ennemis. Ou alors Netanyahou aurait laissé
faire pour renforcer sa position précaire en interne. Et puis, quand il déclare le 9 octobre : “Nous allons changer le Moyen-Orient", on ne peut que se rappeler les déclarations similaires des néo-conservateurs américains
après le 11-Septembre, et on craint la perspective d’un embrasement régional.
Dans l’immédiat, selon un sondage du Jerusalem Post, 86% des juifs israéliens jugent leur
gouvernement responsable de n’avoir pas su anticiper ou contrer l’attaque du Hamas.
Beaucoup notent par ailleurs que cette offensive du mouvement islamiste est survenue au moment où le grand allié
américain semble au plus mal, étant massivement accaparé par une guerre en Ukraine qui réclame toujours plus de moyens. On dit même que les USA auraient transféré des stocks de munitions réservés
à Israël pour les donner à l’Ukraine.
Par ailleurs, des rumeurs couvrent déjà la toile, faisant état d’armements américains achetés par le Hamas sur le marché
noir – et tous les yeux se tournent alors vers l’Ukraine notoirement corrompue. Le Hamas revendiquerait d’ailleurs avoir obtenu des armes du pays de Zelensky. Il serait notamment armé de fusils d’assaut M4s américains. Dès avril dernier, on savait que des tonnes d’armement livrées à l’Ukraine étaient en vente sur le darknet, dont les fameux M4, le
Moyen-Orient figurant parmi les clients, avec des diplomates ukrainiens en intermédiaires d’après UKR_leaks. Le 13 octobre, on signalait même qu’un missile Stinger de fabrication américaine - missiles qui furent livrés en masse à l’Ukraine - aurait abattu un F-16 israélien.
D’autres sources évoquent un missile sol-air fabriqué par les Palestiniens eux-mêmes. On dit même que des armes américaines abandonnées
en Afghanistan seraient utilisées aujourd’hui contre Israël, ce qui serait un signe de plus que l’administration Biden aura semé le
chaos.
Aux États-Unis, on critique aussi la décision de la même administration, le 11 septembre dernier, de dégeler 6 milliards de dollars de fonds iraniens. Certains estiment que cette somme
aura pu permettre à Téhéran de financer l’achat d’armes au profit du Hamas. Mais les fonds devaient transiter de la Corée du Sud vers le Qatar. Et, au vu des courts délais, on semble être dans la
spéculation à ce stade.
Au niveau international, la Russie a appelé dès le premier jour toutes les parties à la retenue et au retour à la table des négociations. Au départ, la Chine déclarait rester neutre, avant de déclarer le 15 octobre qu’Israël allait au-delà du droit à se défendre dans son action à Gaza. L’Occident
insistait d’abord seulement sur le droit d’Israël à se défendre. La France a fini par marquer une inflexion par rapport à cette position pour demander que le droit humanitaire soit respecté avec
des mesures pour protéger la population civile de Gaza.
Entre faits et propagande !
Pour l’heure, on ne peut nier le droit à Israël de récupérer le contrôle de ses territoires tels que garantis par les
décisions de l’ONU, ce qui autour de Gaza parait correspondre aux limites du territoire sous contrôle palestinien jusqu’au 6 octobre. Mais dans le piège de l’émotion, il est à craindre que
seules les armes parlent, et que la violence réplique à la violence avec des conséquences imprévisibles. Si les crimes imputés au Hamas sont terribles, les annonces et les actes du gouvernement
israélien (blocus total de Gaza, immunité garantie aux soldats de Tsahal, Palestiniens qualifiés “d’animaux humains”, bombardements absolument massifs en apparence indiscriminés)
laissent craindre une spirale de violence sans précédent. Déjà, l’UNRWA, l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens a déclaré que 11 de ses employés ont été tués par des frappes israéliennes depuis le 7 octobre. Plusieurs journalistes ont aussi été
tués.
Les opinions publiques sont gonflées à bloc de chaque côté, dégorgeant de haine pour l’autre camp, une haine nourrie par
des images d’horreur qui tournent en boucle sur les chaines de télévisions et les réseaux sociaux, mais qui ne sont pas les mêmes suivant le public visé.
Dans ce contexte de montée aux extrêmes, il apparait on ne peut plus urgent de garder la tête froide. Et de prendre
notamment le temps de vérifier les informations qui circulent. Certaines s’avèrent déjà être dénoncées fausses ou non liées au dernier conflit, comme celle des soi-disant enfants israéliens dans des cages, ou celle des bébés israéliens soi-disant décapités dont personne n’a montré la moindre preuve, au point que le gouvernement israélien et même CNN ont fait machine arrière.
L’homme à l’origine
de la rumeur est un officier de Tsahal aux vues extrémistes.
Des forces obscures sont à l’œuvre pour envenimer la situation, choquer le plus possible pour que les gens perdent leur
capacité de réflexion, ne soient animés que par le désir de vengeance, et se mettent à soutenir les mesures les plus extrêmes qui impactent les 2 millions d’habitants de Gaza, et pas seulement le Hamas.
Comment ne pas se souvenir dans des circonstances similaires des bébés koweïtis sous leurs couveuses soi-disant tués par
l’armée irakienne en 1990, une histoire qui s’avéra plus tard inventée de toute pièce pour créer le soutien nécessaire de l’opinion pour attaquer l’Irak de Saddam Hussein. Pendant la bataille
d’Alep, en 2016, les médias anglo-saxons avaient aussi titré sur l’assassinat d’une centaine d’enfants dans un hôpital de la ville par les soldats d’Assad, une histoire jamais démontrée et vite
oubliée. Cette affaire fut mon épiphanie sur la réalité de la manipulation médiatique. Rien de tel qu’inventer des crimes contre les enfants pour chauffer une opinion publique à bloc contre
l’ennemi désigné.
Plus récemment, l’affaire du bombardement de l’hôpital chrétien de Gaza-nord a aussi déchainé les passions, avec des
informations contradictoires, que ce soit sur le bilan humain ou les responsabilités, chaque camp ne croyant que les sources qui lui sont proches. L’effort d’objectivité semble avoir disparu des
esprits.
Face à ce flot d’informations choquantes, certaines véridiques, d’autres inventées ou exagérées, si l’indignation est légitime, la haine
n’est jamais bonne conseillère. Elle mène toujours à des excès regrettables.
Mais il demeure que le Hamas a tué de nombreux civils et que cela ne peut être toléré. De plus, ses combattants se
cachent au milieu de zones densément peuplées. C’est toute la difficulté de la situation actuelle. Après une campagne de bombardement massive qui a tué des centaines de civils, les
Israéliens ont semblé prendre en compte les critiques pour la première fois, ont donné 24 heures à 1,1 million d’habitants, dont près de la moitié sont
des mineurs, pour évacuer le nord de la bande de Gaza avant l’assaut terrestre de Tsahal. 423 000 personnes avaient déjà fui leur domicile au 13
octobre. Et l’assaut n’a toujours pas eu lieu.
Le Hamas perçoit l’ordre d’évacuation israélien comme une volonté de nettoyage ethnique du territoire. Parallèlement, un convoi de
réfugiés a étéattaqué, et l’Egypte, malgré la pression, a fermé sa frontière, anticipant que le franchissement des habitants de Gaza pourrait être sans retour. La crise humanitaire est énorme. L’UNRWA
s’indigne néanmoins que l’évacuation des hôpitaux du nord de Gaza exigée par Israël est une sentence de mort pour les
blessés.
Un bilan humain qui dépasse largement la guerre en Ukraine tant
décriée
Un bilan chiffré des victimes arrêté au 12 octobre est cité par l’UNICEF révèle que le nombre de morts palestiniens a dépassé celui des Israéliens
(1417 contre plus de 1300). En termes de blessés, c’est même près du double (6268 contre 3297). 447 enfants palestiniens ont été tués à cette date, le nombre d’enfants israéliens tués n’est pas
indiqué.
Le 14 octobre, BFM donnait le chiffre de 2215 morts, dont 724 enfants, à Gaza. Combien de combattants du Hamas parmi eux ?
A titre de comparaison, en août 2023, on comptait en Ukraine 545 enfants tués depuis le début de l’intervention russe de février 2022. En 19 mois de conflit, l’ONU avait émis un bilan
de 7481 tués et 14 460 blessés du côté ukrainien.
Cette comparaison des chiffres donne une idée de la violence extrême de cette nouvelle guerre israélo-palestinienne. Sur
les réseaux, certains s’indignent que l’on compare les victimes, le Hamas ayant exécuté des civils directement au sol, quand les victimes des
Israéliens ne seraient dues qu’à des dommages collatéraux. On a rarement entendu la même indulgence pour les Russes.
Au nord d’Israël, après quelques clashs avec le Hezbollah, Tsahal bombarde des aéroports syriens, pendant que l’Iran
menace et que le reste du monde musulman gronde, du Pakistan à l’Afghanistan en passant par l’Irak, jusqu'à nos banlieues.
Où cela s’arrêtera-t-il ? Où s’arrêtera le cercle vicieux de la vengeance ? Combien de victimes des deux côtés avant que
la paix puisse revenir ? Est-on à la veille d’une conflagration régionale majeure, dont se mêlerait l’Occident, vu que les Américains ont envoyé sur zone deux groupes aéronavals, plus un renfort
d’avions de guerre en Jordanie, et que le Royaume-Uni s’apprête à suivre ? Simple dissuasion ? Et Vladimir
Poutine signale que ses chasseurs-bombardiers patrouilleront dorénavant en mer noire, équipés de missiles hypersoniques Kinzhal, réputés impossibles à
intercepter, et qui peuvent couler un porte-avions. Le Proche-Orient est prêt à exploser en entrainant une conflagration bien plus large. Rappelons également qu’Israël possède l’arme atomique...
L’Etat juif ne sera jamais en sécurité en continuant d’humilier les Palestiniens. C’est mécanique. Seul un
retour sans arrière-pensées à la table des négociations pourra permettre un jour la stabilité de cette région. Hélas, on en est aujourd’hui très loin. Nous n’avons plus qu’à prier pour que, dans la tourmente, les dirigeants des principales nations concernées gardent la tête froide.
Malgré les dénis israéliens, qui soutiennent que les opérations qui ont commencé ce vendredi soir ne constituent pas une invasion à grande échelle, il semble bien que des affrontements violents
aient lieu au sol à Gaza, entre troupes palestiniennes, Delta Force américaines et troupes régulières israéliennes. L’ampleur de
l’intervention israélo-américaine est difficile à cerner… mais il est probable qu’après de très intenses bombardements, Israël soit passé à l’action, notamment pour récupérer les otages capturés
par le Hamas.
Malgré les dénis israéliens, il semble bien que les affrontements au sol aient commencé à Gaza, à la faveur de la nuit.
Auparavant, l’aviation israélienne avait abondamment bombardé les Gazaouites, avec une intensité décrite comme rare par les observateurs. Vers 19h, le téléphone et
Internet ont été coupés à Gaza. Ensuite, plusieurs affrontements au sol ont été rapportés. Selon diverses sources, les Delta Force de l’armée américaine
attaquaient par la plage.
Les informations étaient contradictoires sur l’ampleur des affrontements au sol. Plusieurs sources faisaient état d’affrontements au nord de la bande de Gaza, mais
aussi à l’est et au sud, c’est-à-dire sur l’ensemble du territoire assiégé par les Israéliens depuis près de trois semaines.
Parallèlement, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté une résolution appelant à une trêve humanitaire. Les USA et Israël ont voté contre, mais une
large majorité a voté pour.
Les escalades ne peuvent être stoppées – La Maison-Blanche est ébranlée ; Les escalades pourraient toutes fusionner en «une»
La réalité de la nécessité de la
guerre pénètre largement la conscience du monde arabe et islamique.
Tom Friedman a lancé un terrible avertissement dans
le New
York Times jeudi dernier :
«Je pense que si
Israël se précipite maintenant [unilatéralement] à Gaza pour détruire le Hamas, il commettra une grave erreur qui sera dévastatrice pour les intérêts israéliens et
américains».
«Je parle du traité de
paix de Camp David, des accords de paix d’Oslo, des accords d’Abraham et de l’éventuelle normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Tout cela pourrait s’envoler en
fumée».
«Malheureusement, a
déclaré le haut fonctionnaire américain [Friedman], les chefs militaires israéliens sont aujourd’hui plus faucons que le Premier ministre. Ils sont rouges de rage et déterminés à porter
au Hamas un coup que tout le voisinage n’oubliera jamais».
Friedman parle ici, bien sûr, d’un système d’alliance américain, articulé autour de l’idée que les prouesses militaires d’Israël sont invincibles – le
paradigme de la «petite OTAN» qui agit comme le substrat essentiel pour la propagation de l’ordre fondé sur des règles dirigé par les Américains à travers le Proche-Orient.
Ce paradigme est analogue aux substrats de l’alliance de l’OTAN, dont la prétendue «invincibilité» a soutenu les intérêts américains en Europe (du moins
jusqu’à la guerre en Ukraine).
Un membre du cabinet israélien a déclaré au
correspondant israélien expérimenté en matière de défense, Ben Caspit, qu’Israël ne pouvait tout simplement pas permettre que sa dissuasion à long terme soit sapée :
«C’est le point le
plus important – «notre dissuasion»», a déclaré la source principale du cabinet de guerre. «La région doit
rapidement comprendre que quiconque porte atteinte à Israël comme l’a fait le Hamas paie un prix disproportionné. Il n’y a pas d’autre moyen de survivre dans notre voisinage que d’exiger
ce prix maintenant, car de nombreux yeux sont fixés sur nous et la plupart d’entre eux n’ont pas nos meilleurs intérêts à cœur».
En d’autres termes, le «paradigme» israélien repose sur la manifestation d’une force écrasante, dirigée vers tout défi émergent. Ce paradigme trouve son
origine dans l’insistance des États-Unis pour qu’Israël soit à la fois à la pointe du progrès politique (toutes les décisions stratégiques relèvent exclusivement d’Israël dans le cadre
d’Oslo) et à la pointe du progrès militaire par rapport à tous ses voisins.
Bien qu’elle soit présentée comme telle, cette formule ne permet pas de parvenir à un accord durable et pacifique permettant de respecter la résolution 181
de l’Assemblée générale des Nations unies de 1947 (division de la Palestine de l’époque du Mandat) en deux États. Au contraire, Israël, sous le gouvernement Netanyahou, se rapproche de
plus en plus d’une fondation eschatologique d’Israël sur la «Terre d’Israël» (biblique) – une démarche qui expurge totalement la Palestine.
Ce n’est pas une coïncidence si, lors de son discours à l’Assemblée générale le mois dernier, Netanyahou a présenté une carte d’Israël sur laquelle Israël
dominait de la rivière à la mer et où la Palestine (en fait, tout territoire palestinien) était inexistante.
Tom Friedman, dans ses réflexions au NYT, craint
peut-être que, de même que la piètre performance de l’OTAN en Ukraine a brisé «le mythe de
l’OTAN», de même l’effondrement de l’armée et des services de renseignement israéliens du 7 octobre et ce qui se passera dans son sillage à Gaza «pourraient faire
exploser toute la structure de l’alliance pro-américaine» au Moyen-Orient.
La confluence de deux humiliations de ce type pourrait briser la colonne vertébrale de la primauté occidentale. Tel semble être l’essentiel de l’analyse de
Friedman. (Il a probablement raison).
Le Hamas a réussi à briser le paradigme de la dissuasion israélienne : il n’a pas eu peur, les FDI ont prouvé qu’elles étaient loin d’être invincibles et la
rue arabe s’est mobilisée comme jamais auparavant (confondant les cyniques occidentaux qui se moquent de la notion même de «rue arabe»).
Voilà où nous en sommes, et la Maison-Blanche est ébranlée. Les PDG d’Axios, VandeHei et Mark Allen, ont pris la plume pour avertir :
«Jamais nous n’avons
parlé à autant de hauts responsables gouvernementaux qui, en privé, sont si inquiets (…) qu’une confluence de crises pose des problèmes épiques et un danger historique. Nous n’aimons pas
nous montrer catastrophistes. Mais faire retentir la sirène d’un réalisme clinique et lucide : Les responsables américains nous disent qu’à la Maison-Blanche, cette semaine a été la plus
lourde et la plus effrayante depuis que Joe Biden a pris ses fonctions il y a un peu plus de 1000 jours… L’ancien secrétaire à la Défense, Bob Gates, nous dit que les États-Unis sont
confrontés aux crises les plus graves depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 78 ans…»
«Aucune de ces crises
ne peut être résolue ou éliminée : Les cinq crises pourraient se transformer en quelque chose de beaucoup plus grave… Ce qui effraie les responsables, c’est la façon dont les cinq menaces
pourraient se fondre en une seule». (Une guerre qui s’étend alors qu’Israël pénètre dans Gaza ; l’«alliance anti-américaine» Poutine-Xi ; un Iran «malveillant» ; un Kim Jong-un
«déséquilibré» et des vidéos et informations truquées).
Toutefois, l’article de Friedman dans le NYT ne
mentionne pas le revers de la médaille, car le paradigme israélien a deux faces : la sphère interne, qui est distincte de la nécessité externe d’imposer un prix disproportionné aux
adversaires d’Israël.
Le «mythe» interne veut que l’État israélien «récupère ses citoyens», où que vivent les juifs en Israël et dans les territoires occupés – des colonies les
plus reculées aux ruelles de la vieille ville de Jérusalem. Plus qu’un contrat social, il s’agit d’une obligation spirituelle due à tous les juifs vivant en Israël.
Ce «contrat social» de sécurité vient cependant de s’effondrer. Les kibboutzim de l’enveloppe de Gaza ont été évacués ; vingt kibboutz ont été évacués du
nord et un total de 43 villes frontalières ont été évacuées.
Ces familles déplacées feront-elles à nouveau confiance à l’État ? Retourneront-elles un jour dans les colonies ? La confiance a été rompue. Pourtant, ce ne
sont pas les missiles du Hezbollah qui effraient les habitants, mais les images du 7 octobre dernier dans les communautés de la périphérie de Gaza – la clôture franchie à des dizaines
d’endroits, les bases et postes militaires envahis, les villes occupées par les forces du Hamas, les morts qui en ont résulté et le fait qu’environ 200 Israéliens ont été enlevés à Gaza –
qui n’ont rien laissé à l’imagination. Si le Hamas a réussi, qu’est-ce qui arrêtera le Hezbollah ?
Comme dans la vieille comptine : Humpty-Dumpty a fait une grosse chute, mais tous les chevaux du roi et tous les hommes du roi n’ont pas pu remettre Humpty
sur pied.
C’est ce qui inquiète l’équipe de la Maison-Blanche. Elle n’est pas du tout convaincue qu’une invasion israélienne de Gaza remettra Humpty d’aplomb. Elle
craint plutôt que les événements ne tournent mal pour les FDI et que les images relayées à travers le Moyen-Orient d’Israël utilisant une force écrasante dans un environnement urbain
civil ne révoltent la sphère islamique.
Malgré le scepticisme occidental, certains signes indiquent que cette insurrection dans la sphère arabe est différente et ressemble davantage à la révolte
arabe de 1916 qui a renversé l’Empire ottoman. Elle prend une tournure distincte puisque les autorités religieuses chiites et sunnites déclarent que les musulmans ont le devoir de se
tenir aux côtés des Palestiniens. En d’autres termes, alors que la politique israélienne devient clairement «prophétique», l’humeur islamique devient à son tour eschatologique.
Le fait que la Maison-Blanche fasse flotter des
cerfs-volants sur des dirigeants arabes «modérés» pressant les Palestiniens «modérés» de former un gouvernement favorable à Israël à Gaza, qui remplacerait le Hamas et imposerait la
sécurité et l’ordre, montre à quel point l’Occident est coupé de la réalité. Rappelons que Mahmoud Abbas, le général Sisi et le roi de Jordanie (certains des dirigeants les plus souples
de la région) ont refusé catégoriquement de rencontrer Biden après le voyage de ce dernier en Israël.
La colère dans la région est réelle et menace les dirigeants arabes «modérés», dont la marge de manœuvre est désormais limitée.
Les points chauds se multiplient donc, tout comme les attaques contre les déploiements américains dans la région. Certains à Washington prétendent percevoir
une main iranienne et espèrent élargir la fenêtre de guerre avec l’Iran.
La Maison-Blanche, paniquée, réagit de manière excessive en envoyant d’énormes convois (des centaines) d’avions-cargos chargés de bombes, de missiles et de
défenses aériennes (THAAD et Patriot) en Israël, mais aussi dans le Golfe, en Jordanie et à Chypre. Des forces spéciales et 2000 marines sont également déployés. Plus deux porte-avions et
les navires qui les accompagnent.
Les États-Unis envoient donc une véritable armada de guerre. Cela ne peut qu’aggraver les tensions et provoquer des contre-mesures : La Russie déploie
actuellement des avions MiG-31 équipés de missiles hypersoniques Kinjal (qui peuvent atteindre le porte-avions américain au large de Chypre) pour patrouiller en mer Noire, et la Chine
aurait envoyé des navires de guerre dans la région. La Chine, la Russie, l’Iran et les États du Golfe sont engagés dans une frénésie diplomatique pour contenir le conflit, même si le
Hezbollah s’engageait plus avant dans le conflit.
Pour l’instant, l’accent est mis sur les libérations d’otages, ce qui crée beaucoup de bruit et de confusion (délibérés). Certains espèrent peut-être que
les libérations d’otages retarderont, et finalement arrêteront, l’invasion prévue de la bande de Gaza. Cependant, le commandement militaire israélien et l’opinion publique insistent sur
la nécessité de détruire le Hamas (dès que les navires américains et les nouvelles défenses aériennes auront été mis en place).
Quoi qu’il en soit (l’invasion), la réalité est que les Brigades al-Qassam du Hamas ont brisé les paradigmes internes et externes d’Israël. En fonction de
l’issue de la guerre à Gaza/Israël, les Brigades peuvent encore provoquer une nouvelle contusion sur le corps politique qui «déclenche une
conflagration mondiale – et fait exploser toute la structure de l’alliance pro-américaine que les États-Unis ont construite» (selon les termes de Tom Friedman).
Si Israël entre dans Gaza (et Israël pourrait décider qu’il n’a pas d’autre choix que de lancer une opération terrestre, compte tenu de la dynamique
politique intérieure et de l’opinion publique), il est probable que le Hezbollah sera progressivement attiré plus loin, laissant les États-Unis devant l’option binaire de voir Israël
vaincu ou de lancer une guerre majeure dans laquelle tous les points chauds se fondent «en un seul».
Dans un sens, le conflit israélo-islamique ne peut être résolu que de cette manière cinétique. Tous les efforts déployés depuis 1947 n’ont fait que creuser
le fossé. La réalité de la nécessité de la guerre pénètre largement la conscience du monde arabe et islamique.
N’oubliez pas que l’existence même de l’État d’Israël n’est pas
vraiment légitime ni parfaitement légale.
Par Dmitry Orlov – Le 11 Octobre 2023 – Source Club Orlov
Les Juifs, en tant que
groupe ethnique, sont plutôt pacifiques et non violents. Ils sont essentiellement des Gitans alphabétisés et éduqués. Comme les Tsiganes, ils se trouvent rarement en grandes concentrations mais
sont diffus au sein d’une population non juive, qu’ils appellent “goyim” (alors que les Tsiganes appellent les
non-Tsiganes “gadje”). Comme les Tsiganes, ils
s’intègrent aux non-Juifs en leur fournissant divers services : les Tsiganes se concentrent sur la divination, les spectacles musicaux et diverses sortes de travaux manuels, qu’ils effectuent
dans le cadre de communautés de travail et contre de l’argent ; les Juifs, quant à eux, ont tendance à être avocats, médecins, dentistes, banquiers et ainsi de suite.
Les similitudes entre Juifs et Tsiganes ne s’arrêtent pas là. Ils tirent tous deux leur identité ethnique d’une filiation matrilinéaire : peu importe qui est le
père si la mère est tsigane ou juive. Ces deux ethnies sont essentiellement nomades (tout comme les Arabes) : le mot arabe “beyt” et le mot hébreu “beth”, souvent considéré comme signifiant “maison”, signifie en fait “tente”. En raison de leur nature pacifique et non violente, les
deux groupes sont fréquemment victimes de la répression et de la violence. Lorsque cela se produit, leur réponse est la même : la délocalisation, qui est leur principale stratégie de survie en
période de grande difficulté.
Alors que les Tsiganes étaient un peuple sédentaire dans le nord de l’Inde il y a à peine un millénaire, les Juifs n’ont pas eu d’endroit où se sentir chez eux (à
l’exception de la région autonome juive de l’URSS et maintenant de la Fédération de Russie) pendant près de deux millénaires après avoir été dispersés aux quatre vents par les Romains. Alors que
les Tsiganes, analphabètes, ont depuis longtemps perdu tout lien avec leur lointaine patrie du sous-continent indien, les Juifs, après l’horrible expérience de l’holocauste nazi, dont les
Tsiganes et les Juifs ont souffert dans une égale mesure, ont soudain été remplis de passion nationaliste et de fantasmes irrédentistes et ont commencé à se battre pour une recolonisation de la
Palestine.
L’URSS les a grandement aidés dans cette entreprise, ses dirigeants estimant qu’il était juste que les Juifs, après leurs souffrances, aient un endroit à eux (en
plus de la région autonome, qui les attend toujours, des bardeaux en yiddish en témoignent sur les bâtiments publics de la capitale du Birobidjan). Au bout d’un certain temps, les Soviétiques se
sont rendu compte qu’en donnant du pouvoir au sionisme, ils avaient créé un monstre, ce qui a conduit les Nations unies à adopter, en 1975, la résolution 3379, qui “établit que le sionisme est une forme de racisme et de
discrimination raciale”. Néanmoins, il n’y avait pas grand-chose à faire, et les sionistes ont continué à faire aux Arabes palestiniens à peu près ce que les nazis avaient fait aux
Juifs.
À long terme, cela s’est avéré être une très grosse erreur. Les Arabes palestiniens, après avoir été traités comme des animaux pendant plusieurs générations, ont
développé un désir ardent de détruire l’État d’Israël et de reprendre le contrôle de la Palestine. Entre-temps, pendant une courte période, il a semblé que l’expérience de l’holocauste nazi avait
choqué les Juifs de Palestine et les avait poussés à développer une éthique guerrière qui leur a permis de triompher de leurs nombreux ennemis arabes, mais cet effet s’est avéré de courte durée,
ne durant que deux ou trois générations, après quoi les Juifs de Palestine sont revenus à la norme. En témoigne leur comportement lors de la récente attaque du Hamas/Hezbollah, à laquelle un
assez grand nombre d’Israéliens ont réagi d’une manière typiquement juive : En… se rendant à l’aéroport !
N’oubliez pas que l’existence même de l’État d’Israël n’est pas exactement légitime ou parfaitement légale. Certes, les Britanniques ont consenti à
sa création, mais qui sont-ils au juste ? Ses diverses acquisitions de territoires palestiniens étaient explicitement illégales. Leurs propres juifs orthodoxes pensent que l’existence d’Israël
est un sacrilège qui défie la volonté expresse de leur dieu.
Ses revendications de souveraineté nationale sont invalides au regard du droit international parce qu’il nie les droits humains fondamentaux des Palestiniens
;
qu’il ne peut se défendre qu’avec le soutien militaire indéfectible des États-Unis, alors que ces derniers sont aujourd’hui dans un tel état de chaos qu’ils ne
peuvent se soutenir eux-mêmes de manière adéquate, sans parler d’Israël ou de tout autre État qu’ils avaient promis de protéger.
Compte tenu de tout cela, l’avenir d’Israël, autrefois radieux, semble bien sombre. Le Hamas et le Hezbollah, dotés des dernières armes américaines, pris en charge
par des Ukrainiens toujours aussi corrompus et guidés astucieusement par les Iraniens, constituent un ennemi redoutable.
Son armée légendaire, Tsahal, vient de subir l’embarras de sa vie en ne levant pas le petit doigt pour arrêter l’assaut du Hamas.
Le système de défense antiaérienne Dôme de fer, supposé invincible, a tiré toute sa charge de précieuses roquettes, sans effet perceptible, et il n’y a pas de
remplaçants.
