Le docteur en sciences militaires Konstantin Sivkov a commenté les changements intervenus dans la doctrine nucléaire russe, soulignant que ces changements
sont une réponse à la spirale d’escalade engagée par l’Occident. Dans le même temps, l’expert a décrit en détail toutes les étapes que la Russie devra franchir avant d’utiliser les armes
nucléaires à grande échelle.
«Il s’agit de tout un
complexe d’actions séquentielles. Premièrement, une déclaration diplomatique est faite sur l’inadmissibilité de certaines actions.
S’ils n’obtiennent
pas de résultat positif, le pays apportera des changements significatifs aux documents fondamentaux, comme l’a fait la Russie», a déclaré Sivkov.
Lorsque l’ennemi poursuit ses actions, l’expert note en outre que, malgré les mesures antérieures, le camp défenseur, en l’occurrence la Russie, commence à
prendre des mesures symétriques ou asymétriques. Si ces actions n’arrêtent pas l’ennemi et que ses actions commencent à menacer la stabilité de l’État, y compris le travail des forces de
dissuasion stratégique, le pays, cherchant à éviter une nouvelle escalade, prend des mesures décisives. Ces étapes démontrent qu’une étape critique a été franchie. Une telle action
pourrait être une déclaration officielle d’un chef d’État, tel que le président, soulignant qu’une nouvelle escalade mettrait en péril le territoire du pays agresseur.
La prochaine étape, selon l’expert, pourrait être une frappe non nucléaire contre le pays agresseur. Si une telle réponse ne fait que provoquer des actions
encore plus dures de la part de l’ennemi, l’impact des armes conventionnelles sera alors accru.
«Si cela ne suffit
pas, une déclaration officielle indiquant que nous sommes prêts à utiliser des armes nucléaires s’ensuit. Ensuite, si l’ennemi n’a pas repris ses esprits, les forces stratégiques sont
transférées dans un état de pleine préparation au combat. Ensuite, si l’escalade ne s’arrête pas, la Russie pourrait lancer une frappe nucléaire démonstrative sur une région où aucun mal
ne sera causé à qui que ce soit», explique Sivkov.
Par exemple, continue d’expliquer l’expert, pour faire preuve de détermination, la Russie peut lancer une frappe d’avertissement, par exemple sur le sommet
du pôle Nord ou Sud. Si cela ne provoque pas la réaction nécessaire, la prochaine étape pourrait consister à faire exploser une arme nucléaire dans l’espace proche, ce qui entraînerait la
destruction d’une partie importante des satellites ennemis. Si elle est ignorée à nouveau, la Russie pourrait lancer des frappes sur des cibles militaires ennemies ayant une présence
humaine minimale. Si cela ne conduit pas à une désescalade, des attaques suivront sur plusieurs cibles clés. En dernier recours, si la situation ne change pas, l’ordre d’une frappe
nucléaire à grande échelle sur le territoire ennemi peut être donné.
Dans le même temps, Sivkov a expliqué que toutes ces étapes semblent très longues en paroles, mais qu’en réalité, elles peuvent être accomplies en deux à
quatre jours. Aujourd’hui, selon le docteur en sciences militaires, la Russie a déjà franchi la deuxième étape pour contenir
l’ennemi, puisque toute la diplomatie utilisée auparavant n’a eu aucun impact sur l’Occident, mené par les États-Unis.
Le président russe
Vladimir Poutine a annoncé une série de mises à jour de la stratégie nationale d’utilisation des armes nucléaires, destinées à faire face à l’évolution de la situation militaire et politique
et à l’émergence de nouvelles menaces.
Le sujet a été évoqué
lors de la session du Conseil de sécurité russe mercredi, à laquelle ont participé les ministres de la Défense et des Finances et les chefs du SVR, du FSB, de Roscosmos et de
Rosatom.
“Aujourd’hui, la triade nucléaire reste la garantie la plus
importante de la sécurité de notre État et de nos citoyens, un instrument de maintien de la parité stratégique et de l’équilibre des forces dans le monde“, a déclaré
Poutine.
Attaque par un “État non
nucléaire“
La première mise à jour proposée de la politique de l’État “élargit la catégorie d’États et d’alliances militaires”
auxquels s’applique la dissuasion nucléaire, et “complète la liste des menaces militaires” censées être
neutralisées par la dissuasion.
Elle inclurait « l’agression contre la Russie par tout État non nucléaire, mais
avec la participation ou le soutien d’un État nucléaire » comme leur « attaque conjointe », franchissant ainsi le seuil
nucléaire.
Bien qu’aucun pays ne soit nommé, cela s’appliquerait clairement à l’Ukraine frappant le territoire russe avec des armes fournies par les États-Unis ou ses
alliés nucléaires de l’OTAN. Poutine avait déjà déclaré que de telles frappes nécessiteraient la participation active de personnel et de moyens militaires étrangers, les mettant en conflit direct
avec la Russie.
Abaisser le seuil nucléaire
Les révisions proposées « énoncent clairement » également les conditions dans
lesquelles la Russie peut procéder à l’emploi d’armes atomiques, comme « la réception d’informations fiables sur un lancement massif
d’armes d’attaque aérienne et spatiale et leur franchissement de notre frontière d’État ».
Poutine a précisé que cela signifie « des avions stratégiques et tactiques, des missiles de croisière,
des drones, des avions hypersoniques et autres ». La mention des drones ici est particulièrement significative, car l’Ukraine a lancé à plusieurs reprises des attaques massives de
drones contre des bases stratégiques russes.
Élargissement du parapluie à la Biélorussie
Pour la première fois, la Russie a précisé que sa dissuasion nucléaire pourrait être utilisée en cas d’agression contre la Biélorussie également, en tant que
membre de l’État de l’Union. Cela inclut une « menace critique pour notre souveraineté » par
l’utilisation d’armes conventionnelles, selon la proposition.
Tout cela a déjà été convenu avec Minsk et le président Alexandre Loukachenko, a déclaré Poutine mercredi.
Quelle était la doctrine précédente ?
Le document adopté en 2020 décrivait quatre situations dans lesquelles Moscou pourrait activer la dissuasion nucléaire. Premièrement, s’il recevait des
« informations fiables » sur le
lancement de missiles balistiques contre le pays et/ou ses alliés. Deuxièmement, si une arme nucléaire ou un autre type d’ADM était utilisé contre la Russie et/ou ses alliés. Troisièmement,
si un ennemi agissait contre des « installations
étatiques ou militaires critiques » qui pourraient perturber la réponse des forces nucléaires russes. Et quatrièmement, si la Russie était soumise à une attaque conventionnelle qui
« menacerait l’existence même de
l’État ».
Pourquoi les changements ont-ils été proposés maintenant ?
Plus tôt cette année, Poutine avait déclaré que certaines mises à jour de la doctrine pourraient être nécessaires, compte tenu des nouvelles menaces émergentes
de la part de l’OTAN. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a qualifié en juin la doctrine existante de « trop générale » et a déclaré que « l’ignorance » occidentale exige que la Russie dise
« plus clairement, plus distinctement, plus
définitivement ce qui pourrait arriver » si elle poursuivait ses « actions inacceptables et ses escalades ».
Depuis mai, le gouvernement de Kiev réclame à cor et à cri que les États-Unis et leurs alliés suppriment toutes les restrictions à l’utilisation de leurs armes
contre la Russie, ce qui, selon Moscou, représenterait une implication directe de l’Occident dans le conflit.
Poutine a réitéré mercredi que l’utilisation d’armes nucléaires reste une « mesure extrême » pour protéger la souveraineté russe,
mais que Moscou doit tenir compte du fait que « la
situation militaro-politique moderne évolue de manière dynamique… y compris l’émergence de nouvelles sources de menaces et de risques militaires pour la Russie et nos
alliés ».
RT
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Russie prépare un sévère «choc économique» contre l’Occident
La guerre voulue par l’occident pour tenter de maintenir sa position hégémonique ne se limite pas aux opérations militaires dans une économie
mondialisée elle atteint tous les échanges et a des conséquences tant dans les parts de marché perdus que dans les effets inflationnistes. On le mesure en matière d’énergie mais les
implications peuvent atteindre d’autres ressources nécessaires et nul doute que la concertation des BRICS se fera en tenant compte d’un tel contexte alors que les citoyens ne sont pas
consultés simplement invités à subir les effets en terme d’emploi, de niveau de vie et de services publics sacrifiés.
Danielle
Bleitrach
*
Le
président Vladimir Poutine a suggéré de réfléchir à «certaines restrictions» sur les livraisons de nickel, d’uranium et de titane à des pays hostiles. Il a toutefois précisé qu’«il ne
faut pas le faire à notre propre détriment».
Le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov, a également annoncé une approche prudente quant à l’introduction de sanctions de rétorsion par la Russie.
«Le marché
est très compétitif et impitoyable. Une fois que vous avez perdu votre position, il vous faut des décennies pour la regagner d’une manière ou d’une autre. Aucune place ne reste vide. Et
la place de nos diamants, si nous partons, sera prise par d’autres, et la place de notre pétrole sera prise par un autre pétrole, et ainsi de suite», a-t-il expliqué.
Ce n’est pas un hasard si les restrictions sur l’uranium, le titane et le nickel ont été désignées comme les sanctions de rétorsion de la Russie. Dans ces
domaines, la Russie a un poids énorme sur la scène mondiale, et l’essentiel reste la dépendance des pays hostiles à l’égard de nos ressources.
«Environ une centrale
nucléaire sur six dans le monde est alimentée par la Russie. En ce qui concerne le nickel, la Russie représente environ 19% des exportations mondiales et environ 9% de sa production. Pour
le titane, jusqu’en 2022, environ un quart de l’approvisionnement mondial provenait de la société russe VSMPO-AVISMA. Et la Russie continue de fournir ces ressources à des pays hostiles
d’une manière ou d’une autre, bien que dans une moindre mesure», explique Ksenia Bondarenko, experte au Centre pour les études européennes et internationales complexes (CCESI),
Faculté d’économie mondiale et de politique mondiale de l’École supérieure d’économie de l’Université nationale de recherche.
Quelles sont les entreprises occidentales qui ont besoin de notre nickel ? Et que se passera-t-il si la Russie elle-même interdit les livraisons de nickel à
des pays hostiles, en particulier à l’Union européenne ?
«Le nickel est
traditionnellement exporté vers l’Union européenne et la Chine, où il est utilisé dans la production d’acier inoxydable et de batteries. L’industrie sidérurgique utilise activement le
nickel pour créer des alliages d’acier résistant à la corrosion. En outre, le nickel joue un rôle clé dans la production de batteries pour les véhicules électriques et l’électronique. Par
exemple, en 2023, la production mondiale de nickel s’élevait à environ 2,7 millions de tonnes, dont une grande partie provenait de la Chine, qui est le plus grand consommateur de ce
métal», explique Yaroslav Kabakov, directeur de la stratégie chez Finam Investment Company.
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont interdit l’achat de nickel russe au printemps dernier. Cependant, l’Union européenne a jusqu’à présent refusé de telles
sanctions.
«La Russie reste parmi
les leaders dans l’exploitation du nickel et se classe quatrième dans la production de nickel : le volume de production en Russie en 2022 était de 220 mille tonnes, en 2023 – 218,9 mille
tonnes. Les principales destinations des produits russes à base de nickel étaient la Chine et les Pays-Bas, où se trouve l’entrepôt de la Bourse des métaux de Londres (LME). C’est de là
que provenaient la plupart des produits russes à base de nickel avant les restrictions d’avril 2024», explique Hasan Ramazanov, expert au Centre Russie-OCDE de l’Académie
présidentielle.
Les livraisons de nickel à l’UE se poursuivent, bien qu’elles diminuent principalement en raison de l’augmentation des prix. Au cours du premier semestre
2024, la Finlande et l’Estonie ont acheté le plus de nickel aux pays européens, selon la plateforme de l’ONU Comtrade. La part du nickel russe dans le nickel finlandais était de plus de
88%, soit 336 millions de dollars, tandis que dans les importations estoniennes, elle était de 44%, soit 1,5 million de dollars. La République tchèque, l’Allemagne et la Bulgarie ont
également pris une part importante dans les achats de ce métal.
«Pour un certain
nombre de pays de l’UE, la Russie reste le principal fournisseur de nickel. Dans le même temps, la Finlande se caractérise par la réexportation de nickel, y compris vers d’autres pays de
l’UE. C’est la Finlande qui exporte le plus de nickel de Russie, car les gisements de cuivre et de nickel sont situés près de la frontière entre les deux pays. Les importations totales de
nickel et de produits à base de nickel de la Finlande s’élèvent à 1,9 milliard de dollars, tandis que ses exportations s’élèvent à plus d’un milliard de dollars. Curieusement, la Finlande
exporte du nickel vers la Chine, mais aussi vers la Norvège, la France, le Japon et le Canada. Là-bas, les entreprises l’utilisent pour l’usage auquel il est destiné : rendre l’acier plus
résistant à la corrosion, l’utiliser dans la fabrication d’équipements et d’autres choses», explique Bondarenko.
Si la Russie interdit la fourniture de son nickel à l’UE, cela entraînera certainement une augmentation des prix mondiaux du métal. «Cela pourrait
entraîner une hausse significative des prix du nickel, en particulier dans le cas d’un réapprovisionnement en nickel russe par des pays tiers», souligne Ramazanov. De telles
sanctions porteraient évidemment un nouveau coup à l’industrie européenne, qui n’a déjà pas réussi à faire face au rejet forcé par l’UE de l’énergie bon marché en provenance de
Russie.
Pour Nornickel, la hausse des prix pourrait dans une certaine mesure compenser la réduction des volumes d’exportation. Dans le même temps, la Russie pourra
réorienter une partie de ses exportations vers les marchés asiatiques.
Dans l’ensemble, l’interdiction des exportations de nickel pourrait même avoir un effet positif pour la Russie. «Sur le plan
intérieur, le nickel peut contribuer au développement des industries russes des batteries et de l’acier inoxydable. Cela réduira la dépendance à l’égard des matériaux et des technologies
importés, ce qui stimulera la croissance économique et la création d’emplois», explique Yaroslav Kabakov.
En ce qui concerne le titane, les sociétés aéronautiques occidentales dépendaient fortement du fabricant russe VSMPO-AVISMA avant le début de la SVO. Selon
l’entreprise elle-même, elle couvrait 65% des besoins en titane d’Airbus, jusqu’à 35% de ceux de Boeing et 100% de ceux du brésilien Embraer. À cela s’ajoutent 20% des besoins du
fabricant britannique de moteurs d’avion Rolls-Royce et 50% des besoins du français Safran.
Bien sûr, en 2022, tous ont annoncé leur intention d’abandonner le titane russe. Mais dans la pratique, cela s’est avéré peu réaliste.
«Si l’américain Boeing
a formellement refusé le titane russe, l’européen Airbus n’a pas pu le faire. L’entreprise européenne est tellement dépendante des importations de titane russe que la France bénéficie
d’un allègement des sanctions du Canada contre VSMPO-AVISMA, bien que l’approvisionnement ait diminué», note Ksenia Bondarenko.
Les expéditions de titane russe vers l’Union européenne (UE) en 2023 ont diminué de 20% par rapport à 2022 pour atteindre 6410 tonnes (données
Eurostat).
«Cependant, les plus
grandes entreprises aérospatiales européennes, Airbus, Safran et Rolls-Royce, continuent d’importer du titane russe. Certaines d’entre elles ont même augmenté leurs importations malgré
les déclarations publiques sur la réduction des liens», explique Ramazanov.
Par exemple, la France, où se trouve le principal site de production d’Airbus, a augmenté ses expéditions de Russie de 72%, pour atteindre 1 929 tonnes, et
l’Estonie de 5%, pour atteindre 369 tonnes.
«Les données
douanières russes montrent que les principaux acheteurs sont la France, la Chine et l’Allemagne, mais les États-Unis continuent également d’acheter du titane russe», ajoute
Ramazanov.
«Le titane est
nécessaire à l’industrie aérospatiale et à la défense, ainsi qu’à la médecine pour la fabrication de prothèses. En raison de sa résistance et de sa légèreté, le titane a trouvé une large
application dans la production d’équipements sportifs et d’équipements de haute qualité. En 2022, le marché mondial du titane était estimé à 4,5 milliards de dollars et continue de
croître. Les principales exportations de titane sont destinées aux États-Unis, au Japon et aux pays de l’Union européenne», précise Kabakov.
L’interdiction des livraisons de titane russe à l’UE frappera l’industrie aéronautique européenne. Au minimum, elle rendra le métal plus cher et plus
difficile à obtenir. Le coût du titane est déjà considérable. Étant donné que les constructeurs aéronautiques occidentaux n’ont aucune interaction avec la Russie, ces contre-sanctions
n’affecteront pas beaucoup notre économie.
Et si nous prenons en compte le fait que la Russie a de grands projets de construction de ses propres avions pour remplacer complètement Boeing et Airbus,
nous aurons nous-mêmes besoin de titane, et en quantités bien plus importantes qu’aujourd’hui. D’ici 2030, la Russie prévoit de produire plus de 1000 avions nationaux. La consommation
intérieure de titane en Russie est déjà en augmentation.
«En Russie, le titane
peut contribuer à renforcer l’industrie de la défense et le secteur aérospatial. Il permettra également de développer la production d’équipements médicaux, notamment de prothèses et
d’implants, ce qui améliorera la qualité des services médicaux et stimulera la recherche scientifique dans le domaine des biomatériaux», explique Kabakov.
La situation est également intéressante en ce qui concerne l’uranium. En mai 2024, les États-Unis ont imposé une interdiction sur les importations d’uranium
faiblement enrichi en provenance de Russie jusqu’en 2040. Mais en fait, les Américains ont fait une exception jusqu’en 2028.
Dans la pratique, les États-Unis ne sont tout simplement pas en mesure de renoncer dès maintenant aux matières premières russes. Selon le ministère
américain de l’énergie, Rosatom fournit de l’uranium enrichi, utilisé comme matière première pour le combustible nucléaire, à plus de 90 réacteurs commerciaux aux États-Unis, ce qui en
fait le premier fournisseur étranger des États-Unis.
Il fut un temps où les États-Unis, avec l’URSS, figuraient parmi les leaders mondiaux de la production d’uranium. Contrairement à la Russie, qui est devenue
un leader mondial de l’industrie nucléaire, les États-Unis ne figurent même plus parmi les 15 plus grands producteurs d’uranium et toute la matière première est importée.
«Lorsque nous parlons
de réduction de l’approvisionnement en uranium, nous entendons une réduction des services d’enrichissement. Notre pays représente plus de la moitié de la capacité mondiale
d’enrichissement de l’uranium, la Russie étant le principal fournisseur de ces services. Il convient de noter que, selon les prévisions de l’Enrichment Market Outlook, d’ici 2035, la
Russie fournira jusqu’à 30% de l’uranium enrichi dans le monde», a déclaré Ramazanov.
«La Russie fait partie
des trois principaux importateurs d’uranium sur le marché américain. Les prix du combustible lui-même et de son traitement ont déjà augmenté de plus de 40% depuis le début de l’année en
raison des sanctions contre la Russie. Si la Russie impose une interdiction des exportations d’uranium et d’autres métaux de terres rares, cette mesure va tout d’abord secouer les marchés
et porter l’inflation à un niveau supérieur», déclare Tatiana Skryl, professeur associé de théorie économique à l’université économique russe Plekhanov. Elle ajoute qu’il ne faut pas
oublier les partenaires BRICS de la Russie, qui pourraient soutenir l’initiative russe d’imposer des mesures restrictives sur l’approvisionnement en ressources rares. Dans ce cas, une
interdiction conjointe pourrait créer un déficit mondial sur les marchés des terres rares.
Dans cette vidéo, nous plongeons dans les critiques de Sergueï Lavrov sur le rôle des États-Unis et de leurs alliés dans la configuration actuelle des
affaires internationales. Lavrov dénonce l’usage de la notion d’«ordre basé sur des règles» pour légitimer des démarches unilatérales et met en garde contre les risques liés à l’expansion
continue de l’OTAN. Nous explorons ses analyses sur les tensions géopolitiques actuelles et les défis croissants pour la stabilité mondiale.
Il y a quelques mois,
la fuite d’un coup de fil entre des officiers allemands de haut rang était rendue publique. Ils y discutaient de l’éventuel déploiement d’un missile de croisière allemand Taurus en Ukraine
pour l’utiliser contre des cibles russes.
Il apparaissait
clairement dans cette fuite que le déploiement, le pointage et le tir d’une telle arme ne peuvent se faire sans la participation du personnel du pays qui a fait don de l’arme. Cela s’applique
aux missiles ATAMCS américains, aux missiles SCALP/Storm
Shadow français et britanniques, tout comme cela s’appliquerait au missile Taurus
allemand :
Gerhartz, [commandant de la Luftwaffe], et ses subordonnés ont discuté de l’ampleur de la formation et du soutien que l’Allemagne pourrait être amenée à
fournir si des missiles Taurus étaient envoyés en Ukraine, et de la possibilité d’y inclure des informations sur le ciblage et la programmation.
…
Gerhartz a déclaré : « En ce qui concerne la planification des
missions, par exemple, je sais comment les Britanniques procèdent, ils le font entièrement en mode réactif [c’est-à-dire avec le soutien de personnes qui ne sont pas déployées à
l’avant]. Ils ont également quelques
personnes sur le terrain, c’est ce qu’ils font, pas les Français. Ainsi, ils contrôlent également les Ukrainiens lors du chargement des SCALP, car Storm Shadow et les SCALP
sont relativement similaires d’un point de vue purement technique. Ils m’ont déjà dit que, oui, pour l’amour de Dieu, ils regarderaient aussi par-dessus les épaules des Ukrainiens lors du
chargement du Taurus. »
Les États-Unis discutent
actuellement (archivé)
de la possibilité d’autoriser l’Ukraine à utiliser des armes à longue portée contre des cibles en Russie, c’est-à-dire au-delà du territoire ukrainien et anciennement ukrainien.
Il
s’agirait d’une transformation qualitative de la guerre en Ukraine en une guerre de l’OTAN contre la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine l’a dit clairement et sans équivoque.
Question : Ces derniers jours, nous avons entendu des déclarations à un très haut niveau au Royaume-Uni et aux États-Unis selon lesquelles le régime de Kiev
serait autorisé à frapper des cibles à l’intérieur de la Russie à l’aide d’armes occidentales à longue portée. Apparemment, cette décision est soit sur le point d’être prise, soit déjà
prise, d’après ce que nous pouvons voir. C’est tout à fait extraordinaire. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est ?
Vladimir Poutine, président de la Russie :
…
L’armée ukrainienne n’est pas capable d’utiliser les systèmes de pointe de haute précision à longue portée fournis par l’Occident. Elle ne peut pas le
faire. Il est impossible d’utiliser ces armes sans disposer de données de renseignement provenant de satellites, dont l’Ukraine ne dispose pas. Cela ne peut se faire qu’en utilisant les
satellites de l’Union européenne, ou les satellites américains – en général, les satellites de l’OTAN. Voilà pour le premier point.
Le deuxième point – peut-être le plus important, le point clé même – est que seul le personnel militaire de l’OTAN peut assigner des missions de vol à ces
systèmes de missiles. Les militaires ukrainiens ne peuvent pas le faire.
Par conséquent, il ne s’agit pas d’autoriser le régime ukrainien à frapper la Russie avec ces armes ou non. Il s’agit de décider si les pays de
l’OTAN s’impliquent directement dans le conflit militaire ou non.
Si cette décision est prise, cela ne signifiera rien d’autre qu’une implication directe – cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays
européens sont parties prenantes à la guerre en Ukraine. Cela signifiera leur implication directe dans le conflit, et cela changera clairement l’essence même, la nature même du conflit de
manière spectaculaire.
Cela signifiera que les pays de l’OTAN – les États-Unis et les pays européens – sont en guerre contre la Russie. Si tel est le cas, nous prendrons les
décisions qui s’imposent en réponse aux menaces qui pèseront sur nous, en gardant à l’esprit le changement d’essence du conflit.
La Russie dispose de nombreux moyens pour répondre à ces menaces. Elle peut notamment tirer directement sur des cibles en France, au
Royaume-Uni et aux États-Unis.
Vladimir Poutine n’est pas connu pour lancer des menaces en l’air.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Russie élabore une nouvelle version de sa doctrine nucléaire
La Russie envisage
de revoir sa doctrine nucléaire en réponse aux actions de l’Occident. Selon les experts, les États-Unis montent actuellement sur ce que l’on appelle l’échelle de l’escalade, non seulement
dans le soutien aux forces armées ukrainiennes, mais aussi dans d’autres régions du monde, forçant ainsi Moscou à réagir. Quelles pourraient être les implications pratiques de cette
révision, et quels changements les experts anticipent-ils dans la doctrine nucléaire ?
La Russie poursuit son travail pour modifier la doctrine nucléaire. Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, a déclaré que l’actualisation de ce
document était nécessaire en raison de l’agenda actuel et de la situation résultant des actions de l’Occident collectif. Il a expliqué qu’il s’agissait du refus de Washington et de
Bruxelles de dialoguer avec Moscou.
Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a également indiqué que les ajustements étaient basés sur l’analyse des conflits récents et
des actions occidentales dans le cadre de l’opération militaire spéciale. Les modifications concernent principalement les Fondements
de la politique de l’État en matière de dissuasion nucléaire.
En août, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rappelé que la doctrine nucléaire russe était en cours de «rectification»
et que Washington était bien au courant de cette doctrine.
En juin déjà, Vladimir Poutine avait évoqué des modifications possibles de la doctrine nucléaire, expliquant que des adversaires potentiels abaissaient le
seuil d’utilisation des armes nucléaires. Il avait également mentionné que la Russie continuait de développer sa triade nucléaire en tant que garante de la dissuasion stratégique et de
l’équilibre des forces dans le monde.
L’une des raisons de cette réflexion pourrait être la livraison d’avions F-16 en soutien à l’armée ukrainienne. En mai, le ministère russe des Affaires
étrangères avait indiqué que la Russie considérait les F-16 en Ukraine comme des vecteurs potentiels d’armes nucléaires, ces avions étant capables d’embarquer des équipements à double
usage.
Dans la doctrine de 2020, l’article 19 concernant les conditions d’utilisation des armes nucléaires par la Russie ne spécifiait pas la portée des missiles
lancés en direction de la Russie ni leur charge utile, mais se limitait à mentionner les missiles balistiques.
Les experts suggèrent que la révision pourrait inclure la suppression de cette limitation. Il pourrait ainsi être question de tout missile (balistique, de
croisière ou hypersonique), de n’importe quelle portée et origine (terrestre, aérienne ou maritime), lancé en direction de la Russie.
La doctrine nucléaire pourrait donc être révisée pour abaisser le seuil d’utilisation des armes nucléaires, soit pour clarifier les conditions d’utilisation
des armes nucléaires tactiques et stratégiques.
La doctrine actuelle est dissuasive, l’usage des armes nucléaires n’étant envisagé qu’en réponse à une agression.
Les ajustements à la doctrine pourraient également concerner le nombre autorisé de vecteurs d’armes nucléaires et les méthodes de leur utilisation. La
Russie pourrait-elle envisager des essais nucléaires pour montrer à ses adversaires qu’elle ne plaisante pas ? Toutes ces questions, y compris celles liées à l’extension des capacités
nucléaires vers l’Arctique ou l’espace, seraient intégrées dans les Fondements, selon les experts.
Les analystes conviennent également que la Russie et les États-Unis sont actuellement en train de monter sur l’échelle
de l’escalade, comprenant 44 niveaux, théorisée en 1965 par l’analyste nucléaire Herman Kahn pour justifier la faisabilité de guerres nucléaires de différentes intensités. «Nous sommes
actuellement au niveau 13, où se profile la menace d’utilisation d’armes nucléaires tactiques à échelle limitée. Le niveau 44 représente l’anéantissement total l’un de l’autre»,
expliquent les experts.
En outre, la révision de la doctrine est également liée aux nouveaux risques posés par les missiles de portée intermédiaire (FNI). Le traité FNI a pris fin
après le retrait des États-Unis, et ces derniers commencent
à déployer des missiles à moyenne intermédiaire en Europe, notamment des missiles polyvalents SM-6 et Tomahawk, qui peuvent embarquer des ogives nucléaires.
La doctrine pourrait également inclure un volet visant à réduire l’écart en matière de défense antimissile ?
Les États-Unis ont rapproché de la Russie leurs systèmes terrestres et maritimes Aegis Ashore, le déploiement de missiles d’interception d’une portée de
2500 km limitant ainsi considérablement les capacités russes. Il est donc possible que la Russie réinstalle des radars et des intercepteurs en Amérique latine.
L’escalade entre la Russie et les États-Unis pourrait mener à une répétition de l’opération soviétique Anadyr de 1962, consistant à déployer secrètement des
armes nucléaires à Cuba. La question qui se pose est de savoir quel pays jouera le rôle de Cuba.
Cependant, il reste encore suffisamment de marge de manœuvre entre la Russie et les États-Unis avant d’atteindre le seuil nucléaire, et les deux pays en
sont conscients.
Le
président russe Vladimir Poutine s’est longuement exprimé sur l’ensemble des sujets d’actualité lors de son intervention au Forum économique de l’Est (EEF) qui se tient à
Vladivostok.
La protection des régions frontalières de la Russie contre les attaques ukrainiennes est le devoir sacré des forces armées russes, a déclaré Vladimir
Poutine. Le président russe a souligné que son pays n’était pas contre le transit de son gaz par l’Ukraine, mais qu’il ne pouvait pas contraindre Kiev à faire quoi que ce soit à cet
égard. Poutine a également noté que le problème de Moscou avec le dollar provenait du fait qu’il lui était «refusé» de régler ses factures dans cette monnaie. Sur une note positive, il a
attiré l’attention sur la baisse de l’inflation en Russie.
Tour d’horizon des principaux sujets abordés par le président russe au cours de son intervention.
La région de Koursk
En attaquant la région de Koursk et d’autres zones frontalières, l’Ukraine voulait distraire la Russie de son offensive dans le Donbass.
Cette stratégie a échoué : Kiev s’est gravement affaiblie dans d’autres directions, tandis que l’armée russe n’a fait qu’accélérer son offensive. Les pertes
des forces armées ukrainiennes sont si importantes que l’armée du pays pourrait bientôt perdre sa capacité de combat : «L’ennemi subit de
lourdes pertes, tant en hommes qu’en matériel», a souligné Poutine.
La protection des régions frontalières de la Russie contre les attaques des forces armées ukrainiennes est le «devoir sacré»
des forces armées russes. Le nombre de militaires sous contrat a «fortement
augmenté» après l’attaque ukrainienne contre la région de Koursk.
L’Ukraine frappe des centrales nucléaires
Les frappes ukrainiennes contre les centrales nucléaires de Zaporojia et de Koursk sont des «attaques terroristes
flagrantes», a mis en garde le président russe.
«On ne peut
qu’imaginer ce qui se passerait si nous donnions une réponse du type «coup pour coup», ce qui arriverait à cette partie de l’Europe».
Règlement du conflit ukrainien
Pour régler la crise ukrainienne, la Russie recherchera «des garanties qui
pourraient fonctionner au moins dans une certaine mesure».
L’Occident et les autorités de Kiev ont abandonné les accords d’Istanbul de 2022 sur le règlement de la situation en Ukraine au profit d’une tentative
d’infliger une défaite stratégique à la Russie, ce qui «ne fonctionne
pas».
La Russie n’a jamais refusé de négocier sur l’Ukraine, mais elle ne le fera pas sur la base de «quelques demandes
éphémères, mais uniquement sur la base des documents qui ont été convenus et effectivement paraphés à Istanbul», a répété Vladimir Poutine.
Moscou et Kiev ont réussi à s’entendre sur le règlement du conflit en mars 2022 à Istanbul. La seule raison pour laquelle les accords n’ont pas été mis en
vigueur est que l’Occident a mis un terme au processus.
La Russie défendra toujours ses intérêts et ceux du peuple ukrainien qui adhère à la langue et aux traditions russes.
Le dollar
La Russie ne mène pas une politique de dédollarisation : «Nous n’avons pas
refusé de régler nos comptes en dollars. On nous a refusé les règlements, et nous devons simplement chercher d’autres possibilités. C’est tout».
L’économie russe
L’économie russe est déjà la quatrième économie mondiale, tandis que l’écart entre la Chine et les États-Unis se creuse. Elle se développe de manière
constante, mais «il faut toujours
s’efforcer de franchir de nouvelles étapes», a promis Poutine.
La croissance du PIB de la Russie pour le premier semestre 2024 est de 4,6%, et cette hausse devrait éclipser celle de 2023 d’ici la fin de l’année.
L’inflation dans le pays est désormais en baisse, même si elle a récemment dépassé 9% avec un objectif de 4%.
Les autorités russes sont déjà en train de «refroidir» la
situation sur le marché du crédit et dans l’économie dans son ensemble en augmentant le taux directeur et en annulant certains programmes hypothécaires préférentiels.
Les BRICS
Les pays du Sud représentent plus de la moitié du PIB mondial, tandis que les pays BRICS en représentent un tiers. «Les priorités dans
l’utilisation de certaines monnaies évoluent également naturellement».
Le cas du PDG de Telegram, Pavel Durov
Les autorités russes n’ont jamais eu de problèmes avec le fondateur de Telegram, Pavel Durov, contrairement à d’autres pays, a simplement commenté
Poutine.
Élections américaines
C’est le peuple américain qui déterminera le vainqueur de l’élection présidentielle américaine, la Russie n’a donc pas besoin de parler de qui elle préfère
ou ne préfère pas, s’est limité à dire le président russe.
Échange de prisonniers
L’échange de prisonniers entre la Russie et l’Occident qui a eu lieu en août a été «une situation
gagnant-gagnant pour toutes les parties impliquées».
La Russie aidera toujours ses citoyens qui ont besoin d’aide, y compris ceux qui vivent à l’étranger, a martelé Poutine.
Transit de gaz
La Russie ne refuse pas de faire transiter son gaz par l’Ukraine : «Nous avons un contrat
de transit qui expire le 31 décembre de cette année. Mais si l’Ukraine refuse ce transit, eh bien, nous ne pourrons pas la forcer».
Le refus de l’Allemagne de lancer la dernière partie du gazoduc Nord Stream 2 est «de la schizophrénie
et de l’absurdité» : «Pourquoi ne le
font-ils pas ? Je ne comprends pas», s’est exclamé le président russe.
L’expansion des livraisons de gaz russe à l’Extrême-Orient et à l’Asie centrale n’est pas liée aux événements en Ukraine : «Les économies de ces
pays se développent rapidement, ils ont donc besoin de ressources supplémentaires».
L’Iran demande à la Russie de lui fournir du gaz, ce qui est «un projet tout à fait
réalisable».
Le Moyen-Orient
La Russie s’efforce de résoudre les problèmes liés à la libération des otages détenus par le mouvement radical palestinien Hamas dans la bande de Gaza et
réalise des progrès sur ce dossier, a confié Poutine.
La situation militaire proprement dite de la
SVO en août 2024 dans la région de Kharkov puis celle de Koursk, fera l’objet d’une étude à part, focalisée sur les développements opérationnels. Le présent document tente
d’analyser les autres facteurs pesant sur l’affrontement de la Russie avec l’Occident collectif et son proxy kiévien, au-delà des données spécifiquement militaires. Distinguons donc deux
«fronts», l’évolution interne (I) et le contexte international (II).
I.
Évolution interne de la Russie post-élection présidentielle
a) Le
nouveau gouvernement reste dirigé par le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, bon technicien et gestionnaire, sans velléités politiques, qui a été renouvelé à son poste.
b) En revanche, le ministère de la Défense connaît d’importants changement ; le départ de Sergueï Choïgou ne semble pas traduire une défaveur1 mais
son remplaçant Andrei Belusov est un économiste et il est assisté de personnalités compétentes en matière militaire, comme Alexei Dyumin2.
Le président a acté mi-mai la conservation de l’état-major général et du CEM Guerasimov ; certains signes, comme le maintien en détention du fameux Igor Strelkov semblent indiquer
que le pouvoir veut maîtriser complètement l’évolution sur le terrain et éviter la résurgence locale d’une problématique de type «Wagner».
Cependant l’évolution militaire et l’extension de l’affrontement avec l’Occident collectif imposent une révolution interne. Avant même l’invasion du
territoire de la Fédération dans l’Oblast de Koursk, la lutte contre la corruption a impacté les personnels militaires. Un grand nombre de responsables issus du ministère de la Défense,
des instances de contrôle de l’immigration, des services pénitentiaires et policiers, et des gouvernorats3 ont
été écartés, voire mis en cause pénalement ; il s’agit notamment de généraux «du temps de paix», sans vraie crédibilité militaire ni engagement au front et empêtrés dans des affaires de
corruption. Cela semble en lien avec le discours de Vladimir Vladimirovitch Poutine portant sur la place à donner dans la société aux combattants méritants et capables.
Les vice-ministres nouvellement nommés sont sélectionnés pour épauler efficacement le ministre dans la double démarche économique et militaro-technique. Il
s’agit de mettre en place un appareil industriel capable de satisfaire les besoins quantitatifs (compensation des parcs aéroterrestres et navals subissant l’attrition, alimentation en
munitions de tous types, fourniture aux troupes des systèmes de soutien et logistiques) et qualitatifs (R&D, spatial, cyber…), en maintenant les acquis tout en réduisant les déficits
capacitaires constatés (drones, artillerie de précision à longue portée, radars aéroportés…).
Sans s’aventurer dans une exégèse des rapports de force au sein du gouvernement russe, sur fond d’opposition entre le FSB et l’Armée, il semble que Vladimir
Poutine veuille donner sa chance à une nouvelle génération de managers, tant civils que militaires. Il est intéressant de lire à ce propos le
rapport du groupe Minchenko consulting «politburo 2.0 The
long winter».
Proposition
d’analyse :
Dans le cadre d’une guerre civilisationnelle, la société russe se met sur le pied de guerre, pour ne pas subir le sort de l’URSS («piège lacédémonien») et
pour pouvoir affronter le bloc adverse dans la durée.
Le challenge consiste à générer une production militaire qui alimente l’économie sans la «plomber» et sans sacrifier l’objectif de développement intérieur à
long terme. C’est un défi qui n’est pas sans rapport avec le «New deal» étatsunien, qui a pu fonctionner grâce à la 2ème GM. Cela nécessite que l’appareil d’État soit confié à des
responsables civils et militaires adaptés à cette évolution.
Interrogations :
a) Malgré les importantes ressources en matières premières et énergétiques et certaines supériorités techniques, la Russie dispose-t-elle d’une masse
critique démographique permettant d’équilibrer le «Milliard doré» occidental ?
b) La fenêtre d’opportunité créée par les carences avérées des Occidentaux en matière de production de guerre sera-t-elle assez durable pour permettre
à l’économie russe d’exploiter le différentiel en sa faveur avant la réaction adverse ? Les observateurs militaires s’accordent sur une échéance impérative fixée à 2025/27 pour
régler le cas kiévien. Le mandat présidentiel est de six années en Russie et une révision constitutionnelle de 2021 permet à Vladimir Poutine de briguer deux mandats (2036). Il semble
toutefois que l’échéance du mandat en cours le portera à un âge raisonnable de départ (afin d’éviter la gérontocratie de la fin de l’ère soviétique), ce qui correspond à un créneau de
cinq années pour finaliser les évolutions programmées.
c) La politique d’alliances qui tente de fédérer les exclus du bloc occidental débouchera-t-elle sur le résultat tangible et stabilisé d’un «nouvel ordre
mondial» multipolaire, dépassant les lignes de fractures existant entre États de natures variables et d’intérêts divergents ?
d) Le personnel disponible, politique et administratif, militaire et civil, permettra-t-il de relever le défi en évitant les pièges déjà identifiés en
Russie tsariste, en URSS et dans la Fédération actuelle ?
Dans le cadre de ce qui prend désormais la forme d’une lutte civilisationnelle contre l’Occident, la volonté Poutinienne de mener une «semi-guerre»,
retenue, raisonnable et limitée afin de préserver l’objectif de développement intérieur, est-elle encore viable ? Les développements autour de Koursk témoignent de la volonté de
l’hégémon d’aller jusqu’au bout (et de l’inanité de toute «ligne rouge») et des difficultés à faire face à cette menace avec des moyens limités, posant la question de la mobilisation,
militaire mais aussi de toute la société russe. On peut espérer que l’appareil militaire est en cours de mutation, comme en témoignent les nombreuses arrestations et renvois de
responsables. Il est avéré que les combattants évoluent et apprennent à améliorer leurs performances sur le terrain, tactiquement et techniquement. Toutefois, en sus
de la purge anti-corruption, il semble nécessaire de mener une réforme administrative et organisationnelle pour dépasser les faiblesses structurelles d’un système militaire, expression de
la société civile russe, qui a conservé certaines tares de l’armée tsariste et les pesanteurs de l’armée soviétique.
2.
Mobilisation de la population et de la société civile russes
Constats
a) Pour être viable, la démarche économique repose sur un accompagnement social et éthique («réarmement moral», valorisation d’un substrat idéologique
partagé culture russe et histoire, harmonie pluriethnique de la Fédération). Cela est nécessaire pour le fonctionnement du système de marché tempéré par le contrôle étatique des filières
d’intérêt stratégique et régaliens que professe le président russe depuis 2000.
c) Il est également nécessaire de faire accepter aux populations la guerre en cours, ouvertement en Ukraine et indirectement contre l’hégémon. La présidence
repousse autant que possible la mobilisation et fait reposer le recrutement sur le volontariat, actuellement suffisant (160 000 hommes en 2024, complétant les 300 000 rappelés en 2022
qu’il est question de libérer cette année) pour compenser les pertes et accroître les forces, situation qui ne peut perdurer que si un certain statu quo opérationnel est maintenu. Le
discours de Vladimir Poutine du 7 juin établit clairement que l’accélération des offensives serait génératrice de pertes, qui sont refusées au profit d’une stratégie de «grignotage». Mais
l’ennemi imposera peut-être un changement, car il est apparu que la protection efficace des frontières et les opérations de combat excèdent la ressource disponible avec une armée même
portée à 1,2 millions d’hommes. L’URSS en alignait 3,8 et une masse critique entre 2,5 et 3 semble nécessaire face à l’Europe occidentale otanisée et belliciste.
d) Il faut également assurer l’unité des populations, en évitant les flux de départ pour causes idéologiques ou sociétales («fuite des cerveaux» et des
jeunes urbains plus occidentalisés, massives au début de la SVO mais apparemment taries depuis) et également les tentatives occidentales de générer des fractures en exploitant le
multiculturalisme ethnique en Russie et en particulier le fondamentalisme islamique. Ce dernier point mobilise les attentions et la réaction de l’État contre l’immigration néfaste est
perceptible (nouvelles lois restrictives votées par la Douma, propositions répressives présentées par Alexander Bastrykin et le président de la Douma Viatcheslav Volodine, qui débouchent
sur de très nombreux raids du FSB. Cette politique est cependant tardive (au moins 17 millions de migrants d’Asie centrale établis en Russie), se heurte à l’héritage de l’URSS (pas de
visa, un peu comme les relations de la France avec ses anciennes colonies), soulève des problèmes géopolitiques (relations avec les anciennes républiques, toutes majoritairement
musulmanes sauf la Géorgie et courtisées par l’occident, la Turquie et la Chine). Il est fort probable que les milieux d’affaires russes souhaitent conserver l’accès à une main-d’œuvre
bon marché et n’appuient pas la réaction de l’État.
e) Il faut enfin améliorer l’image de la «gouvernance» russe, entachée par la corruption. Le narratif qui semble se développer est que la situation de
guerre impose une reprise en main et que ce qui a été toléré lorsque le quotidien des Russes avait connu une amélioration très notable (de 2000 à 2010 en gros) ne peut plus l’être. Cela
correspond à une attente de la population qu’avait bien senti et représenté Evgueni Prigojine. Cela s’inscrit également dans une certaine continuité historique du «roman russe» pendant la
grande guerre patriotique, sur fond de menace existentielle. Malgré un patriotisme russe davantage préservé qu’en Europe de l’ouest, il est patent que les nouvelles générations en Russie,
notamment les urbains, y sont moins attachés et restent souvent fascinés par le modèle occidental.
Proposition
d’analyse :
La guerre en Ukraine est un épiphénomène d’une opposition fondamentale avec l’Occident collectif, sa mainmise mondiale et sa volonté de contrôler l’Eurasie.
Cela prolonge la volonté de résister à l’insertion forcée de la Russie dans les périphériques étatsuniens, exprimée dès le fameux discours
de Munich en 2008. Cette opposition militaire n’étant que la continuation de la politique, engendre un important volet économique et culturel. La réactivation des valeurs
traditionnelles et conservatrices est le moyen de s’opposer au soft power corrosif et délétère de l’Occident. L’enjeu consiste à découpler la modernité et la performance technologique et
économique de ce socle intellectuel et social. Il faut également cantonner le «choc de civilisation» aux deux blocs en évitant que n’apparaissent des fissures internes, ethniques
religieuses et sociétales. La guerre peut s’avérer un accélérateur ou un facteur de résistance.
Interrogations :
a) Les observateurs étrangers considèrent souvent qu’il n’existe pas réellement de société civile en Russie. Les efforts du président témoignent pourtant
d’une volonté de susciter l’adhésion et d’une aspiration à expliciter les décisions. Le pouvoir met en avant la notion de limitation des pertes humaines et celle de répression des excès
de la corruption. Il est certainement aidé en cela par l’attitude, la rhétorique et les fournitures d’armes occidentales. La perte d’attractivité du modèle occidental, en particulier
européen – et, disons-le, français – est également un facteur favorable dans ce cadre. Toutefois, quel serait le soutien si la guerre tournait mal, prenait un tour plus impactant
qu’actuellement ou menaçait de dégénérer en apocalypse nucléaire ?
b) Pour assurer cette politique, le contrôle direct par l’appareil d’État, et indirect par l’adhésion et la création du consentement, demeure un
facteur-clef. Il est difficile de quantifier la part de soutien en fonction de critères variables entre les grands centres urbains et les régions et «objets lointains», entre la
génération d’après 2000 et les ex-Soviétiques, et entre les différentes ethnies de la Fédération notamment à cause de l’exacerbation du fait religieux et de l’irrédentisme qu’il crée
souvent.
c) La création d’un bloc conservateur mondial, sublimant ses différences dans le refus des valeurs de l’Occident collectif, semble en cours. On ne peut
cependant prophétiser sa robustesse, sa pérennité ni sa viabilité. Le rôle moteur qu’entend conserver la Russie dans ce cadre ne peut pas davantage être garanti. La Fédération dispose
certes d’atouts, qui se déclinent en creux des caractéristiques actuelles de l’Occident, mais son leadership n’est pas assuré au-delà d’un magister moral relatif.
3.
Actions de contrôle interne
Constats
a) Les instances décisionnaires ont fait des choix de politique économique et financière qui visent évidemment à minorer les effets des sanctions
occidentales, mais aussi à consolider la base de production et la balance entre importations et exportations, à renforcer la constitution d’une réserve fiduciaire. Le rôle confirmé de la
Banque centrale, les textes permettant désormais la prise de contrôle d’entités privées stratégiques ou déficientes, la réorganisation de la filière militaro-industrielle, l’exigence de
rendre des comptes par les gouverneurs, entrent dans ce cadre de construction de l’économie de guerre.
b) La question des travailleurs étrangers est devenue fondamentale. L’entrisme au sein des instances publiques, la subversion par les diasporas, l’existence
de quasi-cartels criminels à base ethnique et/ou en lien avec le crime organisé, la non-assimilation des personnes issues d’Asie centrale et la promotion d’une forme d’Islamisme
fondamentaliste, dérogeant souvent aux cultures et pratiques traditionnelles, ont été identifiés comme des menaces pour la Russie. Bien que la Russie connaisse une pénurie de main
d’œuvre, des décisions semblent avoir été prises. Le FSB mène des raids fréquents contre le travail clandestin, plus de 30 000 ressortissants étrangers ont été expulsés depuis le début
2024 et 11 000 refusés à l’entrée avec 2000 affaires pénales concernant des réseaux d’immigration illicite. Moscou exploite sa situation de pourvoyeur financier indirect (par les
rapatriements de fonds dans le pays d’origine) pour faire pression sur les gouvernements concernés. La réglementation -notamment relative aux facilités accordées aux nationaux des
Ex-Républiques soviétiques- a été amendée pour faciliter le contrôle des populations, la répression et l’expulsion et les critères d’intégration sont revus à la hausse. Les enquêtes liées
à l’attentat du Crocus témoignent d’une prise de conscience et d’une capacité de réaction, voire d’anticipation (attentat déjoué avec l’aide de la Turquie). La reprise en mains des
institutions notamment chargées de la répression des fraudes et de l’immigration illicite est un préalable indispensable et le DVKR du FSB semble être chargé de ce travail.
Interrogations :
À la différence des pays européens et notamment de la France, la population semble soutenir ces mesures, les autorités religieuses ne s’y opposent pas, les
États d’origine n’osent pas adopter une posture hostile, et les agents des ministères de force peuvent encore considérer que «force reste à la loi»4.
Néanmoins, une structure fédérative comme la Russie doit tenir compte des disparités et des spécificités, d’autant que la frange périphérique subit un effet de contagion islamiste. La
capacité à provoquer et imposer l’adhésion est donc le facteur dirimant pour éviter une explosion centrifuge (dans la logique du projet de démembrements régionaux toujours en vogue dans
les pays baltes, en Pologne et dans certains think tanks étatsuniens). La résilience étatique malgré les défauts de gouvernance et si une situation économique plus tendue survenait reste
inconnue. L’évolution du risque islamiste reste une inconnue préoccupante. La démographie est aussi prégnante, tant pour les relations avec la ceinture d’Asie centrale qu’au sein même de
la Fédération.
II.
Éléments liés à la situation internationale
Constats :
De nombreux points sont à relever :
a) L’activité diplomatique du président Poutine, après l’Uzbekistan, a confirmé les liens avec la RPC (visite
du 16 mai), la Corée du Nord (signé
le 17 juin 2024 l’accord prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression), le Viet
Nam (19 juin). Cela renforce les chaînes logistiques militaires, l’appui économique et technologique et l’image diplomatico-médiatique5.
Toutefois les États n’ont pas d’amis et l’appui indien se révèle relatif, avec des difficultés sur la flotte de pétroliers fantômes russes et une visite prévue à Kiev. Après l’intégration
de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN, la bascule de l’Arménie et de la Moldavie confirment une stratégie périphérique contre Moscou.
b) Les partenariats économiques et commerciaux continuent et les exhortations occidentales à supprimer les échanges gaziers et pétroliers (Inde) ou
l’approvisionnement en supra conducteurs et «puces» (RPC) semblent voués à rester lettre morte (d’autant que Washington s’est autorisé à continuer à acquérir les matières premières dont
les USA ont besoin, comme l’uranium, auprès de la Russie !).
c) Les candidatures d’adhésion aux BRICS se multiplient (Turquie, Thaïlande) ; cela porte à terme un risque d’hypertrophie trop rapide, génératrice
d’implosion d’une entité réunissant des partenaires trop hétérogènes ou trop nombreux, comme l’a souligné le ministère des affaires étrangères russe. La tendance illustre toutefois une
volonté incontestable et croissante de se désolidariser du système économique actuel, sous hégémonie occidentale. Les BRICS rassemblent actuellement neuf États : Brésil, Russie,
Inde, Chine, Afrique du Sud, Émirats arabes unis, Iran, Égypte et Éthiopie.
d) Le président russe a évoqué de manière indirecte la possibilité de remettre des armements performants à des États hostiles à Washington (on a évoqué les
Houthis dans le cadre de leur lutte en Mer rouge). Des navires de guerre russes, dont un croiseur lance-missiles Zyrkon et un sous-marin nucléaire, ont opéré au large de Cuba, ce qui est
un avertissement évident dans le cadre de la gesticulation diplomatico-militaire.
e) Les jeux des BRICS ont accueilli en Russie 5000 athlètes de 90 pays à partir du 12 juin, en réponse à son traitement en paria par un CIO sous influence
occidentale.
f) L’Arabie saoudite n’a pas renouvelé l’accord de 50 ans qui la contraignait à effecteur ses ventes de pétrole en Dollars.
g) L’initiative dite de Paix qui s’est tenue les 15 et 16 juin au Bürgenstock en Suisse n’a logiquement débouché sur aucune action concrète, si ce n’est
refuser la proposition de négociation du président russe du 14 juin. A cette occasion, il s’est confirmé que nombre d’États agissent en équilibristes pour tenter de ne pas être
sanctionnés par les USA mais sans aller trop en avant dans la condamnation de la Russie. Ainsi, la liste des pays qui ont soutenu la déclaration finale est intéressante puisqu’elle
comprend la Hongrie, la Serbie et la Turquie, mais pas l’Arménie, le Brésil, l’Arabie saoudite, la Slovaquie et l’Afrique du Sud.
h) Les USA continuent à alimenter la pression sur la Russie, sans se mettre en première ligne, par crainte d’une confrontation nucléaire directe. On ne
distingue cependant aucun signe de détente et le relais semble passé à une Union Européenne otanisée (le traité de Lisbonne du 13 décembre 2007 établissait déjà, notamment par son article
42 et le paragraphe 7 de l’article 28 A – titre V, section II, l’implication de l’OTAN dans la politique de sécurité de l’UE) :
Après avoir autorisé l’emploi de ses armements à longue portée à Kiev, ouvrant la voie à quinze autres pays de l’OTAN pour bombarder la Russie.
Le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg (bientôt remplacé par le néerlandais Mark Rutte) a défini le 12 juin une obligation pour les États-membres
de livrer à Kiev les armements nécessaires.
Les dépenses militaires des pays de l’OTAN ont augmenté de 10,9% en 2024.
Les attaques de drones ukrainiens à longue portée continuent à bénéficier du renseignement de l’OTAN (drones de surveillance RQ 4B global Hawk et avion
ISR Rafale, Poséidon, Orion et RC 135W au-dessus de la zone internationale de la mer Noire) ce qui pose la question de la réponse russe à cette menace identifiée.
Par ailleurs la plupart des matériels déployés lors des manœuvres de l’OTAN steadfast defender sont restés sur place, facilitant un éventuel déploiement
sur des «couloirs» dans la Baltique.
Viktor Orban a annoncé que la Hongrie a négocié de ne pas participer à l’installation d’un «bureau de l’OTAN» en Ukraine, cet été. Cette mesure
occidentale vise certainement à fournir les personnels techniques nécessaires au fonctionnement de la flotte de F-16 en cours de livraison.
Pour rappel, la Moldavie a été le premier tat à signer un accord de coopération militaire avec l’UE, faute d’adhérer à l’OTAN.
i) Lors de la réunion du G7 en Italie la première ministre Georgia Meloni a fait des déclarations anti russes («Nous forcerons la
Russie à se rendre» assez proche de la rhétorique macronienne «Nous ferons tout pour
que La Russie ne gagne pas»), pro-Ukraine et otaniennes. Après avoir tenté une gymnastique d’évitement (Matteo Salvini conseillant au président français Macron de prendre un casque
et d’aller lui-même en Ukraine) l’Italie envisage de fournir des missiles anti-aériens Aster et peut être des Storm Shadow.
j) L’Espagne, qui tente également de rester assez loin du champ de bataille ukrainien va toutefois remettre 19 chars Leopard 2A4.
k) L’OTSC (organisation du traité de sécurité collective) demeure, malgré le retrait de l’Arménie (encore membre dans une posture qui ressemble un peu à
celle de la France gaullienne en 1966 vis-à-vis de l’OTAN). Le régime Pashinyan, qui a signé des accords de coopération avec les USA et la France, et qui va acquérir des matériels
militaires français, est en butte à une contestation massive et permanente. Toutefois, on notera que l’archevêque, figure clef de l’opposition et favorable à un durcissement à l’encontre
de l’Azerbaïdjan, désormais soutenu par Ankara et associé avec Moscou dans des contrats énergétiques importants, a été en poste de 1993 à 2003 au Canada et a suivi des études à Leeds au
Royaume-Uni. Sa position relativement à l’alliance russe ou occidentale pourrait donc ne pas forcément rompre avec celle de l’actuel Premier ministre. Moscou a annoncé mettre un terme à
toute fourniture militaire à l’Arménie. À l’inverse, il semble que l’invasion de Koursk ait pu bénéficier du transfert d’armements soviétiques arméniens.
l) La Géorgie semble résister à la menace d’une révolution
de couleur, malgré la position pro-UE de l’actuelle présidente (binationale française et ex-ambassadrice de France à Tbilissi) à laquelle la constitution confère peu de
pouvoirs.
m) Après la tentative
d’assassinat «par un déséquilibré isolé» naturellement, du Premier ministre Fico, la Slovaquie garde un cap antiguerre et l’ancien ministre de la Défense est poursuivi pour
avoir fourni des armements vitaux à l’Ukraine au détriment de son pays.
n) La Hongrie a confirmé son orientation anti-guerre en obtenant de l’OTAN d’être exemptée des mesures bellicistes programmées. Budapest est l’objet
de rétorsions
économiques de l’UE avec une condamnation à 200 millions d’euros plus un million par jour de retard, pour non-respect de décision de la CEJ sur les migrants ; le pays ne
reçoit pas non plus les financements UE. Ainsi que la Slovaquie (mais aussi la Pologne et… la France) il a aussi été condamné pour dérive budgétaire, ce qui conduit à des pénalités
financières. La volonté de faire plier financièrement les États qui n’appliquent pas les décisions politiques de l’oligarchie (non élue) des commissaires européens est ici flagrante. Quoi
que puisse en penser le lecteur français focalisé sur la politique intérieure, les élections récentes pour le Parlement européen ont tristement confirmé le PPE et Mme von der Leyen, même
si des évolutions sont notables.
o) Le président serbe Vucic a été confirmé par le vote mais, sous la menace du proxy albanais de l’OTAN, il a fait des déclarations inquiétantes annonçant
une guerre ouverte à brève échéance entre les Alliés et la Russie. Alarmisme à vocation fédératrice ou excellent Renseignement, l’avenir le dira. La volonté du président Dodic de la
Republika serbska de rejoindre la Serbie (en quittant donc l’entité créée après les accords de Dayton pour rassembler Bosniaques et Serbes) en réponse à la déclaration du Conseil de
sécurité de l’ONU reconnaissant les serbes comme peuple génocidaire à Srebrenica crée un facteur de risque supplémentaire dans les Balkans. La position serbe fait figure d’équilibrisme,
dénonçant les pressions occidentales mais sans exclure l’adhésion à l’UE et déclarant les USA comme «alliés», affirmant un risque de guerre mais vendant des obus qui alimentent les canons
de Kiev.
p) L’opposition entre le bloc occidentalo-pacifique (USA, Australie, Nouvelle Zélande, Corée du Sud, Japon, Philippines récemment réintégrées) et la RPC va
concerner d’autres acteurs, comme l’Indonésie et le Viet Nam, voire l’Inde, pays actuellement plutôt alliés de la Russie). À cet égard, on notera un retour aux positions clefs de la
guerre du Pacifique, ce qui donne un éclairage intéressant et discordant aux troubles en Nouvelle Calédonie.
Interrogations :
a) La situation internationale reste dominée par l’opposition entre le bloc occidental et un «reste du Monde» superficiellement et ponctuellement rassemblé
contre son hégémon.
Grossièrement, les interrogations majeures portent donc sur la robustesse et la pérennité de ces deux blocs, quelque peu artificiellement constitués et qui
recouvrent nombre d’oppositions internes ou externes, souvent même au sein des éléments constitutifs ; en effet, les États ne recouvrent plus véritablement les nations et des lignes
de fractures considérables existent en leur sein même.
b) Un questionnement plus modeste se pose quant à l’influence d’un changement de management au sein de ces blocs. L’Occident ne fait pas mystère de sa
volonté d’influer sur le cours des événements en facilitant la destitution de Vladimir Poutine et la destruction de son régime, précédant un possible démantèlement de la fédération de
Russie. Cette option ne semble pas la plus probable en l’état des choses mais n’empêche pas le jeu de déstabilisation des dominos respectifs (v ; supra). Outre un intérêt économique
(relance du complexe d’armement, prêts non désintéressés…) et politique (resserrement de la suzeraineté étatsunienne sur le bloc européen et épouvantail de l’ennemi commun en politique
intérieure), la prolongation de la guerre en Ukraine vise évidemment à lasser les populations russes et fissurer leur soutien patriotique.
c) Certains imaginent qu’un changement de la direction des USA pourrait avoir une influence majeure sur la guerre. Cela nous apparaît peu vraisemblable.
Tout d’abord, si
Donald Trump était en position de redevenir président (ce qui n’est pas certain) et souhaitait aller en ce sens, on peut penser qu’il serait encore un POTUS à trouver une fin tragique. Même en écartant cette
hypothèse, la
résistance du deep state, d’une partie de la population et des médias, de l’establishment lié au complexe militaro-industriel, rendrait un changement de cap plus que compliqué. Enfin,
Trump est un milliardaire et probablement patriote américain et agira comme tel ; il est peu crédible qu’il agisse de manière contraire aux intérêts économique des USA, à ceux de
l’aristocratie capitoline (dont il n’est finalement qu’un opposant ponctuel), et aux siens propres.
d) Les élections européennes et leurs réplique internes ne sont pas en mesure de permettre des évolutions drastiques des relations avec Kiev et Moscou. Les
partis qualifiés d’extrême droite sont loin d’avoir accédé à la réalité du pouvoir, et font face à des coalitions parfois contradictoires mais représentatives de fractions importantes de
la population ; de plus, leurs orientations se sont considérablement adoucies avec le temps et dérogent peu au consensus socialdémocrate et du libéralisme occidental et quasiment pas du
tout à l’atlantisme. L’exemple de l’Italie semble parlant à cet égard et les déclarations de leaders français confirment ce constat.
e) L’influence extérieure via les diasporas est une réalité observée dans le cadre du conflit israélo-palestinien en Europe. En revanche, il semble que la
majorité du Monde, particulièrement les États d’Afrique et d’Asie font montre d’une relative indifférence à la question ukrainienne, d’ailleurs assez compréhensible de leur point de
vue.
f) Le risque de développement majeur nous semble tenir à la possibilité d’un dérapage «à la 1914» conduisant à un affrontement nucléaire, d’abord limité
puis général. Cette hypothèse est consolidée par la perte de contrôle interne qui pourrait conduire des dirigeants désavoués à tenter un va-tout hypothéquant et détournant une Dissuasion
conçue comme un instrument stratégique de défense, en tant que moyen de pression, voire d’existence, internationale et interne. Ce risque de perte de contrôle catastrophique s’applique
aux deux camps et justifie peut-être que l’opposition soit graduelle6 et
n’aboutisse pas à un bouleversement brutal du champ de bataille.
Conclusion
Bien orgueilleux celui qui prétendrait tirer des affirmations péremptoires sur la base de ces constats. On distingue cependant une tendance à l’affrontement
de la part de l’OTAN, la confirmation que les négociations ne sont que prétextes mala fide, dans une perspective de renforcement militaire et que les informations distillées par la
communication occidentale et kiévienne ne permettent pas de former une image authentique et sincère de la situation, aggravant volontairement certains faits pour en dissimuler d’autres et
créer une surprise stratégique et médiatico-politique.
Bien que cristallisant la haine de E. Prigojine et de certains nostalgiques de l’URSS, au-delà de ses relations personnelles avec le président, en tant
que silovik et membre fondateur du parti Russie Unie, Sergueï Choïgou est majoritairement apprécié pour son action au sein du ministère de la Sécurité civile («situations d’urgence»
en Russie, une création de Choïgou lui-même). Ses fonctions au ministère de la Défense exigeaient une aptitude d’organisateur et ses remplaçants sont davantage profilés en fonction
des circonstances du SVO et de l’exigence de rigueur budgétaire et comptable. Moquées par certains détracteurs, ses nouvelles fonctions de secrétaire au Conseil de sécurité de la
Fédération de Russie ne sont pas uniquement honorifiques et le maintiennent proche du président. Cependant son départ de la Défense peut être mis en perspective avec l’action du FSB
au motif de la lutte contre la corruption, car il avait incarné le «retour de l’Armée» notamment face aux services spéciaux.
Garde du corps de Vladimir Poutine depuis 1999, il est nommé responsable des activités des forces spéciales qui ont été fondamentales pour la récupération de la Crimée en 2014,
vice-ministre de la Défense en 2015 et gouverneur de la région de Tula en 2016. Avec Nikolai Patrouchev, il fait désormais partie des assistants du président et pourra conseiller
techniquement son ministre de tutelle sur les aspects purement stratégiques et militaires.
De mi-mai à la mi-août 2024 :
– Arrestations du général vice-ministre de la Défense Timur Ivanov le 23 avril 2024, remplacé par le jeune Pavel Fradkov (fils de l’ancien Premier
ministre et considéré comme un homme du président) ancien chef adjoint du service de gestion immobilière de l’État, du général Sukhrab Akhmedov (ex-chef de la 20e armée), du chef
de la direction générale des forces armées et adjoint à l’état-major général, le général Vadim Shamarin. Le vice-ministre Dmitri Bulganov, le chef de la division du personnel Yuri
Kutzenov, le chef de la direction des communications Vadim Shamarin, le chef du département des achats de défense Vladimir Vertelestsky, le directeur de la société de construction
militaire Andrei Belkov, le directeur du département des relations immobilières Mikhail Sapirov, le directeur de Voenorg Vladimir Pavlov, le directeur du parc patriotique
Viatechslav Akhmidov (considéré comme membre de l’équipe Choïgou), le chef adjoint de la direction du développement et de l’innovation Vladimir Shesterov (également proche de l’ex
ministre Choïgou), l’ex commandant de la 83e brigade d’assaut aérien Artem Gorolov, l’ancien chef adjoint de la 144e division de fusiliers motorisés Dmitri Pershkov, ont tous été
arrêtés pour fraude et corruption. Le général Popov, apprécié comme chef de la 58e armée, n’est désormais plus inculpé mais témoin assigné à résidence dans une affaire de
corruption impliquant ses subordonnés.
– Départs des vice-ministres de la Défense Nikolai Pankov (vétéran de la Défense) non remplacé, Ruslan Tsalikov (considéré comme un homme de
Choïgou) remplacé par le conseiller d’État Lonid Gornin, Tatiana Shevtsova (pour des difficultés dans la gestion des fonds remis aux personnels militaires), Youri Sadoveko
remplacé par le commissaire aux comptes Savelyev considéré comme un redoutable auditeur et contrôleur dans la répression de la corruption et très loyal au président, du chef du
département des achats de défense Vladimir Verteletsky et du responsable de l’information et de l’innovation Pavel Popov, actuellement non remplacé. Anna Evgenieva Tsivileva,
épouse du ministre de l’Énergie et directrice du fonds d’État des défenseurs de la patrie où elle a apparemment brillé dans la gestion du soutien aux militaires de la Région
militaire Nord.
– Pour les responsables administratifs et politiques civils : Arrestation du vice-gouverneur de l’Altai Kibardin, du gouverneur d’Orel Sergei
Lejnev, du chef de du département des migrations du ministère de l’Intérieur, à Tula, Oskin et de son adjointe Borovik, du directeur de l’Institut d’État de langue à Smolensk, le
major de justice Marat Tambiev, ex-chef du département d’enquête de Moscou, du chef adjoint de la direction pénitentiaire de Moscou Vladimir Talaev, de la vice-gouverneure
d’Ivanovo Irina Ermish, du vice-président du logement à Moscou Vladimir Talalykin, de l’ancien ministre des Transports régional à Sverdlovsk Vasily Starkov, du directeur adjoint
du fonds de rénovation de Moscou Mtislav Dymmich, du vice-président du gouvernement régional de Khabarovsk Evegeni Nikonov, de l’ancien vice-ministre des Communications Alexei
Sodatov, du chef adjoint du ministère des Situations d’urgence de Krasnodar Sergei Simochenko, du maire de Sergiev Posad à Moscou Dmitri Akulov, de l’ancien directeur adjoint de
Gazprom Belgorod Alexander Belusov. Un scandale lié à un marché de gilets pare-balles défectueux pour l’armée a débouché sur l’arrestation d’Andrei Esipov et deux associés de la
société GC Pickett, trois hommes d’affaires ont été arrêtés pour corruption dans le marché de rénovation de la zone militaire de Kazan, l’ancien chef d Oboroenergo mark Manukyan
et le chef de Voenorg a été interpelé par le FSB pour corruption et fraude.
Si la réaction à l’attaque du Crocus n’a pas évité de nombreux morts, il en va différemment de la réduction exemplaire de la prise d’otages de personnels pénitentiaires par des
détenus islamistes à Rostov : en trois heures, après intervention des SOBR, six preneurs d’otages morts et les otages libérés… Dans les deux cas, le comportement radical des
intervenants n’a pas semblé soulever de problèmes judiciaires ni médiatiques en Russie.
Naturellement les États n’ont pas d’amis. L’attitude des «alliés» doit s’interpréter au regard de relations multifactorielles, notamment par rapport aux USA. On notera ainsi
que des entreprises chinoises cessent leur partenariat en Russie sous l’effet des pressions occidentales. Quant au Viet Nam il bénéficie du statut d’atelier du monde occidental, avec
des projets d’en faire une silicon valley bis. Sa balance économique avec les USA (29%, 15,5 % pour la Chine) est 22 fois supérieure de celle avec la Russie, qui ne peut jouer sur la
ressource énergétique faute de vecteurs d’approvisionnement. Le rapprochement avec la Russie, alors que les nouvelles générations sont relativement indifférentes à l’histoire de
l’alliance avec l’URSS, a plutôt à voir avec le différend sino-vietnamien notamment en Mer de Chine, qui pousse Hanoï à chercher des rééquilibrages en conservant une ligne
bienveillante mais sans trop s’avancer. C’est à la lumière de ces faits qu’il faut interpréter l’adhésion à l’accord de libre-échange de l’Union économique eurasienne et le souhait
d’intégrer les BRICS. La déclaration finale établit tout de même un renforcement de la coopération de défense et le développement de projets nucléaires civils.
Remarquons que les «lignes rouges successives (fourniture d’armes uniquement défensives, puis de moyens de combat, puis de blindés, puis d’avions, soutien aux assassinats
ciblés, extension des autorisations d’emploi des armes, attaques sur des civils ans les villes et même sur les plages, envoi de conseillers occidentaux, attaques de radars
stratégiques de la défense nucléaire, activation de terrorisme internes frappant les civils en Russie même…) ont toutes été franchies à l’exception de la remise d’armements nucléaires
à Kiev.
Les forces russes continuent de s’aguerrir, de perfectionner leurs armes et leurs techniques pour le combat de haute intensité moderne, de s’entraîner
en conditions réelles. Bref, loin de s’affaiblir, elles se renforcent et continuent d’avancer quotidiennement, prudemment et inexorablement sur plusieurs secteurs du front.
La gouvernance russe observe avec attention, peut être même avec délectation, les difficultés d’ordre politique et économique qui agitent, chaque jour un peu plus,
les grands pays de l’occident otanien (USA avec un Biden à la dérive, UK qui vote demain, France qui vote dimanche prochain, mais aussi Allemagne).
Vladimir Poutine reste maître des horloges. Il dispose des moyens en personnels et matériels pour accélérer le rythme de l’opération spéciale, pour ouvrir de
nouveaux fronts, pour en finir plus rapidement, lorsqu’il jugera le moment opportun. Pour l’instant, il joue la montre et observe les otaniens s’autodétruire, avant de porter le coup final
au régime de Kiev, peut être avant la fin de cette année.
Le lecteur observera que les Forces russes font tout leur possible pour épargner la vie des civils, ce que ne font pas les otano-kiéviens dans leurs frappes sur le
territoire russe (ou à Gaza). L’excellent et célèbre géopoliticien américain Jeffrey Sachs envoie un message au monde :
Sur l’Ukraine enfin, j’invite le lecteur à prendre connaissance de l’excellent travail de recherche signé par Eric Dénecé, fondateur et cheville ouvrière du Centre
Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). Ce rapport très étayé, argumenté et sourcé est paru sous le titre : «La CIA et la Guerre en
Ukraine : Jusqu’où ne pas aller trop loin … Vraiment ?»
Nous avons récemment
assisté au pathétique spectacle montrant que, même après sept décennies d’indépendance et d’expérience en tant que démocratie où des centaines de millions de personnes se sentent
véritablement concernées, l’élite politique pouvait se comporter de manière infantile pendant le cycle électoral.
Ce n’était pas le cas
auparavant. Mon père, aujourd’hui décédé, se souvenait que Pundit Nehru, en tant que Premier ministre, avait l’habitude de se diriger vers les députés communistes dans le Central Hall pour
discuter avec eux. C’était dans les années 1950 et 1960, lorsque mon père était membre du Lok Sabha.
Ce souvenir est
revenu à mon esprit lorsque j’ai lu dans la presse russe le geste extraordinaire du président Vladimir Poutine à l’égard du secrétaire général du parti communiste russe, Guennadi Ziouganov, à
l’occasion de son 80e anniversaire de naissance, le 26 juin.
Poutine a rendu hommage à Ziouganov en signant un décret présidentiel attribuant le titre de Héros du travail de la Fédération de Russie au vénérable dirigeant
communiste.
Le décret précise que cette récompense est attribuée “pour sa contribution exceptionnelle au développement de l’État
russe et de la société civile, ainsi que pour son travail fructueux de longue haleine“. Poutine a ensuite adressé un message personnel de félicitations à Ziouganov, dont voici un extrait
:
« Vous êtes connu pour être un homme politique expérimenté et une personne honnête et attachée à ses principes, dévouée aux intérêts de la
patrie.
Vous restez immergé dans la vie publique du pays en vous efforçant de défendre les principes de la justice sociale, en apportant une contribution importante
au travail législatif et au parlementarisme russe, et en abordant des questions d’importance nationale. Je tiens en particulier à saluer vos efforts visant à améliorer le bien-être de la
population et à renforcer la souveraineté et les positions de notre pays sur la scène internationale. Ces activités multiformes et indispensables méritent un profond respect.
Je vous souhaite une bonne santé, beaucoup de succès dans la mise en œuvre de vos projets et tous mes vœux de réussite.
Une fois encore, veuillez accepter mes sincères félicitations pour avoir reçu le titre élevé de Héros du travail de la Fédération de Russie. »
Plus tard, Poutine a reçu Ziouganov au Kremlin. Le communiqué du Kremlin indique que “le président a remercié le dirigeant du parti communiste de la
Fédération de Russie pour les nombreuses années qu’il a passées au service de la patrie et a souligné que son parti a toujours défendu des positions patriotiques“.
Ces mots ont été choisis avec soin. En effet, Zyuganov est un homme aux convictions fortes et n’a jamais hésité à exprimer ses positions sur les questions
politiques dans ses commentaires publics, ses déclarations de campagne présidentielle et ses votes. Mais son amour sans faille pour la patrie n’a jamais été mis en doute.
Il a souvent été en désaccord avec Poutine. Mais ce dernier ne l’a jamais pris à cœur. Dans les années 1980, Ziouganov, membre du PCUS, a même critiqué le
programme de réformes du secrétaire général Mikhaïl Gorbatchev, la “glasnost” et la “perestroïka“.
Cela peut sembler paradoxal, mais les bons communistes font en réalité de grands nationalistes. Ziouganov s’est opposé à l’implication de l’Occident en Syrie et
a soutenu les opérations militaires spéciales de la Russie en Ukraine, accusant l’OTAN de planifier “l’asservissement de l’Ukraine” pour créer des “menaces critiques pour la sécurité de la Russie“. Il a
soutenu l’appel de Poutine à la “démilitarisation et à
la dénazification” de l’Ukraine.
Ziouganov a écrit un jour dans une tribune du New York Times : “Nous restaurerons la puissance de l’État russe et son statut dans
le monde. Cela rendra ses politiques incomparablement plus prévisibles et responsables qu’elles ne le sont aujourd’hui“. On pourrait dire qu’il s’agit là d’un “poutinisme” sans fard. Ziouganov estime que la Russie
détient le “rôle unique de pivot et de point
d’appui” de l’Eurasie.
Sans surprise, Zyuganov s’est opposé à la privatisation des industries d’État et s’est engagé à rétablir le contrôle de l’État sur l’économie. Mais en
s’éloignant de manière rafraîchissante du dogme soviétique, il a également fait de l’agriculture l’un des principaux chevaux de bataille du parti communiste, notamment en ce qui concerne le
manque de soutien de l’État aux régions rurales.
Il est tout à l’honneur de Poutine de n’avoir eu aucun scrupule à emprunter le programme de Ziouganov et de se faire un devoir de le consulter et de suivre ses
conseils, tout en orientant la Russie sans complexe vers un pays capitaliste qui en a fini avec le socialisme.
Il est intéressant de noter que Ziouganov affirme également que la Russie devrait s’inspirer de l’exemple réussi de la Chine et construire le socialisme russe.
Il a déjà encouragé les membres du parti à lire les œuvres choisies de Deng Xiaoping. Il a également déclaré que si son pays s’était inspiré de la réussite de la Chine plus tôt, l’Union
soviétique n’aurait pas été dissoute.
Rétrospectivement, Ziouganov a connu son heure de gloire au milieu des années 1990, lorsque, épuisé et désillusionné par le choc et l’effroi provoqués par
l’évolution de Boris Eltsine vers le marché libre et le capitalisme, qui a détruit la vie de vastes pans de la société habituée à une vie protégée et prévisible, le peuple russe s’est tourné
en masse vers le parti communiste lors de l’élection présidentielle de 1996.
En fait, la candidature de Ziouganov a progressé à un point tel qu’il semblait que la Russie était en train de revenir vers le socialisme. C’est alors que Bill
Clinton s’est rendu à Moscou avec son conseiller, Strobe Albott. Alarmé par ce qu’ils voyaient, Clinton est retourné à Washington et a approuvé une feuille de route visant à assurer la
victoire d’Eltsine, en faisant même appel au FMI. Clinton a déployé des experts américains comme directeurs de campagne d’Eltsine et rompu le sens des élections démocratiques. Le reste
appartient à l’histoire.
Mais Ziouganov n’a jamais montré de rancœur ou d’amertume. En fait, il n’a jamais exercé de fonction publique. Mais il peut se réjouir qu’à 80 ans, il soit
considéré comme l’éminence grise de la politique russe, alors que la réputation d’Eltsine est en très mauvais état.
La grande question est de savoir ce qu’est la démocratie. S’agit-il d’organiser régulièrement des élections ? Je viens de passer une semaine en Iran, au sein
d’un groupe d’observateurs, pour assister au scrutin de vendredi. Ce qui m’a le plus intrigué, c’est la liste des six candidats soigneusement préparés par le Conseil des gardiens sur la base
de l’engagement des candidats potentiels envers l’idéologie nationale et le système de gouvernement que l’Iran a choisi dans sa sagesse après la tumultueuse révolution islamique de
1979.
Ce processus subtil est peut-être le reflet de l’esprit “islamique persan-chiite“, mais une fois que les six
candidats (dont un religieux) sont annoncés, les règles du jeu sont les mêmes pour tous. Une demi-douzaine de débats télévisés ont été organisés pour s’assurer que les gens se familiarisent
avec les candidats. Le fait que seuls les conformistes soient autorisés à participer aux élections iraniennes est une parodie de vérité.
Il est pratiquement impossible de créer des présidents sur mesure. L’expérience montre qu’une fois élus à de hautes fonctions, certains d’entre eux ont même
tendance à se comporter comme Thomas Becket, qui, après être devenu archevêque de Canterbury, a pris son travail trop au sérieux pour le confort du roi Henri II. Bien entendu, de telles
luttes épiques ne se terminent jamais bien.
À l’autre extrême, on trouve l’étrange variante qui passe pour du “pluralisme politique” aux États-Unis. Un candidat âgé de 81
ans et l’autre de 78 ans, tous deux obsédés par les calomnies qu’ils se lancent l’un à l’autre. Le meilleur pari de Trump est que Biden a l’air “tordu et sénile“, tandis que le refrain de ce dernier est
que son adversaire est congénitalement malhonnête.
Un troisième candidat, Robert Kennedy Jr, bien qu’il soit un homme d’idées et de réflexion, est jugé indigne de participer au débat national sous le prétexte
spécieux qu’il est un “candidat indépendant”
!
Le résultat est un véritable spectacle de la faillite du système politique américain. Coïncidence ou non, Poutine a décerné l’honneur national à Zyuganov le
jour même où Trump et Biden s’affrontaient au nom du pluralisme démocratique.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Discours intégral de Vladimir Poutine à la réunion avec le corps diplomatique russe
Dans son intervention, le chef du Kremlin est revenu sur les origines du conflit ukrainien et a annoncé les conditions pour le lancement des négociations.
Chers collègues, bonjour !
Je suis ravi de vous accueillir tous et, au début de notre rencontre, je tiens à vous remercier pour votre travail acharné dans l'intérêt de la Russie et de notre peuple.
Nous nous sommes réunis aussi nombreux à la fin de l'année 2021, en novembre. Depuis, de nombreux événements cruciaux, sans exagération décisifs, ont eu lieu dans le pays et dans le
monde. C'est pourquoi je considère qu'il est important d'évaluer la situation actuelle dans les affaires mondiales et régionales, ainsi que de fixer les tâches correspondantes pour le
ministère des affaires étrangères. Toutes ces tâches sont subordonnées à l'objectif principal : créer les conditions pour un développement durable du pays, garantir sa sécurité et
améliorer le bien-être des familles russes.
Le travail dans ce domaine, dans les réalités modernes, complexes et en rapide évolution, exige de nous tous une plus grande concentration des efforts, de l'initiative, de la
persévérance, ainsi que la capacité non seulement de réagir aux défis actuels, mais aussi de définir notre propre agenda - celle à long terme - en collaboration avec nos partenaires, de
proposer et discuter, dans le cadre de discussions ouvertes et constructives, des solutions aux questions fondamentales qui préoccupent non seulement nous-mêmes, mais aussi la communauté
mondiale dans son ensemble.
Je le répète : le monde change rapidement. Il n'y aura plus de retour en arrière en politique globale, en économie ni même en termes de compétition technologique. De plus en plus de
nations cherchent à renforcer leur souveraineté, leur autosuffisance, ainsi que leur identité nationale et culturelle. Les pays du Sud global, de l'Est prennent de plus en plus
l'avant-scène, le rôle de l'Afrique et de l'Amérique latine croît. Depuis l'époque soviétique, nous avons toujours souligné l'importance de ces régions du monde, mais aujourd'hui, la
dynamique est tout autre et cela devient visible. Les processus de transformation s'accélèrent également en Eurasie, où de nombreux projets d'intégration de grande envergure sont
activement mis en œuvre.
C'est précisément sur la base de cette nouvelle réalité politique et économique que se dessinent aujourd'hui les contours d'un ordre mondial multipolaire et multilatéral. Ce processus est
objectif. Il reflète la diversité culturelle et civilisationnelle qui, malgré toutes les tentatives d'uniformisation artificielle, est intrinsèquement propre à l'humanité.
Ces changements profonds et systémiques inspirent, sans aucun doute, optimisme et espoir, car l’établissement des principes de multipolarité et de multilatéralisme dans les affaires
internationales, y compris le respect du droit international et une large représentation, permet de résoudre ensemble les problèmes les plus complexes dans l'intérêt commun, d'établir des
relations mutuellement bénéfiques et une coopération entre les États souverains dans l'intérêt du bien-être et de la sécurité des peuples.
Cette image de l'avenir correspond aux aspirations de la majorité absolue des pays du monde.Nous le constatons, entre autres, par l'intérêt croissant pour les travaux d'une organisation
aussi universelle que les BRICS, fondée sur une culture particulière de dialogue de confiance, d'égalité souveraine de ses membres et de respect mutuel. Dans le cadre de la présidence
russe cette année, nous allons faciliter l'intégration harmonieuse de nouveaux membres des BRICS dans les structures de travail de l’organisation.
Je demande au gouvernement et au ministère des affaires étrangères de poursuivre le travail substantiel et le dialogue avec nos partenaires, afin d'arriver au sommet de BRICS à Kazan en
octobre avec un ensemble solide de décisions concertées, qui orienteront notre coopération dans les domaines de la politique et de la sécurité, de l'économie et des finances, de la
science, de la culture, du sport et des relations humanitaires.
D'une manière générale, je pense que le potentiel des BRICS leur permettra de devenir, avec le temps, l'une des institutions régulatrices centrales de l'ordre mondial multipolaire.
Je tiens à noter à cet égard que la discussion internationale sur les paramètres de l'interaction entre les États dans un monde multipolaire, ainsi que sur la démocratisation de
l'ensemble du système des relations internationales, est bien sûr déjà en cours. Ainsi, avec nos collègues de la Communauté des États indépendants, nous avons convenu et adopté un
document conjoint sur les relations internationales dans un monde multipolaire. Nous avons invité des partenaires à discuter de ce sujet sur d'autres plateformes internationales,
notamment au sein de l'OCS et des BRICS.
Nous sommes intéressés à ce que ce dialogue soit sérieusement développé également au sein des Nations Unies, y compris sur un sujet de base, vital pour tous que la création d'un système
de sécurité indivisible. En d'autres termes, l'établissement dans les affaires mondiales du principe selon lequel la sécurité des uns ne peut être assurée au détriment de la sécurité des
autres.
Je rappelle à cet égard qu'à la fin du XXe siècle, après la fin de la confrontation militaire et idéologique aiguë, la communauté mondiale avait une opportunité unique de construire un
ordre de sécurité fiable et juste. Pour cela, il ne fallait pas grand-chose : simplement la capacité d'écouter l'avis de toutes les parties prenantes et une volonté mutuelle de les
prendre en compte.Notre pays était déterminé à faire ce genre de travail constructif.
Cependant, une autre approche a prévalu. Les puissances occidentales, menées par les États-Unis, ont estimé qu'elles avaient remporté la " guerre froide " et qu'elles avaient le droit de
déterminer seules comment le monde devait être organisé. La manifestation pratique de cette vision du monde a été le projet d'expansion sans limites géographiques et temporelles du bloc
nord-atlantique, bien qu'il y ait eu, bien sûr, d'autres idées pour assurer la sécurité en Europe.
À nos questions légitimes, on répondait par des excuses du genre que personne n’allait attaquer la Russie et que l'expansion de l'Otan n'était pas dirigée contre la Russie. Les promesses
faites à l'Union soviétique et ensuite à la Russie à la fin des années 80 et au début des années 90 de ne pas inclure de nouveaux membres dans le bloc ont été discrètement oubliées. Et
même s'ils s'en souvenaient, ils évoquaient avec un sourire sarcastique le fait que ces assurances étaient verbales et donc non contraignantes.
Nous avons constamment, tant dans les années 90 que par la suite, souligné l'erreur de la trajectoire choisie par les élites occidentales. Nous n'avons pas seulement critiqué et mis en
garde, mais nous avons également proposé des options et des solutions constructives, en insistant sur l'importance de mettre au point un mécanisme de sécurité européen et mondial qui
convienne à tous - je veux le souligner, vraiment à tous. La simple énumération des initiatives que la Russie a avancées au fil des ans occuperait plusieurs paragraphes.
Rappelons-nous au moins l'idée d'un traité sur la sécurité européenne que nous avons proposée dès 2008. Ces mêmes sujets ont été abordés dans le mémorandum du ministère des Affaires
étrangères de la Russie, qui a été remis aux États-Unis et à l'Otan en décembre 2021.
Mais toutes nos tentatives — et elles ont été nombreuses, plus qu'on ne pourrait les énumérer — pour sensibiliser nos interlocuteurs, pour expliquer, exhorter, avertir et demander de
notre part, n'ont rencontré absolument aucune réponse. Les pays occidentaux, sûrs non seulement de leur propre bon droit mais surtout de leur pouvoir et de leur capacité à imposer leur
volonté au reste du monde, ont simplement ignoré les autres points de vue. Au mieux, ils se disaient disposés à discuter de questions secondaires qui, en réalité, ne résolvaient rien, ou
de sujets qui étaient exclusivement avantageux pour l'Occident.
Entre-temps, il est vite devenu clair que le schéma occidental, proclamé comme le seul modèle correct pour assurer la sécurité et la prospérité en Europe et dans le monde, ne fonctionne
pas en réalité. Rappelons-nous la tragédie des Balkans. Les problèmes internes – bien sûr, ils existaient – accumulés dans l'ex-Yougoslavie, se sont soudainement aggravés à cause d'une
ingérence extérieure brutale. Déjà à cette époque, le grand principe de la diplomatie de type Otan s’était manifesté dans toute sa splendeur – profondément vicieux et stérile dans la
résolution de conflits internes complexes, à savoir : accuser une partie, qui pour une raison ou une autre ne leur plaît pas beaucoup, de tous les maux et lui diriger contre elle toute la
puissance politique, informationnelle et militaire, ainsi que des sanctions et des restrictions économiques.
Par la suite, les mêmes approches ont été appliquées dans différentes parties du monde, nous le savons très bien : Irak, Syrie, Libye, Afghanistan, et ainsi de suite, et elles n'ont
jamais rien apporté d'autre que l'aggravation des problèmes existants, la destruction de la vie de millions de personnes, la destruction de pays entiers, la multiplication des
catastrophes humanitaires et sociales, et des enclaves terroristes, et d’enclaves terroristes. En fait, aucun pays au monde n'est à l'abri de rejoindre cette triste liste.
Ainsi, l'Occident s'efforce aujourd'hui de se mêler impudemment dans les affaires du Moyen-Orient. Ils ont autrefois monopolisé cette région, et le résultat est clair et évident pour tous
aujourd'hui. Le Caucase du Sud, l'Asie centrale. Il y a deux ans, au sommet de l'Otan à Madrid, il a été annoncé que l'Alliance s'occuperait désormais des questions de sécurité non
seulement en Euro-Atlantique, mais aussi dans la région Asie-Pacifique. En quelque sorte, ils prétendent que là-bas aussi, on ne peut se passer d'eux. Il est évident que cela cache une
tentative d'accentuer la pression sur les pays de cette région, dont le développement, selon eux, doit être freiné. Comme on le sait, notre pays, la Russie, figure en bonne place sur
cette liste.
Je rappelle également que c'est Washington qui a sapé la stabilité stratégique en déclarant unilatéralement son retrait des traités sur la défense antimissile, sur l'élimination des
missiles de portée intermédiaire et à courte portée, ainsi que sur le traité Ciel ouvert. De plus, conjointement avec ses satellites de l'Otan, ils ont détruit le système de mesures de
confiance et de contrôle des armements en Europe, qui avait été mis en place pendant des décennies.
Au final, l'égoïsme et l'arrogance des États occidentaux ont conduit à la situation extrêmement dangereuse actuelle. Nous sommes arrivés dangereusement près du point de non-retour. Les
appels à infliger une défaite stratégique à la Russie, qui possède les plus grands arsenaux d'armes nucléaires, montrent un aventurisme extrême de la part des politiciens occidentaux.Soit
ils ne comprennent pas l'ampleur de la menace qu'ils représentent eux-mêmes, soit ils sont simplement obsédés par la croyance en leur propre impunité et en leur propre exceptionnalisme.
Dans les deux cas, la situation peut s'avérer tragique.
Il est clair que nous assistons à l'effondrement du système de sécurité euro-atlantique. Aujourd'hui, il n'existe tout simplement plus. Il faut le recréer pratiquement de toutes pièces.
Tout cela exige de notre part, conjointement avec nos partenaires et tous les pays concernés, et ils sont nombreux, d'élaborer nos propres options pour garantir la sécurité en Eurasie,
puis de les proposer pour une large discussion internationale.
C'est précisément la mission qui a été énoncéelors de l’adresse à l'Assemblée fédérale. Il s'agit de formuler, dans un avenir proche, sur le continent eurasiatique, un cadre de sécurité
égal et indivisible, de coopération et de développement mutuellement bénéfiques et équitables.
Qu'est-ce qu'il nous reste à faire pour atteindre cet objectif et sur quels principes devons-nous nous baser ?
Premièrement, il est nécessaire d’établir un dialogue avec tous les participants potentiels à ce futur système de sécurité. Pour commencer, je demande que les questions nécessaires soient
examinées avec les États ouverts à une coopération constructive avec la Russie.
Lors de la récente visite en République populaire de Chine, nous avons discuté de cette problématique avec le Président de la RPC, Xi Jinping. Nous avons constaté que la proposition russe
ne contredit pas, mais au contraire, complète et s'aligne pleinement avec les principes fondamentaux de l'initiative chinoise en matière de sécurité globale.
Deuxièmement, il est important de partir du principe que la future architecture de sécurité est ouverte à tous les pays eurasiens qui souhaitent participer à sa création. Par "tous", on
entend bien entendu les pays européens et les pays de l'Otan. Nous vivons sur un seul continent, quoi qu'il arrive, nous ne pouvons pas changer de géographie, nous devrons coexister et
travailler ensemble d'une manière ou d'une autre.
Oui, les relations de la Russie avec l'UE et avec un certain nombre de pays européens se sont actuellement dégradées, et je l'ai souligné à plusieurs reprises, ce n'est pas de notre
faute. Une campagne de propagande anti-russe impliquant de très hautes personnalités européennes s'accompagne de spéculations selon lesquelles la Russie s'apprêterait à attaquer l'Europe.
J'en ai parlé à maintes reprises, et il n'est pas nécessaire de le répéter plusieurs fois dans cette salle : nous sommes tous conscients qu'il s'agit d'une absurdité absolue, d'une simple
justification de la course aux armements.
À cet égard, je me permettrai une petite digression. Le danger pour l'Europe ne vient pas de la Russie. La principale menace pour les Européens est la dépendance critique et toujours
croissante, presque totale, vis-à-vis des États-Unis : dans les domaines militaire, politique, technologique, idéologique et de l'information. L'Europe est de plus en plus poussée en
marge du développement économique mondial, plongée dans le chaos des migrations et d'autres problèmes aigus, et privée de sa subjectivité internationale et de son identité culturelle.
Il semble parfois que les politiciens européens au pouvoir et les représentants de la bureaucratie européenne craignent davantage de tomber dans l'escarcelle de Washington que de perdre
la confiance de leur propre peuple, de leurs propres citoyens. Les récentes élections au Parlement européen le montrent également. Les politiciens européens avalent les humiliations, les
grossièretés et les scandales en surveillant les dirigeants européens, tandis que les États-Unis les utilisent simplement dans leurs propres intérêts : ils les forcent à acheter leur gaz
coûteux - soit dit en passant, le gaz est trois ou quatre fois plus cher en Europe qu'aux États-Unis - ou, comme aujourd'hui, par exemple, ils exigent des pays européens qu'ils augmentent
les livraisons d'armes à l'Ukraine. D'ailleurs, les demandes sont constantes ici et là. Et des sanctions sont imposées contre eux, contre les opérateurs économiques en Europe. Ils les
imposent sans la moindre gêne.
Et maintenant, ils les forcent à augmenter les livraisons d'armes à l'Ukraine, à étendre leurs capacités de production de munitions d'artillerie. Écoutez, qui aura besoin toutes ces
munitions lorsque le conflit en Ukraine sera terminé ? Comment cela peut-il assurer la sécurité militaire de l'Europe ? Ce n'est pas clair. Les États-Unis eux-mêmes investissent dans les
technologies militaires, et surtout dans les technologies de demain : dans l'espace, dans les drones modernes, dans les systèmes d'armement basés sur de nouveaux principes physiques,
c’est-à-dire dans les domaines qui, à l'avenir, détermineront la nature des combats armés, et donc le potentiel militaire et politique des puissances, leurs positions dans le monde. Et on
leur attribue maintenant le rôle suivant : investissez votre argent là où nous en avons besoin. Mais cela n'augmente en rien le potentiel européen. Tant pis pour eux, laissons-les faire.
Pour nous, peut-être que c'est une bonne chose, mais en fait, c'est comme ça.
Si l'Europe veut se maintenir comme l'un des centres autonomes du développement mondial et comme un des pôles culturels et civilisationnels de la planète, elle doit, sans aucun doute,
entretenir de bonnes relations avec la Russie, et nous, avant tout, y sommes prêts.
Cette réalité simple et évidente a été bien comprise par les politiciens d’envergure véritablement paneuropéenne et mondiale, des patriotes de leurs pays et de leurs peuples, qui
pensaient en termes historiques, et non par les figurants qui suivent la volonté et les directives des autres. Charles de Gaulle en a beaucoup parlé dans l'après-guerre. Je me souviens
bien de la conversation en 1991, à laquelle j'ai eu l'occasion de participer personnellement, où le chancelier allemand, Helmut Kohl, a souligné l'importance du partenariat entre l'Europe
et la Russie. Je suis persuadé que tôt ou tard, les nouvelles générations d'hommes politiques européens reviendront à cet héritage.
Quant aux États-Unis eux-mêmes, les tentatives incessantes des élites libérales-mondialistes qui y règnent aujourd'hui pour répandre leur idéologie dans le monde entier par tous les
moyens, pour préserver leur statut impérial et leur domination, ne font qu'épuiser de plus en plus le pays, le conduire à la dégradation et entrer en contradiction flagrante avec les
intérêts véritables du peuple américain.Sans cette voie sans issue, ce messianisme agressif, mêlé à la croyance en son propre choix et en son exclusivité, les relations internationales
auraient été stabilisées depuis longtemps.
Troisièmement. Afin de promouvoir l'idée d'un système de sécurité eurasien, il est nécessaire d'intensifier considérablement le processus de dialogue entre les organisations
multilatérales qui travaillent déjà en Eurasie. Je fais principalement référence à l'État de l'Union, à l'Organisation du traité de sécurité collective, à l'Union économique eurasienne, à
la Communauté des États indépendants et à l'Organisation de coopération de Shanghai.
Nous pensons que d'autres associations eurasiennes influentes, de l'Asie du Sud-Est au Moyen-Orient, se joindront à l'avenir à ces processus.
Quatrièmement. Nous pensons que le moment est venu d'entamer un large débat sur un nouveau système de garanties bilatérales et multilatérales de sécurité collective en Eurasie. Dans le
même temps, à long terme, il est nécessaire de réduire progressivement la présence militaire des puissances extérieures dans la région eurasienne.
Nous sommes bien sûr conscients que cette thèse peut sembler irréaliste dans la situation actuelle, pourtant c'est le cas aujourd'hui. Mais si nous construisons un système de sécurité
fiable à l'avenir, une telle présence de contingents militaires extrarégionaux ne sera tout simplement pas nécessaire. En fait, pour être honnête, il n'y en a pas besoin aujourd'hui - il
n'y a qu'une occupation, c'est tout.
En fin de compte, nous pensons qu'il appartient aux États et aux structures régionales de l'Eurasie d'identifier des domaines spécifiques de coopération dans le domaine de la sécurité
commune. Sur cette base, ils devraient également construire un système d'institutions, de mécanismes et d'accords de travail qui serviraient réellement à atteindre les objectifs communs
de stabilité et de développement.
À cet égard, nous soutenons l'initiative de nos amis biélorusses visant à élaborer un document de programme - une charte sur la multipolarité et la diversité au XXIe siècle. Ce document
pourrait formuler non seulement les principes cadres de l'architecture eurasienne basés sur les normes fondamentales du droit international, mais aussi, dans un sens plus large, une
vision stratégique de l'essence et de la nature de la multipolarité et du multilatéralisme en tant que nouveau système de relations internationales qui remplace le monde centré sur
l'Occident. Je pense qu'il est important et je demande qu'un tel document soit élaboré en profondeur avec nos partenaires et tous les États intéressés. J'ajouterai que lorsque nous
discutons de questions aussi complexes, nous avons bien sûr besoin d'un maximum, d'une large représentation et de la prise en compte d'approches et de positions différentes.
Cinquièmement. Une partie importante du système eurasien de sécurité et de développement devrait sans aucun doute concerner les questions d'économie, de bien-être social, d'intégration et
de coopération mutuellement bénéfique, en abordant des problèmes communs tels que la lutte contre la pauvreté, l'inégalité, le climat, l'environnement, le développement de mécanismes pour
répondre aux menaces de pandémies et de crises dans l'économie mondiale - tout est important.
L'Occident, par ses actions, a non seulement sapé la stabilité militaire et politique dans le monde, mais il a aussi discrédité et affaibli les principales institutions du marché par des
sanctions et des guerres commerciales. En utilisant le FMI et la Banque mondiale, en modifiant l'agenda climatique, il a étouffé le développement du Sud. En perdant la compétition, même
dans le cadre des règles que l'Occident s'est fixées, il a recours à des barrières prohibitives et à toutes sortes de protectionnisme. Ainsi, aux États-Unis, on a en fait renoncé à
l'Organisation mondiale du commerce en tant que régulateur du commerce international. Tout est bloqué. Ils exercent des pressions non seulement sur leurs concurrents, mais aussi sur leurs
satellites. Il suffit de voir comment ils "siphonnent" aujourd'hui les économies européennes, qui sont au bord de la récession.
Les pays occidentaux ont gelé une partie des actifs et des réserves de change russes. Désormais, ils réfléchissent à comment trouver une base juridique quelconque pour les approprier
définitivement. Mais, malgré toutes ces subtilités légales, le vol restera un vol sans aucun doute et ne restera pas impuni, d'une manière ou d'une autre.
La question est encore plus profonde. En volant les actifs russes, ils feront un pas de plus vers la destruction du système qu'ils ont eux-mêmes créé et qui pendant de nombreuses
décennies a assuré leur prospérité, leur permettant de consommer plus qu'ils ne gagnent, en attirant de l'argent du monde entier grâce aux dettes et aux obligations. Désormais, il devient
évident pour tous les pays et entreprises, ainsi que pour les fonds souverains, que leurs actifs et réserves ne sont pas du tout en sécurité – ni juridiquement, ni économiquement parlant.
Et n'importe lesquels de ces fonds peuvent être les prochains pour être expropriés par les États-Unis et l'Occident.
Dès à présent, la méfiance envers le système financier basé sur les monnaies de réserve occidentales augmente. Il y a un flux de capitaux sortant des titres et obligations des États
occidentaux, ainsi que de certaines banques européennes, qui étaient encore récemment considérées comme des lieux absolument sûrs pour conserver des capitaux. Maintenant, même l'or est
exporté. Et à juste titre.
Je pense que nous devons sérieusement intensifier la formation de mécanismes économiques extérieurs efficaces et sûrs, bilatéraux et multilatéraux, en alternative à ceux contrôlés par
l'Occident. Ceci inclut, entre autres, l'expansion des règlements en monnaies nationales, la création de systèmes de paiement indépendants et l'établissement de chaînes de production et
de distribution contournant les canaux bloqués ou compromis par l'Occident.
Il est évidemment nécessaire de continuer les efforts pour développer les corridors de transport internationaux en Eurasie – le continent dont la Russie est le noyau géographique naturel.
Je charge le ministère des Affaires étrangères de maximiser le soutien à l'élaboration d'accords internationaux dans tous ces domaines. Ils sont extrêmement importants pour renforcer la
coopération économique de notre pays et de nos partenaires. Cette approche devrait également donner un nouvel élan à la construction d'un grand partenariat eurasien, qui pourrait devenir,
en substance, la base socio-économique d'un nouveau système de sécurité indivisible en Europe.
Chers collègues ! Le sens de nos propositions est de former un tel système dans lequel tous les États seraient assurés de leur propre sécurité. Alors nous pourrons, d'ailleurs, aborder de
manière vraiment constructive la résolution des nombreux conflits qui existent aujourd'hui. Les problèmes de manque de sécurité et de confiance mutuelle ne concernent pas seulement le
continent eurasiatique, la tension croissante est observée partout. Et le fait que le monde est interconnecté et interdépendant, nous le constatons en permanence, et la crise ukrainienne,
dont les conséquences se font sentir dans le monde entier, est un exemple tragique pour nous tous.
Mais je veux dire tout de suite : la crise liée à l'Ukraine n'est pas un conflit entre deux États, encore moins entre deux peuples, causé par certains problèmes entre eux. Si c'était le
cas, il n'y a aucun doute que les Russes et les Ukrainiens, unis par une histoire et une culture communes, des valeurs spirituelles, des millions de liens de parenté et familiaux,
auraient trouvé un moyen de régler équitablement toutes les questions et divergences.
Mais la situation est différente : les racines du conflit ne se trouvent pas dans les relations bilatérales. Les événements en Ukraine sont le résultat direct des développements mondiaux
et européens de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, de la politique agressive, sans cérémonie et absolument aventureuse que l'Occident a menée et poursuit toutes ces années, bien
avant que l'opération militaire spéciale n’ait commencé.
Ces élites des pays occidentaux, comme je l'ai déjà dit aujourd'hui, après la fin de la "guerre froide", ont mis le cap sur une restructuration géopolitique mondiale, pour créer et
imposer l'ordre soi-disant basé sur des règles, dans lequel des États forts, souverains et autosuffisants n'ont tout simplement pas leur place.
D'où la politique de confinement de notre pays. Les objectifs de cette politique sont déjà ouvertement déclarés par certaines personnalités aux États-Unis et en Europe. Aujourd'hui, ils
parlent de la soi-disant décolonisation de la Russie. En substance, il s'agit d'une tentative de fournir une base idéologique à la désintégration de notre Patrie sur une base nationale.
En fait, on parle depuis longtemps de la désintégration de l'Union soviétique, de la Russie. Tous ceux qui sont présents dans cette salle le savent bien.
En mettant en œuvre cette stratégie, les pays occidentaux ont choisi la ligne d'annexion et d'appropriation politico-militaire des territoires proches de nous. Il y a eu cinq, et
maintenant déjà six vagues d'élargissement de l'Otan. Ils ont essayé de transformer l'Ukraine en leur bastion, d'en faire une "anti-Russie". Pour atteindre ces objectifs, ils ont investi
de l'argent, des ressources, acheté des politiciens et des partis entiers, réécrit l'histoire et les programmes éducatifs, nourri et cultivé des groupes néonazis et radicaux. Ils ont tout
fait pour saper nos liens interétatiques, diviser et monter nos peuples les uns contre les autres.
Cette politique effrontée et délibérée était contrée par le sud-est de l'Ukraine – des territoires qui, pendant des siècles, ont fait partie de la grande Russie historique. Là vivaient,
et vivent encore aujourd'hui, des gens qui, même après la proclamation de l'indépendance de l'Ukraine en 1991, étaient favorables à des relations bonnes et très étroites avec notre pays.
Des gens – à la fois des Russes et des Ukrainiens, représentant différentes nationalités, unis par la langue russe, la culture, les traditions, la mémoire historique.
La position, l'humeur, les intérêts et les voix de ces gens – des millions de personnes vivant dans le sud-ouest – devaient simplement être pris en compte par les Présidents ukrainiens et
les politiciens de l'époque, qui se battaient pour ce poste et utilisaient les voix de ces électeurs. Mais en utilisant ces voix, ils se dérobaient ensuite, manoeuvraient, mentaient
beaucoup, parlaient du soi-disant choix européen. Ils n'osaient pas rompre complètement avec la Russie, car le sud-est de l'Ukraine pensait autrement, et cela ne pouvait être ignoré. Ce
double jeu a toujours été propre au pouvoir ukrainien pendant toutes les années après la reconnaissance de l'indépendance.
Bien entendu, l'Occident le voyait. Il voyait et comprenait depuis longtemps les problèmes qui existaient et qui pouvaient être exacerbés, comprenait l'importance dissuasive du facteur
sud-est, ainsi que le fait qu'aucune propagande de longue durée ne pouvait fondamentalement changer la situation. Bien sûr, beaucoup de choses ont été faites, mais il était difficile de
changer la situation en profondeur.
Ils n'ont pas réussi à déformer l'identité historique, la conscience de la majorité des gens dans le sud-est de l'Ukraine, à éradiquer en eux, y compris parmi les jeunes générations, une
attitude favorable envers la Russie et le sentiment de notre communauté historique. Et c'est pourquoi ils ont de nouveau décidé d'agir par la force, de simplement briser les gens du
sud-est, de se moquer de leur opinion. Pour cela, ils ont organisé, financé, et bien sûr profité des difficultés et des complications d'ordre politique interne en Ukraine, mais ont malgré
tout préparé de manière cohérente et ciblée un coup d'État armé.
