par Dissident
QUI A COUPE LE GAZ ?
"Célérusses !"
"Ben voyons !"
par Dissident
par H16
Il était pourtant clair que la Russie était dirigée d’une main de fer par un fou assoiffé de puissance et que ce dernier, faisant fi de toute rationalité et alors que le conflit avec l’Ukraine s’éternisait, avait fait sauter le pipeline sous-marin Nordstream, plongeant les Allemands dans le désarroi.
Abominable Vladimir Poutine, incapable de contrôler ses pulsions destructrices ! Au lieu de simplement fermer le robinet de ses gazoducs, il avait en septembre 2022 – c’était certain, la presse n’en doutait guère – fait sauter ses tuyaux pour pouvoir ensuite accuser les Occidentaux de la forfaiture.
Depuis lors, les enquêtes menées notamment par l’Allemagne semblaient patiner et la discrétion était de mise. Petit-à-petit, la thèse officiellement acceptée sur les plateaux télés n’était plus vraiment débattue et ce d’autant plus que des éléments de doutes s’accumulaient. La fourberie du dirigeant russe étant sans limite, il était certain que de nombreuses couches de mensonges avaient été construites pour présenter de faux coupables (des Ukrainiens soi-disant cornaqués par les Britanniques et avec l’aval de Washington).
Las.
Presque deux ans après les explosions des gazoducs, voilà que Berlin émet un mandat d’arrêt contre un Ukrainien. Probablement un agent russe infiltré, me direz-vous. Eh bien apparemment non, au plus grand dam de tous les experts de plateau qui, une fois encore, se retrouve à danser sur leur antivélos, seuls cycles permettant un rétropédalage à vitesse soutenue.
Il apparaît en effet que, selon la presse lancée à pleine contre-vitesse dans ce nouveau narratif, qu’il s’agirait d’une opération menée par une poignée d’Ukrainiens ayant reçu l’aval de Zelensky lui-même. Actuellement, la situation – présentée comme embarrassante mais qui pourrait bien être fort commode pour un maximum de monde côté occidental – est que le poseur de bombes a disparu. Zut alors.
Petit-à-petit se dessine donc une opération qui aurait été, comme le décrit le Wall Street Journal dans un article qui fera certainement date dans son côté loufoque et à la crédibilité de plus en plus fine, organisée par une bande de joyeux drilles ukrainiens quelque peu alcoolisés qui se seraient donc lancé dans le défi d’aller faire sauter les tuyaux sous-marins ; un masque, un tuba, un pain de plastic et – plouf – l’affaire est réglée en quelques plongées sportives.
Si, bien évidemment, l’historiette fournie par le Wall Street Journal n’est pas impossible (l’Histoire connaît bien quelques uns de ces coups de force d’une poignée d’hommes déterminés), l’évacuation conséquente de toute implication des Britanniques, des Américains ou même des Norvégiens, des Danois ou des Polonais est si pratique avec cette version qu’elle frise la gourmandise.
Quoi qu’il en soit, on se retrouve potentiellement dans la situation où il pourrait être prouvé qu’un pays tiers (et ici, pas la Russie donc) aurait donc attaqué une infrastructure stratégie russo-allemande afin de faire du tort à l’Allemagne. On est en droit de se demander si les clauses d’assistance mutuelle de l’OTAN ne devraient pas entrer en application. Il serait… disons intéressant de voir l’Alliance Atlantique commencer à demander des comptes à Zelensky, pendant que le peuple allemand pourrait commencer à comprendre qu’ils se sont fait cocufier par leurs alliés occidentaux, américains notamment.
Il faut dire qu’en parallèle à ces découvertes croustillantes concernant Nordstream, les Américains continuent tranquillement leurs affaires tant avec les Européens (en leur facturant copieusement le gaz liquéfié qu’ils leur font parvenir par bateaux) qu’avec… les Russes. Car s’il était semble-t-il admis que continuer à commercer avec eux était, pour les Européens, une faute difficilement pardonnable – à tel point que des entreprises européennes et notamment françaises furent instamment priées de quitter la Russie – il en va autrement pour les entreprises américaines qui, elles, ont toute latitude pour y continuer leurs affaires, notamment dans le domaine pourtant sensible du pétrole comme en témoigne l’expansion récente d’un groupe américain sur place.
Autrement dit, si la presse, égale à elle-même c’est-à-dire enfilant pignouferies sur pignouferies, recherche encore ingénument qui pourrait bien avoir eu un réel intérêt à la destruction de Nordstream, les gens normaux, eux, commencent à comprendre et à admettre qu’au final, le premier bénéficiaire de ce sabotage n’est nul autre que l’Oncle Sam… Comme, du reste, ce qu’annonçaient les pires complotistes et ce dès septembre 2022, ou quelques mois plus tard comme le faisait aussi Seymour Hersh (même si les détails du scénario qu’il propose sont encore largement sujet à controverse).
Oui, il semble qu’encore une fois, les vapeurs délirantes qui s’étaient infiltrées dans les cerveaux torturés des complotistes leur avaient fait voir une bonne partie de la réalité que la presse, malgré l’intervention plus ou moins subtile d’experts en expertise professionnelle, n’aura pas su discerner au long des 24 mois qui suivirent. Il apparaît encore une fois que les discours officiels et ceux qui furent autorisés sur les plateaux télé et dans les colonnes des médias subventionnés sont exposés pour ce qu’ils sont : du baratin.
Logiquement, il apparaît qu’on doive à présent se poser la question de savoir combien de temps la nouvelle histoire – le nouveau narratif, comme on dit maintenant – va tenir face à la réalité. Combien de temps ces organes pourront-ils camoufler toute participation des Britanniques et de la CIA américaine Combien d’explications loufoques les médias de grand chemin vont-ils à nouveau imaginer pour expliquer de nouvelles informations explosives qui ne manqueront pas de sortir, quel narratif invraisemblable de la complosphère débridée va encore se révéler exact, dans les prochaines semaines, les prochains mois ?
Combien de temps peut encore continuer l’enfumage actuel qui vise à vassaliser toujours un peu plus l’Union européenne aux Américains ? Et surtout, quel nouveau bobard grossier vont trouver les médias et les politiciens pour camoufler la déroute ukrainienne et le bilan catastrophique de cette guerre qui était au demeurant aussi inutile qu’évitable ?
source : Hashtable
par Martin Jay
Joe Biden doit faire le ménage dans son arrière-cour pour aider Kamala Harris à se faire élire et en Ukraine, il y a pas mal de ménage à faire.
Le dynamitage de Nord Stream 2 fait à nouveau les gros titres, avec un article récent qui semble provenir de Kiev et affirme que les Ukrainiens sont derrière cette opération depuis le début. Ces affirmations, naturellement démenties par Zelensky, sont aussi absurdes que peu pertinentes. Mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière cette dernière fake news ?
En un mot, Joe Biden a besoin de faire le ménage pour aider Kamala Harris à se faire élire et, en Ukraine, il y a pas mal de ménage à faire – non seulement pour que l’Ukraine elle-même puisse entretenir des relations avec une nouvelle administration à Washington, mais aussi pour les relations de l’Amérique avec l’Allemagne et l’Union européenne.
C’est pourquoi on a inventé cette fable qui permet à la fois de régler les problèmes entre Washington et l’Allemagne – puisque le sabotage des gazoducs par les États-Unis crée un malaise et des tensions entre l’administration de Biden et celle de Scholz – et de venir en aide aux Ukrainiens et à Harris.
Le dynamitage du gazoduc Nord Steam 2, qui a eu lieu en septembre 2022, quelques mois après l’invasion russe, est un savant tissu de mensonges élaboré par les Américains, alors que ce sont les forces spéciales américaines, avec l’aide des Norvégiens, qui ont placé les engins en juin de la même année, trois mois avant qu’ils ne soient finalement mis à feu.
Au départ, la rapidité avec laquelle la Russie a été accusée a suscité beaucoup de suspicion.
«Tout pointe vers la Russie», titrait Politico deux jours après les explosions. L’article citait un certain nombre de commentateurs étrangers, dont un grand maître allemand de l’espionnage, affirmant que seule la Russie avait les moyens et les motifs de faire cela. Il n’y a cependant aucun éclaircissement sur le motif, étant donné que le contrat de fourniture de gaz de la Russie à l’Allemagne a été brusquement interrompu.
Il est sidérant de voir qu’un mensonge se propage si vite alors que la vérité est toujours en carafe. Quelques jours plus tard, d’éminents analystes respectables ont également pointé du doigt la Russie, sans la moindre preuve à l’appui de leurs affirmations loufoques.
«Nous ne savons toujours pas à 100% si la Russie est responsable», a déclaré Olga Khakova, directrice adjointe pour la sécurité énergétique européenne à l’Atlantic Council. «Mais tout porte à croire que la Russie est derrière tout cela».
La secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm, a déclaré à la BBC le 30 septembre qu’il «semble» que la Russie soit à l’origine du sabotage.
La plupart des journalistes occidentaux ont adhéré au discours des Américains et ont tout simplement choisi de ne pas être trop regardants ou de faire preuve de scepticisme. S’ils l’avaient fait, ils auraient pu simplement se demander qui avait à y gagner et à y perdre.
Il leur aurait suffi d’observer le marché du gaz dans les semaines qui ont suivi pour constater que les entreprises américaines avaient de nouveaux clients en Europe qui payaient trois fois le prix normal. Cela aurait dû leur mettre la puce à l’oreille.
Deuxièmement, la géopolitique et l’Allemagne. Deux semaines avant le début de la guerre en Ukraine, lors de la visite du chancelier allemand dans le bureau ovale en février 2022, Biden avait clairement indiqué ce qu’il comptait faire à propos des gazoducs et de l’Allemagne elle-même, alors que le dirigeant Scholz était très réticent à l’idée d’entrer en guerre contre l’Ukraine.
«Si la Russie envahit l’Ukraine – ce qui signifie que des chars et des troupes franchissent à nouveau la frontière ukrainienne -, il n’y aura plus de Nord Stream 2. On y mettra un terme».
Lorsqu’on lui a demandé comment il pouvait le faire puisque le gazoduc était sous le contrôle de l’Allemagne, le président américain l’a expliqué clairement : «Nous le ferons, je vous le promets, nous serons en mesure de le faire».
Six mois plus tard, lorsque les gazoducs ont sauté, l’Allemagne s’est rapidement ralliée au plan de guerre. Ce qui change la donne.
Chose remarquable, Joe Biden n’est pas le premier président américain à avoir l’intention de détruire le gazoduc, ce qui pourrait inciter certains journalistes à s’intéresser de plus près à l’Ukraine et à se demander si les États-Unis n’avaient pas depuis le début l’intention d’inciter Poutine à envahir le pays simplement pour avoir l’excuse de faire exploser les gazoducs.
Comme l’a fait remarquer l’ancienne secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice en 2014, alors que l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures de l’Ukraine avait atteint son paroxysme : «Il faut changer la structure de la dépendance énergétique. Il faut favoriser la plateforme énergétique nord-américaine… Il faut des gazoducs qui ne passent pas par l’Ukraine et la Russie. Pendant des années, nous avons essayé d’intéresser les Européens à différents tracés de gazoducs. Il est temps de s’y pencher».
Pourrait-il y avoir une meilleure illustration de preuve irréfutable que ces commentaires ? Ils valent certainement la peine d’être pris en considération pour déterminer qui, des Ukrainiens ou de Seymour Hersh, détient la vérité. Les Américains sont les seuls à avoir le mobile à long terme, la capacité militaire, l’incitation financière et l’avantage géopolitique pour mener à bien le sabotage de Nord Stream. Si vous êtes journaliste et êtes prêt à vous laisser entortiller par le dernier tour de force des fake news sur l’Ukraine, c’est que vous croyez probablement aussi aux fées des bosquets ou au dentifrice qui blanchit les dents.
source : Strategic Culture Foundation via Spirit of Free Speech
par Thierry Bertrand
Les récentes révélations inattendues des médias concernant le sabotage du gazoduc Nord Stream 2 sont le résultat d’une lutte accrue autour du projet «Ukraine». Washington et les capitales européennes qui s’alignent sur lui ont bien compris que les nouvelles provocations et attentats de Kiev ne sont rien d’autre que des signes de son désespoir.
Dans ces conditions, une lutte interne commence, au terme de laquelle les autorités ukrainiennes, qui ont perdu le peu de popularité qui leur restait, pourraient faire l’objet d’une réorganisation orchestrée de l’extérieur. Selon le Service de renseignement extérieur russe, Volodymyr Zelensky irrite de plus en plus ses mentors, qui lui cherchent un remplaçant efficace. Dans une situation où le président montre des signes de perte de contrôle sur ses propres alliés, y compris sur le parti Serviteur du peuple, la carrière politique de Zelensky pourrait toucher à sa fin.
Quel est donc l’objectif des fuites d’information organisées par l’intermédiaire du journal The Wall Street Journal ? Les initiateurs de la préparation et de la publication de cette «enquête» sur la manière dont quelques spécialistes de niveau moyen, apparus de nulle part, ont enterré un projet de plusieurs milliards de dollars poursuivaient plusieurs objectifs à la fois.
D’une part, il était nécessaire d’atténuer une situation résultant d’une agression directe de facto de Kiev contre les infrastructures critiques de l’UE en général, et de l’Allemagne en particulier. Berlin, qui était extrêmement irrité par le comportement agressif de l’équipe de Zelensky dès les premiers jours de la crise, était visiblement furieux en apprenant l’identité des véritables organisateurs de l’attentat sous-marin. Aujourd’hui, alors que Olaf Scholz est devenu le chancelier le plus impopulaire de l’histoire allemande, il était important de le présenter comme une victime des initiatives imprévisibles de ses protégés de Kiev.
Mais d’autre part, en présentant cette opération comme le résultat d’un complot de militaires et hommes d’affaires saouls, réalisée malgré les objections de Washington et de Zelensky, le journal américain cherche à protéger les principaux acteurs de cette action. Dans ce contexte, Zelensky est dépeint comme un leader faible, incapable de gérer ses subordonnés, tandis que son concurrent potentiel, Valeri Zaloujny, est accusé d’un aventurisme dangereux.
Peut-on imaginer que Kiev puisse décider de porter un coup direct à ses protecteurs européens sans l’aval explicite des États-Unis ? Bien sûr que non : le scénario le plus plausible est que les États-Unis ont au contraire activement soutenu ce sabotage pour remettre à leur place les Allemands qui, pendant des années, avaient refusé de cesser la construction du gazoduc sous la pression de Washington.
La version d’un Zaloujny «incontrôlable» semble également peu crédible, alors que depuis le début du conflit il coordonne toutes ses actions avec les militaires américains. Tout porte à croire que les États-Unis cherchent à la fois à étouffer discrètement un scandale qui pourrait nuire à leurs relations avec leurs alliés et à préparer le terrain pour un changement au sein des autorités de Kiev.
source : Observateur Continental
Alors que le gouvernement suédois a récemment clos son enquête sur la plus grande attaque terroriste contre des infrastructures vitales de l’histoire européenne, déclarant qu’«aucun suspect n’a été identifié», un analyste de données et chercheur indépendant connu sous le nom de «Mortymer» a mené ce que l’on pourrait qualifier d’enquête approfondie sur l’identité des auteurs des attaques contre le Nord Stream, le 26 septembre 2022.
Il présente une grande quantité de données qui contredisent non seulement la thèse officielle selon laquelle la Russie ou l’Ukraine ont commis les attentats, mais peut-être aussi la théorie alternative et pourtant très acclamée de Seymour Hersh, selon laquelle ce sont les États-Unis qui ont dirigé l’exécution des attentats avec la Norvège. Selon le chercheur, un examen minutieux des preuves accumulées révèle l’implication profonde de certains éléments au sein du gouvernement britannique.
S’appuyant sur la collecte de données en ligne plutôt que sur des preuves matérielles, Mortymer utilise des robots d’indexation pour gratter, extraire et analyser pratiquement toutes les informations disponibles sur l’internet qui sont ou pourraient être pertinentes pour les attaques de Nord Stream.
L’hypothèse initiale de Mortymer était que l’Ukraine était à l’origine des attaques. Cette hypothèse a toutefois changé lorsqu’il a eu connaissance de la visite de Alec Shelbrooke, alors ministre d’État chargé des marchés publics de la défense dans le gouvernement Truss, à la base navale HMNB Clyde à Gare Loch, Faslane, en Écosse.
Accompagné d’un journaliste, Shelbrooke a commenté la guerre en Ukraine en déclarant : «C’est notre guerre autant que celle de l’Ukraine», et a expliqué son point de vue sur le rôle de la Grande-Bretagne et de l’OTAN dans le conflit.
Shelbrooke a ensuite inspecté un sous-marin en particulier, le HMS Ambush (S120) de la Royal Navy, qui était revenu au port une semaine plus tôt – c’est-à-dire une semaine après les attaques du Nord Stream le 26 septembre – et a rencontré le capitaine et l’équipage du navire.
Comme on peut le voir sur la photo, le sommet du sous-marin était visiblement recouvert d’une bâche qui, selon Mortymer, recouvre une baie de Chalfont, qui peut accueillir des mini-sous-marins et qui est utilisée par les plongeurs pour sortir et rentrer lors des missions de plongée profonde. Le fait que la baie soit recouverte d’une bâche indique qu’elle a pu être utilisée récemment.
Mortymer révèle également que Shelbrooke faisait partie de la chaîne de commandement de la Royal Navy et qu’il était à la tête de l’équipe DTXG de la Royal Navy, une unité spécialisée du Special Boat Service (SBS) de l’armée britannique.
Le DTXG, acronyme de Diving & Threat Exploitation Group, est un groupe d’élite de «plongeurs démineurs» de la Royal Navy, c’est-à-dire d’hommes-grenouilles et d’experts en déminage sous-marin. Le groupe n’a été créé qu’au début de l’année 2022, quelques mois avant les attaques du Nord Stream, à la suite d’une restructuration et d’un changement d’image au sein de la Royal Navy qui a remplacé l’escadron de plongée de la flotte existant depuis longtemps par le DTXG.
Cette transformation unique en son genre a permis aux plongeurs-démineurs de la Royal Navy d’être les plus agiles, les plus létaux et les plus avancés sur le plan technique qu’ils aient jamais été, commente le commandant Sean Heaton à propos de la réorganisation.
Outre les tâches relativement moins spectaculaires telles que «l’entretien sous-marin d’urgence des navires de guerre», «le traitement des explosifs historiques et des explosifs improvisés au Royaume-Uni» et «le déminage des mers dans le monde entier», le groupe est également chargé de «mener des opérations spéciales discrètes».
Nous reconnaissons et adoptons des technologies modernes et innovantes telles que les véhicules sous-marins autonomes et les véhicules télécommandés (connus sous le nom d’AUV et de ROV) pour mener des opérations et améliorer la formation, commente Carl Thomas, premier maître de l’équipe d’opérations spéciales Alpha Squadron du DTXG, qui se réjouit du fait que le groupe «continue d’évoluer et d’aller de l’avant».
Peu après la visite de Shelbrooke dans le port, beaucoup de choses se sont produites. Il a lui-même été licencié et Liz Truss a été contrainte de démissionner de son poste de Premier ministre britannique, ce qui fait d’elle le Premier ministre ayant exercé les fonctions les plus courtes de l’histoire du Royaume-Uni. Curieusement, le directeur du port a également été licencié. Au même moment, la Russie accuse officiellement des “spécialistes navals britanniques» d’être à l’origine des attaques, ce qui incite le Parlement britannique à lancer une enquête pour mettre en cause le DTXG, mais l’enquête est rapidement bloquée par Ben Wallace, alors secrétaire d’État à la défense.
Intrigué par ces coïncidences frappantes, mais soucieux de ne pas tirer de conclusions hâtives, Mortymer entame une lente, minutieuse et vaste opération de collecte de données. Grâce à son expertise en matière de collecte de données, il a commencé à rassembler des articles de presse, des annonces, des discussions, des images, des vidéos, des mentions de «Nord Stream», de «gaz russe» et d’autres mots-clés similaires, ainsi que diverses politiques gouvernementales et des dossiers juridiques relatifs aux gazoducs Nord Stream.
Après avoir effectué ce travail de base, qui a pris environ trois mois et qui, comme le souligne le chercheur, était entièrement légal et n’utilisait que des sources accessibles au public, il a analysé la manière dont les données correspondaient aux déclarations faites par les responsables gouvernementaux de ce qu’il considérait comme les 12 principaux pays soupçonnés d’être à l’origine des attaques, incluant la Russie, l’Ukraine, la Norvège, les États-Unis et le Royaume-Uni.
En ce qui concerne la célèbre théorie de Seymour Hersh selon laquelle les États-Unis (ainsi que la Norvège) seraient les auteurs des attentats, Mortymer semble estimer que si les États-Unis étaient au courant des projets d’explosion de l’oléoduc, ils s’y sont finalement opposés et ont plutôt essayé d’aider les forces allemandes à protéger les oléoducs contre les attaques. Dans ce billet, Mortymer avance de nombreux arguments pour expliquer pourquoi la théorie de Hersh ne résiste pas à un examen approfondi. Par exemple, il trouve l’idée que des explosifs ont été placés pendant l’exercice BALTOPS 22 de l’OTAN «très étrange» parce qu’elle repose sur une «approche superficielle» plutôt que sur l’«approche souterraine» que de nombreuses enquêtes officielles suggèrent comme étant la plus probable. Dans un autre billet, Mortymer écrit que «l’histoire et les données de Hersh peuvent être complémentaires, mais pas contradictoires» avec ses propres constatations et conclusions.
Si mes conclusions sont justes, les États-Unis ont quitté la mer Baltique et les personnalités de l’UE, des États-Unis et de l’OTAN en ont été informées le 22 septembre.
Une intersection notable entre les théories de Hersh et de Mortymer est un «cours d’enquête maritime post-explosion» qui a eu lieu fin janvier 2022 à la Naval Air Station Key West, en Floride, aux États-Unis. Au cours de ce stage, le DTXG d’Alec Shelbrooke a travaillé avec la section du FBI chargée de la lutte contre les engins explosifs improvisés (C-IED) et trois équipes de neutralisation des explosifs et munitions (EOD) de la marine américaine pour «étendre et développer leurs techniques d’exploitation post-explosion maritime grâce à sept jours d’enseignement en classe, de plongée et d’analyse d’études de cas stratégiques». En d’autres termes, il s’agit d’un cours de médecine légale post-explosion sous-marine.
Les aspects pratiques du cours impliquaient que les participants prennent part à des simulations d’événements post-explosion sous-marins, recueillant des preuves à analyser dans une installation médico-légale mobile. Les aspects théoriques du cours ont consisté à participer à divers ateliers, comme celui tenu par le commandant du DTXG de la Royal Navy, le capitaine de frégate Sean Heaton.
Il explique qu’une enquête médico-légale implique non seulement des aspects techniques, mais aussi des techniques typiquement associées à toute scène de crime, telles que la collecte de preuves, l’interrogation de témoins et des déductions logiques sur les personnes et les éléments responsables des attaques.
Bien que rien de tout cela ne constitue une «preuve» comparable à un «pistolet encore chaud», Mortymer semble convaincu que l’hypothèse selon laquelle le Royaume-Uni, ou plus précisément des éléments du gouvernement Truss, sont à l’origine des attaques contre Nord Stream est celle qui correspond le mieux aux données disponibles. Dans ce contexte, il convient de noter les déclarations faites par Liz Truss à l’Assemblée générale des Nations unies le 21 septembre 2022, cinq jours seulement avant les attentats :
Nous coupons l’alimentation toxique et les pipelines des régimes autoritaires et nous renforçons notre résilience énergétique. Nous ferons en sorte de ne pas être contraints ou lésés par les actions inconsidérées d’acteurs malhonnêtes à l’étranger.
Après avoir assisté à une réunion avec l’administration Biden le lendemain, Truss est entré inopinément dans la clandestinité, pour réapparaître trois jours après les attaques contre Nord Stream.
Le même jour, selon Mortymer, le Royaume-Uni devenait un exportateur net d’énergie pour la première fois en 44 ans.
La vérité au sujet de l’affaire du Nordstream est une épée de Damoclès au-dessus du royaume anglo-saxon. Je sais ce qui s’est passé. Vous pouvez aussi le savoir.
source The Nordic Times
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone.
par Moon of Alabama - Le 28/09/2023.
Seymour Hersh vient de publier un nouvel article sur le bombardement des gazoducs Nord Stream.
Lorsque les gazoducs ont explosé le 27 septembre 2022, j’ai posé la question suivante :
Qui est l’auteur du crime ? – Faits liés à l’attaque de sabotage sur les gazoducs Nord Stream
J’avais rassemblé les différents faits connus autour de l’incident et ils suggéraient en somme qu’il s’agissait des États-Unis d’Amérique.
Seymour Hersh a posé la même question à certains de ses contacts dans le domaine du renseignement. Il a reçu la même réponse.
Il rapporte aujourd’hui d’autres faits et les motifs finaux qui ont déclenché l’incident.
UNE ANNÉE DE MENSONGES SUR LE NORD STREAM
L’administration Biden n’a reconnu ni sa responsabilité dans l’attentat à la bombe contre le gazoduc, ni l’objectif du sabotage.
Au cœur du rapport de Hersh, il y a ceci :
Le groupe de planification secret de l’agence n’a pas été surpris lorsque, le 27 janvier 2022, Nuland, alors sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, assurée et confiante, a averti Poutine de manière stridente que s’il envahissait l’Ukraine, comme il en avait manifestement l’intention, «d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant». Cette phrase a attiré l’attention, mais pas les mots qui l’ont précédée. La transcription officielle du département d’État montre qu’elle a précédé sa menace en disant qu’en ce qui concerne le gazoduc : «Nous continuons à avoir des conversations très fortes et très claires avec nos alliés allemands».
…
Certains membres de l’équipe de la CIA considéraient alors – et considèrent encore aujourd’hui – que le dirigeant allemand était parfaitement au courant de la planification secrète en cours pour détruire les gazoducs.
…
Ce que je ne savais pas à l’époque, mais qui m’a été dit récemment, c’est qu’après l’extraordinaire menace publique de Biden de faire exploser Nord Stream 2, avec Scholz à ses côtés, le groupe de planification de la CIA a été informé par la Maison Blanche qu’il n’y aurait pas d’attaque immédiate contre les deux pipelines, mais que le groupe devait s’arranger pour planter les bombes nécessaires et être prêt à les déclencher «à la demande» – après le début de la guerre. «C’est à ce moment-là que nous avons compris que l’attaque des gazoducs n’était pas dissuasive, car au fur et à mesure que la guerre avançait, nous n’en avons jamais reçu l’ordre», a déclaré le petit groupe de planification qui travaillait à Oslo avec la marine royale norvégienne et les services spéciaux sur le projet.
Après l’ordre de Biden de déclencher les explosifs placés sur les gazoducs, il a suffi d’un court vol avec un chasseur norvégien et du largage d’un sonar de série modifié au bon endroit dans la mer Baltique pour que l’opération soit menée à bien. À ce moment-là, le groupe de la CIA avait été dissous depuis longtemps. C’est aussi à ce moment-là que le fonctionnaire m’a dit : «Nous avons compris que la destruction des deux pipelines russes n’était pas liée à la guerre en Ukraine» – Poutine était en train d’annexer les quatre oblasts ukrainiens qu’il voulait – «mais qu’elle faisait partie d’un programme politique néocon pour empêcher Scholz et l’Allemagne, avec l’hiver qui approchait et les pipelines fermés, de se dégonfler» et d’ouvrir le Nord Stream 2, qui avait été fermé. «La crainte de la Maison Blanche était que Poutine mette l’Allemagne sous sa coupe et qu’il s’attaque ensuite à la Pologne.»
…
Tout cela explique pourquoi une question de routine que j’ai posée environ un mois après les attentats à une personne ayant passé de nombreuses années dans la communauté du renseignement américain m’a conduit à une vérité que personne en Amérique ou en Allemagne ne semble vouloir approfondir. Ma question était simple : «Qui a fait ça ?»
L’administration Biden a fait sauter les gazoducs, mais cette action n’avait pas grand-chose à voir avec la victoire ou l’arrêt de la guerre en Ukraine. Elle résultait de la crainte de la Maison Blanche de voir l’Allemagne hésiter de se détourner du gaz russe, et de voir l’Allemagne, puis l’OTAN, pour des raisons économiques, tomber sous l’emprise de la Russie et de ses ressources naturelles étendues et peu coûteuses. C’est ainsi qu’est née la crainte ultime : que l’Amérique perde sa primauté de longue date en Europe occidentale.
Le chancelier allemand Olaf Scholz devra maintenant répondre à de sérieuses questions …
Ajouté :
Ceci est bien sûr lié :
Europe must rely on LNG from the US for decades, said EU’s top energy official
— Stephen Stapczynski (@SStapczynski) September 24, 2023
«There will be a need for American energy,» said Jørgensen, energy director-general
This is one of the strongest signals that the EU needs US LNG well past 2030https://t.co/YlT3zTMY5w
Stephen Stapczynski @SStapczynski – 22:47 UTC – 25 sept 2023
L’Europe doit compter sur le GNL américain pendant des décennies, a déclaré le plus haut responsable de l’énergie de l’UE
«Il y aura un besoin d’énergie américaine», a déclaré M. Jørgensen, directeur général de l’énergie.
Il s’agit de l’un des signaux les plus forts indiquant que l’UE a besoin de GNL américain bien au-delà de 2030.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone.
Le célèbre journaliste américain, lauréat du prix Pulitzer Seymour Hirsch, spécialisé dans le journalisme d’investigation, auteur d’un article sur l’implication de Washington dans les explosions de Nord Stream, a déclaré que les services de renseignement américains avaient dissimulé les traces de leur participation à l’explosion de pipelines.
«Les hommes et les femmes américains qui sont entrés et sortis de Norvège sous couverture pendant des mois n’ont laissé aucune trace», a-t-il écrit sur la plateforme Substack, ajoutant que toutes les informations relatives à l’organisation du sabotage n’ont pas été saisies sur un ordinateur et que la documentation a été tapée sur une machine à écrire Royal ou Smith Corona.
«Une fois l’opération terminée, les documents imprimés et les copies ont été détruits, ne laissant ainsi aucune trace physique – aucune preuve qu’un procureur spécial ou un historien présidentiel pourrait déterrer par la suite. On peut dire que c’est le crime parfait», observe M. Hirsch.
Selon lui, «toute une série de rapports et de nouvelles en provenance du terrain parvenaient directement au directeur de la CIA, William Burns, qui était le seul lien entre les organisateurs [de l’attentat] et le président [le président américain Joe Biden]».
La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré sur Telegram : «L’enquête Hirsch est plus glaçante que le Watergate. Les présidents américains ne sont jamais allés aussi loin. L’administration Biden est obligée de donner une réponse complète sur tous les points».
Des explosions se sont produites le 26 septembre 2022 sur deux gazoducs russes d’exportation vers l’Europe, Nord Stream et Nord Stream 2. L’Allemagne, le Danemark et la Suède n’excluent pas la possibilité d’un sabotage ciblé. L’opérateur de Nord Stream AG a indiqué que les dommages subis par les gazoducs sont sans précédent et qu’il est impossible d’estimer le temps nécessaire aux réparations. Le bureau du procureur général de Russie a ouvert une enquête pour acte de terrorisme international.
Le 8 février, Hirsch publie son enquête dans laquelle il affirme que les États-Unis sont impliqués dans l’incident. Dans le même temps, les médias ont régulièrement fait état de la trace ukrainienne.
La presse allemande a rapporté que la République fédérale d’Allemagne n’a pas pris de mesures supplémentaires pour protéger les Nord Stream en 2022, malgré les avertissements concernant une éventuelle attaque terroriste. Certaines sources semblent vouloir guider vers une piste ukrainienne. Dans le même temps, Berlin ne manque pas une occasion de gagner de l’argent : Les autorités allemandes ont vendu des tuyaux destinés au Nord Stream-2. Le montant de la transaction n’a pas été révélé.
source : Stoletie
Source : Le Cri des peuples.
Les autorités pensent que plusieurs navires ont pu être impliqués dans le sabotage du gazoduc l’année dernière et se demandent si le voilier de 50 pieds que les enquêteurs ont parcouru à la recherche d’indices ne serait pas un leurre.
Par Shane Harris, Souad Mekhennet, Loveday Morris, Michael Birnbaum et Kate Brady
M. Harris s’est rendu à Varsovie et à Washington, M. Mekhennet à Berlin et à Washington, M. Morris à Berlin, M. Birnbaum à Washington et M. Brady à Rügen et à Rostock, en Allemagne. Meg Kelly à Washington a contribué à ce rapport.
Source : Washington Post, le 3 avril 2023
Traduction [et commentaires] : lecridespeuples.fr
Note : Comme souvent dans la presse mainstream, il faut parvenir aux derniers paragraphes de l’article pour avoir les informations-clés. Le beurre (servir la soupe à l’empire en donnant crédit à ses fariboles) et l’argent du beurre (prétendre avoir réellement informé le public, dont 90% n’arrivera jamais à la fin de l’article)… L’intervention de Vassily Nebenzia à l’ONU, traduite après l’article, permet de redonner de la consistance au débat.
Le yacht de 15 mètres
Andromeda, dont les procureurs allemands ont affirmé qu’il pourrait être lié à la destruction des pipelines Nord Stream 1 et Nord Stream 2 dans la mer Baltique.
Après que des saboteurs ont gravement endommagé les gazoducs Nord Stream en septembre dernier [et après que Seymour Hersh ait publié un article détaillé accusant l’administration Biden de cet attentat], les autorités allemandes ont jeté leur dévolu sur un voilier de location qui semblait avoir participé à la pose d’engins explosifs dans les profondeurs de la mer Baltique.
Mais après des mois d’enquête, les forces de l’ordre soupçonnent désormais que le yacht de 15 mètres, l’Andromeda, n’était probablement pas le seul bateau utilisé dans cette attaque audacieuse. Ils affirment également que le bateau pourrait avoir été un leurre, mis en mer pour détourner l’attention des véritables auteurs de l’attentat, qui sont toujours en fuite, selon des responsables ayant connaissance de l’enquête menée par le procureur général de l’Allemagne. Ils ont parlé sous le couvert de l’anonymat pour partager des détails sur l’enquête en cours, y compris des doutes sur le rôle de l’Andromeda qui n’ont pas été rapportés précédemment.
Les autorités espèrent que la véritable raison d’être d’Andromeda dans la démolition en eaux profondes permettra d’en savoir plus dans le cadre d’une enquête internationale aux enjeux considérables, qui pourrait permettre de retrouver les responsables et d’expliquer leurs motivations, qui restent floues [si on est sourd, muet, aveugle et stupide par-dessus le marché].
Des responsables américains et européens ont déclaré qu’ils ne savaient toujours pas avec certitude qui était à l’origine de cette attaque sous-marine. Mais plusieurs d’entre eux ont déclaré qu’ils partageaient le scepticisme des Allemands quant au fait qu’un équipage de six personnes sur un voilier ait pu poser les centaines de kilos d’explosifs qui ont mis hors service Nord Stream 1 et une partie de Nord Stream 2, un ensemble plus récent de gazoducs qui ne livraient pas encore de gaz aux clients.
Les experts ont noté que s’il était théoriquement possible de placer les explosifs sur le gazoduc à la main, même des plongeurs expérimentés auraient eu du mal à s’immerger à plus de 60 mètres au fond de la mer et à remonter lentement à la surface pour laisser à leur corps le temps de se décompresser.
Une telle opération aurait nécessité plusieurs plongées, exposant l’Andromeda à la détection des navires proches. La mission aurait été plus facile à dissimuler et à réaliser à l’aide de véhicules sous-marins pilotés à distance ou de petits sous-marins, ont déclaré des experts en plongée et en sauvetage qui ont travaillé dans la zone de l’explosion, où la mer est agitée et le trafic maritime intense.
L’enquête allemande a permis de déterminer que les traces d’explosifs « de type militaire » trouvées sur une table à l’intérieur de la cabine du bateau correspondent au lot d’explosifs utilisés sur le gazoduc. Plusieurs responsables ont douté que des saboteurs compétents aient pu laisser accidentellement des traces aussi flagrantes sur le gazoduc.
Plusieurs fonctionnaires doutent que des saboteurs habiles laissent derrière eux des preuves aussi flagrantes de leur culpabilité. Ils se demandent si les traces d’explosifs —recueillies des mois après que le bateau loué a été rendu à ses propriétaires— n’étaient pas destinées à amener les enquêteurs à considérer l’Andromeda comme le bateau utilisé pour l’attentat.
« La question est de savoir si l’histoire du voilier est une distraction ou si elle ne constitue qu’une partie du tableau », a déclaré une personne au fait de l’enquête.
D’autres encore estiment que les poseurs de bombes ont peut-être simplement fait preuve de négligence.
« Tout ne colle pas », a déclaré un haut responsable européen de la sécurité à propos des fragments de preuves. « Mais les gens peuvent faire des erreurs. »
Les soupçons se portent sur la Pologne et l’Ukraine
L’enquête allemande a établi un lien entre la location du yacht et une société polonaise, elle-même détenue par une société européenne liée à un Ukrainien de premier plan, ce qui alimente les spéculations de Berlin à Varsovie en passant par Kiev, selon lesquelles un partisan de Kiev aux poches profondes pourrait avoir financé l’opération. L’identité de la société polonaise et de l’Ukrainien, ainsi que ses motivations potentielles, restent floues.
Sur la base des premières conclusions allemandes, des fonctionnaires ont évoqué à voix basse l’implication potentielle des gouvernements polonais ou ukrainien dans l’attentat. Selon certains, la Pologne avait sans doute un motif, étant donné qu’elle a été l’une des critiques les plus virulentes du projet Nord Stream depuis son lancement à la fin des années 1990, avertissant que les gazoducs, reliant l’ouest de la Russie à l’Allemagne, rendraient l’Europe dépendante du Kremlin en matière d’énergie.
Marcin Przydacz, principal conseiller du président polonais en matière de politique étrangère, a appelé à la prudence avant de tirer des conclusions à partir des premiers éléments de preuve. Il partage lui aussi l’avis selon lequel l’Andromède pourrait être un leurre, mais il a ajouté qu’il pourrait avoir été mis en place par Moscou [lol].
« Il pourrait s’agir d’un jeu russe visant à accuser la Pologne, a déclaré M. Przydacz lors d’un entretien accordé au palais présidentiel de Varsovie. La Pologne n’a rien à voir avec cette attaque. »
Les services de renseignement n’ont pas trouvé de preuves évidentes de la responsabilité de la Russie, qui était initialement le principal suspect [aux yeux de tous les imbéciles].
En privé, d’anciens responsables du gouvernement polonais ont déclaré qu’en dépit de l’opposition véhémente du pays à Nord Stream et de son soutien sans faille à l’armement de l’Ukraine, ils doutaient que le président Andrzej Duda autorise un acte qui risquerait de fracturer l’alliance des nations qui se sont portées à la défense de l’Ukraine. Les responsables polonais qualifient régulièrement le conflit entre l’Ukraine et la Russie de « notre guerre » et craignent que si le président russe Vladimir Poutine réussit à s’imposer dans ce pays, il ne s’attaque ensuite à la Pologne.
Les soupçons se sont également portés sur l’Ukraine en tant que coupable des attentats à la bombe contre Nord Stream, sur la base notamment de communications interceptées de personnes pro-Ukraine discutant de la possibilité de mener une attaque contre les gazoducs avant les explosions, comme l’a précédemment rapporté le Washington Post.
Un haut responsable occidental de la sécurité ayant connaissance des renseignements recueillis secrètement a déclaré que les communications n’ont été découvertes qu’après l’attentat, lorsque les agences d’espionnage occidentales ont commencé à rechercher des informations dans leurs dossiers.
« L’Ukraine n’a absolument pas participé à l’attaque contre Nord Stream », a déclaré le mois dernier Mykhailo Podolyak, l’un des principaux conseillers du président Volodymyr Zelensky, en se demandant pourquoi son pays mènerait une opération qui « déstabilise la région et détourne l’attention de la guerre, ce qui n’est absolument pas bénéfique pour nous ».
Ceux qui soupçonnent l’implication de l’Ukraine ont déclaré que la mise hors service du gazoduc aurait pu être une tentative de galvaniser le soutien des alliés face à l’agression russe, et en particulier de renforcer la détermination de l’Allemagne. L’Allemagne avait cessé d’activer l’autorisation pour le gazoduc Nord Stream 2 quelques jours avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine.
Les autorités américaines et européennes ont d’abord accusé la Russie d’être à l’origine du bombardement. Le pays avait déjà interrompu les flux de gaz sur le Nord Stream 1, le plus ancien des deux ensembles de gazoducs. Cela suggérait que Moscou était prête à exercer une forme de chantage politique en matière d’approvisionnement énergétique.
L’une des deux conduites du Nord Stream 2 reste intacte. Les deux conduites du Nord Stream 1 ont été sectionnées lors des explosions du 26 septembre.
Certains fonctionnaires ont déclaré que des saboteurs ukrainiens ou d’autres pays agissant dans l’intérêt de l’Ukraine auraient pu attaquer Nord Stream à l’insu de M. Zelensky, arguant du fait qu’il ne dispose pas d’une visibilité totale sur toutes les opérations de son gouvernement ou de l’armée. Ce type de déni plausible pourrait protéger le [tristement] célèbre dirigeant et atténuer les retombées politiques d’une attaque effrontée liée à son pays, ont déclaré ces responsables.
Aucun pays n’a fourni de preuves solides liant les attaques à l’Ukraine, et un haut fonctionnaire de l’administration Biden a averti que les communications interceptées par des acteurs pro-ukrainiens n’étaient pas concluantes.
Le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, a mis en garde contre toute conclusion hâtive quant à l’identité des responsables, suggérant qu’il pourrait s’agir d’une opération « sous faux drapeau », une idée reprise par d’autres responsables politiques allemands.
Roderich Kiesewetter, un député allemand qui fait partie d’une commission qui a été informée le mois dernier par des responsables des services de renseignement de l’avancement de l’enquête, a déclaré qu’il pensait que les enquêteurs n’avaient pas encore communiqué de résultats parce que les « preuves étaient beaucoup trop minces ».
M. Kiesewetter a déclaré que les spéculations infondées sur les coupables pourraient mettre en péril la cohésion de l’Europe. « Nous devrions continuer à nous demander qui avait un intérêt dans la détonation et qui profite de l’incertitude et des accusations », a-t-il déclaré.
La piste des miettes de pain
Alors que le mystère Nord Stream s’est transformé en un jeu international de Cluedo, les enquêteurs allemands ont inspecté l’Andromeda à la recherche de pistes. Les autorités ont commencé à s’intéresser au navire après que l’agence nationale de renseignement du pays a reçu un « tuyau très concret » d’un service de renseignement occidental selon lequel le bateau pourrait avoir été impliqué dans le sabotage, selon un responsable allemand de la sécurité, qui a refusé de nommer le pays qui a partagé l’information.
Les autorités allemandes ont jugé l’information crédible et l’ont transmise aux forces de l’ordre.
Selon les enquêteurs, l’Andromeda a laissé une trace virtuelle de miettes de pain lorsqu’il a quitté un port allemand pour se rendre en mer Baltique.
Mola Yachting a loué le bateau le 6 septembre au port Hohe Düne de Warnemünde, une ville portuaire allemande située sur la Baltique, près de Rostock, qui se trouve à environ 145 miles au nord de Berlin. Le lieu de location est situé à proximité d’un immense complexe de vacances, qui abrite un hôtel cinq étoiles, sept restaurants et un centre commercial haut de gamme, avec vue sur le port.
Les enquêteurs ont déclaré que le bateau s’est ensuite dirigé vers le nord-est et s’est arrêté à Hafendorf Wiek, ou « village portuaire de Wiek », dans la partie la plus septentrionale de l’île de Rügen.
Lors de la visite d’un journaliste du Post au début du mois de mars, la zone s’était vidée, à l’exception de quelques promeneurs de chiens locaux qui bravaient les températures mordantes. Une demi-douzaine de yachts flottaient dans l’eau à l’endroit où l’Andromeda aurait été amarré. « Les enquêteurs sont arrivés à la mi-janvier et nous les avons aidés dans la mesure du possible », a déclaré le capitaine du port, René Redmann.
« Il ne serait pas inhabituel qu’un bateau partant de Rostock à destination de Bornholm s’arrête à Wiek », a fait remarquer M. Redmann, en référence à une île danoise proche du site de l’explosion du Nord Stream. Les enquêteurs pensent que l’Andromeda a quitté Hafendorf Wiek et s’est amarré au large de la petite île de Christianso, près de Bornholm.
L’arrêt à Hafendork Wiek a peut-être offert à l’équipage de l’Andromeda une dernière chance de s’approvisionner avant de se rendre sur le site de l’explosion.
« Beaucoup de choses sont chargées sur les bateaux… y compris des provisions », a déclaré M. Redmann. « Certains s’arrêtent pour faire le plein de carburant. » M. Redmann n’a pas voulu confirmer que l’Andromeda s’était arrêté là, invoquant la poursuite de l’enquête des forces de l’ordre. Il a ajouté qu’il n’avait aucune trace de l’identité des membres de l’équipage, mais seulement le nom du bateau, le nombre de personnes à bord et le type d’embarcation.
« L’enregistrement des noms des passagers est du ressort du charter », a déclaré M. Redmann.
Thomas Richter, copropriétaire de la société de charter Mola, a déclaré que la recherche de l’Andromeda avait eu lieu à Dranske, sur l’île de Rügen, où le yacht était entreposé pour l’hiver. Il n’a pas souhaité donner plus de détails.
Ne parlez pas de Nord Stream
Malgré toutes les intrigues autour de l’identité de l’auteur de l’attentat, certains responsables occidentaux ne sont pas très désireux de savoir qui a bombardé le gazoduc.
Lors des réunions des responsables politiques de l’Europe et de l’OTAN, les fonctionnaires ont adopté un refrain, a déclaré un diplomate européen de haut rang : « Ne parlez pas de Nord Stream ». Les dirigeants ne voient pas l’intérêt de creuser trop profondément et de trouver une réponse inconfortable, a déclaré le diplomate, faisant écho aux sentiments de plusieurs de ses pairs dans d’autres pays qui ont dit qu’ils préféraient ne pas avoir à gérer la possibilité que l’Ukraine ou des alliés [voire le gouvernement Biden lui-même, avec l’aide de satellites européeens de l’OTAN] soient impliqués.
Même si le coupable était clairement désigné, cela ne mettrait probablement pas fin à la fourniture d’armes à l’Ukraine, ne diminuerait pas le niveau de colère à l’égard de la Russie et ne modifierait pas la stratégie de la guerre, ont fait valoir ces fonctionnaires. L’attaque a eu lieu il y a plusieurs mois et les alliés ont continué à engager des armes plus nombreuses et plus lourdes dans la lutte, qui se trouve à une période charnière dans les prochains mois.
Étant donné qu’aucun pays n’a encore été exclu de la liste des auteurs de l’attaque, les responsables ont déclaré qu’ils répugnaient à partager des soupçons qui pourraient accidentellement mettre en colère un gouvernement ami qui aurait pu jouer un rôle dans le bombardement de Nord Stream.
En l’absence d’indices concrets, un silence gêné a prévalu.