Son redoutable réseau de renseignement Mossad a raté tout l’événement.
Ses célèbres chars Merkava se sont avérés brûler tout aussi bien que les Leopards et les Bradleys dans le Donbass lorsqu’ils ont été attaqués à l’aide de simples
paquets de dynamite livrés par des drones chinois bon marché.
Vous pouvez donc commencer à vous préparer à accueillir de nombreux nouveaux voisins juifs. Ils seront probablement beaucoup plus bruyants, plus agressifs et plus
grossiers que les juifs moyens ; après avoir vécu dans un pays minuscule, surpeuplé, pauvre et désespérément militarisé, c’est ce qui arrive.
Mais l’effet s’estompera. Les Israéliens vont et viennent, mais le Juif demeure pour toujours.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
GUERRE D’UKRAINE JOUR 602 : GUERRE DE GAZA JOUR 20 – Est-il déjà possible d’écrire l’histoire de l’attaque de la résistance palestinienne à la frontière de Gaza le 7 octobre ? C’est ce que se
propose de faire le média britannique “The Cradle”‘ dans une analyse
fouillée qui s’appuie en premier lieu sur des sources israéliennes ! L’armée israélienne aurait non seulement été prise par surprise mais elle aurait également subi une lourde défaite militaire :
Il semble, en effet, selon le journal Haaretz, qu’il
faille modifier le ratio civils/militaires des pertes israéliennes.
Au Courrier
des Stratèges, nous avons bien conscience de ce qu’une tentative de discussion rationnelle est une gageure dans le climat émotionnel actuel. Pourtant nous pensons que le monde court
actuellement un grave danger tant il est vrai qu’un conflit régional éclatant au Proche-Orient pourrait devenir hors de contrôle. Il nous semble qu’un organe d’information doit porter à la
connaissance du public ce qui permet d’apaiser les esprits.
Comme l’indique le média britannique, le recensement des victimes a été fait pour seulement la moitié d’entre elles. On ne peut pas tirer de conclusions définitives. Malgré tout, le tableau qui
se dégage est différent de la présentation dominante acceptée dans le monde occidental. Il nous a semblé essentiel de poser le débat à un moment où le Premier ministre israélien, Benjamin
Netanyahu, sous une énorme pression, jette de l’huile sur le feu en utilisant un langage religieux apocalyptique pour tenter de surmonter les divisions de la société israélienne ; et où les tests
de lancement de missiles intercontinentaux russes (vecteurs nucléaires) permettent de prendre la mesure des tensions internationales.
L’article date du 24 octobre. Nous l’utilisons dans le traduction qu’en a déjà donné “Le cri des peuples”.
La moitié des victimes identifiées du Hamas sont des soldats ou des policiers
“Deux semaines après l’assaut du Hamas contre Israël le 7 octobre, une image plus claire de ce qui s’est passé – qui a été tué et par qui – commence à émerger.
(…) [D]es chiffres (…) publiés par le journal hébreu Haaretz montrent
que près de la moitié des Israéliens tués ce jour-là étaient en fait des combattants – soldats ou policiers.
Dans l’intervalle, deux semaines de couverture médiatique occidentale selon laquelle le Hamas aurait tué environ 1 400 civils israéliens lors de son attaque militaire du 7 octobre ont permis
d’enflammer les émotions (…).
Les comptes rendus du nombre de morts israéliens ont été filtrés et façonnés de manière à suggérer qu’un massacre massif de civils avait eu lieu ce jour-là, les bébés, les enfants et les
femmes étant les principales cibles d’une attaque terroriste.
Aujourd’hui, les statistiques détaillées sur les victimes publiées par le quotidien
israélien Haaretz brossent
un tableau tout à fait différent. À la date du 23 octobre, le journal a publié des informations sur 683 Israéliens tués au cours de l’offensive menée par le Hamas, y compris leurs noms et les
lieux où ils ont été tués le 7 octobre.
Parmi elles, 331 victimes – soit 48,4 % – ont été confirmées comme étant des soldats et des officiers de police, dont de nombreuses femmes. Treize autres sont décrits comme des membres des
services de secours, et les 339 autres sont (…) des civils.
Bien que cette liste ne soit pas exhaustive et ne représente qu’environ la moitié du nombre de morts déclaré par Israël, près de la moitié des personnes tuées dans la mêlée sont clairement
identifiées comme des combattants israéliens.
Jusqu’à présent, aucun décès d’enfant de moins de trois ans n’a été enregistré (…). Sur les 683 victimes recensées à ce jour, sept étaient âgées de 4 à 7 ans et neuf de 10 à 17 ans. Les 667
autres victimes semblent être des adultes.
The
Cradle, 24.10.2023
Le travail d’établissement de l’âge des victimes n’est pas terminé. Mais ce qu’on peut établir fait constater pour l’instant une part importante de personnes entre
18 et 30 ans, c’est-à-dire à l’âge du service militaire ou de l’engagement professionnel dans l’armée.
Une opération brutale mais de caractère essentiellement militaire ?
La mise en cause essentielle du média britannique porte sur la manière de caractériser le conflit. En Amérique du Nord et dans l’Union Européenne, on parle d’abord
d’une attaque terroriste. La thèse ici défendue est celle d’une opération d’abord militaire :
L’audacieuse opération militaire menée par le Hamas, sous le nom de code « Déluge d’Al-Aqsa », s’est déroulée sous la forme d’un raid spectaculaire à l’aube, vers 6h30 (heure de Palestine),
le 7 octobre. (…)
Selon le porte-parole de la branche armée du Hamas, les Brigades Al-Qassam, environ 1 500 combattants palestiniens ont franchi la formidable barrière de séparation entre Gaza et Israël.
Toutefois, cette percée ne s’est pas limitée aux seules forces du Hamas ; de nombreux combattants armés appartenant à d’autres factions telles que le Jihad islamique palestinien (PIJ) ont
ensuite franchi la ligne d’armistice, de même que certains Palestiniens non affiliés à une milice organisée.
Lorsqu’il est devenu évident qu’il ne s’agissait pas d’une opération de résistance ordinaire, des centaines de vidéos ont rapidement inondé les réseaux sociaux, dont la plupart ont été
visionnées par The
Cradle, montrant des soldats et des colons israéliens morts, des échanges de tirs féroces entre les différentes parties et des Israéliens capturés à Gaza.
Ces vidéos ont soit été filmées par les téléphones d’Israéliens, soit diffusées par des combattants palestiniens filmant leur propre opération. Ce n’est que quelques heures plus tard que des
allégations plus macabres et carrément douteuses ont commencé à faire surface.
The
Cradle
On se rappelle que, spontanément, les médias occidentaux avaient commencé à parler de la “Deuxième Guerre de Kippour”, et puis la caractérisation a changé, on s’est
mis à parler d’une attaque terroriste. S’est-il agi de dissimuler l’ampleur de ce qui relève d’une défaite militaire israélienne ?
Les images disponibles montrent que [les Palestiniens] se sont principalement attaqués aux forces armées israéliennes, causant la mort de centaines de soldats (…). Comme l’a clairement
indiqué le porte-parole des Brigades Qassam, Abu Obeida, le 12 octobre :
L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » visait à détruire la Division de Gaza (une unité de l’armée israélienne aux frontières de Gaza), qui a été attaquée en 15 points, suivie d’une attaque
contre 10 autres points d’intervention militaire. Nous avons attaqué le site de Zikim et plusieurs autres colonies à l’extérieur du quartier général de la division de Gaza.
Abu Obeida et d’autres responsables de la résistance [palestinienne] affirment que l’autre objectif clé de leur opération était de capturer des prisonniers israéliens qu’ils pourraient
échanger contre les quelques 5 300 prisonniers
palestiniens détenus dans les centres de détention israéliens, dont un grand nombre de femmes et d’enfants.
Le chef adjoint du bureau politique du Hamas, Saleh Al-Arouri, a souligné dans une interview après
l’opération : « Nous disposons d’un nombre important et qualitatif d’officiers supérieurs. Tout ce que nous pouvons dire maintenant, c’est que la liberté de nos prisonniers
est à portée de main. »
En ce qui concerne les événements du 7 octobre, il existe certainement des vidéos montrant des Israéliens peut-être non armés, tués dans leurs véhicules ou à l’entrée d’installations, afin
que les troupes palestiniennes puissent y accéder.
D’autres vidéos montrent des combattants engagés dans des échanges de tirs avec des forces israéliennes armées, alors que des Israéliens non armés s’abritent
entre les deux, ainsi que des combattants tirant en direction de maisons et lançant des grenades dans des zones fortifiées.
The
Cradle
Netanyahu appelle la religion à la rescousse
Contrairement à ce que qui a été dit depuis le début du conflit dans la plupart des médias occidentaux, la société israélienne est loin d’être unanime derrière
Benjamin Netanyahu. Lui-même a dû, dans une allocution télévisée prononcée hier 25 octobre, concéder qu’il faudrait examiner les responsabilités respectives pour le fiasco du 7 octobre.
Un des indices du fait que le Premier ministre israélien est sous une énorme pression, c’est le fait qu’il appelle à la rescousse les (arguments) religieux. De
manière très tendancieuse, d’ailleurs : Isaïe est un prophète de la paix, d’esprit universaliste, qui a vécu au VIIIe siècle
avant notre ère, Le Premier ministre israélien en fait le chantre de la guerre qu’il entend devoir mener. Soudain, le conflit prend, dans la bouche du chef du gouvernement israélien, une tournure
apocalyptique : Les fils de la lumière contre ceux des ténèbres.
On mesure le danger que recèlent les propos d’un homme politique aux abois, qui mobilisait massivement contre
lui, il y a quelques semaines des manifestants opposés à la réforme des institutions que veut mettre en œuvre le Premier ministre, afin de réduire les prérogatives du pouvoir
judiciaire.
Moscou fait une démonstration de ses capacités de riposte nucléaire
Le message envoyé par la Russie dans l’atmosphère très tendue qui caractérise actuellement le Proche-Orient est on ne peut plus clair :
Le 25 octobre, les forces stratégiques de dissuasion nucléaire de la Fédération de Russie ont lancé des exercices menés sous la direction du commandant en chef des forces armées, le président
Vladimir Poutine. Au cours de l’entraînement, les forces russes ont lancé des missiles balistiques et de croisière.
Le lancement du missile balistique intercontinental Yars a été effectué depuis le cosmodrome d’essai d’État de Plesetsk sur le site d’essai de Kura au Kamtchatka.
Un autre missile balistique, Sineva, a été lancé depuis le sous-marin nucléaire stratégique Tula, dans la mer de Barents. (…) Des avions à long rayon d’action Tu-95MS ont également participé
à l’entraînement.
(…)Le 25 octobre, Moscou a retiré sa ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT).Au début du mois, le président Poutine
avait attiré l’attention sur le fait que l’accord avait été signé à la fois par Moscou et Washington, mais que ce dernier ne l’avait pas ratifié. Au début de l’année, Moscou a suspendu sa
participation au traité de réduction des armements stratégiques offensifs (SORT) avec Washington. La Russie n’a pas été autorisée à effectuer des inspections dans le cadre de l’accord, et les
pays occidentaux ont continué à déclarer leur objectif d’infliger une défaite stratégique à la Russie.
Southfront.org,
25.10.2023
Une partie des 1400 ressortissants sionistes tués pendant l’offensive palestinienne l’ont été par leur propre armée
La propagande sioniste voudrait nous faire croire que les combattants palestiniens ont tué de sang froid quelque 1400 civils sionistes.
Non seulement on doit rejeter comme une contrevérité la thèse selon laquelle ces 1400 personnes seraient des civils mais les informations, certes
fragmentaires, disponibles montrent qu’un certain nombre des ressortissants sionistes ont été tués par leur propre armée agissant selon la «directive Hannibal».
Mounadil al Djazaïri
*
par Contributeur anonyme
Note de l’éditeur :
L’auteur de cet article a demandé que son nom ne soit pas publié, craignant pour sa sécurité personnelle en raison de l’intensification des persécutions fascistes contre les voix
critiques en Israël.
De nombreux détails sur ce qui s’est
passé le 7 octobre restent entourés de mystère, notamment sur la manière dont les 1400 Israéliens morts ont été tués. De plus en plus d’informations indiquent que l’armée
israélienne est responsable de la mort de civils et de militaires.
Depuis le 7 octobre, les événements de cette journée sont entourés de mystère. Il y a non seulement des interrogations sur l’énorme échec de
l’appareil de renseignement israélien à anticiper ce qui se passait dans la bande de Gaza étroitement assiégée ou sur l’effondrement rapide de leur «Ligne Maginot» à un milliard de
dollars, mais aussi sur les détails de ce qui s’est réellement passé dans les bases militaires et les colonies aux alentours. De la bande de Gaza. Nous savons que, selon les
estimations couramment admises, 1400 Israéliens ont été tués le 7 octobre et dans les jours qui ont suivi, mais nous ne connaissons pas encore les détails de ces morts..
Certains rapports commencent à apparaître, notamment des
documents sur le meurtre d’Israéliens par des combattants palestiniens, mais un nombre croissant de rapports indiquent que l’armée israélienne est également responsable de la
mort de civils et de militaires israéliens le 7 octobre et les jours suivants.
La directive Hannibal en action
?
Le vendredi 20 octobre, Haaretz a
publié un long article de son analyste militaire principal, Amos Harel, décrivant l’échec d’Israël à se préparer aux attaques du Hamas du 7 octobre. Il présente à ses
lecteurs «le commandant de la
division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld», qu’il a rencontré quelques semaines avant la guerre, et qui lui a dit que «les choses ne vont
pas s’améliorer, à un moment donné, elles vont empirer».
Il poursuit en décrivant ce qui s’est passé le 7 octobre :
«Le Bureau de
coordination et de liaison a été attaqué le 7 octobre ainsi que tous les avant-postes situés le long de la ligne de division. Une importante force du Hamas s’est emparée du passage
adjacent d’Erez, qui était fermé pour la fête de Simhat Torah. De là, en quelques minutes et sans résistance, ils [les miliciens du Hamas] ont avancé dans la base militaire,
tuant et enlevant les soldats de l’Administration Civile, même si quelques-uns d’entre eux ont réussi à riposter avant d’être touchés… Le général Rosenfeld s’est retranché dans la salle
de guerre souterraine de la division avec une poignée de soldats, hommes et femmes, essayant désespérément de sauver et d’organiser le secteur attaqué. De nombreux soldats, pour la
plupart des non combattants, ont été tués ou blessés à l’extérieur. La division a été obligée de demander une frappe aérienne contre la base elle-même afin de repousser les
terroristes».
Cette description sèche et élogieuse du haut gradé se cachant avec quelques soldats dans un bunker souterrain et ordonnant un bombardement aérien de
«la base» où ses soldats combattaient contre des militants du Hamas, peut-être blessés et peut-être faits prisonniers, a beaucoup à voir, à dire sur la psyché israélienne en ces
temps sanglants.
Cela me rappelle les événements du 1er août 2014, lors de la campagne israélienne la plus violente contre Gaza jusqu’à celle actuelle. Le 1er août, il
y avait eu un cessez-le-feu, mais une unité israélienne avait lancé une provocation qui s’est soldée par la capture d’un de ses soldats par des militants palestiniens. La
réponse israélienne avait été dévastatrice, clairement conçue pour garantir que le soldat Hadar
Goldin serait tué avec autant de Palestiniens que possible. Selon les enquêtes menées par Amnesty
International et les Nations
unies, citées dans Wikipédia,
«le
bombardement massif israélien a tué entre 135 et 200 civils palestiniens, dont 75 enfants, dans les trois heures qui ont suivi la capture présumée du seul soldat israélien».
Ces événements ne sont pas des éruptions locales accidentelles du désir «samsonien» de mourir (ou de laisser ses soldats mourir) avec ses ennemis. Il
s’agit d’une politique officielle bien documentée de l’armée israélienne, au moins depuis 1986, connue sous le nom de «Directive
Hannibal», de «Code Hannibal» ou de «Doctrine Hannibal».
Cette façon de procéder ne s’est peut-être pas limitée à l’ordre du général Rosenfeld de bombarder ses propres soldats. Il faudra des
années avant que nous puissions (ou non) avoir une image complète de ce qui s’est passé le 7 octobre et les jours suivants. Mais en plus des morts militaires, on a aussi quelques
détails concernant le rôle israélien dans la mort de civils israéliens que l’on peut déjà trouver au milieu du flux massif de propagande autour des événements de la journée.
Morts du kibboutz
Be’eri
Electronic Intifada a
publié une longue interview de Yasmin Porat, décrivant comment elle a été retenue en otage par des militants palestiniens au kibboutz Be’eri. Selon son récit, les ravisseurs
l’ont traitée, ainsi que les autres otages, «humainement»,
pensant qu’ils seraient autorisés à se retirer en toute sécurité vers Gaza grâce à la protection des captifs israéliens. Cependant, lorsque les soldats israéliens sont arrivés,
«ils ont
éliminé tout le monde, y compris les otages. Il y a eu des tirs croisés très, très intenses».
Son témoignage est complété par ceux de soldats israéliens qui ont décrit comment l’armée israélienne a tiré des obus de char sur des bâtiments où se cachaient les
militants et leurs otages.
Le 11 octobre, Quique Kierszenbaum a relaté dans The
Guardiansa visite du kibboutz Be’eri, une visite organisée par l’unité de propagande de l’armée israélienne. Il écrit :
«Bâtiment après bâtiment,
tout a été détruit, que ce soit lors de l’assaut du Hamas ou lors des combats qui ont suivi, les arbres à proximité se sont brisés et les murs ont été réduits à des ruines de béton
d’où les chars israéliens ont détruit les militants du Hamas là où ils se cachaient. Les étages se sont effondrés. Les poutres des toits étaient emmêlées et exposées comme des
cages thoraciques».
Dans un autre article paru dans Haaretz en hébreu
(il ne semble pas être disponible en anglais) du 11 octobre, probablement à la suite de la même tournée de relations publiques guidée par l’armée, Nir Hasson et Eden Solomon ont interviewé
«Erez, commandant
adjoint d’un bataillon blindé de réserve». Il a décrit comment lui et son unité de chars «se sont battus à l’intérieur
du kibboutz, maison par maison, avec les chars». «Nous n’avions pas le
choix», conclut-il.
Plus récemment, Nir Hasson est retourné à Beeri et a interviewé un résident local nommé Tuval, qui a eu la chance d’être loin du kibboutz au moment de l’attaque
mais dont le partenaire a été tué. Dans l’articlede Haaretz du
20 octobre, Hasson rapporte :
«Sa voix tremble lorsqu’il
repense à sa compagne, qui était alors assiégée dans son refuge. Selon lui, ce n’est que lundi soir et seulement après que les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles –
notamment le bombardement de maisons avec tous leurs occupants à l’intérieur afin d’éliminer les terroristes ainsi que les otages – que Tsahal a achevé la prise du kibboutz. Le prix à payer
fut terrible : au moins 112 habitants de Be’eri ont été tués. D’autres ont été kidnappés. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d’une mère et de son fils ont été découverts
dans l’une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore dans les décombres».
Cette citation est importante pour plusieurs raisons ; La première est parce que cela ajoute à la chronologie comprise des événements. Ce témoignage
semblerait indiquer que de nombreux captifs israéliens étaient encore en vie le lundi 9 octobre, soit deux jours complets après les événements du samedi 7 octobre. Même s’il pourrait être
compréhensible que des captifs aient été tués dans les tirs croisés intenses d’un premier bombardement israélien, En réponse à l’attaque du 7, ce récit semble indiquer que la décision d’attaquer
le kibboutz et tous ceux qui s’y trouvaient a été prise comme un calcul militaire clair.
Il est clair que des militants palestiniens se cachaient dans ces bâtiments avec leurs captifs israéliens alors que les soldats israéliens se frayaient un chemin à
l’intérieur avec d’énormes obus de char et au corps à corps. Il convient de rechercher qui a causé la plupart des morts et des destructions qui ont eu lieu. Ceci est
particulièrement important dans la mesure où ces morts sont désormais utilisées pour justifier la destruction de Gaza et le massacre de milliers de civils.
Implications pour les captifs israéliens à
Gaza
Tout cela n’est pas de l’histoire ni simplement du passé. Il y a des implications pour la prochaine étape de la guerre, qui pourrait être encore plus
sanglante. Un élément central du conflit est désormais le sort de plus de deux cents captifs, soldats et civils israéliens.
Pour les Palestiniens, il s’agit d’une opportunité historique de libérer leurs militants de longue date de ce qu’ils appellent «les bastilles de
l’occupation». Même si les Palestiniens savent que la libération de leur terre est encore un rêve lointain, la libération de leurs prisonniers grâce à un échange de prisonniers est la
victoire la plus précieuse pour laquelle ils puissent lutter. Cependant, Israël, comme il l’a prouvé à maintes reprises dans le passé et comme les événements récents
semblent l’indiquer, est peut-être prêt à mettre la vie de ses soldats et de ses citoyens en danger plutôt que d’assister à la joie de la liberté célébrée des deux côtés de la
frontière.
Source : Le Courrier des Stratèges - Le 24/10/2023.
Avec son expérience personnelle des dynamiques de conflits et une vision fine des (auto-)manipulations psychologiques auxquelles donnent lieu toutes les guerres, Alexandre N nous propose une
lecture originale de ce qui se joue au Proche-Orient. En fait, il nous montre comment réfléchissent les conseillers militaires des gouvernants partout où les États assument des politiques de
puissance. On formule des hypothèses, au besoin “limites”, pour identifier les failles des autres puissances. Et pour se préparer au pire.
À la guerre c’est presque toujours pareil, dans la première phase :
– on se rue d’abord pour « se
foutre allègrement » sur la gueule,
– puis, la fatigue aidant, on se calme un peu pour commencer seulement à … essayer de voir plus loin,
– une fois retombée la poussière de ce premier et forcément irrésistible élan s’impose un premier bilan lequel débouche – imparablement – sur l’horrible constat que
la suite de la guerre pourrait consister à devoir « gérer » toutes les erreurs commises !
Un autre classique du genre est le mode de déclenchement d’une guerre, jamais le hasard mais toujours par une manipulation. Son but ? Tout d’abord masquer
une intention cachée d’un coté ou de l’autre, parfaitement inavouable ainsi que son origine bien sûr, mais et dont il est estimé que seule la guerre puisse permettre de la réaliser. Pour
enclencher alors le processus irréversiblement, on crée un effet de choc sensé faire sa propre population dans la guerre et de telle sorte que « l’autre » en porte la responsabilité
évidente. Dernier point : Il faut en préserver le secret ad
æternam. Comment ? Par simple inversion accusatoire comme par exemple traiter de complotisme ceux qui dénoncent le vrai complot. Ce n’est plus ensuite qu’une simple question de
sonorité médiatique. Pas mal, pas mal …
Exemples de ce type de manipulation :
– qui a assassiné (ou fait assassiner) l’archiduc et pourquoi ? Les services anglais, pour le reste : cherchez.
– pourquoi Yamamoto attaque-t-i Pearl Harbour sachant que c’est un piège ? Parce que « on » a tout fait pour que le Japon tombe dans le piège
justement, tout en ne prévenant surtout pas les marins qui allaient prendre le coup. Pourquoi ? Pour faire sortir le peuple américain de son isolationnisme béat. Difficile en effet de faire
la guerre avec … Qui ? Pas les Anglais pour une fois, mais qui pourtant s’en vantent.
Manipulation, déclenchement et enlisement des conflits
Sonorité médiatique : Les médias justement, parlons-en. Ils sont la principale clé de voûte du contrôle social, ce pourquoi en cas de conflit ils basculent en
mode propagande
de guerre. C’est d’autant plus facile quand ils n’ont qu’un proprio comme aujourd’hui, autant dire qu’il n’y a plus qu’un seul média, mais « multifacettes » pour faire croire que …
Comme disait Talleyrand, un vrai professionnel : « quand
on a besoin du peuple, simplement suffit-il de l’agiter ». Or faire la guerre on a besoin du peuple, mais le plus servile possible cependant. C’est donc à la propagande de guerre
d’« agiter » en permanence le peuple, avec entre autres effets attendus qu’il n’y comprend strictement rien d’autre que ce que les médias racontent. Ce n’est plus discorde chez
l’ennemi, c’est confusion chez l’ami.
L’autre nom de la propagande est aujourd’hui « l’information
objective » ou « fact-chekée »
dont précisément les médias établis ont le monopole. Le but est aussi de fabriquer des fanatiques avec les psychopathes de services ( 5 %
de la population ), afin qu’ils « entraînent » les autres jusqu’au sacrifice si affinités. Ce mécanisme serait idéal s’il n’était lui-même entaché de sérieux défauts, dont le
moindre n’est pas celui qui veut que le propagandiste finit lui-même par croire en sa propre propagande. C’est comme un virus. Un autre de ses défauts pas négligeables non plus est qu’on finit
même par croire que la propagande peut gagner la guerre toute seule, comme l’armée de l’air … Allez demander aux nazis ou aux communistes si c’est vrai.
Donc le principe implicite est de tuer la vérité, non sans générer là encore pas mal de confusion. Certains s’imaginent ainsi que «la
vérité est le premier mort de la guerre ». Faux : Même en temps de paix elle est déjà au trois quarts moribonde. Le premier mort de la guerre c’est le plan stratégique, ce
qui explique le troisième temps du mécanisme de la guerre dans sa phase initiale, la mise à jour de l’incompétence dont on a fait preuve. Dit autrement, la conscience commence à revenir quand on
se rend compte que « ça n’était pas dans le plan ». C’est ça le sel de la guerre.
Exemple archétypique : Le plan de l’inénarrable général allemand Schlieffen avant 1914 – qu’il a mis des années à concocter et qui se relevait même la
nuit pour le peaufiner. Imparable pour les Allemands, sauf qu’ils cherchent toujours là où il a manqué l’objectif. On connaît la suite : Von Kluge désobéit, déclenchant le miracle de Marne –
dont on ne sait toujours pas qui a gagné cette bataille -, puis c’est la course éperdue jusqu’à la mer … et après ? Après on s’enterre de part et d’autre d’une ligne appelée
« front ». Elle fait 1000 km de long, mais ne bougera quasiment pas pendant 4 ans malgré pas mal de millions de morts … Pourquoi cela ? Parce que dans ces cas là c’est toujours
l’erreur qui a tort. On a donc fait passer l’incompétence pour de l’intelligence en inventant la merveilleuse formule de « guerre d’usure » : « Je vais les saigner »
affirme Falkenhayn, « Je les grignote », rétorque Joffre ». Et ça dure quatre ans comme ça, jusqu’à ce que le peuple allemand meure de faim et lèvent les pouces … à cause du blocus
maritime !
Plus drôle encore – si on ose le dire ainsi – de retournement après la “mort du plan” fut le désespoir des Américains en 2006-2007 de se voir
« grignotés » et « saignés » par un terrorisme islamiste qu’ils avaient créé eux-mêmes en mettant l’armée de Saddam au chômage. Touchés par la peur comme d’autre par la grâce,
Bush junior et le général Petraeus, décident de négocier pour éviter la défaite infâme. Ce que les autres s’empressèrent d’accepter quand on leur promit … un califat en Syrie. Mais ça bien sûr,
c’est interdit de le dire. Ce n’est pas beau la stratégie appliquée !
Application de l’analyse à la guerre de Gaza ; quelques conjectures pour “tester” le réel
Tout ça en fait pour dire que c’est à peu près ce qu’il s’est passé jusqu’à maintenant dans cette guerre israélo-gazaoui,
Voyons donc cela sans parti pris, en picorant quelques aspects illustratifs et pas significatifs du tout , et dans but de souligner cette confusion, et sachant que
ce qui suit ne saurait relever que de la conjecture et non de l’affirmation.
Le Hamas créature de Netanyahu ?
S’agissant d’abord de la provocation du conflit, le Hamas – sans conteste désigné pour cette tâche – ne semble pourtant pas en avoir le profil idéal complet.
Il est à l’origine donné comme une créature d’Israël dans le but de détruire politiquement la résistance historique incarnée par l’OLP, celle-ci devenant par trop dangereuse en défendant la
solution d’un même État pour les deux populations palestiniennes concernées. Et pour parfaire le rôle du Hamas, lui est aussi confiée la tâche de détruire l’autre solution : Un État différent
pour chaque bout de Palestine..
