L’évènement militaire de ce 29 octobre 2022 est une nouvelle série d’attaques ukro-atlantistes réalisées contre la base navale de Sébastopol en
Crimée.
Je ne reviendrai pas ici sur la stratégie exponentielle d’équipement des pays occidentaux au profit des forces armées ukrainiennes mais sur la stratégie
d’engagement des forces de l’OTAN sur le théâtre d’opérations russo-ukrainien et qui vient de franchir ce 29 octobre 2022 un nouveau cap avec une série d’attaques contre la base de la
flotte russe de la mer Noire, à Sébastopol.
Cette nuit une vague de drones aériens (entre 12 et 16 selon les sources) a attaqué sans succès la base de la flotte de la mer Noire, abattus par la défense
antiaérienne de Sébastopol.
L’artillerie antiaérienne de
Sébastopol en action
Plus tard, aux premières heures matinales, une seconde attaque a été lancée cette fois avec des drones marins dont certains ont réussi à traverser la
défense russe pour toucher 2 bâtiments de surface : la frégate lance missiles de classe 11356R Amiral Makarov, qui a été endommagée ainsi que le dragueur de mines « Ivan
Golubets » qui escortait les exportations céréalières quittant Odessa. En outre une digue du port a été également touchée dans la baie voisine de Yuzhnaya.
Or il s’avère dès à présent que cette attaque contre la base navale russe de Sébastopol a été non seulement faite avec l’assistance d’un soutien aérien
électronique de l’OTAN, mais également avec des drones d’attaque marins britanniques très vraisemblablement pilotés à distance par des spécialistes de sa majesté le roi de la perfide
Albion.
Attaque des drones marins
britanniques
Alors que les propagandistes pro-russes racontaient comme à leur habitude ridiculement contre productive que tous les drones avaient été abattus ou pire que
les fumées qui s’élevaient sur la côte étaient celles de pneus brulés pour un exercice des mobilisés, les propagandistes ukro-atlantistes tentaient de nous faire croire que la flotte
de la mer Noire n’existait plus pour donnait plus de crédit à une victoire médiatique certaine.
Ce qui est sûr, c’est que l’OTAN est ici l’acteur principal des attaques, tout comme lors de celle contre le
croiseur Moskva le 13 avril dernier et qui devait provoquer son naufrage.
1. L’assistance aérienne
électronique
Les aéronefs
de renseignement de l’OTAN reniflent le conflit depuis 2015, drones d’observation stratégiques ou avions de guerre électronique, de plus en plus fréquemment et en plus grand
nombre jusqu’à assurer une permanence quotidienne le long des frontières russes et de la ligne du front du Donbass pendant 8 ans. Le Pentagone a reconnu plusieurs fois que les
informations collectées par ses ressources aériennes mais aussi satellitaires été transmises à l’état-major ukrainien lorsqu’elles le concernaient.
Depuis février les aéronefs de l’OTAN qui au dessus de l’Ukraine ont passé le relais à une constellation de satellites militaires et privés, se sont
repliés dans l’espace international de la mer Noire ou ceux de pays de l’OTAN (Pologne, Roumanie, pays baltes etc).
Ainsi, au même moment que se déroulaient les attaques contre Sébastopol des aéronefs de l’OTAN étaient en mission dans le même secteur !
2. L’armement spécialisé de
l’OTAN
Concernant les drones marins qui ont atteint leurs cibles, ce ne sont pas des armes ukrainiennes comme l’étaient par exemple les missiles anti-navires
« Neptune » qui ont frappé le « Moskva » en avril, mais des drones « high tech » de la Royal Navy.
A priori le type de drone utilisé est un modèle de drone « ultra » perfectionné de conception britannique et dont il est hautement improbable
que le service maitrisé soit assuré par des opérateurs ukrainiens mais bien par des spécialistes de l’OTAN.
Comme pour les drones aériens, plusieurs drones marins semblent avoir été lancés vers leurs cibles certainement pour obtenir plus d’effet destructeur mais
aussi saturer les systèmes de défense russe et réussir pour quelques uns d’entre eux à traverser leurs boucliers.
Ici un drone marin britannique qui a
été détruit par un hélicoptère MI 8 des gardes côtes russes
De la co-belligérance à la
belligérance
Non loin de la Crimée se trouve la base d’Ochakov (dans l’embouchure du Boug Méridional à l’Ouest de Kherson) qui abrite le « 73e centre des opérations
spéciales maritimes », qui avant février était encadré par environ 300 membres des SBS et SAS britanniques, officiellement « instructeurs ». Cette base officieuse de l’OTAN
a ouvert en 2017 et je doute fort que tous les SBS soient partis en février !
En réaction à cette nouvelle attaque contre Sébastopol, la Russie a décidé de suspendre sa participation à « l’accord sur les céréales » et a
interpeller l’ONU au sujet de cette attaque d’aujourd’hui et celle contre les North
Stream I et II de la Baltique qui portent sans conteste la signature de l’OTAN dans leur exécution et constituent donc de facto un « casus belli » contre la
Russie.
L’OTAN participe directement depuis avril à des attaques « ukrainiennes » contre les ressources et les forces russes, dans une probabilité
croissante devenue aujourd’hui certitude. Quelle sera la réponse de la Russie sachant qu’elle a été déjà promise en cas de ce type de scénario.
