Après
l’impressionnante victoire de Donald Trump pour l’élection du 47ème président des Etats-Unis il semble difficile de faire une analyse impartiale entre la consternation des médias du Système –
particulièrement en Europe – qui restent tétanisés par la défaite écrasante du camp Démocrate et la jubilation de la plupart des médias dissidents qui semblent voir dans le succès du candidat
républicain la fin espérée du Nouvel Ordre Mondial et des machinations des fous de Davos.
Une semaine après le coup de tonnerre électoral, essayons d’y voir un peu plus clair et d’anticiper quelles pourront être les conséquences de la victoire de
Trump, dans son pays d’abord, et sur la continent eurasiatique ensuite.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une précision s’impose pour mieux saisir la nature des forces qui s’affrontent et déterminer quelles opportunités la
victoire de Donald Trump peut offrir aux peuples du monde et singulièrement à la France dans ce premier quart de XXIème siècle.
Pour appréhender la contradiction fondamentale qui oppose le clan Trump aux néo-cons de Washington, il faut garder présent à l’esprit le fait que les deux camps
prônent une vision du monde hégémonique et que leurs projets respectifs consistent à dominer le monde, les premiers – que je qualifie d’archéo-mondialistes – et qui voudraient recouvrer la
puissance de l’Amérique des années 60, notamment en la réindustrialisant massivement et les seconds – que j’appelle les néo-mondialistes – qui voudraient achever le programme de Davos avec
l’Agenda 2030, c’est-à-dire une domination totale de l’humanité par la finance hors-sol et la mise en place de sociétés régressives et déconstruites en déclin démographique planifié et
accéléré. Ce sont deux clans avec des stratégies politiques, économiques et monétaires divergentes qui s’affrontent et il devient clair désormais qu’une partie notable des milliardaires US
qui jusqu’à présent semblait suivre le camp des néo-mondialistes, joue désormais la carte des archéo-mondialistes, Elon Musk étant le plus emblématique d’entre eux.
A cette première opposition de surface sur les divergences stratégiques opposant les deux camps, s’ajoute un deuxième élément, de nature irrationnelle et
spirituelle mais qui joue un rôle crucial, à savoir la dénonciation par Donald Trump de l’aspect maléfique de ses adversaires ce qu’il a illustré par son fameux slogan « drainer le marais ». Il serait erroné à mon avis
de mésestimer ce second aspect de l’affrontement entre mondialistes archéo et néo car il est le lieu majeur où va se jouer le destin de l’humanité ces prochaines années.
Aux Etats-Unis tout d’abord où la victoire sans appel de Trump, contrairement à 2016 face à Hillary Clinton, lui offre toute latitude pour réformer la société
américaine de fond en comble et en extirper les agents de l’Etat profond qui jouent depuis longtemps la carte des néo-mondialistes et de la dictature de la caste financière. La mise à l’écart
de la prochaine administration Trump de personnalités ultra-sionistes comme Mike Pompeo et Nikki Halley semble aller dans ce sens, même si d’autres personnalités favorables à Israël figurent
également dans l’équipe présidentielle pressentie. Mais surtout, la nomination attendue de Robert Kennedy junior au département de la santé est une véritable bombe – ce que n’a pas manqué de
relever Jacques Attali – car elle va permettre la remise en cause d’un des programmes-clé de Davos, à savoir la domestication de l’humanité par la vaccination forcée. Les conséquences
politiques et judiciaires de ce choix sont potentiellement explosives car la condamnation, désormais attendue, des principaux organisateurs de l’agenda covidiste aura des répercussions
immenses et notamment en Europe auprès des gouvernements et de la Commission européenne qui ont promu l’injection forcée. Voilà une des raisons majeures, mais il y en a d’autres, qui ont
tétanisé les élites européennes après la victoire de Trump.
Un autre aspect capital de ce que la victoire de Trump peut remettre en question est la domination sans partage des puissances financières qui se sont arrogé le
contrôle du monde par la maîtrise de l’émission de la monnaie. Il faut bien comprendre que depuis les années 70 du siècle dernier où l’on a vu le capitalisme financier prendre la main sur le
capitalisme industriel, on a assisté à une progression phénoménale de la circulation du dollar dans l’économie mondiale bien au-delà de la valeur réelle des marchandises échangées ; ceci
expliquant la dépréciation continue du dollar qui non seulement n’est plus indexé sur l’or depuis la remise en cause des accords de Bretton Woods par Nixon en 1973, mais dont la masse
équivaut à beaucoup plus que la valeur réelle des biens en circulation. Les dollars qui circulent sur la terre entière ne représentent plus aujourd’hui l’économie réelle mais simplement la
valeur de la dette des pays qui se sont assujettis aux diktats de la FED, du FMI et de la Banque mondiale.
Clairement, Trump et les forces archéo-mondialistes veulent réinstaurer aux USA un système capitaliste tel qu’il a existé jusqu’aux années 60 du siècle dernier
avec une réduction des échanges et un retour inévitable au protectionnisme économique. Cela implique une baisse extrême de l’émission de monnaie – donc à une suppression ou à tout le moins à
la prise de contrôle de la FED (association de banques privées) par l’administration Trump – et donc à une déclaration de guerre contre la finance internationale. Ceci expliquant en partie
les tensions extrêmes que l’on voit se développer aux Etats-Unis depuis quelques années avec par exemple les tentatives d’assassinat dont a été victime le candidat républicain ces derniers
mois… et il y en aura sans doute d’autres tant les enjeux sont majeurs.
Quelles conséquences pour la guerre d’Ukraine et les enjeux géopolitiques eurasiens ?
L’opération militaire spéciale lancée par le Kremlin en Ukraine en février 2022 n’était en fait qu’une tentative de faire reculer l’OTAN jusqu’aux frontières de
1991. Objectivement, à ce stade du conflit, force est de reconnaître que non seulement l’OTAN n’a pas reculé d’un pouce mais elle s’est même dangereusement rapprochée des frontières russes
par l’adjonction de la Finlande et de la Suède à l’alliance Atlantique. Néanmoins, il faut garder présent à l’esprit que le conflit en cours n’oppose pas seulement la Russie à l’Ukraine mais
à l’Occident tout entier lequel a investi des centaines de milliards de dollars pour doper le régime de Kiev sans lesquels le pouvoir de M. Zelensky et l’armée ukrainienne se seraient
effondrés depuis longtemps.
Par ailleurs, si cette guerre a montré un certain nombre de carences de l’armée russe – en partie corrigées depuis 2022 – elle a montré aussi que la Russie
disposait d’avantages tactiques et stratégiques – notamment en matière de missiles hypersoniques et de guerre électronique – que l’OTAN ne maîtrise pas et c’est bien pourquoi les USA se
gardent bien d’affronter ouvertement la Russie dans un conflit qu’ils n’ont aucune chance de gagner, laissant leurs chiens fous, Britanniques, Français, Polonais et autres Baltes, aboyer
contre Moscou.
Alors quid du retour aux affaires de Donald Trump le 20 janvier prochain ?
Sera-t-il capable de mettre un terme à la guerre en 24h comme il l’a affirmé ? Les premiers ballons-sonde que sa future équipe a commencé d’envoyer
n’augurent rien de bon dans la mesure où il est proposé de geler le conflit sur les lignes de démarcation existantes avec une promesse de ne pas intégrer l’OTAN avant 20 ans. Aucune des
demandes russes n’est prise en considération : ni la démilitarisation de l’Ukraine, ni sa dénazification, ni le recul de l’OTAN aux frontières de 1991. De ce fait, l’Occident en revient
à de nouveaux accords du type Minsk 1 ou 2 dont François Hollande ou Angela Merkel nous ont bien rappelé qu’il ne s’agissait que de mesures dilatoires destinées à gagner du temps pour
reconstituer l’armée ukrainienne défaite en 2015 dans le Donbass par les milices populaires de Donetsk et de Lougansk.
Il est clair que la Russie ne pourra se satisfaire de ces promesses creuses destinées à prolonger le conflit indéfiniment ou à instaurer un système de partition
à la coréenne qui permettrait à l’OTAN de s’implanter officiellement ou officieusement sur le flanc sud de la Fédération de Russie. D’autant moins, que la situation sur le terrain commence à
se clarifier et que depuis l’offensive du mois d’août vers Koursk du régime de Kiev, on assiste à un effritement accéléré du front du Donbass en faveur de Moscou qui témoigne de
l’effondrement du moral de l’armée ukrainienne et de l’échec de la campagne de mobilisation forcée de la société ukrainienne.
Poutine et Trump ont-ils des intérêts communs ou à tout le moins convergents ?
Sur un autre plan, il me semble intéressant de souligner la convergence de vues entre Donald Trump et Vladimir Poutine quant à l’identité de l’ennemi qu’ils ont
respectivement désigné. Seuls des observateurs superficiels ou des « experts » de plateaux pourraient penser que
la dénonciation du satanisme des élites occidentales par le dirigeant du Kremlin est un simple slogan à usage interne.
De même, la volonté réaffirmée de Trump de nettoyer les écuries d’Augias dans son pays vise très précisément les mêmes forces que son alter ego russe dénonce également. Pour la première fois dans l’histoire moderne on
observe cette conjonction idéologique – et spirituelle- entre ces deux grandes puissances géopolitiques que sont les Etats-Unis et la Fédération de Russie. C’est cette situation,
particulièrement dangereuse pour lui, que le Système a parfaitement identifiée et c’est la raison probable pour laquelle il fera tout ce qui est en son pouvoir pour provoquer le chaos
mondial : exacerbation du conflit au Proche-Orient, provocations en Europe et aux USA pour déclencher des émeutes raciales et bien évidemment poursuivre le processus de soutien total à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie.
Cela posé, le respect mutuel entre les dirigeants de la Maison Blanche et du Kremlin n’empêchera pas les réalités géopolitiques de conserver leurs droits. Les
Etats-Unis sont, tout comme leur matrice anglaise, une thalassocratie et leurs intérêts vitaux sont fondamentalement opposés à ceux de la tellurocratie eurasienne. Même si Trump remportait
son pari d’éradiquer l’Etat profond dans son pays, d’une part cela ne signifierait pas sa disparition totale, loin s’en faut, et d’autre part cela ne remettrait pas en question le fait que
les élites anglo-saxonnes, des deux côtés de l’Atlantique, sont formatées depuis des décennies pour faire la guerre à l’Eurasie, quel que soit le régime qui y prédomine. C’est la raison pour
laquelle je pense que pour espérer voir advenir un monde multipolaire harmonieux, l’idéologie anglo-saxonne, fondamentalement raciste et suprémaciste, devra être auparavant extirpée et
détruite.
Ceux qui sur les rives du Potomac ou de la Tamise, se prennent pour les héritiers de Rome se sont trompés. Ils ne sont que les descendants d’Hannibal – et
serviteurs de Ba’al – et comme lui ils seront vaincus.
Emmanuel
Leroy
Comment les néoconservateurs minent le terrain ukrainien pour Donald Trump
Depuis hier 17 novembre, on parle beaucoup d’une autorisation que Joseph Biden aurait donnée à l’OTAN de frapper la Russie avec des missiles à longue portée. Je recommande d’être prudent dans le
décryptage. On assiste bien, depuis quelques jours, à des manœuvres des néo-conservateurs pour miner le terrain pour Donald Trump en politique étrangère. Pourtant, fondamentalement, le rapport de
force militaire entre les Etats-Unis et la Russie, tel que l’a révélé la Guerre d’Ukraine, n’a pas changé et il est défavorable à Washington. Il est donc peu probable que le Pentagone ait changé
d’avis sur les risques de frappes OTANiennes de missiles à longue portée (l’Ukraine est par elle-même incapable de procéder à de telles frappes) en Russie. En revanche, il est clair que les
néocons, enragés d’avoir perdu contre Trump, font tout pour miner son arrivée à la Maison Blanche et les possibilités d’une négociation avec la Russie.