Et c’est bien l’actuel Premier ministre israélien qui nous le confirme quand il déclare aux Likoudniks, en mars 2019 : « Quiconque
veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et le transfert d’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie ». Et comme dit
l’autre : « Quand il y a doute, il n’y a plus de doute ». Incidemment, ceci informe sur le point de vue d’une majorité d’Israéliens ( non palestiniens ) qui est celle d’un seul
État sans Palestiniens , mais pas non plus d’État pour eux ailleurs, car alors ils auraient une armée.
Cinq heures pour réagir : Pourquoi ?
Un autre élément largement étalé dans les médias fut la surprise d’Israël. On ne saurait mieux d’ailleurs l’illustrer tout en la contestant par le fait – passé sous
silence – qu’il a fallu 5 heures à l’armée de l’air israélienne – la crème de la crème – pour réagir. Pas vraiment crédible quand on sait que, même en France, il ne faut que 7 min pour faire
décoller un chasseur en alerte.
On a aussi incriminé le renseignement qui n’aurait encore une fois rien vu. Encore moins crédible s’agissant de la zone la plus surveillée du monde. Un
dysfonctionnement – intentionnel ou pas – est hautement plus probable.
Domaine sensible, on ne s’appesantira pas sur les exactions prêtées au Hamas non qu’elles n’aient pas eu lieu, mais elles apparaissent en fait beaucoup trop
opportunes pour créer ce choc psychologique faisant basculer la population dans la guerre. Comme de plus ce sont les médias qui en parlent, évoquant même « 40 nouveaux-nés
décapités », quand c’est trop c’est trop.
Le manque de crédibilité n’exclut cependant pas l’explicabilité des phénomènes, au contraire il la souligne.
Netanyahu a-t-il été mis en difficulté avant de prendre la main ?
Dans le jeu par exemple de la manipulation « probable » du Hamas, un archi-classique des services, rien de plus simple pour en inverser le sens que
de se « vendre » à un troisième larron.
Si la surprise n’a pas vraiment eu lieu, c’est par conséquent qu’on l’a « fabriquée » pour faire plus vrai : On a bien remarqué
depuis un certain temps que la guerre ressemblait de plus en plus à un plateau de cinéma pour les médias occidentaux.
Conséquemment, la forgerie provocatrice du conflit – qui par principe ne fait ici pas de doute – pourrait alors avoir une double origine : Le
premier ministre israélien parce qu’il joue actuellement sa survie politique et judiciaire – tout comme son homologue américain d’ailleurs -, ou possiblement son opposition, dont la virulence à
son égard n’est plus à démontrer.
Or là où la boucle paraît se boucler, c’est quand des sources américaines ont accusé le Mossad d’avoir pris parti contre le Premier ministre – donc son chef –
pendant les violentes manifestations de rue déclenchées par la volonté de réformer la Cour Suprême, et aussi quand des Israéliens évoquent eux-mêmes une trahison de ce même service. Auquel cas,
le véritable animal politique qu’est le Premier ministre en question pouvait largement retourner la situation, ce qui pourrait même expliquer la durée fameuse surprise, c’est-à-dire le temps de
reprendre la main. Saura-t-on jamais ?
Le but de guerre : Faire partir les Gazaouis ?
Si on a bien compris le sens de la réaction israélienne face au Hamas, il s’agirait de « vider » Gaza de sa population – ce qui en droit
international s’appelle une « épuration ethnique » – mais cependant de manière parfaitement « légitime » du fait même des exactions du Hamas. Les médias en ont déjà
fait ainsi une « opération humanitaire ». L’idée est de plus de « pousser » cette population en Égypte, mais comme on a pas cru devoir le lui demander ça bloque de ce côté-là.
Enfin comme quoi le culot permet tout, on culpabilise les pays arabes qui refusent de financer cette salutaire « réinstallation ».
Précédemment il s’agissait du « quoi », voyons maintenant le « comment ». Il s’agit dans un 1° temps d’assiéger Gaza et de
la couper de tout ( eau, électricité, séries américaines … ), tout en la bombardant simultanément afin de forcer la population paniquée à fuir.
Le 2° temps est alors celui de la résolution au moyen d’une opération terrestre, ce qui suppose un combat urbain dans une zone qui compte 2,3 millions
d’habitants sur 365 km2 .
Un tel plan n’a encore ni réussi ni échoué, ce qui entretient l’espoir à Tel-Aviv, qu’il puisse aboutir. Et c’est précisément l’impression qui remonte du terrain,
et même par-devers les médias.
Les failles de la coalition pro-israélienne
Un premier constat est que la « légitimité » de l’opération n’est pas vraiment acquise. Peut-être – certainement – a-t-on mal anticipé les réactions du
monde arabe en général, de l’opinion internationale hors Occident, mais de l’Occidental aussi. Or sans elle, il n’est vraiment plus d’opération possible sans provoquer des conséquences
potentiellement incontrôlables – surtout à long terme, et possiblement suite à maladresse un embrasement général à court terme. Sous ce simple aspect, les deux flottes américaines en Méditerranée sont un gage de dérapage certain, ce pourquoi le président russe a rappelé aux amiraux américains
parfois étourdis que des Mig 31 équipés de Kinzhal patrouillaient au-dessus de la mer Noire. Le vrai message est en fait que Kinzhal vole à Mach 9 jusqu’à plus de mille kilomètres et qu’il est
très précis, que les Américains n’ont pas la parade contre et qu’il peut allègrement casser en deux n’importe quel porte-avions, dont l’équipage est de plusieurs milliers de marins.
On constate également un vrai flottement dans les pays européens au-delà de leur soutien obligé. Peut-être ont-ils enfin compris l’importance géostratégique
des fortes communautés musulmanes, présentes sur leur sol, qu’ils ne peuvent plus ignorer depuis les récentes émeutes en France. Pour rappel, celles-ci n’étaient qu’un « simple »
exercice piloté de l’extérieur, et surtout il en ressort une sorte de lâcheté en réaction, des pouvoirs incapables de faire face à cet évènement. L’exercice pourrait n’être alors qu’une
répétition ou un exemple …
Réactions incontrôlables du monde musulman ?
Dans la même veine, les mouvements de résistance arabo-musulmane à Israël, jusqu’ici désunis, pourraient cette fois entrer dans la danse de manière plus coordonnée
à partir du Liban Sud, de Syrie, d’Irak en Syrie et du Yémen … avec l’extrême désagrément de s’en prendre aussi à la présence américaine au Moyen-Orient. C’est d’autant moins bon pour la campagne
électorale américaine qui arrive qu’elle risque de se dérouler sur fond d’un conflit régional pas gagnable du tout. On constate donc que les « perspectives d’ouverture » du
conflit ne manquent pas.
Bien plus grave pourraient être dans l’avenir les conséquences de l’humiliation ressentie dans le monde musulman, qui déjà forcent certains pays à envisager
de s’armer, y compris nucléairement, pour obtenir l’indispensable supériorité militaire contre Israël, laquelle combinée à son écrasante supériorité numérique ( on parle tout de même d’un
monde de 2 milliards d’individus ) constituerait alors une menace « ingérable ». Ce qui signifie que même une victoire à court terme d’Israël ne pourra pas prévenir une
telle menace.
Au plan de l’efficacité militaire commence à remonter le fait que les bombardements n’ont pas vraiment produit la fuite panique au niveau espéré, et qu’en même
temps les ruines provoquées ne font que renforcer le potentiel défensif de Gaza.
Israël n’a jamais gagné que des guerres courtes
Ce qui amène à notre au dernier point qui est celui que l’offensive terrestre tant annoncée, mais qui – pour l’instant – n’a toujours pas débuté. Or l’un des gages
les plus importants de la réussite effective des guerres d’Israël est qu’elles soient d’une durée limitée – capacités limitées et viabilité économique obligent. Comparé aux 16 précédentes depuis
1947, on tangente cette limite.
Si on ignore les raisons d’un tel report, l’une cependant est évidente : Le conscrit israélien n’a forcément pas le niveau d’aguerrissement requis pour un tel
combat urbain, sans même parler du moral, car forcément les pertes seront très élevées. Comparaison n’est pas raison, mais vaut ici indication : Les pertes de Wagner auraient été de l’ordre
de 40 000 pendant les combats de Bakhmout – dernier exemple en date – ce qui représente presque 10 % du potentiel mobilisable d’Israël.
Ceci ne signifie pas qu’une telle opération ne doit pas avoir lieu – on signale en ce moment même les premiers clashs – , mais seulement sur le principe a priori
que le Hamas et consort ( parce qu’il n’est pas seul ) y sont parfaitement préparés.
Ce qui alors pourrait signifier des combats durables, lesquels à leur tour et par simple effet médiatique alimenteront toutes les possibilités de dérapage telles
qu’évoquées plus haut.
Pour résumer, Israël est confronté à deux questions complexes :
– la première, facile à comprendre, est de strictement limiter le conflit, c’est-à-dire d’empêcher l’irruption dans le conflit d’acteurs extérieurs,
– la seconde – bien plus difficile à appréhender – est de ne pas dépasser le point culminant de son offensive – un concept clausewitzien qui signifie le moment où
celle-ci commence à produire plus d’effets indésirables que ceux recherchés.
Si une telle occurrence venait à se produire, alors on entendra parler « nucléaire », en parfaite cohérence d’ailleurs avec cette
« stratégie du chien enragé » conçue en son temps par le général Dayan. S’imposerait alors à l’esprit cette réflexion – qui vaut pour toutes les puissances nucléaires – qui veut
que celui qui utilise ce type d’armes ait plutôt intérêt à éliminer tous ses ennemis d’un coup, y compris potentiels, car une réaction au moins symétrique inéluctablement viendra, tôt ou
tard.
La tentation nucléaire d’Israël devient irréfrénable,
Petite revue des puissances de l’Apocalypse : La Russie est sans conteste la première puissance nucléaire mondiale, suivie de près par les États-Unis. Les Russes détiendraient au total 5.889
ogives nucléaires et les États-Unis, 5.244. Conjointement, les deux pays possèdent 90 % des armes nucléaires mondiales ! Arrive ensuite, mais loin derrière, la Chine, troisième puissance
nucléaire mondiale avec ses 410 ogives, un volume toutefois en hausse par rapport à 2022. Puis viennent la France (290), le Royaume-Uni (225), le Pakistan (165), l’Inde (160), Israël (90) et la
Corée du Nord (30).
Cet
article initialement publié sur le site tsaragrad.tv n’engage pas la
ligne éditoriale du Courrier.
Mais de toutes ces puissances, c’est en Israël où la tentation nucléaire est la plus forte : Avec la crise, elle devient même
irréfrénable. En effet, le politologue de Tsargrad, Andrei Perla, a cité, dans l’émission « Hidden
Meanings », les points du globe où il est le plus probable que « ça pourrait exploser ».
La véritable cible nucléaire d’Israël, c’est l’Iran
Selon lui, de tous les pays qui possèdent des armes nucléaires tactiques, c’est Israël qui est aujourd’hui le plus tenté de les utiliser. De plus, Tel Aviv peut
utiliser son arsenal apocalyptique, non pas contre la bande de Gaza où elle mène actuellement une guerre, mais contre l’Iran, qu’elle considère à juste titre comme son principal ennemi. Israël
pourrait prendre cette mesure en espérant que Téhéran n’a pas encore réussi à créer des armes nucléaires, et qu’il ne sera donc pas en mesure de réagir de manière réciproque, tout en considérant
que son programme nucléaire pourrait être interrompu par un tel bombardement.
Cette éventualité reste constamment à l’esprit des dirigeants de l’État juif. Et dans des conditions de tension accrue, sur fond de guerre avec la Palestine,
cette tentation peut devenir irrésistible. De plus, toujours selon Andrei Perla, il semble à Tel-Aviv que les États-Unis sont prêts à cela, et, par conséquent, ne permettront pas qu’Israël
soit puni pour cela.
Il faut également prendre en considération d’autres sources de conflit nucléaire
L’expert a également cité d’autres pays qui sont théoriquement prêts à une guerre nucléaire les uns contre les autres et qui « pourraient mal tourner ».
C’est notamment le cas du Pakistan et de l’Inde. « On
est loin de la Russie, on n’imagine pas vraiment à quel point la situation y est tendue. En fait, l’incident indo-pakistanais n’est pas le passé, c’est malheureusement notre avenir. A un
moment donné, cela peut effectivement arriver. De plus, cela pourrait conduire à un conflit très grave entre l’Inde et la Chine. Ce sont des puissances nucléaires qui ont des conflits
frontaliers ».
La possibilité d’une confrontation nucléaire entre la Chine et les États-Unis à propos de l’île de Taiwan ne peut pas encore être exclue.
Andrei Perla a également attiré l’attention sur la crise ukrainienne. La stratégie actuelle d’aide à Kiev conduit en fait à l’épuisement de l’arsenal d’armes
occidental. L’Occident est donc également tenté d’essayer de se débarrasser de la Russie à l’aide d’armes nucléaires.
Mais regardons aussi ce qui se passe dans notre pays. Parmi les élites patriotiques, par exemple, il y a le point de vue du politologue Sergueï Karaganov,
fondateur du Conseil de politique étrangère et de défense. Pour Andrei Perla, Karaganov milite littéralement pour que la Russie suscite la peur en Occident et développe le sentiment qu’une
catastrophe est possible, tout ceci pour assurer une paix hostile mais durable. Pour ce faire, selon lui, il est nécessaire d’utiliser des armes nucléaires contre les pays de l’OTAN dans
l’espoir que cette utilisation tactique locale provoquera un effondrement des relations internationales et la création d’un nouveau système de sécurité mondiale.
Vers un chaos total en cas d’élargissement de la guerre Liban
Lors d’une conversation avec Tsargrad, le politologue Rouslan Safarov n’a pas exclu que l’escalade du conflit entre Israël et la Palestine entraîne une guerre
majeure pour l’ensemble de la région du Moyen-Orient, y compris, éventuellement, avec l’utilisation d’armes nucléaires. Safarov a étudié ce scénario des plus pessimistes. Si
le commandement de Tsahal lance une campagne militaire à part entière, et que des affrontements à grande échelle commencent dans la bande de Gaza, alors le Hezbollah pro-iranien envahira Israël
par le nord. Ensuite, une grande guerre couvrira toute la zone frontalière entre le Liban et Israël. L’Iran commencera à envoyer de l’aide sous la forme d’unités du « Corps des Gardiens de
la révolution islamique » (CGRI) qui seront transférées de Syrie. Dans une telle situation, une frappe nucléaire depuis Tel-Aviv est effectivement possible. Mais cela conduira la
région au chaos total a prévenu l’expert.
Deux centres de décision principaux : la Russie et les États-Unis
Le chef du Bureau d’analyse militaro-politique, le politologue militaire Alexandre Mikhaïlov, a souligné à son tour – dans une interview avec First Russian – qu’il
est important d’accompagner le débat actuel sur la question de savoir si Israël utilisera ou pas son arsenal apocalyptique. Toutefois, il rappelle qu’Israël ne semblent disposer que d’armes
nucléaires tactiques, lesquelles ne menacent pas
de détruire la planète.
En fait, cinq grands pays possèdent des armes nucléaires stratégiques. Il s’agit de la Russie, des États-Unis, de la Chine, de la Grande-Bretagne et de la
France. Par ailleurs, les deux potentiels stratégiques les plus puissants appartiennent naturellement à Washington et à Moscou. Cela représente 90 % de toutes les charges nucléaires
stratégiques, ce qui signifie que nos deux États ont une responsabilité mondiale. En fait, explique Rouslan Safarov, « nous
sommes ces deux centres de décision. Il dépend donc de nous si l’humanité continuera à vivre ou si elle brûlera dans ce feu nucléaire dont on parle maintenant ».
Un magnifique article de Gideon Levy, journaliste israélien au quotidien Haaretz,
l’un des rares capable de dire la vérité sur l’occupation militaire israélienne. Une leçon de journalisme et d’humanité pour les politicards et pseudo journalistes français aux
ordres.
Gideon Levy critique depuis plus de dix ans les médias et la société israélienne, selon lui insensibles au sort des habitants des Territoires
occupés
Le Grand Soir
*
par Gideon Levy
Israël punit Gaza depuis 1948. Hier, Israël a vu des images auxquelles il ne s’attendait pas de sa vie, à cause de son arrogance.
Derrière tout ce qui s’est passé, il y a l’arrogance israélienne. Nous pensions que nous avions le droit de faire n’importe quoi, que nous ne paierions
jamais de prix ni ne serions punis pour cela. Nous continuons sans confusion. Nous arrêtons, tuons, maltraitons, volons, protégeons les massacres des colons, visitons le Tombeau de
Joseph, le Tombeau d’Othniel et l’Autel de Yeshua, le tout dans les territoires palestiniens, et bien sûr nous visitons le Mont du Temple – plus de 5000 juifs sur le trône. Nous
tirons sur des innocents, leur arrachons les yeux et leur brisons le visage, les déportons, confisquons leurs terres, les pillons, les enlevons de leur lit, procédons au nettoyage
ethnique et poursuivons également le siège déraisonnable.
À Gaza, et tout ira
bien
Nous construisons une immense barrière autour de la bande de Gaza, sa structure souterraine a coûté trois milliards de shekels1 et
nous sommes en sécurité. Nous comptons sur les génies de l’unité 8200 et des agents du Shin Bet qui savent tout et nous préviendront au bon moment. Nous déplaçons la moitié de l’armée
de l’enclave de Gaza vers l’enclave de Huwara juste pour sécuriser les célébrations du trône par les colons, et tout ira bien, que ce soit à Huwara ou à Erez. Il s’avère ensuite qu’un
bulldozer primitif et ancien peut franchir même les obstacles les plus complexes et les plus coûteux au monde avec une relative facilité, lorsqu’il existe une forte incitation à le
faire. Regardez, cet obstacle arrogant peut être franchi par des vélos et des motos, malgré tous les milliards dépensés pour cela, et malgré tous les experts et entrepreneurs célèbres
qui ont gagné beaucoup d’argent.
Nous pensions pouvoir poursuivre le contrôle dictatorial de Gaza, en jetant ici et là des miettes de faveur sous la forme de quelques milliers de permis
de travail en Israël – c’est une goutte d’eau dans l’océan, qui est aussi toujours conditionné à un bon comportement – et en revenez, gardez-le comme leur prison.
Nous faisons la paix avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – et nos cœurs oublient les Palestiniens pour pouvoir les éliminer, comme
l’auraient souhaité de nombreux Israéliens. Nous continuons de détenir des milliers de prisonniers palestiniens, y compris ceux détenus sans procès, pour la plupart des prisonniers
politiques, et nous n’acceptons pas de discuter de leur libération même après des décennies d’emprisonnement. Nous leur disons que ce n’est que par la force que leurs prisonniers
pourront obtenir la liberté. Nous pensions que nous continuerions avec arrogance à repousser toute tentative de solution politique, simplement parce que cela ne nous convenait pas, et
que tout continuerait certainement ainsi pour toujours. Et une fois de plus, il s’est avéré que ce n’était pas le cas. Plusieurs centaines de militants palestiniens ont franchi la
barrière et envahi Israël d’une manière qu’aucun Israélien n’aurait pu imaginer. Quelques centaines de combattants palestiniens ont prouvé qu’il est impossible d’emprisonner pour
toujours deux millions de personnes sans payer un lourd tribut. Tout comme le vieux bulldozer palestinien fumant a démoli hier le mur, le plus avancé de tous les murs et clôtures, il
a également arraché le manteau de l’arrogance et de l’indifférence israélienne. Cela a également démoli l’idée selon laquelle il suffisait d’attaquer Gaza de temps en temps avec des
drones suicides, et de vendre ces drones à la moitié du monde, pour maintenir la sécurité.
Hier, Israël a vu des images qu’il n’avait jamais vues de sa vie : Des véhicules militaires palestiniens patrouillant dans ses villes et des cyclistes
de Gaza franchissant ses portes. Ces images devraient arracher le voile de l’arrogance. Les Palestiniens de Gaza ont décidé qu’ils étaient prêts à payer n’importe quoi pour avoir un
aperçu de liberté.
Y a-t-il un espoir pour cela ? Non. Israël va-t-il retenir la leçon ? Non.
Hier, ils parlaient déjà de détruire des quartiers entiers de Gaza, d’occuper la bande de Gaza et de punir Gaza «comme elle n’a
jamais été punie auparavant». Mais Israël punit Gaza depuis 1948, sans s’arrêter un seul instant. 75 ans d’abus, et le pire l’attend désormais. Les menaces d’«aplatir
Gaza» ne prouvent qu’une chose : Que nous n’avons rien appris. L’arrogance est là pour rester, même si Israël a une fois de plus payé un lourd tribut.
Benjamin Netanyahou porte une très lourde responsabilité dans ce qui s’est passé, et il doit en payer le prix, mais l’affaire n’a pas commencé avec lui
et ne se terminera pas après son départ. Nous devons maintenant pleurer amèrement pour les victimes israéliennes. Mais nous devons aussi pleurer pour Gaza. Gaza, dont la population
est majoritairement composée de réfugiés créés par Israël ; Gaza, qui n’a pas connu un seul jour de liberté.
Il ne fait aucun doute que le «smart power» améliore la politique étrangère. Depuis que
la notion de «smart power» a fait son entrée dans la diplomatie internationale il y a une vingtaine d’années, une
grande puissance régionale, l’Iran, l’applique à une situation de conflit réel.
Le «smart power» désigne l’utilisation stratégique de la diplomatie, de la persuasion,
du renforcement des capacités et de la projection de puissance et d’influence, combinés ensemble de manière rentable et avec une légitimité politique et sociale.
Il est certain que Téhéran investit massivement dans des alliances, des partenariats et des institutions (et des acteurs non étatiques) à tous les
niveaux afin d’étendre son influence et sa capacité et d’établir la légitimité de son action dans la situation qui se développe autour de Gaza.
Les remarques du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, lors d’une interview télévisée lundi, à l’issue d’une tournée
régionale qui l’a conduit en Irak, au Liban, en Syrie et au Qatar et de réunions à huis clos avec les dirigeants des groupes de résistance, constituent une démonstration audacieuse de
smart power visant à orienter la situation sur le terrain vers la voie diplomatique à un moment crucial où le dialogue et la diplomatie sont au premier plan.
Le plus haut diplomate iranien, diplomate de carrière avant d’entrer en politique au poste de vice-ministre des affaires étrangères, a averti que les
chefs de la résistance «ne permettront pas au régime sioniste de faire quoi que ce soit dans la région» et pourraient prendre «des mesures préventives dans les heures à venir».
Amir-Abdollahian a déclaré que lors de ses rencontres avec les dirigeants du front de résistance, ceux-ci ont estimé qu’il fallait «donner l’occasion de trouver des solutions politiques» pour mettre fin aux frappes brutales d’Israël contre la bande de Gaza, qui est totalement sous
blocus. Cependant, tous les scénarios sont ouverts aux groupes de résistance, en particulier au mouvement libanais Hezbollah, et ils ont également fait des calculs méticuleux.
Une telle dextérité à combiner le hard power et le soft power dans une stratégie réussie place l’Iran dans une position influente à un moment décisif de
la géopolitique du Moyen-Orient. L’attitude prudente de l’Occident à l’égard de l’Iran depuis l’éclatement de la crise le 7 octobre témoigne de cette réalité.
Dès le début, les hauts responsables américains (et israéliens) ont déclaré que l’Iran était complice de l’attaque du Hamas du 7 octobre, mais leurs
services de renseignement n’ont pas pu identifier un rôle iranien direct. Ni la CIA ni le Mossad n’ont recueilli de renseignements sur un complot soutenu par l’Iran avant l’assaut du
Hamas.
Le général Charles Q. Brown, président de l’état-major interarmées, a mis en garde l’Iran contre toute implication. «Nous voulons envoyer un message très fort. Nous ne voulons pas que cela se propage et l’idée est que l’Iran reçoive ce message haut et fort»,
a-t-il déclaré à
la presse le 10 octobre. Le président Biden a réitéré cet avertissement.
Mercredi, les déclarations de Biden lors de sa visite en Israël ont également évité toute rhétorique à l’encontre de l’Iran. Tout en réaffirmant
qu’Israël doit agir dans le cadre du droit international et en exhortant Netanyahu à faire preuve de retenue, Biden a implicitement souligné l’importance cruciale d’éviter un conflit
avec l’Iran.
C’est ce qui s’est passé lors du discours de Biden à la nation à son retour à la Maison-Blanche, le 19 octobre. Au cours des quatre dernières décennies
d’hostilité mutuelle, les États-Unis et l’Iran ont acquis la maîtrise d’un code de conduite non écrit visant à éviter que les points de friction ne débouchent sur une confrontation et
un conflit. Ils ont largement réussi à maintenir les choses en l’état. Il est tout à fait concevable que dans la situation fluide actuelle, Washington et Téhéran communiquent l’un
avec l’autre, d’autant plus que ni l’un ni l’autre ne souhaite une guerre régionale aujourd’hui. (Voir mon article «Pourquoi
Biden a menti sur l’attaque de l’hôpital de Gaza»)
Cette matrice doit être comprise en dépit du fait qu’il n’y a aucune différence entre Téhéran et le Hezbollah – et que le Hezbollah est de loin le plus
fort et le plus coriace des groupes de l’«axe de résistance» dirigé par l’Iran au Moyen-Orient.
Il est certain que l’Iran n’a pas froid aux yeux en ce qui concerne le hard power. Par coïncidence, le 18 octobre, la résolution 2231 du Conseil de
sécurité des Nations unies est devenue
caduque sans condition, levant les restrictions imposées à l’Iran concernant les activités liées aux missiles balistiques conçus pour servir de vecteurs à des armes
nucléaires. Le ministère iranien de la défense a depuis affirmé dans un communiqué qu’il avait l’intention de développer ses capacités en matière de missiles et d’armes, de participer
au commerce des armes et de «répondre aux besoins de sécurité du pays, et de participer plus activement aux affaires internationales que par le
passé».
Il ne fait aucun doute que cela renforcera non seulement le «hard power» de l’Iran, mais approfondira et élargira également sa coopération militaire
avec la Russie et la Chine. Les conséquences sont considérables, car l’Iran est aujourd’hui le principal «influenceur» pour éviter une guerre régionale. Il n’est donc pas surprenant
que, pour la première fois depuis le début de la crise de Gaza, le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Baqeri, ait eu une conversation
téléphonique avec le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, jeudi, et ait insisté sur le fait que les «comportements sauvages
d’Israël ne seront pas tolérés et que les gouvernements indépendants doivent faire preuve d’une réaction sérieuse».
Baqeri a ajouté : «La poursuite des crimes du régime sioniste et le soutien et l’assistance directs que lui apportent
certains pays ont encore compliqué la situation et peuvent conduire à l’implication d’autres acteurs».
De même, sur le plan du soft power, Téhéran a réussi à sortir de son isolement régional. Fondamentalement, le rapprochement irano-saoudien, négocié par
la Chine, change la donne dans la géopolitique de la région et constitue un multiplicateur de force pour l’exercice par Téhéran de son «smart power». Mercredi dernier, c’est par un
appel téléphonique du président Ebrahim Raïssi au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane que Téhéran a passé à la vitesse supérieure sur la voie diplomatique.
Il s’agissait d’un geste profond de la part de l’Iran. Abdollahian a également rencontré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal
bin Farhan Al Saud, hier à Djeddah, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OCI du 19 octobre.
Comme en témoignent les démarches saoudiennes, Riyad s’est rapidement placé sur le devant de la scène pour dialoguer avec Pékin. En effet, la position
saoudienne transforme l’ambiance régionale et rend la poursuite de l’ancienne stratégie «diviser pour régner» très difficile pour Washington, comme le montre la rebuffade
saoudienne au secrétaire d’État américain Antony Blinken. Les États de la région qui prenaient traditionnellement leurs distances avec les groupes de résistance
ont appelé au
cessez-le-feu et à la désescalade, et refusent de condamner le Hamas.
La grande question reste cependant entière : Qu’en est-il de la détermination israélienne à décapiter le Hamas et à occuper Gaza ?
