La perspective d’une entrée dans Gaza des troupes israéliennes semble se rapprocher. Si elle se conforme, cela signifie que le Premier ministre israélien aura voulu imposer sa volonté à ses
alliés et à ses ennemis. Pendant ce temps Vladimir Zelensky constate que les puissances occidentales ne s’intéressent plus à l’Ukraine. La Russie se prépare à toutes les éventualités depuis la
Mer Noire.
9h00: Déluge de feu sur Gaza cette nuit et ce matin
+ La bande de Gaza a été lourdement bombardée cette nuit et ce matin.
+ Il y a eu de violents affrontements dans le camp de réfugiés de Nour Shams cette nuit et ce matin.
+ Les affrontement à la frontière libanaise se poursuivent. Déclaration du porte parole de Tsahal : «un certain nombre de missiles antichar ont été détectés […]
dans la zones de Manara, Malkiya et Metula, Tsahal répond par des tirs d’artillerie»
+ Joe Biden annonce que l’aide humanitaire devrait rentrer dans Gaza vendredi (Al Arabiya)
+ L’armée de l’air israélienne aurait attaqué le sud de la Syrie. Tsahal déclare détruit un convoi militaire du Hezbollah (Al Jazeera)
10h00 Josh Paul, haut fonctionnaire du département d’État américain en charge des achats d’armes démissionne.
+ Josh Paul a affirmé aux journalistes du Huffington
Post qu’il est lassé de ne pas pouvoir obtenir une politique plus humaine au sein du gouvernement américain, notamment en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien
+ «J’ai eu mon quota de débats, de discussions et d’efforts pour modifier les politiques sur les ventes d’armes controversées. Comme je ne pouvais rien changer,
j’ai démissionné»
+Josh Paul s’est dit choqué par la politique de Biden dans le conflit Israël-Gaza et affirme ne pas être le seul dans l’appareil d’État américain : «J’ai été
surpris par le nombre de personnes qui m’ont dit : “Nous comprenons tout à fait votre point de vue, nous ressentons la même chose et nous comprenons”»
Le fonctionnaire a déclaré qu’il a dû faire de nombreux compris avec ses principes et sa morale personnelle mais qu’il l’acceptait parce que «le mal» qu’il pouvait
faire «pouvait être compensé par le bien» qu’il pouvait faire. Mais avec la fourniture inconditionnelle d’armes à Israël, J. Paul est arrivé «au bout de ce compromis»
+ «je crois au plus profond de mon âme que la réponse d’Israël, et le soutien américain à cette réponse et au statu quo de l’occupation, ne feront
qu’accroître et aggraver les souffrances des Israéliens et des Palestiniens»
Kiev essaie de provoquer un accident nucléaire à la centrale d’Energodar
Depuis le début du conflit en Ukraine, les forces de Kiev n’ont cessé de bombarder la centrale nucléaire de Zaporozhye (ZNPP), créant un risque constant de fuite nucléaire et de catastrophe
sanitaire. Moscou dénonce ce fait depuis longtemps, y compris auprès des Nations unies et d’autres organisations internationales, mais l’Ukraine a apparemment une sorte de “carte blanche”
pour commettre ce type de crime.
L’intensité des bombardements ukrainiens à Zaporozhye a augmenté. Non seulement le ZNPP continue d’être régulièrement attaqué, mais aussi les zones résidentielles de la ville, entraînant la
mort d’innocents. Par exemple, le 18 octobre, la mort de dix civils a été signalée lors de ces frappes dans la région. En fait, les missiles ont principalement touché des bâtiments civils,
sans aucune cible militaire dans la région.
Infobrics,
19.10.2023
16h00 : Déclaration du Premier ministre britannique en Israël
+«Durant ces dernières semaines, ce pays a connu ce qu’aucun pays, aucun peuple, ne devrait endurer, encore moins Israel»
+ «Je veux partager les condoléances sincères du peuple britannique et insister sur le fait que nous soutenons absolument le droit qu’a Israel de se défendre,
dans le respect des lois internationales.»
+ «Je sais que vous prenez toutes les précautions possibles pour éviter de blesser des civils, contrairement aux terroristes du Hamas qui les mettent en
danger.»
17h00 : la situation dégénère à la frontière entre le Liban et Israel
+ Le Hamas annonce être l’auteur du tir de 30 missiles depuis le sud du Liban en direction de la Galilée occidentale (Nahariya – Shlomi)
+ Les positions de l’armée israélienne sont prises pour cibles par des tirs de mortiers
+ D’importantes frappes aériennes israéliennes ont lieu sur plusieurs villages du Sud-Liban
+ Un bombardement en provenance du territoire libanais a visé un immeuble de 9 étages dans la ville israélienne de Kiryat Shmona (média israélien)
+ Le ministère allemand des affaires étrangères appelle les citoyens allemands à quitter le Liban (idem pour l’Arabie Saoudite, les USA, le Royaume-Uni et
l’Australie)
+ Un engin explosif artisanal a explosé dans le camp de réfugiés palestinien de Nur Shams, blessant plusieurs soldats de Tsahal (médias israéliens)
+ Des bombardements aériens sur Gaza ont fait de nombreuses victimes cette après-midi
19h00 : l’armée israélienne a eu le feu vert pour envahir Gaza (ABC News)
+ Cet après-midi Yoav Gallant (ministre de la Défense) avait déclaré aux troupes stationnées à proximité de Gaza : «Vous voyez actuellement Gaza de loin, bientôt
vous la verrez de l’intérieur. L’ordre viendra»
+ Israël retire tous ses diplomates de Turquie pour des raisons de sécurité.
+ Le département d’État américain a lancé une alerte aux voyages dans le monde entier et Israël a fermé plusieurs ambassades au Moyen-Orient.
L’arme hypersonique russe pour dissuader les Américains en Méditerranée orientale
Une analyse perspicace de Drago Bosnic :
Washington pourrait très bien profiter du conflit entre Israël et Gaza pour attaquer la Syrie ou, à tout le moins, les forces iraniennes et pro-iraniennes dans la région, ce qui pourrait
profondément déstabiliser Damas. Moscou est attaché à la préservation de la Syrie, non seulement en raison de ses installations militaires stratégiquement importantes, mais aussi parce que
l’OTAN transformerait inévitablement ce malheureux pays en un nouveau foyer mondial de terrorisme si le président Bachar el-Assad était renversé. Il convient de noter que la Turquie est
également très impliquée dans cette affaire, malgré sa récente rhétorique condamnant les actions israéliennes à Gaza. Et tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan ne cesse de s’en
prendre au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les deux pays entretiennent toujours des relations étroites en coulisses. Si Ankara avait à l’esprit les intérêts des Palestiniens,
elle ne coordonnerait pas l’escalade des groupes terroristes qu’elle soutient en Syrie.
Quant à l’armée russe, son déploiement de MiG-31 armés de missiles hypersoniques à lancement aérien “Kinjal” est un excellent exemple de la manière dont une force de très petite taille peut
fournir un avantage asymétrique massif par rapport à des forces américaines beaucoup plus importantes. La vitesse fulgurante du missile, qui peut atteindre Mach 12 (voire plus), constitue un
obstacle pratiquement insurmontable pour tout système de défense antiaérienne ou antimissile.
Southfront.org,
19.10.2023
Le ballet de la neutralité russe sur Israël-Palestine
Alors que certains poids lourds
russes font pression pour qu’Israël soit à nouveau considéré comme un État hostile, il est peu probable que le Kremlin change d’avis. Au contraire, Moscou restera «neutre» pour
maximiser son influence en Asie occidentale, tout en se rapprochant des mondes arabe et musulman.
Est-il possible que le philo-sémite président russe Vladimir Poutine soit en train de réévaluer, lentement mais sûrement, son évaluation géopolitique
d’Israël ? C’est un euphémisme de dire que c’est l’énigme principale dans les couloirs du pouvoir à Moscou.
Il n’y a pas de signes extérieurs d’un tel changement sismique, du moins en ce qui concerne la position officiellement «neutre» de la Russie sur
l’insoluble drame israélo-palestinien.
À l’exception d’une déclaration
étonnante faite vendredi dernier lors du sommet de la Communauté des États indépendants (CEI) à Bichkek, lorsque Poutine a fustigé les «méthodes
cruelles» employées par Israël pour bloquer la bande de Gaza et les a comparées au «siège de
Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale».
«C’est
inacceptable», a déclaré le président russe, et il a averti que lorsque les 2,2 millions de civils de Gaza «doivent souffrir,
y compris les femmes et les enfants, il est difficile pour quiconque d’être d’accord avec cela».
Les commentaires de Poutine sont peut-être un indice des changements en cours dans les relations frustrantes et opaques entre la Russie et Israël.
L’article
très important publié vendredi dernier sur Vzglyad, un
site web de stratégie de sécurité proche du Kremlin, intitulé diplomatiquement «Pourquoi la
Russie reste neutre dans le conflit au Moyen-Orient», vient juste après.
Il est essentiel de noter qu’il y a seulement six mois, les rédacteurs de Vzglyad,
reflétant un quasi-consensus au sein de la communauté russe du renseignement, appelaient Moscou à déplacer son poids politique considérable pour soutenir la question numéro un pour
les mondes arabe et islamique.
L’article reprend les points essentiels exprimés par Poutine à Bichkek : il n’y a pas d’alternative aux négociations ; Tel-Aviv a été victime d’une
attaque brutale et a le droit de se défendre ; un véritable règlement n’est possible que par le biais d’un État palestinien indépendant dont la capitale serait située à
Jérusalem-Est.
Le président russe est favorable à la solution originale des Nations unies, à savoir «deux États», et estime qu’un État palestinien devrait être créé
«par
des moyens pacifiques». Toutefois, bien que le conflit soit «le résultat
direct de l’échec
de la politique des États-Unis au Moyen-Orient», Poutine rejette les plans de Tel-Aviv visant à lancer une opération terrestre dans la bande de Gaza.
Cette réserve n’est certainement pas la preuve que Poutine s’est rallié à un quasi-consensus au sein de l’état-major général, des siloviki de
plusieurs agences de renseignement et de son ministère de la défense : Ils considèrent qu’Israël pourrait être un ennemi de facto de la Fédération de Russie, allié à l’Ukraine, aux
États-Unis et à l’OTAN.
Suivre l’argent
Tel-Aviv a été extrêmement prudent pour ne pas contrarier frontalement la Russie en Ukraine, ce qui pourrait être une conséquence directe des relations
notoirement cordiales entre Poutine et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Cependant, l’évolution des relations de Moscou avec les États arabes, en particulier avec l’Arabie saoudite, partenaire de l’OPEP+, qui a contribué à
contrecarrer les efforts occidentaux pour contrôler les prix du pétrole, est bien plus importante qu’Israël sur l’échiquier géopolitique.
Le partenariat stratégique avec l’Iran, qui a porté ses fruits en Syrie et dans le Caucase et qui contribue à contenir l’expansionnisme américain, joue
également un rôle essentiel dans l’élaboration de la politique régionale de la Russie. Enfin, le va-et-vient complexe et à plusieurs niveaux de Moscou avec Ankara est crucial pour les
ambitions économiques et géopolitiques de la Russie en Eurasie.
Les trois puissances d’Asie occidentale sont des États à majorité musulmane, des affiliations importantes pour une Russie multipolaire qui abrite sa
propre population musulmane importante.
Et pour ces trois acteurs régionaux, sans distinction, la punition collective actuelle de Gaza transgresse toute ligne rouge possible.
Israël n’est plus non plus très important dans les considérations financières de Moscou. Depuis les années 1990, d’immenses quantités de fonds russes
ont transité vers Israël, mais aujourd’hui, une partie substantielle retourne directement en Russie.
Le cas notoire du milliardaire Mikhail Friedman illustre bien cette nouvelle réalité. L’oligarque a quitté son domicile au Royaume-Uni pour s’installer
en Israël une semaine avant le lancement du déluge Al-Aqsa, ce qui l’a poussé à saisir son passeport russe et à se rendre à Moscou pour se mettre à l’abri.
Friedman, qui dirige le groupe Alfa avec des intérêts majeurs dans les télécommunications, la banque, le commerce de détail et l’assurance, et qui est
un riche survivant de la crise financière de 1998, est soupçonné par les Russes d’avoir «contribué» à hauteur de 150 millions de dollars au régime ennemi de Kiev.
La réaction du président de la Douma, Vyacheslav Volodin, n’aurait pu être plus vive, ni moins préoccupée par les sentiments d’Israël en la matière
:
«Tous ceux qui ont
quitté le pays et se sont livrés à des actes répréhensibles, célébrant des tirs sur le territoire russe et souhaitant la victoire du régime nazi de Kiev, doivent savoir qu’ils ne sont
pas les bienvenus ici et que s’ils reviennent, Magadan (un port de transit notoire vers le goulag à l’époque de Staline) les attend».
La russophobie rencontre la
punition collective
Alors que l’Occident collectif a recouru à un «Nous sommes tous des Israéliens maintenant» monomaniaque, la stratégie du Kremlin consiste à se
positionner visiblement comme le médiateur de choix dans ce conflit – non seulement pour les mondes arabe et musulman, mais aussi pour le Sud mondial et la majorité mondiale.
Tel était l’objectif du projet
de résolution russe présenté cette semaine au Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelait à un cessez-le-feu à Gaza et qui, comme on pouvait s’y attendre, a été
rejeté par les suspects habituels.
Trois membres permanents du Conseil de sécurité – les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ainsi que leur néo-colonie, le Japon – ont voté contre.
Pour le reste du monde, cela ressemblait exactement à ce que c’était : une russophobie occidentale irrationnelle et des États marionnettes des États-Unis validant le bombardement
génocidaire d’Israël sur la population civile de Gaza.
Officieusement, les analystes du renseignement soulignent que l’état-major russe, l’appareil de renseignement et le ministère de la défense semblent
s’aligner organiquement sur les sentiments mondiaux à l’égard des agressions excessives d’Israël.
Le problème est que les critiques officielles et publiques de la Russie à l’égard de l’incitation à la violence en série et psychotique de Netanyahou,
ainsi que de son ministre de la sécurité nationale de droite, Itamar Ben-Gvir, et de son ministre des finances, Bezalel Smotrich, ont été inexistantes.
Les initiés moscovites insistent sur le fait que la position «neutre» officielle du Kremlin est en conflit frontal avec ses agences de défense et de
sécurité – en particulier le GRU et le SVR – qui n’oublieront jamais qu’Israël a été directement impliqué dans l’assassinat de Russes en Syrie.
Ce point de vue s’est renforcé depuis septembre 2018, lorsque l’armée de l’air israélienne a utilisé un avion de reconnaissance électronique
Iliouchine-20M comme couverture contre les missiles syriens, ce qui a entraîné son abattage et la mort des 15 Russes qui se trouvaient à bord.
Ce silence dans les couloirs du pouvoir se reflète dans le silence de la sphère publique. Il n’y a pas eu de débat à la Douma sur la position russe
concernant Israël et la Palestine. Et aucun débat n’a eu lieu au Conseil de sécurité depuis le début du mois d’octobre.
Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a toutefois fait une allusion subtile en soulignant que la «coexistence
pacifique» avait une «dimension
religieuse» et nécessitait une «paix juste».
Cela ne correspond pas exactement au nettoyage ethnique annoncé des «animaux
humains» (copyright ministère de la défense israélien) à Gaza.
Dans certains couloirs proches du pouvoir, une rumeur alarmante fait état d’un jeu d’ombres complexe entre Moscou et Washington, dans lequel les
Américains s’occuperaient d’Israël en échange des Russes qui s’occuperaient de l’Ukraine.
Bien que cela scellerait le processus déjà en cours de l’Occident de jeter sous le bus l’acteur en sweat-shirt de Kiev, il est très peu probable que le
Kremlin fasse confiance à un accord américain, et certainement pas à un accord qui marginaliserait l’influence russe dans la région stratégique de l’Asie occidentale.
La solution à deux États est
morte
Le ballet de la «neutralité» russe se poursuit. Moscou fait comprendre à Tel-Aviv que, même dans le cadre de son partenariat stratégique avec l’Iran,
les armes susceptibles de menacer Israël – c’est-à-dire de finir dans les mains du Hezbollah et du Hamas – ne seront pas exportées. La contrepartie de cet arrangement serait qu’Israël
ne vende pas non plus à Kiev d’armes susceptibles de menacer la Russie.
Mais contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, la Russie ne désignera pas le Hamas comme une organisation terroriste. Le porte-parole du Kremlin,
Dmitri Peskov, a été très direct sur cette question : Moscou maintient ses contacts avec les deux parties ; sa «priorité numéro un» est «l’intérêt des
citoyens (russes) du pays qui vivent à la fois en Palestine et en Israël» ; et la Russie restera «une partie qui a
le potentiel de participer aux processus de règlement».
La neutralité, bien sûr, peut aboutir à une impasse. Pour les États arabes et musulmans activement courtisés par le Kremlin, le démantèlement du
colonialisme sioniste devrait être la «priorité numéro un».
Cela implique que la solution à deux États est, à toutes fins pratiques, complètement morte et enterrée. Pourtant, rien n’indique que quiconque, et
surtout pas Moscou, soit prêt à l’admettre.
GUERRE D’UKRAINE – JOUR 595/ GUERRE DE GAZA JOUR 11 – Dans cette période de très fortes tensions, où une guerre régionale au Proche-Orient n’est pas à exclure, le Courrier des Stratèges vous
proposera des analyses quotidiennes des événements qui marquent aussi bien la Deuxième guerre de Kippour que la guerre d’Ukraine.
Si la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis avaient voté le projet de résolution russe au Conseil de sécurité de l’ONU, aurait-on évité le drame de l’hôpital Al-Ahli ?
L’escalade en Palestine semble inévitable. Sous la pression des secteurs pro-guerre de leurs pays, les délégations occidentales au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) ont rejeté une
importante résolution proposée par la Fédération de Russie, qui aurait pu garantir un cessez-le-feu partiel dans le conflit. En raison de cette désapprobation, la guerre s’est rapidement
aggravée et, le lendemain de la décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies, un hôpital a été bombardé à Gaza, ce qui a provoqué une grave crise humanitaire.
Le texte russe établit des conditions minimales pour arrêter le conflit et parvenir à une solution humanitaire. La violence contre les civils a été absolument condamnée, avec des critiques de
part et d’autre. En outre, un cessez-le-feu humanitaire a été demandé pour permettre des mesures de soutien aux civils touchés par le conflit. La Chine, les Émirats arabes unis et le
Mozambique ont soutenu la proposition de Moscou. (…)
.
Le 17 octobre, une attaque massive a été lancée contre Al Ahli Arab, un hôpital chrétien de Gaza, tuant des centaines de civils, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées. On
s’attendait à ce qu’Israël accuse les Palestiniens d’avoir mené l’attaque, mais les preuves suggèrent que Tel-Aviv est à blâmer. Certains rapports indiquent même que le missile utilisé était
un JDAM fourni par les États-Unis.
Toutefois, quel que soit l’auteur de l’attaque, l’essentiel est que celle-ci aurait pu être évitée si, la veille, les pays occidentaux n’avaient pas boycotté la proposition russe de
cessez-le-feu humanitaire. Pour entériner leur soutien inconditionnel à Israël, les puissances occidentales ont accepté la possibilité d’une escalade et voient aujourd’hui les conséquences de
leurs actions irresponsables
infobrics
18 octobre 2023
Même si le Hamas était responsable de la destruction de l’hôpital, Israël a perdu la bataille de la communication
Il est difficile de trancher définitivement, dans l’état actuel des informations, sur l’origine de la destruction de l’hôpital chrétien de Gaza. Du côté israélien
et américain on avait d’abord assumé la frappe. Puis on s’est rétracté. En témoigne la même une du New York Times hier soir 17 octobre :
Southfront.org résume la situation de l’opinion mondiale :
Malgré les tentatives d’Israël d’accuser le Hamas d’avoir attaqué ses propres civils, l’attaque sanglante contre l’hôpital a suscité de vives réactions dans le monde entier.
Israël a été accusé par l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, Cuba, l’Irak, la Turquie, le Venezuela et la Commission de l’Union africaine. L’Union européenne, la France, les Pays-Bas, l’Espagne,
la Grande-Bretagne et le Japon ont condamné l’attaque, mais n’ont blâmé aucune partie, appelant à une enquête plus approfondie
southfront.org
L’avertissement de Vladimir Poutine aux États-Unis
Le chef de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a qualifié l’attaque de “massacre militaire”. En réponse, il a refusé de participer au sommet quadrilatéral
d’Amman, où le président américain devait arriver et rencontrer Palestiniens, Egyptiens et Jordaniens. Le service de presse du roi de Jordanie a annoncé l’annulation du sommet quadrilatéral
d’Amman. Les dirigeants de la Jordanie, des États-Unis, de l’Égypte et de la Palestine devraient discuter de “l’ouverture de corridors humanitaires”.
La Syrie a accusé l’Occident d’être complice des crimes commis par Israël contre les Palestiniens dans le bombardement de l’hôpital. Le président iranien a qualifié
l’incident de “crime de guerre”, menaçant Washington et Tel-Aviv de réagir. En Iran, les manifestants ont demandé que la guerre soit déclarée à Israël. Des milliers de civils se sont rassemblés
sur la place de Palestine avec des slogans tels que “Mort à l’Amérique”.
M. Erdogan a qualifié les frappes israéliennes sur l’hôpital d’atrocité sans précédent et a appelé la communauté internationale à prendre des mesures. Pendant ce
temps, en Turquie, des affrontements ont éclaté entre les manifestants et les policiers dans différentes villes. La police a utilisé des canons à eau pour arrêter la foule qui s’est dirigée vers
le consulat d’Israël à Istanbul. Les Turcs ont aussi tenté de pénétrer dans la base militaire américaine de Kyurechik, à Malatya.
Aujourd’hui 18 octobre, les bombardements israéliens de Gaza se sont intensifiés. Et les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah se sont
intensifiés.
Au vu de toutes ces tensions, Vladimir Poutine a fait une déclaration fondamentale à l’issue de son voyage en Chine :
Le président russe sait qu’en cas de conflit régional, les États-Unis pourraient avoir la tentation d’impliquer la Syrie et de prendre leur revanche pour – enfin –
faire tomber Assad. Ce serait annuler tous les fruits de l’intervention russe dans la guerre de Syrie depuis 2015.
Mais la portée est plus large : Les Russes rappellent, par la bouche de Poutine, qu’il existe désormais un niveau de dissuasion pré-nucléaire.
Jusqu’où la Russie est-elle résolue à s’impliquer ? Les Occidentaux, en particulier les États-Unis sont-ils réceptifs au langage de la dissuasion ?
La Russie et la Chine sont-elle en mesure de convaincre diplomatiquement les États-Unis ?
Hier, nous insistions avec M.K. Bhadrakumar sur l’activité diplomatique de la Chine pour se concerter avec les pays arabes et l’Iran :
Il suffit de dire qu’une stratégie coordonnée entre l’Arabie saoudite et l’Iran, soutenue par la Chine, fait pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu et une désescalade. Le
soutien de l’ONU isole encore davantage Israël. (…)
À l’avenir, l’axe Arabie-Iran-Chine soulèvera la question de la situation critique de Gaza au Conseil de sécurité de l’ONU, à moins qu’Israël ne se rétracte.
Indian
Punchline, 16.10.2023
M.K. Bhadrakumar écrivait cela avant le bombardement de l’hôpital chrétien de Gaza. Mais l’événement a-t-il fondamentalement modifié – au-delà de l’émotion légitime
qu’il suscite – le rapport de forces ?
L’occasion pour l’un des meilleurs spécialistes des relations internationales, le journaliste Pepe Escobar, de faire un point sur la position fondamentale de la
Russie face à la Deuxième Guerre de Kippour:
La stratégie du Kremlin consiste à se positionner visiblement comme le médiateur de choix dans ce conflit, non seulement pour les mondes arabe et musulman, mais aussi pour le Sud et la
majorité mondiale.
Tel était l’objectif du projet de résolution russe présenté cette semaine au Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelait à un cessez-le-feu à Gaza et qui, comme on pouvait s’y
attendre, a été rejeté par les suspects habituels. (…)
Les analystes du renseignement soulignent que l’état-major russe, l’appareil de renseignement et le ministère de la défense semblent s’aligner organiquement sur les sentiments mondiaux à
l’égard des agressions excessives d’Israël. (…)
Les initiés de Moscou insistent sur le fait que la position “neutre” officielle du Kremlin se heurte frontalement à ses agences de défense et de sécurité – en particulier le GRU et le SVR –
qui n’oublieront jamais qu’Israël a été directement impliqué dans le meurtre de Russes en Syrie.
Ce point de vue s’est renforcé depuis septembre 2018, lorsque l’armée de l’air israélienne a utilisé un avion de reconnaissance électronique Iliouchine-20M comme couverture contre les
missiles syriens, ce qui a entraîné son abattage et la mort des 15 Russes à bord.
Ce silence dans les couloirs du pouvoir se reflète dans le silence de la sphère publique. Il n’y a pas eu de débat à la Douma sur la position russe concernant Israël et la Palestine. Et aucun
débat n’a eu lieu au Conseil de sécurité depuis le début du mois d’octobre.
Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a toutefois fait une allusion subtile en soulignant que la “coexistence pacifique” avait une “dimension religieuse” et nécessitait une
“paix juste”. Cela ne correspond pas exactement au nettoyage ethnique annoncé des “animaux humains” (copyright ministère de la défense israélien) à Gaza.
Dans certains couloirs proches du pouvoir, une rumeur alarmante fait état d’un jeu d’ombres complexe entre Moscou et Washington, dans lequel les Américains traiteraient avec Israël en échange
du traitement de l’Ukraine par les Russes.
Bien que cela scellerait le processus déjà en cours de l’Occident de jeter sous le bus l’acteur en sweat-shirt de Kiev, il est très peu probable que le Kremlin fasse confiance à un accord
américain, et certainement pas à un accord qui marginaliserait l’influence russe dans la région stratégique de l’Asie occidentale.
The
Cradle, 18.10.2023
Guerre d’Ukraine: jour 595 du conflit
L’idée d’un voyage de Vladimir Zelenski en Israël a été définitivement
abandonnée sur refus du gouvernement israélien. Il ne reste plus au gouvernement ukrainien qu’à tenter une reprise de la contre-offensive, comme depuis dimanche 15 octobre
sur Zaporojie ; ou à
tenter des envois de drones et de missiles sur le
territoire russe.
Bien évidemment, outre l’effet de dissuasion en Méditerranée dont nous parlions plus haut des patrouilles de MIG31 porteurs de Kinjal en Mer Noire, ces derniers
vont rendre plus difficile les reconnaissances des avions de l’OTAN qui survolent la Mer Noire pour effectuer des repérages avant de guider les tirs ukrainiens en Crimée ou sur le reste de la
Russie :
Dans la nuit du 18 octobre, l’armée ukrainienne a tenté une nouvelle attaque massive de drones sur les arrières de la Russie. Le ministère russe de la défense a indiqué que cette nuit, 28
drones ukrainiens ont été interceptés et détruits par les systèmes de défense aérienne en service au-dessus du territoire des régions de Belgorod, de Koursk et de la mer Noire. Le nombre
exact de cibles interceptées au-dessus de chaque région n’a pas été révélé.
Selon des sources locales, au moins trois drones ukrainiens ont été abattus près de la côte occidentale de la péninsule de Crimée. Deux drones auraient été détruits à 50-80 km à l’ouest de
Saki par des chasseurs russes MiG-29, et un autre aurait été abattu au-dessus de Yevpatoria par le calcul du système de défense aérienne S-300 de la 31e armée de l’air et des divisions de
défense aérienne russes.
Dans la soirée du 17 octobre, l’armée ukrainienne a également tenté d’attaquer la péninsule à l’aide de bateaux sans équipage, mais en vain. L’aviation navale de la flotte russe de la mer
Noire a découvert et détruit deux bateaux sans pilote ukrainiens qui menaient des opérations de reconnaissance dans cette zone à l’ouest du cap Tarkhankut.
Toutes les opérations ukrainiennes dans la région ne sont possibles que grâce au soutien de l’OTAN. De nombreux avions occidentaux ont été repérés dans les régions de la mer Noire à la veille
des attaques. Deux hélicoptères militaires américains et un navire de guerre de la marine turque patrouillaient le long de la côte occidentale de la mer Noire, tandis que l’appareil américain
RQ-4B Phoenix volait près du kraï russe de Krasnodar et au sud de la Crimée, et que l’appareil américain MQ-9A Reaper était repéré près de la côte roumaine.
Southfront.org,
18.10.2023
Bien entendu, les risques d’incidents entre avions russes et américains vont augmenter. En Mer Noire comme en Méditerranée, le risque d’un conflit majeur
existe.
Husson fait le point sur l’Ukraine et la Palestine
Avec le lancement d’une vaste opération armée en Israël, le Hamas bouleverse l’actualité internationale et ajoute à la guerre en Ukraine un nouveau conflit qui “tord” l’ordre international tel
qu’il tenait il y a encore quelques jours. Fidèle à ses points hebdomadaires sur la situation ukrainienne, Edouard Husson élargit donc son périmètre à la situation en Israël et en Palestine.
Voici le début d’une nouvelle série.
Voici donc le premier rendez-vous de guerre avec Edouard Husson depuis les attaques du
Hamas ce week-end en territoire israélien.
Nous avons parlé, depuis quatre jours, de la guerre atroce qui est menée par les deux parties. Nous avons posé la question, au Courrier des Stratèges, d’un emballement débouchant sur un conflit
majeur. Mais il ne faut pas exclure un autre scénario. Celui d’une spirale suicidaire mais purement occidentale, que le reste du monde laisserait faire, pour mettre définitivement hors jeu ceux
qui empêchent la paix et la prospérité du monde. Après tout, le reste du monde pourrait se contenter de regarder Israël s’engager dans une guerre sans fin contre le terrorisme; l’Union Européenne
démontrer définitivement son double standard moral; et les Etats-Unis livrer leur dernier combat impérial, en épuisant définitivement leurs stocks d’armes….En tout cas, depuis quatre jours,
Turquie, Russie, Iran, Arabie Saoudite, Egypte, Chine font preuve d’une retenue étonnante….
Depuis quatre jours, on voit Vladimir Zelenski se débattre comme un beau diable pour essayer de reculer l’inéluctable : La nouvelle guerre du Kippour va accélérer
la fin de la guerre d’Ukraine.
La cruelle réalité apparaît : S’ils veulent soutenir en quoi que ce soit Israël, les Etats-Unis et leurs alliés doivent lâcher l’Ukraine. Après les rodomontades de
l’été 2022 dans le détroit de Taïwan, voici la vérité des prix : Non seulement les Etats-Unis ne peuvent mener qu’une “guerre par procuration ” à la fois ; mais ils portent malheur à tous
leurs alliés.
A voir l’absence d’engrenage vers un conflit élargi, on commence à comprendre que le reste des parties prenantes dans la région mettent Israël devant ses
responsabilités :
Soit l’Etat hébreu rentre dans le jeu complexe mais gratifiant d’une diplomatie d’équilibre, qui à terme procurerait une paix durable à la région;
Soit le gouvernement Netanyahou – éventuellement élargi – s’enfonce dans l’illusion d’une “guerre pour éradiquer le terrorisme”, avec le soutien des USA et de
l’Union Européenne.
Dans dernier cas, malheureusement le plus probable, prenons le pari que le reste du monde regardera sans éprouver aucune pitié, le piège se refermer sur ceux qui y
auront sauté volontairement.
La guerre d’Ukraine pourrait finir plus vite que prévu
Vladimir Zelenski essaie touts les arguments, tant il a conscience que son heure est passée dans la monde occidental. Il a même proposé, ce mercredi 11 octobre, de
faire une visite en Israël pour marquer son soutien. Lui qui, il y a quelques jours encore, protestait bruyamment parce qu’Israël ne le soutenait pas dans la guerre d’Ukraine.
Au Congrès, le gouvernement Biden a essayé de pousser l’idée qu’il faudrait voter un double paquet d’aide, à la fois à l’Ukraine et à Israël. Mais les Républicains
ne marchent pas dans la manoeuvre.
Nous y reviendrons demain dans notre compte-rendu hebdomadaire du conflit ukrainien : L’armée russe est en train d’intensifier ses frappes d’artillerie et de
commencer à prendre en tenailles l’armée ukrainienne dans la région de Donetsk. Certains analystes sont étonnés de la puissance de feu soudain déployée par les Russes et y voient le prélude à une
nouvelle « contre-offensive », russe cette fois.
On sent l’armée ukrainienne sur un point de rupture depuis plusieurs semaines. Il ne serait pas étonnant que le tarissement de l’aide financière et militaire
occidentale précipitât le dénouement.
Les Etats-Unis portent malheur à leurs alliés
Pour défendre Israël, les Etats-Unis n’auront aucun scrupule à lâcher l’Ukraine. Comme ils n’avaient eu aucun problème à abandonner l’Afghanistan avant de
s’investir en Ukraine. Et l’on fera remarquer à juste titre que par la même occasion, les USA cessent de donner la priorité à Taïwan, qu’ils ont impliquée dans une tension croissante avec la
Chine depuis l’été 2022.
C’est une constante depuis toujours : Les Etats-Unis sont venus soutenir la France et la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale, avant de les laisser
seules pour mettre en oeuvre la paix de Versailles. Ils ont promis monts et merveilles à l’Europe de l’Est, avant de l’abandonner quarante ans dans les mains soviétiques. Les USA ont lâché le
Sud-Vietnam, abandonné le Cambodge aux Khmers Rouges et le Laos à une autre guérilla communiste. Plus récemment, ils ont montré qu’ils étaient disposés à détruire l’économie de l’Union Européenne
plutôt que de passer un compromis avec la Russie etc….
A présent, le gouvernement de Joe Biden fait savoir qu’il défendra dans tous les cas Israël. Les Etats-Unis peuvent le faire en abandonnant les autres fronts. Et la
question se pose de savoir s’ils soutiendront vraiment Israël en cas de difficultés croissantes.
On erntend les déclarations se multiplier du côté israélien, sur la nécessité d’exterminer les terroristes et de garantir durablement la sécurité d’Israël. mais que
se passera-t-il si l’armée israélienne s’enfonce dans une guerre apparemment sans fin avec une guérilla urbaine efficace ? Pourquoi les USA ne
lâcheraient-ils pas Israël comme ils lâchent tous leurs « plus fidèles alliés » depuis des décennies ? A chaque fois après les avoir entraînés dans un désastre.
Les puissances immobiles
Je suis pour ma part frappé de voir, depuis samedi, l’extrême retenue de la plupart des pays sauf les USA et les membres de l’Union Européenne.
On entend Erdogan se moquer des Israéliens en se demandant si Tel Aviv est à la tête d’un Etat (responsable) ou d’une « organisation » (incontrôlable ?).
Vladimir Poutine répète qu’il n’y a qu’un chemin pour la paix, le respect des résolutions de l’ONU, en particulier la création d’un Etat palestinien. L’Egypte se contente de
faire savoir qu’elle avait prévenu Netanyahou d’une attaque imminente. La Chine se tient sur la réserve. Quant à l’Iran, son allié libanais le Hezbollah n’est pas encore allé au-delà d’une menace
d’intervention.
Tout se passe comme si le reste du monde voulait indiquer à Israël qu’il y a deux chemins possibles :
Soit l’acceptation du compromis et d’un équilibre des forces complexe, qui inclura forcément des pilules amères : L’acceptation de la coexistence avec la Syrie,
avec l’Iran; et celle d’un Etat palestinien souverain.
Soit la tentative illusoire d’une « éradication du terrorisme », qui sera la réplique en petit de ce que les Américains ont manqué, à grande échelle, en
Mésopotamie et en Afghanistan.
Au moment où nous en parlons, malheureusement, Israël semble choisir cette seconde voie, tant les déclarations belliqueuses se sont multipliées aujourd’hui 11
octobre.
Plus efficace que vitrifier l’Occident : Le laisser aller au bout de sa spirale suicidaire ?
L’attitude du reste du monde fait penser à l’attitude russe dans la guerre d’Ukraine. Peu bouger, attendre que l’adversaire gaspille inutilement ses ressources. Le
laisser se déconsidérer à la face du monde.
Au fond, si les Israéliens veulent mener une guerre, sur le territoire de Gaza, dont le monde entier – sauf le reste de l’Occident – réprouvera les brutalités. Cela
accélère la chute de l’Occident et permettra l’inauguration d’une période de paix et de prospérité.
Les pays de l’Union Européenne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, ne se rendent même pas compte qu’ils vont étaler, une fois de plus, leur mépris de
l’universalité éthique. Quand les Russes bombardent en Ukraine, c’est, sans examen, un crime de guerre. Quand ce sont les Israéliens qui larguent des bombes à Gaza , c’est de la légitime
défense.
En Ukraine, il se dit qu’au moins 300 000 soldats ukrainiens sont morts au combat. Dans le cas de Gaza, combien faudra-t-il de morts israéliens et palestiniens pour
que l’Occident cesse son jeu mortifère ?
On conçoit bien l’intérêt de la Russie ou de l’Iran à procéder ainsi :
Soit les Etats occidentaux se mettent au diapason du monde;
Soit on fera sans eux. C’est moins destructeur mais plus efficace que de lâcher ds bombes sur un adversaire: le laisser se déconsidérer; que plus personne ne puisse
le prendre au sérieux.
S’il le faut, le reste du monde assistera sans aucune pitié à la chute finale de l’Occident.
Si le prix à payer pour la paix du monde, c’est de voir l’Occident succomber au nouveau choc pétrolier qu’il aura lui-même provoqué; voir l’Union Européenne et les
Etats-Unis s’enfoncer dans une crise économique, financière, stratégique, dont ils seront les premiers responsables, le jeu peut en valoir la chandelle, du point de vue de la Russie, de la Chine
et de leurs alliés.
Sans oublier, la garantie à la paix mondiale que procurerait un Occident ayant épuisé tous ses stocks d’armes.
Essai d’information sur le Moyen-Orient. Une tentative audacieuse de Simplicius
L’irruption en Israël a surpris beaucoup d’entre nous. Mais dans une certaine mesure, il s’agissait d’une escalade attendue depuis longtemps,
destinée à amorcer le dénouement du conflit ukrainien, en y atténuant la chaleur.
Il existe de nombreux récits qui circulent sur tout ce qui semble «anormal» à propos de l’attaque du Hamas, donc je ne raconterai pas chaque point ici
car la plupart d’entre vous les ont probablement lus à plusieurs endroits ; des choses comme la brèche très invraisemblable dans les portes et les défenses de haute technologie
d’Israël, les échecs sans précédent du Mossad et du Shin Bet, l’invocation étrangement scénarisée de «Pearl Harbor» par Netanyahou, ce qui est très révélateur si l’on considère que
Pearl Harbor était également une attaque sous faux drapeau avec le le but d’amener les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale.
Rappelons que le Hamas a été créé en partie ou entièrement par
Israël– un fait avoué par plusieurs hauts responsables israéliens – pour faire contrepoids à l’OLP, le groupe politique dominant à l’époque.
Il n’est donc pas exclu qu’un groupe créé par Israël et les services de renseignement occidentaux puisse potentiellement encore être sous leur contrôle
ou au moins infiltré au point d’être «orienté» vers la création de certains faux drapeaux nécessaires qui pourraient profiter à Israël dans son ensemble.
Ceci est étayé par de nouvelles preuves qui auraient été révélées selon lesquelles le Hamas utilisait des armes fournies par l’Ukraine, ce qui
indiquerait un pipeline d’armes de renseignement occidental assez standard à la manière des Contras, et al.
L’axe principal selon lequel j’opère est que presque aucun événement mondial ne se produit par pur hasard, en particulier lorsqu’il se produit dans
une sphère géopolitique connexe
donnée. Et le Moyen-Orient est certainement lié, à bien des égards, à la Russie, à la guerre en Ukraine et à la multipolarité en général.
Passons en revue certaines des raisons potentielles qui pourraient être responsables du déclenchement d’un tel conflit, maintenant comme
jamais.
En corollaire au principe général selon lequel rien n’arrive par hasard dans le monde politique des grandes puissances, nous devons rappeler que tout ce
qui arrive est généralement lié à, ou se produit comme un sous-produit – direct ou indirect – de la grande puissance ou du dirigeant. De la superpuissance en charge ; très peu de
choses peuvent se produire sous leur responsabilité sans leur accord.
Alors, quelles raisons les
États-Unis pourraient-ils avoir pour enflammer le Moyen-Orient ?
Nous savons que des progrès majeurs ont été réalisés récemment vers la multipolarité et vers la fracture de l’empire mondial atlantiste. En
parallèle, Israël s’acheminait vers une sérieuse normalisation avec l’Arabie saoudite, normalisation qui est maintenant décrite par les initiés comme étant «suspendue pour
une durée indéterminée» parce que l’Arabie saoudite exigeait de la part d’Israël diverses concessions envers les Palestiniens – ce qui est désormais une question morte.
À bien des égards, ces réconciliations, rapprochements, normalisations, etc., constituent des évolutions dangereuses pour l’Hégémon. La guerre et
les conflits sont les outils les plus efficaces pour contrôler les événements et créer des conditions favorables à la domination, permettant de créer des divisions, d’affaiblir des
pays intransigeants, d’évincer leurs dirigeants, etc.
Il faut d’abord rappeler que Benjamin Netanyahou lui-même était confronté à une impopularité croissante dans son pays, avec des rumeurs suggérant depuis
longtemps que même le Mossad aidait à organiser des manifestations contre lui
(révélé par les fuites du Pentagone au début de cette année).
Passons en revue certaines des raisons potentielles qui pourraient être responsables du déclenchement d’un tel conflit, maintenant comme
jamais.
Dans ce cas, nous faisons référence aux États-Unis, le principal hégémon du monde. Cependant, les États-Unis ne sont plus les seuls grands acteurs
du bloc, et nous allons donc examiner les raisons possibles que les deux parties pourraient avoir pour déclencher cette flambée.
Alors, quelles raisons les États-Unis pourraient-ils avoir pour enflammer le Moyen-Orient ?
L’une des méthodes les plus couramment utilisées par un leader «homme fort» pour affirmer sa force, regagner du soutien et consolider son pouvoir
consiste à fomenter un certain type de conflit qui peut être utilisé pour créer des restrictions «d’urgence» sur les opposants, la suppression du discours politique. , etc. Il s’agit
évidemment d’une tactique largement utilisée – plus récemment par Zelensky – et qui ne nécessite pas beaucoup d’explications.
On peut facilement imaginer comment un Netanyahou en difficulté chercherait à attiser un conflit pour réorienter son patriotisme et se couvrir de
«gloire» en détruisant le Hamas une fois pour toutes, ce qui garantirait son pouvoir et son héritage pour toujours.
En extrapolant cela, il aurait pu y avoir une convergence d’incitations mutuellement bénéfiques. Connaissant la situation de Netanyahou, les
États-Unis et le Royaume-Uni ont peut-être décidé de conclure un accord mutuel selon lequel plusieurs oiseaux feraient d’une pierre deux coups. Netanyahou obtient la
consolidation de son pouvoir et sa gloire, tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni peuvent potentiellement mener une guerre pour affaiblir l’Iran, désormais imparablement
ascendant.
Cela nous amène à la prochaine grande motivation. L’une des principales raisons de cette flambée soudaine pourrait être de déclencher une
conflagration beaucoup plus importante afin d’affaiblir fatalement l’Iran, qui a récemment acquis une puissance géopolitique démesurée. Il ne s’agit pas là de simples
spéculations, mais l’Occident y fait maintenant ouvertement allusion de diverses manières.
Tout d’abord, la nouvelle bombe selon laquelle «l’Iran a aidé à
planifier» cette attaque du Hamas.
Si vous vous en souvenez bien, l’Occident s’est efforcé de couper les ailes de l’Iran au cours de l’année écoulée comme jamais auparavant. Cela est
dû au fait que l’Iran est devenu de plus en plus dominante au Moyen-Orient, en particulier après tous les rapprochements qui ont eu lieu, et en raison de la manière dont l’Iran a joué
un rôle général dans les diverses guerres énergétiques, géopolitiquement – en aidant la Russie en Ukraine, etc. Son pouvoir a énormément augmenté et il est devenu une menace bien trop
importante.
En outre, rappelons-le, le théâtre syrien a lentement commencé à s’activer ces derniers temps, en partie à cause de la guerre en Ukraine, en tant que
vecteur américain pour affaiblir et diviser les efforts russes. Mais aussi parce que l’Iran a également progressé dans ce domaine, les frappes israéliennes étant moins efficaces
et moins fréquentes, tandis que les troupes et les bases américaines subissent de plus en plus d’attaques de la part de mandataires iraniens.
Assad, quant à lui, a également gagné en force, parcourant le monde entier et concluant de nouveaux accords. Il a rencontré le ministre saoudien
pour la première fois depuis 2011, s’est rendu en Chine pour la première fois depuis 2004, et bien d’autres exploits similaires.
Vu sous cet angle holistique, nous pouvons en déduire que l’hégémonie américaine pourrait vouloir entraîner le Moyen-Orient dans un vaste conflit
afin d’affaiblir ses adversaires de plus en plus forts. Officiellement, ils se présentent comme des artisans de la paix, «aveuglés» par les développements et cherchant à
freiner toute escalade
En fait, les États-Unis viennent d’annoncer l’envoi du groupement tactique du porte-avions USS Gerald R. Ford dans la région de la Méditerranée
orientale. Vous n’envoyez pas autant de puissance de feu si vous voulez faire la paix et désamorcer la situation. Sans oublier que des avions cargo militaires américains C17
ont déjà atterri en Israël, transportant probablement de nouvelles armes.
Il est très facile de voir comment ils pourraient, par exemple, lier l’implication de l’Iran dans les attaques du Hamas à une «menace iranienne
croissante» perçue en Syrie, et inclure cela dans une future offensive plus large où des escadrons conjoints israélo-américains pourraient bombarder et affaiblir les forces de
Assad, les infrastructures, etc., pour maintenir la Syrie sous contrôle. Martyanov en parle en détail dans
sa nouvelle vidéo, y compris les perspectives militaires spécifiques d’une telle tentative d’attaque contre l’Iran.
Mais bien sûr, selon les menaces de Lindsey Graham ci-dessus, cela pourrait aller beaucoup plus loin. Ils pourraient planifier une guerre entière
pour paralyser l’Iran, au moins ses raffineries de pétrole, ce qui paralyserait l’économie iranienne et affaiblirait son influence.
Le révélateur
mort est la rhétorique israélienne du «Pearl Harbor». Tout le monde sait ce que cela signifie. Le projet Ukraine est mort. Les Maîtres de l’Univers ont donc besoin
d’une nouvelle guerre («contre le terrorisme») pour mettre le feu à l’Asie occidentale.
Une Asie
occidentale pacifique signifie la reconstruction de la Syrie, le redéveloppement de l’Irak et du Liban, de l’Iran et de l’Arabie saoudite dans le cadre des BRICS 11, le
partenariat stratégique Russie-Chine respecté et engagé dans toute l’Asie occidentale.
La route
maritime du Nord est déjà en vigueur, mettant directement en péril le canal de Suez. L’un des thèmes clés discutés à Valdai au plus haut niveau était la
dédollarisation. Tout ce qui précède est un anathème pour les suspects habituels.
Le Mossad et
Tsahal pris par surprise relèvent d’un fantasme enfantin. Ils savaient que ça allait arriver. La question est maintenant de savoir si le Hezbollah viendra en
ville».
Les projets qu’il évoque, l’effondrement complet du système dominé par l’Occident, constituent un point charnière clé. Familiarisez-vous à nouveau
avec mon article
sur le Heartland et pourquoi ce «passage intermédiaire» à travers l’Iran est absolument essentiel pour que l’Hégémon puisse conquérir le monde.
Maintenant que l’Occident est au bord du gouffre, il se peut qu’il fasse tout son possible pour tenter de neutraliser l’Iran une fois pour toutes,
ce qui aurait un effet domino sur l’ensemble de la région. La défaite de l’Iran signifierait la chute de la Syrie, ce qui signifierait le retrait de la Russie et la fermeture
de ses bases, ce qui signifierait que toute projection de puissance russe dans cette région serait annulée, en particulier maintenant que les routes du nord seront entièrement
dominées par l’OTAN, avec l’adhésion de la Finlande et potentiellement de la Suède.
En fin de compte, cela servirait un objectif beaucoup plus vaste : il y a toujours des conceptions dans les conceptions.
Le grand projet ultime tourne autour de la guerre en Ukraine, qui elle-même tourne autour du futur conflit sino-taiwanais.
Il pourrait y avoir diverses raisons pour déclencher ce conflit maintenant, vis-à-vis de l’Ukraine. L’une des principales choses qui me vient à
l’esprit est de créer un écran de fumée massif pour détourner la couverture du conflit ukrainien pendant que l’administration Biden met discrètement en œuvre son plan – dont nous
avons longuement discuté dans le dernier rapport – visant à mettre Zelensky sur la glace et à geler la guerre.
Plusieurs articles récents ont montré à quel point l’Ukraine a reçu peu de couverture médiatique ces derniers temps, des graphiques montrant le
lent déclin, en particulier depuis que les réalités de l’offensive ratée se sont installées. Aujourd’hui, ce sujet est voué à disparaître complètement du cycle de l’information,
remplacé par le conflit israélien croissant. Et
des cris d’indignation sans fin face aux atrocités commises – vous connaissez les mêmes que celles perpétrées quotidiennement par les AFU dans le Donbass, qui, d’une manière ou d’une
autre, ne parviennent pas à attirer la même attention médiatique.
Quelqu’un m’a récemment demandé — j’oublie si c’était dans la section des commentaires ou dans l’un des sacs postaux — comment j’imagine
qu’ils pourront balayer le conflit ukrainien sous le tapis à l’avenir. J’ai donné plusieurs méthodes potentielles, dont l’une était qu’elles pouvaient déclencher un autre nouveau
point chaud mondial pour détourner l’attention. J’ai même donné quelques exemples, comme pousser la situation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans quelque chose de plus grand,
intensifier les hostilités entre la Serbie et le Kosovo, qui couvent depuis un certain temps déjà ; mais c’est celui-là que je n’avais certes pas prévu.
À bien des égards, c’est le plus brillant de tous. Parce que rien ne justifie l’indignation des médias comme les attaques contre Israël, du moins
ce qui semble etre des attaques. Les médias ne se soucient pas des Arméniens assassinés, ni de tout autre pays d’ailleurs. Donc, si votre objectif principal est de créer le
plus grand écran de fumée médiatique pour détourner complètement l’attention de l’Ukraine, alors c’est celui-là.
Mais je sais à quoi tu penses. Israël pourrait faire un travail de nettoyage «rapide» sur le Hamas et en finir avec cela, en ramenant toute
l’attention sur l’Ukraine.
C’est pourquoi, pour que cette théorie fonctionne, il faudrait probablement qu’elle déclenche un conflit plus large, impliquant peut-être
l’Iran. Les États-Unis pourraient alors même avoir une excuse pour se débarrasser de l’Ukraine, une excuse qui serait en fait acceptée par les membres du Congrès pro-ukrainiens
les plus enragés. Par exemple : «Nous avons dû
envoyer tout notre argent pour aider à sauver Israël». Il est certain que
personne au Congrès, propriété américano-israélienne, ne s’inquiéterait ou ne s’inquiéterait du fait que les États-Unis dépensent plutôt leurs fonds réservés à l’Ukraine sur
Israël.
Cela pourrait donner à l’administration Biden une excuse valable et défendable pour se débarrasser de l’Ukraine. Gardez à l’esprit que je ne
soutiens pas encore pleinement cette théorie comme motivation principale du conflit actuel, mais je la présente comme une théorie potentielle. Moi-même, je ne suis pas encore
totalement décidé, car je suis toujours en train de rassembler des données et j’attends que d’autres événements se produisent pour nous fournir des indices.
Les médias nous conditionnent déjà à la réalité selon laquelle les États-Unis devront utiliser leurs stocks de munitions précieusement épuisés pour
Israël, en donnant la priorité à leur premier bien-aimé plutôt qu’à leur deuxième nouvellement baptisé. Vous pouvez facilement imaginer l’excuse qui en résulterait à l’avenir :
«Nous
avions des besoins plus pressants, nous ne pouvions donc plus financer/approvisionner l’Ukraine !»
L’absolution sera accordée parce que tout le monde au sein de l’establishment américain comprend le caractère sacré et inviolable d’Israël. Comment
peut-on reprocher à quelqu’un de donner la priorité à Israël plutôt qu’à l’Ukraine ? C’est tout simplement impensable aux États-Unis.
Vous souvenez-vous que nous venions de discuter dans mon tout
dernier article de la possibilité que les États-Unis se débarrassent de l’Ukraine, les laissant sans financement supplémentaire, à la lumière du récent remaniement de la
Chambre des représentants ?
Cette nouvelle annonce selon laquelle Biden s’apprête à tenter de faire un don sans précédent de 100 milliards de dollars à l’Ukraine est très
intéressante car elle sent la récompense finale, ou l’envoi. C’est presque comme essayer de «se laver les mains» du conflit avec une dernière tranche de bonne
conscience.
La plupart des commentateurs s’accordent cependant sur le fait qu’il s’agirait simplement d’un coup performatif et n’aurait aucune chance d’être adopté,
mais c’est peut-être une façon pour Biden de se laver les mains afin de créer l’impression qu’il «a fait tout ce
qu’il pouvait», pour pouvoir plus tard ayez cela dans le cadre de sa défense lorsque l’Ukraine tombera inévitablement et qu’il sera confronté à des critiques mettant fin à sa
carrière. Il peut dire :
«Vous voyez, j’ai
fait de mon mieux pour les sauver, j’ai promis 100 milliards de dollars mais ces républicains gâteurs m’ont bloqué».
Alors, cela pourrait-il être le début de quelque chose de grand destiné à effacer l’ardoise de l’Ukraine et peut-être même conduire à un autre
«événement» qui changerait le monde et permettrait à l’establishment d’annuler/voler les élections de 2024
Rappelons que le grand faux drapeau du Covid a également commencé vers la période de novembre de l’année, juste avant le cycle électoral, c’est-à-dire
fin 2019.
Enfin, certaines rumeurs effrayantes semblent suggérer que les néoconservateurs pourraient tout mettre en
œuvre et exécuter une nouvelle série de fausses bannières à la manière du 11 septembre aux
États-Unis pour amener l’Amérique entièrement dans une guerre contre l’Iran
Ce n’est pas invraisemblable ; Les néoconservateurs ont peut-être fait leurs propres calculs pour conclure que s’ils n’éliminent pas l’Iran
maintenant, les États-Unis sont condamnés. Cela pourrait être le début d’une conflagration géante qui satisferait certaines des pires prophéties pour 2024, à savoir l’absence
d’élections et un nouvel événement mondial du Cygne noir semblable au Covid du dernier cycle électoral.
Mais passons maintenant à l’autre possibilité principale.
Et si, au contraire, tout cet événement était une orchestration de l’Iran ou du bloc dirigé par la Russie ?
Il y a certainement une multitude de raisons pour lesquelles cela pourrait être le cas, la moindre d’entre elles étant le fait que l’Iran reconnaît que
les États-Unis (et l’Occident) sont désormais au plus bas parce qu’ils se sont désarmés au profit de l’Ukraine.
Nous avons déjà vu ces derniers temps l’inquiétude urgente des membres du Congrès selon laquelle les États-Unis ne disposent pas de suffisamment d’armes
pour Taïwan et doivent à l’avenir choisir entre l’Ukraine et la Chine. Aujourd’hui, l’Iran aurait pu choisir d’ouvrir un nouveau front majeur à un moment critique, alors que les
États-Unis sont tiraillés entre leurs diverses exigences géopolitiques.
Un autre aspect qui pourrait indiquer cela est l’apparent excès de confiance affiché par le Hamas. La plupart des commentateurs ne parviennent pas
à comprendre pourquoi le Hamas semble agir avec autant de présomption alors que – sur le papier – l’armée israélienne les domine largement. Je fais référence, par exemple, au
fait que le Hamas aurait rejeté tout cessez-le-feu parce qu’il avait l’intention d’«aller jusqu’au
bout».
Au moment où nous parlons, les derniers rapports affirment que plus de 100 000 soldats israéliens se dirigent vers Gaza :
Il semble inconcevable que le Hamas puisse lancer une telle opération sans contingence, surtout si l’Iran aidait à la planifier. Nous savons que le
Hezbollah a déjà déclaré qu’il interviendrait si l’armée israélienne entrait à Gaza.
Il est intéressant de noter que Erdogan a également lancé un avertissement direct aux États-Unis :
Rappelons qu’il y a seulement quelques jours, les États-Unis ont abattu un drone turc très coûteux et haut de gamme au-dessus de la Syrie, alors que ce
drone aurait failli bombarder les forces américaines. De tels développements semblent témoigner d’un vaste conflit couvant.
Beaucoup pensent désormais qu’Israël est sur le point de tomber dans un «piège» tendu par l’Iran – par lequel il entrerait à Gaza et demanderait au
Hezbollah d’ouvrir un deuxième front. Le Hamas aurait déjà détruit une grande partie du Dôme de Fer d’Israël avec ses propres «fusées-bouteilles» bon marché, et aurait ainsi
ouvert la voie au Hezbollah pour démolir Israël avec une véritable puissance de feu fournie par l’Iran sous la forme de SRBM lourds et de drones, etc.
Le plan pourrait alors être secrètement soutenu par l’ensemble du bloc russe, sachant qu’un conflit d’une telle ampleur pourrait grandement bénéficier à
la Russie et même à la Chine de diverses manières.
La première et la plus évidente est que cela détournerait toute l’attention des États-Unis de l’Ukraine, les obligeant à se concentrer sur la lutte
contre l’Iran et ses puissances régionales, ce qui permettrait à la Russie d’en finir rapidement avec une Ukraine abandonnée.
Deuxièmement, et pour répondre au premier point ci-dessus, tout conflit de ce type ferait exploser les prix du pétrole, qui sont déjà estimés à 150
dollars le baril à l’avenir. Cela conduirait la Russie à faire exploser les bénéfices déjà exorbitants des combustibles fossiles, non seulement stabilisant sa propre économie,
mais contribuant également à financer la guerre en Ukraine.
La Chine pourrait bien sûr bénéficier de la même manière si l’attention des États-Unis était détournée ailleurs, lui donnant ainsi une marge de manœuvre
pour continuer à construire et à consolider sa propre force régionale tout en épuisant les États-Unis et en les empêchant ainsi de financer/approvisionner Taiwan à des degrés
substantiels.
Beaucoup semblent confus à ce sujet, alors permettez-moi de clarifier :
Le conflit actuel en Palestine est géopolitique et reflète la consolidation de l’un des principaux pôles du monde. Il s’agit de la deuxième
étape de la formation du monde multipolaire, après le SMO russe en février 2022.
Beaucoup de gens ont tendance à se concentrer exclusivement sur le Hamas et sur l’évolution de la situation – comme si cela reflétait le même plan
temporel que la stratégie employée. Ne fais pas d’erreur. Il s’agit d’une opération interarmes sans précédent et rien au XXIe siècle ne s’en rapproche dans l’histoire du
conflit.
Le fait que cela ait surpris les Israéliens devrait vous en dire assez. Si cela a surpris le Mossad (l’une des agences de renseignement les
plus puissantes au monde), qu’est-ce qui vous fait penser que l’un de ces idiots d’arnaqueurs de droite sait ce qui va encore arriver ? Il ne s’agissait pas d’une attaque
aléatoire de la part du Hamas.
Tout cela a été planifié, en pleine coordination avec l’Axe de la Résistance – et nous ne sommes même pas près d’en mesurer toute la portée et
l’ampleur. Tous les résultats possibles ont été pris en considération. N’oubliez pas qu’à chaque fois que vous entendez les sionistes parler des «grands projets» que
l’entité a en réserve pour raser Gaza. Ils l’ont fait plusieurs fois, mais ça n’a jamais marché.
Le Hamas en est ressorti plus fort que jamais. Et ils s’attendent également à tout ce que l’entité sioniste leur réserve. Parce qu’il ne
s’agit pas seulement du Hamas. Il s’agit de tout l’Axe de la Résistance, centré en Iran. L’Iran est l’une des civilisations les plus anciennes, les plus grandes et les
plus sophistiquées du monde. Elle est et a toujours été un pôle civilisationnel organique dans la région.
Avant l’ère moderne, les deux seules puissances de la région étaient les Ottomans et les Perses Safavides, qui se disputaient la
région. Derrière cette opération se cachent la ruse, le génie stratégique et le matérialisme eschatologique du CGRI. Et par ce dernier point, je veux dire qu’ils ont
combiné ce qui est une profonde vision spirituelle universelle-régionale avec le pragmatisme, le réalisme et le côté terreux de la technologie moderne et des techniques de guerre
irrégulière hyper-clausewitziennes.
Cette guerre n’a pas un seul lieu ni même une seule chronologie. L’échelle à laquelle cela se produit n’est pas immédiatement perceptible à la
fois dans l’espace ET dans le temps. Ce sont les secousses ressenties par la résurrection de certains des empires les plus anciens, les plus splendides et les plus sublimes
du monde.
Il s’agit de l’opération militaire spéciale des civilisations du Moyen-Orient. De même, il ne s’agit pas uniquement d’Israël. C’est le
dernier avant-poste du Nouvel Ordre Mondial dans la région. Israël était l’Ukraine du Moyen-Orient – une vaine et artificielle forteresse de la modernité occidentale créée
pour supprimer les puissances réelles (et endormies depuis longtemps) indigènes de la région. Il s’agit d’une révolution régionale qui pourrait déboucher sur une guerre
mondiale.
La Russie a réveillé d’anciennes puissances à travers le monde. C’est la fin de «l’ordre fondé sur des règles» occidental.
Ce qui précède peut-être un peu larmoyant et trop optimiste – je ne l’approuve pas nécessairement, du moins pas encore. Cela pourrait très bien
être vrai.
L’une des autres raisons est qu’il y a eu récemment beaucoup trop de soulèvements «fortuits» contre l’ordre occidental. Rappelez-vous combien de
fois nous avons discuté ici du rôle asymétrique potentiel de la Russie dans les différentes libérations africaines en cours sur le continent. Pensez-vous que c’est un accident
qui a conduit à des choses comme ça ?
On m’a demandé à plusieurs reprises, lors de courriers, de commentaires, etc., ce que la Russie envisageait de faire pour contrebalancer la guerre
hybride constante des États-Unis dans le conflit ukrainien. Il y a certainement de nombreux «événements mystérieux» qui se produisent partout dans le monde et qui pourraient
répondre à cette question.
C’est pourquoi je ne serais pas surpris si la confrontation actuelle est liée à la guerre mondiale hybride de l’Est contre l’Ouest, ou du Sud global
contre les atlantistes.
Rappelez-vous que les grandes civilisations anciennes pensent et planifient des stratégies à long terme. Se pourrait-il en fait qu’il s’agisse
d’une attaque coordonnée et soigneusement planifiée en trois volets – dont la première étape serait la Russie éliminant l’Ukraine, puis l’Iran éliminant Israël, pour finir par le coup
de grâce de la Chine éliminant Taïwan ?
C’est certainement une notion très ambitieuse. Mais cela correspond à ce que d’autres prédisaient depuis un certain temps, comme Jirinovski ici il
y a plusieurs années :
Une autre raison potentielle pour laquelle le cartel bancaire qui dirige l’Occident a besoin d’une guerre majeure pour vider le système :
Même par rapport aux normes de la dernière décennie, qui était tout simplement sans précédent en termes de quantité d’argent imprimé par la Réserve
fédérale, la semaine dernière a été témoin d’une autre série d’impressions hallucinante.
Avec toute la dédollarisation en cours, cela ne peut que signifier que le système financier occidental n’a jamais été dans un état aussi
précaire. Le cartel a besoin d’un conflit mondial majeur pour pouvoir débusquer le système, effacer ses comptes et recommencer l’escroquerie usure-fiat à partir d’une table
rase.
Mais nous devrons voir comment ce conflit se déroulera au cours des deux prochaines semaines afin de véritablement juger s’il s’agit d’un plan directeur
iranien en 5D, ou simplement d’un stratagème bon marché pour Netanyahu pour consolider son pouvoir et inscrire son héritage en tant que leader israélien historique qui a écrasé le
Hamas une fois pour toutes, effaçant d’un seul coup tous ses méfaits et sa corruption.
Et maintenant, tout le monde a déjà oublié ce qu’est l’Ukraine. Jirinovski avait tout prédit il y a longtemps : «Ce furent les
dernières élections que vous avez eues [en Ukraine]. Il n’y aura pas d’élections en 2024 car il n’y aura pas de pays appelé Ukraine. Vous ne tenez pas compte de la situation au
Moyen-Orient. De tels événements s’y dérouleront et tout le monde oubliera complètement ce qu’est l’Ukraine. Il s’agit de la Troisième Guerre mondiale. Et l’Iran n’est ni le Vietnam,
ni la Corée, ni le Kosovo. Les événements les plus terribles se produiront ici !»
Les décisions prises aujourd’hui par les États-Unis et la Russie auront une importance capitale pour la paix, la sécurité et le bien-être du monde entier.
Quatre événements ont brisé les espoirs des néoconservateurs d’un élargissement de l’OTAN vers l’Est, vers l’Ukraine, la Géorgie et au-delà.
Le premier est simple.
L’Ukraine a été dévastée sur le champ de bataille, avec des pertes tragiques et épouvantables. La Russie est en train de gagner la guerre d’usure, un résultat qui était
prévisible dès le départ mais que les néoconservateurs et les grands médias nient encore aujourd’hui.
Le deuxième est
l’effondrement du soutien en Europe à la stratégie néoconservatrice américaine. La Pologne ne parle plus avec l’Ukraine. La Hongrie s’oppose depuis longtemps aux néoconservateurs. La Slovaquie a
élu un gouvernement anti-néoconservateur. Les dirigeants européens (Macron, Meloni, Sanchez, Scholz, Sunak et d’autres) ont
des taux de désapprobation bien supérieurs à ceux d’approbation.
Le troisième est
la réduction du soutien financier américain à l’Ukraine. La base du Parti républicain, plusieurs candidats républicains à la présidentielle et un nombre croissant de membres républicains du
Congrès s’opposent à une augmentation des dépenses en faveur de l’Ukraine. Dans le projet de loi provisoire destiné à maintenir le gouvernement en marche, les Républicains ont supprimé tout
nouveau soutien financier à l’Ukraine. La Maison Blanche a réclamé une nouvelle législation sur l’aide, mais cela sera un combat difficile.
Le quatrième, et
le plus urgent du point de vue de l’Ukraine, est la probabilité d’une offensive russe. Les victimes ukrainiennes se comptent par centaines de milliers et l’Ukraine a brûlé son artillerie, ses
défenses aériennes, ses chars et autres armes lourdes. La Russie suivra probablement avec une offensive massive.
Les néoconservateurs ont créé de véritables désastres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye et maintenant en Ukraine. Le système politique
américain n’a pas encore demandé de comptes aux néoconservateurs, dans la mesure où la politique étrangère est menée jusqu’à présent avec peu de contrôle du public ou du Congrès. Les grands
médias se sont rangés du côté des slogans des néoconservateurs.
L’Ukraine risque un effondrement économique, démographique et militaire.
Que devrait faire le gouvernement américain pour faire face à ce désastre potentiel ?
De toute urgence, il faudrait changer de cap.
La Grande-Bretagne conseille aux États-Unis d’intensifier leurs efforts, alors qu’elle est coincée dans ses rêveries impériales du XIXe siècle. Les néoconservateurs
américains sont coincés dans la bravade impériale. Il est urgent que les têtes froides prévalent.
Le président Joe Biden devrait immédiatement informer le président Vladimir Poutine que les États-Unis mettront fin à l’élargissement de l’OTAN vers l’est si les
États-Unis et la Russie parviennent à un nouvel accord sur les modalités de sécurité. En mettant fin à l’expansion de l’OTAN, les États-Unis peuvent encore sauver l’Ukraine des débâcles
politiques des 30 dernières années.
Biden devrait accepter de négocier un arrangement de sécurité semblable, sans toutefois préciser les détails, aux propositions
du président Poutine du 17 décembre 2021 . Biden a bêtement refusé de négocier avec Poutine en décembre 2021. Il est temps de négocier maintenant.
Il y a quatre points clés dans un accord.
Premièrement, dans
le cadre d’un accord global, Biden devrait convenir que l’OTAN ne s’élargira pas vers l’est, mais ne renversera pas l’élargissement passé de l’OTAN. L’OTAN ne tolérerait bien entendu pas les
empiétements russes dans les États membres existants de l’OTAN. La Russie et les États-Unis s’engageront à éviter toute provocation à proximité des frontières russes, notamment le placement de
missiles provocateurs, les exercices militaires, etc.
Deuxièmement, le nouvel
accord de sécurité entre les États-Unis et la Russie devrait couvrir les armes nucléaires. Le retrait unilatéral des États-Unis du Traité sur les missiles anti-balistiques en 2002, suivi du
déploiement de missiles Aegis en Pologne et en Roumanie, ont gravement attisé les tensions, qui ont été encore exacerbées par le retrait des États-Unis de l’accord sur les forces nucléaires
intermédiaires (INF) en 2019 et La suspension par la Russie du traité New Start en 2023. Les dirigeants russes ont pointé à plusieurs reprises les missiles américains près de la Russie, non
limités par le traité ABM abandonné, comme une grave menace pour la sécurité nationale de la Russie.
Troisièmement, la
Russie et l’Ukraine s’entendraient sur de nouvelles frontières, dans lesquelles la Crimée à majorité ethnique russe et les districts à forte population russe de l’est de l’Ukraine continueraient
de faire partie de la Russie. Les changements de frontière s’accompagneraient de garanties de sécurité pour l’Ukraine, soutenues à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres
États comme l’Allemagne, la Turquie et l’Inde.
Quatrièmement, dans le
cadre d’un règlement, les États-Unis, la Russie et l’UE rétabliraient les relations commerciales, financières, culturelles et touristiques. Il est certainement temps d’entendre à nouveau
Rachmaninov et Tchaïkovski dans les salles de concert américaines et européennes.
Les changements de frontière sont un dernier recours et ne devraient être effectués que sous les auspices du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils ne doivent jamais
être une invitation à de nouvelles revendications territoriales, comme celles de la Russie à l’égard des Russes de souche dans d’autres pays. Pourtant, les frontières changent, et les États-Unis
ont récemment soutenu deux modifications frontalières.
L’OTAN a bombardé la Serbie pendant 78 jours jusqu’à ce qu’elle abandonne la région du Kosovo à majorité albanaise. En 2008, les États-Unis ont reconnu le Kosovo
comme nation souveraine. Les États-Unis ont également soutenu l’insurrection du Soudan du Sud visant à se séparer du Soudan.
Si la Russie, l’Ukraine ou les États-Unis violaient par la suite le nouvel accord, ils défieraient le reste du monde. Comme l’a observé JFK, « même avec les nations
les plus hostiles on peut compter sur elles pour accepter et respecter les obligations conventionnelles, et uniquement celles qui sont dans leur propre intérêt ».
Les néoconservateurs américains sont largement tenus pour responsables de l’atteinte aux frontières de l’Ukraine en 1991. La Russie n’a revendiqué la Crimée
qu’après le renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovitch en 2014, soutenu par les États-Unis. La Russie n’a pas non plus annexé le Donbass après 2014, appelant plutôt l’Ukraine à
honorer l’accord de Minsk II soutenu par l’ONU, basé sur l’autonomie du Donbass. Les néoconservateurs ont préféré armer l’Ukraine pour reprendre le Donbass par la force plutôt que d’accorder
l’autonomie au Donbass.
La clé à long terme de la paix en Europe est la sécurité collective, comme le réclame l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE).
Selon les
accords de l’OSCE , les États membres de l’OSCE « ne renforceront pas leur sécurité aux dépens de celle des autres États ».
L’unilatéralisme néoconservateur a miné la sécurité collective de l’Europe en poussant à l’élargissement de l’OTAN sans égard aux tiers, notamment à la Russie.
L’Europe – y compris l’UE, la Russie et l’Ukraine – a besoin de plus d’OSCE et de moins d’unilatéralisme néoconservateur comme clé d’une paix durable en Europe.
Guerre d’Ukraine : Les États-Unis et l’Occident sont en train de dégriser
Jour 576 -Le New York Times a dressé un bilan impartial des derniers neuf mois de guerre: il apparaît que, dans la guerre d’attrition qui se livre, les Russes ont gagné plus de terrain que les
Ukrainiens depuis janvier 2023. Cette semaine, Seymour Hersh a publié de nouvelles informations sur le sabotage de Nordstream, effectué il y a un an, véritable acte de guerre des
États-Unis…contre l’Allemagne, comme l’explique le grand journaliste américain. Enfin, nous revenons sur l’ovation au Waffen SS Hunka au Parlement canadien. Cynthia Chung explique qu’il s’est agi
de tout sauf d’une gaffe malencontreuse.
Les Russes ont conquis plus de territoire que les Ukrainiens depuis janvier 2023
Les forces russes ont gagné plus de territoire en Ukraine cette année que la partie ukrainienne, malgré la contre-offensive ukrainienne lancée en juin, a rapporté le New York
Times jeudi 28 septembre.
Malgré neuf mois de combats acharnés en Ukraine, seulement 500 miles carrés de territoire ont changé de mains cette année. La Russie a gagné 331 miles carrés et l’Ukraine 143, soit une
différence de 188 miles carrés, ce qui représente le gain net de territoire de la Russie depuis le début de l’année.
La plupart des combats du premier semestre se sont concentrés autour de la ville de Bakhmut, dans le Donbass, que la Russie a entièrement capturée en mai après une bataille brutale qui a
débuté en août 2022. La contre-offensive de l’Ukraine s’est concentrée sur le sud, mais les combats se sont poursuivis près de Bakhmut et sur l’ensemble du front oriental.
New
York Times, 28 septembre 2023
Le New Yor Times cite Marina Miron, chercheur postdoctorale au King’s College de Londres, qui déclare que la Russie semble se satisfaire de conserver le territoire qu’elle contrôle actuellement
plutôt que de chercher à obtenir des gains rapides.
“Elle ne perd rien à ne pas aller de l’avant”, explique le chercheur. “Toute
la stratégie en Ukraine consiste pour les Russes à laisser les Ukrainiens se heurter à ces défenses, à en tuer autant que possible et à détruire autant d’équipements occidentaux que
possible“.
Seymour Hersh publie un nouveau texte un an après l’attaque américaine contre Nordstream
Seymour Hersh est, avec John
Helmer et Moon of Alabama, un des
analystes qui a donné des informations fiables sur la responsabilité directe du gouvernement américain dans le sabotage de Nordstream fin septembre 2022. Huit mois après son premier article et un
an après les faits, il donne d’amples détails sur les
motivations du gouvernement américain. Nous en traduisons plusieurs extraits :
“Il y avait une faille – un manque de compréhension entre ceux qui ont mené la mission et le président Biden, quant aux raisons pour lesquelles il a ordonné la destruction des oléoducs au
moment où il l’a fait. Mon rapport initial de 5 200 mots, publié au début du mois de février, se terminait de manière énigmatique par la citation d’un fonctionnaire au courant de la mission
qui m’avait dit : “C’était une belle histoire de couverture”. Le fonctionnaire a ajouté : “Le seul défaut était la décision de le faire”. (…)
Je suis maintenant en mesure d’écrire sur la faille inexpliquée citée par le fonctionnaire anonyme. (…)
Revenons aux gazoducs Nord Stream : Il est important de comprendre qu’aucun gaz russe ne circulait vers l’Allemagne via les gazoducs Nord Stream lorsque Joe Biden a ordonné leur destruction
le 26 septembre dernier. Nord Stream 1 fournissait de grandes quantités de gaz naturel à bas prix à l’Allemagne depuis 2011 et contribuait à renforcer le statut de l’Allemagne en tant que
colosse industriel et manufacturier. Mais il a été fermé par Poutine à la fin du mois d’août 2022, alors que la guerre en Ukraine était, au mieux, dans une impasse. Nord Stream 2 a été achevé
en septembre 2021, mais le gouvernement allemand dirigé par le chancelier Olaf Scholz l’a empêché de livrer du gaz deux jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Étant donné les vastes réserves de gaz naturel et de pétrole de la Russie, les présidents américains, depuis John F. Kennedy, ont été attentifs à l’utilisation potentielle de ces ressources
naturelles à des fins politiques. Ce point de vue reste dominant chez Joe Biden et ses conseillers en politique étrangère, le secrétaire d’État Antony Blinken, le conseiller à la sécurité
nationale Jake Sullivan et Victoria Nuland, aujourd’hui adjointe intérimaire de M. Blinken.
Jake Sullivan a convoqué une série de réunions de haut niveau sur la sécurité nationale à la fin de l’année 2021, alors que la Russie renforçait ses forces le long de la frontière ukrainienne
et qu’une invasion était considérée comme presque inévitable. Le groupe, qui comprenait des représentants de la CIA, a été invité à formuler une proposition d’action susceptible de dissuader
Poutine. La mission de destruction des oléoducs est motivée par la volonté de la Maison Blanche de soutenir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L’objectif de Sullivan semblait clair.
“La politique de la Maison-Blanche consistait à dissuader la Russie d’attaquer”, m’a dit le fonctionnaire. “Le défi qu’elle a lancé à la communauté du renseignement était de trouver un moyen
suffisamment puissant pour y parvenir et d’affirmer avec force la capacité des États-Unis.
Je sais maintenant ce que j’ignorais à l’époque : la véritable raison pour laquelle l’administration Biden “a évoqué la suppression du gazoduc Nord Stream”. Le fonctionnaire m’a récemment
expliqué qu’à l’époque, la Russie fournissait du gaz et du pétrole dans le monde entier via plus d’une douzaine de gazoducs, mais que les gazoducs Nord Stream 1 et 2 partaient directement de
la Russie pour rejoindre l’Allemagne en passant par la mer Baltique. “L’administration a mis Nord Stream sur la table parce que c’était le seul auquel nous pouvions accéder et qu’il serait
totalement dénié”, a déclaré le fonctionnaire. “Nous avons résolu le problème en quelques semaines, début janvier, et en avons informé la Maison Blanche. Nous avons supposé que le président
utiliserait la menace contre Nord Stream comme moyen de dissuasion pour éviter la guerre”.
Le groupe de planification secret de l’agence n’a pas été surpris lorsque, le 27 janvier 2022, Mme Nuland, alors sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, assurée et confiante, a averti
Poutine de manière stridente que s’il envahissait l’Ukraine, comme il en avait manifestement l’intention, “d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant”. Cette phrase a
suscité une grande attention, mais pas les mots qui l’ont précédée. La transcription officielle du département d’État montre qu’elle a fait précédé sa menace en disant qu’en ce qui concerne
le gazoduc, “nous continuons d’avoir des contacts très forts et très étroits avec le gouvernement ukrainien” : “Nous continuons à avoir des conversations très fortes et très claires avec nos
alliés allemands”.
Interrogée par un journaliste qui lui demandait comment elle pouvait affirmer avec certitude que les Allemands seraient d’accord “parce que ce que les Allemands ont dit publiquement ne
correspond pas à ce que vous dites”, Mme Nuland a répondu par un étonnant double langage : “Je dirais qu’il faut revenir en arrière et lire le document que nous avons signé en juillet [2021]
et qui indique très clairement les conséquences pour le gazoduc en cas de nouvelle agression de l’Ukraine par la Russie. Mais cet accord, qui a été présenté aux journalistes, n’a pas précisé
les menaces ou les conséquences, selon les rapports du Times, du Washington Post et de Reuters. Au moment de l’accord, le 21 juillet 2021, M. Biden a déclaré à la presse que l’oléoduc étant
achevé à 99 %, “l’idée que quoi que ce soit puisse être dit ou fait pour l’arrêter n’était pas possible”. À l’époque, les républicains, menés par le sénateur Ted Cruz du Texas, ont décrit la
décision de M. Biden d’autoriser l’acheminement du gaz russe comme une “victoire géopolitique générationnelle” pour Poutine et une “catastrophe” pour les États-Unis et leurs alliés.
Mais deux semaines après la déclaration de Nuland, le 7 février 2022, lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche avec Scholz en visite, Biden a indiqué qu’il avait changé
d’avis et qu’il se joignait à Nuland et à d’autres conseillers en politique étrangère tout aussi faucons pour parler de l’arrêt de la construction de l’oléoduc. “Si la Russie envahit – ce qui
signifie que des chars et des troupes franchissent à nouveau – la frontière de l’Ukraine, a-t-il déclaré, il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin”. Interrogé sur la manière
dont il pourrait le faire puisque le gazoduc est sous le contrôle de l’Allemagne, il a répondu : “Nous le ferons, je vous le promets : “Nous le ferons, je vous le promets, nous pourrons le
faire”.
M. Scholz, interrogé sur la même question, a déclaré : “Nous agissons ensemble : “Nous agissons ensemble. Nous sommes absolument unis et nous ne prendrons pas de mesures différentes. Nous
prendrons les mêmes mesures, et elles seront très très dures pour la Russie, et elle devrait le comprendre.” Certains membres de l’équipe de la CIA considéraient alors, et considèrent
aujourd’hui, que le dirigeant allemand était parfaitement au courant de la planification secrète en cours pour détruire les oléoducs.
À ce stade, l’équipe de la CIA avait établi les contacts nécessaires en Norvège, dont la marine et les forces spéciales partagent depuis longtemps des missions de couverture avec l’agence.
Les marins norvégiens et les bateaux de patrouille de classe Nasty ont aidé à faire entrer clandestinement des agents de sabotage américains au Nord-Vietnam au début des années 1960, lorsque
les États-Unis, sous les administrations Kennedy et Johnson, menaient une guerre américaine non déclarée dans ce pays. Avec l’aide de la Norvège, la CIA a fait son travail et a trouvé un
moyen de faire ce que la Maison Blanche de Biden voulait faire aux oléoducs.
À l’époque, le défi lancé à la communauté du renseignement était d’élaborer un plan suffisamment énergique pour dissuader Poutine d’attaquer l’Ukraine. Le fonctionnaire m’a dit : “Nous
l’avons fait : “Nous avons réussi. Nous avons trouvé un moyen de dissuasion extraordinaire en raison de son impact économique sur la Russie. Et Poutine a agi en dépit de la menace”. Il a
fallu des mois de recherche et de pratique dans les eaux tumultueuses de la mer Baltique aux deux plongeurs experts de la marine américaine recrutés pour cette mission avant qu’elle ne soit
jugée concluante. Les superbes marins norvégiens ont trouvé l’endroit idéal pour poser les bombes destinées à faire sauter les pipelines. Les hauts fonctionnaires suédois et danois, qui
continuent d’affirmer qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait dans leurs eaux territoriales communes, ont fermé les yeux sur les activités des agents américains et norvégiens.
L’équipe américaine de plongeurs et de personnel de soutien à bord du navire-mère de la mission – un dragueur de mines norvégien – serait difficile à cacher pendant que les plongeurs feraient
leur travail. L’équipe n’a appris qu’après le bombardement que Nord Stream 2 avait été fermé avec 750 miles de gaz naturel à l’intérieur.
Ce que je ne savais pas à l’époque, mais que j’ai appris récemment, c’est qu’après l’extraordinaire menace publique de Biden de faire exploser Nord Stream 2, avec Scholz à ses côtés, le
groupe de planification de la CIA a été informé par la Maison Blanche qu’il n’y aurait pas d’attaque immédiate contre les deux gazoducs, mais que le groupe devait s’organiser pour poser les
bombes nécessaires et être prêt à les déclencher “à la demande” – après le début de la guerre. “C’est à ce moment-là que nous avons compris que l’attaque des oléoducs n’était pas dissuasive,
car au fur et à mesure que la guerre avançait, nous n’en avons jamais reçu l’ordre”, a déclaré le petit groupe de planification qui travaillait à Oslo avec la marine royale norvégienne et les
services spéciaux sur le projet.
Après l’ordre de Biden de déclencher les explosifs placés sur les oléoducs, il a suffi d’un court vol avec un chasseur norvégien et du largage d’un sonar de série modifié au bon endroit dans
la mer Baltique pour que l’opération soit menée à bien. À ce moment-là, le groupe de la CIA avait été dissous depuis longtemps. C’est aussi à ce moment-là que le fonctionnaire m’a dit : “Nous
avons compris que la destruction des deux pipelines russes n’était pas liée à la guerre en Ukraine – Poutine était en train d’annexer les quatre oblasts ukrainiens qu’il voulait – mais
qu’elle faisait partie d’un programme politique néocon pour empêcher Scholz et l’Allemagne, avec l’hiver qui approchait et les pipelines fermés, de se dégonfler et d’ouvrir le Nord Stream 2,
qui avait été fermé. “La crainte de la Maison Blanche était que Poutine mette l’Allemagne sous sa coupe et qu’il s’attaque ensuite à la Pologne.(…)
L’administration Biden a fait sauter les oléoducs, mais cette action n’avait pas grand-chose à voir avec la victoire ou l’arrêt de la guerre en Ukraine. Elle résulte de la crainte de la
Maison Blanche de voir l’Allemagne hésiter et se détourner du gaz russe, et de voir l’Allemagne, puis l’OTAN, pour des raisons économiques, tomber sous l’emprise de la Russie et de ses
ressources naturelles étendues et peu coûteuses. C’est ainsi qu’est née la crainte ultime : que l’Amérique perde sa primauté de longue date en Europe occidentale.
seymourhershsubstack.com
Cynthia Chung : L’hommage du Parlement canadien à Iaroslav Hunka était tout sauf un “malheureux incident”
Cynthia Chung, présidente de la Fondation “Rising Tide” et auteur d’un ouvrage de première qualité sur les survivances du fascisme après la Seconde Guerre mondiale, a commenté sur son blog
l’hommage rendu à l’ancien Waffen SS Iaroslav Hunka. Selon elle, il s’agit de tout sauf d’un raté malencontreux :
Encore un scandale “très embarrassant” pour le gouvernement canadien, impliquant cette fois un nazi ukrainien de 98 ans qui a été ovationné au Parlement canadien lors du discours du président
ukrainien Zelensky vendredi dernier, le 22 septembre 2023. Hmmm, coïncidence ?
Selon les responsables des relations publiques, tout cela est dû au président de la Chambre des communes, Anthony Rota, qui avait invité Yaroslav Hunka à assister au discours du président
ukrainien Zelensky devant le Parlement canadien. On nous dit donc que le gouvernement Trudeau et Zelensky ne sont que les spectateurs innocents de cette malencontreuse bévue due à
l’inadvertance d’un seul homme.
Plus étrange encore, le discours de Rota lors de la comparution de Zelensky devant le Parlement s’est déroulé comme suit :
“Nous avons ici dans cette salle aujourd’hui un vétéran ukrainien canadien de la Seconde Guerre mondiale, qui a combattu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes… (il écarquille les
yeux et fait une pause) et qui continue à soutenir les troupes aujourd’hui, même à l’âge de 98 ans (applaudissements et standing ovation).
Vous pouvez visionner la vidéo du discours de Rota ici. M. Rota a depuis démissionné de son poste de président de la Chambre des communes, acceptant l’entière responsabilité de cet incident
“profondément embarrassant”.
Dans ses “excuses”, M. Trudeau a déclaré :
“Il sera très important que nous nous opposions tous à la propagande russe, à la désinformation russe, et que nous continuions à soutenir fermement et sans équivoque l’Ukraine, comme nous
l’avons fait la semaine dernière en annonçant de nouvelles mesures pour soutenir l’Ukraine dans la guerre illégale que mène la Russie contre elle.
Apparemment, Trudeau s’excuse en disant que tout cela est de la faute de la Russie ?!?
Cependant, si nous devons croire qu’il s’agit simplement d’une erreur de Rota, pourquoi M. Hunka, qui a servi dans la 14e division de grenadiers de la Waffen-SS, une unité volontaire composée
principalement d’Ukrainiens ethniques sous le commandement nazi, a-t-il été présenté par le président de la Chambre des communes comme un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui a combattu
les Russes ? Un point sur lequel même M. Rota a semblé perplexe après avoir lu ces lignes à haute voix… manifestement, ce n’est pas lui qui a rédigé son discours.
Oui, si vous étiez Ukrainien et que vous combattiez les Russes pendant la Seconde Guerre mondiale, cela signifiait que vous étiez directement aligné sur les nazis. Pour être clair, la
division de grenadiers de la Waffen-SS à laquelle M. Hunka a participé n’a pas seulement tué des Russes, mais aussi des civils polonais et juifs.(…)
Cependant, ce n’est pas la seule gaffe que le gouvernement canadien a commise récemment et dont il a rendu les “ze Russians” responsables.
Le 27 février 2022, la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland a tenu une écharpe portant le slogan “Slava Ukraini”, qui signifie “Gloire à l’Ukraine”, avec les couleurs “Sang et
terre” de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) (qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et massacré des Juifs et des Polonais).
Elle a ensuite publié cette photo sur son compte Twitter (qu’elle a remplacée quelques heures plus tard par une photo d’elle sans l’écharpe “sang et terre”) et a accusé ses détracteurs de
“puer la désinformation russe”.
Selon l’attaché de presse de Mme Freeland, il s’agissait là d’un autre cas de “diffamation classique par le KGB […] accusant les Ukrainiens et les Canadiens d’origine ukrainienne d’être des
extrémistes de droite, des fascistes ou des nazis”, ce qui est une déclaration déroutante à plusieurs niveaux.
On ne voit pas très bien en quoi il s’agit d’un cas de “désinformation russe”, puisque la photo est bel et bien authentique, ce que Mme Freeland n’a pas nié. De plus, elle tenait bien un
emblème “Blood and Soil” (sang et sol), d’origine nazie, à la vue de tous. Enfin, on se demande pourquoi le gouvernement canadien semble ignorer que le KGB n’existe plus. Pense-t-il également
que l’Union soviétique existe toujours ?
Le fait que le grand-père de Mme Freeland ait été le rédacteur en chef d’un journal nazi pendant la Seconde Guerre mondiale en Galicie n’est pas sans rapport avec tout cela, et Mme Freeland
en est consciente et ne s’en excuse apparemment pas. Chaque fois qu’elle est interrogée à ce sujet, elle ne nie rien, mais se contente d’imputer la responsabilité d’une telle enquête à la
désinformation russe dans le but de “déstabiliser les démocraties occidentales”.
Il est intéressant de noter que c’est le journal canadien “The Globe and Mail” qui a rapporté cette histoire, intitulée “Freeland knew her grandfather was editor of Nazi newspaper” (Freeland
savait que son grand-père était rédacteur en chef d’un journal nazi), et qu’il ne s’agit donc pas d’une publication russe, à ma connaissance. Et sur qui se fondent ces informations ? Sur
personne d’autre que l’oncle de Mme Freeland, John-Paul Himka, qui était à l’époque professeur émérite à l’université d’Alberta.
Selon le Globe and Mail, Mme Freeland savait depuis plus de vingt ans que son grand-père, Michael Chomiak, était le rédacteur en chef d’un journal nazi qui vilipendait les Juifs et soutenait
la cause nazie.(…)
Mais ce n’est pas tout, il y a aussi la conduite douteuse des militaires canadiens qui ont été surpris en train d’entraîner des nazis ukrainiens d’aujourd’hui.
Oui, il existe aujourd’hui des nazis ukrainiens. Même le “Conseil atlantique”, une publication pro-OTAN, a écrit un article intitulé “L’Ukraine a un vrai problème avec la violence d’extrême
droite (et non, RT n’a pas écrit ce titre)”.
Les nazis ukrainiens ont reçu un entraînement continu de la CIA, du SAS britannique ainsi que d’autres pays de l’OTAN comme le Canada depuis au moins 2014, et ce jusqu’à aujourd’hui, comme
l’ont confirmé The Times, Ottawa Citizen, CTV News et Radio Canada.
Le gouvernement canadien a tenté de nier toute connaissance de l’entraînement de militants nazis en Ukraine et a affirmé qu’il n’était pas responsable de la vérification des personnes qu’il
entraînait, puisque cette responsabilité incombait au gouvernement ukrainien. Toutefois, ces affirmations d’ignorance se sont évanouies lorsque les nazis ukrainiens qu’ils entraînaient ont
publié des photos sur leurs comptes de médias sociaux, montrant leurs badges nazis les identifiant comme tels lors de ces séances d’entraînement avec les forces canadiennes et américaines, au
vu et au su de tout le monde.(…)
Max Blumenthal a récemment publié sur Twitter une émission spéciale de 60 minutes datant de 1997 et exposant la politique d’après-guerre d’Ottawa consistant à accueillir des vétérans SS
nazis.
Andriy Biletsky, premier commandant du bataillon Azov et plus tard parlementaire du Corps national, a dirigé l’organisation paramilitaire nazie “Patriote d’Ukraine” et a déclaré en 2010 que
la nation ukrainienne avait pour mission de “mener les races blanches du monde dans une croisade finale […] contre les Untermenschen [sous-hommes] dirigés par les Sémites”.
Pour ceux qui insistent particulièrement sur le fait que les nazis ne font pas “officiellement” partie de l’armée ukrainienne, sachez que le bataillon Azov fait partie de la Garde nationale
ukrainienne et qu’il fait donc officiellement partie de l’armée ukrainienne.
En 2019, le Soufan Center, qui suit les groupes terroristes et extrémistes dans le monde entier, a lancé un avertissement :
“Le Bataillon Azov apparaît comme un nœud critique dans le réseau transnational de l’extrême droite violente… [Son] approche agressive de la mise en réseau sert l’un des objectifs primordiaux
du Bataillon Azov, à savoir transformer les zones sous son contrôle en Ukraine en la principale plaque tournante de la suprématie blanche transnationale.”
Le Soufan Center a décrit comment le “réseau agressif” du Bataillon Azov s’étend dans le monde entier pour recruter des combattants et répandre son idéologie de suprématie blanche. Les
combattants étrangers qui s’entraînent et combattent avec le Bataillon Azov retournent ensuite dans leur propre pays pour appliquer ce qu’ils ont appris et recruter d’autres personnes.
En 2014, Newsweek a publié un article intitulé “Ukrainian Nationalist Volunteers Committing ‘ISIS-Style’ War Crimes” (Volontaires nationalistes ukrainiens commettant des crimes de guerre à la
manière d’ISIS). Est-ce une indication de la façon dont les Azov et ISIS ont reçu leur financement et leur formation des mêmes sources ? Hmmm.
L’un des conseillers du président Zelensky, Oleksiy Arestovych (qui a démissionné en janvier 2023), a déclaré dans de nombreuses interviews son admiration ouverte pour les tactiques et
l’approche d’ISIS/ISIL en matière d’affaires et de gouvernance. Double hmmm….
En fait, ces officiers militaires canadiens et américains qui ont formé des nazis ukrainiens l’ont fait sous la rubrique de l’OTAN, qui a également fait d’étranges “gaffes” publiques sur le
sujet des nazis.
Étrangement, l’OTAN a publié sur son fil Twitter, à l’occasion de la Journée de la femme en mai 2022, le portrait d’une femme soldat ukrainienne qui portait justement le symbole nazi du
Soleil noir sur son uniforme.
L’OTAN a également fait la promotion d’un court-métrage en l’honneur des collaborateurs nazis de la Baltique appelés les “Frères de la forêt”. Le film de l’OTAN présente les “Frères de la
forêt”, d’anciens combattants de la Waffen SS qui ont volontairement collaboré avec les nazis, comme des héros anticommunistes.
Une autre erreur ? (…)
On est en train de nous préparer à une guerre en Ukraine pouvant durer jusque dans les années 30
Les responsables
occidentaux et les experts médiatiques reconnaissent maintenant directement que la “contre-offensive de printemps” tant
vantée par l’Ukraine a été un échec catastrophique, mais au lieu d’y voir une raison de reconsidérer le consensus politique dominant sur cette guerre, ils disent au contraire à tout le
monde que l’échec de la contre-offensive signifie que nous devons continuer l’effusion de sang et la politique de la corde raide nucléaire pour les années à venir.
Dans un article récent
intitulé “Les USA et leurs alliés s’attendent à ce que la guerre en Ukraine dure plusieurs années“, Bloomberg rapporte que la structure de pouvoir centralisée
des États-Unis s’attend à soutenir son conflit par procuration contre la Russie pendant très longtemps, potentiellement jusque dans les années 2030.
Bloomberg rapporte :
Les États-Unis et leurs alliés du Groupe des Sept s’attendent désormais à ce que la guerre en Ukraine se prolonge pendant des années et intègrent cette
possibilité dans leur planification militaire et financière.
Un haut fonctionnaire d’un pays européen du G7 a déclaré que la guerre pourrait durer encore six ou sept ans et que les alliés doivent prévoir des moyens
financiers pour continuer à soutenir Kiev pendant un conflit aussi long.
C’est beaucoup plus long que ce que de nombreux responsables avaient prévu au début de l’année, mais la lenteur des progrès de la contre-offensive ukrainienne
au cours des derniers mois a tempéré les attentes.
Dans une récente interview accordée
à CNN, le président sortant de l’état-major
interarmées, Mark Milley, a déclaré que la réalisation de l’objectif officiel de Kiev, à savoir la reconquête de l’ensemble du territoire ukrainien, allait nécessiter “des efforts très importants sur une période de temps
considérable“.
“Je peux vous dire qu’il
faudra beaucoup de temps pour éjecter militairement les quelque 200 000 soldats russes de l’Ukraine occupée par la Russie“, a ajouté M. Milley. “La barre est très haute. Il faudra beaucoup de temps pour y
parvenir“.
Dans une récente interview accordée au journal allemand Berliner Morgenpost, le secrétaire général de l’OTAN, Jens
Stoltenberg, a également insisté sur le fait que cette guerre allait durer très longtemps.
“La plupart des guerres
durent plus longtemps que prévu lorsqu’elles commencent. Nous devons donc nous préparer à une longue guerre en Ukraine“, a déclaré Stoltenberg.
“Nous souhaitons tous une
paix rapide“, a ajouté Stoltenberg. “Mais en même
temps, nous devons être conscients de la situation : Si le président Zelensky et les Ukrainiens abandonnent le combat, leur pays n’existera plus. Si le président Poutine et la Russie déposaient
leurs armes, nous aurions la paix. Le moyen le plus simple de mettre fin à cette guerre serait que Poutine retire ses troupes“.
Les dirigeants de l’empire et leurs apologistes ne cessent de répéter que le seul obstacle à la paix en Ukraine est le refus de la Russie de partir. Cette
affirmation ne tient évidemment pas compte des nombreuses agressions occidentales largement documentées qui
ont provoqué l’invasion de la Russie, un fait que Stoltenberg lui-même a
admis au début du mois.
Exiger que la Russie mette fin à ses agressions sans que l’Occident n’accepte de mettre fin à ses propres agressions qui ont conduit à ce conflit, c’est simplement
exiger que la Russie se couche et se soumette à la domination de l’empire occidental. Ce n’est pas un appel à la paix, c’est un appel à la victoire totale de Washington et de ses alliés.
Stoltenberg a renforcé son argument selon lequel cette guerre durera des années en affirmant que l’Ukraine deviendra membre de l’OTAN à la fin de la guerre, ce qui
revient à dire à Moscou que si l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN lui paraît toujours inacceptable, elle doit soit annexer entièrement l’Ukraine à la Fédération de Russie, soit continuer à faire la
guerre pour l’éternité.
“L’Ukraine deviendra membre
de l’OTAN – tous les alliés l’ont dit clairement“, a déclaré Stoltenberg, ajoutant que l’Ukraine aura besoin de la protection de l’OTAN à la fin de la guerre, faute de quoi “l’histoire pourrait se répéter“.
Les médias occidentaux transmettent le même message. Le célèbre torchon de propagande de l’empire The Economist a publié un nouvel
article intitulé “L’Ukraine est confrontée à une
longue guerre. Un changement de cap s’impose“, où l’on voit un drapeau ukrainien sur lequel sont inscrits les mots “TIME FOR A RETHINK” [Il est temps de réenvisager les choses]. Si
vous ne saviez rien de The Economist, vous
pourriez penser à première vue qu’il s’agit d’un article visant à repenser l’approche consistant à soutenir un conflit par procuration sans fin – surtout après que les premiers paragraphes
reconnaissent que “le plan ne fonctionne pas” et que
“l’Ukraine a libéré moins de 0,25 % du territoire que la
Russie occupait en juin“.
Vous auriez tort. Ce que The Economist veut dire, c’est que nous devrions cesser de
penser qu’il s’agit d’une guerre qui peut être gagnée en temps voulu, mais plutôt d’une guerre qui se poursuivra dans un avenir prévisible :
L’Ukraine et ses partisans occidentaux commencent à réaliser qu’il s’agira d’une guerre d’usure. Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu à Washington cette
semaine pour des entretiens. “Je
dois être prêt pour une longue guerre“, a-t-il déclaré à The Economist. Malheureusement,
l’Ukraine n’est pas encore prête, pas plus que ses partenaires occidentaux. Tous deux sont encore obnubilés par la contre-offensive. Ils doivent repenser la stratégie militaire de l’Ukraine
et la manière dont son économie est gérée. Au lieu de chercher à “gagner” puis à reconstruire,
l’objectif devrait être de s’assurer que l’Ukraine a la capacité de mener une longue guerre – et de prospérer malgré cela.
Ainsi, les gestionnaires de l’empire occidental et les médias qui fixent l’ordre du jour font savoir aussi clairement que possible que l’empire centralisé des
États-Unis se retrouve dans une nouvelle guerre sans fin, une autre “guerre d’usure” caractérisée par des destructions et des
souffrances insondables sans stratégie de sortie, qui verse une fois de plus de vastes
fortunes dans les coffres du complexe militaro-industriel. La seule différence est que cette fois-ci, la menace d’un anéantissement nucléaire vient s’y ajouter.
Tout cela pour quoi ? Pour faire avancer l’objectif de l’empire américain, à savoir la domination totale de la planète, un statu quo qu’il ne peut maintenir qu’en
brandissant les armes de l’Armageddon contre ses ennemis avec une hostilité croissante, année après année.
En ce qui concerne la guerre en Ukraine, il est certainement temps de repenser les choses, mais pas par les mêmes monstres qui nous ont entraînés dans cette horreur
au départ.
Caitlin
Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Serguey Karaganov : Comment prévenir une troisième guerre mondiale
Mi-juin j’ai publié un article intitulé «L’utilisation
des armes nucléaires peut sauver l’humanité d’une catastrophe mondiale» dans le magazine Profil.
Il a été publié presque simultanément en russe et en anglais sur le site Internet de la revue Russia
in Global Affairs.1.
Il a été largement réimprimé dans le monde entier, déclenchant un tsunami de réponses, d’objections et de débats, des dizaines de milliers de réactions. Les mots
de soutien ne manquaient pas non plus.
J’ai accueilli les critiques de certains de mes compatriotes avec sérénité et avec une bonne dose d’humour. Avec joie et intérêt, j’ai accueilli les retours de mes
adversaires. En tant que patriote de la Russie et citoyen responsable de l’humanité, ainsi qu’érudit international, j’ai ressenti un sentiment de satisfaction en
réalisant que j’accomplissais avec succès mon devoir moral et professionnel.
Toutefois, le travail ne fait que commencer.