Je recommande de garder son sang-froid à propos des annonces sur les frappes à longue portée contre la Russie. Les néo-conservateurs savent qu’avec la réélection de
Trump, ils ont perdu. Ils essaient d’y aller à l’intox.
Une série d’informations manipulatrices depuis l’élection de Trump
Nous avons assisté, depuis le soir de l’élection de Trump à une série d’informations manipulatrices.
1. Annonce de la réussite d’un essai de missile hypersonique le soir de l’élection. Personnellement je suis très sceptique.
2. Intoxs sur entretiens qui n’ont pas eu lieu entre Trump et Poutine; entre Musk et un diplomate iranien. C’est pour refaire le coup de 2016 où on avait écarté
Michael Flynn, qui aurait dû travailler à la Maison Blanche, sous prétexte de conversation avec un diplomate russe avant l’entrée en fonction de Trump.
3. Biden aurait donc donné l’autorisation à l’OTAN de procéder pour les Ukrainiens à des frappes de longue portée sur le territoire russe.
La donne n’a pas changé par rapport à l’automne
Poutine a déjà expliqué que cela signifierait une guerre entre la Russie et l’OTAN. Une guerre que l’OTAN est incapable de gagner.
L’Alliance Atlantique, même si elle en était au stade d’un essai réussi de missile hypersonique, a 20 ans de retard sur la Russie et 10 ans sur la Chine en la
matière. D’autre part, le grand souci du Pentagone est l’obsolescence de l’arme nucléaire américaine alors que l’armement nucléaire russe est
à jour.
Jamais le commandement militaire américain ne laissera “Biden” – ou ceux qui parlent pour lui – aller à l’escalade nucléaire avec la Russie. Jusqu’au 20 janvier il
va y avoir de nombreuses intoxs. Gardons la tête froide.
Les Etats-Unis sont devenus incapables de faire la guerre à la Russie
Les USA sont devenus incapables de mener une guerre d’envergure. Le Pentagone le sait. Les combattants yéménites d’Ansarallah ont gravement endommagé le
porte-avions Eisenhower par des tirs de missile et il a dû quitter la zone de la Mer Rouge; ils ont mis hors service un tanker américain dans la même zone.
C’est d’ailleurs le problème n°1 auquel Donald Trump sera confronté. Pendant le mandat de Joe Biden, la Russie, la Chine et l’Iran ont montré un savoir-faire
militaire qui met Washington et ses alliés sous une énorme pression.
Il est urgent que la France reprenne son indépendance
Dans tous les cas, observons et constatons :
1. Que la France ne possède pas l’arme hypersonique alors que ces nouveaux vecteurs sont issus d’une théorie physique développée par un Français,
Jean-Pierre Petit.
2. Que notre dissuasion nucléaire est malheureusement elle aussi atteinte d’obsolescence.
3. Que notre premier problème stratégique s’appelle l’OTAN, où nous nous enfermons avec des alliés peu fiables : USA en pleine lutte interne et
aujourd’hui militairement dépassés. Grande-Bretagne devenue chétive en matière d’armée mais dont les dirigeants rêvent de mettre le feu à la planète par MI6 interposé. L’Allemagne incapable de
construire avec nous une défense européenne puisqu’elle est le pays au monde qui accueille le plus de bases militaires américaines (26).
Il est urgent de reprendre la maîtrise de notre destin stratégique ! Et pour le reste ne nous laissons pas manipuler par les gens du passé, les
néoconservateurs et leurs relais médiatiques.
En coulisse, la guerre de 5ème génération fait rage
Alors que les tensions géopolitiques croissent encore et que la campagne électorale américaine arrive à son apex dans quelques heures tout au plus, les
coulisses d’internet bruissent des petits échos de grandes manœuvres que le grand public semble ignorer (à ses dépens ?)…
Il y a ainsi eu l’étonnante explosion du satellite Intelsat 33E, placé en orbite géostationnaire, et qui a spontanément (?) explosé le 19 octobre dernier.
Oh, certes, il était fabriqué par Boeing et, de nos jours, il est rapide d’en conclure que l’explosion ou la perte totale d’un produit sortant de ce fabricant ne devrait pas
surprendre.
Mais tout de même, la disparition soudaine de ce satellite de communication qui desservait des clients en Europe, en Afrique et dans certaines régions de
l’Asie et du Pacifique laisse perplexe : l’orbite géostationnaire, c’est haut, tout de même et c’est dans une zone avec finalement peu de choses. La rencontre inopinée avec un météoroïde
n’est pas impossible, bien sûr ; cependant, il en faut de l’énergie pour éparpiller le satellite en douzaines de débris (une vingtaine suivis par l’US Space Force, une cinquantaine par
ExoAnalytic Solutions).
RosCosmos, l’agence spatiale russe a aussi confirmé, dans
un Telegram posté le 22 octobre, qu’il y avait plus de 80 débris qui s’éloignaient rapidement de la trajectoire initiale du satellite. Au passage, elle note que «l’analyse des
trajectoires des fragments formés montre que la destruction du satellite s’est faite en une seule étape et à haute énergie».
L’enquête ne fait que commencer, mais certains ne se sont pas gênés pour imaginer des scénarios de guerre des étoiles. Grands fous, va.
Pendant ce temps, beaucoup plus bas, sur le plancher des vaches, d’autres faits étranges se déroulent dans les centres de données, notamment ceux de
la WaybackMachine,
cette initiative de l’Archive Internet qui consiste à parcourir tout le web et archiver (ou tenter d’archiver) le maximum de pages web accessibles publiquement : en effet, le mois
d’octobre aura vu plusieurs attaques opérées sur ce site afin d’en récupérer des informations sensibles, et d’en altérer non seulement le fonctionnement mais aussi le contenu.
C’est ainsi que l’archive, qui permet à n’importe quel utilisateur de remonter dans le temps pour voir les sites et les informations capturées à de
nombreuses dates dans le passé, a
subi trois attaques qui ont obligé ses gestionnaires à interrompre son fonctionnement pendant plusieurs heures, le temps pour eux de nettoyer les traces des hackers et de
remonter le site en accès à tous en lecture seulement.
Confrontée à ces attaques sans précédents dans la vie de cette archive (qui existe depuis le début du siècle), l’association non lucrative qui opère les
serveurs et la ferme de données s’est fendue de plusieurs messages pour
informer ses utilisateurs des efforts menés pour retrouver un service fonctionnel, avant d’annoncer, le 21 octobre dernier, avoir retrouvé un
service à peu près normal.
Ces attaques sont intéressantes dans la mesure où la Wayback Machine permet – entre autres – de revenir sur les éléments, informations et faits publiquement
affichés par différents sites à une date donnée, ce qui a régulièrement permis à certains journalistes, enquêteurs, internautes voire membre du système judiciaire de faire l’état des
lieux de changements survenus au cours du temps pour modifier – voire camoufler – certaines informations.
Les attaques qui ont eu lieu ont, très officiellement du moins, largement impacté la qualité de service et apparemment permis de faire fuiter des millions
d’informations personnelles (dont des mots de passe d’utilisateurs, par exemple) et poussent à présent Internet Archive à redoubler d’efforts pour sécuriser l’ensemble de ses
opérations.
Cependant, il apparaît qu’au milieu de ces désagréments, certaines informations très ciblées ont ainsi disparues de l’archive. C’est en tout cas ce que
rapporte Matt
Orfalea dans un tweet :
Surprise : les posts long de twitter (qui apparaissent dans le sous-domaine blog.twitter.com)
ont totalement disparu de l’archive comme en témoigne l’absence de captures par WaybackMachine entre 2019 et 2024.
Coïncidence : c’est aussi dans cette période que sont apparus les TwitterFiles, ces explications détaillées (qui sont relatées dans quelques billets apparus
sur ce blog comme ici, ici ou là).
Peut-on, comme certains
sur X, arriver à la conclusion que ces piratages et ces fuites de données cachent des opérations plus subtiles d’effaçage de données compromettantes pour des acteurs majeurs du
cyberespace ? La proximité des dates de ces attaques et de l’élection américaine laisse songeur, mais pas indifférent : un spécialiste des opérations psychologiques comme Mike Benz
(évoqué ici-même)
s’en est d’ailleurs ouvert dans
un tweet remarqué par Elon Musk, le propriétaire de X.comqui
mentionne au passage qu’en cas de besoin, il dispose de sauvegardes de son côté…
Enfin, difficile d’oublier que pendant plusieurs heures, l’indexation de la Wayback Machine n’a donc pas pu fonctionner. Si des informations auraient dû
être capturées à ce moment, elles ne l’ont pas été. Peut-être certains pousseront un soupir de soulagement ?
Ces différents événements n’ont peut-être aucun rapport entre eux. Cependant, ils arrivent à point nommé, tout comme les tentatives régulièrement éventées
d’influence massive (dans l’opinion publique, dans les campagnes électorales – tant aux États-Unis qu’ailleurs comme en Moldavie récemment, dans les réseaux sociaux, etc.) et dont, par
exemple, Musk et X.com sont
actuellement victimes : dernièrement,
des documents fuités du Center for Countering Digital Hate révèlent que l’objectif principal de l’ONG est de «tuer le Twitter de Musk» en ciblant la publicité et en tirant parti des
réglementations de l’Union Européenne, comme
le détaille le journaliste Matt Taibi qui s’était déjà fait connaître pour une partie des TwitterFiles qui
révélaient les collusions entre Twitter (et d’autres réseaux sociaux) et les agences de renseignements américaines, et la corruption complète du pouvoir américain et de l’administration
Biden qui se servaient de cette collusion pour limiter la liberté d’expression, poursuivre leurs opposants politiques et répandre des intox.
Tout ceci forme une trame cohérente de ce qu’on peut appeler une «guerre cognitive» ou «guerre
de cinquième génération», c’est-à-dire des actions militaires non cinétiques, telles que l’ingénierie sociale, la désinformation, les cyberattaques, ainsi que l’usage de technologies
émergentes telles que l’intelligence artificielle et les systèmes entièrement autonomes. C’est essentiellement une guerre «de perception» dans laquelle le but consiste à façonner les
opinions et les façons de penser des populations pour obtenir ce qu’on souhaite d’elles par d’autres moyens qu’un conflit armé (qui peut intervenir en phase finale).
Par exemple, cela peut revenir à infiltrer les universités et les médias pour façonner le discours idéologique et politique dominant afin (exemple pris au
hasard, bien sûr) de démoraliser toute ou partie de la population, ou de lui faire choisir systématiquement des politiques qui l’affaiblissent, ce qui entraînera une bien plus faible
résistance en cas d’invasion physique. Pratique, non ?
Pas de doute, alors que certains se battent commercialement pour obtenir votre temps
de cerveau disponible, d’autres ont entrepris d’en remodeler les pensées, les motivations, les émotions, et il apparaît que l’étape suivante du conflit cognitif qui prend place ces
dernières années va se dérouler dans les prochaines heures, au moment où Trump affrontera une nouvelle fois le verdict des urnes, de leur bourrage et des douzaines de manœuvres que ne
manqueront pas de lancer ses ennemis.