Les villes ukrainiennes ont été submergées par une vague de pogroms, de violences, d'assassinats. Le pouvoir à Kiev a été définitivement pris et usurpé par les radicaux. Leurs slogans
nationalistes agressifs, y compris la réhabilitation des collaborateurs nazis, ont été élevés au rang d'idéologie d’État. Une politique a été proclamée en faveur de l'abolition de la
langue russe dans les sphères étatiques et publiques, la pression sur les croyants orthodoxes et l'ingérence dans les affaires de l'Église se sont accrues, ce qui a finalement conduit à
un schisme. Personne ne semble remarquer cette interférence, comme si c’était ainsi que les choses devraient se passer. Essayez de faire quelque chose de similaire ailleurs et il y aura
un tel tollé artistique que les oreilles vous en tomberont. Mais là-bas, c'est permis, parce que c'est contre la Russie.
Des millions d'habitants de l'Ukraine, en particulier de ses régions orientales, se sont opposés au coup d'État, comme on le sait. Ils ont été menacés de répression et de terreur. Et
avant tout, les nouvelles autorités à Kiev ont commencé à préparer une attaque contre la Crimée russophone, qui autrefois, en 1954, comme vous le savez, avait été transférée de la RSFSR à
l'Ukraine en violation de toutes les normes légales et procédures en vigueur même à l'époque en Union soviétique. Dans cette situation, bien entendu, nous ne pouvions pas abandonner,
laisser sans protection les citoyens de Crimée et de Sébastopol. Ils ont fait leur choix, et en mars 2014, comme on le sait, il y a eu la réunification historique de la Crimée et de
Sébastopol avec la Russie.
À Kharkov, Kherson, Odessa, Zaporojié, Donetsk, Louhansk et Marioupol, les manifestations pacifiques contre le coup d'État ont été réprimées, le régime de Kiev et les groupes
nationalistes ont déclenché la terreur. Il n'est probablement pas nécessaire de rappeler que tout le monde se souvient bien de ce qui s'est passé dans ces régions.
En mai 2014, des référendums ont eu lieu sur le statut des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, au cours desquels une majorité absolue des habitants s'est prononcée pour
l'indépendance et la souveraineté. C’est immanquablement que se pose la question : les gens pouvaient-ils ainsi exprimer leur volonté, pouvaient-ils déclarer leur indépendance ? Ceux qui
sont présents dans cette salle comprennent bien sûr qu'ils le pouvaient, qu'ils avaient pleinement le droit de le faire, conformément au droit international, y compris le droit des
peuples à l'autodétermination. Il n'est pas besoin de vous le rappeler, mais néanmoins, puisque les médias sont là, je dirai que l'article 1, paragraphe 2 de la Charte des Nations Unies
octroie ce droit.
Je rappelle à ce propos le fameux précédent du Kosovo. On en a déjà beaucoup parlé à l'époque, et je vais le dire encore une fois maintenant. Un précédent que les pays occidentaux
eux-mêmes ont créé dans une situation absolument analogue, en reconnaissant légitime la séparation du Kosovo de la Serbie, qui a eu lieu en 2008. Ensuite, il y a eu la fameuse décision de
la Cour internationale de justice de l'ONU qui, le 22 juillet 2010, sur la base de l'article 1, paragraphe 2 de la Charte des Nations Unies, a déclaré, je cite : "Il n'existe pas
d'interdiction générale du Conseil de sécurité de déclarer unilatéralement l'indépendance". Et encore une citation : "Le droit international général ne contient aucune interdiction
applicable à la déclaration d'indépendance". De plus, il est également clairement écrit que les parties d'un pays, quel qu'il soit, qui décident de déclarer leur indépendance ne sont pas
obligées de s'adresser aux organes centraux de leur ancien État. Tout est écrit noir sur blanc de leur propre main.
Donc, ces républiques – de Donetsk et de Lougansk – avaient-elles le droit de déclarer leur indépendance ? Bien sûr que oui. La question ne peut même pas être examinée autrement.
Qu'a fait le régime à Kiev dans cette situation ? Il a complètement ignoré le choix des gens et a déclenché une guerre totale contre les nouveaux États indépendants – les républiques
populaires du Donbass, en utilisant l'aviation, l'artillerie et les chars. Les bombardements et les tirs sur les villes paisibles ont commencé, ainsi que des actions d'intimidation. Et
qu'est-il arrivé ensuite ? Les habitants du Donbass ont pris les armes pour protéger leur vie, leur maison, leurs droits et leurs intérêts légitimes.
En Occident, ils affirment constamment que la Russie a commencé la guerre dans le cadre de l'opération militaire spéciale, qu'elle est l'agresseur, et que par conséquent, il est possible
de frapper son territoire en utilisant des systèmes d'armes occidentaux, car l'Ukraine selon eux se défend et peut donc le faire.
Je veux encore souligner ceci : la Russie n'a pas commencé la guerre, c'est le régime de Kiev qui, rappelons-le, après que les habitants d'une partie de l'Ukraine avaient déclaré leur
indépendance conformément au droit international, a commencé les hostilités et les poursuit. C'est cela l'agression, quand on ne reconnaît pas le droit de ces peuples, vivant sur ces
territoires, à déclarer leur indépendance. Et sinon, que serait-ce ? C'est de l'agression. Et ceux qui ont aidé la machine militaire du régime de Kiev ces dernières années sont des
complices de l'agresseur.
À l'époque, en 2014, les habitants du Donbass ne se sont pas résignés. Les unités de miliciens ont résisté, ont repoussé les forces répressives, et les ont finalement repoussées de
Donetsk et Lougansk. Nous espérions que cela réveillerait ceux qui avaient déclenché cette tuerie. Pour arrêter l'effusion de sang, la Russie a lancé des appels habituels – des appels aux
négociations, et elles ont commencé avec la participation de Kiev et des représentants des républiques du Donbass, avec le soutien de la Russie, de l'Allemagne et de la France.
Les discussions ont été difficiles, mais en 2015, les accords de Minsk ont été conclus. Nous avons pris leur mise en œuvre très au sérieux, en espérant que nous pourrions régler la
situation dans le cadre d'un processus pacifique et du droit international. Nous espérions que cela permettrait de prendre en compte les intérêts légitimes et les revendications du
Donbass, d’inscrire dans la constitution un statut spécial pour ces régions et les droits fondamentaux des personnes qui y vivent, tout en maintenant l'unité territoriale de l'Ukraine.
Nous étions prêts à cela et nous étions prêts à persuader les habitants de ces territoires de résoudre les questions de cette manière, proposant à plusieurs reprises divers compromis et
solutions.
Mais tout cela a finalement été rejeté. Les accords de Minsk ont été jetés à la poubelle par Kiev. Comme l'ont avoué plus tard des représentants de la haute direction ukrainienne, aucune
des dispositions de ces documents ne leur convenait, ils mentaient et trichaient comme ils pouvaient.
L'ancienne chancelière allemande et l'ancien président français, qui étaient pratiquement des co-auteurs et des garants des accords de Minsk, ont soudainement reconnu plus tard qu'ils
n'avaient jamais prévu de les mettre en œuvre, qu'il leur fallait juste gagner du temps pour renforcer les formations armées ukrainiennes, les armer et les équiper. Ils nous ont
simplement dupés une fois de plus, nous ont trompés.
Au lieu d'un véritable processus de paix, au lieu d'une politique de réintégration et de réconciliation nationale, dont ils aimaient parler à Kiev, le Donbass a été bombardé pendant huit
ans. Ils ont organisé des attentats, des meurtres, un blocus impitoyable. Pendant toutes ces années, les habitants du Donbass (femmes, enfants, personnes âgées) ont été qualifiés de
"citoyens de seconde zone", de "sous-hommes", ont été menacés de représailles, disant "nous viendrons et nous vengerons de chacun d'entre vous". Qu'est-ce d'autre si ce n'est un génocide
au cœur de l'Europe au XXIe siècle ? Et en Europe et aux États-Unis, ils faisaient semblant de ne rien voir, de ne rien remarquer.
À la fin de 2021 et au début de 2022, le processus de Minsk a été définitivement enterré, enterré par Kiev et ses protecteurs occidentaux, et une nouvelle offensive massive était
planifiée contre le Donbass. Une grande formation des forces armées ukrainiennes se préparait à lancer une nouvelle offensive contre Lougansk et Donetsk, bien sûr avec des nettoyages
ethniques et de nombreuses victimes humaines, avec des centaines de milliers de réfugiés. Nous étions obligés de prévenir cette catastrophe, de protéger les gens, nous ne pouvions pas
prendre une autre décision.
La Russie a finalement reconnu les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Pendant huit ans, nous ne les avons pas reconnues, espérant parvenir à un accord. Le résultat est
désormais connu. Et le 21 février 2022, nous avons conclu avec ces républiques, que nous avons reconnues, des traités d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle. La question est la
suivante: les Républiques populaires avaient-elles le droit de nous demander un soutien une fois que nous avions reconnu leur indépendance? Et avions-nous le droit de reconnaître leur
indépendance, tout comme elles avaient le droit d'annoncer leur souveraineté conformément aux articles et décisions de la Cour internationale de justice des Nations Unies que j'ai
mentionnés? Avaient-elles le droit de déclarer leur indépendance? Oui, elles l'avaient. Mais si elles avaient ce droit et l'ont utilisé, alors nous avions le droit de signer des accords
avec elles – et nous l'avons fait, en pleine conformité avec le droit international et l'article 51 de la Charte des Nations Unies.
Dans le même temps, nous nous sommes adressés aux autorités de Kiev en leur demandant de retirer leurs troupes du Donbass. Je peux vous dire que des contacts ont eu lieu, nous leur avons
immédiatement dit : retirez vos troupes de là-bas, et tout se terminera ainsi. Cette proposition a été quasiment immédiatement rejetée, simplement ignorée, bien qu'elle offrait une réelle
opportunité de résoudre la question de manière pacifique.
Le 24 février 2022, la Russie a été contrainte d'annoncer le début d'une opération militaire spéciale. En m'adressant aux citoyens russes, aux habitants des républiques de Donetsk et de
Lougansk, ainsi qu'à la société ukrainienne, j'ai alors précisé les objectifs de cette opération : protéger les habitants du Donbass, rétablir la paix, procéder à la démilitarisation et à
la dénazification de l'Ukraine et ainsi éloigner les menaces de notre pays, rétablir l'équilibre en matière de sécurité en Europe.
Nous avons néanmoins continué à considérer que l'atteinte des objectifs par des méthodes politico-diplomatiques était prioritaire. Je rappelle qu’au tout premier stade de l’opération
militaire spéciale, notre pays a accepté de négocier avec les représentants du régime de Kiev. Ces négociations ont d'abord eu lieu en Biélorussie, puis en Turquie. Nous avons essayé de
transmettre notre message principal: respectez le choix du Donbass, la volonté des personnes qui y vivent, retirez les troupes, arrêtez les bombardements des villes et villages paisibles.
Rien de plus n'était nécessaire, les autres questions seraient réglées plus tard. La réponse a été: “non, nous allons nous battre”. Évidemment, c'était l'ordre des maîtres occidentaux; et
je vais en parler aussi.
À cette époque, en février-mars 2022, nos troupes, comme vous le savez, se sont approchées de Kiev. À ce sujet, en Ukraine et en Occident, il y a eu et il y a encore beaucoup de
spéculations. Que veux-je dire à ce sujet ? Nos unités étaient effectivement à Kiev, et au sein des ministères de la défense et des forces de sécurité, diverses propositions sur nos
actions futures étaient examinées, mais il n'y a jamais eu de décision politique d'assaut sur cette ville de trois millions d’habitants, peu importe ce qui est dit ou imaginé.
En réalité, ce n'était rien d'autre qu'une opération visant à contraindre le régime ukrainien à faire la paix. Les troupes étaient là pour pousser la partie ukrainienne à négocier,
essayer de trouver des solutions acceptables et ainsi mettre fin à la guerre déclenchée par Kiev contre le Donbass dès 2014, résoudre les questions qui menaçaient la sécurité de notre
pays, la sécurité de la Russie.
Curieusement, il a finalement été possible de parvenir à des accords qui, en principe, convenaient à la fois à Moscou et à Kiev. Ces accords ont été mis sur papier et paraphés à Istanbul
par le chef de la délégation ukrainienne de négociation. Cela signifie que les autorités de Kiev étaient satisfaites de cette solution au problème.
Le document s’intitulait "Traité sur la neutralité permanente et les garanties de sécurité pour l’Ukraine". Il s'agissait d'un compromis, mais ses points essentiels correspondaient à nos
revendications fondamentales et résolvaient des problèmes considérés comme fondamentaux, même au début de l’opération militaire spéciale, notamment la démilitarisation et la
dénazification de l'Ukraine - aussi étrange que cela puisse paraître. Et ici, nous avons également réussi à trouver des solutions complexes. Il s’agissait notamment d’adopter une loi en
Ukraine interdisant l’idéologie nazie et toutes ses manifestations. Tout cela a été écrit sur papier.
En outre, en échange de garanties de sécurité internationales, l'Ukraine devrait limiter la taille de ses forces armées, s'engager à ne pas conclure d'alliances militaires, à ne pas
accueillir les bases militaires étrangères ni leurs contingents et à ne pas mener d'exercices militaires sur son territoire. Tout est écrit sur papier.
Pour notre part, comprenant également les préoccupations de sécurité de l’Ukraine, nous avons convenu que l’Ukraine, sans adhérer formellement à l’Otan, bénéficierait de garanties presque
identiques à celles dont bénéficient les membres de cette alliance. Cela n’a pas été une décision facile pour nous, mais nous avons reconnu la légitimité des exigences de l’Ukraine visant
à assurer sa sécurité et, en principe, nous n’avons pas d’objection à la formulation proposée par Kiev. Ce sont les formulations proposées par Kiev, et nous ne nous y sommes généralement
pas opposés, sachant que l’essentiel est d’arrêter l’effusion de sang et la guerre dans le Donbass.
Le 29 mars 2022, nous avons retiré nos troupes de Kiev, car on nous avait assuré qu'il était nécessaire de créer les conditions nécessaires pour achever le processus de négociation
politique. Une des parties ne pouvait pas signer de tels accords le pistolet sur la tempe, comme l’ont dit nos collègues occidentaux. D'accord, nous l’avons également accepté.
Cependant, immédiatement après le retrait des troupes russes de Kiev, les dirigeants ukrainiens ont suspendu leur participation au processus de négociation, organisant une provocation
bien connue à Boutcha, et ont abandonné la version préparée des accords. Je pense qu'il est clair aujourd'hui pourquoi cette sale provocation était nécessaire - pour expliquer d'une
manière ou d'une autre le rejet des résultats obtenus au cours des négociations. La voie vers la paix a de nouveau été rejetée.
Comme nous le savons maintenant, cela a été fait sur l’ordre de conservateurs occidentaux, parmi lesquels l'ancien Premier ministre de Grande-Bretagne qui a directement dit: pas
d'accords, il est nécessaire de vaincre la Russie sur le champ de bataille, lui infliger une défaite stratégique. Et ils ont commencé à doter intensément l’Ukraine d’armes tout en parlant
de la nécessité de nous infliger cette défaite stratégique. Et quelque temps plus tard, comme chacun le sait, le Président ukrainien a publié un décret interdisant à ses représentants et
même à lui-même de mener des négociations avec Moscou. Notre tentative de résoudre le problème par des moyens pacifiques n’a encore une fois abouti à rien.
Quant aux négociations, j'aimerais rendre public un épisode supplémentaire dont je n’en ai jamais parlé publiquement auparavant, mais certaines personnes présentes sont au courant. Après
que l'armée russe ait pris une partie des régions de Kherson et de Zaporojié, de nombreux hommes politiques occidentaux ont proposé leur médiation pour mettre fin au conflit
pacifiquement. L'un d'eux était en visite de travail à Moscou le 5 mars 2022. Et nous avons accepté ses efforts de médiation, d'autant plus qu'au cours de l’entretien, il a évoqué le fait
qu'il avait obtenu le soutien des dirigeants allemands et français, ainsi que de hauts représentants américains.
Au cours de la conversation, notre invité étranger a demandé: si vous aidez le Donbass, alors pourquoi les troupes russes sont-elles présentes dans le sud de l'Ukraine, y compris dans les
régions de Kherson et de Zaporojié? Nous avons répondu que c’était la décision de l’état-major russe qui planifiait l’opération. Et aujourd'hui, j'ajouterai que l'idée était de contourner
certaines des zones fortifiées que les autorités ukrainiennes ont construites dans le Donbass pendant huit ans, principalement pour la libération de Marioupol.
Puis notre collègue étranger, qui est un professionnel, nous devons le reconnaître, a voulu préciser: est-ce que les troupes russes resteront dans les régions de Kherson et de Zaporojié
et qu'arrivera-t-il à ces régions après avoir que les objectifs de l’opération spéciale seront atteints? J’ai répondu que, d'une manière générale, je n'exclus pas le maintien de la
souveraineté ukrainienne sur ces territoires, à condition toutefois que la Russie ait des liens terrestres forts avec la Crimée.
Autrement dit, Kiev devait garantir ce qu’on appelle la servitude de passage – le droit d’accès de la Russie à la péninsule de Crimée par les régions de Kherson et de Zaporojié. Il s’agit
d’une décision politique majeure. Et bien sûr, dans la version finale, elle ne devait pas être adoptée de manière individuelle, mais seulement après consultations avec le Conseil de
sécurité, avec d'autres structures, bien sûr, après discussion avec les citoyens, l'opinion publique de notre pays et, surtout, avec le résidents des régions de Kherson et de
Zaporojié.
En fin de compte, c’est exactement ce que nous avons fait: nous l’avons demandé aux gens et organisé des référendums. Et nous avons agi conformément à la décision du peuple dans les
régions de Kherson et de Zaporojié, dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.
A cette époque, en mars 2022, notre partenaire de négociation a annoncé qu'il se rendrait à Kiev à l'avenir pour poursuivre la conversation, désormais avec des collègues dans la capitale
ukrainienne. Nous avons salué cette décision, comme toutes les tentatives de trouver une solution pacifique au conflit, car chaque jour de combat entraîne de nouvelles victimes.
Cependant, en Ukraine, comme nous l'avons appris plus tard, les services du médiateur occidental n'ont pas été acceptés, mais au contraire, comme nous l'avons appris, ils l'ont accusé de
prendre des positions pro-russes - sous une forme assez dure, il faut le dire, mais ce sont des détails.
Aujourd’hui, comme je l’ai déjà dit, la situation a radicalement changé. Les habitants de la région de Kherson et de Zaporojié ont exprimé leur position lors des référendums; les régions
de Kherson et de Zaporojié, ainsi que les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, sont devenues partie intégrante de la Fédération de Russie. Et il ne peut être question de
violer l’unité de notre État. La volonté du peuple d’être aux côtés de la Russie est inébranlable. La question est définitivement close et ne peut plus être discutée.
Je tiens à le répéter encore une fois: c’est l’Occident qui a préparé et provoqué la crise ukrainienne, et maintenant il fait tout pour que cette crise se prolonge sans fin, affaiblissant
mutuellement les peuples de Russie et d’Ukraine et les dressant les uns contre les autres.
Ils envoient toujours de nouveaux lots de munitions et d’armes. Certains responsables politiques européens ont commencé à évoquer la possibilité de stationner leurs troupes en Ukraine.
Dans le même temps, comme je l'ai déjà souligné, ce sont les véritables maîtres actuels de l'Ukraine - et il ne s'agit malheureusement pas du peuple ukrainien, mais des élites
mondialistes situées à l'étranger - qui tentent de confier au pouvoir exécutif ukrainien le fardeau de prendre des décisions impopulaires, notamment celle de baisser l'âge de la
conscription.
Maintenant, comme vous le savez, c’est 25 ans, la prochaine étape pourrait être 23, puis 20 ou 18 tout de suite. Et après ils se débarrasseront bien sûr de ces personnalités qui prendront
ces décisions impopulaires sous la pression de l'Occident. Il se débarrassera d’eux et mettra à leur place d'autres personnes, également dépendantes de l'Occident, mais pas encore avec
une réputation aussi ternie.
D’où vient peut-être l’idée d’annuler les prochaines élections présidentielles en Ukraine. Maintenant, ceux qui sont au pouvoir feront tout, puis ils seront jetés dans la
poubelle.
Dans ce contexte, je veux vous rappeler quelque chose dont les dirigeants de Kiev préfèrent désormais ne pas se souvenir, et même en Occident, ils préfèrent ne pas en parler. En mai 2014,
la Cour constitutionnelle d'Ukraine a statué que - je cite encore - "Le Président est élu pour cinq ans, qu'il soit élu lors d'élections anticipées ou régulières". En outre, la Cour
constitutionnelle d'Ukraine a noté que - autre citation - "le statut constitutionnel du Président ne contient pas de normes qui établiraient un mandat autre que celui de cinq ans". Point
final. La décision de la Cour était définitive et sans appel.
Qu’est-ce que cela veut dire par rapport à la situation actuelle? Le mandat présidentiel du chef de l’Ukraine élu a expiré, ainsi que sa légitimité, qui ne peut être restaurée par aucune
astuce. Je ne parlerai pas maintenant en détail du contexte de la décision de la Cour constitutionnelle d'Ukraine sur le mandat présidentiel. Il est clair qu’elle était associée à des
tentatives visant à légitimer le coup d’État de 2014. Mais néanmoins, un tel verdict existe, et c'est un fait juridique. Il remet en question toutes les tentatives visant à justifier le
show de l'annulation des élections.
En effet, la page tragique actuelle de l’histoire de l’Ukraine a commencé avec la prise du pouvoir par la force, comme je l’ai déjà dit, par un coup d’État anticonstitutionnel en 2014. Je
le répète : la source du régime actuel de Kiev est un putsch armé. Et maintenant, la boucle est bouclée: le pouvoir exécutif en Ukraine est à nouveau, comme en 2014, usurpé et détenu
illégalement, en fait il est illégitime.
J'en dirai davantage: la situation de l'annulation des élections est l'expression même de la nature du régime actuel de Kiev, issu du coup d'État armé de 2014, qui y trouvent ses racines.
Et le fait qu'après avoir annulé les élections, ils continuent de s'accrocher au pouvoir, ce sont des actions directement interdites par l'article 5 de la Constitution ukrainienne. Je
cite: "Le droit de déterminer et de modifier le système constitutionnel en Ukraine appartient exclusivement au peuple et ne peut être usurpé par l'État, ses organes ou ses
fonctionnaires". En outre, de tels actes relèvent de l'article 109 du Code pénal ukrainien, qui fait spécifiquement référence au changement violent ou au renversement de l'ordre
constitutionnel ou à la prise du pouvoir, ainsi qu'au complot en vue de commettre de tels actes.
En 2014, on justifiait cette usurpation était justifiée par la révolution, et maintenant – par les actions militaires. Mais le sens est le même. En substance, nous parlons d'un complot
entre le pouvoir exécutif de l'Ukraine, la direction de la Verkhovna Rada et la majorité parlementaire contrôlée par celle-ci, visant à usurper le pouvoir de l'État, ce qui constitue une
violation de la loi ukrainienne.
En plus, la Constitution ukrainienne ne prévoit pas la possibilité d'annuler ou de reporter les élections du Président du pays, ni le maintien de ses pouvoirs dans le cadre de la loi
martiale, dont il est désormais question. Que dit la loi fondamentale ukrainienne ? Elle dit que, pendant la loi martiale, les élections parlementaires peuvent être reportées. Il s'agit
de l'article 83 de la Constitution du pays.
La législation ukrainienne prévoit donc la seule exception lorsque les pouvoirs d'un organisme gouvernemental sont prolongés pour une période de loi martiale sans organiser les élections.
Et cela ne s'applique qu'à la Verkhovna Rada. Cela fixe le statut du Parlement ukrainien en tant qu'organe permanent sous la loi martiale.
En d’autres termes, c’est la Verkhovna Rada qui est aujourd’hui un organe légitime, contrairement au pouvoir exécutif. L’Ukraine n’est pas une république présidentielle, mais une
république parlementaire-présidentielle.
En outre, le président de la Verkhovna Rada qui exerce les fonctions de Président en vertu des articles 106 et 112 est investi de pouvoirs spéciaux, notamment dans les domaines de la
défense, de la sécurité et du commandement suprême des forces armées. Tout y est écrit noir sur blanc.
À propos, plus tôt cette année, l'Ukraine a conclu un ensemble d'accords bilatéraux de coopération dans le domaine de la sécurité à long terme avec un certain nombre d'États européens. Un
document similaire vient d’être signé avec les États-Unis.
Depuis le 21 mai dernier, la question se pose naturellement quant à la légitimité des représentants ukrainiens qui signent de tels documents. Pour nous c’est égal, qu’ils signent ce
qu’ils veulent. Il est clair qu’il y a ici une composante politique et de propagande. Les États-Unis et leurs satellites veulent en quelque sorte soutenir leurs protégés, leur donner du
poids et de la légitimité.
Et pourtant, si un jour les États-Unis effectuent un examen juridique sérieux d'un tel accord (je ne parle pas de son essence, mais de la composante juridique), alors la question se
posera certainement: qui a signé ces documents et avec quelle autorité? Et il s’avèrera que tout cela n’est que du bluff et que l’accord est nul, et que toute la structure s’effondrera.
On peut prétendre que tout est normal, mais il n’y a rien de normal là-dedans. Tout est écrit dans les documents, tout est écrit dans la Constitution.
Je veux rappeler également qu'après le début de l'opération militaire spéciale, l'Occident a lancé une vaste campagne essayant d'isoler la Russie sur la scène internationale. Aujourd’hui,
il est clair pour tout le monde que cette tentative a échoué, mais l’Occident, bien sûr, n’a pas abandonné son idée de construire un semblant de coalition anti-russe internationale et
d’exercer un simulacre de pression sur la Russie. Nous le comprenons nous aussi.
Comme vous le savez, ils ont commencé à promouvoir l'initiative visant à organiser en Suisse une soi-disant conférence internationale de haut niveau sur la paix en Ukraine. En outre, ils
envisagent de l'organiser immédiatement après le sommet du Groupe des Sept, c'est-à-dire du groupe de ceux qui, par leur politique, ont en fait alimenté le conflit en Ukraine. Ce que
proposent les organisateurs de la réunion en Suisse n'est qu'un stratagème de plus pour détourner l'attention, inverser les causes et les effets de la crise ukrainienne, pousser le débat
sur une mauvaise voie et, dans une certaine mesure, donner l'apparence de légitimité de l'actuelle pouvoir exécutif en Ukraine une fois de plus.
Il est donc évident qu'aucune question véritablement fondamentale à l’origine de crise actuelle de sécurité et de stabilité internationales, les véritables racines du conflit ukrainien ne
seront pas évoquées en Suisse malgré toutes les tentatives de donner une apparence plus ou moins décente à cette conférence.
On peut déjà s’attendre à ce que tout se résume à des conversations générales à caractère démagogique et à une nouvelle série d’accusations contre la Russie. L’idée est simple et
prévisible: impliquer par tous les moyens le plus d’États possible et, par conséquent, présenter les choses comme si les recettes et les règles occidentales étaient partagées par
l’ensemble de la communauté internationale, ce qui signifie que notre pays doit les accepter sans condition.
Comme vous le savez, nous n'avons pas été invités à la réunion en Suisse. Après tout, en substance, il ne s’agit pas de négociations, mais d’une tentative d’un groupe de pays de pousser
encore plus loin leur ligne, de résoudre de leur propre manière les problèmes qui affectent directement nos intérêts et notre sécurité.
Je voudrais donc souligner que sans la participation de la Russie et sans un dialogue honnête et responsable avec nous, il est impossible de parvenir à une solution pacifique en Ukraine
et d’assurer la sécurité européenne.
Pour le moment, l’Occident ignore nos intérêts, tout en interdisant à Kiev de négocier, et nous appelle hypocritement à une sorte de négociation. Cela semble idiot: d’un côté, il leur est
interdit de négocier avec nous, mais ils nous appellent à négocier et laissent entendre également que nous refusons de négocier. C’est absurde.
Mais, d'abord, ils devraient donner à Kiev l'ordre de lever l'interdiction, l'interdiction auto-imposée de négocier avec la Russie, et deuxièmement, nous sommes prêts à nous asseoir à la
table des négociations, ne serait-ce que demain. Nous comprenons la singularité de la situation juridique, mais il existe des autorités légitimes, même conformément à la Constitution,
comme je viens de le dire, et il y a des gens avec qui négocier. S'il vous plaît, nous sommes prêts. Nos conditions pour entamer une telle conversation sont simples et se résument à ce
qui suit.
Vous savez, je vais prendre le temps de reproduire toute la chaîne des événements pour qu'il soit clair que ce que je vais dire n'est pas la conjoncture d'aujourd'huipour nous, mais que
nous nous sommes toujours tenus à une certaine position, que nous avons toujours cherché la paix.
Ces conditions sont donc très simples. Les troupes ukrainiennes doivent être complètement retirées des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Kherson et de
Zaporojié. J'attire votre attention sur le fait qu'il s'agit de l'ensemble du territoire de ces régions, à l'intérieur de leurs frontières administratives, qui existaient au moment de
leur entrée en Ukraine.
Dès que Kiev se déclarera prêt à prendre une telle décision et entamera le retrait effectif de ses troupes de ces régions, tout en informant officiellement de l'abandon du projet
d'adhésion à l'Otan, un ordre de cesser le feu et de commencer des négociations suivra immédiatement, littéralement à la minute même, de notre côté. Je le répète, nous le ferons
immédiatement. Naturellement, nous garantirons en même temps le retrait sans entrave et en toute sécurité des unités et des formations ukrainiennes.
Nous voudrions bien sûr compter à ce qu'une telle décision sur le retrait des troupes, sur le statut de pays non aligné et sur le début du dialogue avec la Russie, dont dépend l'existence
future de l'Ukraine, sera prise à Kiev de manière indépendante, sur la base des réalités actuelles, et guidée par les véritables intérêts nationaux du peuple ukrainien, et non sur ordre
de l'Occident, bien qu'il existe, bien évidemment, de grands doutes à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, qu'est-ce que je veux redire à ce sujet, qu'est-ce que je dois vous rappeler ? J'ai dit que j'aimerais revenir à la chronologie des événements. Prenons le temps de le
faire.
Ainsi, lors des événements du Maïdan à Kiev en 2013-2014, la Russie a proposé à plusieurs reprises son aide pour la résolution constitutionnelle de la crise, orchestré en fait de
l'extérieur. Revenons à la chronologie des événements de fin février 2014.
Le 18 février, des affrontements armés provoqués par l'opposition débutent à Kiev. Plusieurs bâtiments, dont l'hôtel de ville et la Maison des syndicats, sont incendiés. Le 20 février,
des tireurs d'élite inconnus ont ouvert le feu sur des manifestants et des membres des forces de l'ordre, ce qui signifie que ceux qui avaient préparé le coup d'État armé faisaient tout
pour pousser la situation vers la violence et la radicalisation. Les personnes qui étaient dans les rues de Kiev à l'époque et qui exprimaient leur mécontentement à l'égard du
gouvernement en place ont été délibérément utilisées à des fins égoïstes, comme de la chair à canon. Ils font exactement la même chose aujourd'hui, en menant la mobilisation et en
envoyant des gens à l'abattoir. Pourtant, il existait à l'époque une possibilité de sortir de cette situation de manière civilisée.
On sait que le 21 février, un accord a été signé entre le Président ukrainien de l'époque et l'opposition sur le règlement de la crise politique. Les garants de cet accord étaient, comme
on le sait, les représentants officiels de l'Allemagne, de la Pologne et de la France. L'accord prévoyait le retour à une forme de gouvernement parlementaire et présidentiel, la tenue
d'élections présidentielles anticipées, la formation d'un gouvernement de confiance nationale, ainsi que le retrait des forces de l'ordre du centre de Kiev et la remise des armes par
l'opposition.
Je dois ajouter que la Rada suprême a adopté une loi excluant toute poursuite pénale à l'encontre des manifestants. Il existait un tel accord, qui aurait permis de mettre fin à la
violence et ramener la situation dans le champ constitutionnel. Cet accord a été signé, bien que Kiev et l'Occident préfèrent ne pas s'en souvenir.
Aujourd'hui, j'irai plus loin et parlerai d'un autre fait important qui n'a pas encore été évoqué publiquement, à savoir que, littéralement à la même heure, le 21 février, une
conversation avec mon homologue américain a eu lieu à l'initiative de la partie américaine. L'essentiel était le suivant : le dirigeant américain a soutenu sans équivoque l'accord entre
les autorités et l'opposition à Kiev. En outre, il l'a qualifié de véritable percée, de chance pour le peuple ukrainien pour que la violence qui a éclaté ne franchisse pas les frontières
imaginables.
En outre, au cours de notre échange, nous avons élaboré ensemble la formule suivante : la Russie essaiera de persuader le Président ukrainien de l'époque de faire preuve de la plus grande
retenue possible, de ne pas utiliser l'armée et les forces de l'ordre contre les manifestants. Les États-Unis, pour leur part,d'après ce qui a été dit, rappelleraient l'opposition à
l'ordre, à libérer les bâtiments administratifs, à ce que la rue se calme.
Tout cela devait créer les conditions du retour de la vie dans le paysà la normale, dans la dimension constitutionnelle et légale. D'une manière générale, nous avons convenu de travailler
ensemble dans l'intérêt d'une Ukraine stable, pacifique et se développant normalement. Nous avons complètement tenu parole. Le Président ukrainien de l'époque, M.Ianoukovitch, qui n'avait
pas en fait l'intention d'utiliser l'armée, n'a pas eu le recours à elle et a même retiré les unités de police supplémentaires de Kiev.
Qu'en est-il de nos collègues occidentaux ? Dans la nuit du 22 février et tout au long du jour suivant, alors que le Président Ianoukovitch était parti pour Kharkov, où devait se tenir un
congrès des députés des régions du sud-est de l'Ukraine et de la Crimée, les radicaux, malgré tous les accords et toutes les garanties de l'Occident (à la fois de l'Europe et, comme je
viens de le dire, des États-Unis), ont pris par la force le contrôle du bâtiment de la Rada, de l'administration du président, et se sont emparés du gouvernement. Aucun garant de tous ces
accords sur le règlement politique, ni les États-Unis, ni les Européens, n'a levé le petit doigt pour remplir ses obligations, pour appeler l'opposition à libérer les bâtiments
administratifs occupés, à renoncer à la violence. Il est clair que ce cours des événements non seulement leur convenait, mais, il semble, qu'ils soient les auteurs de ce revirement de la
situation.
De plus, dès le 22 février 2014, en violation de la Constitution ukrainienne, la Rada suprême a adopté une résolution sur la soi-disant auto-démission du Président Ianoukovitchdu poste du
Président et a fixé des élections extraordinaires pour le 25 mai. En d'autres termes, un coup d'État armé, fomenté de l'extérieur, a eu lieu. Les radicaux ukrainiens, avec le consentement
tacite et le soutien direct de l'Occident, ont fait échouer toutes les tentatives de résolution pacifique de la situation.
Puis, nous persuadions Kiev et les capitales occidentales d'entamer un dialogue avec les habitants du sud-est de l'Ukraine et de respecter leurs intérêts, leurs droits et leurs libertés.
Non, le régime qui a pris le pouvoir à la suite du coup d'État a choisi la guerre et a lancé des actions punitives contre le Donbass au printemps et à l'été 2014. La Russie a de nouveau
appelé à la paix.
Nous avons tout fait pour résoudre les graves problèmes surgis dans le cadre des accords de Minsk, mais l'Occident et les autorités de Kiev, comme je l'ai déjà souligné, n'allaient pas
les honorer. Bien qu'en paroles, nos collègues occidentaux, y compris le chef de la Maison Blanche, nous ont assuré que les accords de Minsk étaient importants et qu'ils étaient engagés
dans les processus de leur mise en œuvre. Que, selon eux, cela permettrait de résoudre la situation en Ukraine, de la stabiliser et de prendre en compte les intérêts des habitants de
l'Est. Au lieu de cela, dans la pratique, ils ont organisé un blocus, comme je l'ai déjà mentionné, du Donbass. Les forces armées ukrainiennes étaient de manière consécutive préparéesà
une opération de grande envergure visant à détruire les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.
Les accords de Minsk ont été définitivement enterrés par le régime de Kiev et l'Occident. J'y reviendrai plus tard. C'est pourquoi, en 2022, la Russie a été contrainte de lancer
l'opération militaire spéciale pour mettre fin à la guerre dans le Donbass et protéger les civils du génocide.
Dans le même temps, dès les premiers jours, nous avons à nouveau proposé des options pour une solution diplomatique à la crise, j'en ai déjà parlé aujourd'hui. Il s'agit de négociations
en Biélorussie, en Turquie, du retrait des troupes de Kiev afin de créer les conditions nécessaires à la signature des accords d'Istanbul, qui ont en principe été acceptés par tous. Mais
même ces tentatives ont finalement été rejetées une nouvelle fois. L'Occident et Kiev ont mis le cap visant à nous infliger une défaite. Mais, comme nous le savons, tout cela a échoué.
Aujourd'hui, nous avançons une nouvelle proposition de paix, concrète et réelle. Si Kiev et les capitales occidentales la refusent également, comme auparavant, c'est en fin de compte leur
affaire, leur responsabilité politique et morale pour la poursuite de l'effusion de sang. De toute évidence, les réalités sur le terrain et sur la ligne de contact continueront d'évoluer
défavorablement pour le régime de Kiev. Et les conditions d'ouverture des négociations seront différentes.
J'insiste sur le point principal : l'essence de notre proposition n'est pas une trêve temporaire ou un cessez-le-feu, comme le souhaite l'Occident, afin de combler les pertes, de réarmer
le régime de Kiev et de le préparer à une nouvelle offensive. Je le répète, il ne s'agit pas de geler le conflit, mais d'y mettre un terme définitif.
Je le redis : dès que Kiev acceptera un scénario similaire à celui qui estproposé aujourd'hui, dès qu'il acceptera un retrait complet de ses troupes des républiques populaires de Donetsk
et de Lougansk, des régions de Zaporojié et de Kherson, et dès qu'il entamera effectivement ce processus, nous serons prêts à entamer des négociations sans tarder.
Je le répète, notre position de principe est la suivante : le statut neutre, non aligné et dénucléarisé de l'Ukraine, sa démilitarisation et sa dénazification, d'autant plus que ces
paramètres ont fait l'objet d'un accord général lors des pourparlers d'Istanbul en 2022. Tout était clair sur la démilitarisation, tout était précisé : le nombre de ceci et de cela, le
nombre de chars. Nous étions d'accord sur tout.
Bien entendu, les droits, les libertés et les intérêts des citoyens russophones d'Ukraine doivent être pleinement garantis, et les nouvelles réalités territoriales ainsi que le statut de
la Crimée, de Sébastopol, des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Kherson et de Zaporojié en tant qu'entités constitutives de la Fédération de Russie doivent
être reconnus. À l'avenir, toutes ces dispositions de principe et fondamentales devraient être fixées sous la forme d'accords internationaux fondamentaux. Naturellement, cela implique
également l'annulation de toutes les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie.
Je crois que la Russie propose une option qui permettra de mettre réellement fin à la guerre en Ukraine, c'est-à-dire que nous appelons à tourner la page tragique de l'histoire et à
commencer à restaurer progressivement, étape par étape, les relations de confiance et de bon voisinage entre la Russie et l'Ukraine et dans l'ensemble de l'Europe, même si c'est
difficile.
Après avoir résolu la crise ukrainienne, nous pourrions, y compris avec nos partenaires de l'OTSC et de l'OCS, qui continuent aujourd'hui à apporter une contribution significative et
constructive à la recherche d'une résolution pacifique de la crise ukrainienne, ainsi qu'avec les États occidentaux, y compris européens, qui sont prêts au dialogue, nous attaquer à la
tâche fondamentale que j'ai mentionnée au début de mon intervention, à savoir la création d'un système indivisible de sécurité eurasienne qui prend en compte les intérêts de tous les
États du continent, sans exception.
Bien entendu, il est impossible de revenir littéralement aux propositions de sécurité que nous avons présentées il y a 25, 15 ou même deux ans, car trop de choses se sont produites et les
circonstances ont changé. Toutefois, les principes de base et, surtout, l'objet même du dialogue restent inchangés. La Russie est consciente de sa responsabilité dans la stabilité
mondiale et réaffirme sa volonté de dialoguer avec tous les pays. Mais il ne doit pas s'agir d'une imitation du processus de paix visant à servir la volonté égoïste de quelqu'un, les
intérêts particuliers de quelqu'un, mais d'une conversation sérieuse et approfondie sur toutes les questions, sur l'ensemble des questions de sécurité mondiale.
Chers collègues, je suis convaincu que vous êtes tous conscients de l'ampleur des tâches qui attendent la Russie et de tout ce que nous devons faire, y compris dans le domaine de la
politique étrangère.
Je vous souhaite sincèrement de réussir dans ce travail difficile pour assurer la sécurité de la Russie, nos intérêts nationaux, renforcer la position du pays dans le monde, promouvoir
les processus d'intégration et les relations bilatérales avec nos partenaires.
Pour sa part, la direction de l'État continuera à apporter le soutien nécessaireau ministère diplomatique et à tous ceux qui participent à la mise en œuvre de la politique étrangère de la
Russie.
Je vous remercie une fois de plus pour votre travail, pour votre patience et pour l'attention que vous portez à ce qui est dit. Je suis convaincu que nous réussirons.
Merci beaucoup.
S. Lavrov : Cher Vladimir Vladimirovitch, je voudrais tout d'abord vous remercier pour votre
évaluation denotre travail.
Nous faisons des efforts, et la vie nous pousse à les amplifier, et nous continuerons à le faire, parce que tout le monde comprend que c'est indispensable pour le destin du pays, le
destin de notre peuple, et dans une certaine mesure pour le destin du monde. Nous allons mettre en œuvre les instructions, que vous venez d'exposer en détaillant le concept de la sécurité
eurasienne, de manière très concrète, avec nos collègues d'autres ministères.
Dans le contexte de la mise en place d'un nouveau système de sécurité équitable, que vous avez appelé indivisible et basé sur les mêmes principes, nous continuerons à aider à résoudre les
situations de crise, parmi lesquelles, bien sûr, la crise ukrainienne est de la plus haute priorité pour nous.
Nous utiliserons certainement votre nouvelle initiative dans diverses situations, y compris dans notre travail au sein des BRICS, de l'Organisation de coopération de Shanghai, avec la
République populaire de Chine, avec les pays d'Amérique latine et d'Afrique, qui ont également présenté leurs initiatives, mais qui ont jusqu'à présent été complètement ignorées par ceux
qui gouvernent l'Ukraine.
Merci encore ! Nous allons poursuivre nos efforts.
Les traditionnelles «vacances» de mai, au lieu de l’accalmie habituelle des nouvelles, se sont avérées extrêmement mouvementées, dont les principales
ont été la formation d’un nouveau gouvernement et l’activation de l’armée russe en direction de Kharkiv. Cependant, la principale bombe d’information a été déclenchée par Vladimir
Poutine quelques heures avant le retour du pays à son horaire de travail habituel : Sergueï Choïgou a été nommé secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie, et Andreï Belousov, qui
occupait auparavant le poste de premier vice-Premier ministre, a été proposé par le président pour le poste de ministre de la Défense.
Il y a quelques jours, lorsque l’on a appris que Denis Manturov avait été proposé par Mikhail Michoustine pour le poste de premier vice-Premier ministre
du nouveau gouvernement, cela a suscité une réaction quelque peu confuse et même un peu méfiante de la part des personnes qui suivent la politique économique de la Russie. La
contribution de Mantourov et du ministère de l’Industrie et du Commerce qu’il dirige à la façon dont l’économie nationale a fait face à tous les défis de ces dernières années (de la
pandémie aux «sanctions de l’enfer») est énorme, et sa nouvelle nomination est absolument méritée.
Mais la question s’est naturellement posée : Qu’en est-il de Belousov ?
Le fait est que c’est le premier vice-Premier ministre qui, pendant de nombreuses années, alors qu’il était encore assistant du président, a constamment
promu les idées de renforcement de la réglementation de l’État, de réindustrialisation de la Russie et de s’appuyer sur le secteur réel comme principal moteur du développement du pays
– en général, tous les changements que nous avons observés ces dernières années.
Certains le considéraient même comme un ennemi implacable du bloc financier du gouvernement, qui repose traditionnellement sur une approche monétariste.
La fausseté de ce point de vue a été démontrée de manière convaincante ces dernières années, lorsque c’est le travail bien coordonné du gouvernement, y compris des financiers et des
industriels, qui a permis à l’économie russe non seulement de faire face à la tempête organisée pour elle par l’Occident, mais aussi de faire une véritable percée. L’importance de
Belousov dans ce travail en tant que premier vice-Premier ministre ne peut guère être surestimée. Et puis il s’est soudainement retrouvé sans position – bien sûr, cela a conduit à des
chuchotements et à diverses théories du complot.
Mais la principale surprise était à venir : la nouvelle de son passage au ministère de la Défense a fait l’effet d’un coup de tonnerre, et quel choc en
Occident ! Dans les jours à venir, les raisons pour lesquelles Poutine a choisi un homme purement civil et un économiste – voire un macro-économiste-stratège – pour le poste de
ministre de la défense seront multiples.
Pendant ce temps, le Kremlin, comme dans beaucoup d’autres cas, a donné une explication franche à ce choix du président.
Premièrement, ces dernières années, en raison de circonstances bien connues, le budget militaire et énergétique de la Russie dans son ensemble a
fortement augmenté : il a déjà atteint 6,7% du PIB et se rapproche du chiffre soviétique tardif de 7,4%. Et à la tête de l’État, nous avons des gens qui se souviennent très bien que
le fardeau colossal du budget militaire était l’une des raisons qui ont enterré l’économie soviétique. Cela ne signifie pas qu’il faille le réduire immédiatement. L’Occident a lancé
une guerre contre la Russie, qui perd sous nos yeux le préfixe «proxy» – il ne peut être question de réduction. Il faudra peut-être l’augmenter davantage. Dans de telles conditions,
il est nécessaire que l’argent militaire soit dépensé avec un maximum d’efficacité et d’avantages – à la fois pour l’armée et pour le pays dans son ensemble. Et c’est un travail pour
un économiste.
Face au Pentagone et à son sac de noix à 90 000 dollars, le ministère russe de la Défense apparaît comme un modèle de transparence, d’efficacité et
d’innovation, mais nous avons suffisamment de problèmes – le cas de Timur Ivanov nous le rappelle.
Cela explique pourquoi Vladimir Poutine a choisi Andreï Belousov, un économiste à l’esprit stratégique et national doté d’une vaste expérience dans la
transformation de l’économie russe et de liens étroits avec l’industrie travaillant pour l’armée, comme ministre de la Défense.
Pour la guerre, la Russie dispose de l’état-major général, et pour transformer l’armée et le complexe militaro-industriel en un système moderne
qui s’adapte rapidement aux nouveaux défis avec l’introduction rapide d’innovations et une efficacité économique élevée, le président envoie Andreï Belousov au ministère de la
Défense.
Le remplacement de Sergueï Choïgou par Andreï Beloussov a fait couler beaucoup d’encre chez les commentateurs occidentaux. Nous en avons commenté les implications politiques dans
“Chaos Global” ce lundi avec Eric Verhaeghe. Une intéressante analyse complémentaire a été proposée par Scott Ritter, l’analyste militaire américain bien connu de nos lecteurs.
Sur son canal Telegram, Scott Ritter
change le point de vue pour interpréter le départ de Choïgou et l’arrivée de Bousilov au Ministère de la Défense à Moscou:
Eviter que l’industrie de défense étouffe l’industrie civile
La nomination d’Andrei Beloussov par le président russe Vladimir Poutine va au-delà de la simple tentative d’apporter une structure et une discipline économiques à une base
industrielle militaire en expansion.
Il est vrai que la croissance rapide de l’industrie militaire russe au cours des deux dernières années a fait craindre qu’un secteur économique civil russe fragile mais en pleine
expansion, qui se remet encore du choc des sanctions américaines et européennes sévères prises à la suite de l’opération militaire spéciale (OMS) lancée par la Russie en Ukraine,
ne se retrouve pris en otage par des dépenses de défense non maîtrisées qui faussent artificiellement les chaînes d’approvisionnement et les prix d’une manière qui pourrait
conduire l’économie russe à suivre le chemin de son prédécesseur soviétique à forte intensité d’industrie de défense.
Beloussov, économiste accompli, a été chargé de gérer l’intersection des économies civile et militaire afin de s’assurer que l’industrie civile reste saine et viable, même si la
nécessité d’une production robuste de l’industrie militaire reste élevée.
Mais l’aspect le plus important de la nomination de M. Beloussov est peut-être son rôle d’innovateur industriel.
La Russie se dirige vers une nouvelle révolution dans les affaires militaires (RMA) qui sera définie par le lien entre :
a) le développement technologique engendré par les expériences de la SMO (guerre des drones, guerre électronique, létalité accrue des munitions) ;
b) l’innovation doctrinale qui est apparue au fur et à mesure que les leçons tirées du champ de bataille de la SMO étaient étudiées et que les changements requis étaient
incorporés dans les systèmes formels d’éducation militaire chargés de produire une doctrine actualisée ; et
c) l’adaptation organisationnelle qui implique des changements structurels et intellectuels majeurs reflétant la réalité des nouvelles technologies et de la nouvelle doctrine.
Sous la direction de Sergei Shoigu, l’armée russe a réalisé d’importants progrès dans les deux premiers volets du trio RMA. Mais le type d’innovation structurelle nécessaire à
l’armée russe pour transformer les changements systémiques en une véritable RMA est le point fort de Beloussov. La Russie est sur le point de mettre en œuvre une nouvelle RMA qui
transformera le champ de bataille moderne de la même manière que la Blitzkrieg allemande a transformé la conduite de la Seconde Guerre mondiale.
C’est une bonne nouvelle pour les Russes. Pour l’Occident collectif, confronté à la perspective d’une expansion coûteuse de l’OTAN, une RMA pilotée par la Russie
équivaudrait à un désastre
Le défilé de la Victoire le plus grandiose de l’histoire de la Russie (vidéo)
par Russia
Beyond
Aujourd’hui, le défilé de la Victoire, célébrant la fin de la Seconde Guerre mondiale pour l’URSS, a lieu le 9 mai. Cependant, en 1945, il a été
organisé bien plus tard, seulement le 24 juin. Regardez des images d’archives de cet événement grandiose, dans lequel le triomphe de l’ensemble du peuple soviétique se mêle à
l’amertume des pertes récentes.
Dans un discours prononcé il y a quelques jours, l’ancien président russe Dimitri Medvedev a dit très explicitement ce que la Russie souhaite en Ukraine. En proposant une distinction entre
“frontières territoriales” et “frontières stratégiques”, il ouvre la porte à la possibilité de négociations sur une Ukraine neutre. Mais l’Occident n’entendra pas. A vrai dire, les attitudes
respectives n’ont pas changé depuis la Guerre froide. A l’ouest, en 2024 comme en 1945, on préfère la destruction des peuples d’Europe centrale et orientale à un compromis avec une sphère
d’influence russe.
C’est un discours dont les médias subventionnés et les généraux de plateau n’ont pas parlé: en réalité, les Occidentaux ne sont pas capables de comprendre ce que propose Dimitri Medvedev. Pour
des raisons d’idéologisation présente et de manque de culture historique.
Premièrement. Nous n’avons pas besoin de la terre de quelqu’un d’autre. Nous ne renoncerons jamais à la nôtre. Il en a été ainsi et il en sera ainsi. C’est le principe qui régit la politique
frontalière de notre État.
…
Les auteurs des diverses théories géopolitiques de différents pays (de la Chine à l’Europe et à l’Amérique) partent d’une thèse évidente. Tout État, en tant que sujet souverain des relations
internationales, possède deux types de frontières : les frontières géographiques et les frontières stratégiques.
Les premières sont des lignes de démarcation et de délimitation stables et officiellement reconnues par le droit international, qui fixent les limites géographiques de l’État. C’est l’un des
principaux éléments de son cadre politique et territorial.
…
Les frontières stratégiques d’un État dépendent directement de l’étendue de son pouvoir politique. Plus un État est puissant, plus ses frontières stratégiques sont situées à l’extérieur de
ses frontières nationales. L’espace stratégique sur lequel un tel pays exerce une influence économique, politique et socioculturelle est d’autant plus vaste. Il s’agit de la zone dite des
intérêts nationaux de l’État. Bien que les frontières stratégiques et les intérêts nationaux ne soient pas les mêmes concepts. (…)
Deuxièmement. La présence de frontières stratégiques en dehors de leur propre territoire aujourd’hui ne signifie pas que des pays forts et responsables ont l’intention d’entrer en guerre avec
leurs voisins et de redessiner la carte politique. C’est la différence entre notre époque et les siècles précédents, où les frontières étaient soumises à des fluctuations constantes et
pouvaient être remises en cause à tout moment.
…
En général, la Russie, comme toute grande puissance, a des frontières stratégiques qui vont bien au-delà des frontières géographiques. Et elles ne reposent pas sur la force militaire ou sur
des injections financières, mais sur une base beaucoup plus solide, presque inébranlable.
Troisièmement. Il existe plusieurs niveaux de frontières stratégiques russes.
Le premier niveau se limite au paysage naturel (les Carpates, les hauts plateaux iraniens, les montagnes du Caucase, les Pamirs). Et les frontières civilisationnelles – il est clair qu’un
certain nombre de nos voisins, pour des raisons historiques, sont impossibles à inclure dans l’écoumène russe.
…
L’essentiel est que nous n’ayons pas de différends territoriaux avec les pays inclus dans cette ceinture. Au cours des années qui se sont écoulées depuis l’effondrement de l’URSS, nous avons
maintenu une coopération commerciale fructueuse et une communication interpersonnelle confortable.
…
Si nous parlons de nos frontières stratégiques de deuxième niveau, elles couvrent l’espace communément appelé Grande Eurasie. C’est pourquoi le président russe Vladimir Poutine a proposé
l’initiative de créer un grand partenariat eurasien. Il s’agit de la principale voie d’intégration sur notre continent. Son essence est d’unir les potentiels de tous les États et
organisations régionales d’Eurasie aussi largement que possible.
…
Et à propos du niveau le plus élevé de nos frontières stratégiques. Les intérêts globaux de la Russie dans le monde sont tout à fait compréhensibles et naturels. Ils n’ont pas changé au cours
des dernières décennies. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, notre pays est une grande puissance mondiale. Et il continuera à faire preuve d’une attention
saine et appropriée à l’égard de ceux qui ont besoin d’aide. Les relations traditionnellement fortes avec les pays africains et l’Amérique latine en sont la preuve. (…)
Quatrièmement. Dans le cas de la soi-disant “Ukraine” (ou plutôt de la Petite Russie), tous nos adversaires doivent comprendre fermement et pour toujours la simple vérité. Les territoires
situés sur les deux rives du Dniepr font partie intégrante des frontières stratégiques historiques de la Russie. Par conséquent, toutes les tentatives visant à les modifier par la force, à
les couper “vivants”, sont vouées à l’échec.
Nos ennemis insistent constamment sur le fait que l’objectif principal de la Russie est de “s’emparer” des terres ukrainiennes, de certains “trésors indicibles de l’indépendance” : le blé,
l’acier, le gaz, le charbon. Mais en fait, il s’avère qu’il n’y a rien de si spécial dans l'”Ukraine” de Bandera en termes d’économie que la Russie – contrairement à l’Occident – n’aurait pas
elle-même et dans des volumes beaucoup plus importants.En “Ukraine”, la principale richesse pour nous est d’une toute autre nature. La grande valeur que nous ne céderons à personne et pour
rien, ce sont les gens. Nos proches et notre famille. …
Cinquièmement. Il existe une différence de contraste entre les approches de la Russie et de l'”Occident collectif” (principalement les États-Unis). L’Amérique et ses satellites tentent
d’étendre leurs frontières stratégiques à presque toutes les régions du monde. Sous le prétexte de “répandre la démocratie”, des guerres sont fomentées sur toute la planète. Le but est tout à
fait transparent : faire de l’argent.
…
Sachant parfaitement où s’étendent nos frontières stratégiques, l’Occident a craché sur les fondations centenaires et a organisé une intervention géopolitique d’abord en Géorgie, puis en
Ukraine. Nous observons des tentatives similaires en Moldavie et dans les pays d’Asie centrale. Heureusement, les autorités des États d’Asie centrale font preuve de retenue et de sagesse.
Dans leur désir de prospérité pour leurs peuples, elles se concentrent sur leurs voisins de la Grande Eurasie, plutôt que sur une Europe obèse et dépendante. (…)
Sixièmement. Pour l’Occident, le conflit sur l’Ukraine s’est transformé en une confrontation entre deux civilisations. La nôtre, toute russe ou russophile (dont le cœur est le territoire de
la Russie, du Belarus et de l’Ukraine), et l’occidentale. (…)
Nous ne manquerons pas de mener l’opération militaire spéciale à sa conclusion logique. Jusqu’à la victoire finale. Avant la capitulation des néo-nazis. Les tristes séniles de Washington et
de Bruxelles ont peur : si, disent-ils, les Russes prennent le dessus, après l’Ukraine, ils iront plus loin – en Europe et même outre-mer. Vous ne saurez pas ce qui est le plus fort dans ces
délires : l’habitude des mensonges éhontés ou la démence sénile. En réalité, tout est simple : nous n’avons pas besoin des territoires de la Pologne, des États baltes ou d’autres pays
européens. Mais les gens qui y vivent, qui ne font qu’un avec nous, n’ont pas le droit d’être harcelés par qui que ce soit.
La victoire inévitable de la Russie créera également une nouvelle architecture de la sécurité eurasienne et internationale. Elle devrait se refléter dans de nouveaux documents interétatiques
qui “concrétiseront” ces réalités. Il s’agit notamment de respecter les règles internationales de bienséance avec tous les pays, en accordant une attention particulière à leur histoire et aux
frontières stratégiques existantes. Le monde occidental doit enfin tirer une leçon simple et apprendre à respecter nos intérêts nationaux
Expert.ru,
15 avril 2004
Décryptage
Ce que dit Dimitri Medvedev est très simple: contrairement à ce qu’on répète en Occident, la Russie ne se comporte pas comme un empire mais comme une nation. Elle n’a pas besoin de conquérir
l’Ukraine. Elle demande simplement que l’on respecte les liens de cette dernière avec la Russie.
Ceci est très important à comprendre pour interpréter ce qui s’est passé en mars 2022. On est étonné de voir que, dans le protocole d’accord qui avait été mis au point à Istanbul, et qui
n’attendait plus que la signature des deux Vladimir, Poutine et Zelensky, la Russie avait peu d’exigences territoriales. Ce qu’elle voulait, c’était obtenir la neutralité militaire de l’Ukraine
et la liberté, pour cette dernière, de développer ses liens historiques et économiques avec la Russie.
Gerhard Schröder l’a raconté à l’automne dernier dans un entretien avec la Berliner Zeitung:
« En 2022, j’ai reçu une demande de l’Ukraine me demandant si je pouvais servir de médiateur entre la
Russie et l’Ukraine. La question
était de savoir si je pouvais transmettre un message à Poutine. Il y aurait aussi quelqu’un qui aurait une relation très étroite avec le président ukrainien lui-même. Il s’agit de Rustem
Umerov, l’actuel ministre de la Défense de l’Ukraine. Il est membre de la minorité tatare de Crimée. La question était alors : comment mettre fin à la guerre ?
Comment?
Il y a cinq points. Premièrement, la renonciation de l’Ukraine à l’adhésion à l’OTAN. Quoi qu’il en soit, l’Ukraine ne peut pas remplir ces conditions. Deuxièmement, il y a le problème de la
langue. Le parlement ukrainien a aboli le bilinguisme. Cela doit changer. Troisièmement, le Donbass fait toujours partie de l’Ukraine. Cependant, le Donbass a besoin d’une plus grande
autonomie. Un modèle de travail serait celui du Tyrol du Sud. Quatrièmement, l’Ukraine a également besoin de garanties de sécurité. Le Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne
devraient fournir ces garanties. Cinquièmement, la Crimée. Combien de temps dure la Crimée russe ? Pour la Russie, la Crimée est plus qu’une simple bande de terre, elle fait partie de son
histoire. La guerre aurait pu prendre fin s’il n’y avait pas d’intérêts géopolitiques.
Et le droit international.
Oui, mais il ne s’agit pas seulement d’une question de droit. Les seuls qui pourraient régler la guerre contre l’Ukraine sont les Américains. Lors des négociations de paix à Istanbul en mars
2022 avec Rustem Umerov, les Ukrainiens ne se sont pas mis d’accord sur la paix parce qu’ils n’y étaient pas autorisés. Pour tout ce dont ils discutaient, ils devaient d’abord demander aux
Américains. J’ai eu deux entretiens avec Umerov, puis une rencontre en tête-à-tête avec Poutine, puis avec l’envoyé de Poutine. Umerov a ouvert la conversation avec les salutations de
Zelensky. En guise de compromis pour les garanties de sécurité de l’Ukraine, le modèle autrichien ou le modèle 5+1 a été proposé. Umjerow pensait que c’était une bonne chose. Il s’est
également montré volontaire sur les autres points. Il a également déclaré que l’Ukraine ne voulait pas d’adhésion à l’OTAN. Il a également déclaré que l’Ukraine souhaitait réintroduire le
russe dans le Donbass. Mais finalement, il ne s’est rien passé. J’avais l’impression qu’il ne pouvait rien se passer, parce que tout le reste était décidé à Washington. Cela a été fatal
Berliner
Zeitung, 21.10.2023, version française dans “L’Hermine Rouge”
Les continuités de la politique russe
On aime bien souligner, en Europe de l’Ouest, les continuités de l’URSS à la Russie. Elles existent mais ce ne sont pas celles que croient les experts auto-proclamés de la Russie poutinienne.
Qui sait que, durant la Seconde Guerre mondiale, Staline avait prévu une Europe
tripartite. Entre la sphère des intérêts soviétiques immédiats (ce qu’il appelait le “glacis” et qui comprenait les Pays Baltes, la Pologne, l’obtention par l’Ukraine et la Biélorussie
d’un siège aux Nations Unies en plus de celui de l’URSS, la Roumanie et la Bulgarie) et la sphère des intérêts anglo-américains (en gros l’Europe de l’Ouest), Staline prévoyait une grande
zone neutre de la Scandinavie aux Balkans, en passant par l’Allemagne, l’Autriche, la Tchécoslovaquie.
Aucun historien sérieux
ne peut affirmer que la coupure de l’Europe en deux serait uniquement le résultat de l’agressivité de Staline. Peut-être un accord aurait-il été possible sur la neutralisation militaire
de la partie centrale de l’Europe si la Grande-Bretagne et la France avaient été les puissances dominantes. Mais l’URSS s’est retrouvée face aux USA qui ne veulent pas entendre parler de “sphère
d’influence” et qui ne voulaient en aucun cas d’une influence économique soviétique en Europe centrale. Constatant la poussée américaine, Staline s’est protégé par la soviétisation de l’Europe
centrale.
En mars 1952, pourtant, il est revenu à la charge en proposant la réunification de l’Allemagne, avec un retrait des troupes et la neutralisation du pays. C’est le schéma qui a été proposé et mis
en œuvre, après la mort de Staline, pour l’Autriche. Si l’on ajoute l’exemple de la Finlande, dont Staline et ses successeurs ont respecté la neutralité, on mesure l’occasion manquée.
Les Soviétiques sont régulièrement revenus à la charge. Qui se souvient du plan Rapacki?
Le 2 octobre 1957, le gouvernement de la République Populaire de Pologne a présenté à l’Assemblée
générale de l’Organisation des Nations Unies une proposition concernant la création d’une zone
dénucléarisée en Europe centrale. Les gouvernements de la République Tchécoslovaque et de la République
Démocratique Allemande se sont déclarés prêts à accéder à cette zone.
Le gouvernement de la République Populaire de Pologne partait du principe que la création de la zone
dénucléarisée en question pouvait apporter une amélioration du climat international, faciliter des pourparlers
plus larges sur le désarmement et la solution d’autres problèmes internationaux litigieux, alors que la
continuation et la généralisation des armements nucléaires devaient nécessairement entraîner l’accentuation
de la division de l’Europe en blocs opposés et compliquer la situation, particulièrement en Europe centrale.
En décembre 1957, le gouvernement de la République Populaire de Pologne a renouvelé sa proposition par
voie diplomatique.
Etant donné le large écho recueilli par l’initiative polonaise et tenant compte des conclusions apparues au
cours de la discussion qui s’est développée à ce sujet, le gouvernement de la République Populaire de
Pologne présente un exposé plus développé et plus détaillé de sa proposition, pouvant faciliter l’ouverture de
pourparlers et l’aboutissement à un accord dans ce domaine.
I
La zone proposée devrait comprendre la Pologne, la Tchécoslovaquie, la République Démocratique
Allemande et la République Fédérale d’Allemagne. Sur ce territoire, on ne produirait ni ne stockerait d’armes
nucléaires, on n’y installerait ni matériel ni équipement destiné à les desservir. L’utilisation d’armes
nucléaires contre le territoire de la zone serait interdite.
II
Les engagements découlant de la création de la zone dénucléarisée seraient basés sur les principes suivants :
Les Etats de la zone s’engageraient à ne pas produire, ne pas
entretenir, ne pas introduire à leurs propres
fins et ne pas permettre d’installer sur leur territoire d’armes nucléaires de quelque type que ce soit, ainsi qu’à
ne pas installer et ne pas admettre sur leur territoire de matériel et d’équipement desservant les armes
nucléaires, y compris les rampes de lancement de fusées.
Les quatre puissances (France, Etats-Unis d’Amérique,
Royaume-Uni et U.R.S.S.) s’engageraient :
(a) à ne pas maintenir d’armes nucléaires dans l’équipement de leurs forces armées stationnées sur le
territoire des Etats de la zone, à ne maintenir ni installer sur le territoire des Etats de la zone de matériel ni
d’équipement quel qu’il soit, destiné à les desservir, y compris, les rampes de lancement de fusées ;
(b) à ne transmettre d’aucune manière et à quelque titre que ce soit d’armes nucléaires, de matériel et
d’équipement destinés à les desservir, aux gouvernements ou à d’autres organes sur ce territoire.
Les puissances disposant d’armes nucléaires devraient prendre
l’engagement que ces armes ne seront pas
utilisées contre le territoire de la zone et contre quelque objectif que ce soit sur ce territoire. De cette
manière les puissances prendraient l’engagement de respecter le statut de la zone, en tant que territoire sur
lequel il n’y aurait pas d’armes nucléaires et contre lequel les armes nucléaires ne seraient pas utilisées.
Les autres Etats dont les forces armées sont stationnées sur le
territoire de n’importe quel Etat compris
2 / 5 05/09/2012
dans la zone, s’engageraient également à ne pas maintenir d’armes nucléaires dans l’armement de leurs forces
armées et à ne pas en transmettre aux gouvernements ou à d’autres organes sur ce territoire. Ils n’installeront
pas non plus sur le territoire des Etats de la zone de matériel ni d’équipement quel qu’il soit, destiné à
desservir les armes nucléaires, y compris les rampes de lancement de fusées et n’en transmettront pas aux
gouvernements ou à d’autres organes sur ce territoire.
Les modalités et la mise en œuvre de ces engagements pourraient être établis en détail, d’un commun accord.
Lorsque Mikhaïl Gorbatchev amorça la politique de retrait des troupes soviétiques d’Europe centrale, il était convaincu que les anciens Alliés et l’Allemagne étaient prêt à construire une “Maison
Commune Européenne”, fondée sur la démilitarisation d’une grande partie de l’Europe.
Si l’on ne voit pas toute cette préhistoire, on se condamne à ne pas comprendre ce que disent Poutine et Medvedev aujourd’hui.
Constatons que la politique russe n’a pas changé; mais la politique américaine et occidentale non plus. Entre 1945 et 1949, les Occidentaux ont préféré la soviétisation de l’Europe
centrale et orientale à une entente avec l’URSS sur une neutralisation du cœur européen. Aujourd’hui, les descendants des mêmes Occidentaux, alors même que la Russie est en retrait,
géographiquement parlant, par rapport à l’URSS, préfèrent envoyer des centaines de milliers d’Ukrainiens à la mort, plutôt que de trouver un accord avec
Moscou.
Poutine a de nouveau remporté les
élections, et son succès semble être une énigme pour de nombreux commentateurs. J’ai connu et visité plusieurs fois la Russie post-communiste, celle des années 1990. La Russie de
Eltsine : un État à l’agonie dont les plus grands architectes et bénéficiaires étaient les gouvernements occidentaux associés aux oligarques du style Khodorkovsky et Berezovsky.
Un État en euthanasie, amoureusement assisté par la finance occidentale, qui avait saisi l’occasion de la chute du communisme pour bâtir une montagne d’argent sur lui. Ce sont les
banques européennes et américaines qui ont accaparé l’argent des oligarques et contribué à mener un grand pays au bord de la faillite.
L’élite criminelle la plus proche des oligarques amis de Eltsine était les patrons de Cosa Nostra. Même férocité, même proterité politique masquée, chez
les Russes, par un niveau de richesse, d’éducation et de statut social bien supérieur. Les anciens chevriers des Corleone n’ont jamais rêvé des niveaux d’opulence et de sophistication
des magnats du crime russes.
Le chef de la mafia russe était Boris Berezovsky, celui que l’on interviewait en tant que réfugié politique en Angleterre. Un homme capable d’ordonner
un assassinat dans la matinée, puis d’aller dîner avec un George Soros déterminé à le rédimer. Berezovsky était mathématicien, membre de l’Académie des sciences de Russie, et
Khodorkovsky lui-même était un important dirigeant du parti.
Les autres patrons étaient tous connus du grand public en tant que parlementaires, hommes d’affaires, maires, propriétaires de journaux et de
télévisions. Sans ce niveau intellectuel et politique, l’oligarchie criminelle russe n’aurait pas pu concevoir ce qui est à ce jour la plus grande fraude de l’histoire. Née d’une
alliance entre les «7
magnifiques» conclue à Davos lors du Forum mondial pour soutenir Eltsine aux élections, cette escroquerie a permis de mettre entre leurs mains près de la moitié des richesses de
la Russie.
La maxi escroquerie s’appelait «prêts contre
actions» et fonctionnait de la manière suivante. Fin 1995, le gouvernement russe, au lieu d’emprunter auprès de la Banque centrale, s’est tourné vers les banques des oligarques.
En guise de garantie pour les crédits accordés, ces banques ont reçu la garde temporaire des actions majoritaires des plus grandes entreprises du pays. Un an plus tard, pour permettre
aux oligarques de conserver les actions, le gouvernement a décidé de ne pas rembourser les prêts. C’est ainsi que Berezovsky et ses hommes, après avoir prêté 110 millions de dollars,
se sont retrouvés à détenir 51% d’une entreprise, Sibneft, d’une valeur de 5 milliards de dollars. Le groupe Menatep, dirigé par Khodorkovsky, a payé 160 millions pour prendre le
contrôle de Lukoil, une compagnie pétrolière valant plus de 6 milliards de dollars. La banque d’un autre ami d’amis, Potanin, a dépensé 250 millions de dollars pour s’emparer de
Norilsk Nickel, un leader mondial de la production de métaux, d’une valeur d’environ 2 milliards de dollars.
La fraude des «prêts contre
actions» est le vice fondateur du nouveau capitalisme russe. Elle a consolidé le pouvoir d’une oligarchie politico-mafieuse qui a engendré le plus grand désastre subi par la
Russie depuis l’invasion nazie de 1941. Le PIB du pays a été divisé par deux en quelques années. L’épargne de toute la population s’est évaporée en raison de la dévaluation sauvage du
rouble. Dans les années 1990, la pauvreté est passée de 2 à 40% de la population. L’âge moyen a baissé de cinq ans en raison du retour de maladies qui avaient disparu. Pendant de
longues périodes, l’État est incapable de payer les pensions et les salaires, tandis que des bandes de délinquants de toutes sortes parcourent le pays.
La ploutocratie qui a prospéré sous Eltsine n’est cependant pas le capitalisme primitif qui a précédé le capitalisme propre. C’était un système de
pouvoir sans avenir, qui devait continuer à voler et à corrompre pour survivre. Son talon d’Achille était l’absence de protection juridique solide.
La peur d’être exproprié par un gouvernement hostile, qui pourrait déclarer illégitimes les privatisations et les appropriations fictives, et la peur
des oligarques d’être à leur tour volés par d’autres voleurs, ont eu deux conséquences. D’abord, ils ont poussé le butin hors de Russie. Jusqu’ici, tout allait bien, car de l’autre
côté de la frontière, les grandes mâchoires des banques suisses, britanniques et américaines étaient grandes ouvertes et heureuses de blanchir leurs avoirs.
Mais les problèmes sont apparus lorsque les mafiosi russes, pour garantir l’impunité, ont été contraints de perpétuer leur pacte infâme avec la
politique. En 1999, un homme des services secrets était arrivé au pouvoir, apprécié d’Eltsine et des oligarques eux-mêmes, et considéré par eux comme un premier ministre parmi
d’autres, remplaçable, si nécessaire, au bout de quelques mois. Je me souviens très bien de ma première rencontre, en tant que cadre des Nations unies, avec un Poutine nouvellement
nommé qui s’inquiétait d’être perçu comme une étoile filante.
Mais Vladimir Poutine avait une particularité. Dans son dos, il y avait aussi les morceaux du KGB qui ne s’étaient pas déversés dans le chaudron
criminel de l’État russe en désintégration : des morceaux d’un État en désarroi qui étaient devenus marginaux, mais qui étaient toujours vivants, et en tout cas dépositaires d’un
sentiment d’appartenance à la nation profondément ressenti par les citoyens russes.
Tirant parti de ces radeaux à la dérive et de l’immense ressentiment collectif à l’égard de Eltsine et des chefs de la mafia, Poutine a rapidement pris
ses distances avec ses partisans. Après seulement quelques mois au pouvoir, il a su placer les oligarques devant une alternative : retour dans les rangs du pouvoir financier,
sans prétention à la maîtrise du politique, en échange du renoncement du gouvernement à récupérer les biens mal acquis des privatisations et des fraudes, ou guerre totale, avec
renationalisation des biens publics pillés et fin de l’impunité pour les crimes commis par les meneurs (massacres, vols, fraudes, extorsions, évasion fiscale à foison).
Des contacts appropriés ont également été pris avec le Programme que je dirigeais aux Nations unies et qui venait de lancer une initiative pour la
confiscation, au nom des gouvernements lésés, des avoirs illicitement blanchis dans les centres financiers de la planète.
Face à la proposition de Poutine, le front mafieux s’est divisé. Certains oligarques l’ont acceptée. D’autres s’en moquent, commettant ainsi l’erreur
fatale de sous-estimer la force de l’ancien colonel du KGB, devenu entre-temps président de la Fédération de Russie. Afin d’éviter divers mandats d’arrêt, Berezovsky s’est réfugié au
Royaume-Uni, d’où il a commencé à financer des activités anti-russes avec l’approbation des services de sécurité de Sa Majesté. Khodorkovsky, quant à lui, a envisagé de défier Poutine
sur le plan politique, en finançant des partis hostiles à ce dernier dans l’espoir de le renverser. Cela a mal tourné pour l’un comme pour l’autre. Berezovsky a fini par se suicider.
Khodorkovski a fini en prison pour le meurtre d’un maire qui avait osé obliger son entreprise à payer des impôts, et en est sorti dix ans plus tard.
Au cours des décennies qui ont suivi, Poutine a reconstruit l’État et est en train de gagner une guerre contre l’Occident, ce qui a encore accru sa
popularité. La Russie d’aujourd’hui est encore pleine de problèmes, mais elle n’a plus à craindre pour sa survie en tant qu’État et en tant que nation. Bien entendu, Poutine a lui
aussi des défauts et des problèmes de taille. Mais il s’agissait ici de révéler le secret (de Polichinelle) de la cote de popularité de Vladimir Poutine.
Tout d’abord, les occis-dentaux, médias et politiques vous diront que c’est truqué, qu’il n’y a que chez eux qu’il y a des Zélectionslibrezethonnêtes
que les autres sauvages, d’abord, ils savent pas faire, pas compter, que c’est rustres sans éducation.
Question ingénieurs, d’abord, la Russie en forme 240 000/an, les Zusa doivent être à 100 000 (population, plus du double, mais il faut
enlever les fadaises d’ingénieurs en finances, branleurs inutiles et nuisibles) et la France, 40 000, population moitié moindre…
Donc, les rustres incultes et sans éducation, ils seraient pas plutôt en occis-dent ?
Bon, de même, cela ne dérange guère les modes de scrutins abscons, les votants en trop (chez nous, pas chez eux) et les institutions verrouillées ?
Question dernière présidentielle US, on comptait 20 millions de votes en trop, devinez qui en a profité ? En France, là où les machines à voter existent, des scores sud-vietnamiens
ont élu Macron, sud vietnamiens, parce que, faut-il le rappeler que Nguyen Van Thieu, avait, lui aussi, été élu démocratiquement (puisque candidat des Zusa), avec 100% des voix en
1971, poussant jusqu’à des pointes à 117% à Chôlon où la police, visiblement avait abusé de la gnôle locale. On avait débarrassé la population de la corvée de choisir, comme en 1967,
où Thieu-Ky n’avaient obtenu «que» 35% des voix.
Déjà, à cette époque (1967) il était interdit aux candidats de penser au mot «négociations».
Bien entendu, tous les salopards de la terre soutenus pas les Zusa, étaient, bien entendu, démocratiques. D’ailleurs, beaucoup ont été démocratiquement
supprimés, à partir du moment où ils déplaisaient.
Bon, ce qui a vraiment fâché les Russes c’est peut-être aussi, que les occis-dentaux veulent :
– découper le pays comme un melon en maintes parties,
– décimer la population russe, les américains se «contentant» de – 20 millions, Lech Walesa, lui, poussant à – 100 millions,
– piller le pays, comme au bon temps d’Elstine, par l’intermédiaire des grandes compagnies, comme le reste du monde,
– et enfin, que des oligarques à leurs bottes, fassent le travail…
On comprend bien, que dans ce cas, les Russes se seraient donc précipités sur les bulletins des opposants libéraux s’ils en avaient eu l’occasion, ceux
qui veulent accomplir la petite liste du dessus.
On peut rajouter, qu’ils sont cons ces russes qui ont élu l’homme qui veut empêcher ça, au lieu de revenir aux rations de famines des années Elstine, où
le pillage généralisé, les jardins potagers ont seuls, empêché la population de mourir de faim, et qui a vu périr dans cette «thérapie de choc», une dizaine de millions de
personnes. Sans compter la criminalité de l’époque, les vols en tous genres des oligarques.
Les Zélections en occis-dent, ne sont jamais truquées, on ne verrait jamais d’images subliminales de F. Mitterrand, le conseil constitutionnel valider
les comptes de campagne totalement faisandés de J. Chirac (et de Jospin), déclarer l’irresponsabilité du président, on ne verrait jamais aussi, les Zusa financer des groupes
parlementaires charnières et renverser les gouvernements avec une quinzaine de dépotés-députés, au train de vie sans rapport avec leurs gains.
On ne verrait jamais, non plus, des hommes politiques filmés dans les culs des mineurs par certains aigrefins suicidés en prison…
On ne verrait jamais un ministre faucher une arme de poing à son garde du corps, et se tirer une balle dans la tête, ou certain «conseiller», se
suicider de 2 balles dans la nuque.
La singerie démocratique aussi, est assujettie à un déluge de propagande, aboutissant à un vote soviétique pour Chirac en 2002, une opinion mauvaise des
français à 91% contre Trump, parce que la télé-leur-a-dit.
Pour le dernier sondage qui doit agiter le marquis poudré de l’Élysée, il a été fait à la demande des LR, au sujet d’une dissolution du
parlement.
«En
cas de dissolution, le RN pourrait obtenir la majorité à l’Assemblée nationale selon un sondage». Il faut dire que Macron, c’est notre Elstine à nous. Délinquance, effondrement
économique, cuistrerie militariste, austérité…
Le problème, c’est qu’il y a encore 30% de socle dur pour Macron. Le monde, finalement, en occis-dent, se partage entre deux moitiés de population. Une
qui prend ou a pris conscience que le sol s’effondrait sous nos pieds, et une moitié en régression, de fumeurs de moquette au cerveau détruit, qui ne s’aperçoivent de rien, et dont le
centre d’intérêt c’est le resto, la prochaine croisière et les prochaines vacances, loin, de préférence à l’autre bout du monde, et pas chez les ploucs-qui-puent.
Côté russe, il y a un aspect jamais abordé par les cracheurs de haine anti-russe. C’est un grand pays, qui a beaucoup de ressources et pour la plupart,
est incapable de les consommer toutes. Il est donc dans la situation des Zusa en 1900. Excédentaire en tout, il est aussi doté d’une économie réelle puissante.
Tout le contraire de l’occis-dent, où l’activité principale, consiste uniquement à fabriquer du PQ appelé «monnaie», et les plus cons de l’histoire sont
les allemands et les japonais, qui collectionnent les rouleaux, alors que leur cul est trop petit pour les utiliser tous…
Comme tous les ans, le président russe a tenu ce 29 février un discours devant l’Assemblée fédérale. Cette année, il a été axé sur les taches
stratégiques.
Voici les thèmes
abordés et les déclarations clés du chef d’État :
Opération spéciale en Ukraine
La Russie a prouvé qu’elle peut répondre à tous les défis.
La majorité absolue des Russes a soutenu l’opération militaire spéciale en Ukraine.
Les forces armées russes ont acquis une expérience colossale.
Les militaires russes possèdent l’initiative, l’armée avance de manière ferme sur nombre d’axes et libère de nouveaux territoires.
La Russie fera tout pour mettre fin au conflit, éradiquer le nazisme et réaliser toutes les tâches de l’opération spéciale.
Les forces nucléaires stratégiques russes sont complètement prêtes.
L’Occident choisit des cibles en Russie pour la frapper, elle a donc besoin d’armes. Moscou possède déjà des armes capables d’atteindre des cibles dans
les pays occidentaux.
Le complexe Sarmat a été livré aux troupes, nous le dévoilerons bientôt.
Le complexe hypersonique basé en mer, Zircon a déjà été utilisé au combat, ce système est déjà en service.
Les missiles du complexe hypersonique Kinjal sont utilisés efficacement au cours de l’opération militaire spéciale.
Les tests du missile de croisière nucléaire Bourevestnik et du drone sous-marin capable de transporter une charge thermonucléaire
Poseïdon se terminent.
Menace nucléaire
Les nouvelles tentatives pour intervenir en Russie sont lourdes d’un conflit d’envergure avec recours aux armes nucléaires.
La désinformation sur les prétendues armes nucléaires russes dans l’espace vise à entraîner la Russie dans des négociations inégales.
Tout ce que propose l’Occident fait peser réellement le risque d’un conflit avec des armes nucléaires, ce qui aboutira à la destruction de la
civilisation.
L’Occident tente d’entraîner la Russie dans une course aux armements, pour répéter l’expérience de l’URSS dans les années 1980.
Sécurité en Europe
L’Occident a provoqué les conflits en Ukraine, au Proche-Orient et continue de mentir.
En déclarant que la Russie veut attaquer l’Europe, l’Occident délire.
Les actions des États-Unis détruisent le système de sécurité en Europe.
Sans une Russie souveraine et forte, un ordre mondial durable est impossible.
Défense de la souveraineté russe
Ce n’est pas nous qui avons commencé la guerre dans le Donbass, mais nous ferons tout pour la terminer, pour déraciner le nazisme.
L’Occident, avec ses habitudes coloniales, voudrait voir au lieu de la Russie un espace dépendant, mourant, en déclin.
L’Occident choisit des cibles en Russie pour la frapper, elle a donc besoin d’armes. Moscou possède déjà des armes capables d’atteindre des cibles dans
les pays occidentaux.
L’Occident détruit délibérément les normes morales et l’institut de la famille, alors que la Russie choisit la vie et les valeurs
traditionnelles.
La Russie a été et reste un bastion des valeurs traditionnelles, notre choix est partagé par la majorité des peuples du monde.
Nous ne permettrons à personne de s’immiscer dans nos affaires intérieures.
Il est nécessaire de renforcer le groupe militaire russe dans l’ouest du pays compte tenu de l’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande.
Il est nécessaire de former un nouveau contour de la sécurité mondiale. La Russie est prête au dialogue avec tous les pays.
Le dialogue de la Russie avec l’ASEAN, l’Afrique et les pays arabes se développe de manière positive.
Nous voyons de grandes perspectives dans la construction d’un vaste partenariat eurasien.
Économie
L’économie russe a accusé en 2023 une croissance beaucoup plus rapide que l’économie mondiale, et a devancé les pays du G7.
À court terme, la Russie intégrera le top 4 des plus grandes économies mondiales.
La part des produits importés devra baisser, d’ici 2030, à 17% du PIB.
De nombreux anciens monopoles et stéréotypes s’effondrent dans l’économie mondiale.
Les pays
des BRICS créeront 37% du PIB mondial d’ici 2028, alors que l’indicateur du G7 tombera à 28%.
L’Occident scie la branche sur laquelle il est assis depuis des décennies, discréditant ses propres monnaies et son système bancaire.
La Russie construira une nouvelle architecture financière mondiale sur une base technologique avancée qui ne dépendra pas d’interférence
politique.
Nous travaillerons avec des nations amies pour créer de nouveaux corridors logistiques et mettre en place une infrastructure financière sûre.
La Russie est le leader du marché du blé. Elle fait partie des 20 premiers exportateurs mondiaux de produits alimentaires.
Science et technologies
La Russie devra créer des développements compétitifs à l’échelle mondiale, notamment dans les domaines spatial et nucléaire.
D’ici 2030, au moins 100 parcs technologiques supplémentaires devront être mis en place.
La Russie doit être autonome dans le domaine de l’IA. Il faut assurer la souveraineté dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Le président Vladimir
Poutine s’est adressé aujourd’hui à l’Assemblée fédérale russe.
Après avoir fait le
point sur la manière dont la Russie a répondu aux défis récents, Poutine a affirmé que les tentatives occidentales contre la Russie avaient échoué :
Ce que l’on appelle l’Occident, avec ses pratiques coloniales et son penchant pour l’incitation aux conflits ethniques dans le monde entier, ne cherche pas
seulement à entraver nos progrès, mais envisage également une Russie qui serait un espace dépendant, en déclin et moribond, où il pourrait faire ce qu’il veut. En fait, ils veulent
reproduire en Russie ce qu’ils ont fait dans de nombreux autres pays, dont l’Ukraine : semer la discorde chez nous et nous affaiblir de l’intérieur. Mais ils se sont trompés, ce qui est
devenu tout à fait clair maintenant qu’ils se sont heurtés à la ferme résolution et à la détermination de notre peuple multiethnique.
…
Ensemble, en tant que citoyens de la Russie, nous resterons unis pour défendre notre liberté et notre droit à une existence paisible et digne. Nous
tracerons notre propre voie, pour sauvegarder la continuité des générations, et donc la continuité du développement historique, et nous relèverons les défis auxquels le pays est confronté
en nous fondant sur notre vision du monde, nos traditions et nos croyances, que nous transmettrons à nos enfants.
Poutine a poursuivi en évoquant l’introduction de nouveaux systèmes d’armes stratégiques russes, supérieurs à ceux de l’Occident. Il a de nouveau proposé un
dialogue sur la limitation de ces systèmes :
La Russie est prête à dialoguer avec les États-Unis sur les questions de stabilité stratégique. Toutefois, il est important de préciser que dans ce cas,
nous avons affaire à un État dont les cercles dirigeants prennent des mesures ouvertement hostiles à notre égard. Ils ont donc sérieusement l’intention de discuter avec nous des questions
de sécurité stratégique tout en essayant d’infliger à la Russie une défaite stratégique sur le champ de bataille, comme ils le disent eux-mêmes.
Voici un bon exemple de leur hypocrisie. Ils ont récemment formulé des allégations infondées, notamment à l’encontre de la Russie, concernant des projets de
déploiement d’armes nucléaires dans l’espace. Ces fausses histoires – et cette histoire est sans équivoque fausse – visent à nous impliquer dans des négociations selon leurs conditions,
ce qui ne profitera qu’aux États-Unis.
Dans le même temps, ils ont bloqué notre proposition qui est sur la table depuis plus de 15 ans. Je veux parler de l’accord sur la prévention du déploiement
d’armes dans l’espace, que nous avons rédigé en 2008. Il n’y a eu aucune réaction à ce sujet. On ne sait pas du tout de quoi ils parlent.
Dans ces conditions, il n’est pas possible d’entamer des discussions sérieuses sur la sécurité stratégique avec les États-Unis, qui devront être menées dans le
cadre d’une discussion globale.
Poutine a également répondu à la récente menace de Macron d’introduire des forces occidentales dans la guerre en Ukraine. (Il est bien connu que ces forces sont déjà sur place). Poutine :
L’Occident a provoqué des conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde en propageant constamment des mensonges. Aujourd’hui, ils
ont l’audace de dire que la Russie a l’intention d’attaquer l’Europe. Pouvez-vous le croire ? Nous savons tous que leurs affirmations sont totalement dénuées de fondement. Dans le même
temps, ils sélectionnent des cibles à frapper sur notre territoire et envisagent les moyens de destruction les plus efficaces. Ils ont commencé à évoquer la possibilité de déployer des
contingents militaires de l’OTAN en Ukraine.
Mais nous nous souvenons de ce qui est arrivé à ceux qui ont envoyé leurs contingents sur le territoire de notre pays par le passé. Aujourd’hui, tout
agresseur potentiel devra faire face à des conséquences bien plus graves. Ils doivent comprendre que nous disposons également d’armes – oui, ils le savent, comme je viens de le dire –
capables de frapper des cibles sur leur territoire.
Ceci est à nouveau suivi d’une offre de dialogue :
En effet, comme toute autre idéologie prônant le racisme, la supériorité nationale ou l’exceptionnalisme, la russophobie est aveuglante et stupéfiante. Les
États-Unis et leurs satellites ont en effet démantelé le système de sécurité européen, ce qui créé des risques pour tout le monde.
Il est clair
qu’un nouveau cadre de sécurité égal et indivisible doit être créé en Eurasie dans un avenir prévisible. Nous sommes prêts à engager une discussion de fond sur ce sujet avec
tous les pays et associations susceptibles d’être intéressés. Dans le même temps, je voudrais réaffirmer (je pense que c’est important pour tout le monde) qu’aucun ordre international
durable n’est possible sans une Russie forte et souveraine.
Poutine affirme en outre que l’augmentation de la part du PIB mondial des pays du BRICS et la diminution de la part du PIB de l’Occident constituent une
nouvelle réalité.
Il n’y a aucun moyen d’échapper à ses conséquences.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Ukraine : Surprenante interview du ministre de la Défense russe
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Choïgou, le ministre russe de la Défense revient sur l’échec de la contre-offensive ukrainienne et sur l’organisation de l’économie de guerre par la Russie.
Là encore, on imagine, le ministre français Le Cornu répondre au même type de questions… Avec Choïgou on voit un homme compétent qui connaît ses dossiers sur le
bout des doigts, qui connaît le terrain, qui connaît ses unités, qui connaît ses subordonnés, qui connaît l’art de la guerre. Un homme calme qui ne la ramène pas, qui ne crie
pas victoire à tout propos.
On voit un homme qui a parfaitement compris le fonctionnement de ses adversaires, un homme serein, sûr de lui et de l’outil militaire qu’il dirige.
À ceux qui prévoyaient l’effondrement économique et militaire de la Russie, on peut faire observer que la Russie s’est considérablement
renforcée au cours de ces deux dernières années tant sur le plan militaire qu’économique. Elle dispose désormais de Forces Armées quatre à cinq fois plus nombreuses qu’en février
2022, entraînées par deux ans de guerre réelle de haute intensité, et d’une économie plus résiliente que jamais. L’occident
otanien est très loin du compte…
À cet égard, encore une excellente émission de TV
Libertés qui reçoit Jacques Sapir dans un entretien sous le titre : «Russie – Ukraine
: L’Occident creuse sa tombe».
Ukraine : Surprenante interview du ministre de la Défense russe
Choïgou, le ministre russe de la Défense revient sur l’échec de la contre-offensive ukrainienne et sur l’organisation de l’économie de guerre par la
Russie.
Là encore, on imagine, le ministre français Le Cornu répondre au même type de questions… Avec Choïgou on voit un homme compétent qui connaît ses dossiers sur le
bout des doigts, qui connaît le terrain, qui connaît ses unités, qui connaît ses subordonnés, qui connaît l’art de la guerre. Un homme calme qui ne la ramène pas, qui ne crie
pas victoire à tout propos.
On voit un homme qui a parfaitement compris le fonctionnement de ses adversaires, un homme serein, sûr de lui et de l’outil militaire qu’il
dirige.
À ceux qui prévoyaient l’effondrement économique et militaire de la Russie, on peut faire observer que la Russie s’est considérablement
renforcée au cours de ces deux dernières années tant sur le plan militaire qu’économique. Elle dispose désormais de Forces Armées quatre à cinq fois plus nombreuses qu’en février
2022, entraînées par deux ans de guerre réelle de haute intensité, et d’une économie plus résiliente que jamais. L’occident
otanien est très loin du compte…
À cet égard, encore une excellente émission de TV
Libertés qui reçoit Jacques Sapir dans un entretien sous le titre : «Russie – Ukraine
: L’Occident creuse sa tombe».
En lisant le court discours de Poutine et en l’ajoutant à tous ceux qui l’ont précédé, l’objectif de reconstruire l’Union soviétique devient plus clair,
mais dans une version plus récente et modernisée où l’accent est mis sur ce que représente la CEI : Une communauté d’États indépendants travaillant ensemble et avec la région pour
accroître leur richesse commune. Et plusieurs autres organisations contribuent également à faciliter cela : l’OCS, l’EAEU, l’OTSC.
Par informel, cela signifie sans personnel et tout ça, se réunir et avoir le genre de conversations de fin d’année qui sont normatives pour la Russie et
sa culture élargie, et c’est ainsi que Poutine formule son court discours ci-dessous.
Les chefs d’État de la CEI ont visité le musée avant de s’asseoir dans le petit palais pour leur réunion. Visiter correctement Saint-Pétersbourg
prendrait au moins dix jours, voire plus. Sa grandeur pourrait facilement être intimidante. Il est bon de voir tous les dirigeants de la CEI ensemble alors que les pitreries de
l’Arménie et de l’Azerbaïdjan indiquent un potentiel d’instabilité.
*
Vladimir Poutine :
Chers collègues et amis,
Laissez-moi commencer. Tout d’abord, je voudrais exprimer ma gratitude à vous tous pour avoir accepté l’invitation et être venu à Saint-Pétersbourg pour
une réunion informelle des dirigeants des États membres de la CEI. Nous nous retrouvons toujours à la fin de l’année dans un cercle très fermé, et c’est déjà une bonne tradition bien
ancrée.
De telles réunions offrent une très bonne occasion de faire le point sur les activités de la Communauté des États indépendants, de discuter des projets
futurs et, bien sûr, de discuter des questions de l’agenda international qui nous préoccupent. J’ai remarqué que même au cours de ces excursions historiques, chacun d’entre vous, moi
y compris, a parlé en détail des questions d’actualité des formats bilatéraux et multilatéraux et a échangé des points de vue sur les affaires internationales, en se déplaçant de
salle en salle. Donc en général, on peut dire que nous communiquons entre nous pendant la journée, et nous communiquons de manière très productive.
Il n’est pas exagéré de dire que l’année écoulée a été exceptionnellement active et mouvementée pour la CEI, remplie d’événements majeurs et
d’initiatives brillantes. Cela est dû en grande partie à nos amis kirghizes et, à cet égard, je voudrais remercier Sadyr Zhaparov pour l’excellent travail accompli pendant la
présidence du Kirghizistan au sein de notre organisation.
À partir de la nouvelle année, la présidence de la CEI passera à la Russie. Comme je l’ai dit lors du sommet de la Communauté des États indépendants à
Bichkek, nous prévoyons de poursuivre nos activités d’intégration multiformes dans un esprit de continuité. La Russie a déjà présenté le concept de sa présidence et le plan d’action
pour sa mise en œuvre, qui comprend environ 150 points. Dans le même temps, nous sommes prêts à prendre en compte d’autres idées et considérations de tous nos partenaires du
Commonwealth.
Bien entendu, nous accorderons une attention particulière au renforcement ultérieur de la coopération économique au sein de la CEI. Au cours de l’année
écoulée, le chiffre d’affaires des échanges commerciaux entre nos pays a connu une croissance constante. Selon les données sur 10 mois, il a augmenté de 2 pour cent par rapport à la
même période de l’année dernière et s’élève à 83,7 milliards de dollars.
En juin, les États membres de la CEI ont signé un accord de libre-échange des services et des investissements. Nous avons l’intention de continuer à
prendre des mesures pour harmoniser le cadre réglementaire de la CEI et de l’Union économique eurasienne, comme nous en avons discuté hier avec nos collègues lors de la réunion du
Conseil suprême eurasien.
Nous continuerons à travailler avec nos partenaires du Commonwealth en faveur d’une transition plus active vers les monnaies nationales dans les
règlements mutuels. Nous sommes convaincus que cela permettra de mieux assurer la souveraineté économique et financière de nos Etats. De manière constructive, nous essaierons de
construire un travail commun pour maintenir la sécurité et la stabilité dans notre région eurasienne commune, lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, la criminalité
transfrontalière, le trafic de drogue et la corruption.
Un autre domaine important, une composante importante du partenariat au sein de la CEI, est la coopération culturelle et humanitaire, qui repose sur une
histoire commune vieille de plusieurs siècles et sur un profond entrelacement de cultures. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui nous avons parcouru la partie historique de notre État
autrefois uni. Je sais que le président du Kazakhstan a spécialement préparé des informations sur cette question, puis nous en parlerons à huis clos et nous écouterons certainement
notre collègue.
La coopération la plus étroite des membres du Commonwealth est toujours recherchée, notamment dans la lutte contre les tentatives de falsification de
l’histoire et de glorification du nazisme. Par conséquent, à notre avis, nous devrions continuer à organiser des actions emblématiques à la mémoire de ceux qui sont tombés pendant la
Grande Guerre patriotique, telles que le «Régiment immortel», le Ruban de Saint-Georges et le «Train de la mémoire». Et nous discuterons plus en détail du contexte historique des
relations entre nos pays et nos peuples plus tard, au cours d’une communication ultérieure dans un cadre informel.
Il est important que le 13 octobre, lors du sommet de Bichkek, à l’initiative de Kassym-Jomart Tokayev, un accord sur la création d’une organisation
internationale pour la langue russe ait été signé. Cette organisation, dont le siège est à Sotchi, a pour objectif de soutenir et de promouvoir la langue russe non seulement dans la
CEI, mais aussi au-delà de ses frontières. Lors de la préparation de ce document, de ce traité, tout le monde a reconnu que la langue russe est l’élément de consolidation le plus
important de l’espace post-soviétique, la clé de la compréhension mutuelle et de la libre communication pour des centaines de millions d’habitants des pays de la CEI.
Quant à la coopération humanitaire en général, elle se développe régulièrement et avec beaucoup de succès. Comme vous le savez, en 2023,
Saint-Pétersbourg était la capitale culturelle du Commonwealth et l’année prochaine, conformément à notre décision, le relais passera à l’ancienne Samarcande.
Je voudrais également rappeler les idées avancées par la Russie sur la création de l’Académie eurasienne des arts cinématographiques et la création du
Prix du cinéma eurasien, ainsi que sur la relance du concours international de chansons populaires Intervision. Nous attendons avec impatience votre réponse positive et invitons tous
les pays de la CEI à participer à la mise en œuvre de ces projets. Je suis sûr qu’il sera intéressant, informatif et utile pour les peuples de tous nos pays.
La culture physique et le sport font également partie intégrante de la coopération humanitaire. Je voudrais remercier nos collègues biélorusses pour
l’organisation et la tenue réussies des deuxièmes Jeux du Commonwealth en Biélorussie en août. En février prochain, nous organiserons à Kazan des «Jeux du futur» innovants. Il s’agit
d’un nouveau format d’événements sportifs proposé par la Russie, combinant les disciplines sportives les plus dynamiques et l’esport. Je voudrais vous inviter tous en tant qu’invités
d’honneur à la cérémonie d’ouverture des Jeux du Futur le 21 février 2024 à Kazan.
Un autre événement international majeur sera le Festival mondial de la jeunesse à Sotchi du 1er au 7 mars 2024. Nous espérons que des jeunes de plus de
180 pays du monde, y compris les pays de notre Commonwealth, y participeront.
En conclusion, je voudrais souligner une fois de plus que la tâche prioritaire de la présidence russe est de préserver et de renforcer les liens étroits
entre nos peuples, de développer des relations amicales et de bon voisinage dans toute la CEI. Et dans ce contexte, nous sommes déterminés à travailler ensemble le plus étroitement
possible.
Et bien sûr, je voudrais vous féliciter cordialement pour la nouvelle année à venir et je vous souhaite sincèrement, ainsi qu’à votre famille et à vos
amis, ainsi qu’à tous les citoyens vivant dans la CEI, bonne santé, bonheur, bien-être, paix et prospérité.
Merci pour votre attention.
*
La nouvelle année verra la Russie prendre la tête des BRICS+ et de la CEI. Plus tard en 2024, de nouveaux pays rejoindront l’OCS et les BRICS+,
élargissant et prolongeant encore le dynamisme de ces organisations et associations. Ce serait formidable si l’ensemble de l’ASEAN rejoignait l’OCS et/ou les BRICS+ en tant que groupe
plutôt que de nations individuelles. Le problème mondial se situe en Palestine et à Washington DC, et il faudra que toutes les nations volontaires travaillent ensemble pour imposer
une solution en Palestine qui mènera à la libération de l’ensemble de la région du golfe Persique de son occupation par l’empire américain hors-la-loi. 2024 verra également un nombre
historique d’élections nationales qui modifieront probablement quelque peu la dynamique politique globale. Comme l’a dit aujourd’hui Lavrov : «Le monde devient
de plus en plus diversifié. Il y a plus d’acteurs indépendants. Mais cela rend aussi les choses plus compliquées. Mais c’est ainsi que les auteurs de la Charte des Nations unies et de
la Déclaration universelle des droits de l’homme l’envisageaient».
Le conflit au Proche-Orient est une crise parfaite pour la Russie, qui
en tire de nombreux bénéfices politiques. La confrontation entre Israël et le Hamas a non seulement renforcé les espoirs du Kremlin de changer l’atmosphère autour de la guerre en Ukraine, mais
aussi sa conviction que le système occidental de relations internationales est en train de s’effondrer.
L’invasion massive de
l’Ukraine en 2022 a mis fin à la plupart des désaccords internes de l’Occident concernant la Russie, unissant les pays des deux côtés de l’Atlantique. Mais la guerre entre Israël et le Hamas a
fait resurgir les divisions au niveau des États : alors que les États-Unis insistent sur le droit d’Israël à l’autodéfense, d‘âpres
désaccords sont apparus entre les pays européens quant à la position à adopter par l’Union européenne.
Il existe également des clivages sociétaux, des manifestations d’opposants et de partisans d’Israël ayant lieu régulièrement de Washington à Stockholm. Même les
organismes publics ne sont pas à l’abri de ces divergences de vues, les médias faisant
état d’un mécontentement généralisé parmi les fonctionnaires américains à l’égard de la position pro-israélienne de la Maison Blanche.
Dans ce contexte, la guerre en Ukraine a été reléguée au second plan. Les États-Unis ont déclaré qu’ils apporteraient leur
aide à la fois à Israël et à l’Ukraine. Mais pendant combien de temps pourront-ils s’engager pleinement dans deux conflits majeurs ? Les espoirs de Moscou que l’Occident finisse par se
lasser d’apporter un soutien illimité à Kiev n’ont jamais semblé aussi justifiés.
En outre, la position pro-israélienne de Washington sape la légitimité des raisons pour lesquelles l’Occident soutient l’Ukraine aux yeux de nombreux pays du Sud.
L’argument moral contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie semble désormais vide de sens, en particulier dans les pays du Moyen-Orient.
Les photos des ruines de Gaza, les rapports sur les milliers d’enfants morts et l’indignation des organisations humanitaires ont fait une profonde impression sur
les populations des pays en développement. On peut discuter sans fin des raisons de la guerre en Ukraine ou de l’opération israélienne à Gaza, mais pour beaucoup, la conclusion est évidente : les
États-Unis ont critiqué la Russie lorsqu’elle a tué des civils innocents en Ukraine, et maintenant ils se taisent lorsque leur allié Israël fait la même chose à Gaza.
Une vision du monde dans laquelle la morale et les idéologies n’ont aucune importance et où seuls comptent les intérêts de l’État est depuis longtemps dominante au
Kremlin. Selon cette logique, il n’y a pas de meilleure issue pour Moscou que la poursuite du conflit au Moyen-Orient, qui détruit la stratégie de l’Occident à l’égard de la Russie. Moscou n’a
même pas à lever le petit doigt : l’opération terrestre d’Israël à Gaza ne semble pas près de s’achever. Lorsqu’elle s’achèvera, des problèmes insolubles subsisteront.
Il est vrai que l’escalade à Gaza n’est pas sans risque pour la Russie, et si des forces pro-iraniennes se laissent entraîner, elle pourrait devenir un véritable
casse-tête pour le Kremlin. Les liens de Moscou avec l’Iran signifient que la Russie a dérivé vers une position pro-Téhéran au Moyen-Orient au cours des deux dernières années, mais cela ne
signifie pas qu’elle est prête à soutenir l’Iran dans une guerre avec Israël. Une telle évolution obligerait la Russie à choisir un camp et aurait des conséquences sur son intervention en
Syrie.
Pour l’instant, cependant, une conflagration militaire plus large au Moyen-Orient semble peu probable. L’Iran et ses mandataires se sont tenus à l’écart du conflit
de Gaza jusqu’à présent, ce qui signifie qu’ils sont moins susceptibles d’intervenir à l’avenir.
La guerre entre Israël et le Hamas pose également quelques dilemmes internes au Kremlin. À en juger par les déclarations des
responsables, le pogrom
antisémite du mois d’octobre au Daghestan a provoqué une onde de choc chez les dirigeants russes. Le nationalisme et les républiques ethniques de Russie sont des questions qui ont déjà
inquiété le Kremlin. Désormais, la politique au Moyen-Orient devra être élaborée en tenant compte de l’opinion publique.
En même temps, il devrait être facile de minimiser ces risques. Il suffirait d’atténuer la rhétorique anti-israélienne tout en maintenant une critique modérée des
actions du pays. En effet, le pogrom au Daghestan a probablement convaincu le Kremlin qu’il est moins dangereux de rester à l’écart de la guerre entre Israël et le Hamas que d’y jouer un rôle
actif.
Enfin, les événements au Moyen-Orient ont aidé le Kremlin à se convaincre que la politique étrangère russe de ces dernières années était la bonne.
Un leader charismatique doit pouvoir faire croire à son entourage qu’il a de la chance et que le succès vient naturellement. Quelles que soient les difficultés, le
président Vladimir Poutine semble croire que chaque nuage a une lueur d’espoir, et il communique cette confiance à ses subordonnés. Tout succès, surtout s’il semble venir de nulle part, renforce
à la fois le fatalisme et
la croyance en l’infaillibilité de Poutine. Tout est entre les mains de Dieu, et Dieu, bien sûr, est du côté de la Russie.
Il existe également des arguments plus rationnels. Le pari de Moscou sur la désintégration d’un ordre international orienté vers l’Occident semble porter ses
fruits. Aujourd’hui, il s’agit d’Israël et de la Palestine ; demain, ce pourrait être Taïwan et la Chine. Ainsi, le conflit du Moyen-Orient confirme l’hypothèse selon laquelle la Russie ne peut
être isolée. Le Sud ne fait plus confiance à l’Occident, ce qui ouvre de nouvelles perspectives à Moscou.
Le conflit renforce également l’espoir du Kremlin que les difficultés causées par la guerre en Ukraine se dissiperont d’elles-mêmes avec le temps. Cette approche a
été testée à maintes reprises par la Russie. Même si l’invasion ne s’est pas déroulée comme prévu, la logique veut que tout se résolve de lui-même.
Dans l’ensemble, tout cela signifie que la Russie restera un acteur passif dans la guerre entre Israël et le Hamas. Moscou n’a joué aucun rôle dans le déclenchement
de la crise et ne pourrait pas la résoudre même si elle le voulait. La Russie ne peut même pas jouer le rôle d’intermédiaire, car Israël est nerveux de sa proximité avec Téhéran. La seule option
qui lui reste est de regarder les événements se dérouler à distance et de répéter des phrases creuses sur une solution à deux États. En attendant, les bénéfices que le Kremlin tire des événements
au Moyen-Orient ne font que convaincre l’élite russe qu’elle a choisi la bonne voie.