Début de la discussion
L’un des objectifs intermédiaires de cet article – qui est de relancer le débat sur le rôle de la dissuasion nucléaire dans la prévention d’une guerre
thermonucléaire majeure, et d’une guerre majeure en général – a été partiellement atteint. La communauté stratégique professionnelle et le public réfléchi en
général ont commencé à s’éloigner du sommeil léthargique du «parasitisme
stratégique». Cette léthargie a été provoquée par trois quarts de siècle sans guerre majeure, qui a conduit – principalement en Occident, mais même ici en
Russie – à une habitude de paix, à l’assurance que tout restera tel quel et à un sentiment émoussé d’auto-préservation parmi une partie importante des élites
mondiales. S’opposer activement à la menace d’une guerre majeure, qui dégénérerait presque inévitablement en un Armageddon nucléaire, commence à paraître gênant et
dépassé.
J’évoquerai plus tard une autre raison justifiant le besoin urgent de renforcer la dissuasion nucléaire, à savoir le développement d’une nouvelle phase de la
course aux armements, potentiellement beaucoup plus coûteuse et dangereuse que celle que nous avons connue au cours des années de la précédente guerre
froide.
Je maintiens chaque mot écrit dans l’article de juin. Je renforcerai certains arguments et en introduirai de nouveaux que je n’ai pas évoqués la dernière fois en
faveur d’une politique d’intensification de la dissuasion/intimidation nucléaire et de dégrisement de l’adversaire. Mais d’abord, je répondrai aux
critiques.
Répondre à tous, notamment à certaines voix russes, serait déplacé. Ils ne méritent pas qu’on s’y attarde, en particulier au tollé insinuant que moi-même et ceux
qui sont d’accord avec moi appelions à l’utilisation des armes nucléaires.
La dissuasion, l’intimidation et la réflexion nucléaires actives que je propose visent précisément à empêcher un conflit thermonucléaire mondial, et de préférence
toute utilisation d’armes nucléaires.
Dans mon cœur, je comprends en partie les critiques émanant de ceux qui disent que cela ne peut pas exister, car c’est trop terrible à envisager. Mais mon esprit
le rejette. Les pacifistes, y compris les pacifistes nucléaires, ne peuvent vivre confortablement, s’asseoir et discuter dans les cafés que parce que les guerriers
se battent pour eux et meurent. Tout comme nos soldats et nos officiers le font actuellement sur les champs de bataille en Ukraine.
Je connais bien la théorie selon laquelle les armes nucléaires, si elles étaient utilisées, conduiraient inévitablement à une escalade mondiale et à la disparition
de la civilisation humaine. Une telle possibilité existe et ne doit en aucun cas être sous-estimée. Cependant, sans renforcer la dissuasion nucléaire et sans
restaurer la peur d’une guerre nucléaire, y compris une menace crédible d’un recours limité aux armes nucléaires, une guerre mondiale, compte tenu de la
trajectoire des évolutions mondiales, est pratiquement inévitable.
Pourtant, l’escalade automatique d’un usage limité d’armes nucléaires vers un conflit thermonucléaire mondial est un mythe. Cela contredit certainement les projets
réels d’utilisation des armes nucléaires, ainsi que les doctrines officielles. Dans le passé, ce mythe était très utile. Comme d’autres experts, j’ai consciemment
participé à sa création pendant la guerre froide. Gonfler ces idées visait à empêcher toute guerre majeure entre États nucléaires, même si cela semble contredire
la logique des doctrines actuelles sur l’utilisation des armes nucléaires. Mais cette fonction cruciale de la dissuasion nucléaire – empêcher toute guerre majeure,
notamment contre les grandes puissances nucléaires – n’a pas fonctionné. L’Occident en a effectivement déclenché une.
La réaction des fonctionnaires, des semi-officiels et des experts aux États-Unis a été presque effroyable. Ils ont continué à minimiser grossièrement la
probabilité que la Russie recoure à l’arme nucléaire. Ils n’arrêtent pas de dire : «Non,
ils ne les utiliseront pas». «Leur
[notre – SK] doctrine ne prévoit pas l’utilisation d’armes nucléaires, sauf en réponse à une attaque contre le territoire de la Fédération de Russie ou de ses
alliés ou lorsque l’existence même de l’État est menacée». Et une telle situation ne semble pas exister. Notre doctrine nucléaire frivole, quoique hélas pas
irresponsable, qui a été écrite à une époque différente en accord avec les théories stratégiques dominantes (venant généralement de l’Occident) et apparemment
motivée par un désir persistant du passé de plaire aux autres, est utilisée comme prétexte pour mener une guerre sans fin contre la Russie jusqu’au dernier
Ukrainien. Les déclarations du président, indiquant la possibilité d’utiliser des armes nucléaires, sont soit réduites au silence, soit ridiculisées et présentées
comme creuses. Il est absolument clair que des efforts sont en cours pour dénucléariser politiquement et psychologiquement la Russie et pour la priver
virtuellement de ses armes nucléaires, puisqu’ils n’y sont pas parvenus physiquement. Les Occidentaux tentent de faire en sorte que leur avantage économique latent
rapporte des dividendes politiques, d’épuiser la Russie et de provoquer une scission interne. Je ne prétends pas être au même niveau que le président, mais même
mon modeste article a été qualifié de propagande. Il ne l’est pas. Il est une invitation à la réflexion.
La minimisation de la menace d’une guerre nucléaire pour justifier des politiques imprudentes et imposer la défaite à la Russie a atteint des proportions absurdes.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken occupant la quatrième place dans la liste de succession présidentielle en cas de décès ou d’incapacité du président à
exercer ses fonctions déclarait le 30 juillet : «La
menace potentielle d’une guerre nucléaire n’est pas plus dangereuse que le problème existentiel du changement climatique et il n’y a pas de hiérarchie à cet
égard». J’étais abasourdi. Mais cela ne s’arrête pas là. S’exprimant au Vietnam le 10 septembre, le président Biden a déclaré : «La
seule menace existentielle à laquelle l’humanité est confrontée, encore plus effrayante qu’une guerre nucléaire, est un réchauffement climatique dépassant 1,5
degré dans les 20 à 10 années à venir… Il n’y a aucun moyen de revenir en arrière».2
En tant qu’habitant de la Terre je suis également préoccupé par le changement climatique. L’humanité devra péniblement s’y adapter. Mais quand ce changement est
considéré comme pire qu’une catastrophe nucléaire qui détruirait des centaines de millions de vies et porterait atteinte à l’habitat de toute notre espèce, vous
comprenez que nous avons affaire aux … dangereux. Je m’abstiendrai d’utiliser le terme le plus approprié. Après tout, nous parlons des dirigeants d’une grande
puissance nucléaire. La peur des armes nucléaires, ou d’une guerre nucléaire en général, doit être rétablie sans plus attendre.
De telles déclarations renforcent fortement mes arguments sur le besoin d’un réveil brutal des élites occidentales en rapide détérioration. Le «parasitisme
nucléaire» et le déclin du sentiment d’auto-préservation sont clairement visibles dans ce que font et disent les Occidentaux à propos de la centrale nucléaire
de Zaporijia. La junte de Kiev le bombarde et nous repoussons les attaques, mais nous ne voyons aucune protestation, sans parler de celles de masse. Ils espèrent
que si l’une de ces attaques réussit, de petites fuites et quelques victimes s’ensuivront, mais ils pourront à nouveau blâmer la Russie ; le monde ne s’effondrera
pas et ils pourront poursuivre leurs politiques insensées. Ils ne craignent plus les radiations, même si celles-ci constituent la conséquence la plus redoutée des
armes nucléaires dans la conscience publique.
Un sondage mené en mars par le Pew Research Center, jouissant d’une réputation solide, a montré que les Américains considéraient comme les principales menaces les
cyberattaques, les fausses nouvelles, la Chine et la Russie en général, les problèmes économiques mondiaux, les maladies infectieuses, le changement climatique et
seulement ensuite la guerre nucléaire.3
En minimisant la menace nucléaire, l’État profond américain se donne carte blanche pour mener une politique étrangère agressive et manifestement
imprudente.
L’objectif non dissimulé des Étatsuniens et des autres Occidentaux de nous arranger notre propre «guerre
du Vietnam» ou «l’Afghanistan
au carré» est compréhensible. Les Ukrainiens n’ont aucune valeur à leurs yeux et ils sont désireux de dégrader, ou mieux encore, de désintégrer la Russie pour
ensuite arrêter, voire inverser la marche victorieuse de la Chine. Ce qui reste flou, c’est la fureur de nos stratèges de salon qui insistent sur le fait que toute
menace d’utilisation d’armes nucléaires est inacceptable. Envisagent-ils de se battre «jusqu’au
dernier soldat russe», en éliminant sans cesse les meilleurs hommes, les plus courageux, les plus énergiques et les plus patriotes d’entre nous ?
J’admets que les fervents critiques de la dissuasion active ou de toute menace d’utilisation d’armes nucléaires contre des pays poursuivant des politiques hostiles
à l’égard de la Russie peuvent inclure des défaitistes qui n’ont pas encore fui la Russie mais qui détestent néanmoins le pays et son gouvernement. Cependant, je
refuse de comprendre la logique, ou l’absence de logique, chez d’autres collègues que je ne souhaite pas soupçonner de cette façon de penser.
Je comprends la volonté de nos dirigeants de ne pas trop alarmer l’opinion publique. Mais cette attitude détendue n’échappe pas à l’adversaire qui refuse de croire
nos déclarations selon lesquelles une guerre avec l’Occident en Ukraine est existentielle pour nous, ni notre détermination à gagner, y compris, dans le pire des
cas, en recourant aux mesures les plus sévères. En agissant ainsi, nous faisons involontairement le jeu de ceux qui espèrent infliger une défaite stratégique à la
Russie, sapant ainsi la crédibilité de la dissuasion nucléaire et, à terme, augmentant la probabilité de sombrer dans une Troisième Guerre mondiale à grande
échelle.
Il est nécessaire de faire comprendre à nos partenaires et, bien sûr, à nos adversaires, notre détermination à «répondre
au maximum» à la poursuite et à l’escalade de leurs actions agressives. (Pas un seul drone, malgré la diabolisation de la RPDC, n’a jamais frappé Pyongyang
car ses adversaires n’ont aucun doute sur sa détermination à répondre violemment, et pas nécessairement avec des armes nucléaires).
Course aux armements
L’une des fonctions les plus importantes de la dissuasion nucléaire est d’économiser des ressources sur des armes conventionnelles en masse, beaucoup plus
coûteuses. C’est exactement ce qu’ont fait les pays occidentaux lors de la précédente guerre froide, lorsque la menace, quoique bluffante (mais c’est une autre
question), d’utiliser l’arme nucléaire en cas de marche victorieuse des forces soviétiques vers la Manche leur a permis de sauver sur les forces conventionnelles.
Cela faisait partie intégrante de la politique militaire de l’OTAN. Les dirigeants et généraux soviétiques, influencés par le syndrome du 22 juin 1941, mais aussi
par l’absence de toute pression venant d’en bas pour réduire leurs dépenses extravagantes en armement, ne partageaient pas cette logique. Ils se sont engagés dans
une course aux armements nucléaires et conventionnels et ont maintenu une armée gigantesque. Comme nous le savons, l’Union soviétique possédait plus de chars en
service que le reste du monde réuni et plus de têtes nucléaires que les États-Unis. Cette course aux armements parallèle, couplée à l’érosion de l’idée alors
nationale d’internationalisme communiste et aux inefficacités de l’agriculture, a brisé le pays. Voulons-nous une répétition ?
Je suis conscient du fait que les généraux et maréchaux d’infanterie soviétiques, ainsi qu’un certain nombre de dirigeants de l’industrie de défense, détestaient
les armes nucléaires. Et pas seulement pour des raisons pacifistes. Cela rendait inutile le maintien d’une armée gigantesque et les commandes de quantités
astronomiques d’armes conventionnelles. Lors d’exercices simulant l’utilisation d’armes nucléaires, tous les plans militaires s’effondraient et les demandes de
nouvelles armes et d’allocations manquaient de crédibilité.
Avons-nous oublié cette leçon ? La reconstruction des forces conventionnelles, honteusement négligées depuis la fin des années 80, est nécessaire. De toute
évidence, tout en menant des opérations militaires visant à repousser l’Occident et à dénazifier et démilitariser l’Ukraine, nous devons continuer à développer
notre production militaire.
Il est également clair qu’il n’est pas possible, voire même pas nécessaire, de mettre fin rapidement à l’opération militaire spéciale. Il faut du temps pour
achever de nationaliser l’élite, la débarrasser ainsi que les esprits des compradores occidentalo-centrés et occidentalisants de leur façon particulière de penser,
et restructurer l’économie et le pays pour un développement réussi au milieu du tremblement de terre géopolitique et géo-économique qui en résultera, qui égalera
probablement une ou deux décennies.
La poursuite de l’opération militaire est également nécessaire pour tenter de forcer l’Occident à reprendre ses esprits, à reculer et à retirer son soutien à la
junte de Kiev, à accepter l’action de dénazifier et de démilitariser complètement l’entité étatique qui pourrait rester à l’intérieur des frontières ukrainiennes.
Si l’Occident refuse, il nous faudra du temps pour convaincre notre société et nos partenaires internationaux de l’absence d’alternative à la dissuasion nucléaire
active, voire à son recours.
Ce temps doit également être mis à profit pour convaincre tout le monde de la vérité qui est évidente pour moi : L’absence d’alternative au recours croissant à la
dissuasion active pour éviter de sombrer dans une troisième guerre mondiale et pour enfin libérer les pays et les peuples des restes du «joug
occidental».
Même une défaite partielle ou un simple échec de la Russie contribuera à intensifier la position agressive de l’Occident. Nous devons rappeler comment il s’est
déchaîné et a lancé une série d’actes d’agression après que la fonction de retenue de la dissuasion de l’Union soviétique/Russie ait échoué.
L’opération militaire spéciale a lancé le processus de transformation de la société en nation, de développement de sa nouvelle/ancienne identité et de renforcement
des valeurs traditionnelles telles que le collectivisme ou l’unité nationale. Cela a également renforcé des caractéristiques merveilleuses de notre peuple telles
que l’internationalisme, l’absence de racisme et l’ouverture culturelle. Les gens voient de première main comment des ressortissants russes de différentes origines
ethniques – Russes russes, Tatars russes, Bouriates russes, Daghestanais russes, Tchétchènes russes, Yakoutes russes, etc. – se battent ensemble. Cela crée les
bases du renouvellement des élites stagnantes avec de nouvelles élites qui ont prouvé leur dévouement à la Patrie, à savoir des guerriers et des volontaires civils
qui aident le front.
Nous terminons notre voyage de plus de 300 ans vers l’Occident, qui a apporté de nombreux avantages mais qui a depuis longtemps perdu son utilité et est même
devenu préjudiciable, compte tenu de la tendance à la décadence morale et à la stagnation économique en Occident. Le développement accéléré de l’industrie de
défense a amorcé une nouvelle phase de renouvellement technologique. C’est la seule voie à suivre pour notre pays, historiquement construit autour de la défense.
L’expérience occidentale, où une part importante des innovations provient du secteur civil, ne peut pas être reproduite en Russie.
Le retour tant attendu à une véritable méritocratie en tant que priorité nationale a commencé. Ce concept a été mis de côté, voire détruit, par l’échec des
politiques et des philosophies qui sous-tendaient les réformes lancées à la fin des années 1980, lorsqu’il était ouvertement affirmé que «l’argent
vainquait le mal». Cette méritocratie inclut les ingénieurs, les militaires, les scientifiques (en particulier les spécialistes des sciences naturelles), les
éducateurs, les travailleurs qualifiés, les médecins et les philanthropes d’affaires qui voient les affaires non seulement comme une voie vers l’enrichissement
personnel, mais aussi comme un service rendu à la société et au pays.
Le processus de formation d’un nouveau type de responsables gouvernementaux a commencé, où le service proactif à la cause, au pays et à la plus haute autorité est
primordial, et la richesse individuelle est secondaire. Ceci est renforcé par la lutte intensifiée contre la corruption, qui est particulièrement inacceptable en
temps de guerre. Espérons que cela mènera également à une bataille contre la philosophie du consumérisme, en particulier contre la surconsommation flagrante.
Exiger des responsables gouvernementaux qu’ils n’utilisent que des voitures de fabrication russe est une décision attendue depuis longtemps, mais mieux vaut tard
que jamais.
Les Occidentaux et les experts qui adoptent leur point de vue, ainsi que tous ceux qui vivent encore au siècle dernier, ont tendance à se concentrer presque
exclusivement sur la composante nucléaire lorsqu’il s’agit de course aux armements. Cependant, d’un point de vue sociétal, en termes de préservation des
populations, de stabilité et de développement sociétal, une course aux armes non nucléaires pourrait s’avérer bien plus dangereuse. Une telle course se déroule
dans le monde entier. À moyen terme, des conflits armés prolongés et une course aux armements conventionnels pourraient être moins avantageux pour un pays au
potentiel économique et démographique relativement limité. Même si le temps joue actuellement en notre faveur, les États-Unis et leurs alliés disposent
d’importantes réserves pour accroître leur production de défense. Si un conflit sans fin s’ensuit, le temps commencera à jouer contre nous.
En outre, il est essentiel de conserver nos meilleurs hommes, ceux qui se battent et sacrifient leurs vies pour la Patrie. Sinon, il n’y aura personne pour
reconstituer la classe dirigeante et la force génétique de la nation s’affaiblira. Ceci est particulièrement important compte tenu des souffrances endurées par la
Russie au cours du XXe siècle.
Supposer que l’Occident, compte tenu de sa crise profonde à plusieurs niveaux et de son système politique démocratique relativement plus vulnérable, sera le
premier à faiblir dans une course aux armements n’est pas une bonne stratégie.
De plus, à long terme, une course aux armements conventionnels pourrait s’avérer plus favorable aux pays dotés d’un potentiel économique et démographique supérieur
au nôtre. Cela renforce l’argument en faveur du renforcement du rôle de la dissuasion nucléaire dans la stratégie nationale et dans les relations internationales
en général. De plus, une telle course détournerait non seulement notre pays mais l’humanité toute entière de la résolution des problèmes mondiaux tels que le
changement climatique, les pénuries alimentaires et énergétiques et les inévitables nouvelles épidémies.
Pour rappel, rendre la victoire impossible dans une guerre conventionnelle et, par conséquent, bloquer une course aux armements non nucléaires figurait parmi les
fonctions les plus critiques de la dissuasion nucléaire.
Dans le cas où les actions militaires se prolongent, même si nous remportons la victoire en Ukraine et restituons les territoires traditionnellement russes,
achevons la dénazification et la démilitarisation des territoires ukrainiens restants et faisons en sorte que l’Occident se retire et cesse d’inciter à la guerre,
cette victoire, comme je l’ai mentionné dans mon article précédent, pourrait s’avérer être à la Pyrrhus. Nous serions épuisés, affaiblis et incapables de défendre
avec succès nos positions et nos intérêts à l’avenir, du moins dans un monde hautement compétitif. En outre, nous serions chargés de la tâche de restaurer non
seulement les territoires traditionnellement russes mais aussi, au moins partiellement, les territoires démilitarisés et dénazifiés. Cela continuerait à nous
détourner des régions les plus prometteuses de notre pays, comme l’Oural et la Sibérie, et à concentrer notre attention sur les régions occidentales sans
avenir.
Nous avons gagné la dernière Grande Guerre patriotique au prix d’un coût et d’efforts énormes, mais nous n’avons pas pu capitaliser pleinement cette victoire et
avons largement perdu la paix. Il est désormais essentiel de gagner à la fois la guerre et la paix.
Menaces principales
Pointons maintenant notre attention vers le défi principal. La crise qui entoure l’Ukraine est le symptôme d’une maladie bien plus dangereuse qui frappe le système
mondial. Depuis de nombreuses années déjà, j’écris sur la menace croissante de la troisième – et peut-être la dernière pour la civilisation humaine – guerre
mondiale. La menace s’accroît même sans la crise ukrainienne, qui l’a aggravée et rapprochée.
Les principales sources de cette menace résident dans la crise morale, politique, intellectuelle, sociale et économique à plusieurs niveaux qui frappe la majeure
partie de l’Occident collectif, qui a imposé ses intérêts et ses règles au monde au cours des cinq derniers siècles.
Un réalignement massif de la puissance mondiale, d’une intensité et d’une rapidité sans précédent, est en cours. L’Occident est engagé dans une bataille finale
désespérée pour préserver sa domination qui lui a permis d’exploiter le reste de l’humanité et de supprimer d’autres civilisations.
Un changement sismique est en train de se produire dans la géopolitique, la géostratégie et la géoéconomie mondiales, et il prend de l’ampleur. De nouveaux
continents se lèvent et les problèmes mondiaux s’aggravent.
Les troubles continueront pendant longtemps, si et quand il sera possible d’arrêter la résistance agressive de l’Occident et de lui faire commencer à s’attaquer à
ses problèmes intérieurs sans recourir à l’agression extérieure pour faire diversion.
L’émergence de nouvelles sources de frictions et de conflits est inévitable. Nous devons d’ores et déjà ériger une barrière psychologo-politique pour empêcher
qu’ils ne dégénèrent en conflits militaires, et rétablir la peur d’une guerre nucléaire qui a sauvé le monde pendant la guerre froide. La
structure de rivalité dans un monde multipolaire, qui sera également un monde nucléaire multipolaire, sera bien plus complexe. Nous devons intégrer des mécanismes
de sécurité dans ces systèmes, le principal étant la peur d’un Armageddon nucléaire, qui peut dissuader et civiliser les élites.
Sans le vouloir, nous laissons la situation mondiale se détériorer dans la pire direction possible. En Ukraine, nous avons finalement tenu tête aux États-Unis et à
l’Occident, mais nous leur avons jusqu’à présent laissé prendre l’initiative en matière d’escalade. Ils élargissent et approfondissent continuellement leur
agression en fournissant des armes de plus en plus meurtrières et à portée de plus en plus longue. Nous leur permettons de se convaincre que l’escalade peut rester
impunie. Ce sont eux les agresseurs, mais sans leur imposer de limites fermes, nous les laissons faire.
Pendant un quart de siècle, soit par impuissance, soit par espoir illusoire de parvenir à un accord, nous n’avons pas fixé de limites fermes à l’expansion de
l’OTAN, ce qui a inévitablement conduit à la guerre. Je le répétais durant toutes ces années. Je ne veux pas voir mes prédictions se réaliser cette fois-ci.
La situation est encore aggravée par la dégradation évidente des élites occidentales. Même Henry Kissinger, incarnation vivante de cette élite et patriote
américain, a reconnu cette dégradation et a tiré la sonnette d’alarme dans son dernier ouvrage «Sur
le leadership».4
Je l’ai dit dans mon article précédent et je le répète : La situation ne fera qu’empirer dans un avenir prévisible. Chaque nouvel appel des dirigeants occidentaux
est plus insensé, imprudent et idéologiquement chargé que le précédent, ce qui le rend plus dangereux pour le monde. Ils alimentent consciemment la désintégration
de leurs sociétés en promouvant des valeurs anti-humaines. Toute reprise, si elle se produit, sera probablement au-delà de l’horizon et ne se concrétisera
probablement qu’après une catharsis.
Je ne vois aucune possibilité d’éveiller un sentiment d’auto-préservation en Occident et au sein des élites mondiales autrement que par une escalade de la menace
nucléaire, sans avoir, espérons-le, à aller jusqu’au bout dans la réalité. Cependant, l’adversaire doit être conscient de l’engagement indéfectible de nos
dirigeants et de notre société à prendre cette mesure en cas d’absolue nécessité. Nous devons restaurer la croyance en l’enfer pour ceux qui l’ont perdue. Le
réveil des élites et des sociétés occidentales de leur état actuel profiterait à la majorité de ses citoyens qui sont abrutis, corrompus et finalement poussés au
massacre par les élites mondialistes transnationales affolées par leurs échecs.
J’ai déjà mentionné que, politiquement, l’Occident évolue progressivement vers une nouvelle forme de fascisme et peut-être même vers
une forme «libérale»
de totalitarisme. Soit dit en passant, l’Occident a été la source de deux idéologies totalitaires : Le nazisme allemand, brutalement inhumain, et le
communisme plus humain qui proclamait l’égalité pour tous mais qui a coûté cher à notre nation et à plusieurs autres. Tous les rêves européens (occidentaux) sont
des utopies, et ces sociétés idéales étaient, en fait, de nature totalitaire.5
Objectivement, la crise systémique apparue en 2008 pousse le monde vers une grande guerre. Elle afflige le capitalisme mondialiste moderne, dépourvu de fondements
moraux et fondé sur une croissance incessante de la consommation qui détruit la planète. L’épuisement de nombreuses ressources qui en résulte, la pollution de
l’environnement, le changement climatique, l’inégalité sociale croissante et l’érosion de la classe moyenne, ainsi que le dysfonctionnement croissant des systèmes
politiques dans les pays développés sont largement discutés, mais très peu de choses sont faites ou peuvent être faites, car elles sont confinées par les dogmes du
libéralisme démocratique et du mondialisme. Les tensions montent sous nos yeux. Il devient de plus en plus difficile de détourner l’attention des défis insolubles
en utilisant une pandémie de COVID ou en semant l’hostilité envers les étrangers (en accusant de tout les Russes «autoritaires»
ou les Chinois «totalitaires»), ou en alimentant des conflits essentiellement régionaux (Ukraine). Les abcès arrivent à leur paroxysme.
Le danger d’une guerre majeure est exacerbé par le développement de technologies militaires et de systèmes plus meurtriers, de plus en plus contrôlés par
l’intelligence artificielle. C’est une bonne chose que nous ayons progressé dans la technologie hypersonique et nous devons continuer à travailler. Mais bientôt,
d’autres rattraperont leur retard et de nombreux pays, y compris les pays nucléaires, auront la capacité de lancer des frappes quasi instantanées. La nervosité, la
probabilité d’erreurs et la suspicion vont s’intensifier.
Une nouvelle révolution dans le domaine militaire a commencé. Il suffit de regarder la production de masse de drones relativement bon marché. Il y a à peine cinq
ans, en 2018, une attaque de drone contre des installations pétrolières en Arabie saoudite paraissait exotique. Maintenant, c’est monnaie courante. Par ailleurs,
les drones sont presque parfaitement adaptés aux attaques terroristes, même celles impliquant des armes de destruction massive qui, dans un contexte de méfiance
généralisée, voire de haine, pourraient facilement déclencher une grande guerre.
La diabolisation mutuelle – que nous utilisons comme réponse du tac au tac – abaisse les barrières morales qui entravent le recours à la force. Aujourd’hui encore,
pour combattre les Russes détestés, des centaines de milliers d’Ukrainiens sont envoyés dans leurs cimetières. De toute évidence, beaucoup d’autres meurent à cause
de l’effondrement des infrastructures et des soins de santé. Ces victimes sont soit complètement oubliées, soit délibérément minimisées. De toute évidence,
l’attitude envers les Russes diabolisés est encore pire. La russophobie a atteint des proportions presque sans précédent, peut-être comparables à la façon dont les
nazis considéraient les Slaves et les juifs. En effet, ce que nous ressentons aujourd’hui non seulement envers les dirigeants mais aussi envers les habitants des
pays occidentaux est, à tout le moins, du mépris.
Une atmosphère d’avant-guerre se forme rapidement, tant moralement que psychologiquement. Nous ne voyons plus de gens normaux. Ou bien nous voyons ceux qui ont été
trompés. Mais ils ne nous considèrent certainement pas comme normaux.
Les technologies de l’information modernes et Internet ont conduit non pas tant à l’essor de l’éducation de masse, comme on l’espérait, qu’à une multiplication des
possibilités de manipulation et, selon toute vraisemblance, à une dégradation intellectuelle généralisée. Cela est particulièrement vrai pour des élites publiques,
que l’on peut observer.
Le résultat global est un niveau de méfiance et de suspicion presque sans précédent parmi les grandes puissances qui sont récemment devenues des rivales déclarées.
Cela se produit dans le contexte d’un système de dialogue brisé et de l’effondrement du système de contrôle des armements, qui, même s’il n’a pas toujours été
utile et parfois même nuisible dans le passé, a au moins fourni des canaux de communication entre les principales puissances militaires.
Je le répète, l’évolution la plus évidente est la redistribution rapide et sans précédent du pouvoir mondial de l’Occident vers la Majorité mondiale, la Russie
ayant été désignée par l’Histoire comme son noyau militaire et politique.
L’humanité est confrontée à un défi existentiel : Empêcher la catastrophe inexorable de la Troisième Guerre mondiale au cours des dix prochaines années, en forçant
l’Occident, en premier lieu les États-Unis, à prendre du recul et à s’adapter à la nouvelle réalité. Pour y parvenir, nous devons contraindre leur État profond à
rafraîchir, autant que possible, les élites dirigeantes, dont l’élan idéologique, l’irresponsabilité, l’attachement à une ère de démocratie mondialiste-libérale
est objectivement en voie de disparition et, surtout, , dont la faible qualité ne répond pas aux défis auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée. La chute de
l’Occident pourrait entraîner tout le monde dans sa chute, y compris son État profond.
La grande Chine naissante ne semble pas encore prête à relever ce défi. Ils ont relativement peu d’expérience en diplomatie mondiale, y compris en diplomatie de
puissance militaire. Alors on se demande : «Qui,
sinon nous» ?
Il semble que prévenir un désastre mondial et libérer les pays et les peuples de l’hégémonie et des hégémons, défendre la souveraineté de l’État et l’être humain
et divin en chaque personne est la mission de notre peuple multiethnique dans l’histoire du monde moderne. C’est la composante externe de notre programme culturel
national et étatique, l’«idée-rêve
russe» que nous cherchons encore ou que nous craignons de formuler pour nous-mêmes et pour le monde.
Si nous parvenons à éviter un désastre mondial, dans deux décennies le monde établira un nouvel équilibre des pouvoirs et un système international beaucoup plus
juste, multicolore et multiculturel. Dans le cas contraire, nous pourrions non seulement sombrer dans l’épuisement à cause de la confrontation avec l’Occident sur
les champs de bataille d’Ukraine, mais aussi nous retrouver, ainsi que tous les autres, dans une guerre mondiale.
Cependant, même dans un monde potentiellement plus juste, il sera nécessaire de renforcer le «dispositif
protecteur», le recours à la dissuasion nucléaire. De nouveaux géants entreront en scène, et ils se lanceront inévitablement dans une compétition.
L’intensification du facteur nucléaire et la terreur qu’il suscite sont nécessaires pour éviter que l’inévitable rivalité ne dégénère en hostilités. Par
conséquent, si des armes nucléaires devaient être utilisées (à Dieu ne plaise), la frappe devrait être d’une proportion suffisamment importante. C’est pourquoi
j’ai évoqué «l’usage
massif» dans mon précédent article.
Si les armes nucléaires étaient utilisées à petite échelle, avec une puissance de quelques kilotonnes, elles pourraient potentiellement nous faire gagner une
guerre, mais détruiraient l’horreur qui a préservé une paix relative pendant trois quarts de siècle. Les armes nucléaires deviendraient «utilisables».
Je suis conscient que je partage la crainte de certains collègues occidentaux de voir les échanges nucléaires entre l’Inde et le Pakistan limités dans ce contexte.
Le monde ne s’effondrerait pas, mais la peur sacro-sainte des armes nucléaires disparaîtrait. La peur serait rétablie si elle était utilisée en Europe, car elle
joue toujours un rôle clé dans l’agenda médiatique mondial. Mais, je le répète, Dieu nous préserve que cela se produise.
Étapes pratiques à considérer
Je ne vois pas d’autre moyen d’empêcher une guerre mondiale et, avant cela, une opération militaire devenant épuisante et coûteuse en Ukraine, si ce n’est en
s’appuyant davantage sur le confinement, la dissuasion et le réveil nucléaires. Cela peut inclure non seulement des menaces de représailles contre les territoires
des alliés des États-Unis, mais aussi, si nécessaire, contre les bases américaines (nous n’avons quasiment aucune base à l’étranger). Les faucons de Washington et
la société américaine doivent comprendre que les représailles pour leur politique imprudente et agressive sont inévitables. Pour y parvenir, il est nécessaire,
premièrement, d’abaisser rapidement le seuil d’utilisation des armes nucléaires dans notre doctrine, qui a été allègrement, voire irresponsablement relevé, et
deuxièmement, de gravir, prudemment mais résolument, l’échelle de la dissuasion-escalade, en convainquant à la fois nous-mêmes et l’adversaire de notre volonté –
si cela ne fonctionne pas et si l’Occident ne recule pas ou ne révise pas sa politique – de recourir à l’utilisation de quelques armes nucléaires contre plusieurs
pays d’Europe qui sont les plus agressivement impliqués dans le soutien de la junte de Kiev. Je le répète, il s’agit d’un choix moral terrible, et je prie Dieu
pour que nous n’ayons pas à le faire. Mais l’alternative est désespérément pire.
Une avancée appropriée, bien que tardive, dans cette direction serait de révéler enfin l’OTAN telle qu’elle est réellement. Née pour réprimer les dissidents –
alors communistes, la seule force qui a riposté en Europe après sa capitulation face à Hitler et qui avait de grandes chances d’accéder au pouvoir dans certains
pays grâce à l’autorité qu’elle avait acquise – l’OTAN est devenue une alliance militaire, grâce à Kim Ir-Sung, qui a déclenché la guerre de Corée, et Joseph
Staline, qui a approuvé cette décision. Avant cela, l’OTAN n’avait ni commandement militaire, ni doctrine, ni forces armées. Jusqu’en 1999, il s’agissait encore
d’une alliance défensive qui prospérait en semant l’inimitié. Dans les années 1990, il sentait qu’il pouvait tout faire et s’est détraqué, commettant le viol
collectif militaire et politique de ce qui restait de la Yougoslavie. En absorbant les Européens de l’Est avec leurs complexes d’infériorité historiques, elle est
devenue encore plus belliqueuse. En 2002, la grande majorité de ses membres ont commis un acte d’agression non provoqué contre l’Irak, tuant près d’un million de
personnes et semant le chaos dans une vaste région. En 2011, il y a eu l’agression contre la Libye, qui a détruit ce pays et porté atteinte à la stabilité du
Sahel. Ensuite, le bloc a utilisé sa chair à canon ukrainienne pour mener une guerre contre la Russie. Pour une raison quelconque, nous ne mentionnons jamais que
l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord est un bluff et ne prévoit aucune garantie automatique. En étudiant les documents, j’ai été étonné de lire comment les
sénateurs américains de la fin des années 1940 ont insisté, avec succès, sur le fait qu’il n’y avait pas de garanties automatiques. En rejoignant l’OTAN, ses pays
membres ont rejoint une organisation criminelle qui a commis une série d’agressions, la rendant moralement illégitime, et sont également devenus des cibles
privilégiées d’une frappe nucléaire. Si nous avions commencé à en parler plus tôt, les cercles dirigeants de Finlande ou de Suède auraient réfléchi à deux fois
avant de franchir une étape potentiellement suicidaire. Le renforcement du recours aux armes nucléaires devrait renforcer la fonction défaillante de la dissuasion
et contribuer à éliminer les aventuriers écervelés des cercles décisionnels des pays nucléaires.
Grimper sur l’échelle de la dissuasion et de l’escalade déclenchera un tollé de propagande. On l’entend déjà haut et fort. Mais ce mouvement va modifier
l’équilibre des pouvoirs, y compris pour d’éventuelles négociations.
Les Occidentaux vont bientôt proposer et même essayer d’imposer un cessez-le-feu pour gagner du temps et fournir une couverture politique au réarmement des
fantoches de Kiev, en augmentant la production de défense et en continuant à épuiser la Russie. Des négociations devront probablement avoir lieu. Je ne suis pas
sûr de nos capacités militaires et économiques réelles, mais je peux supposer qu’il faudra peut-être également conclure des cessez-le-feu. Dans le même temps, il
est clair que cette guerre, comme la guerre mondiale imminente, ne peut être stoppée ou évitée qu’en imposant un retrait stratégique à l’Occident. Cela devrait
être aussi digne que possible. Une retraite humiliante peut engendrer du revanchisme.
Ils proposeront des pourparlers pour discuter des limitations des armements comme couverture de leurs politiques et comme moyen de légitimer les programmes de
réarmement. Une claque internationale de défenseurs professionnels du désarmement, nostalgiques du travail important qu’ils ont accompli pendant la guerre froide,
sera favorable à ces pourparlers. Les négociations ont été d’une utilité, au mieux, limitée dans le passé, et elles sont désormais totalement dénuées de sens,
voire nuisibles, si nous visons à obtenir des résultats concrets. L’arsenal d’armes existant et futur exclut essentiellement la possibilité de parvenir à des
accords significatifs : on ne sait pas exactement quoi échanger contre quoi. Et la guerre de l’information qui les entoure, dans un contexte de domination
médiatique occidentale dans ce domaine, pourrait légitimer les programmes occidentaux de réarmement ou nous dénigrer. Cependant, à moyen terme et dans le cadre des
efforts visant à parvenir à un nouvel équilibre, si l’Occident comprend le caractère suicidaire de sa politique actuelle (qui conduit soit à une défaite humiliante
sur le champ de bataille pour lui et ses marionnettes, soit, à Dieu ne plaise, à une frappe nucléaire et à la destruction de l’Europe) et commence à développer un
nouveau modus operandi, les pourparlers sur le «désarmement» peuvent être utiles pour échanger des informations et reconstruire l’habitude perdue du dialogue et de
la coopération.
Pour l’instant, d’ici un an ou deux, nous devrions nous concentrer sur une stratégie offensive en Ukraine (aucune guerre n’a jamais été gagnée par des opérations
défensives), un travail acharné à l’intérieur du pays pour renouveler et moderniser la mentalité des élites, un reformatage accéléré de l’économie, en nous
imposant des valeurs nouvelles/anciennes, en déplaçant le centre de croissance vers l’Oural et la Sibérie, en renforçant le pays et en transformant la société en
une nation. Comme je l’ai mentionné plus tôt, l’opération militaire spéciale contribue à tout cela. Mais nous ne pouvons pas permettre une guerre interminable et
épuisante, avec des pertes importantes de notre côté, ou une fatigue de guerre.
Notre travail interne devrait également contribuer à renforcer la dissuasion et à prévenir une catastrophe mondiale. La population doit être consciente des
véritables défis et être prête à soutenir le gouvernement s’il est contraint de prendre des mesures extrêmes. À elle seule, cette préparation renforcera la
crédibilité de la dissuasion nucléaire et constituera un puissant facteur de prévention d’une guerre nucléaire et, plus important encore, d’une guerre
mondiale.
Je ne m’étendrai pas trop sur la description de l’échelle de dissuasion et d’escalade. C’est un sujet délicat. J’ai déjà suggéré quelques mesures allant dans ce
sens. Une autre étape largement évoquée dans la presse et dans les coulisses consiste à réaliser une démonstration d’explosion nucléaire. Avant cela, nous nous
retirerions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) que les États-Unis n’ont pas ratifié. Je ne suis pas sûr de la sagesse de la récente
déclaration de notre ministère des Affaires étrangères selon laquelle nous nous abstiendrons de reprendre les tests si les États-Unis faisaient de même. Cela
suggère une rechute dans une posture défensive qui n’a servi à rien et qui nous liait les mains. Mais ce qui compte le plus, ce sont les efforts correspondants,
qui ne sont pas discutés mais qui constituent généralement les mesures concrètes les plus convaincantes dans le domaine militaro-technique. Compte tenu de la
qualité épouvantablement basse de la direction américaine, nous devons activer les systèmes d’alerte précoce et augmenter visiblement le niveau de préparation de
nos forces de dissuasion stratégique.
Discuter de scénarios spécifiques d’utilisation d’armes nucléaires est clairement au-dessus de mon salaire, puisque je ne connais même pas nos capacités ni celles
de nos adversaires, y compris potentielles. Cependant, la voie à suivre est claire. Si le soutien militaire massif à Kiev se poursuit, après les signaux d’alarme,
il y aura une réponse du tac au tac impliquant l’utilisation préventive et devançante d’armes nucléaires contre des cibles dans plusieurs pays européens. Bien
entendu, parallèlement à ces menaces, nous devrions également proposer une issue sans honte ni escalade. Nous devons faire tout ce qui est possible et raisonnable
pour ne pas utiliser «l’arme
de Dieu», même contre ceux qui méprisent si effrontément les Dix Commandements, la moralité humaine ordinaire et le bon sens. Espérons qu’Il leur rendra la
raison. Mais comme on dit : «faites
confiance à Dieu, mais gardez votre poudre sèche». Nous sommes confrontés à un défi inhabituel. Devons-nous continuer à laisser les armes nucléaires hors de
la table, mais plutôt échanger des coups de feu et des protestations ? Bien entendu, il ne faut pas réagir de manière impulsive.
Un seuil nucléaire élevé ouvre la voie à l’utilisation de cyberarmes, ainsi que de nouveaux types d’armes biologiques et génétiques, dont la livraison est devenue
plus abordable et plus accessible. Comme nous le savons désormais, après que des dizaines de laboratoires biologiques américains ont été dévoilés, les États-Unis
se préparent clairement à de telles guerres. L’adversaire doit savoir que ses actions agressives se traduiront par une frappe dévastatrice, voire
disproportionnée.
En termes théoriques, cela s’appelle une ambiguïté stratégique positive, qui renforce la dissuasion et contribue à prévenir non seulement la guerre nucléaire mais
la guerre en général.
En élevant à un niveau inacceptable le seuil d’utilisation des armes nucléaires, nous avons non seulement ouvert la voie à de vastes guerres non nucléaires et à
davantage de morts massives, mais nous avons également partiellement annulé notre immense investissement dans notre capacité nucléaire. En avons-nous vraiment
besoin uniquement pour empêcher une improbable frappe nucléaire massive sur notre territoire ? Ne commettons-nous pas un grave péché contre les générations
précédentes de nos compatriotes qui ont vécu dans la pauvreté et la famine et sont morts des suites des radiations dans les usines d’enrichissement d’uranium afin
de créer un bouclier nucléaire pour la Patrie ? Mais un tel bouclier n’a aucun sens si nous ne disposons pas de l’épée et si nous ne sommes pas prêts à l’utiliser
pour sauver notre peuple et l’humanité d’une calamité mondiale.
Face à l’émergence d’une concurrence féroce entre les grandes puissances et à l’estompage des frontières – des deux côtés – entre les armes conventionnelles et les
armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, l’objectif premier ne sera pas seulement d’empêcher une guerre nucléaire mais la guerre en
général, en particulier entre les grandes puissances nucléaires, dont le nombre continuera de croître au fil du temps.6
Si, comme le bluffent certains experts occidentaux de haut rang (et leurs arguments sont repris par nos experts), les États-Unis et l’Occident attaquent les forces
armées russes avec des moyens non nucléaires «en
représailles» à notre utilisation préventive de l’arme nucléaire, l’adversaire doit être averti en privé par les canaux militaro-techniques correspondants et
publiquement qu’une deuxième vague de frappes nucléaires contre les pays européens suivra. Si, comme le pensent certains de nos experts, les Américains peuvent
oublier et sacrifier leurs alliés et poursuivre leur agression, alors Washington doit être averti que des frappes nucléaires s’ensuivront contre les bases
américaines en Europe, entraînant la mort de dizaines de milliers de militaires américains. Les Américains, qui ont déployé leurs bases dans le monde entier, sont
deux fois plus vulnérables que nous à cet égard. Et ils doivent comprendre que nous en sommes conscients. De telles frappes devraient, officiellement ou
officieusement, faire partie de notre doctrine de réveil de la dissuasion nucléaire pour faire face à des ennemis qui perdent la tête. Laissons les élites
européennes qui ont entraîné leurs pays dans l’OTAN et permis qu’elle se dégrade jusqu’à devenir un agresseur pur et simple, répondre à leurs peuples. Espérons que
ce dernier se réveille.
Si des frappes, n’importe lesquelles, sont assenées sur notre territoire ou sur le territoire de la République de Biélorussie, les Américains et leurs alliés
doivent être conscients du fait que, bien entendu, des frappes de représailles limitées suivront sur le territoire des États-Unis et des pays qui ont osé attaquer.
Mais, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, y compris dans l’article précédent, seul un fou assis à la Maison-Blanche qui déteste son propre pays, ainsi qu’un
militaire prêt à exécuter un tel ordre (ce qui signifie qu’ils détestent aussi leur patrie), risquerait de condamner des Philadelphie, des Boston ou des Los
Angeles au feu nucléaire pour confirmer le bluff des «garanties
de sécurité» pour des Poznan, des Klaipeda, des Francfort ou des Bucarest. J’espère qu’il n’y a toujours pas de fous à Paris et à Londres. Mais que veulent
dire leurs experts lorsqu’ils menacent d’une frappe massive sur les forces armées russes ?
Cependant, compte tenu de la trajectoire d’évolution des élites occidentales, nous pourrions éventuellement voir de tels fous aux commandes. Cette trajectoire doit
être stoppée rapidement avant qu’il ne soit trop tard et que l’humanité ne sombre dans une Troisième Guerre mondiale.
Monter l’échelle d’escalade pour arrêter un incendie sur le point de se déclarer et éviter qu’il ne se transforme en catastrophe mondiale peut être comparé à la
création de coupe-feu, et s’ils ne parviennent pas à arrêter le feu, il peut être nécessaire d’allumer un contre-feu. Cette métaphore est particulièrement
appropriée à l’heure où les incendies de forêt font rage partout sur la planète, en partie à cause des dégâts causés par un capitalisme moderne irresponsable et
bestial, basé sur la croissance illimitée de la consommation.
Naturellement, parallèlement à l’augmentation de la crédibilité de la dissuasion nucléaire et à des mesures strictes visant à renforcer la sécurité, une
alternative pacifique devrait être proposée. Proposer aux États-Unis une solution digne à la question ukrainienne. Toutefois, cette solution doit pleinement
correspondre à nos intérêts. Il ne devrait plus y avoir d’entités étatiques hostiles à l’intérieur des frontières de l’Ukraine actuelle. Sinon, des rechutes des
hostilités surgiront inévitablement et une question controversée se posera : pour quoi avons-nous combattu et pour quoi nos camarades sont-ils morts ?
Nous devons enfin présenter et promouvoir l’idée-rêve russe attrayante pour nous-mêmes et pour le monde et déployer de réels efforts pour construire une Grande
Eurasie, qui aura une place pour de nombreux pays européens si et quand ils se réveilleront de l’utopie ou de la dystopie «libérale-démocrate»
mondialiste qui les a conduits dans une impasse. L’expansion des BRICS+ devrait devenir la base de la modernisation des Nations unies. Nous n’avons pas encore
lancé le projet de plus en plus urgent de développer une alternative au capitalisme occidental mondialiste moderne, dépourvu de fondements moraux et basé sur le
culte de la consommation sans limites, qui détruit l’humanité et la nature. Il existe de nombreuses tâches pacifiques urgentes et édifiantes. Nous devons commencer
à réfléchir ensemble aux moyens de parvenir à un nouvel équilibre stable des pouvoirs et à un futur ordre international libre, multicolore et multiculturel pour
chaque pays et chaque peuple. Mais il y a une tâche encore plus urgente qui consiste à utiliser des mesures sévères, y compris les mesures proposées et
sous-entendues dans cet article et les précédents, pour garantir que cet avenir se réalise et que le monde ne sombre pas dans une guerre totale.
Dans un pas ou deux, s’ils reprennent leurs esprits, nous serons en mesure de parler d’un ordre international mutuellement bénéfique qui inclut l’Occident et ne
soit pas dirigé contre lui. En attendant, je prie pour que nos adversaires reprennent raison et que nous, avec les pays et les peuples de la Majorité mondiale,
arrêtions le glissement vers la Troisième Guerre mondiale.
Voir l’article et les publications connexes sur mon site Web : www.karaganov.ru. (SIC) Je suis reconnaissant envers mes collègues qui ont participé aux discussions sur les premières versions de cet
article et m’ont aidé de nombreuses manières à le clarifier et renforcer
«La seule menace existentielle à laquelle l’humanité est confrontée, plus effrayante encore qu’une guerre nucléaire, est un réchauffement planétaire
supérieur à 1,5 degré au cours des 20 à 10 prochaines années… Il n’y a pas de retour possible». («Remarques du président Biden lors d’une conférence de
presse», Maison-Blanche, 10 septembre 2023, https://www.whitehouse.gov/briefing-roo
… ference-2/)
Kissinger H. «Leadership : Six Studies in World Strategy». United Kingdom : Penguin Books Limited. 2022. PP. 195-409.
L’éminent sinologue médiéval russe, philosophe politique et écrivain de science-fiction V. M. Rybakov a écrit avec brio à ce sujet : Рыбаков В. Резьба
по идеалу: эссе. СПб., 2018. 544 с. Surtout с. 249–287..
Sur une nouvelle compréhension de la stabilité stratégique en tant que «stabilité stratégique internationale» visant à prévenir toute guerre, et pas
seulement la guerre nucléaire : С. А. Караганов, Д. В. Суслов. Новое понимание и пути укрепления многосторонней стратегической стабильности: доклад. М.: ВШЭ,
2019. 55 с. URL: https://globalaffairs.ru/wp-content/upl
… ilnost.pdf
Le coût de la guerre ne va pas cesser d’augmenter et la Russie est en position de force
Oui nous ne savons pas l’essentiel de la guerre, nous subissons une fascinante caricature de la tonalité générale de la propagande déversée jour
après jour sur l’opinion française, les pitres de LCI. Et dans le même temps avec l’inflation déjà les effets réels. Cette propagande nous décrit une victoire proche, une Russie
aux abois, un Poutine à l’article de la mort obligé d’avoir des sosies, et une armée russe au bord de la débâcle avec une héroïque armée ukrainienne derrière son chef bien aimé, le
génie de la communication, l’individu sans peur et sans reproche qui ne cesse de purifier son pays des corrompus et traîtres (une véritable hydre de Lerne). Heureusement il bénéficie
de l’aide de la vertueuse Europe avec des figures aussi exemplaires que Ursula von der Leyen…
Cette propagande dérisoire cache mal ce qui est décrit ici, le fait que la Russie est en position de force parce que la guerre n’est pas ce que l’on
nous décrit, elle va exiger toujours plus de morts et d’âmes. Les Russes retiennent leurs forces en attendant des conditions politiques de négociation. Mais le gouffre meurtrier dans
lequel on nous entraine chaque jour s’élargit, l’escalade vers une guerre directe avec la Russie se développe, les dépenses d’armement ne vont cesser de croître avec toutes les
conséquences économiques, sociales, environnementales, alors que nous ne sommes pas en état d’un tel affrontement et que les États-Unis nous laisseront nous épuiser pour en finir avec
le risque d’un continent eurasiatique.
Danielle
Bleitrach
*
Un professeur britannique du King’s College LondonDavid Betz émet le diagnostic suivant avec beaucoup d’autres spécialistes y compris militaires lors
d’un forum organisé en Hongrie par le Danube Institute : la Russie gagne depuis février, selon David Betz, l’industrie militaire russe a une longueur d’avance contre l’Occident.
«La
défaite de l’Ukraine sera clairement la défaite de l’Occident collectif, mais seul l’Occident se défait lui-même».
Lorsque la presse lui a demandé comment ils ont changé notre idée de la guerre moderne sur le front, le professeur a d’abord fait remarquer que
«nous
devons traiter toutes les nouvelles venant du front avec des réserves, car les images partagées par l’une ou l’autre partie ne reflètent souvent pas la réalité».
Et il a continué sur le même mode : «Selon le concept
occidental actuel, la guerre moderne est beaucoup plus rapide, plus de mouvements, une utilisation plus précise mais plus limitée de la puissance de feu. (… ) Au contraire, si nous
examinons les choses vues dans la guerre russo-ukrainienne, elles ressemblent beaucoup plus au scénario des guerres mondiales par rapport de la guerre moderne mentionnée plus
haut». Résultat, il est encore très important de savoir qui a plus de soldats, plus de munitions, plus de matériel militaire.
«On peut aussi
alors en déduire que la Russie gagne, au moins depuis février de cette année, car Moscou a accumulé beaucoup de tels outils, qui sont déjà considérés ou décrits comme obsolètes»,
a déclaré Betz.
Des sommes étonnantes d’argent
sont versées dans l’industrie de la défense
Le professeur a également fait remarquer que «des sommes
d’argent étonnantes sont versées dans l’industrie de la défense, et cela ne fera que croître dans les années à venir».
«Cependant,
l’industrie militaire occidentale est confrontée à un gros problème : il y a actuellement une demande pour la production en masse de différents systèmes, mais l’occident se contente
d’une petite production d’équipements coûteux».
À cet égard, l’industrie militaire russe a une longueur d’avance : malgré les dommages importants à l’économie du pays, l’industrie de défense peut
répondre à des attentes actuelles bien plus importantes que l’Occident collectif. De plus, cela est couplé au fait que dans certains domaines – par exemple les systèmes de défense
aérienne ou les armes hypersoniques – Moscou est devant l’Occident.
La guerre peut être retardée pour
un an
Au cours de la conversation, Betz a également déclaré que «si la situation
actuelle perdure et que les Russes ne lancent pas d’offensive, les combats pourraient être retardés d’environ un an». L’Ukraine a assez de soldats pour autant de temps si le
niveau des pertes n’augmente pas.
«Si Moscou
décidait d’attaquer, cela pourrait s’accélérer, mais cela provoquerait plus de pertes du côté russe, ce qui ne sont pas forcément ce qui est recherché. (… ) Les Russes retiennent leur
force parce qu’il reste encore une question de volonté politique. À cet égard, le facteur le plus important est la prochaine élection présidentielle aux États-Unis», a-t-il
dit.
Si les causes de la guerre peuvent varier, elles deviennent
inévitablement un terrain d’essai pour la technologie, les tactiques sur le champ de bataille et la stratégie.
La guerre en Ukraine
n’est pas différente, elle est même, à certains égards, un exemple de l’évolution de la guerre moderne. Malheureusement, pour l’OTAN, c’est aussi un signe avant-coureur de mauvaises
nouvelles.
S’il est parfaitement vrai que l’Ukraine ne disposait pas d’une puissance aérienne suffisante et n’aurait jamais dû se mettre en position d’être attaquée par la
Russie, elle l’a fait essentiellement sur la base de promesses de l’OTAN, en particulier des États-Unis. Les États-Unis et l’OTAN ont offert une aide militaire massive, de plus de 100 milliards
de dollars, dépensant l’étonnant montant de 100 millions de dollars par jour. Malgré ces sommes colossales, l’Ukraine n’a repris qu’une petite partie du territoire dont les Russes se sont emparés
et, plus important encore, elle a subi d’énormes pertes en termes d’effectifs et d’équipements.
Les dépenses susmentionnées n’incluent pas les décisions d’augmenter les dépenses de défense à l’intérieur du pays. La Pologne, par exemple, vient de décider
d’acheter de nouveaux systèmes de défense aérienne Patriot pour un coût de 15 milliards de dollars et des hélicoptères d’attaque Apache de Boeing pour une valeur de 12 milliards de dollars. L’Allemagne achète le système de défense aérienne Arrow d’Israël pour 3,5 milliards de dollars. La Pologne consacrera 4 % de son PIB à la défense, dépassant de loin les autres pays de l’OTAN, à l’exception des États-Unis. En fait, seuls 8 pays sur 30 atteignent l’objectif de 2 % du PIB fixé pour les dépenses de l’OTAN.
Le seul point positif de l’OTAN a été de fournir à l’Ukraine des informations sur la surveillance aérienne et le ciblage, dont certaines
proviennent de drones et d’avions électroniques opérant au-dessus de la mer Noire dans l’espace aérien international. Ce type d’aide, innovante grâce au Starlink d’Elon Musk, capable de relayer
les données de ciblage, reliée aux smartphones des commandants, a considérablement amélioré l’efficacité des armes intelligentes telles que les HIMARS. Dans le même temps, la surveillance
aérienne a permis de suivre les mouvements des forces russes et d’anticiper les points chauds d’une manière impossible dans le passé.
Malheureusement, l’OTAN perdrait cet avantage dans une guerre plus large où les Russes, ou tout autre adversaire majeur, détruiront les moyens de reconnaissance,
même dans l’espace aérien international. Malgré l’implication massive de l’OTAN en Ukraine, y compris des forces spéciales sur le terrain agissant en tant que conseillers et des mercenaires, dont
beaucoup sont des soldats de l’OTAN bien entraînés, la Russie a fait preuve d’une grande retenue face à la menace aérienne, ne voulant pas voir la guerre déborder en dehors des
frontières de l’Ukraine ou de la Russie. Cette retenue s’est même appliquée aux satellites sophistiqués qui seraient pourtant des cibles faciles pour les tueurs de satellites chinois ou
russes.
On peut supposer que les États-Unis essaieront de faire de même avec les satellites russes ou chinois. Mais cela signifie que la surveillance et le ciblage locaux,
principalement à l’aide de drones, occuperont le devant de la scène. Sur ce point, les Russes se sont plutôt bien adaptés, puisqu’ils ont commencé la guerre avec de faibles capacités en matière
de drones. Mais la Russie a fait évoluer et mis en réseau ses drones Orlan, qui peuvent non seulement voir les cibles mais aussi les brouiller. La Russie a également introduit des capacités de
brouillage améliorées dans l’espace de combat. Bien que l’Ukraine dispose également de quelques systèmes de brouillage décents, les Russes semblent plus expérimentés et plus compétents dans ce
domaine et disposent sur le champ de bataille de nouveaux systèmes qui se sont révélés efficaces. Il semblerait que les Russes aient beaucoup appris de la guerre du Haut-Karabakh, au cours de
laquelle leurs brouilleurs ont été dépassés. Ils se sont adaptés.
Les Russes ont appris à vaincre certaines armes intelligentes. Par exemple, le ministère russe de la défense fait régulièrement état de la destruction de missiles
HIMARS et de la mise en échec d’armes et de drones intelligents, souvent grâce au brouillage.
Aujourd’hui, l’OTAN est mal équipée pour faire face aux essaims de drones ou même pour se défendre contre les missiles à moyenne et longue portée. Cette situation
est en partie due à une mauvaise orientation des dépenses, les défenses aériennes ayant été négligées ou axées principalement sur les menaces nucléaires stratégiques. Mais même dans ce cas, la
couverture de la défense aérienne en Europe est loin d’être suffisante. Pire encore, les défenses aériennes de l’OTAN ne sont pas mises en réseau et ne sont pas optimisées pour hiérarchiser les
menaces et traiter les plus meurtrières.
Les États-Unis sont un bon exemple de pays dont les défenses aériennes sont très médiocres. Elle présente des lacunes criantes non seulement en termes de couverture
contre la menace de missiles balistiques, mais aussi sur le plan tactique. Les États-Unis ont à plusieurs reprises stationné des troupes américaines sur des terrains dangereux avec des
équipements obsolètes pour se défendre contre des missiles primitifs et des drones aux mains de groupes terroristes. La décision de l’armée américaine de rejeter un système de défense aérienne
efficace d’Israël, Iron Dome, qu’elle aurait pu déployer en Irak pour protéger les bases et les installations américaines, en est un bon exemple. Au lieu de cela, l’armée a voulu développer son
“propre” système, et les troupes devront donc
attendre. Personne ne sait si le système de l’armée sera performant au combat lorsqu’il sera opérationnel dans quelques années. Il est certain qu’il sera beaucoup plus coûteux qu’un système
standard dont l’efficacité a été démontrée, ce qui laisse à penser que les dépensiers du Pentagone ne s’intéressent pas vraiment au bien-être des soldats. (Il convient également de noter que les
États-Unis ont contribué à financer la recherche et le développement du Dôme de fer et qu’une grande partie de ce système est fabriquée aux États-Unis).
Les États-Unis commencent enfin à s’attaquer au problème des essaims de drones, alors que les Russes en Ukraine utilisent déjà des attaques en essaim qui mélangent
des drones avec des missiles de croisière et des bombes planantes, y compris de nombreux leurres, créant un énorme problème pour les défenses aériennes basées au sol. Les armes devenant de plus
en plus autonomes (et donc inattaquables), la menace des attaques mixtes en essaim se multipliera.
À l’avenir, cette tâche incombera à l’intelligence artificielle qui pilotera les systèmes de défense aérienne. Nous attendons.
Il en va de même pour les chars d’assaut. Les chars allemands Leopard, dont on a fait grand cas, ont été écrasés en Ukraine par les Russes. Comment cela se fait-il
? Tout d’abord, les Leopard, malgré leur blindage moderne, ne disposaient pas de défenses efficaces. Les Ukrainiens, craignant que les chars ne soient vulnérables, ont commencé à équiper les
Léopards d’un blindage réactif russe capturé, ainsi que de cages d’acier pour les protéger des armes aériennes. Si les chars allemands étaient si performants, pourquoi n’avaient-ils pas de
protection frontale, latérale et supérieure ? Traduction : Les chars de l’OTAN, à l’exception de certains Abrams américains, n’ont pas non plus de protection. Aujourd’hui, les chars Abrams,
d’anciens modèles dépourvus du blindage le plus avancé, sont remis à l’Ukraine. Il est peu probable qu’ils survivent.
L’armée américaine sait qu’une partie de la solution consiste à équiper les chars de défenses actives. Les défenses actives ne protègent pas contre les mines ou les
attaques de l’artillerie lourde, mais elles peuvent aider contre les armes antichars, les mortiers et les obus. L’armée a acheté exactement 100 exemplaires du système israélien Trophy, qui a fait
ses preuves, puis a décidé de développer sa propre solution, perdant ainsi encore des années et privant nos chars de cette protection supplémentaire. Comme l’a dit Yogi Berra, c’est du déjà
vu.
Pour mémoire, bien que les Russes prétendent disposer de systèmes de défense active, leurs chars en Ukraine n’en sont pas équipés. En revanche, ils sont tous dotés
d’un blindage réactif, bien qu’il s’agisse principalement de versions de première ou (au mieux) de deuxième génération. Les Russes disposent d’un nouveau système de blindage réactif, mais il
n’est pas encore apparu sur le champ de bataille. Peut-être le réservent-ils pour une prochaine guerre.
Le problème des États-Unis et de l’OTAN réside en partie dans la croyance intrinsèque que les Russes ne seraient pas en mesure de s’adapter aux nouvelles formes de
guerre. Non seulement les Russes se sont adaptés, mais ils ont introduit de nouvelles générations d’armes qui semblent être efficaces sur le champ de bataille ou contre des cibles de grande
valeur. Parmi les exemples, citons les mines dispersées par voie aérienne qui ont empêché l’Ukraine de dégager des voies de passage pour ses troupes, les bombes planantes de précision et les
missiles hypersoniques qui ont ciblé des infrastructures militaires et civiles.
Plus important encore, la Russie a mis au point un drone tueur, appelé Lancet. Ce drone est capable de frapper et de tuer des chars et des véhicules blindés en mouvement et a même détruit un système de défense aérienne ukrainien
BUK. Jusqu’à présent, il ne semble pas que l’Ukraine ou l’OTAN aient une réponse au Lancet, qui est constamment amélioré.
Dans toute guerre, les besoins en munitions et en armes de remplacement sont énormes. La guerre en Ukraine a vidé les arsenaux et les stocks de l’OTAN destinés à
d’autres éventualités. Un an après le début de la guerre en Ukraine, les États-Unis et leurs alliés ont commencé à passer des contrats avec des entreprises de défense peu scrupuleuses pour
qu’elles fabriquent davantage de munitions et d’armes intelligentes. Mais des problèmes se sont immédiatement posés. De nombreuses installations de production avaient fermé depuis longtemps et il
fallait en créer de nouvelles. Les chaînes d’approvisionnement devaient être renouvelées, mais pour les armes plus anciennes, elles risquaient de ne plus exister. Trouver des travailleurs et des
ingénieurs expérimentés est également devenu un défi, car il n’y a plus beaucoup de volontaires pour des emplois contractuels à court terme. Enfin, un grand nombre de pièces et de matériaux
dépendent des approvisionnements en provenance de Chine, comme l’a expliqué le président de Raytheon. Récemment, les Chinois ont commencé à restreindre les livraisons de produits électroniques et autres (y compris les terres rares) aux
États-Unis et à l’Europe. Ces mêmes problèmes se poseraient à l’OTAN en cas de guerre générale, sauf qu’une bonne partie de la production européenne d’armements pourrait être interrompue par des
attaques ennemies.
Ce qui est évident, c’est que les stocks de l’OTAN sont insuffisants pour l’Ukraine et totalement inadéquats pour la sécurité de l’OTAN, ce qui soulève la question
de savoir pourquoi les États-Unis et l’OTAN étaient prêts à puiser dans leurs stocks déjà dérisoires pour l’Ukraine, sachant que cela laissait l’OTAN nue en Europe et affaiblissait considérablement les défenses avancées des États-Unis dans le
Pacifique.
Aucun membre du gouvernement ne veut parler de cette imprudence, ou s’il le fait, il dit que tout va bien. C’est absurde. On ne peut pas gaspiller 100 milliards de
dollars d’armes et de munitions et considérer que tout va bien.
Si la guerre en Ukraine se terminait demain, les États-Unis et l’OTAN seraient-ils vraiment prêts à maintenir des niveaux élevés de dépenses de défense, à
reconstituer les stocks et à moderniser les armes ? Les États-Unis seraient-ils prêts à modifier leur système d’approvisionnement, à accepter des armes étrangères lorsqu’elles sont facilement
disponibles et de meilleure qualité, et à commencer à appliquer des mesures économiques raisonnables à leurs achats de défense ?
L’un des résultats de la guerre en Ukraine est la preuve que l’OTAN n’est même pas prête à défendre ses propres territoires. Cela conduira-t-il inévitablement à un
changement d’approche majeur dans la politique et la stratégie européennes ? Alors que l’Ukraine continue de s’affaiblir et que l’aventure en Ukraine prend fin, les attitudes sont appelées à
changer. Les dirigeants actuels de l’Europe et des États-Unis s’effaceront. Quelle sera la prochaine étape ?
Il semble que cela soit facilement prévisible.
Stephen
Bryen
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le voyage du président Volodymyr Zelensky aux États-Unis a levé les dernières ambiguïtés à son sujet. Chacun s’interrogeait sur sa stratégie. Il ne
semble pas chercher à défendre les siens, car il mobilise tous ses hommes et les envoie mourir sur le front sans espoir de victoire. Désormais il apparaît comme n’hésitant pas à
mentir, à tricher, et tentant par tous les moyens d’expulser certains États des organisations intergouvernementales. Comment ne pas faire le parallèle avec Stepan Bandera qui massacra par milliers ses propres compatriotes dans les derniers jours de la Seconde Guerre
mondiale, c’est-à-dire quand la défaite du Reich ne faisait aucun doute ?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à la 78° assemblée générale des Nations unies pour y délivrer son discours habituel sur le
terrorisme russe. C’était sa première intervention à cette tribune.
Cette année, quatre des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité n’avaient pas envoyé leurs chefs d’État ou de gouvernement : La Chine, la
France, le Royaume-Uni et la Russie. À l’évidence, malgré les belles déclarations, quelque chose ne fonctionne plus dans cette institution.
Résumons le discours du président Zelensky :
La Russie utilise l’alimentation comme une arme contre le reste du monde et le «jeu», en sa
faveur, de certains pays européens. Elle utilise aussi les réacteurs nucléaires civils comme des armes, comme elle le fait à Zaporijha. Elle a enlevé des «centaines de
milliers» d’enfants ukrainiens qui sont rééduqués chez elle dans la haine de l’Ukraine, ce qui constitue un «génocide».
La Russie provoque une guerre à chaque décennie. Aujourd’hui, elle menace le Kazakhstan et les États baltes. De nombreux sièges dans cet hémicycle seraient vides si la Russie
atteignait ses objectifs par ses actes de traitrise. Grâce à Dieu, personne n’a encore imaginé comment employer le climat comme arme. Des catastrophes naturelles tuent. Elles arrivent
alors qu’à Moscou, on a décidé de tuer des dizaines de milliers de personnes. Nous devons nous unir contre ces défis. Nous pouvons redonner vie à «l’Ordre mondial
fondé sur des règles» en nous appuyant sur la formule de paix ukrainienne que je présenterais tout à l’heure au Conseil de Sécurité. Je vous invite tous au Sommet pour la paix
que nous organisons. Nous ne pouvons pas compter sur la parole de la Russie : Demandez à Prigojine si elle respecte ses promesses ! Slava Ukraini !
Toutes les délégations alliées des États-Unis ont applaudi ce discours à tout rompre, tandis que les autres se faisaient discrètes.
Ce discours appelle plusieurs commentaires : • L’argument de l’utilisation de l’alimentation comme arme renvoie à des sièges pour affamer des populations, comme hier en RPDC ou
aujourd’hui au Yémen. Ce n’est pas du tout ce que font les Russes en Ukraine où ils s’en prennent aux bénéfices des grandes sociétés états-uniennes (Cargill, Dupont et Monsanto)
propriétaires d’un tiers des cultures ukrainiennes. L’usage des centrales nucléaires civiles comme arme de guerre doit être comprise comme ayant un effet uniquement à
proximité. Les Russes occupent la centrale de Zaporijha et perdraient leurs soldats en cas de radiations. Au contraire, ce sont les forces ukrainiennes qui les menacent de radiation
pour les expulser. Enfin la Russie n’a jamais enlevé d’enfants ukrainiens, mais protégé les enfants des zones de combat en les déplaçant à l’intérieur de son territoire. La
condamnation de la Cour pénale internationale se fonde exclusivement sur le refus de considérer comme légale l’adhésion à la Fédération de Russie de la Crimée, du Donbass et d’une
partie de la Novorossia. • L’argument de l’expansionnisme russe fait peut-être peur aux Kazakhs et aux Baltes, mais ce n’est qu’un procès d’intention. Revenir
sur une possible utilisation du climat comme arme atteste d’une ignorance de l’histoire. Les États-Unis l’ont déjà utilisé dans leur guerre contre le Viêt-Nam, faisant pleuvoir des
mois durant sur la piste Ho Chi Min, la route d’approvisionnement du Vietcong à travers la jungle laotienne (Opération «Popeye»). Ils finirent par signer la Convention sur
l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles. • Affirmer, sans les nommer, que la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie font le jeu des Russes en interdisant l’importation de céréales
ukrainiennes à prix cassés est une insulte à ces pays. La Pologne qui, oubliant le massacre de plus de 100 000 Polonais par les nationalistes intégraux ukrainiens durant la Seconde
Guerre mondiale, a pourtant accueilli 1,5 million de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre actuelle, appréciera. • L’appel à défendre «l’Ordre mondial
fondé sur des règles» ne peut être pris que comme un défi à la majorité des membres des Nations unies qui se bat, au contraire, pour un retour au Droit international. Le
plan de paix ukrainien ne concerne donc que le camp occidental et vise à étendre la guerre. • La conclusion du président Zelenski renvoie à un poème de Taras Shevchenko (1814-1861). L’expression «Slava
Ukraini !» était devenue le cri de reconnaissance des nationalistes intégraux ukrainiens de Dmitry Dontsov et Simon Petlioura durant la guerre contre la
révolution soviétique lorsqu’ils massacrèrent les juifs et les anarchistes de la Novorussia. Puis il devint le cri de victoire des nationalistes intégraux ukrainiens de Dmitry Dontsov
et Stepan Bandera lorsqu’ils massacrèrent les juifs, les tsiganes et les Résistants. Enfin, il devint l’équivalent de «Heil
Hitler !» à partir de 1941. Son usage aujourd’hui, qui plus est aux Nations unies, renvoie aux résolutions de l’après-guerre contre la propagande nazie ;
résolutions auxquelles l’Ukraine s’oppose désormais.
La réunion du Conseil de Sécurité qui a suivi devait durer deux jours. Outre les membres du Conseil, 45 États avaient demandé à y prendre la
parole.
La présidence tournante échouait à l’Albanie. Celle-ci avait décidé de faire intervenir le président ukrainien immédiatement après le secrétaire général
de l’ONU et avant les membres du Conseil. En outre, elle avait inscrit l’OSCE parmi les orateurs.
Dès l’ouverture des débats, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déposa une motion d’ordre. Il contesta le privilège accordé au
président ukrainien en violation du règlement du Conseil et exigea que le représentant de la Macédoine du Nord ne parle en tant que président en exercice de l’OSCE que sur le sujet
pour lequel il avait été mandaté par cette organisation. Le président albanais de séance, Edi Rama, après avoir raillé cette «grandiose»
motion d’ordre, lui répondit qu’il y avait déjà des précédents à une intervention avant les membres du Conseil (certes, mais toutes furent acceptées à l’unanimité). Il conclut en
observant que pour éviter que le président ukrainien ne prenne la parole en premier, la Russie n’avait qu’à se retirer d’Ukraine. Conformément à l’article 33 du Règlement intérieur,
il a renvoyé la motion d’ordre à une discussion ultérieure.
Sergueï Lavrov a encaissé le coup. Il n’est pas sorti de la salle. Il s’est souvenu que lors de la guerre de Corée, l’URSS quitta les débats des Nations
unies pour protester contre la présence des rebelles de Tchang Kaï-chek en lieu et place des hommes de Mao Zedong, mais Washington en profita pour faire voter l’aide de la communauté
internationale à la Corée du Sud contre la RPDC.
Quoi qu’il en soit, cet incident atteste de la partialité de la présidence albanaise et ne pourra pas rester sans suite. Que l’Albanie soit un
adversaire déclaré de la Russie, c’est son droit (elle a organisé un débat selon la formule Aria sur les enlèvements d’enfants par la Russie). Mais elle viole le règlement à chacune
de ses présidences du Conseil. C’était déjà le cas le 28 juin 2022. Elle avait de son propre chef convoqué une séance sur la situation en Ukraine, sans en référer aux membres du
Conseil. Elle y avait invité le président Zelensky, l’autorisant «exceptionnellement»
à s’exprimer par visioconférence. Elle y fit respecter une minute de silence, sans en référer aux membres du Conseil. Le lendemain, 29 juin 2022, elle présidait une séance sur la
situation en Syrie. Elle y invitait de son propre chef, sans en référer aux membres du Conseil, une association états-unienne, la Syrian Emergency Task Force, qui s’y exprima de
manière grossière et insulta plusieurs membres du Conseil.
Le débat s’est poursuivi avec l’intervention du secrétaire général, António Guterres. Celui-ci a d’abord rappelé que certaines réunions multilatérales
se déroulent de manière efficace, comme celle sur le plan de sauvegarde des objectifs de développement durable. Puis il a qualifié l’invasion de l’Ukraine par la Russie de violation
flagrante de la Charte des Nations unies et du droit international. Sur le volet judiciaire, il a fait savoir que les équipes d’enquête continuent de recueillir des preuves de
violations choquantes et généralisées des droits humains «qui sont
principalement le fait de la Fédération de Russie», y compris les transferts forcés d’enfants. Enfin, il s’est félicité de l’accord sur les céréales et a regretté que la Russie
ne l’ait pas reconduit.
La position du secrétaire général n’exprime que son avis personnel. En l’occurrence, elle ne s’appuie sur aucune décision de Justice et ne tient pas
compte de la position russe. Le procès, actuellement en cours devant la Cour internationale de Justice, c’est-à-dire devant le tribunal intérieur des Nations unies, entendra les deux
parties. C’est à lui seul qu’il appartiendra de juger s’il y a eu une violation de la Charte, la Russie déclarant avoir lancé une opération militaire spéciale pour se conformer à la
résolution 2202 («accords de
Minsk») du Conseil de Sécurité. Au demeurant la Cour ne statuera que sur une question, celle de savoir si l’Ukraine massacrait ou non ses propres concitoyens avant l’opération
militaire spéciale russe. On parle de 20 000 citoyens.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky est alors intervenu. Il a débuté son discours en demandant comment un État qui viole la Charte des Nations
unies peut siéger au Conseil de Sécurité ? Il a noté que l’Assemblée générale avait reconnu que la Russie, et non pas l’Ukraine, était la responsable de la guerre. Il a alors
présenté son plan de paix en 10 points. Celui-ci, qui avait déjà été présenté au G20 de Bali, ne prend pas en compte les revendications de la Russie. Il ne s’agit donc pas à
proprement parler d’un plan de paix, mais plutôt des exigences de l’Ukraine. Au passage, il a demandé que l’Assemblée générale adopte, à la majorité des deux tiers, une modification
de ses statuts et prive la Russie de son droit de veto. Enfin, il a appelé tous les États présents à participer à la conférence de «paix» que
son pays organise.
Le président de séance, Edi Rama, s’est interrogé sur la situation actuelle : Un membre du Conseil de Sécurité viole la Charte constitutive de
l’ONU ! Heureusement, malgré l’usage abusif de son droit de veto, la majorité des membres du Conseil veille au respect de ses valeurs. Puis, il a donné la parole aux membres du
Conseil selon l’ordre de leur inscription.
Leurs discours n’ont rien apporté de nouveau. Aucun n’a osé reprendre l’appel de l’Ukraine à priver la Russie de son droit de veto. Un petit retour en
arrière est ici nécessaire : Lors de la création de l’ONU, l’États-unien Franklin D. Roosevelt et le Britannique Winston Churchill s’étaient opposés au Soviétique Joseph Staline.
Les États-Unis et le Royaume-Uni voulaient créer une organisation qui gouvernerait le monde en fonction de leurs propres conceptions, tandis que l’URSS entendait qu’elle dise le Droit
international et prévienne les guerres. C’est la conception soviétique qui a triomphé. Le droit de veto tient en compte la réalité militaire de l’époque. Il n’y a pas de droit de veto
légitime et d’autre abusif. Simplement, il n’est pas possible que le Droit international soit respecté par tous s’il va à l’encontre des intérêts d’un de ses plus puissants
membres. L’idée de priver la Russie de son droit de veto n’avait jamais été exprimée en public. Cependant le département d’État US avait testé à ce sujet,
l’année dernière, la totalité des États membres de l’ONU. Il était apparu qu’il était impossible de réunir une majorité des deux tiers.
Après son discours, le président Zelensky a quitté la salle, n’ayant pas de temps à perdre à écouter les autres délégations. Il s’est précipité à
Washington pour s’exprimer devant le Congrès, comme il l’avait déjà fait en décembre 2022. Cependant à son arrivée au Capitole, le président de la Chambre des représentants, Kevin
McCarthy, lui a déclaré tout de go qu’il n’en était plus question. Les parlementaires ont un agenda trop chargé, a-t-il assuré. Dépité le président ukrainien a dû se contenter d’une
réunion avec les présidents des deux chambres et quelques sénateurs démocrates.
Le temps d’un soutien inconditionnel est fini. Comme tous leurs homologues occidentaux, les parlementaires états-uniens ont réalisé
que : – Les munitions manquent et l’industrie d’armement occidentale ne peut pas rivaliser, ni à court, ni à moyen terme, avec celle de la
Russie ; – La rébellion du propriétaire du Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, contre le Kremlin a échoué ; – La contre-offensive ukrainienne est extrêmement meurtrière, plus d’un millier de morts par jour depuis deux semaines, sans remporter de succès
significatifs.
Beaucoup souhaiteraient donc négocier une sortie de crise ou, tout au moins, cesser de dépenser des sommes astronomiques pour rien. Des républicains ont
écrit à l’administration Biden pour lui demander un compte rendu précis de l’usage qui a été fait des fonds déjà versés. Dans l’attente d’une réponse, ils ne voteront pas un dollar de
plus. Le Pentagone imagine donc des moyens pour détourner du matériel et poursuivre l’engagement US aux côtés de l’Ukraine. Il se masque derrière le possible blocage du budget de
l’État fédéral en cas de désaccord de fond entre le Capitole et la Maison-Blanche.
Pour effacer l’affront des parlementaires, le secrétaire à la Défense et le président Joe Biden ont tous deux accordé un entretien au président
ukrainien. Celui-ci s’est aussi rendu dans une université, à la Fondation Clinton et à l’Atlantic Council et a discuté avec les patrons de sociétés financières. Mais le fait est
là : Tous ont observé les outrances du président Zelensky et son incapacité à gagner cette guerre. Désormais chacun a pu vérifier que Volodomyr Zelensky ne cherche pas à défendre
son pays. Au contraire, il envoie ses hommes mourir pour rien devant la ligne de défense russe. Il agit comme l’ont toujours fait les nationalistes intégraux et les nazis :
Il n’hésite pas à mentir aux siens, à tricher et tente par tous les moyens de provoquer un affrontement général au prix du sacrifice de son propre peuple.
La guerre d’usure et les multiples sanctions contre la Russie sont actuellement improductives et ce n’est pas en célébrant un ancien nazi au parlement
canadien que l’opinion publique va accepter de laisser cette guerre durer indéfiniment. D’après les révélations sur le ministère des armées allemand, le matériel militaire envoyé sur front ukrainien, est vétuste et inadapté. Cette opération
psychologique cache le réarmement de l’Allemagne et de la Pologne.
Le but est d’amener une confrontation directe entre les nations sans passer par l’OTAN qui risque de cesser d’exister avec la réélection de Donald
Trump. Le clan occidental a choisi l’Allemagne et la Pologne qui ont passé des contrats d’armement très couteux pour reconstruire leurs forces armées.
A quoi joue la Pologne ?
Elle rêve de devenir un acteur majeur géo-stratégique dans le projet global américain, comme le prévoyait dans son livre «Le grand
échiquier», Zbigniew Brzezinski qui pensait qu’il fallait s’assurer du contrôle de l’Europe du Centre et de l’Est comme clé de l’Eurasie. «La Pologne est
trop faible pour devenir un acteur géo-stratégique, et n’a qu’une seule option : S’intégrer à l’Occident».
«Devenir l’armée
la mieux équipée d’Europe»
«L’armée polonaise
doit être si puissante qu’elle n’aura pas besoin de se battre du fait de sa seule force», c’est ce que déclarait le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, lors de
la fête nationale le 11 novembre 2022. 1000 chars d’assaut ont été commandés à l’entreprise sud-coréenne Huyndai Rotem — soit quatre fois le nombre de chars Leclerc de l’armée de terre
française. 672 obusiers K9. 50 avions de combat FA-50 et 32 F-35 américains déjà commandés. Et près de 300 roquettes multiples K239, des proches cousins des Himars américains, version
sud-coréenne. Le chercheur Frédéric Mauro de l’IRIS confirme cette tendance «Ce réarmement est
la preuve du triomphe du concept d’autonomie stratégique».
Une nouvelle Allemagne est en train d’éclore
Olaf Scholz, tout fraichement élu chancelier, a prononcé devant le Bundestag un discours qui marque une rupture avec la tendance pacifiste du
pays. En cas de réélection de Donald Trump, l’Allemagne serait confrontée à un défi sécuritaire en raison de sa faible puissance militaire. Pour y remédier
l’Allemagne va augmenter ses dépenses pour se débarrasser de son image d’armée frileuse, bureaucratisée, et très mal préparée à défendre les pays les plus exposés de la périphérie de
l’OTAN.
Le vieux rêve de Macron de voir naître une défense européenne se réalisera si Donald Trump est élu en 2024, et la guerre pourra durer longtemps avec
l’adhésion de l’Ukraine dans l’OTAN et l’Europe.
*
L’Ukraine est confrontée à une
longue guerre. Un changement de cap s’impose
Ses partisans doivent prier pour
une victoire rapide, mais se préparer à une longue lutte.
La guerre en Ukraine a, à maintes reprises, déjoué les pronostics. Elle est en train de le faire à nouveau. La contre-offensive qui a débuté en juin
reposait sur l’espoir que les soldats ukrainiens, équipés d’armes occidentales modernes et formés en Allemagne, reprendraient suffisamment de territoires pour placer leurs
dirigeants en position de force lors d’éventuelles négociations ultérieures.
Ce plan ne fonctionne pas. Malgré des efforts héroïques et des brèches dans les défenses russes près de Robotyne, l’Ukraine a libéré moins de 0,25% du
territoire que la Russie occupait en juin. La ligne de front de 1 000 km a à peine bougé. L’armée ukrainienne pourrait encore faire une percée dans les semaines à venir, déclenchant
l’effondrement de forces russes fragiles. Mais au vu des trois derniers mois, ce serait une erreur de miser sur cette éventualité.
Il est inutile de demander un cessez-le-feu ou des pourparlers de paix. Vladimir Poutine ne montre aucun signe de volonté de négocier et, même s’il
le faisait, on ne pourrait pas lui faire confiance pour respecter un accord. Il attend que l’Occident se lasse et espère que Donald Trump sera réélu. M. Poutine a besoin de la
guerre pour étayer sa dictature intérieure ; tout cessez-le-feu ne serait qu’une pause pour se réarmer et se préparer à attaquer à nouveau. Si les Ukrainiens cessent de
se battre, ils risquent de perdre leur pays.
L’Ukraine et ses partisans occidentaux commencent à comprendre qu’il s’agira d’une guerre d’usure. Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu à
Washington cette semaine pour des entretiens. «Je dois être prêt
pour la longue guerre», a-t-il déclaré à The
Economist. Malheureusement, l’Ukraine n’est pas encore prête, pas plus que ses partenaires occidentaux. Tous deux sont encore obnubilés par la contre-offensive. Ils doivent repenser
la stratégie militaire de l’Ukraine et la manière dont son économie est gérée. Au lieu de chercher à «gagner» puis à reconstruire, l’objectif devrait être de faire en sorte que
l’Ukraine ait la capacité de mener une longue guerre et de prospérer malgré cela.
Le premier recalibrage est d’ordre militaire. Les soldats ukrainiens sont
épuisés ; nombre de leurs meilleurs éléments ont été tués. Malgré la conscription, elle ne dispose pas de la main-d’œuvre nécessaire pour soutenir une contre-offensive
permanente à grande échelle. Elle doit se procurer des ressources et changer le jeu. De nouvelles tactiques et technologies peuvent permettre de porter le combat contre la Russie. Les
entrepreneurs ukrainiens, férus de technologie, intensifient la production de drones : Les drones ukrainiens ont récemment détruit des navires de guerre russes ; leurs
missiles semblent avoir endommagé un important système de défense aérienne en Crimée. De nombreuses autres frappes sont probables, afin de dégrader l’infrastructure militaire de la
Russie et de priver sa marine d’un sanctuaire en mer Noire. Ne vous attendez pas à un coup d’éclat. La Russie a également augmenté sa production de drones. Néanmoins, l’Ukraine peut
riposter lorsque la Russie la bombarde, et peut-être même dissuader certaines attaques.
Parallèlement à cette capacité offensive, l’Ukraine doit renforcer sa résilience. Outre l’armement lourd, elle a besoin d’une aide à la maintenance pour
soutenir un combat de plusieurs années : Réparations courantes, approvisionnement fiable en artillerie et formation. Plus que tout, une guerre de longue durée nécessite une
meilleure défense aérienne. L’Ukraine ne peut pas prospérer si la Russie bombarde les infrastructures et les civils en toute impunité, comme elle l’a fait au cours des 18 derniers
mois. Si Kiev est une ville étonnamment dynamique, c’est parce qu’elle dispose de défenses efficaces contre les attaques aériennes incessantes. Le même dispositif est nécessaire pour
d’autres villes, c’est pourquoi des escadrons de F-16 et davantage de systèmes de défense antimissile sont essentiels.
Un rééquilibrage économique est également nécessaire. Cela signifie qu’il faut moins de plans sophistiqués pour la reconstruction d’après-guerre et plus
d’attention à l’augmentation de la production et des dépenses d’investissement aujourd’hui. L’économie s’est contractée d’un tiers et près de la moitié du budget de l’Ukraine est
financée par des fonds occidentaux. La monnaie, la hryvnia, s’est renforcée alors même que l’investissement privé s’est effondré, une sorte de syndrome hollandais du temps de guerre.
Avec environ un million de personnes portant les armes et des millions d’autres ayant fui le pays, les travailleurs sont rares.
L’économie ukrainienne doit cesser de dépendre de l’aide et attirer les investissements, même si le conflit continue de faire rage. Qu’il s’agisse de
fabriquer davantage d’armes ou de transformer davantage ce qu’elle produit dans ses fermes, l’Ukraine dispose d’un potentiel considérable. Le défi consiste à inciter les entreprises
locales et étrangères à investir davantage et à inciter davantage d’Ukrainiens à retourner dans les régions plus calmes de l’ouest du pays.
Une meilleure sécurité peut aider. Plus les défenses aériennes de l’Ukraine sont solides, moins le risque d’explosion d’une nouvelle usine est élevé.
Plus la marine russe sera repoussée, plus les exportations pourront transiter en toute sécurité par les ports ukrainiens de la mer Noire. Mais les réformes économiques sont également
importantes. Il faut faire davantage pour enrayer la corruption qui sévit depuis longtemps en Ukraine, en donnant la priorité à l’assainissement et à l’impartialité du système
judiciaire. D’autres mesures sont également nécessaires pour faciliter les affaires, qu’il s’agisse de reconnaître les qualifications acquises à l’étranger par les réfugiés ou
d’offrir aux entreprises une assurance en cas de guerre.
Tout cela nécessite une volonté
politique de la part de l’Ukraine, mais aussi de ses amis occidentaux. À long terme, la meilleure garantie de la sécurité de l’Ukraine est l’adhésion à l’OTAN. À
défaut, les partenaires ont promis un ensemble de garanties de sécurité bilatérales. Ce que l’Union européenne peut offrir est tout aussi important : Non seulement de l’argent,
mais aussi la perspective d’une adhésion. Il n’est pas facile d’entretenir une économie florissante tout en étant bombardé d’explosifs – même Israël n’a jamais eu à faire face à un
agresseur aussi puissant. Mais l’Ukraine, contrairement à Israël, pourrait un jour être intégrée au bloc économique le plus riche du monde. Une feuille de route pour l’adhésion à l’UE
sur, disons, une décennie, avec des étapes claires, donnerait de l’espoir aux Ukrainiens et accélérerait les réformes économiques, tout comme la même promesse a galvanisé une grande
partie de l’Europe de l’Est dans les années 1990.
Un nouveau membre du
club
Pour cela, il faut que l’Europe change d’état d’esprit. Elle a engagé autant d’armements que l’Amérique et une aide financière bien plus importante.
Pourtant, elle doit faire un pas de plus. Si M. Trump gagne en 2024, il
pourrait réduire l’aide militaire américaine. Même s’il perd, l’Europe devra finalement supporter une plus grande part du fardeau. Cela signifie qu’elle
devra renforcer son industrie de la défense et réformer le processus décisionnel de l’UE afin de pouvoir accueillir davantage de membres.
Les enjeux ne pourraient être plus élevés. Une défaite signifierait un État défaillant sur le flanc de l’UE et la machine à tuer de M. Poutine plus
proche d’un plus grand nombre de ses frontières. Une réussite signifierait un nouveau membre de l’UE avec 30 millions de personnes bien éduquées, la plus grande armée
d’Europe et une large base agricole et industrielle. Trop de conversations sur
l’Ukraine sont basées sur la «fin de la
guerre». Cela doit changer. Prions pour une victoire rapide, mais prévoyons une longue lutte – et une Ukraine qui peut néanmoins survivre et prospérer.
Résilience de la Russie et évolution de la position de l’Occident sur l’Ukraine
Source : Arrêt sur info Par Elijah J. Magnier- Le 26 septembre
2023
De gauche à droite, le président des États-Unis Joe Biden, M. Zelensky, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg et le
secrétaire général délégué de l’OTAN Mircea Geoana à Vilnius en juillet. (OTAN, Flickr, CC-BY-NC-ND 2.0)
Le héros Zelensky perd des plumes
Lors de sa première visite aux États-Unis, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli chaleureusement et a reçu un soutien important. À l’époque, les démocrates dominaient
le Congrès et étaient parfaitement alignés sur le président démocrate des États-Unis, Joe Biden. Zelensky, qui tenait tête à la puissance de la Russie au début de la guerre, a été salué
comme un héros, rappelant la résistance de l’Afghanistan lors de l’invasion de l’Union soviétique en 1979. Cette admiration s’est traduite par une aide financière et militaire
substantielle à l’Ukraine. Washington a même offert à Zelensky des tribunes sur la scène internationale pour qu’il puisse faire connaître la situation critique de son pays.
L’administration américaine, sous la direction de Biden, a fourni des dizaines de milliards de dollars de soutien, poussant apparemment Zelensky à mener une guerre par procuration, avec
l’espoir de piéger le Kremlin en le plaçant dans une situation similaire à ce qu’a vécue l’Union soviétique et l’Afghanistan.
Cependant, l’enthousiasme initial et la solidarité internationale dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky a bénéficié semblent s’estomper, et le paysage politique avait changé lors
de sa récente visite au Congrès. Cette fois, il a reçu un accueil plus sceptique, en particulier de la part des leaders républicains, désormais prédominants. Leur principale préoccupation
concernait la transparence concernant l’utilisation des fonds américains par l’Ukraine. En outre, on a été plus réticents à accorder à Zelensky une tribune à une session conjointe du
Congrès, en raison des doutes sur les chances de l’Ukraine de remporter une victoire décisive contre la Russie. Ce changement d’attitude souligne l’évolution de la dynamique de la
politique américaine et ses implications pour les relations internationales.
Alors que le conflit se poursuit, certains signes indiquent que le vent pourrait tourner en sa défaveur sur le plan politique et en termes de soutien tangible. Les pays européens,
jusque-là ardents défenseurs de l’Ukraine, semblent réévaluer leur position. Les portes autrefois grandes ouvertes au gouvernement de Zelensky sur le plan économique et militaire semblent
désormais se refermer. Ce changement signale non seulement la lassitude de la guerre, mais aussi un rééquilibrage des intérêts géopolitiques et des aspects pratiques d’un engagement à
long terme dans un conflit prolongé.
Bien qu’il soit trop tôt pour affirmer que Zelensky est complètement isolé sur la scène internationale, l’évolution de la dynamique suggère que l’Ukraine pourrait avoir à affronter les
prochaines phases du conflit en bénéficiant de moins de soutien extérieur. Les raisons de ce changement sont nombreuses, allant des pressions économiques et des considérations politiques
à l’imprévisibilité même de l’issue de la guerre.
Alors que Zelensky est aux prises avec ces difficultés, une question plus large se pose : L’évolution de la position de la communauté internationale aura-t-elle une incidence
sur la guerre et, dans l’affirmative, comment l’Ukraine s’adaptera-t-elle à cette nouvelle réalité?
Le récent changement observé au sein du Congrès américain, avec le républicain Kevin McCarthy à la barre, a mis en lumière des tendances plus profondes dans la politique étrangère des
États-Unis à l’égard de l’Ukraine. En déclarant avec assurance qu’il n’y aurait « pas de chèque en blanc pour l’Ukraine », McCarthy s’est nettement démarqué du soutien apporté
précédemment par les démocrates. Cette déclaration a suscité une réponse franche de la part du président Joe Biden, qui a brièvement exposé les implications plus larges du conflit :
« Ils [les républicains] ne comprennent pas la politique étrangère. Il ne s’agit pas seulement de l’Ukraine. Il s’agit de (l’unité de) l’OTAN. Il s’agit de (l’influence américaine
en) l’Europe de l’Est », a déclaré Biden.
Les commentaires de Biden donnent une idée de l’importance stratégique du conflit ukrainien, qui va bien au-delà des différends territoriaux immédiats. La guerre est une épreuve décisive
pour la pertinence et l’unité de l’OTAN, notamment à la lumière de la déclaration controversée du président français Emmanuel Macron selon laquelle « l’OTAN est en état de mort
cérébrale » et de son appel à ce que l’Europe dispose de son propre mécanisme de défense, y compris contre les menaces potentielles des États-Unis.
En réponse à ces sentiments, Joe Biden a rallié les membres de l’OTAN en soulignant les avantages perçus d’un front uni contre la Russie. Malgré la résistance initiale évidente de joueurs
européens importants tels que la France et l’Allemagne au début du conflit en février 2022, ils ont fini par s’aligner sur la position des États-Unis.
Toutefois, le calcul stratégique des États-Unis a été remis en question. Contrairement aux attentes de Washington, la Russie n’a pas cédé à la pression et son économie ne s’est pas
effondrée sous le poids des sanctions occidentales. Bien au contraire, Moscou s’est rallié la solidarité de nations de tous les continents. En font partie des pays comme l’Inde, plusieurs
États d’Afrique et d’Amérique latine et certains États du Moyen-Orient, qui se sont abstenus d’imposer des sanctions à la Russie tout en appelant ouvertement à la fin des hostilités.
Cette réponse à l’échelle mondiale souligne la complexité du conflit ukrainien et ses implications profondes. Il ne s’agit pas seulement d’un différend régional, mais d’un reflet des
sables mouvants de la géopolitique mondiale et de l’évolution de la dynamique du pouvoir et de l’influence au 21esiècle.
La contre-offensive ukrainienne tant attendue, saluée par les États-Unis et l’Ukraine au printemps dernier comme une percée dans les défenses russes, n’a pas répondu aux attentes élevées
qu’elle avait suscitées. Plus qu’une simple stratégie militaire, l’opération était considérée comme un moyen de remonter le moral des alliés occidentaux aux prises avec une économie au
ralenti, la hausse des coûts de la guerre et un affaiblissement de la monnaie européenne. Des mois après le début de l’offensive, l’Ukraine n’a toutefois réalisé qu’une percée mineure,
parvenant à peine à la hauteur du battage médiatique d’avant-guerre, en ayant entamé à peine les redoutables défenses russes que le Kremlin a méticuleusement mises en place.
En outre, les inquiétudes croissantes concernant la corruption au sein de l’administration ukrainienne ont aggravé les revers militaires. Ces inquiétudes sont allées crescendo lors de la
récente visite du président ukrainien Zelensky aux États-Unis. Le chef de la majorité à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a mené la charge en faisant remarquer que « le
peuple américain veut savoir où son argent est dépensé ». Ce sentiment s’est renforcé lorsque Zelensky a limogé son ministre de la Défense, Oleksii Reznikov, à la suite de
graves allégations de corruption généralisée au sein d’un ministère en première ligne de l’effort de guerre, qui consommait des milliards de dollars à titre de principal bénéficiaire de
l’aide à la guerre.
L’analyse de McCarthy ne s’est pas arrêtée à la transparence financière. Il a également demandé : « Où est le plan menant à la victoire (sur la Russie)? » Ces déclarations soulignent la
désillusion croissante des Américains devant l’absence de progrès tangibles sur le terrain et à l’incapacité des forces ukrainiennes à progresser de manière significative face aux
défenses russes. Le soutien financier américain à l’Ukraine, autrefois ouvert, semble s’amenuiser, des sénateurs et membres républicains du Congrès ayant écrit une lettre pour s’opposer à
toute nouvelle aide économique et militaire.
Plus de 18 mois se sont
écoulés depuis le lancement de l’opération militaire spéciale (OMS) de la Russie, dont les objectifs déclarés sont les suivants :
assurer la sécurité
de la région du Donbass,
démilitariser et
dé-nazifier l’Ukraine
et garantir son statut de neutralité à perpétuité.
Depuis lors, l’Occident collectif a fait un certain nombre de choses pour aider la Russie et pour se nuire à lui-même. Les sanctions antirusses, par exemple, ont
permis d’atteindre de nombreux objectifs : Elles ont débusqué une grande partie de la “cinquième colonne” russe et l’ont poussée à quitter le
pays ;elles ont incité de nombreuses entreprises occidentales à cesser leurs activités en Russie, en vendant leurs actions à des sociétés russes à des prix
défiant toute concurrence ; le refus d’accès au réseau bancaire SWIFT et les attaques spéculatives contre la monnaie russe ont isolé la Russie de l’Occident sur le plan financier et ont mis un
terme à l’expatriation des bénéfices et à diverses formes de fuite des capitaux, freinant l’inflation dans la plupart des secteurs (à l’exception des véhicules de tourisme) ; et les
bouleversements considérables que les sanctions, ainsi que la destruction du gazoduc Nord Stream ordonnée par Biden, ont provoqués sur les marchés mondiaux de l’énergie, ont fait grimper les
recettes d’exportation de la Russie dans une mesure tout à fait embarrassante.
Ainsi, la Russie connaît aujourd’hui une croissance économique, dispose de beaucoup d’argent pour investir dans des infrastructures telles que des routes et des
ponts (y compris de nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse), des écoles, des jardins d’enfants et des hôpitaux, et ainsi de suite, tandis que l’Occident collectif, en raison des dommages
qu’il s’est lui-même infligés, s’enfonce de plus en plus dans la récession/dépression et, pire encore, est contraint de se désindustrialiser en raison des coûts beaucoup plus élevés de l’énergie.
Dernier coup de poignard auto-infligé, l’Europe (l’Espagne et la Belgique, en particulier, mais à travers elles la plupart des autres pays) importe d’énormes quantités de gaz naturel liquéfié
russe, qui est beaucoup plus cher, et donc beaucoup plus rentable, que le gazoduc qu’il a remplacé.
Au cas où vous n’avez pas été impressionné par l’intelligence des efforts déployés par l’Occident pour isoler et affaiblir la Russie sur le plan économique,
examinons le volet militaire du conflit. Le plan initial prévoyait que les forces ukrainiennes chassent les Russes de leurs territoires, en réaffirmant leur contrôle sur les régions séparatistes
de Donetsk et de Lougansk et en reprenant la Crimée, qui était devenue une région russe en 2014. En récompense de son courage, l’Ukraine serait autorisée à rejoindre l’OTAN et l’UE et à vivre
heureuse jusqu’à la fin de ses jours – tout comme d’autres pays de l’UE en voie de dépeuplement et d’appauvrissement, tels que la Roumanie ou la Bulgarie (mais vous n’étiez pas censé dire cela à
haute voix). Pendant ce temps, la perte de face définitive subie par le dictateur russe Poutine saperait son autorité, le chasserait du pouvoir et permettrait au département d’État américain et à
diverses ONG occidentales de diviser la Russie en régions de taille réduite, chacune d’entre elles étant désireuse de vendre tout ce qu’elle possède à des sociétés transnationales.
La phase I de ce plan devait consister en une guerre éclair ukrainienne lancée contre Donetsk, qui était correctement défendue par sa force de défense volontaire,
qui comprenait un certain nombre de volontaires russes de l’autre côté de la frontière, mais qui n’était pas équipée pour faire face à un tel assaut. L’armée ukrainienne a passé plusieurs années
à s’armer et à s’entraîner en vue de cet événement, qui devait être lancé en mars 2022. Mais deux semaines à peine avant la date de lancement, qui n’était pas si secrète, Poutine a soudainement
lancé l’OMS et tous ces plans les mieux préparés se sont envolés en fumée.
Après une visite éclair des régions de l’Ukraine, au cours de laquelle on a découvert qu’une bonne partie de la population avait été conditionnée, au cours des 30
dernières années, à haïr la Russie et tout ce qui est russe (alors que la plupart d’entre eux étaient eux-mêmes des Russes et parlent le russe). Cela faisait d’eux de mauvais candidats à la
future citoyenneté russe. On a également découvert que le gouvernement ukrainien n’était pas disposé à se rendre. Les Russes ont donc cherché à éviter de nouvelles effusions de sang et à faire la
paix avec le gouvernement ukrainien. Ils ont négocié un projet d’accord de paix, retirant volontairement leurs forces de la région de Kiev en signe de bonne foi. En réponse, les Ukrainiens ont
refusé d’accepter l’accord négocié par leurs représentants… et ont repris les combats. Les Russes se sont alors repliés derrière une ligne de défense et se sont préparés à mener une guerre
d’usure qui se poursuit encore aujourd’hui.
Entre-temps, toutes les régions anciennement ukrainiennes – non seulement Donetsk et Lougansk, mais aussi Zaporozhye et Kherson – se sont avérées très désireuses de
se séparer de l’Ukraine et de rejoindre la Russie, dont elles faisaient partie depuis qu’elles avaient été peuplées et développées. Ils ont organisé des référendums pour ratifier cette décision,
qui a ensuite été inscrite dans la constitution russe, en dépit du fait que certaines parties de ce qui est désormais un territoire russe souverain sont temporairement occupées par les forces
ukrainiennes.