Moscou se doit de réagir vite et fort car sinon les discours forts du Kremlin sur la défense forte du sanctuaire national se dégonfleront comme des ballons
de baudruche invitant les ukro-atlantistes à pousser toujours plus loin dans l’inadmissible leurs attaques provocatrices.
Le temps des « opérations spéciales » est bel est bien terminé, celui de la guerre doit commencer !
Ce matin à 4h20 heure locale, la flotte russe du port de Sébastopol, en Crimée, a été attaquée par neuf drones et sept drones maritimes autonomes. Plus tôt, un
drone maritime qui s’était échoué en Crimée a été retrouvé et photographié.
Pendant l’attaque d’aujourd’hui, un grand drone américain effectuait des vols circulaires au sud de la Crimée. Il a probablement relayé des données depuis et vers
les drones.
Les drones maritimes sont britanniques et la Russie allègue que des spécialistes britanniques ont formé la marine ukrainienne à leur utilisation. Elle affirme également que des soldats britanniques ont participé à l’attaque du gazoduc Nord Stream.
Les Ukrainiens ont publié deuxvidéos tournées par les drones maritimes lors de l’attaque. L’une des vidéos montre des impacts de tirs importants près du drone, provenant d’un hélicoptère russe en train
de l’attaquer.
Les Russes affirment que tous les drones aériens et 4 des 7 drones maritimes ont été détruits avant de pouvoir causer des dommages. Ils affirment également qu’un
navire de recherche de mines a été endommagé dans le port. Il est possible que les dommages soient plus importants que ce que la Russie admet.
À la suite de cette attaque, la Russie a déclaré que l’accord qui permettait l’exportation de céréales depuis Odessa était suspendu. Cet accord était déjà en danger car l’« Occident » n’a pas rempli sa part du contrat
permettant l’exportation d’engrais russes vers des pays tiers.
Je pense qu’il est probable que la Russie prenne des mesures supplémentaires pour punir la marine ukrainienne de cette attaque effrontée. D’autres attaques contre
les infrastructures ukrainiennes sont également possibles.
Entre-temps, toutes les tentatives récentes de l’armée ukrainienne de pénétrer les lignes tenues par la Russie ont échoué. Il est à noter que ces dernières sont
désormais de taille beaucoup plus réduite, avec seulement un bataillon ou, dans certains cas, seulement deux compagnies en action.
La saison de la boue est désormais bien entamée en Ukraine et il est impossible de traverser la plupart des terres agricoles, même à pied. Cela va gêner les forces d’attaque
des deux côtés jusqu’à l’arrivée de l’hiver.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Poutine : « La situation est, dans une certaine mesure, révolutionnaire » - Le 30/10/2022.
Poutine a effectivement vu juste sur
la situation dans laquelle nous nous trouvons : au bord d’une révolution.
Dans un discours global prononcé lors
de la session plénière de la 19ème réunion annuelle du Club Valdai, le président Poutine a livré une critique dévastatrice et à plusieurs niveaux de l’unipolarité.
De Shakespeare à l’assassinat du général Soleimani ; des réflexions sur la spiritualité à la structure de l’ONU ; de l’Eurasie en tant que berceau de la
civilisation humaine à l’interconnexion de la BRI, de l’OCS et de l’INSTC ; des dangers nucléaires à cette péninsule périphérique de l’Eurasie « aveuglée par l’idée que les Européens
sont meilleurs que les autres », le discours a peint une toile digne de Brueghel de « l’étape historique » à laquelle nous sommes confrontés, au milieu de « la
décennie la plus dangereuse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
Poutine s’est même risqué à dire que, selon les classiques, « la situation est, dans une certaine mesure, révolutionnaire », car « les
classes supérieures ne peuvent pas, et les classes inférieures ne veulent plus vivre comme ça ». Tout se joue donc, car « l’avenir du nouvel ordre mondial se dessine sous nos
yeux ».
Bien au-delà d’un slogan accrocheur sur le jeu de l’Occident, « sanglant, dangereux et sale », le discours et les interventions de Poutine lors
des questions-réponses qui
ont suivi doivent être analysés comme une vision cohérente du passé, du présent et de l’avenir. Nous vous en proposons ici quelques-uns des points saillants :
« Le monde assiste à la dégradation des institutions mondiales, à l’érosion du principe de sécurité collective, à la substitution du droit
international par des ‘règles' ».
« Même au plus fort de la guerre froide, personne ne niait l’existence de la culture et de l’art de l’Autre. En Occident, tout point de vue alternatif
est déclaré subversif ».
« Les nazis brûlaient les livres. Maintenant, les pères occidentaux du ‘libéralisme’ interdisent Dostoïevski ».
« Il y a au moins deux ‘Ouest’. Le premier est traditionnel, avec une culture riche. Le second est agressif et colonial ».
« La Russie ne s’est pas considérée et ne se considère pas comme un ennemi de l’Occident.
La Russie a essayé de construire des relations avec l’Occident et l’OTAN – de vivre ensemble dans la paix et l’harmonie. Leur réponse à toute coopération a
été simplement ‘non' ».
« Nous n’avons pas besoin d’une frappe nucléaire sur l’Ukraine, cela n’a aucun intérêt – ni politique ni militaire ».
« En partie », la situation entre la Russie et l’Ukraine peut être considérée comme une guerre civile : « En créant l’Ukraine, les bolcheviks
l’ont dotée de territoires primordialement russes – ils lui ont donné toute la Petite Russie, toute la région de la mer Noire, tout le Donbass. L’Ukraine a évolué comme un État
artificiel ».