Nikita
Smagin
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Il y a deux jours,
Poutine a accepté, en public mais à voix basse, de se présenter à la présidence de la Fédération de Russie pour le prochain mandat de six ans. Le lendemain, le parlement russe a fixé la date des
élections au 17 mars 2024. (En réalité, les élections se dérouleront du 15 au 17 mars, pour le plus grand confort des électeurs). Le soutien de l’opinion publique russe à Poutine se situe quelque
part au nord de 80 %. Dans l’image ci-dessus, Poutine est délicatement cajolé par un comité de réélection composé de héros et de veuves de guerre, qui l’incite à annoncer sa candidature. Ils
déclarent sans équivoque : “Vous êtes notre président
!” et Poutine accède tranquillement et respectueusement à leur demande.
La jubilation est feutrée mais palpable dans le monde entier ; après tout, on ne s’attendait à rien de moins. Pourquoi Poutine ne se présenterait-il pas ? À 71 ans,
il est sain et robuste (même s’il n’est plus joueur de hockey) et c’est un bourreau de travail accompli. Compte tenu de son taux d’approbation élevé, sa victoire électorale est assurée. Et il a
du pain sur la planche : L’OTAN et les États-Unis existent toujours et émettent sporadiquement des bruits et des odeurs désagréables. C’est un problème qu’il doit encore résoudre afin d’inaugurer
un nouveau monde pacifique, décolonisé et multilatéral.
Si Poutine va jusqu’au bout de son mandat de six ans, comme cela semble probable, il sera devenu le dirigeant russe qui sera resté le plus longtemps en place depuis
Catherine II (la Grande). Il y a là une étrange symétrie : c’est sous le règne de Catherine que la Russie s’est étendue à la Crimée et a colonisé ce qui est aujourd’hui les régions novorusses de
Lugansk, Donetsk et ainsi de suite jusqu’à Odessa, où un monument à sa mémoire et à celle des autres fondateurs d’Odessa (le prince Potemkine est celui dont vous avez peut-être entendu parler ;
les autres – de Ribas, de Volan et Zubov – sont plus obscurs) a été érigé jusqu’en décembre 2022, date à laquelle il a été démoli par une racaille ukraino-nazie. Rassurez-vous, il sera bientôt
remis en place, pendant le prochain mandat de Poutine.
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps, des
gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de
nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de
l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière
ce lien en vous abonnant au site Boosty de
Dmitry Orlov.
Le livre
de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés
ou des civilisations.
Le président russe Vladimir
Poutine a prévenu que l’entrée de la Finlande dans l’OTAN cette année allait créer des «problèmes» là où il n’y «en avait pas» et annoncé en réponse un renforcement militaire près de
sa frontière dans le nord-ouest.
«Il n’y avait
aucun problème là-bas, mais il y en aura dorénavant, car nous allons créer le district militaire de Léningrad et y concentrer un certain nombre d’unités», a déclaré Vladimir
Poutine au journaliste Pavel Zaroubine de Rossia
1 dans un entretien diffusé le 17 décembre, accusant les Occidentaux d’avoir «entraîné la
Finlande dans l’OTAN».
Les relations entre les deux voisins, qui partagent une frontière longue de 1340 kilomètres, se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et
l’offensive russe en Ukraine. La Finlande, jusque-là neutre, a pris fait et cause pour Kiev et demandé à rejoindre l’OTAN en avril 2023.
Moscou avait promis de prendre des «contre-mesures» après l’adhésion de la Finlande à l’OTAN.
Les Occidentaux «ont entraîné la Finlande dans l’OTAN»
Les Occidentaux «ont entraîné la
Finlande dans l’OTAN. Avions-nous des différends avec eux ? Tous les différends, y compris ceux territoriaux du milieu du XXe siècle, ont été réglés de longue date», a déclaré
Poutine.
Ses déclarations interviennent alors que la Finlande a annoncé le 14 décembre fermer de nouveau l’intégralité de sa frontière avec la Russie, quelques
heures après avoir rouvert deux postes-frontières, accusant Moscou d’orchestrer une crise migratoire, la Russie fustigeant ces mesures irrationnelles et russophobes. Cette décision
sera effective à partir de vendredi et jusqu’au 14 janvier, selon la ministre finlandaise de l’Intérieur Mari Rantanen.
Poutine a ajouté que la Russie n’avait aucune raison d’être en guerre avec des pays de l’OTAN, alors que le président américain Joe Biden a évoqué début
décembre l’hypothèse d’une attaque russe contre un pays membre de l’organisation. Prévenant qu’un arrêt de l’aide américaine à Kiev serait «le plus beau
cadeau» à faire à Vladimir Poutine, Biden avait déclaré que le président russe «ne s’arrêtera
pas» à l’Ukraine.
«Il s’agit de
rhétorique pour justifier une politique erronée envers la Russie», a rétorqué Poutine. Moscou n’a «aucun intérêt –
que ce soit en terme géopolitiques, économiques ou militaires – à combattre des pays de l’OTAN», a déclaré Poutine.
Bilan économique russe positif,
éventuelle reprise avec l’Occident, situation catastrophique à Gaza, objectifs et conditions de paix en Ukraine : Voici les principaux sujets abordés par le Président russe lors de sa
conférence télévisuelle qui a duré quatre heures.
Vladimir Poutine a tenu ce 14 décembre une conférence de presse télévisée, séance marathon de questions-réponses de quatre heures avec des journalistes
et des citoyens. Au total, le chef de l’État a répondu à 67 questions. Sputnik
Afrique récapitule les sujets clés abordés lors de l’événement.
L’économie russe se porte
bien
La croissance économique en 2023 est attendue à 3,5%, et «la chute de
l’année dernière prend sa revanche», a-t-il souligné.
La force de l’économie russe est «suffisante pour
non seulement se sentir en confiance, mais aussi pour avancer».
La production industrielle en Russie est en hausse, le système bancaire est stable.
Le taux de chômage est tombé à 2,9%, niveau jamais produit dans l’histoire du pays ;
L’inflation en Russie pourrait s’accélérer jusqu’à 8% d’ici la fin de l’année, mais les autorités prennent des mesures pour la maîtriser ;
La dette publique extérieure russe a diminué, passant de 46 milliards de dollars à 32 milliards de dollars, et les entreprises privées remboursent
également leurs dettes à un rythme soutenu.
Les objectifs de l’opération
militaire en Ukraine
«La paix régnera
lorsque nous aurons atteint nos objectifs», qui «ne changent
pas», a indiqué le chef du Kremlin.
Le président russe a qualifié le conflit avec l’Ukraine de «guerre civile
entre frères». «La volonté
effrénée de l’OTAN de se rapprocher de nos frontières a conduit aux tragédies que nous vivons actuellement», selon lui.
La question de la dénazification est toujours d’actualité.
Kiev ne veut pas parvenir à un accord de paix, la Russie est obligée de prendre d’autres mesures.
Depuis le début de la contre-offensive ukrainienne, la Russie a détruit 747 chars et 2300 véhicules blindés des forces armées ukrainiennes.
Kiev pousse ses soldats à l’extermination, l’armée ukrainienne elle-même affirme que c’est une route à sens unique.
Au total, il y a 617 000 militaires russes au front, dont 244 000 mobilisés.
«Je suis sûr que
la victoire sera à nous», a-t-il résumé.
Les États-Unis mènent une
«politique impériale», l’UE n’est pas autonome
La normalisation des relations avec l’UE et l’Occident en général ne dépend pas seulement de la Russie. Ce n’est pas Moscou qui a gâché les relations
avec l’Occident, a-t-il rappelé.
L’Union européenne a considérablement perdu de son indépendance et prend des décisions à son propre détriment. Ainsi, plusieurs dirigeants européens se
posent en tant que général de Gaulle, mais en pratique réalisent la politique du maréchal Pétain, qui collaborait avec les nazis pendant la Seconde guerre mondiale.
«Quant aux
États-Unis, nous sommes prêts à nouer des relations avec eux. Nous pensons que les États-Unis sont un pays important et nécessaire dans le monde, mais cette politique impériale,
absolument impériale, leur fait obstacle. Même pour nous», a-t-il dit.
Les États-Unis doivent apprendre à respecter les autres pays et rechercher des compromis plutôt que de faire pression par la force et les
sanctions.
Pour le moment, il n’existe pas encore de conditions fondamentales pour construire des relations avec les États-Unis, a-t-il fait savoir.
En outre, Vladimir Poutine dit «espérer» un accord avec les États-Unis au sujet des Américains détenus en Russie. Les conditions d’un tel retour doivent
être mutuellement acceptables.
Il a abordé ses contacts avec le Président français Emmanuel Macron. Le chef du Kremlin s’est dit ouvert aux contacts, mais c’est le locataire de
l’Élysée qui a, à un moment donné, cessé de communiquer avec lui.
Situation à Gaza
«Ce qui se passe
dans la bande de Gaza est une catastrophe», a-t-il déclaré en appelant à créer les bases fondamentales d’un règlement israélo-palestinien et résoudre la question de la
création d’un État palestinien.
La Russie est prête à ouvrir son hôpital dans la bande de Gaza, mais Israël ne l’accepte pas encore. De plus, Moscou envisage d’augmenter ses livraisons
de médicaments vers l’enclave.
Il a mis en avant le rôle important que joue le Président turc Recep Tayyip Erdogan dans le dossier.
En termes de destruction, le conflit en Ukraine n’a rien à voir avec ce qui se passe dans la bande de Gaza, a-t-il assuré.
Le sport est tombé sous
l’influence des élites politiques occidentales
Le président russe a qualifié les actions des fonctionnaires internationaux olympiques envers la Russie de déformation des idées de Pierre de Coubertin,
fondateur des Jeux olympiques. Récemment, le Comité international olympique (CIO) a décidé d’imposer aux sportifs russes et biélorusses de participer sous bannière neutre aux JO 2024
de Paris.
Le CIO est devenu trop dépendant des sponsors et risque d’«enterrer le
mouvement olympique», selon lui.
Vladimir Poutine dit être contre les appels à suspendre les athlètes israéliens, le sport devrait être en dehors de la politique ;
Il est nécessaire d’analyser attentivement les conditions posées par le CIO pour l’admission des athlètes russes aux Jeux olympiques.
Les conditions du CIO peuvent artificiellement «débrancher» les sportifs russes des Jeux olympiques. Dans ce cas, une «décision équilibrée» sur la
participation est nécessaire.
Relations
russo-chinoises
En outre, Vladimir Poutine a souligné le niveau sans précédent de la coopération entre la Russie et la Chine. Ainsi, le volume d’échanges commerciaux a
dépassé les 200 milliards de dollars en 2023.
Hausse de
l’islamophobie
Le maître de Kremlin a dénoncé les manifestations de l’islamophobie dans le monde, qui, selon lui, relève du nationalisme et résulte de la politique de
certaines élites politiques.
Sabotage des Nord
Stream
Les Américains seraient derrière le sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022, a-t-il dit.
«Si l’Europe ne
reçoit pas suffisamment de gaz, ce n’est pas notre problème. Nous n’avons pas fermé les gazoducs, nous n’avons pas fait exploser Nord Stream», a-t-il ajouté.
Questions
insolites
Le rendez-vous télévisuel ne s’est pas déroulé sans questions insolites. Ainsi, Poutine a été interpellé par son propre sosie qui demandait s’il était
vrai que le président avait beaucoup de doubles.
De plus, une demoiselle a posé la question si l’intelligence artificielle pouvait remplacer les parents et les grands-parents. «Personne ne peut
remplacer la grand-mère», lui a assuré le président russe.
Enfin, la présentatrice lui a demandé qui voulait-il être quand il était enfant. Un pilote, a répondu Poutine.
Vladimir Poutine a passé quatre heures pour son dialogue annuel avec le public russe. Il n’ a pas épargné les dirigeants européens, en particulier Emmanuel Macron. Voici un florilège de ses
propos. Avec, au coeur, les conditions pour mettre fin à la guerre d’Ukraine: “La paix sera possible quand nous aurons atteint nos objectifs. Ils n’ont pas changé: dénazification,
démilitarisation, démilitarisation et un statut neutre pour l’Ukraine” a déclaré le président russe Les médias occidentaux sont étonnés car ils racontaient depuis des semaines que la guerre
s’enlise et que la Russie serait déjà bien contente de garder ses actuels gains territoriaux.
“Vladimir. Appelle-moi s’il te plaît. Emmanuel Macron”. Un participant au dialogue avec le président russe se paie la tête du président français.
Quelques moments forts des réponses de Vladimir Poutine aux citoyens russes qui l’interrogeaient:
Macron, l’Europe….
Nous sommes prêts à continuer à coopérer avec la France. Mais à un moment donné, le président français a cessé ses relations avec nous. Ce n’est pas nous qui avons arrêté. Ce n’est pas moi
qui ai arrêté, c’est lui qui a arrêté. S’il y a de l’intérêt – s’il vous plaît, nous sommes prêts. S’il n’y a pas d’intérêt, nous nous en passerons.
Les Européens ont largement perdu leur souveraineté. Ils prennent de nombreuses décisions à leur détriment. En apparence, ils se comportent comme le général De Gaulle, mais en pratique comme
le maréchal Pétain, qui, bien que héros de la Première Guerre mondiale, est devenu un collaborateur pendant la Seconde Guerre mondiale et s’est plié à la volonté des occupants. Presque tout
le monde se comporte ainsi, à l’exception de quelques personnes. Voici Fitzo qui se montre, Viktor Orban en Hongrie. Je l’ai déjà dit, ce ne sont pas des politiciens pro-russes – ils sont
pro-nationaux, ils protègent leurs intérêts. Mais ces personnes n’existent plus. Ils n’existent tout simplement pas. C’est lié à une grande dépendance à l’égard des États-Unis
Conférence
de presse 14.12.2023
La fin de la guerre d’Ukraine
La paix sera possible quand nous aurons atteint nos objectifs. Ils n’ont pas changé : Dénazification, démilitarisation, démilitarisation et un statut neutre pour l’Ukraine.
La situation est la suivante : pratiquement tout au long de la ligne de contact, nos forces armées améliorent, modestement dirons-nous, leur position. Pratiquement toutes sont dans une phase
d’action active. La position de nos troupes s’améliore tout au long de la ligne de contact.
Au fond, les Russes et les Ukrainiens forment un seul et même peuple. Et ce qui se passe actuellement est une énorme tragédie, semblable à une guerre civile entre frères. Des frères qui se
sont retrouvés dans des camps différents. Mais dans une large mesure, ils n’y sont pour rien. Tout le sud-est de l’Ukraine a toujours été pro-russe. Parce qu’il s’agit de territoires
historiques russes. En partie – ici, mon collègue lève le signe “Turquie” – eh bien, il le sait, la Turquie le sait très bien – toute la côte de la mer Noire a été cédée à la Russie à la
suite des guerres russo-turques. Quel est le rapport avec l’Ukraine ? Ni la Crimée ni l’ensemble de la région de la mer Noire n’ont rien à voir avec cela. Odessa est une ville russe. Nous la
connaissons. Tout le monde le sait très bien. Non, ils inventent toutes sortes d’absurdités historiques
Conférence
de presse 14.12.2023
Nordstream
Les pipelines Nord Stream ont probablement été détruits par les Américains.
Conférence
de presse 14.12.2023
Le conflit de Gaza
Nous aurions pu lancer une campagne de bombardements comme Israël à Gaza. Mais l’armée russe est vraiment forte et peut faire preuve de compassion humanitaire envers les civils.
En ce qui concerne la croissance de l’islamophobie, de l’antisémitisme, de la russophobie et d’autres manifestations de ce genre, oui, il y a une tendance à la hausse. Cela s’explique, à mon
avis, par le fait que les gens sont confrontés à une forme d’injustice. Regardez ce qui se passe à Gaza. Dans l’ensemble du monde islamique, on observe une certaine réaction et une
augmentation du nombre de personnes pensant radicalement à cet égard. Cette croissance est évidente. Le nombre de ces personnes augmente. Il n’y a rien de bon ici. C’est le résultat de la
politique de certaines élites et des questions non résolues depuis des décennies, de l’absence d’une solution juste au problème palestinien. La réaction du monde islamique et la croissance
des phobies anti-islamiques. C’est très grave
Conférence
de presse du 14.12.2023
Natalité, avortement, démographie
Je pense que de nombreuses personnes présentes dans le public et celles qui nous voient et nous écoutent seront d’accord pour dire que le plus beau cadeau, ce sont les enfants. Et les enfants
de nos enfants. C’est un cadeau du Tout-Puissant.
Y a-t-il des interdictions ? Pourquoi parle-t-on d’interdictions ? Il n’y en a pas. Je me souviens des interdictions lors de la campagne contre l’alcoolisme. Nous nous souvenons de ce que
cela a donné. Cela a conduit à l’utilisation de mères porteuses, à une augmentation de la prostitution clandestine. Nous devons agir avec prudence dans ce domaine. Je connais la position de
l’Église. L’Église ne peut pas avoir une autre position, parce qu’elle se bat pour la vie de chacun. Dans le même temps, j’ai mentionné les tristes résultats de la campagne anti-alcool, et
nous devons garder cela à l’esprit. L’État est intéressé à résoudre le problème démographique si les femmes prennent la décision, après avoir découvert la grossesse, de préserver la vie de
l’enfant. C’est une évidence. Les droits de la femme et la liberté dont nous disposons doivent également être respectés
Conférence
de de presse du 14.12.2023
Vladimir et son double
Je vois que vous pouvez être comme moi et parler avec ma voix, mais j’ai réfléchi et j’ai décidé qu’une seule personne devrait être comme moi et parler avec ma voix. Et cette personne, c’est
moi. C’est ce que l’un de nos personnages a dit en plaisantant. C’est mon premier sosie, d’ailleurs.
La tension inhérente et l’absence
d’échanges véritables sont pires que pendant la guerre froide, lorsque les canaux de communication restaient ouverts.
Les relations entre les États-Unis et la Russie sont au plus bas ; la situation est même pire que ce que l’on pouvait imaginer. En discutant avec de
hauts fonctionnaires russes, il est évident que les États-Unis traitent les premiers comme des ennemis déclarés. Pour se faire une idée, c’est comme si un haut fonctionnaire russe
demandait :
«Qu’est-ce que vous attendez de moi ?» La réponse pourrait être : «Je souhaite que vous mouriez».
La tension inhérente et l’absence d’échanges véritables sont pires qu’à l’époque de la guerre froide, lorsque les canaux de communication restaient
ouverts. Cette lacune est aggravée par l’absence de sens politique des dirigeants politiques européens, avec lesquels il n’a pas été possible d’avoir une discussion de fond.
Les responsables russes reconnaissent les risques de cette situation. Ils ne savent toutefois pas comment y remédier. La teneur du discours a également
glissé de l’hostilité pure et simple à la mesquinerie : Les États-Unis, par exemple, pourraient empêcher des travailleurs d’entrer dans la mission russe à l’ONU pour réparer les
vitres cassées. Moscou, à contrecœur, n’a d’autre choix que de répondre de manière tout aussi mesquine, et les relations s’enveniment.
Il est admis que la «guerre de l’information», délibérément vitupérante, est entièrement dominée par la presse occidentale, ce qui ne fait qu’envenimer
l’atmosphère. Et bien que les médias alternatifs occidentaux épars existent et gagnent en ampleur et en importance, il n’est pas facile de les mobiliser (ils sont à la fois
diversifiés et individualistes). L’étiquette d’«apologiste de Poutine» reste également toxique pour tout fournisseur d’informations autonome et peut détruire
la crédibilité d’un seul coup.
En Russie, il est entendu que l’Occident vit actuellement dans une «fausse normalité» – une parenthèse dans sa propre guerre culturelle (dans
la perspective de 2024). Les Russes perçoivent toutefois des parallèles évidents avec leur propre expérience de polarisation civile radicale – lorsque la Nomenklatura soviétique
exigeait la conformité à la «ligne» du parti, sous peine de sanctions.
Moscou est ouverte au dialogue avec l’Occident, mais les interlocuteurs ne représentent jusqu’à présent qu’eux-mêmes et n’ont pas de mandat. Cette
expérience permet de conclure qu’il ne sert pas à grand-chose de «se taper la tête» contre le mur de briques d’un leadership occidental idéologique – les valeurs russes n’étant qu’un
chiffon rouge pour le «taureau» idéologique occidental. Cependant, il n’est pas certain que le moment venu, un interlocuteur habilité (capable de s’engager) sera présent à Washington
pour décrocher le téléphone.
Néanmoins, l’hostilité projetée par l’Occident à l’égard de la Russie est perçue comme ayant des aspects positifs, mais aussi de graves risques
(l’absence de traités sur l’utilisation et le déploiement d’armes). Les interlocuteurs soulignent que le dédain de l’Occident à l’égard des Russes – et son inimitié explicite – a
finalement permis à la Russie de dépasser l’européanisation de Pierre le Grand. Ce dernier épisode est aujourd’hui considéré comme un détournement du véritable destin de la Russie
(bien qu’il doive être replacé dans le contexte de la montée en puissance de l’État-nation européen post-westphalien).
L’hostilité manifestée par les Européens à l’égard du peuple russe (et pas seulement de sa gouvernance) a poussé la Russie à «redevenir elle-même», ce
qui lui a été très bénéfique. Néanmoins, ce changement suscite une certaine tension : Il est évident que les «faucons» occidentaux scrutent en permanence la scène russe afin de
localiser un hôte au sein du corps politique dans lequel insérer les spores de leur Nouvel Ordre Moral armé – leur but étant de s’enfoncer dans la société russe et de la
fragmenter.
Inévitablement, l’attachement explicite à la culture occidentale suscite une certaine prudence au sein du «courant patriotique» dominant. Les Russes
(principalement à Moscou et à Saint-Pétersbourg) qui penchent pour la culture européenne ressentent une certaine tension. Ils ne sont ni poisson ni volaille : La Russie évolue vers
une nouvelle identité et une nouvelle «façon d’être», tandis que les européistes voient leurs repères reculer. D’une manière générale, ce changement est considéré comme inévitable et
comme ayant entraîné une véritable renaissance russe et un sentiment de confiance.
Le renouveau de la religion, nous a-t-on dit, s’est effectivement déclenché spontanément, avec la réouverture des églises après la fin du communisme. De
nombreuses nouvelles églises ont été construites (environ 75% des Russes se disent orthodoxes aujourd’hui). Dans un certain sens, la «renaissance» orthodoxe a une touche
eschatologique – provoquée en partie par ce qu’un individu a appelé l’«eschatologie» antagoniste de l’ordre des règles ! Il est à noter que peu d’interlocuteurs ont regretté les
«libéraux russes» séculiers (qui ont quitté la Russie) – «bon débarras» (bien que certains reviennent). Il y a ici un élément de nettoyage de la société de l’«occidentalisation» des
siècles précédents – bien que l’ambivalence soit inévitable : La culture européenne – au moins en termes de philosophie et d’art – était, et est toujours, une composante essentielle
de la vie intellectuelle russe et n’est pas sur le point de disparaître.
Le domaine
politique
Il n’est pas facile d’exprimer le sens dans lequel la victoire «absolue» de la Russie en Ukraine s’est confondue avec la notion de renouveau en cours du
nouveau sentiment d’identité de la Russie. La victoire en Ukraine a été en quelque sorte assimilée à un destin métaphysique – comme quelque chose d’assuré et qui se déroule. Les
dirigeants militaires russes (et c’est compréhensible) restent muets quant à l’issue structurelle/institutionnelle probable. Les discussions (sur les plateaux télévisés) sont
toutefois davantage centrées sur les querelles et les schismes qui déchirent Kiev que sur les détails du champ de bataille, comme c’était le cas jusqu’à présent.
Il est entendu que l’OTAN a subi une défaite totale en Ukraine. L’ampleur et la profondeur de l’échec de l’OTAN ont peut-être surpris
la Russie, mais elles sont considérées comme un témoignage de la capacité d’adaptation et de l’innovation technologique de la Russie en matière d’intégration et de communication
toutes armes confondues. La «victoire absolue» peut être comprise comme «il est hors de question» que Moscou permette à l’Ukraine de redevenir une menace pour la sécurité de
la Russie.
Les responsables russes considèrent que l’Ukraine et les guerres israélo-moyen-orientales se combinent pour segmenter l’Occident en sphères distinctes
et conflictuelles, ce qui conduit l’Occident à la fragmentation et à une possible instabilité. Les États-Unis sont confrontés à des revers et à des défis qui révéleront davantage la
perte de dissuasion, ce qui exacerbera l’anxiété des Américains quant à leur sécurité.
Moscou sait à quel point le zeitgeist politique en Israël a changé (suite au gouvernement radical mis en place après les dernières élections
israéliennes), et donc les limites qui en découlent pour les initiatives politiques des États occidentaux. Elle surveille attentivement les plans d’Israël concernant le Sud-Liban. La
Russie se coordonne avec d’autres États pour éviter le glissement vers une grande guerre. La visite du président Raïssi à Moscou la semaine dernière se serait concentrée sur l’accord
stratégique global en cours de négociation et aurait notamment comporté la signature d’un document sur la lutte contre les sanctions occidentales imposées aux deux États.
En ce qui concerne l’ordre mondial émergent, Moscou prendra la présidence des BRICS en janvier 2024. C’est à la fois une énorme
opportunité d’établir le monde multipolaire des BRICS à un moment de large consensus géopolitique dans le Sud mondial – et un défi aussi. Moscou perçoit la fenêtre d’opportunité
qu’offre sa présidence, mais est très consciente que les États des BRICS sont loin d’être homogènes. En ce qui concerne les guerres d’Israël, la Russie dispose à la fois d’un lobby
juif influent et d’une diaspora russe en Israël qui impose certains devoirs constitutionnels au président. La Russie agira probablement avec prudence dans le conflit
israélo-palestinien afin de préserver la cohésion des BRICS. Certaines formes importantes d’innovations économiques et financières émergeront de la présidence russe des BRICS.
En ce qui concerne le «problème UE» de la Russie, en contrepoint du soi-disant «problème Russie» de l’Europe, l’UE et l’OTAN (après le
Maïdan) ont développé l’armée ukrainienne pour en faire l’une des armées les plus importantes et les mieux équipées de l’OTAN en Europe. Après que les propositions de règlement
ukraino-russe de mars 2022 ont fait l’objet d’un veto de la part de Boris Johnson et de Blinken – et alors que l’inévitabilité d’une guerre plus longue et plus intense devenait
certaine – la Russie s’est mobilisée et a préparé ses propres chaînes d’approvisionnement logistique. Toutefois, les dirigeants de l’UE s’emploient désormais à «boucler la
boucle» en projetant cette expansion militaire russe (elle-même une réaction à l’intensification de la présence de l’OTAN en Ukraine) comme la preuve d’un plan russe d’invasion
de l’Europe continentale. Dans ce qui semble être un effort coordonné, les médias grand public occidentaux s’efforcent de trouver tout ce qui peut ressembler, même de loin, à une
preuve des «desseins» supposés de la Russie contre l’Europe.
Le spectre de l’impérialisme russe est brandi pour susciter la peur au sein de la population européenne et pour faire valoir que l’Europe doit consacrer
des ressources à la préparation de sa logistique en vue d’une prochaine guerre avec la Russie. Il s’agit là d’un nouveau rebondissement dans le cercle vicieux de la menace de guerre
qui n’augure rien de bon pour l’Europe. Pour l’Europe, il n’y avait pas de «problème» russe jusqu’à ce que les néo-conservateurs s’emparent de l’«ouverture» du Maïdan pour affaiblir
la Russie.
La Russie n’entamera pas de
dialogue diplomatique. Le sentiment de menace est très réel en Russie. Les canaux diplomatiques ont transmis ce message aux Américains.
Et puis, nonchalamment, presque comme une réflexion après coup alors qu’il rencontrait des héros du Donbass, Poutine annonce qu’il se présentera à
nouveau à la présidence lors des élections de mars prochain. Compte tenu de sa popularité massive – au moins 80% à l’échelle du pays – il est voué à rester au pouvoir jusqu’en
2030.
Bienvenue au VVP-2024. Il aura tout le temps pour des réunions en série avec son cher ami Xi Jinping. Le partenariat stratégique Russie-Chine, chargé
d’ouvrir la voie à la multipolarité, est prévu pour déferler plus progressivement qu’Emerson, Lake et Palmer sur «Tarkus»
(«Have
you walked in the stones of years ?»).
Ce sont des journées enivrantes dans une Moscou éblouissante et enneigée. Commençons par faire l’inventaire de tous les indicateurs qui sont admis à
contrecœur, même par les médias enragés de l’OTAN.
Un boom manufacturier est en cours dans une économie de semi-guerre. Les investissements sont en hausse, en hausse et en hausse – notamment de la part
d’oligarques russes douteux qui ne peuvent plus placer leurs fonds à l’Ouest.
Le tourisme est en plein essor, notamment grâce aux légions de touristes chinois et à tous les habitants du Moyen-Orient, du centre et du sud de l’Asie.
Les exportations de pétrole et de gaz sont en plein essor, les clients de l’UE continuant d’acheter du gaz via la Turquie ou, pour le plus grand plaisir de New Delhi, du pétrole
reconditionné en Inde.
Le yuan remplace le dollar américain et l’euro.
Les règles de substitution des importations s’appliquent, tandis qu’en parallèle les produits fabriqués en Turquie ou en Chine remplacent les produits
européens.
En janvier dernier, le FMI pariait que l’économie russe se contracterait de 2,3%. Aujourd’hui, cet avant-poste du département du Trésor admet que le PIB
russe augmentera de 2,2%. En fait, c’est 3%, selon Poutine lui-même, sur la base des chiffres fournis par la «perturbatrice» (telle que décrite par un torchon occidental), Madame
Elvira Nabiullina.
En coulisses du festin
mobile
J’ai eu le privilège de participer à des réunions clés sur tous les sujets, depuis les derniers développements sur le front Ukraine-Biélorussie jusqu’à
des études encore secrètes et de haut vol sur le mécanisme idéal pour contourner le dollar américain dans les règlements de paiement.
Un petit groupe d’entre nous, invité par le Mouvement russophile international (MIR), a eu droit à une visite détaillée de l’étonnant complexe
monastique de Sretensky,
défini par le très cool Larry Johnson comme un joyau architectural sans pareil où l’on peut faire l’expérience de «la présence
palpable de Dieu».
Ensuite, il y a eu le rituel habituel, le long dîner langoureux avec une princesse éblouissante dans les incomparables étangs du Patriarche, dans le
quartier de Soho à Moscou ; la discussion avec la jeune génération future qui planifie un nouveau groupe de réflexion révolutionnaire à Saint-Pétersbourg ; l’exposition fascinante sur
la Russie au VDNKh, avec un bunker souterrain de quatre étages construit par Rosatom pour mettre en lumière l’histoire du programme nucléaire russe.
Oui, il y a des répliques du TU-144 supersonique, du sous-marin nucléaire K3 Leninsky Komsomol et même de la Tsar Bomba. Sans oublier la fusée de
Gagarine, illuminée comme si elle était en train de faire un voyage psychédélique.
L’esprit de Noël règne sur la Place Rouge, avec sa patinoire et ses innombrables sapins de Noël de toutes les régions de Russie, exposés au GUM.
Bienvenue à la véritable fête mobile multipolaire ; et à l’ère du génocide sur tous les smartphones, contrairement à l’époque d’Hemingway il y a un
siècle, cela ne se passe pas exactement dans un Paris lugubre et craintif.
Le dialogue au plus haut niveau diplomatique, coordonné par le MIR, a suivi les règles de Chatham House : Nous pouvons parler des informations –
inestimables – débattues et divulguées, mais les identités et les affiliations ne doivent pas être révélées.
Cela nous permet de souligner quelques points cruciaux.
La diplomatie russe de haut niveau a été stupéfaite de découvrir que l’Europe était beaucoup plus dogmatique qu’on ne le pensait. Une «nouvelle
génération» est nécessaire pour que le dialogue reprenne, mais cela ne semble pas être à l’ordre du jour.
Les ambassades devraient jouer un rôle de médiateur. Or, ce n’est pas le cas, surtout en ce qui concerne l’ambassade des États-Unis à Moscou.
La Russie ne veut pas entamer un dialogue diplomatique. Le sentiment de menace est très réel en Russie. Les canaux diplomatiques ont transmis ce message
aux Américains, à huis clos.
Sur les vœux pieux de has been comme l’ancien secrétaire général de l’OTAN Anders «Brouillard de Guerre» Rasmussen, qui se vante d’avoir bloqué
Saint-Pétersbourg sur la mer Baltique : «C’est quelque
chose qui pourrait très mal se terminer».
L’abîme de l’humiliation de
l’OTAN
Au milieu de ce qui a été correctement décrit comme une «hypocrisie
organisée par la souveraineté», on a entrevu une possible initiative intellectuelle unie entre la Russie, le Sud mondial et quelques Américains et Européens dissidents pour
orienter l’Occident recueilli vers l’acceptation de la multipolarité. Toutefois, ce qui domine pour l’instant, c’est ce qui a été défini comme des «schémas
sombres» – notamment une question toujours sans réponse, posée par l’étalon-or-platine-terres rares de l’analyse, Alastair Crooke : Comment se fait-il que
l’Occident ait été si docile face au wokisme ?
On a beaucoup appris sur la capacité d’adaptation de la Russie aux sanctions et sur le renforcement du caractère national, parallèlement à l’économie.
Nabiullina avait donc raison après tout : Il n’est pas étonnant que les Russes se sentent plus sûrs d’eux qu’auparavant.
Cependant, il n’y a pas d’illusions à se faire en ce qui concerne la guerre hybride à plusieurs niveaux menée par l’Hégémon : «La Russie
doit être punie, et ce pour de nombreuses générations. Les Russes doivent connaître leur place». Cet état d’esprit n’est pas près de disparaître. Il faut donc une Russie
unifiée sous Poutine et l’Église orthodoxe pour combattre quelque chose d’aussi «existentiellement grave».
Et puis il y a la dimension profonde de l’opération militaire spéciale. Ce qui se passe dans les steppes du Donbass est également perçu comme un défi
spirituel. Il fallait donc évoquer l’esprit hégélien : Le peuple dans son ensemble s’est engagé à remporter la victoire – d’autant plus que l’Hégémon est complètement paniqué face à
l’abîme de l’humiliation cosmique de l’OTAN.
Compte tenu de tout ce qui précède, il n’est pas étonnant que chacune de mes longues promenades au milieu de la nuit moscovite ait été accompagnée d’une
voie lactée de pensées tourbillonnantes. Puis je m’arrêtais dans l’un de mes établissements préférés, je me versais la dernière vodka bien fraîche et je portais un toast à la
multipolarité galactique. Loin, mais à portée de main.
L’annonce vendredi par le président russe Vladimir Poutine qu’il se représentera pour un cinquième mandat n’a pas été une surprise. Le fait qu’il ait
choisi l’occasion d’une cérémonie
au Kremlin pour remettre les médailles de Héros de la Russie à des militaires ayant participé à l’opération militaire russe contre l’Ukraine pour faire cette annonce est
frappant.
Il s’avère que Poutine répondait à une exhortation du Héros de la République populaire de Donetsk Artyom Zhoga, commandant du célèbre bataillon Sparte
(qui a succédé à son fils Vladimir, mort à 28 ans en 2022 et qui s’est vu décerner à titre posthume le titre de «Héros de la Russie»), selon laquelle l’ensemble du Donbass
souhaiterait qu’il participe à l’élection. Il ne fait aucun doute que le colonel Zhoga a exprimé un souhait collectif du peuple russe.
La guerre en Ukraine s’est avérée être un événement déterminant dans la vie politique de Poutine. Lorsque l’opération militaire spéciale a débuté fin
février 2022, certains ont cru à tort qu’elle serait de courte durée et que le président Volodymyr Zelensky accepterait l’offre de négociation de la Russie. Mais là où Moscou s’est
terriblement trompé, c’est que les États-Unis n’allaient pas s’engager dans une guerre par procuration avec eux avec autant d’ardeur et manipuler Zelensky pour qu’il ne cherche pas la
paix.1
En effet, Poutine a fini par sortir l’opération militaire spéciale de l’impasse en procédant à un retrait tactique des troupes dans les secteurs nord,
en autorisant une large mobilisation des troupes pour mener une guerre d’usure et en ordonnant une fortification efficace à plusieurs niveaux de la ligne de front. Rétrospectivement,
ses décisions militaires ont inversé le cours de la guerre et l’armement et la technologie militaire russes ont surpassé ce que les États-Unis et l’OTAN ont fourni à Kiev.
À l’heure actuelle, les forces russes avancent sur les 900 km de la ligne de front et leur élan pourrait les porter jusqu’à l’autre côté du Dniepr. La
Crimée et la mer Noire ne sont pas en grand danger ; les quatre nouveaux territoires sont riches en ressources et la Russie contrôle tous les ports de la stratégique mer d’Azov, qui
est une importante voie d’accès à l’Asie centrale depuis la mer Caspienne via le canal Volga-Don.
Cependant, bien que les États-Unis n’aient pas réussi à remporter une victoire militaire en Ukraine, l’administration Biden tentera de prolonger le
conflit aussi longtemps que possible jusqu’en 2024, espérant saigner la Russie dans une lutte épuisante comme en Afghanistan dans les années quatre-vingt. Mais c’est un espoir
vain.
Sergueï Narychkine, chef du service de renseignement extérieur russe, a écrit la semaine dernière dans le journal de l’agence, Razvedchik (The
Intelligence Operative), qu’«il est fort
probable qu’un soutien supplémentaire à la junte de Kiev, en particulier compte tenu de la «toxicité» croissante du thème ukrainien pour l’unité transatlantique et la société
occidentale dans son ensemble, accélérera le déclin de l’autorité internationale de l’Occident».
L’Ukraine elle-même se transformera en un «trou
noirqui absorbera des
ressources matérielles et humaines au fur et à mesure qu’elle avancera», poursuit-il. «Au final,
les États-Unis risquent de créer un «autre Vietnam», avec lequel chaque nouvelle administration américaine devra composer jusqu’à ce qu’une personne sensée ayant le
courage et la détermination de briser ce cercle vicieux prenne le pouvoir à Washington».
L’Ukraine restera une question prioritaire pour la Russie et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles l’élite russe et le pays dans son
ensemble souhaitent que Poutine reste au pouvoir jusqu’en 2030. Le cœur du problème est que Poutine a également brillamment bidouillé les politiques économiques et sociales pour
épargner aux Russes ordinaires les privations habituelles caractéristiques d’une «économie de guerre». La vie continue et la «nouvelle normalité» fonctionne
bien.
Poutine a dispersé l’objectif des États-Unis de piéger la Russie dans un bourbier apparent – en faisant plonger l’économie russe, en attisant le
mécontentement social et en créant les conditions d’une insurrection contre le régime – afin d’affaiblir la Russie et de l’éliminer de la scène mondiale en tant que contrepoint de
plus en plus efficace à l’hégémonie occidentale, en alimentant des tendances dissidentes qui menacent l’unité et l’intégrité de la Fédération de Russie.
En réalité, les réalisations de Poutine sont un travail en cours et son maintien au pouvoir reste une condition préalable à la réémergence de la Russie
en tant que «superpuissance» surpassant même, à certains égards, l’Union soviétique, dans des circonstances qui sont autant de défis que d’opportunités à saisir de manière créative
dans un environnement mondial volatile en pleine transition historique.
Poutine a tâté le terrain et a placé la Russie du bon côté de l’histoire, pour ainsi dire, ce qui présente une étude en contraste avec le désarroi et le
manque de conviction et de leadership des États-Unis et du système transatlantique dans son ensemble.
Si l’on prend comme référence l’essai précité de Narychkine (intitulé «2024
est l’année de l’éveil géopolitique»), on peut s’attendre à ce que le monde en transition ait une trajectoire conforme aux lignes suivantes :
• Un conflit
fondamental entre l’«ancien» et le «nouveau» monde, qui a mûri sous la surface au cours des trois décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide, est «entré dans une
phase ouverte» avec le début de l’opération militaire spéciale de la Russie et a «acquis un
caractère géographique global» au cours de l’année écoulée.
• Un nombre
croissant de pays qui «partagent les
idées de multipolarité et adhèrent à une vision traditionnelle du monde» repoussent l’agenda mondialiste et anti-humaniste de l’Occident.
• Par conséquent,
les risques d’instabilité se multiplient, ce qui conduit à «une augmentation
de la nature chaotique des processus qui se déroulent dans l’arène de la politique étrangère». La situation émergente exige «une retenue et
une prévoyance remarquables» de la part des dirigeants mondiaux.
• En résumé, la
situation actuelle «rappelle de plus
en plus une situation de révolution de classe, lorsque les «classes supérieures», face à l’affaiblissement des États-Unis, ne peuvent plus assurer leur propre leadership, et que les
«classes inférieures», comme l’élite anglo-saxonne désigne tous les autres pays, ne veulent plus obéir aux diktats de l’Occident».
• Afin de préserver
son hégémonie mondiale, l’élite euro-atlantique suivra le chemin bien tracé de la création d’un chaos contrôlé – déstabiliser la situation dans des régions clés en montant certains
États «récalcitrants»
contre d’autres et «former un
sous-système autour d’eux sous forme de coalitions opérationnelles et tactiques contrôlées par l’Occident».
• Cependant,
«les acteurs
mondiaux responsables, en particulier la Russie, la Chine, l’Inde et quelques autres, se montrent prêts à résister résolument aux menaces extérieures et à mettre en œuvre de manière
indépendante la gestion des crises». Même les plus proches alliés des États-Unis s’efforcent de diversifier leurs relations extérieures face au manque de confiance dans
les États-Unis en tant que fournisseur de sécurité. L’éclatement du conflit israélo-palestinien est «un exemple qui
donne à réfléchir» pour de nombreux hommes politiques occidentaux.
• Dans un tel
contexte, «la scène mondiale
sera marquée par une nouvelle intensification de la confrontation entre les deux principes géopolitiques – à savoir le principe anglo-saxon, ou insulaire, «diviser pour
régner» et le principe continental «unir pour diriger» qui lui est directement antagoniste. Les manifestations de cette confrontation féroce au cours de
l’année à venir seront observées jusque dans les régions les plus reculées du monde».
Il est intéressant de noter que dans le pronostic de Narychkine, ce n’est pas l’Indo-Pacifique mais le «monde arabe»
qui restera «l’arène clé de la
lutte pour un nouvel ordre mondial» en 2024.
Soit dit en passant, cet essai a été publié à la veille du voyage d’une journée de Poutine aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite, mercredi, où
il a reçu un accueil de héros. Dans une courtoisie extraordinaire des pays hôtes, l’avion présidentiel de Poutine a été flanqué de quatre chasseurs multirôles Su-35 armés, notés pour
leur grande puissance de combat, leur grande vitesse et leur rayon d’action inégalable.
Le forain américain du XIXe siècle P.T. Barnum est surtout connu
pour son aphorisme “Il y a un pigeon qui naît à chaque
minute“. C’est précisément le type de tricheur cynique qui symbolise aujourd’hui l’establishment politique américain, selon l’avis d’experts et de législateurs russes participant à
l’émission télévisée Evening with Vladimir
Solovyov, très regardée. Ils ont dans leur ligne de mire ce qu’ils appellent “le Biden collectif“, c’est-à-dire le fou sénile et
désorienté qui a le doigt sur le bouton rouge et l’État profond qui écrit ses discours et oriente ses décisions. Cela englobe également les crapules du Sénat américain comme Chuck Schumer,
mon camarade de classe (Harvard 67) Mike Blumenthal et le célèbre Lindsey Graham. Des extraits de leurs déclarations sont très souvent affichés à l’écran pour permettre au public russe de
mieux comprendre ce que disent les anciens “partenaires” de la Russie à l’étranger.
Ceux d’entre vous qui suivent RT (Russia Today) n’ont jamais été exposés à ce genre d’analyse
tranchée et de mépris total pour les classes politiques américaines. Cela va bien plus loin que ce que l’on pourrait imaginer lorsque les grands médias occidentaux concèdent qu'”il y a peu de confiance entre les deux parties“.
Si l’on creuse un peu, le mépris des commentateurs politiques russes, dont beaucoup sont titulaires de diplômes universitaires de haut niveau, repose sur leur
conviction que les hommes politiques américains, comme leurs homologues de l’Union européenne aujourd’hui, sont peu éduqués, voire tout simplement des ignorants. Par une curieuse ironie du
sort, les Américains apparaissent aux yeux des élites russes comme les péquenauds que les Américains voyaient autrefois dans les dirigeants soviétiques de l’époque de Khrouchtchev.
Nous avons tous pu rire aux dépens de la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui a déclaré il y a quelques mois que “Vladimir Poutine doit changer de cap à 360 degrés“. Mais à
Moscou, on a surtout ri aux dépens de Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président, apparemment bien formé et diplômé de Yale, et de sa citation, jamais démentie, datant de
quelques semaines avant l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, selon laquelle “le Moyen-Orient est plus calme aujourd’hui qu’il ne l’a été
depuis deux décennies“.
Ces panélistes russes rient aux larmes. La valeur d’une éducation de l’Ivy League, autrefois considérée comme le nec plus ultra par les parents oligarques
ambitieux de Moscou, se révèle comme étant nulle. Plus important encore, ils ne voient aucune alternative à la préparation aux pires atrocités qui pourraient être déclenchées par les
États-Unis contre les alliés de la Russie, comme l’Iran, à tout moment. C’est l’allusion subtile qu’ils associent au stationnement actuel d’un sous-marin américain à armement nucléaire en mer
Rouge. Ils prévoient le déclenchement d’une guerre directe avec Washington à tout moment. C’est pourquoi les Russes sont déterminés à augmenter encore les dépenses militaires et à multiplier
leur complexe militaro-industriel dans l’avenir immédiat. Pour reprendre la perspective de Lev Tolstoï dans l’épilogue de Guerre et Paix, Vladimir Poutine est l’instrument des élites
russes autant, sinon plus, qu’il n’en est l’éclaireur.
Je mentionne tout ce qui précède pour aider les lecteurs à comprendre comment les élites politiques russes et le Kremlin considèrent les suggestions qui font
actuellement surface dans les médias américains et occidentaux, à savoir que la guerre entre la Russie et l’Ukraine est dans une impasse et qu’il est temps pour les parties de négocier une
paix.
Pour les Russes, cela signifie que les États-Unis ont déplacé leurs priorités vers le conflit au Moyen-Orient et vers la préparation de la confrontation armée à
venir avec la Chine. Kiev peut maintenant être lâché sans attirer indûment l’attention sur le manque de fiabilité de l’Amérique en tant que garante de la défense, car les médias mondiaux se
concentrent sur la lutte entre le Hamas et Israël.
Cependant, du point de vue des élites russes, la guerre en Ukraine a basculé de manière décisive en faveur de Moscou, maintenant que Kiev a largement épuisé ses
réserves humaines et matérielles pour faire la guerre. Ces élites ne sont absolument pas intéressées par une solution semblable à celle de la Corée, par un “conflit gelé” qui pourrait être réchauffé à tout moment dans
l’avenir, lorsque Washington le décidera. Non, elles ne s’assiéront pas à la table des négociations tant que Kiev ne capitulera pas et n’acceptera pas ce qui équivaut à la neutralité et au
retrait du régime néo-nazi de Zelensky. Moscou est prête à se battre “aussi longtemps qu’il le faudra” pour atteindre ses
objectifs.
Gilbert
Doctorow
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Ce qu’il faut retenir du discours de Poutine au sommet du G20
Revenant sur les propos du
secrétaire général de l’ONU selon lesquels Gaza est «un cimetière pour enfants», Vladimir Poutine a épinglé, lors du sommet du G20, les leaders mondiaux qui ne se disent bouleversés
que par le conflit en Ukraine. Il a aussi noté que la Russie n’avait jamais refusé de dialoguer avec Kiev au sujet d’une trêve.
Le président russe s’est demandé pourquoi les dirigeants mondiaux qui se disent «choqués» par le conflit continu en Ukraine, ne le sont pas à l’égard de
la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza :
«Je comprends
qu’il s’agit d’une guerre, les pertes en vies humaines ne peuvent que choquer. Et le coup d’État sanglant en Ukraine en 2014, suivi de la guerre du régime de Kiev contre son peuple
dans le Donbass, n’est-ce pas choquant ? Et l’extermination de la population civile en Palestine et dans la bande de Gaza aujourd’hui. N’est-ce pas choquant ?», a-t-il indiqué ce
22 novembre au cours du sommet du G20 auquel il a participé en visioconférence.
«N’est-il pas
choquant que des médecins soient obligés de pratiquer des opérations sur des enfants, des opérations abdominales, en utilisant un scalpel sur le corps d’un enfant, sans anesthésie ?
Et le fait que le secrétaire général de l’ONU ait dit que Gaza s’est transformée en un immense cimetière pour enfants, n’est-ce pas choquant ?», a poursuit le dirigeant
russe.
Besoin d’une paix
Vu que les actions militaires sont toujours associées à des catastrophes personnelles, il est nécessaire de réfléchir à la manière d’y mettre fin
:
«Bien sûr, les
actions militaires sont toujours une tragédie. Des personnes concrètes, des familles concrètes et le pays dans son ensemble, et bien sûr, nous devons réfléchir à la manière de mettre
un terme à cette tragédie», a noté Poutine tout en revenant sur le dossier ukrainien.
Il a d’ailleurs rappelé que la Russie n’a jamais refusé les négociations de paix. Cependant, pour pouvoir les organiser, Kiev doit tout d’abord abolir
son décret signé en septembre 2022 par Volodymyr Zelensky, interdisant tous les pourparlers «avec le Président
russe Vladimir Poutine».
Problèmes
économiques
L’économie mondiale subit un stress colossal qui n’est pas provoqué par les actions de la Russie en Ukraine, mais par «la politique
macroéconomique irréfléchie» de certains États, poursuit-il.
«Certes,
l’injection de milliers de milliards de dollars et d’euros dans l’économie, dans le système bancaire a suscité une flambée de l’inflation mondiale, une augmentation rapide des prix
alimentaires et énergétiques. C’est précisément ce qui est au cœur des événements dont je vous ai parlé. Ce ne sont pas du tout nos actions ni nos tentatives pour obtenir justice en
Ukraine. Non. Ce sont les actions des plus grandes économies du monde», a souligné le chef de l’État russe.
Au vu de l’état actuel des choses, la situation de l’économie mondiale nécessite un consensus et la prise en compte des points de vue des différents
pays, selon lui.
De son côté, la Russie se prononce pour la reconstitution d’une coopération ouverte et mutuellement bénéfique dans le monde :
«La Russie est
favorable au rétablissement de l’esprit d’une coopération économique internationale ouverte et mutuellement bénéfique, fondée sur les normes de la Charte des Nations
unies et les principes du travail d’équipe collégial et mutuellement respectueux. Il est important de parvenir à une optimisation efficace du système de gouvernance
économique mondiale, à savoir, pour redémarrer pleinement l’OMC [Organisation mondiale du commerce], y compris sa fonction d’arbitrage», a déclaré Poutine.
Blé pour l’Afrique
La Russie remplit toutes ses obligations dans le domaine des exportations alimentaires, a-t-il fait valoir. À titre d’exemple, il a rappelé que la
Russie avait récemment envoyé les premiers navires transportant gratuitement des céréales russes en Afrique.
Les premiers navires de 25 000 tonnes de grains chacun, à destination du Burkina Faso et de la Somalie, doivent arriver dans les ports de destination
d’ici deux ou trois semaines, indiquait le 17 novembre le ministre russe de l’Agriculture Dmitri Patrouchev.
Des navires avec du blé pour la République centrafricaine, le Zimbabwe, le Mali et l’Érythrée partiront avant la fin de l’année. Jusqu’à 200 000 tonnes
de blé devront être livrées à l’Afrique d’ici la fin de l’année, selon lui.
Déplorant la catastrophe
humanitaire désastreuse dans la bande de Gaza, Vladimir Poutine a prôné la nécessité d’un cessez-le feu tout en annonçant les futures initiatives russes sur cette crise en 2024. Il a
dénoncé les tentatives US de déjouer les efforts de médiation et le non-respect des décisions de l’Onu prises au XXe siècle.
La Russie a l’intention d’initier des contacts sur le conflit israélo-palestinien lors de sa présidence des BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine et
Afrique du Sud et plusieurs nouveaux membres) en 2024, a déclaré ce 21 novembre Vladimir Poutine lors d’un sommet extraordinaire des BRICS consacré à la crise au Moyen-Orient.
«Nous considérons
qu’il est extrêmement utile de poursuivre les discussions au sein des BRICS sur le développement ultérieur de la confrontation palestino-israélienne. (…) Lors de la prochaine
présidence russe de l’association l’année prochaine, nous initierons d’éventuels contacts, y compris par vidéoconférence, sur cette question», a noté le président russe.
Impérativité d’un
cessez-le-feu
À l’heure actuelle, il est primordial de parvenir à une trêve durable et sur le long terme au Proche-Orient, a-t-il poursuivi, soulignant également
l’inadmissibilité d’élargir la géographie du conflit.
«Bien sûr, dans
l’ensemble, la tâche la plus urgente est de parvenir à un cessez-le-feu véritable sur le long terme et durable. Il est important, je suis d’accord avec mon collègue brésilien,
d’éviter l’implication d’autres États dans la guerre dans le Proche-Orient et toute extension du conflit, ainsi qu’à conserver la paix interconfessionnelle fragile», a-t-il
déclaré Poutine.
Washington accusé de saborder le
règlement pacifique
Le dirigeant russe a accusé les États-Unis de torpiller les efforts de médiation visant à un cessez-le-feu et à une résolution pacifique du
conflit.
«Tous ces
événements sont essentiellement une conséquence directe de la volonté américaine de monopoliser les efforts et les fonctions de médiation dans le règlement du conflit
israélo-palestinien et de leur blocage des activités du Quatuor de médiateurs internationaux pour le Proche-Orient», poursuit-il.
Selon Poutine, «l’histoire a
montréque les
tentatives individuelles visant à trancher le nœud palestinien» étaient non-viables et contre-productives.
L’ONU est aussi dans le
collimateur
Dans son ensemble, la crise semble être exacerbée par le non-respect des directives de l’ONU, adoptées au XXe siècle, à l’encontre de cette région
:
«En raison du
sabotage des décisions de l’ONU, qui prévoient clairement la création et la coexistence pacifique de deux États indépendants et souverains – Israël et la Palestine – plus d’une
génération de Palestiniens a été élevée dans un climat d’injustice envers son peuple. Alors même que les Israéliens ne peuvent pas garantir pleinement la sécurité de leur État»,
a indiqué le président russe.
Détresse à Gaza
La situation dans la bande de Gaza est un désastre humanitaire qui suscite de profondes inquiétudes, a-t-il fait valoir :
«La mort de
milliers de personnes, les expulsions massives de civils et la catastrophe humanitaire en cours [dans la bande de Gaza] sont une source de profonde préoccupation».
Commentant la mort d’un grand nombre d’enfants, Poutine a noté : «C’est terrible.
Lorsque les médecins opèrent des enfants sans anesthésie, cela suscite bien sûr des sentiments particuliers».
Le chef de l’État russe est également revenu sur un document récemment voté à l’ONU :
«Bien que cette
résolution contienne uniquement un appel à l’établissement de pauses humanitaires, et non à un cessez-le-feu complet, nous considérons le fait même de son approbation comme un pas
dans la bonne direction». Et d’ajouter qu’il faut «continuer de
lutter pour la libération des otages et l’évacuation des civils».
Efforts du
Moyen-Orient
Poutine a souligné les efforts déployés par les pays du Moyen-Orient pour stabiliser la situation et la position constante des BRICS sur une solution
durable au conflit palestino-israélien.
«La participation
à notre réunion de nos collègues des États du Moyen-Orient, qui ont reçu cette année une invitation à devenir membres à part entière des BRICS, est particulièrement importante.
Profitant de cette occasion, je voudrais respectueusement noter leurs efforts pour régler la situation, et je parle en particulier de la tenue d’un «sommet de la paix» en Égypte et
d’un sommet islamique d’urgence en Arabie saoudite».
Le dirigeant russe a salué la pratique de convoquer d’urgence des sommets des BRICS sur des questions internationales importantes, initiée par l’Afrique
du Sud.
Alors que le soutien de l’Occident
à la guerre d’Israël à Gaza devient indéfendable, Moscou s’aligne sur la Majorité mondiale pour défendre la Palestine.
La question complexe et nuancée de la neutralité géopolitique de la Russie dans la tragédie israélo-palestinienne a finalement été clarifiée la semaine
dernière, en des termes très clairs.
La pièce à conviction est le président russe Vladimir Poutine qui s’est adressé – en personne, le 30 octobre – au Conseil
de sécurité de son pays, à de hauts responsables du gouvernement et aux chefs des agences de sécurité.
Parmi les personnalités présentes figuraient le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, le président de la Douma Viatcheslav Volodine, le secrétaire du
Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le directeur du FSB Alexandre Bortnikov et le directeur du SVR (renseignement extérieur)
Sergueï Narichkine.
Poutine n’a pas perdu de temps pour détailler la position officielle de la Fédération de Russie dans l’incandescence géopolitique actuelle
de deux
guerres imbriquées, l’Ukraine et Israël-Palestine. Cette déclaration s’adressait aussi bien à son public de haut niveau qu’aux dirigeants politiques de l’hégémon
occidental.
«Rien ne peut
justifier les terribles événements qui se déroulent actuellement à Gaza, où des centaines de milliers d’innocents sont tués sans discernement, sans pouvoir fuir ou se cacher des
bombardements. Quand on voit des enfants tachés de sang, des enfants morts, la souffrance des femmes et des personnes âgées, quand on voit des médecins tués, bien sûr, on serre les
poings et on a les larmes aux yeux».
La coalition du chaos dirigée par
les États-Unis
Il a ensuite donné un aperçu du contexte : «Nous devons
comprendre clairement qui est en réalité derrière la tragédie des peuples du Moyen-Orient et d’autres régions du monde, qui a organisé ce chaos meurtrier et qui en tire
profit».
Sans détour, Poutine a décrit «les élites
dirigeantes actuelles des États-Unis et de leurs satellites» comme «les principaux
bénéficiaires de l’instabilité mondiale qu’ils utilisent pour extraire leur rente sanglante. Leur stratégie est également claire. Les États-Unis en tant que superpuissance mondiale
s’affaiblissent et perdent leur position, et tout le monde le voit et le comprend, même à en juger par les tendances de l’économie mondiale».
Le président russe a établi un lien direct entre la volonté américaine d’étendre «sa dictature
mondiale» et l’obsession politique de promouvoir un chaos permanent : «Ce chaos les
aidera à contenir et à déstabiliser leurs rivaux ou, comme ils le disent, leurs adversaires géopolitiques, parmi lesquels ils placent également notre pays, qui sont en réalité de
nouveaux centres de croissance mondiaux et des pays indépendants souverains qui ne veulent pas se soumettre et jouer le rôle de serviteurs».
De manière cruciale, Poutine a tenu à «répéter encore
une fois» à son public interne et à celui du Sud mondial que «les élites
dirigeantes des États-Unis et leurs satellites sont derrière la tragédie des Palestiniens, le massacre au Moyen-Orient en général, le conflit en Ukraine et de nombreux autres conflits
dans le monde – en Afghanistan, en Irak, en Syrie, et ainsi de suite».
Ce point est d’une importance capitale. En faisant l’amalgame entre les auteurs du conflit en Ukraine et de la guerre contre Gaza – «les États-Unis et
leurs satellites» – le président russe a effectivement mis Israël dans le même sac que l’hégémon occidental et son programme de «chaos».
Moscou s’aligne sur la véritable
«communauté internationale»
Essentiellement, ce que cela nous dit, c’est que la Fédération de Russie s’aligne sans équivoque sur l’écrasante majorité de l’opinion publique du Sud
mondial/Majorité mondiale – du monde arabe à toutes les terres d’islam et au-delà, en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Il est intéressant de noter que Moscou s’aligne sur les analyses du leader iranien, l’ayatollah Khamenei – un partenaire stratégique de la Russie – et
du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans son discours percutant,
sophistiqué et teinté de Sun-Tzu de vendredi dernier, sur «l’araignée qui
tente d’enchevêtrer la planète entière et le monde entier dans sa toile d’araignée».
La preuve B de la position officielle de la Russie, en particulier sur Israël-Palestine, a été donnée par le représentant permanent de la Russie auprès
de l’ONU, Vassili Nebenzia, lors d’une session spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU sur la Palestine, deux jours après le discours de Poutine.
Nebenzia a clairement indiqué qu’Israël,
en tant que puissance occupante, n’a pas «le droit à l’autodéfense», ce qui a été confirmé par une décision consultative de la Cour internationale de justice des Nations unies datant
de 2004.
À l’époque, la Cour avait également établi, par 14 voix sur 15, que la construction par Israël d’un mur massif en Palestine occupée, notamment à
Jérusalem-Est, était contraire au droit international.
En termes juridiques, Nebenzia a réduit à néant l’argument sans cesse évoqué du «droit à l’autodéfense» brandi par Tel-Aviv et toute la galaxie de
l’OTAN. L’Hégémon, protecteur de Tel-Aviv, a récemment opposé son veto au projet humanitaire du Brésil au Conseil de sécurité de l’ONU, simplement parce qu’il ne mentionnait pas le
«droit à l’autodéfense» d’Israël.
Tout en soulignant que Moscou reconnaît le droit d’Israël à assurer sa sécurité, Nebenzia a insisté sur le fait que ce droit «ne pourrait être
pleinement garanti que dans le cas d’une résolution équitable du problème palestinien basée sur les résolutions reconnues du Conseil de sécurité de l’ONU».
Les faits montrent qu’Israël ne respecte aucune résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Palestine.
Les priorités de Lavrov en
Palestine occupée
La pièce à conviction C sur la position de la Russie concernant Israël/Palestine a été fournie par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov
lors d’une conférence
de presse avec le ministre koweïtien des Affaires étrangères Sabah Al-Sabah, deux jours après l’intervention de Nebenzia à l’ONU.
Lavrov a réitéré les priorités de Moscou déjà soulignées par Poutine et Nebenzia : un cessez-le-feu urgent, des couloirs humanitaires et un retour à la
table des négociations pour «un État
palestinien indépendant, tel qu’envisagé par le Conseil de sécurité de l’ONU dans les frontières de 1967, qui coexisterait dans la paix et la sécurité avec Israël».
Lavrov a souligné une fois de plus que plusieurs tactiques de diversion américano-israéliennes sont employées «dans le but de
retarder (voire d’enterrer) la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de créer un État palestinien».
Cela implique, selon le ministre des Affaires étrangères russe, de condamner les Palestiniens «à une existence
éternelle sans droits. Cela ne garantira ni la paix ni la sécurité dans la région et ne fera qu’aggraver le conflit. Et vous ne serez pas en mesure de l’approfondir. Les prochains
«raisins de la colère» seront semés et pousseront rapidement».
L’analyse de Lavrov, autant que celle de Poutine, converge avec celle de Khamenei et de Nasrallah : «Il ne s’agit pas
de Gaza, mais du conflit israélo-palestinien. L’État de Palestine fait partie intégrante de cette solution».
La Russie sème les graines pour exercer le rôle de médiateur de confiance pour toutes les parties en Israël/Palestine – un rôle totalement inadapté pour
l’hégémon, surtout après l’approbation tacite de l’actuel nettoyage ethnique israélien de Gaza.
Tout est là, clairement formulé par Lavrov : «Il sera
fondamentalement important pour nous de connaître l’opinion unanime du monde arabe». Ce message vise spécifiquement les régimes sunnites vassalisés par Washington. Ensuite,
lorsqu’ils se seront ressaisis, «nous soutiendrons
la solution arabe à cette question très difficile».
Condition sine qua non de la
multipolarité : La paix en Palestine
Examinées ensemble, les pièces A, B et C montrent que Moscou a une longueur d’avance. Le message général – qui est décodé minutieusement dans tout le
Sud mondial/Majorité mondiale – est que même en tenant compte des jeux de l’Empire du Chaos, le projet sioniste immuable et exclusiviste est désormais mort à l’arrivée.
La solution la moins mauvaise à ce jour est l’Initiative
de Paix arabe de 2002, à laquelle ont souscrit tous les pays, des terres d’islam à la Russie, l’Iran et la Chine : un État palestinien indépendant, ramené aux frontières de 1967,
avec Jérusalem-Est pour capitale.
Le problème est de savoir comment convaincre le sionisme incontrôlable de faire marche arrière. Les faits impératifs sur le terrain devraient notamment
consister à couper le cordon ombilical militarisé/sécurisé Washington-Tel Aviv – et à expulser du spectre géopolitique la matrice sioniste chrétienne néoconservatrice des États-Unis,
qui se trouve être profondément enracinée dans les silos de l’État profond.
Ces deux impératifs sont impossibles à réaliser – à court, moyen et même long terme.
En attendant, un simple coup d’œil sur la carte montre qu’à toutes fins utiles, la solution des deux États – de la Cisjordanie à la bande de Gaza – est
morte. Il est peut-être déchirant pour les dirigeants de la multipolarité de l’admettre. Il faudra du temps et un déplacement du discours public pour reconnaître que la seule solution
viable est un anathème suprême pour le projet sioniste : un État unique où juifs et Arabes vivraient ensemble en paix.
Tout cela nous amène à une formulation brutale : sans une solution juste pour la Palestine, une paix tangible dans le spectre de la multipolarité
émergente reste inaccessible. L’horreur actuelle à Gaza montre que la paix n’est toujours pas une priorité pour l’Empire du Chaos, et il faudra une Russie – et peut-être une Chine –
pour changer la donne.
par Idriss
Aberkane & Xavier
Moreau - Le 03/11/2023.
«Si tu veux la paix prépare la guerre», cet adage de Végèce a structuré la posture nucléaire de toute l’Union soviétique et désormais de la Fédération
de Russie. La seconde Guerre de Gaza n’a déjà plus rien à voir avec la première en 2008, puisqu’elle risque d’impliquer d’une façon imminente
la Turquie et ses deux millions d’hommes mobilisables
l’Iran et ses proxys que sont le Hezbollah et le gouvernement rebelle houthi au Yémen
le Pakistan et son arme nucléaire
l’Égypte et ses 110 millions d’habitants
Dans le même contexte les USA ont déployé deux groups aéronavals sur zone, et en ont posté un en retrait suite au déploiement de Mi-31 russes équipés en
missiles hypersoniques.
On fait le point sur la posture de la Russie avec l’officier et analyste franco-russe Xavier Moreau.
Dans les opérations de combat modernes, la vitesse (que ce soit sur terre ou dans les airs) est souvent
l’attribut déterminant entre la victoire et la défaite. La vélocité inégalée de l’Avangard lui permet d’atteindre ses cibles avec une précision vertigineuse. Cette capacité réduit
considérablement le temps de réaction des adversaires et rend les mesures de défense traditionnelles beaucoup moins efficaces.
Le système de missiles Avangard témoigne des progrès rapides de la technologie de guerre aérienne ces dernières années. Développé par la Russie, ce système
d’armement d’avant-garde représente un bond en avant conséquent dans le domaine des missiles balistiques contemporains.
Ce missile est représenté par son véhicule à glissement hypersonique (HGV) révolutionnaire, qui lui permet de se déplacer à une vitesse sans précédent, dépassant de loin les missiles balistiques
conventionnels.
De plus, le poids lourd Avangard peut transporter plusieurs ogives nucléaires, offrant ainsi une flexibilité dans son application stratégique.
Son déploiement rapide et sa rapidité inégalée en font un atout inestimable dans les plans militaires offensifs et défensifs. La capacité de l’Avangard
à échapper aux défenses ennemies et à transporter des charges utiles avec une précision extrême a remodelé le paysage stratégique, incitant les nations du monde entier à réévaluer
leurs postures de défense et à investir massivement dans des contre-mesures.
Spoutnik aborde la compréhension des subtilités du système Avangard et pourquoi il joue un rôle crucial face
à l’évolution des menaces contre la sécurité nationale de la Russie.
Qu’est-ce que le missile Avangard ?
Anciennement appelé Projet 4202, l’Avangard est un véhicule traditionnel à capacité
nucléaire et à glissement accéléré qui est transporté dans l’espace en tant que véhicule de rentrée à ciblage multiple indépendant (MIRV) au sommet d’un missile balistique
intercontinental existant comme l’UR-100N UTTH ou le RS- 18A (UR-100/SS-19 Stiletto), R-36M2 ou RS-28 Sarmat. Après avoir été libéré, il
pénètre dans l’espace suborbital et glisse jusqu’aux confins de l’atmosphère à une vitesse météorique.
Propriétés techniques
Il convient de noter que les caractéristiques techniques du système de missiles Avangard n’ont pas été officiellement
publiées, de sorte que toute information pertinente ne peut être obtenue que par le biais de données publiques.
L’Avangard est souvent représenté comme un véhicule en forme de delta, enveloppé dans un bouclier plasma lumineux. Mesurant environ 5,4 mètres, soit
près de 18 pieds, l’Avangard est un véhicule de taille importante et pèse environ 2000 kg.
Selon les médias, le missile Avangard affiche une vitesse maximale impressionnante, allant de 20 à 27 Mach (24 696 à 33 340 kilomètres par heure) dans les couches denses de l’atmosphère. Ce système polyvalent est conçu
pour transporter des charges utiles nucléaires et conventionnelles. Cependant, son rendement potentiel en explosion est estimé entre 150 kilotonnes et deux mégatonnes (trinitrotoluène
– équivalent TNT).
Le test réussi de l’Avangard marque une étape majeure dans la science des matériaux et le contrôle thermique. Les autorités russes affirment que la
nouvelle arme est protégée par un matériau composite unique qui a résisté à des températures comprises entre 1600 et 2000°C lors d’un vol hypersonique intercontinental pendant
plusieurs minutes.
De plus, l’Avangard intègre des systèmes de guidage avancés, garantissant une navigation précise et une acquisition de cible pendant son vol à grande
vitesse.
Le fuselage de l’Avangard est conçu pour réduire la traînée et maximiser l’efficacité aérodynamique. Cette caractéristique de conception, combinée à ses
capacités de manœuvre, permet au missile de modifier sa trajectoire en cours de vol, évitant ainsi d’éventuelles tentatives d’interception. Le résultat est un système d’armes qui
remet en question les paradigmes existants de la défense antimissile et réduit considérablement la fenêtre de réponse pour les cibles potentielles.
Objectifs militaires stratégiques du missile Avangard
La vitesse et la maniabilité sans précédent du missile Avangard ont de profondes implications sur le paysage de la guerre stratégique, en remodelant la
dynamique de l’offensive, de la défense et de la dissuasion.
Selon des sources russes, l’arme hypersonique boost-glide Avangard est conçue pour éliminer les installations de défense antimissile et les cibles de
grande valeur telles que les sites fortement fortifiés tels que les silos de missiles ou les centres de commandement militaire.
Implications de la vitesse extrême d’Avangard pour la guerre
Temps de réaction réduit : La vitesse extraordinaire de l’Avangard réduit considérablement la fenêtre de réponse des cibles potentielles. Les
adversaires disposent de beaucoup moins de temps pour détecter, évaluer et formuler une contre-stratégie. Cela augmente l’élément de surprise et diminue l’efficacité des mesures de
défense conventionnelles.
Précision améliorée : La capacité de l’Avangard à maintenir des vitesses élevées
tout en effectuant des ajustements de cap garantit une précision exceptionnelle dans la frappe des cibles. Ce niveau de précision est crucial dans la guerre stratégique, en
particulier lorsqu’il s’agit de cibler des objectifs fortement fortifiés ou sensibles au facteur temps.
Évasion par rapport aux défenses : lorsqu’il se dirige vers une cible, l’Avangard
effectue des manœuvres en profondeur, à la fois latérales et verticales, le rendant invulnérable aux systèmes de défense antimissile et de défense aérienne. Contrairement aux
trajectoires balistiques prévisibles, les modifications de trajectoire de l’Avangard en cours de vol le rendent exceptionnellement difficile à intercepter. Cela remet en question les
paradigmes existants de la défense antimissile et nécessite le développement de contre-mesures plus sophistiquées et plus adaptables.
Flexibilité stratégique : la vitesse élevée et la maniabilité de l’Avangard lui
permettent d’engager diverses cibles, notamment des navires de guerre en mouvement ou des ressources de grande valeur et à temps critique. Cette polyvalence améliore son efficacité
dans un large éventail de scénarios stratégiques.
Historique du service de combat d’Avangard
De février 2015 à juin 2016, l’Avangard, une arme très avancée, a subi des essais en vol. Il a été lancé à l’aide d’ICBM UR-100UTTKh depuis la base
aérienne de Dombarovsky dans l’oblast d’Orenbourg. L’Avangard a fait preuve d’une vitesse et d’une précision remarquables lors de ces tests en atteignant avec succès des cibles sur le
polygone d’essai de missiles Kura dans le kraï du Kamtchatka.
En octobre 2016, l’essai en vol réussi d’un ICBM lourd R-36M2 a été lancé depuis la base aérienne de Dombarovsky. Il a atteint sa cible au champ d’essai
de missiles Kura, marquant le premier test réussi d’un véhicule planeur.
Le 1er mars 2018, le président russe Vladimir Poutine a révélé dans son discours à l’Assemblée fédérale à Moscou que l’arme avait terminé sa phase de
test et était officiellement en production en série.
Comment va réellement l’économie américaine ? Il est difficile de répondre à cette interrogation fondamentale. Les avis sont partagés. Les États-Unis restent la première puissance économique
mondiale, mais le sentiment prévaut chez plusieurs analystes que le colosse repose désormais sur des pieds d’argile. Selon l’ancien PDG de Walmart et expert en comportement de consommation, Bill
Simon, le tout-puissant consommateur américain, dont les dépenses sont le moteur de l’économie, atteint un point de rupture et est sur le point de s’effondrer ! Dans une récente interview à
NBC, Simon jugeaient qu’une série de facteurs – polarisation politique, inflation et taux d’intérêt élevés – concouraient tous à miner les consommateurs et leur propension à dépenser. Il est
connu que le pouvoir d’achat des ménages américains est réduit par l’inflation (49 % des consommateurs ont déclaré que les prix élevés érodent leur niveau de vie), et que leur endettement
excessif a atteint un plafond. Selon la Réserve fédérale, les prêts étudiants représentent 1.600 milliards de dollars au deuxième trimestre 2023, ce qui en fait la troisième catégorie
d’endettement des ménages américains derrière les prêts automobiles (1.800 milliards de dollars) et les prêts hypothécaires (12.000 milliards de dollars). Où tout cela va-t-il mener ?
Cet article initialement publié sur le site k-politika.ru n’engage pas la ligne
éditoriale du Courrier.
Il existe une expression merveilleuse : vivez selon vos moyens. C’est un bon guide tant pour la vie privée que pour la gestion des États. Lorsque tel ou tel pays viole ce principe
simple, cela se termine généralement très mal, tant pour lui-même que pour ses voisins. Cependant, la situation la plus dangereuse survient lorsque la nation la plus puissante de la planète
vit au-dessus de ses moyens.
Une économie tirée par la dette et le dollar
Dans notre cas, ce sont les USA. Depuis la création de la Réserve fédérale en 1913, cet État a effectivement reçu tous les biens matériels produits dans
différentes parties du globe en échange du moyen de paiement universel qu’est le dollar américain. Et si auparavant les dirigeants américains devaient dépenser de l’argent au moins
simplement pour imprimer des billets de banque, ils échangent désormais des actifs réels et des biens simplement contre des entrées dans un ordinateur, permettant ainsi de créditer une certaine
quantité de monnaie virtuelle sur le compte d’un État particulier.
Mais toute personne sensée est consciente qu’un tel système est intrinsèquement défectueux et qu’il ne peut certainement pas exister indéfiniment. À un moment
donné, ce modèle tout entier devra s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions internes accumulées. Et cet effondrement va se transformer en catastrophe.
Un point de non-retour est-il franchi ?
Le politologue Yakov Kedmi estime que la catastrophe que serait l’effondrement de l’hégémonie américaine ne peut être
inversée. Dans une interview pour la chaîne YouTube Waldman-Line, l’expert a expliqué que le président russe, Vladimir Poutine, parlait ouvertement et depuis longtemps de
l’effondrement inévitable du système mondial du dollar. Il faut reconnaître qu’il est le seul dirigeant mondial qui ne craint pas de porter cette menace devant le public et d’en discuter
ouvertement sur n’importe quelle plateforme internationale.
Kedmi note que le dirigeant russe n’attend pas seulement la catastrophe à venir : Il s’y prépare activement. En effet, Poutine part du fait que le
cataclysme imminent ne peut plus être annulé. Cela aurait pu se faire au début des années 2000 ou au milieu, voire à la fin de la première décennie du nouveau millénaire. Cependant, la
volonté des États-Unis de conserver – à tout prix et par toutes les méthodes et moyens disponibles – leur statut hégémonique, n’a pas permis à ce pays de tirer à temps les bonnes conclusions,
d’évaluer correctement la situation émergente et ses perspectives afin d’orienter sa politique intérieure et étrangère dans le bon sens. C’est ce qui a rendu le désastre
irréversible. Or, au début des années 2000, l’Amérique pouvait s’accorder sur un nouveau concept de sécurité.
Les États-Unis ont voulu à tout prix maintenir leur hégémonie mondiale
Poutine a proposé de le faire il y a très longtemps. Il a appelé à la répartition des responsabilités en matière de maintien de l’ordre sur tous les continents
entre les principales puissances, afin que les pays les plus puissants puissent maintenir la stabilité et l’équilibre entre les différentes régions de la planète. De cette manière, le
fardeau pourrait être réparti équitablement entre les pays les plus développés. Mais les États-Unis ne voulaient pas envisager la proposition de Poutine. Ils refusaient de partager une
partie de leur hégémonie et de réduire leur influence sur le monde entier. Ils ont donc continué à augmenter le budget du Pentagone et ont également commencé à dépenser des sommes d’argent
énormes pour maintenir l’infrastructure de leur influence en matière de politique étrangère. En outre, d’énormes sommes d’argent étaient nécessaires pour assurer le fonctionnement du système
mondial du dollar.
Tous ces aspects ont finalement conduit les États-Unis à se « surmener ». En d’autres termes, ils en ont trop fait. Kedmi a souligné que cela
était devenu clair pour Poutine dès le début de l’année 2007, lorsque celui-ci avait prononcé son célèbre discours à Munich. A l’époque, il était devenu évident que les Américains ne
pourraient pas assumer seuls le rôle de gendarme mondial et qu’à la suite de tentatives infructueuses pour maintenir leur influence aux quatre coins de la planète, ils se retrouveraient tout
simplement dans un gouffre économique.
Ce qui va se passer ensuite a également été prédit, à l’avance, par Poutine
Le dirigeant russe a décrit très clairement les événements à venir. La catastrophe, qui, selon lui ne peut plus être endiguée, commencera aux
États-Unis. Son déclencheur sera la perte de la capacité du gouvernement américain à assurer le service de sa gigantesque dette nationale.
Cela interviendra à un moment où le paiement des intérêts deviendra prohibitif pour les autorités américaines. Et il est certain que cela se produira.
C’est inévitable car la dette nationale américaine ne fait qu’augmenter : Elle ne diminue pas, et cette croissance de l’endettement se fait avec une accélération
constante. Cela signifie que les intérêts qui doivent être payés sur cette dette augmentent également. A un moment donné, ils deviendront si importants que le gouvernement américain
sera tout simplement contraint d’abandonner ses obligations. Et ce sera la première étape de l’effondrement.
Ensuite, tous les pays de la planète qui ont des dollars en leurs avoirs, après avoir vu ce qui s’est passé aux États-Unis, commenceront rapidement à refuser
d’utiliser cette monnaie. Or, c’est précisément sur cela que repose tout le bien-être du pays : Sur l’échange de papier vert sans valeur contre de véritables objets et ressources
matériels. Après cela, les États-Unis commenceront à perdre leur influence politique dans le monde.
La probabilité d’une réaction américaine agressive et donc dangereuse
L’étape la plus dangereuse de la catastrophe à venir irrémédiablement sera le moment où les dirigeants des États-Unis décideront de maintenir, à tout prix, leur
hégémonie par la force. Alors commencera la dernière étape du cataclysme. Les Américains commenceront à provoquer des affrontements dans toutes les régions de la planète dans l’espoir à
la fois d’une demande croissante de dollar et du besoin chez de nombreux dirigeants d’États de bénéficier de la protection des États-Unis. Mais il n’en sortira rien. Dans tous les cas,
les États-Unis perdront de leurs propres mains leur hégémonie.
Mais quels seront les coûts que le reste de l’humanité devra supporter ? C’est une question particulière et ouverte. Très probablement,
le prix à payer sera très important. Car les Américains ne voudront pas se séparer si facilement de leur statut de leader mondial qui leur confère une existence insouciante et un puissant
pouvoir. Ils se battront donc pour les conserver. Et ils ne se soucieront pas des conséquences, car pour eux, l’objectif a toujours justifié les moyens pour l’atteindre.
C’est exactement le genre de catastrophe à laquelle Poutine se prépare. Il comprend que cela est irréversible. Par conséquent, la Russie doit donc se préparer
à l’arrivée de ce défi.
Le missile russe Burevestnik à propulsion nucléaire effraie l’Amérique
Après le Satan
2 et le Poséidon,
c’est maintenant au tour du Burevestnik de faire parler de lui. Le président russe affirme que
ce missile a été testé avec succès. Pouvant être aussi bien employé avec une ogive conventionnelle ou nucléaire, il se distingue des autres par son système de
propulsion. Un moteur de départ est de conception classique avec un carburant solide. Ensuite,
c’est une motorisation nucléaire qui prend le relais. De fait, ce type de propulsion lui donne théoriquement une portée illimitée. Le missile est également capable
de modifier sa trajectoire pour la rendre moins prévisible.
Les États-Unis semblent tendus quant aux nouvelles capacités militaires de la Russie. Le missile de croisière à propulsion nucléaire Burevestnik
sera capable d’atteindre des cibles aux États-Unis, a
déclaré le major à la retraite de l’armée américaine Mike Lyons dans une interview à CBS News. Y
a-t-il vraiment un tournant dans la confrontation entre la Russie et l’Occident ?
«C’est une arme
exotique. L’énergie nucléaire n’est généralement pas utilisée pour la propulsion. Cela donnera à la Russie la possibilité d’adapter des armes de faible puissance, potentiellement
nucléaires, et d’augmenter considérablement leur portée de vol, par exemple, elles pourront parcourir des dizaines de milliers de kilomètres», s’est inquiété le militaire.
Telles sont les conséquences du discours de Vladimir Poutine au forum du Club Valdaï le 5 octobre, où il a annoncé le test réussi du Burevestnik, le qualifiant de «missile de
croisière à portée mondiale». La réponse russe aux mondialistes ? Le président a également déclaré que les travaux sur le missile super-lourd Sarmat étaient
«virtuellement» terminés.
En effet, les images satellite diffusées le mois dernier indiquaient que la Russie avait récemment construit de nouvelles installations dans un îlot
reculé de l’Arctique où des essais nucléaires soviétiques étaient déjà effectués. Les images ont montré des travaux de construction sur Novaya zemlya, un archipel insulaire dans le
nord de la mer de Barents.
Poutine avait annoncé pour la première fois le système de missiles de nouvelle génération Burevestnik en 2018. Les informations sur Burevestnik sont
extrêmement rares. Le missile mesure 9 à 12 mètres de long (selon la classification OTAN SSC-X-9 Skyfall), est capable de transporter une ogive spéciale ou une unité de glissement
hypersonique et est équipé d’un propulseur à combustible solide ou statoréacteur et d’un réacteur nucléaire compact.
M. Poutine a déclaré que «Burevestnik», ferait réfléchir à deux fois tout pays envisageant d’utiliser l’arme nucléaire contre la Russie. Si un pays ose
le faire, «un tel nombre de
nos missiles apparaîtront dans les airs qu’aucun ennemi n’aura une chance de survivre», a déclaré Poutine.
Qu’est-ce que le missile
Burevestnik ?
L’arme est appelée Skyfall par l’OTAN et de nombreux experts occidentaux se montrent sceptiques à son sujet, affirmant qu’un moteur nucléaire pourrait
être très peu fiable.
Le missile de croisière lancé au sol et volant à basse altitude est capable de transporter une ogive nucléaire. Il pourrait rester en l’air beaucoup
plus longtemps que les autres missiles et couvrir une distance beaucoup plus grande, grâce à la propulsion nucléaire.
Poutine n’a pas précisé quand le dernier test a eu lieu, mais le New York
Times a rapporté lundi qu’il pourrait s’agir d’un événement récent, sur la base des mouvements d’avions et de véhicules sur une base russe dans l’Arctique.
Pourquoi le missile est-il
important ?
L’Institut international d’études stratégiques, citant une revue militaire russe spécialisée en 2021, avait déclaré que le Burevestnik aurait une portée
théorique allant jusqu’à 20 000 km, ce qui lui permettrait d’être basé n’importe où en Russie et de frapper des cibles n’importe où aux États-Unis.
Le même journal indique que l’altitude théorique du missile n’est que de 50 à 100 mètres, bien inférieure à celle d’un missile de croisière à propulsion
conventionnelle, ce qui rendrait sa détection plus difficile par les radars de défense aérienne.
Un rapport de 2020 du Centre national de renseignement aérien et spatial de l’armée de l’air américaine a déclaré que si la Russie réussissait à mettre
en service le Burevestnik, cela donnerait à Moscou une «arme unique avec
une capacité de portée intercontinentale».
Développement du
missile
Son développement s’est avéré être une tâche difficile pour les scientifiques nucléaires russes. L’agence de presse Reuters a
déclaré que le missile avait subi un certain nombre d’échecs lors des tests, notamment en 2019 lorsque cinq spécialistes nucléaires russes avaient été tués dans une explosion et une
fuite de radiations lors d’une expérience en mer Blanche.
Les experts nucléaires se demandent depuis longtemps si le missile peut entrer en service. La Nuclear Threat
Initiative, une organisation de sécurité à but non lucratif, a estimé en 2019 que le déploiement pourrait prendre une décennie.
Deux choses sont
immuables en ce monde : la nature humaine, avec ses vertus et ses vices, et la géographie, avec ses terres et ses eaux. C’est pourquoi l’histoire se répète plus ou moins ou, comme certains le
disent, se répercute à travers les âges. Il n’y a pas d’exemple plus clair que les événements actuels en Ukraine et leur toile de fond, la géopolitique du “cœur” de l’Eurasie, autour duquel tourne tout le
reste de la planète, comme le proclamait Mackinder
il y a plus d’un siècle. Au centre de ce “heartland” se trouve le seul pays eurasiatique qui s’étend
d’est en ouest et qui est aussi le plus grand du monde : la Fédération de Russie.
Deux fenêtres
Après s’être étendue de la Baltique au Pacifique, la Russie du tsar Pierre Ier (1672-1725) a ouvert vers 1700 une fenêtre sur l’Europe
occidentale. Voyant la technologie plus avancée de l’Occident, notamment en matière militaire et navale, le tsar comprend qu’il est nécessaire pour la Russie de rattraper son retard pour se
défendre, mais c’est aussi le principe de l’unité qui préside à son action. Quiconque regarde la carte voit immédiatement que la masse continentale eurasienne entre l’océan Pacifique à l’est,
l’océan Atlantique à l’ouest et l’océan Indien au sud est géographiquement unique. C’est “l’île monde”.
Au cours des deux siècles qui ont suivi 1700, il est devenu évident que la Russie devait effectivement se défendre, car l’Europe occidentale s’est montrée encore
plus agressive qu’avant Pierre Ier. À l’époque, la Russie avait déjà été envahie par les chevaliers teutoniques soutenus par la papauté et par les Polonais (avec les Lituaniens). Sous Pierre Ier,
la Russie avait déjà été envahie par la Suède lors de la Grande Guerre du Nord, puis par une coalition de nations européennes organisée par Napoléon en 1812, puis par les Français, les
Britanniques et les Ottomans en 1854.
Après avoir progressivement établi la stabilité après 1856 dans sa fenêtre sur l’ouest de l’Europe, c’est sous le tsar Nicolas II (1868-1918) que la Russie a ouvert
une fenêtre sur l’est de l’Asie. La réalisation la plus visible de cette ouverture est le plus long chemin de fer du monde, le Transsibérien, construit entre 1891 et 1904. C’est le tsar Nicolas
qui a ouvert la Sibérie à la colonisation et des millions de Russes s’y sont installés sous son règne, alors que la population de son empire montait en flèche. L’influence russe s’étend également
à la Chine (c’est l’époque de l’insurrection anti-occidentale des Boxers), à la Mandchourie et à la péninsule coréenne, très convoitée par le Japon. Cette expansion a été stoppée très brutalement
lorsque l’Occident a financé et armé son mandataire, le Japon, jusqu’aux dents. En février 1904, le Japon a perfidement attaqué la flotte russe dans son port sans avoir déclaré la guerre, comme
il l’a fait plus tard en décembre 1941 à Pearl Harbour.
Au cours de ce conflit de dix-huit mois, les Japonais, armés des derniers “dreadnoughts“ construits
en Europe occidentale, qui craignaient le potentiel russe, ont battu la marine russe, désespérément arriérée, mais n’ont obtenu que peu de résultats dans leur guerre terrestre. Les deux pays ont
conclus une paix sous l’égide des Américains, dans des conditions très défavorables au Japon, qui a été saigné à blanc, tant physiquement que financièrement. Cependant, l’Empire russe a également
été confronté à de graves dissensions internes, fomentées par les intrigues des pays d’Europe occidentale, qui ont envoiyé de la propagande et des armes aux révolutionnaires soutenus par
l’Occident, principalement par l’intermédiaire de la Finlande.
La tragédie du XXe siècle
La fenêtre russe sur l’Asie, avec la Chine, le Japon et la Corée, s’est refermée. En moins d’une décennie, une nouvelle attaque occidentale se produit, cette fois
depuis l’ouest, avec l’invasion allemande, austro-hongroise et ottomane de l’Empire russe en 1914. Puis, alors que la Russie était sur le point de remporter la victoire, le tsar a été renversé à
Saint-Pétersbourg en 1917, sous l’égide des Britanniques. Les Britanniques ont même envoyé le génie militaire Trotski du Canada pour soutenir l’idéologue marxiste incompétent Lénine, lui-même
envoyé par l’Allemagne pour saboter l’effort de guerre russe. En 1918, le tsar et sa famille sont assassinés sur ordre de New York, comme l’a souligné l’historien russe contemporain Piotr
Multatuli 1 il y a plus de dix ans.
À partir de ce moment, l’Empire russe, alors rebaptisé URSS, fût confronté à une lutte existentielle pour sa survie. En 1941, une coalition de pays sous l’égide de
l’Allemagne nazie, entièrement approuvée et financée par Londres et New York, a attaqué l’URSS. Sortie victorieuse après des pertes et des effusions de sang inouïes, l’URSS a créé une zone tampon
en Europe de l’Est, afin de ne plus être attaquée par l’Ouest. Cependant, 45 ans plus tard, cette zone tampon s’est effondrée. La réaction soviétique à une nouvelle invasion occidentale avait
rendu l’URSS, et en particulier la Russie, extrêmement impopulaire auprès de nombreux Européens de l’Est, qui se considéraient comme gouvernés par des régimes tyranniques et fantoches
pro-soviétiques.
Comme nous le savons, l’URSS s’est effondrée en 1991 et, pendant près de dix ans, la Russie est devenue la proie de l’impitoyable dépouillement des ses actifs par
le capitalisme occidental, par l’intermédiaire de ses oligarques fantoches. Avec ses peuples humiliés en proie au désespoir, cela a conduit à une pauvreté de masse, à l’émigration, à
l’alcoolisme, au suicide et à une crise démographique. L’hostilité destructrice de l’Occident a ainsi fermé la fenêtre russe sur l’Occident et forcé la Russie à se tourner vers l’Est, pour
rouvrir la fenêtre du tsar Nicolas II sur l’Asie. Ce n’est donc qu’au cours des vingt dernières années, avec la montée des forces nationalistes russes, que la Russie a pu se protéger de
l’Occident, comme en ce moment en Ukraine, et qu’elle s’est à nouveau tournée vers l’Asie.
Bien que le Japon occupé par les États-Unis ait été contraint de rejeter les ouvertures de la Russie, la Chine, l’Inde et maintenant la Corée du Nord les ont
accueillies favorablement. La Corée a été la grande perdante de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Coréens ont été brutalement exploités par l’impérialisme japonais. Peu après, la Corée a de
nouveau été ravagée, cette fois par l’impérialisme des États-Unis et de leurs alliés de 1950 à 1953, faisant 2,5 millions de morts parmi les Coréens et divisant le pays dans un “conflit gelé” parce que les États-Unis n’étaient pas
en mesure de gagner leur guerre. Aujourd’hui, en raison de l’hostilité raciste et de l’agression militaire de l’Occident, la Russie a été projetée vers l’est, précisément vers l’Inde, la Chine et
la Corée du Nord. En fait, nous sommes revenus au grand programme asiatique du tsar Nicolas II, mais cette fois-ci, l’Asie qui l’intéressait comprend une Inde/Bharat libre, une Chine
économiquement et politiquement très forte et une Corée du Nord militairement très forte.
L’unité fondamentale de l’Eurasie
Comme nous l’avons dit au début, l’Eurasie est géographiquement unie. En effet, ses liens avec l’Afrique sont tels que l’on peut même parler d’unité de
l’Afro-Eurasie. En dehors du centre, il y a les aberrations, les grandes îles d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Australie, ainsi que toutes leurs petites îles, la Nouvelle-Zélande, la
Polynésie, les Caraïbes, etc. Elles se situent toutes en dehors de l’unité géographique centrale de l’Afro-Eurasie. Cependant, une telle unité centrale ne peut exister avec la
multipolarité.
En d’autres termes, l’unité ne peut exister que si elle tient compte de la diversité. Telle est la signification de la multipolarité. En effet, l’Eurasie, et plus
précisément l’Asie, présente une grande diversité de races, de cultures et de croyances. Par exemple, elle est la source de croyances aussi diverses que le christianisme, l’islam, l’hindouisme,
le bouddhisme, le confucianisme et des croyances plus modestes comme le shintoïsme, le sikhisme et le judaïsme. Aucune de ces religions n’est venue d’un autre continent que l’Asie.
Pendant soixante-dix ans, l’Occident a considéré la Corée du Nord comme un “État paria”, mais uniquement parce qu’elle a dû se défendre,
par l’intermédiaire d’un gouvernement très autoritaire, contre la menace militaire, et plus particulièrement nucléaire, des États-Unis. Sa tyrannie était une question de survie. Tout comme le
Viêt Nam a été réunifié une fois que les États-Unis ont été chassés, la Corée sera elle aussi réunifiée. Les deux moitiés, Nord et Sud, ont besoin l’une de l’autre. Et franchement, toutes les
autres parties de l’Eurasie, ses péninsules et ses îles, seront également réunies à l’Eurasie. Il s’agit du Taïwan chinois artificiellement séparé, de l’Israël américain et de la
péninsule “européenne” contrôlée par les
États-Unis, composée de “l’UE” et de ses
pays associés.
Cela inclut également les deux archipels offshore surpeuplés, qui se reflètent l’un l’autre, à l’est et à l’ouest. Il s’agit du Japon et des îles britanniques et de
l’Irlande, dont les peuples insulaires sont réservés (et conduisent également à gauche). Pour l’instant, les dirigeants du Japon occupé par les États-Unis n’ont pas encore signé de traité de paix
avec la Russie et ses relations avec la Corée du Nord et la Chine sont très mauvaises. Quant à la Grande-Bretagne occupée par les États-Unis, ses dirigeants n’ont pas encore fait preuve d’un
quelconque sens de l’identité et d’une colonne vertébrale. Une fois libérés de leur tutelle sur les États-Unis, ils pourront eux aussi mettre fin à leur isolationnisme agressif et revenir à des
relations de bon voisinage, en tant que parties intégrantes, bien qu’extraterritoriales, de la masse continentale eurasienne.
Conclusion
La montée de la multipolarité, telle qu’elle se manifeste dans l’Union économique eurasienne, l’Organisation de coopération de Shanghai, les BRICS et maintenant les
BRICS +, qui incluent l’Éthiopie, avec laquelle la Russie du tsar Nicolas II était liée, est le signe que l’Eurasie et l’Afro-Eurasie ont compris qu’elles devaient travailler ensemble. C’est
l’ancienne vision du Grand Programme asiatique du Tsar Nicolas II, contrariée par l’impérialisme occidental il y a cinq générations, mais ravivée par la Fédération de Russie aujourd’hui. Il est
vrai que l’Occident, qui n’est plus dirigé par la Grande-Bretagne, très affaiblie, mais par les États-Unis, eux aussi très affaiblis, tente toujours de contrecarrer cette coopération. Mais
l’Occident a déjà perdu contre le Reste du Monde, comme le montre chaque jour la déroute des forces supplétives de Kiev en Ukraine.
Batiushka
Recteur orthodoxe russe
d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en
politique russes et européennes.
“L’ordre a été
envoyé à Moscou par l’intermédiaire d’une organisation américaine stationnée à Vologda, a déclaré Multatuli, ajoutant que ses membres considéraient la destruction complète de la
Russie tsariste comme essentielle à la réalisation de leurs plans visant à façonner un monde unipolaire avec les États-Unis comme seule puissance”.
La Russie développe une nouvelle arme, surnommée «Alabuga», qui est considérée en Occident comme plus puissante qu’une bombe nucléaire.
Ce missile est équipé d’un générateur haute fréquence de grande puissance, capable de neutraliser l’ennemi sans tirer un seul coup.
L’arme électromagnétique «Alabuga» peut désactiver tous les appareils électroniques ennemis dans un rayon de 3,5 km. Elle est envisagée pour être
installée sur les derniers drones russes afin de neutraliser les avions ennemis. De plus, elle peut détruire les ogives de missiles et les appareils de communication des avions,
bloquer le chargement automatique des chars et même tuer les soldats ennemis cachés sous terre jusqu’à une profondeur de 100 mètres.
Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré lors du Forum économique oriental que la Russie travaillait sur des armes basées sur de nouveaux
principes physiques. Il a souligné que ces armes garantiraient la sécurité de n’importe quel pays dans un avenir proche.
En outre, cet été, l’armée russe a reçu des véhicules de déminage à distance «Listva», capables de détecter et faire exploser des mines terrestres
radiocommandées grâce au rayonnement micro-ondes.
La Russie a prouvé pour la dernière fois son penchant pour l’innovation dans la conception d’armes révolutionnaires en 2018, en dévoilant une série de
systèmes stratégiques de pointe. Cinq ans plus tard, le président russe a de nouveau mentionné des travaux sur de nouvelles armes mystérieuses basées sur de «nouveaux
principes physiques». Spoutnik s’est tourné vers les meilleurs experts militaires russes et américains pour obtenir leurs commentaires.
Le secteur de la défense russe travaille sur des armes de pointe basées sur de «nouveaux
principes physiques», a révélé le président Vladimir Poutine.
«Si l’on considère
le domaine de la sécurité, les armes basées sur de nouveaux principes physiques garantiront la sécurité de n’importe quel pays dans une perspective historique proche. Nous le
comprenons très bien et nous y travaillons», a
déclaré Poutine mardi dans un large discours au Forum économique de l’Est.
Poutine n’a pas donné de détails, laissant les médias et les observateurs militaires se démener pour obtenir plus d’informations.
L’encyclopédie en ligne officielle du ministère russe de la Défense définit les
«armes
basées sur de nouveaux principes physiques» comme «de nouveaux types
d’armes dont l’effet destructeur repose sur des processus et des phénomènes qui n’ont jamais été utilisés à des fins militaires».
Au début du 21e siècle, ces armes comprendraient :
Armes à énergie
dirigée (laser, accélérateurs, armes à micro-ondes et à infrasons conçues pour détruire ou désactiver la main-d’œuvre, l’équipement ou les installations et
infrastructures renforcées de l’ennemi). «Tous les
types d’armes à énergie dirigée sont pratiquement sans inertie et, à l’exception des armes à infrasons, sont instantanées […] Les plus grands succès» dans cette direction
«ont été obtenus dans l’amélioration des armes laser», selon le ministère de la Défense.
Armes
électromagnétiques (ultra-haute fréquence et laser), dont les propriétés destructrices sont obtenues grâce à l’utilisation d’un «flux
puissant, généralement pulsé, de rayonnement optique électromagnétique cohérent [présent dans certains types de lasers, ndlr], ou d’un rayonnement optique incohérent.»
Armes non létales,
conçues pour neutraliser les armes, les équipements, le matériel et le personnel sans infliger de pertes irréparables à ces derniers. L’armée russe les divise en systèmes
antipersonnel, anti-équipement/matériel et systèmes combinés anti-personnel/anti-équipement/anti-matériel. Il s’agit notamment de diverses armes conçues pour remplacer les outils
existants utilisés par les services de sécurité intérieure, tels que les gaz lacrymogènes, les balles en caoutchouc, les dispositifs psychotropes, les armes à infrasons et la
suppression électronique, ainsi que des agents biologiques et chimiques de qualité militaire qui peuvent se décomposer ou rendre les carburants inutiles. , des produits
d’isolation et de caoutchouc, ainsi que des systèmes à ultra-haute fréquence destinés à désactiver les composants radioélectroniques des armes et équipements ennemis.
Armes
géophysiques (sismiques, climatiques, ozone, environnementales), définies collectivement par le ministère de la Défense comme «des moyens
visant à influencer délibérément l’environnement afin d’utiliser les forces de la nature à des fins militaires». Ces armes hypothétiques sont conçues pour agir contre les
propriétés solides, liquides et gazeuses de la planète et de son atmosphère, et peuvent inclure l’utilisation d’explosifs puissants pour provoquer des tremblements de terre, des
éruptions volcaniques, des inondations et d’autres catastrophes, ainsi que modifier le temps ou le climat. Dans certaines parties de la planète, entraînant des sécheresses, des
inondations, des tempêtes, etc. Les armes à l’ozone sont conçues pour créer des trous dans la couche d’ozone, causant des dommages étendus en utilisant le rayonnement ultraviolet
de l’espace sur de vastes zones géographiques. Enfin, les armes environnementales sont classées comme celles conçues pour cibler les forêts, les cultures, les ressources en eau,
en air ou en sol,
Les armes
radiologiques comprennent les armes dont l’effet destructeur «repose sur
l’utilisation de substances radioactives capables d’empoisonner la main-d’œuvre avec des rayonnements ionisants sans explosion nucléaire», avec des matériaux cracheurs de
radiations obtenus à partir de restes de combustible nucléaire ou en exposant des éléments chimiques à des flux de neutrons. Pour produire des isotopes radioactifs. Ces armes
peuvent être installées à l’intérieur d’obus, de bombes largables, d’ogives de missiles et d’autres munitions conventionnelles, et sont conçues pour contaminer l’environnement
pendant des dizaines, voire des centaines d’années.
Les armes
génétiques sont définies comme «un type
d’arme capable d’endommager l’appareil génétique (héréditaire) des êtres humains», notamment par l’utilisation de virus aux propriétés mutagènes, ainsi que «des mutations
dérivées de sources naturelles par synthèse chimique ou biotechnologique». Méthodes, pour causer des dommages ou des modifications à l’ADN. Ce type d’armement potentiel est
considéré comme particulièrement dangereux au vu de «l’imprévisibilité
des conséquences» de leur utilisation, selon l’armée russe.
Sur quels types d’armes basées sur
de nouveaux principes physiques la Russie travaille-t-elle ?
L’armée russe, l’État et les instituts de recherche affiliés à l’armée sont pour la plupart restés discrets sur les types d’armes basées sur de nouveaux
principes physiques que le pays développe, mais ont néanmoins laissé entendre leurs priorités et leurs préoccupations.
Par exemple, en tant que partie à la Convention sur les armes biologiques, la Russie a interdit totalement la
création d’armes génétiques. Dans le même temps, l’armée russe a révélé de manière très détaillée l’ampleur des recherches américaines illégales dans ce sens dans
des laboratoires
biologiques en Ukraine et dans d’autres pays du monde, sous couvert de préparation anti-pandémique et d’autres recherches civiles.
En tant que propriétaire du plus grand arsenal nucléaire au monde, Moscou
a également évité la création d’armes radiologiques, ou «bombes
sales», invoquant le danger de leur développement et de leur utilisation possible par des terroristes ou des puissances ennemies, notamment pour des attaques sous fausse bannière
contre la Russie.
L’observateur militaire russe
vétéran Viktor Murakhovsky a déclaré à Sputnik que les commentaires du président Poutine sur les armes basées sur de «nouveaux principes physiques» faisaient très probablement
référence aux lasers et à d’autres armes basées sur la physique des hautes énergies.
Comme dans le domaine des missiles hypersoniques, dans lequel la Russie a
pris une longueur d’avance grâce à une base de recherche solide remontant au moins aux années 1970, la recherche russe moderne sur les armes laser remonte également à des
études fondamentales menées par de brillants scientifiques du XXe siècle,» a déclaré Murakhovsky, soulignant les travaux de physiciens lauréats du prix Nobel, dont Alexandre Prokhorov
et Anatoly Vlasov.
«Nous travaillons sur les armes laser depuis assez longtemps, depuis les années 1970», a déclaré l’observateur. «Aujourd’hui,
Sergey Grigorievich Garanin a été nommé concepteur général des systèmes laser. Il travaille à l’Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale et dirige
actuellement le développement de deux projets, dont un complexe laser et tout un ensemble de systèmes conçus pour assurer la sécurité [nationale].»
En 2016, a rappelé Mourakovsky, le Premier ministre Dmitri Medvedev a
assisté à une démonstration d’une arme laser anti-drone à l’Institut de physique des lasers, après quoi l’État a donné son feu vert pour l’introduction rapide de cette technologie
dans l’armée.
«Entre autres
choses, l’installation laser Peresvet a été créée, conçue pour aveugler les satellites espions ennemis dans les zones où se trouvent nos missiles balistiques mobiles… Un deuxième
système laser a été conçu pour détruire les petits drones. Aujourd’hui, ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis et en Chine, des systèmes laser comme l’Astra Gemini sont
utilisés de manière intensive sur certains navires. Mais jusqu’à présent, nous n’avons vu aucune démonstration claire de tels systèmes», a déclaré Mourakhovski.
À l’heure actuelle, estime Murakhovsky, la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie en Ukraine fait des lasers anti-drones le type d’arme le
plus urgent, basé sur de nouveaux principes physiques. Ici, a-t-il déclaré, un certain nombre de problèmes initiaux, notamment les performances des lasers dans le brouillard, la pluie
et la couverture nuageuse, ainsi que l’énorme quantité d’énergie dont ils ont besoin pour fonctionner, ont empêché leur adoption et leur déploiement à grande échelle.
«L’avantage des
armes laser est clair : elles détruisent instantanément leur cible. Mais les inconvénients, notamment dans les applications sur le terrain, sont très importants. Il est en effet
nécessaire de construire un générateur électrique séparé pour les systèmes au sol… Le président parlait donc des développements à venir. Nous surveillerons, et le monde occidental
tout entier suivra également», a résumé l’expert.
La posture agressive des
États-Unis comme principal facteur de motivation
Interrogée sur les facteurs qui
poussent la Russie à travailler sur des types d’armements fondamentalement nouveaux, Karen Kwiatkowski , lieutenant-colonel à la retraite de l’US Air Force et ancienne
analyste du Pentagone devenue lanceuse d’alerte, a déclaré à Sputnik que la doctrine de «confinement» des États-Unis et de l’OTAN était utilisée «pour justifier leurs dépenses et leur
entretien en matière de défense». De la domination du dollar dans le monde pendant 40 bonnes années après que ce concept soit devenu vide de sens et dénué de sens», en est le
responsable le plus direct.
«L’expansion
militaire américaine, et plus particulièrement la lutte du gouvernement américain pour maintenir la domination du dollar et le contrôle mondial de l’énergie, a amené le reste du monde
à réfléchir de manière défensive et à développer des stratégies militaires et économiques pour contrer la force et l’hégémonie américaines», a déclaré Kwiatkowski.
C’est un processus dialectique, du point de vue de l’observateur.