Au cours de l’été 2023, nous avons assisté à l’échec spectaculaire et fabuleusement coûteux de la “contre-offensive” ukrainienne – leur tentative ratée de
reconquête de leurs régions alors totalement aliénées, qui s’est soldée par plusieurs centaines de milliers de victimes du côté ukrainien, une grande quantité de blindés et d’autres armements, à
la fois des vestiges de l’ère soviétique et des armes données par l’Occident, qui explosent [sur le champ de bataille sous les coups de l’artillerie russe,
NdT], et aucun territoire gagné.
Les Ukrainiens sont désormais contraints d’enrôler les malades, les boiteux et les vieillards, les lâches et les fous, la plupart des hommes valides ayant fait de
leur mieux pour fuir le pays. Ceux qu’ils parviennent à enrôler sont mal entraînés, mal équipés et peu désireux de se battre. Ils sont envoyés au combat après avoir été drogués à la
méthamphétamine, recette fournie par les Américains et produite localement, mais bon nombre d’entre eux n’ont pas envie de se battre de toute façon et font de leur mieux pour se rendre.
En deux mois, les forces ukrainiennes ont été incapables de gagner le moindre territoire. En fait, elles n’ont même pas réussi à avancer jusqu’à la première des
trois lignes de défense russes. Les Russes, quant à eux, ont en quelque sorte repris le contrôle d’une partie du territoire qu’ils avaient quitté lorsqu’ils se sont regroupés en position
défensive et ont commencé à se retrancher il y a près d’un an. Si les choses continuent comme avant, les Russes pourraient très facilement reprendre Slavyansk et Kramatorsk, après quoi il n’y
aura plus que de la steppe ouverte jusqu’au fleuve Dniepr, où, pendant l’hiver, tout ce qui est vivant brille dans l’infrarouge comme une bougie dans l’obscurité, ce qui le rend assez facile à
cibler.
Et voici maintenant une nouvelle vraiment stupéfiante : Certaines personnes en Occident, y compris des Américains, commencent à penser que les Ukrainiens ne vont
pas l’emporter sur la Russie ! Quoi ? Les Ukrainiens n’ont-ils pas reçu un grand nombre d’armes semi-obsolètes, une formation relativement inutile et, au total, quelque 150 milliards de dollars
de soutien ? Pourquoi cela ne suffirait-il pas à renverser “une station-service déguisée en pays” (John McCain)
dont “l’économie est en lambeaux” (Barack
Obama) ? Bien sûr, une bonne partie de cet argent a fini dans les coffres du syndicat du crime de Biden, graissant toutes les paumes au passage, et beaucoup de ces armes ont été échangées sur le
marché noir, de sorte que les cartels de la drogue mexicains ont maintenant des capacités antichars et antiaériennes (merci Joe Biden !). Mais on a dit aux Ukrainiens d’attaquer, et ils ont
attaqué, encore et encore, et ils sont morts en masse et… rien ? C’est vraiment embarrassant.
Face à cette massive perte de face, les Européens, que les Américains ont entraînés sur le chemin de traverse jusqu’à l’abattoir, où ils leur ont fait subir des
choses tout à fait anormales, et qui agissent maintenant pour la plupart de manière confuse et regardent leurs pieds tandis que les Américains eux-mêmes restent pour la plupart dans le déni
complet, répétant sans cesse le mantra “Nous
soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps que cela sera nécessaire.” Nécessaire pour quoi ? La mort insensée de chaque Ukrainien ? Comme l’a dit Mike Tyson, “Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’il reçoive un coup de poing
dans la gueule”. Eh bien, tout le monde vient de recevoir ce fameux coup de poing. Le plan de l’Amérique pour l’Ukraine a échoué à tous les niveaux et les Américains se font frapper chaque
jour que ce conflit armé se poursuit. Pourtant, ils persistent… Il doit y avoir une raison médicale… La maladie d’Alzheimer, peut-être ?
D’autres voix s’élèvent pour proposer diverses choses, mais je n’en ai pas encore lu ou entendu une seule exprimer ce qu’il faudrait faire pour mettre fin au
conflit. Au lieu de cela, nous avons un peu de cacophonie. Avec un peu d’effort, nous pouvons la séparer en plusieurs scénarios. Je n’aime pas les scénarios ; le mot sent le screenplay, le théâtre et autres œuvres de fiction et de
fantaisie. Dans une pièce de théâtre, un acteur peut mourir sur scène, revenir à la vie à temps pour le lever de rideau et recommencer la nuit suivante ; dans la vie, on ne meurt qu’une fois.
L’histoire n’est pas une pièce de théâtre, c’est le destin, et le fait de ne pas le connaître à l’avance n’y change rien. Envisager l’avenir comme un ensemble de “scénarios”, c’est occulter le fait qu’il échappe à notre
contrôle. Néanmoins, pour les besoins de la discussion, appelons-les scénarios et examinons-les l’un après l’autre.
L’amusant et sympathique Tucker Carlson, anciennement de Fox News et aujourd’hui agent libre, a estimé que nous nous dirigions vers la Troisième Guerre mondiale.
Tucker est un journaliste ; les journalistes répètent ce qu’ils entendent de la part de non-journalistes (c’est leur travail) ; et c’est ce que Tucker a récemment entendu de Viktor Orbán, le
premier ministre hongrois, qu’il a interviewé. À son tour, Orbán a parlé de la Troisième Guerre mondiale pour tenter d’attirer l’attention des autres dirigeants occidentaux, avec lesquels il fait
de moins en moins cause commune.
L’Ukraine, comme l’a souligné Tucker lui-même, n’est pas d’un intérêt vital pour les États-Unis. Elle faisait partie d’un plan brillant visant à démembrer,
engloutir et dévorer la Russie, mais puisque ce plan est maintenant en lambeaux, pourquoi ne pas simplement l’oublier et retourner à la planche à dessin ? Pourtant, Tucker n’est pas le seul à
parler de troisième guerre mondiale – il y a aussi le colonel à la retraite Douglas Macgregor et d’autres personnes qui cherchent à attirer l’attention du public, alors faisons de la troisième
guerre mondiale l’un des scénarios.
Le problème de la troisième guerre mondiale est de trouver quelqu’un qui veuille la déclencher. La Russie ne le veut certainement pas, et personne d’autre non plus.
Pour déclencher la troisième guerre mondiale, il faut deux choses : Avoir le contrôle d’armes nucléaires stratégiques et être suicidaire. Il se trouve que ces deux éléments sont
disjoints : Personne ne peut contrôler physiquement les arsenaux nucléaires sans avoir passé un examen psychologique rudimentaire. Le fait d’être suicidaire est un critère d’exclusion.
Mais supposons que le vieux Joe Biden, dans un accès de rage sénile, décide d’en finir et demande que le “ballon” nucléaire soit apporté dans le bureau ovale parce
qu’il veut lancer une première frappe nucléaire préventive contre la Russie, la Chine, la Corée du Nord et tous ceux qui se trouvent sur la liste des cibles. Ce qu’il obtiendrait probablement à
la place, c’est une infirmière avec une pilule dans un gobelet en plastique et un verre d’eau, et le temps qu’il les reçoive, il aurait oublié ce qu’il a demandé, aurait pris la pilule et se
serait assoupi.
Ou supposons que des néoconservateurs désespérés conspirent pour faire exploser une bombe nucléaire tactique quelque part en Ukraine et tentent d’en imputer la
responsabilité à la Russie, les attaques sous fausse bannière étant leur spécialité. La Russie enquêterait, tirerait ses propres conclusions, les communiquerait au monde entier, à l’exception de
l’Occident (qui ne croit plus à aucun des mensonges que l’Occident diffuse régulièrement), et ce serait tout, à l’exception d’une catastrophe humanitaire et politique de grande ampleur.
Ou supposons que ce même groupe de néocons conspire pour faire exploser une bombe nucléaire tactique quelque part en Russie. Dans ce cas, la Russie exigerait des
Américains qu’ils ramènent leurs têtes, sinon ! Et comme la Russie dispose désormais des armes nécessaires pour détruire l’économie américaine à l’aide d’armes conventionnelles à distance de
sécurité, alors que les États-Unis ne disposent pas d’une telle capacité, les Américains se plieraient tranquillement à cette exigence.
En résumé, il est très difficile de pousser les gens au suicide s’ils ne sont pas suicidaires au départ. Un puissant instinct est à l’œuvre.
Ensuite, nous avons le vénérable politologue américain John Mearsheimer et son plan nord-coréen pour l’Ukraine. Mearsheimer propose de geler le conflit à perpétuité
le long de la ligne de front actuelle, comme c’est le cas entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. La partie russe de l’ancienne Ukraine resterait russe et la partie ukrainienne deviendrait un
protectorat américain, rejoindrait l’OTAN et accueillerait des bases militaires américaines – si l’on poursuit l’analogie avec la Corée.
Ce plan est quelque peu admirable : Il mettrait fin à l’effusion de sang ; il donnerait aux Russes ce que Mearsheimer pense qu’ils veulent ; et il plairait beaucoup
au complexe militaro-industriel-congressionnel américain en lui donnant un autre terrain de jeu permanent à l’étranger où gaspiller les fonds publics tout en jouant au leader mondial. Plus
important encore, cela permettrait aux Américains de sauver la face : ils n’ont pas réussi à détruire la Russie, mais au moins ils obtiendraient quelques bases militaires juste à côté d’elle où
ils pourraient attendre et comploter. L’Ukraine croupion ne deviendra jamais un centre industriel de haute technologie comme la Corée du Sud ; il est plus probable qu’elle devienne comme le
Kosovo – un État mafieux ethnique sans foi ni loi avec une énorme base militaire américaine comme pièce maîtresse. Je suppose qu’ils pourraient même construire une base navale à Odessa ou
Nikolaev. Inscrivons le rêve de Mearsheimer dans le deuxième scénario.
Le problème de ce scénario est que ce n’est pas ce que veulent les Russes. Pourquoi accepter un cessez-le-feu quand on est sur le point de gagner ? Et pourquoi
accepter une présence militaire américaine à vos frontières si votre objectif déclaré est de vous assurer que l’Ukraine est démilitarisée, dénazifiée et neutralisée ? Le plan de Mearsheimer peut
sembler bon en théorie, mais ses mérites pratiques sont nuls.
Enfin, nous avons les pacifistes : Les candidats à la présidence Donald J. Trump, Robert Kennedy Jr. et Vivek Ramaswami. Trump et Kennedy affirment qu’ils veulent
une relation pacifique et amicale avec la Russie, mais refusent sagement de dire comment ils vont y parvenir. Trump a bien dit qu’il mettrait fin immédiatement au conflit ukrainien, mais, là
encore, il n’a pas précisé à quelles conditions. Ramaswami, en revanche, a dit quelque chose de si stupide que certains responsables russes très sérieux en rient encore : Il a dit qu’il
permettrait à la Russie de conserver ses anciens territoires ukrainiens (temporairement) si, en échange, elle cessait de coopérer militairement avec la Chine !
Tout d’abord, pour être en mesure de permettre quelque chose, il faut aussi être en mesure de l’interdire. Ce n’est absolument pas le cas ici, et le jeune et
stupide Vivek dit essentiellement qu’il permettrait au soleil de briller si cela permettait à la lune de partir en orbite autour d’une autre planète. Il n’en reste pas moins que la paix avec la
Russie est une grande idée, et c’est pourquoi nous la considérons comme le troisième scénario.
Mais c’est à peu près tout ce que nous pouvons faire, puisque, à part l’idée idiote de Vivek, nous ne pouvons que deviner ce qui est proposé, mais à mon avis, c’est
toujours très idiot. “Bien sûr, nous avons passé près
d’une décennie à armer, entraîner et contrôler une bande de nazis meurtriers qui ont tué et terrorisé votre peuple, mais maintenant que vous l’avez emporté, laissons le passé au
passé…” Qu’est-ce que c’est que ce délire ? S’agit-il d’une offre voilée de prix du sang ? Si c’est le cas, combien ? Tant que les Russes n’entendront pas un chiffre suffisamment élevé
(payable en or, puisqu’ils n’aiment plus les dollars américains), il n’y aura pas grand-chose à discuter.
Quant à moi, je suis favorable à un quatrième scénario, pour lequel j’ai choisi le nom de code assez transparent d’“Opération Afghanistan 2.0”. Il s’agit d’un scénario dans
lequel les Américains se débarrassent de l’Ukraine, la laissent tomber et lui disent que ce qu’il reste de son pays désespérément foutu, c’est aux Russes et aux Européens de le régler. Les
Européens commenceraient immédiatement à examiner visuellement leurs chaussures tout en discutant amicalement du temps qu’il fait, ce qui laisserait les Russes seuls.
Mais les États-Unis ont toutes les raisons de réduire leurs pertes en Ukraine. Les Ukrainiens – ceux qui sont au pouvoir – ont pu manipuler les États-Unis pour
qu’ils leur donnent des quantités ridicules d’argent et d’armes, qu’ils ont principalement utilisées pour s’enrichir tout en lançant des recrues sur les lignes de défense russes, en achetant des
manoirs en Suisse et à Miami, en entassant des milliards sur des comptes offshore et ainsi de suite, parce qu’ils avaient la mainmise sur Joe Biden et son organisation criminelle. Mais maintenant
que les preuves de la criminalité de Joe Biden sont déjà disponibles et qu’elles sont progressivement rendues publiques, leur capacité à le faire chanter a disparu et il est temps de leur couper
l’herbe sous le pied.
Mon plan est aussi brillant que simple : Il consiste à ne rien faire du tout. Il n’y a pas de troupes à rapatrier, pas d’équipement militaire d’une
valeur de 80 milliards de dollars à (ne pas) rapatrier par avion aux États-Unis, ni même un groupe important de serviteurs afghans à qui l’on a promis la citoyenneté américaine en échange de
leurs services et qu’il faut honteusement abandonner. C’est un plan parfaitement réalisable parce qu’il exige des fonctionnaires américains qu’ils ne fassent absolument rien – une tâche dont je
suis certain qu’ils peuvent s’acquitter. Il est parfaitement conforme à mon principe zen préféré, le Wúwèi (无为 / 無爲) – l’action par l’inaction.
Cette inaction aurait certaines conséquences que nous pouvons tenter d’esquisser. Tout d’abord, l’armée ukrainienne se dissoudrait, la plupart des soldats se
contentant de revêtir un uniforme civil et de rentrer chez eux, sans que personne ne puisse les en empêcher. Deuxièmement, la police militaire russe se répandrait dans le paysage ukrainien,
rassemblant les criminels de guerre ukrainiens qui ont fait l’objet d’une procédure pénale en Russie, en se déplaçant progressivement d’est en ouest. Peut-être la Russie lèverait-elle
temporairement son moratoire sur la peine capitale rien que pour eux.
Ensuite, une fois que les nationalistes/criminels de guerre auront été chassés suffisamment loin vers l’ouest, la Russie organisera des référendums dans les
différentes régions sur le rattachement à la Russie. (Les Ukrainiens ont fait partie de la Russie de 1654 à 1917, puis de l’URSS de 1922 à sa dissolution). La plupart des Ukrainiens ne sont pas
dupes et, une fois que la propagande se sera estompée, ils voteront de leurs mains et de leurs pieds pour rejoindre la Russie et bénéficier de tous les avantages d’une citoyenneté russe. Je
suppose que la Russie accepterait également la Transnistrie (une partie russe de la Moldavie) et la Gagaouzie (parce que les Gagaouzes aiment les Russes et n’apprécient guère de faire partie de
la Moldavie).
Les voisins européens de la Russie seraient alors invités à se régaler des quelques régions occidentales restantes qui n’ont jamais fait partie de la Russie et
n’ont rejoint l’URSS qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale. J’imagine qu’il faudrait signer un traité – disons le traité de Pinsk, lors d’une conférence organisée par le Belarus – qui
répartirait équitablement cette partie occidentale de l’ancienne Ukraine entre les pays voisins que sont la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne.
Une toute petite partie resterait comme parc à thème ethnique pour les nationalistes ukrainiens restants, s’il en reste encore, avec des huttes en terre blanchies à
la chaux et au toit de paille, des hommes corpulents au nez rouge, le crâne rasé à l’exception d’un front, des femmes spectaculairement grosses et plantureuses en robes à fleurs et des cochons se
vautrant dans des flaques de boue un peu partout. Ils vendraient de la graisse de porc fumée et de la vodka aux prunes dans des stands au bord de la route, chanteraient des chansons douces à
propos d’un buisson de canneberges et planifieraient secrètement de torturer et de tuer horriblement tous ceux qui ne seraient pas comme eux, mais ils ne seraient jamais assez sobres pour passer
à l’action.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Ukraine, automne 2023.
Source : Stratpol - par Jean de Joinville - Le 19/09/2023.
Ukraine, automne 2023, depuis le mois de juin, au prix de lourdes pertes, les forces de Kiev tentent courageusement de reconquérir les territoires perdus face à
l’armée russe le long de la mer Noire. Pourtant, à ce jour, la contre-offensive ukrainienne vers le sud se heurte à un mur de défense infranchissable. L’économie russe malgré les trains de
sanctions successifs pour la faire plier tient le coup. Dans cette guerre longue contre l’Occident la Russie s’organise pour durer et n’a visiblement aucune intention de rendre les territoires
annexés au prix du sang de ses soldats.
Fin mars 2022, après son retrait de la région de Kiev, le commandement russe avait annoncé le report de son effort militaire sur la région du Donbass. Odessa qui
vivait jusqu’alors dans l’incertitude des préparatifs pour contrer un éventuel assaut amphibie des forces russes pouvait souffler un peu. La perspective d’une nouvelle offensive paraissait
s’éloigner. Après 18 mois de combats fratricides, les Russes ont perdu le croiseur Moskva qui
était leur navire amiral en mer Noire, puis ils ont évacué Kherson pour se retrancher solidement à l’est du Dniepr. Mais l’armée russe apprend de ses échecs et demeure une force considérable que
l’essentiel des média européens par sympathie pour l’Ukraine s’applique
à sous-estimer.
Pour user ses adversaires occidentaux, la Russie compte désormais sur un allié inattendu, le temps ! En l’absence
de succès décisif et de toute volonté apparente de négociation de la partie ukrainienne qui interdit par un décret au Président Zelenski d’entrer en pourparlers avec son homologue russe, les
positions semblent donc devoir rester figées et la guerre ne jamais finir. Depuis 2008, la Russie a repris le contrôle du littoral de l’Abkhazie en Géorgie avec le port de Soukhoumi, de la Crimée
et de Sébastopol en 2014 et de Marioupol et de toute la mer d’Azov en 2022 et elle atteint aujourd’hui le Dniepr. Il reste 200 kilomètres à parcourir à la Russie par Nikolaïev pour atteindre
Odessa et recouvrer le littoral de l’URSS. En cet automne 2023, le grand port cosmopolite de la mer Noire pourrait donc bien revenir au centre de l’actualité. Pour Kiev sa chute serait un coup
dur porté à l’existence même de l’état ukrainien qui perdrait là son ultime débouché maritime, des industries lourdes de premier ordre, un terminal pétrolier, des usines pétrochimiques et bien
d’autres choses encore. Cela signifierait la perte du contrôle d’un carrefour essentiel des grands oléoducs qui assurent encore le transit du gaz entre la Russie et l’Europe et l’impossibilité
d’exporter des céréales par la mer. Un vrai désastre !
Pour Moscou, la conquête d’Odessa – ville russe fondée par l’impératrice Catherine II en 1794 – rétablirait un
contrôle exercé presque sans interruption sur le nord de la mer Noire, du Kouban à la Transnistrie depuis le XVIIIème siècle.
Quelques mois après le déclenchement de Barbarossa en 1941, la ville a été occupée par l’armée roumaine et des milliers de Juifs y ont été assassinés avant sa reprise par l’armée rouge en 1944.
Pour les Russes, Odessa reste une des douze «
villes héros de L’Union Soviétique » qui possède une stèle dans un jardin de Moscou au pied des remparts du Kremlin où brule une flamme que des soldats gardent jour et nuit en mémoire
des morts de la «
grande guerre patriotique contre les fascistes allemands ». Plus récemment, le 2 mai 2014, après la révolution et le coup d’État du Maïdan qui avaient précédé l’intervention russe en Crimée,
des affrontements homicides d’une violence extrême ont opposé les partisans de Kiev et de Moscou à Odessa où une quarantaine de militants pro-russes retranchés dans la Maison
des syndicats ont péri dans les flammes d’un incendie criminel. En attendant des jours meilleurs, les Russes qui demeurent encore à Odessa se terrent pour échapper à l’enrôlement dans
l’armée de Kiev. Enfin, Odessa est aujourd’hui la base navale de l’Ukraine d’où partent des raids de harcèlement de missiles et de drones visant la marine russe à Sébastopol et le pont de
Crimée.
Washington n’est pas obnubilé par la même passion de reconquête des territoires que ses alliés de Kiev. Les
Américains soutiennent à bout de bras l’effort de guerre car ils ont trouvé en Ukraine les meilleurs soldats d’Europe pour combattre la Russie et parvenir à un changement de régime à Moscou qui
est leur objectif. Après le retrait calamiteux d’Afghanistan, la perte d’Odessa, si elle devait survenir, serait pour l’Amérique un revers fâcheux spécialement vis-à-vis de la Pologne, son allié
le plus important dans cette guerre. La Pologne ne fait aucun mystère de son intérêt pour Odessa et sa région. C’est le débouché maritime d’une vaste continuité géographique qui s’étend de la
Baltique à la mer Noire et où les Polonais ont brillé par le passé notamment à l’apogée de la Rzeczpospolita polono-lituanienne
au XVIIème siècle,
avant que le pays ne soit rayé des cartes de l’Europe jusqu’en 1920 après l’ultime partage de 1795 décidé par la Prusse et la Russie. L’idée d’une fédération d’entre deux mers est en Pologne une
vieille ambition nationale inscrite dans l’histoire et la géographie. Varsovie est la capitale d’un état aux fondements historiques solides mais qui n’a jamais eu par le passé, c’est le moins que
l’on puisse dire, de rapports cordiaux avec ses voisins ukrainiens. Membre de l’Union Européenne, forte du parapluie de l’OTAN et de sa relation privilégiée avec Washington, la Pologne
aujourd’hui brule de ferveur patriotique et célèbre son armée avec l’objectif d’en faire la première force conventionnelle d’Europe. Le noble aigle blanc symbole de la nation se dresse une fois
encore contre l’énigmatique aigle noir bicéphale de l’empire Russe ! De Gdansk à Odessa, on s’exalte face à la steppe pour un destin de sentinelle sur cet isthme européen entre Baltique et mer
Noire. L’Ukraine qui était le pont entre L’Europe et la Russie est en train de devenir une ligne de front face à une Russie inquiétante à la fois proche et lointaine, aux frontières introuvables
de deux mondes.
Odessa automne 2023… Moscou veut la ville ; Kiev la tient et la défendra pied à pied sous peine de disparaitre. Un assaut russe par la terre sans moyens amphibie
parait hasardeux. Washington sera bientôt en année électorale verrait sans doute bien l’armée russe se saigner à blanc pour Odessa mais soupèse cependant soigneusement les cartes. Varsovie
trépigne. Pour tenter d’enrayer l’escalade cependant des voix dissonantes commencent à se faire entendre comme celle de Nicolas Sarkosy en France. L’ancien chef de l’Etat interroge sur le cynisme
de l’UE à soutenir une guerre jusqu’au sang du dernier Ukrainien. Personne n’anéantira la Russie car c’est une puissance nucléaire majeure qui peut déclencher l’Apocalypse. Si dans une guerre
l’anéantissement de l’adversaire se révèle impossible alors il faut trouver d’autres moyens pour faire cesser les combats, ou alors «
que ceux qui veulent mourir lève le doigt ! » pour paraphraser Cyrano.
Après la chute de l’URSS, Alexandre Soljenitsyne, au retour d’exil des Etats-Unis, s’était rendu à Rome pour une audience avec le Pape Jean-Paul II. En Russie et en
Pologne ces deux athlètes du Christ avaient surmonté l’épreuve totalitaire par la seule force de la vérité. Méditant sur le fait qu’aux mille ans de christianisme en Russie correspondait à peu
près mille ans de séparation des mondes orthodoxes et catholiques, l’écrivain était parvenu à la conclusion que c’était le caractère orthodoxe et non l’Empire qui façonnait l’identité russe à
l’aube du troisième millénaire. Trente ans après la fin de l’Union Soviétique, l’Union européenne a-t-elle transformé sa singularité culturelle fondée sur le respect absolu de la personne humaine
mûrit par vingt siècles de christianisme en une banale ambition impériale ?
15 minutes de disgrâce : Face à
une salle de l’Assemblée générale des Nations unies à moitié vide, Volodymyr Zelensky appelle à une Troisième Guerre mondiale.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, connu pour son style théâtral, s’est adressé à l’Assemblée générale des Nations unies dans un discours qui
semblait viser à la fois à alarmer le public mondial et à révéler involontairement des opinions controversées de tendance nazie.
«L’Ukraine a
renoncé à son troisième plus grand arsenal nucléaire», a déclaré Zelensky. «Le monde a alors
décidé que la Russie devait devenir le gardien de cette puissance. Pourtant, l’histoire suggère que la Russie, en particulier dans les années 1990, méritait davantage le désarmement
nucléaire. Et ce sentiment reste vrai aujourd’hui : les terroristes ne devraient pas posséder d’armes nucléaires». La motivation des commentaires de Zelensky, prononcés à la
tribune de l’ONU, n’est pas claire.
La référence de Zelensky à l’histoire de la Russie a laissé certains auditeurs perplexes. Il est largement reconnu que la Russie a été historiquement un
rempart contre divers agresseurs européens, notamment Napoléon Bonaparte, Frédéric-Guillaume et Adolf Hitler. En outre, la Russie a énormément souffert des invasions extérieures.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, les crimes de guerre nazis ont entraîné la mort de plus de 20 millions de citoyens soviétiques. Il est à noter que l’URSS s’est
abstenue de toute action agressive à l’encontre de la population allemande après la chute du Troisième Reich.
Les commentaires de Zelensky sur les «terroristes» sont particulièrement ambigus. Ces propos interviennent à un moment où même les médias occidentaux
ont rapporté des cas où l’Ukraine a pris des mesures contre sa propre population civile, apparemment pour apaiser les financeurs étrangers.
«Depuis le début
de la guerre, les ports ukrainiens de la mer Noire et de la mer d’Azov sont bloqués par la Russie. Aujourd’hui encore, nos ports sur le Danube continuent d’être la cible de missiles
et de drones», a déclaré le président ukrainien. «Il s’agit
manifestement d’une stratégie de la Russie pour tirer parti de la pénurie alimentaire mondiale, dans le but d’obtenir une reconnaissance internationale de certains, voire de tous les
territoires dont elle s’est emparée. La Russie est en train d’armer les prix des denrées alimentaires, avec des ramifications qui s’étendent de la côte atlantique de l’Afrique à
l’Asie du Sud-Est».
Une fois de plus, une recherche rapide aurait permis d’informer l’orateur : les prix mondiaux des céréales sont en baisse, en grande partie parce que l’Ukraine ne contribue qu’à hauteur de 3% au marché mondial, dominé par de nombreux acteurs plus importants. Cependant, la
restriction de l’accès aux engrais et au blé en provenance de Russie pourrait déstabiliser le système agricole mondial en l’espace de quelques semaines.
Zelensky a déclaré : «Le monde a
souvent vu la Russie utiliser l’énergie comme une arme. Le Kremlin a utilisé le pétrole et le gaz comme arme pour affaiblir les dirigeants d’autres nations. La menace actuelle est
encore plus grave : La Russie est en train d’armer l’énergie nucléaire. Elle ne se contente pas de diffuser des technologies douteuses de construction de centrales nucléaires, elle
transforme également des centrales étrangères en bombes sales potentielles».
De telles transactions avec des pays comme les États-Unis ou l’Arabie saoudite sont simplement considérées comme des échanges commerciaux. Toutefois,
selon Zelensky, cette même relation avec la Fédération de Russie est qualifiée de «chantage».
En outre, la Russie est à l’origine de réacteurs qui ne produisent pas de déchets. Le président ukrainien a-t-il cru aux affirmations pseudo-scientifiques de certains militants écologistes européens concernant les dangers de l’énergie nucléaire ?
Tout au long de son discours, il y a un sous-entendu qui rappelle la propagande médiévale dépassée – en gros, «nous sommes les
bons et ils sont les méchants». Ce type de discours a été rejeté par de nombreuses nations depuis un certain temps. Toute personne ayant accès à
internet peut facilement discerner des divergences dans ses affirmations.
Interrogé sur le renouvellement du financement du conflit contre la Russie, le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a exprimé des
réserves mardi et a indiqué qu’il avait des «questions» à poser au Président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Où est la
responsabilité pour l’argent que nous avons déjà dépensé ?» a demandé McCarthy. Il hésite à engager l’argent des contribuables sans savoir s’il peut réellement infliger des dommages tangibles aux forces russes sur le champ de bataille.
Ces sentiments soulignent les
doutes croissants du Congrès quant à la capacité de Zelensky à faire des progrès significatifs vers la fin de la guerre. Son incapacité à obtenir une victoire et ses récentes
déclarations retardant la reddition ont suscité des inquiétudes.
Les dirigeants internationaux semblent prendre leurs distances avec l’homme politique en difficulté. Les réunions prévues avec le président polonais
Andrzej Duda et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva ont été annulées. Le premier parce que Kiev a menacé Varsovie de déposer une plainte auprès de l’OMC au sujet des
restrictions à l’importation, et le second parce que la délégation ukrainienne s’est ostensiblement abstenue d’applaudir pendant le discours du dirigeant brésilien.
Pour beaucoup, cela marque la fin
du mandat de Zelensky en tant que leader national, un rôle qu’il n’a jamais vraiment incarné.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Joe Biden se sont adressés à l’Assemblée générale des Nations unies à New York dans
le but de mobiliser le soutien à la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie.
Leur intervention fait suite à l’échec de l’«offensive du
printemps» de l’Ukraine, qui n’a pas permis de gains territoriaux significatifs malgré la perte de dizaines de milliers de soldats ukrainiens. Lundi, le gouvernement de Zelensky
a annoncé qu’il avait limogé tous ses vice-ministres de la Défense, à la suite du renvoi, le mois dernier, du ministre de la Défense du pays, Oleksii Reznikov.
Pour ajouter au contexte de crise et de désespoir, un jour avant l’intervention de Zelensky à l’ONU, le New York
Times a publié un article réfutant les affirmations selon lesquelles l’attaque de missiles du 6 septembre sur un marché ukrainien, qui a tué au moins 15 civils,
était un massacre délibéré perpétré par des «terroristes» russes. Selon le Times, le
désastre était plutôt le résultat d’un tir de missile ukrainien prétendument accidentel, qui a coïncidé malencontreusement avec l’arrivée du secrétaire d’État, Antony Blinken, en
Ukraine le même jour.
Le licenciement massif de l’ensemble des cadres du ministère ukrainien de la Défense constitue un aveu presque ouvert de l’échec de la contre-offensive.
Zelensky se rend par avion à Washington pour des entretiens d’urgence. C’est évident que le gouvernement Biden réagit à ce revers militaire par une escalade de la guerre. Il demande
au Congrès de voter une nouvelle enveloppe de 21 milliards de dollars en armes et en aide à l’Ukraine, qui s’ajouterait aux 150 milliards de dollars déjà alloués. Il
s’apprête également à envoyer des missiles à longue portée capables de frapper loin en territoire russe.
La couverture médiatique américaine utilise de plus en plus directement le langage de la guerre ouverte contre la Russie. «Comment mener la
guerre financière contre l’économie de la Russie», peut-on lire dans un éditorial du Washington
Post.
Thomas Friedman du New York
Times, l’un des principaux propagandistes de guerre américains, a appelé les États-Unis dans un article d’opinion publié vendredi à lever d’urgence toutes les restrictions qui
subsistent dans le cadre de l’intervention. «L’Ukraine doit
infliger un maximum de dégâts à l’armée de Poutine aussi vite que possible», a écrit Friedman.
«Cela signifie que
nous devons fournir massivement et rapidement les armes dont l’Ukraine a besoin pour briser les lignes de Poutine dans le sud-est du pays. Je parle d’absolument tout : des F-16…; des
systèmes de missiles tactiques de l’armée MGM-140, qui pourraient frapper profondément derrière les lignes russes – tout ce que les Ukrainiens peuvent utiliser efficacement et
rapidement».
Friedman a conclu que «la garantie de la
justice dans la guerre exige presque toujours la défaite totale et l’occupation de l’agresseur».
Exprimant ouvertement les objectifs des États-Unis, Friedman a déclaré que «l’Ukraine est un
pays qui change la donne pour l’Occident» parce que «son intégration
dans l’Union européenne et l’OTAN constituerait un jour un changement de pouvoir qui pourrait rivaliser avec la chute du mur de Berlin et l’unification de l’Allemagne».
La semaine dernière, Reuters a
rapporté que le gouvernement Biden se préparait à envoyer à l’Ukraine le missile «ATACMS» à longue portée, capable de frapper à des centaines de kilomètres derrière les lignes russes,
exposant ainsi la capitale russe, Moscou, à un risque d’attaque avec des armes de l’OTAN.
Vendredi, un groupe de sénateurs républicains a publié une déclaration demandant au gouvernement Biden d’envoyer le système de missiles «ATACMS» à
l’Ukraine.
«Nous vous
écrivons pour vous demander d’envoyer immédiatement le système de missiles tactiques de l’armée MGM-140 (ATACMS) à l’Ukraine», écrivent les sénateurs. «Tout retard
supplémentaire ne fera que compromettre davantage les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis et prolonger ce conflit».
Ils ajoutent : «La récente frappe
ukrainienne sur le port naval de Sébastopol à l’aide de l’arme britannique à longue portée, «Storm Shadow» a démontré l’efficacité de ces armes sur le champ de bataille».
La lettre fait référence à l’attaque menée la semaine dernière par l’Ukraine contre deux navires de guerre russes en cale sèche dans le port de
Sébastopol. Alors que les responsables ukrainiens n’avaient pas admis auparavant avoir mené des frappes à l’intérieur de la Russie, ils se sont vantés d’être responsables de l’attaque
de la semaine dernière.
Plus importants encore, ils ont ouvertement admis avoir utilisé les missiles fournis par l’OTAN pour mener l’attaque, un responsable ayant déclaré
à Sky
News : «C’était Storm
Shadow», en référence au missile à longue portée fourni par le Royaume-Uni à l’Ukraine au début de l’année.
La semaine dernière, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a effectivement approuvé l’utilisation par l’Ukraine de missiles à longue portée de
l’OTAN pour frapper à l’intérieur de la Russie, déclarant qu’il «leur appartient
de prendre des décisions sur ce qui peut être le plus efficace lorsqu’il s’agit de restaurer leur intégrité territoriale».
La trajectoire de ces développements est claire. Alors même que les forces mandataires ukrainiennes subissent une catastrophe militaire après l’autre,
les États-Unis intensifient leur implication directe dans la guerre, abandonnant de plus en plus l’excuse qu’ils ne mènent pas une guerre contre Moscou.
Pour donner une idée de ce qui se discute en coulisses, le président finlandais, Sauli Niinistö, a mis en garde contre la menace d’une escalade
nucléaire de la guerre dans une interview publiée dimanche dans le New York
Times.
Niinistö a déclaré : «Nous nous
trouvons dans une situation très délicate. Même de petites choses peuvent changer la situation et malheureusement pour le pire. C’est le risque d’une guerre à grande échelle». Il
a conclu : «Le risque que des
armes nucléaires soient utilisées est énorme».
En fait, ce que les États-Unis cherchent à présenter comme de l’assurance est en réalité du désespoir. Confronté à une crise économique et sociale de
plus en plus grave, l’impérialisme américain cherche à préserver son hégémonie mondiale et la domination du dollar américain dans la vie économique mondiale, qu’il perçoit comme étant
de plus en plus menacée par la montée en puissance de la Chine.
L’aggravation de la crise militaire fait pression sur les États-Unis pour qu’ils interviennent directement afin d’éviter un désastre. Maintenant que les
armes de l’OTAN sont utilisées pour des frappes à l’intérieur de la Russie, quelle est la marge de manœuvre des États-Unis pour une escalade ? L’étape suivante est le déploiement de
troupes américaines et de l’OTAN, voire le déploiement ou l’utilisation d’armes nucléaires dans le conflit.
Ce désastre peut et doit être évité. Le sentiment pour un mouvement de grève de masse dans les industries automobiles américaines et canadiennes montre
la force sociale qui doit être mobilisée pour stopper la marche vers la guerre des impérialistes. La guerre est, fondamentalement, une «guerre sur deux
fronts», non seulement contre les pays que les États-Unis cherchent à dominer et à soumettre, mais aussi contre la classe ouvrière nationale, que la classe dirigeante cherche à
discipliner et à réprimer dans le cadre de la transition de l’Amérique vers la production de guerre.
La tâche centrale dans la lutte contre la guerre est d’unifier les revendications sociales des travailleurs et la lutte contre la politique étrangère
prédatrice de l’impérialisme américain.
L’Association Dialogue Franco-Russe a récemment accueilli Michel Collon, fondateur du collectif «Investig’Action» et analyste de la stratégie de guerre
et de désinformation.
Au cœur de cette rencontre, Michel Collon a abordé divers sujets brûlants, notamment la guerre en Ukraine et la manipulation médiatique qui
l’accompagne.
Cette semaine, à Vladivostok, l’Extrême-Orient russe a été inauguré. La Russie, la Chine, l’Inde et les pays du Sud étaient là pour contribuer à cette renaissance
du commerce, des investissements, des infrastructures, des transports et des institutions.
Le président russe Vladimir Poutine a ouvert et clôturé son discours très détaillé au Forum économique oriental de Vladivostok par un message retentissant : «L’Extrême-Orient
est la priorité stratégique de la Russie pour tout le XXIe siècle».
Et c’est exactement le sentiment que l’on aurait avant le discours, en interagissant avec des dirigeants d’entreprise se mélangeant sur le magnifique
terrain du forum de l’Université fédérale d’Extrême-Orient (ouverte il y a seulement 11 ans), avec en toile de fond le pont suspendu de plus de quatre kilomètres de long jusqu’à l’île
Russky à travers le détroit du Bosphore oriental.
Les possibilités de développement de ce qui est en réalité l’Asie russe, et l’un des nœuds clés de l’Asie-Pacifique, sont littéralement ahurissantes.
Les données du ministère du Développement de l’Extrême-Orient russe et de l’Arctique – confirmées par plusieurs des panels les plus marquants du Forum – répertorient pas moins de 2800
projets d’investissement en cours, dont 646 sont déjà en cours d’exécution, complétés par les création de plusieurs zones économiques spéciales avancées (ASEZ) internationales et
l’expansion du port franc de Vladivostok, qui abrite plusieurs centaines de petites et moyennes entreprises (PME).
Tout cela va bien au-delà du «pivot vers
l’Est» de la Russie annoncé par Poutine en 2012, deux ans avant les événements de Maïdan à Kiev. Pour le reste de la planète, sans parler de l’Occident collectif, il est
impossible de comprendre la magie de l’Extrême-Orient russe sans être sur place – à commencer par Vladivostok, la charmante capitale officieuse de l’Extrême-Orient, avec ses
magnifiques collines, son architecture, ses îles verdoyantes, ses baies de sable et bien sûr le terminal du légendaire Transsibérien.
Ce que les visiteurs du Sud ont vécu – L’Occident collectif était pratiquement absent du Forum – était un travail en cours en matière de développement
durable : Un État souverain donnant le ton en termes d’intégration de vastes pans de son territoire à la nouvelle ère géoéconomique polycentrique émergente. Les délégations de l’ASEAN
(Laos, Myanmar, Philippines) et du monde arabe, sans oublier l’Inde et la Chine, ont parfaitement compris le tableau.
Bienvenue dans le «mouvement de
désoccidentalisation»
Dans son discours, Poutine a souligné que le taux d’investissement en Extrême-Orient est trois fois supérieur à la moyenne russe ; comment
l’Extrême-Orient n’est exploré qu’à 35 pour cent, avec un potentiel illimité pour les industries des ressources naturelles ; comment les
gazoducs Power of Sibérie et Sakhaline-Khabarovsk-Vladivostok seront connectés ; et comment d’ici 2030, la production de gaz naturel liquéfié (GNL) dans l’Arctique
russe triplera.
Dans un contexte plus large, Poutine a clairement indiqué que «l’économie
mondiale a changé et continue de changer ; l’Occident, de ses propres mains, détruit le système commercial et financier qu’il a lui-même créé». Il n’est donc pas étonnant que le
chiffre d’affaires des échanges commerciaux de la Russie avec l’Asie-Pacifique ait augmenté de 13,7% en 2022, et de 18,3% supplémentaires au cours du premier semestre 2023
seulement.
C’est le cas du commissaire présidentiel aux droits des entreprises, Boris Titov, qui montre à quel point cette réorientation loin de l’Occident
«statique» est inévitable. Même si les économies occidentales sont bien développées, elles sont déjà «trop investies et
atones», estime Titov :
«À l’Est, en
revanche, tout est en plein essor, avance rapidement, se développe rapidement. Et cela s’applique non seulement à la Chine, à l’Inde et à l’Indonésie, mais également à de nombreux
autres pays. Aujourd’hui, c’est eux qui sont au centre du développement, pas l’Europe, nos principaux consommateurs d’énergie sont là, enfin».
Il est tout à fait impossible de rendre justice à l’ampleur et aux discussions passionnantes des principaux panels. à Vladivostok.
Voici juste un avant-goût des thèmes clés.
Une séance de Valdaï s’est concentrée sur les effets positifs accumulés du «pivot vers
l’Est» de la Russie, l’Extrême-Orient étant positionné comme la plaque tournante naturelle pour faire basculer l’ensemble de l’économie russe vers la géoéconomie
asiatique.
Pourtant, il y a bien sûr des problèmes, comme le souligne Wang Wen de l’Institut d’études financières de Chongyang à l’Université Renmin. La population
de Vladivostok ne compte que 600 000 habitants. Les Chinois diraient que pour une telle ville, les infrastructures sont médiocres, «elle a donc
besoin de plus d’infrastructures aussi vite que possible. Vladivostok pourrait devenir le prochain Hong Kong. La solution consiste à créer des ZES comme à Hong Kong, Shenzhen et
Pudong». Pas difficile, car «le monde non
occidental accueille chaleureusement la Russie».
Wang Wen n’a pu que souligner l’avancée que représente le Huawei Mate 60 Pro : «Les sanctions ne
sont pas une si mauvaise chose. Elles ne font que renforcer le «mouvement de désoccidentalisation», comme on l’appelle officieusement en Chine».
À la mi-2022, la Chine a été définie par Wang comme un «mode
silencieux» en termes d’investissement, par crainte de sanctions secondaires américaines. Mais aujourd’hui, les choses changent et les régions frontalières sont à nouveau
considérées comme essentielles aux relations commerciales. Dans le port franc de Vladivostok, la Chine est le premier investisseur avec un engagement de 11 milliards de
dollars.
Fesco est la plus grande entreprise de transport maritime de Russie et dessert la Chine, le Japon, la Corée et le Vietnam. FESCO et ces pays participent
activement à la connexion de l’Asie du Sud-Est à la route maritime du Nord, en coopération avec les chemins de fer russes. La clé est de mettre en place un réseau de plateformes
logistiques. Les dirigeants de Fesco le décrivent comme un «changement
titanesque dans la logistique».
Les chemins de fer russes constituent en soi un cas fascinant. Ils exploitent, entre autres, le Trans-Baïkal, qui se trouve être la ligne ferroviaire la
plus fréquentée au monde, reliant la Russie de l’Oural à l’Extrême-Orient. Tchita, située au bord du Transsibérien – un centre industriel de premier plan situé à 900 km à l’est
d’Irkoutsk – est considérée comme la capitale des chemins de fer russes.
Et puis il y a l’Arctique. L’Arctique abrite 80 pour cent du gaz russe, 20 pour cent de son pétrole, 30 pour cent de son territoire, 15 pour cent de son
PIB, mais ne compte que 2,5 millions d’habitants. Le développement de la route maritime du Nord nécessite une technologie de pointe, notamment des brise-glace en constante
évolution.
Liquide et stable comme la
vodka
Tout ce qui s’est passé à Vladivostok est directement lié à la visite très médiatisée de Kim Jong-un de la Corée du Nord. Le timing était magnifique ;
après tout, la région du Primorsky Krai, en Extrême-Orient, est un voisin immédiat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).
Poutine a souligné que la Russie et la RPDC développent plusieurs projets communs dans les secteurs des transports, des communications, de la logistique
et de la marine. Bien plus que les questions militaires et spatiales discutées à l’amiable par Poutine et Kim, le cœur du sujet est la géoéconomie : Une coopération trilatérale Russie-Chine-RPDC, avec pour résultat évident une augmentation du trafic de conteneurs transitant par la RPDC et la
possibilité alléchante d’une ligne ferroviaire de la RPDC atteignant Vladivostok, puis se connectant plus profondément en Eurasie via la ligne transsibérienne.
Et comme si cela n’était pas assez novateur, de nombreuses discussions ont eu lieu lors de plusieurs tables rondes sur le Corridor de transport
international Nord-Sud (INTSC). Le corridor Russie-Kazakhstan-Turkménistan-Iran sera finalisé en 2027 – et ce sera une branche clé de l’INTSC.
En parallèle, New Delhi et Moscou ont hâte de mettre en place le plus tôt possible le Corridor maritime oriental (EMC), c’est la dénomination officielle
de la route Vladivostok-Chennai. Sarbananda Sonowal, ministre indien des ports, de la navigation et des voies navigables, a organisé un atelier indo-russe sur l’EMC à Chennai le 30
octobre pour discuter de «l’opérationnalisation
fluide et rapide» du corridor.
J’ai eu l’honneur de faire partie de l’un des panels cruciaux, Grande Eurasie :
Moteurs de la formation d’un système monétaire et financier international alternatif.
L’une des principales conclusions est que le décor est planté pour un système de paiement commun en Eurasie – qui fait partie du projet de déclaration
de l’Union économique eurasienne (EAEU) pour 2030-2045 – dans le contexte de la guerre hybride et des «monnaies
toxiques» (83% des transactions de l’UEE les contournent déjà).
Pourtant, le débat reste vif lorsqu’il s’agit d’un panier de monnaies nationales, d’un panier de biens, de structures de paiement et de règlement, de
l’utilisation de la blockchain, d’un nouveau système de tarification ou de la création d’une bourse unique. Est-ce que tout cela est possible, techniquement ? Oui, mais cela prendrait
30 ou 40 ans pour se concrétiser, comme l’a souligné le panel.
Dans l’état actuel des choses, un seul exemple des défis à venir suffit. L’idée de proposer un panier de devises pour un système de paiement alternatif
n’a pas pris de l’ampleur lors du sommet des BRICS en raison de la position de l’Inde.
Alexandre Babakov, vice-président de la Douma, a évoqué les discussions entre l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l’Iran sur le
financement du commerce en monnaies nationales, y compris une feuille de route pour rechercher les meilleurs moyens législatifs pour aider à attirer les investissements. Cela est
également en discussion avec des entreprises privées. Le modèle est le succès du commerce sino-russe.
Andrey Klepach, économiste en chef chez VEB, a plaisanté en disant que la meilleure monnaie est «liquide et
stable». Comme la vodka. Nous n’en sommes donc pas encore là. Les deux tiers des échanges commerciaux s’effectuent encore en dollars et en euros ; le yuan chinois ne représente
que trois pour cent. L’Inde refuse d’utiliser le yuan. Et il existe un énorme déséquilibre entre la Russie et l’Inde : Jusqu’à 40 milliards de roupies restent sur les comptes des
exportateurs russes et n’ont nulle part où aller. L’une des priorités est d’améliorer la confiance dans le rouble : Elle doit être acceptée à la fois par l’Inde et la Chine. Et un
rouble numérique devient une nécessité.
Wang Wen est du même avis, affirmant qu’il n’y a pas assez d’ambition. L’Inde devrait exporter davantage vers la Russie et la Russie devrait investir
davantage en Inde.
En parallèle, comme le souligne Sohail Khan, secrétaire général adjoint de l’OCS, l’Inde contrôle désormais pas moins de 40% du marché mondial des
paiements numériques. Il y a seulement sept ans, sa part était nulle
. Cela explique le succès de son système de paiement unifié (UPI).
Un panel BRICS-EAEU a exprimé l’espoir qu’un sommet conjoint de ces deux organisations multilatérales clés aura lieu l’année prochaine. Une fois de
plus, il s’agit de corridors de transport trans-eurasiens puisque les deux tiers du chiffre d’affaires mondial emprunteront bientôt la voie orientale reliant la Russie à
l’Asie.
Au sein des BRICS-EAEU-SCO, les plus grandes entreprises russes sont déjà intégrées aux activités des BRICS, depuis les chemins de fer russes et Rostec
jusqu’aux grandes banques. Un gros problème reste de savoir comment expliquer l’EAEU à l’Inde – même si la structure de l’EAEU est considérée comme un succès. Et surveillez cet espace
: Un accord de libre-échange avec l’Iran sera bientôt conclu.
Lors du dernier panel à Vladivostok, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova – l’homologue contemporain d’Hermès, le
messager des dieux – a souligné comment les sommets du G20 et des BRICS avaient préparé le terrain pour le discours de Poutine au Forum économique de l’Est.
Cela a nécessité «une patience
stratégique fantastique». Après tout, la Russie «n’a jamais
soutenu l’isolement» et «a toujours prôné
le partenariat». L’activité frénétique à Vladivostok vient de démontrer à quel point le «pivot vers
l’Asie» repose avant tout sur une connectivité et un partenariat accrus dans une nouvelle ère polycentrique.
Les amateurs de films de guerre hollywoodiens et d’effets spéciaux, avec des avancées de chars sur de vastes plaines panoramiques, d’énormes explosions,
des morts et des destructions massives, des guerres terminées en quelques semaines, sont plutôt ennuyés par le conflit en Ukraine. Les Russes ont rapidement atteint la majeure partie
de leur premier objectif, à savoir la libération des deux provinces du Donbass, que les menaces de Kiev sur la Crimée ont, il est vrai, élargi à deux provinces supplémentaires. Une
fois qu’ils ont libéré les parties facilement défendables des régions russophones de l’Ukraine, la plupart des quatre provinces orientales, en plus de la Crimée qui avait déjà voté à
la quasi-unanimité pour rejoindre la Russie en 2014, les Russes sont restés assis pendant environ dix-huit mois dans une «Sitzkrieg». C’est parce qu’ils se sont concentrés sur leur
deuxième objectif.
Deuxième objectif
Les Russes ont mené une guerre d’usure depuis leurs tranchées et leurs fortifications. Ils ont détruit les forces de Kiev et leurs armes, qui leur sont
lancées de manière suicidaire afin d’impressionner leurs commanditaires amateurs de mort à Washington et à Ramstein, ce qui leur rend la tâche si facile. Pourquoi lancer une offensive
et perdre des hommes si ce n’est pas nécessaire ? Mais à quoi vous attendiez-vous ? Avant le début du conflit, les Russes ont déclaré que leur deuxième objectif était de
«démilitariser l’Ukraine», à qui Zelensky avait promis des armes nucléaires il y a moins de deux ans. La démilitarisation est exactement ce que les Russes sont en train de faire. Bien
sûr, tout cela prend beaucoup plus de temps que prévu dans le plan A, mais c’est uniquement parce que l’Occident continue d’envoyer des dizaines de milliards d’armes à détruire par
les Russes, ce qui était prévu par leur plan B. Alors que se passera-t-il une fois que le régime de Kiev n’aura plus rien à jeter aux Russes pour être transformé en ferraille
brûlante, en Bradleys, en Léopards, en Challengers, etc, surtout quand la Russie n’a même pas encore engagé la grande majorité de son armée ?
Troisième objectif
Tout d’abord, les Russes ne veulent pas envahir et occuper l’Ukraine. Ce serait le dernier scénario de la liste, le plan X. Pourquoi occuper un
territoire alors que vous êtes déjà, et de loin, le plus grand pays du monde ? Seulement si votre peuple y vit et qu’il y est persécuté et massacré. Dans l’ouest de l’Ukraine, ce
n’est généralement pas le cas – très peu de Russes y vivent. Au début de l’opération spéciale, les Russes ont déclaré que leur troisième objectif, après la libération de l’Est russe
et la démilitarisation de l’ensemble, était de dénazifier l’Ukraine. En d’autres termes, le troisième objectif est de neutraliser l’Ukraine, d’en faire un espace de liberté pour tous
ses peuples, un espace d’autodétermination, et non un espace de persécution centralisée de ses minorités et de leurs religions par la police secrète de type soviétique de Kiev.
Le principe de non-occupation et la nouvelle Ukraine
Les Russes savent qu’il est impossible d’occuper un pays qui ne veut pas de vous. L’Allemagne l’a compris en occupant pendant quatre ou cinq ans des
pays comme les Pays-Bas, la France et la Norvège. Ils n’étaient pas les bienvenus, il y avait de la résistance, les Allemands étaient toujours des occupants, des armées d’occupation.
Il leur en coûtait beaucoup d’immobiliser leurs troupes pendant quelques années seulement, et cette présence serait nécessairement devenue permanente. Et les occupants allemands
étaient détestés.
Après eux, l’empire de l’étoile rouge, l’URSS, s’est rendu compte de la même chose. L’occupation de l’Europe de l’Est pendant des décennies a coûté
beaucoup d’argent et les Soviétiques ont dû faire face à des révoltes constantes – en Allemagne de l’Est en 1953, en Hongrie en 1956, dans l’ouest de l’Ukraine pendant treize ans
jusqu’en 1958, en Tchécoslovaquie en 1968 et, enfin, en Pologne à partir de 1980. Les occupants soviétiques étaient et sont toujours détestés. L’empire de l’étoile blanche, les
États-Unis, l’a également découvert en Corée, à Cuba, au Viêt Nam, en Irak, en Afghanistan, etc. «Yankees rentrez chez vous», criaient les gens, car la technologie américaine ne
pouvait pas vaincre les paysans vietnamiens et les bergers sablonneux. Les occupants américains étaient et sont toujours détestés dans ces pays.
Une fois que la Russie aura libéré l’ensemble du territoire des cinq provinces orientales de l’ancienne Ukraine, qui ont déjà voté à une écrasante
majorité en faveur de leur rattachement à la Russie par plébiscite, que se passera-t-il ? Une fois le reste du pays entièrement démilitarisé et dénazifié, l’autodétermination viendra.
Peut-être que deux ou quatre autres provinces, voire plus, voteront pour rejoindre la Russie, peut-être que l’une d’entre elles votera pour rejoindre la Roumanie et une autre la
Hongrie. Le reste, la nouvelle Ukraine, restera indépendante, sans gouvernement fantoche américain, et restera l’un des plus grands pays d’Europe, peut-être le sixième ou le septième,
comme la Norvège ou l’Allemagne, et un peu plus grand que la Biélorussie voisine.
Le G21 repris par les BRICS +
C’est certainement l’année de l’Inde, ou de Bharat. Tout d’abord, elle dépasse la Chine et devient le pays le plus peuplé du monde et sa troisième
économie en termes de PPA. Ensuite, ses scientifiques organisent un alunissage très impressionnant. Enfin, elle accueille le G20 à Delhi et, triomphant de l’Occident, elle obtient
l’adhésion de l’Union africaine, BRICSant ce qui était à l’origine une organisation fantoche américaine. Sunak, le traître britannique (d’un point de vue indien) a faiblement tenté de
jouer la carte indienne et hindoue, mais n’a même pas réussi à obtenir une rencontre avec le Premier ministre indien Modi. Les Britanniques ne peuvent plus faire la leçon à l’Inde,
mais les Indiens peuvent la faire à la Grande-Bretagne, et ils ont tous les droits moraux de le faire.
Quand l’Inde obtiendra-t-elle un siège au Conseil de sécurité des Nations unies ? Mais pour cela, il faudrait que l’Amérique latine et l’Afrique y
soient également représentées, alors qu’à l’heure actuelle, des pygmées parrainés par les États-Unis, comme le Royaume-Uni et la France, y sont représentés. De toute façon, les
Nations unies ne devraient-elles pas être déplacées de New York ? L’Afrique, l’Inde et la Chine représentent exactement quatre milliards d’habitants, soit la moitié de la planète. La
Chine et la Russie n’ont même pas participé au G20, ou plutôt au G18, et pourtant, bien qu’absentes, elles ont tiré les ficelles. Pourquoi auraient-elles dû être présentes ? Les pays
occidentaux qui tuent des soldats russes avec leurs armes et appliquent des sanctions illégales contre la Russie et la Chine, menant des guerres hybrides contre ces deux pays, étaient
présents.
Bien sûr, les pays occidentaux, une minorité du G20 post-occidental, ont été réprimandés et il n’y a pas eu de déclaration contre la libération par la
Russie de la marionnette ukrainienne de l’Occident. Il y a plutôt eu une déclaration contre ceux qui se mêlent des affaires des autres pays – comme l’Occident essaie de le faire
partout. En un mot, l’Occident a été humilié lors du premier G20 post-colonial. Il n’est pas étonnant que Biden ait été tellement dégoûté qu’il a quitté les lieux avant même la
troisième session.
Comment devenir le dirigeant d’un pays occidental
Critères en Europe
L’actuel Premier ministre britannique n’est pas élu. Il en était de même pour Truss, le précédent. Les dirigeants politiques non élus n’ont rien
d’inhabituel dans ce pays. Après tout, c’est la classe riche qui dirige le pays, quel que soit le mannequin de tailleur qui fait office d’homme ou de femme de tête. Les dirigeants
politiques allemands et français, tant moqués et détestés, obtiennent probablement environ 18% du vote populaire. Démocratie ? Le libre choix ? Tout le monde sait que c’est un mythe,
le choix entre deux candidats, tous deux soigneusement sélectionnés par l’élite et présentés par les médias de l’élite. Des élections sont prévues en Slovaquie dans deux semaines.
Beaucoup s’attendent à ce qu’un gouvernement anti-ukrainien soit élu ; le gouvernement actuel, comme la plupart des gouvernements d’Europe de l’Est, à l’exception de la Hongrie
vraiment démocratique, serait remplacé par le même, si les États-Unis et leur UE en donnaient l’occasion à l’électorat.
Critères aux États-Unis
Il semblerait que pour être président des États-Unis, il faille être à la tête de la CIA (Bush père), ou être un instrument consentant du complexe
militaro-industriel (Clinton/Obama), ou avoir une déficience mentale (Bush fils), ou encore être atteint de démence, de «déclin cognitif» (Biden). En d’autres termes, tant que, pour
quelque raison que ce soit, vous pouvez être manipulé par les oligarques qui dirigent réellement l’endroit, vous pouvez devenir président. C’est pourquoi ils détestaient Trump, parce
qu’il ne pouvait pas être contrôlé. Il avait déjà beaucoup d’argent, il ne pouvait donc pas être acheté, et il a fait preuve d’une grande indépendance. La solution consistait à le
qualifier de «populiste» (c’est-à-dire que les gens l’apprécient), à le calomnier (Russiagate), à le salir (payer une star du porno) ou à le faire destituer et à le mettre en prison
(corrompre les juges). Le danger existe toujours : il pourrait être réélu. Pas d’inquiétude à avoir. Enfin, il reste ce vieux favori du complexe militaro-industriel américain :
l’assassinat.
Critères en Ukraine
Tous les pays occidentaux non occidentaux ou pauvres doivent être contrôlés par les États-Unis par l’intermédiaire d’une marionnette. Ces pays sont des
républiques bananières du tiers-monde, du point de vue des États-Unis – à un moment donné, l’Italie et la Grèce figuraient toutes deux sur la liste. La marionnette doit avoir deux
qualités essentielles. Premièrement, elle doit parler anglais. Après tout, comment le crucifieur local/Ponce Pilate/gouverneur romain/ambassadeur américain pourrait-il communiquer
avec lui et lui donner des ordres ? Deuxièmement, la marionnette doit aimer l’argent. Sinon, pourquoi ferait-elle ce que vous lui ordonnez ? Ce sont les deux points essentiels, mais
il y a plusieurs autres éléments souhaitables.
Par exemple, s’il s’agit d’un acteur, «un comédien en pantalon cargo», cela serait très utile. Il sera habitué à porter différents costumes, militaires
ou autres, à se maquiller, à se présenter devant des caméras et à jouer la comédie. Il est également souhaitable que sa femme (il doit en avoir une) ait l’air américaine (comme la
femme du scénariste de Zelensky), parle américain (comme la femme de Zelensky) ou soit née ou ait vécu aux États-Unis (comme la femme de Iouchtchenko). Enfin, le grand atout des
néoconservateurs est qu’il soit juif (comme Porochenko et Zelensky). La dernière chose que vous voulez, c’est un homme enraciné dans son propre peuple. Il pourrait vous
résister.
De nombreux analystes et commentateurs spéculent sur la manière dont
les États-Unis et l’OTAN parviendront à mettre un terme au conflit ukrainien. Certains se concentrent, pour des raisons humanitaires ou pragmatiques, sur un règlement négocié entre les États-Unis
et la Russie. Même si, formellement, l’Ukraine serait partie prenante d’un tel accord et qu’elle dépend désormais entièrement des armes et des financements occidentaux, il est impossible de
prétendre que c’est vraiment elle qui conduit le train.
Nous avons décrit
précédemment comment les différentes factions du côté des États-Unis et de l’OTAN passaient énormément de temps à discuter entre elles pour trouver des idées de sortie du conflit qu’elles
élaborent dans le vide, sans échange substantiel avec la Russie et sans même prendre réellement en considération les déclarations répétées des responsables russes, y compris les projets de
traités présentés en décembre 2021 et lors des pourparlers de paix avortés de Marcy en 2022.
Les nouvelles discussions sur la paix semblent se résumer à :
Cessez-le-feu > *Magie* > La Russie s’en va avec la queue suffisamment entre les jambes pour que nous et l’Ukraine puissions déclarer la victoire.
Dans un premier temps, nous avons pensé que cette dynamique était le résultat de divisions entre les différentes parties clés. Après tout, les négociations
multipartites sont compliquées.
Mais après mûre réflexion, il se pourrait que l’Occident se soit effectivement fixé des conditions qui rendent la fin de la guerre impossible….absence de
changements à la tête de gouvernements clés qui se traduisent par une volonté d’assouplir les conditions limites et/ou un effondrement si visible de l’armée ukrainienne que l’Occident doit
repenser les contraintes qu’il s’est lui-même imposées.
L’Occident veut avoir une guerre de Schrodinger : prétendre que son implication dans le conflit n’est pas établie alors que les États-Unis et l’OTAN sont clairement
des co-belligérants. N’oubliez pas que jusqu’à présent, les membres de l’OTAN ont échappé aux tentatives de l’Ukraine de dépeindre les divers bombardements comme des attaques contre des membres
de l’OTAN.
N’oubliez pas que nous avons souligné, avec d’autres, qu’il n’y a aucune raison de penser que les belligérants parviendront à un accord, étant donné que de nombreux
conflits se terminent sans qu’un accord ait été conclu. Et comme nous l’avons dit très tôt, il n’y a pas de bonnes raisons de penser qu’un tel accord se produira dans le cas présent.
L’une des principales priorités de la Russie est d’obtenir de l’Ukraine qu’elle s’engage à rester neutre ou qu’elle ne tombe pas dans les mains de l’OTAN, alors que
la position des États-Unis est que personne en dehors de l’OTAN n’a son mot à dire sur qui pourrait devenir membre de l’OTAN. Et pour l’Ukraine, ou du moins pour les Banderistes, la guerre doit
se poursuivre aussi longtemps que possible. Une fois que l’argent et le matériel des États-Unis et de l’OTAN se seront largement évaporés, les dirigeants ukrainiens actuels seront à la merci du
gouvernement russe, avec un pouvoir personnel et des perspectives d’enrichissement très réduits. Quelques-uns pourraient survivre et même prospérer, mais en tant que groupe, ils subiront une très
lourde chute.
Et comme nous l’avons noté, les États-Unis et l’OTAN tentent toujours l’escalade…. ou, au mieux, l’escalade parce que les mesures passées, comme la grande
contre-offensive ukrainienne, ont échoué. Pire encore, les experts occidentaux admettent que la Russie a amélioré ses tactiques et ses armes au cours de la guerre, comme l’explique Simplicius
dans son dernier billet. Ainsi, les États-Unis, qui avaient précédemment refusé d’envoyer des F-16 à l’Ukraine, vont maintenant le faire. ABC a rapporté que les États-Unis sont désormais
susceptibles d’envoyer des missiles ATACMS, qui ont une plus grande portée que les HIMARS. Selon de nombreux commentateurs, l’Ukraine utilisera ces missiles pour frapper la Crimée et le pont de
Kertch. 1
Pourquoi pensons-nous que l’Occident s’est pris les pieds dans le tapis ?
Pour la Russie, la guerre est existentielle. Trop de responsables occidentaux ont dépeint la victoire comme une Russie si malmenée que Poutine serait évincé, voire
que la Russie éclaterait. L’opinion russe s’est durcie à la suite de ces déclarations, ainsi que des efforts occidentaux non seulement pour soutenir la guerre en Ukraine, mais aussi pour
« annuler » les athlètes, les artistes et
même la culture russe, et pour poursuivre les frappes de missiles ukrainiens sur la ville civile de Donetsk.
Au moins pour l’instant, la combinaison États-Unis/Otan agit comme si la guerre était existentielle, même si, comme l’a souligné Ray McGovern, il n’y a pas la
moindre preuve que la Russie ait un quelconque intérêt à acquérir des territoires dans les pays de l’Otan. Voyez comment l’Allemagne s’est laissée désindustrialiser et n’a pas réagi à l’attaque
du Nord Stream, que la presse allemande dépeint comme l’œuvre de son allié ukrainien, alors que les États-Unis ne peuvent pas plausiblement ne pas avoir su ce qui se passait. Ces actions montrent
la profondeur de l’engagement.
En ce qui concerne la position de la Russie à l’égard de l’Ukraine, Poutine a rejeté les efforts des séparatistes du Donbass pour rejoindre la Russie avant
l’opération militaire spéciale, et a décidé d’annexer les quatre oblasts que la Russie n’avait partiellement occupés qu’après les retraits embarrassants de Kherson et de Kharkiv l’année dernière.
Les civils qui avaient aidé les Russes se sont ainsi retrouvés exposés à des représailles, et d’autres, dans les régions où la Russie avait pris du terrain, se sont inquiétés de l’engagement de
la Russie. Mais maintenant que le sentiment en Russie s’est durci et que l’Occident ne recule pas, la Russie semble destinée à s’emparer d’une plus grande partie de l’Ukraine. Ce qu’il adviendra
alors de l’Ukraine occidentale reste une question très ouverte.
Toutefois, la position des États-Unis et de l’OTAN selon laquelle l’OTAN appliquera toujours une politique de la porte ouverte pourrait finir par avoir une
incidence sur l’existence de l’OTAN. Si les États-Unis se ressaisissaient, ils pourraient accepter d’arrêter l’expansion de l’OTAN vers l’est, là où elle se trouve actuellement (mais la Russie
n’y croirait pas nécessairement), ce qui permettrait à l’OTAN de continuer à exister, seulement un peu meurtrie par le fait que les forces entraînées et équipées par l’OTAN en Ukraine se sont mal
comportées par rapport à la Russie. Au lieu de cela, l’OTAN redouble d’efforts, par exemple par le biais du compromis qui ne plaît à personne, proposé par
un adjoint du chef de l’OTAN Jens Stoltenberg, selon lequel l’Ukraine céderait des terres à la Russie en échange d’une adhésion immédiate à l’OTAN. Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans
“la Russie n’acceptera pas l’OTAN à sa frontière” ? Ce
genre de choses ne fait que confirmer l’idée que l’Occident n’a aucun intérêt à prendre en compte les besoins de la Russie en matière de sécurité.
La Russie n’a pas pu manquer la position d’Anthony Blinken lorsque le chef de l’état-major interarmées, Mark Milley, a eu la témérité, l’automne dernier, de
suggérer que l’Ukraine négocie après avoir repris un peu de terrain afin d’améliorer sa position de négociation. Milley a été contraint de revenir sur sa mention des négociations à l’époque.
Blinken a engagé les États-Unis et l’OTAN à continuer d’armer l’Ukraine pour qu’elle recommence la guerre à une date ultérieure. Principaux extraits de l’entretien accordé
par le Washington Post à David Ignatius
:
Le secrétaire d’État Antony Blinken a exposé sa stratégie concernant la fin de la guerre en Ukraine et la dissuasion d’après-guerre lors d’un entretien accordé
lundi au département d’État…..
Il a également souligné la détermination du président Biden à éviter un conflit militaire direct avec la Russie, même si les armes américaines contribuent à
pulvériser la force d’invasion de Poutine. “M. Biden a toujours insisté sur le fait que
l’une de ses exigences en Ukraine était qu’il n’y ait pas de troisième guerre mondiale“, a déclaré M. Blinken.
L’échec colossal de la Russie à atteindre ses objectifs militaires, estime M. Blinken, devrait maintenant inciter les États-Unis et leurs alliés à commencer à
réfléchir à la forme de l’Ukraine d’après-guerre – et à la manière de créer une paix juste et durable qui maintienne l’intégrité territoriale de l’Ukraine et lui permette de dissuader et, si
nécessaire, de se défendre contre toute agression future. En d’autres termes, la Russie ne devrait pas pouvoir se reposer, se regrouper et réattaquer.
Le cadre de dissuasion de Blinken est quelque peu différent des discussions de l’année dernière avec Kiev sur les garanties de sécurité similaires à l’article 5
de l’OTAN. Plutôt que de s’engager formellement dans un traité, certains responsables américains sont de plus en plus convaincus que l’essentiel est de donner à l’Ukraine les outils dont elle
a besoin pour se défendre. La sécurité sera assurée par des systèmes d’armes puissants – en particulier les blindés et la défense aérienne – ainsi que par une économie forte et non corrompue
et par l’adhésion à l’Union européenne.
L’accent mis actuellement par le Pentagone sur la fourniture à Kiev d’armes et d’entraînement à la guerre de manœuvre reflète cet objectif de dissuasion à long
terme. “L’importance des armes de
manœuvre n’est pas seulement de donner à l’Ukraine la force de reconquérir son territoire, mais aussi de dissuader les futures attaques russes“, a expliqué un fonctionnaire du
département d’État au fait des réflexions de M. Blinken. “L’objectif est l’avenir.”
Étant donné que le gouvernement ukrainien actuel continue d’insister sur le fait qu’il doit reconquérir toute l’Ukraine d’avant 2014, il est clair que tout
réarmement de l’Ukraine par l’Occident conduirait à de nouvelles hostilités… qui ne seraient pas déclenchées par la Russie.
Cependant, en passant, le Post nous dit aussi, sans le vouloir, pourquoi le projet
Ukraine est voué à l’échec. Les États-Unis ne se sont pas adaptés au nouveau paradigme ISR que la Russie perfectionne chaque jour. Comme l’ont souligné plusieurs experts militaires, la guerre de
manœuvre (qui repose notamment sur la concentration des forces pour percer les lignes ennemies) n’est plus possible avec une puissance homologue. Votre accumulation d’hommes et de matériel sera
vue et attaquée avant que vous ne lanciez votre grand coup de poing.
Gardez à l’esprit ce que la position de Blinken implique également : les États-Unis pensent qu’ils peuvent mener ce qui équivaut à une guerre sur deux fronts.
Blinken suppose que la Russie perde d’une manière ou d’une autre en Ukraine, ce qui permettrait aux États-Unis et à l’OTAN de la réarmer à leur guise afin de harceler, hum, de faire pression sur
la Russie dans la suite de la guerre. Dans le même temps, les États-Unis sont également déterminés à faire quelque chose à leur ennemi officiel n° 1, la Chine. Étant donné que les sanctions
économiques fonctionnent aussi mal contre la Chine que contre la Russie, que reste-t-il aux États-Unis et à leurs alliés du Pacifique à part l’escalade militaire ? Ou bien une propagande acharnée
suffira-t-elle à ébranler la crédulité du public américain ?
Ainsi, à moins que les États-Unis ne cèdent, la Russie n’a d’autre choix que de poursuivre la guerre jusqu’à ce que l’Ukraine soit prostrée ou que la Russie ait
précipité un changement de régime à Kiev. La Russie doit s’emparer de l’Ukraine, que ce soit sur le plan politique ou pratique. Ce résultat devient encore plus important si les États-Unis
envoient des ATACMS. La Russie aura besoin d’une zone tampon encore plus large (300 km contre 77 km pour les HIMARS envoyés précédemment) pour empêcher leur utilisation contre le territoire
russe.
Cependant, une perte indéniable de l’Ukraine, quelle que soit la grossière maquilleuse des porte-parole des États-Unis et de l’UE, va, comme Alastair Crooke l’a
décrit en long et en large dans une récente émission de
Duran, ébranler les petits membres de l’OTAN, qui douteront qu’ils puissent compter sur l’OTAN pour venir à leur rescousse. Il se peut que l’OTAN soit toujours adaptée à son objectif en tant
qu’alliance défensive. Toutefois, le fait que les Etats-Unis et les membres de l’OTAN aient envoyé toute une série de “wunderwaffen” à grand renfort de publicité, qui n’ont
pratiquement rien fait pour contrecarrer les opérations russes, et dont certains ont été détruits de manière impressionnante, comme les chars Leopard 2 et Challenger, et que l’Occident ne
réagisse pas par un effort du type Spoutnik pour amener la puissance de feu occidentale au niveau de celle des Russes, signifie qu’il y a de bonnes raisons de douter de la résistance du bouclier
de l’OTAN s’il était mis à l’épreuve.
Cependant, Crooke a expliqué dans un article connexe
que les États-Unis (ou les faucons pensent qu’ils le font) s’orientent vers un conflit long et de faible intensité, ce qui est cohérent avec les remarques de Blinken ci-dessus. Mais cet espoir
américano-ukrainien ne tient pas compte du fait que la guerre va généralement dans le sens de la Russie, l’Ukraine continuant à lancer des hommes et du matériel contre les positions russes, et la
Russie ne s’engageant que dans des avancées relativement mineures à Kupiansk et dans ses environs pour produire encore plus de la même chose. La Russie voulait affaiblir l’Ukraine et elle a
obtenu ce résultat. Et la Russie peut augmenter l’intensité quand cela l’arrange, et elle le fera.
Compte tenu de l’affaiblissement de la position de l’Ukraine et de la nécessité trop évidente pour l’administration Biden de ne pas subir de défaite visible en
Ukraine, on pourrait penser que le moment optimal se situerait entre mars et octobre 2024. Mais le revers de la médaille est que lorsque la Russie aura enfin brisé la dernière ligne de défense
ukrainienne dans le Donbass, il ne restera plus beaucoup de positions défendables à l’ouest de Lougansk jusqu’au Dniepr 2 .
En d’autres termes, le changement de régime est le moyen de parvenir à une fin. Et les régimes faibles se trouvent tous à l’Ouest.
Yves
Smith
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Certes, les
États-Unis ont repoussé la date de livraison des chars Abrams à l’année prochaine….mais ils sont si lourds qu’ils seraient probablement inutiles pendant la saison de la boue qui arrive
bientôt.
Dima, sur Military Summary, note aujourd’hui que la Russie ne s’est pas engagée dans des frappes massives de missiles sur l’Ukraine comme elle en avait l’habitude, bien qu’elle
continue à frapper régulièrement des cibles sélectives, comme hier un dépôt de munitions à Kiev, qui contiendrait des obus à l’uranium appauvri. Il suppose que la Russie accumule des
stocks en vue de frappes massives en hiver pour endommager à nouveau le réseau électrique. Si la Russie a effectivement caché des missiles, elle pourrait également les garder en
réserve pour des frappes de représailles de grande envergure.
C’est pourquoi la
poursuite de la lutte pour Bakhmut est rationnelle. Il s’agit de la troisième des quatre lignes de défense de l’Ukraine, mais la dernière est considérée comme faible. Si la Russie devait
déplacer des forces jusqu’au Dniepr, on voit mal comment l’Occident ne pourrait pas y voir la preuve indéniable d’un succès russe, qui menacerait la position du régime ukrainien auprès de ses
protecteurs.
Guerre en Ukraine, droit d’inventaire
Sopurce :
Causeur - par Alain Destexhe - Le 13/09/2023.
Après l’espoir de la contre-offensive ukrainienne, le temps des désillusions pour les soutiens de Kiev.
La réaction occidentale à la guerre en Ukraine a eu des conséquences désastreuses pour les peuples européens. Souvenons-nous. Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, nous étions en pleine euphorie
post-Covid. La croissance de 7% était au rendez-vous, l’économie reprenait, les taux d’intérêt étaient proches de 1% ; le « rebond » allait permettre de gommer le passé récent et
l’optimisme était de mise. Et puis patatras. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont décidé de faire de ce conflit
territorial limité, dont les conséquences pour l’Europe et le monde étaient difficiles à mesurer, un enjeu moral et géopolitique majeur. L’Occident ne doutant pas de lui-même, la crise serait
courte et, bientôt, la Russie à genoux. Droit dans ses bottes, l’impayable ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, annonçait « l’effondrement de
l’économie russe ». Quant à l’armée russe, elle serait tellement obsolète qu’il suffirait de donner à l’armée ukrainienne quelques matériels de haute technologie pour qu’elle aussi
s’effondre.
L’économie russe plus résiliente qu’escompté
Dix-neuf mois et onze trains européens de sanctions plus tard, – des sanctions d’une « efficacité redoutable » selon le même prescient
Le Maire en mars 2022 – l’économie russe est, certes, en difficulté mais ne s’est nullement effondrée et fait même preuve d’une étonnante résilience. Ce sont les économies européennes qui sont en
(quasi) récession et une inflation inédite depuis les années 70 touche de plein fouet les ménages. Les Européens se sont souvent trouvés confrontés à des choix que l’on croyait révolus entre se
chauffer et se nourrir correctement ! Contrairement aux illusions européennes, seuls les pays occidentaux ont adopté des sanctions, le reste du monde n’a pas suivi et continue à entretenir de
bonnes relations avec la Russie, les grands pays comme l’Inde, le Brésil ou encore l’Arabie Saoudite, restant prudemment neutres et tirent profit économiquement des sanctions.
La contre-offensive ukrainienne qui, selon les experts de LCI, ne devait être qu’une formalité, a échoué au prix de dizaines de milliers de morts et de blessés ukrainiens dont des milliers
d’amputés qui resteront marqués à vie. C’est une boucherie que les chaînes de télévision refusent de nous montrer mais que l’on peut voir sur Telegram. Chaque avancée d’un kilomètre carré coûte
inutilement des centaines d’hommes. En les envoyant sauter en vain sur des mines, Biden et Zelensky se comportent de manière irresponsable. Les mêmes qui se demandent comment on a pu envoyer les
poilus à la mort dans des offensives absurdes, refusent de voir qu’il s’agit de l’équivalent moderne des assauts de 14-18. Comme à cette époque, la propagande nous aveugle sur la réalité de cette
guerre et les échecs de l’armée ukrainienne. De couteuses offensives sont présentées comme des percées prometteuses avant de retomber dans l’oubli médiatique.
On ne parle plus du pipeline Nord Stream
Sans vision stratégique et sans grands succès tactiques, les lignes rouges militaires (missiles à longue portée, chars, avions de chasse,…) ont été allègrement franchies les unes après les
autres. Personne ne s’indigne plus de l’usage par l’Ukraine d’armes à sous-munitions, extrêmement létales, interdites par le droit européen, pas plus que de projectiles à uranium appauvri dont
l’impact sur la santé suscite des interrogations. Quant au danger de recours à l’arme nucléaire, il semble oublié. Ksenia Sobtchak, une opposante à Poutine, n’a pourtant pas tort en affirmant qu’il
pourrait y recourir. À cet égard, il est heureux que la contre-offensive ait échoué, la question de son utilisation en cas de recul russe perdant provisoirement de son actualité, mais l’Occident
ferait bien de se souvenir que la menace nucléaire est toujours bien réelle et qu’une nouvelle guerre mondiale n’est pas
exclue.
Sur le plan géopolitique, l’Union européenne confirme son rang de nain. Elle supporte le poids des réfugiés, l’inflation, les coûts exorbitants de l’énergie et paiera pour la reconstruction de
l’Ukraine pendant que les États-Unis font tourner leurs usines d’armement à plein régime et profitent de la hausse des prix du gaz et des céréales. L’Allemagne et l’Union européenne ne semblent
nullement pressées de dénoncer les coupables de l’acte de terrorisme international contre leurs infrastructures, les pipelines Nord Stream. Qu’il s’agisse des États-Unis, de l’Ukraine ou des
deux, le silence européen à ce sujet est incompréhensible et humiliant. Apparemment, même poser la question serait incongru, comme le montre une vidéo d’un parlementaire belge s’attirant les quolibets de l’assemblée. Où sont les unes
indignées des journaux dénonçant ce scandale d’un allié détruisant une infrastructure clé d’un pays ami ?
Tout cela pour l’Ukraine, un des pays les moins démocratiques de l’Europe, sans presse libre, dominé par des oligarques, réprimant sa minorité russophone depuis le coup d’État de 2014 et
détournant les aides massives qu’elle reçoit des contribuables occidentaux. Un pays avec à sa tête un comique vulgaire, qui comme dans la chanson de France Gall « jouait du piano debout » mais avec son sexe, devenu le pantin des Occidentaux et se comportant en véritable autocrate détenteur de tous les
pouvoirs. Avec un pays exsangue, de plus en plus vide et aux infrastructures détruites, à l’heure où de plus en plus d’hommes ukrainiens cherchent par tous les moyens à échapper à la mobilisation
(et on les comprend, mais ils n’ont pas droit à la compréhension médiatique des fusillés de 1917 !), que sait-on de la volonté du peuple ukrainien de continuer dans cette folle logique guerrière
? Sans minimiser le défi qu’elle représente en pleine guerre et avec plus de 12 millions de déplacés, l’élection présidentielle prévue en mars 2024 aura-t-elle lieu et donnera-t-elle la
possibilité à un candidat de la paix de se présenter ?
Hélas, malgré l’échec patent de la stratégie actuelle, l’Occident a été trop loin pour reconnaître son erreur de départ et procéder à un aggiornamento. Il faut donc s’attendre à plus de morts,
plus d’armements sophistiqués livrés à ce régime jusqu’au-boutiste, à des prix (surtout de l’énergie) élevés et fluctuants ainsi qu’à une accélération de la perte de l’influence occidentale dans
le monde. Rarement, on aura vu des gouvernements européens se moquer à ce point de l’intérêt de leurs propres peuples. Il y a donc peu d’espoir, sauf si l’opinion américaine venait à rejeter
massivement le soutien à l’Ukraine, comme elle a en son temps cessé de soutenir des guerres qui se sont toutes mal terminées, au Vietnam, en Irak et en Afghanistan. À bon entendeur…
Caroline Galactéros : «Zelensky négociera quand il n’y aura plus d’Ukraine»
La stratégie des États-Unis est-elle dans l’impasse ? Quelle est la conduite russe des opérations militaires ? Quand aura lieu la contre-offensive
ukrainienne ? L’armement occidental fait-il vraiment la différence en Ukraine ? Qui sont les gagnants de cette guerre ? À quels bouleversements du monde sommes-nous en train
d’assister depuis le 24 février 2022 ? Quelle est la réalité des pertes, côté ukrainien et côté russe ? L’industrie occidentale parvient-elle à rivaliser avec celle de la Russie en
Ukraine ? Pourquoi ne cherche-t-on pas une solution négociée ? En quoi notre perception du conflit est-elle en train de desservir l’Ukraine ?
Pour répondre à ces questions et à bien d’autres, Jacques Baud s’appuie sur les informations des services de renseignement occidentaux et les documents
américains qui ont fuité en avril 2023. Après les best-sellers «Poutine, le
maître du jeu ?» et «Opération
Z», dont le travail d’analyse a été salué dans le monde entier, l’auteur revient sur la guerre en Ukraine en analysant les faits et rien que les faits. Que l’on soit pour ou
contre la position de l’Ukraine, on est condamné à revenir au terrain des opérations et à analyser ce qui s’y déroule. C’est à ce prix qu’un chemin vers la paix est possible, et non
en nous fondant sur des illusions.
Tout observateur expérimenté de la politique russe sait qu’il est préférable d’évaluer l’état du tango russo-américain à partir d’intrigues secondaires,
souvent obscures et inaperçues, loin de l’amphithéâtre où les gladiateurs croisent le fer. C’est pourquoi il convient d’explorer deux pistes concernant la crise ukrainienne.
La première est la rencontre entre le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue indien, S. Jaishankar, à Jakarta, en
marge du sommet de l’Asie de l’Est, et la seconde est l’arrivée inopinée du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, à Kiev. Ces deux événements se sont produits mercredi. Le
trafic cryptographique entre Jakarta, Kiev, Moscou et Washington a dû être très intense au cours des dernières 48 heures.
Le compte-rendu russe de la rencontre entre Lavrov et Jaishankar indique que les deux ministres «ont échangé des
points de vue sur les questions les plus urgentes des relations bilatérales et des questions internationales… Un désir mutuel d’accroître la coordination dans les formats
multilatéraux, principalement à l’ONU, ainsi qu’au sein de l’OCS, des BRICS et du G20, a été souligné».
De toute évidence, ce qui a justifié cette réunion, c’est la tentative fébrile de l’Inde d’élaborer une formulation sur l’Ukraine pour la déclaration du
G20 qui permettrait au gouvernement Modi de revendiquer un triomphe diplomatique.
La semaine dernière, Lavrov a averti qu’«il n’y aura pas
de déclaration générale [du G20] au nom de tous les membres si notre position n’est pas reflétée». Mais Jaishankar sait qu’un axiome de la diplomatie russe est «ne jamais dire
jamais».
Il semble peu probable que Moscou s’oppose à ce que Modi tienne un trophée lorsque le G20 se terminera dimanche. Pour le président Biden également, un
Modi qui réussit devient un partenaire plus efficace dans l’Indo-Pacifique.
D’ailleurs, le communiqué de la Maison-Blanche souligne que «lors de son
séjour à New Delhi, le président Biden saluera également le leadership du Premier ministre Modi au sein du G20 et réaffirmera l’engagement des États-Unis en faveur du G20 en tant que
principal forum de coopération économique, notamment en l’accueillant en 2026».
Une formule de compromis sur l’Ukraine peut encore être négociée. Si c’est le cas, ses paramètres seront un indicateur de la mesure dans laquelle Moscou
et Washington sont enclins à rapprocher leurs intérêts et attentes respectifs.
Entre-temps, le 6 septembre, Blinken s’est embarqué pour une visite atypique à Kiev. Il n’avait pas le feu au ventre. Pour une fois, il n’a pas menacé
la Russie ni ridiculisé Poutine depuis le sol ukrainien. Il n’a pas non plus montré beaucoup d’enthousiasme pour la contre-offensive de Kiev.
Il s’est plutôt concentré sur les horribles souffrances humaines causées par la guerre, sur le rétablissement de l’Ukraine en tant que démocratie après
le conflit et sur la reconstruction de son économie. Blinken a répété à plusieurs reprises qu’il effectuait cette visite sur instruction de Biden. En présence du président Zelensky,
Blinken a déclaré :
«Nous sommes
déterminés, aux États-Unis, à continuer à marcher à vos côtés. Le président Biden m’a demandé de venir, de réaffirmer fermement notre soutien, de veiller à ce que nous maximisions les
efforts que nous déployons et que d’autres pays déploient pour relever le défi immédiat de la contre-offensive ainsi que les efforts à plus long terme pour aider l’Ukraine à
construire une force pour l’avenir qui puisse dissuader et défendre contre toute agression future, mais aussi de travailler avec vous et de vous soutenir alors que vous vous engagez
dans le travail critique de renforcement de votre démocratie, de reconstruction de votre économie».
Des paroles émouvantes, mais pas de discours fanfaronnant sur la libération de la Crimée, sur la poursuite du combat contre le camp russe ou sur la
nécessité de forcer la Russie à quitter les territoires annexés et de ne négocier avec la Russie qu’en position de force. Lors de la conférence de presse conjointe de Blinken et du ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba, ce dernier a affirmé qu’ils avaient eu une discussion
«substantielle»
sur la fourniture de fusées à longue portée, ATACMS, à Kiev. Mais Blinken a éludé le sujet.
L’aspect le plus inhabituel de la visite de Blinken est qu’elle s’est prolongée sur une deuxième journée. C’est sans doute la première fois que Blinken
a passé une nuit en Ukraine. Le premier jour, Blinken avait un programme assez serré pour rencontrer Kuleba, Zelensky et le Premier ministre Denis Shmigal, mais l’itinéraire du
deuxième jour [7 septembre] est resté ouvert. Il est évident qu’il est venu à Kiev pour des discussions sérieuses.
Il est concevable que Biden soit intéressé par l’ouverture de pourparlers de paix entre Moscou et Kiev, maintenant que la contre-offensive ukrainienne
n’a pas atteint ses objectifs politico-militaires et qu’il existe des signes inquiétants d’affaiblissement du soutien à la guerre par procuration en Amérique et en Europe, alors
qu’une offensive russe pourrait asséner un coup de grâce à l’armée ukrainienne. Selon les estimations russes et occidentales, près de 65 à 70 000 soldats ukrainiens ont été tués au
cours des trois derniers mois seulement, depuis le début de la «contre-offensive»
de Kiev.
Par ailleurs, coïncidence intéressante, le 6 septembre, la Verkhovna Rada, le parlement ukrainien, a approuvé la nomination de Rustem Umerov au poste de
ministre de la défense, en remplacement d’Alexei Reznikov. Tatar de Crimée né en Ouzbékistan (URSS), Umerov n’a pas d’expérience militaire. Mais Zelensky lui fait confiance et les
Américains l’acceptent.
Ce qui distingue Umerov, c’est qu’il a été l’un des principaux négociateurs lors des pourparlers de paix avec la Russie à Istanbul en mars de l’année
dernière, qui ont abouti à un document convenu (dont Zelensky s’est ensuite rétracté sous la pression anglo-américaine). Il a également joué un rôle déterminant dans la négociation de
l’initiative sur les céréales de la mer Noire (le soi-disant accord sur les céréales entre l’Ukraine et la Russie), qui est devenue opérationnelle en juillet de l’année dernière à
Istanbul. Il s’agit là d’une goutte d’eau dans l’océan qui doit être dûment prise en compte.
Le 7 septembre, un jour après la nomination d’Umerov, le ministère turc de la défense annonçait à Ankara : «Nous suivons de
près les événements qui se déroulent entre la Russie et l’Ukraine et qui menacent sérieusement la sécurité de notre région et du monde entier. Nous confirmons que nous sommes prêts à
jouer un rôle actif et d’assistance pour garantir un cessez-le-feu et une paix stable, ainsi qu’à fournir un soutien complet pour atténuer la crise humanitaire». Il convient de
noter que le ministre turc de la défense, Yasar Guler, venait de rentrer de Russie en tant que membre de la délégation qui accompagnait le président Recep Erdogan à Sotchi le
lundi.
Autre coïncidence, le 7 septembre, le gouverneur par intérim de la région de Zaporijia, Evgueni Balitski (nommé par le Kremlin), a déclaré à TASS que
la Russie et l’Ukraine avaient besoin d’une plateforme neutre où les deux pays pourraient négocier des solutions pragmatiques à leurs problèmes mutuels, y compris des échanges de
prisonniers, qui fonctionneraient même si l’opération militaire spéciale se poursuivait. Balitsky répondait à une question précise de TASS sur
la possibilité actuelle de négociations entre la Russie et l’Ukraine. Il a poursuivi en déclarant :
«Il devrait y
avoir une plateforme de négociation quelque part – au niveau des ministères des affaires étrangères, au niveau d’autres pays médiateurs. Il faut des gens qui sont malheureusement
désengagés de la situation. Ils seraient capables d’aborder la question de manière objective et pragmatique, mais il devrait y avoir une table quelque part où les représentants
autorisés interagiraient. Cela permettrait de résoudre les problèmes d’échange de prisonniers de guerre ou, par exemple, la question d’un moratoire sur le bombardement des centrales
nucléaires. Cela profitera à tout le monde, même en temps de guerre, aussi cynique que cela puisse paraître.
Quoi qu’il en
soit, il devrait y avoir une sorte de plate-forme. Elle pourrait marquer le début de discussions plus approfondies. Et quelque chose pourrait en résulter. Et, peut-être, serions-nous
en mesure de résoudre pacifiquement la tâche définie par le président».
Ne vous y trompez pas, Balitsky est un politicien chevronné de Melitopol, issu d’une famille de militaires qui a servi dans l’armée soviétique et a
siégé deux fois au parlement ukrainien depuis qu’il est entré en politique en 2004. Il ne fait aucun doute qu’il a parlé sur instruction du Kremlin.
D’ailleurs, Poutine avait rencontré Balitsky au Kremlin il y a deux semaines. Les remarques de Balitsky ont été soigneusement programmées, et Blinken et
ses hôtes ukrainiens n’auraient pas manqué le message qu’il a transmis, à savoir que Moscou est ouvert aux négociations.
Même si des craquements se font entendre sur le lac gelé des relations russo-américaines, le fait que Biden et Lavrov arrivent à Delhi dans la journée
pour le sommet du G20, qui se tiendra jusqu’à dimanche, ajoute à l’enchantement de la scène.
Il y a quelque temps, le père d’Elon Musk indiquait que son fils craignait pour sa vie et qu’il avait organisé d’importantes mesures de sécurité. Certes, l’homme représente un pouvoir et surtout
beaucoup d’argent. Mais c’est sans doute la grande indépendance d’esprit de Musk qui pourrait lui occasionner quelques problèmes. Car il a un credo, souvent réaffirmé : « La
liberté d’expression est le fondement d’une démocratie forte et doit primer ». Ce qui ne peut que réjouir les lecteurs du Courrier. Il a aussi évoqué sa préférence pour la présidence de
2024 : le nouveau patron des États-Unis devra être « quelqu’un de sensé et centriste ». Cependant l’on peut s’interroger : Musk a-t-il lui-même une ambition politique ? En tout
état de cause, il prend des décisions de portée internationale, avec un souci manifeste de participer à une certaine maîtrise des risques, en particulier dans le conflit ukrainien où il a décidé
de désactiver Starlink en Ukraine. Ce qui a fait réagir le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, lequel a qualifié l’entrepreneur américain de dernière personne censée en
Amérique. Cette remarque flatteuse montre qu’Elon Musk pourrait se positionner comme un interlocuteur crédible dans de possibles négociations entre la Russie et les États-Unis.
Cet article initialement publié sur le site eadaily.com n’engage pas la ligne
éditoriale du Courrier.
La raison d’une évaluation aussi flatteuse était le rapport de CNN selon lequel Elon Musk avait coupé l’accès de l’Ukraine au service de communication par satellite
Starlink, craignant le déclenchement d’une guerre nucléaire. CNN a d’ailleurs cité une biographie écrite par le journaliste Walter Isaacson sur l’excentrique milliardaire
américain.
Éviter une réaction russe conduisant au conflit nucléaire
Selon le journaliste, Elon Musk avait secrètement ordonné à ses ingénieurs de fermer le réseau de communication par satellite Starlink de son entreprise au large
des côtes de Crimée l’année dernière afin de contrecarrer une attaque surprise ukrainienne contre la marine russe. Lorsque des drones sous-marins ukrainiens chargés d’explosifs se sont
approchés de la flotte russe, ils « ont
perdu le contact et se sont échoués sans danger », écrit Isaacson.
La décision de Musk, qui a poussé les responsables ukrainiens à le supplier de rallumer les satellites, était motivée par la crainte aiguë que la Russie ne réponde
à l’attaque ukrainienne de la Crimée avec des armes nucléaires, une peur alimentée par les conversations de Musk avec de hauts responsables russes, selon Isaacson, dont le nouveau livre devrait
sortir chez Simon & Schuster le 12 septembre prochain.
Dmitri Medvedev n’a pas manqué de réagir sur sa page du réseau social X (anciennement Twitter) : «L’écrivain
et journaliste Walter Isaacson écrit dans sa biographie d’Elon Musk que l’homme d’affaires a fermé Starlink en 2022 pour empêcher une attaque ukrainienne contre la marine russe stationnée en
Crimée. Il s’inquiétait des représailles nucléaires.Si
ce qu’Isaacson a écrit dans son livre est vrai, alors il semble que Musk soit le dernier esprit censé en Amérique du Nord. Ou du moins, dans une Amérique neutre en matière de genre, il a des
couilles ! ».
Pourquoi il n’y a plus de pacifisme en Occident ? Parce que ce sont les autres qui meurent
Les masses occidentales ne sont plus contre la guerre. Elles ne sont plus contre la guerre car ce ne sont plus leurs enfants qui meurent.
Le coût humain de la guerre a été invisibilisé.
Ce sont d’autres qui paient et c’est nous qui en profitons par le maintien de notre niveau de vie lequel dépend de la pérennité du système dit libéral
et/ou de son extension mondiale.
L’impérialisme qui sous-tend cette guerre – et la prochaine contre la Chine – n’est pas formulé, il est non-dit ; il se manifeste cependant par
l’argument du maintien de l’hégémon du dollar, le maintien du système unipolaire occidentalo-centré dont tout le monde sent bien qu’il est la clef de notre niveau de vie élevé,
supérieur à celui des autres populations de la planète.
Nos populations sont pour la guerre – tout comme ils sont pour le maintien du système de la dette et du crédit – parce qu’implicitement on leur a
fait comprendre que cette guerre vise à maintenir notre position privilégiée dans le monde et notre pouvoir de prélèvement sur ses richesses…
Nos valeurs sont un voile. La défense de nos valeurs morales sociales, sociétales, wokes et même LGBTQ est une construction parallèle. Ce que l’on
défend c’est notre niveau de vie, notre art de vivre, notre jouissance et nos licences de transgression, et la possibilité
d’exploiter les matières premières, le travail et l’épargne des BRICS. On défend un ordre du monde qui nous permet de jouir au-delà de ce que nous nous produisons.
Ce qui rend la guerre acceptable c’est la délocalisation des victimes.
Comme en matière d’exploitation des salariés ou on délocalise les fabrications : ici on délocalise les combats. L’exploitation de leur vie n’est pas
évidente car elle se fait ailleurs. Hors de notre vue.
Les masses occidentales profitent du travail et de l’exploitation des salariés des pays producteurs à bas salaires. Ici nous profitons du sacrifice de
la vie des Ukrainiens et des Russes… C’est un système de division cynique du «travail» :
nous jouissons et eux produisent. Les uns produisent des biens et services à bas coûts et les autres produisent/reproduisent notre domination ; en mourant ils reproduisent notre
système. Leur vie est un investissement dans la reproduction de notre système, un investissement dans le maintien de notre position centrale dominante. Les Ukrainiens se battent pour
le maintien de l’unipolarité qui … nous profite ! Plus exactement qui profite aux USA et aux couches sociales privilégiées des pays vassaux.
C’est un système de Tiers Payant, on a dissocié le bénéfice pour nous des coûts… qui sont pour eux.
L’analogie tracée entre l’exploitation du travail des pays à bas salaires et l’exploitation de la vie des combattants avec la guerre en cours est
évidente mais elle n’est pas portée à la connaissance et à la conscience des masses. La propagande veille pour que cela ne se fasse pas.
Vous remarquerez que les pertes humaines sont le secret officiel le mieux gardé et pour cause ! Si elles étaient révélées et surtout montrées alors le
pacifisme pourrait bien se développer à nouveau.
Lisez ce texte du
WSWS.org
Sur fond de débâcle de l’offensive d’été en Ukraine, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu lundi en Ukraine. Il a réaffirmé
l’implication des États-Unis dans la guerre en Ukraine «aussi longtemps
qu’il le faudra» et quel que soit le nombre de morts nécessaire. Parfaitement programmée pour l’arrivée de Blinken, une frappe de missile dans la ville de Kostyantynivka,
qui a tué 17 personnes, a été déclarée par le régime de Zelensky comme une attaque russe.
La visite de Blinken visait à envoyer le message que, quel que soit le nombre de morts, la guerre entre les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en
Ukraine – financée par la vie des Ukrainiens et des Russes – se poursuivra.
L’offensive ukrainienne avait été saluée par les médias américains comme l’équivalent du débarquement en Normandie pendant la Seconde Guerre
mondiale. Mais au milieu d’un nombre effarant de pertes en vies humaines, les progrès de l’Ukraine, dans la mesure où ils existent, se mesurent en quelques mètres.
Aucun chiffre officiel sur le bilan des victimes de la guerre – qui en est maintenant à son 19e mois – n’a été publié ni par Kiev ni par
Washington.
Mais selon le Washington
Post, au moins 50 000 Ukrainiens sont devenus amputés. Des rapports fiables évaluent le nombre de soldats ukrainiens tués au combat entre 350 000 et 400 000. D’autres
morts sont attendues par le régime ukrainien qui, en échange d’un butin infini, a mis la jeunesse du pays au service de l’impérialisme américain. Un cimetière militaire pouvant
accueillir jusqu’à 600 000 soldats est actuellement en construction.
Face à ce désastre, les États-Unis ont clairement exprimé leur engagement à continuer de financer et d’attiser la guerre.
Le voyage de Blinken s’est accompagné de l’annonce par les États-Unis d’un milliard de dollars supplémentaires en armes et en pots-de-vin bien
placés. L’administration Biden travaille actuellement à l’adoption d’un projet de loi au Congrès autorisant un financement supplémentaire de 20 milliards de dollars pour la
guerre.
Publiquement, ni Blinken ni Biden n’ont admis l’ampleur du désastre. Cependant, le mois dernier, le Washington
Post a rapporté que les agences de renseignement américaines avaient conclu que l’offensive ne parviendrait pas à atteindre son objectif principal, à savoir se diriger vers
la mer d’Azov afin de couper le «pont
terrestre» vers la péninsule de Crimée.
Au cours du mois dernier, l’armée américaine et les responsables de l’administration Biden ont fait des déclarations à la presse attribuant les échecs
militaires au fait que les dirigeants ukrainiens étaient trop économes avec la vie des troupes ukrainiennes.
Les commentaires dans les médias américains, basés sur les déclarations de responsables et de généraux américains, affirment désormais que la guerre se
poursuivra pendant encore de nombreuses années.
Dans un article paru la semaine dernière dans le Washington
Post, le chroniqueur Max Boot écrivait : «L’Ukraine
pourrait avoir de meilleures chances de gagner en 2024». Boot a cité le brigadier de l’armée américaine. Le général Mark Arnold, qui a déclaré qu’il était «très
sceptique quant à la possibilité qu’une bataille décisive ait lieu cette année et ait un impact matériel sur la victoire ukrainienne». Arnold a ajouté qu’il était «plus optimiste
quant aux perspectives d’opérations décisives l’année prochaine».
L’ancien général de l’armée britannique Richard Barrons a écrit dans le Financial
Times : «L’Ukraine ne peut
pas gagner contre la Russie maintenant, mais la victoire d’ici 2025 est possible». Il a poursuivi : «La
contre-offensive actuelle de l’Ukraine ne fera pas tomber la Russie – même si personne ne s’y attendait. Il n’est pas non plus probable qu’on réduise l’occupation de moitié avant
l’hiver, ce qui aurait pu être l’un des objectifs les plus optimistes. Elle a cependant montré comment l’armée russe peut être battue. Pas en 2023, mais en 2024 ou
2025».
TheEconomist ,
pour sa part, a cité un «haut responsable
du renseignement américain» disant : «Si vous regardez
le champ de bataille dans cinq ans, il pourrait être globalement similaire».
