La Russie a déployé des milliers de soldats nord-coréens pour défendre sa région de Koursk, attaquée en août par les nationalistes intégraux ukrainiens.
Washington considère ce fait comme un développement de la guerre qu’il conduit depuis 1950, malgré un cessez-le-feu, contre les communistes coréens et chinois,
plus encore que comme un développement de celle qu’il conduit par Ukrainiens interposés contre la Russie depuis 2022. Il a donc répondu, le 19
novembre, en guidant contre la Russie six missiles ATACMS (Army TACtical Missile System) qu’il avait donné à Kiev [1]. Ils étaient dirigés non seulement contre
l’oblast de Koursk, mais aussi contre celui de Briansk où ils ne sont pas parvenus à toucher un dépôt de munitions. Londres a, de son côté, décidé le 21 novembre de guider identiquement les missiles Storm Shadow qu’il a donné à Kiev. La totalité des missiles alliés a été détruite en vol
par la défense anti-aérienne russe.
Au contraire, Moscou considère l’attaque de Koursk comme la continuation de la guerre secrète de la CIA en Ukraine et comme celle organisée dans les années 50
contre l’URSS, toutes deux avec l’appui des nationalistes intégraux ukrainiens de Stepan Bandera.
Les Occidentaux ne comprennent pas ces évènements car ils ont - oublié le soutien de Beijing à Pyongyang, - pensent —à tort— que Koursk et Briansk sont en Ukraine - et ignorent la guerre secrète durant laquelle les Anglo-Saxons s’allièrent aux derniers nazis (ce qui a comme conséquence qu’ils n’ont pas compris non
plus l’objectif de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine).
Les missiles ATACMS peuvent être tirés depuis des lanceurs mobiles HIMARS. Les derniers modèles ont une portée de 300 kilomètres et volent à une altitude de 50 000 mètres. Les dernières versions des missiles Storm Shadow, quant à eux, ont une
portée d’environ 400 kilomètres. Aucun ne peut donc atteindre la Russie en profondeur.
La Russie dispose d’une large gamme de réponses aux attaques alliées
Elle peut, en représailles, soutenir des adversaires des Anglo-Saxons sur un autre théâtre de combat. C’est ce qu’elle avait fait, lors du bombardement d’un de ses gazoducs par Kiev,
auquel elle avait répondu en guidant un missile yéménite, le 15 septembre, qui détruisit un oléoduc israélien [2] ; un évènement capital qui a été couvert
par la censure militaire israélienne et ignoré par la presse occidentale.
Elle a modifié, le 19 novembre, sa doctrine nucléaire, laissant ouverte l’option d’une réplique nucléaire.
Enfin, elle peut faire usage de sa dominance militaire. L’Ukraine a annoncé que, le 20 novembre, Moscou avait tiré un missile balistique à longue portée (c’est-à-dire pouvant atteindre
les États-Unis depuis la Russie), RS-26 Rubezh. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait d’autre chose.
Sans que nous en ayons conscience, les champs de bataille d’Ukraine et du Moyen-Orient se sont déjà réunis, tandis que les néo-conservateurs états-uniens (les
straussiens), les « sionistes révisionnistes » israéliens [3] et les « nationalistes
intégraux » ukrainiens [4] se sont à nouveau alliés, comme lors de
la Seconde Guerre mondiale. Ces trois groupes, historiquement liés à l’Axe tripatite, sont partisans d’une confrontation finale. Il ne maque à l’appel que les militaristes japonais du nouveau
Premier ministre, Shigeru Ishiba.
Immédiatement après le tir de missiles états-uniens ATACMS et avant même celui des Storm Shadow britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a signé un
décret promulguant la nouvelle doctrine nucléaire de son pays qu’il avait annoncé le 24 septembre dernier [5]. Elle autorise l’usage des armes atomiques
dans cinq nouveaux cas :
1) si des informations fiables sont reçues sur le lancement de missiles balistiques ciblant le territoire de la Russie ou ses alliés.
2) si des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive frappent le territoire de la Russie ou de ses alliés, ou sont utilisées pour frapper des unités ou des installations militaires russes à l’étranger.
3) si l’impact d’un ennemi sur le gouvernement ou sur les installations militaires russes sont d’une importance critique susceptible de saper la capacité de
frappe nucléaire en représailles.
4) si l’agression contre la Russie ou la Biélorussie avec des armes classiques fait peser une
grave menace sur leur souveraineté et leur intégrité territoriale.
5) si des informations fiables sont reçues sur le décollage ou le lancement d’avions stratégiques et tactiques, de missiles de croisière, de drones, de véhicules hypersoniques ou d’autres
véhicules volants et de leur franchissement de la frontière russe.
Le 21 novembre, c’est-à-dire après les tirs britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a
délivré une allocution télévisée [6] au cours de laquelle, il a révélé que les
armées russes avaient détruit un centre militaro-industriel ukrainien, mais n’avaient pas utilisé de missile balistique classique RS-26 Rubezh comme l’avaient annoncé les Ukrainiens. Elles
avaient par contre testé une nouvelle génération d’armes hypersoniques, en l’occurrence un missile balistique Oreshnik à portée nucléaire mais chargé conventionnellement. Celui-ci a été lancé
depuis Astrakhan (mer Caspienne) sur une usine de satellites à Dnipro. Sa vitesse, supérieure à mach 10, ne permet actuellement à aucune armée au monde de l’intercepter. Il cumule les
capacités des anciens missiles Iskander et des nouveaux missiles Kinjal avec encore plus de vitesse et de maniabilité.
Le président Poutine a rappelé que la Russie, sans en avoir l’obligation, continue à respecter le traité FNI dont les États-Unis se sont retirés en
2019 [7]. Le Pentagone très en retard d’un point de vue
technique, a redéployé déployé des missiles à portée intermédiaire en Europe et en Asie-Pacifique, comme à l’époque de la crise des euromissiles, tandis que la Russie en produit, mais ne les
déploie pas. Vladimir Poutine a alors mis en garde les Occidentaux en suggérant aux civils de quitter les zones dangereuses que la Russie pourrait frapper avec des missiles Oreshnik chargés
nucléairement.
Il se peut que ce discours ne soit pas suivi d’attaques et que son seul objectif soit de montrer la supériorité militaire russe sur l’Occident, déjà reconnue en
juillet par la Commission nationale états-unienne sur la Stratégie de Défense, établie par le Congrès lors de l’adoption de la loi de programmation militaire de 2022 [8]. Son seul effet sera alors de booster les
ventes d’armes russes.
Quoi qu’il en soit, jamais le monde n’a été aussi proche d’une guerre nucléaire car jamais il n’y a eu plusieurs puissances nucléaires, dont une en net avance
technique sur toutes les autres.
Le 22 novembre, le président Poutine a réuni les développeurs des systèmes de missiles et les
responsables industriels de l’armement [9]. Il les a félicité pour le succès
d’Oreshnik et leur a demandé de le produire en série.
Les États-Unis attaquent la Russie et
se rendent complices des crimes de guerre israéliens.
Malheureusement, il n’existe pas encore de machine permettant de remonter le temps et de réparer les terribles erreurs commises en raison d’un manque
d’appréciation des conséquences possibles de certaines actions. Si l’archiduc Franz Ferdinand d’Autriche-Hongrie s’était trouvé ailleurs qu’à Sarajevo en juin 1914, le Serbe Gavrilo
Princip n’aurait peut-être jamais pu l’assassiner et le système européen d’alliances militaires n’aurait peut-être jamais été déclenché pour déclencher la Première Guerre mondiale.
Malheureusement, il faut admettre que bon nombre de ces guerres sans raison d’être
ont été déclenchées ou étendues par les États-Unis, qui ont vu le jour en tant que république constitutionnelle en partie pour contrer la tendance des monarques européens à faire la
guerre pour n’importe quelle raison ou sans raison. En gardant cela à l’esprit, il faut considérer la prise de décision vraiment horrible initiée par le régime de gouvernement actuel du
président du parti démocrate Joe Biden, maintenant que l’élection du 5 novembre est terminée et que le candidat du parti républicain Donald Trump a gagné de manière convaincante. Vient
maintenant la réaction de Biden et de ses cohortes, où la farce devient tragédie, car Biden cherche à faire tout ce qu’il peut pour limiter les options de politique étrangère et de
sécurité nationale que Trump sera en mesure d’exercer lorsqu’il prendra ses fonctions le 20 janvier. C’est la politique dans ce qu’elle a de plus sordide, en plus d’être une formule de
désastre dont les conséquences pourraient facilement conduire à une troisième guerre mondiale nucléaire qui éclaterait à la fois en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.
Examinons un instant ce que Biden a fait, ainsi que les facteurs exacerbants liés aux actions de Trump qui pourraient produire une escalade abrupte des
hostilités à la fois en Ukraine et en Palestine/Israël. Biden a renforcé ses présumés «pouvoirs de guerre» et ce, en dépit du fait qu’il n’a aucune autorité constitutionnelle pour
déclencher ou soutenir des guerres du tout, sauf en cas d’attaque imminente. L’autorisation de faire la guerre est une responsabilité reléguée au Congrès par la Constitution, bien que les
nombreuses guerres menées par les États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale l’aient toutes été sans déclaration de guerre. Biden a servi d’instigateur depuis le début, agissant comme
un facilitateur et une escalade des deux conflits actuellement en cours, en fournissant à Israël et à l’Ukraine des armes et de l’argent. La plupart des autorités de droit international
considèrent le rôle actif des États-Unis comme celui d’un belligérant dans ces guerres, ce qui a notamment impliqué le stationnement de militaires américains à la fois en Israël et en
Ukraine, un fait qui est régulièrement nié dans le cas de l’Ukraine. Des troupes américaines sont ouvertement présentes en Israël, peut-être pour servir de fil conducteur en cas d’attaque
de l’Iran et créer un prétexte à une guerre américaine contre les Mollahs.
Les actions de Biden concernant l’Ukraine et la Russie peuvent à juste titre être considérées comme bizarres. Bien que presque toutes les autorités
militaires considèrent qu’il y a une forte probabilité que l’Ukraine doive se rendre, peut-être avant que Biden ne quitte ses fonctions, la Maison-Blanche a, le 17 novembre, abandonné
ses objections à l’utilisation par l’Ukraine de missiles ATACMS ultramodernes fournis par les États-Unis et, dans une certaine mesure, pilotés et contrôlés par eux, qui sont
capables de frapper la Russie sur une distance de deux cents milles. La Russie a déclaré que cette action avait modifié «qualitativement» la nature du conflit, ce qui en faisait
incontestablement un acte de guerre, franchissant une ligne rouge qui déclencherait l’utilisation par le Kremlin de toutes les ressources à sa disposition pour contrer la menace.
L’expression «toutes les ressources» englobe notamment les attaques nucléaires et les attaques de missiles contre les États-Unis eux-mêmes et les États membres de l’OTAN. Le président
ukrainien Volodymyr Zelensky a rapidement tiré parti de cette arme nouvellement disponible en lançant une attaque contre la région de Briansk en Russie le 19 novembre, au cours de
laquelle six missiles ont été lancés, dont cinq ont été interceptés. La Russie a riposté le 21 novembre en détruisant une base militaire ukrainienne près de Dnipro, apparemment à l’aide
d’un missile balistique hypersonique avancé de moyenne portée RS-26 Ruzhek, décrit par Kiev comme un «ICBM», qui transportait une ogive conventionnelle, bien qu’il puisse également être
équipé d’un dispositif nucléaire.
Seul un membre courageux du Congrès, Tom Massie (Kentucky), s’est
opposé à l’ action de Biden, en publiant sur X : «En
autorisant des missiles à longue portée à frapper à l’intérieur de la Russie, Biden commet un acte de guerre inconstitutionnel qui met en danger la vie de tous les citoyens
américains.C’est un délit
passible de destitution, mais la réalité est qu’il est une marionnette émasculée d’un État profond». En effet, Joe Biden s’est-il sérieusement demandé si sa démarche, qui ne
modifiera pas l’issue de la guerre en Ukraine, soutenait les intérêts du peuple américain ? Je pense qu’il a été démontré que le penseur entravé et embrouillé actuellement à la
Maison-Blanche serait incapable d’une telle considération. Biden a poursuivi sa folie en autorisant les Ukrainiens à déployer des mines terrestres fournies par les États-Unis, une arme
dont l’utilisation a été condamnée comme un crime de guerre par plus de 140 pays dans le monde, et il a également donné le feu vert à la fourniture par les Britanniques de leur propre
version du missile Storm Shadow amélioré aux forces ukrainiennes. Biden a également autorisé le département du Trésor à soutenir l’Ukraine avec les 7 milliards de dollars qui
dorment encore
dans les coffres du gouvernement américain au titre de l’aide à l’Ukraine après avoir été budgétisés. Biden semble vouloir s’assurer que tout cela aura disparu d’ici à ce que
Trump soit au pouvoir. En d’autres termes, il s’assure que la guerre se poursuivra après son départ, mais le résultat final tragique pourrait être qu’un conflit maîtrisable est maintenant
devenu quelque chose de tout à fait différent, en particulier si d’autres pays de l’OTAN suivent l’exemple britannique et se lancent dans la bataille. La guerre élargie pourrait devenir
mondiale et nucléaire.
Et puis il y a Israël. Il s’agissait, bien sûr, d’une
décision de Biden à la mi-octobre d’envoyer des missiles antiaériens américains Terminal High-Altitude Area Défense (THAAD) plus leurs équipages militaires américains en Israël.
Et il y avait aussi un avertissement de Biden fait le 13 octobre, donnant à Israël 30 jours pour prendre des mesures pour remédier aux politiques de famine à Gaza ou les États-Unis
envisageraient de réduire les livraisons d’armes. Eh bien, les 30 jours sont passés et, au contraire, Israël a resserré son emprise sur la nourriture et les médicaments destinés à Gaza.
Pourtant, comme on pouvait s’y attendre, Biden et la bande de criminels qu’il dirige n’ont
rien fait d’autre que de mentir sur ce qu’Israël est en train de faire. En fait, ils ont encore protégé Israël en
opposant leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU du 20 novembre concernant Gaza, qui exigeait «un cessez-le-feu
immédiat, inconditionnel et permanent devant être respecté par toutes les parties, et répétait en outre» une «demande de libération
immédiate et inconditionnelle de tous les otages». Les négociateurs américains avaient précédemment indiqué qu’Israël avait soutenu la résolution, ce qui n’était pas le cas, d’où la
volte-face du vote américain en faveur de Netanyahou. Le vote a été de 14 voix pour et seuls les États-Unis se sont opposés, démontrant une fois de plus que les États-Unis se sont tirés
une balle dans le pied vis-à-vis de leur position dans le monde en raison de leur soutien à ce qui est un génocide ouvertement déclaré et perpétré. Le veto de Biden intervient en dépit du
fait que lui et ses complices ne cessent de se plaindre qu’ils veulent que les combats cessent par le biais d’un cessez-le-feu. Cela démontre à la fois la malhonnêteté fondamentale de
Biden et le fait que lorsque Benjamin Netanyahou dit «non», on peut s’attendre à ce que Biden se lève d’un bond et salue le cas de force
majeure.
L’autre aspect malheureux de la relation unilatérale entre Israël et les États-Unis est que la flatterie à l’égard de l’État juif est susceptible de se
poursuivre, comme le montre le cabinet
fortement pro-israélien que le président élu Trump est en train de constituer. Trump a accepté un don politique de 100 millions de dollars de la part du magnat des casinos Miriam
Adelson et, en échange, il soutiendra probablement l’annexion par Israël de tout ce qui reste de la Palestine historique en Cisjordanie. Il a également encouragé les Israéliens à
«finir le
travail» avec les Palestiniens. Il s’est engagé à
faire en sorte que le système d’acquisition d’armes ne subisse plus de retards ou de restrictions lorsqu’il s’agit d’Israël. Cela signifie que les Palestiniens restants seront soit tués,
soit chassés de chez eux pour être exilés dans un lieu non désigné, s’ils ont de la chance, et que Trump regardera probablement ailleurs.
Il y a donc beaucoup de mauvaises nouvelles, mais il y a eu une bonne nouvelle le 20 novembre, lorsque la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a émis
des mandats d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahou et de son ministre de la Défense Yoav Gallant, récemment démis de ses fonctions, sur la question clairement démontrée de
l’affamement délibéré des Gazaouis par Israël. Cela signifie que si l’un d’entre eux se rend dans l’un des 124 pays qui reconnaissent la juridiction de la Cour (les États-Unis et Israël
ne le font pas), ces pays ont l’obligation de faire arrêter l’accusé. Plusieurs pays européens ont déjà indiqué qu’ils donneraient suite au mandat. Deux dirigeants du Hamas, dont l’un est
décédé, ont également été inculpés. Netanyahou a déjà dénoncé la décision comme étant basée sur «l’antisémitisme». Comme on pouvait s’y attendre, les républicains ont
également réagi
vivement à cette nouvelle. Mike Waltz, membre du Congrès de Floride et futur conseiller à la sécurité nationale de Trump, a claqué l’émission des mandats le lendemain, affirmant que
le tribunal international n’a «aucune crédibilité…
Ces allégations ont été réfutées par le gouvernement américain. Israël a défendu légalement son peuple et ses frontières contre des terroristes génocidaires. Vous pouvez vous attendre à
une réponse forte au parti pris antisémite de la CPI et de l’ONU en janvier». Le sénateur républicain de l’Arkansas, Tom Cotton, a qualifié la CPI de
«tribunal
kangourou» et le procureur Karim Khan de «…fanatique dérangé.
Malheur à lui et à tous ceux qui tentent d’appliquer ces mandats illégaux. Permettez-moi de leur rappeler amicalement que ce n’est pas pour rien que la loi américaine sur la CPI est
connue sous le nom de loi sur l’invasion de La Haye. Pensez-y».
J’applaudis la Cour pour son courage de poursuivre ces criminels de guerre malgré
les menaces de personnes comme Cotton et le sénateur Lindsay Graham de s’en prendre aux familles des membres de la Cour, ainsi qu’un
avertissement de sanctions contre la Cour elle-même de la part du nouveau président républicain du Sénat, John Thune. Personnellement, je suis déçu parce que je veux rendre
l’histoire encore meilleure. Je souhaite ardemment que la CPI enquête, inculpe, arrête, condamne et emprisonne Joe Biden, Antony Blinken, Lloyd Austin et Jake Sullivan pour leur
bellicisme, leur soutien matériel et leur complicité
dans les crimes contre l’humanité perpétrés par Israël. J’aimerais également que le public et les médias américains comprennent que ce que ces individus ont fait pourrait bien être
considéré comme une trahison puisqu’ils ont prêté serment de respecter la Constitution américaine, un document qu’ils ont délibérément saccagé.
En réponse à la décision des États-Unis d’organiser des attaques de missiles balistiques depuis l’Ukraine vers la Russie, le grand magicien et président de
la Fédération de Russie Vladimir Poutine a sorti un lapin de son chapeau.
Hier, les six têtes indépendantes d’un nouveau missile balistique de portée intermédiaire ont frappé l’usine de missiles Yuzhmash à Dnipro, en
Ukraine.
Jusqu’à présent, le nouveau missile et le profil de sa mission étaient inconnus. Il s’agit d’une réponse claire aux efforts déployés depuis une décennie par
les États-Unis pour asseoir leur suprématie sur la Russie, en particulier en Europe.
Les missiles balistiques à courte portée (SRBM) sont conçus pour cibler les forces ennemies dans un rayon d’environ 1000
kilomètres. Généralement utilisés dans des scénarios tactiques, ils permettent une réponse rapide aux menaces régionales.
Les missiles balistiques à moyenne portée (MRBM) étendent la portée opérationnelle à environ 3500 kilomètres. Ces systèmes
renforcent les capacités de dissuasion d’un pays en permettant de frapper des cibles plus éloignées sans avoir recours à des systèmes intercontinentaux.
Les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) représentent la catégorie de portée la plus longue, avec des capacités
supérieures à 5500 kilomètres. Ces missiles servent de moyen de dissuasion stratégique, capables de transporter des charges utiles d’un continent à l’autre et d’influer de manière
significative sur la dynamique de la sécurité mondiale.
Les États-Unis, la Russie et la Chine ont développé ces trois types d’armes. À la fin des années 1980, à l’initiative du dirigeant soviétique Mikhaïl
Grobaschev, les États-Unis et l’Union soviétique ont signé le traité
sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (traité FNI) :
«Le traité FNI
interdit aux deux pays tous les missiles balistiques, missiles de croisière et lanceurs de missiles nucléaires et conventionnels lancés depuis le sol, d’une portée comprise entre 500 et
1000 kilomètres (courte et moyenne) et entre 1000 et 5500 kilomètres (portée intermédiaire). Le traité ne s’appliquait pas aux missiles lancés par voie aérienne ou maritime. En mai 1991,
les pays avaient éliminé 2692 missiles, ce qui a été suivi de dix ans d’inspections de vérification sur place».
Alors que le déploiement de missiles d’une certaine portée était interdit, le développement des missiles s’est poursuivi. Vers 2008, la Fédération de Russie
a utilisé la conception de base du missile intercontinental RS-24
(Yars) pour développer une version plus flexible avec une charge utile plus légère. Le résultat a été le missile
RS-26, plus facile à manier. Bien qu’il ait pu atteindre la portée nécessaire pour être classé comme missile intercontinental, sa charge utile était trop faible pour être réellement
efficace.
Début 2018, la Fédération de Russie a décidé d’arrêter tout développement du RS-26 et a investi son argent dans le véhicule de vol plané hypersonique
Avanguard, plus prometteur.
Quelques mois après que la Russie a pris la décision de mettre en veilleuse le développement du RS-24, les États-Unis se
sont retirés du traité FNI. Bien que les États-Unis aient affirmé que certains développements de missiles de croisière en Russie constituaient une violation du traité, la véritable
raison de ce retrait était ailleurs :
«La nécessité pour les
États-Unis de contrer le développement de l’armement chinois dans le Pacifique, notamment en mer de Chine méridionale, est une autre raison de leur retrait, car la Chine n’est pas
signataire du traité. Des responsables américains remontant à la présidence de Barack Obama l’ont noté».
Toutefois, le retrait des États-Unis des FNI s’est aligné sur le retrait des États-Unis, en 2002, du traité sur les missiles antibalistiques, qui limitait
les défenses antimissiles. Peu après, les États-Unis ont annoncé la construction d’«installations antimissiles» en Europe de l’Est. Ces installations peuvent être facilement réutilisées
pour tirer des missiles de croisière offensifs vers la Russie.
Cela recréerait la situation dangereuse que l’Europe avait connue avant la mise en place du traité FNI. Une guerre nucléaire en Europe, sans l’implication
des États-Unis continentaux, redeviendrait possible.
La Russie devait enfin réagir à cette menace. Quelques semaines après l’annonce de l’OTAN, Vladimir Poutine a
répondu à ces plans :
«L’administration
américaine et le gouvernement allemand ont fait une déclaration remarquable concernant leurs projets de déploiement de systèmes américains de missiles de précision à longue portée en
Allemagne en 2026.
Les missiles
pourraient atteindre les portées des principales installations étatiques et militaires russes, des centres administratifs et industriels et des infrastructures de défense. Le temps de vol
de ces missiles, qui pourraient à l’avenir être équipés d’ogives nucléaires, vers des cibles situées sur notre territoire serait d’environ dix minutes.
Les États-Unis ont
déjà mené des exercices de déploiement de systèmes de missiles Typhon depuis leur territoire vers le Danemark et les Philippines. Cette situation rappelle les
événements de la guerre froide liés au déploiement de missiles américains Pershing de moyenne portée en Europe.
Si les États-Unis
mettent en œuvre ces plans, nous nous considérerons libérés du moratoire unilatéral précédemment supposé sur le déploiement d’armes de frappe à moyenne et courte portée, notamment en
augmentant les capacités des troupes côtières de notre marine.
Aujourd’hui, le
développement de ces systèmes en Russie est presque achevé.Nous prendrons des mesures miroirs
pour les déployer, en tenant compte des actions des États-Unis, de leurs satellites en Europe et dans d’autres régions du monde».
L’attaque d’hier sur le complexe Yuzhmash à Dnepropetrovsk (vidéo)
a été la première démonstration de la nouvelle capacité russe.
Les nouveaux missiles, baptisés Oreshnik (noisetier), sont une variante du RS-26 avec une portée plus courte et une charge utile de six (au lieu de quatre
précédemment) véhicules de rentrée à cibles multiples indépendantes (MIRV). Chaque véhicule de rentrée peut transporter six sous-munitions. La charge utile peut être inerte, détruisant la
cible par la puissance de cisaillement de son énergie cinétique, hautement explosive ou nucléaire.
Le missile utilise un combustible solide et est mobile sur route. Il peut être tiré à court terme à partir de positions camouflées.
Lancé depuis la Russie, le missile peut atteindre n’importe quelle cible en Europe en moins de 20 minutes. En rentrant dans l’atmosphère, les ogives du
missile atteignent des vitesses hypersoniques de 3 à 4 kilomètres par seconde. Aucun système de défense aérienne au monde ne peut les arrêter.
La démonstration surprenante et réussie d’une capacité aussi énorme est un signal d’alarme pour les stratèges européens.
Bercés par les discours néoconservateurs sur la suprématie de l’Occident et l’incapacité présumée de la Russie, les Européens étaient impatients de lier
leur destin à une guerre par procuration contre la Russie. Ayant été vaincus dans la lutte pour les commodités de la région du Donbass, ils ont poussé à l’extension
de la portée de leurs armes en Russie.
Les résultats sont maintenant là. L’Europe est sans défense face aux nouvelles armes
russes qui peuvent atteindre tous les centres politiques et industriels de l’Europe avec une puissance dévastatrice et avec seulement quelques minutes de préavis.
Heureusement, il est encore temps de changer de cap.
En annonçant ces nouvelles capacités, le président russe a également proposé (vidéo) de limiter leur déploiement :
«Nous développons des
missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en réponse aux projets américains de production et de déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en
Europe et dans la région Asie-Pacifique. Nous pensons que les États-Unis ont
commis une erreur en détruisant unilatéralement le traité FNI en 2019 sous un prétexte tiré par les cheveux. Aujourd’hui, les États-Unis ne se contentent pas de produire de
tels équipements, mais, comme nous pouvons le constater, ils ont élaboré des moyens de déployer leurs systèmes de missiles avancés dans différentes régions du monde, notamment en Europe,
lors d’exercices d’entraînement de leurs troupes. De plus, au cours de ces exercices, ils s’entraînent à les utiliser.
Pour rappel, la
Russie s’est volontairement et unilatéralement engagée à ne pas déployer de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée tant que des armes américaines de ce type
n’apparaîtront pas dans une région du monde.
Je répète que nous
procédons à des essais de combat du système de missiles Oreshnik en réponse aux actions
agressives de l’OTAN à l’encontre de la Russie. Notre décision concernant la poursuite
du déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée dépendra des actions des États-Unis et de leurs satellites».
Si les États-Unis et leurs laquais européens commettent de nouvelles offenses à l’encontre de la Russie, nous
procéderons à des «tests» plus poussés de l’Oreshnik, dans des conditions réelles et en visant éventuellement des cibles au-delà de l’Ukraine :
«Nous déterminerons
les cibles des nouveaux essais de nos systèmes de missiles avancés en fonction des menaces qui pèsent sur la sécurité de la Fédération de Russie. Nous nous considérons autorisés à
utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations, et en cas d’escalade des actions agressives, nous
répondrons de manière décisive et en miroir. Je recommande aux élites dirigeantes
des pays qui échafaudent des plans pour utiliser leurs contingents militaires contre la Russie d’examiner sérieusement cette proposition».
Les enchères israélo-iraniennes masquent la réorganisation des alliances au Moyen-Orient
Source : RzO Voltaire -
par Thierry Meyssan - Le 05/11/2024.
Les déclarations tonitruantes de frappes définitives et douloureuses de l’Iran sur Israël et vice-versa se sont avérées illusoires. Nous n’avons pas assisté au cataclysme annoncé,
mais à un repositionnement des principaux acteurs. Les hommes et les femmes qui, dévoués à l’indépendance de leur pays, ont tout sacrifié à Gaza, au Liban et au Yémen doivent se
réorganiser sans le soutien de leurs anciens parrains.
Intervenant à la télévision, le 18 octobre, Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a déclaré : « L’Axe de la Terreur qui a été construit
par l’Iran s’effondre sous nos yeux. Nasrallah est mort. Son adjoint Mohsen est mort. Haniyeh est mort. Deif est mort. Sinwar est mort. Le règne de la terreur que le régime iranien a
imposé à son propre peuple et aux peuples d’Iraq, de Syrie, du Liban et du Yémen finira également. Tous ceux qui cherchent un avenir de prospérité et de paix au Moyen-Orient devraient
s’unir pour construire un avenir meilleur. Ensemble, nous pouvons repousser les forces de l’obscurité et créer un avenir de lumière et d’espoir pour nous tous. »
Depuis un an, nous assistons à de fières déclarations et à des menaces des autorités israéliennes et iraniennes. Chacune, comme un coq dressé sur ses ergots, nous
assure que nous allons voir ce que nous allons voir, que sa réponse sera définitive et douloureuse. Pourtant les deux attaques iraniennes (opération « promesse honnête » du 13 avril et
1° octobre) et les deux israélienne (19 avril et 26 octobre) n’ont pas tenu leurs engagements. Ni Téhéran, ni Tel-Aviv n’ont cherché à détruire des objectifs stratégiques chez leur
adversaire.
Il y a un mois, j’avais publié un article [1] soulignant les liens profonds et nombreux
d’une partie de la classe dirigeante iranienne et des « sionistes révisionnistes » [2]. J’insistais sur le fait que ces groupes sont très
minoritaires chez eux, bien que les premiers aient accédé plusieurs fois à la présidence de la République islamique et que les seconds sont aujourd’hui au pouvoir à la tête de l’État hébreu. Même
si cela est difficile à admettre, aucune de ces deux nations n’est une démocratie et leurs dirigeants peuvent tenir des discours très éloignés de la réalité sans être renversés par leur peuple
(quoique les Iraniens ont renversé le Shah, il y a 45 ans).
Cependant les deux armées, bien qu’elles se soient vues interdire de blesser significativement leur adversaire, ne se sont pas contentées de mettre en scène des
feux d’artifice. Elles ont mis à profit leurs tirs de missiles, sol-sol pour l’Iran et air-sol pour Israël, pour tester leurs systèmes de défense antiaérienne et pour tenter de détruire leurs
capacités offensives (l’Iran en attaquant la base aérienne des F-35 et Israël en attaquant les usines de fabrication de combustible solide des missiles hypersoniques)
« Les États-Unis
et les sionistes recevront une riposte écrasante pour ce qu’ils font contre l’Iran et la Résistance », a déclaré l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne, le 2
novembre 2024.
À ce jour, il apparaît que les Forces armées iraniennes peuvent frapper Israël où elles veulent sans que celui-ci et ses alliés occidentaux puissent abattre ses
missiles hypersoniques, si elles en disposent encore. Il est beaucoup plus problématique pour l’armée de l’Air israélienne de bombarder l’Iran en profondeur. Ses avions ont d’importantes
difficultés à parvenir aux frontières de la République islamique pour tirer leurs missiles à longue portée. Mais, Israël sait, qu’il peut compter sur le ravitaillement en vol de ses avions par
l’US Air Force et sur la passivité des régimes arabes sionistes, c’est-à-dire des Jordaniens et des Saoudiens.
Au plan politique, on remarquera que la dernière opération israélienne (celle du 26 octobre) a été justifiée comme une réplique à l’attaque de la Résistance
palestinienne le 7 octobre 2023 (opération « Déluge d’Al-Aqsa »). En effet, Tel-Aviv ne pouvait pas prétendre répliquer au bombardement du 13 avril effectué en représailles de celui des
locaux diplomatiques iraniens de Damas, le 1° avril, qui constituait en soi une grave violation du droit international. Il ne pouvait pas non plus invoquer le bombardement iranien du 1° octobre
qui répliquait à l’assassinat d’un leader étranger sur son sol (Ismaël Haniyeh, le 31 juillet) et à celui du général Abbas Nilforoushan au Liban (lors de celui d’Hassan Nasrallah, le 27
septembre). Il devient de plus en plus difficile pour Tel-Aviv de justifier ses actions de manière crédible en droit international : rendre l’Iran responsable de l’attaque
palestinienne du 7 octobre 2023 n’avait pas été évoqué à l’époque et aucune donnée nouvelle ne permet de le créditer. C’est même une aberration au regard de la doctrine de « l’Axe de la
Résistance » du général Qassem Soleimani, selon laquelle chaque unité nationale doit agir en pleine indépendance. C’est juste une reprise de la vision occidentale selon laquelle, au
contraire, ces unités nationales ne sont que des mandataires (proxys) de l’impérialisme iranien.
En Israël, l’attaque du 26 octobre 2024 a été présentée comme la punition, un an après, du « pire pogrom » de l’histoire, celui du 7 octobre 2023.
Observons d’abord que l’assimilation de l’opération de la Résistance palestinienne contre un fait colonial à un pogrom, c’est-à-dire à une action antisémite, est une absurdité ; ainsi que
l’a souligné Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
Puis, relevons qu’Israël a déjà commémoré cette attaque, un an après sa survenue jour pour jour. Cette seconde date fait référence, selon le calendrier liturgique juif, à la fête de Simh’at
Torah, qui tombe cette année trois semaines après celle de 2023. Or, jamais l’État d’Israël n’a invoqué jusqu’ici le calendrier liturgique. Le choix même de la dénomination de « l’État
d’Israël », lors de son autoproclamation par son armée, le 14 mai 1948, vise à ne pas choisir entre « République d’Israël » voulue par les juifs laïques et celui de « Royaume
d’Israël » choisi par les juifs religieux. Nous assistons donc à une évolution vers une théocratie assumée à « Jérusalem » comme à Téhéran (je place ici Jérusalem entre guillemets
car ce n’est pas la capitale internationalement reconnue de l’État hébreu).
L’attitude iranienne est incompréhensible pour ses alliés régionaux. Téhéran n’a pas frappé Israël comme il l’avait annoncé et a refusé de porter secours au
Hezbollah. Il a prévenu à l’avance les Occidentaux de ce qu’il allait faire afin qu’ils puissent intercepter ses missiles et poursuit ses négociations avec les États-Unis. Ce faisant, il a
lui-même mis fin à « l’Axe de la Résistance ». Simultanément, Téhéran a poussé le Hezbollah à choisir en premier le sayyed Hachem Safieddine, pour succéder au sayyed Hassan Nasrallah, puis le cheikh Naïm Qassem
après son assassinat. Or, Safieddine était avant tout « l’homme de Téhéran » et Qassem est « l’homme des mollahs ». Tous deux, aussi respectable soient-ils, n’était pas pour
le premier et n’est pas pour le second, capables de maintenir l’indépendance du Hezbollah. La Résistance libanaise se poursuivra sans nul doute, avec ou sans Téhéran, ce qui voudra dire avec ou
sans le Hezbollah.
Mettant en scène le retournement de son pays, Masoud Pezeshkian, président iranien, ne cesse de proclamer que, « si les musulmans sont unis » (ce qu’ils
ne sont pas), le régime sioniste ne pourra plus commettre de crimes.
Le retournement du Hamas, quant à lui, est déjà perceptible. Si l’on ignore qui a succédé à Yahya Sinwar, le plus probable est que l’organisation sera désormais
dirigée à Gaza par un membre pur et dur de la Confrérie des Frères musulmans, Khalil Hayyé. De la sorte, le Hamas redeviendra ce qu’il était avant 2017 : Un parti politique islamiste luttant
contre le Fatah laïque (c’est-à-dire contre d’autres Palestiniens) et non pas un réseau de résistance contre la colonisation israélienne.
Une fois de plus, nous assistons à un de ces moments historiques de recomposition des alliances, la logique des institutions n’étant pas celle des causes qu’elles
prétendent défendre.
Thierry Meyssan
La plus grande défaite militaire de l’Occident collectif vient peut-être d’avoir eu lieu sous nos yeux
Depuis le début du mois d’octobre, après la frappe iranienne contre les sites israéliens, Israël, les États-Unis et leurs fidèles partenaires se préparaient
à attaquer l’Iran.
Selon le contre-amiral Habibollah Sayyari, commandant adjoint de l’armée iranienne pour la coordination, les quatre compères habituels, Israël, les
États-Unis, le Royaume-Uni et la France (les quatre cavaliers de l’apocalypse ?) ont effectué des vols dans l’espace aérien irakien pendant 25 jours consécutifs, dans le cadre de
préparatifs pour lancer une attaque contre la République islamique d’Iran.
Les dernières frappes contre l’Iran n’étaient pas un simple raid «de représailles» limité comme le clament les autorités israéliennes et les médias aux
ordres. Un engagement mobilisant plus de 100 avions, dont des F35, avec des ravitailleurs et des avions espions, ferait plutôt penser à une offensive aérienne de grande envergure destinée
à détruire le système de défense de l’armée iranienne et à soumettre ensuite le pays à des bombardement intensifs par vagues successives comme savent si bien le faire les armées
anglo-sionistes.
Mais voilà, rien n’a fonctionné comme prévu. La défense anti-aérienne iranienne a fait des merveilles, fonctionnant comme une sorte de dôme de fer (vrai
celui-là). Les bombardements massifs prévus, comme pour l’Irak ou la Serbie, n’auront pas lieu. La durée de l’opération, initialement prévue à 10 heures, va être écourtée et stoppée net
au bout de 3 heures. Les moyens militaires de l’Occident combiné ont été purement et simplement neutralisés par un système de défense anti-aérien efficace. L’armée Anglo-Otano-Sioniste se
révèle n’être qu’une armée de livreurs de bombes. Pour les neutraliser, il suffit de perturber leurs systèmes et moyens de livraison.
Il ne restait plus aux autorités israéliennes qu’à trouver un narratif plausible pour camoufler ce fiasco, encore plus
terrible que celui du 1er octobre, et espérer que l’Iran, qui n’a pas trop souffert, se contente de savourer sa victoire en silence et ne cherche pas à riposter, auquel
cas Israël se trouverait dans un réel embarras.
La planète est entrée dans une phase critique de confrontation qui pourrait être terminale/nucléaire, alors qu’une troisième guerre mondiale
«hybride1»
est en cours, allant des sanctions, en passant par les deux points chauds de l’Ukraine et d’Israël – avec leurs «sept fronts de guerre (dixit le ministre de la défense Yoav Gallant)» – au
«sommet de dédollarisation des BRICS» du 22 octobre, sans oublier les élections présidentielles capitales du 5 novembre aux États-Unis (US).
Dans une rupture «douce», Anatoly Antonov, ambassadeur de Russie aux États-Unis, a été rappelé sans cérémonie le 5 octobre – «Global drama : Russia recalls
its ambassador to the US and Biden cancels trip to Germany2.
Il s’avère que le mégapugnaz Yoav Gallant a reporté son voyage aux États-Unis – en consultation avec son homologue du Pentagone afin de coordonner la
destruction, qui ne s’avèrera pas si simple3,
des installations nucléaires iraniennes (jusqu’à présent) pacifiques – en raison de la perfidie légendaire du Premier ministre Netanyahou, qui se réjouit de la décapitation du Hezbollah,
le champion olympique du chiisme4.
Sans rougir, Netanyahou a menacé de faire du Liban le «nouveau Gaza5»
s’il ne se rendait pas.
Aujourd’hui, les oligopoles médiatiques de l’anglosphère et d’Israël célèbrent le «triomphe» d’Israël sur le Hamas et le Hezbollah alors que l’Iran est
soi-disant acculé, tandis que les médias sociaux occidentaux critiques soulignent la résilience miraculeuse du Hamas et du Hezbollah6,
semblable à celle d’un phénix, et exposent la force légendaire des missiles hypersoniques iraniens qui ont apparemment stoppé net les fanfaronnades cacophoniques d’Israël.
Dans ma méthode dialectique anti-manichéenne, nous analysons également la contrepartie prétendument «vaincue» de la propagande de guerre inégalée de
l’Occident, prétendument contrôlée par le lobby israélien7,
aujourd’hui plus khazarien8 que
jamais.
Israël exerce une censure totale qui dissimule les dégâts que les missiles hypersoniques iraniens ont infligés à plusieurs de ses sites clés, images
satellites à l’appui.
Il vaut la peine d’analyser les récentes opinions tranchées du diplomate britannique Alastair Crooke9 et
de Scott Ritter, ancien inspecteur de l’ONU en Irak10,
où l’époustouflante «invincibilité» de l’armée israélienne n’est pas du tout bien perçue.
Dans ma récente vidéo sur Geopolitical Radar – «Israël peut-il
détruire les installations nucléaires iraniennes ?»11 –
j’expose l’opinion de l’expert James Acton, interviewé par l’excellent Bulletin of the Atomic Scientists, qui élucide – contrairement aux fanfaronnades de cantine de Netanyahu, plus
enclin au cannibalisme qu’au génocide – la grande difficulté d’anéantir le projet nucléaire iranien.
Après que le tout nouveau président iranien Pezeshkian a admis avoir été piégé par les États-Unis et l’UE pour formaliser un cessez-le-feu israélien avec le
Hamas et le Hezbollah – ce qui a coûté la vie à Hassan Nasrala pour avoir péché par naïveté, qui avait déjà accepté un cessez-le-feu avec Israël, selon le ministre libanais des affaires
étrangères, le maronite catholique Abdallah Bou Habib12 –
et qui, contre toute attente, s’est lancé dans une contre-offensive anti-drogue/anti-dissuasion qui, nolens volens, a rétabli la dissuasion mutuelle avec Israël, grâce à sa panoplie de
missiles hypersoniques imparables, de systèmes de défense S-400 et de dispositifs de guerre électronique fournis par la Russie. Je ne sais pas si l’annulation de l’invalide Biden au
sommet de l’OTAN, qui s’est tenu sur la base militaire américaine de Ramstein (Allemagne), ou la rencontre, un jour plus tôt, de l’apprenti géopoliticien novice Pezeshkian avec son
homologue Poutine au Turkménistan, en marge d’un sommet ludique, sorti de sa manche, pour célébrer le poète turkmène Magtymguly Pyragy13,
pèsent plus lourd.
La poésie peut encore sauver la planète de son Armageddon programmé.
Le soutien accordé
par la Russie aux processus multipolaires en Afrique Occidentale a porté un coup très difficile à l’hégémonie française dans la région ; la France y a répondu en lançant une guerre par
procuration au Mali, tout en poursuivant l’offensive stratégique dans le Sud-Caucase et en Europe de l’Est.
Sébastien Lecornu, ministre français de la défense, a
affirmé au
cours d’une interview que la Russie constitue la “principale menace” contre la France en dehors des
groupes terroristes. Il a fait état de ses actions “agressives” au cours de l’année
passée, “non seulement contre nos intérêts en
Afrique, mais également contre nos forces armées.” Lecornu accuse également la Russie de “mener une guerre de l’information” et
de “militariser de nouveaux environnements, y
compris les fonds marins et le cyberespace.” La réalité est que la Russie pose bel et bien une menace contre la France, mais uniquement envers son hégémonie, pas à ses intérêts
légitimes.
La politique suivie par la Russie en Afrique, au sujet de laquelle le lecteur peut s’informer ici,
vise à accélérer sur ce continent les processus multipolaires. Cette action a pris la forme d’un soutien envers les anciennes colonies françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, non
seulement bilatéralement, mais aussi multilatéralement, étant donné la nouvelle Confédération Alliance des
États du Sahel. Les dirigeants militaires patriotes de ces pays envisagent de réduire leur dépendance démesurée envers la France en s’appuyant davantage sur la Russie, afin de récupérer
le plus possible leur souveraineté perdue.
Sur le terrain, on les a donc vus remplacer la France par la Russie comme partenaire de choix contre le terrorisme, et certains observateurs émettent
l’hypothèse que le bénéfice immédiat est un accès de la Russie à leurs ressources. L’objectif à court terme de rétablir la stabilité, et l’objectif à moyen terme de se désengager davantage de
la “sphère d’influence” française peut
ensuite être poursuivi avec davantage de confiance, idéalement en introduisant une nouvelle monnaie régionale pour remplacer le franc CFA que Paris continue d’utiliser pour s’enrichir à leurs
dépens.
Ces deux développements menacent l’hégémonie française : le premier compromet les efforts français de pratiquer le diviser pour mieux régner dans ces pays, et le second a
traditionnellement permis le maintien à flot de l’économie française. Pris comme un ensemble, le soutien russe à ces processus multipolaires porte certes un lourd coup aux intérêts français,
mais une fois de plus, uniquement à ses intérêts hégémoniques, pas aux intérêts légitimes du pays. La France ne peut pas reconnaître publiquement la manière dont la Russie la menace en
Afrique, car la sombre vérité la ferait apparaître comme hideuse.
La France ne pouvait manquer de résister à ce mouvement, et c’est pour cela qu’elle mène une
guerre par procuration contre la Russie au Mali, ainsi qu’en Ukraine aux côtés des États-Unis, en passant par un soutien aux séparatistes touaregs et aux groupes islamistes. D’autres
fronts pourraient être ouverts contre la l’Alliance des États du Sahel, comme par exemple une
tentative de déstabilisation par
les forces franco-étasuniennes en côte d’Ivoire contre le Sud du Mali ou le Burkina Faso. Dans ce dernier pays, la violence djihadiste, qui a déjà atteint des proportions critiques,
pourrait empirer encore davantage avec ce soutien.
La France ne fait pas que se défendre, car elle est également à la manœuvre dans l’offensive stratégique contre la Russie dans le Sud-Caucase, avec ses efforts
visant à accélérer le
pivot pro-occidental de l’Arménie. La diaspora arménienne ultra-nationaliste hébergée en France a joué un rôle central dans ce processus. La France vend également des équipements
militaires à l’Arménie, dans le but d’amplifier les soupçons entretenus par la Russie quant à ses intentions. Les liens étroits entre
la Russie et l’Azerbaïdjan et les très pragmatiques liens entre
la Russie et la Géorgie ont cependant bloqué les plans occidentaux.
Si ces plans devaient fonctionner, ils poseraient une menace directe aux intérêts légitimes de la Russie, en provoquant un conflit majeur sur sa périphérie Sud,
ce qui rendrait objectivement l’ingérence française dans le Sud-Caucase bien plus menaçante que le soutien de la Russie aux processus multipolaires en cours en Afrique Occidentale. Il en va
de même de l’autre offensive stratégique menée par la France contre la Russie en manifestant son intérêt pour
une intervention conventionnelle en Ukraine depuis qu’elle a perdu sa “sphère d’influence” au Sahel.
Le président français Emmanuel Macron, dont on a analysé ici la
frénésie d’erreurs en matière de politique étrangère, a depuis baissé d’un ton sa rhétorique, mais continue de refuser d’exclure un tel scénario. La raison pour laquelle il est dangereux de
se frotter à ce scénario est que cela pourrait déclencher des hostilités conventionnelles entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, propices à escalader
en troisième guerre mondiale en cas d’erreur de calcul. La France connait l’énormité de ces enjeux, mais n’en continue pas moins d’envisager avec témérité ce moyen d’action comme
revanche contre la Russie.
Le soutien prodigué par la Russie aux processus multipolaires à l’œuvre en Afrique Occidentale a porté un coup rude à l’hégémonie française dans la région, et
la France y a répondu en lançant une guerre par procuration contre la Russie au Mali, tout en lançant une offensive stratégique dans le Sud Caucase et en Europe de l’Est. Il s’ensuit que ce
n’est pas la Russie qui constitue la “plus
importante menace” contre la France, mais la France qui constitue une “grave menace” contre la Russie et contre le monde dans
son ensemble, au vu des ravages qu’elle provoque par simple dépit dans trois régions séparées.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien,
établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre
hybride.
Note du Saker Francophone
Ce type est FOU ! Et
c’est bien lui la principale menace envers son propre pays.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone.
Toutes
les guerres se terminent par la paix. Cette affirmation est juste, mais incomplète. En effet, dans toute guerre, chaque camp cherche à imposer sa propre version de l’après-guerre, plutôt
qu’une paix abstraite.
Imposer sa version de la paix à l’adversaire n’est possible qu’en le battant complètement et en le contraignant à une capitulation totale et
inconditionnelle, ce qui n’est pas toujours garanti. Souvent, après la fin des combats, des États qui étaient des observateurs neutres durant la guerre entrent en scène. Cherchant à
empêcher un renforcement excessif du pays victorieux ou à obtenir leur part du butin, ils forcent souvent le vainqueur à modérer ses exigences. Parfois sous la menace d’une nouvelle
guerre, mais plus souvent par une simple pression politique. Peu de pays sont prêts à risquer une nouvelle confrontation avec un adversaire puissant, juste après un conflit armé à peine
terminé.
C’est pourquoi la plupart des traités de paix sont des compromis qui ne satisfont pleinement aucune des parties au conflit, laissant ainsi la porte ouverte
à un futur affrontement.
Après la Première Guerre mondiale, la communauté internationale a officiellement condamné la guerre comme un moyen de résoudre les problèmes internationaux,
mais officieusement pour l’Occident la guerre reste aujourd’hui un état naturel. Le temps et les technologies ont donné à la guerre un nouveau visage.
L’armée n’est plus le principal moyen de faire la guerre. Elle ne fait qu’assurer les prétextes et l’espace nécessaires pour l’utilisation des technologies
de l’information et économiques. L’objectif principal dans une guerre moderne est de pousser son adversaire à se battre contre un tiers, afin de l’épuiser tout en renforçant son propre
potentiel.
C’est dans cette optique que les États-Unis abordent la crise ukrainienne. Washington a tenté de forcer Moscou à choisir entre deux mauvaises options
(utiliser la force en Ukraine ou ne pas l’utiliser), chacune devant, selon les calculs américains, conduire à l’épuisement et à la déstabilisation de la Russie.
Il est clair que ces calculs ont échoué et que l’épuisement
de la Russie n’a pas lieu. C’est pourquoi l’Occident commence à parler de paix avec la Russie et même de concessions territoriales, indépendamment de la volonté de
l’Ukraine.
Cependant, la réalité ne correspond pas aux déclarations pacifistes de l’Occident. Les armes et le matériel militaire, y compris les avions, continuent
d’arriver en Ukraine. Les soldats ukrainiens continuent d’être formés sur des terrains d’entraînement en Europe. La question relative aux missiles à longue portée et à l’autorisation de
les utiliser contre des villes russes reste à l’ordre du jour, mais il est fort probable qu’elle sera tranchée après l’élection présidentielle aux États-Unis en faveur de Kiev.
Toutes ces actions s’expliqueraient facilement par la volonté de l’Occident de forcer la Russie (sous la menace d’une guerre prolongée) à accepter les
conditions occidentales de paix, mais il semble qu’il ne reste plus aux États-Unis et dans l’UE de politiciens ou experts sérieux qui évalueraient les chances de survie de l’Ukraine
durant l’hiver comme élevées.
D’une part, les politiciens occidentaux disent constamment que l’Ukraine doit conclure un accord de paix avec la Russie à tout prix, et d’autre part, ils
font tout pour que cela ne se produise pas, en continuant à fournir à Kiev un soutien financier et militaire sans lequel, selon leurs propres experts, l’Ukraine ne
pourrait tenir ne serait-ce qu’un mois.
La guerre jusqu’au dernier Ukrainien n’est pas largement promue en Occident, mais les politiciens qui clament publiquement la paix murmurent fermement en
coulisses que l’Ukraine doit continuer à se battre tant qu’il y a des hommes à envoyer au front. Parallèlement, des experts occidentaux soulignent à juste titre que l’envoi massif de
recrues non formées sur le champ de bataille ne fait qu’augmenter considérablement les pertes (en 2024, l’Ukraine subira plus de pertes qu’au cours des deux années précédentes, et les
pertes ne feront que croître), sans pour autant enrayer l’effondrement de la ligne de front.
Le comportement de l’Occident peut sembler absurde, mais en réalité, il ne renonce pas à son objectif ultime, qui consiste à affaiblir et déstabiliser au
maximum la Russie. Avec l’épuisement des ressources ukrainiennes et l’incapacité de l’Europe à entrer directement en conflit militaire avec la Russie dans l’intérêt des États-Unis, seuls
les mécanismes pour atteindre cet objectif changeront.
La Russie, au départ, était prête à se contenter de demandes minimales. Elle visait à réduire l’influence politico-militaire occidentale sur Kiev et à
relancer les mécanismes de coopération économique. Moscou exigeait simplement que Kiev renonce à rejoindre l’OTAN, revienne à une politique de neutralité permanente et garantisse le libre
développement de la langue et de la culture russes en Ukraine.
Aujourd’hui, l’Ukraine a déjà subi d’énormes pertes démographiques, et l’infrastructure communale et logistique dans la zone des combats est gravement
endommagée.
L’objectif des États-Unis est de laisser à la Russie un territoire invivable, où la majorité de la population sera composée de veuves et d’orphelins de
soldats morts en combattant contre la Russie, d’handicapés blessés en guerre contre la Russie, et de retraités dont beaucoup auront perdu un proche au front. Ils vivront dans des villes
en ruines, détruites par les combats avec l’armée russe, et survivront grâce à l’aide humanitaire fournie par la Russie, tout en nourrissant souvent une haine envers elle.