«Lorsque les
États-Unis rapprochent leur force aérienne, leur armée et leur marine des côtes d’un pays et lorsqu’ils ciblent géographiquement toutes les régions d’un pays, comme en Asie, en Russie
et au Moyen-Orient, ces pays réagissent en conséquence. Ceux qui sont économiquement ou politiquement plus faibles et non nucléaires choisissent le terrorisme et parfois la conformité
; ceux de taille moyenne se regrouperont avec d’autres ; et les plus grands pays, et ceux qui ont le plus à perdre, planifient stratégiquement pour contrer la menace connue», a
déclaré Kwiatkowski.
«L’armée
américaine n’est pas capable de défendre les États-Unis proprement dits, ni ses nombreuses bases à travers le monde… Les politiciens américains confondent l’offensive et l’hégémonie
avec la défense, et cette vulnérabilité a façonné les actions défensives et offensives de [ zones] du monde que les États-Unis considèrent comme leurs ennemis et leurs menaces»,
a ajouté l’observateur.
En fin de compte, Kwiatkowski estime que les pays qui donneront le ton en matière de création de nouveaux systèmes de défense avancés du futur seront
ceux qui seront «ouverts à toutes
sortes de technologies» et prêts à «concevoir de nouvelles armes et améliorer les anciennes».» et qui ont «un pays dans lequel les ingénieurs sont bien éduqués et ont l’esprit
scientifique».
Que sait-on de ces armes sur la
base de nouveaux principes physiques ? Enquête internationale approfondie.
Alors qu’il s’adressait au Forum économique oriental au début de ce mois, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que la Russie travaillait
sur «des armes basées
sur de
nouveaux principes physiques» qui «assureront la sécurité de tout pays dans une perspective historique proche «.
En effet, le 1er mars 2018, Poutine a mentionné l’arme laser de la Russie pour la défense aérienne et la guerre anti-satellite, le Peresvet, lors de son
discours à l’Assemblée fédérale.
La Russie teste ses armes laser de
pointe en Ukraine. Que sait-on de ces armes sur la base de nouveaux principes physiques ?
Le Peresvet, nommé
d’après un guerrier orthodoxe médiéval Alexander Peresvet, est entré en service de combat expérimental dans les forces armées russes en décembre 2018. En février 2019, le président
russe a annoncé que les installations laser avaient confirmé leurs caractéristiques uniques avec les missiles
hypersoniques Kinzhal.
En mai 2022, une autre arme laser russe, «zadira» («Bully» ou «Badss»), aurait été déployée pendant le conflit ukrainien pour
abattre les drones ukrainiens.
«Oui, les premiers
échantillons sont déjà utilisés», a déclaré le vice-premier ministre Yuri Borisov à un radiodiffuseur russe. «Nos physiciens
les ont développés et maintenant des systèmes laser sont produits en masse.». Le public en a vu au cours du forum militaro-technique international ARMY-2017.
Qu’est-ce que le système laser
Peresvet?
Alors que les informations et les caractéristiques techniques des armes à laser de la Russie sont enveloppées dans le secret, on sait
que le Peresvet
est une plate-forme laser stratégique conçue pour désactiver les engins spatiaux ennemis à des altitudes allant
jusqu’à 1500
kilomètres.
Néanmoins, un laser disposant de suffisamment d’énergie pour aveugler des satellites devrait également être capable de frapper les avions
atmosphériques, selon les observateurs militaires internationaux. Les responsables pensent qu’il peut également «brûler» l’équipement des avions de reconnaissance et des
drones, et avec quelques modifications, même les détruire physiquement à bout portant. Les experts ont en outre indiqué que le Peresvet est utilisé pour camoufler les positions de
lancement des missiles
balistiques intercontinentauxRS-24 Yars.
«Un complexe
laser, Peresvet, est en service de combat », a déclaré à Spoutnik Yuri Knutov, historien militaire et publiciste, directeur du musée des forces de défense
aérienne. «Il s’agit d’un
laser assez grand. Ses caractéristiques ne sont pas divulguées. On ne peut que supposer, en fonction de sa taille, que ce laser est capable d’aveugler les satellites et d’affecter les
drones et les missiles de croisière, et même, peut-être, les avions et les hélicoptères. Quoi qu’il en soit, ce complexe laser fait partie des complexes terrestres mobiles qui font
partie des forces stratégiques des missiles. Ce sont les complexes Yars.»
En décembre 2020, le colonel-général Sergei Karakaev, commandant des forces de missiles stratégiques, a déclaré à la presse russe que Peresvet avait
déjà été testé pour couvrir les systèmes terrestres mobiles sur leurs itinéraires de patrouille de combat. L’arme laser ne permet pas aux satellites de reconnaissance de
déterminer les coordonnées exactes des systèmes de missiles balistiques mobiles russes en service de combat.
Est-ce que la zadira est utilisée
en Ukraine ?
Alors que le Peresvet «aveugle» les systèmes de l’ennemi, le zadira les brûle. L’arme peut frapper
un véhicule
aérien sans pilote (UAV) à une distance allant jusqu’à 5 km. Au cours de l’essai, un drone volant à 5 km de là a été frappé par la zadira et brûlé en l’espace
de cinq secondes.
«Le complexe russe
de zadira est déjà utilisé», a déclaré M. Knutov. «Il est capable de
fonctionner contre des drones. (…) De tels complexes sont installés, en règle générale, sur la plate-forme d’une voiture blindée, ils ont ainsi une certaine protection contre les
éclats et les balles ennemis. En même temps, ils sont pratiquement silencieux. Le faisceau laser est invisible, ce n’est que dans les films de science-fiction qu’un faisceau laser est
projeté perçant le ciel. En réalité, le faisceau laser est invisible, sa vitesse est égale à la vitesse de la lumière, donc la cible est pratiquement frappée quasi
instantanément. Le coût d’une telle impulsion de faisceau laser est extrêmement faible par rapport aux missiles antiaériens »
«Le laser zadira
est spécifiquement destinée à la zone d’une opération militaire spéciale, à la lutte contre les drones, principalement ceratins types d’aéronefs, et en partie les quadcoptères. (…) Et
pour détruire un tel drone, bien sûr, vous avez besoin d’un certain système de guidage. Il y a donc une station optique-électronique qui détecte le drone, le prend dans une poursuite
automatique, puis le laser s’allume directement et brûle littéralement le corps du drone. Si le faisceau laser frappe la caméra vidéo, la matrice est brûlée en une ou deux secondes.
Et donc le drone perd en fait ses fonctions».
Il pourrait aider à combattre les drones ennemis et permet de ne pas gaspiller les missiles coûteux (de la Russie) à courte distance. Même si les
armes laser sont un produit technologiquement complexe, le coût de leur tir est nettement inférieur à celui d’un système de missiles antiaériens (SAM). De plus, le faisceau laser
atteint la cible presque instantanément et ne peut pas être intercepté.
Quels autres lasers la Russie
a-t-elle dans sa boîte à outils ?
L’armée russe a également mentionné le projet Luchezar dans ses
bulletins. Ce système laser mobile de petite taille prometteur est conçu pour neutraliser les dispositifs de reconnaissance contenant des matrices CCD en les endommageant
efficacement. Une caractéristique spécifique de
ce système laser est son objectif, qui lui permet de détruire les équipements de surveillance, selon le ministère russe de la Défense.
Auparavant, le
ministère a noté que les avions stratégiques et tactiques de l’armée russes seraient également équipés de systèmes laser pour protéger les avions contre le fait d’être frappés
par des
missiles sol-air et air-air ayant des têtes équipées en optiques.
A la fin du mois d’août, une source informée a déclaré à Spoutnik que la Russie avait mené des
essais sur le terrain d’un canon au laser, au cours desquels elle avait détruit plusieurs drones de différents types. Selon la source, le canon laser russe a brûlé les surfaces
aérodynamiques des drones ou brûlé leur corps avec des équipements embarqués.
«Un complexe laser
non identifié a également été démontré à ARMY-2023», a souligné M. Knutov. «Ses capacités et
ses caractéristiques techniques n’ont pas été précisées. Ce système laser est conçu pour lutter uniquement contre les drones. Eh bien, et peut-être, pour détruire d’autres
objets aériens tels que les missiles de croisière, qui peuvent être dans la zone touchée pendant une période relativement longue, c’est-à-dire en environ 5 secondes. Mais tout
d’abord, bien sûr, ce complexe fonctionne contre les drones. Il se compose de deux véhicules, le second a un canon antiaérien automatique, qui est capable de détruire les drones si le
temps est mauvais ou si le complexe laser n’a pas fait face à sa tâche. C’est-à-dire qu’il endommage le drone, mais le drone continue à voler. En tout état de cause, il n’y a pas
encore d’informations sur la mise en service de ces systèmes.»
Est-ce que les autres nations
développent des armes laser ?
Les avantages des armes à laser ont été explorés par de nombreux pays étrangers, a souligné Knutov. «Ces
développements ont été réalisés aux États-Unis. La Turquie est maintenant entrée dans la phase d’essai, et le Royaume-Uni teste également ses armes laser. Israël dispose d’un système
laser qui fait partie du Dôme de fer. Mais, à en juger par les rapports, le laser de combat israélien n’a jamais été utilisé efficacement contre les missiles», a suggéré
l’expert.
«Il est prématuré
de parler de développements britanniques et américains. Pourquoi ? Si nous jetons un coup d’œil à leurs tests, ils réussissent. Mais si vous voulez regarder les résultats réels
pendant les opérations de combat ou pendant les conflits locaux, il n’y a pas de telles informations. Cela donne à penser que ces armes sont encore «brutes et
incomplètes», a poursuivi M.
Knutov.
Bien que l’Agence américaine de défense antimissile ait laissé entendre à la mi-août 2023 que «la maturation
technologique se produit», la presse américaine a cité des sceptiques qui ont déclaré que beaucoup d’argent avait été jeté dans cet l’effort. Depuis 2019, les géants de la
défense Northrop Grumman, Raytheon et Lockheed Martin se sont battus pour les contrats lucratifs du Pentagone pour produire des armes à laser.
L’arme laser israélienne s’appelle «Magen
Or» (Paire de
fer) et est considérée comme la prochaine étape dans l’autodéfense du pays. D’après le fabricant
d’armes israélien Rafael, le
Iron Beam – qui complétera le système israélien de défense antiaérienne du Dôme de fer – est conçu pour neutraliser les systèmes aériens sans pilote, les roquettes,
l’artillerie et les
obus de mortier en utilisant une arme à énergie dirigée de
100 kilowatts ou plus. La
société basée en Israel aurait conclu un accord avec Lockheed Martin en décembre pour développer conjointement un système laser basé sur Iron Beam destiné aux États-Unis.
Quels sont les avantages et les
inconvénients des bras laser ?
«Les armes laser
vous permettent de frapper une cible presque instantanément, à longue portée, et le faire en silence», explique M. Knutov.
Dans le même temps, le faisceau laser est assez bon marché en termes de coût, a noté l’expert, ajoutant que ce rapport fonctionnera lorsque la
technologie sera largement utilisée. La technologie laser militaire en est encore à ses débuts.
«Les armes laser
présentent encore des inconvénients», a souligné l’interlocuteur de Spoutnik. «Dans le
brouillard, sous la pluie ou par temps nuageux, les lasers sont moins efficaces, si nous parlons d’armes à longue portée. Cependant, des lasers sont apparus qui peuvent traverser
des nuages ou du brouillard avec une perte minimale. En ce qui concerne la pluie, le problème reste grave. La principale réalisation qui a été faite en Occident – il est difficile de
dire à quel point c’est vrai – mais il y a un an, il y avait des informations selon lesquelles, dans une université allemande, si je ne me trompe pas, à Wurzbourg, les
scientifiques ont réussi à combiner 10 faisceaux laser en un seul. Et donc, au lieu d’un laser industriel de 30 kilowatts, ils ont obtenu un seul faisceau avec une puissance de 300
kilowatts. C’est très grave. Un tel faisceau peut être utilisé non seulement contre les drones ou les missiles de croisière ou les avions, mais
même contre les véhicules blindés.»
Cependant, une véritable percée se produira lorsque la puissance d’un faisceau laser dépassera un mégawatt, selon Knutov, qui a souligné qu’une telle
arme laser s’apparenterait à des obus d’artillerie.
Les autres nations ont-elles des
armes anti-laser ?
Étant donné que la plupart des grandes puissances ont rejoint la course aux armes à laser, on pourrait se demander s’il y a un «antidote» contre les
faisceaux laser mortels. Selon Knutov, les armes à laser
ont déjà posé un défi à l’armée.
«C’est aussi une question très sérieuse aujourd’hui «, a déclaré l’expert. «Pourquoi ? Les
lasers peuvent être utilisés pour abattre des missiles
balistiques intercontinentaux, et les Américains ont effectué de tels essais: ils tirent sur l’obus de missile volant à une altitude de plus de 10 kilomètres avec un faisceau
laser d’un avion Boeing, et en effet, l’obus a été endommagé lorsque le missile est sorti dans des couches denses de l’atmosphère, des surcharges s’est produite, une fissure est
apparue dans cet endroit, et la fusée a été détruite.»
«Si nous faisons
tourner la fusée, nous comprenons que le laser ne sera pas en mesure de brûler ou d’endommager la structure métallique, car il n’aura pas le temps de s’échauffer. Si vous le recouvrez
d’un bon matériau réfléchissant, alors l’efficacité du faisceau laser sera également fortement réduite. Ce sont aujourd’hui des moyens de protection assez simples, mais très
efficaces», a déclaré M. Knutov.
Pendant ce temps, équiper les avions de lasers de combat pour intercepter les drones et les missiles ou détruire des véhicules blindés deviendra bientôt
une réalité, selon l’expert. Il a noté que l’une des exigences
pour l’avion de sixième génération était une centrale électrique embarquée, qui devrait être conçue pour générer suffisamment d’énergie pour une arme laser de combat destinée à être
montée sur des avions de guerre. «C’est que des
appareils de sixième génération sont déjà prévus pour les lasers de combat à bord», a conclu M. Knutov.
Les relations entre Ankara et
Moscou défient les attentes occidentales : Il s’agit d’un modèle unique de coopération entre puissances régionales, fondé sur des intérêts mutuels, le respect et la reconnaissance des
politiques étrangères indépendantes et de l’autonomie stratégique de chaque pays.
Ce qui rend une relation de pouvoir intrigante dans les relations internationales, c’est qu’elle n’est jamais tout à fait statique et que son équilibre
délicat exige une attention constante, des actes d’équilibrage et des ajustements. Les relations turco-russes s’inscrivent parfaitement dans ce paradigme.
L’interruption de dix mois du face-à-face entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de leur rencontre à
Sotchi le 4 septembre n’était pas naturelle, étant donné le torrent d’événements géopolitiques vitaux qui se sont produits entre-temps.
Depuis la dernière rencontre des deux chefs d’État à Astana en octobre dernier, Moscou a pris le dessus sur les champs de bataille en Ukraine ; le
soi-disant accord sur les céréales impliquant la Russie et l’Ukraine, négocié par Ankara sous les auspices des Nations unies, a fait long feu ; la sécurité de la région
de la mer Noire a atteint un nouveau niveau de criticité alors que l’obsession anglo-américaine pour la Crimée s’est accentuée ; et, surtout, Erdogan a obtenu un nouveau
mandat de président, ce qui le met sur la sellette pour inverser la crise financière et économique de la Turquie.
Fondement des relations entre la
Russie et la Turquie
Dans la foulée de sa victoire électorale, Erdogan s’est efforcé de se réconcilier avec
l’Occident, se montrant prêt à accepter l’adhésion de la Suède à l’OTAN et faisant preuve de solidarité avec l’Ukraine. Ankara a libéré sans ménagement des commandants
d’Azov capturés par la Russie à Marioupol l’année dernière et a annoncé son intention de produire des armes en commun avec l’Ukraine, ce qui pourrait gravement contrarier
Moscou.
Néanmoins, Moscou a réagi avec prudence. Le Kremlin pouvait se permettre de gagner du temps, car il s’agit également d’une relation asymétrique dans
laquelle la Russie a le dessus. Moscou a pu sentir qu’Erdogan n’était pas vraiment en train de «pivoter» vers l’ouest, mais qu’il montrait plutôt un intérêt pour l’amélioration des
liens occidentaux qui s’étaient détériorés ces dernières années – et dont l’issue est loin d’être certaine.
Fondamentalement, les relations de la Russie avec la Turquie sont renforcées par les relations personnelles chaleureuses entre Poutine et Erdogan, et
les deux dirigeants sont des réalistes consommés avec des intérêts partagés et une volonté
de défier la domination occidentale dans la politique régionale. Moscou ne sait que trop bien que les espoirs de la Turquie d’adhérer à l’Union européenne restent
un rêve
lointain.
Le «langage corporel» de la rencontre de Sotchi a confirmé que la verve des relations personnelles entre les deux dirigeants n’avait pas changé. Des
images télévisées ont montré les deux hommes souriant et se serrant la main à l’arrivée d’Erdogan à la résidence de Poutine, où le président russe a proposé à son invité de prendre
des vacances dans la station balnéaire de la mer Noire.
Un accord d’exportation de
céréales qui change la donne
Dans ses remarques préliminaires, Poutine a mis Erdogan à l’aise en le rassurant d’emblée sur le fait que l’offre russe de créer un «hub énergétique»
mondial en Turquie est tout à fait dans les cartons et se concrétisera bientôt.
Toutefois, la cerise sur le gâteau est l’accord
proposé qui faciliterait les exportations gratuites de céréales de la Russie vers six pays africains avec l’aide de la Turquie et du Qatar. En présence d’Erdogan, Poutine a
annoncé :
«Nous sommes sur
le point de conclure des accords avec six États africains, où nous avons l’intention de fournir des denrées alimentaires gratuitement et même d’effectuer la livraison et la logistique
gratuitement. Les livraisons commenceront dans les deux prochaines semaines».
La résonance politique et géopolitique de cette décision en Afrique est tout simplement incommensurable – la Russie offre, d’une part, au groupe Wagner
le rôle de gardien et, d’autre part, la sécurité alimentaire au continent. D’un seul coup, la propagande occidentale a été démolie, avec l’aide d’Ankara.
Erdogan, pour sa part, s’est dit convaincu que la Russie allait «bientôt» relancer l’accord sur les céréales de la mer Noire, tout en se faisant l’écho
de la position de Poutine selon laquelle l’Occident avait trahi ses engagements envers la Russie. De même, il a pris ses distances avec les projets occidentaux rivaux d’envoi de
céréales à travers la mer Noire, qui sont désormais voués à l’échec. Comme il l’a déclaré :
«Les propositions
alternatives présentées à l’ordre du jour ne pouvaient pas offrir un modèle durable, sûr et permanent basé sur la coopération entre les parties, comme l’initiative de la mer
Noire».
De manière significative, Erdogan a fait part de son optimisme, estimant toujours qu’une solution peut être trouvée prochainement pour relancer l’accord
sur les céréales, notamment en comblant les lacunes restantes.
Le président turc était accompagné à Sotchi d’une importante délégation comprenant notamment les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de
l’Énergie et des Finances, ainsi que le directeur de la banque centrale, qui a rencontré son homologue séparément pour faire avancer les négociations sur un système de paiement en
monnaies locales. Ce qu’Erdogan a publiquement soutenu en déclarant : «Je crois que le
passage aux monnaies locales est une bonne chose» :
«Je pense que le
passage aux monnaies locales est extrêmement important dans les relations bilatérales».
Respect de la souveraineté de la
Turquie par la Russie
En effet, le commerce est la locomotive des relations russo-turques, enregistrant une augmentation massive d’environ 80% pour atteindre 62 milliards de
dollars. Cinq millions de touristes russes ont visité la Turquie cette année. Poutine s’est félicité que lui et Erdogan aient porté les relations à un «très bon
niveau». Il est intéressant de noter que Poutine a souligné la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu – la première de Turquie, construite par les Russes – qui sera
pleinement opérationnelle l’année prochaine, alors qu’il décrivait la Turquie comme un nouveau membre du «club nucléaire international».
Il s’agit là de paroles mesurées, sans aucun doute. Le message qui ressort des discussions de Sotchi est que les relations russo-turques ont gagné en
maturité. Le sommet a suivi les entretiens de la semaine dernière entre le ministre des Affaires étrangères turc, Hakan Fidan, son homologue russe, Sergueï Lavrov, et le ministre de
la Défense, Sergueï Choïgou, à Moscou.
Plus tard, en présence de Fidan, Lavrov s’est exprimé
longuement et avec une clarté extraordinaire sur les politiques de la Russie à l’égard de la Turquie. L’intérêt réside dans le fait que la Russie apprécie profondément la
politique étrangère indépendante de la Turquie, «qui est orientée
vers ses propres intérêts nationaux» et qui résiste aux pressions occidentales.
Lavrov a déclaré que «l’interaction
constructive et équitable» de la Turquie avec la Russie est non seulement mutuellement bénéfique sur le plan économique et avantageuse, mais qu’elle renforce également
«la
base souveraine» de la politique étrangère de la Turquie. Lavrov a exprimé l’espoir que la Turquie «continuera à
répondre avec réciprocité malgré les pressions des États-Unis et de leurs alliés qui cherchent à dresser tout le monde contre la Fédération de Russie», concluant :
«L’efficacité de
notre dialogue politique et de notre coopération économique continuera à dépendre de notre volonté mutuelle de prendre en compte les préoccupations et les intérêts de chacun et de
chercher à les équilibrer. Nos partenaires turcs possèdent la vision stratégique nécessaire. Nous continuerons à adhérer à des approches fondées sur le respect mutuel et l’équilibre
des intérêts».
Un partenariat égal et
évolutif
De toute évidence, Lavrov s’est exprimé de manière réfléchie et déterminée. Ce qui ressort, c’est que même si la Turquie, membre de l’OTAN, n’a pas
encore cherché à adhérer aux BRICS
élargis ou à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – contrairement à l’Iran, à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis ou à l’Égypte – la Russie accorde
néanmoins une importance cruciale à la Turquie compte tenu de son autonomie stratégique, qui change la donne en matière de politique régionale et qui est un précurseur de
tendances.
Ses remarques montrent qu’il est vain d’évaluer les relations de pouvoir en termes de hiérarchie. Pas une seule fois, Lavrov n’a revendiqué d’affinités
idéologiques avec la Turquie. Ce qui importe le plus à la Russie, c’est la solide indépendance de la Turquie vis-à-vis de l’hégémonie américaine sous la direction d’Erdogan. S’agit-il
d’un partenariat stratégique ? Le jury n’a pas encore tranché.
Les relations russo-turques sont fondées sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel. Des divergences apparaissent de temps à autre, mais les deux parties
veillent à ce qu’elles ne se transforment pas en différends. C’était au tour de Poutine de se rendre en Turquie, mais c’est Erdogan qui est venu. Il n’y a pas de partenaire junior ou
senior dans leur relation d’égal à égal.
Les relations avec la Turquie sont devenues un vecteur intéressant de la politique étrangère russe, qui est bien sûr conforme à sa vision de la
multipolarité. Elle peut également constituer un nouveau modèle pour les relations de la Russie avec d’autres puissances régionales tournées vers l’ouest, compte tenu des incertitudes
géopolitiques actuelles. Comme l’a récemment affirmé Lavrov, la Russie est prête à coopérer avec tout pays qui chérit son indépendance.
1. Vladimir Poutine a inauguré en
2008, une stratégie politique ayant pour but de mettre fin au mondialisme.
En renvoyant mes lecteurs à l’article
sur les acteurs du Nouvel Ordre Mondial, (que l’on devrait peut-être appeler «l’Ordre Mondial du Nouveau Monde», celui qui a été créé en 1944 à Bretton-Woods, par les USA, la
Grande Bretagne, en un mot, les vainqueurs Anglo Saxons, suggère Sylvain Laforest, journaliste canadien), chacun sait que la Trilatérale, la Banque mondiale, le FMI, la BRI, la FED,
BlackRock/Vanguard, contrôlent le monde.
Tous ces acteurs font la pluie et le beau temps sur la vie de milliards de personnes, via les sociétés pétrolières, les multinationales majeures,
l’industrie pharmaceutique, les grands médias inféodés au système mondialiste, un grand nombre d’ONG, corps et âmes dévoués à la cause des criminels mondialistes, s’activant
actuellement pour le plus grand génocide de l’histoire !
Le porte-parole de cette organisation totalitaire, rendu bien visible et exposé volontairement à toutes les récriminations, c’est le FEM (WEF en
anglais) – Forum économique mondial de Davos et ses thuriféraires habituels, Klaus Schwab et Cie…
La CIA, l’OTAN sont aux ordres de la Commission Trilatérale et n’obéissent à aucun autre pouvoir politique. La Trilatérale est le parti dominant qui
décide seul en se plaçant au-dessus de tous les responsables élus des États, quels qu’ils soient ! La démocratie n’existe pas ! Il faudrait que les Occidentaux cessent
d’ânonner sur la démocratie car elle est radicalement inexistante, et ils devraient savoir depuis longtemps que dans une authentique démocratie, c’est «le peuple qui commande
et c’est l’État qui obéit» !
2. La grande bataille qui est engagée en ce moment, n’est pas celle des anciennes
grandes puissances contre la Russie et la Chine. Cette grande bataille engagée actuellement est celle des mondialistes contre les
souverainistes. Les États-nations se sont réveillés et veulent qu’on respecte leur souveraineté et leur indépendance.
Cette résistance au mondialisme a été réveillée par Vladimir Poutine en 2008.
Vladimir Poutine a tout tenté pour intégrer la Communauté
Internationale, mais à la condition que la souveraineté de la Russie soit respectée.
Il était hors de question que la Russie puisse imaginer un seul instant qu’elle soit respectée dans sa souveraineté légitime : Bien au contraire, tous
les plans des mondialistes étaient déjà écrits noir sur blanc disant que la Russie devait être démembrée et réduite à la servitude, les USA étant les seuls à pouvoir
revendiquer une domination indiscutable et indiscutée sur le monde entier.1
Le 10 mars 2007, Bush annonçait
que l’Ukraine et la Géorgie étaient devenus des candidats pour leur entrée dans l’OTAN ! Comment franchement voulez-vous que Vladimir Poutine réagisse ? Par un
avertissement demandant aux USA de cesser leurs provocations, rappelant au passage tous les accords y compris signés qui interdisaient l’expansion de l’OTAN vers les frontières de la
Russie.2
Vladimir Poutine était obligé d’intervenir en Géorgie en 2008 pour
remettre à leur place, en quelques heures, les USA et leur provocation !
Le chef de l’État russe, comprenait alors que les mondialistes ne pouvaient pas admettre la légitimité d’une souveraineté de la Fédération de Russie.
Vladimir Poutine se trouvait devant le choix de livrer son pays à la voracité des banques, à la mafia des BlackRock/Vanguard, au pillage et dépeçage de son grand pays par les vautours
enfin lâchés sur les cadavres d’une Nation anéantie et livrée à une destruction en règle : Celle organisée par le mondialisme criminel sans états d’âme, ou l’autre choix
possible : Celui de s’attaquer au mondialisme et de le détruire en règle avant qu’il n’aille plus loin dans ses projets génocidaires.
Vladimir Poutine savait que le groupe des prédateurs au pouvoir, contrôlant la création de la monnaie mondiale de réserve et toute l’économie liée à
elle, ainsi que les armées déployées en masse sur tous les Continents, serait le colosse à abattre, et qu’il serait impératif de découvrir rapidement ce qui constituerait ses pieds
d’argile inévitables ou son talon d’Achille bien dissimulé !
3. C’est ainsi que
Vladimir Poutine allait très vite identifier cette faiblesse de l’Empire au service des mondialistes : Le secteur
pétrolier.
Les pays producteurs étaient régulièrement menacés par la puissance militaire de l’Empire, lorsque celui-ci sentait que le contrôle de l’or noir pouvait
à tout moment lui échapper.
La Libye, la Syrie, l’Iran allaient dès les années 70 sortir de ce contrôle. Les mondialistes se jetèrent alors sur la supercherie de l’histoire du
«réchauffement climatique» causé par le CO2… La transition énergétique était alors considérée comme prioritaire et urgente car les réserves de pétrole s’épuisaient… Il fallait dès
cette époque penser la transition énergétique pour sauver la planète de cette catastrophe imaginaire causée par l’humain.
Malheureusement, les mondialistes ne parvinrent pas à trouver une énergie qui pourrait sérieusement remplacer le pétrole !
L’autre aspect du problème consistait à se dire : Comment puis-je justifier la valeur d’une monnaie sur une énergie (le pétrodollar), alors que
cette énergie est hors de mon contrôle ?
En août 1971, la convertibilité directe du dollar en or était abolie par les USA. Le dollar sans le pétrole devenait ipso facto une monnaie de
singe ! L’exploitation du pétrole en Amérique du Nord allait s’avérer ruineuse : Au final, il était plus économique pour les USA, d’acheter du pétrole que d’en produire
eux-mêmes ! Voilà le dilemme : Qui contrôle le pétrole, contrôle le monde !
4. Voilà pourquoi,
en 2008, Vladimir Poutine ayant compris cette situation du colosse aux pieds d’argile, lançait une réorganisation complète de tout le
complexe militaire russe pour le rendre pratiquement invincible !
Apparaissaient alors les meilleurs systèmes du monde en termes de défense : Les S-400 et Pantsir ; les meilleurs brouilleurs électroniques du
monde : Le Mourmansk-BN ; une batterie de missiles hypersoniques impossibles à intercepter : Les Kinjals et les Zircons, la série des Grad, des Iskander et des 3M-54
Kalibr ! La gamme des Soukhoïs allait voir le jour : Aucun avion occidental ne peut rivaliser avec ces appareils de combat… Puis, pour couronner le tout, les Russes allaient
mettre au point un cauchemar nucléaire dissuasif redoutable : Système Sarmat, Avangard, Poséidon. Les sous-marins nucléaires russes allaient atteindre des performances inégalées
dans l’histoire de l’armement. Avec les missiles hypersoniques, la flotte immense des porte-avions de l’Occident devenait obsolète, ruineuse elle aussi et inutile…
Avec la réorganisation de l’armée russe, allait également se faire la nationalisation de la production des armements. Enfin, en organisant la création
de la société privée Wagner, Vladimir Poutine concevait une machine militaire quasi invincible grâce à la souplesse que cette création lui donnait !
Les producteurs de pétrole allaient gagner leur indépendance puisqu’ils avaient la promesse de la Russie qu’elle allait protéger leurs arrières par la
désintégration du contrôle des mondialistes sur ce marché incontournable…
5. Du coup, les
banques occidentales, maîtresses des mondialistes, tentaient de provoquer les «Printemps arabes» dans 9
pays producteurs de pétrole. La Syrie était
l’obstacle principal qui empêchait le plan du «Grand Israël», (publié en 1982) le porte-drapeau du mondialisme au Moyen-Orient. Israël devait prendre le contrôle de tous les pays
producteurs de pétrole de la péninsule arabique à l’Afghanistan…
En 2011, la Russie n’était pas encore prête pour venir en aide à Kadhafi.
En 2014, elle n’était pas encore prête à intervenir, alors que les USA et la CIA, aux ordres de la Commission Trilatérale, organisaient les meurtres et
massacres de la place Maïdan à Kiev et à Odessa, lâchant les bandes d’Ukro-nazis sur le Donbass, bombardant ces populations russophones d’Ukraine, installant dans ce pays les experts
de l’OTAN, leurs laboratoires pour la guerre biologique et le pillage concomitant des richesses de ce pays …
Le 29 septembre 2015, la Russie venait en aide à Bachar al-Assad en s’attaquant aux faux terroristes d’ISIS/DAECH et vrais mercenaires occidentaux qui
devaient faire tomber la Syrie… Les mondialistes étaient brutalement arrêtés en Syrie en constatant qu’ils ne pouvaient plus faire ce qu’ils voulaient.
L’Irak, la Syrie, le Koweït, l’Arabie saoudite et l’Égypte ne pouvaient plus être maintenus sous la domination mondialiste par le contrôle du marché du
pétrole.
Il allait de soi que les mondialistes devaient avant tout s’occuper de ce Vladimir Poutine qui les empêchait de faire la fête et d’écraser tous les
récalcitrants à leur loi de domination inconditionnelle…
6. En février 2022,
la Russie était enfin prête à intervenir avec son nouvel arsenal d’armement
sophistiqué et testé en Syrie.
Vladimir Poutine savait pertinemment, qu’en allant aider les populations russophones du
Donbass, ayant fait le choix d’entrer dans la Fédération de Russie, il allait directement affronter l’OTAN, même si l’hypocrisie occidentale allait utiliser très largement le
peuple Ukrainien comme chaire à canons ! Les Occidentaux au complet allaient déclarer la guerre à la Russie en procédant aux innombrables «sanctions économiques»
qui allaient aussitôt ruiner l’Union européenne principalement et propulser la Russie au cinquième rang des puissances économiques mondiales…
Les USA, la Grande Bretagne, les pays occidentaux dans leur ensemble avec l’Union européenne, moins quelques pays contestataires de l’Union, allaient
mobiliser des milliards comme personne n’en avait jamais vu, du matériel dernier cri, des munitions à volonté, des experts qui allaient commander les formations de mercenaires et les
groupes néo-nazis de l’Ukraine…
Très vite, la superpuissance de l’OTAN allait comprendre que ses équipements onéreux étaient obsolètes face aux moyens de l’armée russe. Les chars les
plus sophistiqués de l’OTAN allaient brûler en masse et montrer leur incapacité à rivaliser avec le matériel russe. Bien entendu, les médias inféodés au système allaient dénigrer et
se moquer largement de l’armée russe en racontant des sottises à longueur de temps avec des meutes de crétins se faisant passer pour des experts en géopolitique ou en science
militaire, qui allaient se succéder sur les plateaux de télévision et se donner en spectacle lamentable… Car la réalité allait vite sauter aux yeux de tous, lorsque le récit mensonger
allait démontrer qu’il ne correspondait pas à la réalité…
Des généraux lucides du Pentagone tiraient la sonnette d’alarme en essayant de convaincre les mondialistes au pouvoir qu’il fallait rapidement cesser le
combat impossible à gagner contre une Russie supérieure en armements et en expérience militaire !
L’Occident courait à sa perte en voulant insister et là, il faut bien le dire que l’inconscience d’un petit Macron aura particulièrement attiré
l’attention du monde entier, tournant la France en dérision, assistant au spectacle pitoyable du roquet qui voulait s’attaquer à l’ours…
Pour les Ukrainiens non bandéristes, engagés de force par les Ukro-nazis au pouvoir, cette débâcle serait une tragédie sans nom, mais Vladimir Poutine
ne pouvait pas laisser faire les mondialistes désireux de détruire et de soumettre la Russie pour son pillage en règle par sa destruction… Il évitait ainsi au monde une apocalypse
nucléaire qui aurait tout d’abord éradiqué l’Union Européenne et tous les peuples qui la forment.
Les mondialistes ont organisé tout d’abord la fausse pandémie de coronavirus pour soumettre l’Occident dans son ensemble, le terroriser, et organiser le
totalitarisme qui va avec leur plan. Le Great Reset [la Grande Réinitialisation] en était le programme sous-jacent. Puis il fallait déjà commencer l’abandon du pétrole, promotionner
les énergies renouvelables, déclencher l’autodestruction des économies locales, des petits commerces, pour libérer l’espace favorable aux grandes multinationales et construire les
«villes 15 minutes» uniquement favorables aux ploutocraties du mondialisme…
7. Il va de soi que
le «réchauffement
climatique anthropique» allait être l’idéologie nouvelle du mondialisme désireux de tuer tout ce qui ne peut pas servir à sa domination incontestable : Tout doit être
désormais entre ses mains, les mains du 1% des plus riches en déplaçant toute la question énergétique sur autre chose que le pétrole dont elle ne contrôle plus ni le prix ni
l’approvisionnement.
De même les médias inféodés perdant aussi le contrôle sur les peuples, il fallait donc censurer à mort les réseaux sociaux, supprimer toutes les
libertés publiques comme privées, installer le totalitarisme médical, l’identité numérique, le crédit social… Aujourd’hui, les mondialistes sont en mode panique ! Ils prennent
toutes les dispositions pour le massacre du peuple avant de se faire lyncher eux-mêmes sur la place publique !
Le surendettement massif
spectaculaire des nations au nom d’une pandémie imaginaire, a été conçu, voulu, organisé pour amorcer le Great Reset des monnaies, engager le transhumanisme, éliminer au
passage tous les «idiots» et les «inutiles», justifier l’annulation des dettes impossible à rembourser, en échange de quoi l’abandon de la propriété privée sera une compensation
permettant la création d’une monnaie unique numérique distribuée en salaire universel exclusivement réservée aux inconditionnels de la soumission…
À ce propos, il faut bien le souligner : Etant donné qu’une majorité des peuples du monde refuse le Great Reset, il va de soi que
ce projet de la
monnaie unique mondiale numérique est impossible ! D’ailleurs, de plus en plus de pays se joignent aux BRICS, grâce en grande
partie à la sécurité donnée par la Russie de Vladimir Poutine… La Russie est gagnante en Ukraine, elle est gagnante sur l’échiquier politique et économique mondial, elle attire la
sympathie des pays africains qui sont heureux de sortir du colonialisme ou néo-colonialisme franco-anglo-saxons…
Avec la Chine et l’Inde, Vladimir
Poutine a créé le CIPS en 2015. Ce système a évincé le SWIFT qui bloquait les opérations bancaires des banques russes. Désormais, la Coopération de Shanghai, la nouvelle
route de la soie et les BRICS naviguent en toute liberté à travers le monde et font des adhérents chaque jour plus nombreux représentant déjà la majorité de la population humaine… La
dédollarisation n’était pas une volonté explicite des BRICS, mais tout naturellement, on peut constater que c’est là l’une des conséquences inévitable de la dissidence bancaire. De ce
fait l’hégémonie de la monnaie de référence mondiale n’est plus : C’est la fin de la domination unipolaire de l’Occident.
Le mondialisme est abandonné par beaucoup de peuples qui étaient menacés et tenus en laisse par l’Occident au service de ce totalitarisme.
Les producteurs de pétrole comme l’Iran, l’Algérie, le Qatar et le Venezuela sont sous la protection des BRICS et de la Russie qui apporte son aide
technologique et militaire à ces pays désormais dans la liberté de leur souveraineté enfin assurée.
Puis, l’Arabie saoudite avec les Émirats arabes unis ont décidé d’adhérer aux BRICS. Désormais, les USA seront évacués de Syrie, d’Irak et de Libye et
tous les producteurs de pétrole importants seront enfin dans une alliance avec la Russie.
Pour faire tenir le discours manipulateur tyrannique du «réchauffement climatique à cause de l’homme», il aurait fallu que le monde entier se
plie à ce narratif mensonger dénoncé par les plus grands spécialistes du climat. Les plus grands de ce monde des BRICS ont sabordé la COP-21 de Glasgow en 2021, les accords de Paris
de 2023 ont été refusés par la Chine.
Le plan des mondialistes qui veut infernaliser la vie des gens et les jeter dans la ruine pour qu’ils se soumettent à la dictature des tyrans du N.O.M.,
au nom du réchauffement climatique causé par l’être humain, ne pourra pas non plus avoir lieu : C’est un échec assuré, puisque la majorité des peuples va continuer à utiliser le
pétrole.
L’habileté géopolitique de Vladimir Poutine est en train de rallier trois continents à sa cause. L’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud refusent de
continuer à se faire piller par l’Occident hégémoniste et serviteur du N.O.M. Le FMI ne fait plus peur avec ses menaces habituelles. La Banque mondiale n’a plus aucun pouvoir sur les
pays engagés dans les BRICS. Une trentaine de pays sont candidats actuellement à leur entrée dans le nouveau système économique russo-chinois.
Conclusion
Les pays Occidentaux sont le dos au mur. Ils n’ont plus d’autre choix que celui de laisser tomber le mondialisme et son système économique tyrannique ne
servant que la cause des plus riches. La seule solution qui reste désormais, c’est celle d’aller du côté du monde multipolaire, des économies locales développées grâce à la
souveraineté des peuples, reconnue et défendue par l’usage des monnaies nationales respectées dans le cadre de cette coopération.
Pousser les peuples dans cette impasse sociale du mondialisme aurait pour effet principal d’entraîner les banques elles-mêmes dans un abîme d’où elles
ne pourraient plus sortir. Passer aux BRICS, c’est couper le fil de la dette créée par l’idéologie mondialiste unipolaire et assister à l’effondrement du système bancaire tout entier.
Quoi qu’il arrive donc, la vision mondialiste est perdante dans tous les cas de figures…
L’Occident sous l’emprise des
mondialistes a fait le choix du mensonge, de la falsification, de la tyrannie : Il récolte désormais ce qu’il a semé !
Tous les gouvernements dirigés par les Young Global
Leaders vont tomber les uns après les autres : C’est la débandade généralisée qui commence, grâce à l’habileté géopolitique de Vladimir Poutine !
Nous allons assister à ce moment tant attendu : Quoi qu’il arrive, le projet mondialiste est condamné d’avance par sa propre logique mensongère. Ce
totalitarisme ploutocratique passant par le transhumanisme obligatoire n’est pas jouable puisque la majorité des peuples s’en est définitivement détourné. Il faut bien le dire, c’est
Vladimir Poutine qui a flanqué par terre ce projet orwellien tant désiré par les tyrans mondialistes et c’est à l’Est que va se lever le soleil nouveau sur un monde redevenu humain.
Certes, le serpent auquel elle écrase la tête va encore mordre au talon la femme de l’Apocalypse, mais les jours du serpent sont désormais comptés. Les souffrances inutiles qui
viendront encore ne permettront plus à ce projet contre nature d’avoir un avenir quelconque.
Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, Young Global Leader, disait avec détermination et une sorte d’infaillibilité pontificale : «On ira ensemble
vers ce nouvel ordre mondial, et personne, je dis bien, personne, ne pourra s’y opposer». (Le 16 janvier 2009)
Si, heureusement pour nous, Vladimir Poutine s’y est opposé et c’est lui qui a le dernier mot compte tenu de la stratégie qu’il a mise en place et des
résultats qu’il obtient auprès de la majorité des peuples !
Il est fascinant de voir comment les
correspondants de guerre russes jouent désormais un rôle similaire à celui des anciens commissaires politiques de l’URSS.
Il y avait parmi eux des journalistes sérieusement indépendants qui peuvent être très critiques sur la façon dont le Kremlin et le ministère de la Défense
(MoD) mènent ce qui peut être défini alternativement comme une opération militaire spéciale (OMS) ; une opération de contre-terrorisme (OCT) ; ou une «presque guerre» (selon certains
cercles d’affaires influents à Moscou).
Il est fascinant de voir comment ces journalistes patriotes/indépendants jouent désormais un rôle similaire à celui des anciens commissaires politiques de
l’URSS, tous profondément engagés, à leur manière, à guider la société russe vers l’assèchement du marais, lentement mais sûrement.
Il est clair que Poutine non seulement comprend leur rôle, mais que parfois, «à la manière d’un
choc dans le système», le système qu’il préside met effectivement en œuvre les suggestions des journalistes. En tant que correspondant étranger travaillant dans le monde entier
depuis près de 40 ans, j’ai été très impressionné par la façon dont les journalistes russes peuvent jouir d’un degré de liberté inimaginable sous la plupart des latitudes de l’Occident
collectif.
La transcription de la réunion par le Kremlin montre que Poutine n’est pas du tout enclin à tourner autour du pot.
Il a admis qu’il y avait des «généraux
d’opérette» dans l’armée, qu’il y avait une pénurie de drones, de munitions de précision et d’équipements de communication, qui est en train d’être résolue.
Il a discuté de la légalité des groupes de mercenaires, de la nécessité d’installer tôt ou tard une «zone tampon» pour protéger les citoyens russes des
bombardements systématiques du régime de Kiev, et il a souligné que la Russie ne répondrait pas au terrorisme inspiré par Bandera par le terrorisme.
Après avoir examiné les échanges, une conclusion s’impose : Les médias de guerre russes ne préparent pas d’offensive, même si l’Occident collectif attaque
la Russie 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec son énorme appareil médiatique composé d’ONG et de soft power. Moscou n’est pas – encore ? – totalement engagée dans les tranchées de la
guerre de l’information ; pour l’instant, les médias russes ne font que jouer la Défense.
Jusqu’à Kiev ?
La citation la plus intéressante de toute la rencontre est sans doute l’évaluation concise et effrayante de Poutine sur notre position actuelle sur
l’échiquier :
«Nous avons été
contraints d’essayer de mettre fin à la guerre que l’Occident a déclenchée en 2014 par la force des armes. Et la Russie mettra fin à cette guerre par la force des armes, en libérant
l’ensemble du territoire de l’ancienne Ukraine des États-Unis et des nazis ukrainiens. Il n’y a pas d’autres options. L’armée ukrainienne des États-Unis et de l’OTAN sera vaincue, quels
que soient les nouveaux types d’armes qu’elle recevra de l’Occident. Plus il y aura d’armes, moins il restera d’Ukrainiens et de ce qui était l’Ukraine. L’intervention directe des armées
européennes de l’OTAN ne changera rien à l’affaire. Mais dans ce cas, le feu de la guerre engloutira toute l’Europe. Il semble que les États-Unis soient également prêts pour
cela».
En résumé, cette guerre ne se terminera qu’aux conditions de la Russie, et seulement lorsque Moscou estimera que tous ses objectifs ont été atteints. Tout
le reste n’est que vœux pieux.
De retour sur la ligne de front, comme l’a souligné l’indispensable Andrei Martyanov, le correspondant de guerre de première classe Marat
Kalinin a exposé de manière concluante comment l’actuelle contre-offensive ukrainienne de cercueils métalliques n’a même pas été en mesure d’atteindre la première ligne de
défense russe (ils sont à une longue – autoroute de l’enfer – 10 km de distance). Tout ce que la meilleure armée mandataire de l’OTAN jamais rassemblée a pu accomplir jusqu’à présent,
c’est de se faire massacrer sans pitié à une échelle industrielle.
Voici le général Armageddon en action.
Sourovikine a eu huit mois pour s’implanter en Ukraine et, dès le début, il a compris exactement comment transformer la situation en un tout nouveau jeu. La
stratégie consiste sans doute à détruire complètement les forces ukrainiennes entre la première ligne de défense – à supposer qu’elles la franchissent un jour – et la deuxième ligne, qui
est assez importante. La troisième ligne restera interdite.
Les médias occidentaux collectifs s’affolent, comme on pouvait s’y attendre, et commencent enfin à montrer les pertes horribles subies par l’Ukraine,
démontrant ainsi l’incompétence totale accumulée par les hommes de main de Kiev et leurs responsables militaires de l’OTAN.
Et juste au cas où les choses se corseraient – ce qui est pour l’instant une lointaine possibilité – Poutine lui-même a livré la feuille de route.
Doucement, doucement. Comme dans : «Faut-il marcher sur
Kiev ? Si oui, nous avons besoin d’une nouvelle mobilisation, si non, nous n’en avons pas besoin. Il n’y a pas besoin de mobilisation tout de suite».
Le mot clé est «tout de suite».
La fin de tous vos plans élaborés
Pendant ce temps, loin du champ de bataille, les Russes sont très conscients de l’activité géoéconomique frénétique.
Moscou et Pékin échangent de plus en plus en yuans et en roubles. Les dix pays de l’ANASE se lancent à corps perdu dans la création de monnaies régionales,
contournant ainsi le dollar américain. L’Indonésie et la Corée du Sud accélèrent leurs échanges en rupiah et en won. Le Pakistan paie le pétrole russe en yuans. Les Émirats arabes unis et
l’Inde augmentent leurs échanges non pétroliers en roupies.
Tout le monde et son voisin s’apprêtent à rejoindre les BRICS+, obligeant un hégémon désespéré à commencer à déployer toute une série de techniques
de guerre hybride.
Le chemin a été long depuis que Poutine a examiné l’échiquier au début des années 2000, puis a déclenché un programme de missiles défensifs et offensifs en
catastrophe.
Au cours des 23 années suivantes, la Russie a développé des missiles hypersoniques, des ICBM avancés et les missiles défensifs les plus avancés de la
planète. La Russie a gagné la course aux missiles. Point final. L’Hégémon, obsédé par sa propre guerre contre l’islam, a été complètement pris au dépourvu et n’a fait aucune avancée
matérielle en matière de missiles pendant près de deux décennies et demie.
Aujourd’hui, la «stratégie» consiste à inventer de toutes pièces la question de Taïwan, ce qui configure l’échiquier comme l’antichambre d’une guerre
hybride sans merci contre la Russie et la Chine.
L’attaque par procuration – via les hyènes de Kiev – contre le Donbass russophone, encouragée par les psychopathes néocons straussiens en charge de la
politique étrangère américaine, a assassiné au moins 14 000 hommes, femmes et enfants entre 2014 et 2022. Il s’agissait également d’une attaque contre la Chine. Le but ultime de ce
stratagème «diviser pour régner» était d’infliger une défaite à l’allié de la Chine dans le Heartland, afin d’isoler Pékin.
Selon le rêve humide des néocons, tout ce qui précède aurait permis à l’Hégémon, une fois qu’il aurait repris le contrôle de la Russie comme il l’a fait
avec Eltsine, de bloquer l’accès de la Chine aux ressources naturelles russes à l’aide de onze forces opérationnelles de porte-avions américains et de nombreux sous-marins.
De toute évidence, les néoconservateurs, incapables d’acquérir des connaissances en sciences militaires, n’ont pas conscience du fait que la Russie est
aujourd’hui la plus grande puissance militaire de la planète.
En Ukraine, les néoconservateurs espéraient qu’une provocation amènerait Moscou à déployer d’autres armes secrètes que les missiles hypersoniques, afin que
Washington puisse mieux se préparer à une guerre totale.
Tous ces plans élaborés ont peut-être lamentablement échoué. Mais un corollaire demeure : les néoconservateurs straussiens croient fermement qu’ils peuvent
instrumentaliser quelques millions d’Européens – qui seront les prochains ? Les Polonais ? Les Estoniens ? Les Lettons ? Les Lituaniens ? Et pourquoi pas les Allemands ? – comme de la
chair à canon, comme les États-Unis l’ont fait pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, sur les cadavres d’Européens (notamment de Russes) sacrifiés pour la même vieille prise
de pouvoir anglo-saxonne de Mackinder.
Des hordes de 5èmes colonnes européennes facilitent grandement la «confiance» dans les États-Unis pour les protéger, alors que seules quelques personnes
ayant un QI supérieur à la température ambiante ont compris qui a réellement bombardé Nord Stream 1 et 2, avec la connivence du chancelier saucisse de foie allemand.
En fin de compte, l’hégémon ne peut tout simplement pas accepter une Europe souveraine et autosuffisante, mais seulement un vassal dépendant, otage des mers
contrôlées par les États-Unis.
Poutine voit clairement comment l’échiquier a été mis en place. Et il voit aussi que «l’Ukraine» n’existe même plus.
Alors que personne n’y prêtait attention, le mois dernier, le gang de Kiev a vendu l’Ukraine à BlackRock, qui pèse 8500 milliards de dollars. C’est ainsi
que les choses se sont passées. L’accord a été conclu entre le gouvernement ukrainien et Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock.
Ils mettent en place un Fonds de développement ukrainien (FDU) pour la «reconstruction», axé sur l’énergie, les infrastructures, l’agriculture, l’industrie
et les technologies de l’information. Tous les actifs de valeur restants dans ce qui sera une Ukraine croupion seront engloutis par BlackRock : de Metinvest, DTEK (énergie) et MJP
(agriculture) à Naftogaz, Ukrainian Railways, Ukravtodor et Ukrenergo.
Quel est donc l’intérêt de se rendre à Kiev ? Le néolibéralisme toxique de qualité supérieure fait déjà la fête sur place.
La nouvelle feuille de route de la Russie pour le monde multipolaire
par Pepe Escobar -
Le 17/06/2023.
Le Forum économique international de
Saint-Pétersbourg n’est pas seulement la première plateforme où l’on discute de tout ce qui touche aux affaires et à la géoéconomie en Russie et dans l’Eurasie élargie.
C’est un espace privilégié où les tendances du passé, du présent et de l’avenir sont explorées en détail : un microcosme de la multipolarité à
l’œuvre.
Le programme d’affaires est généralement un festin intellectuel. Il est impossible de rendre compte de son ampleur et de sa portée en seulement quelques
lignes, sans parler de l’atmosphère exaltante qui règne lorsqu’on saute d’une salle à l’autre à la recherche de l’exposé parfait.
Ce qui suit pourrait être considéré comme une sorte de best-seller incomplet des sessions du jeudi 15 juin – suffisamment percutant pour alimenter les
débats sur la multipolarité pendant les semaines, voire les mois à venir.
Le panel «Comment
l’économie russe évoluera-t-elle ?» était composé du gouverneur de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, du ministre des Finances, Anton Siluanov, et du principal collaborateur
de Poutine, Maksim Oreshkin.
L’imperturbable Nabiullina a souligné que «l’interopérabilité»
aiderait «le système de
paiement russe à s’intégrer dans le système mondial». Elle reste favorable à une «privatisation
choisie», au maintien de la «confiance dans les
marchés financiers» et à une faible inflation.
Siluanov a insisté sur la «nécessité de changer
de paradigme», sur l’importance pour l’État de créer de la demande et sur la nécessité de réduire les subventions. La macro-stabilité est importante, «mais il ne faut pas
en faire trop». Oreshkin est d’accord : le gouvernement devrait se débarrasser des actifs «dont il n’a pas
vraiment besoin».
Un groupe de travail sur la dédollarisation a
débattu de la plausibilité d’une transition du dollar américain vers une «monnaie
supranationale fondamentalement nouvelle, supervisée par un large consortium d’États opérant sur la base de principes de partenariat». C’est essentiellement ce qui est discuté au
cœur de l’Union économique eurasiatique (UEEA) et des BRICS.
L’avenir de la Russie était au centre du débat sur Horizon
2040. Andrey Bezrukov, président de l’Association pour l’exportation de la souveraineté technologique et professeur au MGIMO, a souligné qu’en 2024, la Russie assurera la présidence
des BRICS : il est temps, dès à présent, d’en «faire non seulement
une alliance de partenaires égaux, mais aussi une force financière, technologique et économique».
Alexandre Douguine s’est livré à une présentation étonnante, expliquant les voies du développement parallèlement à la manière dont les Russes devraient
comprendre l’identité.
Cela a conduit à une critique inévitable de l’ethnocentrisme : «L’Occident se choisit
comme seul sujet. Il détient un système de valeurs considérées comme universelles – que tous les autres doivent suivre». C’est «l’Occident en tant
que totalité de l’humanité», couplé à une volonté de «désubjectiver le
reste. La subjectivité
globale de l’Occident est intégrée». Douguine la décrit comme «un virus»,
développé «au fil des
siècles».
L’intégration dans l’Occident global, selon Douguine, «laisse la Russie sans
avenir». La Russie devrait plutôt déclarer que l’Occident est «une force parmi
d’autres. Pas une menace existentielle». La Russie peut «se proclamer comme un
État souverain». Exercer une «décolonisation
mentale de la société». C’est ainsi qu’un «État-civilisation qui
définit ses propres objectifs» devrait agir.
En montrant un diagramme en trois étapes, «entre le rouge et le
lilas», Douguine a illustré la manière dont la Russie peut effectuer la transition de «se comprendre dans le
monde occidental» vers un «développement
souverain».
Tout sur l’OCS, l’UEEA, l’ANASE, l’INSTC et les BRICS
Zhang Ming, le secrétaire général de l’OCS, et Bakhtiyer Khakimov, le représentant spécial de Poutine à l’OCS, ont été particulièrement utiles lors
d’un panel qui
a changé la donne : tout comme les BRICS, avec sa Nouvelle banque de développement (NDB), l’OCS travaille également à la création d’une banque de développement, intégrée dans une
«économie
mondiale ouverte» contre les sanctions.
Le secrétariat de l’OCS à Tachkent fonctionne déjà comme un forum pour les gouvernements locaux et centrasiatiques. Il s’agit d’une véritable organisation
multilatérale dont les membres sont déjà responsables de pas moins de 2/3 du chiffre d’affaires mondial du fret commercial.
Sergey Pavlov, premier directeur général adjoint des chemins de fer russes, a établi un lien essentiel : OCS-INSTC. Le potentiel du corridor international
de transport nord-sud, a-t-il déclaré, est «incroyable». Il
a rappelé que la Russie avait récemment signé un accord pour construire la «partie manquante du
INSTC en Iran». Il a également souligné que la frontière stratégique entre le Kazakhstan et la Chine, au niveau du port sec de Khorgos, est prête à connaître un boom des
exportations.
Une discussion
très attendue des BRICS a permis d’examiner comment différents mécanismes peuvent améliorer la durabilité socio-économique. La zone de libre-échange continentale africaine recèle
un énorme potentiel : 1,3 milliard d’habitants, jeunes pour la plupart.
Alexander Isaev, expert de la direction des corridors de transport internationaux, a souligné l’importance de «chaînes logistiques
de bonne qualité». Le commerce extérieur étant fondamentalement basé sur le transport maritime, les BRICS et les futurs membres des BRICS+ devront faire leurs devoirs en matière
«d’infrastructure
portuaire et d’amélioration des routes». Sans oublier de réduire les formalités administratives : «Les entreprises
consacrent 50% de leur temps total à l’expédition en transit. Nous devons accélérer le processus de franchissement des frontières».
Une question clé a été posée : quand y aura-t-il un «Made in BRICS» ? Pas avant «l’harmonisation des
réglementations techniques», comme c’est déjà le cas avec «plusieurs
groupes» travaillant entre la Chine et la Russie.
Une table ronde extrêmement importante a été consacrée
à l’INSTC, avec des représentants de l’Iran, du Pakistan et de l’Azerbaïdjan, ainsi qu’Evgenii Moskvichev, président d’un comité de la Douma et l’un des plus grands experts mondiaux
en matière de transport. Le ministre iranien des Transports, Mehrdad Bazrpash, a tenu à souligner que l’Iran possède «un énorme potentiel
logistique».
L’ANASE a figuré dans un panel
crucial célébrant le 5ème anniversaire d’un protocole d’accord avec l’UEEA sur la coopération économique, ainsi que le partenariat stratégique Russie-ANASE.
Cette interconnexion entre l’Eurasie et l’Asie du Sud-Est recèle un immense potentiel en matière de transport, de logistique, d’économie numérique et, bien
sûr, de systèmes de paiement permettant de contourner le dollar américain.
L’indispensable Sergey Glazyev, ministre de l’Intégration et de la Macroéconomie de la Commission économique pour l’Eurasie, se devait de participer à la
discussion. Evgeny Zagaynov, représentant de la Russie auprès de l’ANASE (qui dispose d’un bureau à Jakarta), a souligné qu’il était temps de «faire de l’ANASE une
plaque tournante de la croissance mondiale», d’œuvrer en faveur d’un «environnement fiscal
commun» et d’investir dans la connectivité des transports.
Tout cela dans le cadre crucial des «règlements mutuels en
monnaies locales». Les Philippines, quant à elles, souhaitent se présenter comme la porte d’entrée idéale de l’UEEA dans l’ANASE.
Désintégration ?
La discussion
traditionnelle du Club Valdai a tenté d’identifier de manière concise le nouveau monde dans son titre : «La nouvelle économie
mondiale : Pas globale, mais interconnectée».
Le premier vice-Premier ministre russe, Andreï Belooussov, a fait un bref rappel nécessaire, soulignant que «le grand bénéficiaire
de la mondialisation dans les années 1990 a été la Chine, qui a doublé son PIB». Mais ensuite, «dans la seconde
moitié des années 2000, les Américains ont commencé à démanteler les normes». Le protectionnisme est devenu la norme.
Belooussov ne «croit pas que l’OMC
reviendra à la vie». Il préfère se concentrer sur les «nouveaux pays»
qui seront les acteurs clés du nouvel ordre mondial : Brésil, Inde, Indonésie, Mexique.
Il voit trois scénarios possibles : une nouvelle «Pax Americana basée
sur la technologie numérique, protectionniste, un club occidental fermé», avec un usage de la force essentiellement régimenté contre la Chine ; une «régionalisation
autour de centres de développement», tels que la Chine, l’Inde et le Vietnam ; ou un «chaos contrôlé»,
soumis à la crise alimentaire et à la crise des ressources en eau.
Gong Jiong, de l’Université des affaires internationales et de l’économie (UIBE), s’est concentré sur ce qu’il a défini comme «la grande
réorientation». La Chine est bien sûr au centre de ce mouvement : son principal partenaire commercial est en fait l’ANASE. Parallèlement, les échanges commerciaux entre la Chine et
la Russie ont augmenté de 40% l’année dernière et pourraient atteindre «bien plus de 200
milliards de dollars d’ici à la fin de 2023», dont pas moins de 70% – et plus – sont réglés en yuans et en roubles. La Banque centrale russe détient déjà 40% de ses réserves en
yuans. Bienvenue dans le monde des monnaies multipolaires.
Eldor Aripov, de l’Ouzbékistan, a offert une précieuse perspective centrasiatique. Le coût des importations alimentaires est «considérable» ;
dans de nombreux cas, «les camions en
provenance d’Europe mettent 2 mois et demi à atteindre l’Ouzbékistan – avec des coûts de transport doublés».
Malgré tout, Tachkent s’attend à une forte croissance de 5,5% cette année. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la prédiction des «Balkans eurasiens»
(de feu Zbig Brzezinski) s’est effondrée. L’Ouzbékistan se concentre désormais sur – quoi d’autre – les corridors de transport, via l’Afghanistan vers l’Asie du Sud, ainsi que sur le
projet chinois de chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan.
Belooussov, pour sa part, a noté que la Russie est en mesure d’utiliser pas moins de quatre corridors de base. Deux sont opérationnels : le corridor
oriental, développé pour le charbon et en cours de restructuration pour les engrais, et le corridor méridional, via la mer Noire jusqu’à la Turquie.
Les deux corridors en développement sont la route de la mer du Nord – plus courte et plus rapide de deux semaines par rapport à Suez – et les trois branches
de l’INSTC : l’Est, vers le Kazakhstan et le Turkménistan via l’Iran ; le Transcaspien – avec Astrakhan comme principal port via l’Iran au sud ; et le corridor occidental – également une
alternative au transit par Suez.
Il n’est pas surprenant que pour que tout cela fonctionne comme une horloge, il faille «beaucoup
d’investissements et de stabilité politique».
Benedict Weerasena, du groupe de réflexion Bait al-Amanah en Malaisie, a introduit un élément jeune, joyeux et optimiste dans les débats, en soulignant que
le PIB par habitant de l’ANASE, qui rassemble 690 millions de personnes, est «bien plus élevé que
la moyenne mondiale». Il s’est montré très lyrique sur la montée en puissance du Fonds monétaire asiatique (AMF), soulignant que «les organismes
régionaux doivent lutter contre la suprématie du FMI. L’AMF n’est pas un simple rêve».
Arvind Gupta, de l’Inde, s’est livré à une critique acerbe de la militarisation de la technologie et des systèmes financiers, ainsi que de la militarisation
des chaînes d’approvisionnement «imposées aux
pays». Il est parvenu à une formulation claire : «Le système actuel
promeut soit la technologie pour le profit, soit la technologie pour la surveillance». L’Inde essaie de «promouvoir la
technologie pour le bien, pour le développement».
Ce n’était là qu’un échantillon d’une journée entière de discussions au forum. Il n’y a rien d’à peu près similaire, ni d’aussi profond, dans l’ensemble de
l’Occident. Bienvenue à Saint-Pétersbourg, véritable capitale du monde multipolaire émergent.
La décision de la Russie d’accueillir ses Jeux olympiques en 2024 suscite l’inquiétude de l’Occident, entraînant l’agressivité du Comité international
olympique (CIO). En réponse aux termes asservissants et aux doubles standards, la Russie a décidé de réserver une mauvaise surprise au CIO.
Une alternative aux Jeux olympiques
classiques
Alors que les responsables du CIO et les dirigeants occidentaux débattent de la question de l’admission des athlètes russes et biélorusses aux Jeux
olympiques d’été de 2024 à Paris, la Russie est fatiguée des conditions qui lui ont été imposées.
Elle a donc décidé d’organiser une compétition à grande échelle pour offrir une alternative aux Jeux olympiques traditionnels organisés sous l’égide du
CIO.
Les «Jeux de l’amitié» et les jeux
sportifs des BRICS
La Russie prévoit d’accueillir les jeux sportifs des BRICS en 2024 à Kazan, qui coïncideront avec le sommet de l’organisation. En outre, Kazan accueillera
également un événement appelé «Jeux de l’amitié», auquel seront invités des athlètes du monde entier qui se sont vu refuser l’accès aux Jeux olympiques pour diverses raisons, y compris
des raisons politiques. Ces compétitions sont programmées à une période différente afin de ne pas empiéter sur la période des jeux officiels du CIO.
La réaction du CIO et de
l’Occident
La décision de la Russie suscite des émotions négatives au sein du CIO et des décideurs occidentaux. Les diverses exigences et la politique de deux poids
deux mesures du CIO nuisent à sa crédibilité. Les tentatives de dialogue avec une organisation qui n’agit qu’en position de force n’intéressent plus la Russie.
Francesco Bitti, président honoraire de la Fédération internationale de tennis et chef du comité d’organisation de Paris 2024, a critiqué l’idée d’organiser
les Jeux de l’amitié et a déclaré que la Russie ne devrait pas dépasser les limites du mouvement olympique. Francesco Bitti oublie toutefois que les responsables du CIO eux-mêmes ont
depuis longtemps dépassé ces limites.
Selon le site d’information olympique Inside the Games, la direction du CIO est en proie à la panique. Ils sont mécontents des projets de la Russie
d’organiser des «compétitions mutines» et de faire venir des athlètes de Chine.
La Russie est une force avec laquelle
il ne faut pas jouer
La décision de la Russie démontre une fois de plus au monde qu’il est non seulement vain, mais aussi dangereux de lui parler en position de force. Si les
Jeux de l’amitié sont un succès, de nombreux athlètes pourraient choisir de concourir en Russie, lassés de l’environnement du CIO imprégné de corruption et de politique.
Diffusion d’initiatives
similaires
Les dirigeants russes devraient adopter de telles initiatives et les étendre à tous les domaines d’activité où il y a manipulation par des «spécialistes»
occidentaux. Cela permettrait de protéger les intérêts nationaux et de souligner l’indépendance vis-à-vis des pressions exercées par les organisations occidentales.
En plein conflit ukrainien, la
Fédération de Russie a décidé d’achever la réorganisation de ses armées. C’est un travail de titan qui a été accompli depuis la dissolution de l’Union soviétique et la complète anarchie
qui a suivi. Cependant, malgré les très graves problèmes survenus, l’année dernière, successivement avec l’envoi au front de jeunes gens sans formation militaire, puis avec les retards
d’approvisionnement de certaines unités, une professionnalisation du système est déjà bien visible. La réforme annoncée entend non seulement homogénéiser les Forces armées vers le haut,
mais transformer en profondeur les méthodes du commandement.
Le président Vladimir Poutine a personnellement surveillé la transformation des armées russes depuis son accession au pouvoir. Celles-ci étaient dans un
état déplorable. La majorité de l’encadrement était alcoolisé contraignant les jeunes recrues à des bizutages immondes.
Dans un premier temps, il a renvoyé 150 000 sous-officiers et officiers, provoquant une profonde crise de management. Il avait alors créé la première armée
de l’espace, une vingtaine d’années avant les États-Unis, afin de tester de nouvelles formes de commandement tout autant que pour investir un nouveau théâtre d’opération. Surtout, il
avait confié à Anatoly Serdyukov la lutte contre la corruption, ce qu’il fit d’une main de fer, mais au détriment des armées.
Puis, durant une décennie, Vladimir Poutine a envoyé ses soldats se former au combat, pour une période de six mois en Syrie. Enfin, il a créé, à titre
expérimental, une armée privée, le Groupe Wagner, où il a pu tester diverses formes d’organisation.
Au cours des deux dernières années, Wagner a été commandé dans l’ombre par le colonel Dmitri Outkine, tandis que le cofondateur de cette société, le
communiquant Evgueni Prigojine, captait tous les regards et les critiques.
Les armées sont des structures immenses dont l’organisation doit être repensée en permanence.
À titre de comparaison, on se souvient que les États-Unis ont constaté dans les années 90 que l’augmentation de leurs dépenses militaires n’amélioraient
plus leurs résultats. Ils ont donc désigné Donald Rumsfeld comme secrétaire à la Défense. Celui-ci avait une compétence exceptionnelle de management d’entreprise. En 2001, il a encouragé
la création de sociétés militaires privées (dont la célèbre Blackwater) pour tester de nouvelles méthodes de fonctionnement. Mais cette expérience a échoué, les groupes
formés trouvant plus d’intérêt à effectuer des opérations secrètes pour la CIA qu’à répondre aux exigences du Pentagone. Les États-Unis restent avec une armée dont l’efficacité ne
cesse de se réduire comme on l’a vu lors de la chute de Kaboul, en 2021.
Le président Vladimir Poutine procède aujourd’hui à une réorganisation générale des armées avec la création d’une seconde armée régulière de cinq
divisions et 26 brigades. Celle-ci mettra en pratique certaines méthodes testées par Wagner pour atteindre un haut niveau d’efficacité.
Le général Yevgeny Burdinsky, chef d’état-major adjoint des armées de la Fédération, supervisera la nouvelle armée. C’est un spécialiste
reconnu du commandement.
Cette réorganisation du personnel se fera en même temps qu’une refonte du dispositif géographique. L’adhésion de la Crimée et, partiellement, de la
Novorossia à la Fédération de Russie conduit à créer un district naval pour la mer d’Azov. Le retour de la menace terroriste des «nationalistes intégraux» ukrainiens, les
«Bandéristes», conduit à créer des districts militaires particuliers pour protéger Moscou et Saint-Petersbourg.
Il s’agit d’achever le processus de transformation des armées en ne conservant que ce qui a fait ses preuves. La Russie dispose déjà des meilleures
armes au monde et d’une doctrine stratégique et tactique remarquable. Elle entend, dans les prochaines années, avoir la meilleure armée au monde.
Le président Vladimir Poutine procède à cette transformation en pleine opération militaire spéciale en Ukraine avec les risques graves que cela implique. Il
semble faire le pari que ce conflit touche à sa fin.
Pour une large partie de l’opinion en occident, et surtout pour la presse américaine ou européenne, Poutine incarne l’intransigeance, la brutalité, l’agressivité et son image d’ex-officier du KGB
n’arrange pas les choses. Aussi, ça et là, on aimerait bien qu’il disparaisse définitivement des écrans, d’une façon ou d’une autre … C’est un refrain régulier sur certaines chaînes de télévision
et médias mainstream. Mais les Américains et les Britanniques ne sont pas en reste, et le bombardement du Kremlin par des drones témoigne de ces tentatives sous pavillon « Ukrainien ».
Or, ceux qui connaissent la Russie savent que la disparition de Poutine ouvrirait une ère beaucoup plus dure de la part du système politique russe. Il ne faut pas oublier que la principale
opposition se situe à gauche, pour ne pas dire à l’extrême gauche. Sergeï Udaltsov, âgé de 46 ans, et dirigeant de l’« Avant-garde
de la jeunesse rouge », en est le représentant. En 1999, il s’est présenté à la Douma d’État sous la bannière du bloc « Bloc de Staline – pour l’URSS ». C’est tout dire… nous
avons jugé intéressant de publier un article récent de Svpressa.ru où il a tenu la plume, présentant son programme politique dans la perspective des élections de 2024.
Cet article publié par le site svpressa.run’engage
pas la ligne éditoriale du Courrier.
Le peuple russe n’a pas besoin de « décennies sanglantes » au nom de l’extension du pouvoir des oligarques. Or, l’autre jour, l’ancien président et
actuel vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, a déclaré que « le
conflit ukrainien va s’éterniser pendant très longtemps, peut-être pendant des décennies ». Or, il n’y avait jamais eu de telle prévision jusqu’à présent. Beaucoup avaient évoqué
la possibilité de quelques années, mais pour la première fois, il a été fait mention de « décennies ». Sans rien ajouter d’ailleurs pour cette perspective pourtant
cruciale.
Aimeriez-vous un conflit qui risque de durer plusieurs décennies ?
Le plus intéressant, c’est que Medvedev – comme d’autres dirigeants russes – garde le silence sur le fait que c’est leur politique médiocre qui a largement conduit
à ce conflit. Pour eux, l’Occident est à blâmer pour tout, mais eux ne voient pas, à froid, leurs erreurs. Ils sont confortablement installés et ne trouvent rien à redire. Selon
leur logique, le conflit sanglant s’éternisera pendant des décennies, et les occupants actuels du Kremlin continueront à régner et à s’enrichir. Le prix de tout cela, ce sont plusieurs
milliers de vies sacrifiées de gens ordinaires et, pour la plupart, jeunes. C’est déjà le cas en ce moment. Dès lors, ce qui se passera au cours des « décennies » sera
effrayant à imaginer. Alors, aimez-vous cette perspective qui vous est proposée ?
De toute évidence, nos autorités, après avoir échoué avec le plan d’une « petite et victorieuse » campagne militaire, ont maintenant commencé à s’adapter
à une autre, plus « longue ». Et je dois dire qu’ils sont intelligents dans ce domaine : ils ont fait taire tous ceux que la situation ne satisfaisait pas. En fait, tout le
monde doit se taire et se « rallier » à leur cause. Aujourd’hui, le « pseudo-patriotisme hypocrite » fleurit en Russie, lorsque les responsables dissimulent leurs erreurs et
leurs crimes par de beaux discours patriotiques. Cependant, après 15 mois d’opération spéciale, la population commence à se poser de plus en plus de questions auxquelles les autorités ne
peuvent répondre.
Il faut un virage à gauche pour unir la société et remporter la victoire
Les « partisans en colère » du socialisme, qui se comptent par millions dans notre pays, demandent quand sera mis en œuvre un juste « virage à
gauche » dans l’économie et la sphère sociale. Un virage sans lequel il est pratiquement impossible d’unir la société et de remporter la victoire dans la confrontation avec l’Ouest
collectif. Cette orientation trouve un écho chez des patriotes en colère qui demandent quand commencera la mobilisation à part entière de la société et de l’économie sur le principe du
« tout
pour le front, tout pour la victoire ». Les citoyens apolitiques, fatigués de la hausse des prix et des tarifs, s’interrogent de plus en plus : quels sont les « objectifs
ultimes » poursuivis par les autorités lorsque celles-ci appellent à « se serrer la ceinture » et proposent de nouvelles taxes et réquisitions ? Mais peu à peu, une alliance
informelle de plusieurs millions d’électeurs potentiels se forme, qui, lors des élections présidentielles de 2024, pourra voter pour un candidat fort et rassembleur, issu d’une large coalition
des forces de gauche et patriotiques. A moins, bien sûr, qu’un tel candidat ne soit déjà désigné.
Je dois admettre que les gens ont des questions justes. Rappelez-vous combien de fois des représentants du Parti communiste de la Fédération de Russie, du
Front de gauche et d’autres organisations alliées, après le début de l’« opérations spéciales » ont exigé la nationalisation du secteur du carburant et des matières premières ainsi que
d’autres secteurs stratégiques de l’économie russe afin que notre richesse nationale soit au bénéfice de tout le peuple (y compris notre armée). Dans ce prolongement, il faut introduire une
réglementation stricte du commerce extérieur dans l’intérêt du consommateur russe. Cependant, notre gouvernement n’a pas encore pris de mesures sérieuses dans cette direction. Par
conséquent, les citoyens ordinaires ont collecté une aide humanitaire massive pour les participants de l’opération spéciale pendant de nombreux mois avec leur propre argent. Alors que nos
oligarques milliardaires continuent de s’enrichir.
Les Oligarques se sont fortement enrichis en 2022
Par exemple, en avril dernier, le magazine Forbes a publié un nouveau classement annuel des personnes les plus riches du monde : ce classement contient 110
milliardaires russes, soit 22 personnes de plus que l’année dernière ! Pour la première fois, Andrey
Melnichenko , le fondateur d’EuroChem Group et de SUEK, a pris la première place dans la liste russe Forbes. Sa fortune a plus que doublé en un an, pour atteindre 25,2 milliards de
dollars. La seconde place est occupée par le principal actionnaire de Norilsk Nickel, Vladimir Potanine. Vladimir
Lissine, président et l’actionnaire majoritaire de Novolipetsk (NLMK), a pris la troisième place : sa fortune étant passé de 3,7 milliards de dollars sur l’année à 22,1
milliards de dollars. Il y a aussi Leonid Mikhelson (président du conseil
d’administration de PJSC Novatek), Alexey Mordashov (PDG de la holding
Severgroup), Vagit Alekperov (ancien président
de Lukoil), un ami de notre président, Gennady Timchenko, et d’autres
« chers messieurs » qui n’ont pas été très actifs dans le soutien à l’armée russe. La richesse combinée des milliardaires russes est passée de 353 milliards de dollars l’an dernier
à 505 milliards de dollars ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans ce contexte, toutes les tentatives de la propagande pro-gouvernementale de comparer la situation actuelle avec la
« Grande Guerre patriotique » ressemblent à de la pure moquerie.
Autre exemple. Combien de fois ces derniers temps les forces de gauche ont-elles exigé une réforme fiscale attendue depuis longtemps ? En particulier
l’introduction d’un barème d’imposition progressif à part entière afin d’exonérer les petits salaires de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de relever la barre fiscale sur les
revenus jugés très élevés, à au moins 30-35 pour cent.
Les députés communistes ont proposé une réforme fiscale que le gouvernement a rejetée
Pas plus tard que la semaine dernière, les députés communistes ont de nouveau soumis un projet de loi à la Douma
d’État sur le relèvement du plafond de l’impôt sur le revenu des personnes physiques à 30 % pour les personnes ayant un revenu de 10 millions de roubles par an. Cela fournirait
chaque année au budget environ 650 milliards de roubles, ce qui est particulièrement important face à un déficit budgétaire croissant. Cependant, comme auparavant, le gouvernement s’y est
opposé. Car l’augmentation du taux de l’impôt sur le revenu des particuliers « conduirait
au transfert des salaires dans l’ombre » … L’argument est extrêmement peu convaincant, étant donné que dans 104 pays du monde – où l’impôt sur le revenu des personnes physiques
pour les riches est de 30 % ou plus – cela n’a pas entraîné, à grande échelle, de rémunérations occultes, ou « dans l’ombre » pour reprendre l’image précédente.
Selon les sondages VTsIOM, 83 % des Russes sont en faveur d’un impôt progressif sur le revenu des personnes physiques. Mais nos autorités protègent obstinément
les intérêts des super-riches. Tant pis pour eux, à Dieu ne plaise, avec cette réforme fiscale, ils deviendraient plus pauvres ! Mais pour le Kremlin et sa logique, il est impossible
d’empiéter sur les revenus des oligarques. C’est sacré… même si les Russes ordinaires continuent de « se serrer la ceinture ».
Dans ce prolongement, selon la chaîne Telegram « Ravenstvo.Media » et selon des études récentes, la limite supérieure de l’impôt sur le revenu des
personnes physiques en Russie s’est avérée être l’une des plus basses au monde. Les Russes riches paient un maximum de 15 % d’impôt sur le revenu, tandis que les pauvres doivent payer l’un
des impôts les plus élevés sur le revenu des particuliers : 13%.
A noter qu’un barème progressif de l’impôt sur le revenu des personnes physiques existe dans 153 pays sur 190. En Russie, la taxation est aussi, formellement,
progressive, mais la fourchette de l’échelle (seulement 2 %) est la plus basse du monde. La fourchette moyenne est de 22 %. En Autriche, c’est 0-55%, en Suède – 0-52%, en France –
0-49%, en Allemagne – 0-45%. De plus, dans 97 pays, il existe une limite d’exonération à l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Mais dans la Fédération de Russie, l’impôt est payé
même avec le salaire minimum, qui est aujourd’hui de 16.242 roubles (environ 188 euros). C’est ça la justice sociale ?
Face à un modèle socio-économique injuste, il faut une coalition pour 2024
Il en est ainsi dans presque tous les domaines. Le modèle socio-économique injuste de développement de la Russie est le principal obstacle à notre victoire
dans tous les sens du terme. Évidemment, la persuasion de pousser Poutine et son entourage à changer
le cours du développement du pays ne fonctionnent pas. Et ce malgré les défis mondiaux auxquels est confrontée la Russie. Par conséquent, à la veille des élections de 2024, la formation de
la coalition la plus large de tous les partisans du socialisme et du vrai patriotisme devient un objectif plus pertinent que jamais. Ainsi que je l’ai dit plus tôt, cette coalition devrait
désigner un seul candidat aux élections présidentielles pour atteindre un résultat victorieux.
Pour que ce candidat ait réellement des chances de succès, il convient de le choisir en procédant à une présélection, c’est-à-dire organiser des
« primaires ». Il est nécessaire que tous les politiciens brillants dans ce pays, et qui soutiennent le programme de transformations socialistes en Russie, participent à ces
« primaires ». Mais la difficulté, c’est que le Parti communiste de la Fédération de Russie, veut son candidat à lui, et vainqueur. C’est le parti parlementaire le plus opposé à
cette initiative. Il n’a pas besoin de recueillir des signatures pour désigner ses propres candidats. Et je suis convaincu que les autorités feront tout pour enregistrer un candidat aussi
« brillant et populaire », alors qu’il serait possible d’obtenir le soutien de dizaines de millions de citoyens russes, en attirant notamment tous ceux qui, lors des élections, restent
habituellement assis sur leur canapé… Car les récentes élections présidentielles en Turquie l’ont montré : avec un taux de participation élevé, il est extrêmement difficile de falsifier les
résultats d’un vote à grande échelle.
Un nouveau projet socialiste pour la victoire et la paix
Par conséquent, si le plan d’action ci-dessus est mis en œuvre, tous les communistes et « patriotes en colère » auront une chance de réaliser un
changement vital dans le cours du développement économique et social de la Russie.
Dans l’intérêt de la majorité de la population, il sera alors possible d’amorcer la mise en œuvre d’un « nouveau projet socialiste » et de rallier le
peuple dans le but d’obtenir la victoire et la paix. Mais si nous ne parvenons pas à mettre en œuvre ce plan simple et logique, alors le pouvoir des grandes entreprises nous manipulera de
nouveau et il continuera à mettre en œuvre sa politique désastreuse, conduisant inévitablement à la trahison et à la défaite.
Le choix est donc évident, tout en soulignant que la procrastination s’apparente à la mort.
Le politologue Perezpalko : Le retrait du Traité FCE signifie aller vers une confrontation militaire entre la Fédération de Russie et l’UE
Hier, le président russe, Vladimir Poutine a chargé de dénoncer le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE), auquel la Russie a
suspendu sa participation en 2007.
Le président a nommé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, comme son représentant lorsque la Douma d’État et le Conseil de la
Fédération ont examiné la question de la dénonciation par la Russie du Traité FCE. Rappelons que cet accord a été signé en 1990 à Paris par 16 pays de l’OTAN et six pays du Pacte de
Varsovie. Selon le document, les deux groupes d’États participants ont été autorisés à disposer d’un nombre égal d’armes conventionnelles et d’équipements militaires.
Des limites ont également été fixées à la présence de forces armées dans la zone du traité – de l’océan Atlantique aux montagnes de l’Oural et à la mer
Caspienne. Le document limitait les parties à cinq catégories d’armes conventionnelles : les véhicules de combat d’infanterie, l’artillerie, les avions de combat et les
hélicoptères.
Après l’effondrement de l’URSS, lorsqu’un certain nombre d’États indépendants ont été formés sur son territoire, un certain nombre d’accords supplémentaires
ont été élaborés dans le cadre de l’élaboration du Traité FCE. La clé devait être l’accord sur l’adaptation du traité, signé en 1999 au sommet de l’OSCE à Istanbul. Son objectif était de
passer des restrictions de bloc, lorsque les limites concernaient l’ATS et l’OTAN dans son ensemble, aux restrictions nationales. Dans le même temps, l’Acte final sur l’adaptation du
Traité FCE a été adopté, il a précisé les obligations politiques des parties.
Ainsi, les pays de l’OTAN se sont engagés à ne pas déployer d’avions de combat sur le territoire des nouveaux pays membres. La Russie, quant à elle, s’est
engagée à retirer certaines des armes de Géorgie et de Moldavie et à limiter le déploiement de forces dans les régions de Kaliningrad et de Pskov. Mais comme les pays membres de l’OTAN
n’ont pas ratifié cet accord, la version actualisée du Traité FCE n’est pas entrée en vigueur. Le nombre réel d’armes dans les pays de l’alliance a dépassé les quotas qui leur ont été
attribués.
Moscou a déclaré à l’époque que le traité « ne peut pas être viable » sans l’adhésion de la Lettonie, de la Lituanie et de l’Estonie. En conséquence, il n’a
pas été possible de parvenir à un accord avec l’OTAN et, le 13 juillet 2007, Vladimir Poutine a signé un décret « Sur la suspension par la Russie du Traité FCE ». Moscou n’a complètement
refusé de participer aux consultations conjointes dans le cadre du traité qu’en 2015.
En tant que politologue, un membre du Conseil des relations interethniques sous le président de la Fédération de Russie, Bogdan Bezpalko, a déclaré à FAN à
cette occasion, que la Russie a maintenant les mains libres en termes de déploiement d’armes conventionnelles dans la partie européenne du pays.
« À mon avis, à
l’avenir, cela devrait changer l’équilibre des forces dans le domaine des armes conventionnelles en Europe. Le Traité FCE a imposé un certain nombre de restrictions à la Russie en termes
de déploiement d’armes conventionnelles classiques. Par exemple, dans la partie européenne du pays, nous ne pouvions pas placer un certain nombre de chars, d’artillerie, de mortiers, etc.
Maintenant, il n’y aura plus de telles restrictions », a
expliqué Bezpalko.
En fait, a souligné l’expert, le retrait du Traité FCE signifie un mouvement progressif vers la confrontation militaire et l’escalade entre la Russie et
l’Union européenne.
« Cela signifie
que l’Union européenne devra maintenant se préparer à une éventuelle guerre et dépenser une énorme somme d’argent pour des armes que les Américains leur fourniront volontiers »,
a déclaré l’analyste. Bien sûr, la Russie a pris cette mesure, en tenant compte de l’évolution de la situation militaire en Europe même. Y compris, en réponse à l’entrée de la même
Finlande dans l’OTAN.
« Il convient de
considérer, a-t-il poursuivi, que même avant cela, les pays de l’UE et les États-Unis ne respectaient pas les paramètres des traités de sécurité signés précédemment avec la Russie sur une
base bilatérale égale.
Par exemple, les
États-Unis ont d’abord conclu le Traité ABM avec nous, puis s’en sont retirés unilatéralement. Ils se sont également retirés du Traité sur la réduction des missiles à portée intermédiaire
et à courte portée. Alors pourquoi la Russie devrait-elle se limiter à une sorte d’engagement militaire, qu’elle a pris, en comptant sur des pas similaires vers l’Occident ? C’est
pourquoi nous avons d’abord suspendu le Traité FCE, et maintenant nous nous retirons complètement de ce traité »,a conclu
l’analyste Bezpalko.
Vladimir Poutine a promis ce 9 mai la
« victoire » dans la « guerre » en Ukraine, accusant l’Occident de l’orchestrer pour détruire la Russie et traçant un parallèle avec la Deuxième Guerre mondiale, à l’occasion du 78ème
anniversaire de la défaite nazie.
« La civilisation est
de nouveau à un tournant. Une guerre a été lancée contre notre patrie » : depuis l’emblématique place Rouge à Moscou et devant des milliers de soldats, Vladimir Poutine a
déclaré que les Américains et les Européens utilisaient l’Ukraine pour provoquer « la chute et la
destruction » de la Russie.
Le président a salué les forces russes, notamment les réservistes qu’il a mobilisés : « L’avenir de notre
État, de notre peuple dépend de vous », a-t-il déclaré.
«Pour la Russie, pour
nos vaillantes forces armées, pour la victoire, hourra !», a-t-il lancé, avant que les troupes présentes ne lui répondent par un triple hourra traditionnel et que ne
commence le défilé des unités et des blindés.
Pendant ce temps, von der Leyen est à Kiev
La victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie le 9 mai 1945 occupe une place centrale dans l’identité russe. Rompant avec cette tradition soviétique du 9 mai,
Kiev accueille ce même jour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a débaptisé la fête de la victoire pour en faire la
Journée de l’Europe.
Dans la compétition entre grandes
puissances, tout est lié : Les négociations incertaines entre la Russie et l’OTAN sur l’Ukraine pourraient être influencées par le pivot post-électoral de la Turquie et le retour de la
Syrie au sein de la Ligue arabe.
L’Asie occidentale est une région qui connaît actuellement une grande activité géopolitique. Les récents efforts diplomatiques, initiés par la Russie et
supervisés par la Chine, ont permis un rapprochement iranien et saoudien longtemps attendu, tandis que le retour
de la Syrie au sein de la Ligue arabe a été accueilli en fanfare. Cette effervescence diplomatique marque l’abandon de la tactique impériale « Diviser pour régner »,
utilisée depuis des décennies pour créer des clivages nationaux, tribaux et sectaires dans cette région stratégique.
La guerre par procuration en Syrie, soutenue par l’Empire et ses groupes terroristes – avec l’occupation de territoires riches en ressources et le vol
massif de pétrole syrien – continue de faire rage bien que Damas ait pris le dessus. Cet avantage, affaibli ces dernières années par un barrage de sanctions économiques occidentales
meurtrières, s’accroît désormais de manière exponentielle : l’État syrien a été encore renforcé par la récente
visite officielle du président iranien Ebrahim Raïssi – qui s’est engagé à développer les liens bilatéraux – à la veille du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
« Assad doit partir » – un mème tout
droit sorti de l’orgueil collectif occidental – n’est finalement pas parti. Malgré les menaces impériales, les États arabes qui avaient cherché à isoler le président syrien sont revenus
l’encenser, sous l’impulsion de Moscou et de Téhéran.
La Syrie fait l’objet de discussions approfondies dans les cercles informés de Moscou. Il existe une sorte de consensus selon lequel la Russie, désormais
concentrée dans la guerre par procuration « tout ou rien » contre l’OTAN, ne sera pas en mesure d’imposer une solution de paix en Syrie, mais cela n’empêche pas les Saoudiens,
les Iraniens et les Turcs de se porter à la défense d’un accord dirigé par la Russie.
Sans le comportement agressif des néocons straussiens de Washington, une paix multiterritoriale globale aurait pu être obtenue, incluant tout, de la
souveraineté de la Syrie à une zone démilitarisée dans les frontières occidentales de la Russie, en passant par la stabilité dans le Caucase et un certain respect du droit
international.
Toutefois, il est peu probable qu’un tel accord se concrétise, et la situation en Asie occidentale risque plutôt de s’aggraver. Cela s’explique en partie
par le fait que l’Atlantique Nord a déjà déplacé son attention vers la mer de Chine méridionale.
Une « paix »
impossible
L’Occident collectif semble manquer d’un leader décisif, l’Hégémon étant actuellement « dirigé » par un président sénile téléguidé par une meute
de bellicistes au visage poli. La situation a dégénéré au point que la « contre-offensive ukrainienne » tant annoncée pourrait en fait être le prélude à une humiliation de
l’OTAN qui ferait passer l’Afghanistan pour un Disneyland dans l’Hindu Kush.
On peut soutenir qu’il existe des similitudes entre la Russie et l’OTAN aujourd’hui et la Turquie et la Russie avant mars 2020 : les deux parties parient
sur une percée militaire cruciale sur le champ de bataille avant de s’asseoir à la table des négociations. Les États-Unis sont désespérés : même « l’Oracle » du XXe siècle,
Henry Kissinger, affirme aujourd’hui qu’avec l’implication
de la Chine, des négociations auront lieu avant la fin de 2023.
Malgré l’urgence de la situation, Moscou ne semble pas pressé. Sa principale stratégie militaire, comme on l’a vu à Bakhmout et à Artemivsk, consiste à
combiner la technique de l’escargot et celle de la machine à hacher. L’objectif ultime est de démilitariser l’OTAN dans son ensemble plutôt que l’Ukraine seule, et jusqu’à présent, cela
semble fonctionner brillamment.
La Russie est là pour le long terme, anticipant qu’un jour l’Occident collectif aura un moment « Eurêka » et réalisera qu’il est temps
d’abandonner la course.
Supposons maintenant que, par une intervention divine, les négociations commencent dans quelques mois, avec la participation de la Chine. Moscou – et Pékin
– savent tous deux qu’ils ne peuvent tout simplement pas faire confiance à ce que dit ou signe l’Hégémon.
En outre, la victoire tactique cruciale des États-Unis a déjà été concluante : La Russie sanctionnée, diabolisée et séparée de l’Europe, et l’UE cimentée en
tant que vassal inférieur désindustrialisé et sans importance.
En supposant qu’il y ait une paix négociée, on peut dire qu’elle ressemblera à une Syrie 2.0, avec un équivalent d’« Idlib » juste à la porte de la
Russie, ce qui est tout à fait inacceptable pour Moscou.
Dans la pratique, nous aurons des groupes terroristes banderistes – la version slave d’ISIS – libres de parcourir la Fédération de Russie dans des attentats
à la voiture piégée et des raids de drones kamikazes. L’hégémon pourra activer et désactiver la guerre par procuration à sa guise, tout comme il continue de le faire en Syrie, en Irak et
en Afghanistan avec ses cellules terroristes.
Le Conseil de sécurité à Moscou sait très bien, sur la base de la farce de Minsk reconnue même par l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, qu’il
s’agira de Minsk sous stéroïdes : le régime de Kiev, ou plutôt le régime post-Zelensky, continuera d’être militarisé à mort avec de tout nouveaux gadgets de l’OTAN.
Mais l’autre option – où il n’y a rien à négocier – est tout aussi inquiétante : une guerre éternelle.
Indivisibilité de la
sécurité
Le véritable accord à négocier n’est pas l’Ukraine, « pion dans leur jeu » : c’est l’indivisibilité de la sécurité. C’est exactement pour cela que
Moscou a tenté de convaincre Washington par le biais des lettres
envoyées en décembre 2021.
En pratique, ce que Moscou fait actuellement, c’est de la realpolitik : frapper l’OTAN sur le champ de bataille jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment
affaiblie pour accepter un objectif militaire stratégique. Cet objectif comprendrait nécessairement une zone démilitarisée entre l’OTAN et la Russie, une Ukraine neutre et aucune arme
nucléaire stationnée en Pologne, dans les pays baltes ou en Finlande.
Toutefois, étant donné que l’Hégémon est une superpuissance en déclin et qu’il est « incapable de conclure un accord », il n’est pas certain que
tout cela tienne la route, surtout si l’on considère l’obsession de l’Hégémon pour l’expansion infinie de l’OTAN. L’expression « incapable de conclure un accord »
(недоговороспособны) a d’ailleurs été inventée par les diplomates russes pour décrire l’incapacité de leurs homologues américains à respecter les accords qu’ils signent – de Minsk à
l’accord nucléaire iranien.
Ce mélange incandescent devient encore plus complexe avec l’introduction du vecteur turc.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Cavusoglu, a déjà fait savoir que si le président Recep Tayyip Erdogan conservait le pouvoir lors
des élections
présidentielles du 14 mai, Ankara n’imposerait pas de sanctions à la Russie et ne violerait pas la convention de Montreux, qui interdit le passage des navires de guerre vers et
depuis la mer Noire en temps de guerre.
Risques liés au changement
géopolitique d’Ankara
Le principal conseiller d’Erdogan en matière de sécurité et de politique étrangère, Ibrahim Kalyn, a souligné à juste titre qu’il n’y a pas de guerre entre
la Russie et l’Ukraine, mais plutôt une guerre entre la Russie et l’Occident, l’Ukraine servant de mandataire.
C’est pourquoi l’Occident collectif est fortement investi dans une campagne « Erdogan doit partir », qui est financée abondamment pour propulser
une coalition étrangement assortie au siège présidentiel. En cas de victoire de l’opposition turque – et de début de paiement à l’hégémon – les sanctions et les violations de Montreux
pourraient être à nouveau d’actualité.
Pourtant, Washington pourrait être surpris. Le chef de l’opposition turque, Kemal Kilicdaroglu, a laissé entendre que la politique étrangère
d’Ankara resterait
plus ou moins équilibrée, tandis que certains observateurs pensent que même si Erdogan est évincé, il
y aura des limites au retour de la Turquie vers l’ouest.
Erdogan, qui profite de l’appareil d’État et de son immense réseau de mécénat, ne recule devant rien pour assurer sa réélection. Ce n’est qu’à ce moment-là
qu’il pourra cesser de couvrir ses risques en permanence pour devenir un véritable acteur de l’intégration eurasiatique.
Ankara, sous la direction d’Erdogan, n’est pas pro-russe ; elle essaie essentiellement de tirer profit des deux parties. Les Turcs vendent des drones
Bayraktar à Kiev, ont conclu des accords militaires et, en même temps, sous le manteau des « États turcs », investissent dans les tendances séparatistes en Crimée et à
Kherson.
Dans le même temps, Erdogan a grandement besoin de la coopération militaire et énergétique russe. Moscou ne se fait pas d’illusions sur le
« sultan », ni sur les orientations de la Turquie. Si le virage géopolitique d’Ankara est hostile, ce sont les Turcs qui finiront par perdre des places de choix dans le train à
grande vitesse eurasien – des BRICS+ à
l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS)
et dans tous les espaces intermédiaires.
L’instant new-yorkais du ministre des
Affaires étrangères Sergueï Lavrov a été l’équivalent diplomatique d’une mise à feu de la maison.
Imaginez un vrai gentleman, le plus grand diplomate de ces temps troublés, en pleine possession de ses moyens et doté d’un délicieux sens de l’humour, se
lançant dans une périlleuse aventure et s’en sortant indemne.
En fait, le moment new-yorkais du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov – ses deux interventions devant le Conseil de sécurité des Nations unies
les 24 et 25 avril – a été l’équivalent diplomatique d’une mise à feu de la maison. Du moins, les parties de la maison habitées par le Sud mondial – ou la majorité mondiale.
Le 24 avril, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le thème « Maintien de la paix et de la sécurité internationales,
multilatéralisme efficace par la protection des principes de la Charte des Nations unies », était particulièrement important.
Lavrov a souligné le symbolisme de la réunion qui se tient à l’occasion de la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie pour la paix,
jugée très importante par une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies de 2018.
Dans son préambule, Lavrov a souligné que « dans deux semaines,
nous célébrerons le 78ème anniversaire de la victoire dans la Seconde Guerre mondiale. La défaite de l’Allemagne nazie, à laquelle mon pays a apporté une contribution décisive avec le
soutien des Alliés, a jeté les bases de l’ordre international d’après-guerre. La Charte des Nations unies en est devenue la base juridique et notre organisation elle-même, incarnant un
véritable multilatéralisme, a acquis un rôle central et coordonné dans la politique mondiale. »
Eh bien, pas vraiment. Et cela nous amène à la véritable promenade de Lavrov du côté sauvage, épinglant la façon dont le multilatéralisme a été piétiné.
Bien au-delà des torrents de dénigrement des suspects habituels et de leur tentative de le soumettre à une douche glacée à New York, ou même de le confiner dans le congélateur –
géopolitique -, il a prévalu. Promenons-nous avec lui dans le désert actuel. M. Lavrov, vous êtes la star du spectacle.
Notre route ou
l’autoroute
Cet « ordre fondé sur des règles » : « Le système centré sur l’ONU traverse une crise profonde. La cause première en est le désir de certains
membres de notre organisation de remplacer le droit international et la Charte des Nations unies par une sorte d’« ordre fondé sur des règles ». Personne n’a vu ces
« règles », elles n’ont pas fait l’objet de négociations internationales transparentes. Elles sont inventées et utilisées pour contrecarrer les processus naturels de formation
de nouveaux centres de développement indépendants, qui sont une manifestation objective du multilatéralisme. Ils tentent de les contenir par des mesures unilatérales illégitimes,
notamment en leur coupant l’accès aux technologies modernes et aux services financiers, en les évinçant des chaînes d’approvisionnement, en confisquant leurs biens, en détruisant les
infrastructures critiques de leurs concurrents et en manipulant des normes et des procédures universellement reconnues. Il en résulte la fragmentation du commerce mondial, l’effondrement
des mécanismes de marché, la paralysie de l’OMC et la transformation définitive, déjà sans déguisement, du FMI en un outil permettant d’atteindre les objectifs des États-Unis et de leurs
alliés, y compris des objectifs militaires. »
Détruire la mondialisation : « Dans une tentative désespérée d’affirmer leur domination en punissant les désobéissants, les États-Unis ont continué à
détruire la mondialisation qui, pendant de nombreuses années, a été vantée comme le bien suprême de l’humanité, au service du système multilatéral de l’économie mondiale. Washington et le
reste de l’Occident, qui s’y est soumis, utilisent leurs « règles » chaque fois qu’il est nécessaire de justifier des mesures illégitimes à l’encontre de ceux qui élaborent
leurs politiques conformément au droit international et refusent de suivre les intérêts égoïstes du « milliard d’or ». Les dissidents sont mis à l’index selon le principe
suivant : « Celui qui n’est pas avec nous est contre nous ». Il est depuis longtemps « gênant » pour nos collègues occidentaux de négocier dans des formats universels,
tels que les Nations unies. Pour justifier idéologiquement la politique de sape du multilatéralisme, le thème de l’unité des « démocraties » par opposition aux
« autocraties » a été introduit. Outre les « sommets pour la démocratie », dont la composition est déterminée par l’hégémon autoproclamé, d’autres « clubs de
l’élite » sont créés, en contournant l’ONU. »
« Jardin » contre « jungle » : « Appelons un chat un chat : personne n’a permis à la minorité occidentale de parler au nom de toute
l’humanité. Il faut se comporter décemment et respecter tous les membres de la communauté internationale. En imposant un « ordre fondé sur des règles », ses auteurs rejettent
avec arrogance un principe clé de la Charte des Nations unies, à savoir l’égalité souveraine des États. La quintessence du « complexe d’exclusivité » a été la déclaration
« fière » du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, selon laquelle « l’Europe est le jardin d’Eden, et le reste du monde est une jungle ». Je citerai également
la déclaration conjointe OTAN-UE du 10 janvier de cette année, qui stipule que « l’Occident uni » utilisera tous les outils économiques, financiers, politiques et – j’y accorde
une attention particulière – militaires à la disposition de l’OTAN et de l’UE pour garantir les intérêts de « notre milliard ». »
La « ligne de défense » de l’OTAN : Lors du sommet de Madrid de l’année dernière, l’OTAN, qui a toujours convaincu tout le monde de sa
« pacificité » et de la nature exclusivement défensive de ses programmes militaires, a déclaré la « responsabilité mondiale », « l’indivisibilité de la
sécurité » dans la région euro-atlantique et dans la région dite indo-pacifique. En d’autres termes, la « ligne de défense » de l’OTAN (en tant qu’alliance défensive) se
déplace désormais vers les rives occidentales de l’océan Pacifique. Les approches de bloc qui sapent le multilatéralisme centré sur l’ANASE se manifestent dans la création de l’alliance
militaire AUKUS, dans laquelle Tokyo, Séoul et un certain nombre de pays de l’ANASE sont poussés à s’engager. Sous les auspices des États-Unis, des mécanismes sont créés pour intervenir
dans les questions de sécurité maritime en vue de garantir les intérêts unilatéraux de l’Occident dans la mer de Chine méridionale. Josep Borrell, que j’ai déjà cité aujourd’hui, a promis
hier d’envoyer des forces navales de l’UE dans la région. Il n’est pas caché que l’objectif des « stratégies indo-pacifiques » est de contenir la RPC et d’isoler la Russie.
C’est ainsi que nos collègues occidentaux conçoivent le « multilatéralisme efficace » dans la région Asie-Pacifique. »
« Promouvoir la démocratie » : « Depuis la Seconde Guerre mondiale, des dizaines d’aventures militaires criminelles ont été menées par
Washington, sans aucune tentative d’obtenir une légitimité multilatérale. Pourquoi, s’il existe des « règles » inconnues de tous ? L’invasion honteuse de l’Irak par la coalition
dirigée par les États-Unis en 2003 a été menée en violation de la Charte des Nations unies, tout comme l’agression contre la Libye en 2011. L’ingérence des États-Unis dans les affaires
des États post-soviétiques constitue une violation flagrante de la Charte des Nations unies. Des « révolutions de couleur » ont été organisées en Géorgie et au Kirghizstan, un
coup d’État sanglant à Kiev en février 2014 et des tentatives de prise de pouvoir par la force en Biélorussie en 2020. Les Anglo-Saxons, qui dirigent avec assurance tout l’Occident, non
seulement justifient toutes ces aventures criminelles, mais font également étalage de leur ligne de « promotion de la démocratie ». Mais encore une fois, selon ses
« règles » : Kosovo – reconnaître l’indépendance sans référendum ; Crimée – ne pas reconnaître (bien qu’il y ait eu un référendum) ; Ne pas toucher aux Malouines, parce qu’il y
a eu un référendum (comme l’a dit récemment le ministre britannique des Affaires étrangères John Cleverly). C’est drôle. »
La géopolitique de la « question ukrainienne » : « Aujourd’hui, tout le monde comprend, même si tout le monde n’en parle pas à voix haute :
il ne s’agit pas du tout de l’Ukraine, mais de la manière dont les relations internationales se construiront par la suite : par la formation d’un consensus stable fondé sur un équilibre
des intérêts – ou par la promotion agressive et explosive de l’hégémonie. Il est impossible de considérer la « question ukrainienne » indépendamment du contexte géopolitique. Le
multilatéralisme présuppose le respect de la Charte des Nations unies dans toute l’interconnexion de ses principes, comme mentionné ci-dessus. La Russie a clairement expliqué les tâches
qu’elle poursuit dans le cadre d’une opération
militaire spéciale : éliminer les menaces pour notre sécurité créées par les membres de l’OTAN directement à nos frontières et protéger les personnes qui ont été privées de leurs
droits proclamés par les conventions multilatérales, les protéger des menaces directes d’extermination et d’expulsion des territoires où leurs ancêtres ont vécu pendant des siècles,
déclarées publiquement par le régime de Kiev. Nous avons dit honnêtement pour quoi et pour qui nous nous battons. »
Le Sud mondial riposte : « Un véritable multilatéralisme au stade actuel exige que l’ONU s’adapte aux tendances objectives de la formation d’une
architecture multipolaire des relations internationales. La réforme du Conseil de sécurité doit être accélérée en augmentant la représentation des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine. La surreprésentation scandaleuse de l’Occident au sein de ce principal organe de l’ONU sape le multilatéralisme. À l’initiative du Venezuela, le Groupe d’amis pour la défense de
la Charte des Nations unies a été créé. Nous appelons tous les États qui respectent la Charte à y adhérer. Il est également important d’utiliser le potentiel constructif des BRICS et de
l’OCS. L’UEE, la CEI et l’OTSC sont prêtes à y contribuer. Nous sommes favorables à l’utilisation de l’initiative des positions des associations régionales des pays du Sud mondial. Le
Groupe des Vingt peut également jouer un rôle utile dans le maintien du multilatéralisme si les participants occidentaux cessent de distraire leurs collègues des questions d’actualité
inscrites à son ordre du jour dans l’espoir d’étouffer le sujet de leur responsabilité dans l’accumulation des phénomènes de crise dans l’économie mondiale. »
Alors, qui enfreint la loi
?
Après ce tour de force concis, il serait immensément instructif de suivre ce que Lavrov répète au monde depuis février 2022, avec des détails constants et
atroces : dans l’histoire contemporaine, les auteurs de violations en série du droit international ont été l’hégémon et son groupe de vassaux pitoyables. Pas la Russie.
Moscou était donc tout à fait en droit de lancer l’opération militaire spéciale, car elle n’avait pas d’autre choix. Et cette opération sera menée jusqu’à
sa conclusion logique – intégrée dans le nouveau concept de politique étrangère russe publié le 31 mars. La Russie ignorera tout ce que l’Occident collectif pourrait déclencher, car elle
considère que l’ensemble du combo agit en dehors des normes du droit international énoncées dans la Charte des Nations unies.
Réponses à la presse de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d’une conférence de presse à l’issue de sa visite
aux États-Unis dans le cadre de la présidence russe au Conseil de Sécurité de l’ONU.