Née dans le sillage de la seconde guerre mondiale, l’ONU a «fauté» dès ses premiers pas, endossant ou parrainant une spoliation de nature coloniale qui,
plus de soixante-quinze ans plus tard, paraît quasiment irréparable. Le péché originel ? C’est d’avoir fait payer aux propriétaires légitimes de la terre (Asshab al Ared),
à savoir les populations présentes en Palestine depuis des temps immémoriaux, un crime dans lequel ils n’étaient pour rien, l’Holocauste «découvert» dans les camps nazis lors de leur
libération étant le fait des Européens (les Allemands, mais aussi beaucoup d’autres «collaborateurs») . Nous ne savions pas, affirment alors sans vergogne ceux qui savaient mais
préféraient le taire… D’où leur zèle dans la recherche d’une réparation peu coûteuse pour de mauvaises consciences peu scrupuleuses : quoi de plus simple pour la tranquillité des
innombrables lâches que d’expédier les survivants dans une terre refuge où avait été imposée depuis la chute des Ottomans une tutelle européenne, mais une terre au nom évocateur pour les
sionistes : c’est donc, estiment-ils, le moment ou jamais de concrétiser la réalisation de projets tels que la Déclaration Balfour, le Foyer national juif etc., autant de «promesses» qui
ne coûtent rien aux Européens, puisque les Arabes doivent en payer le prix.
C’est ainsi qu’apparaît à l’ordre du jour le plan de partage de la Palestine, encore sous mandat des Britanniques (d’ailleurs amputée depuis 1922 de la
Transjordanie, ainsi soustraite à l’application de la Déclaration Balfour). Élaboré par le Comité spécial des Nations unies institué par l’Assemblée générale (AGNU) et approuvé par
celle-ci, le Plan est voté le 29 novembre 1947 : la résolution 181 «recommande» la partition de la Palestine en trois entités distinctes : un État juif sur 56% du territoire et un État
arabe sur 42%, Jérusalem (les 2% restants) devant être doté d’un statut spécial. Le résultat en sera la première «nakba»
(catastrophe) qui se traduit par l’expulsion brutale et sans rémission de centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs maisons, de leurs villes ou villages et de leurs terres.
Cet exode est déjà horrible en soi, mais il passera presque inaperçu grâce à une couverture médiatique biaisée (Exodus) et à
l’ignorance de l’opinion, passant en Occident comme une lettre à la poste : c’est cette «nakba» qui se
reproduit au grand jour depuis l’automne 2023, inspirant au Révérend Dr Munther Isaac, de l’Église luthérienne évangélique de Bethléem, cette vérité qui mérite d’être méditée :
«Si vous
n’êtes pas horrifiés par ce qui se passe, si vous n’êtes pas ébranlé jusqu’au fond de vous-même, c’est que votre humanité est en défaut».
En 1948, on peut déjà dire à l’issue de la première vague d’épuration ethnique que sous l’État d’Israël, il y aura toujours et partout la terre de
Palestine. Et en germe tous les conflits, drames, rancœurs et haines qui vont dès lors faire flamber en permanence la Terre Sainte et le Grand Moyen-Orient. Ce projet typiquement colonial
permettra de concrétiser «l’État-tampon» imaginé par Lord Campbell- Bannerman, Premier ministre britannique, au tournant des années1900, afin de semer la zizanie dans toute la région du
fait de sa seule existence et de décourager les aspirations ou les ambitions des Arabes ou des musulmans à l’unité. Les autochtones n’ont pas été consultés, bien qu’ils représentent alors
70% de la population. Ils sont évidemment hostiles au partage, qui attribue plus de la moitié de leur terre aux immigrants juifs, en vertu d’un droit de succession inédit se référant à
des ancêtres supposés y avoir vécu il y a 2000 ans.
Le plan onusien sera accepté (du bout des lèvres) par les dirigeants de la communauté juive, mais pour des leaders comme Ben Gourion, il ne s’agit que d’un
hors-d’œuvre, prélude au festin que constituera l’absorption de la totalité de la Palestine.
La fin du mandat britannique est fixée au 1er août 1948, le partage devant être effectif au 1er octobre de la même année. Mais le Royaume de Sa Majesté,
affaibli par son effort de guerre, se délestera de ses responsabilités avant l’heure, le 15 mai 1948. Pour imposer d’emblée son calendrier, l’État d’Israël est proclamé illico le
14 mai, la veille du déguerpissement des mandataires, dans un contexte de confusion et d’attentats… Les voisins arabes déclenchent les hostilités qui dureront jusqu’en janvier 1949, se
terminant par des armistices séparés. Il n’y aura pas d’État arabe et pas de statut pour Jérusalem, ce qui permettra aux sionistes de ronger en douce ce qui reste de Palestine.
Si la légitimité du partage est nulle, sa légalité elle-même est hautement incertaine. Présenté comme une recommandation, le dit Plan est rejeté fermement
par la majorité des dirigeants arabes, y compris le Haut Comité soutenu par la Ligue arabe, laquelle se dit prête à prendre toutes les mesures pour empêcher l’application de la résolution
181 qui bafoue le droit à l’autodétermination. Il est déclaré nul par les Nations unies et abandonné purement et simplement. Comme l’explique le colonel Jacques Baud, qui a décortiqué
l’épisode et ses fondements juridiques, la résolution, émanant de l’Assemblée générale et non pas du Conseil de sécurité, n’a pas de valeur contraignante. Elle «recommande» simplement,
c’est-à-dire que l’ONU renonce d’emblée à imposer son autorité. Dans ces conditions, on réalisera que la création d’Israël ne résulte même pas d’une décision onusienne, mais qu’elle
illustre – déjà – l’impuissance de la nouvelle Organisation. Dès sa naissance, l’État sioniste apparaît comme un «électron libre», dégagé des contraintes de ce bas monde.
L’enfant
chéri qui tyrannise l’Occident collectif
Jouissant de l’indulgence de l’Occident colonialiste et de la faveur de l’URSS qui voit dans les Kibboutz l’embryon d’une enclave «socialiste», Israël se
comportera sans plus attendre comme un État hors-champ ou comme un sujet capricieux. Il profitera du vide juridique pour prendre des libertés avec le Droit international, au point de
l’ignorer totalement. Il découvrira immédiatement son impunité, et le profit qu’il peut en tirer. Par dizaines et peut-être par centaines, les résolutions onusiennes, les recommandations,
du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale, seront ignorées ou violées par l’État hébreu. De 1947 à 2024, on serait bien en peine d’en citer une seule qui ait été respectée. On
trouvera ci-après quelques exemples de textes archivés sans suite :
La résolution 194 du 11/12/1948 qui place Jérusalem sous mandat international et garantit le principe des droits existants (sic) est ignorée. La résolution
242 du Conseil de sécurité du 22/11/67 qui traite de l’évacuation des territoires occupés l’est également, comme les résolutions 476 du 30/06/80, la 478 du 20/08/80 ainsi que la 672 du
12/12/90, qui condamnent l’attitude belliqueuse de l’État sioniste et ses lois illégales.
Au total ce sont 226 résolutions du Conseil de sécurité qui auraient été violées pour la période 1948/2016. Elles s’ajoutent aux 140 résolutions de
l’Assemblée générale ignorées ou violées depuis 2015… Etc.. Ce qui en dit long sur le respect accordé par certains États au Droit international. Démarche exceptionnelle et se référant à
l’article 99 chapitre XV de la Charte, le secrétaire général Gutteres a été amené à appeler le Conseil à agir d’urgence pour éviter une catastrophe humanitaire à Gaza, menace pour la paix
et la sécurité dans le monde… C’est l’objet de la résolution 2712 du 15 novembre 2023.
Pourquoi cette désinvolture provocatrice ? La réponse est simple : L’État d’Israël est assuré du soutien tous azimuts de l’Occident, de l’Amérique et du
bloc anglo-saxon en premier lieu. L’imprégnation sioniste, la solidarité des «peuples élus», «60 millions de chrétiens évangélistes unis pour Israël», le néoconservatisme comme ciment,
l’AIPAC comme «police des mœurs», autant d’incitatifs à une solidarité sans faille, à une affinité qui ne se discute plus depuis des lustres, alimentant l’arrogance des deux partenaires :
le cœur de l’Amérique bat pour Israël et Israël est le cœur battant de l’Amérique…
En 1948, Truman était le premier chef d’État étranger à reconnaître Israël, prenant ainsi la relève de la Grande-Bretagne, pourtant à l’origine de la
création de l’État tampon qui sème le trouble et la destruction dans tout le grand Moyen-Orient. C’est ainsi que 55% des vétos étatsuniens au Conseil de Sécurité sont liés au souci de
protéger Israël.
La dissolution surprise de l’URSS, proclamée la veille de Noël 1991, vient bousculer l’échiquier onusien. Le cadeau du Père Noël à l’Amérique est somptueux
: Les pleins pouvoirs sur la planète. Il n’y a plus qu’une seule superpuissance et celle-ci entend faire la loi sans concession. Tout un chacun est prié de se mettre au garde-à-vous
devant la puissance indispensable, plus grand Empire que la terre ait porté. Israël est promu de
facto fondé de pouvoir pour le Grand Moyen-Orient. Théâtre d’un véritable séisme, l’ONU doit survivre et s’accommoder du moment unipolaire, de l’hégémonisme américain sans
partage et en assumer toutes les conséquences… On verra donc l’Occident appliquer peu à peu les principes de sa stratégie «libératrice» expérimentée dès la fin de la Seconde Guerre
mondiale : on bombarde d’abord et on rase gratis, on libère ensuite, et sur les bases de ce chaos destructeur, on impose sa loi dans toute la mesure du possible, de préférence
par proxies interposés.
Fleuriront alors les révolutions de couleur et les printemps arabes, et Israël y joue un rôle déterminant. Le Programme pour un Nouveau Siècle américain (PNAC), le plus achevé des
calendriers hégémoniques, porte la trace des considérations ci-dessus.
On verra donc s’institutionnaliser de façon extravagante la relation maladivement fusionnelle entre l’Amérique et Israël, entre les dirigeants de Washington
et ceux de Tel-Aviv, relevant de la psychanalyse plus que de l’analyse, bien qu’elle renverse les rôles : Le décideur n’est pas celui que l’on attendrait… Résultat logique, l’État
sioniste glissera rapidement vers un comportement d’État voyou, caractérisé par les trois critères adoptés par l’Israélien Avi Shlaim : Il ne respecte pas le droit international, il
possède des armes de destruction massive, il pratique le terrorisme par l’utilisation de la violence contre des populations civiles à des fins politiques.
Secrétaire général des Nations unies durant une bonne partie de la guerre froide (d’avril 1953 à septembre 1961), Dag Hammar Skjold, homme de grande sagesse
et d’une lucidité exemplaire avait eu cette formule qui reste d’actualité : «L’ONU n’a pas été
créée pour nous amener au paradis, mais pour nous sauver de l’enfer». De là où il repose post
mortem, comment aura-t-il accueilli l’état actuel des choses, c’est-à-dire un avis de décès : L’ONU s’est éteinte, emportant avec elle les reliques du droit international. Elle
ne nous a pas amenés au paradis, mais on ne saurait dire qu’elle nous a sauvés de l’enfer, puisqu’elle se sera avérée incapable de ramener à la raison l’État qui lui doit
l’existence…
Le coup
de foudre du 7 octobre 2023
Le 7 octobre 2023, éclate comme un coup de tonnerre dans le ciel bleu ce que le mainstream occidental
qualifiera contre vents et marées de guerre Israël-Hamas, présentée comme l’agression d’un groupe terroriste palestinien sorti de nulle part contre de paisibles jeunes gens, selon la
technique du «saucissonnage» chère aux godillots de la bienpensance.
