43 secondes de trop et la sonde Luna-25 se crashe sur le sol lunaire
Source : Riposte Laïque - par Jacques Guillemain - Le 22/08/2023.
43 secondes de trop et la sonde Luna-25 se crashe sur le sol lunaire
Il a suffi que les moteurs fonctionnent durant 127 secondes au lieu des 84 prévues, pour que la mission Luna-25 se transforme en échec.
En temps normal, un tel incident aurait fait partie des aléas plus ou moins tragiques, qui jalonnent le parcours périlleux de la conquête spatiale depuis 1957, avec le célèbre “bip-bip” de
Spoutnik, qui sidéra le monde. Je m’en souviens très bien.
Mais avec le climat de russophobie ambiante, certains commentateurs s’empressent de noircir le tableau, soulignant aussitôt la perte de savoir-faire des ingénieurs russes, après les grandes
premières de l’ère soviétique, de Spoutnik à Youri Gagarine, le premier homme de l’espace. Tout est bon pour ricaner sur les déboires de la Russie : Echec cuisant, camouflet total pour Moscou,
perte de compétence et de prestige, etc.
Foutaises que tout cela. L’Europe, qui est hors jeu et tient modestement le rôle de supplétif dans la compétition spatiale, n’a pas de leçons à donner aux Russes, aux Américains, aux Chinois ou
aux Indiens.
Je rappelle tout d’abord que le premier module étant parvenu à se poser sur la Lune en 1966, c’était Luna-9, de fabrication soviétique.
Ensuite, pas de quoi dramatiser. Il n’y a pas eu de mort, contrairement à d’autres tragédies qui endeuillent la course à l’espace.
En entrainement ou au cours de vols spatiaux, ce sont 23 cosmonautes russes et astronautes américains qui ont été tués dans des accidents (5% des équipages ayant volé dans l’espace).
En 1986, la navette spatiale Challenger explose au décollage. Sept morts.
En 2003, c’est Columbia qui se désintègre en rentrant dans l’atmosphère suite à une défaillance du bouclier thermique. Sept morts.
En 1967, un cosmonaute russe meurt au cours de la mission Soyouz 1 et en 1971, trois autres décèdent au cours de la mission Soyouz 11.
De plus, en six décennies, 70 personnes sont mortes sur les aires de lancement, suite à divers accidents.
Par conséquent, les déboires de la sonde automatique Luna-25, qui a raté son arrivée sur le pôle sud de la Lune, aussi décevants soient-ils, ne signent pas la fin de l’aventure spatiale russe.
Après l’épopée des missions Apollo, il y a cinquante ans, la conquête de la Lune redevient le défi des puissances spatiales. L’Inde tente un alunissage demain, après un ratage en 2019 et côté
russe, Luna-26, 27 et 28 suivront. Les Américains visent un retour sur la Lune en 2029 pour contrer la Chine, qui a réussi trois alunissages.
Selon le patron de Roscosmos, Yury Borisov, c’est au cours d’un ajustement sur son orbite lunaire que la sonde automatique Luna-25 a rencontré des problèmes. Les propulseurs ont fonctionné durant
127 secondes au lieu des 84 programmées. 43 secondes de trop.
“À 14 h 10 heure de Moscou [le 19 août], les propulseurs destinés à régler l’engin spatial et à l’amener sur l’orbite de pré-atterrissage ont été mis en marche. Malheureusement, l’arrêt du
propulseur ne s’est pas produit normalement conformément au cyclogramme mais sous un temps limite et il a fonctionné pendant 127 secondes au lieu de 84. C’était la principale cause du crash de la
sonde”, a déclaré Borisov.
Le contact a été perdu et Luna-25 a cessé d’exister après son contact avec le sol lunaire.
Évidemment, si près du but, on imagine la déception des équipes qui travaillent sur cette mission depuis des années. Mais comme tous les projets prestigieux qui font avancer la science et
façonnent l’histoire de l’humanité, il faut savoir encaisser les échecs et les surmonter. La grande aventure spatiale n’en est qu’à ses balbutiements.
Jacques Guillemain
La mission Luna 25 a échoué : Des leçons à tirer pour continuer d’avancer
"Selon les résultats d'une analyse préliminaire, en raison de l'écart des paramètres réels de l'impulsion par rapport à ceux calculés, le vaisseau spatial Luna-25 est passé sur une orbite non
conçue et a cessé d'exister à la suite d'une collision avec le surface de la Lune", a déclaré la société d'État.