Question : Vous avez dit que la Russie
ne pardonnerait pas et n’oublierait pas le fait que les journalistes russes qui devaient vous accompagner se sont vu refuser des visas américains. Qu’est-ce que cela signifie ?
Pourriez-vous expliquer ?
Sergueï Lavrov : Notre
porte-parole s’est exprimée aujourd’hui au Comité de l’information. Maria Zakharova a déjà abordé ce sujet en détail. Nous trouvons scandaleux que cela se produise. Tous les « sortilèges
» sur la liberté de la presse et l’accès à l’information prononcés par les dirigeants occidentaux, y compris les États-Unis, consignés dans les décisions de la Cour européenne des droits
de l’homme et de l’OSCE, ont été adoptés au début des années 1990. À l’époque, l’Union soviétique était encore ouverte à de telles ententes. Maintenant, alors que l’Occident est gêné par
la présence de points de vue alternatifs et la possibilité pour les habitants de la planète et les citoyens des pays concernés d’accéder à des faits qui ne correspondent pas au discours
occidental, il a commencé à réprimer radicalement les médias qui ne lui sont pas soumis.
Nos ambassadeurs dans divers pays, y compris à Washington, fournissent régulièrement des informations concrètes sur la discrimination des médias russes. Il
y a plusieurs années, la France a refusé d’accréditer RT et Sputnik au
palais de l’Élysée, les qualifiant « d’instruments de propagande ». John Kirby a également déclaré, à propos de nos journalistes qui n’ont pas reçu de visas pour participer à cette partie
de notre présidence, que les journalistes russes étaient des propagandistes, sans lien avec la vision américaine et démocratique de la liberté d’expression. Le premier amendement à la
Constitution des États-Unis ne semble rien signifier en pratique. Il faut voir comment se porte la liberté d’expression aux États-Unis. J’ai entendu dire que Tucker Carlson avait
quitté Fox News. Une
nouvelle intéressante. On en ignore la raison. Il est clair que la richesse des opinions dans le paysage médiatique américain en a souffert.
En ce qui concerne nos mesures de rétorsion. Nous tiendrons certainement compte de ce comportement inapproprié de la part des autorités américaines. Je
crois savoir que la décision a été prise au département d’État. Nous en tiendrons compte lorsque les Américains auront besoin de quelque chose de notre part.
Question : Que pensez-vous du Soudan
et de ce qui s’y passe ? Que pouvez-vous dire concernant l’implication de la société militaire privée Wagner dans cette situation ? Nous avons demandé à Hemeti, le chef de ce groupe, à
propos de cette entreprise. Il n’a pas nié leur participation. À qui cette société militaire privée obéit-elle: au gouvernement russe ou à un autre organe ?
Sergueï Lavrov : En ce
qui concerne Wagner, c’est une société militaire privée. Nous avons abordé ce sujet à plusieurs reprises, y compris dans cette salle, lorsque, il y a quelques années, nos collègues
français et le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, nous ont reproché nos relations avec le Mali, la République centrafricaine et ont provoqué un mini-scandale. Alors que les
Français commençaient à cesser leur opération Barkhane et à fermer leurs bases militaires dans le nord du pays, où la principale menace terroriste se trouvait, le gouvernement malien,
pour ne pas rester sans défense, a fait appel aux services de la société militaire privée Wagner. C’est son droit. Le ministre des Affaires étrangères du Mali l’a déclaré lors de la
session de l’Assemblée générale des Nations unies. Personne n’en fait un secret. La République centrafricaine, le Mali, le Soudan et d’autres pays dont les gouvernements, les autorités
légitimes font appel à de tels services ont le droit de le faire.
Si vous êtes préoccupé par ce sujet, regardez sur internet le nombre de sociétés militaires privées qui existent aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France.
Il y en a des dizaines. Beaucoup d’entre elles ont travaillé pendant de nombreuses années directement à nos frontières, y compris en Ukraine. Cela donne également matière à
réflexion.
Quant à ce qui se passe au Soudan. C’est une tragédie. Des gens meurent. Il y a une menace sérieuse pour les diplomates. Nous le savons et suivons la
situation. Aujourd’hui, des représentants du Fonds des Nations unies pour l’enfance ont demandé à notre ambassade de protéger leurs employés d’une manière ou d’une autre, car ils se
trouvent dans un endroit dangereux. Je ne sais pas comment cela peut être fait. Mais nous allons nous en occuper maintenant.
Rappelez-vous comment l’État soudanais s’est « développé ». D’abord, il existait en tant qu’entité unique, puis sous la forme du Soudan et du Soudan du Sud.
Tout cela s’est passé sous nos yeux. Les collègues américains ont fait de la division du Soudan en deux parties l’une de leurs priorités en matière de politique étrangère. Ils se sont
adressés à nous pour que nous persuadions l’ancien président Omar el-Bechir d’accepter un accord sur la tenue d’un référendum libre et volontaire et une séparation volontaire. Pour être
honnête, nous étions en faveur de laisser les peuples du Soudan décider par eux-mêmes. Finalement, le pays a été divisé en deux parties. Le Soudan du Sud a été créé. Les Américains, en
tant qu’initiateurs de ce « divorce », auraient dû aider les deux nouveaux États à coexister, à développer leur économie et à assurer la prospérité de leurs citoyens, mais quelque chose
ne leur plaisait pas. Je n’entrerai pas dans les détails, mais les États-Unis ont imposé des sanctions contre les dirigeants du Soudan et du Soudan du Sud. Ensuite, il y a eu des demandes
constantes par le biais du FMI. Cette ingénierie géopolitique ne mène à rien de bon.
Je recommanderais de tirer la conclusion principale de la crise soudanaise actuelle. N’empêchons pas les Africains de s’entendre entre eux et n’ajoutons pas
d’exigences externes (qui ne reflètent pas les intérêts de ces pays) à leurs efforts pour résoudre leurs propres problèmes à l’africaine.
Question : Parlez-nous de l’accord
céréalier ukrainien. La Russie a-t-elle répondu à la lettre du secrétaire général de l’ONU adressée au président Vladimir Poutine concernant l’extension et la prolongation de cet accord
céréalier ? La Chine est le principal bénéficiaire de ces céréales. A-t-elle demandé à la Russie de le prolonger ?
Sergueï Lavrov : Je vous
dirai tout de suite que nous n’abordons pas ce sujet avec nos partenaires chinois, y compris pour des raisons purement pragmatiques. Nous partons du principe que la Russie et la Chine ont
une frontière commune, où les exportations et les importations sont bien en place. Les espaces de la mer Noire ne sont pas nécessaires pour que la Chine achète nos céréales. Cela concerne
également d’autres pays voisins de la Russie, comme le Kazakhstan.
En ce qui concerne la lettre que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a adressée hier au président russe Vladimir Poutine. J’espère
qu’elle n’a pas « fuité ». Il s’agit après tout d’une correspondance personnelle entre le dirigeant de l’ONU et un pays membre de l’Organisation. Si cette lettre a été rendue publique, ce
ne sera pas très décent. Cela signifierait une nouvelle tentative de mettre la pression sur une situation qui ne se résout pas et qui est bloquée par nos collègues occidentaux.
Je rappelle que lorsque l’accord de l’initiative de la mer Noire a été signé le 22 juin 2022, il était clairement indiqué dans son texte qu’il concernait
l’exportation de céréales et d’ammoniac. Personne n’a évoqué l’ammoniac jusqu’à avant-hier. Bien qu’hier Antonio Guterres m’ait dit que le marché mondial ressentait une grave pénurie
d’engrais, surtout du groupe ammoniacal. Personne n’y avait pensé jusqu’à la dernière minute.
La rapidité avec laquelle cet accord s’est transformé d’initiative de la mer Noire en initiative céréalière de la mer Noire et d’une initiative humanitaire
en une entreprise commerciale soulève suffisamment de questions, dont nous ne cessons de parler et d’y attirer l’attention. Vous avez vu les statistiques : moins de 3% de l’ensemble des
céréales exportées des ports ukrainiens sont allées dans des pays pauvres figurant sur la liste correspondante du PNUD (Éthiopie, Yémen, Afghanistan, Soudan et Somalie). Tout le reste
(plus de 80%) est allé dans des pays à revenu élevé ou supérieur à la moyenne. Nous en avons discuté et attiré l’attention sur cette question.
Il est clair que les collègues ukrainiens tentent d’organiser un encombrement artificiel de navires dans le cadre du Centre de coordination conjointe
d’Istanbul. Même la presse ukrainienne a rapporté que le régime ukrainien acceptait des pots-de-vin pour accélérer l’approbation du passage pour certains navires plutôt que sans ce type
de mécanisme de corruption.
Nous avons attiré l’attention sur le fait qu’en se concentrant entièrement et complètement sur la partie ukrainienne de l’accord, nos collègues,
principalement aux Nations unies, oubliaient qu’à l’origine Antonio Guterres avait proposé un « paquet » indissociable. Oui, il m’a dit hier que le mémorandum Russie-ONU n’était pas très
concret. Nous avons accepté cela parce qu’il contenait des engagements du Secrétaire général et de ses employés de faire tout pour éliminer les obstacles à l’exportation d’engrais et de
céréales russes.
Je ne peux pas dire que l’ONU ne fait pas d’efforts. Au contraire. Antonio Guterres et le Secrétaire général de la Cnuced, ainsi que le Secrétaire général
adjoint pour les affaires humanitaires soutiennent cela et essaient de s’entendre avec les pays qui ont imposé des sanctions unilatérales illégales contre la Fédération de Russie. Mais il
n’y a pratiquement pas de résultat. La Rosselkhozbank, la banque principale qui soutient nos exportations agricoles, a été déconnectée du système Swift. Personne ne prévoit de la
reconnecter. Au lieu de cela, on nous propose des alternatives ponctuelles. Le secrétaire général de l’ONU a demandé à trois banques américaines de remplacer le Swift et d’aider la
Rosselkhozbank à soutenir les opérations d’exportation. Plusieurs mois se sont écoulés et, en effet, l’une des banques a « aimablement » accepté de financer une seule opération.
Cependant, lorsqu’on nous dit que nous devons baser tout notre travail futur sur ce principe, ce n’est pas sérieux. Si vous voulez résoudre systématiquement les problèmes de pénurie
alimentaire sur les marchés mondiaux, vous devez simplement ramener notre banque dans le système Swift. Si vous voulez que nous et le secrétaire général de l’ONU courions et suppliions à
chaque fois une structure financière américaine pour qu’elle fasse preuve de générosité, cela ne peut pas et ne fonctionnera pas.
Il y a toujours des problèmes avec l’assurance. Bien que le secrétaire général m’ait dit hier que les taux avaient considérablement baissé après ses
contacts avec le Lloyd’s of London. Tout cela vise à maintenir le contrôle sur tout ce qui se passe et à ne pas permettre à nos céréales et engrais d’accéder librement aux marchés et
d’être distribués dans divers pays sur la base de mécanismes de marché. Tout cela complique le travail du Programme alimentaire mondial, qui aide les pays les plus pauvres.
En plus de ce dont nous parlons, près de 200 000 tonnes d’engrais ont été saisies dans les ports de l’UE. En août 2022, le président russe Vladimir Poutine
a publiquement exprimé notre position, selon laquelle les entreprises (propriétaires de ces engrais) les donnent gratuitement aux pays les plus pauvres par le biais des mécanismes du PAM.
C’était en août de l’année dernière. Le premier lot de 20 000 tonnes (sur 200 000 tonnes) est allé au Malawi seulement six mois plus tard. À présent, avec beaucoup de difficultés, deux
autres expéditions de 24 000 tonnes chacune au Kenya et au Nigeria sont en cours de discussion. Tout cela prend du temps et c’est associé à des obstacles bureaucratiques et des frais
généraux supplémentaires.
En ce qui concerne « notre » partie de l’accord céréalier. Oui, nous voyons les efforts du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et de ses collègues,
mais il y a peu de résultats. À moins de ne pas considérer comme un résultat l’espoir naissant que, au lieu d’une fourniture normale de produits nécessaires sur les marchés mondiaux, il
faudra « supplier » manuellement à chaque fois des ports, banques, compagnies d’assurance et autres structures américains et européens pour qu’ils fassent preuve de bienveillance. Ce
n’est pas ce dont nous sommes convenus le 22 juillet 2022, lorsque nous avons soutenu l’initiative du secrétaire général de l’ONU, qui, comme il le répète lui-même, est un « paquet ». Le
« paquet » ne se compose pas d’une seule partie.
Contrairement à vous, je ne peux donc pas qualifier avec autant de certitude ce qui est contenu dans le message du Secrétaire général de l’ONU Antonio
Guterres adressé au président russe Vladimir Poutine. Ce message n’est pas destiné au grand public, mais à notre président. Autant que je sache, des messages similaires ont également été
envoyés en Ukraine et en Turquie. La réaction à ce message viendra après que le destinataire en aura pris connaissance. C’est ainsi que l’on procède dans les maisons respectables.
Question : Il semble que vous n’aimez
pas cet accord. Vous n’avez pas beaucoup d’espoir en lui ?
Sergueï Lavrov : Sans
commentaire.
Question : Le 25 avril 2023, le
président américain Joe Biden a annoncé qu’il briguerait un second mandat. Les commentaires des républicains (par exemple, Donald Trump, qui a également annoncé son intention de se
présenter pour un second mandat) indiquent qu’ils craignent sérieusement que cela ne conduise à une troisième guerre mondiale. Si quelqu’un devenait président des États-Unis, qui serait «
préférable » à la Russie ?
Sergueï Lavrov
: Contrairement aux journalistes qui sont obligés d’analyser publiquement ce qui se passe, le gouvernement russe ne s’immisce pas dans les affaires d’autres États.
Question : Vous avez parlé de
l’inadmissibilité de l’élargissement de l’OTAN en 2022 et le 24 avril de cette année. À cause de la guerre, la Finlande et la Suède sont devenues membres de l’Alliance. Le secrétaire
général de l’OTAN Jens Stoltenberg soutient l’adhésion de l’Ukraine. Était-ce une erreur de calcul ? Quelles sont les causes de la guerre maintenant, puisque la frontière de l’OTAN avec
la Russie a doublé ?
Sergueï Lavrov : L’OTAN
ne voulait pas s’arrêter. Si vous regardez l’évolution des événements ces dernières années, le processus de fusion de l’Union européenne et de l’OTAN dans les affaires militaires se
poursuivait activement. Ils ont récemment signé une déclaration aux termes de laquelle l’UE a en effet délégué à l’OTAN la responsabilité d’assurer la sécurité de tous ses membres et
garanti la mise à disposition du territoire des pays de l’UE non membres de l’Alliance pour les besoins de l’organisation. La Suède et la Finlande étaient « à l’avant-garde » de cette
interaction, participant plus souvent aux exercices militaires de l’Alliance et à d’autres événements visant à synchroniser les programmes militaires de l’OTAN et des États
neutres.
C’est une façon de parler de dire que la Russie ne voulait pas admettre l’élargissement de l’OTAN. Ce n’est pas tant ce que nous voulions et estimions
nécessaire d’empêcher, mais on nous l’a promis à plusieurs reprises. Ils mentaient. Maintenant, tout le monde le sait déjà. Comme plus tard ils mentaient sur les Accords de Minsk et bien
plus encore. Ils l’avouaient sans rougir.
La thèse selon laquelle la Russie tentait d’empêcher l’expansion de l’OTAN, mais l’a finalement accélérée, c’est votre point de vue. Nous avons aussi notre
propre point de vue. Et les évaluations faites par des observateurs impartiaux et des politologues en Fédération de Russie et à l’étranger tiennent au fait que l’OTAN voulait détruire la
Russie, mais l’a finalement ralliée. Nous n’allons pas tirer des conclusions sur la façon dont tout cela se terminera. Nous avons clairement annoncé nos objectifs et les avons réaffirmés,
y compris hier dans notre discours au Conseil de sécurité de l’ONU.
Qu’ambitionnent les Américains ? Je lis des articles dans la presse locale, des analystes, je communique avec de vieux amis parmi les politologues. Ils se
demandent davantage ce qui va se passer ensuite. Nos objectifs sont clairement et honnêtement énoncés. Quel est l’objectif des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE ? Fournir des armes à
l’Ukraine ? Maintenant, il existe une théorie « ridicule ». Que l’Occident assure à l’Ukraine une contre-offensive réussie, puis demande-lui, ainsi qu’au président Volodymyr Zelensky
d’entamer des négociations. C’est une logique schizophrénique.
Nous voulons qu’aucune menace à notre sécurité n’émane du territoire ukrainien. Elles y s’accumulaient pendant de nombreuses années, notamment après le coup
d’État de février 2014. Nous voulons également que les personnes qui se considèrent impliquées dans la langue, la culture, la religion russes, qu’elles professaient toujours à travers
l’Église orthodoxe ukrainienne, ne soient pas victimes de discrimination, de persécution et de menaces d’extermination.
Zelenski a une telle « figure » – Mikhaïl Podoliak, conseiller du chef du bureau du président de l’Ukraine. Il a déclaré que l’Ukraine se battait pour les
valeurs occidentales et la démocratie. Est-ce qu’il s’agit de la « démocratie » et des « valeurs » pour lesquelles l’OTAN est prête à se battre « jusqu’au dernier Ukrainien » ?
Depuis de nombreuses années nous attirons l’attention de tous sur ce qui se passe avec les minorités nationales en Ukraine, en particulier avec les Russes.
Des lois ont été adoptées interdisant l’enseignement dans des langues autres que l’ukrainien, bien qu’une exception ait été faite pour les langues de l’Union européenne, ce qui a une fois
de plus mis l’accent sur toute cette campagne contre la culture russe. Les médias ont été interdits – à la fois diffusant en Ukraine depuis la Russie et appartenant à des Ukrainiens, mais
diffusés en russe et reflétant les opinions de l’opposition. Des millions de livres ont été jetés des bibliothèques. Certains d’entre eux ont été brûlés sur les places, comme le faisaient
les nazis. Pratiquement tous les contacts culturels entre nos pays sont interdits.
Regardez ce qui se passe actuellement avec l’Église orthodoxe ukrainienne. Nous nous sommes adressés au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la
direction de l’OSCE, d’autres instances. La réaction n’était pas forte.
À peu près pareil quand le coup d’État a eu lieu en février 2014. Nous avons posé des questions aux Français, Allemands et Polonais : la veille de ce coup
d’État, vous avez garanti un règlement, qui était signé par vous en tant que garants. On nous a dit que, disent-ils, il existe des « excès » dans les processus démocratiques. C’est tout.
Tous les actes du régime de Kiev ont ensuite été justifiés de la même manière. Dans le même temps, l’Occident a solennellement confirmé qu’il ne fournirait pas d’armes afin de vaincre la
Russie sur le champ de bataille, car le régime de Kiev défend les valeurs occidentales et les idéaux de « démocratie ». Si l’Occident se bat pour cela, alors il devrait être d’autant plus
clair ce que nous défendons et ce que nous combattrons jusqu’au bout.
Question : Parlez, s’il vous plaît,
des éventuels contacts que vous avez eus avec des représentants américains concernant le sort des citoyens américains dans les prisons russes. Y a-t-il eu des contacts ou des tentatives ?
Il y a eu des échanges de prisonniers dans le passé. Qu’attendez-vous en échange de Paul Whelan et Evan Gershkovich ?
Sergueï Lavrov : Selon
une entente entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine lors de leur rencontre en juin 2021 à Genève, un canal spécial a été créé pour discuter des
problèmes des citoyens russes détenus aux États-Unis et des citoyens américains en Fédération de Russie. Je ne révélerai pas un grand secret si je vous dis que ce canal n’impliquait pas
de journalistes et des divulgations de certaines situations dans le but de faire pression sur des négociations sérieuses et professionnelles en cours.
En Russie, plusieurs citoyens américains purgent des peines pour divers crimes, dont les personnes que vous avez mentionnées (Paul Whelan et Evan
Gershkovich). Ils ont été arrêtés pour avoir commis un crime – l’obtention de documents constituant un secret d’État. Nous n’acceptons pas les déclarations pathétiques selon lesquelles un
journaliste, par définition, ne peut pas commettre de crimes. Il existe de nombreux exemples de cela. Nous avons attiré l’attention sur le fait que lorsque cette campagne a éclaté autour
d’Evan Gershkovich, personne ne se souvenait de Julian Assange, notre citoyenne et journaliste Maria Boutina, qui a passé deux ans dans une prison américaine simplement parce qu’elle
participait au travail d’ONG.
Il y a environ 60 Russes dans les prisons aux États-Unis. Dans la plupart des cas, les allégations sont douteuses. Pas une seule fois, lors de l’«
enlèvement » de nos citoyens d’Europe et d’autres pays, ce que font les Américains, ils n’ont daigné se conformer aux exigences de la convention consulaire bilatérale, selon laquelle,
s’ils ont des soupçons sur des citoyens russes, ils ne doivent pas être kidnappés (comme dans les films hollywoodiens), mais s’adresser à la Fédération de Russie et exprimer leurs
inquiétudes.
Je répète qu’il existe un canal pour discuter de ces choses-là. Ce travail n’est pas de notoriété publique. Dans ce cas, cela ne peut que compliquer ce
processus pour des raisons évidentes. On n’a pas besoin de l’expliquer aux professionnels.
Question : Il n’y a pas si longtemps,
le président turc Recep Tayyip Erdogan a invité le président russe Vladimir Poutine en Turquie pour assister à la cérémonie de lancement du premier réacteur nucléaire turc construit par
des entreprises russes. Le président russe envisage-t-il de se rendre en Turquie ?
Sergueï Lavrov : Je pars
du principe que les présidents comprennent qu’une telle rencontre sera importante.
Question : La Russie déclarait à
plusieurs reprises que l’Ukraine ne remplissait pas ses obligations au titre de l’accord sur les céréales. La Russie a-t-elle l’intention de se retirer de cet accord et y a-t-il des
raisons d’y rester ?
Sergueï Lavrov
: L’Ukraine n’a rien à voir avec la partie de l’accord concernant des engrais et des céréales russes. Ces parties de l’accord sont bloquées par les sanctions occidentales.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres œuvre à surmonter ces sanctions et supprimer les obstacles à l’exportation d’engrais et de céréales de la Russie vers les marchés mondiaux.
Dans ce Mémorandum, il s’est engagé à faire tout son possible pour atteindre ces objectifs. Apparemment, il faudra faire « l’impossible ». Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu
cela.
Quant aux perspectives de l’accord, je viens de répondre à votre collègue. En effet, hier, Antonio Guterres a transmis un message au président russe
Vladimir Poutine. On le lui transmettra. Nous vous ferons part de sa réaction.
Question : Le président tchèque Petr
Pavel a déclaré que Pékin n’avait pas besoin de la paix en Ukraine et que la Chine était satisfaite du statu quo. Quelle est la position de la Russie à ce sujet ?
Sergueï Lavrov : Des
déclarations de ce genre n’ont rien à voir avec le travail d’un politicien normal.
Vous avez mentionné la République tchèque et je me suis souvenu de l’Union européenne (elle existe toujours). Le haut représentant de l’UE pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré qu’ils développeraient des relations avec les autres en fonction de leur attitude envers la Russie et la Chine. C’est un
indicateur de la mentalité de la « diplomatie » européenne actuelle.
Question : Il y a 80 000 réfugiés
ukrainiens en Irlande. Leur avez-vous présenté des excuses pour les avoir contraints de fuir leur domicile ? Si la Chine est votre amie, pourquoi ne vous envoie-t-elle pas d’armes
?
Sergueï Lavrov
: Personne ne se réjouit de la façon dont ce qui se passe affecte la vie des gens ordinaires. Mais leur vie ne devrait pas seulement attirer l’attention lorsqu’ils se
trouvent à l’étranger et causent des désagréments aux pays d’accueil. La vie des gens ordinaires devrait attirer l’attention des politiciens, alors que ces vies ont été discriminées dans
la pratique pendant de nombreuses années et mises en danger.
Personne ne se souciait que nous attirions l’attention sur le fait que de telles lois ne devaient pas être adoptées. La Constitution ukrainienne stipule que
tous les droits des minorités nationales sont garantis : politiques, religieux, linguistiques. Et lorsqu’ils ont adopté des lois interdisant ces droits par rapport à la langue russe, nous
nous sommes adressés (à l’époque nous étions encore membres du Conseil de l’Europe) à la Commission de Venise (il existe un tel organe qui analyse la législation des pays membres du
Conseil de l’Europe pour le respect des conventions européennes). Et le Conseil de l’Europe, par l’intermédiaire de cette commission, a rendu un verdict selon lequel l’Ukraine devrait
adopter une nouvelle loi sur les minorités nationales. Ils l’ont adoptée en décembre dernier. Elle précise que tous les droits des minorités nationales sans exception sont garantis dans
la mesure où cela est prévu par la législation en vigueur. Autrement dit, dans la mesure où elles ont été tronquées à presque zéro. C’est un outrage à la justice.
Quant aux réfugiés en Irlande. Je ne sais pas. Maintenant, il y a beaucoup d’informations, y compris dans les médias d’Europe occidentale et d’Europe de
l’Est, qu’ils ne sont pas tous dans le besoin. Et il y a des scandales, quelqu’un a volé quelque chose à quelqu’un, a séduit la femme d’un autre ou vice versa. Je ne veux offenser
personne. Les réfugiés ont commencé à apparaître sur notre territoire bien plus tôt à la suite de la guerre déclenchée par le régime de Kiev contre son propre peuple dans l’est du pays
uniquement parce que la population de Crimée et de l’est de l’Ukraine a refusé de reconnaître le coup d’État et a dit à ces « gars » de les laisser tranquilles et qu’ils voulaient
résoudre eux-mêmes leurs propres problèmes. Pour cela, on les a déclarés terroristes et on a commencé une guerre contre eux. Des millions de personnes ont couru vers nous. Je ne me
souviens pas que quiconque dans cette salle ou lors de mes autres conférences de presse avec la participation de journalistes occidentaux se soit intéressé à cet aspect de la situation.
Depuis un an et demi des réfugiés arrivent chez nous de régions qui restent sous le contrôle du régime de Kiev.
Êtes-vous d’Irlande ? Très bien. De temps en temps, j’utilise cet argument : si l’anglais était interdit en Irlande, comment les Britanniques
réagiraient-ils ? C’est impensable.
Et en Ukraine, la langue russe peut être interdite. On peut déclarer publiquement : dégagez en Russie si vous vous considérez comme faisant partie de la
culture russe. Cela a été dit par Volodymyr Zelensky bien avant notre opération militaire spéciale. On lui a demandé ce qu’il pensait des personnes vivant de l’autre côté de la ligne de
contact. Il a répondu : il y a des gens et qu’il y a des « spécimens ». Ce « leader de la démocratie mondiale » a dit un jour que si quelqu’un en Ukraine se sentait comme faisant partie
de la culture russe, son conseil, pour le bien de l’avenir de ses enfants et petits-enfants, il devrait aller en Russie. En clair. Et quand on lui a demandé ce qu’il pensait du régiment
néonazi Azov (qui en 2013, même à Washington était spécifiquement désigné comme une structure qui ne devrait pas recevoir de financement américain, qui marche sous des drapeaux nazis,
avec des symboles de divisions SS), il a dit qu’il y en avait beaucoup, qu’ils sont ce qu’ils sont. Point. Les valeurs que Zelensky défend dans la guerre contre la Russie incluent des
choses dont, franchement, nous nous sommes débarrassés il y a longtemps. Mais l’Europe est revenue en un clin d’œil à ces traditions qui étaient encore cultivées dans l’ancien
temps.
Question : Les Nations unies ont de
nombreux objectifs. Ils changent constamment. En 1945, l’objectif principal était d’empêcher une troisième guerre mondiale. Pendant 75 ans, nous avons été en mesure d’atteindre cet
objectif. J’ai écouté votre discours au Conseil de sécurité hier. Vous ne semblez plus convaincu que cette Organisation puisse empêcher une nouvelle guerre mondiale.
Pourquoi n’en êtes-vous pas convaincu
? Quel rôle peut jouer le Secrétaire général ? Pourquoi ne prépare-t-il pas un plan de paix ? Il ne le prépare pas parce que vous ne voudrez pas l’examiner ou parce qu’il ne le veut pas
?
Sergueï Lavrov : Ne
voulez-vous pas le lui demander vous-même ?
Je ne peux que dire ceci de ceux qui poussent de hauts cris au sujet d’une troisième guerre mondiale. Le président Joe Biden a dit un jour (je ne
reproduirai pas la citation exacte) que s’ils aidaient l’Ukraine à gagner, ils empêcheraient une troisième guerre mondiale. Analysez-vous les déclarations de votre président ou seulement
mes discours au Conseil de sécurité des Nations unies ?
Il y a quelque temps, la Première ministre britannique de l’époque, Liz Truss, a déclaré qu’elle n’hésiterait pas à appuyer sur le « bouton rouge ». En
entendant ces propos, le ministre [français] des Affaires étrangères de l’époque, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que la France possédait elle aussi des armes nucléaires. Le commandant de
l’armée de l’air allemande a ensuite déclaré que Vladimir Poutine ne devait pas les effrayer par une guerre nucléaire, car ils étaient prêts à y faire face. Tout cela s’est passé alors
que nous ne parlions pas du tout de la troisième guerre mondiale.
Permettez-moi de vous rappeler que sous la présidence de Donald Trump, nous avons proposé que les Américains réaffirment publiquement, officiellement et au
plus haut niveau la déclaration de Gorbatchev-Reagan selon laquelle la Russie et les États-Unis (à l’époque l’URSS et les États-Unis) étaient sûrs qu’il ne pouvait y avoir de vainqueur
dans une guerre nucléaire et qu’elle ne devait jamais être déclenchée. Nous avons proposé à Donald Trump de faire la même chose. Cela n’a pas fonctionné. Les Américains, pour autant
qu’ils fussent prêts à discuter de cette déclaration, l’assortissaient de réserves qui la dévaluaient complètement. Sous la présidence de M. Biden, nos présidents ont fait cette
déclaration. Puis nous avons à nouveau fait preuve d’initiative et une déclaration similaire sur l’inadmissibilité de la guerre nucléaire a été adoptée au plus haut niveau par les cinq
puissances nucléaires.
Lorsque ce sujet est abordé, tout le monde pointe du doigt la Russie. Ils disent que nous menons le monde vers une troisième guerre mondiale. Eh bien, on
voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien, selon l’adage. J’espère que ceux qui font des déclarations telles que « si l’Ukraine perd, la troisième guerre
mondiale ne pourra pas être évitée » et vice versa, sont sains d’esprit et savent se montrer responsables.
Question : La première question
concerne le départ de la délégation israélienne, dirigée par son représentant permanent, de la réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient qui s’est tenue aujourd’hui. Que
pensez-vous de cette démarche ? Y a-t-il eu des communications avec Israël avant la réunion qui indiquaient, ou auraient pu indiquer, la décision de la délégation israélienne de quitter
la réunion ?
La deuxième question concerne la
récente déclaration du vice-ministre britannique de la Défense, James Heappey, qui a affirmé que le Royaume-Uni avait déjà envoyé à Kiev des milliers d’obus Challenger à l’uranium
appauvri. Quelle est votre réaction à de telles déclarations ?
Sergueï Lavrov : Au
sujet de la réunion d’aujourd’hui. Pour être honnête, je ne peux pas en commenter les détails. Lorsque nous avons pris la présidence du Conseil de sécurité, nous avons discuté du
calendrier des réunions et de leurs thèmes. Personne ne s’est opposé à ce que l’on discute aujourd’hui des problèmes du Moyen-Orient, y compris du problème palestinien. Aujourd’hui, le
représentant d’Israël a posé une question rhétorique de manière si pathétique et émotionnelle sur la façon dont la Russie se sentirait si une réunion antirusse était programmée le 9 mai,
jour de la Grande Victoire. Vous savez, j’ai travaillé aux Nations unies pendant dix ans. Il nous est arrivé de tenir des réunions le 9 mai, pour soulever toutes sortes de questions, et
de le faire à l’occasion d’autres jours fériés dans d’autres États membres des Nations unies. Telle est l’organisation. Si vous excluez toutes les dates que chaque pays voudrait garder
libres, vous savez, il ne resterait très peu de jours ouvrables.
Mais le représentant israélien a déclaré qu’il ne pouvait pas participer à une « action anti-israélienne » un tel jour. Je suppose que c’est une question de
prise de position à laquelle nous devrions chercher une réponse. Il n’y a pas eu d’ « action anti-israélienne ». L’action, la réunion était basée sur un point de l’ordre du jour du
Conseil de sécurité qui figure à cet ordre du jour depuis des décennies.
La question palestinienne est le plus vieux conflit qui n’a été résolu par personne et d’aucune manière. Aujourd’hui, ils tentent de s’éloigner à nouveau
des accords inscrits dans les résolutions du Conseil de sécurité et de promettre des avantages économiques aux Palestiniens pour que ces derniers n’exigent pas la création de leur propre
État. C’est de cela qu’il s’agit. Il n’est donc pas question d’un événement anti-israélien. Il est question d’un événement, comme je l’ai souligné dans mon intervention, visant à mettre
en œuvre les décisions initiales des Nations unies destinées à garantir le droit des Palestiniens à créer leur État et, dans le même temps, le droit d’Israël à la sécurité à l’intérieur
de ses frontières et, en général, à garantir qu’il n’y ait pas de menaces pour la sécurité d’Israël dans l’ensemble de la région. C’est de cela qu’il s’agit, et non de condamner Israël.
Les actes terroristes perpétrés contre des Israéliens ont également fait l’objet de nombreuses critiques aujourd’hui. Tout le monde le sait.
L’uranium appauvri a été mentionné à plusieurs reprises. Certains affirment qu’il n’est pas radioactif et qu’il ne figure pas sur la liste de l’AIEA, mais
ce ne sont pas les listes qui comptent car il existe des faits et des interviews de personnes qui ont souffert de l’uranium appauvri dans l’ex-Yougoslavie. Il y en a sur notre télévision,
sur Internet et sur les chaînes de télévision occidentales. Ces personnes s’expriment également en Italie. Ce sont des vétérans qui ont combattu le « régime » de Slobodan Milosevic (comme
on disait à l’époque). Il faut être conscient de sa responsabilité. Au Royaume-Uni, ils s’imaginent qu’ils sont sur une île, donc peut-être que ce n’est pas si important de savoir où cet
uranium appauvri va ou ne va pas irradier ce qu’il contient.
Question : Après le 24 février 2022,
de nombreux pays ont imposé des sanctions contre la Russie. Les sanctions occidentales sont-elles efficaces ? La Russie peut-elle résister à la pression ?
Sergueï Lavrov : Je me
souviens qu’en 2015, l’ancien président américain Barack Obama avait déclaré que l’économie russe était déjà « en lambeaux ». Apparemment, cette volonté existe. Elle est stable et ne
change pas en fonction de l’administration au pouvoir.
Nous sommes arrivés à la conclusion il y a longtemps que nous devions compter sur nous-mêmes et sur ceux qui sont capables de négocier. Nous ne nous fierons
plus à ceux qui mentent, trompent constamment les autres et tentent d’obtenir un avantage unilatéral illégitime.
Aujourd’hui, certaines entreprises occidentales qui ont été expulsées de Russie par leurs gouvernements et qui leur ont obéi tentent de revenir. Notre
gouvernement a commenté cette situation. Nous ne sommes pas sûrs de devoir résoudre ce problème immédiatement. Laissons nos entreprises occuper les créneaux libérés. Développons notre
économie par l’exploitation des biens matériels que l’histoire et Dieu nous ont donnés dans ce monde, et non par des services virtuels ou par la domination artificielle du dollar et la
dépendance de ce dollar.
Les États-Unis ont lancé un processus de dédollarisation. Ce processus est aujourd’hui analysé avec une grande inquiétude, y compris par les politologues et
les économistes américains locaux. C’est un fait. Si mes souvenirs sont bons, en un an, la part du dollar dans les paiements mondiaux est passée de 55% à 47%. 8% en un an, c’est
considérable.
La transition vers les paiements en monnaies nationales, en contournant le dollar, l’euro et le yen, vers le développement des monnaies numériques est déjà
inéluctable. L’avenir du système financier monétaire international, y compris le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, est remis en question. Le processus est en marche.
Les Américains ont démontré qu’ils ne disaient pas la vérité lorsque, pendant des décennies après l’abolition de l’étalon-or par Richard Nixon, ils ont prétendu que, même sans
l’étalon-or, le dollar n’était pas « le leur », mais « notre dollar commun ». Et qu’une monnaie mondiale assurerait le bon fonctionnement harmonieux de tous les mécanismes de l’économie
mondiale.
Ils viennent de montrer qu’ils pouvaient facilement, « d’un coup de baguette magique invisible », abandonner tous les fondements qu’ils présentaient comme
les bases de l’économie mondiale: la concurrence loyale, l’inviolabilité de la propriété privée, le rejet de l’utilisation de mesures protectionnistes unilatérales et bien d’autres choses
encore. Autant d’éléments sur lesquels ils avaient fondé le modèle de la mondialisation, que le monde entier avait largement adopté et dans lequel il avait commencé à inscrire ses
projets. Aujourd’hui, la mondialisation n’a plus de perspectives sous la forme qu’elle avait. On assiste à une fragmentation de l’économie mondiale, à une démondialisation et à une
régionalisation.
Nous ressentons ces processus et y participons activement dans le cadre de l’OCS, de l’Union économique eurasiatique (UEE), de l’accord entre l’UEE et la
Chine, et au sein des BRICS. Le président brésilien Lula da Silva souhaite préparer pour le prochain sommet, qui aura lieu en été, une analyse sur la manière de ne pas dépendre des
caprices de ceux qui ont jusqu’à présent dirigé le système financier monétaire international.
Question : Vous avez beaucoup parlé de
la nature de l’accord sur les céréales, à savoir s’il est de nature humanitaire ou commerciale. La Russie était-elle prête à signer un tel accord dès le départ ?
Vous avez également parlé du « nouvel
ordre mondial ». Des États membres, notamment le Brésil, ont réagi hier. Pourquoi la multipolarité est-elle préférable à l’actuel « ordre fondé sur des règles » de l’Occident ? Comment
allez-vous convaincre vos collègues occidentaux de votre option ?
Sergueï Lavrov : Je le
répète une fois de plus. « L’accord » ne s’appelait pas l’accord sur les céréales, mais « l’initiative de la mer Noire ». Dans le texte même de cet accord, il était écrit qu’il concernait
l’élargissement des possibilités d’exporter les céréales et les engrais.
Non, je ne peux pas soupçonner le secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, d’avoir rusé lorsqu’il a proposé cet accord. Je suis convaincu qu’il a
agi de bonne foi. Je connais bien M. Guterres. Je peux l’affirmer en toute confiance.
Ceci étant dit, ses efforts sincères et persistants pour persuader ceux qui avaient imposé des sanctions de faire une exception au moins pour les
exportations agricoles, les céréales et les engrais, n’ont pas été efficaces. J’en ai déjà parlé en détail aujourd’hui.
Comment pouvons-nous convaincre nos collègues occidentaux de la nécessité de construire un monde multipolaire ? Nous n’allons pas les convaincre. Nous
affirmons notre position, comme le font la République populaire de Chine, le Brésil et bien d’autres. Nous proposons de faire des affaires sur la base de ce qui est écrit dans la Charte
des Nations unies : nous avons tous des droits égaux, nous devons rechercher un équilibre des intérêts et résoudre collectivement les problèmes du monde. La meilleure façon de convaincre
les pays occidentaux qu’un monde multipolaire est déjà en train de prendre forme serait probablement de ne pas interférer avec le processus historique. Et c’est ce qu’ils tentent de faire
aujourd’hui.
Les sanctions contre la Russie sont en effet d’un type que personne n’a jamais vu ou même imaginé. Mais pour nous, il s’agit d’une question close. Nous
avons toutes les chances de ne pas dépendre de ce type de comportement de la part de nos collègues occidentaux, qui se sont révélés totalement incapables de coopérer. J’ai entendu dire
qu’ils interdisaient désormais la vente de semi-conducteurs à la Chine. Dans le même temps, ils exigent que la Corée du Sud ne remplace pas les livraisons déficientes de semi-conducteurs
provenant d’Europe et des États-Unis par ses propres livraisons. Une nouvelle guerre pour la domination du monde se prépare, ou plutôt une guerre pour tenter de maintenir la domination du
monde. Cela pourrait probablement ralentir le processus naturel de formation d’un ordre mondial multipolaire, mais pas pour longtemps. Historiquement, je suis sûr que ce ne sera pas le
cas.
Toutes ces affirmations selon lesquelles, comme l’a dit le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell,
« le jardin d’Eden » (par lequel il entend l’Occident) est entouré d’une « jungle » (en plus d’être racistes et nazies) sont le reflet de la philosophie même qui est néfaste pour toute
l’humanité, y compris pour les porteurs de cette philosophie eux-mêmes.
Le président français Emmanuel Macron, après sa visite à Pékin (si nous parlons de la Chine), a déclaré que l’Europe devait être indépendante, qu’être allié
aux États-Unis ne signifiait pas nécessairement suivre la volonté des États-Unis sur toutes les questions et a mentionné Taïwan. Il a déclaré qu’il ne s’agissait pas d’une question
européenne. Je note entre parenthèses que cela implique que l’Ukraine est une question européenne. Ce faisant, il a reconnu que l’Europe était en guerre par Ukraine interposée. Mais
immédiatement après les propos de M. Macron, pas plus tard qu’hier M. Borrell a lancé une initiative selon laquelle l’UE devrait envoyer ses forces navales dans le détroit de Taïwan.
Qu’est-ce que cela signifie ? Que ceux qui soutiennent la logique de Josep Borrell en Europe ont déjà perdu toute indépendance et ne sont guidés que par les intérêts des États-Unis, ou
qu’ils ne se sont pas encore mis d’accord sur leur future position commune.
Le monde multipolaire est objectivement en train de se former. Je ne sais pas à quoi il ressemblera, quelle sera sa configuration. Beaucoup ont dit, y
compris lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies d’hier, que le G20 pourrait devenir le prototype d’une sorte de mécanisme de gouvernance.
J’estime qu’il est préférable de s’appuyer sur la Charte des Nations unies, étant entendu que le Conseil de sécurité des Nations unies devra être réformé
pour refléter les nouvelles tendances et réalités. Il s’agira peut-être de quelque chose comme le G20, qui rappelle l’appartenance au G20. Mais la profonde sous-représentation évidente de
l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine doit nécessairement être éliminée.
Question : Les Taliban ont récemment
interdit aux femmes de travailler à l’ONU. Le secrétaire général de l’ONU, M. Guterres, est en route pour Doha afin de rencontrer son envoyé spécial sur la question. Quelle est la
prochaine étape pour la communauté internationale en ce qui concerne l’Afghanistan ?
Le plan d’action global commun [JCPOA,
accord nucléaire iranien] est-il « mort » ?
Sergueï Lavrov : Oui,
nous avons soutenu l’initiative du secrétaire général des Nations unies d’organiser une réunion des représentants spéciaux, dont un grand nombre de pays occidentaux, à Doha les 1er et 2
mai.
Tout au long de l’année 2022 et de cette année, nous avons traité de l’Afghanistan dans des formats tels que celui des « pays voisins ». Récemment, la
quatrième conférence ministérielle des pays voisins de l’Afghanistan s’est tenue en Ouzbékistan. La Chine a accueilli une réunion similaire en 2022. Le quatuor Russie-Chine-Pakistan-Iran,
dans lequel nous avons invité l’Inde, travaille en parallèle. Nous voulons que ces cinq forment le « noyau » du format des pays voisins.
Nous préservons le format de consultations de Moscou, auquel les États-Unis ont déjà participé par le passé. Ensuite ils ont changé d’avis après avoir
provoqué les événements en Ukraine et se sont retirés de ce format. Il y avait aussi la troïka Russie-Chine-États-Unis, à laquelle le Pakistan s’était joint. Ce format a également été
abandonné.
Apparemment, afin d’amener l’Occident à faciliter le règlement du problème afghan, le secrétaire général des Nations unies organise une conférence à
laquelle nous participerons. Nous estimons que l’Occident ne doit pas « sombrer » dans les discussions. Ils ont été présents en Afghanistan pendant 20 ans et n’ont rien fait pour
améliorer les capacités économiques du pays. Il y a eu une explosion de la production de drogue là-bas, qui reste un record, bien que les talibans tentent de l’interdire. Nous soutenons
leurs aspirations.
Mais pour le développement de l’Afghanistan, il faut avant tout de l’argent, que les États-Unis ont saisi et refusent de restituer à la population.
L’Occident devrait non seulement rendre ces afghanis à la population de ce pays lorsque les conditions seront réunies, mais aussi envisager une compensation pour les dommages qu’il a
causés à l’État afghan – à son économie et à sa population – pendant 20 ans.
Nous partons du principe que les talibans sont une réalité sur le terrain et que nous devons leur parler. En même temps, nous n’accepterons pas la
reconnaissance de ce gouvernement « de jure » tant qu’il n’aura pas rempli ses propres obligations, qui ont été reconnues par la communauté internationale. À savoir, tant qu’il n’aura pas
veillé à ce que les structures du gouvernement soient inclusives. Pas seulement au sens ethnique, mais aussi au sens politique. Il y a maintenant des Ouzbeks, des Tadjiks et des Hazaras
dans le gouvernement taliban, comme ils disent. C’est vrai. Mais tous ces représentants ethniques sont tous des talibans au sens politique du terme.
Il est important que la société civile veille à ce que les forces politiques du pays soient largement représentées. Parmi les autres critères de
reconnaissance juridique, tous mentionnent les exigences fondamentales en matière de droits de l’homme, y compris les droits des femmes et des jeunes filles. Ce point sera discuté lors de
la conférence qui a été convoquée par le Secrétaire général des Nations unies, M. Guterres.
Question : Qu’en est-il de l’accord
sur le programme nucléaire iranien ?
Sergueï Lavrov : Ce
n’est pas à nous qu’il faut poser cette question. Nous partons du principe que l’accord sur son renouvellement a été conclu il y a assez longtemps. Étrangement, les pays européens ont
perdu leur enthousiasme. Les Américains ont déjà déclaré, sous couvert de l’anonymat, par le biais de diverses sources, qu’il fallait chercher quelque chose de « différent ». Je ne sais
pas ce qu’il en est.
Je pense que c’est une énorme erreur de rater l’occasion de renouveler cet accord. Surtout à un moment où les relations entre les pays arabes et l’Iran
s’améliorent et se normalisent. En particulier, les relations ont été rétablies avec l’Arabie saoudite avec le soutien de la République populaire de Chine. C’est un processus sain. Nous
sommes favorables à l’établissement d’une coopération, d’une transparence, de mécanismes de confiance dans la région du Golfe.
À ce stade, ce n’est ni à l’Iran, ni à nous, ni à la Chine de relancer complètement cet accord. C’est à ceux qui l’ont détruit de le faire revivre. Si tant
est qu’une chance existe, c’est uniquement sous cette forme. Nous estimons que le document convenu l’année dernière est à la hauteur de la tâche. Les tentatives d’imposer de nouvelles
exigences qui n’existaient pas dans le texte original du Plan d’action global commun compliquent le processus et reflètent la ligne même de ce dont il a été question aujourd’hui: le
marchandage ou le chantage en vue d’obtenir des avantages unilatéraux.
Question : Vous avez parlé du «
milliard d’or ». Pensez-vous qu’à l’avenir, le monde ne comptera pas un « milliard d’or » mais « huit milliards d’or » ?
La deuxième question porte sur la
solution à deux États. Tout le monde l’acclame. Pensez-vous qu’il existe une réelle possibilité de parvenir à l’existence d’un État palestinien indépendant, entier et souverain
?
Sergueï Lavrov : Je
pense qu’il ne faut pas baisser les bras. Nous assistons aujourd’hui à des tentatives de faire abstraction des aspects politiques du dossier palestinien et de se concentrer sur l’offre
d’avantages économiques aux Palestiniens. Il semblerait qu’il s’agisse d’une sorte de pot-de-vin : voici l’argent, mais oubliez l’indépendance et l’État. Je ne comprends pas cette
logique.
Nous avons déjà mentionné aujourd’hui le représentant permanent d’Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, qui, dans son discours plein d’émotion, a
défendu le droit d’Israël à avoir un État hébreu. Mais s’il en est ainsi, qu’en est-il des Palestiniens ? Ils ont besoin de leur propre État. C’est admettre qu’une solution à deux États
est le seul moyen de « saper » l’essence juive d’Israël qu’il préconise.
Je pense que la raison l’emportera et qu’en gardant la tête froide (lorsqu’il sera possible de se détacher des cycles électoraux), on pourra s’attaquer
sérieusement au problème. Mais comment s’en détacher ? Aux États-Unis, par exemple, ils ont lieu tous les deux ans et il ne reste pas de temps pour travailler. Il faut « se faire élire
».
À propos du « milliard », je l’ai dit hier. Bien sûr, c’est de l’arrogance, de l’impolitesse, qui est inscrite dans les décisions de l’OTAN et de l’UE.
C’est du dédain. Or, ces mêmes gens disent que « les vies noires comptent ».
Question : Êtes-vous personnellement
impliqué dans des pourparlers sur la libération de prisonniers en Amérique et en Russie. Par exemple, Evan Gershkovich.
Sergueï Lavrov
: Non.
Question : L’adhésion de l’Ukraine à
l’OTAN ne semble pas très réaliste, malgré ce que certains disent. Mais c’est plus réaliste de devenir membre de l’UE. Qu’en pensez-vous ?
Sergueï Lavrov : Je ne
peux pas décider pour l’Union européenne. Nous pouvons voir comment cette organisation se militarise à un rythme record. Elle se transforme en une structure agressive dont l’objectif
déclaré est de « contenir » la Fédération de Russie.
Notez que le président serbe Aleksandar Vucic se dit régulièrement préoccupé par les demandes qu’on lui adresse de se joindre aux sanctions contre la Russie
et de reconnaître l’indépendance du Kosovo, en ignorant le sort des Serbes qui vivent dans le nord de la province depuis des centaines d’années. Voilà ce qu’est l’Union européenne.
Si vous menez une politique antirusse, vous avez de bonnes chances. Il sera intéressant d’examiner la situation avec la Serbie ou la Turquie, qui négocie
depuis de nombreuses années.
Certains, au sein de l’UE, veulent laisser l’Ukraine y adhérer de toute urgence. L’UE démontrera alors que tout cela n’est pas conforme aux critères, mais
qu’il s’agit d’un pur jeu géopolitique visant à s’approprier davantage de territoires, qui resteront « abandonnés ».
Je ne sais pas. Laissons-les décider pour eux-mêmes. Mais il ne fait aucun doute que l’UE n’est guère différente de l’OTAN aujourd’hui. D’autant plus qu’ils
ont récemment signé une déclaration OTAN-UE stipulant explicitement que l’Alliance assurerait la sécurité de l’Union européenne, et l’UE a exprimé sa gratitude. Il a également été écrit
que cela serait important pour le « milliard ».
Question : Compte tenu du temps qu’il
reste avant la fin de l’année, quelles sont vos attentes en matière de paix et de sécurité sur Terre ? Y a-t-il, selon vous, des perspectives de négociations ou de cessation du conflit
ukrainien ou d’autres conflits (Yémen, Libye) ? Vous avez également évoqué le Soudan. Quels sont vos espoirs et vos attentes ?
Sergueï Lavrov : Je ne
suis pas payé pour des espoirs ou des attentes. Nous avons des tâches concrètes à accomplir. Aujourd’hui, il s’agit principalement d’assurer la sécurité de notre pays et d’empêcher que
les Russes, qui vivent dans notre voisinage depuis des siècles, ne soient discriminés et décimés par le régime ukrainien. Y compris physiquement, comme il l’affirme publiquement à travers
ses représentants.
La politique est ainsi faite… En mai 2003, quelques mois après le début de la guerre illégale en Irak, George W. Bush annonçait à bord d’un porte-avions que
la démocratie avait gagné en Irak. C’était en 2003. Qu’attendez-vous de l’Irak aujourd’hui ? Je n’en sais rien.
Il en est de même pour la Libye. Le président Barack Obama avait décidé de diriger l’opération en coulisses et de laisser les Européens se mettre à
l’avant-scène. La résolution du Conseil de sécurité des Nations unies avait été violée de manière flagrante. Tout ce qu’elle exigeait, c’était l’établissement d’une zone d’exclusion
aérienne afin que les avions de Kadhafi ne puissent pas décoller. En effet, ils sont restés au sol. Mais le pays a été bombardé, il est maintenant « en lambeaux ». C’est ce que Barack
Obama a dit à propos de la Russie. Or, cela n’est pas arrivé à l’économie russe, mais à un État appelé Libye.
J’espère que des progrès seront réalisés au Yémen. Dans son discours d’aujourd’hui, j’ai indiqué que nous apprécions les efforts déployés par l’Arabie
saoudite à cet égard pour établir un dialogue direct.
En ce qui concerne l’Ukraine, je ne vais même pas me perdre en conjectures. Ce ne sont pas les « calendriers » qui comptent. Il y a des calendriers dans
d’autres pays.
Par exemple, en Libye. Combien de fois les Français ont-ils annoncé des conférences où il était décidé que « dans quatre mois et trois jours » il y aurait
des élections ? C’est le cas depuis 2015. Or, nous sommes toujours au point de départ.
Nous devons simplement nous efforcer d’exercer nos droits légaux. Il faut le faire honnêtement, en expliquant ses motivations. C’est ce que nous avons fait
en ce qui concerne nos actions dans le cadre de l’opération militaire spéciale. Et nous aimerions également entendre, en guise de réciprocité, nos collègues occidentaux : quels sont les
objectifs qu’ils poursuivent en Irak, en Libye et dans d’autres endroits où ils essaient de montrer une certaine activité.
Nous devons rester optimistes. C’est inévitable. Même si l’on dit qu’un pessimiste est un optimiste bien informé. Espérons que le désir d’unir nos forces et
la compréhension du fait que diviser la communauté mondiale en « un milliard » et « sept milliards » est une erreur prévaudront. Se placer au-dessus des autres est également une erreur,
quelles que soient les traditions aristocratiques des seigneurs et autres hauts dignitaires qui serviraient à le justifier. Nous vivons sur la même Terre.
Nous venons de parler d’une troisième guerre mondiale. Qui en a besoin ? Mais apparemment, quelqu’un est prêt à aller jusqu’au bout. Je cite à nouveau la
déclaration : « Si l’Ukraine bat la
Russie, nous éviterons la troisième guerre mondiale. » Voilà une « petite formule » très simple qui, jusqu’à présent, remplace une conversation professionnelle correcte entre
des hommes politiques responsables.
Je vous souhaite de réussir dans votre travail. C’est vraiment important. Une fois de plus, étant donné que les journalistes russes sont moins nombreux
cette fois-ci qu’ils n’auraient pu l’être, je vous invite instamment à remédier à cette carence par une couverture étendue de tout ce que vous avez entendu de notre part.
Il y a un an, il semblait à beaucoup que l’affrontement entre la Russie et l’Occident en Ukraine serait extrêmement dur, extrêmement intense, mais en même temps relativement court. Douze
mois plus tard, il est devenu clair que tous ces calculs étaient des illusions stratégiques.
Cet article publié en russe par le site mk.ru n’engage pas la ligne
éditoriale du Courrier.
Le conflit dans notre pays voisin est entré dans la phase d’un affrontement prolongé. Et la principale question d’aujourd’hui – et aussi, apparemment, de
demain, voire après-demain – est la suivante : qui survivra à cette confrontation marathon ? Et qui, à la fin du conflit, aura le droit moral d’« avoir le dernier mot» ?
C’est l’une des étoiles les plus brillantes de l’analyse de la politique étrangère russe, Andrey Sushentsov – doyen de la faculté des relations internationales du MGIMO et directeur de
programme du club Valdai qui répond à cette interrogation, fondamentale bien sûr pour la Russie, mais pas seulement pour elle.
Andrei, la Russie vient de franchir une étape qui, jusqu’à récemment, semblait complètement impensable : elle a annoncé le déploiement de ses armes nucléaires sur le territoire d’un autre
État : la Biélorussie. Selon vous, quels avantages stratégiques spécifiques Moscou peut-il en tirer ?
Les Américains, les Britanniques et les Polonais, réalisant que la crise ukrainienne se prolonge, commencent à créer des points de tension pour la Russie, sur tout le périmètre de ses
frontières. Que sont, par exemple, les exercices militaires polonais à la frontière avec la région de Kaliningrad ? C’est un indice qu’il pourrait y avoir un prochain point
d’impact. Quelles sont les manœuvres polonaises près des frontières de la Biélorussie ? La même chose. Les vols de drones américains au large de la Crimée, ou encore les
« jeux » autour de la Transnistrie, tout cela est une tentative de détourner et de disperser l’attention de la Russie, d’interférer dans sa planification militaire et de la forcer à
allouer des ressources supplémentaires à toutes ces zones. Parmi tous ces points chauds potentiels, beaucoup sont étroitement liés à la Pologne. Parmi tous les pays de l’OTAN, Varsovie
témoigne de la plus grande passion pour une participation directe à une crise militaire. En termes de nombre, l’armée polonaise est environ six fois plus importante que les forces armées de
la Biélorussie. L’une des tâches de l’Occident est de réduire la capacité de la Russie et de la Biélorussie à agir ensemble pendant cette crise. Le déploiement d’armes nucléaires tactiques
est une étape conjointe de Moscou et de Minsk. Elle montre clairement l’état d’esprit de nos pays, basé sur un calcul sobre des capacités et des intentions polonaises envers la Biélorussie. De
nature dissuasive, elle prive Varsovie d’illusions. La chose la plus importante ici est qu’à un moment donné, la crise ukrainienne actuelle pourrait cesser d’être purement ukrainienne. La
Pologne pourrait devenir son nouveau personnage principal. La tâche immédiate de Varsovie est sa transformation en un militariste européen, et la création sur le territoire polonais d’un
grand contrepoids militaire à la Russie en cas de défaite de l’Ukraine. Il est possible qu’à l’avenir la crise actuelle avec l’Occident commence à ressembler aux années mûres de la guerre
froide avec son système de dissuasion militaire de part et d’autre. C’est précisément à la création d’un tel système, fondé sur de nouvelles réalités géopolitiques, que Moscou et Minsk se
sont désormais engagés.
Comment les Polonais ont-ils réussi à devenir si agressifs ? Nous sommes habitués à considérer Berlin comme la capitale informelle d’une Europe unie et Varsovie comme une périphérie
européenne. Pourquoi la périphérie a-t-elle soudainement commencé à « remuer le centre » ?
Face aux Polonais, les radicaux ont des arguments, une vision, des ambitions, beaucoup de testostérone et le sentiment que leurs objectifs sont ceux de toute l’Europe. L’Allemagne de son
côté est incapable de formuler sa propre vision, distincte de la Pologne. Berlin est paralysé par le sentiment que si l’on veut représenter un intérêt européen commun, il faut tenir compte de la
vision polonaise. Par conséquent, l’Europe est en fait dans une impasse. En effet, aux yeux des Polonais, les Russes et les Allemands sont des ennemis, et les Américains, Britanniques
et Baltes sont des alliés. La compréhension européenne de leurs intérêts a aujourd’hui été remplacée par une compréhension transatlantique. Dans sa forme de lâcheté actuelle, l’Union
européenne a perdu son autonomie par rapport aux États-Unis au niveau de la politique mondiale. Mais au début des années 1990, il y avait une possibilité réelle de créer un État européen à
part entière, une confédération européenne. Les pays d’Europe occidentale ont alors voulu créer leur propre politique de défense, distincte des États-Unis, et suivre la voie de la création
des États-Unis d’Europe. Cela aurait renforcé considérablement l’autonomie européenne, non seulement vis-à-vis des États-Unis, mais également vis-à-vis de la Russie et de la Chine. Mais
cette opportunité unique n’a jamais été exploitée. Au lieu de cela, l’Europe occidentale a succombé à la tentation de s’étendre presque jusqu’aux frontières de la Russie. Et lorsqu’une
telle expansion a eu lieu, il est soudainement devenu clair que l’ancien noyau européen était flou. Les discussions européennes internes sont désormais dominées par les voix radicales des
Européens de l’Est. Il s’est avéré que l’Europe s’est privée de la liberté de ses choix stratégiques. Certes, dans les années 1990, Moscou était aussi dans l’illusion: la Russie pensait
pouvoir rejoindre l’Occident, en devenant son deuxième pilier avec les États-Unis. Mais nous avons réussi à comprendre, à temps, le caractère illusoire de tels espoirs et nous avons retrouvé
la liberté de nos choix stratégiques. Par contre, l’Union européenne, tombée dans une dépendance totale vis-à-vis des États-Unis, a perdu cette liberté, et peut-être pour
toujours.
Peut-on nier cependant que, « même en ayant perdu la liberté de ses choix stratégiques », l’UE ne se sente pas si mal que cela ? A l’automne, on entendait dire en Russie que « l’Europe
gèlerait sans le gaz russe ». Pourtant, on le voit, personne en Europe ne semble figé.
Regardez les données sur les décès excessifs au Royaume-Uni dus au froid dans les maisons l’hiver dernier. Quelques touches supplémentaires doivent être ajoutées à ce tableau : le transfert
de la production, la fermeture des grandes entreprises. Désormais, des nouvelles similaires viennent constamment d’Europe. Bien sûr, ces décisions importantes sont prises par les conseils
d’administration des entreprises sur la base d’une analyse approfondie de la nouvelle réalité géopolitique. Cependant, pour les grandes entreprises allemandes, la nouvelle réalité n’est pas
tout à fait claire. Seules les décisions les plus urgentes sont prises face à « l’incendie ». Mais si réellement les liens économiques russo-européens se sont effondrés de manière
irréversible, alors tout ce que nous avons déjà vu ressemble plutôt à un « bouquet de fleurs ». Regardez comment les Allemands « avalent » maintenant les attaques sur le
Nord Stream, et comment leurs alliés américains – ayant complètement perdu confiance en leur loyauté – leur ont marché sur les pieds. L’industrie allemande et les citoyens allemands sont
condamnés à subir trois fois les coûts énergétiques de ce qu’ils étaient auparavant. Et couplé au fait que les Allemands ont retardé très longtemps la croissance des salaires réels dans leur
économie, c’est l’énergie russe bon marché qui a fait de l’économie allemande le principal bénéficiaire de l’intégration européenne. Maintenant, ces deux fondations sont sapées. Il n’y a
plus de source d’énergie russe bon marché. Bientôt, il n’y aura plus d’occasions de freiner la croissance des salaires. Il faudra les relever pour éviter une vague massive de
mécontentement social. Cela remet en cause la viabilité du modèle économique allemand. Par conséquent, la « perte de la liberté de choix stratégique » n’est pas que des
mots. Derrière ce concept se cachent des problèmes très réels et très difficiles à gérer.
Et quelle est exactement la liberté de choix stratégique dont dispose, selon vous, la Russie ?
Depuis l’époque de Pierre le Grand, la tâche clé de la Russie a été d’exister dans la hiérarchie internationale en tant que force stratégiquement autonome capable de déterminer arbitrairement son
propre destin. Depuis 300 ans, la principale source de nos problèmes et de nos opportunités a toujours été l’Occident. Aujourd’hui, le vecteur de notre intérêt est toujours tourné vers
l’Occident. Mais pour la première fois de notre existence de grande puissance, le centre de gravité des grands événements politiques et économiques se déplace de l’Ouest vers l’Est. La
direction orientale de la politique russe, pour la première fois de son histoire, a un poids réel. La Russie a désormais plus d’une « jambe » occidentale, mais s’appuie également sur des
liens avec la Chine, l’Inde, la Turquie, l’Orient arabe, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique et l’Amérique latine. Sur tous ces points, la Russie est considérée comme un acteur actif, autonome et
performant. Aux yeux de beaucoup, le fait que la Russie ait résisté avec succès à une année d’attaques occidentales, avec un nombre astronomique de sanctions, est la preuve que la résistance
à l’hégémonie occidentale n’est pas seulement théoriquement possible, mais absolument viable.
De combien de temps la Russie disposera-t-elle pour mettre en œuvre la « phase chaude » de ce scénario ? La Première Guerre mondiale a duré 4 ans et 106 jours. La Seconde Guerre
mondiale, 6 ans et un jour. Que vous disent vos instincts d’expert : le conflit mondial actuel sur l’Ukraine établira-t-il un nouveau record le plus long ?
Dans la liste des conflits que vous avez nommés, j’inclurais également la guerre américaine en Afghanistan, qui a duré 20 ans et a établi un record de durée. Sa similitude avec la crise
ukrainienne est qu’en fait, les États-Unis peuvent déterminer arbitrairement le point final de cette crise. Le budget du Pentagone au cours des 20 dernières années a toujours inclus environ 50 à
60 milliards de dollars pour une sorte de conflit militaire. À la fin de la guerre en Afghanistan, cet argent s’est retrouvé dans le nouvel exercice sans but précis. Et, comme le
montrent les statistiques américaines, ces fonds sont désormais entièrement dirigés vers l’Ukraine. Dans un tel régime, les États-Unis peuvent exister indéfiniment : soit jusqu’à ce que la
prochaine crise majeure apparaisse et à laquelle ils devront répondre, soit jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que la prolongation du conflit ukrainien cesse de répondre à leurs intérêts
stratégiques. Si quelque chose comme cela se produit – par exemple, s’ils décident que leur domination en Europe et le blocus de la Russie se traduisent par un prix trop élevé – alors le conflit
pourrait cesser assez rapidement. Rappelez-vous, par exemple, comment en 2021, seuls quelques mois se sont écoulés entre le moment où Biden a décidé de mettre fin à l’implication directe des
États-Unis dans le conflit afghan et la chute du gouvernement de Kaboul. Mais si les Américains continuent à injecter méthodiquement de l’argent dans le conflit ukrainien, alors cette crise
pourrait durer longtemps, avec d’énormes conséquences pour l’Ukraine et des conséquences importantes pour la Russie et l’Europe.
Jusqu’à présent, ce deuxième scénario est clairement mis en œuvre. Les États-Unis indiquent ouvertement que la prolongation de la crise ukrainienne sert pleinement leur intérêt. La
Russie a-t-elle un antidote à une telle stratégie américaine ?
Il n’y a pas d’antidote. Mais il y a une volonté d’accepter et de battre ce pari américain. Toute l’histoire de la Russie montre que nos actions ont été plus efficaces lorsque nous
avons imposé une confrontation prolongée à l’ennemi. Cela s’applique à presque toutes les interactions militaires et stratégiques passées de la Russie avec l’ennemi. Et dans ce type
d’interaction, la Russie n’a jamais perdu. Certes, vous pouvez vous demander, mais qu’en est-il de la Première Guerre mondiale ? La défaite de la Russie à cette époque a été causée par des
raisons internes : les autorités ont perdu l’initiative de déterminer le vecteur du développement du pays. Toutefois, cela ne s’est pas produit pendant la Première Guerre mondiale, mais
bien avant. Rappelons-nous, par exemple, comment une vague terroriste a traversé la Russie pendant plusieurs décennies avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, dont le nombre total
de victimes s’est élevé à des dizaines de milliers de personnes. A un moment donné, non seulement les intellectuels russes, mais aussi l’aristocratie ont commencé à pencher vers un soutien
au mouvement révolutionnaire, sans se rendre compte que cette étape serait suicidaire pour eux. La Première Guerre mondiale n’a été que le point culminant d’un long processus
d’affaiblissement interne de l’Empire russe. Nous ne voyons rien de tel dans la Russie moderne. L’État russe est désormais un organisme très actif doté d’une grande capacité. Il a d’abord
une compréhension de ce qu’il est lui-même. Ensuite, il comprend sa place dans le monde, ses véritables intérêts et ressources, et ce beaucoup plus clairement que ses adversaires que, par
ailleurs, il connait bien. Il comprend également l’environnement international et remplit systématiquement une tâche stratégique spécifique, qui en tant que tel n’a pas été réalisé par les élites
de l’Empire russe pendant la Première Guerre mondiale.
Oui, la Russie tient le coup. Mais après tout, l’Amérique tient aussi le coup. Elle ne perd rien, à l’exception de ces 50 à 60 milliards de dollars qui, autrement, auraient été suspendus
dans le budget du Pentagone comme un poids mort. N’est-ce pas la conclusion qui découle directement de vos propos ?
Du point de vue de qui perd quoi et qui gagne quoi, l’année écoulée s’est développée selon une ligne sinusoïdale. Dans la première phase du conflit, qui a duré jusqu’à la mi-2022, les
États-Unis ont réussi à augmenter fortement le volume de leur capital géopolitique. Ils renforçaient constamment leur pression sur la Russie et dominaient la production d’images et de
métaphores pour façonner la perception internationale de ce qui se passait. La confusion régnait dans de nombreux pays du monde, avec le sentiment que le monde revenait à un système unipolaire :
les Américains dominaient partout, et la Russie se trouvait dans la situation la plus difficile de toute la période post-soviétique de son histoire. De nombreux pays ont alors douté, en se
disant que « peut-être est-il vraiment temps d’adresser notre salut aux Américains ? ». Mais, à partir de l’automne 2022, la courbe de soutien est allée dans l’autre sens. Les
Américains ont fait un mauvais calcul dans leur raisonnement principal : ils s’attendaient à ce que la victoire sur la Russie soit non seulement possible, mais possible rapidement. Les
politiciens et généraux occidentaux parlent maintenant beaucoup du vide de leurs arsenaux. La Russie ne s’est pas non plus préparée à un conflit prolongé de ce type. Mais on voit que la
Russie seule est capable de résister à toute l’industrie militaire de l’Occident. Un autre indicateur important est la stabilité économique et sociale. A la surprise générale, la Russie,
avec son PIB de 2 à 3 % de l’économie mondiale, affronte avec succès des pays qui représentent la moitié du PIB mondial. Dans cette situation, l’on note qu’il n’y a pas de troubles de masse
en Russie. Et même le cycle électoral ne change pas dans le pays. Lorsqu’il est devenu clair que la Russie résistait bien à une frappe occidentale massive, la confiance dans la stratégie
américaine a commencé à décliner. La tendance générale a changé : à la tentative américaine d’écraser la Russie sont venues, en complément, celles pour contenir la multipolarité qui est
comme une « pâte en train de lever ».
Pouvez-vous donner un exemple précis d’une telle « croissance du test mondial » ?
Oui, mais vous pourriez le faire vous-même. Prenons le 20 mars 2003 : le point culminant de la puissance américaine et de l’ordre mondial unipolaire. Ce jour-là, les États-Unis ont
envahi l’Irak. Et exactement deux décennies après cet événement, le 20 mars 2023, un sommet des dirigeants de la Russie et de la Chine s’est tenu à Moscou. C’est l’un des marqueurs du
polycentrisme qui émerge actuellement dans le monde, qui, soit dit en passant, est largement dû aux actions des États-Unis. Auparavant, l’Amérique se présentait au monde comme un garant de la
mondialisation, une communauté mondiale, un pays qui crée des conditions confortables pour le développement d’autres États. Leur message était : « notre système financier n’est pas
seulement notre système financier. C’est aussi un système financier commun à tous les pays ! ». Vous ouvrez des comptes correspondants dans des banques américaines, non pas parce qu’on
vous y force, mais parce que c’est un schéma pratique et logique pour tout le monde ! Le dollar est la principale monnaie de réserve mondiale, non pas parce que c’est notre monnaie, mais
parce que c’est le moyen le plus pratique, le plus prévisible et le moins cher de règlement mutuel ! Les États-Unis étaient l’arbitre qui jugeait les « matchs de boxe » économiques et
politiques dans différentes parties du monde. Mais le 24 février de l’année dernière, ils sont passés d’arbitre à protagoniste ; ils sont entrés sur le ring. Et toute la ressource,
qui était auparavant offerte à tous comme une méthode pour atteindre le bien commun, a commencé à être utilisée comme une arme. Ce n’est plus un système financier partagé ! « C’est
notre système financier, avec l’aide duquel nous punirons les coupables. Ce n’est pas juste un dollar. C’est notre dollar ! » Ainsi, l’Amérique a radicalement changé la nature de
sa participation au système international. Leur message ressemble maintenant à ceci : « vous devez être avec nous. Ou alors vous êtes contre nous ! ». Désormais, ils
disent cela à tout le monde : leurs alliés, les pays neutres, les alliés de la Russie. Sur la base des intérêts stratégiques à long terme des États-Unis, il serait plus profitable et logique pour
eux de dire : « la crise ukrainienne est une situation locale, un complot exclusivement est-européen, que nous réglerons tôt ou tard tout avec Russie ». Si cela se produisait, ils
pourraient peut-être conserver leur rôle de fournisseur du « bien commun ». Mais ils ont qualifié la crise ukrainienne de tournant qui définira la nature du XXIe siècle : soit
l’hégémonie occidentale continuera, soit le monde entrera dans un scénario chaotique. C’est ainsi que la crise ukrainienne a commencé à prendre un tel tournant.
Faites-vous allusion au fait que les Américains sont décédés et que la récente visite d’État du président Xi à Moscou a initié le processus d’une nouvelle division du monde selon le principe du
bloc : d’un côté, l’axe Moscou-Pékin, et de l’autre, l’Occident collectif ?
A un moment donné, la principale thèse américaine « ou vous êtes avec nous ou contre nous » a été très profondément comprise et correctement assimilée par nos camarades en
Chine. Parallèlement à la pression exercée sur nous, les Américains ont commencé à en mettre une autre sur la Chine : à travers Taiwan, à travers une série de sanctions contre les
produits et industries chinois sensibles, à travers la persécution de leurs entrepreneurs de haut rang. Les États-Unis ont essayé de donner une leçon à tout le monde l’année dernière, avec
comme raisonnement : « il y aura unipolarité, alors point final ». Et du coup, la Chine a accepté ce pitch, du genre : « tu as raison ». De fait, la
crise ukrainienne est bien le moment où se déterminera l’avenir du monde. Toutefois, je ne partage pas le distinguo dans votre question. Car seuls les Américains essaient de diviser les pays
du monde en blocs. La Chine et la Russie agissent à l’envers : nous ne créerons pas de blocs, nous mettrons simplement fin à la domination américaine unilatérale. Le monde continuera
d’être globalisé et fortement interconnecté. Le monde continuera d’avoir une base commune pour le développement. Mais cette fondation ne sera plus indexée sur le dollar ni soutenue par
des groupes de grève des transporteurs américains. Il existe un bon antidote à cet ancien système, sous la forme d’un confinement par la Russie et la Chine. Et comme la Chine est le
principal partenaire commercial de la plupart des pays du monde, y compris des alliés américains, la transition vers le commerce du yuan, qui s’est maintenant accélérée, est un processus tout à
fait naturel. Peut-être ne se serait-il pas autant accéléré s’il n’y avait pas eu la pression américaine sur la Russie et les démarches malavisées de l’Occident pour bloquer les réserves
russes. La conséquence la plus importante de la crise ukrainienne sera une réduction significative de l’importance des États-Unis et de son système financier dans les affaires
internationales. Eux-mêmes ne se rendaient pas compte qu’en passant d’une position d’arbitre à une position d’acteur, ils mettaient autant en jeu leur influence mondiale. Il existe un
réel danger dans cette situation : ils ne peuvent pas se permettre de perdre et chercheront à prendre l’initiative, faisant monter la tension dans différentes parties du monde. Il est
possible qu’à l’avenir la géographie de l’Europe de l’Est cesse d’être le sujet principal de la politique mondiale, laissant dans l’ombre des bouleversements plus importants.
Revenons au moment actuel, dont l’intrigue principale est la « géographie de l’Europe de l’Est ». Quelle est, selon vous, la véritable signification du plan en « 12 points » de la
Chine pour l’Ukraine ? S’agit-il principalement d’un geste d’image ou d’un plan de paix assez sérieux dont la mise en œuvre fait l’objet d’un travail systématique de Pékin ?
C’est loin d’être un geste d’image. Pékin a fait un pari important sur sa participation à ce grand processus international. L’enjeu n’est plus seulement l’Ukraine, c’est le processus de
définition des contours d’un nouvel ordre mondial. La Chine est l’un de ces pays qui a une part de vote dans ce processus. Pékin exprime sa position : un futur règlement affectera également
les intérêts chinois. Si nous analysons le contenu de ces 12 points, nous pouvons voir pourquoi ils ont provoqué un tel mécontentement en Occident. Il s’agit d’une présentation
systématique des principes d’un ordre mondial polycentrique, qui ne correspond pas aux plans américains. Les États-Unis y voient une menace car ils reconnaissent que le poids de la Chine
dans les affaires internationales est tel qu’il ne lui reste qu’à faire un demi pas de plus pour convertir ce poids en une réelle influence politique.
Et quel sera l’impact réel d’une telle démarche de l’Occident dans le cadre d’une guerre hybride, à l’instar du « mandat d’arrêt de Poutine » délivré par le tribunal de La Haye ? Cet « ordre
» ne conduira-t-il pas, par exemple, à limiter la liberté de déplacement du président de la Fédération de Russie à l’étranger ou à détériorer l’image de la Fédération de Russie dans les pays du
tiers monde ?
Nous ne verrons aucune conséquence de cette démarche de la part des pays importants pour la Russie. Une tentative de détention d’un dirigeant russe sur le territoire de n’importe quel pays
est un « casus belli », un prétexte à la guerre avec la Russie, laquelle est une puissance nucléaire. Les personnes qui ont pris cette décision vivent à l’intérieur de leur propre bulle
d’information, dans laquelle elles gagnent inévitablement : il leur semble que la Russie est à sa limite et commencera bientôt à trahir sa propre élite. En tant que spécialiste
international, j’ai longtemps été confronté au fait que les principes de bon sens sont compris différemment selon les pays. Un groupe de personnes à La Haye a soudainement décidé qu’ils
pouvaient se permettre de porter des jugements sur la base des données qui leur étaient fournies par un groupe de chercheurs biaisés de l’Université de Yale avec le soutien financier du
Département d’État américain. Ce seul fait démontre clairement l’étendue de leur « santé mentale » à prendre une telle décision. Un autre fait non moins amusant : les États-Unis
tentent par tous les moyens d’échapper à la persécution de leurs propres citoyens par le tribunal de La Haye. Les États-Unis sous Trump ont déclaré qu’ils poursuivraient des juges
internationaux si des citoyens américains étaient jugés pour des crimes qu’ils avaient commis en Afghanistan et en Irak.
Arrive-t-il que le cours des événements dans le monde provoque, chez vous, des instants de déprime? Votre profession a fait elle de vous, un optimiste ou un pessimiste ?
Dans l’exercice de ce métier, il est important de pouvoir s’éloigner des émotions. Le chirurgien ne peut pas se permettre d’être effrayé à la vue du sang. Un pompier n’a pas le droit de
prendre peur à la vue des flammes d’un incendie. De même, l’analyste n’a pas le droit de travailler sur la vague des émotions. Les relations internationales ne sont une science au sens plein
du terme que si on les considère sous l’angle de longs cycles historiques. La tendance au déplacement du centre de gravité international d’ouest en est existe depuis trois
décennies. L’apparition d’un point précis où surgirait une crise, qui accélérerait encore ce processus, n’était qu’une question de « quand et où ». Il est tragique que ce « où» se soit
retrouvé en Ukraine. Si vous regardez la crise ukrainienne du point de vue des longs cycles historiques, elle cesse alors d’être surprenante. La lecture la plus pertinente actuellement
est « Taras Bulba » de Gogol, « Poltava » de Pouchkine et « La Garde Blanche » de Boulgakov, des œuvres littéraires écrites sur la base d’événements historiques
proches du passé. Chaque Etat représente une expérience dont la durabilité est mise à l’épreuve par une série de crises. Et la Russie réussira certainement ce test. Nos intérêts en
Ukraine sont beaucoup plus importants pour nous que les intérêts américains ne le sont pour eux. Cette situation réduit toujours le niveau d’incertitude. Nous ne pouvons pas nous
permettre de perdre. Les Américains voient que leur stratégie envers l’Ukraine se heurte à des points de résistance dans l’environnement international ; des points qui sont d’ailleurs
de plus en plus saillants. La Russie a bien perçu cette situation et cherche à l’utiliser au mieux.
La ligne rouge nucléaire de Poutine
Source : RzO Voltaire - Par Manlio Dinucci - Le 04/04/2023.
« La Russie déploiera ses armes nucléaires tactiques en Biélorussie à la demande de Minsk » annonce le président Vladimir Poutine. « En réalité
—clarifie-t-il— nous sommes en train de faire tout ce que les États-Unis font depuis des décennies ».
Moscou souligne que les États-Unis ont placé leurs armes nucléaires tactiques en Europe, dans six pays de l’Otan : l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, la
Belgique, la Turquie et la Grèce (en Grèce il n’y en a pas actuellement, mais il y a un dépôt prêt à les recevoir). Les bombes nucléaires B61, qui en Italie sont déployées dans les bases d’Aviano
et Ghedi, sont à présent remplacées par les nouvelles B61-12, que l’US Air Force est déjà en train de transporter en Europe. Elles ont des caractéristiques qui les rendent beaucoup plus létales
que les précédentes : Chaque bombe a 4 options de puissance en fonction de l’objectif à toucher, elle est dirigée sur l’objectif par un système de guidage satellitaire et peut pénétrer dans
le terrain pour détruire les bunkers des centres de commandement ennemis. Probablement les USA déploieront-ils aussi les B61-12 en Pologne et autres pays de l’Otan encore plus au bord de la
Russie.
Trois puissances nucléaires de l’Otan —les USA, le Royaume-Uni et la France— et quatre membres de l’Alliance dotés d’armes nucléaires états-uniennes —l’Italie,
l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas— participent à l’opération Baltic Air Policing dans l’espace aérien de la Lettonie, de la Lituanie, de l’Estonie et de la Pologne, avec des avions qui
peuvent transporter des armes nucléaires tactiques. Outre ceux-ci, des bombardiers stratégiques B-52H de l’US Air Force effectuent des missions d’entraînement à la guerre nucléaire dans la région
de la Baltique et dans d’autres zones européennes limitrophes au territoire russe. Les Alliés européens ont mis à disposition 19 aéroports pour ces missions. Les États-Unis, après avoir
déchiré le Traité FNI, préparent en outre des missiles nucléaires à portée intermédiaire à déployer en Europe.
À ce déploiement offensif s’ajoutent les bases et navires du système de « défense de missile » Aegis déployés par les USA en Europe. Les navires comme les
installations terrestres Aegis sont dotés de lanceurs verticaux Mk 41 de Lockheed Martin qui —documente le constructeur même— peuvent lancer non seulement des missiles intercepteurs mais aussi
des missiles de croisière armés de têtes nucléaires.
Après que les USA et l’Otan ont repoussé les propositions russes pour arrêter cette escalade nucléaire de plus en plus périlleuse, la Russie répond par
les faits, en déployant en Biélorussie, en position rapprochée par rapport aux bases USA-Otan en Europe, des bombes nucléaires et des missiles à portée intermédiaire prêts à être armés de
têtes nucléaires.
Les médias russes ont rapporté que le président Vladimir Poutine a fait un geste extraordinaire lorsque le président Xi Jinping a quitté le Kremlin après le
dîner d’État de la semaine dernière, mardi soir, en l’escortant jusqu’à la limousine et en le regardant partir.
Lors de la poignée de main d’adieu, Xi aurait répondu :
« Ensemble, nous
devrions faire avancer ces changements qui n’ont pas eu lieu depuis 100 ans. Prenez soin de vous. »
Xi faisait allusion aux cent dernières années de l’histoire moderne qui ont vu les États-Unis passer du statut de pays situé au nord du Mexique, dans
l’hémisphère occidental, à celui de superpuissance et d’hégémon mondial.
Avec son sens profond de l’histoire et son esprit dialectique, Xi a rappelé les discussions intenses qu’il a eues avec Poutine sur les réalités
contemporaines qui enterrent le moment unipolaire des États-Unis et sur les impératifs pour la Chine et la Russie d’unir leurs forces pour consolider la transition de l’ordre mondial vers
la démocratisation et la multipolarité.
Il s’agissait d’une conclusion appropriée pour une visite d’État qui avait débuté la veille quand Xi avait exprimé sa confiance dans le fait que les Russes soutiendront Poutine lors des élections présidentielles de l’année prochaine. D’un seul coup, Xi a
« annulé »
la diabolisation de Poutine par l’Occident, conscient qu’il était absurde d’organiser un mandat d’arrêt contre le chef du Kremlin pour détourner l’attention de ses entretiens à
Moscou.
La Chine a pour politique scrupuleuse de s’abstenir de tout commentaire sur la politique intérieure des autres pays. Toutefois, dans le cas de la situation
en Russie, Xi a fait une exception notable en signalant qu’il tenait à ce que Poutine prenne les devants en ces temps tumultueux. La majorité de l’opinion mondiale, en particulier dans
les pays du Sud, sera d’accord.
L’opinion publique russe, très érudite, n’en prendra-t-elle pas acte elle aussi, en poussant un rugissement d’approbation ? Oui, la cote constante de 80% de
Poutine est un signe. Xi a peut-être jeté de l’eau froide sur les derniers stratagèmes désespérés de l’Occident visant à inciter une bande d’oligarques russes à prendre la tête d’un
changement de régime au Kremlin.
Le fait que la visite d’État de Xi ait eu lieu au beau milieu de la guerre en Ukraine témoigne de la très grande importance que la Chine attache aux
relations avec la Russie. Il s’agit d’une décision mûrement réfléchie, car la Chine et la Russie sont toutes deux engagées dans une spirale de tensions vis-à-vis des États-Unis.
Un changement d’humeur spectaculaire s’est opéré à Pékin. Le nadir a été atteint avec le comportement grossier du président Biden lors de son discours sur
l’état de l’Union le 7 février, lorsqu’il a dérapé et s’est écrié de manière hystérique : « Nommez-moi un
dirigeant mondial qui voudrait changer de place avec Xi Jinping ».
Dans la culture orientale, une telle grossièreté est considérée comme un comportement scandaleux et impardonnable. Au cours des semaines qui ont suivi
l’abattage du ballon météorologique chinois par les États-Unis et le dénigrement de la Chine sur la scène internationale, Pékin a repoussé plusieurs tentatives de la Maison Blanche visant à obtenir une conversation téléphonique entre Biden et Xi.
Pékin en a assez des promesses creuses de Biden de rétablir les liens tout en renforçant les alliances dans la région Asie-Pacifique, en insérant l’OTAN
dans la dynamique de puissance de l’Asie-Pacifique et en envoyant des forces et une puissance de feu supplémentaires dans des endroits tels que Guam et les Philippines, sans parler des
efforts acharnés pour affaiblir l’économie de la Chine.
La visite de Xi à Moscou est devenue une excellente occasion pour la Russie et la Chine de réaffirmer leur partenariat « sans
limite » et de faire échouer les tentatives occidentales, depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, de créer un fossé dans les relations sino-russes.
Pour citer le professeur Graham Allison de l’université de Harvard, « dans toutes les
dimensions – personnelle, économique, militaire et diplomatique – l’alliance non déclarée que Xi a construite avec le président russe Vladimir Poutine est devenue beaucoup plus importante
que la plupart des alliances officielles des États-Unis aujourd’hui ».
Toutefois, alliance ou pas, il n’en reste pas moins que ce « nouveau modèle de
relations entre grands pays, caractérisé par le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant » – pour citer Xi Jinping – est tout sauf un ordre hiérarchique.
Les analystes américains ont du mal à comprendre les relations égales entre deux nations souveraines et indépendantes. Et dans ce cas, ni la Russie ni la
Chine ne sont enclines à déclarer une alliance formelle parce que, pour dire les choses simplement, une alliance exige inévitablement d’assumer des obligations et de limiter la poursuite
optimale des intérêts dans le respect d’un agenda collectif.
Il apparaît donc que le calcul stratégique de Poutine en Ukraine sera façonné bien plus par les événements sur le champ de bataille que par toute
contribution de la Chine. La réaction de la Russie au « plan de
paix » chinois concernant l’Ukraine témoigne de cette réalité.
Dès que Xi a quitté Moscou, Poutine, dans une interview accordée à la chaîne de télévision Russia 1,
a remis les pendules à l’heure en affirmant que la Russie surpassait les livraisons de munitions de l’Occident à Kiev. Il a déclaré : « Le niveau de
production de la Russie et son complexe militaro-industriel se développent à un rythme très rapide, ce qui était inattendu pour beaucoup ».
Alors que plusieurs pays occidentaux fournissent des munitions à l’Ukraine, « le secteur de
production russe produira à lui seul trois fois plus de munitions pour la même période », a ajouté Poutine.
Il a répété que les livraisons d’armes de l’Occident à l’Ukraine ne préoccupent la Russie que parce qu’elles constituent « une tentative de
prolonger le conflit » et qu’elles « ne mèneront qu’à une
plus grande tragédie et rien de plus ».
Il ne s’agit toutefois pas de minimiser l’importance du partenariat pour les deux pays dans les domaines politique, diplomatique et économique. L’importance
réside dans l’interdépendance croissante des deux pays dans de multiples directions, qui ne peut pas encore être quantifiée et qui continue d’« évoluer »
(Xi) et semble transparente.
La guerre en Ukraine, paradoxalement, s’avère être un signal d’alarme – une guerre qui peut prévenir une autre guerre mondiale plutôt que d’en engendrer
une. La Chine comprend que la Russie s’est attaquée seule à « l’Occident
collectif » et a montré qu’elle était plus qu’à la hauteur.
Cette évaluation de Pékin ne peut échapper à l’attention de l’Occident et aura également un impact sur la pensée occidentale à moyen et long terme – non
seulement pour l’Eurasie, mais aussi pour l’Asie-Pacifique.
Un article publié il y a quelques semaines dans le Global
Times par Hu Xijin, l’ancien rédacteur en chef du quotidien du Comité central du Parti communiste chinois, a mis en lumière la situation dans son ensemble.
Hu écrit que la guerre en Ukraine « s’est transformée en
une guerre d’usure entre la Russie et l’Occident… Alors que l’OTAN est censée être beaucoup plus forte que la Russie, la situation sur le terrain ne semble pas le montrer, ce qui suscite
l’inquiétude de l’Occident ».
Hu a tiré des conclusions étonnantes : « Les États-Unis et
l’Occident ont constaté qu’il était beaucoup plus difficile que prévu de vaincre la Russie. Ils savent que la Chine n’a pas fourni d’aide militaire à la Russie, et la question qui les
hante est la suivante : si la Russie seule est déjà si difficile à mettre au pas, que se passerait-il si la Chine commençait réellement à fournir une aide militaire à la Russie, en
utilisant ses capacités industrielles massives pour l’armée russe ? La situation sur le champ de bataille ukrainien changerait-elle fondamentalement ? En outre, la Russie peut déjà, à
elle seule, affronter l’ensemble de l’Occident en Ukraine. S’ils forcent vraiment la Chine et la Russie à s’allier, quels changements y aura-t-il dans la situation militaire mondiale
? »
L’idée répandue aux États-Unis et en Europe selon laquelle l’alliance Russie-Chine est une alliance d’inégaux n’est-elle pas elle-même un sophisme
occidental intéressé ? Hu a raison : Bien que la puissance globale de la Chine soit encore inférieure à celle des États-Unis, en combinaison avec la Russie, il y a un changement de
paradigme dans l’équilibre et les États-Unis n’auront plus le droit d’agir à leur guise.
La Russie et la Chine partagent la même préoccupation : l’ordre mondial doit revenir à un système international centré sur les Nations unies et fondé sur le
droit international. Il ne fait aucun doute que la stratégie des deux pays consiste à renverser l’« ordre fondé sur les
règles » dominé par les États-Unis et à revenir à un ordre international centré sur l’ONU.
L’article 5 est d’ailleurs l’âme même de la déclaration commune publiée à Moscou : « Les deux parties
réaffirment leur engagement à défendre fermement le système international avec les Nations unies en son centre, l’ordre international fondé sur le droit international et les normes
fondamentales régissant les relations internationales sur la base des objectifs et des principes de la Charte des Nations unies, et s’opposent à toutes les formes d’hégémonisme,
d’unilatéralisme et de politique de puissance, à la mentalité de guerre froide, à la confrontation entre les camps et à la création de cliques ciblant des pays
spécifiques ».
Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’éliminer les États-Unis et de les remplacer par la Chine, mais d’empêcher effectivement les États-Unis d’intimider
les États plus petits et plus faibles, et d’inaugurer ainsi un nouvel ordre international où priment le développement pacifique et le politiquement correct, qui l’emportent sur toutes les
différences idéologiques.
La baronne Goldie est une femme politique écossaise expérimentée et pair à vie qui a été chef du parti conservateur écossais de 2005 à 2011 et ministre
d’État à la Défense du Royaume-Uni depuis 2019. Elle est tout sauf une party girl comme Liz Truss qui a souvent dû ravaler ses paroles indiscrètes trahissant l’ignorance.
Il est certain que la baronne Goldie a parfaitement compris les implications de ce qu’elle a consigné dans une déclaration
écrite à la Chambre des Lords le 20 mars, dans sa réponse à la question apparemment anodine de Lord
Hylton : « Demander au
gouvernement de Sa Majesté si les munitions actuellement fournies à l’Ukraine contiennent de l’uranium appauvri ».1
On peut supposer que le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a tenu le 10 Downing Street informé et, plus important encore, qu’il a consulté son
homologue américain, le ministre de la Défense Lloyd Austin, avant que la baronne Goldie ne fasse sa déclaration.
Wallace et Austin sont tous deux des militaires et comprennent pourquoi des munitions contenant de « l’uranium appauvri » sont nécessaires dans la
phase actuelle de la guerre par procuration en Ukraine si Kiev veut lancer une « contre-offensive crédible » au printemps, alors que le vent de la guerre a nettement tourné en
faveur de la Russie.
De même, les deux parties doivent être bien conscientes que la légalité
de l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie reste une question ouverte. En réponse à la campagne de bombardements de l’OTAN, l’ex-Yougoslavie a engagé, le 29 avril 1999, une
procédure devant la Cour internationale de justice contre les dix membres de l’OTAN directement impliqués dans l’attaque – Belgique, Canada, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Portugal,
Espagne, Royaume-Uni et États-Unis – en invoquant une série de violations du droit des nations (qui comprend l’obligation de ne pas utiliser d’armes interdites).
Bien que la CIJ ait rejeté la demande de mesures conservatoires de Belgrade, elle s’est néanmoins déclarée profondément préoccupée par le recours à la force
en Yougoslavie, qui « dans les
circonstances actuelles […] soulève de très graves questions de droit international ». Les affaires portées par la Yougoslavie contre les pays membres de l’OTAN sont toujours
inscrites au rôle de la CIJ, bien que le requérant ait été démembré.
Ne vous y trompez pas, Washington et Londres répètent sciemment le crime de guerre en ex-Yougoslavie. L’objectif principal de la clique anglo-saxonne est
une escalade calculée de la guerre par procuration qui ne manquera pas d’entraîner une réaction vigoureuse de la part de Moscou, aussi prévisible que la nuit suit le jour.
C’est précisément ce qui s’est passé lorsque le président russe Vladimir Poutine a annoncé
samedi que la Russie allait déployer ses armes nucléaires tactiques en Biélorussie. Poutine a lié cette décision à une demande de la Biélorussie en réaction à la déclaration de
la baronne Goldie à Londres il y a une semaine.
Plus important encore, Poutine a également fait l’analogie avec les États-Unis qui ont placé leurs armes nucléaires tactiques sur les territoires des pays
alliés de l’OTAN pendant des décennies.
L’UE et l’OTAN ont réagi
violemment à la révélation de Poutine. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a qualifié dimanche la décision de Moscou d’« escalade
irresponsable et de menace pour la sécurité européenne ». Il a menacé d’imposer « de nouvelles
sanctions » à la Biélorussie !
Une porte-parole de l’OTAN a qualifié la décision de Moscou de « dangereuse et irresponsable ». Il est toutefois intéressant de noter que
l’administration Biden a habilement éludé
la question, soulignant au contraire que les États-Unis n’avaient vu aucun signe indiquant que la Russie avait déplacé des armes nucléaires vers la Biélorussie ou ailleurs !
Pour faire bonne mesure, le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, a ajouté : « Nous n’avons en fait
vu aucune indication qu’il (Poutine) ait l’intention d’utiliser des armes nucléaires, point final, à l’intérieur de l’Ukraine ».
Mais voilà, Poutine a également précisé que la Russie achèverait d’abord la construction d’une installation de stockage en Biélorussie pour les armes
nucléaires tactiques d’ici le 1er juillet.
Kirby se trompe. Quel est le plan de match ? Tout d’abord, la clique anglo-saxonne espère que cette question suscitera un nouvel antagonisme en Europe à
l’encontre de la Russie et de Poutine personnellement et qu’elle ralliera les pays européens derrière l’administration Biden à un moment où des lignes de fracture apparaissent au sein de
l’alliance transatlantique à propos d’une guerre prolongée en Ukraine qui pourrait s’avérer catastrophique pour les économies européennes.
Washington a du mal à répondre à la remarque de Poutine selon laquelle la Russie ne fait que ce que les États-Unis font depuis des décennies. Le fait est
que l’engagement mutuel de ne pas déployer d’armes nucléaires dans des pays tiers était l’une des propositions faites par Moscou à Washington en décembre 2021, au même titre que
l’engagement que l’Ukraine ne rejoigne pas l’OTAN. Les États-Unis l’ont ignoré et ont précipité l’opération militaire spéciale russe en Ukraine.
Le nœud du problème est que, comme pour la crise des missiles de Cuba en 1962, la décision russe sur les armes nucléaires tactiques en Biélorussie est une
mesure de rétorsion, attirant l’attention sur les missiles des États-Unis stationnés près de ses frontières. (On estime qu’une centaine d’armes nucléaires sont stockées dans des
coffres-forts situés dans cinq pays européens : Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Turquie).
Pire encore, les États-Unis pratiquent un arrangement controversé connu sous le nom de « partage nucléaire », en vertu duquel ils installent des
équipements nucléaires sur les avions de chasse de certains pays de l’OTAN non nucléaires et forment leurs pilotes à effectuer des frappes nucléaires avec des bombes nucléaires
américaines. Et ce, alors que les États-Unis, en tant que partie au traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ont promis de ne pas remettre d’armes nucléaires à d’autres pays, et que
les pays non nucléaires participant à l’accord de partage de l’OTAN ont eux-mêmes promis de ne pas recevoir d’armes nucléaires de la part des États dotés de l’arme nucléaire !
L’année dernière, l’OTAN a déclaré que sept pays de l’OTAN avaient fourni des avions à double capacité pour la mission de partage nucléaire. Il s’agirait
des États-Unis, de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Turquie et de la Grèce. Et tous sont signataires du TNP !
Bienvenue dans l’ordre fondé sur des règles ! Ce qui est parfaitement admissible pour « l’Occident collectif » est interdit à la Russie !
Enfin, la pirouette diplomatique prend une autre dimension : La décision de la Grande-Bretagne d’envoyer des armes à l’uranium appauvri en Ukraine confirme
sa réputation d’État le plus imprudent et le moins scrupuleux de toute l’alliance de l’OTAN.
En effet, il ne fait aucun doute que les munitions à l’uranium appauvri sont radioactives et toxiques et que leur utilisation intensive lors des guerres de
Yougoslavie et d’Irak a été liée à des malformations congénitales et à des cancers. Elle a été associée au « taux le plus élevé de
dommages génétiques dans une population jamais étudiée » à Falloujah, la ville soumise à deux sièges brutaux des États-Unis pendant l’invasion de l’Irak.
Paradoxalement, la toxicité des munitions à l’uranium appauvri a été reconnue par de nombreux pays de l’OTAN et le Parlement européen a demandé
l’interdiction de leur utilisation. Alors, que fait la Grande-Bretagne, qui se comporte comme un cas isolé ?
Le cœur du problème est que la Grande-Bretagne crée les conditions en Europe pour baser des bombardiers américains à armement nucléaire en Grande-Bretagne,
à Lakenheath dans le Suffolk (qui ont été retirés en 1991 conformément au traité sur les forces nucléaires intermédiaires).
Alors que le mouvement pacifiste britannique est moribond, il faut s’attendre à ce que la riposte russe consistant à déployer des armes nucléaires tactiques
en Biélorussie déclenche des appels à une nouvelle escalade de la part des bellicistes et des russophobes. Attendez-vous à ce que les bombardiers des États-Unis retournent à Lakenheath
dans un avenir proche.
Le président américain Joe Biden a aidé de manière inattendue le dirigeant russe Vladimir Poutine à remporter une victoire majeure. Cet avis a été présenté par Diana Furchtgott-Roth,
directrice du « Centre pour l’énergie, le climat et l’environnement ».
Cet article initialement publié sur politros.com n’engage pas la ligne éditoriale du
Courrier.
Il y a quelque temps, Joe Biden a signé un décret pour limiter le développement des gisements de pétrole et de gaz dans
l’océan Arctique et en Alaska.
Selon Diana Furchtgott-Roth, avec cette décision, le président américain a aidé Vladimir Poutine à remporter une victoire extrêmement importante. Ceci est
rapporté par The
Heritage Foundation (HF). « Avec
cette décision, Biden vient d’apporter à Poutine une victoire majeure », note l’auteur de la publication américaine.
Moscou parie depuis longtemps sur le développement de la région arctique
En effet, Biden a interdit indéfiniment aux sociétés énergétiques de développer des gisements de pétrole et de gaz sur une superficie de 2,8 millions d’acres dans
la mer de Beaufort, au nord-ouest de l’Alaska. L’analyste de la Heritage
Foundation a déclaré que cette décision de la Maison-Blanche confère à la Russie un énorme avantage. Elle obtient une opportunité unique de dominer dans des zones qui
regorgent de minéraux précieux. Or, Moscou parie depuis longtemps sur le développement de la région arctique, connue pour son énorme richesse naturelle. Grâce à l’actuel chef
de la Maison-Blanche, la partie russe peut se concentrer seule sur l’extraction de ces ressources.
Une décision qui profitera aussi à la Chine
En outre, l’allié russe, la RPC, en profitera également. Le fait est que l’administration Biden non seulement limite l’extraction des ressources près de
l’Alaska, mais cherche également à développer les énergies vertes. Or, la Chine est le plus grand producteur mondial de composants pour la production d’électricité à partir de sources
d’énergie renouvelable : « Non
seulement l’accent mis par Biden sur l’énergie éolienne et solaire est une aubaine pour la Chine, qui est un important producteur de composants d’énergie renouvelable, mais
l’interdiction d’exploration dans l’Arctique donne à la Russie un avantage dans ces eaux gelées remplies de minéraux précieux », souligne Diana Furchtgott- Roth.
...c'est ce qui s'apelle "se tirer une balle dans le pied" ou "scier la branche sur laquelle on est assis...!"
Plus "STUPIDE" que cela.....??? JMR
Poutine présente un trait de caractère désagréable pour les USA
Les États-Unis ont de bonnes raisons de ne pas dire la vérité sur le président russe Vladimir Poutine. Le vétéran du renseignement américain Scott Ritter en a parlé sur ses réseaux sociaux.
Cet article est initialement paru sur le site ploitros. Il n’engage pas la
ligne éditoriale du Courrier des Stratèges.
La rhétorique des responsables occidentaux, ainsi que celle des grands médias, vise à diaboliser la Russie et son président Vladimir Poutine. En particulier,
les experts occidentaux aiment dire que le président de la Fédération de Russie est un ancien officier du KGB. En même temps, ils omettent régulièrement le fait que le 41e président des
États-Unis, George W. Bush, était le directeur de la CIA.
Les USA veulent un dirigeant pour la Russie
Selon Scott Ritter, Vladimir Poutine a des traits de caractère extrêmement désagréables et même injurieux pour les États-Unis, ce qui expliquent qu’ils n’aiment pas
dire la vérité à son sujet. Pour le vétéran américain, « Vladimir
Poutine est une personne exceptionnellement complexe. Et si vous commencez à dire la vérité sur lui, alors tout le monde le trouvera attirant. C’est une personne très honnête, éloquente
et intelligente. Il a aussi de la compassion et, surtout, le désir de prendre soin de son peuple. Pour les politiciens américains, c’est le plus grand péché » !
Scott Ritter a déclaré que les États-Unis veulent un dirigeant pour la Russie dont la politique profiterait aux États-Unis, mais pas au peuple russe. C’est
pourquoi ils ressentent mal et profondément le fait qu’il n’est pas dans la nature de Poutine de jouer selon leurs règles.
Dans ce contexte, l’Occident diffuse souvent des informations sur le dirigeant russe qui ne sont pas vraies. En réalité, tout est fait pour que la communauté
mondiale n’apprenne pas la vérité sur lui et ne l’aime pas.
Interview de Nikolaï Patrouchev, successeur potentiel de Vladimir Poutine
Quelles actions l’Occident
prépare-t-il à Moscou et quelle politique peut-on y opposer ? Nikolaï Patrouchev, ancien directeur du FSB et actuel secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, en a
parlé à Vitaly Tseplyaev début janvier 2023.
Vitaly Tseplyaev :
Nikolaï Platonovich, comment évaluez-vous la situation dans le monde qui s’est développée au début de la nouvelle année ?
Nikolaï Patrouchev : La
situation dans le monde est extrêmement complexe et a un caractère turbulent. De nombreux pays de différentes régions traversent simultanément une crise militaro-politique, économique,
sociale et spirituelle. Espérons qu’il y aura des changements positifs cette année.
VT : Vous avez dit
un jour que les dirigeants des pays occidentaux ne faisaient rien pour améliorer la situation, non seulement dans le monde, mais même dans leur propre pays. Expliquez ce qui est en
jeu.
NP : Les politiciens
occidentaux n’ont pas la force et la capacité de changer la vie de leurs États pour le mieux, car ils ne sont plus des personnalités indépendantes depuis longtemps. Tout le monde a des
liens avec les grandes entreprises, les lobbyistes et les fondations derrière leur dos. Ils ne cachent même pas ces faits. Il existe des exemples très récents. Il s’est avéré que des
dizaines de députés européens étaient contrôlés par les structures de George Soros et que la Commission européenne, à la demande de l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques
américaines au monde, a créé un certain nombre de stratagèmes de corruption pour l’achat de vaccins d’une valeur de dizaines de milliards d’euros. Il est clair que le vrai pouvoir en
Occident est entre les mains de clans ingénieux et de sociétés multinationales.
VT : Rockefeller et
Rothschild ?
NP : En fait, il existe
bien d’autres corporations et clans de ce genre. Ainsi, le revenu total des 500 plus grandes entreprises du monde, selon des données non officielles, a atteint près de 38 000 milliards de
dollars en 2021. La majeure partie des sociétés multinationales sont des sociétés dont le siège est aux États-Unis. Leurs revenus ont rapporté environ 16 billions de dollars avec un
bénéfice net de 1,8 billion de dollars.
Le capital d’un certain nombre de sociétés multinationales dépasse le PIB de la plupart des économies mondiales, et les fonds créés par elles pour un
enrichissement ultérieur prétendent être un mécanisme supranational de gestion de l’humanité. La même Fondation Soros est devenue presque le principal centre mondial de planification et
de mise en œuvre des « révolutions de couleur ».
Le projet de budget américain pour 2023 est la meilleure preuve des projets de Washington de déclencher de nouvelles guerres au détriment du bien-être de
ses propres citoyens.
VT : Voulez-vous
dire que même les autorités américaines ne mènent pas une politique indépendante ?
NP : En fait, l’État
américain n’est qu’une coquille pour un conglomérat d’énormes sociétés qui dirigent le pays et tentent de dominer le monde. Pour les multinationales, même les présidents américains ne
sont que des figurants qu’on peut faire taire, comme Trump . Les quatre assassinats de dirigeants américains sont liés à la piste des entreprises. Ce n’est pas un hasard si un nombre
croissant d’Américains disent que les républicains et les démocrates ne sont que deux acteurs dans une pièce qui n’a rien à voir avec la démocratie.
Les autorités américaines, fusionnées avec les grandes entreprises, servent les intérêts des sociétés multinationales, y compris le complexe
militaro-industriel. La politique étrangère affirmée de la Maison Blanche, l’agressivité débridée de l’OTAN, l’émergence du bloc militaire AUKUS et d’autres sont également une conséquence
de l’influence des entreprises. Le projet de budget américain pour 2023 est la meilleure preuve des projets de Washington de déclencher de nouvelles guerres au détriment du bien-être de
ses propres citoyens. Sur les 1700 milliards de dollars de dépenses prévues par le gouvernement fédéral, la moitié est destinée à la défense, soit
plus de 850 milliards de dollars. Seulement pour la poursuite des hostilités en Ukraine et la prolongation du conflit, il est prévu d’allouer 45
milliards.