« Les Ukrainiens et les Russes sont un seul peuple – c’est un fait historique. L’Ukraine a évolué comme un État artificiel. Le seul pays qui peut
garantir sa souveraineté est le pays qui l’a créé – la Russie ».
« Le monde unipolaire touche à sa fin. L’Occident est incapable de diriger le monde à lui tout seul. Le monde se trouve à une étape historique à l’aube
de la décennie la plus dangereuse et la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale ».
« L’humanité a deux options – soit nous continuons à accumuler le fardeau des problèmes qui est certain de nous écraser tous, soit nous pouvons
travailler ensemble pour trouver des solutions ».
Que faisons-nous après l’orgie
?
Au milieu d’une série de discussions passionnantes, le cœur du sujet à Valdai est son rapport 2022, « Un
monde sans superpuissances ».
La thèse centrale du rapport – éminemment correcte – est que « les États-Unis et leurs alliés, en fait, ne jouissent plus du statut de superpuissance
dominante, mais l’infrastructure mondiale qui les sert est toujours en place ».
Bien sûr, tous les grands problèmes interconnectés qui se trouvent au carrefour actuel ont été précipités parce que « la Russie est devenue la première
grande puissance qui, guidée par ses propres idées de sécurité et d’équité, a choisi de rejeter les avantages de la « paix mondiale » créée par la seule
superpuissance ».
En fait, il ne s’agit pas exactement de « paix mondiale », mais plutôt d’une éthique mafieuse du « tout ou rien ». Le rapport qualifie
très diplomatiquement le gel des réserves d’or et de devises étrangères de la Russie et le « nettoyage » des biens russes à l’étranger de « juridictions
occidentales », « si nécessaire », qui sont « guidées par l’opportunisme politique plutôt que par la loi ».
Il s’agit en fait d’un vol pur et simple, à l’ombre de « l’ordre international fondé sur des règles ».
Le rapport prévoit – avec optimisme – l’avènement d’une sorte de « paix froide » normalisée comme « la meilleure solution disponible
aujourd’hui » – tout en reconnaissant au moins que cela est loin d’être garanti, et « n’empêchera pas la reconstruction fondamentale du système international sur de nouvelles
bases ».
Les bases d’une multipolarité évolutive ont en fait été présentées par le partenariat
stratégique Russie-Chine trois semaines seulement avant que des provocations ordonnées par l’impérialisme ne contraignent la Russie à lancer l’opération militaire spéciale
(OMS).
En parallèle, les linéaments
financiers de la multipolarité avaient été proposés depuis au moins juillet 2021, dans un document coécrit par le professeur Michael Hudson et Radhika Desai.
Le rapport Valdai reconnaît dûment le rôle des puissances moyennes du Sud global qui « illustrent la démocratisation de la politique
internationale » et peuvent « servir d’amortisseurs en période de bouleversements ». Il s’agit d’une référence directe au rôle des BRICS+ en
tant que protagonistes clés.
Sur la grande image à travers l’échiquier, l’analyse tend à devenir plus réaliste lorsqu’elle considère que « le triomphe de « l’unique idée
vraie » rend impossible par définition un dialogue et un accord efficaces avec les partisans d’opinions et de valeurs différentes ».
Poutine y a fait allusion à plusieurs reprises dans son discours. Il n’y a aucune preuve que l’Empire et ses vassaux vont s’écarter de leur unilatéralisme
normatif, imposé et chargé de valeurs.
Quant au fait que la politique mondiale commence à « revenir rapidement à un état d’anarchie fondé sur la force », c’est une évidence : seul
l’Empire du Chaos veut imposer l’anarchie, car il est complètement à court d’outils géopolitiques et géoéconomiques pour contrôler les nations rebelles, hormis le tsunami des
sanctions.
Le rapport a donc raison de dire que le rêve néo-hégélien puéril de la « fin de l’histoire » s’est finalement heurté au mur de l’Histoire : nous
sommes revenus au schéma des conflits à grande échelle entre les centres de pouvoir.
Et c’est aussi un fait que « changer simplement « l’opérateur » comme cela s’est produit dans les siècles précédents » (comme dans le
cas des États-Unis prenant le relais de la Grande-Bretagne) « ne fonctionnera pas ».
La Chine pourrait nourrir le désir de devenir le nouveau shérif, mais les dirigeants de Pékin ne sont certainement pas intéressés. Et même si cela se
produisait, l’hégémon s’y opposerait farouchement, car « l’ensemble du système » reste « sous son contrôle (principalement la finance et l’économie) ».
La seule issue, une fois de plus, est donc la multipolarité – que le rapport caractérise, assez vaguement, comme « un monde sans
superpuissances », qui a encore besoin « d’un système d’autorégulation, ce qui implique une bien plus grande liberté d’action et la responsabilité de ces actions ».
Des choses plus étranges sont arrivées dans l’Histoire. En l’état actuel des choses, nous sommes plongés dans le maelström de l’effondrement total. Poutine
a effectivement vu juste sur la situation dans laquelle nous nous trouvons : au bord d’une révolution.
L’attaque sur Sébastopol a été menée via le corridor céréalier depuis Odessa, selon la Défense russe - Le 31/10/2022.
Source : RzO International
par RT
France.
Le ministère russe de la Défense dit
avoir pu décrypter la trajectoire des drones marins utilisés contre sa flotte à Sébastopol. Selon cette source, l’attaque a été lancée depuis Odessa en profitant du corridor maritime
dédié au transport de grains.