La paix à l’américaine suppose une Ukraine totalement détruite, avec une économie ruinée, une population active décimée ou exilée, plongée dans un gouffre
démographique et incapable de se redresser politiquement, économiquement ou démographiquement. Et dans ce contexte, peu importe à Washington ce que la Russie fera de ces territoires, si
elle les annexera ou les laissera formellement indépendants. Plus les conditions de vie de la population ukrainienne restante seront désastreuses, plus activement sera propagée la thèse
que «les
Russes sont venus détruire un pays prospère pour l’empêcher de rejoindre l’UE».
Le Diplomate
: Le 24 février 2022, pour mon blog, je vous avais posé quelques
questions suite à l’offensive russe en Ukraine. Plus de deux ans se sont écoulés depuis lors. Comment estimez-vous la situation actuelle entre la Russie et ce qu’on appelle Occident
?
Dimitri de
Kochko : En février 2022, la Russie se mêlait du conflit qui durait depuis 2014 dans le Donbass, quotidiennement bombardé, pour empêcher ce qui se passe aujourd’hui à
Gaza. Comme l’ont reconnu Mme Merkel, ex-chancelière allemande, et François Hollande, sans parler de Porochenko, l’ex de Kiev, les accords de Minsk I et II entre le gouvernement de Kiev
et les rebelles n’étaient pas destinés à être appliqués mais à préparer des forces armées kiéviennes pour régler par les armes la question des «êtres inférieurs» (selon la terminologie
employée par les partis qui ont pris le pouvoir à Kiev en 2014 – en fait des Russes historiques) du Donbass. Ces accords devaient mettre fin aux combats de 2014 et 2015 déclenchés par les
forces de Kiev en réaction à la rébellion du Donbass contre le coup d’État du Maïdan de février 2014 qui a interdit la langue russe maternelle dans la région et qui a généré le massacre
des partisans fédéralistes de la maison des syndicats les 1-2 mai à Odessa.
Après 5 ans de préparation militaire, de construction de lignes de fortifications à l’ouest de la région du Donbass, d’installations de la CIA dévoilées
cette année dans la presse américaine, de laboratoires de recherches biologiques, de formations de militaires ukrainiens en UE et USA, le jour J était enfin arrivé en février 2022.
L’heure était venue pour lancer le nettoyage ethnique sur le modèle de ce que firent les Croates en 1995 contre les populations serbes de la Krajina qui vivaient là depuis des siècles. Il
s’agissait d’environ 250 000 personnes, alors qu’il y avait 4 millions d’habitants dans le Donbass. Du reste, l’allusion à «la solution croate» était mentionnée publiquement depuis
plusieurs mois par des dirigeants kiéviens. Le conseiller de la présidence kievienne, AlexeÏ
Arestovitch avait expliqué dès 2019 qu’une guerre avec la Russie était indispensable pour que l’Ukraine puisse entrer dans l’OTAN et avait annoncé déjà que cette guerre serait
totale et aurait lieu en 2022 ! Les barrages d’artillerie contre les habitants se sont intensifiés dès le 13 février, selon les observateurs de l’OSCE qui, sans être neutres étaient
encore sur place et de ce fait témoins.
Les Russes sont intervenus précipitamment, ce qui explique en partie certaines incohérences et impréparations du début de leur opération militaire spéciale.
La propagande, chez nous, parle «d’invasion de l’Ukraine». Ce qui est évidemment ridicule, compte tenu qu’on n’envahit pas un pays comme l’Ukraine avec quelque 170 000 hommes !
Je me permets ce retour en arrière car c’est ce qui explique partiellement la situation actuelle.Il faut garder à
l’esprit que l’affrontement armé n’aurait pas eu lieu si les États-Uniens et leurs obligés de l’OTAN avaient répondu à la proposition
russe en décembre 2021 d’un sommet sur la sécurité européenne ou même mondiale. On peut l’interpréter comme un Yalta actualisé mais le fait est que ça aurait évité la
guerre.
L’offre a été rejetée avec mépris. L’explication, en substance, était qu’on n’a pas à discuter sécurité avec «une pompe à essence». Tout en traduisant bien
sûr la condescendance des «élites» occidentales à l’endroit des Russes, ce n’est pas un mépris en l’air : C’est le rôle attribué à la Russie dans la division internationale du
travail du point de vue des globalistes de la City et de Wall Street, après la fin de l’URSS. Et ils y sont parvenus pendant une vingtaine d’années en s’appuyant sur une caste
d’oligarques compradores nouveaux riches, bien utiles mais non admis de plein droit parmi les grands.
Voilà une des clés pour comprendre l’action du président Poutine (cf. le discours de Munich en 2007), qui malgré tous ses efforts, n’a pas cessé d’être
éconduit lorsqu’il demandait un traitement digne pour la Russie. Pour les Yankees, la Russie est une terre de matières premières dont il faut s’emparer, comme ce fut le
cas pour les terres des Indiens en Amérique. Et si les proxys de l’époque Eltsine ne suffisent pas pour le faire et que des Poutine parlent soudain «d’intérêt
national», on envisage de démanteler la Russie. La Rand corporation, un think tank proche de la CIA et d’autres agences, a même dessiné une carte avec
drapeaux et trouvé quelques Russes «opposants» pour leur attribuer le projet.
Les choses n’ont pas tourné comme prévu ni d’un côté ni de l’autre.
Les Russes espéraient garantir la sécurité des habitants des deux républiques insurgées du Donbass et parvenir assez rapidement à un accord avec Kiev. Cela
a failli se produire, lorsque les négociations en mars 2022 ont abouti à un accord, interdit par les Anglo-Saxons.
Ces derniers attendaient l’intervention des Russes en réaction aux opérations de nettoyage ethnique du Donbass. Or ceux-ci sont intervenus par surprise
juste avant. Le plan otanien de règlement à la croate explique la «clairvoyance» des services américains qui annonçaient l’intervention imminente des Russes en Ukraine. En dernière
analyse, elle dépendait de leur calendrier à eux. D’où l’application ultra-rapide de nouvelles «sanctions» anti-russes, préparées à l’avance en plus de celles mises en place depuis 2014.
Il y en avait même avant, sous le prétexte Magnitsky qui marque en réalité le début de l’offensive contre la Russie.
Il a tout de même fallu organiser (mal) la farce tragique de Boutcha pour contraindre les Européens ayant des états d’âme à se tirer un obus dans le
pied en acceptant le nouveau train de «sanctions» que parfois les Américains n’appliquaient pas ou avec des nuances ! Mais c’est pourquoi un Bruno Lemaire, à l’époque ministre
français des finances, a pu répéter publiquement – au risque de se ridiculiser – les briefings des maîtres américains auxquels a aussi pu croire un Boris Johnson lorsqu’il a interdit à
Zelensky de signer un accord avec les Russes en mars 2022.
D’où aussi des effectifs armés massifs otano-kiéviens en lisière du Donbass et des fortifications (trois lignes Maginot) bien préparées, pour lesquelles des
combats ont lieu depuis le début de l’opération militaire russe. Maintenant, avec la prise de Pokrovsk, les Russes pourraient passer à un autre rythme sur le terrain. Visiblement, sur le
plan militaire les choses tournent à l’avantage de la Russie. Pour ma part, je ne crois pas pour autant que c’est déjà la victoire. Hannibal aussi avait remporté des victoires sur les
Romains… Les otaniens n’avaient pas prévu une aussi bonne résistance et, pire encore pour eux, une telle résilience économique. Ils avaient un peu trop cru à leurs propres narratifs de
propagande russophobe et aux «confidences» que leur susurraient toutes sortes d’opposants, qu’ils généraient et soutenaient et qui cherchaient à leur soutirer toujours plus.
Par conséquent, ils ne pouvaient pas prévoir non plus qu’ils manqueraient d’armes à la suite de leur désindustrialisation massive. Du coup, on en est arrivé
au seuil de la confrontation nucléaire pour laquelle les Russes sont en supériorité grâce à l’hypersonique. Ces derniers ont aussi été capables de réorganiser leurs troupes au sol et de
rattraper leur retard en matière de drones et de protection des combattants. Une victoire otanienne sur le terrain semble hors d’atteinte pour l’instant.
Du point de vue américain toutefois, une première victoire de taille a été remportée : L’Europe occidentale est coupée de la Russie,
les États-Unis vendent leur gaz et pétrole à l’Europe après avoir fait sauter le Nord Stream, chèrement payé en plus des Russes, par les Allemands et les Français. Ces derniers avalent et se terrent dans le silence et restent sous contrôle grâce à un personnel acquis à l’Atlantique Nord.
À en croire les échos de la presse d’outre-Atlantique et les déclarations de plus en plus nettes de politiciens – et pas seulement trumpistes – le deep
state a compris que c’était raté pour cette fois. Et le pragmatisme américain les pousse à limiter les dépenses inutiles pour l’Ukraine. D’autant qu’il y a aussi l’allié israélien qui est
en demande et qu’ils sont tout de même en période pré-électorale.
Le choix que les Américains ont fait, vraisemblablement depuis près d’un an (après l’explosion du Nord Stream et l’échec de la «contre» offensive
otano-kievienne de l’été 2023), est d’obtenir un cessez-le-feu pour geler la situation à la coréenne. Mais en plus agressif, pour éviter que les Européens ne lèvent des sanctions contre
la Russie. De plus, il leur faut éviter que les Russes ne s’emparent ou libèrent Odessa, selon les points de vue. Car alors, il n’y aurait plus moyen de réarmer sur le territoire
ukrainien, utile pour la prochaine offensive dans quelques années. Et bien sûr, il leur faut défendre le monopole du dollar qui commence à fléchir mais pas à s’effondrer, comme veulent le
croire – ou le faire croire – trop de commentateurs. Ce contexte explique les déclarations et les actions actuelles. D’une part, faire plier les Russes qui n’ont aucunement intérêt à un
gel des opérations alors qu’ils ont l’avantage, d’autre part, permettre aux Américains et otaniens de se réarmer et, selon leurs méthodes habituelles, de préparer opinions et pays où ils
ont des bases à la confrontation prochaine contre la Russie et peut-être la Chine. C’est bien sûr sans
compter sur un éventuel succès des BRICS, qui représentent sans doute le meilleur espoir pour la Russie et le monde d’échapper à l’Apocalypse nucléaire et aux plans hégémoniques. Il est
toutefois peu probable que l’Hégémon justement acceptera sa chute, aussi limitée et temporisée soit-elle. Ces éléments permettent aussi de comprendre les discours
jusqu’au-boutiste et les remaniements totalement extrémistes russophobes au sein de la Commission européenne. Ils visent à empêcher, en cas de gel des combats, tout rapprochement avec la
Russie. Ou pire encore, la remise en marche de la branche restante du Nord Stream pour alimenter en gaz bon marché et non polluant l’Allemagne et l’Europe occidentale. Et horreur, la
reprise des affaires qui rapportaient tant aux Européens. Renault, qui était n°1 en Russie, a quitté ses usines avec une possibilité de reprendre au bout de cinq ans… L’oncle Sam
veillera au grain !
Bien sûr, si les Russes se montrent trop réticents à se faire rouler encore une fois, il faudra envisager d’utiliser
les Européens comme proxys en lieu et place des Ukrainiens qui n’en peuvent plus mais… C’est la raison de l’intensification de la propagande guerrière et de la volonté
d’interdire toute information sur les réseaux sociaux dans les pays occidentaux (cf. les projets et lois en France où Dourov de Telegram a été arrêté et dans l’UE avec Thierry
Breton et les déclarations incongrues des officiels états-uniens contre RT !) Même de si faibles voix s’avèrent gênantes ! Les services britanniques du MI6 –
spécialisés en matière d’information – avaient signalé dans un rapport, quelques mois après l’intervention de Boris Johnson pour empêcher un armistice en mars 2022, que la lutte contre
«la propagande russe» s’avérait compliquée car de nombreuses assertions de cette dernière s’avéraient «factuellement vraies» ! Joliment dit !
Reste à faire céder les Russes pour les faire «négocier pour la paix», en utilisant là encore le mensonge orwellien en parlant de paix
alors qu’il n’en n’est pas question à terme.
Bien sûr, la paix est un mot d’ordre porteur et un arrêt des hostilités ce sont des morts, des destructions et des dépenses en moins. Pour inciter l’opinion
russe à être tentée par ce désir tout naturel, les otaniens ont choisi des voies qui ne semblent pas être des plus efficaces car elles ont tendance à provoquer une prise de conscience du
danger et un réflexe d’auto-défense. Des actions terroristes, des attaques par drones du territoire russe d’avant 2014 (pour les nouveaux territoires, certains sont bombardés par les
kiévo-otaniens depuis 10 ans), la promesse d’attaques par des missiles à longue portée guidés par les satellites otaniens, le chantage de l’attaque contre des centrales nucléaires de
Zaporijia et/ou de Koursk ! Et puis, toujours sur le terrain, des menaces de fermeture du détroit de Finlande ou contre
Kaliningrad ! Ajoutons les pressions sur les pays de l’ex URSS, en Asie centrale, en Arménie que le dirigeant actuel mène à sa perte, ou la Géorgie qui au contraire
se réveille d’un mauvais rêve.
À cela s’ajoutent les mesures économiques : Le renforcement des «sanctions» et des pressions contre les pays qui ne veulent pas en entendre parler mais
qu’on peut casser. Beaucoup plus fin et pervers : Le jeu sur l’économie intérieure russe qui s’est montrée particulièrement brillante avec un PIB proche de 4% et l’absence
d’endettement, en partie grâce aux sanctions. Cela passe par le biais de liens du FMI et d’autres organisations internationales que visiblement la Présidence russe cherche à ménager.
L’élément le plus relevant est la politique de la Banque centrale, dont le statut a été fixé constitutionnellement dans les années 1990 et échappe partiellement à l’État russe. Elle fixe
un taux directeur prohibitif pour tout entrepreneur et plus encore pour toute start up, à 19%, sous prétexte de lutte contre l’inflation et la «surchauffe» de l’économie.
Cette question mériterait un article à part. Disons simplement que dans le contexte russe actuel avec la guerre et les «sanctions», une lutte efficace
contre l’inflation passerait par une augmentation des biens offerts et que même si les taux peuvent être augmentés en bonne orthodoxie financière occidentale, 20% est incontestablement
excessif. Plus grave, le ministère du développement économique a publié des prévisions justes avant la visite prévue mais annulée d’un responsable du FMI : Il semblait notamment se
réjouir de la diminution de la production industrielle et constatait avec un étonnement feint que l’inflation ne baissait pas sensiblement, faute de biens à acquérir… On ne peut
développer ici mais la conclusion est sans doute que ce qu’on appelle la «cinquième colonne» en Russie, c’est à dire toute une caste ou des gens issus des années 1990 et dont les intérêts
ou la mentalité sont très liés aux Occidentaux, cherchent à saboter la politique indépendante de leur pays. D’aucuns espèrent qu’avec une élection éventuelle de Trump aux USA, ils
pourront retrouver certains de leurs biens ou acquis dans les zones offshores ou les pays occidentaux. C’est un aspect peu évoqué mais important. En fait, avec la guerre et les menées
hostiles de «l’Occident collectif» contre la Russie, la sociologie de cette dernière est en train d’évoluer. Schématiquement, on peut sans doute dire que la Présidence et ses partisans
cherchent à encourager cette tendance et un certain nettoyage des écuries d’Augias est en cours, y compris au sein du ministère de la Défense et chez certains gouverneurs régionaux. Les
castes issues des années 1990 qui sont encore dans les arcanes du pouvoir s’opposent bien évidemment à ces évolutions.
C’est l’un des leviers que cherchent à actionner les Américano-otaniens afin de contraindre le pouvoir russe à négocier pour accepter un gel de la guerre
en vue de la prochaine à préparer. Ils espèrent que les échéances électorales en Russie ouvriraient un après-Poutine favorable à la
menée de leur projet stratégique de démantèlement de la Russie en dizaines d’états facilement exploitables. Des milliers de jeunes Ukrainiens continuent à être sacrifiés pour cet objectif
anglo-saxon que le monde russe ne peut accepter.
Le Diplomate
: Dans une interview qui m’avait été demandée il y aura bientôt dix ans déjà, je disais que la
Russie n’avait jamais été l’ennemie de l’Europe. Le serait-elle désormais devenue selon vous ?
Dimitri de
Kochko : La Russie est Europe. Elle l’est géographiquement, historiquement, culturellement, affectivement. Le poids et le rayonnement de l’Europe dans le monde était (on
ne peut plus dire est) en partie dû à la présence et à l’héritage de la Russie.
En ce qui concerne la France, la Russie l’a sauvée à plusieurs reprises dans l’histoire : Après la défaite de Napoléon, le Tsar Alexandre I a interdit
toute exaction pour venger la destruction de Moscou et a empêché les Anglais et les Autrichiens de se partager la France. Au début de la guerre de 14-18, la Russie, pas prête, a lancé une
offensive en Prusse qui a permis la victoire de la Marne. Pendant cette guerre, 40 000 Russes sont venus renforcer les rangs des soldats français contre les Allemands. Enfin, à l’issue de
la seconde guerre mondiale, en permettant au général de Gaulle de faire entrer la France dans le camp des vainqueurs, alors que les Américains ne voyaient pas les choses ainsi. On peut
encore rappeler le rôle de Russes dans la Résistance française et par exemple que le Chant des partisans a été écrit et chanté par des Russes ! Le maréchal Foch a reconnu le rôle de
la Russie et le général de Gaulle rappelle que quand la France et la Russie s’entendent, tout va bien pour la France. Ce qui n’est pas le cas quand elles s’opposent.
Avec tout ce qui précède, il est clair que ces délires sur les pseudos projets russe d’envahir l’Europe ne sont que des aboiements de propagande.
La Russie n’a pas besoin de territoires : Elle est le plus grand pays du monde et celui qui a le plus de matières premières. En Ukraine, l’armée russe
ne cherche pas à conquérir du terrain, sinon elle aurait fait comme les Américains en Irak ou les Israéliens à Gaza. Même si elle voulait envahir l’Europe, elle ne le pourrait pas :
Avec l’histoire tragique de ce pays au XXème siècle, elle n’a pas assez d’habitants pour mener ce genre d’opérations. Et pour tout observateur de bonne foi, il est évident qu’elle ne le
veut pas. Les Russes aiment l’Europe et se sentent européens, au point qu’ils éprouvaient depuis plus d’un siècle parfois un complexe d’infériorité assez absurde. Beaucoup sont en train
d’en revenir aujourd’hui et l’aspiration à une réalité eurasiatique commence peu à peu à prendre corps, au dépend du désir d’Europe qu’exprimait le slogan de Gorbatchev et Eltsine sur
«notre maison commune, l’Europe».
Lors
du forum international Interconnexion des temps et des civilisations – Base de la paix et du développement à Achgabat, le président de la Russie, Vladimir Poutine, a évoqué l’émergence
d’un nouvel ordre mondial. Selon lui, ce qui est en train de se passer, les changements dans le monde, constituent un processus inarrêtable.
Dans sa réflexion, Poutine a indiqué que les relations internationales sont entrées dans une ère de changements fondamentaux : Un nouvel ordre reflétant la
diversité de la planète est en train de se former dans le monde, et ces processus ne peuvent être arrêtés. Il a cité le poète et penseur turkmène Makhtumkuli Fraghi, indiquant que ce
dernier appelait à la justice et à l’égalité, au consentement et à la responsabilité, à la tolérance et à la compréhension, au respect et à la solidarité.
«Tout cela est encore
aujourd’hui proche et compréhensible pour les gens raisonnables, particulièrement pertinent et demandé dans la situation difficile actuelle, alors que le monde est confronté à des menaces
sans précédent causées par des fractures civilisationnelles, des conflits interethniques et interconfessionnels, alors que les relations internationales sont entrées dans l’ère de
changements globaux et fondamentaux, alors qu’un nouvel ordre mondial est en train de se former, reflétant la diversité de la planète entière, et ce processus naturel est
irréversible», a souligné Poutine, cité par l’agence TASS.
Le président russe a souligné que de nouveaux centres puissants de croissance économique, d’influence financière et politique sont en train d’émerger,
principalement à l’Est et au Sud du monde. Selon Poutine, ces nouveaux centres s’efforcent de préserver et de renforcer leur souveraineté et leur identité
socioculturelle, en recherchant des voies de développement harmonieux, en accord avec leurs traditions et sur la base des intérêts nationaux.
Vladimir
Poutine a transformé la Russie en une économie de guerre. L’Occident traverse une crise sociale et économique. Les responsables politiques et la grande majorité des experts qui disaient
mettre à genoux l’économie russe par les sanctions ont très mal analysé la situation.
Le média britannique, New
Statesman, brosse un
tableau catastrophique pour l’Occident par rapport à la Russie.
«L’économie russe est
en pleine forme. Le Fonds monétaire international a annoncé que cette année, elle connaîtrait une croissance plus rapide que celle de tous les grands pays du G7, grâce à l’effet de
guerre», écrit New Statesman.
La dépense de la Russie dans l’économie de guerre «représente plus de 6%
de la production économique, alors qu’en Occident de nombreux pays peinent à atteindre les 2%», précise le média. «L’économie de guerre
russe fonctionne aux stéroïdes et génère d’énormes revenus pour l’État. Les revenus hors pétrole et gaz devraient augmenter de 73% l’an prochain. La Russie ne finance pas le renforcement
de sa défense par l’endettement, mais par une économie en plein essor», avertit le média.
En fait, New
Statesman souligne que les responsables politiques et autres experts occidentaux n’ont analysé la situation de la Russie qu’à travers leur prisme alors que la Russie possède sa
propre économie, ses énergies premières, et sa propre zone monétaire. «Il existe une
certaine confusion sur ce qui arrive aux économies en temps de guerre. Les économies ne manquent pas d’argent – à moins qu’elles n’utilisent la monnaie d’un autre pays, comme le dollar
américain. Une économie de guerre est la plus grande relance budgétaire de type keynésien imaginable». Ainsi, dans les conditions de développement rapide de l’économie militaire de
la Russie, l’équilibre des forces se développe en faveur du Kremlin.
L’Occident a fait du bruit, menacé, mais aucun des alliés n’est prêt à dépenser autant pour avoir une économie de guerre. Mais, Vladimir Poutine l’a fait.
Par exemple, le feu ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait
stipulé en mars 2022 : «Nous allons provoquer
l’effondrement de l’économie russe». Au lieu de cela, c’est l’économie de la France qui est ruinée. «La France est sur le
chemin de la ruine», a jugé Sébastien
Chenu, vice-président du Rassemblement national. L’agence de notation Fitch vient de placer la
note de la France sous «perspective négative» et inquiète les marchés.
Observateur
Continentalavertissait déjà
: «Les
observateurs financiers déconseillent d’investir en France». «L’Allemagne s’enlise
dans la crise et se dirige vers une croissance zéro en 2024», titreLes
Echos.
«Deux ans après les
promesses de Macron, la France est toujours
loin du compte d’être dans une économie de guerre», annonce L’Express, rajoutant
: «Malgré
le satisfecit affiché par le gouvernement, notre pays, dans les faits, n’a pas basculé dans ce schéma». Le réarmement allemand ne progresse «que
lentement» continue le Frankfurter
Rundschau. L’Allemagne veut consacrer davantage d’argent à la défense. Néanmoins, la mise à niveau avance trop lentement. C’est ce que montre une nouvelle étude. «L’Allemagne pourrait
à long terme être à la traîne de la Russie en termes de capacités militaires». C’est la
conclusion d’une étude récente de l’Institut pour l’économie mondiale (IfW) de Kiel. Les plans annoncés en France et en Allemagne pour avoir une économie de guerre sont des
échecs.
«Il ne s’agit pas
d’une prédiction, mais d’un avertissement selon lequel l’Occident doit adopter de toute urgence une stratégie de guerre plus réaliste, plutôt que de financer un conflit sans fin que
l’Ukraine n’a aucune chance de gagner», conclut New Statesman.
«Le soutien
américain à l’Ukraine persiste, mais à un niveau moindre. La priorité actuelle de la politique étrangère des États-Unis est le Moyen-Orient. Si Donald Trump remporte l’élection
présidentielle le mois prochain, c’est toute la politique occidentale en Ukraine qui sera bouleversée», met en garde New
Statesman.
Il est clair que l’UE ne va pas avoir les moyens militaires pour faire le poids contre la Russie. La Russie «affiche toujours une
croissance insolente» pour La
Tribune et «son Produit intérieur
brut a augmenté de
4% sur un an au deuxième trimestre (2024)». Au deuxième trimestre 2024, le
PIB de la France a augmenté de 0,2%. Pour
l’Allemagne, sur la même période, le PIB est de 0,0%.
Les deux pays, qui forment le moteur de l’UE, la France et l’Allemagne, sont dans l’incapacité de financer une économie de guerre. Cependant, «certains élus du
Sénat en France persistent à
vouloir flécher l’argent déposé par les Français dans le livret A vers le secteur de la défense».
Le conflit en Ukraine et l’aveuglement des élites occidentales ont ruiné leur pays et font plonger leurs habitants dans la crise inédite depuis la
Seconde Guerre mondiale.
L’armée de l’entité d’Israël fonctionne comme une légion engagée dans une guerre par procuration pour le compte de Washington sans que ce dernier ne soit
soupçonné d’en être l’ordonnateur.
C’est la même tactique utilisée dans tous les conflits provoqués par les États-Unis dont ceux du Moyen-Orient où les actifs américains sont nombreux et
cruciaux.
À propos de cette base nommée Israël, rappelons une déclaration de Dick Cheney – toujours d’actualité tout comme l’attitude et la politique immuable de son
pays – qui, un jour, a laissé entendre que les États-Unis devraient permettre à Israël d’agir librement, sans intervention directe ni pression sur eux «pour qu’ils le
fassent» (comprendre, faire ce qu’on lui demande de faire). Le monde sait qu’Israël est incapable d’agir seul sans un soutien substantiel des États-Unis et de l’OTAN au sein de
laquelle il a un statut particulier.
Les gesticulations et autres déclarations de Washington sur des actions de «bons offices» ou «conseils» pour éviter l’escalade ou autres attaques ne
figurent pas dans la «culture» agressive et provocatrice des Américains. Ce sont des mensonges pour distraire les siens et l’adversaire. On a remarqué que lorsqu’ils font de telles
annonces, c’est pour dissimuler des actions inverses. L’avantage de ce genre de déclaration est qu’elle révèle le contraire de ce qu’ils prétendent faire en croyant duper
l’adversaire.
Ils sont engagés depuis le début en fournissant les armes, les conseillers, les informations et les mercenaires. Ils ne s’arrêteront que s’ils sont ébranlés
dans leur système financier et marchand insidieux !
Les bellicistes Étasuniens cherchent la guerre contre l’Iran en suscitant toutes sortes de provocations. Leur temporisation vient du fait qu’ils veulent
d’abord convaincre le monde que c’est l’Iran lui-même qui l’a déclenchée. Ils s’attendent à ce que «le monde» soit ainsi de leur côté. Les projets du cupide qui compte seul sont, pour
lui, toujours fructueux.
L’Iran – en conformité avec ses principes, sa foi, sa patience – a été obligée de répondre ce 1er octobre de façon catégorique et assez fortement, cette
fois, aux multiples crimes de l’entité sioniste que soutiennent également le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.
Comprendra qui voudra (ou pourra) la mise en garde claire de l’ambassadeur et représentant de l’Iran auprès des Nations unies, aux soutiens occidentaux et
régionaux du régime israélien : «Notre conseil est
qu’ils n’entrent pas dans le conflit … et qu’ils restent à l’écart de la bataille…si un pays aide l’agresseur, ce pays sera considéré comme complice du crime et une cible
légitime».
Si la preuve est donnée que l’Iran, contrairement aux USA, ne bluff pas ; elle doit avoir des atouts et moyens assez puissants pour se permettre un tel
avertissement !
Dans cette interview M. Mohammad Marandi, professeur à l’Université de Téhéran, analyse et évalue la situation des forces en conflit et particulièrement la
dernière réponse massive, mais calculée, de l’Iran à Israël ainsi que ses effets. Il évoque aussi et surtout la prochaine réplique de l’Iran si d’aventure l’entité y répond dans le
contexte d’une guerre totale au Moyen-Orient.
La vidéo, traduite en français, est intitulée «Iran : Une Plus
Grande Frappe à Venir». Le prof. Marandi est d’une clarté rare, mais inquiétante.
Les
événements mondiaux contemporains ont clairement démontré que la minorité planétaire occidentale doit non seulement comprendre que l’ordre mondial multipolaire, est une réalité qu’il
faudra de toute manière accepter, mais aussi que le mythe selon lequel cette minorité serait non punissable et largement «intouchable» fait définitivement partie du passé.
Les processus actuels dans diverses parties du monde représentent un signal très significatif pour l’ensemble du bloc de la minorité planétaire quant à la
nécessité de devoir répondre pour ses crimes. La peur, longtemps popularisée par la propagande occidentale et affiliée, appartient au passé. Et c’est avec cette réalité que devront
composer les régimes nostalgiques de l’ère unipolaire. En fin de compte, personne n’avait forcé les Occidentaux et autres partisans du diktat occidental sur l’humanité à refuser de
reconnaître l’ère contemporaine dans les affaires internationales. À un moment, il faut bien répondre pour ses actes.
Les partisans du monde multipolaire sont aujourd’hui plus que jamais en position de force.
La peur a
changé de camp
Les événements en Afrique, en Amérique latine, mais aussi au Moyen-Orient, auront définitivement confirmé qu’il n’y aura absolument pas de retour vers le passé. Les partisans du
monde multipolaire sont aujourd’hui plus que jamais en position de force, bien qu’il reste encore beaucoup à faire afin de renforcer davantage l’ordre mondial multipolaire
contemporain. D’ailleurs, les très récentes frappes de représailles menées par l’Iran sur le territoire contrôlé par le régime israélien, ont également confirmé cette réalité.
Ces frappes de représailles iraniennes pour tous les récents crimes d’Israël, en Palestine, au Liban, au Yémen et même en Iran, d’une part, étaient très
humanistes puisqu’il n’y avait clairement aucun objectif à frapper la population civile, au contraire des cibles militaires de l’ennemi, et se sont révélées cette fois-ci extrêmement
efficaces dans le cadre du message stratégique. Un message à la fois pour le régime israélien et pour son principal allié, le régime de Washington. Que premièrement, l’Iran dispose
d’armes de frappe de grande qualité, et que deuxièmement, le système de défense antimissiles israélien tant vanté n’est rien d’autre qu’une fiction créée par la propagande israélienne et
occidentale.
Dans ce conflit, et au-delà des alliances existantes au sein des forces impliquées, il est important de rappeler que l’Iran et ses alliés régionaux au sein
de l’Axe de la Résistance sont précisément des partisans de l’ordre mondial multipolaire. Cela sans oublier que la République islamique est membre de l’Organisation de coopération de
Shanghai (OCS), des BRICS et entretient des relations hautement stratégiques avec la Russie et la Chine. Quant au régime israélien, en plus d’être le principal allié de Washington, non
seulement dans la région tourmentée du Moyen-Orient, mais plus généralement de-facto à l’échelle mondiale, et même à bien des égards comme une priorité dans la politique intérieure
étasunienne, il est également un représentant radical des nostalgiques de l’ère unipolaire.
Et c’est pourquoi la peur ressentie dans les rues d’Israël dans le cadre de la frappe efficace, mais néanmoins humaniste à l’encontre des civils de la part
de l’Iran, est tout à fait cohérente avec le sentiment que les habitants du petit monde occidental tout entier pourront ressentir, si leurs élites continuent sur la voie de l’escalade
maximale.
Une leçon
pour les régimes occidentaux
À l’heure où dans l’infime monde otano-occidental, se poursuivent les appels de certains représentants maladifs de l’establishment concerné, y compris quant
à la nécessité de frapper avec des armes occidentales notre pays en profondeur, ces personnages doivent se rappeler que la peur et la panique dans un avenir proche pourraient devenir
monnaie courante dans les principales villes de la minorité planétaire occidentale. Et d’ailleurs, sans même qu’il y ait besoin forcément à recourir aux moyens de la dissuasion nucléaire.
Il est possible d’imaginer la panique dans les principales villes de l’UE ou des USA en cas d’une frappe de représailles massive avec des armes hypersoniques ou des drones contre des
cibles militaires et/ou politiques du camp ennemi.
Ainsi, si les régimes des États-Unis, d’Europe, ou encore d’Israël ou d’une quelconque Australie, étaient jusqu’à encore tout récemment confiants quant à
leurs impunité et intouchabilité, alors il serait aujourd’hui grand temps à comprendre que la majorité globale ne reconnaît pas leur mythe d’une prétendue exclusivité. Et plus que cela,
face à l’arrogance, l’hypocrisie et au caractère extrêmement criminel des représentants de la minorité planétaire, aujourd’hui et plus que jamais, les partisans du monde multipolaire ont
toutes les raisons de rappeler que la minorité planétaire doit apprendre à connaître sa place.
Oui, il y aura une nouvelle ligne de démarcation. Entre la Russie et le petit monde occidental, et à une échelle encore plus globale, entre le monde multipolaire contemporain et la
minorité planétaire qui vit encore avec la mentalité de colonialistes et d’esclavagistes. Dans le cadre de cette ligne, il est, en principe, possible à relativement coexister. Après tout,
si le jardin pseudo-florissant est dans les faits, extrêmement malade, ce n’est pas à nous de le soigner. Qu’ils s’occupent eux-mêmes, d’une manière ou d’une autre, de leur espace qui
pourrit. Mais si la minorité planétaire occidentale opte néanmoins pour une escalade maximale, dans l’espoir de tenter à reconquérir sa domination sur la planète à un travers un chaos
total, les conséquences seront extrêmement désastreuses, en premier lieu pour cette minorité. Étant précisément une minorité.
Le conflit entre l’Ukraine et la Russie a provoqué des bouleversements géopolitiques, économiques et sociaux sans précédent. Un conflit qui devait être
évité si chaque protagoniste avait adopté l’attitude que l’ancien président Jacques Chirac envisageait en regard de la diplomatie. Il disait : «La diplomatie c’est
marcher avec les chaussures de son interlocuteur pendant toute une journée pour pouvoir comprendre ses besoins»…
Depuis le 7 octobre 2023, il semblerait qu’une chaîne d’événements spontanés mène le Moyen-Orient de plus en plus profondément dans le conflit. Des
opérations militaires en cours d’Israël à Gaza à ses frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban et ses frappes répétées à travers la Syrie (y compris la récente frappe contre
l’ambassade d’Iran à Damas), en passant par la confrontation en cours menée par les États-Unis avec le Yémen dans la mer Rouge, il semblerait qu’une diplomatie médiocre ne parvienne pas à
empêcher l’escalade et conduise au contraire à des tensions croissantes et à un potentiel croissant de guerre plus large.
En réalité, presque mot pour mot, la diplomatie américano-israélienne (ou son absence) et les opérations militaires suivent une politique soigneusement
définie décrite dans les pages de l’étude de
2009 de la Brooking Institution intitulée «Quel chemin vers la
Perse ? Options pour une nouvelle stratégie américaine à l’égard de l’Iran».
Le manuel de Washington au Moyen-Orient
La Brookings Institution est un groupe de réflexion basé à Washington, financé à la
fois par le gouvernement et l’armée des États-Unis, ainsi que par les plus grands groupes financiers occidentaux. Son conseil d’administration et ses experts comptent parmi les
personnalités les plus en vue de la politique étrangère et des cercles politiques américains. Les documents publiés par l’institution sont loin d’être des spéculations ou des
commentaires, mais reflètent plutôt un consensus sur l’orientation de la politique étrangère américaine.
Son rapport de 2009 ne fait pas exception.
Ceux qui ont lu ses 170 pages en 2009 ont dû prendre connaissance des projets en cours ou à venir visant à renverser ou à contenir le gouvernement
iranien.
Il y a des chapitres entiers consacrés aux «options diplomatiques» qui exposent des plans pour donner l’impression de s’engager avec l’Iran dans un accord
concernant son programme nucléaire, en abandonnant unilatéralement le plan, puis en utilisant son échec comme prétexte pour exercer davantage de pression sur le gouvernement et l’économie
iraniens (Chapitre 2 : Tenter Téhéran : L’option de l’engagement).
Certains chapitres détaillent les méthodes utilisées pour créer des troubles en Iran, à la fois en utilisant des groupes d’opposition financés par le
gouvernement américain (Chapitre 6 : La révolution de velours : Soutenir un soulèvement populaire) et même en soutenant des organisations terroristes étrangères
répertoriées par le département d’État américain comme les Moudjahidines du peuple (MEK) (Chapitre 7 : Inspirer une insurrection : Soutenir la minorité iranienne et les groupes
d’opposition).
D’autres chapitres détaillent une invasion américaine directe (Chapitre 3 : Aller jusqu’au bout : Invasion) et une campagne aérienne à plus
petite échelle (Chapitre 4 : L’option Osiraq : Frappes aériennes).
Enfin, un chapitre entier est consacré à l’utilisation d’Israël pour déclencher une guerre dans laquelle les États-Unis pourraient ensuite sembler réticents
à s’engager par la suite (Chapitre 5 : Laissez faire Bibi : autoriser ou encourager une frappe militaire israélienne). Depuis 2009, chacune de ces options a été essayée
(parfois à plusieurs reprises) ou est en cours de mise en œuvre.
L’accord sur le nucléaire iranien, signé sous l’administration du président américain Barack Obama, abandonné unilatéralement sous l’administration du
président américain Donald Trump, et les tentatives de le relancer bloquées sous l’administration du président américain Joe Biden, illustrent non seulement la fidélité de la politique
étrangère américaine au contenu du document, mais aussi la continuité de cette politique indépendamment de qui siégeait à la Maison-Blanche ou contrôlait le Congrès américain.
Aujourd’hui, l’une des options les plus dangereuses explorées semble être pleinement mise en œuvre, les États-Unis et
Israël créant délibérément un environnement propice à la guerre au Moyen-Orient et provoquant à plusieurs reprises l’Iran à la déclencher.
«Laisse-le à Bibi»
La Brookings Institution met en évidence plusieurs points.
- Premièrement, l’Iran n’est pas intéressé par une guerre avec les États-Unis ou
Israël.
- Deuxièmement, les États-Unis doivent déployer de grands efforts pour convaincre le monde que c’est l’Iran, et
non Washington, qui a provoqué une guerre voulue par les États-Unis.
- Troisièmement, même en cas de provocation répétée, il est fort probable que l’Iran ne ripostera pas et privera
ainsi les États-Unis et/ou Israël d’un prétexte pour une guerre plus large.
Le rapport note :
«…il serait bien plus
préférable que les États-Unis puissent invoquer une provocation iranienne pour justifier les frappes aériennes avant de les lancer. Il est clair que plus l’action iranienne est
scandaleuse, meurtrière et injustifiée, mieux les États-Unis s’en sortiront. Bien entendu, il leur serait très difficile d’inciter l’Iran à une telle provocation sans que le reste du
monde ne reconnaisse ce jeu, ce qui le fragiliserait».
Cela continue :
«Une méthode qui
aurait une certaine chance de succès serait d’intensifier les efforts secrets de changement de régime dans l’espoir que Téhéran riposte ouvertement, ou même semi-ouvertement, ce qui
pourrait alors être présenté comme un acte d’agression iranien non provoqué».
Le journal admet que les États-Unis cherchent à déclencher une guerre contre l’Iran, mais veut convaincre le monde que
c’est l’Iran lui-même qui provoque cette guerre.
Le document présente le cadre d’une diplomatie fallacieuse que Washington pourrait adopter avec Téhéran pour renforcer l’illusion selon laquelle l’Iran sera
responsable de toute guerre entre lui et les États-Unis (ou Israël) :
«De la même manière,
toute opération militaire contre l’Iran sera probablement très impopulaire dans le monde et nécessitera un contexte international approprié, à la fois pour garantir le soutien logistique
nécessaire à l’opération et pour minimiser les répercussions. La meilleure façon de minimiser l’opprobre international et de maximiser le soutien (même s’il est réticent ou secret) est de
frapper seulement lorsqu’il existe une conviction générale que les Iraniens ont reçu puis rejeté une offre superbe – une offre si intéressante que seul un régime déterminé à acquérir des
armes nucléaires et à les acquérir pour de mauvaises raisons la refuserait.
Dans ces
circonstances, les États-Unis (ou Israël) pourraient présenter leurs opérations comme une forme de tristesse, et non de colère, et au moins une partie de la communauté internationale en
conclurait que les Iraniens «se sont attirés la peine» en refusant un très bon accord».
Israël joue un rôle clé dans cette stratégie.
Alors que Washington cherche à se distancier de la brutalité israélienne dans le cadre de ses opérations à Gaza et de sa récente attaque contre l’ambassade
d’Iran à Damas, de telles provocations sont au cœur du désir de Washington d’entraîner l’Iran dans une guerre dont il admet que Téhéran ne veut pas.
Le rapport de 2009 anticipe que les frappes israéliennes contre l’Iran pourraient «déclencher un conflit
plus large entre Israël et l’Iran qui pourrait impliquer les États-Unis et d’autres pays».
En réalité, la brutalité d’Israël dans ses opérations à Gaza et sa récente frappe contre l’ambassade d’Iran sont entièrement
rendues possibles par l’aide politique, diplomatique et militaire des États-Unis. Les États-Unis non seulement donnent à Israël les moyens militaires de mener cette violence, mais
ils utilisent leur position au sein des Nations unies pour lui accorder l’impunité, comme l’illustre l’article du Washington
Post du 4 avril 2024, «Les États-Unis ont
approuvé de nouvelles bombes pour Israël le jour des frappes contre World Central Kitchen».
De nombreux analystes semblent surpris par le comportement paradoxal de Washington, prêts à croire que l’administration Biden actuelle est tout simplement
incompétente et incapable de maîtriser ses alliés israéliens. Cependant, compte tenu du rôle central que jouent ces provocations flagrantes dans la réalisation des objectifs affichés de
la politique étrangère américaine contre l’Iran, cela ne devrait pas du tout surprendre.
Il ne reste plus qu’à obtenir des représailles iraniennes ou un incident dont les États-Unis et Israël parviennent à convaincre le monde qu’il s’agit de
représailles iraniennes.
La plus grande crainte de Washington est que l’Iran ne riposte pas
L’Iran subit depuis des décennies les provocations des États-Unis et d’Israël. La provocation la plus flagrante de ces dernières années, avant l’attaque
israélienne contre l’ambassade d’Iran à Damas, a peut-être été l’assassinat par les États-Unis du haut gradé iranien Qassem Soleimani en Irak en 2020. Si l’Iran a riposté, elle l’a fait
de manière mesurée.
L’attaque contre l’ambassade d’Iran le 1er avril 2024 avait pour objectif de dépasser l’ampleur de l’assassinat de 2020, dans l’espoir d’exercer une
pression irrésistible sur Téhéran pour qu’il réagisse enfin de manière excessive, notamment en raison de la patience stratégique dont l’Iran a fait preuve dans le passé. Il s’agit
peut-être aussi de convaincre le monde qu’une pression irrésistible a été exercée sur l’Iran pour rendre plus crédible une attaque orchestrée imputée à l’Iran.
L’étude de Brookings de 2009, «Quel chemin vers la
Perse ?», a clairement énoncé le problème :
«Il n’est pas
inévitable que l’Iran riposte violemment à une campagne aérienne américaine, mais aucun président américain ne devrait présumer qu’il n’en sera pas ainsi. L’Iran n’a pas toujours riposté
aux attaques américaines contre lui. Au début, après la destruction du vol 103 de la Pan Am en décembre 1988, beaucoup ont cru qu’il s’agissait de représailles iraniennes pour la
destruction du vol 455 d’Iran Air par le croiseur américain USS Vincennes en juillet de la même année. Cependant, aujourd’hui, tout indique que la Libye est la coupable de cette attaque
terroriste, ce qui, si c’est vrai, suggère que l’Iran n’a jamais riposté à sa perte. L’Iran n’a pas non plus riposté à l’opération américaine Praying Mantis, qui en 1988 a entraîné le
naufrage de la plupart des principaux navires de guerre iraniens. Par conséquent, il est possible que l’Iran choisisse simplement de jouer la victime en cas d’attaque américaine, en
supposant (probablement à juste titre) que cela lui apporterait une sympathie considérable, tant au niveau national qu’international».
Washington a tenté de convaincre le monde qu’il craignait une escalade entre Israël et l’Iran. Newsweek, dans
son article du 4
avril 2024 intitulé «La Maison-Blanche est
«très préoccupée» par la perspective d’une guerre entre Israël et l’Iran», cite même le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, qui a déclaré
: «Personne
ne veut voir ce conflit s’intensifier».
Malgré les déclarations de Washington, ses actes témoignent d’une volonté d’escalade. Le rapport de Brookings de 2009 admet que même une riposte «semi-ouverte» de
l’Iran pourrait être utilisée comme prétexte, ce qui devrait faire craindre que les États-Unis et Israël puissent citer n’importe quelle attaque, quelle que soit la partie responsable, et
imputer la responsabilité à l’Iran pour justifier une nouvelle escalade.
À bien des égards, les États-Unis et Israël ont déjà tenté de le faire à l’occasion des attaques du Hamas du 7 octobre 2023, tout en admettant qu’il
n’existe aucune preuve de l’implication de l’Iran.
Washington et ses mandataires sont désespérés et dangereux
La patience stratégique de l’Iran a porté ses fruits. En évitant une guerre ouverte avec les États-Unis ou Israël, l’Iran et ses alliés ont pu lentement
mais sûrement remodeler la région. L’Iran y est parvenu en contournant les sanctions américaines. Il a également comblé les divisions artificielles que les États-Unis ont cultivées depuis
la fin de la Seconde Guerre mondiale pour diviser et régner sur le Moyen-Orient. Cela comprend la réparation de ses propres relations avec l’Arabie saoudite et la restauration des liens
entre son allié syrien et les alliés de Washington dans le golfe Persique.
Alors que la région se remodèle, les États-Unis voient leur suprématie sur elle diminuer. La liste des mandataires de Washington se réduit. Ceux qui restent
se retrouvent de plus en plus isolés. Et chaque année qui passe, la puissance militaire de Washington dans la région devient de plus en plus fragile. L’Iran, s’il continue sur la voie du
succès qu’il a empruntée, l’emportera inévitablement sur l’ingérence américaine le long et à l’intérieur de ses frontières.
La seule chance pour les États-Unis de reprendre le contrôle de la région et de faire avancer leur politique de changement de régime à l’égard de
l’Iran est de provoquer une guerre à grande échelle, dans laquelle les États-Unis (et/ou Israël) pourraient utiliser la force militaire directe pour accomplir ce que des
décennies de sanctions et de subversion n’ont pas réussi à faire.
Tôt ou tard, la fenêtre d’opportunité pour y parvenir se fermera, tant pour les États-Unis que pour Israël, à mesure que l’Iran et le reste du monde
multipolaire continueront de croître et que les États-Unis et leurs mandataires continueront de se retrouver de plus en plus isolés.
Comme les États-Unis l’ont révélé en Europe à propos de leur guerre par procuration avec la Russie en Ukraine, cette fenêtre d’opportunité qui se referme
rapidement a déclenché un désespoir dangereux à Washington.
Seul le temps nous dira dans quelle mesure ce désespoir influence la politique étrangère américaine au Moyen-Orient et les actions de ses mandataires,
notamment Israël. L’autre mandataire de Washington, l’Ukraine, a eu recours à des mesures désespérées allant du terrorisme extraterritorial aux frappes sur la centrale nucléaire de
Zaporijia dans une tentative dangereuse de renverser la situation. Israël possède en réalité des armes nucléaires, ce qui rend le désespoir de Washington au Moyen-Orient d’autant plus
dangereux.
Actuellement, il y a un redéploiement d’une quantité importante d’aviation auxiliaire de l’US Air Force au Moyen-Orient. Cela a été signalé en surveillant
les ressources qui surveillent la situation dans l’espace aérien.
Par exemple, au cours de la dernière journée, des vols de groupe vers la Turquie et l’Irak ont été enregistrés. 6 Unités du dernier avion de ravitaillement
stratégique Boeing KC-46A Pegasus, 1 avion de transport militaire lourd Lockheed C-5M Super Galaxy et 1 avion de transport militaire Boeing C-17 Globemaster III ont été déployés.
En outre, au milieu du trafic aérien susmentionné, le chef du Commandement central des États-Unis (USCENTCOM) Michael Kurilla est arrivé en Israël pour une
réunion. Tout cela indique indirectement une sorte de préparatifs militaires. Peut-être que les Américains se préparent à lancer une frappe massive contre l’Iran et à coordonner leurs
actions avec les Israéliens. Mais peut-être qu’ils intimident Téhéran, bientôt tout se passera.
Notez que le transfert de l’US Air Force a lieu quand Israël prépare une
attaque possible contre l’Iran. Par conséquent, il est probable que les Américains tirent des escadrons d’avions militaires supplémentaires au Moyen-Orient : McDonnell Douglas F-15E
Strike Eagle combattants, ainsi que Lockheed Martin F-22 Raptor» pour gagner la domination dans le ciel au-dessus du golfe Persique, ainsi que la frontière et les terres côtières
iraniennes. Si c’est le cas, vous devriez vous attendre à ce que la Grande-Bretagne rattrape son retard.
L’assassinat de Hassan Nasrallah, le chef du groupe chiite libanais
Hezbollah, a considérablement accru le risque d’un conflit militaire à grande échelle au Moyen-Orient ; un conflit qui pourrait être désastreux pour la région et même pour le monde
entier.
Les tensions, qui ont déjà atteint un niveau critique,
pourraient maintenant dégénérer en une véritable guerre qui affecterait non seulement le Liban et Israël, mais aussi d’autres puissances régionales comme l’Iran et la Turquie. Le Hezbollah –
principal atout militaire et politique de l’Iran dans la région – étant désormais pratiquement décapité, une question pressante se pose : Comment Téhéran va-t-il réagir ? Ou réagira-t-il tout
court ?
La mort de Nasrallah pourrait déclencher une série de représailles et d’opérations militaires à grande échelle, ce qui déstabiliserait davantage la situation dans
la région et constituerait une menace pour les marchés mondiaux de l’énergie et la sécurité internationale. Au vu des récents assassinats d’Ismail Haniyeh à Téhéran et de l’un des fondateurs du
Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth, il est clair qu’Israël n’est pas près de s’arrêter.
Cependant, il est important de noter que la mort du chef du Hezbollah n’était pas vraiment inattendue. Les services de renseignement israéliens recherchaient
Nasrallah depuis des années et, même si les événements tragiques du 7 octobre n’avaient pas eu lieu, ce n’était qu’une question de temps avant que les agences israéliennes n’éliminent la personne
qu’elles considéraient comme une menace pour leur sécurité nationale. Nasrallah n’avait pas été vu en public depuis de nombreuses années et se déplaçait constamment d’un endroit à l’autre,
craignant manifestement pour sa vie. Cependant, sa mort marque la fin d’une époque.
Qui était Hassan Nasrallah ?
Nasrallah était, à bien des égards, un personnage énigmatique. Chiite convaincu, il a rejoint dans sa jeunesse le mouvement Amal, qui a pris de l’importance après
le début de la guerre civile libanaise de 1975. Plus tard, il a étudié dans un séminaire chiite dans la ville sainte irakienne de Najaf avant de retourner au Liban, où il a rejoint le mouvement
Amal.
En 1982, peu après l’invasion du Liban par Israël, Nasrallah et ses alliés se sont séparés d’Amal et ont formé un nouveau mouvement militaire appelé Amal islamique.
Ils ont reçu un soutien militaire et organisationnel important de la part du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) nouvellement créé par l’Iran, ce qui a aidé ce mouvement libanais
à devenir une force chiite de premier plan. Ce groupe a fini par devenir le Hezbollah.
En 1992, Nasrallah est devenu le chef du Hezbollah après l’assassinat de son prédécesseur, le secrétaire général du Hezbollah, Abbas al-Musawi. À l’époque,
Nasrallah n’avait que 32 ans. Sous sa direction, le petit mouvement, dont l’objectif premier était de résister aux forces israéliennes au Liban, s’est transformé en une puissance militaire
dépassant celle de l’armée libanaise.
Presque immédiatement, Nasrallah a intensifié la lutte contre Israël. En 2000, le Hezbollah a lancé ce que l’on a appelé la « petite guerre » contre Israël, qui a abouti au retrait des
troupes israéliennes du Sud-Liban. Bien que Nasrallah ait perdu son fils aîné, Hadi, dans un combat avec des soldats israéliens, il a proclamé que le Hezbollah avait remporté sa première victoire
sur Israël. Il a également juré que le mouvement ne désarmerait jamais, insistant sur le fait que « tout le territoire du Liban doit être libéré ».
Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah est également devenu une force politique majeure qui a mis en place ses propres programmes sociaux, centres et
installations médicales. Il est également devenu un instrument essentiel de la stratégie iranienne visant à étendre son influence régionale. Le Hezbollah a formé des combattants du Hamas et des
rebelles chiites en Irak et au Yémen, et a reçu de l’Iran des missiles et des munitions pour attaquer Israël. Le mouvement est donc devenu une épine dans le pied d’Israël et Jérusalem-Ouest a
juré de l’éliminer.