Ceci en dépit du fait que les États-Unis eux-mêmes et leurs hommes de main glissent irrémédiablement dans un trou d’endettement. La dette publique
américaine a atteint plus de trente et un billions de dollars. La dette de l’Angleterre de 2,4 billions de livres sterling est la plus élevée depuis la Seconde Guerre mondiale, dépassant
101% du produit intérieur brut. Le record mondial du ratio dette/PIB – plus de 2,6 fois – a été établi par le Japon avec une dette publique de près de dix mille milliards de dollars.
Seuls les pays qui se considèrent comme les maîtres du monde ne rembourseront pas ces dettes.
Auparavant, l’Occident était parvenu à la prospérité et à la domination du monde grâce aux conquêtes coloniales. C’est exactement la façon dont les
entreprises multinationales se comportent aujourd’hui, préférant augmenter leur capital en pompant des ressources d’autres pays. En même temps, ils utilisent leur système de lavage de
cerveau des masses afin d’imposer à la population de la planète de toutes les manières possibles l’idée de certaines règles qu’ils ont eux-mêmes inventées et qui ne respectent pas le
droit international.
VT : Alors,
pensez-vous vraiment que lorsqu’elles opèrent dans divers pays du monde, les multinationales influencent sérieusement les processus politiques et socio-économiques locaux ?
NP : Exactement. D’une
part, ils introduisent de nouvelles technologies grâce à l’investissement étranger direct et augmentent la productivité du travail. Seule la population ne peut pas profiter de ces
résultats, puisque les entreprises évincent en permanence le producteur local, devenant des monopoles. En exportant l’essentiel des profits, ils privent les pays de la possibilité
d’accroître leur bien-être national.
Pour résoudre ce problème, une réglementation juridique nationale ne suffit pas. La réglementation juridique internationale actuelle des activités
économiques des sociétés multinationales est formée dans l’intérêt des sociétés elles-mêmes et avec leur participation directe. Son changement en faveur des intérêts nationaux des pays
est torpillé.
Dans les conditions de changements cardinaux dans le monde, l’objectif des entreprises est de préserver le système d’exploitation mondiale. Il est dirigé
par une élite d’hommes d’affaires qui ne s’associent à aucun État. En dessous se trouvent les pays dits développés du monde, ainsi que le « milliard d’or ». Et puis – le reste de
l’humanité, qualifié avec mépris de « tiers monde ».
VT : Selon cette
logique, apparemment, la Russie dans cette hiérarchie n’est pas la place la plus enviable.
NP : Il n’y a pas de
place pour notre pays en Occident. La Russie agace un groupe de dirigeants du monde parce qu’elle possède de riches ressources, un vaste territoire, des gens intelligents et
autosuffisants qui aiment leur pays, ses traditions et son histoire.
Les sociétés multinationales sont troublées par la vision du monde et la divergence idéologique entre la Russie et les pays contrôlés par le capital
occidental. Les entreprises visent à enrichir et à développer la société de consommation. La Russie, en revanche, maintient un équilibre raisonnable entre les valeurs spirituelles et
morales et le développement socio-économique.
À cet égard, les Occidentaux cherchent à affaiblir notre pays, à le démembrer, à détruire la langue russe et le monde russe. Ils ont depuis longtemps mis au
point la technologie permettant de saper leurs rivaux de l’intérieur et de les diviser en petits États. C’est ainsi qu’ils agissaient auparavant, lorsque, par exemple, Londres, à la suite
des résultats de la Première Guerre mondiale, a effondré des empires et en a éliminé des dizaines de pays. C’est ainsi qu’ils fonctionnent aujourd’hui. Un excellent exemple est la
Yougoslavie. Ayant une voix indépendante sur la scène internationale, l’État est divisé en six.
VT : Fin décembre,
le 100ème anniversaire de la formation de l’URSS a été célébré. Selon vous, comment l’effondrement de l’Union en 1991 a-t-il affecté la politique des États-Unis et de ses alliés
?
NP : 15 nouveaux sujets
de droit international ont émergé dans l’espace de l’ancienne Union. Bien sûr, aucun d’entre eux ne peut être comparé à l’URSS en termes de niveau d’influence, à l’exception de la
Fédération de Russie qui, ayant conservé l’autorité internationale méritée pendant des siècles, est membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, joue un rôle crucial dans le monde,
la défense des intérêts nationaux. Par conséquent, dans les plans des Occidentaux, il reste à continuer à séparer la Russie et, à la fin, à l’effacer simplement de la carte politique du
monde. Aujourd’hui, ils crient encore publiquement que la Russie ne doit pas rester unie, qu’elle doit être repoussée dans le cadre de la Moscovie du XVe siècle. Pour ce faire, ils ne
dédaignent rien, y compris inventer une histoire complètement fausse de notre pays, rejetant sur elle leur responsabilité dans l’oppression des autres peuples, ce que la Russie n’a jamais
fait.
Toute l’histoire avec l’Ukraine a commencé à Washington afin d’élaborer les technologies pour délimiter et jouer avec un seul peuple. Des millions de
personnes se voient interdire de parler le russe, leur langue maternelle depuis leur naissance, elles sont obligées d’oublier leurs origines. L’Occident, au nom de ses ambitions, détruit
pratiquement le peuple ukrainien, forçant la génération active à mourir sur le champ de bataille et amenant le reste de la population à la pauvreté.
Nous ne sommes pas en guerre contre l’Ukraine, car, par définition, nous ne pouvons pas avoir de haine pour les Ukrainiens ordinaires. Les traditions
ukrainiennes sont proches des habitants de la Russie, tout comme l’héritage du peuple russe est indissociable de la culture des Ukrainiens.
Les événements en Ukraine ne sont pas un affrontement entre Moscou et Kyiv, c’est un affrontement militaire entre l’OTAN, et surtout les États-Unis et
l’Angleterre, avec la Russie. Craignant un contact direct, les instructeurs de l’OTAN conduisent des Ukrainiens à une mort certaine. À l’aide d’une opération militaire spéciale, la Russie
libère ses régions de l’occupation et doit mettre fin à l’expérience sanglante de l’Occident visant à détruire le peuple ukrainien frère.
VT : Mais dans le
monde, au contraire, la Russie est accusée de s’emparer du territoire de l’Ukraine, d’attaques contre ses infrastructures…
NP : Nous ne sommes pas
en guerre avec l’Ukraine, car, par définition, nous ne pouvons pas avoir de haine envers les Ukrainiens ordinaires. Les traditions ukrainiennes sont proches des habitants de la Russie,
tout comme l’héritage du peuple russe est indissociable de la culture des Ukrainiens. Veuillez noter qu’en Crimée, la langue ukrainienne est préservée comme l’une des langues d’État. Les
centres culturels ukrainiens, les ensembles ukrainiens de chant et de danse continuent de fonctionner dans de nombreuses villes. Dans le sud de l’Extrême-Orient, compte tenu de la forte
proportion de migrants de l’époque de Stolypine, un nombre important d’habitants considèrent la culture d’origine du peuple ukrainien.
Et plus tôt les citoyens ukrainiens se rendront compte que l’Occident se bat contre la Russie avec leurs mains, plus de vies seront sauvées. Beaucoup s’en
sont rendu compte depuis longtemps, mais ont peur de le dire, craignant des représailles. L’Occident ne prévoit pas de sauver la vie de qui que ce soit au détriment de son enrichissement
et d’autres ambitions. Dans le même temps, les Américains, les Britanniques et les autres Européens créent souvent l’illusion qu’ils protègent la civilisation de la barbarie.
VT : Faites-vous
allusion aux événements en Afghanistan, où les États-Unis ont déclaré la lutte contre le terrorisme, puis sont partis plutôt ignominieusement ?
NP : Non seulement en
Afghanistan, mais aussi dans d’autres régions. Ils ont eux-mêmes créé des organisations terroristes, telles qu’Al-Qaïda, le Mouvement taliban ou ISIS, pour atteindre leurs objectifs, et
les ont eux-mêmes combattus. Organisant une manifestation de liquidation des chefs terroristes, comme Oussama ben Laden , une centaine de nouveaux ont été entraînés et armés.
La présence américaine en Afghanistan s’est avérée ne pas être la lutte contre le terrorisme, mais la création de programmes de corruption de plusieurs
millions de dollars et une augmentation multiple de la production de drogue. Il s’est avéré que le départ soudain des Américains de ce pays était en grande partie dû au fait qu’ils se
concentraient sur l’Ukraine, où, selon eux, la préparation du régime fantoche de Kyiv à des actions anti-russes offensives se déroulait bien. Soit dit en passant, cela a également été
confirmé par le secrétaire d’État américain Blinken , qui a déclaré que si l’armée américaine n’avait pas quitté l’Afghanistan, Washington n’aurait pas été en mesure d’allouer autant
d’argent à l’Ukraine. De plus, une partie du matériel exporté du sol afghan a été transféré en Europe, principalement en Pologne, permettant aux Européens de procéder à la militarisation
du régime de Kiev.
VT : Le 24 février
de l’année dernière, la Russie a qualifié les objectifs de la l’ « opération spéciale » de « démilitarisation » et de « dénazification » de l’Ukraine. Êtes-vous toujours
convaincu que ces objectifs seront atteints ?
NP : Les criminels
néonazis qui se sont déchaînés en Ukraine ces dernières années seront inévitablement punis. Cependant, il est possible que leurs conservateurs essaient de sauver les plus odieux dans le
but de les utiliser dans d’autres pays, y compris pour organiser des coups d’État et effectuer des tâches de sabotage.
Un tel schéma a été élaboré lors de la défaite de l’Allemagne nazie. Après 1945, les Américains, les Britanniques et les autorités ouest-allemandes
contrôlées par eux ont fait état de la dénazification de leur zone d’occupation de l’Allemagne, tandis que les nazis sauvés du châtiment ont été utilisés pour créer les forces armées de
la RFA, ainsi que l’agent réseau de services de renseignement américains et britanniques, y compris pour des opérations secrètes contre les pays des camps socialistes.
La CIA, qui jusqu’en 1948 s’appelait la Direction des services stratégiques des États-Unis, a activement utilisé d’anciens employés de l’Abwehr et de la
Direction de la sécurité impériale du Reich nazi pour créer de nouveaux services de renseignement allemands.
Dans les années d’après-guerre, les Américains ont activement impliqué des criminels nazis dans le développement de nouveaux types d’armes, y compris des
armes de destruction massive et leurs vecteurs. Il en va de même pour l’utilisation par les criminels de guerre américains et japonais qui ont développé et utilisé des armes chimiques et
bactériologiques.
VT : Revenons au
sujet de l’influence des sociétés multinationales sur la politique des différents pays. Vous prétendez qu’il est pratiquement illimité. Et quelles méthodes pensez-vous que les
multinationales ont dans leur arsenal ?
NP : Ces méthodes sont
les plus cyniques. Certains d’entre eux sont des expériences avec des agents pathogènes et des virus dangereux dans des laboratoires biologiques militaires supervisés par le Pentagone.
Engagé sans cérémonie dans la décadence morale et morale de la société. L’Occident a maîtrisé la zombification des gens à l’aide de la propagande de masse, et maintenant il cherche à
utiliser des armes cognitives, influençant chaque personne ponctuellement à l’aide des technologies de l’information et des méthodes neuropsychologiques. Promeut les valeurs néolibérales
et autres, dont certaines sont intrinsèquement directement opposées à la nature humaine. Ils agissent consciemment et dans leur entourage ne cachent pas que l’agenda LGBT est un outil
pour réduire progressivement le nombre de « personnes supplémentaires » qui ne rentrent pas dans le cadre du fameux « milliard doré ». Hier, ils ont fait de la publicité pour les OGM,
sans se soucier quelles seront les conséquences sanitaires de tels produits, et elles exhortent aujourd’hui les femmes à ne pas avoir d’enfants pour lutter contre le changement
climatique. La science d’outre-mer propose d’évaluer les gens par la quantité de carbone qu’ils laissent derrière eux. L’humanité est mesurée et comptée de la même manière que les
scientifiques nazis mesuraient autrefois les crânes à la recherche de critères pour diviser les « races supérieures » et les « races inférieures ».
VT : Vous brossez un
tableau plutôt sombre. Comme si la fin de l’humanité n’était pas loin…
NP : Le potentiel de
l’humanité est loin d’être épuisé. Il existe des structures conçues pour influencer positivement cette situation. Il s’agit de l’ONU et du Conseil de sécurité de l’ONU. Des associations
telles que SCO, BRICS, ASEAN et autres sont de plus en plus populaires. Cependant, l’Occident ne s’intéresse pas à l’efficacité de leur travail. Les Anglo-Saxons essaient de manière
obsessionnelle de pousser la communauté mondiale à l’idée que ces institutions ont généralement perdu leur utilité, mais nous devons vivre selon les règles qu’ils ont inventées. Ceux qui
ne sont pas d’accord avec leur hégémonie sont étiquetés « États voyous », « pays terroristes » ou États qui constituent une menace pour la sécurité nationale. Dans le même temps, les pays
occidentaux ne s’aperçoivent pas qu’eux-mêmes restent progressivement minoritaires, le monde étant déjà fatigué de la stratégie de force et de menace qu’ils utilisent.
VT : Comment les
dirigeants russes vont-ils construire leur stratégie en tenant compte des problèmes ci-dessus ?
NP : Notre pays est sur
la voie de la création d’une économie forte, moderne et indépendante afin d’atteindre la souveraineté économique. La Russie a toutes les ressources pour cela. Nous avons besoin d’une
culture de leur utilisation, d’une attitude attentive et prudente envers nos trésors – non seulement naturels, mais aussi intangibles. Les entreprises russes doivent être orientées vers
le pays. Les capitaux privés, ainsi que les autorités, doivent penser au développement à long terme du pays.
L’indépendance financière est importante pour la Russie, ainsi que la souveraineté technologique. Nous avons beaucoup de nos Lomonossov et Kulibins. Le
problème est de les remarquer à temps. Il faut non seulement développer la science et l’éducation, mais raviver le véritable culte du savant, de l’ingénieur, de l’ouvrier. La jeune
génération devrait s’inspirer des idées de travail créatif au profit de notre patrie et ne pas s’asseoir dans les bureaux des entreprises occidentales.
La force invincible de la Russie réside dans son peuple travailleur, dont l’avantage réside, entre autres, dans des visions différentes de la vie, dans sa
multinationalité et son multiconfessionnalisme. Il est important de comprendre que nous avons une culture unique et originale, que la Russie n’est pas l’Europe, pas l’Asie, et encore
moins « anti-occidentale ». C’est d’ailleurs notre différence fondamentale. Pour un Russe, la haine, par définition, ne peut être un principe unificateur. Seuls les Occidentaux sont
pleins de haine, qui nous traitent ouvertement d’opposants. Mais il faut leur rappeler leurs opérations militaires infructueuses au Vietnam, en Afghanistan et dans d’autres pays… Mais
face à l’émergence de nouvelles menaces militaires, il est important pour nous d’avoir de telles forces armées et services spéciaux pour que les adversaires de la Russie n’aient même pas
l’idée qu’ils pourraient se battre avec nous.
Dans le cauchemar du gotha occidental, Vladimir Poutine, chevauchant l’ours russe brandissant symboliquement le chachka cosaque d’une main et un cocktail
Molotov de l’autre est devenu le nouvel homme à abattre. Il est entré par la grande porte dans la famille des méchants hollywoodiens. Le scenario du film catastrophe est toujours le même
pour l’empire US et ses séides. Exiger, contraindre, diaboliser en cas de refus d’obéissance et, si possible éliminer l’immonde et pour finir, détruire le pays par tous les moyens
possibles tout en faisant main basse sur ses ressources. Faut pas déconner quand même, y’a pas de petits profits.
Un président russe qui veut mettre fin au massacre d’autres peuples russes par des néonazis. Mais où va-t-on ? Faut punir ce « Putin » de
tueur comme il se doit. Protéger son peuple ? On comprend mieux qu’un Macron doit trouver ça obscène, lui dont l’envie débordante est de mépriser en emmerdant le sien, de peuple.
Nous, quoi.
Les décideurs en troupeaux vindicatifs de l’État profond ou superficiel occidental se refusent obstinément de l’admettre : Il ne suffit pas de mettre
un collier et une laisse à un loup pour en faire un chien. Le canis
lupus en question fut-il oméga. Et quand les bafreurs arrogants qui tentent de dévorer le reste du monde tombent sur un os indigeste, ils prennent le risque de s’étrangler
eux-mêmes avec. Ce qui hélas, expose les populations qui ne mange pas de ce pain-là, n’ont rien demandé et surtout n’ont pas été consultées. Et pour cause, les Russes sont
(étaient ?) francophiles.
Une statue monumentale en bronze et granit rouge de 18 mètres de haut du général de Gaulle trône devant l’hôtel Cosmos (1500 chambres) dans le nord de
Moscou.
L’ours russe impavide grommelle, il a perdu patience devant les mensonges et coup tordus de ses « partenaires ». L’ours a été mal léché par ces
oligarchies financières d’un occident suppôt du Dieu hébraïque Yahweh (יהוה) : colérique et jaloux.
Même si Dieu n’est toujours qu’une hypothèse, n’en déplaise aux crédules en toute bonne foi. Pour les chrétiens à qui cela aurait échappé, Jésus dans les
évangiles synoptiques ne fais jamais référence à un Dieu, mais à son Père… Mais c’est un autre sujet. Revenons à nos moutons. Oups, à notre plantigrade.
L’ours est un totem russe, animal dominant et courageux qui, particulièrement, quand on menace son territoire peut faire preuve d’une absolue férocité,
c’est dans sa nature. Tout habitant de l’Oural ou de la Taïga vous le dira : provoquer mal armé un ours est gravement risqué et surtout totalement stupide.
Toutes ces parasites douteux(ses) qui bourdonnent comme des scatophages du
fumier, (mouches à merde, pour rester dans la vulgarisation) attirées par la puanteur masquée de l’argent sale et des cabinets obscurs, qui virevoltent autour des lieux de décisions
libidinales sont à la merci de leurs propres tapettes en promotion à l’étalage du marché aux « valeurs » inverties. Nouveau pneuma démoniaque occidental. Ce sont ces
gens-là qui veulent la guerre à la Russie par procuration du pauvre peuple ukrainien. Les néonazis étant essentiellement dans l’armée kievienne.
« L’objet de la guerre
n’est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d’en face meure pour le sien » (Général US Georges S. Patton)
Alors, il nous faut bien en choisir un(e) pour l’exemple. Ici Bruno Lemaire, puisqu’il s’agit de la Russie. Il semble que le lauréat doublant un Olivier
Veran ex-ministre de la diathèse dévoyée, soit notre vénérable ministre de l’Économie, de la Souveraineté industrielle (!!!) et du numérique. Ah oui quand même. Comme en Israël, on peut
tirer sur une ambulance ? Et comme depuis 40 ans les ministres et commis de l’État sortent tous du même moule idéologique, droite et gauche confondue, on généralisera et l’on
dira : Le commis au masculin. Que les féministes se rassurent, les courtisanes y ont toute leur place.
Le commis donc, est un pégreleux, plus menteur qu’un soutien-gorge. Ce courtisan abject de la pompe à phynance d’un Roi Ubu devenu Président, abreuve de ses
liquidités empoisonnées un peuple assoiffé d’indépendance. Une sorte de margoulin toxique comme une injection ARNm, digne de son président clown triste dans la comédie dramatique que nous
vivons. Jusqu’à plus soif ?
Le commis qui ne rentrera dans l’Histoire que par sa bêtise crasse, nous annonçait sur Franceinfox au début de printemps 2022, un bail, d’un ton péremptoire
d’une incroyable fatuité abrutie :
« Le trésor de guerre
de Poutine est déjà réduit à presque rien. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe »
On attend avec impatience comment le fayot défendre la réforme des retraites.
Le commis, ce pseudo expert de la chasse aux ursidés qui vend sur le marché des « fourreurs », des peaux d’ours avant de les avoir flingué et qui,
sans doute inspiré par l’effondrement des tours du WTC de New-York, muni de pétards mouillés par ses rêves humides a voulu la démolition contrôlée de la Russie. Bouffon !
Combien sont-ils dans ce pays, ces œstres à excréments se présentant sans pudeur transgenrés en abeilles butineuses craignant leur extinction par les
soi-disant frelons asiatiques qui s’organisent à Shanghai (OCS) ? Environ 300 000 vrais profiteurs, dit-on. C’est peu et beaucoup à la fois. Mais, dans toutes ces inversions de
valeurs, justement, celles qui fondent les civilisations. Les chiures de mouches nous sont présentées, par la propagande du régime de bananes républicaines, comme un nectar de fleurs
improbables.
Mangez, ceci est le corps de l’État, buvez ceci est votre sang ! Convaincus de leurs reformes de la santé, de l’école, des retraites, du travail, de
l’énergie, de l’économie, de la diplomatie… ? Non. Ni cons ni vaincus !
Arrêtez la guerre de l’Empire contre le monde : De Bob Dylan à Robert Frost
Il y a toujours eu et il y aura
toujours des heurts et des tensions entre différentes civilisations. Pour reprendre les paroles d’une vieille chanson de Bob Dylan :
« Les protestants
détestent les catholiques,
les catholiques détestent les protestants,
Les musulmans détestent les hindous,
les hindous détestent les musulmans,
Et tout le monde déteste les juifs. »
Ainsi chantait un juif, de son vrai
nom Robert Zimmerman. (Les grands-parents du père de Dylan ont fui aux États-Unis après le pogrom de 1905 à Odessa, une ville qui, pour le moment, se trouve toujours en
Ukraine)1.
Ceci nous amène à examiner le vieil adage selon lequel : « La religion est la
cause de toutes les guerres ». En tant que prêtre, je peux d’une certaine manière être d’accord avec cette affirmation, tout comme avec celle de Marx selon laquelle « la religion est
l’opium du peuple ». Je peux être d’accord avec les deux parce que, en tant que prêtre, je n’ai pas de prise sur la religion et je ne suis pas religieux. Dieu merci !
Peut-être devrais-je expliquer aux personnes confuses.
La religion a toujours été une manipulation de l’État, utilisée afin de contrôler les populations. Si vous avez déjà visité une église protestante, vous le
savez. Là, à notre grand étonnement, les gens doivent entrer en file indienne et on leur ordonne de s’asseoir en rangs serrés sur certains sièges, puis on leur demande de se lever et de
s’asseoir, tout en les bombardant de discours moralisateurs pour qu’ils se sentent coupables et crachent de l’argent. On ne peut certainement pas trouver un cas plus clair de manipulation
de masse organisée. Toutefois, pour être juste, il faut dire que les États sont capables de faire la même chose avec n’importe quelle « religion ».
Les États utilisent la religion pour diviser et créer des guerres. (Ainsi, la religion n’est pas la cause de toutes les guerres, mais elle est utilisée
comme un déguisement pour la cause de toutes les guerres). Pourquoi ? Parce que si vous dites ouvertement « nous allons
vous envahir parce que nous sommes un groupe ethnique différent et que nous sommes extrêmement avides et vicieux et que nous voulons voler et piller votre territoire et vos ressources
naturelles », les gens peuvent très bien ne pas vous suivre. Mais si, comme George Bush, vous dites « Dieu m’a dit
d’envahir l’Irak » ou « le rôle de
l’OTAN est d’apporter la liberté et la démocratie » (en oubliant d’ajouter « même si cela
signifie vous effacer de la surface de la terre »), vous trouverez toujours des journalistes vénaux, des idiots utiles et des zombies propagandisés pour vous croire et vous
suivre. En d’autres termes, les États ont toujours utilisé la religion comme camouflage pour justifier leurs motifs les plus bas et les plus vils. La religion est donc bien l’opium du
peuple.
Pourquoi moi, un prêtre, je dis cela ? Principalement parce que c’est vrai. Mais aussi parce que je ne m’intéresse pas du tout à la religion, mon seul
intérêt est la foi. La foi vient de l’expérience spirituelle, soit vous l’avez, soit vous ne l’avez pas. Mais c’est très différent de la« religion »
inventée par l’État, qui est utilisée pour manipuler les masses.
Or toutes les civilisations sont fondées sur la foi, sur une intuition et une expérience spirituelle originelle. C’est un fait historique. Peu importe que
vous soyez juif, animiste, hindou, zoroastrien, bouddhiste, confucéen, chrétien orthodoxe, maya, musulman, shintoïste, catholique, inca, aztèque, sikh ou, plus récemment, protestant,
votre civilisation, et donc votre culture, dépend de votre foi. Une civilisation qui n’a pas de base spirituelle, la foi, n’est pas une civilisation, c’est une anti-civilisation. Et de
cela nous parlerons plus tard.
Pendant des millénaires, les civilisations ont vécu côte à côte. Comme nous l’avons dit, elles se sont de temps à autre spontanément affrontées et se sont
violemment affrontées au sujet de l’identité ethnique, du territoire et des ressources. Cependant, la civilisation occidentale est tout à fait unique.
La civilisation occidentale, qui existe essentiellement depuis un millier d’années (ce qui signifie qu’elle est assez récente en termes historiques
comparatifs), est la seule qui prétend être unique et qui a constamment mis en œuvre sa prétendue infaillibilité et l’intolérance qui en résulte sur une base systématique et
institutionnalisée par le biais de la violence organisée tout au long de son existence millénaire.
Ainsi, nous avons eu la première croisade (1096-1099), qui a commencé par le massacre et le vol de Juifs en Rhénanie, puis s’est poursuivie par le massacre
de chrétiens orthodoxes et de musulmans, faisant couler le sang jusqu’aux genoux dans ce qu’ils prétendaient être la ville « sainte »
de Jérusalem. Devrions-nous mentionner l’Inquisition ou les atrocités espagnoles et portugaises dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Amérique latine ?
Bien sûr, pour être juste, nous ne pouvons éviter de mentionner les « guerres de
religion » (sic) protestantes-catholiques européennes, qui ont fait des millions de morts. Les sectes protestantes se sont également battues entre elles, sans doute pour prouver
laquelle était la plus méchante et la plus bigote. Les protestants, et non les catholiques, ont pratiqué la chasse aux sorcières, au cours de laquelle ils ont brûlé à mort des milliers de
femmes pauvres, jeunes et vieilles. Il s’agissait d’une forme d’intimidation sociale de ceux qui étaient en quelque sorte différents. Les protestants ont ensuite massacré les indigènes
d’Amérique du Nord et parqué les survivants dans des camps de concentration, qu’ils ont élégamment dissimulés sous le nom de « réserves »,
et réduit en esclavage des millions d’Africains pour les faire travailler dans leurs camps de travail, qu’ils ont appelés « plantations ».
Après tout, « Arbeit macht
frei », « Le travail rend
libre ». Mais pas si vous êtes blanc, c’est pourquoi vous autorisez gentiment les non-blancs à travailler pour vous.
Une grande partie de la chasse aux sorcières est liée à la haine et à la peur des femmes chez les protestants, et donc à leur obsession du sexe (« le seul
péché »), qu’ils ont directement héritée du célibat clérical obligatoire imposé par la papauté dans l’Europe occidentale des XIe et XIIe siècles. Aujourd’hui, le vieux
puritanisme de persécution des femmes s’est transformé en mouvement « vert ».
Ici, au lieu de l’abstention de la souillure sexuelle, nous avons maintenant l’abstention tout aussi fanatique de la souillure matérielle, la pureté sexuelle est remplacée par la pureté
environnementale – « le vert est
propre », le seul péché est de ne pas recycler. C’est tout simplement le nouveau puritanisme de Greta « Funberg »,
une névrosée et une dépressive clinique. (Elle est vraiment très drôle, ce doit être les sombres nuits suédoises). Cependant, la déviation ultime est la légitimation de l’homosexualité :
quoi de plus haineux envers les femmes que la sodomie ?
La grande différence entre l’Occident et toutes les autres civilisations est son intolérance unique car il est convaincu d’être infaillible.
(L’infaillibilité papale n’a peut-être été dogmatisée qu’au XIXe siècle, mais elle avait déjà été proclamée par Hildebrand/Grégoire VII au XIe siècle). L’Occident doit imposer.
À l’inverse, le président Poutine accepte tout, comme le faisait l’URSS, comme le faisaient les tsars russes. Écoutez à nouveau deux parties de son discours
du 30 septembre de cette année :
« Qu’est-ce que, sinon
le racisme, la conviction dogmatique de l’Occident que sa civilisation et sa culture néolibérale sont un modèle indiscutable que le monde entier doit suivre ? « Vous êtes soit avec
nous, soit contre nous » … L’une des raisons de la russophobie séculaire, l’animosité non dissimulée des élites occidentales à l’égard de la Russie, est précisément le fait que nous
n’avons pas permis qu’ils nous volent à l’époque des conquêtes coloniales et que nous avons forcé les Européens à commercer avec nous dans des conditions mutuellement avantageuses. Nous y
sommes parvenus en créant un État centralisé fort en Russie, qui a grandi et s’est renforcé sur la base des grandes valeurs morales du christianisme orthodoxe, de l’islam, du judaïsme et
du bouddhisme, ainsi que de la culture russe et du monde russe « ouvert à tous ». »
Laissons les autres civilisations avoir d’autres valeurs. Mais si nous trouvons l’homosexualité contre-nature et anormale, laissez-nous tranquilles. Ce sont
nos valeurs. Nous vous laissons faire ce que vous voulez dans vos pays, alors arrêtez de nous l’imposer. L’Ukraine, à l’exception de l’extrême ouest récemment habsbourgisé et polonisé, ne fait pas partie du monde occidental. Arrêtez de la traiter comme si elle faisait partie de votre monde. Si des pays catholiques comme
la Pologne et la Slovaquie veulent vous rejoindre dans votre promotion de la sodomie, nous ne les en empêcherons pas. Si des pays catholiques comme la Hongrie ne sont pas d’accord avec
vous, alors laissez-les se joindre à nous. Nous n’avons rien contre les catholiques traditionnels. Nous ne nous mêlons pas de tout – contrairement à vous.
Cette intolérance unique de la « civilisation »
occidentale – si c’est ce qu’elle est – nous rappelle un poème écrit avant la nouvelle grande chute de l’Occident en 1914, par un poète américain, peut-être le plus grand poète américain,
Robert Frost. Dans «Mending Wall», on trouve ce vers célèbre : « Les bonnes
clôtures font les bons voisins ».
Le fait est qu’une ligne de faille traverse l’Europe. Cette ligne de faille a pris une forme plus ou moins définitive au XIe siècle. Elle est vieille de
mille ans. C’est la ligne de fracture qui sépare le monde catholique (et donc aussi le monde protestant – les deux choses sont les deux faces d’une même pièce) du monde chrétien
orthodoxe. Elle sépare la Finlande, la plupart des pays baltes, la majeure partie de la Pologne, l’extrême ouest de l’Ukraine, la majeure partie de la Slovaquie, peut-être la Hongrie et
certainement la Croatie du reste de l’Eurasie. Au-delà de l’est et du sud de cette ligne se trouve le reste du monde, le monde non occidental, dont les croyances, malgré leur diversité,
ont à bien des égards beaucoup plus en commun les unes avec les autres qu’avec l’anti-civilisation LGBT du monde occidental. Le poète de la Nouvelle-Angleterre, Robert Frost, poursuit en
écrivant dans son poème :
« Avant de construire
un mur, je demanderais à savoir
ce que j’enferme ou ce que je rejette. »
Eh bien, pour répondre à Robert Frost, une fois que toute l’Ukraine aura été libérée, nous vous clôturerons, afin de rester de bons voisins, nous nous
protégerons de l’anti-civilisation occidentale. Comme nous l’avons dit plus haut, une civilisation qui n’a pas de base spirituelle, de foi, n’est pas une civilisation, c’est une
anti-civilisation, et c’est ce que la « civilisation
occidentale » est devenue petit à petit. Vous pouvez la garder. Nous ne prenons pas le moindre plaisir à voir sa dégénérescence, nous en sommes choqués et affligés et nous
éprouvons de la compassion pour toutes ses victimes. « Arrêtez la
guerre de l’Empire contre la Russie », dit le Saker, mais nous dirions : « Arrêtez la
guerre de l’Empire contre le monde ».
Nous devrions peut-être mentionner ici qu’aucun pogrom n’a jamais eu lieu en Russie, mais seulement dans ce qui est maintenant la Lituanie, la Pologne, la Moldavie et l’Ukraine
occidentale. (Avant 1942, Odessa était essentiellement une ville juive). Les pogroms étaient importés de l’Ouest voisin, où de violents pogroms ont également eu lieu au XIXe siècle,
notamment dans les pays germanophones. Le nombre total de victimes sur une vingtaine d’années de ce qui était essentiellement des émeutes raciales entre pauvres et riches juifs (avec de
nombreux pauvres de toutes nationalités se retrouvant entre les deux), parfois déclenchées par des juifs, parfois par l’autre camp, est à peu près le même que celui des Allemands
assassinés en un jour moyen pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans l’ensemble, les non-juifs ont été plus nombreux à mourir que les juifs au cours des pogroms de l’Empire russe. Bien
entendu, l’Occident n’en parle jamais. Peut-être parce que c’est l’Occident, et non la Russie, qui a produit le nazisme meurtrier de juifs ? Et pourquoi y avait-il tant de juifs vivant
dans l’Empire russe de toute façon ? Parce qu’ils avaient été expulsés au Moyen Âge de l’Europe occidentale raciste. C’est juste une question de fait.
Le soir du Nouvel An,
tout le monde fait des prédictions. Beaucoup avancent des hypothèses futuristes, comme s’ils rivalisaient pour trouver les plus folles, peut-être les plus absurdes. Ce qui peut arriver en
2023.
Le prix du pétrole passera à 150 dollars le baril, et le prix du gaz atteindra 5 000 dollars pour mille mètres cubes.
Le Royaume-Uni réintégrera l’Union européenne L’Union européenne s’effondrera après le retour du Royaume-Uni.
L’euro disparaîtra de la circulation La Pologne et la Hongrie occuperont les régions occidentales de l’Ukraine, qui n’existera plus.
Le quatrième Reich sera créé, composé des territoires de l’Allemagne et de ses satellites, de la Pologne, des États baltes, de la République tchèque, de la
Slovaquie, de la république de Kiev et d’autres parias.
La guerre entre la France et le quatrième Reich commencera. L’Europe sera divisée, et la Pologne divisée à nouveau.
L’Irlande du Nord fera sécession du Royaume-Uni et rejoindra l’Irlande.
Une guerre civile commencera aux États-Unis, la Californie et le Texas devenant des États indépendants. Le Texas et le Mexique seront alliés.
Elon Musk remportera les élections présidentielles dans un certain nombre d’États, qui, après la fin de la guerre civile, reviendront au parti
républicain.
Toutes les bourses et toutes les activités financières quitteront les États-Unis et l’Europe pour se déplacer en Asie.
Le système de gestion monétaire de Bretton Woods s’effondrera, entraînant la destruction du FMI et de la Banque mondiale.
L’euro et le dollar ne circuleront plus comme monnaies de réserve mondiales, et des monnaies numériques seront utilisées à la place.
Dmitri
Medvedev
Note du Saker Francophone
Ces prédictions ont été vues
sur la lettre AntiPresse de ce dimanche matin accompagnant une longue interview d’Alexandre Douguine. Ces prédictions sont aussi très proches des textes de Batiushka, traduit sur ce blog, et représente donc une vision
partagée en Russie jusqu’au plus au somment de l’État au moins avec un certain 2nd degré.
Vladimir Poutine : Citoyens de Russie, chers amis,
L’année 2022 touche à sa fin. Ce fut une année de décisions difficiles mais nécessaires, d’étapes importantes vers la pleine souveraineté de la Russie et vers une puissante consolidation de notre
société.
C’est une année qui a remis beaucoup de choses à leur place, qui a tracé une ligne claire entre le courage et l’héroïsme, d’une part, et la trahison et la lâcheté, d’autre part, qui nous a montré
qu’il n’y a rien de plus fort que l’amour pour nos proches, la loyauté envers nos amis et nos compagnons d’armes, et la dévotion à notre patrie.
Cette année a été marquée par des événements véritablement décisifs, voire fatidiques. Ils sont devenus la frontière où nous avons jeté les bases de notre avenir commun, de notre véritable
indépendance.
C’est pour cela que nous nous battons aujourd’hui, en protégeant notre peuple dans nos territoires historiques dans les nouvelles régions de la Fédération de Russie. Ensemble, nous construisons
et créons.
L’avenir de la Russie est ce qui compte le plus. Défendre notre patrie est le devoir sacré que nous devons à nos ancêtres et à nos descendants. La vérité morale et historique est de notre côté.
L’année qui vient de s’écouler a apporté de grands et dramatiques changements dans notre pays et dans le monde. Elle a été remplie d’incertitude, d’anxiété et d’inquiétude.
Mais notre nation multiethnique a fait preuve d’un grand courage et d’une grande dignité, comme elle l’a fait à chaque période difficile de l’histoire russe, et a soutenu les défenseurs de notre
patrie, nos soldats et officiers, ainsi que tous les participants à l’opération militaire spéciale, en paroles et en actes.
Nous avons toujours su que l’avenir souverain, indépendant et sûr de la Russie ne dépend que de nous, de notre force et de notre détermination, et aujourd’hui, nous en sommes à nouveau
convaincus.
Pendant des années, les élites occidentales nous ont hypocritement assuré de leurs intentions pacifiques, notamment pour aider à résoudre le grave conflit du Donbass. Mais en réalité, elles ont
encouragé les néonazis de toutes les manières possibles, et ils ont continué à mener des actions militaires et ouvertement terroristes contre des civils pacifiques dans les républiques populaires
du Donbass.
L’Occident nous a menti sur la paix tout en se préparant à l’agression, et aujourd’hui, il n’hésite plus à l’admettre ouvertement et à utiliser cyniquement l’Ukraine et son peuple comme un moyen
d’affaiblir et de diviser la Russie. Nous n’avons jamais permis à quiconque de faire cela et nous ne le permettrons pas maintenant.
Les militaires, miliciens et volontaires russes se battent aujourd’hui pour leur patrie, pour la vérité et la justice, pour des garanties fiables de paix et de sécurité pour la Russie. Ils sont
tous nos héros et ils portent le fardeau le plus lourd en ce moment.
Du fond du cœur, je souhaite une très bonne année à tous les participants à l’opération militaire spéciale, à ceux qui sont ici à côté de moi et à ceux qui sont sur la ligne de front, à ceux qui
se préparent à l’action dans les centres d’entraînement, à ceux qui sont dans les hôpitaux ou qui sont déjà rentrés chez eux, ayant accompli leur devoir, à tous ceux qui sont maintenant en
mission de combat dans les unités stratégiques, et à tout le personnel des forces armées russes.
Camarades,
Je vous remercie pour votre vaillant service. Notre vaste pays tout entier est fier de votre force d’âme, de votre endurance et de votre courage. Des millions de personnes sont avec vous dans
leur cœur et leur âme, et porteront un toast en votre honneur à leur table du Nouvel An.
Un grand merci à tous ceux qui apportent un soutien auxiliaire aux opérations militaires : les chauffeurs et les cheminots qui livrent les fournitures au front, les médecins, les auxiliaires
médicaux et les infirmières qui se battent pour la vie des soldats et soignent les civils blessés. Je remercie les ouvriers et les ingénieurs de nos usines militaires et autres qui travaillent
aujourd’hui avec un grand dévouement, les constructeurs qui érigent des installations civiles et des fortifications défensives, et qui aident à restaurer les villes et villages détruits dans le
Donbass et la Novorossiya.
Mes amis,
La Russie vit sous le coup de sanctions depuis les événements de Crimée en 2014, mais cette année, une véritable guerre de sanctions a été déclenchée contre nous. Ceux qui l’ont déclenchée
s’attendaient à ce que notre industrie, nos finances et nos transports s’effondrent et ne se relèvent jamais.
Cela ne s’est pas produit, car nous avons créé ensemble une marge de sécurité fiable. Nous avons pris des mesures et des dispositions pour renforcer notre souveraineté dans un domaine d’une
importance vitale, l’économie. Notre lutte pour notre pays, pour nos intérêts et pour notre avenir sert sans aucun doute d’exemple inspirant pour d’autres États dans leur quête d’un ordre mondial
multipolaire juste.
Je considère qu’il est très important qu’au cours de l’année écoulée, des qualités telles que la compassion, la solidarité et l’empathie proactive aient pris une importance particulière en
Russie. De plus en plus de Russes ressentent le besoin d’aider les autres. Ils se mobilisent et prennent des initiatives sans aucune instruction formelle.
Je tiens à vous remercier pour votre prévenance, votre sens des responsabilités et votre gentillesse, pour votre participation active à la cause commune, indépendamment de votre âge ou de vos
revenus. Vous organisez des entrepôts et des transports pour livrer des colis à nos combattants dans la zone de combat, aux habitants des villes et villages touchés, vous participez à
l’organisation des vacances des enfants des nouvelles entités constitutives de la Fédération.
Mes amis, vous apportez un grand soutien aux familles des combattants qui ont péri, qui ont donné leur vie pour défendre celle des autres.
Je sais combien c’est difficile pour leurs épouses, leurs fils et leurs filles, et pour leurs parents, qui ont élevé de véritables héros ; je comprends ce qu’ils ressentent maintenant, à la
veille du Nouvel An. Nous ferons tout notre possible pour aider les familles de nos camarades tombés au combat à élever leurs enfants, à leur donner une bonne éducation et à leur trouver une
profession.
De tout mon cœur, je partage votre douleur et vous prie d’accepter mes sincères paroles de soutien.
Mes amis,
Notre pays a toujours célébré le début de la nouvelle année, même pendant les périodes les plus difficiles. C’est la fête préférée de tous, qui a le pouvoir magique de révéler le meilleur des
gens, de renforcer l’importance des valeurs familiales traditionnelles, l’énergie de la bonté, de la générosité et de la confiance.
À l’approche de la nouvelle année, chacun s’efforce de donner de la joie à ses proches, de leur témoigner de l’attention et de la chaleur, de leur offrir les cadeaux dont ils ont rêvé, de voir la
joie dans les yeux des enfants et la gratitude touchante des parents pour notre attention. L’ancienne génération sait apprécier ces moments de bonheur.
Mes amis, c’est le moment idéal pour laisser de côté tous les griefs personnels et les malentendus, pour dire à nos proches ce que nous ressentons, combien nous les aimons, combien il est
important de prendre soin les uns des autres, toujours, à tout moment.
Que ces mots sincères et ces nobles sentiments donnent à chacun d’entre nous une immense force et la confiance qu’ensemble, nous surmonterons tous les défis et garderons notre pays grand et
indépendant.
Nous n’irons qu’en avant, pour nous battre pour nos familles et pour la Russie, pour l’avenir de notre unique et bien-aimée Patrie.
En Occident, les avis sur l’état du régime politique en Russie sont traditionnellement très partagés. Après 1991, le rôle central du pays au sein du bloc
communiste de l’Est et l’association directe de la république soviétique de Russie en tant que pars pro
toto du système marxiste-léniniste se sont estompés. Depuis lors, dans les grands médias occidentaux, toutes les relations internationales sont généralement réduites à une
opposition binaire entre les régimes dits « démocratiques », d’une part, et « autocratiques », d’autre part. Poutine peut alors être rangé dans cette dernière
catégorie sans trop d’explications, avec les autres « dictateurs » tels qu’ils existent ou ont existé : Assad, Erdogan, Xi, Maduro, feu Saddam Hussein, jusqu’à récemment
Bolsonaro et, avec un peu d’effort, l’ancien président américain Trump, sans oublier Viktor Orbán, peuvent également être ajoutés à la liste.
Bien que ce genre de pseudo-analyses n’ait guère de sens sur le plan intellectuel, elles constituent néanmoins invariablement le point de départ de presque
tous les articles journalistiques que l’on peut lire sur le sujet sur CNN,
la BBC et, un
peu plus près de nous, également sur NPO et VRT
NWS. D’autres, qui se situent principalement du côté de la droite classique sur l’échiquier politique, ont du mal à pardonner aux Russes leur passé communiste et considèrent toujours
la Fédération de Russie comme une sorte de continuation de l’URSS à une échelle plus limitée, une âme sœur, un peu plus pauvre, du Parti communiste chinois, prête à récupérer son ancienne
position de premier plan dans la course des nations dès que l’Occident encore éveillé oserait montrer le moindre signe de faiblesse.
D’autres encore ne voient dans la Russie rien d’autre qu’un État en faillite, une station-service dotée d’armes nucléaires sortie de ses limites, dirigée
par une oligarchie hédoniste et corrompue regroupée autour de la personne de Vladimir Poutine par le biais de réseaux économiques informels et du crime organisé. Il va sans dire qu’aucune
des conceptions exposées ci-dessus ne dépasse le niveau de la caricature. Néanmoins, on peut remplir des bibliothèques entières de livres écrits par des auteurs qui ne peuvent ou ne
veulent pas sortir de ce cadre intellectuel-là.
Poutine contre Poutine
En réalité, le régime de Vladimir Poutine possédait (et possède toujours) un caractère très complexe et très hybride, qui n’a jusqu’à présent, à aucun
moment, perdu son caractère post-idéologique. Dans son livre « Poutine contre
Poutine », Alexandre Douguine souligne le caractère divisé du régime russe arrivé au pouvoir à la fin des années 1990. D’une part, Poutine a alors été élu avec le soutien des
libéraux russes (Anatoli Sobtchak, Boris Berezovsky, Anatoli Tchoubaï, etc.) et a bénéficié de l’approbation franche de l’Occident. Une grande partie de ses deux premiers mandats
présidentiels sera donc consacrée par Poutine à essayer d’intégrer et de renforcer l’économie russe dans le système mondial néolibéral dominé par l’Occident. Mais en même temps, Poutine
était un patriote russe (pas nécessairement un nationaliste), avec une certaine préférence pour les valeurs conservatrices, qui voulait rendre son pays à nouveau pertinent sur la scène
mondiale et restaurer une partie de la gloire passée des Soviétiques (et de l’empire tsariste russe).
Pendant deux décennies, Poutine va se balancer sur une fine corde raide entre les deux vecteurs, le vecteur libéral guidant fortement au début mais le
vecteur patriotique gagnant progressivement en importance. À partir de 2007 surtout, la Russie a commencé à adopter une position plus affirmée, le discours de Poutine à la conférence
internationale sur la sécurité à Munich constituant un point d’ancrage important. Ici, pour la première fois, il a critiqué en termes vifs la nature unipolaire des relations
internationales et le caractère monopolistique des États-Unis dans celles-ci. La guerre avec la Géorgie en 2008, la prise de contrôle de la Crimée et la guerre civile dans le Donbass en
2014 ont impulsé des accélérations successives dans ce processus. Néanmoins, Poutine n’a jamais réussi à évoluer vers ce que Douguine décrit comme un « conservatisme actif » :
une mobilisation sociale et économique à grande échelle pour un projet idéologique conservateur. Il a été largement limité en cela par un trio de facteurs : l’inertie politique et la
passivité de son propre entourage (les siloviki), une
opposition active des oligarques et l’influence idéologique persistante de quelques irréductibles libéraux, dont Anatoli Tchoubaï.
Le grand désengagement
Lorsque Tchoubaï a démissionné de ses fonctions politiques en mars 2022 et a fui le pays, cela a été présenté par les commentateurs occidentaux, qui, à
l’époque, croyaient encore à une implosion économique rapide de la Russie, comme une perte substantielle de soutien à Poutine au sein de son propre entourage. En réalité, ce fait s’est
plutôt montré révélateur de l’extinction définitive du vecteur libéral au sein du système russe. « C’est la grande
déconnexion entre l’Occident et la Russie », a tweeté l’analyste géopolitique américano-russe Mark Sleboda le 2 mars 2022 en réponse au départ de nombreuses grandes
multinationales et entreprises occidentales de Russie. « Les liens économiques
se limiteront à l’énergie et à certaines autres matières premières et produits chimiques pour lesquels l’Europe dépend de la Russie. (…) Les liens politiques, sociaux et culturels seront
également rompus dans une large mesure ».
Bien que, selon Sleboda, cette transition soit semée d’embûches (qui, soit dit en passant, ne sont pas si mauvaises pour l’instant), un monde multipolaire
serait finalement l’étape finale inévitable. Tout cela est bien beau, mais maintenant que le système politique et économique occidental n’est plus un exemple brillant, la question reste
de savoir ce qui va prendre sa place. Ces derniers mois, d’éminents faiseurs d’opinion, dont l’Arménienne-Russe Margarita Simonyan, rédactrice en chef de la chaîne
médiatique RT, ont déjà
exprimé leur admiration pour certains aspects du « système chinois », tels qu’un cadre-parti confucéen et discipliné, des mesures anticorruption efficaces et un contrôle
effectif de l’espace d’information. À cet égard, Gorbatchev semble avoir manqué les opportunités de l’époque que la Chine (post-)Dengiste a réussi à capitaliser – un retard que la Russie
(post-)Poutiniste aimerait maintenant rattraper. Cela ne signifie pas pour autant que la Russie peut simplement revenir au marxisme-léninisme de l’ère soviétique, même si la popularité du
PCFR a fortement augmenté peu avant la guerre et que les communistes étaient, à long terme, un challenger bien plus sérieux pour le parti au pouvoir Jedinaja
Rossiya que les libéraux atlantistes de Navalny.
Eurasisme pragmatique et bolchevisme national, pas le conservatisme européen
Si certains analystes s’attendaient à ce que les Russes misent sur un messianisme pan-slave à l’ancienne comme idéologie surplombante après l’invasion de
l’Ukraine, la rhétorique mobilisatrice des médias et de l’establishment politique russes est néanmoins principalement dirigée contre l’Occident impérialiste, néo-colonial et
« woke », comme l’a également noté Jordan Peterson, ce qui fut clairement affiché lors du discours de Poutine après l’annexion des quatre oblasts ukrainiens de Cherson, Lugansk,
Donetsk et Zhaparozhe. L’idéologue de Visegrád, David Engels, s’obstine cependant à réfuter le « conservatisme européen » de l’État russe, qui reste selon lui « un avatar
de l’Union soviétique ».
Le déploiement de soldats musulmans tchétchènes et d’autres minorités non chrétiennes en Ukraine est un élément particulièrement problématique pour les
défenseurs conservateurs de la civilisation européenne chrétienne. En effet, il semble que les Russes soient peut-être arrivés à une version réellement politique de l’eurasisme
idéologique et du bolchevisme national après de nombreux détours, comme en témoigne également l’embrassade enthousiaste de leur héritage multiethnique slave, eurasien et finno-ougrien,
tant dans la propagande nationale que dans la mobilisation. D’autre part, des choix socio-économiques difficiles n’ont pas encore été faits, mais comme le pays semble se convertir
lentement à une économie de guerre, cela ne peut manquer d’arriver. Le sociologue ukrainien Volodymyr Ishchenko affirme qu’en cas de victoire russe dans la guerre contre son pays :
« (…)
l’État russe devra acheter la loyauté des Russes et des nations soumises (les Ukrainiens, ndlr) par une politique économique moins conservatrice sur le plan fiscal et plus
keynésienne ». Et aussi : « L’élite dirigeante
devra expliquer à la société pourquoi tant de soldats russes sont morts, pourquoi ils ont tué tant de leurs « frères » ukrainiens, pourquoi le peuple a dû faire face à des
sanctions ». Signification : « cela (exigerait) un
projet impérialiste-conservateur plus cohérent reliant les intérêts des élites russes à ceux des classes et nations subordonnées. Il faudrait également des institutions politiques plus
fortes pour mobiliser un consentement actif au projet hégémonique des élites russes – un parti au pouvoir avec une adhésion de masse, un mouvement populaire pro-gouvernemental, ou ses
équivalents à l’ère numérique ».
Références
Alexander Dugin (2014) « Putin versus Putin.
Vladimir Putin viewed from the right ». Arktos. David Engels (2022) « Who can predict his
own future when the future of Europe seems to be so dark ? » Interview door Andrej Sekulović, geraadpleegd via : KLIK Jordan Peterson (2022) « Russia versus Ukraine
or Civil War in the West ? » Geraadpleegd via : KLIK Volodymyr Ishchenko (2022) « Russia’s war in
Ukraine may finally end the post-Soviet condition ». Geraadpleegd via : KLIK
source : Bulletin d’information de la Fondation Delta, n°175, décembre 2022 via Euro
Synergies
Poutine précise la doctrine nucléaire russe et indique de possibles évolutions.
Un sommet de l’Union économique eurasiatique qui regroupe le Belarus, la Fédération de Russie, l’Arménie, le Kazakhstan et le Kirghizstan s’est tenu à Bichkek,
capitale du Kirghizstan, le 9 décembre 2022 en présence des chefs d’État concernés. À son issue le président russe a tenu une conférence de presse. Ses réponses à
un journaliste russe à partir de la version anglaise officielle qui a été diffusée sont présentées ci après - heureuse initiative du Bulletin Comaguer.
Quoiqu’elles soient laconiques, voire lapidaires, ou précisément parce qu’elles le sont, ces réponses ont jeté la diplomatie occidentale dans l’angoisse au point
qu’elles ont d’abord été ignorées par les médias de masse pour ensuite être caricaturées. Qu’on en juge !
Dans l’interview qui suit, traduite et très utilement commentée par le Bulletin Comaguer, Poutine
explique clairement le fonctionnement d’une frappe de représailles, donc de riposte russe en réponse à une frappe préemptive occidentale. Il dit également
réfléchir à faire évoluer la doctrine russe vers la frappe préemptive «de désarmement de l’adversaire » en simple imitation et réciprocité à la doctrine US
actuelle. S’agissant de la frappe de représailles, il indique que dès que le lancement des missiles adverses est détecté (donc sans attendre qu’ils arrivent et sans connaître la puissance et la
nature des bombes transportées), des centaines de missiles russes seront lancés qui ne pourront être arrêtés. Ces propos devraient avoir un
effet dissuasif chez un adversaire potentiel « raisonnable ».
Première frappe : tournant stratégique
Source:Bulletin Comaguer n° 499 du 17 Décembre 2022
Le président russe est interviewé par Konstantin Panyushkin (KP) de Channel One (chaine de télévision russe présentée à l’Ouest
comme «organe du gouvernement russe», l’Ouest ayant, c’est bien connu, une préférence marquée pour les chaînes TV des milliardaires).
Rapide point sur “l’Opération Militaire Spéciale”
KP : Bon
après-midi. Une question sur l’opération militaire spéciale.
Que pensez-vous de l’état de l’OPERATION MILITAIRE SPECIALE ?
En parlant avec des militants des droits de l’homme mercredi, vous avez dit, je cite : “Ce
sera un long processus.” Si possible, pouvez-vous expliquer ce que vous aviez à l’esprit ?
Et une autre question sur la même réunion. Vous avez dit, et je cite : “Si la Russie
n’utilise pas les armes nucléaires en premier, elle ne les utilisera pas non plus en second.” Cela a provoqué un
tollé. Veuillez expliquer ce que vous vouliez dire.
Vladimir Poutine : En ce qui concerne la durée de
l’opération spéciale, je faisais référence au temps nécessaire au processus de règlement. L’opération suit son cours et tout est stable – il n’y a pas de
questions ou de problèmes sur ce sujet. Comme vous pouvez le constater, le ministère de la Défense fonctionne de manière transparente. Dans ses rapports
quotidiens, il relate tout ce qui se passe dans la réalité, sur le terrain. Voilà ce qu’il en est, objectivement. A cet égard, je n’ai rien à ajouter.
Quant au processus de règlement en général – oui, il sera probablement compliqué et prendra un certain temps. Mais d’une manière
ou d’une autre, les parties à ce processus devront accepter les réalités qui se dessinent sur
le terrain. Voilà pour la première partie de votre question.
Commentaire de
COMAGUER : Sur la vidéo le Président russe
est impavide. Pour lui, la mission a été fixée, l’heure est aux militaires qui
l’exécutent et informent sur son déroulement, ensuite viendra le temps des diplomates.
Le risque d’une “frappe de désarmement”
Vladimir Poutine: Maintenant, sur votre seconde question. Je
comprends que tout le monde soit inquiet et l’ait toujours été depuis l’avènement des armes nucléaires, et des armes de destruction massive en général. Les
gens, toute l’humanité se sont inquiétés de ce qui allait arriver à la planète et à nous ? Mais écoutez ce que j’avais en tête, je vais vous expliquer
certaines choses.
Les États-Unis ont cette doctrine de la frappe préventive (ou première frappe). C’est le premier point. Maintenant, le deuxième
point. Ils sont en train de développer un système pour une frappe de désarmement. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie frapper les centres de contrôle
avec des armes modernes de haute technologie pour détruire la capacité de l’adversaire à contre-attaquer, et ainsi de suite.»
Commentaire COMAGUER : «Frappe de désarmement» : cette expression, qui peut paraître anodine ou imprécise dans le vocabulaire auquel le lecteur non
militaire est habitué, est le cœur de la réflexion stratégique. Pour lui donner sa véritable importance, il faut utiliser un terme très fort utilisé, dit-on, entre militaires dans les écoles de guerre qui est celui de
«décapitation». La métaphore est limpide: dans un champ clos, deux adversaires armés d’un sabre s’affrontent. Le premier qui coupe la tête de l’autre a gagné. Des images du Kenjutsu, ancêtre du kendo, pratiqué par les samouraïs, viennent aussitôt à l’esprit.
L’affrontement entre deux États modernes ne met pas face à face deux personnes, mais deux entités qui ont toutes deux une tête:
l’état-major et l’exécutif politique, et un cerveau d’où partent toutes les impulsions nerveuses qui vont mettre en mouvement la machine de
guerre sous toutes ses formes. La «décapitation» consiste donc à
détruire le cerveau nécessairement très centralisé de l’adversaire. Le cerveau détruit, sa machine de guerre s’arrête dans l’instant.
“Décapiter l’adversaire”?
Vladimir Poutine: Quelles sont ces armes modernes ? Ce sont
des missiles de croisière que nous n’avions pas à une certaine époque – nous n’avions pas de missiles de croisière basés à terre. Nous les avions supprimés ;
nous les avions mis au rebut. Pendant ce temps, les Américains étaient plus malins lorsqu’ils menaient des discussions avec l’Union soviétique. Ils ont mis au
rebut les missiles terrestres, mais ont conservé les missiles aériens et maritimes qui n’étaient pas couverts par le traité, et nous sommes devenus sans
défense. Mais maintenant nous les avons et ils sont plus modernes et encore plus efficaces.
Commentaire COMAGUER : Très succinctement Poutine fait allusion au
traité ABM signé entre les États-Unis et l’URSS en 1972 qui stipulait que la défense anti-missile pouvait être mise en place uniquement pour la protection de la capitale de chacun des deux pays. Il s’agissait bien d’une renonciation à la «décapitation». Mais profitant, au fil des mises à
jour du traité ABM, de l’affaiblissement de l’URSS puis de sa disparition, les États-Unis poursuivirent le déploiement des missiles anti-missiles un peu partout et pour finir
George W. Bush dénonça le traité ABM en 2002.
À partir de ce moment là les États-Unis
pouvaient lancer librement leurs missiles balistiques sur la Russie et détruire -au plus près de la frontière russe surtout après l’entrée en 2004 de la Pologne, de la Hongrie et
de la Roumanie dans l’OTAN- tous les missiles balistiques que la Russie aurait imaginé de leur envoyer pour riposter
et de toute manière bien avant que ces missiles atteignent le sanctuaire: le
territoire des États-Unis. En fait la Russie les avait démantelés, elle était
donc sans défense.
Vladimir Poutine: Il était prévu d’effectuer une frappe
préventive de désarmement avec des armes hypersoniques. Les États-Unis ne disposent pas de ces armes, mais nous, nous en avons. En ce qui concerne une frappe
de désarmement, nous devrions peut-être penser à utiliser les réalisations de nos partenaires américains et leurs idées sur la manière d’assurer leur propre
sécurité. Nous sommes en train de réfléchir à ce sujet. Personne ne s’est gêné pour en discuter à haute voix dans le passé. C’est le premier point.
Commentaire COMAGUER : Poutine insiste sur le fait que la «décapitation» était au cœur du traité ABM (Anti Balistic Missiles) initial, d’où son expression «discuter à haute voix». La
négociation, la signature et la publication d’un tel traité n’ont évidemment aucun caractère
confidentiel.
Frappe préventive américaine, frappe de représailles russe
Vladimir Poutine : « Les États-Unis ont une théorie
et même une pratique. Ils ont le concept d’une frappe préventive dans leurs documents stratégiques et dans d’autres documents politiques. Ce n’est pas notre
cas. Notre stratégie parle d’une frappe de représailles. Il n’y a aucun secret. Qu’est-ce qu’une frappe de représailles ? C’est une frappe de riposte :
c’est-à-dire que lorsque notre système d’alerte avancé, le système d’alerte d’attaque de missiles, détecte des missiles lancés vers le territoire de la
Fédération de Russie, d’abord il détecte les lancements, puis les actions de riposte commencent.
Nous organisons régulièrement des exercices de nos forces nucléaires. Vous pouvez les voir tous, nous ne cachons rien. Nous
fournissons des informations dans le cadre de nos accords avec tous les pays nucléaires, y compris les États-Unis. Nous informons nos partenaires que nous
effectuons ces exercices. Soyez assurés qu’ils font exactement la même chose.
Après que le système d’alerte précoce a reçu un signal indiquant une attaque de
missiles, des centaines de nos missiles sont lancés et ils ne peuvent pas être
arrêtés. Mais
ça reste une frappe de représailles. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que les têtes de missiles ennemis tomberont sur le territoire de la Fédération
de Russie. Cela ne peut être évité. Elles tomberont de toute façon. Mais comme il est impossible d’intercepter des centaines de missiles, il ne restera rien de
l’ennemi. Et c’est, sans aucun doute, un puissant moyen de dissuasion. »
Commentaire COMAGUER : Poutine souligne que la Russie dans sa doctrine stratégique actuelle n’a pas prévu de
frappe nucléaire préventive, mais simplement des frappes de riposte,
mais des frappes suffisamment massives pour que les deux adversaires soient anéantis. Cette affirmation est le cœur même de la déclaration officielle commune
des cinq chefs d’État (Biden, Poutine, Xi Jinpjng, Macron, Johnson) du 3 janvier 2022 qui peut être résumée par cette sentence qui met fin à la culture du Western: «Celui qui tire le premier
meurt aussi».
La Russie n’exclut pas de faire évoluer sa doctrine pour mieux parer le danger d’une “frappe préventive”
Vladimir Poutine: Mais si un adversaire potentiel croit qu’il
est possible d’utiliser la théorie de la frappe préventive, alors que nous ne le faisons pas, cela nous fait quand même réfléchir à la menace que de telles
idées dans la sphère de la défense d’autres pays représentent pour nous.
C’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet.
Commentaire
COMAGUER : Le président russe est encore plus elliptique dans cette dernière phrase qui tombe comme un couperet. Explicitons: la doctrine nucléaire des États-Unis
prévoit explicitement la frappe nucléaire préventive. Toujours le western: «Je tire le premier». Les armes hypersoniques russes aujourd’hui opérationnelles rendent possible la décapitation de l’adversaire donc de ses centres de
commandement par une arme nucléaire de faible puissance ou même par une arme conventionnelle. Dans ce nouveau contexte, pour se défendre si elle est gravement
menacée, la Russie peut envisager une «décapitation
préventive» des États-Unis. La Russie y réfléchit. À bon
entendeur.
Conclusion COMAGUER :
Mais dans ce nouveau cas, la métaphore de la «décapitation» est invalide. Un corps sans tête meurt, un pays sans dirigeants ne meurt pas. Il les
remplace. Qu’est-ce à dire?
Tout simplement que le long chapitre de la menace d’extermination
nucléaire de masse écrite par les États- Unis depuis 77 ans à Hiroshima et auquel l’URSS avait répondu par une menace symétrique est clos. GAME
OVER!
Les États-Unis qui ne savent que détruire et menacer d’annihiler
vont devoir faire de la politique comme les autres grands États: en tenant compte des rapports de forceinternationaux, en se résignant à l’idée jusqu’alors proprement impensable que la guerre peut atteindre leur
territoire et sans faire courir à l’humanité le risque d’une fin atomique.
La déclaration du 3
janvier 2022 des cinq puissances nucléaires annonçait ce virage historique. Poutine vient d’en confirmer l’immense
portée.
En parcourant la transcription
de 18 000 mots d’une réunion d’une heure que le président Vladimir Poutine a eue avec les « mères de soldats » vendredi dernier à Moscou, on a l’impression que les
combats en Ukraine pourraient se poursuivre jusqu’en 2023 – et même au-delà.
Dans une remarque des plus révélatrices, Poutine a reconnu que Moscou avait commis une gaffe en 2014 en laissant le Donbass une affaire inachevée –
contrairement à la Crimée – en se laissant entraîner dans le cessez-le-feu négocié par l’Allemagne et la France et les accords de Minsk.
Moscou a mis du temps à se rendre compte que l’Allemagne et la France étaient
de connivence avec les dirigeants de Kiev pour faire échouer la mise en œuvre de l’accord de Minsk. Le président ukrainien de l’époque, Petro Porochenko, a admis dans une
série d’entretiens avec des médias occidentaux ces derniers mois, notamment à la télévision allemande Deutsche Welle et à l’unité ukrainienne de Radio Free Europe, que le cessez-le-feu de
2015 était une distraction destinée à gagner du temps à Kiev pour reconstruire son armée.
Dans ses mots, « Nous avions réalisé
tout ce que nous voulions, notre objectif était, d’abord, d’arrêter la menace [russe], ou au moins de retarder la guerre – de garantir huit ans pour restaurer la croissance économique et
créer de puissantes forces armées ».
La soi-disant formule Steinmeier (proposée par le président allemand Frank-Walter Steinmeier en 2016 lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères) sur
le séquençage de l’accord de Minsk, avait appelé à la tenue d’élections dans les territoires séparatistes du Donbass en vertu de la législation ukrainienne et la supervision de l’OSCE
; et, si l’OSCE jugeait le scrutin libre et équitable, alors un statut autonome spécial pour les territoires du Donbass serait lancé et le contrôle de l’Ukraine sur sa frontière
la plus à l’est avec la Russie serait rétabli.
Poutine a admis que la Russie avait accepté les accords de Minsk en ignorant les souhaits de la population russe du Donbass. Pour le citer,
« Nous
y sommes allés sincèrement. Mais nous n’avons pas vraiment ressenti l’état d’esprit des gens, il était impossible de bien comprendre ce qui s’y passait. Mais maintenant, il est
probablement devenu évident que cette réunion [du Donbass] aurait dû avoir lieu plus tôt. Peut-être qu’il n’y aurait pas eu autant de pertes parmi les civils, il n’y aurait pas eu
autant d’enfants morts sous les bombardements… »
Pour la première fois, peut-être, un dirigeant sortant du Kremlin a admis avoir commis des erreurs. Le passage poignant ci-dessus devient donc une
pierre de touche pour les décisions futures de Poutine, alors que la mobilisation russe approche de la phase finale et d’ici la fin décembre, environ 400 000 troupes russes
supplémentaires seront déployées dans des positions avancées.
En fin de compte, Poutine a claqué la porte du méli-mélo de Minsk.
Comment cela se traduit-il en terme de réalité politique ?
Tout d’abord, tout comme Moscou est ouvert au dialogue sans conditions préalables, les négociateurs russes seront liés par les récents amendements à la
Constitution du pays, qui ont incorporé les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporozhye dans la Fédération de Russie.
Deuxièmement, la réunion de vendredi a été, de toute évidence, une initiative audacieuse de Poutine – risquée, politiquement parlant. Ses
interlocuteurs comprenaient des mères venues de régions éloignées, dont les fils soit combattent activement sur le front de guerre, soit ont vécu la tragédie de fils tués dans les
combats, soit gravement blessés et ont besoin d’une réhabilitation prolongée.
C’étaient des femmes fortes, c’est sûr, et pourtant, comme l’a dit l’une d’entre elles de la petite ville de Kirovsk à Louhansk à Poutine en se remémorant
la mort de son fils Konstantin Pshenichkin sur la ligne de front, « Mon cœur saigne, mon
âme se fige, sombre des souvenirs obscurcissent mon esprit, des larmes, des larmes, et soudain mon fils me demande : « Maman, ne sois pas triste, je te verrai, tu n’as qu’à
attendre. Tu traverseras cette vie pour moi, et dans cette vie, nous serons à nouveau ensemble ». »
Poutine a affirmé ouvertement – ce qui est très inhabituel pour un dirigeant du Kremlin – qu’il s’était préparé pour la réunion. Mais il avait encore
des surprises en réserve. De telles rencontres sont impossibles à chorégraphier tant les émotions refoulées se jouent devant les caméras de télévision.
Ainsi, Marina Bakhilina de la République de Sakha, mère de trois fils (dont l’un est un soldat hautement décoré des Forces aéroportées d’élite, 83e
Brigade et récipiendaire de l’Ordre du Courage) s’est plainte qu’il n’y a pas de plats chauds sur la ligne de front. Elle a dit à Poutine : « Comprenez-vous ce qui
se passe ? Si nos gens ne peuvent pas fournir de repas chauds à nos soldats, moi, en tant que maître des sports et CMC de tir, j’aimerais aller là-bas, en première ligne pour
cuisiner ».
Poutine a répondu gentiment : « Il semblerait que les
problèmes aient déjà été pour la plupart résolus… cela signifie que tout n’est pas normal… »
Ce qui ressort de ces échanges francs, c’est le capital politique massif de Poutine, issu de la grande consolidation qu’il a rassemblée pour amener la
nation à se rallier à lui. L’ambiance générale de la réunion était celle de l’engagement envers la cause de la Russie et de la confiance dans la victoire finale. Bien sûr, cela
renforce les mains de Poutine.
C’est là que l’analogie de la crise des missiles cubains de 1962 se défait. L’opinion publique n’était pas un facteur clé il y a 60 ans. En un
mot, le bon sens a prévalu en 1962 lorsque l’on s’est rendu compte que tout manquement à prendre en compte les intérêts de sécurité de la puissance rivale pouvait avoir une issue
apocalyptique.
La différence aujourd’hui est que le président Joe Biden s’est isolé, il n’est pas responsable de son choix d’une poursuite acharnée d’une défaite
russe sur le champ de bataille en Ukraine et du « changement de régime » qui s’ensuivrait à Moscou.
Poutine, lui, insiste pour se tenir responsable devant son peuple. Est-ce qu’un politicien « libéral » occidental au pouvoir osera imiter
l’extraordinaire rencontre de Poutine avec les « mères de soldats » ?
Si les difficultés économiques entraînent des troubles sociaux et des troubles politiques en Europe occidentale, les politiciens au pouvoir seront
désavantagés. Poutine mène une « guerre populaire », alors que les politiciens occidentaux ne peuvent même pas admettre qu’ils combattent la Russie. Mais combien de temps
peut-on cacher au public en Pologne ou en France que leurs ressortissants se font tuer dans la steppe ukrainienne ? Les politiciens occidentaux peuvent-ils promettre que leurs «
volontaires » ne sont pas morts en vain ? Que se passe-t-il si un flux de réfugiés d’Ukraine vers l’Europe de l’Ouest commence à l’approche de l’hiver ?
En termes militaires, la Russie jouit d’une domination de l’escalade – une position nettement supérieure sur son rival de l’OTAN, à travers une gamme
d’échelons au fur et à mesure que le conflit progresse. L’accélération de l’opération russe à Bakhmut en est un bon exemple. Le déploiement de troupes régulières ces derniers
jours montre que la Russie est sur l’échelle de l’escalade pour conclure le « blocage » vieux de 4 mois dans la ville de Bakhmut à Donetsk. Les analystes militaires décrivent
souvent Bakhmut comme la cheville ouvrière de la défense de Kiev dans la région orientale du Donbass.
Un rapport
du New
York Times publié dimanche a souligné l’énorme ampleur des pertes subies par les forces ukrainiennes ces dernières semaines. De toute évidence, le groupe Wagner
d’entrepreneurs militaires russes qui menaient les combats a immobilisé les forces ukrainiennes en position défensive, forces estimées à environ 30 000 soldats, y compris des unités
d’élite « qui ont été usées par
des assauts russes incessants ».
Le rapport du Times admet,
citant un responsable américain de la défense, que l’intention russe aurait pu être de faire de la ville de Bakhmut « un trou noir gourmand
en ressources pour Kiev ». Ce paradigme se répétera ailleurs également, sauf que les forces russes seront beaucoup plus fortes, bien supérieures en nombre et bien mieux
équipées et combattront à partir de positions fortement fortifiées.
Poutine a clairement indiqué lors de la réunion de vendredi que vaincre les banderites néo-nazis restera un objectif ferme. Bien que le changement de
régime à Kiev ne soit pas un objectif déclaré, Poutine ne se contentera pas d’une répétition du cessez-le-feu et de la paix comme en 2015, qui a laissé au pouvoir un régime anti-russe par
procuration des États-Unis.
Cela dit, Poutine a souligné que « malgré tous les
problèmes liés à l’opération militaire spéciale, nous ne changeons pas nos plans pour le développement de l’État, pour le développement du pays, pour le développement de l’économie, de sa
sphère sociale, pour projets nationaux. Nous avons d’énormes, grands projets… »
Pris ensembles, tous ces éléments définissent la future offensive d’hiver de la Russie. Le commandant de théâtre choisi par Poutine en
Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, n’est pas dans le moule de Patton ou de MacArthur. Fondamentalement, il tient la boussole des opérations militaires spéciales, tout en
incorporant l’expérience accumulée au cours des 8 derniers mois d’implication de l’OTAN dans les combats. Mais jamais Poutine n’a utilisé l’expression « guerre » pour caractériser le
conflit.
Une interview de Maria Zarakhova : "Ici, Macron nous a tous fatigués"
Source : Le Point - Le 17/11/2022.
ENTRETIEN. La porte-parole de la diplomatie russe a reçu « Le Point » pour expliquer sans fard la vision de Moscou sur l’Occident, l’Europe et l’Ukraine.
Propos recueillis par notre envoyée spéciale à Moscou, Anne
Nivat
Le Point : Qu'est-ce que l'Occident aurait selon vous « raté »
dans ses relations avec la Russie ? Et plus particulièrement dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine
Maria Zakharova : Tout a commencé à la fin des années 1980 et au
début des années 1990. À l'époque, on pouvait encore différencier l'Europe des États-Unis. Avant la dislocation de l'URSS, le monde était bipolaire. Quand les États
membres du pacte de Varsovie ont commencé à le quitter – et ce processus a débuté avant la fin de l'URSS –, l'Europe aurait pu affirmer son indépendance. L'URSS était
en faveur de l'union des deux Allemagne, les États-Unis étaient contre… C'est là que l'Europe a commencé à saisir ce que ça signifiait d'être vraiment l'Europe unie, sans
ligne de démarcation. Elle a commencé à s'unir. Là aussi, nous étions pour. Nous disions : nous sommes avec vous ! Unissons-nous, intégrons-nous !
Construisons un avenir ensemble ! Mais là, ça a été l'horreur : les États-Unis d'Amérique, les élites, « l'État profond », je ne sais pas vraiment, ont
tout d'un coup compris que ça serait un cauchemar. Que si l'Europe s'unissait avec nous, avec nos ressources russes, ça leur ferait non seulement de la concurrence, mais
ça serait même la fin pour eux. D'abord, ils se sont prononcés contre notre intégration, ont refusé le régime sans visa, ensuite, ils ont commencé le processus de
rapprochement de leurs bases militaires, avec des contingents et du matériel, vers nos frontières. Puis ils ont accepté de nouveaux membres dans l'Otan, mais surtout,
ils ont créé ce narratif historique anti-russe.
Au début des années 2000, quand on a fini par comprendre de quoi il s'agissait, nous leur avons dit : eh, dites donc camarades, quel
monde construit-on ? C'est nous qui nous sommes ouverts à l'Occident, et pas l'inverse ! L'Europe, elle, a poursuivi son intégration, notamment économique :
création de l'euro, de Schengen ; et pour les États-Unis, ça a été un second choc : le dollar a cessé d'être la seule devise dominante. Or le dollar n'est
sécurisé que sur sa propre dette, sur rien d'autre. Alors que l'euro, lui, est sécurisé par le niveau économique élevé d'une vingtaine de pays, sans compter les économies
des pays de l'Europe orientale, de l'Europe centrale et du Nord… Pardon, mais c'est une économie puissante, et qui, en plus, à ce moment-là, se nourrissait du fort
potentiel des ressources russes ! En face, la devise américaine, c'est une bulle de savon ! Là, ils ont compris qu'il fallait agir, non seulement envers nous,
mais aussi envers l'Europe : ils ont commencé à saper nos liens énergétiques avec l'Ukraine qui est devenue le nœud central de cette politique. Les politiques
ukrainiens se sont mis à s'écrier qu'on était très dangereux parce qu'on ne leur livrait pas notre gaz gratuitement, les Américains ont répondu aux Européens, mais achetez
donc le nôtre ! Les Européens ont rétorqué : il est cher, si on achète plus cher, nos opinions publiques ne comprendront pas… Augmentez donc les impôts, ont-ils
répondu ! Problème, parce que les impôts, c'est aussi le peuple, a répondu l'Europe. OK, d'accord, débrouillez-vous, voilà ce qu'on dit les Américains. Donc,
l'Ukraine, c'est juste un instrument, c'est tout !
L’Europe a deux bananes dans les oreilles.
Donc, pour vous, cette situation n'est pas une nouveauté ?
Quelle nouveauté ? Que l'Europe a les deux yeux fermés et deux bananes dans les oreilles ? Tout ça, c'est à cause de vos médias
qui ne se sont jamais déplacés dans le Donbass pendant toute cette période, à l'exception de quelques-uns. Au moment de Pussy Riot ou de Navalny, en revanche, ils étaient
tous là. Mais là-bas, quand des milliers de personnes mouraient, il n'y avait personne. Et savez-vous que depuis 2014, les Criméens n'ont pas eu droit à des visas
Schengen ? Pourquoi ? Parce qu'ils auraient pu raconter la situation ! En revanche, il suffisait de venir en Crimée pour s'en rendre compte par
soi-même. En 2016, on a organisé des voyages de presse en Crimée, on a demandé aux journalistes ce qu'ils voulaient voir et faire, on a dit OK à tout. Un Français a dit
qu'il voulait aller sur la base navale de la flotte de la mer Noire. On a accepté. Mais quand on a lu son article, on n'en croyait pas nos yeux, une telle censure !
Son titre était quelque chose du genre « pour faire peur à l'Europe, la Russie a regroupé des journalistes et leur a montré la flotte de la mer Noire », et vous
me demandez pourquoi l'Europe n'est au courant de rien ! Justement à cause de ce genre de journalistes !
Depuis neuf mois, la Russie a-t-elle réussi à développer ses relations avec des pays en dehors de la sphère
occidentale ?
Nous ne nous impliquons pas dans des coups ou des renversements. Pendant toutes ces années, nous nous sommes vraiment efforcés de nous
tourner vers l'Occident. Aujourd'hui, nous souhaitons avoir des relations harmonieuses et équilibrées avec tous ceux avec qui il est possible de construire des relations
sur un pied d'égalité, mutuellement respectueuses et bénéfiques. Une conception « multi vecteurs » avait commencé à être déployée dès l'arrivée de Primakov aux
Affaires étrangères (Evgueni Primakov a été ministre des Affaires étrangères de 1996 à 1998 avant de devenir Premier ministre, NDLR). Avant lui, on
n'avait d'yeux que pour l'Occident. Kozyrev (Andreï Kozyrev a été ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1996, NDLR) avait même prononcé la phrase
suivante : « Il est impossible pour la Russie d'avoir des intérêts qui différeraient de ceux des États-Unis » ! Oui, il l'a dit, et aujourd'hui il dit
que Lavrov était bien avant, et qu'aujourd'hui, il est terrible… Mais ce qui est terrible, c'est justement ce qui s'est passé avec Kozyrev, et pas avec Lavrov. Ceux qui
ont dirigé la Russie dans ces années 1990 avaient même l'impression qu'ils pouvaient réduire le nombre d'ambassades russes dans le monde, et ils l'ont
fait ! Ils ne payaient pas les salaires des fonctionnaires du ministère, ne les envoyaient plus en mission, etc. Primakov, lui, a insisté sur nos intérêts
nationaux et sur la nécessité d'une diplomatie forte. Il a tout fait pour qu'on reçoive nos salaires et que nos ambassades ne manquent de rien. C'est depuis ce moment-là
que la Russie a commencé à tisser des liens étroits en dehors de l'Occident. Et aujourd'hui, ces pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine sont justement ceux qui,
contrairement aux exigences des USA, n'adoptent pas de position anti-russe. Et ils représentent la majorité des pays du monde !
L’armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir.
L'Occident mène-t-il, selon vous, une politique anti-russe ?
Ce n'est pas une position anti-russe, c'est une position antinationale vis-à-vis de vos propres peuples. Qu'avons-nous à voir
là-dedans ? Bien sûr, nous aimerions être perçus normalement, objectivement et positivement, mais que peut-on y faire ? En premier lieu, c'est vous-même que vous
détruisez ! Finalement, vous n'avez plus rien, vous ne disposez plus des ressources ni des possibilités que vous offraient les relations avec la Russie, et vous
n'avez même plus la paix en Europe. L'Ukraine flambe depuis 2014 dans le Donbass et personne ne s'en préoccupait. Vous n'arrivez même pas à comprendre que tout
l'armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir. Vous savez pourquoi ? Parce que ce que vous pensez être la mafia
« russe » n'a jamais été « russe », ce sont plutôt des gars de Moldavie et d'Ukraine. Vous avez toujours cru que tous ceux qui venaient de l'ex-URSS
étaient des Russes, vous n'avez jamais fait la distinction. Vos ministères de l'Intérieur, vos forces policières et services de renseignements sont au courant, mais
l'opinion publique en général ne le sait pas. Je vous félicite, après avoir reçu les « élites » d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, aujourd'hui vous avez
remplacé tout ça par des gens qui viennent d'Ukraine, mais ce ne sont pas des gens qui veulent travailler ou étudier…
Vous voulez dire, les réfugiés de guerre ?
Oui, vous les appelez comme ça. Beaucoup souffrent de la situation humanitaire, c'est vrai, mais ce ne sont pas des gens qui apporteront
leur part personnelle à la vie en Europe, ils vont juste en profiter ! Ils ont besoin d'allocations, de logements et ils utiliseront cette situation politique. Ils
ont vu comment en profiter… Nous connaissons leur mentalité, vous non. Vos belles valeurs sur la tolérance ont perdu leur sens : on est passé à la complaisance. La
tolérance n'est plus du tout le respect d'un avis différent ou la possibilité d'écouter quelqu'un qui n'a pas la même mentalité que vous, c'est devenu une complaisance
vis-à-vis de tous ses actes d'une personne, bons ou mauvais. Du coup, c'est le chaos.
Parleriez-vous ainsi si nous étions avant le début de la guerre, en février 2022 ?
Bien sûr ! Ça fait des années qu'on le dit, au moins depuis 2014. Et souvenez-vous qu'en 2007, Vladimir Poutine était venu à la
conférence de Munich. Il avait dit : « Réfléchissez bien, que voulez-vous de nous ? Que nous soyons ensemble ou pas ? Sachez que nous, on ne peut pas
rester impassibles face à vos mensonges ! » En 2015, sur la Syrie, Poutine déclare à l'Assemblée générale de l'ONU : « Si vous voyez, comme moi, que
l'État islamique existe, il faut s'unir pour le contrer. Comme en 1941, quand nous avons tous raté Hitler justement parce que vous ne vous étiez pas décidé à temps !
Unissons-nous et ensemble, nous vaincrons l'EI. » Une moitié du public s'est moquée, l'autre a hué… Poutine a dit OK, il est rentré à Moscou, et la semaine suivante
nos avions partaient pour la Syrie. Il avait raison, en tous points, même si, à l'époque, beaucoup nous ont menacés. Aujourd'hui, les mêmes pays nous remercient et nous
disent qu'on les a sauvés ! Qu'est-ce que vous croyez ? Que ça se serait terminé comme ça avec la Syrie ? Pas du tout, « l'Occident collectif »
aurait été ailleurs, là où il y a du gaz et du pétrole. Ils ne vont jamais là où règnent la pauvreté, les problèmes et la famine. Uniquement là où il y a des
ressources.
L'Occident ne se serait réveillé qu'à cause du conflit en Ukraine ?
Qui s'est réveillé ? L'Occident ? Il dort d'un sommeil léthargique. Ce sont les États-Unis d'Amérique les plus actifs à ce jeu.
L'Union européenne est un peu comme le Titanic, l'eau rentre par tous les côtés, mais l'orchestre continue à
jouer !
Dès que la bataille est honnête, les Américains perdent.
Nous n'avons aucune intention de convaincre quiconque de quoi que ce soit. L'époque où on essayait de convaincre est passée, c'est leur
problème. À eux de voir comment ils vont prendre tout ça ! Certains dorment, ou nous sifflent, mais tous s'occupent de livraisons d'armes, et nous, on a déjà compris
que la discussion sous ce format était inutile. On leur a couru après pendant huit ans, on a essayé d'obtenir, via les Occidentaux, que Kiev respecte les accords de Minsk.
Pendant huit ans, les Occidentaux ne l'ont pas fait. Et on irait maintenant parler avec eux ? Je comprendrais que vous n'avez pas pitié de nous, je comprends même que
vous n'ayez pas pitié de l'Ukraine, mais enfin, vous n'avez même pas pitié de vous-mêmes, avec toutes ces armes que vous livrez, vous avez oublié tous les actes
terroristes commis sur vos sols ? Vous en avez tous subi. Personne n'y prête attention, c'est devenu un problème de politique intérieure. En plus, à la tête des
institutions politiques de certains de ces pays se tiennent des personnes liées aux États-Unis parce qu'elles y ont étudié, travaillé… Les États-Unis ne veulent qu'une
chose : primo, dominer le monde et être les seuls qui contrôlent tous les processus ; deuzio : ne pas avoir de concurrents… Or, dès que la bataille est
honnête, ils perdent. Technologiquement, ils ont déjà perdu face à la Chine ; économiquement, financièrement et d'un point de vue civilisationnel, ils ont perdu face
à l'Europe et au reste du monde ; du point de vue de leur complexe militaro-industriel, ils ont compris qu'ils étaient en retard. Pour ce qui est du cosmos, je suis
ravie qu'on puisse y envoyer des voitures, mais ça a été rendu possible grâce à nos fusées de lancement ! Tout ça n'est que de la com. En fait, les États-Unis ont
tout perdu à cause de la crise de leur système fondé sur cette suprématie du dollar. Leur dette est gigantesque. Leur économie n'est pas réelle, elle n'est que virtuelle.
Il vous faut des preuves ? Écoutez Trump ! Quand il parlait de « Make America Great Again » ça voulait dire qu'il fallait revenir à l'économie
réelle ! Souvenez-vous comment le G20 a été créé, en 2008, au moment où le marché américain de l'immobilier avait éclaté, embarquant avec lui toutes les Bourses
mondiales. C'était une crise mondiale mais artificielle, à cause du système hypothécaire américain… Or, là, en 2008, ils avaient besoin de tout le monde pour réanimer le
système économique mondial, de l'UE, du Brésil, des pays du Golfe, de la Russie, de la Chine. « Big Brother », pardon pour l'expression, avait fait dans sa
culotte, il fallait que tout le monde aide… Ensuite, quand il s'est remis, « Big Brother » a commencé à se mêler de l'Irak, de la Libye, de l'Afghanistan, de la
Syrie, et de l'Ukraine…
Les relations russo-américaines étaient-elles plus faciles sous Trump que sous Biden ?
Pas du tout, surtout quand, tous les jours, Trump était accusé d'avoir des liens spéciaux avec les Russes… Et qu'est-ce que ça veut dire
« plus facile » ?
N'est-ce pas plus compliqué aujourd'hui, avec Biden ?
Aujourd'hui, c'est plus marrant… Non, je plaisante, mais on se rend tous compte que ce qui se passe est absurde. Le scrutin qui a élu Biden
en 2020 s'est déroulé de manière sauvage, pas honnête. Les Américains eux-mêmes le disent : lisez les sondages selon lesquels la population ne croit pas en
ces résultats ! Et de quelle liberté d'expression parle-t-on quand on ferme le compte Twitter d'un président en exercice, rendez-vous compte, en exercice !
Uniquement parce que c'est le souhait des sphères libérales ! En 2016, Trump a gagné justement parce qu'il avait été capable de s'adresser directement à son public
via les médias sociaux. Pendant ces 4 ans, il n'y a pas eu un seul jour où on ne l'accusait pas de liens avec la Russie, mais qu'avons-nous donc à voir
là-dedans ? En revanche, nous avons bien vu comment certains dirigeants européens étaient liés, eux, à Hillary Clinton. François Hollande, par exemple, qui l'a
félicitée avant même que les résultats soient proclamés, il voulait sans doute être le premier. Le problème est plutôt qu'on a accusé la Russie de soutenir Trump, même si
aucun fait ne le prouve, alors que certains soutenaient ouvertement Hillary Clinton et là, c'est encore une fois deux poids, deux mesures. Ils pensent qu'ils ont le
droit de le faire et pas nous. Ils expliquent que c'est parce que nous ne serions pas une « vraie » démocratie. Voilà, tout est dit. Classe ! On leur
demande : mais qui définit une « vraie » démocratie ? Nous, « l'Occident collectif », ils répondent. L'Iran ? Non, l'Iran n'est pas une
démocratie, le Venezuela ? Non plus… En 2020, Mme Rodriguez, la vice-présidente du Venezuela, a prononcé une phrase géniale lors d'une visite ici à Moscou :
« Savez-vous combien de scrutins électoraux nous avons organisés ? Pas un seul n'a plu aux États-Unis ! Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas les
élections qui les intéressent, mais leurs résultats ! » C'est ainsi : les Américains ne considèrent comme légitimes que les résultats électoraux qui leur
conviennent.
Le Wall Street Journal affirme que, ces dernières semaines, le Kremlin
et l'administration présidentielle ont mené des discussions officielles concernant la menace nucléaire. Confirmez-vous ?
Je ne sais pas à quels contacts en particulier vous faites allusion. En revanche, pour ce qui concerne notre position sur l'arme nucléaire,
nous essayons de rassurer tout le monde. Nous avons publié une déclaration à ce propos sur le site du ministère des Affaires étrangères. Cessons ces spéculations, cessons
d'en parler.
Mais si Vladimir Poutine en parle, les spéculations reprendront…
En parle-t-il maintenant ? Non. C'est nous qui décidons ce qu'on a envie de dire, et vous, vous décidez ce que vous avez envie
d'entendre. Nous continuerons à dire ce que nous avons envie de dire. Et pour ce qui est de poursuivre le dialogue, écoutez… Ici, Macron nous a tous fatigués. Surtout
quand on a appris que pendant ses coups de fil avec Moscou, il y avait une caméra derrière lui et que tout était enregistré pour un film (Un président, l'Europe et la guerre, 2022, NDLR). Avec qui on parle alors, et de quoi ? Cela fait huit ans qu'on a déjà discuté de tout
et pour ce qui est de l'Ukraine, ce sont les États-Unis qui décident. Rendez-vous compte que l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne a traité le chancelier Scholz de
« saucisse offensée » (en mai 2022, NDLR), c'est comme s'il lui disait que son seul boulot était de continuer à donner de l'argent, des armes. Avec qui
pourrait-on parler de l'Ukraine dans l'UE ? Conseillez-moi. Peut-être avec Borrell ? Ou avec un Italien ? Ou avec l'Allemande Baerbock, spécialiste de
l'écologie ? Avec qui parler, et de quoi ? Ils ne savent même pas de quoi ils parlent…
Personne en Europe ne pourrait donc influencer la situation ?
Ils le pourraient, s'ils admettaient que le centre des décisions se trouve à Washington qui prend des sanctions, établit des listes, livre
des armes, dit qu'il faut accueillir des réfugiés, faire ceci, ou voter cela… Comment les Européens pourraient-ils admettre tout ça, alors qu'ils n'arrivent même pas à
être indépendants, c'est-à-dire à agir par eux-mêmes ? Le plus triste, et je le dis sur un ton sarcastique, c'est que chaque État de l'UE pense qu'il est indépendant,
en est convaincu, même s'ils sont incapables de dire en quoi ça consiste. Ils sont même incapables de poser des questions tout doucement, par exemple, celle-ci : qui
a fait exploser les gazoducs (Nord Stream, NDLR) au fond de la mer Baltique ? Ils n'ont même pas le droit de la poser. Pourtant, quand un certain Skripal avait été
empoisonné (Sergueï Skripal est un agent russe devenu un agent double britannique, qui a survécu en 2018 à une tentative d'empoisonnement au Novitchok, NDLR),
toute l'Europe en parlait… mais en quoi cela concernait-il la France, l'Italie, la Grande-Bretagne ? Ils ne savaient même pas ce qui s'était vraiment passé. Alors que
ce projet est celui d'une infrastructure nous concernant tous. Oui, c'est notre gaz et nos tubes, mais pour approvisionner l'Europe ! Il a été détruit et aucun chef
d'État ou Premier ministre de l'UE n'ose poser cette question simple : qui a fait ça ? Et vous me parlez de politique indépendante européenne ! Le peuple,
lui, est capable de se poser des questions, mais chez lui, pas publiquement. Dès que quelqu'un s'exprime là-dessus, les services spéciaux viennent le voir et l'accusent
d'être un agent russe.
Vous pensez que ce que vous dites là arrive en France ?
Je ne le pense pas, je le sais…
La russophobie existe-t-elle en France ?
Les Français tentent d'y résister parce qu'ils lisent, regardent des films, vont au théâtre et qu'ils sont habitués à penser et réfléchir
par eux-mêmes grâce à leur niveau de culture. Mais on essaie de la leur imposer d'en haut. Comme en Espagne, au Portugal et en Grèce.
Vous évoquez souvent ce que vous qualifiez de « deux poids, deux mesures » entre la Russie et l'Occident,
pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par-là en rapport avec l'Ukraine ?
Voici un exemple : en 2012, un groupe de jeunes femmes russes habillées en punk a fait irruption dans une cathédrale de Moscou. Elles
s'appelaient les Pussy Riot. Elles ont bondi derrière l'autel, dansé sur fond d'icônes et d'objets saints, fait quelques déclarations et posté ce moment sur les médias
sociaux. En Russie, le peuple et les structures de sécurité ont été épouvantés. Cette cathédrale du Christ Sauveur est la plus grande sur le territoire de la Russie, elle
a été complètement reconstruite après sa destruction par les communistes qui en avaient fait une piscine. Elle avait été érigée avec l'argent du peuple, d'abord au
XIXe siècle pour célébrer notre victoire sur Napoléon en 1812, puis au XXe. Ces
filles ont profané en quelques minutes tout ce en quoi les gens de notre pays croient ! Elles voulaient provoquer. Le monde libéral les a défendues et aussi Madonna,
Sting, Red Hot Chili Peppers, etc. On nous disait : Comment osez-vous punir des jeunes femmes pour leurs actes civiques ? C'est de l'art ! Aujourd'hui,
on voit qu'en différentes parties de l'Europe des activistes, du même âge qu'elles, pénètrent dans les musées et jettent une substance sur des œuvres. Ils protestent
contre ce qu'ils estiment être un préjudice infligé à la nature par les industries. Leur but n'est pas de détruire l'œuvre d'art protégée par une vitre, mais d'attirer
l'attention sur ce problème. Et que voit-on ? Personne ne s'exprime en leur faveur. Ni l'Union européenne, ni le président des États-Unis, ni aucun diplomate ne les
soutiennent, alors que chacun d'entre eux défend un programme environnemental et que dans tous ces pays, les démocrates considèrent l'écologie comme un thème central. Tout
ça pour vous dire que des actions grotesques similaires n'aboutissent pas aux mêmes réactions. Quand ça se passe en Russie, c'est critiqué, mais dès que ça touche
l'Occident, ces personnes sont considérées comme des hooligans ! Pourquoi ? J'aimerais bien le savoir ! Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Combien de
jeunes ont terminé en prison pour avoir participé aux Gilets jaunes en France ou à des protestations en Amérique ? Des centaines, des milliers de gens partis à
l'assaut du Capitole ont été pénalement condamnés. Mais dès que c'est chez nous, ça concerne immédiatement les États-Unis, Bruxelles, Paris, Rome, Madrid, Lisbonne !
J'ai envie de dire : eh, les amis, faudrait peut-être avoir les mêmes standards ! Pour ce qui est des élections, c'est la même chose. Aux États-Unis :
personne ne comprend ce qui s'est vraiment passé. Des observateurs de l'OSCE se sont exprimés avec grande délicatesse sur les violations. Je le sais, j'ai attentivement lu
leur conférence de presse. Alors que pour ces mêmes observateurs occidentaux, pas un seul scrutin ne s'est déroulé tranquillement chez nous. Chaque fois, c'était la même
hystérie. Nous ne nous mêlons pas des élections aux États-Unis, alors qu'ils ne se mêlent pas des nôtres ! C'est un second exemple. Et au Venezuela ! Pour les
Occidentaux, Maduro n'est pas président. OK mais qui est-ce alors ? Même si aujourd'hui, tout a changé, Macron l'a salué, et aussi Kerry qui, je le rappelle,
représente un pays qui le recherche.
Et l'Ukraine ?
En ce qui concerne l'Ukraine, tout a commencé quand les États-Unis, de concert avec l'Union européenne, Bruxelles, Berlin et Paris dans une
moindre mesure, Varsovie et les pays Baltes ont commencé à se mêler des affaires internes de ce pays, et ils n'ont pas fait que ça : ils ont carrément modelé la
situation sur place en dépensant de l'argent, en multipliant les soutiens politiques, en formant ceux qui, en 2014, avaient fomenté le coup d'État. En 2004, la Révolution
orange, c'était quoi ? Le troisième tour des élections ? Alors que tout le monde voyait bien que Ianoukovitch (l'ex-président ukrainien pro-russe
entre 2010 et 2014, NDLR) les avait gagnées. Tout le sud-est de l'Ukraine avait voté pour lui. Donc ils ont conçu une Ukraine à leur main, ont été à la source
d'un changement gouvernemental et ont transformé les problèmes énergétiques en facteur politique. Ce sont eux qui ont décidé comment l'Ukraine allait nous acheter de
l'énergie et que ces tuyaux passeraient à travers leur territoire en transit. Ensuite, il est apparu qu'eux seuls avaient le droit d'agir ainsi, encore un double standard,
et ça ne pouvait qu'exploser, car quand on met dehors à deux reprises un président élu, ça ne peut pas bien se passer. Ils l'ont viré comme un malpropre !
Pouvez-vous expliciter le terme « Occident collectif » ?
C'est le fait que vous n'avez aucune politique extérieure individuelle ! À de nombreuses reprises, lors de conférences de presse, j'ai
été témoin des questions posées par des journalistes à des ministres des Affaires étrangères des pays européens. Tous répondaient qu'ils n'avaient pas le droit de donner
leur avis sur des questions internationales globales parce qu'ils suivent une politique collective au sein de l'UE et de l'Otan. Donc ils ne peuvent que commenter que les
relations bilatérales. Vous êtes l'« Occident collectif » parce que vous êtes unis dans un système administratif de direction au sein de l'Otan. Depuis les
années 1990 et 2000, l'UE a cessé d'être une union politico-économique, elle est devenue une partie de l'Otan, elle a cessé d'être autonome. Pourtant, selon
certains sondages, la population de tel ou tel pays européen ne soutient pas les sanctions anti-russe, et ce, non par amour pour la Russie, mais parce que ça leur rend la
vie plus complexe, mais elle n'a aucun moyen de déléguer son opinion aux dirigeants. On sait très bien qui a pris le premier la décision des sanctions au lendemain de
2014, c'est Biden, alors vice-président, c'est lui qui a influencé la décision de l'UE, c'est de notoriété publique. C'est seulement après que les pays de l'UE ont décidé
de nous sanctionner, alors, vous voyez bien ce qu'on veut dire avec l'idée de « l'Occident collectif » ! Il n'y a rien de répréhensible à prendre une
décision de façon collective, nous aussi sommes membres de structures collectives, mais il y a une différence fondamentale : nous décidons avec les autres sur un pied
d'égalité. Sur certaines questions pas vraiment cruciales, les Européens prennent des décisions de concert, mais dès que certains pays sont tentés de prendre des décisions
qui leur seraient individuellement bénéfiques, mais qui diffèrent de ce qui est important pour la superstructure, ils sont punis. Regardez ce qui se passe en Pologne,
et ça n'a rien à voir avec la Russie, elle a sa propre législation nationale sur la question du genre ou la question nationale, mais si ça ne plaît pas à Bruxelles, ils
sont punis ! Et la Hongrie ! Comment on l'a traitée, comment on traite Orban ! Voilà : personne ne peut prendre ses propres décisions si elles ne
coïncident pas avec les opinions de « Big Brother ».
Que signifierait une défaite russe pour les peuples de l’Ouest ?
Les lecteurs réguliers du blog savent que je coupe notre pauvre
planète souffrant depuis si longtemps en deux parties fondamentales : La zone A, alias l’empire anglo-sioniste, alias l’Hégémon mondial, alias l' »Axe du bien » et ce que j’appelle la zone B, ou le monde
libre.
Très approximativement,
nous devons aussi séparer les élites dirigeantes des personnes qu’elles dominent. Voici, très approximativement, ce que nous obtenons :
Zone A
Zone B
Les élites dirigeantes
détestent la Russie/Poutine
Certaines craignent l’Hégémon, mais d’autres non
Les peuples
La plupart des gens sont indifférents ou hostiles
la plupart soutiennent la Russie et Poutine
Ensuite, je propose de faire une expérience simple. Supposons que la Russie perde la guerre contre l’OTAN. Nous n’avons pas besoin de préciser comment une telle
défaite pourrait exactement se produire, nous supposons simplement que la Russie est incapable d’atteindre ses objectifs de dénazification et de démilitarisation de l’Ukraine (et, en fait, de
l’ensemble de l’OTAN), que les forces de l’OTAN parviennent à vaincre la machine militaire russe (encore une fois, peu importe comment, avec ou sans Wunderwaffen) et que la Russie perde très
clairement.
Nous n’avons même pas besoin de définir ce que signifierait une « défaite » ? Nous pouvons peut-être imaginer que la Russie
conserve la Crimée, mais perde toutes les régions récemment libérées de l’ancienne Ukraine, ou peut-être que l’OTAN parvienne même à occuper la Crimée. Je ne vois pas de chars de l’OTAN dans le
centre de Moscou, mais nous pouvons même imaginer une défaite purement psychologique dans laquelle les deux parties pensent que la Russie a perdu et que l’OTAN a gagné.
Encore une fois, les détails, aussi improbables et éloignés de la réalité soient-ils, n’ont pas d’importance. Ce qui compte, c’est seulement ceci : une fois que les
quatre groupes ci-dessus auront réalisé que l’OTAN a vaincu la Russie, comment réagiront-ils ?
Pour les dirigeants de l’Hégémon, ce serait un rêve devenu réalité. En fait, les néoconservateurs qui dirigent l’Hégémon décideront très probablement qu’ils doivent
« finir le travail » qu’ils n’ont pas
terminé dans les années 90, et que la Russie doit être divisée en plusieurs parties. Ce serait la dernière « solution finale » de l’Occident pour le « problème russe« .
Pour les dirigeants du monde libre, une défaite russe signifierait qu’il n’y a plus d’alternative à l’Hégémon et que, qu’on le veuille ou non, les anglo-sionistes
dirigeront la planète. Comme les Borgs dans Star Trek aiment à le proclamer : « Nous sommes l’Hégémon. La résistance est futile. Vous serez
assimilés« .
Pour la plupart des gens du monde libre, une défaite russe serait une déception écrasante pour la simple raison que la plupart des gens verraient le plan
anglo-sioniste pour ce qu’il est : choper la Russie d’abord, puis s’attaquer à la Chine et la faire tomber, et enfin, l’Iran et toute autre nation qui ose désobéir aux dirigeants de
l’Hégémon.
Il est clair qu’il ne s’agit pas de l’Ukraine, mais de l’avenir de l’humanité dans son ensemble.
Mais qu’en est-il des personnes de la zone A qui vivent déjà actuellement sous le joug anglo-sioniste ?
[Petit
rappel : J’ai décidé, pour diverses raisons, de ne pas discuter de la politique intérieure des États-Unis sur le blog du Saker et je vais m’efforcer de respecter cette règle. Néanmoins, je vais
énoncer une évidence : nous connaissons tous le résultat des dernières élections aux États-Unis et les adultes dans la pièce comprennent ce qui s’est passé, pas besoin d’énumérer divers truismes
ici. S’il y a quelqu’un qui lit ceci et qui croit sincèrement qu’une variante du Parti-unique néoconservateur au pouvoir va changer les choses pour le mieux ou même ralentir l’effondrement
inévitable, je recommande à cette personne d’arrêter de lire ici. Maintenant, pour le reste d’entre nous :]
Je pense que la réaction initiale de la plupart des habitants de la zone A sera un mélange de soulagement (« Bien sûr, je savais que l’Occident gagnerait ! ») et
d’indifférence (les problèmes des transsexuels sont tellement plus importants !): leur vaillante « meilleure force de combat de l’histoire du monde » a botté
le cul d’un coco rookie qui méritait vraiment de se faire botter le cul. Certains des défenseurs les plus optimistes de la « civilisation occidentale » passeront même dans notre
section des commentaires pour jubiler « ha ! ha ! je
vous l’avais dit ! votre Poutine et ses généraux sans cervelle se sont fait botter le cul par les meilleurs généraux des États-Unis et de l’OTAN !« . Et pendant un moment, ils se
sentiront vraiment bien. Ils se sentiront justifiés : enfin, les Russes stupides et abrutis payent le prix pour avoir élu et soutenu un dirigeant aussi faible, indécis, naïf, corrompu,
incompétent (et peut-être même mourant d’un cancer) !
Et si seulement le Kremlin avait eu la sagesse d’écouter ses « amis occidentaux » !
Mais non, le Kremlin ne l’a pas fait, et maintenant, c’est l’enfer qu’il va subir. Bien sûr, si les « amis occidentaux » de la Russie avaient été aux commandes,
ils auraient exécuté une guerre éclair depuis longtemps, réduit Banderastan en miettes (à la Fallujah si vous voulez) et vaincu l’OTAN de manière rapide et décisive. Mais ces idiots du Kremlin
n’ont pas écouté, et ils méritent donc ce qui leur arrive.
D’accord, c’est bien comme cela.
Mais qu’en est-il des gens ordinaires de la zone A ? Ceux dont le « camp » est censé avoir « gagné » ?
Une fois que le bonheur initial et les célébrations seront passés, que leur arrivera-t-il ensuite ?
Quelqu’un veut-il deviner ? Si oui, postez vos idées dans la section des commentaires.
Je pense qu’après la défaite de la Russie, ce sera au tour de la Chine (par quelque moyen que ce soit). Une fois que cela se produira, tous les pays suivants seront
décapités et deviendront sans importance : BRICS, OCS, OSTC. Le prochain pays sur la liste des victimes de l’Hégémon sera l’Iran qui, ayant perdu le soutien de la Russie et de la Chine, ne sera
pas en mesure de défier avec succès l’Hégémon. Ce qui, à son tour, aura des conséquences majeures pour l’ensemble du Moyen-Orient. L’aspirant Pacha, Erdogan, sera très rapidement mis au pas. Idem
pour MBS.
Les Israéliens auront l’impression d’avoir suffisamment « amélioré l’univers » et que leur Messiah sera
le prochain
Avec la Russie et la Chine hors du chemin, l’Asie centrale serait un choix franchement facile pour l’Hégémon. En fait, tous les pays limitrophes de la Russie
seraient rapidement absorbés par l’Hégémon.
Il en va de même pour le Pakistan et l’Inde, qui perdraient rapidement la plupart (voire la totalité) de leur souveraineté. L’Afghanistan sera livré à ISIS (créé et
dirigé par les États-Unis). Finalement, l’Amérique latine et l’Afrique seront toutes deux entièrement recolonisées (au grand soulagement et à la grande joie de la classe compradore
locale).