Elle précise ainsi avoir remonté à la surface et analysé des « débris des drones marins utilisés par le régime de Kiev sous la direction de représentants du
Royaume-Uni », notamment leurs « modules de navigation », de fabrication canadienne.
« Après avoir reconstruit les informations lues dans la mémoire du récepteur de navigation, il a été établi que les drones marins avaient été lancés depuis
la côte près de la ville d’Odessa », détaille encore le communiqué. Ces drones se seraient ensuite déplacés « le long de la zone de sécurité du « corridor céréalier » ». «
Ensuite, ils ont changé de route en direction de la base navale russe de Sébastopol », précise enfin le texte.
D’autres informations extraites d’un des drones indiqueraient aussi un « point de lancement dans les eaux maritimes de la zone de sécurité du
« corridor céréalier » en mer Noire ». Selon Moscou, cela pourrait donc indiquer que ce drone a été lancé depuis « l’un des navires civils affrétés par Kiev ou ses parrains
occidentaux pour exporter des produits agricoles depuis les ports maritimes ukrainiens ».
La fin de l’accord sur les exportations de céréales ?
L’accord, conclu
en juillet sous l’égide de l’ONU et qui permettait jusqu’alors à Kiev d’exporter ses céréales depuis la mer Noire, a été suspendu à la suite de l’attaque lancée le 29 octobre sur
Sébastopol. Cette dernière a été décrite par le gouverneur de Sébastopol comme étant « la plus massive de drones et de véhicules de surface pilotés à distance sur les eaux de la baie de
Sébastopol » depuis le début des hostilités entre la Russie et l’Ukraine. L’attaque a selon les autorités russes provoqué des « dégâts mineurs » sur un navire dragueur de mines et sur le
barrage de confinement de la baie de Sébastopol. La Défense russe a accusé le « régime de Kiev » d’être derrière l’attaque avec la « participation d’experts britanniques ». Il a été
précisé que « neuf véhicules aériens sans pilote et sept drones maritimes autonomes » avaient été utilisés.
Cette suspension de l’accord a été dénoncée par Joe Biden, qui a jugé cette action « scandaleuse ». L’Union européenne, via son chef de la diplomatie Josep
Borrell, a exhorté la Russie à « revenir sur sa décision ».
Réagissant aux accusations sur sa participation à l’attaque, la Défense britannique a quant à elle dénoncé une « histoire inventée » par la Russie pour «
détourner l’attention de sa gestion désastreuse de l’invasion illégale de l’Ukraine ».
Moscou a annoncé avoir suspendu sa
participation à l’accord portant sur l’exportation de produits agricoles à partir des ports ukrainiens, après l’attaque de drones dans la baie de Sébastopol repoussée par l’armée
russe.
Ce samedi 29 octobre, la Russie a décidé de ne plus participer à l’accord sur les exportations de céréales destinées aux pays pauvres, a déclaré le
ministère de la Défense russe.
« Compte tenu de l’acte terroriste réalisé par le régime de Kiev avec la participation d’experts britanniques contre des navires de la Flotte de la
mer Noire et des navires civils impliqués dans la sécurité des couloirs céréaliers, la Russie suspend sa participation à la mise en œuvre de l’accord sur les exportations des produits
agricoles des ports ukrainiens », a expliqué la Défense russe sur Telegram.
Plus tôt dans la journée, des navires
russes ont été attaqués dans la baie de Sébastopol par des drones de Kiev. Selon le ministère russe de la Défense, ces éléments de la Flotte de la mer Noire « assuraient
la sécurité du couloir céréalier dans le cadre d’une initiative internationale d’exportation de produits agricoles depuis les ports ukrainiens ».
Débloquer les cargaisons
Le 22 juillet dernier, la Russie et l’Ukraine, sous égide de l’ONU et de la Turquie, ont signé
à Istanbul deux documents, faisant partie d’un seul accord, pour créer des couloirs et débloquer ainsi les cargaisons immobilisées dans les ports ukrainiens.
Le 28 octobre, le Centre commun de coordination, créé par ces quatre parties, a fait valoir qu’au 27 octobre, le tonnage total de céréales et d’autres
produits agricoles exportés depuis ces ports était de 9 239 819 tonnes.
Aucun mouvement de cargos pour le
transport des céréales ukrainiennes en mer Noire n’a été validé ce 30 octobre, a annoncé le Centre de coordination conjointe, au lendemain de l’attaque de drones ayant visé des navires
russes au large de la Crimée.
« Un accord conjoint n’a pas été trouvé au Centre de coordination conjointe (JCC) concernant les mouvements de sortie et d’entrée des cargos le 30 octobre »
: dans un communiqué publié dans la nuit du 29 au 30 octobre, le JCC – chargé de superviser l’accord international pour le transport des céréales ukrainiennes en mer Noire signé l’été
dernier – a fait savoir qu’aucun mouvement de cargo n’avait été validé pour le 30 octobre.
La veille, Moscou avait suspendu
sa participation à l’accord signé le 22 juillet à Istanbul, en raison d’une attaque
de drones contre ses navires et contre des navires civils qui prennent part à la sécurisation du « couloir céréalier », qualifiée « d’acte terroriste mené par le régime de Kiev
avec la participation de spécialistes britanniques ».