Si la guerre se prolonge aussi longtemps, le nombre de morts se chiffrera en millions. Mais pour la classe dirigeante américaine, qui dirige la
guerre, c’est une question d’indifférence totale.
Dans un discours appelant le Sénat à approuver le projet de loi de dépenses militaires de 20 milliards de dollars de Biden, le chef de la minorité
républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a exhorté ses collègues à ne pas se montrer «bancals»
à l’égard de l’Ukraine. McConnell a déclaré que financer l’Ukraine signifie «affaiblir
l’un des plus grands adversaires stratégiques des États-Unis sans tirer un coup de feu» et «en dissuader
un autre [c’est-à-dire la Chine] dans le processus».
Il a poursuivi : «Cela
signifie investir directement dans la force américaine, à la fois militaire et économique».
Les déclarations de McConnell révèlent clairement les véritables objectifs de la guerre et de son escalade incessante. Cela n’a rien à voir avec la
«démocratie»
en Ukraine, en proie à la corruption et dirigée par une oligarchie criminelle.
Washington a délibérément provoqué la guerre afin de promouvoir ses intérêts stratégiques en sapant et en fin de compte en démantelant la Russie, non
seulement parce qu’elle détient de riches gisements de minéraux et de ressources énergétiques critiques, mais aussi parce qu’elle est considérée comme un obstacle à une attaque
militaire contre la Chine.
La guerre vise à accroître l’emprise «militaire et
économique» mondiale du capitalisme américain, au prix de la vie de centaines de milliers de personnes, ukrainiennes et russes.
La guerre est menée en alliance avec le régime de droite de Kiev et les gouvernements d’extrême droite de toute l’Europe de l’Est.
Dans un article intitulé «Les craintes de
pourparlers de paix avec Poutine augmentent au milieu des querelles américaines», TheHill note
que les gouvernements de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie sont parmi ceux qui exigent le plus agressivement une escalade de la guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces
pays étaient alignés sur l’Allemagne nazie, une grande partie de leur appareil militaire et de renseignement étant complice de l’Holocauste. Aujourd’hui, ils sont dirigés par des
régimes farouchement anti-russes qui, notamment dans
le cas de la Lituanie, glorifient ouvertement leurs ancêtres collaborateurs des nazis.
Alors qu’une grande partie de la crédibilité mondiale de l’impérialisme américain dépend du sort du conflit, il existe un risque important que les
États-Unis, confrontés à l’effondrement de leurs forces par procuration en Ukraine, intensifient massivement leur implication dans le conflit, y compris potentiellement l’implication
directe des troupes de l’OTAN ou le déploiement d’armes nucléaires en Ukraine.
L’impérialisme américain, poussé par une profonde crise intérieure et désespéré de compenser le déclin à long terme de sa position mondiale, a
déclenché un conflit militaire dont le nombre de morts sera incalculable. L’opposition à la guerre aux États-Unis s’accroît et l’administration Biden cherche de plus en plus
désespérément à obtenir une victoire militaire.
En mars 2016, le célèbre journaliste et cinéaste australien John Pilger publiait un article intitulé
«Une
guerre mondiale a commencé». Cet article mettait en garde contre l’escalade agressive de l’empire américain à l’encontre de la Russie et de la Chine. Relire certaines parties de
cet article en 2023, c’est comme regarder quelqu’un placer des drapeaux à côté de graines récemment plantées qui finiraient par devenir les problèmes gigantesques auxquels notre monde
est aujourd’hui confronté.
C’est comme si l’on écoutait un voyageur dans le temps avertir les gens du passé d’une grave erreur qu’ils étaient sur le point de commettre. Pilger
évoque les provocations américaines en Ukraine, le militarisme de l’OTAN et l’encerclement de la Chine, et met en garde contre le risque croissant de guerre nucléaire, notant que les
dépenses pour les ogives nucléaires «ont augmenté plus
fortement sous Obama que sous n’importe quel autre président américain».
«Au cours des
dix-huit derniers mois, le plus grand renforcement des forces militaires depuis la Seconde Guerre mondiale – mené par les États-Unis – a eu lieu le long de la frontière occidentale de
la Russie», écrit Pilger. «Depuis l’invasion
de l’Union soviétique par Hitler, les troupes étrangères n’ont jamais représenté une menace aussi évidente pour la Russie».
«L’Ukraine, qui faisait
autrefois partie de l’Union soviétique, est devenue un parc à thème de la CIA», écrit Pilger. «Après avoir orchestré un coup
d’État à Kiev, Washington contrôle effectivement un régime voisin et hostile à la Russie : un régime pourri par les nazis, littéralement. D’éminents parlementaires ukrainiens sont les descendants
politiques des célèbres fascistes de l’OUN et de l’UPA. Ils font ouvertement l’éloge d’Hitler et appellent à la persécution et à l’expulsion de la minorité russophone».
«En Lettonie, en Lituanie et
en Estonie, pays voisins de la Russie, l’armée américaine déploie des troupes de combat, des chars et des armes lourdes. Cette provocation extrême de la deuxième puissance nucléaire mondiale est
accueillie par le silence du reste de l’Occident».
«Ce qui rend la perspective
d’une guerre nucléaire encore plus dangereuse, c’est une campagne parallèle contre la Chine», poursuit Pilger. «Les États-Unis encerclent la
Chine avec un réseau de bases, de missiles balistiques, de groupes de combat et de bombardiers nucléaires. Cet arc meurtrier s’étend de l’Australie aux îles du Pacifique, aux Mariannes, aux
Marshalls et à Guam, aux Philippines, à la Thaïlande, à Okinawa, à la Corée et, à travers l’Eurasie, à l’Afghanistan et à l’Inde. L’Amérique a passé la corde au cou de la Chine. Ce n’est pas une
nouvelle. Le silence des médias, la guerre par les médias».
Pilger a souligné la façon dont son pays d’origine, l’Australie, a été entraîné dans les préparatifs de guerre de Washington contre la Chine, une tendance qui
s’est depuis lors considérablement aggravée à
mesure que les tambours de la guerre se faisaient plus bruyants.
«En 2015, dans le plus
grand secret, les États-Unis et l’Australie ont organisé le plus grand exercice militaire air-mer de l’histoire récente, connu sous le nom de Talisman Sabre», écrit-il. «Son objectif était de
répéter un plan de bataille air-mer, bloquant les voies maritimes, telles que les détroits de Malacca et de Lombok, qui coupent l’accès de la Chine au pétrole, au gaz et à d’autres matières
premières vitales en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique».
Pilger écrivait tout cela alors qu’il préparait la sortie de son excellent
film «The Coming War on
China» (La future guerre contre la Chine), qui devait sortir plus tard dans l’année. Il y montre comment les États-Unis ont entouré la Chine de machines de guerre d’une manière qui
serait considérée comme un acte de guerre si elle se déroulait près des côtes américaines, et insiste sur la gravité de la perspective d’un conflit nucléaire.
Tout ce contre quoi Pilger mettait en garde s’est avéré devenir réalité. Une guerre en Ukraine a éclaté à
la suite du coup d’État soutenu par les États-Unis en 2014 et de la crainte de
la Russie d’une OTAN de plus en plus expansionniste et militariste, tandis que l’encerclement militaire de la Chine par les États-Unis s’est rapidement accru à mesure que les hostilités entre
les deux superpuissances s’accéléraient vers
un point de rupture, facilité en grande partie par la base
militaire de la taille d’un continent connue sous le nom d’Australie. Ce qui n’était qu’un sujet de fond en 2016 fait aujourd’hui la une des journaux.
Je soulève cette question parce que je pense qu’il est utile de montrer que nous sommes sur la voie d’un conflit mondial entre les grandes puissances depuis des
années, et qu’il se déroule d’une manière que certains ont vu venir à des kilomètres. Une grande partie du travail de Pilger pourrait être qualifiée de prophétique, mais Pilger n’est pas un
prophète – c’est juste un journaliste à l’écoute du terrain qui examine de manière critique le comportement de l’empire depuis des décennies. Il a été en mesure d’identifier avec précision la
trajectoire sur laquelle notre monde s’est engagé plus tôt que la plupart des autres, et cette trajectoire s’est poursuivie à une vitesse effrayante depuis lors.
Si vous pouvez voir la trajectoire d’un objet, vous pouvez déterminer où vous devez vous placer pour obstruer son chemin. Le fait que nous ayons suivi pendant
toutes ces années une trajectoire linéaire vers un conflit mondial entre des États dotés de l’arme nucléaire montre que s’opposer à cette trajectoire est d’une importance existentielle pour
tout organisme vivant sur cette planète. Et pourtant, les médias veulent toujours que nous nous concentrions sur les potins des célébrités, la politique politicienne et Donald Trump.
La guerre mondiale se rapproche toujours de nous. Nous devons briser le silence et nous y opposer. Nos gouvernants nous orientent dans cette
direction depuis longtemps déjà, et ils ne s’en détourneront pas tant que nous ne les obligerons pas à le faire.
Blinken et de nombreux experts occidentaux continuent de boire le petit lait ukrainien
par Larry
Johnson - Le 07/09/2023.
Si vous pensiez que les horribles pertes ukrainiennes et l’incapacité de l’Ukraine à pénétrer la première ligne de défense de Sourovikine après plus de
trois mois de combat allaient enfin pénétrer dans le crâne épais de l’équipe de sécurité nationale des «O’Bidens» et d’un grand nombre d’experts militaires et leur faire prendre
conscience de la débâcle imminente de l’Ukraine, détrompez-vous. Ces gens doublent la mise sur une main perdue. Ils ne font pas semblant. Ils croient vraiment aux conneries qu’ils
racontent.
Voici quelques-uns des commentaires les plus fantaisistes d’Antony Blinken lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Kiev avec le ministre des
Affaires étrangères de l’Ukraine, Kuleba.
«Les États-Unis se
sont engagés à donner à l’Ukraine les moyens d’écrire son propre avenir. Dans le creuset de la guerre brutale et permanente du président Poutine, les États-Unis et l’Ukraine ont forgé
un partenariat qui est plus fort que jamais et qui se développe chaque jour. Nous continuerons à nous tenir aux côtés de l’Ukraine et nous annonçons aujourd’hui une nouvelle aide
totalisant plus d’un milliard de dollars dans le cadre de cet effort commun. Cela comprend 665,5 millions de dollars d’aide à la sécurité militaire et civile. Au total, nous avons
engagé plus de 43 milliards de dollars d’aide à la sécurité depuis le début de l’agression russe.
Depuis ma
dernière visite ici, il y a presque exactement un an, les forces ukrainiennes ont repris plus de 50% du territoire saisi par les forces russes depuis février 2022. Dans la
contre-offensive en cours, les progrès se sont accélérés ces dernières semaines. Cette nouvelle aide contribuera à les maintenir et à les faire progresser».
Il faut que quelqu’un apprenne à Tony à lire une carte de l’Ukraine et à compter. L’Occident continue de répéter que le retrait de la Russie de Kharkiv,
il y a un an, est une défaite majeure pour la Russie. L’abandon de centaines de kilomètres carrés de terres agricoles n’est pas militairement significatif. La Russie, en revanche, a
continué à progresser vers l’ouest – souvenez-vous de Bakhmout et de la longue liste de villes et de villages capturés par la Russie avant cette bataille. La prise et le contrôle par
la Russie de Melitopol et de Marioupol restent incontestés. Ce n’est pas parce que l’Ukraine fait l’équivalent de l’accélération d’une voiture contre un talus en béton que l’accident
qui s’ensuit est un succès. Le massacre des forces ukrainiennes se poursuit, les cimetières ukrainiens débordent et la Russie transforme quotidiennement les chars et les véhicules
blindés fournis par l’Occident en tas de ferraille fumants.
«Le nouveau
financement de la sécurité que nous annonçons aujourd’hui sera également renforcé par l’arrivée de chars américains Abrams cet automne et par la formation des pilotes ukrainiens sur
des F-16 aux États-Unis, en complément de la formation déjà en cours en Europe.
Tout en
maximisant notre soutien à l’Ukraine pour contrer l’agression russe actuelle, nous nous engageons à aider l’Ukraine à construire une force pour l’avenir, capable de dissuader et de
défendre contre les agressions futures. Aujourd’hui, avec le président Zelensky, j’ai discuté d’accords de sécurité durables à plus long terme qui fourniront une assistance permanente
en matière de sécurité et des équipements militaires modernes sur terre, dans les airs, en mer et dans le cyberespace, ainsi que des formations et des échanges de renseignements. Le
département d’État dirige ces discussions, qui se poursuivront dans les mois à venir».
Hey Zelensky. Sois cool, mon pote. Joey Baby t’envoie des avions de combat vieux de 50 ans qui n’ont aucune chance de survivre à une rencontre avec la
Défense aérienne russe. Cela ressemble à un «changement de donne» pour moi. Où cette «force du futur» sera-t-elle formée exactement ? Dans 29 lieux différents, avec 29 instructeurs
parlant 29 langues différentes ? Qu’est-ce qui pourrait mal tourner dans ce scénario ? Je suis sûr que l’Europe sera ravie d’accueillir des recrues ukrainiennes nouvellement
embrigadées et souffrant du VIH ou de la tuberculose.
«Aujourd’hui, la
Russie se dit prête à reprendre l’initiative sur les céréales de la mer Noire si ses conditions sont remplies. Les Nations unies ont présenté une proposition qui répond à ces
conditions, mais Poutine continue de s’y opposer. Pendant ce temps, la Russie profite de la faim et de la distorsion du marché qu’elle a créées pour tirer profit des exportations
record de ses propres céréales. Alors que nous exerçons une pression internationale sur la Russie pour qu’elle revienne à l’initiative sur les céréales de la mer Noire, nous
travaillons avec l’Ukraine pour trouver et utiliser d’autres itinéraires pour ses expéditions de céréales vers d’autres pays.
Pour que
l’Ukraine ne se contente pas de survivre, mais prospère, nous soutenons également ses efforts de reconstruction après l’agression russe. Lors de la conférence sur le redressement de
l’Ukraine qui s’est tenue à Londres il y a quelques mois, je me suis engagé à ce que les États-Unis investissent plus de 520 millions de dollars pour rendre l’infrastructure
énergétique de l’Ukraine, dont plus de la moitié a été détruite par la Russie, plus propre, plus résistante et mieux intégrée à l’Europe. Nous réalisons de nouveaux investissements
pour améliorer la transparence des institutions ukrainiennes et renforcer l’État de droit afin que la démocratie ukrainienne réponde encore mieux aux besoins de sa population et
puisse attirer les capitaux privés nécessaires à la reconstruction».
Verser de l’argent dans le gouffre sans fond de la corruption ukrainienne ne peut que garantir l’enrichissement des hommes et des femmes qui soutiennent
Zelensky. Ce n’est pas une coïncidence si Zelensky a «licencié» l’ancien chef de la Défense ukrainienne Reznikov pour «corruption» à la veille de sa rencontre avec Blinken. Vraiment ?
Reznikov est dans le collimateur ? Alors pourquoi n’a-t-il pas été arrêté ? Ah, j’oubliais. Zelensky l’aurait puni pour sa corruption en l’envoyant à Londres en tant qu’ambassadeur
d’Ukraine. Quelle horreur ! Imaginez la douleur de Reznikov qui devra supporter les conversations et un verre ou deux avec Rishi Sunak et d’autres sommités britanniques. J’espère
qu’il aime les Fish & Chips et la bière chaude. Il est désormais clair que l’élimination de Reznikov n’était rien d’autre qu’un geste de propagande destiné à apaiser une presse
paresseuse désireuse d’écrire d’autres fadaises sur Zelensky sévissant contre les artistes arnaqueurs.
Voici la vidéo de la conférence de presse conjointe de Blinken et Kuleba :
Blinken n’est pas le seul à présenter des symptômes de psychose. Les gars de WarOnTheRocks font
leur part pour promouvoir les fantasmes de guerre ukrainiens. Je me contenterai de faire un lien vers l’article. Si vous décidez de le lire, veuillez placer tous les objets tranchants et les
armes à feu dans un endroit qui ne vous est pas facilement accessible. Je ne veux pas que des lecteurs se blessent accidentellement en réagissant aux absurdités écrites par Michael Kofman et Rob
Lee, «Persévérance
et adaptation : La contre-offensive ukrainienne à trois mois». J’aurais titré leur article «Pays en sursis». Mais je ne suis pas leur rédacteur en chef, alors peu importe.
Blinken et toute une série d’experts insistent toujours sur le fait qu’ils peuvent voir une lumière au bout du tunnel. Ils refusent de voir que c’est
l’Express de Moscou qui s’approche et qui va les écraser.
Les images des chars européens en
flammes sont néfastes pour leurs ventes – et leur place sera prise par des modèles américains.
C’était l’un des chars les mieux protégés au monde, mais c’est peu de temps qu’il a tenu ferme sur les champs de bataille ukrainiens. Le Challenger 2 a
été détruit par un tir direct de missile guidé antichar Kornet, alors que le char de combat britannique avait été conçu pour résister à cette arme.
C’est la première perte de cette unité depuis sa mise en service en 1995. Le char a participé aux combats en Yougoslavie et en Irak, mais a échoué dès
son premier jour sur la ligne de front contre les troupes russes.
Le char de combat principal
Challenger 2, abattu en Ukraine, il a été développé par le
Royaume-Uni
C’est en grande pompe que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a envoyé ces chars à l’Ukraine – chaque fois un autre pays de l’OTAN prétend que
ce sont ses armes qui vont «changer le cours de la guerre».
On ne sait pas s’ils y croient eux-mêmes ou s’ils sont otages de l’image de «l’invincibilité des équipements occidentaux». Il est clair pour tout le
monde que quelques dizaines de chars sur un champ de bataille où des milliers de véhicules de ce type sont impliqués ne feront aucune différence, quelles que soient leur technologie
et leur efficacité.
Par ailleurs, l’OTAN n’a récemment rencontré que des pays ouvertement arriérés ou des terroristes munis d’armes légères. Le même hélicoptère d’attaque
russe Ka-52 peut abattre jusqu’à une dizaine de véhicules en une seule sortie, ce qui rend la guerre d’Ukraine très différente des guerres passées.
Mais ce n’est pas le premier échec des armes européennes – le mythe des puissants Leopard a également été brisé.
Mais qui en profite ? Les États-Unis bien sûr, comme tout ce qui, dans ce monde, a trait à la guerre. Ils ne parviennent à sauver leur économie qui
s’effondre que grâce à la seule industrie entièrement américaine : la fabrication d’armes.
Ainsi, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a démissionné de son poste juste après avoir décidé de ne pas acheter des hélicoptères
américains Chinook d’une valeur de 2,3 milliards de livres sterling.
Le bloc de l’OTAN est lui-même un ensemble de rivaux militaro-industriels : la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. La guerre en Ukraine, en
revanche, est un mauvais marketing. De nombreux pays ont acheté des chars qui ne se sont jamais battus à armes égales – et maintenant tout le monde a vu qu’ils ne sont pas meilleurs
que les autres.
Mais jusqu’à présent, personne n’a vu d’Abrams en flammes. Et les lance-roquettes d’artillerie HIMARS sont utilisés de manière si sélective que nous ne
verrons pas de sitôt des photos de leur carcasse enflammée.
Et qu’en est-il du M2 Bradley, qui a également brûlé en même temps que les Leopard ? Tout n’est pas simple : les États-Unis ne sont pas une nation
unique en matière de production d’armes. La production est assurée par différentes sociétés ayant des liens différents avec les partis républicain et démocrate.
Les véhicules blindés de combat d’infanterie détruits appartiennent à BAE Systems Inc, de la Virginie, et sont généralement des véhicules obsolètes
déclassés. Les chars Abrams intacts, en revanche, sont déjà fabriqués par General Dynamics, une entreprise du Michigan très différente. Dans le premier cas, on a un gouverneur
républicain, dans le second – un démocrate. C’est une coïncidence étonnante.
Les États-Unis ne sont pas seulement un hégémon mondial qui dicte sa volonté nationale à tous les autres pays. Ils sont le théâtre d’une confrontation
active entre clans oligarchiques et, pour la gagner, les élites américaines déclenchent des guerres aux quatre coins de la planète.
Et elles trouveront toujours un moyen de s’enrichir auprès de leurs «alliés» européens.
Débâcle ukrainienne : L’Otan refuse de porter le chapeau !
Source : Riposte Laîque - par Jacques Guillemain - Le 01/09/2023.
Il fallait s’y attendre. Après la débandade de l’armée américaine en Afghanistan, pas question pour Biden d’endosser la responsabilité d’un nouveau désastre militaire otanien, à la veille des
élections.
Pour les stratèges du Pentagone, qui planifient les opérations depuis 18 mois, si les Ukrainiens ont été incapables de percer les lignes de défense russes, c’est parce qu’ils n’ont pas appliqué
la doctrine de combat otanienne et surtout parce qu’ils ont refusé d’assumer des lourdes pertes. Le fiasco est donc 100% ukrainien.
Or, les pertes ukrainiennes depuis le 4 juin, donc au 89e jour de la contre-offensive, s’élèvent à 59 270 tués. Ce qui signifie que Kiev perd 1 500 soldats par jour entre les
tués et les blessés. Ces chiffres de l’historien Marc Legrand, obtenus de plusieurs sources croisées, sont proches de ceux du ministère russe de la Défense. Mais pour l’Otan, 60 000 morts en
trois mois et 400 000 tués depuis le 24 février 2022, c’est insuffisant. Le sang d’un soldat ukrainien n’a pas grande valeur pour le Pentagone.
Le colonel McGregor vient
de confirmer le chiffre de 400 000 morts dans le camp ukrainien, ce qui est supérieur au chiffre des pertes américaines au cours de la Seconde Guerre mondiale. Une hécatombe dont tout l’Occident
se lave les mains, tant la haine des Russes l’emporte sur toute autre considération.
En France, nous en sommes encore à nous demander si les athlètes russes vont participer ou non aux JO de 2024. C’est dire le niveau intellectuel de nos élites ! Difficile de faire plus misérable
contre un peuple ami. J’en ai honte.
On préfère encenser un régime néo-nazi qui pille les aides occidentales et revend les armes livrées par l’Otan. L’Occident se bat soi-disant pour la démocratie, oubliant que le régime kiévien a
été mis en place suite à un coup d’État de la CIA. Où est donc la différence avec le Mali, le Burkina-Faso, le Niger ou le Gabon ? Personnellement, je n’en vois pas.
Scott Ritter nous retrace les critiques des Occidentaux, qui reprochent aux Ukrainiens de ne pas appliquer le b-a-ba de la guerre combinée.
La guerre combinée, c’est la capacité d’utiliser des armes distinctes en les rendant complémentaires au combat. Infanterie, artillerie, blindés, aviation, guerre électronique, renseignement
forment un ensemble cohérent de moyens qui se complètent pour atteindre l’objectif recherché. C’est la doctrine de l’Otan, tant vantée par nos atlantistes intégristes. Sur le papier, c’est
parfait.
“Dans la guerre combinée, lorsque toutes les composantes agissent de concert, elles servent de multiplicateur de force global, où le collectif est plus grand que la somme de toutes les
composantes individuelles.”
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cette doctrine imparable n’a guère brillé, ni en Irak, ni en Afghanistan, ni en Ukraine.
Et pour nos faucons du Pentagone qui croyaient ne faire qu’une bouchée de l’Ours russe et qui osent tout, si la contre-offensive est un désastre malgré la perte de 60 000 soldats tués au combat,
c’est parce que l’état-major ukrainien s’est écarté de la doctrine otanienne.
Il faut bien trouver un coupable pour dédouaner les têtes brûlées de l’Otan qui ont poussé à la guerre et refusé toutes les tentatives de négociations. De plus, “selon ces officiers occidentaux,
les Ukrainiens ont fait preuve d’une «aversion
pour les pertes», laissant la perte d’effectifs et d’équipements face à la résistance russe briser leurs attaques, vouant ainsi la contre-offensive à l’échec.”
Bref, selon Washington, les Ukrainiens ont été incapables de restituer ce qu’on leur avait enseigné.
Évidemment, du côté ukrainien, qui est le seul à payer le prix du sang face aux Russes, la critique passe mal.
Sans soutien aérien, il était difficile aux troupes kiéviennes d’appliquer la doctrine otanienne. C’est une évidence. Traverser des champs de mines sous un déluge de feu déversé depuis les
hélicoptères et l’artillerie russes s’est révélé mission impossible. 60 000 soldats y ont laissé la vie, ce qui contredit le discours otanien, dénonçant “l’aversion aux pertes” de Kiev.
Les Ukrainiens ont tenté de s’adapter à la situation, mais en pure perte. Les défenses russes restent infranchissables et le pont de Crimée n’est pas près d’être atteint et détruit.
Les pertes ukrainiennes sont telles que tout petit gain territorial ne peut être exploité, faute d’effectifs suffisants pour le consolider. La vérité est que l’armée kiévienne est à bout de
souffle et tente de faire illusion pour conserver le soutien de l’Occident. En fait, le désastre de la contre-offensive, sur laquelle reposaient tous les espoirs otano-kiéviens, consacre la
défaite ukrainienne, à laquelle il va falloir se résigner, après 18 mois de mensonges et de faux espoirs annonçant la débâcle russe.
Comment les Occidentaux ont-ils pu se tromper à ce point, alors que dès le mois de février 2022, il était clair que la deuxième armée du monde ne pouvait être vaincue, compte tenu de son
écrasante supériorité technologique ? Pas un seul militaire occidental n’a vu que Poutine, depuis l’an 2000, avait reconstitué le plus fabuleux outil militaire du moment. À quoi donc sert la CIA
?
Il faudra par conséquent, s’attendre à une offensive russe dès que le Kremlin aura l’assurance que celle-ci ne sera pas trop coûteuse en vies humaines. Moscou dispose de 200 000 réservistes bien
entraînés pour profiter des brèches qui s’ouvrent sur le front que Kiev ne peut plus couvrir en totalité. Les Russes avancent dans le secteur de Koupiansk.
“Le fait que la réserve stratégique ait été engagée pour atteindre des objectifs que toutes les unités d’attaque précédentes n’avaient pas réussi à atteindre ne fait que souligner la futilité de
l’effort ukrainien et l’inévitabilité de sa défaite finale.”
“En fin de compte, la position ukrainienne sera insoutenable et le haut commandement ukrainien sera confronté à la réalité : il devra ordonner une retraite générale vers des positions plus
défensives – peut-être jusqu’à la rive droite de la Défense – ou faire face à l’inévitabilité de la destruction totale de son armée.”
Cette guerre n’aura été qu’un chapelet d’échecs pour l’armée ukrainienne. Les soldats ukrainiens ont été trompés par cette doctrine otanienne soi-disant infaillible, qui devait écraser l’armée
russe restée scotchée à la doctrine soviétique d’un autre âge.
Pendant 18 mois, les médias nous ont menti. Ils ont menti au peuple ukrainien et aux peuples occidentaux, annonçant la victoire finale de Kiev, falsifiant la situation sur le terrain, cachant les
pertes ukrainiennes catastrophiques, transformant en grandes victoires les modestes avancées de Kharkov ou de Kherson, concédées volontairement par le commandement russe pour limiter les pertes.
Tout n’a été que tromperie.
Au total, ce sont 200 milliards qui ont été investis en pure perte dans cette aventure sanglante. L’Ukraine va en ressortir laminée et l’Europe un peu plus ruinée, après avoir fanfaronné et
claironné stupidement que les sanctions mettraient Moscou à genoux.
C’est le plus grand désastre militaire occidental depuis 1945.
Les officiers occidentaux les plus lucides, ont toujours su qu’ils envoyaient les Ukrainiens à l’abattoir. Mais maintenant que Kiev ne dispose plus que de quelques débris de son armée pour
continuer le combat aux ordres de Washington, l’Otan ose prétendre “que
la faute incombe à l’élève, et non au professeur.” Le commandement ukrainien appréciera…
Au cours de cette guerre, les Otaniens se sont comportés comme des salauds sans le moindre respect pour la vie des soldats ukrainiens. Ces derniers n’ont pas manqué de courage et continuent
d’ailleurs de se battre sans la moindre perspective de victoire.
Mais reconnaissons aux officiers russes et à leurs troupes d’avoir mené ces 18 mois de guerre avec un professionnalisme et une faculté d’adaptation aux aléas de la guerre absolument remarquables.
On ne tient pas tête à 40 nations, dont une trentaine qui aident Kiev militairement, sans l’intelligence, le bon sens, la ténacité et le courage qui font les meilleurs chefs de guerre.
En 2008, les Occidentaux ont dépecé la Serbie, alliée de la Russie, en toute impunité. En 2014, la CIA a renversé le régime prorusse en place à Kiev, en toute impunité, pour la simple
raison que Poutine jugeait que l’armée russe n’était encore pas prête.
Mais ces temps-là sont révolus. Les Russes possèdent désormais la meilleure armée du monde. Et faisons en sorte que nous n’ayons jamais à les affronter, au lieu de les harceler inconsciemment
comme des roquets.
La guerre en Ukraine connaît-elle ses dernières convulsions avant que l’armée ukrainienne ne soit anéantie par la puissance de feu russe ? Le parti
d’opposition à la guerre en Ukraine aux États-Unis, désormais incarné par Tucker Carlson et son nouveau copain Victor Orban de Hongrie, les Trumpistes et certains médias alternatifs,
Scott Ritter etc. tous chantent la fin de la guerre en Ukraine est là, les Ukrainiens portent un toast, les Russes ne peuvent pas être vaincus. Les Ukrainiens n’ont même pas traversé
la «zone de déformation», ils n’ont même pas atteint la première ligne de défense russe, etc.
Mais faisons une analyse sobre de la situation.
Il me semble que nous nous dirigeons directement vers la Troisième Guerre mondiale planifiée à l’avance. Juste comme ça.
À l’heure actuelle, les Ukrainiens sont utilisés par les Américains pour sonder et cartographier autant que possible les systèmes défensifs russes –
l’emplacement et les capacités de toutes leurs capacités de télédétection, le temps de réponse et les contre-mesures, etc. Des éclaireurs sacrificiels sont envoyés pour tester les
capacités défensives, d’abord sur la ligne de front, puis plus loin, à 300 km, puis à 700 km, et ainsi de suite, le tout planifié à l’avance par les bellicistes stratégiques
américains. Cela ressemble beaucoup à ce qu’ils ont fait lors de la guerre du Golfe avec les défenses de Saddam Hussein. Il y a eu pendant plusieurs années une zone d’exclusion
aérienne, puis une partition du Nord, où les Kurdes étaient utilisés par les États-Unis pour enquêter sur l’armée irakienne, puis au Sud, où les Koweïtiens étaient utilisés pour
permettre à l’armée américaine de surveiller de près les capacités de Saddam. Nous sommes maintenant dans ce délai de pré-préparation.
Mais Biden, comiquement incompétent et dément, peut-il conduire l’Occident dans une Troisième Guerre mondiale ? CERTAINEMENT PAS
!
Réfléchissons-y à nouveau. La Seconde Guerre mondiale a commencé vers 1932 avec l’accession d’Hitler au poste de chancelier de l’Allemagne, sous la
direction du vieux et décrépit président allemand, Hindenburg. Il a fallu encore près de 10 ans de mobilisation industrielle allemande, puis de mobilisation populaire, de propagande
de guerre, de transfert secret de technologie militaire fournie par le côté américain (comme la technologie radar) et ainsi de suite avant que tout le monde comprenne que tout cela
signifiait la guerre.
Le rôle de Biden aujourd’hui est le même que celui d’Hindenburg. Ce n’est qu’un leurre, un clown trompeur, pas un adversaire sérieux.
Mais pendant ce temps, l’Axe occidental se forme et se construit de minute en minute. Oh, Orban nous l’assure, la Russie est un peuple de 145 millions
d’habitants, uni autour de l’âme de la Mère Russie, ils ne sont pas émus par une propagande illusoire comme la liberté ou la démocratie. Leur objectif central est la sécurité
de leur peuple, la défense de leurs terres ancestrales, la centralité de leur nation. Ajoutez à cela 1,4 milliard de Chinois, plus certains peuples d’Asie centrale, l’Iran,
etc.
Les États-Unis peuvent-ils rêver de vaincre un tel colosse, près de 2 milliards de personnes armées jusqu’aux dents ?
Oui, ils peuvent fantasmer, et le résultat n’est pas joué d’avance. Oui, l’option nucléaire est un facteur de complication possible, mais faisons
quelques calculs supplémentaires.
Près de 350 millions d’Américains, 450 millions d’Européens, 70 à 80 millions de Canadiens et d’Australiens, plus 100 millions de Japonais, 50 millions
de Sud-Coréens – cela représente déjà une armée d’un milliard. Et ce sont des nations de premier ordre, contrairement à leurs challengers «en développement», encore majoritairement
ruraux. Il existe quelques indécis comme les 115 millions de Philippins, les 275 millions d’Indonésiens, les Centraméricains, etc. Et qu’en est-il des Indiens qui, seuls, peuvent
rivaliser en nombre avec les Chinois ? Et ils sont assidûment travaillés par l’Axe occidental.
En ce qui concerne les progrès de la technologie de guerre, il y a beaucoup à découvrir par le public et reconnu par les développeurs d’armes secrètes.
Des avancées de tous côtés sont réalisées presque quotidiennement.
Sur le théâtre politique, Trump est tout autant un charlatan que Biden est un politicien véreux, un bon matériau pour distraire le public. Aujourd’hui,
le candidat Trump est contre la guerre en Ukraine et contre les masques et les vaccins obligatoires, censés être employés par les Bidens pour bloquer les chances de réélection de
Trump. Mais rappelez-vous, c’est Trump, le président, qui a introduit les confinements et les masques, qui a nommé le bouc de Judas, Fauci, qui a dirigé le développement d’un vaccin
«à vitesse fulgurante», etc. C’est Trump qui a introduit les premières sanctions contre la Russie, puis contre la Chine. Biden ou Trump, cela ne fait aucune différence. Peut-être que
Trump est préférable uniquement pour Israël.
Alors, quelle est l’alternative pour l’Occident, sinon la guerre ? L’Occident est en faillite, la vitesse de l’industrialisation en
dehors de l’Occident est époustouflante. La Chine vient d’annoncer une avancée majeure dans la conception et la production du chipset 5G, dernier bastion de la domination
technologique américaine. Dans la course à l’espace, même l’Inde a devancé les États-Unis et, avec les autres grandes puissances, la Russie et la Chine, ils disparaissent
rapidement.
Alors, de quelles alternatives l’Occident dispose-t-il pour protéger son magnifique jardin ?
Au cours des deux guerres mondiales précédentes, il a manœuvré pour mettre le feu au reste du monde et le faire s’autodétruire. C’est quelque chose qui
pourrait changer la donne pour l’Occident. Pas de guerre ? Mort avec certitude. Encore pire. Tôt ou tard, des tribunaux se profilent. Mais une guerre dévastatrice
crée un nouvel environnement au niveau du sol et ceux qui sont les maîtres pyromanes peuvent espérer s’en sortir et aller de l’avant.
Cela ne veut pas dire que la prochaine guerre ressemblera à un jeu vidéo du genre de la guerre du Golfe. Non, pas du tout. Cela ne signifie pas que
l’Occident soit le vainqueur assuré, ni même le favori. – Mais qui a les meilleures chances dans une telle guerre ? On veut savoir. Mais c’est précisément l’affaire de la guerre que
de déterminer cela. Une guerre n’est possible que lorsque les deux camps sont également forts, ou du moins lorsque chaque camp croit pouvoir gagner. Et parfois, seul le pur hasard
peut faire pencher la balance en sa faveur, comme dans le cas du gigantesque typhon qui a sauvé la marine japonaise de la défaite face à l’invasion mongole en 1281.
Cela signifie simplement que l’Occident n’a pas d’autre choix qu’entre une mort lente et une guerre totale. Le temps d’un compromis
négocié est révolu. La longue série historique de crimes et de mensonges ne peut être gardée secrète.
Mais même les Africains peuvent voir clair et exiger justice. L’atterrissage sur la Lune, le 11 septembre, le génocide du Covid sont des
mensonges, et les crimes – les coups d’État, les atrocités coloniales et les crimes de plusieurs siècles contre la majeure partie de l’humanité – figurent en bonne place à l’ordre du jour d’un éventuel tribunal à venir.
Il n’y a pas si longtemps, le dilemme entre guerre et compromis était essentiellement théorique. Mais nous sommes désormais arrivés à un carrefour
historique, où il ne s’agit plus d’un débat académique. Les préparatifs de guerre sont très avancés et l’échéance est proche.
Et il semble que nous allons nous lancer dans une guerre totale. Bientôt.
Je ne suis pas en désaccord avec Tucker et PJW sur la possibilité d’une guerre chaude avec la Russie par le régime de Biden afin de rester au pouvoir.
Je suis également d’accord avec la thèse de l’unipartisme.
Mais voici l’erreur en termes de mise en œuvre pratique de ce «plan» par la cabale. Je l’ai déjà cité aujourd’hui, ce qui est remarquable. Même un analphabète comme
feu Richard
Pipes l’a compris :
«Les États-Unis ont eu
tendance à compter sur leur industrie pour les protéger des agresseurs, et sur leur capacité industrielle unique pour les aider à écraser leurs ennemis une fois la guerre engagée. Les États-Unis
ont l’habitude de mener des guerres qu’ils choisissent eux-mêmes et à leurs propres conditions. Cette approche de la guerre a eu un certain nombre de conséquences. Les États-Unis veulent gagner
leurs guerres rapidement et avec le moins de pertes possibles en vies humaines… L’extrême dépendance à l’égard de la supériorité technologique, caractéristique de la guerre aux États-Unis, est le
revers de l’extrême sensibilité des États-Unis à leurs propres pertes ; il en va de même pour l’indifférence à l’égard des pertes infligées à l’ennemi».
Il va sans dire que, contrairement à la fin des années 1970, époque à laquelle Pipes a écrit son article bidon, les États-Unis ne disposent plus aujourd’hui d’une
industrie capable de faire face à la guerre, tandis qu’une guerre conventionnelle avec la Russie se soldera par des pertes américaines telles qu’ils n’en ont jamais connues dans leur histoire. Je
ne parle évidemment pas du format Opération Militaire Spéciale, mais de la vraie guerre. Et c’est là que réside le problème pratique de la mise en œuvre de la dictature par Washington. L’armée
américaine ne peut pas supporter 5 à 10 000 morts par semaine, la société américaine non plus. Et je parle des estimations les plus basses. Le colonel Wilkerson parle de 40 000 victimes
américaines dans une telle guerre au cours de la première semaine des hostilités.
Les États-Unis, en tant que pays, ne sont pas préparés à mener une véritable guerre combinée. AUCUN régime de Washington ne pourra supporter les 100 à 200 000 morts
de l’armée américaine et le même nombre de pertes sanitaires au cours des deux premiers mois de combat, sans parler de l’anéantissement d’une grande partie du matériel de l’USAF et des forces
terrestres.
Mais pour qu’une dictature perdure, il faut qu’elle ait de solides réalisations en matière de guerre, sinon on assiste à la répétition du cas du général
Galtieri et à l’effondrement de la junte. Et je ne parle même pas d’événements aussi horribles et très probables (Dieu nous en préserve) que le naufrage de quelques GBC de l’US Navy. Et c’est
ce qui se produira dans le cas d’une telle guerre. Sans parler du fait que le territoire américain est sans défense contre les missiles de croisière russes. Dans ce cas, les États-Unis n’auront
d’autre choix que de passer au seuil nucléaire, ce qui signifie qu’aucun néocon américain et sa famille ne survivront. Il en va de même pour les «patriotes» américains qui voudraient exercer leur
désir de tuer des Rooskies. Je le dis publiquement, la population américaine n’a aucune connaissance de la guerre réelle.
Si nous évitons tous une confrontation nucléaire que les États-Unis déclencheront lorsque les premiers milliers de morts et de blessés commenceront à arriver aux
États-Unis dans les premières semaines, les États-Unis n’ont pas les ressources nécessaires pour mener une telle guerre et cela signifie que même si Biden et ses marionnettistes réussissent à
déclencher une telle guerre avec la Russie (avec quoi ?) et à usurper le pouvoir, ce coup d’État ne pourra pas durer très longtemps. En fin de compte, considérez cette
nouvelle d’il y a deux semaines :
«Le directeur d’un grand
constructeur naval russe a révélé lundi que des travaux étaient en cours pour équiper certains des sous-marins russes à missiles guidés les plus inquiétants d’armes hypersoniques Zircon. Après la
mise en service de l’arme à bord d’une frégate de la marine russe, «les sous-marins nucléaires polyvalents du projet Yasen-M seront également équipés du système de missiles Zircon», a déclaré
Alexei Rakhmanov, directeur général de l’United Shipbuilding Corporation, à l’agence de presse publique RIA, confirmant ainsi certaines attentes de longue date. Il a ajouté que «les travaux dans
ce sens sont déjà en cours». Les sous-marins nucléaires lance-missiles de croisière russes de la classe Yasen sont silencieux, difficiles à repérer, lourdement armés et capables de mener des
attaques contre des cibles terrestres et maritimes. Le premier sous-marin de cette classe, le Severodvinsk, a été mis en service fin 2013 après des décennies de conception, de développement et de
construction qui ont débuté pendant la guerre froide».
Ainsi, dans le cas d’une telle guerre, même la junte aura du mal à expliquer au peuple américain ce qui est arrivé à la Maison-Blanche et au Capitole, ainsi qu’à de
nombreux autres bâtiments américains cruciaux (le Pentagone, par exemple), dans le sens où sont-ils passés une fois que le 3M22 arrivera en salve, suivi du 3M14M et du X-101. Oui, ce sera une
période politique très difficile, mais quelque chose me dit que, bien que possible, une telle guerre mettra fin à l’uniparti, notamment parce que beaucoup de ses membres seront physiquement
anéantis, et ce qui se passera ensuite, qui le sait. Je ne pense pas qu’une majorité écrasante d’Américains, même si la propagande leur a lavé le cerveau, aimerait vivre sans électricité, sans
chauffage, sans climatisation, sans eau et avec des pénuries alimentaires. Mais c’est ce que la guerre conventionnelle contre la Russie signifiera pour les États-Unis. La Russie peut couper le
réseau électrique et la production d’électricité des États-Unis si elle le décide, et il s’agit là d’une éventualité que la plupart des Washingtoniens n’arrivent pas à envisager. Comme je l’ai
dit, ils n’ont pas d’outils pour cela. C’est aussi simple que cela. J’espère qu’ils ne voudront pas le découvrir, car la plupart d’entre eux sont des lâches et des mauviettes gâtées qui
s’enfuiront comme des lâches une fois que les choses sérieuses commenceront. Alors, à quoi ressemble une répétition du Vietnam multipliée par 100 ?
Un autre acteur a rejoint le groupe assez large de ceux qui souhaitent participer à un règlement pacifique du conflit en Ukraine. Cette fois, c’est la
présidente hongroise Katalin Novak qui, après avoir visité le Vatican et rencontré le pape François, a déclaré dans une interview au journal italien Il
Messaggero que des changements dans le règlement du conflit ukrainien étaient imminents.
La présidente hongroise s’est rendue à Rome depuis Kiev, où elle a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon le journal. Dans la
capitale ukrainienne, Novak a participé à un autre spectacle organisé par Zelensky, lorsqu’elle a dû passer plusieurs heures dans un abri antiatomique avec d’autres délégués étrangers
après l’annonce d’une alerte aérienne.
Il y a trois jours, de nombreux étrangers se sont rendus à Kiev pour participer à la célébration du «jour de l’indépendance» de l’Ukraine. Comme vous le
savez, les sites de surveillance ukrainiens ont alors signalé le lancement simultané de trois groupes de missiles Kalibr en direction de plusieurs régions d’Ukraine. Quelques heures
plus tard, l’alerte a été annulée et les missiles russes se sont miraculeusement «évaporés».
À propos des résultats de sa conversation avec Zelensky et d’un éventuel règlement pacifique du conflit en Ukraine, la présidente hongroise s’est
exprimée de manière plutôt vague et incertaine :
«J’ai eu une
longue conversation avec Zelensky à Kiev, et je crois qu’il est temps de parler de la manière de structurer le monde. Je suis tout à fait d’accord avec le pape François, même si je ne
suis pas en mesure d’annoncer publiquement qu’il existe un plan de paix concret».
Novak a souligné qu’il était temps de parler de la manière de structurer la paix. Elle a cité la mission de l’envoyé du pape, le cardinal Zuppi, et son
projet de visite à Pékin après des voyages à Kiev, Moscou et Washington, comme un signe de cette volonté.
Outre la résolution pacifique de la crise en Ukraine, qui n’est pas possible même pour le pape, étant donné la position que les autorités de Kiev
adoptent à la demande de Washington, la présidente hongroise a également évoqué, dans une interview accordée à l’édition italienne, les conséquences pour les dirigeants russes de la
mort du chef de Wagner, Evgueni Prigojine. Répondant à la question du journaliste, Novak a déclaré que le «pouvoir de Poutine» ne s’affaiblirait pas après cette tragédie.
Contredisant légèrement ses propres déclarations sur la possibilité d’une fin rapide du conflit en Ukraine, la présidente hongroise a déclaré
que «Moscou est
intéressée par une guerre de longue durée».
«Mais nous
devrions chercher des signes qui montrent que la Russie est prête pour des pourparlers de paix», a conclu Novak, optimiste et paradoxale.
Face à l’impossibilité désormais évidente de récupérer ne serait-ce qu’une partie des territoires perdus par l’Ukraine, l’OTAN cherche désespérément une
issue qui ne la démolisse pas politiquement. Mais piégée dans sa propre propagande, elle semble en proie à une sorte d’autisme qui l’empêche de voir/d’accepter la réalité stratégique
– à la fois celle du conflit et celle du multipolarisme émergent. La conséquence est une impasse dangereuse, qui fera durer la guerre au moins jusqu’à l’année prochaine.
*
Le piège de la narration
Lorsque, après huit ans de guerre civile, le conflit ukrainien s’est finalement transformé en guerre ouverte avec la Russie, l’objectif des États-Unis
était d’écraser Moscou par le biais d’une guerre hybride, dont la durée était estimée à moins d’un an. Et, bien sûr, une partie de cette guerre a consisté en une mobilisation sans
précédent de la propagande anglo-américaine et de l’appareil médiatique. Si l’on tient compte du fait que le système médiatique, pratiquement dans le monde entier, mais certainement
dans les pays occidentaux, est totalement entre les mains d’un petit nombre de producteurs/distributeurs de nouvelles (tous issus de pays de l’OTAN), et que ceux-ci sont à leur tour
contrôlés – directement ou indirectement – par les agences de renseignement britanniques et américaines, il est facile de comprendre à quel point cette mobilisation était logique et
nécessaire.
De toute évidence, la guerre médiatique a également été conçue et mise en œuvre sur la base du projet global, qui, comme nous l’avons mentionné, avait
un horizon temporel relativement court. La fonction de la propagande était relativement simple : Non seulement donner un sens au conflit, mais aussi construire un récit
reposant sur deux piliers : La diabolisation de l’ennemi et la certitude de la victoire.
Ces deux éléments fondateurs du récit de guerre occidental sont étroitement et fonctionnellement liés, dans la mesure où – si vous considérez la défaite
de l’ennemi comme acquise – sa diabolisation virulente devient non seulement utile, mais possible. L’hypothèse, en effet, est que si l’adversaire est écrasé et humilié, le fait de le
dépeindre comme un monstre légitimera davantage cette approche ; et, inversement, puisque la possibilité d’une négociation est exclue a priori, elle ne constituera en aucun cas un
obstacle.
C’est d’ailleurs dans cette logique que le gouvernement Zelensky avait adopté une loi interdisant toute négociation avec la Russie (tant que Poutine
était en fonction).
Le problème de cette posture est que si les choses tournent autrement que prévu, on se retrouve coincé dans ses propres présupposés ; en clair, la
négociation (avec Poutine) devra être faite par un autre gouvernement, ou par l’actuel, mais après s’être renié lui-même.
Ayant fait du conflit ukrainien une guerre par procuration, l’OTAN se retrouve aujourd’hui dans un double piège, construit par ses propres
erreurs.
- Premièrement, la guerre s’est avérée non seulement loin d’être courte, mais aussi très sanglante et coûteuse, ce qui a mis à rude épreuve l’ensemble
du système militaro-industriel de l’Alliance atlantique et la confronte aujourd’hui à l’impossibilité de maintenir un tel niveau de soutien économique et militaire dans la
durée.
- Deuxièmement, après avoir martelé pendant un an et demi les deux piliers susmentionnés («Poutine =
Hitler», «L’Ukraine va
gagner»), face à l’évidence que la victoire ukrainienne est littéralement impossible, elle ne peut pas facilement faire un virage à 180° et, en plus d’avoir à accepter
la défaite, elle doit aussi faire face à Hitler.
Le problème gigantesque auquel l’OTAN est confrontée aujourd’hui est donc fondamentalement de trouver une stratégie de sortie viable. Mais, une fois de
plus, ce qui rend les choses très compliquées, c’est précisément l’auto-narration dans laquelle le leadership atlantique persiste.
Si l’on regarde, par exemple, les États-Unis, qui restent le pivot de toute prise de décision réelle, on observe que la polarisation extrême qui a été
déterminée (Biden vs Trump, démocrates vs républicains) fait que les deux électorats ont tendance à embrasser les positions des dirigeants, indépendamment de leurs convictions
personnelles. Ainsi, l’électorat pro-Trump critique majoritairement le maintien du soutien à Kiev, tandis que l’électorat démocrate y est fortement favorable. Le résultat est que
Biden, maintenant lancé dans sa campagne présidentielle pour un second mandat, ne peut pas facilement revenir sur sa position sur cette question, sous peine de perdre l’élection. Son
électorat, en effet, a été fortement poussé à un soutien inconditionnel (précisément par la propagande démocrate), et ne le lui pardonnerait pas.
L’administration Biden, et en son sein surtout les néocons, était tellement sûre que tout se passerait comme prévu, qu’elle n’a même pas préparé une
véritable stratégie globale pour atteindre ses objectifs, et encore moins pensé à un éventuel plan B.
En bref, l’OTAN est restée prisonnière de sa propre «rhétorique hyperbolique», comme l’a définie avec acuité Branko Marcetic1 dans
«Responsible
Statecraft»2,
qui a fait croire à l’opinion publique «que l’issue de la
guerre ne concernait pas seulement Kiev et sa reconquête du territoire perdu, mais qu’elle avait des enjeux existentiels, pour la sécurité des États-Unis, pour l’ensemble de l’ordre
mondial et même pour la démocratie elle-même».3
La radicalisation extrême du discours public sur la guerre détermine en somme un effet boomerang, agissant non seulement comme un outil de motivation
pour l’opinion publique occidentale, mais aussi comme un rappel pour ses dirigeants, qui sont dans une certaine mesure contraints de s’en tenir à leur propre narration du
conflit.
Et ce piège agit à deux niveaux, correspondant précisément aux deux piliers de la guerre médiatique.
La recherche d’une issue
Le premier niveau est celui déterminé par la diabolisation de l’ennemi, qui rend impossible le retrait d’une confrontation présentée comme
apocalyptique, tout comme elle rend impossible l’acceptation du nouvel Hitler.
Mais le second niveau, non moins complexe, est lié à la rhétorique de la victoire inéluctable des bons. Dès lors qu’une telle victoire
apparaît impossible, il s’agit d’une part de trouver la responsabilité d’un tel renversement, et d’autre part de savoir comment gérer la défaite. Car, bien sûr, une guerre n’est pas
un match de Ligue des champions, elle ne peut pas se terminer par un match nul. On gagne ou on perd. Donc, si la guerre est gagnée par la Russie, c’est l’OTAN qui est vaincue. Une
perspective inacceptable pour Washington, d’autant plus à un moment où la domination mondiale est extrêmement fragile – quand même un pays africain comme le Niger se permet de claquer
la porte au nez de Nuland…
Cette situation, ajoutée bien sûr à un certain nombre d’autres facteurs, détermine l’incertitude avec laquelle ces questions sont abordées à Washington.
En fait, pour l’instant, l’idée de reporter les choix semble prévaloir, ce qui signifie que la guerre se poursuivra indéfiniment.
Bien entendu, dans l’intervalle, les États-Unis débattent, plus ou moins ouvertement, de la manière de sortir du piège. Depuis des mois, les grands
journaux américains débattent de ces questions, à la fois en analysant plus objectivement la situation sur le terrain et en s’interrogeant sur les voies de sortie possibles. La plus
grande limite à ces réflexions reste malheureusement une sorte d’autisme politique dans lequel elles semblent enfermées, et dont le récent sommet de Jeddah est une parfaite
représentation.
En effet, toutes les discussions sur ces questions se font en ignorant totalement l’existence de l’autre partie; les intérêts stratégiques et politiques
russes, les développements concrets de la guerre, pratiquement le fait même que toute négociation doit envisager la participation de la Russie, sont constamment évacués.
L’OTAN, de
facto déjà vaincue sur le terrain, continue de raisonner comme si la Russie était une entité inepte, qui ne peut qu’accepter les éventuelles offres de l’Alliance.
On voit ainsi que, par exemple, au sujet de la responsabilité de la défaite, un sordide blame
game a déjà commencé, les milieux de l’OTAN attribuant la faute aux Ukrainiens, accusés en gros d’être incapables d’appliquer les doctrines militaires indiquées par
les stratèges de l’Alliance, et d’une mauvaise utilisation des moyens mis à leur disposition, tandis que les Ukrainiens accusent à leur tour l’OTAN d’un approvisionnement rare et
tardif, et de proposer des tactiques inadaptées et impossibles à mettre en oeuvre. Il s’agit évidemment d’un triste jeu de dupes, où chacun tente de sauver la face vis-à-vis de ses
propres opinions publiques, alors qu’en réalité, ils sont tous deux et également co-responsables. La grande contre-offensive ukrainienne, sur laquelle la machine médiatique travaille
depuis des mois, et qui a été planifiée de concert par les états-majors de l’OTAN et de l’Ukraine, était la tentative politico-militaire extrême de changer le cours du conflit, non
pas tant dans l’intention illusoire d’une impossible reconquête territoriale, mais plus modestement dans celle d’obtenir un minimum d’effet de levier. Mais ce ne fut pas le
cas.
Dans la matrice imaginative dans laquelle flottent les dirigeants de l’OTAN, c’est jusqu’à présent l’hypothèse du gel
coréen qui semble prévaloir, c’est-à-dire une sorte d’arrêt sur image du film de guerre censé figer le statu quo. Cette hypothèse repose sur l’idée que le conflit est dans
une impasse immuable et qu’un arrêt serait donc bénéfique pour les deux belligérants. J’ai déjà écrit4 plus
haut à quel point cette hypothèse est irréaliste d’un point de vue stratégique ; en effet, elle ne correspond en rien aux intérêts de la Russie. Mais il y a plus. Si
l’on peut parler d’impasse, cela s’applique uniquement et exclusivement à la guerre ukrainienne par procuration, alors que la situation sur le terrain raconte une toute autre
histoire.
En deux mois et demi, la contre-offensive ukrainienne s’est effectivement enlisée, qui plus est après avoir payé (une fois de plus, après Bakhmout) un
prix du sang très élevé5.
En revanche, les forces armées russes sont à l’offensive dans deux zones significatives. Au nord-est, elles ont progressé de quelques kilomètres en profondeur, s’approchant de la
ville de Koupyansk, qui risque fort de devenir le prochain hachoir à viande, à tel point que les Ukrainiens l’ont déjà évacuée de ses civils, ainsi que ceux d’une trentaine
d’agglomérations voisines.
Cette pression offensive est importante non seulement sur le plan militaire, en raison des développements qui pourraient suivre la chute de la ville sur
un large secteur du front, mais aussi parce qu’elle se développe dans l’oblast de Kharkov, qui ne fait pas partie des quatre régions annexées à la Fédération de Russie.
Cela indique clairement que la Russie n’envisagera certainement pas d’arrêter ses opérations militaires tant qu’elle n’aura pas établi une ceinture de
protection à l’ouest des quatre oblasts. Ce n’est peut-être qu’à ce moment-là qu’un gel de la situation serait possible.
Par ailleurs, depuis des semaines, les forces aérospatiales frappent nuitamment dans toute l’Ukraine, ciblant les infrastructures portuaires, les
installations industrielles, les dépôts de munitions et les centres de commandement. Tout cela témoigne sans doute du fait qu’il n’y a pas d’impasse générale, mais que le conflit
subit une pression constante de la part de la Russie, même si celle-ci ne produit pas (pour l’instant) de changements majeurs sur la ligne de front.
Adieu, l’Ukraine
Une variante plus avancée de cette hypothèse a été émise par Stian Jensen6,
chef d’état-major du secrétaire général de l’OTAN, avant d’être rapidement désavouée. Dans cette variante, un échange serait supposé : Les territoires libérés par les Russes seraient
reconnus comme faisant partie de la Fédération de Russie, qui en retour accepterait l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN.
Même si Jensen, après la réaction brutale du porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, est revenu partiellement sur
ses propos, il semble évident que cette hypothèse a également été formulée au sein de l’OTAN. Qu’elle ait été divulguée par naïveté de la part de Jensen ou pour tâter le terrain n’a
qu’une importance secondaire. Ce qui importe, c’est que l’hypothèse coréenne fasse un nouveau pas en avant, mais toujours sans tenir compte des intérêts
russes.
Si, en effet, l’autre hypothèse est au fond une sorte de Minsk III, qui servirait aux Ukrainiens et à l’OTAN à se remettre sur pied et à se préparer à
une nouvelle guerre, celle-ci prévoit au contraire une stabilisation formalisée.
Le point faible de cet échange est que non seulement Moscou n’acceptera jamais l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique – après tout, c’est la
raison principale pour laquelle elle est entrée en guerre – mais que l’offre est dérisoire : L’Occident mettrait en effet sur la table quelque chose que la Russie possède déjà, et
qu’elle ne risque pas de perdre.
Nous sommes donc toujours dans le domaine de l’autisme politique occidental.
En partie par nécessité matérielle, en partie par opportunisme politique, l’OTAN sera donc poussée à un désengagement progressif. Elle continuera à
fournir de l’aide, désormais essentiellement des paquets à haute valeur symbolique (et économique…), tels que des missiles à longue portée et des avions de chasse F-16, mais
totalement hors de propos, incapables d’apporter une contribution décisive à la capacité opérationnelle des forces armées ukrainiennes, à la fois en termes de quantité et parce que ce
dont Kiev aurait besoin est tout à fait autre chose.7
En conséquence, mais pas seulement, la coordination stratégique entre les commandements de l’OTAN et de l’Ukraine se relâchera, le premier étant de plus
en plus sceptique quant aux capacités du second, et le second se méfiant de plus en plus des partisans de l’Atlantique.
La première nécessité pour Washington, et donc pour l’OTAN, d’autant plus que la campagne présidentielle américaine approche, est de procéder à un
désengagement en douceur, en rejetant la responsabilité sur les Ukrainiens ; le récit commence déjà à s’orienter vers la trame «nous avons fait
tout ce que nous pouvions, mais ils ne sont pas capables…», qui pourrait également préluder – si nécessaire – à un remplacement (plus ou moins indolore) de Zelensky, et
se diriger ensuite vers une conclusion bienvenue.
Le problème, bien sûr, est d’en trouver une, qui soit aussi praticable, c’est-à-dire qui prenne enfin en considération la Russie non
pas comme une entité abstraite, mais comme une réalité porteuse d’intérêts, et qui tienne compte à la fois des équilibres internes et des coûts impliqués. Mais cela semble pour
l’instant très difficile.
Bien sûr, au pire, il y a toujours la solution afghane. Lâchez tout et tout le monde, remballez le drapeau et rentrez chez vous.
Nous pouvons donc nous attendre à un gel, certes, mais des capacités offensives ukrainiennes et d’un soutien occidental important. Kiev sera contraint
d’adopter une stratégie défensive, renonçant à toute ambition de reconquête, et exploitant ainsi l’avantage d’une conduite opérationnelle minimisant les pertes. Les Russes, pour leur
part, reprendront l’offensive, mais sans abandonner la ligne de conduite qui, elle, vise à minimiser les pertes. Les attaques aériennes et la destruction systématique des
infrastructures logistiques et militaires se poursuivront. L’hiver arrive, et les dommages causés aux installations énergétiques et électriques sont ressentis par la population
ukrainienne, épuisée par le grand nombre de morts et de blessés et par la destruction de l’économie. Sauf effondrement brutal8,
la guerre s’éternisera jusqu’en 2024, en attendant que le match Biden-Trump soit résolu.
En Europe, pendant ce temps, la crise continuera de mordre, et les leaderships vassaux auront de plus en plus de mal à garder la tête froide. Le monde
glisse vers la multipolarité, et nous vers l’abîme. Tôt ou tard, il faudra se rendre à l’évidence : «Nous avons besoin des Russes et ils ont besoin de nous».9
Marcetic est membre de la rédaction du magazine de gauche Jacobin, et
a collaboré avec diverses publications américaines.
«Can Washington pivot from its maximalist aims in Ukraine», Branko Marcetic, Responsible Statecraft
Ibidem
Voir «Two War», Redcoats
News
Comme le résume bien l’analyste américain Daniel L. Davis, «la dure et froide vérité dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine aujourd’hui, c’est que la dernière
offensive de l’Ukraine a échoué, et qu’aucune pirouette ne changera le résultat». Voir «La dure réalité : la dernière offensive de l’Ukraine a échoué», Daniel L.
Davis, 19fortyfive.com
Voir «War in Ukraine/Territories to Moscow in exchange for NATO access», Giulia Lecis, Quotidiano Sociale
Voir «Effondrement», Giubbe Rosse News
Ibidem
Nicolas Sarkozy, interview dans Le Figaro
Les Occidentaux ont-ils dépassé les limites acceptables du cynisme pour préserver leurs projets hégémoniques sur le monde ?
Alors que depuis le «11 septembre» les Occidentaux se sont donnés pour mission de combattre le terrorisme ils
envisagent, Grande-Bretagne et USA ont financé et utilisé des groupes terroristes en Syrie pour tenter de renverser le régime de Damas, d’ailleurs sans succès. L’Afrique et maintenant
leur objectif pour combattre les influences chinoises et russes sur ce continent dans le but de mettre un terme à la présence de ces pays considérés comme ennemis de l’impérialisme
occidental. Voici un article du journaliste et analyste géopolitique brésilien Lucas Leiroz qui cite des sources confirmant ce que les Occidentaux organisent pour déstabiliser les
régimes politiques africains considérés comme des ennemis puisqu’ils ont pactisé avec la Chine et la Russie.
Jacques Henry
*
par Lucas Leiroz -Le
24/08/2023.
L’agence de renseignement britannique serait impliquée dans une initiative visant à neutraliser la vague
pro-russe dans les pays africains.
Apparemment, le Royaume-Uni est intéressé à étendre ses provocations anti-russes à l’Afrique. L’agence britannique MI6 préparerait une équipe de
saboteurs ukrainiens pour intervenir dans les pays africains et neutraliser la vague croissante de coopération avec la Russie sur le continent. L’affaire montre clairement comment les
puissances occidentales envisagent d’internationaliser le conflit avec la Russie et de l’élever jusqu’aux conséquences ultimes.
Des informations ont été faites par plusieurs agences de presse russes,
citant des sources proches des questions militaires. On pense qu’une centaine de militants d’extrême droite ukrainiens sont mobilisés par des espions britanniques pour mener des
manœuvres de sabotage en Afrique.
Les informateurs anonymes ont également déclaré que l’équipe se concentrera sur la destruction des infrastructures civiles et l’élimination des
dirigeants politiques, affectant ainsi la stabilité sociale des pays africains ciblés. Pour cette raison, des sources ont classé les néo-nazis recrutés pour l’opération comme une
«escouade d’assassinats».
Il existe également des informations qui indiquent l’existence d’un vaste programme de coopération entre les secteurs britannique et ukrainien de
l’espionnage et des services spéciaux. Le plan de recrutement d’anciens combattants ukrainiens en Afrique impliquerait des responsables de haut rang liés à la Direction principale du
renseignement de Kiev. En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement d’une embauche britannique de mercenaires ukrainiens, mais d’une opération étatique conjointe entre Londres et le
régime néonazi ukrainien.
«Selon des informations, confirmées par plusieurs sources, le service spécial
britannique MI-6 a formé et préparé pour le déploiement sur le continent sud une escouade de sabotage et d’assassinat, composée de membres de groupes nationalistes ukrainiens et
néonazis, dans le but d’empêcher la coopération entre Les pays africains et la Russie (…) La tâche de l’escouade ukrainienne, formée par les services spéciaux britanniques, sera de
mener des attaques de sabotage contre les infrastructures en Afrique et d’assassiner les dirigeants africains qui envisagent une coopération avec la Russie (…) Le lieutenant-colonel
de GUR [Direction principale du renseignement] du ministère ukrainien de la Défense V. Prashtchouk a été nommé commandant de l’escouade ukrainienne de
coupe-jarrets», a déclaré une source à des journalistes russes.
Dans le même sens, il est important de souligner le danger représenté par le leadership d’un officier comme Vitaly
Prashchuk. L’officier de la direction principale ukrainienne est un vétéran bien connu de la guerre dans le Donbass, ayant participé activement aux hostilités entre 2014 et 2016.
Sa fonction était précisément de commander une escouade d’agents de renseignement concentrés sur les opérations de sabotage contre les républiques populaires de Donetsk et Lougansk.
De plus, il a déjà participé auparavant à des opérations conjointes avec les forces britanniques en Afrique – plus précisément au Zimbabwe.
Compte tenu des nombreux cas de sabotage contre des personnalités publiques et des installations civiles pertinentes dans le Donbass au cours des
premières années du conflit, on s’attend à ce qu’une vague d’attentats terroristes commence à se produire sur le continent africain. Cela soulève une série
d’inquiétudes d’un point de vue stratégique et humanitaire, poussant davantage les pays africains à rechercher une coopération avec la Russie afin de garantir la sécurité de leurs
populations.
Un autre point à analyser est la façon dont l’affaire révèle la volonté occidentale
d’internationaliser le conflit contre la Russie. Les mêmes acteurs impliqués dans la guerre d’Ukraine dirigent maintenant leurs efforts vers l’Afrique simplement parce que les
gouvernements locaux ont montré leur volonté de coopérer avec la Russie. Cela signifie qu’en fait l’implication de l’Occident dans le conflit n’est pas due à une quelconque
«solidarité» avec l’Ukraine, comme le prétendent les médias, mais à une réelle intention de guerre contre
Moscou.
L’Ukraine n’est que le flanc le plus sérieux de cet effort de guerre
occidental. Maintenant, ils parient sur l’Afrique comme nouvelle ligne de front, alors que les États sahéliens ont recherché l’amitié avec Moscou – ce qui est considéré
comme inacceptable par les puissances impérialistes occidentales.
Partout où il y a coopération avec la Russie, il y a une certaine provocation occidentale pour créer le chaos, l’instabilité et le conflit. En effet,
l’OTAN ne s’attend pas à vaincre la Russie directement sur un champ de bataille, car la puissance militaire de Moscou est massive, pariant ainsi sur la création de différents flancs
et points de tension.
Il faut se rappeler que ces derniers mois, il a été rapporté que
des armes occidentales envoyées en Ukraine se retrouvent entre les mains de criminels africains. Plus qu’une simple corruption ukrainienne, certains experts estiment qu’il s’agit
également d’une redistribution stratégique des ressources, les responsables de l’OTAN envoyant du matériel à des terroristes africains considérés comme des alliés contre la Russie et
ses États alliés. Maintenant, avec les données indiquant l’envoi de mercenaires néo-nazis pour commettre des sabotages en Afrique, il y a encore plus de preuves qu’en faitl’Occident coopère (organise, arme, sponsorise) délibérément avec la montée du terrorisme en
Afrique.
Cependant, au lieu de neutraliser la vague pro-russe en Afrique et d’intimider les dirigeants africains, l’attitude anglo-ukrainienne tend à accroître
encore le désir de coopération avec la Russie dans ces pays. Disposant de données indiquant l’intention occidentale de les saboter, les gouvernements africains chercheront à signer
encore plus d’accords de coopération en matière de défense et de sécurité avec Moscou.
En pratique, l’Occident peut réussir à générer le chaos et le conflit, mais il échouera à empêcher le développement de relations amicales avec
la Russie en Afrique.
Avec la décision des États-Unis de
valider l’envoi d’avions de chasse F-16 d’autres pays comme le Danemark, les Pays-Bas en Ukraine, les pays de l’UE sont en train de vivre en temps réel – même si la population de ces
pays et leurs élites politiques ne le réalisent pas – une étape vers une implication directe de l’Allemagne en particulier, et de l’Europe en général, dans une guerre directe contre la Russie.
Les pays de l’UE s’enfoncent directement dans la guerre avec la Russie
«La décision des
Pays-Bas, puis du Danemark, de fournir à l’Ukraine un total de 61 avions de guerre F-16 équipés des dernières technologies pour les utiliser dans la guerre contre la Russie représente
une nouvelle phase dans la guerre russo-ukrainienne qui dure depuis environ un an et demi», stipule le
média turc Evrensel.
Les responsables politiques des pays européens ne semblent pas réaliser vers quoi leurs décisions de toujours vouloir envoyer plus d’armes en Ukraine portent comme conséquences pour
les populations européennes occidentales et aussi pour ceux de cette Europe centrale. Tout simplement, les pays européens vont directement dans une guerre directe avec la
Russie.
Les États-Unis sont le principal acteur de cette précipitation dans la guerre sans, aussi, surtout oublier le manque de compétences des responsables
politiques des pays européens. Ils ont, en effet, donné leur feu vert pour que l’Ukraine puisse utiliser des F-16. Ainsi, les États-Unis ont
pris la décision d’impliquer les pays européens dans la guerre avec la Russie au lieu de fournir directement les avions.
«La question de
savoir quand et comment les avions seront livrés sera clarifiée dans la période à venir», stipule le média turc. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, lors de sa
rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a annoncé «qu’elle
espérait que les six premiers F-16 pourraient être remis à l’Ukraine vers le Nouvel An, huit autres l’année prochaine et les cinq autres en 2025». «Pour cela, il
faut avant tout former le personnel ukrainien qui utilisera l’avion», constate le média turc. La presse allemande fait
remarquer que «selon le
ministère néerlandais de la Défense, les Pays-Bas disposent de 42 avions de ce type [F-16], mais que seulement 24 sont actuellement opérationnels» et qu’«il faudra
probablement au moins six mois avant que l’Ukraine puisse utiliser ses avions de combat dans la guerre contre la Russie». Il faut former les pilotes
ukrainiens.
Observateur
Continental a noté que pour piloter un F-16, cela demande quatre à cinq ans.
D’autres pays européens devraient rejoindre la liste des pays envoyant des F-16 en Ukraine dans les prochains jours. Les États-Unis devraient
également donner leur feu vert à d’autres pays. La Pologne avait précédemment donné à
l’Ukraine l’avion de combat MiG-29, produit par l’Union soviétique avec l’approbation de l’Allemagne. Dans les évaluations parues dans la presse allemande, il est indiqué que les
F-16 seront envoyés en Ukraine au plus tôt dans les premiers mois de l’année prochaine.
Avions des Pays-Bas, missiles d’Allemagne
Le média turc fait remarquer que «si l’on regarde
les discussions de ces dernières semaines, il semble y avoir un lien entre l’approbation américaine du F-16 et la décision de l’Allemagne d’envoyer des missiles de croisière Taurus en
Ukraine». «On peut dire que
les avions de guerre qui embarqueront les missiles Taurus ont été ainsi déterminés», conclut Evrensel.
Compte tenu de cette décision, l’Allemagne ne sera pas en mesure d’avancer l’argument selon lequel il n’y a pas d’avions de combat pour lancer les
missiles. Les partenaires de la coalition, les Verts et les dirigeants du FDP, qui sont les porte-parole du lobby de l’armement et de la guerre, font pression depuis des jours
sur le chancelier allemand, Olaf Scholz, pour qu’il livre des missiles Taurus à l’Ukraine. Olaf Scholz avait précédemment déclaré que l’envoi d’avions de combat
constituait une «ligne
rouge» et que cela signifierait l’implication directe de l’Allemagne dans la guerre.
De fait, il est possible d’affirmer que la décision américaine concernant les F-16 est une mesure prise pour impliquer directement l’Allemagne en
particulier, et l’Europe en général, dans une guerre directe contre la Russie. C’est pourquoi qu’avec la déclaration de Volodymyr Zelensky affirmant que «les F-16
insuffleront une nouvelle confiance et une nouvelle motivation tant aux guerriers qu’aux citoyens ordinaires» et qu’ «Ils produiront de
nouveaux résultats pour l’Ukraine et le reste de l’Europe» ce week-end sur la base aérienne de la ville néerlandaise d’Eindhoven, exprime une
vérité.
En effet, le bombardement du territoire russe par des F-16 qui seront confiés à l’Ukraine avec des missiles Taurus envoyés depuis l’Allemagne conduira à
de «nouveaux
résultats», avertit le média turc. Ce résultat tient davantage au fait que l’OTAN dans son ensemble est partie de facto à la guerre chaude contre la Russie. «En effet, il
semble qu’un consensus ait été atteint sur le fait que la Russie ne peut être retirée militairement du territoire ukrainien que de cette manière», observe Evrensel.
La décision des Pays-Bas concerne directement l’Allemagne
Un autre point remarquable est que les Pays-Bas, qui ont jusqu’à présent suivi une politique de guerre partiellement équilibrée, se sont engagés à
envoyer 42 avions de combat F-16. Cette décision devrait jouer un rôle dans la prochaine campagne électorale de Mark Rutte qui n’a pas été reconduit au poste de Premier ministre,
alors qu’il a également réussi à plaire aux États-Unis et à l’Ukraine.
«Cette démarche
des Pays-Bas concerne l’Allemagne sous un autre aspect. Il s’agit de l’intégration des armées allemande et néerlandaise dans de nombreux domaines, notamment les forces
terrestres», fait remarquer Evrensel. Lors
de la réunion conjointe du Conseil des ministres germano-néerlandais du 27 mars, il a été décidé d’approfondir la coopération militaire entre les deux pays et de confier à l’Allemagne
le commandement d’un tiers de l’armée néerlandaise. Cela a été considéré comme un «plan
d’unification militaire» entre les deux pays.
«Trois jours après
ladite réunion ministérielle conjointe (30 mars), une étape historique a été franchie à Veitshöchheim, en Bavière, avec la participation du ministre allemand de la Défense Boris
Pistorius et de la ministre néerlandaise de la Défense Kajsa Ollongern, pour l’intégration des forces terrestres néerlandaises dans les forces terrestres allemandes»,
insiste Evrensel. Lors
de cette cérémonie, la 13e brigade légère néerlandaise est rattachée à la 10e division blindée de l’armée allemande. En 2014, la 11e brigade aérienne néerlandaise a été intégrée
à la division des forces rapides allemandes (DSK), et en 2016, la 43e brigade mécanisée néerlandaise a été intégrée à la 1ère division blindée de l’armée allemande.
Pour toutes ces raisons, l’engagement des Pays-Bas à fournir 42 avions F-16 à l’Ukraine concerne directement l’Allemagne. Cela signifierait que les
pays qui ont envoyé leurs avions de combat pour bombarder le territoire russe, et donc l’OTAN, seraient directement impliqués dans la guerre.
Evrensel met
en garde du fait que «Moscou a déclaré
que lorsque le pointeur se tournerait vers la perte de la guerre pour la Russie, Vladirmir Poutine pourrait appuyer sur tous les boutons à sa portée. Il a également été déclaré
que le premier d’entre eux était un bouton d’arme nucléaire».
«Par conséquent,
plus l’Occident équipe l’Ukraine en armes lourdes et modernes, plus le risque d’une guerre grande et dévastatrice est grand», selon Evrensel.
Le match a commencé, la première mi-temps s’achève sur une performance décevante de l’attaquant chargé de marquer les buts. Le DT (le Míster dans
certains pays) décide que son temps est écoulé et que l’attaquant de remplacement doit entrer sur le terrain. Mais le problème n’est pas que le buteur ne joue plus, c’est simplement
que son équipe ne fonctionne pas. Le fait de partir à la mi-temps va le montrer comme le responsable de la défaite alors que le reste de ses coéquipiers, à commencer par l’entraîneur
lui-même, n’ont pas fait ce qu’il fallait.
Non, vous ne vous trompez pas, cher lecteur, vous ne lisez pas un média sportif commentant un match du week-end, vous lisez un article géopolitique
centré sur la guerre en Europe entre la Russie et l’OTAN.
Le WP aux multiples facettes n’est rien d’autre que la métaphore d’un modèle anglo-saxon qui a mené l’Ukraine à la ruine et entend entraîner le reste de
l’Europe dans sa chute afin d’éreinter la Russie.
Le grand pays eurasien est trop puissant, ses forces armées, contrairement à ce que la presse et les réseaux diffusent, sont extrêmement fortes et ne
sont pas en train de perdre la guerre avec l’Ukraine.
Elle ne l’a jamais perdue, elle a été menée conformément à ses intérêts depuis le tout début. La guerre, comme cela est déjà évident, est menée contre
l’OTAN, le terrain sur lequel les adversaires se battent est l’Ukraine, et il est important de ne pas perdre de vue ce fait.
L’OTAN est le bras armé des centres de décision de Washington et de Londres, deux capitales qui voient le monde peuplé de citoyens de différentes
catégories. Les citoyens de second rang sont les leurs, car les citoyens de premier rang ne sont que les élites. Derrière eux se trouvent les Européens de l’Ouest et au bas de
l’échelle les Européens de l’Est.
Les autres peuples du monde ne peuvent même pas être considérés comme autre chose que des outils et des ressources à utiliser lorsque la situation le
justifie.
La Russie est demeurée insoumise et, à l’Ouest, ses élites cherchent à diviser ce pays géant en plusieurs petits pays, peut-être 35, afin de liquéfier
son pouvoir et de déterminer la fin de cette nation gênante pour leurs intérêts.
L’Ukraine est le fer de lance qui fut choisi pour frapper Moscou avec le soutien engagé de l’OTAN. Sachant que Kiev ne peut espérer qu’une défaite si
écrasante qu’elle mettra probablement fin à l’existence même de l’État ukrainien, elle a d’autres cartes à jouer.
La Pologne est le joueur en train de s’échauffer, qui attend d’entrer en scène et de remplacer les Ukrainiens battus et épuisés. L’échauffement est
visible et, vu son intensité, nous pouvons voir que le moment où elle deviendra un acteur militaire est imminent.
Le gouvernement polonais se prépare à la guerre en achetant d’énormes quantités d’armes, mais contrairement à Zelensky et aux siens, il s’agira cette
fois d’armes occidentales. Les armes héritées des Soviétiques ont été détruites lors de la campagne militaire ukrainienne.
À l’occasion de la très récente journée de l’armée polonaise, il a organisé une exposition militaire avec 200 unités d’équipement militaire polonais et
étranger, 92 avions et 2000 militaires. De quoi ébranler l’armée russe, certes, mais ces chiffres sont évidemment insignifiants pour Moscou. Le Belarus est l’autre pays visé, mais
Loukachenko a reçu des armes nucléaires et le PMC Wagner.
La présence de 10 000 soldats à la frontière de l’allié local de la Russie est un signe des intentions de Varsovie.
La Pologne se réarme avec l’achat de 32 F35 pour 4,2 milliards de dollars, 500 unités de HIMARS pour 10 milliards de dollars, et a déjà reçu 18 de ces
lanceurs. 366 unités de chars américains Abrams, 116 M1A1, en plus des 250 M1A2 SEP v3 qui ont déjà été commandés.
Varsovie a commandé 48 obusiers blindés automoteurs K9 A1 pour un coût estimé à 200 millions d’euros par unité.
Elle a également acheté 980 chars coréens K2 Black Panther (photo, ci-dessus) pour une valeur marchande d’environ 8 millions d’euros par char. Elle a
également acheté 48 avions de chasse FA-50 pour 3,5 milliards d’euros, des systèmes de lance-roquettes multiples K239 Chunmo et 400 véhicules blindés d’éclaireur 4×4 KIA K-151.
La Pologne a également l’intention d’ajouter à ses forces 1400 véhicules de combat d’infanterie locaux Borsuk, d’une capacité de transport de six
personnes. Cette acquisition a suscité la controverse, certains la considérant comme une simple copie de véhicules occidentaux similaires construits à partir de matériaux étrangers,
mais présentée comme une réalisation polonaise. Le coût est estimé entre 6 et 10 millions d’euros, ce qui est bien supérieur à ce qu’il vaudrait s’il était fabriqué de manière
compétitive. La Pologne a notamment investi 2,16 milliards d’euros dans des missiles de la société européenne MDBA, les Camm et les Launchers.
Ce montant pèsera lourdement sur l’économie polonaise, mais Andrzej Duda, enhardi, a déclaré qu’il fallait arrêter la Russie avant de sacrifier la vie
de soldats américains. M. Duda a déclaré que l’Occident devait arrêter la Russie maintenant, avant que «les soldats
américains ne doivent verser leur sang et perdre leur vie en Europe pour rétablir la paix et la liberté dans le monde».
L’ancien Premier ministre polonais, Donald Tusk, surestime la menace que représente le Belarus et affirme que le parti au pouvoir, Droit et Justice, de
M. Duda, utilise des tactiques d’intimidation pour obtenir de meilleurs résultats aux élections législatives.
Indépendamment des querelles internes, la Pologne commet la même erreur que l’Ukraine en sous-estimant les capacités de la Russie tout en surestimant
les siennes. Pour ne rien arranger, elle compte sur le soutien des États-Unis en cas de confrontation.
Les Polonais feraient bien de se souvenir de l’histoire. La dernière fois qu’ils se sont appuyés sur l’Occident, c’était dans le cadre de l’accord avec
Hitler, qui s’est soldé par une invasion allemande de leur pays. Si nous regardons comment les États-Unis ont agi au Viêt Nam ou en Afghanistan lorsque la situation devenait
défavorable, M. Duda et ses amis devraient se méfier d’un compromis de la part des Anglo-Américains.
Si vous avez des doutes, vous pouvez regarder comment l’Ukraine a été poussée à la guerre par ces mêmes pays, comment ils lui ont refusé la possibilité
d’un règlement à plusieurs reprises et comment ils suggèrent maintenant que Kiev doit négocier et céder des terres pour la paix.
Le jeu se déroule entre la Russie et les États-Unis, l’Ukraine aujourd’hui et la Pologne demain ne sont que des pions servant de chair à canon pour
épuiser la Russie et permettre un changement de gouvernement à Moscou. Le coût en vies humaines et en destruction d’infrastructures n’est pas supporté par les décideurs, mais par les
pays misérables qui se prêtent à ce jeu suicidaire.
Le sort des hommes et les territoires sont étrangers à ces décideurs. Jusqu’à présent, ils ont brûlé au combat le matériel soviétique dont ils ont
hérité et les décideurs ont profité de l’occasion pour vendre du matériel de remplacement occidental. De plus, ils ont donné leurs propres équipements obsolètes qui rouillaient dans
des entrepôts vieux de plusieurs dizaines d’années et anachroniques pour la guerre moderne.
L’entrée en scène d’équipements modernes tels que les systèmes Patriot et les Leopard II A6, entre autres, a été l’un des aspects négatifs de l’aventure
ukrainienne pour l’Occident, compte tenu du discrédit dont elle a fait l’objet. Ces systèmes ont été présentés comme les meilleurs et les plus performants au monde, ce qui explique
qu’ils étaient nettement plus chers que ceux fabriqués par les Russes ou les Chinois, mais au vu de leurs récentes performances, cela s’est avéré faux.
L’autre point négatif est que les problèmes d’approvisionnement de la production occidentale sont devenus visibles. Les arsenaux de l’OTAN se sont vidés
à un rythme beaucoup plus rapide qu’ils n’auraient dû l’être, compte tenu de leur capacité de production militaire.
La Pologne commence à se préparer à une confrontation avec la plus grande puissance nucléaire du monde. Une puissance qui entretient une rivalité de
longue date et qui n’aura pas, à l’égard de la Pologne, les mêmes réserves qu’avec l’Ukraine.
Cette dernière nation est considérée par la Russie comme faisant partie du même peuple, et beaucoup considèrent la guerre comme une tragédie parce qu’il
s’agit d’une guerre interne. Avec la Pologne, c’est une autre histoire, car il subsiste de vieilles rancunes, aggravées par le sentiment d’ingratitude de Varsovie lorsque les Russes
l’ont sauvée de l’Allemagne nazie. Moscou comprend qu’elle a donné son sang pour défendre ses ennemis polonais et, une fois de plus, ceux-ci n’ont pas été reconnaissants.
Aujourd’hui, la Pologne cherche à récupérer les terres ukrainiennes jadis influencées par la Pologne, à l’ouest de son voisin aujourd’hui en guerre avec
la Russie, tout comme son ambition s’étend parfois au centre même du pays.
La Russie, qui a initié une confrontation sanglante pour repousser l’OTAN loin de ses frontières, ne laissera pas faire et n’aura pas les scrupules
amicaux qui ont assez longtemps ralenti l’opération militaire en Ukraine.
Cette fois, nous pouvons nous attendre à une réaction russe extrêmement violente contre la Pologne. Les analystes russes estiment que l’OTAN
n’interviendra pas dans une guerre directe. Les Anglo-Saxons ne veulent pas de destruction chez eux et ne se battront pas pour la Pologne.
L’OTAN dans son ensemble pourrait intervenir, mais la Russie ne se soucie pas de savoir si les États-Unis sont ou ne sont pas au milieu du jeu.
L’Allemagne semble mal à l’aise dans son suicide économique et, si la situation s’étend à la Pologne, elle ne sera pas heureuse avec une guerre à ses frontières directes.
La France a trop de problèmes en Afrique et chez elle pour se chercher d’autres ennemis. Les autres pays n’ont pas de capacités sérieuses pour affronter
la Russie.
La démarche est risquée, mais la situation est en train de changer. La deuxième phase de la guerre est sur le point de commencer, alors que l’Ukraine
affronte avec ses dernières réserves le mur de défense russe, qui à son tour se prépare à une offensive qui sera au moins trois fois plus forte que la première en février 2022.
Il s’agirait d’une offensive contre un ennemi usé ; les chances de survie de l’Ukraine sont en effet très limitées.
La Russie peut désormais voir que les États-Unis commencent à chercher une trêve et, lorsqu’elle verra que les renforts cessent d’arriver en Ukraine,
elle lancera certainement une offensive finale à peu de frais.
En fin de compte, avec le recul de l’OTAN, il ne sert plus à rien de résister aux attaques ukrainiennes. À ce stade, les États-Unis devront décider
s’ils envoient finalement la Pologne au combat ou s’ils acceptent les demandes russes de se retirer jusqu’aux frontières de 1997.
Les autorités de Varsovie seront confrontées au même dilemme que Zelensky, et comme lui, elles sont complaisantes et ne mesurent pas le risque auquel
elles sont confrontées.
Le reste de l’Europe doit en tenir compte et agir en conséquence, car l’heure tourne et la situation est plus tendue que jamais. Seront-ils prêts à
suivre la voie de l’Ukraine ou accepteront-ils que le monde a changé et que l’hégémonie est terminée ?
Pourquoi la Pologne est-elle entraînée dans une guerre à notre frontière orientale ? Cela nous semble très menaçant, à nous Polonais, surtout si l’on
considère les projets audacieux du gouvernement de Varsovie d’acheter de grandes quantités d’armements. En lisant la liste annoncée de ces armes, on a l’impression que nous nous préparons
à la guerre. D’où la question : Quand la guerre aura-t-elle lieu?
Le gouvernement de Varsovie ne tient pas compte de l’expérience des commandants ukrainiens, qui affirment que leurs échecs sur le front sont dus, entre
autres, à l’état technique déplorable des armes fournies par l’Occident, qui sont extrêmement peu fiables et inefficaces. Et dans de nombreux cas, il s’agit d’armes
obsolètes qui ne sont pas adaptées à une bataille victorieuse lors d’un véritable affrontement avec les forces armées russes. Et les tactiques forcées sur le champ de bataille, inventées
par les stratèges occidentaux de l’OTAN pour les Ukrainiens qui se battent, ne font qu’entraîner de graves pertes en hommes.
À l’heure actuelle, les commandants ukrainiens, qui ont reçu une formation militaire dans les universités militaires russes, s’éloignent des normes
imposées par l’OTAN et appliquent avec succès les tactiques et stratégies russes sur le champ de bataille. Mais compte tenu des pertes en effectifs de l’Ukraine, le changement actuel
de stratégie et de tactique ne peut faire que peu de différence sur le champ de bataille. Il ne peut que retarder légèrement la défaite totale de l’Ukraine.
Cette semaine laisse présager une accélération des réalignements stratégiques entre les puissances régionales, alors que se multiplient les signes d’une
nouvelle guerre froide à l’échelle mondiale, avec un accent particulier sur la stratégie d’endiguement des États-Unis face à la Chine dans la région indo-pacifique. Deux événements qui se
sont succédé vendredi peuvent être considérés comme des avancées majeures dans cette direction.
-Tout d’abord, le président américain Joe Biden accueille vendredi à Camp David un sommet trilatéral avec le premier ministre japonais Fumio Kishida et le
président sud-coréen Yoon Suk Yeol, qui devrait déboucher sur la signature d’un accord de coopération en matière de défense, de sécurité et de technologie entre les trois pays dans la
région indo-pacifique.
- Deuxièmement, les exercices annuels Malabar auxquels participent les forces navales des États-Unis, de l’Inde, du Japon et de l’Australie débutent
vendredi. Ils sont organisés pour la première fois à Canberra et font l’objet d’un grand battage médiatique quant à l’émergence d’une alliance collective de défense maritime QUAD dans la
région indo-pacifique.
L’accord trilatéral qui doit être signé demain lors du sommet de Camp David comprendrait des systèmes de défense contre les missiles balistiques et le
développement d’autres technologies de défense. Depuis l’élection de Yoon à la présidence l’année dernière, les relations entre la Corée du Sud et le Japon se sont nettement améliorées,
ce qui contribue à faire progresser la coopération tripartite avec Washington. De toute évidence, l’administration Biden espère profiter de la reprise des relations entre Tokyo et Séoul
pour institutionnaliser certains des progrès réalisés par les trois pays en matière de dialogue.
Certes, cette relation à trois reste fragile, car les efforts de Yoon ne sont pas très populaires en Corée du Sud, et Tokyo, sans surprise, reste prudent,
estimant que le processus est loin d’être irréversible. Néanmoins, lors des pourparlers de Camp David, Biden, Yoon et Kishida pourraient reconnaître l’impératif de sécurité collective
pour les trois pays et convenir qu’une menace contre l’un d’entre eux serait considérée comme une menace pour tous.
On peut imaginer que les pourparlers de Camp David représentent un effort de la part des États-Unis pour former un nouveau bloc militaire en Asie et une
tentative d’encourager le Japon et la Corée du Sud à rejoindre le mini bloc militaire connu sous le nom d’AUKUS [Australie-Royaume-Uni-États-Unis]. L’intensification de
la coopération militaro-technique et scientifico-technologique de Washington avec Séoul et Tokyo leur permet d’interagir plus facilement avec les projets menés dans le cadre d’AUKUS.
C’est une chose.
En ce qui concerne les exercices Malabar qui débutent demain et qui sont accueillis pour la première fois par l’Australie, leur objectif principal semble
être de renforcer la capacité opérationnelle du QUAD dans le cadre d’une stratégie collective de sécurité maritime dans cinq domaines hautement prioritaires, dont la lutte
anti-sous-marine et la connaissance du domaine maritime.
En d’autres termes, à l’instar d’AUKUS, le QUAD est également en train de se transformer, car l’ingéniosité américaine s’efforce de créer une structure de
défense de type alliance sur la base d’un groupement non militaire en renforçant divers modes de coopération militaire dans le but de mettre le QUAD
au service des intérêts de Washington. L’attention flatteuse que le président Joe Biden accorde à l’Inde – et au Premier ministre Narendra Modi personnellement – en tant
que relation la plus importante dans la politique étrangère des États-Unis, est intrinsèque à ce processus.
L’activisme retrouvé de l’Inde
Il est intéressant de noter que les États-Unis et l’Australie perçoivent que, pour la première fois, les dirigeants indiens font preuve d’un «activisme [qui] défie
le scepticisme conventionnel selon lequel la préférence de New Delhi pour le non-alignement et ses priorités géostratégiques militent contre une coopération militaire plus approfondie
avec ses partenaires de la Quadrilatérale», comme l’a récemment écrit un
groupe de réflexion australien, Tom Corben, dans Nikkei
Asia.
En d’autres termes, pour citer Corben, les exercices Malabar ont «évolué pour se
concentrer sur des formes de plus en plus sophistiquées de coopération navale haut de gamme, en particulier la connaissance du domaine maritime et la guerre anti-sous-marine… [et] les
quatre pays disposent d’une fenêtre d’opportunité politique et stratégique pour concrétiser ce potentiel». Corben est optimiste et pense que «les efforts
bilatéraux se poursuivent pour ouvrir la voie à une coopération quadrilatérale tangible en matière de défense maritime».
Qu’est-ce que cela implique ? Corben fait quelques acrobaties, comme l’intégration de l’Inde dans les «initiatives de
démonstration de force» des États-Unis et de l’Australie. Plus tôt en juin, il avait coécrit une étude avec deux collègues américains au Carnegie Endowment for International
Peace intitulée «Renforcer
le QUAD : Le cas d’une approche collective en matière de sécurité maritime», qui déplorait que le QUAD ne soit pas «à la hauteur de son
potentiel en tant que contributeur à la sécurité et à la défense régionales dans le domaine maritime. C’est un problème pour la sécurité indo-pacifique».
Dans une référence indirecte au gouvernement Modi, l’étude américano-australienne s’est toutefois félicitée du fait que si les sensibilités politiques et
les préoccupations géostratégiques ont jusqu’à présent empêché les pays du QUAD d’adopter un programme de sécurité collective, «ces contraintes
commencent à s’atténuer … à mesure que ses membres reconnaissent la Chine comme un défi militaire commun qui nécessite un certain degré d’action collective et de coordination de la
sécurité pour y faire face».
L’étude recommande que «la QUAD tire parti de
cette opportunité diplomatique et de cet impératif géostratégique pour poursuivre une stratégie collective de sécurité maritime dans cinq domaines hautement prioritaires : la connaissance
du domaine maritime, la lutte anti-sous-marine, la logistique maritime, la coopération industrielle et technologique en matière de défense et le renforcement des capacités
maritimes».
Il est important de noter que les activités proposées par le QUAD sont les suivantes :
travailler à l’élaboration d’un protocole d’interface pour régir le partage d’informations entre tous les partenaires du Quad, en accordant une
attention particulière à la mise en commun du matériel et des logiciels ou, au moins, à l’interopérabilité des différents outils ;
intégrer de manière sélective les installations côtières, les territoires insulaires et les lieux d’accès régionaux des pays du Quad afin de mener des
opérations MDA [Maritime Domain Awareness] plus persistantes et coordonnées ; et évaluer conjointement les besoins d’accueil et de réapprovisionnement des moyens MDA de l’autre
partie, tels que les avions de patrouille maritime ;
renforcer la capacité collective de lutte anti-sous-marine en développant des niveaux d’interopérabilité plus élevés afin d’inclure le suivi et
le “transfert” de
la responsabilité de surveillance des sous-marins chinois transitant par les zones géographiques de responsabilité ;
développer la capacité collective de ravitaillement en carburant, de réapprovisionnement et de réparation des ressources maritimes de n’importe quel
membre sur court préavis, et s’engager formellement à respecter ce programme aux niveaux politique et opérationnel ;
créer une cellule de coordination logistique QUAD au sein du commandant du groupe logistique de la marine américaine dans le Pacifique occidental, qui
intègre les quatre partenaires et assure la planification logistique pour les océans Indien et Pacifique, en utilisant régulièrement des capacités combinées de maintenance et de
réapprovisionnement ; et,
soutenir un cadre et une exigence pour placer des liaisons Quad sur les navires logistiques de l’autre.
Un machiavélisme vraiment radical
De toute évidence, contrairement à la diplomatie publique théâtrale du gouvernement Modi qui défend l’autonomie stratégique de l’Inde, une perception
totalement différente a été générée au niveau politique et diplomatique avec les partenaires du QUAD, à savoir que «Barkis est
prêt». En effet, une certaine prise de distance avec la Russie sur la guerre en Ukraine est également perceptible ces derniers temps. La célèbre description par Max Weber de
l’Arthasastra de Kautilya, l’un des plus grands livres politiques de l’Inde ancienne, comme étant un «machiavélisme
vraiment radical» me vient à l’esprit.
Le paradoxe est que, dans ce contexte complexe d’opacité ou de double langage – selon la façon dont on le considère – un vent contraire a peut-être commencé
à souffler au cours du week-end, présageant un certain progrès lors de la 19e réunion des commandants de corps Inde-Chine, qui s’est tenue au point de rencontre frontalier de
Chushul-Moldo, du côté indien, les 13 et 14 août 2023.
Pour l’instant, les preuves sont jugées trop conjecturales, mais la déclaration
commune dégage un ton d’optimisme. Les deux parties ont jugé nécessaire de prolonger la discussion pendant la nuit, qui a été jugée «positive,
constructive et approfondie».
Les protagonistes ont «échangé leurs points
de vue d’une manière ouverte et tournée vers l’avenir» et ont également «convenu de résoudre
rapidement les questions en suspens et de maintenir l’élan du dialogue et des négociations par le biais des canaux militaires et diplomatiques».
Il est donc raisonnable de penser que ni l’Inde ni la Chine ne souhaitent une guerre et que toutes deux maintiendront un contact plus constant avec l’autre
pour chercher les moyens de trouver une solution dont elles sortiront toutes deux gagnantes. L’essentiel de l’orientation donnée par les dirigeants est que les deux pays se considèrent
mutuellement comme un partenaire et non comme un adversaire.
Cet équilibre instable atteint au point de rencontre frontalier de Chushul-Moldo ne durera pas si les exercices de Malabar se transforment en un outil
géopolitique permettant à Washington de transformer le QUAD. Les États-Unis sont coincés dans l’ancien sillon de la guerre froide malgré les changements radicaux survenus dans les
relations internationales depuis l’effondrement de l’Union soviétique, en particulier ceux qui ont nécessité le développement de nouvelles approches pour maintenir la stabilité
stratégique et construire une nouvelle architecture de la sécurité internationale.
La pensée de bloc est à l’opposé du développement de relations stables, égales, constructives et mutuellement bénéfiques, fondées sur la prise en compte des
intérêts de chacun et visant à garantir une sécurité égale et indivisible pour tous. Par conséquent, son maintien en tant que principal outil intellectuel pour l’élaboration de la
politique étrangère ne fait que souligner que les États-Unis ne sont pas prêts, ne peuvent pas ou n’ont pas l’intention d’établir de telles relations avec des acteurs mondiaux de premier
plan tels que la Russie et la Chine. Il s’agit là d’un message brutal adressé à l’Inde.
Il ne fait aucun doute que les États-Unis envisagent de donner une dimension militaro-stratégique prononcée à l’AUKUS et au QUAD, ce qui signifie qu’il est
fort probable que ces associations interétatiques se transforment tôt ou tard en rouages d’un bloc politico-militaire à part entière. Son fondement idéologique est la perception d’un
intérêt commun de ses participants à contrer la montée en puissance de la Chine [que Delhi appelle par euphémisme «Asie
multipolaire»].
Ce n’est rien de dire que, comme dans le cas de l’OTAN sur le théâtre européen, la fonction de confrontation est implantée dans l’AUKUS et le QUAD, ce qui
augmentera inexorablement le potentiel militaire de l’Australie et des États-Unis dans la région Asie-Pacifique, provoquant un changement sérieux dans l’équilibre des forces et générant
une flambée des tensions régionales et mondiales.
L’Inde risque d’être prise dans l’œil du cyclone, pour ainsi dire, bien que ses problèmes avec la Chine ne relèvent ni de la rivalité géopolitique ni du
rôle de gardien de l’hégémonie occidentale.
Un des nombreux constats que l’on peut tirer du conflit ukrainien, c’est la propension de petits États – sous l’ombrelle apparemment protectrice de l’OTAN – à jouer les matadors face à la Russie
: l’on pense bien sûr aux Pays Baltes – Lituanie en tête – mais aussi à la Roumanie, dont la situation sur la mer Noire se révèle être stratégique pour l’organisation Atlantiste. Ainsi, Luminița
Odobescu, le ministre roumain des Affaires étrangères, dans une interview accordée à Antena 3 CNN, a annoncé récemment que la Roumanie adhérait à la déclaration du G7 de soutien à l’Ukraine,
présentée en marge du sommet de Vilnius, à savoir : « l’attachement
indéfectible à l’objectif stratégique d’une Ukraine libre, indépendante, démocratique et souveraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, capable de se défendre et de
dissuader de futures agressions ».
Ce faisant, la Roumanie entend non seulement fédérer la Moldavie à cette démarche, ouvrant directement un nouveau foyer de tensions, mais aussi exprimer une ambition contre la Russie qui n’est
pas sans risque pour Bucarest.
Il y a quelque temps, la Roumanie a annoncé qu’elle rejoindrait un bloc d’États qui
assumeraient des obligations de sécurité envers l’Ukraine, en lui apportant un soutien jusqu’à sa « libération »
complète à l’intérieur des frontières internationalement reconnues (celles 1991), ce qui implique par défaut la Crimée.
L’ « Initiative
régionale des ministres de la Défense de l’Europe du Sud-Est »
pour faire face à la Russie en mer Noire
A la suite de la visite à Chisinau du ministre de la Défense nationale de la Roumanie, Angel Tylver, une déclaration a été faite sur « l’importance
de la participation de la Moldavie aux projets de l’Initiative régionale des ministres de la Défense de l’Europe du Sud-Est (SEDM) ». La Roumanie préside cette organisation depuis
juillet 2023. Les ministres des deux pays ont examiné les mesures spécifiques prises par Chisinau pour se préparer à rejoindre ce format régional de consultations
militaro-politiques. Le ministre roumain – qui à l’occasion a remis à l’armée moldave un lot d’équipements de protection individuelle (casques, gilets pare-balles et SUV) – a apporté à la
Moldavie l’assurance suivante : «
Vous pouvez compter sur notre plein soutien pour que l’aspiration de la Moldavie à rejoindre le SEDM se concrétise pendant la présidence roumaine de ce forum. L’adhésion de la République de
Moldavie, en tant que membre à part entière à cette initiative, renforcera le statut du pays dans le plan régional et international, ouvrira de nouvelles opportunités de coopération militaire
avec les pays de la région »,
Le format de la SEDM a été créé en 1996 à Tirana, lors de la première réunion des chefs de départements militaires. Y participent actuellement : l’Albanie, la
Bulgarie, la Bosnie-Herzégovine, la Grèce, la Géorgie, l’Italie, la Roumanie, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Slovénie, les États-Unis, la Turquie, l’Ukraine, la Croatie et le
Monténégro. La Moldavie y est présente avec le statut d’observateur, car le statut « neutre » n’est pas prévu dans la Constitution de la SEDM.
Celui qui détient la Crimée domine la mer Noire
Ayant désigné la Russie comme « ennemi numéro un » dans sa stratégie de sécurité nationale, et ce bien avant le début de l’opération spéciale en Ukraine,
les autorités de Bucarest modernisent activement leur armée et rêvent de sous-marins en mer Noire. Les Roumains ne s’intéressent pas à la péninsule russe par hasard. La Crimée est le
« porte-avions insubmersible » de la Russie sur la mer Noire, qui est adjacente à la zone de sécurité européenne. Ce qui impose à la Roumanie le rôle honorifique d’allié de premier plan
des États-Unis et de l’OTAN en Europe du Sud-Est.