Je pense que toute personne disposant d’un minimum d’informations et d’intelligence conviendra que la bande d’allumés qui dirige actuellement les États-Unis et la
quasi-totalité des pays de l’Union européenne n’en ont rien à faire des gens qu’elle domine : elle ne les considère que comme des moyens de production, en d’autres termes, comme des esclaves
auxquels il faut donner des quantités suffisantes de (mauvaise) nourriture et d’immenses quantités de « divertissements » (vraiment démoniaques) pour les garder
gentils, heureux et, surtout, obéissants et ignorants. Voici donc ma question :
La zone B ayant disparu, quel espoir d’un avenir meilleur, s’il en existe un, les esclaves de l’Hégémon anglo-sioniste pourraient-ils garder dans leur cœur si notre
planète entière se transforme en zone A ?
L’appareil répressif actuel dont dispose la classe dirigeante américaine, qui comprend 17 agences de « renseignements », le plus gros budget d’agression militaire
de la planète, le plus grand nombre de prisonniers détenus dans les prisons, le contrôle informationnel total fourni par Google, Amazon, Netflix, Facebook, Twitter, etc. etc. etc. des forces de
police militarisées et d’autres agences prêtes à faire face aux « terroristes domestiques » (parfois définis comme toute
personne soutenant MAGA), et un système scolaire et universitaire conçu pour créer un plancton de bureau obéissant (cols blancs) et des employés de fast-food (cols bleus) avec quasiment aucune
conscience, sans parler d’une quelconque compréhension, du monde extérieur. Les États de l’UE n’en sont pas encore là, mais ils rattrapent rapidement leur retard.
Ce n’est pas un système qui va simplement s’effondrer de lui-même ou, encore moins, être renversé par ses « déplorables« .
Je l’ai mentionné à maintes reprises dans le passé : le système politique américain n’est ni viable ni réformable.
Le système politique de l’UE est fondamentalement une extension du système politique américain, mais avec une mentalité coloniale plus prononcée (« fuck the EU« , n’est-ce pas ?).
Alors l’Hégémon va-t-il transformer notre planète entière en un Disney World géant et « woke » dirigé par des Néocons ?
Pas tant que la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres pays tiendront bon. Mais si ces « nations résistantes » sont écrasées, le spectacle sera
terminé pour les habitants de la zone A, dont l’esclavage non seulement durera encore plus longtemps, mais dont les conditions de vie continueront à se détériorer rapidement.
Et une fois que la tactique du « pain et des jeux » aura atteint ses limites, vous pouvez
parier que la répression violente sera la prochaine étape.
TOUT régime qui vise sérieusement à coloniser la planète entière (ce que l’Hégémon fait sans aucun doute !) maintiendra TOUJOURS sa propre population dans des
conditions d’esclavage, matériellement, culturellement et spirituellement.
Ainsi, pour paraphraser Malcolm
X, le seul espoir pour les « Nègres domestiques » [les esclaves qui travaillaient dans la maison du maitre,
NdT] reste encore « les Nègre des champs » [les esclaves qui travaillaient dans les plantations, NdT]. Que
les « Nègres domestiques » eux-mêmes le comprennent ou non n’a
aucune importance.
Permettez-moi de reformuler cela d’une manière encore plus choquante : le dernier et seul espoir pour les peuples des États-Unis et de l’UE est une victoire totale
de la Russie contre l’OTAN. Une défaite de l’OTAN entraînerait la chute non seulement de l’OTAN elle-même, mais aussi de l’UE, ce qui, à son tour, obligerait les États-Unis à devenir (enfin !) un
pays normal et civilisé.
Quant à l’UE, une défaite de l’OTAN signifierait la fin de mille ans d’impérialisme.
Je sais. Pour une civilisation construite sur l’hypothèse de sa supériorité raciale (qu’elle soit officiellement proclamée ou non), l’idée que le seul salut
possible puisse venir de « barbares asiatiques
inférieurs » est choquante et ne peut être considérée que comme une forme extrême de « doubleplusmauvaisecrimepensée ». Une telle pensée est,
littéralement, impensable pour la plupart des gens.
Pourtant, comme je l’ai mentionné plus haut, que les « Nègres domestiques » le comprennent ou pas importe peu. Non
seulement ils n’ont aucun pouvoir, mais ils n’en veulent aucun (y-a-t-il un polonais dans la salle ?).
Conclusion
La Russie ne perdra pas cette guerre, la plupart d’entre nous le comprennent. Mais pour ceux qui ne le comprennent pas, je vais proposer une conclusion simple : une
défaite russe serait un désastre pour la Russie. Et pour la Chine. Et pour le reste de la planète. Mais ce serait aussi une véritable calamité pour les peuples opprimés de l’Ouest. Ils devraient
faire très attention à ce qu’ils souhaitent. Et la prochaine fois qu’ils voudront halluciner et se réjouir d’une « retraite/défaite stratégique de la Russie« , ils devraient
se poser cette simple question : qu’est-ce que cela pourrait signifier pour moi et mon avenir ? Ai-je vraiment raison de me réjouir ?
Ou alors ils sont peut-être tellement habitués à être des esclaves que l’idée d’une liberté et d’une diversité réelles les terrifie.
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Déclaration de la Fédération de Russie
sur la prévention d’une guerre nucléaire.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et en vertu du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Fédération de Russie,
l’une des puissances nucléaires, porte une responsabilité toute particulière dans le renforcement de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique.
Dans sa politique de dissuasion nucléaire, la Russie reste strictement attachée au principe selon lequel la guerre nucléaire, dans laquelle il ne peut y
avoir de vainqueurs, est inadmissible et ne doit jamais être déclenchée.
Le cadre doctrinal russe dans ce domaine est clairement défini et est de nature purement défensive ne permet pas d’interprétation floue.
La réaction avec l’utilisation d’armes nucléaires n’est hypothétiquement admise par la Russie qu’en réponse à une agression menée avec l’utilisation d’armes
de destruction massive ou une agression avec l’utilisation d’armes conventionnelles, lorsque l’existence même de l’État est menacée.
La Russie part de la pertinence immuables des accords existants dans le domaine de la réduction et de la limitation des armes nucléaires, de la réduction
des risques stratégiques et de la menace d’incidents et de conflits internationaux lourds d’une escalade au niveau nucléaire. Nous réaffirmons pleinement notre attachement à la
déclaration commune des dirigeants des cinq États dotés d’armes nucléaires sur la prévention d’une guerre nucléaire et la non-admission d’une course aux armements du 3 janvier 2022. Nous
sommes fermement convaincus que dans le contexte actuel difficile et turbulent, la situation, qui est devenue le résultat d’actions irresponsables et éhontées visant à saper notre
sécurité nationale, la priorité consiste à empêcher tout affrontement militaire entre puissances nucléaires.
Nous appelons les pays du P5 à démontrer leur volonté d’œuvrer à la résolution de cette tâche prioritaire et à abandonner les tentatives dangereuses
d’affecter les intérêts vitaux des uns et des autres, en se balançant au bord d’un conflit armé direct et en encourageant les provocations avec des armes de destruction massive, ce qui
peut entraîner des conséquences catastrophiques.
La Russie prône toujours la formation d’une architecture de sécurité internationale renouvelée et plus stable, fondée sur la garantie de la prévisibilité et
de la stabilité stratégique mondiale, ainsi que sur le respect des principes d’égalité, de sécurité indivisible et de considération mutuelle des intérêts fondamentaux des parties.
source : Service de presse de l’ambassade de la Fédération de Russie via La
Plume du Citoyen
Le discours prononcé par Vladimir
Poutine au club Valdai la semaine dernière, au lendemain de la publication par l’administration Biden de sa stratégie de sécurité nationale, montre comment les lignes de bataille ont été
tracées.
Le discours-programme prononcé par le président russe Vladimir Poutine au Valdai Club jeudi dernier semble avoir mis la Russie sur une trajectoire de
collision avec « l’ordre international fondé sur des règles » (OIFR) dirigé par les États-Unis.
Deux semaines plus tôt, l’administration Biden avait publié sa stratégie de sécurité nationale 2022 (SSN), une défense en fanfare de l’OIFR qui déclare
pratiquement la guerre aux « autocrates » qui « font des heures supplémentaires pour saper la démocratie ».
Ces deux visions de l’avenir de l’ordre mondial définissent une compétition mondiale qui est devenue existentielle par nature. En bref, il ne peut y avoir
qu’un seul vainqueur.
Étant donné que les principaux acteurs de cette compétition sont les cinq puissances nucléaires déclarées, la façon dont le monde gère la défaite du camp
perdant déterminera, en grande partie, si l’humanité survivra à la prochaine génération.
« Nous sommes maintenant dans les premières années d’une décennie décisive pour les États-Unis et le monde », a écrit le président américain Joe
Biden dans l’introduction de la SSN 2022. « Les termes de la compétition géopolitique entre les grandes puissances seront fixés … l’ère de l’après-guerre froide est définitivement
terminée, et une compétition est en cours entre les grandes puissances pour façonner ce qui vient ensuite ».
La clé pour gagner cette compétition, a déclaré Biden, est le leadership américain : « La nécessité d’un rôle américain fort et déterminé dans le monde
n’a jamais été aussi grande ».
La SSN 2022 a défini la nature de cette compétition en termes clairs. Biden a déclaré : « Les démocraties et les autocraties sont engagées dans un
concours visant à montrer quel système de gouvernance peut le mieux servir leur peuple et le monde ».
Les objectifs américains dans cette compétition sont clairs :
« Nous voulons un ordre international libre, ouvert, prospère et sûr. Nous recherchons un ordre qui soit libre dans la mesure où il permet aux gens de
jouir de leurs droits et libertés fondamentaux et universels. Il est ouvert en ce sens qu’il offre à toutes les nations qui adhèrent à ces principes la possibilité de participer à
l’élaboration des règles et d’y jouer un rôle.
Selon Biden, les forces autocratiques, dirigées par la Russie et la République populaire de Chine (RPC), font obstacle à la réalisation de ces objectifs.
« La Russie », a-t-il déclaré, « représente une menace immédiate pour le système international libre et ouvert, bafouant imprudemment les lois fondamentales de l’ordre
international aujourd’hui, comme l’a montré sa brutale guerre d’agression contre l’Ukraine ». La RPC, en revanche, est le seul concurrent qui a à la fois l’intention de remodeler
l’ordre international et, de plus en plus, la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique pour faire avancer cet objectif ».
La Russie et la Chine
Bien entendu, la Russie et la Chine s’offusquent de la vision du monde de Biden, et en particulier du rôle qu’elles y jouent. Cette objection a été exprimée
le 4 février, lorsque Poutine a rencontré le président chinois Xi Jinping à Pékin, où les deux dirigeants ont publié une déclaration commune qui a servi de véritable déclaration de guerre
contre l’OIFR.
« Les parties [c’est-à-dire la Russie et la Chine] ont l’intention de résister aux tentatives visant à substituer des formats et des mécanismes
universellement reconnus et conformes au droit international [c’est-à-dire l’ordre international fondé sur le droit (OIFD)] », peut-on lire dans la déclaration commune, « à des
règles élaborées en privé par certaines nations ou certains blocs de nations [c’est-à-dire l’OIFR], et sont opposées au traitement indirect et sans consensus des problèmes internationaux,
à la politique de puissance, à l’intimidation, aux sanctions unilatérales et à l’application extraterritoriale de la juridiction ».
Loin de chercher la confrontation, la Russie et la Chine, dans leur déclaration commune, ont fait tout leur possible pour souligner la nécessité de la
coopération entre les nations :
« Les parties réitèrent la nécessité de consolider et non de diviser la communauté internationale, la nécessité de coopérer et non de s’affronter. Les
parties s’opposent au retour des relations internationales à l’état de confrontation entre grandes puissances, lorsque le faible est la proie du fort. »
La Russie et la Chine estiment que les problèmes auxquels le monde est confronté proviennent des pressions exercées par l’Occident collectif, dirigé par les
États-Unis. Ce point a été souligné par Poutine dans son discours de Valdai.
« On peut dire, a noté Poutine, que ces dernières années, et surtout ces derniers mois, l’Occident a fait un certain nombre de pas vers l’escalade. À
proprement parler, il mise toujours sur l’escalade ; ce n’est pas nouveau. Il s’agit de l’instigation de la guerre en Ukraine, des provocations autour de Taïwan, et de la déstabilisation
des marchés alimentaires et énergétiques mondiaux ».
Selon Poutine, il n’y a pas grand-chose à faire pour éviter cette escalade, car la racine du problème est la nature même de l’Occident. Il a déclaré
:
« Le modèle occidental de mondialisation, néocolonial à la base, était également construit sur la standardisation, sur le monopole financier et
technologique, et sur l’effacement de toutes les différences. La tâche était claire : renforcer la domination inconditionnelle de l’Occident dans l’économie et la politique mondiales, et
pour cela mettre à son service les ressources naturelles et financières, les capacités intellectuelles, humaines et économiques de la planète entière, sous couvert de la soi-disant
nouvelle interdépendance mondiale ».
La suprématie occidentale
Il ne peut plus y avoir de concept de coopération entre la Russie et l’Occident, a déclaré Poutine, parce que l’Occident dominé par les Américains adhère
fermement à la suprématie de ses propres valeurs et systèmes, à l’exclusion de tous les autres.
Poutine s’en prend à cette exclusivité. « Les idéologues et les politiciens occidentaux, a-t-il déclaré, disent au monde entier depuis de nombreuses
années : Il n’y a pas d’alternative à la démocratie. Cependant, ils parlent du modèle occidental, dit libéral, de démocratie. Ils rejettent toutes les autres variantes et formes de
démocratie avec mépris et – je tiens à le souligner – avec arrogance ».
En outre, Poutine a noté que « La poursuite arrogante de la domination mondiale, de la dictée ou du maintien du leadership par la dictée, conduit au
déclin de l’autorité internationale des dirigeants du monde occidental, et notamment des États-Unis ».
La solution, a déclaré Poutine, est de rejeter l’exclusivité du modèle américain de l’OIFR. « L’unité de l’humanité ne repose pas sur le commandement
‘faites comme moi’ ou ‘devenez comme nous' », a déclaré Poutine, notant plutôt qu’« elle se forme en tenant compte et en se basant sur l’opinion de tous et dans le respect de
l’identité de chaque société et nation. C’est le principe sur lequel un engagement à long terme dans un monde multipolaire peut être construit. »
Une bataille définie par les idées
Les lignes de bataille ont été tracées : d’un côté, la singularité dirigée par les États-Unis et, de l’autre, la multipolarité dirigée par la Russie et la
Chine.
Un affrontement militaire direct entre les partisans de l’OIFR et ceux de l’OIFD aurait des conséquences nucléaires et détruirait le monde qu’ils cherchent
à contrôler.
Ainsi, l’Armageddon imminent ne sera pas une bataille définie par la puissance militaire, mais plutôt par les idées – de quel côté peut influencer l’opinion
du reste du monde pour qu’il se range de son côté. C’est là que se trouve la clé pour déterminer qui gagnera – l’OIFR établi ou l’OIFD en devenir ?
La réponse semble de plus en plus claire : c’est l’OIFD, et de loin.
Les États-Unis sont en déclin. Le modèle américain de démocratie échoue chez nous et, en tant que tel, il est incapable d’être projeté de manière
responsable sur la scène mondiale comme quelque chose de digne d’être imité. L’OIFR est en train de s’effondrer.
Sur tous les fronts, il est confronté à des organisations qui embrassent la vision de l’OIFD et échoue. Le G7 perd contre les BRICS ; l’OTAN se fracture
tandis que l’Organisation de coopération de Shanghai s’étend. L’Union européenne s’effondre, tandis que la vision russo-chinoise d’une union économique transeurasienne est en plein
essor.
« Le pouvoir sur le monde, a déclaré Poutine à Valdai, est exactement ce sur quoi l’Occident a parié. Mais ce jeu est certainement un jeu dangereux,
sanglant et, je dirais, sale ».
Il est impossible d’éviter le conflit à venir. Mais, comme l’a fait remarquer Poutine, en paraphrasant le passage biblique de Osée 8:7, « Celui qui
sème le vent récoltera, comme le dit le proverbe, la tempête ». La crise est en effet devenue mondiale, elle touche tout le monde. Il ne faut pas se faire d’illusions ».
À cela, il faut ajouter Matthieu 24, 6 : « Et vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres. Veillez à ne pas vous troubler, car il faut
que toutes ces choses arrivent, mais la fin n’est pas encore là ».
Il faut que toutes ces choses s’accomplissent.
Mais la fin n’est pas encore arrivée.
Le déclin de l’hégémonie américaine dans les affaires mondiales ne nécessite pas que les quatre cavaliers de l’apocalypse se déchaînent sur la
planète.
Les États-Unis ont eu leurs moments. Comme le chantait Paul Simon dans sa chanson classique, American Tune, « Nous [l’Amérique] arrivons à l’heure la
plus incertaine de notre époque ».
L’histoire n’oubliera jamais le siècle américain, où la force de son industrie et de son peuple est venue, non pas une fois, mais deux fois, à l’aide du
monde « à l’heure la plus incertaine ».
Mais l’ère de la suprématie américaine est révolue, et il est temps de passer à ce que l’avenir nous réserve – une nouvelle ère de multipolarité où les
États-Unis ne sont qu’un pays parmi d’autres.
Nous pouvons, bien sûr, décider de résister à cette transition. En effet, la SSN 2022 de Biden est littéralement une feuille de route pour une telle
résistance. Nous pouvons, comme le poète Dylan Thomas l’a écrit, choisir de ne pas « aller gentiment dans cette bonne nuit », mais plutôt « Rage, rage contre la mort de la
lumière ».
Mais à quel prix ? La fin de la singularité américaine ne signifie pas forcément la fin des États-Unis. Le rêve américain, une fois débarrassé de la
nécessité de dominer le monde pour le soutenir, peut être une possibilité réalisable.
L’alternative est sombre. Si les États-Unis choisissent de résister aux marées de l’histoire, la tentation d’utiliser la dernière arme de survie
existentielle – l’arsenal nucléaire américain – sera réelle.
Et personne ne survivra.
En fin de compte, la décision de « brûler le village pour le sauver » appartient au peuple américain.
Nous pouvons adhérer au pacte suicidaire défectueux de la « démocratie contre l’autocratie » inhérent à la SSN 2022, ou nous pouvons insister pour
que nos dirigeants utilisent ce qu’il reste du leadership et de l’autorité américains pour aider à guider la planète vers une nouvelle phase de multilatéralisme où notre nation avance sur
un pied d’égalité avec les autres.
Épigraphe : « Tout simplement fou ! » (V. V. Poutine à propos de l’Occident, Valdai 2022)
Le 27 octobre de cette année, Poutine a de nouveau pris la parole lors de la réunion annuelle du Club de discussion international Valdai. Ce discours était
attendu, on s’y préparait, toute l’attention de la presse internationale s’y était portée. L’attaché de presse de Poutine, Dmitri Peskov, l’anticipant, a promis aux journalistes qu’ils
« étudieraient, liraient et reliraient » ce discours pendant longtemps encore. Et Poutine n’a pas déçu, prouvant une fois de plus qu’il est un véritable sensei du genre
familier, un as des interventions verbales – il sait tenir une pause d’atelier, et tel que certains après doivent être sortis de la salle, et de visser un mot mordant quand il le faut,
d’où ça empire vraiment pour tout le monde. Ce discours, bien sûr, sera lu et relu. Mais le plus drôle, c’est que Poutine n’a pas dit un mot sur l’essentiel, bien qu’il ait semblé
répondre à toutes les questions brûlantes et passé en revue tous les points du programme. Je vais devoir le faire pour lui.
« La décennie la plus imprévisible et
la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale » a commencé. Attachez vos
ceintures de sécurité !
Épigraphe : « La confiance en son infaillibilité est un état dangereux » (V. V. Poutine)
Pour beaucoup, sinon pour tous, il est déjà devenu évident que la bataille entre l’Occident collectif et la Russie est entrée dans une phase décisive, aucun
des adversaires ne va reculer. Pour nous, la retraite signifie la mort littérale – la destruction de la Russie à la suite de processus centrifuges internes qui frapperont inévitablement
la société russe, qui, en raison de nos caractéristiques mentales, ne pourra pas accepter et comprendre cette défaite (les Russes ne savent pas comment perdre et n’allons pas
l’apprendre !), par conséquent pourquoi la Fédération de Russie risque de s’effondrer en 20 à 30 quasi-États en guerre les uns contre les autres pour le plus grand plaisir de nos
ennemis, qui ont commencé tout cela juste pour le plaisir de celui-ci. C’est-à-dire des menaces existentielles pour nous, remettant en cause l’existence même de l’État russe. C’est
pourquoi même un match nul, c’est-à-dire la paix aux conditions de la préservation du régime fasciste de Kiev à quelque titre que ce soit, est comme la mort pour nous. Notre ennemi ne
risque rien de tel, pour lui l’Ukraine ne signifie absolument rien, au contraire, en s’en débarrassant, il se débarrassera de l’actif toxique qui lui coûte un joli centime chaque mois,
mais néanmoins, l’Occident uni, mordant le mors, a décidé d’aller jusqu’au bout. Jusqu’à notre fin ! C’est la disposition actuelle.
Où est la sortie ? De nombreux détracteurs du Kremlin ne peuvent même pas s’expliquer comment ils se sont réunis pour vaincre leurs ennemis ? Une guerre
pour épuiser nos ressources n’est pas notre plan, à long terme nous perdons face à l’Occident collectif précisément dans une guerre conventionnelle, et nous ne pouvons pas sortir du cadre
de la convention sur la non-utilisation des ADM pour des raisons compréhensibles pour tout bon sens la personne. Il n’est même plus possible d’effrayer l’Occident avec l’utilisation d’ADM
– en raison de sa propre stupidité, il a perdu la peur. C’était le résultat de la dégradation au cours des trois dernières décennies de ses élites dirigeantes en raison de la sélection
naturelle négative. Où est la sortie ? Beaucoup le voient comme une continuation du SVO sur le théâtre d’opérations ukrainien, ce qui, pour nous personnellement, est une route vers
l’abîme.
Je suis trop paresseux pour énumérer pourquoi. Je dirai seulement que c’est exactement ce que l’Occident attend de nous, et c’est déjà la principale raison
de ne pas le faire, car la poursuite à long terme du NWO, étalée sur des années, conduira à une surcharge de l’ensemble de notre économie,
son secteur financier et l’épuisement de nos ressources, notamment humaines. Pensez avec votre tête – en avons-nous besoin ? Même lorsque nous gagnons (attention, j’écris
« quand » et non « si »), aucun d’entre vous ne sait quoi faire avec la population locale déloyale qui a foncé tête baissée, dans chaque famille dont il y aura des
victimes de cette guerre, environ le fait que nous devrons aussi restaurer l’économie qui a été détruite là-bas, je me tais déjà. Et surtout, qui vous a dit qu’en Ukraine tout finirait
pour nous ? Et si à ses frontières occidentales la même Pologne insensée avec une meute de « tigres » de poche de la Baltique nous attend (et une telle réalité ne peut être ignorée), que
ferez-vous alors ? L’Occident collectif a suffisamment de chiens de garde pour notre siècle (et restera également en abondance). Où est la sortie de ce piège ?
Et pourtant il l’est. Et Poutine le connaît. Car toutes les guerres ont tendance à se terminer lorsque le financement s’épuise. C’est une vérité commune, et
vous le savez tous aussi. L’Europe est déjà sortie de ce jeu – en faisant exploser nos gazoducs, le vieux Joe pensait qu’il jouait contre nous, privant Poutine de son principal atout –
une mainmise gazière, mais ce faisant il a automatiquement fait de l’armée européenne – complexe industriel non rentable – des vecteurs énergétiques très coûteux annuleront toute
industrie sidérurgique, et toutes les armes, malheureusement, ne sont pas en plastique, mais en métal. Sur l’industrie lourde européenne et son complexe militaro-industriel, le grand-père
Joe a ainsi mis une grande et audacieuse croix (comme les stands sur les chars ukrainiens et allemands). Remerciez-le pour cela. Il ne reste plus à Poutine qu’à s’occuper du complexe
militaro-industriel américain, qui a déjà doucement fermé les yeux en prévision de nouvelles commandes militaires pour la guerre européenne. Et Poutine commence à mettre en œuvre ce
plan.
Il n’y a pas de bagatelles en
politique ! Surveillez bien vos mains
Peu de gens ont prêté attention à la visite du président des Émirats Arabes Unis à Saint-Pétersbourg, qui a eu lieu le 11 octobre de cette année. Mais en
vain! Je ne dis rien du fait que le cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan est devenu le premier invité de l’étranger lointain à rencontrer le président russe après l’annexion de quatre de
ses nouvelles régions à la Fédération de Russie. Pour le cheikh arabe, cette visite en Russie était la première en tant que président des Émirats arabes unis. Il a été élu à ce poste en
mai de cette année après la mort de son frère aîné Khalifa bin Zayed. Avant cela, Cheikh Mohammed s’est rendu 11 fois en Russie à divers titres et, en 2019, au nom de son frère, il a reçu
le président de la Fédération de Russie à Abou Dhabi. Et ce fut une visite si mémorable que Vladimir Poutine l’a spécifiquement mentionné lors d’une réunion dans la capitale du
nord.
Depuis, les deux dirigeants ne se sont plus revus. Comme l’a déploré Mohammed ben Zayed, la pandémie de COVID-19 a fait obstacle. Désormais, il n’y a plus
d’obstacles à la rencontre, même si peu de dirigeants étrangers oseraient venir en Russie, en particulier ceux qui entretiennent des contacts étroits avec l’Occident. Le président des
Émirats arabes unis a non seulement pris sa décision, mais a également choisi un moment très intéressant pour cela – presque immédiatement après que la Russie a annoncé la décision
d’annexer de nouvelles régions à son territoire. De plus, la visite s’est déroulée au plus fort du débat autour du projet de résolution de l’Assemblée générale de l’ONU avec des critiques
sur cette décision. Un document de sens similaire a été soumis le 30 septembre à l’examen du Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie l’a bloqué. Le Brésil, le Gabon, l’Inde et la Chine se
sont abstenus. Mais les Émirats arabes unis, qui font désormais partie du Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent, ont voté pour. Dans une situation similaire, début
mars, les Émirats arabes unis, lors d’un vote à l’Assemblée générale de l’ONU, ont également rejoint la majorité des pays qui ont condamné le début de l’opération militaire spéciale russe
(cependant, ils se sont déjà abstenus de voter au Conseil de sécurité) .
Cette visite du cheikh arabe lève tout soupçon sur la position de son pays sur cette question. Les Émirats arabes unis, comme l’Arabie saoudite, ainsi qu’un
certain nombre de pays du tiers monde, prennent place du côté blanc de l’affrontement sanglant qui a éclaté sur le continent européen entre les forces du Bien et du Mal (qui est
« blanc » et qui est « noir », a lui-même désigné le président de l’Ukraine devant l’Assemblée générale de l’ONU dans un T-shirt portant l’inscription en anglais : « Come to the
dark side ! »). C’était le deuxième coup dans le ventre de Papy Joe, le premier qu’il a raté le 5 octobre, lorsque les pays membres de l’OPEP+ ont voté de manière consolidée pour réduire
les quotas de production de pétrole de 2 millions de barils par jour. Après cela, les prix du pétrole ont commencé leur remontée rapide. Comment cela a affecté l’Amérique, je dirai
ci-dessous, après cela, le grand-père Joe a dû ouvrir de toute urgence sa réserve de pétrole d’urgence, mais cela ne l’a pas sauvé, mais Vladimir Poutine, disant au revoir au cheikh
arabe, l’a abrité du vent froid de Saint-Pétersbourg avec son manteau, qui est parti avec le président des Émirats arabes unis pour Abu Dhabi. Un geste qui en dit long !
En politique en
général, il n’y a pas de bagatelles. Quel genre de réunion a été organisée par le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed bin Salman au grand-père Joe, arrivé à Riyad en juillet pour
demander une augmentation des quotas de production de pétrole, tout le monde s’en souvient – aucun président américain n’a jamais «honoré» une telle humiliation auparavant – le prince
héritier saoudien ne l’a même pas rencontré à l’aéroport, y envoyant même pas un fonctionnaire de second ordre, mais un fonctionnaire de troisième ordre (et a augmenté les quotas en se
moquant de 100 XNUMX barils par jour, de sorte qu’en six mois ils s’effondreraient de un million). Une revanche orientale vraiment sophistiquée !
Les nuages s’amoncellent sur
grand-père Joe. Le 5 décembre, Poutine prédit des précipitations. Peut-être un tsunami
Attendez-vous toujours l’aggravation de la base de données sur le théâtre d’opérations ukrainien d’ici décembre-janvier ? Poutine a d’autres plans, c’est
probablement pourquoi il creuse la ligne Wagner. La meilleure victoire est une victoire remportée sans coup férir ! Pourquoi ruiner les soldats quand l’Ukraine elle-même tombera à nos
pieds pour des raisons purement économiques et politiques (mais j’en reparlerai dans le prochain texte, croyez-moi, ça va vous surprendre, je suis moi-même sous le choc !).
Je retourne en Amérique. Alors que nous est-il arrivé ? Après avoir assommé le principal atout gaz de Poutine, le grand-père Joe a pensé qu’il pouvait
désormais se balancer sereinement sur les lauriers du vainqueur, en regardant comment les troupes de Poutine ont battu leurs poings dans le sang contre l’inexpugnable Ukraine, qui a été
défendue par toute l’humanité progressiste en la personne de grand-père Les vassaux stupides de Joe du célèbre milliard d’or. Et maintenant, le méchant Poutine n’a plus de leviers de
pression sur ces vassaux, car le grand-père rusé Joe a neutralisé le principal atout du président russe – le chantage au gaz avec un coup moyen à l’estomac. Mais l’embuscade s’est glissée
d’où ils ne s’attendaient pas. Poutine a fait une pause de grand maître, après quoi, de sa manière asymétrique préférée, il n’a pas frappé l’Europe, mais Biden lui-même. De plus, il a
frappé pour que grand-père Joe nage – jambes de pâtes dans le contexte d’une «inconscience» complète, où il se trouve et quoi faire. Grand-père Joe n’est pas étranger à dire bonjour à
l’air, mais dans ce cas, cette situation de son dossier médical est également entrée dans la vie réelle. Et ce serait bien si seulement dans la vraie vie de grand-père Joe, non, elle a
touché la vie de millions d’Américains. Et c’est déjà grave – vous ne pouvez donc pas vivre jusqu’aux prochaines élections et « ne pas vivre » dans le vrai sens du terme. Oui,
ce n’est pas encore un KO, mais déjà technique abattre. Le prochain tour pour le client d’Alzheimer pourrait être son dernier, et le méchant Poutine n’a même pas encore découvert ses missiles
hypersoniques.
Je vais probablement devoir expliquer ce que je veux dire, même si je suis sûr que la plupart d’entre vous ont déjà tout compris. La Russie, comme vous le
savez, en plus du gaz, fournit également du pétrole aux marchés mondiaux. Mais cette circonstance n’a clairement pas été prise en compte par grand-père Joe. Non, bien sûr, il n’est pas un
imbécile, et avec ses sanctions sur la limitation du prix maximum du pétrole russe, qui entrent en vigueur le 5 décembre, il espérait appuyer Poutine sur le clou, tout en essayant
simultanément d’appuyer sur le club fermé des exportateurs de pétrole, mieux connus sous le nom d’OPEP et d’OPEP, à l’autre clou. Mais ce n’était pas là. Akela a raté ! Poutine a
surenchéri sur ces brillants messieurs. L’Orient, vous savez, c’est une affaire délicate ! Un manteau jeté sur les épaules d’un cheikh arabe, arrivé dans le froid de Saint-Pétersbourg en
sandales pieds nus, n’est pas khukhra-muhra pour vous, c’est un tel signe de respect que l’Orient apprécie et comprend particulièrement.
Mais grand-père Joe n’a clairement pas pris en compte de telles circonstances, en juillet dernier, en nommant publiquement le prince héritier d’Arabie S,
Mohammed bin Salman Al Saud, responsable du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul. Mais le pauvre journaliste y a été démembré et le corps a été sorti en morceaux. Et
grand-père Joe a-t-il personnellement blâmé Bin Salman pour cela ? Je ne sais pas à quoi il pouvait s’attendre après ça ?! D’ailleurs, Papy Joe a dit cela directement aux yeux du prince
saoudien, qu’une telle dérision des têtes couronnées n’avait pas encore connue. Il ne faut pas du tout comprendre l’Orient pour commettre de telles bêtises. Mais même cela n’était pas
suffisant pour le client d’Alzheimer, et lors d’une conférence de presse après sa visite désastreuse à Riyad, il a déclaré qu’il ne regrettait rien et qu’il n’allait pas faire de l’Arabie
saoudite un pays paria, et encore moins s’excuser.
Je ne regrette rien de ce que j’ai dit. Ce qui est arrivé à Khashoggi était scandaleux
Faut-il s’étonner que lorsque grand-père Joe s’est mis en colère, ils lui ont publiquement craché au visage sans uriner dessus ? La vengeance est, vous
savez, un plat qui se mange froid. En Orient, ils en savent beaucoup à ce sujet ! Poutine, je pense, n’a pas eu longtemps pour persuader son ami bin Salman de ne pas augmenter les
quotas de production de pétrole. De plus, les deux parties en profitent – à la fois la Russie et l’Arabie saoudite.
Pourquoi pensez-vous que notre grand maître danse avec le sultan turc ? Vous avez vous-même proposé de remplir son museau turc même après que notre
Su-24 ait été abattu dans le ciel au-dessus de la Syrie. Mais il ne l’a pas rempli et maintenant il déchire l’OTAN et les États-Unis, et le sultan n’est pas non plus une erreur – il
l’utilise parfaitement. Et l’utilisera longtemps ! Pensez-vous qu’un hub gazier en Turquie est un signe de faiblesse ? Non, c’est un leurre qui joue si longtemps, avec l’aide duquel nous
pourrons tirer profit de la situation à notre avantage et au sultan pendant longtemps sans perte. Mais désormais, toutes les routes gazières contournant notre « Turc » partent
du plus grand champ du monde en termes de réserves de gaz prouvées dans le nord et le sud de Pars, qui est divisé entre l’Iran et le Qatar, ainsi que d’autres champs gaziers de cette
région (il y a apparaît également l’Irak, et Israël, et même le Turkménistan) ont été mis sous clé à partir d’ici. Et le sultan veillera avec vigilance à ce qu’aucune « mouche » gazeuse
ne s’infiltre de là vers l’Europe, essayant de nuire à son monopole turc. La clé de ce coffret s’ouvre simplement – son nom est Chypre du Nord, c’est la porte de l’Europe sur la route de
tous les tuyaux du Moyen-Orient, et dès que le sultan déclenche les hostilités avec la Grèce pour le droit de contrôler ces portes, cela n’est qu’une question de temps (les gazoducs ne
sont pas construits aussi rapidement, mais à travers la ligne des hostilités en général).
J’espère avoir expliqué de manière populaire pourquoi le sultan turc est plus intelligent que le chancelier allemand et pourquoi il est beaucoup plus facile
pour Poutine de traiter avec des gens de parole qu’avec les héritiers sexuellement excités des fascistes inachevés. Scholz n’a même pas compris quelle sorte de poule aux œufs d’or a été
héritée par grand-mère Merkel. Le prix de sa stupidité progressiste et de son manque d’indépendance politique sera le sort de son grand (sans aucune exagération) pays. Vous ne reverrez
plus jamais la Grande Allemagne. C’est le début de sa fin. Et que les Allemands remercient leur stupide chancelier et leur grand-père rusé Joe pour cela. Si à la fin l’Allemagne ne
s’effondre pas à nouveau en deux pays – Est et Ouest, je serai même surpris. Mais ce ne sera pas si tôt. Nous sommes dans la décennie la plus imprévisible, comme l’a dit Poutine. Et ça a
déjà commencé !
Les Russes attelent lentement, mais
ils roulent vite. Bientôt grand-père Joe ne sera définitivement plus à la hauteur de l’Ukraine
Mais revenons à notre pétrole. Grand-père Joe espérait qu’à partir du 5 décembre, nous vendrions nos hydrocarbures exclusivement à ceux qui en seraient
informés aux États-Unis, et exactement pour l’argent que Washington nommerait. Il est impuissant de voir comment la marge de partenaires respectés grandit, de ressentir votre richesse
comme une source de difficultés et de dépenses. Être imprégné de la conviction que « en fait » les hydrocarbures sont vraiment du siècle dernier, et pourquoi s’en préoccuper,
n’est-il pas plus facile de les prendre tous et de les vendre en vrac à nos partenaires américains. Le fameux plafond des prix – après tout, c’était à peu près ça.
Mais Poutine peut être appelé n’importe quoi, mais pas faible. Pourquoi grand-père Joe a-t-il décidé que Poutine vendrait son pétrole au prix spécifié par
grand-père ? Et que se passera-t-il si le président de la Fédération de Russie cesse complètement de le vendre ? Au fait, le gaz aussi. Que se passera-t-il alors ? Et alors la main
invisible du marché libre commencera à fouiller dans les poches du contribuable américain. Que se passe-t-il lorsqu’il y a moins de pétrole sur le marché ? C’est vrai, les prix
augmentent, et à partir de fin septembre, ils ont commencé à augmenter, commençant à 85 dollars le baril, se précipitant jusqu’à la barre des 100 dollars (actuellement 96 dollars le
baril). Et c’est loin d’être fini, puisque Poutine n’a encore rien fait et que le pétrole russe continue d’entrer sur les marchés. Mais les marchés attendent déjà le pire et stockent
comme des sourds-muets. Le rallye des prix a commencé !
Poutine félicitera certainement grand-père Joe pour le Noël catholique, après avoir fermé les vannes de gaz et de pétrole la veille. Le gaz est pour
l’Europe, et le pétrole est pour grand-père Joe personnellement. Si deux mois plus tard, le prix du baril de pétrole ne franchit pas le plafond de 200 dollars le baril, vous pouvez me
cracher au visage. Déjà maintenant, un gallon d’essence en Amérique oscille autour de 6 à 7 dollars le gallon, ce qui nuit déjà aux Américains, habitués au prix de 3,5 à 3,75 dollars, et
après l’arrêt de l’approvisionnement en pétrole russe, le prix du gallon double avec un valet rapide, franchissant la barre des 10-12 dollars, après quoi la chanson de grand-père Joe sera
chantée. Les Américains ne se soucient pas des succès américains en Ukraine et de la raison pour laquelle Poutine a suspendu l’approvisionnement en pétrole russe, ils ont déjà une
inflation à deux chiffres de la consommation, que de nombreux Américains n’ont pas vue au cours de leur vie de 40 ans, et si les prix doublent après cela (et un gallon d’essence se trouve
dans chaque produit), alors la dernière chose dont grand-père Joe aura mal à la tête, c’est comment il va en Ukraine, car en Amérique, il fera aussi mal qu’une personne éloignée des
politiciens.
À la veille des élections de mi-mandat, se battant pour les votes, grand-père Joe était déjà entré dans sa réserve stratégique intouchable, ouvrant une
capsule pétrolière, en déversant environ 180 millions de barils de pétrole sur le marché pour stabiliser les prix dans les stations-service. Au 14 octobre, il restait environ 405 millions
de barils dans la réserve d’État, malgré le fait qu’au cours des 10 dernières années, la Nouvelle-Zélande a constamment dépassé les 600 millions, c’est-à-dire que la réserve a déjà
diminué d’une fois et demie. Auparavant, un tel système fonctionnait – l’Amérique ouvrait le bouchon des œufs, jetait immédiatement un excès de pétrole sur le marché et son prix baissait.
Maintenant, ce stratagème ne fonctionne pas parce que le cartel des exportations de pétrole joue contre lui. Le marché n’écoute pas Biden. Et Moscou en est l’un des acteurs les plus
influents. Le manque de pétrole russe, si, à Dieu ne plaise, Poutine arrête son approvisionnement, il n’y aura tout simplement rien à compenser. Et grand-père Joe, par chance, s’est
disputé non seulement avec la Russie, mais aussi avec l’Iran et le Venezuela.
Tout cela a conduit au fait que grand-père Joe et ses associés de l’UE ont décidé de ne pas introduire de plafond sur le prix du pétrole russe à partir du 5
décembre, invoquant quelques raisons légales (on connaît ces « raisons » !), dans l’espoir de garder Volumes russes de pétrole sur le marché, maintenant ainsi le prix actuel de l’essence,
tout en coupant les revenus de la Fédération de Russie en augmentant la marge sur l’assurance, le fret et le soutien juridique pour le fret. Mais ce plan astucieux ne fonctionnera pas si
Poutine arrête l’approvisionnement de son fichu pétrole. Mais Poutine le fera ! Il adore les surprises de Noël. Et pour la première fois depuis les années 1940, Washington se retrouve sur
le marché mondial sur un pied d’égalité avec les autres acteurs. Oh, comme c’est douloureux quand les ressources administratives américaines tant vantées et même la force militaire
brutale ne fonctionnent pas. Mais la décennie la plus imprévisible promise par Poutine ne fait que commencer. J’espère que vous avez bouclé vos ceintures ?
Sur ce je vous dis au revoir. Le prochain texte sera encore plus cool. Il semble que les problèmes de grand-père Joe décrits ci-dessus ne soient que des
fleurs. Il y aura de telles baies que je suis moi-même sous le choc. Croyez-moi, grand-père Joe est déjà un cadavre politique, et tous les habitants du bureau du clown mal rasé (avec lui)
risquent de ne pas savoir comment tout cela se termine. Ils répéteront le sort de Vladislav Sikorsky, l’ancien Premier ministre polonais en exil pendant la Seconde Guerre mondiale (il
semble s’être noyé avec son B-24 au-dessus de Gibraltar dans des circonstances peu claires, quand Staline était d’accord avec Churchill, les clowns de Kyiv aussi en savent trop pour les
laisser Direct).
Moscou a pris une
décision sur la façon de procéder dans sa guerre par procuration avec l’OTAN en Ukraine.
Nous ne savons pas encore
quelle est cette décision.
Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, prononcera un discours télévisé à 20 heures, heure de Moscou (17 heures UTC), suivi d’une annonce du
ministre de la Défense, Sergei Shoigu. [Depuis, le discours a été repoussé au lendemain, mercredi, comme nous l’annonce ZeroHedge : «Dans un
geste très inhabituel, après environ deux heures à attendre le discours du président russe Vladimir Poutine, des sources du Kremlin ont déclaré qu’il avait été reporté à demain. Curieusement, les
chaînes russes Channel One et RT ont même supprimé l’annonce du discours à la dernière
minute. [« Allez dormir« , a écrit Margarita Simonyan, rédactrice en chef de RT, sur
Telegram. », NdT]
En juillet, Poutine a tenu une conférence de presse ou un discours dans lequel il a dit à propos de l’Ukraine quelque chose comme : « Nous n’avons même pas encore commencé« .
Il se peut que la Russie commence maintenant.
Le fait qu’une décision ait été prise est perceptible.
Hier, les parlements des républiques populaires de Louhansk et de Donetsk ont soudainement demandé à leur gouvernement de lancer immédiatement des référendums sur
l’adhésion des républiques à la Fédération de Russie. Aujourd’hui, Denis Pushilin, le chef du gouvernement de la DNR, a annoncé qu’un référendum serait organisé du 23 au 27 septembre.
Hier également, le Parlement russe a introduit des amendements au Code pénal russe qui augmenteront les peines de prison pour « reddition volontaire« , « pillage« , « non-exécution d’ordres militaires » en période de
mobilisation, de loi martiale et de guerre. Les entreprises qui refusent de produire pour l’armée seront également pénalisées. Les amendements ont été adoptés en deuxième lecture au Parlement
aujourd’hui et deviendront loi après une troisième lecture.
Si la LNR et la DPR votent pour faire partie de la Russie, et si la Russie l’accepte, toute attaque contre elles sera un acte de guerre contre la
Russie. L' »opération militaire
spéciale« , que la Russie mène actuellement, se transformerait alors en quelque chose de beaucoup plus sérieux. La Russie pourrait déclarer que le conflit est une guerre. Elle pourrait
alors utiliser des conscrits dans des fonctions de guerre, mobiliser des réserves et utiliser tout son arsenal contre l’Ukraine. Potentiellement aussi contre ceux qui la soutiennent avec des
armes et d’autres matériels de guerre.
Je trouve ce processus apparemment précipité atypique par rapport aux manières habituelles de Poutine.
Mon intuition est que la Russie a reçu des informations sur certains systèmes d’armes que les États-Unis fournissent
secrètement à l’Ukraine. Il pourrait s’agir de missiles d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres ou d’autres types d’armes susceptibles de menacer sérieusement les villes
russes.
Si tel est le cas, la Russie doit agir maintenant pour mettre fin à la guerre avant qu’elle ne devienne plus qu’une nuisance pour la Russie et son peuple. Mettre
fin à la guerre signifie bien sûr la gagner.
L’entraînement d’une force de mobilisation prend environ trois mois. Cela la mettrait sur le front au milieu de l’hiver, une saison pendant laquelle les forces
russes peuvent très bien opérer.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
"Mobilisation partielle" des Russes en Ukraine: l'allocution de Vladimir Poutine en intégralité
Vladimir Poutine place Washington devant un dilemme : Assumer jusqu’à l’escalade nucléaire qu’on est en guerre contre la Russie ? Ou bien opérer un recul stratégique peu glorieux ?
Source : Le Courrier des Stratèges - Le 21/09/2022.
Vladimir Poutine et son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou ont placé l'OTAN devant un dilemme : Si à Washington et à Bruxelles on
assume le fait de diriger la guerre menée par l'Ukraine (une réalité désignée sans prendre de gants par le Président russe), il y a risque
d'escalade jusqu'au conflit nucléaire. Si on nie, la défaite stratégique de l'Occident sera évidente aux yeux du monde.
Le suspense a duré toute la soirée d’hier 20 septembre. Vladimir Poutine allait parler….Et finalement il a enregistré un message à la nation, qui a été diffusé
ce matin à 8h, heure de Paris.
L’essentiel du discours de Vladimir Poutine
Que doit-on en retenir ?
+ Une mobilisation partielle. Un rappel de la réserve et un allongement de la formation des conscrits actuellement en service militaire. C’est largement symbolique.
En réalité, il fallait envoyer un signe après l’abandon, de fait, d’habitants de la région de Kharkov, qui avait fait le choix de la Russie ces derniers mois.
+ La Russie ressent le besoin de renforcer une ligne de front qui s’étend sur 1000 kilomètres. (Le président n’a pas précisé qu’en effet, les Kiéviens ont reconquis
Izioum parce que la Russie en avait retiré des troupes)
+ Le pouvoir russe confirme que les référendums pour l’autodétermination du Donbass, de la région de Kherson et de celle de Zaporojie se tiendront comme
initialement prévu à la fin septembre. Pour qu’ils aient lieu dans de bonnes conditions, il faut monter en puissance militairement. Donc sortir de la forme “Opération Spéciale”. Poutine
annonce implicitement que l’armée russe va monter en intensité d’intervention.
+ Le président russe a insisté sur le fait que des négociations auraient pu aboutir, au printemps, avec l’Ukraine, mais ont été empêché par ‘l’Ouest”. Il
s”agit, selon le président russe, de protéger les habitants du Donbass, de Kherson et de Zaporojie des “nazis” mais aussi de la contribution occidentale (livraisons d’armes, renseignement) à
l’effort de guerre kiévien.
+ Vladimir Poutine a fait très attention aux mots qu’il utilisait. Il s’est arrêté avant de constater que l’OTAN, de facto, était en guerre avec Moscou. Il a parler
de “L’Occident collectif”, de “Washington, Londres et Bruxelles”, du désir des dirigeants occidentaux de détruire l’Etat russe et morceler la Russie.
+ Vladimir Poutine a fait allusion implicitement aux menaces formulées la semaine dernière par Joe Biden. Et rappelé que la Russie avait des armes de
dissuasion plus performantes que les armes occidentales.
Empêcher une attaque prochaine de l’OTAN ?
Faire le parallèle avec le mois de février est tentant. On sait aujourd’hui que l’entrée de l’armée russe en Ukraine a prévenu une attaque massive de
l’armée ukrainienne dans le Donbass. Alors faut-il penser qu’à nouveau Poutine “prévient”: Une attaque de l’OTAN était-elle imminente? L’offensive contre Izioum en aurait été le
prélude.
En réalité, le gouvernement russe, après avoir longtemps hésité devant les risques d’une escalade incontrôlable, a décidé que l’on ne pouvait plus dissimuler la
réalité. L’OTAN est de fait à la manoeuvre en Ukraine. Juste après la diffusion du discours du Président russe, le Ministre de la Défense, Choïgou, a pris la parole et dressé les
constats suivants :
Choïgou fait le constat froid que l’OTAN dirige, de fait, l’armée ukrainienne
Le Ministre de la Défense a été plus explicite que le Président russe sur ce qu’entreprend “L’Occident collectif” :
+ Dans le cadre d’une opération militaire spéciale, “un travail de combat important et difficile est en cours.”
+ ” Tous les types et branches des forces armées russes, y compris la triade nucléaire, remplissent la tâche fixée par le président”.
+ “La Russie est en guerre non pas tant avec l’armée ukrainienne qu’avec l’Occident collectif.
+L’ensemble de la constellation satellitaire de l’OTAN travaille contre la Fédération de Russie en Ukraine.
+ Des armes sont fournies à l’Ukraine en quantités énormes, mais la Russie trouve des méthodes pour faire face à ces armes.
+ Le commandement occidental siège à Kiev et dirige l’opération militaire en Ukraine.
+Un peu plus d’un millier de mercenaires étrangers combattent aux côtés de Kiev
+ Plus de 70 satellites militaires et 200 civils de l’Occident travaillent à la reconnaissance de l’emplacement des groupes militaires russes.
+ Dans le cadre de la mobilisation, environ 1% de la ressource de mobilisation sera utilisée.
+ Ceux qui ont servi relèveront de la mobilisation, principalement avec une expérience du combat, ayant une spécialité militaire. La mobilisation partielle ne
concernera pas les étudiants et les universitaires
+ La ligne de contact dans la zone d’opération spéciale est de plus de 1000 km, elle doit être contrôlée.
Qu’en conclure ?
Le président russe a voulu effacer l’effet psychologique potentiellement délétère de l’abandon apparent des habitants de la région de Kharkov.
il n’était plus possible de faire comme si l’OTAN n’était pas à la manoeuvre en Ukraine.
Washington est désormais devant un dilemme : Assumer mais alors on va vers une escalade potentiellement nucléaire, où les Russes ont une supériorité stratégique
absolue du fait des armes hypersoniques. Nier l’implication de l’OTAN ; là aussi la défaite est au bout de la route ; il vaudrait mieux, pour le monde, que ce second scénario
l’emporte.
Dans tous les cas, le principe de réalité s’impose.
Conférence de presse de Poutine sur l’Ukraine, le terrorisme, les engrais et la crise énergétique en Europe
La semaine dernière,
le Conseil des chefs d’État de l’Organisation de coopération de Shanghai s’est réuni à Samarkand. Rien de très remarquable dans cette réunion. Les affaires habituelles. L’Iran va bientôt
rejoindre l’organisation et plusieurs autres États souhaitent conclure des accords d’association avec elle.
En marge de la
réunion, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a tenu une conférence de presse. Une vidéo sous-titrée en anglais en rend compte et le Kremlin fournit comme d’habitude une transcription en anglais. Poutine a fait quelques remarques importantes qui n’ont pas été reprises par les médias « occidentaux », car elles contredisaient la
propagande de ces mêmes médias. J’en ai tiré quelques extraits et y ai ajouté quelques commentaires.
Sur l’OCS :
Vladimir Poutine : La chose la plus importante, toujours et partout, est le développement économique. Et l’OCS, la coopération entre les pays de l’OCS, crée
les conditions du développement de l’économie russe, et donc de la sphère sociale et de la résolution des tâches liées à l’amélioration du niveau de vie de nos citoyens.
L’Organisation de coopération de Shanghai comprend des pays dont la population, comme on l’a dit à maintes reprises, représente presque ou même un peu plus
de la moitié de l’humanité. Elle représente 25 % du PIB mondial. Et, surtout, les économies nationales de la région, celles des États
membres de l’OCS, se développent beaucoup plus rapidement que les autres dans le monde.
Les marchés de l’OCS gonflent la croissance économique mondiale. Mais l’« Occident » s’exclut de ces régions. Les
politiques « occidentales » sont hostiles à l’égard de
nombreux membres importants de l’OCS. Ces politiques créent des barrières qui empêchent les industries « occidentales » de profiter de cette
croissance. Ce sont des mesures qui vont à l’encontre du but recherché.
Puis vient une question sur les frappes militaires en Russie. Poutine n’a pas semblé s’en préoccuper outre mesure.
Il n’y a rien de nouveau à ce sujet. Franchement, je trouve même un peu étrange d’entendre votre question car les pays occidentaux ont cultivé l’idée de
l’effondrement de l’Union soviétique et de la Russie historique et de la Russie en tant que telle, son noyau.
J’ai déjà cité ces déclarations et études de certaines personnalités en Grande-Bretagne pendant et après la Première Guerre mondiale. J’ai cité des extraits
des écrits de Brzezinski dans lesquels il divisait l’ensemble du territoire de notre pays en parties spécifiques. Il est vrai que plus tard, il a un peu changé de position en pensant
qu’il valait mieux garder la Russie en opposition à la Chine et l’utiliser comme un outil pour combattre la Chine. Cela n’arrivera jamais.
…
Mais ils ont toujours cherché la dissolution de notre pays – c’est tout à fait vrai. Il est regrettable qu’à un moment donné, ils aient décidé d’utiliser
l’Ukraine à ces fins. (…) C’est ce que certains pays occidentaux dirigés par les États-Unis ont toujours cherché à faire – créer une enclave anti-russe et faire des vagues, menacer la
Russie de cette façon. En substance, notre principal objectif est d’empêcher de tels développements.
…
Dans ce contexte, nous assistons à des tentatives de perpétrer des attaques terroristes et d’endommager nos infrastructures civiles.
En réalité, nous avons été assez modérés dans notre réponse, mais cela ne durera pas éternellement. Récemment, les forces armées russes ont porté quelques
coups sensibles à cette zone. Appelons cela des tirs d’avertissement. Si la situation continue ainsi, notre réponse aura encore plus d’impact.
Samedi, l’armée russe a détruit des systèmes de distribution électriques dans une centrale électrique à Slaviansk. Dima, de la chaîne Military Summary, a montré deux images de source ouverte
fournies par la NASA qui démontrent les problèmes du réseau électrique ukrainien. C’est surtout dans l’est que les lumières s’éteignent.
L’attaque à Slaviansk fait suite à plusieurs attaques ukrainiennes contre l’infrastructure électrique en Russie et dans les zones sous contrôle russe.
Poutine mentionne ces attaques et les qualifie de terrorisme :
Les attaques terroristes sont une affaire sérieuse. En fait, ils utilisent des méthodes terroristes. Nous le voyons dans le meurtre de fonctionnaires dans
les territoires libérés, nous voyons même des tentatives de perpétrer des attaques terroristes dans la Fédération de Russie, y compris – je ne suis pas sûr que cela ait été rendu public –
des tentatives de mener des attaques terroristes près de nos installations nucléaires, des centrales nucléaires de la Fédération de Russie. Je ne parle même pas de la centrale nucléaire
de Zaporozhye.
Nous surveillons la situation et nous ferons de notre mieux pour empêcher un scénario négatif de se produire. Nous réagirons s’ils ne réalisent pas que ces
approches sont inacceptables. Elles ne sont, en effet, pas différentes des attaques terroristes.
Début août, des commandos ukrainiens avaient détruit des lignes à haute tension de la centrale nucléaire de Koursk.
Dans la région de Koursk, en Russie, des saboteurs ukrainiens ont fait sauter des câbles électriques qui alimentent la centrale nucléaire de Koursk, a
déclaré le service de presse du Bureau fédéral de sécurité de Russie.
Selon l’agence, les 4, 9 et 12 août, six explosions ont eu lieu dans le district de Kurchatov, région de Koursk. Les explosions ont visé des lignes
électriques à haute tension.
…
Une affaire pénale a été ouverte pour cet incident en vertu de la partie 2 de l’article 205 (attaque terroriste) du Code pénal de la Fédération de Russie.
Les forces de sécurité sont à la recherche des saboteurs. La Garde nationale a renforcé la sécurité des installations nucléaires.
Il est interrogé sur un document de négociation que l’Ukraine a publié. Il ne l’a pas vu mais il explique ce qui s’est passé avec les négociations de fin
mars/début avril :
Franchement, je ne suis pas au courant de ce qu’ils ont présenté cette fois-ci. En fait, nous avons commencé à négocier avec les autorités en place à Kiev
et nous avons achevé ce processus de négociation à Istanbul avec le fameux accord d’Istanbul, après lequel nous avons retiré nos troupes de Kiev afin de
créer les conditions propices à la conclusion de cet accord. Au lieu de conclure un accord, Kiev a immédiatement rejeté tous les accords, les a mis dans une boîte et a déclaré
qu’il ne chercherait pas à conclure un accord avec la Russie, mais qu’il chercherait plutôt à remporter la victoire sur le champ de bataille. Qu’ils essaient.
La volte-face ukrainienne a eu lieu début avril, après que Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, eut menacé Kiev de suspendre toute aide
« occidentale« .
Poutine déclare que l’opération militaire spéciale se poursuivra sans changement de plan puis fait ensuite des remarques sur l’accord permettant à
l’Ukraine d’exporter ses céréales :
À ce jour – comme hier ou avant-hier – 121 navires ont quitté les ports ukrainiens. Seuls trois de ces 120 navires se sont dirigés vers les pays les plus
pauvres dans le cadre du programme alimentaire des Nations unies. Environ 35 %, peut-être un peu plus, des céréales exportées par l’Ukraine sont allées vers des pays européens, vers des
pays non pauvres, et certainement pas vers les pays les plus pauvres du monde. Et seulement 4,5 % des cargaisons ont été envoyées aux pays les plus pauvres dans le cadre du programme des
Nations unies.
…
Il en va de même pour nos exportations d’engrais. C’est quelque chose sans précédent. Je dirais que la Commission européenne a pris une décision scandaleuse
et honteuse en levant l’interdiction d’acheter des engrais russes – mais uniquement pour leurs pays, pour les États membres de l’UE. Mais qu’en est-il des pays les plus pauvres du monde
?
…
Ils ont donc levé les sanctions sur nos engrais. Les Américains ont en fait été les premiers à les lever, car ce sont des gens généralement
pragmatiques.
…
Mais des problèmes subsistent en ce qui concerne le fret et l’assurance, ainsi que l’interdiction d’entrer dans les ports d’où sont exportés nos engrais, de
même que les transferts financiers et les règlements. Ils sont conscients de tout cela et ne cessent de répéter que
ce problème sera résolu, mais personne ne fait réellement quoi que ce soit à ce sujet.
Pour être juste, le secrétaire général des Nations unies s’efforce de résoudre ces problèmes.
Ce scandale était nouveau pour moi :
Vous avez probablement entendu parler des 300 000 tonnes d’engrais russes bloquées dans les ports européens ; nos entreprises disent qu’elles sont prêtes à
les fournir gratuitement – il suffit de les débloquer et de les libérer, et nous en ferons don aux pays les plus pauvres et aux marchés en développement. Mais ils les retiennent toujours,
et c’est absolument stupéfiant.
Ils ne veulent pas que la Russie gagne de l’argent – mais nous ne faisons pas de bénéfices en donnant des engrais. Je ne comprends tout simplement pas ce
qu’ils font. Quel est le but de tout cela ? On a tellement parlé d’aider les pays les plus pauvres, mais c’est exactement le contraire qui se produit.
J’ai l’impression – et c’est particulièrement vrai pour les pays européens – que ces anciennes puissances coloniales vivent encore dans le
paradigme de la philosophie coloniale, et qu’elles sont habituées à vivre aux dépens des autres. Elles ne parviennent toujours pas à se débarrasser de ce paradigme dans leurs
politiques quotidiennes. Mais il est temps de tirer certaines conclusions et d’agir différemment, de manière plus civilisée.
Suivent des questions sur la Chine, le conflit Azerbaïdjan-Arménie, les sanctions américaines contre certaines personnes et leurs enfants et sur le G20.
Vient ensuite une dernière question sur la crise énergétique en Europe, sur laquelle Poutine avait beaucoup à dire :
La crise énergétique en Europe n’a pas commencé avec le début de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, dans le Donbass ; elle a en fait
commencé beaucoup plus tôt, un an avant ou même avant. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle a commencé avec l’agenda vert.
…
Pour poursuivre des considérations politiques momentanées, ils ont choisi de fermer complètement les programmes énergétiques liés aux hydrocarbures dans
leurs pays. Les banques ont cessé d’accorder des prêts, …
…
Maintenant, nous voyons que les prix, disons, du gaz naturel aux États-Unis ont augmenté et que la production augmente, mais pas aussi vite qu’ils le
voudraient – et la raison en est que les banques ont peur d’accorder des prêts.
…
Ce sont des points de référence erronés dans l’agenda vert, qui précipitent les choses, et l’énergie verte n’est pas prête à répondre à la demande d’énormes
ressources énergétiques pour soutenir la croissance économique et industrielle. L’économie se développe alors que le secteur de l’énergie se
réduit. C’est la première erreur grave.
La deuxième erreur concerne le gaz naturel.
Nous avons tenté de persuader les Européens de se concentrer sur les contrats à long terme plutôt que sur le seul marché. Pourquoi ? Je l’ai déjà dit et je
le répète encore une fois : Gazprom doit investir des milliards dans le développement, mais il doit être certain qu’il vendra du gaz avant de faire des investissements. C’est la raison
d’être des contrats à long terme.
Des obligations mutuelles sont contractées par les vendeurs et les acheteurs. Ils ont dit : « Non, laissez le marché
s’autoréguler. » Nous n’avons cessé de leur dire : « Ne le faites pas ou cela entraînera des
conséquences dramatiques. » Mais en fait, ils nous ont obligés à inclure une part importante du prix spot dans le prix du contrat. Ils nous ont forcés à le faire, et Gazprom a
dû inclure à la fois le panier de pétrole et de produits pétroliers, mais aussi le prix spot dans le prix du gaz. Le prix spot s’est mis à croître, provoquant l’augmentation du prix
envisagé même dans les contrats à long terme. Mais qu’est-ce que cela a à voir avec nous ? C’est la première chose.
Poutine a raison sur ce point. La privatisation et la « libéralisation » des marchés européens du gaz et de
l’électricité n’ont jamais eu de sens et ont même eu des conséquences très négatives.
Deuxièmement, je leur ai dit plusieurs fois. « Gazprom ne fournit pas de
gaz. » Écoutez, vous êtes des gens normaux ou quoi ? La Pologne a choisi d’imposer des sanctions contre le gazoduc Yamal-Europe et d’en fermer le tracé. J’ai dit à M. Scholz
[le chancelier allemand Olaf] : « Pourquoi m’appelez-vous ? Appelez
Varsovie et demandez-leur de rouvrir la route« . C’est tout ce qu’il y a à dire. C’est le premier point.
Scholz est-il vraiment si bête que ça ?
Deuxièmement. Deux conduites du gazoduc passent par l’Ukraine. L’Ukraine est approvisionnée en armes, mais elle est allée de l’avant et a fermé une des
conduites l’approvisionnant. Ils ont également fermé une autre conduite qui fournissait 25 milliards de mètres cubes de gaz – je ne parlerai pas de la quantité exacte, mais ils l’ont
fermé. Pour quoi faire ? Appelez Kiev et demandez-leur de rouvrir la deuxième conduite.
Et enfin, Nord Stream 1. Les turbines tombent en panne les unes après les autres.
Siemens a le contrat de maintenance pour les pompes à pression des turbines, mais des sanctions l’empêchent de le remplir.
Il existe bien sûr une solution au manque de gaz naturel en Europe.
Après tout, s’ils en ont besoin d’urgence, si la situation est si mauvaise, il suffit de lever les sanctions contre Nord Stream 2, avec ses 55 milliards de
mètres cubes par an – il suffit d’appuyer sur le bouton pour le faire démarrer. Mais ils ont choisi eux-mêmes de le fermer ; ils ne peuvent pas réparer un pipeline, ont imposé des
sanctions contre le nouveau Nord Stream 2 et ne l’ouvriront pas. Sommes-nous à blâmer pour cela ?
Qu’ils réfléchissent bien à qui est à blâmer et qu’aucun d’entre eux ne nous reproche ses propres erreurs. Gazprom et la Russie ont toujours rempli et
rempliront toutes les obligations découlant de nos accords et contrats, sans jamais faillir.
C’est en effet un signe de lâcheté que les politiciens européens blâment la Russie pour des problèmes qu’ils ont eux-mêmes causés. Ils essaient de le cacher,
mais les faits sont là pour le montrer. Si l’Europe devait vraiment rencontrer des problèmes énergétiques pendant l’hiver, la punition politique qu’elle recevra sera sévère.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Le projet américain « Ponomarev-Lénine 2.0 » et la tentation de la guerre civile russe
L’histoire ne se répète jamais à l’identique, ce qui n’empêche pas la tentation. Les mentors de cette guerre globale reprennent le fleuron de la guerre
civile russe, mais les ressources sont objectivement limitées et ils ne semblent capables que d’une parodie avec l’ancien député-escroc Ponomarev, depuis plusieurs années parti en Ukraine
puis aux États-Unis, en guise de Lénine et une fantomatique « Armée nationale républicaine » en place d’un véritable soulèvement populaire. Quoi qu’il en soit, il existe bien
des forces voulant ouvrir un deuxième front, intérieur en Russie, en jouant sur l’éternelle division des clans au pouvoir et le mécontentement populaire, que provoque ces élites russes
globalistes toujours en place, pour monter les Russes les uns contre les autres et si possible contre le pouvoir. À ce jour, cette idée a peu de perspective, ce qui n’empêche pas le
danger à terme.
L’ancien député Ilya Ponomarev est une figure assez caricaturale de l’opposition dite libérale en Russie. Il est important pour la suite de connaître un peu
le personnage. En 2015, il est accusé de détournement de fonds publics, pour avoir touché 70 000 dollars environ pour une série de 10 conférences à Skolkovo (la Sillicon Valley russe,
américanisée de l’intérieur), dont il n’en a fait qu’une seule (voir
notre texte ici). Lui qui se pose en grand combattant de la corruption du « régime de Poutine » en Russie, à l’époque les détournements de fonds publics ne le dérangeaient
pas. Immédiatement parti aux États-Unis à l’été 2015, la Douma a quand même attendu l’été 2016 pour lui retirer son mandat (voir
notre texte ici). Il traîne depuis dans les Forums globalistes antirusses de l’opposition radicale, financés depuis l’étranger.
Cette opposition radicale a un très faible capital politique en Russie, justement parce qu’elle va à contre-courant de l’opinion publique : elle remet en
cause le consensus de Crimée, appelle à plus de sanctions contre le pays, appelle à la dissolution de la Russie dans le jeu global et à la remise en cause des valeurs traditionnelles. Et
c’est justement cette opposition, qui est tenue par l’étranger.
Il semblerait que l’occident ait retenu la leçon de l’échec total du projet Navalny, présenté comme ultra libéral. Avec Ponomarev, ils tentent une
alternative pseudo-patriotique. Le discours change un peu du discours classique, il tente d’être anti-Poutine raisonnable mais sans concession, faisant du président un être faible sous
une pression qu’il ne supporte plus, et dont il faut sauver la Russie et les Russes. C’est ce qui ressort par exemple en grandes lignes de cette interview avec
Gordon, le propagandiste ukrainien.
Cette « opposition » de l’étranger tente de recréer des symboles étatiques et reprenant la même technologie que pour Tikhanovskaya en Biélorussie,
ils veulent transformer le drapeau national : le rouge en Russie doit disparaître du drapeau, c’est la couleur du sang, il ne doit rester que le bleu et le blanc.
Ponomarev, qui s’est positionné immédiatement contre le conflit ukrainien, a très tôt diffusé des bruits non confirmés d’atteintes systématiques contre les
centres militaires de recrutement. Mais son poids politique en Russie est très faible, en raison de son passé, qui ne peut en faire un patriote. Ses appels restent donc assez
vides.
Avec l’attentat contre la famille Douguine, Ponomarev est monté d’un cran et en a profité pour donner vie à une mystérieuse « Armée nationale
républicaine », dont il publie le Manifeste, sur fond de chant patriotique, qui appelle au renversement de l’ordre constitutionnel en Russie :
Selon les déclarations non prouvées de Ponomarev,
cette organisation existe depuis plusieurs mois, elle aurait déjà commencé à agir et ce serait elle qui aurait assassiné la fille Douguine, en ratant le père. Et cette organisation serait prête à
agir en Russie, ouvrant ainsi un second front, devant conduire à la division de la société, qui est censée se mettre à soutenir ces faux partisans.
La démarche est intéressante, car
manifestement, les tireurs de ficelles ont tiré les leçons de leurs revers : ils ne peuvent mettre en place en Russie une opposition radicale libérale pour renverser le pouvoir, Navalny est
l’illustration parfaite de leur échec. Ils veulent donc jouer la carte faussement patriotique, en s’appuyant également sur les élites globalistes, qui sont au pouvoir et restent très peu
populaires, bien que encore puissantes. Ainsi, d’un côté, ils provoquent le mécontentement avec des individus, qui soit bloquent le processus de déglobalisation de la Russie, soit
continuent ouvertement à défendre « le parti de la paix » (des négociations, des compromis, des retraits, etc.), comme il est appelé. Ces individus permettent de discréditer le pouvoir
auprès de la population, majoritairement conservatrice et patriotique. Ce qui peut conduire pour une partie de la population à remettre un peu vite en cause le caractère patriotique du pouvoir en
place … et donc à lui chercher une alternative. L’alternative lui est également fournie par ce même clan globaliste extérieur, clé en main, prête à consommation. Ce qui a en plus le mérite
d’écarter les véritables patriotes.
Ce plan a peu de chances de fonctionner, mais il est clairement activé. Beaucoup va en réalité dépendre de la capacité du pouvoir en Russie à nettoyer en douceur,
mais avec fermeté, ses élites globalistes et à répondre aux attentes de la population en matière de déglobalisation (de l’enseignement, du système de santé, etc.). Car aucun changement par la force de l’ordre
constitutionnel ne peut se faire de l’étranger, sans qu’il n’y ait un véritable mécontentement populaire. Ces « révolutionnaires-mercenaires » ne peuvent qu’orienter, que
s’approprier ce mécontentement. Il est donc fondamental de ne pas tendre le bâton.
Pendant que nous sommes distraits par l’Ukraine, le président Poutine a sensiblement avancé ses objectifs géopolitiques. Aidé et encouragé par le président
Xi, Poutine prend le contrôle du continent asiatique sous son contrôle. Cette mission est en bonne voie d’être accomplie. Il attend maintenant les mois d’hiver pour enfin forcer l’UE à
rejeter l’hégémonie américaine. Ce n’est qu’alors que l’extrémité ouest du continent eurasien sera vraiment libre de toute ingérence américaine.
Cet article explique comment il atteint ses objectifs stratégiques. Il examine la géopolitique de la masse continentale asiatique et des nations qui y sont
liées, qui tournent commercialement et financièrement le dos à l’alliance occidentale dirigée par les États-Unis.
J’envisage la géopolitique du point de vue du président russe Poutine, puisqu’il est le seul dirigeant national qui semble avoir une vision claire de ses
objectifs à long terme. Sa stratégie active est étroitement conforme à l’analyse prédictive de Halford Mackinder d’il y a près de 120 ans. Mackinder est considéré par de nombreux experts
comme le fondateur de la géopolitique.
Poutine est déterminé à éliminer la menace américaine à ses frontières occidentales en comprimant l’UE à cette fin. Mais il construit également des
relations politiques basées sur le contrôle des approvisionnements mondiaux en combustibles fossiles – une voie ouverte pour lui par les obsessions américaines et européennes sur le
changement climatique. En partenariat avec la Chine, la consolidation de son pouvoir sur la masse continentale eurasienne a progressé rapidement ces dernières semaines.
Pour l’Alliance occidentale, financièrement et économiquement, son timing est particulièrement difficile, coïncidant avec la fin d’une période de 40 ans de
baisse des taux d’intérêt, d’augmentation de l’inflation des prix à la consommation et d’une récession qui s’aggrave en raison de la contraction du crédit bancaire.
C’est la poursuite d’une guerre financière par d’autres moyens, et il semble que Poutine ait une main imbattable. Il est sur la bonne voie pour pousser
notre fragile système financier basé sur la monnaie fiduciaire par-dessus bord.
L’héritage de
Mackinder
Dans un article présenté à la Royal Geographic Society en 1904, le père de la géopolitique, Halford Mackinder, a effectivement prédit ce qui se passe
aujourd’hui. Dans sa présentation, il a demandé :
« La région pivot de la politique mondiale n’est-elle pas cette vaste région de l’Euro-Asie inaccessible aux navires, mais ouverte dans l’Antiquité aux
nomades cavaliers, et qui est aujourd’hui sur le point d’être couverte d’un réseau de voies ferrées ?
« En dehors de la zone pivot, dans un grand croissant intérieur, se trouvent l’Allemagne, l’Autriche, la Turquie, l’Inde et la Chine. Et dans un croissant
extérieur, la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud, l’Australie, les États-Unis, le Canada et le Japon.
Ceci est illustré à la figure 1, tirée de l’article original présenté à la Société.
En 1919, après la Première Guerre mondiale, dans son livre « Democratic Ideals and Reality », il résume ainsi sa théorie dans un langage
légèrement différent :
« Qui gouverne l’Europe de l’Est commande le Heartland ;
Qui gouverne le Heartland commande l’île-monde ;
Qui gouverne l’île-monde commande le monde. »
C’est le destin de Poutine. En collaboration avec la Chine (plutôt qu’une Allemagne unie, ce qui inquiétait des politiciens tels que Balfour avant la
Première Guerre mondiale), la Russie semble poursuivre avec succès son objectif de contrôle de l’île mondiale de Mackinder. Aujourd’hui, nous pouvons développer le concept du croissant
intérieur pour inclure l’Iran, le Moyen-Orient, ainsi que les nouvelles nations issues de l’ancienne Union soviétique. Du croissant intérieur original de Mackinder, seules l’Allemagne et
l’Autriche sont omises aujourd’hui. L’Autriche était le centre de l’empire des Habsbourg à cette époque et n’est donc plus importante sur le plan géopolitique.
Du cercle extérieur, nous pouvons désormais inclure la majeure partie de l’Afrique et une partie de l’Amérique du Sud, qui dépendent de plus en plus de
l’île-monde pour la demande de leurs produits. Sans que les médias et le public occidentaux ne semblent s’en rendre compte, il y a eu et continue d’y avoir une extension de la puissance
russe par le biais de partenariats asiatiques qui éclipse désormais celle de l’Amérique en termes de population mondiale couverte. Et si l’on ajoute la diaspora chinoise en Asie du
Sud-Est, l’Amérique et ses alliés de l’OTAN apparaissent comme une minorité quelque peu isolée.
En plus du pouvoir politique qui s’éloigne de l’Occident, le pouvoir économique l’est également. Entravées par un socialisme démocratique de plus en plus
coûteux et anticapitaliste, leurs économies se débattent sous le poids de leurs gouvernements. Et tandis que l’Occident décline, l’Ile-Monde connaît sa propre révolution industrielle. Le
réseau de chemins de fer, auquel Mackinder faisait référence en 1904, s’est étendu du chemin de fer transsibérien aux nouvelles routes de la soie terrestres chinoises, reliant la Chine à
l’Europe occidentale et aux grandes nations au sud de la route de la soie d’origine.
La Russie et ses anciens satellites soviétiques occupent la moitié du continent eurasien. Le continent eurasien est de 21 millions de miles carrés, soit
plus de trois fois la taille de toute l’Amérique du Nord. L’Amérique centrale et l’Amérique du Nord mesurent ensemble environ 9 millions de miles carrés, soit plus du double de la
superficie de l’Europe. Même sans ses satellites ex-soviétiques, la Russie est toujours de loin la plus grande nation en termes de superficie. Et avec la Chine, la Russie fait près de
trois fois la taille des États-Unis.
La Russie est la plus grande source unique d’énergie, de produits de base et de matières premières au monde et, comme nous le voyons maintenant, elle peut
contrôler les prix que l’Occident paie pour eux. À la suite des récentes sanctions, l’Occident paie le gros rouble, tandis que les alliés asiatiques de la Russie ont de l’énergie et des
matières premières offertes à rabais payables dans leur propre monnaie, ce qui compromet encore plus la position économique relative de l’Occident.
Quant à savoir si Poutine a étudié Mackinder, cela doit être une supposition. Mais il ne fait aucun doute que s’il n’est pas ainsi guidé, Poutine suit le
même cours prévu. En tant que leader incontesté de la Russie, il a joué le jeu géopolitique de main de maître. Il ne tombe pas dans les pièges qui taraudent le socialisme occidental. Il
suit les directives étrangères dans le moule des Britanniques à l’époque du Premier ministre de Lord Liverpool il y a deux cents ans, lorsque la politique était de ne pas s’immiscer dans
les affaires intérieures des nations étrangères, sauf dans la mesure où elles affectaient les intérêts britanniques.
C’est un fait de la vie pour Poutine que ses alliés comprennent des régimes très désagréables. Mais cela ne le concerne pas – leurs affaires domestiques ne
sont pas ses affaires. Ses affaires sont les intérêts de la Russie, et comme les Britanniques dans les années 1820, il les poursuit avec détermination.
La raison d’être de
l’Ukraine
L’Ukraine a été un exemple inhabituel où Poutine a pris l’initiative d’agir contre l’alliance de l’OTAN dirigée par les États-Unis. Mais à l’approche de
l’Ukraine, il avait vu la Grande-Bretagne quitter l’UE. La Grande-Bretagne était le vicaire de l’Amérique sur la terre de l’UE, donc le Brexit représentait un déclin significatif de la
capacité des États-Unis à influencer Bruxelles. Après le Brexit, le président Biden a quitté précipitamment l’Afghanistan, emmenant avec lui le reste de l’OTAN. Par conséquent, l’Amérique
était en fuite du Heartland. La voie était ouverte à Poutine pour pousser plus loin et expulser l’Amérique des frontières occidentales de la Russie.
Pour ce faire, il devait affronter l’OTAN. Et il ne fait aucun doute que c’était dans l’esprit de Poutine lorsqu’il a intensifié son « opération militaire
spéciale » contre l’Ukraine. Il a dû anticiper la réaction de l’OTAN pour imposer des sanctions, dont la Russie a largement profité. En même temps, c’est l’UE qui a été durement écrasée,
une compression qu’il peut intensifier à sa guise.
Le drame se joue toujours. Il doit maintenir une certaine pression sur l’Ukraine pour maintenir la pression. Il n’est pas prêt à faire des compromis.
L’hiver dans l’UE sera encore plus rude, avec des pénuries d’énergie et de nourriture susceptibles d’entraîner une augmentation des émeutes parmi les citoyens de l’UE. Poutine ne
s’arrêtera que lorsque les Européens se rendront compte que l’Amérique les sacrifie dans la poursuite de son hégémonie. Zelensky n’est guère plus qu’une marionnette dans ce drame.
En ce qui concerne la guerre sur le terrain, la Russie a déjà sécurisé son accès depuis la mer Noire en cultivant sa relation avec la Turquie. En tant que
membre de l’OTAN, la Turquie couvre ses paris. La mer Noire est vitale pour ses intérêts économiques. Pour cette raison, la Turquie maintient ses relations avec la Russie, tout en calmant
son antipathie envers Israël (le président Herzog s’est rendu à Ankara en mars) et en réparant ses barrières avec les Émirats arabes unis – tout cela fait partie de l’île du monde qui se
rassemble.
Pour les États-Unis, Erdogan est un partenaire de l’OTAN peu fiable. Les États-Unis auraient tenté de le destituer en déclenchant une tentative de coup
d’État ratée en 2016, lorsqu’il a été averti par les services de renseignement russes et que le coup d’État a échoué. S’il doit une faveur à Poutine, l’adhésion de la Turquie à l’OTAN le
conduit à la prudence. Et en tant que sunnite né de nouveau, il semble désireux d’étendre l’influence turque dans les nations musulmanes d’Asie centrale, rêvant peut-être des jours de
gloire de l’Empire ottoman.
Pour renforcer le pouvoir de la Russie sur les sources d’énergie dont dépendent les belligérants occidentaux, Poutine a cultivé l’Iran et a également fait
des ouvertures bienvenues à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Poutine, a pris soin d’informer pleinement les membres de la
Ligue arabe de la politique énergétique de la Russie au Caire le mois dernier. L’argument est simple : l’Occident a tourné le dos aux combustibles fossiles, prévoyant de les éliminer
complètement d’ici une dizaine d’années. En tant que producteurs de pétrole et de gaz, leur avenir est de rester solidaires de Mackinder’s World Island et de son Inner Crescent. C’est
tellement évident que même l’Arabie saoudite chercherait à s’associer par le biais du groupe BRICS.
Quels que soient les mérites des politiques axées sur le changement climatique, en ce qui concerne l’énergie, l’Occident semble être déterminé à mener une
mission suicide. Mais le message de la Russie à ses partenaires est que vous pouvez avoir du pétrole et du gaz naturel à un prix inférieur à ce que l’Europe doit payer. Poutine propose de
les libérer complètement de l’idéologie occidentale du changement climatique.
Avec la pression qu’il exerce sur l’Europe occidentale, Poutine suppose presque certainement que les politiciens européens seront poussés à cesser de
soutenir les sanctions américaines vers une position plus neutre. Et la Russie s’attend probablement à ce que les pays non alignés souffrant de pénuries de céréales fassent également
pression sur l’Occident pour qu’il mette fin aux sanctions. Mais avant que Poutine ne renonce à la pression sur les nations de l’UE, il est encore susceptible d’insister pour que
l’influence américaine de l’Europe occidentale soit retirée, ou du moins qu’elle soit retirée des frontières occidentales de la Russie.
La phase 1 est terminée. Que la phase
2 commence
Nous devons maintenant passer de la supposée mégalomanie de Poutine aux conditions auxquelles sont confrontés ses ennemis occidentaux, en particulier les
nations d’Europe et de la zone euro. Le graphique 2, qui représente un panier de produits de base et de matières premières cotés en euros, montre qu’après une hausse significative, les
prix pour l’Europe se sont détendus ces derniers mois.
Pour les Européens assiégés, la pause dans une hausse substantielle des prix des matières premières depuis l’introduction par la Fed de taux d’intérêt nuls
en mars 2020 leur a apporté un soulagement temporaire et mineur d’un casse-tête inflationniste croissant. C’est peut-être prématuré, mais les investisseurs des marchés occidentaux
considèrent le recul des prix des matières premières comme la preuve que la compression des matières premières est probablement terminée et qu’avec elle, le problème de l’inflation des
prix à la consommation diminuera également.
En effet, dans son rapport du 1er août pour le Credit Suisse, Zoltan Pozsar a indiqué qu’il avait récemment rendu visite à 150 gestionnaires
d’investissement dans huit villes européennes, et le consensus était simplement le suivant : ils pensent que l’inflation est léchée, que la récession est imminente et que, par conséquent,
les taux d’intérêt vont bientôt baisser. déclin.
Mais tant qu’il tient les rênes des prix de l’énergie, Poutine peut jouer avec l’euro à sa guise. En manipulant son quasi-monopole sur l’énergie, les
céréales et les engrais, il peut augmenter la pression sur les dirigeants de l’UE pour qu’ils rejettent l’hégémonie américaine. Et pour apprécier pleinement le pouvoir entre les mains de
Poutine, il est important de comprendre la véritable relation entre les monnaies fiduciaires et les matières premières.
La preuve est que la volatilité des prix des matières premières se trouve dans la monnaie fiduciaire dans laquelle ils sont évalués, et non dans les
matières premières elles-mêmes. La figure 3 montre cette relation, en comparant le prix du pétrole mesuré en monnaie légale (l’or) et la monnaie fiduciaire euro.
Au plus le prix du pétrole en or a varié à la hausse est le double au moment de la faillite de Lehman, alors qu’en euros à l’époque il était de seize fois.
Jusqu’à présent cette année, il a été encore plus volatil lorsque le prix de l’or est tombé à 70% du prix de 1950, tandis qu’en euros, il a atteint 15, soit 21 fois plus volatil.
Cette constatation bouleverse toutes les hypothèses de tarification de l’énergie. Le graphique montre que ce qui était vrai avant la fin de Bretton Woods ne
l’était plus après 1971. [L’euro n’a commencé qu’en 2000, la monnaie utilisée auparavant était le mark allemand]. Étant donné que les prix du pétrole sont entièrement déterminés sur des
marchés dont les participants supposent tous que la volatilité des prix est dans le produit de base, toute la base de la prévision des prix est sapée. Cela étant, si un analyste obtient
une prévision à moitié correcte, c’est plus par chance que par jugement.
C’est tout l’intérêt de l’argent sain. Avec une monnaie saine, les marchands de matières premières et de tous les autres biens supposent à juste titre que
le moyen d’intermédiation est une constante. Ils supposent que lorsqu’ils reçoivent un paiement, son utilité est invariable. Mais avec fiat non soutenu, c’est différent. Pour les
transactions individuelles, même si nous supposons toujours qu’un dollar est un dollar et qu’un euro est un euro, nous savons tous que l’utilité d’une devise varie. Pourquoi alors, à des
fins d’analyse, les prévisionnistes supposent-ils toujours que ce n’est pas le cas ? Pourquoi les analystes n’en tiennent-ils jamais compte dans leurs prévisions ?
La figure 3 ci-dessus prouve que les approches conventionnelles de tarification et les prévisions économiques les impliquant sont absurdes. Il en va de même
pour toutes les autres matières premières, pas seulement le pétrole. Dans les circonstances actuelles, la base d’une analyse incorrecte est utilisée pour étayer les attentes selon
lesquelles les prix commencent à refléter une perspective croissante de récession, ce qui, pour un esprit keynésien ou monétariste, signifie que la baisse de la demande de matières
premières et d’énergie entraîne une baisse des prix. Mais le fait demeure que du jour au lendemain, Poutine peut à nouveau mettre la pression sur l’UE. Et armé de la connaissance que la
volatilité des prix est dans la monnaie, nous savons que la chute de l’euro fera l’essentiel de son travail à sa place.
À l’approche de l’hiver européen, il ne faudra pas grand-chose pour faire grimper considérablement les prix de l’énergie en euros. Il est peu probable que
Poutine commette l’erreur d’être vu en train de le faire délibérément. Mais selon toute probabilité, il n’a pas besoin de prendre de mesures importantes pour voir les prix de l’énergie et
des aliments en devises occidentales augmenter à nouveau à l’approche de l’hiver.
Il existe une autre erreur de jugement commune aux marchés de capitaux occidentaux : cette fois sur les taux d’intérêt. Dans presque toutes les analyses de
prévision de récession, l’hypothèse sous-jacente est qu’avec la baisse des économies, la demande de biens, de services et de crédit diminuera. Pour ces raisons, les pressions sur les taux
d’intérêt devraient diminuer.
Cela méconnaît la nature du crédit. Presque tous les médias en circulation sont des crédits bancaires commerciaux. Par conséquent, le PIB est simplement la
somme de tous les crédits bancaires utilisés pour les transactions éligibles. Par conséquent, le PIB nominal est déterminé par la disponibilité du crédit bancaire et non, comme on le
suppose généralement, par un ralentissement de l’activité économique. Lorsque la cohorte bancaire contracte son bilan collectif, les taux d’intérêt augmentent d’abord en raison d’une
pénurie de crédit.
Ces conditions sont désormais rencontrées par les marchés financiers. Les banques commerciales sont tenues de chercher des moyens de se protéger en ces
temps incertains. Ils cherchent déjà à réduire le ratio de leurs actifs sur fonds propres avant que les créances douteuses ne dégénèrent réellement. Les banques de la zone euro ne sont
pas les seules à subir ce changement de perspective. La soi-disant récession mondiale n’est pas vraiment due à d’autres facteurs économiques, mais principalement à la tendance du crédit
bancaire à se retirer des secteurs économiques financiers et non financiers.
C’est un problème mal compris et jamais mentionné par les analystes dans leurs prévisions économiques. Mais dans l’environnement économique et financier
actuel, les conséquences conduisent à une conclusion sur les taux d’intérêt à l’opposé de ce que l’on suppose communément.
Nous pouvons voir de ce qui précède que contrairement aux attentes exprimées partout par les gouvernements occidentaux et leurs banques centrales ainsi que
l’ensemble de l’establishment de l’investissement, le problème de l’inflation et des taux d’intérêt ne disparaît pas. Parce que les taux d’intérêt avaient été supprimés et qu’ils ne
pouvaient plus baisser ni plus longtemps, il y a eu un changement fondamental d’une baisse à long terme de ceux-ci à ce qui est de plus en plus sûr de se révéler être une tendance à long
terme des taux d’intérêt à monter. Comme ailleurs, l’environnement du crédit bancaire en Europe se détériore pour des raisons évidentes. De plus, cela arrive à un moment où l’endettement
des bilans bancaires atteint des niveaux records, laissant les banques très exposées au changement.
Une forte contraction du crédit bancaire n’en est qu’à ses débuts. Une deuxième phase de la guerre économique et financière contre la Russie de Poutine va
bientôt émerger. Actuellement, nous semblons être dans une pause estivale après la première, indiquée par la consolidation des prix des matières premières. Les rendements des obligations
d’État ont diminué par rapport aux sommets antérieurs. Les marchés boursiers se sont redressés. Bitcoin s’est rallié. L’or, qui est la seule monnaie légale pour échapper à tout cela, a
décliné. Tout indique un faux optimisme, vulnérable aux chocs les plus grossiers.
La Chine pourrait être le seul joker
de Poutine
Avec son économie basée sur des matières premières dont les valeurs sont alignées sur l’or et tant que la situation géopolitique actuelle ne dégénère pas en
un conflit militaire plus large, la Russie semble être en position de renforcement économique alors que ses adversaires sont en déclin. S’il y a une menace sur sa position, elle vient
probablement de son alliance avec la Chine, qui est exposée aux folies de l’Occident par le commerce. La Chine a quelques problèmes de caractères génériques.
Depuis la mort de Mao, dans son développement rapide, la Chine s’est appuyée sur l’expansion du crédit par le biais des banques d’État. Les dirigeants des
banques sont des fonctionnaires de l’État, et non des gestionnaires au nom d’actionnaires à la recherche de profits. C’est cette différence qui a isolé l’économie nationale des cycles de
crédit bancaire qui ont tourmenté le modèle économique occidental avec des crises de crédit répétitives.
Bien que cette absence de cyclicité destructrice puisse être considérée comme une bonne chose, elle a permis aux mauvais investissements de s’accumuler sans
interruption au cours des dernières décennies. Ainsi, alors que les autorités chinoises exercent toujours un contrôle important sur les prêts, le degré de distorsion économique est devenu
une menace pour de nouveaux progrès.
Cela se manifeste par une crise immobilière croissante, avec des promoteurs immobiliers en masse. Ce n’est pas qu’il y ait peu de chances qu’il y ait une
demande pour les propriétés commerciales et résidentielles à l’avenir : les épargnants sont là pour acheter, les classes moyennes se multiplient et l’économie a encore du chemin à faire
dans son développement. Le problème est que le marché immobilier a pris de l’avance sur lui-même.
En tant que secteur, l’immobilier et les activités connexes représentent environ un tiers de l’activité économique de la Chine. Les promoteurs ont suspendu
l’achèvement des propriétés pré-vendues, que les citoyens ont achetées sur une base de prépaiement. Par conséquent, les versements hypothécaires sont suspendus par des acheteurs en
colère. Les banques privées ont été touchées, avec des paniques bancaires contre certaines d’entre elles. Une trentaine de sociétés immobilières ont manqué le paiement de leur dette
étrangère, Evergrande étant le défaillant le plus en vue sur 300 milliards de dollars de dette.
Les problèmes de propriété étaient et sont toujours aggravés par la politique de tolérance zéro de Pékin. Plus que dans d’autres juridictions, des mesures
de répression strictement appliquées ont frappé la production et miné la logistique, des facteurs qui ont inévitablement miné les performances économiques. Alors que les exportations vers
d’autres pays ont bien résisté – principalement en raison de l’escalade des déficits de dépenses des gouvernements étrangers et de l’absence d’augmentation de l’épargne personnelle – les
bénéfices des exportateurs chinois sont voués à être comprimés par l’aggravation de la récession en Occident. À moins que la politique de change de la Chine ne consiste à affaiblir
délibérément le yuan par rapport aux devises occidentales. Mais cela ne fera que déstabiliser l’économie nationale à mesure que la hausse des prix à la consommation s’accélérera.
Et enfin, si Pékin donne suite à ses menaces d’annexer Taïwan – ne serait-ce que pour détourner l’attention des échecs économiques nationaux – une série
d’événements est susceptible de se déclencher qui pourrait aggraver les tensions avec l’Amérique et ses alliés de la défense au détriment de tout le monde.
Mais malgré les gros titres de la crise immobilière en Chine, il est trop tôt pour supposer que la Chine s’enfonce dans des problèmes beaucoup plus
profonds. Elle doit abandonner les politiques macroéconomiques uniquement guidées par les statistiques et garantir à ses citoyens et à leurs entreprises une monnaie stable. Que cela soit
compris à Pékin n’est pas clair.
La différence fondamentale avec son partenaire russe est sa plus grande dépendance économique à la consommation de matières premières plutôt qu’à leur
production. Les conséquences des politiques économiques occidentales visant à saper le pouvoir d’achat de leur propre monnaie seront davantage ressenties par la Chine que par la Russie.
Néanmoins, une crise bancaire et monétaire de plus en plus probable en Occident peut être surmontée par la Chine avec la bonne approche économique.
L’ère du dollar se
termine
Alors que Poutine semble prendre le contrôle de l’île du monde, laissant quelques nations en marge adhérer aux États-Unis et à l’hégémonie de sa monnaie,
une grande partie de ce qu’il a réalisé est due à l’échec lamentable de l’Occident à jouer à ce plus grand des grands jeux géopolitiques. Une caractéristique notable du déclin de
l’Occident est son adhésion aux cultures anticapitalistes et éveillées. Dans cet article, nous perdrions notre attention si nous dérivions dans le débat sur le changement climatique, si
ce n’est pour souligner qu’en cherchant à éliminer les combustibles fossiles au cours de la prochaine décennie, l’Occident est sur la voie de l’autodestruction économique par rapport à
Les partenaires de la Russie, qui se voient offrir du pétrole, du gaz et du charbon à prix réduit dans un avenir prévisible.
Lorsque le président Nixon a transformé le dollar en une monnaie entièrement fiduciaire en août 1971, il a déclenché une série d’événements qui se terminent
maintenant. Depuis l’établissement du dollar comme monnaie de réserve mondiale et son accord avec l’Arabie saoudite qui a conduit à la création du pétrodollar, l’instabilité mondiale de
la monnaie fiduciaire a commencé, comme le montre la figure 3 de cet article. Mais le dollar fiduciaire a donné au gouvernement américain et au système bancaire américain un pouvoir
énorme. Cela a été efficacement exercé, forçant les nations récalcitrantes à se prosterner devant le puissant dollar.
Le pouvoir n’a pas été utilisé judicieusement, ce qui a conduit à une alliance entre la Russie et la Chine pour se protéger des actions américaines. Les
leçons qu’ils ont tirées de l’impérialisme américain n’ont pas été perdues. Malgré les promesses antérieures faites à la Russie de ne pas le faire, l’armée américaine a directement menacé
sa frontière occidentale. Pour la Chine, bien que sa révolution économique et industrielle ait été initialement saluée, elle a commencé à être perçue comme une menace pour les intérêts
américains.
Cet impérialisme a fait de l’Amérique peu d’amis et de nombreux ennemis latents. Avec les échecs répétés de la politique étrangère américaine au
Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Ukraine et, plus récemment, en Afghanistan, les États-Unis peuvent désormais compter sur des nations ne représentant qu’environ 19% de la population
mondiale de 8 milliards d’habitants, contre 54% alliés aux Île du Monde. Ceci est illustré à la figure 41.
Bien que la répartition des nations dans ces catégories soit quelque peu subjective, elle donne une approximation de la puissance relative du partenariat
World Island par rapport à celle des États-Unis/OTAN. Alors que l’emprise du partenariat dirigé par les États-Unis se relâche, les intérêts acquis pousseront certainement les pays non
alignés vers le camp des îles du monde, en particulier lorsqu’ils ont des produits à vendre.
Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions qui ont suivi, aucune des 170 nations du tableau ne pouvait se passer du dollar. La Russie a
été forcée de trouver des monnaies de règlement alternatives et ses proches alliés de l’Union économique eurasiatique prévoient une nouvelle monnaie de règlement commercial pour éliminer
le dollar. Mais le prix international des matières premières et des matières premières en dollars est impossible à surmonter, même pour la Russie.
L’île du monde ne peut pas complètement écarter le dollar – il est trop enraciné. Alors que le pouvoir du dollar décline, la destruction de son
quasi-monopole dans le commerce international devra provenir de la politique monétaire américaine elle-même, un processus qui est sans doute en cours.
Depuis la financiarisation des économies occidentales au milieu des années 80, le dollar a conservé sa crédibilité en tant que monnaie de réserve mondiale.
Cela a été réalisé en assurant un approvisionnement prêt à l’emploi international, comme l’avait prévu Robert Triffin dans sa description du dilemme du dollar à la fin des années
cinquante. La demande a été renforcée par le développement de marchés dérivés réglementés et non réglementés, qui ont obligé les étrangers à acheter des dollars pour acheter des produits
dérivés. Il s’agissait essentiellement d’une demande synthétique en dollars créée pour satisfaire la demande des spéculateurs en matières premières, y compris les métaux précieux, en
créant une offre synthétique.
Lorsque ce concept est saisi, l’importance de la fin de la tendance à long terme de la suppression des taux d’intérêt devient mieux comprise. La suppression
des prix des produits de base par l’augmentation de l’offre synthétique est devenue partie intégrante de la baisse des taux d’intérêt. Les taux d’intérêt ne baissent plus mais augmentent.
Il y aura des conséquences inattendues sur les prix des matières premières, sur lesquelles nous reviendrons dans un instant.
Il y a deux conséquences immédiates pour les prêts bancaires : leurs marges de crédit s’améliorent et les incidents de créances douteuses augmentent. Par
conséquent, les bilans bancaires surendettés sont réduits par les banques qui n’ont plus à les travailler si dur pour maintenir leurs bénéfices nets. Et avec l’escalade du risque de
crédit, c’est une raison supplémentaire de contracter un crédit bancaire dans son ensemble. Le crédit va se faire de plus en plus rare.
Il faut également tenir compte des conséquences pour les marchés financiers, y compris l’approvisionnement en matières premières synthétiques. Dans le cadre
de la nouvelle réglementation Bâle 3 récemment introduite, la négociation et la tenue de marché sur les produits dérivés constituent une utilisation inefficace de la capacité du bilan, de
sorte que ces activités sont vouées à se réduire au fil du temps sous la pression des départements de trésorerie des banques. En effet, les conditions qui ont permis aux banques
d’augmenter le crédit pour financer l’augmentation des activités de trading de produits dérivés entre 1985 et 2021 sont en train de s’inverser.
Selon la Banque des règlements internationaux, la valeur notionnelle des contrats à terme réglementés mondiaux s’élevait à 40 dollars. 7000 milliards de
dollars en mars dernier, et les options ont totalisé 54 000 milliards de dollars supplémentaires2.
À cela, il faut ajouter plus de 610 000 milliards de dollars de produits dérivés de gré à gré3.
Pour l’instant, ce sont les variations de cette offre synthétique qui déterminent les relations de prix entre les monnaies fiduciaires et les matières premières. Mais l’impact de la
contraction du crédit bancaire conduira presque certainement à une hausse des prix des matières premières, car cette offre synthétique s’épuise et se retire de plus en plus.
De plus, contracter un crédit bancaire conduit invariablement à des faillites bancaires. Et avec les banques d’importance systémique mondiale de la zone
euro et du Japon endettées plus de 20 fois en moyenne, l’ampleur des faillites bancaires devrait être nettement plus importante que celle de Lehman lorsqu’elle a fait faillite il y a
quatorze ans le mois prochain.
Et enfin, comme assurance contre une catastrophe généralisée de la monnaie fiduciaire, la Russie et la Chine ont toutes deux stocké des lingots physiques.
La Russie est connue pour avoir environ 12 000 tonnes, dont 2300 tonnes sont détenues en tant que réserves monétaires. Elle extrait 330 tonnes par an, qu’elle ajoute maintenant à son
trésor. Ayant accumulé l’essentiel de son trésor avant de permettre au public chinois d’acheter de l’or, l’État chinois dispose probablement de plus de 30 000 tonnes, dont seulement 1776
tonnes sont déclarées réserves officielles. Depuis sa création en 2002, les citoyens chinois ont pris livraison de 20 000 tonnes supplémentaires de la Bourse de l’or de Shanghai, dont
certaines seront restituées à la ferraille.
Par conséquent, les États russe et chinois contrôlent à eux seuls plus de 40 000 tonnes, ce qui se compare aux réserves américaines, officiellement
répertoriées à 8133 tonnes. En tant que nations, ce sont également les deux plus grands producteurs d’or en termes de production.
Il ne fait aucun doute que la Chine et la Russie comprennent mieux que les banques centrales occidentales la relation entre la monnaie, qui est légalement
et en réalité l’or, et le crédit. Ils ne peuvent avoir construit leurs réserves et leur capacité minière qu’en anticipant que leurs devises auront besoin, un jour, d’une protection contre
une crise des monnaies fiduciaires. Ce fut d’abord la Chine, qui a accumulé la majeure partie de son stock pendant le marché baissier de 1980-2002 à des prix aussi bas que 275 dollars,
avant de laisser ses citoyens acheter de l’or. Avec la Russie, l’accumulation est plus récente, sans doute vue par Poutine comme un élément essentiel de ses ambitions géopolitiques. Les
deux pays ont dissimulé leur véritable position en or, vraisemblablement pour ne pas menacer directement l’hégémonie du dollar et pour leur permettre d’augmenter secrètement leurs
réserves.
En cas de crise de la monnaie fiduciaire pour le dollar, le rouble et le yuan ont plus de projections monétaires que dans n’importe laquelle des devises de
leurs adversaires. Et bien que le jury ne soit pas d’accord avec la volonté géopolitique du président Xi, il ne fait aucun doute que Poutine fera tout ce qu’il faut pour protéger la
Russie, le rouble et ses plans géostratégiques de toute crise qui pourrait envelopper l’Occident.
Pensez-vous que le locataire de l’Élysée serait capable, à l’instar du chef du Kremlin, de nous détailler par le menu, la politique étrangère de la France
(avec les références historiques qui s’y rapportent) sur l’engagement de La France dans le conflit russo-ukrainien qui nous coûte des centaines de millions d’euros avec en prime, toutes
les misères associées aux sanctions qui se retournent contre l’Europe ?
Alors que toute la structure sociétale française est en train d’être détruite, une explication est indispensable pour permettre au peuple, de comprendre
comment nous en sommes arrivés là.
Poutine s’adresse à son armée et au monde entier :
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à l’anniversaire de la 10ème Conférence de Moscou sur la sécurité internationale. Au cours de la
dernière décennie, votre forum représentatif est devenu un lieu important pour discuter des problèmes militaro-politiques les plus pressants.
Aujourd’hui, une discussion aussi ouverte est particulièrement pertinente. La situation mondiale évolue de manière dynamique et les contours d’un ordre
mondial multipolaire se dessinent. Un nombre croissant de pays et de peuples choisissent la voie d’un développement libre et souverain fondé sur leur propre identité, leurs
traditions et leurs valeurs distinctes.
Ces processus objectifs sont combattus par les élites mondialistes occidentales, qui provoquent le chaos, attisent les conflits anciens et nouveaux et
poursuivent la politique dite d’endiguement, qui revient en fait à la subversion de toute option alternative et souveraine de développement. Ainsi, ils font tout ce qu’ils peuvent
pour conserver l’hégémonie et le pouvoir qui leur échappent ; ils tentent de maintenir les pays et les peuples sous l’emprise de ce qui est essentiellement un ordre
néocolonial. Leur hégémonie signifie stagnation pour le reste du monde et pour toute la civilisation ; cela signifie obscurantisme, annulation de la culture et totalitarisme
néolibéral.
Ils utilisent tous les expédients. Les États-Unis et leurs vassaux s’ingèrent grossièrement dans les affaires intérieures d’États souverains en
organisant des provocations, en organisant des coups d’État ou en incitant à des guerres civiles. Par des menaces, des chantages et des pressions, ils tentent d’obliger des États
indépendants à se soumettre à leur volonté et à suivre des règles qui leur sont étrangères. Cela se fait dans un seul but, qui est de préserver leur domination, le modèle séculaire
qui leur permet de tout s’approprier dans le monde. Mais un tel modèle ne peut être retenu que par la force.
C’est pourquoi l’Occident collectif – le soi-disant Occident collectif – sape délibérément le système de sécurité européen et noue de nouvelles alliances
militaires. L’OTAN rampe vers l’est et renforce son infrastructure militaire. Entre autres choses, il déploie des systèmes de défense antimissile et renforce les capacités de
frappe de ses forces offensives. Ceci est hypocritement attribué à la nécessité de renforcer la sécurité en Europe, mais c’est en fait tout le contraire qui se produit. De plus,
les propositions sur les mesures de sécurité mutuelle, que la Russie a présentées en décembre dernier, ont une fois de plus été ignorées.
Ils ont besoin de conflits pour conserver leur hégémonie. C’est pour cette raison qu’ils ont destiné le peuple ukrainien à servir de chair à
canon. Ils ont mis en œuvre le projet anti-Russie et ont été complices de la diffusion de l’idéologie néo-nazie. Ils ont fermé les yeux lorsque les habitants du Donbass ont été
tués par milliers et ont continué à déverser des armes, y compris des armes lourdes, à l’usage du régime de Kiev, ce qu’ils persistent à faire maintenant.
Dans ces circonstances, nous avons pris la décision de mener une opération militaire spéciale en Ukraine, décision qui est pleinement conforme à la Charte
des Nations unies. Il a été clairement précisé que les objectifs de cette opération sont d’assurer la sécurité de la Russie et de ses citoyens et de protéger les habitants du Donbass
contre le génocide.
La situation en Ukraine montre que les États-Unis tentent d’étirer ce conflit. Ils agissent de la même manière ailleurs, fomentant le potentiel de
conflit en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Comme on le sait, les États-Unis ont récemment fait une autre tentative délibérée d’attiser les flammes et de semer le trouble en
Asie-Pacifique. L’escapade américaine vers Taïwan n’est pas seulement le voyage d’un politicien irresponsable, mais fait partie de la stratégie américaine délibérée et ciblée visant
à déstabiliser la situation et à semer le chaos dans la région et dans le monde. C’est une démonstration éhontée d’irrespect envers les autres pays et leurs propres engagements
internationaux. Nous considérons cela comme une provocation minutieusement planifiée.
Il est clair qu’en prenant ces mesures, les élites mondialistes occidentales tentent, entre autres, de détourner l’attention de leurs propres citoyens des
problèmes socio-économiques urgents, tels que la chute du niveau de vie, le chômage, la pauvreté et la désindustrialisation. Ils veulent rejeter la responsabilité de leurs propres
échecs sur d’autres pays, à savoir la Russie et la Chine, qui défendent leur point de vue et conçoivent une politique de développement souveraine sans se soumettre au diktat des élites
supranationales.
Nous voyons également que l’Occident collectif s’efforce d’étendre son système basé sur les blocs à la région Asie-Pacifique, comme il l’a fait avec l’OTAN
en Europe. À cette fin, ils créent des syndicats militaro-politiques agressifs tels que AUKUS et d’autres.
Il est évident qu’il n’est possible de réduire les tensions dans le monde, de surmonter les menaces et les risques militaro-politiques, d’améliorer la
confiance entre les pays et d’assurer leur développement durable que par un renforcement radical du système contemporain d’un monde multipolaire.
Je répète que l’ère du monde unipolaire est en train de devenir une chose du passé. Peu importe la force avec laquelle les bénéficiaires du modèle
mondialiste actuel s’accrochent à la situation familière, il est voué à l’échec. Les changements géopolitiques historiques vont dans une direction totalement différente.