Bien que le Hezbollah dépende presque entièrement du soutien de l’Iran, des tensions sont parfois apparues entre Nasrallah et les dirigeants de Téhéran. Alors que
l’Iran optait parfois pour une approche plus diplomatique, Nasrallah était souvent en désaccord avec cette position. Après l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël en octobre
dernier, les affrontements entre le Hezbollah et Israël se sont intensifiés. Le Hezbollah a lancé des roquettes sur des positions israéliennes « en solidarité avec les Palestiniens ».
En novembre 2023, Nasrallah a déclaré que l’attaque du Hamas avait été « 100 % palestinienne en termes de prise de décision et
d’exécution », mais il a souligné que les frappes du Hezbollah contre Israël étaient également « très importantes et significatives ». Le Hezbollah a tiré
plus de 8 000 roquettes sur le nord d’Israël et a utilisé des missiles antichars et des drones pour cibler des véhicules blindés et des installations militaires. Les Forces de défense
israéliennes (FDI) ont riposté par des frappes aériennes et ont attaqué les positions du Hezbollah au Liban avec des chars et des tirs d’artillerie.
Le Hezbollah et son chef Hassan Nasrallah n’ont pas été impliqués dans l’attaque du Hamas contre Israël en octobre dernier. En fait, même les responsables
israéliens ont noté qu’il n’y avait aucune preuve liant le Hezbollah ou l’Iran à l’attaque. Cependant, le comportement provocateur de Nasrallah a incité les dirigeants israéliens à prendre des
mesures militaires. Ses déclarations et ses menaces ont presque fait le jeu du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui voulait unifier la nation afin de réaliser ses propres ambitions
politiques – ce qu’il a d’ailleurs réussi à faire.
Plusieurs médias ont indiqué qu’au mois d’août, les dirigeants du CGRI ont tenu plusieurs réunions avec les dirigeants du Hezbollah à Téhéran, les exhortant à ne
pas provoquer Israël. Toutefois, les représentants du Hezbollah ont accusé leurs homologues iraniens d’inaction et ont déclaré qu’ils étaient prêts à se battre seuls si l’Iran choisissait de
rester à l’écart.
Ces discussions ont eu lieu dans le contexte de l’assassinat du président du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran. De nombreux pays de la région et
du monde entier s’attendaient à ce que l’Iran réagisse, car il s’agissait d’un affront direct à la souveraineté et à la sécurité du pays. Or, jusqu’à présent, l’Iran n’a réagi d’aucune manière.
En outre, Israël n’a pas officiellement revendiqué la responsabilité des événements, même si l’Iran l’a directement accusé de l’assassinat.
Il convient également de noter que les relations entre le Hamas et le Hezbollah n’ont pas toujours été amicales. Parfois, les deux groupes se sont même battus l’un
contre l’autre. Plus récemment, cela s’est produit pendant la guerre civile syrienne, lorsque certains membres du Hamas ont combattu aux côtés des forces opposées au président syrien Bashar
Assad, suscitant une vive condamnation de la part du Hezbollah et de l’Iran. Au fil du temps, les deux parties ont trouvé un terrain d’entente en s’opposant à Israël, et la situation s’est
normalisée. Toutefois, il n’y a pas eu de véritable alliance entre le Hamas et le Hezbollah.
Pourquoi l’Iran reste-t-il silencieux ?
À la lumière de ces événements, les experts et la population en général s’interrogent : Pourquoi l’Iran reste-t-il silencieux ? En effet, ces dernières semaines, le
guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, et le président iranien Masoud Pezeshkian, ainsi que diverses personnalités politiques et militaires iraniennes, ont fait des
déclarations fermes, notamment à la suite des explosions massives de téléprompteurs et d’autres appareils au Liban, qui ont fait des dizaines de victimes, tuant à la fois des militants du
Hezbollah et des civils innocents.
Israël ne cache pas qu’il a lancé une opération militaire de grande envergure pour démanteler complètement le principal atout de l’Iran dans la région, le
Hezbollah. Dans son dernier discours public, Nasrallah a accusé Israël d’avoir franchi « toutes les lignes rouges », admettant que l’attaque avait
été un « coup sans précédent » pour le
Hezbollah. Peu après, Israël a intensifié ses attaques contre le Hezbollah et a procédé à de vastes bombardements qui ont fait près de 800 morts.
Les premières informations sur la mort de Nasrallah sont apparues dans la soirée du vendredi 27 septembre. Ce jour-là, les FDI ont mené une frappe aérienne sur le
quartier général du Hezbollah dans la municipalité de Harat Hreik, dans la banlieue de Dahieh, au sud de Beyrouth. Selon les médias, la cible de cette frappe était Nasrallah. L’attaque a été
menée par le 119e escadron de l’armée de l’air israélienne, également connu sous le nom d’escadron Bat, à l’aide d’avions de chasse F-16I Soufa, qui ont largué plusieurs tonnes de
munitions.
Dans un premier temps, on n’a pas su si Nasrallah était mort dans l’attaque. Cependant, le 28 septembre 2024, les FDI ont officiellement confirmé sa mort, que les
dirigeants du Hezbollah ont confirmé par la suite.
La frappe a fait au moins six morts et plus de 90 blessés. Les FDI ont indiqué qu’Ali Karaki, commandant du front sud du Hezbollah, figurait parmi les morts, ainsi
que d’autres commandants de haut rang. Cette attaque a eu lieu juste après le discours de Netanyahu à l’ONU, au cours duquel le premier ministre israélien a réaffirmé l’engagement d’Israël dans
la lutte contre le Hezbollah, soulignant qu’Israël « aspire à la paix ».
Les médias israéliens ont rapporté que Netanyahou avait ordonné les frappes aériennes sur Beyrouth pour éviter de lancer une opération terrestre au Sud-Liban, bien
que tout indique qu’une telle opération pourrait encore avoir lieu. Tsahal a officiellement déclaré que les navires iraniens seraient interceptés au large des côtes libanaises, qu’elle viserait
les nouveaux dirigeants du Hezbollah et qu’elle empêcherait tout avion en provenance de Syrie ou d’Iran d’atterrir dans la capitale libanaise.
Quant à l’Iran, il n’a pour l’instant entrepris aucune action, bien que deux mois se soient écoulés depuis l’assassinat d’Ismail Haniyeh à Téhéran. Le 21 septembre,
l’Iran a testé un autre missile à l’extérieur de Téhéran, ce qui était censé être un avertissement pour Israël. Cependant, Israël n’a manifestement pas été intimidé par ces menaces puisqu’une
semaine plus tard il éliminait Nasrallah.
Cette fois, la rhétorique habituellement féroce de l’Iran pour une vengeance contre Israël a été beaucoup plus modérée. D’une part, les adversaires régionaux de
l’Iran ont vu là une initiative qui a pris Téhéran au dépourvu, le laissant dans l’incertitude quant à la manière de réagir. Cela pourrait expliquer les informations selon lesquelles le guide
suprême iranien Khamenei aurait été déplacé dans un lieu plus sûr, craignant qu’Israël n’aille « plus loin ».
D’autre part, les récentes remarques du président iranien Masoud Pezeshkian à l’ONU pourraient révéler quelque chose sur la position actuelle de l’Iran. Lors d’une
rencontre avec des journalistes américains, il a laissé entendre que l’Iran pourrait ne pas entreprendre d’action militaire si Israël prenait une mesure similaire. Cette déclaration contraste
avec la position exprimée par l’Iran il y a moins de deux mois – à l’époque, après la mort de Haniyeh, l’Iran avait promis de riposter de manière brutale.
L’évolution vers un ton plus conciliant à New York a été si notable qu’elle a incité le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, à démentir
catégoriquement les rumeurs sur la volonté de l’Iran de désamorcer les tensions avec Israël. Khamenei s’est lui aussi abstenu de critiquer sévèrement Israël et ses dirigeants, comme il en a
l’habitude. Dans un discours public prononcé trois jours après l’explosion des prompteurs du Hezbollah, il a brièvement mentionné le Liban, mais a surtout appelé les nations islamiques à s’unir
contre Israël et à rompre tous les liens économiques et politiques avec ce pays.
Toutefois, il existe une troisième possibilité pour expliquer le silence de l’Iran : il attend simplement son heure et se prépare à frapper de manière inattendue,
au moment opportun. L’Iran pense que les provocations d’Israël ne sont qu’un piège, dont Téhéran pourrait ne pas sortir vivant et qui pourrait conduire à sa défaite.
La presse israélienne rapporte que la frappe des FDI sur le quartier général du Hezbollah a également tué le commandant du front sud, Ali Karaki, et le commandant
de la Force Quds en Syrie et au Liban, Abbas Nilforushan. La Force Qods est une unité militaire d’élite du CGRI, chargée de mener des opérations en dehors de l’Iran. Samedi 28 septembre dans
l’après-midi, les médias d’État iraniens ont confirmé que l’un des commandants adjoints du Corps des gardiens de la révolution islamique figurait parmi les victimes de l’attentat. En d’autres
termes, les tensions restent vives et il ne faudrait pas grand-chose pour que le conflit dégénère en une véritable guerre.
Les autorités américaines se sont également prononcées sur la situation. Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a déclaré que Washington était
« déterminé à empêcher l’Iran d’aggraver le conflit au
Moyen-Orient ».
De son côté, le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a déclaré que l’Iran était entraîné dans une guerre plus vaste. Il a également noté que,
apparemment, Israël tente de provoquer l’Iran et le Hezbollah afin d’entraîner les États-Unis dans le conflit, ajoutant que Washington veut préserver son monopole sur les processus au
Moyen-Orient.
Il est clair que l’Iran ne veut pas la guerre, non pas par peur, mais parce qu’il comprend les conséquences d’une telle démarche. Pendant ce temps, Netanyahou reste
convaincu de son invincibilité et considère l’Iran comme un « tigre de papier » qu’il peut facilement manipuler. En
réalité, la situation est bien plus dangereuse. L’Occident veut déclencher une nouvelle guerre en exploitant les tensions actuelles, mais il a l’intention de le faire sans s’impliquer
directement, en utilisant Israël comme mandataire.
Par contre, les dirigeants israéliens pensent que ce n’est pas l’Occident qui les utilise, mais l’inverse, qu’ils peuvent attirer l’Occident dans ce conflit et le
forcer à affronter l’Iran, réalisant ainsi une manœuvre politique astucieuse qui profiterait en fin de compte à Netanyahou. Le premier ministre israélien n’est pas près de s’arrêter et pense que
rien ne peut se mettre en travers de son chemin.
Israël pense qu’en éliminant des personnes comme Nasrallah, Haniyeh, Fuad Shukr et d’autres, il pourra démanteler le Hamas, le Hezbollah, le mouvement Ansar Allah
(les Houthis du Yémen) et d’autres groupes militants similaires. S’il est possible d’éliminer des militants individuels, c’est une autre paire de manches que d’éliminer toute une
idéologie.
Le Hezbollah n’est plus seulement un groupe d’individus armés, c’est une idéologie qui attirera d’autres militants qui se souviendront de ces événements et
relanceront le conflit sanglant, causant la mort de personnes des deux côtés. Actuellement, la Russie propose le plan le plus cohérent, le plus mesuré et le plus pacifique, en exhortant les
parties belligérantes à s’asseoir à la table des négociations sur la base de la résolution des Nations unies de 1947 qui préconise la création d’un État juif et d’un État arabe.
Si cette approche était adoptée, 90 % des problèmes actuels de la région disparaîtraient. Cependant, Tsahal poursuit ses opérations militaires, qui entraînent la
mort d’innombrables civils innocents, tandis que le Hezbollah jure de riposter.
Si Israël choisit la voie de l’escalade militaire et entraîne l’Iran dans une guerre plus vaste, les conséquences pour la région seront sans aucun doute
catastrophiques. Une confrontation directe pourrait déclencher un conflit plus vaste impliquant de nombreux acteurs, dont la Syrie, l’Irak et même les États du Golfe. La Turquie et le Pakistan ne
resteraient probablement pas non plus à l’écart. Le marché mondial de l’énergie serait perturbé et la sécurité des routes maritimes vitales pourrait être compromise, ce qui entraînerait une
flambée des prix de l’énergie et une instabilité économique générale.
RT
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
OTAN-Russie : Les rats du «jardin» de l’OTAN contre l’ours de la «taïga» de Sibérie !
Ce
qui est drôle et ridicule, c’est que les décideurs à Washington à Londres et à Paris osent le culot, par un pseudo-humanisme perfide, de décider de sanctionner leur doyen l’Iran qui
aurait livré des missiles à la Russie, car constituant une «menace directe pour
la sécurité européenne».
Echec
d’une vieille rivalité et le prétexte des missiles iraniens
Comme si tout ce qui se déroule en Ukraine jusque-là, les aides militaires (armes, renseignement, mercenaires, dollars etc.) ; les centaines de
milliers de victimes ukrainiennes ; la destruction de son infrastructure économique ; la perte de la moitié de sa population ; les crises économiques, sociales et politique qui
déstabilisent l’Europe, etc. seraient liés à une hypothétique livraison par l’Iran de missiles à la Russie ! Pourtant, ils ont prédit un effondrement de la Russie «dans les 15
jours» et nous entrons dans la troisième année de ce conflit.
Comme si la Russie est sur le point de perdre la guerre en Ukraine et qu’elle ait un besoin urgent de missiles iraniens pour la sauver de l’anéantissement.
Les Iraniens ne devraient pas se sentir obligés, à chaque fois, de nier ou justifier leurs actions, car ils ont suffisamment de forces pour ignorer de telles pressions. Il est important
de rappeler «l’accord de
partenariat stratégique global entre la Russie et la République islamique d’Iran» qui les lie également par une collaboration en matière de politique étrangère, de géopolitique et de
technologies militaires entre autres.
Pour ces trois gouvernements arrogants et méprisants, malgré leur échec militaire humiliant face à leur maître russe, la fourniture massive et manifeste
d’armes destructrices à leur préféré, Israël, qui mène une guerre génocidaire contre les Palestiniens (entrainant la mort de dizaines de milliers de femmes et d’enfants), est perçue comme
un acte hautement humanitaire et moral conforment à l’éthique chrétienne.
Ce n’est qu’une énième diversion pour masquer leur échec en Ukraine en déplaçant leurs diableries vers la Palestine ! Quand on pressent une défaite
inévitable, on cherche un exutoire! Les Russes seront féroces et implacables quand leur existence est menacée ! L’insistance répétée de la Russie sur cette «ligne rouge» indique qu’il est
prévu des conséquences insurmontables. Ce seront les rats du «jardin» de
l’OTAN contre l’ours de la »taïga» de
Sibérie !
Tout ce que l’OTAN, a décidé, engagé, planifié, financé a, jusqu’à présent, conduit à un échec retentissant. En revanche, les avertissements de la Russie –
souvent jugés comme du bluff – se sont concrétisés par des succès notables sur les plans politique, économique, géopolitique et militaire.
En réalité, la rivalité ne s’est jamais estompée depuis la 2ème Guerre
mondiale si l’on se réfère à la déclaration
de Truman au New York
Times en 1941, suite à l’Opération «Barbarossa»: «Si nous voyons que
l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie ; mais si c’est la Russie qui gagne, nous devons aider l’Allemagne, afin qu’ils s’entre-tuent…».
On comprend, dès lors, que l’intervention des États-Unis contre l’Allemagne en 1944 visait principalement à neutraliser ses rivaux, l’Allemagne et l’Union
soviétique, plutôt que de garantir la sécurité des Européens. Ceci est confirmé par George Marshall soucieux de contenir l’Union soviétique. «Nous ne sommes pas
venus en Europe pour sauver les Français. Nous sommes venus parce que nous… étions menacés par une puissance hostile, agressive et très dangereuse…» voir
l’article de Marc Rousset sur RI .
Cette rivalité a commencé à se manifester en conflit larvé en 2014. L’année 2022 n’était que la réaction légitime des Russes à la vue d’une arme qui se
rapprochait de leur tempe !
Menace de
frappes en profondeur et avertissements Russes
L’Otan est dans une impasse, et la profusion des avertissements russes signifie la prudence et la sagesse avant l’action résolutive. Lavrov
disait dans ses déclarations «s’ils veulent
[aller] sur le champ de
bataille, alors ce sera sur le champ de bataille» ; «L’occident manifeste
un manque de culture et une incapacité à faire de la politique et de la diplomatie» ; «si la guerre
dégénérait en un conflit militaire plus large, une éventuelle troisième guerre mondiale ne se limiterait pas aux champs de bataille européens» ; «regardez comme ils se
lamentent désormais sur le développement durable et généralisé de nos forces armées» ; »pour
les Américains, toute discussion sur la 3ème Guerre
mondiale se résume à quelque chose qui n’affecterait que l’Europe…c’est assez révélateur, car cette idée reflète l’état d’esprit…des
américains qui pensent qu’ils peuvent simplement rester assis pendant toute la durée de l’affaire…».
Les nouvelles menaces, exacerbant la situation, visant les «profondeurs» de la Russie, dans l’espoir ultime de la «mettre à genou» et la riposte, de cette
dernière, annoncée foudroyante auront les résultats que l’Occident ne semble pas appréhender.
La retenue de la Russie a constamment repoussé ses «limites», perçues par l’Otan comme une faiblesse. Il semble que cette «limite» soit sur le point d’être
atteinte si l’on se fie à la déclaration du ministre des Affaires étrangères adjoint, Sergueï
Ryabkov, : «La décision a été
prise, la carte blanche et toutes les indulgences ont été données [à Kiev], donc nous sommes
prêts à tout. Et nous réagirons d’une manière qui ne sera pas belle à voir». Il y a aussi ce message inquiétant du Président
de la Douma russe«si une telle chose
se produit [frappes à longue portée], la Russie réagira…en
utilisant des armes plus puissantes. C’est notre pays qui vous a libéré, vous et toute l’Europe…ce que le Parlement européen devrait faire…est de se dissoudre» Ce n’est
certainement pas du bluff. Le bluff est dans la «culture» des
Américains et non des Russes.
Les Russes n’ont toujours pas utilisé leurs atouts et leurs puissantes armes conventionnelles que l’occident ne possède pas. En effet, pourquoi user
du nucléaire lorsque l’on dispose d’armes conventionnelles redoutables et sans équivalent ? Les Iskander-M, les Kinzhal et autres Kalibr ne sont, pour eux, que des éléments
secondaires de leur arsenal. Ils ont suffisamment de ressorts dans leur histoire héroïque, leur héritage de l’URSS, leur puissance, leur expérience, leur sagesse et leur foi, pour contrer
toute adversité, sans oublier qu’ils n’ont jamais été colonisateurs et spoliateurs comme le sont les Occidentaux.
D. de Villepin par sa lucidité a d’ailleurs posé une question pertinente (dans
cette vidéo – 6’25’’ ) : «nous sommes dans une
guerre qui s’élargie…Si nous envoyons des
troupes au sol, savons-nous si du côté russe d’autre pays renverrons de l’autre côté des troupes au sol ? Est-ce que nous aurons des combattants africains, asiatiques, moyens
orientaux face à nous dans ce sud global qui a aussi envie de régler des comptes avec l’occident ?…».
C’est aussi parce que la Russie a gagné que le secrétaire général de l’OTAN, Jens
Stoltenberg, a déliré en déclarant que leur plan ne vise pas à gagner la guerre contre la Russie, mais à la persuader qu’elle est vaincue (?!). Une guerre se conclue sur le champ
de la bataille et non par l’effort de «convaincre» et »persuader» l’ennemi qu’il ne la gagnera pas !
Même leur protégé, Israël, y met du sien par la voie de leur député hystérique, Amir Weitmann, qui est allé jusqu’à menacer la Russie dans
une interview à Russia Today. Ce dégénéré a reproché à la Russie d’être «co-responsable du
massacre» du 7 octobre parce qu’elle n’a pas pris le parti d’Israël, en lançant cette bravade : «La Russie soutient
les ennemis d’Israël…des nazis qui veulent commettre un génocide contre nous…nous allons en finir avec ces nazis…nous n’oublions pas ce que vous faite…nous ferons en sorte que l’Ukraine
gagne…croyez-moi, la Russie paiera le prix…». Le bougre n’a fait que dévoiler les conjurations de son gouvernement contre la Russie. Il est relayé par l’ambassadrice d’Israël en
Russie qui a déclaré que Tel Aviv s’attend à ce que Moscou condamne la frappe iranienne. Réponse
de Zakharova : «Rappelez-moi quand
Israël a condamné…une seule frappe du régime de Kiev contre des régions russes ?…Je me souviens de déclarations régulières de soutien aux actions de Zelensky de la part des responsables
israéliens.»
La
problématique «Guerre mondiale» en Europe
Tout ce que l’OTAN a décidé, engagé, planifié, financé, s’est traduit, jusque-là, par un échec retentissant. Tout ce que la Russie a donné comme
avertissements – que l’on prenait pour du bluff – s’est réalisé avec les succès sur les plans politique, économique, géopolitique et militaire.
Dans ce conflit en Ukraine, la hantise est le risque d’escalade vers une 3ème Guerre
mondiale. À notre sens, elle ne sera certainement pas le fait des Russes ; encore moins nucléaire. Elle a des armes invincibles qui peuvent neutraliser l’Occident.
Entre qui et qui ? Où se déroulera-t-elle ? En Europe ? Aucun pays ne s’engagera dans cette aventure vouée à l’échec, malgré une forte coalition contre
la Russie qui ne sera jamais seule. Une guerre avec Royaume Unis, Pologne, Pays Baltes, Allemagne, France contre une Russie puissante qui peut aussi entrainer la Chine, l’Iran et d’autres ?
Très douteux surtout quand ils pressentent que les USA les dirigent vers cet objectif sans s’engager. Ils observeront et aideront de loin. C’est connu !
Si guerre «mondiale» il y aura, elle se déroulera, à notre avis, au Moyen-Orient, avec la coalition, Hezbollah, Hamas, Houthis du Yémen, une faction
irakienne et la Syrie contre Israël. L’Iran n’aura même pas besoin d’intervenir directement. Les premiers seront aidés par la Russie, la Chine, l’Iran et certains pays arabo-musulmans et
Israël par les USA, le Royaume Unis et la France en particulier.
Ce sera une «Guerre Mondiale d’usure» et le 1er qui en pâtira voire disparaitra c’est leur entité sioniste d’Israël, car factice, immorale, sans
patriotisme, en déficit d’effectif, avec une population instable, qui peut quitter vite les lieux pour l’Europe et l’Amérique à la faveur de sa double ou triple nationalité, ainsi que des
colons filous et avides qui résident, pour la plupart, ailleurs d’où ils dirigent leurs colonies.
Cela marquera la fin du sionisme mondial – un foyer de fixation cancérigène – bénéfique pour tous y compris pour l’Occident ! Les intérêts des USA au
Moyen-Orient ne peuvent être garantis par cette entité usurpatrice, amorale et génocidaire. L’Ukraine, quant à elle, ne sera qu’un simple théâtre pour un test infructueux et
désastreux.
Finalement,
Tout ce que cet occident prédateur a dévoré illégalement «grain par grain» – par tromperie ou par force – depuis des décennies, en se croyant invincibles,
est sur le point d’être évacué douloureusement par grappes ! Tous ces démons en décomposition se retrouvent face à un choix kafkaïen du genre «très chaud d’un côté et brûlant de
l’autre».
Les USA, tête de la vipère, pataugent dans l’aberration à vouloir dominer et punir tous les pays qui ne se plient pas leur volonté ! Avec cette politique
systématique, ils sont en train de se faire comme ennemi le monde entier y compris leurs supposés «amis». Ils évoluent dans l’absurde. Là est leur déraison !
L’axe américano-anglo-franco-sioniste est en voie d’essuyer une défaite majeure sur les plans politique, géostratégique et militaire, face
à la nouvelle configuration qui s’organise
autour des BRICS qui regroupe déjà plus de 3 milliards d’habitants et contribue à 31,5% du PIB mondial (plus que le G7).
Les BRICS plaident pour l’émergence de nouvelles puissances reflétant le caractère multipolaire et pour une réorganisation totale des instances
internationales.
Les États-Unis & les pays de l’OTAN sont au pied du mur, & Washington assiste impuissant à la mutation du forum économique des BRICS en un géant
géopolitique capable de défier & surpasser le G7.
Que feriez-vous pour sauver la démocratie ? Pour sauver l’Amérique ? Pour sauver le monde ? Comment voterez-vous en novembre ?
Si vous ne pensez pas encore à la fin du monde, c’est que vous avez perdu la tête ou que vous vivez reclus dans un coin reculé du globe, sans aucun accès à
l’information.
La semaine dernière, nous n’avons jamais été aussi proches d’un conflit nucléaire entre les États-Unis et la Russie depuis la crise des missiles de Cuba en
1962.
Aujourd’hui, nous en approchons encore un peu plus.
Dans la plupart des scénarios évoqués dans les médias occidentaux, qui envisagent un conflit nucléaire entre la Russie et les États-Unis, la Russie est
censée initier l’échange en utilisant des armes nucléaires contre l’Ukraine, en réponse à la dégradation des conditions militaires, économiques et/ou politiques provoquée par les
États-Unis et l’OTAN, qui ont réussi à se servir de l’Ukraine comme d’un proxy pour parvenir à la défaite stratégique de la Russie.
C’est ce que l’Ukraine et l’administration Biden entendent en disant que l’Ukraine a “gagné la
guerre”.
Ces propos s’inscrivent dans la continuité de l’objectif politique défini par le secrétaire à la défense Lloyd Austin en avril 2022, à
savoir “voir
la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus entreprendre le type de manœuvres qui ont mené à l’invasion de l’Ukraine”, ce qui signifie que la Russie ne doit
pas “avoir la capacité de
renouveler très rapidement” les effectifs et l’équipement perdus en Ukraine.
Lloyd Austin (à droite) et le secrétaire d’État Anthony Blinken (à gauche) s’adressent à la presse, avril 2022.
Cette politique a échoué : la Russie a absorbé quatre nouveaux territoires – Kherson, Zaporizhia, Donetsk et Lougansk – dans la Fédération de Russie, et
l’industrie de la Défense russe a non seulement remplacé les pertes subies dans le conflit ukrainien, mais arme et équipe actuellement 600 000 soldats supplémentaires qui ont rejoint les
rangs de l’armée russe depuis février 2022.
Ce sont les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN qui sont au pied du mur, l’Europe étant confrontée à de graves difficultés économiques en raison de
l’impact extrême de ses sanctions sur l’énergie russe, et les États-Unis assistant impuissants à la mutation du forum économique BRICS, autrefois passif, en un géant géopolitique capable
de défier et de surpasser le G7, dirigé par les États-Unis, en tant qu’organisation non gouvernementale la plus influente au monde.
Scott discutera de
cet article et répondra aux questions du public dans l’épisode
198 de «Ask
the Inspector». Appelez-nous
pendant l’émission au 520.525.8359, ou cliquez ici pour
soumettre votre question à l’avance.
Face à ce cuisant échec, les responsables politiques américains et européens multiplient les initiatives téméraires d’escalade pour amener la Russie au
point de rupture, en partant du principe que toutes les prétendues “lignes
rouges” fixées par le Kremlin en matière d’escalade sont des mirages – la Russie, croient-ils, est en train de bluffer.
Et si la Russie ne bluffait pas ?
Le scénario occidental brosse alors un tableau apocalyptique d’une Russie affaiblie et vaincue qui utiliserait des armes nucléaires contre l’Ukraine dans un
dernier acte de vengeance désespéré.
Selon ce scénario, que les États-Unis et l’OTAN ont non seulement élaboré dans le cadre de leurs scénarios guerriers, mais qu’ils ont également jugé bon de
mettre en œuvre en imaginant la Russie se préparer à utiliser des armes nucléaires fin 2022-début 2023, les États-Unis et l’OTAN lanceraient une riposte dévastatrice contre des cibles
russes à l’intérieur même de la Russie, dans le but de dégrader de manière punitive les capacités de commandement et de contrôle, la logistique et la capacité de guerre de la
Russie.
Pour ce faire, ils utiliseraient des armes conventionnelles.
Un
F-16 de l’USAF largue un missile JASSM (Joint Air Surface Standoff).
Si la Russie décidait de riposter contre des cibles de l’OTAN, les États-Unis devraient alors prendre une décision : continuer à intensifier l’escalade, en
rendant coup pour coup à la Russie jusqu’à ce que l’un des deux camps tombe, ou utiliser préventivement des armes nucléaires afin de désamorcer l’escalade, en lançant une frappe atomique
limitée avec des armes nucléaires à faible rendement dans l’espoir que la Russie recule par crainte de la suite, à savoir une guerre nucléaire généralisée.
Le Pentagone a intégré un tel scénario dans l’éventail des options de préemption nucléaire dont dispose le président des États-Unis. En effet, au début de
l’année 2020, le commandement stratégique américain a mené un exercice au cours duquel le secrétaire à la Défense a donné les instructions de déploiement d’un sous-marin américain de
classe Ohio pour lancer un missile Trident transportant des ogives nucléaires à faible rendement W-76-2 contre une cible russe dans un scénario impliquant une agression russe contre les
pays baltes où la Russie utiliserait une arme nucléaire tactique pour frapper une cible de l’OTAN.
La folie de ce scénario repose sur la méconnaissance de la doctrine nucléaire russe officielle, selon laquelle la Russie répondra avec toute la puissance de
son arsenal nucléaire stratégique en cas d’attaque nucléaire contre le sol russe.
Une fois de plus, les planificateurs américains de la guerre nucléaire pensent que la Russie bluffe.
Cette analyse comporte un autre aspect.
Alors que les États-Unis supposent que la Russie ne cherchera pas à déclencher de conflit nucléaire généralisé après l’utilisation par les États-Unis
d’ogives nucléaires, il faut savoir que les ogives W-76-2 sont transportées par des missiles balistiques Trident lancés à partir de sous-marins.
L’ogive nucléaire à faible rendement W-76-2
Si le scénario de février 2020 prévoyait que la Russie utilise les armes nucléaires la première (ce qui, à l’époque, représentait un décalage flagrant du
point de vue de la doctrine nucléaire russe officielle et des déclarations politiques du président russe), le fait est que les États-Unis n’attendront pas nécessairement que la Russie
donne le coup d’envoi sur le front nucléaire.
Les États-Unis ont depuis longtemps adopté une politique nucléaire qui non seulement prévoit la possibilité d’une première frappe nucléaire, mais qui, par
le biais de déclarations politiques, encourage activement les adversaires nucléaires potentiels de l’Amérique à croire qu’une telle action est, en fait, possible. David J. Trachtenberg,
sous-secrétaire adjoint à la Défense au sein de l’administration Trump, a déclaré dans un discours à la Brookings Institution en 2019 qu’un aspect essentiel de la posture nucléaire
américaine consiste à “faire en sorte que
des adversaires tels que la Russie et la Chine ne se doutent pas que les États-Unis utiliseront un jour leurs armes nucléaires”.
Mais les États-Unis écartent toute incertitude dans cette équation. Dans
un article récent paru dans Responsible Statecraft, Theodore Postol souligne qu’une nouvelle fusée utilisée sur l’ogive nucléaire W-76 (pas la W-76-2 à faible rendement, mais plutôt la version
à 100 kilotonnes) a transformé les 890 ogives W-76 chargées sur les missiles Trident embarqués à bord des sous-marins lanceurs d’engins de la classe Ohio en armes capables de détruire les
batteries de missiles russes et chinoises renforcées avec une seule ogive.
Tête nucléaire W-76
Cela signifie qu’en tirant sur une trajectoire réduite à partir d’une position proche des côtes russes ou chinoises, les États-Unis ont la capacité de
lancer une première frappe nucléaire qui a de bonnes chances d’anéantir l’ensemble de la composante terrestre de la dissuasion nucléaire stratégique chinoise et russe. En conséquence, la
Russie a été contrainte d’adopter une position nucléaire de «lancement sur
détection», dans laquelle elle utiliserait la totalité de son arsenal basé sur des silos dès qu’elle détecterait une première frappe potentielle de la part des États-Unis.
Revenons un instant à l’utilisation de l’arme nucléaire à faible rendement W-76-2 dans le cadre de la stratégie «escalade pour
désescalade» qui sous-tend la raison d’être de l’arme W-76-2.
Si les États-Unis lancent le missile Trident porteur de l’ogive à faible rendement, comment les Russes sont-ils censés interpréter cet acte ?
Si jamais un missile Trident est utilisé pour lancer une ogive W-76-2, les Russes considéreront cette action comme le déclenchement d’une première frappe
nucléaire, et ordonneront le lancement de leur propre arsenal nucléaire en guise de réponse.
Tout cela parce que les États-Unis ont adopté une politique d’“ambiguïté de
première frappe” destinée à laisser les Russes et les Chinois dans l’incertitude quant aux intentions nucléaires américaines.
Et, cerise sur le gâteau nucléaire, la Russie semble avoir réagi en modifiant sa politique nucléaire pour adopter une stratégie similaire de préemption
nucléaire, ce qui signifie qu’au lieu d’attendre que les États-Unis lancent effectivement un ou plusieurs missiles à tête nucléaire contre une cible russe, la Russie cherchera à préempter
une telle attaque en lançant sa propre frappe nucléaire préventive destinée à éliminer la force de dissuasion nucléaire terrestre des États-Unis.
Dans un monde sain, les deux parties reconnaîtraient les dangers inhérents à une telle posture prospective, et prendraient des mesures correctives.
Mais nous ne nous trouvons plus dans un monde sain.
En outre, sachant que le principe sous-jacent guidant les politiques américaines à l’égard de la Russie repose sur l’idée erronée que la Russie bluffe,
toute attitude agressive de notre part visant à promouvoir et à exploiter l’ambiguïté découlant du potentiel de première frappe ne fera, selon toute vraisemblance, qu’alimenter la
paranoïa russe à l’égard d’une éventuelle préemption nucléaire américaine, incitant la Russie à préempter.
La Russie ne bluffe pas.
Et notre refus de l’admettre nous a engagés sur une voie où nous semblons plus que désireux d’annihiler la vie elle-même.
Nous devons éviter la préemption nucléaire en adoptant une politique stricte de non-recours en premier.
En choisissant la dissuasion plutôt que la guerre.
En dévalorisant la guerre nucléaire.
En contrôlant les armes nucléaires par le biais de traités de maîtrise des armements vérifiables.
Et en éliminant les armes nucléaires.
Il s’agit véritablement d’un choix existentiel : les armes nucléaires ou la vie.
Les
événements actuels dans différentes régions du monde prouvent plus que jamais que le terrorisme est essentiellement une union de toutes les forces nostalgiques de l’ère unipolaire et de
ceux qui les servent.
La majorité mondiale est confrontée désormais à d’énormes défis de sécurité au moment où les forces de la minorité planétaire et leurs vassaux tentent de
provoquer une escalade maximale, précisément en raison de leur faiblesse, et non pas l’inverse.
La
terreur – comme caractéristique de la minorité planétaire
Aujourd’hui et plus que jamais, de nombreux pays et régions du monde se retrouvent confrontés à l’intensification des méthodes terroristes et dans
lesquelles il est possible de voir les maillons d’une même chaîne. Il suffit de prendre à cet effet le soutien du régime bandériste kiévien aux groupes terroristes opérant
dans la
région du Sahel et notamment dans le nord du Mali. Les actions dudit régime sont soutenues par l’Occident collectif otanesque – à la fois dans le cadre de la guerre menée contre la
Russie, mais aussi contre ses alliés dans d’autres régions du monde, y compris en Afrique.
Les informations sont déjà disponibles selon lesquelles le régime terroriste de Kiev interagit avec le groupe associé à Al-Qaïda.
Coïncidence ou non, les terroristes d’Al-Qaïda ont également récemment organisé une tentative d’attentat terroriste dans la capitale malienne, la ville de
Bamako. La même Al-Qaïda qui depuis déjà bien longtemps, ne représente plus aucune menace pour les intérêts occidentaux, que ce soit dans les régions du Sahel ou du Moyen-Orient.
Étaient-ils d’ailleurs réellement une menace ? L’époque du 11 septembre 2001, lorsque l’Occident avait déclaré qu’Al-Qaïda était la «principale menace» pour l’humanité, est révolue depuis
longtemps. Désormais, les terroristes de ce réseau salafiste cadrent bien avec les intérêts de la minorité planétaire représentée par les régimes occidentaux – que ce soit au Mali et dans
les pays de l’Alliance-Confédération des États du Sahel (AES), ou par exemple en Syrie.
En parlant justement de la Syrie et du Moyen-Orient, les informations sont déjà disponibles selon lesquelles le régime terroriste de Kiev interagit avec le
groupe associé à Al-Qaïda, se trouvant encore dans le nord syrien, dans
la province d’Idlib. De manière générale, le cercle des terroristes se rétrécit comme jamais auparavant et tout se révèle au grand jour. Quant aux attentats terroristes dans le pays
voisin de la Syrie, le Liban, organisés par le régime israélien, il convient également de noter nombre de similitudes avec son homologue kiévien. Conscient de son incapacité à pouvoir
vaincre ses rivaux sur le champ de bataille, et ce malgré le soutien colossal du régime washingtonien et des vassaux du dernier en Europe occidentale, le régime agonisant, après tous ses
crimes de masse commis sur le sol palestinien, tente à réaliser une escalade maximale à l’échelle régionale. Et qui, comme dans le cas de «l’Ukraine» contemporaine, peut avoir les
conséquences les plus graves à l’échelle mondiale.
Soit dit en passant, il existe ici aussi un autre «paradoxe». Pas une seule fois, Al-Qaïda, Daech ou d’autres groupes terroristes salafistes déclarant mener
une guerre aux «infidèles» n’ont créé de menace pour Israël, qui extermine massivement les Palestiniens, dont la majorité est musulmane. Naturellement, pour ceux qui comprennent l’essence
de ces terroristes et ceux qui les manipulent, voire les contrôlent, il n’y a aucun paradoxe existant.
Comment
doit réagir la majorité mondiale ?
Tous les événements mentionnés, ainsi que d’autres, doivent aujourd’hui donner clairement une impulsion à une interaction globale, dans le cadre de la lutte
contre la minorité planétaire, ses vassaux et acolytes, une minorité qui cherche à plonger l’humanité dans le chaos complet. En principe, tout cela était prévisible, le soi-disant monde
«fondé sur des règles», évidemment sur les règles d’une minorité planétaire durant le diktat de l’Occident collectif otanesque sur l’humanité, s’est finalement effondré. Cela signifiant
que les hypocrites et les criminels occidentaux continueront d’activer, à travers leurs marionnettes bon marché, toutes les méthodes disponibles en termes de terreur de masse.
C’est pourquoi les initiatives qui se forment aujourd’hui dans le cadre de l’interaction au sein de la majorité globale, doivent clairement s’orienter vers une direction
pratique. Ce n’est qu’avec l’interaction la plus persistante entre les représentants de l’OCS, des BRICS, de l’espace eurasiatique et des pays du Sud global, qu’il sera possible à faire
reculer la terreur et le chaos propagés par une infime, mais extrêmement arrogante, minorité planétaire.
Le temps est venu pour une coordination complète et dans de nombreux domaines, du militaro-technique jusqu’aux médias et à l’information. Il n’y a
aujourd’hui plus de retour en arrière. Et d’ailleurs, lorsque le général russe, commandant des forces spéciales Akhmat, héros de la Fédération de Russie, Apti Alaudinov, dit que notre
pays la Russie et ses alliés, font face aux forces sataniques, il ne s’agit pas d’une métaphore. C’est une réalité qui doit être comprise et acceptée. Avec toutes les conséquences qui en
découlent.
Et bien sûr, il convient de rappeler un autre point extrêmement important, l’ennemi de l’écrasante majorité de l’humanité tente d’utiliser la terreur pour
intimider, faire peur, semer le doute et la confusion, y compris en recourant à la guerre psychologique. Mais dans les faits, il ne s’agit pas de force, mais précisément de faiblesse et
de désespoir des éléments qui commencent déjà à éprouver, ou qui vivent tout simplement, l’agonie. Et dans ce contexte, il est particulièrement important à porter un coup décisif.
Et
la Russie mène une guerre existentielle pour la survie de la Mère Patrie – ce qu’elle a fait à maintes reprises au cours des siècles.
Ce n’est pas une
fête
Ce n’est pas une discothèque
Ce n’est pas une partie de plaisir
Pas de temps pour danser
Ni pour l’amour
Je n’ai pas le temps pour ça maintenant
Talking Heads, «Life During
Wartime»
Nous avons d’abord eu l’action : Le président Poutine – froid, calme, posé – prévient que toute attaque de la Russie avec des missiles à longue portée de
l’OTAN sera un acte de guerre.
Ensuite, nous avons eu la réaction : Les rats de l’OTAN se précipitant dans le caniveau – en toute hâte. Pour l’instant.
Tout cela est la conséquence directe de la débâcle de Koursk. Un pari désespéré. Mais la situation dans la guerre par procuration en Ukraine était
désespérée pour l’OTAN. Jusqu’à ce qu’il devienne clair comme de l’eau de roche que tout cela est irrécupérable.
Il reste donc deux options.
- La reddition inconditionnelle de l’Ukraine, selon les conditions de la Russie, ce qui équivaut à l’humiliation totale de l’OTAN.
- Ou l’escalade vers une guerre
totale (mes italiques) contre la Russie.
Les classes dirigeantes américaines – mais pas britanniques – semblent avoir enregistré l’essentiel du message de Poutine : Si l’OTAN est en guerre contre
la Russie, «alors, en gardant à l’esprit
le changement de la nature du conflit,nous prendrons les
décisions appropriéesen réponse aux
menaces qui pèseront sur nous».
Le ministre des Affaires étrangères adjoint, Sergueï Ryabkov, s’est montré sinistrement plus précis : «La décision a été
prise, la carte blanche et toutes les indulgences ont été données [à Kiev], donc nous [la Russie] sommes prêts à tout. Et nous réagirons d’une manière qui ne sera pas belle à
voir».
L’OTAN de
facto en guerre contre la Russie
À toutes fins utiles, l’OTAN est déjà en guerre contre la Russie : Vols de reconnaissance ininterrompus, frappes de haute précision sur les aérodromes de
Crimée, déplacement forcé de la Flotte de la mer Noire hors de Sébastopol, et ce ne sont là que quelques exemples. Avec la «permission» de frapper jusqu’à 500 km de profondeur en Russie,
et une liste de plusieurs cibles déjà soumise par Kiev pour «approbation», Poutine a clairement énoncé l’évidence.
La Russie mène une guerre existentielle pour la survie de la Mère Patrie, comme elle l’a fait à maintes reprises au cours des siècles.
L’URSS a subi 27 millions de pertes et est sortie de la Seconde Guerre mondiale plus forte que jamais. Cette démonstration de volonté, en elle-même, effraie
à mort l’Occident collectif.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov – dont la patience taoïste semble s’épuiser – a ajouté quelques couleurs au tableau d’ensemble, en
s’inspirant de la littérature anglaise :
«George Orwell avait
une imagination débordante et une vision historique.Mais même lui ne
pouvait imaginer à quoi ressemblerait un État totalitaire.Il en a décrit
certains contours, mais n’a pas réussi à pénétrer les profondeurs du totalitarisme que nous voyons aujourd’hui dans le cadre de l’«ordre fondé sur des règles».Je n’ai rien à
ajouter.Les dirigeants
actuels de Washington, qui répriment toute dissidence, l’ont «surpassé».C’est le
totalitarisme dans sa forme la plus pure».
Lavrov a conclu qu’«ils sont
historiquement condamnés». Pourtant, ils n’ont pas vraiment le courage de provoquer la troisième guerre mondiale. Les lâches caractérisés ne peuvent avoir recours qu’à une
guerre de terreur.
Voici quelques exemples. Le SVR (service de renseignement extérieur russe) a découvert un complot de Kiev visant à organiser une attaque de missiles
russes sur un hôpital ou un jardin d’enfants situé sur le territoire contrôlé par Kiev.
Les objectifs sont notamment de remonter le moral – effondré – des FAU, de justifier la suppression totale de toute restriction sur les frappes de missiles
en profondeur à l’intérieur de la Fédération de Russie et d’attirer le soutien du Sud mondial – qui comprend dans son immense majorité ce que fait la Russie en Ukraine.
Parallèlement, si ce faux drapeau massif fonctionne, l’hégémon l’utilisera pour «augmenter la pression» (Comment ? En criant à tue-tête ?) sur l’Iran et la
RPDC, dont les missiles seraient probablement à l’origine du carnage.
Même si cela semble tiré par les cheveux à un niveau Stupidistan maximum, compte tenu de la démence profonde allant de Washington et Londres à Kiev, cela
reste possible, car l’OTANistan conserve de facto l’initiative stratégique dans cette guerre. La Russie, pour sa part, reste passive. C’est l’OTAN qui choisit la méthode, le lieu et le
moment de ses frappes clés.
Autre exemple classique de la Guerre DE Terreur, l’organisation djihadiste et filiale d’Al-Qaïda Hayat Tahrir al-Cham en Syrie a reçu 75
drones de Kiev, en échange de la promesse d’envoyer un groupe de combattants expérimentés de l’espace post-soviétique dans le Donbass.
Rien de nouveau sur le front de la terreur : Le grand espion ukrainien Kirill Boudanov – considéré par l’Occident comme une sorte de James Bond ukrainien –
est toujours en contact étroit avec les djihadistes d’Idlib, comme l’a rapporté le journal syrien Al-Watan.
Préparation du remix
de l’opération Barbarossa
Parallèlement, nous avons eu le secrétaire d’État adjoint américain Kurt Campbell – le russophobe/sinophobe qui a inventé le «pivot vers la Chine» au cours
de la première administration Obama – qui a informé les hauts bureaucrates de l’UE et de l’OTAN de la coopération militaire du nouvel axe du mal articulé autour de l’Empire : Russie-Chine-Iran.
Campbell s’est surtout concentré sur l’aide apportée par Moscou à Pékin en matière de sous-marins avancés, de missiles et de savoir-faire en matière de
furtivité, en échange de fournitures chinoises.
Il est évident que le duo derrière le zombie qui ne peut même pas trouver un moyen de lécher une glace n’est pas au courant de l’imbrication de la
collaboration militaire des partenariats stratégiques entre la Russie, la Chine et l’Iran.
Aveugle comme mille chauves-souris, le combo interprète le fait que la Russie partage avec la Chine son savoir-faire militaire jusqu’ici très bien gardé
comme «un signe d’insouciance croissante».
La véritable histoire troublante derrière ce mélange d’ignorance et de panique est que rien n’émane du zombie qui ne peut même pas lécher une glace. C’est
le «combo Biden» qui est en fait à l’œuvre pour prédéfinir la trajectoire de la guerre par procuration en Ukraine au-delà de janvier 2025 – quel que soit l’élu à la Maison-Blanche.
La Guerre DE Terreur devrait être le paradigme général – tandis que les préparatifs de la véritable guerre contre la Russie se poursuivent, avec un horizon
fixé à 2030, selon les propres délibérations internes de l’OTAN. C’est à ce moment-là qu’ils pensent être au maximum de leur puissance pour faire avancer une version remixée de
l’opération Barbarossa de 1941.
Ces clowns sont congénitalement incapables de comprendre que Poutine ne bluffe pas. S’il n’y a plus d’autre option, la
Russie passera (mes
italiques) au nucléaire. Dans l’état actuel des choses, Poutine et le Conseil de sécurité – malgré la rhétorique incendiaire de Medvedev – sont plongés dans la difficile tâche d’absorber
coup sur coup pour empêcher l’Armageddon.
Cela demande une patience taoïste sans bornes – partagée par Poutine, Lavrov, Patrouchev – couplée au fait que Poutine joue au go japonais,
bien plus qu’aux échecs, et qu’il est un tacticien redoutable.
Poutine lit le plan de jeu dément de l’OTANistan comme s’il s’agissait d’un livre de contes pour enfants (c’est d’ailleurs le cas). Au moment fatidique où
la Russie en tirera le maximum d’avantages, Poutine ordonnera, par exemple, la décapitation nécessaire du serpent de Kiev.
Le débat incessant et houleux sur l’utilisation d’armes nucléaires par la Russie repose essentiellement sur la manière dont le Kremlin considérera une
attaque de missiles de l’OTAN comme une menace existentielle.
Les néocons et les sio-cons ainsi que les vassaux de l’OTAN peuvent souhaiter une guerre nucléaire – théoriquement – parce qu’elle entraînerait une
dépopulation massive. Il ne faut jamais oublier que la bande du WEF/Davos veut et prêche une réduction de la population humaine à l’échelle mondiale
à un taux énorme de 85%.
Le seul moyen d’y parvenir est bien sûr une guerre nucléaire.
Mais la réalité est bien plus prosaïque. Les lâches néo-cons et sio-cons – reflétant l’exemple des génocidaires talmudiques de Tel-Aviv – veulent au mieux
utiliser la menace d’une guerre nucléaire pour intimider, en particulier le partenariat stratégique Russie-Chine.
En revanche, Poutine, Xi et certains dirigeants de la Majorité mondiale, comme le Malaisien Anwar, continuent de faire preuve d’intelligence, d’intégrité,
de patience, de prévoyance et d’humanité. Pour l’Occident collectif et ses élites politiques et bancaires d’une médiocrité affligeante, il s’agit toujours d’argent et de
profits. Il se peut que cela soit sur le point de changer radicalement le 22 octobre à Kazan, lors du sommet des BRICS, qui devrait annoncer les grandes étapes de la construction
d’un monde post-unilatéral.
Un sujet
d’actualité à Moscou
À Moscou, le débat fait rage sur la manière de mettre fin à la guerre par procuration en Ukraine.
La patience taoïste de Poutine est fortement critiquée – pas nécessairement par des observateurs informés ayant une connaissance approfondie de la
géopolitique pure et dure. Ils ne comprennent pas que Washington n’acceptera jamais les principales exigences russes. Parallèlement, en ce qui concerne la dénazification complète de
l’Ukraine, Moscou finira éventuellement par se contenter d’un simple régime «amical» à Kiev.
Il semble y avoir un consensus sur le fait que l’Occident collectif ne reconnaîtra en aucun cas la souveraineté de la Russie sur la Crimée ainsi que sur
tout ce qui a été conquis sur les champs de bataille de la Novorossia.
En fin de compte, l’évidence première est que toutes les nuances du plan de négociation de la Russie seront décidées par Poutine. Et cela change tout le
temps. Ce qu’il a proposé – assez généreusement – à la veille de ce pathétique sommet de paix en Suisse en juin n’est plus sur la table après Koursk.
Tout dépend, une fois de plus, de ce qui se passe sur les champs de bataille. Si – plutôt quand – le front ukrainien s’effondre, la plaisanterie courante à
Moscou sera la suivante : «Pierre [le Grand] et Catherine [la Grande] attendent». Eh bien, ils n’attendront plus, car ce sont les Grands qui ont incorporé de facto ce qui est l’est et le
sud de l’Ukraine à la Russie.
Et cela scellera l’humiliation cosmique de l’OTAN. D’où la perpétuation du plan B : Pas de troisième guerre mondiale, mais une Guerre DE Terreur
implacable.
Ce n’est pas une troisième guerre mondiale : C’est une Guerre DE Terreur.
Et la Russie mène une guerre existentielle pour la survie de la Mère Patrie – ce qu’elle a fait à maintes reprises au cours des siècles.
Dans
l’ombre de la puissance russe, l’Europe vacille. Le retard militaire de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie sonne comme un signal d’alarme, révélant les failles d’une sécurité qui
semblait inébranlable. Les conséquences d’une telle vulnérabilité sont abyssales, menaçant de plonger la région dans les ténèbres de l’instabilité et de la guerre.
Un article récent
de Der
Spiegel a mis en exergue une problématique de longue date préoccupant les experts en sécurité et les décideurs politiques de l’Occident : le retard militaire significatif de
l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie. Les données présentées sont claires : il faudrait environ un siècle à l’Allemagne pour développer la capacité militaire nécessaire pour
rivaliser avec la Russie. Ce décalage est particulièrement alarmant pour l’ensemble de l’Occident, surtout dans le contexte géopolitique actuel marqué par la guerre en Ukraine et
l’escalade des tensions entre la Russie et les pays occidentaux.
Les
erreurs du passé : Les causes du retard de l’Allemagne et de l’OTAN
Les causes du retard militaire de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie sont diverses et complexes. La réduction des dépenses militaires après
l’illusion de la fin de la Guerre froide en 1991 a entraîné une perte de compétences et d’expérience dans des domaines clés tels que la guerre terrestre et aérienne. Cette situation s’est
aggravée par une dépendance accrue vis-à-vis des États-Unis pour la défense et la sécurité, réduisant ainsi l’autonomie opérationnelle de l’Europe. Par ailleurs, la priorité donnée au
néocolonialisme et à la détérioration des termes de l’échange en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, ainsi qu’à la coopération civile et au développement économique a détourné
l’attention des enjeux de sécurité et de défense. La diminution des effectifs militaires a entraîné une perte de capacités et d’expertise, tandis que les équipements vieillissants
nécessitent une modernisation urgente. Le sous-investissement chronique dans la recherche et développement a freiné l’innovation technologique nécessaire pour maintenir un avantage sur la
Russie qui, d’ailleurs, a gagné toutes les guerres et n’en a perdue aucune. Il ne sera plus jamais possible de concurrencer la Russie qui est de loin en avance sur l’empire du mensonge
d’Occident. Ce qui constitue un bon souffle pour le Sud global. Le changement de nature des conflits, marqué par l’émergence de nouvelles menaces comme le terrorisme, les cyberattaques et
la guerre hybride, a également pris l’Allemagne et l’OTAN au dépourvu. La coordination au sein de l’OTAN est complexifiée par la diversité des intérêts des 30 pays membres, rendant la
prise de décision difficile. Pendant ce temps, la Russie continue d’investir massivement dans ses forces armées, modernisant son équipement et ses stratégies, accentuant ainsi le fossé
avec l’Allemagne et l’OTAN.