Le géopoliticien roumain, Gheorghe Bratianu, avait déclaré en 1941-1942 (au cours de conférences à l’Université de Bucarest sur le « Problèmes
de la mer Noire ») ceci : « Dans
la zone de notre sécurité nationale se trouve le problème des détroits [Bosphore
et Dardanelles],
l’expansion de la bouche du Danube et des « Portes de Fer » (rétrécissement en G de l’embouchure à la frontière Serbo-Roumaine), car elles permettent de contrôler les bases aériennes et
navales de Crimée. Nous ne pouvons pas être indifférents à ceux qui se sont installés près de nos frontières… Celui qui détient la Crimée domine la mer Noire …».
Bucarest se prépare ainsi à une longue confrontation avec Moscou
Le bloc de l’OTAN au cœur de la déclaration de Vilnius comprend principalement les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, l’Allemagne, le Canada, le
Japon, le Portugal, l’Espagne, le Danemark, la Norvège, la Finlande, l’Islande, la Suède, la Belgique, la République tchèque, l’Irlande et les Pays-Bas.
L’adhésion de la Roumanie à la déclaration de ce groupe signifie que l’accent est mis sur les efforts antirusses en mer Noire. Les garanties de sécurité du
bloc signifient la fourniture d’équipements et d’armes militaires au régime de Kiev pour des opérations de combat sur terre, sur mer et dans les airs. « Cela
implique la poursuite du développement de la base militaro-industrielle de l’Ukraine », avait souligné la ministre roumaine des Affaires étrangères, Luminitsa Odobescu.
Bucarest se prépare donc à une longue confrontation avec Moscou. Ainsi, dans le cadre d’un accord avec Raytheon, des
munitions pour les systèmes de défense aérienne American Patriot seront produites en Roumanie. Du côté roumain, Electromecanica Ploieşti agira en tant que partenaire. Le porte-parole de
Raytheon, Tom Laliberti,a notamment déclaré :
« Nous bénéficions d’un soutien impressionnant du ministère [roumain] de l’Économie et [des armes] ROMARM ». La Roumanie est armée de sept complexes
Patriot, dont quatre ont déjà été livrés aux troupes. Tout allié de l’OTAN pourra acheter des munitions roumaines pour le Patriot. Le ministère roumain de la Défense a également conclu
des accords sur la fourniture de drones israéliens Watchkeeper X et turcs Bayraktar TV2. La valeur du contrat avec la Turquie est de 321 millions de dollars.
L’unité de l’armée de l’air roumaine « CarpathianVipers » est
activement impliquée dans la mission de patrouille dans l’espace aérien de la Baltique. Le 2 août, des pilotes roumains et portugais ont remis les clés symboliques du ciel à leurs collègues
italiens à la base de l’OTAN à Siauliai, en Lituanie. Le principal adversaire de la « vipère » est l’aviation russe. Dans le même temps, l’espace aérien de la Roumanie a fait
l’objet de patrouilles par l’armée de l’air italienne (leur mission s’est terminée le 3 août). Le temps de vol total des pilotes italiens en Roumanie s’est élevé à 1.700 heures.
Des rumeurs circulent sur l’éventuelle apparition d’une base militaire américaine à l’embouchure du Danube. Ce fleuve joue un rôle important dans la stratégie plus
large de Bucarest visant à transférer les ressources énergétiques de la région de la mer Caspienne et de l’Asie centrale vers l’UE.
Ce projet promet de gros profits pour l’industrie pétrolière roumaine. Mais pour cela, il faut évincer la Russie de la Transcaucasie. Et là encore, la mer
Noire joue un rôle important. Tant que la Russie est présente dans sa zone maritime, cela n’a aucun sens de parler du retrait de la Russie de la Transcaucasie.
L’espace de « sécurité stratégique » de l’État roumain s’étend du Danube et du Dniestr à la Crimée
Les principaux objets de l’attention de Bucarest en Transcaucasie sont la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie :
le premier, en tant qu’allié de l’OTAN et de l’UE ;
le second, en tant que pays riche en ressources énergétiques et intéressé par la diversification des voies de transit du gaz et du pétrole à
l’étranger ;
le troisième, en tant qu’État le plus pro-russe (jusqu’à présent) au sein de l’ex Transcaucasie soviétique.
Bucarest cherche à fusionner la question de la présence des casques bleus russes en Transnistrie et au Haut-Karabakh en un seul pool, en y ajoutant la question de
la Crimée et du Donbass afin de présenter tout cela à la communauté internationale sous un jour favorable pour elle-même et pour obtenir le retrait des « casques bleus » russes à la
fois des rives du Dniestr et du Karabakh.
Le nombre de projets humanitaires roumains en Ukraine augmente. Ainsi, le groupe de réflexion « Nouvelle
Stratégie » a organisé un camp d’été pour les enfants de soldats ukrainiens d’origine roumaine. Le directeur général du centre, Gheorghe Scutaru, a déclaré qu’il s’agissait du
premier d’une série de projets.
La pensée géopolitique roumaine insiste sur le fait que l’espace de sécurité stratégique de l’État roumain s’étend du Danube et du Dniestr à la Crimée. De
plus, le Dniestr est déclaré symbole géopolitique, car la pointe la plus orientale de la frontière roumaine est la frontière séparant l’Europe de l’Asie. Le Danube quant à lui est vu comme
une artère importante reliant les Roumains à la mer Noire, et il a donc également une signification symbolique pour la conscience ethnique roumaine.
Pour que la connexion des Roumains avec le Danube et la mer Noire devienne un fait établi, les Russes doivent être évincés de la mer Noire
Pour ce faire, la Roumanie s’efforce d’aider à la mise en œuvre des plans de Kiev. C’est-à-dire de s’emparer de la Crimée et de veiller à inclure la question de
cette presqu’ile dans la thèse sur les garanties de sécurité à l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
Toutefois, une telle position de Bucarest se contredit. Car ni la Roumanie, ni l’Ukraine n’ont observé ce principe par rapport aux frontières internationalement
reconnues de l’Union soviétique. L’Ukraine souffre de sa tendance la plus négligée à la fin des années 1980 : la rupture des frontières étatiques. C’est le nationalisme ukrainien –
et les conservateurs occidentaux, dont la Roumanie – qui l’ont conduite dans cette situation.
La question n’est plus depuis longtemps – en fait depuis le début du conflit – de savoir si la Russie va gagner la guerre en Ukraine, mais quand elle va la gagner.
Outre démilitariser Kiev, Moscou a réussi la manœuvre stratégique de désarmer l’Otan et de montrer au monde à quel point l’Occident était faible. Plus d’un an que nous le disons
: Joueurs d’échecs contre joueurs de petits chevaux…
Les sanctions se sont avérées inefficaces. La Russie affiche insolemment 4,9% de croissance au second trimestre, alors qu’en France Bruno Le Maire – celui qui allait ruiner l’économie russe – se
félicite d’un douteux 1,2%. Tout comme notre sous-ministre du commerce extérieur – dont personne ne connait le nom – se gausse d’un déficit commercial de 54 milliards d’euros contre 81 milliards
le trimestre précédent, oubliant que ce chiffre n’est que conjoncturel car du à la baisse des prix du pétrole, et en aucun cas structurel.
Le rythme de la production russe d’équipements militaires, d’armes et de munitions surpasse de très loin celui des USA et des autres pays de l’Otan cumulés. Nos arsenaux sont vides. De
“Wunderwaffen” en "Game Changer” livrés à Kiev, nous sommes tout bonnement à poil. Au point d’être dans l’incapacité d’intervenir au Niger – ce qui est au demeurant une excellente chose pour
l’Afrique. Il serait malvenu de tenter de masquer notre défaite en Ukraine en déclenchant une nouvelle guerre par procuration (la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao)
est une blague et n’existe déjà plus dans les faits) profusément alimentée par l’Occident, qui embraserait l’Afrique de Djibouti à Nouakchott.
Au lieu de mettre un terme au massacre, Joe Biden demande au Congrès 13 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour l’Ukraine. Il faudrait déraisonner pour croire que le
gérontocrate “aux commandes” de la Maison Blanche pense un seul instant que l’Ukraine ait encore une chance de vaincre - l’a-t-il jamais cru ? Même s’il a déclaré que la Russie avait déjà perdu
dans un moment dont le ridicule restera dans les annales.
Plus prosaïquement, il s’agit que davantage d’Ukrainiens meurent dans l’espoir de “geler” le conflit, un peu à la manière dont les Américains ont fait croire qu’ils l’ont accompli en Syrie. Rien
n’est plus faux. La Syrie, conflit que les USA ont déclenché comme dernière charge des “Printemps arabes”, est une défaite occidentale, malgré l’armement de groupes djihadistes (coucou MM.
Hollande, Fabius et Le Drian) qui nous a valu des “déconvenues” se chiffrant en centaines de morts sur notre territoire national.
La Russie, l’Iran et le “régime” de Bachar Al Assad ont remporté la guerre en Syrie. Rien n’y est gelé. Les présences turque et américaine sur le sol syrien ne sont que scories résiduelles. Le
rapprochement de l’Iran et de l’Arabie Saoudite – le plus gros coup diplomatique de ces cinquante dernières années orchestré de main de maître par la Chine – et la réintégration de la Syrie dans
la Ligue arabe en sont les manifestations irréfragables.
Soyons sérieux un instant. Trop de gens sont morts, nous le leur devons. Au moment même où son armée atteindra la rive Est du Dniepr, la Russie aura gagné puisqu’elle aura le contrôle des oblasts
qu’elle a annexés en juin 2022 afin de faire intervenir sa réserve sans déclaration de guerre. Elle aura réalisé ses buts de guerres. Ce n’est qu’une question de temps, dont les Russes détiennent
la maîtrise depuis le début du conflit.
De deux choses l’une. Soit on arrête la boucherie, on “cadre” Zelensky et sa bande de nazis corrompus par tous les moyens possibles y compris les plus radicaux si nécessaire, et on reconnait la
souveraineté russe sur les territoires qu’elle a déclaré annexer. Soit on poursuit la macabre pièce de théâtre qui consiste à rempiler sur l’armement d’un pays qui n’aura bientôt plus un homme
valide pour tirer un coup de fusil, on continue à mentir comme on le fait depuis 2008 en proposant d’illusoires garanties de sécurité que nous ne tiendrons jamais face à une puissance nucléaire,
et on persiste dans le déni de la réalité militaire afin de préserver le “narratif” pour des opinions publiques occidentales qui ne sont plus dupes.
D’après vous, quel choix vont faire les leaders occidentaux ? Quoi qu’il survienne, ce que nous avons fait subir à l’Ukraine avec un cynisme abouti ne la fera rentrer ni dans l’Otan, ni dans
l’UE. Las, le sang ne compte que quand c’est le nôtre…
Cela, somme toute, arrange tout le monde. On vient de se rendre compte que - ah mon dieu ! - il n’y a de solution que régionale. Qui devra être trouvée avec toutes les parties prenantes - UE,
Moldavie, Ukraine, Géorgie, Russie et Turquie - Mer noire oblige… Sans l’Otan, sans les USA et sans l’Angleterre, si dans l’Union Européenne on a - non pas du courage, ce serait trop demander -
un tant soit peu d’instinct de préservation. N’en déplaise à la Pologne, à la Lituanie et leurs fantasmes suicidaires de grandeur. Tant pis pour la paranoïa des deux autres républiques baltes et
des nordiques. A la table des grandes puissances, les petites passent les plats, sinon elles passent par pertes et profits.
Nous n’avons le choix en Ukraine qu’entre un traité
de Westphalie et…
un traité de Westphalie. Toute autre forme de statu quo ou d’aggiornamento bancal
ne sera qu’expédient inéluctablement voué à l’échec.
- et dans l’effondrement, nous ne sommes pas glorieux. Chez nous, il faudra tôt ou tard juger ceux qui ont provoqué cette catastrophe, tous ces bellicistes de salon si généreux du sang des
autres et de nos fonds publics, pour ce qu’ils sont : Des criminels.
La guerre d’Ukraine n’aurait jamais du avoir lieu.
L’actuel gouvernement polonais joue
gros en ayant décidé de fournir à Volodymyr Zelensky des armes, des munitions et des mercenaires car voilà qu’il est en train de lancer les bases d’un nouveau front dans le nord de
l’Europe avec le corridor de Suwalki qui sépare le territoire russe de Kaliningrad et de son allié biélorusse. Varsovie, qui va bientôt rentrer en période électorale dès le mois d’octobre
prochain, semble vouloir agir vite car sa population ne veut pas de ce conflit à cause de l’Ukraine.
La date des nouvelles élections polonaises fait pression
Les élections parlementaires polonaises de 2023 vont se tenir le 15 octobre 2023 afin d’élire les 460 députés de la IXe législature de la Diète et les 100
sénateurs de la Xe législature du Sénat, cela pour un mandat de quatre ans. Du fait de l’opposition croissante de la population polonaise au conflit en Ukraine, le pouvoir politique
actuel à Varsovie est en train de renforcer un second front dans le nord de l’Europe au corridor de Suwalki. Pour rappel, c’est une frontière de 65 kilomètres en ligne droite entre les
deux membres de l’OTAN, la Pologne et la Lituanie, qui sépare le territoire russe de Kaliningrad à la Biélorussie. «Le corridor de
Suwalki est le seul espace terrestre qui relie les pays baltes aux pays européens de l’OTAN», avertit le
média polonais Wiadomosci, qui
stipule que c’est «l’un des points les
plus chauds au monde» et que «le gouvernement
polonais surveille la présence du groupe Wagner en Biélorussie».
Pour les médias polonais, «la présence des
soldats de Wagner en Biélorussie ne
vise pas seulement à former les soldats», mais à faire la jonction entre Kaliningrad et la Biélorussie via le corridor de Suwalki. Selon la télévision
polonaise TVP, le
président lituanien, Gitanas Nausėda, affirme que
«le
corridor de Suwalki entre la Lituanie et la Pologne pourrait être menacé».
Pour un autre média polonais, Kresy24, le
moment de vérité approche pour
l’OTAN car «le transfert du
groupe Wagner sur le territoire de la Biélorussie, les déclarations et actions provocatrices du régime biélorusse indiquent que le Kremlin augmente le niveau de tension et fait à nouveau
chanter l’Occident pour amener à tout prix Kiev à des pourparlers de paix». Pour le média polonais, cité en dernier, «ce sera le moment de
vérité pour tout le bloc de l’OTAN. L’absence de réaction immédiate et décisive signifiera que ni l’article 5 de l’OTAN ni l’Alliance elle-même n’existent de facto». L’envie
d’une certaine frange politique polonaise d’entraîner l’OTAN dans une escalade du conflit contre la Russie au corridor de Suwalki apparaît.
Le pouvoir actuel à Varsovie tente de provoquer un incident dans le nord de l’Europe ?
Une réelle course contre la montre est engagée par le pouvoir actuel à Varsovie car, comme l’ancien analyste de la CIA Larry Johnson l’affirmesur
la chaîne YouTube Judging Freedom,
la majorité des Polonais ne partagent pas l’engagement militaire de leur gouvernement dans le conflit en Ukraine et qu’en raison des élections prochaines en Pologne, ce même pouvoir
polonais tente de provoquer un incident avec la Russie pour entraîner l’OTAN dans un conflit direct avec ce pays». En juillet dernier un
sondage de CBOS a, d’ailleurs, indiqué que 73% des Polonais pensent que le conflit en Ukraine menace la sécurité de la Pologne.
Kresy24suggère,
afin de faire face à une menace, «de tuer un grand
nombre de soldats de Wagner avec des roquettes directement dans leur camp [dans le village] où ils se trouvent en Biélorussie, ce qui dissuadera efficacement Moscou et Minsk de
l’escalade».
Renforcement des forces polonaises
Kresy24précise que,
citant le vice-ministre de l’Intérieur de la République de Pologne, Maciej Wąsik, «2000 soldats polonais
sont déjà stationnés près de la frontière avec la Biélorussie» et qu’elle «enverra 2000 soldats
supplémentaires pour renforcer sa frontière orientale avec la Biélorussie voisine».
La paranoïa polonaise un danger pour l’OTAN
Zone
Militaire a fait
savoir que «la Biélorussie a
lancé un exercice militaire près du corridor stratégique de Suwalki» et rajoute que «tant qu’à Varsovie ou
à Vilnius, on redoute des opérations dites hybrides, c’est à dire conduites sous le seuil de déclenchement d’un conflit avec l’intention de déstabiliser les pays
visés». Zone
Militaire rapporte la paranoïa du gouvernement actuel polonais citant Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais : «Il est très probable
qu’ils [les combattants de Wagner] se déguiseront en garde-frontières biélorusses et aideront les migrants illégaux à pénétrer sur le territoire polonais afin de déstabiliser la
Pologne» ; «Ils essaieront très
probablement d’entrer en Pologne en se faisant passer pour des migrants illégaux, ce qui constitue une menace supplémentaire». L’actuel pouvoir politique polonais, qui dirige ce
membre de l’OTAN, risque d’entraîner la France et les autres membres de l’OTAN dans la spirale d’un engagement direct contre la Russie pour le corridor de Suwalki et pour sa volonté
d’occuper la partie ouest de l’Ukraine.
Le média polonais Wiadomosci tente de tourner
au ridicule les affirmations récentes du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, quand celui vient d’affirmer que «Varsovie se prépare à
occuper l’ouest de l’Ukraine», évoquant «une guerre de
l’information de la part de la Russie». En raison de l’engagement militaire de la Pologne en Ukraine depuis le début du conflit et de la consolidation militaire du corridor de
Suwalki, le pouvoir actuel de Varsovie – la Pologne étant membre de l’OTAN – menace de faire entrer les autres membres de l’Alliance politique et militaire dans un conflit directe avec la
Russie.
Le ministre russe de la Défense, Sergei Choïgou, évoque les menaces que l’adhésion de la Finlande à l’OTAN et le renforcement des capacités militaires de la Pologne font peser sur la sécurité de la Russie.
Même des experts occidentaux indépendants d’esprit qui devraient être mieux informés ont l’habitude de parler de «désinformation russe» comme d’un facteur
contribuant au «brouillard de guerre» en Ukraine et autour de l’Ukraine. La question de savoir quel type de campagne de désinformation russe peut exister alors que presque toutes les
chaînes internationales de la Russie sont bloquées par les États-Unis et leurs alliés européens n’effleure manifestement pas l’esprit de ces détracteurs apparemment éclairés de la
Russie.
Dans ce contexte, il est tout à fait extraordinaire qu’un cas flagrant de véritable désinformation russe ait été totalement ignoré par les médias
occidentaux. Cela s’explique peut-être par le fait que cette désinformation s’adressait avant tout à un public national, en Russie, et non à la scène internationale.
Je pense au discours que le ministre russe de la Défense, Sergei Choïgou, a prononcé devant le conseil d’administration de son ministère. Des extraits de ce
discours ont été diffusés sur les chaînes d’information de l’État russe. Les principaux extraits sont les suivants.
Citation :
«Les menaces pesant
sur la sécurité militaire de la Russie dans les zones stratégiques de l’Ouest et du Nord-Ouest se sont multipliées.
L’entrée de la
Finlande dans l’OTAN et la perspective de l’entrée de la Suède constituent de sérieux facteurs de déstabilisation. Après l’adhésion d’Helsinki à l’Alliance, la frontière terrestre de la
Russie avec les pays du bloc a presque doublé.
Sur le territoire de
la Finlande, l’OTAN peut placer des contingents militaires susceptibles de détruire des structures extrêmement importantes dans le nord-ouest de la Russie.
À proximité immédiate
des frontières de la Russie et de la Biélorussie sont stationnés environ 360 000 hommes en armes de l’OTAN, 8000 chars et autres véhicules blindés, 650 avions et
hélicoptères».
Fin de citation
Choïgou a également fait référence à la dernière annonce par la Pologne de son intention de poster 2000 soldats supplémentaires à sa frontière avec la
Biélorussie. Il a ajouté que «la Pologne a été
utilisée par les États-Unis comme le principal instrument de la politique anti-russe».
L’expansion de l’OTAN cette année et la perspective d’une nouvelle expansion dans un avenir proche sont des faits incontestables. Toutefois, la question de
savoir si cela augmente ou réduit la force réelle de l’OTAN dans toute lutte avec la Russie est ouverte à la discussion, comme je le démontrerai dans cet exposé. En attendant, même si les
chiffres concernant les forces et les équipements de l’OTAN «à proximité immédiate
des frontières de la Russie» cités par Choïgou sont corrects, l’intention agressive qu’il leur attribue relève, selon moi, d’une désinformation excessive.
Certes, la Russie utilise exactement les mêmes calculs de sécurité que ceux qui ont guidé la doctrine militaire américaine depuis les années 1990, à savoir
qu’il ne faut prêter attention qu’aux capacités d’un adversaire, et non à ses intentions, qui peuvent être inconnues et qui peuvent changer au fil du temps. Toutefois, dans le cas
présent, les intentions de l’Amérique et de l’OTAN sont tout à fait lisibles, comme le montre leur comportement dans la guerre par procuration qui se déroule en Ukraine : les États-Unis
font tout leur possible pour éviter de croiser le fer avec les Russes et de déclencher une guerre Russie-OTAN qui pourrait facilement dégénérer en une guerre nucléaire planétaire.
Je pense que le discours de Choïgou était, avant tout, une manœuvre pour s’assurer que son état-major ne s’endort pas à son bureau quand il a le dos tourné.
Ils sont actuellement chargés d’élaborer les plans d’un nouveau commandement des forces armées responsable des territoires de l’ouest et du nord-ouest.
Deuxièmement, le discours était destiné à la Douma d’État, afin de rallier les législateurs russes à ce qui sera certainement de nouveaux crédits militaires
importants pour soutenir le développement de l’armée. Pour avoir une idée de ce que cela signifie, je me réfère aux remarques faites hier soir dans l’émission «Evening with Vladimir
Solovyov» par le général de corps d’armée à la retraite Andrei Gurulyov, membre de la Douma du parti Russie Unie, membre de la commission de la Douma chargée d’examiner les
allocations budgétaires pour la défense, membre de la commission de la défense de la Douma. Gurulyov a déclaré aux téléspectateurs que le nouveau commandement militaire nécessiterait un
effectif de 800 personnes au quartier général. Cela laisse présager un contingent d’hommes en armes très important et très qualifié.
***
La Russie constituera donc une unité de ses forces armées chargée de défendre la frontière avec la Finlande. Toutefois, je pense que l’adhésion de la
Finlande à l’Alliance a créé un résultat sécuritaire négatif net pour l’Alliance plutôt que pour la Russie. Tout cet exercice répète les mêmes stupidités qui ont caractérisé l’adhésion de
l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie en 2004. Tout le monde savait à l’époque que les États baltes, avec leurs populations dérisoires et leurs armées de soldats de plomb, ne
faisaient pas le poids face à la Russie, même lorsque celle-ci ne s’était pas encore remise de ses faiblesses dues à l’implosion économique et organisationnelle des années 1990.
Après 2010, l’Occident avait déjà compris que la Russie pourrait envahir les États baltes en un jour ou deux s’il n’y avait pas d’unités de réaction rapide
prêtes à intervenir rapidement au sein de l’OTAN et s’il n’y avait pas de troupes européennes de l’OTAN sur le terrain pour garantir que les dispositions de l’article 5 de l’Alliance
soient immédiatement mises en œuvre. Néanmoins, on peut se demander si l’une ou l’autre de ces mesures prises par l’OTAN à ce jour peut garantir la viabilité des États baltes si la Russie
attaque avec toute sa puissance.
Aujourd’hui, alors que la Russie a démontré dans sa guerre contre l’Ukraine qu’elle disposait probablement des forces terrestres les plus puissantes du
continent, l’idée que la Finlande, avec ses 5,5 millions d’habitants, puisse tenir le coup est farfelue. Et combien de troupes l’OTAN enverra-t-elle en Finlande pour aider à la défense ?
Un millier ? Cinquante mille ? Où ces troupes seront-elles logées ? Les questions se succèdent. Je ne vois pas de réponse évidente.
L’adhésion de la Finlande a ajouté plus de 1000 km à la frontière terrestre avec la Russie. Cela correspond à peu près à la longueur de la ligne
d’engagement entre les forces russes et ukrainiennes aujourd’hui. Comme nous l’avons vu, les Ukrainiens ont eu beaucoup de mal à franchir cette ligne et à gagner du terrain sur la Russie
au cours des deux derniers mois de leur contre-offensive, bien qu’ils aient reçu une aide massive de l’OTAN en termes d’équipement et d’entraînement militaires avancés. Les soldats
ukrainiens sont courageux et engagés, et pourtant le ratio des morts au combat est actuellement de 10/1 en défaveur des Ukrainiens.
Rappelons qu’au début de la guerre, l’Ukraine comptait environ 40 millions d’habitants contre 145 millions pour la Russie. L’exode des réfugiés et des
réfractaires a peut-être réduit la population ukrainienne à 26 millions d’habitants, ce qui représente tout de même cinq fois la population de la Finlande.
Examinons également la topographie et d’autres faits significatifs concernant le territoire finlandais qui jouxte la Russie sur cette longue frontière. J’en
sais quelque chose pour m’être rendu personnellement en Carélie il y a trois ans. Il s’agit de forêts de pins denses et de marécages, d’une densité de population très faible, probablement
similaire à celle que l’on trouve au milieu de nulle part en Sibérie. Il y a des routes locales asphaltées, mais pas de grandes artères. En revanche, du côté russe, l’extension de la
super autoroute à quatre voies de Vyborg à la frontière finlandaise est en voie d’achèvement. Les Russes ont leur deuxième plus grande ville, Pétersbourg, avec 4,5 millions d’habitants et
une infrastructure logistique très avancée située à moins de 200 km de la frontière. En conséquence, je pose la question suivante : qui menacera qui alors que les Finlandais et les Russes
préparent leurs défenses pour l’avenir ?
En ce qui concerne la Pologne, la menace potentielle pour la sécurité de la Russie se situe à un autre niveau. La Pologne compte 40 millions d’habitants et
a la possibilité de développer considérablement ses forces armées actuelles, qui comptent environ 120 000 hommes. L’acquisition en cours de véhicules blindés avancés, d’artillerie et de
chasseurs à réaction auprès de multiples sources, dont la Corée du Sud et les États-Unis, signifie que dans quelques années, la Pologne pourrait devenir une puissance régionale avec
laquelle il faudra compter. Mais d’ici là, les forces armées russes auront atteint 1,5 million d’hommes et seront d’autant mieux équipées des types d’armes qui ont fait leurs preuves sur
le champ de bataille et qui sont toutes produites dans le pays, ce qui signifie qu’elles sont faciles à réapprovisionner et à réparer en cas de besoin.
Je ne suis pas d’accord avec la suggestion de Choïgou selon laquelle la Pologne est instrumentalisée par les États-Unis pour devenir la prochaine force
prioritaire dirigée contre la Russie. Le gouvernement polonais de Donald Tusk, ancien leader de la Plate-forme civique, tout comme le gouvernement actuel du parti Droit et Justice fondé
par les frères Kaczynski, profondément anti-russes, n’ont pas eu besoin d’être encouragés par Washington pour se positionner comme le bouclier de l’Europe contre les barbares de l’Est,
c’est-à-dire pour reprendre les normes de la Pologne du XVIIIe siècle jusqu’à ce que le pays disparaisse de la carte de l’Europe.
Néanmoins, le système politique polonais est véritablement démocratique, contrairement au régime putschiste installé en Ukraine et à ses partisans néo-nazis
fanatiques. Il n’a pas les tendances suicidaires de Zelensky et de son équipe. Il ne s’aventurera pas à entrer seul en guerre contre la Russie. Et il lui sera impossible de réunir un
consensus au sein de l’OTAN pour se joindre à lui dans une guerre contre la Russie qu’il initierait.
***
Au cours des mois qui ont précédé et suivi la procédure d’adhésion de la Finlande à l’OTAN, son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a souligné à plusieurs
reprises que la guerre entre la Russie et l’Ukraine avait réuni les États membres de l’OTAN comme jamais auparavant et donné un nouvel élan à l’alliance, tout en réaffirmant son objectif
initial de s’opposer fermement à la puissance soviétique/russe sur le continent. Le dernier membre scandinave a, après tout, abandonné soixante-dix ans de statut de neutralité et de
relations amicales, quoique subordonnées, avec la Russie pour rejoindre le système de défense paneuropéen. La perspective de l’admission de la Suède dans un avenir proche serait une autre
victoire. Enfin, l’Ukraine sera invitée à se joindre à l’Alliance, ce qui renforcera considérablement sa capacité militaire.
Rares sont les Occidentaux qui ont remis en question la logique selon laquelle l’expansion est un avantage et seulement un avantage. C’est le cas du
professeur Stephen Cohen, qui a fait remarquer, il y a près de vingt ans, que l’OTAN n’est pas une association de fraternité. Elle est censée être guidée par les intérêts de ses États
membres en matière de sécurité nationale, et l’admission des États baltes était un point négatif manifeste pour l’alliance. J’ai mis à jour cette critique avec les remarques d’aujourd’hui
sur le fait que l’adhésion de la Finlande à l’Alliance est un autre «objectif personnel» de l’équipe de l’OTAN.
Maintenant, continuons à démystifier les considérations sécuritaires américaines en nous penchant sur l’auteur souvent cité de la stratégie ukrainienne de
Washington, depuis l’administration de Barack Obama jusqu’à aujourd’hui, Zbigniew Brzezinski. De nombreux promoteurs du soutien des États-Unis et de leurs alliés à l’Ukraine dans son
effort de guerre citent aujourd’hui les remarques «prémonitoires» de Brzezinski dans son livre de 1997, «The Grand
Chessboard» (Le grand échiquier), qui a été largement vendu et lu. Ce livre a été écrit à une époque où les Américains étaient encore à la recherche d’une nouvelle stratégie
mondiale, étant donné qu’ils avaient, comme ils le croyaient, gagné la guerre froide et qu’ils semblaient dépourvus d’un objectif national alternatif.
Brzezinski a insisté sur le fait que si l’Ukraine pouvait se détacher de ses relations industrielles et politiques étroites avec la Russie, cette dernière
cesserait d’être une puissance impériale et pourrait être reclassée dans la catégorie des États européens non menaçants.
Nous savons tous aujourd’hui où la poursuite de la feuille de route de Brzezinski nous a menés. La Russie est sans doute plus forte que jamais, maintenant
que sa société a été consolidée derrière une mission patriotique, que ses forces armées maîtrisent les arts de la guerre terrestre de haute technologie et que son industrie militaire a
multiplié sa production. Dans ce contexte, on peut dire que les conseils de Brzezinski à ses compatriotes et à leurs dirigeants étaient irréfléchis. Pour tous ceux qui souhaitent
approfondir cette question, je les invite à consulter mes différents chapitres critiquant les écrits de Brzezinski dans les années 90 et au début du nouveau millénaire dans mon recueil
d’essais intitulé «Great Post-Cold War
American Thinkers on International Relations» (2010).
Les efforts de Brzezinski pour contenir la Russie sont allés au-delà de ses écrits et se sont traduits par une participation active aux plans élaborés par
son ancienne protégée Madeleine Albright, devenue secrétaire d’État, pour mener des «guerres de gazoducs» contre la Russie. Il s’agissait d’un double effort : entraver les projets de
gazoducs russes vers l’Europe, tels que South Stream, et promouvoir d’autres gazoducs provenant des producteurs d’Asie centrale et du Caucase, qui passeraient en dehors des frontières de
la Fédération de Russie et seraient donc à l’abri de l’ingérence du Kremlin. Les différents acteurs et développements de la «guerre des gazoducs» qui dure depuis plusieurs années sont
abordés dans mon ouvrage de 2013 intitulé «Stepping Out of
Line».
Le résultat final de cette politique a été l’imposition d’une interdiction d’importation d’hydrocarbures russes en Europe en guise de punition pour
l’invasion russe de l’Ukraine et la destruction du gazoduc Nord Stream 1 l’année dernière. Comme nous le savons aujourd’hui, cette situation entraîne la désindustrialisation de
l’Allemagne, première économie et premier exportateur d’Europe, une forte inflation sur tout le continent et une baisse généralisée du niveau de vie en Europe.
Morale de l’histoire : soyez prudents dans vos souhaits.
Il devient de plus en plus évident pour un nombre croissant de personnes en Occident que quelque chose a terriblement mal tourné avec le projet ukrainien.
Les prédictions et les projections ne se sont pas réalisées et l’Occident ne semble pas savoir quoi faire. L’économie russe n’était pas un château de cartes comme on l’avait prédit, les
armes russes n’étaient pas inférieures comme on l’avait prédit, les soldats et les commandants russes n’étaient pas incompétents comme on l’avait prédit, et la technologie russe n’était
pas inférieure comme on l’avait prédit.
À certains égards, les Russes semblent même être supérieurs aux Occidentaux. Leurs armes sont efficaces et, dans de nombreux cas, elles sont carrément
supérieures sur le plan technologique, comme le démontrent clairement leurs missiles hypersoniques, leurs systèmes SAM et leurs systèmes de guerre électronique. Leur économie semble
étonnamment avancée et diversifiée et repose sur la création de richesses réelles plutôt que sur la financiarisation et l’endettement comme l’Occident. Leur pensée stratégique et tactique
semble également fonctionner, alors que celle de l’Occident ne fonctionne manifestement pas.
Tout ce gâchis est souvent expliqué comme le résultat d’une erreur de calcul des élites occidentales, qui auraient sous-estimé la Russie et surestimé
l’Occident. La situation est cependant bien pire que cela. Chaque jour qui passe révèle un peu plus l’impuissance de l’Occident et la situation devient carrément humiliante. À ce stade,
le reste du monde secoue la tête ou se moque de l’Occident, de ses politiciens et de ses diplomates, sans parler de ses populations en folie.
Le dysfonctionnement de l’Occident est bien plus profond que la situation autour du projet ukrainien. Il est absolument partout. L’Occident ne sait pas
faire de diplomatie en général, il ne peut pas gérer ses villes ou ses pays autrement qu’en les enterrant, ses projets de haute technologie échouent presque systématiquement, ses
infrastructures s’effondrent, ses économies s’effritent et toutes les politiques publiques semblent avoir pour objectif final le suicide de la civilisation. Les mécanismes de contrôle de
l’Occident sur le reste du monde s’effondrent également, notamment le dollar, les sanctions, les révolutions de couleur, les interventions militaires et les menaces. Rien ne semble
fonctionner et tout ce que fait l’Occident semble aggraver la situation.
Toute personne rationnelle qui entend un dirigeant, un diplomate ou un «expert» occidental s’exprimer se pose la question suivante : «Est-ce qu’ils mentent
ou sont-ils vraiment aussi incompétents et délirants ? La réponse est «les deux», mais le facteur d’incompétence est bien plus important que la plupart des gens ne peuvent
l’imaginer.»
Pourquoi en est-on arrivé là ? Il est clair que la cause est bien plus profonde que la désindustrialisation de l’Occident ou les problèmes économiques en
général. L’économie n’explique pas l’incroyable incompétence dont l’Occident a fait preuve avant et pendant la guerre en Ukraine.
Je dirais que la cause de ce désastre en cours est un grave problème structurel de l’Occident – que la Russie semble avoir largement évité. Ce problème
structurel est une condition nécessaire au système occidental actuel et a été créé à dessein pour le mettre en place et le maintenir. Ce problème est le sujet de cet article, ainsi que le
“mécanisme” qui le sous-tend. Il s’agit malheureusement d’un long article, mais le sujet l’exige.
Le capital humain et ses
propriétés
La structure de pouvoir actuelle de l’Occident, fondée sur l’idéologie, exige catégoriquement que certains types de personnes occupent des postes
d’influence et que d’autres soient mis à l’écart. Cela s’applique à tous les niveaux de l’échelle sociale, des enseignants de la maternelle aux professeurs d’université, en passant par
les cadres d’entreprise, et jusqu’aux dirigeants de la société elle-même. Ce problème est la dégradation évidente et massive et la mauvaise répartition du capital humain en
Occident.
Le capital humain peut être décrit comme la qualité de la main-d’œuvre d’une entreprise ou d’un pays, ou plus précisément comme le degré de compétence du
groupe d’employés – la qualité de leur formation, la rapidité avec laquelle ils peuvent être formés, leur niveau d’éducation en général et la manière dont ils prennent des décisions. Afin
de comprendre ce que signifie réellement la compétence, il convient de la définir plus précisément.
La compétence peut être décrite comme spécifique ou générale. Cette distinction est extrêmement importante et doit être comprise par toute personne qui
tente de gérer le capital humain à petite ou grande échelle.
La compétence
spécifique est la capacité à effectuer un certain type de travail. Il peut s’agir de menuiserie, de codage, de chimie, de médecine, de pilotage d’un avion de ligne, etc.
Certains de ces types d’emplois peuvent nécessiter beaucoup de compétences, de formation et d’intelligence, mais leur point commun est que leur champ d’application est limité et
clairement défini. Ils existent dans des limites claires, à l’écart des complexités et des imprécisions du monde en général. Chaque type de travail requiert certaines aptitudes innées
chez la personne, ainsi que divers degrés de formation. Les gens, bien sûr, diffèrent beaucoup dans leur niveau de compétence spécifique dans chaque domaine.
La compétence
générale ou de haut niveau est la capacité à effectuer un travail qui dépasse les limites clairement définies. Le champ d’application de ces types de travail se situe dans un
“univers variable” complexe et peut être extrêmement vague et déroutant. Cela nécessite une capacité d’adaptation et de transfert de compétences entre différents types de travail. Cela
s’applique également à l’application de l’expertise dans un domaine à un domaine complètement différent, comme l’application de la psychologie à l’économie ou de l’astrophysique à la
science du climat.
Parmi les postes nécessitant des compétences générales ou de haut niveau, on peut citer les cadres d’entreprise, toutes sortes de planificateurs et
d’administrateurs, les développeurs de produits, les inventeurs, les consultants et analystes de haut niveau, les chefs et planificateurs militaires, les diplomates, les juges, les
dirigeants politiques, les scientifiques et théoriciens de haut niveau, pour n’en citer que quelques-uns.
Les types de travail à compétence spécifique et générale ne sont pas deux choses distinctes. On peut dire que les types de travail ou «emplois» vont d’une
compétence presque entièrement spécifique à une compétence presque entièrement générale. Presque tous les types de travail comportent des éléments des deux, mais dans des proportions
variables. Pour illustrer mon propos, je prendrai l’exemple d’une entreprise que je connais personnellement. Il s’agit d’une société de logiciels ayant plusieurs propriétaires, dont la
plupart travaillent dans l’entreprise. L’un des propriétaires est un spécialiste des bases de données exceptionnellement compétent. Cependant, lorsqu’il participe à la prise de décision
pour l’ensemble de l’entreprise, il devient un véritable problème. La structure de gestion de l’entreprise a dû être «modifiée» pour le neutraliser dans ce rôle, ainsi que dans quelques
autres. Cet employé possède une compétence spécifique exceptionnelle, mais une compétence générale très médiocre. Il ne peut pas «transférer» ses compétences spécifiques en matière de
bases de données vers des compétences permettant de faire évoluer l’entreprise vers l’avenir. Il ne peut tout simplement pas fonctionner de manière objective ou sensée en dehors de son
travail dans la base de données.
Qu’est-ce qui fait que cet employé a si peu de compétences générales – ou plus précisément, qu’est-ce que la compétence générale ? La compétence générale
requiert trois conditions nécessaires : a) une intelligence
générale élevée (QI), b) la capacité d’être
objectif, même dans des situations où le résultat de vos conclusions peut ne pas vous plaire, et c) la capacité de
parvenir à des conclusions sans être influencé par d’autres (c’est-à-dire la pensée indépendante). Ces deux dernières conditions résultent directement de la manière dont le cerveau humain
interagit avec l’environnement. Le mécanisme sous-jacent est trop compliqué pour être décrit ici, mais on peut dire, de manière simpliste, que la relation de l’homme avec la réalité va de
l’émotion extériorisée/subjective à l’introspection/objective. Cette variable, comme tous les traits évolutifs, compris le QI, est normalement distribuée. Cela a des implications assez
troublantes qui peuvent être difficiles à comprendre pour certaines personnes.
Examinons tout d’abord le QI, ou intelligence générale. Pour être en mesure d’effectuer un travail sérieusement compliqué ou de suivre un véritable
programme universitaire, il faut un QI d’environ 125. Seuls 5 % environ de la population occidentale ont ce QI ou un QI supérieur. Cela signifie que le réservoir de personnes
potentiellement très compétentes est très restreint au départ. Même si nous retenons un QI de 115, qui est suffisant pour la plupart des travaux semi-compliqués, le groupe potentiel ne
représente que 16 % de la population.
Examinons maintenant les autres variables, à savoir l’objectivité et l’indépendance d’esprit. Ces deux variables sont corrélées et nous les traiterons, pour
des raisons de commodité, comme la même variable ou le même trait, même si ce n’est pas le cas. Elles sont réparties normalement, un peu comme le QI, la plupart se situant au milieu et un
peu moins aux extrêmes, dans les deux sens. D’un côté de la répartition, on trouve des personnes qui, pour dire les choses crûment, sont incapables de réfléchir objectivement à toute
question susceptible d’interagir avec leurs opinions personnelles sur quoi que ce soit. Elles peuvent être compétentes dans un domaine limité qui est «neutre» pour elles (comme les bases
de données), mais qui n’implique rien d’autre. Elles ne peuvent pas diriger une entreprise dans un environnement concurrentiel, si ce n’est pour la ruiner. Elles ne peuvent pas diriger
une ville, un pays, une campagne militaire, une économie, ou quoi que ce soit qui nécessite une compétence générale, sauf à les mettre à terre, quelle que soit leur intelligence. Ces
personnes ne sont manifestement pas aptes à occuper des postes de compétence générale ou de haut niveau.
Quelle est donc la proportion de la population qui est suffisamment objective et indépendante d’esprit pour être apte à occuper ces emplois ? C’est
difficile à déterminer, mais il est clair que c’est au maximum 50 % de la population. En réalité, c’est beaucoup moins, mais soyons généreux et disons que c’est 30 %. Qu’est-ce que cela
signifie ?
Le QI et l’objectivité/la pensée indépendante sont quelque peu corrélés, mais supposons qu’ils ne le soient pas. Disons que nous disposons d’un groupe de
personnes potentiellement objectives et rationnelles de 30 % et d’un groupe de personnes ayant un QI de 125 de 5 %. Cela signifie que le groupe de personnes ayant des compétences
générales de haut niveau représente 5 % de 30 %, soit 1,5 % de la population.
Si nous sommes vraiment généreux et supposons que 50 % de la population est objective et rationnelle et qu’un QI de 115 est suffisant pour ces emplois,
alors nous avons 16 % de 50 %, ce qui représente un groupe de 8 % de la population.
On ne saurait trop insister sur l’importance de ce point. Ce groupe, que nous le définissions comme 1,5 % ou 8 % de la population, est extrêmement précieux.
Il s’agit essentiellement du seul groupe de la société capable d’évaluer de manière fiable des situations complexes et de prendre les décisions rationnelles qui s’ensuivent. Sans lui, la
société technologique moderne ne peut tout simplement pas être construite ou maintenue, et encore moins progresser. Permettez-moi de reformuler ceci : si nous n’identifions pas et
n’utilisons pas ce groupe, nous ne pourrons pas faire fonctionner nos sociétés compliquées autrement qu’en les réduisant à néant.
La purge occidentale de la
compétence
La société occidentale moderne est, du point de vue de la gouvernance, idéologiquement motivée et idéologiquement contrôlée. Elle est poussée dans une
direction idéologique très clairement définie, sous la houlette de l’Union européenne et de l’actuelle administration américaine. Cette idéologie n’est pas le sujet de cet article, mais
elle est visible partout par toute personne rationnelle et indépendante. Pour les curieux non informés, un bon point de départ est le site web de l’organe de décision de l’UE, le Forum
économique mondial.
Afin d’atteindre ces objectifs idéologiques pour l’Occident, deux choses doivent se produire : a) les bonnes personnes
doivent être mises au pouvoir à tous les niveaux de la société et b) tout élément
perturbateur doit être éliminé ou supprimé. Étant donné que tous les objectifs idéologiques ont tendance à être plus ou moins en conflit avec la réalité, il n’y a pas de groupe plus
perturbateur pour eux que celui qui opère de manière objective et indépendante. Les personnes de ce type ne peuvent tout simplement pas être autorisées à occuper des postes de pouvoir et,
si elles doivent l’être, elles doivent se taire et/ou être forcées à suivre la ligne de conduite.
Le groupe
objectif/rationnel/compétence générale, qu’il représente 1,5 % ou 8 % de la population, devient alors un problème plutôt qu’une ressource. C’est exactement la situation de l’Occident
aujourd’hui.
Nombreux sont ceux qui ont remarqué que la méritocratie a été systématiquement abandonnée en Occident et que le lien entre compétence et récompense a été
rompu dans des pans entiers de l’économie – et presque totalement au sein du gouvernement. Ce que peu de gens semblent réaliser, c’est qu’il s’agit d’une nécessité pour atteindre les
objectifs idéologiques de l’Occident. Les compétences de haut niveau ne peuvent pas être encouragées parce qu’elles constituent une menace. Elles ne peuvent donc pas être
récompensées.
Pour illustrer cela, voyons ce qui se passe lorsqu’un membre des 1,5 % est autorisé à acquérir un pouvoir important. Elon Musk est un homme intelligent,
avec un QI de 150 ou plus. Il est également très objectif et réaliste dans ses évaluations, et c’est un penseur indépendant. Le fait qu’il possède et dirige Twitter/X constitue un
problème majeur pour les objectifs idéologiques occidentaux. La liberté d’expression est une menace évidente pour toute idéologie et, pour remuer le couteau dans la plaie, Musk a rabaissé
les gardiens de l’idéologie chez Twitter en se moquant d’eux, puis en les licenciant tous et en ne gardant que les plus compétents. Cela ne peut pas durer et nous pouvons déjà voir la
réponse. L’UE prévoit de recourir à la force pour mettre fin à cet affront à l’idéologie et pourrait même bloquer Twitter en Europe. Le champion de l’idéologie (et suspecté d’être un
robot-lézard) Mark Zuckerberg a même été chargé de préparer une copie idéologiquement pure de Twitter en guise de réponse – mais il semble que cela ait échoué. Nous attendons avec
impatience d’autres réponses, qui peuvent aller de l’intervention juridique à des actions plus «directes», et qui seront très probablement dirigées contre Musk personnellement.
La reconfiguration de l’éducation
occidentale
Comme indiqué précédemment, deux choses doivent se produire pour que les objectifs idéologiques deviennent réalité : Les bonnes personnes doivent être
promues et les mauvaises doivent être supprimées. Ce processus d’élévation/suppression est devenu l’objectif principal du système éducatif occidental, de la maternelle à l’université. Si
nous regardons ce que le système éducatif a fait, cela devient extrêmement évident. En voici quelques exemples :
L’évaluation des
compétences est systématiquement dégradée pour éviter la comparaison entre les compétents et les incompétents. Les examens sont abandonnés au profit de «projets» constants
et les étudiants travaillent en groupes pour que les incompétents puissent se cacher. Les écoles évitent autant que possible de tester directement l’individu – et donc de le comparer aux
autres. Les personnes compétentes ne doivent pas être encouragées et, dans la mesure du possible, elles ne doivent pas se rendre compte qu’elles sont au-dessus des autres.
Les universités fondent de plus en
plus l’admission sur d’autres critères que la compétence, y compris
des quotas basés sur des variables non liées à la compétence. La méthode de sélection la plus insidieuse est la “dissertation personnelle” que les candidats doivent soumettre – et qui est
parfois même plus importante que les notes. Tous les candidats savent que plus ils font preuve de vertu dans leur rédaction, plus ils ont de chances d’être admis. Sur la base de cette
dissertation, les universités peuvent sélectionner les candidats idéologiquement purs – ce qui est le seul but de l’exigence de rédaction au départ.
Presque toutes les matières
académiques passent de l’objectif au subjectif pour aider l’étudiant irrationnel et incompétent. Cela s’applique même aux matières difficiles telles que les mathématiques,
où aujourd’hui 2+2 n’est pas nécessairement égal à 4. Même l’intelligence est désormais subjective et les stupides peuvent être aussi malins que les intelligents – ce n’est qu’une
question de perspective, d’outils de mesure appropriés et d’inventions idiotes telles que l'”intelligence émotionnelle”.
Presque toutes les matières ont été
rendues plus faciles qu’auparavant pour aider les étudiants incompétents et même des domaines cruciaux comme la médecine diplôment aujourd’hui des personnes totalement
incompétentes et paumées – à grande échelle. Cet abaissement systématique des normes a également pour effet de désintéresser les étudiants intelligents et rationnels. Un étudiant
intelligent obtient des résultats de plus en plus élevés par rapport aux autres à mesure que la matière devient plus difficile. Si la matière est facile ou inintéressante, il tombera dans
la médiocrité – ce qui est en partie l’objectif de l’abaissement des normes au départ.
Les disciplines susceptibles de
constituer une menace pour l’irrationalité de l’idéologie ont été massivement subverties et corrompues. Cela s’applique à plusieurs domaines, mais en particulier à la
psychologie et à l’histoire, qui, dans leur forme correcte, constitueraient une menace massive pour les objectifs idéologiques occidentaux. La psychologie a été transformée en une
abomination presque méconnaissable, et l’histoire n’est plus que mensonges de nos jours.
De fausses disciplines ont été
inventées de toutes pièces dans le but de former des idéologues purs sans qu’il soit nécessaire de faire preuve de compétence, d’intelligence ou d’un quelconque lien avec la
réalité. On trouve ces disciplines dans les listes des «diplômes
universitaires les plus inutiles» sur Internet, mais c’est un malentendu. Ces diplômes ne sont pas du tout inutiles : ils élèvent les idéologiquement purs dans la société en leur
accordant une «certification» universitaire. Cette certification justifie qu’on leur confie des postes importants dans la société.
La société occidentale, en général, a abandonné la rationalité et l’a remplacée par le subjectivisme (officiellement désigné sous le nom de
“post-modernisme”). L’objectif n’est pas seulement de former et de faire progresser les idéologues purs, mais d’utiliser le subjectivisme comme outil d’oppression contre le groupe 1.5/8
et la partie rationnelle de la population en dehors de ce groupe. La meilleure façon de supprimer une personne rationnelle est de la soumettre à une existence d’irrationalité totale et
constante. Il s’agit
essentiellement d’un détournement cognitif à l’échelle de la civilisation, dirigé contre le groupe rationnel dangereux.
Pendant que le groupe rationnel dangereux est supprimé et subverti, les «leaders de demain» idéologiquement purs sont endoctrinés plutôt qu’éduqués,
reçoivent des certifications universitaires plutôt que de vrais diplômes, et enfin se voient offrir une quantité inépuisable de faux emplois bien rémunérés dans les secteurs privé et
public. Ce groupe idéologiquement pur et bien rémunéré devient alors la base du pouvoir du nouveau système idéologique.
La migration ascendante des
incompétents
L’objectif de cette intervention délibérée dans le système éducatif est de créer ce que l’on pourrait appeler un «modèle de migration» dans la société, basé
sur le (manque de) compétence et la pureté idéologique. Les bonnes personnes doivent être placées aux bons postes et dans les bons emplois, et puisqu’elles sont incompétentes, il faut
gérer cela pour elles. Une fois qu’elles ont quitté l’école avec leurs diplômes, le gouvernement et le secteur privé prennent le relais et les poussent activement vers le haut, tout en
éloignant le redoutable groupe 1.5/8 de l’influence et des emplois bien rémunérés.
Deux développements en Occident ont été des aubaines pour ces efforts : l’externalisation de la production occidentale vers l’Asie et l’abolition virtuelle
de la concurrence dans le secteur entrepreneurial. Cela a considérablement réduit le niveau de complexité de l’économie occidentale et, par conséquent, le besoin du groupe 1.5/8. Lorsque
la plupart des entreprises offrent des services dans un environnement protégé, elles ont beaucoup moins besoin de personnel de haut niveau/rationnel, alors que dans une «économie
réelle», ces personnes ne peuvent tout simplement pas être mises à l’écart. En outre, lorsqu’on peut faire fonctionner une fausse économie basée sur le statut de réserve du dollar,
on peut également faire fonctionner une fausse société dirigée par des incompétents.
Examinons de plus près comment cette migration ascendante des personnes idéologiquement pures est gérée après l’obtention de leur diplôme universitaire – et
comment le groupe 1.5/8 est systématiquement bloqué. Cinq méthodes principales sont employées, qui forment ensemble un processus de prise de contrôle à long terme de la société. Ces
méthodes sont les suivantes :
Filtrage dans le secteur
public– Ceci décrit le processus de sélection d’un emploi dans le secteur public. Au départ, c’est la méthode du «pied à l’étrier» qui est utilisée. Quelques
politiciens et bureaucrates idéologiquement purs se positionnent au sein du système et commencent à contrôler les personnes embauchées. Ce contrôle s’accroît de manière exponentielle au
fil des décennies, à mesure que de plus en plus de puristes accèdent aux leviers du pouvoir. Actuellement, le processus est si manifeste qu’il commence à s’exprimer dans les documents de
politique de recrutement – comme l’exemple récent du gouvernement britannique qui exclut les «hommes blancs» des postes de pilotes de chasse. L’Occident a presque entièrement réussi à
exclure le groupe 1.5/8 des postes du secteur public en utilisant cette méthode – y compris ses forces armées.
Bourrage du secteur
public– À mesure que le processus de filtrage du secteur public progresse, les puristes à l’intérieur du système commencent à créer de plus en plus de postes pour
leurs confrères puristes. De nouveaux départements sont créés, des groupes de travail et des comités apparaissent, et le secteur public s’élargit. Les entreprises publiques, telles que
les entreprises de services publics, les hôpitaux et les écoles, sont également souvent utilisées comme unités de stockage pour un grand nombre de personnes idéologiquement pures. C’est
extrêmement évident en Occident. Chaque loi ou initiative inutile nécessite de plus en plus de personnes – et ces personnes sont toutes soigneusement sélectionnées.
Création d’emplois par
décret– Cette méthode est destinée au secteur privé, ainsi qu’au secteur semi-public. Les puristes du gouvernement commencent à créer de nouvelles lois et normes que
toutes les entreprises doivent respecter. Celles-ci sont justifiées par la «bonté» et concernent généralement l’environnement, l’égalité, la sécurité, etc. Cela crée un grand nombre de
postes au sein des entreprises privées qui sont taillés pour les puristes idéologiques – en particulier dans les fonctions de soutien telles que les ressources humaines, les fonctions de
conformité et autres. Cela permet de mettre le «pied dans l’étrier» dans le secteur privé et donne aux puristes l’accès aux leviers de pouvoir, comme ils l’ont déjà dans le secteur
public.
Filtrage dans le secteur
privé– Comme les puristes ont eu accès au secteur privé – en particulier aux ressources humaines (qui sont le cheval de Troie habituel des puristes dans les
entreprises privées) – ils commencent à filtrer les nouvelles recrues exactement de la même manière que le secteur public. Comme dans le secteur public, ce processus de filtrage devient
de plus en plus évident. Un grand nombre d’entreprises précisent désormais dans leurs offres d’emploi les groupes qui ne seront pas embauchés. Comme elles ne peuvent pas dire ouvertement
«nous
n’embauchons pas de penseurs intelligents et indépendant», elles utilisent généralement les «hommes blancs»
comme substitut de ce groupe pour une raison ou une autre. Ce groupe est considéré comme une menace particulière, même si vous pouvez être sûr que toute personne qui ne suit pas le
programme sera licenciée, quel que soit son sexe ou la couleur de sa peau.
Bourrage du secteur
privé– Peu après avoir racheté Twitter, Elon Musk a licencié environ 80 % des employés de l’entreprise. Ces 80 % représentaient le taux de bourrage du secteur privé
de l’entreprise – un taux assez élevé. Les entreprises, en particulier dans les secteurs qui peuvent influencer l’opinion publique – mais pas uniquement – créent de plus en plus un grand
nombre de postes qui sont soit totalement superflus, soit destinés à des opérations d’influence contre le public.
Ces méthodes de filtrage et de bourrage sont les principaux mécanismes qui ont été utilisés pour la prise de contrôle des sociétés occidentales par les
idéologues purs. Il existe d’autres mécanismes, tels que la GSE, le filtrage par certaines banques et certains fonds d’investissement de ceux qui obtiennent un financement et de ceux qui
n’en obtiennent pas, ainsi que l’immigration incontrôlée conçue par les idéologues purs, qu’ils considèrent comme une continuation du processus de migration interne. Cependant, tout cela
dépasse le cadre de cet article.
Les idéologues purs ont systématiquement accédé à presque tous les postes de pouvoir dans le secteur public et dans une grande partie du secteur privé – et
la situation dans le secteur privé reflète de plus en plus celle du secteur public en ce qui concerne les pratiques d’embauche et le bourrage des employés. Le groupe dangereux des 1,5/8
est tenu à l’écart par tous les moyens, avec beaucoup de succès. La base de pouvoir de l’idéologie est fermement en place.
Ce programme de migration des emplois n’a pas été bon marché. Des millions
d’emplois inutiles coûtent de l’argent et il est clair qu’une part importante de la dette publique occidentale peut être attribuée à ce programme, un fait qui ne semble pas avoir été
remarqué par beaucoup de gens.
Les conséquences
La principale chose à comprendre est que les sociétés et les économies occidentales ont été placées sur une base idéologique. La productivité, la
compétitivité, la technologie et la science ne sont tout simplement plus des priorités en Occident. Expliquer les conséquences de ce processus pour l’Occident nécessiterait de nombreux
articles, voire un livre de plusieurs centaines de pages. Citons tout de même quelques exemples.
La crise inversée des compétences – L’objectif de tout ce projet a été de placer les personnes idéologiquement pures à tous les postes de pouvoir et à tous
les niveaux de la société. Dans une société normale et compétitive, ces postes sont occupés par le groupe hautement compétent des 1,5/8. Le processus est aujourd’hui presque achevé, la
plupart des postes de pouvoir étant occupés par des personnes idéologiquement pures. Certaines de ces personnes ont un QI élevé, mais elles ne sont ni objectives ni indépendantes.
L’idéologie à laquelle elles doivent souscrire est tout simplement incompatible avec ces qualités. Cette situation a de graves conséquences.
Rappelez-vous que les postes de pouvoir et d’influence sont plus susceptibles d’exiger une compétence générale que les autres postes (par opposition à une
expertise spécifique). Plus le pouvoir est grand, plus le poste exige une connaissance générale. Les personnes qui occupent ces postes sont aujourd’hui sélectionnées en fonction de leur
ferveur idéologique et de leur fiabilité – donc plus on monte dans la hiérarchie, plus les personnes qui occupent ces postes sont idéologiquement enthousiastes. Cela signifie que les
personnes les moins objectives et les moins indépendantes occupent les postes qui requièrent le plus d’objectivité et d’indépendance d’esprit. Par conséquent, en
Occident, l’incompétence
devient de plus en plus fréquente au fur et à mesure que l’on monte en grade. Comme l’a dit quelqu’un, «un général est un
colonel incompétent». On peut le constater absolument partout, sauf dans certaines entreprises privées qui ont résisté. Ces exceptions sont bien sûr examinées en ce moment
même.
Le deuxième problème est que bon nombre des personnes irrationnelles/subjectives qui détiennent tout le pouvoir ont un QI raisonnablement élevé. Cela peut
sembler être un point positif, mais cela présente un inconvénient majeur. Les personnes irrationnelles/subjectives à QI moyen ou élevé sont les plus faciles à manipuler. Les raisons de ce
phénomène sont complexes et doivent être abordées dans un autre article, mais cela signifie que les dirigeants occidentaux sont non seulement les plus incompétents qui soient par rapport
aux exigences de leur fonction, mais aussi les plus malléables et les plus délirants.
La crise des coûts et de la
dette– La migration des personnes idéologiquement pures vers le pouvoir idéologique et les positions d’influence a créé des millions d’emplois dans les sociétés
occidentales qui ne créent aucune valeur. Ces emplois sont beaucoup plus nombreux et répandus que la plupart des gens ne le pensent, et je ne serais pas surpris si quelque chose comme 20
à 30 % de l’ensemble de la main-d’œuvre de l’Occident pouvait être licencié sans aucun effet négatif. En fait, l’effet serait positif, surtout si l’on pouvait faire travailler ces
personnes dans les emplois (le plus souvent subalternes) de l’économie réelle pour lesquels elles sont aptes.
La désindustrialisation a été accusée d’être à l’origine des niveaux d’endettement et des charges fiscales extrêmes de l’Occident. C’est vrai dans une
certaine mesure, mais le maintien de ce groupe gigantesque d’incompétents dans leurs emplois fictifs fait également peser un fardeau très lourd sur l’Occident. Les sociétés occidentales
sont désormais totalement non viables et ne peuvent être gérées sans une augmentation constante de la dette.
La crise de la
concurrence – Cette crise peut être expliquée par l’exemple suivant : Supposons que trois entreprises détiennent ensemble 100 % des parts de marché dans un secteur
donné. Il n’y a pas de véritable concurrence entre elles et tout le monde peut se détendre car les clients ne peuvent aller nulle part ailleurs. Ces entreprises peuvent s’en tirer avec
une incompétence absolue à tous les niveaux, y compris au niveau de la direction. Elles n’ont pas besoin de penser à l’efficacité, à la sécurité, à la productivité ou aux coûts, sauf sur
leurs sites web et dans leurs rapports annuels. Cependant, si un concurrent avec des employés compétents parvient à s’infiltrer dans le secteur, ces trois entreprises iront dans le mur.
Il y aura une énorme crise et une ou plusieurs d’entre elles feront probablement faillite.
C’est exactement ce qui se passe actuellement dans les économies occidentales. Le monopole et l’oligopole sont la règle et l’objectif principal de la
plupart des grandes entreprises occidentales est d’empêcher quiconque d’infiltrer leur secteur – généralement en corrompant les régulateurs ou en achetant la concurrence. C’est une
nécessité, car un grand nombre d’entreprises occidentales sont aujourd’hui dirigées par des cadres incompétents et bourrées de personnes incompétentes, en particulier dans les fonctions
de soutien et de gestion. Les mots immortels de l’employé anonyme de Boeing à propos du 737 MAX s’appliquent à la plupart des grandes entreprises occidentales : «cet avion est conçu
par des clowns qui, à leur tour, sont supervisés par des singes». Les entreprises occidentales ne sont plus compétitives. Elles ne peuvent pas rivaliser avec les entreprises
chinoises aujourd’hui et bientôt elles ne pourront plus rivaliser avec les entreprises en général en dehors de l’Occident. Elles ne peuvent tout simplement pas fonctionner autrement qu’à
l’intérieur d’un espace économique sécurisé. En fait, la situation est telle que les Chinois font déjà le vrai travail pour beaucoup d’entre elles et que la délocalisation du travail est
problématique en raison (surprise !) de la dégradation du capital humain en Occident causée par la réorientation de son système éducatif.
Cela vaut également pour les sociétés occidentales dans leur ensemble. La totalité des classes dirigeantes et diplomatiques de l’Occident ne sont plus
compétitives par rapport au reste du monde pour exactement ces raisons. Elles sont dépassées par les Chinois, les Russes, les Indiens et tous les autres à chaque tournant. Même les
dirigeants africains sont désormais plus compétents que les dirigeants occidentaux. Ils ont toujours pris des décisions plus favorables à leurs peuples que les dirigeants occidentaux –
depuis quelques années en tout cas.
La crise de la
complexité – Plus haut dans cet article, j’ai indiqué que le groupe des 1,5/8 est extrêmement précieux pour les sociétés modernes et que, sans lui, les sociétés
modernes compliquées ne peuvent être gérées. En Occident, ce groupe a été largement mis à l’écart et une bonne partie d’entre eux ne s’intéresse même plus à l’enseignement universitaire.
Mais la situation est encore pire. La reconfiguration du système éducatif et la rupture entre la compétence et la récompense sur le marché du travail ont fondamentalement changé le
processus de prise de décision qui sous-tend le choix de l’enseignement universitaire. Pourquoi étudier l’ingénierie (qui est difficile) alors que vous pouvez obtenir un emploi encore
mieux rémunéré avec un diplôme en psychologie (qui est facile de nos jours) ? La reconfiguration du système éducatif occidental a modifié la structure des récompenses, encourageant les
jeunes à poursuivre des études faciles et inutiles, simplement parce que le «système» leur fournira des emplois.
Cette situation a déjà provoqué une crise majeure dans les sociétés occidentales, en particulier aux États-Unis. La «maintenance» d’aspects complexes de la
société américaine nécessite un grand nombre d’ingénieurs et de personnes ayant reçu une formation dans ce domaine. Cette maintenance est aujourd’hui défaillante et repose en grande
partie sur des ingénieurs étrangers formés dans les universités américaines. Voyez-vous, pourquoi les Américains feraient-ils des études d’ingénieur dans un système qui ne les récompense
pas ? Si la Chine et l’Inde pouvaient, d’une manière ou d’une autre, rappeler leurs ingénieurs et d’autres personnes ayant reçu une formation solide aux États-Unis, le système américain
ne pourrait probablement pas être maintenu, et encore moins amélioré. La situation va s’aggraver progressivement et nous atteindrons bientôt un point où les systèmes complexes qui
soutiennent la société ne pourront plus fonctionner. Cela nécessitera une sorte de «réinitialisation» vers une société moins complexe, avec moins de prospérité bien sûr.
Il existe bien d’autres crises que ces quatre-là, mais je ne voudrais pas passer pour un alarmiste en en énumérant d’autres.
La Russie et l’avenir
Qu’en est-il de la Russie ? Tout d’abord, des signes évidents montrent que les Russes ont compris ce qui se passe à l’Ouest et qu’ils en tirent des leçons.
Récemment, ils ont quitté le «processus de Bologne», un système européen de standardisation de l’enseignement. Le système de Bologne a pour objectif explicite de diluer l’éducation dans
les États membres, de mettre en place des certifications plutôt que de véritables diplômes et de remplir les sociétés européennes d’«experts» mal formés et généralement incompétents qui
suivent le consensus, quoi qu’il arrive. Les Russes ont considéré ce système comme une menace pour leur pays, ce qu’il est, et sont revenus, du moins en partie, au système soviétique plus
ancien et plus dur.
Deuxièmement, les Russes semblent procéder à des purges des incompétents et des corrompus au sein des structures de l’État, y compris
l’armée. La méritocratie
semble être à l’ordre du jour, un concept radical de nos jours. Les Russes considèrent très probablement que ces efforts sont essentiels à la pérennité de leur État et de leur nation
– et ils ont raison.
La situation en Chine est à peu près la même et il semble que le reste du monde non occidental soit en train de s’y mettre. N’oubliez pas que l’un des
résultats du récent sommet Russie-Afrique a été un effort d’éducation organisé par la Russie en Afrique. Je doute que des études sur les conditions des femmes fassent partie de ce
programme.
Le conflit actuel entre l’Occident et la Russie – et de plus en plus entre l’Occident et le reste du monde – devient un conflit entre les incompétents et
les irrationnels et les compétents et les rationnels. Le résultat est évident – mais que se passe-t-il lorsqu’une personne irrationnelle acculée au pied du mur a accès à des armes
nucléaires ? C’est ce que tout le monde peut imaginer.
En plaçant ses sociétés sur une base idéologique, l’élite occidentale s’est mise au pied du mur. Elle ne peut pas être compétitive, elle ne peut pas
développer ses économies ou ses sociétés, et elle ne peut pas revenir en arrière. Pour résoudre les problèmes de l’Occident, il faudra un renouveau économique, où une économie réelle
remplacera l’actuelle fausse économie de services financiarisée. Cela ne peut se faire sans placer le groupe détesté des 1,5/8 à des postes de pouvoir. Par conséquent, cela ne se fera pas
tant que la classe dirigeante occidentale actuelle sera au pouvoir. Les sociétés occidentales ne survivront pas à une relance économique dans leur configuration idéologique actuelle. Le
conflit est donc la seule option qui reste à la classe dirigeante pour s’accrocher au pouvoir.
Le sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg la dernière semaine de juillet 2023 a connu un succès retentissant. D’importantes délégations de
49 pays africains sur 54 y ont participé. D’autres voulaient y participer, mais le Niger, qui possède de l’uranium convoité par l’Occident, est en proie à des troubles politiques et
quatre autres pays n’ont pas été autorisés à s’y rendre. Cela dit, tous les pays ont subi des pressions pour ne pas participer, mais ont courageusement résisté à ces pressions. Comme
d’habitude, ces pressions ont été exercées par les puissances coloniales que sont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Malgré ces pressions, le quinzième sommet des BRICS se
tiendra du 22 au 24 août en Afrique du Sud et plusieurs autres pays africains sont des membres potentiels des BRICS, notamment l’Algérie, l’Égypte et le Nigeria, sans oublier le Sénégal,
le Soudan, la Tunisie et le Zimbabwe.
Lors du sommet, le président Poutine a annulé 23 milliards de dollars de dettes africaines envers la Fédération de Russie. Le président Poutine a également
déclaré qu’il soutiendrait «à un million de pour cent» l’Union africaine dans sa tentative de devenir membre du Conseil de sécurité des Nations unies et qu’il souhaitait que l’Afrique
soit membre du G20. Il est en effet absurde que les Nations unies conservent une structure coloniale postérieure à 1945 et que la moitié du monde, à savoir l’Afrique, l’Inde et l’Amérique
latine, ne soit absolument pas représentée au sein du Conseil de sécurité ! Il est clair qu’avec un tel soutien russe, il pourrait un jour y avoir une union entre l’Union eurasienne
dirigée par la Russie et l’Union africaine. Enfin, le dirigeant russe a déclaré lors du sommet que son pays expédierait gratuitement jusqu’à 300 000 tonnes de blé aux six pays africains
les plus pauvres au cours des prochains mois, s’ils le souhaitaient.
Voici la réponse aux affirmations occidentales ridicules selon lesquelles l’Afrique pourrait mourir de faim en raison d’un manque d’accès au blé ukrainien.
C’est ridicule parce que l’année dernière, 97% du blé ukrainien a été consommé par l’Union européenne – seuls 3% sont allés ailleurs. Quoi qu’il en soit, l’Ukraine est un acteur
relativement mineur. Ainsi, en 2020, la Chine a produit 134 millions de tonnes de blé, l’Inde 107, la Russie 85, les États-Unis 49, le Canada 35, la France 30, le Pakistan 25 et l’Ukraine
seulement 24.
Rappelons qu’avant la révolution de 1917, l’Empire russe était le grenier à blé de l’Europe, car quelque 85% des terres avaient été données aux paysans dans
les générations précédentes. Après que le marxisme occidental a été imposé à l’ancien empire par la force brutale en 1917, il y a eu la famine et la mort de millions de personnes, puis
une collectivisation désastreuse (le vol par l’État des terres des paysans, très similaire au vol oligarchique des terres dans les «Enclosures» en Grande-Bretagne). Elle a été
immédiatement suivie d’une nouvelle famine, qui a réduit certains au cannibalisme et causé la mort de millions de personnes, comme je le sais d’après l’histoire de ma famille. Jusque dans
les années 1980, l’URSS était encore obligée d’importer du blé. Aujourd’hui, la Fédération de Russie est le troisième producteur mondial de blé et vient de faire une récolte record pour
2023.
Le sommet a été marqué par son anticolonialisme, notamment par les déclarations vigoureuses des dirigeants de l’Afrique du Sud, de la Zambie, du Zimbabwe,
du Rwanda, de l’Ouganda, du Burkina Faso et de l’Érythrée, contre la condescendance, les brimades et les menaces des États-Unis. Ces déclarations font suite à la destruction
anglo-française de la Libye sur ordre des États-Unis en 2011. Les dirigeants africains ont dit à l’Occident : «Nous ne sommes pas
votre propriété» (le président de l’Afrique du Sud), «L’Occident a exploité
l’Afrique pendant des siècles» (le remarquable président de l’Ouganda) et ont déclaré que les Africains n’étaient plus les esclaves de l’Occident.
Entre-temps, le Tchad, qui s’est également libéré du colonialisme français, a soutenu le mouvement populaire de libération contre le colonialisme au Niger,
situé entre le Tchad et le Mali, où le gouvernement a déclaré que le français n’était plus la seule langue officielle. Au Niger, des drapeaux russes ont été brandis par des manifestants
qui ont attaqué l’ambassade de France contre son impérialisme français, en scandant «Poutine, Poutine». La France se prépare à évacuer ses ressortissants.
Toute l’Afrique en a assez de l’impérialisme économique et social occidental et des assassinats français incessants de dirigeants africains depuis soixante
ans. Pourquoi ne pas sanctionner l’Occident en le privant d’uranium ? Ensuite, il y a la promotion, notamment par des ambassadeurs américains et britanniques intimidants, comme en
Ouganda, de la perversion sexuelle et la menace des sanctions occidentales illégales habituelles contre l’Afrique. Les sanctions sont brandies comme c’est le cas en Occident, si les
perversions occidentales, pratiquées par d’infimes minorités même en Occident, sont interdites en Afrique.
Toutefois, le soutien à la famille et à la moralité normale que l’État et l’Église russes offrent à l’Afrique contre la dépravation occidentale, tel qu’il a
été exprimé lors du sommet, est peut-être de la plus haute importance. Le patriarche russe a également rappelé sa rencontre avec Nelson Mandela. Les critiques occidentaux qualifient le
président Poutine, chrétien orthodoxe, de défenseur des «valeurs traditionnelles». Ce qu’ils entendent par là, ce sont des valeurs normales, qui étaient défendues partout, même dans le
monde occidental, il y a cinquante ans. La Russie doit contribuer à nourrir le monde, non seulement physiquement, mais aussi moralement.
La Chine offre à l’Afrique un soutien économique et procède depuis 2000 à des améliorations colossales des infrastructures africaines, en construisant des
chemins de fer (13 000 km), des autoroutes (100 000 km), des ponts (1000), des ports (100), de grandes centrales électriques (80), des aéroports, des barrages et des parlements,
actuellement dans 35 pays différents, en échange de matières premières. Cependant, la Russie offre aux pays africains un soutien politique, militaire, spirituel et moral. Cela signifie le
respect mutuel, le respect des cultures des uns et des autres, ce que signifie, après tout, la multipolarité.
Les événements de Saint-Pétersbourg reflètent l’indépendance croissante du monde non occidental. Ainsi, les menaces américaines intimidantes en Arabie
saoudite ont été rejetées par «MBS», qui a ouvertement déclaré que les menaces de Biden seraient contrées par «le djihad et le martyre». La Chine condamne l’arrogance et l’ingérence des
États-Unis. L’Inde, le Brésil et le Venezuela ont dit à peu près la même chose. Cuba a déclaré que les États-Unis étaient un prédateur et la Jamaïque, qui se souvient de son passé
africain, résiste également à l’intimidation américaine. L’un des dirigeants du sommet Russie-Afrique a appelé à l’unité de la Russie, de la Chine et de l’Inde avec l’Afrique et les
États-Unis. Partout dans le monde libre, il y a une résistance aux intimidations américaines. Et en Europe ?
Dernière chance pour l’Europe
Qu’en est-il de l’Europe ex-catholique/ex-protestante, qui avait des traditions bien différentes de celles des États-Unis dans un passé plus lointain ?
C’était avant qu’elle ne s’engage sur la voie de son propre impérialisme tyrannique, qu’elle a légué à sa récente progéniture de cow-boys ? Le tissu économique et social de l’Europe
isolée, ex-catholique et ex-protestante est déchiré par la guerre américaine contre la Russie en Ukraine. La vie des 490 millions de personnes qui vivent dans cette Europe (nous excluons
les 240 millions de l’Europe orthodoxe majoritaire de la Slavonie orientale et de l’Europe du Sud-Est) est certainement affectée. (Même si l’on compte 40 millions d’immigrants et de
réfugiés des guerres américaines, principalement musulmans, la population autochtone de l’Europe ex-catholique et ex-protestante s’élève encore à 450 millions de personnes). Les peuples
de ses neuf régions, qui comptent en moyenne 55 millions d’habitants chacune et qui sont actuellement divisées en 31 pays, sont les suivants :
Les 84 millions de l’Allemagne.
Les 72 millions du Royaume-Uni (en réalité trois pays) et de l’Irlande.
Les 68 millions de la France et de Monaco.
Les 60 millions de l’Italie, de Saint-Marin et de Malte.
Les 59 millions de la péninsule ibérique : Espagne, Portugal et Andorre.
Les 50 millions de l’Europe centrale : Suisse, Liechtenstein, Autriche, Hongrie, Tchécoslovaquie, Slovaquie, Slovénie et Croatie.
Les 44 millions de la Baltique : Pologne, Lituanie, Lettonie et Estonie.
Les 30 millions des Pays-Bas, de la Belgique (si elle survit intacte) et du Luxembourg.
Les 28 millions des pays nordiques : Islande, Norvège, Danemark, Suède et Finlande.
Ces peuples pourront-ils résister aux «bully boys» américains qui menacent et persécutent les consciences honnêtes ? Apparemment non, car jusqu’à présent,
leurs dirigeants ont fait preuve de la plus grande mollesse et de l’absence de tout principe, de toute intégrité et de toute conscience, mais seulement d’hypocrisie et de mensonges.
L’Europe a-t-elle encore le courage de s’opposer au tyran mondial ou veut-elle être sacrifiée à l’empire américain ?
Il y a des espoirs, des espoirs anciens, à puiser dans les racines de l’Europe du premier millénaire, mais pour qu’ils puissent jouer un rôle, les élites
américaines fantoches et leurs serfs médiatiques dans la quasi-totalité des 31 pays (à l’exception de la Hongrie) devront d’abord être éliminés. Cela peut se faire à la fois par des
élections, mais aussi par la pression populaire et l’expulsion d’Europe des fonctionnaires et militaires américains qui s’en mêlent (et non des Américains ordinaires). Ce n’est qu’alors
que les pays de l’Europe ex-catholique et ex-protestante cesseront d’être les vassaux de l’empereur féodal dément qui règne depuis le sommet de la pyramide impériale américaine.
La Russie peut aider à nourrir l’Afrique spirituellement et donc moralement. Mais qui peut aider à nourrir l’Europe ex-catholique et ex-protestante ? Car le
continent malade de l’Europe occidentale s’est perdu dans les crimes de son impérialisme passé et dans son désert post-moderne de laïcité, importé des États-Unis et de son désordre fondé
sur des règles, et elle meurt de soif. Alors que l’empire américain décline dans la vague de corruption incestueuse de ses oligarques d’élite, de toxicomanie, de violence armée et de
crimes de masse, nous nous demandons quand l’Europe reviendra à ses racines, des racines que l’Afrique n’a jamais perdues et que les États-Unis n’ont jamais eues. En dehors de la Hongrie
et de voix occasionnelles en Allemagne, en France, en Italie, en Pologne et ailleurs, nous n’entendons pour l’instant que l’écho de notre question.
En début d’après-midi, Press
TV (Iran) nous a donné l’occasion de replacer dans son contexte l’une des nouvelles les plus importantes de la journée d’hier : la visite en Corée du Nord d’une délégation du
ministère de la Défense de la Fédération de Russie, dirigée par le ministre Choïgou.
Mon collègue en Allemagne m’informe que cette visite n’a pas été mentionnée dans les médias allemands aujourd’hui. Le Financial
Times n’en a pas parlé du tout et le New York
Times ne lui a consacré que quelques mots. Certes, Reuters et Aljazeera en
ligne ont publié de brefs articles à ce sujet, mais leurs textes étaient pratiquement identiques et, à en juger par la tournure des événements, ils utilisaient un communiqué de presse sur
le sujet qui leur avait été envoyé par le département d’État américain.
Je dis cela parce que leurs articles de presse soulignent que la visite marque une rupture avec les mesures de confinement prises par la Corée du Nord pour
empêcher la transmission de Covid à partir de l’étranger.
Toutefois, il s’agit là de l’aspect le moins significatif de la visite russe, qui intervient en même temps qu’une délégation de la République populaire de
Chine, dans le but de participer à la célébration du 70ème anniversaire de la signature de l’armistice qui a mis fin à la guerre de Corée. La Russie et la Chine avaient toutes deux
apporté un soutien essentiel à la partie nord-coréenne lors de cette guerre.
Il est compréhensible que les Chinois hésitent à rétablir publiquement des relations complètes avec la Corée du Nord, de peur de se voir infliger des
sanctions punitives de la part des États-Unis. Cependant, la Russie n’a rien à perdre et la visite a été ouvertement décrite par le ministère russe des Affaires étrangères comme
visant à élever le niveau de la coopération militaire et générale.
Oui, il ne fait aucun doute que l’on parlera de l’achat par la Russie de divers systèmes d’armes en provenance de Corée du Nord qui peuvent être utiles dans
la poursuite de la guerre en Ukraine. Parmi ces systèmes, les analystes russes ont identifié un missile de défense aérienne de classe mondiale d’une portée de 300 km. Mais la
véritable importance de ces discussions réside ailleurs : dans l’ajout de la Corée du Nord au partenariat stratégique que la Russie entretient déjà avec la Chine et l’Iran en vue d’une
sécurité mutuelle.
En fait, nous assistons à la mise en place de ce que le président américain George W. Bush a appelé un «axe du mal», alors qu’à l’époque, de tels
partenariats de défense active n’étaient encore qu’une lointaine possibilité, et non une réalité. Aujourd’hui, cet «axe» pourrait être mieux décrit comme une coalition de sauvegarde
du monde qui a plus de force militaire que l’OTAN et les pays que l’OTAN cultive actuellement en Asie de l’Est, à savoir le Japon et la Corée du Sud, ainsi que dans le Pacifique Sud, à
savoir l’Australie, mis ensemble. Cet équilibre des forces est la meilleure protection contre l’éclatement d’une nouvelle guerre mondiale.
Par M.K. Bhadrakumar – Le 28 juillet 2023 – Source Indian
Punchline
La visite d’État de trois jours, du 25 au 27 juillet, du ministre
russe de la défense Sergey Shoigu, accompagné d’une délégation militaire, à Pyongyang est la première visite de haut niveau jamais effectuée par Moscou dans l’ère post-soviétique. La rencontre de
Shoigu avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, mercredi, élève ce qui aurait pu passer pour un geste amical du Kremlin à l’occasion du 70e anniversaire de l’armistice qui a conduit à la
cessation des hostilités de la guerre de Corée, vers un tout autre univers.
Au niveau le plus
évident, elle perce un trou dans le rideau de fer des sanctions que les États-Unis ont érigé autour de la Corée du Nord. Mais la visite de Shoigu, qui coïncide avec le sommet africain de
Saint-Pétersbourg présidé par le président Vladimir Poutine, doit être considérée comme un élément du message de la Russie selon lequel elle est revenue avec éclat sur le devant de la scène
politique mondiale.
La cerise sur le gâteau a été la visite guidée de l’arsenal nord-coréen de missiles capables de porter des ogives nucléaires, y compris son tout nouveau missile
balistique Hwasong-18, que Kim a effectuée personnellement pour la délégation militaire russe.
L’agence de presse nord-coréenne [NKNA] a rapporté que Shoigu a remis à Kim une lettre manuscrite de Poutine. La lettre indique que “se souvenant avec une profonde émotion de l’histoire de l’amitié
profondément enracinée entre la RPDC et la Russie, ils ont échangé leurs évaluations et leurs opinions sur les questions d’intérêt mutuel dans le domaine de la défense et de la
sécurité nationales et sur l’environnement de sécurité régional et international, et sont parvenus à un consensus sur ces questions… [souligné par
l’auteur]“.
“La rencontre entre Kim Jong
Un et Sergei Shoigu à un moment important constitue une occasion importante de développer davantage les relations stratégiques et traditionnelles entre la RPDC et la Russie, comme l’exige le
nouveau siècle, et de renforcer en profondeur la
collaboration et la coopération stratégiques et tactiques entre les deux pays dans le domaine de la défense et de la sécurité nationales afin de faire face à l’environnement sécuritaire régional et international en
constante évolution“. (souligné par l’auteur).
Le ministère russe de la Défense a déclaré que la visite de Shoigu “contribuerait à renforcer les liens militaires bilatéraux et
marquerait une étape importante dans le développement de la coopération entre les deux pays“.
Le communiqué nord-coréen met clairement l’accent sur les questions de défense et de sécurité, en attirant l’attention sur l’environnement instable de
l’Extrême-Orient, et plus particulièrement sur “la
collaboration et la coopération stratégiques et tactiques“. Moscou a réfuté les rapports occidentaux faisant état d’une coopération militaire avec la Corée du Nord. Une nouvelle page est
peut-être en train de s’ouvrir.
La visite de Shoigu s’est déroulée parallèlement à celle de Li Hongzhong, vice-président du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire de Chine, indiquant
que la Russie et la Chine “se tiennent proches” de la
Corée du Nord – pour reprendre un commentaire du Global
Times – en réponse à l’administration Biden qui accélère l’approfondissement d’une alliance trilatérale entre Washington, Tokyo et Séoul.
Washington profite de la transition politique en Corée du Sud avec l’élection du président sud-coréen pro-occidental Yoon Suk-Yeol en mai dernier, qui a inversé la
trajectoire de la politique étrangère indépendante de son prédécesseur Moon Jae-In vers Moscou et Pékin et a abandonné les efforts pour parvenir à une détente avec Pyongyang.
L’approche américaine de l’Extrême-Orient peut être comparée à sa stratégie au Moyen-Orient, où elle consistait également à attiser l’iranophobie et à empêcher tout
processus de sécurité régionale de se cristalliser, ce qui a contribué à renforcer sa présence militaire dans la région et à promouvoir des exportations d’armes massives. La principale différence
réside dans l’orientation de la stratégie de Washington en Extrême-Orient, qui consiste à contenir la Chine et la Russie.
Il ne fait aucun doute que les États-Unis aggravent la situation en Asie en provoquant Pyongyang et en minant la situation dans la péninsule coréenne afin de la
maintenir dans un état d’agitation suspendue qui peut être réactivé à tout moment. Les récentes visites successives, en juillet, de deux sous-marins nucléaires américains dans les bases navales
sud-coréennes en sont un bon exemple.
Ces derniers temps, la confrontation gelée entre les deux Corées s’approche constamment de l’escalade en raison de l’approfondissement de la coopération militaire
entre Washington et Séoul. Un moment décisif s’est produit en avril lorsque Biden et Yoon ont signé la Déclaration
de Washington sur la dissuasion de la Corée du Nord, qui implique la création d’un groupe consultatif sur les questions dans le domaine nucléaire et une plus grande fréquence
d’apparition des armes stratégiques américaines, ainsi que la visite de sous-marins nucléaires en Corée du Sud.
La pression exercée par Washington a provoqué une vive réaction de Pyongyang et un cercle vicieux se met en place en l’absence d’intérêt de la part des Américains à
renouer le dialogue avec Pyongyang. Dans les faits, les Américains enveniment donc la situation sous prétexte de soutenir la Corée du Sud.
En clair, cela crée une synergie pour la capacité des États-Unis à contrer l’axe sino-russe dans la région Asie-Pacifique. Le journal Izvestia a rapporté la
semaine dernière, citant des sources du ministère de la défense à Moscou, qu’un renforcement du déploiement en Extrême-Orient était à l’étude et qu’il pourrait inclure le basculement des
porte-missiles stratégiques Tu-160 “White Swan” dans
la région de l’Amour – un bombardier stratégique supersonique multimode à géométrie d’aile variable, conçu pour frapper l’arrière profond à une vitesse pouvant atteindre 2000 km/h.
L’expert militaire Youri Lyamin a déclaré à Izvestia : “Il convient d’accorder une attention particulière au Japon, avec
lequel nous [la Russie] avons toujours des différends territoriaux concernant les Kouriles du Sud. Récemment, ce pays [le Japon] a augmenté ses dépenses militaires et prévoit également de
développer des systèmes d’armes de choc. Il est donc nécessaire de renforcer nos forces de dissuasion afin de neutraliser la menace venant de cette direction“.
Cependant, la géopolitique de l’Extrême-Orient a également d’autres dimensions. La valeur commerciale de la route maritime de l’Arctique est sous les feux de la
rampe, “un domaine important où la Chine et la Russie ont
un potentiel et devraient renforcer leur collaboration“, a écrit le Global Times cette semaine.
La Russie teste actuellement la route maritime arctique avec une cargaison de pétrole brut destinée à la Chine, qui devrait arriver le 12 août à Rizhao, dans la
province de Shandong, dans l’est de la Chine. Cette route pourrait réduire de près d’un tiers la distance maritime entre l’Europe et l’Asie du Nord-Est, par rapport à la route de Suez, qui est
actuellement utilisée pour la plupart des exportations de pétrole russe vers la Chine et l’Inde.
Il ne fait aucun doute que le changement climatique alimente l’intérêt pour le transport maritime dans l’Arctique. Mais il s’agit également d’une nouvelle étape
dans la compétition mondiale entre les puissances, qui met en jeu des intérêts politiques et économiques pour le commerce entre l’Asie et l’Europe. L’importance stratégique est profonde, puisque
la route du Nord n’est pas sous le contrôle des États-Unis, contrairement au détroit de Malacca.
Le Global
Timesécrit :
“Du point de vue de la géopolitique, une planification
précoce et des précautions en termes de diversification des routes maritimes sont primordiales pour la sécurité économique et commerciale de la Chine. Par conséquent, la Chine doit s’associer à
la Russie pour développer de nouvelles routes maritimes dans l’Arctique, dans l’intérêt stratégique à long terme.”
Il faut noter que l’approfondissement de la coopération entre les marines chinoise et russe, en particulier les patrouilles
conjointes, etc., change la donne dans la géopolitique de l’Extrême-Orient et du Pacifique occidental.
Qu’en est-il de la Corée du Nord ? Le port de Rajin, situé sur la côte nord-est de la Corée du Nord, est le port libre de glace le plus septentrional d’Asie.
Rajin pourrait devenir une “plaque tournante logistique” s’il était relié au chemin de fer
transsibérien. Il existe déjà une voie ferrée reliant la Russie et la Corée du Nord via le passage du fleuve Tumen pour atteindre le port de Rajin (conformément à un accord signé en 2008 entre
les chemins de fer des deux pays).
Une zone économique spéciale à Ranjin s’intègrerait d’une part
dans le réseau de transport maritime de l’Arctique et, d’autre part, dans le groupe de ports d’Asie du Nord-Est où les navires transitant par la route maritime du Nord pourraient arriver ou
partir, trois d’entre eux – Busan, Qingdao et Tianjin – étant également les dix ports à conteneurs les plus fréquentés au monde.
En effet, la stratégie étasunienne visant à maintenir les tensions à un niveau élevé autour de la Corée du Nord est évident. Pour que Rajin devienne réellement une
plaque tournante logistique, il faudrait probablement que la situation politique dans la péninsule coréenne change radicalement.
La visite inédite de Shoigu à Pyongyang a un objectif bien plus important : intégrer la Corée du Nord dans la géoéconomie de l’Eurasie. L’envisager en termes de
somme nulle ne rendrait pas justice aux ressources intellectuelles de la Russie pour planifier l’avenir avec une vision à long terme. Ne soyez pas surpris si les discussions de Shoigu à Pyongyang
figurent dans la prochaine visite de Poutine en Chine en octobre, pour mettre
l’accent sur l’initiative des “Nouvelles routes de
la soie“.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Contre-Révolution – «Savez-vous quelle heure il est ?»
Pour être franc, les États-Unis et l’Europe ont foncé effrontément dans les pièges qu’ils se sont eux-mêmes tendus. Pris dans les mensonges et les
tromperies tissés autour d’un prétendu héritage d’un ADN culturel supérieur (garantissant, dit-on, une victoire presque certaine), l’Occident s’éveille à un désastre qui se rapproche
rapidement et auquel il n’y a pas de solution facile. L’exceptionnalisme culturel, ainsi que la perspective d’une «victoire» évidente sur la Russie, se dissipent rapidement – mais la
sortie de l’illusion est à la fois lente et humiliante.
La dévastation à venir n’est pas seulement centrée sur l’échec
de l’offensive en Ukraine et sur la faiblesse de l’OTAN. Elle comprend de multiples vecteurs qui se sont accumulés au fil des ans, mais qui atteignent leur point culminant de
manière synchronisée.
Aux États-Unis, la période précédant des élections capitales est en cours. Les démocrates sont dans l’embarras : Le parti a depuis longtemps tourné le dos à
ses anciens électeurs ouvriers, s’engageant à la place avec une «classe créative» urbaine dans un projet exalté d’«ingénierie sociale» de redressement moral, en alliance avec la Silicon
Valley et la Nomenklatura permanente. Mais cette expérience a pris du plomb dans l’aile, devenant de plus en plus extrême et absurde. Les réactions s’accumulent.
Comme on pouvait s’y attendre, la campagne démocrate ne progresse pas. La cote de popularité de l’équipe Biden est très basse. Mais la famille Biden insiste
sur le fait que Biden doit persévérer dans sa candidature et ne pas céder à un autre. Que Biden reste ou qu’il parte, il n’y a pas de solution toute faite à l’énigme d’un parti qui n’est
pas performant et qui n’a pas de plate-forme.
Le paysage électoral est en désordre. L’artillerie lourde de la «guerre judique» est destinée à briser les défenses de Trump et à le chasser du terrain,
tandis que la multiplication des révélations sur les malversations de la famille Biden est destinée à user et à faire imploser la bulle Biden. L’establishment démocrate est également
effrayé par la manœuvre de flanc de la candidature de R. F. Kennedy, qui fait rapidement boule de neige.
En d’autres termes, l’idéologie démocrate de la réparation historique est en train de séparer les États-Unis en deux pays vivant sur une même terre. Elles
ne sont pas tant divisées par les «Rouges ou les Bleus», ou par les classes sociales, mais par des «façons d’être» irréconciliables. Les anciennes catégories : Gauche, Droite, démocrate
ou GOP sont en train d’être dissoutes par une guerre culturelle qui ne respecte aucune catégorie, dépassant les frontières de la classe et de l’appartenance à un parti. En effet, même les
minorités ethniques ont été aliénées par les zélotes qui veulent sexualiser les enfants dès l’âge de 5 ans et par l’imposition de l’agenda trans aux enfants des écoles.
L’Ukraine a servi de solvant à l’ordre ancien et est devenue l’albatros qui pend au cou de l’administration Biden : Comment faire passer la débâcle
imminente de l’Ukraine pour une «mission accomplie» ? Est-ce possible ? Parce que l’échappatoire d’un cessez-le-feu et d’une ligne de contact gelée est inacceptable pour Moscou. En bref,
la «guerre de Biden» ne peut pas continuer comme elle est, mais elle ne peut pas non plus faire «autre chose» sans s’exposer à l’humiliation. Le mythe de la puissance américaine, de la
compétence de l’OTAN et de la réputation de l’armement américain est en jeu.
Le récit économique («tout va bien») est sur le point, pour des raisons quelque peu indépendantes les unes des autres, de tourner au vinaigre. La dette –
enfin – devient l’épée suspendue au-dessus du cou de l’économie. Le crédit se resserre. Le mois prochain, le bloc BRICS-SCO prendra les premières mesures stratégiques pour libérer jusqu’à
40 pays du dollar. Qui achètera alors les 1100 milliards de dollars de bons du Trésor de Mme Yellen – aujourd’hui et à l’avenir – qui sont nécessaires pour financer les dépenses du
gouvernement américain ?
Ces événements sont apparemment déconnectés les uns des autres, mais en réalité, ils forment une boucle qui se renforce elle-même. Une boucle qui conduit à
une «ruée sur la banque politique», c’est-à-dire sur la crédibilité même des États-Unis.
Face à de nombreuses questions – et à l’absence de solutions – l’humeur de certains secteurs de l’électorat est radicale et de plus en plus iconoclaste.
Un esprit
contre-révolutionnaire, peut-être. Il est trop tôt pour dire s’il emportera la majorité, mais c’est possible, car le radicalisme vient des deux ailes : la base du GOP et le «camp»
Kennedy.
Un groupe d’électeurs du GOP divise les dirigeants conservateurs en deux camps : ceux qui «savent l’heure qu’il est» et ceux qui ne la savent pas. C’est le
slogan de la droite qui est devenu de plus en plus important pour une aile importante du parti qui voit un pays affaibli et corrompu par l’idéologie ; qui estime qu’il n’y a presque plus
rien à «conserver». Le renversement de l’ordre post-américain existant et le rétablissement des anciens principes des États-Unis dans la pratique sont préconisés comme une sorte de
contre-révolution – et comme la seule voie à suivre.
L’aphorisme «savoir quelle heure il est» fait référence à un sentiment d’urgence émergeant et à un appétit pour une action d’envergure, et non à des débats
académiques interminables et ennuyeux parmi les conservateurs à l’esprit plus populiste. «Le postulat est que
la lutte contre le pouvoir culturel occidental est existentielle et que les tactiques extrêmes qui choqueraient l’ancienne génération de conservateurs doivent être la norme».
En fait, si un dirigeant n’est pas choquant dans sa conduite et ses propositions, il ou elle «ne sait probablement pas quelle heure il est».
La deuxième caractéristique de cette mentalité «nous contre eux» est que tout consensus politique déclenche ipso facto la suspicion et devient un point
d’attaque.
«Lorsque l’on s’en
rend compte, ce qui ressemble d’abord à un méli-mélo d’idées différentes semble plus unifié. La politique de santé du Covid, le rejet du 6 janvier, le budget du Pentagone, l’immigration,
le soutien à l’Ukraine, la promotion de la diversité raciale, les droits des transsexuels – autant de questions qui bénéficient d’un certain consensus bipartisan au sein de l’élite. Mais
pour l’aile Tucker Carlson, les républicains qui embrassent ces sujets ne savent tout simplement pas quelle heure il est», explique Politico.
Ce qui est frappant dans cette formulation, c’est que tout comme le soutien sans réserve aux pratiques réglementaires du Covid était un «marqueur» de
«pensée correcte» à l’époque de la pandémie, le soutien à l’Ukraine est défini comme un «marqueur» de pensée libérale correcte (et d’appartenance à l’équipe) dans l’ère
post-pandémique.
Cela suggère que – d’ores et déjà et à l’approche des élections – l’Ukraine ne fera plus l’objet d’un soutien bipartisan, mais deviendra plutôt une épée
utilisée contre l’establishment détesté du parti unique, et tout soupçon d’erreur majeure deviendra une pièce maîtresse dans cette guerre contre-révolutionnaire.
Le GOP a le sentiment que la culture américaine a dérapé : La législation a été bloquée au Congrès au début du mois, lorsque l’ancien sacro-saint projet de
loi sur la Défense du Pentagone est devenu la cible d’amendements
de guerre culturelle sur l’avortement, la diversité et le genre, qui risquaient d’en faire échouer l’adoption. Le président McCarthy a été contraint d’accepter la rébellion de
l’extrême droite contre le projet de loi sur le budget de la Défense et de le faire adopter, sans le soutien bipartisan habituel.
Les mesures suppriment le financement des initiatives en faveur de la diversité dans l’armée et ajoutent des restrictions sur l’avortement et les soins aux
transgenres pour les membres des forces armées. Les députés du GOP ont déclaré avoir agi parce que l’idéologie libérale affaiblissait
l’armée. Mais les amendements mettent en péril le projet de loi au Sénat, qui est contrôlé par les démocrates.
Les sentiments exacerbés des deux côtés se reflètent dans un sondage qui a révélé qu’environ 80% des républicains pensent que le programme des démocrates
«s’il n’est pas arrêté, détruira les États-Unis tels que nous les connaissons». Selon un sondage réalisé par NBCNews à
l’automne dernier, environ la même proportion de démocrates craint le programme des républicains, estimant qu’il détruira le pays.
Le président de la Heritage Foundation, Kevin Roberts, souligne le
rôle de Tucker Carlson qui consiste à «dire la vérité au
public américain». Carlson comprend les «fissures dans le
consensus économique, les fissures dans la politique étrangère et, ce qui est le plus important pour moi, comme certains conservateurs aiment à le dire : [il sait] ‘quelle heure il
est’».
Carlson reproche au GOP, favorable aux entreprises, de se montrer complaisant à l’égard des sociétés qui ont délocalisé des emplois dans l’industrie
manufacturière. Il a fait de la critique des conservateurs à l’égard des opérations chirurgicales de transition de genre pour les mineurs un courant dominant. En matière de politique
sociale et fiscale, Carlson est allé là où les conservateurs plus traditionnels ne voulaient pas aller. Et son influence était incontestable. «L’élément clé»,
a déclaré Roberts, «c’est que Tucker se
considère comme ayant une obligation morale au nom du conservateur moyen».
Les démocrates et d’autres personnes du camp libéral, cependant, affirment que la guerre culturelle du GOP n’est qu’un simple retour de bâton contre une
plus grande acceptation de la diversité croissante du pays, qui, selon eux, aurait dû avoir lieu depuis longtemps aux États-Unis.
«La contre-révolution
a transformé la prochaine course à la Maison-Blanche en un moment existentiel. Très peu de gens parlent de la réforme fiscale, et tout le monde parle des questions culturelles»,
a déclaré un
dirigeant républicain ; «ils considèrent la
politique comme une situation de vie ou de mort».
Le candidat à la présidence du GOP, Ramaswamy, qui s’est exprimé au début du mois, a mis en garde contre la disparition du patriotisme, de l’ardeur au
travail et d’autres valeurs : «C’est alors que le
poison commence à remplir le vide – wokisme, transgenderisme, climatisme, covidisme, dépression, anxiété, consommation de drogues, suicide».
Un feu d’artifice s’annonce donc aux États-Unis. En Europe, en revanche, rares sont ceux qui «savent l’heure qu’il est». La guerre culturelle a, comme
prévu, affaibli le sentiment d’appartenance collective aux différentes cultures européennes. Et les réactions sont discrètes. L’Europe reste globalement torpide et léthargique (la classe
dirigeante compte sur cette dernière pour survivre).
Cependant, alors que les feux d’artifice américains illuminent le ciel politique, la résonance en Europe est presque certaine. Les Européens partagent la
méfiance à l’égard de leurs élites et de la technocratie bruxelloise de la même manière que les circonscriptions Carlson-Kennedy.
Les euro-élites méprisent le peuple. Les Européens ordinaires savent que leurs dirigeants les considèrent avec mépris – et savent que leurs élites le savent
aussi.
Le feu qui fera couler le fer européen est l’économie : Une série de mauvaises décisions a hypothéqué
l’avenir économique de l’Europe pour les années à venir. L’austérité arrive. Et l’inflation ravage le niveau de vie des citoyens, voire leur capacité à vivre.
Un feu d’artifice s’annonce pour l’Europe, mais lentement. Il a déjà commencé (les gouvernements tombent), mais les États-Unis sont à l’avant-garde d’un
changement radical, car l’Occident perd son emprise sur le méta-récit selon lequel sa «vision» est uniquement le paradigme à travers lequel la «vision» du monde doit également être
façonnée. Un changement qui change tout.
La « fabrique de l’ennemi » repose sur plusieurs types d’opération psychologiques pour manipuler l’opinion publique internationale. Chose d’autant plus facile dans une société guidée
par l’émotion et sans racines culturelles très profondes … Il faut simplement du temps et de l’argent. La CIA et le MI6 sont passés maîtres dans cet exercice de manipulation des esprits.