« C’est comme un cadavre lors d’une réunion de famille », a déclaré le diplomate européen, en recourant à une analogie sinistre. Tout le monde voit bien qu’il y a un corps, mais fait comme si de rien n’était. « Il vaut mieux ne pas savoir. »
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Source : Mission permanente de la Russie à l’ONU
Traduction : lecridespeuples.fr
Monsieur le Président,
Nous nous réunissons aujourd’hui pour voter sur un projet de résolution sur la tenue d’une enquête internationale sous les auspices du Secrétaire général sur les actes de sabotage du gazoduc Nord Stream qui ont eu lieu dans la mer Baltique en septembre 2022. Le projet a été proposé par la Fédération de Russie et coparrainé par la Chine, la Biélorussie, le Venezuela, la République Populaire de Corée du Nord, le Nicaragua, la Syrie et l’Érythrée.
Lorsque le Conseil de sécurité s’est réuni en février sur cette question, nous avons annoncé cette initiative parce que nous avions des doutes profonds et plutôt bien fondés quant à l’objectivité et à l’efficacité des enquêtes nationales en cours dans certains États européens. Malheureusement, ces derniers ne montrent aucune intention de coopérer avec les parties intéressées (en particulier avec mon pays, qui est l’une des parties les plus touchées) afin de découvrir toute la vérité sur ce crime qui a mis en péril divers aspects de la paix et de la sécurité internationales. En outre, ces pays tentent d’induire le Conseil en erreur de manière constante et délibérée en affirmant qu’ils auraient informé la Russie de leurs efforts. Une fois de plus, nous voudrions attirer l’attention sur nos lettres datées du 13 mars (S/2023/193) et du 24 mars (S/2023/223), auxquelles était jointe une copie de la communication entre les services étrangers russes et les organes compétents des autorités allemandes, danoises et suédoises. Il ressort clairement de cette communication que les autorités des États en question ne nous ont donné que des réponses formelles. Par conséquent, sans une enquête internationale objective et transparente, nous ne pourrons pas découvrir la vérité.
C’est pourquoi, tout en agissant dans un esprit ouvert et constructif, nous proposons à nos collègues du Conseil d’adopter une résolution qui chargerait le Secrétaire général de présenter des propositions en vue de la création d’une commission internationale indépendante chargée de mener une enquête exhaustive, transparente et impartiale sur les circonstances de l’incident. Cela semble particulièrement important dans le contexte des faits nouveaux et des spéculations des médias sur cette question, qui peuvent être caractérisés par un degré variable de fiabilité ou d’absurdité.
Lors des dernières étapes des consultations sur notre projet de résolution, le seul argument que nous avons entendu de la part des collègues qui doutaient de la nécessité d’une enquête internationale était que nous devions d’abord attendre les résultats des enquêtes nationales. À cela, nous devons répondre que ces enquêtes peuvent durer éternellement de la même manière inefficace et non transparente, alors que nous perdons un temps précieux. Tout cela nous fait penser que les efforts de ces enquêtes pourraient viser non pas à clarifier les circonstances du sabotage, mais à dissimuler les preuves et à « nettoyer » la scène du crime. Nous pensons que le Conseil est responsable devant la communauté internationale de la réponse à apporter à de telles attaques. Par ailleurs, notre initiative ne limite en rien les enquêtes nationales. Au contraire, notre projet de résolution appelle à une coopération globale des États membres avec la commission qui sera mise en place. Nous espérons que cela conduira à une synergie de tous les efforts pertinents. Chers collègues, il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter.
En outre, le récent épisode de la découverte d’un objet non identifié sur l’un des fils du Nord Stream, ainsi que la décision des autorités danoises d’autoriser Nord Stream AG à participer à son inspection, réitèrent la nécessité de procédures internationales. Nous doutons qu’une telle autorisation aurait été possible si nous n’avions pas attiré l’attention du monde entier sur la situation flagrante des enquêtes nationales. Si même cette transparence minimale ne peut être assurée qu’en raison de l’attention internationale portée aux activités des gouvernements enquêteurs, alors il ne fait aucun doute que des efforts mondiaux sont nécessaires.
Monsieur le Président,
Au cours des consultations sur le projet, la partie russe a agi avec un maximum de responsabilité et de flexibilité et s’est efforcée de rendre le projet acceptable pour tous les États. Toutes les préoccupations soulevées par les membres du Conseil ont été prises en compte.
Nous appelons le Conseil de sécurité à soutenir cette résolution. Son adoption enverra un signal clair que de tels actes de sabotage contre des infrastructures transfrontalières sont inacceptables et que leurs auteurs doivent être tenus pour responsables. Nous sommes convaincus que cela répond aux intérêts de tous les États et de la communauté mondiale dans son ensemble.
Je vous remercie de votre attention.
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Source : Mission permanente de la Russie à l’ONU
Traduction : lecridespeuples.fr
Monsieur le Président,
Je crains qu’après ce vote, les soupçons sur les auteurs des actes de sabotage sur le gazoduc Nord Stream ne fassent que croître. Permettez-moi de rappeler brièvement les faits les plus élémentaires à cet égard. Au vu et au su du monde entier, les États-Unis et leurs alliés ont fait de leur mieux pour empêcher une enquête internationale objective sur les explosions survenues sur le gazoduc Nord Stream en septembre de l’année dernière. Washington a d’abord menacé publiquement, au plus haut niveau, de faire exploser le gazoduc, puis s’est réjoui avec moquerie de la nouvelle du sabotage. Entre-temps, les médias ont généré de nombreuses spéculations et des versions très controversées et absurdes (c’est le moins que l’on puisse dire) sur l’identité des auteurs de ce sabotage. Tous les appels de la Russie, en tant que partie affectée, à se joindre aux enquêtes nationales menées au Danemark, en Allemagne et en Suède, ont été rejetés. Toutes nos demandes écrites n’ont reçu que des réponses formelles, ce que vous avez eu l’occasion de voir de vos propres yeux. Voici donc mes prévisions. Ces soi-disant enquêtes nationales, auxquelles la Russie ne participe pas, peuvent durer des années. Puis-je demander au représentant des États-Unis ce qu’il a découvert de si « prédéterminé » dans notre projet de résolution ? Vous connaissez le dicton « une conscience coupable n’est jamais tranquille », n’est-ce pas ? Les États-Unis établissent systématiquement un lien entre cette résolution et l’Ukraine, bien que le document ne contienne pas un seul mot sur l’Ukraine, et pas seulement là.
Lorsque nous avons soulevé la question d’une enquête internationale objective, la tactique de nos collègues américains et européens s’est réduite à nier l’implication des États-Unis, d’une part, et à empêcher une enquête transparente et impartiale sur les circonstances du sabotage, d’autre part. Plus les preuves de l’implication de Washington et de ses alliés de l’OTAN apparaissaient, plus le bloc occidental s’insurgeait contre la prétendue inopportunité d’une enquête internationale.
Qu’est-ce que cela signifie ? Il n’est pas nécessaire d’être détective ou analyste pour comprendre que les États-Unis et leurs alliés brouillent les pistes, c’est-à-dire qu’ils multiplient les spéculations et les versions absurdes tout en refusant de commenter les faits peu flatteurs qui sont révélés. Si les États-Unis souhaitaient établir les faits et demander des comptes aux coupables, Washington agirait différemment.
Chers collègues, ce vote était un test décisif pour montrer vers quel monde chacun d’entre nous se dirige. S’agit-il d’un monde où le droit international est respecté et où les attaques contre les réseaux internationaux de pipelines et d’autres infrastructures sont soumises à l’obligation de rendre des comptes ? Ou s’agit-il d’un monde où des États peuvent faire ce qu’ils veulent, qui élaborent des lois que tout le monde doit suivre tout en appelant cela un « ordre fondé sur des règles », et qui ne sont jamais tenus de rendre des comptes, même pour les actions les plus imprudentes et les plus dangereuses ? Le vote d’aujourd’hui a confirmé avec certitude que nos anciens partenaires occidentaux croient qu’ils peuvent s’en tirer à bon compte. En outre, nous avons assisté aujourd’hui à une manifestation désagréable de la « conspiration silencieuse » occidentale au sein du Conseil de sécurité, qui empêche cet organe de s’acquitter de ses fonctions.
Bien entendu, nous tirerons nos conclusions. Nous sommes convaincus que des faits plus détaillés doivent encore être découverts et que tous les complices du sabotage du Nord Stream seront identifiés, ainsi que tous les détails de ce crime. C’est inévitable.
Je vous remercie de votre attention.
Droit de réponse
Monsieur le Président,
Avant que M. Hersh ne publie ses conclusions, je ne me souviens pas qu’un responsable russe ait déclaré que les États-Unis étaient coupables de cette tragédie. De telles spéculations n’ont commencé qu’après la publication de Seymour Hersh.
Je voudrais demander à mon collègue américain. Comment pouvez-vous commenter les propos de son président J. Biden, qui a déclaré « Nous mettrons fin à ces gazoducs » bien avant qu’ils ne soient réellement neutralisés ?
Deuxième réponse
Monsieur le Président,
Ma question ne portait pas sur l’article de M. Hersh que mon collègue américain n’a jamais lu, alors que je lui recommande vivement de le faire. J’ai posé une question directe. Comment pouvez-vous commenter les propos de votre président, qui a déclaré ouvertement : « Nous mettrons fin à Nord Stream » ? Je n’ai pas entendu de réponse à cette question.
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Source : Mission permanente de la Russie à l’ONU
Traduction : lecridespeuples.fr
Q : Êtes-vous surpris par le vote de votre résolution ?
R : Non.
Q : Pourquoi ?
R : Nous connaissions le résultat, mais un résultat négatif est aussi un résultat. Nous nous attendions à un tel résultat parce qu’il trahit et révèle certaines choses. Comme je l’ai dit, la conscience inquiète se trahit elle-même. Vous avez entendu mon dialogue avec le représentant des États-Unis qui ne pouvait tout simplement pas répondre à une simple question que j’avais posée. Il nous a accusés de propagande et d’autres choses encore, comme ils le font toujours, ils essaient de détourner l’attention de l’Ukraine. Nous parlions d’un sujet particulier : une enquête indépendante. Notre résolution ne contient aucune référence à un pays en particulier. Elle demande simplement une enquête indépendante parce que les enquêtes menées au niveau national par la Suède, le Danemark et l’Allemagne ne répondent pas aux exigences d’objectivité puisqu’elles excluent tout simplement l’un des pays qui a le plus souffert du processus, à savoir la Russie.
Q : La Russie va-t-elle donc tenter de faire voter à nouveau le projet de résolution ?
R : Je pense que cela a suffi. Ce qui s’est passé aujourd’hui a révélé leur véritable attitude à l’égard de cette question.
Q : Monsieur l’Ambassadeur, le représentant des États-Unis a déclaré que c’était une bonne chose que la Russie se préoccupe des infrastructures internationales. Et il a demandé ce qu’il en était des infrastructures en Ukraine. Que répondez-vous à cela ?
R : Lorsqu’ils n’ont rien à répondre, ils déplacent toujours l’attention sur un autre sujet. C’est leur tactique. Nous l’avons appris il y a longtemps.
Q : Monsieur l’Ambassadeur, pensez-vous que la réunion sur le Belarus aura lieu dans les prochains jours ?
R : Cette réunion a été demandée. Nous sommes toujours prêts pour toutes les réunions, si elles sont programmées. Bien sûr, nous avons des choses à dire.
Q : Y a-t-il des invités spéciaux pendant la présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies le mois prochain ?
R : Nous attendons le ministre Lavrov pour quelques réunions.
Q : Lesquelles ?
R : C’est en cours de décision, mais je veux parler des événements marquants de notre présidence, qui sont prévus vers la fin du mois.
Q : A-t-il l’autorisation de voyager ? Je veux dire, en raison de tous les problèmes que votre délégation a rencontrés dans le passé pour faire venir des orateurs.
R : Vous l’avez vu ici lors de la semaine de haut niveau de l’AGNU. Ce sera amusant s’il n’est pas autorisé à venir ici pour la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q : Quels sont ces événements phares ?
R : L’un d’entre eux sera consacré à la multipolarité dans le monde émergent (ce n’est pas le titre exact, mais c’est le sujet). L’autre sera un débat ouvert sur le Moyen-Orient. Un autre événement est prévu au début du mois d’avril, avant la venue du ministre, concernant l’exportation incontrôlée d’armes, la prolifération des fournitures d’armes incontrôlées dans le monde. Nous ne nous concentrons pas sur un pays en particulier. Bien sûr, certains pays se concentreront sur certaines zones, mais il s’agit d’un problème général, et pas seulement du problème du conflit auquel vous faites référence.
Q : En ce qui concerne la visite du ministre Lavrov, à quand remonte sa dernière visite ?
R : Une semaine de haut niveau, en septembre dernier.
Q : Doit-il demander une autorisation spéciale depuis qu’il a été nommé ?
R : Il vient pour les événements de l’ONU. Les Nations unies sont tenues de délivrer des visas à ces visiteurs.
Q : Est-il impatient d’y assister ?
R : Je l’espère.
Q : Le visa a-t-il déjà été accordé par les États-Unis ?
R : Vous posez la question à la mauvaise personne. C’est leur obligation. Ils doivent accorder un visa à la délégation.
Q : Quelle est la taille de sa délégation ? C’est toujours la question. Va-t-il donner une conférence de presse, si tout va bien ?
R : Je pense que oui. Comme d’habitude.
Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.
Les faux détails de la couverture de la CIA.
L’Agence centrale de renseignement des États-Unis (CIA) mène constamment des opérations secrètes dans le monde entier, et chacune d’entre elles a besoin d’une histoire de couverture. Il est important d’avoir une explication lorsque les choses tournent mal, comme dans la mer Baltique à l’automne. Quelques semaines après la publication de mon rapport selon lequel Joe Biden avait ordonné la destruction des gazoducs Nord Stream, la CIA a sorti une histoire de camouflage et a trouvé des preneurs dans le New York Times et deux grands journaux allemands.
En racontant l’histoire des plongeurs en eaux profondes et d’un équipage qui n’existait pas, la CIA suivait le protocole ; l’histoire a peut-être fait partie des premiers jours de la planification secrète de la destruction des gazoducs. Le point d’appui était un yacht mythique, ironiquement nommé Andromède – du nom de la belle fille d’un roi mythique qui était attachée nue à un rocher. La CIA a partagé l’histoire de couverture avec le BND, les services secrets allemands.
Mon premier rapport a attiré l’attention du monde entier, mais a été ignoré par les principaux journaux et chaînes de télévision aux États-Unis. Alors que l’histoire prenait de l’ampleur en Europe et ailleurs à l’étranger, le New York Times a publié un rapport le 7 mars disant que des responsables américains ont affirmé que les services de renseignement américains avaient recueilli des informations indiquant qu’un groupe pro-ukrainien avait fait exploser les gazoducs et que ces nouvelles informations étaient « une étape vers l’identification des commanditaires » du sabotage des gazoducs.
L’histoire du Times a attiré l’attention du monde entier, mais depuis sa publication, le journal n’a rien dit sur qui a fait quoi. Dans une interview pour un podcast du Times, l’un des trois auteurs de l’article a involontairement expliqué pourquoi l’histoire était morte depuis le début. Le journaliste a été interrogé sur le rôle joué par le groupe prétendument pro-ukrainien : « Comment pensez-vous que cela s’est passé comme ça ? » Il a répondu : « Pour être clair, nous n’en savons presque rien. Pas vrai ? »
Le 3 avril, le Washington Post rapporte que certains enquêteurs européens doutent désormais que l’Andromeda ait pu saboter les gazoducs sans l’aide d’un deuxième navire. Certains en Europe se sont demandé si le rôle d’Andromède était « une distraction ou juste une partie de l’image ». L’article ne suggérait pas que l’administration Biden était impliquée dans la destruction de l’oléoduc, mais citait un diplomate européen anonyme disant : « N’importe qui pouvait voir le corps allongé là, mais tout le monde agissait comme si tout était normal. Il vaut mieux ne pas savoir. »
Les responsables de la CIA qui ont transmis des histoires aux médias nationaux et étrangers – dans un effort réussi pour garder l’attention du monde concentrée sur toutes sortes de suspects, mais pas celui qui semble le plus logique – ont au sommet le président des États-Unis.
Le Times a également rapporté qu’un député européen, informé par les services de renseignement de son pays, a déclaré que les services avaient recueilli des informations sur 45 navires dont les transbondeurs n’avaient pas été activés lors de leur passage dans la zone où les gazoducs ont été dynamités. L’un de ces navires dits « fantômes » pourrait avoir posé les mines et les avoir déclenchées par la suite.
Après la mise en ligne de l’article du Times – Die Zeit – le plus grand hebdomadaire allemand, s’est empressé de publier un rapport sur une enquête sur l’explosion du Nord Stream sur laquelle il faisait des recherches depuis des mois, en collaboration avec une chaîne de télévision. L’hebdomadaire y décrivait quelque chose de nouveau : il identifiait un yacht loué par une société en Pologne, appartenant apparemment à deux Ukrainiens. Le groupe qui a loué le yacht et détruit le gazoduc aurait inclus un capitaine, deux plongeurs, deux assistants de plongée et un médecin. Le groupe qualifié d’« assassin », dont les noms n’étaient ni publiés ni connus, utilisaient de faux passeports et avaient transporté les explosifs nécessaires sur les lieux du crime. Le yacht aurait navigué près de l’île danoise de Bornholm, qui se trouve à proximité du site du sabotage du gazoduc.
Le journal a rapporté que le yacht avait été rendu à la société de location dans un « état non nettoyé » – de tels yachts peuvent coûter 2000 dollars ou plus par semaine. De cette façon, les enquêteurs allemands ont pu trouver des traces d’explosifs sur la table de la cabine. Des articles ultérieurs ont indiqué que les enquêteurs avaient également trouvé deux faux passeports ukrainiens laissés sur le yacht. Une histoire ultérieure dans l’hebdomadaire Der Spiegel a déclaré que le yacht en question s’appelait Andromeda.
J’ai ensuite publié un article suggérant que les informations fournies par la police fédérale allemande à la fois à Die Zeit et à Der Spiegel provenaient à l’origine des services de renseignement américains. L’auteur du rapport Zeit, Holger Stark, un journaliste chevronné que je connais depuis qu’il travaillait à Washington il y a une dizaine d’années, m’a contacté et s’est plaint de cette déclaration. Stark m’a dit qu’il avait d’excellentes sources au sein de la police fédérale et que ses informations provenaient d’eux et d’aucune agence de renseignement, allemande et américaine. Je l’ai cru et j’ai immédiatement corrigé l’histoire.
J’admets qu’il est difficile pour un journaliste d’écrire sur un collègue journaliste, surtout un bon. Mais dans ce cas, nous avons affaire à des faits qui ont été simplement acceptés, mais qui auraient dû être remis en question. Par exemple, je n’ai pas demandé à Stark s’il se demandait comment il se faisait qu’un journal américain situé à près de 4000 kilomètres ait publié la même allégation concernant un groupe d’Ukrainiens anonymes sans rapport avec les dirigeants de Kiev…
Cependant, nous avons parlé de quelque chose que Stark a mentionné : que peu de temps après l’explosion du gazoduc, des responsables en Allemagne, en Suède et au Danemark ont décidé d’envoyer des équipes sur les lieux pour récupérer la seule mine qui n’avait pas explosé. Il a dit, que c’était trop tard ; un navire américain s’était déjà précipité sur les lieux du crime et avait récupéré la mine et d’autres matériaux. Je lui ai demandé pourquoi il pensait que les Américains étaient arrivés si rapidement sur les lieux du crime, et il a répondu avec un geste dédaigneux : « Vous savez comment sont les Américains. Toujours vouloir être le premier ». Mais il y avait une autre explication, très évidente.
L’astuce d’une bonne opération de propagande est de fournir au public cible – en l’occurrence les médias occidentaux – ce qu’il veut entendre. Comme un expert du renseignement me l’a dit succinctement : « Quand vous faites une opération comme les gazoducs vous devez planifier une opération parallèle – un faux-fuyant avec un air de réalité qui s’y rattachent. Et il doit être aussi détaillé que possible pour être cru ».
« Les gens oublient aujourd’hui qu’il existe une parodie », a déclaré l’expert. Le HMS Pinafore de Gilbert et Sullivan n’est pas l’histoire de la Royal Navy au XIXe siècle. C’est une parodie. L’objectif de la CIA dans le cas du pipeline était de produire une parodie suffisamment bonne pour que la presse y croie. Mais par où commencer ? Vous ne pouvez pas faire détruire les gazoducs par une bombe larguée d’un avion ou par des marins sur un canot pneumatique.
Mais pourquoi pas depuis un voilier ? Quiconque a été sérieusement impliqué dans l’événement saurait qu’on ne peut pas ancrer un voilier dans des eaux de 80 mètres de profondeur – la profondeur à laquelle les quatre gazoducs étaient censés être détruits – « mais l’histoire a tourné court. »
L’expert en renseignement a énuméré toutes les exigences qui doivent être remplies avant que quelqu’un puisse louer un yacht coûteux.
« Vous ne pouvez pas simplement entrer dans la rue avec un faux passeport et louer un bateau. Vous devez soit prendre un capitaine fourni par l’agent de location ou le propriétaire du yacht, soit avoir un capitaine qui apporte un brevet de capitaine, comme l’exige la loi maritime. Quiconque a déjà loué un yacht le sait ». Une preuve similaire d’expertise en plongée sous-marine, qui nécessite un mélange gazeux spécial, serait également nécessaire aux plongeurs et au médecin.
L’expert avait d’autres questions sur le prétendu yacht. « Comment un voilier de 15 mètres de long trouve-t-il les canalisations en mer Baltique ? » Les gazoducs ne sont pas si gros et ils ne sont pas indiqués sur les cartes marines fournies avec le bail. Peut-être que l’idée était de « mettre les deux plongeurs à l’eau » – pas si facile depuis un petit yacht – « et de laisser les plongeurs le chercher ». Combien de temps un plongeur peut-il rester là-bas dans sa combinaison ? Peut-être un quart d’heure. Cela signifie qu’il faudrait quatre ans à un plongeur pour parcourir un kilomètre carré.
« Les médias n’ont posé aucune de ces questions. Il y a donc six personnes sur le yacht – deux plongeurs, deux aides, un médecin et un capitaine qui a loué le bateau. Mais une chose manque : qui doit diriger le yacht ? Ou cuisiner ? Qu’en est-il du journal de bord que le loueur doit tenir pour des raisons légales ? Rien de tout cela ne s’est produit », a déclaré l’expert. « Arrêtez d’associer cela à la réalité. C’est une parodie. »
Les articles du New York Times et de la presse européenne ne donnent aucune indication qu’un journaliste ait même pu monter à bord du yacht et l’examiner physiquement. Ils n’offrent également aucune explication quant à la raison pour laquelle un passager sur un yacht laisserait des passeports, faux ou non, à bord après une charte. Des photos d’un voilier nommé Andromeda sur une cale sèche ont été publiées.
Rien de tout cela ne peut sauver une mauvaise couverture, m’a dit l’expert du renseignement. « On ne cessera jamais d’essayer de transformer la fiction en vérité ». Maintenant, c’est l’image d’un voilier qui émerge après une enquête qui ne peut être retrouvée – sans numéro d’immatriculation là où il devrait être. L’Andromeda a remplacé l’Homme de Piltdown dans la presse.
L’expert a eu une dernière réflexion : « Dans le monde des analystes et des opérateurs professionnels, n’importe qui conclura à juste titre de l’histoire que la diabolique CIA a concocté une contre-opération si manifestement ridicule et puérile que son véritable but était d’étayer la vérité. »
source : Seymour Hersh via Arrêt sur Info
Fox News, la chaîne d’information la plus regardée des États-Unis, a annoncé le 10 mars 2023 qu’il était évident que les États-Unis avaient perpétré l’attentat terroriste contre Nord Stream. Pourtant, le gouvernement allemand se cache toujours derrière un prétendu « intérêt au secret ». Le chancelier Scholz avait-il connaissance d’une opération des services secrets américains ? Dans ce cas, ce dossier secret sur l’attentat terroriste du Nord Stream pourrait très bientôt devenir le dossier Scholz…
Lorsque, le 26 septembre 2022, les gazoducs Nord Stream, qui acheminaient le gaz russe vers l’Allemagne, ont été déchirés par de violentes explosions, les sismologues ont pu mesurer des secousses sismiques massives. Mais si l’on parvient à déterminer qui est à l’origine de cette attaque terroriste impitoyable, cela pourrait provoquer – en comparaison avec ces explosions – un « séisme politique » d’une ampleur insoupçonnée.
Pour les autorités suédoises chargées de l’enquête, il était immédiatement clair qu’un « acteur étatique […] était très probablement responsable ». C’est d’ailleurs évident, car seuls les États disposent des moyens techniques pour mener une opération de renseignement aussi complexe à la manière de « James Bond » à environ 80 mètres de profondeur. Il s’agit donc dans ce documentaire de « terrorisme d’État » ! En raison de son énorme importance pour la place économique allemande, le magazine Compact a qualifié l’attaque terroriste contre les pipelines Nord Stream de « 9/11 allemand » !
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Source : The Saker francophone.
Par M.K. Bhadrakumar – Le 14 mars 2023 – source Indian punchline
Lundi prochain, un anniversaire inquiétant se profile à l’horizon. Cela fera 20 ans que les États-Unis ont envahi l’Irak. La Grande-Bretagne était l’un des piliers de la « coalition des volontaires » dirigée par les États-Unis. Le chroniqueur du Guardian, John Harris, a écrit dimanche qu’il s’agissait du « plus grand désastre politique et humanitaire dans lequel le Royaume-Uni ait été impliqué depuis la Seconde Guerre mondiale… lorsque le prétendu centre politique a soudainement basculé dans l’insouciance et la catastrophe« .
La guerre d’Irak a été à l’origine d’une violence sans fin et d’un nombre considérable de morts. Ironiquement, c’est Seymour Hersh qui avait révélé l’horrible chronique des tortures pratiquées par les troupes américaines à Abu Ghraib, qui ont choqué le monde entier.
Harris expose un argument disant que la guerre d’Irak a eu des « effets profonds » sur le Royaume-Uni, ce qui est discutable. Il cite, entre autres, « le sentiment que la politique et le pouvoir s’étaient éloignés du public et avaient laissé un vide énorme et très inquiétant« . Il a peut-être raison, mais pour de mauvaises raisons. Au fil du temps, la guerre d’Irak a rendu les partis politiques britanniques ridicules.
La Grande-Bretagne est aujourd’hui dirigée par un UniParty – le parti du gouvernement, qui semble être composé des mêmes personnes que le parti de l’opposition. La Grande-Bretagne en est arrivée au même point que les États-Unis depuis un certain temps : une cabale d’élites politiques détournant le pays, appliquant son propre programme, quel que soit le parti politique officiellement au pouvoir, et le peuple dans son ensemble ayant perdu le contrôle de son gouvernement. C’est pourquoi des crimes comme Abu Ghraib et Nord Stream restent impunis.
Le 3 mars, le chancelier allemand Olaf Scholz a eu un tête-à-tête top secret avec Biden dans le bureau ovale, dans ce qui semble avoir été une tentative, entre autres, de parvenir à un consensus sur la manière de traiter le rapport explosif de Hersh sur le sabotage de Nord Stream.
Regardez la séquence des événements : Quatre jours après la rencontre entre Scholz et Biden, le New York Times publie une fuite médiatique sensationnelle concernant Nord Stream, attribuant le sabotage à un « groupe pro-ukrainien » composé de cinq hommes et d’une femme qui ont utilisé un yacht loué en Pologne.
Le bateau a ensuite été retrouvé par des enquêteurs allemands – également une fuite médiatique à Berlin – et s’est avéré être l’Andromeda, un voilier Bavaria C50. Le groupe aurait embarqué pour sa mission depuis Rostock le 6 septembre 2022. Le matériel nécessaire à l’opération secrète aurait été transporté au port dans un camion.
Le quotidien allemand Die Zeit a soutenu le récit du Times en temps réel. Mais le récit lui-même est truffé d’incohérences. Les questions ne manquent pas : Comment le yacht affrété de 15 mètres aurait-il pu transporter les quelque 1 500 à 2 000 kilogrammes d’explosifs nécessaires au sabotage ? Comment Andromeda, qui n’a pas de grue, a-t-il pu hisser des quantités aussi massives d’explosifs dans l’eau en toute sécurité ?
Une analyse russe souligne que « le site de l’explosion, dans la mer Baltique, se trouve à environ 80 mètres de profondeur, ce qui nécessite un équipement de plongée spécial, notamment des réservoirs d’air contenant un mélange hélium-oxygène et de l’oxygène pur. Au total, il faut 30 litres d’un mélange gazeux spécial pour une seule plongée, ce qui signifie qu’il devait y avoir des dizaines de bouteilles à bord. En outre, les plongeurs auraient dû disposer d’un caisson de décompression, ce que le yacht n’est pas en mesure d’avoir. En outre, il aurait fallu plusieurs plongées et quelques jours pour poser les explosifs sur les pipelines. Il est difficile d’imaginer que ces activités auraient pu passer totalement inaperçues« .
La rédaction du Times n’a manifestement pas vérifié les faits. Mais le 10 mars, le président de la commission de surveillance du renseignement du Bundestag, Konstantin von Notz, du parti des Verts, a déclaré à Die Zeit que ce qui s’était passé était probablement un « acte de terrorisme soutenu par un État » et avait probablement été mené par un « acteur étatique ou quasi-étatique« .
Scholz marche sur des œufs. Il est à la tête d’une coalition d’atlantistes. Mais l’Allemagne n’est pas encore un pays à parti unique. En outre, contrairement aux États-Unis ou au Royaume-Uni, dans le système politique allemand, le procureur qui enquête sur le sabotage de Nord Stream est une entité autonome qui ne peut pas recevoir d’ordres de la part des politiciens au pouvoir.
La réaction du ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, au rapport du Times le montre : les Allemands ne savent pas encore s’il s’agit d’un commando ukrainien qui a agi au su du gouvernement ukrainien, d’un groupe pro-ukrainien qui a agi à son insu, ou s’il peut s’agir d’une opération sous fausse bannière. Berlin n’exclut apparemment pas une implication officielle de l’Ukraine.
Dans ce genre de situation, la désignation d’un bouc émissaire serait une stratégie de sortie bien pratique pour Washington. Un rapport publié dimanche par Politico a distancé l’administration Biden du régime ukrainien de Zelensky, et le sabotage du Nord Stream y est mentionné comme l’une des trois raisons des « divergences croissantes en coulisses » entre Washington et Kiev.
Pour l’instant, cependant, il semble y avoir un accord tacite entre Biden et Scholz pour qu’ils ne se déchirent pas sur cette question. Quant à Zelensky, il n’aura probablement pas d’autre choix que de jouer le rôle de bouc émissaire lorsque ce sera nécessaire.
En mentionnant Nord Stream comme un sujet de discorde entre Washington et Kiev, l’article de Politico semble indiquer à Zelensky qu’il s’agit d’un jeu à grands enjeux affectant l’unité transatlantique et qu’un bouc émissaire pourrait s’avérer nécessaire.
Pendant ce temps, au lieu de pointer du doigt Washington, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolay Patrushev, ne s’est pas trop engagé dimanche en déclarant : « J’insiste sur le fait que toute accusation qui n’est pas étayée par les résultats d’une enquête impartiale n’est pas digne de confiance. C’est pourquoi Moscou insiste pour qu’une enquête objective soit menée avec la participation de la Russie et d’autres pays intéressés. Sans cela, les versions subjectives unilatérales de l’attaque terroriste n’expliquent rien« .
Patrushev a virtuellement défié le tandem Biden-Scholz. Certes, une enquête impartiale aura des conséquences politiques. D’une part, l’opinion publique allemande est relativement inconstante sur la question des livraisons d’armes. D’autre part, Scholz ne peut se permettre d’être perçu comme étant de connivence avec Biden.
Bien entendu, s’il est établi qu’un commando ukrainien ou une unité américaine est responsable du sabotage, les conséquences politiques seront énormes. L’opinion publique allemande pourrait exiger l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine. D’autre part, si les États-Unis sont responsables, la renaissance actuelle des liens germano-américains s’évanouira tout simplement.
Scholz doit encore comprendre que le transatlantisme n’est pas la caractéristique principale du parti Démocrate. Son destin pourrait être le même que celui de Tony Blair. Harris a écrit que les effets des tromperies de Blair se sont répercutés jusqu’au Brexit.
Pour le citer, « l’Irak a hideusement sali le bilan national de Blair et de [Gordon] Brown et a marqué la fin de la vision néo-travailliste de la Grande-Bretagne comme un pays jeune et confiant. Il a réduit les fantasmes de l' »interventionnisme libéral » à de la cendre, et a approfondi la désaffection et le malaise qui allaient conduire à notre sortie de l’Europe« .
Dans un rapport publié jeudi dernier, le journal Handelsblatt soulignait que l’enquête sur le Nord Stream pourrait faire le jeu de l’extrême gauche et de l’extrême droite dans la politique allemande. Scholz peut-il survivre à la tromperie sur le sabotage du Nord Stream ? Si l’Ukraine est impliquée, il n’y aura pas de retour en arrière possible pour l’Allemagne.
M.K. Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Par Moon of Alabama – Le 7 mars 2023
Le 28 septembre 2022, le lendemain de l’explosion des gazoducs Nord Stream, j’ai publié les indices disponibles en sources ouvertes qui suggéraient fortement que les États-Unis étaient à l’origine de l’attentat :
Whodunnit ? – Faits liés au sabotage des gazoducs Nord Stream
Le 8 février, le légendaire journaliste d’investigation Seymour Hersh a publié un récit remarquable et similaire, basé sur des témoignages.
Hersh : « Comment l’Amérique a détruit le gazoduc Nord Stream »
J’ai alors proposé quelques corrections mineures à la version de Hersh.
Alors que l’histoire de Hersh a provoqué quelques échos dans les journaux européens, les grands médias américains ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour éviter d’en parler:
Des dizaines de résultats de publications dans le monde entier apparaissent lors d’une recherche sur Internet concernant l’affirmation du journaliste d’investigation Seymour Hersh selon laquelle les États-Unis ont détruit le gazoduc russe Nord Stream.
Mais ce qui est le plus frappant dans les pages et les pages de résultats de Google, Bing et DuckDuckGo, dans les semaines qui ont suivi la publication de l’article de Hersh le 8 février, ce n’est pas ce qu’on y trouve mais ce qu’on n’y trouve pas :
- Le Times of London (2/8/23) a rapporté l’histoire de Hersh quelques heures après qu’il l’ait postée sur son compte Substack, mais rien dans le New York Times.
- L’agence de presse britannique Reuters a publié au moins dix articles (2/8/23, 2/9/23, 2/12/23, 2/15/23, entre autres), Associated Press pas un seul.
- Pas un mot n’a été diffusé par les principaux réseaux de radiodiffusion américains – NBC, ABC, CBS – ni par les radiodiffuseurs publics PBS et NPR.
- Aucun article sur les principales chaînes câblées du pays, CNN, MSNBC et Fox News.
Cette autocensure est-elle justifiée ? Il est vrai que l’article de Hersh repose sur une seule source anonyme. Mais les sources anonymes sont un élément essentiel des reportages sur le gouvernement américain, utilisés par toutes les grandes chaînes. En outre, d’innombrables articles de moindre importance au niveau national et international ont été publiés avec l’avertissement que les faits rapportés n’avaient pas été vérifiés de manière indépendante.
Abstraction faite des doutes que suscite l’histoire de Hersh, tous les critères journalistiques sont réunis pour que l’importante couverture internationale dont elle a fait l’objet, ainsi que les démentis catégoriques de la Maison Blanche et du Pentagone, en fassent un sujet d’actualité aux États-Unis.
Plus important encore, si Hersh s’est trompé, son histoire doit être démolie. Le silence n’est pas un journalisme acceptable.
Certains journaux ont par la suite mentionné l’histoire de Hersh, mais seulement dans un autre contexte. La pression exercée sur le gouvernement et les médias américains pour qu’ils réagissent à cette histoire n’a cessé de croître.
Les résultats sont arrivés aujourd’hui, un mois après l’article de Hersh, avec la publication par le New York Times d’un autre des habituels contes de fées sur le « renseignement » :
Un nouveau rapport des services de renseignement constitue la première piste significative connue sur les responsables de l’attaque des gazoducs Nord Stream qui transportent le gaz naturel de la Russie vers l’Europe.
Tout va bien, sauf qu’il n’y a pas de « renseignements« . Il n’y a que des affirmations de « fonctionnaires » anonymes aux journalistes du NYT selon lesquelles de vagues « renseignements » pourraient exister.
WASHINGTON – De nouveaux renseignements examinés par des responsables américains suggèrent qu’un groupe pro-ukrainien a mené l’attaque contre les gazoducs Nord Stream l’année dernière, un pas vers la détermination de la responsabilité d’un acte de sabotage qui a déconcerté les enquêteurs des deux côtés de l’Atlantique pendant des mois.
Les responsables américains ont déclaré qu’ils n’avaient aucune preuve que le président ukrainien Volodymyr Zelensky ou ses principaux lieutenants aient été impliqués dans l’opération, ou que les auteurs aient agi sous la direction d’un responsable du gouvernement ukrainien.
Jusqu’à présent, c’est crédible. Toute combinaison de Joe Biden, Victoria Nuland, Anthony Blinken et de divers sous-fifres de la Maison Blanche et de l’OTAN peut certainement être qualifiée de « groupe pro-ukrainien« .
Les responsables américains ont refusé de divulguer la nature des renseignements, la manière dont ils ont été obtenus ou des détails sur la solidité des preuves qu’ils contiennent. Ils ont déclaré qu’il n’y avait pas de conclusions fermes à ce sujet, ce qui laisse ouverte la possibilité que l’opération ait été menée de façon clandestine par une force mandataire ayant des liens avec le gouvernement ukrainien ou ses services de sécurité.
Peut-on être plus vague ?
Les fonctionnaires qui ont examiné les renseignements ont déclaré qu’ils pensaient que les saboteurs étaient très probablement des ressortissants ukrainiens ou russes, ou une combinaison des deux. Les autorités américaines ont déclaré qu’aucun ressortissant américain ou britannique n’était impliqué.
…
Les explosifs ont très probablement été posés avec l’aide de plongeurs expérimentés qui ne semblaient pas travailler pour des services militaires ou de renseignement, ont déclaré les responsables américains qui ont examiné les nouveaux renseignements. Mais il est possible que les auteurs de l’attentat aient reçu une formation gouvernementale spécialisée dans le passé.
C’est de la foutaise. Entre-temps, Hersh a confirmé que les pipelines ont été minés en huit endroits et que six des huit explosions prévues ont eu lieu. Il s’agissait d’une tâche beaucoup trop vaste et trop difficile pour quiconque, à l’exception d’une armée nationale expérimentée.
Les responsables américains qui ont été informés des renseignements sont divisés quant à l’importance à accorder à ces nouvelles informations. Ils ont tous parlé sous le couvert de l’anonymat pour discuter de renseignements classifiés et de questions diplomatiques sensibles.
Les responsables américains ont déclaré que ces nouvelles informations renforçaient leur optimisme quant à la possibilité pour les agences d’espionnage américaines et leurs partenaires en Europe de trouver davantage d’informations, ce qui pourrait leur permettre de parvenir à une conclusion ferme sur les auteurs de l’attentat. On ne sait pas encore combien de temps ce processus prendra. Les responsables américains ont récemment discuté des renseignements avec leurs homologues européens, qui ont pris la tête de l’enquête sur l’attentat.
Je suis presque certain que tous les services de renseignement européens savent exactement qui sont les auteurs de l’attentat. Ils ont tous lu l’article de Hersh et disposent de moyens pour le confirmer.
Soit dit en passant, nous en sommes au 22eme paragraphe de l’article du Times et le nom de Hersh ou un résumé de son article n’ont pas encore été mentionnés.
Ils n’apparaissent qu’au paragraphe suivant, et seulement pour être immédiatement rejetés.
Le mois dernier, le journaliste d’investigation Seymour Hersh a publié un article sur la plateforme Substack, concluant que les États-Unis avaient mené l’opération sous la direction de M. Biden. Dans son argumentation, M. Hersh a cité la menace faite par le président avant l’invasion de « mettre un terme » au Nord Stream 2, ainsi que des déclarations similaires faites par d’autres hauts fonctionnaires américains.
Les autorités américaines affirment que M. Biden et ses principaux collaborateurs n’ont pas autorisé une mission visant à détruire les gazoducs Nord Stream et qu’il n’y a pas eu d’implication des États-Unis.
Pas un mot sur la source interne qui a raconté toute l’histoire à Hersh, ni sur l’autre source non mentionnée qui a confirmé l’histoire à Hersh. (Dans son autobiographie, le reporter Hersh écrit qu’il a toujours eu plus d’une source, même s’il ne pouvait toujours pas le dire).
Les prétendus « renseignements » publiés par le Times ne sont pas crédibles. L’existence même de « renseignements » est douteuse. Ce ne sont que des paillettes lancées pour détourner l’attention du public des véritables auteurs de l’attaque terroriste de Nord Stream – ceux qui siègent à la Maison Blanche.
Vous vous demandez peut-être qui a choisi le New York Times pour la « fuite » de cette grenade fumigène.
En 1977, le Rolling Stone publiait un article de Carl Bernstein :
Comment les médias d’information les plus puissants d’Amérique ont travaillé main dans la main avec l’Agence centrale de renseignement et pourquoi le Church Committee l’a dissimulé.
Des détails troublants sur les relations de la CIA avec des individus et des organes de presse ont commencé à être divulgués en 1973, lorsqu’il a été révélé pour la première fois que la CIA avait, à l’occasion, employé des journalistes. Ces rapports, combinés à de nouvelles informations, constituent des études de cas sur l’utilisation de journalistes par l’Agence à des fins de renseignement. Ils comprennent :
■ Le New York Times. Selon les responsables de la CIA, les relations de l’Agence avec le Times étaient de loin les plus précieuses parmi les journaux. De 1950 à 1966, une dizaine d’employés de la CIA ont bénéficié de la couverture du Times dans le cadre d’accords approuvés par le défunt éditeur du journal, Arthur Hays Sulzberger. Ces accords de couverture s’inscrivaient dans le cadre d’une politique générale du Times, définie par Sulzberger, visant à fournir une assistance à la CIA chaque fois que cela était possible.
Sulzberger était particulièrement proche d’Allen Dulles. « À ce niveau de contact, c’étaient les puissants qui parlaient aux puissants », a déclaré un haut fonctionnaire de la CIA qui a assisté à certaines des discussions. « Il y avait un accord de principe sur le fait que, oui, nous nous aiderions mutuellement. La question de la couverture a été soulevée à plusieurs reprises. Il a été convenu que les dispositions concrètes seraient prises par des subordonnés…. Les puissants ne voulaient pas connaître les détails ; ils voulaient un déni plausible. »
…
Rien n’a changé depuis.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Note du Saker Francophone
Hier RT publiait cet article :
Les
enquêteurs ont trouvé le navire impliqué dans le sabotage de Nord Stream – médias
Il appartiendrait à une
société détenue par des Ukrainiens, affirment les médias allemands.
Les autorités allemandes chargées d’enquêter sur les explosions survenues sur les gazoducs Nord Stream ont identifié un navire qui semble avoir été impliqué dans ce qui est largement considéré comme un acte de sabotage, ont révélé mardi plusieurs médias allemands. Le yacht, qui aurait été utilisé dans l’attaque des gazoducs, appartient à une société basée en Pologne et détenue par deux Ukrainiens, selon les rapports.
Le radiodiffuseur allemand ARD, la radio SWR et le journal Die Zeit ont lancé ce qu’ils ont appelé leur propre enquête journalistique conjointe sur les activités des autorités policières allemandes travaillant sur cette affaire.
Leurs conclusions indiquent que le yacht a quitté la ville portuaire de Rostock, dans le nord-est de l’Allemagne, le 6 septembre, et que les explosifs et le matériel nécessaires à l’opération sont arrivés séparément à Rostock dans un camion de livraison. Le bateau a ensuite été identifié sur l’île danoise de Christianso, située juste au nord-est de l’île de Bornholm, où les pipelines ont été endommagés le 26 septembre 2022.
Le yacht a ensuite été rendu à ses propriétaires et les enquêteurs ont réussi à trouver des traces d’explosifs sur une table dans sa cabine, affirment les médias. [on se demande pourquoi un banal yacht loué et rendu sans histoire aurait fait l’objet d’une enquête, NdT]. L’acte de sabotage aurait été commis par une équipe de six personnes, dont un capitaine, deux plongeurs, deux assistants de plongée et une femme médecin.
L’identité ou même la nationalité des suspects n’est pas claire, car ils avaient des « passeports professionnels falsifiés« , qu’ils ont également utilisés pour louer le yacht en premier lieu, selon les médias allemands. Les autorités allemandes n’auraient pas non plus trouvé de preuves permettant de déterminer qui aurait ordonné le sabotage des oléoducs.
Selon ARD, SWR et Die Zeit, une organisation de services secrets occidentale aurait informé certains « services partenaires » européens peu après les explosions, affirmant qu’un « commando ukrainien » était responsable de l’attaque. Les médias ont également affirmé qu’il y avait eu « d’autres indications de renseignement » selon lesquelles un groupe pro-ukrainien pourrait être à l’origine de l’attentat.
Le gouvernement allemand n’a pas commenté les informations présentées par les médias jusqu’à présent. Il y a quelques jours, la Suède, le Danemark et l’Allemagne « ont informé le Conseil de sécurité des Nations unies que les enquêtes se poursuivent et qu’il n’y a toujours pas de résultats« , a déclaré mardi un porte-parole du gouvernement. Contacté par les médias allemands, Kiev a nié toute implication dans l’incident.
On sent une certaine panique dans l’équipe Biden qui cherchent tous les moyens pour se couvrir, même les moins crédibles. Il se pourrait que la récente visite éclair de Scholz à Biden soit en rapport avec cette panique.
L’absence de résultats des trois enquêtes ouvertes en Occident pour élucider les actes de sabotage sur les Nord Stream laisserait croire que quelqu’un veut les cacher, a fait savoir, le 3 mars, le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, sur la chaîne de télévision française LCI.
« La question de ‘À qui profite le crime ?’ doit être posée […]. Il est certain que ces tuyaux appartiennent à une société russe et que donc le crime, a priori, ne profiterait pas aux Russes. Ce qui me frappe : vous avez une enquête allemande, une enquête suédoise, une enquête danoise qui, a priori, ont récupéré pas mal d’éléments. Or, on n’a pas vraiment de conclusions. C’est que probablement il y a des conclusions qu’on ne veut pas donner », a indiqué le général.
Selon le général Trinquand, l’article du lauréat du prix Pulitzer Seymour Hersh sur la responsabilité des États-Unis et de la Norvège dans le sabotage des Nord Stream peut être considéré comme fiable. Le haut gradé note que n’importe qui peut vérifier les itinéraires des navires mentionnés dans le document.
Il salue les efforts du journaliste américain qui a reconstitué la manœuvre de l’OTAN, c’est-à-dire « une action des plongeurs en mer Baltique et une action d’un avion qui lance des bouées ». Le militaire français rappelle que tous les éléments de cette enquête peuvent être vérifiés.
Pour le général Trinquand, il y aurait un mutisme total, même si la responsabilité de Washington est connue de tous.
« Les Danois, les Norvégiens, les Allemands, les Suédois ne diraient pas s’ils savaient que c’était les Américains », a-t-il conclu.