L’aveuglement de l’Occident, la complaisance de l’Allemagne et la décadence de l’OTAN ont créé un vide de puissance que la Russie a su exploiter avec
maestria, dévoilant ainsi la faiblesse crasse de ses adversaires et son propre génie stratégique.
Les
conséquences d’un échec : Le retard de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie
La supériorité militaire russe a des répercussions significatives sur l’Allemagne, l’OTAN et l’Occident collectif. En premier lieu, l’Allemagne, autrefois
considérée comme un pilier de force en Europe, se trouve désormais contrainte de solliciter la protection et la sécurité de la Russie. Ensuite, l’OTAN, cette alliance supposée
inébranlable, se fragmente sous la pression, révélant des fissures internes alors que chaque pays membre cherche à protéger ses propres intérêts face à la montée, sous les auspices de la
Russie de l’Alliance BRICS, des puissances émergentes dans le Sud global qui, pour eux constitue une menace existentielle. Quant à l’Occident collectif, il doit désormais faire face à une
réalité qu’il pensait impensable : la prééminence russe sur la scène mondiale. Les États-Unis, habitués à leur position de leader global, sont obligés de reconnaître la montée en
puissance de la Russie. Par conséquent, la Russie est maintenant en position d’imposer ses conditions à l’Europe, mettant l’Allemagne et l’OTAN dans une situation d’acceptation résignée.
Enfin, avec une nouvelle latitude d’influence en Europe, notamment sur les pays de l’Est, la Russie réaffirme son autorité, au grand dam de ceux qui croyaient en leur récente
indépendance, se croyant ainsi tout permis.
L’Europe plongée dans l’ombre de la domination russe, l’Allemagne humiliée, l’OTAN en ruine, l’Occident collectif tremblant de peur : la supériorité
militaire russe sonne le glas de la liberté et de la sécurité européennes.
Le
crépuscule de l’Occident : La désintégration de l’OTAN
L’OTAN, autrefois la pierre angulaire de la sécurité occidentale, fait face à une érosion comparable à celle d’un château de sable face à la marée montante
de la puissance russe. Les premières fissures apparaissent au sein de ses membres, divisés sur les questions de défense et de sécurité. Certains militent pour une augmentation des
dépenses militaires, tandis que d’autres privilégient la diplomatie et la coopération avec la Russie. Cependant, la Russie, loin d’être coopérative au format occidental, exploite ces
divisions pour affaiblir l’alliance et étendre son influence en Europe. Le désengagement progressif des États-Unis, autrefois pilier de l’OTAN, vers l’Asie laisse l’Europe face à ses
défis sécuritaires. Les pays de l’Est, croyant être protégés sous l’égide de l’OTAN, se retrouvent seuls et vulnérables. L’Allemagne, aspirant à être le leader de l’Europe, est confrontée
à un choix difficile entre son alliance avec les États-Unis et sa propre sécurité. Ainsi, l’OTAN s’effondre sous le poids de ses divisions internes et de la pression russe, plongeant
l’Europe dans l’incertitude, avec une Russie maîtresse de son destin.
À la lumière de ce qui précède, nous pouvons déduire que le retard militaire de l’Allemagne et de l’OTAN face à la Russie est un abyssal échec, une
défaillance qui menace de plonger l’Europe dans les ténèbres de l’instabilité et de la domination étrangère. L’incapacité à se défendre est un verdict sans appel, un constat d’échec qui
sonne le glas de la puissance européenne et occidentale.
On peut dire que la domination militaire russe transforme le paysage géopolitique en une redoutable leçon d’ironie pour l’Allemagne, l’OTAN et l’Occident
collectif. Cette situation est assimilable à une grenade dégoupillée, lancée dans les jambes des adversaires de la Russie.
La
(désormais) envisageable victoire de la Russie en Ukraine et ses conséquences possibles.
La guerre en Ukraine se poursuit depuis 2 ans et demi. La perspective d’une victoire ukrainienne s’éloigne. La Russie progresse régulièrement, chaque jour,
sur les différents fronts. L’offensive menée par l’Ukraine dans la région russe de Koursk s’est enlisée. Les forces russes ont circonscrit rapidement l’incursion. Elles ont bombardé
méthodiquement les positions ukrainiennes pendant plusieurs semaines, neutralisant une quantité importante d’hommes et de matériel. Elles n’ont ni interrompu ni ralenti leur progression
sur les fronts du Donbass. Enfin, elles ont envoyé ces derniers jours les parachutistes accompagnés de forces spéciales reprendre le territoire. Un cinquième environ du territoire sur
lequel la plupart des analystes occidentaux misaient pour «pousser Poutine à une négociation favorable à l’Ukraine» a été perdu en quelques jours.
Toujours
quelque chose en plus
Le mandat de président de Zelensky a expiré en mai mais il se maintient au pouvoir en prenant prétexte de la loi martiale. Ses réponses à la question, posée
plusieurs fois, de savoir quel était l’objectif de cette offensive en Russie n’ont été qu’évasives. Un vague «plan de victoire» est évoqué, sans que l’on puisse en entendre le moindre
détail. Face à un journaliste un peu pugnace, il a laissé entendre que l’offensive de Koursk avait permis de ralentir la progression russe dans le Donbass, alors que tout le monde
constate l’inverse. Ses réponses en actes ont été de limoger une grande partie de son gouvernement pour «donner une nouvelle énergie» (ce qui ne conforte pas vraiment l’idée d’un plan de
victoire bien établi) et de demander aux occidentaux toujours plus : après avoir obtenu les canons, les chars, même les avions F16 (dont le premier a été perdu avec son pilote quelques
jours seulement après leur arrivée en Ukraine), il exige maintenant de recevoir un nombre beaucoup plus important de missiles occidentaux (ATACMS américaines, Storm Shadow britanniques ou
SCALP français notamment) et le droit de les utiliser pour des frappes longues à l’intérieur du territoire russe. Concrètement, cela signifie qu’il réclame la possibilité d’ordonner aux
équipes occidentales de spécialistes qui pilotent ces missiles sophistiqués de cibler Koursk, voire Moscou ou Saint-Pétersbourg. Zelensky s’est pour cela rendu à Washington, où il a eu
une réunion avec Jo Biden et le nouveau Premier ministre britannique Keir Stammer. On ne sait à ce jour si les USA et la Grande-Bretagne ont donné leur accord ou non, mais de nombreux
spécialistes estiment probable que cet accord sera donné.
Voici ce qu’en dit le colonel Daniel L. Davis. Le lieutenant – colonel Daniel L. Davis est un officier américain à la retraite qui a combattu en Irak et en
Afghanistan. En 2012, de retour d’Afghanistan, le colonel Davis avait fait une première apparition médiatique dans un article du New York Times,
intitulé «Dans la guerre
afghane, un officier devient lanceur d’alerte» relatant l’analyse que le colonel avait produite sous le titre : «Vérités, mensonges en
Afghanistan, comment les dirigeants militaires nous ont laissés tomber» et qui annonçait la défaite inévitable des USA dans ce pays. Voici ce qu’il a déclaré hier dans une interview
: «Lorsque
vous entendez des choses courantes, que ce soit de la part de Zelensky, de Keir Starmer, de Biden ou de n’importe quel dirigeant de OTAN, ils ne cessent de répéter que «tout va bien». Ils
disent toujours que «tout ce dont nous avons besoin, c’est d’un tout petit peu plus : nous avons besoin de quelques missiles à longue portée supplémentaires, nous avons besoin de quelques
chars supplémentaires, nous avons besoin d’un autre paquet de défense, d’un autre système de défense antiaérienne». Il y a toujours une chose de plus dont ils ont besoin. Pourtant, vous
voyez que cela ne fait aucune différence sur le champ de bataille. Je peux vous donner des détails très graphiques et aller aussi loin que vous le souhaitez pour dire que rien de tout
cela n’aura d’importance. Parce que les guerres ne sont pas gagnées par des éléments individuels, elles sont gagnées par un ensemble de capacités, et surtout par la main d’œuvre, une main
d’œuvre entraînée. Lorsque vous entrez dans une grande guerre qui s’est transformée en une guerre d’attrition, c’est le camp qui a le plus d’éléments dans son panier d’indicateurs qui va
l’emporter. L’histoire montre que le fait d’avoir les commandants tactiques les plus brillants ne fait aucune différence. Ce qui compte, c’est de savoir qui a le plus d’hommes et la plus
grande capacité industrielle pour assurer la circulation des outils, des armes et des munitions. Si vous regardez cela, c’est uniquement du côté russe et le fait d’avoir une poignée
d’autres choses à gauche et à droite de l’Ukraine, telle ou telle arme ou capacité, ne va tout simplement pas compter. Mais les gens continuent à dire que c’est le cas, parce que c’est de
la propagande. Elle fait croire aux gens qu’il y a de l’espoir. Ils continuent donc à soutenir quelque chose qu’une analyse rationnelle et objective qualifierait de mauvaise affaire.
Mettons fin à cela rapidement. Mettons fin aux souffrances du peuple ukrainien, à la progression des forces russes vers l’ouest et revenons à essayer d’établir une sorte de politique
normale en Europe. C’est ce que nous devrions faire, mais la propagande nous en empêche».1
De fait, non seulement la situation ne s’améliore par pour l’OTAN et son proxy nationaliste ukrainien, mais elle se détériore désormais à vue d’œil. Les
forces russes sont à portée d’artillerie de Pokrovsk, principal nœud logistique du Donbass. Elles progressent en direction de la ville de Chasiv Yar, dont une partie a été prise au
printemps et qui surplombe les deux agglomérations principales du Donbass encore sous contrôle ukrainien : Slaviansk et Kramatorsk. Le système énergétique ukrainien est exsangue, alors
que le rigoureux hiver slave approche. Les campagnes de mobilisations engagées en mars après la visite du sénateur états-uniens Lindsey Graham provoquent des rixes et des protestations
dans l’ensemble de l’Ukraine. La côte de popularité de Zelensky est en berne et cela est sûrement l’explication du limogeage de ses principaux ministres.
La
logistique est la clé
Écoutons encore le colonel Davis :
«La logistique est la
chose la moins sexy que l’on puisse obtenir, mais sans elle, on ne peut pas gagner une guerre. C’est simple et clair. Je crois avoir entendu dire, je ne sais plus qui, que «les experts
parlent de tactique, mais les généraux parlent de logistique». Parce qu’ils comprennent que c’est la capacité absolument indispensable sans laquelle les meilleures tactiques du monde, les
meilleures armes du monde, les meilleurs dirigeants du monde ne peuvent pas fonctionner et ne peuvent pas gagner une guerre. Si vous n’avez pas de logistique, si vous n’avez pas de
carburant, de pièces détachées, de réserves de munitions, de moyens d’acheminement vers et depuis le champ de bataille, de soutien médical, de fournitures médicales, d’allers-retours,
etc. Les mécaniciens doivent pouvoir réparer les véhicules rapidement et disposer de pièces de rechange pour les réparer. Toutes ces choses sont absolument vitales. Il ne s’agit pas
seulement des lignes de communication, mais aussi du transport, d’un camion qui apporte de la nourriture, des lubrifiants pour vos véhicules. Il s’agit de l’ensemble du système. Il s’agit
du personnel et tout cela doit aller de pair pour permettre à cette partie de fonctionner. Donc, si vous avez beaucoup de véhicules blindés, beaucoup d’hommes dans une capacité
industrielle qui peuvent construire des choses et un système qui peut soutenir le front, si vous avez des personnes formées au niveau de la mécanique … Vous avez les gars qui sont doués
pour la paperasserie pour faire avancer les choses, puis vous avez les combattants pour ouvrir les lignes et tout ce genre de choses. Vous disposez d’une couverture aérienne pour les
protéger dans le ciel, vous avez des capacités de défense aérienne pour les empêcher de les interdire, etc. Tout ce système est nécessaire pour mener une guerre et si l’un des camps l’a
et que l’autre ne l’a pas, ce dernier n’a aucun moyen rationnel de continuer à exister, et encore moins de gagner.La Russie possède
tous les éléments que j’ai mentionnés. L’Ukraine en possède certains, mais pas suffisamment dans les capacités clés. C’est pourquoi vous avez assisté au démantèlement méthodique de la
partie ukrainienne depuis 2023, lorsqu’elle a tenté cette offensive à grande échelle désastreuse qui n’a jamais eu la moindre chance de réussir, en raison de plusieurs éléments clés
qu’elle ne possédait pas fondamentalement. Il en va de même pour cette offensive où les Russes réduisent méthodiquement l’armée ukrainienne en poussière, en particulier dans l’est du
pays. Et maintenant, ils en sont au point d’atteindre la dernière ligne de défense que l’Ukraine a construite depuis 2014 dans certaines catégories. Au-delà, il sera beaucoup plus
difficile pour l’Ukraine de se défendre et beaucoup plus facile pour les forces russes fraîches de percer cette ligne et d’avancer dans le pays. Les choses pourraient donc s’accélérer
dans le courant de l’année ou au début de l’année prochaine».
Ce jugement est assez partagé par de nombreux experts militaires indépendants et même pro-occidentaux. On pourrait considérer que la récente décision de
l’Allemagne de diviser par deux l’aide militaire à l’Ukraine dans son budget 2025 confirme cette analyse. Pourquoi dépenser encore des centaines de millions en armements sophistiqués qui
vont finir brûlé en quelques semaines ? Et en effet, pour son «plan de victoire», Zelensky a besoin à nouveau de quelque chose en plus : davantage de missiles à longue portée et le droit
de les utiliser en profondeur dans le territoire russe.
Au fait,
quel sont les objectifs des belligérants ?
Beaucoup d’experts qui fourmillent sur les plateaux télés et de dirigeants politiques de l’OTAN ont avancé l’idée depuis quelques mois que l’Ukraine ne
pourrait pas «gagner la guerre», qu’elle ne pourrait pas atteindre le but qu’elle s’est elle-même fixée dès le début du conflit : regagner par la force tous les territoires perdus, non
seulement en 2022 lors de l’offensive russe, mais également en 2014, lorsque la Crimée et une partie du Donbass ont fait sécession. Il est reconnu aujourd’hui par la plupart des
commentateurs que ce but est désormais irréaliste. On aurait peut-être pu y penser avant. Rappelons que rien n’indique, depuis 10 ans, que les habitants de la Crimée envisagent ou
souhaitent retourner sous le contrôle de Kiev. Ils ont massivement participé à toutes les élections russes depuis 2014 et ont toujours massivement voté pour Vladimir Poutine et son parti.
On peut toujours invoquer la fraude électorale, mais il faudrait quand même avoir des signes tangibles pour justifier qu’au moins une partie des Criméens souhaitent revenir à l’état
d’avant 2014. De même, rien n’indique que les habitants des petites régions du Donbass contrôlées depuis 10 ans par les opposants au régime de Kiev, qui ont été bombardés par l’armée
Ukrainienne depuis, souhaitent également voir revenir les nationalistes revanchards leur interdire de parler russe, de prier à l’église orthodoxe et détruire les monuments à la résistance
anti-nazie. Les officiers ukrainiens eux-mêmes se plaignent d’ailleurs de l’aide et des renseignements que les populations du Donbass (en zone sous contrôle de Kiev) fournissent
volontairement aux armées russes qui attaquent.
Pourtant la Crimée est depuis le début un objectif majeur de l’armée de Kiev : beaucoup de missiles sophistiqués ont été envoyé sur Sébastopol et les
grandes villes de Crimée. Le pont de Kertch qui relie la Crimée à la ville russe de Krasnodar a été l’objet de multiples attaques. Des moyens considérables ont été déployés pour bâtir et
mettre en œuvre des drones navals capables d’attaquer les ports de Crimée. Aller vers la Crimée était l’objectif central de la fameuse et désastreuse offensive ukrainienne de 2023. Mais
cet objectif avait tout pour plaire à l’OTAN. La Crimée est considérée comme la tour de contrôle de la mer Noire. Une position clé sur la route du pétrole et du gaz de la mer Caspienne et
de l’Asie centrale, un lien direct vers le second état visé par l’OTAN depuis 20 ans : la Géorgie. La victoire totale, y compris sur la Crimée n’était pas un objectif réaliste pour
l’Ukraine, mais c’était un moyen habile pour l’Ukraine d’obtenir le soutien de l’OTAN.
Depuis quelques mois, Zelensky tourne autour du pot mais n’a pas reconnu explicitement que cet objectif était irréaliste. Il accepte désormais le principe
de négociation de paix et accepte même que la Russie puisse être associée à ces négociations. Il a même déclaré que, si l’Ukraine devait renoncer, dans le cadre d’un accord, à certains
territoires, il n’en prendrait pas la responsabilité et soumettrait la question par référendum. Côté OTAN précisément, on s’est engouffré officiellement dans cet objectif du retour aux
frontières de 1991, la reconquête globale de la Crimée et du Donbass. Mais, mezza voce, un
autre son de cloche a été donné, par exemple par Jens Stoltenberg, lorsqu’il a déclaré en substance que cette guerre était très rentable pour l’OTAN car elle permettait d’affaiblir
l’adversaire russe, sans nécessiter de large déploiement de soldats occidentaux. L’affaiblissement de la Russie a été joué par Biden d’emblée par la stratégie des sanctions financières.
Certains experts continuent de prédire que ces sanctions finiront par porter leurs fruits courant 2025, mais pour l’instant, ce sont les pays européens qui sont lourdement touchés et dans
lesquels les gouvernements sortants perdent les élections les uns après les autres. Cet objectif a été partiellement atteint dans le sens où certains ont gagné beaucoup d’argent : les
marchands de gaz liquéfiés états-uniens ont profité à fond de la destruction des gazoducs Nord Stream. Les marchands d’armes ont également gagné gros : on a remplacé du vieux matériel
soviétique par du coûteux matériel occidental aux frais du contribuable occidental (qui n’a pas vu encore arriver la note, car beaucoup a été acheté à crédit). Divers capitalistes ont
investi en Ukraine, dans l’achat des fameuses terres noires, ouvertes à la vente à l’étranger par Zelensky, ou dans les télécoms comme Xavier Niel. D’un autre côté, beaucoup ont perdu et
comme d’habitude, c’est aux classes travailleuses qu’on présente la note : hausse du prix de l’énergie, pertes d’emplois, hausses d’impôts, baisse des droits sociaux et ce n’est qu’un
début, car, si la guerre est perdue, l’addition sera beaucoup plus salée.
Dès lors que la Russie s’est retirée de la banlieue de Kiev dès le mois de mars 2022, les occidentaux ont vu l’opportunité de jouer un bon coup et se sont
engagés pour la «victoire de l’Ukraine», pour un «soutien militaire», à grand renfort de propagande. Ce faisant, l’OTAN et l’Ukraine ont constamment fait monter les enchères : rejet des
négociations pourtant bien avancées dès mars 2022, préparation et lancement de la «grande contre-offensive», livraison constante de matériel militaire et soutien financier au gouvernement
maintenu en survie artificielle par les prêts et les subventions de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Côté russe, l’objectif annoncé comme premier est la sécurité de la Russie, avec la neutralité de l’Ukraine, la limitation de ses armements, la sécurité des
populations pro-russes, ce que les Russes appellent la «dénazification» de l’Ukraine, c’est à dire le frein du nationalisme ukrainien glorifiant les collaborateurs d’Hitler et promouvant
le révisionnisme historique et la russophobie. Ce sont là des objectifs politiques et militaires clairs et on peut considérer que, dans l’hypothèse d’une victoire militaire, cela est
réaliste. Cela ne suppose pas nécessairement une occupation de l’Ukraine supplémentaire par rapport aux régions déjà annexées par la Russie. Si on peut penser que les Criméens ou les
habitants du Donbass n’ont pas envie de retourner sous la domination de Kiev, il est tout aussi raisonnable de considérer que la très large partie de la population ukrainienne, même
parlant russe, n’a pas envie de devenir une partie de la Russie.
Dans l’état actuel des institutions ukrainiennes, la Russie n’aura donc probablement pas à aller jusqu’à Kiev. La percée complète du front et la
désorganisation de l’armée pourrait suffire à entraîner l’effondrement du gouvernement de Kiev. Cela ouvrirait la voie à une refonte complète des institutions de ce pays et à l’arrivée
d’une nouvelle génération de dirigeants certainement pas favorables à l’OTAN et à l’occident qui auront largement contribué à pousser leur pays dans le ravin.
L’atteinte de cet objectif serait un tsunami politique et financier pour l’OTAN, l’UE et les grands pays occidentaux qui dirigent ou dépendent de ces
institutions. Elle discréditerait, dans l’environnement proche tous les politiciens qui se sont engagés dans la voie dictée par l’OTAN et l’UE de l’opposition à la Russie. Cela aurait des
conséquences immédiates en Géorgie, en Moldavie, Arménie, dans les Balkans ainsi que dans les républiques baltes.
Le montant du coût de la guerre et des pertes de la défaite (actifs ruinés, prêts non remboursés) se chiffrerait en centaines de milliards d’euros.
Convaincre les opinions publiques de payer ce solde de tous comptes sera une tâche difficile pour les politiciens de l’UE, dont la position est déjà très affaiblie par des décennies de
propagande mensongère et qui ont tellement promis la victoire facile.
Il n’y aura alors aucun moyen d’éviter une négociation globale avec la Russie sur l’organisation économique et sécuritaire de l’Europe, dans des conditions
qui ne seront plus dominées par les bourgeoisies occidentales. C’est certainement la crainte d’une telle issue qui donne à Zelensky ce pouvoir magique de toujours se retourner vers les
USA et l’OTAN pour obtenir «quelque chose en plus» pour poursuivre la guerre et retarder l’échéance. Chaque étape pourtant envenime la situation, faisant davantage de morts et de dégâts
et approchant d’une guerre mondiale à grande échelle, potentiellement nucléaire.
On pourrait penser qu’un tel risque suffirait à dissuader d’aller plus avant dans cette politique catastrophique. On peut malheureusement craindre que ce ne
soit pas le cas, et que certains Dr Folamour, non seulement ne craignent pas d’entraîner le monde dans une guerre mondiale, mais s’y préparent activement à partir des bases de l’OTAN dans
l’ensemble de l’Europe orientale.
La
guerre est perdue, et la lutte pour maintenir le «simulacre forcé» prend le dessus, pour être perçue par tous comme une fausse réalité.
Israël entre dans la phase suivante de sa guerre contre la Palestine en achevant sa prise de contrôle de la bande de Gaza – de la frontière nord au corridor
de Netzarim. Il est probable qu’il ait l’intention de rendre cette zone progressivement disponible pour la colonisation juive et l’annexion à Israël.
Dans un article intitulé «Annexation, expulsion
et colonies israéliennes :Netanyahou se prépare
à la prochaine phase de la guerre de Gaza», le
rédacteur en chef de Haaretz, Aluf
Benn, écrit que
si la prise de contrôle a lieu, «les résidents
palestiniens qui restent dans le nord de Gaza seront expulsés, comme
l’a suggéré le général de division (réserviste) Giora Eiland, sous la menace de
la famine et sous couvert de «protéger leur vie»». Netanyahou
et ses partisans considéreront ce geste, suggère Benn, comme l’accomplissement de toute une vie : L’expansion du territoire israélien pour la première fois, après 50 ans de retraits
israéliens. Telle sera la «réponse sioniste» de la droite israélienne au 7 octobre.
Ce changement extraordinaire a été opéré non seulement par des opérations militaires, mais aussi par un trait de plume : la nomination du colonel Elad Goren
à la tête de l’effort humanitaire et civil à Gaza, ce qui fait de lui le «gouverneur
de Gaza» pour les années à venir.
Les grands médias occidentaux ont moins souligné la dure réalité : au cours des vingt mois pendant lesquels le gouvernement israélien actuel a été au
pouvoir, Ben Gvir a armé un mouvement d’autodéfense composé de 10 000 colons qui terrorisent les Palestiniens en Cisjordanie. La police des territoires occupés est
déjà soumise à l’autorité de Ben Gvir.
Ce qui manque à cette appréciation, c’est que pendant que Ben Gvir rassemblait la «nouvelle armée de l’État de Judée», le ministre des Finances Smotrich,
qui dirige l’administration des territoires, a révolutionné la situation des colons juifs et des Palestiniens en Cisjordanie. L’autorité en Cisjordanie a été confiée à un mouvement
messianique fermé de droite qui ne répond qu’à un seul homme : Smotrich (le
gouverneur de la Cisjordanie dans tous les sens du terme).
Dans ce que Nahum Barnea décrit comme
un mouvement de pince furtif déployé par Smotrich, l’un des bras du pouvoir réside dans son autorité en tant que ministre des Finances ; le second bras consiste dans le pouvoir qui lui
est délégué en sa qualité de deuxième ministre au sein du ministère de la Défense. L’objectif de Smotrich et du gouvernement israélien – exposé dans le «Plan décisif» de Smotrich en
2017 – n’a pas changé : provoquer l’effondrement de l’Autorité palestinienne ; empêcher la création d’un État palestinien ; et donner aux sept millions de Palestiniens qui vivent entre le
Jourdain et la mer Méditerranée un choix : mourir en combattant ; immigrer dans un autre pays, ou vivre pour toujours comme vassaux dans un plus grand État israélien.
N’en doutez pas, le «plan décisif» pour les Palestiniens est en bonne voie : terroriser les habitants de la Cisjordanie pour qu’ils quittent leurs
terres, détruire les infrastructures sociales en Cisjordanie (comme à Gaza) et exercer une forte pression financière sur la société palestinienne (comme à Gaza).
L’obscurantisme de Netanyahou quant à l’avenir probable de Gaza ne nécessite guère d’explications supplémentaires. Les Palestiniens du nord de Gaza
connaîtront le même sort que les
Arméniens du Haut-Karabakh : Il y a un an, les Azerbaïdjanais les ont expulsés du jour au lendemain de la région. Le monde s’en est rendu compte et est simplement «passé à autre
chose» – selon la conception israélienne de l’histoire. Netanyahou a préféré s’en tenir à un «petit mensonge» sur l’avenir de Gaza, plutôt que de dire tout haut la grande vérité.
Netanyahou a déclaré la
semaine dernière sur la chaîne américaine Fox
News qu’«aucun accord pour la
libération des otages de Gaza n’était en cours de préparation, ni même sur le point d’être conclu». Et en ajoutant que les ondes positives (émanant principalement de Washington)
étaient de «faux récits»,
Netanyahou a effectivement lancé la phase suivante de la guerre d’Israël : L’action militaire dans le nord d’Israël, visant à créer les conditions pour le retour des résidents déplacés.
Ces trois composantes israéliennes (le nord de Gaza, la Cisjordanie et le Liban) s’imbriquent l’une dans l’autre. En fait, elles sont liées entre elles :
En l’absence d’un «accord diplomatique» prévoyant le retrait du Hezbollah de la région frontalière (et son non-retour), Israël, par la force de la logique,
n’a que deux options : un cessez-le-feu à Gaza qui pourrait pacifier sa frontière septentrionale, ou une escalade délibérée dans le nord, avec toutes ses ramifications.
L’idée selon laquelle le Hezbollah serait «amadoué» et éloigné de la frontière libanaise a toujours été une chimère. Les médiateurs affirment aujourd’hui
que les perspectives d’un accord sur Gaza sont «proches
de zéro», de sorte que l’attention d’Israël s’est tournée vers le nord.
Le général Gantz, président du parti d’opposition Unité nationale – présent à Washington pour le sommet du Dialogue avec les
États-Unis sur le Moyen-Orient (MEAD) – et critique du gouvernement de Netanyahou, semble néanmoins se réconcilier avec l’inévitable : «L’histoire du Hamas
est une vieille histoire», a-t-il déclaré.
«L’histoire
de l’Iran et de ses mandataires dans toute la région et ce qu’ils essaient de faire est le vrai problème… La priorité militaire devrait passer de Gaza au Liban», ajoutant
que«nous
sommes en retard sur ce point. Le temps de [l’action dans] le nord est venu».
Le général américain Kurilla, qui commande les forces américaines dans la région, est arrivé ce week-end en Israël – sa deuxième visite en une semaine –
pour achever la «coordination avec les
forces de défense israéliennes en prévision d’une éventuelle attaque iranienne et du Hezbollah en représailles».
Washington, qui s’est engagé à soutenir Israël dans tout conflit avec l’Iran ou le Hezbollah, est néanmoins inquiet. Ces derniers jours, de hauts
fonctionnaires américains ont exprimé leur crainte qu’une guerre de grande envergure contre le Hezbollah n’entraîne d’énormes dégâts sur le front intérieur israélien, en particulier si
l’Iran et d’autres membres de l’Alliance de la résistance s’y joignent.
L’acquisition par l’Iran de matériel de défense russe avancé a sérieusement compliqué la situation pour les États-Unis : Cette acquisition peut changer la
donne lorsqu’elle est associée au stock de missiles de frappe avancés de l’Iran. La guerre moderne a connu une révolution. La domination aérienne de l’Occident a été battue en
brèche.
Les États-Unis sont (imprudemment) déterminés à s’engager dans tout conflit qui s’étendrait au Liban et à l’Iran – ce qui, en
soi, menacerait probablement les perspectives électorales de Kamala Harris, alors que la colère monte parmi les électeurs musulmans dans les États clés de l’échiquier
américain.
Il y a également plus qu’un soupçon de suspicion à Washington que Netanyahou se réjouirait à la fois de nuire à Biden et Harris, et de donner l’élection à
Trump.
Le plan de «grande victoire» de Netanyahou visant à débarrasser le Grand Israël des Palestiniens se met en place, mais l’écrasement du Hezbollah reste en
suspens. Toutes ces «victoires» sont-elles réalisables à distance ? Non. Elles risquent plutôt d’entraîner l’effondrement d’Israël (comme l’ont
clairement indiqué des commentateurs faisant autorité tels que le major-général Brick). Il est toutefois possible que Netanyahou tente de les mettre en œuvre. L’esprit
kahaniste perdure et est aujourd’hui dominant en Israël.
Cette perspective fait planer l’ombre d’un énorme cygne noir au-dessus du Moyen-Orient pendant les mois qui nous séparent de l’élection américaine.
De même, la guerre en Ukraine contient les germes d’une surprise désagréable et inattendue.
Cette semaine, lors du Forum économique
oriental de Vladivostok, le président Poutine a laissé entendre que la guerre en Ukraine se trouvait elle aussi à un point d’inflexion, au même titre que celle du Moyen-Orient : La
Russie a retourné
la situation contre les États-Unis en réagissant à l’incursion de Koursk en Russie.
Les forces russes ont saisi la folie du déploiement par l’Ukraine de ses brigades d’élite et de ses précieux blindés occidentaux dans une cage de
confinement boisée et peu peuplée – et se sont installées pour une «chasse à la dinde» tranquille.
Moscou a refusé l’appât consistant à puiser dans les réserves russes sur le front du Donbass pour les déployer à Koursk. Et Poutine a précisé, avec une
confiance tranquille, à Vladivostok que Zelensky «n’a rien accompli de
l’offensive de Koursk. Les forces russes ont stabilisé la situation à Koursk et commencé à repousser l’ennemi des territoires frontaliers, tandis que l’offensive dans le Donbass a permis
des gains territoriaux impressionnants».
Pour plus de clarté, Poutine a
précisé que l’ennemi subissait de très lourdes pertes, tant en effectifs qu’en matériel. Cette situation, a-t-il souligné, pourrait conduire à l’effondrement du front dans les
zones les plus critiques et entraîner la perte totale de la capacité de combat de l’ensemble des forces armées.
Poutine a beau insister sur le fait que, comme toujours, il est ouvert au dialogue, les mots qu’il a employés à la fin de cette phrase étaient lapidaires :
un effondrement, «ce
àquoi nous
aspirions»(en faisant référence à la perte totale de la capacité de combat de l’Ukraine). Il s’agit là de cinq mots clés.
Si l’on extrapole, l’effondrement complet de la capacité de combat s’accompagnera presque certainement de l’effondrement de l’architecture politique qui
repose exclusivement sur ces capacités militaires – et non sur une
quelconque légitimité politique.
Ce que Moscou ne peut pas prévoir, c’est comment et sous quelle forme ce démantèlement pourrait se produire.
Les structures politiques de Kiev poursuivront probablement leur existence de zombie, bien que dépouillées de leur raison d’être,
aussi longtemps que l’administration Biden pourra le gérer – dans le but de sauver la face jusqu’aux élections.
Le président Poutine peut bien parler de médiation, mais Moscou comprend parfaitement que la structure du pouvoir à Kiev a été puisée dans le vivier des
anti-slaves racistes, précisément pour bloquer tout accord avec Moscou. La médiation est vouée à être repoussée – c’était l’objectif de Washington en renforçant le bloc banderiste dès le
départ.
Toutefois, le démantèlement des structures politiques de Kiev rendra probablement tous les «médiateurs potentiels» inutiles.
Pour dire les choses franchement, une nouvelle dispensation (nettoyée) à Kiev conclurait probablement qu’elle n’a pas d’autre choix que de capituler sur le
front, d’offrir une neutralité formelle et de limiter la militarisation à l’avenir. Et Moscou est tout à fait capable de discuter de «cela» avec les Ukrainiens, sans «aide»
extérieure.
Bien sûr, on entendra dire que les États-Unis ne seront pas en mesure d’accepter l’effondrement complet des capacités militaires de l’Ukraine – à l’approche
des élections de novembre, c’est tout à fait vrai (rhétoriquement). C’est la raison pour laquelle Poutine maintient en vie le «récit de la médiation».
Le sommet des BRICS (en Russie, à la fin du mois d’octobre) doit être géré. L’Occident poussera la médiation jusqu’à la fin, afin de maintenir le régime
russophobe de Kiev sous assistance respiratoire le plus longtemps possible – et de maintenir la notion de conflit gelé au premier plan dans l’esprit de certains participants des BRICS.
Toutefois, la proposition de conflit gelé est un piège visant à jeter les bases d’une future plateforme de pressions sur la Russie.
Les chefs des services de renseignement américains et britanniques peuvent caresser l’idée de frapper la Russie en profondeur avec des ATACMS, mais le
recours à des mesures visant (franchement) à terroriser la population civile russe et à saper la popularité de Poutine ne fait que souligner l’échec stratégique de l’Occident. Une fois de
plus, l’Occident n’a pas réussi à mettre sur pied une force militaire crédible pour renverser une cible, même peinte dans des tons démoniaques.
La guerre est perdue, et la lutte pour maintenir le «simulacre forcé» prend le dessus, pour être perçue par tous comme une fausse réalité.
Washington se prépare apparemment à un scénario de guerre nucléaire en Eurasie. Le ministère américain de la défense a récemment entrepris des recherches
militaires sur la possibilité de s’engager dans un conflit d’une extrême gravité dans les régions orientales de l’Europe, dans ce qui semble être une tentative d’intimidation à l’égard de
la Fédération de Russie. Moscou, pour sa part, ne semble pas disposée à céder au chantage nucléaire occidental, ce qui rendrait tout effort américain de «dissuasion» totalement
futile.
Le Pentagone a récemment annoncé le lancement d’une étude sur un éventuel conflit nucléaire dans les régions eurasiennes, principalement «au-delà de l’Europe
de l’Est et de la Russie occidentale». L’objectif de cette étude est d’évaluer les conséquences d’un tel conflit militaire, notamment sur l’agriculture mondiale et, par conséquent,
sur la sécurité alimentaire. Les décideurs militaires américains veulent déterminer si une guerre nucléaire est «faisable» ou si les effets sur la stabilité agricole ne peuvent être
tolérés.
«L’objectif de ce
projet est de s’appuyer sur les efforts de recherche antérieurs pour développer et optimiser AgriShock, une suite de codes permettant de modéliser les effets des armes nucléaires sur les
systèmes agricoles. Les besoins minimaux de ce contrat sont que le contractant fournisse tout le personnel, l’équipement, les installations, la supervision et les autres éléments
nécessaires pour mener des études qui démontrent la modélisation d’une guerre nucléaire à l’échelle mondiale qui conduirait à la destruction des systèmes agricoles tels que les
fermes», peut-on lire dans une
déclaration officielle à ce sujet.
Plusieurs organismes publics et privés américains participent à la recherche. L’équipe comprend des institutions telles que l’US Army Corps of Engineers,
l’Engineer Research and Development Center (ERDC) et Terra Analytics, une entreprise privée du Colorado spécialisée dans l’analyse de données. Un appel public est lancé à d’autres
entreprises pour qu’elles proposent leurs services à l’État américain, étant donné la nature complexe de la recherche, qui nécessite le travail mutuel de plusieurs institutions.
On estime que la recherche coûtera au moins 34 millions de dollars, mais ce montant pourrait être actualisé au fur et à mesure que les études progressent et
que des travaux supplémentaires sont nécessaires. Le nombre d’agents impliqués dans l’opération et le coût élevé du projet suggèrent que les États-Unis sont effectivement prêts à déployer
des efforts importants pour se préparer à une opération nucléaire en Eurasie.
On ne sait pas encore comment le Pentagone compte utiliser les données obtenues par les chercheurs. On pense que le rapport final de l’étude guidera les
décideurs sur l’opportunité de déclencher une guerre nucléaire. Une autre hypothèse est que l’étude n’est qu’une tactique publique visant à faire croire aux adversaires des États-Unis que
le pays est prêt à déclencher une guerre nucléaire. Il pourrait s’agir d’une tentative de dissuasion visant à convaincre la Russie et d’autres ennemis des États-Unis d’abandonner leurs
projets par crainte d’une guerre nucléaire.
Une autre manœuvre similaire effectuée récemment par les États-Unis a été la mise à jour de leur doctrine nucléaire, établissant une stratégie d’attaques multiples, simultanées
et coordonnées, avec pour cibles principales la Russie, l’Iran et la Chine du Nord. Washington tente clairement de répandre la panique et la peur
d’une guerre nucléaire, montrant à ses adversaires géopolitiques qu’ils sont «prêts à tout» pour empêcher la création d’un ordre mondial multipolaire.
De leur côté, les ennemis des États-Unis n’ont rien à craindre. Une guerre nucléaire mondiale serait extrêmement dommageable pour tous les pays et ne ferait
aucun gagnant. Ainsi, si les États-Unis prennent une telle initiative, ils seront également «vaincus» en raison de la situation de destruction mutuelle assurée garantie par les
représailles qu’ils subiraient immédiatement. Dans un jeu où il n’y a pas de gagnant, il n’y a aucune raison d’avoir peur. Soit les États-Unis réalisent qu’ils ne peuvent plus
empêcher la multipolarité, soit tout le monde est perdant.
En ce sens, des mesures telles que cette récente «étude» du Pentagone sont absolument inutiles. Il est évident que l’impact d’une guerre nucléaire en
Eurasie serait désastreux pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. Outre la destruction des terres fertiles, une guerre nucléaire contaminerait le sol, l’air et l’eau, même dans les
régions non attaquées. Le désastre serait absolu, comme l’ont prouvé à maintes reprises des centaines d’études scientifiques antérieures. En essayant de favoriser de nouvelles
«recherches», l’intention américaine ne peut être que d’essayer de faire avancer l’agenda nucléaire, puisque scientifiquement la réponse semble évidente.
Malgré l’irrationalité de la stratégie américaine de ces dernières années, il est à espérer que
Washington fera preuve de prudence avant de transformer ses ambitions hégémoniques en véritables décisions politiques. Sinon, c’est le monde entier
qui sera en danger.
Des
tirs des forces ukrainiennes dans la profondeur du territoire russe signifieraient l’implication directe de l’Occident dans le conflit, a averti ce 12 septembre Vladimir Poutine,
soulignant que cela en changerait la nature. Dans un tel cas de figure, la Russie répondrait avec des mesures «appropriées», a promis le président russe.
«L’armée ukrainienne
n’est pas en mesure d’effectuer des frappes avec des systèmes modernes de haute précision à longue portée de fabrication occidentale sur le territoire de la Russie», a déclaré
ce 12 septembre Vladimir Poutine, commentant la discussion parmi les alliés occidentaux de Kiev, notamment la Grande-Bretagne et les États-Unis, concernant «l’autorisation»
donnée à l’Ukraine de frapper l’intérieur du territoire russe avec des armes à longue portée.
Pour le président russe, une telle escalade n’est possible que grâce à des renseignements satellites dont l’Ukraine ne dispose pas, c’est-à-dire
des satellites des pays européens et des États-Unis, ce qui impliquerait l’OTAN.
«Seuls les militaires
des pays de l’OTAN peuvent mettre en œuvre les plans de vol pour ces systèmes de missiles. Les militaires ukrainiens ne sont pas en mesure de le faire», a précisé Vladimir
Poutine.
«Cela
signifiera que les pays de l’OTAN sont en guerre contre la Russie»
Pour lui, il ne s’agit pas de permettre ou d’interdire à Kiev de frapper l’intérieur du territoire russe, déjà touché par des drones «et d’autres
moyens». Il s’agit là d’armes de longue portée et de fabrication occidentale, ce qui est une «tout une autre
histoire».
«Bien entendu, cela
changera considérablement l’essence et la nature même du conflit. Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens, sont en guerre contre la Russie», a
mis en garde le chef du Kremlin, rappelant que la Russie prendrait des «décisions
appropriées» en fonction des menaces pesant sur le pays, compte tenu de la «nouvelle nature de ce
conflit».
Les chefs des diplomaties américaine et britannique étaient à Kiev le 11 septembre, où ils ont réitéré leur soutien militaire à l’Ukraine. Le secrétaire
d’État américain Antony Blinken a de nouveau déclaré que Washington étudiait la demande de Kiev de lever les restrictions sur les tirs de missile à longue portée en Russie et son
homologue britannique David Lammy a promis des armements supplémentaires.
Le
gouvernement américain a désormais clairement l’intention de lancer une attaque nucléaire éclair contre la Russie, la Chine et peut-être la Corée du Nord simultanément, malgré les
analyses scientifiques montrant que la conséquence d’une telle troisième guerre mondiale sera une disparition d’au moins 50% de la population humaine de la planète entière dans les deux
premières années suivant les explosions.
«Bien que toute
évaluation techniquement précise des conséquences physiques de l’utilisation à grande échelle d’armes nucléaires montre instantanément que «gagner» une guerre nucléaire n’a aucun sens,
les États-Unis ont vigoureusement mis l’accent sur le développement de technologies d’armes nucléaires qui ne pourraient avoir de sens que si leur objectif prévu est de mener et de gagner
des guerres nucléaires.
Le super-détonateur
est exactement ce genre de technologie.
Il est désormais
possible, du moins selon les stratégies de guerre nucléaire, pour les États-Unis d’attaquer les plus de 300 ICBM basés dans des silos que la Chine construit depuis environ 2020, avec les
nombreuses ogives W-76 Trident II de 100 kt disponibles. L’expansion rapide de la «capacité de destruction de cibles dures» par l’ogive W-76 de 100 kt permet également aux États-Unis
d’attaquer simultanément les quelque 300 ICBM russes basés dans des silos.
Décrire le
développement et le déploiement de ce type de technologies de frappe préventive dans des termes trompeurs tels que «renforcement de la dissuasion» ne trompe pas les dirigeants militaires
et politiques de la Russie et de la Chine. Cela ne leur laisse pas d’autre choix que d’envisager des moyens de dissuader une dangereuse nation américaine dotée d’armes nucléaires orientée
vers la préemption et qui s’efforce constamment de trouver de meilleurs moyens de «désarmer» une grande partie de leurs forces nucléaires».
Dans cet article, il décrit le fonctionnement du «super fusible».
Le programme de modernisation des forces nucléaires américaines a été présenté au public comme un effort visant à garantir la fiabilité et la sécurité
des ogives nucléaires de l’arsenal nucléaire américain, plutôt que d’améliorer leurs capacités militaires. En réalité, ce programme a mis en œuvre de nouvelles technologies
révolutionnaires qui augmenteront considérablement la capacité de ciblage de l’arsenal de missiles balistiques américain.
«Cette
augmentation de capacité est étonnante – elle multiplie par trois environ la puissance de destruction globale des forces de missiles balistiques américaines existantes [ce qui est
précisément ce qui se passe actuellement] – et elle crée exactement ce à quoi on s’attendrait si un État doté de l’arme nucléaire prévoyait d’avoir la capacité de combattre et de
gagner une guerre nucléaire en désarmant ses ennemis par une première frappe surprise».
L’étude continue :
«Parce que les
innovations dans le super-fuse semblent, aux yeux des non-techniciens, mineures, les décideurs politiques extérieurs au gouvernement américain (et probablement aussi au sein du
gouvernement) ont complètement manqué son impact révolutionnaire sur les capacités militaires et ses importantes implications pour la sécurité mondiale».
Cette étude a été co-écrite par les trois plus grands scientifiques américains spécialisés dans l’analyse des armements et en particulier de l’équilibre
géostratégique entre les nations : Hans Kristensen, Matthew McKinzie et Theodore Postol. Leur rapport continue :
«Cette
augmentation considérable de la capacité de ciblage nucléaire des États-Unis, qui a été largement cachée au grand public, a de graves implications pour la stabilité stratégique et la
perception de la stratégie et des intentions nucléaires des États-Unis.
Les
planificateurs russes verront presque certainement l’avancée de la capacité de détonation comme un renforcement de la capacité de frappe nucléaire préventive des États-Unis de plus en
plus réalisable».
Cet article de 2017 n’expliquait pas comment fonctionne un super-fusible, mais l’article du Dr Postol du 29 août 2024 le fait, peut-être parce que la presse
mondiale n’a pas su s’emparer de cette question avant maintenant, alors qu’il était peut-être déjà trop tard pour faire marche arrière.
L’article du 29 août de Postol commençait ainsi :
«Le New York Times a
rapporté la semaine dernière que le président Biden avait approuvé
une stratégie nucléaire secrète se recentrant sur les forces nucléaires chinoises et russes.
Selon le
journal, la nouvelle
orientation nucléaire «réoriente la stratégie de dissuasion de l’Amérique» pour répondre «au besoin de dissuader simultanément la Russie, la RPC (Chine) et la Corée du Nord»».
Les deux candidats à la présidence américaine, Trump et Harris, devraient se voir poser, dès le début du débat du 10 septembre (mardi) entre Trump et
Harris, la question suivante : «Si vous devenez
président, allez-vous, ou non, annuler les super-fusibles qui sont actuellement chargés sur les missiles américains et qui sont conçus spécifiquement pour une première frappe nucléaire
éclair (sans préavis) contre la Russie, la Chine et la Corée du Nord, pour éliminer leur capacité à riposter et ainsi «gagner» une troisième guerre mondiale et ainsi prendre le contrôle
du monde entier ? Ne pensez-vous pas que dans une démocratie, cette question serait posée dans ce débat, à ce moment crucial ?»
Si je devais décrire notre
situation géopolitique actuelle en dix mots ou moins, ce serait « un génocide au premier plan et une guerre mondiale en
arrière-plan ».
Alors que l’attention
se concentre à juste titre sur les horreurs actuelles à Gaza et la possibilité imminente que cela déclenche une nouvelle guerre au Moyen-Orient, les structures de pouvoir du monde se divisent
à nouveau en deux groupes d’alliances de plus en plus intimes avec une position de plus en plus hostile et militariste l’un envers l’autre.
Alors que l’Ukraine perd de plus en plus de territoires et de soldats au profit de la Russie, Washington et Kiev se montrent ouverts à l’intensification des attaques
contre une superpuissance nucléaire, d’une manière qui aurait été impensable il y a quelques années. Pendant ce temps, la Russie et la Chine se rapprochent de plus en plus pour se préparer à
de futures agressions de la part de l’alliance menée par la puissance américaine.
Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken a fortement laissé entendre que les États-Unis se préparaient à lever les restrictions sur l’utilisation par l’Ukraine de missiles américains et de l’OTAN pour
soutenir des frappes à longue portée à l’intérieur du territoire russe, ce qui marquerait une escalade significative de la guerre par procuration.
S’exprimant lors d’une conférence de presse à Kiev aux côtés du ministre britannique des affaires étrangères David Lammy, M. Blinken a déclaré qu’il avait discuté
de la question des « tirs à longue portée » avec
le président ukrainien Volodomyr Zelensky et qu’il rapporterait cette discussion à Washington. Il a ajouté que le président Biden et le premier ministre britannique Keir Starmer
discuteraient de cette question lors de leur rencontre de vendredi.
Signifiant que les États-Unis sont prêts à soutenir des frappes à longue portée en Ukraine, Blinken a déclaré : « Au nom des États-Unis, depuis le premier
jour, comme vous me l’avez entendu dire, nous nous sommes ajustés et adaptés en fonction de l’évolution des besoins, de l’évolution du champ de bataille, et je n’ai aucun doute que nous
continuerons à le faire ».
DeCamp souligne les nouvelles informations parues dans la presse grand public selon lesquelles « une décision a déjà été prise en privé pour permettre à l’Ukraine
d’utiliser des missiles fournis par le Royaume-Uni à l’intérieur de l’Ukraine » et que « la Maison Blanche finalise des plans pour étendre la zone où
l’Ukraine peut frapper à l’intérieur de la Russie en utilisant des missiles fournis par les États-Unis et le Royaume-Uni », ainsi que les récentes déclarations du président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Michael McCaul, selon lesquelles l’administration Biden
semble prête à autoriser des frappes à longue portée à l’intérieur du territoire russe.
Poutine : soutenir des frappes à longue portée sur le territoire russe mettrait l’OTAN « en guerre contre la
Russie ».
POLITICO rapporte que les
États-Unis se préparent à étendre les zones où l’#Ukraine peut frapper à l’intérieur de la #Russie avec des missiles américains et britanniques.
Le président russe Vladimir Poutine a fermement mis en garde jeudi les États-Unis contre le fait d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles de l’OTAN
pour des frappes à longue portée sur le territoire russe, affirmant que cette décision mettrait l’alliance militaire occidentale « en guerre contre la
Russie ».
Les commentaires de Poutine sont intervenus après que POLITICO a
rapporté que la Maison Blanche finalisait des plans visant à étendre les zones à l’intérieur de la Russie où l’Ukraine peut utiliser des missiles fournis par les États-Unis et le
Royaume-Uni.
« Cela changerait de manière significative
la nature même du conflit », a déclaré Poutine à un journaliste de la télévision, selon l’AFP. Cela signifierait que les
pays de l’OTAN, les États-Unis, les pays européens, sont en guerre contre la Russie. Si c’est le cas, nous prendrons les décisions appropriées en fonction des menaces auxquelles nous
serons confrontés, en tenant compte du changement de nature du conflit.
Il a ajouté que soutenir les frappes ukrainiennes à longue portée à l’intérieur du territoire russe est « une décision qui dépend de l’implication
directe ou non des pays de l’OTAN dans le conflit militaire ».
Il convient également de mentionner un autre article que DeCamp a publié au début du mois sur les commentaires du vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergey Ryabkov, qui a déclaré que la Russie se préparait à
modifier sa doctrine nucléaire en réponse aux agressions occidentales liées à la guerre en Ukraine.
La Russie déclare qu’elle pourrait « s’associer » à la Chine si
les deux pays sont menacés par les États-Unis
Ce commentaire intervient alors que la Russie mène d’importants exercices navals avec la participation de la Chine.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré mercredi que le partenariat entre la Russie et la Chine ne visait
aucun pays tiers, mais que les deux pays pourraient « s’associer » pour répondre aux menaces des États-Unis.
« Je voudrais vous rappeler que Moscou et
Pékin répondront à un double endiguement par les États-Unis par une double contre-action », a déclaré Mme Zakharova, interrogée sur les projets américains de déploiement d’un système de missiles Typhon au Japon pendant plusieurs mois, selon Reuters.
…
« Il est clair que la Russie et la Chine
réagiront à l’émergence de nouvelles menaces très importantes liées aux missiles, et leur réaction sera loin d’être politique, ce qui a également été confirmé à plusieurs reprises par les
deux pays », a déclaré Mme Zakharova.
Les commentaires de Mme Zakharova interviennent dans le cadre d’exercices navals russes de grande envergure auxquels participent, selon l’armée
russe, plus de 90 000 personnes, 400 navires de guerre et sous-marins et 120 aéronefs. La Chine participe à la partie Pacifique de l’exercice avec trois navires et 15 avions.
La Russie et la Chine ont renforcé leur coopération militaire ces dernières années, directement en réponse à la pression similaire que les deux pays
subissent de la part des États-Unis et de leurs alliés. Mme Zakharova a insisté sur le fait que cette relation était de nature défensive.
Il se passe tellement
de choses dans le monde en ce moment, et l’empire centralisé des États-Unis fait tellement de choses terribles, mais de temps en temps, je pense qu’il est important de souligner le fait
que toutes ces choses individuellement terribles ne sont que les manifestations quotidiennes banales d’une structure de pouvoir qui nous met sur la trajectoire d’une confrontation mondiale finale
qui ferait passer toutes ces choses pour un pique-nique du dimanche.
Les politiques de statu quo nous conduisent littéralement à l’Armageddon. Se libérer de ces tyrans meurtriers dépasse rapidement le stade de la chose moralement
correcte à faire pour le bien des victimes de l’empire à travers le monde, pour devenir une action existentiellement urgente que nous devons prendre pour notre propre préservation.