Nous ne reproduirons pas ici le bilan atroce et accablant de la réaction et de la répression de l’État israélien contre les Gazaouis, surtout les civils
palestiniens, enfermés à vie dans une enclave devenue le plus grand camp de concentration du monde, au sens plein du terme. Déjà spoliateur, usurpateur et ségrégationniste, pratiquant un
apartheid comme l’Afrique du Sud de jadis, l’État sioniste a franchi une nouvelle étape dans son mépris des lois, du droit international et du droit humanitaire : Il réalise en direct,
prenant plaisir à le médiatiser, un génocide, une épuration ethnique, assortis de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et il est condamné sans appel par la Cour Internationale de
Justice (CIJ) tandis que la Cour pénale internationale (CPI) a lancé deux mandats d’arrêt contre le Premier ministre Netanyahou et le ministre Yoad Gallant.
On ne peut qu’être épouvanté de la démence des dirigeants sionistes, qui ont brisé tous les tabous et jeté aux oubliettes les lois internationales. Il est
urgentissime de mettre fin à leur impunité par le blocus, l’isolement, le boycott systématique. Leur arrogance est devenue sans bornes, comme en témoigne la posture de Netanyahou qui
s’opposait le 16 octobre passé à la participation de l’Algérie à la conférence de Paris sur le Liban (sic) et qui
insulte les Nations unies dans leur sanctuaire, brandissant une carte du Proche-Orient où la Palestine est remplacée par un Grand Israël sans frontières, et son ambassadeur déchirant la
Charte.
C’est le premier génocide en direct, revendiqué comme tel par un État qui s’affiche ouvertement comme un État hors-la-loi, s’enfonçant dans la monstruosité
et la sauvagerie. Poursuivant sans repos le carnage à Gaza et en Palestine, tandis que le Sud-Liban et Beyrouth sont systématiquement bombardés sous prétexte d’éliminer les responsables
du Hezbollah et de détruire son infrastructure économique et sociale, Israël n’épargne plus rien ni personne. Les villes classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO n’échappent pas à sa
rage destructrice. Au moins un million de personnes sont à la recherche d’un abri, tandis que la route Beyrouth-Damas est systématiquement pilonnée pour empêcher la circulation des
réfugiés ou leur retour dans une Syrie d’ailleurs régulièrement et sévèrement ciblée.
L’Occident collectif défend Israël dans tous ses crimes et méfaits, approuve son protégé lorsque celui-ci s’attaque ouvertement aux institutions de l’ONU et
à ses émanations diverses: L’Assemblée générale, l’UNRWA, la commission des Droits de l’Homme, les rapporteurs et mandataires divers, la FINUL, se permettant de déclarer persona non
grata le secrétaire général Antonio Guterres. Ledit Occident soutient sans réserve l’État sioniste lorsque ce dernier pratique avec ostentation le terrorisme dans toute la
région, multipliant les incursions et assauts contre les installations civiles et les assassinats arbitraires, dans le cadre d’un terrorisme ciblé ou aveugle.
Nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour réclamer que soit expulsé des Nations unies l’État terroriste qui leur a déclaré la guerre ainsi qu’au
secrétaire général lui-même, déclaré persona non
grata en Israël. Ce serait la moindre des choses. L’ONU avait pris une telle mesure contre l’Afrique du Sud de l’apartheid. En ne le faisant pas contre une entité criminelle à
ce point et dangereusement provocatrice, elle se déshonore par son silence et avoue son impuissance, sous la pression, il faut bien le dire des Anglo-saxons et de l’Occident collectif, de
plus en plus collectif dans l’ignominie et l’hypocrisie, recroquevillé sur des «valeurs» et des «normes» de son invention, imposées en lieu et place du droit onusien.
Quant à l’affaire des bippers, c’est loin d’être avant tout un exploit technique. Selon le haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme Volker Türc,
«le ciblage
simultané de milliers de personnes, civils ou membres de groupes armés, sans savoir qui était en possession des engins ciblés, où et dans quel environnement ils se trouvaient, constitue
une violation (une de plus) du droit international, une violation des droits de l’homme…» Avis aux spécialistes occidentaux qui se pâment d’admiration devant une telle opération de
Tsahal…
Qui dira l’horreur des enfants tués d’une balle dans la tête, des femmes systématiquement ciblées, des prisonniers systématiquement violés, des civils
déshumanisés, au prétexte qu’ils sont «des animaux». On ne hurlera jamais assez pour leur rappeler aux indifférents que des familles entières par milliers, voire dizaines de milliers,
sont exterminées et meurent sous les décombres suite aux bombardements aveugles de «l’armée la plus morale du monde». Aucun pays ne proteste, ne demande des comptes, ce qui encourage les
dirigeants de Tel-Aviv à poursuivre leurs projets de destruction et de domination de toute la région… Francesca Albanese, rapporteuse sur la situation des DDH dans les territoires occupés
: un million de Palestiniens ont fait l’expérience des prisons israéliennes depuis 1967. Gaza, plus grand camp de concentration à ciel ouvert de la planète. Aux termes du droit
international, les Palestiniens ont le droit de résister à l’occupant par tous les moyens, qu’ils soient ou non légaux : en pareil cas, la notion de terrorisme n’existe pas, malgré
l’acharnement occidental à qualifier le Hamas de groupe terroriste.
Les dirigeants occidentaux et leurs auxiliaires médiatiques ou autres qui font l’apologie du génocide en cours sous nos yeux et soutiennent l’État qui se
vante du dit génocide, ne devraient pas se faire trop d’illusions. Tôt ou tard, des comptes leur seront demandés et ils devront répondre de leur attitude délibérément criminelle, en
attendant le tribunal de l’Histoire, et avant de finir dans ses poubelles.
Les membres de l’ONU se taisent, et tout se passe comme si déjà l’ONU elle-même était décédée, de sa belle ou de sa vilaine mort ou d’une mort honteuse… Qui
lui redonnera vie, dès lors que les pays qui revendiquent la succession de l’Occident failli misent sur une ONU revigorée et adaptée au nouvel ordre qui se dessine. Temps de colère que le
nôtre. Les optimistes se raccrochent à la mutation en cours de l’ordre mondial. Le vent se lève en tempête et il faut que le monde tente de vivre. L’ordre existant est diabolique, que le
nouvel ordre vienne… de toute urgence.
Des rapports font état d’un événement de magnitude 4,6 survenu hier dans le désert iranien de Kavir, qui pourrait être un essai nucléaire souterrain.
L’événement, qui n’a pas produit d’ondes sismiques typiques ni de répliques, suscite des soupçons.
Les responsables iraniens ont évoqué un «nouveau niveau de dissuasion», qui pourrait être lié à des capacités nucléaires. Si cela
se confirme, cela pourrait avoir de graves conséquences à l’échelle mondiale.
L’arrestation jeudi de la militante de solidarité avec la Palestine Sarah Wilkinson, suite aux accusations du journaliste Richard Medhurst la semaine
dernière – toutes deux basées sur une affirmation improbable selon laquelle ils auraient violé l’article 12 de la loi sur le terrorisme – sont la preuve définitive que les purges
autoritaires de Keir Starmer contre la gauche travailliste sont déployées contre les critiques à l’échelle nationale.
Désormais installé en toute sécurité au 10 [Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre], Starmer peut écraser les droits fondamentaux des
citoyens britanniques avec autant de plaisir qu’il a auparavant matraqué les restes de démocratie au sein du Parti travailliste – et pour à peu près la même raison.
Le Premier ministre britannique est déterminé à terroriser et réduire au silence les critiques qui soulignent sa complicité, et désormais celle de son
gouvernement, avec Israël et son génocide à Gaza.
Starmer préférerait élargir considérablement la portée des lois déjà draconiennes de «lutte contre le terrorisme» plutôt que d’agir contre la volonté des
États-Unis, soit en arrêtant les ventes d’armes à un gouvernement israélien fasciste dirigé par Benjamin Netanyahou, soit en rejoignant l’affaire de l’Afrique du Sud contre Israël devant
la Cour internationale de Justice.
Les juges ont déjà statué que le massacre de dizaines de milliers de Palestiniens au cours des 11 derniers mois constituait un «génocide plausible». La
prochaine étape pour l’Afrique du Sud et les nombreux États qui la soutiennent est de convaincre la Cour internationale de Justice que le génocide est prouvé au-delà de tout doute.
L’Afrique du Sud
présente son dossier de génocide contre Israël devant la Cour internationale
de Justice de La Haye le 12 janvier.
Les goules habituelles du lobby israélien, comme David Collier, ont été saliver suite
à l’arrestation de Wilkinson. Elle risque jusqu’à 14 ans de prison pour avoir prétendument «soutenu» une organisation interdite, à savoir le Hamas.
Selon certaines informations, on lui aurait dit qu’elle était arrêtée pour «le contenu qu’elle a
publié en ligne». La police a saisi tous ses appareils électroniques. Selon sa fille, elle a été libérée sous caution à condition de «ne
jamais» utilise
ces appareils.
Soyons clairs : la police utilise la loi antiterroriste de cette manière uniquement parce qu’elle a reçu des instructions politiques pour le faire.
L’arrestation de Wilkinson n’est possible que parce que la police et Starmer, soi-disant avocat des droits de l’homme, réécrivent le sens de l’expression «soutien au terrorisme».
Il s’agit d’une répression politique dans sa forme la plus claire.
Traditionnellement, criminaliser le «soutien» à un groupe terroriste revenait à donner aux autorités le pouvoir de punir quiconque offrait une aide
matérielle, comme l’envoi d’argent ou d’armes, la dissimulation de combattants armés, la fourniture d’informations utiles à une attaque, etc.
Même les lois pénales classiques contre la liberté d’expression exigent généralement la preuve que quelqu’un a incité de manière crédible à la violence
directe ou mis la vie d’autrui en danger, comme c’est le cas des accusations portées contre les personnes impliquées dans les récentes émeutes d’extrême droite, qui comprenaient des
tentatives de pogroms contre des musulmans et des immigrés.
C’est tout à fait différent de criminaliser comme «soutien au terrorisme» toute affirmation positive concernant un acte commis par une organisation
interdite – d’autant plus si l’on se souvient que le Hamas n’a pas seulement une branche militaire, mais aussi une section politique et une branche sociale.
Il est évident qu’il faut faire des distinctions prudentes. Le fait de féliciter les dirigeants du Hamas, et même ses chefs militaires, pour avoir accepté
de participer à des négociations de paix équivaudrait-il à un «soutien» à une organisation terroriste ? Cela devrait-il conduire à une arrestation et à une peine de prison ?
Ce n’a jamais été un crime de «soutenir» le Sinn Fein – l’aile politique de l’IRA – dans le sens d’avoir des choses élogieuses à dire sur son leader de
longue date, Gerry Adams, ou de soutenir ses positions politiques.
Adams donnant une
lecture publique en 2001.
Il n’était même pas illégal de «soutenir» de véritables «terroristes» de l’IRA. Au début des années 1980, de nombreuses personnes critiquaient les autorités
de l’Ulster et le gouvernement britannique de Margaret Thatcher pour leur traitement barbare des prisonniers de l’IRA. Par exemple, «soutenir» la grève de la faim de Bobby Sands, membre
de l’IRA, qui a conduit à sa mort dans la prison du Labyrinthe, n’était pas un délit passible d’arrestation.
Nouvelles
juivesexpose
les motifs apparents. Pour le raid mené par une douzaine de policiers au domicile de Wilkinson et la décision de l’arrêter et de l’enquêter sur des accusations de terrorisme. Ces
raisons, si elles sont fondées, devraient nous faire froid dans le dos. C’était sans aucun doute l’intention de Starmer.