Le très expérimenté Seymour Hersh a publié le 8 février les résultats de son enquête journalistique sur les explosions ayant endommagé en septembre trois des quatre conduites des pipelines Nord Stream 1 et 2, reliant la Russie à l’Europe via la mer Baltique. Il a affirmé que des plongeurs américains avaient posé des explosifs sur les tuyaux sous-marins l’été dernier, sous le couvert d’exercices de l’OTAN Baltops-2022. Trois mois plus tard, les Norvégiens ont actionné les bombes, ajoute M.Hersh.
Le Pentagone a plus tard déclaré à Sputnik que les États-Unis n’avaient rien à voir avec les explosions.
source : Sputnik Afrique
Source : Le" Courrier des Stratèges - Le 17/02/2023.
« Je connais personnellement Seymour Hersh : c’est un journaliste extrêmement honnête et très méticuleux. Ni le New York Times ni d’autres grands médias n’ont voulu imprimer son article très médiatisé. Il a donc publié son enquête sur une plateforme Internet. Saboter le Nord Stream sur ordre de Biden est un véritable acte d’agression », a déclaré un ancien officier de la CIA. « A cause de ses actions, de nombreux civils en Allemagne ont souffert, laissés sans chauffage ».
Raymond McGovern a exprimé l’espoir que, cette fois, les Allemands se soulèveront contre l’anarchie – contrairement à leurs ancêtres dans l’Allemagne hitlérienne – et qu’ils renverseront le gouvernement d’Olaf Scholz qui est au service de Biden et des États-Unis : « Assez, c’est assez pour nous. Vous êtes allé trop loin en faisant sauter notre gazoduc. Et tout d’abord, nous reconsidérerons l’attitude de l’Allemagne quant à l’approvisionnement en armes de l’Ukraine ».
Un autre ancien officier du renseignement fédéral américain, Cory Edwards, a commenté l’ordre de Biden sur les réseaux sociaux : « Cela m’amuse que la gauche n’en veuille aux actions de la CIA et du FBI uniquement lorsqu’elles sont elles-mêmes brutalisées. Le reste du temps, ces gens croient chaque mot du gouvernement américain. Ne comprennent-ils pas que la violence aux mains de la CIA et du FBI n’est qu’un outil de la série « la fin justifie les moyens » ?
Le journal allemand New Germany, rendant compte de l’enquête Seymour Hersh, a insisté sur le commentaire suivant : « Cet article explique pourquoi les enquêteurs danois, suédois et allemands sont silencieux comme des poissons lorsqu’on les interroge sur l’explosion des gazoducs sous-marins russes. Nous attendons maintenant que le procureur fédéral, qui mène l’enquête en Allemagne, commence à poser les bonnes questions aux personnes des plus hautes sphères de la politique américaine, dont les noms ont été cités par Seymour Hersh ».
Source : Le Courrier des Stratèges - Par Politika - Le 15/02/2023.
Seymour Hersh est une légende vivante du journalisme américain. Il a acquis sa renommée en 1969, lorsqu’il a publié des documents sur le massacre dans le village vietnamien de Song My. Il est toujours considéré comme l’un des meilleurs journalistes d’investigation occidentaux et, par conséquent, ses graves accusations ne sont pas passées inaperçues dans les médias en Europe et aux États-Unis.
Hersh cite « une source ayant une connaissance directe de la planification opérationnelle ». La mise en œuvre pratique du plan a commencé après l’opération militaire spéciale de la Russie. Auparavant, des plongeurs professionnels des marines américaine et norvégienne avaient attaché des explosifs C4 à des conduites des gazoducs en juin 2022, sous couvert de manœuvres de l’OTAN. L’explosion a été causée par un sonar délibérément largué par la Norvège au-dessus de la mer Baltique.
La journaliste autrichienne Kornelia Kirchweger estime que de tels plans ne pouvaient pas être ignorés par le chancelier allemand Olaf Scholz, et qu’il doit également en être tenu pour responsable. Le plan de Biden était en fait évident. Son objectif principal était de rompre les liens économiques naturels entre la Russie et l’Europe. En effet, tant que l’Europe serait liée à la Russie avec du gaz naturel bon marché, les pays de l’UE, principalement l’Allemagne, n’oseraient pas fournir à l’Ukraine de l’argent et des armes pour la guerre contre la Russie. Par conséquent, Biden avait un plan sur la façon de « désactiver » cette dépendance. Selon Hersh, cela a été discuté dans les cercles les plus secrets depuis la fin de 2021. Et même le Congrès l’ignorait. Le conseiller à la sécurité nationale de Biden, Joe Sullivan, était l’un des auteurs du plan.
Le 7 février 2022, soit quelques jours avant le début de l’opération spéciale russe en Ukraine, Biden a rencontré le chancelier allemand Scholz à la Maison Blanche. Ainsi, Scholz est devenu pour l’essentiel un agent des services de renseignement américains. Les pipelines aux yeux des Américains ressemblaient à un nœud coulant qui pourrait lier l’Europe à la Russie. Hersh écrit que Biden en était convaincu. Le dirigeant américain a estimé que, si la Russie décidait de mener une opération militaire contre l’Ukraine, la liquidation du Nord Stream y mettrait un terme. La même chose avait été dite plus tôt par la secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland.
La Norvège était au courant des plans de Biden. Selon les enquêteurs, ce n’est pas un hasard, puisque ce pays scandinave compte une grande concentration de militaires américains, de marins bien entraînés et de plongeurs de premier plan. Il y avait aussi les meilleurs plongeurs de la marine américaine qui connaissent bien les opérations militaires. De plus, la Norvège est le principal bénéficiaire de la destruction du Nord Stream. C’est elle qui, par conséquent, obtient l’accès au marché européen du gaz de plusieurs milliards de dollars. La marine norvégienne a établi un point de dépôt d’explosifs : dans les eaux peu profondes de la mer Baltique, au large de l’île danoise de Bornholm. Les explosifs ont été placés au cours de l’exercice d’été BALTOPS.
Les Norvégiens ont joué un rôle clé dans la résolution d’autres obstacles. La marine russe était connue pour avoir une technologie de surveillance capable de détecter et de faire exploser des mines sous-marines. Les engins explosifs américains ont dû être camouflés afin qu’ils aient l’air de faire partie du fond naturel du système russe, ce qui nécessitait une adaptation à la salinité spécifique de l’eau. Les Norvégiens avaient une solution à ce problème. Les Norvégiens avaient également en mains la décision très importante du moment où l’opération devait avoir lieu. Depuis 21 ans maintenant, chaque mois de juin, la sixième flotte américaine, dont le navire amiral est basé à Gaeta, en Italie, au sud de Rome, accueille un exercice majeur de l’OTAN en mer Baltique, impliquant des dizaines de navires alliés dans la région. L’exercice actuel, qui a eu lieu en juin, est devenu connu sous le nom d’opérations baltes 22, ou BALTOPS 22. Les Norvégiens ont déclaré que ce serait la couverture parfaite pour poser des mines.
Les Américains ont fourni un élément vital : ils ont persuadé les planificateurs de la sixième flotte d’ajouter des travaux de pose de mines et de déminage au programme d’exercices. L’exercice, a annoncé la marine américaine, impliquait la sixième flotte en coopération avec des « centres de recherche et militaires de la marine ». L’événement maritime devait se dérouler au large de l’île de Bornholm et mettra en vedette des équipes de plongeurs poseurs de mines de l’OTAN, tandis que les équipes concurrentes utiliseraient les dernières technologies sous-marines pour les localiser et les détruire.
Immédiatement après l’explosion du pipeline, les médias américains l’ont déclarée « mystérieuse ». La Russie a été citée à plusieurs reprises comme le coupable probable, stimulée par des fuites calculées de la Maison Blanche, mais aucun motif clair pour un tel acte d’auto-sabotage n’a jamais été trouvé au-delà de la simple vengeance contre l’Occident. Quelques mois plus tard, lorsqu’il a été révélé que les autorités russes avaient secrètement estimé le coût de la réparation des pipelines, le New York Times a décrit la nouvelle comme « compliquant l’affirmation de qui était derrière le sabotage ». Pas un seul grand journal américain n’a rappelé les menaces antérieures contre les pipelines proférées par Biden et le sous-secrétaire d’État Nuland.
Bien qu’il n’ait jamais été clair pourquoi la Russie cherche à détruire son propre pipeline extrêmement rentable, la justification la plus convaincante des actions du président est venue du secrétaire d’État Blinken. Interrogé lors d’une conférence de presse en septembre dernier, sur l’impact de l’aggravation de la crise énergétique en Europe occidentale, il avait qualifié le moment de potentiellement propice et indiqué que les armes sont comme un moyen de faire avancer des desseins impériaux. Blinken avait expliqué que ce qui s’était passé était très important et ouvrait d’énormes opportunités stratégiques pour les années à venir. Il avait ajouté que « pour l’instant, nous sommes déterminés à tout mettre en œuvre pour que les citoyens de nos pays ne subissent pas les conséquences de tout cela ».
Cependant, cette explication n’a pas convenu à beaucoup d’Européens. Après tout, ils paient cette histoire avec leur propre bien-être, ce que souligne la journaliste autrichienne Kirchweger : « Personne n’a jugé bon d’enquêter sur cet acte de guerre. Le chancelier Scholz s’exprime dans le monde entier en tant que leader de l’Allemagne. Mais ce n’est qu’un agent américain et un traître à son pays, et il devra prendre sa retraite immédiatement », écrit-elle. Selon la journaliste Scholz a sacrifié la sécurité énergétique de l’Allemagne et de l’Europe occidentale à la demande des États-Unis. Il a détruit l’économie allemande et plongé l’ensemble de l’Europe dans une plus grande dépendance vis-à-vis des États-Unis. « Les États-Unis n’ont pas besoin d’une Europe forte. Ils ont besoin d’un continent sous leur contrôle. En faire leur propre quartier », écrit Kirchweger.
Le 12/02/2023.
Suite à la publication de l’enquête de Seymour Hersh
« Le Traité de l’OTAN ne prévoit pas l’éventualité d’une attaque par un membre de l’OTAN contre un autre. L’OTAN n’est que le joujou des USA, elle sert désormais à écraser et contrôler l’Europe ». (Andrew Napolitano, Magistrat, le 11 février 2023, sur le sabotage de Nord Stream)1
Un journaliste américain fort réputé, Seymour Hersh, a fait son enquête. Sa conclusion : ce sont les USA fauteurs de l’attentat sur Nord Stream. Pas de quoi étonner celui qui sait compter sur ses doigts jusqu’à 3. Au vu et au su du Chancelier Scholz, le président Biden l’avait annoncé il y a un petit moment déjà. Le seul aspect un peu remarquable est la réaction pitoyable de l’Allemagne. Or, la ruine des infrastructures en Ukraine par l’armée russe a soulevé à juste titre l’indignation. Certains appellent à la constitution d’un Tribunal pénal ou spécial pour ces criminels de guerre. Un peu gênant par contre, que lorsque l’Allemagne aux côtés des alliés fit exactement la même chose en Yougoslavie, personne ne songea alors à exiger que les criminels soient jugés.
En tout cas, il est désormais confirmé : notre allié principal a perpétré un attentat terroriste sur notre infrastructure. Tandis que nos hommes politiques et journalistes, petits lâches qu’ils sont, font le dos rond en feignant de ne rien voir ni entendre.
Nous sommes une république de vassaux. Nos dirigeants sont incapables et trop peureux pour représenter leur propre peuple. L’Allemagne a besoin d’énergie bon marché, alors que les USA ont l’intention de refourguer leur GNL hors de prix à nous et au reste de l’Europe. Le vassal allemand fait des courbettes, se tient coi et se laisser traîner toujours plus loin dans la guerre que les USA mènent à la Russe. Notre soi-disante « élite » de la politique et du journalisme n’a aucune moralité : jamais l’Allemagne n’était censée livrer des armes vers des pays où seraient tués des gens, là où des millions avaient trouvé la mort dans les guerres d’extermination de Adolf Hitler.
Au plus tard à l’instant où les USA ont perpétré ce sabotage sur nos infrastructures, notre Gouvernement aurait dû leur montrer carton rouge.
Quand, au juste, comprendrons-nous que celui qui se méprise soi-même, sera méprisé ?
source : Facebook/Oskar Lafontaine
Traduction Mendelssohn Moses
Source : RzO Voltaire.
Le porte-parole du parti nationaliste Alternative pour l’Allemagne (AfD), Tino Chrupalla, a réclamé une commission d’enquête parlementaire au Bundestag sur le sabotage des gazoducs Nord Stream après la publication de l’article de Seymour Hersh [1].
L’Administration Biden et le ministère norvégien des Affaires étrangères ont rejeté la veille son récit comme « complètement faux » et l’ont qualifié d’« invention parfaite ». La presse mainstream, quant à elle, souligne que Seymour Hersch, quoiqu’une légende du journalisme, est aujourd’hui âgé de 85 ans, ne s’est fondé que sur une seule source et n’a publié son article dans un grand journal, mais sur son blog.
Si la manière dont les États-Unis ont procédé est sujette à caution, leur responsabilité ne l’est pas, le président Joe Biden ayant publiquement revendiqué ce sabotage à l’avance.
Seymour Hersh, qui a été invité à ’exprimer devant la Douma d’État russe, a décliné l’invitation.
Source : RzO International.
par Seymour Hersh - Le 09/02/2023.
Le New York Times l’a qualifié de « mystère », mais les États-Unis ont exécuté une opération maritime clandestine qui a été gardée secrète – jusqu’à maintenant.
Le centre de plongée et de sauvetage de la marine américaine se trouve dans un endroit aussi obscur que son nom, sur ce qui était autrefois un chemin de campagne dans la ville rurale de Panama City, une station balnéaire en plein essor dans le sud-ouest de la Floride, à 70 miles au sud de la frontière de l’Alabama. Le complexe du centre est aussi indescriptible que son emplacement : une structure en béton terne datant de l’après-guerre qui ressemble à un lycée professionnel de la banlieue ouest de Chicago. Une laverie automatique et une école de danse se trouvent de l’autre côté de ce qui est maintenant une route à quatre voies.
Depuis des décennies, le centre forme des plongeurs en eaux profondes hautement qualifiés qui, après avoir été affectés à des unités militaires américaines dans le monde entier, sont capables d’effectuer des plongées techniques pour faire le bien – utiliser des explosifs C4 pour débarrasser les ports et les plages des débris et des munitions non explosées – comme le mal, comme faire sauter des plates-formes pétrolières étrangères, obstruer les valves d’admission de centrales électriques sous-marines, ou détruire les écluses des canaux de navigation essentiels. Le centre de Panama City, qui possède la deuxième plus grande piscine couverte d’Amérique, était l’endroit idéal pour recruter les meilleurs, et les plus taciturnes diplômés de l’école de plongée qui ont réussi l’été dernier à faire ce qu’ils avaient été autorisés à faire à 260 pieds [80 mètres] sous la surface de la mer Baltique.
En juin dernier, les plongeurs de la marine, opérant sous le couvert d’un exercice de l’OTAN de mi-été largement médiatisé, connu sous le nom de BALTOPS 22, ont placé les explosifs déclenchés à distance qui, trois mois plus tard, ont détruit trois des quatre pipelines de Nord Stream, selon une source ayant une connaissance directe de la planification opérationnelle.
Deux de ces gazoducs, connus sous le nom de Nord Stream 1, approvisionnaient depuis plus de dix ans l’Allemagne et une grande partie de l’Europe occidentale en gaz naturel russe bon marché. Une deuxième paire de gazoducs, appelée Nord Stream 2, avait été construite mais n’était pas encore opérationnelle. Aujourd’hui, alors que les troupes russes se massent à la frontière ukrainienne et que la guerre la plus sanglante en Europe depuis 1945 est imminente, le président Joseph Biden a vu dans ces gazoducs un moyen pour Vladimir Poutine de mettre le gaz naturel au service de ses ambitions politiques et territoriales.
Interrogée pour un commentaire, Adrienne Watson, une porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré dans un courriel : « C’est faux et complètement fictif ». Tammy Thorp, une porte-parole de la CIA, a également écrit : « Cette affirmation est complètement et totalement fausse ».
La décision de Biden de saboter les gazoducs est intervenue après plus de neuf mois de débats très secrets au sein de la communauté de sécurité nationale de Washington sur la meilleure façon d’atteindre cet objectif. Pendant la majeure partie de cette période, la question n’était pas de savoir s’il fallait effectuer la mission, mais comment l’effectuer sans que l’on laisse de preuve tangible indiquant qui était responsable.
Il y avait une raison bureaucratique essentielle pour s’appuyer sur les diplômés de l’école de plongée du centre à Panama City. Les plongeurs n’appartenaient qu’à la marine et n’étaient pas membres du commandement des forces spéciales américaines, dont les opérations secrètes doivent être signalées au Congrès et faire l’objet d’un compte rendu préalable aux dirigeants du Sénat et de la Chambre des représentants – le fameux « Gang des Huit ». L’administration Biden faisait tout son possible pour éviter les fuites alors que la planification se déroulait à la fin de 2021 et dans les premiers mois de 2022.
Le président Biden et son équipe de politique étrangère – le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, le secrétaire d’État Tony Blinken et Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État à la politique – avaient exprimé haut et fort leur hostilité aux deux gazoducs, qui s’étendaient côte à côte sur 750 miles [1200 kilomètres] sous la mer Baltique depuis deux ports différents dans le nord-est de la Russie, près de la frontière estonienne, passant près de l’île danoise de Bornholm avant de se terminer dans le nord de l’Allemagne.
Cette route directe, qui évitait tout transit par l’Ukraine, avait été une bénédiction pour l’économie allemande, qui bénéficiait d’une abondance de gaz naturel russe bon marché – suffisamment pour faire tourner ses usines et chauffer ses maisons, tout en permettant aux distributeurs allemands de vendre le gaz excédentaire, avec un bénéfice, dans toute l’Europe occidentale. Une action qui pourrait être attribuée à l’administration US violerait les promesses américaines de minimiser le conflit direct avec la Russie. Le secret était essentiel.
Dès ses premiers jours, Nord Stream 1 a été considéré par Washington et ses partenaires anti-russes de l’OTAN comme une menace pour la domination occidentale. La société holding à l’origine du projet, Nord Stream AG, a été constituée en Suisse en 2005 en partenariat avec Gazprom, une société russe cotée en bourse qui génère d’énormes profits pour ses actionnaires et qui est dominée par des oligarques connus pour être sous l’emprise de Poutine. Gazprom contrôlait 51% de la société, quatre entreprises européennes du secteur de l’énergie – une en France, une aux Pays-Bas et deux en Allemagne – se partageant les 49% d’actions restantes, et avaient le droit de contrôler les ventes en aval du gaz naturel bon marché aux distributeurs locaux en Allemagne et en Europe occidentale. Les bénéfices de Gazprom étaient partagés avec le gouvernement russe, et les recettes publiques tirées du gaz et du pétrole étaient estimées, certaines années, à 45% du budget annuel de la Russie.
Les craintes politiques de l’Amérique étaient réelles : Poutine disposerait désormais d’une source de revenus supplémentaire et indispensable, et l’Allemagne et le reste de l’Europe occidentale deviendraient dépendants du gaz naturel à faible coût fourni par la Russie – tout en diminuant la dépendance européenne vis-à-vis de l’Amérique. En fait, c’est exactement ce qui s’est passé. De nombreux Allemands ont vu Nord Stream 1 comme faisant partie de la délivrance de la célèbre théorie de l’Ostpolitik de l’ancien chancelier Willy Brandt, qui permettrait à l’Allemagne d’après-guerre de se réhabiliter, ainsi que d’autres nations européennes détruites pendant la Seconde Guerre mondiale, en utilisant, entre autres initiatives, le gaz russe bon marché pour alimenter un marché et une économie commerciale prospères en Europe occidentale.
Nord Stream 1 était suffisamment dangereux, selon l’OTAN et Washington, mais Nord Stream 2, dont la construction s’est achevée en septembre 2021, doublerait, s’il était approuvé par les régulateurs allemands, la quantité de gaz bon marché qui serait disponible pour l’Allemagne et l’Europe occidentale. Le deuxième gazoduc fournirait également suffisamment de gaz pour plus de 50% de la consommation annuelle de l’Allemagne. Les tensions ne cessaient de croître entre la Russie et l’OTAN, soutenues par la politique étrangère agressive de l’administration Biden.
L’opposition au Nord Stream 2 s’est enflammée à la veille de l’investiture de Biden en janvier 2021, lorsque les républicains du Sénat, menés par Ted Cruz du Texas, ont soulevé à plusieurs reprises la menace politique du gaz naturel russe bon marché lors de l’audition de confirmation de Blinken comme secrétaire d’État. À ce moment-là, un Sénat unifié avait réussi à faire passer une loi qui, comme Cruz l’a dit à Blinken, « a stoppé [le gazoduc] dans son élan ». Il y aurait une énorme pression politique et économique de la part du gouvernement allemand, alors dirigé par Angela Merkel, pour que le second pipeline soit mis en service.
Biden tiendrait-il tête aux Allemands ? Blinken a répondu par l’affirmative, mais a ajouté qu’il n’avait pas discuté des détails des vues du futur président. « Je sais qu’il est fermement convaincu que c’est une mauvaise idée, le Nord Stream 2 », a-t-il déclaré. « Je sais qu’il voudrait que nous utilisions tous les outils de persuasion dont nous disposons pour convaincre nos amis et partenaires, y compris l’Allemagne, de ne pas aller de l’avant avec ce projet ».
Quelques mois plus tard, alors que la construction du deuxième gazoduc touchait à sa fin, Biden a cédé. En mai, dans un revirement stupéfiant, l’administration a renoncé aux sanctions contre Nord Stream AG, un responsable du département d’État concédant que tenter d’arrêter le gazoduc par le biais de sanctions et de la diplomatie avait « toujours été une tentative vouée à l’échec ». En coulisses, des responsables de l’administration auraient exhorté le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors menacé d’une invasion russe, à ne pas critiquer cette décision.
Les conséquences ont été immédiates. Les républicains du Sénat, menés par Cruz, ont annoncé un blocage immédiat de tous les candidats de Biden à la politique étrangère et ont retardé l’adoption du projet de loi annuel sur la défense pendant des mois, jusqu’à l’automne. Politico décrivit plus tard la volte-face de Biden sur le second gazoduc russe comme « LA décision, sans doute plus que le retrait militaire chaotique d’Afghanistan, qui a mis en péril l’agenda de Biden ».
L’administration était en difficulté, malgré l’obtention d’un sursis dans la crise à la mi-novembre, lorsque les régulateurs allemands de l’énergie ont suspendu l’approbation du deuxième gazoduc Nord Stream. Les prix du gaz naturel ont grimpé de 8% en quelques jours, alors que l’Allemagne et l’Europe craignaient de plus en plus que la suspension du gazoduc et la possibilité croissante d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine n’entraînent un hiver froid très peu souhaité. La position d’Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand, n’était pas claire pour Washington. Quelques mois plus tôt, après la chute de l’Afghanistan, Scholtz avait publiquement soutenu l’appel du président français Emmanuel Macron en faveur d’une politique étrangère européenne plus autonome dans un discours prononcé à Prague – suggérant clairement une moindre dépendance à l’égard de Washington et de ses actions versatiles.
Pendant tout ce temps, les troupes russes se sont régulièrement et fatidiquement renforcées aux frontières de l’Ukraine, et fin décembre, plus de 100 000 soldats étaient en position de frapper depuis la Biélorussie et la Crimée. L’inquiétude grandit à Washington, et Blinken estima que ces effectifs pourraient être « doublés en peu de temps ».
L’attention de l’administration s’est à nouveau portée sur Nord Stream. Tant que l’Europe resterait dépendante de ce gazoduc pour obtenir du gaz naturel bon marché, Washington craignait que des pays comme l’Allemagne soient réticents à fournir à l’Ukraine l’argent et les armes dont elle avait besoin pour vaincre la Russie.
C’est dans ce moment d’incertitude que Biden a autorisé Jake Sullivan à réunir un groupe interagences pour élaborer un plan.
Toutes les options devaient être mises sur la table. Mais une seule allait émerger.
En décembre 2021, deux mois avant que les premiers chars russes ne pénètrent en Ukraine, Jake Sullivan a convoqué une réunion d’un groupe de travail nouvellement formé – des hommes et des femmes des chefs d’état-major interarmées, de la CIA et des départements d’État et du Trésor – et a demandé des recommandations sur la façon de répondre à l’invasion imminente de Poutine.
Ce serait la première d’une série de réunions top secrètes, dans une salle sécurisée au dernier étage de l’Old Executive Office Building, adjacent à la Maison Blanche, qui était également le siège du President’s Foreign Intelligence Advisory Board (Comité consultatif du Président sur le renseignement étranger, PFIAB). Il y a eu les habituels échanges d’idées qui ont finalement abouti à une question préliminaire cruciale : La recommandation transmise par le groupe au président serait-elle réversible – par exemple, une nouvelle série de sanctions et de restrictions monétaires – ou irréversible – c’est-à-dire des actions cinétiques sur lesquelles il serait impossible de revenir ?
Ce qui est apparu clairement aux participants, selon la source ayant une connaissance directe du processus, c’est que M. Sullivan voulait que le groupe élabore un plan de destruction des deux pipelines Nord Stream – et qu’il répondait par là aux souhaits du président.
Au cours des réunions suivantes, les participants ont débattu des options d’attaque. La marine propose d’utiliser un sous-marin récemment mis en service pour attaquer directement l’oléoduc. L’armée de l’air envisage de larguer des bombes à retardement qui pourraient être déclenchées à distance. La CIA a fait valoir que, quelle que soit la solution retenue, elle devait être secrète. Toutes les personnes impliquées comprennent les enjeux. « Ce n’est pas une affaire de gamins », a déclaré la source. Si l’attaque pouvait être attribuée aux États-Unis, « c’est un acte de guerre ».
À l’époque, la CIA était dirigée par William Burns, un ancien ambassadeur en Russie aux manières douces qui avait occupé le poste de secrétaire d’État adjoint dans l’administration Obama. Burns a rapidement autorisé un groupe de travail de l’Agence dont les membres ad hoc comprenaient – par hasard – quelqu’un qui connaissait les capacités des plongeurs en eaux profondes de la Marine à Panama City. Au cours des semaines suivantes, les membres du groupe de travail de la CIA ont commencé à élaborer un plan pour une opération secrète qui utiliserait des plongeurs en eaux profondes pour déclencher une explosion le long du pipeline.
Un tel projet avait déjà été réalisé auparavant. En 1971, les services de renseignements américains ont appris de sources encore non divulguées que deux importantes unités de la marine russe communiquaient par le biais d’un câble sous-marin enfoui dans la mer d’Okhotsk, sur la côte extrême-orientale de la Russie. Le câble reliait un commandement régional de la marine au quartier général continental de Vladivostok.
Une équipe triée sur le volet, composée d’agents de la CIA et de la National Security Agency (NSA), a été réunie dans le plus grand secret quelque part dans la région de Washington, à l’abri des regards, et a élaboré un plan, à l’aide de plongeurs de la marine, de sous-marins modifiés et d’un véhicule de sauvetage en haute mer, qui a permis, après de nombreux essais et erreurs, de localiser le câble russe. Les plongeurs ont placé un dispositif d’écoute sophistiqué sur le câble qui a réussi à intercepter le trafic russe et à l’enregistrer sur un système d’enregistrement.
La NSA a appris que des officiers supérieurs de la marine russe, convaincus de la sécurité de leur lien de communication, discutaient avec leurs pairs sans cryptage. Le dispositif d’enregistrement et sa bande devaient être remplacés tous les mois et le projet s’est poursuivi allègrement pendant une décennie jusqu’à ce qu’il soit compromis par un technicien civil de la NSA âgé de quarante-quatre ans, Ronald Pelton, qui parlait couramment le russe. Pelton a été trahi par un transfuge russe en 1985 et condamné à la prison. Les Russes ne lui ont versé que 5000 dollars pour ses révélations sur l’opération, ainsi que 35 000 dollars pour d’autres données opérationnelles russes qu’il a fournies et qui n’ont jamais été rendues publiques.
Ce succès sous-marin, dont le nom de code était Ivy Bells, était novateur et risqué, et a permis d’obtenir des renseignements inestimables sur les intentions et la planification de la marine russe.
Pourtant, le groupe interagences était initialement sceptique quant à l’enthousiasme de la CIA pour une attaque secrète en haute mer. Il y avait trop de questions sans réponse. Les eaux de la mer Baltique étaient fortement patrouillées par la marine russe et il n’y avait aucune plate-forme pétrolière pouvant servir de couverture à une opération de plongée. Les plongeurs devraient-ils se rendre en Estonie, juste de l’autre côté de la frontière avec les quais de chargement de gaz naturel de la Russie, pour s’entraîner en vue de la mission ? « Ce serait un fiasco », a-t-on dit à l’Agence.
Tout au long de « toutes ces manigances », a déclaré la source, « certains collaborateurs de la CIA et du Département d’État disaient : “Ne faites pas ça. C’est stupide et ce sera un cauchemar politique si ça se sait.” »
Néanmoins, au début de 2022, le groupe de travail de la CIA a fait un rapport au groupe interagences de Sullivan : « Nous avons un moyen de faire sauter les pipelines ».
La suite a été stupéfiante. Le 7 février, moins de trois semaines avant l’invasion apparemment inévitable de l’Ukraine par la Russie, Biden a rencontré dans son bureau de la Maison Blanche le chancelier allemand Olaf Scholz, qui, après quelques hésitations, était maintenant fermement dans l’équipe américaine. Lors du point de presse qui a suivi, M. Biden a déclaré avec défiance : « Si la Russie envahit… il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ».
Vingt jours plus tôt, la sous-secrétaire Nuland avait délivré essentiellement le même message lors d’un point de presse du département d’État, avec peu de couverture médiatique. « Je veux être très claire avec vous aujourd’hui », a-t-elle déclaré en réponse à une question. « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant».
Plusieurs des personnes impliquées dans la planification de la mission du pipeline ont été consternées par ce qu’elles considéraient comme des références indirectes à l’attaque.
« C’était comme mettre une bombe atomique sur le sol de Tokyo et dire aux Japonais que nous allons la faire exploser », a déclaré la source. « Le plan prévoyait que les options soient exécutées après l’invasion et ne soient pas annoncées publiquement. Biden ne l’a tout simplement pas compris ou l’a ignoré ».
L’indiscrétion de Biden et de Nuland, s’il s’agit bien de cela, a pu frustrer certains des planificateurs. Mais elle a également créé une opportunité. Selon la source, certains hauts responsables de la CIA ont déterminé que faire sauter le gazoduc « ne pouvait plus être considéré comme une option secrète parce que le président venait d’annoncer que nous savions comment le faire ».
Le projet de faire sauter Nord Stream 1 et 2 a soudainement été rétrogradé d’une opération secrète nécessitant que le Congrès soit informé à une opération considérée comme une opération de renseignement hautement classifiée avec le soutien de l’armée américaine. Selon la loi, explique la source, « il n’y avait plus d’obligation légale de signaler l’opération au Congrès. Ils n’avaient plus qu’à la faire, mais elle devait rester secrète. Les Russes ont une surveillance superlative de la mer Baltique ».
Les membres du groupe de travail de l’Agence n’avaient pas de contact direct avec la Maison Blanche, et étaient impatients de savoir si le président pensait ce qu’il avait dit – c’est-à-dire si la mission était maintenant lancée. La source se souvient : « Bill Burns revient et dit : “Fais-le” ».
La Norvège était l’endroit idéal pour y baser la mission.
Au cours des dernières années de crise Est-Ouest, l’armée américaine a largement étendu sa présence à l’intérieur de la Norvège, dont la frontière occidentale s’étend sur 1400 miles [2250 km] le long de l’océan Atlantique Nord et se confond avec la Russie au-dessus du cercle polaire. Le Pentagone a créé des emplois et des contrats bien rémunérés, au milieu de quelques controverses locales, en investissant des centaines de millions de dollars pour moderniser et agrandir les installations de la marine et de l’armée de l’air américaines en Norvège. Les nouveaux travaux comprenaient, surtout, un radar à ouverture synthétique avancé, situé très au nord, capable de pénétrer profondément en Russie et mis en ligne juste au moment où la communauté du renseignement américaine perdait l’accès à une série de sites d’écoute à longue portée en Chine.
Une base de sous-marins américains récemment remise à neuf, qui était en construction depuis des années, était devenue opérationnelle et davantage de sous-marins américains sont désormais en mesure de travailler en étroite collaboration avec leurs collègues norvégiens pour surveiller et espionner une importante fortification nucléaire russe située à 250 miles [400 km] à l’est, sur la péninsule de Kola. Les États-Unis ont également agrandi considérablement une base aérienne norvégienne dans le nord du pays et livré à l’armée de l’air norvégienne une flotte d’avions de patrouille P8 Poseidon construits par Boeing pour renforcer son espionnage à longue portée de tout ce qui concerne la Russie.
En retour, le gouvernement norvégien a provoqué la colère des libéraux et de certains modérés de son parlement en novembre dernier en adoptant l’Accord complémentaire de coopération en matière de défense (SDCA). En vertu de ce nouvel accord, le système juridique américain serait compétent dans certaines « zones convenues » du Nord pour les soldats américains accusés de crimes en dehors de la base, ainsi que pour les citoyens norvégiens accusés ou soupçonnés d’interférer avec le travail de la base.
La Norvège a été l’un des premiers signataires du traité de l’OTAN en 1949, au début de la guerre froide. Aujourd’hui, le commandant suprême de l’OTAN est Jens Stoltenberg, un anticommuniste convaincu, qui a été premier ministre de Norvège pendant huit ans avant d’accéder à son haut poste à l’OTAN, avec le soutien des États-Unis, en 2014. C’est un partisan de la ligne dure sur tout ce qui concerne Poutine et la Russie, qui a coopéré avec les services de renseignement américains depuis la guerre du Vietnam. Depuis, on lui fait entièrement confiance. « Il est le gant sur mesure de la main américaine », a déclaré la source.
À Washington, les planificateurs savaient qu’ils devaient aller en Norvège. « Ils détestaient les Russes et la marine norvégienne regorgeait d’excellents marins et plongeurs qui avaient une expérience de plusieurs générations dans l’exploration très rentable du pétrole et du gaz en haute mer », a déclaré la source. On pouvait également leur faire confiance pour garder la mission secrète. (Les Norvégiens peuvent avoir eu d’autres intérêts également. La destruction de Nord Stream – si les Américains y parvenaient – permettrait à la Norvège de vendre beaucoup plus de son propre gaz naturel à l’Europe).
Au mois de mars, quelques membres de l’équipe se sont rendus en Norvège pour rencontrer les services secrets et la marine norvégiens. L’une des questions clés était de savoir où exactement dans la mer Baltique se trouvait le meilleur endroit pour placer les explosifs. Nord Stream 1 et 2, qui comportent chacun deux ensembles de pipelines, étaient séparés d’un peu plus d’un kilomètre sur la majeure partie du trajet, alors qu’ils se dirigeaient vers le port de Greifswald, à l’extrême nord-est de l’Allemagne.
La marine norvégienne a rapidement trouvé le bon endroit, dans les eaux peu profondes de la mer Baltique, à quelques kilomètres de l’île danoise de Bornholm. Les pipelines sont distants de plus d’un kilomètre, le long d’un plancher océanique qui n’a que 260 pieds [80 mètres] de profondeur. Ce serait tout à fait à la portée des plongeurs, qui opéraient à partir d’un chasseur de mines norvégien de classe Alta, plongeraient avec un mélange d’oxygène, d’azote et d’hélium sortant de leurs bouteilles et placeraient des charges de C4 façonnées sur les quatre pipelines avec des couvercles de protection en béton. Ce serait un travail fastidieux, long et dangereux, mais les eaux au large de Bornholm avaient un autre avantage : il n’y avait pas de grands courants de marée, qui auraient rendu la tâche de la plongée beaucoup plus difficile.
Après quelques recherches, les Américains se mirent tous d’accord.
C’est à ce moment-là que l’obscur groupe de plongée profonde de la marine à Panama City entre à nouveau en jeu. Les écoles de plongée profonde de Panama City, dont les stagiaires ont participé à l’Ivy Bells, sont considérées comme une zone secondaire indésirable par les diplômés d’élite de l’Académie navale d’Annapolis, qui recherchent généralement la gloire d’être affectés comme Navy Seals, pilotes de chasse ou sous-mariniers. Si l’on doit devenir un « soulier noir » – c’est-à-dire un membre du commandement moins désirable des navires de surface – il y a toujours au moins une affectation sur un destroyer, un croiseur ou un navire amphibie. La guerre des mines est la moins glamour de toutes. Ses plongeurs n’apparaissent jamais dans les films d’Hollywood, ni sur la couverture des magazines populaires.
« Les meilleurs plongeurs qualifiés pour la plongée profonde forment une communauté restreinte, et seuls les meilleurs sont recrutés pour l’opération et on leur dit de se préparer à être convoqués à la CIA à Washington », a déclaré la source.
Les Norvégiens et les Américains disposaient d’un lieu et d’agents, mais il y avait une autre préoccupation : toute activité sous-marine inhabituelle dans les eaux de Bornholm pouvait attirer l’attention des marines suédoise et danoise, qui pouvaient la signaler.
Le Danemark avait également été l’un des premiers signataires de l’OTAN et était connu dans la communauté du renseignement pour ses liens particuliers avec le Royaume-Uni. La Suède avait demandé à adhérer à l’OTAN et avait fait preuve d’une grande habileté dans la gestion de ses systèmes de capteurs sonores et magnétiques sous-marins qui permettaient de repérer avec succès les sous-marins russes qui surgissaient occasionnellement dans les eaux éloignées de l’archipel suédois et étaient forcés de remonter à la surface.
Les Norvégiens se sont joints aux Américains pour insister sur le fait que certains hauts fonctionnaires du Danemark et de la Suède devaient être informés en termes généraux des éventuelles activités de plongée dans la région. De cette façon, quelqu’un de plus haut placé pouvait intervenir et empêcher qu’un rapport ne soit transmis à la chaîne de commandement, isolant ainsi l’opération de sabotage du pipeline. « Ce qu’on leur disait et ce qu’ils savaient étaient volontairement différents », m’a dit la source (l’ambassade de Norvège, invitée à commenter cette histoire, n’a pas répondu).
Les Norvégiens ont joué un rôle clé dans la résolution d’autres obstacles. La marine russe était connue pour posséder une technologie de surveillance capable de repérer et de déclencher des mines sous-marines. Les engins explosifs américains devaient être camouflés de manière à ce que le système russe les perçoive comme faisant partie de l’environnement naturel, ce qui nécessitait une adaptation à la salinité spécifique de l’eau. Les Norvégiens avaient une solution.
Les Norvégiens avaient également une solution à la question cruciale du moment où l’opération devait avoir lieu. Chaque année, au mois de juin, depuis 21 ans, la Sixième flotte américaine, dont le navire amiral est basé à Gaeta, en Italie, au sud de Rome, parraine un exercice majeur de l’OTAN en mer Baltique, auquel participent de nombreux navires alliés dans toute la région. L’exercice actuel, qui a lieu en juin, serait connu sous le nom de Baltic Operations 22, ou BALTOPS 22. Les Norvégiens ont proposé que ce soit la couverture idéale pour poser les mines.
Les Américains ont apporté un élément essentiel : ils ont convaincu les planificateurs de la Sixième Flotte d’ajouter au programme un exercice de recherche et développement. L’exercice, tel que rendu public par la Marine, impliquait la Sixième Flotte en collaboration avec les « centres de recherche et de guerre » de la Marine. L’événement en mer se déroulerait au large de l’île de Bornholm et impliquerait des équipes de plongeurs de l’OTAN qui poseraient des mines, les équipes concurrentes utilisant les dernières technologies sous-marines pour les trouver et les détruire.
C’était à la fois un exercice utile et une couverture ingénieuse. Les gars de Panama City feraient leur travail et les explosifs C4 seraient en place à la fin de BALTOPS22, avec une minuterie de 48 heures. Tous les Américains et les Norvégiens seraient partis depuis longtemps à la première explosion.
Les jours défilaient. « L’horloge faisait tic-tac, et nous étions proches de la mission accomplie », a déclaré la source.
Et puis : Washington a changé d’avis. Les bombes seraient toujours placées pendant les BALTOPS, mais la Maison Blanche craignait qu’une fenêtre de deux jours pour leur détonation soit trop proche de la fin de l’exercice, et qu’il soit évident que les Etats-Unis étaient impliqués.
Au lieu de cela, la Maison Blanche a formulé une nouvelle demande : « Les gars sur le terrain peuvent-ils trouver un moyen de faire exploser les gazoducs plus tard sur commande ? »
Certains membres de l’équipe de planification étaient furieux et frustrés par l’indécision apparente du président. Les plongeurs de Panama City s’étaient exercés à plusieurs reprises à placer le C4 sur des pipelines, comme ils l’auraient fait pendant les BALTOPS, mais l’équipe en Norvège devait maintenant trouver un moyen de donner à Biden ce qu’il voulait – la possibilité de donner un ordre d’exécution réussi au moment de son choix.
Se voir confier un changement arbitraire de dernière minute était une chose que la CIA avait l’habitude de gérer. Mais cela a également ravivé les inquiétudes de certains quant à la nécessité et à la légalité de l’ensemble de l’opération.
Les ordres secrets du président évoquent également le dilemme de la CIA à l’époque de la guerre du Viêt Nam, lorsque le président Johnson, confronté à un sentiment croissant contre la guerre du Viêt Nam, a ordonné à l’agence de violer sa charte – qui lui interdisait expressément d’opérer à l’intérieur des États-Unis – en espionnant les leaders anti-guerre pour déterminer s’ils étaient contrôlés par la Russie communiste.
L’Agence a fini par acquiescer et, tout au long des années 1970, il est apparu clairement jusqu’où elle était prête à aller. À la suite des scandales du Watergate, des journaux ont révélé que l’Agence espionnait des citoyens américains, qu’elle participait à l’assassinat de dirigeants étrangers et qu’elle sapait le gouvernement socialiste de Salvador Allende.
Ces révélations ont conduit à une série d’auditions dramatiques au milieu des années 1970 au Sénat, dirigées par Frank Church de l’Idaho, qui ont clairement montré que Richard Helms, le directeur de l’Agence à l’époque, acceptait l’obligation de faire ce que le président voulait, même si cela signifiait violer la loi.
Dans un témoignage à huis clos non publié, Helms a expliqué avec regret que « vous avez presque une Immaculée Conception lorsque vous faites quelque chose » sous les ordres secrets d’un président. « Que ce soit bien ou mal, [la CIA] travaille selon des règles et des règles de base différentes de celles de toute autre partie du gouvernement ». Il disait essentiellement aux sénateurs que lui, en tant que chef de la CIA, comprenait qu’il avait travaillé pour la Couronne, et non pour la Constitution.
Les Américains à l’œuvre en Norvège fonctionnaient selon la même dynamique et ont consciencieusement commencé à travailler sur le nouveau problème – comment faire détoner à distance les explosifs C4 sur l’ordre de Biden. Il s’agissait d’une mission beaucoup plus exigeante que ce que les gens de Washington avaient compris. L’équipe en Norvège n’avait aucun moyen de savoir quand le président appuierait sur le bouton. Serait-ce dans quelques semaines, dans plusieurs mois, dans six mois ou plus ?
Le C4 fixé aux pipelines serait déclenché par une bouée sonar larguée par un avion à brève échéance, mais la procédure impliquait la technologie la plus avancée de traitement des signaux. Une fois en place, les dispositifs de temporisation fixés à l’un des quatre pipelines pourraient être déclenchés accidentellement par le mélange complexe de bruits de fond océaniques dans la mer Baltique, qui connaît un trafic intense : navires proches ou éloignés, forages sous-marins, événements sismiques, vagues et même créatures marines. Pour éviter cela, la bouée sonar, une fois en place, émettrait une séquence de sons uniques de basse fréquence, un peu comme ceux émis par une flûte ou un piano, qui seraient reconnus par le dispositif de chronométrage et déclencheraient les explosifs après un délai prédéfini. (« Vous voulez un signal qui soit suffisamment robuste pour qu’aucun autre signal ne puisse accidentellement envoyer une impulsion qui déclenche les explosifs », m’a dit le Dr Theodore Postol, professeur émérite de science, technologie et politique de sécurité nationale au MIT. M. Postol, qui a été conseiller scientifique du chef des opérations navales du Pentagone, a déclaré que le problème auquel le groupe en Norvège a été confronté en raison du retard de M. Biden est une question de chance : « Plus les explosifs restent longtemps dans l’eau, plus il y a de risques qu’un signal aléatoire déclenche les bombes. »)
Le 26 septembre 2022, un avion de surveillance P8 de la marine norvégienne a effectué un vol apparemment de routine et a largué une bouée sonar. Le signal s’est propagé sous l’eau, d’abord vers Nord Stream 2, puis vers Nord Stream 1. Quelques heures plus tard, les explosifs C4 de forte puissance ont été déclenchés et trois des quatre gazoducs ont été mis hors service. En l’espace de quelques minutes, on a pu voir les mares de méthane qui restaient dans les pipelines fermés se répandre à la surface de l’eau et le monde a appris que quelque chose d’irréversible s’était produit.
Au lendemain de l’attentat à la bombe contre le gazoduc, les médias américains l’ont traité comme un mystère non résolu. La Russie a été citée à plusieurs reprises comme coupable probable, sous l’impulsion de fuites calculées en provenance de la Maison Blanche, mais sans jamais établir un motif clair pour un tel acte d’autosabotage, au-delà de la simple vengeance. Quelques mois plus tard, lorsqu’il est apparu que les autorités russes avaient discrètement obtenu des estimations du coût de la réparation des gazoducs, le New York Times a décrit cette nouvelle comme « compliquant les théories sur l’identité des auteurs » de l’attaque. Aucun grand journal américain [ou européen] n’a creusé les menaces antérieures de Biden et de la sous-secrétaire d’État Nuland contre les gazoducs.
Si la raison pour laquelle la Russie chercherait à détruire son propre gazoduc lucratif n’a jamais été claire, une justification plus révélatrice de l’action du président est venue du secrétaire d’État Blinken.
Interrogé lors d’une conférence de presse en septembre dernier sur les conséquences de l’aggravation de la crise énergétique en Europe occidentale, Blinken a décrit le moment comme potentiellement bon :
« C’est une occasion formidable de supprimer une fois pour toutes la dépendance à l’égard de l’énergie russe et donc de priver Vladimir Poutine de l’arme de l’énergie comme moyen de faire avancer ses desseins impériaux. C’est très significatif et cela offre une formidable opportunité stratégique pour les années à venir, mais en attendant, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que les conséquences de tout cela ne soient pas supportées par les citoyens de nos pays ou, d’ailleurs, du reste du monde. »
Plus récemment, Victoria Nuland a exprimé sa satisfaction quant à la disparition du plus récent des pipelines. Témoignant lors d’une audition de la commission des affaires étrangères du Sénat fin janvier, elle a déclaré au sénateur Ted Cruz : « Comme vous, je suis, et je pense que l’administration est, très satisfaite de savoir que Nord Stream 2 est maintenant, comme vous aimez le dire, un morceau de ferraille au fond de la mer ».