Caitlin
Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Quel pourcentage de risques pour une guerre nucléaire avec la Russie ?
L’opinion occidentale est désormais travaillée au corps par la caste à propos d’un risque d’escalade nucléaire avec la Russie, dans l’hypothèse où les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
accepteraient une utilisation de leur armement balistique par l’Ukraine afin de frapper le coeur même de la Russie… Quel risque réel encourons-nous dans cette situation fâcheuse ? Edouard Husson
se livre à une analyse logique et mathématique des différentes options.
Edouard Husson l’évoquait hier dans nos colonnes : l’Ukraine veut frapper la Russie dans son coeur, à coup de missiles balistiques américains et anglais. Certains évoquent le possible recours à des
missiles français, mais notre marasme actuel fait que nous avons complètement disparu de la scène internationale (et que nous semblons désormais juste bons à arrêter des geeks pour le compte des
USA).
En riposte à la demande de Zelinsky, Poutine n’y est pas allé par quatre chemins : il considère qu’un accord anglo-américain pour frapper le territoire russe
conduirait à considérer l’OTAN en situation de guerre contre lui… Il n’en faut pas plus pour agiter le chiffon rouge de la déflagration nucléaire mondiale.
Mais quelle est la crédibilité de cette menace ?
Edouard Husson a pris le temps de décortiquer les options qui s’offrent aux protagonistes, bientôt belligérants, de ce dossier.
il semble évident que ni les USA ni la Russie ne souhaitent en l’état une escalade militaire directe qui compromettrait la survie de notre espèce !
du côté américain, il est tout aussi évident qu’il existe des divergences d’appréciation entre les “faucons” comme Anthony Blinken, qui poussent à la
surenchère, et les “colombes”, notamment au Pentagone, qui ont quelque doute sur la fiabilité de l’équipement américain actuel
du côté russe, une réécriture de la doctrine militaire est en cours. Cette réécriture pourrait ajouter un niveau supplémentaire de recours à l’arme nucléaire
tactique, permettant un engagement plus rapide, notamment des missiles hypersoniques
ces éléments laissent penser que la Russie pourrait riposter à des frappes balistiques ukrainiennes sur son territoire par des actions limitées, à la fois en
intensité et en “profondeur stratégique”. Rien n’exclut par exemple que Poutine cherche à étendre la guerre à des voisins de l’Ukraine comme la Pologne ou la Roumanie, mais sans
“débordement”
Je ne saurais dire à quel point nous sommes proches de minuit sur la montre de la guerre nucléaire. Mais une troisième guerre mondiale, menée au moins dans
un premier temps avec des armes conventionnelles, n’est plus qu’à quelques jours, au plus à quelques semaines.
Je regarde ce que disent mes pairs sur les chaînes YouTube les plus regardées, et ils semblent conforter que la guerre en Ukraine est insoutenable pour
l’armée de Zelensky étant donné le massacre en cours des forces qu’ils ont déployées dans leur pari de Koursk, aujourd’hui évalué à plus de 10 000 hommes morts ou gravement
blessés. Pendant ce temps, l’offensive russe dans le Donbass s’accélère, selon les Russes et les médias occidentaux. De nouvelles villes sont capturées chaque jour et le nombre
de kilomètres carrés de territoire ukrainien «libérés» au cours du mois dernier correspond déjà à peu près aux 1000 kilomètres carrés que les forces d’élite ukrainiennes ont capturés dans
l’oblast russe de Koursk au cours de la même période. Bien entendu, ces deux conquêtes sont incomparables : Les Ukrainiens ont une emprise ténue sur un territoire qu’ils ne peuvent pas
fortifier pour le conserver, étant donné que leurs lignes d’approvisionnement depuis la frontière font l’objet d’attaques meurtrières constantes de la part de l’aviation et de
l’artillerie russes, tandis que l’avancée russe le long des lignes de bataille du Donbass pulvérise les positions fortifiées ukrainiennes de longue date et est sur le point de perturber
totalement la logistique qui permet aux forces ukrainiennes de se maintenir dans le Donbass.
Ces mêmes pairs ont souligné l’élimination des meilleurs cadres actuels et futurs de l’Ukraine dans le domaine de la guerre électronique par le tir de
missile russe de la semaine dernière sur l’institut de communication militaire de Poltava, qui aurait tué 700 Ukrainiens et membres du personnel de l’OTAN.
Toutefois, ce tournant apparemment favorable à la Russie prépare en ce moment même le terrain pour un nouvel acte absolument désespéré et imprudent de la
part de l’administration Biden visant à priver la Russie de sa victoire bien méritée en faisant dégénérer le conflit en guerre mondiale.
Je pense à la quasi-certitude que les États-Unis et la Grande-Bretagne viennent d’accorder au régime de Zelensky la permission d’utiliser les missiles à
longue portée qui ont été livrés à l’Ukraine, notamment le Storm Shadow et probablement aussi le missile furtif d’une portée de 1500 km connu sous le nom de JASSM, pour frapper
profondément le cœur de la Russie et ainsi «apporter la guerre en Russie», comme l’a formulé la bande de Zelensky.
Tel est le sens du voyage effectué cette semaine par le secrétaire d’État Blinken à Kiev et de la visite du Premier ministre britannique Starmer à la
Maison-Blanche vendredi.
Biden agit ainsi en sachant parfaitement que les Russes ont menacé directement d’attaquer les États-Unis et d’autres pays impliqués dans des frappes au cœur
de la Russie à l’aide d’armes fournies et dirigées par l’Occident. Quelle que soit sa patience et son aversion pour une guerre chaude avec l’OTAN, le
président Poutine n’aura d’autre choix que de relever le défi.
Entre-temps, des pairs très au fait de l’actualité au Moyen-Orient, en particulier l’ancien diplomate britannique Alastair Crooke, ont déclaré sans ambages
dans leurs dernières interviews sur YouTube que les États-Unis ont donné à Israël le feu vert pour lancer une guerre totale contre le Liban. Le feu vert de Washington
s’est traduit par le rappel à Netanyahou que les porte-avions et autres navires américains actuellement stationnés en Méditerranée orientale ne peuvent y rester indéfiniment, et que s’il
a quelque chose à faire, il doit le faire sans tarder.
D’où la directive publique donnée il y a un jour par le Premier ministre israélien aux forces de défense israéliennes de s’attaquer au
Liban. Si cela se produit, la poudrière qu’est le Moyen-Orient aujourd’hui pourrait bien s’enflammer. Les parties intéressées par la lutte contre les atrocités commises par
Israël à Gaza et, plus récemment, en Cisjordanie, comprennent désormais la Jordanie, même très modérée et retenue, ainsi que la Turquie et l’Égypte. Bien entendu, il sera très difficile
pour l’Iran de rester en dehors du conflit qui, d’une manière ou d’une autre, impliquera également le nouveau partenaire stratégique ou allié déclaré de l’Iran, la Russie.
Ainsi, un conflit actuellement localisé au Moyen-Orient peut en un clin d’œil devenir une guerre régionale qui, en un autre clin d’œil, deviendra un second
front de la guerre entre les États-Unis et la Russie que j’ai prédite plus haut en parlant de l’Ukraine.
Ces considérations sur ce qui pourrait bien se produire dans les jours à venir ne peuvent réjouir personne. Il n’y aura pas de победа (victoire) ou de слава
(gloire) pour l’une ou l’autre des parties à la conflagration à venir.
Seules des destructions massives et des pertes humaines à déplorer.
*Collectif Biden est le terme que les animateurs de talk-shows russes ont appliqué aux dirigeants américains, étant donné que la présidence a pris une forme
collective lorsque le Joe Biden physique a sombré dans une profonde sénilité au cours des deux dernières années.
Il s’est passé
quelque chose d’assez extraordinaire lors de la session plénière du Forum économique oriental qui s’est tenue à Vladivostok la semaine dernière, en parfaite adéquation avec le thème
principal du forum :
«Extrême-Orient 2030.Combiner les forces
pour créer un nouveau potentiel».
Le président Poutine, le vice-président chinois Han Zheng et le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim se sont partagé la scène.
Cela se traduit par Russie-Chine-ANASE : un partenariat clé imbriqué, constamment renforcé, sur la voie de l’exploration de toutes les potentialités vers un
monde nouveau, équitable, juste, multi-nodal (italiques
de ma part).
Dans son discours, le président Poutine s’est concentré sur ce qui est sans doute le projet de développement national le plus ambitieux du XXIe siècle : la
Conquête de l’Est par la Russie – une image miroir de la Conquête de l’Ouest par la Chine, qui a commencé pour de bon en 1999, par le biais de la campagne «Go West».
Poutine a expliqué en détail comment l’Extrême-Orient russe se développe rapidement, avec plus de 3500 projets techno-industriels. Il s’est étendu sur la
Route maritime du Nord (RMN) – que les Chinois appellent la Route de la soie arctique – avec notamment la construction de nouveaux brise-glaces nucléaires et le développement du port de
Mourmansk. Poutine a fait remarquer que le chiffre d’affaires de la NSR est déjà cinq fois plus important que celui de l’époque de l’URSS.
Tous les chiffres concernant l’Extrême-Orient et l’Arctique sont stupéfiants. L’Extrême-Orient est une macro-région stratégique qui occupe pas moins de 41%
du territoire de la Fédération de Russie. L’Arctique, immense trésor de ressources naturelles, lié au potentiel de la NSR, en occupe 28% – représentant 17% de la production pétrolière
russe, 83% de la production de gaz et renfermant d’immenses gisements d’or, de charbon, de nickel, de cuivre, de cobalt, de métaux du groupe du platine et de diamants.
Il n’est donc pas étonnant que le rêve colonialiste récurrent de l’Occident d’attaquer, de démembrer et de piller la Russie – dont la dernière itération est
l’obsession d’infliger une «défaite stratégique» à la Russie en Ukraine – soit directement lié à l’accaparement et à l’exploitation des richesses infinies de l’Extrême-Orient et de
l’Arctique.
Poutine a une nouvelle fois expliqué que ces deux régions étaient «l’avenir de la Russie» et une priorité fédérale pour l’ensemble du XXIe siècle : il
s’agit en fait d’une question de sécurité nationale. La croissance des investissements dans le capital de départ est déjà de 20%, soit le double de la moyenne russe, et chaque rouble de
financement de l’État est compensé par 34 roubles d’investissement privé. Les industries clés sont notamment l’énergie, la pétrochimie, l’exploitation minière, le bois, la logistique, la
construction d’avions, de machines et de navires, l’agriculture et la pêche.
Anwar
: «Où est l’humanité ?»
Le Malaisien Anwar, orateur de premier ordre, s’est étendu sur l’ANASE en tant que carrefour de l’Asie-Pacifique et a tissé une élégante analyse du soft
power, agrémentée de littérature russe (c’est la première fois qu’il se trouve sur le sol russe), soulignant les contributions au «tissu même de l’histoire et de la pensée humaines» et la
manière dont la Russie «indique les frontières du possible».
Parallèlement, il a fait l’éloge de la montée en puissance du Sud mondial (40% du PIB mondial, plus de 85% de la population), de l’attrait des BRICS (la
Malaisie a officiellement demandé à rejoindre les BRICS+) et de la manière dont la Russie devrait attirer de plus en plus «d’investissements de
la part des pays à majorité musulmane». Jouant sur la vitalité culturelle de son pays, il a réitéré, avec le sourire, la devise nationale : «La Malaisie, vraiment
l’Asie».
Anwar a particulièrement touché le public d’hommes d’affaires et de technocrates en commentant la tragédie de Gaza. Il a déclaré qu’il demandait toujours à
ses collègues, «même en
Occident», où est «l’humanité» ;
comment osent-ils «parler de
justice» ; et comment osent-ils parler de «droits de l’homme et
de démocratie».
Le vice-président Han Zheng a mis l’accent sur les récentes réunions de haut niveau à Pékin et à Astana, qui ont permis de renforcer le partenariat
stratégique entre la Russie et la Chine, l’augmentation des échanges commerciaux, le statut de la Chine en tant que premier partenaire commercial et investisseur dans l’Extrême-Orient
russe, la volonté de moderniser les structures transfrontalières et l’Initiative de sécurité globale du président Xi, qui est en quelque sorte une version plus ambitieuse du concept russe
de «Grand Partenariat eurasiatique».
Han Zheng a clairement indiqué à quel point la Chine prenait au sérieux un nouveau format de sécurité global, afin de «combattre la
mentalité de la guerre froide». Et tout cela revient au concept chinois primordial pour l’ensemble du XXIe siècle : la tentative de construire une «communauté d’avenir partagé pour
l’humanité».
Asie-Pacifique
: Tout sur la technologie et la science
Concrètement, le forum – auquel ont participé 7000 invités de 75 pays (très peu d’Occidentaux) – a permis de conclure 258 accords d’une valeur non
négligeable de 5400 milliards de roubles (plus de 59,7 milliards de dollars).
Comme l’année dernière, une exposition en plein air, au bord de la mer, présentant la culture, les coutumes, la cuisine et la beauté naturelle spectaculaire
de nombreuses régions, de Primorsky à Sakhalin, du Kamchatka à Sakha/Yakutia, de la Bouriatie à Krasnoïarsk, a constitué un moment fort de l’événement.
Toute cette puissance douce est intégrée à la dynamique géopolitique et géoéconomique en faveur d’une croissance économique durable et ininterrompue – de
l’Est de la Russie à l’ensemble de l’Asie-Pacifique – et abordée, par exemple, dans le cadre du dialogue commercial Russie-ANASE en cours d’évolution.
L’analyste indonésien des questions militaires et de sécurité Connie Bakrie, également professeur à la faculté des relations internationales de l’université
d’État de Saint-Pétersbourg, a résumé la situation : «La chose la plus
importante pour l’Asie-Pacifique est la technologie et la science (…) Le président Poutine a souligné que la Russie jouera un très grand rôle dans la construction de la science et de la
technologie ensemble [à travers l’Asie], en particulier dans l’aspect nucléaire de la sécurité énergétique».
Plusieurs sessions réparties sur l’ensemble du forum ont été des prodiges d’intégration. Il n’est pas toujours possible de voir Evgeny Vlasov, vice-recteur
de l’université fédérale d’Extrême-Orient (FEFU) – sur le campus tentaculaire et ultramoderne où se déroule le forum – débattre avec Yu Miaojie, recteur de l’université de première classe
de Liaoning à Hong Kong, lors d’une discussion sur les systèmes
d’éducation dans les économies de l’APEC.
Dans le cadre du Polygone
oriental, le débat, auquel a participé Igor Levitine, conseiller de Poutine, a porté sur l’évolution de la géoéconomie vers l’Asie-Pacifique, l’Extrême-Orient devenant une porte
d’entrée absolument essentielle pour le commerce extérieur.
La session
Russie-ANASE, à laquelle participait notamment un ministre de l’Union économique eurasiatique (UEEA), a donné lieu à de nombreux développements sur les cinq années écoulées depuis le
lancement du partenariat stratégique Russie-ANASE et sur la manière dont Moscou considère l’Asie-Pacifique, et plus particulièrement l’ANASE, comme une priorité absolue.
Une session homologue a examiné la coopération
à travers la Grande Eurasie – centrée sur le développement de chaînes de production intégrant l’UEEA, l’OCS et les BRICS.
Karin Kneissl, directrice du centre GORKI (Observatoire géopolitique sur les questions clés de la Russie) à l’université d’État de Saint-Pétersbourg et ancienne ministre autrichienne
des Affaires étrangères, a représenté une fois de plus les (rares) dernières voix de la raison en Europe : elle a souligné à quel point «l’État de droit est
en train de disparaître en Europe» et à quel point «la confiance dans le système traditionnel s’est envolée».
D’où l’importance du forum des BRICS : «Ce dont nous avons
besoin, c’est d’un nouveau fondement normatif».
Une discussion passionnante et opportune s’est développée sur le thème «Instruments de développement souverain dans le contexte de la déstabilisation de
l’ordre mondial», avec une contribution incisive d’Albert Bakhtizin, directeur de l’Institut central d’économie et de mathématiques de l’Académie des sciences de Russie.
Un groupe de scientifiques russes, avec la contribution des Chinois, a mis au point un indice de force nationale, qui prend en compte des variables telles
que la taille de la population, les réserves de ressources naturelles, la puissance militaire, la force de l’économie, la solidité du gouvernement, des entreprises et de la société
lorsqu’il s’agit d’atteindre les objectifs de développement national. Tout cela, bien sûr, est une question de souveraineté.
Des
États-civilisations froids, calmes et recueillis
L’animateur Alexandre Douguine a été catégorique : La Russie est un pays du Pacifique. Sur scène, il y avait notamment l’irrépressible Maria Zakharova,
l’ambassadeur de l’Inde en Russie, Vinay Kumar, l’auteur du concept d’État-civilisation, le professeur Zhang Weiwei de l’université de Fudan, l’analyste indonésien Connie Bakrie, l’ancien
Premier ministre du Népal, Madzav Kumar, le géopoliticien français de haut niveau Aymeric Chauprade, ainsi que plusieurs universitaires et analystes de l’ANASE présents dans
l’assistance.
Le consensus était que l’«ordre» international unilatéral basé sur des «règles» que l’Occident collectif modifie à sa guise devrait être en voie de
disparition. Cela est directement lié au déplacement du centre de gravité géopolitique vers l’Asie-Pacifique.
Le professeur Zhang Weiwei a donné une explication concise de la voie chinoise, fondée sur «trois structures».
En ce qui concerne la structure politique, «la Chine est
farouchement indépendante. Et l’ANASE est constamment autonome, refusant de prendre parti».
En ce qui concerne la structure économique, l’amélioration du niveau de vie de la population – ou «les moyens de subsistance de la population d’abord», en
chinois – est la priorité absolue de Pékin.
L’ANASE, quant à elle, est le premier partenaire commercial de la Chine. De par sa structure géographique, «elle est très
vulnérable, parfois appelée les Balkans de l’Asie». Mais elle brille en tant que modèle d’intégration.
En ce qui concerne la structure culturelle, le professeur Weiwei a insisté sur «la voie
asiatique».
En d’autres termes, «nous pouvons nous
permettre d’accepter d’être en désaccord». C’est ainsi que la Chine «soutient
l’indépendance de l’ANASE».
Le Forum économique oriental a une fois de plus montré, à la pelle, comment la Russie et un ensemble d’États-civilisations asiatiques gardent leur
sang-froid, leur calme et leur concentration, allant résolument de l’avant, alors même qu’une Totalen
Krieg hybride pouvant dégénérer en un éclair en guerre nucléaire est menée par l’Hégémon et ses vassaux contre la Russie et, en fin de compte, contre les BRICS.
Même si le Think Tankland américain ne cesse de proposer des plans bellicistes – le dernier en date étant l’avènement d’une «Sparte arctique» de l’OTAN pour
tenter de contenir «la fin de l’exceptionnalisme américain» dans le Grand Nord – les nouvelles connexions socio-économiques explorées lors du forum, ainsi que la nouvelle stabilité et la
résilience qui en découlent, changent encore plus la donne que les débâcles militaro-morales à Gaza et sur la terre noire de Novorossia.
Il n’est pas étonnant que la ploutocratie de l’hégémon et ses vassaux de bas étage soient animés d’une haine sans bornes à l’idée d’être totalement
surclassés et dépassés par la Russie, la Chine, l’Asie et l’Eurasie, et qu’ils soient finalement destinés à se vautrer dans les caniveaux de l’insignifiance.
Et si on
commençait à se fâcher pour de vrai contre les Dalton, qu’est-ce que tu en dis, hein ?
Je propose ci-après la traduction d’une conférence donnée en Allemagne et en allemand par Wolfgang Effenberger en août 2024. Wolfgang est un auteur
allemand, officier de la Bundeswehr à la retraite. Le chercheur de la théorie du complot raconte les prémisses du conflit ukrainien. L’Occident n’avait absolument pas l’intention de
répondre aux injonctions des accords de Minsk et a commencé à armer l’Ukraine et à la mettre aux normes de l’OTAN tout de suite après le coup d’État du Maïdan de 2013-2014.
De la sorte, l’OTAN ne répond pas à l’agression de la Russie en Ukraine. C’est la Russie qui, par l’opération spéciale militaire, se protège de l’agression
aujourd’hui directe de la Russie par l’OTAN préparée depuis longtemps.
L’intervention dure 55 minutes, mais je n’en transcris qu’à peu près 30 minutes. Il ne m’a pas été possible de rendre une vidéo avec la traduction en
sous-titrage car la vidéo est très bien protégée1 (la
vision complète de la vidéo traduite en russe est possible par abonnement).
J’illustre souvent le texte de la traduction de la conférence en français d’illustrations. Il n’en reste pas moins que le texte reste volumineux. Mais
veuillez me croire, il me paraît très important et certainement urgent de lire les propos traduits de Wolfgang dans leurs totalité car c’est nous, les populations occidentales, qui
pouvons et devons mettre fin à une escalade menant à la destruction d’une grande partie de la planète que gèrent des surhommes que la richesse matérielle transforme en véritables dieux
antiques rassemblant ici des talmudistes, là des kabbalistes calvinistes tous épris de leur passion d’avoir été un jour «divinement» élus.
À ce titre, il est évident que nous assistons à la fin du mythe de l’élection de certains peuples et, plus encore, du mythe de la centralité universelle
d’une civilisation nommée «judéo-chrétienne». Ne pas vivre au centre pourrait, en fait, nous permettre de vivre plus pleinement et richement la vie.
Le regard de Wolfgang sur la place de l’Allemagne dans l’escalade en cours est une réaction très saine et, a
priori, salvatrice que nous devons tous adopter face à ce que l’on nomme souvent aujourd’hui les forces sataniques.
L’Allemagne est totalement sous la gouverne des États-Unis. Pour reprendre Robert Aron et Arnaud Dandieu2,
en 2024, les États-Unis avec à leurs bottes les nations européennes atlantiques et historiquement chrétiennes protestantes semblent accélérer leur volonté de mettre sous esclavagisme
(monnaie-monnaie) la Terre entière avant que ne prévale enfin un monde multipolaire naturel, entretenu par le dialogue et le respect de chacun. Ce dernier monde naissant semble déjà bien
prévaloir en 2024 (cf. le mouvement des BRICS+).
À un monde occidental largement minoritaire aujourd’hui totalement privatisé et tenu en main par des meutes financières carnassières végétatives répond
dorénavant un monde humain majoritaire et de grande perspective.
Nous rappellerons que la France commence à dépendre d’institutions financières privées à partir de 1812, à savoir de la défaite de Napoléon en Russie et de
l’arrivée en France de James Mayer de Rothschild en tant que sauveur de l’empire et créateur de la monnaie aéraulique.
La route a été longue mais parfaitement droite pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui en 2024 avec l’usurpateur Macron, pion du superviseur de la
mondialisation en France Jacques Attali (le Maïmonide grotesque du souk algérois), en place du président de la République française. La prise de pouvoir du général de Gaulle après-guerre
n’aura finalement été qu’un épisode de courte durée de l’existence d’une France se voulant souveraine et indépendante parmi toutes les nations du monde.
S’il vous plaît, accordez-vous cinq minutes, peut-être sept, pour lire les propos de Wolfgang Effenberger. Après cela, il vous sera très difficile de ne pas
rejoindre le rang des gens qui se lèvent contre la guerre mondiale à venir, encore une fois qui n’est que la volonté de gens malades et adeptes de l’occultisme qui veulent gérer toutes
nos vies.
C’est maintenant que tout se joue. La minorité des malades à juger ou exterminer selon les cas s’est fixée 2030 pour l’avènement de leur État mondial.
Beaucoup de choses ont déjà été construites et développées pour se faire, le point le plus important étant la manipulation des consciences et le niveau de l’enseignement aujourd’hui pour
que les surhommes malades puissent s’imposer enfin et parfaitement.
Les samedis après-midi au soleil et les sourires ne répondent absolument plus aux nécessités d’agir pour la vie de la majorité des populations dans le
monde !
2029-2030 !
C’est maintenant.
Bertrand
Hédouin
*
Les
précurseurs des futurs conflits
par Wolfgang
Effenberger
«Voilà, il s’agit du
coup de Maïdan et vous avez sans doute entendu parler du «Pravy Sektor»3(Secteur
Droit) qui a joué un rôle important dans le coup d’État (en Ukraine en février 2014 – NdT). Il s’agit d’une subdivision du pouvoir imposé par Kiev orientée très à droite».
Là, il faut rester prudent. Vous voyez sur la photo des soldats de l’unité Azov avec leurs drapeaux officiels et bien sûr le drapeau allemand, le drapeau
rouge-blanc-rouge avec au milieu encerclé un certain signe (sur la photo montrée lors de la conférence en Allemagne, ce signe a été dissimulé).
En effet, depuis le 20 octobre 2022, il existe une nouvelle loi en Allemagne. Si j’avais montré ce signe dans le contexte actuel, et si je l’avais utilisé
pour désigner le bataillon du Régiment Azov, cela aurait été considéré comme un délit, c’est pourquoi j’ai un peu reformaté l’image.
Maintenant, simplement pour comprendre ce qui se passe dans notre pays.
Les États-Unis se sont montrés plus critiques que nous4.
Le Congrès américain, ou plutôt les représentants du Congrès ont demandé que le Régiment Azov soit classé comme organisation terroriste. Évidemment, pour le Bundestag, c’était absolument
impensable.
C’est l’une des raisons principales expliquant le refus de Yanoukovitch (président de l’Ukraine avant le coup d’État du Maïdan) de signer le protocole
d’accord en 2013 pour associer l’Ukraine à l’Union européenne (qui soutient encore aujourd’hui, notamment, les troupes du régiment Azov – NdT). J’ai tous les documents écrits du Bundestag
et l’article 404 de l’accord d’association avec l’Union européenne.
Il y est notamment écrit :
Il est indispensable de simplifier encore le point portant sur les pratiques actuelles de certification des semences génétiquement modifiées et de favoriser
leur culture dans l’industrie agricole.
Comme vous devez le savoir, l’Ukraine est l’un des marchés les plus prometteurs en termes de croissance pour la production de ces semences au bénéfice de
Monsanto et de DuPont. L’Ukraine est un géant agricole. L’Ukraine a indiqué ne pas être responsable de ne recevoir des semences que de ces deux producteurs.
Voilà la raison.
Je vais maintenant rappeler l’opération de guerre USAID. C’est le gouvernement des États-Unis qui se trouve derrière en utilisant les canaux d’organisations
caritatives et diverses ONG.
À côté de «USAID», on voit deux mains qui se tiennent avec le drapeau des États-Unis. C’est représenté sur tous les paquets de farine distribués dans le
monde pour lutter contre la faim, sur tous les paquets. On retrouve le logo de «USAID» dans le monde entier.
J’ai toujours pensé que le signe signifiait réellement «Aide en provenance des États-Unis». Mais non. C’est effectivement de l’aide destinées aux
populations dans le besoin dans le monde, mais la véritable signification du sigle est «Agence des États-Unis pour le Développement International» (US Agency for
International Development). La guerre qui est menée est évidente.
En Ukraine, nous rencontrons très souvent le slogan publicitaire : «Nous investissons en Ukraine : Dupont Pioneer (US)» (We invest in Ukraine –
Dupont Pioneer (US)).
Notre producteur d’explosifs au XIXe siècle s’accapare aujourd’hui une quantité monstrueuse de terres dans le monde, c’est tout simplement
énorme !
Le 2 mai 2014, l’Ukraine décide d’attaquer ses frères et sœurs du Donbass par les moyens militaires. Les deux régions administratives du Donbass, celle de
Lougansk et celle de Donetsk, en effet, n’étaient pas d’accord avec ce qui ressortait du coup d’État du Maïdan. Ils ont simplement dit : «Nous ne voulons pas de cela».
Tout de suite après le coup, le nouveau régime a très rapidement enlevé de la Constitution du pays la langue russe qui était langue officielle d’État au
même titre que l’ukrainien.
Puis la situation n’a cessé de s’aggraver. Le 3 mai 2014, le journal Die
Welt écrivait même : «Guerre contre
l’Ukraine orientale». Le 3 mai, on parle de guerre, puis plus rien, on n’a plus rien entendu jusqu’au 24 février 2022 (début de l’opération militaire spéciale de la Russie pour
protéger les populations russophones en Ukraine et éliminer les éléments du régime nazi de Kiev – NdT). Dans cette guerre, 15 000 personnes sont mortes, en premier lieu des civils
ukrainiens russophones.
Le 2 mai 2014, le bâtiment des syndicats professionnels à Odessa flambe.
La jeunesse syndicale protestait contre leurs opposants du Maïdan. Elle s’est fait attaquer par les gens du «Pravy Sektor»
(Secteur Droit) (une organisation comme le Régiment d’Azov de type nazi qui déjà, remplissait les rues du centre et de l’Ouest de l’Ukraine. Elle forme une cible privilégiée dans
l’opération militaire spéciale russe pour répondre à l’une des priorités qui est de dénazifier l’Ukraine – NdT) et les jeunes sont allés se réfugier dans le bâtiment des syndicats
professionnels que Pravy
Sektor a fini par incendier.
En tout, 42 personnes sont mortes, 32 ont été brûlées vives. Depuis lors, aucune enquête n’a été menée, aucune procédure judiciaire n’a été engagée. Rien.
De toute évidence, on voit là des valeurs occidentales.
Ainsi, dès le début de la guerre en 2014 et plus encore en 2015, on a commencé à envoyer des fournitures et matériels militaires à l’Est pour l’Ukraine et
cela continue depuis lors.
Nous avons maintenant devant nous Willy Wimmer. J’ai co-écrit avec lui le livre «Le Retour des
Joueurs» (Wiederkehr der
Hasardeure : Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute, septembre 2014 – Le retour des joueurs, des stratèges de l’ombre, des profiteurs silencieux de
1914 jusqu’aujourd’hui).
Nous en avons écrit la préface en juillet 2014, bien avant que ne sorte la nouvelle stratégie des États-Unis. Nous avons écrit : «Les mêmes cercles
qui, il y a cent ans, utilisaient les conflits dans leurs propres intérêts, sont de nouveau sur le devant de la scène. De nouveau, ils se construisent aux yeux du monde des bunkers
souterrains pour se protéger du danger d’une guerre mondiale, comprenant en même temps toute l’horreur incommensurable qui en découlera».
Washington pousse à la guerre mondiale, écrivait l’ancien ministre des Finances des États-Unis Paul Craig Roberts le 15 avril 2014. Cela veut dire que tout
avait été planifié à l’avance.
En octobre 2014, on découvre par le Tradoc pamphlet
525/3/1 – The US Army Operating Concept, 2020-2040, 7 octobre 2014, la stratégie à long terme des États-Unis5.
Un général de l’armée encore relativement jeune montre avec fierté le nouveau document titré «La victoire dans un
monde complexe, 2020-2040».
Le document a été publié et diffusé partout où c’était possible.
Et voici le nom de mon intervention aujourd’hui : «Les précurseurs des futurs conflits» repris du document de 2014, partie 2, point 4 (2.4). Dans ce
point, on dit alors que les principaux États concurrents des États-Unis sont la Chine et la Russie. Ils étaient alors situés au même niveau de danger. Mais depuis le 28 octobre 2023, la
Chine a dépassé en dangerosité la Russie. Les deux pays sont suivis de l’Iran, et de la Corée du Nord. On trouve ensuite les organisations criminelles internationales et la
cybercriminalité.
Vous pouvez constater que rien n’a changé. Tout s’est simplement depuis enraciné dans les esprits.
Depuis 2015, non seulement on envoie du matériel militaire à l’Est, mais en plus, toute les infrastructures ukrainiennes se préparent aux
événements.6
En 2017, la structure permanente de l’Union européenne PESCO (Coopération structurée permanente) vouée à permettre d’atteindre la synergie militaire en
Europe7 voit
le jour.
Ainsi, toute l’infrastructure militaire de l’Union européenne s’étend à l’Est en direction des Pays baltes et, bien sûr, de l’Ukraine.8
Au même moment, à quelques minutes à pied de la base de Ramstein, la construction d’un nouveau complexe hospitalier américain vient de s’achever. C’est une
immense clinique de modèle occidental (Ramstein wird
ausgebaut – Saarbrücker Zeitung9).
Vous pouvez voir une architecture élégante, des vues qui ne peuvent qu’émerveiller. Cela doit symboliser le drapeau des États-Unis déployé au vent.
Évidemment, on continue de couper les arbres sur le territoire mais la présence des défenseurs de la nature et des activistes pour le climat n’a pas été prévue au moment où les forêts se
faisaient tondre.
Combien de bâtiments ont été construits pour cet hôpital ?
4500.
Bien sûr, nous devons nous poser une question. Si les États-Unis construisent ici un hôpital que nous avons aidé à financer, les 4500 bâtiments sont prévus
pour combien de blessés ? De toute évidence, ils en ont prévu de grandes quantités.10 (…)
Tout ça est inimaginable !
Toujours au même moment, à partir de 2013, on a posé les fondations d’un nouveau centre de commandement militaire. Le centre de commandement militaire de
Wiesbaden. Je vais bien sûr vous montrer à quoi il ressemble.11
Aujourd’hui, tout est prêt. Tout a été préparé dans les temps pour cette guerre. Nous voyons sur la photo qu’il y a un espace souterrain important. Il
s’agit de l’endroit où les généraux ukrainiens rendent compte du travail effectué sur le front, ici, à Wiesbaden.
Les sanctions contre la Russie.
Effectivement, l’attaque terrible par les Russes de leurs voisins n’a pas été provoquée. Nous devons sans cesse le répéter, évidemment.
Non, tout cela a été pensé bien plus tôt.
Un jour, le chancelier Olaf Scholz en a trop dit lors d’un talk-show. Il a dit que toutes ces sanctions avaient été déjà prévues bien avant l’opération
militaire spéciale russe. Il est possible de consulter toutes les sanctions édictées contre la Russie, la résolution 758 puis les sanctions qui ont encore suivi.
La résolution 758 semble purement inoffensive. Que dit-elle ?
On peut penser qu’il s’agit d’une résolution de l’ONU auxquelles nous sommes habitués, que cette résolution ne changera pas grand-chose ?
Cette résolution adoptée le 12 avril 2014 par le Congrès américain12 deux
mois après la diffusion du Tradoc 525/3/1 a été qualifiée par Ron Paul qui a travaillé au Congrès des États-Unis 33 ans, qui a été deux fois candidats à la Maison-Blanche, de déclaration
de guerre à la Russie. «Le Congrès déclare la
guerre à la Russie», «C’est une des
résolutions du Congrès les plus graves de son histoire».
Cette résolution est toujours effective. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une déclaration de guerre à la Russie.
Selon l’économiste canadien Michel Chossudovsky, la chambre des représentants a en fait donné le feu vert à l’entrée en guerre de l’OTAN contre la Russie
sans demander d’accord supplémentaire au Congrès. Selon Chossudovsky, cela a été un vote historique pouvant potentiellement toucher la vie de centaines de millions de personnes dans le
monde.
Ce vote a été totalement ignoré par les médias, que ce soit en Amérique du Nord, au Canada et, également, en Allemagne (et pas seulement -NdT13).
C’est effectivement une loi très importante qui ordonne au président des États-Unis de prendre toutes les mesures nécessaires pour aider l’Ukraine à recouvrer tout son territoire,
notamment par la force militaire.
Cette loi est effective.
En ce qui concerne le vote au Congrès, 400 sénateurs ont voté pour la résolution, je pense 11 ou 12 ont voté contre, quelque chose comme ça. Les lois sont
toujours adoptées là-bas à 90% des voix.
Regardons maintenant la loi sur la lutte contre l’influence de la Russie datée de mai 2017 (Congress.gov : S.1221 – Countering Russian
influence in Europe and Eurasia Act of 2017).14
À ce moment, toutes les sanctions possibles sont appliquées et ont été planifiées pour le long terme.15
On voit le titre «Le cas militaire le
plus difficile». Qu’est-ce qui est le plus compliqué pour un soldat ? C’est évidemment de se retrouver sur le champ de bataille. C’est là qu’il est le plus nécessaire.
Cette diapositive porte sur les canaux de transport et de logistique stratégiques en Europe centrale et, plus précisément, en Allemagne (General Martin
Schelleis, inspecteur des forces armées, 21/12/2020).
Sur l’illustration, on peut voir comment s’organise la politique de sécurité aujourd’hui en Allemagne.
Regardons la carte.
La République fédérale d’Allemagne.
Il y a des ports d’où l’on embarque des marchandises et du matériel militaire.
Il y a des aéroports.
La Bundeswehr se dirige vers les Pays baltes.
Au sud de l’Allemagne, nous avons le «Host Nation
Support», ce qui signifie que nous accueillons des forces militaires étrangères, les logeons et les nourrissons et nous faisons en sorte qu’elles se retrouvent sur le front sur le
flanc oriental.
Il en résulte évidemment des réponses de l’Est, il y a évidemment des blessés et des réfugiés qui se retrouvent en Allemagne. C’était la situation fin
décembre 2022.
Au fait, de quand datent les grands flux de réfugiés étrangers en Allemagne ? Il faut prendre tout cela au sérieux pour ce qui concerne les réserves de
viande à envoyer au front contre la Russie. Ce n’est que le début.
Ensuite, on lit souvent chez nous que l’Allemagne connaît les plus grosses pertes de l’Union européenne dans cette guerre. Et on ne rencontre aucune
contestation. Quand on entend «Gros dégâts pour l’Allemagne», on devrait alors se rappeler de mai 1945 quand villes et quartiers entiers étaient décimés. Tout était détruit.
Ensuite, il est facile d’écrire que l’Allemagne connaît les plus grosses pertes de l’Union européenne16 dans
le conflit en Ukraine. (…)
Par la suite, le 20 janvier 2021, Biden confirme qu’il veut se montrer plus ferme vis-à-vis de la Russie. Il envoie rapidement en Norvège un bataillon de
sapeurs en guise de signe de sa résolution à Poutine. (…)
Le 15 juillet 2021, le président des États-Unis et la chancelière de la République fédérale d’Allemagne confirment se soumettre à des accords bilatéraux en
vue – et là, accrochez-vous bien – du développement de la paix, de la sécurité et de la prospérité dans le monde. (…) Nous devons pour cela travailler à soutenir la prééminence du droit,
promouvoir la transparence, une bonne gestion des affaires, soutenir la société civile.
Le plus intéressant est que tous les peuples dans le monde entier doivent avoir la possibilité de définir leur propre avenir politique sans influence
extérieure, ni obligation ou domination d’une quelconque puissance étrangère !
Vous venez de voir le nouvel hôpital à Wiesbaden ? Y a-t-il quelque chose à rajouter ? (…)
Le 21 juillet 2021, l’Allemagne et les États-Unis se rencontrent une nouvelle fois. Madame Merkel semble un peu perdue alors que Biden ressemble à un
pacha.
C’est ainsi qu’a vu le jour une nouvelle déclaration germano-américaine, «La liberté et la démocratie en Ukraine».
«Les États-Unis et
l’Allemagne soutiennent résolument la souveraineté de l’Ukraine et son entité territoriale (y compris la Crimée évidemment – NdT), son indépendance et son chemin vers l’Europe qu’elle a
choisi. Aujourd’hui, nous affirmons notre engagement à prendre des mesures contre l’agression russe (nous sommes en juillet 2021 ! – NdT) et la dévastation de l’Ukraine et au-delà.
(…)
Les États-Unis
assurent de leur soutien les efforts de l’Allemagne et de la France pour restaurer la paix à l’Est de l’Ukraine dans le cadre du format de Normandie».
Vous savez, ces accords de Minsk17 qui
n’ont jamais été appliqués. Malgré tout, «l’Allemagne prend
tous ses soins dans le cadre du format de Normandie pour favoriser la mise à exécution des accords de Minsk».
Et vous savez aussi ce qu’a dit Mme Merkel dans une interview donnée au journal Die Zeit le
7 décembre 2022, il y a quelques mois ? Qu’ils n’avaient jamais eu l’intention de répondre aux accords de Minsk (ce qu’a fièrement confirmé un peu après notre joyeux François
Hollande en répondant à Vovan et Lexus18 –
NdT19).
Comment maintenant va-t-il être possible de s’entendre avec la Russie quand le conflit sera terminé ? Comment voulez-vous mener des négociations et
trouver un accord de paix ou arrêter un cessez-le-feu avec ce genre de convives ?
Il semble évident que la Russie trouvera un accord avec les États-Unis. L’Ukraine n’est absolument plus partie aux négociations. Il ne s’agit pas d’une
guerre par proxy interposé que nous vivons actuellement, comme nous l’avons vu, mais d’une guerre de la Russie contre l’OTAN à l’aide de viande majoritairement ukrainienne. Comment
pourrait-on retrouver la confiance ? Cette confiance est perdue encore pour longtemps, définitivement et irrévocablement.
Après tous ces signes très rassurants, le 21 juillet 2021, le journal Süddeutsche
Zeitung écrit sous une image en petit «L’OTAN se prépare à
un conflit avec Moscou». C’est un article qui aurait dû occuper au moins une page entière mais le titre était simplement dissous parmi les autres articles.
Juste trois semaines après, le Sun anglais
affichait le titre suivant : «Hyper Weapons :
US Forces Are Reactivating A Nuke Base In Germany And Arming It With New «Dark Eagle» hypersonic missiles»20 (Les
missiles hypersoniques : les forces militaires des États-Unis relancent le fonctionnement d’une base nucléaire en Allemagne et l’arment avec les nouveaux missiles hypersoniques
«Dark
Eagle»).
On parle de la création ou de la restauration des infrastructures du 56e Commandement d’artillerie de Cassel (Mayence). À la fin des années 1970 et au début
des années 1980, c’est là qu’ont été déployés les missiles Pershing 2 lorsque Reagan avait l’intention de frapper de manière irréparable Moscou.
Ils furent ensuite désactivés après la dissolution de l’URSS et ramenés aux États-Unis. Le 8 novembre 2021, le major-général qui était le responsable
stratégique de cette division a déclaré officiellement la reprise du fonctionnement des bases à Wiesbaden et à Cassel.
Combien de personnes avons-nous vu dans les rues lors de l’épisode des Pershing 2 ? Il y a 40 ans, ils étaient des millions à contester. Aujourd’hui,
on annonce la même chose et rien, personne, le néant (…)
Regardez, maintenant, il a été voté une loi du prêt-bail pour la défense de la démocratie en Ukraine le 28 avril 2022 qui ressemble à la loi qui avait été
votée en 1941 par les États-Unis en tant que partie neutre pour prêter aux Britanniques 50 croiseurs et destroyers21.
417 sénateurs ont voté pour, 10 ont voté contre. Ils pensent que cet acte de lend-lease ou
de prêt-bail va tout changer dans la guerre. Grâce à cette loi, la situation va s’inverser en Ukraine et tout cela s’est fait, comme nous le savons tous, après l’attaque russe non
provoquée et tralali et tralala…
Le texte avait été accepté par le Congrès bien avant le déclenchement de l’opération militaire spéciale russe, dès le 15 janvier 2022, cinq semaines avant
l’opération.22
Ces lois sont également lues par le Kremlin et le Kremlin comprend également la politique américaine. Mais nos médias en Occident ont fait tout leur
possible pour que l’opinion publique adhère à ce qui doit être conçu comme indispensable.
Par la suite, le président des États-Unis, le personnage le plus puissant de la planète, indique le 11 mars 2022 que s’il envoyait en Ukraine des tanks,
cela marquerait le début de la 3ème Guerre mondiale.
Le 25 janvier 2023, soit 9 mois plus tard, il indique que les États-Unis envoyaient en Ukraine des chars Abrams. Voilà les déclarations légères des hommes
politiques et de ceux qui dirigent le monde.
Comment le reste du monde peut accepter ces déclarations ? Comment ? Personne ne peut les comprendre.
La situation est horrible pour l’Occident, c’est à ne plus rien y comprendre ! Je rappelle la situation de l’OTAN en 1990 et en 2022.
En 2024, il faut
ajouter à l’expansion de l’OTAN la Suède et la Finlande (32
membres)
Pour rappel, l’unique chose pouvant pousser la Russie à prendre des mesures militaires radicales est l’expansion de l’OTAN à ses frontières.
Les Occidentaux le savaient mais, peu importe, ils continuent de vouloir avancer. Ils se dirigent tout droit vers un grand conflit mondial.
Écoutons maintenant Stoltenberg (secrétaire général de l’OTAN que vient remplacer le 1er octobre 2024 Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas connu
pour son intransigeance et son extrémisme. En toute cohérence, l’OTAN peut faire pire qu’avec Stoltenberg qui a déjà atteint un sommet de bêtise et de belligérance – NdT) :
«Nous
voulons rendre l’OTAN encore plus fort d’ici 2030». Et ils vont le faire, ce ne peut pas être autrement.
À côté de cela, Lloyd James Austin III, secrétaire à la Défense américain, indique que «avec les bons
armements, l’Ukraine peut gagner la guerre». Allez, achetez, achetez, achetez encore !
Je voudrais rappeler comment nos alliés ont l’habitude de mener les guerres. Ils sont les premiers à dire que les Russes mènent les guerres comme pendant la
1ère Guerre mondiale, des guerres de position et qu’ils ne sont pas capables de mener une guerre efficacement.
Je veux simplement vous rappeler cela sachant que du côté russe, les généraux sont nombreux à trouver la mort.
Aux États-Unis, aucun général ne meurt parce que quand ils font la guerre contre un pays, ils suivent la stratégie de l’armée de l’air : choquer et
traumatiser. C’est ainsi qu’ils ont bombardé Bagdad, même une souris n’aura survécu. Après de tels bombardements, les commandants américains se font fort de se tenir dans leur tourelle de
char qui n’auront plus rien à viser.
C’était simplement un rappel.
Sur cette photo, nous voyons les généraux chefs d’état-major de Grande-Bretagne et du Japon se serrer la main. Nous devons nous préparer à des conflits
militaires en Europe. C’est incroyable, et voilà que les Japonais s’y remettent !
Le chef de l’armée de l’air allemande : «Nous devons nous
tenir prêts à utiliser l’arme nucléaire si nécessaire».
Günther Oettinger (homme politique allemand, ancien Commissaire européen à l’énergie) : «Nous devons nous
préparer à une guerre économique».
Je ne dois rien, et vous non plus !
Mais qu’est-ce qui se passe dans la tête de ces gens ?
(…)
Il y a également un document américain qui datera bientôt de 1 an. Il est évidemment également connu du Kremlin. Je veux parler de la «décolonisation de la
Russie». Je vous en lis une partie.
«La guerre barbare que mène la Russie contre l’Ukraine, avant elle c’était la Syrie, la Lybie, la Géorgie et la Tchétchénie, montre au monde entier
l’horrible caractère impérialiste de la Fédération de Russie».23
Considérant la suprématie de Moscou sur de nombreux peuples autonomes de Russie et la terrible répression par le Kremlin de leur sentiment national et de
leur volonté d’autodétermination, le débat sur l’empire russe est arrivé depuis longtemps à maturité.
Actuellement, il y a de sérieuses discussions contradictoires sur l’impérialisme russe et sur la nécessité de prévoir la décolonisation de la Russie, afin
qu’elle soit un joueur viable pour la sécurité et la stabilité en Europe.
Ayant été l’État successeur de l’Union soviétique, la Russie n’a pas fait depuis l’objet d’une analyse adéquate des conséquences de ses très fortes
tendances à l’impérialisme» (cf. document de la CSCE / International Impact / «Decolonizing Russia», Thursday, June 23, 2022 / Washington DC United States)24.
(…) Si nous n’atteignons pas maintenant nos objectifs, il nous faudra provoquer une nouvelle guerre en Europe. Ce sera la troisième guerre mondiale25 à
laquelle vont pouvoir peut-être assister certaines personnes dans le monde.
Des réactions ? Non, aucune.
J’aborde la fin de mon intervention.
Je vais ici reprendre un Américain très respectable, ancien procureur pénéral des États-Unis (1927-2021), Ramsey Clark que j’admire beaucoup, qui lui aussi
a passé beaucoup de temps dans les tribunaux. En 1991, il avait dit : «Nous parlons ici de
nouveau de grande géopolitique. Le plus grand criminel depuis la 2nde Guerre mondiale n’est autre que les États-Unis et leur politique étrangère». Voilà ce que disais le
procureur ! «Je préviens les
Européens de ne pas croire ni suivre les États-Unis dans le cadre de ce qu’on appelle le «Nouvel Ordre Mondial». Ils vont poser problème à l’Europe. Les États-Unis ne pourront pas
supporter que l’Europe augmente sa puissance militaire et économique».
Enfin, j’arrive à la citation de Thomas Mann qui m’a toujours touché, d’abord parce qu’elle est très significative, ensuite parce que je n’ai rencontré
aucun équivalent nulle part.
En 1953, un an après être rentré en Europe, il n’est pas revenu en République Fédérale Allemande (Allemagne de l’Ouest – RFA), ni en République Démocratique
Allemande (Allemagne de l’Est – RDA), mais en Suisse. Il avait, en effet, prévu la guerre. «Je suis plus en sécurité en Suisse». Il ne voulait pas non plus aller en Amérique. Il s’est un
jour adressé aux Européens et a dit :
«Traiter l’Europe
comme une colonie économique, une base militaire, un glacis dans la future croisade nucléaire contre la Russie, comme un morceau de terre intéressant du point de vue des antiquaires et
qui mérite d’être visité, mais le diable ne se souciera pas de son intégralité en ruine quand il s’agira de la lutte pour la domination mondiale» (Thomas Mann, 1953), à savoir
l’ordre mondial unipolaire.
Aux États-Unis se multiplient les manifestations contre la guerre («Rage Against The War
Machine») (Colère contre la machine guerrière). Oui, quelque chose se passe aux États-Unis, mais nos médias ici en Europe n’en parlent pas.
Là, vous voyez, c’est devant le Capitole, c’était le 19 février 2024, un jour après le sommet de Munich.
«Là on peut voir une
femme remarquable s’adressant au public, je l’admire à tous les points de vue. Il y a encore quelques semaines, elle était membre du parti démocrate. Elle en est partie. Elle a dit
qu’elle ne pouvait plus être membre d’un parti qui engendrait des guerres. Tulsi Gabbard, cette originaire de Hawaï, major de l’armée des États-Unis. Elle a combattu en Irak et au Koweït.
Elle est catégoriquement contre la guerre parce qu’elle en connaît très bien les effets. (…)
Cela peut nous donner
espoir. Les manifestations continuent aux États-Unis».
Robert Aron, Arnaud Dandieu, «Le cancer américain (1931)», L’Age d’Homme, 2008
«Pravy Sektor» : parti politiques ukrainien fondé en tant que confédération paramilitaire par Dmytro Yaroch en novembre 2013 durant l’Euromaïdan et le coup d’état dans
lequel il a joué un rôle important. Il a entre autres supervisé et dirigé l’assassinat en masse d’Ukrainiens russophones réfugiés au sein de la chambre des syndicats d’Odessa le 2 mai
2014.
Outre le fait que la Russie n’est pas très motivée à risquer de tuer les civils ukrainiens qui sont des frères et des sœurs, l’avancée militaire de la Russie en Ukraine est
encore un peu lente car, effectivement, elle doit lutter contre une organisation mise en place depuis 10 ans par une cinquantaine de pays occidentaux qui combattent notamment sur le
front et dans les arrières. Début septembre, le front ukrainien semble malgré tout commencer à céder. Si c’est le cas, ensuite, plus rien n’arrêtera la Russie pour libérer l’Ukraine
des forces occidentales fascistes, sauf à entamer une guerre nucléaire suicidaire pour le monde entier.
Ramstein est le centre militaire de commandement de l’OTAN en Allemagne sous égide américaine qui décide des actions ukraino-occidentales en Ukraine et en Russie. C’est là que
vient de se rendre Vladimir Zelensky le 6 septembre 2024 pour exhorter les partenaires occidentaux à faire tout leur possible pour régler le conflit avant l’hiver. Qu’est-ce que cela
signifie ? Il s’agit d’une invective pour que les Occidentaux permettent avec les armes dédiées le bombardement stratégique de la Russie, soit le début de l’anéantissement de la
planète.
«Der militärisch anspruchsvollste Fall» (Le cas militaire le plus difficile), Strategische Drehscheibe im Zentrum Europas General Martin Schelleis, Inspekteur der
Streitkraftebasis, 21/12/2020
Cf. Ringo Wagner, Hans-Joachim Schaprian, «Die Allianz im Umbruch» (L’alliance bouleversée), «Anderungen in Strukturen», Prozesen uns Strategie, 2020
https://library.fes.de/pdf-files/bueros/sachsen-anhalt/16432.pdf
Cette remarque portant sur l’organisation à l’avance du conflit à grande échelle contre la Russie doit être retenue comme éléments très important des stratégies mises en place
depuis les années 1990 par les forces occidentales fascistes pour mettre la main sur le monde dans sa totalité (Gouvernement mondial).
Accords de Minsk 1 (septembre 2014) et de Minsk 2 (février 2015) : accords de cessez-le-feu en Ukraine orientale présenté et soutenu par la Russie et signé par les parties aux
négociations, la Russie, la France, l’Allemagne et l’Ukraine. Ces accords n’auront jamais été suivis par les parties signataires sauf la Russie.
Deux comiques russes particulièrement doués pour arriver à joindre des personnalités occidentales et à les faire parler librement. Cf. t.me/Russiacalling
Nous revenons à la superbe stratégie occidentale tant rabâchée de l’inversion des valeurs…
https://www.csce.gov/briefings/decolonizing-russia-a-moral-and-strategic-imperative (eng).