Et, bien sûr, votre conférence est une autre preuve importante des processus objectifs formant un monde multipolaire, réunissant des représentants de
nombreux pays qui souhaitent discuter des questions de sécurité sur un pied d’égalité et mener un dialogue qui tienne compte des intérêts de toutes les parties, sans exception.
Je tiens à souligner que le monde multipolaire, fondé sur le droit international et des relations plus justes, ouvre de nouvelles opportunités pour contrer
les menaces communes, telles que les conflits régionaux et la prolifération des armes de destruction massive, le terrorisme et la cybercriminalité. Tous ces défis sont mondiaux et il
serait donc impossible de les surmonter sans combiner les efforts et les potentiels de tous les États.
Comme auparavant, la Russie participera activement et résolument à ces efforts conjoints coordonnés ; avec ses alliés, ses partenaires et ses collègues
penseurs, il améliorera les mécanismes existants de sécurité internationale et en créera de nouveaux, ainsi que renforcera systématiquement les forces armées nationales et les autres
structures de sécurité en leur fournissant des armes et des équipements militaires de pointe. La Russie assurera ses intérêts nationaux, ainsi que la protection de ses alliés, et prendra
d’autres mesures vers la construction d’un monde plus démocratique où les droits de tous les peuples et la diversité culturelle et civilisationnelle sont garantis.
Nous devons rétablir le respect du droit international, de ses normes et principes fondamentaux. Et, bien sûr, il est important de promouvoir des
agences universelles et communément reconnues comme l’ONU et d’autres plateformes de dialogue international. Le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Assemblée générale, comme prévu
initialement, sont censés servir d’outils efficaces pour réduire les tensions internationales et prévenir les conflits, ainsi que pour faciliter la fourniture d’une sécurité et d’un
bien-être fiables aux pays et aux peuples.
En conclusion, je tiens à remercier les organisateurs de la conférence pour leur important travail préparatoire et je souhaite à tous les participants des
discussions approfondies.
Je suis sûr que le forum continuera d’apporter une contribution significative au renforcement de la paix et de la stabilité sur notre planète et facilitera
le développement d’un dialogue et d’un partenariat constructifs.
La Russie post-soviétique
n’avait jamais anticipé cela, mais elle marche désormais sur la voie révolutionnaire globale tracée par son prédécesseur communiste ; une tendance fascinante se dégage du rôle historique joué par
cet État-civilisation dans les relations internationales.
Le président Poutine a partagé son manifeste révolutionnaire global ce mercredi, en s’exprimant lors de la session plénière du forum « Idées fortes pour une Nouvelle Époque ». Le
dirigeant russe s’est insurgé contre l’injustice du Milliard Doré qui domine les relations internationales jusqu’à ce jour, mais a prédit avec confiance que cette hégémonie unipolaire connaît un
déclin irréversible, suite à l’assaut constitué par l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine. Cet ordre mondial raciste et néocolonial, comme il le décrit à juste titre, se
transforme rapidement en relique du passé, au fur et à mesure que des États souverains se lèvent pour briser le système supranational établi par les élites occidentales consistant à contrôler les
autres pays via mandataires interposés.
Le résultat qui en ressort, selon le président Poutine, est que l’Afrique, l’Asie, et surtout l’Inde ne seront plus dévalisés comme tel a été le cas des siècles
durant. Il a également fait écho à la conclusion du ministre des affaires étrangères Lavrov, le mois dernier, selon qui l’Occident a peur des pays comme le sien qui défendent leur
souveraineté, car ceci leur permet de protéger leurs modèles nationaux de développement, y compris dans les sphères socio-culturelle, économique et politique. Le dirigeant russe a
ensuite mis fin à cette partie de son discours en notant que «Sans aucun doute, une
société civile responsable, active, et axée sur son identité nationale est le composant le plus important de la souveraineté », et il s’agit du noble objectif pour
lequel son pays lutte.
Il importe de conserver tout ceci à l’esprit, car ces éléments reflètent l’évolution de la grande stratégie russe à la lumière des conditions internationales qui
ont changé du tout au tout avec l’opération militaire spéciale en Ukraine que la Russie a été contrainte de lancer pour défendre l’intégrité de ses lignes rouges de sécurité nationale. Si l’on
reconnaît à quel point la réponse de l’Occident, États-Unis en tête, a été contre-productive au vu de leurs propres intérêts objectifs, le président Poutine semble avoir décidé que l’heure est
parfaitement choisie pour porter un coup fatal à leur élite supranationale pour enfin libérer le reste du monde de leur joug.
Jusqu’ici, la Chine avait assumé ce rôle pour elle-même, quoique par des moyens indirects et uniquement économiques, en lien avec son initiative mondiale de
Nouvelle Route de la Soie, au travers d’une suite de méga-projets, mais désormais la Russie va encore plus loin après avoir été véritablement contrainte d’y venir pour maintenir l’intégrité de
ses lignes rouges de sécurité nationale. Il ne faudra rien de moins qu’une véritable révolution dans les relations internationales, les rendant véritablement multipolaires, pour assurer ses
intérêts objectifs. Là où la Chine avançait peu à peu vers ces objectifs au travers les Nouvelles Routes de la Soie, ce qui positionnait certaines limites par défaut sur la vitesse et la portée
du processus, la Russie emploie un outillage hybride comprenant des moyens économiques, militaires et politiques.
La Russie post-soviétique n’avait pas anticipé cela, mais elle marche désormais sur la voie révolutionnaire globale tracée par son prédécesseur communiste ; une
tendance fascinante se dégage du rôle historique joué par cet État-civilisation dans les relations internationales. Du fait de sa grande taille, de sa population cosmopolite (ce qui l’imprègne
d’une créativité sans limite) et d’une défense cohérente de la souveraineté de l’État, la Russie a toujours été au premier-plan du façonnage des tendances globales, ce qui l’a amenée plus souvent
qu’à son tour à lutter pour réformer le système mondial pour le rendre plus égalitaire, plus équilibré et plus juste. Tel est l’état des choses à ce jour, qui voit une fois de plus la Russie
devenir la principale force révolutionnaire au monde.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien,
établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Comme la plupart d’entre
vous le savent, je ne suis que marginalement intéressé par les détails « tactiques » quotidiens de l’Opération Spéciale,
parce qu’à présent, il s’agit surtout d’exterminer impitoyablement ce qu’il reste des FAU et de trier ces soi-disant troupes de défense territoriale de l’Ukraine qui ne sont rien d’autre qu’une
itération moderne du Volkssturm et n’ont aucune chance contre les forces de la LDNR, sans parler de l’armée russe régulière. Mais alors que cette situation est en cours, d’autres choses très
importantes se passent ailleurs. Non, je ne parle pas de la Turquie qui retire son veto à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, dans l’ensemble, cela ne change pas grand-chose pour
la Russie.
Mais ceci, ci-dessous, change tout (carte ci -dessous) :
Suite aux accords conclus lors de la visite officielle de Seyyed Ebrahim Raisi, président de la République islamique d’Iran, en janvier à Moscou, pour
développer et approfondir les relations bilatérales entre l’Iran et la Russie, les pays ont décidé de relancer conjointement le corridor de transport Nord-Sud. Cette décision est devenue
particulièrement pertinente dans le contexte de la politique de sanctions illégales menée par les États-Unis et leurs alliés occidentaux à l’encontre de la Russie et de l’Iran, et de la
volonté de Téhéran et de Moscou d’établir des voies commerciales non liées à l’Occident.
Afin de mettre en œuvre cette décision, les autorités iraniennes cherchent à relancer le projet de corridor international de transport nord-sud (INSTC),
récemment interrompu, qui traverse les territoires russe et iranien ainsi que les eaux des deux pays pour se connecter aux marchés d’exportation asiatiques. Comme l’a rapporté l’agence de
presse de la République islamique (IRNA) le 11 juin, afin de mettre en œuvre le corridor de transport international Nord-Sud, l’Islamic Republic of Iran Shipping Lines (IRISL) a commencé à
faire transiter des marchandises de la Russie vers l’Inde ou l’Asie du Sud par le projet, en utilisant un seul document pour l’ensemble de l’itinéraire de transit.
Les ramifications géopolitiques sont énormes pour la région, surtout lorsque l’Iran et l’Azerbaïdjan, qui disposeront d’une nouvelle voie ferrée reliant la Russie
et l’Iran, seront capables de gérer un important trafic ferroviaire de marchandises allant du blé au pétrole, en passant par les métaux, etc. Comme le remarque l’article :
Le corridor international de transport Nord-Sud met l’accent sur le port russe d’Astrakhan et le port iranien de Chabahar comme bases pour le transport vers
l’Eurasie. Le développement de ce dernier, ainsi que la construction d’un grand complexe pétrochimique et d’un terminal d’exportation près du port de Jask, sont des projets mis en œuvre par
le gouvernement iranien dans le cadre de la stratégie de développement de la côte de Mokran. Le chantier naval Nevsky, qui produit des navires polyvalents à cargaison sèche des projets RSD49
(poids mort de 7150 tonnes, capacité de conteneurs de 289 EVP) et 005RSD03 (capacité de conteneurs de 225 EVP), est également engagé dans les travaux du corridor de transit Nord-Sud en construisant des navires pour la mer
Caspienne.
Cela nous amène à la partie de l’industrie russe de la construction navale qui se concentre sur la construction de ces navires fluvio-maritimes, comme ceux-ci
:
Le chantier naval Nevsky en a 10 en commande, d’autres chantiers navals construisent également ces navires ou des navires similaires. La mer Caspienne pourrait
devenir encore plus fréquentée en termes de trafic maritime dans les années à venir. C’est une nouvelle très importante. En même temps, bien sûr, que celle de l’UE tentant maintenant
de « résoudre » le « blocus » de Kaliningrad et qui promet de régler
les détails dans quelques jours.
VILNIUS/BRUXELLES (Reuters) – Les échanges commerciaux entre la Lituanie et l’enclave russe de Kaliningrad pourraient revenir à la normale d’ici quelques jours,
selon deux sources bien informées, alors que les responsables européens se rapprochent d’un accord de compromis avec le pays balte pour désamorcer le conflit avec Moscou. Kaliningrad, qui est
bordée par des États de l’Union européenne et dépend des chemins de fer et des routes traversant la Lituanie pour la plupart de ses marchandises, est privée de certains transports de
marchandises en provenance de la Russie continentale depuis le 17 juin, en vertu des sanctions imposées par Bruxelles. Des responsables européens sont en pourparlers pour exempter le
territoire des sanctions, qui ont touché jusqu’à présent des produits industriels tels que l’acier, ouvrant ainsi la voie à un accord début juillet si la Lituanie, membre de l’UE, lève ses
réserves, ont déclaré ces personnes, qui ont refusé d’être nommées car les discussions sont privées.
Bien sûr, elles sont privées. En Occident, tout est désormais privé et secret, car le public est totalement exclu de tout processus « démocratique » et ne doit savoir qu’une seule
chose : à quel point l’Occident est unifié et puissant, car, évidemment, la réalité est exactement inverse. Mais qui se soucie de la réalité au sein de l’« élite » politique occidentale ?
Je doute que beaucoup puissent même la saisir. Mais ils sont sûrement très « cultivés ».
Ben Wallace a déclaré que Vladimir Poutine était un « fou » atteint
du « syndrome du petit
homme » et l’a accusé de vouloir changer l’histoire par « la violence et
l’invasion ».
Je pense que Ben Wallace est un représentant typique de l’« élite » britannique, à peine éduqué et peu
cultivé, et je me suis déjà prononcé sur la « qualité » des « produits » de Sandhurst. Ils sont bons pour aboyer, pas très bons pour le vrai combat contre de vrais ennemis. Je suppose que Wallace le sent, étant secrétaire à la défense d’une armée de
jouets d’un pays de jouets. Les Pink Floyd avaient tort lorsqu’ils chantaient « hanging on a quiet desperation is the English way /
S’accrocher à un désespoir tranquille, c’est la méthode anglaise ». Le désespoir de Ben Wallace est celui d’un bouffon belliqueux et verbeux au trône de plastique.
Andrei
Martyanov
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
La Russie menace les centres de décision occidentaux
Alors que les chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN se réunissent à Madrid et envisagent une Troisième Guerre mondiale contre la Fédération de
Russie, la société publique russe de l’espace, Roscosmos, a publié sur sa chaîne Telegram les coordonnées des centres de décision de l’Occident.
On peut y voir les photos satellitaires de la Maison-Blanche et du Pentagone (États-Unis), du siège de l’OTAN (Belgique) [photo], du centre de congrès où se
tient le sommet de l’OTAN (Espagne), du ministère de la Défense (Royaume-Uni), du Reichstag et de la Chancellerie fédérale (Allemagne), ou encore du palais de l’Élysée (France).
Le site précise les coordonnées de tir :
38.897542, -77.036505 38.870960, -77.055935
51.503049, -0.127727
48.870433, 2.316842
52.519903, 13.368921
50.879986, 4.425771
Dmitry Rogozin, le directeur de Roscosmos, est l’ancien ambassadeur russe auprès de l’OTAN.
Interrogé par des journalistes, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré : « Je ne devinerai pas ce qu’espère le
président Zelensky – peu importe ce qu’il pense, ce qu’il espère. Il ne prend pas de décisions. Les décisions sont prises à Washington, et en aucun cas au niveau présidentiel. Des
responsables bien connus prennent des décisions au département d’État, et probablement même dans l’administration présidentielle ».
NB : Montage à la portée de n'importe quel internaute utilisant "Google Earth".
Mais, en n'en pas douter, l'état-Major des forces russes possède toutes ces informations depuis longtemps et ce n'est certainement que la partie
émergée de l'iceberg...
Un dénominateur commun pour toutes ces cibles : Aucune protection anti-mssile ...ce qui n'est probablement pas le cas des
centres de décisions russes !
Ils ont demontré, au combat, combien leurs systèmes anti-missiles étaient performants !
Tentez donc de négocier dans une telle situation.
Le duel entre une chemise blanche et un gilet
pare-balle...!
JMR
Discours de Pierre de Gaulle, petit-fils du général de Gaulle à l’occasion de la Fête Nationale de la Fédération de Russie - TEXTE INTÉGRAL
Discours de Pierre de Gaulle, petit-fils du général de Gaulle à l’occasion de la Fête Nationale de
la Fédération de Russie
TEXTE INTÉGRAL
« Zdrastvouillte ! Ot imeni frantsouskavo naroda goriatcho privetstvouiou rousskille narod i ievo praviteleille i prezident
Vladimir Poutine »
(« Bonjour ! Au nom du peuple français, je salue chaleureusement le peuple russe et ses dirigeants et le Président Vladimir
Poutine »).
« Здравствуйте ! От имени французского народа горячо приветсвую русские народ и его правителей и президент Владимир
Путин. »
Vos Excellences, Mesdames, Messieurs les Officiels, Mesdames, Messieurs, Je vous remercie, au nom de ma famille et de mon père, l’Amiral de Gaulle, de nous inviter
pour la célébration de votre fête Nationale.
Nos peuples sont liés par de longues années d’amitié et par le sang versé contre les Nazis. C’est l’occasion pour moi de répéter que la relation franco-russe était
pour le Général de Gaulle d’une importance toute particulière. La France et la Russie sont proches l’une de l’autre mais aussi unies par la conscience de leur communauté d’intérêts et de
destins.
Plus encore, la Russie était vue par mon grand-père comme l’allié de revers indispensable à sa sécurité mais parce qu’elle participait à sa conception de
l’équilibre de l’Europe et de sa place de l’Europe dans le monde. Le Général disait même : « La décision funeste de Napoléon d’attaquer Alexandre 1er est la plus lourde erreur qu’il ait
commise. Rien ne l’y forçait. C’était contraire à nos intérêts, à nos traditions, à notre génie. C’est de la guerre entre Napoléon et les russes que date notre décadence. »
Je viens ici pour affirmer une nouvelle fois haut et fort, qu’il est de l’intérêt de la France de garder de bonnes relations avec la Russie et de dire qu’il faut
que nous travaillions ensemble en vue d’aider à l’union et à la sécurité de notre continent, ainsi qu’à l’équilibre, au progrès et à la paix du monde tout entier.
Chacun reconnaît aujourd’hui la responsabilité des États-Unis dans le conflit actuel, le rôle funeste de l’Otan qui s’élargit sans cesse et la politique
inconsidérée du Gouvernement Ukrainien. Ce dernier, fort de belles promesses et nourri d’illusions américaines et européennes, a conduit une politique très condamnable à l’égard des populations
russophones du Donbass, multipliant discrimination, spoliation, embargos et bombardements. Les Occidentaux ont malheureusement laissé faire Zelenski, ses oligarques et les groupes militaires
néo-nazis s’enfermer dans une spirale de guerre.
Cet aveuglement est lourd de conséquence pour le peuple ukrainien. Mais ne nous y trompons pas : que veulent les Américains si ce n’est provoquer une nouvelle
confrontation Est-Ouest, dont le seul but est d’affaiblir et de diviser l’Europe pour imposer leurs directives, leur économie et leur système ? Depuis la première guerre mondiale, les
Américains ont conclu un pacte pour établir un équilibre nécessaire des forces en Europe et s’associer à la sécurité du continent européen. Ce n’est pas en organisant une escalade militaire
systématique en Ukraine, qu’ils respecteront leur engagement, ni leurs grands principes de liberté et de démocratie !
Les États-Unis sont dans l’erreur, l’Otan est dans l’erreur, dont l’expansionnisme débridé et irréfléchi conduit inexorablement au déséquilibre du Monde et à
l’injustice. Les belles promesses des Américains de ne pas élargir l’Otan à l’Est, ni au Nord, n’ont pas été respectées. Les accords de Minsk n’ont pas été respectés.
La réalité, c’est que les Américains n’ont jamais accepté, ni l’Occident avec eux, qu’après la difficile transition de 1991 et la reconstruction qui a suivi, que la
Russie ne s’intègre pas dans son monde unipolaire. Les Américains ni l’Europe, n’ont jamais accepté que la Russie se transforme selon le modèle occidental, à son image.
A cause de cela et d’emblée, le Président Poutine fût perçu comme un dictateur, alors que c’est un grand leader pour son pays !
Les États-Unis n’ont jamais non plus accepté la perte du rôle du dollar comme monnaie prépondérante dans le règlement des échanges internationaux dans le monde. Le
pire est, que dans cet aveuglement, ils ne font que renforcer, en déplaçant les intérêt économiques et financiers à l’Est, la position de la Chine et de la monnaie chinoise qu’ils veulent aussi
combattre ! Les sanctions, qui sont celles de la politique du faible, sont inopérantes, sauf à affaiblir les Européens et autres nations du monde. Les Africains eux-mêmes, par
l’intermédiaire du Président de l’Union Africaine, Monsieur Macky Sall, s’en inquiètent considérablement.
En provoquant une crise économique profonde, systémique et durable qui nous touche déjà tous, du prix du pain, au chauffage et aux carburants mais aussi par la
pénurie agro-alimentaire, des matières premières et des métaux industriels qu’elle entraîne, les Américains affaiblissent les Européens à leur profit. Aura-t-on oublié que depuis au moins un
siècle, toutes les crises financières majeures viennent des États-Unis ? « Notre dollar, votre problème » disait Henry Kissinger. Les Américains nous tiennent toujours par leur
endettement, qu’ils exportent.
En imposant aussi un modèle culturel et social qui repose sur le culte de la jouissance et de la consommation, les Américains sapent le socle de nos valeurs
traditionnelles et les deux piliers de la civilisation que sont la famille et la tradition.
L’Europe et bien sûr la France ont tout à perdre à s’enfermer dans cette escalade militaire et idéologique voulue par les États-Unis et l’Otan. Charles de Gaulle le
disait : « l’Amérique ne fait pas partie de l’Europe. Je crois l’avoir découvert sur la carte. »
De la conjoncture actuelle, terrible et redoutable, La France peut et doit jouer un rôle capital. La France et la Russie sont toutes deux filles de l’Europe. La
France ne doit pas oublier qu’elle est l’ainée des nations européennes et qu’aucune n’a derrière elle une aussi longue trainée de gloire. Mon grand-père a toujours soutenu et défendu l’impérative
nécessité, même aux moments les plus difficiles de l’histoire, de construire et préserver une relation forte et partagée avec la Russie.
Il aimait la Russie. Nous aimons, ma famille et moi, la Russie et son peuple. Le peuple russe, dont le droit de propriété est si injustement bafoué partout dans le
monde. Cela me rappelle les pires moments de l’occupation et du régime de Vichy en France. Et les artistes, les sportifs russes, sont-ils aussi responsables ?
Cette politique systématique et aveugle de confiscation et de discrimination du peuple russe tout entier est scandaleuse et me choque considérablement.
Permettez-moi de citer encore une fois le Général de Gaulle : « En France, on n’a jamais considéré la Russie comme un ennemi. Je suis pour le
développement de l’amitié franco-russe et je n’ai jamais envoyé et je n’enverrai jamais des armes aux gens qui se seraient battus contre la Russie soviétique. »
Les Américains donnent de l’argent (et des armes), nous les payons en parts d’indépendance. Je regrette que le Gouvernement français se commette dans cette
soumission à l’Otan et donc à la politique américaine.
Je déplore, que de par la volonté de certains présidents français, la France se soit dissoute dans l’Otan. Or, le Général de Gaulle s’est toujours efforcé de
maintenir l’indépendance de la France dans le commandement intégré de l’Otan.
L’Otan absorbe l’Europe. Depuis, les Américains ne parlent plus à la France et ne nous considèrent plus comme une nation forte et indépendante.
Faut-il rappeler le camouflet récent subi par la France dans la rupture brutale et unilatérale du contrat d’achat des sous-marins australiens par l’Australie,
Membre du Commonwealth et qui fût orchestré par les anglais et les américains ? La France peut-elle se contenter, outre sa perte de souveraineté, des trois jours d’avance en munitions et en
carburant que lui octroie l’Otan ? Je ne comprends pas la politique du Président français.
Fort de ses convictions, de son armée et de la force de dissuasion qu’il a lui-même construite au grand dam des Américains, le Général de Gaulle a eu la
détermination de sortir de l’Otan, tout en restant comme membre de droit de l’Alliance Atlantique. Je souhaiterais que le Président français ait ce courage et cette volonté, plutôt que de subir
les affres de la pensée unique et de la politique commune imposée par les Américains, qui le rendent dépendant.
De la même manière, je ne me reconnais pas dans la France d’aujourd’hui, dans cette politique du « en même temps », qui nous affaiblit. Je ne me reconnais
pas dans l’abandon actuel des valeurs, de notre histoire, de notre culture, de nos grands principes de liberté, du devoir et de la sécurité.
Le Général de Gaulle écrivait. « Il existe un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde. » Notre but est et doit
rester d’établir une entente européenne entre l’Atlantique et l’Oural. Au milieu des alarmes du monde et des dangers de la crise actuelle, la France peut et doit, à nouveau, peser de tout son
poids et chercher un arrangement avec les pays belligérants et la Russie en particulier.
On ne fait pas la guerre tout seul !
C’est une conviction que les idéologies, donc les régimes qui les expriment, en Ukraine comme ailleurs, ne sont que de passage. « Seuls comptent, appuyés sur
les fondements politiques, la patine des siècles et la capacité des pays à rester grands ».
Comme le disait le Général de Gaulle en 1966 lors de son deuxième voyage en Russie : « La visite que j’achève de faire à votre pays, c’est une visite de
la France de toujours à la Russie de toujours. »
Président de la Russie Vladimir Poutine : Monsieur le secrétaire général de l’ONU Gutteres
Je suis très heureux de vous voir.
La Russie, en tant que membre fondateur de l’ONU et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a toujours soutenu cette organisation
universelle. Nous croyons qu’elle n’est pas seulement universelle, mais unique en son genre : il n’y a pas d’autre organisation de ce genre dans la communauté internationale. Et
nous soutenons fermement les principes sur lesquels il est basé, nous avons l’intention de le faire à l’avenir.
Pour nous, les maximes de certains de nos collègues sonnent un peu étranges lorsqu’ils parlent d’un monde fondé sur des règles. Nous pensons que la règle de base est
la Charte des Nations unies et les autres documents adoptés par cette organisation, et non des documents rédigés par quelqu’un pour lui-même ou pour garantir ses
intérêts.
Nous sommes également surpris de voir certaines des déclarations de nos collègues selon lesquelles quelqu’un dans le monde est exclusif ou revendique
des droits exclusifs, car la Charte des Nations unies stipule que tous les participants à la communauté internationale sont égaux les uns aux autres, quel que soit leur pouvoir, taille et
situation géographique.
Je pense que cela ressemble à ce que nous avons écrit et dit dans la Bible : tous les gens y sont égaux. Nous retrouverons sûrement la même chose
dans le Coran et dans la Torah. Tous les hommes sont égaux devant le Seigneur. Par conséquent, il semble très étrange de penser que quelqu’un revendique une sorte
d’exclusivité. Eh bien, nous vivons dans un monde complexe, donc nous partons du fait qu’il y a ce qui est vraiment, nous sommes prêts à travailler avec tout le monde.
Bien sûr, l’ONU a été créée à un moment donné pour résoudre des crises aiguës, elle a connu différentes périodes de son développement, et il y a encore
quelques années, on entendait dire qu’elle était dépassée, qu’elle n’était plus nécessaire. Cela s’est produit dans les moments où cela empêchait quelqu’un d’atteindre ses objectifs
sur la scène internationale. Nous avons toujours dit qu’il n’y a pas d’organisation universelle telle que l’ONU, et nous devrions chérir les structures qui ont été créées après la
Seconde Guerre mondiale précisément pour résoudre les différends.
Je suis conscient de vos inquiétudes concernant l’opération militaire russe dans le Donbass et en Ukraine. Je pense que cela va être au cœur de
notre conversation d’aujourd’hui.
À cet égard, je voudrais simplement souligner que tout le problème est survenu après le coup d’État qui a eu lieu en Ukraine en 2014. C’est une
évidence. Vous pouvez l’appeler comme vous voulez et vous pouvez avoir des préférences pour ceux qui l’ont fait, mais c’est vraiment un coup d’État anticonstitutionnel.
Après cela, une situation s’est produite avec l’expression de la volonté des habitants de Crimée et de Sébastopol, qui ont agi presque de la même
manière que les personnes qui vivaient et vivaient au Kosovo l’ont fait à un moment donné : ils ont décidé de l’indépendance, puis se sont tournés vers nous avec une demande d’adhésion à
la Fédération de Russie. La seule différence est qu’au Kosovo, une telle décision sur la souveraineté a été prise par le parlement, et en Crimée et à Sébastopol – lors d’un référendum
national.
Il y avait aussi un problème dans le sud-est de l’Ukraine, où les habitants de plusieurs territoires – deux, au moins deux, sujets ukrainiens à l’époque
– n’étaient pas d’accord avec le coup d’État et ses résultats. Mais ils ont été soumis à de très fortes pressions, notamment par des opérations militaires de grande envergure avec
l’utilisation d’avions de combat et de matériel militaire lourd. C’est ainsi que la crise est née dans le Donbass, au sud-est de l’Ukraine.
Comme vous le savez, après une autre tentative infructueuse des autorités de Kiev pour résoudre ce problème par des moyens militaires, nous sommes
arrivés à la signature d’accords dans la ville de Minsk, appelés accords de Minsk. C’était une tentative de règlement pacifique de la situation dans le Donbass.
Malheureusement pour nous, pendant huit ans, les gens qui y vivaient, d’abord, se sont retrouvés dans un blocus, et les autorités de Kiev ont
publiquement annoncé qu’elles organisaient un blocus de ces territoires. Ils n’ont pas hésité à le faire et ils ont dit : c’est un blocus, même s’ils ont d’abord refusé de le
faire. Et ils ont continué à exercer une pression militaire.
Dans ces conditions, après que les
autorités de Kiev ont annoncé publiquement – je tiens à le souligner, publiquement – par l’intermédiaire des hauts fonctionnaires de l’État qu’elles n’avaient pas l’intention de mettre en
œuvre les accords de Minsk, nous avons été contraints de reconnaître ces États comme indépendants et autonomes afin d'arrêter le génocide des personnes qui vivent dans ces
territoires. Je le répète encore une fois : il s’agit d’une mesure forcée pour arrêter la souffrance des personnes qui vivent dans ces territoires.
Malheureusement, nos confrères de l’Ouest ont préféré ne pas remarquer tout cela. Et après que nous ayons reconnu leur indépendance, ils se sont tournés
vers nous avec une demande de leur fournir une assistance militaire en rapport avec le fait qu’ils sont soumis à une pression militaire, une agression militaire. Et conformément à
l’article 51 de la Charte des Nations unies, section sept, nous avons également été contraints de le faire en lançant une opération militaire spéciale.
Je voudrais vous informer que malgré le fait qu’une opération militaire est en cours, nous espérons toujours que nous pourrons parvenir à des accords
sur la voie diplomatique. Nous négocions, nous ne les abandonnons pas.
D’ailleurs, lors des pourparlers d’Istanbul – et je sais que vous venez d’y aller, j’ai parlé avec le président Erdogan aujourd’hui -, nous avons réussi
à faire une percée assez sérieuse. Parce que nos collègues ukrainiens n’ont pas associé les exigences de la sécurité internationale de l’Ukraine à un concept tel que les frontières
internationalement reconnues de l’Ukraine, mettant la Crimée, Sébastopol et les républiques nouvellement reconnues du Donbass hors de portée, mais avec certaines réserves.
Mais, malheureusement, après avoir conclu ces accords et après nos intentions, à mon avis, assez clairement démontrées de créer des conditions
favorables à la poursuite des négociations, nous avons été confrontés à une provocation dans le village de Bucha, provocation à laquelle l’armée russe n’a rien à voir. On sait qui
l’a fait, on sait qui a préparé cette provocation, par quel moyen, quel genre de personnes y ont travaillé.
Et la position de nos négociateurs ukrainiens sur la poursuite du règlement a radicalement changé par la suite : ils se sont écartés de leurs intentions
antérieures de mettre de côté les questions de garantie de la sécurité du territoire de la Crimée, de Sébastopol et des républiques du Donbass. Ils y ont tout simplement renoncé et
dans leur projet d’accord sur cette question, qui nous a été soumis, ont simplement indiqué dans deux articles que ces questions devaient être résolues lors d’une réunion des chefs
d’État.
Il est clair pour nous que si nous les portons au niveau des chefs d’État sans les résoudre au préalable au moins dans le cadre du projet d’accord, il
est clair pour nous qu’ils ne seront jamais résolus et ne seront pas résolus. Dans ce cas, nous ne pouvons tout simplement pas souscrire à des garanties de sécurité sans résoudre les
problèmes territoriaux concernant la Crimée, Sébastopol et les républiques du Donbass. Néanmoins, des négociations sont en cours. Ils se déroulent désormais dans un format en
ligne. J’espère que cela nous conduira à des résultats positifs.
C’est ce que j’aimerais dire d’emblée. Nous aurons sûrement de nombreuses questions liées à cette situation. On parlera peut-être d’autres
sujets.
Je suis très heureux de vous voir. Bienvenue à Moscou.
La Russie a envoyé cette semaine une
note diplomatique officielle aux États-Unis avertissant que les livraisons américaines et de l’OTAN des systèmes d’armes « les plus sensibles » à l’Ukraine « alimentaient » le conflit
là-bas et pouvaient avoir des « conséquences imprévisibles ».
La démarche diplomatique, dont une copie a été examinée par le Washington Post, est intervenue alors que le président Joe Biden approuvait une expansion
spectaculaire de la portée des armes fournies à l’Ukraine, un
ensemble de 800 millions de dollars comprenant des obusiers de 155 mm – une sérieuse mise à niveau des armes à longue portée pour correspondre aux systèmes russes – drones de
défense côtière et véhicules blindés, ainsi que des armes anti-aériennes et antichar portables supplémentaires et des millions de cartouches.
Les États-Unis ont également facilité l’envoi à l’Ukraine de systèmes de défense aérienne à longue portée, y compris l’envoi par la Slovaquie de lanceurs
S-300 de l’ère soviétique de fabrication russe sur lesquels les forces ukrainiennes ont déjà été entraînées. En échange, a annoncé l’administration la semaine dernière, les
États-Unis déploient
un système de missiles Patriot en Slovaquie et consultent la Slovaquie sur un remplacement à long terme.
L’envoi d’armes, dont la première vague, selon les responsables américains, arriverait en Ukraine dans quelques jours, fait suite à un appel urgent à Biden
du président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que les forces russes se mobilisaient pour un assaut majeur contre la région du Donbass dans l’est de l’Ukraine et le long de la bande
côtière la reliant à la Crimée occupée par la Russie au sud.
Les troupes russes se sont en grande partie retirées d’une grande partie du nord du pays, y compris autour de la capitale, Kiev, à la suite des défaites
humiliantes de l’armée ukrainienne et des forces de résistance locales.
« Ce que les Russes nous disent en privé est précisément ce que nous avons dit au monde publiquement – que l’aide massive que nous avons fournie à nos
partenaires ukrainiens s’avère extraordinairement efficace », a déclaré un haut responsable de l’administration, qui s’est exprimé sur la condition d’anonymat sur le document
diplomatique sensible.
Le département d’État a refusé de commenter le contenu de la note diplomatique de deux pages ou de toute réponse américaine.
Les experts russes ont suggéré que Moscou, qui a qualifié les convois d’armes entrant dans le pays de cibles militaires légitimes mais ne les a pas encore
attaqués, pourrait se préparer à le faire.
« Ils ont ciblé des dépôts d’approvisionnement en Ukraine même, où certaines de ces fournitures ont été stockées », a déclaré George Beebe, ancien
directeur des analyses russes à la CIA et conseiller russe de l’ancien vice-président Dick Cheney. « La vraie question est, vont-ils au-delà de la tentative de cibler [les
armes] sur le territoire ukrainien, essaient-ils de frapper les convois de ravitaillement eux-mêmes et peut-être les pays de l’OTAN à la périphérie ukrainienne » qui servent de
points de transfert pour les fournitures américaines.
Si les forces russes trébuchent dans la prochaine phase de la guerre comme elles l’ont fait dans la première, « alors je pense que les chances que la
Russie cible les approvisionnements de l’OTAN sur le territoire de l’OTAN augmentent considérablement », a déclaré Beebe. « Beaucoup d’entre nous en Occident ont supposé
que nous pouvions approvisionner les Ukrainiens vraiment sans limites et ne pas supporter un risque important de représailles de la part de la Russie », a-t-il
déclaré. « Je pense que les Russes veulent envoyer un message ici que ce n’est pas vrai. »
Le document, intitulé « Sur les préoccupations de la Russie dans le contexte des livraisons massives d’armes et d’équipements militaires au régime de Kiev
», écrit en russe avec une traduction fournie, a été transmis au département d’État par l’ambassade de Russie à Washington.
L’ambassade de Russie n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Parmi les articles que la Russie a identifiés comme « les plus sensibles », figuraient des « systèmes de lance-roquettes multiples »,
bien que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ne soient pas soupçonnés d’avoir fourni ces armes à l’Ukraine. La Russie a accusé les alliés de violer les « principes
rigoureux » régissant le transfert d’armes vers les zones de conflit et d’être inconscients de « la menace que des armes de haute précision tombent entre les mains de
nationalistes radicaux, d’extrémistes et de bandits en Ukraine ».
Il a accusé l’OTAN d’essayer de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle « abandonne » les négociations avec la Russie, jusqu’à présent
infructueuses, « afin de poursuivre l’effusion de sang ». Washington, a-t-il déclaré, faisait pression sur d’autres pays pour qu’ils mettent fin à toute coopération
militaire et technique avec la Russie, et sur ceux qui détenaient des armes datant de l’ère soviétique pour qu’ils les transfèrent en Ukraine.
« Nous appelons les États-Unis et leurs alliés à arrêter la militarisation irresponsable de l’Ukraine, qui implique des conséquences imprévisibles pour la
sécurité régionale et internationale », indique la note.
Andrew Weiss, ancien directeur du Conseil de sécurité nationale pour les affaires russes, ukrainiennes et eurasiennes, et maintenant vice-président pour les
études au Carnegie Endowment for International Peace, a rappelé que le président russe Vladimir Poutine, dans un discours prononcé le matin de février où l’invasion a commencé, a averti
que les nations occidentales feraient face à « des conséquences plus importantes que celles que vous avez connues dans l’histoire » si elles s’impliquaient dans le conflit.
L’attention à l’époque s’est concentrée sur le rappel de Poutine que la Russie possède un puissant arsenal nucléaire, a déclaré Weiss, mais c’était aussi «
un avertissement très explicite de ne pas envoyer d’armes dans une zone de conflit ». Après avoir tracé une ligne rouge, a-t-il demandé, les Russes sont-ils « maintenant enclins à
soutenir cela ? »
Une telle attaque serait « un mouvement d’escalade très important, d’abord et avant tout parce qu’il représente une menace pour l’Occident s’il n’est
pas en mesure de maintenir l’approvisionnement en Ukraine, ce qui, par extension, pourrait diminuer la capacité d’autodéfense de l’Ukraine ». Ce risque « ne doit pas être
minimisé », a-t-il dit, notant le risque supplémentaire qu’une tentative de frapper un convoi à l’intérieur de l’Ukraine puisse tourner mal au-delà de la frontière vers le territoire de
l’OTAN.
Les hauts responsables américains de la défense restent préoccupés par la possibilité de telles attaques. « Nous ne tenons pas pour acquis tout
mouvement d’armes et de systèmes entrant en Ukraine », a déclaré Kirby jeudi. « Pas un jour donné. »
Kirby a déclaré que les troupes ukrainiennes apportaient les armes en Ukraine après que les États-Unis les aient apportées dans la région, et « moins
nous en disons à ce sujet, mieux c’est ».
Dans la présentation de Lavrov il y a une importante question-réponse sur l’ONU qui doit être lue et digérée
Question :
Pouvons-nous dire qu’aujourd’hui, dans
le cadre de la crise internationale et des relations internationales, l’ONU continue d’être une plate-forme efficace pour résoudre les conflits et les menaces émergentes, en particulier
dans le contexte de déclarations absolument irréfléchies sur la nécessité d’expulser la Russie de le Conseil de sécurité ?
Sergueï Lavrov :
C’est une question importante. Quand nous disons que nous sommes en faveur de la démocratisation des relations internationales, pour la formation d’un ordre
mondial polycentrique juste, nous ne proposons pas de remplacer l’ONU par quelque chose, mais de revenir à ses racines.
La Charte de l’Organisation consacre l’égalité souveraine des États.
Les Américains bafouent de manière flagrante ce principe. Il est clair que les pays sont différents. Il y en a de très petits. Il leur est difficile de
faire preuve d’indépendance. Mais le principe de l’égalité souveraine des États doit être respecté par tous, du moins pour ce qui est de donner à chaque membre de l’ONU la possibilité
d’avoir accès aux faits et partir de là de déterminer sa position.
Les Américains font maintenant pression sur des grands pays et menaçant de rompre les relations commerciales, ou d’imposer de nouvelles sanctions, si ils ne
votent pas à l’ONU comme le veulent les Américains.
Récemment, à l’Assemblée générale des Nations unies, il y a eu un vote sur l’Ukraine.
145 pays ont voté en faveur de la résolution condamnant la Russie. Parmi ceux-ci, plus de 100 n’ont imposé aucune sanction contre nous et ne nous en
imposeront pas. Mais c’était de la propagande. Il était important de montrer que la Russie était « isolée », pour ainsi dire. C’est ce que font les Américains.
Je considère un tel comportement indigne d’une grande puissance, tout comme le fait d’utiliser des méthodes « en dessous de la ceinture ». Je précise ce que
je veux dire.
Je connais beaucoup de gens à l’ONU – j’y ai travaillé longtemps. Récemment, quand je suis arrivé, j’ai parlé avec des collègues. Le représentant permanent
d’un pays auprès de l’ONU est souvent obligé de voter comme les États-Unis le veulent car on lui en rappelle qu’ils a un compte dans une banque américaine, qu’il a des enfants qui
fréquentent une université américaine. Ils ne reculent devant rien.
« N’essayez pas de détruire l’ONU. Et pourtant, Ils le font quand ils disent qu’il faut être guidé par les « règles » « sur lesquelles
repose l’ordre mondial » plutôt que par le droit international.
« Il est nécessaire de revenir à la Charte des Nations unies, où, entre autres, il y a le respect de l’égalité souveraine des États. C’est le principe
fondamental. Il y a le droit d’une nation à l’autodétermination, ainsi que le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale ».
Les droits de la Crimée et du Donbass devraient être respectés.
Maintenant, on dit souvent qu’il faut organiser un référendum. Cela vise à retarder le processus.
Le consensus de la communauté mondiale, conclu dans la Déclaration de 1970, stipule : « Chacun a le devoir de respecter la souveraineté et l’intégrité
territoriale d’un État dont le gouvernement respecte le droit à l’autodétermination et représente tous les peuples vivant sur un territoire donné. »
L’Ukraine considère comme son territoire la Crimée et le Donbass, alors qu’elle les a bombardés pendant huit ans, forcés a se cacher dans des sous-sols,
détruit les biens civils, tué des civils.
Kiev représente-t-elle la Crimée d’aujourd’hui ou le Donbass d’aujourd’hui ?
Il faut défendre les valeurs de l’ONU. Beaucoup de choses utiles y ont été faites. Il est nécessaire de revenir sur cette expérience
inestimable. »
Il faut se souvenir que depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin le 31 décembre 1999, la Russie a connu un spectaculaire redressement tant économique
et financier que militaire tout en affirmant sa spécificité face aux pays occidentaux sur le plan que l’on peut qualifier de « moral »: Alors que l’occident fonce droit dans le
globalisme, reniant ses valeurs traditionnelles et se laissant conquérir par de nouveux principes, la Russie reste fidèle à ses traditions culturelles et familiales. Ceci est un point des
plus importants pour expliquer la situation aujourd’hui.
Depuis 2000 donc, deux grands courants s’affrontent en Russie, d’importance inégale: Le courant traditionnel incarné par Vladimir Poutine, et le courant
« occidental libéral » incarné par plusieurs politiciens de bien moindre envergure qui rêvent d’appliquer à la Russie le modèle occidental. Sur le plan économique c’est ce
second courant qui l’emporte largement depuis 25 ans puisque la Russie est entrée de plein fouet dans le capitalisme sauvage à Moscou bien sûr mais également, bien que dans une moindre
mesure, dans les régions. Si sur le plan économique l’immense majorité des Russes y a trouvé son compte, les choses ne sont pas si claires sur les autres plans et nombreux en Russie sont
ceux qui se posent de sérieuses questions sur les relations avec les pays occidentaux.
On assiste en effet d’une part à une expansion de l’OTAN aux portes de la Russie malgré les promesses faites à l’époque de la chute de l’Union Soviétique,
mais on voit aussi des tentatives américaines de saper l’influence de la Russie. Les Etats-Unis qui pillaient tranquilement le pays sous Eltsine, ont en effet vu leurs plans capoter avec
l’arrivée de Vladimir Poutine et se sont rabatus sur des méthodes plus traditionnelles: L’ingérence dans les pays frontaliers traditionnellement alliés de la Russie, que ce soit en
Géorgie, en Ukraine bien sûr, au Kazakhstan, en Tchétchénie également puisque les terroristes tchétchènes étaient armés et financés par les Etats-Unis, etc etc. Et l’ingérence en Russie
directement avec le financement des forces d’opposition sous le couvert des ONG.
Dans le même temps sur le plan politique, les Etats Unis et les pays européens, avec qui la Russie voulait réellement s’associer à la chute de l’URSS,
tentaient d’influencer la Russie pour qu’elle s’aligne sur leurs positions « morales »: Suppression de la peine de mort (elle n’est pas supprimée en Russie mais n’est plus
appliquée, ceci va d’ailleurs changer très prochainement), les valeurs familiales traditionnelles reniées par l’occident et que la Russie persiste à soutenir, la question de l’immigration
alors que l’Europe ouvre grand ses portes à qui veut entrer et que la Russie renforce ses contrôles, etc etc. Ces pressions en Russie sont faites par ceux que l’on nomme « la 5-ème
colonne », animée par certains politiciens jusqu’au sommet de l’Etat et disposant d’une influence bien réelle qui tentent par des essais discrets d’imposer en Russie les
« valeurs » occidentales. Et si à Moscou et Saint-Peterburg les « occidentalistes » sont majoritaires, ils sont une infime minorité à l’échelle du pays. Mais
l’influence de Moscou est primordiale.
Durant ces années, Vladimir Poutine ne manque toutefois pas de montrer à l’Occident qu’il est bien déterminé à guider la Russie dans ce qu’il considère
comme son intérêt et sa voie légitime, par exemple en intervenant en Géorgie alors que les minorités russes sont attaquées en Ossétie, en Crimée bien entendu alors que le putsch financé
par les Etats-Unis en Ukraine met en péril les bases militaires russes de Sévastopol et la communauté russe y vivant, et en Syrie à l’appel du président Assad, en quasi face-à-face avec
les forces américaines. La riposte des pays occidentaux se fait sous la forme de « sanctions économiques » qui, si elles permettent en fait à la Russie de développer ses propres
productions, montrent à Vladimir Poutine que les occidentaux ont toujours en vue la mise au pas de la Russie, sans toutefois vouloir appliquer de méthodes militaires.
Conscient de la lente glissade de la Russie vers ce qu’il considère comme l’Occident « décadent », Vladimir Poutine est également parfaitement
conscient qu’il lui faudra bien quitter le Kremlin un jour et il veut transmettre à son successeur une Russie fière de ses valeurs ancestrales et suffisament puissante pour être à l’abri
des tentatives de subversion des pays occidentaux. Il y a environ 2 ans, il décide alors de passer à l’attaque à l’intérieur de la Russie contre la 5-ème colonne. Ceci se fera avec l’aide
des services de sécurité qui d’une part démantèleront l’opposition « non légale » (c’est à dire financée par les pays étrangers, contrairement à l’opposition
« légale » de partis politiques), et d’autre part lanceront le plan « Только свои » (« Seulement les notres ») qui ciblera et mettra hors d’état de nuire
ceux nuisant gravement aux intérêts de la Russie.
Les choses suivent leur train et c’est dans ce contexte que les forces ukrainiennes décident, sur ordre des Etats-Unis, de se préparer à attaquer le Donbass
qui a déclaré son indépendance en 2014. Depuis cette date d’ailleurs l’Ukraine bombardait régulièrement les populations civiles, faisant environ 14000 morts. La Russie assistait
discrètement les separatistes, mais se refusait à intervenir directement: Ses forces armées n’étaient pas encore prêtes. En 2021 donc les forces ukrainiennes se massent aux frontières du
Donbass et multiplient les bombardements à l’arme lourde. Et cette fois, l’armée russe est prête avec de nouvelles armes totalement inédites (lasers, armes à effet magnétiques, armes
hypersoniques, etc) dont certaines ont été testées avec succès en Syrie. Dans le même temps les services de Renseignement russes établissent que l’Ukraine a la volonté de s’équiper
d’armes nucléaires malgré leur engagement de rester une « puissance non nucléaire », avec l’accord des américains.
C’est donc dans ce contexte que la Russie reconnait l’indépendance des LDNR en février 2022 et décide d’une opération militaire destinée d’une part à
défendre les populations russes du Donbass, d’autre part et surtout à neutraliser les factions néonazies ukrainiennes qui, manipulées par les pays occidentaux, représentent un véritable
danger pour la Russie. Ceci déclenche une hystérie collective anti-russe en occident, qui en fait a l’effet contraire à celui escompté: Alors qu’une partie relativement importante (disons
un tiers) des russes ne comprend pas bien le pourquoi de cette opération militaire, l’immense majorité (80 à 85%) se ressoude immédiatement autour du Président Poutine quand les
« sanctions » occidentales s’abattent sur la Russie. Ce sont en fait les américains et les européens qui font remonter la côte de popularité de Vladimir Poutine qui sait qu’il
peut donc aller de l’avant pour l’autre partie de son plan.
L’autre partie de son plan, ce n’est pas d’attaquer d’autres pays européens comme le prétendent les propagandistes occidentaux desireux de garder leurs
peuples en situation de panique pour mieux les asservir, c’est de remettre de l’ordre en Russie pour faire cesser la glissade vers cet « Occident décadent ». C’est ainsi que le
Parlement vote actuellement des séries de loi destinées à rétablir la souveraineté de la Russie et à supprimer les moyens utilisés par la « 5-ème colonne » pour occidentaliser
le pays. Rétablissement probable de la peine de mort, peines très sévères pour ceux qui dénigrent la Russie et l’opération militaire en cours (15 ans de prison; Sont visés les agents de
la 5-ème colonne), blocage des media occidentaux faisant leur propagande contraire aux intérêts de la Russie, blocage des réseaux sociaux (facebook twitter youtube) qui, aux mains des
globalistes, font acte de subversion en Russie, prochain blocage des avoirs des banques étrangères et saisie des propriétés des compagnies étrangères en Russie (en réponse aux sanctions
similaires occidentales), blocage des exportations d’engrais (la Russie fournit entre 15 et 20% des engrais mondiaux, forte hausse des prix des produits agricoles en vue en Occident),
actions sur le gaz et le pétrole bien, etc.
Si à l’issue de l’intervention russe en Ukraine certaines mesures économiques seront remises en cause par seul intérêt de la Russie, il est plus que
probable que les mesures visant à « désoccidentaliser » la Russie resteront en place, alors que des discussions très approfondies sont en cours avec les pays d’Asie sur le plan
économique et financier. On voit déjà en Russie d’éminents politiciens membres de cette « 5-ème colonne » qui disparaissent de la circulation et restent muets, ayant compris que
la partie est perdue.
Il est bien entendu souhaitable que l’opération militaire se termine au plus vite, ses objectifs remplis. C’est en bonne voie, les forces russes avancent
lentement mais régulièrement avec la volonté d’éviter au maximum les victimes dans la population civile. Maintenant, la position des pays occidentaux reste déterminante: S’ils veulent
intervenir directement, ils seront laminés. Mais dans tous les cas la Russie n’oubliera pas qu’ils fournissent des armes utilisées contre nos soldats. Ceci restera sur la facture finale
et il est parfaitement clair qu’un nouveau « rideau de fer », idéologique bien plus que physique, est dorénavant en place entre la Russie et les pays occidentaux. Pays
occidentaux qui, de fausse pandémie en crise climatique inexistante, enfermeront leurs peuples lobotomisés jusqu’à ce qu’un jour, peut-être, ceux-ci ne s’éveillent. Qu’ils sachent que si
ce jour se présente, la Russie sera alors prête à les aider!
En près de 25 ans Vladimir Poutine aura donc réussi le tour de force de faire de la Russie une grande puissance, de redonner aux Russes fierté et sécurité,
et d’éviter enfin à la Russie de glisser dans l’abime d’un occident en pleine dégringolade et en pleine décadence. Son successeur, déjà choisi pour se présenter avec le parrainage de
Vladimir Poutine devant les Russes pour entrer au Kremlin, saura nous en sommes certains poursuivre sur le même chemin pour la grandeur de la Russie et la sécurité de son peuple.
Stéphane Buffetaut est vice-président du CNIP, et ancien Président du Comité de liaison UE/Russie. Le CNIP a apporté son soutien à Eric Zemmour le 29 janvier dernier.
Vladimir Poutine aime la mise en scène. Salle blanche, froide, lumière blafarde. On se croirait presque dans un igloo. Une longue table de marbre blanc. À une
extrémité le Président Russe, à l’autre le Président français, qu’il n’est même pas venu accueillir au seuil du Kremlin. Le premier aime à montrer de la proximité avec son peuple; une froide,
voire ironique, distance à l’égard de ses adversaires. Le second a divisé, fragmenté, hystérisé la société française mais aime « papouiller » les grands de ce monde, jusqu’à tutoyer le Pape. L’un
se pose en chef de guerre prêt à défendre son pré carré. L’autre en doux homme de paix soucieux de sauvegarder son siège. Mais l’image fracasse quelque peu la communication optimiste du
Français.
Derrière le ballet diplomatique entre Moscou et Kiev, Berlin et Washington, Bruxelles et l’OTAN, se cache l’invraisemblable fiasco de la politique européenne, et
américaine, à l’égard de la Russie.
Lorsque Gorbatchev accepta le démantèlement du rideau de fer et le retrait des forces soviétiques d’Allemagne et d’Europe centrale, ce fut contre la promesse,
purement verbale, du Président Bush que l’OTAN ne s’étendrait pas jusqu’aux frontières de la Russie. « Verba volant, scripta manent ». On sait ce qu’il en fut.
Le désordre qui suivit l’effondrement de l’Union soviétique, ouvrit une période de tensions aux marches de l’ex empire, d’autant que les États-Unis jetèrent de
l’huile sur le feu via les « révolutions de couleur » notamment en Géorgie et en Ukraine. Et voilà que se profile l’adhésion de celle-ci à l’OTAN. Pour les Russes, l’encerclement final.
La provocation ultime qui peut faire voler en éclat les fragiles accords de Minsk. Tant de fois envahie, la Russie a développé un syndrome d’assiégée. Pourquoi s’obstiner à méconnaître ce qui est
une réalité géopolitique, plus encore que psychologique ?
La citation de Poutine « celui
qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur. Celui qui veut la réinstaurer n’a pas de cerveau », dit beaucoup sur l’homme. Sentimentalité historique mais rationalité politique. Ce
Saint-Pétersbourgeois n’était pas anti-occidental. Arrivé au pouvoir en 1999, il envisagea une coopération entre la Russie et l’OTAN et s’en entretint avec Bill Clinton. Il subit une première
rebuffade.
Aucune hostilité à l’égard de l’Union européenne non plus. Il demanda à Romano Prodi qui présidait la Commission : « que
diriez-vous si la Russie posait sa candidature à l’Union européenne ? ». Prodi lui répondit : « la
Russie c’est bien grand ! ». Comme si cette esquive était une pensée politique.
La Russie, c’est en effet bien grand. La Fédération de Russie est le plus vaste État du monde, il couvre 11 fuseaux horaires, plus de 17 millions de kilomètres
carrés - 25 fois la France – et compte près de 150 millions d’habitants. Est-il donc habile de s’en être fait un adversaire, voire un ennemi ?
L’Union européenne est dépendante à 40% du gaz, 20% du pétrole et à 50% de l’uranium provenant de Russie, qui possède des gisements de métaux stratégiques tels que
les platinoïdes, les terres rares, l’or et l’argent, l’aluminium, le cuivre, le nickel, le zinc, le plomb qui nous font défaut. Et la Commission prévoit que cette dépendance devrait passer à 70%
pour le gaz dans les années à venir !
La Russie a conservé une tradition de scientifiques et d’ingénieurs de haut niveau, alors que l’Union européenne manque de spécialistes des sciences dures.
Une coopération étroite entre elles deux aurait pu donner naissance à un pôle géostratégique majeur. Au contraire l’UE n’a cessé, avec une certaine condescendance,
de donner des leçons de « morale démocratique » au Kremlin et d’entrer dans le jeu de déstabilisation de la sphère d’influence russe. Pour quel bénéfice ?
L’Ukraine a perdu la Crimée et le Donbass, la Géorgie l’Ossétie du sud et l’Abkhazie. Les bruits de bottes perdurent aux frontières ukrainiennes. La Russie a créé l’Union
économique eurasiatique et se rapproche de la Chine, pour la plus grande inquiétude des États-Unis et de l’Union européenne. Elle a gagné la guerre en Syrie alors que le monde occidental était
ridiculisé. Quel fabuleux bilan !
Est-il encore temps de revenir sur ce gâchis ? Encore faudrait-il connaître et comprendre la Russie pour pouvoir discuter avec elle. Il ne s’agit pas de faire
preuve de faiblesse mais d’intelligence diplomatique, sans ingérence idéologique. Sans doute est-ce beaucoup demander à l’Union européenne ?
Il n’est pas exagéré de dire que dans la mythologie de l’Empire
anglo-sioniste, Poutine est quelque chose d’apparenté à Satan ou, du moins, qu’il est une sorte de « Sauron » qui
incarne le mal. Et nous avons tous entendu que récemment Biden, au cours d’une interview enregistrée, a déclaré que Poutine est « un
tueur ». Lorsqu’on lui a donné la possibilité d’adoucir une telle déclaration, Jen Psaki n’a rien fait de tel. Nous pouvons donc conclure qu’il s’agissait d’une caractérisation
officielle, délibérément planifiée, du dirigeant russe.
Ce type de langage n’a
jamais été utilisé par les responsables occidentaux pendant la guerre froide, du moins pas au plus haut niveau. Alors pourquoi cette haine bouillonnante envers Poutine ?
Intro : Une cause pour un prétexte
Ce n’est pas parce qu’il est un ex employé du PGU, KGB, SSSR. Yuri Andropov était un ancien président du KGB, et il a beaucoup fait pour renforcer le KGB, son
personnel et ses opérations. Pourtant, personne ne l’a jamais traité de tueur. Ce n’est pas non plus à cause de la Crimée ou du Donbass, du moins pas directement, car lorsque l’URSS a envahi la
Tchécoslovaquie et, avant cela, la Hongrie, les politiciens occidentaux n’ont pas traité Khrouchtchev ou Brejnev de « tueurs ». Ce n’est pas pour
avoir descendu le MH-17 (les dirigeants occidentaux savent tous que ce sont des mensonges créés par les services spéciaux occidentaux), parce qu’il y a eu pas mal d’avions de ligne civils abattus
par divers États, mais cela n’a pas donné lieu à ce genre de diabolisation totale des dirigeants de ces États. Je pourrais continuer, mais vous avez compris : même si nous analysons soigneusement
toutes les accusations portées contre Poutine, nous constatons que le type de diabolisation totale dont il a fait l’objet est assez unique dans son intensité et sa portée.
Il y a une énorme différence entre les concepts de « cause » et
de « prétexte »,
et tous les exemples que j’ai donnés ne sont que des prétextes. Nous allons donc examiner les causes réelles d’une telle haine aveugle pour Poutine.
Voici une autre liste de raisons possibles : tout d’abord, il est indéniable que si Eltsine a presque détruit la Russie en tant que pays, Poutine a, à lui
seul, « ressuscité » la Russie en
un temps étonnamment court. D’un pays en lambeaux et d’une population qui ne souhaitait rien d’autre que de devenir la prochaine Allemagne ou, à défaut, la prochaine Pologne, Poutine a fait de la
Russie la plus forte puissance militaire de la planète et a complètement remodelé la perception que les Russes ont d’eux-mêmes et de la Russie. En outre, Poutine a utilisé la moindre mesure prise
par l’Occident (comme les sanctions, les boycotts ou les menaces) pour renforcer davantage la Russie (par des moyens tels que la substitution des importations, les conférences internationales et
les manœuvres militaires). Plus important encore, Poutine a dissocié la Russie d’un grand nombre d’institutions ou de mécanismes contrôlés par les États-Unis, un geste qui a aussi énormément
servi la Russie.
Les politiciens américains ont parlé d’un pays dont l’économie était « en lambeaux » et
d’une « station-service se
faisant passer pour un pays ». Mais dans le monde réel (zone B), l’économie russe s’est bien mieux comportée que les économies occidentales et, quant à la « guerre de
l’énergie » entre les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie, elle s’est soldée par une défaite catastrophique pour les États-Unis et un triomphe pour la Russie et, dans une
moindre mesure, l’Arabie saoudite.
Puis vint la Covid-19 et le désastre épique pour mauvaise gestion de cette crise par l’Occident. De plus, le contraste entre la façon dont la Russie (et la Chine !)
a géré la crise et ce que l’Occident a fait ne pouvait pas être plus grand. Quant au fait que la Russie soit le premier pays à créer un vaccin (à l’heure actuelle, pas moins de trois en fait ; la
Russie est sur le point de commercialiser un autre vaccin, cette fois pour protéger les animaux contre la Covid-19) et, pire encore, le pays qui a créé le meilleur vaccin de la planète – c’est un
désastre de relations publiques pour l’Occident et il n’y a rien que l’Occident puisse faire pour en atténuer le choc. Au contraire, les choses ne font qu’empirer, comme le montrent tous les
blocages à venir en Europe – à mettre en parallèle avec cette photo de l’heureux Lavrov en Chine portant un masque sur lequel est écrit « FCKNG
QRNTN » ! [merde à
la quarantaine, NdT]
Mais ce n’est pas non plus la vraie raison, comme le montre le fait que l’Occident détestait déjà Poutine bien avant la Covid-19.
La victoire « volée » de
la guerre froide
En vérité, l’Occident a une très longue liste de raisons de haïr Poutine et tout ce qui est russe, mais je crois qu’il y a une raison qui les surpasse toutes : les
dirigeants occidentaux croyaient sincèrement avoir vaincu l’URSS pendant la guerre froide (des médailles ont même été fabriquées pour commémorer cet événement) et, après l’effondrement de
l’ancienne superpuissance et l’arrivée au pouvoir d’une marionnette alcoolique et désemparée, le triomphe de l’Occident était total. Du moins en apparence. La réalité, comme toujours, étant
beaucoup plus compliquée.
[Aparté : les causes et les mécanismes de l'effondrement de l'Union soviétique ne sont pas notre sujet aujourd'hui, je me contenterai donc d'indiquer que je ne crois pas que l'URSS se soit "effondrée" mais qu'elle a été délibérément détruite par l'appareil du PCUS qui a décidé de briser le pays afin que le Parti et la Nomenklatura restent au pouvoir, non pas à la tête de l'URSS, mais à la tête des différentes républiques ex-soviétiques. Les dirigeants faibles et les idéologies auxquelles personne ne croit vraiment n'incitent pas les gens à se battre pour leurs dirigeants. C'est pourquoi la monarchie russe s'est effondrée, c'est pourquoi la démocratie maçonnique de Kerenski s'est effondrée et c'est pourquoi l'Union soviétique s'est effondrée (c'est aussi l'une des raisons les plus probables de l'effondrement final des États-Unis en tant qu'État)].
Poutine, qui n’était pas très connu en Occident ni, d’ailleurs, en Russie, est arrivé au pouvoir et a immédiatement inversé la chute de la Russie dans l’abîme. Il
s’est d’abord attaqué aux deux menaces les plus urgentes, les oligarques et l’insurrection wahhabite dans le Caucase. De nombreux Russes, dont moi-même, ont été absolument stupéfaits par la
rapidité et la détermination de ses actions. En conséquence, Poutine s’est soudainement retrouvé l’un des dirigeants les plus populaires de l’histoire de la Russie. Dans un premier temps,
l’Occident a subi une sorte de choc, puis s’est installé dans un processus rappelant le « modèle Kübler-Ross » et,
enfin, dans une frénésie russophobe jamais vue depuis le régime nazi allemand, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour comprendre pourquoi Poutine est le Diable incarné, nous devons comprendre que les dirigeants de l’Occident collectif ont vraiment
pensé que cette fois-ci, après un millénaire d’échecs et de défaites embarrassantes, l’Occident avait finalement « vaincu » la
Russie qui deviendrait maintenant un territoire sans leader, sans culture, sans spiritualité et, bien sûr, sans histoire, dont la seule utilité serait de fournir des ressources
à « l’Occident
triomphant ».
Ensuite, les dirigeants anglo-sionistes de l’Empire ont exécuté l’opération sous faux drapeau du 11 septembre qui leur a donné le prétexte nécessaire à la Grande
Guerre contre le Terrorisme, mais a complètement détourné leur attention de la soi-disant « menace russe », simplement
parce qu’en 2001, il n’y avait pas de menace russe. Il y avait donc une certaine logique derrière ces mouvements. Et puis, « soudainement » (du moins
pour les dirigeants occidentaux), la Russie fut « de retour » : en 2013, la
Russie a bloqué l’attaque prévue des États-Unis et de l’OTAN contre la Syrie (le prétexte ici était les armes chimiques syriennes). En 2014, la Russie a apporté son soutien au soulèvement de la Novorussie contre le régime ukrainien de Kiev et, la même année, la Russie a également utilisé son armée pour permettre à la
population locale de voter lors d’un référendum pour rejoindre la Russie. Enfin, en 2015, la Russie a stupéfié l’Occident avec une intervention militaire extrêmement efficace en Syrie.
Dans cette séquence, la Russie a commis deux types de « crimes » très différents
(du point de vue anglo-sioniste, bien sûr) :
Le crime mineur de faire ce que la Russie a réellement fait et
le crime beaucoup plus grave de ne jamais avoir demandé à l’Empire la permission de le faire.
L’Occident aime traiter le reste de la planète comme une sorte de partenaire junior, avec un champ d’action très limitée et presque aucune autonomie réelle (le
meilleur exemple est ce que les États-Unis ont fait à des pays comme la Pologne ou la Bulgarie). Si et quand un tel pays « junior » veut faire
quelque chose pour sa politique étrangère, il doit absolument demander la permission à son grand frère anglo-sioniste. Ne pas le faire s’apparente à de la sédition et de la révolte. Dans le
passé, de nombreux pays ont été « punis » pour avoir osé
avoir une opinion ou, plus encore, pour avoir osé agir en conséquence.
Il ne serait pas inexact de résumer tout cela en disant que Poutine a fait un doigt d’honneur à l’Empire et à ses dirigeants. C’est ce « crime des crimes » qui a
réellement déclenché l’hystérie anti-russe actuelle. Très vite, cependant, les dirigeants (pour la plupart désemparés) de l’Empire se sont heurtés à un problème extrêmement frustrant : alors que
l’hystérie russophobe a eu beaucoup d’écho en Occident, elle a provoqué un puissant retour de flamme en Russie en raison d’un mouvement typique de « judo » à la Poutine : loin
d’essayer de supprimer la propagande anti-russe de l’Occident, le Kremlin a utilisé son pouvoir pour la rendre largement disponible (en russe !) par le biais des médias russes (j’ai écrit à ce
sujet en détail ici et ici). Le résultat direct a été double : premièrement, l’« opposition » dirigée par
la CIA/MI6 a commencé à être fortement associée aux ennemis russophobes de la Russie et, deuxièmement, le grand public russe s’est rallié à Poutine et à sa position inflexible. En d’autres
termes, en qualifiant Poutine de dictateur et, bien sûr, de « nouvel Hitler », les PSYOP
occidentales ont obtenu un avantage limité dans l’opinion publique occidentale, mais se sont totalement tiré une balle dans le pied vis à vis du public russe. J’appelle cette étape la « phase un de la PSYOP stratégique
anti-Poutine ». Quant au résultat de cette PSYOP, je dirais non seulement qu’elle a presque complètement échoué, mais je pense qu’elle a eu, en Russie, l’effet inverse de celui
escompté. Un changement de cap s’imposait donc de toute urgence.
La réorientation des PSYOP américaines contre Poutine et la Russie
Je dois admettre que j’ai une très mauvaise opinion de la communauté du renseignement américain, y compris de ses analystes. Mais même l’ennuyeux « spécialiste de la zone
Russie » a fini par comprendre que dire à l’opinion publique russe que Poutine était un « dictateur », un « tueur de dissidents » ou
un « empoisonneur chimique
d’exilés » entraînait un mélange typiquement russe de rires et de soutien au Kremlin. Il fallait faire quelque chose.
C’est ainsi qu’un petit malin, quelque part dans un sous-sol, a eu l’idée suivante : il est absurde d’accuser Poutine de choses qui le rendent populaire dans son
pays, alors dressons une nouvelle liste d’accusations soigneusement adaptées au public russe.
Appelons cela la « phase deux de l’opération PSYOP
anti-Poutine ».
Et c’est ainsi qu’a commencé l’affaire des « Poutine est de mèche avec ».
Plus précisément, ces accusations ont été déployées par les PSYOP américaines et ceux qui sont à leur solde :
Poutine désarme la Syrie
Poutine va vendre le Donbass
Poutine est une marionnette d’Israël et, en particulier, de Netanyahu.
Poutine est un traître corrompu ne tenant pas compte des intérêts nationaux russes.
Poutine autorise Israël à bombarder la Syrie (voir ici)
Poutine vend les richesses de la Sibérie à la Chine et/ou Poutine soumet la Russie à la Chine.
Poutine est corrompu, faible et même lâche.
Poutine a été vaincu par Erdogan dans la guerre du Haut-Karabakh.
Les points ci-dessus sont les principaux sujets de discussion immédiatement approuvés et exécutés par les PSYOPs stratégiques américaines contre la Russie.
Ont-elles été efficaces ?
Oui, dans une certaine mesure. D’une part, ces « PSYOPS anti-russes
améliorées » ont été immédiatement reprises par au moins une partie de ce que l’on pourrait appeler « l’opposition patriotique
interne » (dont une grande partie est très sincère et sans aucune conscience d’être habilement manipulée). Plus toxique encore a été l’émergence d’un mouvement néo-communiste (ou,
comme Ruslan Ostashko les appelle souvent « emo-marxistes ») assez bruyant
(que j’appelle personnellement une sixième colonne) qui a commencé une campagne de propagande interne anti-Kremlin centrée sur les thèmes suivants :
« Tout est
perdu » (всепропальщики) : c’est la thèse qui dit que rien en Russie n’est bien, tout est soit faux soit mauvais, le pays s’effondre, ainsi que son économie, sa science, son
armée, etc. etc. etc. C’est juste une sorte de défaitisme, rien de plus.
« Rien n’a été accompli depuis
l’arrivée de Poutine au pouvoir » : cette position est étrange, car il faut une gymnastique mentale absolument spectaculaire pour ne pas voir que Poutine a littéralement sauvé
la Russie de la destruction totale. Cette position n’explique pas non plus pourquoi Poutine est si détesté par l’Empire (si Poutine faisait tout de travers, comme, disons, Eltsine, il serait
adoré en Occident, pas détesté !)
«
Toutes les élections en Russie ont été volées. » Ici, la 5e colonne (dirigée par la CIA/MI6) et la 6e colonne doivent être d’accord : selon les deux, il est absolument impossible
que la plupart des Russes aient soutenu Poutine pendant tant d’années et il est impossible qu’ils le soutiennent encore maintenant. Sans parler du fait que la grande majorité des sondages
montrent que Poutine était, et est toujours, la personnalité politique la plus populaire de Russie.
Enfin, le grand dérapage de la réforme des retraites n’a certainement pas aidé Poutine à améliorer sa cote de popularité. Il a donc dû prendre des mesures : il
a « adouci » certaines des
pires dispositions de cette réforme et, finalement, il a réussi à mettre sur la touche certains des pires intégrationnistes atlantiques, dont Medvedev lui-même.
Malheureusement, certains sites web, blogs et individus prétendument pro-russes ont montré leur vrai visage en prenant le train en marche de cette deuxième campagne
stratégique de PSYOP, probablement dans l’espoir d’être plus remarqués ou d’obtenir des fonds, ou les deux. D’où toutes les sornettes sur la collaboration entre la Russie et Israël ou sur un
Poutine « vendu », que nous
avons vues si souvent ces derniers temps. Le pire, c’est que ces sites web, ces blogs et ces personnes ont gravement induit en erreur et perturbé certains des meilleurs amis réels de la Russie en
Occident.
Aucun d’entre eux ne répond jamais à une question très simple : si Poutine est un tel vendu, et si tout est perdu, pourquoi l’empire anglo-sioniste déteste-t-il
autant Poutine ? En presque 1000 ans de guerre (spirituelle, culturelle, politique, économique et militaire) contre la Russie, les dirigeants de l’Occident ont toujours détesté les vrais
patriotes russes et ils ont toujours aimé les (hélas nombreux) traîtres à la Russie. Et maintenant, ils détestent Poutine parce qu’il serait un mauvais dirigeant ?
Cela n’a absolument aucun sens.
Conclusion : une guerre est-elle inévitable maintenant ?
Les États-Unis et l’OTAN ne s’engagent pas dans des opérations stratégiques de maintien de la paix simplement parce qu’ils aiment ou n’aiment pas quelqu’un.
L’objectif principal de ces PSYOPs est de briser la volonté de résistance de l’autre partie. C’était également l’objectif principal des deux PSYOP anti-Poutine (phase 1 et phase 2). Je suis
heureux d’annoncer que les deux phases de ces PSYOPs ont échoué. Le danger ici est que ces échecs n’ont pas réussi à convaincre les dirigeants de l’Empire de la nécessité de changer de cap de
toute urgence et d’accepter la « réalité russe », même si elle
ne leur plaît pas.
Depuis que l’administration « Biden » (le « Biden
collectif », bien sûr, pas la plante en pot) a pris (illégalement) le pouvoir, nous avons assisté à une forte escalade des déclarations anti-russes. D’où le dernier « hou, c’est un tueur » – ce
n’était pas l’erreur d’un esprit sénile, c’était une déclaration soigneusement préparée. Pire encore, l’Empire ne s’est pas limité à des paroles, il a également effectué quelques « mouvements de
corps » importants pour signaler sa détermination à rechercher une confrontation encore plus poussée avec la Russie :
Il y a eu beaucoup de bruits de sabre en provenance de l’Ouest, et surtout des manœuvres militaires plutôt malavisées (voire carrément stupides) près de la
frontière russe ou le long de celle-ci. Comme je l’ai expliqué un milliard de fois, ces manœuvres sont vouées à l’échec d’un point de vue militaire (plus on se rapproche de la frontière
russe, plus les forces militaires occidentales sont en danger). Politiquement, cependant, elles sont extrêmement provocantes et, par conséquent, dangereuses.
La grande majorité des analystes russes ne croient pas que les États-Unis et l’OTAN attaqueront ouvertement la Russie, ne serait-ce que parce que ce serait
suicidaire (l’équilibre militaire actuel en Europe est fortement en faveur de la Russie, même sans utiliser d’armes hypersoniques). Ce que beaucoup d’entre eux craignent maintenant, c’est
que « Biden » déclenche les
forces ukrainiennes contre le Donbass, « punissant » ainsi
l’Ukraine et la Russie (la première pour son rôle dans la campagne présidentielle américaine). Je suis plutôt d’accord avec ces deux déclarations.
En fin de compte, l’empire anglo-sioniste a toujours été raciste à la base, et cet empire l’est toujours : pour ses dirigeants, le peuple ukrainien n’est que de la
chair à canon, une nation de troisième ordre sans intérêt et sans dirigeants qui a dépassé son utilité (les analystes américains comprennent que le plan américain pour l’Ukraine s’est soldé par
un nouveau fiasco spectaculaire, comme ces plans délirants finissent toujours par le faire, même s’ils ne le disent pas publiquement). Alors pourquoi ne pas lancer ces gens dans une guerre
suicidaire contre non seulement la LDNR mais aussi la Russie elle-même ? Bien sûr, la Russie gagnera rapidement et de manière décisive la guerre militaire, mais politiquement, ce sera un désastre
en termes de relations publiques pour la Russie, car l’« Occident
démocratique » accusera toujours la Russie, même si elle n’a clairement pas attaqué la première (comme ce fut le cas le 08.08.08) [En Géorgie, NdT].
J’ai déjà écrit sur la situation absolument désastreuse de l’Ukraine il y a trois semaines, je ne vais donc pas tout répéter ici, je dirai simplement que depuis ce jour, les
choses ont encore empiré : il suffit de dire que l’Ukraine a déplacé beaucoup de blindés lourds vers la ligne de contact, tandis que le régime de Kiev a maintenant interdit l’importation de
papier toilette russe (ce qui montre ce que la bande au pouvoir considère comme des mesures importantes et nécessaires). S’il est vrai que l’Ukraine est devenue un État totalement défaillant
depuis le coup d’État néonazi, on constate aujourd’hui une nette accélération de l’effondrement non seulement du régime ou de l’État, mais aussi du pays dans son ensemble. L’Ukraine s’effondre si
rapidement que l’on pourrait créer un site web entier pour suivre l’évolution de cette horreur, non pas jour après jour, mais heure après heure. Il suffit de dire que « Ze » s’est avéré être
encore pire que Porochenko. La seule chose que Porochenko a fait et que « Ze » n’a pas fait (encore
!) est de déclencher une guerre. À part cela, le reste de ce qu’il a fait (par action ou inaction) ne peut être qualifié que de « encore la même chose, mais en
pire ».
La guerre peut-elle être évitée ?
Je ne sais pas. Poutine a donné aux Ukronazis un avertissement très sévère (« des conséquences graves pour le statut
d’État de l’Ukraine en tant que tel »). Je ne crois pas une seconde que quiconque au pouvoir à Kiev se soucie de l’Ukraine ou de son statut d’État, mais ils sont assez intelligents pour
comprendre qu’une contre-attaque russe pour défendre la LDNR et, plus encore, la Crimée, pourrait inclure des frappes de précision ciblées sur « le leadership » avec des
missiles avancés. Les dirigeants ukronazis seraient bien avisés de réaliser qu’ils ont tous une cible peint sur la tête. Ils pourraient également réfléchir à ceci : qu’est-il arrivé à tous les
chefs de gangs wahhabites en Tchétchénie depuis la fin de la deuxième guerre de Tchétchénie ? (Indice : ils ont tous été retrouvés et exécutés). Cela suffira-t-il à les arrêter ?
Peut-être. Espérons-le.
Mais nous devons maintenant garder à l’esprit que dans un avenir prévisible, il ne reste que deux options pour l’Ukraine : « une fin horrible ou une horreur sans
fin » (expression russe).
Le meilleur scénario pour la population ukrainienne serait une scission (relativement pacifique, espérons-le) du pays en plusieurs parties gérables. La pire option serait sans aucun doute une guerre à grande échelle contre la Russie.
À en juger par la rhétorique qui émane de Kiev ces jours-ci, la plupart des politiciens ukrainiens soutiennent fermement l’option n° 2, d’autant plus que c’est
également la seule option acceptable pour leurs maîtres étrangers. Les Ukrainiens ont également adopté une nouvelle doctrine militaire (qu’ils appellent « stratégie de sécurité militaire de
l’Ukraine ») qui déclare la Russie État agresseur et adversaire militaire de l’Ukraine (voir ici pour une traduction automatique du texte officiel).
Cela pourrait être la raison pour laquelle Merkel et Macron ont récemment eu une vidéoconférence avec Poutine (« Ze » n’était pas invité) :
Poutine pourrait essayer de convaincre Merkel et Macron qu’une telle guerre serait un désastre pour l’Europe. Pendant ce temps, la Russie renforce rapidement ses forces le long de la frontière
ukrainienne, y compris en Crimée.
Mais toutes ces mesures ne peuvent pas dissuader un régime qui n’a pas de dirigeants. L’issue sera décidée à Washington DC, pas à Kiev. Je crains que le sentiment
traditionnel d’impunité totale des dirigeants politiques américains ne leur donne, une fois de plus, l’impression qu’il y a très peu de risques (pour eux personnellement ou pour les États-Unis) à
déclencher une guerre en Ukraine. Les dernières nouvelles sur le front américano-ukrainien sont la livraison par l’US Navy de 350 tonnes d’équipement militaire à Odessa. Pas assez pour être
militairement significatif, mais plus que suffisant pour inciter le régime de Kiev à attaquer le Donbass et/ou la Crimée.
En fait, je ne m’étonnerais même pas que « Biden » lance une attaque
contre l’Iran pendant que le monde regarde l’Ukraine et la Russie se faire la guerre. Après tout, l’autre pays dont la position géostratégique s’est gravement dégradée depuis que la Russie a
déplacé ses forces en Syrie est Israël, le seul pays que tous les politiciens américains serviront fidèlement et quel qu’en soit le coût (y compris le coût humain pour les États-Unis). Les
Israéliens exigent une guerre contre l’Iran depuis au moins 2007, et il serait très naïf d’espérer qu’ils ne finissent pas par obtenir gain de cause. Enfin, et ce n’est pas le moins important, il
y a la crise que le chutzpah condescendant qu’est Bliken a déclenchée avec la Chine et qui, jusqu’à présent, n’a abouti qu’à une guerre économique, mais qui pourrait aussi s’intensifier à tout
moment, surtout si l’on considère les nombreuses provocations anti-chinoises récentes de la marine américaine.
Actuellement, les conditions météorologiques dans l’est de l’Ukraine ne sont pas propices à des opérations militaires offensives. La neige continue de fondre,
créant des conditions routières très difficiles et boueuses (appelées « rasputitsa » en russe) qui
entravent considérablement le mouvement des forces et des troupes. Ces conditions vont toutefois changer avec l’arrivée de la saison chaude, et les forces ukrainiennes seront alors idéalement
positionnées pour une attaque.
En d’autres termes, à moins d’un développement majeur, nous pourrions être à quelques semaines seulement d’une guerre majeure.
The Saker
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
La grande nouvelle du jour est que Biden a décidé d’appeler Poutine. Voici
comment les Russes ont rapporté l’événement :
À l'initiative de la partie américaine, une conversation téléphonique a eu lieu entre le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et le président des États-Unis d'Amérique, Joseph Biden. L'état actuel des relations russo-américaines et certains aspects pertinents de l'agenda international ont été discutés en détail. Joseph Biden a confirmé l'invitation qu'il avait adressée au président russe de participer au sommet sur le climat, qui se tiendra par vidéoconférence les 22 et 23 avril. Les deux parties ont exprimé leur volonté de poursuivre le dialogue sur les domaines les plus importants pour assurer la sécurité mondiale, ce qui répondrait aux intérêts non seulement de la Russie et des États-Unis, mais aussi de l'ensemble de la communauté mondiale. En outre, Joseph Biden a exprimé son intérêt pour la normalisation de la situation, d’une manière bilatérale, et l'établissement d'une coopération stable et prévisible sur des questions urgentes telles que la garantie de la stabilité stratégique et le contrôle des armements, le programme nucléaire iranien, la situation en Afghanistan et le changement climatique mondial. Dans ce contexte, le président américain a proposé d'envisager la possibilité d'organiser une réunion au sommet personnelle dans un avenir proche. Au cours de l'échange de vues sur la crise interne ukrainienne, Vladimir Poutine a exposé les approches d'un règlement politique fondé sur le paquet de mesures de Minsk. Il a été convenu de donner des instructions aux services compétents afin de régler les questions soulevées lors de la conversation téléphonique.
Le président Joseph R. Biden, Jr. s'est entretenu aujourd'hui avec le président russe, Vladimir Poutine. Ils ont discuté d'un certain nombre de questions régionales et mondiales, notamment de l'intention des États-Unis et de la Russie de poursuivre un dialogue de stabilité stratégique sur le contrôle des armements et la sécurité, en s'appuyant sur l'extension du nouveau traité START. Le président Biden a également précisé que les États-Unis agiront fermement pour défendre leurs intérêts nationaux en réponse aux actions de la Russie, telles que les cyber-intrusions et l'ingérence dans les élections. Le président Biden a souligné l'engagement inébranlable des États-Unis envers la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le président a fait part de ses préoccupations concernant le soudain renforcement militaire russe en Crimée occupée et aux frontières de l'Ukraine, et a appelé la Russie à désamorcer les tensions. Le président Biden a réaffirmé son objectif de construire avec la Russie une relation stable et prévisible, conforme aux intérêts des États-Unis, et a proposé une réunion au sommet dans un pays tiers dans les mois à venir pour discuter de l'ensemble des questions auxquelles sont confrontés les États-Unis et la Russie.
Pourquoi cette différence de ton ? Parce que les Russes ne croient pas aux déclarations fracassantes avant une négociation et, contrairement à « Biden », ils ne sont pas
incertains de leur légitimité (à la fois la légitimité de leurs politiques et la légitimité de leur gouvernement). Quant à Biden, il ne fait que produire exactement le même type d’air chaud que
l’administration Trump. Je peux vous dire ce que la plupart des Russes pensent lorsqu’ils entendent cela. Ils pensent : « J’ai bien l’impression que le vieil homme
essaie désespérément de s’encourager lui-même ! ». Je suis tout à fait d’accord.
Ceci étant dit, il y a aussi un triomphalisme très prématuré en Russie. Beaucoup de « patriotes
hurlants » disent que « Biden a cédé le premier ».
Leurs arguments sont à peu près les
suivants :
Selon le ministre de la défense, Shoigu, les Etats-Unis et l'OTAN ont environ 40 000 soldats placés le long de la frontière russe (ostensiblement à titre d'exercice) et environ 15 000 systèmes d'armement.
En réponse à cette menace, la Russie a déployé 2 armées et 3 divisions aéroportées le long de sa frontière occidentale. Cela représente quelque chose comme 200 000 soldats. Les Américains ont vu cela et ont compris que le "poing" russe pouvait les écraser. C'est pourquoi Biden a cédé.
Eh bien, je ne suis pas du tout sûr que « Biden » ait cédé ou qu’il
ait « cligné des yeux le
premier ». Pourquoi ?
Une réunion au sommet « dans les mois à
venir » sera trop tard pour désamorcer les risques actuels de guerre. Ils pourraient se rencontrer lors de la prochaine conférence sur le climat, les 22 et 23 avril. Mais ce
n’est pas le bon format.
La première règle de l’analyse militaire est « ne pas regarder les intentions, mais
les capacités ». C’est encore plus vrai pour les « intentions déclarées ». Et
que lisons-nous dans les intentions supposées de « Biden » ? « Poursuivre
un dialogue de sécurité stratégique » est le mieux que je puisse trouver, et je ne suis vraiment pas impressionné.
Supposons qu’ils se rencontrent avant qu’une guerre à grande échelle n’éclate, et alors ? Si Trump n’avait pas rencontré Kim Jong-un, cela aurait-il changé
quelque chose ?
Dimanche dernier, Margarita Simonian, la directrice de Russia Today, a dit quelque chose de
très intéressant lors d’une émission de télévision russe (je paraphrase et résume ici) :
Nous ne serons jamais en mesure de parvenir à un véritable accord (de coexistence) avec les États-Unis. Pourquoi ? C'est un pays construit sur la violence depuis le premier jour. C'est un pays bloqué par plusieurs doctrines idéologiques, de la Doctrine de sa découverte à la Doctrine de sa destinée manifeste. Toutes ces doctrines disent la même chose : "nous avons le droit de faire ce que nous voulons et nous avons le droit de dominer tous les autres. Cette terre était à nous, mais ces salauds d'Indiens ont eu l'arrogance d'y vivre. Nous allons donc tous les massacrer et ensuite créer une belle fête où nous célébrerons le fait qu'ils nous ont appris ce qu’il fallait manger (Thanksgiving Day)". Ceci n'était pas seulement vrai au 17ème siècle. Je vous rappelle l'année 1831 où nous avions déjà la révolte des décembristes alors que les USA étaient engagés dans une opération massive de nettoyage ethnique (la Piste des Larmes) sous la supervision personnelle du président Andrew Jackson (un Démocrate, soit dit en passant !) qui déporta 5 tribus indiennes qui étaient sédentarisées, avaient leurs propres écoles et dont beaucoup étaient christianisées. Il les a déportées en Oklahoma en utilisant des méthodes qui ont entraîné des milliers de morts (une tribu a perdu ¼ de sa population. Ma propre famille a été déportée par Staline (nous étions arméniens) et je peux vous dire que les méthodes utilisées par Staline lors de ses déportations étaient un "doux ballet" comparé à ce que les "États-Unis démocratiques" ont fait.
Nous ne parviendrons jamais à un accord avec eux parce que nous ne pouvons pas accepter de nous effondrer. Nous ne parviendrons jamais à un accord avec eux parce que nous ne pouvons pas accepter de devenir des indigents. Nous ne parviendrons jamais à un accord avec eux parce que nous ne pouvons pas accepter de renoncer à nos armes nucléaires. Nous ne parviendrons jamais à un accord avec eux parce que nous ne pouvons pas accepter de renoncer à tous nos intérêts nationaux et nous ne pouvons pas accepter de ne faire que ce qu'ils nous disent de faire (y compris au détriment de nos propres intérêts). Nous ne parviendrons jamais à un accord avec eux parce que nous n'accepterons jamais d'oublier notre histoire et nous n'accepterons pas que nos prochaines générations se considèrent une nation totalement différente. Nous ne parviendrons jamais à un accord avec eux parce que nous n'accepterons jamais rien de tout cela, et ils n'accepteront jamais rien de moins ! (c'est nous qui soulignons).
Franchement, je ne peux qu’être d’accord. Depuis la Première Croisade, la valeur centrale et même l’identité de l’Occident politique (dans ses diverses
manifestations) a toujours été l’impérialisme. C’est vrai de la papauté latine autant que du national-socialisme hitlérien, et c’est encore vrai de l’idéologie principale des États-Unis
d’aujourd’hui. En vérité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nous pouvons appeler ces diverses manifestations de l’Occident messianique uni par de nombreux noms (aujourd’hui, je
l’appelle « Zone
A »), mais cela ne change rien à son essence, sa nature et son comportement : les prétextes (idéologies) changent, les politiques restent les mêmes.
C’est pourquoi j’ai toujours dit que la Russie et l’Empire anglo-sioniste sont enfermés dans une guerre existentielle dont seul un côté sortira vivant et l’autre
sera soit détruit (la Russie par les États-Unis) soit profondément modifiée (en raison des contradictions dialectiques internes du capitalisme et de la nature insoutenable de la société
américaine actuelle).
Et n’allez pas croire qu’il n’y a « que » Simonian
qui « voit la
lumière ». Le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergei Riabkov, a fait la
déclaration suivante à propos des États-Unis :
Ils parlent d'un prix élevé à payer, mais ils ne mentionnent jamais lequel. Ce qu'ils ont fait jusqu'à présent, nous l'avons, premièrement, bien étudié, et deuxièmement, nous nous y sommes adaptés. Nous ne pensons pas que cette terminologie doit normalement être utilisée : prix, paiement, etc. Nous défendons simplement nos intérêts et les intérêts de nos citoyens, la population russophone, et nous continuerons à les protéger. La question est de savoir quelles conclusions tirent de cette situation Kiev et les patrons de Kiev. Ces conclusions ne créent pas un climat positif, ces menaces ne font que nous renforcer dans la conviction que nous sommes sur la bonne voie : les États-Unis sont notre ennemi, ils font tout pour saper la position de la Russie sur la scène internationale, nous ne voyons pas d'autres éléments dans leur approche avec nous. Telles sont nos conclusions.
Plutôt clair, non ?
Des années, voire des décennies, de menaces américaines ininterrompues à l’encontre de la Russie ont (enfin !) produit leur plein effet : les illusions que de
nombreux Russes ont entretenues pendant des siècles à propos de leurs voisins occidentaux ont presque totalement disparu de la société et de la conscience russes. Ce qui reste est une ferme
détermination à survivre, à vivre, à faire tout ce qu’il faut pour empêcher l’Empire d’« assimiler » la
Russie.
Les Russes voient maintenant clairement une autre lapalissade des politiques occidentales. Je l’exprimerais ainsi : peu importe contre qui la Russie se bat – il
peut même s’agir de Satan en personne (et c’est le cas à bien des égards, que ceux qui ont des oreilles…), l’Occident se rangera toujours, toujours du côté de notre ennemi, même s’il s’agit de
Satan en personne (là encore, que ceux qui ont des oreilles…). Permettez-moi de vous donner un seul exemple qui en dit long :
Les USA prétendent que c’est Al-Qaïda qui a réalisé le 11 septembre. Bien. Un étudiant d’université de physique peut prouver le contraire, mais bon. Pourtant, ces
mêmes États-Unis ont totalement soutenu « Al-Qaïda » (toutes les
dénominations et tous les pseudonymes inclus) en Tchétchénie et en Syrie (et en Serbie aussi, j’ajouterais). Et ils sont toujours là.
Un autre exemple ? Allons y.
L’Occident a toujours soutenu les pires dirigeants, les plus violents, en Russie. À l’inverse, les meilleurs dirigeants de l’histoire russe sont vilipendés,
calomniés et méprisés en Occident, et ils sont, bien sûr, décrits comme des tyrans obscurantistes, même si, comparés aux dirigeants occidentaux de la même époque, ils font figure de saints (ce
que certains d’entre eux sont littéralement !).
Vous en voulez un autre ? D’accord.
Regardons la religion. Dans l’histoire des relations entre la Russie et l’Occident, nous constatons quelque chose d’intéressant : quelle que soit la branche de la
chrétienté occidentale (latine ou réformée) au pouvoir, les dirigeants de l’Occident se rangent toujours du côté de leurs « frères
chrétiens » putatifs, même si cela signifie se ranger du côté des non-chrétiens ! Entre le XVe siècle, la guerre de Crimée et aujourd’hui, peu de choses ont changé : l’Occident a
toujours créé une « coalition œcuménique » ad
hoc pour tenter de conquérir enfin la Russie.
L’essentiel est ceci : Simonian a raison à 100%. Le « programme de l’Occident pour la
Russie » n’a pas changé et il reste le même : la Russie doit disparaître. Rien d’autre n’est acceptable pour nos voisins occidentaux.
Alors, où allons-nous à partir de là ?
Franchement, je ne le sais pas. Je ne pense pas que quiconque le sache. Mais je peux exprimer mes espoirs.
J’espère que la position actuelle de la Russie (« nous sommes prêts à affronter la puissance
combinée des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE » et « pourquoi
voudrions-nous un monde sans la Russie ? ») permettra de surmonter le narcissisme délirant de l’Occident (Nous sommes tout-puissants ! Personne ne peut nous arrêter ! Nous allons
vous écraser !) et de ramener suffisamment de gens à la « vraie réalité » (comme
beaucoup l’étaient pendant la guerre froide). Ensuite, j’espère vraiment que l’Empire ne lâchera pas les Ukronazis dans le Donbass (oui, l’espoir meurt en dernier, et je dois admettre
qu’actuellement je ne vois pas comment les Ukies pourraient désamorcer la situation). J’espère que les peuples de l’UE se libéreront de leur statut colonial actuel et qu’ils retrouveront au moins
un minimum de souveraineté réelle. Enfin, j’espère que la société américaine vaincra les Woke-freaks actuellement au pouvoir et que les États-Unis deviendront un pays puissant, mais normal (comme
tant d’empires l’ont fait auparavant). Le slogan « nous voulons retrouver notre
pays » a toute ma sympathie. Mais c’est beaucoup d’espoir, je sais.
Maintenant, une dose de réalisme pessimiste.
D’abord, Biden, l’homme, pas le collectif « Biden », n’est pas en état de
négocier avec qui que ce soit. Son Harris non plus. Au mieux, il peut faire ce que des micro-cerveaux comme John Kerry ou Josep Borrell ont fait : rencontrer leurs homologues, déclarer A, puis
rentrer chez eux et proclamer immédiatement non-A.
Dites-moi, pourquoi les Russes seraient-ils intéressés par ce genre de cirque stupide ?
Et le collectif « Biden » alors ? Eh bien,
Blinken est certainement plus intelligent que cet imbécile arrogant de Pompeo, mais il n’en déteste pas moins la Russie. Est-ce une amélioration ? Peut-être.
Je crains que cette proposition de rencontre n’ait jamais lieu, je pense que la Maison Blanche y voit une subtile ruse pour tenter d’abaisser les défenses russes
(tant militaires que politiques). Cela ne sera pas le cas. Il est trop tard pour cela.
Se pourrait-il que « Biden » jette l’éponge et
cherche une sorte d’arrangement avec la Russie. Il ne faut jamais dire jamais, mais je trouve cela excessivement improbable. Pourquoi ? En raison du narcissisme idéologique messianique et du
sentiment d’impunité dont font preuve depuis des siècles les dirigeants américains : ils ne peuvent tout simplement pas comprendre que leur « cité sur la
colline » puisse avoir été placée dans une situation de « mat en trois coup » par
une horde de barbares asiatiques buveurs de vodka (tout comme ils ne peuvent pas comprendre comment ces méchants « cocos chinetoques » ont
construit une économie largement supérieure à la leur).
Un célèbre leader de « l’Occident uni » a
également eu du mal à accepter que lui et ses « armées invincibles » aient
été complètement vaincus par des sous-hommes russes. Jusqu’à ce qu’il entende le son des canons soviétiques depuis son bunker souterrain.
Vraiment, certaines choses ne changent jamais.
The Saker
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Sanctions : Biden fait à Poutine un chantage à la soumission
Alors que dans le discours, Biden propose soi-disant de désamorcer les relations avec la Russie, c'est en tout cas ce qu'il affirmait à Poutine par téléphone, il
vient d'adopter de nouvelles sanctions, visant les capacités financières de la Russie et sa dette souveraine - puisque Poutine n'a toujours pas répondu à sa "proposition", manifestement
impérative, d'une rencontre cet été. Appelons les choses par leur nom, c'est du chantage. La Russie est sommée de se soumettre ... ou elle devra sortir de sa posture défensive.
Lors de son entretien téléphonique du 13 avril avec le Président russe, Biden affirmait vouloir trouver une sortie de crise, qui ne remettrait pas en cause les
intérêts américains. Et une rencontre avec Poutine avait été proposée, dans les mêmes conditions que Reagan proposait une conciliation à Gorbatchev (voir notre texte ici).
D'ailleurs Gorbatchev, confirmant ainsi son rôle actif dans la destruction de l'Union soviétique, trouve la proposition excellente. Des pays nordiques se proposent
pour recevoir les deux Chefs d'Etats. Des scénarios politico-médiatiques se mettent en place. Bref, la pression est à son maximum. Et pour cause, la tentation est grande de remporter une victoire
sans se battre ...
Mais le Kremlin garde ses distances. Peskov déclare que rien n'est prévu pour les prochaines semaines, que la question de la date n'est pas encore à l'ordre du
jour, que l'on en est toujours à analyser, en soi, l'intérêt de cette proposition.
Bref, Poutine n'a pas voulu endosser les oripeaux de Gorbi, la Russie n'est plus celle de la fin des années 80, l'Occident avec ses cultes minoritaires, ses
populations enfermées, son libéralisme écrasé n'a plus de modèle attrayant à proposer - le miroir aux alouettes s'est brisé. Reste la force.
La force militaire est trop dangereuse - pour l'instant. Des conflits localisés, qui utilisent des forces tierces, comme en Ukraine ou en Syrie, soit, mais un
affrontement direct risquerait d'entraîner un changement trop radical et trop imprévisible des rapports de force. Et ... pour quelle cause envoyer des armées étrangères se battre pour
l'Atlantisme ... D'ailleurs, les deux bâtiments de guerre américains, le Roosevelt et le Donald Cook, ont fait machine arrière et ne se dirigent plus vers la mer Noire.
Les sanctions sont de bonne augures dans cette configuration. Mais elles durent depuis longtemps et la Russie a eu le temps de les intégrer comme une donnée. Les
Etats-Unis sont donc obligés d'aller de plus en plus loin, avec un effet direct limité contre la Russie, tout en provoquant, des effets politiques secondaires, dont ils se passeraient bien, mais
qui sont inévitables.
Ainsi, Biden a adopté un ordre exécutif (publié ici en anglais) voulant toucher la Russie sur le plan financier. Ce n'est pas une surprise pour les autorités
russes, qui attendent même (et s'y préparent) qu'à terme les Etats-Unis les bloquent des plateformes de paiement internationales. Ici, il s'agit principalement de bloquer le refinancement de
la dette souveraine sur les marchés d'obligation :
"Treasury issued a directive that prohibits U.S. financial institutions from participation in the primary market for ruble or
non-ruble denominated bonds issued after June 14, 2021 by the Central Bank of the Russian Federation, the National Wealth Fund of the Russian Federation, or the Ministry of Finance of the Russian
Federation; and lending ruble or non-ruble denominated funds to the Central Bank of the Russian Federation, the National Wealth Fund of the Russian Federation, or the Ministry of Finance of the
Russian Federation. This directive provides authority for the U.S. government to expand sovereign debt sanctions on Russia as appropriate."
En plus de cela, des sanctions individuelles ont été adoptées contre 6 compagnies de hautes technologies russes, sur le fondement des fameuses cyberattaques, contre
32 entités morales et physiques pour ingérence dans les élections de 2020. Et d'autres sanctions sont annoncées pour l'affaire "SolarWinds". Les Etats-Unis incitent également les Européens à
adopter des sanctions individuelles sur le fondement de l'Ukraine et de la Crimée. Et n'oublions pas l'Afghanistan, etc. L'avantage des sanctions, c'est
qu'il n'est pas nécessaire de prouver en justice la culpabilité pour entrainer la responsabilité et que l'on peut punir plusieurs fois pour la même accusation.
L'explication de Biden publiée dans
le New York Times mérite de s'y arrêter : il a choisi de ne pas aller trop loin, d'être proportionnel, car il veut améliorer les relations avec la Russie (en adoptant des sanctions)
... et propose encore une rencontre à Poutine pour cet été. Qui a eu l'outrecuidance de ne pas accourir à plat ventre lors de la première invitation ...
“I chose to be proportionate,” Mr. Biden said in comments at the White House, describing how he had warned President Vladimir V.
Putin of Russia of what was coming in a phone conversation on Tuesday. “The United States is not looking to kick off a cycle of escalation and conflict with Russia. We want a stable, predictable
relationship,” he said, offering again to meet Mr. Putin in person this summer in Europe. So far, the Russians have not responded to that offer.
C'est bien la technique primitive du bâton et de la carotte, qui est mise en jeu par l'Administration américaine, cherchant ainsi à tester la résistance de la
Russie, à la fois dans sa politique extérieure et en ce qui concerne la stabilité intérieure du pays.
Mais ce jeu durant depuis longtemps, la Russie, que ce soit le Gouvernement ou la population, sont habitués. L'effet psychologique des premières sanctions est
depuis longtemps passé, peu pensent sérieusement qu'elles pourraient être levées par l'obéissance et le renoncement à soi. Si des effets négatifs sur l'économie sont inévitables, cette stratégie
des sanctions américaines produit beaucoup d'effets politiques positifs collatéraux. Tout d'abord, les sanctions décrédibilisent les groupes néolibéraux pro-atlantistes, qui ont infiltré le
pouvoir, et diminuent leur influence objective - comment peut-on suivre l'avis de ceux qui soutiennent une puissance ouvertement hostile ? Ensuite, elles obligent la Russie à se
concentrer sur ses propres forces de production, ce qui va à l'encontre de la politique de désindustrialisation lancée sur le mode du "nouveau monde post-industriel", où l'on n'a plus besoin de
produire - car nous sommes tous devenus virtuels et l'on achète tout ce qui est produit en Chine.
Dans un monde normal (rationnel), cela aurait été… eh bien… louche dès le départ. Pas aux États-Unis où la vérité n’existe pas dans et autour de Washington
et dans les studios des principaux organes de propagande tels
que MSNBC, CBS, CNN –
vous les connaissez tous.
« La Maison Blanche a déclaré jeudi que la communauté du renseignement ne dispose pas de preuves concluantes que des agents du renseignement russe ont
encouragé les Talibans à attaquer les troupes américaines en Afghanistan. Cette évaluation, révélée jeudi alors que les États-Unis annonçaient une série de nouvelles sanctions contre le
gouvernement russe, met à mal l’une des attaques les plus vives que Joe Biden et d’autres démocrates ont lancées contre l’ancien président Donald Trump pendant la course à la
Maison-Blanche de 2020. Joe Biden a attaqué Trump à plusieurs reprises pendant la campagne pour ne pas avoir tenu tête au président russe Vladimir Poutine alors que son administration
était au courant de renseignements suggérant que des agents russes offraient des primes aux Talibans. Mais jeudi, Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré qu’après avoir
examiné ces rapports classifiés, la communauté du renseignement a déterminé qu’elle n’avait qu’une « confiance de faible à modérée » dans leur authenticité. Elle a déclaré que
cela était dû en partie à la façon dont les renseignements ont été obtenus, notamment par des interrogatoires de détenus afghans ».
Ahhh, non. Ce n’est pas « une confiance de faible à modérée », ces rapports promus par le Parti démocrate et Biden sont des foutaises complètes
car :
1. Si la Russie voulait vraiment provoquer une effusion de sang en Afghanistan, elle dispose d’un certain nombre d’outils pour le faire, depuis les
opérations clandestines contre les troupes américaines jusqu’à l’approvisionnement direct des Talibans (officiellement désignés comme une organisation terroriste en Russie) ou d’autres
groupes avec toute une série de jouets qui augmenteraient les pertes américaines sur place. Après tout, toutes sortes de groupes font le commerce d’armes en Afghanistan aujourd’hui, et
beaucoup de ces armes proviennent d’anciennes bases de stockage de l’ancienne Asie centrale soviétique. Vous voyez où je veux en venir. En d’autres termes, si la Russie veut infliger la
douleur, les États-Unis la ressentiront. La question principale est : pour quoi faire ? Quelqu’un a-t-il des raisons rationnelles pour que la Russie le fasse ? Pas moi.
2. La Russie a, en fait, intérêt à ce que les États-Unis restent en Afghanistan, en partie pour les raisons suivantes : compte tenu du contexte actuel des
relations désastreuses entre la Russie et les États-Unis, la guerre américaine dans ce pays peut servir d’exemple de la manière dont il ne faut pas poursuivre la guerre, mais aussi parce
que la Russie a sincèrement intérêt à ce que les États-Unis lient pour l’instant, même si c’est de manière très inefficace, toutes les forces islamiques fondamentalistes qui, sinon,
commenceraient à se déplacer vers le nord de l’Afghanistan vers les anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale, aujourd’hui des États indépendants. En ce sens, les États-Unis et la
Russie sont des alliés improbables, compte tenu de la propension des États-Unis à soutenir toutes sortes de terroristes.
Aujourd’hui, même la propre communauté du « renseignement » de Biden affirme que toute cette histoire a la même véracité que celle du programme
d’ADM de l’Irak ou que les films de Michael
Bay sont des documentaires. Une telle déclaration de Psaki place toutefois les choses sous un drôle d’angle :
« Psaki a ajouté que les services de renseignement américains ont des preuves que le renseignement militaire russe, connu sous le nom de GRU, interagit
avec des individus dans les réseaux criminels afghans ».
Ahh, et si les États-Unis étaient de mèche avec les gens qui ont massacré près de 3 000 Américains le 11 septembre ? Je dis ça comme ça.
Mais, de toute évidence, pour la justice américaine, c’est l’Iran qui
a commis le 11 septembre, non ?
« L’Iran a été condamné à payer des milliards aux proches des victimes du 11 septembre ».
Alors, comprenez-vous maintenant pourquoi Vladimir Poutine n’a pas accepté « l’invitation »
de Joe Biden ?
« Le Kremlin … a déclaré que le sommet proposé « dans un pays tiers au cours des prochains mois » ne pourrait pas être organisé dans un délai
aussi court, et a refusé de dire si la Russie accepterait l’invitation de Joe Biden au sommet virtuel sur le climat prévu la semaine prochaine ».
À quoi bon ? Pour parler de quoi ? On omet de dire de qui il s’agit. Les États-Unis se sont mis eux-mêmes dans le pétrin militaro-diplomatique de leur
propre chef en essayant de jouer au plus malin autour de l’Ukraine avec de très mauvaises personnes, puis ils se sont rappelés que la Russie avait des forces armées plutôt compétentes, et
tout à coup il s’agit de sauver la face, celle des États-Unis. Eh bien, la diplomatie de la Russie est bien plus ancienne que celle des États-Unis en tant que pays et les Russes ont
combattu des ennemis bien plus durs que les États-Unis. Je pense que la décision du Kremlin d’éviter de parler à Biden ou, plutôt, à ceux qui le contrôlent, est une décision solide et le
spectacle politique de mauvais goût qui s’ensuit à Washington et à Bruxelles est amusant à observer.
En ce qui concerne les nouvelles sanctions imposées à la Russie, comme j’ai fait référence au célèbre élément de terre rare russe appelé boltium il y a
quelques années, vous pouvez tous retrouver la description de cet élément vraiment rare dans le tableau périodique ici,
comment l’élément russe boltium interagit avec un autre élément, connu en Occident – le sanctionium, clin d’œil. C’était il y a trois ans, depuis lors, le boltium, pour une raison
quelconque, a augmenté son action corrosive sur le sanctionium et beaucoup ne comprennent toujours pas pourquoi.
Laissons donc l’administration de Biden travailler dur sur la « désescalade et le processus diplomatique » avec la Russie. Je suis sûr qu’ils sont
à pied d’œuvre en ce moment et qu’ils essaient désespérément de compter les jours avant que la Russie ne termine son exercice militaire à sa frontière occidentale et permette aux
États-Unis de revendiquer un succès diplomatique en « dissolvant » la situation. Bien sûr. En attendant, reste-t-il une seule personne compétente à l’intérieur du Beltway, qui
ne soit pas empoisonnée par un dangereux élément de terre rare qui n’existe qu’à l’intérieur du Beltway : le sanctimonium ? Simple question.
recarro jean (mardi, 23 mai 2023 10:35)
voilà un journaliste qui n'aime PAS du tout les américains ça se sent à peine dans son propos .