Le JCC, qui réunit des délégués de Russie, d’Ukraine, de Turquie et de l’ONU à Istanbul, précise qu’il a été informé par la Russie de ses « préoccupations
pour la sécurité des cargos » et les a transmises aux délégations turque et ukrainienne.
« Le coordinateur des Nations unies pour l’Initiative sur les céréales en mer Noire, Amir Abdullah, a été notifié aujourd’hui [29 octobre] par la délégation
russe auprès du JCC de ses préoccupations concernant la sécurité de mouvement des navires marchands », écrit le JCC. « M. [Amir] Abdullah a porté [ces préoccupations] à l’attention des
délégations turque et ukrainienne auprès du JCC », ajoute-t-il. « Le JCC examine les récents développements, en évalue l’impact sur ses opérations et débat des prochaines étapes »,
conclut-il.
Neuf cargos ont pu emprunter le 29 octobre le corridor maritime en mer Noire et « plus de dix autres » sont prêts à en faire autant dans les deux sens,
précise le Centre qui supervise la bonne application de l’accord. Celui-ci prévoit notamment une inspection des cargos empruntant le Bosphore dans les deux sens, à vide et chargés, par
cinq équipes composées de huit inspecteurs, deux Russes, deux Ukrainiens, deux Turcs et deux délégués par les Nations unies. Le JCC comptait cette semaine plus de 170 cargos en attente
d’inspection au large d’Istanbul.
L’accord céréalier, conclu en juillet sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, avait permis l’exportation de plusieurs millions de tonnes de céréales
coincées dans les ports ukrainiens depuis le début
du conflit en février. Ce blocage avait contribué à la flambée des prix alimentaires. Néanmoins, ces dernières semaines, les autorités russes avaient formulé des critiques quant à
l’application de cet accord par toutes les parties. Moscou a ainsi affirmé que les exportations ukrainiennes allaient majoritairement vers l’Europe et non vers les pays pauvres, mais
aussi que ses propres exportations de denrées alimentaires et d’engrais continuaient de pâtir des sanctions occidentales antirusses. Selon la Russie, ces sanctions, même si elles ne
visent pas directement ses produits agricoles, perturbent les chaînes financières et logistiques.
Le secrétaire général des Nations
unies multiplie « les contacts intenses » afin d’inciter la Russie à revenir sur sa décision de se retirer de l’accord céréalier, selon son porte-parole.
« Profondément préoccupé » par l’avenir de l’accord
sur les céréales, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, fait des efforts pour régler la situation, a affirmé le porte-parole du secrétaire général de l’ONU
Stéphane Dujarric.
« Antonio Guterres s’engage à établir des contacts intenses pour tenter de persuader la Russie de renoncer à suspendre l’accord », a fait savoir
M.Dujarric. Il a ajouté que le SG avait même reporté d’une journée son déplacement à Alger pour le sommet de la Ligue arabe.
Selon le porte-parole, le but de ces contacts est non seulement de reprendre mais aussi de mettre pleinement en œuvre l’initiative. Laquelle vise à
faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais en provenance d’Ukraine, ainsi qu’à lever les derniers obstacles aux exportations de produits et d’engrais russes.
Moscou suspend sa
participation
Le 29 octobre, la Russie a déclaré qu’elle suspendait sa participation à l’accord sur les céréales. L’annonce a été faite après une attaque de drones contre
plusieurs navires
russes dans la baie de Sébastopol, en Crimée plus tôt dans la même journée.
D’après Moscou, les bâtiments assuraient la sécurité du couloir céréalier.
Conclu en juillet dernier, l’accord a permis l’exportation de plus de 9 millions de tonnes de céréales bloquées dans les ports ukrainiens.
Le gouvernement russe a accusé le
Royaume-Uni d’avoir commis des actions « hostiles » à la Russie.
La Russie a décidé, dimanche, d’élargir sa liste de sanctions contre le Royaume-Uni, incluant l’ensemble des territoires britanniques d’outre-mer, et
accusant Londres d’avoir commis des « actes hostiles » à l’égard de Moscou.
Un communiqué publié par le gouvernement russe indique que « 11 territoires britanniques d’outre-mer ont été ajoutés à la liste », en plus
d’autres sanctions imposées par Moscou, plus tôt, contre le Royaume-Uni et ses territoires.
Selon le communiqué, la liste a été élargie pour inclure les Bermudes dans l’Atlantique Nord, l’Antarctique britannique, le Territoire britannique de
l’océan Indien, les îles Caïmans, les îles Falkland, Montserrat dans les Caraïbes, les îles Pitcairn, Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha.
La liste comprenait également le territoire de Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud, les régions d’Akrotiri et Dhekelia et les Îles
Turks-et-Caïcos.
Dans le passé, la Russie a imposé des sanctions à trois territoires britanniques d’outre-mer, l’île d’Anguilla, les îles Vierges britanniques et
Gibraltar.
Avec cette décision et l’ajout de 11 territoires et régions, les 14 territoires britanniques d’outre-mer sont désormais inclus dans la liste des sanctions
russes.
Ce lundi matin, l'armée russe a un peu plus détruit l'infrastructure électrique ukrainienne. A chaque fois que les Ukrainiens entreprennent une action
d'éclat - avec le soutien logistique OTANien - nos médias se réjouissent. Puis vient la riposte. Et làn tout le monde se tait. Parce qu'il faudrait avouer que nous poussons l'Ukraine à la guerre
sans vouloir la défendre contre les représailles russes. Ce qui s'était passé après l'attentat contre le Pont de Crimée se répète après l'attaque de drones aériens et maritimes contre Sébastopol.