La station "Luna-25" a enregistré la chute d'une météorite sur la Lune
SOCIÉTÉ
La station "Luna-25" a enregistré la chute d'une météorite sur la Lune
Les spécialistes ont expliqué que le 19 août, la station avait reçu l'impulsion de passer sur une orbite elliptique avant l'atterrissage. Vers 14h57, la communication avec Luna-25 a été
interrompue. Les mesures visant à rechercher l'appareil et à rétablir la communication avec celui-ci n'ont donné aucun résultat. Une commission interministérielle spécialement créée s'emploie à
clarifier les raisons de la perte de la station, a ajouté Roscosmos.
La première station lunaire nationale depuis près de 50 ans a été créée au sein de l'Association scientifique et de production du nom de S.A. Lavotchkine. Et le 11 août, la fusée Soyouz 2.1b avec
Luna-25 a été lancée depuis le cosmodrome de Vostochny. On supposait que le 21 août, la station atterrirait sur la Lune dans la région du pôle Sud, où prévaut le relief complexe. L'objectif
principal de la mission était d'étudier le sol du satellite naturel de la Terre et de rechercher de l'eau.
Les géants sur les épaules desquels repose notre cosmonautique ont enseigné que tout échec est une expérience dont il faut savoir tirer les leçons et aller de l’avant.
Bien entendu, dans les médias, diverses versions des causes de cet accident sont déjà apparues. Ils seront sûrement activement discutés sur les réseaux sociaux. Ils se souviendront sûrement que
cette mission a été très longue à préparer, que les échéances ont été repoussées à plusieurs reprises. Il semblerait qu'ils aient « léché » toutes les situations d'urgence possibles, pris en
compte tous les pièges, et c'est tout... Surtout dans le contexte du succès des concurrents américains et chinois.
Photo : Grigori Sysoev / RIA Novosti
Oui, c'est un échec majeur. Mais par souci d’objectivité, rappelons la complexité de cette mission. Pour la première fois au monde, notre appareil se dirigeait vers un point où personne n'avait
osé atterrir sur la Lune auparavant. Le fait est que l'atterrissage aux latitudes polaires est une tâche balistique difficile, c'est pourquoi la préférence a été donnée aux zones plus "simples"
des latitudes moyennes. Même si ce sont les pôles qui sont les plus tentants, puisque d'énormes réserves d'eau y sont concentrées. Ils devraient résoudre radicalement la question du futur séjour
de l'homme sur la Lune et des futures expéditions interplanétaires. C'est cette eau « Klondike » qui est au centre de l'attention de tous les pays intéressés par l'exploration de la Lune.
Les experts ont parlé des caractéristiques de conception de la station automatique "Luna-25"
SOCIÉTÉ
Les experts ont parlé des caractéristiques de conception de la station automatique "Luna-25"
Il semblerait que la Russie, successeur de l'URSS, notamment dans le domaine de l'astronautique, devrait posséder une vaste expérience des atterrissages en douceur sur la Lune. Cependant, si l'on
rappelle l'histoire de l'exploration lunaire de ces dernières années, il s'avère que « atterrir sur la Lune » est une tâche très difficile. Par exemple, à l'époque de notre grand designer Sergei
Pavlovich Korolev, entre 1963 et 1965, il y a eu 11 tentatives infructueuses pour effectuer un atterrissage en douceur sur le satellite terrestre. Et seul l'appareil "Luna-9" a réussi en 1966. Le
dernier vol vers notre satellite a été effectué en 1976 par Luna-24, qui a livré des échantillons de sol lunaire sur Terre. Depuis, pendant près d’un demi-siècle, nous n’avons volé nulle part
ailleurs qu’en orbite proche de la Terre. Presque tous ceux qui ont créé la grande cosmonautique nationale sont partis. De nouveaux ingénieurs, de nouvelles technologies sont arrivées.
- En fait, nous commençons à réapprendre à explorer l'espace lointain. Toutes sortes de surprises sont possibles et la première crêpe est grumeleuse. Il n'y aura rien de terrible même en cas
d'atterrissage infructueux de Luna-25. Cela est également arrivé aux Américains. Et la cosmonautique européenne a tenté à deux reprises d'envoyer des véhicules sur Mars, et les deux fois ils se
sont écrasés », a déclaré plus tôt à RG Vladimir Surdin, un astronome russe bien connu, candidat aux sciences physiques et mathématiques.
L'espace est toujours une route vers l'inconnu, un risque énorme. Tous ceux qui aspirent à la conquête de l’espace passent par là. Les géants sur les épaules desquels repose notre astronautique
ont enseigné que tout échec est une expérience dont il faut savoir tirer les bonnes leçons et passer à autre chose.