Hollywood – ou « Hollywar » – a été fortement mis à contribution à cette fin. Pierre Conesa l’a parfaitement démontré à travers des exemples tirés du cinéma américain. Ainsi que le
soulignent Erwan Benezet et Barthélemy Courmont[1], « L’industrie
cinématographique américaine représente à la fois un reflet de la puissance de Washington et l’un des meilleurs promoteurs de ses valeurs. Cet outil du soft power constitue, lorsqu’il est
intelligemment utilisé par les autorités, une arme nettement plus redoutable que les attributs traditionnels de la puissance ». L’ancien Marine et expert militaire auprès de l’ONU,
Scott Ritter, illustre une autre composante de cette « fabrique ». Le chroniqueur américain, désormais bien connu, a en effet mis en ligne la 2ème partie
de son enquête documentaire intitulée « Agent Zelensky ». Concernant l’arrivée « surprise » au pouvoir du président ukrainien, Ritter démontre la thèse selon laquelle le
« développement » et la « promotion » de ce projet, par les agences de renseignement occidentales, ont commencé bien avant les élections présidentielles en Ukraine en 2019.
Cet article est initialement paru sur le site mk.run’engage pas la ligne éditoriale
du Courrier des Stratèges.
L’enquête est de grande envergure : elle couvre pratiquement toute la période post-soviétique de la formation de l’État indépendant d’Ukraine. État qui,
en fait, n’est pas devenu indépendant, puisqu’en réalité, depuis 1991, il est tombé sous la tutelle étroite des services spéciaux étrangers. Tout d’abord, la CIA américaine puis le MI6
britannique. Mais dans l’enquête, un accent particulier est mis sur la figure de Vladimir Zelensky, qui a conduit son pays à un conflit armé avec la Russie.
Le choix d’une « marionnette obéissante »
Comme le montre le film de Scott Ritter, Zelensky n’est pas devenu président du jour au lendemain. Et le peuple ukrainien n’a aucun mérite particulier dans ce
choix. Il a simplement accompagné cette opération conduite d’une main magistrale pour aboutir à ce résultat. Tout a commencé avec le choix de la CIA et du MI6 de disposer d’une seconde
« marionnette » obéissante, afin de remplacer un Petro Porochenko entaché de corruption. Un acteur aux ambitions démesurées, mais peu versé dans les querelles politiques, pouvait
s’en sortir parfaitement.
Selon Ritter, lors de la création du film « Servant of the People », seule une petite partie du mérite revient aux scénaristes de « Quarter-95 »
Studio ( Kvartal 95) : le script a été
« utilement conçu » pour promouvoir le personnage principal joué par Vladimir Zelensky. Et puis positionner le protagoniste bien-aimé comme un vrai candidat à la présidentielle. Un
rôle important à cet égard a été joué par l’oligarque Igor Kolomoisky, qui, avec l’aide de son talentueux protégé, a tenté de blanchir ses péchés financiers envers les États-Unis.
Un immense patrimoine immobilier
Afin que Zelensky devienne obéissant et exécute sans hésitation la volonté des commanditaires, une contrainte financière a été instituée : aucun de ses films
et programmes télévisés ne pouvait lui rapporter les revenus qu’il percevait auparavant, tant qu’il ne deviendrait pas candidat à la présidentielle. Scott Ritter a répertorié méthodiquement
les biens immobiliers de Zelensky, qu’il possédait au moment de sa candidature et dont la plupart ont été dissimulés par lui, en l’absence de toute déclaration. Une villa à Miami pour 34 millions
de dollars ; une maison pour ses parents en Israël sur la côte méditerranéenne pour 8 millions de dollars ; une villa dans la station balnéaire italienne de Forte dei Marmi pour 3,8
millions de dollars ; un appartement à Londres sur la légendaire Baker Street pour 3 millions de dollars ; cinq appartements dans un appart-hôtel à Batumi et, bien sûr, un penthouse en
Crimée – à Livadia – pour 164.000 $. Soit dit en passant, c’est ce bien immobilier de Crimée qui a coûté le moins cher au couple Zelensky !
Comment Zelensky a-t-il obtenu un tel argent, même s’il est considéré comme un producteur à succès ?
Cela a été raconté en 2020 par des journalistes d’investigation qui ont publié les soi-disant archives de « Pandora Papers ». Selon ces documents,
Zelensky possédait un certain nombre de sociétés offshore à travers lesquelles l’argent de « bonnes personnes » avait été blanchi. Notamment en 2012-2014, Igor Kolomoisky
avait dépensé 41 millions de dollars via ces sociétés offshore…
En même temps, comme le relate Scott Ritter, « Nous
devons admettre l’évidence : Volodymyr Zelensky est avare, cupide. Et il l’a toujours été. De plus, il a des ambitions exorbitantes. Selon les mémoires du producteur de Los Angeles, Igor
Lopatenok, « quand Zelensky est venu à Hollywood, il a toujours demandé qu’une rencontre soit organisée avec des stars, telles que DiCaprio, et c’était censé être une réunion personnelle,
selon le protocole. C’est une indication de son ego exorbitant. » C’est une telle personne, submergée par les passions, qu’il vaut mieux apprivoiser…
La mission du MI6 confiée à Zelensky date de 2020 et comportait 10 tâches
Selon Scott Ritter, la tâche immédiate de transformer l’Ukraine en « bélier antirusse » a été confiée à Zelensky à l’automne 2020, à Londres, lors d’une réunion
nocturne au bureau du MI6 avec le chef du renseignement britannique, Richard Moore. Ritter note le caractère sans précédent de cette réunion : généralement, les chefs d’État rencontrent des
égaux. Et aucun d’entre eux ne se permettrait de se traîner au bureau du renseignement la nuit. Seuls les agents recrutés font ce genre de chose. Selon Ritter, Moore a appelé Zelensky
pour lui expliquer l’étendue de son indépendance, ainsi que de qui il relève réellement. Puis il a été entouré de gardes du corps britanniques, qui l’accompagnent partout, même à la
résidence du pape.
Toujours selon Scott Ritter, au cours des quatre années de sa présidence, Zelensky a accompli dix tâches qui lui avaient été confiées par ses commanditaires pour
détruire l’Ukraine. La tâche numéro un était d’éradiquer la langue russe. La tâche numéro deux consistait à achever le processus de schisme de l’église. La troisième tâche était de
détruire la mémoire de la grande Victoire de 1945 en réécrivant l’histoire. La tâche numéro quatre était l’élimination des médias libres. La cinquième tâche visait à interdire les activités de
l’opposition. La sixième tâche était de faire du pays un terrain d’essai non seulement pour les armes étrangères, mais aussi pour l’expérimentation humaine. La septième concernait la
préparation directe du pays à un affrontement armé avec la Russie, la huitième, la légalisation du nazisme dans le pays. La neuvième tâche portait sur la vente des terres fertiles de l’Ukraine à
des sociétés étrangères. Enfin, la dixième tâche était de préparer la vente de toutes les ressources du pays en les entraînant dans un processus de prêt insensé.
Scott Ritter conclut que « l’agent Zelensky a accompli les tâches qui lui étaient confiées ». Dès lors, une question demeure : Ses
commanditaires auront-ils besoin de lui maintenant …
Comment l’Afrique a surpris l’Occident pendant la guerre en Ukraine
Voici une analyse du site géopolitique et militaire des États-Unis. Il frappe par la lucidité, l’attachement aux faits, à l’inverse de ce qu’on peut lire
dans la presse française qui atteint des sommets dans la vassalité à la propagande de l’UE. L’article analyse la surprise et à l’inquiétude des États-Unis et de l’Europe face à la réponse
prédominante de l’Afrique à la guerre en Ukraine qui a été la neutralité et le soutien croissant à un monde multipolaire. Il montre la multiplicité des causes de ce soutien. Il n’y a pas
que l’Afrique, nous avons vu l’attitude de l’Amérique latine, celle de la majeure partie de l’Asie. Les pays africains eux aussi se rendent compte que l’hégémonie américaine peut être
tout aussi facilement utilisée comme arme contre eux et ils ne voient aucun intérêt à se mêler à la nouvelle guerre froide tandis que la proposition de choix au gré de leurs intérêts
représentée par les BRICS leur convient. Cependant il faut mesurer le courage politique du continent africain. Ce n’est pas la première fois et jamais les États-Unis quelles que soient
les menaces et les promesses utilisées n’a réussi à faire plier les pays africains dans leur dénonciation du blocus de Cuba. On mesure mal ce qui est en train de naître dans ce continent
dans lequel la France de Macron, sa volonté colonisatrice, son paternalisme sont de plus en plus dénoncées comme le décrit l’article : le monde bouge et il va dans le bon sens, ou la
France change ou elle sera jetée avec ses gouvernants dans les poubelles de l’histoire.
À la surprise et à l’inquiétude des
États-Unis et de l’Europe, la réponse prédominante de l’Afrique à la guerre en Ukraine a été la neutralité et le soutien croissant à un monde multipolaire.
Le 20 mars, le président russe Vladimir Poutine a rencontré le président chinois Xi Jinping à Moscou. La réunion, au cours de laquelle les deux dirigeants
ont «réaffirmé la
nature particulière du partenariat russo-chinois», pourrait être un moment crucial dans l’émergence du nouveau monde multipolaire qui défie l’hégémonie américaine.
Mais alors que les États-Unis et leurs partenaires européens regardaient et s’inquiétaient de la réunion avec Xi, Poutine était occupé à faire la navette
entre cette réunion et une conférence à laquelle participaient des représentants de plus de quarante pays africains. La conférence s’appelait Russie-Afrique dans un monde
multipolaire.
La réponse africaine à la guerre en Ukraine a surpris les États-Unis. La conférence, qui a attiré un grand nombre de participants, a démontré que les pays
africains n’abandonnaient pas la Russie malgré la guerre. Aucun pays d’Afrique n’a rejoint les sanctions dirigées par les États-Unis contre la Russie et la position dominante du continent
a été la neutralité. Les États-Unis attendaient un fort soutien de l’Afrique et une condamnation ferme de la Russie. Au lieu de cela, il a vu la neutralité de la plupart, un manque de
condamnation de la Russie de la part de beaucoup, et le blâme placé sur les États-Unis et l’OTAN par plusieurs.
Lors de la conférence de Moscou, Poutine a été chaleureusement accueilli par les délégués. Poutine a qualifié la conférence d’«importante dans le
contexte du développement continu de la coopération multiforme de la Russie avec les pays du continent africain» et a déclaré : «Le partenariat entre
la Russie et les pays africains a pris
un élan supplémentaire et atteint un tout autre niveau». Il a promis que la Russie «a toujours considéré
et considérera toujours la coopération avec les États africains comme une priorité». Le ton était très différent de ce que l’Afrique entend des États-Unis et de l’Europe. L’effet a
également été très différent.
Les représentants de nombreux pays africains participant à la conférence sur la Russie et l’Afrique dans un monde multipolaire se sont joints à Poutine dans
l’appel pour ce nouveau monde. Les représentants de l’Afrique du Sud et du Congo ont déclaré que leurs pays soutenaient un monde multipolaire, tout comme les représentants du Bénin, du
Burkina Faso, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Zimbabwe, du Mali et d’autres pays.
«À la surprise des
États-Unis», m’a dit Alden Young, professeur d’études afro-américaines à UCLA, «Poutine trouve un
public réceptif quand il parle de multipolarité en Afrique». Il dit que l’idée «résonne
indépendamment de la Russie». Les pays africains se rendent compte que l’hégémonie américaine peut être tout aussi facilement utilisée comme arme contre eux.
Il y a une profonde insatisfaction à l’égard de l’unipolarité en Afrique. Young dit que les États africains se sentent «marginalisés» et
qu’ils sont «frustrés par leur
incapacité à avoir une voix plus large dans les organisations internationales». Comme l’Afrique du Sud l’a vu avec les BRICS dirigés par la Russie et la Chine, peut-être la seule
organisation internationale importante dans laquelle un pays africain a une voix égale, la multipolarité offre une alternative.
La conférence Russie-Afrique dans un monde multipolaire était une préparation pour le deuxième Sommet Russie-Afrique qui se tiendra en Russie en juillet.
Olayinka Ajala, maître de conférences en politique et relations internationales à l’Université Leeds Beckett, m’a dit que «l’objectif principal
de la Russie et de la Chine en ce moment est d’amener les pays africains à soutenir la monnaie proposée par les BRICS et ce sera un sujet majeur de la prochaine conférence». Il a
ajouté : «Avec une population
de plus de 1,2 milliard d’habitants, si la Russie et la Chine parviennent à convaincre les pays africains de la nécessité d’abandonner le dollar, ce sera un coup dur pour les
États-Unis». La libération de l’hégémonie du dollar américain est un mécanisme de libération de l’hégémonie américaine dans un monde unipolaire.
Le nouveau concept de politique étrangère de la Russie, publié en mars, promet que
la Russie «est solidaire de
l’Afrique dans son désir d’occuper une place plus importante dans le monde et d’éliminer les inégalités causées par les «politiques néocoloniales de certains États développés»».
Moscou est prêt à soutenir la souveraineté et l’indépendance des nations africaines, y compris par l’aide à la sécurité ainsi que par le commerce et les investissements.
«La Russie, dit Young,
a le doigt sur le pouls et répond à des demandes qui sont populaires dans la grande majorité du monde. L’administration Biden en revanche est déconnectée : ces gens pensaient que ce
n’étaient pas de vrais griefs».
La réponse de neutralité de l’Afrique n’est pas que le continent refuse de prendre position. C’est la nouvelle position puissante que vous n’avez pas à
choisir un camp dans un monde où vous pouvez vous associer à de nombreux pôles, dans un monde où vous n’avez pas à vous ranger derrière les États-Unis dans un monde unipolaire ou à
choisir entre des blocs dans une nouvelle guerre froide.
Les États-Unis ont exercé une pression intense sur l’Afrique pour qu’elle soutienne les sanctions dirigées par les États-Unis. L’ambassadrice des États-Unis
à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré aux pays africains que «si un pays décide de
s’engager avec la Russie, où il y a des
sanctions, alors ils enfreignent ces sanctions». Elle les a avertis que s’ils enfreignent ces sanctions, «ils ont la chance que
des mesures soient prises contre eux». Néanmoins, aucun
pays africain n’a sanctionné la Russie. Sa menace a eu l’effet inverse, m’a dit Ajala : elle «n’a fait que
renforcer la détermination des pays africains à rester fermement sur leur position».
Ajala rapporte que le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que «son pays a subi des
pressions pour adopter une position très antagoniste contre la Russie». Ramaphosa a non seulement repoussé cette pression et a insisté, au lieu de cela, sur les négociations, mais a
blâmé les États-Unis et l’OTAN. Il a
déclaré au parlement sud-africain que «la guerre aurait pu
être évitée si l’OTAN avait tenu compte des avertissements de ses propres dirigeants et responsables au fil des ans selon lesquels son expansion vers l’est conduirait à une plus grande
instabilité dans la région, et non à une moindre instabilité».
En juillet 2022, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu en Afrique du Sud pour avertir Pretoria de ne pas coopérer avec la Russie et pour
gagner le soutien des États-Unis. Cela ne s’est pas bien passé. En septembre 2022, le président Joe Biden a rencontré Ramaphosa pour tenter de persuader le pays considéré comme leader de
la neutralité africaine et du refus de condamner la Russie. Cela ne s’est pas mieux passé. L’Afrique du Sud a refusé de se joindre aux sanctions américaines contre la Russie et s’est
abstenue de voter contre la Russie aux Nations unies. Le 23 janvier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est
arrivé en Afrique du Sud pour des pourparlers visant à renforcer leurs relations. En février, l’Afrique du Sud, ignorant les critiques des États-Unis et de l’UE, a organisé
des exercices
d’entraînement militaire conjoints avec la Russie et la Chine sur sa côte. Ajala dit que l’exercice de la marine «a été une
préoccupation pour les pays occidentaux, en particulier les États-Unis». La Force de défense nationale sud-africaine a déclaré que les exercices sont un «moyen de renforcer
les relations déjà florissantes entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine».
Avec la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil, l’Afrique du Sud est membre des BRICS, une organisation internationale destinée à équilibrer l’hégémonie
américaine et à faire progresser un monde multipolaire. L’Égypte, le Nigeria et le Sénégal ont récemment été accueillis en
tant qu’invités à la réunion des ministres des Affaires étrangères des BRICS.
Le 3 juin 2022, le président du Sénégal, Macky Sall, était accompagné du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, lors d’un
voyage à Moscou. Ce défi à l’isolement occidental de la Russie était particulièrement inquiétant pour Washington et l’Occident parce que Macky Sall n’est pas seulement le président du
Sénégal, mais était, à l’époque, le président de l’Union africaine. Selon Ajala, Washington et l’Occident se sont demandé si la position de Sall devait être interprétée comme représentant
la position de l’Afrique dans son ensemble.
Il y a de nombreuses raisons à la position majoritairement neutre de l’Afrique et à sa défense d’un monde multipolaire. Et surtout, l’Afrique a du mal à
adhérer au message américain selon lequel la Russie est le méchant historique qui rejette le droit international et ne respecte pas la souveraineté des autres pays alors que l’Amérique
est le héros qui les protège.
En avril, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, s’est
plainte que «cette notion de
règles internationales est très confortable pour certaines personnes à utiliser quand cela leur convient, mais elles ne croient pas aux règles internationales quand cela ne leur convient
pas … Si vous croyez vraiment au droit international, alors chaque fois que la souveraineté est violée, elle doit s’appliquer… Nous utilisons le cadre du droit international de manière
inégale selon les personnes concernées».
Poutine a rappelé à son auditoire lors de la conférence que «depuis la lutte
héroïque des peuples africains pour l’indépendance, il est de notoriété publique que l’Union soviétique a fourni un soutien important aux peuples d’Afrique dans leur lutte contre le
colonialisme, le racisme et l’apartheid». Il a ensuite fait le point sur le fait qu’«aujourd’hui, la
Fédération de Russie poursuit sa politique de soutien et d’assistance au continent».
Son auditoire réceptif était d’accord. Un représentant de l’Afrique du Sud a
rappelé que «la Russie n’a pas
d’héritage colonial en Afrique et aucun pays africain ne considère la Russie comme un ennemi. Au contraire, vous nous avez aidés dans notre libération, vous êtes un partenaire
fiable». Un représentant de la République du Congo a rappelé que «les relations entre
la Russie et l’Afrique sont devenues spéciales pendant la période de lutte pour l’indépendance, lorsque l’Union soviétique était la principale force soutenant les mouvements de libération
nationale. Ainsi, l’URSS est devenue le défenseur des opprimés. Ensuite, c’était l’URSS, et maintenant c’est la Russie qui prend une place spéciale parmi les amis du Congo dans les
moments difficiles». Un représentant de la Namibie a déclaré que son pays serait toujours reconnaissant à la Russie et apprécierait son soutien.
S’exprimant un mois avant la conférence, le ministre ougandais des Affaires étrangères, Jeje Odongo, a
souligné que «nous avons été
colonisés et nous avons pardonné à ceux qui nous ont colonisés. Maintenant, les colonisateurs nous demandent d’être les ennemis de la Russie, qui ne nous a jamais colonisés. Est-ce juste
? Pas pour nous. Leurs ennemis sont leurs ennemis. Nos amis sont nos amis».
Il y a une longue histoire de colonialisme américain et européen. En mars, lors d’une conférence de presse conjointe, le président de la République
démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a jugé nécessaire de réprimander le président français Emmanuel Macron, en
lui disant : «Cela doit changer, la
façon dont l’Europe et la France nous traitent, vous devez commencer à nous respecter et à voir l’Afrique d’une manière différente. Vous devez cesser de nous traiter et de nous parler sur
un ton paternaliste. Comme si vous aviez déjà absolument raison et que nous ne sommes rien».
Dans un renversement du récit officiel, en Afrique, avec son histoire de colonialisme, il n’est pas difficile de voir les États-Unis et l’Europe comme le
méchant et la Russie comme le héros.
Et, comme le colonialisme flagrant a été remplacé par un néocolonialisme subtil, rien n’a changé. Le néocolonialisme est un colonialisme imposé sans règle
formelle. C’est le colonialisme réalisé, non pas en contrôlant le territoire d’un pays, mais en contrôlant son économie. En 1965, le président ghanéen Kwame Nkrumah a déclaré que
«le
néocolonialisme est la pire forme d’impérialisme». Il a expliqué que «le capital étranger
est utilisé pour l’exploitation, plutôt que pour le développement des régions moins développées du monde». Quelques mois plus tard, Nkrumah a été éliminé lors d’un coup d’État
militaire soutenu par les États-Unis.
Un économiste principal du Fonds monétaire international qui a conçu des programmes d’ajustement structurel en Afrique avouera plus tard que «tout ce que nous
avons fait à partir de 1983 était basé sur notre nouveau sens de la mission de privatiser ou de faire en sorte que le Sud «privatise» ou meure ; à cette fin, nous avons ignominieusement
créé un barbelé économique en Amérique latine et en Afrique».
Le coup d’État contre Nkrumah n’était pas le seul. Les Africains se souviennent également du coup d’État au Congo au cours duquel Patrice Lumumba a été
assassiné. Comme le colonialisme a cédé la place au néocolonialisme, les coups d’État ont cédé la place aux coups d’État contemporains. Selon Nick Turse, depuis 2008, des officiers formés
par les États-Unis ont tenté au moins neuf coups d’État en Afrique de l’Ouest.
Il existe un certain nombre d’autres motivations contemporaines pour la neutralité africaine. Le plus important est le soutien à un monde multipolaire. Mais
de nombreux pays africains voient également la guerre en Ukraine comme une autre guerre froide par procuration entre l’OTAN et la Russie dans laquelle s’impliquer n’apporte aucun
avantage. L’Afrique estime que, «bien qu’il y ait des
implications mondiales, c’est avant tout un problème occidental», a
déclaré Mvemba Dizolele, directeur du programme Afrique au Centre d’études stratégiques et internationales, au Washington
Post. «Les Africains sont
habitués à ce qu’on leur dise quand ils ont des problèmes, ils devraient trouver une solution africaine à leur problème», a-t-il dit. «Cela fait partie de
l’état d’esprit: pourquoi votre problème doit-il être le problème du monde entier ?»
Alden Young est d’accord. Il m’a dit que les pays africains se sont longtemps sentis négligés dans les relations américano-africaines. Il a déclaré que
l’Afrique estime que les États-Unis «ne s’inquiètent de
l’Afrique que lorsqu’elle est importante pour d’autres questions. Pas l’Afrique pour elle-même selon ses propres termes».
Un haut responsable de l’administration Biden a
déclaréau Washington
Post que «les dirigeants
africains ont clairement indiqué à la Maison-Blanche et aux responsables de l’administration qu’ils veulent simplement mettre fin à la guerre», et qu’ils ne sont pas d’accord avec
les États-Unis et «s’opposent à l’idée
de punir la Russie ou d’insister sur le fait que Kiev doit accepter toute résolution».
Malgré la réticence de Washington à pousser ou à approuver des négociations, en mai, Ramaphosa a
annoncé qu’il avait eu des appels téléphoniques avec Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, qui ont tous deux accepté de recevoir séparément une délégation de
chefs d’État africains pour discuter d’un éventuel plan de paix pour mettre fin à la guerre. La délégation sera accompagnée du Sénégal, de l’Ouganda, de l’Égypte, de la République du
Congo et de la Zambie.
Il y a aussi la question des liens militaires. Plusieurs pays africains dépendent de la Russie pour leurs armes.
Bien que les médias grand public mettent souvent l’accent sur la motivation militaire, ce n’est qu’une motivation parmi tant d’autres. En plus de la
multipolarité, du colonialisme et des coups d’État, du manque d’attrait de l’implication dans une guerre par procuration et des liens militaires, il existe un certain nombre d’autres
motivations contributives.
De nombreux pays africains entretiennent des relations économiques croissantes avec la Russie. «Ce qui est
particulièrement frappant», selon Ajala, «c’est la position de
la Russie d’apporter son soutien aux pays africains sans interférer dans la politique locale». Young souligne également la «nature
transactionnelle de l’aide occidentale». L’approche russe est très différente de la politique de l’Occident consistant à dicter l’alignement idéologique ou les ajustements
structurels économiques ou politiques qui ont «privatisé» le
Sud et «créé un choc
économique» en Afrique. Young dit que «le voile que les
États-Unis font mieux s’est effondré».
Les pays africains se sont également plaints de discrimination et de négligence de la part de l’Occident. La COVID n’a pas aidé. Alors que les riches pays
occidentaux s’asseyaient sur leurs stocks de vaccins ou se débarrassaient des vaccins inutilisés et périmés, les pays africains négligés, qui pensaient pouvoir compter sur l’Occident, se
tournaient vers la Chine et la Russie. Poutine a rappelé à la conférence Russie-Afrique que «pendant la pandémie
de coronavirus, la Russie a été parmi les premiers pays à fournir aux États africains de grands volumes de vaccins, de kits de test, d’équipements de protection individuelle et d’autres
cargaisons médicales et humanitaires». Ajala dit que «le manque perçu de
soutien de l’Occident pendant la pandémie a encore éloigné les pays africains de leurs alliés occidentaux traditionnels». Les Africains en lassent, m’a dit Young, que les États-Unis
veuillent que l’Afrique se rallie derrière eux alors qu’ils n’ont pas aidé l’Afrique sur d’autres questions.
Avec le début de la guerre en Ukraine, l’Afrique s’est de nouveau souvenue de la discrimination. Le continent critique le traitement discriminatoire des
Africains en matière d’évacuation et de sécurité. «Les Africains qui
tentaient de fuir l’Ukraine étaient victimes de discrimination raciale», a
rapportéEuronews. Les
Africains ont été empêchés de monter à bord des bus et des trains et ont subi des
violences physiques. L’International
Journal of Public Healthrapporte que
le temps moyen pour les personnes de couleur de traverser les frontières est plus long que celui des Ukrainiens. Une fois de l’autre côté de la frontière, ils «ont plus de mal à
trouver un logement temporaire et une assistance dans les pays européens». Il souligne également que les pays européens «accueillaient les
réfugiés ukrainiens blancs sans hésitation» tout en «bloquant
historiquement l’entrée des réfugiés de couleur de différents pays».
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a noté «avec une vive
inquiétude» les informations selon lesquelles des fonctionnaires empêchent les Africains de franchir la frontière ukrainienne, leur refusent l’accès aux bus et aux trains «jusqu’à ce que tous
les migrants blancs et les demandeurs d’asile aient été hébergés» et refusent «l’entrée des
personnes d’ascendance africaine dans certains pays voisins». Plusieurs pays africains ont condamné ce traitement discriminatoire, et l’Union africaine et la Commission de l’Union
africaine ont publié une déclaration dans laquelle elles se disent «particulièrement
troublées» par ce traitement discriminatoire et déclarent que «les rapports selon
lesquels les Africains sont isolés pour un traitement différent inacceptable seraient scandaleusement racistes et contraires au droit international».
La guerre en Ukraine a forcé les pays africains à se plaindre, non seulement de discrimination, mais aussi de négligence. Plusieurs pays africains dépendent
de la Russie et de l’Ukraine pour le blé et les engrais. La guerre a menacé leur
sécurité alimentaire. Ils ont donc été grandement soulagés par l’accord signé à Istanbul par la Russie et l’Ukraine pour permettre l’exportation sûre de céréales à partir des ports
ukrainiens. Mais, comme Poutine l’a rappelé aux délégués à la conférence de Moscou, «environ 45 pour cent
du volume total de céréales exportées d’Ukraine sont allés vers les pays européens, et seulement trois pour cent sont allés vers l’Afrique … malgré le fait que tout cet accord a été
présenté sous prétexte de garantir les intérêts des pays africains».
Selon l’ONU, à la date antérieure de juillet 2022, 36% étaient allés dans des pays européens et 17% avaient atteint l’Afrique. Bien qu’un peu meilleure que les statistiques de
Poutine, il est peu probable que la différence impressionne les Africains. À cette époque, seule une très petite quantité de nourriture spécifiquement expédiée dans le cadre du Programme
alimentaire mondial avait atteint l’Afrique. Reutersa
rapporté le 20 mars que «les principales
destinations des céréales expédiées dans le cadre de l’accord ont été la Chine, l’Espagne et la Turquie».
Poutine a comparé le traitement de l’Afrique par l’Occident avec «près de 12 millions
de tonnes [de céréales] … envoyé de Russie en Afrique». En novembre 2022, la Russie a
accepté d’envoyer gratuitement des céréales dans certains pays africains. Ajala dit que la volonté de la Russie de donner des céréales à l’Afrique «peut peut-être être
considérée comme soulignant l’opportunité d’une position neutre envers la guerre en Ukraine». Poutine a promis aux pays africains lors de la conférence que si l’accord céréalier
n’est pas prolongé, «la Russie sera prête
à fournir la même quantité que celle qui a été livrée dans le cadre de l’accord, de la Russie aux pays africains qui en ont grand besoin, sans frais».
Cette négligence et cette discrimination, ainsi que l’aide et le soutien, le partenariat économique libre de diktats idéologiques, les liens militaires et
une histoire continue de colonialisme et de coups d’État ont encouragé une grande partie de l’Afrique à refuser de soutenir les sanctions dirigées par les États-Unis et la condamnation de
la Russie. À la surprise et à l’inquiétude des États-Unis et de l’Europe, la réponse prédominante de l’Afrique à la guerre en Ukraine a été la neutralité et le soutien croissant à un
monde multipolaire.
L’hybris consiste à croire qu’un récit
artificiel peut, en soi, apporter la victoire.
L’hybris consiste à croire qu’un récit artificiel peut, en soi, apporter
la victoire. C’est un fantasme qui a balayé l’Occident – surtout depuis le XVIIe siècle.
Récemment, le Daily
Telegraph a publié une vidéo ridicule
de neuf minutes prétendant montrer que «les récits gagnent
les guerres» et que les revers dans l’espace de combat sont accessoires : ce qui compte, c’est d’avoir un fil de récit unique articulé, à la fois verticalement et
horizontalement, tout au long de le spectre c’est à dire du soldat des forces spéciales sur le terrain jusqu’au sommet de l’apogée politique.
L’essentiel est que «nous» (l’Occident) avons un récit convaincant, tandis que celui de la Russie est «maladroit» – «Nous gagnerons donc, c’est
inévitable».
Il est facile de se moquer, mais néanmoins on peut y reconnaître une certaine substance, même si cette substance est une invention.
Le récit est maintenant la façon dont les élites occidentales imaginent le monde.
Qu’il s’agisse de l’urgence pandémique, du climat ou des «urgences» ukrainiennes, toutes sont redéfinies comme des «guerres». Toutes sont des «guerres»
qui doivent être menées avec un récit unitaire imposé de «victoire», contre lequel toute opinion contraire est interdite.
Le défaut évident de cet orgueil est qu’il vous oblige à être en guerre avec la
réalité.
Au début, le public est confus, mais à mesure que les mensonges prolifèrent et que les mensonges se superposent, le récit se sépare de plus en plus de la
réalité touchée, même si des brumes de malhonnêteté continuent de s’enrouler autour de lui. Le scepticisme public s’installe. Récits sur le «pourquoi» de l’inflation ; que
l’économie soit saine ou non; ou pourquoi nous devons entrer en guerre avec la Russie, commencer à nous effilocher.
Les élites occidentales ont «misé leur chemise» sur un contrôle maximal des «plates-formes médiatiques», sur une conformité absolue des messages et sur une
répression impitoyable de la protestation comme plan pour leur emprise continue sur les masses ..
Pourtant, contre toute attente, le MSM perd son emprise sur le public américain. Les sondages montrent une méfiance croissante envers les médias du
business américains.
Lorsque la première émission Twitter «anti-message» de Tucker Carlson est apparue, le bruit des plaques tectoniques se frottant les unes contre les autres
était incontournable, car plus de 100 millions (un sur trois) d’Américains écoutaient l’iconoclaste.
La faiblesse de ce nouvel autoritarisme «libéral» est que ses principaux mythes narratifs peuvent être démantelés. Lentement, les gens commencent à
parler de la
réalité.
Ukraine : Comment gagner une guerre impossible à gagner ? Eh bien, la réponse de l’élite a été par la narration. En insistant contre la réalité
sur le fait que l’Ukraine est en train de gagner et que la Russie «craque». Mais un tel orgueil finit par être brisé par des faits sur le terrain. Même les classes dirigeantes
occidentales peuvent voir que leur demande d’une offensive ukrainienne réussie a échoué. À la fin, les faits militaires sont plus puissants que les blasphèmes politiques : un camp
est détruit, ses nombreux morts deviennent la négation tragique d’un dogme bouleversant.
«Nous serons en mesure
d’inviter l’Ukraine à rejoindre l’Alliance lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies… [cependant] à moins que l’Ukraine ne gagne cette guerre, il n’y a
aucune question d’adhésion à discuter du tout» – Déclaration de Jens Stoltenberg à Vilnius .
Ainsi, après avoir exhorté Kiev à jeter davantage (des centaines de milliers) de ses hommes dans la gueule de la mort pour justifier l’adhésion à l’OTAN,
cette dernière tourne le dos à son protégé.
C’était, après tout, une guerre impossible à gagner depuis le début.
L’orgueil, à un certain niveau, résidait dans le fait que l’OTAN opposait sa prétendue doctrine militaire et ses armes «supérieures» à une d’une
rigidité militaire russe dépréciée, de style soviétique et obsolète – et incompétente .
Mais les faits militaires sur le terrain ont révélé que la doctrine occidentale était démesurée – avec des forces ukrainiennes décimées et son armement de
l’OTAN en ruines fumantes.
En Irak, le «poing blindé» a frappé facilement les formations de chars irakiens : c’est en effet un «poing» d’estoc qui a frappé l’opposition irakienne
. Mais, comme l’admet franchement le commandant américain de cette bataille de chars (le colonel Macgregor), son résultat contre une opposition démotivée était en grande partie
fortuit.
Néanmoins, «73 Easting» est un mythe de l’OTAN, transformé en doctrine générale pour les forces ukrainiennes – une doctrine structurée autour de la
situation unique de l’Irak.
L’orgueil – dans la lignée de la vidéo du Daily
Telegraph – monte cependant verticalement pour imposer le récit unitaire d’une «victoire» occidentale à venir sur la sphère politique russe également.
C’est une vieille, vieille histoire que la Russie est militairement faible, politiquement fragile et encline à se fissurer.
Conor Gallagher a montré avec
de nombreuses citations que c’était exactement la même histoire pendant la Seconde Guerre mondiale, reflétant une sous-estimation occidentale similaire de la Russie – combinée à une
surestimation grossière de leurs propres capacités.
Le problème fondamental avec «l’illusion» est que la sortie de celle-ci (si elle se produit) se déplace à un rythme beaucoup plus lent que les
événements.
L’inadéquation peut définir les résultats futurs.
Il est peut-être dans l’intérêt de l’équipe Biden maintenant de superviser un retrait ordonné de l’OTAN d’Ukraine – de manière à éviter qu’il ne devienne
une autre débâcle de Kaboul.
Pour que cela se produise, l’équipe Biden a besoin que la Russie accepte un cessez-le-feu. Et c’est là que réside le défaut largement ignoré de cette
stratégie : il n’est tout simplement pas dans l’intérêt de la Russie de «geler» la situation.
Encore une fois, l’hypothèse selon laquelle Poutine «sauterait» sur l’offre occidentale d’un cessez-le-feu est une pensée orgueilleuse : les deux
adversaires ne sont pas figés
dans le sens fondamental du terme – comme dans un conflit dans lequel aucune des parties n’a été en mesure de l’emporter sur les autre, et sont coincés.
En termes simples, alors que l’Ukraine est structurellement au
bord de l’implosion, la Russie, en revanche, est pleinement plénipotente, elle dispose de forces importantes et fraîches ; elle domine l’espace aérien ; et elle a une
quasi-dominance de l’espace aérien électromagnétique.
Mais l’objection la plus fondamentale à un cessez-le-feu est que Moscou veut que l’actuel collectif de Kiev disparaisse et que les armes de l’OTAN soient
retirées du champ de bataille.
Donc, voici le hic : Biden a des élections, et il conviendrait donc que la campagne démocrate ait besoin d’une «décroissance ordonnée».
La guerre en Ukraine a révélé trop de carences logistiques américaines plus larges.
Mais la Russie a aussi ses intérêts.
L’Europe est la partie la plus piégée par le «délire» – à partir du moment où elle s’est jetée sans réserve dans le «camp» de Biden.
Le récit de l’Ukraine a
volé en éclats à Vilnius. Mais l’amour-propre de
certains dirigeants de l’UE les met en guerre avec la réalité.
Ils veulent continuer d’alimenter l’Ukraine en broyeur – pour persister
dans le fantasme de la «victoire totale» : «Il n’y a pas d’autre
moyen qu’une victoire totale – et se débarrasser de Poutine… Nous devons prendre tous les risques pour cela. Aucun compromis n’est possible, aucun compromis».
La classe politique de l’UE a pris tellement de décisions désastreuses par respect pour la stratégie américaine – des décisions qui vont directement à
l’encontre des intérêts économiques et de sécurité des Européens – qu’elle a maintenant très peur.
Si la réaction de certains de ces dirigeants semble disproportionnée et irréaliste («Il n’y a pas
d’autre moyen qu’une victoire totale – et de se débarrasser de Poutine») – c’est que cette «guerre» touche à des motivations plus profondes. Cela reflète les craintes
existentielles d’un démantèlement du méta-récit occidental qui fera tomber à la fois son hégémonie et la structure financière occidentale avec elle.
Le méta-récit occidental «de Platon à l’OTAN,
est celui d’idées et de pratiques supérieures dont les origines se trouvent dans la Grèce antique, et qui ont depuis été raffinées, étendues et transmises à travers les âges (à travers la
Renaissance, la révolution scientifique et d’autres soi-disant uniquement développements occidentaux), de sorte que nous, en Occident, sommes aujourd’hui les heureux héritiers d’un
ADN culturel supérieur».
C’est ce que les narrateurs de la vidéo du Daily
Telegraph avaient probablement à l’esprit lorsqu’ils insistent sur le fait que «Notre récit gagne les guerres». Leur orgueil réside dans la présomption implicite : que
l’Occident gagne toujours d’une manière ou d’une autre – est destiné à l’emporter – parce qu’il est l’héritier de cette généalogie privilégiée.
Bien sûr, en dehors de la compréhension générale, il est admis que les notions d’«un Occident cohérent» ont été inventées, réorientées et utilisées à des
moments et à des endroits différents.
Dans son nouveau livre, «The West»,
l’archéologue classique Naoíse Mac Sweeney conteste le «mythe
maître» en soulignant que ce n’est qu’«avec l’expansion de
l’impérialisme européen outre-mer au cours du XVIIe siècle, qu’une idée plus cohérente de l’Occident
a commencé à émerger – celle-ci étant déployée comme un outil conceptuel pour faire la distinction entre le type de personnes qui pourraient légitimement être colonisées, et celles qui
pourraient légitimement être des colonisateurs».
Avec l’invention de l’Occident est venue l’invention de l’histoire occidentale – faite par des lignées élevées et exclusives qui ont fourni une
justification historique à la domination occidentale.
Selon le juriste et philosophe anglais Francis Bacon, il n’y a eu que trois périodes de savoir et de civilisation dans l’histoire humaine : «une chez les Grecs,
la seconde chez les Romains, et la dernière parmi nous, c’est-à-dire les nations d’Occident. L’Europe».
La peur la plus profonde des dirigeants politiques occidentaux est que le «récit» que nous nous racontons, vole en miettes ; ils savent qu’il est
factuellement faux. Le pire est que notre époque a été rendue de plus en plus dangereusement dépendante de ce méta-mythe.
Ils tremblent, non seulement face à une «Russie renforcée», mais plutôt à la perspective que le nouvel ordre multipolaire dirigé par Poutine et Xi qui
balaie le monde détruise le mythe de la civilisation occidentale.
L’hypothèse selon laquelle l’axe anglo-saxon est au cœur de la guerre par procuration menée en Ukraine contre la Russie n’est que partiellement vraie.
L’Allemagne est en fait le deuxième fournisseur d’armes de l’Ukraine, après les États-Unis. Lors du sommet de l’OTAN à Vilnius, le chancelier Olaf Scholz a promis un nouveau
paquet d’armes d’une valeur de 700 millions d’euros, comprenant des chars supplémentaires, des munitions et des systèmes de défense aérienne Patriot, plaçant Berlin, comme il l’a
dit, à l’avant-garde du soutien militaire à l’Ukraine.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a souligné que «ce faisant, nous
contribuons de manière significative au renforcement de la capacité de résistance de l’Ukraine». Toutefois, la pantomime qui se joue peut avoir des motifs multiples.
Fondamentalement, la motivation de l’Allemagne est liée à la défaite écrasante de l’Armée rouge et n’a pas grand-chose à voir avec l’Ukraine en tant que
telle. La crise ukrainienne a fourni le contexte nécessaire à l’accélération de la militarisation de l’Allemagne. Entre-temps, les sentiments revanchards refont surface
et il existe un «consensus bipartisan» entre les principaux partis centristes allemands – CDU, SPD et Verts – à cet égard.
Dans une interview donnée
ce week-end, Roderich Kiesewetter, expert en affaires étrangères et en défense de la CDU (un ancien colonel qui a dirigé l’Association des réservistes de la Bundeswehr de 2011 à 2016), a
suggéré que, si la situation en Ukraine le justifie, l’OTAN devrait envisager de «couper Kaliningrad
des lignes de ravitaillement russes. Nous voyons comment Poutine réagit lorsqu’il est sous pression». Berlin souffre encore de la capitulation de l’ancienne ville prussienne
de Königsberg en avril 1945.
Staline a ordonné à 1,5 million de soldats soviétiques, soutenus par plusieurs milliers de chars et d’avions, d’attaquer les divisions de Panzer nazies
profondément retranchées dans Königsberg. La prise de la place forte de Königsberg par l’armée soviétique a été célébrée à Moscou par une salve d’artillerie de 324 canons tirant 24 obus
chacun.
De toute évidence, les remarques de Kiesewetter montrent que rien n’est oublié ou pardonné à Berlin, même après huit décennies. L’Allemagne est donc le plus
proche allié de l’administration Biden dans la guerre contre la Russie. Le gouvernement allemand a déclaré qu’il comprenait la décision controversée de l’administration Biden de fournir à
l’Ukraine des munitions à fragmentation. Le porte-parole du gouvernement a déclaré à Berlin : «Nous sommes certains
que nos amis américains n’ont pas pris leur décision à la légère en livrant ce type de munitions».
Le président Frank-Walter Steinmeier a fait remarquer que «dans la situation
actuelle, il ne faut pas faire obstruction aux États-Unis». En effet, Kiesewetter, figure de proue de la CDU, a suggéré dans une interview accordée au quotidien taz, affilié au
parti des Verts, que l’Ukraine devrait non seulement recevoir «des garanties, et si
nécessaire, même une assistance nucléaire, comme étape intermédiaire vers l’adhésion à l’OTAN».
Parallèlement au sommet de l’OTAN à Vilnius (11-12 juillet), Rheinmetal, la grande entreprise allemande de fabrication d’armes vieille de 135 ans, a révélé
qu’elle ouvrirait une usine de véhicules blindés dans l’ouest de l’Ukraine, dans un lieu non divulgué, au cours des douze prochaines semaines. Dans un premier temps, des véhicules blindés
de transport de troupes allemands Fuchs seront construits et réparés, tandis qu’il est prévu de fabriquer des munitions et peut-être même des systèmes de défense aérienne et des
chars.
Le PDG de Rheinmetall a déclaré lundi
à CNN qu’à
l’instar d’autres usines d’armement ukrainiennes, la nouvelle usine pourrait être protégée contre les attaques aériennes russes. L’Allemagne a plus que doublé l’enveloppe de 2 milliards
d’euros allouée en 2022 à la modernisation des forces armées ukrainiennes. Ce montant s’élève désormais à environ 5,4 milliards d’euros et il est prévu de le porter à 10,5 milliards
d’euros.
S’agit-il uniquement de la Russie ? L’Allemagne ne peut ignorer que l’Ukraine n’a aucun espoir de vaincre militairement la Russie. L’Allemagne joue sur le
long terme. Elle crée un capital dans l’ouest de l’Ukraine où ce n’est pas la Russie mais la Pologne qui est son concurrent. Depuis l’avancée de l’armée tsariste en Galicie en 1914, la
Russie a une histoire difficile avec les nationalistes ukrainiens. Si la guerre actuelle en Ukraine s’étend à l’Ukraine occidentale, ce ne sera pas un choix de la Russie,
mais une nécessité qui lui sera imposée.
La victoire soviétique en Ukraine en octobre 1944, l’occupation de l’Europe de l’Est par l’Armée rouge et la diplomatie alliée ont abouti à un redécoupage
des frontières occidentales de la Pologne avec l’Allemagne et de l’Ukraine avec la Pologne. En clair, la Pologne a accepté de céder la Volhynie et la Galicie, dans l’ouest de l’Ukraine,
en échange de territoires allemands à l’ouest ; un échange mutuel de populations a créé, pour la première fois depuis des siècles, une frontière polono-ukrainienne claire, tant sur le
plan ethnique que politique.
Il est tout à fait concevable que la guerre en cours en Ukraine modifie radicalement les frontières territoriales de l’Ukraine à l’est et au sud. Il est
possible qu’elle rouvre également le règlement de l’après-guerre en ce qui concerne l’Ukraine occidentale. La Russie a averti à plusieurs reprises que la Pologne avait l’intention de
revenir sur la cession de la Volhynie et de la Galicie dans l’ouest de l’Ukraine. Une telle tournure des événements mettra très certainement en avant la question des territoires
allemands qui font aujourd’hui partie de la Pologne.
C’est peut-être en prévision des turbulences à venir qu’en octobre dernier, huit mois après le début de l’intervention russe en février, Varsovie a exigé de
Berlin des réparations
pour la Seconde Guerre mondiale – une question qui, selon l’Allemagne, a été réglée en 1990 – pour un montant de 1,3 billion d’euros.
En vertu de la conférence
de Potsdam (1945), les «anciens territoires orientaux de l’Allemagne», qui représentaient près d’un quart (23,8%) de la République de Weimar, ont été majoritairement cédés à la
Pologne. Le reste, composé du nord de la Prusse orientale et de la ville allemande de Königsberg (rebaptisée Kaliningrad), a été attribué à l’Union soviétique.
Il ne faut pas se méprendre sur l’importance de la frontière orientale pour la culture et la politique allemandes. En effet, il y a toujours quelque chose
d’instable chez une grande puissance «handicapée» lorsqu’une toute nouvelle intensité apparaît dans les circonstances politiques, économiques et historiques, ce qui incite les détenteurs
du pouvoir à transformer les idées en réalité, et que les discours revanchards et impérialistes qui affleuraient discrètement mais régulièrement sous la surface des efforts diplomatiques
soigneusement étudiés commencent à sonder l’expansion pan-nationaliste.
Rétrospectivement, il ne faut pas oublier le rôle diabolique de l’Allemagne – en particulier du ministre des Affaires étrangères de l’époque et actuel
président Steinmeier – qui a aligné l’Allemagne sur les éléments néonazis lors du changement de régime à Kiev en 2014 et la perfidie allemande ultérieure dans la mise en œuvre de l’accord
de Minsk («formule Steinmeier»), comme
l’a admis récemment, en février, l’ancienne chancelière Angela Merkel.
Même si la Russie est en train de gagner la guerre en Ukraine, les responsables de la politique étrangère allemande sont une fois de plus confrontés à la
nécessité de redéfinir ce qui est allemand. Ainsi, la guerre en Ukraine n’est que le moyen d’arriver à une fin. Des rapports
récents suggèrent que Berlin s’apprête enfin à répondre à la demande ukrainienne de missiles de croisière Taurus d’une portée supérieure à 500 km et d’une «ogive
multi-effets» unique qui peut changer la dynamique du combat sur le champ de bataille et créer les conditions préalables à la victoire.
De même, les soldats allemands représentent déjà près de la moitié du groupement tactique de l’OTAN déjà présent en Lituanie. Le ministre de la Défense,
Boris Pistorius, a déclaré il
y a deux semaines, lors d’une visite à Vilnius, que l’Allemagne préparait l’infrastructure nécessaire pour baser en permanence 4000 soldats («une brigade robuste») en Lituanie, afin
d’avoir la capacité de maintenir une flexibilité militaire sur le flanc oriental. Cette décision est soutenue à la fois par la coalition gouvernementale allemande et par sa principale
opposition.
Kiesewetter, expert en politique étrangère de la CDU et membre du Bundestag, a qualifié l’idée d’établir une base allemande dans les pays baltes de
«décision raisonnable et fiable». En effet, il y a eu par le passé des tentatives, d’un point
de vue historique, de créer une autorité allemande dans les pays baltes, basées sur des revendications révisionnistes à l’égard des nouveaux États d’Estonie, de Lettonie et de
Lituanie, où des colons allemands s’étaient installés dès les XIIe et XIIIe siècles.
Le présent document a pour but de répondre à une question récurrente concernant le conflit ukrainien : la Russie avance-t-elle assez vite pour achever son
opération militaire spéciale (OMS) ? Pour ce faire, le document couvre certaines périodes historiques de l’opération au cours desquelles la Russie aurait pu prendre différentes décisions
affectant la portée et le rythme de l’OMS. Des éléments sont ajoutés pour tenter d’expliquer les raisons pour lesquelles la Russie a choisi de faire une chose et pas une autre. D’autres
informations contextuelles sont ajoutées pour couvrir partiellement l’implication des États-Unis. Alors que la première partie du document adopte une approche historique, la seconde
partie aborde les événements et situations à venir qui nécessiteront des décisions difficiles de la part des deux gouvernements. Ces décisions auront un impact sur la vitesse à laquelle
le monde entier se dirige vers la Troisième Guerre mondiale.
Historique
En 2014, les États-Unis ont pris la décision de mettre en œuvre le changement de régime final en Ukraine, pour lequel ils avaient dépensé quelque 6
milliards de dollars au fil des ans en guise de préparation, selon les rapports. La Russie devait alors prendre plusieurs décisions. L’une d’entre elles était de savoir si elle devait
intervenir comme elle l’a fait des années plus tard au Kazakhstan en envoyant une force militaire par avion, en rassemblant les putschistes et en rentrant chez elle une semaine plus tard.
La Russie aurait également pu soutenir le président démocratiquement élu de l’Ukraine après sa fuite en Russie en mettant en place un gouvernement en exil. C’est un peu comme lorsque le
président du Yémen a été renversé et s’est réfugié en Arabie saoudite. Dans ce dernier cas, il est devenu difficile de savoir à quel gouvernement la presse faisait référence, celui en
exil ou celui de facto à Sana. Il est intéressant de noter que la Pologne a récemment mis en place un gouvernement biélorusse en exil composé de politiciens de l’opposition de
Biélorussie. Quoi qu’il en soit, la Russie a décidé de ne pas tirer parti du potentiel de propagande d’un gouvernement ukrainien en exil, qui aurait pu montrer les États-Unis prétendant
soutenir la démocratie, tout en renversant un gouvernement démocratique. La Russie a également décidé de ne pas utiliser ses forces armées pour étouffer le problème dans l’œuf,
probablement pour de nombreuses bonnes raisons. L’une des raisons probables est que l’Ukraine disposait à l’époque de la plus grande armée d’Europe, avec quelque 800 000 soldats,
dépassant même les 500 000 de la Turquie.
Une autre raison est peut-être que la Russie est tournée vers l’Europe depuis l’époque de Pierre le Grand et que Poutine a récemment promu le concept
d’Europe de Lisbonne à Vladivostok. Une réponse militaire russe en Ukraine aurait probablement été une mauvaise opération de relations publiques à l’époque et aurait pu entraîner des
contre-mesures de la part de l’Occident auxquelles la Russie n’était pas encore préparée. Au lieu de cela, la Russie a organisé les accords de Minsk pour tenter de trouver une solution
pacifique aux mouvements séparatistes. Il est apparu que la Russie soutenait les séparatistes ukrainiens au niveau minimum nécessaire et qu’elle se concentrait principalement sur la
sécurisation de la Crimée et de la base navale extrêmement importante de Sébastopol.
Les accords de Minsk n’ont toutefois pas été mis en œuvre par l’Occident, ni par l’Ukraine. Les responsables politiques occidentaux ont déclaré plus tard
qu’il s’agissait d’une ruse visant à donner à l’OTAN le temps d’armer et d’entraîner l’armée ukrainienne. Il s’agissait d’une décision visant à mettre en place une armée de l’OTAN à la
frontière avec la Russie, alors que de nombreux stratèges occidentaux avaient mis en garde contre cette provocation. De nombreuses plaintes ont été formulées du côté russe, selon
lesquelles des mesures énergiques auraient dû être prises bien plus tôt contre la montée en puissance de l’Ukraine. Les dirigeants russes ont également été trompés par l’Occident.
D’autres ont estimé que la Russie avait également mis à profit ces huit années pour renforcer ses forces et qu’elle avait eu besoin de ce temps tout autant que l’OTAN et l’Ukraine. Les
observateurs extérieurs ne connaissent pas l’ampleur de la préparation militaire russe au cours de cette période, ni l’état d’avancement des préparatifs de la Russie pour faire face aux
vents contraires économiques qui se produiraient en cas de guerre. Toutefois, c’est en 2018 que Poutine a prononcé son discours sur toutes les nouvelles «armes miracles» que la Russie
avait développées. Vraisemblablement, bon nombre de ces armes étaient encore à l’essai, des usines devaient être construites pour les produire, et il fallait plus de temps pour les livrer
sur les lignes de front et former les troupes à leur utilisation.
D’ici 2021, des décisions doivent être prises. L’OTAN et l’Ukraine ont développé ce qui est considéré comme la plus grande armée d’Europe et la Russie a
déployé certaines de ses armes les plus avancées. Les accords de Minsk ne fonctionnaient manifestement pas et la Russie continuait à s’y référer dans le cadre de ses manœuvres juridiques.
Washington avait décidé de poursuivre son objectif d’hégémonie mondiale et avait préparé l’opinion publique à croire que Poutine était un dictateur et que la Russie était à la fois une
station-service dans le désert et un ennemi numéro un. La logique n’était pas un point fort à Washington. L’Occident a dû penser que le moment était venu de frapper les séparatistes
ukrainiens et, dans le même temps, de mettre en œuvre toutes les mesures de changement de régime susceptibles d’être appliquées au gouvernement russe. Le plan consisterait à faire en
sorte que l’armée ukrainienne perce la frontière russe et que la Russie soit trop déstabilisée pour contrer efficacement l’attaque. Du point de vue de l’Occident, il ne s’agirait pas
d’une agression, car l’Ukraine ne ferait qu’étouffer une guerre civile à l’intérieur de l’Ukraine.
De l’autre côté, les Russes semblaient avoir à peu près le même point de vue, à savoir que les choses en étaient arrivées à un point critique. En décembre
2021, la Russie a adressé à l’Ukraine et à l’Occident le fameux «Non-Ultimatum», qui appelait à la négociation d’un accord de sécurité européen qui satisferait les exigences minimales de
la Russie et éviterait des conséquences non spécifiées. L’Occident a refusé de prendre l’idée au sérieux et a continué à armer l’Ukraine et à constituer des forces à proximité des zones
séparatistes. La Russie s’est alors engagée dans la voie des «conséquences». Poutine a immédiatement signé des documents incorporant certaines des provinces séparatistes comme faisant
partie de la Russie, sur la base de plébiscites antérieurs. Cette manœuvre juridique a permis à la Russie de prétendre qu’elle protégeait le territoire russe lors de l’expulsion de
l’armée ukrainienne. Une autre décision difficile a été prise : la Russie a frappé en premier pour semer la confusion dans le camp ukrainien. L’Occident a ainsi bénéficié d’un bonus de
propagande en affirmant que, puisque les troupes russes se trouvaient en Ukraine, la Russie était l’agresseur. Le rôle des forces néo-nazies en Ukraine et les actions désagréables des
forces ukrainiennes contre les séparatistes ont été supprimés des informations occidentales, laissant ainsi la Russie sur la défensive en matière de propagande. Cependant, Poutine a
réussi à susciter une ferveur patriotique en Russie, en partie aidée par les actions malveillantes de l’armée ukrainienne à l’encontre des prisonniers de guerre russes.
Les États-Unis ont décidé de poursuivre leur campagne anti-russe, avec des sanctions et la diabolisation de tout ce qui est russe. Un observateur extérieur
pourrait faire le rapprochement avec la célèbre tentative américaine de changer le nom des «frites» en «frites de la liberté» lorsque la France a refusé d’approuver l’une des invasions
militaires américaines. Quoi qu’il en soit, les actions américaines ont permis à Poutine d’entamer une mobilisation plus générale pour l’effort de guerre, d’appeler des réservistes et
d’augmenter rapidement la production d’armes. Les partisans de la Russie ont de nouveau appelé à accélérer la guerre et à passer à l’offensive dans l’espoir de mettre rapidement l’Ukraine
hors d’état de nuire et d’épargner ainsi de nombreuses vies et infrastructures. Ce groupe espérait ainsi montrer à l’Occident que les efforts déployés contre la Russie n’aboutiraient pas
et que les négociations en vue d’une nouvelle architecture de sécurité pourraient se poursuivre. Le point de vue opposé était qu’une grande offensive de la Russie permettrait à la
propagande occidentale d’effrayer les Européens et de créer une plus grande unité au sein de l’OTAN. Selon ce point de vue, les fissures de l’OTAN ne cessent de s’élargir et l’UE est de
plus en plus dysfonctionnelle, alors pourquoi interrompre l’ennemi lorsqu’il commet une erreur ?
L’avenir
La réunion de l’OTAN à Vilnius aura lieu le 11 juillet, et tant l’OTAN/l’Ukraine que la Russie pourraient tenter de prendre des mesures avant la réunion
afin d’améliorer leurs positions. L’Occident semble demander à l’Ukraine 1) de lancer une nouvelle offensive améliorée pour remporter une sorte de victoire avant la réunion de l’OTAN afin
d’obtenir un soutien accru de l’OTAN en matière d’armement, ou 2) de maintenir ses forces de réserve pour favoriser une impasse et un cessez-le-feu négocié semblable à celui de la Corée.
Cette dernière solution permettrait à l’Ukraine de rester dans l’orbite occidentale, de continuer à se réarmer, d’obtenir peut-être un jour l’adhésion à l’OTAN et de permettre aux
mastodontes financiers occidentaux de contrôler des actifs précieux en Ukraine.
Cette solution n’est toutefois pas favorable à la Russie, car elle fait de la majeure partie de l’Ukraine un pays de facto membre de l’OTAN et ne prévoit
pas de révision du système de sécurité européen. Il n’y a aucune garantie qu’elle mette fin aux bombardements des zones séparatistes à long terme. En outre, la Russie a clairement fait
savoir qu’elle considérait l’Occident comme «incapable de conclure un accord», ce qui rend difficile la tenue de négociations productives. Le Non-Ultimatum demandait la démilitarisation
et la dénazification de l’Ukraine, ainsi que le retrait effectif de l’OTAN des anciens pays du Pacte de Varsovie. C’est un défi de taille, et il est difficile de déterminer s’il est
préférable pour la Russie de frapper fort et rapidement, ou d’y aller lentement et d’attendre que des fissures plus importantes se développent au sein des membres de l’OTAN. Poutine sera
blâmé dans les deux cas.
Les États-Unis ont encore plus de décisions à prendre. Une partie de l’establishment préconise de vaincre d’abord la Russie, puis d’utiliser ses ressources
pour aider l’Occident à contenir la Chine. Ce groupe croyait apparemment que la Russie était suffisamment faible pour que la guerre en Ukraine, les sanctions étendues, la
transformation du rouble en ruines et les déconnexions de SWIFT et des systèmes de cartes de crédit entraînent un changement de régime et un autre gouvernement de type Eltsine. Une autre
partie de l’establishment pensait qu’une autre approche était préférable : faire en sorte que la Russie se range volontairement du côté de l’Occident, puis traiter avec la Chine. Cette
approche est de plus en plus visible, de même que les appels à mettre fin à la guerre en Ukraine et à utiliser l’argent ailleurs, comme dans la zone indo-pacifique. L’école dite
«réaliste» de politique étrangère considère que la Chine est le «concurrent» des États-Unis et qu’elle doit être affrontée sur la base d’une approche fondée sur l’équilibre des forces. Un
petit groupe extérieur à l’establishment trouve à redire à ces deux idées. Il faut mettre de l’ordre dans tout cela, car il est difficile de mener une politique étrangère ou une guerre
efficace dans un tel climat de confusion.
Le rôle des mondialistes, du Forum économique mondial, de la foule de Davos et des milliardaires qui promeuvent une sorte de «nouvel ordre mondial» ajoute
encore à la confusion. Ces gens ne semblent pas avoir beaucoup de loyauté envers un pays en particulier, ils semblent plutôt être des citoyens cosmopolites du monde. Leurs idées, souvent
utopiques, ne semblent pas être très populaires dans certaines parties du monde, et l’on soupçonne donc que la force militaire pourrait devoir être utilisée un jour ou l’autre. Toutefois,
les armées actuelles sont basées sur le nationalisme et le soutien patriotique d’un seul pays. Il n’existe pas d’armée mondiale soutenue par un gouvernement mondial ou des citoyens du
monde à taxer et à enrôler. C’est le problème de l’œuf et de la poule : qui vient en premier – le gouvernement ou l’armée ? L’OTAN est toujours une créature dirigée par les États-Unis et
soutenue par eux. L’idée est donc que les mondialistes devraient utiliser l’armée américaine, puisque la Russie et la Chine montrent peu d’intérêt pour ce nouvel ordre. Le problème est
que l’armée américaine souffre d’adversité dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse d’armes inefficaces ou de l’impossibilité de recruter suffisamment de soldats. Les critiques affirment
que le «Wokisme» est responsable d’une partie de ces problèmes et que le «Wokisme» est promu par les mondialistes. Bien entendu, les partisans du «Wokisme» prétendent exactement le
contraire. Cependant, si le point de vue des critiques a une quelconque validité factuelle, alors il y a un dilemme : les mondialistes auraient besoin d’utiliser l’armée américaine pour
imposer l’adoption de leur nouvel ordre, mais en même temps, l’armée américaine est paralysée par les mondialistes qui forcent l’adoption du wokisme aux États-Unis.
Les États-Unis doivent donc faire des choix difficiles concernant le wokisme, l’immigration, la dette nationale, la dette étudiante, l’éducation et bien
d’autres choses encore. Il y a aussi la question de savoir ce qu’il faut faire des porte-avions, des destroyers furtifs, des avions furtifs, des systèmes de défense aérienne et des
quelque 800 bases militaires à l’étranger. Les armes et le soutien à envoyer à l’Ukraine constituent un casse-tête immédiat. Les avions de chasse F-16 et les chars Abrams ne sont qu’une
partie du problème ; l’Ukraine demande maintenant des F-18 et des avions européens Typhoon. L’Ukraine demande maintenant des F-18 et des Typhoon européens. La prochaine étape pourrait
être la demande de F-35 ? Les responsables militaires du monde entier attendent de voir comment les armes américaines se comportent dans un véritable conflit contre la Russie.
Il n’est pas surprenant que Washington ne parvienne pas à élaborer une grande stratégie cohérente, ni même à faire face aux questions et aux problèmes qui
s’accumulent. Le titre du récent manifeste de John Mearsheimer témoigne de la morosité qui y règne : «Les ténèbres devant
nous : Où va la guerre en Ukraine». Un pessimisme similaire se retrouve dans l’article de Samuel Charap, de la RAND Corporation, paru dans Foreign
Affairs et intitulé : «Une guerre ingagnable
: Washington a besoin d’une fin de partie en Ukraine».
Quant à la Russie, outre les points de décision mentionnés ci-dessus, il y a la question de savoir ce qu’il faut faire sur les autres théâtres de guerre,
dans des endroits comme l’Asie de l’Ouest, l’Afrique et les États-Unis. Dans quelle mesure la Russie doit-elle soutenir un groupe Wagner reformulé dans différents pays ? La Russie
doit-elle laisser la Syrie attaquer les jets israéliens lorsqu’ils bombardent Damas, ou aider la Syrie à détruire les pétroliers qui sortent clandestinement l’or noir du pays ? La Russie
devrait-elle collaborer avec l’Iran pour aider à expulser les États-Unis d’Irak ? Pourquoi ne pas renforcer le soutien à d’autres pays soumis à la pression américaine, comme la Corée du
Nord, le Yémen, Cuba, le Venezuela, etc. Il existe de nombreux endroits dans le monde où la Russie pourrait s’opposer aux intérêts américains et causer encore plus de problèmes à
Washington. Les ventes d’armes et l’entraînement militaire, la lutte contre les changements de régime soutenus par les États-Unis, la diffusion de systèmes alternatifs de transfert
d’argent et de cartes de crédit dans le monde entier et la collaboration avec l’OPEP+ pour contrer les intérêts pétroliers des États-Unis sont d’autres possibilités pour la «guerre
hybride» russe. La Russie dispose d’un vaste menu qui va au-delà de l’action en Ukraine et, dans de nombreux cas, la Chine serait heureuse de s’y associer.
Enfin, il est largement reconnu qu’un empire en déclin est une bête dangereuse qu’il convient de manipuler avec précaution. Sur ce point, les
analystes suggèrent que la Russie et la Chine devraient veiller à ne pas trop heurter la bête, de peur qu’elle ne devienne folle de rage. Jusqu’à présent, les deux pays semblent garder ce
conseil à l’esprit.
Dans son point hebdomadaire sur l’Ukraine, Edouard Husson dresse un dernier panorama du conflit en Ukraine. Selon lui, les réalistes (partisans d’une solution négociée au conflit) gagnent du
terrain, mais la résistance des faucons est forte. Il est peu probable que la guerre se termine avant quelques mois. Pendant ce temps, les jeunes Ukrainiens meurent au front.
A l’approche du sommet de l’OTAN des 11 et 12 juillet, Edouard Husson dresse un tableau général de la
A l’approche du sommet de l’OTAN des 11 et 12 juillet, Edouard Husson dresse un tableau général de la guerre en Ukraine. Nous resterons vigilants tout l’été sur
cette question (la parution du Courrier des Stratèges continue tout l’été, rendez-vous dans nos colonnes !).
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douglas McGregor - One million Russian troops marching to the Polish border
Réfléchir à la France et une sortie de l’OTAN est-il impossible et pourquoi ?
Il faudrait peut-être s’interroger clairement sur la situation française. Il s’avère que la France et Macron jouent un jeu étrange, face aux Etats-Unis et à
leur candidate, en l’occurrence Ursula von der Leyen, la très corrompue et nullissime actuelle présidente de l’UE. La France fait partie des pays qui freinent des quatre fers, ne sont pas
partisans de rompre avec la Chine en jouant l’extension de l’OTAN en Asie, à l’inverse de von der Leyen. Mais dans le même temps une telle position s’accompagne d’une servilité sans borne
dans l’affaire ukrainienne; comme Zelensky, son compère Macron doit démontrer qu’il n’y a pas de meilleurs candidats que lui. Est-ce un hasard si comme en mai 68, une véritable
protestation populaire, celle des retraites, ou celle du meurtre d’un enfant connait des tentatives de dévoiement permanentes ? Si tout est fait pour que jamais les luttes des classes en
France n’aillent jusqu’à une remise en cause à l’appartenance à l’OTAN, si ont été maintenu à la tête de la CGT, du secteur international du PCF, de l’Humanité, des gens qui ont à cœur
d’empêcher par tous les moyens que soit mené ce combat et que la soumission à l’OTAN ne viennent jamais appuyer les velléités de Macron. Il n’y a pas de hasard, tous les faits concordent
et refuser de le voir témoigne de la manière dont les USA et la CIA restent en capacité de peser sur notre destin, y compris par les moyens financiers propres à la CIA et ceux de
l’UE.
Ne parvenant pas à un consensus sur un successeur disponible et acceptable pour les 31 membres, l’OTAN a décidé mardi de prolonger le mandat du secrétaire
général Jens Stoltenberg d’un an, alors que l’alliance lutte pour trouver un terrain d’entente sur des questions sensibles, notamment le conflit russo-ukrainien et son approche de la
Chine.
Stoltenberg, ancien Premier ministre de Norvège, est le chef de l’alliance depuis 2014 et son mandat a déjà été prolongé trois fois, ont rapporté les
médias.
Les membres de l’OTAN ont été aux prises avec des successeurs potentiels au cours des derniers mois, avec des candidats tels que le secrétaire britannique à
la Défense Ben Wallace et le Premier ministre danois Mette Frederiksen. D’autres ont suggéré des candidats d’Europe centrale et orientale.
Cependant, aucun ne semble avoir le soutien de tous les membres de l’OTAN à l’approche du sommet de l’OTAN à Vilnius, qui doit commencer la semaine
prochaine.
Les experts ont noté que le poste de l’OTAN qui sert de coordinateur s’avère crucial parmi 31 membres ayant des idées et des intérêts différents, et qu’il
doit s’agir d’une personne suffisamment influente et, plus important encore, représentant les voix de la plupart des membres de l’alliance. Cependant, il est devenu de plus en plus
difficile d’aligner ces voix à mesure que les divergences grandissent au sein de l’organisation.
Le président américain Joe Biden fait pression pour que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, soit la prochaine chef de l’OTAN, a
rapporté mercredi le Telegraph, qui affirme que le retard est en partie dû au fait que Biden veut von der Leyen pour le poste, et son mandat à l’UE se termine l’année prochaine.
Ayant été présidente de la Commission européenne et ministre allemande de la Défense, Von der Leyen a acquis suffisamment de crédibilité, d’influence et
d’expérience pour être une candidate appropriée au poste de chef de l’OTAN, mais le facteur le plus crucial est qu’elle entretient des relations étroites avec Biden, a déclaré Zhao
Junjie, chercheur à l’Institut d’études européennes de l’Académie chinoise des sciences sociales. au Global Times mercredi.
« Elle est la meilleure candidate pour exécuter fidèlement les directives américaines et les stratégies militaires en Europe, ce qui en fait le
successeur le plus approprié aux yeux des Etats-Unis, le plus grand protagoniste de l’OTAN », a déclaré M. Zhao.
Outre les divergences d’opinion sur la bataille en cours pour l’Ukraine, le nouveau chef de l’OTAN devra gérer les divergences sur la façon dont l’alliance
devrait s’impliquer en Asie, les États-Unis poussant à un rôle plus important dans la lutte contre la Chine, tandis que d’autres, comme la France, insistent sur le fait que l’OTAN doit
rester concentrée sur la région de l’Atlantique Nord, selon Reuters.
Il y a toujours eu des controverses au sein de l’Europe concernant leur approche chinoise, ont déclaré des observateurs. Certains pays, dont la France,
soulignent l’autonomie stratégique de la région et répètent que la portée de la défense de l’OTAN ne devrait pas aller au-delà de l’Atlantique Nord comme écrit dans la charte de
l’OTAN.
Ils craignent que l’expansion de l’OTAN vers l’Est ne provoque la Chine et ne crée un autre ennemi hypothétique, forçant l’Europe à prendre parti et à être
réduite à un pion américain pour contenir la Chine, ce qu’ils ne souhaitent pas voir, a expliqué M. Zhao.
Cependant, avec une Europe relativement plus faible associée à l’habileté de Biden à jouer la stratégie de l’alliance, ces voix pourraient s’affaiblir à
l’avenir, mais les rancunes continueront de s’accumuler et les conflits deviendront plus apparents parmi les membres de l’OTAN, ont déclaré des analystes.
La semaine prochaine, les 11 et 12 juillet, l’OTAN tiendra un sommet à Vilnius, en Lituanie, au cours duquel l’alliance militaire devrait annoncer des
plans qui visent à augmenter rapidement les dépenses militaires, à envoyer des troupes aux frontières de la Russie et à accroître considérablement son implication dans la guerre en
Ukraine.
Lors du dernier sommet de l’OTAN en juin 2022, l’alliance s’est engagée à «fournir la gamme
complète des forces» qui sont nécessaires «pour une guerre de
haute intensité et multi-domaines contre des concurrents dotés de l’arme nucléaire».
Dans des conditions où la contre-offensive tant vantée par l’armée ukrainienne s’est transformée en une débâcle prolongée, l’OTAN est sous pression pour
intervenir directement dans le conflit afin d’atteindre son objectif qui est, selon les termes d’un ancien commandant de l’OTAN, de «briser les
reins» de la Russie.
C’est dans ce contexte que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de miner la centrale nucléaire de Zaporizhzhia (ZNPP) dans le but de
la faire exploser.
Dans un discours vidéo publié mardi, Zelensky a déclaré que «chaque jour, nous
ajoutons du contenu au sommet de l’OTAN qui se tiendra à Vilnius la semaine prochaine» et qui garantira «la sécurité en Europe», avant d’évoquer la centrale de Zaporizhzhia.
Zelensky a affirmé que «les troupes russes
ont placé des objets qui ressemblent à des explosifs sur le toit de plusieurs unités de production de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia». Il a accusé la Russie de vouloir
«infliger
de nouveaux dommages» à la centrale. Il a ajouté: «C’est la
responsabilité de chacun dans le monde de l’arrêter».
Contrairement aux déclarations de Zelensky, le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a indiqué dans un communiqué qu’aucune «indication visible de
mines ou d’explosifs» n’avait été observée dans la centrale, qui fait l’objet d’une surveillance de la part de l’organisation.
La formulation des commentaires de Zelensky montre clairement qu’il s’agit d’une tentative d’utiliser tout incident ou provocation potentiel à la centrale
comme prétexte à une implication militaire plus directe de l’OTAN dans le conflit.
Dans un article publié la semaine dernière dans Politico, Ivo
Daalder, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, a appelé l’alliance à répondre à tout «incident nucléaire délibéré» par une intervention directe dans le conflit.
«En cas d’incident
nucléaire délibéré, les États-Unis et les principaux alliés de l’OTAN doivent intervenir directement. Ils doivent mettre fin rapidement et complètement à la guerre en aidant l’Ukraine à
rétablir le contrôle sur l’ensemble de son territoire», a écrit Daalder.
Dans un article publié en février sur la révélation par le journaliste chevronné Seymour Hersh de l’implication directe des États-Unis et de l’Ukraine dans
le bombardement du gazoduc germano-russe Nord Stream, le World Socialist Web
Site a averti que les États-Unis pourraient organiser une provocation pour justifier leur entrée directe dans la guerre:
En 1898,
l’explosion du cuirassé USS Maine dans le port de La Havane, présentée comme un acte de guerre, a été utilisée pour déclencher la guerre hispano-américaine et envoyer des troupes à
Cuba et aux Philippines. L’incident du golfe du Tonkin en 1964, qu’ont invoqué les États-Unis pour s’engager directement dans la guerre du Viêt Nam, a été fabriqué de toutes pièces…
Il y a le précédent des attentats du 11 septembre 2001, qui ont été utilisés pour justifier l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, ainsi que toute la «guerre contre le
terrorisme».
Le WSWS a ajouté:
Plus l’escalade
est importante, plus le mensonge l’est aussi… La Maison-Blanche a tout à fait le pouvoir d’organiser une provocation qui vise à galvaniser le soutien de l’opinion publique à la
guerre, que ce soit en provoquant une réaction russe ou en fabriquant une «attaque» de toutes pièces.
On ne sait pas si une telle provocation aura lieu avant le sommet. C’est clair, cependant, que le sommet sera utilisé pour une escalade significative du
conflit entre les États-Unis et la Russie.
Avant le sommet, un groupe de généraux à la retraite et de responsables de la politique étrangère a appelé les États-Unis à soutenir explicitement la
reconquête militaire de la Crimée et à faire tout ce qui est nécessaire pour qu’elle ait lieu.
Parmi les signataires de la lettre figurent les généraux à la retraite Philip Breedlove et Wesley Clark, les deux commandants suprêmes des forces alliées de
l’OTAN en Europe, ainsi que Ben Hodges, ancien commandant général de l’armée américaine en Europe, et Michael McFaul, ancien ambassadeur des États-Unis en Russie.
Les signataires de la lettre comprennent également tous les témoins principaux de la première mise en accusation de Donald Trump en 2019, que le parti
démocrate a délibérément centrée sur les allégations selon lesquelles Trump sapait les préparatifs de guerre contre la Russie. Parmi eux figurent Marie Yovanovitch, ancienne ambassadrice
des États-Unis en Ukraine, Kurt Volker, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, le colonel à la retraite Alexander Vindman et William B. Taylor, ancien ambassadeur des
États-Unis en Ukraine.
De manière critique, la liste comprend également Douglas Lute qui, en 2022, a déclaré que les talibans devraient servir de modèle pour l’armement de
l’Ukraine, déclarant que les États-Unis devraient «fournir des ressources aux Ukrainiens comme le Pakistan l’a fait avec les talibans».
La lettre demande à l’OTAN de s’engager à «gagner» la guerre contre la Russie et d’affirmer ouvertement ses efforts pour reconquérir militairement la
Crimée:
Cela signifie
qu’on doit prendre des mesures pour que l’Ukraine 1) gagne cette guerre et rétablisse le contrôle total de ses frontières internationalement reconnues de 1991; et 2) soit
pleinement ancrée dans les accords économiques et de sécurité qui, de 1945 à 2014, ont fait de l’Europe un continent de paix, de prospérité et de coopération. La communauté
transatlantique ne peut être stable et sûre que si l’Ukraine est sûre. L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, conformément à la promesse faite lors du sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008,
permettrait d’atteindre cet objectif.
La lettre demande en outre ce qui suit:
À Vilnius, les
chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN devraient faire une déclaration sans équivoque de soutien de l’alliance à l’Ukraine et à l’objectif de Kiev de recouvrer sa souveraineté et
son intégrité territoriale à l’intérieur de ses frontières de 1991. Ils devraient en outre souligner qu’ils sont prêts à fournir à l’Ukraine des armes – y compris des missiles à plus
longue portée tels que l’ATACMS, des avions de combat et des chars occidentaux – en quantité suffisante pour l’emporter sur le champ de bataille.
Au-delà de l’intervention directe dans le conflit, l’OTAN est sur le point d’approuver des plans qui visent à augmenter massivement les troupes de l’OTAN
aux frontières de la Russie. Décrivant ces plans, Politico a
rapporté au début de l’année que «dans les mois à venir, l’alliance va accélérer ses efforts pour stocker des équipements le long de la frontière orientale de l’alliance. Ils vont
désigner des dizaines de milliers de forces qui peuvent se précipiter à l’aide des alliés sur court préavis… Les effectifs seront importants, les responsables évoquant l’idée de
300.000 soldats de l’OTAN».
En outre, les responsables de l’OTAN ont déclaré que l’alliance instituerait un «plancher» pour les dépenses militaires, 2 pour cent du PIB étant un
minimum absolu pour les membres de l’alliance.
Au cours du premier semestre 2023, l’Union européenne et les
États-Unis se sont montrés très actifs en Asie centrale, considérée par certains comme le “bas ventre” de la Russie. De nombreux politiciens et
diplomates d’Europe occidentale et des États-Unis ont fréquenté la région et ont tenté de rallier les anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, du
Kirghizistan et du Turkménistan à leur cause dans le conflit qui les oppose à Moscou.
L’Occident veut convaincre ces États de soutenir les sanctions contre la Russie et de bloquer les importations parallèles vers le pays. Il a promis des
compensations pour les pertes financières. En outre, les dirigeants d’Europe occidentale considèrent le Kazakhstan comme une source de ressources naturelles qui pourrait potentiellement remplacer
Moscou.
Avec toute cette attention récente, l’Asie centrale prend de plus en plus conscience de son importance politique. Mais cela l’amènera-t-il à rompre ses liens avec
la Russie, comme l’espère l’Occident ?
Des invités fréquents
La semaine dernière, le 10e dialogue politique de haut niveau entre l’UE et l’Asie centrale s’est tenu à Astana, la capitale du Kazakhstan. Cet événement
diplomatique plutôt mineur était consacré à l’élaboration de feuilles de route pour les résolutions adoptées lors du sommet beaucoup plus important auquel ont participé les dirigeants d’Asie
centrale et le président du Conseil européen, qui s’est tenu dans la ville kirghize de Cholpon-Ata au début du mois de juin.
Au cours de l’année écoulée, les visites du président du Conseil européen Charles Michel en Asie centrale – une région qui, jusqu’à récemment, n’intéressait que
très peu Bruxelles – sont devenues régulières. Le tout premier sommet UE-Asie centrale auquel le Belge a assisté s’est tenu au Kazakhstan il y a moins d’un an, en octobre 2022 – huit mois
seulement après le début de l’offensive russe en Ukraine. Le prochain sommet réunissant les dirigeants de l’UE et des cinq pays d’Asie centrale aura lieu en Ouzbékistan l’année prochaine.
On pourrait croire que l’événement de cette année est une réponse au sommet inaugural Chine-Asie centrale qui s’est tenu à Xi’an au cours de la seconde moitié du
mois de mai. Mais en fait, Pékin semble être à la traîne par rapport à ses concurrents d’Europe occidentale qui ont organisé le Forum économique UE-Asie centrale dans la ville d’Almaty, au
Kazakhstan, à la même période. Des représentants de haut rang de leurs gouvernements, ainsi que des représentants de la Banque européenne d’investissement, de la Banque européenne pour la
reconstruction et le développement, de l’OCDE et d’organisations privées ont participé à ce forum. Le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan étaient représentés par leurs chefs de
gouvernement, la délégation ouzbèke était dirigée par le vice-premier ministre et la délégation turkmène par le ministre des finances et de l’économie.
Les représentants du département d’État américain ont également effectué un nombre considérable de voyages en Asie centrale. En février, le secrétaire d’État Antony
Blinken s’est rendu au Kazakhstan et en Ouzbékistan. Ses assistants au Bureau des affaires de l’Asie centrale et du Sud, Donald Lu et Uzra Zeya, ont également été fréquemment invités dans la
région. En mars, l’envoyé de l’UE pour les sanctions, David O’Sullivan, s’est rendu au Kirghizstan. En avril, il a effectué une visite de travail au Kazakhstan et en Ouzbékistan, accompagné
d’Elizabeth Rosenberg, secrétaire adjointe pour le financement du terrorisme et les crimes financiers au département du Trésor américain.
L’interaction entre Washington et l’Asie centrale se produit principalement dans le cadre du format “C5+1”. Elle a débuté en 2015, lorsque l’ancien secrétaire
d’État américain John Kerry a lancé un dialogue au niveau des ministres des affaires étrangères de cinq pays d’Asie centrale et de Washington. Depuis lors, des réunions entre le département
d’État américain et ces pays ont lieu chaque année.
L’objectif de cette coopération n’est un secret pour personne. Dès les premiers jours du projet, les médias pro-occidentaux du Kazakhstan ont
admis qu’il s’agissait “plutôt d’un format “1 +
C5”” et d’une “autre structure proposée par un acteur
extérieur cherchant à placer les États d’Asie centrale sous son orbite d’influence“.
Mais pourquoi les contacts entre l’Occident et l’Asie centrale sont-ils devenus si fréquents et réguliers ces derniers temps ?
Liens anciens, nouveaux objectifs
Après le début de l’offensive militaire russe en Ukraine, en février de l’année dernière, les États-Unis et l’Union européenne ont introduit plusieurs
paquets de sanctions contre Moscou, y compris des restrictions sur l’importation de centaines de biens en provenance des pays occidentaux. En réponse à ces restrictions, les autorités russes ont
légalisé les importations parallèles, c’est-à-dire sans l’autorisation du propriétaire de la marque. Ce type de commerce avec les pays voisins de la Russie a été multiplié par cent et, à la fin
de l’année dernière, 2,4 millions de tonnes de marchandises d’une valeur de plus de 20 milliards de dollars avaient été introduites dans le pays par ce biais.
Selon l’édition kazakhe
de Forbes, les exportations du pays vers la
Russie ont augmenté de 25 % l’année dernière par rapport à 2021. Le Financial Times indique que le nombre de machines à laver
exportées du Kazakhstan vers la Russie est passé de zéro en 2021 à 100 000 en 2022. Les exportations de matériel informatique, d’écrans et de projecteurs se sont élevées à 375,4 millions de
dollars, et les expéditions ont été multipliées par
plus de 400 au cours de l’année écoulée, a rapporté un journaliste kazakh.
Fin avril, lors d’une exposition dans la capitale de l’Ouzbékistan, le ministre russe de l’industrie et du commerce, Denis Manturov, a indiqué que le chiffre
d’affaires commercial entre la Russie et l’Asie centrale avait augmenté de 15 % l’année dernière et s’élevait à plus de 42 milliards de dollars. L’Asie centrale est l’une des principales régions
du monde en ce qui concerne la croissance du commerce avec la Russie. Par exemple, le chiffre d’affaires des échanges avec l’Ouzbékistan a augmenté de plus de 25 %.
Il est impossible d’affirmer que cette croissance est uniquement due aux importations parallèles. Toutefois, une telle augmentation n’a jamais été observée
auparavant.
Des preuves indirectes montrent que les pays d’Asie centrale tentent de tirer le
meilleur parti de l’opportunité de répondre aux besoins d’importation de la Russie. En avril, les entrepôts de la région étaient presque entièrement remplis et les prix de location se sont
envolés. Au début du printemps, la demande des entreprises russes a augmenté de 40 à 50 %, pour atteindre près de 400 000 mètres carrés. À l’époque, les médias économiques ont
unanimement conclu que
cette situation était directement liée à la mise en place de chaînes logistiques pour les importations parallèles vers leur grand voisin.
Ainsi, les États-Unis et l’Union européenne font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher les États d’Asie centrale d’être les principaux partenaires de la Russie lui
permettant d’éviter les sanctions.
Notant qu’en 2022, les exportations de marchandises de l’UE vers le Kirghizstan ont augmenté de 300 % en général et de 700 % dans le domaine des technologies de
pointe et des biens à double usage, l’analyste politique kirghize Azamat Osmonov a souligné que
Bruxelles s’irritait de plus en plus.
“Les représentants
occidentaux ne croient pas que l’appétit de consommation du peuple kirghize ait soudainement augmenté dans de telles proportions“, a déclaré l’expert.
La carotte et le bâton
Lors du sommet UE-Asie centrale de juin, Michel a promis aux dirigeants des cinq anciennes républiques soviétiques que Bruxelles n’imposerait pas de sanctions si
leurs pays violaient les restrictions imposées à la Russie. Cependant, une rhétorique complètement différente était entendue lors du Forum économique UE-Asie centrale, quelques semaines
auparavant.
Outre l’agenda vert traditionnel – ainsi que les questions liées au transport et à la numérisation – certains sujets n’ayant rien à voir avec l’économie ont
également été abordés lors de l’événement. Bien que Bruxelles ait assuré que l’objectif du sommet était d’établir des relations commerciales et des investissements, le conflit en Ukraine est
devenu l’un des principaux sujets abordés.
Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a menacé d’empêcher
l’importation de marchandises sanctionnées vers la Russie via des pays tiers et a promis d'”identifier les organisations qui continuent à saper nos efforts”
et de les punir.
Au cours de l’été et de l’automne derniers, l’UE a proposé à
plusieurs reprises de compenser les pertes commerciales de certains pays (notamment en Asie centrale) et les a invités à soutenir les sanctions à l’encontre de la Russie. Mais ces derniers mois,
l’offre la plus substantielle de Bruxelles s’est résumée à une proposition d’investissement de 20 millions d’euros pour la construction de stations terrestres de satellites. De plus, en mai
dernier, au lieu de proposer de compenser la rupture des liens commerciaux avec la Russie, l’UE a multiplié les menaces pour le refus de suivre les sanctions américaines et européennes à
l’encontre de Moscou.
Les États-Unis ont été encore plus actifs dans l’utilisation de leur “bâton“. En avril, le ministère du commerce a imposé des
restrictions à l’exportation à des entreprises russes, chinoises, ouzbeks, arménienne et autres “pour avoir tenté d’échapper au contrôle des exportations” et
acheté des produits américains pour les besoins de la Russie. Dans la foulée, la Commission européenne a également proposé des sanctions à l’encontre d’entreprises de plusieurs pays, dont deux
ouzbeks et une arménienne, pour avoir fourni des biens à double usage.
Les efforts de l’UE et des États-Unis ont partiellement influencé le Kazakhstan, qui a introduit plusieurs interdictions sur les importations parallèles. En avril,
afin d’éviter des sanctions secondaires, Astana a mis
en place un système de suivi de toutes les marchandises entrant et sortant du pays. Cette mesure a également compliqué les livraisons de l’Ouzbékistan à la Russie, puisque ces
marchandises transitent par le Kazakhstan. En conséquence, les chaînes d’approvisionnement se déplacent vers le Kirghizstan, la Chine et les Émirats arabes unis, et le coût des produits importés
concernés en Russie pourrait augmenter de 10 à 12 %.
Fin mai, le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhail Galuzin, a averti les
pays d’Asie centrale qu’ils risquaient de subir des pertes importantes s’ils appliquaient les sanctions. Il a souligné que la Russie ne dicte pas sa politique étrangère et intérieure aux autres
États, mais seulement dans les cas “où cela ne va pas à
l’encontre des obligations mutuelles, y compris dans le cadre de l’OTSC [une alliance militaire], de l’EAEU [un bloc commercial semblable à l’UE] et de la CEI [un groupe d’anciens membres de
l’URSS]“. Il s’est dit convaincu que les États d’Asie centrale en sont parfaitement conscients.
“La destruction artificielle
des liens avec la Russie peut entraîner des dommages plus graves que les dépenses occasionnées par les fameuses sanctions secondaires“, a-t-il déclaré lors de la conférence sur l’Asie
centrale du club de discussion international Valdai.
Les choses vont-elles vraiment si mal ?
Les analystes politiques russes pensent que l’Asie centrale restera importante pour l’Occident, non seulement en termes de sanctions antirusses, mais aussi en tant
que tremplin pour une éventuelle action militaire future contre Moscou.
L’Occident souhaite déployer ses bases militaires en Asie centrale afin de menacer le “bas ventre” de la Russie. “Moscou n’est pas préparée à une action militaire d’envergure dans
cette région, contrairement à ses frontières occidentales, d’où vient généralement l’ennemi“, prévient Maxim
Kramarenko, directeur de l’Institute of Eurasian Policy (Institut de politique eurasienne). “Il pourrait s’agir d’un tremplin permettant de faire peser une menace
réelle sur la Russie“.
Jusqu’à présent, cet avertissement semble prématuré puisque l’Occident ne peut même pas forcer la région à se conformer pleinement aux sanctions. L’Asie centrale
tire d’énormes avantages de la situation économique actuelle, alors que si elle refuse de coopérer avec la Russie, ce sont les pays de sa propre région, et non Moscou, qui en pâtiront le
plus, explique Azamat
Osmonov, spécialiste de l’Asie centrale.
“La Russie reçoit de
l’électronique, des produits agricoles, des médicaments, des pièces détachées pour voitures et d’autres technologies par l’intermédiaire de ces pays. S’il devient possible d’interdire ces
marchandises, le marché russe ressentira rapidement la pénurie. Mais l’Asie centrale y perdra encore plus. La Russie peut également se fournir via d’autres républiques post-soviétiques, sans
parler de la Chine et de la Turquie“, a-t-il déclaré.
En outre, selon Alexander Knyazev, docteur en sciences historiques et chercheur principal à l’institut MGIMO d’études internationales du ministère russe des
affaires étrangères, les graves conséquences dont les pays occidentaux menacent l’Asie centrale sont largement exagérées.
“La menace de sanctions
secondaires de la part des États-Unis et de l’Union européenne et leur probabilité sont exagérées, tout comme leur importance. D’un point de vue politique, de telles sanctions à l’encontre d’un
pays de la région le feraient automatiquement rejoindre le camp des opposants occidentaux et en feraient un allié plus proche de la Russie et peut-être de la Chine“, estime l’expert.
Il ajoute que “les
tentatives de l’Occident de monter les pays d’Asie centrale contre la Russie, comme cela s’est produit avec l’Ukraine, ne seront pas couronnées de succès“.
Un avenir incertain
Si l’Occident n’est pas en mesure, à l’heure actuelle, de faire basculer l’Asie centrale dans son camp, cela ne signifie pas qu’il renoncera à de telles tentatives
à l’avenir. À cet égard, les pays occidentaux utilisent leurs outils traditionnels de “soft power” : les organisations non gouvernementales (ONG) et
les médias.
“Rien qu’à Bichkek, 18 500
organisations de ce type sont enregistrées. Contrairement aux documents constitutifs, nombre d’entre elles interfèrent dans la vie politique du pays, notamment en finançant l’organisation de
rassemblements politiques au Kirghizstan“, indique une
note accompagnant le projet de loi sur le renforcement du contrôle des ONG qui a été soumis au parlement kirghize.
L’inquiétude des parlementaires locaux n’a cependant pas arrêté le travail de ces ONG. Début juin, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a
alloué une première tranche de 12 millions de dollars à l’organisation à but non lucratif KazAID, qui doit répartir les fonds entre les ONG kazakhes afin d'”accroître la résistance de la société à la désinformation” et
d'”améliorer les connaissances de la population en matière
de médias“.
Il s’agit de la première tranche de l’enveloppe de 50 millions de dollars prévue dans le budget prévisionnel du programme. En outre, 15 millions de dollars
supplémentaires ont été dépensés pour des projets de l’USAID au Kazakhstan en 2022.
Une part importante de cet argent sert à financer des journalistes locaux qui se chargent de promouvoir un programme pro-américain auprès de la population. Par
exemple, l’un des bénéficiaires des subventions de l’USAID est le Programme des médias d’Asie centrale (MediaCAMP). Il est supervisé par l’ONG américaine “Internews“, qui a été interdite en Russie en 2007.
Cette ONG s’est confortablement installée au Kazakhstan où elle est active depuis plus de cinq ans et “travaille avec des partenaires des médias d’Asie centrale, de la
communauté universitaire et de la société civile“.
Son champ d’action est très large. Selon le site
web de l’USAID, “le projet a formé 2 830
professionnels des médias au Tadjikistan, en Ouzbékistan et au Kazakhstan“. En outre, il indique que “plus de 10 500 jeunes, adultes et personnes âgées des trois pays
cibles… ont participé à des activités [dites] d’éducation aux médias“.
On ne sait pas encore dans combien de temps les professionnels des médias et les bénéficiaires de subventions concernés commenceront à promouvoir une politique de
séparation de la Russie dans leur propre pays. Cependant, il ne fait aucun doute que tôt ou tard, cela se produira. Après tout, la “Stratégie américaine pour l’Asie centrale 2019-2025” officielle
indique clairement que
“l’Asie centrale est une région géostratégique importante
pour les intérêts de la sécurité américaine“.
George
Trenin
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
«Au cours du premier
semestre 2023, l’Union européenne et les États-Unis se sont montrés très actifs en Asie centrale, considérée par certains comme le «bas ventre» de la Russie. De nombreux politiciens et
diplomates d’Europe occidentale et des États-Unis ont fréquenté la région et ont tenté de rallier les anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, du
Kirghizistan et du Turkménistan à leur cause dans le conflit qui les oppose à Moscou».
On y voit la marque de l’oxydé-occident, qui avec une élite inculte, ne sait pas même lire une carte de géographie.
Les 5 «Stan», d’Asie centrale que l’ouest collectif veut détacher de la Russie, ont une particularité que tout le monde va comprendre très vite : Au nord,
la Russie, à l’est, la Chine, au sud, Afghanistan et Iran.
Tous ces pays n’ont pas beaucoup d’atomes crochus avec ledit ouest collectif. Mais alors, vraiment pas du tout.
Il y a bien un petit corridor maritime avec l’Azerbaïdjan, mais je doute qu’il puisse constituer une jugulaire utile. De fait, ce groupe de pays est
totalement contraint par ces voisins, ils n’ont aucun accès aux mers libres.
Je doute franchement que les liaisons aériennes puissent les remplacer, surtout qu’elles passent aussi par ces mêmes voisins hostiles à l’ouest
collectif.
Et tout ne peut se faire en un instant. Autrement dit, c’est déjà râpé avant d’être commencé.
Pour les 5 stans, rentrer dans la guerre, ne serait-ce qu’économique à la Russie, c’est faire seppuku.
Ci-après, nous mettons à votre disposition un article analytique de Vadim Egorov de la plateforme tsargrad.tv sur
les événements en Ukraine fabriqués et développés avec acharnement depuis déjà longtemps par des surhommes, forcément des êtres euro-américains.
Les événements sont dorénavant lancés à plein pot sur le fondement du wokisme qui a déjà bien bouffé nos cervelles pour ne pas réagir à un meurtre mondial,
sous toutes ses formes, en direct, par quelques rapaces et autres adeptes de l’occultisme. Ces propos ne sont pas du blabla, c’est ce que nous avons devant nous, à portée de main,
voire derrière notre porte.
On peut déjà voir ce qui va maintenant se produire. Encore une fois, l’objectif de ces points de vue n’est pas d’être pour ou contre, mais tout simplement
de comprendre à partir de faits, loin de la bouillie occidentale de lobotowokés qui nous est servie aujourd’hui peut-être à 99,9%. Le 0,1% serait le temps qu’il fait ici et maintenant
derrière la fenêtre (je parle évidemment des médias de grand chemin).
Les journalistes et autres experts de chambre et du bidet, les porteurs et promoteurs de la catastrophe, sont responsables du 99,9 + 0,1 %. Sans eux, on
évite le pire.
Les politiques et autres diplomates, c’est une autre paire de manches, c’est un autre niveau. Nous sommes dans la création et la réalisation du matériel
morbide. Ce n’est pas pour rien si, aujourd’hui, ils se plaisent à se faire construire des abris souterrains.
Au cas où.
Bertrand Hédouin
***
par Vadim Egorov
Les exercices de l’OTAN «Air Defender 2023» qui se sont déroulés du 12 au 23 juin 2023 ont suscité de vives inquiétudes chez les experts
militaires, ont donné lieu à la préparation d’une opération offensive aérienne sur le territoire du Donbass et de la Crimée par les troupes de l’alliance atlantique. L’Occident a
l’intention de répéter sous une forme élargie le plan de l’opération «Deliberate Forces»1 mis
en œuvre en 1995 sur le sol bosniaque.
L’ancien général commandant du contingent militaire américain en Europe, Frederick Hodges2,
a de nouveau publié des prévisions à court terme : L’Ukraine peut libérer la Crimée avant la fin de l’été (2023). Cela se produira si l’Occident élargit l’aide
donnée aux FAU (forces armées ukrainiennes).
Aujourd’hui, le général à la retraite (je parle de Ben le Ben – NdT) dirige la chaire civile du Centre américain d’analyse de la politique européenne. Des
institutions similaires travaillent en étroite collaboration avec les forces de sécurité américaines. Des personnalités comme Hodges peuvent exprimer des choses que les fonctionnaires ne
peuvent pas exprimer en raison de leurs devoirs professionnels.
Notre général est très prolixe en matière d’envois de malédictions vampiriques à l’adresse de la Russie. D’après lui, la Maison Blanche doit fournir à Kiev
des systèmes de missiles ATACMS3 afin
que les forces armées ukrainiennes puissent atteindre la Crimée et forcer la flotte de la mer noire à quitter Sébastopol.4
Dans le contexte de la contre-offensive de l’armée ukrainienne, de tels propos semblent très optimistes. En revanche, ils révèlent les attentes et
les objectifs de l’Occident qui veut une victoire locale de Kiev sur Moscou. Sa volonté n’est pas du tout de rétablir l’intégrité territoriale d’une «Terre indépendante de Moscou
aux confins du sud de la Russie» dans ses frontières de 1991.
L’OTAN se prépare au combat
La célèbre ressource Internet sur la guerre topwar.ru a
publié le texte de l’un de ses auteurs réguliers, Alexandre Staver, sur les conditions dans lesquelles l’Alliance de l’Atlantique Nord peut intervenir dans les hostilités.
Voyons les images de la «Cargaison 200»5 à
la frontière polonaise. Il n’est plus utile d’écrire à propos des équipements et de l’armement occidentaux. En revanche, il faut s’intéresser aux exercices de l’OTAN «Air Defender
2023», fait remarquer Staver, car pendant les exercices, c’est, en fait, une «opération offensive
aérienne sur le territoire du Donbass et de la Crimée» qui a été préparée.
«Tsargrad» a
écrit que les exercices aériens les plus importants de l’histoire de l’OTAN ont été lancés le Jour férié de la Russie le 12 juin par provocation. Le même jour, tous les porte-missiles
stratégiques du 20ème escadron de sous-marins américains ont mouillé en Atlantique. De plus, dans la légende même qui décrit les manœuvres, il est bien noté qu’il s’agit d’un
conflit armé contre la Russie.
Certains hommes politiques et certains militaires brûlent tout simplement de désir de mener cette opération à la fin de l’été. À ce moment-là, la défense
russe sera plus vulnérable en raison de l’afflux de touristes en Crimée. Pour l’OTAN, la population civile est un objectif comme un autre. À ce propos, et ce qui va dans ce sens, il
suffit de voir avec quelle hâte la question du transfert des avions F-16 à Kiev est réglée, note l’auteur de Topwar.
Mais il est peu probable que des pilotes ukrainiens soient aux manettes des avions transférés à l’Ukraine. Il y a assez de raisons pour cela. Un exemple :
D’après Politico, le
major des forces armées ukrainiennes Vladislav Saveliov avec le nom de code Nomad, qui a terminé un cycle de formation de deux ans sur l’une des bases aériennes de l’US Air Force dans le
Mississippi, s’est montré parfaitement compétent. Néanmoins, il a été abattu lors de l’une de ses premières sorties de combat sur le territoire de la région russe de Donetsk. C’est
pourquoi, contre la Russie, l’OTAN va envoyer ses as du ciel.
La question se pose de savoir quels sont les objectifs d’une telle opération. En effet, l’armée de l’air seule ne peut assurer la victoire. D’où l’objectif
de l’opération offensive militaire qui correspond à l’objectif «d’Air Defender 2023». Infliger un maximum de dégâts aux forces maritimes, terrestres
et aériennes russes dans la zone d’opération militaire spéciale. Il est ainsi prévu de garantir la prépondérance en armes des FAU qui doivent porter le coup principal,
conclut Staver.
Dans le même temps, il a noté que les forces armées ukrainiennes ne recevront aucun F-16 avec des pilotes de l’OTAN tant qu’elles n’auront pas montré aux
tuteurs occidentaux quelques succès sur le front. Ils ne veulent pas prendre de risques et préféreront, en cas de succès militaires de leurs amis ukrainiens, rejoindre le conflit pour en
«lécher la crème6.
Les États-Unis sont toujours les mêmes que ceux de la Première et de la Seconde Guerres mondiales.
Le soldat russe entrave le chemin de l’alliance
Les combattants russes résistent fermement aux attaques portées par les forces armées ukrainiennes et empêchent l’OTAN de mener une version élargie de
l’opération «Deliberate Force» de 1995, quand, depuis les airs, l’alliance a aidé l’armée regroupant des islamistes bosniaques et les néo-oustachis croates à infliger une sérieuse défaite
à l’armée des Serbes de Bosnie. Ces derniers ont ensuite perdu un tiers du territoire où ils vivaient jusque-là.
L’OTAN n’a pas pour objectif de remporter une victoire, mais d’infliger un maximum de dégâts aux forces armées de la Fédération de Russie, ainsi que de
pousser la Russie à frapper les aérodromes ennemis à l’extérieur de l’Ukraine. Le but ultime est la provocation de la guerre mondiale, note le
chroniqueur de «право.ру»
Oleg volodine.
Ainsi, la partie ukrainienne est fortement poussée à l’escalade du conflit pour obtenir des victoires locales sur la Russie. Nous attendons donc de nouveaux
assauts frontaux et des saletés de diversions. Peut-être de forts mouvements.