Jusques à quand les dirigeants occidentaux continueront-il à enfoncer l'Ukraine dans le chaos pour assouvir l'illusion que notre civilisation a encore une cause à défendre alors que nos élites
sont simplement, comme celles de l'Empire romain, riches, désespérées et décadentes au plus haut point ?
Intel Slava Z est un des canaux Telegram qui suit le conflit ukrainien avec le plus de précision. On y lit ce jour:
“Les frappes de missiles d’aujourd’hui sur l’infrastructure énergétique ont été qualifiées
de “catastrophiques” lors d’une réunion d’urgence du gouvernement ukrainien à Kiev. Si avant cela, le réseau électrique ukrainien, bien qu’avec la tension
maximale des générations et des postes de transformation, pouvait assurer le transport de l’électricité dans toute l’Ukraine, après les frappes d’aujourd’hui,
un effondrement s’est produit. Plus de quarante installations clés des réseaux énergétiques ukrainiens ont été touchées. Parmi elles, on trouve DneproGES,
Yuzhnodnestrovskaya GES, Kanevskaya et Kremenchugskaya GES.
L’évaluation des dégâts est en cours, mais il est déjà clair que pour rétablir le
fonctionnement du système énergétique, même en mode d’urgence minimum, il faudra des ressources et des équipements énormes, dont l’Ukraine ne dispose
pas.
En fait, l’Ukraine est au bord de l’effondrement énergétique.
L’attaque de missiles du 10 octobre a détruit jusqu’à 15 % (estimation prudente) des
installations de production et de transfert d’énergie. L’attaque d’aujourd’hui a désactivé au moins 15 % supplémentaires (estimation prudente) de ces
installations, ce qui déséquilibrera complètement le fonctionnement du réseau énergétique unifié de l’Ukraine. Dans le même temps, jusqu’à 60 % de tous les
transformateurs des réseaux de 330 kW ont été détruits. Jusqu’à présent, les réseaux de 750 kW qui reçoivent l’électricité des centrales nucléaires
ukrainiennes sont en service, mais sans transformateurs abaisseurs, ils sont inutiles. La plupart des équipements électriques industriels et domestiques
brûleront tout simplement à cette tension. Autrement dit, on produit de l’électricité, mais il est impossible de l’utiliser.
Les coups actuels sont “catastrophiques” car l’Ukraine ne peut plus compenser efficacement
leurs conséquences. Et la prochaine vague de frappes de missiles pourrait finalement plonger l’Ukraine dans l’obscurité.”
Sauf que, précisément, il se passe ce qui s’est déjà passé avec le Pont de Crimée: les représailles russes sont terribles.
Contre l’Etat kiévien. Peut-être les dirigeants blasés et nihilistes de Londres et de Washington espèrent-ils que la Russie pratiquera l’escalade contre eux.
Mais les Russes frappent l’Ukraine et la plongent de plus en plus dans le noir.
“Le Premier ministre ukrainien, Denys Shmyhal, a confirmé que des attaques directes avaient
touché 18 sites, dont la plupart étaient liés à l’approvisionnement énergétique du pays. L’intensification de ces attaques a créé un sentiment de panique
croissant, alors que les températures chutent et que l’hiver approche.
“Des missiles et des drones ont frappé 10 régions, où 18 sites ont été endommagés, la
plupart liés à l’énergie”, a déclaré Shmyhal sur Telegram. “Des centaines d’établissements dans sept régions d’Ukraine ont été coupés”. Des installations à
Cherkasy et Kirovohrad ont également été attaquées. L’armée ukrainienne a déclaré avoir intercepté des projectiles au-dessus de la région de Lviv, ce qui a
épargné cette partie occidentale du pays de tout dommage.
Le Washington Post a noté que “les coupures de courant se poursuivent dans les régions de
Kiev, Zaporizhzhia, Dnipropetrovsk et Kharkiv”, entre autres. Le Post a énuméré quelques-unes des régions ci-dessous touchées par des pannes de courant à
grande échelle et des perturbations de l’approvisionnement en eau :
Région de Kiev : Les frappes russes ont endommagé des bâtiments, et les sauveteurs sont à la
recherche de victimes, a déclaré la police régionale. Les attaques ont laissé 80 % de la capitale sans eau et sont susceptibles de provoquer des pannes de
courant durables, a déclaré le maire Vitali Klitschko. Kharkiv : Deux frappes ont touché des installations d’infrastructures essentielles dans la
ville orientale, causant des problèmes d’approvisionnement en eau et affectant le réseau de transport public, a déclaré le maire. Région de Zaporizhzhia : Une installation d’infrastructure a été frappée par des roquettes,
a déclaré le gouverneur local, ce qui a incité les responsables de la région du sud à avertir que l’approvisionnement en énergie pourrait également être
affecté. Région de Tcherkassy : Une partie de la région a perdu l’électricité après des attaques
aériennes sur des installations d’infrastructure, a déclaré l’administrateur militaire. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a condamné ces attaques comme
de nouveaux crimes de guerre : “Un autre lot de missiles russes frappe les infrastructures critiques de l’Ukraine. Au lieu de se battre sur le champ de
bataille, la Russie combat les civils”, a-t-il tweeté.”