N°1
– Selon Nouvelles
juives, Wilkinson a violé l’article 12 en décrivant l’attaque aérienne du Hamas contre Israël le 7 octobre comme une «infiltration
incroyable». Ce qui était clairement le cas. À tous égards, c’était une infiltration. Et mon dictionnaire donne comme l’une des principales définitions d’«incroyable» : «difficile à
croire» ou «extraordinaire» dans le sens de «très loin de l’ordinaire».
Voir le Hamas utiliser des deltaplanes pour franchir l’une des structures militaires les plus sophistiquées jamais construites pour emprisonner des millions
de personnes est la définition même de «l’incroyable». Il était en effet difficile de croire que le Hamas ait techniquement réussi à faire ce qu’il a fait ce jour-là.
Même si la police ignorait cette signification établie du mot et supposait plutôt que «grand» ou «merveilleux» était voulu – pour décrire le Hamas
s’échappant de la cage dans laquelle la population de Gaza avait été emprisonnée pendant des décennies et privée des éléments essentiels de la vie pendant 17 ans – cela ne constituerait
guère un crime, et encore moins un «soutien» au terrorisme.
Comme le stipule le droit international, les peuples occupés, comme les Palestiniens, ont le droit de résister à une armée qui occupe leur territoire, y
compris par la violence. Interrogez Starmer sur ce droit en relation avec le peuple ukrainien.
De plus, comme même Wilkinson a écrit son tweet le 7 octobre, soit le jour même de l’attaque du Hamas. Elle ne pouvait pas se douter, au moment où elle
écrivait, que des civils étaient tués en grand nombre.
L’ampleur des atrocités commises par le Hamas contre les civils le 7 octobre est bien plus controversée que les médias occidentaux ne veulent bien
l’admettre. Il est rapidement devenu évident que le Hamas n’a pas, comme on le prétend, tué des bébés, et encore moins décapité des bébés.
Pas de preuve.
Jusqu’à présent, aucune preuve n’a été produite pour montrer qu’il y a eu des viols ce jour-là, sans parler de l’utilisation systématique du viol, comme le prétendent Israël et ses
partisans. Certains civils israéliens, nous le savons maintenant, ont été tués par les propres forces de sécurité israéliennes lorsque le soi-disant protocole
Hannibal a été invoqué.
D’autres civils israéliens ont peut-être été pris pour cible par certains groupes armés et individus non alliés au Hamas qui ont afflué hors de Gaza par des
brèches créées dans la clôture électronique entourant l’enclave.
Mais même si nous supposons à la fois que Wilkinson savait que des civils avaient été tués ce jour-là, et en grand nombre, et que son utilisation du mot
«incroyable» était destinée à signaler son approbation des meurtres, cela ne devrait toujours pas constituer un crime de noter l’extraordinaire exploit militaire consistant à sortir de
Gaza.
Personne ne devrait être emprisonné parce qu’il est impressionné par la violence. Si nous voulions faire de cela une sorte de principe, nous devrions
procéder à l’arrestation d’un grand nombre de juifs et de non-juifs sionistes en Grande-Bretagne qui ont exprimé leur enthousiasme pour les mois de massacres perpétrés par Israël à
Gaza.
N°2
– Nouvelles
juives cite également : Wilkinson a fait l’éloge d’Ismail Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, peu après son assassinat par Israël à Téhéran. Elle l’a
qualifié de «héros».
Pour replacer les choses dans leur contexte, il faut savoir qu’avant son assassinat, Haniyeh était largement considéré comme un modéré, même au sein de
l’aile politique du Hamas. Vivant en exil de Gaza, il semble n’avoir eu aucune idée de l’attaque du 7 octobre. Il a également été l’un des principaux acteurs des efforts visant à mettre
fin au massacre de Gaza et à obtenir un cessez-le-feu par le biais de négociations avec Israël.
Haniyeh, au centre,
rencontre le guide suprême de l’Iran Ali Khamenei, à droite, le 31 juillet 2024,
quelques heures avant sa mort.
L’assassinat de Haniyeh était l’objectif de Netanyahou pour renforcer la ligne dure des ailes militaire et politique du Hamas. En sabotant les espoirs d’un
cessez-le-feu, le gouvernement israélien a pu poursuivre son génocide.
Il n’est pas plus déraisonnable de considérer Haniyeh comme un «héros» pour avoir mené une lutte politique visant à libérer le peuple de Gaza de ce que la
Cour internationale de Justice a condamné comme une occupation illégale et un système d’apartheid israélien brutal, plutôt que de considérer Adams du Sinn Fein comme un héros pour sa
lutte politique visant à libérer la communauté catholique d’Irlande du Nord du régime oppressif de la Grande-Bretagne et des loyalistes de l’Ulster.
Vous pouvez être en désaccord avec les positions politiques de Haniyeh ou d’Adams. Vous pouvez dénoncer quiconque soutient leurs positions. Mais vous ne
devriez certainement pas être en mesure d’enfermer ces partisans – pas si nous voulons continuer à croire que nous vivons dans une société libre.
Adams a été pendant de nombreuses années membre élu du Parlement britannique, même s’il a refusé de siéger à Westminster en signe de protestation. Personne
n’a jamais sérieusement suggéré que ceux qui l’ont soutenu – soit en le qualifiant de héros, soit en votant pour lui aux élections – devraient être arrêtés et emprisonnés. Quiconque
l’aurait fait aurait été à juste titre qualifié de monstrueusement autoritaire et profondément antidémocratique.
N°3 –
Enfin, Nouvelles
juivessuggère :
Wilkinson aurait publié en ligne des messages historiques, il y a huit ans, qui constituaient un déni de l’Holocauste. Wilkinson conteste apparemment ces propos et a affirmé que ces
allégations relevaient d’une campagne de diffamation.
Même si l’on suppose le pire – que Wilkinson ait effectivement mis en doute l’Holocauste, plutôt que d’être accusé de l’avoir fait – cela ne devrait pas
être l’affaire de la police du «terrorisme». Avoir des opinions irrationnelles, infondées ou immorales n’équivaut pas à «soutenir» le terrorisme. Loin de là.
N’oublions pas non plus que, si les lois britanniques antiterroristes doivent être appliquées de manière aussi extensive, la première personne qui devrait
être arrêtée pour «soutien» au terrorisme est Starmer lui-même.
Il y a quelques mois, il a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’Israël avait le droit de priver de nourriture, d’eau et d’électricité 2.3 millions de
personnes à Gaza, une politique qu’Israël a effectivement menée et qui a entraîné une famine artificielle qui fait mourir de faim les Palestiniens. Le procureur de la Cour pénale
internationale demande l’arrestation de Netanyahou pour cette politique de famine, car il s’agit d’un crime contre l’humanité.
Starmer, l’avocat des droits de l’homme, savait que la famine à Gaza était un acte de terrorisme – ou une punition collective, comme on l’appelle en droit
international. Et pourtant, il a soutenu sans réserve cet acte de terrorisme. Et ses paroles ont eu beaucoup plus de pouvoir pour influencer les événements que celles de Wilkinson
n’auraient jamais pu en avoir.
En tant que chef de l’opposition, il était en mesure d’exercer une pression tangible sur Israël pour qu’il mette un terme à sa politique de famine en
soulignant qu’elle équivalait à du terrorisme d’État. En tant que Premier ministre, il est en mesure de faire avancer l’arrestation des dirigeants israéliens pour leurs actes terroristes
en vertu du principe de compétence universelle. Il peut également mettre un terme à l’approvisionnement en armes du génocide.
Si nous disposions d’un système de droit international fonctionnel, Starmer risquerait sans aucun doute de se retrouver au banc des accusés de La Haye,
accusé de complicité de crimes de guerre.
Nous sommes désormais confrontés à la réalité terrifiante et orwellienne selon laquelle un Premier ministre complice de génocide peut réutiliser les lois
britanniques «antiterroristes» pour emprisonner quiconque s’oppose au génocide israélien et à la complicité de Starmer, en l’accusant de «soutien» au terrorisme.
Starmer veut être juge, jury et bourreau. Nous ne devons pas le laisser s’en tirer.
Starmer, l’avocat des droits de l’homme, savait que la famine à Gaza était un acte de terrorisme – ou une punition collective, comme on l’appelle en droit
international. Et pourtant, il a soutenu sans réserve cet acte de terrorisme. Et ses paroles ont eu beaucoup plus de pouvoir pour influencer les événements que celles de Wilkinson
n’auraient jamais pu en avoir.
En tant que chef de l’opposition, il était en mesure d’exercer une pression tangible sur Israël pour qu’il mette un terme à sa politique de famine en
soulignant qu’elle équivalait à du terrorisme d’État. En tant que Premier ministre, il est en mesure de faire avancer l’arrestation des dirigeants israéliens pour leurs actes terroristes
en vertu du principe de compétence universelle. Il peut également mettre un terme à l’approvisionnement en armes du génocide.
Si nous acceptons la
vérité fondamentale selon laquelle l’Ukraine n’est rien d’autre qu’un champ de bataille par procuration entre la Russie et l’Occident, alors on pourrait dire que la Troisième Guerre mondiale
a déjà commencé. Jusqu’à présent, les pouvoirs en place se sont contentés de limiter la situation à l’Ukraine, mais un événement récent suggère que les choses sont sur le point de changer. Il
se passe quelque chose de très étrange sur le front nucléaire entre l’OTAN et la Russie et je pense qu’il est peut-être temps d’envisager la possibilité d’une menace sous fausse
bannière.
Au cours des deux dernières semaines, l’Ukraine s’est attribué le mérite d’au moins deux frappes distinctes sur des cibles particulières – des stations radar
russes “au-dessus de
l’horizon” utilisant des drones ayant un rayon d’action impressionnant d’au moins 2000 km. Jusqu’à présent, les attaques à longue portée sur le territoire russe ont été extrêmement
rares. Alors, pourquoi ces stations radar spécifiques ?
Les stations Voronezh-DM étaient situées à l’extérieur de la ville d’Orsk et de la région de Krasnodar (Armavir), loin des lignes de front en Ukraine. Ces
frappes ont été saluées comme l’attaque la plus poussée de l’Ukraine au cœur de la Russie, mais les grands médias ont ignoré les implications plus larges de la situation.
Il est probable que les drones utilisés soient d’origine américaine ou européenne. L’OTAN a (jusqu’à ces derniers jours) appliqué des restrictions strictes sur
la manière dont ses armes peuvent être utilisées par l’Ukraine. Des drones et des missiles de croisière à longue portée frappant des cibles au fin fond de la Russie risquent de provoquer
d’importants retours de bâton, y compris la menace d’une riposte nucléaire.
Cela dit, ce ne sont pas tant les armes utilisées qui me préoccupent que les cibles spécifiques que l’Ukraine est censée avoir choisies.
Les systèmes radar russes de détection au-dessus de l’horizon ont une portée d’au moins 10 000 km (la portée réelle est confidentielle) et recherchent
spécifiquement les missiles balistiques de haute altitude. Ils ne sont pas conçus pour détecter les missiles de croisière à moyenne portée volant à basse altitude (ATACMS) et les drones. En
d’autres termes, les deux stations détruites par les armes ukrainiennes sont censées servir de système d’alerte précoce en cas d’attaque nucléaire.