Aujourd’hui, l’Occident néolibéral capitaliste peut continuer de se développer ou stopper sa chute qui a déjà commencé seulement s’il arrive à mettre la main sur les terres russes non
pas riches en lettres de crédits aériens mais en matières premières concrètes, ce sur quoi la Russie continue toujours de se développer.
Il semble opportun de rappeler que Albert Spike a été un grand ponte franc-maçon du 33e degré au XIXe siècle. Il a dirigé l’une des composantes de la Franc-maçonnerie les plus
importantes aux Etats-Unis, le Suprême Conseil de la Juridiction Sud du Rite écossais ancien et accepté. Il avait prévu, brave maître de l’univers à deux pattes qu’il était, trois
guerres mondiales avant l’avènement du royaume divin sur Terre.
Alors
que la guerre par procuration clive les rapports entre la Russie et l’OTAN (Est/l’Ouest) dans le théâtre de l’Ukraine, toutes les prémisses indiquent que l’Ukraine finira par embrasser
son destin : Un avenir inextricablement lié à la Russie.
L’histoire des relations internationales pose sa pesanteur et l’Ukraine est appelée à avoir un avenir étroitement lié à la Russie, que ce soit
politiquement, économiquement, culturellement ou militairement. Cela implique que l’Ukraine sera influencée, voire dominée, par la Russie dans les domaines clés de sa souveraineté.
C’est une question de vie et de survie de la nation russe dans un monde de prédation, où seule la supériorité militaire contraignante permet à un État
responsable de maintenir son homéostasie. Toutes les tentatives de l’Occident visant à infliger une nouvelle «perestroïka»
ou «glasnost»
à la Russie sont oxymoriques.
La Russie occupe une position centrale et stratégique dans le conflit ukrainien, en protégeant les intérêts de la population russophone et en assurant la
défense de sa sphère d’influence régionale. Forte de liens historiques et culturels profonds avec l’Ukraine, perçue comme pays frère, la Russie répond aux menaces croissantes des forces
nationalistes ukrainiennes (téléguidées par l’OTAN) contre la sécurité des russophones. Parmi ses actions, figurent l’annexion légitime de la Crimée (en réaction à l’élargissement de
l’OTAN vers l’Est) et le soutien aux séparatistes pro-russes dans l’Est de l’Ukraine, ainsi que la défense de ses enjeux économiques, notamment en tant que principal fournisseur de gaz.
Par ailleurs, la Russie joue un rôle déterminant dans la lutte contre le terrorisme en Ukraine, ciblant les groupes extrémistes menaçant la région. En agissant ainsi, la Russie défend non
seulement ses intérêts légitimes mais aussi ceux de la population russophone. Avec une démarche résolue et proactive, la Russie continuera à être un acteur clé dans la quête d’une
solution pacifique et durable au conflit, en veillant à ce que ses intérêts et ses préoccupations sécuritaires soient respectés.
L’Occident s’enlise
dans sa guerre par procuration en Ukraine
L’Ukraine traverse actuellement une guerre par procuration, où des puissances occidentales exploitent des alliés locaux pour affronter la Russie. La Russie
soutient ainsi les séparatistes pro-russes dans l’Est du pays, tandis que les États-Unis et l’Union européenne apportent leur soutien au gouvernement ukrainien fantoche issu
de Maïdan. Ce conflit a des conséquences désastreuses pour l’Ukraine, ravagée par les combats et les tensions politiques. Les Ukrainiens se trouvent pris en étau dans ce
conflit, où les intérêts étrangers prévalent sur les besoins locaux. Cette guerre par procuration reflète une tendance plus vaste dans les relations internationales, visible également
dans des conflits comme la guerre civile en Syrie ou le conflit au Yémen. Outre les dimensions politiques, la situation en Ukraine est également alimentée par des intérêts économiques et
énergétiques, la Russie cherchant à assurer sa sécurité et à maintenir son contrôle sur les ressources énergétiques régionales, tandis que les États-Unis et l’Union européenne visent à
promouvoir leurs propres intérêts énergétiques. Pour résoudre ce conflit complexe, une solution pacifique et durable à l’initiative de Moscou est impérative, sachant que le format
Zelensky n’est qu’une paperasserie. Il est crucial que toutes les parties concernées (Russie et Ukraine) travaillent ensemble pour trouver un accord prenant en compte les intérêts et les
préoccupations de la Russie en matière sécurité nationale, permettant ainsi à l’Ukraine de se reconstruire et de se développer en paix avec son voisin porche dans une communauté de destin
indissoluble.
#####L’aube
d’une nouvelle ère de coopération et de prospérité russo-ukrainienne
Lorsque les armes se tairont et que les cœurs s’apaiseront, la Russie aura restauré son influence en Ukraine, inaugurant une nouvelle ère de coopération et
de prospérité. Les séparatistes pro-russes seront célébrés en héros, et leur quête d’indépendance couronnée de succès. Sous l’égide russe, l’Ukraine retrouvera son unité, renforçant les
liens historiques et culturels entre les deux nations. La Russie démontrera sa force et sa détermination, transformant l’Ukraine à jamais. La paix reviendra, bien que sous l’omniprésence
du pouvoir russe. Les frontières redessinées protégeront les intérêts russes, et la communauté internationale finira par reconnaître la souveraineté de la Russie sur la région, entraînant
ainsi la levée des sanctions impérialistes. Intégrée dans l’espace économique russe, l’Ukraine verra ses échanges commerciaux intensifiés et ses ressources naturelles exploitées
conjointement, partageant ainsi les bénéfices. La sécurité sera assurée par une alliance militaire russo-ukrainienne, éliminant toute menace extérieure. La langue russe deviendra
officielle en Ukraine, et la culture russe sera largement promue. Les historiques liens entre les deux pays seront célébrés, honorant les héros russes. L’Ukraine, en tant qu’État tampon
entre la Russie et l’Europe, garantira la stabilité régionale. La Russie, par cette victoire stratégique, renforcera son influence en Europe, trouvant en l’Ukraine un allié fidèle et en
protégeant ses intérêts. Cette paix durable assurera une prospérité partagée.
À la lumière de ce qui précède, nous pouvons déduire que, alors que les tensions de la guerre par procuration entre la Russie et l’OTAN divisent
profondément les relations Est-Ouest, tout porte à croire que l’Ukraine finira par accepter un avenir inextricablement lié à la Russie. L’histoire des relations internationales pèse
lourdement, prédisant ainsi une Ukraine intégrée politiquement, économiquement, culturellement et militairement avec son voisin russe. Cette convergence indique une influence
substantielle, voire une domination russe sur les domaines clés de la souveraineté ukrainienne. Dans ce contexte de rivalité géopolitique, où la suprématie militaire est indispensable
pour la stabilité nationale, il devient évident que la Russie cherchera à maintenir son influence. Les initiatives occidentales visant à provoquer une nouvelle «perestroïka» ou «glasnost»
en Russie s’avèrent ainsi antithétiques.
On peut dire que cet événement grandeur-nature, sera perçu comme une grenade dégoupillée, lancée dans les jambes des adversaires de la Russie.
Étant donné que les priorités de l’administration Biden seraient, le déclenchement possible d’une guerre d’Israël contre le Liban et l’Iran, et le dangereux
rapprochement de Poutine avec le Vietnam, pour empêcher la formation d’un arc nucléaire contre la Chine, le Pentagone évaluerait la nécessité de signer un accord de paix avec
l’administration du Kremlin. Ainsi, le Pentagone aurait déjà vu son objectif d’empêcher l’expansion russe atteint en l’entourant de ses frontières, tandis que le Congrès et le Sénat
considéreraient, déjà, le conflit ukrainien comme un gouffre sans fond auquel il faudrait mettre fin immédiatement.
L’OTAN est-elle impliquée dans le raid de Koursk ?
Alors que les États-Unis sont plongés dans la campagne électorale pour les élections présidentielles de novembre, la France, la Pologne et le Royaume-Uni
seraient le trident choisi par les mondialistes pour faire imploser le front ukrainien avant les élections présidentielles de novembre et provoquer l’entrée de l’OTAN dans un conflit
ouvert avec la Russie.
La présence de soldats polonais, français, britanniques et américains dans l’offensive sur Koursk confirmerait l’entrée de l’OTAN dans un conflit ouvert
avec la Russie de Poutine. L’incursion sur Koursk est la plus grande attaque contre le territoire russe souverain depuis le début du conflit militaire avec l’Ukraine, car au minimum. 5000
soldats ukrainiens dirigés par les forces d’élite de l’OTAN et soutenus par des chars et des véhicules blindés auraient envahi le territoire russe et atteint une profondeur d’environ 10
km, tandis que la Russie, après avoir surmonté la surprise initiale, aurait décrété un régime spécial «d’opération antiterroriste» dans trois régions frontalières avec l’Ukraine: de
Koursk, de Belgorod et de Briansk.
L’objectif avoué de l’offensive ukraino-otanienne était de forcer le commandement russe à retirer ses troupes d’autres zones sensibles du front et à occuper
la centrale nucléaire près de la ville de Kourtchatov pour ensuite consolider les positions atteintes et les utiliser comme armes de pression dans les négociations de paix futures.
Cependant, cette offensive n’aurait pas atteint ses objectifs initiaux puisque l’on assiste à l’avancée imparable de la Russie dans le Donbass, à l’aggravation de la crise énergétique
provoquée par les attaques russes et à l’avenir incertain de l’offensive suicidaire ukrainienne sur le Donbass. Le cas Koursk pourrait se terminer par la fuite ou la reddition des troupes
ukrainiennes.
De même, l’attaque avec deux missiles balistiques contre l’Institut militaire des communications de la ville de Poltava, qui a fait plus de 200
victimes, a suscité
des critiques de la part d’analystes militaires qui accusent le ministère ukrainien de la Défense de «négligence des
commandants militaires pour avoir permis une concentration de ce type».
Pour l’instant, les forces armées russes ont choisi d’utiliser la bombe aérienne FAB-3000 (équipées d’ailes) de trois tonnes sur une zone de concentration
de troupes et d’armes de l’armée ukrainienne dans la région de Soumy, d’où «Kiev aurait lancé son
incursion terrestre dans la région de Koursk», selon le ministère russe de la Défense pour finaliser encerclement des troupes ukrainiennes et otaniennes par la tactique du
«chaudron».
Cette situation est extrêmement dangereuse pour la force encerclée car elle ne peut pas recevoir de ravitaillements ou de renforts et parce qu’elle peut
être soumise à des attaques de différents flancs. Et, comme le retrait est irréalisable, elle doit opter pour la reddition ou mourir en essayant de se battre.
Les États-Unis laisseront-ils tomber Zelensky
Le mandat présidentiel de Zelensky a expiré le 20 mai et bien que la Constitution ukrainienne autorise la prolongation automatique du poste en cas de loi
martiale, une partie de l’opposition remet en question la légitimité de cette prolongation, arguant que le poste devrait être transféré à Rouslan Stefantchouk, l’actuel président de la
Rada (parlement monocaméral d’Ukraine).
De même, selon Politico,
Zelensky a
remercié les responsables proches des États-Unis disposés à lutter contre la corruption endémique, parmi lesquels se distingue la figure Oleksandr Koubrakov ancien ministre du
Développement de la communauté, du Territoire et des Infrastructures. La corruption est un problème endémique en Ukraine car selon l’indice de transparence, elle aurait 32 points sur 100
et selon l’ONG Transparency International, en 2021, 23% des utilisateurs des services publics auraient dû
payer un pot-de-vin.
Actuellement, nous assistons à la démission ou au limogeage de la moitié de l’exécutif de Zelensky, parmi lesquels se distingue le ministre des Affaires
étrangères, Dmytro Kouleba. Ces démissions montrent la solitude d’un Zelensky dépassé par l’avancée imparable de la Russie dans le Donbass, l’aggravation de la crise énergétique provoquée
par les attaques russes et l’avenir incertain de l’offensive suicidaire ukrainienne sur la région russe de Koursk, seule décision d’un Zelensky acculé.
Étant donné que Zelensky serait déjà devenu un fardeau pour les États-Unis, dont il faudrait se débarrasser immédiatement, un coup d’État dirigé par le
lieutenant-général Valeri Zaloujny, défenestré par Zelensky pour ses désaccords tactiques et qui fut le véritable chef de l’armée ukrainienne, ne serait pas exclu. Ce coup d’État aurait
la bénédiction des États-Unis et après avoir été accusé de corruption, Zelensky serait contraint de s’exiler aux États-Unis et serait remplacé par la Troïka composée du lieutenant-général
Valeri Zaloujny, de l’ancien ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba et l’ancien ministre du Développement de la communauté, du Territoire et des
Infrastructures, Oleksandr Koubrakov qui sera chargé de négocier l’accord de paix avec la Russie, des tâches ultérieures de reconstruction du pays et de conception de la
nouvelle cartographie de l’Ukraine.
Examinons la stratégie russe en Ukraine après avoir analysé, hier, la stratégie américaine. Depuis le début de mes chroniques du conflit, j’ai insisté sur la stratégie prudente de Vladimir
Poutine. Nos pays européens désarmés parlent de guerre de haute intensité. Mais, ni du point de vue russe ni du point de vue américain, il ne s’agit pas du tout de “haute intensité”. La question
est régulièrement posée : L’armée russe fait-elle de nécessité vertu ? A-t-elle choisi l’avancée lente car elle n’aurait pas les moyens, en fait, d’une guerre de haute intensité ? En réalité, la
stratégie russe est étonnamment semblable à la stratégie américaine : Il s’agit, par une guerre d’attrition d’user la puissance américaine. Examinons les forces et les faiblesses de la stratégie
de Vladimir Poutine.
Les lecteurs du Courrier le
savent, j’ai dès le début insisté sur la stratégie prudente de l’armée russe. Quand les experts de LCI, BFMTV etc… expliquaient doctement que les Russes n’arrivaient pas à prendre Kiev, j’ai
préféré l’explication de Scott Ritter, pour qui, en entrant à un contre trois en Ukraine, l’armée russe n’a jamais eu l’intention de prendre Kiev.
Il s’agissait d’une feinte, pour fixer une partie de l’armée kiévienne au nord, éviter sa jonction avec l’armée du Donbass, le temps d’occuper les territoires au
nord de la Crimée. Les troupes russes se sont ensuite retirées du nord de l’Ukraine en avril 2022.
Mais le retrait de la région de Kharkov en septembre 2022 ? Celui de la rive droite du Dniepr à la hauteur de Kherson en novembre de la même année ? Certes ces
retraits ont eu lieu en bon ordre mais ils étaient subis. Et puis, nous sommes deux ans plus tard ! L’armée russe n’a toujours pas conquis, territorialement parlant, l’intégralité des quatre
régions qu’elle a décidé d’annexer suite aux référendums de la fin septembre 2022.
Et puis les attaques de drones sur la Crimée ou à l’intérieur de la Russie dans ses frontières d’avant 2014 ? Les bombardements subis par les civils du Donbass ou
des régions frontalières de la vieille Russie ?
Les faiblesses de la Russie, avec lesquelles Vladimir Poutine doit composer
Pour commencer, il faut se rappeler que la Russie a à peine plus de deux fois la population française et doit défendre des frontières sept fois plus longues que
celles de la France métropolitaine. La Russie en guerre a un défi démographique à relever.le taux de fécondité est de 1,6 enfants par femme. La question des pertes démographiques russes est très
sensible.
Aussi hostile à Vladimir Poutine soit-il, le site Mediazona donne une confirmation de
la prudence russe, destinée à éviter des pertes militaires importantes. Le site a recensé 66 000 tués russes depuis février 2022. Et elle met comme fourchette élevée de l’estimation, par
recoupements statistiques un total de 120 000 tués.
Cela représente entre 2200 et 4000 morts par mois. On estime que les pertes russes sont cinq à huit fois moins élevées que les pertes ukrainiennes. Ce différentiel
s’explique, pour les experts par le fait que l’artillerie russe tire huit fois plus de munitions que l’artillerie ukrainienne.
Revenons un instant sur la vulnérabilité des frontières russes, de par leur étendue. Une autre raison pour laquelle la Russie ne veut pas engager une guerre de
haute intensité en Ukraine, c’est le risque qu’il y aurait à dégarnir la frontière du pays à d’autres endroits.
C’était une obsession de l’URSS : Le risque d’être attaquée à la fois par la Chine et par l’OTAN. Aujourd’hui, ce risque n’existe plus, du fait de l’alliance
chinoise. Mais la Russie de Poutine doit se méfier des tentatives de déstabilisations lancées par la CIA ou d’autres services occidentaux le long de ses frontières : Peu avant le début de la
guerre, il y a eu une tentative de révolution colorée au Kazakhstan. Les USA ont réussi à faire basculer le gouvernement arménien de leur côté. Et ils n’ont de cesse de déstabiliser le
gouvernement géorgien, dont ils n’acceptent pas le neutralité vis-à-vis de la Russie.
Dernier point de vulnérabilité évident : La corruption d’une partie du commandement de l’armée russe. Depuis sa réélection, en mars 2024, Vladimir Poutine a procédé
à une véritable purge dans le commandement militaire et au Ministère de la Défense. Et certains se demandent si l’on ne doit pas attribuer la lenteur de l’armée russe au confort dans lequel se
sont installés toute une génération d’officiers qui ont reconstruit l’armée russe autour de l’ancien ministre Sergueï Choïgou.
Plaide contre cette thèse ce que tout observateur correctement informé reconnaît à l’armée russe: Une capacité à s’adapter très rapidement aux innovations de
l’armée adverse. Ainsi les Ukrainiens ont-ils été les premiers à utiliser massivement les drones kamikazes. Mais aujourd’hui, ce sont les Russes qui font le meilleur usage des drones kamikazes,
avec un effet dévastateur, en particulier, dans la destruction des infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Les forces de la stratégie russe
L’origine des purges abondamment commentées par les médias russes – mais qui, curieusement, intéressent peu les médias occidentaux – mériterait une analyse
complexe. Concernent-elles seulement des questions d’argent ? Ont-elles à voir avec la révolte de Prigogine en 2023 ? On sait que la crainte du pouvoir russe vient moins des “libéraux” – dont le
poids est surestimé en Occident – que de ce que beaucoup appellent en Russie “la sixième colonne”. la “cinquième colonne”, ce sont les “agents de l’étranger”; la “sixième”, ce sont ceux qui sont
plus “tsaristes que le tsar”, qui pensent que Vladimir Poutine ne mène pas la guerre de manière assez vigoureuse et énergique.
Le défi pour le président russe était de gagner la population à l’idée que la Guerre d’Ukraine était légitime. C’est visiblement chose faite; à 65% d’opinions
favorables en février 2022, le président a été réélu avec 67% des inscrits et 88% des voix. L’armée russe n’a aucun problème à recruter 30 000 nouveaux soldats (réservistes et volontaires) par
mois, qui ont inversé le ratio entre les troupes ukrainiennes et les troupes russes. L’armée russe était entrée à 1 contre 3 en Ukraine. Avec 700 000 mobilisés, elle est aujourd’hui dans un
ration de 2 contre 1.
Pour autant, cette armée désormais nombreuse, avec de nouvelles recrues bien entraînées, ne sera pas, sauf imprévu, jetée par le commandement russe dans une grande
offensive finale ! Le pouvoir souhaite utiliser la ressource humaine russe devenue rare avec parcimonie. Et ceci d’autant plus que l’armée russe bénéficie d’une force de feu qui surclasse
désormais ce dont est capable l’armée américaine :
+ les forces nucléaires ont été modernisées. Les experts considèrent qu’avec les nouveaux types de vecteurs dont elle dispose, la dissuasion russe surclasse son
équivalent américain.
+ L’armée russe a une panoplie de nouveaux vecteurs, en particulier les armes hypersoniques, pour lesquelles elle est très en avance sur les Etats-Unis et, même, la
Chine. Des missiles hypersoniques ont été utilisés à plusieurs reprises en Ukraine, dont la plus récente est la destruction d’un centre de formation militaire, avec des instructeurs militaires de
l’OTAN, en particulier suédois, à Poltava. L’introduction la plus récente à été celle des “bombes planantes” qui, elles aussi, ont un effet dévastateurs sur leurs cibles.
+ L’armée russe, à la différence des armées de l’OTAN, couvre toutes les gammes d’armes : Des drones aux missiles hypersoniques. Grâce aux efforts d’organisation de
Choïgou depuis le début de la décennie précédente, les usines d’armement tournent à plein régime (système des 3/8).
Quelles que soient les vulnérabilités énumérées plus haut, les vingt-cinq ans passées au sommet de l’Etat par Vladimir Poutine ont forgé un instrument redoutable
que, loin des médias, les responsables du Pentagone redoutent.
Quelle stratégie d’attrition l’emportera : L’américaine ou la russe?
Dès le mois de mars 2024 j’avais parlé d’une “stratégie à la Turenne” pour l’armée russe, fondée sur l’approche indirecte, la prudence et la ruse. J’avais émis
l’hypothèse qu’elle était rendue possible par la dissuasion russe désormais à deux étages : Avant d’aller jusqu’à l’escalade nucléaire, l’armée russe disposait désormais d’un équivalent sans
radioactivité à la capacité de destruction nucléaire : L’arme hypersonique, en effet, est aussi destructrice que l’arme atomique, mais sans retombées nocives, si elle est équipée
de charges conventionnelles.
De ce fait, la Russie qui avait espéré une guerre courte (et on ne redira jamais assez combien l’utilisation des premières armes hypersoniques au mois de mars 2022
ont poussé les Ukrainien à négocier les accords d’Istanbul - ensuite rejetés sous pression américaine) a pu s’adapter à une guerre plus longue.
Comme le Pouvoir Washingtonien, le Kremlin a une guerre d’usure en tête. Faire durer la guerre, c’est conduire à vider les stocks d’armes d’une OTAN dont les
appareils industriels affaiblis ne sont plus capables de suivre la cadence des usines russes, chinoises ou iraniennes. C’est aussi inciter les Occidentaux à prêter toujours plus à une Ukraine
insolvable et qui, nous l’avons montré dans le cas de la Grande-Bretagne, met en danger le château de cartes de la finance occidentale.
Faire durer la guerre a signifié aussi faire apparaître que la majorité des pays du monde ne soutiennent pas les Etats-Unis dans leur volonté de sanctionner la
Russie.
Pour ceux qui douteraient encore qu’il ne s’agisse pas d’une stratégie réfléchie, je recommande l’ouvrage de David Teurtrie, Russie, le retour de la puissance,
paru avant la Guerre d’Ukraine et qui montrait comment, dès les sanctions consécutives à la Guerre de Crimée, la Russie avait entamée une stratégie de substitution aux importations.
De fait, on est loin de ce à quoi s’attendaient les gouvernements occidentaux, qui avaient parié sur l’effondrement économique de la Russie sous l’effet des
sanctions.
Le paradoxe de la Guerre d’Ukraine, c’est que les stratégie américaine et russe misent toutes deux sur l’usure de l’adversaire. L’éventuelle supériorité de la
version russe vient du fait qu’elle fait du temps un allié. Du côté américain, on porte autant de coups que nécessaire mais dans l’idée que cela finira bien par céder.
Sauf imprévu, Vladimir Poutine préside la Russie jusque vers 2030. Il aura vu, en une génération, passer sept ou huit présidents américains.
Révolution colorée au Bangladesh
Source : RzO Voltaire - par Thierry Meyssan - Le 03/09/2024
Après avoir organisé le renversement d’Imran Khan au Pakistan, les États-Unis sont parvenus à renverser également Sheikh Hasina au Bangladesh. Un troisième changement de régime serait en
préparation dans la région. Washington, chef du « monde libre », ne change donc pas : au mépris de la volonté des peuples, il leur impose des dirigeants.
Sheik Hasina, qui depuis quinze ans dirigeait le Bangladesh et était célébrée comme une championne de la démocratie, a été subitement renversée par la foule, le 4
août. Elle est accusée par le nouveau gouvernement d’avoir transformé son régime en dictature. Effectivement, les élections législatives du 7 janvier 2024 lui ont donné un parlement obéissant car
elles ont été boycottées par l’opposition et, surtout, les manifestations de juillet-août ont été réprimées de manière sanglante, faisant au moins 250 morts, peut-être 650.
Comme toujours, les apparences sont trompeuses et les raccourcis médiatiques de pures intoxications.
Le 24 mai 2023, le département d’État US a interdit d’accès au territoire des États-Unis à certains dirigeants bengalais afin, disait-il, de les contraindre à
organiser des élections libres et équitables [1].
PREMIÈRE ANOMALIE : INGÉRENCES DE LA COMMISSION EUROPÉENNE ET DU DÉPARTEMENT D’ÉTAT US
Le 6 janvier, c’est-à-dire la veille des élections générales boycottées par l’opposition, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères,
avait mis en cause les ingérences de la Commission européenne et du département d’État US dans l’organisation de ces élections [2]. Selon le Washington Post, Bharat serait intervenu
auprès du département d’État pour que le changement de régime au Bengladesh se fasse en douceur.
On sait que l’International Republican Institute (IRI) et le National Democratic Institute (NDI) se sont largement investis dans la préparation de ses élections.
Ces organismes, liés à la CIA, ont même reçu plusieurs millions de la National Endowment for Democracy (NED) pour cela.
La Cour suprême bengalie a restauré le système des quotas dans la fonction publique, en juin. Ceux-ci sont réservés aux vétérans de la guerre d’indépendance (1971)
et à leurs descendants, ce qui favorise les membres de la Ligue Awami au pouvoir qui a fait la guerre d’indépendance. De jeunes diplômés se retrouvent sans perspective d’emploi. Une grève
pacifique est organisée par des syndicats étudiants. Elle est interrompue durant les fêtes musulmanes (Aïd).
Après les élections de janvier 2024, un diplomate états-unien avait mis en garde Sheikh Hasina : si elle n’acceptait pas de céder une partie du territoire du
Bengale, de créer un État chrétien à cheval sur le Myanmar et d’installer une base militaire aérienne étrangère sur l’île Saint-Martin, elle serait renversée. Le 24 mai 2024, c’est-à-dire deux
semaines avant le début du mouvement contre elle, Sheikh Hasina avait rassemblé les dirigeants des 14 partis politiques de sa coalition pour les avertir de ce complot[3]. En vain.
SECONDE ANOMALIE : OPÉRATIONS DE DESTRUCTION DES SYMBOLES DU BANGLADESH
Dès le début de la grève, en juin, des individus ont attaqué et vandalisé les monuments à la gloire du fondateur de la nation, Sheikh Mujibur Rahman (assassiné en
1975). Or, à ce moment-là, personne ne critiquait cette gloire nationale. Il se trouve que celui-ci n’est pas seulement le père de la nation (Bangabandhu), mais aussi celui de la conseillère
principale (Première ministre), Sheikh Hasina. C’est très exactement ce que l’on avait vu au début de la guerre en Syrie (2011) : des individus non identifiés avaient saccagé les statues
d’Hafez el-Assad (1930-2000), que pourtant à l’époque, personne dans son pays ne contestait. Il s’agissait non pas de mettre en cause son héritage, mais de détruire des symboles de l’État de
manière à délégitimer son fils et successeur, Bachar el-Assad.
Les médias internationaux n’ont pas attaché d’importance à ces actions contre les monuments publics. Ils étaient, selon toute vraisemblance, perpétrés par des
membres du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP). Cette formation, fut créée par Ziaur Rahman, président du Bangladesh de 1977 à 1981, date de son assassinat. Elle est favorable aux islamistes,
tandis que la Ligue Awami est laïque. Toute l’histoire du demi-siècle d’existence du Bangladesh est une lutte entre islamistes et laïques. La présidente du BNP et ancienne conseillère principale
(1991-1996 et 2001-2006), Khaleda Zia, est aujourd’hui en prison pour détournement de fonds. Son fils, Tarique Rahman, poursuit son combat depuis Londres (capitale de l’ancien empire des Indes
dont le Bangladesh est issu) où il vit en exil.
Depuis mai 2023, le BNP a engagé Hunter Biden (fils du président états-unien) via la société Blue Star Strategies. L’accord précise qu’Hunter Biden touchera, en
plus des frais de lobbying, 100 millions de dollars lorsque le BNP reviendra au pouvoir.
Les islamistes sont représentés par la Jamaat-e-Islami, fondée par Sayyid Abul Ala Maududi et Saïd Ramadan, représentant la Confrérie égyptienne des Frères
musulmans. Ils militent contre l’État bengalais et pour le rattachement au Pakistan.
Le 10 juillet, une marche de protestation se heurte à des manifestants de la Ligue Awami. Le 19 juillet, les manifestants attaquent un centre de détention, libèrent
les prisonniers et l’incendient. Les émeutes qui suivent font plus d’une centaine de morts. Le 4 août, de nouvelles émeutes font 97 morts supplémentaires. La conseillère principale, Sheikh
Hasina, démissionne après 650 morts en deux mois et s’enfuit en Inde avec un hélicoptère militaire [4].
TROISIÈME ANOMALIE : UN RÉGIME PACIFIQUE DEVIENT SOUDAINEMENT MEURTRIER
Sheikh Hasina n’avait jamais fait tirer sur la foule. Pourquoi, soudainement, a-t-elle répandu ce flot de sang ? Nous retrouvons ici la méthode mise au point
par les États-Unis durant les guerres de Yougoslavie et que je les ai vus appliquer en Libye et en Syrie : des tireurs d’élite placés sur les toits blessent ou tuent à la fois des policiers
et des manifestants de sorte que chacun considère l’autre comme un ennemi.
Le 6 août, Mohammad Shahabuddin, président de la République, dissout le Parlement et
nomme Muhammad Yunus conseiller principal intérimaire (Premier ministre) du Bangladesh pour diriger le gouvernement après des discussions avec l’armée et le
mouvement.
Par un heureux hasard, Muhammad Yunus avait annoncé en juin son intention de revenir en politique et de gouverner le Bangladesh [5]. Il en va toujours
ainsi dans les révolutions colorées : le gagnant n’est jamais celui qu’on croit.
L’économiste Muhammad Yunus (prix Nobel de la Paix 2006 pour sa pratique des micro-crédits) était entré en conflit avec Sheikh Hasina qui contestait l’action de sa
banque de micro-crédits. Il avait transféré 100 millions de dollars de subventions de divers pays à une entreprise familiale pour éviter de payer des impôts et facturait des taux d’intérêt élevés
pour les femmes pauvres de 21 à 37 % [6].
Yunus est un ami personnel des Clinton et un donateur majeur de la Clinton Global Initiative (CGI). Les Clinton ont menacé Sheikh Hasina de s’opposer à un prêt d’un
milliard deux cent mille dollars de la Banque mondiale si le Bangladesh poursuivait Muhammad Yunus. Faute de ce prêt, la construction du pont ferroviaire sur le fleuve Padma a été interrompue.
Des journaux, financés par les États-Unis, ont prétendument révélé des rétro-commissions versées par l’entreprise de construction canadienne du pont à Sheikh Hasina. Celle-ci a crié son innocence
et accusé Muhammad Yunus d’avoir ourdi ce complot. Il avait alors été défendu par l’ancien président de la Banque mondiale et membre du comité directeur du groupe Bilderberg, James
Wolfensohn.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, est venu sur place en vue de procéder à des inculpations. Cependant il n’y a pas eu de
poursuites bengalaises contre Muhammad Yunus et un tribunal canadien a établi qu’il n’y avait pas de malversation dans la construction du Pont de Padma.
Dès sa nomination, Muhammad Yunus s’est auto-attribué 25 ministères. Il a déclaré lors de sa première conférence de presse : « J’ai pris les rênes d’un
pays qui, à bien des égards, était un véritable gâchis. Dans ses efforts pour rester au pouvoir, la dictature (sic) de Sheikh Hasina a détruit toutes les institutions du pays. Le système
judiciaire a été brisé. Les droits démocratiques ont été supprimés par une répression brutale qui a duré dix ans et demi ».
Tandis que Zelensky espère encore convaincre l’administration américaine de l’autoriser à frapper avec des missiles en profondeur dans le territoire russe, personne ne sait qui gouverne vraiment
à Washington. Dans cette situation de grande incertitude, Vladimir Poutine préside à une révision de la doctrine nucléaire russe. Elle inclut, selon Reuters, le déploiement de l’arme fatale
russe; le Burevestnik.
Comme nous vous l’avons indiqué la semaine dernière, il est peu probable que l’administration Biden accepte la liste d’objectifs à frapper loin à l’intérieur de la
Russie que sont venus lui présenter le ministre ukrainien des Affaires Etrangères Oumerov et le directeur du Bureau de la Présidence Andreï Yermak.
La soif d’armes à longue portée de l’Ukraine semble menacée.Selon
un récent rapport des médias, citant des sources officielles au fait du dossier, Washington a clairement fait savoir à son mandataire qu’il ne serait pas en mesure de continuer à lui
fournir des missiles à longue portée.
Ce type d’attitude américaine peut s’expliquer de deux manières. D’une part, les États-Unis peuvent être préoccupés par la possibilité d’une escalade de la guerre, étant donné les
fréquentes actions irresponsables de l’Ukraine. D’autre part, il se peut que Washington se trouve en réalité dans une situation de faiblesse de son industrie militaire,
incapable de fournir Kiev et de continuer à produire des armes pour reconstituer son arsenal national.
CNN a récemment publié un article exposant le problème actuel entre
l’Ukraine et les États-Unis concernant la fourniture d’armes à longue portée. Selon le journal, les États-Unis ont fait savoir à Kiev qu’ils ne seraient pas en mesure de fournir un nombre
important de systèmes de missiles tactiques de l’armée MGM-140 (ATACMS) dans un avenir proche. Ces propos auraient été tenus par un haut fonctionnaire américain non identifié lors d’une
réunion avec des représentants ukrainiens.
Le ministre de la défense de Kiev, Rustem Umerov, a récemment rencontré le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, pour discuter de la possibilité pour l’Ukraine de recevoir une
aide supplémentaire afin d’atteindre des objectifs militaires spécifiques dans le conflit. M. Umerov a montré à M. Austin une liste de cibles d’une valeur stratégique supposée élevée dans
le « territoire profond » de la Russie. Pour mener à bien ces manœuvres, l’Ukraine aurait besoin de plus d’armes américaines, ainsi que de la fin de toute restriction sur les opérations
ATACMS.
Comme on le sait, les États-Unis ont récemment « autorisé » les frappes
transfrontalières ukrainiennes contre des villes russes. Cette décision semble purement symbolique et rhétorique, puisque Kiev attaque des villes russes pacifiques depuis 2022. Toutefois,
du moins en théorie, Washington continue d’interdire aux missiles américains à longue portée d’être utilisés par le régime néonazi pour des « attaques en profondeur ». Kiev supplie pour
que cette restriction soit levée, ce qui permettrait de frapper des cibles russes éloignées de la frontière avec des armes hautement létales
Les cinq raisons qu’a Poutine de ne ne pas faire confiance aux Américains
Quels que soient les freins mis par Washington aux demandes de Zelensky, Vladimir Poutine a cinq raisons de ne faire aucune confiance aux Etats-Unis.
+ les USA n’ont respecté aucun de leurs engagements vis-à-vis de la Russie depuis le début des années 1990.
+ Sans l’aide des Etats-Unis, depuis Maïdan (2014), l’Ukraine n’aurait jamais pu mener une guerre contre la Russie.
+ Les Etats-Unis aident les Ukrainiens, d’ores et déjà, dans leurs frappes de drones sur le territoire russe:
+ Les Américains et les Britanniques ont aidé les Ukrainiens dans leur opération vers Koursk
+ Vu l’état de santé de Joseph Biden, il est impossible de savoir qui prend les décisions à Washington.
Les Russes sont donc en train de revoir leur doctrine nucléaire…
La stratégie consiste à identifier les moyens de réduire l’incertitude provoquée par l’adversaire. En l’occurrence, l’absence de lisibilité des processus de
décision américains oblige la Russie à vérifier l’efficacité de sa dissuasion nucléaire.
Simplicius nous explique :
Aujourd’hui, sans surprise, la Russie a de nouveau confirmé qu’elle travaillait à la modification de sa doctrine nucléaire. Cette fois, c’est le vice-ministre des affaires
étrangères, Sergei Ryabkov, qui
l’a confirmé :
« Comme
nous l’avons répété à plusieurs reprises, les travaux sont à un stade avancé et il existe une directive claire pour procéder à des ajustements, qui sont également conditionnés par l’étude
et l’analyse de l’expérience de l’évolution des conflits au cours des dernières années, y compris, bien sûr, tout ce qui est lié à l’escalade de nos adversaires occidentaux en relation
avec le SVO », a déclaré Sergueï Ryabkov.
Il a expliqué que le document correspondant est en cours de finalisation, mais qu’il est trop tôt pour parler d’un calendrier précis pour son achèvement
Deux chercheurs américains affirment avoir identifié le site probable de déploiement en Russie du 9M730 Burevestnik, un nouveau missile de croisière à propulsion
nucléaire et à armement nucléaire présenté comme « invincible » par le président Vladimir Poutine.
M. Poutine a déclaré que l’arme – surnommée SSC-X-9 Skyfall par
l’OTAN – a une portée presque illimitée et peut échapper aux défenses antimissiles américaines. Mais certains experts occidentaux contestent ses affirmations et la valeur
stratégique du Burevestnik, estimant qu’il n’ajoutera pas de capacités que Moscou ne possède pas déjà et qu’il risque de provoquer un accident entraînant une émission de radiations.
À l’aide d’images prises le 26 juillet par Planet Labs, une société de satellites commerciaux, les deux chercheurs ont identifié un projet de construction jouxtant une installation de
stockage d’ogives nucléaires connue sous deux noms – Vologda-20 et Chebsara – comme étant le site de déploiement potentiel du nouveau missile. L’installation est située à 475 km au nord
de Moscou.
L’agence Reuters est la première à faire état de ce développement.
Decker Eveleth, analyste au sein de l’organisation de recherche et d’analyse CNA, a trouvé les images satellite et a identifié ce qu’il estime être neuf rampes de lancement horizontales
en construction. Elles sont réparties en trois groupes à l’intérieur de hautes bermes pour les protéger des attaques ou pour éviter qu’une explosion accidentelle dans l’une d’entre elles
ne fasse exploser des missiles dans les autres, a-t-il expliqué.
Les bermes sont reliées par des routes à ce qu’Eveleth a conclu être probablement des bâtiments où les missiles et leurs composants seraient entretenus, ainsi qu’au complexe existant de
cinq bunkers de stockage d’ogives nucléaires.
Le site est destiné à un système de missiles fixes de grande taille, et le seul système de missiles fixes de grande taille que la Russie développe actuellement est le Skyfall », a déclaré
M. Eveleth.
Le ministère russe de la défense et l’ambassade de Washington n’ont pas répondu à une demande de commentaire sur cette évaluation, sur la valeur stratégique de Burevestnik, sur les
résultats de ses essais et sur les risques qu’il présente.
Dans la suite de la dépêche, Reuters multiplie les citations d’experts disant que ce nouveau type de missiles ne fonctionne pas encore comme le prétendent les
Russes. Une chanson bien connue, que l’on a déjà entendu pour les missiles hypersoniques, jusqu’à ce qu’ils soient utilisés sur le terrain en Ukraine.
Simplicius précise :
L’article de Reuters rejette le missile, ironiquement, au motif qu’il est redondant par rapport à ce que d’autres ICBM russes, comme le Sarmat, peuvent déjà faire. Mais l’auteur de
l’article ne fait que démontrer son ignorance, car ce missile change véritablement la donne, étant donné qu’il s’agit d’un missile de croisière et non d’une fusée intercontinentale. Le
Burevestnik vole très bas et a une portée « illimitée » grâce à sa centrale nucléaire. La plupart des gens ne comprennent pas le type de menace que cela représente.
Supposons que les États-Unis et la Russie s’affrontent. Si la Russie lance un missile intercontinental, quel qu’il soit, même s’il n’est
pas nucléaire, il sera détecté par des satellites spatiaux spéciaux et les États-Unis pourraient être obligés d’engager un échange nucléaire, car ils supposeraient
que le missile balistique est doté d’une arme nucléaire.
Cependant, le Burevestnik permet à la Russie de lancer un missile de croisière qui peut voler à très basse altitude autour de la planète entière à des angles de pénétration extrêmement
rares, là où les États-Unis ne sont pas du tout défendus – par exemple, depuis le Pacifique Sud, étant donné que le bouclier antimissile balistique américain se trouve principalement dans
le Nord, en prévision de missiles venant de l’Arctique.
Cela permettrait à la Russie de frapper des usines américaines sensibles, ce qui pourrait instantanément anéantir ou paralyser l’ensemble de la production d’armes des États-Unis. Étant
donné que les États-Unis n’ont qu’une seule usine principale pour la plupart de leurs systèmes d’armes clés, la mise hors service de ces usines pourrait porter un coup fatal à la
projection de la puissance militaire américaine.
L’article de Reuters affirme que le missile n’a pas une portée « illimitée », mais estime qu’il pourrait avoir une portée de 15 000 miles. Cela pourrait être exact d’après mes propres
calculs : Les précédents essais de propulsion d’avions à propulsion nucléaire que j’ai vus ont montré une durée de vol de 70 à 200 heures, bien qu’il soit possible d’atteindre plus avec
la technologie moderne, étant donné que ces essais dataient de la guerre froide. Un missile subsonique se déplaçant, disons, à 400 mph pendant 70 heures donnerait 400 x 70 = 28 000 miles.
Même les 15 000 miles annoncés par Reuters sont suffisants pour que le missile fasse une boucle depuis la Russie jusqu’au Pacifique Sud afin d’éviter les réseaux de radars, puis remonte
pour atteindre les sites de fabrication d’armes les plus sensibles des États-Unis dans le sud du pays.
En d’autres termes, cet itinéraire est presque exactement de 15 000 miles :
.
Mais il existe toute une série de voies « intéressantes » qu’il peut emprunter.
Ce n’est que de l’aigreur [de la part de Reuters] de voir que les États-Unis n’ont rien et ne sont pas capables de faire quelque chose de semblable
Pour ma part, j’aurais plutôt tendance à dire que la publication de la dépêche Reuters obéit à une logique de communication indirecte entre Américains et Russes.
La publication d’une telle information, qui devrait rester secrète est un moyen de dire aux Russes : Vous voyez bien que nous sommes sérieux quand nous disons que nous aurons tendance,
désormais, à réduire notre aide militaire à l’Ukraine. Nous savons ce que vous faites et nous le reconnaissons publiquement, même si c’est indirect.
Qu’ensuite, la seconde partie de la dépêche se passe à dénigrer l’arme fatale russe, fait partie du genre. Mais le signal est passé : Les militaires américains sont au courant et ne
sous-estiment pas la menace.
Vladimir Poutine a donc atteint son objectif : Face à la dissuasion russe, les Etats-Unis font savoir qu’ils ne joueront pas avec… le feu nucléaire.
De
Trump au Mannequin de Crash Test, les «politiques» de l’Hégémon ont réussi un véritable tour de force.
Il a dû falloir des éons de patience taoïste pour que le président Xi Jinping raconte quelques évidences de la vie à un médiocre fonctionnaire impérial tel
que le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan.
Les principales conclusions de Xi Jinping :
La Chine est prête à être un partenaire et un ami des États-Unis. Même si l’inverse est hautement improbable – la Chine étant considérée par Washington
comme une «menace» existentielle.
La Chine se concentre sur le bien-être de toute l’humanité : c’est le cœur du concept de Pékin d’une «communauté mondiale avec un avenir commun».
La Chine et les États-Unis devraient être tous deux responsables pour l’histoire, pour les peuples et pour le monde. C’est le concept des «trois
responsabilités».
La dernière chose dont un hégémon unipolaire est responsable est le monde dans son ensemble : par définition, l’unipolarité ne profite qu’à la ploutocratie
de l’empire.
Little Sullivan a également insisté sur les communications directes, par téléphone, entre militaires à un niveau opérationnel. Bien sûr, comme l’Hégémon a
moins de zéro taupe rémunérée infiltrée dans les nœuds clés du système chinois, il sera au moins en mesure d’entendre de petites choses de temps en temps de la part des militaires
chinois.
Cependant, la principale avancée dans le dossier militaire a eu lieu lors de la session de Little Sullivan avec le général Zhang Youxia, le vice-président
de la Commission militaire centrale de la Chine.
Le général Zhang a carrément dit à Sullivan, en termes très clairs, de ne pas s’approcher de Taïwan. Sullivan avait l’air d’un poulet sans tête après la
réunion.
Aussi sans tête qu’après sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Wang Yi :
«Les États-Unis et la
Chine n’ont pas progressé dans les négociations visant à trouver une solution à la crise ukrainienne».
Bien sûr que non. Pékin voit clair dans toute la machination impériale du «cessez-le-feu» – parallèlement au fait que les États-Unis ont franchi toutes les
lignes rouges russes. Moscou n’a pas réagi de manière dévastatrice – pour l’instant – parce que Poutine porte autant les traits taoïstes que Xi.
La Chine
est de retour : il faut s’en remettre
Les réunions des dirigeants de Pékin avec l’envoyé d’une administration américaine très faible n’étaient peut-être qu’un exercice pro forma. Après tout, ce
qui compte vraiment, ce sont les affaires.
Les exportations chinoises vers les États-Unis représentent moins de 2% du PIB de la Chine. C’est négligeable. La Chine est la première puissance mondiale
en matière d’échanges et de commerce – et ce n’est pas avec l’Occident, mais avec la Majorité mondiale, que l’on peut s’attendre à des affaires réelles et solides. La Chine a joué ce long
jeu à la perfection.
La perfection est telle que les médias impériaux ont littéralement paniqué devant la profondeur de l’intégration de la Chine dans la Majorité mondiale,
remettant en question ce qui est de facto l’«ordre» international libéral-totalitaire. Voir, par exemple, ici.
De Trump au Mannequin de Crash Test, les «politiques» de l’Hégémon ont réussi un véritable tour de force.
Notamment en cédant le plus grand marché technologique du monde – la Chine – exclusivement aux fabricants chinois ;
- en chassant des États-Unis au moins 75% des meilleurs scientifiques chinois pour les ramener en Chine ;
- et en cédant la totalité du marché russe – plus de 100 millions de consommateurs – à la Chine, parallèlement à l’achat par Pékin de quantités
supplémentaires d’énergie bon marché en provenance de la Russie.
Et ce n’est que le début. Les sanctions imposées par l’Hégémon ont en fait contribué à aider Pékin à développer encore plus rapidement l’ensemble des
politiques «Made in China 2025», en devenant un leader ou un second dans dix secteurs de haute technologie. Et la prochaine étape est celle de plusieurs mesures simultanées vers la
dédollarisation – notamment l’expansion du pétroyuan.
Un éminent spécialiste chinois a résumé tout cela dans son style délicieusement direct («ayant l’avantage,
digne d’un Léviathan, d’être clair comme de l’eau de roche») : La Chine est vraiment de retour – et le restera pendant très, très longtemps.
Il n’est pas étonnant que la ploutocratie impériale et ses vassaux atlantistes en fassent un véritable anathème.
Nous avançons lentement et sûrement vers l’établissement d’un nouveau système mondial géré par des États civilisationnels souverains : La Chine, la
Russie et l’Iran sont en première ligne.
Le chemin sera cependant long et épineux – avec de nombreux revers désagréables. Ce qui nous amène à la saga judiciaire-technologique-géopolitique de Pavel
Durov.
En quoi
Telegramest-il géopolitique
Pavel Durov est désormais un otage de haut niveau dans l’un des principaux nœuds de l’OTANistan, la France.
La matrice de renseignement militaire, de surveillance et d’économie de l’OTAN a finalement obtenu l’effet de levier qu’elle recherchait activement depuis
si longtemps. Pour l’instant, il n’y a pas de réponse à la question clé : Qu’est-ce que Durov a offert à ses ravisseurs pour être «récompensé» par un régime temporaire de semi-liberté
après avoir versé une caution qui, selon ses critères, équivaut à de l’argent de poche ?
Durov est essentiellement accusé de ne pas «collaborer» ou «coopérer» avec les services de renseignements occidentaux. Leur seule obsession est de contrôler
la modération du contenu de Telegram, d’avoir un accès total aux portes dérobées et finalement d’interdire toutes les chaînes russes, qui ont joué un rôle essentiel dans la diffusion des
vraies histoires sur le terrain, de l’Ukraine à l’Afrique sub-saharienne et au-delà.
Telegram est le réseau social de prédilection de la Majorité mondiale. Telegram est au cœur de la géopolitique. Il s’agit donc d’un nouveau chapitre de la
guerre hybride à outrance menée par l’Occident collectif contre la Majorité mondiale.
Telegram est également largement utilisé en Russie par des organismes publics et militaires. Il est pratiquement certain que Pavel ne possède pas les
légendaires clés de chiffrement de Telegram, alors que son frère Nikolaï, un génie des mathématiques, les possède.
À l’heure actuelle, personne ne connaît les termes de l’accord qui a conduit à la semi-liberté de Pavel. Ce qui est clair, c’est que des concessions ont été
faites – Durov n’a pas été transformé en Assange 2.0. Ces concessions pourraient notamment porter sur la remise d’informations sélectionnées selon un mode «judiciaire» classique qui ne
compromettrait pas les secrets d’État russes.
Les frères Durov sont certainement conscients que toute information amenant les services secrets occidentaux à harceler des blogueurs et des chaînes pour
leurs positions politiques compromettrait fatalement la crédibilité de Telegram.
En fonction de l’évolution de l’«enquête» de la méga-bureaucratie française, et si le système décide de poursuivre Durov en justice ou même de bloquer
Telegram dans l’UE, cela ne pourra que profiter à Telegram au niveau mondial.
La saga ne fait que commencer. À l’heure actuelle, le monde attend que Pavel Durov lui-même s’exprime. Sur Telegram.
Confronté à une situation militaire toujours plus difficile, Vladimir Zelensky demande à ses alliés de pouvoir utiliser des armes de longue portée contre des objectifs situés sur le territoire
russe. Malgré l’insistance du président ukrainien, Washington continue à refuser. Et les pays membres de l’Union Européenne impliqués dans le conflit n’ont pas pu se mettre d’accord sur une
position. En réalité, aux Etats-Unis, on redoute une escalade qui justifierait une montée en puissance de l’armée russe contre l’Ukraine. La stratégie est toujours
celle de faire durer la guerre, dans l’espoir que la popularité de Vladimir Poutine s’y abimera.
Vladimir Zelensky est pris d’activisme. En pleine opération de Koursk, il prend le temps de demander au président de la Mongolie Extérieure d’arrêter Vladimir
Poutine, le 3 septembre prochain, lors de la visite que le président russe doit effectuer dans le pays. Zelensky demande au Premier ministre indien Modi d’organiser une conférence de la paix
avant les élections américaines. Cela ne l’empêche pas d’envoyer une délégation à Washington pour obtenir l’autorisation de frapper une liste
d’objectifs avancés dans le territoire russe – avec les armes appropriées.
Des frappes russes massives dans les régions de l’arrière-pays ukrainien ne cessent pas depuis plusieurs jours d’affilée. Dans la nuit du 29 août, une nouvelle attaque
combinée de drones et de missiles russes a visé les infrastructures militaires et industrielles ukrainiennes dans une douzaine de villes du pays, y compris dans la capitale. Les
militaires ukrainiens des régions frontalières de Soumy et de Kharkiv sont pilonnés par les bombes russes.
La nuit [du 28 au 29 août], la région de Kiev a fait l’objet d’une attaque massive. Des frappes russes ont été signalées dans le village d’Obukhov, situé à la périphérie de la capitale.
Une deuxième attaque en une semaine a visé l’aéroport de Borispil, utilisé par les forces armées ukrainiennes. De précieuses cargaisons militaires de l’OTAN y sont stockées, notamment du
matériel nécessaire à la réparation et à la restauration des équipements militaires de l’OTAN, ainsi que des armes et des munitions fournies par les « partenaires » occidentaux de Kiev.
D’autres frappes ont touché la capitale elle-même. L’électricité a été coupée dans plusieurs quartiers de la ville. (…)
Pendant ce temps, l’impasse se poursuit dans la région russe de Koursk. Les militaires ukrainiens se heurtent au mur des défenses russes. Les groupes motorisés ukrainiens lancent des
assauts dans différentes directions autour de Sudzha, ce qui accroît leurs pertes, mais les lignes de front restent inchangées. Selon les images disponibles, les forces russes ont
commencé à lancer leurs bombes lourdes FAB-3000 modernisées sur les positions militaires ukrainiennes en territoire russe. Ces frappes dévastatrices causent d’importants dégâts aux
infrastructures locales, mais ne laissent aucune chance à l’armée ukrainienne de sauver ses réserves.
Alors que les forces ukrainiennes sont bloquées dans le nord, l’armée russe progresse rapidement dans le Donbass. La défense ukrainienne a été ruinée sur un large front dans la direction
de Pokrovsk, les Ukrainiens fuient leurs bastions à l’ouest. L’armée russe s’approche déjà du centre de Selidovo, l’une des plus grandes agglomérations de la région. Les forces russes ont
pris le contrôle d’un bastion stratégiquement important sur la hauteur, à la périphérie, et ont forcé l’ennemi à se retirer d’une vaste zone. Les soldats ukrainiens, démoralisés,
n’opposent qu’une faible résistance.