Combien de temps faudra-t-il pour que cesse le cycle infernal de la manipulation du tempérament suicidaire des dirigeants
kiéviens par le dilettantisme blasé de dirigeants occidentaux, qui encouragent régulièrement l’Ukraine à l’escalade contre la Russie, pour l’abandonner,
ensuite, exposée aux frappes russes.
La guerre d’Ukraine n’est-elle qu’une version moderne des jeux du cirque de l’Empire romain?
Pas de douleur, pas de grain : Le retour de Poutine sur la mer Noire.
Après que l’attaque militaire
occidentale sur Sébastopol ait brièvement interrompu les transports de céréales russes, Moscou est de retour aux affaires avec une main plus forte et des conditions plus
favorables.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan décroche son téléphone et appelle son homologue russe Vladimir Poutine : Parlons de « l’accord sur les
céréales ». Poutine, froid, calme et posé, explique les faits au sultan :
Premièrement, la raison pour laquelle la Russie s’est retirée de l’accord d’exportation de céréales.
Deuxièmement, Moscou souhaite qu’une enquête sérieuse soit menée sur l’attaque – terroriste – de la flotte de la mer Noire, qui semble à toutes fins utiles
avoir violé l’accord.
Enfin, Kiev doit garantir qu’il respectera l’accord négocié par la Turquie et les Nations unies.
Ce n’est qu’alors que la Russie envisagerait de revenir à la table des négociations.
Et puis – aujourd’hui, 2 novembre – le coup de théâtre : Le ministère russe de la défense annonce que le pays revient sur l’accord sur les céréales de la
mer Noire, après avoir reçu les garanties écrites nécessaires de Kiev.
Le ministère de la Défense, de manière très diplomatique, a salué les « efforts » de la Turquie et de l’ONU : Kiev s’est engagé à ne pas utiliser
le « couloir maritime humanitaire » pour des opérations de combat, et uniquement conformément aux dispositions de l’initiative de la mer Noire.
Moscou a déclaré que ces garanties sont suffisantes « pour le moment ». Ce qui implique que cela peut toujours changer.
La persuasion du sultan fait mouche
Erdogan a dû être extrêmement persuasif avec Kiev. Avant l’appel téléphonique à Poutine, le ministère russe de la Défense avait déjà expliqué que l’attaque
contre la flotte de la mer Noire avait été menée par 9 drones aériens et 7 drones navals, ainsi que par un drone d’observation américain RQ-4B Global Hawk guettant dans le ciel au-dessus
des eaux neutres.
L’attaque s’est déroulée sous le couvert de navires civils et a visé les navires russes qui escortaient le corridor céréalier dans le périmètre de leur
responsabilité, ainsi que les infrastructures de la base russe de Sébastopol.
Le ministère de la Défense a explicitement désigné les
experts britanniques déployés sur la base d’Ochakov, dans la région de Nikolaev, comme les concepteurs de cette opération militaire.
Au Conseil de sécurité des Nations unies, le représentant permanent Vassily Nebenzya s’est déclaré « surpris » que les dirigeants de l’ONU
« n’aient pas réussi non seulement à condamner les attaques terroristes, mais même à exprimer leur préoccupation à leur sujet. »
Après avoir déclaré que l’opération de Kiev sur la flotte de la mer Noire, organisée par la Grande-Bretagne, « mettait fin à la dimension humanitaire
des accords d’Istanbul », M. Nebenzya a également précisé :
« Nous comprenons que l’Initiative céréalière de la mer Noire, sur laquelle la Russie, la Turquie et l’Ukraine se sont mises d’accord sous la
supervision de l’ONU le 22 juillet, ne doit pas être mise en œuvre sans la Russie, et nous ne considérons donc pas les décisions qui ont été prises sans notre participation comme
contraignantes. »
Cela signifie, en pratique, que Moscou « ne peut pas autoriser le passage sans entrave de navires sans notre inspection. » La question cruciale
est de savoir comment et où ces inspections seront effectuées – la Russie ayant averti l’ONU qu’elle inspecterait certainement les cargos secs en mer Noire.
De son côté, l’ONU a tenté de faire bonne figure, estimant que la suspension de la Russie est « temporaire » et se réjouissant d’accueillir à
nouveau « son équipe hautement professionnelle » au Centre commun de coordination.
Selon le chef de l’action humanitaire, Martin Griffiths, l’ONU se déclare également « prête à répondre aux préoccupations ». Et il faut que ce
soit bientôt, car l’accord atteint son point de prolongation de 120 jours le 19 novembre.
Eh bien, « répondre aux préoccupations » n’est pas exactement le cas. Le représentant permanent adjoint de la Russie, Dmitry Polyansky, a déclaré
que, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, les pays occidentaux ne pouvaient tout simplement pas nier leur implication dans l’attaque de Sébastopol ; au lieu de
cela, ils ont tout simplement accusé la Russie.
Jusqu’à Odessa
Avant son entretien téléphonique avec Erdogan, Poutine avait déjà souligné que
« 34% des céréales exportées dans le cadre de l’accord vont à la Turquie, 35% aux pays de l’UE et seulement 3 à 4% aux pays les plus pauvres. Est-ce pour cela que nous avons tout
fait ? »
C’est exact. Par exemple, 1,8 million de tonnes de céréales sont allées en Espagne, 1,3 million de tonnes en Turquie et 0,86 million de tonnes en Italie. En
revanche, seulement 0,067 tonne est allée au Yémen « affamé » et 0,04 tonne à l’Afghanistan « affamé ».