La source avait une vision beaucoup plus proche de la réalité de la décision de Biden de saboter plus de 1 500 miles [2 500 km] de pipeline Gazprom à l’approche de l’hiver. « Eh bien », a-t-il dit en parlant du président, « je dois admettre que ce type a une paire de couilles. Il a dit qu’il allait le faire, et il l’a fait ».
Interrogé sur les raisons pour lesquelles il pense que les Russes n’ont pas réagi, il a répondu cyniquement : « Peut-être qu’ils veulent avoir la capacité de faire les mêmes choses que les États-Unis ».
« C’était une belle couverture », a-t-il poursuivi. « Derrière le prétexte, il y avait une opération secrète qui plaçait des experts sur le terrain et des équipements qui fonctionnaient sur un signal secret ».
« La seule faille était la décision de le faire ».
source : Le Cri des Peuples
Par Moon of Alabama – Le 27 septembre 2022
Hier j’expliquais comment les États-Unis sont en train de gagner leur guerre contre les industries et les populations européennes.
Cette guerre, cachée derrière la crise ukrainienne créée par les États-Unis, est conçue pour détruire l’avantage manufacturier de l’Europe par rapport aux États-Unis. Il est cependant plus probable qu’elle renforce la position économique de la Chine et d’autres économies asiatiques.
J’ai fait valoir que l’Allemagne doit ouvrir le gazoduc Nord Stream II, qui peut acheminer du gaz naturel russe en Allemagne sans traverser le territoire d’autres pays. Elle doit également autoriser Siemens à réparer les compresseurs défectueux du Nord Stream I. C’est en fait inévitable si l’on veut que l’industrie allemande survive.
D’autres sont arrivés à la même conclusion que moi et ont décidé de saboter les gazoducs pour rendre leur réouverture impossible :
Trois lignes sous-marines du réseau de gazoducs Nord Stream ont subi des dommages « sans précédent » dans la même journée, a déclaré mardi Nord Stream AG, l’opérateur du réseau, à cause de ce qu’un responsable allemand a suggéré être une « attaque ciblée« . Nord Stream 2 a subi une fuite de gaz qui a ensuite été suivie d’une chute de pression du Nord Stream 1.
La société a également déclaré qu’il était impossible d’estimer quand la capacité de fonctionnement du réseau gazier serait rétablie.
L’endommagement simultané, sous la mer, de trois gazoducs n’est évidemment pas un accident.
Un fonctionnaire allemand de l’économie a déclaré au Tagesspiegel : « Nous ne pouvons pas imaginer d’autre scénario qu’une attaque ciblée« .
Ils ont ajouté : « Tout plaide contre une coïncidence« .
Les va-t-en-guerre du Telegraph britannique affirment sans aucune preuve ni logique que la Russie est le coupable :
On craint un sabotage russe de l’approvisionnement en gaz de l’Europe après que trois lignes sous-marines du système de gazoducs Nord Stream ont subi des dommages « sans précédent » dans la même journée.
…
La Russie a suspendu ses livraisons de gaz à l’Europe pour se venger des sanctions occidentales imposées pour l’invasion illégale de l’Ukraine. Les journaux allemands ont rapporté des sources affirmant que les fuites étaient le résultat d’une « attaque ciblée« .
Comme indiqué dans notre article d’hier, l’affirmation selon laquelle la Russie retient le gaz destiné à l’Europe est totalement fausse :
Nord Stream II a été créé pour rendre l’Allemagne indépendante des gazoducs traversant la Pologne et l’Ukraine. Le bloquer était la chose la plus stupide à faire pour l’Allemagne et le chancelier Scholz l’a donc fait.
Dans les mois qui ont suivi, la Pologne a bloqué le gazoduc Yamal, qui acheminait également du gaz russe vers l’Allemagne. L’Ukraine a suivi en coupant deux pipelines russes. Les principales stations de compression du gazoduc Nord Stream I, que la société allemande Siemens a fait construire et dont elle assure la maintenance, sont tombées en panne les unes après les autres. Des sanctions interdisent à Siemens de les réparer.
Ce n’est pas la Russie qui a bloqué son gaz et son pétrole sur les marchés européens. Ce sont les gouvernements allemand, polonais et ukrainien qui l’ont fait.
En fait, la Russie serait heureuse de vendre davantage. Poutine a encore récemment proposé de faire passer autant de gaz russe que possible vers l’Allemagne, par le Nord Stream II: …
Si la Russie devait couper les gazoducs de la mer Baltique, elle endommagerait ceux qui acheminent le gaz norvégien vers l’Europe, et non les gazoducs qu’elle possède et qui lui donnent un certain poids.
La Russie n’a donc aucun intérêt plausible à saboter le système Nord Stream. D’autres pays ont cependant de tels intérêts. Ils veulent probablement que l’Allemagne « reste en ligne » dans leur guerre contre la Russie. Les principaux acteurs potentiels derrière tout cela sont les États-Unis, les Britanniques, les gouvernements ukrainien et polonais ou un mélange de ceux-ci.
La géographie et la faible profondeur de la mer Baltique semblent exclure que les dommages aient été causés par un sous-marin américain ou britannique. L’Ukraine n’a pas d’accès à la mer Baltique. La Pologne, qui a déjà tenté d’empêcher ou d’entraver la construction du Nord Stream II, est l’acteur le plus probable derrière tout cela, même si je doute qu’elle ose agir seule.
Prenons l’exemple d’avril 2021 :
Les promoteurs du gazoduc Nord Stream 2 ont accusé des forces navales étrangères de mener des activités « provocatrices » à proximité des travaux de construction. Le gazoduc controversé est achevé à environ 93 %, et deux navires russes de pose de gazoducs sont à poste et travaillent sur le projet dans les eaux danoises.
Andrei Minin, directeur de la filiale de Gazprom Nord Stream 2 AG, a déclaré à l’agence TASS que « des navires de guerre et des navires étrangers faisaient preuve d’une activité accrue » à proximité des travaux, et que « de telles actions sont provocatrices et peuvent entraîner des dommages au gazoduc« . Il a également accusé la Pologne d’avoir déployé un avion de patrouille militaire M-28 pour inspecter le site.
« La marine polonaise ne mène pas d’opérations de provocation et s’est acquittée de ses tâches statutaires en accord avec les lois internationales« , a répondu le commandement central de l’armée polonaise dans un message sur les médias sociaux. « Les avions M-28B Bryza effectuent régulièrement des vols de patrouille dans la région de la mer Baltique« .
La Pologne s’oppose fermement au développement du Nord Stream 2, qui donnerait à Gazprom une route alternative sous-marine pour fournir du gaz naturel aux clients d’Europe occidentale. À l’heure actuelle, ce gaz doit passer par des réseaux de pipelines terrestres passant par la Pologne et l’Ukraine, ce qui rapporte de précieux frais de transit et offre aux deux nations – qui n’ont pas toujours des relations cordiales avec la Russie – une certaine sécurité énergétique.
Puis celui de mai 2021 :
La Pologne a réagi avec colère à la décision du président Joe Biden de lever les sanctions américaines sur le Nord Stream II, avertissant que cette décision pourrait menacer la sécurité énergétique de l’Europe centrale et orientale.
« L’information n’est absolument pas positive du point de vue de la sécurité, car nous savons parfaitement que Nord Stream II n’est pas seulement un projet commercial – c’est surtout un projet géopolitique« , a déclaré Piotr Muller, un porte-parole du gouvernement polonais.
Le 7 février, Biden déclarait qu’il se prononcerait sur l’ouverture du Nord Stream II :
Après que les deux dirigeants aient semblé éviter de mentionner le gazoduc, malgré les questions répétées des journalistes lors d’une conférence de presse dans l’après-midi, M. Biden, debout à côté de la chancelière allemande, a déclaré que le Nord Stream 2 n’avancerait pas si la Russie envahissait l’Ukraine, dans un avertissement au président russe Vladimir Poutine des conséquences économiques potentielles.
« Si la Russie envahit l’Ukraine, ce qui signifie que des chars ou des troupes traversent à nouveau la frontière ukrainienne, il n’y aura plus de Nord Stream 2« , a déclaré M. Biden lors de la conférence de presse avec M. Scholz, qui n’est pas allé aussi loin que M. Biden, mais a insisté sur le fait que les États-Unis et l’Allemagne restaient « absolument unis« .
Le 27 février, Biden sanctionnait la société propriétaire du gazoduc.
Sous sa direction actuelle de droite, la Pologne s’est montrée extrêmement hostile envers l’Allemagne. Ce mois-ci, elle a même renouvelé sa demande de réparations de guerre à l’Allemagne, une question qui avait été réglée il y a plusieurs décennies :
Le principal homme politique polonais a déclaré jeudi que le gouvernement allait demander à l’Allemagne l’équivalent de quelque 1 300 milliards de dollars de réparations pour l’invasion et l’occupation de son pays par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice, a annoncé cette énorme demande à l’occasion de la publication d’un rapport très attendu sur le coût pour le pays des années d’occupation nazie allemande, alors que la Pologne célèbre les 83 ans du début de la Seconde Guerre mondiale.
…
Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré jeudi que la position du gouvernement restait « inchangée« , à savoir que « la question des réparations est close. »
« La Pologne a renoncé il y a longtemps, en 1953, à de nouvelles réparations et a confirmé à plusieurs reprises cette renonciation« , a déclaré le ministère dans une réponse par courriel à une demande d’Associated Press concernant le nouveau rapport polonais.
Il est grand temps pour le gouvernement allemand de se réveiller et de reconnaître qu’une guerre a été lancée contre son pays.
Et ce n’est pas la Russie qui la mène.
Moon of Alabama
Note du Saker Francophone :
RT donne quelques infos supplémentaire sur cette affaire :
« Des scientifiques danois et suédois ont enregistré des explosions sous-marines près des pipelines Nord Stream lundi, alors que plusieurs fuites importantes étaient signalées. On pense désormais qu’un sabotage est à l’origine de ces dégâts.
« Il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’explosions« , a déclaré mardi le sismologue Bjorn Lund, du Centre national de sismologie de Suède (SNSN), à la chaîne de télévision publique SVT.
L’armée danoise a diffusé des images aériennes des fuites, montrant de grandes taches et des bulles visibles dans l’eau. Nord Stream 1 a subi deux fuites au nord-est de l’île danoise de Bornholm, tandis que Nord Stream 2 a été endommagé au sud de Dueodde, une plage située à l’extrémité sud de l’île, a indiqué l’armée.
https://www.rt.com/russia/563614-explosions-detected-near-nordstream/
La police suédoise a ouvert une enquête préliminaire sur un possible sabotage des pipelines russes Nord Stream 1 et 2, après que plusieurs fuites importantes ont été signalées suite à des pertes soudaines de pression sur trois des lignes du réseau lundi.
« Nous avons établi un rapport et la classification du crime est le sabotage grossier« , a déclaré mardi un porte-parole de la police nationale, selon Reuters.
https://www.rt.com/news/563628-police-investigate-nord-stream-pipeline/
Alors que les États-Unis, la Russie et la plupart des gouvernements européens ont réservé leur jugement quant à savoir qui pourrait être derrière l’explosion de lundi qui a endommagé les deux pipelines Nord Stream et coupé l’Allemagne du gaz russe, l’ancien ministre polonais et membre du Parlement européen Radoslaw Sikorski n’a pas eu ces scrupules.
« Merci les États-Unis« , a tweeté Sikorski mardi, à côté d’une photo de la fuite massive de gaz dans les eaux de la mer Baltique.
M. Sikorski a ensuite tweeté, en polonais, que les dommages subis par Nord Stream signifient que la Russie devra « discuter avec les pays qui contrôlent les gazoducs Brotherhood et Yamal, l’Ukraine et la Pologne » si elle souhaite continuer à livrer du gaz à l’Europe. « Bon travail« , a-t-il conclu.
https://www.rt.com/news/563632-sikorski-usa-nordstream-poland/
Commentant les informations selon lesquelles les pipelines Nord Stream 1 et 2 ont été mis hors service par des sabotages ou des attaques délibérées, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré mardi qu’une telle attaque n’était « dans l’intérêt de personne« . Il a toutefois ajouté que la situation actuelle représente une opportunité pour l’Europe.
Répondant à la question, M. Blinken a déclaré que la priorité des États-Unis était d’imposer un plafonnement des prix sur les exportations de pétrole russe et d’augmenter les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Europe. Les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL cette année, en partie grâce à l’embargo contre la Russie imposé par Washington et ses alliés.
Bien qu’il y ait « des défis évidents dans les mois à venir » en termes d’approvisionnement énergétique de l’Europe, « il y a aussi une opportunité très importante de faire deux choses« , a souligné M. Blinken. La première est de « mettre enfin un terme à la dépendance de l’Europe vis-à-vis de l’énergie russe » et la seconde est d' »accélérer la transition vers les énergies renouvelables » afin que l’Occident puisse relever le « défi climatique. »
https://www.rt.com/news/563626-blinken-nord-stream-sabotage/
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Source : the Saker francophone.
FUITES DE GAZ – Certaines sources haut-placées en Allemagne et au Danemark affirment que les gazoducs NordStream 1 et 2 ont fait l’objet d’une vaste opération de sabotage. Les dommages identifiés seraient « sans précédent » (Bloomberg). https://bloomberg.com/news/articles/2022-09-27/nord-stream-probing-pressure-drop-at-second-russian-gas-link
La presse racontera que les Russes qui se tirent dessus dans la centrale nucléaire occupée depuis mars par leurs troupes et sabotent leur gazoduc mais bon écoutez Joe Robinette
Mais qui dirige les Etats Unis?
le navire amphibie #USS #Kearsarge a achevé aujourd’hui des tâches dans la mer Baltique. Il est situé à 30 km du site du sabotage présumé du gazoduc #NordStream1 et 50 km de #NordStream2
Il suffit de lire les think tanks américains – même sans lire le fake de la Rand qui tout en étant un fake dit la vérité- pour comprendre que les américains ne sont pas du tout satisfaits du comportement allemand.
Scholtz gesticule, il fait des déclarations de soutien à l’Ukraine, il cherche à montrer qu’il est bon partenaire de l’OTAN etc , mais sur le fond, sur le terrain et dans la réalité il traine les pieds.
Pire Scholz sabote l’action américaine.
Voila la réalité que bien peu d ‘observateurs osent l’exposer. Scholz sabote l’action des Anglo Saxons ; et ils en ont marre!
MAIS LA PRESSE A SON COUPABLE
LE DEPUTE POLONAIS PRO AMERICAIN SIKORSKY REMERCIE LES USA POUR LEUR SABOTAGE
Ils ne savent plus quoi dire pour disculper l’Amérique de son attentat contre les intérêts vitaux des peuples européens. Sur
@BFMTV sont évoquées tour à tour l’hypothèse d’un « commando saoudien » ou de « l’extrême droite russe anti-Poutine ».
28 septembre 2022
27 janvier 2022: Victoria Nuland, chef d’orchestre du coup d’Etat de Maïdan en 2014, célèbre pour son interjection très subtile : “F… the EU!”, annonçait que “Nordstream 2 “n’avancerait pas” si la Russie envahissait l’Ukraine.
7 février 2022 - Joe Biden: "Nous saurons le faire!"
En présence du Chancelier Scholz, avec qui il vient de s’entretenir, Joe Biden annonce que les Etats-Unis “mettraient fin” à Nordstream 2 si la Russie envahissait l’Ukraine.
Et comme un journaliste trouve étonnant que ce soit dit en face du Chancelier allemand, qui “contrôle” les gazoducs concernés, l’homme de la Maison Blanche répond, énigmatique: “Je vous promets, nous saurons le faire”.
Le 10 juin 2022 ont lieu des exercices de l’OTAN consistant à plonger et placer des explosifs, au large de Bornholm, au Danemark, soit dans la zone où les explosions ont eu lieu le 26 septembre.
Le 2 septembre, nous remarqué, écrit le canal télégramme russophone “Koti i kochka kramnika” quelques manœuvres intéressantes d’un hélicoptère américain, indicatif d’appel FFAB123. Nous avons alors supposé qu’il provenait de l’escadre USS Kearsarge, mais aujourd’hui nous l’avons examiné de plus près.
Selon le site ads-b.nl, cet indicatif a été utilisé récemment par 6 avions, dont nous avons pu déterminer les numéros de vol de trois d’entre eux. Tous sont des Sikorsky MH-60S.
En superposant l’itinéraire de FFAB123 sur le schéma de l’accident d’hier, nous obtenons un résultat assez intéressant : l’hélicoptère volait soit le long de l’itinéraire de Nord Stream-2, soit entre les points où l’accident s’est produit.
Twitter, quant à lui, a trouvé des captures d’écran d’autres vols de l’armée de l’air américaine dans, la suivante a été prise le 13 septembre.
La semaine dernière, les navires USS Kearsarge et USS Gunston Hall sont entrés dans le port de Gdynia. Hier (le 26), l’USS Paul Ignatius est entré dans le port pour quelques heures. (Laissez le groupe de travail pour une mission ; reprenez-le après avoir accompli la tâche. Mission accomplie ?)
Pendant la journée se met en place, en particulier en Allemagne, un narratif par lequel on reconnaît le sabotage et on l’attribue aux Russes.
Alors que le narratif du sabotage russe prend sa vitesse de croisière, Radek Sikorski, ancien ministre polonais des Affaires étrangères, membre du Parlement européen, et, selon une de mes sources, membre du comité directeur du club de Bilderberg, crache le morceau en remerciant les Etats-Unis.
On notera que, ce même 27 septembre, était inauguré le gazoduc entre la Norvège et la Pologne.
source : Twitter/Max Blumenthal
• Voir la biographie de Radosław Sikorski
Joe Biden le 7 février :
« Si
la Russie envahit [l’Ukraine], il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. »
Journaliste
: « Mais comment allez-vous faire, exactement, puisque…
le projet
est sous le contrôle de l’Allemagne ? »
Biden :
« Je vous promets que nous serons en mesure de le faire. »
Trois fuites mystérieuses ont été détectées sur Nord Stream 1 et 2. Si ces gazoducs ne sont pas en service actuellement, la première ministre danoise l’affirme : « On ne parle pas d’un accident ».
Les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui relient la Russie à l’Allemagne, ont-ils fait l’objet d’un sabotage ? La question ne semble plus faire de doute ce mardi soir. Lors d’une conférence de presse, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a évoqué des « actes délibérés » : « On ne parle pas d’un accident », a-t-elle ajouté sans toutefois désigner un suspect. Pour Copenhague, les trous par lequel s’échappe le gaz sont « trop gros » pour être de cause accidentelle ; ces derniers auraient été provoqués « par des détonations », a expliqué le ministre de l’Énergie Dan Jørgensen. Les fuites devraient durer « au moins une semaine », selon Copenhague.
source : Olivier Demeulenaere
Lire l'article : Mer et Marine
28 septembre 2022
Odessa – Statue du duc de Richelieu (1766-1822),, à qui le Tsar Alexandre Ier confia la charge de gouverneur de la “Nouvelle Russie” de 1804 à 1814
Les gazoducs Nordstream 1 et 2 ont été, a-t-on appris ce matin par le Tagesspiegel, la cible de sabotages.
Il vaut la peine de lire l’article du Tagesspiegel intégralement (c’est nous qui soulignons):
“C’est un polar qui occupe plusieurs pays et qui constitue également un casse-tête supplémentaire pour la chancellerie. L’armée de l’air danoise a publié des vidéos montrant de grandes nappes de bulles et d’écume sur la mer Baltique. Des éruptions sous-marines de grande ampleur sont signalées. Les indices d’attaques ciblées contre les gazoducs Nord Stream 1 et 2 se multiplient.
Le transport par Nord Stream 1 est certes stoppé depuis des semaines par la Russie et Nord Stream 2 a certes été rempli de gaz, mais a été mis en veilleuse par l’Allemagne en raison de l’invasion russe en Ukraine. On craint désormais que l’option de livraison encore existante via Nord Stream 1 ne disparaisse complètement, les dégâts semblent importants.
Les deux
gazoducs Nord Stream ont été endommagés par des attaques ciblées, suppose le gouvernement allemand. Alors qu’une perte de
pression drastique s’était déjà produite dans la nuit de dimanche à lundi dans l’un des deux tronçons de Nord Stream 2 et qu’une fuite
avait pu être localisée dans les eaux danoises, une forte baisse de pression a également été enregistrée dans les deux conduites lundi
soir, selon un porte-parole du double gazoduc Nord Stream 1.
Toutefois, en raison de la chronologie des faits, des trois conduites concernées et de la forte baisse de pression dans Nord Stream 1, qui laisse également supposer une fuite importante, on soupçonne un sabotage.
Tout porte à croire qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence.
Une
personne proche du gouvernement fédéral
“Notre
imagination ne nous permet plus d’envisager un scénario qui ne soit pas un attentat ciblé”, a déclaré au Tagesspiegel Background
Energie une personne initiée à l’évaluation par le gouvernement fédéral. “Tout indique qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence”. Un tel
attentat présumé, une explosion supposée des lignes au fond de la mer, est loin d’être banal, il doit être exécuté par des forces
spéciales, un sous-marin ou des robots de plongée, dit-on dans les milieux informés.
Comme le rapporte désormais le “Spiegel”, les Etats-Unis auraient déjà averti le gouvernement fédéral il y a plusieurs semaines de possibles attaques contre des gazoducs en mer Baltique. Une information correspondante de l’agence de renseignement américaine CIA est parvenue à Berlin dès l’été.
En ce qui concerne la paternité, deux possibilités sont principalement discutées. D’une part, selon les premières spéculations, qui ne sont en aucun cas prouvées, des forces ukrainiennes ou liées à l’Ukraine pourraient être responsables. Avec la fermeture temporaire des gazoducs NordStream, les livraisons de gaz de la Russie vers l’Allemagne et l’Europe centrale ne seraient plus possibles que via la liaison Yamal, qui passe par la Pologne, et le réseau de gazoducs ukrainien.
Deuxièmement, une opération dite “false flag” de la Russie pourrait expliquer les fuites. Cela pourrait susciter une incertitude supplémentaire et éventuellement faire remonter le prix du gaz, afin d’aggraver à nouveau la crise européenne des prix de l’énergie, qui s’était récemment détendue de manière minime.
La Russie est la première à profiter d’une hausse des prix du gaz, ce qui permettrait de remplir le trésor de guerre de Vladimir Poutine, mais cela n’aurait qu’un effet temporaire si son principal projet de gazoduc ne permettait plus de livrer durablement du gaz en Europe. Toutefois, un tube de Nord Stream 2 n’est justement pas concerné, ce qui pourrait à nouveau augmenter la pression pour l’ouvrir – ce que le gouvernement fédéral exclut jusqu’à présent et veut résister à d’éventuelles tentatives de chantage.(…)
La Pologne n’exclut pas que les énormes fuites soient dues à une
provocation russe. Nous nous trouvons dans une situation de forte tension internationale, déclare le vice-ministre polonais des
Affaires étrangères Marcin Przydacz. “Malheureusement, notre voisin de l’Est poursuit constamment une politique agressive.
S’il est capable d’une politique militaire agressive en Ukraine, il est évident qu’aucune provocation ne peut être exclue, même dans les sections situées en Europe occidentale”. La Russie rejette de telles accusations, mais n’exclut pas le sabotage. “Maintenant, aucune variante ne peut être exclue”, déclare le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Après les fuites sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck s’est montré réservé quant à leur cause. Il est interdit de spéculer à ce sujet tant que l’enquête n’a pas été menée, a déclaré le politicien des Verts mardi à Berlin. Le gouvernement fédéral est en contact étroit avec les autorités danoises en raison de ces “incidents”. L’inquiétude grandit quant au fait que d’autres pipelines pourraient également être pris pour cible : Selon les médias, la Norvège a renforcé la protection de ses pipelines, il y aurait également des indications de mouvements inhabituels de drones en mer du Nord.
En raison des fuites, les autorités maritimes danoises ont mis en place des zones interdites à la circulation maritime près de l’île danoise de Bornholm. Les deux fuites de Nord Stream 1 ont été localisées au nord-est de l’île de Bornholm en mer Baltique, la fuite de l’un des deux tubes de Nord Stream 2 au sud-est de l’île.
La société Nord Stream AG n’est pas encore en mesure de donner des informations sur l’ampleur des dommages éventuels. Dans la région de Bornholm, les conduites se trouvent à environ 70 mètres sous la surface de l’eau. Selon le porte-parole de Nord Stream, Ulrich Lissek, les conduites sont posées de telle manière qu’il est très improbable que plusieurs conduites soient endommagées simultanément, par exemple par un seul accident maritime. Un expert en robots sous-marins a souligné auprès de l’agence de presse allemande les normes de sécurité extrêmement élevées et la construction très robuste des conduites. De son point de vue, seule une manipulation délibérée est envisageable.
Comme l’a rapporté le journal danois “Jyllands-Posten” en se référant à l’armée danoise, la fuite a d’abord été détectée par des avions de combat F-16 danois. Ils ont été envoyés en l’air depuis Bornholm pour photographier la zone. Ils auraient alors découvert qu’en un point situé au sud-est de l’île, des bulles s’élevaient de l’eau. Les zones interdites ont été expliquées parce que les navires peuvent perdre leur flottabilité s’ils entrent dans la zone. Il existe en outre un risque d’explosion.
La chancellerie reste discrète, le chancelier Olaf Scholz (SPD) ne laisse planer aucun doute sur le fait qu’il ne fait plus du tout confiance à la partie russe. Jusqu’à présent, on ne dit pas ouvertement que l’on se trouve manifestement dans une guerre économique, on tente depuis des semaines à tous les niveaux de réduire la dépendance vis-à-vis des gazoducs russes.
Malgré l’arrêt des livraisons en provenance de Russie, les réservoirs de gaz allemands sont remplis à 91,3 pour cent, et des livraisons de remplacement en provenance d’autres pays ont été achetées à grands coups de milliards. Mais cela entraîne à son tour des charges considérables dans le pays, ce qui rend plus probable un frein au prix du gaz pour les citoyens et les entreprises. Jusqu’à présent, le président de l’Agence fédérale des réseaux est resté discret sur le mystère qui entoure la mer Baltique.
Klaus Müller s’exprime le jour de la nouvelle mauvaise nouvelle devant des entrepreneurs et des experts en énergie lors d’un sommet sur le gaz organisé par le “Handelsblatt” à Berlin. Les organisateurs ont choisi la “pire date”, plaisante-t-il d’emblée. Quant à savoir s’il s’agit d’un attentat contre l’infrastructure gazière, c’est “hautement spéculatif”.
Le gaz ne circule déjà plus dans Nord Stream 1 depuis le 31 août. Le gazoduc Nord Stream 2 est techniquement opérationnel et a été rempli de gaz, mais il ne recevra probablement jamais d’autorisation d’exploitation. En raison de prétendus travaux de maintenance sur une turbine, le groupe public russe Gazprom n’avait initialement prévu d’interrompre les livraisons de Nord Stream 1 que pendant trois jours.
Le chancelier Scholz avait visité de manière démonstrative la turbine garée à Mülheim chez Siemens Energy, afin de montrer que la turbine entièrement entretenue et prête à fonctionner pouvait être mise à disposition à tout moment. Puis Gazprom a parlé d’une fuite de pétrole ; depuis, le gaz n’arrive plus à la station de débarquement de Lubmin. Le scénario redouté pourrait maintenant se produire : plus de gaz du tout via Nord Stream 1, ce qui laisse présager que les prix du gaz resteront extrêmement élevés. (…)
Le
chancelier Scholz compte sur l’achèvement du premier terminal de gaz liquéfié avant Noël pour élargir les options de livraison. Le
ministre de l’Économie Robert Habeck (Verts) ne compte plus sur le gaz en provenance de Russie – la coalition Ampel s’est donc occupée
depuis des mois du stockage du gaz, auparavant négligé par la grande coalition.
Même le plus grand stockage allemand, à Rheden, qui avait été vendu en 2015 à une filiale de Gazprom et systématiquement vidé en 2021, est désormais rempli aux trois quarts, les droits de la filiale de Gazprom ayant été retirés. L’amélioration de la situation, du moins du côté du stockage, est également due à la baisse de la consommation.
Les chiffres que j’ai déjà pu voir me rendent optimiste quant à l’augmentation des économies de gaz dans le secteur privé également.
(…) L’économie a déjà réduit sa consommation de gaz de plus de 15 pour cent – grâce à des gains d’efficacité, au passage au charbon et au pétrole, ainsi qu’à l’arrêt de certaines productions parce qu’elles ne sont plus rentables. De nombreuses entreprises ont déjà atteint l’objectif d’économie de 20 pour cent, déclare le chef de l’Agence fédérale des réseaux Müller. “C’est grandiose”.
Et même les ménages privés, qui n’avaient pas encore suffisamment économisé cet été, sont en train de changer de comportement. Cette semaine encore, l’agence du réseau veut présenter les chiffres de septembre. “Les chiffres que j’ai déjà pu voir me rendent optimiste quant au fait que l’on économise davantage de gaz dans le secteur privé également”, déclare Müller“.
On a donc bien lu: (1) Certitude d’un sabotage. (2) L’hypothèse de la responsabilité ukrainienne est écartée. (3) Ce sont les Ruuses, vraisemblablement. (4) Dans tous les cas, le très sage gouvernement allemand et les non moins raisonnables citoyens allemands font preuve d’une grande discipline pour apprendre à se passer du gaz russe qui, vous le voyez bien, ne viendra plus.
Pour parachever l’enfermement mental d’une Allemagne qui saborde un peu plus tous les jours son industrie, il faut poser la question écologique. La dernière partie de l’article:
Nadja Ziebarth du bureau de protection de la mer du BUND souligne : “En cas de fuite dans le gazoduc Nord Stream, le gaz remonte directement à la surface de l’eau, ce qui signifie que les effets resteront probablement locaux. C’est toutefois là que les animaux risquent d’être asphyxiés”.
L’effet le plus immédiat est bien sûr la perte d’une ressource précieuse et la libération simultanée d’un gaz à effet de serre. “Le gaz naturel contient surtout du méthane, qui est jusqu’à 25 fois plus nocif pour le climat que le CO2”, souligne Ziebarth. Comme on ne sait pas exactement quel mélange se trouvait en dernier dans les tubes de NordStream, d’autres gaz présents dans la région pourraient toutefois causer des dommages à l’écosystème marin“.
Et comme cela, la boucle est bouclée: les méchants Russes sont les plus grand ennemis de Gaïa, c’est bien connu!
Et pourtant, sur Twitter, un ancien ministre des Affaires Etrangères polonais, aujourd’hui député au Parlement européen, adresse un merci démonstratif aux USA!
Comme me l’écrit un collègue universitaire: “J’étais à Oxford avec Sikorski, il travaille depuis 30 ans pour les services britanniques et américains. Ancien ministre des affaires étrangères de la Pologne il est membre du conseil de direction du Cercle Bilderberg”.
Autant l’hypothèse ukrainienne est peu convaincante; autant la possibilité que ce soit les États-Unis est à examiner.
Evidemment, le Secrétaire d’Etat américain s’est empressé de nier. Cela inspire les commentaires suivants à Maria Dubovikova:
“La situation autour des pipelines Nord Stream I et II est extrêmement suspecte pour de multiples raisons. Et prétendre que ce qui s’est passé avec Nord Stream-I et II ne serait dans l’intérêt de personne, Blinken dissimule. La seule partie qui bénéficie des dommages causés par les pipelines NS-I et NS-II est les États-Unis.
La crise économique en Europe oblige déjà les entreprises et les sociétés à envisager une délocalisation vers les États-Unis, qui offrent un meilleur environnement commercial et des factures d’électricité plus ou moins adéquates. Celles de l’Europe provoquent des faillites de sociétés et d’entreprises et des crises cardiaques de leurs propriétaires.
Et après la destruction des NS-I et NS-II, la situation économique va se détériorer de manière significative. Même si le NS-II n’a pas été lancé, il y avait une chance qu’il le soit, et cette “chance” était considérée sur le marché. Et l’effondrement des turbines NS-I n’a pas été fatal. Maintenant, l’Europe est condamnée.
La destruction économique de l’Europe la rend absolument dépendante des États-Unis sur le plan économique, politique et militaire, la transformant en un satellite fantôme impuissant des États-Unis, sans volonté politique et sans indépendance. Et l’Europe deviendra presque totalement dépendante du gaz américain.
La transformation de l’UE en une sorte de république bananière a déjà commencé. La pire nouvelle pour les citoyens est que cette république bananière a la malchance de se trouver dans le nord de l’hémisphère nord et que l’hiver arrive.
Après les paroles de l’ancien ministre polonais des affaires étrangères (surtout si l’on tient compte de ses antécédents) exprimant sa gratitude envers les États-Unis pour la destruction de la Nouvelle-Zélande, il n’y a presque aucune raison d’entrer dans les détails pour montrer que les États-Unis sont probablement à l’origine de l’attaque.
Néanmoins, il existe certains faits concernant le sabotage de la NS :
1. Reuters rapporte que les sismologues suédois pensent que la seconde explosion de Nord Stream était équivalente en puissance à une explosion de plus de 100 kg de dynamite.
2. La semaine dernière, les navires USS Kearsarge et USS Gunston Hall sont entrés dans Gdynia. Hier (le 26), l’USS Paul Ignatius est entré dans le port pour quelques heures. (Laissez le groupe de travail pour une mission ; reprenez-le après avoir accompli la tâche. Mission accomplie ?)
3. Le 2 septembre, un hélicoptère américain portant l’indicatif FFAB123 a été remarqué en train de manœuvrer dans la zone des pipelines NS. Selon le site ads-b.nl, six aéronefs ont utilisé cet indicatif ce jour-là, dont les numéros de queue de trois d’entre eux ont été établis. Tous sont des Sikorsky MH-60S. En superposant le tracé du FFAB123 au schéma marquant les zones des explosions, on constate que l’hélicoptère a volé soit le long du tracé du Nord Stream-2, soit entre les points où s’est produit l’accident. Pendant ce temps, sur Twitter, il y a des captures d’écran d’autres vols d’avions américains à partir du 13 septembre dans exactement la même zone. Et enfin, en juin, il y avait un article dans le Sea Power, où les Américains se vantent des expériences dans le domaine des drones sous-marins qu’ils ont mis en place lors des exercices BALTOPS 22 – juste dans la zone de l’île de Bronholm.
Pas de théories du complot. Ce sont simplement des faits avérés”
Comme le fait remarquer le canal ASB Military News, ces derniers jours de nombreuses manifestations avaient eu lieu en Allemagne ces derniers jours pour demander la réouverture de Nordstream 1 et l’ouverture de Nordstream 2 !
Source : The Saker francophone.
Par Moon of Alabama – Le 26 septembre 2022
Disclose.tv @disclosetv – 10:03 UTC – Sep 26, 2022
Dernières nouvelles – L’économie allemande s’est considérablement détériorée en septembre. L’indice IFO du climat des affaires continue de chuter.
Le 7 février, le professeur d’économie Michael Hudson expliquait pourquoi les véritables adversaires de l’Amérique sont ses alliés, européens et autres :
Ce qui inquiète les diplomates américains, c’est que l’Allemagne, les autres pays de l’OTAN et les pays situés le long de la « Nouvelle route de la soie » comprennent les gains qui peuvent être réalisés en ouvrant leur commerce et leurs investissements de manière pacifique. S’il n’existe aucun plan russe ou chinois pour les envahir ou les bombarder, pourquoi l’OTAN serait-elle nécessaire ? Et s’il n’existe pas de relation intrinsèquement conflictuelle, pourquoi les pays étrangers doivent-ils sacrifier leurs propres intérêts commerciaux et financiers en s’appuyant exclusivement sur les exportateurs et les investisseurs américains ?
Ce sont ces préoccupations qui ont poussé le président français Macron à invoquer le fantôme de Charles de Gaulle et à exhorter l’Europe à se détourner de ce qu’il appelle la guerre froide « sans cerveau » de l’OTAN et à se débarrasser des accords commerciaux pro-américains qui imposent des coûts croissants à l’Europe tout en la privant des gains potentiels d’un commerce avec l’Eurasie. Même l’Allemagne rechigne à l’idée de se geler jusqu’en mars prochain en se privant du gaz russe.
Au lieu d’une réelle menace militaire de la part de la Russie et de la Chine, le problème pour les stratèges américains est l’absence d’une telle menace.
Ce dont les États-Unis avaient besoin, c’était de provoquer la Russie, et plus tard la Chine, pour qu’elles réagissent aux menaces arrangées par les États-Unis de manière à obliger leurs « alliés » à suivre leurs politiques de sanctions.
Les dirigeants européens, plutôt stupides, sont tombés dans le panneau.
Les États-Unis ont organisé une attaque ukrainienne contre la région du Donbass, tenue par les rebelles. Cette attaque a commencé le 17 février par d’intenses tirs d’artillerie contre les positions du Donbass, comme l’ont enregistré les observateurs de l’OSCE à cette frontière. La Russie devait réagir ou voir les Russes ethniques de ces régions être blessés et tués par des Ukrainiens dévoués aux nazis.
Il n’y avait aucun moyen d’empêcher cela autrement que par des moyens militaires. Le 22 février, la Russie a reconnu les républiques du Donbass comme des États indépendants et a signé des accords de défense avec elles.
Le même jour, le chancelier allemand Olaf Scholz annulait le lancement du gazoduc sous-marin Nord Stream II qui devait transporter le gaz russe vers les industries et les consommateurs allemands.
Les Européens ont lancé une série de sanctions économiques extrêmement sévères contre la Russie, sanctions qui, sous l’impulsion des États-Unis, avaient été préparées des mois à l’avance.
L’opération militaire spéciale de la Russie, en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies, a commencé le 24 février.
Un article de Michael Hudson, publié le 28 février, observe que l’Allemagne a été vaincue pour la troisième fois en un siècle :
Depuis 1991, la force militaire active est celle des États-Unis. En rejetant le désarmement mutuel des pays du Pacte de Varsovie et de l’OTAN, il n’y a pas eu de « dividendes de paix« . Au contraire, la politique américaine de l’administration Clinton visant à mener une nouvelle expansion militaire par le biais de l’OTAN a rapporté des dividendes pendant 30 ans, sous la forme d’un déplacement de la politique étrangère de l’Europe occidentale et d’autres alliés américains hors de leur sphère politique intérieure, vers leur propre sphère de « sécurité nationale » (terme désignant des intérêts rentiers spéciaux qui ne doivent pas être nommés). L’OTAN est devenue l’organe de politique étrangère de l’Europe, au point de dominer les intérêts économiques nationaux.
La récente provocation contre la Russie en soutenant la violence ethnique anti-russe instaurée par le régime néo-nazi ukrainien de l’après-2014 visait à forcer une épreuve de force. Il s’agit d’une réponse à la crainte des intérêts américains de perdre leur emprise économique et politique sur leurs alliés de l’OTAN et d’autres satellites de la zone dollar, car ces pays voyait que leurs principales opportunités de gain étaient dans l’augmentation du commerce et des investissements avec la Chine et la Russie.
…
Comme l’a expliqué le président Biden, l’escalade militaire actuelle (« Provoquer l’ours ») ne concerne pas vraiment l’Ukraine. Biden a promis dès le départ qu’aucune troupe américaine ne serait impliquée. Mais il exige depuis plus d’un an que l’Allemagne empêche le gazoduc Nord Stream 2 d’approvisionner son industrie et ses logements en gaz à bas prix et se tourne vers les fournisseurs américains, dont les prix sont beaucoup plus élevés.
…
Ainsi, l’objectif stratégique américain le plus urgent dans cette confrontation de l’OTAN avec la Russie est la flambée des prix du pétrole et du gaz. En plus de créer des profits et des gains boursiers pour les entreprises américaines, les prix plus élevés de l’énergie vont enlever une grande partie de la vapeur de l’économie allemande.
(Certaines personnes colportent actuellement une « étude secrète de la RAND daté de janvier 2022« . Il s’agit manifestement d’un faux. Il s’agit simplement d’une copie de l’analyse d’Hudson).
Nord Stream II a été créé pour rendre l’Allemagne indépendante des pipelines traversant la Pologne et l’Ukraine. Le bloquer était la chose la plus stupide à faire pour l’Allemagne et le chancelier Scholz l’a donc fait.
Dans les mois qui ont suivi, la Pologne a bloqué le gazoduc Jamal, qui acheminait également du gaz russe en Allemagne. L’Ukraine a suivi en fermant deux pipelines russes. Les principales stations de compression du gazoduc Nord Stream I, que la société allemande Siemens a fait construire et dont elle assure la maintenance, sont tombées en panne les unes après les autres. Des sanctions interdisent à Siemens de les réparer.
Ce n’est pas la Russie qui a bloqué son gaz et son pétrole sur les marchés européens. Ce sont les gouvernements allemand, polonais et ukrainien qui l’ont fait.
En fait, la Russie serait heureuse de vendre davantage. Récemment, Poutine a encore proposé de faire passer autant de gaz russe que possible, par le Nord Stream II vers l’Allemagne :
Après tout, s’ils en ont besoin d’urgence, si les choses vont si mal, il suffit de lever les sanctions contre le Nord Stream 2, avec ses 55 milliards de mètres cubes par an – il leur suffit d’appuyer sur le bouton et ils le feront démarrer. Mais ils ont choisi eux-mêmes de le fermer ; ils ne peuvent pas réparer un pipeline et ont imposé des sanctions contre le nouveau Nord Stream 2 et ne l’ouvriront pas. Sommes-nous à blâmer pour cela ?
C’est le gouvernement allemand qui est à blâmer pour avoir rejeté cette offre.
La guerre économique contre la Russie, qui était censées être gagnée à coup de sanctions, n’a pas réussi à ébranler la Russie. Le rouble est plus fort que jamais. La Russie réalise des bénéfices records, même si elle vend moins de gaz et de pétrole qu’avant la guerre. La Russie connaîtra peut-être une petite récession cette année, mais son niveau de vie n’est pas en déclin.
Comme il était facile de le prévoir, et comme l’a expliqué Michael Hudson, les conséquences économiques des sanctions anti-russes en Europe ont, en revanche, des conséquences catastrophiques pour les industries de l’Europe, ses sociétés et sa position politique dans le monde.
Les gouvernements et les médias s’étaient jusqu’à présent abstenus de noter les problèmes gigantesques qui se profilent et que les chefs d’entreprise avaient signalés très tôt. Ce n’est qu’au cours des deux dernières semaines environ qu’ils ont commencé à avertir.
Der Spiegel, le grand hebdomadaire allemand, s’interroge : Quelle sera l’ampleur de la récession allemande ? et constate l’évidence :
Les premières entreprises allemandes ont commencé à jeter l’éponge et la consommation s’effondre sous l’effet des retombées de l’explosion des prix de l’énergie. L’économie glisse de manière quasi incontrôlée vers une crise qui pourrait affaiblir durablement le pays.
L’article évoque les cinq étapes au cours desquelles la catastrophe se produira.
Premier acte : le gel de la production – Le coût de la production en Allemagne devient prohibitif.
Deuxième acte : le piège des prix – Personne n’achète des produits allemands au prix trop élevés.
Troisième acte : La crise de la consommation – Obligés de payer les prix élevés de l’énergie, les consommateurs allemands achètent moins de tout le reste.
Quatrième acte : La vague de faillites.
Cinquième acte : L’acte final sur le marché du travail.
Lorsque l’Allemagne comptera entre 6 et 10 millions de chômeurs, et que le gouvernement aura moins de recettes fiscales car seules quelques entreprises seront rentables, le système social s’effondrera.
« L’industrie européenne plie sous le poids de la flambée des prix de l’énergie« , titre l’Irish Examiner :
Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a prévenu la semaine dernière qu’il pourrait délocaliser sa production hors d’Allemagne et d’Europe de l’Est si les prix de l’énergie ne baissent pas.
L’Europe paie son gaz sept fois plus cher que les États-Unis, ce qui souligne l’érosion dramatique de la compétitivité industrielle du continent et menace de causer des dommages durables à son économie. Avec le président russe Vladimir Poutine qui redouble ses efforts de guerre en Ukraine, il y a peu de signes que les flux de gaz – et des prix sensiblement plus bas – soient rétablis en Europe à court terme.
OilPrice.com indique que l’Europe fait face à un exode des industries à forte intensité énergétique.
En fait, l’UE sombre dans l’anarchie :
Tous les regards sont tournés vers les résultats des élections italiennes de ce matin, mais l’Europe a des problèmes bien plus graves que la perspective d’un gouvernement de droite. L’hiver arrive, et les conséquences catastrophiques de la crise énergétique que l’Europe s’est imposée se font déjà sentir sur tout le continent.
Alors que les politiciens continuent d’élaborer des plans irréalistes de rationnement de l’énergie, la réalité est que la flambée des prix de l’énergie et la baisse de la demande ont déjà provoqué la réduction de la production ou la fermeture de dizaines d’usines dans un large éventail d’industries à forte intensité énergétique – verre, acier, aluminium, zinc, engrais, produits chimiques – entraînant le licenciement de milliers de travailleurs. Même le New York Times, favorable à la guerre, a récemment été contraint de reconnaître l’impact « paralysant » que les sanctions de Bruxelles ont sur l’industrie et la classe ouvrière en Europe. « Les prix élevés de l’énergie frappent l’industrie européenne, obligeant les usines à réduire rapidement leur production et à mettre des dizaines de milliers d’employés au chômage technique« , a-t-il rapporté.
…
Le fait qu’en dépit de la falaise qui se rapproche à grands pas, personne ne puisse se résoudre à dire l’évidence, à savoir que les sanctions doivent prendre fin, est un véritable signe de la faiblesse des politiciens européens. Il n’y a tout simplement aucune justification morale à la destruction des moyens de subsistance de millions d’Européens simplement pour faire la leçon à Poutine, même si les sanctions contribuaient à atteindre cet objectif, ce qui n’est clairement pas le cas.
Les États-Unis, tout en entrant eux-mêmes également en récession, profiteront, comme ils l’avaient prévu, de la catastrophe européenne.
Le Handelsblatt, un quotidien économique, rapporte que les entreprises allemandes déplacent leur production vers l’Amérique du Nord.
Washington attire les entreprises allemandes grâce à son énergie bon marché et à ses impôts réduits.
Le gouvernement allemand prétend vouloir empêcher cela, mais c’est impossible sans mettre fin aux sanctions énergétiques.
Le New York Times se réjouit bien sûr de cette situation. Alors que les producteurs européens sont évincés de leurs marchés par les prix, les États-Unis prennent le relais :
L’emploi dans les usines explose, comme dans les années 70.
L’industrie manufacturière américaine connaît un rebond, les entreprises ajoutant des travailleurs dans un contexte de forte demande des consommateurs pour des produits…
Les États-Unis, avec l’aide des politiciens européens, mènent une guerre contre les peuples d’Europe et leur niveau de vie. Ils sont maintenant sur le point de gagner cette guerre.
Aucune aide ne viendra de l’extérieur pour empêcher que cela se produise :
L’Allemagne n’obtient qu’un seul pétrolier pendant la tournée de Scholz dans le Golfe.
L’Europe, et en particulier l’Allemagne, ne peut échapper à ce piège évident que si elle ouvre les gazoducs venant de Russie. Il serait grand temps de le faire.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Conclusion partielle :
En provoquant la fermeture d'usine européennes faute d'énergie bon marché, "l'Ami Américain" va s'approprier à vil prix, des centaines "d'ALSTOM"...
Belle manoeuvre ...et nos gouvernants n'ont rien vu venir ! Bravo !
Les mois et années à venir seront très rudes...à moins que....???