L’objectif de l’offensive russe est d’atteindre la ligne Pokrovsk-Selidovo-Kurahovo-Ugledar et de redresser le front.
Dans le même temps, les forces russes ont remporté une nouvelle victoire dans la direction d’Ugledar. Un important bastion ukrainien dans la ville de Konstantinovka est passé sous
contrôle russe. Les opérations de nettoyage se poursuivent dans la localité, tandis que l’avancée russe le long de la route oblige les unités ukrainiennes à se retirer de Pavlovka. La
menace stratégique qui pèse sur l’armée ukrainienne s’accroît.
Ajoutons que les Ukrainiens ont dû concéder la destruction d’un avion F16 récemment livré. Il aurait été détruit par un “tir ami”,
venu d’une batterie de missiles Patriot. Il n’est pas exclu qu’au moins un autre F16 ait été détruit, lors des frappes russes, par un tir de missile hypersonique Kinjal (Simplicius).
Pourquoi Washington ne veut pas d’une escalade
On comprend que Zelensky, dos au mur, pousse à l’escalade. L’opération sur Koursk n’a pas donné ce qu’il en attendait. Comment entraîner ses alliés dans une guerre
de plus en plus directe avec la Russie ? Il s’agit d’obtenir l’autorisation de frapper des objectifs militaires avec des armes de longue portée en territoire russe.
On remarquera tout d’abord que l’armée ukrainienne frappe déjà en territoire russe, en particulier avec des drones. De quoi s’agit-il, alors
?
Les armes à longue portée que l’Ukraine a reçues des Occidentaux sont essentielles pour cibler les centres logistiques russes et d’autres cibles militaires de l’autre côté de la
frontière. La demande faite par Kiev à (…) intervient après un assouplissement des restrictions par certains alliés occidentaux de l’Ukraine, suite à l’offensive russe près de Kharkiv
[Kharkov] en mai dernier.
En réponse à cette offensive, certains alliés occidentaux avaient commencé à assouplir leurs restrictions sur les armes à longue portée capables de frapper des cibles comprises entre 30
et 200 kilomètres.
Les États-Unis et l’Allemagne ont ainsi soutenu l’idée que l’Ukraine pourrait prendre pour cible des sites militaires sur le territoire russe, afin de se défendre de tirs ayant pour
origine des zones proches de la frontière. Plus de dix autres pays, dont le Royaume-Uni, la Finlande, la France, la Pologne, la Lituanie et les Pays-Bas, ont également
approuvé ces actions.
Les pays occidentaux, comme le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Allemagne, avaient auparavant catégoriquement refusé que l’Ukraine prenne pour cible la Russie avec des armes à longue
portée. Ils avaient soit réduit la portée des armes
qu’ils envoyaient à l’Ukraine, soit explicitement mis en place des restrictions sur leur utilisation, par crainte d’une escalade avec Moscou.
Malgré les assouplissements intervenus après l’offensive russe de mai, l’Ukraine continue d’affirmer que les efforts occidentaux sont insuffisants pour répondre à ses besoins en matière
de défense. Washington avait limité ses assouplissements aux armes tirées depuis Kharkiv.
Ceux-ci ne s’appliquaient pas aux ATACMS (systèmes de missiles tactiques de l’armée) d’une portée de 300 km. De même, Londres interdit l’utilisation de missiles Storm Shadow d’une portée
supérieure à 250 km et Berlin refuse d’envoyer des missiles Taurus d’une portée de 500 km. En outre, les avions de chasse F-16 fabriqués aux États-Unis et fournis à l’Ukraine ne sont pas
destinés à être utilisés sur le sol russe.
Kiev dirige donc ses pressions vers les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Mais ses efforts ont jusqu’à présent été vains.
Une délégation ukrainienne va se rendre à Washington pour essayer d’emporter la décision. Pour l’instant, les signaux venus de la Maison Blanche sont négatifs.
Simplicius nous explique pourquoi:
Il ne reste plus qu’à lancer des provocations massives en envoyant des ATACMS et des Storm Shadows le plus profondément possible en Russie.
Mais voici le piège ultime que la grande majorité des observateurs ne comprennent pas : L ‘hésitation
des États-Unis n’est
pas due à la crainte que la Russie perde et au chaos « incontrôlable » qui en résulterait, comme les commentateurs ukrainiens ne cessent de le répéter. Non, c’est plutôt
l’inverse : Les États-Unis craignent que l’Ukraine ne provoque la Russie à se lancer dans une «guerre totale», ce qui pousserait Poutine à abandonner son approche «douce» pour mener une
sorte de guerre totale qui aboutirait à la destruction ou à la soumission totale de l’Ukraine.
Les conseillers politiques américains les plus avisés savent que la seule chance pour l’Occident de renverser la Russie est de maintenir ce conflit à un niveau d’ébullition lent, de sorte
que Poutine tombe dans un piège, en gagnant du temps pour que le régime puisse fomenter une opposition contre lui. Mais l’Ukraine risque de déclencher accidentellement toute l’étendue de
la machine de guerre russe, qui pourrait comprendre une déclaration de guerre officielle ou simplement l’abrogation de toutes les anciennes «règles» interdisant de frapper des objets
civils, des bâtiments gouvernementaux, des dirigeants, Kiev en général, etc. Washington sait que cela conduirait à l’occupation définitive de toute l’Ukraine par la Russie, ce qui
signifierait la fin de tout le projet ukrainien élaboré depuis 70 ans par la CIA et consorts.
En bref : Ils veulent saigner l’ours lentement en le frappant encore et encore, de sorte que l’ours ne se rende même pas compte qu’il se vide de son sang ; ce qu’ils ne
veulent pas,
c’est perforer l’ours si fort qu’il entre dans une rage écumante et les décapite d’un coup de griffes macabre.
A vrai dire, c’est aussi le raisonnement de la Russie, qui s’est gardée de lancer une guerre totale, jusqu’à maintenant et préfère épuiser l’armée ukrainienne – et avec elle ses
financeurs occidentaux.
La Grande-Bretagne va-t-elle faire faillite à cause de la dette ukrainienne?
La clé des événements en Ukraine se trouve-t-elle à Londres ? Il faut sans doute moins s’interroger sur les objectifs actuels de la stratégie ukrainienne que sur les raisons, internes ou
externes, qui ont pu conduire à lancer une opération comme celle de Koursk. Nous avons déjà évoqué des incitations venues des Etats-Unis. Il y a aussi, bien entendu, le souci de Zelensky de
conserver son pouvoir. Mais une motivation plus importante encore pourrait se trouver dans la crise de la dette ukrainienne et les dangers qu’elle fait courir plus spécifiquement à la
Grande-Bretagne. Sommes-nous au bord d’une crise majeure des finances britanniques, due à l’exposition du pays à la dette ukrainienne ? La bataille de Koursk a-t-elle été une tentative
anglo-ukrainienne désespérée de repousser l’échéance du défaut de paiement ukrainien ?
Un char britannique Challenger détruit par l’artillerie russe
La dette ukrainienne, talon d’Achille de la Grande-Bretagne ?
Alex Krainer, auteur d’un blog très réputé parmi les
investisseurs, se demandait, il y a deux jours, si
« la
Grande-Bretagne pourrait être confrontée à une crise financière imminente qui pourrait accélérer son effondrement économique et social. Je soupçonnais que cela pouvait être lié au fait
que la Grande-Bretagne s’est surendettée en Ukraine en essayant de retrouver le leadership, la richesse et le prestige qu’elle n’a cessé de perdre au cours des dernières
décennies. »
La Grande-Bretagne est en effet parmi les pays qui ont le plus contribué à soutenir l’Ukraine, non seulement par un soutien militaire mais aussi par un soutien
financier :
« La
Grande-Bretagne a été le principal soutien et sponsor de ce conflit, et il semble qu’elle en ait fait trop. En plus de fournir au moins 7,5 milliards de livres sterling d’aide militaire
(près de 10 milliards de dollars), la Grande-Bretagne a donné 5 milliards de livres sterling (6,5 milliards de dollars) supplémentaires à l’Ukraine sous forme de soutien
financier.
En outre, la Grande-Bretagne a également garanti plusieurs tranches de prêts de la Banque mondiale à l’Ukraine et de nombreuses institutions financières britanniques ont acheté des
obligations ukrainiennes d’une valeur de plusieurs milliards. D’autres ont réalisé d’importants investissements directs dans ce pays ».
Endettement britannique
Le tableau ci-dessus permet de mieux comprendre : Les Etats-Unis et l’Allemagne ont fait plus que la Grande-Bretagne en termes de soutiens cumulés. Mais la
Grande-Bretagne a plus fait en ce qui concerne le soutien financier. Ajoutons que le gouvernement Sunak avait, au mois d’avril 2024, annoncé une
augmentation du budget de la défense ; Comme l’explique Les
Echos :
« Le Royaume-Uni a annoncé mardi une nouvelle
augmentation de son budget militaire ,
pour le porter progressivement à 2,5 % de son PIB à horizon 2030. À l’occasion d’un déplacement à Varsovie, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a vanté « le
renforcement le plus important de notre défense nationale depuis une génération ». « Dans un monde qui n’a jamais été aussi dangereux depuis la fin de la guerre froide, nous ne
pouvons pas rester complaisants », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.
En valeur absolue, cette annonce correspond à une augmentation des dépenses de 75 milliards de livres sur six ans. A cette occasion, le locataire de Downing Street a confirmé
une nouvelle
contribution de 500 millions de livres (580 millions
d’euros) à l’effort de guerre ukrainien contre l’invasion russe.
Londres avait déjà fait part de son intention de porter son budget militaire à 2,5 % du PIB, mais n’avait pas donné d’échéance. Le gouvernement britannique avait annoncé vouloir
atteindre cet objectif, dès que « les conditions économiques » le permettraient. Les finances publiques britanniques sont sous pression, avec un déficit à 5,1 % du PIB et
une dette publique à 96 % du PIB en 2023 »
Bras de fer en juillet 2024 sur la dette ukrainienne
Depuis le début de la Guerre d’Ukraine, l’économie ukrainienne s’est effondrée de 25 %. Les recettes fiscales diminuant, le déficit budgétaire de l’Ukraine pour
2024 devrait atteindre près de 44 milliards de dollars. Si Kiev devait assurer le service de sa dette, celle-ci absorberait 15 % de son PIB, soit le deuxième poste de dépenses après la défense
(qui représente 31,3 % du PIB). Selon Alex Krainer, toujours :
« Le
maintien en activité du gouvernement et de l’armée ukrainiens est devenu entièrement dépendant de ses bailleurs de fonds occidentaux. Fin mars 2024, alors que le programme d’aide
américain de 61 milliards de dollars était toujours bloqué au Congrès américain, la Banque
mondiale a approuvé une aide
financière de 1,5
milliard de dollars pour
l’Ukraine. Le projet de document sur l’allocation de ces fonds souligne l’état « catastrophique » des finances publiques ukrainiennes et reconnaît le risque « extrêmement élevé » de
coopérer avec l’Ukraine.
Un fonctionnaire de la Banque mondiale impliqué dans le dossier a
noté que l’Ukraine
était au bord de la faillite. Il a ajouté que, comme pour les transactions précédentes, la Banque mondiale n’a pas fourni ses propres fonds à Kiev, mais a « une fois de plus profité » des
garanties de deux des donateurs de l’Ukraine, principalement le Japon et le Royaume-Uni. Le Premier ministre ukrainien, Denis
Shmigal,a
révélé que sur
les 1,5 milliard de dollars accordés à l’Ukraine, 984 millions provenaient du Japon et 516 millions de la Grande-Bretagne. Mais l’Ukraine est aujourd’hui incapable d’honorer ses dettes
extérieures croissantes ».
La question du crédit dont peut encore disposer Kiev a pris une tournure dramatique à la mi-juillet 2024 :
+ Vladimir Zelensky a été admis à une des premières séances du nouveau cabinet Starmer. Derrière les déclarations sur l’importance historique du moment, se cachait
l’inquiétude quant à la situation militaire et financière de l’Ukraine.
+ « Presque
aussitôt après la fin de la visite de Zelensky à Londres, le gouvernement ukrainien a
annoncé [le 22 juillet] qu’un accord avait été conclu avec
ses principaux détenteurs d’obligations pour restructurer les obligations du pays d’une valeur de près de 20 milliards de dollars, y compris une réduction de 37 % des montants dus. Mais il ne
s’agissait que d’un « accord de principe » conclu avec un « comité ad hoc de créanciers », et il n’était pas contraignant pour tous les détenteurs d’obligations. (…) L’Ukraine était censée courir
après ses créanciers et les supplier d’accepter l’accord, en leur offrant même une «commission de consentement » de 1,25 % ».
+ « [Le
24 juillet], deux jours seulement après l’annonce par l’Ukraine de l’accord conclu avec ses détenteurs d’obligations, Fitch
a abaissé la note de crédit de l’Ukraine de CC à C,
reflétant un risque de crédit extrême réservé aux pays qui « sont entrés en défaut de paiement ou dans un processus de type défaut de paiement. (…) Pour l’Ukraine, la (…) date de
révision était fixée au 6 décembre 2024. Cependant, Fitch a déterminé qu’il y avait eu un «changement important dans la solvabilité de l’émetteur» qui aurait rendu «inapproprié d’attendre…
» ».
+ Le mercredi 31 juillet 2024, en réaction, Vladimir Zelensky suspendait « temporairement » le remboursement de la dette, décision qui entrait en vigueur dès le
1er août,
pour deux mois – renouvelables.
L’opération de Koursk : Une opération conjointe anglo-ukrainienne à objectif financier ?
En se plaçant du point de vue de la dette ukrainienne et de l’exposition britannique à cette dette, Alex Krainer propose un point de vue intéressant sur les
motivations de l’éopération contre Koursk :
« L’Ukraine
a lancé l’incursion 18 jours seulement après la visite de Zelensky à Londres. Le conseiller en sécurité de Zelensky , Mikhailo
Podolyak, a admis que l’invasion
de Koursk avait été discutée avec les Britanniques.
Le 18 août, le Sunday Times de Londres révèle que la Grande-Bretagne a joué un rôle central dans l’opération :
« Invisible pour le monde, l’équipement britannique, y compris les drones, a joué un rôle central dans la nouvelle offensive de l’Ukraine et le personnel britannique a conseillé
étroitement l’armée ukrainienne… à une échelle qu’aucun autre pays n’a égalée. »
Dans son « Market Report » du 28
août, Tom Luongo souligne que le différentiel des taux pour les obligations à 10 ans redevient défavorable à la Grande-Bretagne. Et le graphique ci-dessous rappelle les deux moments de fortes
tensions : Lorsque Liz Truss était Premier ministre et au plus fort des tensions, en 2023, entre les Etats-Unis et la Chine. La question : La Grande-Bretagne résistera-t-elle à une
nouvelle poussée du « spread » avec les Etats-Unis ?
Alex Krainer insiste quant à lui sur l’inquiétude de la Banque d’Angleterre :
« Le
22 juillet, le jour même de l’annonce de l’accord entre le gouvernement ukrainien et le « comité ad hoc » de ses créanciers privés, la Banque d’Angleterre a également annoncé un
séminaire intitulé « The Future Bank of England Balance Sheet – managing its transition towards a new system for supplying reserves » (Le futur bilan de la Banque d’Angleterre – gérer sa
transition vers un nouveau système d’approvisionnement en réserves). Le séminaire a eu lieu le même jour (un peu court pour la plupart des gens) et a comporté un discours de Victoria
Saporta, directrice exécutive de la direction des marchés de la banque. Dans son communiqué, la Banque d’Angleterre explique que son « bilan joue un rôle clé en aidant la banque à
atteindre ses objectifs de stabilité financière et de politique monétaire ».
Le discours de Madame Saporta, intitulé « Let’s Get Ready to Repo ! », a présenté les dernières réflexions de la Banque sur l’avenir de son bilan, qui devrait évoluer vers un
système d’approvisionnement en réserves axé sur la demande. Mme Saporta a suggéré que la Banque devrait accepter une « gamme plus large d’actifs » comme garantie afin de rendre le système
« utilisable pour le plus grand nombre de modèles d’entreprise ». (…)
Voici comment Simon White, stratège macroéconomique chez Bloomberg, l’explique : Dans un système axé sur la demande, « ce que les banques utilisent pour régler les soldes chaque jour doit
pouvoir être transféré sur le bilan de la banque centrale en cas de crise. Si ce n’est pas le cas, les liquidités risquent de se tarir complètement. Ainsi, en cas de crise, aucun actif ne
pourra être refusé dans le cadre de ce système ». Cela pourrait même inclure les obligations ukrainiennes.
Ce qui ressort clairement de ces propos et du langage de la BOE, c’est que la banque craint désormais l’effondrement du système financier britannique et qu’elle a décidé d’éviter cet
effondrement de la pire façon possible : En assouplissant ses normes de crédit et en acceptant des garanties de mauvaise qualité en échange d’argent liquide. C’est le signe le plus
évident que le système est sur le point de s’effondrer ».
Rappelons-nous qu’en septembre 2022, le système financier et bancaire britannique a été, selon les aveux ultérieurs de la Bank of England, « à quelques heures
» de s’effondrer : Les « gilts » (ou obligations d’Etat britannique) de long terme ne trpouvaient plus d’acheteurs. La Banque d’Angleterre est intervenue en achetant jusqu’à 40
milliards de livres de gilts.
Cette situation pourrait-elle se reproduire ?
La Chine et la nouvelle stratégie nucléaire des États-Unis
L’axe anglo-saxon aurait élaboré un plan pour les cinq prochaines années qui impliquerait le rétablissement du rôle des États-Unis en tant que gendarme mondial à travers une
augmentation extraordinaire des interventions militaires américaines à l’étranger pour retrouver l’unipolarité sur le plan géopolitique mondial, conformément à la doctrine Wolfowitz
qui a décrit «une politique d’unilatéralisme» et «une action militaire préventive pour supprimer d’éventuelles menaces provenant d’autres nations et empêcher les dictatures d’accéder
au statut de superpuissance».
Selon le New York
Times, le président Joe Biden a approuvé en
mars un plan stratégique nucléaire hautement classifié appelé Nuclear
Employment Guidance (Guide pour l’emploi nucléaire). Ce plan «vise, pour la
première fois, à préparer les États-Unis à d’éventuels défis nucléaires coordonnés de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord et, pour la première fois, à réorienter la
stratégie de dissuasion américaine pour se concentrer sur l’expansion rapide de l’arsenal nucléaire chinois» et «ce changement se
produit alors que le Pentagone estime que les réserves de la Chine rivaliseront en taille et en diversité avec celles des États-Unis et de la Russie au cours de la prochaine
décennie».
Le document est mis à jour tous les quatre ans, mais il est si hautement classifié qu’il n’existe aucune copie électronique, seulement un petit nombre
de copies papier distribuées à quelques responsables de la sécurité nationale et commandants du Pentagone. Ainsi, selon le quotidien US, «la
Maison-Blanche n’a pas
annoncé publiquement l’approbation du plan par Biden, mais une notification non classifiée au Congrès est attendue avant qu’il ne quitte ses fonctions».
La triade nucléaire. L’expansion nucléaire de la Chine aurait déclenché l’alarme au Pentagone car elle progresserait plus rapidement que ce que les
responsables du renseignement américain avaient prévu. Tout cela a lieu en raison du changement mis en œuvre par le président Xi Jinping après avoir abandonné l’ancienne stratégie
consistant à maintenir un «minimum de dissuasion» et à adopter la doctrine de la triade nucléaire consistant à «égaler ou
dépasser la taille des arsenaux nucléaires russes et américains d’ici 2035».
Depuis la présidence de Harry Truman, cette stratégie s’est concentrée principalement sur l’arsenal du Kremlin, mais pour la première fois, la Chine
apparaît dans les nouvelles orientations de Biden face à l’évidence d’un changement dans la cartographie nucléaire mondiale. La nouvelle stratégie souligne «la nécessité» de dissuader
simultanément la Russie, la République populaire de Chine et la Corée du Nord.
Ainsi, selon les
estimations du Pentagone, la force nucléaire de la Chine passerait à 1000 ogives nucléaires d’ici 2030 et à 1500 d’ici 2035, ce qui rendrait l’arsenal nucléaire chinois
égal au nombre d’ogives nucléaires actuellement possédées par les États-Unis et la Russie. Cela fait partie de la nouvelle triade nucléaire avec laquelle l’arsenal nucléaire américain
serait clairement inférieur à l’axe russo-chinois en cas de conflagration nucléaire.
L’OTAN cherche-t-elle à soumettre la Chine et la Russie ? Zbigniew Brzezinski, dans son livre «Entre deux âges :
le rôle des États-Unis à l’ère technotronique» (1971), indique que «l’ère du
rééquilibrage du pouvoir mondial est arrivée, pouvoir qui doit passer entre les mains d’un nouveau pouvoir politique mondial» sur un ordre fondé sur un lien économique trilatéral
entre le Japon, l’Europe et les États-Unis. Une telle doctrine impliquerait la soumission de la Russie et de la Chine et inclurait la possibilité d’une attaque nucléaire préventive
des États-Unis utilisant des missiles Trident II contre des cibles vitales russes et chinoises.
Ainsi, la présence de soldats polonais, britanniques et américains dans l’offensive ukraino-otanienne sur la région russe de Koursk confirmerait
l’entrée de l’OTAN dans un conflit ouvert avec la Russie de Poutine, ce qui, selon la doctrine nucléaire russe, permettrait à Poutine d’utiliser «des armes non nucléaires». Des armes
nucléaires stratégiques, également appelées «armes nucléaires tactiques», la Russie, selon le Centre pour le contrôle des armements et la non-prolifération, en
disposerait d’environ 1860 ogives et les États-Unis environ 230 dont 20 en Türkiye (Incirlik Air Base), 15 en Belgique (Kleine Brogel Air Base), 15 aux Pays-Bas (Volkel Air
Base), 15 en Allemagne (Büchel Air Base), 35 en Italie (Aviano & Ghedi Torre Air Base).
Ainsi, selon ladite doctrine nucléaire, la Russie sera en mesure d’utiliser son arsenal nucléaire dans le cas où «une attaque
ennemie avec des armes conventionnelles menacerait l’existence de la Russie», une hypothèse qui se réaliserait dans le cadre de l’opération militaire ukraino-otanienne actuelle à
Koursk.
AUKUS et l’arc de crise nucléaire. La Chine et les États-Unis entretiennent des divergences sur l’autonomie et le statut de Taïwan ainsi que sur la
liberté de navigation en mer de Chine méridionale. La Chine est pleinement consciente que l’accord stratégique entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, connu sous le nom
d’AUKUS, symbolise un changement dans la cartographie géopolitique mondiale en déplaçant le scénario atlantique vers l’Indo-Pacifique comme épicentre du pouls géopolitique entre les
États-Unis et la Chine.
Dans ce contexte, dans des déclarations faites lors du principal forum sur la sécurité du continent asiatique tenu à Singapour, le général chinois, Jing
Jianfeng, a
accusé les États-Unis de tenter de créer «une version de
l’OTAN en Asie pour maintenir leur hégémonie». Ainsi, l’objectif américain serait d’établir un arc de crise nucléaire autour de la Chine qui s’étendrait du Cachemire indien au
Japon, en passant par la Corée du Sud et les Philippines et fermant l’arc avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie pour dissuader la Chine de son aventure de domination chinoise en
mer.
Ainsi, les États-Unis ont alloué 1,9
milliard de dollars pour réapprovisionner Taïwan en armes tout en déployant un nouveau système de lancement au sol pour leurs missiles à moyenne portée Typhon sur l’île de Guam, ce
qui constituerait un avertissement clair à Pékin pour freiner ses aspirations militaires. De même, le Pentagone pourrait recourir à une attaque sous fausse bannière contre la marine
américaine déployée sur les îles proches de Taïwan (rappelant l’explosion du cuirassé Maine à Cuba en 1898) et à une attaque nucléaire préventive contre des cibles chinoises vitales,
en utilisant des missiles Trident II.
Bref, nous nous trouvons dans un scénario incertain qui pourrait conduire à une conflagration mondiale aux conséquences imprévisibles pour l’espèce
humaine et l’avenir de la planète.
La « crise ukrainienne » n’est pas vraiment un terme
approprié pour décrire ce qui se passe actuellement dans les relations entre la Russie et l’Occident. Cette confrontation est mondiale. Elle touche pratiquement tous les domaines fonctionnels
! – de la finance à l’industrie pharmaceutique en passant par le sport – et s’étend sur de nombreuses régions géographiques.
En Europe, qui est
devenue l’épicentre de cette confrontation, le niveau de tension le plus élevé en dehors de l’Ukraine se situe désormais dans la région balte. La question souvent posée en Russie (et en
Occident) est la suivante : Est-ce que cela deviendra le prochain théâtre de guerre ?
En Europe occidentale et en Amérique du Nord, un scénario est depuis longtemps envisagé dans lequel l’armée russe, après sa victoire en Ukraine, continue
d’avancer, cherchant ensuite à conquérir les républiques baltes et la Pologne.
Le but de cette simple fantaisie de propagande est clair : Convaincre les Européens de l’Ouest que s’ils « n’investissent pas pleinement » dans le soutien à Kiev,
ils pourraient se retrouver avec une guerre sur leur propre territoire.
Il est révélateur que presque personne dans l’UE n’ose demander publiquement si Moscou est intéressé par un conflit armé direct avec l’OTAN.
- Quels seraient ses objectifs dans une telle guerre ?
- Et quel prix serait-elle prête à payer ?
Évidemment, le simple fait de poser de telles questions pourrait conduire à des accusations de propager la propagande russe.
Notre pays [La Russie.
NdT] prend note des déclarations provocatrices de nos voisins du nord-ouest, des Polonais, des États baltes et des Finlandais. Ils ont évoqué la possibilité de bloquer l’enclave
de Kaliningrad par voie maritime et terrestre, et de fermer la voie de sortie de la Russie par le golfe de Finlande. Ces déclarations sont généralement faites par des politiciens à
la retraite, mais parfois des ministres en exercice et des officiers militaires propagent ce genre d’idées.
Ces menaces ne provoquent pas de panique chez les Russes. Des décisions de cette ampleur sont prises à Washington, pas à Varsovie ou à Tallinn. Néanmoins, la
situation ne peut être ignorée.
La région de la mer Baltique a perdu son statut de région la plus stable et la plus pacifique d’Europe depuis de nombreuses années. Depuis que la Pologne
(1999), la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie (2004), et plus récemment la Finlande (2023) et la Suède (2024) ont rejoint l’OTAN, elle est devenue, comme ils le répètent fièrement et
joyeusement à Bruxelles, un « lac de
l’OTAN ». Il faut deux heures de route pour se rendre de Narva (c’est-à-dire de l’OTAN) à Saint-Pétersbourg. Après l’adhésion de la Finlande au bloc dirigé par les États-Unis, la
ligne de contact direct a été allongée de 1 300 km, ce qui signifie qu’elle a doublé. Saint-Pétersbourg se trouve à moins de 150 km de cette frontière. Ainsi, le prix à payer pour
l’abandon volontaire par Moscou du principe d’endiguement géopolitique à la fin de la guerre froide est élevé.
Le territoire de l’OTAN ne s’est pas seulement étendu et rapproché de la frontière russe ; il est activement équipé pour les opérations
militaires. Des couloirs d’accès rapide des forces de l’OTAN à la frontière (le soi-disant Schengen militaire) sont devenus opérationnels ; de nouvelles bases militaires sont
construites et celles existantes sont modernisées ; la présence physique des forces américaines et alliées dans la région augmente ; Les exercices militaires, aériens et navals s’intensifient
et s’étendent. L’annonce par Washington de son intention de déployer des missiles de portée intermédiaire en Allemagne en 2026 rappelle la crise des euromissiles du début des années 1980,
considérée comme la période la plus dangereuse de la guerre froide après l’affrontement avec Cuba en octobre 1962.
La situation actuelle dans le nord-ouest oblige Moscou à renforcer sa stratégie de dissuasion militaire contre l’ennemi. Un certain nombre de
mesures ont déjà été prises.
- Pour renforcer la dissuasion non nucléaire, le district militaire de Leningrad a été reconstitué et de nouvelles formations et unités sont créées là où elles
étaient absentes depuis longtemps.
- L’intégration militaire entre la Russie et la Biélorussie a considérablement progressé.
- Des armes nucléaires ont déjà été déployées sur le territoire biélorusse.
- Des exercices impliquant les forces nucléaires non stratégiques de Moscou ont eu lieu.
- Des avertissements officiels ont été émis selon lesquels, dans certaines conditions, les installations militaires sur le territoire des pays de l’OTAN
deviendront des cibles légitimes.
- Une modernisation de la doctrine nucléaire russe a été annoncée. La dissuasion atomique devient un outil plus actif de la stratégie russe.
Il ne reste plus qu’à espérer que Washington comprenne qu’un blocus naval de Kaliningrad ou de Saint-Pétersbourg serait un casus belli, une raison pour déclarer
la guerre. L’administration américaine actuelle ne semble pas vouloir un conflit direct majeur avec la Russie. Mais l’histoire montre que cela se produit parfois sans que les deux parties ne
le souhaitent. La stratégie d’escalade rampante pour vaincre stratégiquement la Russie, adoptée par les États-Unis dans sa longue guerre par procuration en Ukraine, comporte le risque d’un
tel scénario, où la logique d’un processus, une fois enclenché, commence à déterminer les décisions politiques et militaires et la situation devient alors rapidement incontrôlable.
Un autre danger réside dans le fait que Washington encourage de facto non seulement la rhétorique irresponsable, mais aussi les actions irresponsables des pays
satellites américains. Ces derniers, convaincus de leur impunité, pourraient aller trop loin en provoquant Moscou de manière irréfléchie, entraînant ainsi les États-Unis et la Russie dans un
conflit armé direct. Là encore, il ne reste plus qu’à espérer que l’instinct de conservation des États-Unis sera plus fort que son arrogance.
Les espoirs ne sont que des espoirs, mais il est clair que la Russie a déjà épuisé sa réserve d’avertissements verbaux. Les actions hostiles de nos
adversaires ne méritent plus d’être condamnées, mais demandent une réponse appropriée.
Nous parlons maintenant des aérodromes des pays de l’OTAN, notamment de la Pologne, où pourraient bien être basés les F-16 remis à Kiev ; des tentatives
possibles de l’Estonie et de la Finlande de perturber la navigation dans le golfe de Finlande ; de la perspective que la Lituanie coupe la liaison ferroviaire entre Kaliningrad et la Russie
continentale sous divers prétextes ; et des menaces importantes contre notre alliée biélorusse. Une réponse ferme à un stade précoce de l’élaboration de chacun de ces plans possibles a de
meilleures chances d’empêcher une escalade dangereuse. Bien sûr, la position la plus forte de la Russie est d’être proactive, de poursuivre une stratégie préventive dans laquelle Moscou ne
réagit pas aux mesures d’escalade de l’ennemi, mais prend l’initiative stratégique.
Il ne faut pas oublier que la confrontation de la Russie avec l’Occident collectif se poursuivra après la fin des opérations militaires actives contre
l’Ukraine. De l’Arctique, qui est une zone de rivalité à part, à la mer Noire, il existe déjà une ligne de démarcation solide et ininterrompue. La sécurité européenne n’est plus un concept
pertinent, et la sécurité eurasienne, y compris la composante européenne, est un problème pour l’avenir lointain. Une longue période de « non-paix mondiale » s’annonce, pendant laquelle la
Russie devra compter sur ses propres forces et capacités plutôt que sur des accords avec les États occidentaux pour assurer sa sécurité. Dans un avenir prévisible, la région baltique – ce
pont autrefois prometteur sur la voie de la « Grande Europe » – sera probablement la partie la plus
militarisée et la plus hostile au voisinage de la Russie. La stabilité de la situation dépendra bien sûr de la réalisation des objectifs de l’opération en Ukraine.
Dmitry
Trenin
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Syrie est un champ essentiel du conflit international
À l’occasion de l’ouverture de la quatrième session législative de l’Assemblée du peuple syrien, le 25 août courant, le président Bachar al-Assad a
prononcé un discours d’une cinquantaine de minutes dont nous traduisons un extrait concernant la situation syrienne et régionale ; les négociations syro-turques initiées par la
Russie, l’Iran et l’Irak pour la normalisation des relations entre les deux pays avec la proposition d’un processus susceptible d’éviter le grand écart entre les déclarations et les
comportements de la partie turque ; les leçons de courage et de patriotisme données par la Résistance régionale, notamment par la population palestinienne de Gaza et la
population syrienne du Golan syrien illégitimement et illégalement soumises à l’occupation israélienne.
Mouna
Alno-Nakhal
*
par Bachar
al-Assad
Tout au long de l’Histoire, le conflit international ne s’est jamais dissipé. Il se calme mais ne s’éteint pas. Aujourd’hui, nous vivons l’une de ses
phases ascendantes : conflit de l’Occident avec le reste du monde, conflit des forces hégémonistes et terroristes contre les forces souverainistes et stabilisatrices. C’est parce
qu’il est géographiquement et sectoriellement plus global que les guerres du siècle dernier, qu’il est plus complexe et plus profondément impactant sur le monde. Par conséquent,
absolument personne ne peut choisir d’éviter ses effets sur l’ensemble des secteurs et domaines politiques, économiques, sécuritaires et culturels.
La Syrie est un champ essentiel de ce conflit. Il l’affecte qu’il soit de haute ou de basse intensité. Et nous avons à choisir entre nous contenter de
subir ses effets ou influencer le cours des événements, au minimum à l’intérieur de nos frontières nationales. Pour ce faire, notre capacité ne dépend pas tant de l’équilibre des
forces militaires, économiques et techniques, aussi importantes soient-elles, que de l’équilibre de notre volonté face à celle des ennemis.
Cet équilibre naît de la foi en nos capacités nationales et se réalise en œuvrant sérieusement à atteindre nos objectifs avec nos propres moyens par le
travail, la production, la recherche de solutions, le rejet de l’impossible, le refus de la soumission aux frustrations et aux circonstances.
Nous avons l’exemple d’une telle soumission dans le discours qui circule au sein des cercles inféodés à l’entité sioniste suite à sa défaite. Ce
discours ne découle pas de l’échec militaire et des pertes sans précédent de l’entité, mais découle plutôt du déclin de la foi en son absolue puissance, laquelle s’est transformée en
défaite psychologique du fait de l’insistance du peuple palestinien à s’accrocher à sa terre et à un mode de vie quotidien dans des circonstances fondamentalement invivables.
La victoire ou la défaite sont l’âme de la société avant d’être un résultat sur le terrain. Et ce sont la persévérance, la foi et la volonté qui ont
brisé la confiance de l’entité en l’avenir de son existence, comme elles ont brisé le processus de la normalisation psychologique du peuple arabe [avec l’entité sioniste], laquelle
est à distinguer de la normalisation officielle ; ce qui est un sujet différent apparu au sein de jeunes générations gouvernées par la frustration, la non-appartenance et la
soumission absolue à l’Occident et à son protégé : Israël.
Gaza a donné un exemple qui a réveillé ces générations. Elles ont commencé à voir et à lire la réalité d’une manière différente de celle qui a été
travaillée par l’Occident pendant de longs siècles. Des siècles d’illusions renversées par des heures d’héroïsme et des mois de résistance fondée sur des siècles d’appartenance. D’où
la réaction hystérique et sans précédent de l’Occident, laquelle est venue confirmer qu’Israël n’est qu’une partie d’un projet colonial et que s’il tombe, le projet tombe avec
lui.
Ce projet, dont nous ne cessons de parler, est un projet de fin de l’Histoire qu’ils ont promu suite à la dissolution de l’Union soviétique, il y a
environ trois décennies, et dont l’essence se résume en quelques mots : la soumission absolue et éventuellement éternelle du monde à l’Occident, en premier lieu aux
États-Unis.
Mais ils ont découvert que cette Histoire n’a pas pris fin au Liban, ni en 2000 lors de sa libération [de l’occupation israélienne], ni en 2006
lorsqu’il a brisé leur pouvoir, ni en Syrie qui a résisté face à la guerre la plus féroce menée contre une patrie, ni à Gaza lorsque l’image criminelle de l’armée sioniste s’est
révélée.
L’Histoire ne prend fin que lorsque les peuples, leurs causes, leurs droits, leur confiance en eux-mêmes, leurs capacités et leur souveraineté
s’effondrent. Et les peuples ne s’effondrent que lorsqu’ils perdent leur appartenance à leur patrie, à leur société, à leur Histoire et à leur idéologie. Notre lutte contre le
colonialisme et le sionisme se poursuit, mais commence d’abord en nous-mêmes. C’est une lutte qui habite l’esprit de chacun d’entre nous, car la défaite est une culture, une
mentalité, un effondrement psychologique et nerveux face aux pressions et aux défis, un miroir trompeur dans lequel nous nous voyons déformés et incapables.
Par conséquent, notre premier travail consiste à éradiquer la défaite de nos esprits. Ce n’est qu’alors que nous gagnerons les batailles de la
libération, de la construction, de l’économie, de la prospérité. Ce n’est qu’alors que nous gagnerons la lutte contre le sous-développement dû à l’incapacité de certains, issus de
notre région, à tirer les leçons du passé en tombant dans les pièges dans lesquels nous sommes tombés depuis des siècles. Et c’est ainsi que nous gagnerons la lutte contre la
collaboration avec l’ennemi, l’ignorance, la corruption morale, l’étroitesse d’esprit, sans lesquels nul ennemi ou adversaire n’aurait osé s’attaquer à notre région.
La chose la plus difficile que nous ayons eu à faire ces dernières années fut de concilier nos principes avec l’intégration de certains parmi ces
gens-là, afin d’éviter davantage de dommages et de couper la route aux ennemis qui respirent de nos différends et se nourrissent de notre sang. C’est pourquoi nous n’avons négligé de
traiter aucune initiative visant à réaliser cet objectif de manière positive, même quand la probabilité de son succès était nulle.
La crise mondiale actuelle et ses répercussions sur notre pays nous poussent à accélérer notre travail de réparation de ce qui peut être réparé, loin
des sentiments de tristesse et des douleurs dues aux blessures causées par les coups de couteaux d’un frère ou la trahison d’un ami. Et c’est dans cet esprit que nous avons traité les
initiatives concernant les relations avec la Turquie lorsqu’elles ont été proposées par la Russie, l’Iran et l’Irak.
La première de ces initiatives date d’il y a environ cinq ans ou un peu plus. Elle a suscité plusieurs réunions, à différents niveaux, sans aboutir à un
quelconque résultat significatif sur le terrain de la réalité, en dépit du sérieux des initiateurs et de leur désir sincère de ramener les choses à la normale. Entretemps, chaque jour
qui passait sans progrès, les dégâts s’accumulaient non seulement du côté syrien, mais aussi du côté turc, au point qu’il n’était plus possible de les ignorer ou de les nier.
Nous avons traité les initiatives proposées sur la base de nos principes et de nos intérêts. Des principes et intérêts qui, en l’absence d’intentions
nuisibles, ne sont habituellement pas contradictoires entre pays voisins. En effet, la souveraineté et le droit international sont conformes aux principes de toutes les parties
sincèrement désireuses de résoudre le problème, et le rétablissement des relations normales consécutif au retrait [de l’occupant turc] ainsi que l’éradication du terrorisme sont
dans l’intérêt des deux peuples voisins.
Cependant, il n’est pas possible d’aboutir à un résultat positif sans traitement de la cause. Nous, nous n’avons pas changé de politique, ni avant ni
après la guerre. Bien au contraire, tout au long d’environ treize années de guerre nous avons toujours tenu à séparer les orientations du peuple turc des politiques et intentions des
responsables turcs. Ce qui signifie que nous ne pouvons pas être la cause de ce qui a changé, car nous n’avons rien changé dans nos orientations et nos intentions. Tout comme nous
n’avons pas envoyé des forces occuper les territoires d’un pays voisin pour devoir nous en retirer aujourd’hui, nous n’avons pas soutenu le terrorisme afin qu’il assassine un peuple
voisin [le peuple syrien], et nous n’avons pas considéré le peuple voisin [le peuple turc] comme un frère pour cesser de le considérer comme tel aujourd’hui.
Par conséquent, le début de la solution passe par la franchise, non par de faux semblants au titre de la réconciliation, et par la reconnaissance
de celui qui a commis la faute, non par l’arrogance. Car comment traiter un problème dont nous ne voyons pas les véritables causes ?
Le désir sincère de rétablir des relations normales nécessite avant tout l’élimination des causes ayant conduit à leur rupture et donc, la modification
des politiques ayant mené à la situation actuelle. Ce ne sont pas des conditions, mais plutôt des exigences requises pour le succès du processus. Ces exigences recouvrent nombre
d’éléments importants, au premier rang desquels les droits des États. Et, en tant qu’État, nous n’abandonnerons aucun de nos droits en aucune circonstance, comme nous n’exigerons pas
que les autres les abandonnent ; ce qui relève d’une même logique.
C’est donc sur de telles fondations que s’édifie la réussite des initiatives précitées : un désir sincère et un changement de politique, ou un
désir sincère qui mène à un changement de politique, peu importe la formulation.
Quant aux principes, tout processus de négociation a besoin d’une référence sur laquelle s’appuyer pour réussir. L’absence de résultats consécutifs aux
réunions tenues jusqu’ici est essentiellement due à l’absence de référence. Or cette référence pourrait s’appuyer sur des bases convenues entre les différentes parties : le droit
international, la Charte des Nations unies, ou d’autres questions qui intéressent les deux parties. Par exemple : les responsables turcs insistent constamment sur la question des
réfugiés et la question du terrorisme ; de son côté, la Syrie insiste constamment sur la question du retrait [turc] et aussi sur la question du terrorisme. Autant d’intitulés qui
ne nous posent pas problème et qui ne devraient pas en poser aux responsables turcs s’il n’y a pas de mauvaises intentions, comme ils disent.
Lorsqu’un accord sur ces intitulés sera acquis, une déclaration commune devra être publiée suite à une rencontre entre les responsables des deux parties
dont le niveau sera déterminé ultérieurement. Cette déclaration commune devra aboutir à la rédaction d’un document regroupant les principes qui constitueraient la base des procédures
à suivre pour le développement des relations [entre les deux pays], pour le retrait [de l’armée turc], pour la lutte contre le terrorisme ou d’autres questions intéressant les deux
parties.
L’importance de ce document qui devient une référence est qu’il organise les négociations, interdit les manœuvres ou les sautes d’humeur de n’importe
quelle partie, et constitue un outil ou une aide sur lesquels les initiateurs des négociations pourront s’appuyer pour que leurs efforts mènent vers le succès. Cette étape proposée
par la Syrie est donc celle de l’établissement des bases et des principes qui préparent le succès ultérieur des procédures.
C’est pourquoi il n’est pas vrai que la Syrie a déclaré que si le retrait [de l’occupant turc] n’avait pas lieu, il n’y aurait pas de rencontre
syro-turque, comme le répètent des responsables turcs de temps à autre. Un tel discours est loin de la réalité. Nous travaillons sur cette question de manière systématique et
réaliste. L’important est que nous ayons des objectifs clairs et que nous sachions comment avancer vers ces objectifs.
Mais quelles que soient les éventuelles avancées, leur base sera la souveraineté, leurs frontières seront la souveraineté, et leur critère sera la
souveraineté. Et quand on parle de souveraineté, on parle du Golan.
Ce Golan dont les enfants nous ont donné tant de leçons. Ils ont démontré que l’absence de souveraineté sur leur terre ne signifie pas l’effondrement du
patriotisme dans leur conscience, mais plutôt son élévation dans leur échelle des valeurs ; que l’occupation étrangère d’une terre n’implique pas la vente de son honneur ;
que le patriotisme n’est ni une apparence ni une prétendue identité, mais une affiliation profondément enracinée, une loyauté et une fidélité.
Ils nous ont donné la leçon la plus éloquente, à savoir que le siège des esprits est plus dangereux et plus meurtrier que le siège des ventres. Car les
effets du siège des moyens de subsistance peut être atténué par une dignité précieuse, une moralité élevée, une âme fière, des valeurs nationales et un esprit créateur d’idées et de
solutions. Quant aux effets du siège des esprits, il peut mener à un suicide de masse et à la vente de la patrie sur le marché politique des esclaves.
Depuis plus de six décennies que le Golan est occupé, ses enfants ont résisté à l’encerclement hermétique, à l’annexion injuste, à l’identité sioniste
fasciste, à l’occupant oppressif et sont toujours restés fermement enracinés dans leur conviction, inébranlables dans leur choix, réservant les battements de leur cœur et leur âme à
la Syrie et pour la Syrie jusqu’à ce qu’ils retournent vers elle et qu’elle leur revienne.
Nous avons en eux, comme en tous les enfants de la patrie qui la défendent, en nos martyrs et leurs familles, en nos héroïques blessés, en chaque Syrien
qui a fièrement résisté, s’est sacrifié sans que sa volonté ne soit brisée, a enduré toutes sortes de souffrances et de douleurs sans vendre sa dignité, et aussi dans les combattants
de la Résistance au Liban, en Palestine, en Irak et au Yémen, autant d’exemples, de modèles et de guides à suivre sur le chemin de la libération, de la dignité, de l’honneur et de
l’indépendance accomplie.
L’équipement
allemand visible à Koursk a fait ressurgir de vieux fantômes et a renforcé la prise de conscience des intentions hostiles de l’Occident à l’égard de la
Russie.La
réplique tacite est «plus jamais ça».
La propagande de guerre et les feintes sont vieilles comme le monde. Il n’y a rien de nouveau. Mais ce qui est nouveau, c’est que l’infoguerre n’est
plus le complément
d’objectifs de guerre plus vastes, mais qu’elle est devenue une
fin en soi.
L’Occident en est venu à considérer que «posséder» le récit gagnant – et présenter l’autre comme maladroit, dissonant et extrémiste – était plus
important que d’affronter les faits sur le terrain. Selon ce point de vue, posséder le récit gagnant, c’est gagner. La «victoire» virtuelle l’emporte donc sur la «vraie»
réalité.
Ainsi, la guerre devient plutôt le cadre permettant d’imposer un alignement idéologique au sein d’une vaste alliance mondiale et de le faire respecter
par des médias complaisants.
Cet objectif est plus prioritaire que, par exemple, la garantie d’une capacité de production suffisante pour soutenir les objectifs militaires.
L’élaboration d’une «réalité» imaginaire a pris le pas sur le façonnement de la réalité sur le terrain.
Le fait est que cette approche – qui est fonction de l’alignement de l’ensemble de la société (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) – crée des pièges
dans de fausses réalités, de fausses attentes, dont il est pratiquement impossible de sortir (lorsque cela devient nécessaire), précisément parce que l’alignement imposé a ossifié le
sentiment public. La possibilité pour un État de changer de cap au fur et à mesure que les événements se
déroulent est réduite ou perdue, et la lecture précise des faits sur le terrain s’oriente vers le politiquement correct et s’éloigne de la réalité.
L’effet cumulatif d’un «récit virtuel gagnant » comporte néanmoins le risque de glisser progressivement vers une «guerre
réelle» involontaire.
Prenons, par exemple, l’incursion orchestrée et équipée par l’OTAN dans l’oblast de Koursk, qui revêt une importance symbolique. En termes de «récit
gagnant», l’attrait pour l’Occident est évident : l’Ukraine «apporte la guerre en Russie».
Si les forces ukrainiennes avaient réussi à s’emparer de la centrale nucléaire de Koursk, elles auraient alors disposé d’une importante monnaie
d’échange et auraient sans doute détourné les forces russes de la «ligne» ukrainienne qui ne cesse de s’effondrer dans le Donbass.
Et pour couronner le tout (en termes d’infoguerre), les médias occidentaux étaient préparés et alignés pour montrer le président Poutine comme «gelé»
par l’incursion surprise, et «vacillant» d’anxiété à l’idée que le public russe se retourne contre lui dans sa colère face à l’humiliation.
Bill Burns, directeur de la CIA, a estimé que «la Russie
n’offrirait aucune concession sur l’Ukraine, jusqu’à ce que l’excès de confiance de Poutine soit remis en question et que l’Ukraine puisse montrer sa force». D’autres
responsables américains ont ajouté que l’incursion de Koursk ne suffirait pas à amener la Russie à la table des négociations ; il serait nécessaire de poursuivre l’opération de Koursk
par d’autres opérations audacieuses (pour ébranler le sang
froid de Moscou).
Bien entendu, l’objectif global était de montrer la Russie comme fragile et vulnérable, conformément à l’idée selon laquelle, à tout moment, la Russie
pourrait se fissurer et s’éparpiller au gré du vent, en fragments. L’Occident en sortirait vainqueur, bien entendu.
En fait, l’incursion à Koursk était un énorme pari de l’OTAN : Il s’agissait d’hypothéquer les réserves militaires et les blindés de l’Ukraine, comme
des jetons sur la table de roulette, en pariant qu’un succès éphémère à Koursk bouleverserait l’équilibre stratégique. Le pari a été perdu et les jetons confisqués.
En clair, l’affaire de Koursk illustre le problème que posent à l’Occident les «récits gagnants» : Leur défaut inhérent est qu’ils sont fondés sur
l’émotivité et qu’ils évitent l’argumentation. Inévitablement, ils sont simplistes. Ils sont simplement destinés à alimenter un alignement commun de «l’ensemble de la société». En
d’autres termes, les médias, les entreprises, les agences fédérales, les ONG et le secteur de la sécurité devraient tous s’opposer à tous les «extrémismes» qui menacent «notre
démocratie».
Cet objectif, en soi, exige que le discours soit peu exigeant et relativement peu controversé : «Notre démocratie, nos valeurs et notre consensus». La
convention nationale du parti démocrate, par exemple, fait de la «joie» (répétée à l’infini), du «mouvement vers l’avant» et de l’«opposition à la bizarrerie» ses principales
déclarations. Ils sont banals, mais l’énergie et l’élan de ces mèmes ne viennent pas tant de leur contenu que du cadre hollywoodien délibéré qui leur confère un caractère éblouissant
et glamour.
Il n’est pas difficile de comprendre comment ce zeitgeist unidimensionnel a pu contribuer à ce que les États-Unis et leurs alliés se trompent sur
l’impact de l’«aventure audacieuse» de Koursk d’aujourd’hui sur les Russes ordinaires.
«Koursk» a une histoire. En 1943, l’Allemagne a envahi la Russie à Koursk pour détourner l’attention de ses propres pertes, l’Allemagne ayant finalement
été vaincue lors de la bataille de Koursk. Le retour du matériel militaire allemand dans les environs de Koursk a dû en laisser plus d’un bouche bée ; le champ de bataille actuel
autour de la ville de Soudja est précisément l’endroit où, en 1943, les 38e et 40e armées soviétiques se sont lovées pour une contre-offensive contre la 4e armée allemande.
Au cours des siècles, la Russie a été diversement attaquée sur son flanc vulnérable depuis l’ouest. Et plus récemment par Napoléon et Hitler. Il n’est
donc pas surprenant que les Russes soient très sensibles à cette histoire sanglante. Bill Burns et consorts ont-ils bien réfléchi à la question ? Ont-ils imaginé que l’invasion de la
Russie par l’OTAN donnerait à Poutine l’impression d’être «défié» et qu’avec une nouvelle poussée, il plierait et accepterait une issue «gelée» en Ukraine – avec l’entrée de cette
dernière dans l’OTAN ? Peut-être.
En fin de compte, le message envoyé par les services occidentaux est que l’Occident (l’OTAN) vient pour la Russie. C’est le sens du choix délibéré de
Koursk. En lisant les runes du message de Bill Burns, on comprend qu’il faut se préparer à la guerre avec l’OTAN.
Pour être clair, ce genre de «récit gagnant» autour de Koursk n’est ni une tromperie ni une feinte. Les accords de Minsk étaient des
exemples de tromperie, mais il s’agissait de tromperies fondées sur une stratégie rationnelle (c’est-à-dire qu’elles étaient historiquement normales). Les tromperies de Minsk
visaient à faire gagner du temps à l’Occident pour poursuivre la militarisation de l’Ukraine – avant d’attaquer le Donbass. La tromperie a fonctionné, mais seulement au prix d’une
rupture de confiance entre la Russie et l’Occident. Cependant, les tromperies de Minsk ont également accéléré la fin d’une ère de 200 ans d’occidentalisation de la Russie.
L’affaire Koursk, quant à elle, est d’une autre nature. Elle repose sur les notions d’exceptionnalisme occidental. L’Occident se perçoit comme se
plaçant du «bon côté de l’Histoire». Les «récits gagnants» affirment essentiellement – sous une forme séculaire – le caractère inévitable de la mission eschatologique occidentale de
rédemption et de convergence mondiales. Dans ce nouveau contexte narratif, les faits sur le terrain deviennent de simples irritants et non des réalités dont il faut tenir
compte.
C’est leur talon d’Achille.
La convention du DNC à Chicago a toutefois mis en évidence une autre préoccupation :
Tout comme l’Occident hégémonique est né de l’ère de la guerre froide, façonné et revigoré par l’opposition dialectique au communisme (dans la
mythologie occidentale), nous voyons aujourd’hui un «extrémisme» totalisant (prétendu) (qu’il soit du type MAGA ou de la variété externe : Iran, Russie, etc.) – posé à Chicago dans
une opposition dialectique hégélienne similaire à l’ancien capitalisme contre le communisme ; mais dans le cas d’aujourd’hui, il s’agit de l’«extrémisme» en conflit avec «Notre
Démocratie».