Israël reste prêt
à lancer l’assaut militaire dans la bande de Gaza. Il est significatif que le pronostic russe sur ce front soit plutôt sombre. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères,
Sergei Ryabkov, a déclaré lors d’une réunion au Kremlin avec Poutine, lundi, que la situation «tend à s’aggraver. Les opérations menées par
l’armée israélienne sont aveugles. La menace d’une opération terrestre comprenant une incursion dans la bande de Gaza demeure… Les efforts diplomatiques sur différents fronts
s’intensifient. En principe, le risque que ce conflit échappe à tout contrôle est important».
Le paradoxe est que, si personne ne veut d’une guerre au Moyen-Orient, cela ne suffira peut-être pas à l’éviter si le prochain assaut de l’armée
israélienne à Gaza n’atteint pas son
objectif de détruire le Hamas et/ou si Netanyahou décide d’élargir la guerre à des fins géopolitiques et/ou pour prolonger sa carrière politique chancelante qui se trouve
dans l’impasse.
On n’en finit plus, ces jours-ci, dans les médiamenteurs de chercher par tous les moyens à disculper Israël de la responsabilité du bombardement de
l’hôpital Al-Ahli de Gaza, le 17 octobre dernier.
Au début, ces derniers ont fait bloc derrières les explications vaseuses (avec grands renforts de photos et d’enregistrements audio) obligeamment
fournis par l’armée israélienne : «vous voyez, c’est pas eux, d’ailleurs ils ont les preuves». Ça me fait toujours penser au running-gag des Guignols de
l’info quand ils parlaient des époux Balkany : «Je suis innocent, et d’ailleurs j’ai un témoin qui peut le prouver, mon épouse Isabelle !».
Mesurant le peu de crédit que leur maladroit parti-pris inspirait dans l’opinion publique, ils ont commencé à affiner un peu leurs bobards, en y
ajoutant un semblant de vernis d’analyse critique, tout en continuant à nous abreuver avec des éléments de langage toujours obligeamment fournis par l’armée israélienne.
À cet égard, l’article d’AFP-factuel est
un modèle du genre. Et n’oubliez pas, AFP-factuel c’est
forcément la vérité vraie, puisque c’est vérifié (par eux) sur base d’éléments fournis par l’armée israélienne.
Dans l’article, on commence par pinailler sur le nombre de victimes, citant des chiffres parfois totalement loufoques (quelques dizaines de morts) aux
côtés d’autres estimations, comme celle des renseignements américains : entre 100 et 300 morts. Ah c’est sûr qu’ils sont rudement bien placés pour savoir combien de victimes il y a
eu… Je suppose qu’avec leurs satellites, ils auront pris une photo haute résolution du site, compté les pieds, et puis divisé par ± 2 pour déduire le nombre de victimes. En vrai, ils
se foutent de qui ? Parce qu’à côté de ça, leurs satellites, n’ont pas été fichus de déterminer d’où était venue la roquette, à moins bien sûr qu’ils n’aient pas intérêt à révéler
cette information ?
Ils peuvent toujours compter les pieds, les mains, les têtes éparpillées, c’est un massacre, et c’est un crime de guerre. Personne n’oubliera jamais ça,
et surtout pas dans le monde arabe. On parle de civils innocents qui s’étaient réfugiés dans les jardins de l’hôpital pour y passer la nuit, pensant que là ils seraient à l’abri des
bombardements.
Hypothèse de la roquette
défectueuse du Hamas
Ces roquettes n’ont pas de système de guidage, pas de plateforme inertielle, pas de GPS, c’est l’équivalent des fusées d’artifice, mais en plus gros,
avec une charge explosive encapsulée dans du métal. L’armée israélienne et la propagande ne manquent jamais une occasion de nous les présenter comme des armes terrifiantes, mais dans
les faits, elles n’auront causé que quelques dizaines de morts au total en plusieurs décennies, alors que le Hamas en a envoyé des dizaines de milliers sur cette période.
Oui, mais me direz-vous :
• Quelques dizaines
de morts, ça reste un crime de guerre. Je n’en disconviens pas, mais durant cette période, combien de Palestiniens innocents tués dans des frappes indiscriminées ?
• La roquette est
tombée pile au milieu de l’allée qui sépare les deux jardins où les réfugiés s’étaient installés pour la nuit. Pas besoin d’une bombe puissante pour faire des ravages. Oui, sauf que
les dégâts sont peu compatibles avec une roquette artisanale. Toute la zone a été criblée de shrapnels, y compris les bâtiments de l’hôpital et les voitures sur le
parking.
Hypothèse de la roquette du Hamas
interceptée par un missile Patriot (dôme de fer)
Celle-là, les médias l’aiment beaucoup, ça leur permettrait de charger le Hamas tout en leur rendant qu’ils ne l’ont probablement pas fait exprès. C’est
ce que j’appelle une délicate attention. Et d’ajouter que vu le cratère d’impact, ce ne peut pas être une bombe (genre GBU) de l’aviation israélienne, donc c’est forcément une
roquette !
Hypothèse jamais évoquée :
Un missile Patriot israélien
La propagande, aussi bien israélienne qu’américaine ne manquent jamais l’occasion de vanter l’infaillibilité du «dôme de fer», soit des
batteries Patriot (Pac-2 et Pac-3) déployées dans les zones à protéger.
Mais en pratique, et on l’a bien vu en Ukraine, ces missiles ne sont pas très fiables : Pire, ils peuvent, tout comme les missiles S-300 de fabrication
soviétique revenir à l’envoyeur façon boomerang. Une vidéo, tournée en Arabie saoudite, lors de la guerre contre le Yémen, est assez éloquente.
C’est tout de même étrange qu’on ait passé sous silence cette hypothèse tout aussi valable que celle de la roquette du Hamas ? Il faut dire que ce
serait gênant à plus d’un titre :
La responsabilité de la frappe reviendrait à Israël
L’infaillibilité du système de défense israélien serait un mythe (de plus)
Notez que du point de vue du nombre de victimes causées, cette hypothèse est nettement plus crédible que celle d’une roquette du Hamas. Les missiles
Patriot sont porteur d’une charge d’explosif brisant, encapsulée dans du métal, ce qui en fait une redoutable arme à fragmentation, et ce qui explique aussi la petite taille du
cratère.
Fin mot de
l’histoire
Les médias de grands chemins pourront bien continuer à nous inonder de bobards, il existe un moyen tout simple de déterminer l’origine de la roquette.
Il suffit d’en collecter les débris et de les analyser.
Mais j’ai la nette impression que même si le Hamas venait à présenter un morceau de missile Patriot portant encore son numéro de série, les
médiamenteurs nous diront en cœur que c’est un faux, ou alors que le débris n’a pas été collecté sur place.
La défense contre vents et marées, des intérêts de l’État d’Israël n’est pas une option, c’est un impératif.
Des centaines de kilomètres de tunnels sous la bande de Gaza présenteront un défi pour une opération au sol imminente d’Israël, estiment plusieurs
analystes américains. Dotés de tout le nécessaire pour mener des combats à long terme, ces réseaux fortifiés du Hamas tourneraient au «cauchemar» pour les forces
israéliennes.
Alors qu’Israël menace de lancer une offensive au sol contre la bande de Gaza, il y peut
se confronter à un défi majeur, à savoir un vaste système de tunnels conçu par le Hamas pour couvrir ses combattants et lancer des attaques surprises, a déclaré Bradley Bowman, directeur
principal du Centre d’études militaires et politiques et analyste en sécurité basé à Washington.
«Imaginez que vous entrez dans un environnement et que vous progressez à travers le champ ou à la périphérie de la ville, puis tout d’un coup, des forces
ennemies surgissent derrière vous alors qu’il n’y en avait aucune auparavant. C’est une sorte de cauchemar pour les forces d’assaut», a-t-il indiqué à ABC News.
Ces réseaux souterrains permettent aux combattants du Hamas de survivre aux bombardements, de se déplacer sans être aperçu à travers Gaza, de réapprovisionner ses
forces, de cacher des otages et de mener des attaques surprises, a ajouté l’analyste américain.
Selon les prévisions du général à la retraite David Petraeus, ex-directeur de la CIA et ex-commandant de la Force internationale d’assistance et de sécurité en
Afghanistan, envoyer une armée, même aussi puissante que celle d’Israël, dans les quartiers densément peuplés de Gaza, conduirait à «un combat très, très dur».
Il est très difficile «d’imaginer ici un ensemble de circonstances contextuelles plus difficiles que celles auxquelles ils [les israéliens, ndlr] seront
confrontés», a-t-il déclaré le 15 octobre à CBS News.
«Il y a des tunnels ; il y aura des pièces qui contiendront des engins explosifs improvisés. Vous devez nettoyer chaque bâtiment, chaque étage, chaque pièce,
chaque sous-sol, chaque tunnel. Les pertes civiles seront inévitables, et de lourdes pertes israéliennes nous attendent également», a prévenu Petraeus.
Il avait précédemment considéré l’attaque inattendue du Hamas du 7 octobre comme «bien pire que le 11 septembre» 2001 pour les États-Unis.
Labyrinthe de tunnels équipés pour faire la guerre
Le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus, a admis que déraciner le Hamas ne serait pas «une entreprise facile parce que le Hamas s’est implanté
à l’intérieur et sous la bande de Gaza». Selon lui, le mouvement palestinien a déjà utilisé son labyrinthe de tunnels «pour arrêter [leurs] armes et cacher d’innombrables roquettes lors
de tous ces affrontements».
John Spencer, analyste du Modern War Institute auprès de l’Académie militaire de West Point, a également utilisé le terme de «cauchemar» pour décrire les
réseaux de tunnels du Hamas, avertissant qu’il n’y a «pas de solution parfaite» au «problème» qui «attendra les forces israéliennes» si et quand Tel-Aviv décide de
lancer une offensive terrestre.
«Le Hamas aura déjà placé ses dirigeants, ses combattants, son quartier général, ses moyens de communication, ses armes et ses fournitures comme l’eau, la
nourriture et des munitions dans ses complexes de tunnels pour se préparer à l’assaut terrestre des forces israéliennes. Les tunnels permettront aux combattants de se déplacer librement et en
toute sécurité entre une série de positions de combat sous des bâtiments massifs, même après que Tsahal ait largué dessus ses bombes. Les tunnels du Hamas disposent souvent d’un générateur
électrique, d’une ventilation, de conduites d’eau et de réserves de nourriture qui permettront aux combattants du groupe de mieux résister aux défis les plus élémentaires, comme l’épuisement
habituel, résultant du siège urbain et de l’isolement. Les dirigeants et combattants du Hamas utiliseront les tunnels pour rester mobiles et s’échapper […] lorsqu’ils se sentent sur le point
d’être attaqués ou encerclés de manière décisive», a expliqué l’observateur dans un article publié le 17 octobre sur le site de l’Académie.
À l’inverse, les tunnels permettront au Hamas de mener des attaques surprises contre les
forces ennemies qui avancent, en s’infiltrant derrière leurs lignes et en faisant potentiellement des ravages sur les unités orientées vers l’arrière avec des tireurs d’élite, des canons antichar
et des troupes armées de roquettes antichar, et peut-être même des «petites équipes de chasseurs-tueurs» spéciales pour surgir, frapper et redescendre dans des tunnels cachés, a continué
John Spencer.
Les forces israéliennes qui poursuivraient le Hamas dans les tunnels, seraient également confrontées à une série de problèmes, puisque les lunettes de vision
nocturne qui dépendent de la lumière ambiante, ne fonctionneraient pas, de même que les équipements de navigation et de communication. Même du point de vue de défense numérique, «un seul
défenseur peut maintenir un tunnel étroit contre une force bien supérieure», a encore poursuivi Spencer.
Bien sûr, les troupes de Tsahal n’entreront pas dans la clandestinité sans défense. L’armée israélienne dispose d’unités spécialisées dont le seul travail consiste
à trouver et à détruire des tunnels. Ces équipes travaillent avec des chiens spécialement dressés et des robots conçus pour repérer et détruire les forces ennemies sans avoir à risquer la vie des
soldats.
«Mais la dure vérité, c’est que la profondeur et l’ampleur des tunnels du Hamas à Gaza dépasseront les capacités d’Israël», a affirmé John Spencer. En
conséquence, «cela pourrait se résumer à l’infanterie et aux ingénieurs de Tsahal qui s’occuperaient des tunnels au fur et à mesure qu’ils les découvriraient» à l’ancienne.
Avantages des tunnels dans la guerre urbaine
Les médias occidentaux et israéliens ont proposé toute une gamme d’explications possibles quant à la raison pour laquelle Tsahal n’a pas encore procédé à une
invasion terrestre contre Gaza, malgré les promesses fanfaronnes de hauts responsables israéliens d’effacer le Hamas «de la surface de la Terre». Parmi les raisons possibles évoquées
figurent les inquiétudes concernant les otages israéliens détenus par le Hamas, les ouvertures politiques aux alliés préoccupés par les pertes civiles à grande échelle et les craintes des
services de renseignement israéliens selon lesquelles le Hezbollah au Liban pourrait ouvrir un deuxième front dans le nord au moment où les troupes israéliennes mettront le pied à Gaza.
Un autre facteur majeur qui pourrait contribuer à expliquer l’hésitation israélienne à l’égard d’une opération terrestre à l’intérieur de Gaza, concerne la
lassitude des commandants de Tsahal face aux difficultés auxquelles ils seraient inévitablement confrontés pour assurer leur supériorité sur le champ de bataille contre les quelque 30 000
combattants du Hamas. Ces derniers sont déployés dans l’environnement urbain dense de Gaza, dont une grande partie a déjà été transformée en tas de décombres parfaitement convenables pour créer
des embuscades et des nids de tireurs d’élite.
Et les défenseurs ont presque toujours un avantage dans la guerre urbaine, comme le souligne une analyse réalisée en 2021 par le Modern War Institute de l’Académie
de West Point.
«Aujourd’hui les avantages offerts à une force plus faible pour occuper un terrain urbain sont considérables. Un ennemi plus faible peut utiliser le terrain
physique pour se dissimuler et se couvrir à la fois pour combattre (par exemple en utilisant des bâtiments revêtus en structures défensives d’un niveau militaire) et pour manœuvrer (par exemple à
travers des bâtiments ou sous la terre dans des infrastructures civiles et des tunnels préparés). Les forces de défense peuvent également se cacher parmi les populations et les structures
protégées définies par les lois des conflits armés. En bref, ils peuvent réduire l’efficacité d’une partie substantielle des technologies et tactiques militaires actuelles», a souligné le
rapport.
Réseau souterrain de longue date et de grande envergure
Les tunnels de Gaza ont été largement utilisés par les militants du Hamas pendant des décennies pour faire passer en cachette du matériel et des fournitures à
travers la frontière fortement fortifiée autour de la bande. Aujourd’hui, ils peuvent être suffisamment sophistiqués pour créer des réseaux souterrains entiers permettant de déplacer et d’évacuer
rapidement les combattants et le matériel, ainsi qu’abriter des postes de commandement souterrains et même des ateliers de production d’armes, selon des experts.
Le chef du Bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, s’est vanté, en 2018, que le réseau de tunnels à Gaza avait atteint le double de sa taille creusé sous Saïgon
par les VietCongs pendant la guerre américaine au Vietnam. Des cartes détaillées basées sur les données de Tsahal, ont montré l’ampleur des efforts de construction de tunnels du Hamas à travers
la bande de Gaza, note le Wall Street Journal. Rien qu’au cours de la guerre de Gaza en 2014, les forces israéliennes ont découvert quelque 100 km de passages souterrains secrets. En 2021, le
Hamas a laissé échapper qu’il avait construit des tunnels s’étendant sur une longueur totale de 500 km, indiquent les médias.
Les entrées des tunnels sont souvent cachées sous les bâtiments, la végétation et d’autres terrains, ce qui rend souvent difficile, voire impossible, leur détection
par l’armée israélienne et son puissant appareil d’éclaireurs.
Les milices de Gaza ont près de 40 ans d’expérience dans la construction de tunnels, leurs conceptions étant de plus en plus longues, robustes et complexes. Selon
le Times of Israël, en 2022, par exemple, les forces spéciales israéliennes ont découvert un tunnel du Hamas à environ 70 mètres (230 pieds) sous terre, suffisamment pour résister aux
bombardements israéliens les plus violents.
par le lieutenant-généralAndrey Gurulev - Le
21/10/2023.
Les bombardements israéliens n’ont aucun effet militaire.
En Palestine, les personnes armées se trouvent dans des abris, les civils meurent dans des immeubles résidentiels.
Nous avons vécu cela en Syrie, lorsqu’à Damas, par exemple, ils s’assoient dans des tunnels souterrains et n’en sortent que lorsque cela est
nécessaire.
Le Hamas s’est préparé à 100%, ce n’est pas sans raison qu’il l’a fait, il a des réserves d’armes et de nourriture.
Israël frappe, détruit des bâtiments, le Hamas peut immédiatement l’exploiter avec précaution, ce sera une bonne zone fortifiée, idéale.
Les Israéliens sont représentés en colonnes sur des chars, sur des véhicules de combat d’infanterie, qu’attendent-ils ? Ils attendent que des drones les
survolent ?
Nous avons vécu cela lors de l’opération militaire spéciale. Les chars dans les zones
urbaines sont pratiquement inefficaces. L’essentiel ici est l’action des troupes d’assaut. Qu’est-ce que c’est ? Rappelez-vous comment ils ont pris Artemovsk (Bakhmout).
Rappelez-vous quelles pertes il y a eu. Quelque chose de similaire attend les Israéliens ; ça ne marchera pas différemment ici.
Si l’on regarde de manière plus large, les Américains tentent d’entraîner le Moyen-Orient dans la guerre ; apparemment, ils ont décidé de ne pas
simplement se tenir cérémonieusement aux côtés d’Israël ; dans ce cas, les dommages causés à Israël seront considérés comme inacceptables. Lorsqu’ils disent qu’aujourd’hui des
missiles ont été introduits d’Iran, je vous assure que de telles déclarations sont fausses, car dans le domaine militaire, tout ce qui était prévu il y a longtemps que toutes les
cibles sont déterminées.
La visite de notre leader Vladimir Poutine en Chine, du ministre des Affaires étrangères en RPDC (Corée du Nord), la visite du président à notre poste
de commandement à Rostov sont des événements synchronisés.
Le président a entendu le rapport du chef d’état-major, probablement des commandants de district, et a personnellement écouté les rapports afin de
comprendre quels sont les problèmes et les moyens de les résoudre.
Je pense que le sujet principal était la présence de deux groupes de porte-avions en Méditerranée.
À bord de ces navires, selon mes calculs, il y a environ 750 à 800 missiles Tomahawk, qui couvrent une bonne partie du territoire de la Fédération de
Russie. C’est une quantité de puissance décente. Notre président a immédiatement décidé de mettre en service de combat le Mig-31 équipé de missiles Kinjal.
Pour une raison quelconque, tout le monde imagine qu’un avion avec un Kinjal volera quelque part, survolera la mer Noire, mais tout est beaucoup plus
global.
Il s’agit d’abord de l’utilisation de tous les systèmes de reconnaissance reliés en un seul système d’information avec émission d’instructions cibles
spécifiques aux points de contrôle. Si un avion pénètre dans l’espace aérien de la mer Noire, il doit alors disposer d’un échelon de soutien le protégeant des attaques aériennes
ennemies, des systèmes de défense aérienne et de tout le reste.
Il s’agit d’un ensemble global de mesures visant à dissuader l’agresseur américain d’envisager
une attaque sur le territoire de la Fédération de Russie. Devant nous se trouvent deux groupes de porte-avions, équipés jusqu’aux dents, capables de toucher des cibles sur
le territoire de notre pays, devrions-nous rester là et nous curer le nez ?
Il faut réagir normalement.
Oui, le missile Kinjal lui-même est extrêmement efficace, capable de toucher n’importe quel navire de guerre américain, c’est vrai.
Si tout le Moyen-Orient est entraîné dans la guerre, des groupes de porte-avions tenteront de frapper le territoire iranien, alors l’Iran ne restera pas
silencieux, ils ont des cibles prêtes, tous des objets critiques, ils les attaqueront de différentes manières, malgré le Dôme de Fer et tout le reste. Les drones et missiles venus du
Yémen ne sont pas une provocation, mais une reconnaissance en force, révélant la capacité d’un groupe d’attaque de porte-avions à détruire un avion entier.
Ils verront ce qui s’est passé, comment et quoi.
Le SMO a enseigné que vous pouvez abattre 10 drones, vous pouvez en abattre 20, mais lorsque 100 volent, même les systèmes modernes ne sont pas capables
de résister. C’est pourquoi l’Amérique cache un groupe de porte-avions derrière Chypre.
*
Andrey Gurulev est un chef militaire russe, général de corps d’armée, homme politique et homme d’État. Député à la Douma d’État de
l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, il est membre de la commission de la Douma d’État chargée d’examiner les dépenses du budget fédéral visant à assurer la défense
nationale, la sécurité nationale et l’application de la loi, et il est également membre de la commission de la Douma d’État chargée de la défense.
Né en 1955 dans une famille de soldats, Jacques Hogard sert comme jeune officier à la Légion étrangère, notamment au 2ème REP.
En 1994, il commande au Rwanda le Groupement de Légion étrangère de l’opération Turquoise.
Ulcéré par la désinformation qui entoure l’action de la France et de son armée, il écrit : «Les larmes de
l’honneur», paru en 2005 chez Hugo et Cie.
En 1999, il dirige en Macédoine le Groupement des Forces Spéciales chargé de préparer et faciliter l’engagement de la Brigade Leclerc intégrée à la
K-FOR de l’OTAN.
De retour en France, nommé colonel, il prend sa retraite de l’armée. Il est aujourd’hui président de sociétés de conseil pour le développement à
l’international.
Jacques Hogard est officier de la légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre des TOE et de la croix de la valeur militaire.
Il est également titulaire de l’ordre de Saint Sava (Serbie) pour le sauvetage du monastère de Devic (Kosovo) victime en juin 1999 des rebelles albanais
de l’UCK.
Il a publié «L’Europe est
Morte à Pristina» en 2014 chez Hugo Document
Caroline
Galactéros est géopolitologue, spécialiste affaires diplomatiques et stratégiques, présidente PoleGeopragma, Docteur en Sciences politiques et enseigne à l’IHEDN.
Alors que le conflit entre Israël et le Hamas fait rage, comment analyser froidement l’évolution de l’escalade des violences ainsi que ses conséquences
géopolitiques ?
Après la visite du président américain Joe Biden en Israël, le discours de Washington à l’égard du gouvernement israélien semble devenir plus dur. En fait, les Américains ne veulent pas
d’opérations terrestres dans la bande de Gaza. Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lui, en a besoin comme de l’air qu’il respire. Sans cette offensive, il perdra le
pouvoir, mais avec elle, il en sera certainement de même.
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« Justice
doit être rendue. Mais mon avertissement est le suivant : Pendant que vous ressentez cette rage, ne la laissez pas vous consumer. Après le 11 septembre, nous étions furieux aux
États-Unis. Nous avons demandé justice, mais nous avons commis des erreurs », a déclaré le président américain Joe Biden dans un discours télévisé spécialement destiné au peuple
israélien.
Les Démocrates aux Etats-Unis sont désormais divisés sur l’intervention Israélienne
Il existe une croyance largement répandue dans les médias israéliens selon laquelle, seuls les Etats-Unis sont susceptibles de dissuader le Premier ministre
Benjamin Netanyahu de mener une opération militaire terrestre dans la bande
de Gaza et de redessiner ses frontières. Et cette situation nuit aux dirigeants des États-Unis eux-mêmes. Pourquoi ? Tout d’abord, le Parti démocrate du président
Biden est divisé dans les sondages concernant le
Moyen-Orient : Plus de la moitié de ses électeurs sont désormais plus favorables à la Palestine qu’à Israël. Autrement dit, selon eux, si Biden peut empêcher Netanyahu de mener
l’opération, il doit le faire, même si le président lui-même peut être considéré comme un homme politique totalement pro-israélien. Cependant, les États-Unis ne peuvent tout simplement pas
abandonner Israël en tant que protégé au Moyen-Orient. De sorte que Biden, qui cherche a être réélu, est obligé de « s’asseoir entre deux chaises » : Il doit soutenir la lutte contre le Hamas, mais
restreindre les velléités du leadership israélien, en évitant toute action qui pourrait entraîner de nombreuses pertes parmi la population civile.
Un nouvel échec de la politique de Biden
Il est déjà clair que cette posture ne fonctionnera pas : Le nombre total de cadavres des deux côtés du conflit avoisine les cinq mille, bien que l’opération sans
doute la plus sanglante à venir – l’intervention au sol de Tsahal – n’ait pas encore commencé. Peut-être précisément à cause de la pression américaine. Toutefois, elle semble inévitable.
La visite de Biden en Jordanie a été annulée après le bombardement – par une roquette – de l’hôpital baptiste de
Gaza. Le président américain avait l’intention de partir immédiatement après avoir rencontré Netanyahu pour
discuter des moyens de restaurer la paix avec trois acteurs clefs : Le roi Abdallah II, le dirigeant de l’Égypte, le maréchal Al-Sisi, dont le territoire jouxte Gaza, ainsi que le président
de la Palestine, Mahmoud Abbas, dont les sujets sont engagés dans un conflit à long terme et plutôt sanglant avec le Hamas. Ainsi que le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Hussein
Abdullah al-Safadi, l’a déclaré, cette réunion quadripartite a été annulée, car « pour
le moment, elle ne pouvait pas empêcher la guerre ».
Cela peut être considéré comme un nouvel échec de la politique étrangère de Joe Biden. Cependant, les médias israéliens ont continué de flatter le président
américain, faisant valoir qu’il n’avait, en réalité, aucune chance, dès le départ, de dissuader Netanyahu de passer à une seconde étape dans le conflit avec le Hamas.
Netanyahu a impérativement besoin de l’opération au sol à Gaza
La raison n’en est pas le respect des dizaines de serments qu’il a prêtés ces derniers jours. En réalité, la guerre avec le Hamas est devenue un moyen de conserver
le pouvoir pour Netanyahu. Sans cela, il lui sera très difficile (voire impossible) de rester Premier ministre jusqu’aux élections à la Knesset, prévues en 2026. Il est déjà clair que les
« quatre années de stabilité » promises par Netanyahu à Israël, lors de son retour au pouvoir à la fin de l’année dernière, appartiennent désormais au passé.
Auparavant, en raison des résultats serrés des coalitions « gauche » et « droite », des élections ont eu lieu chaque année depuis 2019, et même deux fois en
2019. Aujourd’hui, la guerre a commencé, et personne ne sait quand elle prendra fin, ni dans quelle mesure elle provoquera d’énormes destructions.
En outre, au cours des six premiers mois du nouveau mandat de Netanyahu, l’on ne peut pas dire que tout a été d’une grande stabilité politique dans la conduite du
pays. Des dizaines, parfois des centaines de milliers de personnes sont régulièrement descendues dans la rue pour exiger la démission du Premier ministre.
Le parti Likoud de Netanyahu est clairement le leader du bloc de droite et le vainqueur des dernières élections. Mais une coalition de pouvoir avec Netanyahu à
sa tête n’est possible que si les partis religieux orthodoxes y sont impliqués. Or, ils ont fixé leurs propres conditions, ce qui a abouti au lancement d’une réforme judiciaire à grande
échelle. C’est elle qui a suscité l’hostilité de la partie laïque de la société, à laquelle s’est jointe un large front d’opposants au Premier ministre.
Le « Roi de la colline » mais jusqu’à quand ?
En mars dernier, l’actuel ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, pourtant du même parti de droite que le Premier ministre, s’était rangé du côté des
manifestants : Il avait exigé l’annulation de la réforme. Pour insubordination, Netanyahu avait voulu le limoger. Mais cela n’avait fait qu’intensifier les affrontements dans la rue, si
bien que le Premier ministre avait été contraint de mettre sa colère de côté, et il avait pardonné à Galant, tout en étant obligé de reporter la réforme. D’ailleurs, il est très probable
que Netanyahu ne sera pas en mesure de l’achever, même si la question aujourd’hui n’est plus d’actualité.