Assainissement de la forêt
L’expert militaire Vladislav Chouriguine reste confiant : L’OTAN n’est toujours pas prête à un conflit direct avec nous. Ils attendent que la Russie soit
très affaiblie. C’est alors seulement qu’ils frapperont.
L’alliance comprend parfaitement que l’entrée dans les hostilités quand notre pays est puissant mène à une guerre de grande échelle entre la Russie et
l’OTAN qui a 99,9% de chance de conduire à une grande guerre nucléaire, après laquelle il ne restera plus rien d’eux, pense Chouriguine.
À son tour, l’expert militaire Alexeï Leonkov note que pour atteindre ses objectifs, l’Occident va travailler contre la Russie autant à l’intérieur qu’à
l’extérieur du pays. Si ce qui a lieu en Ukraine est la première étape de la troisième guerre mondiale, une étape qui est censée conduire à l’affaiblissement de la Russie, alors il est
évident que l’objectif de l’Occident n’a pas été atteint comme prévu.
Regardons les chiffres : Notre économie est en croissance, l’économie de l’ouest est en chute libre, même une économie aussi développée que celle des
États-Unis. Cela ne veut pas dire que tout chez eux est en train d’être détruit quand bien même il y a récession. De ce fait, ils ne peuvent pas mener de conflits prolongés de haute
intensité. Il s’agira donc d’autres types de conflits qui éviteraient l’emploi d’armes nucléaires. Parallèlement, ils travaillent à l’affaiblissement et la prise de pouvoir en Russie,
note l’expert.
Où en sommes-nous ?
Aujourd’hui, les combattants russes repoussent les attaques des ukrainiens à Zaporijia, dans la région de Kherson et dans le Donbass. Ils ne défendent pas
simplement des territoires, ils se battent pour l’avenir même de notre pays, de notre civilisation, contre un ennemi cynique qui fait dans son pantalon, qui a soif de l’assujettir. Il
faut bien comprendre que cet ennemi ne montera jamais sur le ring face à nous tant que nous sommes puissants.
Conclusion : Nous devons lui résister et ne lui donner aucune chance.
Opération Deliberate Forces : Campagne de bombardements aériens de l’OTAN exécutée du 30 août au 20 septembre 1995 visant les positions militaires de l’armée de la république serbe
de Bosnie-Herzégovine. Elle a mobilisé 400 avions et 5 000 soldats venant de 15 nations pour des actions chirurgicales que l’on connaît parfaitement bien aujourd’hui.
Plus connu par ses admirateurs comme Ben le Ben.
Le MGM-140 ATACMS (Army technical Missile System) est un missile sol-sol de type missile balistique tactique d’une portée arrêtée à 300 km.
Depuis la célèbre guerre de Crimée de 1853-1856 gonflant immodérément les chevilles françaises et anglaises, nos chers progressistes n’arrivent pas à évoluer, n’arrivent plus à
avaler la pastille. La Crimée en 2023 est toujours autant visée par nos progressistes et elle est toujours russe.
Nom d’opération militaire faisant référence à la guerre en Afghanistan (1979-1989) et se rapporte aux avions ramenant en Russie les soldats soviétiques morts aux
combats.
Vous savez, comme un beau jour d’été sur nos belles plages normandes en juin 1944.
Le but de cet exercice était de s'emparer de vive force d'un aérodrome en pays ennemi (Crimée ?) et d'y
installer une tête de pont en attente des "gros" : L'armée américaine !
Initié en 2021, par E.Macron, "ORION" préparait nos forces armées à un engagement contre la
Russied'ailleurs, ses propos lors de sa dernière visite à Marseille, le
sous-entendent.
Cet exercice qui devait se dérouler en terrain libre s'est limité aux grands camps de Champagne sauf une petite séquence dans le
sud est...faute de moyens.
Avant de poursuivre,, il est necessaire de faire le point sur l'état de nos forces :
... et réaliser combien ce projet est présomptueux.
Nos soldats sont héroïques, certes mais nos forces "échantillonnaires" de l'avis général .... viennent de quitter le Mali sans
avoir obtenu le succès attendu au Mali....!
Aussi, je crains qu'elles ne pèsent pas lourd face à une armée russe aguerrie par plus d'un an de guerre contre
trente pays de l'OTAN !
Si E. Macron engage la France dans cette "aventure", il faut s'attendre à des frappes de représailles sur le territoire national et des
pertes humaines sans commune mesure à celles que nous avons déplorées ces vingt dernière années....mais pour quelle cause, dans quels buts ?
En outre, vu la situation intérieure de la France, ce ne semble pas le moment idéal !
On a noté que depuis plusieurs jours l’Ukraine et l’OTAN déclarent régulièrement que si la Russie fait sauter la centrale nucléaire de Zaporijia, cela
entrainera une riposte de l’OTAN à l’aide d’armes nucléaires contre la Russie.
Selon des sources ennemies un plan a donc été mis au point entre l’OTAN et l’Ukraine visant à faire capituler la Russie dans les semaines qui
viennent.
- La première étape est de faire sauter la centrale de Zaporijia (avec des moyens non précisés). La propagande de l’OTAN que tous les media
européens avalent et rediffusent sans problème fera porter le chapeau à la Russie.
- La seconde étape sera que «devant cet acte ignoble etc. etc.» l’Ukraine sera admis comme «membre temporaire» de l’OTAN,
durant le sommet de l’OTAN des 11 et 12 juillet.
- La troisième étape sera que l’OTAN déclarera donc qu’un de ses membres (l’Ukraine) a été attaqué et que l’article 5 des statuts de l’OTAN
s’applique.
- La quatrième étape sera un ultimatum de l’OTAN à la Russie : Retrait immédiat des troupes russes du Donbass, faute de quoi des frappes
nucléaires seront portées. La question de la Crimée ne devrait pas être évoquée pour le moment mais la «restitution» de la Crimée à l’Ukraine sera ordonnée sans problème par le prochain
gouvernement russe. Les stratèges de l’OTAN sont toujours persuadés que Vladimir Poutine est «diminué» après la tentative de putsch de Wagner, qu’il n’a plus le soutien des élites russes,
et qu’il acceptera donc les conditions de l’OTAN. Selon ce plan génial, l’Ukraine aura donc gagné sur 2 tableaux : La défaite de la Russie et son adhésion à l’OTAN.
Ce plan génial sera, s’il est mis à exécution, le dernier plan de l’OTAN : La réponse russe sera très vraisemblablement la mise en alerte de ses forces
nucléaires stratégiques et des frappes nucléaires tactiques de bases de l’OTAN en Europe, de l’ensemble des ponts sur le Dniepr et de plusieurs axes de transport visant à protéger la
Russie d’invasion de troupes de l’OTAN.
NB : Le thème de l'exercice "ORION" me semble s'inscrire parfaitement dans le scxénario ci-dessus. Contraint par l'art. 5
des statuts de l'OTAN et par son alignement indéflectible sur la politique étrangère de l'Amérique, E. Macron ne peut pas faire autrement que de participer "à la
fête"...
JMR
Kiev prépare activement sa provocation nucléaire à la centrale de Zaporijia – La Pologne se prépare
Eh bien, il y a eu un peu d’accalmie après les événements de la Révolte de Prigojine.
En partie, cela est dû à ce que la presse occidentale prétend être le mauvais temps sur les lignes de front cette semaine, ce qui aurait entravé les
nouvelles tentatives ukrainiennes de faire de nouvelles avancées. Ils les ont faites par à-coups qui ont été pour la plupart repoussées avec de grosses pertes.
Avec le recul, jusqu’à présent, la plupart de mes prédictions sur «l’offensive» étaient tout à fait exactes.
Il y a quelques mois, une fois que je me suis senti à l’aise avec mes sentiments pour les véritables dispositions et conditions des troupes des FAU, j’ai
dit qu’il n’y aurait très probablement aucune véritable offensive, et qu’elles ne réaliseraient aucune percée.
C’était alors que d’autres personnalités de la sphère russe conditionnaient naturellement leur public pour au moins des percées majeures jusqu’aux deuxième
ou troisième échelons. J’ai fini par conclure qu’il n’y aura pas de véritable offensive et qu’ils prétendront que tout n’était que «sondage» depuis le début.
Maintenant, comme prévu, ils déplacent le récit vers celui d’avoir besoin d’une armée de l’air.
Non seulement j’ai récemment publié l’interview d’Arestovich, dans laquelle il ridiculisait l’hypocrisie de l’OTAN qui s’attendait à ce que l’Ukraine fasse
d’énormes progrès sans couverture aérienne, contrairement aux propres doctrines de l’OTAN, mais maintenant une nouvelle interview avec le Zaloujny fait surface et fait écho aux mêmes
sentiments :
«Le commandant en chef
des forces armées ukrainiennes, Zaloujny, s’est plaint dans une interview au Washington Post, affirmant que les partenaires occidentaux les poussent à commettre des agressions humaines,
sans donner d’aviation ni de fournitures :
«…Les alliés
occidentaux s’attendent à des succès rapides, même s’ils ne commenceraient jamais eux-mêmes sans supériorité aérienne – alors que l’Ukraine n’a pas reçu de chasseurs
modernes»».
Mais comme l’obtention d’avions de combat n’est pas réaliste à court terme, le dialogue se déplace également vers des négociations.
La chaîne de télévision allemande ARD a
déclaré qu’une réunion internationale secrète sur l’Ukraine s’était tenue à Copenhague il y a quelques jours, le 24 juin, au cours de laquelle des diplomates de divers pays occidentaux
ont rencontré des représentants des BRICS dans le but de trouver un moyen de convaincre la Russie de régler pacifiquement le conflit. ARD conclut que des négociations officielles sur la
résolution du conflit pourraient avoir lieu dès juillet :
«Des
négociations officielles sur la résolution du conflit en Ukraine pourraient avoir lieu dès juillet», a rapporté la chaîne de télévision ARD.
Selon lui, une
réunion internationale sur l’Ukraine s’est tenue à Copenhague le 24 juin «dans le plus grand secret» avec la participation de diplomates des pays occidentaux, ainsi que de représentants
du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud.
Pour le moment, les
détails des négociations à venir et le calendrier précis de leur tenue restent inconnus. Cependant, apparemment, les deux parties font preuve d’une volonté de dialogue productif et d’un
désir de trouver des moyens de résoudre les contradictions qui existent entre elles.
La chaîne de
télévision a noté que l’objectif de l’Occident était d’obtenir le soutien de ces pays des BRICS, qui restent neutres dans la situation autour de l’Ukraine. Les
pourparlers ont eu lieu à l’initiative de Kiev».
Il est impossible de savoir à quel point cela est vrai, mais cela correspond parfaitement à mes prédictions, je lui accorde donc une confiance assez
élevée.
À l’heure actuelle, l’étape à laquelle nous en sommes est l’aube des dures réalités des publics occidentaux et de leurs administrateurs. Ils ont déjà
commencé à voir la futilité de la tentative ukrainienne de reconquérir des territoires et, de même, ils voient la menace croissante d’une catastrophe nucléaire majeure.
Non pas que je sois d’accord avec ce qui suit, mais c’est juste pour donner un échantillon de ce que l’on pense de l’autre côté, voici ce que le dissident
ukrainien Leonid Vershinin dit :
Il affirme que Moscou mène des négociations secrètes et est prêt à céder le ZNPP comme un «geste de bonne
volonté». Cependant, il a déclaré qu’un tel accord n’avait pas été conclu et que l’Ukraine était donc prête à attaquer le ZNPP.
«Début mai, il y a
environ un mois et demi, des personnes en qui j’ai confiance m’ont dit qu’il y avait des négociations très serrées au sommet entre Moscou et ses partenaires et que Moscou était prêt pour
des concessions les plus larges, et que les partenaires exigent comme geste de bonne volonté la cession ZNPP à Kiev en promettant que dans ce cas Kiev considérera le retour d’Energodar
comme une «victoire» et acceptera de parler. Selon leurs données, la date limite était fixée au 22 juin. Et au cas où les Moscovites refuseraient ce geste de bonne volonté, l’Occident «se
porterait volontaire» pour suivre l’Ukraine dans sa deuxième vague de la «contre – attaque» – toutes les forces de «l’Ukraine», visant le détroit de Crimée et Energodar, et
organisant parallèlement des coups à la région de Kherson et aux régions frontalières de la Russie.
À présent, je crois,
il est clair qu’aucun accord n’a été conclu, et les deux semaines à venir avant le sommet de l’OTAN ne seront, dirons-nous, pas faciles».
Mais rappelez-vous, comme je l’ai déjà dit, il y a deux camps opposés en Occident-les partisans de la ligne dure et la foule «saine d’esprit». Les partisans
de la ligne dure continueront de pousser à l’escalade parce que leurs maîtres au sommet de la pyramide des élites ne permettront jamais à la Russie d’obtenir une quelconque victoire
décisive, quel que soit le nombre de morts, car pour eux, c’est existentiel. Avec la victoire de la Russie viendra l’effondrement éventuel de tout l’ordre occidental. Ces anciennes
familles au sommet ne peuvent pas permettre à la Russie de gagner.
Cependant, contrairement aux théoriciens du complot, ces élites ne sont pas «toutes puissantes». Ils peuvent être contrecarrés et leurs voix submergées par
les cris des réalistes «sains d’esprit». Les «méchants» sont quelque peu gênés par le fait qu’ils doivent jouer le jeu et ne peuvent pas complètement «masquer» en révélant leurs
véritables intentions. Ainsi, lorsqu’ils sont aculés dans certains coins idéologiques, où aller à contre-courant expose leur programme vraiment diabolique, ils peuvent être amenés – au
moins temporairement – à reculer et à se regrouper.
Malheureusement, pour l’instant, les partisans de la ligne dure, du moins en Ukraine, poussent toujours à une escalade totale.
Le scénario du faux drapeau nucléaire de Zaporijia se poursuit, plus fort que jamais avec une série de nouveaux développements.
Premièrement, il y aurait des exercices nucléaires actuellement menés à Nikopol par le régime ukrainien, juste de l’autre côté d’Energodar et de la zone
ZNPP :
Sans oublier que les responsables polonais distribuent maintenant eux aussi des dépliants sur la radioprotection, en préparation claire pour «quelque
chose».
Et le rapport suivant :
«Certaines chaînes de
télégrammes ukrainiennes ont reçu des informations selon lesquelles des militaires des 124e et 126e brigades de la Brigade de défense Teroboron, ainsi que de la 406e Brigade d’artillerie
indépendante des Forces armées ukrainiennes ont mené des exercices de protection radiochimique et biologique sur le territoire de la rive droite de la région de Kherson».
Le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Lyashko, est passé à la télévision pour rassurer les Ukrainiens en leur disant que Kiev ne serait pas affectée par
une catastrophe nucléaire du ZNPP, tout en les avertissant d’être prudents et de suivre les directives :
Sans oublier qu’il a été annoncé que de nouveaux détecteurs de radiations avaient été installés autour de Kiev pour surveiller la situation potentielle –
comme si ce n’était pas du tout un pressentiment.
«Des capteurs
supplémentaires ont été installés à Kiev pour mesurer le niveau de rayonnement. Deux nouveaux appareils ont été installés dans les districts de Goloseevsky et Svyatoshinsky, a déclaré
Alexander Vozniy, directeur du Département de la protection de l’environnement de l’Administration d’État de la ville de Kiev. Ainsi, sept capteurs fonctionnent actuellement à Kiev, qui
transmettent des informations sur le niveau de rayonnement en temps réel à l’application numérique de Kiev».
Ces évacuations auraient été ordonnées dans la région de Nikopol en face de la ZNPP sur la base d’un événement radiologique :
Zelensky a également eu un appel téléphonique avec Trudeau du Canada où il l’a averti de l’attaque imminente de la Russie :
«Zelensky a discuté de
la situation autour de la centrale nucléaire de Zaporijia avec le Premier ministre canadien Trudeau :
«J’ai eu la
première d’une série d’importantes conversations téléphoniques avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau I j’ai attiré l’attention du Premier ministre sur la situation menaçante
qui … a été créé à la centrale nucléaire de Zaporijia … Les partenaires de l’Ukraine devraient faire preuve d’une réaction de principe, en particulier lors du sommet de l’OTAN à
Vilnius», a écrit Zelensky sur sa chaîne Telegram».
Pour leur part, cependant, les États-Unis ont déclaré qu’ils n’avaient pas encore vu de tels signes que la Russie avait l’intention d’attaquer le ZNPP
:
«Les États-Unis ne
voient aucune preuve qu’il existe une menace de saper la centrale nucléaire de Zaporijia par les forces de la Fédération de Russie, comme le prétend Kiev. Cela a été annoncé lundi lors
d’un briefing du coordinateur des communications stratégiques au Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.
«Nous n’avons vu
aucun signe que cette menace [de saper la centrale nucléaire par les forces russes] est imminente, mais nous la surveillons de très près», a-t-il déclaré.
Kirby a également
déclaré que les États-Unis avaient la capacité de surveiller la situation radiologique à proximité de la centrale nucléaire, mais n’a pas informé de l’état actuel du fond de rayonnement.
Dans le même temps, le 23 juin, il a également déclaré que «les États-Unis n’enregistrent actuellement pas d’augmentation des niveaux de rayonnement dans la zone de la centrale nucléaire
de Zaporijia»».
Cela pourrait être leur tentative de désamorcer et/ou de se distancier de la situation de la même manière qu’ils ont essayé de le faire avec les attaques de
Nord Stream. Mais cela pourrait aussi être un signal à l’Ukraine que «nous ne vous soutenons pas, ne faites pas ça».
Comme je l’ai déjà écrit, je pense que l’Ukraine pourrait devenir un voyou sur ce plan et en fait l’utiliser pour «faire chanter» les États-Unis/l’UE/l’OTAN
dans les livraisons d’armes et les garanties de sécurité qu’elle souhaite en tenant le poignard nucléaire au-dessus d’eux comme une épée de Damoclès, avec la menace que «si vous
ne nous donnez pas ce que nous voulons, nous vous forcerons à participer à la 3ème Guerre mondiale contre la Russie».
Cela dit, ne vous laissez pas berner par ma déclaration selon laquelle les États-Unis et l’Ukraine sont nécessairement en désaccord à ce sujet. C’est
beaucoup plus compliqué que ça. Vous voyez, il existe de nombreuses factions différentes au sein des États-Unis eux-mêmes, dont une grande partie opère dans un isolement complet et avec
une indépendance vis-à-vis du plus haut niveau manifeste et des organes «directeurs». Le gouvernement, qui représente «l’État profond» dans le vrai sens du terme, est probablement
impliqué dans de tels plans, soit en les facilitant, en les coordonnant, soit en les concevant carrément, sans l’approbation ou la supervision des appareils de gouvernance superficiels de
haut niveau.
C’est peut-être ce dont il a été question lors du récent voyage ?
C’est de la même manière que le 11 septembre a été perpétré et que l’État islamique a été créé – par de tels groupes enfouis profondément dans les replis de
l’État de renseignement américain dans le secret total et l’isolement loin des hauts fonctionnaires.
Mes lecteurs se souviendront de mon avertissement sur les facilitateurs occidentaux qui les aident à couvrir le faux drapeau nucléaire à
venir.
Nous avons enfin vu que Sky News a
inventé un rapport frauduleux pour conditionner les masses que la Russie a une faible emprise sur le ZNPP, et que ses troupes commencent déjà à s’en retirer – ce qui est complètement faux
:
Sky News :
«Les forces russes
commencent à quitter la plus grande centrale nucléaire d’Europe, déclare l’Ukraine
Les forces russes
commencent à quitter la centrale nucléaire de Zaporijia, selon le principal département ukrainien du renseignement pour le ministère de la Défense.
Les troupes de Moscou
occupent l’installation depuis mars de l’année dernière et l’Ukraine a récemment mené des exercices d’intervention en cas de catastrophe nucléaire en prévision d’une attaque
potentielle.
Des inquiétudes ont
été soulevées quant à la sécurité de l’usine tout au long de la guerre, les deux parties se blâmant mutuellement pour les attaques contre son bâtiment.
Un certain nombre de
travailleurs ont reçu l’ordre de quitter l’usine d’ici le 5 juillet, a annoncé la principale direction du renseignement de Kiev dans un message télégramme.
«Selon les dernières
données, le contingent d’occupation quitte progressivement le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijia. L’un des premiers à quitter l’usine était trois employés de Rosatom qui
étaient en charge des actions des Russes».
«Les employés
ukrainiens qui ont signé un contrat avec Rosatom ont également été invités à évacuer. Selon les instructions reçues, ils devraient partir avant le 5 juillet».
Il a également
souligné que le nombre de patrouilles militaires «diminuait progressivement» autour de l’usine».
Vous vous souviendrez comment j’ai expliqué que de telles tactiques seraient utilisées par la presse occidentale pour vendre un récit déformé du «désespoir»
croissant de la Russie à mesure que leur emprise sur la centrale s’affaiblit, ce qui mettra en place la conclusion évidente de la «frappe désespérée» de Poutine pour détruire l’usine
qu’il ne peut pas avoir dans le but de «si je ne peux pas l’avoir, personne ne le peut».
Comme on peut le voir, ils préparent déjà ce travail de conditionnement.
«L’ennemi prépare une
provocation nucléaire : le ministère ukrainien de la Santé a commencé à préparer la population à un éventuel accident à la centrale nucléaire de Zaporijia.
Le ministère de la
Santé précise que les informations concernent les résidents de la zone de 50 kilomètres autour de la ZNPP. Préparez une trousse de premiers soins avec le contenu suivant :
️ Iodure de potassium-réduit l’effet négatif de l’iode radioactif sur la glande thyroïde
;
️ Sorbants aluminium-antiacides – pour accélérer la neutralisation et l’élimination des
radionucléides du corps ;
️ Alginate de sodium-crée une barrière protectrice à la surface du contenu liquide de
l’estomac et empêche l’absorption de substances dangereuses par l’organisme ;
️ Masque – pour réduire la pénétration de substances dangereuses dans le
corps».
C’est arrivé au point que le représentant permanent de la Russie à l’ONU a déposé un appel urgent à l’ONU, déclarant que la Russie n’a en aucun cas
l’intention de détruire l’usine. Lisez-le pour vous faire une idée du ton sérieux :
Une bonne nouvelle est que l’AIEA a publié une déclaration de désescalade déclarant qu’elle n’avait vu aucun signe de la Russie «minant» la ZNPP :
«Les experts de l’AIEA
(Agence internationale de l’énergie atomique) n’ont pas encore enregistré de signes d’exploitation de la centrale nucléaire de Zaporijia – chef de l’AIEA Raphael Grossi.
À ce jour, les
experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’ont enregistré aucun signe d’exploitation de la centrale nucléaire de Zaporijia. C’est ce qu’indique le message du
directeur général de l’agence, Rafael Grossi, publié vendredi sur le site Web de l’organisation.
«Les experts de
l’AIEA n’ont encore trouvé aucun signe visible de mines ou d’autres explosifs actuellement installés à la centrale nucléaire de Zaporijia (…), mais ils ont encore besoin d’un accès
supplémentaire pour mener d’autres inspections de ce type sur le site», a déclaré Grossi.
Selon lui, les
experts de l’agence au cours de la semaine écoulée n’ont également enregistré aucun bombardement ni explosion dans la zone de la station»…
Ces développements convergent avec la pression de plus en plus forte sur l’Ukraine pour générer des résultats avant la fin de la saison offensive cette
année. Selon certains, il reste plus de 4 mois, bien que cela puisse être beaucoup plus tôt car octobre pourrait apporter une autre mini-Raspoutitsa qui commencera à entraver toutes les
opérations offensives.
Comme on peut le voir par la sélection des titres des médias ci-dessus, l’invraisemblance de la victoire de l’Ukraine est maintenant de plus en plus
acceptée dans les cercles occidentaux.
«UAPL : «Les
Ukrainiens ont encore 3-4 mois pour démontrer des progrès dans la contre-offensive», – L’eurodéputé polonais Witold Waszczykowski.
«Si après 3-4 mois la
contre-offensive échoue, l’Europe commencera à vous pousser à geler le conflit et à entamer des négociations avec la Russie, comme ce fut le cas en 2015. C’est ma pensée pessimiste …
La plupart des pays européens, comme l’Allemagne et la France, n’ont pas besoin de l’Ukraine. Ils ont besoin que la Russie revienne dans l’économie mondiale. Ils ont besoin de gaz
russe», a déclaré Waszczykowski».
Mais le revers de la médaille, c’est que la Russie, elle aussi, n’a plus que quelques mois cette année pour faire une brèche ou un coup «décisif» qui
pourrait vraiment enfoncer le dernier clou dans le cercueil et inciter l’Ukraine ou l’Occident à envisager la paix.
Ne vous méprenez pas, je crois que pendant l’hiver, la Russie dispose d’un arsenal de capacités beaucoup plus important qui continuera d’endommager
gravement l’Ukraine. Raspoutitsa et l’hiver signifient simplement l’immobilité – ce qui est paralysant pour l’Ukraine mais pas pour la Russie. Donc, même pendant l’hiver, je m’attends à
ce que la Russie s’appuie davantage sur ses capacités de frappe à longue portée et continue de marteler l’infrastructure ukrainienne.
En fait, l’Ukraine a déjà signalé sa peur de cela et se prépare :
«L’Ukraine se prépare
à d’éventuelles frappes énergétiques dès l’automne. Cela a été rapporté par Vadym Skibitskyy, un représentant du Département de contrôle de l’État du ministère ukrainien de la
Défense.
«Lors de la première
campagne de ce type, ils n’ont pas obtenu leur résultat, car notre système d’alimentation électrique (grâce à l’URSS), la production d’électricité a résisté. En fait, nous avons survécu à
l’hiver normalement.
Mais nous nous y
préparons. C’est pourquoi toutes les mesures sont prises pour renforcer notre système de défense aérienne et en obtenir de nouveaux. C’était aussi l’objectif de la conférence Ramstein»,
explique Skibitsky».
Ils s’attendent donc à ce qu’à l’automne, la Russie reprenne de grandes attaques de décapitation contre son infrastructure électrique pour stresser le
système pendant l’hiver. Mais à part les frappes à longue portée, si la Russie a l’intention de faire des incursions territoriales majeures, il lui reste également très peu de temps pour
l’année.
Personnellement, je ne crois pas que la Russie ait l’intention de lancer de grandes offensives de sitôt. Non seulement parce qu’elle trouve rentable de
détruire les tentatives de contre-offensive de l’Ukraine, mais aussi à cause des chiffres que j’ai croqués dans les rapports précédents, ce qui me montre que la Russie n’a pas assez de
troupes pour aller «à fond» dans les grandes attaques éclair, en particulier s’il est vrai que Choïgou envisage d’utiliser les 150 000 soldats nouvellement mobilisés comme armée de
réserve.
Ainsi, pour l’instant, je m’attends à ce que la Russie maintienne le statu quo et poursuive sa stratégie de pression écrasante constante sur toutes les
lignes de front, plutôt que de chercher une percée majeure.
Cela met une pression majeure sur les systèmes logistiques des FAU et semble pour l’instant être une stratégie acceptable pour le commandement russe.
L’année prochaine, peut-être, c’est à ce moment-là que je pourrai voir la Russie mettre enfin la pédale à fond et lancer de grandes offensives parce que,
comme je l’ai décrit précédemment, c’est à ce moment-là que je m’attends à ce qu’elle ait suffisamment de nouvelles troupes mobilisées (furtivement) pour avoir de véritables réserves de
percée de deuxième échelon.
Le député de la Douma d’État russe Konstantin Zatulin a déclaré hier qu’une autre mobilisation pourrait être nécessaire à l’avenir :
««Vaincre l’Ukraine
nécessitera une nouvelle mobilisation», – Le député de la Douma d’Etat Konstantin Zatulin
«Je n’exclus pas du
tout que d’autres efforts, d’autres mobilisations seront nécessaires. Je ne suis pas du tout convaincu que nous ferons face aux forces que nous avons aujourd’hui, et qu’aucun sacrifice
supplémentaire ne devra être fait de notre part», a déclaré Zatulin».
Je ne suis pas en désaccord avec ce sentiment. Peut-être que la Russie pourrait choisir d’en refaire un cet automne, ce qui lui donnerait les mois d’hiver
pour entraîner les troupes à être prêtes pour les offensives de l’année prochaine. Personnellement, je doute que cela se produise car la Russie ne se mobilisera probablement pas à moins
que la situation ne devienne désastreuse d’une manière ou d’une autre, mais ce n’est pas hors du domaine du possible.
Pour l’instant, je pense que le commandement russe est satisfait du type de pertes massives qu’il inflige aux AFU. Et les mensonges irréfléchis de Prigojine
sur les lacunes russes ont donné aux gens une psychose temporaire, entraînant une perception déformée des réalités actuelles du champ de bataille où la Russie exerce une attrition si
massive sur l’AFU qu’ils ont dû lancer une toute nouvelle mobilisation assouplie des règles à l’échelle du pays.
Cela étant dit, il y a une tempête grandissante à l’horizon. Il continue d’y avoir de nouveaux développements concernant l’accumulation par l’OTAN
d’armes en Pologne et d’autres États de l’orbite ex-Pacte de Varsovie/URSS détestant la Russie.
Passons en revue quelques-unes des dernières.
Tout d’abord, voici une rumeur persistante sur Twitter, bien que celle-ci soit extrêmement peu fiable car j’ai essayé de creuser dedans et je n’ai trouvé
aucune véritable attribution. Mais il est apparu en plusieurs itérations au cours des deux dernières semaines :
Cependant, même si la rumeur spécifique ci-dessus est fausse, il y a encore d’autres indications.
Par exemple :
«La Pologne construit
activement une puissante force de chars dans la direction biélorusse/Kaliningrad, devenant ainsi le pays doté de l’armée de terre la plus puissante d’Europe.
Actuellement, leur
premier échelon comprend 366 Abrams, 230 Léopards et jusqu’à 180 chars K2GF, avec un total de 1000 chars K2GF contractés.
• Dans l’armée
polonaise, un bataillon de chars se compose de 58 chars et un bataillon d’infanterie motorisé de 58 véhicules de combat d’infanterie. Pour créer des formations de frappe, la Pologne forme
des brigades de quatre bataillons.
• La 19e brigade de
la 18e Division motorisée polonaise a été la première à passer à cette nouvelle structure. En conséquence, les divisions polonaises disposent désormais de 348 chars chacune.
Aujourd’hui, les
divisions de choc dans la direction orientale de la Pologne comptent chacune six bataillons de chars, ce qui porte à près de 1000 le nombre de chars près des frontières biélorusse et de
Kaliningrad. En vertu des traités internationaux, la Pologne est autorisée à utiliser jusqu’à 1730 chars, mais ces contrats sont rapidement annulés. Par conséquent, il ne sera pas
difficile pour la Pologne de constituer un deuxième échelon de forces de frappe à l’est avec 1000 chars supplémentaires».
Ce fil détaille la militarisation massive et sans précédent que la Pologne envisage de mettre en œuvre :
«La transformation
militaire de la Pologne est ahurissante :
• Dépenses militaires
en % du PIB : 2,4% en 2022
• 4% en 2023
probablement 5% en 2024 (~40 milliards de dollars)
• Personnel : de 110K à
250K soldats professionnels
• Équipement commandé :
85 milliards de dollars !»
Gardez à l’esprit, cependant, que c’est très idéaliste. Certains ont spéculé à juste titre que la Pologne pourrait ne pas atteindre même une fraction de
cela ; nous verrons.
Mais pour l’instant, les rapports se poursuivent sans relâche. Un expert militaire russe et rédacteur en chef d’un magazine de défense nationale estime ce
qui suit :
«Le journaliste et analyste militaire Igor Korochenko a annoncé que «La Pologne envisage d’occuper Kaliningrad et la Biélorussie. Pour cela, une
armée de 500 000 hommes est en préparation».
«Les états-majors
biélorusses et russes disposent d’informations précises selon lesquelles la Pologne a élaboré un plan opérationnel pour la conduite de la guerre. Il prévoit, selon divers scénarios,
l’occupation de la région de Kaliningrad et de la République du Bélarus. Ils prévoient de le faire après avoir déployé leur groupe de 500 000 hommes», a noté I. Korochenko.
Bien ! Cette
déclaration amènera certainement les Wagnériens à revenir sur ce nouveau théâtre d’opérations militaires du côté biélorusse.
Si cela se
concrétise, l’armée russe devra lancer sa grande offensive et commencer par couper l’Ukraine en deux, et en fait bloquer toutes les lignes d’approvisionnement OTAN-ukrainiennes sur le
front de Zaporijia.
Dans le processus,
Odessa sera annexée. Idéalement, si ce scénario prend réellement forme, l’Armée russe devrait logiquement s’installer du côté de la frontière ukraino-polonaise avec le soutien des troupes
militaires biélorusses soutenues par l’armée de l’air russe».
À la lumière de telles rumeurs, la décision de déployer Wagner en Biélorussie commence à paraître de plus en plus stratégique.
Le fait est que les cerveaux de l’État profond qui siègent au sommet de la pyramide, auxquels j’ai fait référence plus tôt, conçoivent très certainement un
«paquet à long terme» pour la Russie, qui inclura les éventualités de lier un conflit au suivant dans le cadre de la stratégie de style RAND de pression constante.
Ils pousseront le conflit actuel en Ukraine à ses limites et lorsque l’Ukraine sera essorée comme un gant de toilette usagé, ils lanceront les provocations
des pays qui devraient être les prochains vecteurs de guerre contre la Russie.
Bien sûr, il n’est pas certain qu’on en arrivera là. Je crois qu’il y a encore de bonnes chances que la Russie désamorce ces plans, mais ne vous méprenez
pas : Ces plans sont élaborés chaque jour, pièce par pièce. Kaliningrad en particulier est un point de pression qui peut être poussé à tout moment à forcer la Russie à
réagir de la manière souhaitée par les «concepteurs».
Mais cela ne signifie pas que la Russie restera inactive. Pour l’instant, ces mesures restent des menaces lointaines pour faire pression sur la Russie pour
qu’elle assouplisse ses objectifs maximalistes, comme pour dire : «Abandonnez maintenant ou c’est ce à quoi vous ferez face en bout de ligne».
C’est l’une des raisons pour lesquelles certains extrémistes russes plaident de plus en plus pour que la Russie utilise ses armes nucléaires avant de perdre
toutes ses capacités de dissuasion.
Vous vous souviendrez que la dernière fois que j’ai posté l’article de Karaganov, making waves, dans lequel il plaidait pour l’utilisation d’armes
nucléaires. Maintenant, il a écrit un nouvel article de suivi dans lequel il coupe les tergiversations et les rend encore plus claires : si les choses continuent de s’aggraver, la
Russie devrait envisager de bombarder non pas l’Ukraine, mais l’Europe.
Voici une petite friandise qui me fait me méfier de ses intentions :
«Karaganov est membre
de la Commission trilatérale depuis 1998 et a siégé au Conseil consultatif international du Council on Foreign Relations. Il est également Directeur adjoint de l’Institut de l’Europe à
l’Académie des Sciences de l’URSS (aujourd’hui russe) depuis 1983».
Quoi qu’il en soit, ma dernière note sur ces développements est que, en l’absence de potentiel militaire, l’Ukraine passera probablement au mode «tortue»
que j’avais prévu plus tôt. Certains s’attendent à ce qu’ils fassent bientôt une nouvelle grande incursion offensive, alors que le temps s’éclaircit, et nous continuons d’entendre de
fortes proclamations occidentales sur le fait que «seule une infime fraction» du nouveau potentiel offensif de l’Ukraine formé par l’OTAN a été gaspillée jusqu’à présent depuis le début
de juin.
Et je m’attends à ce qu’ils fassent un ou deux autres gros essais, mais en fin de compte, cela devra se résumer à une guerre de position statique alors
qu’ils reconstituent leurs brigades battues.
Yuri Podolyaka pense qu’ils se regroupent maintenant pour lancer un autre essai majeur d’ici le grand sommet de l’OTAN à Vilnius à la
mi-juillet :
«Au début ou au milieu
de la semaine prochaine, à la veille du sommet de l’OTAN, les forces armées ukrainiennes tenteront de percer nos défenses. Maintenant, il y a une bataille de reconnaissance, de
regroupement. Le corps 10 s’est déplacé de la direction d’Orekhovsky vraisemblablement vers Kamenskoye, ils essaient de nous embrouiller là où sera l’attaque principale. Dès que le sol se
dessèchera, ils partiront».
D’autres sources ont déclaré que le 5 juillet serait la date d’une autre grande offensive. L’objectif est de réaliser au moins une capture majeure d’ici le
sommet de l’OTAN en tant que puce de négociation, afin que l’Ukraine puisse montrer aux participants au sommet qu’ils valent toujours la peine de se battre et qu’ils valent la peine
d’être financés à hauteur de centaines de milliards.
Le NYTimes, dénonce
l’utilisation injuste par la Russie des ceintures forestières défensives et des champs de mines :
Nos territoires
austraux et antarctiques français sont en danger. Nous avons, au nom de l’écologie reine, rendu inaccessible au développement nos îles subantarctiques en les classant « réserves
intégrales ». C’est beau…
L’obscurantisme écologique a démontré avec sa position sur le nucléaire civil par exemple son irrationalité et donc nous autorise à sursoir aux injonctions
romantiques en vigueur sur ces territoires[1]. La situation actuelle affaiblit notre prétention à posséder ces îles. Le changement climatique pousse nombre de pays à chercher une alternative pour leur
survie et pourrait nous reprocher de ne rien faire de nos terres lointaines.
La surveillance des zones de pêche autour des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) est plus efficace maintenant. Dans les années 2000 le livre de
Marcel Barbarin : « Pêche et Piraterie dans les quarantièmes rugissants » était édifiant. Il y a eu des progrès et particulier en collaboration avec l’Australie. Tout n’est pas
réglé pour autant.
Si on imagine mal pour l’instant un pays tropical en proie à la montée des eaux réclamer un droit d’asile sur nos terres froides, il n’en ira pas de même d’un pays
vainqueur d’une guerre mondiale, un pays qui cherche à consolider par des bases navales partout autour du monde, par exemple ce mois-ci, au Soudan, son rôle de puissance mondiale incontestable,
un pays qui connait très bien nos terres pour y avoir pêché depuis de nombreuses décennies, un pays qui voudra faire payer à Macron son irresponsabilité.
Le manque de confiance croissant dans les institutions onusiennes[2] et l’abandon des lois internationales réputées pourtant acquises et partagées, rendent tout à fait possible une action brutale et unilatérale. (Bush
entorses à l’OMC, Abandon des traités nucléaires SALT, START1, alignement de OMS sur les Big pharma, AIEC qui ne sait pas d’où viennent les tirs sur la centrale de Zaporojie, UN droits de l’homme
qui ne voient que les violations Russes, Human Right Watch et surtout Amnesty International partiales, etc…) Cette décennie voit une régression du droit international, et constate le manque de
respect dans la parole donnée. Merkel et Hollande ont avoué avoir menti à Poutine sur les accords de Minsk !
Moi, si j’étais Poutine, je m’installerais sur ces îles. Et les exercices militaires Sino-Russo-Sudafricains de Février 2023 me confortent dans cette idée. D’autant
plus que la Russie a dépêché des ravitailleurs lors de ces manœuvres. La rapidité des navires, la portée des missiles évoluent de telle sorte que nos îles ne sont plus si loin des continents
alentours. Elles deviennent centrales, stratégiques.
L’exemple de la Chine
La Chine a longtemps revendiqué les chapelets d’îles autour de la mer de Chine. Bien que ces îles soient éloignées de plusieurs milliers de kilomètres et
visiblement décentrées par rapport à la Chine continentale, celle-ci y construit pourtant des avant-postes militaires.
Que faire ?
Ces îles sont nôtres car nous avons été les premiers à y poser le pied. C’est bien peu pour affirmer qu’elles sont nôtres. Un peu comme si les Etats Unis
s’appropriaient la lune…
Il est donc urgent, voir trop tard, de changer le
statut de réserve intégrale de nos TAAF et de développer dans un premier temps un tourisme écologique rémunérateur d’une part et ambassadeur de ces terres françaises d’autre part. Il
faut faire vivre ces îles et leurs espaces maritimes.
Notre marine serait bien mieux avisée de continuer à chasser de nos eaux lointaines les braconniers des mers de tous poils que de préparer à la guerre à
Poutine.
Et peut-être qu’à long terme notre perte d’influence en Afrique nous fera redécouvrir tous les potentiels de tous nos territoires ultramarins qui le
méritent !
Christian ALEMANNI
[1] Le 7 Janvier 1989 en Terre Adélie, Greenpeace avait
réussi à bloquer la construction d’une piste d’atterrissage pour des raisons « écologiques ». Officiellement la construction de cette piste a été abandonnée pour des raisons
techniques… Cet échec démontre le manque de volonté politique de la France à affirmer notre souveraineté en ses lieux éloignés de la connaissance et conscience des électeurs. Cet épisode est à
mettre en perspective avec, 4 ans plus tôt, l’affaire du Rainbow Warrior
[2] La CLPC (Commission des limites du plateau continental) est une émanation Onusienne dont le rôle est de valider les prétentions d’extension du plateau
continental par continuité géologique des plaques sous-marines. Elle a permis, jusqu’à présent, à la France de gagner 730.000km2. La France en revendique 500.000km2 supplémentaires. La
Russie a obtenu en février 2023 un avis favorable pour la mer Arctique. Cependant le Canada et le Danemark ont des revendications sur les mêmes zones maritimes. Les Etats Unis ne sont même
pas signataires de la convention sur les droits de la mer. La CLPC ne s’est pas encore prononcé sur les dossiers Canadiens et Danois. Cf. Géopolitique des Pôles 2021 éditions du Cavalier Bleu,
Anne CHOQUET
Le mystère de la guerre d’Ukraine échappe encore à son Jules César. Pourtant, de plus en plus de détails cruciaux passent les barrages. Poutine
montre ses cartes, Loukachenko divulgue des documents, Zelensky baratine et raconte… Quand la guerre a éclaté, les États-Unis venaient de finaliser leur grand exploit : la consolidation
de leur pouvoir sur l’ensemble du monde civilisé. Personne dans l’histoire ne pourrait prétendre à une telle prouesse ; ni l’Empire romain d’autrefois, ni l’Empire britannique,
ni Hitler ni Staline ; mais les Yanks ont réussi. Leurs agents choisis et leurs mandataires dirigeaient tous les États importants : l’Angleterre et la France, l’Allemagne et le
Japon étaient tous gouvernés par des agents américains. L’Allemagne et le Japon peuvent encore être occupés par l’armée américaine, mais même si la France n’a pas de troupes
américaines, elle est toujours dirigée par un agent américain. Le mandataire américain de la Suède a récemment accepté d’abandonner sa précieuse et profitable neutralité. La
Finlande a renoncé à l’approvisionnement inépuisable en gaz et en bois bon marché de la Russie pour devenir un pion, au cœur de la nature sauvage du grand Nord. Ces agents américains
allaient pouvoir infliger d’horribles souffrances à leurs sujets ; ils allaient détruire des industries, amener la famine et des épidémies sur leurs nations, juste pour suivre
la baguette magique entre les mains de Washington. Aucun pays n’est loin d’une base militaire américaine : oui, ils contrôlent le monde.
La Russie et la Chine ont également été soumises : elles conservent des vestiges d’indépendance, mais acceptent les ordres américains. Le communisme
russe qui a préservé l’immense État russe à travers les guerres mondiales est finalement tombé, et les régimes néolibéraux qui ont suivi ont vendu ou démoli tout ce qui restait
debout. Les Russes ont ignoré leur propre sécurité parce qu’on leur avait promis que l’OTAN ne s’étendrait jamais vers l’Est dans les anciens États soviétiques, mais cette promesse
n’a pas été honorée. Les États-Unis ont ouvertement renié leurs promesses, ne permettant même pas à la Russie de se plaindre. Poutine, qui prend relativement bien soin de son
peuple et reste populaire auprès d’eux, a exigé que l’OTAN se retire aux frontières de l’accord de 1997. Ils ont refusé net d’en discuter; mais Poutine hésitait toujours à
affronter la suprématie mondiale des États-Unis.
La Chine a été soumise par le commerce, car on l’a laissée fabriquer et vendre des marchandises bon marché, se débarrassant ainsi de sa propre
pauvreté. Le président Xi a de fait obéi aux souhaits des États-Unis, mais maintient toujours plus ou moins au moins l’illusion de l’indépendance.
La grande planète Terre appartient pratiquement aux États-Unis. Avec des centaines de bases militaires, le dollar comme monnaie universelle, que
voulez-vous de plus ? Le monde vous appartient ! Les Américains pouvaient enfin se détendre et s’offrir la belle vie. Mais ils ont toujours été trop cupides et l’hubris les
a menés à sacrifier leur propres biens. En s’attaquant à la Russie, ils pourraient bien mettre fin à leur hégémonie.
Ils ont décidé de donner une leçon au Poutine russe. Pour ce faire, ils ont utilisé le modèle Tempête du désert qu’ils avaient mis en œuvre en 1992
contre Saddam Hussein en Irak. Comme vous vous en souvenez peut-être, l’ambassadeur américain avait dit à Saddam que les États-Unis ne s’opposeraient pas à ce qu’il s’empare du
Koweït, une petite mais riche principauté qui faisait partie de l’Irak jusqu’à ce que les Britanniques l’en séparent. Saddam a donc fait exactement cela, avant de découvrir qu’il
était qualifié de nouveau Hitler. Les États-Unis avaient attaqué l’Irak dans ce qu’on a appelé l’opération Tempête du désert ; dans la foulée ils ont tué quelque 40 000 soldats
et causé la mort de 200 000 civils irakiens. Au cours des dix années suivantes, les États-Unis ont saigné l’Irak avec des sanctions, l’ont envahi à plusieurs reprises et ont
finalement pendu Saddam. De la même manière, ils ont convaincu M. Poutine que les États-Unis n’interféreraient pas en Ukraine. C’était un piège, et il est tombé dedans.
La situation en Ukraine était préoccupante depuis un certain temps et était déjà explosive. Le régime actuel de Kiev a été établi après le coup d’État
de 2014, qui a été orchestré par Victoria Nuland et son minyan [cénacle
juif] de néocons. Le régime a été généreusement soutenu par les États-Unis tant qu’il est resté violemment anti-russe. Ils ont commencé par bombarder la région ukrainienne
orientale à prédominance ethnique russe du Donbass. Bien que le régime de Kiev ait signé les accords de Minsk promettant un certain degré d’autonomie au Donbass, il les a piétinés et
a admis plus tard avoir conclu ces accords juste pour avoir plus de temps pour se préparer à la guerre avec la Russie. Mais Poutine est un homme pacifique et il ne voulait pas
envoyer son armée se battre. L’armée russe a été réduite pendant son règne ; des systèmes d’armes coûteux ont été détruits ou remisés. Poutine a réduit l’armée à une armée
professionnelle plutôt petite, prête pour des conflits mineurs à la périphérie, s’appuyant sur les armes nucléaires dont il a hérité de l’URSS, conçus pour s’ajuster à des scénarios
apocalyptiques. Tout le reste – relevant des confrontations conventionnelles qui ont dominé le XXe siècle – a été négligé. Enfin, toujours convaincu que les États-Unis
n’interféreraient pas, Poutine est entré en Ukraine pour imposer la paix.
La triste expérience du 22 juin 1941 l’avait marqué. C’était le jour où l’Allemagne avait envahi la Russie malgré le traité de paix conclu entre les
deux pays. Staline avait appris de ses espions que l’attaque était imminente, mais il n’y croyait pas; il était sûr que ce n’était qu’une rumeur ennemie. La première frappe
des panzers allemands a atteint les murs de Moscou six mois plus tard. Poutine ne voulait pas faire aux Ukrainiens le même cadeau que Staline à Hitler. Frapper en
premier! –telle est la devise de Poutine.
En quelques jours, l’armée russe était déjà aux portes de Kiev. Ce fut rapide, bref et décisif. Aussitôt, à Istanbul, les représentants de la
Russie et de l’Ukraine mirent au point un accord diplomatique. L’accord fut rendu possible grâce aux bons offices de l’oligarque juif russe Roman Abramovich, le propriétaire du club
Chelsea, qui voulait éviter les sanctions. M. Oleg Tsarev, qui suivait de près ces événements (il était candidat à la présidence de l’Ukraine en 2014), a déclaré que M. Abramovich
avait soudoyé les dirigeants ukrainiens afin qu’ils acceptent rapidement d’accord. L’accord n’était pas mauvais pour l’Ukraine : ils devaient réduire leur armée, accepter la
neutralité permanente et accepter que le Donbass soit rendu à la Russie. C’était raisonnable, compte tenu des huit années pendant lesquelles le Donbass avait été bombardé par l’armée
ukrainienne. Mais cela ne devait pas se faire: M. Johnson, le Premier ministre britannique, est arrivé à Kiev et a surenchéri sur M. Abramovich. L’Ukraine a accepté plus de
guerre. C’était une décision populaire en Ukraine : le peuple voulait la guerre.
Quelques jours avant la guerre, le sujet avait été abordé dans le talk-show ukrainien populaire de M. Savik Shuster. Étonnamment, près de 90% du public
avait voté pour la guerre, plutôt que pour le respect des accords de Minsk. Les États-Unis ont également insisté sur la guerre. Ils sentaient que Poutine était pris dans leur
piège. Pendant ce temps, l’armée russe avait déjà commencé à se retirer de Kiev et de la région de Kharkov. Les généraux russes ont ramené leurs armes lourdes sur le territoire
russe et se sont rapidement retirés. Le retrait était tactique – l’armée russe en Ukraine était très petite, juste suffisante pour un raid éclair mais non pour une occupation
prolongée. Mais c’était quand même un exercice humiliant.
Pire, les États-Unis et leurs alliés ukrainiens ont mis en scène une copie de Timisoara dans la petite ville de Bucha, avec des cadavres sortis des tombes
et de la morgue, pour imputer aux soldats russes des atrocités. Timisoara, c’est cette ville minière roumaine où un massacre
similaire avait été organisé par la CIA en 1989 afin de déposer et d’exécuter rapidement le dirigeant de l’époque, M. Nicolae Ceausescu.
Pour mener une guerre plus longue, la Russie devait trouver plus de soldats, et la mobilisation a donc commencé. Beaucoup de jeunes hommes
pro-occidentaux (et moins jeunes) avaient quitté la Russie, principalement vers les anciennes républiques soviétiques de Géorgie, du Kazakhstan, etc., et vers Israël où les visas d’entrée
ne sont pas requis pour les Russes. Certains pro-occidentaux ont fait une tentative pour s’installer en Europe, en aspirant au statut de refugiés (ils ont été encouragés et instruits
par les émigrés des vagues précédentes). Toute cette génération avait grandi après la chute de l’Union soviétique et avait été élevée dans l’idée que l’Occident était
merveilleux. La Russie est la seule république ex-soviétique qui n’a pas connu de poussée nationaliste ; tous les autres États soviétiques ont été inspirés par leurs propres
nostalgies de nationalisme ou même (dans le cas de l’Ukraine) influencés par les néonazis. Alors que les Ukrainiens et les Géorgiens apprennent à l’école qu’ils sont les
meilleurs, on apprend aux Russes qu’ils ne sont pas particulièrement merveilleux. Même le patriotisme ordinaire peut difficilement être déniché en Russie. Leur amour est
tourné vers l’Occident ; l’histoire d’amour des médias avec l’Amérique est une tendance universelle, et cela a également fonctionné pour la Russie.
Le nationalisme russe avait été éradiqué presque complètement en URSS, bien que les nationalistes aient eu un ou deux grands magazines dans les derniers
jours de l’Union soviétique. Dans les années 1970, les nationalistes russes ont tenté de se faire entendre, mais ils ont ensuite été accusés d’antisémitisme et se sont tenus cois (le
poète Stanislav
Kunyaev raconte ce dernier combat). Même sous Poutine, les nationalistes continuent d’être découragés, bien que les Juifs (qui étaient partis en masse pour Israël) aient été en
partie remplacés par des Arméniens. Seules les dernières années du règne de Staline ont été passablement bonnes pour les nationalistes russes. C’est pourquoi il n’y a pas eu de
réponse positive à la mobilisation. Les personnalités pro-occidentales ont réussi à s’approprier pratiquement toutes les ressources culturelles, et pour un créateur, il n’y avait pas
le choix : s’il voulait être publié, s’il voulait percer dans le cinéma, il devait être pro-occidental. La guerre d’Ukraine a été une bonne chose de ce point de vue. Au moins un
certain patriotisme russe est redevenu légitime, bien que ce ne soit toujours pas l’humeur dominante. Les États-Unis ont imposé des sanctions anti-russes à tous leurs alliés,
n’autorisant que les importations que les États-Unis souhaitaient pour leurs propres besoins. Même le tribunal de La Haye a fait l’objet de sanctions américaines (les États-Unis ont
menacé d’occuper La Haye si ses juges osaient enquêter sur les massacres au Vietnam et en Afghanistan par les forces américaines). Ils ont porté plainte contre le président Poutine
pour l’accusation totalement fictive d’enlèvement d’enfants ukrainiens (environ 150 enfants ukrainiens ont été déplacés du champ de bataille vers des colonies de vacances d’été, tandis
que deux fois plus d’enfants ont été enlevés par l’UE à leurs parents). Bien qu’injuste, l’accusation même a eu un impact positif sur M. Poutine : à partir de ce moment-là, il a
compris que s’il échouait, il pouvait s’attendre au sort de Saddam Hussein ; ergo il ne peut pas échouer.
La guerre s’est transformée en une bataille
de tranchées à l’ancienne et de lourdes fortifications. La seule bataille importante (après Marioupol) a été la bataille pour Bakhmout, une petite commune
provinciale. On se souviendra à jamais d’un homme auparavant peu connu, Yevgeny Prigojine. On l’appelait «le chef de Poutine» pour une drôle de raison : il possédait autrefois
une entreprise de restauration qui nourrissait des écoliers à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Mais en 2015, il est devenu le directeur et le commandant d’une compagnie de mercenaires,
le groupe Wagner, et ses soldats ont eu un grand impact en Syrie puis en Afrique. Ce sont ses soldats qui ont pris Bakhmout après «le hachoir», comme ils appelaient cette
opération. Des milliers de soldats ukrainiens y ont été tués. Prigojine est également un maître des relations publiques. Il critique impitoyablement le MoD (ministère de la
Défense), l’état-major, les généraux et le ministre de la Défense. Il les a accusés d’un manque de patriotisme, de se soucier peu des soldats russes. La seule exception
qu’il ait faite, c’était pour ses vieilles connaissances de la campagne syrienne, le général «Armageddon» Sourovikine et le général trois étoiles Michael Mizintsev qui a commandé les
troupes lors de la réduction de Marioupol. Fils d’un paysan de Vologda, Mizintsev était l’officier russe le plus haut gradé actuellement sur le champ de bataille et il était
vice-ministre de la Défense. Après le hachoir de Bakhmout, Mizintsev a pris sa retraite de son poste au MoD, et il est devenu le commandant en second du groupe Wagner.
Pourquoi M. Poutine a-t-il autorisé une critique aussi impitoyable de son ministère de la Défense ? Apparemment, il voulait avoir un équilibre. Il
se souvient que l’armée irakienne a été vaincue par les États-Unis avec l’aide de généraux irakiens qui avaient accepté des pots-de-vin américains et qui ont trahi leur pays et leur
chef. Le groupe Wagner était une assurance contre une démarche similaire des généraux russes.
Le groupe Wagner est une bonne armée, pleine de soldats et d’officiers prêts à se battre. Au début, il avait le problème d’être à court de munitions,
mais il semble que cela ait été résolu. L’URSS a laissé un riche héritage d’armes et de munitions ; bien que sa production ait été quelque peu affaiblie, ils l’ont récemment
améliorée. Après le règne désastreux de Gorbatchev-Eltsine, les choses ont dû être reconnectées, et la guerre d’Ukraine a donné à M. Poutine une chance de forcer les
connexions. Oui, il vaut toujours mieux éviter complètement la guerre, mais Poutine presse les citrons de l’OTAN et en fait de la limonade russe. Oui, les Russes étaient assez
naïfs pour croire que les États-Unis pourraient les aider au lieu de les combattre. Ils étaient aussi bêtes que ça ? Mais cela a commencé il y a longtemps, ce fantasme russe
d’un Occident libre et magnifique comme un paradis terrestre et un modèle de perfection démocratique. Poutine avait également accepté ce paradigme pendant de nombreuses
années. Donc la guerre a été bonne dans la mesure où elle a permis à la Russie de se réactiver, tout comme son armée, et son patriotisme.
Après le hachoir de Bakhmout, l’armée russe s’est assise et a attendu l’offensive ukrainienne. Cela a commencé il y a deux semaines, et pourtant il n’y
a toujours pas de grande victoire. Mais qui sait ? Il n’est pas impossible que les Ukrainiens obtiennent quelque chose, tant que les Russes refusent la mobilisation et renâclent
à mettre leur économie sur le pied de guerre. Il semble que M. Poutine ait finalement accepté que la guerre de l’OTAN ne se terminera pas de sitôt. Il pense maintenant à des
stratégies à beaucoup plus long terme, car c’est aussi une période de grand réalignement du monde. L’Europe pourrait prospérer avec des ressources russes bon marché ; La Russie
pourrait prospérer en leur en vendant. Mais tant que les États européens seront dotés d’agents américains, ce ne sera pas le cas.
Récemment, un expert très pro-occidental nommé Sergei Karaganov a
publié un article appelant à une frappe nucléaire tactique contre l’OTAN. D’autre part, un stratège russe, un patriote et même stalinien, M. Chichkine, a
persuadé son auditoire d’éviter cela, car la guerre tactique doit se transformer en guerre nucléaire stratégique. Cette discussion est toujours en cours. Mais il semble
que les grandes figures américaines et européennes n’aient plus peur de la guerre nucléaire, pas après le COVID-19, et surtout pas après la hausse choquante du coût de la vie (grâce à
l’agenda vert et à la destruction de l’agriculture européenne ). Qui voudrait vivre sa vie dans ces conditions ? À moins que le pouvoir des oligarques mondiaux ne soit brisé,
nous sommes tous tentés de nous préparer à l’Armageddon, sans regrets.
Enfin, mon savant ami, le professeur Z, croit qu’une fois tous les mille ans, l’humanité est détruite par une race de maîtres de l’espace et qu’il renaît
pour s’occuper de la planète. Maintenant, les extraterrestres apparaissent même sur les pages du NYT. C’est
probablement le bon moment pour nous d’être anéantis, et merci à Greta Thunberg, Bill Gates, Antonio Fauci et al pour tout ça.
Les entretiens que le
secrétaire d’État Anthony Blinken a eus en Chine ont été un peu utiles. En repartant, il a au moins utilisé les bons mots à propos de Taïwan :
« Nous ne soutenons pas l’indépendance de
Taïwan », a déclaré le plus haut diplomate américain à Pékin après avoir rencontré le président chinois Xi Jingping.
Les États-Unis avaient
pratiquement supplié pour que cette rencontre ait lieu, et le fait qu’elle ait eu lieu est en soi un petit succès :
Pour stabiliser leurs relations, la Chine et les États-Unis doivent d’abord mettre fin à une
spirale descendante. C’est peut-être ce qu’ont réussi à faire les entretiens du secrétaire d’État américain Antony Blinken avec les dirigeants chinois à Pékin. Il n’était pas
réaliste d’en attendre davantage pour l’instant. Les fondements négatifs de la relation restent inchangés. Les deux parties ont qualifié les entretiens de Blinken avec le ministre des
affaires étrangères Qin Gang et le haut diplomate Wang Yi de “candides“, c’est-à-dire très francs.
Mais ils ont ouvert la voie à une rencontre entre Blinken et le président Xi Jinping, ce qui donné espoir pour un sommet Xi-Joe Biden.
Avec l’acceptation par Qin d’une invitation à Washington, cela suggère que les deux parties ont trouvé un terrain d’entente, notamment en ce qui concerne la
nécessité d’établir des liens plus stables et de réduire le risque de conflit militaire.
Puis, en l’espace de 24 heures, le président Biden a tout gâché :
Le président américain Joe Biden a qualifié le président chinois Xi Jinping de dictateur lors d’une collecte de fonds en Californie.
Ces propos ont été tenus au lendemain de la rencontre entre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken et Xi pour des entretiens à Pékin visant à apaiser
les tensions entre les deux superpuissances.
Biden a également déclaré que Xi était embarrassé après qu’un ballon espion chinois présumé a été abattu par les États-Unis.
..
“La raison pour laquelle Xi Jinping a été très
contrarié, lorsque j’ai abattu ce ballon qui contenait deux wagons remplis d’équipements d’espionnage, c’est qu’il ne savait pas qu’il était là“, a déclaré Biden lors de l’événement de
mardi.
“C’est un grand embarras pour les dictateurs.
Lorsqu’ils ne savent pas ce qui se passe“, a-t-il ajouté.
Cette remarque n’a pas fait rire le gouvernement chinois :
La porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao Ning, a qualifié les remarques de Biden d'”extrêmement absurdes et
irresponsables“. S’exprimant lors d’une conférence de presse régulière mercredi, elle a déclaré que ces commentaires constituent “une provocation politique publique”
qui viole l’étiquette diplomatique.
L’intégralité des remarques de Biden concernant la Chine est extraite du site web de la Maison Blanche :
Les choses changent. Nous nous sommes réunis en Asie du Sud-Est – et, en passant, je vous promets que nous allons le faire – sans nous préoccuper de la Chine.
Je veux dire, inquiétez-vous de la Chine, mais ne vous inquiétez pas de la Chine. (Rires).
Non, mais je le pense vraiment. La Chine a de réelles difficultés économiques. Et la raison pour laquelle Xi Jinping a été très contrarié lorsque j’ai abattu ce
ballon qui contenait deux containers remplis de matériel d’espionnage, c’est qu’il ne savait pas qu’il était là. Non, je suis sérieux. C’est ce qui embarrasse beaucoup les dictateurs,
lorsqu’ils ne savent pas ce qui se passe. Cet aéronef n’était pas censé aller là où il était. Il a dévié de sa trajectoire en passant par l’Alaska, puis par les États-Unis. Et il n’était pas
au courant. Lorsqu’il a été abattu, il était très embarrassé. Il a alors nié qu’il était là.
Mais ce qui est très important, c’est qu’il est maintenant dans une situation où il veut établir à nouveau des relations. Tony Blinken, notre secrétaire d’État,
vient de se rendre sur place ; il a fait du bon travail. Et cela prendra du temps.
Mais ce qui l’a vraiment contrarié, c’est que j’ai insisté pour que nous réunissions le Qua – ce que nous appelons le Quad. Il m’a appelé et m’a dit de ne pas
le faire parce que cela le mettait dans l’embarras. Je lui ai répondu : “Tout ce que nous faisons – nous n’essayons
pas de vous encercler, nous essayons simplement de faire en sorte que les règles internationales concernant les voies aériennes et maritimes restent ouvertes. Et nous n’allons pas céder sur
ce point.”
Selon une enquête menée auprès d’économistes locaux, l’économie chinoise devrait connaître cette année une croissance plus rapide que prévu et dépasser
l’objectif fixé par le gouvernement, à savoir “environ 5 %“.
Une enquête menée en mars auprès de 28 économistes a révélé qu’en moyenne, ils s’attendent à ce que l’économie chinoise croisse de 5,4 % en 2023, contre les 4,7
% prévus en décembre. L’enquête a été menée conjointement par Nikkei et Nikkei Quick News.
Cette année, la Chine espérait une croissance du PIB de 6 %. Pour y parvenir, la banque centrale chinoise vient d’abaisser légèrement son taux d’intérêt directeur.
Biden reconnaît que le ballon météorologique a été “dévié de sa trajectoire” et réfute ainsi les affirmations
précédentes selon lesquelles il était dirigeable. La Chine n’avait pas l’intention de laisser le ballon traverser le Canada et les États-Unis. Et s’il y avait vraiment eu “deux containers remplis de matériel d’espionnage” à bord du
ballon, pourquoi les États-Unis n’en ont-ils rien montré ?
Pourquoi un président des États-Unis ou de la Chine devrait-il savoir qu’un ballon météorologique flotte quelque part ?
Xi a été gêné par le cirque que les États-Unis ont fait autour de cette affaire ?
Xi est un dictateur ? Cet homme a accédé à son poste grâce à ses mérites (faire défiler vers le bas) et à un système électoral représentatif complexe. Il peut même être démis de ses fonctions.
À qui Xi a nié que le ballon était là ? Et comment les États-Unis le sauraient-ils ?
Vient ensuite l’histoire du Quad. Biden prétend que Xi l’a appelé au sujet d’une réunion du Quad, ce qui est très probablement un mensonge flagrant. Il existe
généralement des comptes rendus des appels téléphoniques entre les dirigeants à ce niveau, mais je n’ai trouvé aucune trace d’un appel Xi-Biden au cours des mois concernés sur le site web
de la Maison Blanche. Il n’y a pas eu non plus de nouvelles à ce sujet.
Les propos de Biden, rendus officiels par leur publication sur le site de la Maison Blanche, sont une insulte à la Chine. Quoi que Blinken ait dit ou fait pour
apaiser les relations, cela n’a servi à rien. Il était déjà connu que les États-Unis ne sont pas dignes de confiance pour ce qu’ils disent. Ce qui compte, c’est ce que les États-Unis font et,
jusqu’à présent, ils n’ont fait preuve d’aucun geste positif à l’égard de la Chine.
Je ne suis pas sûr que Biden ait parlé intentionnellement de l’incident du ballon ou qu’il ait été sélectif dans ses propos sur la Chine. Mais même si c’était
quelque peu accidentel, cela ne changerait rien. Ce qui compte, c’est l’effet. Il a saboté les résultats des discussions de Blinken en Chine et les États-Unis seront à juste titre blâmés pour
avoir à nouveau détérioré les relations.
Je ne parierais pas sur la mise en œuvre des engagements minimaux pris lors des réunions, tels que le retour aux niveaux de vols de passagers antérieurs à
l’époque Covid.
Le pire, c’est que cette insulte ne démontre pas seulement que les États-Unis sont incapables de faire preuve de diplomatie. Elle montre que nous sommes
tellement intéressés par la domination que nous avons perdu de vue nos intérêts. Ainsi, sur le plan institutionnel, nous nous engageons dans le même type de comportement autodestructeur que
Trump pratique personnellement. C’est peut-être la véritable raison pour laquelle les Démocrates le détestent tant. Malgré l’effet plaqué or, l’essence de son comportement n’est pas si
différente du leur.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Note du Saker Francophone
Il n’a
finalement pas nécessité plus de 24 heures pour voir l’effet d’apaisement de la visite de Blinken ruiné, sans même l’intervention directe de l’État profond, si ce n’est par une
manipulation médiatique qui a fait que la simple vantardise d’un président au cours d’un cocktail fasse la une de tous les
journaux du monde occidental. Il y a donc bien eu décision éditoriale prise à ce sujet, sinon cette banale remarque montrant les préjugés occidentaux sur le gouvernement chinois serait
passé inaperçue.
Les États-Unis admettent leur défaite dans la guerre contre la Russie et la Chine
Confrontée aux dures
réalités de la vie, l’administration Biden a reconnu ces derniers jours sa défaite dans deux de ses initiatives de politique étrangère les plus importantes et les plus délirantes.
La contre-offensive
ukrainienne a échoué. L’armée ukrainienne se fait massacrer sur le champ de bataille. La “contre-offensive” des brigades ukrainiennes “formées par l’OTAN” n’a fait aucun progrès réel sur aucun front. Le niveau élevé des pertes en hommes et en matériel fait qu’il est impossible que l’Ukraine puisse reprendre
l’initiative.
L’objectif des États-Unis
était d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Ils auraient alors pu stationner des troupes américaines en Ukraine et mettre leurs armes à la portée de Moscou, de sorte que toute initiative russe
indépendante aurait pu être contrée par une menace d’anéantissement immédiate.
Après plus de 20 ans à
poursuivre cet objectif, les États-Unis ont jeté l’éponge :
Samedi, le président Biden a déclaré qu’il ne faciliterait pas l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ajoutant que le pays en guerre contre la Russie devait remplir
toutes les conditions d’adhésion.
“Ils doivent respecter les mêmes normes. Je ne
vais surement pas faciliter les choses“, a déclaré Biden à la presse. “Je pense qu’ils ont fait tout ce qu’il
fallait pour démontrer leur capacité à se coordonner sur le plan militaire, mais il y a toute la question de la sécurité de leur système. Est-il non corrompu ? Répond-il à toutes les normes
?… Toutes les autres nations de l’OTAN le font“.
Et oui, c’est un changement. Un grand changement :
Biden avait pourtant indiqué qu’il était ouvert à la suppression de l’obstacle que constitue le plan d’action des membres pour l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN,
qui exige des pays souhaitant rejoindre l’alliance qu’ils procèdent à des réformes sur les plans militaire et démocratique.
Biden n’a rien dit de nouveau. Biden sent que les États-Unis ont perdu cette guerre par procuration, mais il ne doit pas et ne peut pas l’admettre. Ainsi, en
l’absence d’une machine à remonter le temps qui aurait pu le ramener en 1999, lorsque l’expansion de l’OTAN a commencé, Biden s’est contenté de revenir à la position par défaut du sommet de
l’OTAN de 2008 à Bucarest, accueillant l’Ukraine au sein de l’alliance par la voie du MAP – comme si ce moment d’il y a quinze ans appartenait désormais au passé et ne pouvait plus être lié
au présent. La Russie ne l’acceptera pas.
Bien qu’elle ait utilisé de belles paroles, l’Union européenne a donné à l’Ukraine des perspectives négatives similaires (traduction automatique) :
Un rapport de l’UE sur la candidature de l’Ukraine à l’adhésion indique que Kiev a jusqu’à présent rempli deux des sept conditions requises pour entamer des négociations formelles d’adhésion à l’UE.
…
“Il y a des progrès. Le rapport sera
modérément positif. Il ne s’agit pas d’embellir la réalité, mais de reconnaître les progrès, par exemple, il y a des cas bien connus de lutte contre la corruption. En particulier, dans le cas
du chef de la Cour suprême Knyazev“, a déclaré le fonctionnaire qui parlait sous le couvert de l’anonymat.
…
“En termes de réformes, le verre serait à
moitié plein, nous ne prendrions jamais un ton négatif à l’égard de l’Ukraine en ce moment. Les réformes judiciaires ont progressé, même s’il reste encore des réformes clés à réaliser. Tout
n’est pas satisfaisant.“
La contre-offensive tant annoncée est en effet devenue un piège mortel pour les États-Unis, l’UE et l’OTAN.
L’autre défaite américaine a été reconnue par le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, à la fin de son voyage à Pékin :
Les États-Unis ne soutiendront pas une séparation entre Taïwan et la Chine, a déclaré le secrétaire d’État Anthony Blinken, au milieu d’une série de
déclarations confuses de Joe Biden sur la question.
“Nous ne soutenons pas l’indépendance de
Taïwan“, a déclaré le plus haut diplomate américain à Pékin après avoir rencontré le président chinois Xi Jingping.
Il ne s’agit pas seulement d’un changement verbal dans les déclarations de Blinken :
Le département d’État américain a de nouveau mis à jour sa fiche d’information sur Taïwan pour réaffirmer qu’il ne soutenait pas l’indépendance formelle de
l’île démocratiquement gouvernée et revendiquée par la Chine.
…
“Nous nous opposons à toute modification
unilatérale du statu quo de la part de l’une ou l’autre partie ; nous ne soutenons pas l’indépendance de Taïwan ; et nous nous attendons à ce que les différends entre les deux rives du
détroit soient résolus par des moyens pacifiques“, selon le document, qui fait référence au détroit séparant l’île de la partie continentale de l’Asie.
Le mois dernier, le département d’État avait modifié son site web sur Taïwan, en supprimant les phrases “ne pas soutenir l’indépendance de
Taïwan” et “reconnaître la
position de Pékin selon laquelle Taïwan fait partie de la Chine“, ce qui avait suscité la colère de Pékin.
Le changement d’avis de Blinken est intervenu après une réunion extrêmement brève avec le président Xi, qui a suivi une série de conférences données par d’autres hauts fonctionnaires chinois :
Wang a expliqué en détail la logique historique et la tendance inévitable du développement et du rajeunissement de la Chine, et a développé les caractéristiques
distinctives de la modernisation chinoise et la riche substance de la démocratie populaire de la Chine dans son ensemble.
Il a exhorté les États-Unis à ne pas projeter sur la Chine l’idée qu’un pays fort est voué à rechercher l’hégémonie et à ne pas mal évaluer la Chine en
se référant au chemin des puissances occidentales traditionnelles. “C’est la clé qui permettra aux États-Unis de
revenir à une politique objective et rationnelle à l’égard de la Chine.”
Wang a demandé aux États-Unis de cesser d’exagérer la prétendue “menace chinoise“, de lever les
sanctions unilatérales illégales contre la Chine, de cesser de gêner les progrès scientifiques et technologiques de la Chine et de ne pas s’ingérer volontairement dans ses affaires
intérieures.
Il a souligné que la sauvegarde de l’unité nationale a toujours été au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine. C’est là que réside l’avenir de la nation
chinoise et la mission historique permanente du PCC.
Sur la question de Taïwan, la Chine n’a pas de place pour les compromis ou les concessions, a déclaré Wang.
Le compte rendu en chinois des rencontres Blinken-Wang serait encore plus agressif que sa traduction en anglais.
La prochaine étape pour la Chine consiste à mettre fin aux passages provocateurs de navires et d’avions militaires américains dans le détroit de Taïwan. Pour ce
faire, il lui suffit d’appliquer la Convention des Nations unies sur le droit de la mer :
Article 38
Droit de passage en transit
Dans les détroits visés à l’article 37, tous les navires et aéronefs jouissent du droit de passage en transit, qui ne doit pas être entravé ;
toutefois, si le détroit est formé par
une île d’un État riverain du détroit et de son continent, le passage en transit ne s’applique pas s’il existe au large de l’île une route passant par la haute mer ou par une zone
économique exclusive présentant des commodités analogues du point de vue des caractéristiques de navigation et d’hydrographie.
Un simple regard sur une carte montre que cela s’applique manifestement au détroit entre la Chine continentale et l’île chinoise de Taïwan.
Si les États-Unis acceptent vraiment la politique d’une seule Chine, ils devront accepter que le détroit soit hors limites.
Cette double défaite dans les guerres contre la Russie et la Chine mettra du temps à se faire sentir.
Dans le conflit ukrainien, on rêve encore de créer une sorte d’impasse, de mettre en place une sorte de ligne de démarcation comme ce fut le cas pour le cessez-le-feu coréen sur le 38e parallèle
:
Les responsables américains se préparent à la possibilité croissante que la guerre entre la Russie et l’Ukraine se transforme en un conflit gelé qui durera de
nombreuses années – peut-être des décennies – et rejoindra les rangs des longs affrontements similaires à ceux de la péninsule coréenne, en Asie du Sud et au-delà.
Les options discutées au sein de l’administration Biden pour un “gel” à long terme comprennent la
fixation de lignes potentielles que l’Ukraine et la Russie accepteraient de ne pas franchir, mais qui n’auraient pas à être des frontières officielles. Les discussions – bien que provisoires
– ont eu lieu dans diverses agences américaines et à la Maison Blanche.
La Russie n’acceptera rien de tout cela. Elle battra à plate couture l’armée ukrainienne. Elle reprendra les parties de l’Ukraine qui, pendant des siècles, ont été
russes avant que les communistes ne les attribuent administrativement à la République socialiste soviétique d’Ukraine.
Le reste d’une Ukraine alors neutre, coupée de la mer et des richesses minérales de l’est, sera remis au sous-fifre que la Russie est prête à accepter.
La double défaite dans ses guerres contre le “reste du monde” marque la fin de la doctrine Wolfowitz :
Cette doctrine
annonce le statut des États-Unis en tant que seule superpuissance mondiale restante après l’effondrement de l’Union soviétique à la fin de la guerre froide et proclame que son principal
objectif est de conserver ce statut.
“Notre
premier objectif est d’empêcher la réapparition d’un nouveau rival, sur le territoire de l’ex-Union soviétique ou ailleurs, qui constituerait une menace du même ordre que celle que
représentait autrefois l’Union soviétique. Il s’agit là d’une considération dominante qui sous-tend la nouvelle stratégie de défense régionale et qui exige que nous nous efforcions d’empêcher
toute puissance hostile de dominer une région dont les ressources suffiraient, sous un contrôle consolidé, à générer une puissance mondiale.”
La fin du “moment
unilatéral” est visible par tout le monde.
Les Républicains vont bien sûr blâmer bruyamment Biden pour cela, alors qu’ils sont tout aussi coupables d’excès que l’autre côté du spectre politique. Biden
pourrait bien devoir sacrifier Blinken, le pion déclaré coupable d’avoir perdu la partie.
Quoi qu’il en soit, rien de tout cela ne l’aidera à se faire réélire.
Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si Israël, le jour même de l’aveu de défaite des États-Unis, s’est pris une claque par les combattants de la résistance palestinienne. Il s’agit là d’un autre de ces problèmes mondiaux parrainés par les États-Unis que la Chine est
impatiente de résoudre.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Note du Saker Francophone
Tous ces événements
montrent effectivement que le gouvernement Biden est prêt à jeter l’éponge. Mais est-ce vraiment le cas de l’État profond dirigé par le Complexe militaro Industriel ? On peut encore en douter car
toute paix mondiale menacerait la survie de ce système. Nous aurons la réponse à cette question dans les semaines qui viennent.
Une tragédie en cours : L’impossibilité de faire «autre chose»
Les conditions qui ont donné naissance
à l’âge d’or qui a créé la «génération du confort» ne sont plus réunies.
La tragédie qui frappe l’Occident aujourd’hui consiste, d’une part, en l’impossibilité pure et simple pour lui de continuer à faire ce qu’il a fait – ce qui
n’a d’égal que son impossibilité à faire autre chose.
Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les conditions qui ont donné naissance à l’âge d’or qui a créé la «génération du confort» ne sont plus réunies : Des
crédits à taux zéro, une inflation nulle, des médias de connivence et une énergie bon marché qui «subventionne» une base manufacturière de plus en plus réduite et sclérosée (du moins en
Europe).
Ces décennies ont été l’éphémère «moment au soleil» de l’Occident. Mais ce moment est révolu. La «périphérie» peut se débrouiller seule, merci ! Elle s’en
sort bien – plutôt mieux, en fait, que le centre impérial ces jours-ci.
Le paradoxe le plus profond est que tous les choix faciles sont derrière nous. Et les vents contraires de la dette, de l’inflation et de la récession nous
frappent maintenant de plein fouet. L’effritement du système est déjà présent sous la forme d’une faiblesse gouvernementale et institutionnelle : le «système» n’a pas eu la volonté de
prendre des décisions difficiles lorsqu’il le pouvait. À l’époque, les choix les plus faciles étaient encore possibles, et c’est invariablement la voie la plus facile qui a été
choisie.
Les élites avaient absorbé l’égocentrisme et l’esprit d’enfant gâté de la génération du «moi». La classe permanente s’est laissée aller à
l’autosatisfaction, renonçant à toute préoccupation pour ses «péons» profondément méprisés. Elle a provoqué la crise actuelle. Ils ont effacé deux cents ans de responsabilité financière
en l’espace d’une vingtaine d’années.
Mais c’est ce que c’est, et c’est là que nous en sommes. Et même si l’on comprend
de mieux en mieux que l’Occident ne peut pas continuer à faire comme si tout allait bien, même si les dirigeants essaient de continuer à imprimer de l’argent, à renflouer les
caisses et à laver leurs erreurs dans les médias, ils sentent la crise, le «tournant» qui s’annonce.
En clair, c’est ce qui constitue le paradoxe : il est déjà évident que continuer à faire ce que les élites occidentales font en Ukraine touche à la
définition de la folie (continuer à répéter la même chose, avec la seule conviction que «la prochaine fois», le résultat sera différent). La question qui se pose est celle de
l’impossibilité de «faire autre chose».
«Alors que l’Ukraine
lance sa contre-offensive tant attendue contre les occupants russes, Kiev et ses soutiens espèrent une reprise rapide de territoires stratégiquement importants. Si ce n’est pas le cas,
les États-Unis et leurs alliés seront confrontés à des questions embarrassantes auxquelles ils ne sont pas encore prêts à répondre».
«Alors qu’il se dirige
vers la campagne de réélection de l’année prochaine, Joe Biden a besoin d’une victoire majeure sur le champ de bataille pour montrer que son soutien inconditionnel à l’Ukraine a rehaussé
le leadership mondial des États-Unis, revigoré une politique étrangère forte avec un soutien bipartisan et démontré l’utilisation prudente de la force militaire américaine à
l’étranger».
L’impossibilité de «faire autre chose» que de poursuivre le conflit sera vigoureusement mise en avant : Biden en a besoin, (les armes fournies à l’Ukraine
ne sont pas allées assez loin…), et de plus, six «États pivots» géopolitiques (Brésil, Inde, Indonésie, Arabie saoudite, Afrique du Sud et Turquie) risquent de s’aligner
sur l’axe Russie-Chine, à moins que Poutine ne soit perçu comme humilié :
«Nous devons agir pour
empêcher un affaiblissement significatif de la position des États-Unis dans l’équilibre des forces mondiales. Avec le refus des États pivots de s’aligner derrière les États-Unis sur la
guerre Russie-Ukraine ou la concurrence avec la Chine, nombre de ces pays clés sont déjà en train de s’éloigner. La menace d’une cooptation sino-russe d’un BRICS élargi – et à travers
lui, du Sud mondial – est réelle, et il faut y répondre».
En d’autres termes : Les États-Unis doivent persister en Ukraine. Pourquoi ? Pour sauver l’ordre fondé sur des règles, aujourd’hui menacé.
L’impossibilité de faire autrement (que de poursuivre l’escalade dans l’espoir d’au moins «geler» le conflit, option par défaut longtemps privilégiée par
les États-Unis) sera présentée comme impérieuse. En d’autres termes, l’État permanent n’a pas le courage de prendre des décisions difficiles, de dire à Moscou : «Laissons cet épisode
malheureux (l’Ukraine) derrière nous. Sortez ces projets de traités que vous avez rédigés en décembre 2021, et voyons comment nous pouvons travailler ensemble pour redonner un peu de
fonctionnalité à l’Europe».
Et bien sûr, «l’impossibilité de faire autre chose» s’applique à merveille au système économique occidental. Les contradictions structurelles font qu’il est
impossible de faire autre chose que des renflouements et de dépenser plus que ce que l’on gagne. Cela est culturellement ancré dans l’égocentrisme et l’esprit d’enfant gâté de la
génération du «confort», qui constitue l’élite occidentale. Il s’agit d’un échec culturel, d’un manque de courage pour faire face à des choix difficiles avec intégrité.
Tel est le paradoxe occidental. Une tragédie grecque est une tragédie dans laquelle la crise – au cœur de toute «tragédie» – ne survient pas par pure
malchance, pour laquelle personne n’est vraiment à blâmer ou n’aurait pu prévoir. Selon le sens grec, la tragédie est le lieu où quelque chose se produit, parce que cela doit se produire,
en raison de la nature des participants, parce que les acteurs impliqués font en sorte que cela se produise. Et ils n’ont pas d’autre choix que de faire en sorte que cela se produise,
parce que c’est leur nature.
Telle est l’implication profonde qui découle du dilemme tragique d’aujourd’hui, qui pourrait bien déboucher sur un déroulement complet de la tragédie dans
ce que l’on pourrait définir à juste titre comme une «guerre de choix» occidentale.
Que s’est-il passé ? La nature des élites a changé. Le sens exagéré de la suffisance et de l’auto-complaisance a remplacé celui de l’intégrité et du regard
sur la vérité. Où sont ceux qui ont de l’envergure ? Au lieu de cela, nous avons une élite qui pense qu’il n’y avait «aucun risque» : Aucun État, aucune personne ou institution ne pouvait
résister à la puissance financière combinée de l’Occident.
Le retour de bâton a cependant commencé. La colère monte à mesure que le discours public débat sans fin de «l’absurde» («Qu’est-ce qu’une femme ?») tandis
que tout le monde renonce à résoudre les problèmes plus profonds qui sont en jeu.
Dans l’ouvrage de Neil Howe et William Strauss, «Le quatrième
tournant, une prophétie américaine», publié en 1997, les coauteurs «rejettent le postulat
profond des historiens occidentaux modernes selon lequel le temps social est soit linéaire (progrès ou déclin continu), soit chaotique (trop complexe pour révéler une quelconque
direction). Au lieu de cela, nous adoptons la vision de presque toutes les sociétés traditionnelles : Le temps social est un cycle récurrent».
Le quatrième tournant marque l’arrivée de la crise. C’est à ce moment-là, écrivent les auteurs, que la vie institutionnelle est reconstruite de fond en
comble, toujours en réponse à une menace perçue pour la survie même du pays. «Les gens et les
groupes commencent à s’impliquer en tant que participants d’une communauté plus large».
Cela pourrait représenter le réalignement politique vertigineux actuellement en cours – le brouillage de toutes les catégories traditionnelles et le fait de
ne laisser dans son sillage que deux camps, non pas la gauche et la droite, mais l’initié et l’outsider.
«L’élite dirigeante
est de plus en plus en colère et amère que les dirigés ne l’écoutent plus ; les dirigés, pour leur part, sont amers que le système n’agisse manifestement pas dans leur intérêt, et qu’il
ne prétende même plus le faire. Nous pourrions en fait nous réveiller un jour en découvrant que ni les hommes politiques ni les électeurs ne pensent que la «démocratie» les aide encore
beaucoup».
Ces propos reflètent parfaitement le sentiment que la survie de la civilisation occidentale est en jeu. Le processus est susceptible de remodeler la
politique occidentale le long d’une nouvelle ligne de fracture, qui trouve son expression dans la confrontation entre ceux qui souhaitent un bouleversement «vert» de la société humaine,
un monde «trans» pour les enfants, une immigration facile, une réorganisation radicale du pouvoir entre les groupes «identitaires» de la société, un changement de la nature même de la
culture occidentale – et ceux qui sont viscéralement opposés à tout ce qui précède.
Par M.K. Bhadrakumar – Le 19 juin 2023 – Source Indian
Punchline
Le président américain Joe Biden (à droite) rencontre le secrétaire
général de l’OTAN Jens Stoltenberg à la Maison Blanche le 13 juin 2023.
Si seulement le président
américain Joe Biden disposait d’une machine à remonter le temps, comme dans le roman de science-fiction post-apocalyptique de H. G. Wells, il aurait dû utiliser ce véhicule ou cet appareil pour
remonter volontairement et sélectivement le temps jusqu’en 1999, date à laquelle les États-Unis ont perdu le fil de la sécurité européenne et du vieil espoir de la Russie d’assurer une sécurité
mutuelle avec l’Europe.
À ce moment décisif de
l’ère de l’après-guerre froide, il y a 24 ans, George Kennan a été prophétique en avertissant l’administration de Bill Clinton que les relations entre les États-Unis et la Russie seraient
irrémédiablement endommagées si l’alliance occidentale s’étendait aux anciens pays du Pacte de Varsovie. Son conseil a été ignoré. Il est généralement admis aujourd’hui que la guerre en Ukraine
est le point culminant de cette incessante avancée de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie.
Un projet russe datant de 2021, intitulé « Accord
sur les mesures visant à assurer la sécurité de la Fédération de Russie et des États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord », exigeait que les membres de l’OTAN
s’engagent à ne plus élargir l’alliance, notamment à l’Ukraine, et aux questions connexes concernant les déploiements de l’alliance, qui avaient une incidence sur les problèmes de sécurité
fondamentaux de la Russie.
Un deuxième projet adressé à Washington était intitulé « Traité
entre les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité ». Pris ensemble, ces deux projets représentaient une offre d’ouverture de Moscou pour des
négociations sérieuses, mais ils n’ont abouti à aucun engagement, l’administration Biden ayant pris comme excuse que les États-Unis et la Russie ne pouvaient pas conclure un accord au-dessus de
la tête des Européens et des Ukrainiens !
Comme l’a dit le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, “rien sur vous [l’Ukraine] sans vous“. C’était une excuse bidon,
car le régime de Kiev, installé au pouvoir par le coup d’État anticonstitutionnel, armé et sanglant soutenu par les États-Unis en Ukraine en 2014, n’était qu’un simple outil de Washington.
L’administration Biden pensait acculer Moscou et lui tendre un piège, car la Russie était condamnée dans les deux cas, qu’elle accepte passivement la présence de
l’OTAN à sa porte ou qu’elle choisisse de résister par des moyens coercitifs. Lorsque l’opération militaire spéciale de la Russie a commencé en février 2022, Strobe Talbott, qui a été le cerveau
de l’administration de Bill Clinton pour faire adopter la doctrine de l’expansion de l’OTAN vers l’Est dans les anciens territoires du Pacte de Varsovie, a félicité sur Twitter l’équipe Biden
d’avoir coincé les Russes !
Plusieurs analystes américains ont triomphalement écrit que la Russie allait s’enliser dans un bourbier aux conséquences désastreuses pour le régime du pays et son
existence même. Le discours occidental a pris le dessus pendant un certain temps. Le reste appartient à l’histoire.
Toutefois, dans l’un des plus grands retours de flamme de l’histoire des temps modernes, Moscou a fini par l’emporter sur les champs de bataille de manière décisive
et irréversible.
Dans ce contexte historique, la remarque de
Biden, samedi, selon laquelle les États-Unis “ne
faciliteront pas” l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ne peut être considérée que comme un mouvement de recul. Biden a souligné que l’Ukraine devra satisfaire aux “mêmes normes” que tout autre membre de l’organisation, ce qui
signifie qu’elle doit se conformer au plan d’action pour l’adhésion (MAP), qui exige d’un pays candidat qu’il procède à des réformes militaires et démocratiques, avec les conseils et l’assistance
de l’OTAN, avant qu’une décision d’adhésion ne puisse être prise.
Le processus MAP peut prendre des années. La Macédoine a mis 21 ans. La remarque de Biden n’est pas seulement un signal adressé à Kiev, mais elle intervient à un
moment où une vague d’opinion s’élève au sein de l’Alliance, selon laquelle l’Europe et les États-Unis doivent fournir à l’Ukraine des garanties de sécurité claires de la part de l’OTAN, ce qui
est important pour l’avenir de la sécurité européenne.
En fait, Biden s’est exprimé quatre jours seulement après sa rencontre avec Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, à la Maison Blanche mardi dernier, au
cours de laquelle ce dernier aurait cherché à simplifier le processus d’adhésion de l’Ukraine au motif que Kiev avait déjà accompli des progrès significatifs sur la voie de l’adhésion.
Qu’est-ce qui a poussé Biden à adopter cette ligne dure ? Le président polonais Andrzej Duda a déclaré, à la veille de ses entretiens à Paris le 12 juin avec le
président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz dans le cadre du Triangle de Weimar, que l’Ukraine aimerait avoir “une perspective très concrète […] d’adhésion à l’Alliance de
l’Atlantique Nord“. Duda espère que le sommet de l’OTAN à Vilnius “enverra un message positif à Kiev, […] que l’adhésion future de
l’Ukraine à l’OTAN est clairement visible“.
Apparemment, les membres du Triangle de Weimar s’accordent également sur le fait que l’Ukraine doit recevoir des garanties de sécurité. Scholz a déclaré :
“Il est évident que nous avons besoin de quelque chose
comme cela, et nous en avons besoin sous une forme très concrète“. Macron a appuyé ce point de vue, appelant à un accord rapide sur des “garanties de sécurité tangibles et crédibles“.
En effet, des voix menaçantes se sont élevées pour dire qu’en l’absence de concrétisation de l’adhésion de l’Ukraine à Vilnius, certains alliés “purs et durs” pourraient prendre les choses en main, et un
engagement non officiel – au niveau national – pourrait également inclure le stationnement de troupes des membres de l’OTAN en Ukraine.
Biden a ignoré ces demandes de la part des anciens et des nouveaux Européens. Il est persuadé qu’il peut changer les règles en cours de partie. Peut-être que Macron
et Scholz ne font qu’amuser la galerie ? Nous ne le saurons peut-être jamais.
Le cœur du problème est que Joe Biden se rend compte que l’offensive ukrainienne en cours se dirige vers un échec et la décimation de l’armée restante de Kiev. On
ne sait pas combien de temps Kiev sera en mesure de recruter suffisamment de soldats. Les deux personnalités que Washington avait préparées pour participer au plan B dont Kiev a besoin
aujourd’hui – le commandant des forces armées, le général Valeri
Zaluzhny, et le chef des services d’espionnage, le général de division Kyrylo
Budanov – sont hors de combat, ayant été mis hors d’état de nuire par les récentes frappes de missiles russes.
Il ne faut pas exclure une insurrection en Ukraine si les décès dus à la guerre deviennent insupportables pour la société. Biden constate également que sa politique
de guerre est de moins en moins approuvée aux États-Unis, ce qui pourrait compromettre sa réélection. Lors de sa dernière visite à Kiev, Biden a fait remarquer au président ukrainien Vladimir
Zelensky que les fonds que Washington pouvait fournir étaient limités. Le chef de la CIA, William Burns, a quant à lui laissé un message à Zelensky indiquant que la poursuite de l’aide militaire
américaine au-delà du mois de juillet serait problématique.
Si l’on en croit les remarques acerbes de Poutine la semaine dernière (mardi et vendredi), les dirigeants du Kremlin n’ont aucune confiance en Biden ou en ses
alliés européens. En attendant, la vérité est que 90 % des ressources de l’Ukraine se trouvent dans des régions contrôlées par les Russes. En d’autres termes, l’État croupion constituerait un
énorme gouffre pour les ressources américaines, alors que la Russie ne montre aucun signe d’épuisement.
Finalement, Biden n’a rien dit de nouveau. Il sent que les États-Unis ont perdu la guerre par procuration, mais il ne doit pas et ne peut pas l’admettre. Ainsi, en
l’absence d’une machine à remonter le temps qui aurait pu le ramener jusqu’en
1999, lorsque l’expansion de l’OTAN a commencé, Biden s’est contenté de revenir à la position par défaut du sommet de l’OTAN de 2008
à Bucarest, accueillant l’Ukraine au sein de l’alliance par la voie du MAP – comme si ce moment d’il y a quinze ans appartenait désormais au passé et ne pouvait plus être relié au présent.
Mais la Russie ne l’acceptera pas.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Une guerre à nulle autre pareille : La doctrine Biden est un effort cynique pour tirer profit du sang d’une autre nation
Biden a créé pour les États-Unis une guerre pas comme les autres, une guerre où d’autres meurent et où les États-Unis se contentent de s’asseoir et de payer
les factures à une échelle gargantuesque.
Aucune tentative de diplomatie n’est faite par les Américains, et les efforts diplomatiques d’autres comme les Chinois sont rejetés comme de mauvaises
tentatives pour gagner de l’influence dans la région.
Biden est en passe d’atteindre l’état final de guerre perpétuelle de 1984, tout en ne mettant en danger qu’une poignée de vies américaines.
Il a tiré les leçons de la guerre froide et les a déjà mises en pratique.
Pouvons-nous l’appeler la doctrine Biden ?
La stratégie de Biden est suffisamment claire maintenant après bien plus d’un an de conflit ; ce qu’il a envoyé en Ukraine est passé des casques et des
uniformes aux F-16 en seulement quinze mois et ne montre aucun signe d’arrêt.
Le problème est que les armes américaines ne suffisent jamais pour la victoire et sont toujours «juste assez» pour permettre à la bataille de se poursuivre
jusqu’au tour suivant.
Si les Ukrainiens pensent qu’ils se jouent des États-Unis pour les armes, ils feraient mieux de vérifier qui paie vraiment tout dans le prix du sang.
Poutine joue lui-même à ce jeu en quelque sorte, il prend soin de ne rien introduire de trop puissant, comme des bombardiers stratégiques, et de bouleverser
l’équilibre ; s’il le faisait il offrirait à Biden la possibilité d’intervenir directement dans la guerre.
On peut entendre le vieil homme Joe Biden à la télévision expliquant que les frappes aériennes américaines sont nécessaires pour empêcher un génocide,
l’excuse incontournable qu’il a apprise sur les genoux d’Obama.
L’Ukraine apprendra que même avec la promesse du F-16 qu’elle ne peut pas acquérir d’avions et former des pilotes assez rapidement (le temps de formation
minimum est de 18 à 24 mois), et suppliera ensuite les États-Unis de lui servir d’armée de l’air.
C’est ce que laisse présager l’escalade actuelle : la mise en action de la puissance aérienne.
Dans l’état actuel des choses, les avions seront probablement basés en Pologne et en Roumanie, ce qui suggère que l’OTAN assumera les tâches hautement
qualifiées (et les coûts) de leur entretien et de leur réparation.
Le rôle de l’OTAN dans le ravitaillement en vol nécessaire pour maintenir les avions en attente sur le champ de bataille n’est pas clair.
Mis à part les F-16, un bonus dérivé de tous ces cadeaux d’armes est que la grande majorité des transferts à ce jour ont été des «prélèvements
présidentiels». Cela signifie que les États-Unis envoient des armes usagées ou plus anciennes en Ukraine, après quoi le Pentagone peut utiliser les fonds autorisés par le Congrès pour
reconstituer ses stocks en achetant de nouvelles armes.
L’ironie est que les vieilles machines de guerre autrefois en Irak sous le président Obama sont maintenant recyclées sur le terrain en Ukraine sous son
ancien vice-président !
La stratégie américaine semble basée sur la création d’une sorte de lien épouvantable, deux parties alignées sur un terrain se tirant dessus jusqu’à ce
qu’une partie décide de se mettre au repos pour la journée.
La même stratégie était en jeu en 1865 et 1914, mais le nouveau facteur est aujourd’hui que ces armées s’affrontent sur ces terrains avec l’artillerie
HIMARS du XXIe siècle, des mitrailleuses et d’autres outils de mise à mort bien plus efficaces qu’un mousquet ou même une mitrailleuse Gatling.
C’est insoutenable, c’est littéralement broyer les hommes, mais bien sûr pas les Américains.
La question de savoir combien d’Ukrainiens doivent encore mourir est répondue en privé par Biden comme «potentiellement tous». Tout le reste c’est pour vous
obliger à croire cyniquement que Biden pense qu’il peut simplement acheter la victoire.
Jusqu’à présent, tout cela a été le livre de jeu de la guerre froide.
Combattre jusqu’au dernier Afghan était une stratégie perfectionnée dans l’Afghanistan sous contrôle soviétique dans les années 1980. Ce qui est différent
maintenant, c’est l’échelle – depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, les États-Unis ont envoyé plus de 40 milliards de dollars d’aide militaire pour soutenir l’effort de guerre de Kiev,
le transfert d’armes le plus important de l’histoire des États-Unis et qui ne montre aucun signe d’arrêt.
Un seul F-16 coûte jusqu’à 350 millions de dollars par exemplaire s’il est acheté avec des armes, du matériel de maintenance et des kits de pièces de
rechange.
Pourtant, malgré les similitudes avec la stratégie 101 de la guerre froide, certaines leçons ont été apprises au cours des années qui ont suivi.
L’un des échecs de l’Amérique tout au long de la guerre froide et de la guerre contre le terrorisme a été l’utilisation de gouvernements fantoches largement
imposés ou maintenus en vie par l’argent et le muscle américains. Parce que ces gouvernements n’avaient pas le soutien du peuple (voir le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan), ils n’étaient
pas destinés à durer plus que les mouches des fruits.
L’Ukraine est différente ; le gouvernement fantoche est le gouvernement qui est redevable aux États-Unis pour sa survie même mais il est plus ou moins
soutenu directement par le peuple pour l’instant.
L’autre leçon apprise a à voir avec l’édification de la nation, ou la reconstruction, ou la reconstruction – quel que soit le nom qu’on donnera aux vastes
dépenses d’après-guerre dans ce conflit.
Plus d’efforts gouvernementaux directs comme au Vietnam, en Irak et en Afghanistan. Non, cette fois, ce sera une entreprise privée. «Il est évident que
les entreprises américaines peuvent devenir la locomotive qui fera à nouveau avancer la croissance économique mondiale», a déclaré le président Zelensky, vantant BlackRock, JP Morgan
et Goldman Sachs. D’autres, a-t-il dit, «font déjà partie de
notre façon de faire ukrainienne».
La chambre de commerce ukrainienne a qualifié le pays de «plus grand chantier
de construction au monde».
Le New York
Times a fait écho à une prédiction selon laquelle les efforts de reconstruction coûteraient 750 milliards de dollars.
La reconstruction de l’Ukraine sera, selon le Times, une «ruée
vers l’or»…
La Russie intensifie son offensive à l’approche de la deuxième année de la guerre, mais déjà la tâche époustouflante de reconstruction est évidente. Des
centaines de milliers de maisons, d’écoles, d’hôpitaux et d’usines ont été anéanties, ainsi que des installations énergétiques essentielles et des kilomètres de routes, de voies ferrées
et de ports maritimes.
La profonde tragédie humaine est inévitablement aussi une énorme opportunité économique. Plus tôt cette année, JP Morgan et Zelensky ont signé un protocole
d’accord stipulant que Morgan aiderait l’Ukraine dans sa reconstruction.
Et peut-être que ces grandes entreprises américaines ont appris les leçons de l’Irak et de l’Afghanistan. Sur les milliards dépensés, une grande partie de
l’argent a été gaspillée dans des impasses et une grande partie a été siphonnée à cause de la corruption. Mais succès ou échec, les entrepreneurs ont toujours été payés dans nos guerres
de terreur. Dans cet esprit, plus de 300 entreprises de 22 pays se sont inscrites à une exposition et conférence Rebuild Ukraine à Varsovie. Lors du Forum économique mondial en Suisse,
une foule debout a réuni une conférence appelée Ukraine House Davos pour discuter des opportunités d’investissement.
L’éventuelle ruée vers l’or dans la reconstruction constitue un complément intéressant à la stratégie de Biden consistant à combattre jusqu’au dernier
Ukrainien. Plus il y a de destruction, plus il faut reconstruire, ce qui offre plus d’argent aux entreprises américaines assez intelligentes pour attendre au creux de la vague que les
tueries se calment.
Mais pourquoi attendre ?
Des drones exploités par des entreprises danoises ont déjà cartographié chaque structure bombardée dans la région de Mykolaïv, dans le but d’utiliser les
données pour aider à décider quels contrats de reconstruction devraient être émis.
Alors mettons du rouge à lèvres sur cette cochonne de stratégie et appelons-le la doctrine Biden.
La partie I consiste à limiter l’implication directe des États-Unis au combat tout en attisant les flammes pour les autres.
La partie II consiste à fournir des quantités massives d’armes pour permettre un combat jusqu’à la dernière personne locale.
La partie III consiste à transformer le gouvernement national en une marionnette
La partie IV consiste à transformer le processus de reconstruction en un centre de profit pour les entreprises américaines.
La durée de la guerre et le nombre de morts ne font pas partie des déterminants de la stratégie.
La bretelle de sortie en Ukraine, un résultat diplomatique qui réinitialise la carte aux niveaux d’avant l’invasion de 2022, est suffisamment claire pour
Washington.
L’administration Biden semble se contenter sans vergogne de ne pas appeler à des efforts diplomatiques, mais plutôt de saigner les Russes comme si c’était
l’Afghanistan de 1980, bien que cette fois ce soit au cœur de l’Europe.
Le président russe a évoqué l’offensive en cours, les ambitions à long
terme et la nécessité éventuelle d’une nouvelle mobilisation.