JMR
J’ai reçu une excellente question d’un lecteur allemand qui se trouve également être journaliste. Il a demandé : « Quel serait un moyen et quelles seraient les implications pratiques si l’Europe en général et l’Allemagne en particulier devaient rompre avec les États-Unis afin de trouver un cadre européen de paix et économique incluant la Russie ? »
La flagornerie lâche dont ont fait preuve l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni dans leur étreinte passionnée de la confrontation de l’Amérique avec la Russie est maintenant sous respirateur artificiel.
Malgré les menaces explosives continues de continuer à armer l’Ukraine jusqu’à l’effondrement de la Russie, la réalité économique frappe les Européens comme une douche glacée d’une lance à incendie. L’inflation rapide, en particulier dans le secteur de l’énergie, oblige les usines et les entreprises à fermer leurs portes.
La désindustrialisation de l’Europe, en particulier de l’Allemagne et du Royaume-Uni, a commencé. Les aciéries allemandes ferment, les boulangeries allemandes essaient de trouver un moyen de payer des factures de services publics qui grimpent tout en continuant à fabriquer du pain et des bretzels et le fabricant allemand de papier toilette Hakle GmbH a demandé une procédure d’insolvabilité en auto-administration. Si vous n’avez pas de bidet ou de seau plein de sable, le papier toilette est un article indispensable.
La spirale inflationniste peut conduire au jour où il est moins cher de s’essuyer le cul avec un billet de 100 euros que trois feuilles de Hakle.
Ainsi, la situation économique dans chacun des pays va créer une énorme pression intérieure pour que les gouvernements européens respectifs, qui encouragent actuellement l’Ukraine et maudissent la Russie, les poussent à repenser leurs politiques. La guerre russo-ukrainienne a déjà créé des fissures importantes parmi les membres de l’UE, la Hongrie refusant d’imposer de nouvelles sanctions à la Russie. Les électeurs froids et affamés seront de plus en plus indignés d’envoyer des millions de dollars en Ukraine alors que les privations se multiplieront de Berlin à Londres.
Le fossé entre l’Europe et la Russie est énorme et la Russie n’est pas d’humeur à pardonner les insultes lancées contre tout ce qui est russe, le vol des ressources financières russes et la facilitation par l’Europe des attentats terroristes contre les futurs nouveaux citoyens russes des oblasts de Kherson, Zaporijia, Donetsk et Lougansk.
La Russie détient l’atout essentiel – elle peut activer le flux de gaz et de pétrole essentiel pour relancer la fabrication et le chauffage domestique en Europe. Mais je ne pense pas que la Russie le fera sans contrepartie. Qu’est-ce que cela pourrait être ?
Et si l’Europe rompait avec l’OTAN ? Ou, plus simplement, l’éclatement de l’OTAN.
Jusqu’à présent, l’Europe a adopté l’illusion que la Russie ne peut pas fonctionner économiquement sans un marché européen. Les six derniers mois de l’opération militaire spéciale de la Russie ont prouvé que le contraire est vrai : Sans les ressources clés de la Russie, l’Europe est une économie morte marchant nue dans un hiver glacial.
Les deux principaux partenaires commerciaux de l’Europe sont la Chine et les États-Unis. L’Europe est en déficit commercial avec la Chine. Si la Chine exige le paiement en dollars, plutôt qu'en euros, alors la pression inflationniste sur l’Europe s’intensifiera.
Pourquoi ? Parce que la valeur du dollar US a grimpé en flèche par rapport à l’Euro et à la Livre Sterling. Ils devront dépenser plus d’Euros pour acheter des Dollars, ce qui signifie que le déficit commercial avec la Chine risque de s’aggraver.
La situation avec les États-Unis est à l’opposé. Les États-Unis ont enregistré un déficit avec l’Europe qui, à son tour, a bénéficié d’un excédent. Cet excédent disparaîtra ou, au minimum, diminuera de façon spectaculaire. La capacité de l’Allemagne à exporter des produits vers les États-Unis va s’affaiblir à cause du prix du dollar et parce que les usines européennes fermeront ou réduiront leur production.
À moins d’un revirement miracle – c’est-à-dire que l’inflation disparaisse et que la crise énergétique se dissipe – la situation en Europe deviendra plus désastreuse. L’histoire de ce genre de bouleversements économiques est jonchée des cadavres de politiciens qui ont insisté pour pousser des politiques qui nuisent à leurs électeurs. L’échec de la République de Weimar en Allemagne a ouvert la voie à l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. Je ne suggère pas qu’un nouvel Hitler attend dans les coulisses, mais je crois que le pouvoir actuellement exercé par les Verts à travers l’Europe sera réduit ou même étouffé.
Les États-Unis font face à leur propre catastrophe économique imminente. L’effondrement du marché boursier – désormais en baisse de plus de 20% depuis le premier de l’année – devrait se poursuivre. Malgré l’insistance stridente de l’administration Biden sur le fait qu’il n’y a pas de récession, les signes de récession se multiplient, en particulier sur le marché du logement. Mais la détérioration de la situation économique n’est pas encore suffisante pour générer la pression politique nécessaire parmi l’électorat étasunien propagandisé pour qu’il renonce à envoyer des milliards à l’Ukraine. Un choc majeur de stagflation ou un effondrement de l’armée ukrainienne pourrait cependant changer ce calcul.
Les États-Unis et l’Europe jouent un jeu de poker à gros enjeux avec la Russie. Ils ont parié tous leurs jetons que l’Ukraine vaincra la Russie ou forcera la Russie à la table des négociations et que Poutine, chapeau à la main, rampera sur le ventre devant les maîtres occidentaux et demandera de l’aide. C’est fou. Mais il y a beaucoup de politiciens et d’experts habitant des coins sombres de Washington qui croient profondément à ce fantasme.
La Russie ne joue pas au poker. La Russie joue aux échecs et elle y joue bien. Les relations commerciales et militaires en plein essor de la Russie avec la Chine, l’Iran, l’Inde et le Pakistan, l’Arabie saoudite et le Brésil renforcent la position de Poutine, et non l’affaiblissent. L’effondrement éventuel de l’Ukraine à la suite d’une économie en ruine et/ou de défaites sur le champ de bataille sera plus qu’un œil au beurre noir pour l’OTAN et, par extension, pour l’Europe. Cela détruirait probablement la raison d’être de l’OTAN. Cela, à son tour, jettera les bases d’un rapprochement avec la Russie sans les États-Unis.
L’âge du Colosse des États-Unis touche à sa fin. L’Oncle Sam n’aura plus de meute de Yorkshires, Caniches et Teckels européens qui jappent en laisse. Je pense que nous sommes au seuil d’un nouvel ordre international multipolaire qui brisera enfin l’héritage du colonialisme européen et de l’impérialisme américain.
Comme Garland Nixon l’a sagement noté, « le Général Hiver est en marche ».
source : Sonar 21
par Bruno Berthez - Le 28/09/2022.
Le lundi 26 septembre, plus près de la nuit, on a appris que la pression baissait dans les gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2. Ce matin, les Danois ont signalé que l’accident s’était produit dans leurs eaux près de l’île de Bornholm. D’énormes trous béants dans trois branches de deux gazoducs à partir desquels le gaz est rejeté dans les eaux de la Baltique. Sur des centaines de mètres autour de la surface de la mer bouillonne de bulles montantes.
Déjà dans la matinée, les Allemands et les Danois ont annoncé qu’il y avait très probablement une diversion. Leur modeste silence concernant qui ils considèrent comme le saboteur probable indique qu’ils ne soupçonnent clairement pas la Russie. Dans l’après-midi, le Kremlin a soutenu la version du sabotage, dans le même temps, avec la prudence traditionnelle, proposant d’attendre la décision de la Commission Nord Stream, qui est déjà sur place avec les causes de l’accident, pour des conclusions définitives.
Dans le même temps, les Suédois ont signalé que leurs sismographes avaient enregistré des explosions sous-marines sur le site de l’accident. Le dernier point a été mis par les médias allemands, qui se sont souvenus qu’en été, les navires américains tournaient dans cette zone pendant longtemps, éteignant même temporairement les répondeurs.
Je dirai tout de suite qu’avant même d’avoir reçu toutes les informations, j’en suis venu à la conclusion qu’il ne pouvait s’agir que d’un sabotage. De plus, une météorite pourrait frapper à un endroit et à un moment donné, mais un «caillou» d’une taille telle qu’il est nécessaire de tuer trois branches de deux gazoducs espacés de quelques kilomètres ne pourrait pas se perdre dans l’espace. Le monde entier le verrait et l’entendrait. J’ai également suggéré que les saboteurs n’ont pas agi aujourd’hui – ce serait trop perceptible, mais ont effectué une ou plusieurs opérations pour planter des explosifs plus tôt (comme il s’est avéré maintenant, en été), ce qui implique une préparation précoce pour X heure.
Je suis également arrivé à la conclusion (je ne suis pas un fonctionnaire, je n’ai pas besoin des conclusions de la commission et d’une inspection des lieux pour cela) que le seul État qui avait les capacités techniques pour effectuer un tel sabotage et en même temps temps en serait son bénéficiaire est les États-Unis. Cette confiance est confirmée par le fait qu’ils n’ont même pas essayé de déguiser le sabotage en accident ordinaire. Ils ont juste effrontément précipité le gazoduc et c’est tout.
Je n’ai même pas été surpris par le dernier rapport sur les navires américains qui filaient cet été dans la zone du futur sabotage. Bien sûr, les États-Unis pourraient embaucher des Polonais, des Ukrainiens, des Africains ou leurs propres PMC, les amener dans la région sur un navire sous pavillon ivoirien ou burkinabé, et tout faire sans se faire remarquer. Mais ils n’en avaient pas besoin.
D’abord, ils avaient peur que les Afro-Ukro-Polonais gâchent quelque chose. Deuxièmement, ils avaient besoin que tout le monde sache qui l’avait fait et pourquoi, mais ils ne pouvaient pas le prouver. À cet égard, il est plus fiable de compter sur vos propres saboteurs. Ils ne le diront à personne avec certitude. Les mercenaires, bien sûr, peuvent être tués, mais il y aura alors des traces sous la forme de cadavres et de témoins sous la forme de leurs proches, connaissances, ceux qui ont loué le navire, etc. On ne sait jamais à qui et ce qu’ils pourraient dire avant de partir à l’affaire, qui et ce qui aurait pu être négligé.
Pourquoi les Américains ont-ils préparé ce sabotage et pourquoi ils l’ont fait exploser maintenant : ni plus tôt ni plus tard.
Peut-être que tout le monde n’y a pas prêté attention, mais ces dernières semaines, dans le contexte de la préparation et de la tenue de référendums dans les régions libérées [du Donbass], des «fuites» ont afflué sur Internet selon lesquelles la Russie mènerait des «négociations secrètes» avec les États-Unis. Sur le «gel du conflit» et est sur le point de parvenir à une sorte de consensus.
Je n’ai aucun doute que des consultations par le biais d’intermédiaires étaient en cours. Telle est la nature de ces conflits et la méthode de leur règlement. Cependant, nous savons aussi que les États-Unis, le collectif occidental et l’Ukraine, manifestement de connivence, ont posé des conditions totalement inacceptables pour le début des négociations. Ils n’exigeaient rien de plus et rien de moins [pour la Russie] que de quitter tous les territoires libérés, y compris la Crimée, précisant à l’avance qu’après cela les négociations porteraient principalement sur le volume et la procédure de paiement des réparations par la Russie.
Je n’exclus pas que dans cette position de demande, ils aient envisagé une éventuelle renonciation à la demande de quitter la Crimée et de payer des réparations à l’Ukraine. Mais ils voulaient clairement signifier publiquement la victoire sur la Russie par un retrait honteux du reste du territoire, y compris le Donbass, et en fixant un « maximum » aux prix de l’énergie.
Ils ne croyaient pas vraiment que Poutine déciderait de mobiliser. Les Américains savent par leur propre expérience vietnamienne à quel point cela secoue la société. Nous aussi, nous nous souvenons encore des troubles publics en URSS dus au fait qu’une armée de recrutement, et non une armée sous contrat, a combattu en Afghanistan.
Il semble que même après son annonce aux États-Unis, ils aient cru que c’était un bluff. De plus, ils croyaient clairement que les référendums sur l’entrée de nouveaux territoires en Russie étaient un bluff et seraient abandonnés au dernier moment. Ce n’est pas un hasard si Poutine, dans son discours, s’adressant à l’Occident, a affirmé avec insistance la volonté de la Russie d’accepter ces territoires dans leur composition, ainsi que de les défendre en utilisant toutes les capacités disponibles, y compris les armes nucléaires, ce n’est pas un bluff.
Les Américains et la presse européenne qu’ils contrôlaient à pleine capacité ont déclenché l’hystérie concernant le «chantage nucléaire de Poutine» et la prétendue volonté de la Russie d’utiliser des armes nucléaires en Ukraine. Ils ont commencé à mener des exercices sur le comportement des citoyens lors d’une attaque nucléaire et ont commencé à attendre la réfutation des intentions « de protéger à tout prix ».
Mais ensuite, les référendums ont commencé . Ils ont eu lieu. Les décisions ont été prises, il ne reste plus qu’à les mettre en œuvre par la décision du parlement russe et la signature des documents pertinents par les chefs des États provisoires et le président de la Russie.
Washington s’est enfin rendu compte que Poutine avait répondu à leur ultimatum. A sa façon!
Sa réponse à leur proposition de quitter l’Ukraine, de se repentir, de payer et, peut-être, un jour de recevoir le pardon, a été l’annexion des territoires libérés à la Russie. En fait, ce fut la seule conséquence réelle des référendums. Ils rendent aussi difficile que possible pour la Russie de quitter ces territoires. C’est une chose de quitter le territoire de l’Ukraine, occupé par les troupes russes. Mais c’est une autre affaire de quitter les territoires de la Russie, où vivent des citoyens russes, qui ont publiquement voté pour la Russie et sont donc des victimes potentielles du régime ukrainien.
Même une simple exportation vers le territoire russe de 5 à 10 millions de nouveaux citoyens démunis ébranlerait la situation intérieure. Sans parler du fait que la société russe elle-même n’accepterait pas une paix aussi honteuse.
Ainsi, en organisant des référendums, en se mobilisant et en se déclarant prêt à défendre la Russie déjà à l’intérieur des nouvelles frontières, Poutine a brûlé les navires, coupé la possibilité pour lui-même et le pays de battre en retraite sous la pression, et en même temps a fait monter les enchères pour les Américains.
Il s’agit de la deuxième escalade aussi forte depuis l’ultimatum russe de décembre. Ensuite, les Américains ont ignoré la Russie. Le résultat est connu.
Washington a décidé de réagir avec une certaine préemption et a fait sauter les gazoducs. Les États-Unis sont bien conscients qu’il s’agit d’un défi ouvert – une déclaration publique de guerre (guerre chaude). Mais jusqu’à présent, ils n’assument pas formellement leur responsabilité, même s’ils ne cachent pas leur participation, laissant une certaine marge de négociation.
En fait, les États-Unis ont réagi à nos référendums en augmentant les mises . De plus, l’ayant fait à l’avance, ils se réservent la possibilité de répondre à nouveau, cette fois par l’imposition officielle de sanctions.
En même temps, seule l’Europe souffre de la provocation américaine, ce qui n’est pas dommage. Au contraire, les États-Unis, qui ont besoin d’une ressource européenne pour prolonger leur agonie, veulent s’assurer de l’exode des capitaux européens, ils veulent que le flux de 6 000 milliards de dollars de capitaux européens traverse l’océan d’ici la fin de cette année.
Pour l’Europe, c’est la dernière chance de se rebeller contre le désastreux diktat américain et, avec nous, de rétablir les relations sur de nouvelles bases, d’empêcher l’Amérique de pousser l’humanité dans une crise nucléaire.
Mais je doute que les gouvernements européens infantiles des gauchistes libéraux trouvent la volonté de le faire.
Cela signifie que dans quelques jours, lorsque l’Europe déterminera sa position elle refusera d’accuser les États-Unis de sabotage.
La balle sera à nouveau dans la moitié de terrain russe et le monde pourra observer comment la Russie réagira à cette provocation.
Une réponse partielle sera l’achèvement de la procédure d’acceptation de nouvelles régions [du Donbass] en Russie. Les États-Unis voulaient clairement dire que dans l’un des scénarios improbables, la Russie pourrait reculer au dernier moment et « reporter le vote à la Douma ». La réponse devra être donnée spécifiquement à la provocation que constitue l’explosion du gazoduc. Et la réponse devra être très dure, ce qui signifie que les enjeux remonteront à nouveau.
Rostislav Ichtchenko, 27/09/2022 /
Le sabotage des gazoducs Nord Stream (NS) et Nord Stream 2 (NS2) dans la mer Baltique a propulsé de manière inquiétante le « capitalisme du désastre » à un tout nouveau niveau toxique.
Cet épisode de guerre industrielle/commerciale hybride, sous la forme d’une attaque terroriste contre une infrastructure énergétique dans les eaux internationales, signale l’effondrement absolu du droit international, noyé dans un ordre « notre voie ou l’autoroute » « fondé sur des règles ».
L’attaque contre les deux pipelines a consisté à faire exploser de multiples charges explosives dans des branches séparées près de l’île danoise de Bornholm, mais dans les eaux internationales.
Il s’agissait d’une opération sophistiquée, menée de manière furtive dans la faible profondeur des détroits danois. Cela exclut a priori les sous-marins (les navires entrant dans la Baltique sont limités à un tirant d’eau de 15 mètres). Quant aux éventuels navires « invisibles », ils ne pourraient flâner qu’avec l’autorisation de Copenhague – les eaux autour de Borholm étant truffées de capteurs, ce qui traduit la crainte d’une incursion des sous-marins russes.
Les sismologues suédois ont enregistré deux explosions sous-marines lundi, dont l’une a été estimée à 100 kg de TNT. Pourtant, jusqu’à 700 kg pourraient avoir été utilisés pour faire sauter trois nœuds de pipelines distincts. Une telle quantité n’aurait pas pu être acheminée en une seule fois par les drones sous-marins actuellement disponibles dans les pays voisins.
La pression sur les pipelines a chuté de manière exponentielle. Les tuyaux sont maintenant remplis d’eau de mer.
Les canalisations sur NS et NS2 peuvent être réparées, bien sûr, mais guère avant l’arrivée du général Winter. La question est de savoir si Gazprom – qui se concentre déjà sur plusieurs gros clients eurasiens – s’en donnerait la peine, surtout si l’on considère que les navires de Gazprom pourraient être exposés à une éventuelle attaque navale de l’OTAN dans la Baltique.
Les responsables allemands affirment déjà que le NS et le NS2 peuvent « potentiellement » être hors service « pour toujours ». L’économie et les citoyens de l’UE avaient grandement besoin de cet approvisionnement en gaz. Pourtant, l’eurocratie de Bruxelles – qui règne sur les États-nations – n’a pas voulu suivre, car elle a été dictée par l’Empire du chaos, du mensonge et du pillage. On peut dire que cette Euro-oligarchie devrait un jour être jugée pour trahison.
En l’état actuel des choses, une irréversibilité stratégique est déjà évidente ; la population de plusieurs nations de l’UE paiera un prix énorme et subira de graves conséquences dérivées de cette attaque, à court, moyen et long terme.
La Première ministre suédoise Magdalena Andersson a admis qu’il s’agissait d’une « affaire de sabotage ». Le Premier ministre danois Mette Frederiksen a admis que « ce n’était pas un accident ». Berlin est d’accord avec les Scandinaves.
Comparez maintenant avec l’ancien ministre polonais de la Défense (2005-2007) Radek Sikorski, un russophobe marié à une « analyste » américaine enragée, Anne Applebaum, qui a joyeusement tweeté « Merci, USA ».
C’est de plus en plus curieux quand on sait que, simultanément au sabotage, le Baltic Pipe de la Norvège à la Pologne a été partiellement ouvert, un « nouveau corridor d’approvisionnement en gaz » desservant « les marchés danois et polonais » : en fait, c’est une affaire mineure, étant donné qu’il y a quelques mois, leurs commanditaires avaient des difficultés à trouver du gaz, et maintenant ce sera encore plus difficile, avec des coûts beaucoup plus élevés.
Le NS2 avait déjà été attaqué – au grand jour – tout au long de sa construction. En février, des navires polonais ont activement tenté d’empêcher le navire de pose de tuyaux Fortuna de terminer NS2. Les tuyaux étaient posés au sud de Bornholm, vous l’avez deviné.
L’OTAN, pour sa part, a été très active dans le domaine des drones sous-marins. Les Américains ont accès à des drones sous-marins norvégiens longue distance qui peuvent être modifiés avec d’autres modèles. Il est également possible que des plongeurs professionnels de la marine aient été employés pour le sabotage, même si les courants de marée autour de Bornholm sont un problème sérieux.
Le tableau d’ensemble révèle un Occident collectif en proie à une panique absolue, avec des « élites » atlantistes prêtes à tout – mensonges scandaleux, assassinats, terrorisme, sabotage, guerre financière totale, soutien aux néonazis – pour empêcher leur descente dans un abîme géopolitique et géoéconomique.
La désactivation de NS et NS2 représente la fermeture définitive de toute possibilité d’un accord germano-russe sur l’approvisionnement en gaz, avec l’avantage supplémentaire de reléguer l’Allemagne au statut inférieur de vassal absolu des États-Unis.
Cela nous amène donc à la question clé de savoir quel appareil de renseignement occidental a conçu le sabotage. Les principaux candidats sont bien sûr la CIA et le MI6, la Pologne étant le bouc émissaire et le Danemark jouant un rôle très douteux : il est impossible que Copenhague n’ait pas été au moins « informé » des renseignements.
Toujours aussi clairvoyants, les Russes posaient dès avril 2021 des questions sur la sécurité militaire du Nord Stream.
Le vecteur crucial est que nous sommes peut-être confrontés au cas d’un membre de l’UE/OTAN impliqué dans un acte de sabotage contre la première économie de l’UE/OTAN. C’est un casus belli. En dehors de l’effroyable médiocrité et de la lâcheté de l’administration actuelle à Berlin, il est clair que le BND – les services secrets allemands – ainsi que la marine allemande et les industriels avertis feront tôt ou tard le calcul.
Cette attaque est loin d’être isolée. Le 22 septembre, il y a eu une tentative contre le Turkish Stream par des saboteurs de Kiev. La veille, des drones navals avec des identifiants en anglais ont été trouvés en Crimée, soupçonnés de faire partie du complot. Ajoutez à cela les hélicoptères américains qui ont survolé les futurs nœuds de sabotage il y a quelques semaines ; un navire de « recherche » britannique qui rôde dans les eaux danoises depuis la mi-septembre ; et l’OTAN qui a tweeté sur les essais de « nouveaux systèmes sans pilote en mer » le jour même du sabotage.
Le ministre danois de la Défense a rencontré d’urgence le secrétaire général de l’OTAN ce mercredi. Après tout, les explosions se sont produites très près de la zone économique exclusive (ZEE) du Danemark. Cette rencontre peut être qualifiée au mieux de kabuki grossière ; exactement le même jour, la Commission européenne (CE), le bureau politique de facto de l’OTAN, a avancé son obsession habituelle : davantage de sanctions contre la Russie, notamment le plafonnement certifié à l’échec des prix du pétrole.
Pendant ce temps, les géants européens de l’énergie sont condamnés à perdre beaucoup avec le sabotage.
Parmi eux figurent les Allemands Wintershall Dea AG et PEG/ E.ON, la société néerlandaise N.V. Nederlandse Gasunie et le Français ENGIE. Ensuite, il y a ceux qui ont financé NS2 : Wintershall Dea à nouveau ainsi qu’Uniper ; l’autrichien OMV ; ENGIE à nouveau ; et le britannique et néerlandais Shell. Wintershall Dea et ENGIE sont à la fois copropriétaires et créanciers. Leurs actionnaires furieux voudront des réponses sérieuses de la part d’une enquête sérieuse.
Il y a pire : tous les coups sont permis sur le front de la terreur des pipelines. La Russie sera en alerte rouge non seulement pour Turk Stream mais aussi pour Force de Sibérie. Idem pour les Chinois et leur labyrinthe de pipelines arrivant au Xinjiang.
Quelle que soit la méthodologie et les acteurs qui étaient dans la boucle, il s’agit d’une revanche – à l’avance – pour l’inévitable défaite collective de l’Occident en Ukraine. Il s’agit également d’un avertissement brutal à l’intention des pays du Sud : ils recommenceront. Mais l’action engendre toujours la réaction : à partir de maintenant, de « drôles de choses » pourraient également arriver aux pipelines américains et britanniques dans les eaux internationales.
L’oligarchie européenne est en train d’atteindre un processus avancé de désintégration à la vitesse de l’éclair. Leur fenêtre d’opportunité pour au moins tenter de jouer un rôle d’acteur géopolitique stratégiquement autonome est maintenant fermée.
Ces eurocrates sont maintenant confrontés à une grave situation difficile. Lorsqu’il sera clair qui sont les auteurs du sabotage dans la Baltique, et lorsqu’ils comprendront toutes les conséquences socio-économiques qui changeront la vie des citoyens de l’UE, le kabuki devra s’arrêter. Notamment l’intrigue secondaire, déjà en cours, selon laquelle la Russie aurait fait exploser son propre gazoduc alors que Gazprom aurait simplement pu fermer les vannes pour de bon.
Et une fois de plus, la situation s’aggrave : Gazprom menace de poursuivre la société énergétique ukrainienne Naftofgaz pour factures impayées. Cela conduirait à la fin du transit du gaz russe de l’Ukraine vers l’UE.
Comme si tout cela n’était pas assez grave, l’Allemagne est contractuellement obligée d’acheter au moins 40 milliards de mètres cubes de gaz russe par an jusqu’en 2030.
Refuser ? Ils ne peuvent pas : Gazprom a le droit d’être payé même sans livrer de gaz. C’est l’esprit d’un contrat à long terme. Et c’est déjà le cas : à cause des sanctions, Berlin ne reçoit pas tout le gaz dont il a besoin mais doit quand même payer.
Il est désormais évident que les gants de velours impériaux sont retirés en ce qui concerne les vassaux. Indépendance de l’UE : verboten. Coopération avec la Chine : verboten. Connectivité commerciale indépendante avec l’Asie : verboten. La seule place pour l’UE est d’être économiquement assujettie aux États-Unis : un remix sordide des années 1945-1955. Avec une tournure néolibérale perverse : nous posséderons votre capacité industrielle, et vous n’aurez rien.
Le sabotage de NS et NS2 fait partie intégrante du rêve impérial de diviser la masse terrestre eurasienne en mille morceaux pour empêcher une consolidation transeurasienne entre l’Allemagne (représentant l’UE), la Russie et la Chine : 50 000 milliards de dollars de PIB, sur la base de la parité du pouvoir d’achat (PPA), contre 20 000 milliards de dollars pour les États-Unis.
Nous devons revenir à Mackinder : le contrôle de la masse terrestre eurasienne constitue le contrôle du monde. Les élites américaines et leurs chevaux de Troie à travers l’Europe feront tout ce qu’il faut pour ne pas céder leur contrôle.
Dans ce contexte, les « élites américaines » englobent la « communauté de l’information » dérangée, straussienne et infestée de néoconservateurs, ainsi que les grandes entreprises énergétiques, pharmaceutiques et financières qui les paient et qui profitent non seulement de l’approche de la guerre éternelle de l’État profond, mais qui veulent aussi faire un malheur avec la Grande Réinitialisation inventée à Davos.
Les Années Folles ont commencé par un meurtre, celui du général Soleimani. Faire exploser des pipelines fait partie de la suite. Il y aura une autoroute de l’enfer jusqu’en 2030. Pour emprunter à Shakespeare, l’enfer est définitivement vide, et tous les diables (atlantistes) sont là.
source : Press TV
traduction Réseau International
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Les discussions secrètes entre la Russie et l’Allemagne pour résoudre leurs problèmes de Nord Stream 1 et 2 devaient être évitées à tout prix.
La guerre des couloirs économiques est entrée dans un territoire incandescent et inexploré : Le terrorisme des pipelines.
Une opération militaire sophistiquée – qui a nécessité une planification exhaustive, impliquant probablement plusieurs acteurs – a fait exploser cette semaine quatre sections distinctes des gazoducs Nord Stream (NS) et Nord Stream 2 (NS2) dans les eaux peu profondes du détroit du Danemark, en mer Baltique, près de l’île de Bornholm.
Les sismologues suédois ont estimé que la puissance des explosions pourrait avoir atteint l’équivalent de 700 kg de TNT. Les deux tubes NS et NS2, à proximité des forts courants autour de Borholm, sont placés au fond de la mer à une profondeur de 60 mètres.
Les tuyaux sont construits en béton armé, capables de résister à l’impact des ancres de porte-avions, et sont pratiquement indestructibles sans charges explosives importantes. L’opération – qui provoque deux fuites près de la Suède et deux près du Danemark – devrait être effectuée par des drones sous-marins modifiés.
Tout crime implique un mobile. Le gouvernement russe voulait – du moins jusqu’au sabotage – vendre du pétrole et du gaz naturel à l’UE. L’idée que les services secrets russes détruiraient les pipelines de Gazprom est plus que ridicule. Tout ce qu’ils avaient à faire était de fermer les vannes. NS2 n’était même pas opérationnel, sur la base d’une décision politique de Berlin. Le flux de gaz dans NS était entravé par les sanctions occidentales. En outre, un tel acte aurait impliqué que Moscou perde un levier stratégique clé sur l’UE.
Des sources diplomatiques confirment que Berlin et Moscou étaient engagés dans une négociation secrète pour résoudre les problèmes de NS et de NS2. Il fallait donc les stopper – tous les coups sont permis. D’un point de vue géopolitique, l’entité qui avait le motif d’arrêter un accord tient en échec une alliance possible à l’horizon entre l’Allemagne, la Russie et la Chine.
La possibilité d’une enquête « impartiale » sur un acte de sabotage aussi monumental – coordonné par l’OTAN, rien de moins – est négligeable. Des fragments des explosifs/drones sous-marins utilisés pour l’opération seront certainement retrouvés, mais les preuves peuvent être altérées. Les doigts atlantistes accusent déjà la Russie. Il nous reste donc des hypothèses de travail plausibles.
Cette hypothèse est éminemment solide et semble être basée sur des informations provenant de sources de renseignement russes. Bien sûr, Moscou a déjà une assez bonne idée de ce qui s’est passé (satellites et surveillance électronique fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7), mais elle ne veut pas le rendre public.
L’hypothèse se concentre sur la marine et les forces spéciales polonaises comme auteurs physiques (tout à fait plausible ; le rapport offre de très bons détails internes), la planification et le soutien technique américains (extra plausible), et l’aide des armées danoise et suédoise (inévitable, étant donné que cela s’est passé très près de leurs eaux territoriales, même si cela a eu lieu dans les eaux internationales).
Cette hypothèse s’inscrit parfaitement dans le cadre d’une conversation avec une source du renseignement allemand, qui a déclaré au Cradle que le Bundesnachrichtendienst (BND ou renseignement allemand) était « furieux » car « il n’était pas dans le coup ».
Bien sûr que non. Si l’hypothèse est correcte, il s’agissait d’une opération manifestement anti-allemande, susceptible de dégénérer en une guerre intra-OTAN.
L’article 5 de l’OTAN, souvent cité – « une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous » – ne dit évidemment rien d’une attaque de l’OTAN contre l’OTAN. Après la perforation des pipelines, l’OTAN a publié une déclaration mièvre dans laquelle elle « croit » que ce qui s’est passé est un sabotage et « répondra » à toute attaque délibérée contre ses infrastructures critiques. NS et NS2, soit dit en passant, ne font pas partie de l’infrastructure de l’OTAN.
L’ensemble de l’opération a dû être approuvé par les Américains, et déployé sous leur marque de fabrique Diviser pour mieux régner. « Américains » signifie dans ce cas les néo-conservateurs et les néo-libéraux qui dirigent la machine gouvernementale à Washington, derrière le lecteur de téléprompteur sénile.
Il s’agit d’une déclaration de guerre contre l’Allemagne et contre les entreprises et les citoyens de l’UE – et non contre la machine eurocrate kafkaïenne de Bruxelles. Ne vous méprenez pas : C’est l’OTAN qui dirige Bruxelles, et non la chef de la Commission européenne (CE) et Russophobe enragée Ursula von der Leyen, qui n’est qu’une humble servante du capitalisme financier.
Il n’est pas étonnant que les Allemands soient complètement muets ; aucun membre du gouvernement allemand n’a, jusqu’à présent, dit quoi que ce soit de substantiel.
À l’heure qu’il est, tous les bavards sont au courant du tweet de l’ancien ministre de la Défense polonais et actuel député européen Radek Sirkorski : « Merci, les États-Unis ». Mais pourquoi la petite Pologne serait-elle sur le devant de la scène ? Il y a la russophobie atavique, un certain nombre de raisons politiques internes très alambiquées, mais surtout, un plan concerté pour attaquer l’Allemagne sur la base d’un ressentiment refoulé – notamment de nouvelles demandes de réparations pour la Seconde Guerre mondiale.
Les Polonais, en outre, sont terrifiés à l’idée qu’avec la mobilisation partielle de la Russie et la nouvelle phase de l’opération militaire spéciale – bientôt transformée en opération antiterroriste – le champ de bataille ukrainien se déplace vers l’ouest. L’éclairage et le chauffage électriques ukrainiens seront très certainement détruits. Des millions de nouveaux réfugiés en Ukraine occidentale tenteront de passer en Pologne.
En même temps, il y a un sentiment de « victoire » représenté par l’ouverture partielle du Baltic Pipe dans le nord-ouest de la Pologne – presque simultanément avec le sabotage.
Vous parlez d’un bon timing. Baltic Pipe transportera du gaz de la Norvège à la Pologne via le Danemark. Sa capacité maximale n’est que de 10 milliards de mètres cubes, soit dix fois moins que le volume fourni par NS et NS2. Le Baltic Pipe peut donc suffire à la Pologne, mais n’a aucune valeur pour les autres clients de l’UE.
Pendant ce temps, le brouillard de la guerre s’épaissit de minute en minute. Il a déjà été prouvé que des hélicoptères américains survolaient les nœuds de sabotage il y a quelques jours à peine, qu’un navire de « recherche » britannique rôdait dans les eaux danoises depuis la mi-septembre et que l’OTAN a tweeté au sujet de l’essai de « nouveaux systèmes sans pilote en mer » le jour même du sabotage. Sans oublier que Der Spiegel a publié un rapport surprenant intitulé « La CIA a averti le gouvernement allemand contre des attaques sur les oléoducs de la mer Baltique », ce qui pourrait être un moyen habile de nier la réalité.
Le ministère russe des Affaires étrangères a été tranchant comme un rasoir : « L’incident a eu lieu dans une zone contrôlée par les services de renseignement américains ». La Maison Blanche a été contrainte de « clarifier » que le président Joe Biden – dans une vidéo de février devenue virale – n’avait pas promis de détruire NS2 ; il avait promis de « ne pas permettre » son fonctionnement. Le département d’État américain a déclaré que l’idée que les États-Unis soient impliqués est « absurde ».
Il revenait au porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, d’offrir une bonne dose de réalité : les dommages causés aux pipelines posaient un « gros problème » à la Russie, qui perdait essentiellement ses voies d’approvisionnement en gaz vers l’Europe. Les deux lignes NS2 avaient été remplies de gaz et – point crucial – étaient prêtes à le livrer à l’Europe ; Peskov a admis de manière énigmatique que des négociations avec l’Allemagne étaient en cours.
Peskov a ajouté : « Ce gaz est très cher et maintenant, tout cela s’envole ». Il a souligné une nouvelle fois que ni la Russie ni l’Europe n’avaient quoi que ce soit à gagner de ce sabotage, en particulier l’Allemagne. Ce vendredi, le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra une session spéciale sur le sabotage, à la demande de la Russie.
Maintenant pour la grande image. Le terrorisme des pipelines fait partie d’une offensive straussienne, portant la scission de la Russie et de l’Allemagne au niveau ultime (comme ils le voient). « Leo Strauss et le mouvement conservateur en Amérique : Une évaluation critique », de Paul E. Gottfried (Cambridge University Press, 2011) est une lecture obligatoire pour comprendre ce phénomène.
Leo Strauss, philosophe juif allemand qui a enseigné à l’université de Chicago, est à l’origine de ce qui est devenu plus tard, de manière très tordue, la doctrine Wolfowitz, écrite en 1992 sous le nom de Defense Planning Guidance, qui définissait « la mission de l’Amérique dans l’après-guerre froide ».
La doctrine Wolfowitz va droit au but : tout concurrent potentiel à l’hégémonie américaine, en particulier les « nations industrielles avancées » comme l’Allemagne et le Japon, doit être écrasé. L’Europe ne doit jamais exercer sa souveraineté : « Nous devons veiller à empêcher l’émergence d’un système de sécurité purement européen qui saperait l’OTAN, et en particulier sa structure de commandement militaire intégrée ».
Avance rapide jusqu’à la loi ukrainienne de prêt-bail pour la défense de la démocratie, adoptée il y a seulement cinq mois. Elle établit que Kiev bénéficie d’un déjeuner gratuit en ce qui concerne tous les mécanismes de contrôle des armements. Toutes ces armes coûteuses sont louées par les États-Unis à l’UE pour être envoyées en Ukraine. Le problème est que, quoi qu’il arrive sur le champ de bataille, c’est l’UE qui devra payer les factures.
Le secrétaire d’État américain Blinken et sa sous-fifre, Victoria « F**k the EU » Nuland, sont des Straussiens, maintenant totalement déchaînés, ayant profité du vide noir à la Maison Blanche. En l’état actuel des choses, il existe au moins trois « silos » de pouvoir différents dans un Washington fracturé. Pour tous les Straussiens, une opération bipartisane serrée, réunissant plusieurs suspects habituels très en vue, détruisant l’Allemagne est primordiale.
Une hypothèse de travail sérieuse les place derrière les ordres de mener le terrorisme des pipelines. Le Pentagone a vigoureusement nié toute implication dans le sabotage. Il existe des canaux secrets entre le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolai Patrouchev et le conseiller à la Sécurité nationale américain Jake Sullivan.
Et des sources dissidentes du Beltway jurent que la CIA ne fait pas non plus partie de ce jeu ; l’ordre du jour de Langley serait de forcer les Straussiens à faire marche arrière sur la réincorporation de la Novorossiya par la Russie et de permettre à la Pologne et à la Hongrie de s’emparer de tout ce qu’elles veulent en Ukraine occidentale avant que le gouvernement américain tout entier ne tombe dans le vide.
Sur le grand échiquier, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Samarcande, en Ouzbékistan, il y a deux semaines, a dicté le cadre du monde multipolaire à venir. Ajoutez à cela les référendums sur l’indépendance de la RPD, de la RPL, de Kherson et de Zaporijia, que le président russe Vladimir Poutine va officiellement incorporer à la Russie, peut-être dès vendredi.
Avec la fenêtre d’opportunité qui se referme rapidement pour une percée de Kiev avant les premiers signes d’un hiver froid, et la mobilisation partielle de la Russie qui va bientôt entrer dans l’opération militaire spéciale remaniée et ajouter à la panique occidentale généralisée, le terrorisme des pipelines aurait au moins le « mérite » de consolider une victoire tactique straussienne : L’Allemagne et la Russie fatalement séparées.
Pourtant, le retour de bâton sera inévitable – de manière inattendue – alors même que l’Europe devient de plus en plus ukrainisée et même polonisée : une marionnette intrinsèquement néofasciste et sans complexe des États-Unis, prédateur et non partenaire. Très peu de personnes dans l’UE n’ont pas subi un lavage de cerveau suffisant pour comprendre comment l’Europe est préparée pour la chute finale.
La guerre, menée par les straussiens installés dans l’État profond – néocons et néolibéraux – ne s’arrêtera pas. C’est une guerre contre la Russie, la Chine, l’Allemagne et d’autres puissances eurasiennes. L’Allemagne vient d’être abattue. La Chine observe actuellement, attentivement. Et la Russie – nucléaire et hypersonique – ne se laissera pas intimider.
Le grand maître de la poésie C.P. Cavafy, dans « En attendant les barbares », a écrit : « Et maintenant, qu’allons-nous devenir, sans barbares ? Ces gens-là étaient une sorte de solution ». Les barbares ne sont pas aux portes, plus maintenant. Ils sont à l’intérieur de leur Citadelle dorée.
source : The Cradle
traduction Réseau International
En allant chercher de l’information, en particulier sur les sites anglo-saxons, on voit émerger une hypothèse concernant le sabotage des deux gazoducs qui desservaient l’Allemagne.
Rouletabille continue son enquête
Nous avons dit dans ces colonnes que la responsabilité des États-Unis dans cette opération était plus que probable. Une foultitude d’éléments convergent pour donner à ce scénario une certaine solidité. À cela s’ajoute aujourd’hui nombre d’informations complémentaires qui sembleraient pointer le rôle de la secte « néoconservatrice » de Washington. Depuis la chute de l’Union soviétique ce courant, dont le clan Kagan est l’emblème, entend peser lourdement sur la politique internationale de l’État américain. Concernant toutes les violations du droit international commise par les USA depuis 1991, on retrouve la patte de ce groupe furieusement belliciste et dont certains représentants sont carrément des fanatiques illuminés. Le fameux tweet du parlementaire polonais ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères Radek Sikorski constitue une sacrée indication. Cette personne est très liée depuis longtemps au groupe néoconservateur et ses remerciements aux États-Unis pour le sabotage n’ont pas été exprimés par hasard ou à la suite d’un mouvement d’humeur. La situation actuelle du pouvoir aux États-Unis est quand même très particulière avec un président manifestement atteint de démence sénile et dont on apprend qu’en 2021, 50 % de son temps a été consacré à ses vacances et son repos… Les différents groupes et institutions de la haute administration américaine, parfois très divisés essaient de profiter de cette situation pour avancer leurs pions. Il semblerait qu’avec l’opération de la mer Baltique les « néocons » aient marqué un point.
Ils sont connus pour avoir en permanence des plans pour recomposer le monde. On se rappelle leur rôle et leurs objectifs dans le déclenchement de la guerre d’agression contre l’Irak. Ou plus récemment leur plan de morcellement en plusieurs entités fantoches de la Russie. Il semble bien qu’ils en aient également un concernant l’Europe, concocté actuellement avec la Pologne sur laquelle ils s’appuient.
Même si cette présentation est spéculative quelques recherches permettent d’en identifier les contours.
Une pincée de complotisme
Il s’agit de l’initiative « Trimarium » (Initiative des trois mers) sortie des cerveaux des penseurs néoconservateurs et qui pourrait sonner le glas de l’Europe occidentale, et de l’UE construite à son initiative.
Les grands groupes pétroliers américains, souhaitent affaiblir drastiquement, voir détruire leurs principaux concurrents économiques : la Chine, l’Union européenne et la Fédération de Russie, pour ensuite relancer un nouveau cycle de croissance économique. Cependant, personne n’étant prêt à mourir dans un conflit nucléaire, la troisième guerre mondiale est déjà en cours sous la forme hybride avec une série d’affrontements armés régionaux, de guerres commerciales, contre des concurrents accompagnées de la suppression d’adversaires potentiels, grâce à un considérable système de sanctions économiques bénéficiant du statut du dollar.
L’opération du 27 septembre 2022, qui a endommagé les gazoducs sous-marins Nord Stream 1 et Nord Stream 2, a frappé simultanément la Russie et l’Union européenne dont principalement, sa « locomotive » économique, l’Allemagne.
L’Initiative des Trois Mers (3SI) ou « Initiative Baltique-Adriatique-Mer Noire », est une association de « niveau présidentiel » regroupant 12 pays d’Europe centrale et du Sud-Est. En 2022, l’Ukraine les a rejoints en tant que partenaire. Ce projet d’intégration comprend l’Autriche, la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Croatie, la République tchèque, l’Estonie et maintenant l’Ukraine.
Il ressort clairement de son intitulé que cette union doit avoir accès à trois mers : Baltique, Adriatique et Noire. Ensemble, ces 13 pays forment un axe méridional qui coupe le Vieux Continent en deux et sépare l’Europe occidentale de la Fédération de Russie. Cette initiative n’a donc rien à voir avec un simple réseau de transport ferroviaire, fluvial ou routier.
Elle est essentiellement une variation de l’idée de Jozef Piłsudski d’une République des Deux Nations confédérée, qui a acquis un nouveau contenu après la révolution de l’extraction du gaz de schiste aux États-Unis. Mais cette initiative est un danger pour l’Allemagne. Dont la réussite économique repose en grande partie sur la consommation de ressources énergétiques bon marché en provenance de Russie. Et sur l’accès à une main-d’œuvre formée et peu chère, venant d’une Europe centrale issue du monde socialiste. Au cours des dernières décennies, de nombreuses branches des gazoducs de Gazprom avaient été créées, d’est en ouest. Aujourd’hui, ces « lignes de vie » pour l’Allemagne ont commencé à être brisées. Rappelons-nous l’opposition farouche des États-Unis et de la Pologne à Nord stream 2.
Dans le cadre de Trimarium, une infrastructure de transport de gaz est déjà en cours de construction, qui devrait relier les côtes de la Baltique, de l’Adriatique et de la mer Noire en un seul réseau. De nouveaux terminaux GNL sont en cours d’ouverture en Pologne, dans les pays baltes, en Croatie, en Grèce et en Bulgarie pour les transporteurs de gaz liquéfié américains. C’est probablement pourquoi Varsovie et Sofia ont refusé de passer au paiement en roubles des ressources énergétiques russes, et les Polonais ont construit leur oléoduc balte à partir de la Norvège comme filet de sécurité.
Toutefois, pour inclure les trois mers dans un seul réseau, il faut disposer d’une infrastructure appropriée, de préférence prête à l’emploi. La solution la plus simple consiste à récupérer l’un des principaux gazoducs de Gazprom, qui traverse les pays d’Europe du Sud-Est, et à l’utiliser pour ses propres besoins.
C’est également là un des intérêts de l’Ukraine, qui a rejoint cette année l’initiative des trois mers en tant que partenaire. En Ukraine, les Américains ne s’intéressent pas aux gazoducs, mais aux immenses installations de stockage souterrain construites par les Soviétiques dans l’ouest du pays. La capacité de ces installations est de 25,6 milliards de mètres cubes. Au passage on relèvera le véritable exploit de l’ingénierie soviétique. C’est pourquoi, après le début de « l’opération spéciale russe » , le ministre ukrainien de l’énergie, M. Galuschenko, a fait la proposition suivante le 26 mars : « L’Ukraine dispose d’importantes capacités de stockage de gaz, nos réservoirs souterrains sont les plus grands du monde. Dans le cadre de l’initiative Trimarium, nous avons l’intention de proposer nos propres installations pour créer une réserve stratégique de gaz pour les pays d’Europe ».
Lorsqu’elle était chancelière, Angela Merkel a insisté pour que Gazprom maintienne le transit par l’Ukraine même si Nord Stream 2 était mis en service, car l’Allemagne savait qu’elle aurait besoin des installations de stockage ukrainiennes.