L’on sait que durant une période d’hostilités à grande échelle, la société se rassemble autour du leader et les politiciens mettent leurs divergences de côté
jusqu’à la victoire. Cela se produit presque toujours ainsi et presque partout. Israël ne fait pas exception. Aussi, Netanyahu peut-il se sentir comme le « roi de la colline » et ne pas
particulièrement se soucier du front intérieur. Mais beaucoup va dépendre de l’issue du conflit. S’ils les résultats sont dévastateurs, Netanyahu passera rapidement du statut de favori du
peuple à celui de paria aux perspectives sombres, pouvant même aller jusqu’à une mise en prison, comme cela s’est produit, par exemple, avec le président géorgien, Mikheil Saakachvili.
Il est extrêmement peu probable que les Israéliens soient confrontés dans un avenir proche au même type de défaite que celle que la Géorgie a connue en
2008. La menace qui pèse sur le pouvoir de Netanyahu réside ailleurs : Dans le retour au calme. En effet, les politiciens et militants de l’opposition ont déjà clairement indiqué qu’après la
fin de la crise militaire, ils feraient tout pour que Netanyahu prenne enfin sa retraite. Considérant que la « droite » disposait d’un avantage électoral plutôt insignifiant, la «gauche »
pourrait effectivement réussir.
Si tel est le cas, la figure de l’actuel Premier ministre deviendra encore plus toxique qu’elle ne l’était, notamment en raison des tragédies de Gaza. Mais ce
qui est encore plus important, c’est que Netanyahu devra répondre à une question essentielle qui taraude les esprits : Comment est-il devenu possible que, le premier jour de la nouvelle
escalade, le Hamas ait franchi sans problème les premières lignes de défense israéliennes et s’empare de vastes territoires ? L’action du Hamas a dépassé tout ce que les forces armées
ukrainiennes ont réussi à occuper comme territoires pendant toute la période de « contre-offensive printemps-été », alors même que les pays de l’OTAN ont activement aidé l’Ukraine ! Un tel
nombre de victimes, parmi la population civile israélienne, ne peut être attribué aux seuls islamistes. Car Netanyahu et son gouvernement sont responsables de la défense et de sa préparation
depuis décembre 2022.
Il existe de profonds désaccords au sein du gouvernement de Netanyahu
Dans de telles conditions, le camp de la « droite » indigène de Bibi – ainsi qu’on l’appelle souvent – devient encore plus dangereux que les ennemis de la « gauche
». Alors même que les «gauchistes» se sont discrédités aux yeux de la population à cause d’une approche trop libérale envers les antagonistes palestiniens d’Israël. Ce qui, compte tenu des
victimes actuelles, reviendra également les hanter. Aussi, la tentation sera grande, parmi les « camarades de droite », de faire de Netanyahu un « bouc émissaire» (un concept juif, soit
dit en passant) à la fois pour les catastrophes de la guerre et pour les échecs des services de renseignement. « Il
ne fait aucun doute qu’Israël a échoué dans sa mission consistant à empêcher une attaque depuis la bande de Gaza », admet sombrement Tzachi Hanegbi, chef du Conseil de sécurité
nationale israélien.
La situation est aggravée par des désaccords internes au camp de droite sur l’ampleur de l’opération à venir à Gaza : Il existe une aile radicale, mais il y a aussi
une aile plus prudente, influencée par l’opinion des États-Unis. Netanyahu est donc désormais pris en sandwich entre eux, d’où le retard apporté à la partie terrestre de l’opération
anti-Hamas. Un pas dans presque toutes les directions le menace d’une perte critique de ses partisans.
Et si Donald Trump prend la place de Biden dans un peu plus d’un an, la situation sera encore pire. Bien évidemment, le Parti démocrate préférerait que le
gouvernement israélien soit constitué par une coalition de « gauche », tandis que Trump se contenterait d’une coalition de « droite ». En outre, Trump reste l’un des hommes politiques les plus
pro-israéliens au sein de son parti républicain déjà pro-israélien. Mais il y a une nuance à considérer : Trump déteste littéralement Netanyahu parce qu’il a été l’un des premiers à féliciter
Biden pour sa victoire à l’élection présidentielle, alors que Trump lui-même espérait encore contester les résultats. Compte tenu du caractère vindicatif de Trump, il serait prêt à faire de
grands efforts pour s’assurer que la « droite » israélienne trouve un nouveau leader, qu’il faudra néanmoins chercher.
Le samedi 21 octobre, Netanyahu aura 74 ans. Ses chances de faire une autre tentative électorale sont minces. Les circonstances actuelles ne vont pas l’aider. Après
quoi le fardeau des péchés et des erreurs antérieurs le plaquera toujours au sol et le forcera à mettre fin, de lui-même, à sa carrière. Le moment exact dépend de l’évolution du conflit et
du succès des actions de Tsahal. Mais politiquement, il est avantageux pour Netanyahu que le conflit s’éternise. Avec lui, la période d’unification de la nation autour de son statut de
chef pourra s’éterniser longtemps.
Bertrand Scholler : L’hypothèse qu’un nouveau choc pétrolier puisse se produire suite aux massacres
«Face à ce qu’il
se passe au Proche-Orient entre le Hamas palestinien et Israël, nos gouvernements occidentaux doivent absolument arrêter le double standard, faute de quoi il faudrait être conscient
qu’on est en train, nous autres Occidentaux, de faire preuve d’une inhumanité qui va nous retomber dessus comme un boomerang», appelle à Radio Sputnik
Afrique Bertrand Scholler, géopolitologue et conseiller en stratégie. Et d’alerter que «l’effet boomerang
de cette politique de deux poids deux mesures, qui ne trompe plus personne dans le monde, sera encore bien pire que celui provoqué par les sanctions antirusses. Les sanctions prises
unilatéralement et de manière illégale contre la Russie ont fait extrêmement mal aux économies européennes, déjà fragilisées par la pandémie de Covid-19, et donc aux innocents, aux
simples citoyens et aux pauvres essentiellement».
«L’hypothèse qu’un
nouveau choc pétrolier puisse se produire, étant donné l’atrocité des bombardements menés par l’armée israélienne dans la bande de Gaza et qui touchent essentiellement les populations
civiles, en réponse aux actes terroristes du Hamas, devrait être sérieusement envisagée par les pouvoirs publics européens. Il ne faut pas oublier que l’Arabie saoudite, l’Iran et les
Émirats arabes unis, soit trois poids lourds de l’OPEP, deviendront à partir de janvier 2024 des membres à part entière des BRICS et seront donc plus enclins à coordonner leurs
politiques avec le nouveau monde émergent, notamment avec la Russie et la Chine. Ceci en plus du fait que l’Arabie saoudite, où se trouvent les lieux saints de l’Islam, est en train
de devenir une sorte de leader du monde musulman extrêmement fâché et à fleur de peau devant le malheur de ses frères palestiniens, dans un contexte où les Israéliens, peut-être à
leur corps défendant, sont en train de donner une ampleur extraordinaire à une idée de guerre de religion».
L’Italie et l’Espagne, principaux clients du gaz algérien, ont adopté des positions complètement différentes par rapport à la situation en Palestine.
«L’Italie fait
partie des signataires derrière le président Macron, d’une déclaration commune à en-tête américain, donnant carte blanche à Benjamin Netanyahou pour se défendre contre le Hamas de la
manière qui lui semble la mieux appropriée», explique l’interlocuteur de Sputnik
Afrique. Et d’ajouter qu’à «ce moment,
contrairement à l’amateurisme et l’immaturité des dirigeants européens, les autorités algériennes gardent leur calme et essaient certainement en concertation avec leurs alliés,
notamment Russes, de trouver le meilleur moyen de défendre les droits des Palestiniens sans susciter l’embrasement de toute la région du Moyen-Orient, dont les conséquences seraient
catastrophiques pour le monde entier. Néanmoins, le gouvernement italien a tout intérêt à ne pas abuser de leur patience. Car, comme à l’accoutumée, l’Algérie, jalouse de son
indépendance et de sa souveraineté, ne manquerait pas de lui faire payer chèrement sa soumission volontaire aux Américains et aux Israéliens».
«Le Seigneur dit à
Josué : «Ne crains pas, ne t’effraies pas ! (..) Alors vous, vous surgirez de l’embuscade et vous occuperez la ville : le Seigneur votre Dieu la livre entre vos mains. Le
Seigneur dit à Josué : «Tends vers Aï le javelot que tu as à la main : je te la livre». Josué tendit vers la ville le javelot qu’il tenait et, dès qu’il eut tendu la main, les hommes
surgirent de leur position, ils coururent, entrèrent dans la ville, s’en emparèrent et y mirent immédiatement le feu. Alors, se retournant, les hommes de Aï virent la fumée de la
ville monter dans le ciel. Ils ne pouvaient plus fuir, ni d’un côté ni de l’autre Lorsqu’Israël eut achevé de tuer tous les habitants de Aï dans la campagne, dans le désert lorsque
tous, jusqu’au dernier, furent tombés sous le fil de l’épée, tout Israël revint vers Aï et la passa au fil de l’épée. Au total, douze mille hommes et femmes tombèrent ce jour-là.
Alors, Josué brûla Aï et en fit une ruine pour toujours, un lieu désolé jusqu’à ce jour». (Le
Livre de Josué)
Résumé
Au 10ème jour des bombardements aveugles perpétrés par l’armée sioniste, Gaza est au bord de l’effondrement. L’armée sioniste a confirmé qu’elle se
préparait à une «prochaine
étape» de son opération de représailles contre la population civile palestinienne. On est à se demander quelle est la finalité de cette punition. Pour rappel il s’agit de
Palestiniens las des atermoiements de l’Autorité palestinienne que d’aucuns comparent aux supplétifs d’Israël, las d’une gouvernance par une autorité qui n’a plus de légitimité pour
les Palestiniens mais considérée comme le seul interlocuteur pour les Occidentaux.
Si on y ajoute les pays arabes qui ne veulent pas que le conflit dégénère encore plus mais qui réduisent le problème de l’État palestinien à un problème
d’intendance avec le secret espoir que les pays vassaux qui ont été adoubés par les accords d’Abraham soient rejoints par d’autres ; Ce sera alors le business as usual, les
Palestiniens rentreront dans le rang pour quelques dollars de plus. Est-ce là le rêve d’une Palestine État avec Jérusalem comme capitale ? L’acharnement israélien serait peut-être à
lier au Livre de Josué dans les massacres du peuple palestinien Pitié et justice
pour le Peuple de Palestine.
Le Livre de Josué : Une
explication de l’acharnement sur un peuple sans défense ?
À voir l’acharnement à massacrer un peuple sans défense, cela nous fait penser à la réaction de l’Abbé Pierre à la lecture du Livre de Josué : Nous
lisons : «Parmi les livres
bibliques qui posent problème on trouve au premier rang le livre de Josué. En effet le peuple d’Israël, et surtout son Dieu, semblent faire preuve d’un militarisme et d’une cruauté
hors du commun. Il y est question de massacres de villes entières et de commandements divins exigeant l’extermination des populations locales». Encore tout récemment l’Abbé
Pierre, avait dénoncé la violence insupportable du livre de Josué. L’abbé Pierre avait vu dans la conquête de Canaan menée par Josué le premier génocide de l’humanité. Il est vrai que
le livre de Josué a été utilisé pour légitimer toutes sortes d’atrocités. Les colons blancs arrivant aux Amériques s’identifièrent au peuple élu et la traversée de l’Atlantique fut
vécue comme une nouvelle traversée de la mer Rouge, voire du Jourdain. Du coup, les Indiens autochtones furent assimilés aux Cananéens idolâtres et leur extermination devint quasiment
une nécessité théologique. Le même modèle idéologique fut appliqué par les Boers en Afrique du Sud, et il se trouva même des théologiens qui justifièrent le système de l’apartheid en
se référant au traitement que les Israélites auraient infligé aux autochtones lors de la conquête de Canaan. Aujourd’hui encore, une minorité de colons juifs fanatiques aimerait
appliquer le «modèle» de Josué à la population palestinienne. Que faut-il faire avec un livre qui est à l’origine de tant d’atrocités ?1
Déconstruction d’une histoire
mythique. Comment fut inventé le peuple juif
Pour aller plus loin il est nécessaire de déconstruire le narratif du récit de l’identité juive : Cette excellente contribution d’un historien juif – il
faut le souligner car la démocratie existe pour les juifs entre eux- : «Les juifs
forment-ils un peuple ? À cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Tout Israélien sait, sans l’ombre d’un doute, que le peuple juif existe depuis
qu’il a reçu la Torah dans le Sinaï, et qu’il en est le descendant direct et exclusif. Chacun se persuade que ce peuple, sorti d’Égypte, s’est fixé sur la «terre promise». De même,
nul n’ignore qu’il a connu l’exil à deux reprises : s’ensuivit pour lui une errance de près de deux mille ans : ses tribulations le menèrent au Yémen, au Maroc, en Espagne, en
Allemagne, en Pologne et jusqu’au fin fond de la Russie, mais il parvint toujours à préserver les liens du sang entre ses communautés éloignées. (…) Vierge, la Palestine attendait que
son peuple originel vienne la faire refleurir. Car elle lui appartenait, et non à cette minorité arabe, dépourvue d’histoire, arrivée là par hasard. Justes étaient donc les guerres
menées par le peuple errant pour reprendre possession de sa terre ; et criminelle l’opposition violente de la population locale».2
Les juifs sont comme les
Palestiniens des Cananéens
«D’où vient cette
interprétation de l’histoire juive ? poursuit le professeur Schlomo Sand. Elle est l’œuvre, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de talentueux reconstructeurs du passé, dont
l’imagination fertile a inventé, sur la base de morceaux de mémoire religieuse, juive et chrétienne, un enchaînement généalogique continu pour le peuple juif. Lorsque apparaissaient
des découvertes susceptibles de contredire l’image du passé linéaire, elles ne bénéficiaient quasiment d’aucun écho. Pour les historiens, est juif tout descendant du peuple contraint
à l’exil il y a deux mille ans. (…) Mais voilà qu’au cours des années 1980 la terre tremble, ébranlant ces mythes fondateurs. Les découvertes de la «nouvelle archéologie» contredisent
la possibilité d’un grand exode au XIIIe siècle avant notre ère. Il n’existe pas non plus de signe ou de souvenir du somptueux royaume de David et de Salomon. L’exil de l’an 70 de
notre ère a-t-il, lui, effectivement eu lieu ? Paradoxalement, cet «événement fondateur» dans l’histoire des juifs (…) les Romains n’ont jamais exilé de peuple sur tout le flanc
oriental de la Méditerranée. À l’exception des prisonniers réduits en esclavage, les habitants de Judée continuèrent de vivre sur leurs terres, même après la destruction du second
temple. Une partie d’entre eux se convertit au christianisme au IVe siècle, tandis que la grande majorité se rallia à l’islam lors de la conquête arabe au VIIe siècle. Yitzhak Ben
Zvi, futur président de l’État d’Israël, tout comme David Ben Gourion, l’ont écrit jusqu’en 1929, année de la grande révolte palestinienne. Tous deux mentionnent à plusieurs reprises
le fait que les paysans de Palestine sont les descendants des habitants de l’antique Judée».
«Au Ve siècle
apparaît ainsi, à l’emplacement de l’actuel Yémen, un royaume juif vigoureux du nom de Himyar. De même, les chroniqueurs arabes nous apprennent l’existence, au VIIe siècle, de tribus
berbères judaïsées : face à la poussée arabe, qui atteint l’Afrique du Nord à la fin de ce même siècle, apparaît la figure légendaire de la reine juive Dihya el-Kahina, qui tenta de
l’enrayer. Des Berbères judaïsés vont prendre part à la conquête de la péninsule Ibérique, et y poser les fondements de la symbiose particulière entre juifs et musulmans,
caractéristique de la culture hispano-arabe. (…) Israël, soixante ans après sa fondation, refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens (…) Autrement dit, une
ethnocratie sans frontières justifie la sévère discrimination qu’elle pratique à l’encontre d’une partie de ses citoyens en invoquant le mythe de la nation éternelle, reconstituée
pour se rassembler sur la «terre de ses ancêtres».[2]
Neturei Karta : La mauvaise
conscience des sionistes
On comprend dans ces conditions comment des juifs se dressent au nom du droit contre l’État sioniste. Amar Djerrad en parle : «Parmi les
organisations qui luttent activement en ce XXIe siècle, il en existe une, paradoxalement juive, qui lutte au côté du peuple palestinien pour se défaire du joug colonial israélien,
«État» né d’une forfaiture légalisée par l’ONU. Il s’agit de l’organisation dénommée Neturei Karta qui regroupe des juifs, qui refusent le sionisme, prône un État
palestinien et le démantèlement de «l’État d’Israël» qu’ils considèrent contraire à l’enseignement de la Torah. Ils sont des centaines de milliers dans le monde (principalement à New
York) et en Israël. Son leader, le rabbin Moshe Hirsch, était devenu l’un des dirigeants de ce groupe en 1974. Proche de Yasser Arafat, il avait été son ministre des Affaires juives.
Ce rabbin, véritablement religieux, juste et fidèle à ses principes, a, toute sa vie durant, été aux côtés des Palestiniens contre le sionisme». «Bien sûr, car la Palestine appartient
aux Palestiniens. L’idée d’une solution provisoire avec deux États côte à côte n’est ni juste ni viable. Et les sionistes ne sont pas les représentants des juifs. Ce sont des
imposteurs ! Une fois l’État d’Israël démantelé, nous sommes convaincus que les citoyens de toute confession auront leur place dans le nouvel État, s’ils respectent les
lois». Contrairement à
ce que l’on peut penser, ces propos émanent du rabbin new-yorkais Yisroel Dovid Weiss, membre de l’organisation dénommée Neturei Karta (Gardiens du Temple)».3
Les organisations juives
américaines en force dans les manifestations anti-Israël
Aux cris de «Libérez, libérez la Palestine», plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi en plein cœur de New York
pour réclamer la fin de la «colonisation israélienne» et dénoncer le soutien des États-Unis à Israël, tout en exprimant leurs craintes face aux opérations militaires à Gaza. En
majorité jeunes, et de toutes origines, portant keffiehs et foulards mais aussi chapeau juif et barbes, les manifestants ont appelé à la «libération» de la «Palestine» et accusé
Israël de «génocide». De nombreuses pancartes appellent à mettre fin à un «génocide» ou à un «apartheid» de la part d’Israël (…) À l’extrême-gauche, Jewish Voice for Peace a noté que
«l’apartheid et
l’occupation israéliennes – et la complicité des États-Unis dans cette oppression – sont la source de toutes ces violences». La communauté juive
américaine, de loin la principale diaspora juive dans le monde, tourne de plus en plus le dos à Israël, à sa politique vis-à-vis des Palestiniens et à sa politique
«identitaire».4
Histoire de l’effritement de la
cause palestinienne par les Arabes
D’Ibn Saoud à Fayçal et Khaled et Selman à MBS la détérioration de la cause palestinienne est une réalité. Sans revenir sur les fondements de la cause
palestinienne depuis plus d’un siècle avec l’ignominie de la déclaration de Balfour où ce dernier pour la deuxième fois après Dieu fait cadeau d’une terre qui n’est pas la sienne aux
sionistes. Il fut cependant une période que l’on peut évaluer à une trentaine d’années, où la cause palestinienne était l’une des causes qui unifiait les Arabes. Nous allons décrire
trois évènements fondateurs qui font que la cause palestinienne a perdu inexorablement en soutien pour devenir l’objet de tractations marchandes dans le cadre de ce qui est appelé les
accords d’Abraham.
L’entente de Ibn Al Saoud et de
Franklin Roosevelt
Les Promesses du président Roosevelt à Ibn Saoud sur le croiseur le Quincy méritent d’être rappelées :«C’est sur le
Quincy, écrit l’historien Henry Laurens que Franklin Roosevelt, de retour de Yalta, a rencontré le premier roi d’Arabie saoudite, Abdel Aziz Al-Saoud, le 14 février 1945. La première
question abordée a été celle des juifs de Palestine. Les deux chefs d’État sont plutôt d’accord en ce qui concerne les réfugiés juifs en Europe : Ibn Saoud marque que les Arabes sont
prêts à mourir plutôt qu’à céder la Palestine. C’est alors que Roosevelt prend le seul engagement ; Il souhaite assurer au roi qu’il ne fera rien pour aider les juifs contre les
Arabes et ne mènera aucune action hostile au peuple arabe. (…) À son retour, il affirmera qu’il a davantage appris sur la Palestine en cinq minutes de la part d’Ibn Saoud que dans
toute sa vie précédente. Les Arabes ne voulaient pas un juif de plus en Palestine».5
Bien plus tard dans les années 70, le roi Fayçal continue sur le même registre de la nécessité d’une patrie palestinienne. À ses visiteurs Fayçal
formulait chaque fois le vœu de prier à Jérusalem à la Mosquée d’El Aqsa.
Le président égyptien Sadate à la
Knesset
La guerre de 1947 que les Arabes perdirent permit à Israël d’augmenter la superficie du Territoire ce qui sera concrétisé par l’indépendance d’Israël en
mai 1948. Ce fut alors la mise en œuvre de la Nekba d’une transhumance, un million de réfugiés furent expulsés et s’installèrent dans les pays voisins. Ce fut de fait une épuration
ethnique. Les Palestiniens se souviendront longtemps des massacres de Deir Yassin, la création de l’État d’Israël le 14 mai 1948 avec une partition qui favorise Israël. Deux guerres
plus tard 1967 et 1973 perdues n’ont pas fait bouger les lignes dans le sens de la conformité d’Israël aux résolutions du 22 novembre 1967. En 1977, le président égyptien Anouar
el-Sadate entreprend un voyage à Jérusalem. Il veut abattre le mur, un mur psychologique, entre Arabes et Israéliens. Contrairement à Nasser, Sadate dit oui à des négociations de paix
entre les deux pays. Les Américains avec la politique des petits pas de Kissinger amenèrent l’Egypte à Camp David à sortir du champ de bataille
C’est à cette époque que fut constitué le Front du Refus, composé du Yémen, de la Libye, de la Syrie et de l’Algérie. De plus pour exclure l’Égypte, le
siège de la Ligue arabe est déplacé du Caire vers Tunis. Quelques années plus tard, curieusement les motifs du changement étaient toujours en vigueur et l’Égypte a pu récupérer le
siège avec toujours un secrétaire de la Ligue Arabe égyptien, inamovible, après l’intermède tunisien
L’Initiative de paix
arabe
Les pays arabes proposèrent en 2002 une initiative censée régler le problème palestinen. Réaffirmant la décision du Sommet extraordinaire de la Ligue
arabe tenu au Caire en juin 1996, selon laquelle une paix juste et globale représente un choix stratégique pour les États arabes, à réaliser dans la légalité internationale et
nécessitant un engagement équivalent à cet égard de la part d’Israël, principe «terres contre paix», et demandé ainsi qu’Israël accepte l’avènement d’un État palestinien indépendant
et souverain avec pour capitale Jérusalem-Est, en contrepartie de l’établissement par les États arabes de relations normales dans le contexte d’une paix globale avec Israël. Partant
de la conviction qu’une solution militaire du conflit n’établira pas la paix, pas plus qu’elle n’assurera la sécurité d’aucune des parties,
1. Demande à Israël de réexaminer ses politiques et de pencher vers la paix,
2. Demande en outre à Israël : (a) De se retirer intégralement des territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien, jusqu’à la ligne du 4 juin
1967, et (b) De parvenir à une solution juste et agréée au problème des réfugiés palestiniens conformément à la Résolution 194 (III) (c) D’accepter la création d’un État palestinien
indépendant et souverain dans les territoires palestiniens occupés depuis le 4 juin 1967 en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec pour capitale Jérusalem-Est ;
3. S’engage alors à ce que les États arabes ; (a) Considèrent que le conflit israélo-arabe a pris fin et participent à un accord de paix entre eux et
Israël tout en assurant la sécurité de tous les États de la région ; (b) Etablissent des relations normales avec Israël dans le contexte de cette paix globale ; (c) Invite la
communauté internationale et tous les États et organisations qui la composent à appuyer cette initiative».6
Selon le porte-parole de Bush, Ari Fleischer, «le président a
salué les idées du prince héritier concernant la pleine normalisation arabo-israélienne» Benjamin Netanyahou aurait rejeté l’initiative en 2007 alors qu’il était chef de
l’opposition israélienne. Les sondages du peuple palestinien ont révélé un large soutien au plan. L’Initiative de paix arabe a reçu les éloges des chefs d’État du monde entier, des
organisations internationales.7
Rien n’y fit ! Ce sera ensuite la Jordanie en 1994 et les pays du format des Accords d’Abraham, le plus enthousiaste dans sa reddition sera les Émirats
arabes unis, ensuite Bahreïn, le Maroc, le Soudan, en attendant l’accord du siècle avec la signature de l’Accord de reddition par l’Arabie Saoudite un instant remis en cause de
l’attaque du Hamas.
Accords d’Abraham : Quel bilan, 3
ans après ?
C’était il y a trois ans jour pour jour. À Washington, aux côtés de Donald Trump, les représentants des Émirats arabes unis, de Bahreïn et d’Israël
signaient les accords d’Abraham. Un texte qui officialisait la normalisation des liens diplomatiques entre ces pays. À l’époque, l’accord était décrit comme «un texte
historique» par certains et «un acte de
trahison envers les Palestiniens» par d’autres. L’ambassadeur d’Israël aux Émirats arabes unis, Amir Hayek, a déclaré lors d’une interview sur i24NEWS que
davantage de pays rejoindront les accords d’Abraham, et que les relations entre l’État juif et les États du Golfe sont «une voiture
roulant à toute allure sans marche arrière». «Nous entretenons
d’excellentes relations avec les Émiratis. Nous avançons, c’est comme une start-up qui va devenir une licorne».8
«Ryad voyait des
avantages à normaliser ses liens avec Israël. Interrogé sur le nucléaire, le ministre saoudien des Affaires étrangères a déclaré que le royaume préfère le soutien américain. Le
ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré que la normalisation des relations entre Ryad et Israël apporterait des avantages significatifs à la
région. L’Arabie saoudite s’est montrée disposée à envisager l’idée, mais demande plusieurs concessions importantes de la part des États-Unis. Outre la coopération sur le programme
nucléaire, Ryad attend également des garanties économiques et de sécurité de la part de l’administration Biden».9
La reddition pour quelques dollars
de plus
Graduellement la cause palestinienne est sortie de l’écran radar des préoccupations. Les États-Unis sous l’ère Trump, mettent en œuvre les Accords
d’Abraham. D’un problème de lutte pour une Terre, les stratèges américains en ont fait une affaire de gros sous. Il fallait faire adhérer des pays arabes. En plus de la Jordanie qui a
normalisé ses relations en 1994, ce seront les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc, à qui le président Trump a offert le Sahara occidental pour prix de son intégration. Avec une
Autorité palestinienne en fin de règne et qui fait le boulot de la police pour le compte d’Israël, qui se sent pousser des ailes avec des constructions de nouvelles colonies sur ce
qui reste de la Palestine avec en prime le siège de l’ambassade américaine à Jérusalem. Les Palestiniens voient la perspective de disposer d’une patrie s’éloigner.
Parallèlement, on réduit les revendications d’une patrie palestinienne à un problème marchand. C’est en tout cas, l’affirmation à haute voix d’une
reddition sonnante et trébuchante. Ghaith al-Omari ex négociateur devenu chercheur dans un centre de réflexion aux États Unis déclare : «Aujourd’hui, à
Gaza ou en Cisjordanie occupée, la situation est totalement désespérée pour les jeunes Palestiniens». Il suggère que les Palestiniens coopèrent avec Israël en taisant toute
velléité d’autonomie : «(…) Il faut
réformer l’Autorité palestinienne et faire renaître l’espoir dans la validité de la coopération en encourageant les initiatives économiques conjointes et en poursuivant la coopération
en matière de sécurité». Les leaders palestiniens ne réalisent pas que la région est en train de changer : «Nous assistons à
une toute nouvelle façon de faire de la politique au Moyen-Orient, Ghaith al-Omari ne propose pas autre chose qu’une reddition en rase compagne sous l’aile protectrice des Accords
d’Abraham».10
Une nouvelle ère en Arabie
saoudite ?