Selon Anatoly Petrukovich, membre correspondant de l'Académie des sciences de Russie et directeur de l'Institut de recherche spatiale de l'Académie des sciences de Russie, "nous devons comprendre
pourquoi cela s'est produit, quelles leçons devraient être tirées pour les projets futurs - c'est la seule chose qu'il faut faire maintenant." Le scientifique estime qu'il est trop tôt pour dire
comment cela affectera le futur programme lunaire et que la commission qui sera créée fera des propositions pour sa poursuite.
Une image du cratère polaire sud Zeeman sur la face cachée de la Lune.
Photo : roscosmos.ru
Journal russe - Numéro fédéral : n° 185 (9130)
«Nouvelle course à l’espace» : Les enjeux de la mission historique de la Russie sur la lune
Quels sont les objectifs de la Russie et quelle est sa position par rapport à ses rivaux pour la conquête de l’espace ?
Luna-25 a pour objectif d’atterrir dans une zone où l’on pense qu’il y a des gisements d’eau, une condition préalable à l’établissement
d’une base habitée de manière permanente.
La société spatiale russe Roscosmos a annoncé vendredi 11 août que la mission lunaire Luna-25, la première lancée par Moscou depuis 1976, s’est séparée de
l’étage supérieur «Frégate» et poursuit son voyage vers le satellite de la Terre. Jusqu’à présent, toute l’avionique a fonctionné correctement et les opérateurs ont maintenu une connexion
stable avec le vaisseau spatial, a ajouté un communiqué.
Luna-25, qui a décollé vendredi matin du cosmodrome de Vostochny, dans la région de l’Amour (extrême est), devrait se poser sur le pôle sud inexploré de la
Lune entre le 21 et le 24 août.
Compte tenu du terrain accidenté de la région, l’atterrissage ne sera pas simple : Le vaisseau orbitera d’abord autour de la Lune à une altitude de 100
kilomètres pendant une semaine. Pendant cette période, Luna-25 effectuera des mesures de trajectoire, et les opérateurs devront choisir entre trois sites d’atterrissage, le principal
situé au nord du cratère Boguslavsky et deux sites de réserve.
Si tout se passe comme prévu, la mission passera un an à collecter des échantillons à la surface.
D’un poids de 1,8 tonne, la station transporte 31 kilogrammes d’équipement scientifique et est équipée de huit caméras et d’un bras robotique
lunaire.
Ce n’est pas par hasard que la Russie tente de se poser sur le pôle sud de la Lune, moins hospitalier, plutôt que sur la région équatoriale. Les scientifiques pensent qu’il y a des dépôts de glace d’eau dans la zone où la mission russe devrait se poser. En outre, le pôle sud est constamment éclairé par le
soleil, ce qui signifie que des panneaux solaires peuvent y être placés pour produire de l’énergie pour les futures missions.
L’un des principaux objectifs de Luna-25 est d’effectuer un atterrissage en douceur sur le pôle sud, ce que d’autres pays n’ont pas réussi à faire jusqu’à
présent. Cet aspect est important pour garantir le succès des futures missions.
En outre, la station russe effectuera des forages pour trouver de l’eau, à la fois pour éviter de devoir transporter de l’eau depuis la Terre pour les
futures missions habitées et pour mener des études scientifiques. On pense que l’eau est arrivée sur la Lune par l’intermédiaire de comètes. En l’analysant, les scientifiques pourraient
«découvrir
quelque chose de nouveau sur l’histoire de la Lune ainsi que sur les lois fondamentales de l’Univers», a expliqué Aleksandr Bloshenko, de Roscosmos.
Luna-25 étudiera également les radiations sur la Lune et la poussière lunaire, afin d’utiliser ces connaissances pour garantir la sécurité des futures
missions habitées.
Le responsable du programme lunaire de l’Académie des sciences de Russie, Lev Zeleny, a indiqué que la Russie et ses concurrents rechercheront également des
éléments des terres rares sur le satellite.
Les projets ambitieux de
Moscou
Luna-25 fait partie de la première phase du programme lunaire russe. Cette première étape (connue sous le nom de «Sortie») prévoit la création d’un module
de base d’une station lunaire et l’essai d’un vaisseau spatial habité «Eagle». Dans le cadre de cette étape, trois autres missions «Luna» seront envoyées sur la Lune au cours des dix
prochaines années. Les travaux sur la nouvelle fusée super-lourde Yenisei devraient également débuter au cours de cette étape.
La deuxième étape comprendra l’atterrissage des cosmonautes russes entre 2025 et 2035. L’équipage devrait passer deux semaines sur la Lune et poser les
fondations d’une base lunaire permanente.