Les objectifs de
l’opération militaire de Moscou en Ukraine n’ont pas changé et sont en fait servis par la dernière offensive de Kiev, a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d’une réunion de
correspondants de guerre au Kremlin mardi.
Poutine a également
évoqué, entre autres, la glorification par l’Ukraine du collaborateur nazi Stepan Bandera, la poursuite des combats sur le front sud et les retombées de la catastrophe du barrage de Kakhovka.
Les objectifs de Moscou restent inchangés
Les objectifs définis en février 2022 sont “essentiels” et, bien que certains détails soient susceptibles
d’être modifiés en fonction de l’évolution de la situation, ils restent fondamentalement les mêmes, a déclaré Poutine. La démilitarisation de l’Ukraine se fait “progressivement et méthodiquement“, les troupes de Kiev étant
désormais entièrement dépendantes des armes, équipements et munitions occidentaux, incapables de produire quoi que ce soit localement. Des progrès ont été réalisés en matière de protection des
habitants du Donbass, même si l’Ukraine continue de les bombarder. Si les frappes de drones et les incursions de Kiev se poursuivent, Moscou pourrait envisager de mettre en place une “zone tampon” en territoire ukrainien, afin de les maintenir hors
de portée. “Aucun changement fondamental n’est intervenu
aujourd’hui par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés au début de l’opération“, a déclaré Poutine.
Progression de l’offensive ukrainienne
Kiev a lancé une vaste offensive le 4 juin, en utilisant les troupes et le matériel fournis par l’Occident, mais sans succès dans aucun secteur. “Ils subissent de lourdes pertes. Elles sont dix fois plus importantes
que les nôtres“, a déclaré le président russe. En termes d’équipement, l’Ukraine a déjà perdu jusqu’à 30 % de ce que l’Occident lui a fourni, dont trois fois plus de chars que la
Russie.
Pourquoi la Russie ne ressemble pas à l’Ukraine
“Nous sommes un gouvernement
de droit, ils se comportent comme un régime fondé sur la terreur“, a déclaré Poutine en réponse à une question sur l’introduction de la loi martiale pour faire face aux assassinats de
journalistes et de personnalités publiques tels que Darya Dugina et Vladlen Tatarsky, ou à l’attentat contre Zakhar Prilepin. La Russie “ne peut pas recourir à des méthodes terroristes“, mais elle
intensifiera le travail des services de sécurité pour contrer les complots de Kiev, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’était pas nécessaire d’instaurer la loi martiale.
Y aura-t-il une nouvelle mobilisation ?
Des troupes supplémentaires seront nécessaires s’il est décidé de marcher sur Kiev, mais pas dans les circonstances actuelles, a déclaré le président russe. En plus
des 300 000 réservistes appelés à l’automne dernier, plus de 150 000 personnes se sont engagées pour un service contractuel, au rythme de 9 500 par semaine. Les conscrits effectuant leur service
régulier ont également participé à la bataille de Belgorod et s’en sont admirablement acquittés.
Le rôle de l’industrie dans le conflit
La Russie a commencé à réformer son industrie de défense il y a huit ans, mais le conflit a mis en évidence les lacunes qui subsistaient, a déclaré Poutine,
notamment en ce qui concerne la disponibilité en drones. Depuis le début des hostilités, l’industrie russe a multiplié par dix la production de certains systèmes, certaines entreprises
fonctionnant en trois huit. Pendant ce temps, les capacités de l’Ukraine ont été presque entièrement éliminées et ce pays dépend entièrement de l’Occident. L’Occident ne se soucie pas de savoir
si ses livraisons d’armes violent les lois et n’a pas encore réalisé qu’il n’atteindra jamais ses objectifs vis à vis de la Russie. “Ils devront le comprendre. Je pense qu’ils le comprendront
progressivement“, a déclaré Poutine.
RT
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Lorsque plus n’est pas mieux - On ne peut pas polir un étron
Selon la sagesse populaire, l’aphorisme «On ne peut pas polir un étron» vient de marins à qui l’on confiait la tâche impossible d’essayer de faire briller
quelque chose de terne et de glissant. Il faut que quelqu’un fasse connaître cette vérité au général Milley. Milley, ainsi que le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, se sont livrés
jeudi à un polissage d’étron de classe mondiale en informant les journalistes des résultats du Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine à Bruxelles.
Le problème que pose le plan de l’OTAN pour l’offensive chancelante de l’Ukraine est résumé dans la citation suivante (elle commence à 8:51 dans la vidéo
ci-dessous) :
«Plus de six mille
Ukrainiens sont formés en ce moment même dans 40 lieux différents de formation dans 65 cours dans 33 pays sur trois continents. Tout cela se déroule en ce moment même».
Permettez-moi de vous présenter quelques faits. Si vous vous engagez dans l’armée américaine et que vous voulez apprendre à conduire un char M1 Abram, vous devrez
suivre une formation d’au moins six mois. Et il ne s’agit que d’apprendre à conduire le char et à tirer des obus. Mais ce n’est que le début. Les soldats ne reçoivent pas leur propre char pour se
promener dans la base. Une fois qu’un soldat et son équipe ont appris à démarrer, à diriger, à tirer et à s’arrêter, l’équipe doit ensuite apprendre à opérer de manière coordonnée avec une
compagnie (150 soldats), un bataillon (800 à 1000 soldats), une brigade (5000 soldats) et une division (10 000 à 15 000 soldats).
L’instruction commence par le simple pour aller vers le complexe. Faire fonctionner efficacement un char au sein d’une division est la tâche et la mission la plus
compliquée. Devinez quoi ? Pour apprendre à le faire, il faut au moins deux ans de formation. Il n’y a pas de raccourci. L’autre jour, j’ai discuté avec un jeune capitaine de l’armée de terre qui
m’a fait remarquer à quel point il était difficile de former les troupes américaines à effectuer des manœuvres de chars au niveau de la brigade, même après deux ans de formation.
Dans ce contexte, comprenez-vous maintenant la stupidité du commentaire de Milley ? Les Ukrainiens ne sont pas emmenés dans un seul endroit dans un seul pays et on
ne leur demande pas de maîtriser deux ou trois cours d’instruction. Non. Ils se trouvent dans 40 lieux différents, dans 33 pays différents, et 6000 soldats ukrainiens sont abreuvés de 65 cours.
Faites le calcul. Cela représente environ 93 soldats par cours. Et comme les instructeurs ne parlent probablement pas ukrainien, les soldats reçoivent des cours traduits en anglais, en français,
en allemand, en polonais et en italien. Il s’agit d’une véritable tour de Babel.
Admettons donc que ces 6000 âmes apprennent vraiment vite et terminent la formation comme par magie. Comment intégrer 6000 soldats qui ont vécu dans 33 pays et ont
été formés selon des normes différentes ? En gros, vous ne pouvez pas. C’est impossible.
Mais considérez ensuite ceci. Au cours d’une seule semaine de combat contre les forces russes, les Ukrainiens ont perdu 7500 hommes (tués et blessés). Tous ces
soldats entraînés ont disparu dans l’éclair d’un obus d’artillerie, d’un mortier ou d’une bombe planante. Encore une fois, faites le calcul. Si l’Ukraine perd 6000 hommes par semaine, la filière
de formation a intérêt à ce qu’au moins 80 000 Ukrainiens participent à ces cours. Sinon, la formation de l’OTAN ne pourra pas suivre le rythme des pertes ukrainiennes.
Ce à quoi nous assistons est une faute professionnelle militaire à une échelle colossale. J’ai du mal à croire que Milley, Austin et leurs compatriotes de l’OTAN
soient vraiment aussi stupides en vantant ce régime d’entraînement comme quelque chose de responsable et de sage. C’est de la folie. La partie cynique de mon esprit pense que l’Ukraine est
simplement utilisée comme prétexte pour donner du jus aux industries de défense occidentales. Après des années de négligence et d’externalisation, les États-Unis et leurs partenaires de l’OTAN
ont découvert qu’ils ne disposaient plus des usines et des matériaux nécessaires pour mener une guerre à l’échelle industrielle.
La dure vérité est la suivante : l’Ukraine ne dispose pas de la main-d’œuvre nécessaire et l’OTAN n’a pas le luxe de disposer du temps requis pour s’assurer que les
soldats ukrainiens possèdent un niveau de compétence minimal dans les arts militaires qu’ils tentent d’apprendre dans le cadre d’un véritable cours accéléré. Gardez cela à l’esprit lorsque la
Russie réduira l’armée ukrainienne en poussière. Tout cet argent pour former des hommes dont l’espérance de vie se compte en semaines, voire en jours. Qui sera tenu pour responsable ?
Je voudrais terminer sur une note optimiste. Ce qui suit devrait vous faire sourire :
Les médias occidentaux aux ordres adorent répéter le mantra de leurs politiciens (et des marchands d’armes) sur “l’invasion brutale
et non provoquée de l’Ukraine par la Russie”. Bien entendu, ils parlent en fait d’eux-mêmes et de leurs propres invasions de la Corée, du Viêt Nam, de l’Afghanistan, de l’Irak, de la
Libye, de la Syrie, etc. L’incursion continue dans l’extrême Est et le Sud de l’actuelle Ukraine par les forces ukrainiennes soutenues par la Russie n’était en aucun cas non provoquée.
Les provocations génocidaires du régime de Kiev installé par les États-Unis duraient depuis huit ans avant le début de l’opération militaire spéciale visant à libérer ces régions.
En ce qui concerne la “brutalité”, on
peut dire que les forces anti-Kiev ont fait preuve soit d’une extraordinaire faiblesse, soit d’une extraordinaire patience. La réponse ukrainienne soutenue par la Russie a été très peu
brutale, comparée au sadisme des bombardiers anglo-américains contre la population civile de l’Allemagne (et de la France et de tous ceux qui se trouvaient sur le chemin de leurs
bombardements) pendant la Seconde Guerre mondiale. Heureusement, très peu de civils sont morts à cause des opérations ukrainiennes soutenues par la Russie, même si, de l’autre côté,
beaucoup de troupes du régime de Kiev sacrifiées par les États-Unis, soit plus de 250 000, sont mortes. Les médias occidentaux, contrôlés par l’État et se justifiant eux-mêmes, ont
entretenu le mythe selon lequel ce conflit opposait les Russes et les Ukrainiens. Il n’en est rien, il s’agit d’une guerre civile entre un régime ukrainien fantoche, composé de bandits
armés, et des combattants ukrainiens de la liberté soutenus par la Russie.
Communistes contre nazis ?
S’il ne s’agit pas d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine, s’agit-il alors d’une guerre civile entre communistes et fascistes, comme la guerre civile
espagnole de 1936-1939 ? Cela pourrait être plus proche de la vérité. Après tout, les grands-pères et arrière-grands-pères des Ukrainiens actuels soutenus par la Russie, qui sont nés
et ont grandi principalement dans l’est de l’Ukraine, ont combattu les nazis fascistes au sein de l’Armée rouge. Quant aux grands-pères et arrière-grands-pères des nazis ukrainiens
actuels soutenus par les États-Unis, qui sont nés et ont grandi principalement dans l’ouest de l’Ukraine, ils ont combattu l’Armée rouge pour les fascistes allemands. Toutefois, il ne
s’agit pas de grands-pères et d’arrière-grands-pères d’il y a quatre-vingts ans, mais bien d’aujourd’hui. Alors, entre qui exactement se déroule cette guerre civile ici et
maintenant ?
Le satanisme
En effet, le monde de 2023 est très différent de celui de 1943. Par exemple, il n’y a plus de communistes à proprement parler, juste quelques personnes
âgées. Le communisme a été remplacé par un successeur. Ainsi, ce que l’on appelle le parti communiste chinois est en réalité le parti national chinois. C’est pourquoi il est populaire en
Chine. Il permet au capitalisme d’avoir les coudées franches, mais seulement s’il travaille dans l’intérêt national chinois. Le patriotisme a remplacé le communisme. On peut en dire
autant de la Corée du Nord ou de Cuba. D’ailleurs, en Russie, le communisme est devenu une forme de nationalisme dès l’assassinat de Trotski par Staline en 1940 et l’invasion nazie de
1941. Quant au gouvernement dont le président Poutine est le chef, qui a succédé au gouvernement communiste du passé, il reflète également les intérêts de l’ensemble de la nation. C’est
pourquoi il est si populaire, avec 80 % de soutien au président Poutine et la plupart des 20 % restants indifférents. L’opposition réelle est infime.
Il est toutefois intéressant de noter que l’esprit du nazisme fasciste des années 1930 et 1940 est toujours présent, même s’il a lui aussi changé. À
proprement parler, on ne peut plus parler de nazisme, avec son idéologie raciste aryenne, anti-non-blanc, anti-juive, anti-tsigane et anti-homosexuelle, mais seulement de néo-nazisme.
D’ailleurs, ce néo-nazisme est dirigé par des sionistes trotskistes, dont certains sont juifs de race, d’autres non, certains sont noirs, d’autres non, certains sont homosexuels, d’autres
non. Leur idéologie néo-nazie est le suprémacisme occidental, occidental non pas au sens de la race aryenne, mais au sens de la croyance en l’idéologie occidentale de l’exceptionnalisme
et de la supériorité. Si vous croyez que “l’Occident est le
meilleur” et que tous les autres doivent s’incliner devant vous et être conquis par vous, vous êtes un néo-nazi. Si vous pensez que l’idéologie LGBT occidentale est la seule
valable et qu’elle doit être imposée au reste du monde par la violence militaire (guerres) ou économique (sanctions), vous êtes un néo-nazi, c’est-à-dire un fasciste libéral. La race et
l’orientation sexuelle n’entrent pas en ligne de compte. C’est la croyance en une idéologie qui entre en ligne de compte.
Nous le voyons très clairement dans ce conflit en Ukraine. Ce conflit oppose les Slaves de l’Est, dont le centre idéologique se trouve à Moscou, qui luttent
pour le droit d’exister et de conserver leur propre langue et leur propre culture en Ukraine, une culture qui se trouve être à la base chrétienne, et les néonazis, qui ont été installés à
Kiev par leur centre idéologique à Washington, et avec le soutien ouvert de l’UE, en 2014. Ces derniers sont des néonazis fascistes, prêts à commettre un génocide contre tous leurs
ennemis idéologiques, qui s’opposent au régime client néonazi dirigé par le gouverneur-ambassadeur américain à Kiev. Leur idéologie de base est fondamentalement satanique, vénérant le
paganisme, l’immoralité et le matérialisme. Ces trois points sataniques sont ce que les néo-nazis ont en commun avec les anciens nazis.
Unipolaire contre multipolaire, mondial contre mondialiste, unicivilisationnel contre multicivilisationnel, non-civilisationnel contre civilisationnel,
anticivilisationnel contre civilisationnel
Nous comprenons maintenant pourquoi nous parlons du conflit en Ukraine comme d’une guerre du monde multipolaire contre le monde unipolaire. Ce conflit local
fait partie de quelque chose de beaucoup plus massif, d’une importance universelle. C’est pourquoi l’élite occidentale soutient à fond le régime de Kiev, jusqu’au suicide économique.
C’est pourquoi l’élite arbore le drapeau de Kiev (on ne voit pas les pauvres occidentaux arborer le drapeau de Kiev). Un monde unipolaire signifie un monde dirigé par Washington pour
l’élite idéologique occidentale, quel que soit le pays où elle vit et quelle que soit sa race. L’élite occidentale est par définition ce groupe qui considère que l’Occident est le
Meilleur et que, par conséquent, la planète entière doit être dirigée par lui. C’est pourquoi les membres de cette élite sont appelés Globalistes. L’opposition est qualifiée de
multipolaire parce qu’elle représente plusieurs pôles nationaux d’existence. En réalité, il serait plus clair d’appeler les deux camps Unicivilisationnel et Multicivilisationnel. Les
centres multicivilisationnels sont mondiaux, ou globaux, mais ils ne sont pas unicivilisationnels ou mondialistes. En effet, Global signifie Anti-mondialiste et Unicivilisationnel
signifie Non-civilisationnel et Anti-civilisationnel.
Conclusion : Le Sud global contre l’Occident ?
Le conflit en Ukraine s’inscrit donc dans le cadre de la guerre anti-globaliste pour l’identité des peuples du monde, de leurs civilisations et de leurs
cultures. Ce conflit dure depuis un millénaire, depuis que l’élite du monde occidental a commencé à imaginer qu’elle possédait l’idéologie unique et la puissance militaire qui
l’autorisaient à conquérir le reste du monde, y compris les peuples de l’Occident, par la violence organisée. La loi du plus fort a toujours été son slogan et c’est pourquoi nous
l’appelons anti-civilisationnelle. Cette violence systémique a d’abord été appelée féodalisme, puis capitalisme. Les deux n’étaient et ne sont que des aspects différents du même système
pyramidal universel visant à contrôler la plèbe : Nous sommes au sommet, vous êtes au bas de l’échelle et nous vous écraserons si vous vous y opposez.
Ainsi, les Occidentaux qui souhaitent préserver les identités nationales en Occident sont également multicivilisationnels. Ils ne veulent pas de
l’homogénéité imposée par les Américains, Coca-Cola et Big Mac, Hollywood et Wall Street, Apple et Google, avec leur uniforme de jeans et de baskets. Ils sont contre le conflit en
Ukraine, reconnaissant qu’il va à l’encontre de leurs propres intérêts, qu’il va à l’encontre des intérêts ukrainiens et russes, qu’il va à l’encontre des intérêts du monde entier, mais
que l’élite occidentale le soutiendra jusqu’à ce que le dernier Ukrainien, qui est prêt à mourir pour cela, soit mort. Et après la mort de plus d’un quart de million de soldats de Kiev en
quatorze mois, ce moment n’est plus très loin. Il fut un temps où l’on parlait du tiers-monde. Puis on a commencé à parler du Sud global, en ignorant que la Russie borde l’Arctique et
l’Australie l’Antarctique. Qu’entendons-nous par là ? Nous ne parlons pas d’Occident et de non-Occident. Nous parlons des sept milliards d’antinazis civilisés et du milliard de néonazis
anticivilisés. Nous parlons tout simplement de la lutte pour la liberté et la civilisation. De quel côté êtes-vous ?
La tragique guerre entre Washington et Moscou, qui commence à s’achever après neuf longues années passées sur les champs de bataille de l’Ukraine, où de
très nombreux Ukrainiens meurent en vain, pourrait bien entrer dans sa dernière année. L’armement occidental du régime de Kiev, qui a commencé la guerre et l’a prolongée, est le résultat
de la tentative du monde occidental de s’étendre vers l’Est dans un nouveau «Drang nach Osten». Une fois de plus, l’Occident a franchi la ligne de démarcation civilisationnelle qui sépare
la laïcité occidentale du christianisme orthodoxe et qui traverse l’extrême ouest de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Ukraine. Plus précisément, elle traverse la Galicie, qui faisait
autrefois partie du sud-est de la Pologne et de l’infortuné empire des Habsbourg, centré sur Lemberg/Lviv/Lvov. Il s’agit d’une ligne de démarcation civilisationnelle qui ne doit pas être
franchie. Lorsque la France et ses alliés l’ont franchie en envahissant ce qui était alors l’Empire russe en 1812, cela a conduit tout droit à la chute de Napoléon. Lorsque
l’Autriche-Hongrie l’a franchie en envahissant la Serbie en 1914, elle a provoqué la Première Guerre mondiale et, en fin de compte, la tragédie de 1917, lorsqu’une idéologie athée
occidentale a été imposée par des non-Russes à l’ancien Empire russe et a tué des dizaines de millions de ses habitants trompés.
Lorsque l’Allemagne nazie a franchi cette ligne en envahissant ce qui était alors l’URSS en 1941, elle l’a conduite à sa chute suicidaire, à la destruction
de Berlin et à la perte de la Seconde Guerre mondiale. Après que Washington a franchi cette même ligne en renversant le gouvernement ukrainien démocratiquement élu en 2014, Washington a
signé de manière suicidaire l’arrêt de mort de son propre monde occidental unipolaire géré par les États-Unis et dirigé par le dollar. Car le centre de la laïcité occidentale est
aujourd’hui l’élite de l’empire américain à Washington, même si elle se déguise avec des euphémismes comme l’UE, l’OTAN, le G7, le «monde libre», la «communauté internationale», l’«ordre
fondé sur des règles», etc. Et le centre de la civilisation chrétienne orthodoxe, aussi loin qu’elle soit tombée, qu’elle ait été déformée et divisée, se trouve toujours à Moscou. Chaque
fois que la laïcité occidentale, toujours inspirée par l’exemple païen romain, a tenté de s’étendre vers l’est afin de voler des terres et d’exploiter des ressources, que ce soit sous
Charlemagne, les chevaliers teutoniques, les Polonais, Charles XII, Napoléon, Hitler ou Biden, elle a échoué. C’est encore le cas aujourd’hui. Certains n’apprennent jamais.
Pourquoi la civilisation est à un tournant
Lors du défilé du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2023, le président Poutine a déclaré que «la civilisation est à un tournant». Il faisait référence à
la guerre en Ukraine entre l’Ouest et le Reste qui a débuté en 2014 et a déclaré que l’ambition néoconservatrice de l’hégémonie américaine était «insensée», ajoutant que «toute idéologie
de supériorité est criminelle». Il a également déclaré que «les élites mondialistes continuent d’insister sur leur exceptionnalisme ; elles montent les gens les uns contre les autres,
divisent les sociétés, provoquent des conflits sanglants et des coups d’État, sèment la haine, la russophobie et le nationalisme agressif, détruisant les valeurs qui font de l’homme un
être humain». Il a décrit «l’ordre fondé sur des règles» de Washington comme «un système de vol, de violence et de répression sur la scène internationale». Il a comparé cela au point de
vue russe, le point de vue de la grande majorité, selon lequel il n’y a «pas de peuples hostiles à l’Est ou à l’Ouest», et que «le peuple ukrainien est l’otage d’un coup d’État et d’un
régime qui est entre les mains de l’Occident». Il a toutefois promis que «nous vaincrons le terrorisme». Le 23 mai, il a répété que «la Russie mettra fin à la guerre que l’Occident a
déclenchée en Ukraine».
Pendant ce temps, à Washington, les néoconservateurs qui soutiennent les néonazis répètent l’erreur des anciens nazis. Ces derniers pensaient pouvoir
vaincre la Russie afin de pouvoir passer au problème plus important (selon eux) de vaincre les Anglo-Américains, sans se rendre compte qu’ils étaient en train d’être vaincus en Russie.
Aujourd’hui, les néo-nazis veulent également passer à un problème plus important, celui de vaincre la Chine, sans se rendre compte qu’ils sont eux aussi en train d’être vaincus en Russie.
Aveuglés par le même orgueil que les anciens nazis, les propagandistes néoconservateurs d’aujourd’hui ne le comprennent pas. La Russie n’est pas en guerre ; si elle était en guerre, elle
aurait tout détruit avant elle, toute l’infrastructure de l’Ukraine aurait depuis longtemps été rayée de la surface de la terre. Il s’agit d’une opération militaire visant à libérer
l’Ukraine russophone et à démilitariser et dénazifier le reste du territoire. C’est pourquoi elle préserve avec le plus grand soin les vies civiles, les villes et les infrastructures. Il
s’agit d’une guerre existentielle pour la Russie ; pour les néoconservateurs, ce n’est qu’une guerre pour leur orgueil et leur vanité. La civilisation est à un tournant car la menace de
Washington est de détruire toutes les civilisations.
La russophobie et la «guerre» qui pourrait se terminer demain
D’où vient la russophobie occidentale ? Elle est très ancienne, puisqu’elle a commencé avec le «Père de l’Europe», Charlemagne, dont le prix, sans surprise,
a été décerné à l’acteur-président ukrainien le 14 mai à Aix-la-Chapelle, en même temps que 2,7 milliards d’euros supplémentaires d’équipements militaires allemands. Il s’agit de la même
haine que l’Occident éprouve à l’égard du monde musulman. Le monde chrétien (orthodoxe) et le monde musulman ne sont pas exotiques et ne peuvent donc pas être moqués comme l’Occident se
moque des civilisations lointaines, mais sont les rivaux géographiques les plus proches du monde occidental – ils doivent donc être détruits. Nous pouvons le constater dans l’histoire
ancienne : les croisades étaient dirigées contre les musulmans en Espagne, puis au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais aussi contre les chrétiens à Constantinople (mise à sac en 1214
par les troupes barbares occidentales) et ensuite en Russie, que les chevaliers teutoniques, tout aussi barbares, ont tenté de détruire en 1242.
Cependant, tout cela ne s’est produit qu’après de longs siècles au cours desquels l’élite occidentale a assassiné et violé les peuples occidentaux,
réduisant en esclavage les Gaulois, les Saxons, les Celtes, les Mozarabes, les Milanais, les Anglais et les Slaves dans le cadre de leur féodalité barbare. Malheureusement, les barbares
ne sont pas, comme certains l’imaginent, aux portes, ils sont aux commandes depuis le début, depuis plus de mille ans, arrachant les peuples à leurs saints. La tromperie a toujours été
leur méthode. «Les châteaux, les donjons et les salles de torture sont bons pour vous», affirmaient les sadiques barbares. Mais la démocratie occidentale moderne n’est que le même racket
de château – votez pour nous ou sinon. Ainsi, le 5 mai, le célèbre «nous sommes le jardin, ils sont la jungle» Borrell, le chef raciste de la politique étrangère de l’Union européenne, a
déclaré à Florence : «Si j’arrête de soutenir l’Ukraine, la guerre se terminera certainement bientôt». Sans le soutien militaire des pays occidentaux, l’Ukraine tombera aux mains des
forces d’invasion russes en l’espace de quelques jours». Ses propos dénotent la mentalité intensément agressive et belliciste inhérente à l’élite barbare occidentale. Ils pourraient
mettre fin aux conflits et à la mort, mais ils refusent de le faire, prêts à se battre jusqu’à ce que le dernier Ukrainien trompé soit mort. En effet, seuls ceux qui n’auront pas été
trompés resteront en vie.
Opération Z
L’opération russe s’appelle l’Opération Z, du nom de la dernière lettre de l’alphabet, parce qu’il s’agit de la dernière chance pour la civilisation de
survivre à l’anti-civilisation du monde occidental. Et qui dit civilisation dit majorité mondiale, appelée Sud mondial. La Fédération de Russie traite avec la majorité mondiale, dont le
monde occidental s’est isolé. Ainsi, lorsque le président Macron déclare que la Russie devient le vassal de la Chine, ce qu’il veut dire, c’est que la France est devenue depuis longtemps
le vassal des États-Unis, alors que la Russie et la Chine font partie du monde multipolaire. De même, ceux qui, dans le monde occidental, comme le chancelier allemand Scholz, affirment
que l’Ukraine défend les «valeurs occidentales» se condamnent eux-mêmes. Le régime néonazi installé à Kiev par les États-Unis a persécuté l’Église et fermé des centaines d’entre elles,
emprisonné des minorités, assassiné des Russes et interdit d’autres partis politiques. Oui, il s’agit de «valeurs occidentales» – le nazisme est une valeur et une idéologie propres à
l’Occident. Plusieurs hommes politiques allemands, européens et canadiens sont en effet les petits-enfants de nazis, certains d’entre eux étaient membres des SS. Telle est donc la
signification de l’Opération Z – la dernière chance de sauver la majorité mondiale, mais aussi la dernière chance de sauver le monde occidental de lui-même.
Le 20 mai 2023, Artiomovsk/Bakhmout est enfin libérée par les forces pro-russes après huit mois de combats et cinquante mille morts ukrainiens. Les
dirigeants du ghetto occidental du G7, réunis à ce moment précis pour un week-end à Hiroshima, où un président des États-Unis a commis le génocide de civils japonais 78 ans auparavant,
n’ont pas du tout apprécié et ont donc fait comme si la libération n’avait pas eu lieu. Sa mention dans les médias occidentaux est strictement interdite et censurée, tout comme l’état
critique du général Zaluzhny, le chef des forces armées de Kiev, gravement blessé. Cependant, le G7 lui-même, introverti, est de moins en moins pertinent dans le monde réel, une relique
du passé. Le monde a évolué depuis 1945, et c’est ce que le G7 représente, puisqu’il est constitué des vainqueurs occidentaux et des deux nations vaincues de cette époque révolue. Une
fois de plus, cependant, le G7 a fait semblant de ne pas remarquer sa propre insignifiance et a continué à se regarder le nombril avec ses yeux de la Seconde Guerre mondiale. Il n’y a pas
de meilleur exemple que son fantasme de pouvoir vaincre la Russie par l’intermédiaire de ses marionnettes basées à Kiev, puis de renverser le très populaire président Poutine et de
diviser la Russie entre diverses sociétés transnationales.
Conclusion : La prophétie de l’Atlantide
Le résultat de l’armement occidental des forces de Kiev est que ce qui a commencé comme une petite opération de police pour libérer le peuple du Donbass est
devenu un peu moins qu’une guerre mondiale. C’est la Russie contre l’Occident combiné. La Russie a conclu que rien d’autre qu’une victoire totale ne fera comprendre aux Américains et à
leurs caniches britanniques et européens qu’elle est sérieuse et qu’il y aura une Ukraine neutre, souveraine et indépendante du contrôle des États-Unis, donc plus un voisin hostile. Comme
l’a déclaré le président Vladimir Poutine au Parlement russe en juillet dernier : «Nous avons déjà beaucoup entendu dire que l’Occident voulait nous combattre «jusqu’au dernier
Ukrainien». C’est une tragédie pour le peuple ukrainien. Mais tout le monde doit savoir que, dans l’ensemble, nous n’avons encore rien commencé sérieusement». Que feront les États-Unis
une fois qu’ils auront perdu en Ukraine ? Ils l’abandonneront, tout comme ils ont abandonné le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan, et retourneront sur leur grande île, à 6500 km de là, de
l’autre côté de l’océan. Le monde sera alors libre.
C’est ici que sera préparée la seconde Atlantide. Oui, l’Atlantide, car l’histoire de l’Atlantide de Platon n’a jamais été de l’histoire, mais en fait un
avertissement prophétique pour l’avenir. L’histoire de l’île fictive de l’Atlantide était une allégorie sur l’orgueil démesuré et se terminait par la chute de l’Atlantide dans les faveurs
des dieux et son engloutissement dans l’océan Atlantique. Comme il semble maintenant, cette histoire concerne précisément les États-Unis, qui sont la véritable Atlantide, qui sombrera
sous les vagues de l’orgueil démesuré et de la dépravation. Cependant, l’histoire est encore plus que cela, elle concerne également tous ceux qui s’associent aux États-Unis, par exemple
en Europe occidentale, sans oublier les oligarques et les traîtres russes qui admirent tellement l’Occident qu’ils choisissent de vivre à New York, Londres, Tel-Aviv ou ailleurs dans le
monde occidental. Tel est l’avertissement et, chose inquiétante, il est presque trop tard pour qu’il soit entendu. La plupart des gens n’écoutent pas la prophétie, mais le message est sur
le mur. Le temps est presque écoulé.
Le sempiternel antagonisme amer à
l’égard de Poutine et de la Russie a permis à une réalité imaginée de se détacher, pour finalement devenir une illusion.
Le récent sommet du G7 doit être compris comme, premièrement, la mise en place d’un espace de combat dans la «guerre des récits» dont le principal «front»
est aujourd’hui l’insistance de l’équipe Biden sur le fait qu’une seule «réalité» – l’idéologie des «règles» dirigée par les États-Unis (et elle seule) – peut prédominer. Et,
deuxièmement, pour souligner avec insistance que l’Occident «ne perd pas» dans cette guerre contre l’autre «réalité». Cette autre réalité est «l’altérité» multivalente qui, de toute
évidence, attire de plus en plus de soutiens dans le monde.
Beaucoup d’Occidentaux n’ont tout simplement pas conscience de la rapidité avec laquelle les plaques tectoniques géopolitiques se déplacent : La bifurcation
initiale des plaques (la guerre financière ratée déclarée
à la Russie) a déjà provoqué une vague de construction. La colère monte. Les gens ne se sentent plus seuls à rejeter l’hégémonie occidentale – ils «n’en ont plus rien à faire».
Au cours de la semaine qui a précédé le sommet du G7, la Ligue arabe est littéralement «devenue multipolaire» ; elle a abandonné son ancien automatisme en
faveur des États-Unis. L’adoption du président Assad et du gouvernement syrien était à la fois la conséquence logique du changement de plaque tectonique secondaire mis en mouvement par la
Chine avec sa diplomatie saoudo-iranienne – une révolution que Mohammad ben Salmane (MbS) a ensuite logiquement étendue à l’ensemble de la sphère arabe.
MbS a scellé cette «libération» de la tutelle des États-Unis en faisant inviter le président al-Assad au Sommet pour symboliser l’acte d’iconoclasme
généralisé de la Ligue.
Pour l’Occident, il est ontologiquement impossible de tolérer le démantèlement de sa réalité, de voir sa société et le monde divisés en deux. Le récit de la
réalité est tellement ancré dans la réalité grâce à l’efficacité bien rodée des communications des médias que les hommes politiques sont devenus paresseux. Ils n’ont pas besoin
d’argumenter, et n’ont pas non plus intérêt à s’abstenir de dire des contre-vérités.
La dynamique est exorable : une «réalité monolithique» surestimée se transforme en une lutte manichéenne à mort. Tout recul de la part des «principaux»
pourrait entraîner l’effondrement du «château de cartes» de la narration médiatique. (Cette notion de réalité monolithique n’est pas partagée par la plupart des autres sociétés qui
considèrent la réalité comme multiforme).
Le déni devient endémique. C’est ainsi que nous assistons à un G7 faucon, qui détourne l’attention du revers narratif (de la chute de Bakhmout) en
adoptant avec
désinvolture un stratagème visant à fournir des F-16 à l’Ukraine, en réprimandant la Chine pour ne pas avoir fait «reculer» le président Poutine en Ukraine et en utilisant la
réunion pour établir un cadre narratif pour la confrontation à venir avec la Chine sur les questions commerciales et Taïwan.
Une commentatrice (lors du sommet) s’est demandée «Suis-je encore en
Europe ou au Japon ?» en écoutant la rhétorique de von der Leyen, comme si elle avait été tirée de son précédent discours à l’UE. Von de Leyen avait formulé la notion de «réduction des
risques» avec la Chine pour dissimuler la bifurcation rampante entre l’UE et la Chine dans la production au sein de la Commission de l’UE. Cette remarque permet toutefois de
souligner à quel point von der Leyen est devenue un membre de facto de l’équipe Biden.
La Chine a réagi avec colère à l’allégation du sommet du G7 selon laquelle il était devenu un atelier pour «salir» et calomnier la Chine.
Le G7 considère que cette vaste mise en scène de la confrontation avec la Chine est nécessaire, car le reste du monde ne considère pas la Chine comme une
véritable «menace» pour les États-Unis : Ils comprennent plutôt que les véritables «menaces» pour les États-Unis proviennent de leurs divisions internes et non de sources externes.
L’importance du G7 ne réside pas tant dans les récits anti-Chine qui ont été lancés que dans le fait que l’ensemble de l’épisode exprime un déni de réalité
occidental qui laisse présager un danger extrême en ce qui concerne l’Ukraine. Il montre que l’Occident – dans son état d’esprit actuel – sera incapable de présenter une initiative
politique crédible pour mettre fin au conflit ukrainien (rappelons que Moscou a été durement éprouvée par l’épisode précédent de Minsk).
Le langage du G7 abjure toute diplomatie sérieuse et signale qu’il est impératif de s’en tenir au mantra «ne pas perdre» : la chute de Bakhmout n’est pas
une défaite pour Kiev, mais une perte à la Pyrrhus pour Poutine ; l’Ukraine gagne, Poutine perd, tel est le message du G7.
L’orgueil réside dans l’éternelle condescendance de l’Occident à l’égard du président Poutine et de la Russie. Washington (et les États-Unis) ne peuvent
tout simplement pas se défaire de la conviction que la Russie est fragile, que ses forces armées sont à peine, voire pas du tout, compétentes, que son économie est en train de s’effondrer
et que, par conséquent, Poutine saisira probablement à peu près n’importe quel «rameau d’olivier» que l’Amérique voudra bien lui offrir.
Il est illusoire de penser que le président Xi pourrait – ou voudrait – faire pression sur Poutine pour qu’il «fasse marche arrière» en Ukraine et accepte
un cessez-le-feu aux conditions de l’UE – qui sont les «conditions Zelensky». Pourtant, certains dirigeants européens semblent réellement penser que Xi ou Modi peuvent faire pression sur
Poutine pour qu’il quitte l’Ukraine dans des conditions tout à fait favorables à Kiev. Ces dirigeants européens sont tout simplement dangereusement otages des processus psychologiques qui
alimentent leur négationnisme.
La Russie «gagne» sur le front de la guerre financière et sur le front diplomatique mondial. Elle dispose d’un avantage écrasant en termes de nombre de
forces, d’armement, de ciel et de sphère électromagnétique. Alors que l’Ukraine est en plein désarroi, que ses forces sont décimées et que l’entité de Kiev s’effondre rapidement.
Ne comprennent-ils pas ? Non. L’interminable antagonisme amer à l’égard de Poutine et de la Russie a permis à une réalité imaginée de se détacher, de
s’éloigner de plus en plus de tout lien avec la réalité, puis de transiter vers l’illusion – en s’appuyant toujours sur des pairs qui partagent le même état d’esprit pour la validation et
la radicalisation accrue.
Il s’agit d’une psychose grave. Au lieu d’aborder le conflit de manière rationnelle, l’Occident ne cesse de proposer des solutions sans lendemain, telles
qu’un «conflit
gelé». Pensent-ils sérieusement que la Russie va «s’asseoir» pendant que l’Occident «met en place» un mandataire de l’OTAN «armé jusqu’aux dents» dans l’ouest de l’Ukraine ? Un
mandataire qui sera une plaie suppurante dans le camp russe et qui saignera les ressources russes à long terme ? Pensent-ils que la leçon de l’Afghanistan est perdue pour le haut
commandement russe ? Je peux vous dire que ce n’est pas le cas. J’ai été l’un des acteurs de cette
tragédie.
Quelle est la prochaine étape ? La Russie attendra probablement de voir si Kiev est en mesure de lancer une offensive – ou non. Si Kiev lance une offensive,
il serait logique pour la Russie de laisser les forces ukrainiennes se jeter sur les lignes de défense russes, et de dépenser leurs forces davantage, dans un nouveau «hachoir à viande».
Moscou vérifiera si les patrons de Kiev sont alors prêts à reconnaître les «faits sur le terrain», plutôt qu’une réalité imaginée, en acquiesçant aux conditions de Moscou. Dans le cas
contraire, l’attrition russe pourrait se poursuivre, et se poursuivre, jusqu’à la frontière polonaise. Il n’y a pas d’autre option – même s’il s’agit du dernier choix de Moscou.
Le détournement des F-16 ne modifiera pas l’équilibre stratégique de la guerre, mais, bien entendu, il la prolongera. Pourtant, les dirigeants européens du
G7 se sont emparés de la proposition.
Le lieutenant-colonel Daniel Davis, Senior Fellow chez Defence Priorities à Washington, a lancé
un avertissement :
«Il n’y a aucune
raison de s’attendre à un changement radical de la situation de Kiev dans la guerre grâce à eux [les F-16]. Même les 40 à 50 jets que l’Ukraine demanderait ne changeront pas
fondamentalement le cours de la guerre. La question la plus importante que les Américains devraient poser à Biden est la suivante : dans quel but ? Qu’attend l’administration de la
livraison des F-16 ? Qu’espérons-nous accomplir physiquement ? Quel est l’état final envisagé par le président pour la guerre, et comment la présence des F-16 améliorerait-elle les
chances de succès ?
Pour autant que je
puisse le déterminer, ces questions n’ont même pas été posées, et ont encore moins trouvé de réponse, par les responsables de l’administration ou du Pentagone (…) Washington devrait
commencer à se concentrer davantage sur les moyens concrets de sauvegarder les intérêts américains et de mettre fin à la guerre, et moins sur des livraisons d’armes sans conséquence qui
ne semblent pas faire partie d’une stratégie cohérente».
La même question devrait être posée à l’UE : «Dans quel but ?» La question a-t-elle même été posée ?
Eh bien, répondons à cette question : À quoi serviront 50 F-16 ? Les dirigeants européens affirment qu’ils cherchent à mettre fin rapidement au conflit,
mais cette initiative aboutira à l’exact opposé. Elle constituera une nouvelle étape dans l’escalade vers la «guerre éternelle» contre la Russie que certains appellent de leurs vœux. La
Russie ne verra alors probablement pas d’autre solution que d’entrer en guerre totale contre l’OTAN.
Les Européens semblent incapables de dire «non» aux États-Unis. Pourtant, le colonel Davis prévient clairement que les États-Unis ont l’intention de
«transférer le fardeau du soutien physique à l’Ukraine à nos partenaires européens». Implicitement, cela suggère une «longue guerre» en Europe. Comment en sommes-nous arrivés là, pour
l’amour du ciel ? (En n’ayant pas réfléchi dès le départ, avec une guerre financière contre la Russie embrassée avec tant d’enthousiasme et d’irréflexion par l’Europe).
Récemment, le Financial
Times a écrit que
l’Ukraine avait cinq mois pour démontrer quelques «avancées» aux États-Unis et aux autres bailleurs de fonds occidentaux, afin de les convaincre de ses plans pour le conflit avec la
Russie : «Si nous arrivons en
septembre et que l’Ukraine n’a pas fait de progrès significatifs, la pression internationale sur l’Occident pour l’amener à négocier sera énorme».
Or, le colonel Davis affirme qu’«il est peu probable
que les chasseurs [F-16] participent à des combats dans le ciel ukrainien cette année». Biden vient donc de prolonger la guerre bien au-delà du mois de septembre.
Si l’Europe souhaite une fin rapide de la guerre, elle doit espérer que le «projet» de Kiev implose rapidement. (Et c’est ce qui pourrait se produire,
malgré les F-16).
Le président Xi Jinping a déclaré au
président Poutine, à la fin de leur sommet en mars dernier à Moscou, que nous sommes maintenant confrontés à «de grands changements jamais vus depuis un siècle», ce qui s’applique
directement au nouvel esprit qui règne dans le Heartland.
Le sommet Chine-Asie centrale qui s’est tenu la semaine dernière à Xian, l’ancienne capitale impériale, a été l’occasion pour Xi de consolider l’expansion
de l’initiative Ceinture et Route, qui part de l’ouest de la Chine, dans le Xinjiang, pour rejoindre ses voisins occidentaux, puis l’Iran, la Turquie et l’Europe de l’Est.
À Xian, Xi a particulièrement insisté sur les aspects complémentaires entre la BRI et l’Organisation
de coopération de Shanghai (OCS), montrant une fois de plus que les cinq «stans» d’Asie centrale, agissant ensemble, devraient contrecarrer la proverbiale ingérence extérieure
via «le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme».
Le message était clair : ces stratégies de guerre
hybride sont toutes intégrées à la tentative de l’hégémon de continuer à encourager les révolutions de couleur en série. Les tenants de «l’ordre international fondé sur des
règles», a laissé entendre Xi, ne reculeront devant rien pour empêcher la poursuite de l’intégration du Heartland.
En fait, les suspects habituels affirment déjà que l’Asie centrale est en train de tomber dans un piège potentiel, entièrement capturée par Pékin. Pourtant,
c’est quelque chose que la «diplomatie multi-vectorielle» du Kazakhstan, inventée depuis les années Nazarbayev, ne permettrait jamais.
Ce que Pékin développe, au contraire, c’est une approche intégrée par le biais d’un secrétariat C+C5 doté
de pas moins de 19 canaux de communication distincts.
Le cœur du problème est de stimuler la connectivité du Heartland par le biais du corridor central de la BRI.
Et cela inclut, de manière cruciale, le transfert de technologie. À l’heure actuelle, il existe des dizaines de programmes de transfert industriel avec le
Kazakhstan, une douzaine en Ouzbékistan et plusieurs en discussion avec le Kirghizistan et le Tadjikistan. Ces programmes sont vantés par Pékin comme faisant partie des «Routes de la soie
harmonieuses».
Xi lui-même, en tant que pèlerin post-moderne, a détaillé la connectivité dans son discours d’ouverture à Xian : «L’autoroute
Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan qui traverse les monts Tian Shan, la voie express Chine-Tadjikistan qui défie le plateau du Pamir, l’oléoduc Chine-Kazakhstan et le gazoduc Chine-Asie
centrale qui traversent le vaste désert, sont la route de la soie d’aujourd’hui.»
La renaissance de la «ceinture» du Heartland
La Chine de Xi reflète une fois de plus les leçons de l’histoire. Ce qui se passe actuellement nous ramène à la première moitié du premier millénaire avant
notre ère, lorsque l’empire perse achéménide s’est imposé comme le plus vaste à ce jour, s’étendant de l’Inde à l’est et de l’Asie centrale au nord-est à la Grèce à l’ouest et à l’Égypte
au sud-ouest.
Pour la première fois dans l’histoire, des territoires couvrant l’Asie, l’Afrique et l’Europe ont été réunis, ce qui a entraîné un essor du commerce, de la
culture et des interactions ethniques (ce que la BRI définit aujourd’hui comme des «échanges entre les peuples»).
C’est ainsi que le monde hellénistique est entré en contact avec l’Inde et l’Asie centrale, en établissant les premières colonies grecques en Bactriane
(dans l’actuel Afghanistan).
De la fin du premier millénaire avant J.-C. jusqu’au premier millénaire après J.-C., une immense zone allant du Pacifique à l’Atlantique – englobant
l’empire chinois Han, le royaume Kushan, les Parthes et l’empire romain, entre autres – a formé «une ceinture continue
de civilisations, d’États et de cultures», comme l’a défini le professeur Edvard Rtveladze de l’Académie des sciences de l’Ouzbékistan.
C’est, en résumé, le cœur du concept chinois de «ceinture» et de «route» : la «ceinture» fait référence au Heartland, la «route» à la route de la soie
maritime.
Il y a un peu moins de 2000 ans, c’était la première fois dans l’histoire de l’humanité que les frontières de plusieurs États et royaumes étaient
immédiatement adjacentes les unes aux autres sur pas moins de 11 400 km, d’est en ouest. Il n’est donc pas étonnant que la légendaire route de la soie – en fait un labyrinthe de routes -,
la première voie de communication transcontinentale, ait vu le jour à cette époque.
C’était la conséquence directe d’une série de tourbillons politiques, économiques et culturels impliquant les peuples d’Eurasie. L’histoire, à l’heure de
l’accélération du XXIe siècle, retrace aujourd’hui ces étapes.
La géographie, après tout, c’est le destin. L’Asie centrale a été traversée par d’innombrables migrations de peuples proche-orientaux, indo-européens,
indo-iraniens et turcs ; elle a été le foyer d’interactions interculturelles importantes (cultures iranienne, indienne, turque, chinoise, hellénistique) ; et elle a été traversée par
pratiquement toutes les grandes religions (bouddhisme, zoroastrisme, manichéisme, christianisme, islam).
L’Organisation des États turcs, dirigée par la Turquie, s’emploie même à reconstruire les accents identitaires turcs du Heartland – un vecteur qui se
développera parallèlement à l’influence de la Chine et de la Russie.
Ce partenariat pour la grande Eurasie
La Russie évolue sur sa propre voie. Lors d’une récente
session du club Valdai, un débat important a eu lieu sur le Grand partenariat eurasien en ce qui concerne l’interaction entre la Russie et le Heartland et les voisins que sont la
Chine, l’Inde et l’Iran.
Moscou considère le concept de Grand partenariat eurasien comme le cadre essentiel pour parvenir à la «cohésion politique» tant souhaitée dans l’espace
post-soviétique – sous l’impératif de l’indivisibilité de la sécurité régionale.
Cela signifie, une fois de plus, que l’on accorde une attention maximale aux tentatives en série de provoquer des révolutions de couleur à travers le
Heartland.
Tout comme à Pékin, Moscou ne se fait pas d’illusions sur le fait que l’Occident collectif n’hésitera pas à enrégimenter l’Asie centrale dans le cadre de la
campagne russophobe. Depuis plus d’un an, Washington s’adresse déjà au Heartland sous la forme de menaces de sanctions secondaires et d’ultimatums grossiers.
L’Asie centrale n’a donc d’importance que dans le cadre de la guerre hybride en cours – et d’une autre manière – contre le partenariat stratégique
Russie-Chine. Pas de fabuleuses perspectives de commerce et de connectivité dans le cadre des nouvelles routes de la soie, pas de partenariat de la Grande Eurasie, pas d’accords de
sécurité dans le cadre de l’OTSC, pas de mécanisme de coopération économique comme l’Union économique eurasiatique (EAEU).
Soit vous êtes un «partenaire» dans la démence
des sanctions et/ou un front secondaire dans la guerre contre la Russie, soit il y aura un prix à payer.
Le «prix», fixé par les proverbiaux psychopathes néocons straussiens actuellement en charge de la politique étrangère des États-Unis, est toujours le même :
une guerre par procuration via la terreur, qui sera fournie par l’État islamique au Khorassan, dont les cellules noires sont prêtes à être réveillées dans certains arrière-bois de
l’Afghanistan et de la vallée de Ferghana.
Moscou est tout à fait consciente de l’importance des enjeux. Par exemple, depuis un an et demi, presque chaque mois, une délégation russe arrive au
Tadjikistan pour mettre en œuvre, dans la pratique, le «pivot vers l’Est», en développant des projets dans les domaines de l’agriculture, des soins de santé, de l’éducation, de la science
et du tourisme.
L’Asie centrale devrait jouer un rôle de premier plan dans l’expansion des BRICS+, ce que soutiennent les deux leaders des BRICS, la Russie et la Chine.
L’idée d’un BRICS + Asie centrale est sérieusement évoquée de Tachkent à Almaty.
Cela impliquerait d’établir un continuum stratégique entre la Russie et la Chine, l’Asie centrale, l’Asie du Sud, l’Asie de l’Ouest, l’Afrique et l’Amérique
latine, couvrant la logistique de la connectivité, le commerce, l’énergie, la production manufacturière, l’investissement, les percées technologiques et l’interaction culturelle.
Pékin et Moscou, chacun à sa manière et avec ses propres formulations, sont déjà en train de mettre en place le cadre nécessaire à la viabilité de cet
ambitieux projet géoéconomique : le Heartland reprend du service en tant que protagoniste
au premier plan de l’Histoire, tout comme les royaumes, les marchands et les pèlerins d’il y a près de 2000 ans.
Face aux initiatives des principales
puissances non-occidentales et d’autres nations du Sud global – les régimes occidentaux et kiévien tentent par tous les moyens de faire entendre leur voix. Une voix qui a de plus en plus
de mal à être entendue de manière sérieuse par la majorité planétaire, sachant que l’axe otanesque a tout fait sauf rechercher une solution pacifique jusqu’à présent dans le dossier
ukrainien.
Les peurs washingtoniennes et occidentales quant au fait qu’une large partie du monde prennent
position en faveur des initiatives de paix de la République populaire de Chine et d’autres nations des BRICS semblent se confirmer plus que jamais. À l’heure où la majorité
planétaire s’est définitivement rendu compte que c’est précisément le bloc des nostalgiques de l’unipolarité qui refuse obstinément la paix, tout en cherchant à chaque fois l’escalade
face aux partisans de l’ère multipolaire contemporaine.
Evidemment et à cet effet, l’establishment otanesque mobilise inlassablement son représentant sous tutelle, à savoir Kiev. Les récents contacts des
représentants du régime kiévien, notamment en direction des pays africains et arabes ne font d’ailleurs que confirmer cette thèse. Fait d’ailleurs assez comique, mais tellement typique
pour ce régime – l’utilisation d’un ton condescendant de la part d’un régime fantoche, calqué sur celui de ses maîtres occidentaux, vis-à-vis des pays concernés. Pour autant – aucune
illusion à avoir, car pratiquement personne n’est aujourd’hui dupe parmi les pays concernés par cette mobilisation de l’axe otano-kiévien.
Les raisons pour de telles démarches sont quant à elles une fois de plus parfaitement compréhensibles et prévisibles. Face à l’incapacité de réaliser le
scénario tellement promu par l’Occident d’infliger une défaite stratégique à la Russie, chaque jour qui passe les nations non-occidentales du monde – en d’autres termes la seule et
véritable communauté internationale car représentant l’écrasante majorité de l’humanité – prennent de plus en plus position en faveur d’une ligne de démarcation entre l’OTAN et Moscou,
représentant un véritable dilemme pour l’Occident.
En effet et comme Observateur
Continental l’avait plusieurs fois soulevé – cette ligne de démarcation, même dans l’état actuel des choses – représente un aveu d’une défaite du bloc otanesque. Peut-être pas
une défaite complète, mais une défaite néanmoins. Et cela sans même aborder de nouveau le sujet que cette ligne de démarcation puisse continuer à être étendue vers l’Ouest dans le cadre
de l’opération militaire spéciale russe, et ainsi se retrouver encore plus près des frontières des régimes atlantistes. De même que personne ne peut aujourd’hui garantir, malgré tout le
contrôle occidental sur l’Ukraine contemporaine, combien de temps pourra tenir le régime kiévien dans cette perspective.
Evidemment, l’option qui semble pouvoir arranger les Occidentaux, y compris via les déclarations du régime kiévien, représente un secret de polichinelle. À
savoir que la Russie se retire de tous les territoires libérés depuis le commencement de l’opération militaire spéciale – pour énième rappel après les multiples violations et non-respect
des Accords de Minsk par Kiev et dont les régimes français et allemand se portaient en passant comme co-garants, et en retour entrevoir une possible reconnaissance occidentalo-kiévienne
de la Crimée comme partie intégrante de la Fédération de Russie.
Sauf que cette option est évidemment inacceptable pour Moscou. Le cas de la Crimée est résolu depuis 2014. Pour rappel en passant sans qu’il y ait eu une
seule victime dans le processus de réintégration de la péninsule à la Russie et à travers un référendum qui avait largement confirmé la volonté de l’écrasante majorité du peuple
multiethnique de Crimée. Et dans le cas précis du Donbass et des autres territoires majoritairement russophones, l’Etat russe ne se permettra pas de trahir les populations concernées et
les laisser à l’abandon face à un génocide que les otano-kiéviens n’hésiteront pas à mettre en œuvre, dans le cadre d’une épuration ethnique. Une épuration ethnique que les représentants
du régime kiévien assument ouvertement dans leurs déclarations, avec la «bénédiction» des parrains bien évidemment.
Dans cette perspective, le dilemme de l’Occident se retrouve d’autant plus renforcé. À savoir que la poursuite de la guerre par procuration, et désormais
avec la montée des enchères une guerre quasi-directe entre l’OTAN et la Russie, place cet axe occidental non plus seulement devant une condamnation de l’écrasante majorité mondiale, mais
également face à la réalité de voir d’autres territoires de la Novorossia (Nouvelle Russie) à être libérés par les Forces armées russes. Et le tout avec une perspective très incertaine
quant à l’avenir du régime kiévien, envers lequel d’énormes investissements de l’Occident politique avaient été placés, dans l’espoir justement d’infliger une défaite non seulement à la
Russie, mais à tout le monde multipolaire. Sans succès jusqu’à présent.
On connait peu en Europe Mikhaïl Vladimirovitch Michoustine qui préside le gouvernement de la fédération de Russie depuis janvier 2020 (Premier ministre). L’homme, âgé de 57 ans, est un
ingénieur, entrepreneur, économiste et homme d’État russe. Il n’a pas la notoriété de Dmitri Medvedev lorsque ce dernier occupait la même fonction. Il ne figurait pas non plus dans le cercle
rapproché de Poutine lorsqu’il a été choisi par ce dernier. C’est en fait un bon gestionnaire qui a démontré son savoir faire et son efficacité lorsqu’il était à la tête du Service fédéral des
impôts. Participant au Forum économique de Shangaï, Michoustine a rencontré ce mercredi le président Xi Jipping. Ce dernier a rappelé son « ferme soutien » à la Russie en matière d’« intérêts
fondamentaux» et a appelé à « renforcer » la coopération économique avec Moscou. Mais derrière ces paroles, n’y-a-t-il pas de projets plus concrets ?
Cet article publié en russe par le site tsargrad.tv n’engage
pas la ligne éditoriale du Courrier.
Les dirigeants de la Russie et de la Chine ont prouvé qu’ils ne se payaient pas de mots. Ils le démontrent encore une fois, en préparant activement leurs pays à
combattre l’Occident, conduit par des États-Unis, qui tente de prendre leur place au soleil.
L’événement le plus important de ce cheminement se produit en ce moment même, sous nos yeux.
Ce n’est un secret pour personne que, dans les cercles dirigeants de la Russie et de la Chine, les partisans d’un rapprochement avec l’Occident occupaient – jusqu’à
récemment – des positions assez fortes, s’efforçant de saboter discrètement le rapprochement entre les deux pays et d’entraver la coopération commerciale et économique. Mais la ferme volonté
des dirigeants des deux États – le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping – ont permis de développer les relations à un bon rythme.
Les deux pays font face à un Occident qui a déclaré la guerre à la Russie en Ukraine, et à des États-Unis qui poursuivent vigoureusement une politique
d’encerclement et l’isolement de la Chine dans le monde. Ils le font en persuadant leurs vassaux de suivre leurs manœuvres, et en jouant de provocations pour susciter un conflit avec Taïwan.
Par conséquent, Moscou et Pékin n’ont pas d’autres choix que d’améliorer fortement et qualitativement leur plan mondial et dans tous les domaines.
Pourquoi est-ce absolument nécessaire ?
Le but principal est de sortir vainqueur de la confrontation avec l’Occident. L’« opération spéciale » a conduit au renforcement de l’aile
patriotique au sein de la direction de la Russie. Ainsi, des changements positifs ont commencé dans le pays, y compris dans l’esprit de l’élite, dont la partie la plus sensée s’est séparé des
illusions que présentait la voie occidentale. De son côté Xi Jinping, lors d’un récent congrès du parti, a retiré les partisans de « Chimerica » de la haute direction de son
pays. Poutine et Xi – que le monde non-occidental en quête de souveraineté regarde avec espoir – ont été grandement « aidés » en cela par les Américains et les Britanniques.
Après la visite « historique » de Xi Jinping à Moscou en mars dernier, il est devenu nécessaire, en conséquence, de remplir de contenu économique la
« nouvelle réalité ».
Lorsque la confrontation avec l’Occident s’intensifiera, la Russie et la Chine devront faire face à de grandes difficultés s’ils n’agissent pas dans le cadre d’un
front uni contre leurs ennemis et si – dans les sphères économiques et financières – ils ne sont pas prêts pour la lutte la plus dure. En outre, la Chine, malgré sa puissance économique,
aura plus de mal à survivre dans les années à venir que la Russie pour la raison suivante : il est plus difficile de nourrir un milliard et demi d’habitants que dix fois moins.
Aussi, pour se préparer à ces temps difficiles qui sont à venir, le Premier ministre russe, MikhailMichoustine, est-il venu en Chine avec une énorme
délégation de responsables gouvernementaux et de chefs d’entreprises nationales. C’est à la demande de Xi Jinping (adressée à Poutine), que le Premier ministre russe a été envoyé en urgence,
afin d’établir des liens étroits avec le nouveau Premier ministre du Conseil d’État de la République populaire de Chine, Li Qiang. Et ce 24 mai à Pékin, Xi Jinping a lui-même reçu Mikhail
Michoustine.
Une forte délégation russe
Michoustine a commencé son séjour en Chine par une visite dans la capitale économique, Shanghai. Il s’y est exprimé lors du forum d’affaires russo-chinois qui
a réuni plus de 1.200 participants venus de Russie....
La réunion du G7 s’est considérablement rapprochée du désastre avec l’approbation d’une nouvelle proposition visant à donner à Zelensky des avions
américains F-16.
Les F-16 sont des avions de quatrième génération que les États-Unis fabriquent depuis des décennies et vendent à leurs alliés. Ils sont coûteux et
représentent un bond en avant dans les capacités de Kiev à attaquer la Russie.
Il est étrange que cette option, maintes fois rejetée par les États-Unis, soit aujourd’hui présentée comme une alternative susceptible de changer le cours
de la guerre. Après le rôle d’avant et d’après du Javelin, du Switch Blade, du Himars et des chars Leopard II, c’est enfin au tour du F-16, la dernière étape avant le F-35.
Les F-16 nécessitent un long entraînement pour les pilotes sélectionnés, ce qui signifie du temps, des ressources et, surtout, de donner un préavis pour les
Russes. Les spécialistes militaires préviennent qu’en réalité, ces avions seront des proies faciles pour les systèmes antiaériens russes avancés, dont le S-400, qui peuvent les « voir »
et les abattre avant qu’ils ne puissent agir.
De plus, le F-16 est conçu pour un théâtre d’opérations où il existe des bases opérationnelles, des pistes d’atterrissage et des chaînes logistiques de
maintenance adéquates. L’Ukraine ne dispose pas de ces infrastructures, qui ont été pulvérisées par la Russie il y a plusieurs années.
Les possibilités sont réduites à des opérations à partir de bases polonaises ou voisines, ce qui serait une situation très risquée, contre laquelle Moscou a
sérieusement mis en garde. Poutine est poussé dans ses derniers retranchements avec des armes plus offensives et plus dangereuses qui sont produites en dehors de la zone de conflit.
Jusqu’à présent, la Russie s’est contentée de créer un système de destruction des équipements et des hommes qui les utilisent.
Les actions russes consistent à inviter les forces ukrainiennes au combat dans des situations complexes, poussées par la nécessité de présenter de bonnes
nouvelles selon les besoins de la propagande occidentale.
La chute de Bakhmout, Artemovsk pour les Russes, a exacerbé la situation. Après des mois de propagande où les Ukrainiens eux-mêmes soulignaient l’importance
stratégique de cette ville et d’envoi inconsidéré d’armes et d’hommes se fixant la tâche impossible de résister aux musiciens de Wagner, la défaite imminente a rendu la chose plus
explicite.
Finalement, ce qui était prévisible, mais non moins acceptable pour les dirigeants occidentaux, se produisit.
La seule réponse possible serait la négociation en acceptant non seulement les territoires conquis par la Russie, mais en mettant sur la table les exigences
de Poutine, un retour aux frontières de l’OTAN d’avant 1997.
Il y a un peu plus d’un an, il semblait inconcevable que Poutine exige la neutralité de l’Europe de l’Est comme zone de sécurité non négociable, mais
aujourd’hui, nous constatons que non seulement cette exigence est réalisable, mais qu’elle est bien plus importante et qu’elle envisage une redéfinition des bases de la puissance
mondiale.
La Russie, comme la Chine, demande que son importance soit reflétée dans des organisations internationales équitables et non plus dépendantes de l’humeur
atlantiste.
Face à cette réalité, deux positions de base se dessinent en Occident, l’une de désescalade par la recherche d’un processus de paix, l’autre d’escalade vers
la confrontation nucléaire, au moins en Europe.
La visite de Zelensky au Vatican a fini par refléter ces divergences, avec une attitude visiblement discourtoise à l’égard du pape François. Cette
rebuffade, indigne d’un dirigeant mondial de l’importance qu’il perçoit, est frappante.
Même si les propositions de paix du pape ne sont pas prises en considération, la courtoisie diplomatique indique que la possibilité de négocier sera
formellement acceptée, même s’il n’y a aucune intention de le faire. Non seulement cela ne s’est pas produit, mais Zelensky, de manière tout à fait inutile et flagrante, a snobé le chef
de la foi majoritaire dans le monde, à savoir la foi catholique. Il est également assez étrange que le Vatican n’ait pas prévu et convenu de quelques mesures minimales avec la délégation
ukrainienne.
La tenue vestimentaire, les déclarations susmentionnées et le symbolisme, y compris les gestes, du comédien devenu chef du monde libre sont difficiles à
justifier.
Les raisons de ce comportement peuvent rester incertaines, mais il est clair qu’il existe une division croissante sur le front occidental. Les États-Unis
ont autour d’eux un cercle d’alliés proches – des subalternes qui ont bénéficié de soutiens économiques qui leur ont permis d’avoir un meilleur niveau de vie pour leurs sociétés que les
autres, et qui suivent les ordres de Washington à la lettre.
Ce cercle est encore relativement solide, même s’il présente quelques fissures dues aux résultats décevants de la stratégie actuelle.
Une autre sphère de nations, autrefois liée au monde anglo-saxon, commence à s’en détacher et à prendre un air d’indépendance. L’Arabie saoudite, pilier du
pétrodollar, a ignoré les exigences occidentales et fait preuve d’une indépendance frappante.
L’Inde, considérée comme un allié potentiel de l’AUKUS, a montré de nombreux signes d’indépendance, tout comme les nations de l’ANASE pour la
plupart.
Les mauvaises nouvelles continuent pour l’Occident, car Erdoğan, qui est devenu un cauchemar pour ses anciens alliés, était présenté comme un dirigeant dont
le pouvoir prendrait fin après les élections. Les sondages, une fois de plus, ont dit à l’Occident ce qu’il voulait entendre et ont affirmé que le dirigeant turc perdrait les élections de
10 points.
Les espoirs occidentaux s’amenuisent, car il lui manque un demi-point au premier tour pour remporter la victoire. À tel point que des rumeurs font état d’un
nouveau printemps turc, cette fois pour tenter de l’évincer du pouvoir.
Si le coup d’État de la CIA avec le religieux Guillen n’avait pas réussi à l’époque, celui-ci a beaucoup moins de chances. Non seulement parce qu’Erdoğan
s’est déjà nettoyé des éléments putschistes, mais aussi parce que l’environnement géopolitique est différent. La puissance atlantiste se dilue et l’axe sino-russe consolide sa
puissance.
Comment changer l’équation ? Le déclin de l’Occident s’est opéré sur le plan civil, mais la question militaire s’y est ajoutée. Non seulement Bakhmout
tombe, mais on constate que si les F-16 restent une promesse et que les chars occidentaux arrivent au compte-gouttes et avec des modèles de second rang, il n’en va pas de même pour les
systèmes antiaériens.
Chaque pays occidental a envoyé ce qu’il avait de mieux, mais rien n’entame l’arsenal russe. Les anciens systèmes soviétiques s’avèrent plus efficaces que
les systèmes occidentaux les plus récents et les plus coûteux.
Les États-Unis ont joué le rôle le plus difficile
Les États-Unis ont joué la carte de la fermeté, en mettant en place le système norvégien de missiles surface-air avancés (NASAMS), censé protéger Washington
et la Maison-Blanche.
Ce système a connu le même sort que le Patriot PAC-3, le dernier né de la défense antiaérienne américaine, qui a fait l’objet d’une énorme publicité.
Lors du premier tir croisé connu avec les systèmes russes, l’Ukraine a perdu le premier complexe. Il n’est pas encore possible de savoir s’il s’agit d’une
perte totale ou partielle, étant donné qu’il y a plusieurs modules. 30 tirs à raison de 5 millions de dollars par unité en quelques minutes ont montré clairement qu’un tel coût est
impossible à supporter.
Ajoutez à cela qu’aucun d’entre eux n’a réussi à détruire le missile hypersonique Kinjal, et qu’au cours du processus, plusieurs modules de lancement, des
radars et peut-être le module de contrôle central ont été détruits, et la plaisanterie est de mise pour l’Occident.
Il existe un deuxième système que la Russie a l’intention de trouver pour détruire et mettre fin à l’aventure des Patriot ukrainiens.
Si le coup porté au portefeuille a été plus que considérable, le problème le plus important est celui du prestige. La crème de la technologie américaine a
été vaincue sans effort par la Russie en une seule opération combinant plusieurs actions.
Le prestige des États-Unis a été détruit et cela a confirmé ce que nous savions déjà : les systèmes Patriot ne sont pas efficaces, les Saoudiens le savent,
comme ils l’ont découvert lors de leur confrontation avec les Yéménites.
Est-il judicieux de dépenser des milliards pour des systèmes qui sont bien inférieurs aux systèmes russes moins chers ?
Ces doutes grandissent et brisent la confiance, et frappent l’industrie militaire, incidemment, dans sa crédibilité. Les Britanniques tentent d’apporter
leur aide avec leurs Shadow Storm, des missiles furtifs qui promettaient d’ébranler la Russie et qui, trois jours après l’annonce de leur mise en service, ont commencé à être
abattus.
Comme pour les HIMARS, il semble que la guerre électronique russe n’était pas seulement de la propagande et qu’elle est très efficace, confondant les
cibles, générant de faux missiles, changeant les coordonnées et toute une série d’autres actions qui ont toutes une finalité : mettre hors d’état de nuire les coûteux systèmes
occidentaux.
Uranium appauvri qui a déjà contaminé des terres que la Russie considère comme siennes, missiles à longue portée, chasseurs de quatrième génération,
l’Occident avance pas à pas, l’escalade ne s’arrête pas et rien ne fonctionne. La guerre militaire, comme la guerre économique, semble avoir son destin scellé ; il semble seulement qu’un
tour de roue décisif puisse changer le cours qui est la défaite de l’Occident.
C’est précisément le débat dans l’atlantisme, du moins là où les décisions sont prises : escalade vers la guerre nucléaire ou résignation au fait que le
monde sera multipolaire et renégociation des conditions ? Ce n’est rien d’autre qu’une capitulation qu’il faudra présenter comme une victoire, mais qui n’est pas crédible.
Il n’y a pas d’alternative, les routes sont fermées et mènent toutes à l’une des deux possibilités. Les sociétés occidentales, absentes et intoxiquées par
la propagande, doivent réagir pendant qu’il est encore temps. Et ce temps est compté.
Le jeu s’accélère, la Russie semble de plus en plus solide et l’Occident se divise entre négociateurs et kamikazes.
De la querelle interne à l’Occident naîtra le résultat final, et nous saurons s’il y aura ou non la guerre. Nous ne le saurons pas vraiment, elle se
produira, si elle a lieu, dans quelques heures. Lorsque nous en prendrons conscience, elle sera probablement terminée et nous saurons seulement qui sera le vainqueur, s’il y en a
un.
Alors que les forces de Wagner, bénéficiant du soutien logistique et stratégique des forces Russes, ont pris entièrement Bakhmut après 224 jours de
Combats.
Le transfert de la ville aux forces régulières est en cours, et les mercenaires vont se regrouper et se reposer, mais aussi prendre en main leurs nouveaux
équipements, comme l’a indiqué Evgueni Prigojine.
Cette victoire est d’importance, sur un plan stratégique militaire, car la ville était le verrou pour réunir sous la même bannière tout le Donbass, mais
également pour envisager d’accentuer la prise de territoires en Ukraine par les forces Russes.
Sur le plan médiatique, il y a 4 mois, devant le Congrès Américain, Zelensky avait insisté sur l’importance capitale de cette ville de Bakhmout (maintenant
Artiomovsk) et le rôle qu’elle devait jouer pour fixer les forces Russes, les épuiser, puis reconquérir l’ensemble du Donbass et la Crimée.
Malgré l’aide considérable dont a bénéficié le régime de Kiev suite à cette visite à Washington, la ville de toutes les convoitises n’est pas restée sous
son contrôle. Les pertes considérables qui a subie l’armée ukrainienne ne semblent pas avoir porté le moindre fruit. Les experts parlent de plus de 50 000 soldats Ukr sacrifiés pour cette
seule bataille, et un nombre encore plus considérable de blessés. Mais ils sacrifieront jusqu’au dernier Ukrainien et après ?
En outre, même si la bataille a été longue, ce qui aurait pu donner du temps à Kiev et ses soutiens pour préparer une opération d’envergure, capable de
justifier les « investissements » sans limites déversés sur l’Ukraine depuis 2014 (et encore plus depuis 2022 puisque ce pays ne survit que grâce à cette aide, vitale pour le
peuple et l’armée), en montrant des faiblesses côté Russe, seul le front l’asiatique est assailli.
Ainsi, sur le champ de bataille, rien ne se passe, aucun signe de contre attaque ne semble réaliste dans un avenir proche sur le front Ukrainien de la part
du régime de Kiev. Au contraire, avec la destruction des armes fournis par l’OTAN lors des frappes de missiles Russes (cf système Patriot complet don’t base radar, et de nombreux missiles
et camions pour les lancer, mais aussi des stocks de missiles anglais et des munitions pour les chars et l’artillerie) mais aussi la perte du chef d’état-major de l’armée Ukrainienne
(général Zaloujny) qui a été si grièvement blessé, qu’il ne devrait pas revenir à son poste, selon toutes les sources informées. Zelenski est donc de plus en plus seul, à part l’OTAN,
dont des officiers doivent être omniprésents, dans l’ombre, pour piloter l’armée de Kiev ? Rien n’est rationnel… tout est complètement surréaliste.
À l’inverse, la Russie démontre chaque jour plus sur le terrain militaire, diplomatique et économique que sa force se consolide et ses partenariats avec la
Chine et ses voisins, mais également l’Afrique et l’Iran se renforcent, avec des perspectives ambitieuses. La Russie n’est pas isolée, elle est vu par ceux qui regardent la situation du
terrain, comme une puissance qui ne fait pas que résister à une guerre hybride des USA et de leurs alliés par Ukraine et sanctions interposées, la Russie gagne … et en face la situation
est de plus en plus chaotique et révèle chaque jour de nouvelles fragilités.
L’empire américain et OTAN, auréolé de sa puissance médiatique, financière, diplomatique et militaire … se lézarde et perd de sa splendeur qui semble de
plus en plus artificielle et fragile.
Néanmoins, afin de minimiser cette catastrophe militaire et cette humiliation médiatique, il y a une multiplication des opérations d’annonces (F-16,
milliards d’aides, nouvelles sanctions, m’élances a d’éventuels alliés, tournée médiatique de Zelensky, pressions diplomatiques des membres du G7…) mais aussi des actes de sabotages ou de
terrorisme d’État (incursion de Belgorod, attaque de drones en mer du Nord ciblant les navires dédiés à la protections des gazoducs Turcs, drones sur le Kremlin …)
Face à une catastrophe certaine sur le terrain militaire en Ukraine, une crise économique majeure en Europe, où un à un les pays entrent en récession, une
diplomatie incapable d’inverser en profondeur la spirale de la défaite, mais également un désastre sur le plan intérieur avec la multiplication des affaires, l’inflation qui reste forte,
la dettes abyssale et les taux d’intérêt qui montent à des niveaux qui déstabilisent toute l’économie, en particulier l’immobilier … que fera l’ogre américain.
C’est une véritable inquiétude ! Il est de plus en plus probable qu’ils n’ont pas hésité à tuer JFK, à planifier et réaliser le 11/09, à financer et armer
de nombreux réseaux terroristes, à saboter NS1&2, à provoquer sans cesse plus la Russie par leurs actes belliqueux …
pourraient ils recommencer un Hiroshima (lieu du dernier G7) et Nagasaki ? Ou alors … les Biolabs militarisés, de nouvelles armes, l’IA, le chaos internet,
la famine, … il est certain que des surprises arrivent qui ne seront pas agréables pour le Monde.
Le « leadership » du G7
étant embourbé dans un marécage poisseux de superficialité intellectuelle, il était prévisible que le seul ordre du jour au Japon colonisé soit l’imposition de nouvelles sanctions à la
Russie.
Commençons par une représentation graphique de la situation réelle du Nord et du Sud mondial.
1. Xian, ancienne capitale impériale et plaque tournante des anciennes routes de la soie : Xi Jinping accueille le sommet Chine-Asie centrale, auquel
participent tous les « stans » du Heartland (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Turkménistan).
La déclaration finale met l’accent sur la coopération économique et sur une « position résolue » contre les révolutions de couleur concoctées par
les hégémons. Cette déclaration développe ce que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l’initiative Ceinture et Route (BRI) sont déjà en train de mettre en œuvre. En
pratique, le sommet scelle le fait que le partenariat stratégique Russie-Chine protégera le Heartland.
2. Kazan : le forum Russie-Monde islamique réunit non seulement des chefs religieux, mais aussi des hommes d’affaires de premier plan de pas moins de 85
nations. La Russie multipolaire évolue parallèlement au sommet de la Ligue arabe à Djeddah, qui a accueilli la Syrie au sein de la « famille arabe ». Les nations arabes se sont
engagées à l’unanimité à mettre un terme définitif à « l’ingérence étrangère. »
3. Hiroshima : le G7 en perte de vitesse, devenu G9 (avec l’ajout de deux bureaucrates non élus de l’UE), impose un ordre du jour unique : plus de sanctions
contre la Russie, plus d’armes pour le trou noir en Ukraine et plus de leçons à la Chine.
4. Lisbonne : la réunion annuelle du Bilderberg – une fête de l’OTAN et de l’atlantisme – se déroule dans un hôtel pas si secret et complètement verrouillé.
Le principal point à l’ordre du jour est la guerre – hybride et autre – contre les « RIC » des BRICS (Russie, Inde, Chine).
J’aurais pu être à Xian, ou plus probablement à Kazan. Au lieu de cela, honorant un engagement antérieur, j’étais à Ibiza, puis j’ai abandonné l’idée de
prendre l’avion pour Lisbonne, considérant que c’était une perte de temps. Permettez-moi de vous en donner la raison : appelez cela une petite histoire des Baléares, qui rompt
l’engagement de marque selon lequel ce qui se passe à Ibiza, dans une ambiance swing et transpirante, reste à Ibiza.
J’étais invité à une réunion d’affaires de haut niveau – essentiellement espagnole, mais aussi portugaise, allemande, britannique et scandinave : des cadres
de très haut niveau – dans les domaines de l’immobilier, de la gestion d’actifs et de la banque d’investissement. Notre table ronde était intitulée « Les changements géopolitiques
mondiaux et leurs conséquences ». Avant le panel, les participants ont été invités à voter sur ce qui les préoccupait le plus quant à l’avenir de leur entreprise. Le premier était
l’inflation et les taux d’intérêt. Le deuxième était la géopolitique. Cela laissait présager un débat très animé.
Quand une hagiographe de l’UE pète les
plombs
J’étais loin de me douter – et l’auditoire aussi – que le débat allait devenir très animé. Le premier exposé a été présenté par la directrice d’un
« Centre de politique européenne » à Copenhague. Elle se présente comme un professeur de sciences politiques et est conseillère du jardinier en chef de l’UE, Borrell.
J’ai adopté une attitude de chat de Cheshire après le tsunami de clichés sur les « valeurs européennes » et les méchants Russes, ainsi que sur le
fait qu’elle était « effrayée » par l’avenir de l’Europe. Un soulagement au moins immédiat a été apporté par l’impeccable diplomate Lanxin Xiang, un personnage adorable,
toujours avec un sourire joyeux sur le visage, et l’un des rares experts de premier plan sur la Chine qui sait réellement de quoi il parle, dans un anglais fluide.
Lanxin Xiang est, entre autres, professeur émérite à l’Institut universitaire de hautes études internationales et du développement à Genève, directeur de
l’Institut de politique de sécurité à l’Institut national chinois pour les échanges internationaux SCO et directeur exécutif de la Fondation de Washington pour les études
européennes. Voici
un article que j’ai écrit sur lui et son travail, publié en octobre 2020.
Le professeur Xiang a présenté un exposé magistral sur l’obsession américaine de fabriquer un « problème taïwanais » et sur la manière dont
l’Europe, déjà accablée par la guerre par procuration des États-Unis contre la Russie, doit être très prudente lorsqu’il s’agit de faire la leçon à la Chine.
Lorsque mon tour est venu, j’ai attaqué à la jugulaire, rejetant toutes les platitudes des communiqués de presse de l’UE comme des absurdités absolues, et
soulignant que l’Europe est déjà dévorée vivante par les proverbiaux « intérêts américains ». Aussi brièvement que possible, j’ai expliqué tout le contexte géopolitique de la
guerre en Ukraine.
Tout cela a été présenté à des hommes d’affaires de haut niveau qui consomment The Economist,
le Financial
Times et Bloomberg comme
principales sources d’information. Leur réaction en dirait long.
Comme on pouvait s’y attendre, la bureaucrate payée par l’UE a complètement paniqué et, hurlant d’indignation, a suivi le scénario préétabli, menaçant
d’abandonner la scène et m’accusant d’être « payé par le Kremlin ». Je lui ai demandé, de but en blanc, de « me contredire, avec
des faits ». Aucun fait n’a été fourni. Juste de la peur et de l’ahurissement, mêlés à une certaine culture de l’annulation.
Le modérateur très expérimenté, Struan Robertson, de la Bank of America Merrill Lynch, a eu le grand mérite de maintenir le calme, de donner plus de temps à
Lanxin Xiang pour expliquer la mentalité chinoise et d’ouvrir la voie à une série de très bonnes questions.
En fin de compte, le public a adoré. Beaucoup sont venus me remercier personnellement pour les informations auxquelles ils n’auront jamais accès
dans El
Pais, Le
Monde ou The Economist.
Une minorité dans la salle était tout simplement abasourdie – mais notre débat a dû au moins les faire réfléchir à beaucoup d’idées préconçues.
C’est tout le mérite des principaux organisateurs, Jose Maria Pons et la responsable du programme Cristina Garcia-Peri, d’avoir organisé un tel débat dans
la fabuleuse Ibiza, en Espagne, territoire de prédilection de l’OTAN. Dans la situation actuelle, cela serait absolument impossible en France ou en Allemagne, sans parler de la
Scandinavie ou de ces Baltes déments.
Il n’y a aucun moyen de contrecarrer les récits fabriqués par les valets et les bureaucrates payés par l’UE, si ce n’est en les ridiculisant – en face. Ils
deviennent livides et parviennent à peine à bégayer lorsque leurs mensonges sont dévoilés. Par exemple, l’une des questions posées par un homme d’affaires allemand de premier plan a
énuméré une litanie de faits sombres concernant la « démocratie » ukrainienne, qui sont absolument oubliés par l’eurocratie.
Le G-moins-que-zéro
s’affole
Ce qui s’est passé à Ibiza concorde avec ce qui s’est passé à Hiroshima, bombardée par les États-Unis – les hégémons ne s’excusent pas – et dans l’hôtel
verrouillé de Lisbonne.
Les « dirigeants » du G7 étant embourbés dans un marécage poisseux de superficialité intellectuelle, il était prévisible que le seul ordre du jour
au Japon colonisé était de renforcer les sanctions contre la Russie – imposées à des pays tiers et à des entreprises des secteurs énergétique et militaro-industriel -, de fournir
davantage d’armes au trou noir ukrainien et d’imposer à la Chine une nouvelle obsession ridicule et contre-productive, celle de « l’endiguement » en raison d’une prétendue
« coercition économique. »
D’ailleurs, lors des séances de photos, ce n’est pas un G7 en perte de vitesse qui apparaît, mais un G9 belliciste, artificiellement augmenté par ce couple
pathétique d’eurocrates non élus, Charles Michel et Pustula von der Lugen.
En ce qui concerne la véritable majorité mondiale – ou le Sud mondial -, cela ressemble davantage à un G moins que zéro. Plus les guerres de sanctions
illégales et insensées sont « étendues », plus la majorité absolue du Sud mondial s’éloigne de l’Occident collectif, diplomatiquement, géopolitiquement et
géoéconomiquement.
C’est pourquoi l’ordre du jour principal du Bilderberg à l’hôtel détourné de Lisbonne était de réorganiser la coordination OTAN/Atlantisme dans une guerre –
hybride et autre – contre la force motrice des BRICS, les RIC (Russie, Inde, Chine).
Il y avait d’autres sujets au menu – de l’IA à la crise bancaire aiguë, de la « transition énergétique » aux « défis fiscaux », sans
oublier le proverbial « leadership américain. »
Mais lorsque vous réunissez dans la même pièce des gens comme Stoltenberg de l’OTAN, le directeur des renseignements américains Avril Haines, le directeur
principal de la planification stratégique au Conseil de sécurité nationale Thomas Wright, le président de Goldman Sachs John Waldron, le jardinier en chef Borrell (dont le larbin était à
Ibiza), le vice-président de Brookfield Asset Management, Mark Carney (l’un de leurs cadres également à Ibiza), le commandant suprême des forces alliées en Europe, Christopher Cavoli, et
la vice-Première ministre canadienne Chrystia Freeland, parmi d’autres valets atlantistes, le scénario s’impose de lui-même :
Selon les sources du journaliste d’investigation de renommée mondiale Seymour Hersh, la poursuite de la guerre en Ukraine est avant tout un projet du
président américain Joe Biden, qui n’est toutefois qu’incomplètement informé par son appareil. Ne manquez pas cette occasion et procurez-vous notre DVD sur les dessous de la politique
mondiale et l’influence globale dévastatrice de la politique américaine : Sur Nord Stream, Ramstein et Seymour Hersh.1
***
par Thomas Röper
Le nouvel article de Seymour Hersh sur ce que lui ont dit ses sources au sein des services de renseignement américains n’est pas très long, mais il est
d’autant plus révélateur. Il semble que les objectifs poursuivis en coulisses soient très différents de ceux annoncés par les hommes politiques européens devant les caméras. L’Europe
serait lasse de la guerre et souhaiterait que celle-ci prenne fin, tandis que Biden – qui serait donc informé de manière erronée et incomplète – ne le souhaiterait pas. Le sort personnel
de Volodymyr Zelensky semble également être un point de désaccord important.
J’ai traduit le nouvel article de Hersh dans son intégralité.
***
La question des réfugiés ukrainiens
Les voisins de l’Ukraine poussent Zelensky à faire la paix, alors que des millions de personnes déplacées affluent en Europe.
Samedi dernier, le Washington
Post a publié un exposé de documents secrets des services de renseignement américains montrant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, derrière le dos de la
Maison-Blanche et de Biden, a fait pression en début d’année pour qu’une série élargie de frappes de missiles sur la Russie soit exécutée. Les documents faisaient partie d’un vaste
ensemble de documents classifiés mis en ligne par un membre de l’armée de l’air, aujourd’hui emprisonné.
Réfugiés
ukrainiens à Bruxelles
Massacre comme à Verdun
Un haut responsable de l’administration Biden, à qui le Washington
Post a demandé de commenter les informations de renseignement nouvellement révélées, a déclaré que Zelensky n’avait jamais violé sa promesse de ne jamais utiliser d’armes
américaines pour attaquer des zones à l’intérieur de la Russie. Selon la Maison-Blanche, Zelensky ne peut pas se tromper.
Le souhait de Zelensky de porter la guerre en Russie n’est peut-être pas clair pour le président et les conseillers de haut niveau en politique étrangère à
la Maison-Blanche, mais il l’est pour ceux qui, au sein de la communauté américaine du renseignement, ont eu du mal à faire entendre leurs informations et leurs évaluations dans le bureau
ovale. Pendant ce temps, le massacre se poursuit dans la ville de Bakhmout. Il ressemble, par son idiotie, mais pas par le nombre de victimes, aux massacres de Verdun et de la Somme
pendant la Première Guerre mondiale.
Les hommes responsables de la guerre actuelle à Moscou, Kiev et Washington n’ont même pas montré d’intérêt pour des pourparlers de cessez-le-feu temporaires
qui pourraient servir de prélude à quelque chose de durable. Actuellement, on ne parle que de la possibilité d’une offensive à la fin du printemps ou en été par l’une des deux
parties.
Même les Européens de l’Est veulent la paix
Cependant, comme certains agents de renseignement américains le savent et l’ont rapporté secrètement, quelque chose d’autre est en préparation à
l’instigation de représentants gouvernementaux à différents niveaux en Pologne, Hongrie, Lituanie, Estonie, Tchécoslovaquie et Lettonie. Ces pays sont tous des alliés de l’Ukraine et des
ennemis déclarés de Vladimir Poutine.
Ce groupe est mené par la Pologne, dont les dirigeants ne craignent plus l’armée russe, car leur présence en Ukraine a fait oublier l’éclat de leur succès à
Stalingrad pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a silencieusement poussé Zelensky à trouver un moyen de mettre fin à la guerre – en démissionnant s’il le faut – et d’entreprendre la
reconstruction de son pays. Zelensky ne se laisse pas démonter, comme le montrent les messages interceptés et d’autres données connues de la CIA, mais il commence à perdre le soutien
particulier de ses voisins.
L’un des moteurs des discussions européennes silencieuses avec Zelensky sont les plus de cinq millions d’Ukrainiens qui ont fui la guerre et franchi les
frontières du pays pour s’enregistrer dans les pays voisins dans le cadre d’un accord de protection temporaire de l’UE, qui comprend des droits de séjour, l’accès au marché du travail, au
logement, à l’aide sociale et aux soins médicaux.
Les pays d’accueil européens se lassent
Selon une évaluation publiée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, cette estimation ne comprend pas environ trois millions de
réfugiés ukrainiens qui ont fui la zone de guerre sans visa pour se rendre dans l’un des 27 pays européens qui ont aboli les contrôles aux frontières entre eux dans le cadre de l’accord
de Schengen. Bien que l’Ukraine ne fasse pas partie de l’UE, elle bénéficie désormais de tous les avantages du pacte de Schengen. Certains États épuisés par 15 mois de guerre ont
réintroduit certaines formes de contrôle aux frontières, mais la crise régionale des réfugiés ne sera pas résolue tant qu’il n’y aura pas d’accord de paix formel.
Le CDH rapporte que la libre circulation des Ukrainiens vers les pays baltes et les pays de l’UE en Europe occidentale « rend particulièrement
difficile de déterminer avec précision combien d’Ukrainiens ont atteint l’UE au cours des derniers mois et où ils se trouvent actuellement ». Selon le rapport, la « grande
majorité » des réfugiés ukrainiens sont des femmes et des enfants, et un tiers d’entre eux ont moins de 18 ans. 73% des réfugiés en âge de travailler sont des femmes, dont beaucoup ont
des enfants.
Une analyse du problème des réfugiés européens réalisée en février par le Council on Foreign
Relations a révélé que des « dizaines de milliards
de dollars » d’aide humanitaire avaient été versés aux pays voisins de l’Ukraine pendant la première année de la guerre. « Alors que le conflit
entre dans sa deuxième année et qu’aucune fin n’est en vue », indique le rapport, « les experts
s’inquiètent de la lassitude des pays d’accueil. »
Il y a quelques semaines, j’ai appris que les services de renseignement américains savaient que certains officiels d’Europe occidentale et des pays baltes
souhaitaient la fin de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ils en sont arrivés à la conclusion qu’il est temps pour Zelensky de « faire
demi-tour » et de rechercher un accord. Un fonctionnaire américain bien informé m’a dit que certains dirigeants hongrois et polonais faisaient partie de ceux qui souhaitaient
que l’Ukraine s’engage dans des discussions sérieuses avec Moscou.
« La Hongrie est un
acteur important dans cette affaire, tout comme la Pologne et l’Allemagne, et ils travaillent à faire céder Zelensky », a déclaré le responsable américain. Les dirigeants
européens ont clairement indiqué que «Zelensky peut garder
ce qu’il a » – une villa en Italie et des parts dans des comptes bancaires offshore – « s’il élabore un
accord de paix, même s’il doit être payé pour cela, si c’est le seul moyen d’obtenir un accord. »
Zelensky : pas d’exil doré en
Italie
Jusqu’à présent, selon le fonctionnaire, Zelensky a refusé de tels conseils et a ignoré les offres de sommes d’argent importantes destinées à faciliter sa
retraite dans une propriété qu’il possède en Italie. Il n’y a aucun soutien au sein de l’administration Biden pour un accord impliquant le départ de Zelensky, et les dirigeants en France
et en Angleterre sont « trop engagés » envers Biden pour envisager un tel scénario.
Zelensky en veut plus
Il y a une réalité que certains éléments de la communauté du renseignement américain ne peuvent pas ignorer, a déclaré le fonctionnaire, même si la
Maison-Blanche l’ignore : « L’Ukraine est à court
d’argent, et on sait que les quatre prochains mois seront critiques. Et les Européens de l’Est parlent d’un accord ». Le problème pour eux, selon le fonctionnaire,
« est
de savoir comment faire en sorte que les États-Unis cessent de soutenir Zelensky ». Le soutien de la Maison-Blanche va au-delà des besoins de la guerre : « Nous payons tous les
fonds de pension pour l’Ukraine. »
Et Zelensky en veut plus, dit le fonctionnaire. « Zelensky nous dit que
si vous voulez gagner la guerre, vous devez me donner plus d’argent et plus de matériel. Il nous dit : « Je dois payer les généraux ». Il nous dit – s’il est évincé de son poste – « il
ira au plus offrant. Il préfère aller en Italie plutôt que de rester et d’être éventuellement tué par ses propres hommes. »
« Mais comme
d’habitude », poursuit le fonctionnaire, « les services de
renseignement ne sont pas au courant de la réalité du président et de ses conseillers en politique étrangère à la Maison-Blanche », en ce qui concerne le débat européen sur la
manière de mettre fin à la guerre. « Nous formons toujours
les Ukrainiens à piloter nos F-16, qui sont abattus par la Russie dès qu’ils entrent dans la zone de guerre. La presse mainstream se consacre à Biden et à la guerre, et Biden continue de
parler du grand Satan à Moscou alors que l’économie russe se porte bien. Poutine peut rester là où il est » – au pouvoir – « bien qu’il n’ait pas
réussi à rayer l’Ukraine de la carte en tant qu’État indépendant. Et il pensait gagner la guerre avec une seule division aéroportée » – une allusion sardonique à la tentative
ratée de la Russie, dans les premiers jours de la guerre, de s’emparer d’un aéroport important en faisant sauter une force d’attaque, constituée de parachutistes.
Biden ne reçoit pas d’informations
importantes
« Le problème de
l’Europe », selon ce responsable, en vue d’un règlement rapide de la guerre, « c’est que la
Maison-Blanche veut que Zelensky survive, alors qu’il y en a d’autres » – en Russie et dans certaines capitales européennes – « qui disent que
Zelensky doit partir, quoi qu’il arrive. »
Il n’est pas clair si cette compréhension est parvenue jusqu’au bureau ovale. On m’a dit que certaines des meilleures informations de renseignement sur la
guerre n’atteignent pas le président, sans que cela soit la faute de ceux qui produisent des évaluations souvent contraires. Biden s’appuierait sur des briefings et d’autres documents
produits par Avril Haines (photo), la directrice du renseignement national, depuis l’entrée en fonction de l’administration Biden. Elle a passé une grande partie de sa carrière au service
du secrétaire d’État Anthony Blinken, dont les relations et l’accord avec Biden sur les questions concernant la Russie et la Chine remontent à plusieurs décennies.
Le seul salut pour certains dans la communauté du renseignement, m’a-t-on dit, a été le directeur de la CIA, William Burns (photo). Burns a été ambassadeur
en Russie et secrétaire d’État adjoint et est considéré comme quelqu’un qui s’est opposé à certaines des folies de la Maison-Blanche en matière de politique étrangère. « Il ne veut pas être
un rat sur un navire en perdition », m’a dit le fonctionnaire.D’autre part, on m’a dit que ceux qui, à la CIA, préparent le President’s
DailyBrief ne savent pas que Joe Biden est un lecteur régulier de leur synthèse du renseignement. Le document fait généralement trois pages. Il y a des décennies, on m’a dit –
par quelqu’un qui m’a demandé à l’époque de ne pas écrire sur le sujet – que Ronald Reagan lisait rarement la President’s
DailyBrief, jusqu’à ce que Colin Powell, qui était alors à la Maison-Blanche, commence à la lire sur un magnétoscope. La bande a ensuite été lue au président. On ne sait pas qui, le
cas échéant, aurait pu prendre l’initiative en tant que le « Colin Powell » de Biden.
Entre annonces fracassantes et prévisions erronées, nombreux sont les experts atteints de pensée auto-réalisatrice : réaliser les analyses non pas en
fonction de ce qui pourrait se passer, mais en fonction de ce que l’on aimerait qu’il se passe. Les récentes élections en Grèce, Espagne et Turquie l’ont encore démontré.
On se souvient de Donald Trump, qui ne pouvait pas être élu, et du Brexit, qui ne pouvait pas arriver. C’était surtout que nombreux étaient les
commentateurs qui ne voulaient pas que cela arrive. Et qui ont projeté sur la réalité leurs propres pensées. Aujourd’hui, beaucoup continuent à expliquer ce vote par les trolls russes sur
les réseaux sociaux et le «complotisme» : c’est parce qu’ils ont été influencés par de faux comptes russes que les Américains ont voté pour Trump et les Anglais pour la sortie de
l’UE. Une façon de ne pas prendre la peine d’analyser les élections et les raisons du vote. Une justification bien commode, qui refuse de voir la situation telle qu’elle est.
Grèce : Victoire des
conservateurs
Les élections en Grèce ont encore été victimes de cette pensée auto-réalisatrice. Il était entendu que le parti Nouvelle démocratie, du Premier ministre
actuel Kyriakos Mitsotakis ne devait pas gagner. Non pas que son bilan soit mauvais, mais parce qu’il est mal perçu par une grande partie des commentateurs. Premier ministre depuis 2019,
il a réussi à redresser un pays à la dérive. La Grèce n’est pas encore sortie d’affaires, mais le pays va mieux. Chômage et dette diminuent, le tourisme repart, les infrastructures sont
rénovées. Il y a encore beaucoup à faire, mais le bilan de Mitsotakis est globalement positif.
Mais en Europe, c’est Alexis Tsipras et son programme de gauche radicale qui a le vent en poupe. Premier ministre de 2015 à 2019, il a été battu par les
urnes alors même que sa cote de popularité était grande en Europe. Discours habituel de rupture avec le capitalisme, de lutte contre les riches et les inégalités. Yanis Varoufakis, son
ministre de l’Économie de janvier à juillet 2015, dispose d’une aura et d’une renommée bien plus importante à l’étranger qu’en Grèce. Idole des cercles anticapitaliste, il a pourtant subi
une sévère défaite lors de ces législatives, son parti n’ayant pas dépassé les 2%.
Les commentateurs voyaient Tsipras devant Mitsotakis. Il n’en fut rien : le premier a fait 20% et 71 députés sur 300 ; le second 40% et 145
députés. Cette victoire n’a surpris que ceux qui croient plus en leurs rêves qu’aux réalités du pays. Mitsotakis a par ailleurs réalisé de grands scores dans les villes grecques ainsi que
dans la jeunesse puisqu’un tiers des 17-24 ont voté pour lui. La réalité des urnes est donc très loin de l’image voulue par nombre de commentateurs. Tsipras est battu pour la seconde
fois, preuve que les Grecs ne veulent pas des solutions de ce Mélenchon hellène.
Mitsotakis n’ayant pas obtenu la majorité absolue, de nouvelles élections auront lieu le 25 juin. La loi électorale grecque fait que celui qui arrivera en
tête aura 50 sièges supplémentaires qui lui seront attribués, ce qui lui assure une majorité absolue. Terrible démocratie, qui ne répond pas toujours à ce que voudraient les
commentateurs.
Turquie : Victoire de
Erdogan
En Turquie aussi, Erdogan devait être battu. Comme en Grèce, les sondages et les commentateurs annonçaient la victoire de son opposant. Parce qu’il est
nationaliste, qu’il défend l’islam et le retour de la Turquie sur la scène internationale, Erdogan ne plait pas. C’est pourtant lui qui est arrivé en tête au premier tour et qui a gagné
au second. Certes, son score est serré : 52%, mais après 20 ans de pouvoir c’est malgré tout une belle victoire.
La presse française et européenne s’est engagée contre Erdogan, confondant son rôle d’information avec un rôle de prescription. Il est vrai que la diaspora
turque est nombreuse en Europe, mais on peut se demander dans quelle mesure ces attaques contre Erdogan ne contribuent pas à favoriser le vote en sa faveur. Près de 60% des Turcs vivant
en Europe ont voté pour lui, des chiffres qui peuvent monter à plus de 70% dans certaines villes européennes. Ce qui confirme que les diasporas musulmanes votent davantage pour le
candidat nationaliste et islamiste que les populations musulmanes dans leur pays. Il faudrait faire une analyse fine, intelligente et raisonnée de ce fait et ne pas se limiter à des
banalités sur la laïcité et les valeurs de la République. Cette donnée électorale est un fait qui démontre les limites du discours républicain.
On a pu lire que la victoire de Erdogan était une défaite de la démocratie. On voit mal pourquoi. Les Turcs ont été libres de choisir leur candidat et une
majorité a choisi Erdogan. Certes les médias d’État ont fait campagne pour lui, mais est-ce si différent de ce que certains pays d’Europe peuvent connaitre ? Les médias ont bien fait
campagne contre le Brexit ou pour la constitution européenne et les électeurs ont majoritairement choisi le vote contraire. Quant aux fraudes, si elles sont possibles, elles n’ont pas été
prouvées.
Il serait plus juste de reconnaitre qu’Erdogan dispose encore d’une solide base électorale et que beaucoup de Turcs, sans omettre les problèmes du pays, lui
savent gré d’avoir garanti la stabilité du pays dans une région qui connait des problèmes majeurs. Nombreux sont ceux, aussi, qui ont refusé de porter au pouvoir un alévi, appartenance
revendiquée par Kiliçdaroglu. Erdogan est toujours là, fort et installé, et les chancelleries européennes font devoir faire avec, comme elles vont devoir prendre en compte le fait que
l’AKP dispose de racines profondes en Turquie et en Europe. Même si Erdogan venait à partir, ses idées et ses hommes seront toujours là.
Espagne : Sanchez
vaincu
La troisième surprise est venue d’Espagne où le parti de Pedro Sanchez a été très lourdement vaincu, tant aux régionales qu’aux municipales. Plusieurs
régions et villes historiques de gauche (comme Séville) sont passées à droite. Une victoire du PP et de Vox qui a conduit Sanchez à convoquer des législatives anticipées, qui se tiendront
le 23 juillet. Ses jours sont désormais comptés et, sauf surprise, l’Espagne devrait avoir un nouveau gouvernement à la fin de l’été.
Cette victoire de la droite espagnole mérite là aussi une analyse plus approfondie que des commentaires superficiels. Le Parti populaire (PP) a réussi à se
renouveler en profondeur, notamment en changeant sa direction et ses cadres. Dans les villes et les régions qu’il gouverne, il mène une politique de rupture par rapport au socialisme, et
cela fonctionne. Madrid et la communauté de Madrid sont aujourd’hui la première zone économique d’Espagne. Madrid est une ville silencieuse, dont on parle peu en France. Elle a pourtant
dépassé Barcelone en termes de dynamisme économique. L’activité économique et culturelle y est intense, la population qui y vit apprécie d’y être. Avec 3,2 millions d’habitants pour
Madrid et 6,7 millions pour la communauté de Madrid, la capitale forme un ensemble homogène, dense et de poids. C’est plus que Lyon et Marseille et cela approche Paris et l’Île-de-France.
Madrid et sa communauté sont pourtant dirigés par deux personnalités de droite, José-Luis Martinez à la mairie et Isabel Diaz Ayuso à la Communauté. Les deux sont très appréciés et les
deux sont réélus. Voilà qui bat en brèche la thèse ancrée dans la droite française que les métropoles sont structurellement conçues pour voter à gauche.
Séville (700 000 habitants) est elle aussi passée à droite et l’Andalousie, bastion de la gauche jusqu’aux dernières élections, est restée au PP et à
Vox. Une victoire du PP et une très lourde défaite du parti socialiste espagnol dont il a été peu question, l’inverse aurait pourtant été largement commenté. Là aussi, c’est un résultat
électoral que beaucoup ne veulent pas voir. Selon toute vraisemblance, le PP devrait revenir au pouvoir en juillet. Reste à voir quelle politique il appliquera et s’il saura s’inspirer de
l’exemple de Madrid dont Isabel Diaz Ayuso a mené campagne sur le thème de la liberté : Liberté économique, liberté de circulation (elle s’était opposée aux restrictions du Covid).
Pour un modèle français qui se cherche un souffle, la Grèce et l’Espagne pourraient être source d’inspiration.