Il y a à peine 15 jours tout était pour le mieux. Le Monde s’attendait au scoop de normalisation entre l’Arabie Saoudite et Israël. Le prince héritier
saoudien «MbS» se dit optimiste sur la normalisation avec Israël. Une délégation gouvernementale israélienne organise des prières juives. En effetle ministre des
Communications Shlomo Karhi, à Riyad pour la conférence postale de l’ONU, s’est joint au Minyan pour Souccot, avec un rouleau de la Torah dédié au dirigeant du royaume qui s’achemine
progressivement vers la normalisation de ses relations avec l’État juif.11
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a apporté, sur la chaîne conservatrice américaine Fox News,
son soutien aux négociations menées par l’administration Biden en vue d’un accord de normalisation avec Israël. «Si
l’administration Biden réussit, je pense que ce sera l’accord le plus important depuis la guerre froide».«Nous espérons
[que les négociations] aboutiront à un résultat qui facilitera la vie des Palestiniens et qui permettra à Israël de jouer un rôle au Moyen-Orient», a poursuivi
MBS. Parlant de
«besoins»
plutôt que de droits, il a paru très loin de conditionner la reconnaissance d’Israël à la création d’un État palestinien, comme le prévoit le plan de paix arabe de 2002,
œuvre du défunt prince héritier Abdallah. Cependant Il ne faut pas croire que la normalisation est récente, les prémisses sont anciennes au moins depuis 2020. Le premier ministre
israélien a rendu visite au prince héritier, Mohammed ben Salmane. L’Arabie saoudite dément cette rencontre qui pourrait être la première visite d’un Premier ministre israélien en
Arabie saoudite.12
Le «revirement conjoncturel» de
l’Arabie saoudite
L’attaque du Hamas en territoire israélien et les conséquences tragiques avec les milliers de morts, de part et d’autre ont amené l’Arabie saoudite de
MbS à changer son fusil d’épaule. Changement total de comportement, l’Arabie saoudite met entre parenthèse ses relations avec Israël le temps d’éteindre le brûlot ghazaoui : À l’ONU,
l’Arabie saoudite a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, tout en condamnant les attaques contre les civils. Elle a rejeté les appels à «l’expulsion des
Palestiniens de Gaza», soutenant que l’occupation israélienne continue de la Palestine et ses provocations «répétitives et
systématiques» dans les Lieux saints ont alimenté le conflit. Le prince Faisal ben Khaled, appelle également à la levée des sanctions et du blocus imposés à Gaza, ainsi qu’à la
fourniture d’une aide humanitaire essentielle, soulignant que priver les Palestiniens de ces besoins humains fondamentaux est une violation du droit humanitaire international. Il a
exprimé les préoccupations du Royaume concernant l’occupation israélienne et ses répercussions économiques sur la vie des Palestiniens et des Syriens sur le plateau du Golan.
«La
cause palestinienne était et est toujours la cause centrale des Arabes et des musulmans. Elle figure en tête des priorités du royaume d’Arabie saoudite en matière de politique
étrangère», déclare le prince Faisal. Une solution juste et globale à la question palestinienne est essentielle pour répondre aux demandes légitimes du peuple palestinien et des
Syriens du Golan, notamment la pleine souveraineté sur leurs terres et leurs ressources, conformément aux décisions internationales. Le Royaume a récemment fait don d’1,2 milliard à
l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient.13.
Il reste à savoir si cette position est pérenne et si elle résistera aux Accords d’Abraham que l’Arabie saoudite était prête à signer.
Les massacres de masse prélude à
une deuxième Nekba
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a assimilé un tel «déplacement» des Gazaouis à une «deuxième
Nakba», en référence à l’exode de quelque 760 000 Palestiniens, lors de la création en 1948 de l’entité sioniste. «Il est désormais
confirmé écrit Pepe Escobar que les services de renseignements égyptiens ont averti leurs homologues israéliens trois jours seulement avant le Déluge d’Al-Aqsa que quelque chose de
«gros» se préparait du côté du Hamas. Tel-Aviv, son appareil de sécurité de plusieurs milliards de dollars et les FDI, «l’armée la plus puissante du monde», ont choisi de l’ignorer.
Deux vecteurs clés ont ainsi été mis en place. Tel-Aviv obtient son prétexte de «Pearl Harbor» pour mettre en œuvre une «guerre contre le terrorisme» remixée, ainsi
qu’une sorte de solution finale au «problème de Gaza» (déjà en vigueur). L’Hégémon change brusquement la narration pour s’éloigner de l’humiliation conjointe,
inévitable et cosmique de la Maison-Blanche et de l’OTAN dans les steppes de Novorossiya – une défaite stratégique qui configure l’humiliation précédente en Afghanistan comme un bal
masqué à Disneyland».14
Le blocus total des «animaux
humains» (copyright ministère de la Défense israélien) de Gaza, en fait une population civile de 2,3 millions d’habitants, a été imposé lundi dernier. Pas de nourriture, pas
d’eau, pas de carburant, pas de produits de base. Il s’agit d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanité, qui bouscule les quatre principes fondamentaux du droit des conflits
armés (DCA) – le tout dûment applaudi par l’OTAN et les médias dominants contrôlés par les oligarques qui l’accompagnent. Chrétiens, musulmans, juifs et autres groupes ethniques ont
vécu pacifiquement en Palestine pendant des siècles jusqu’à l’imposition du projet raciste sioniste, avec tous les attributs du colonialisme de peuplement, «diviser pour
régner». La Nakba est un vieux souvenir datant d’il y a 75 ans. Nous sommes aujourd’hui bien au-delà de l’apartheid – et nous entrons dans l’exclusion totale et l’expulsion des
Palestiniens de leur patrie. En janvier 2023, le Premier ministre israélien Netanyahou a lui-même souligné que «le peuple juif a
un droit exclusif et incontestable sur toutes les régions de la Terre d’Israël».[14]
Comment se présente l’avenir
?
Il serait tragique de ne pas mettre à profit ces évènements pour poser les bases d’une solution à deux États, et revenir à l’initiative arabe de 2002.
C’est à dire revenir à l’application des résolutions consacrant les frontières de 1967, avec la résolution le problème des réfugiés mais aussi en consacrant Jérusalem comme capitale
de deux États. Rien n’interdirait alors une normalisation des relations entre Israël et tous les pays arabes. Car, il devient de plus en plus clair que plus rien ne sera comme avant.
Les États Unis sont de fait en train de gérer l’ingérable s’entêtant à une vision passéiste de l’empire qui pouvait dicter la norme : «Le rêve de
l’establishment américain de la Pax Americana établi est en train de s’effondrer». C’est ce qu’ont déclaré les auteurs de plusieurs grands médias, tels
que Bloomberg et Politico,
après la reprise du conflit entre Israël et la Palestine. Les États-Unis ont déjà perdu leur statut de gendarme du monde. Dans un avenir proche, ils perdront leur statut de première
économie. Les États-Unis ont réagi très vite après l’attaque du Hamas contre Israël. Joe Biden a promis un soutien «inébranlable» à Israël. Les ressources militaires américaines ne
sont pas inépuisables. Personne ne sait pour combien de temps les États-Unis devront se tenir aux côtés des Israéliens.15
Nous empruntons à un collègue politologue algéro canadien : «Concernant
l’avenir 3 scénarios sont traités.
– Un scénario au
fil de l’eau avec la poursuite des combats avec Gaza et Hamas. Le baril est déjà monté et beaucoup d’indicateurs régionaux se sont dégradés.
– Un scénario
avec une implication du Hezbollah où le baril monte de 3$ et où tous les autres indicateurs se dégradent un peu.
Dans le cas d’un
scénario où l’Iran s’implique, c’est l’apocalypse économique, une guerre régionale avec un baril à 150$ et une perte de contrôle mondial sur l’économie.
Le président
Poutine, contrairement au président Biden, propose et l’UE le rejoint, de découpler et de dépolitiser les questions humanitaires de celle des otages américains puis israéliens. Il
propose à moyen terme de résoudre la question palestinienne en application des résolutions déjà adoptées»16.
Ce serait enfin rendre justice au peuple palestinien qui accepte de vivre sur les 18% de sa Terre originelle.
« Si l'on veut donner une définition de ce que je nomme
le palestinisme, on pourrait écrire que c'est le fait d'épouser aveuglément le narratif palestinien sans esprit critique aucun. Avant d'expliquer que ce palestinisme n'est qu'un avatar de
l'islamo-gauchisme, je tiens à dire qu'on peut parfaitement être sensible à la cause arabo-palestinienne sans être palestiniste. » (Gilles-William
Goldnadel, "Le Figaro" du 17 mai 2021).
J'aurais pu aussi titrer : La vérité s'efface derrière la colère. En revanche, s'il s'agit
bien de vérité, il ne s'agit pas de raison (qui s'oppose généralement à l'émotion) : en effet, la destruction
d'un hôpital n'a absolument rien de ...raisonnable. En revanche, rechercher la cause de cette destruction doit se
faire hors de toute passion, rationnellement. Comme s'il fallait faire la guerre à une surenchère compassionnelle.
Soyons clairs : Tout ce qui arrive depuis le 7 octobre 2023 à la population civile de Gaza
est de la responsabilité du Hamas. Le massacre
commis par cette organisation terroriste qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes en Israël a très
logiquement eu pour conséquence une réaction de l'armée israélienne pour assurer la sécurité de ses habitants dans l'objectif d'éliminer les forces terroristes. Cette réaction, hélas, a déjà
coûté la vie à au moins 3 000 personnes à Gaza, principalement des civils, et on compterait entre 800 et 1 000 enfants qui y ont péri. Ce bilan désastreux et encore hélas provisoire est
aussi condamnable que l'horreur du 7 octobre 2023.
La riposte israélienne ne doit pas être une vengeance mais une opération pour combattre le terrorisme. Ce
sont les alliés d'Israël qui ont exprimé le plus inconditionnellement leur soutien et leur solidarité à Israël qui sont les mieux placés pour convaincre Israël d'épargner le plus possible la
population civile à Gaza. Les valeurs humanistes sont universelles et s'imposent à tous : La valeur de la vie est la même en Israël et à Gaza.
L'explosion d'un hôpital (l'Ahli-Arab Hospital) à Gaza dans la soirée du mardi 17 octobre 2023 a servi de catalyseur
aux peuples arabes pour manifester contre la politique d'Israël. Même dans des pays qui commençaient à nouer des relations diplomatiques avec Israël, comme le Maroc, les manifestants étaient
nombreux pour soutenir le peuple palestinien et condamner Israël. Du côté du Hamas, on a communiqué sur le nombre de victimes, d'abord 200, puis jusqu'à près de 500, et pourtant, d'autres
observateurs évoqueraient plutôt quelques dizaines, ce qui reste, surtout dans un hôpital, un scandale : Dans les hôpitaux à Gaza, il y a non seulement des patients et le personnel soignant
et administratif, mais aussi des réfugiés, des familles, qui sont venus faute d'avoir de quoi se loger après la destruction de leur habitation. Le Hamas a très vite accusé l'armée israélienne
d'avoir bombardé cet hôpital, ce qui a déclenché ces nouvelles manifestations dans les pays arabes contre Israël mais aussi contre ses alliés, notamment les États-Unis et la
France.
Pourtant, le lendemain, on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Certes, les dénégations d'Israël
sont de bonne guerre et à peine plus crédibles que les affirmations du camp palestinien, chaque belligérant rejetant sur l'autre les conséquences tragiques de "leur" guerre. Mais dans ce cas
précis, qui n'exonère pas la responsabilité morale d'Israël des autres tragédies provoquées par sa riposte, on peut douter très sérieusement de la responsabilité de l'armée israélienne, d'autant
plus que l'hôpital en question est un établissement chrétien.
L'origine israélienne de l'explosion de cet hôpital est remise en cause, en effet, par des images diffusées
en direct par la chaîne qatarie Al-Jazeera, qu'on ne peut soupçonner d'une partialité pro-israélienne. Dans ces images, on voit une roquette qui a explosé en plein vol au-dessus de l'hôpital et
dont les éclats sont retombés sur l'hôpital (essentiellement le parking) avant le départ d'un feu.
Cette version est renforcée par le bruit de la roquette (qui n'a rien à voir avec les bombes
israélienne) et aussi l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre un membre du Hamas et un membre du Djihad islamique. Ce serait un défaut d'une roquette du Djihad islamique, tirée
avec beaucoup d'autres depuis un cimetière peu éloigné de l'hôpital, qui serait à l'origine de l'explosion. Cette version est aussi confirmée par la nature des dégâts : Un incendie (dû au
carburant de la roquette, liquide inflammable) et pas une explosion au sol, des fenêtres cassées mais pas les murs (alors que les bombes israéliennes détruisent des bâtiments entiers), pas de
cratère, etc. Ce qui expliquerait aussi que l'estimation communiquée par le Hamas de plusieurs centaines de victimes est peu crédible (on parle maintenant de plusieurs dizaines de morts, tous des
civils).
Du reste, certains rappellent qu'environ une roquette sur vingt lancées depuis Gaza par les terroristes
palestiniens pour tuer des Israéliens retombe sur Gaza même, tuant donc des Palestiniens au point qu'on peut sérieusement se demander qui, de l'armée israélienne ou des terroristes palestiniens
ont tué le plus de civils palestiniens depuis plusieurs décennies (rappelons que le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé 5 000 roquettes contre Israël).
En outre, la venue du Président américain Joe
Biden au Proche-Orient le lendemain ne coïncidait pas vraiment dans l'agenda avec une frappe israélienne qui aurait
été contre-productive. Les tentatives américaines de médiation dans la région ont été anéanties par cette explosion qui a beaucoup ému des pays arabes qu'il voulait aussi
visiter.
La vérité existe puisque les faits sont les faits. Sur cette explosion de l'hôpital, cela
paraît donc peu probable que l'armée israélienne en soit responsable. Mais celle-ci a finalement une faible importance face aux foules enflammées. Et comme je l'ai écrit plus haut, la non
responsabilité de l'armée israélienne de cette destruction ne l'exonère pas de celle des autres tragédies qu'elle commet en réponse à l'horreur du Hamas. Malgré la désinformation, la colère se
base sur du réel aussi.
Avez-vous remarqué que lorsque des peuples non islamiques sont touchés par de tragiques attentats, sont mis
en avant la tristesse et le recueillement comme émotions principales, tandis que lorsqu'un peuple islamique est touché par une tragédie guerrière, c'est la colère qui l'emporte, et l'esprit de
vengeance ? La colère est une courte folie, dit la formule latine. Combien de temps faudra-t-il attendre pour que la folie cesse enfin et que les deux peuples, israélien et palestinien, qui
ne sont peuples que depuis 1948, puisse cohabiter paisiblement avec une mutuelle reconnaissance et dans un mutuel respect ? C'est l'objectif des rationnels, ceux qui laissent la passion de
côté et qui veulent la raison. Ils sont ultra-minoritaires dans cette région du monde...
Pourquoi Joe Biden a menti au sujet de l’attaque contre l’hôpital de Gaza ?
Par M.K. Bhadrakumar – Le 19 octobre 2023 – Source Indian
Punchline
Les mensonges blancs sont souvent prononcés pour protéger quelqu’un ou
détourner les vérités dérangeantes. Le mensonge blanc du président américain Joseph Biden a dissimulé l’horrible vérité sur l’attaque israélienne au missile contre l’église baptiste de Gaza dans
la nuit de mardi à mercredi, qui a coûté la vie à plus de 500 personnes.
Biden s’est probablement
senti en sécurité parce que les crimes de guerre de qualité platine sont rarement examinés – Vietnam (massacre de My Lai), Afghanistan (frappe aérienne sur l’hôpital de Kunduz) et Irak
(Fallujah). Néanmoins, il y aura procès devant la haute cour de sa propre conscience.
Cook a écrit : “Il n’est pas
seulement “improbable” qu’une roquette palestinienne ait touché l’hôpital de Gaza. C’est impossible. Les médias le savent, mais ils n’osent pas le dire“.
Biden le sait aussi. Lisez attentivement la remarque qu’il a faite mercredi, à son arrivée en Israël : “D’après ce que j’ai vu, il semble que ce soit l’autre équipe qui
l’ait fait, pas vous. Mais il y a beaucoup de gens
qui n’en sont pas sûrs“. (souligné par l’auteur).
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, qui a rédigé ces mots pour que Biden les prononce, a pris soin d’assortir sa déclaration
de mises en garde. La déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Adrienne Watson, qui a suivi quelques heures plus tard, a également tergiversé : “Alors que nous continuons à collecter des informations,
notre évaluation actuelle, basée sur
l’analyse des images aériennes, des interceptions et des informations de source ouverte, est qu’Israël n’est pas responsable de l’explosion survenue hier à l’hôpital de Gaza.” (souligné par
l’auteur).
La grande question est donc la suivante : Pourquoi Biden s’est-il laissé aller à un mensonge blanc risqué ? Plusieurs facteurs entrent en jeu. La nouvelle de
l’explosion à Gaza était déjà disponible mardi soir à Washington, alors que Biden et son entourage étaient assis sur la piste d’atterrissage en attendant de partir pour Tel Aviv, avec une anxiété
lancinante quant aux résultats de la visite.
En effet, la visite était un pari. Pourtant, l’annulation du voyage était une “non-option“, car les impératifs de la politique intérieure et de
la politique étrangère s’étaient alors coalisés de manière inséparable. Il suffit de suivre les critiques acerbes de Fox News à l’encontre de Biden et les demandes croissantes
des Républicains de se venger de l’Iran pour avoir donné du pouvoir à la résistance palestinienne.
De même, Biden était conscient des malheurs de la tournée régionale entreprise par le secrétaire d’État Antony Blinken la semaine précédente. Blinken a essuyé des
rebuffades et des coups de langue comme aucun de ses prédécesseurs n’en a probablement connu dans les capitales du Proche-Orient. L’influence des États-Unis dans la région est au plus bas.
Joe Biden savait qu’il devait agir – et être perçu comme tel. Il a également compris que l’aspect optique revêtait une grande importance pour Israël (un allié clé),
pour Benjamin Netanyahu (un ami intime d’antan dont la carrière politique est menacée) et, bien sûr, pour Joe Biden lui-même (car sa candidature à la réélection est en jeu).
Sur le tarmac de l’aéroport de Tel Aviv, Biden a sorti de sa boîte à outils une “diplomatie de l’accolade” à la Modi. En donnant l’accolade à
Netanyahou, Biden a fait d’une pierre trois coups : premièrement, il a fait taire les critiques du Parti républicain qui lui reprochait d’avoir apaisé l’Iran et négligé la sécurité d’Israël.
Deuxièmement, Biden a souligné que même si les choses se corsent dans la guerre par procuration en Ukraine, les États-Unis soutiennent fermement Israël.
Plus important encore, il a mis en place des anneaux d’engagement autour de Netanyahou, bien que ce dernier soit en fin de parcours dans sa carrière politique, car
il est la meilleure chance pour Washington de s’assurer que le comportement futur d’Israël reste réceptif à la persuasion des États-Unis.
Ce dernier point est essentiel. Les États-Unis ne recherchent pas un conflit régional au Moyen Orient. Biden comprend la soif de vengeance d’Israël à l’égard du
Hamas, mais il est opposé à l’élargissement du conflit. Les États-Unis prennent au sérieux l’avertissement de Téhéran concernant une intervention directe si les attaques israéliennes se
poursuivent. Mais Téhéran n’est pas non plus à la recherche d’un conflit.
Dans cette perspective, Biden a réaffirmé à Netanyahu le soutien indéfectible de Washington à l’autodéfense d’Israël, mais il a également exhorté ce dernier à
“ne pas se laisser consumer par la rage” dans sa
réponse à l’attaque du Hamas. Comme il l’a dit, “justice
doit être faite. Mais je vous mets en garde : si vous ressentez de la rage, ne vous laissez pas consumer par elle. Après le 11 septembre, nous étions enragés aux États-Unis. Nous avons cherché à
obtenir justice et nous l’avons obtenue, mais nous avons aussi commis des erreurs.”
Il faut certainement avoir le courage d’admettre ses propres erreurs pour conseiller la modération au gouvernement israélien actuel, qui est dominé par des forces
ultranationalistes. Le chef du parti sioniste religieux, Bezalel Yoel Smotrich, est le ministre des finances d’Israël – un partisan de l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie qui
s’oppose à la création d’un État palestinien et nie l’existence du peuple palestinien.
Le chef du Otzma Yehudit, Itamar Ben-Gvir, est le ministre de la sécurité nationale de Netanyahou, qui a déjà été condamné pour avoir soutenu le groupe terroriste
Kach, qui épousait le kahanisme, une idéologie sioniste religieuse extrémiste, que le journal Haaretz a décrit comme “l’homme de confiance” des extrémistes juifs et dont la liste des
clients “se lit comme un ‘Who’s Who’ des suspects dans les
affaires de terrorisme juif et les crimes de haine en Israël“.
Pourtant, après des heures d’entretiens avec Netanyahu et son cabinet de guerre, Biden a révélé qu’Israël avait accepté d’ouvrir la frontière entre l’Égypte et la
bande de Gaza aux livraisons de nourriture, d’eau et de fournitures médicales dont le besoin se fait cruellement sentir, après un blocus total de 11 jours. “Le peuple palestinien souffre énormément lui aussi, et nous pleurons
la perte de vies palestiniennes innocentes comme le monde entier“, a déclaré Biden. “Les habitants de Gaza ont besoin de nourriture, d’eau, de médicaments
et d’abris.”
Plus tard, lors d’une escale de ravitaillement à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, Biden a fait remarquer qu'”Israël a été gravement victimisé, mais la vérité est qu’il a
l’occasion de soulager la souffrance de personnes qui n’ont nulle part où aller – c’est ce qu’il devrait faire“.
Le journal The
Guardianécrit que
“des responsables américains auraient tenté de convaincre
leurs homologues israéliens, lors de réunions organisées pendant la visite présidentielle, qu’une réponse de style terre brûlée à Gaza provoquerait une catastrophe humanitaire, une perte du
soutien mondial à Israël et peut-être une guerre plus large, sans éradiquer le Hamas“.
Ailleurs, dans un autre article, le Guardian notait également que “l’engagement émotionnel et politique de Biden en faveur d’Israël
n’est pas contestable. Sa carrière le confirme, tout comme ses votes lorsqu’il était sénateur ; il s’est rendu en Israël à de nombreuses reprises, depuis l’époque de Golda Meir jusqu’à
aujourd’hui. Le discours qu’il
a prononcé à Washington la semaine dernière après les meurtres perpétrés par le Hamas était une déclaration morale exceptionnellement puissante de l’Israël auquel il s’identifie.
La raison la plus évidente
de cette visite est que Biden a fait preuve de solidarité après le massacre du 7 octobre. Faire preuve d’empathie est l’une des forces par défaut de Biden. Mais il s’est également déplacé pour
exhorter Israël à réagir de manière stratégiquement éclairée, en évitant les réactions excessives. L’escalade est contraire aux intérêts des États-Unis. Washington souhaite également maintenir la
possibilité que les otages du Hamas, dont certains sont américains, puissent être rendus vivants.”
L’avenir nous dira dans quelle mesure Joe Biden a réussi sa mission. Il n’avait pas d’autre choix que de recourir à un mensonge blanc pour un avantage plus grand.
Le point décisif survient alors que la crise des otages se prolonge. Biden semble espérer que les efforts déployés par Washington dans le cadre de la médiation du Qatar porteront leurs fruits. Si
tel est le cas, cela aura un impact profond sur l’opinion américaine.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La coalition de Netanyahou joue la carte de la provocation, tandis que les États-Unis intensifient leur action en Syrie
Les inquiétudes en matière de sécurité au sein de la caste militaire
professionnelle d'”Israël” sont bien réelles. Il
y a des tensions dans le nord avec le Liban, des tensions croissantes avec les Palestiniens, et la Syrie est sur le point de connaître une rupture majeure.
Par Alastair Crooke – Le 9 septembre 2023 – Source Al Mayadeen
La coalition gouvernementale “israélienne” , dirigée par Netanyahou, s’efforce de
mettre en place des structures politiques et sécuritaires en Cisjordanie qui excluront la possibilité d’une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien.
L’objectif stratégique
est de remodeler l’État israélien afin d’affirmer la primauté juive sur l’ensemble d’“Israël” et sur les territoires palestiniens occupés par
Israël. Cela signifierait l’atténuation, voire l’élimination, des droits civils des Palestiniens.
Le ministre des finances, Smotrich, a pris l’habitude de qualifier la solution à deux États de “fiction” , une solution qui doit être
écrasée “de gré ou de force (c’est-à-dire “par les
actes” : par une augmentation massive des colonies)” . Ainsi, pour “que ce soit clair pour tout le monde, … [il souligne] que le
rêve arabe d’un État en Judée et en Samarie [la Cisjordanie] – n’est plus viable” .
Le co-ministre Ben-Gvir a ajouté : “Mon droit, le droit de ma femme et de mes enfants de se
déplacer en Judée et en Samarie est plus important que la liberté de circulation des Arabes.” C’est la consolidation de l’apartheid en Palestine occupée.
Pour mieux faire comprendre son point de vue, Ben-Gvir, par esprit de provocation, a invité les ministres à superviser la démolition de maisons dans un village bédouin improvisé dans le Néguev : “Ils devraient comprendre que nous gouvernons ici – et que ce
pays a un propriétaire” . (Il y a 100 000 Bédouins dans le Néguev – là, depuis l’époque précédant la domination turque ou britannique).
Une fois encore, pour souligner la question de savoir “qui gouverne” , Smotrich a rapidement exhorté les agences
gouvernementales à se préparer à l’installation de 500 000 colons supplémentaires en Cisjordanie, ce qui porterait la population actuelle, estimée à 700 000 colons, à plus d’un million au cours
de la prochaine décennie.
Pour être clair, il ne s’agit pas de déclarations disparates de deux ministres “têtes brûlées” . Ces commentaires reflètent une
position concertée de la coalition. Ces déclarations ont clairement pour but de provoquer, et pas seulement les Palestiniens. Ils sont également provocateurs à l’égard des Israéliens libéraux qui
protestent en masse contre le gouvernement Netanyahou depuis des mois.
Le fait que le cabinet israélien tienne sa réunion du 21 mai 2023 dans le tunnel creusé directement sous la mosquée Al-Aqsa, dans une tentative de mettre en évidence la revendication d’“Israël” à la souveraineté sur le site sur lequel se trouve
le troisième lieu saint de l’Islam, montre bien qu’il s’agit d’une position gouvernementale concertée.
Que se passe-t-il ? Pourquoi ces provocations gratuites ? L’une des réponses est que plus les déclarations sont iconoclastes et radicalement sionistes, plus le
soutien de la faction Mizrahi-Colons-Nationalistes religieux augmente.
Bien sûr, le revers de la médaille est une plus grande fureur parmi les libéraux laïques israéliens. Mais le fait est que les dirigeants de la Coalition (et les médias de gauche en conviennent) affirment qu’“un coup d’État militaire est
en cours en Israël. C’est la vérité sans fard” .
Israël a longtemps été décrit comme une “armée avec un État” , et bien que cela soit moins
vrai aujourd’hui, les manifestations de masse sont en effet gérées d’une manière nettement militaire, et d’anciens généraux ashkénazes figurent en bonne place parmi ses dirigeants.
Mais les Forces d’occupation israéliennes ont beaucoup changé. Autrefois, elles étaient “dirigées” par la classe laïque des kibboutzim, mais
tout cela a changé il y a plus de vingt ans. Les colons ont le commandement sur le terrain et les Israéliens mizrahi occupent désormais une place prépondérante dans les rangs.
En termes simples, cette stratégie de polarisation (provocation) vise également à saper la menace d’une prise de contrôle militaire de l’État pour des raisons
de “sécurité nationale” . L’“inquiétude concernant la préparation d’Israël à la
guerre” fait partie de cette stratégie. La riposte de Smotrich-Ben-Gvir semble toutefois fonctionner : D’ores et déjà, on constate une augmentation du soutien au parti “Pouvoir juif” dans les rangs des FDI, et l’on estime
que 20 % des soldats des FDI votent pour le parti de Ben-Gvir.