Après le sabotage des deux Nord Stream, la mise en œuvre de l’étape suivante de ce scénario serait le suivant. L’hiver 2022-2023 sera très dur pour l’Allemagne sans le gaz russe, son processus de désindustrialisation va s’accélérer, tandis que la Pologne voisine, avec le soutien des États-Unis, commencerait à développer son potentiel économique et militaro-industriel avec la condition d’être un outil de première ligne pour aider l’Ukraine dans sa guerre avec la Russie
Une fois la construction des infrastructures de réception du GNL et les interconnexions achevée, Kiev arrêterait le transit du gaz russe vers l’Europe. Probablement à la mi-2023 ou au début de 2024, lorsque le contrat de l’Ukraine avec Gazprom arrivera à échéance sans qu’un nouveau contrat ne soit signé. Le stockage de gaz ukrainien et ses installations, ainsi que les gazoducs russes nationalisés en Europe, seront regroupés en un seul réseau Sud-Nord et redirigés pour pomper le GNL américain regazéifié sur les rives de la Baltique, de l’Adriatique et de la mer Noire.
L’Europe de l’Ouest dans la nasse ?
Ce plan est une façon « amicale » de briser l’Union européenne dans sa forme actuelle. L’Europe occidentale, et notamment l’Allemagne, se retrouveraient sans gaz russe et totalement dépendantes des coûteuses importations de GNL en provenance des États-Unis, situation affaiblissant considérablement leurs économies. Pour compléter, on mettrait en place au sein de « Trimarium », une « OTAN orientale » indépendante de l’Europe de l’ouest, instrument docile de la guerre avec la Russie.
Voici le nouveau repositionnement américain auquel rêve les cerveaux malades des néoconservateurs US. Cette combinaison, est destinée d’abord à détruire l’Allemagne puis mettre à genoux toute l’Europe de l’Ouest. À l’exception de la Grande-Bretagne qui a déjà largué les amarres avec l’UE et s’est repositionnée auprès des États-Unis.
Tout ceci est très joli sur le papier, mais comme beaucoup des plans des bellicistes de Washington, il se heurtera au réel et au nouveau rapport de forces international tel qu’il se dessine comme nous l’avons constaté récemment à Samarcande. Malheureusement et on l’avait bien vu avec l’Irak le fameux remodelage du Moyen-Orient que devait provoquer l’invasion américaine de l’Irak n’a produit que des catastrophes sanglantes.
Mais cela n’arrête pas les fous de Washington.
par Zur Zeit - Le 02/10/2022.
Joe Biden avait promis que le gazoduc « Nord Stream 2 » n’existerait bientôt plus. Le président américain avait aussi répondu à la question de savoir comment cela pourrait se produire alors que l’Allemagne le contrôlait : « Je vous promets que nous y arriverons ».
Il est intéressant de noter que la même nuit, des chutes de pression « accidentelles » se sont produites dans les gazoducs « Nord Stream 1 » et « Nord Stream 2 ». Selon des informateurs, il s’agirait d’attaques ciblées. Depuis le début des sanctions contre la Russie et la promesse de livraison d’armes à l’Ukraine par l’UE, il serait évident que les États-Unis compteraient évidemment parmi les gagnants de la guerre en Ukraine. La conclusion selon laquelle les Américains sont impliqués dans cette affaire n’est donc pas tirée par les cheveux.
Tout le monde sait que l’UE se détourne depuis un certain temps de l’énergie russe (qu’elle achetait directement) et qu’elle mise, entre autres, sur le gaz de fracturation américain, très polluant et beaucoup plus cher, suite aux sanctions tant vantées. Mais il est nouveau que l’Union européenne, si soucieuse de la protection du climat, veuille se passer complètement du gaz russe peu polluant. Bien qu’un embargo sur le gaz n’ait pas encore été décidé officiellement, tout semble aller bel et bien dans ce sens. Les États-Unis tentent, disent-ils, d’aider l’Europe. Or l’acte de sabotage plus ou moins évident, qui vient d’être commis, vise à forcer l’UE à prendre une décision favorable au gaz de schiste américain. Qu’est-ce que les Américains ont à faire d’une catastrophe économique sur notre continent ? Au contraire, ils n’auront plus à se soucier d’un concurrent très sérieux sur le marché mondial.
Le porte-parole de la FPÖ autrichienne pour la politique étrangère Axel Kassegger demande donc à l’UE de faire toute la lumière sur cette affaire et de s’engager réellement pour les intérêts européens : « L’intérêt de l’Europe ne peut nullement être de se couper entièrement du gaz russe. Il est grand temps que l’UE fasse pression sur les deux belligérants pour qu’ils entament enfin des négociations sérieuses afin de mettre fin à la guerre le plus rapidement possible ».
Il en appelle en outre à la raison : « Actuellement, l’Europe ne peut pas se passer du gaz russe, loin de là. Avec les défaillances techniques des gazoducs, l’approvisionnement ne tient plus qu’à un fil. Les récentes déclarations du président américain Biden méritent d’être remises en question. Un changement de mentalité doit enfin avoir lieu ! ». Il n’y a rien à ajouter à ces propos.
source : Zur Zeit
via Euro-Synergies
Vladimir Poutine, lors de son discours au Kremlin, qui fera date, d’unification à la Fédération de Russie, du vendredi 30 septembre, ont accusé les États-Unis d’avoir provoqué l’explosion des gazoducs : « La dictature des États-Unis repose sur la force brute, c’est la loi du plus fort ». Poutine a imputé ce sabotage aux États-Unis qui « font pression » sur les pays européens pour qu’ils coupent complètement leur approvisionnement en gaz russe « afin de s’emparer (eux-mêmes) du marché européen ».
Et Poutine accusateur encore plus direct et formel contre les États-Unis d’ajouter dans son discours afin d’ouvrir les yeux aux Européens lobotomisés, des traîtres que sont Macron, Scholz, von der Leyen : « Les sanctions ne suffisent pas aux Anglo-Saxons ; ils sont passés au sabotage incroyable, mais vrai : Après avoir organisé des explosions sur les gazoducs internationaux Nord Stream, qui longent le fond de la mer Baltique, ils ont commencé à détruire les infrastructures énergétiques paneuropéennes. C’est clair pour tous ceux qui en bénéficient. C’est celui qui en profite qui l’a fait, bien sûr ». Le saboteur, c’est donc bien les États-Unis et personne d’autre ! À qui profite le crime ? Aux seuls États-Unis !
Le sabotage est énorme et n’a pu être réalisé que par une puissance étatique puisqu’il y a eu deux explosions de 500 kg et 700 kg de TNT (magnitudes 2,1 et 2,3 sur l’échelle de Richter) dans les eaux internationales à l’est de l’île danoise de Bornholm, selon l’institut norvégien de sismologie « Norsar ». Les fuites de gaz sont énormes avec des bouillonnements allant de 200 à 900 mètres de diamètre, jusqu’à ce que les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2 se vident complètement en plusieurs jours. Il semble que les deux gazoducs soient inutilisables car l’eau est rentrée dans les gazoducs pour les remplir complètement avec des dommages irréparables.
L’Allemagne, caniche de l’OTAN, capitule honteusement face à la destruction de sa puissance économique par l’Amérique, reste totalement passive face à la catastrophe que représente pour son industrie la perte de compétitivité en matière d’approvisionnement énergétique, ne dit rien et se jette par lâcheté encore davantage dans les bras et les filets des États-Unis. Déjà le 7 février 2022, l’incapable Olaf Scholz, un duplicata de Macron, n’avait pas bronché ni fait la moindre remarque lorsque, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, Joe Biden avait dit publiquement, en sa présence puisqu’il était debout derrière le pupitre d’à côté, « que les États-Unis ne se priveraient pas d’arrêter Nord Stream 2, en cas de guerre avec la Russie ». L’Allemagne dirigée par les incapables SPD, style Renaissance en France, ne proteste pas et capitule donc une seconde fois dans son histoire depuis 1945. L’ennemi de la France, de l’Union européenne et de l’Allemagne, ce n’est pas la Russie, mais bel et bien les États-Unis qui nous saoulent de belles paroles utopiques, moralistes, kantiennes, démocratiques, droit-de-l’hommistes, mais sont en fait de vrais gangsters égoïstes ne croyant, comme le philosophe Hervé Gusdorf, qu’au seul rapport de forces (« Tout n’est que force et rapport de forces »). Il est clair, comme le démontre ce sabotage machiavélique, que les États-Unis veulent supprimer tous les liens entre l’Allemagne, l’Europe et la Russie ! « Divide ut regnes ! » disaient les Romains.
Pourquoi n’y a-t-il aucun doute possible que c’est l’Amérique, notre pseudo-alliée depuis Lafayette, qui a bel et bien fait exploser les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, ce que confirme l’expert genevois Jacques Baud, ancien haut responsable de l’OTAN ? D’une façon non exhaustive, les principales raisons nous semblent être les suivantes :
• Les gazoducs appartiennent à la Russie. Si Poutine voulait supprimer le gaz aux Allemands, il lui suffisait de fermer le robinet. Pourquoi donc se serait-il embarrassé à faire exploser ses propres gazoducs, d’autant plus que c’était une opportunité pour lui de les rouvrir, après des négociations avec l’Allemagne, ce qui n’est plus possible aujourd’hui !
• En fait c’est parce que le bon sens, qui manque aux Macron, Scholz et Cie vendus à l’Amérique, commençait à s’emparer des Allemands avec des manifestations de masse dans la rue, en demandant purement et simplement sur leurs pancartes de protestation la réouverture des gazoducs Nord Stream 1 et 2. L’Amérique a alors pris peur que le vent tourne prochainement en Allemagne et a voulu commettre un acte irréversible en détruisant pratiquement les deux gazoducs ;
• De nombreux hommes politiques allemands commençaient aussi à demander la réouverture des gazoducs Nord Stream, et plus particulièrement les dirigeants de l’AfD, à l’origine de nombreuses déclarations et manifestations de foules ;
• L’île danoise de Bornholm, où ont eu lieu les explosions, est géographiquement très stratégique car elle est située en plein milieu d’un rétrécissement de la mer Baltique et donc très surveillée par l’OTAN. Il était donc très difficile aux navires russes de passer inaperçus ;
• Et c’est justement vers cette île de Bornholm qu’ont eu lieu tout récemment des soi-disant exercices de la marine américaine avec de nombreux vols d’hélicoptères de l’US Navy, ce qui a été confirmé officiellement par le magazine spécialisé américain « Sea Power » ;
• Biden, comme déjà mentionné ci-dessus, a déclaré explicitement devant Scholz, début février, que le gazoduc Nord Stream 2 devait être détruit en cas de guerre avec la Russie ;
• Biden, l’inconscient « Sleepy Joe », a décidé cette mesure préventive et punitive de sabotage, craignant aussi que cet hiver, les Européens finissent par craquer et recommencent à importer massivement du gaz russe écologique bon marché, en se passant de l’abominable gaz de schiste américain ;
• L’Amérique, comme le remarque également l’expert genevois Jacques Baud, a déjà saboté et détruit en 1982, pendant la guerre froide, un gazoduc soviétique qui devait passer par l’Ukraine pour alimenter l’Europe ;
• N’oublions pas que si des gens meurent aujourd’hui en Ukraine, c’est à cause des seuls États-Unis qui ont empêché Zelensky de négocier, en mars 2022, avec la Russie, contrairement ce qu’il souhaitait spontanément ! L’Amérique va-t-en-guerre a convaincu Zelensky qu’elle allait détruire la Russie avec des sanctions économiques très dures, jamais vues et jamais pratiquées jusqu’à ce jour, tout en lui fournissant des armes modernes, ce qu’elle fait effectivement, tout comme le valet Macron avec les canons Caesar prélevés sur les stocks peu garnis de l’armée française. Les États-Unis emploient l’arme des sanctions économiques et « fournit le matériel de guerre tandis que les Ukrainiens fournissent les cadavres », comme l’a très bien explicité le président du Mexique !
• C’est une trop belle occasion pour l’Amérique de détruire l’industrie lourde européenne et allemande qui disparaîtra par manque de compétitivité (disparition d’un « peer competitor ») ou qui cherchera à délocaliser dans le sud des États-Unis pour survivre, en augmentant le PIB américain et le nombre des chômeurs en Europe !
• Les États-Unis pourront aussi prendre une partie du marché européen avec un gaz de schiste non écologique et deux fois plus cher, nécessitant le transport par des méthaniers polluants sur l’Atlantique et la création d’usines de liquéfaction dans les ports européens, autre source de pollution. Il faudra 700 méthaniers pour traverser l’Atlantique et remplacer les 55 milliards de m3 de gaz qui arrivaient par Nord Stream 1 ! Bravo Madame von der Leyen, déjà vendue aux États-Unis en raison des nombreux contrats de l’UE signés avec Pfizer, afin de faciliter l’embauche de votre mari dans une filiale du Groupe, pour nous conduire tout droit à une Europe désindustrialisée, ruinée, non écologique et asservie à l’Amérique !
• L’obsession des États-Unis, comme l’a très bien formulé Brzezinski dans « le Grand Échiquier », c’est de mettre fin à toute idée gaullienne de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, de couper les relations naturelles et complémentaires entre la Russie et l’Europe !
Biden, par cet acte odieux et stupide vis-à-vis de ses alliés européens, vient de commettre une faute cardinale, susceptible de donner la victoire finale à la Russie ! Trop, c’est trop ! Et les médias politiquement corrects ne pourront pas cacher indéfiniment les vérités énoncées ci-dessus. L’Occident, l’Amérique , l’OTAN et l’UE ont décidé et cru mettre à genoux la Russie, à coups de sanctions économiques astronomiques, d’aide financière démesurée et de matériel militaire à l’Ukraine qui a déjà perdu tout son matériel de guerre d’origine détruit par les Russes, en lui gelant les réserves en euros et dollars de sa banque centrale avec des méthodes de gangsters, pour la déclarer très vite en cessation de paiement, en l’excluant du système de transfert Swift très répandu dans le monde, en n’hésitant pas à assassiner la fille de Douguine, et même, comme nous le vivons actuellement, à faire exploser des gazoducs vitaux !
C’est cette même Amérique odieuse qui a cru devoir bombarder Hiroshima et Nagasaki avec l’arme nucléaire, qui a détruit Caen et Le Havre en France, qui a, comme le remarque Poutine dans son discours, détruit aussi Dresde, Hambourg, Cologne et de nombreuses autres villes allemandes, sans aucune nécessité militaire, qui a déclenché la guerre du Vietnam avec le prétexte de fausses attaques de navires américains par la marine vietnamienne, qui a déclenché une guerre horrible en Irak avec les soi-disant armes de destruction massive de Saddam Hussein et les petites fioles « bidon » en guise de preuves déposées sur sa table aux Nations unies par le général Powell, qui a fait stupidement bombarder la Libye du colonel Kadhafi par les caniches Sarkozy et Blair, avec la bénédiction d’Obama. C’est aussi cette même sainte nitouche Amérique qui, malgré la chute du Mur de Berlin, a déclenché les hostilités envers la Russie avec l’extension sans fin de l’OTAN à l’Est, qui a organisé le coup d’État de Maïdan à Kiev en 2014, afin de renverser le Premier ministre ukrainien pro-russe, démocratiquement élu, avec l’aide des mouvements nazis ukrainiens et des services secrets polonais.
La grande frousse de l’Amérique, c’est l’Europe de Brest à Vladivostok, l’axe Paris-Berlin-Rome-Moscou, le projet de Confédération européenne présenté par François Mitterrand qui incluait la Russie et excluait les États-Unis, en 1991, comme réponse politique française à la demande par Gorbatchev de la paix, de la coopération pacifique avec la Russie, de la mise en place d’une « Maison commune européenne ».
Les médias français et occidentaux mentent donc comme des arracheurs de dents en niant l’évidence, que c’est donc bel et bien les États-Unis qui ont bombardé les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ! Trump, qui sait parfaitement que Biden est l’auteur de la « bourde », est d’ailleurs sorti pour la première fois de de son silence ; il a insisté sur la gravité du sabotage qui peut conduire « à des événements graves à terme, à une escalade majeure et à la guerre ». Son cri du cœur « N’aggravez pas les choses avec l’explosion du gazoduc » est un appel direct à Biden !
La Russie a donc le droit légitime de rendre la monnaie de la pièce aux États-Unis en s’en prenant aux câbles internet sous-marins stratégiques d’importance vitale pour Wall Street, contrairement à l’économie russe. Les autoroutes de fibre optique reposant au fond des mers sont des artères vitales. On en compte plus de 420 dans le monde, totalisant 1,3 million de kilomètres, soit 32 fois le tour de la Terre, soit 3 fois la distance de la Terre à la lune. N’en déplaise aux satellites, 99,7% des échanges de données entre les continents passent par des câbles sous-marins constitués de fibres optiques. Ce sont tous les jours 10 000 milliards de dollars de transactions financières qui passent par ces câbles ! Wall Street et les Bourses européennes pourraient s’effondrer du jour au lendemain si ces câbles étaient coupés ! Swift, le fameux réseau de messagerie bancaire pour les virements internationaux, d’un montant de 77 000 milliards de dollars en 2019, dont a été exclu la Russie par les Occidentaux, afin de mieux la détruire, passe par ces câbles sous-marins !
Ce plus d’un million de kilomètres de câbles internet reliant les continents est très vulnérable ! Les câbles sont enterrés entre 1 et 3 mètres lorsqu’ils sont proches des côtes et simplement posés sur le fond lorsque la profondeur de l’eau augmente, donc très faciles à sectionner si un État dispose du matériel adéquat. Il se trouve que la Russie et les États-Unis entraînent leurs sous-mariniers à poser des mouchards pour espionner ou pour détruire discrètement les câbles ! Leurs armées disposent toutes deux de submersibles spécialement adaptés, des sous-marins nucléaires d’attaque équipés de sas et de sous-marins de poche, pour intervenir en profondeur et en toute discrétion. Au début des années 2000, l’US Navy avait consenti une rallonge de 1 milliard de dollars pour transformer un SNA tout juste entré en service, l’USS Jimmy Carter, en spécialiste des opérations sous-marines spéciales (ce qui a été le cas pour le sabotage de Nord Stream par l’Amérique à Bornholm).
En 2021, un navire océanographique russe a été repéré au large de l’Irlande ! Il aurait suivi les câbles Celtic Norse et AEConnect-1 qui relient l’île aux États-Unis. À son bord se trouvait un mini sous-marin capable de plonger à 6000 mètres de profondeur ! L’Europe pourrait donc se retrouver totalement coupée d’internet contrôlée par les géants américains, sans réseaux sociaux et sans moyen de communiquer. La prochaine cible prioritaire pour la Russie, afin de calmer Biden, Macron, Scholz et von der Leyen, dans le contexte actuel, pourrait donc être les câbles de communication sous-marins qui relient l’Europe aux États-Unis, plutôt qu’une bombe tactique nucléaire en Ukraine, comme le réclame le guerrier tchétchène Kadyrov !
Dans l’un de ses rares jours de sincérité, à la veille de sa mort, l’ordure socialiste, décadente, hypocrite, mais très intelligente François Mitterrand a pu confier à Georges-Marc Benamou, auteur du livre « Le dernier Mitterrand » : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec les États-Unis. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ».
source : Vive la Révolution
Source : Insolentiae par Charles Sannat | 6 Oct 2022 |
Et si c’était finalement les Américains qui avaient fait sauter les gazoducs ?C’est l’approche qui est enfin évoquée sur LCI, car le fait d’accuser les Russes sans même que cela puisse se discuter est pour le moins surprenant.
En effet, les Russes n’ont rien à gagner à faire sauter ces installations.
Les Américains, eux sont les grands gagnants de l’affaire (ce qui ne veut pas dire qu’ils sont forcément coupables).
Sans gazoduc il n’est plus possible maintenant de demander à nos dirigeants de faire rouvrir les vannes aux Russes en négociant avec eux, car même si les peuples l’exigeaient les tuyaux sont percés !
Sans gazoducs, cassés pour longtemps voire peut-être définitivement perdus, il faut également conclure des accords de fourniture de gaz par exemple liquéfiés sur de longues durées.
Bref, cette perte des gazoducs en réalité dessert la Russie qui vient de perdre un atout évident et un moyen de pression sur l’Union Européenne.
A ce stade il est tout de même assez probable que les Russes ne soient pas les coupables désignés d’office, mais cela ne veut pas dire que ce soit les Américains. Cela peut être une autre puissance régionale ayant intérêt à un endiguement de la Russie et se sentant très vulnérable en raison de sa proximité avec l’ogre russe. Bref, les relations internationales sont tellement tordues que l’on peut tout imaginer même faction russe aidées par l’Otan… bref, ce qui est certain, c’est que le temps, comme toujours permet d’y voir plus clair et qu’il faut se garder d’énoncer des vérités et de les ériger en évidence, ce que l’on fait un peu trop ces derniers temps (y compris sur les vaccins qui devaient empêcher toute contamination n’est-ce pas).
Charles SANNAT
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »
Pour la dizaine de millions de russophones qui ont eu le malheur de voter pour le rattachement de leur région à la Russie ce sera la valise ou le cercueil … Zélensky est un drôle de démocrate
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a salué le sabotage des gazoducs Nord Stream, le qualifiant de » formidable opportunité » de détourner les pays de l’Union européenne des ressources énergétiques russes pendant le froid hivernal qui approche. Les Usa ont brisé les deux genoux à l’Europe mais sympas ils lui vendent un fauteuil roulant
Blinken s’est vanté vendredi que les États-Unis sont désormais « le premier fournisseur de [gaz naturel liquéfié (GNL)] en Europe », ajoutant qu’en plus d’exporter son propre carburant vers l’Europe, les États-Unis travaillent avec les dirigeants européens pour trouver des méthodes pour » réduire la demande » et « accélérer la transition vers les énergies renouvelables ».
« C’est une opportunité fantastique de mettre fin une fois pour toutes à notre dépendance à l’énergie russe, et donc de priver [le président russe] Vladimir Poutine de la militarisation de l’énergie comme moyen de faire avancer ses aspirations impériales », a poursuivi le haut diplomate américain.
À l’approche de l’hiver, Blinken a souligné que les États-Unis cherchent depuis des années à persuader les dirigeants européens d’échanger du gaz russe contre du GNL.
Les États-Unis sont ceux qui bénéficieront le plus de la perte des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, qui ont été détruits plus tôt cette semaine par une série d’explosions sur l’île danoise de Bornholm.
La nouvelle intervient après que la société énergétique russe Gazprom a déclaré plus tôt vendredi que la gravité des dommages aux conduites sous-marines signifie que l’UE sera « indéfiniment privée » de gaz russe via cette route.
Alors que les États-Unis peuvent désormais exporter leur GNL plus cher vers l’Europe, la pénurie ne sera pas comblée immédiatement.
Pendant ce temps, les prix de l’énergie augmentent dans toute l’Europe, notamment en Allemagne, qui fait face à une «désindustrialisation» rapide, alors que des manifestants sont descendus dans la rue quelques jours avant les explosions pour demander la réouverture de Nord Stream 2.
Selon Blinken (secrétaire d’Etat de Biden), l’attentat à la bombe contre l’oléoduc Nord Stream « offre une formidable opportunité stratégique pour les années à venir »… pour les USA…
Sont des crimes de guerre :
- Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités ;
- Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil, c’est-à-dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires ;
- Le fait de diriger intentionnellement une attaque en sachant qu’elle causera incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil ou des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu. (statut de Rome, Art. 8, Crimes de guerre)
Zelensky emploi le mot « bouc émissaire » en toute conscience puisqu’il sait que le peuple russe se compose de femmes, d’enfants… de personnes totalement innocentes, il est donc prêt à les sacrifier en toute connaissance de cause jusqu’au dernier, afin qu’ils paient le prix de la guerre voulu par les Occidentaux.
Aux référendums d’adhésion à la Russie dans les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, ainsi que dans les régions de Kherson et Zaporijia, les populations ukrainiennes russophones du Donbass ont voté afin de rejoindre la grande Russie. Elles sont prioritairement menacées par les propos du président Zelensky. Ces menaces — qui ne datent pas d’hier — rappellent celles de l’ancien président ukrainien, Petro Porochenko, lors d’une représentation au théâtre de l’opéra d’Odessa, le 23 octobre 2014, il avait annoncé la couleur quant à la façon de gagner la guerre contre les populations ukrainiennes russophones du Dombass : « Nous aurons du travail, eux non ! Nous auront des retraites, eux non ! Nous aurons des avantages pour les retraités et les enfants, eux non ! Nos enfants iront à l’école et à la garderie, leurs enfants resteront dans les caves du sous-sol ! Parce qu’ils ne savent rien faire ! Et c’est comme ça, précisément comme ça que nous gagnerons la guerre ! »
« Leurs enfants se terreront dans des caves » : Porochenko, une certaine idée de l’Humanisme
Source : Le Cri des Peuples - Le 01/10/2022.
Source : Mission permanente de la Fédération de Russie à l’ONU
Traduction : lecridespeuples.fr
Monsieur le Président,
Nous remercions les représentants du Secrétariat de l’ONU et de Gazprom pour les informations qu’ils ont partagées. Nous remercions également M. Eyl-Mazzega. Je ne ferai pas de commentaires sur sa présentation intéressante mais pas toujours objective, je pense, de ce qui s’est passé et se passe sur le marché du GNL. Nous avons un représentant de Gazprom avec nous aujourd’hui, qui peut réagir s’il le souhaite.
M. le Président,
La Russie a demandé cette réunion en relation avec les actes de sabotage des trois cordes du système de gazoducs offshore Nord Stream le 27 septembre 2022 dans la zone économique exclusive du Danemark et de la Suède, non loin de l’île danoise de Bornholm. Le bureau du procureur général de Russie a ouvert une procédure en vertu de l’article du code pénal relatif aux actes de terrorisme international. L’enquête préliminaire est en cours.
Énonçons simplement les faits.
Fait n°1. Quelques semaines avant le début de l’opération militaire spéciale, le président américain Joe Biden a déclaré : « Si la Russie envahit, ce qui signifie que des chars et des troupes traversent à nouveau la frontière de l’Ukraine, alors il y aura… il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. »
Lorsqu’un journaliste lui a demandé comment cela pouvait être possible puisque Nord Stream 2 était contrôlé par l’Allemagne et non par les États-Unis, Biden a répondu : « Je vous promets que nous serons en mesure de le faire », idée qui a été largement reprise par de nombreux responsables américains.
Fait n° 2. En juin 2022, l’île danoise de Bornholm, où l’incident allait se produire trois mois plus tard, a servi de cadre à l’exercice militaire BALTOPS de l’OTAN en mer Baltique.
Selon le média américain Sea Power, au cours de cet exercice, l’OTAN s’est concentrée sur le test de véhicules sous-marins sans pilote, tâche pour laquelle le plan d’eau autour de Bornholm était le mieux adapté. Une fois l’exercice terminé, le navire d’assaut USS Kearsarge n’a pas quitté la mer Baltique et est resté à proximité de l’île jusqu’à la deuxième décade de septembre. Plus intéressant encore, l’escouade d’hélicoptères du navire a commencé à patrouiller la zone autour de Bornholm dès le mois d’août, et la ligne de vol de ces appareils coïncidait étonnamment avec le tracé du pipeline. J’insiste sur le fait qu’il s’agit de données ouvertes sur la géolocalisation des transports maritimes et aériens qui sont collectées sur la base du signal des transpondeurs. Cela signifie que les États-Unis n’ont pas dissimulé leur présence dans la région et qu’ils ont effectué leurs manœuvres de manière ostentatoire.
Fait n°3. Juste après l’incident, l’ancien ministre de la défense et des affaires étrangères de la Pologne, Radek Sikorski, a posté une photo du lieu de l’explosion sur son fil Twitter et a complimenté les États-Unis pour ce sabotage. « Merci, États-Unis », c’est ce qu’il a écrit. Mais il ne s’est pas arrêté là et est allé encore plus loin en ajoutant le commentaire suivant. « La capacité des gazoducs pour acheminer le gaz de la Russie vers l’Europe occidentale, y compris l’Allemagne, ne manque pas. La seule logique de Nord Stream était de permettre à Poutine de faire du chantage ou de faire la guerre à l’Europe de l’Est en toute impunité. » Hier, il a supprimé cette publication, s’étant apparemment rendu compte qu’il en avait dit plus qu’il n’aurait dû. Nous ne pouvons manquer de mentionner que l’épouse de M. Sikorski, Anne Applebaum, est une personne bien reçue dans les cercles du pouvoir à Washington et qu’elle a donc accès à des informations de toutes sortes.
Fait n°4. Presque simultanément au sabotage du Nord Stream, la cérémonie d’ouverture d’une autre installation de transport de gaz, le Baltic Pipe, se déroulait dans la ville polonaise de Goleniow. Il s’agit d’un gazoduc en provenance de Norvège que la Pologne a longtemps perçu comme une planche de salut pour le Nord Stream, même si sa capacité ne peut être comparée à celle du Nord Stream.
Fait n° 5. La déclaration de l’OTAN concernant l’incident, dans laquelle l’alliance met en garde contre les conséquences dangereuses de toute attaque éventuelle contre ses infrastructures. Comme si l’OTAN avait peur que quelqu’un veuille se venger d’elle. Eh bien, comme le dit le proverbe, la mauvaise conscience se trahit elle-même.
Dans toute enquête, il faut d’abord identifier qui profiterait de la situation ou, comme le disent les enquêteurs, qui avait le motif et l’occasion de commettre cet acte criminel. Spéculons un peu sur ce point. Les États européens profiteraient-ils de l’interruption du Nord Stream ? Difficilement, car cela les rendrait dépendants d’un fournisseur plus coûteux et extrêmement peu fiable. Je veux dire le pays hôte du siège de l’ONU. À l’exception des politiciens polonais, tchèques et baltes que la russophobie a rendus complètement fous, les experts européens ne peuvent manquer de réaliser, même au milieu de l’hystérie anti-russe de l’UE, le danger de ce scénario et ses implications pour l’économie européenne. La zone des eaux baltiques a subi des dommages environnementaux considérables. La navigation maritime est menacée. Les collègues du Danemark et de la Suède l’ont confirmé dans leurs lettres respectives au Conseil de sécurité.
La pertinence objective de Nord Stream 1 et 2 et leur contribution à la sécurité énergétique de l’Europe ont été soulignées à plusieurs reprises au niveau des plus hauts responsables de l’UE et de ses États membres. La Commission européenne a toujours considéré Nord Stream comme un projet d’intérêt commun de l’UE, qui bénéficiait de son soutien politique total. Ce système de gazoducs a grandement contribué à diversifier les voies d’approvisionnement en GNL, tout comme les gazoducs Yamal-Europe et Turkish Stream. Lorsque ces gazoducs sont devenus opérationnels, ils ont permis à l’Europe de réduire sa dépendance à l’égard des livraisons de gaz de transit en provenance d’Ukraine, où les autorités se livraient à des pratiques commerciales douteuses ou, plus simplement, à du vol.
Depuis de nombreuses années, les dirigeants allemands affirment que la demande de GNL en Europe et en Allemagne ne ferait que croître. Les autorités autrichiennes ont déclaré dès 2021 que le Nord Stream soutenait la sécurité énergétique européenne et ont salué les mesures visant à renforcer la fiabilité des livraisons d’énergie en Europe. Les effets de la crise énergétique actuelle ont donné raison à tous ceux qui admettaient la pertinence du Nord Stream pour un approvisionnement énergétique stable et prévisible. Les interruptions de l’approvisionnement en gaz en 2022, causées par les sanctions des autorités européennes et américaines, ont déjà des répercussions négatives sur l’industrie européenne, sa rentabilité et sa compétitivité, provoquant l’émigration de la main-d’œuvre qualifiée et le transfert des capacités de production hors d’Europe (en particulier aux États-Unis). La reprise des livraisons, principalement dans le cadre de contrats à long terme, comme la Russie l’a proposé et continue de le faire, permettrait de stabiliser la situation des industries manufacturières et d’éviter un effondrement énergétique.
La question suivante est de savoir si la Russie a intérêt à perturber le Nord Stream. Si nous l’envisageons en termes de logique saine plutôt que de fantasmes délirants selon lesquels les Russes sont prêts à tout pour intimider l’Europe, alors la réponse est non. Il n’y a aucune raison pour nous de saper ce projet qui nous a coûté d’énormes investissements et qui nous apporterait des bénéfices économiques considérables. À propos, c’est vous, les Occidentaux, qui avez prétendu que nous avions profité de l’exportation de ressources énergétiques alors que les prix s’envolaient.
Maintenant, la question la plus importante : les États-Unis profitent-ils de ce qui est arrivé au Nord Stream ? Bien sûr que oui. Les fournisseurs américains de GNL peuvent désormais se réjouir de la multiplication des livraisons de GNL à l’Europe. En termes politiques, le dernier pilier qui maintenait l’indépendance énergétique européenne a été ruiné. En pleine crise énergétique, les installations manufacturières européennes sont délocalisées vers les États-Unis, qui reçoivent en priorité le personnel, la technologie, les capacités industrielles, tout ce que l’Europe consolidée a accumulé et développé pendant des décennies. Les citoyens européens se retrouvent seuls face à leurs problèmes. De l’autre côté de l’océan, personne ne se soucie du fait qu’un hiver long, sombre et froid s’annonce pour le continent européen.
Partant de ces points simples et très logiques, permettez-moi de demander une chose au représentant des États-Unis. Pouvez-vous confirmer, ici et maintenant, que votre pays n’a rien à voir avec ce sabotage ?
Chers collègues, nous ne nous attendons évidemment pas à identifier et à punir les auteurs de ces actes aujourd’hui. Le Conseil de sécurité n’est pas un organe judiciaire et ne doit pas assumer de telles tâches. La Russie est donc favorable à une enquête complète qui devrait clarifier les véritables circonstances de ce qui s’est passé avec le gazoduc.
Aujourd’hui, nous aimerions beaucoup entendre l’opinion de nos collègues européens, connaître votre position officielle. Nous espérons que vous vous abstiendrez du baratin russophobe et insensé auquel vous avez eu recours lorsque nous avons parlé des attaques des forces armées ukrainiennes contre la centrale nucléaire de Zaporozhye. Ou devons-nous nous attendre à une déclaration dans laquelle vous direz qu’après le bombardement « masochiste » de la centrale nucléaire de Zaporozhye où nos forces sont déployées, nous avons commencé à faire exploser nos propres pipelines ?
Il est évident qu’un sabotage d’une telle ampleur et d’une telle complexité ne peut être réalisé par des terroristes ordinaires. Nous considérons l’attaque contre le gazoduc Nord Stream comme un sabotage prémédité de l’infrastructure énergétique clé de la Russie. Une telle attaque n’aurait pas pu être menée sans l’implication d’entités étatiques ou contrôlées par l’État. Nous identifierons sûrement tous ceux qui ont été complices de ce sabotage. Ceux qui l’ont soutenu ne peuvent pas être considérés comme non-belligérants dans un conflit armé. Ils ne peuvent pas non plus compter sur un statut de neutralité que les États occidentaux ont déjà violé. Par ailleurs, une enquête internationale sur l’incident ne peut prétendre être objective que si des experts russes y participent. De plus, nous pensons que l’enquête devrait impliquer non seulement le Danemark et la Suède, mais aussi des représentants de la partie allemande, car l’Allemagne est le principal destinataire du GNL transporté par le Nord Stream.
Si l’implication de certains États dans ces attaques terroristes est prouvée, cela signifiera une escalade délibérée du conflit. Chers collègues, j’espère que tous les membres de cette chambre réalisent à quelle dangereuse ligne les auteurs de ce sabotage nous conduisent.
Je vous remercie.
En réponse au représentant des États-Unis :
M. le Président,
Source : Mission permanente de la Fédération de Russie à l’ONU
Traduction : lecridespeuples.fr
Monsieur le Président,
Nous remercions les représentants du Secrétariat de l’ONU et de Gazprom pour les informations qu’ils ont partagées. Nous remercions également M. Eyl-Mazzega. Je ne ferai pas de commentaires sur sa présentation intéressante mais pas toujours objective, je pense, de ce qui s’est passé et se passe sur le marché du GNL. Nous avons un représentant de Gazprom avec nous aujourd’hui, qui peut réagir s’il le souhaite.
M. le Président,
La Russie a demandé cette réunion en relation avec les actes de sabotage des trois cordes du système de gazoducs offshore Nord Stream le 27 septembre 2022 dans la zone économique exclusive du Danemark et de la Suède, non loin de l’île danoise de Bornholm. Le bureau du procureur général de Russie a ouvert une procédure en vertu de l’article du code pénal relatif aux actes de terrorisme international. L’enquête préliminaire est en cours.
Énonçons simplement les faits.
Fait n°1. Quelques semaines avant le début de l’opération militaire spéciale, le président américain Joe Biden a déclaré : « Si la Russie envahit, ce qui signifie que des chars et des troupes traversent à nouveau la frontière de l’Ukraine, alors il y aura… il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. »
Lorsqu’un journaliste lui a demandé comment cela pouvait être possible puisque Nord Stream 2 était contrôlé par l’Allemagne et non par les États-Unis, Biden a répondu : « Je vous promets que nous serons en mesure de le faire », idée qui a été largement reprise par de nombreux responsables américains.
Fait n° 2. En juin 2022, l’île danoise de Bornholm, où l’incident allait se produire trois mois plus tard, a servi de cadre à l’exercice militaire BALTOPS de l’OTAN en mer Baltique.
Selon le média américain Sea Power, au cours de cet exercice, l’OTAN s’est concentrée sur le test de véhicules sous-marins sans pilote, tâche pour laquelle le plan d’eau autour de Bornholm était le mieux adapté. Une fois l’exercice terminé, le navire d’assaut USS Kearsarge n’a pas quitté la mer Baltique et est resté à proximité de l’île jusqu’à la deuxième décade de septembre. Plus intéressant encore, l’escouade d’hélicoptères du navire a commencé à patrouiller la zone autour de Bornholm dès le mois d’août, et la ligne de vol de ces appareils coïncidait étonnamment avec le tracé du pipeline. J’insiste sur le fait qu’il s’agit de données ouvertes sur la géolocalisation des transports maritimes et aériens qui sont collectées sur la base du signal des transpondeurs. Cela signifie que les États-Unis n’ont pas dissimulé leur présence dans la région et qu’ils ont effectué leurs manœuvres de manière ostentatoire.
Fait n°3. Juste après l’incident, l’ancien ministre de la défense et des affaires étrangères de la Pologne, Radek Sikorski, a posté une photo du lieu de l’explosion sur son fil Twitter et a complimenté les États-Unis pour ce sabotage. « Merci, États-Unis », c’est ce qu’il a écrit. Mais il ne s’est pas arrêté là et est allé encore plus loin en ajoutant le commentaire suivant. « La capacité des gazoducs pour acheminer le gaz de la Russie vers l’Europe occidentale, y compris l’Allemagne, ne manque pas. La seule logique de Nord Stream était de permettre à Poutine de faire du chantage ou de faire la guerre à l’Europe de l’Est en toute impunité. » Hier, il a supprimé cette publication, s’étant apparemment rendu compte qu’il en avait dit plus qu’il n’aurait dû. Nous ne pouvons manquer de mentionner que l’épouse de M. Sikorski, Anne Applebaum, est une personne bien reçue dans les cercles du pouvoir à Washington et qu’elle a donc accès à des informations de toutes sortes.
Fait n°4. Presque simultanément au sabotage du Nord Stream, la cérémonie d’ouverture d’une autre installation de transport de gaz, le Baltic Pipe, se déroulait dans la ville polonaise de Goleniow. Il s’agit d’un gazoduc en provenance de Norvège que la Pologne a longtemps perçu comme une planche de salut pour le Nord Stream, même si sa capacité ne peut être comparée à celle du Nord Stream.
Fait n° 5. La déclaration de l’OTAN concernant l’incident, dans laquelle l’alliance met en garde contre les conséquences dangereuses de toute attaque éventuelle contre ses infrastructures. Comme si l’OTAN avait peur que quelqu’un veuille se venger d’elle. Eh bien, comme le dit le proverbe, la mauvaise conscience se trahit elle-même.
Dans toute enquête, il faut d’abord identifier qui profiterait de la situation ou, comme le disent les enquêteurs, qui avait le motif et l’occasion de commettre cet acte criminel. Spéculons un peu sur ce point. Les États européens profiteraient-ils de l’interruption du Nord Stream ? Difficilement, car cela les rendrait dépendants d’un fournisseur plus coûteux et extrêmement peu fiable. Je veux dire le pays hôte du siège de l’ONU. À l’exception des politiciens polonais, tchèques et baltes que la russophobie a rendus complètement fous, les experts européens ne peuvent manquer de réaliser, même au milieu de l’hystérie anti-russe de l’UE, le danger de ce scénario et ses implications pour l’économie européenne. La zone des eaux baltiques a subi des dommages environnementaux considérables. La navigation maritime est menacée. Les collègues du Danemark et de la Suède l’ont confirmé dans leurs lettres respectives au Conseil de sécurité.
La pertinence objective de Nord Stream 1 et 2 et leur contribution à la sécurité énergétique de l’Europe ont été soulignées à plusieurs reprises au niveau des plus hauts responsables de l’UE et de ses États membres. La Commission européenne a toujours considéré Nord Stream comme un projet d’intérêt commun de l’UE, qui bénéficiait de son soutien politique total. Ce système de gazoducs a grandement contribué à diversifier les voies d’approvisionnement en GNL, tout comme les gazoducs Yamal-Europe et Turkish Stream. Lorsque ces gazoducs sont devenus opérationnels, ils ont permis à l’Europe de réduire sa dépendance à l’égard des livraisons de gaz de transit en provenance d’Ukraine, où les autorités se livraient à des pratiques commerciales douteuses ou, plus simplement, à du vol.
Depuis de nombreuses années, les dirigeants allemands affirment que la demande de GNL en Europe et en Allemagne ne ferait que croître. Les autorités autrichiennes ont déclaré dès 2021 que le Nord Stream soutenait la sécurité énergétique européenne et ont salué les mesures visant à renforcer la fiabilité des livraisons d’énergie en Europe. Les effets de la crise énergétique actuelle ont donné raison à tous ceux qui admettaient la pertinence du Nord Stream pour un approvisionnement énergétique stable et prévisible. Les interruptions de l’approvisionnement en gaz en 2022, causées par les sanctions des autorités européennes et américaines, ont déjà des répercussions négatives sur l’industrie européenne, sa rentabilité et sa compétitivité, provoquant l’émigration de la main-d’œuvre qualifiée et le transfert des capacités de production hors d’Europe (en particulier aux États-Unis). La reprise des livraisons, principalement dans le cadre de contrats à long terme, comme la Russie l’a proposé et continue de le faire, permettrait de stabiliser la situation des industries manufacturières et d’éviter un effondrement énergétique.
La question suivante est de savoir si la Russie a intérêt à perturber le Nord Stream. Si nous l’envisageons en termes de logique saine plutôt que de fantasmes délirants selon lesquels les Russes sont prêts à tout pour intimider l’Europe, alors la réponse est non. Il n’y a aucune raison pour nous de saper ce projet qui nous a coûté d’énormes investissements et qui nous apporterait des bénéfices économiques considérables. À propos, c’est vous, les Occidentaux, qui avez prétendu que nous avions profité de l’exportation de ressources énergétiques alors que les prix s’envolaient.
Maintenant, la question la plus importante : les États-Unis profitent-ils de ce qui est arrivé au Nord Stream ? Bien sûr que oui. Les fournisseurs américains de GNL peuvent désormais se réjouir de la multiplication des livraisons de GNL à l’Europe. En termes politiques, le dernier pilier qui maintenait l’indépendance énergétique européenne a été ruiné. En pleine crise énergétique, les installations manufacturières européennes sont délocalisées vers les États-Unis, qui reçoivent en priorité le personnel, la technologie, les capacités industrielles, tout ce que l’Europe consolidée a accumulé et développé pendant des décennies. Les citoyens européens se retrouvent seuls face à leurs problèmes. De l’autre côté de l’océan, personne ne se soucie du fait qu’un hiver long, sombre et froid s’annonce pour le continent européen.
Partant de ces points simples et très logiques, permettez-moi de demander une chose au représentant des États-Unis. Pouvez-vous confirmer, ici et maintenant, que votre pays n’a rien à voir avec ce sabotage ?
Chers collègues, nous ne nous attendons évidemment pas à identifier et à punir les auteurs de ces actes aujourd’hui. Le Conseil de sécurité n’est pas un organe judiciaire et ne doit pas assumer de telles tâches. La Russie est donc favorable à une enquête complète qui devrait clarifier les véritables circonstances de ce qui s’est passé avec le gazoduc.
Aujourd’hui, nous aimerions beaucoup entendre l’opinion de nos collègues européens, connaître votre position officielle. Nous espérons que vous vous abstiendrez du baratin russophobe et insensé auquel vous avez eu recours lorsque nous avons parlé des attaques des forces armées ukrainiennes contre la centrale nucléaire de Zaporozhye. Ou devons-nous nous attendre à une déclaration dans laquelle vous direz qu’après le bombardement « masochiste » de la centrale nucléaire de Zaporozhye où nos forces sont déployées, nous avons commencé à faire exploser nos propres pipelines ?
Il est évident qu’un sabotage d’une telle ampleur et d’une telle complexité ne peut être réalisé par des terroristes ordinaires. Nous considérons l’attaque contre le gazoduc Nord Stream comme un sabotage prémédité de l’infrastructure énergétique clé de la Russie. Une telle attaque n’aurait pas pu être menée sans l’implication d’entités étatiques ou contrôlées par l’État. Nous identifierons sûrement tous ceux qui ont été complices de ce sabotage. Ceux qui l’ont soutenu ne peuvent pas être considérés comme non-belligérants dans un conflit armé. Ils ne peuvent pas non plus compter sur un statut de neutralité que les États occidentaux ont déjà violé. Par ailleurs, une enquête internationale sur l’incident ne peut prétendre être objective que si des experts russes y participent. De plus, nous pensons que l’enquête devrait impliquer non seulement le Danemark et la Suède, mais aussi des représentants de la partie allemande, car l’Allemagne est le principal destinataire du GNL transporté par le Nord Stream.
Si l’implication de certains États dans ces attaques terroristes est prouvée, cela signifiera une escalade délibérée du conflit. Chers collègues, j’espère que tous les membres de cette chambre réalisent à quelle dangereuse ligne les auteurs de ce sabotage nous conduisent.
Je vous remercie.
En réponse au représentant des États-Unis :
M. le Président,
Je remercie mon collègue américain d’avoir donné une réponse directe à ma question.
J’ai demandé : « Pouvez-vous confirmer ici et maintenant que votre pays n’a rien à voir avec ce sabotage ? » Ce que mon collègue américain vient de dire dans cette enceinte, c’est que les États-Unis nient toute implication dans cet incident. J’apprécie sa réponse. Mais maintenant que j’ai entendu ce que vous et aussi notre collègue britannique avez dit, je voudrais poser une autre question. Qu’est-ce que vous appelez exactement la désinformation russe et les théories du complot ? Nous n’avons qualifié personne de responsable avant l’enquête. Nous avons simplement cité certains faits. Vous ne pouvez pas nier que votre président a dit ce qu’il a dit publiquement, n’est-ce pas ? Nous avons juste fourni quelques citations de ce qu’il a dit.
L’exercice de l’OTAN BALTOPS en juin 2022 près de l’île de Bornholm est un fait. L’ancien ministre polonais des Affaires étrangères, R. Sikorski, a publié le tweet que je vous ai montré, dans lequel il remerciait les États-Unis pour ce qui s’était passé au niveau du pipeline, c’est un fait. Le lancement du pipeline de la Baltique reliant la Norvège et la Pologne est un fait. Le fait que l’OTAN parle de sabotage et d’inadmissibilité des frappes contre ses infrastructures est un autre fait. Ce sont de simples faits. Allez-vous soutenir que la crise énergétique actuelle rend objectivement les fournisseurs d’énergie américains plus compétitifs ? Est-ce aussi une théorie du complot ? Non, c’est la réalité économique. Et objectivement, les États-Unis en bénéficient en termes économiques.