Enfin, d’ici 2040, Moscou espère achever la création d’une base lunaire et de deux observatoires.
La Russie est-elle seule dans sa quête
lunaire ?
Les États-Unis, la Chine et l’Inde développent parallèlement leurs propres programmes lunaires.
Le programme Artemis de la NASA vise à établir une présence humaine sur la Lune en tant que tremplin pour l’exploration future de Mars. Washington espère
créer sa propre base lunaire d’ici la fin de la décennie.
La fusée super-lourde SLS de Boeing devrait être le principal véhicule du programme. Le premier essai habité est prévu pour novembre 2024.
Les plans de la Chine sont tout aussi ambitieux : Pékin prévoit d’installer une base robotisée sur la Lune d’ici 2028 et d’envoyer une mission habitée d’ici
2030.
L’Inde s’est lancée dans la compétition lunaire ces dernières années. Son module d’atterrissage lunaire Chandrayaan-3 est déjà en orbite autour de la Lune
et devrait se poser à peu près en même temps que la sonde russe Luna-25 à la fin de ce mois. New Delhi s’intéresse également au pôle sud.
En 2019, la précédente itération de la mission, Chandrayaan-2, s’est écartée de la trajectoire prévue et s’est écrasée.
L’Inde prévoit d’envoyer sa prochaine mission lunaire en collaboration avec le Japon entre 2026 et 2028.
Réactions des médias occidentaux à la
mission russe
Commentant le lancement de Luna-25, le Wall Street
Journal a déclaré qu’il marquait le début d’une nouvelle course à l’espace, une allusion à la rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique dans les années 1950 et
1960.
Politico a
présenté une évaluation similaire, citant un expert qui a déclaré que si la mission réussit, il s’agira d’une «réussite
technologique et scientifique massive» pour Moscou. Le média poursuit en suggérant qu’en devenant la première nation à réussir un atterrissage en douceur sur le pôle sud de
la Lune, Moscou démontrerait à Pékin à quel point sa technologie spatiale est avancée. Selon Politico, cela
contribuerait à renforcer la position de la Russie dans le projet commun des deux pays d’établir un avant-poste sur la Lune.
De même, France 24 affirme que le lancement de vendredi est un signe clair que «la Russie espère
redevenir un acteur majeur de l’exploration spatiale». Un expert cité par le média a noté que la mission lunaire de Moscou vise également à envoyer un signal géopolitique.
Source :
Bd. Voltaire - Par jean de Lacoste - Le 03/08/2023.
Émergence de nouvelles puissances spatiales, programmes ambitieux, nombreux lancements et, surtout, regain d’intérêt pour la Lune : Le 28 juillet
dernier, l’Opinion évoquait
les symptômes présageant d’une «
nouvelle guerre de l’espace ».
Il ne faut pas se méprendre : Nous ne sommes plus aux débuts de l’ère spatiale où les projets ont principalement une dimension militaire. Les fusées, héritières des
missiles balistiques, participent alors de la course à l’armement. Le contexte de la guerre froide place ainsi la haute atmosphère dans le champ de la conquête où s’affrontent exclusivement les
États-Unis et l'URSS. Dans une course de prestige et de démonstration de force, atteindre l’astre de la nuit est un couronnement. Seulement, après l’écrasant succès du programme Apollo,
l’objectif Lune va très vite perdre de son intérêt. Les rivaux vont se rendre à la raison et reconnaître la vanité de leur compétition, ruineuse pour l’un comme pour l’autre. Le 17 juillet 1975,
à 200 km au-dessus du plancher des vaches, la poignée de main entre Thomas Stafford et Alexei Leonov siffle la fin du match et scelle la première pierre de l’ère de la coopération. Ces premiers
temps, fascinants mais un peu fous, semblent donc heureusement révolus, et pourtant…
Reprise de la course
Il est clair que le désir de lancer des vols habités vers notre satellite naturel est revenu au goût du jour. Cela augure-t-il nécessairement d’une reprise de la
compétition dans l’espace ? Le grand retour de l’ambition américaine pourrait en être un indice. Depuis les années 1970, la NASA a perdu son avance et certains sont en voie de lui disputer son
trophée. D’où la volonté affichée par le président Trump, en 2017, de «
reconquérir la fierté américaine dans l’espace », de retourner sur la Lune d’ici 2024, réalisant ainsi le slogan «
Make America Great Again ». Si le programme
Artemis, lancé en 2020 et prévu initialement pour 2024, a déjà connu plusieurs reports, l’impulsion n’en a pas moins été donnée.