En bref, la polarisation s’étend aux FDI et réduit la possibilité pour l’armée d’opter pour le remplacement du gouvernement Netanyahou sous un quelconque prétexte
de sécurité nationale.
Il est vrai, cependant, que l’agitation qui règne en “Israël” fait craindre à ses partisans qu’“Israël” n’apparaisse aujourd’hui plus faible et plus
vulnérable sur le plan militaire. Les inquiétudes en matière de sécurité de certains membres de la caste militaire professionnelle d’“Israël” sont néanmoins bien réelles. Le nord du pays
connaît des tensions avec le Liban, avec un face-à-face avec le Hezbollah qui pourrait rapidement déboucher sur un conflit. Les tensions avec les Palestiniens augmentent et la Syrie est sur le
point de connaître une rupture majeure.
Pour être clair, tout cela n’a pas grand-chose à voir avec la faiblesse d’“Israël” , mais plutôt avec la perception qu’ont les
Américains de leur propre faiblesse, alors que leur politique ukrainienne implose. Alors que l’Ukraine irradie l’échec occidental, il semble que les États-Unis cherchent à compenser par la Syrie, en relançant un soulèvement qui verrait l’éviction du président Assad (l’objectif initial) par une réactivation de certains des anciens mouvements islamistes mandatés
par l’Amérique, et par l’attrition continue (par l’armée de l’air israélienne) du personnel iranien et de ses alliés en Syrie.
Le paradoxe de cette escalade américaine (mise en œuvre en contrepoint des succès russes en Ukraine) est que les États-Unis pourraient facilement allumer un feu en Syrie qui se
propagerait au Liban et à l’Irak. Le paradoxe d’un tel résultat est que c’est précisément cela (les flammes se propageant dans la région à partir de la Syrie) qui pourrait mettre “Israël” en danger existentiel.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Grand entretien exclusif pour Le Dialogue avec Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la Direction générale de la sécurité extérieur (DGSE)
Ancien chef du service de renseignement de sécurité de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Alain Chouet analyse pour Le Dialogue la nouvelle guerre entre le
Hamas et Israël et ses conséquences pour le Moyen-Orient
LD : En tant qu’ancien responsable de la DGSE, comment appréciez-vous la gravité des évènements ayant lieu en Israël ? Y a-t-il eu un précédent ?
Comment expliquer le véritable fiasco des services de sécurité israéliens, pourtant réputés comme faisant partie des meilleurs du monde ? Y a-t-il eu aussi une négligence
politique ?
Alain Chouet : C’est certainement la situation la plus grave qu’Israël ait eu à affronter depuis sa création en 1948. L’attaque
du Hamas a fait plus de victimes israéliennes que les différentes guerres auxquelles le pays a été confronté en 1956, 1967 et 1973 ou pendant les différentes intifadas.
Il est injuste et injustifié de parler de fiasco des services de renseignement dans cette affaire même s’il est vrai qu’on a pu constater l’existence de nombreux
« trous dans la raquette ».
J’entends dire un peu partout que les services égyptiens auraient prévenu leurs homologues israéliens d’une action d’envergure imminente. C’est exact et les
Egyptiens ont bien tiré la sonnette d’alarme. Le problème, et je le sais par expérience, est qu’ils la tirent ainsi assez régulièrement sans généralement fournir les précisions et
indications opérationnelle qui permettrait de réagir en conséquence. Si les Egyptiens agissent ainsi, c'est en partie pour montrer leur souci très réel d’une bonne coopération sécuritaire avec
l’État hébreu et aussi pour s’exonérer un peu de leurs difficultés à contrôler ou s’opposer à l’activisme de puissants Etats de la région qui apportent leur soutien au Hamas par le seul point
d’accès à la bande de Gaza qui n’est pas sous contrôle israélien. C'est en effet par le poste frontière de Rafah, limitrophe du territoire égyptien, et par les tunnels environnants que pénètrent
à Gaza les armes, matériels, fonds, conseillers techniques expédiés à l'intention du Hamas par l'Iran, la Turquie, le Qatar et divers généreux donateurs d'Arabie.
Le renseignement à Gaza et en Cisjordanie est dévolu au Shabak (Shin Beth) qui s'est (malheureusement pour lui) beaucoup américanisé ces vingt dernières années et
se repose essentiellement sur le renseignement technique aux dépens des sources humaines. Il faut reconnaître que le renseignement humain est très difficile à mettre en oeuvre dans la bande de
Gaza compte tenu du blocus qui limite drastiquement les déplacements et de l'intransigeance soupçonneuse de la sécurité du Hamas qui n'hésite pas à abattre sans autre formalité quiconque est
vaguement soupçonné de "trahison". Le problème du renseignement technique est qu'il est sans doute utile pour discerner des indices d'alerte mais ne permet pas de percer le secret des intentions.
Par ailleurs les gens du Hamas ne sont pas des imbéciles et sachant qu'ils sont surveillés et écoutés, distillent en permanence des âneries et, pour les choses sérieuses, recourent à la technique
ancestrale du chameau coureur. Sur un territoire de 40km de long sur 15 de large, ce n'est pas difficile.
Il n’en reste pas moins que le Shabak a multiplié depuis plusieurs mois les indices d’alerte en direction du pouvoir politique. Ces initiatives se sont heurtées à
l’"autisme" de Netanyahou et de son cabinet d'amateurs, tous persuadés que leur intransigeance avait réduit les Palestiniens à la soumission silencieuse et que leur politique d'alliance avec les
puissances sunnites les mettait à l'abri de toute réaction.
Enfin, et pour couronner le tout, c’est l’armée elle-même qui s’est trouvée dans l’incapacité de réagir en temps réel à l’offensive du Hamas. Il s’est installé un
vrai divorce entre Tsahal, en particulier ses officiers supérieurs, et le cabinet de Netanyahou plus préoccupé par ses manœuvres politiques que par les questions de défense. La veille de
l'offensive du Hamas, une bonne partie de l'armée a été réquisitionnée pour assurer, à l'occasion de la fête de Sukot, la sécurité des innombrables nouvelles colonies intégristes dispersées en
Cisjordanie. D'où l'impossibilité de réagir rapidement à l'offensive au sud.
Mais l'armée a aussi sa part de responsabilité pour s'être laissée séduire par le mythe de la supériorité technologique et s'être convaincue que la double barrière
physique et électronique autour de Gaza était infranchissable ou, au moins, lui donnerait le temps d’une réaction efficace. C’est le phénomène bien connu en France du « complexe de la
ligne Maginot ».
2 - LD : Quel était l'intérêt du Hamas d'effectuer une telle opération ? A-t-il agit seul et sans soutien ?
AC : Plutôt qu’un mouvement de résistance le Hamas est un instrument aux mains de différentes puissances régionales qui entendent s’en servir pour être
présentes sur l’ensemble des problématiques du Moyen Orient dont le problème palestinien est le centre de gravité. Issu des Frères Musulmans, le Hamas a ainsi été l’objet de surenchères entre
l’Iran, l’Arabie, le Qatar et plus récemment la Turquie. Ce sont ces différents pays qui l’ont approvisionné en argent, armes, munitions, conseillers techniques et qui fournissent si nécessaire
asile et protection aux cadres les plus connus du mouvement.
En l’occurrence mon évaluation est que le Hamas était déjà prêt depuis plusieurs mois à entreprendre ce genre d’action et qu’il s’est conformé cette fois à un
agenda iranien. Comme pour tout crime il faut rechercher à qui il profite et c’est bien Téhéran qui tire un maximum de profit de la situation. Pour le bureau du Guide iranien, il était largement
temps de casser la dynamique des "accords d'Abraham" et du rapprochement entre Israël et les puissances sunnites, en particulier l'Arabie, qui sont un vrai cauchemar pour Téhéran
puisqu'ils renforcent son isolement. Second effet que Téhéran peut espérer de l’offensive : Le discrédit jeté sur l'arrogante incapacité de l'équipe Netanyahou à assurer la sécurité du pays
malgré ses rodomontades. Pour l'instant c'est "l'union sacrée" mais, passée la première vague de riposte, il y aura l'heure des comptes et des commissions d'enquête. Comme après la guerre du
Kippour, l'offensive de 82 au Liban, l'offensive de 2006 contre le Hezbollah. Netanyahou est politiquement mal parti dans cette affaire et Téhéran espère bien que sa chute prévisible amènera au
pouvoir à Jérusalem des adversaires plus malléables, moins va-t-en guerre et moins inféodés aux seuls intérêts américains.
LD : Comment est en train de réagir l’État hébreu et quelles peuvent être les suites de leur stratégie, notamment en prenant en compte un élément
nouveau, la centaine d’otages israéliens présents aujourd’hui à Gaza ?
Israël est durablement engagé dans une situation compliquée avec ses problèmes d'otages que le Hamas est capable de faire durer des années, voir l’affaire du soldat
Shalit. Il y a pour l'instant un large consensus ferme en Israël pour une réaction hyper violente de grande envergure en base de frappes massives indifférenciées visant à l’éradication totale du
Hamas. Compte tenu des spécificités du terrain et des contraintes de combat en tissu urbain agrémenté d’un inextricable réseau de tunnels et souterrains, l’opération s’annonce complexe et sera
probablement coûteuse en vies humaines de part et d’autre.
Passé les premiers moments d’empathie et d’émotion, il reste à évaluer le degré de violence de la riposte que l'opinion internationale est capable de supporter et
d'approuver. Pour Tsahal, la fenêtre de tir est étroite et, dans tous les cas, va consommer un divorce haineux entre Israël et le monde sunnite. C’est du pain bénit pour les mollahs….
Une seule chose est certaine. Les grands perdants de l'affaire seront sans aucun doute les Gazaouis qui vont payer cher l’initiative spectaculaire mais suicidaire
du Hamas. Mais, pour Téhéran, se battre jusqu'au dernier arabe sunnite et Frère Musulman ne constitue pas un problème existentiel et serait même plutôt réjouissant…. C’est d’autant plus vrai que,
contrairement au Hezbollah libanais qu’il contrôle totalement, l’Iran n’a qu’une confiance limitée dans un Hamas sunnite soumis au gré des évènements à des ingérences et des influences autres que
la sienne et qui se révèle, en définitive, peu fiable. Si le Hamas doit disparaître dans l’aventure, ce ne sera pas une grosse perte pour les Iraniens qui auront obtenu grâce à ce gambit un
avantage stratégique considérable et durable tandis qu’ils conserveront avec le Hezbollah un atout régional majeur et fiable.
LD : Quelles répercussions régionales et internationales peuvent sortir de ce conflit en cours ? Comment réagissent les grandes puissances comme la
Chine et la Russie devant ce nouvel embrasement et peut-on craindre à une intervention d’Israël (soutenue par les Etats-Unis) sur l’Iran ?
Les répercussions régionales de cette offensive seront majeures et vont interrompre plusieurs processus en cours.
Mohammed ben Salman d'Arabie, tout comme le roi du Maroc, ne pourra pas condamner l'offensive du Hamas avec fermeté mais il ne pourra pas non plus la soutenir face
à l’opinion internationale. Il est "in the corner", écartelé entre les stratégies opposées de l'Iran et d’Israël. Et c'est aussi le cas de la plupart des pays arabes et musulmans. Le Qatar qui a
senti le vent du boulet, se propose comme intermédiaire dans les problèmes d'otages pour ne pas être assimilé au Hamas qu'il soutient pourtant financièrement et spectaculairement depuis bientôt
vingt ans. C’est cependant une carte qu’il ne faudra pas négliger, sans illusions et en ravalant certaines formes d’indignation, pour tenter de résoudre le problème des otages. Il en va plus ou
moins de même avec la Turquie. Mais quand la crise sera passée il faudra aussi se souvenir de leur rôle déterminant dans la montée en puissance militaire du Hamas.
L’hypothèse d’une intervention lourde d’Israël appuyé par les Etats-Unis me semble peu crédible. Engluée dans l’affaire ukrainienne, mobilisée par la rivalité avec
la Chine, déjà en phase préélectorale, je doute que l’administration américaine ouvre un troisième front extérieur qui n’aurait certainement pas la faveur d’une opinion publique majoritairement
tentée par l’isolement et le repli.
Quant à une offensive d’Israël seul, elle serait encore plus problématique. La position de Téhéran est en effet d'autant plus confortable que l'hypothèse d'une
frappe de riposte sur l'Iran serait difficile à mettre en oeuvre. D'abord parce qu'il n'y a pas d'élément formel et évident permettant de l'impliquer sur la scène internationale.
Les Iraniens dont on connaît l’habileté manœuvrière et le côté calculateur ont bien conscience qu’ils ne pourront tirer les bénéfices du désordre que si leur rôle
d’instigateur n’est pas trop évident et ne peut être formellement prouvé. Le bureau du Guide et la Présidence iranienne saluent l'initiative du Hamas mais sans en rajouter ni en faire un thème
mobilisateur dans le monde musulman. On salue "la légitime colère du peuple palestinien martyr" mais on ne s’engage pas à ses côtés sur le terrain. On le constate au fait que, pour l'instant le
Hezbollah se contente d'un "service minimum" en tirant quelques roquettes mais avec modération sur la haute Galilée et sans s'engager dans une confrontation majeure qui nuirait à ses intérêts
libano-libanais et syro-libanais. De leur côté, les Syriens qui ont maintenant l'habitude de se prendre une volée de bois vert chez eux à chaque fois que le Hezbollah va un peu trop loin auront
tout intérêt à le freiner. Le bombardement « préventif » des aéroports de Damas et Alep le 12 octobre constitue pour eux une brutale piqûre de rappel.
Mais, surtout, au delà des difficultés et impasses politiques, une offensive militaire contre l’Iran serait techniquement difficile à réaliser. Comment frapper, où,
par quel moyen, avec quel résultat pratique autre que symbolique ? Une intervention terrestre est évidemment exclue. Une intervention aérienne (avions ou missiles) supposerait un accord de survol
donné par l'Arabie qui serait politiquement désastreux pour Ryad. Elle n'atteindrait pas la capacité de nuisance régionale de l'Iran mais conforterait effectivement le régime et démontrerait la
trahison des sunnites, Saoudiens en tête.
Tout cela sans préjudice du fait que l'Iran serait alors fondé à opérer une riposte par drones et missiles. Et on sait à quel point Téhéran a développé ses
capacités dans le domaine des drones et des missiles. Le "dôme de fer" israélien est certes efficace mais pas totalement imperméable et qu'un seul missile sur 20 atteigne sa cible sur un
territoire aussi restreint qu'Israël serait dévastateur
LD : Cette nouvelle guerre prouve-t-elle encore que la paix soit vouée à l’échec et pourquoi ce conflit semble être sans fin ? Et si non, quelles
seraient pour vous les solutions ?
Ce conflit restera sans fin tant que la plupart des acteurs régionaux utiliseront le malheur des Palestiniens soigneusement entretenu par certains d’entre eux à
leurs propres fins de domination, de survie des régimes en place, de positionnement sur la scène interarabe et musulmane, de surenchères populistes, de détournement des problèmes pratiques locaux
vers une problématique étrangère mythifiée. A travers l’histoire compliquée de la seconde moitié du 20e siècle, ses innombrables conflits et catastrophes, ses massifs déplacements de populations,
le problème palestinien est le seul qui ait donné lieu à la « cristallisation » » depuis 75 ans de tout un peuple dans de pitoyables camps de réfugiés dépendant de la bonne volonté
et de la charité d’une assistance internationale majoritairement occidentale et très minoritairement de leurs « frères » et coreligionnaires.
Je n’ai personnellement pas de solution miracle à proposer pour résoudre le problème mais il serait sans doute largement temps pour la communauté internationale de
se poser la question de savoir pourquoi le problème perdure depuis si longtemps.
Comment l’assistance internationale est devenue un objet de prédation et de rente pour certains. Pourquoi à chaque aléa de l’histoire qui contraint les Palestiniens
à se déplacer au sein des pays « frères », ceux-là même qui surfent politiquement sur leur malheur s’empressent de les parquer dans de nouveaux camps sans leur offrir aucune porte de
sortie.*
En 1945, l’Allemagne a accueilli des millions de déplacés chassés de leurs terres ancestrales de Poméranie, de Silésie, de Prusse orientale, des Sudètes, de
Roumanie. En 1962, la France a recueilli un million et demi de « pieds noirs » chassés de leur Algérie natale. Le sort qui leur était fait était aussi contestable que les évènements qui
ont contribué à chasser les Palestiniens de leurs terres. Et, dans un cas comme dans l’autre cela ne s’est pas fait sans difficulté mais personne n’a été parqué dans des camps de réfugiés et au
bout de dix ans ces migrants étaient intégrés aux sociétés d’accueil. Ces contre exemples sont à méditer.
LD : Ce conflit peut-il avoir des répercussions en Europe et en France ?
Certainement. Le Hamas n’a pas de capacité de projection collective en Europe ni en France. Mais les images exaltantes de son opération militaire réussie, la
revanche magnifiée par les réseaux sociaux sur une armée israélienne réputée invincible, ne manqueront pas de susciter des phénomènes de résonance individuels ou groupusculaires dans certains
milieux pénétrés de l’idéologie et des idéaux des Frères Musulmans dont le Hamas est issu. La posture victimaire qu’adopteront ensuite les Frères en raison de la riposte israélienne forcément
brutale prolongera le phénomène en alimentant la tentation de passage à l’acte pour les esprits les plus faibles.
Et on voit déjà comment certains milieux d’extrême droite et d’ultra-gauche qui camouflent leur antisémitisme derrière un paravent d’antisionisme exploitent déjà
les évènements pour tenter de briser l’union sacrée et le consensus de nos sociétés qui sont l’une et l’autre contraires à leur volonté de déstabilisation civile et de segmentation communautaire
favorable à leurs projets anarchistes et nihilistes.
Le cocktail de ces deux dynamiques est susceptible de produire des phénomènes de violence civile et sociale dans les pays qui, comme la France, comptent une
importante immigration musulmane fortement pénétrée et agitée par les Frères.
LD : Quelles leçons peuvent tirer les services de sécurité et les armées occidentales avec cette nouvelle guerre Hamas/Israël ?
La principale leçon est que, face à un adversaire faible peu soucieux de son potentiel humain considéré comme sacrifiable et qui utilise des stratégies du faible au
fort dont le terrorisme et la sauvagerie sont des armes privilégiées, la supériorité technologique ne suffit pas. Le renseignement technique est séduisant. Il donne des résultats quantifiables
qu’adorent les comptables et permet de surveiller le terrain sans prendre de risque, mais, comme on l’a dit plus haut, il ne permet pas de percer le secret des intentions qui est le Graal de tout
officier de renseignement. Seul le renseignement humain permet d’y parvenir mais il s’inscrit dans le temps long et nécessite une connaissance intime, presque fusionnelle de l’adversaire, de ses
schémas culturels, de ses sensibilités, de son passé et de son histoire collective et individuelle.
J’ai pu constater au cours de trente dernières années une lente dégradation de la capacité des services israéliens à mettre en œuvre de façon opérationnelle les
subtilités du renseignement humain sur leurs frontières. Pour la plupart des jeunes officiers des services israéliens, le monde qui les entoure leur est aussi étranger que la planète Mars. Leur
approche des problèmes est plus conforme aux standards américains ou européens qu’à la réalité irrationnelle, affective, hyperémotive, violente de leur environnement immédiat et menaçant. Cela
s’explique. C’est évidemment dû à l’isolement régional du pays coupé de toute relation sérieuse avec son voisinage depuis tant d’années. C’est également dû au tarissement de l’Aliya d’immigrants
venus des pays musulmans, des pays arabes ou d’Iran au profit de nouveaux entrants venus de Russie, d’Europe ou d’Amérique du Nord. Mais il est clair que, faute de devoir être
« surpris » à tout moment, les services israéliens doivent retrouver les voies d’une meilleure compréhension de leur entourage immédiat.
Exclu : Thierry Meyssan envoie du lourd sur Israël et le Hamas
Le cartel des médias subventionnés, fidèle à sa ligne avachissante, propose une analyse binaire d’un simplisme confondant sur le conflit israélo-palestinien. Il s’agirait d’une sorte de série
Netflix où de méchants terroristes palestiniens mettent en danger de gentils israéliens victimes de l’Holocauste et persécutés à travers le monde. Dans ce narratif pour crétins infatués (qui
semble rassasier les catégories socio-professionnelles bourgeoises que Macron a fanatisées), on notera que le CRIF fait désormais cause commune avec ceux qu’ils qualifiaient de fascistes et
d’antisémites hier, de Marine Le Pen au Bloc identitaire. Vérité un jour, erreur le lendemain : nous n’en sommes plus à ce détail près. Pour remettre quelques pendules à l’heure, il nous a semblé
judicieux d’interroger l’un des observateurs probablement les mieux informés sur cette question israélo-palestinienne, et non soupçonnable d’être corrompu par les Etats-Unis (ce qui est rare,
même dans la “dissidence”, aujourd’hui).
Thierry Meyssan est un expert controversé du fait de ses positions et ou explications sur le 11 septembre 2001. Il n’en reste pas moins un connaisseur hors pair de
la question israélo-palestinienne, et c’est pour cette raison qu’il m’a semblé utile de l’interroger sur l’attaque terroriste du Hamas, du 7 octobre 2023.
Le sens général de ce propos n’est pas de dégager une ligne morale de l’histoire, mais d’éclaircir “techniquement” le déroulement des événements au Proche-Orient.
Cette interview me semble parfaitement atteindre cet objectif même si elle n’exclut pas une distanciation nécessaire.
Souvenons-nous que le sens de la vie n’est pas de trouver des vérités, mais de les chercher !
Palestine : Biden et ses vassaux vivent dans un autre siècle
Biden s’en va en Israël, comme si l’Asie occidentale n’appartenait qu’aux États-Unis. Et à la veille, il tonne que les États-Unis peuvent bien supporter
deux guerres (Ukraine-Russie, Israël-Palestine) parce que «Nous sommes la nation la plus puissante du monde, la nation la plus puissante de l’histoire du monde».
En parallèle, Washington y déploie joyeusement des troupes américaines, ses plus gros porte-avions, il envoie de plus en plus de munitions à Israël, qui
n’a pas arrêté de massacrer des Palestiniens depuis 10 jours, et il renforce sa base en Syrie sur du territoire que les États-Unis occupent illégalement.
Aussi, avec ses vassaux au Conseil de sécurité de l’ONU, Washington vote contre une résolution qui demande un cessez-le-feu humanitaire immédiat.
Ça n’augure pas bien pour la paix.
Biden et ses vassaux pensent qu’ils sont encore dans le monde des années 1990 – un monde unipolaire. Encore dans ce «siècle américain» qui n’aura duré
que 20 ans de 1990 à 2010.
Et parce qu’il refuse de traiter directement avec la Russie et la Chine, qu’il voudrait mettre à terre, il bloque toute solution onusienne à la crise en
Palestine.
Or ces deux pays ont des positions très claires et très justes à l’égard de cette crise.
Netanyahou, rongé par la colère et
la panique, prendra-t-il le pari ?
J’ai écrit la
semaine dernière que l’origine du conflit actuel entre les États-Unis et la Russie était l’omission, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’un traité écrit fixant les limites et la
définition des «intérêts» occidentaux et, pari passu, des intérêts sécuritaires et commerciaux de la Russie et de la Chine dans le Heartland asiatique.
Tout est resté vague et non écrit dans l’euphorie de l’après-guerre froide, afin de donner aux États-Unis une marge de manœuvre qu’ils ont exploitée à
fond. Ils ont manœuvré pour remilitariser l’Allemagne et pour faire avancer l’OTAN vers, et dans, le Heartland. Comme beaucoup l’avaient prédit, cette approche américaine signifierait
en fin de compte la guerre.
Et bien sûr, des «fronts de guerre» asymétriques ont été ouverts horizontalement dans de nombreuses sphères avec l’opération spéciale de la Russie en
Ukraine. Bien qu’ostensiblement axée sur le blocage de l’absorption furtive de l’Ukraine par l’OTAN, cette opération a également ouvert le principal front de la Russie – celui qui
consiste à empêcher le débarquement de l’OTAN de pénétrer plus avant dans le pays.
Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers la «guerre» qui s’étend au Moyen-Orient. De nombreuses questions sont posées, mais la principale est :
«Pourquoi ?»
Nous constatons que les problèmes sont étrangement similaires. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Occident voulait que ses juifs européens aient
une «patrie» et c’est ainsi qu’en 1947, la Palestine a été divisée de manière péremptoire entre juifs et Arabes.
Le discours prédominant en Occident est que les difficultés et les guerres qui ont suivi cet événement – en particulier la confrontation actuelle en
Israël/Palestine – résultent simplement de l’incapacité perverse des États arabes à accepter l’existence de l’État d’Israël. Nombreux sont ceux qui, en Occident, considèrent cette
incapacité comme au moins irrationnelle ou, au pire, comme un défaut culturel fondamental.
Comme dans le cas de la situation militaire européenne d’après-guerre, rien n’a été formellement convenu en ce qui concerne la cohabitation des juifs et
des Arabes sur une même parcelle de terre. Les accords d’Oslo de 1993 constituaient une tentative d’accord, mais là encore, tout était vague, et la «clé» de sécurité de l’ensemble de
l’accord était entièrement laissée à la discrétion des Israéliens.
Il est évident que cela visait à donner à Israël une marge de manœuvre maximale. Plus encore, il était prévu qu’Israël ait l’«avantage» stratégique –
non seulement l’«avantage» politique, mais les États-Unis s’étaient engagés à faire en sorte qu’Israël ait également l’«avantage» militaire sur ses voisins.
En clair, l’objectif d’amener les États arabes à accepter la présence d’Israël n’a jamais été poursuivi, ou alors il a été contraint par des mesures
militaires et financières (Syrie, Irak, Liban et Iran). Sauf dans le cas de l’Égypte, par le retour du Sinaï au Caire. L’itération actuelle de la «normalisation d’Abraham»
(s’accommoder d’Israël) jette toutefois les Palestiniens «sous le bus» pour que l’Arabie saoudite se conforme à la normalisation.
Tout comme l’avancée de l’OTAN visait à placer l’Asie sous l’emprise des États-Unis, l’hégémonie culturelle du Grand Israël au Moyen-Orient – pensait-on
dans les cercles du Beltway américain – placerait également le Moyen-Orient sous l’emprise de l’Occident.
Ce qui se cache derrière le déferlement actuel de la résistance violente palestinienne est précisément enraciné dans une compréhension inverse de celle
que l’on a dans les cercles du Beltway.
La «réalité» inverse est que, au cours de la dernière décennie, Israël s’est éloigné de plus en plus des fondations sur lesquelles une paix régionale
durable aurait pu être construite. De manière perverse, Israël a évolué dans la direction opposée, détruisant les piliers sur lesquels un rapprochement régional aurait pu être
possible.
Au cours de la dernière décennie, Netanyahou a fait basculer l’électorat israélien à droite, en faisant de l’Iran le phantasme par lequel il effraie le
public. (Il n’en a pas toujours été ainsi : Après la révolution iranienne de 1979, Israël s’était allié à l’Iran, contre le «voisinage proche» arabe).
Netanyahou a également transmis à son électorat le «message» selon lequel, grâce au «succès» des accords d’Abraham, le monde ne se soucie pas du tout
des Palestiniens. Qu’ils sont «des nouvelles d’hier».
Cette performance a empêché le monde occidental de comprendre pleinement ce que les ministres radicaux du gouvernement de Netanyahou ont planifié
:
L’un des principaux engagements des ministres de Netanyahou est de construire le (troisième) temple juif sur le mont du Temple, où se trouve
actuellement la mosquée al-Aqsa. En clair, cela implique un engagement à démolir al-Aqsa et à construire un Temple juif à sa place.
Le deuxième engagement clé est de fonder Israël sur la «Terre d’Israël» biblique. Comme l’a clairement indiqué le ministre de la Sécurité nationale, Ben
Gvir, les Palestiniens de Cisjordanie seraient confrontés à un choix : partir ou vivre sous l’emprise d’un État juif suprématiste.
La troisième consiste à instituer la loi juive (Halakha) en lieu et place de la loi laïque. Cela priverait les non-juifs d’Israël de leur statut
juridique.