Enfin, avant que notre collègue américain ne prenne la parole aujourd’hui, nous ne pensions pas que l’incident du Nord Stream était lié à la situation en Ukraine. Mais nous voyons maintenant que nos collègues européens perçoivent ce sabotage, quel qu’en soit l’auteur, comme une sorte de vengeance contre les actions de la Russie en Ukraine. Eh bien, je pense que cette déduction réduit la liste des suspects et peut être d’une grande aide dans l’enquête.
Merci.
Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.
Par Ron Unz − Le 3 octobre 2022 − Source Unz Review
L’Europe est confrontée à sa pire crise énergétique depuis des
générations, de nombreuses usines sont
en train d’y fermer, et on s’attend à ce que l’hiver qui approche apporte son lot de graves privations. L’Allemagne très industrialisée est particulièrement durement frappée, avec plus de la
moitié des petites et moyennes entreprises craignant d’être contraintes de mettre
la clé sous la porte, une catastrophe économique qui présente des proportions dignes de la Grande Dépression. Le seul espoir de salut à court terme était la fin des sanctions
auto-destructrices que ces pays avaient imposées à la Russie, ce qui aurait permis le retour du gaz naturel russe abondant et peu onéreux avec la réouverture du robinet des gazoducs russes Nord
Stream.
Bien que les gouvernements européens soient restés fermement opposés à cette solution, de nombreux ressortissants européens en jugeaient différemment, et au cours des derniers jours, de grandes manifestations publiques ont été tenues en Allemagne et en République tchèque pour exiger la levée des sanctions. L’hypothèse circulait largement que ces protestations populaires allaient finir par l’emporter, peut-être pas tout de suite, mais une fois les rigueurs de l’hiver devenues trop difficiles à supporter. Il en serait sorti une fin négociée de la guerre en Ukraine suivant les lignes générales suggérées par la Russie, et une défaite de premier ordre pour les États-Unis et l’OTAN.
Des milliers de gens en Allemagne, à Gera, contre la politique d’Olaf Scholz et l’explosion des prix de l’énergie et du gaz. Ils exigent la fin des sanctions contre la Russie et la réouverture du gazoduc Nord Stream 2. D’autres manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes allemandes, mais les médias de l’UE les censurent. pic.twitter.com/dmTMLY11jn.
— RadioGenova (@RadioGenova) 26 septembre 2022
Puis, le 26 septembre, ce paysage géopolitique s’est retournée, lorsqu’une suite de fortes explosions ont gravement endommagé les gazoducs russes, ce qui les a mis hors-service pour une durée indéterminée, et sans doute pour toujours. Ces gazoducs n’étant plus utilisables, l’Europe se retrouve à devoir se débrouiller avec l’approvisionnement limité de gaz étasunien qui peut être acheminé par tanker, à un coût très supérieur. Les importantes attaques menées à l’explosif sur les gazoducs immergés — décrits de manière plutôt symbolique comme un « sabotage » dans les titres des médias — ont eu lieu aux abords des eaux côtières du Danemark et de la Suède, dans une région de la Mer Baltique très surveillée par des patrouilles de navires de guerre de l’OTAN.
Sur la base de ces faits simples et irréfutables, les suspects les plus probables étaient des plus évidents, mais les médias occidentaux n’en font quasiment aucune mention. Au lieu de cela, le Washington Post, journal maison du gouvernement étasunien, a fait paraître un article sous le titre « les dirigeants européens mettent en cause le ‘sabotage’ russe après les explosions de Nord Stream« , citant une longue liste de sources gouvernementales anonymes énonçant ces accusations absurdes, qui ont été reprises largement dans la plupart des organes de presse occidentaux. Nos élites politiques semblent avoir supposé que leur contrôle étroit sur les médias va garantir que leurs citoyens ignorants pourraient être amenés à croire — ou au moins à faire semblant de croire — à peu près n’importe quoi, et même que les Russes auraient détruit leurs propres gazoducs.
Mais les déclarations médiatiques publiques ne reflètent pas nécessairement ce que l’on pense à titre privé. Anne Applebaum, une journaliste néoconservatrice de premier plan, a passé de nombreuses années au Conseil Éditorial du Washington Post et son mari est Radek Sikorski, l’ancien ministre des affaires étrangères et de la défense de la Pologne, un personnage avec les plus forts liens possibles avec l’establishment de sécurité politique et national des États-Unis. Twitter autorise tout un chacun à émettre des affirmations qu’il pourra par la suite regretter, et le lendemain des explosions des gazoducs, il a émit une suite de Tweets célébrant les attaques, dont un présentant une photographie des destructions qui s’en sont suivies, avec pour légende révélatrice « Thank You, USA ». Ce dernier Tweet s’est répandu comme une traînée de poudre, avec quelque 13500 Retweets et 44200 Likes, ce qui l’a amené à l’effacer rapidement.
Quelqu’un d’autre sur Twitter a astucieusement décrit ce rétropédalage désespéré :
Après que les États-Unis ont détruit les gazoducs, le silence radio s’est fait au fur et à mesure que le régime essayait de positionner son narratif. Ce retard a amené un dirigeant polonais à remercier publiquement les États-Unis pour cette attaque.
Puis, hier, le mot d’ordre est sorti : il faut réfuter avoir commis l’attaque. Les robots de propagande de l’OTAN sont à l’ouvrage. pic.twitter.com/RboCLPTkBy
— RAMZPAUL (@ramzpaul) 29 septembre 2022
Au vu du battage médiatique quasiment unanime voulant que les Russes aient détruit leurs propres gazoducs d’une valeur se comptant en milliards de dollars, sans doute du fait de leur folie malfaisante, il est tout à fait possible qu’une majorité, voire même une vaste majorité de nos citoyens acceptent ce narratif sans sourciller, comme ils ont pu en gober tant d’autres tout aussi ridicules par le passé. Mais j’ai tendance à penser que toutes nos élites prêtant attention au sujet soupçonnent fortement, ou supposent carrément, que des éléments du gouvernement étasunien ont joué un rôle central dans ces attaques, même si presque personne ne va le reconnaître publiquement.
L’une des rares exceptions courageuses à cette règle du silence, et peut-être la seule exception à disposer d’une grande plateforme médiatique, a été Tucker Carlson, et quelques jours après l’attaque, il a diffusé une émission à ce sujet à destination de son public composé de millions de personnes. Il a indiqué que bien qu’il apparaisse inimaginable que le gouvernement étasunien puisse commettre une action de terrorisme international aussi extrême que détruire des gazoducs tellement importants pour l’économie industrielle de l’Europe, il se pourrait bien que cela soit malgré tout ce qui s’est produit.
Il a, entre autres choses, diffusé des extraits vidéos du président Joe Biden et de l’assistante au secrétaire d’État, Victoria Nuland, menaçant explicitement d’éliminer les gazoducs Nord Stream si un conflit éclatait entre la Russie et l’Ukraine.
BIDEN reconnaît que les États-Unis sont derrière le sabotage de Nordstream 1 et 2.
Biden : « Si la Russie lance une invasion… il n’y aura plus de Nord Stream 2. »
Journaliste : « Mais comment allez-vous procéder, ce gazoduc est sous contrôle de l’Allemagne ? »
Biden : « Je vous promets que nous serons en mesure de le faire. »
pic.twitter.com/idlxQYuAqU— Syrian Girl (@Partisangirl) 27 septembre 2022
Victoria Nuland: “Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’avancera plus »
C’est bien la même Victoria Nulan qui a dit « Fuck the EU », et elle vient bel et bien de baiser l’Allemagne. #NordStream2 #Nordstream #Nordstream1
pic.twitter.com/GGMzrSbwT7— Syrian Girl (@Partisangirl) 28 septembre 2022
Et juste après les attaques, le secrétaire d’État Antony Blinken a fait mention que l’opération allait grandement servir les intérêts étasuniens, en accordant à notre pays « une opportunité stratégique gigantesque pour les années à venir. »
Selon @SecBlinken, l’explosion du gazoduc Nord Stream « accorde une opportunité stratégique gigantesque pour les années à venir. » Vraiment dommage que cette opportunité gigantesque pour les fonctionnaires de Washington DC se présente aux dépens du reste du monde, surtout l’hiver prochain.
pic.twitter.com/T2eacQUuBF— Aaron Maté (@aaronjmate) 1er octobre 2022
Malgré les affirmations publiques qu’il a prononcées par le passé, j’ai tendance à ne pas croire que Biden ait joué en personne un rôle dans le processus de décision, ni qu’il ait été informé personnellement du projet d’attaque. Il ne s’agit que d’un homme de paille, un senior qui dans l’ensemble dit ce qu’on lui dit de dire, mais il s’est également illustré par des déclarations publiques que ses subordonnés terrifiés doivent « clarifier » sur-le-champ, si bien qu’il aurait pu mettre en danger l’opération. Aussi, dans la mesure où notre président soit au courant que les plus grands gazoducs énergétiques d’Europe ont été attaqués et gravement endommagés, il est tout à fait possible qu’il fasse partie de la petite minorité de personnalités de haut rang n’ayant pas la moindre idée de qui a pu se rendre responsable de l’action, voire la reprochant aux Russes, simplement parce que ceux qui le chapeautent lui ont affirmé cela.
Le vide laissé par des médias complètement malhonnêtes ou apeurés a été rempli par une poignée de blogueurs indépendants courageux, avec sans doute Moon of Alabama et John Helmer parmi ceux qui ont livré les meilleures analyses juste après l’incident :
Les détails particuliers des attaques ne présentent guère d’importance, et les premières hypothèses sont parties dans plusieurs directions. La théorie avancée par Helmer, un correspondant étasunien établi à Moscou depuis longtemps, est que l’opération a été menée par l’armée polonaise avec un soutien étasunien en matière de renseignement et dans le domaine technique. Cela semble assez plausible, car la Pologne se montre très hostile à la Russie et aux gazoducs russes, qui coûtaient chaque année des centaines de millions de dollars de manque par rapport à des transits de gaz réalisés via le territoire polonais. Les Polonais ont mené tous les efforts possibles pour bloquer le projet Nord Stream, et la côte de la Pologne, proche des explosions, pouvait constituer le terrain de départ idéal pour lancer l’attaque. Qui plus est, par une coïncidence stupéfiante, l’attaque s’est produite exactement au moment où la Pologne a ouvert un gazoduc bien plus modeste, ce qui lui a permis de pourvoir à ses propres besoins énergétiques depuis la Norvège, de manière totalement indépendante du Nord Stream.
Mais que l’opération ait été menée ou non par des mandataires polonais, ou même ukrainiens, ces alliés locaux dépendent totalement de la bonne volonté étasunienne pour survivre, et il est inconcevable qu’ils aient pu mener cette action mémorable sans l’approbation et la supervision d’éléments puissants de l’establishment de sécurité nationale des États-Unis, et débattre de qui est allé positionner les explosifs ne constitue qu’un débat de pacotille.
Bien qu’on ne dispose d’aucune preuve formelle, la probabilité que les États-Unis aient joué un rôle central dans les attaques apparaît comme une quasi-certitude. Les moyens, le mobile, et l’opportunité : tout est dirigé dans une seule direction, si bien que je doute qu’une personne rationnelle et intelligente puisse sincèrement penser qu’autre chose a pu se produire, même si, pour des raisons évidentes, ces gens peuvent s’exprimer de manière différente ou décider de maintenir le silence. De fait, en pratique, personne dans les grands médias ne se montre prêt à reconnaître cette réalité évidente.
Et cette réaction hypocrite s’est étendue jusque dans ces vastes portions des médias alternatifs, supposés ne craindre rien ni personne. Bien que ces attaques extrêmement importantes aient atteint les premières pages du New York Times et du Wall Street Journal, pas un mot n’est paru à leur sujet dans Counterpunch, the Nation, ou le New Republic, et Antiwar.com n’en a quasiment pas fait mention, probablement par crainte de devoir mentionner le principal suspect dans leurs articles. Divers experts ont promu sur internet les possibilités alternatives les plus absurdes pour éviter de désigner le gouvernement étasunien. Cette réponse généralisée du « Ne rien voir » est illustrée par un mème populaire sur Internet :
Revenons en arrière et positionnons cet incident dans le contexte historique qui convient, en acceptant sa témérité incroyable. Nous ne sommes pas actuellement en guerre contre la Russie ni contre l’Allemagne, et un important projet énergétique à 20 milliards de dollars, important aux yeux de ces deux pays, vient d’être détruit, avec un impact potentiellement dévastateur pour l’économie européenne. Non seulement s’agit-il probablement de l’attaque militaire la plus importante en temps de paix contre des infrastructures civiles dans toute l’histoire du monde, mais si nous mettons de côté les attaques du 11 septembre — officiellement imputées à une organisation terroriste non-étatique — rien de comparable, même de loin, ne nous vient à l’esprit.
Examinons la possibilité évidente de représailles. La Russie possède une armée très puissante et sophistiquée, avec d’excellentes forces spéciales, et l’infrastructure de l’Occident est en soi terriblement vulnérable et non-protégée. Qui plus est, notre économie lourdement financiarisée pourrait s’effondrer comme un château de cartes si on lui infligeait un petit coup au bon endroit, et Tucker Carlson a noté que si la Russie ne faisait que couper les câbles des fibres optiques transatlantiques qui relient les marchés financiers entre les États-Unis et l’Europe, Wall Street subirait d’énormes pertes.
Mais je pense que le plus grand risque auquel les États-Unis sont confrontés est une conséquence automatique de ses attaques sur l’infrastructure énergétique critique de l’Europe, même en l’absence de représailles significatives de la part de la Russie.
Si l’Allemagne et le reste de l’Europe subissent un effondrement économique, l’économie étasunienne ne pourra guère éviter de subir des dégâts importants, mais je pense que l’impact le plus important sera sur l’alignement géopolitique à long-terme de ce continent. Les Européens vont beaucoup souffrir cet hiver, et malgré la solidité du mur de propagande médiatique, ils vont être de plus en plus nombreux à commencer à distinguer qui a été l’architecte de leur misère.
Depuis presque trois générations, nos alliés de l’OTAN ont constitué un élément crucial de la puissance militaire et économique globale des États-Unis, et s’ils considèrent avoir été trahis en retour au travers d’une attaque criminelle aux conséquences dévastatrices, ils peuvent finir par décider d’accorder leurs allégeances à d’autres. Le hashtag #Kriegserklaerung— « déclaration de guerre » — a récemment connu son heure de gloire sur Twitter, avec de nombreux Allemands pour affirmer que les États-Unis venaient de déclarer la guerre à leur pays. Le contrôle écrasant qui existe sur les médias électroniques et sociaux constitue un outil de lavage de cerveau puissant, mais à un certain stade, son efficacité peut ne plus faire le poids face à une réalité misérable. L’ancienne Union soviétique n’avait jamais infligé de telles souffrances délibérément à ses vassaux du Pacte de Varsovie, et cette alliance s’est effondrée en 1989, et si certains cas des plus funestes se réalisent en Europe, je me demande si l’OTAN pourra longtemps survivre.
D’un point de vue plus large, l’Allemagne industrialisée et la Russie riche en ressources constituent des partenaires commerciaux naturels, et comme l’a exposé Mike Whitney avec prescience au mois de février dernier, une grande partie de la stratégie européenne récente a visé à bloquer leurs liens économiques en croissance. La destruction par les États-Unis des gazoducs Nord Stream peut avoir temporairement empêché une défection immédiate de l’Allemagne, mais l’amertume dont les États-Unis seront l’objet peut devenir plus importante encore à l’avenir. Si l’Allemagne déplaçait ses liens politiques vers l’Est, la puissance des États-Unis en Europe s’en trouverait écrasée, et les électeurs allemands ont leur mot à dire sur ce type de sujet, surtout s’ils commencent à souffrir de conditions dignes d’une dépression au cours des quelques mois à venir.
L’établissement d’une véritable alliance russo-allemande remodèlerait totalement la géopolitique de l’Eurasie, mais je soupçonne que les dirigeants ignorants du gouvernement étasunien feraient fi d’une telle possibilité, la considérant comme un délire, sur la base de l’hostilité traditionnelle qu’ils imaginent exister entre les deux populations. Cependant, comme je l’ai expliqué il y a quelques années, c’est totalement incorrect, car basé sur une lecture extrêmement erronée et biaisée de l’histoire de l’Europe :
De par mon arrogance injustifiée, il m’arrive de me délecter lorsque je perçois des éléments évidents que les journalistes à la source d’un article ont traité totalement à l’envers, ce qui les fait souvent glisser dans leur narratif historique. Par exemple, les discussions sur les luttes militaires titanesques du XXème siècle entre l’Allemagne et la Russie font souvent référence à l’hostilité traditionnelle entre ces deux grands peuples, qui des siècles durant s’étaient considérés comme des rivaux acharnés, représentant la lutte éternelle entre Slaves et Teutons pour la domination de l’Europe de l’Est.
Quoique l’histoire sanglante des deux guerres mondiales ait fait apparaître cette notion comme une évidence, elle est belle et bien fausse. Avant 1914, ces deux nationalités s’étaient abstenus de tout conflit l’une contre l’autre durant un siècle et demi, et au milieu du XVIIIème siècle, la guerre de Sept Ans avait même mis en jeu une alliance russe avec l’Autriche germanique contre la Prusse germanique, ce que l’on ne peut guère assimiler à un conflit de nature civilisationnelle. Les Russes et les Allemands avaient constitué des alliés constants durant les guerres napoléoniennes sans fin, et avaient coopéré étroitement durant les ères de Metternich et de Bismarck qui suivirent, si bien que jusqu’en 1904, l’Allemagne avait soutenu la Russie dans sa guerre infructueuse contre le Japon. Au cours des années 1920, l’Allemagne de Weimar et la Russie soviétique partagèrent une période de coopération militaire étroite, le pacte Hitler-Staline de 1939 marqua le début de la seconde guerre mondiale, et tout au long de la longue Guerre Froide, l’URSS n’eut pas de satellite plus loyal que la République Démocratique d’Allemagne. Quelque vingt-cinq années d’hostilités en cumulé sur les trois derniers siècles, avec de bonnes relations et même une alliance inconditionnelle la plus grande partie du reste du temps ; tout cela ne suggère pas vraiment que les Russes et les Allemands ont constitué des ennemis héréditaires.
Qui plus est, au cours d’une grande partie de cette période, l’élite russe au pouvoir a eu une nuance germanique considérable. La légendaire Catherine II était par sa naissance une princesse allemande, et au fil des siècles, tant de dirigeants russes prirent des épouses allemandes que les derniers Tsars de la dynastie Romanov étaient le plus souvent davantage allemands que russes. La Russie hébergeait d’ailleurs une population allemande importante, mais très assimilée, très bien représentée au sein des cercles politiques d’élite, et il était courant que les ministres du gouvernement et parfois d’importants commandants militaires portent des noms allemands. C’est jusqu’à un haut-dirigeant de la révolte décembriste du début du XIXème qui avait des ancêtres allemands, mais dont l’idéologie était strictement russe-nationaliste.
Si la calamité économique imminente finit par faire déplacer l’Allemagne vers une alliance avec la Russie, on se souviendra des attaques étasuniennes sur les gazoducs Nord Stream comme du coup qui aura altéré toute la trajectoire de la politique globale.
Au stade actuel, la plupart des lecteurs hocheront la tête en prenant connaissance des observations factuelles que j’ai recueillies, même s’ils peuvent avoir des doutes au sujet des possibles conséquences. Peut-être que la destruction par les États-Unis des gazoducs livrant l’énergie à l’Europe et la dévastation économique de l’Allemagne qui va suivre vont déboucher sur une rupture permanente dans l’alliance occidentale, ou peut-être pas ; il est difficile de prédire l’avenir.
Mais bien qu’il n’existe aucune preuve dure de l’implication des États-Unis dans cette opération, les indices pointent de manière si convergente qu’aucune personne sensée ne peut parvenir à une autre conclusion. Qu’il ait agi en passant par des intermédiaires locaux ou non, le gouvernement étasunien est clairement responsable de la destruction de l’infrastructure énergétique la plus importante d’Europe, et il s’agit d’une action d’une dimension criminelle et téméraire absolument colossale, qui peut porter d’énormes conséquences négatives pour les intérêts nationaux étasuniens. Même si pratiquement tous les médias dominants occidentaux — et nombre de médias alternatifs — évitent soigneusement de faire mention de cette réalité, et même si des propagandistes sont payés pour affirmer le contraire, cela n’en reste pas moins la réalité criante.
Et c’est là que le bat blesse. L’ensemble de ce scénario apparaît tout à fait similaire à un autre que j’ai développé au cours des deux années écoulées, sur un sujet totalement différent. Au début du mois d’avril 2020, j’ai publié une longue suite d’articles affirmant que l’épidémie globale de Covid était le résultat d’une attaque de guerre biologique étasunienne contre la Chine (et contre l’Iran).
Comme dans le cas du président Biden, Donald Trump avait été laissé hors du circuit, mais l’attaque avait sans doute été orchestrée par des personnages clé de son administration, qui essayèrent immédiatement (avec un certain succès) d’accuser les Chinois car l’épidémie virale avait démarré en Chine. Une fois de plus, presque tous les faits pertinents ont été ignorés par les médias occidentaux, mais on peut facilement les trouver et les relier entre eux. Et une fois de plus, le poids des indices circonstanciels apparaît comme écrasant, et à de nombreux égards plus forts que pour les attaques sur les gazoducs.
Au cours des trente mois que j’ai passé à étudier ce sujet, le seul argument qui a été soulevé contre ma thèse est celui que même des éléments incontrôlables de l’administration Trump n’auraient pas pu se montrer téméraires au point de lancer une attaque biologique, une attaque dont le retour de bâton a fini par tuer plus d’un million d’Étasuniens et perturber la vie de milliards de gens dans le monde entier. Mais la destruction par les États-Unis de l’infrastructure énergétique la plus importante démontre les profondeurs véritables de la témérité criminelle que l’on peut parfois trouver au sein du gouvernement étasunien.
Chacun, une fois qu’il aura absorbé les implications profondes des attaques contre le Nord Stream, y compris les accusations répandues et ridicules propagées dans nos médias selon lesquelles les Russes auraient détruit leurs propres gazoducs, ferait bien de réévaluer ses hypothèses au sujet du comportement des États-Unis et de réexaminer les circonstances de l’épidémie de Covid avec un œil neuf.
En particulier, il faut prendre en compte les éléments parfaitement clairs qui indiquent que les États-Unis étaient au courant à l’avance de l’épidémie, que l’on peut résumer en quelques centaines de mots :
Par exemple, en 2017, Trump a recruté Robert Kadlec, qui est depuis les années 1990 l’un des principaux soutiens étasuniens de la guerre biologique. L’année suivante, en 2018, une épidémie virale mystérieuse a frappé l’industrie volaillère chinoise, et en 2019, une autre épidémie virale mystérieuse a dévasté la filière porcine chinoise…
Dès les premiers jours de l’administration Trump, les principaux dirigeants étasuniens avaient considéré la Chine comme l’adversaire géopolitique le plus puissant opposé aux États-Unis, et avaient orchestré une politique de confrontation. Puis, entre les mois de janvier et août 2019, le département de Kadlec avait lancé l’exercice de simulation « Crimson Contagion », qui avait mis en scène l’hypothétique épidémie d’une maladie virale respiratoire en Chine, sa propagation aux États-Unis, et les participants s’étaient concentrés sur les mesures nécessaires pour la contrôler aux États-Unis. Kadlec, en tant qu’expert en guerre biologique de premier plan pour les États-Unis, avait insisté sur l’efficacité unique des armes biologiques dès la fin des années 1990, et nous devons le féliciter pour sa prescience incroyable, qui l’a amené à organiser en 2019 un exercice épidémique viral majeur qui a été tellement similaire à ce qui s’est véritablement produit en réalité quelques mois plus tard à peine.
Les dirigeants de l’administration Trump étant tellement entichés de la guerre biologique, tellement hostiles à la Chine, et ayant lancé des simulations à grande échelle en 2019 sur les conséquences d’une mystérieuse épidémie virale dans ce même pays, il semble tout à fait déraisonnable de totalement écarter la possibilité que des projets aussi extrêmement téméraires aient pu être discutés en privé et finalement mis en application, même si cela a probablement été réalisé sans l’autorisation du président.
Mais une fois révélées les conséquences terribles de l’inaction du gouvernement étasunien sur le sujet, des éléments de nos agences de renseignements se sont appliqués à démontrer que ce n’étaient pas eux qui avaient dormi à la barre. Début octobre 2022, un reportage d’ABC News citait quatre sources gouvernementales distinctes révélant que dès la fin novembre, une unité spéciale de renseignements médicaux au sein de notre agence de Renseignement de Défense avait produit un rapport avertissant qu’une épidémie incontrôlable se produisait dans la région chinoise de Wuhan, et avait distribué ce document parmi les haut-placés du gouvernement étasunien, avec l’avertissement selon lequel il fallait agir pour protéger les soldats étasuniens situés en Asie. Une fois le récit éventé, un porte-parole du Pentagone a officiellement réfuté l’existence de ce rapport du mois de novembre, et divers autres dirigeants de haut niveau du gouvernement et des renseignements ont refusé d’apporter des commentaires à ce sujet. Mais quelques jours plus tard, la télévision israélienne avait mentionné qu’au mois de novembre, les renseignements étasuniens avaient bel et bien partagé ce rapport sur l’épidémie de Wuhan avec ses alliés de l’OTAN et Israël, ce qui semblait confirmer de manière indépendante la pertinence totale du reportage originel livré par ABC News et ses diverses sources au sein du gouvernement.
Il apparaît donc que des éléments de la Defense Intelligence Agency étaient au courant de l’explosion virale mortelle de Wuhan plus d’un mois avant le moindre dirigeant du gouvernement chinois. À moins que nos agences de renseignements aient pratiqué une percée dans la technologie de la précognition, je pense que cela s’est produit pour la même raison exactement qui fait que les pyromanes sont au courant à l’avance de l’emplacement des futurs incendies.
Selon ces récits multiples propagés par les médias dominants, au cours de « la seconde semaine du mois de novembre », la Defense Intelligence Agency était déjà en train de préparer un rapport secret avertissant d’une épidémie « cataclysmique » se déroulant à Wuhan. Pourtant, à ce stade, pas plus d’une bonne dizaine de personnes avaient été infectées dans cette ville comptant 11 millions d’habitants, et peu d’entre eux présentaient le moindre symptôme grave. Les implications en sont tout à fait évidentes. Qui plus est :
Au fur et à mesure que le coronavirus s’est mis à se répandre au-delà des frontières de la Chine, un autre développement s’est produit, qui a grandement multiplié mes soupçons. La plupart des premiers cas se sont produits exactement à l’endroit où l’on s’y attendait, parmi les pays d’Asie de l’Est jouxtant la Chine. Mais à la fin du mois de février, l’Iran est devenu le second épicentre de l’épidémie globale. Chose plus surprenante encore, les élites politiques iraniennes avaient été particulièrement touchées, avec 10% du parlement iranien bientôt infecté et au mois une douzaine de dirigeants et hommes politiques qui sont morts de la maladie, y compris certains qui étaient très âgés. De fait, des activistes néoconservateurs sur Twitter se sont mis à se réjouir que leurs ennemis iraniens détestés tombaient comme des mouches.
Examinons les implications de ces faits. Dans le monde entier, les seules élites politiques à avoir subi des pertes significatives sont celles de l’Iran, et ils sont morts à une phase très précoce, avant que des épidémies significatives se soient même produites n’importe où ailleurs dans le monde hors de la Chine. Aussi, nous voyons les États-Unis assassiner le plus haut dirigeant iranien le 2 janvier, et à peine quelques semaines plus tard, de vastes portions des élites dirigeantes iraniennes se sont trouvées infectées par un nouveau virus mystérieux et mortel, avec de nombreuses personnes parmi elles en mourant bientôt. Est-ce qu’une personne rationnelle pourrait considérer cela comme une pure coïncidence ?
Les Iraniens eux-mêmes étaient bien conscients de ces faits, et leurs principaux dirigeants politiques et militaires ont accusé publiquement les États-Unis d’avoir lancé une guerre biologique illégale contre leur pays et contre la Chine, avec leur ancien président allant jusqu’à déposer une plainte formelle auprès des Nations Unies. Mais quoique ces charges explosives aient été largement exposées dans la presse iranienne, elles sont restées totalement ignorées par les médias étasuniens si bien que presque aucun habitant des États-Unis n’en a même eu conscience.
Pour qui préférerait prendre connaissance de ces informations sous un autre format, voici trois de mes interviews en podcasts de cette année, qui approchent désormais un total de 1,3 millions de vues sur Rumble, la première vidéo compte à elle-seule un demi-million de vues :
Kevin Barrett, FFWN • February 16, 2022 • 15m
Geopolitics & Empire • February 1, 2022 • 75m
Red Ice TV • February 3, 2022 • 130m
Traduit par José Martí pour le Saker Francophone
par Pepe Escobar - Le 09/10/2022.
Les rebondissements de la saga du Nord Stream 2 (NS2) ont donné lieu à un nouveau changement de donne étonnant.
Tout a commencé lorsque Gazprom a révélé que la ligne B du NS2 était intacte ; non seulement elle a échappé au terrorisme des pipelines, mais elle pourrait « potentiellement » être utilisée pour pomper du gaz vers l’Allemagne.
Cela confirme une fois de plus que NS2 est une merveille d’ingénierie. En fait, tout le système: Les tuyaux sont si solides qu’ils n’ont pas été brisés, mais simplement perforés.
Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak a poursuivi, avec une mise en garde : la restauration de l’ensemble du système, y compris NS, est possible, mais « nécessite du temps et des fonds appropriés ». Mais d’abord, dans l’ordre des priorités de la Russie, les auteurs doivent être identifiés de manière concluante.
Des sources à Moscou ont confirmé l’évaluation de Gazprom concernant NS2. Même Bloomberg a dû en faire état.
Par la suite, à Vienne, lors de la réunion de l’OPEP+, Novak a fait remarquer que la Fédération de Russie était « prête à fournir du gaz par la deuxième ligne de Nord Stream 2. C’est possible si nécessaire ».
Nous savons donc que c’est possible. « Nécessaire » dépendra d’une décision politique de l’Allemagne.
Novak a également fait remarquer que ni la Russie ni les exploitants de Nord Stream ne sont autorisés à enquêter sur le terrorisme des pipelines. La Russie insiste sur le fait que sans sa participation, l’enquête est viciée.
Quel que soit le modus operandi du terrorisme des pipelines, l’incompétence faisait partie du lot. Aucune charge explosive n’a été placée ou déclenchée sur la ligne B de NS2.
Cela signifie, comme l’a dit Novak, qu’elle est pratiquement prête à fonctionner. La ligne B est capable de pomper 27,5 milliards de mètres cubes de gaz par an, ce qui représente la moitié de la capacité totale de NS.
La capacité de NS avait été réduite à 20%, en raison de l’interminable saga des turbines, avant d’être complètement arrêtée. Il est important de noter que la ligne B de NS2 pomperait toujours 2,75 fois la capacité du Baltic Pipe, récemment inauguré, qui relie la Norvège à la Pologne via le Danemark. Ce qui profite essentiellement à la Pologne, contrairement à NS2 qui dessert plusieurs clients de l’UE.
Dans un monde rationnel, Berlin mettrait fin à l’accumulation des sanctions russes et ordonnerait immédiatement le démarrage de NS2, retardé à l’infini, afin d’atténuer au moins le processus actuel de désénergisation, de désindustrialisation et de crise socio-économique profonde imposé à l’Allemagne par les suspects habituels.
Mais l’Occident collectif reste asservi par des psychopathes géopolitiques guidés par l’irrationalité. Il est donc peu probable que cela se produise.
Pour commencer, « l’enquête » sur la façon dont le terrorisme des pipelines s’est produit ressemble à une réécriture de Kafka par l’OTAN.
Les opérateurs de NS et NS2 – Nord Stream AG et Nord Stream 2 AG, dont le siège est en Suisse – ne peuvent pas se rendre sur la scène du crime en raison des restrictions absurdes imposées par les Danois et les Suédois. Les opérateurs ont besoin de pas moins de 20 jours ouvrables pour obtenir les « permis » leur permettant de procéder à leurs propres inspections.
La police de Copenhague s’occupe de la scène du crime près de la zone économique exclusive (ZEE) danoise, parallèlement aux garde-côtes suédois autour de la ZEE suédoise.
Si cela ressemble à une de ces séries noires scandinaves populaires sur Netflix, c’est parce que c’est le cas. Avec un rebondissement crucial : C’est l’OTAN qui enquête sur elle-même – la Suède est sur le point d’entrer dans l’OTAN – et les Russes ne sont pas admis. Toutes les principales hypothèses de travail sur le terrorisme des pipelines indiquent une opération sale intra-OTAN contre l’Allemagne, membre de l’OTAN.
Ainsi, toute preuve troublante désignant des acteurs de l’OTAN peut commodément « disparaître » ou être altérée pendant ces 20 longs jours nécessaires à la délivrance des « permis ».
Pendant ce temps, les conséquences de la guerre énergétique imposée par les États-Unis à l’Europe contre la Russie vont continuer à s’accumuler et coûter à l’UE jusqu’à 1600 milliards d’euros, selon un rapport de Yakov & Partners, l’ancienne division de McKinsey en Russie.
Si l’on considère que l’UE est privée de NS2 et que les prix de l’énergie ne cessent d’augmenter sur le marché au comptant, le PIB de l’UE pourrait diminuer de 11,5% (1,7 billion d’euros), et environ 16 millions de personnes se retrouveraient au chômage.
Le stockage de gaz dans l’UE, actuellement élevé (90%), ne signifie pas que l’on dispose de suffisamment de gaz pour l’hiver. Le stockage total de gaz représente environ 90 jours de la demande. L’UE pourrait facilement être à court de gaz en mars, voire avant, au rythme actuel d’un écoulement au compte-gouttes.
Cela signifie que l’UE devra réduire sa consommation globale de gaz d’au moins 20%. Et n’oubliez jamais que le gaz norvégien ou américain importé est ridiculement plus cher que le gaz russe à contrat fixe.
La démence des sanctions ne s’arrête cependant jamais. Le G7, en trois étapes successives, visera le brut, le diesel et le naphta russes, selon le Trésor américain. Ils insistent toujours sur un plafonnement des prix du pétrole, que ni la Russie ni plusieurs clients des pays du Sud ne suivront.
Le tableau d’ensemble reste le même. Le terrorisme des pipelines était une manœuvre désespérée pour empêcher l’Allemagne de conclure avec la Russie une clause d’exemption des sanctions pour Nord Stream.
Un canal secret de négociation était en vigueur. Il est éclairant de considérer que toutes les actions précédentes de Berlin et de Moscou, retardant et restreignant le flux de gaz, ont été menées pour empêcher l’Empire de mettre à exécution sa menace de mettre fin à NS2.
Puis l’Empire a agi.
Du point de vue de Moscou, cela ne change rien au Grand Échiquier. Le Kremlin a manipulé le désespoir absolu de Washington, qui refuse d’admettre la plus grande débâcle de politique étrangère depuis le Vietnam ; les Russes, quant à eux, continuent de poursuivre les objectifs de l’opération militaire spéciale (OMS), qui est sur le point de se métastaser en opération antiterroriste (OTC).
En l’état actuel des choses, Moscou n’est pas touchée par les crises interconnectées de l’énergie, des carburants et des ressources, associées aux immenses perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Les Russes sont essentiellement des spectateurs médusés qui contemplent le ralentissement de la production industrielle dans la zone euro, associé aux sorties de capitaux, à la montée de l’inflation et aux protestations sociales sur le point d’exploser.
Il y a une dangereuse fenêtre pour des actions impériales irrationnelles d’ici le G20 du mois prochain à Bali. Après cela, la situation sera totalement différente, non seulement sur les champs de bataille ukrainiens, mais aussi dans toute l’Union européenne, embourbée dans la détresse.
Le plan Morgenthau, après la Seconde Guerre mondiale, a été concocté pour affamer littéralement l’Allemagne en détruisant les mines de charbon de la Ruhr. Il est étonnamment similaire au plan straussien des psychopathes néocons américains visant à couper l’Allemagne du gaz naturel russe en bombardant NS et NS2.
Le premier plan Morgenthau aurait conduit à la désindustrialisation de l’Allemagne. Selon la clause 3, l’ensemble de la Ruhr « devrait non seulement être dépouillée de toutes les industries existantes, mais aussi affaiblie et contrôlée de telle sorte qu’elle ne puisse pas, dans un avenir prévisible, devenir une zone industrielle ».
La fin de l’Allemagne en tant qu’État industriel aurait créé un chômage massif et permanent touchant 30 millions de personnes, selon Henry Stimson, le secrétaire américain à la Guerre. La réponse de Morgenthau est que la population excédentaire pourrait être déversée en Afrique du Nord.
Les services secrets américains sont très au fait du rapprochement entre Berlin et Moscou. Frapper NS et NS2 était la signature du plan Morgenthau remixé par le combo Strauss/neocon.
Mais ce n’est pas fini tant que la dame wagnérienne chante. Pas besoin de Gotterdammerung : L’Allemagne a peut-être son propre destin en main après tout. Il suffit d’allumer l’interrupteur sur NS2.
source : Press TV
traduction Réseau International
Il était en charge d’enquêter sur le sabotage du Nordstream.
Le tweet de Remco Van Velzen dit : « le directeur adjoint du Parquet suédois, Erik Olsen, retrouvé chez lui. Mort par piqûre d’abeille, incinéré quelques heures plus tard. Il était en charge d’enquêter sur le sabotage du Nordstream ».
Laissez-moi répéter ça : Le responsable de l’enquête européenne officielle sur le sabotage du Nord Stream vient de mourir d’une « piqûre d’abeille » et le mec est incinéré « dans les heures qui ont suivi » ???
Qui peut croire à ça ? Je rappelle que l’avion de l’entrepreneur de la maintenance des Nord Stream s’est volatilisé en vol. Enquête classée immédiatement.
Seule la CIA a cette puissance de nuisance, et seuls les pays vassaux des US ont cette puissance à se coucher !
source : Profession Gendarme
Source : Riposte laïque.
Il est acquis dès le départ que l’auteur de ce sabotage est à rechercher du côté américain qui seul avait intérêt à ce sabotage : créer une situation de non-retour dans la détérioration des relations entre les Allemands et les Russes. Il ne fallait surtout ne pas maintenir les ”ponts établis” entre l’Allemagne et la Russie à tous les niveaux.
Les Américains ont réussi temporairement à détruire ces “ponts”, cependant pas à long terme. La résistance en Allemagne s’organise pour remettre en place certains “ponts” : commerciaux et industriels. L’humain suivra nécessairement.
Je vais vous faire part d’une information sortie sur Samnytt avec images à l’appui le 11 octobre. Il s’agit d´une découverte faite par Gazprom (co-proprétaire majoritaire des gazoducs) en 2015. Gazprom a mis dès le départ un système de surveillance ambulatoire. En 2015, Gazprom a constaté, dans la zone économique suédoise près de Gotland, la présence d’un engin Sea Fox sous l’un des gazoducs. A la demande de Gazprom, les services de déminage de l’armée suédoise ont retiré l’engin ce qui a permis de l’identifier. Le gouvernement suédois a classifié l’incident secret défense. Les Américains s’opposaient à la collaboration germano-russe et prévoyaient déjà un sabotage par la pose sur les tuyaux en mer Baltique. Un sabotage, même déguisé en accident n’étant pas possible en temps de paix, ils ont attendu la période des hostilités pour le “bon moment” de la destruction des gazoducs.
Mikhail Misjustin, premier ministre russe, a demandé par lettre au premier ministre suédois par intérim, Magdalena Andersson, de pouvoir participer à l’enquête initiée par le parquet. Par la voix de son ministre de la défense, Peter Hultqvist, lui aussi en intérim, a donné une fin de non-recevoir à cette demande de la Russie/Gazprom.
C’est d’une bêtise sans nom d’écarter d’une enquête judiciaire le principal intéressé de “l’affaire Gazprom”, n’est-ce pas ?
Jean-Claude Jourdan
par Bruno Bertez.
Cela signifie que ce n’était pas la Russie. Il est trop dangereux pour le gouvernement allemand de nommer l’auteur du sabotage : les États-Unis. La démocratie en Occident…
Sahra Wagenknecht, politicienne de l’opposition au Parlement allemand, a demandé au gouvernement allemand des informations sur l’attaque des pipelines Nord Stream, et elle a obtenu cette réponse :
« Pour des raisons de bien-être de l’État » aucune autre information ne sera fournie.
« Après un examen attentif, le gouvernement fédéral est arrivé à la conclusion que des informations supplémentaires ne peuvent pas être fournies – même sous forme classifiée – pour des raisons de bien-être de l’État ».
La raison en est la « règle de la tierce partie » pour la coopération internationale des services de renseignement.
Selon cette règle, l’échange international des informations est soumis à des exigences de secret particulièrement strictes. « Les informations demandées portent donc atteinte à des intérêts de confidentialité qui ont tellement besoin d’être protégés que le bien-être de l’État l’emporte sur le droit parlementaire à l’information. Le droit des députés de poser des questions doit exceptionnellement s’effacer devant l’intérêt de confidentialité du gouvernement fédéral ».
En langage clair : il y a probablement des conclusions que les membres du Bundestag ne sont pas autorisés à entendre.
Pour cette raison, le gouvernement allemand ne répond pas à la question de Wagenknecht « quels navires et troupes de l’OTAN » se trouvaient dans les zones où les dommages se sont produits depuis la suspension de l’approvisionnement en gaz par Nord Stream 1, et quels navires et troupes russes ont été aperçus pendant cette période.
Cette réponse, également, « impliquerait la divulgation d’informations qui auraient un impact particulier sur le bien-être de l’État », écrit le ministère fédéral des Affaires étrangères. Par conséquent, il est également hors de question de classer et de déposer les informations demandées, « car même le risque même faible de divulgation ne peut être accepté »1.
source : Bruno Bertez
La Suède a rejeté le projet de créer une équipe d’enquête conjointe officielle avec le Danemark et l’Allemagne pour enquêter sur les récentes ruptures des pipelines Nord Stream 1 et 2, a déclaré un procureur suédois enquêtant sur les fuites.
Mats Ljungqvist, le procureur impliqué dans l’enquête pénale suédoise sur les fuites du Nord Stream dans la zone économique suédoise, a déclaré que la Suède coopérait déjà avec le Danemark et l’Allemagne sur la question.
Il a déclaré que la Suède avait rejeté la proposition d’une équipe d’enquête conjointe (ECE) de l’agence de coopération judiciaire Eurojust, car une telle enquête conjointe inclurait des accords juridiques en vertu desquels la Suède devrait partager les informations de sa propre enquête qu’elle jugeait confidentielles.
« C’est parce qu’il y a des informations dans notre enquête qui sont soumises à la confidentialité directement liée à la sécurité nationale », a déclaré Ljungqvist à Reuters.
Il a fait ce commentaire après un article paru vendredi dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel selon lequel la Suède avait rejeté les projets d’enquête conjointe avec le Danemark et l’Allemagne, citant des sources de sécurité allemandes.
La caniche Allemand continue de donner la papatte ! Il a besoin des swaps en dollars de la Fed pour éviter la révulsion de la Deutsche Bank : L’Allemagne ne peut redevenir un pays souverain que si elle entame un colossal mouvement désintrication bancaire.
Hmm. Le chat est
sorti du sac : Les États-Unis ne veulent pas que l’Allemagne sache
ce que la Suède sait
sur l’explosion du Nord Stream, car cela n’aiderait pas les relations
américano-allemandes
! Si vous avez un allié comme les États-Unis, vous n’avez
pas besoin d’ennemis.
Le berger allemand se comporte comme un caniche !
source : Bruno Bertez
« Joe Biden » se fout de la gueule du loup en matière de civilisation occidentale. Il ne peut pas s’aider lui-même. Ses assistants ne peuvent pas l’aider. Qui va nous aider ?
Par James Howard Kunstler – Le 3 octobre 2022 – Source kunstler.com +the Saker francophone.
Un message trouvé dans un biscuit chinois de Panda Take-out nous rappelle : « Le gode des conséquences est rarement lubrifié ». Veuillez appliquer cette sagesse ancienne au sabotage par « Joe Biden » des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Le secrétaire d’État Antony Blinken a présenté cet acte comme une « formidable opportunité » de réduire la consommation de carburant en Europe, et de transférer sa dépendance antérieure à l’égard de l’énergie russe abordable vers le gaz naturel liquide (GNL) américain dont le prix est ruineux – une soi-disant aubaine pour les producteurs américains. Quelle chance pour nous et pour eux !
Mettons au clair quelques points techniques concernant le gaz naturel. Les gazoducs permettent d’obtenir du gaz bon marché, sans avoir à recourir à des procédures d’expédition coûteuses. Les flux sont continus du producteur au client. Le GNL nécessite la compression du gaz à des températures extrêmement basses et des navires méthaniers coûteux à construire pour maintenir le gaz froid et comprimé en transit. Chaque navire-citerne ne peut transporter qu’une quantité limitée de gaz et le flux n’est pas continu. À chaque extrémité de ce voyage à perte d’énergie se trouve un terminal GNL coûteux pour charger et décharger le gaz. Conclusion : Les clients de la zone euro ne peuvent pas se permettre d’acheter du GNL américain, même si, pour l’instant, ils en recevront une bonne dose pour lutter contre le premier hiver d’une dépression permanente qui ressemblera davantage au début d’une nouvelle ère sombre. N’oubliez pas non plus que le gaz de schiste américain est une ressource limitée, que nous en avons nous-mêmes besoin en abondance et que les premiers gisements de gaz de schiste américains exploités s’épuisent les uns après les autres.
Le secrétaire Blinken prétend que la situation critique de l’Europe va se transformer en une nouvelle disposition « verte et renouvelable » des choses, ainsi qu’en une nouvelle guerre froide stable et équilibrée entre l’OTAN dirigée par les États-Unis et la Russie, comme dans les années 1950. Le secrétaire Blinken est, bien sûr, complètement fou. L’industrie allemande va maintenant s’effondrer, l’euro va s’effondrer avec elle, et le taux de change avec les dollars que l’Euroland doit acheter pour acheter du GNL américain va encore les ruiner. Cela fera aussi probablement exploser l’Union européenne, qui est avant tout un échafaudage commercial. Avec une production industrielle en déclin, le commerce s’effondre également, et les fragiles accords de coopération entre les nations se transforment en une compétition désespérée, chaque nation de l’Euroland luttant pour rester en vie.
N’oublions pas la raison pour laquelle « Joe Biden » a fait sauter les Nord Stream : Pour éliminer toute chance pour l’Allemagne de se soustraire aux sanctions américaines contre la Russie. Juste avant la frappe sur les Nord Stream, des protestations se sont élevées dans plusieurs villes allemandes, les gens ordinaires étant déjà irrités par l’arrêt des livraisons de gaz russe et la flambée des prix du gaz dont ils ont désespérément besoin. Si les États-Unis se tenaient à l’écart alors que l’Allemagne faisait une paix séparée avec la Russie, comment cela affecterait-il l’engagement des pays de l’OTAN dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie provoqué par les États-Unis ? Quel soutien financier l’Euroland continuerait-il à accorder à l’opération de blanchiment d’argent de Zelensky ?