Cela ne serait rien si cette volonté n’était pas piquée par la jalousie. La Chine apparaît de fait comme un redoutable concurrent. Elle a dévoilé, le 12 juillet
dernier, son
propre plan de mission habitée vers la Lune. Plan qu’il s’agit de prendre au sérieux, au vu de ses récents succès. En effet, elle a posé avec une totale maîtrise une sonde sur la face cachée
de notre satellite, le 3 janvier 2019. Personne d’autre ne l’a jamais fait. La rapidité de ses progrès et sa rhétorique qui lui fait souligner qu’elle ne se contentera pas de laisser sur le sol
lunaire des drapeaux et des empreintes de pas montrent avec quelle ardeur elle répond au défi.
Comme le dit l’Opinion,
la rivalité sino-américaine, sur fond de bras de fer économique, «
a pris une dimension spatiale ». Cela est d’autant plus vrai que leurs différends ont conduit à rompre avec l’esprit habituel de coopération. Depuis l’amendement Wolf de 2011, les
astronautes chinois n’ont pas accès à la Station spatiale internationale. La Chine a d’ailleurs sa propre station spatiale, la CSS
(China Space Station).
Autres acteurs, nouveaux enjeux
La brigue dont fait de nouveau l’objet la Lune, 50 ans après la passe d’arme soviéto-américaine, replace donc formellement l’espace dans le champ de l’affrontement.
Le temps du monde des étoiles consacré, selon le traité de 1967, comme «
l’apanage de l’humanité tout entière » semble dépassé. Seulement, plusieurs faits creusent définitivement un fossé entre la guerre froide et notre décennie : La démocratisation des
technologies spatiales (l’Inde, la Russie, l’Europe, le Japon sont aussi dans la course, sans compter les entreprises privées comme SpaceX et Blue Origin), la dimension économique des
projets (la découverte de ressources importantes motive au premier chef les programmes lunaires) et la spécificité du différend sino-américain. En effet, celui-ci n’empêche pas les autres
puissances de collaborer, avec l’un ou l’autre. C’est le cas de l’Europe.
L’humain touchera sans doute de nouveau la Lune, d’ici 2030. Quelle tournure prendra cette course ? S’il s’avère que le succès des uns fait le malheur, voire la
colère, des autres, alors peut-être pourrons-nous parler plus sérieusement d’une nouvelle guerre des étoiles.
La sonde russe Luna-25 va s'insérer dans l'orbite lunaire, avant son alunissage prévu lundi
Parti de la
Terre le 11 août dernier, le vaisseau russe Luna-25 arrive dans le voisinage de la Lune.
Après
s'être insérée en orbite, elle tournera autour de la Lune avant son alunissage, prévu lundi.
J-5 avant la tentative d'alunissage. Le vaisseau Luna-25 doit rejoindre l'orbite de la Lune ce mercredi 16 août. L'engin spatial, d'un poids de 800 kilos, a quitté la Terre à bord d'une fusée
Soyouz dans la nuit du 10 au 11 août, depuis le cosmodrome de Vostotchny en Extrême-Orient. À l'issue de cette manœuvre, la sonde tournera autour de la Lune, à 100 kilomètres de sa surface,
avant son alunissage prévu le lundi 21 août au nord du cratère de Bogouslavski, sur le pôle sud du satellite naturel de la Terre.
Dimanche, les caméras installées sur le vaisseau ont faitleurs premières photos depuis l'espace, où l'on peut voir
des éléments de la sonde avec, au loin, la Terre et la Lune. La sonde, qui devra rester sur la Lune pendant un an, aura pour mission de prélever des échantillons et d'analyser le sol de la
Lune."Pour la première fois dans l'Histoire, l'alunissage sera effectué sur le pôle sud lunaire. Jusqu'ici, tout le monde alunissait
dans la zone équatoriale", s'était félicité un haut responsable de Roscosmos, Alexandre Blokhine, dans un récent entretien au journal officielRossiïskaïa Gazeta.
Lelancement de la sonde Luna-25est la
première mission lunaire pour Moscoudepuis 1976, époque à laquelle l'URSS faisait figure
de pionnier dans la conquête spatiale. La mission est destinée à donner un nouvel élan au secteur spatial russe, en difficulté depuis des années en raison de problèmes de financement et
de scandales de corruption, et désormais isolé du fait du conflit en Ukraine. Le président Vladimir Poutine a promis de poursuivre le programme spatial russe malgré les sanctions, prenant
pour exemple l'envoi par l'URSS du premier homme dans l'espace en 1961, en pleine escalade des tensions Est-Ouest.