Les Ukrainiens ont prétendument défié les restrictions de l’OTAN, non pas une, mais deux fois, pour cibler des systèmes radar qui n’ont rien à voir avec eux. En
fait, les réseaux sont installés à des positions fixes et aucun d’entre eux ne visait l’Ukraine, mais le nord et le sud-ouest de la Russie. Le radar Armavir a été construit en 2009 pour
combler un vide créé par la perte de radars en Ukraine, et devait également remplacer un radar Daryal plus ancien à Gabala. Il est intéressant de noter que les “angles d’ouverture de recherche” d’Armavir et d’Orsk
surveillent le ciel principalement au-dessus du Moyen-Orient, y compris Israël, et d’une grande partie de l’Europe, y compris la Suisse.
Au lieu d’attaquer des ressources stratégiques vitales comme les raffineries de pétrole ou les dépôts de munitions, les défenses nucléaires de la Russie sont
systématiquement entravées. Pourquoi ?
Il est important de comprendre qu’une frappe de ce type au cœur de la Russie nécessite une planification et une logistique complexes. Elle ne peut être réalisée
sans renseignements secrets sur le terrain et sans l’aide de la surveillance par satellite. L’Ukraine dépend entièrement des satellites et des renseignements de l’OTAN ; une telle frappe ne
serait jamais possible sans l’implication de l’OTAN. En outre, les drones utilisés devraient avoir la capacité d’échapper aux systèmes de détection précoce et de rester cachés sur des
milliers de kilomètres. Ce type de technologie provient principalement de l’Occident.
En d’autres termes, il est impossible que ces attaques aient été menées par l’Ukraine sans l’aide et l’approbation du commandement américain ou européen. Je
mets en doute l’idée qu’un pilote ukrainien ait pu piloter les drones à distance. Nous parlons ici de certaines des stations radar les mieux défendues de toute la Russie.
En quoi tout cela est-il important ? Examinons les terribles réalités…
Tout d’abord, le ciblage des défenses nucléaires russes pourrait faire croire au Kremlin qu’il se prépare une frappe nucléaire. Sinon, pourquoi leur radar
balistique serait-il pris pour cible ? Cela signifie qu’ils seront en état d’alerte maximale en vue d’un éventuel échange nucléaire. Ce n’est pas une bonne chose.
Deuxièmement, les stations Voronezh-DM sont utilisées pour identifier les fausses alertes positives d’attaque nucléaire. En d’autres termes, si une arme imitant
un missile balistique à haute altitude est utilisée contre la Russie, leur capacité à détecter qu’il ne s’agit PAS d’un missile nucléaire a été réduite. Ils pourraient lancer leurs propres
ogives en réponse à une attaque non nucléaire (une fausse attaque ou un faux drapeau).
Troisièmement, Armavir et d’autres stations pourraient être utilisées pour enregistrer l’activité des missiles balistiques bien au-delà de l’espace aérien russe
(dans des endroits comme le Moyen-Orient). Il est possible que ces frappes aient pour but d’aveugler la Russie et de l’empêcher de détecter des événements liés aux missiles qui n’ont rien à
voir avec la guerre en Ukraine.
Quatrièmement, il est possible que l’OTAN et l’Ukraine pensent que le démantèlement du radar envoie un message selon lequel si la Russie menace de lancer une
attaque nucléaire, ils pourraient être frappés en premier. Tout ce que cela signifie, c’est que la Russie ne donnera pas d’avertissement, elle lancera simplement ses missiles.
Cinquièmement, l’attaque sur Armavir remplit à elle seule les conditions énoncées publiquement par le gouvernement russe en 2020 pour des actions susceptibles
de déclencher une frappe nucléaire de représailles. Le réseau d’alerte précoce de la Russie fait partie du dispositif de dissuasion nucléaire plus large du pays.
“Les conditions
spécifiant la possibilité d’utilisation d’armes nucléaires par la Fédération de Russie” comprennent toute “attaque par un adversaire contre des sites gouvernementaux ou
militaires critiques de la Fédération de Russie, dont la perturbation compromettrait les actions de réponse des forces nucléaires”, selon les principes fondamentaux de la politique
d’État de la Fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire, publiés par le Kremlin en 2020.
Jusqu’à présent, rien n’indique comment la Russie va riposter, mais considérons les circonstances actuelles sur le front. Les défenses ukrainiennes sont minces
et ne disposent pas de la main-d’œuvre nécessaire pour maintenir les points d’appui les plus rudimentaires. Comme je l’ai indiqué le mois dernier, la ligne de front de l’Ukraine est sur le
point de s’effondrer, probablement cet été, avec l’ouverture par la Russie d’une nouvelle offensive dans le nord, près de Kharkiv.
Les pays de l’OTAN affirment désormais qu’ils soutiennent l’utilisation par l’Ukraine d’armes à longue portée à l’intérieur de la Russie. Cela signifie que les
principales zones métropolitaines de l’Ukraine seront sur la table pour les propres frappes à longue portée de la Russie, une mesure qu’elle a évitée de mettre en œuvre pour l’instant.
Surveillez également l’utilisation potentielle de bombes thermobariques (bombes à effet de vide) par la Russie ; il s’agit d’armes massivement destructrices qui ont été absentes du champ de
bataille jusqu’à présent (à l’exception de rapports non vérifiés).
L’Occident envoie à la Russie le message qu’il ne laissera pas l’Ukraine perdre, qu’il ne cherchera pas de solutions diplomatiques et que si la Russie commence
à gagner du terrain de manière significative, tout sera permis. Cela inclut-il les armes nucléaires ? Difficile à dire.
Je soupçonne l’establishment de vouloir créer un scénario dans lequel la Russie serait amenée à réagir de manière excessive à un événement, ou dans lequel
l’opinion publique serait amenée à croire que la Russie représente une menace nucléaire légitime pour l’Occident. Il est également possible que la Russie soit empêchée de surveiller un futur
incident balistique au Moyen-Orient.
Ces attaques radar interviennent quelques semaines seulement avant la “conférence de paix” sur l’Ukraine qui doit se tenir en
Suisse le 15 juin. Bien que les principaux dirigeants des États-Unis, de la Chine et de l’Europe n’y participent pas (et que la Russie n’y soit pas invitée), le sommet reste une cible juteuse
pour un faux drapeau et donc une unification des intérêts occidentaux autour d’une guerre plus large avec la Russie. Je ne dis pas que la conférence elle-même sera attaquée, nécessairement,
mais une attaque majeure pendant la conférence pourrait être utilisée pour vendre l’idée d’une intervention totale de l’OTAN.
Si l’objectif est d’étendre la guerre, toute hostilité perçue comme visant la conférence pourrait également servir d’excuse pour rallier le soutien populaire.
Le fait que tant de dirigeants mondiaux, y compris M. Biden, refusent de se rendre à la conférence rend la chose encore plus douteuse.
Je doute fort que l’establishment veuille déclencher une guerre nucléaire mondiale. Ils ont tout à perdre et très peu à gagner. Ils viennent de passer la
majeure partie du siècle dernier à construire l’un des réseaux de contrôle économique et politique les plus complexes de l’histoire de l’humanité. Je ne pense pas qu’ils seraient heureux de
voir tout cela s’évaporer en un clin d’œil. Cela dit, un événement nucléaire limité pourrait bien servir leurs intérêts.
À l’heure où j’écris ces lignes, plusieurs gouvernements, dont le gouvernement français, demandent le déploiement de troupes européennes en Ukraine. Certains
dirigeants politiques veulent qu’elles y aillent en tant que “conseillers” et formateurs. C’est exactement ce
que les États-Unis ont fait juste avant de déployer d’importantes forces militaires au Viêt Nam. Vous vous souvenez du faux drapeau de l’incident du golfe du Tonkin ?
Il se passe quelque chose de très étrange ici. Je n’ai aucun doute sur le fait que la Troisième Guerre mondiale est l’issue prévue de la confrontation entre
l’OTAN et la Russie en Ukraine. La question est de savoir comment ils prévoient d’organiser cette issue tout en convainquant le public américain et européen de participer à l’effort de
guerre. Ils ont besoin d’une sérieuse attaque sous fausse bannière.
Brandon
Smith
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
L’art de la guerre d’attrition : Les leçons de la guerre Russie-Ukraine
Si l’Occident envisage
sérieusement la possibilité d’un conflit entre grandes puissances, il doit examiner attentivement sa capacité à mener une guerre prolongée et à poursuivre une stratégie axée sur
l’attrition plutôt que sur la manœuvre.
Les guerres d’usure requièrent leur propre «art de la guerre» et sont menées selon une approche «centrée sur la force», contrairement aux guerres de
manœuvre qui sont «centrées sur le terrain». Elles s’appuient sur une capacité industrielle massive permettant de remplacer les pertes, sur une profondeur géographique permettant
d’absorber une série de défaites et sur des conditions technologiques empêchant des mouvements terrestres rapides. Dans les guerres d’attrition, les opérations militaires sont
déterminées par la capacité d’un État à remplacer les pertes et à créer de nouvelles formations, et non par des manœuvres tactiques et opérationnelles. Le camp qui accepte la nature
attritionnelle de la guerre et qui se concentre sur la destruction des forces ennemies plutôt que sur la conquête du terrain a le plus de chances de l’emporter.
L’Occident n’est pas préparé à ce type de guerre. Pour la plupart des experts occidentaux, la stratégie d’attrition est contre-intuitive.
Historiquement, l’Occident a toujours préféré les affrontements courts entre armées professionnelles, où le vainqueur remporte tout. Les jeux de guerre récents, tels que
la guerre
du SCRS sur Taïwan, ont couvert un mois de combat. La possibilité que la guerre se poursuive n’a jamais été évoquée. C’est le reflet d’une attitude occidentale commune. Les
guerres d’usure sont considérées comme des exceptions, quelque chose à éviter à tout prix et généralement le produit de l’incompétence des dirigeants. Malheureusement, les guerres
entre puissances voisines sont susceptibles d’être des guerres d’usure, grâce à un large éventail de ressources disponibles pour remplacer les pertes initiales. La nature
attritionnelle du combat, y compris l’érosion du professionnalisme due aux pertes, nivelle le champ de bataille, quelle que soit l’armée qui a commencé avec des forces mieux
entraînées. Au fur et à mesure que le conflit s’éternise, la guerre est gagnée par les économies et non par les armées. Les États qui s’en rendent compte et qui mènent une telle
guerre par le biais d’une stratégie d’attrition visant à épuiser les ressources de l’ennemi tout en préservant les leurs ont plus de chances de l’emporter. Le moyen le plus rapide de
perdre une guerre d’usure est de se concentrer sur la manœuvre, en dépensant des ressources précieuses pour des objectifs territoriaux à court terme. Reconnaître que les guerres
d’usure ont leur propre art est essentiel pour les gagner sans subir de pertes désastreuses.
La dimension
économique
Les guerres d’usure sont remportées par les économies qui permettent une mobilisation massive des armées grâce à leurs secteurs industriels. Les armées
se développent rapidement au cours d’un tel conflit, nécessitant des quantités massives de véhicules blindés, de drones, de produits électroniques et d’autres équipements de combat.
L’armement haut de gamme étant très complexe à fabriquer et consommant de vastes ressources, il est impératif de disposer d’un mélange haut-bas de forces et d’armes pour remporter la
victoire.
Les armes haut de gamme ont des performances exceptionnelles mais sont difficiles à fabriquer, surtout lorsqu’il s’agit d’armer une armée rapidement
mobilisée et soumise à un taux d’attrition élevé. Par exemple, pendant la Seconde Guerre mondiale, les
Panzers allemands étaient de superbes chars d’assaut, mais en utilisant à peu près les mêmes ressources de production, les Soviétiques ont produit huit T-34 pour chaque
Panzer allemand. La différence de performance ne justifiait pas la disparité numérique de la production. Les armes haut de gamme nécessitent également des troupes haut de gamme.