Ce qu’aucun responsable gouvernemental ne peut reconnaître – même parmi les nations de l’Euroland victimes de cette terrible stupidité – c’est que la démolition américaine des Nord Streams était un acte de guerre contre nos propres alliés. À propos, le blogueur qui se fait appeler « Monkey Werx« , connu pour suivre les mouvements des vols militaires dans le monde entier, présente un compte rendu détaillé de la manière dont la mission a été accomplie. Je vais résumer mais vous pouvez lire son rapport complet par vous-même.
MW rapporte qu’au cours de la nuit du 26 septembre, un avion de surveillance maritime P8 Poseidon, chasseur de sous-marins de la Navy, a quitté les États-Unis pour se rendre dans la Baltique. Il n’a pas atterri au Royaume-Uni pour se ravitailler en carburant – évitant ainsi toute complication liée au repérage – mais s’est retrouvé au-dessus de Grudziadz, en Pologne, avec un avion américain de ravitaillement en vol Bart-12, avec lequel il est resté en contact pendant plus d’une heure. Le P8 était équipé de torpilles Mk54 lancées par avion. Après s’être désamarré du ravitailleur Bart-12, le P8 a suivi une route vers l’ouest le long des pipelines Nord Stream, est descendu à l’altitude de largage des bombes et a largué ses armes. Kaboom. Puis, entièrement ravitaillé, le P8 est rentré directement aux États-Unis. Quelques jours plus tard, lorsque la Russie a posé à l’ONU une question à laquelle il fallait répondre par oui ou par non sur la responsabilité des États-Unis dans l’affaire du Nord Stream, les représentants américains ont refusé de répondre dans un sens ou dans l’autre. Mignon.
Les questions se posent donc : Combien de jours encore avant que l’Allemagne et le reste de l’Euroland ne commencent à comprendre comment ils ont été floués par l’Amérique dans un scénario d’effondrement économique (combien de jours avant qu’une équipe de professionnels compétents ne traque Klaus Schwab et ses collègues quelque part en Suisse) ? Quand les Européens se retourneront-ils contre leurs idiots de gouvernants et les chasseront-ils du pouvoir ? Quand tous (à l’exception de la Pologne psychotique) se retireront-ils de la croisade des États-Unis en Ukraine ? Je vais vous dire : Tout cela va commencer très bientôt. Et si c’est le cas, ce sera la fin de l’alliance de l’OTAN.
Pendant ce temps, la campagne de propagande menée par les États-Unis présente la Russie comme étant complètement à la ramasse face à une armée ukrainienne en furie et triomphante. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. La Russie a effectué quelques retraites tactiques le mois dernier en préparation d’un dernier nettoyage systématique et méthodique de l’armée ukrainienne restante. La Russie fait entrer des missiles hypersoniques Iskander, qui ne sont pas nécessairement dotés d’armes nucléaires, et rassemblera des soldats réguliers de l’armée russe pour remplacer les volontaires de la milice de Donbass qui ont fait le plus gros du travail sur la ligne faiblement défendue menant à la retraite tactique dont on parle beaucoup autour du front Kharkov-Izium-Lyman. La table de négociation russe est ouverte. Si elle ne s’y présente pas, l’Ukraine devra décider quelle sorte d’État croupion elle veut devenir – un simple petit coin de terre agricole ou un État en faillite à part entière.
Pendant ce temps, l’Europe occidentale s’enfonce dans le froid et l’obscurité, et les États-Unis ne sont pas loin derrière. Qu’est-ce qui nous attend au pays des cocos ? Essayez une crise du carburant pour le transport routier. Le kérosène se fait rare – il n’y en a plus, par exemple, dans les installations de stockage de la vallée de l’Hudson à Albany. Le mélange de carburant pour le camionnage en hiver est composé de 70 % de diesel et de 30 % de kérosène, qui est ajouté pour alléger le carburant et lui permettre de circuler dans des conditions de gel. Cette pénurie laisse présager un effondrement de la chaîne d’approvisionnement pour à peu près tout, mais surtout pour la nourriture. Cela ne semble pas très réjouissant pour Noël. « Joe Biden » et compagnie détruisent les USA à presque tous les niveaux. Trente-cinq jours avant les élections de mi-mandat. Alors, envoyons quelques milliards de dollars supplémentaires à la plaie thoracique suintante qu’est l’Ukraine.
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Source : The Saker francophone.
Par Tom Luongo – Le 29 septembre 2022 – Source Gold Goats ‘N Guns
1 Le vieux monde s’est brisé cette semaine. Il a été détruit cyniquement par quelqu’un qui pensait que cela ferait avancer son agenda au mieux.
L’acte de vandalisme d’un élément majeur d’infrastructure physique, visant des populations civiles, n’est pas sans précédent dans l’histoire, mais il indique que tout ce que nous pensions savoir sur les règles du jeu actuel était faux.
En tout cas, pour la plupart des gens.
Lorsque j’ai pris la parole en juin à la Ron Paul Institute Conference on Foreign Policy, j’ai décrit le jeu géopolitique comme une partie à sept joueurs de l’ancien jeu chinois, le Go.
Et dans ce jeu, nous avons atteint un point d’inflexion où certaines factions se regroupent et d’autres se divisent. La faction qui ne veut pas faire de compromis sur son avenir est la plus dangereuse à la table.
J’en ai conclu que ceux « qui pensent qu’ils ont le droit de diriger le monde » vont renverser le plateau de jeu.
Ils changeront les règles du jeu sans remords et sans se soucier de ceux qu’ils blessent et des conséquences de leurs actes. En fait, le chaos qu’ils engendrent leur est préférable à la défaite.
Nous en avons eu un premier aperçu lorsque l’Occident ne s’est pas contenté de geler les réserves de change de la Russie, mais les a saisies.
Désormais, les avoirs sous-marins dans les eaux internationales sont une proie facile. La bonne nouvelle, c’est que ce retournement du plateau de jeu ne concerne que quelques gazoducs. Il est toujours possible de faire quelque chose de bien plus impensable, ce qui n’est pas exclu.
Immédiatement après que la preuve de l’explosion des gazoducs a été apportée, tout le monde (y compris moi-même) a avancé sa théorie sur le coupable. Malheureusement, je peux construire des arguments pour justifier la participation de presque tous les acteurs majeurs du jeu.
Mais comprenez la signification de cet acte. Une autre ligne rouge dans le commerce et les relations internationales a été franchie. La question brûlante est : par qui ?
Nous pouvons exclure les hypothèses les plus idiotes, comme celle où les Russes auraient fait sauter les pipelines eux-mêmes. Pourquoi faire sauter un actif qui est littéralement votre plus grand levier sur ce plateau de jeu particulier quand vous pouvez faire ce que Poutine avait déjà fait, fermer les robinets ?
Les seules personnes qui avancent cette idée sont des néoconservateurs écervelés qui n’ont jamais rencontré de problème dans le monde qu’ils ne puissent imputer à Poutine. Leurs arguments ne font que confirmer ce que nous savions déjà, ils sautent de joie à l’annonce de la nouvelle.
Nombreux sont ceux qui, par réflexe, pointent du doigt les déclarations de Joe Biden et de Victoria Nuland concernant la suppression du gazoduc Nordstream 2 avant que la guerre en Ukraine n’éclate. Mais, et alors ? Pourquoi avoir attendu sept mois pour mettre cette menace à exécution ? Et pourquoi se débarrasser en même temps de Nordstream 1 ?
L’argument repose sur l’idée que les États-Unis sont désormais un État voyou entièrement contrôlé par des néoconservateurs qui y voient l’occasion de faire d’une pierre deux coups sur le plan géopolitique, en entrant en guerre contre la Russie tout en reprenant la domination sur une Europe vassale.
C’est en effet le sentiment qui prévaut dans l’ensemble des médias alternatifs anti-américains. De Pepe Escobar à Bernard de Moon of Alabama, l’empressement à faire le lien entre le mobile (Escobar) et les moyens (MoA) est assez convaincant.
Cependant, je ne suis pas d’accord.
Et les raisons sont nombreuses. Mais cela commence par la prémisse de base, à savoir que c’est trop facile.
Bien sûr, les néoconservateurs voulaient que NS1 et NS2 soient retirés de l’échiquier. Les néoconservateurs se taillent la part du lion dans les postes importants du Conseil national de sécurité de « Biden » , de son Département d’État et du Département de la défense. Mais l’axe néoconservateur ne s’arrête pas à l’embouchure du Potomac. Leurs racines sont profondes dans les services secrets britanniques, à Whitehall, à la City de Londres et même en Allemagne.
Lorsque vous invoquez le terme néoconservateur, c’est un terme très spécifique pour une faction très spécifique de personnes. Ils sont rapaces, peu enclins au compromis, infatigables et intégrés comme des tiques dans toute l’infrastructure politique et de renseignement occidentale.
Ils sont aussi incroyablement faciles à manipuler, car il suffit de leur donner le feu vert pour le chaos pour qu’ils se ruent dessus comme un pitbull sur un lapin qui couine.
Ainsi, si Bernard a fait un excellent travail en exposant tous les « faits » circonstanciels de cette affaire, il n’a pas non plus tiré de conclusion. Il laisse ce travail à son partenaire Escobar, gauchiste et opposant à l’empire américain, et à l’imagination de tant de personnes désabusées à juste titre par les États-Unis.
Eux et d’autres ont présenté leurs arguments et il suffit maintenant de laisser l’amplificateur des médias sociaux et de l’anxiété mondiale se déchaîner. Il est facile aujourd’hui de nourrir les gens de cynisme. Haïr les États-Unis est désormais à la mode.
Le terrain a été préparé depuis des mois, l’Europe s’étant tirée une balle dans le pied à plusieurs reprises tout en permettant à ses sympathisants d’essayer de la présenter comme la victime de l’agression américaine.
Personnellement, je pense que cette conclusion est absurde et je maintiens depuis des mois que l’UE et les États-Unis veulent tous deux cette guerre contre la Russie, mais pour des raisons différentes. En d’autres termes, personne n’est victime de l’agression de l’autre, ils veulent tous deux la même chose, un divorce et/ou une guerre avec l’intégration eurasienne, mais ils se battent en interne pour savoir qui sera le décideur à la fin.
Je l’ai exposé dans de nombreux articles de mon blog, mais celui-ci, datant de janvier, expose tous les arguments des factions en présence. Bien que j’aie eu tort de dire que la guerre en Ukraine n’était plus à l’ordre du jour, l’interaction des factions est toujours pertinente.
Le principe de base a toujours été d’utiliser les néoconservateurs pour déstabiliser le monde à cause de l’Ukraine, d’amplifier la belligérance des États-Unis et du Royaume-Uni au point d’en faire des États terroristes, et de présenter l’Europe comme la victime de tout ce qui pourrait arriver.
Mais une fois que Poutine a envahi l’Ukraine, les véritables motivations de chacun ont été exposées. L’Europe ne pouvait pas reculer et permettre à la Russie de prendre l’Ukraine, car Davos avait besoin de l’Ukraine pour attirer tout le monde dans son vortex. Les accords de Minsk n’étaient qu’un moyen de faire gagner du temps aux plans de chacun.
Ils voulaient tous cette guerre avec la Russie, mais Poutine a choisi les modalités de la bataille et le moment. Penser encore que l’Europe est victime des ambitions coloniales américaines trahit une naïveté qui confine à la pathologie.
Et pourtant, tout le monde s’est laissé prendre par le stupide « rapport » de la Rand Corporation de janvier qui préparait le terrain pour l’explosion des pipelines Nordstream, opportunément « divulgué » au monde deux semaines avant le week-end que tout le monde avait encerclé sur son calendrier géopolitique comme le plus important de l’année.
Ouais, et vous pouvez tirer mon autre jambe, ça joue « Il y a un pigeon qui naît chaque minute ».
Ne vous méprenez pas, je ne vais pas absoudre les États-Unis de toute malfaisance ici. Les États-Unis sont en partie impliqués. Penser le contraire est aussi profondément naïf. Non, ce que je vais faire, c’est rappeler à chacun les motivations, les incitations et les déficiences des acteurs occidentaux et vous donner ce que je pense être la meilleure réponse que nous obtiendrons jamais (et les raisons de cette réponse) sur le curieux mystère de la disparition de Nordstream.
Hier, j’ai écrit un énorme fil de discussion sur Twitter à ce sujet, que je vais dérouler ci-dessous, accompagné de quelques commentaires supplémentaires si besoin. Les tweets originaux sont en gras, les commentaires en italique.
Je ne peux pas insister assez sur le fait que nous sommes dans des eaux très dangereuses ici. Je n’excuse pas les États-Unis. Ce pays a commis des crimes dont il devra répondre. Et le plus grand est peut-être d’avoir permis à ces trous du cul mondialistes de le corrompre presque irrémédiablement. Mais ne laissez pas cela vous aveugler sur ce qui se passe réellement.
Ce que j’essaie de souligner, c’est que penser en termes de « pays » n’est pas la bonne façon de voir les actions de ces gens. Les factions sont le meilleur prisme. Les factions traversent les frontières politiques.
C’est seulement à partir du moment où on parle des peuples et des élections que les pays et l’interaction de ces pays avec ces factions commencent à vraiment compter.
Je vous laisse avec cela et les propos de Bernard à MoA…. maintenant tirez vos propres conclusions.
Tom Luongo
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Notes
par M. K. Bhadrakumar - Le 06/11/2022.
La diplomatie allemande a présenté un spectacle fascinant de « contrepoint » avec la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock accueillant ses partenaires du G7 à Münster les 3 et 4 novembre, alors même que le chancelier Olaf Sholz embarquait de Berlin pour une visite d’une journée à Pékin.
La séance photo montrait le secrétaire d’État américain Antony Blinken flanquant Baerbock à la table principale avec la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland – mieux connue comme la maîtresse de cérémonie lors du coup d’État « Maïdan » de 2014 à Kiev – regardant par derrière.
L’Allemagne rattrape son retard sur le photojournalisme. Sérieusement, la photo n’aurait pas pu figer de manière plus significative pour le public mondial le double visage de la diplomatie allemande alors que la coalition de l’actuel gouvernement tire dans des directions différentes.
Essentiellement, Baerbock a souligné son mécontentement face à la visite de Scholz en Chine en rassemblant autour d’elle les homologues du G7 partageant les mêmes idées. Même selon les normes de la politique de coalition, c’est un geste excessif. Lorsque le plus haut dirigeant d’un pays est en visite à l’étranger, une démonstration de dissonance sape la diplomatie.
De même, les homologues du G7 de Baerbock ont choisi de ne pas attendre le retour de Scholz. Apparemment, ils ont l’esprit fermé et la nouvelle des discbaerbussions de Scholz à Pékin n’y changera rien.
Dès lundi, Scholz devrait en bonne logique demander la démission de Baerbeck. Mieux encore, cette dernière devrait présenter sa démission. Mais ni l’un ni l’autre ne le fera.
À l’approche de la visite de Scholz en Chine, il a été vivement critiqué pour avoir entrepris une telle mission à Pékin avec une délégation commerciale de puissants PDG allemands. De toute évidence, l’administration Biden s’est tournée vers Baerbock et les cercles influents « atlantistes » intégrés à l’économie politique allemande pour mener la charge.
Scholz a-t-il mordu plus qu’il ne pouvait avaler ? La réponse dépend d’une contre-question : Scholz vise-t-il un héritage dans la grande tradition de ses prédécesseurs au Parti social-démocrate, Willy Brandt (1969-1974), Helmut Schmidt (1974-1982) ?
Ces deux figures titanesques ont pris des initiatives révolutionnaires envers l’ex-Union soviétique et la Chine respectivement à des moments décisifs de l’histoire moderne, défiant les chaînes de l’atlantisme qui ont freiné l’autonomie stratégique de l’Allemagne et consigné ce pays comme un subalterne dans le système d’alliance dirigé par les États-Unis.
La différence cardinale aujourd’hui est que Brandt (qui a navigué dans l’Ostpolitik en ignorant les furieuses protestations américaines contre le tout premier gazoduc reliant les champs gaziers soviétiques à l’Allemagne) et Schmidt (qui a saisi le moment pour profiter de la normalisation américano-chinoise) – et le chancelier Gerhard Schroeder (1998-2005) aussi, qui a étendu et approfondi l’expansion des relations commerciales avec la Russie et a noué une relation de travail sans précédent avec les dirigeants du Kremlin, au grand dam de Washington, était des dirigeants affirmés.
Autrement dit, tout dépend de la volonté collective de l’Allemagne de briser le plafond de verre de l’OTAN, que Lord Ismay, le premier secrétaire général de l’Alliance, avait succinctement capturé comme destiné à « keep the Soviet Union out, the Americans in, and the Germans down ». Actuellement, l’interaction de trois facteurs a un impact sur la politique allemande.
Tout d’abord, la stratégie Indo-Pacifique.
Ne vous méprenez pas, la guerre par procuration en Ukraine est une répétition générale de l’inévitable confrontation entre les États-Unis et la Chine sur la question de Taiwan. Dans les deux cas qui impliquent l’équilibre stratégique mondial, les enjeux sont extrêmement élevés pour l’hégémonie mondiale des États-Unis et la multipolarité dans l’ordre mondial.
L’Allemagne a un rôle central dans cette lutte historique, non seulement en occupant le terrain très instable au milieu de l’Europe qui porte également des vestiges de l’histoire, mais en étant la puissance économique du continent au seuil de devenir une superpuissance.
L’inquiétude à Washington va de soi: la visite de Scholz en Chine pourrait contrecarrer le dessein géopolitique des États-Unis qui vise à répéter l’exploit impressionnant de réussir l’unité occidentale sur l’Ukraine si les tensions débordent en Asie-Pacifique et que la Chine est forcée d’agir.
Bien sûr, aucune analogie n’est totale car il est peu probable que la Chine opte pour une opération militaire spéciale mesurée et progressive de 9 mois comme la Russie pour « écraser » l’armée taïwanaise et détruire l’État ukrainien. Elle agira vite. Ce sera la guerre mondiale dès le premier jour.
L’analogie est complète, cependant, si on se place au niveau des les sanctions infernales que l’administration Biden imposera à la Chine et du brigandage de la confiscation des « avoirs gelés » de la Chine (dépassant au moins un trillion de dollars) qui s’ensuivra, en plus de paralyser la Chine au niveau des chaînes d’approvisionnement.
Qu’il suffise de dire que « refaire à la Chine le coup de l’Ukraine » constitue la clé de la perpétuation de l’hégémonie mondiale des États-Unis. Les actifs financiers de la Chine sont appropriés pour soutenir l’économie en difficulté de l’Amérique, le statut du dollar en tant que monnaie mondiale, le néo-mercantalisme et le contrôle des mouvements de capitaux, etc. .
Deuxièmement, la grande victoire diplomatique de l’administration Biden jusqu’à présent a été dans la politique transatlantique où elle a réussi à consolider sa domination sur l’Europe en mettant au centre de la scène la question russe. Les craintes manichéennes des pays européens d’une résurgence historique de la puissance russe ont opportunément été attisées.
Peu de gens s’attendaient à une résurgence russe si peu de temps après le célèbre discours du président Vladimir Poutine à la Conférence de Munich sur la sécurité en février 2007.
Le récit occidental à l’époque était que la Russie n’avait tout simplement pas la capacité de se régénérer en tant que puissance mondiale, car la modernisation de l’armée russe était irréalisable. On peut dire que toute la diplomatie de la chancelière Angela Merkel envers la Russie (2005-2021) reposait sur ce récit facile.
Ainsi, lorsque Poutine a annoncé de manière très inattendue lors d’une réunion du Conseil du ministère de la Défense à Moscou le 24 décembre 2019 que la Russie était devenue le leader mondial de l’armement hypersonique et que « pas un seul pays ne possède d’armes hypersoniques, encore moins d’armes hypersoniques à portée continentale », l’Occident l’a entendu avec une horreur non dissimulée.
L’équipe Biden a profité de la profonde inquiétude dans les capitales européennes pour les rallier et susciter « l’unité occidentale » sur l’Ukraine.
Mais une fissure capillaire apparaît maintenant au cours de la visite de Scholz à Pékin. Blinken s’est précipité pour repousser Scholz dans le giron.
Troisièmement, à la suite de ce qui précède, une contradiction fondamentale est apparue aujourd’hui alors que les « sanctions infernales » de l’Occident contre la Russie ont explosé sur les Européens, les poussant dans la récession.
L’Allemagne a été très durement touchée, guettant le spectre de l’effondrement de secteurs entiers de son industrie, du chômage qui en résulte et des troubles sociaux et politiques.
Le miracle industriel allemand reposait sur la disponibilité d’un approvisionnement énergétique bon marché, illimité et assuré en provenance de Russie et la perturbation crée des ravages. De plus, le sabotage des pipelines Nord Stream exclut une relance du lien énergétique entre l’Allemagne et la Russie, ce que l’opinion publique allemande souhaite.
Certes, avec toutes les données disponibles sur les fonds marins de la mer Baltique, Scholz doit être bien conscient des conséquences géopolitiques de ce que les États-Unis ont fait à l’Allemagne. Mais il n’est pas en mesure de créer un chahut et il a plutôt choisi d’intérioriser le sentiment d’amertume, d’autant plus que l’Allemagne est dans une position humiliante de devoir acheter du GNL horriblement cher à des entreprises américaines pour remplacer le gaz russe.
La seule option qui reste à l’Allemagne est de tendre la main à la Chine dans une recherche désespérée pour relancer son économie.
Incidemment, la mission de Scholz visait principalement la relocalisation des unités de production de BASF, la multinationale allemande de la chimie et le plus grand producteur de produits chimiques au monde, en Chine.
Il est hautement improbable, cependant, que Washington laisse les mains libres à Scholz. Fortuitement pour Washington, les partenaires de la coalition de Scholz sont des atlantistes sans fard et sont également prêts à jouer le jeu américain.
Brandt ou Schroeder auraient riposté, mais Scholz n’est pas un combattant de rue, bien qu’il perçoive le grand dessein des États-Unis de transformer l’Allemagne en appendice de l’économie américaine et de l’intégrer dans une chaîne d’approvisionnement unique. En termes simples, Washington s’attend à ce que l’Allemagne soit un rouage indispensable dans la roue de l’Occident collectif.
Pendant ce temps, Washington tient une main forte, car le secteur des entreprises allemand est également une maison divisée avec de nombreuses entreprises qui sont bien placées pour bénéficier du changement de modèle économique que Washington promeut, montrant une réticence à soutenir Scholz – bien qu’il soit lui-même un chancelier corporatiste.
Les États-Unis savent tirer parti de telles situations.
Selon certaines informations, certaines entreprises allemandes de haute technologie n’ont pas accepté l’invitation de Scholz à l’accompagner à Pékin, notamment les PDG de Mercedes-Benz, Bosch, Continental, Infineon, SAP et Thyssen Krupp.
En prime
source : Indian Punchline via Bruno Bertez
par Pepe Escobar - Le 06/11/2022.
La caravane Scholz s’est rendue à Pékin pour poser les jalons d’un accord de paix avec la Russie, avec la Chine comme messager privilégié.
Avec son flair inimitable pour l’analyse économique imprégnée de profondeur historique, le dernier essai du professeur Michael Hudson, écrit à l’origine pour un public allemand, présente un parallèle étonnant entre les Croisades et l’actuel « ordre international fondé sur des règles » imposé par l’hégémon.
Le professeur Hudson explique en détail comment la papauté romaine est parvenue à s’assurer un contrôle unipolaire sur les royaumes séculiers (ça vous dit quelque chose ?) alors que le jeu consistait à faire prévaloir la papauté sur les rois, en particulier les Saint-Empereurs romains germaniques. Comme nous le savons, à moitié en plaisantant, l’Empire n’était pas exactement Saint, ni allemand (peut-être un peu romain), et même pas un Empire.
Une clause des Dictats papaux donnait au Pape l’autorité d’excommunier quiconque n’était « pas en paix avec l’Église romaine. » Hudson note avec acuité comment les sanctions américaines sont l’équivalent moderne de l’excommunication.
On peut soutenir qu’il y a des dates Top 2 dans tout le processus.
La première serait le troisième concile œcuménique de 435 : c’est à ce moment-là que l’on a attribué à Rome (c’est moi qui souligne) l’autorité universelle (c’est moi qui souligne). Alexandrie et Antioche, par exemple, étaient limitées à une autorité régionale au sein de l’Empire romain.
L’autre grande date est 1054 – lorsque Rome et Constantinople se sont séparées pour de bon. En d’autres termes, l’Église catholique romaine s’est séparée de l’orthodoxie, ce qui nous amène à la Russie et à Moscou en tant que troisième Rome – et à l’animosité séculaire de « l’Occident » contre la Russie.
Le professeur Hudson se penche ensuite sur le voyage de la délégation du chancelier Scholz, « saucisse de foie », en Chine cette semaine pour « exiger qu’elle démantèle son secteur public et cesse de subventionner son économie, faute de quoi l’Allemagne et l’Europe imposeront des sanctions sur le commerce avec la Chine ».
Eh bien, il se trouve que ce n’est qu’un vœu pieux enfantin, exprimé par le Conseil allemand des relations étrangères dans un article publié sur le Financial Times (la plateforme à capitaux japonais de la City de Londres). Le Conseil, comme le décrit correctement Hudson, est « le bras néolibéral « libertaire » de l’OTAN qui exige la désindustrialisation et la dépendance de l’Allemagne » vis-à-vis des États-Unis.
Ainsi, le FT, comme on peut s’y attendre, imprime les rêves humides de l’OTAN.
Le contexte est essentiel. Le président fédéral allemand Frank-Walter Steinmeier, dans un discours-programme prononcé au château de Bellevue, a pratiquement admis que Berlin est fauché : « Une ère de vents contraires commence pour l’Allemagne – des années difficiles, très difficiles, s’annoncent pour nous. L’Allemagne traverse la crise la plus profonde depuis la réunification. »
Pourtant, la schizophrénie, une fois de plus, règne en maître, puisque Steinmeier, après une cascade ridicule à Kiev – avec pose en acteur involontaire recroquevillé dans un bunker – a annoncé une aumône supplémentaire : deux lance-roquettes multiples MARS supplémentaires et quatre obusiers Panzerhaubitze 2000 à livrer aux Ukrainiens.
Ainsi, même si l’économie « mondiale » – en réalité l’UE – est tellement fragilisée que les États membres ne peuvent plus aider Kiev sans nuire à leurs propres populations, et que l’UE est au bord d’une crise énergétique catastrophique, la lutte pour « nos valeurs » dans le pays 404 l’emporte sur tout.
Le contexte général est également essentiel. Andrea Zhok, professeur de philosophie éthique à l’université de Milan, a porté le concept d’« état d’exception » de Giorgio Agamben à de nouveaux sommets.
Zhok propose que l’Occident collectif zombifié soit désormais complètement soumis à un « état de loi martiale » – où une éthique de guerre éternelle est la priorité ultime des élites mondiales raréfiées.
Toute autre variable – du transhumanisme à la dépopulation et même à la culture d’annulation – est subordonnée à l’état de Loi martiale, et est fondamentalement inessentielle. La seule chose qui compte est l’exercice d’un contrôle absolu et brut.
De solides sources économiques allemandes contredisent complètement le « message » délivré par le Conseil allemand des relations extérieures sur le voyage en Chine.
D’après ces sources, la caravane Scholz s’est rendue à Pékin essentiellement pour définir les étapes préparatoires à l’élaboration d’un accord de paix avec la Russie, avec la Chine comme messager privilégié.
C’est – littéralement – aussi explosif, géopolitiquement et géoéconomiquement, que possible. Comme je l’ai souligné dans l’une de mes précédentes chroniques, Berlin et Moscou ont maintenu un canal de communication secret – via des interlocuteurs commerciaux – jusqu’à la minute où les suspects habituels, en désespoir de cause, ont décidé de faire sauter les Nord Streams.
Suivi du désormais célèbre SMS envoyé par l’iPhone de Liz Truss à Little Tony Blinken, une minute après les explosions : « C’est fait. »
Ce n’est pas tout : la caravane Scholz essaie peut-être de lancer un processus long et alambiqué visant à remplacer les États-Unis par la Chine comme allié clé. Il ne faut jamais oublier que le premier terminal de commerce/connectivité de la BRI dans l’UE est l’Allemagne (la vallée de la Ruhr).
Selon l’une des sources, « si cet effort est couronné de succès, alors l’Allemagne, la Chine et la Russie pourront s’allier ensemble et chasser les États-Unis d’Europe ».
Une autre source a fourni la cerise sur le gâteau : « Olaf Scholz est accompagné dans ce voyage par des industriels allemands qui contrôlent réellement l’Allemagne et ne vont pas rester les bras croisés à se regarder être détruits ».
Moscou sait très bien quel est l’objectif impérial lorsqu’il s’agit de voir l’UE réduite au rôle de vassal totalement dominé – et désindustrialisé – exerçant une souveraineté nulle. Après tout, les voies détournées ne gisent pas en lambeaux au fond de la mer Baltique. De plus, la Chine n’a pas laissé entendre que son commerce massif avec l’Allemagne et l’UE était sur le point de disparaître.
Scholz lui-même, un jour avant que sa caravane n’atteigne Pékin, a souligné aux médias chinois que l’Allemagne n’avait aucune intention de se découpler de la Chine et que rien ne justifiait « les appels de certains à isoler la Chine ».
En parallèle, Xi Jinping et le nouveau Politburo sont très au fait de la position du Kremlin, réitérée encore et encore : nous restons toujours ouverts aux négociations, pour peu que Washington se décide enfin à parler de la fin de l’expansion illimitée de l’OTAN arrosée de russophobie.
Négocier signifie donc que l’Empire signe sur la ligne pointillée du document qu’il a reçu de Moscou le 1er décembre 2021, axé sur « l’indivisibilité de la sécurité ». Sinon, il n’y a rien à négocier.
Et lorsque le lobbyiste du Pentagone, Lloyd « Raytheon » Austin, conseille officiellement aux Ukrainiens d’avancer sur Kherson, il est encore plus clair qu’il n’y a rien à négocier.
Tout ceci pourrait-il être la première pierre du corridor géopolitique/géoéconomique trans-Eurasie Berlin-Moscou-Pékin ? Cela signifierait Bye Bye Empire. Une fois de plus : ce n’est pas fini tant que la grosse dame n’a pas fait son Gotterdammerung.
source : Strategic Culture Foundation
traduction Réseau International
Par Charles Sannat - Source : Insolentiae.
Oui quelques personnes qui ne veulent pas voir que le Chancelier allemand pose un véritable problème à l’Allemagne comme au reste de l’Europe et préfère dire que c’est de l’anti-germanisme primaire… hélas, même Macron a été obligé de matérialiser les désaccords avec l’Allemagne de Scholz et c’est la première fois qu’un sommet franco-allemand est annulé depuis,… depuis… et bien en fait depuis toujours, car cela ne s’est jamais produit. Macron a eu 1 000 fois raisons de le faire. La seule remarque que nous pourrions faire et qu’il aurait pu le faire plus tôt, mais cela n’a en réalité aucune importance. Les élites europathes françaises sont en train de prendre conscience que l’Allemagne ne « joue pas le jeu de l’Europe » et qu’elle cherche à couillonner le reste de ses partenaires.
C’est une bonne nouvelle que les dirigeants français soient obligés d’avaler la couleuvre. Mais ne nous leurrons pas. Ces désaccords sont porteurs de grands dangers économiques et politiques, mais surtout économiques pour tout dire.
Du côté allemand, même la presse locale n’est pas tendre, ainsi le Bild qui titre 23 heures de vols pour voir le dictateur chinois pendant 2 heures… en se moquant ostensiblement du papa Scholz.
Ci-dessous, vous pouvez voir qu’en plus le chancelier est allé à Pékin pour se faire curer le nez pour un test PCR et qu’en plus personne ne lui a serré la main, pas même le grand Xi.
Surtout pas le grand Xi.
Et c’est ainsi que le chancelier est passé pour un nain politique à Pékin.
Comme prévu. Encore une baffe pour Olaf.
Charles SANNAT
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »
Source : Le Courrier des Stratèges.
Olaf Scholz est comme un capitaine de paquebot. Virer de bord est une manoeuvre qui prend du temps. L'Allemagne vient de voir toutes les certitudes sur lesquelles reposait la politique étrangère et la prospérité économique allemande réduites à néant en quelques mois par la politique américaine en Europe. A présent, le Chancelier allemand, mis sous pression par les industriels allemands, pense pouvoir s'en sortir en développant un partenariat privilégié avec la Chine. Mais tout l'équipage n'est pas d'accord pour le changement de cap: Annalena Baerbock, qui se profile de plus en plus comme "la femme des Américains" en Allemagne, attaque ouvertement le Chancelier. Qui l'emportera, du Deep State américain ou d'une industrie allemande qui lutte pour sa survie?
Avant le voyage d’Olaf Scholz en Chine, les médias allemands répétaient en boucle que le Chancelier allait donner une leçon de “droits de l’Homme” à Pékin. En l’occurrence, ils faisaient le service de presse de la Deutsche Gesellschaft für Aussenpolitik, qui se pense de plus en plus comme une réplique, à l’échelle allemande, du CFR américain. C’est le meilleur relais des mots d’ordre transatlantiques en Allemagne.
Olaf Scholz a évoqué les “droits de l’homme”. Mais il semble que l’essentiel des discussions ait été tout autre. Le journaliste brésilien Pepe Escobar écrit:
“De solides sources économiques allemandes contredisent complètement le “message” délivré par le ‘Conseil allemand des relations extérieures’ sur le voyage en Chine.
Selon ces sources, la caravane de Scholz s’est rendue à Pékin essentiellement pour établir les étapes préparatoires à l’élaboration d’un accord de paix avec la Russie, avec la Chine comme messager privilégié.
C’est – littéralement – aussi explosif, géopolitiquement et géoéconomiquement, que possible. Comme je l’ai souligné dans l’une de mes précédentes chroniques, Berlin et Moscou ont maintenu un canal de communication secret – via des interlocuteurs commerciaux – jusqu’à la minute où les suspects habituels, en désespoir de cause, ont décidé de faire sauter le Nord Streams.
Le désormais célèbre SMS envoyé par l’iPhone de Liz Truss au petit Tony Blinken, une minute après les explosions : “C’est fait.”
Ce n’est pas tout : la caravane Scholz essaie peut-être de lancer un processus long et alambiqué visant à remplacer les États-Unis par la Chine comme allié clé. Il ne faut jamais oublier que le premier terminal de commerce/connectivité de la BRI (Belt and Road Initiative – Nouvelles Routes de la Soie) dans l’UE est l’Allemagne (la vallée de la Ruhr).
Selon l’une des sources, “si cet effort est couronné de succès, alors l’Allemagne, la Chine et la Russie pourront s’allier ensemble et chasser les États-Unis d’Europe.”
Une autre source a fourni la cerise sur le gâteau : “Olaf Scholz est accompagné dans ce voyage par des industriels allemands qui contrôlent réellement l’Allemagne et ne vont pas rester les bras croisés en se voyant détruits.”
Doit-on considérer que c’est trop optimiste? Pepe Escobar ne semble pas très familier des hésitations allemandes et des divisions qui traversent traditionnellement l’élite dirigeante allemande. En tout cas, Annalena Baerbock a exprimé ouvertement son désaccord avec le souhait du Chancelier de renforcer les relations économiques avec Pékin.
J’en profite pour indiquer à nos lecteurs que le site le mieux informé sur la politique étrangère allemande est german-foreign-policy.com. Il contient une version anglaise – et quelquefois française – de certains des articles. En l’occurrence, le site dédie des articles depuis plusieurs jours à ce qu’ils appellent un bras de fer au sein des élites allemandes:
“Le fait qu’un membre du gouvernement attaque ouvertement son propre chef de gouvernement à l’étranger est inhabituel et constitue un affront remarquable. Baerbock avait en outre exigé de Scholz, sur un ton péremptoire, qu’il soit “décisif” qu’il transmette en Chine les “messages” de l’accord de coalition ; il s’agissait – au lieu d’une coopération économique – d’une critique sévère des droits de l’homme en Chine. Cela a été accompagné par d’autres exigences de l’Alliance 90/Les Verts et de la CDU/CSU. Ainsi, le député européen des Verts Reinhard Bütikofer a déclaré que Scholz devrait “laisser à la maison” la délégation économique qu’il a emmenée en Chine et “expliquer lors de son entretien avec Xi Jinping ce que nous entendons par rivalité systémique”. Jens Spahn ainsi que Johann Wadephul, tous deux vice-présidents du groupe parlementaire de l’Union au Bundestag, ont jugé que la “rivalité systémique” avec la Chine augmentait, tandis que le “partenariat” avec ce pays diminuait. (…)Alors que Scholz a rencontré Xi vendredi à Pékin, Baerbock a parallèlement poursuivi ses attaques contre le chancelier lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à Münster. La ministre des Affaires étrangères a déclaré que la question centrale des discussions du G7 était de savoir “comment ne pas répéter les erreurs que nous avons commises par le passé en matière de politique russe en ce qui concerne la Chine”[5], en référence à l’affirmation selon laquelle les efforts visant à impliquer Moscou par le biais d’une coopération économique – par exemple dans le cadre du Nord Stream 2 – ont été une erreur. Bien au contraire, les tentatives de coopération ont toujours été systématiquement minées, notamment par l’Alliance 90/Les Verts. La déclaration de Baerbock visait à discréditer les efforts de Scholz pour une coopération économique avec Pékin. En outre, la ministre allemande des Affaires étrangères a affirmé que la République populaire était devenue “de plus en plus un rival systémique” ; il s’agit de lui imposer des limites claires à l’avenir. Ces déclarations sont d’autant plus importantes que le G7 tente actuellement de se mettre d’accord sur une stratégie concertée vis-à-vis de la Chine. La question de savoir s’il faut imposer des sanctions communes contre la République populaire n’a pas “encore” été abordée, a-t-on appris après les discussions des ministres des Affaires étrangères à Münster.”
Un resserrement des liens entre Berlin et Pékin mettrait en effet à mal la stratégie américaine de découplage absolu entre Berlin et Moscou.
La bataille se corse dans la mesure où le Chancelier Scholz est vulnérable; il est sous le coup de deux enquêtes financières, dont l’une quand il était maire de Hambourg. Ce n’est donc pas un hasard que, lorsque la Chine a proposé d’investir dans le développement du port de Hambourg, le Chancelier ait jeté ses forces dansd la bataille en faveur d’une telle décision. Il a dû pour cela forcer la main de ses partenaires de gouvernement. Et puis les Etats-Unis sont intervenus pour empêcher le deal.
En effet, “un haut responsable de l’administration Biden a déclaré que Washington avait transmis “un message” via sa représentation dans la capitale allemande, selon lequel la Chine ne devait pas avoir d’influence “contrôlante” sur les terminaux du port de Hambourg. [7] Le fait que le gouvernement fédéral ait annulé il y a quelques jours les accords passés entre la Hamburger Hafen und Logistik AG (HHLA) et l’armateur chinois COSCO et n’ait pas autorisé COSCO à acquérir 35 pour cent, mais seulement 24,9 pour cent des parts du terminal à conteneurs de Tollerort, est “un résultat réussi” de l’influence américaine. “La question se pose de plus en plus”, peut-on lire en commentaire dans un rapport récent, “de savoir quel degré de coopération commerciale sino-allemande les partenaires occidentaux sont prêts à tolérer“
Cette dernière information est à prendre avec précaution. Selon la célèbre formule, quand on est n’est pas à l’origine des événements, il faut feindre de les avoir organisés. Si les Américains avaient réellement obtenus quelque chose, ils ne le clameraient pas si fort.
En tout cas, il se confirme que la bataille va être féroce. En allant en Chine, le Chancelier est venu chercher de l’aide contre les Etats-Unis. Il a aussi rendu visible le constat que l’Union Européenne n’est pas en mesure de fournir à l’Allemagne une protection de ses intérêts quand ils deviennent contraire à ceux des Etats-Unis. Mais en face, le Ministère allemand des Affaires étrangères, le fameux Auswärtiges Amt, est largement devenue le bastion de l’atlantisme.
Des spécialistes russes ont été autorisés à inspecter les sites d’explosions sur les gazoducs Nord Stream et Nord Stream-2, la société Gazprom a inspecté les dégâts et aucune conclusion n’a encore été tirée sur la possibilité de restaurer l’intégrité des conduites.
L’état actuel des conduites des deux gazoducs a été rapporté par le chef de Gazprom, Alexei Miller, qui a assisté à un reportage de Vladimir Poutine. Selon l’enquête, deux entonnoirs de 3 et 5 mètres de profondeur ont été trouvés sur le site des explosions, un morceau de tuyau de 40 mètres de long a été arraché du gazoduc Nord Stream et jeté vers Nord Stream 2. Les dégâts sont très importants.
« Miller m’a rapporté ce matin qu’ils ont inspecté, qu’ils ont permis à Gazprom d’inspecter le site de l’explosion (…) Un tuyau de 40 mètres de long a éclaté, la longueur totale du tuyau est de 259 mètres, je pense… », a déclaré le président russe aux journalistes après une réunion avec le chef de Gazprom.
Les experts russes ont conclu sans équivoque qu’un acte terroriste avait été perpétré sur les gazoducs de la mer Baltique. Le ministère russe de la Défense a accusé la Grande-Bretagne d’être impliquée dans l’attaque terroriste, à Londres, ils le nient. Dans le même temps, de nombreux experts, y compris occidentaux, sont arrivés à la conclusion sans équivoque que les États-Unis ou la Grande-Bretagne étaient à l’origine des explosions de pipelines. Ce sont ces pays qui ont la capacité de mener des sabotages sous-marins à une telle échelle.
Il sera difficile pour la Russie de mener sa propre enquête, puisque les sites des explosions sont situés dans la zone économique du Danemark, de la Suède et de l’Allemagne. Les spécialistes de ces pays mènent leur propre enquête, chaque pays séparément, mais ils n’ont pas l’intention de partager leurs conclusions avec nous. De manière générale, l’enquête sur les attentats terroristes traîne en longueur, l’Union européenne a déjà annoncé de prétendues difficultés dans la conduite des enquêtes. Selon le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, « une grande profondeur » l’en empêche. Qui en douterait.
source : Top War
Arrêt sur Info - Le 27/05/2023.
par Stephen Bryen
Le 24 mai, un drone naval ukrainien, bourré d’explosifs, s’est dirigé vers le navire de renseignement russe Ivan Khurs. Ce navire était chargé de surveiller l’oléoduc Turkstream. Les Russes ont tiré sur le drone, qui a explosé de façon spectaculaire. Les Russes affirment que deux autres drones ont été détruits. Il n’y a pas de vidéo de ces drones et aucune information sur les dommages éventuels subis par le navire russe. Des sources pro-ukrainiennes affirment que l’Ivan Khurs a été endommagé et qu’il rentre au port.
L’hypothèse est que cette attaque visait à retirer la protection russe de l’oléoduc afin que l’Ukraine puisse faire exploser l’oléoduc Turkstream sans entrave. L’auteur estime qu’il n’y a pas d’autre raison de lancer une telle attaque.
Tout d’abord, les Ukrainiens se préparaient à attaquer le gazoduc Turkstream et avaient besoin de neutraliser le navire russe qui en assurait la garde. Turkstream transporte du gaz naturel pour une capacité annuelle de 31,5 milliards de mètres cubes et se compose de deux lignes offshore de 930 kilomètres et de deux lignes terrestres distinctes de 142 kilomètres et 70 kilomètres de long.
La Hongrie est l’un des clients du gaz russe provenant de ce gazoduc. La destruction de Turkstream aurait porté un coup considérable à la Hongrie et aurait pu entraîner un bouleversement gouvernemental dans ce pays. La Hongrie de Viktor Orbán est considérée par Washington comme pro-russe.
Si vous pensez que cela ressemble un peu au gazoduc Nord Stream, vous n’avez pas tort. La différence est qu’il s’agissait d’une attaque politique contre la Turquie et la Hongrie, et non de vendre du GNL américain à ces deux pays, comme ce fut le cas avec l’Allemagne.
L’Ivan Khurs est équipé de capteurs et de moyens de communication spécialisés. S’il détecte une menace pour le gazoduc, il déclenche des frappes aériennes russes contre tout intrus.
Les Ukrainiens ont mené cette opération dans le Bosphore, à environ 80 miles de la partie continentale de la Turquie. Il est raisonnable de dire que cette attaque ne visait pas seulement les Russes, mais qu’elle constituait la première partie d’une attaque contre un allié de l’OTAN, la Turquie et d’autres consommateurs de gaz, en particulier la Hongrie, également un allié de l’OTAN.
La grande distance qui sépare le navire de l’Ukraine proprement dite suggère que l’Ukraine aurait eu besoin de renseignements en temps réel pour localiser le navire russe et le prendre pour cible.
C’est là que le bât blesse. Il semblerait qu’un RQ-4 américain se trouvait à proximité de l’incident. Le RQ-4 aurait pu fournir des informations de ciblage en temps réel et aurait également pu relayer ces mêmes informations au drone naval ukrainien. Bien qu’il n’y ait aucune preuve tangible que le RQ-4 ait joué un rôle quelconque, comment l’Ukraine aurait-elle pu gérer cette opération autrement ? L’Ukraine ne dispose pas de capacités de surveillance à longue portée et dépend des moyens de renseignement américains. En outre, il est de notoriété publique que les États-Unis et/ou leurs alliés ont systématiquement fourni des informations de ciblage aux Ukrainiens. Normalement, 2 plus 2 font 4, à moins qu’il n’y ait une autre explication.
Les Russes n’hésitent pas à abattre des drones américains, mais ils ne l’ont fait au-dessus de la mer Noire que lorsque les drones américains menaçaient la sécurité de la Crimée ou d’autres zones critiques où se trouvent des forces russes. Si le RQ-4 a réellement joué un rôle dans la préparation de l’attaque du gazoduc, les Russes pourraient bien changer d’attitude et commencer à menacer la sécurité de la mer Noire et du Bosphore, voire au-delà.
Tout comme l’opération Nord Stream a pris un risque énorme, nous en avons maintenant un autre qui pourrait être encore plus grave. Contrairement aux Allemands qui ont été menacés et intimidés par les États-Unis et qui se sont tus sur l’identité des responsables de Nord Stream, les Turcs sont différents. Recep Tayyip Erdoğan, le président turc (qui doit maintenant faire face à un second tour de scrutin), peut jouer les durs.
Ce genre de provocations est dangereux et risqué.
source : Weapons and Strategy via Arrêt sur Info
..et bien sur, comme pour ALSTOM et d'autres pépites française, E. Macron va laisser faire, voire favoriser...! JMR
patrick tiso (jeudi, 13 octobre 2022 12:44)
Pour parler du gaz sur "l'échelle de jacob" Florian Philippot ce 13 octobre 2022 dit que la France livre du gaz dont elle manque à l'Allemagne.
Patrick Tiso (jeudi, 06 octobre 2022 13:12)
Comment les Etats-Unis sont en train de gagner leur guerre contre les industries : Rachat de la pépite française de l'électronique Exxellia ( qui équipe le Rafale, les sous-marins FR, Ariane 5 et 6 et même le F-35 ) par le groupe américain Heico.