Ensemble, la judaïsation d’Al-Aqsa, la fondation de l’État sur la «Terre d’Israël» biblique et la fin de la loi fondamentale laïque, la Palestine et le
peuple palestinien sont tout simplement effacés. Il y a trois semaines, Netanyahou a brandi une carte d’Israël lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies : Gaza et
les territoires palestiniens n’y figurent pas du tout. Ils sont effacés. La situation est aussi existentielle que cela.
Tels sont les enjeux qui sous-tendent en fin de compte la provocation extrême des forces militaires du Hamas à l’égard d’Israël. Elle vise à briser le
paradigme (il ne s’agit pas d’un appel à un quelconque retour au cadre d’Oslo).
Toutefois, en réagissant de manière excessive, Netanyahou et son équipe risquent de «faire tomber le toit» de l’ensemble du projet occidental. Biden ne
semble pas voir le danger qui se cache dans son propre langage exagérément enragé, comparant le Hamas à ISIS et approuvant une
réponse «rapide, décisive
et écrasante» de la part de Netanyahou. Biden a déclaré qu’il était convaincu qu’Israël avait non seulement le droit, mais le «devoir» de riposter, ajoutant que «les États-Unis
soutiennent Israël».
Biden pourrait obtenir plus que ce qu’il cherche : Une tragédie sous la forme d’un châtiment total infligé aux Palestiniens de Gaza. Netanyahou, piégé
par la dynamique de sa propre peur et de sa vulnérabilité, joue le rôle de Dionysos, le Dieu de l’excès. Et Biden l’encourage.
Tout comme l’équipe Biden a exposé les États-Unis et l’OTAN à l’humiliation en Ukraine, l’équipe Biden semble incapable d’imaginer ce qui pourrait
découler de l’humiliation d’Israël, par sa vengeance à Gaza. L’Ukraine a entraîné de graves conséquences financières pour l’Europe. En Israël, sa structure militaire et de
renseignement vient
d’imploser. Imaginez que la structure politique devienne elle aussi dysfonctionnelle.
Lorsque l’Occident considère la situation d’un point de vue purement statique et instrumental (c’est-à-dire que Tsahal est beaucoup plus puissant que le
Hamas et que, par conséquent, le Hamas est destiné à être détruit – «C’est une question d’ingénierie») – si «vous» adoptez ce point de vue, peut-être posez-vous la question de manière
erronée.
La question à poser est plutôt une question dynamique : Comment cette dramaturgie va-t-elle se dérouler dans le temps ? De quelle manière la guerre
putative d’Israël à Gaza pourrait-elle progressivement façonner les calculs du Hezbollah, de la Syrie et de la sphère musulmane – et ouvrir des opportunités politiques qui n’étaient
pas disponibles jusqu’à présent.
Nous pouvons voir une opportunité s’ouvrir directement ; écoutez ce que dit le porte-parole du Pentagone, John Kirby : «D’une part, les
rumeurs suggéraient que Biden avait l’intention de faire un chèque géant de 100 milliards de dollars pour se laver les mains de l’Ukraine», mais il déclare maintenant très
clairement que : «Il ne faut pas
essayer d’obtenir un soutien à long terme lorsque l’on est au bout du rouleau». (La Russie peut désormais clore prématurément l’épisode ukrainien).
L’objectif principal de la tragédie dramatique est de susciter un sentiment d’admiration chez le public qui voit dans le héros tragique une image de
lui-même. C’est ce qui se passe alors que le monde islamique regarde Gaza s’effondrer. Le grand ayatollah («quiétiste») Seyed al-Sistani a lancé
un appel au «monde entier pour
qu’il s’oppose à cette terrible brutalité». La Cisjordanie va-t-elle éclater ? Les Palestiniens vivant à l’intérieur de la Ligne verte se soulèveront-ils ?
Si les forces israéliennes envahissent Gaza, celle-ci pourrait facilement se transformer en Bakhmout – un hachoir à viande brûlant.
Le Hezbollah prépare lentement le front nord, mais avec précaution. Cette fois-ci, les États-Unis réagiront-ils de manière excessive (comme en 1983,
lorsque l’USS New Jersey a bombardé des positions druzes au Liban) ? Rappelez-vous comment cela s’est terminé : l’ambassade des États-Unis a été complètement détruite et la caserne
des Marines a été rasée, causant la mort de 241 membres des forces armées américaines. Aujourd’hui, le groupe d’intervention USS Gerald Ford se trouve au large du Liban, prêt à
«dissuader» le Hezbollah.
Le Hezbollah et
le Front de résistance ont annoncé leurs
lignes rouges. Si elles sont franchies, Nasrallah a promis d’ouvrir un nouveau front.
Nous devons donc essayer de voir les événements de manière dynamique, et pas seulement à travers la bulle littérale des distractions d’aujourd’hui : Si
Netanyahou et le ministre de la Défense Gallant – consumés par le désir de venger les événements de samedi – vont trop loin, Israël pourrait se trouver dans une situation
de péril
existentiel.
Israël est entouré de dizaines de milliers de missiles intelligents et de drones en essaim. Une attaque contre le Hezbollah ou l’Iran constitue la
«pilule rouge» pour Israël. Netayahou, rongé par la colère et la panique, prendra-t-il le pari ? Et si lui, Gallant et Gantz tentent la pilule rouge, le toit risque-t-il de
s’effondrer ?
Je vous retransmets cet article d'un journaliste israélien membre de la direction du quotidien Haaretz.
Il vaut la peine d'être lu car son auteur Gideon Levy dit tout haut ce que la conscience internationale devrait clamer avec force sans se lasser.
Pour moi, ce journaliste israélien mérite pleinement le titre de "JUSTE PARMI LES NATIONS DES TEMPS MODERNES".
A diffuser sans modération.
DD
Allez donc à Gaza, plutôt qu’à Tel Aviv !
Par Gideon Levy - 24 janvier 2020 Haaretz (Chronique de Palestine)
>
On n’y trouve pas d’holocauste, seulement l’apartheid. Pas d’anéantissement, mais le traitement brutal et systématique de toute une nation.
>
Ce n’est pas Auschwitz, mais c’est Gaza.
Dans sa campagne de bombardements en décembre 2008 et janvier 2009, Israël a massacré plus de 500 enfants dans la bande de Gaza - Photo
: Archives
> > Il est très important de se souvenir du passé; il est tout aussi important de
connaître le présent sans fermer les yeux.
> > Les dizaines d’hommes d’État arrivés en Israël mercredi peuvent se souvenir
du passé, mais ils brouillent le présent. Dans leur silence, dans leur mépris de la réalité en se mettant inconditionnellement en file aux côtés d’Israël, ils
ne trahissent pas seulement leurs fonctions, mais ils trahissent également la mémoire du passé au nom duquel ils sont venus ici.
> > Être les invités d’Israël sans mentionner ses crimes; commémorer l’Holocauste
tout en ignorant ses leçons; visiter Jérusalem sans se rendre dans le ghetto de Gaza le jour du souvenir international de l’Holocauste… Comment imaginer plus
grande hypocrisie.
> > Il est positif que des rois, des présidents et autres notables se soient
déplacés en l’honneur de ce jour du souvenir. Il est déplorable qu’ils ignorent ce que les victimes de l’Holocauste infligent à une autre nation.
> > La ville d’Erevan ne sera jamais témoin d’un rassemblement aussi
impressionnant pour commémorer l’holocauste arménien. Les dirigeants mondiaux ne viendront jamais à Kigali pour marquer le génocide qui s’est produit au
Rwanda.
> > L’Holocauste était en effet le plus grand crime contre l’humanité jamais
commis, mais ce n’était pas le seul. Et les Juifs et l’État d’Israël savent bien comment sacraliser sa mémoire et l’instrumentaliser à leurs propres
fins.
> > En cette Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, les
dirigeants mondiaux sont les invités d’un Premier ministre israélien qui, à la veille de leur visite, a appelé à des sanctions – croyez-le ou non – contre la
Cour pénale internationale de La Haye, héritage pourtant des tribunaux créés pour juger les crimes de la Seconde Guerre mondiale.
> > En ce jour de commémoration, les dirigeants de la planète rendent visite à un
Premier ministre qui essaie de les exciter contre le tribunal de La Haye. Il est difficile de penser à une exploitation plus choquante de l’Holocauste, il est
difficile de concevoir une plus grande trahison de sa mémoire que la tentative de saper le tribunal de La Haye uniquement parce qu’il souhaite remplir son rôle
et enquêter sur Jérusalem.
> > Les invités garderont également leur silence sur cette question. Certains
d’entre eux peuvent être convaincus que le problème est à La Haye, pas en Israël. Des sanctions contre le tribunal plutôt que contre l’État occupant
!
> > Sans l’Holocauste, les Palestiniens n’auraient pas perdu leurs terres et ne
seraient pas emprisonnés aujourd’hui dans un gigantesque camp de concentration à Gaza ou condamnés à vivre sous une occupation militaire brutale en
Cisjordanie.
> > Évidemment, il ne faut jamais oublier l’Holocauste. Il ne faut pas non plus
estomper le fait qu’il était dirigé contre le peuple juif. Mais précisément pour cette raison même, il ne faut pas ignorer la conduite de ses victimes envers
les victimes indirectes de l’Holocauste des Juifs, le peuple palestinien.
> > Lorsqu’aujourd’hui ils récitent ad nauseam « plus jamais ça
», il faut honnêtement tourner son regard au sud et à l’est, à seulement quelques kilomètres de la salle commémorative de Yad Vashem. On n’y trouve pas
d’holocauste, seulement l’apartheid. Pas d’anéantissement, mais le traitement brutal et systématique de toute une nation. Ce n’est pas Auschwitz, mais c’est
Gaza.
> > Comment est-il possible d’ignorer cela lors de la Journée internationale du
souvenir de l’Holocauste ?
> > Il est difficile de croire que cela ne soit même pas venu à l’esprit d’un
seul des dirigeants venus en Israël, de se rendre à Gaza après la cérémonie. Si l’un d’eux avait eu le courage de le faire, il aurait honoré la mémoire de
l’Holocauste tout autant qu’en visitant Yad Vashem.
> > Il n’y a pas beaucoup d’endroits dans le monde où les mots « plus jamais ça »
devraient résonner autant que dans les limites de cet immense ghetto, créé par l’État des survivants de l’Holocauste. Ne pas aller à Gaza et voir ce qui se
passe là-bas ? Ne pas vous identifier au sort de deux millions d’êtres humains enfermés dans un camp de concentration depuis 14 ans, à une heure de route de
Jérusalem ? Comment est-ce possible ? Ne pas crier « plus jamais » à Gaza ? Comment ne le peuvent-ils pas ?
> > Quelques dirigeants ont apparemment équilibré leur visite ici avec une visite
brève et cérémonielle à Ramallah, y compris une séance photo avec Mahmoud Abbas, qui est également la cible des protestations d’Israël.
> > Ce type de visite n’a aucune signification. Ramallah ne détermine pas le sort
du peuple palestinien. Son sort est fixé dans l’enceinte du gouvernement à Jérusalem et dans l’enceinte de l’establishment de la défense à Tel
Aviv.
> > Il fallait venir en Israël aujourd’hui pour rappeler au monde l’Holocauste,
mais aussi le silence. Contre ce silence, il faut aussi crier : Plus jamais !
> > L’Holocauste ne se répétera peut-être jamais, mais le silence honteux
continue, y compris en ce jour de commémoration à Jérusalem.
* Gidéon Lévy : Né en 1955, à Tel-Aviv, est journaliste israélien et
membre de la direction du quotidien Ha’aretz. Il vit dans les territoires palestiniens sous occupation.
Un article court et intéressant de Richard Labévière - Le 28/01/2020.
Re-bonjour,
Dans l'excellente revue électronique dont il est rédacteur en chef( https://prochetmoyen-orient.ch ),Richard
Labévière nous propose un article court et argumenté sous le titre ; JERUSALEM : N’EST PAS CHIRAC QUI VEUT !
Cet article fait écho à celui que je vous ai adressé ce matin signé Gideon Levy. Il a fait l'objet du commentaire suivant signé Roger Akl.
"La croissance constante des rituels au sujet des victimes (juives seules mentionnées) de la période nazie atteint
l'excès.
Ce qui se produit du fait d'Israël sur des êtres humains palestiniens n'est jamais présenté aux émotions du grand public: pas le
moindre visage des victimes sur nos écrans !"
Le refus des manipulations est actuellement très prégnant dans notre pays, et un tel contraste de mise en scène nous donne facilement la
sensation d'être manipulés.
N'y aura-t-il pas l'effet regrettable d'une large réaction des opinions européennes, surtout si les accusations de crime de guerre et de crime
contre l'Humanité sont prononcées par la procureure de la CPI à l'encontre de la gouvernance israélienne, comme cela semble se dessiner ?"
Je pense, comme Roger Akl, Richard Labévière, Gideon Levy et beaucoup d'autres que la surexploitation médiatique de la Shoa à des fins politiciennes est
contre-productive pour ce qui est de la lutte contre l'antisémitisme.
Cette surexploitation, avec la complicité active de certains chefs d'état occidentaux et celle des médias mainstream, pourrait bien se retourner contre ses
auteurs....
Il est vrai, s'agissant de la France, que l'on comprend mieux en relisant l'article que j'avais rédigé le 8 mars 2019 sur le même sujet:
« Keep cool… you know the rules… » avant un « so » frenchie accent qui tranche singulièrement avec son
anglais habituel plus proche de Davos que de celui des docks de la Tamise ! Le Président Macron nous l’a joué mauvais remake de Jacques Chirac, lorsque ce dernier interpellait
vivement les flics israéliens qui l’empêchaient de serrer les mains des Palestiniens de Jérusalem-Est en 1996.
Sans jurer que la réaction d’Emmanuel Macron ait été soigneusement fabriquée, les services de l’Elysée ne pouvaient pourtant ignorer que l’intrusion des flics
israéliens dans le protocole des visites françaises en terre palestinienne est un classique du genre. L’auteur de ces lignes en a vécu quelques-unes.
En novembre 1997, la sécurité israélienne perd volontairement, sur une petite route de campagne, le cortège officiel d’Hubert Védrine qui se rend à Ramallah pour y
rencontrer Yasser Arafat. Trois heures de retard sur le programme ! En mai 2003, les mêmes flics veulent entrer de force dans le consulat général de France, avant le ministre Dominique de
Villepin. Des coups de poing sont échangés avec les gendarmes français des voyages officiels.
A chaque visite ministérielle ou présidentielle française, ces incidents se répètent, de même que les humiliations quotidiennes des Palestiniens
aux check-points de l’armée israélienne : nous y avons vu des femmes accoucher dans des taxis, des agriculteurs de Bethléem se rendant au marché de Jérusalem devoir présenter tomate par
tomate, poireau par poireau de leur cargaison aux vigiles qui font durer l’exercice jusqu’à l’heure où le marché fermera ses portes.
SAINTE ANNE, C’EST LA FRANCE !
Pourquoi les flics israéliens se comportent-ils de cette façon ? Parce qu’ils en ont reçu l’ordre ! Parce qu’ils doivent montrer qu’ils font ce qu’ils
veulent dans les territoires palestiniens occupés, annexés ou en passe de l’être. Ils doivent impérativement montrer qu’ils n’ont à respecter, ni les règles du savoir-vivre diplomatique, ni les
accords de siège, ni toutes autres règles internationales, parce qu’ils prétendent être ici chez eux, sans avoir à rendre de compte à quiconque, comme si l’Histoire les exonérait de toute espèce
de légalité internationale. Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, plus de 470 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission des droits de l’homme des
Nations unies sur la question palestinienne ont été adoptées et aussitôt rejetées par le régime de Netanyahou !
Le dernier incident de l’église Sainte Anne de Jérusalem n’est pas non plus le premier, parce qu’à Jérusalem : Sainte Anne, c’est la France ! Située dans
la vieille ville de Jérusalem-Est, l’église fait partie du domaine national français en Terre Sainte, tout comme le Tombeau des Rois, l’église du Pater Noster sur
le mont des Oliviers et l’abbaye Sainte-Marie de la Résurrection d’Abu Gosh. Elle est administrée par les Pères blancs. De style roman, elle a été construite par
les croisés en 1140 et a tout de suite été dédiée à Sainte Anne. En 1192, après la conquête de Jérusalem par Saladin, l’église est transformée en école de droit coranique, puis
tombe en ruines au cours des siècles. En 1856, après la guerre de Crimée, la France reçoit l’église du Sultan Abdülmecid 1er en remerciement de son aide à la Turquie.
Sainte Anne est alors restaurée et l’État français la confie en 1877 à Monseigneur Lavigerie et à sa Société des missionnaires d’Afrique. Entre 1882 et juin 1967, le lieu
abrite le grand séminaire pour la formation des prêtres grecs-catholiques.
Actuellement, le site est toujours administré par les Pères blancs. Ayant beaucoup de projets en Afrique, leur travail à Jérusalem consiste essentiellement à la
formation de séminaristes, mais aussi à l’accueil de nombreux pèlerins (qu’ils soient catholiques, protestants, anglicans ou orthodoxes).
Un accueil relativement difficile, du fait de la petite taille du site confronté à l’incessant harcèlement administratif israélien cherchant à décourager pèlerins
et visiteurs. Ainsi, Sainte Anne de Jérusalem est la cible régulière de l’occupation israélienne parce qu’elle accueille une ONG chargée des rapports écrits sur les comportements
des Israéliens et des Palestiniens lors des passages de check-points. Le nom de cette ONG est Ecumenical Accompaniment Programme in Palestine and
Israel (EAPPI).
CHIRAC, UNE CERTAINE IDEE DE LA DIPLOMATIE FRANCAISE
Dans cette ruelle toute proche du Saint Sépulcre, dans la vieille ville de Jérusalem, tous les anciens se souviennent de la scène. « On voulait serrer la main du
Président Chirac, mais les agents de sécurité israéliens nous repoussaient », raconte Amjad, un vendeur ambulant. Alors votre président s’est énervé et il a dit : « c’est de la
provocation ! Vous voulez que je reprenne mon avion et que je retourne en France, c’est ça ? ».
C’était le 22 octobre 1996, le désormais fameux « You want me to take my plane and to go back to France ? » entrait dans l’Histoire. Yasser Arafat
ne tarira jamais d’éloges sur le « docteur Chirac », venu le voir sur son lit de mort à Paris en novembre 2004. Les Palestiniens n’ont jamais oublié. A l’occasion du départ de Jacques Chirac de
l’Elysée, en 2007, la municipalité de Ramallah a inauguré une rue Jack-Chirac. Un homme d’affaires palestinien, Khaled Musleih vivant à Jérusalem-Est, non loin du lieu de l’incident,
rappelle : « pour nous, Chirac n’était pas seulement celui qui a osé défier les Israéliens, c’est aussi l’homme qui refusa de faire la guerre en Irak en 2003 ou de faire pression sur
Yasser Arafat comme l’exigeaient les Américains. Une indépendance rare chez les grands de ce monde ».
Avant sa visite, Jacques Chirac avait pu arracher un cessez-le-feu aux Israéliens qui pilonnent régulièrement les Territoires palestiniens occupés. A sa demande, la
diplomatie française participait activement aux différentes tentatives de relance des négociations entre les deux parties. A cette époque, notre pays avait encore une diplomatie digne de ce nom,
qui comptait aux Proche et Moyen-Orient.
Devant Sainte Anne de Jérusalem, la dernière protestation polie d’Emmanuel Macron est intervenue dans un tout autre contexte géopolitique. Face au conflit
israélo-palestinien qui fait toujours rage, la besace diplomatique française est aujourd’hui vide, désespérément vide ! Non seulement Paris n’a rien – strictement rien – à proposer sur ce
dossier historique, mais ce qui est beaucoup plus préoccupant est de voir notre diplomatie s’aligner sur les orientations décidées à Washington et Tel-Aviv, sinon s’applaventrir devant
celles-ci !
Traditionnellement, après chaque bombardement israélien de Gaza ou de Cisjordanie, le Quai d’Orsay se fendait toujours d’un communiqué officiel, condamnant, à tout
le moins, « la violence d’où qu’elle vienne », selon une formule usitée et consacrée par les porte-paroles successifs du Département depuis des décennies. Aujourd’hui,
plus rien de tel, pas même le service minimum, comme si la question palestinienne était sortie des écrans radar de notre diplomatie.
AUJOURD’HUI OU EST LA FRANCE ?
La mise en retrait substantielle de la diplomatie française aux Proche et Moyen-Orient peut être datée de mars 2012, lorsqu’Alain Juppé décide de fermer l’ambassade
de France à Damas. Alors que la crise syrienne fait rage depuis une année, c’est justement dans de telles circonstances que nos diplomates et services spéciaux auraient dû donner leur pleine
mesure. La France, qui pouvait s’appuyer en Syrie sur un passé et une mémoire, aurait pu s’imposer comme médiateur possible. Au lieu de cela, Paris décidait de rejoindre la ligne
américano-israélienne : faire en Syrie ce qui avait été fait en Irak, « changer le régime » et renverser le « boucher Bachar al-Assad », le seul boucher de la région,
c’est bien connu !
Partant de là, les pays de la région – qui restaient pourtant très attachés à la troisième voie française – s’adresseront directement à Washington, Tel-Aviv,
Moscou, sinon Pékin. Si, à partir de mars 2012, la descente aux enfers s’est accélérée, on ne peut pas ne pas rappeler qu’elle a commencé avec un Chirac finissant, en juin 2003 au G-8 d’Evian.
George W. Bush – qui fait payer à la France son « non » à l’invasion anglo-américaine de l’Irak de toutes les manières possibles – boude ostensiblement le sommet. Symboliquement, le
président américain passe la nuit à Genève et fait une brève incursion dans la ville d’eau savoyarde, moins d’une vingtaine de minutes – montre en main -, sans tenir sa traditionnelle conférence
de presse, pour bien souligner son hostilité à cette réunion internationale sur sol français…
L’auteur de ces lignes assiste à la scène : sous l’hélicoptère d’Air–Force-One qui s’élève dans le ciel lémanique pour ramener George W.
Bush à Genève, Jacques Chirac se tourne vers ses collaborateurs présents – Jean-David Lévitte (ambassadeur de France à Washington), Maurice Gourdault-Montagne (sherpa/conseiller diplomatique) et
Stanislas de Laboulaye (conseiller politique) – en s’exclamant : « il va falloir trouver quelque chose pour calmer ce connard que je vais devoir me refarcir dans une semaine sur les
plages du Débarquement… ». En effet, le 6 juin 2003 débutait sur les plages de Normandie, la 49ème commémoration du Jour-J en présence notamment des deux
présidents français et américain1.
Après cet épisode très chiraquien, Jean David Lévitte proposera trois choses : 1) consolider les forces françaises anti-terroristes aux côtés des Américains en
Afghanistan ; 2) exfiltrer d’Haïti le très anti-américain père Aristide vers un pays africain ; 3) à partir du Liban, lancer une initiative diplomatique forte destinée à aider
Washington qui commençait à s’enliser en Irak. Ce sera le début de la rédaction franco-américaine de la résolution 1559 du conseil de sécurité des Nations unies. Cette résolution tirera un trait
sur quarante années de diplomatie gaulliste, sinon gaullienne aux Proche et Moyen-Orient.
En 2008, Nicolas Sarkozy achèvera la besogne en faisant revenir la France dans le commandement intégré de l’OTAN. François Hollande confirmera la tendance et le
tropisme d’une diplomatie alignée sur les options de Washington et de Tel-Aviv. Recevant le premier ministre Benjamin Netanyahou après les attentats terroristes de Montauban, il tient dans cette
ville une conférence de presse commune avec l’homme de Tel-Aviv qui engage les Juifs de France – victimes de l’antisémitisme – à émigrer en Israël… A ses côtés, François Hollande – président de
notre pays – ne pipe mot, laissant le criminel de guerre Netanyahou trainer la France dans la boue ! Honte, quelle honte !
ETAT D’APARTHEID
Une honte similaire devrait agiter quelque peu Emanuel Macron, qui va faire des ronds de jambe devant le même Benjamin Netanyahou, en posture difficile avec la
justice de son pays, pris la main dans le pot de confiture de corruptions aggravées. Mais le plus scandaleux est d’assister à une instrumentalisation lamentable de la
75ème commémoration de la fermeture des camps d’Auschwitz-Birkenau, de Gross-Rosen, de Buchenwald, d’Ohrdruf et de Dora-Mittelbau pour accuser les « tyrans de Téhéran »
d’être les plus antisémites de la terre. Comme ses flics, Netanyahou n’en reste pas là et dépasse toutes les bornes pour faire l’apologie de son « Etat juif ».
Proclamé comme tel – « Etat juif » – par Benjamin Netanyahou lui-même et la Knesset2, voilà une régression politique qui devrait être condamnée par la terre entière ! Depuis le traité de Westphalie (24 octobre 1648), qui mit fin à trente ans
d’une guerre religieuse particulièrement meurtrière, on pouvait penser qu’une laïcisation des relations internationales était, si ce n’est définitivement acquise, du moins constituait un progrès
irréversible. Erreur : en 1947, les Britanniques quittent l’Inde en favorisant la création du Pakistan – « le pays des purs » -, fondé sur les textes sacrés musulmans.
Avec son « Etat-juif », Netanyahou remet le couvert, instaurant une citoyenneté à deux vitesses, fondée sur une distinction religieuse : seuls les
« Juifs » seront des citoyens de plein droit, quant aux autres ils devront se soumettre… Autant dire, qu’on est en pleine réhabilitation d’un système d’Apartheid que la communauté
internationale a mis des décennies à vaincre en Afrique du Sud… Cette invention théocratique viole, non seulement le droit international, mais aussi l’histoire et les principes mêmes des
fondateurs de l’Etat d’Israël de 1948.
En définitive, la commémoration de la fermeture des Camps de la mort aurait dû se faire en Allemagne et en Europe, sur les lieux mêmes de cette industrie de
l’extermination. Car se sont bien les Nazis et leurs complices européens qui furent les protagonistes de cette horreur, non les Palestiniens et autres Arabes… Ce détournement de mémoire a, aussi
un autre objectif : imposer l’idée que Jérusalem puisse être – un jour – la capitale d’Israël. Conformément aux résolutions 242 et suivantes des Nations unies, Jérusalem demeure un
territoire occupé par une armée étrangère depuis juin 1967 et ne saurait être l’improbable capitale d’un Etat colonial ! De plus, plusieurs résolutions du conseil de sécurité consacrent le
statu international de Jérusalem, siège universel des trois religions du Livre. Que cela plaise ou non au criminel de guerre Benjamin Netanyahou, le droit international n’est pas encore
complètement aboli !
Bref, en marge des éructations idéologiques de Netanyahou, en marge de cérémonies officielles détournées, la soldatesque israélienne continue à tuer quotidiennement
femmes et enfants dans les Territoires occupés palestiniens, à annexer de nouvelles terres et à déporter des populations… Pour quelle raison, le régime de Netanyahou peut-il imposer de telles
indignités à la face du monde, sans encourir la moindre des sanctions ?
En réfléchissant à cette question, bonne lecture et à la semaine prochaine.
Article proposé par le Col. Maurice Beaune - le 29/01/2020.
Ci joint, les versions anglaise et française d'un article présentant le "Plan du siècle" de Donald Trump pour Israël et la Palestine.
Plus que des solutions, il porte en germe la poursuite et le renforcement de la colonisation et donc l'asphyxie (= l'anéantissement à terme) de la Palestine,
totalement enclavée et constellée d'implantations israéliennes, sans aucune frontière commune ni avec la Jordanie, ni avec l'Égypte, et avec comme seules ouvertures sur le monde les ports
d'Ashdod et Haïfa, totalement aux mains de l'État Juif...
Curieuse façon de faire avancer le "Processus de Paix", de reconnaître réciproquement au peuple palestinien le droit d'exister dignement avec une souveraineté
pleine et entière, d'éradiquer le terrorisme international et de répondre efficacement à la prétendue volonté d'anéantissement d'Israël, état persécuté comme chacun sait...
Un camouflet au peuple palestinien ! L'humiliation continue.... La Paix s'éloigne....
Amitiés.
Télécharger les documents :
"Affaire conclue : Comment la Palestine a été liquidée par le processus de paix".