L’entraînement de ces dernières prend beaucoup de temps, un temps qui n’est pas disponible dans une guerre où les taux d’attrition sont élevés.
Il est plus facile et plus rapide de produire un grand nombre d’armes et de munitions bon marché, surtout si leurs sous-composants sont interchangeables
avec des produits civils, ce qui permet de produire en masse sans avoir à étendre les chaînes de production. Les nouvelles recrues absorbent également plus rapidement des armes plus
simples, ce qui permet de créer rapidement de nouvelles formations ou de reconstituer des formations existantes.
Il est difficile pour les économies occidentales haut de gamme d’atteindre la masse. Pour atteindre l’hyper-efficacité, elles se débarrassent de leurs
capacités excédentaires et peinent à se développer rapidement, d’autant plus que les industries de niveau inférieur ont été transférées à l’étranger pour des raisons économiques. En
temps de guerre, les chaînes d’approvisionnement mondiales sont perturbées et les sous-composants ne peuvent plus être sécurisés. À ce problème s’ajoute le manque de main-d’œuvre
qualifiée ayant de l’expérience dans un secteur particulier. Ces compétences s’acquièrent au fil des décennies et, une fois qu’une industrie est fermée, il faut des décennies pour la
reconstruire. Le
rapport interagences du gouvernement américain de 2018 sur la capacité industrielle des États-Unis a mis en évidence ces problèmes. En définitive, l’Occident doit se pencher
sérieusement sur la question de la capacité excédentaire en temps de paix de son complexe militaro-industriel, sous peine de perdre la prochaine guerre.
Génération de
forces
La production industrielle existe pour être canalisée vers le remplacement des pertes et la création de nouvelles formations. Cela nécessite une
doctrine appropriée et des structures de commandement et de contrôle. Il existe deux modèles principaux : l’OTAN (la plupart des armées occidentales) et l’ancien modèle soviétique, la
plupart des États se situant entre les deux.
Les armées de l’OTAN sont très professionnelles et s’appuient sur un corps de sous-officiers solide, doté d’une formation et d’une expérience militaires
approfondies en temps de paix. Elles s’appuient sur ce professionnalisme pour leur doctrine militaire (principes
fondamentaux, tactiques et techniques) afin de mettre l’accent sur l’initiative individuelle, en déléguant une grande marge de manœuvre aux officiers subalternes et aux
sous-officiers. Les formations de l’OTAN jouissent d’une agilité et d’une souplesse extraordinaires qui leur permettent d’exploiter les possibilités offertes par un champ de bataille
dynamique.
Dans une guerre d’attrition, cette méthode présente un inconvénient. Les officiers et les sous-officiers nécessaires à l’exécution de cette doctrine ont
besoin d’une formation approfondie et, surtout, d’expérience. Il
faut des années pour former un sous-officier de l’armée américaine. Un chef d’escouade a généralement au moins trois ans de service et un sergent de section en a au
moins sept. Dans une guerre d’attrition caractérisée par de lourdes pertes, on n’a tout simplement pas le temps de remplacer les sous-officiers perdus ou de les former pour de
nouvelles unités. L’idée que des civils puissent suivre des cours de formation de trois mois, recevoir des chevrons de sergent et ensuite être censés se comporter de la même manière
qu’un vétéran de sept ans est une recette qui mène au désastre. Seul le temps peut générer des chefs capables d’exécuter la doctrine de l’OTAN, et le temps est une chose que les
exigences massives de la guerre d’attrition ne donnent pas.
L’Union soviétique a construit son armée en vue d’un conflit à grande échelle avec l’OTAN. Elle devait être en mesure de se développer rapidement en
faisant appel à des réserves massives. Tous les hommes de l’Union soviétique ont suivi une formation de base de deux ans à la sortie de l’école secondaire. Le renouvellement constant
du personnel enrôlé a empêché la création d’un corps de sous-officiers de type occidental, mais a généré une réserve massive de réservistes semi-entraînés disponibles en temps de
guerre. L’absence de sous-officiers fiables a créé un modèle de commandement centré sur les officiers, moins souple que celui de l’OTAN, mais plus adaptable à l’expansion à grande
échelle requise par la guerre d’attrition.
Toutefois, à mesure qu’une guerre progresse au-delà d’un an, les unités de première ligne acquièrent de l’expérience et un corps de sous-officiers
amélioré est susceptible d’émerger, ce qui confère au modèle soviétique une plus grande flexibilité. En 1943, l’Armée
rouge avait mis en place un solide corps de sous-officiers, qui a ensuite disparu après la Seconde Guerre mondiale, avec la démobilisation des formations de combat. L’une des
principales différences entre les modèles est que la doctrine de l’OTAN ne peut fonctionner sans des sous-officiers très performants. La doctrine soviétique était renforcée par des
sous-officiers expérimentés, mais n’en avait pas besoin.
Au lieu d’une bataille décisive obtenue par une manœuvre rapide, la guerre d’attrition se concentre sur la destruction des forces ennemies et de leur
capacité à régénérer leur puissance de combat, tout en préservant la sienne.
Le modèle le plus efficace est un mélange des deux, dans lequel un État maintient une armée professionnelle de taille moyenne, ainsi qu’une masse de
conscrits disponibles pour la mobilisation. Cela conduit directement à un mélange haut/bas. Les forces professionnelles d’avant-guerre forment la partie supérieure de cette armée,
devenant des brigades de pompiers – se déplaçant de secteur en secteur dans la bataille pour stabiliser la situation et mener des attaques décisives. Les formations de bas de gamme
tiennent la ligne et acquièrent lentement de l’expérience, augmentant leur qualité jusqu’à ce qu’elles acquièrent la capacité de mener des opérations offensives. La victoire est
obtenue en créant les formations de bas de gamme de la plus haute qualité possible.
L’entraînement et l’expérience du combat permettent de transformer les nouvelles unités en soldats aptes au combat plutôt qu’en bandes de civils. Une
nouvelle formation doit s’entraîner pendant au moins
six mois, et seulement si elle est composée de réservistes ayant déjà reçu une formation individuelle. Les conscrits ont besoin de plus de temps. Ces unités devraient également
compter des soldats et des sous-officiers professionnels issus de l’armée d’avant-guerre, afin de renforcer leur professionnalisme. Une fois la formation initiale achevée, elles ne
doivent être engagées dans la bataille que dans des secteurs secondaires. Aucune formation ne doit être autorisée à descendre en dessous de 70% de ses effectifs. Le retrait précoce
des formations permet à l’expérience de proliférer parmi les nouveaux remplaçants, car les vétérans transmettent leurs compétences. Dans le cas contraire, une expérience précieuse est
perdue, ce qui oblige à recommencer le processus. Une autre implication est que les ressources devraient donner la priorité aux remplacements plutôt qu’aux nouvelles formations,
préservant ainsi l’avantage au combat à la fois dans l’armée d’avant-guerre (élevé) et dans les formations nouvellement levées (faible). Il est conseillé de dissoudre plusieurs
formations d’avant-guerre (haut de gamme) pour répartir les soldats professionnels entre les formations bas de gamme nouvellement créées, afin d’améliorer la qualité initiale.
La dimension
militaire
Les opérations militaires dans un conflit d’attrition sont très différentes de celles d’une guerre de manœuvre. Au lieu d’une bataille décisive obtenue
par une manœuvre rapide, la guerre d’attrition se concentre sur la destruction des forces ennemies et de leur capacité à régénérer la puissance de combat, tout en préservant la
sienne. Dans ce contexte, une stratégie réussie accepte que la guerre dure au moins deux ans et soit divisée en deux phases distinctes. La première phase va de l’ouverture des
hostilités au moment où une puissance de combat suffisante a été mobilisée pour permettre une action décisive. Les changements de position sur le terrain seront limités, l’accent
étant mis sur un échange favorable des pertes et sur la constitution d’une puissance de combat à l’arrière. La forme de combat dominante est l’incendie plutôt que la manœuvre,
complétée par des fortifications et un camouflage importants. L’armée du temps de paix commence la guerre et mène des actions d’attente, ce qui laisse le temps de mobiliser les
ressources et d’entraîner la nouvelle armée.
La deuxième phase peut commencer lorsque l’une des parties a rempli les conditions suivantes.
Les forces nouvellement mobilisées ont achevé leur entraînement et acquis suffisamment d’expérience pour devenir des formations efficaces au combat,
capables d’intégrer rapidement tous leurs moyens de manière cohérente.
La réserve stratégique de l’ennemi est épuisée, ce qui l’empêche de renforcer le secteur menacé.
La supériorité en matière de feux et de reconnaissance est atteinte, ce qui permet à l’attaquant de concentrer efficacement ses feux sur un secteur
clé tout en empêchant l’ennemi d’en faire autant.
Le secteur industriel de l’ennemi est dégradé au point de ne plus pouvoir remplacer les pertes subies sur le champ de bataille. Dans le cas d’une
coalition de pays, les ressources industrielles de ces derniers doivent également être épuisées ou au moins prises en compte.
Ce n’est qu’après avoir satisfait à ces critères que les opérations offensives doivent commencer. Elles doivent être lancées sur un large front, en
cherchant à submerger l’ennemi en de multiples points par des attaques superficielles. L’objectif est de rester à l’intérieur d’une bulle stratifiée de systèmes de protection amis,
tout en étirant les réserves ennemies épuisées jusqu’à ce que le front s’effondre. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’offensive doit s’étendre vers des objectifs situés plus
profondément dans l’arrière de l’ennemi. La concentration des forces sur un effort principal doit être évitée, car elle donne une indication sur la localisation de l’offensive et
permet à l’ennemi de concentrer ses réserves contre ce point clé. L’offensive
Brusilov de 1916, qui a entraîné l’effondrement de l’armée austro-hongroise, est un bon exemple d’offensive d’attrition réussie aux niveaux tactique et opérationnel. En attaquant
sur un large front, l’armée russe a empêché les Austro-Hongrois de concentrer leurs réserves, ce qui a entraîné un effondrement tout au long du front. Au niveau stratégique, en
revanche, l’offensive Broussilov est un exemple d’échec. Les forces russes n’ont pas réussi à imposer leurs conditions à l’ensemble de la coalition ennemie, se concentrant uniquement
sur l’Empire austro-hongrois et négligeant les capacités allemandes. Les Russes ont dépensé des ressources cruciales qu’ils ne pouvaient pas remplacer, sans vaincre le membre le plus
puissant de la coalition. Pour insister à nouveau sur ce point essentiel, une offensive ne peut réussir que si des critères clés sont remplis. Tenter de lancer une offensive plus tôt
se traduira par des pertes sans aucun gain stratégique, jouant ainsi directement en faveur de l’ennemi.
La guerre moderne
Le champ de bataille moderne est un système intégré de systèmes qui comprend divers types de guerre électronique (GE), trois types fondamentaux de
défenses aériennes, quatre types différents d’artillerie, d’innombrables types d’aéronefs, des drones d’attaque et de reconnaissance, des ingénieurs de construction et des sapeurs,
des formations traditionnelles d’infanterie et de blindés et, surtout, de la logistique. L’artillerie est devenue plus dangereuse grâce à des portées accrues et à un ciblage avancé,
ce qui étend la profondeur du champ de bataille.