Poutine a précisé que Moscou ne se retirait pas de l’accord sur les céréales, mais qu’elle avait seulement suspendu sa participation.
Dans un autre geste de bonne volonté, Moscou a annoncé qu’elle était disposée à expédier gratuitement 500 000 tonnes de céréales aux nations les plus
pauvres, afin de remplacer la quantité intégrale que l’Ukraine aurait dû être en mesure d’exporter.
Pendant tout ce temps, Erdogan a habilement manœuvré pour donner l’impression qu’il occupait le terrain le plus élevé : même si la Russie se comporte de
manière « indécise », comme il l’a défini, nous poursuivrons l’accord sur les céréales.
Il semble donc que Moscou ait été mis à l’épreuve – par l’ONU et par Ankara, qui se trouve être le principal bénéficiaire de l’accord sur les céréales et
profite clairement de ce corridor économique. Des navires continuent de partir d’Odessa vers les ports turcs – principalement Istanbul – sans l’accord de Moscou. On s’attendait à ce
qu’ils soient « filtrés » par la Russie à leur retour à Odessa.
Le moyen de pression russe immédiat a été déclenché en un rien de temps : Empêcher Odessa de devenir un nœud d’infrastructures terroristes. Cela signifie
des visites constantes par des missiles de croisière.
Eh bien, les Russes ont déjà « visité » la base d’Ochakov occupée par Kiev et les experts britanniques. La base d’Ochakov, située entre Mikolaïv
et Odessa, a été construite en 2017, avec une contribution américaine importante.
Les unités britanniques qui ont participé au sabotage
des Nord Streams – selon Moscou – sont les mêmes qui ont planifié l’opération Sébastopol. Ochakov est constamment espionné et parfois frappé depuis des positions que les Russes
ont dégagées le mois dernier à seulement 8 km au sud, à l’extrémité de la péninsule de Kinburn. Et pourtant, la base n’a pas été totalement détruite.
Pour renforcer le « message », la véritable réponse à l’attaque de Sébastopol a été cette semaine les « visites » incessantes de
l’infrastructure électrique de l’Ukraine ; si elles sont maintenues, la quasi-totalité de l’Ukraine sera bientôt plongée dans le noir.
Fermeture de la mer Noire
L’attaque de Sébastopol a peut-être été le catalyseur d’une manœuvre russe visant à fermer la mer Noire – Odessa devenant une priorité absolue pour l’armée
russe. Dans toute la Russie, on se demande sérieusement pourquoi Odessa, ville russophone, n’a pas fait l’objet d’une attaque ciblée auparavant.
L’infrastructure de pointe des forces spéciales ukrainiennes et des conseillers britanniques est basée à Odessa et Mikolaïv. Maintenant, il ne fait aucun
doute qu’elles seront détruites.
Même si, en théorie, l’accord sur les céréales est à nouveau sur les rails, il est vain d’attendre de Kiev qu’il respecte les accords. Après tout, chaque
décision importante est prise soit par Washington, soit par les Britanniques de l’OTAN. Tout comme le bombardement du pont
de Crimée, puis des Nord Streams, l’attaque de la flotte de la mer Noire a été conçue comme une sérieuse provocation.
Les brillants concepteurs semblent toutefois avoir un QI inférieur à la température des réfrigérateurs : chaque réponse russe plonge toujours davantage
l’Ukraine dans un trou inéluctable – et désormais littéralement noir.
L’accord sur les céréales semblait être une sorte de gagnant-gagnant. Kiev ne contaminerait plus les ports de la mer Noire après leur déminage. La Turquie
est devenue une plaque tournante du transport de céréales pour les nations les plus pauvres (en fait, ce n’est pas ce qui s’est passé : le principal bénéficiaire a été l’UE). Et les
sanctions contre la Russie ont été allégées pour l’exportation de produits agricoles et d’engrais.
Il s’agissait, en principe, d’un coup de pouce pour les exportations russes. En fin de compte, cela n’a pas fonctionné car de nombreux acteurs
s’inquiétaient d’éventuelles sanctions secondaires.
Il est important de rappeler que l’accord sur les céréales de la mer Noire est en fait constitué de deux accords : Kiev a signé un accord avec la Turquie et
l’ONU, et la Russie a signé un accord distinct avec la Turquie.
Le couloir pour les transporteurs de céréales ne fait que 2 km de large. Les dragueurs de mines se déplacent en parallèle le long du couloir. Les navires
sont inspectés par Ankara. Donc l’accord Kiev-Ankara-ONU reste en place. Il n’a rien à voir avec la Russie – qui, dans ce cas, n’escorte ni n’inspecte les cargaisons.
Ce qui change avec la Russie qui « suspend » son propre accord avec Ankara et l’ONU, c’est qu’à partir de maintenant, Moscou peut procéder comme
bon lui semble pour neutraliser les menaces terroristes et même envahir et prendre le contrôle des ports ukrainiens : Cela ne représentera pas une violation de l’accord avec Ankara et
l’ONU.
Donc, à cet égard, cela change la donne.
Il semble qu’Erdogan ait parfaitement compris les enjeux et qu’il ait dit à Kiev, en termes très clairs, de bien se comporter. Rien ne garantit cependant
que les puissances occidentales ne lanceront pas une nouvelle provocation en mer Noire. Ce qui signifie que tôt ou tard – peut-être au printemps 2023 – le général Armageddon devra se
montrer à la hauteur. Cela signifie qu’il faudra avancer jusqu’à Odessa.