En pratique, cela signifie qu’il est plus facile de masser des feux que des forces. La manœuvre en profondeur, qui nécessite la massification de la
puissance de combat, n’est plus possible car toute force massée sera détruite par des feux indirects avant de pouvoir obtenir un succès en profondeur. Au lieu de cela, une offensive
terrestre nécessite une bulle de protection étroite pour parer aux systèmes de frappe ennemis. Cette bulle est générée par la superposition de contre-feux amis, de défense aérienne et
de moyens de guerre électronique. Le déplacement de nombreux systèmes interdépendants est extrêmement compliqué et a peu de chances de réussir. Les attaques peu profondes le long de
la ligne avancée des troupes ont le plus de chances de réussir à un coût acceptable ; les tentatives de pénétration en profondeur seront exposées à des tirs groupés dès qu’elles
sortiront de la protection de la bulle défensive.
L’intégration de ces ressources qui se chevauchent nécessite une planification centralisée et des officiers d’état-major exceptionnellement bien formés,
capables d’intégrer de multiples capacités à la volée. Il faut des années pour former de tels officiers, et même l’expérience du combat ne permet pas d’acquérir de telles compétences
en peu de temps. Les listes de contrôle et les procédures obligatoires peuvent pallier ces lacunes, mais uniquement sur un front statique moins compliqué. Les opérations offensives
dynamiques exigent des temps de réaction rapides, dont les officiers semi-entraînés sont incapables.
Un exemple de cette complexité est l’attaque d’un peloton de 30 soldats. Cela nécessiterait des systèmes de guerre électronique pour brouiller les
drones ennemis, un autre système de guerre électronique pour brouiller les communications ennemies et empêcher l’ajustement des tirs ennemis, et un troisième système de guerre
électronique pour brouiller les systèmes de navigation spatiale et empêcher l’utilisation de munitions guidées avec précision. En outre, les feux nécessitent des radars de
contre-batterie pour vaincre l’artillerie ennemie. La planification est d’autant plus compliquée que les systèmes de guerre électronique de l’ennemi localiseront et détruiront tout
radar ou émetteur de guerre électronique ami qui émet trop longtemps. Les ingénieurs devront dégager des chemins à travers les champs de mines, tandis que les drones amis fourniront
un ISR sensible au temps et un appui-feu si nécessaire. (Cette tâche nécessite un entraînement poussé des unités de soutien afin d’éviter de larguer des munitions sur les troupes
d’attaque amies). Enfin, l’artillerie doit fournir un soutien à la fois sur l’objectif et sur l’arrière de l’ennemi, en ciblant les réserves et en supprimant l’artillerie. Tous ces
systèmes doivent fonctionner comme une équipe intégrée, ne serait-ce que pour soutenir 30 hommes dans plusieurs véhicules qui attaquent un autre groupe de 30 hommes ou moins. Un
manque de coordination entre ces moyens se traduira par des attaques ratées et des pertes effroyables sans jamais voir l’ennemi. L’augmentation de la taille des formations menant des
opérations s’accompagne d’une augmentation du nombre et de la complexité des moyens à intégrer.
Implications pour les opérations
de combat
Les tirs en profondeur – à plus de 100-150 km (la portée moyenne des roquettes tactiques) derrière la ligne de front – visent la capacité de l’ennemi à
générer une puissance de combat. Il s’agit notamment des installations de production, des dépôts de munitions, des dépôts de réparation et des infrastructures d’énergie et de
transport. Les cibles qui nécessitent des capacités de production importantes et qui sont difficiles à remplacer/réparer revêtent une importance particulière, car leur destruction
infligera des dommages à long terme. Comme pour tous les aspects de la guerre d’usure, il faudra beaucoup de temps pour que de telles frappes aient un effet, les délais pouvant aller
jusqu’à plusieurs années. Les faibles volumes de production mondiale de munitions guidées de précision à longue portée, les actions de déception et de dissimulation efficaces, les
stocks importants de missiles antiaériens et les capacités de réparation des États forts et déterminés sont autant d’éléments qui contribuent à prolonger les conflits. Pour être
efficace, la superposition des défenses aériennes doit comprendre des systèmes haut de gamme à toutes les altitudes, associés à des systèmes moins coûteux pour contrer les
plates-formes d’attaque massives et bas de gamme de l’ennemi. Combinée à une fabrication à grande échelle et à une guerre électronique efficace, c’est la seule façon de vaincre les
tirs en profondeur de l’ennemi.
La victoire dans une guerre d’usure est assurée par une planification minutieuse, le développement d’une base industrielle et d’une infrastructure de
mobilisation en temps de paix, et une gestion encore plus attentive des ressources en temps de guerre.
Une guerre d’usure réussie se concentre sur la préservation de sa propre puissance de combat. Cela se traduit généralement par un front relativement
statique, interrompu par des attaques locales limitées visant à améliorer les positions, et par l’utilisation de l’artillerie pour la plupart des combats. La fortification et la
dissimulation de toutes les forces, y compris la logistique, sont essentielles pour minimiser les pertes. Le temps nécessaire à la construction des fortifications empêche tout
mouvement de terrain significatif. Une force d’attaque qui ne peut pas se retrancher rapidement subira des pertes importantes dues aux tirs de l’artillerie ennemie.
Les opérations défensives permettent de gagner du temps pour développer des formations de combat de bas niveau, ce qui permet aux troupes nouvellement
mobilisées d’acquérir une expérience du combat sans subir de lourdes pertes lors d’attaques à grande échelle. La constitution de formations de combat expérimentées de niveau inférieur
génère la capacité de mener de futures opérations offensives.
Les premiers stades de la guerre d’usure vont de l’ouverture des hostilités au moment où les ressources mobilisées sont disponibles en grand nombre et
sont prêtes pour les opérations de combat. En cas d’attaque surprise, une offensive rapide d’un camp peut être possible jusqu’à ce que le défenseur puisse former un front solide.
Ensuite, le combat se consolide. Cette période dure au moins un an et demi à deux ans. Pendant cette période, les grandes opérations offensives doivent être évitées. Même si les
grandes attaques sont couronnées de succès, elles entraîneront des pertes considérables, souvent pour des gains territoriaux insignifiants. Une armée ne doit jamais accepter une
bataille dans des conditions défavorables. Dans une guerre d’attrition, tout terrain ne comportant pas de centre industriel vital n’est pas pertinent. Il est toujours préférable de
battre en retraite et de préserver ses forces, quelles que soient les conséquences politiques. Combattre sur un terrain désavantageux brûle les unités, perdant des soldats
expérimentés qui sont la clé de la victoire. L’obsession allemande pour Stalingrad en 1942 est un excellent exemple de combat sur un terrain défavorable pour des raisons politiques.
L’Allemagne a brûlé des unités vitales qu’elle ne pouvait pas se permettre de perdre, simplement pour s’emparer d’une ville portant le nom de Staline. Il est également judicieux de
pousser l’ennemi à combattre sur un terrain défavorable par le biais d’opérations d’information, en exploitant des objectifs ennemis politiquement sensibles. L’objectif est de forcer
l’ennemi à dépenser des réserves matérielles et stratégiques vitales pour des opérations sans intérêt stratégique. L’un des principaux écueils à éviter est de se laisser entraîner
dans le même piège que celui qui a été tendu à l’ennemi. C’est ce qu’ont fait les Allemands lors de la Première Guerre mondiale à Verdun,
où ils prévoyaient d’utiliser l’effet de surprise pour s’emparer d’un terrain clé et politiquement sensible, provoquant ainsi de coûteuses contre-attaques françaises. Malheureusement
pour les Allemands, ils sont tombés dans leur propre piège. Ils n’ont pas réussi à s’emparer d’un terrain clé et défendable dès le début, et la bataille s’est transformée en une série
d’assauts coûteux de l’infanterie des deux côtés, avec des tirs d’artillerie dévastant l’infanterie attaquante.
Lorsque la deuxième phase commence, l’offensive doit être lancée sur un large front, en cherchant à submerger l’ennemi en de multiples points au moyen
d’attaques superficielles. L’objectif est de rester à l’intérieur de la bulle stratifiée des systèmes de protection amis, tout en étirant les réserves ennemies épuisées jusqu’à ce que
le front s’effondre. Il y a un effet de cascade dans lequel une crise dans un secteur oblige les défenseurs à déplacer les réserves d’un deuxième secteur, ce qui génère une crise dans
ce secteur à son tour. Lorsque les forces commencent à reculer et à quitter les fortifications préparées, le moral des troupes s’effondre et la question suivante se pose : «Si nous ne
pouvons pas tenir la méga-forteresse, comment pourrons-nous tenir ces nouvelles tranchées ?» La retraite se transforme alors en déroute. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’offensive
doit s’étendre vers des objectifs situés plus loin dans les arrières de l’ennemi. L’offensive
des Alliés en 1918 en est un exemple. Les Alliés ont attaqué sur un large front, alors que les Allemands ne disposaient pas des ressources suffisantes pour défendre
l’ensemble de la ligne. Une fois que l’armée allemande a commencé à battre en retraite, il s’est avéré impossible de l’arrêter.
La stratégie d’attrition, centrée sur la défense, est contre-intuitive pour la plupart des officiers militaires occidentaux. La pensée militaire
occidentale considère l’offensive comme le seul moyen d’atteindre l’objectif stratégique décisif consistant à forcer l’ennemi à s’asseoir à la table des négociations dans des
conditions défavorables. La patience stratégique nécessaire pour mettre en place les conditions d’une offensive va à l’encontre de leur expérience de combat acquise lors d’opérations
anti-insurrectionnelles à l’étranger.
Conclusion
La conduite des guerres d’usure est très différente de celle des guerres de manœuvre. Elles durent plus longtemps et finissent par mettre à l’épreuve la
capacité industrielle d’un pays. La victoire est assurée par une planification minutieuse, le développement d’une base industrielle et d’une infrastructure de mobilisation en temps de
paix, et une gestion encore plus minutieuse des ressources en temps de guerre.
La victoire est possible si l’on analyse soigneusement ses propres objectifs politiques et ceux de l’ennemi. La clé consiste à reconnaître les forces et
les faiblesses des modèles économiques concurrents et à identifier les stratégies économiques les plus susceptibles de générer un maximum de ressources. Ces ressources peuvent alors
être utilisées pour construire une armée massive en utilisant le mélange de forces et d’armes élevé/faible. La conduite militaire de la guerre est déterminée par les objectifs
stratégiques politiques globaux, les réalités militaires et les limites économiques. Les opérations de combat sont peu profondes et se concentrent sur la destruction des ressources de
l’ennemi, et non sur la conquête du terrain. La propagande est utilisée pour soutenir les opérations militaires, et non l’inverse. Avec de la patience et une planification minutieuse,
une guerre peut être gagnée.
Malheureusement, de nombreux Occidentaux ont une attitude très cavalière, pensant que les conflits futurs seront courts et décisifs. Ce n’est pas vrai
pour les raisons exposées ci-dessus. Même les puissances mondiales moyennes disposent à la fois de la géographie, de la population et des ressources industrielles nécessaires pour
mener une guerre d’usure. L’idée qu’une grande puissance reculerait en cas de défaite militaire initiale est, au mieux, un vœu pieux. Tout conflit entre grandes puissances serait
considéré par les élites adverses comme existentiel et poursuivi avec toutes les ressources dont dispose l’État. La guerre qui en résultera deviendra une guerre d’usure et favorisera
l’État dont l’économie, la doctrine et la structure militaire sont mieux adaptées à cette forme de conflit.
Si l’Occident envisage sérieusement un éventuel conflit entre grandes puissances, il doit examiner attentivement sa capacité industrielle, sa doctrine
de mobilisation et ses moyens de mener une guerre de longue durée, plutôt que de mener des wargames couvrant un seul mois de conflit et d’espérer que la guerre s’arrêtera ensuite.
Comme la guerre d’Irak nous l’a appris, l’espoir n’est pas une méthode.