La thèse narrative du DNC de Chicago est elle-même une tautologie de différenciation identitaire se présentant comme un «ensemble» sous la bannière de
la diversité et en conflit avec la «blancheur» et l’«extrémisme». L’«extrémisme» est effectivement présenté comme le successeur de l’ancienne antithèse
de la guerre froide,lecommunisme.
L’arrière-boutique de Chicago s’imagine peut-être qu’une confrontation avec l’extrémisme – au sens large – entraînera à nouveau un rajeunissement de
l’Amérique, comme ce fut le cas dans l’après-guerre froide. Ce qui signifie qu’un conflit avec l’Iran, la Russie et la Chine (d’une manière différente) pourrait être mis à l’ordre du
jour. Les signes avant-coureurs sont là (en plus du besoin de l’Occident de remettre à plat son économie, ce que la guerre permet régulièrement).
Le stratagème de Koursk a sans doute semblé intelligent et audacieux à Londres et à Washington. Mais pour quel résultat ? Il n’a atteint ni l’objectif
de prendre la centrale nucléaire de Koursk, ni celui d’éloigner les troupes russes de la ligne de contact. La présence ukrainienne dans l’oblast de Koursk sera éliminée.
En revanche, elle
a mis fin à toute perspective de règlement négocié en Ukraine. La méfiance de la Russie à l’égard des États-Unis est désormais absolue. Cela a renforcé la détermination de
Moscou à poursuivre l’opération spéciale jusqu’à son terme. Les équipements allemands visibles à Koursk ont réveillé de vieux fantômes et renforcé la conscience des intentions
hostiles de l’Occident à l’égard de la Russie. La riposte tacite est : «Plus jamais ça».
Déclaration du chargé d'affaires de la Fédération de Russie, Dmitry Polyanskiy, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation à Gaza, le 13 août
2024.
Nous remercions Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée des affaires politiques et de la consolidation de la paix, et
Lisa Doughten, Directrice de la division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), pour leurs exposés et évaluations détaillés
de la situation dans le territoire palestinien occupé.
Nous sommes reconnaissants à la délégation algérienne d'avoir pris l'initiative d'organiser la réunion d'aujourd'hui sur les derniers développements à
Gaza. La dernière fois que nous avons discuté de la situation à Gaza, c'était il y a deux semaines, et il est clair que nous devrions le faire plus souvent. Après tout, la thèse selon
laquelle la situation à Gaza et dans l'ensemble de la région continue de se détériorer rapidement est malheureusement devenue routinière et ne reflète pas l'horreur et la souffrance
auxquelles les civils de Gaza, y compris les personnes âgées, les femmes et les enfants, doivent faire face chaque jour. Nous ne pouvons attendre aucune compassion pour les
Palestiniens de la part de nos collègues occidentaux, en particulier de nos collègues américains, qui sont de mèche avec Israël. C'est pourquoi il est important de porter
régulièrement la vérité sur ce qui se passe dans la bande de Gaza à la connaissance de la communauté internationale par l'intermédiaire du Conseil de sécurité des Nations
unies.
Nous sommes profondément choqués par la frappe israélienne sur l'école Al-Tabin à Gaza. Plus de
2 000 réfugiés y étaient hébergés. Plus de 100 personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées. De nombreuses victimes étaient des femmes et des enfants. Nous exprimons nos
sincères condoléances aux familles des personnes décédées et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés. Nous rappelons notre position constante sur la nécessité de respecter
strictement les normes du droit humanitaire international. Nous demandons à Jérusalem-Ouest [capitale
d'Israël aux yeux de la Russie — NdT] de
s'abstenir de toute attaque contre des biens civils. Rien ne peut justifier de telles actions.
Malheureusement, ce qui s'est passé à Tabiin ne peut être considéré comme un épisode isolé ou une gaffe ignoble. Comme cela a été mentionné aujourd'hui,
au cours des dix derniers jours seulement, 13 centres de Gaza abritant des personnes déplacées ont été bombardés. Selon les données du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme, depuis
le 4 juillet, les Israéliens ont frappé 21 écoles où se trouvaient des personnes déplacées, tuant au moins 274 personnes. Une conclusion s'impose d'elle-même. Ce qui se passe là-bas
n'est rien de moins qu'un choix délibéré des dirigeants israéliens. Condamner les actions de Jérusalem-Ouest et appeler à la retenue ne fonctionnera pas. Le problème est bien plus
profond.
Le problème est que, malheureusement, en raison de la complaisance de nos collègues américains à l'égard d'Israël, le Conseil de sécurité n'a toujours
pas été en mesure d'élaborer une réponse adéquate à l'escalade de la crise au Moyen-Orient. En fait, le Conseil de sécurité des Nations unies se transforme de plus en plus en un
spectateur passif et impuissant, capable uniquement de constater la dégradation de la situation et d'exprimer rituellement son inquiétude à ce sujet.
En outre, 14 membres du Conseil de sécurité ont été pris en otage par les États-Unis, qui bloquent toute action visant à instaurer un cessez-le-feu
immédiat.
Le 10 juin, il y a plus de deux mois, le Conseil a adopté son dernier « produit » sur Gaza. Ses promoteurs américains ont alors pressé les membres du
Conseil de sécurité de lui donner le feu vert le plus rapidement possible, affirmant que le sort de l' « accord » de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël était prétendument en jeu.
La Russie, je le rappelle, s'est abstenue, car nous avions les plus grands doutes quant à la faisabilité de cette résolution. Comme le temps l'a montré, tous nos doutes ont été
confirmés.
Nos collègues occidentaux préfèrent ne pas le mentionner, mais la résolution 2735 contenait trois phases avec des plans extrêmement ambitieux - d'un
cessez-le-feu complet au début d'une reconstruction à grande échelle de la bande de Gaza. Aucune de ces phases ne s'est concrétisée. À l'heure actuelle, elles semblent absolument
surréalistes. Et, malheureusement, le Conseil de sécurité des Nations unies a adhéré à ce surréalisme. Mais le pire, c'est qu'il a souscrit à un mensonge flagrant : Le premier
paragraphe du dispositif indiquait qu'Israël acceptait les conditions proposées dans l'"accord". Les représentants d'Israël ont déclaré à plusieurs reprises et explicitement, y
compris dans cette enceinte, qu'ils n'acceptaient rien. En outre, l'ensemble de la rhétorique des responsables israéliens montre qu'Israël n'a aucunement l'intention d'arrêter son
opération militaire, quelle que soit la position du Conseil de sécurité de l'ONU. En particulier, le ministre israélien des finances, M. Smotrich, a qualifié l'accord de "capitulation
devant Yahya Sinwar", et le ministre israélien de la sécurité nationale, M. Ben-Gvir, a explicitement déclaré qu'"il n'y aura pas de fin à la guerre".
Quel a été le résultat de leur diplomatie "assertive" sur le terrain, pour reprendre les termes de nos collègues américains, visant à amener les parties
à des accords sur lesquels le Conseil de sécurité de l'ONU était prié de ne pas interférer ? Même l'expression "la montagne a accouché d'une souris" serait un euphémisme. Nous n'avons
pas connaissance d'un quelconque progrès. Le seul "anti-résultat" après l'adoption de la résolution 2735 a été l'assassinat flagrant et provocateur du principal négociateur du Hamas,
Ismail Haniyeh - l'ancien premier ministre palestinien - lors de sa visite à Téhéran. Aujourd'hui, le monde entier attend avec impatience une nouvelle escalade dans la région, tandis
que les États-Unis, qui ont jusqu'à présent refusé de réprimander ne serait-ce que légèrement Israël, exhortent hypocritement tout le monde à faire pression sur le Hamas pour qu'il
participe aux pourparlers du 15 août. Comme si tout ne dépendait que du Hamas.
Monsieur le Président,
Même un observateur de passage comprend clairement que les tentatives visant à remplacer une véritable solution au conflit israélo-palestinien par
diverses sortes d'"accords du siècle" coparrainés uniquement par les États-Unis se sont révélées non seulement infructueuses, mais aussi contre-productives. L'ensemble de la région du
Moyen-Orient est en feu et sur le point de sombrer dans une guerre à grande échelle. La priorité, bien sûr, devrait être l'arrêt immédiat de l'effusion de sang dans la bande de
Gaza.
Dès le début de l'escalade dans la zone de conflit israélo-palestinienne, la Russie a appelé le Conseil à prendre les mesures les plus décisives pour
garantir un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Je rappelle que nous avons proposé le premier projet de résolution contenant une telle demande dès le 16 octobre de l'année
dernière. Combien de vies auraient pu être sauvées si le Conseil n'avait pas été aussi lâche à l'époque ? Ce n'est pas une question rhétorique. Il existe un chiffre précis : 40 000
personnes ont été tuées, dont plus de 200 membres du personnel de l'UNRWA, et plus de 90 000 ont été blessées. Comme nous l'avons déjà dit aujourd'hui, plus de deux mille cinq cents
personnes sont mortes depuis l'adoption de la résolution 2735. Tel est le prix à payer pour l'inaction de la diplomatie multilatérale et les intérêts à court terme de certains membres
du Conseil de sécurité. Depuis six mois, ils utilisent leur "veto de Damoclès" pour entraver la moindre initiative du Conseil de sécurité en faveur d'un cessez-le-feu. Or, sans
cessation des hostilités, il ne serait pas possible de mettre fin aux souffrances des civils palestiniens innocents, d'assurer la libération des otages et des détenus et de garantir
un accès humanitaire total et sans entrave à l'enclave.
Nous demandons au Conseil de ne pas se laisser influencer par Washington, qui ne se préoccupe que de protéger les intérêts d'Israël et les profits qu'il
tire de la fourniture d'armes aux points chauds. Nous devrions réfléchir ensemble aux mesures que le Conseil pourrait prendre pour désamorcer l'escalade à Gaza et dans l'ensemble de
la région. Si cela nécessite une visite du Conseil de sécurité "sur le terrain", elle doit avoir lieu. Sinon, nous nous trouvons dans une situation très étrange où nous attendons tous
des départements spécialisés du Secrétariat qu'ils soient activement présents dans la zone de conflit et qu'ils remplissent leur mandat dans des conditions qui mettent leur vie en
danger, alors que nous-mêmes, assis à New York, nous nous contentons d'informations provenant de leurs rapports et de sources ouvertes. Ou bien nous recevrions des invitations à nous
rendre à Genève plutôt que dans les régions où l'on a vraiment besoin de nous. Le Moyen-Orient devrait être une priorité pour les visites du Conseil, qui ne devraient pas se
transformer en tourisme politique dans des endroits confortables.
Nous devons également nous pencher sur la question du reformatage de la présence des missions spécialisées sur le terrain, en particulier de l'Organisme
des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST). Nous devons réfléchir aux possibilités de renforcer son mandat, si nécessaire sans le lier au consentement des deux
parties, car il est évident que ce consentement ne sera jamais obtenu. Le général Patrick Gosha a déjà informé le Conseil à deux reprises, soulignant certaines questions spécifiques
et pratiques qui doivent être abordées afin de donner un nouveau souffle au mandat de sa mission, ce qui est essentiel dans l'escalade actuelle. Nous demandons instamment à nos
collègues du Conseil de sécurité de ne pas rester les bras croisés, mais de s'engager activement dans cette discussion.
Le Conseil ne peut et ne doit pas fermer les yeux sur ce qui se passe au Moyen-Orient et négliger son mandat direct de maintien de la paix et de
la sécurité internationales au profit d'une délégation. Il ne doit pas non plus oublier ses propres décisions sur la nécessité d'établir un État palestinien souverain et indépendant
dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité.
Et aucun autre projet ou concept ne devrait remplacer ces piliers d'un règlement au Moyen-Orient. Nous sommes prêts à coopérer avec tous ceux qui
partagent ces approches.
Je vous remercie de votre attention.
Le déclencheur de la Troisième Guerre mondiale vient d’arriver – Quelles sont les implications pour les Américains ?
Si l’année 2024 a
prouvé quelque chose jusqu’à présent, c’est que nos inquiétudes concernant le déclenchement potentiel de la Troisième Guerre mondiale sont tout à fait raisonnables. Les sceptiques qui parlent
de « théorie du complot » et
de « pessimisme » se sont une fois de
plus trompés. L’atmosphère géopolitique tourne rapidement au vinaigre.
Je ne pense toujours pas que beaucoup de gens réalisent à quel point la situation est réellement volatile à l’échelle mondiale en ce moment. De mon point de
vue, la troisième guerre mondiale a déjà commencé, du moins en termes économiques.
N’oublions pas que l’Ukraine est essentiellement un mandataire de l’ensemble de l’OTAN contre la Russie. Et la situation au Moyen-Orient est sur le point
d’empirer. En raison des alliances impliquées et de la nature fragile des exportations mondiales d’énergie, il existe un risque d’effondrement systémique si une guerre plus large éclatait
entre Israël et plusieurs nations arabes. Il semble qu’une telle guerre soit imminente.
Mais pourquoi les Américains devraient-ils s’en préoccuper ? C’est très simple : la guerre entraîne des pénuries, et les pénuries en pleine crise
stagflationniste sont une très mauvaise chose.
Les sanctions contre la Russie touchent environ 10 % du marché mondial du pétrole et environ 12 % de la consommation mondiale de gaz naturel. Mais jusqu’à
présent, tout ce pétrole et ce gaz naturel continuent de circuler dans le monde, seules les routes commerciales ont changé. Le Moyen-Orient, quant à lui, représente plus de 35 % du marché
mondial du pétrole et 18 % du marché du gaz naturel. Un chaos généralisé dans cette région entraînerait une crise économique d’une ampleur sans précédent depuis un siècle.
Vous pensez que la stagflation nous pose problème aujourd’hui ? Il suffit d’attendre que les prix de l’énergie atteignent la lune.
Environ 30 % de toutes les exportations de pétrole transitent par le détroit d’Ormuz, un passage étroit qu’un pays comme l’Iran peut facilement bloquer pendant
des mois. En coulant quelques grands navires dans le détroit, on bloquerait tout le trafic des cargos et des pétroliers. Il serait difficile d’essayer de réparer les dégâts, car l’artillerie,
qu’il est presque impossible d’intercepter, peut pleuvoir depuis l’Iran sur tous les navires qui essaieraient de dégager les bateaux coulés.
L’Iran a conclu des pactes de défense mutuelle avec plusieurs gouvernements de la région, dont le Liban et la Syrie, et entretient des liens militaires avec la
Russie. Il est peu probable que le gouvernement turc permette aux troupes occidentales d’utiliser son espace aérien pour lancer des attaques. La présence militaire américaine en Afghanistan a
disparu et le gouvernement irakien n’autorisera jamais des troupes étrangères à utiliser son territoire pour venir en aide à Israël.
Cela limite considérablement les points de départ de l’Occident pour une offensive suffisamment importante pour écraser l’Iran. La grande majorité des attaques
seraient aériennes et si les Russes commencent à fournir à l’Iran des radars et des missiles de pointe, il n’y a aucune garantie qu’Israël ou les États-Unis obtiennent le contrôle total de
l’espace aérien. En d’autres termes, si une guerre plus large éclate, elle ne se terminera pas avant des ANNÉES et se déroulera sur le terrain.
Bien entendu, la plupart des experts de l’establishment affirment que la situation ne s’aggravera jamais à ce point et que la menace d’une confrontation directe entre Israël et l’Iran est minime. J’ai prédit le contraire pour un certain nombre de
raisons, tout comme j’ai prédit qu’il y avait une forte probabilité de guerre en Ukraine des mois avant qu’elle ne se produise.
En octobre 2023, dans mon article La vague de répercussions de la “dernière
guerre” au Moyen-Orient, je prévenais qu’une guerre sur plusieurs fronts était sur le point de se développer entre Israël et diverses nations musulmanes, dont le Liban et l’Iran.
J’ai noté ce qui suit :
Israël va réduire Gaza en poussière, cela ne fait aucun doute. Une invasion terrestre rencontrera beaucoup plus de résistance que les Israéliens ne semblent
s’y attendre, mais Israël contrôle les airs et Gaza est une cible fixe avec un territoire limité. Le problème pour eux n’est pas les Palestiniens, mais les multiples fronts de guerre qui
s’ouvriront s’ils font ce que je pense qu’ils sont sur le point de faire (tentative d’assainissement). Le Liban, l’Iran et la Syrie s’engageront immédiatement et Israël ne sera pas en
mesure de les combattre tous…
Mon objectif dans cet article était de souligner les dangers de l’implication des États-Unis dans une guerre plus vaste qui nécessiterait la conscription et
l’escalade avec la Russie. Bien que les « experts
» insistent sur le fait que les probabilités sont exagérées, il semble que la prochaine étape de l’escalade soit sur le point de commencer.
L’Iran, le Liban et Israël échangent des tirs limités depuis des mois. Il n’y a là rien de nouveau. Ce qui est nouveau, c’est le changement de ton après un tir
de roquette du Hezbollah sur un match de football pour enfants dans le village druze isolé de Majdal Shams, qui a fait 12 morts.
De l’autre côté, l’assassinat éhonté par Israël du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, sur le sol iranien cette semaine, est un catalyseur évident de la
guerre. Haniyeh était engagé dans une mission diplomatique visant à entamer des négociations de paix à Gaza. Son assassinat envoie un message clair : Israël n’a pas l’intention d’entamer des pourparlers
avec le Hamas.
Des responsables des FDI ont également annoncé qu’ils avaient tué Fuad Shukr, haut commandant militaire du Hezbollah, lors d’une frappe de missile de précision
mardi à Beyrouth. Il n’y a plus d’échappatoire possible.
Le chef religieux suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a ordonné des représailles contre Israël et a donné l’ordre à l’Iran de frapper directement les
Israéliens. L’Iran utilisera probablement des barrages de missiles étendus, mais déploiera également des troupes en Syrie et au Liban. Les Houthis au Yémen intensifieront ensuite leurs
attaques contre les navires traversant la mer Rouge. Il est difficile de dire dans quelle mesure la Russie s’impliquera dans un premier temps, mais je ne doute pas que des missiles russes
plus avancés et d’autres armes feront leur apparition sur le champ de bataille.
La perspective d’une guerre mondiale est immense. Israël ne pourra pas se battre en même temps à Gaza, au Liban, en Syrie et en Iran. Les exportations d’énergie
dans la région connaîtront certainement un ralentissement, voire une rupture totale. À ce moment-là, la guerre ne concernera pas seulement Israël, mais aussi une crise énergétique mondiale.
Je ne vois aucun scénario dans lequel le gouvernement américain ne s’implique pas.
Le risque élevé de terrorisme que cela implique ne doit pas être négligé. Depuis quelques années, sous la présidence de M. Biden, nos frontières ne sont pas
défendues et le nombre de passages illégaux est record. Il est impossible de savoir combien d’agents étrangers se trouvent dans le pays et je pense que cela a été voulu. Je pense que
l’establishment a maintenu des politiques d’ouverture des frontières parce qu’il voulait que ces personnes soient ici. Plus ces agents sèmeront la terreur, plus l’opinion publique sera tentée
d’accroître les pouvoirs du gouvernement pour faire face aux attaques.
En outre, la gauche politique occidentale s’est attachée au conflit palestinien comme si c’était son affaire. En réalité, les gauchistes considèrent la guerre à
Gaza comme un moyen supplémentaire d’exprimer leur indignation. Ils utilisent les minorités, les homosexuels et maintenant les musulmans. C’est la stratégie marxiste classique qui consiste à
détourner les causes sociales d’autres groupes et à coopter leur élan.
Gaza n’est qu’un prétexte de plus pour les stupides progressistes de se révolter et de commencer à brûler une plus grande partie de l’Occident (leur véritable
objectif). Quiconque s’oppose à eux sera automatiquement accusé d’être un « sympathisant sioniste », même si Israël n’est pas leur
préoccupation. Il y aura donc certainement des attaques terroristes musulmanes, mais aussi des conflits civils déclenchés par des gauchistes exploitant la situation à leur avantage.
La concomitance de ces événements avec les élections n’est certainement pas une coïncidence. Quel que soit l’élu, il sera essentiellement « coincé » dans la guerre, héritant d’un désastre dès
le premier jour. Une fois que les forces américaines sont engagées dans un effort allié, il n’y a aucune chance qu’un président (y compris Trump) les retire. Si les choses vont suffisamment
mal, il n’y aura peut-être même pas d’élection en novembre.
Pour ceux qui pensent que nous pouvons « gagner » sur plusieurs fronts, la vérité pourrait
vous choquer. Eric Edelman, vice-président de la Commission de la stratégie de défense nationale des États-Unis, a lancé un avertissement au sujet du conflit imminent, en déclarant :
Il existe un potentiel de guerre à court terme et un potentiel de perte d’un tel conflit… Nous avons besoin que nos alliés produisent davantage. Notre base
industrielle de défense est en très mauvais état. La base industrielle de défense européenne est encore plus mal en point. Nous avons besoin de notre base industrielle, de leur base et de
la base industrielle de nos alliés du Pacifique. L’Australie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan – tous ces pays doivent s’intensifier, car nous ne pouvons pas rivaliser avec la Russie, la
Chine, l’Iran et la Corée du Nord, et nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes.
Cela fait déjà un certain temps que j’écris sur les lacunes logistiques de l’Occident dans un scénario de troisième guerre mondiale. En tête de liste se trouve
la main-d’œuvre, comme nous l’avons vu en Ukraine. C’est la raison pour laquelle nous avons entendu des responsables militaires et politiques faire allusion à un nouveau projet au cours des
deux dernières années. Ils savent ce qui se prépare.
Il est inacceptable d’enrôler des soldats pour défendre des causes globalistes. Je ne vais pas entrer dans le débat sur la question de savoir s’il est bon ou
mauvais que les pays occidentaux soutiennent Israël. Franchement, cet argument ne m’intéresse pas. Je n’ai rien investi dans l’une ou l’autre partie du conflit. Ce qui m’intéresse, ce sont
les Américains. Et je sais que faire de l’armée américaine la solution au problème du Moyen-Orient se soldera par un grand nombre de morts américains. Je sais également que l’expansion de la
crise rendrait certains intérêts particuliers (globalistes) très heureux. Comme je l’ai noté l’année dernière :
L’establishment semble particulièrement obsédé par l’idée de convaincre les conservateurs et les patriotes américains de participer au chaos ; un certain
nombre de néo-conservateurs et même quelques personnalités médiatiques supposées favorables à la liberté appellent les Américains à répondre à l’appel du sang en Israël. Certains ont
décrit la conflagration à venir comme « la guerre qui mettra fin à toutes les guerres “.
Je pense que la véritable guerre n’a pas encore commencé, et qu’il s’agit de la guerre pour effacer les globalistes de l’existence. Ils veulent que nous
nous battions à l’étranger dans des bourbiers sans fin dans l’espoir que nous nous éteindrons. Et quand ce sera le cas, il n’y aura plus personne pour s’opposer à eux…
Le piège vient d’être tendu. Nous devrons attendre et observer l’ampleur de la réponse du Liban et de l’Iran, mais je crois que le pire scénario est à portée de
main. De multiples poudrières sont en cours dans le monde en ce moment, mais la situation au Moyen-Orient semble être de loin la plus désastreuse en termes d’impact sur les États-Unis.
Fin juillet, Observateur Continental a rapporté que les États-Unis souhaitaient créer une voie de transport permettant aux pays d’Asie centrale d’accéder aux marchés mondiaux via
l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en contournant la Russie et la Chine.
Cependant, aucun rapport n’a été publié sur le contexte dans lequel ces intentions ont été exposées par le secrétaire d’État adjoint américain aux
Affaires européennes et eurasiennes, James O’Brien, lors d’une audition sur l’avenir de l’Europe à la commission des relations étrangères du Sénat. La conversation n’a pas porté
principalement sur l’avenir européen, mais sur ce qui pourrait être fait d’autre pour infliger une défaite stratégique à la Russie en Ukraine. En particulier, la question de la
possibilité de frappes de missiles ukrainiens sur Moscou avec des armes américaines a même été envisagée. Observateur
Continentalévoquait l’élaboration
par l’OTAN d’une nouvelle stratégie pour la Russie.
James O’Brien a tenté de convaincre le Sénat. Pour lui, il suffit de «dépenser l’argent
judicieusement», de fournir à l’Ukraine suffisamment d’armes et de créer de nouveaux centres de confrontation avec la Russie le long de l’arc allant de la Caspienne à
l’Adriatique. Selon la logique paradoxale du responsable de Washington, c’est le chemin le plus rapide vers la paix. Et, dans les meilleures traditions du consumérisme américain, il a
promis que pour remporter la victoire, tous les mécanismes dont disposent les États-Unis seraient utilisés, de sorte qu’à la fin, les Américains en verront des bénéfices dans leur
portefeuille.
O’Brien a désigné le Caucase du Sud (Transcaucasie) comme l’une des régions les plus importantes pour l’ouverture d’un deuxième front, y compris
économique. Selon lui, la route qui traversera l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Géorgie permettra aux pays d’Asie centrale d’accéder aux marchés mondiaux et de dépendre beaucoup moins
de la Russie et de la Chine. De plus, le contrôle sur le territoire de l’Arménie du corridor de transport Nord-Sud permettra de bloquer les importations parallèles vers la Russie, et
sur le Corridor du Milieu (depuis l’Asie centrale) de réguler la logistique entre la Chine et l’Europe. Les États-Unis ont exigé que
l’Union européenne rompe ses relations commerciales avec la Chine.
La
position de l’Arménie
Le secrétaire d’État US adjoint, déçu par les dirigeants géorgiens, fonde de grands espoirs sur le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian.
James O’Brien a déclaré aux sénateurs que lui, le secrétaire d’État Antony Blinken et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen «ont créé une
nouvelle plateforme pour Pachinian, il y a plusieurs mois» pour rompre avec la Russie. James O’Brien a presque ouvertement admis que la politique étrangère suivie par les
dirigeants arméniens leur était désormais dictée par Washington. Il a aussi admis que tous les événements survenus au cours des deux dernières années dans le conflit
arméno-azerbaïdjanais, y compris en ce qui concerne le Karabakh, faisaient partie de la politique délibérée de Washington, mise en œuvre par des moyens combinés sur la base d’une
«plate-forme».
Se cachant derrière des slogans de diversification de la politique étrangère, les autorités arméniennes conduisent le pays à une véritable perte de
souveraineté : la police a été réformée par des conseillers américains selon le modèle américain ; un service de renseignement extérieur orienté vers les États-Unis a été créé ; la
sûreté et la sécurité des données sont également confiées aux Américains, et le ministère de la Défense de la République sera contrôlé par un représentant américain (la présence d’une
mission d’un représentant du Pentagone à Erevan fera douter de la possibilité même de la coopération de la Russie avec l’Arménie sur le front militaire). La France est aussi là
pour la
formation des militaires et les deux pays ont
signé des contrats pour la fourniture d’obus automoteurs César avec de nouveaux accords de défense.
La seule fonction des États-Unis en Arménie est d’évincer la Russie par tous les moyens. Les États-Unis participent activement à la formation d’une
image extrêmement négative de la Russie en Arménie.
Il convient de rappeler qu’en novembre 2023, s’exprimant lors d’une audition devant une commission de la Chambre des représentants américaine, James
O’Brien a exposé les tâches de la «plate-forme» des États-Unis dans le Caucase du Sud pour construire un couloir de transport à travers le territoire de l’Arménie et en y assurant le
contrôle. Erevan met en œuvre le scénario de Washington à un rythme plus rapide.
Azerbaïdjan
Après le discours déjà mentionné de James O’Brien en novembre 2023, dans lequel il proposait des plans visant à forcer l’Azerbaïdjan à signer un traité
de paix aux conditions américaines, Bakou a donné une réponse inattendue, vive et rapide. Il a accusé Washington d’appliquer deux poids, deux mesures et de saper les efforts des pays
de la région dans le domaine de la sécurité des transports, et a annulé toutes les visites de haut niveau des États-Unis en Azerbaïdjan. Bakou a également souligné que la politique
étrangère américaine a subi un effondrement complet ces dernières années, notamment au Moyen-Orient et en Afghanistan. Dans ces conditions, la république privilégie le format de
négociation «3+2» avec la participation de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie, de la Turquie, de la Russie et de l’Iran.
De plus, d’autres mesures de représailles ont suivi depuis Bakou : les activités de l’USAID en Azerbaïdjan ont été
interdites et une campagne a été lancée pour dénoncer les «agents occidentaux».
La perspective d’une détérioration permanente des relations avec l’Azerbaïdjan est devenue trop évidente pour Washington. Si Washington continuait
d’exercer de fortes pressions sur Bakou, les États-Unis risquaient de provoquer (et non sans raison) un certain virage de la république post-soviétique vers ses partenaires régionaux
et de perdre son influence dans le processus de négociation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Par conséquent, les États-Unis, essayant de prendre pied dans le Caucase du Sud et tenant
compte du changement de cap politique de la Géorgie, ont abandonné les sanctions annoncées contre Bakou et ont concentré leurs efforts sur l’Arménie, dont les dirigeants, quelles que
soient les pertes, cherchent à gagner des points sur la piste occidentale.
L’Azerbaïdjan n’est pas encore d’accord avec le projet américain du tronçon arménien de la Route du Milieu, car, selon les dirigeants azerbaïdjanais, sa
logistique est planifiée de telle manière qu’elle rend l’Azerbaïdjan dépendant de l’Arménie.
Erdogan, dans son discours à la nation a soutenu l’Azerbaïdjan et a appelé les autorités arméniennes et son peuple à rechercher la sécurité dans la paix
et la coopération avec leurs voisins, et non à «des milliers de kilomètres» de la région. Selon lui, les livraisons d’armes en provenance des pays occidentaux ne seront pas en mesure
d’assurer une paix et une sécurité stables. L’Occident ne veut pas entrer en confrontation avec la Türkiye pour garder ce point géographique dans l’OTAN.
Les États-Unis refusent la volonté de la Türkiye de rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Pour eux, l’échange d’informations de
renseignement entre les pays de l’OTAN et un pays qui rejoint un autre groupe est inacceptable.
L’Iran
Lors d’une réunion avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian à Téhéran, où il est arrivé pour assister à l’investiture du nouveau président
Massoud Pezeshkian, le guide suprême iranien Ali Khamenei a averti que les États étrangers ne devraient pas s’immiscer dans les relations entre voisins régionaux et que l’Iran
croit toujours que l’idée du corridor de Zanguezour ne répond pas aux intérêts de l’Arménie. L’Iran est prêt à s’y opposer fermement. L’Iran est préoccupé par l’apparition d’acteurs
extérieurs dans la région à la demande de son voisin, notamment l’invitation d’Erevan d’observateurs européens plus intéressés par la frontière iranienne que l’arméno-azerbaïdjanaise.
La Russie s’apprête à signer un accord historique de coopération stratégique (militaire, politique et économique) avec l’Iran, et c’est l’un des principaux arguments en faveur de son
intention de ne pas quitter le Transcaucasie.
Géorgie
Lors des audiences du Sénat de juillet, O’Brien a également parlé de la situation en Géorgie. Le représentant du département d’État a interprété la
réticence du gouvernement géorgien à ouvrir un deuxième front contre la Russie comme un détournement inconstitutionnel de la voie vers l’UE et l’OTAN, citant bien entendu l’adoption
de la loi sur les agents étrangers.
L’Occident n’est pas satisfait des choix faits par les hommes politiques démocratiquement élus à Tbilissi car ils ne soutenaient ni les sanctions contre
Moscou ni les compatriotes volontaires pour se battre pour l’Ukraine, mais élargissaient plutôt les liens avec la Russie en particulier, ainsi qu’avec la Chine. La Géorgie a acquis
une importance particulière pour les États-Unis et surtout pour l’Union européenne en tant que route de transit et pôle énergétique potentiel, notamment dans le contexte du projet de
pose d’un câble électrique sous-marin traversant la mer Noire.
Washington a tenté de rendre la loi géorgienne sur les agents étrangers compatible avec la législation de l’UE. En décembre 2023, la Commission
européenne a approuvé un projet de directive
européenne sur les agents étrangers, appelé Paquet législatif renforcement de la démocratie et intégrité des élections qui obligera les représentants des intérêts des
États tiers à s’inscrire dans le registre de transparence de l’UE en indiquant tous les paiements reçus d’un État étranger.
Les États-Unis, en utilisant le Caucase du Sud, veulent cacher leur impuissance en Ukraine. L’UE, comme les États-Unis, veut utiliser l’Arménie comme
arène de lutte. Ils tentent de la convaincre, à la fois par la promesse d’une adhésion et par des mesures d’aide économique. Tous ces événements conduisent à une nouvelle escalade des
tensions dans la région et retardent l’avènement de la paix et de la tranquillité dans le Caucase du Sud.
Il y aura 16 ans, en août 2008, que la Russie a lancé sa première grande opération militaire extérieure du XXIe siècle. Cette opération a eu lieu après
l’invasion de la région sécessionniste d’Ossétie du Sud par la Géorgie, État satellite des États-Unis. Au cours de cette opération, dix soldats de la paix russes ont
été tués. Cela a marqué le début de la première guerre par procuration entre l’Occident et la Russie.
La guerre entre la Russie et la Géorgie a été la plus grande démonstration de la puissance militaire russe depuis la fin de la guerre froide. Pour la
Russie, ce conflit revêt une importance particulière : Il a non seulement marqué le début de la confrontation actuelle avec l’Occident, mais il a également conduit à une modernisation
radicale de l’armée russe.
Après sa défaite pendant la guerre froide, qui a entraîné la désintégration de l’empire russe qu’était l’URSS, cette guerre a redonné confiance à la
Russie. Elle a montré clairement qu’elle répondrait sans crainte à toute attaque occidentale contre ses intérêts dans l’ex-URSS.
La guerre peut être située dans le contexte de la stratégie américaine d’encerclement de la Russie. La guerre en Géorgie s’est avérée être un avant-goût
de l’actuelle guerre russo-ukrainienne.
Contexte
Les origines de la crise en Ossétie du Sud doivent être recherchées dans la période d’implosion de l’URSS. Des conflits anciens et profondément
enracinés, qui avaient sommeillé pendant des décennies et avaient été de facto «gelés» par l’appareil d’État répressif, ont alors repris vie.
L’Ossétie du Sud était jusqu’alors une province autonome au sein de la république soviétique de Géorgie. Avec une superficie de 3900 km² et 98 000
habitants en 1989, il s’agissait d’une petite région montagneuse du Caucase du Sud. L’Ossétie du Sud a mené une existence paisible jusqu’en 1989, lorsque Zviad Gamsachoerdia,
président de la République soviétique de Géorgie, a proclamé le géorgien – qui appartient aux langues caucasiennes – langue officielle de toute la république soviétique. Il va sans
dire que cela a provoqué des troubles en Ossétie du Sud. La demande subséquente à Gamsachoerdia de reconnaître l’ossète – qui appartient aux langues iraniennes – comme langue
officielle dans sa province autonome n’a pas été acceptée.
En décembre 1990, la République soviétique de Géorgie a retiré son autonomie à la province d’Ossétie du Sud. Cette décision a ravivé les tensions
historiques entre les Géorgiens et les Ossètes et a conduit à une guerre civile, qui a éclaté le 5 janvier 1991. Le 29 mai 1992, la république d’Ossétie du Sud a déclaré son
indépendance. La guerre civile s’est terminée le 14 juillet 1992 par un cessez-le-feu et l’installation d’une force russe de maintien de la paix de 500 soldats, stationnée sur place
avec l’accord de la Géorgie et de l’Ossétie du Sud. Les 16 années suivantes se sont déroulées dans la paix.
Le président Mikhaïl Saakachvili, marionnette de l’Occident
En 2003, les États-Unis ont porté au pouvoir en Géorgie l’avocat géorgien Mikhaïl Saakachvili, formé en France et aux États-Unis, à la faveur d’une
révolution dite «de couleur»1.
Saakashvili a été marié à la Néerlandaise Sandra Roelofs de novembre 1993 à octobre 2021. En tant que troisième président de la Géorgie indépendante, Saakashvili a mis en œuvre des
réformes majeures. Il a également orienté le pays vers l’Occident et plus particulièrement vers les États-Unis.
Saakashvili a réformé l’armée géorgienne, auparavant mal organisée et sous-armée, en vue de l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN (lire : Déploiement dans
des conflits étrangers) et de la reprise par la force du contrôle des régions renégates d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Les troupes géorgiennes ont été formées par les États-Unis dans
le cadre du Georgia Train and
Equip Program (GTEP) et du Georgia
Sustainment and Stability Operations Program (GSSOP). La Géorgie a porté ses dépenses militaires à plus de 7% du PIB, ce qui est assez élevé. À titre de comparaison, aux
Pays-Bas, ces dépenses étaient de 1,47% et 1,66% du PIB en 2022 et 2023, respectivement, alors que la norme de l’OTAN est de 2% du PIB. Le budget militaire de la Géorgie est passé de
18 millions de dollars en 2002 à 780 millions de dollars en 20072.
L’armée a été équipée par Israël (y compris d’avions espions sans pilote) et les États-Unis, tandis que 1000 à 1300 instructeurs militaires israéliens et américains se trouvaient en
Géorgie. Les troupes géorgiennes ont participé à la Force d’occupation du Kosovo (KFOR) de l’OTAN dans la province serbe du Kosovo et aux guerres américaines en Irak et en
Afghanistan.
Le précédent du Kosovo
En violation du droit international, les pays occidentaux ont déclaré l’indépendance de la province serbe du Kosovo, illégalement occupée par l’OTAN
depuis 1999, le 17 février 2008. Pour prendre le contrôle de ce territoire serbe, l’OTAN avait mené une guerre d’agression tout aussi illégale contre la Serbie avec une force
particulièrement importante. En effet, l’OTAN n’avait pas reçu l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU, pourtant nécessaire en vertu du droit international, ce qui fait de
cette guerre une violation du droit international.
Le président Poutine a déclaré que l’indépendance illégale du Kosovo constituait un terrible précédent qui détruirait tout le système actuel des
relations internationales. Il a également averti que cela pourrait revenir comme un boomerang dans la figure de l’Occident en renforçant les revendications d’indépendance des régions
séparatistes d’Europe occidentale. C’est d’ailleurs pour cette raison que cinq États membres de l’UE – l’Espagne, la Slovaquie, la Roumanie, la Grèce et Chypre –
refusent toujours de reconnaître le Kosovo en tant qu’État indépendant. Poutine a également laissé entendre que la Russie pourrait imiter l’Occident en appliquant la même logique aux
revendications d’indépendance de l’Abkhazie, de l’Ossétie du Sud et de la Transnistrie, qui se sont séparées des anciennes républiques soviétiques de Géorgie et de Moldavie.
L’Occident, hautain, a rejeté les critiques russes, déclarant catégoriquement que le précédent du Kosovo ne serait qu’un «événement unique» qui ne
créerait «pas de précédent». En qualifiant également l’événement illégal du Kosovo d’«unique»,
l’hypocrisie typique de l’Occident a été une fois de plus mise en évidence : «Avec cette
exception unique, l’Union européenne continue de défendre l’inviolabilité territoriale des États en vertu du droit international»3,
ce qui constitue un nouvel exemple de la politique de deux poids deux mesures pour laquelle l’Occident est si méprisé au niveau international.
La Russie a ensuite été davantage provoquée par l’Occident : En avril 2008, le sommet de l’OTAN à Bucarest a évoqué la perspective à long terme d’une
adhésion à l’OTAN de la Géorgie et de l’Ukraine. La Russie a évidemment réagi négativement, car elle y voyait une menace.
Le 7 mai 2008, l’ancien Premier ministre Dmitri Medvedev est devenu le nouveau président de la Russie. Il a nommé son prédécesseur Vladimir Poutine au
poste de Premier ministre.
La guerre des cinq jours (8-12 août 2008)
Le 7 août 2008, en fin de soirée, la Géorgie a annoncé une opération militaire visant à ramener l’Ossétie du Sud sous son contrôle. Vers 23 h 35,
l’armée géorgienne a déjà commencé les tirs d’artillerie. En raison de l’imprécision particulièrement élevée de l’artillerie géorgienne, pratiquement aucune cible militaire n’a été
touchée. Les civils d’Ossétie du Sud ont cependant fui en masse. Quelques heures plus tard, le 8 août 2008 à 2 h 30, une offensive terrestre a été lancée contre les 500 soldats russes
chargés du maintien de la paix et les quelque 2500 soldats d’Ossétie du Sud. L’intention des Géorgiens était de s’emparer de la capitale de l’Ossétie du Sud, Tschinval, et du tunnel
de Roki.
Le tunnel de Roki est un tunnel situé à 2000 mètres d’altitude dans les montagnes du Caucase, qui fait partie de la route transcaucasienne et constitue
la seule liaison terrestre entre l’Ossétie du Sud et la Russie. En s’emparant du tunnel de Roki, la Géorgie voulait isoler et forcer les forces de maintien de la paix russes en
Ossétie du Sud à capituler, et bloquer l’approvisionnement des forces russes de maintien de la paix.
Le moment de l’offensive était très bien choisi : Toute l’attention internationale était concentrée sur les 29ème Jeux olympiques de Pékin, qui devaient
commencer le 8 août 2008 au soir, le président Medvedev était en vacances, le Premier ministre Poutine était arrivé à Pékin le 7 août 2008 pour assister à l’ouverture des Jeux
olympiques et à Pékin – qui a quatre heures d’avance sur la Géorgie en raison du décalage horaire – c’est donc au milieu de la nuit que l’offensive a commencé (lire : le Premier
ministre Poutine et tous les membres de la délégation russe étaient plongés dans un profond sommeil).
Le 8 août 2008, à 15 heures, les troupes géorgiennes s’étaient emparées d’une grande partie de Tschinval et de huit villages environnants. Cependant, le
plan militaire géorgien a échoué. Le quartier général des forces russes de maintien de la paix à Tschinval n’a pas pu être pris. Et surtout, les Géorgiens n’ont pas réussi à s’emparer
du tunnel de Roki, ce qui n’a pas empêché l’acheminement des renforts russes. De violents combats de rue ont fait rage à Tschinval, au cours desquels les troupes géorgiennes ont subi
des pertes importantes. En outre, six chars et quatre véhicules blindés géorgiens ont été détruits.
Surprise, la Russie réagit tardivement et maladroitement, mais avec une énorme puissance. Deux colonnes de chars ont été envoyées en Ossétie du Sud par
le tunnel de Roki. Vers 18 heures, les chars russes encerclent Tschinval et bombardent les positions géorgiennes. L’aviation russe bombarde les troupes et l’artillerie géorgiennes,
mais subit elle-même des pertes inattendues du fait des tirs antiaériens géorgiens. Dans la soirée, les troupes géorgiennes sont chassées de Tschinval.
Après avoir dégagé les troupes russes et sud-ossètes assiégées à Tschinval, l’armée russe a avancé de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie vers la Géorgie.
La Russie a éliminé les défenses antiaériennes géorgiennes, acquis la supériorité aérienne sur la Géorgie et coulé un navire géorgien en mer Noire. Après le 10 août 2008, l’armée
géorgienne s’est effondrée et a été désarmée par les Russes.
La contre-réaction réussie de la Russie a surpris à la fois les États-Unis et la Géorgie. L’armée géorgienne a été détruite en seulement cinq jours (du
8 au 12 août 2008). Bien que les vieux chars soviétiques de l’armée russe aient souffert de nombreuses pannes et que les troupes russes aient manqué d’armes avancées et de moyens de
communication militaires solides, le moral élevé des troupes a permis une victoire rapide.
La guerre entre la Russie et la Géorgie s’est terminée par un cessez-le-feu négocié par l’UE. Le 26 août 2008, deux jours après la fin des Jeux
olympiques de Pékin et deux jours avant le 8ème sommet annuel de l’Organisation de coopération de Shanghai4 au
Tadjikistan, la Russie a reconnu l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. La Chine a envoyé un million de dollars d’aide humanitaire à l’Ossétie du Sud, gravement
dévastée, ce pourquoi la Russie a publiquement remercié la Chine.
La guerre a révélé les nombreux problèmes de l’armée russe et a conduit à l’élaboration d’un plan d’amélioration. La victoire sur la Géorgie n’est pas
due à la puissance de combat de l’armée, mais à la qualité personnelle de ses troupes. Au cours des années suivantes, la Russie a procédé à d’importantes réformes de son armée.
Pour la première fois depuis la chute de l’URSS, la Russie riposte activement aux pressions occidentales. Les tensions n’ont fait qu’augmenter au cours
des années suivantes, mais la Russie a de plus en plus riposté. En effet, les projets d’expansion de l’OTAN vers l’Est constituent une menace directe pour la sécurité de la
Russie.
Contexte géopolitique : Un bouclier antimissile américain contre la Russie
On peut se demander pourquoi les États-Unis ont ordonné à un petit pays comme la Géorgie (3,8 millions d’habitants en 2008) d’attaquer une
superpuissance comme la Russie (143 millions d’habitants en 2008). C’est à peu près la même chose que si le Grand-Duché de Luxembourg envahissait l’Allemagne ou la France. On ne
savait que trop bien que la Russie riposterait durement et avec certitude. La seule surprise était que cela se produise si rapidement.
Cependant, cette attaque géorgienne contre la Russie est beaucoup moins absurde d’un point de vue géopolitique. En effet, depuis plusieurs années, les
États-Unis ont fait de tous les voisins de la Russie – y compris la Géorgie – des États satellites, une sorte d’encerclement de la Russie. Dans le même temps, les Américains mettaient
en place un bouclier antimissile chez les voisins occidentaux de la Russie – en l’occurrence la Pologne et la République tchèque – censé intercepter les missiles nucléaires de l’Iran,
que le président américain George Bush Jr avait qualifié d’«État voyou».
Cependant, un rapport de la CIA datant de 2003, qui n’a fait surface qu’en 2007, concluait déjà que l’Iran ne pouvait pas produire d’armes nucléaires et ne représentait absolument
aucun danger pour l’Occident. Le bouclier antimissile américain était donc manifestement dirigé contre la Russie.
Il va sans dire que la Russie était farouchement opposée à ce bouclier antimissile, ce qui a rendu l’adoption du bouclier par les États-Unis quelque peu
difficile sur le plan politique, car les craintes russes semblaient fondées. Toutefois, l’attaque géorgienne, à première vue insensée, et la contre-réaction militaire russe certaine
ont donné aux États-Unis l’occasion de critiquer vivement la Russie sur la scène internationale, mais aussi et surtout … finalement et maintenant sans aucune réfutation de la part
d’autres pays, de faire passer le bouclier antimissile et de resserrer encore davantage les liens avec les voisins de la Russie. Ainsi, dès le 14 août 2008, soit deux jours à peine
après la guerre, les Américains ont conclu un accord final avec la Pologne sur l’installation sur le territoire polonais d’une partie du bouclier antimissile américain et sur le
renforcement de la coopération militaire polono-américaine. La mainmise des États-Unis sur l’Europe a donc été considérablement renforcée par la guerre de cinq jours. Et cela
n’augurait rien de bon pour l’avenir, même à l’époque…
En outre, l’invasion de l’Ossétie du Sud par la Géorgie a montré aux États-Unis jusqu’où ils pouvaient aller dans les territoires ex-soviétiques. Les
Américains ont pu se faire une idée des capacités de défense de la Russie : Comment la Russie réagissait, si elle disposait de ressources suffisantes pour le faire, comment l’armée
russe gérerait l’invasion et de combien de temps elle aurait besoin pour le faire.
En outre, les États-Unis et l’OTAN souhaitaient que la question de l’Ossétie du Sud soit résolue afin que la Géorgie puisse adhérer à l’OTAN. En effet,
le traité de l’OTAN stipule qu’un pays qui ne contrôle pas pleinement son territoire ne peut pas adhérer à l’OTAN.
La chute de Saakashvili
Depuis le 1er octobre 2021, Mikhaïl Saakachvili purge en Géorgie une peine de six ans de prison pour agression physique aggravée et corruption. En
outre, des enquêtes sont en cours contre lui pour enrichissement illégal, cambriolage, violation de la constitution, entrée illégale dans le pays et usage illégal de la force contre
des journalistes, des hommes politiques et des manifestants pacifiques. Pour cela, Saakashvili risque encore cinq à huit ans de prison.
Fait remarquable, le bureau du procureur de Géorgie a invité trois experts internationaux hautement qualifiés à évaluer les preuves dans les affaires
pénales contre Saakashvili : Paul Coffey (ancien chef de la division de la criminalité organisée et de l’extorsion du ministère américain de la Justice), Moshe Lador (ancien procureur
d’Israël) et Geoffrey Nice (procureur général adjoint du Tribunal pénal international des Nations unies pour l’ex-Yougoslavie). Selon leur évaluation, les preuves étaient suffisantes
pour engager des poursuites pénales contre Saakashvili.5
Bien que Saakashvili soit aujourd’hui en prison, son héritage toxique se fait encore sentir. En effet, il est très difficile de réparer les crimes de
son règne sur la Géorgie.
Prélude à la guerre russo-ukrainienne
La guerre des cinq jours de 2008 n’est pas d’une ampleur comparable à la guerre russo-ukrainienne. Mais comme la Géorgie à l’époque, l’Ukraine est
également un État satellite des États-Unis. Contrairement à la guerre de cinq jours, qui ressemblait davantage à un test, l’intention réelle des États-Unis avec la guerre par
procuration en Ukraine est d’épuiser la Russie – en termes de main-d’œuvre, de finances, d’économie et d’équipement militaire – et, de préférence, de la désintégrer.
Les États-Unis n’ont pas réussi à faire de la Géorgie un État anti-russe. Tout d’abord, le peuple géorgien n’était pas favorable à un conflit avec la
Russie. Le pays était truffé d’une élite pro-occidentale dont les actions étaient contraires aux intérêts de la Géorgie. En outre, les Géorgiens et les Russes partagent plus de 200
ans d’histoire commune ainsi que la foi orthodoxe. Ces facteurs ont évidemment une influence durable. Il était donc impossible d’opposer les Géorgiens à la Russie.
En revanche, l’Occident a réussi à creuser un fossé entre la Russie et l’Ukraine après la deuxième révolution colorée ukrainienne en 20146,
en installant à Kiev un régime d’apparatchiks complaisants, qui s’est manifesté comme un adversaire enragé de la Russie en termes d’idéologie, de religion et d’interprétation de
l’histoire commune russo-ukrainienne. En outre, les États-Unis et l’OTAN ont considérablement armé et entraîné l’armée ukrainienne, transformant l’Ukraine en un bastion
anti-russe.
Cela n’a été possible qu’en raison des conditions culturelles et historiques. En effet, il existe deux cultures très différentes en Ukraine.
Primo, la Galicie orientale et la Wolhynie, à l’extrême ouest de l’Ukraine, étaient des régions orthodoxes jusqu’au XVIe siècle. Depuis lors, ces
régions sont passées à l’Église catholique tout en conservant leurs rites orthodoxes. Elles appartiennent à l’Église catholique byzantine et sont également appelées uniates – anciens
orthodoxes unis à Rome. En conséquence, ils se sont orientés vers l’Occident et ont développé une hostilité à l’égard de la Russie. En Galicie orientale et en Wolhynie, un
nationalisme extrémiste s’est développé dans l’entre-deux-guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale, collaborant avec l’Allemagne et commettant d’atroces meurtres de masse contre
la minorité ethnique polonaise. La domination occidentale sur l’Ukraine s’appuie également sur ces régions. Il n’y a rien de tel en Géorgie.
Deuxièmement, le reste de l’Ukraine – y compris le Donbass, la Crimée, la Novorossiya7 et
la Malorossiya8 –
est un territoire orthodoxe russophone, dont les habitants sont traditionnellement orientés vers la Russie. La capitale Kiev et la région environnante sont également
russophones.
Lorsque les États-Unis parlent de droits de l’homme, ils parlent en fait de droits miniers. Les Américains
alimentent la question des droits de l’homme avec l’intention réelle de mettre la main sur les ressources naturelles du pays en question. Les États-Unis ont mis le feu
à l’Ukraine parce qu’ils veulent mettre la main sur les ressources naturelles du Donbass et de la Sibérie. Le président Poutine et l’armée russe s’y opposent.
Le président russe de l’époque, Medvedev, a déclaré à l’occasion du 15ème anniversaire de la guerre des cinq jours en 2023 : «Il y a exactement
15 ans, la Russie a réagi de manière décisive à la lâche attaque contre Tschinval et a expulsé l’agresseur. Derrière l’idiot Saakashvili se cachait l’Occident collectif, qui tentait
déjà à l’époque d’enflammer la situation à proximité immédiate des frontières de la Russie. (…). Aujourd’hui, les États-Unis et leurs vassaux (…) mènent à nouveau une guerre
criminelle (…) pour tenter de faire disparaître la Russie de la surface de la terre. L’ensemble du système de l’OTAN se bat pratiquement ouvertement contre nous. Nous disposons de
suffisamment de troupes pour mener à bien toutes les tâches de l’opération militaire spéciale. Comme en août 2008, nos ennemis seront écrasés et la Russie parviendra à la paix selon
ses propres termes. La victoire est à nous !»9
Russie, Chine et Iran misent sur le chaos cognitif dans lequel est en train de s’installer le monde occidental. Nombreux sont les analystes à faire remarquer, à juste titre, que Russie, Chine et
Iran évitent, autant que possible, l’escalade avec les Etats-Unis et leurs alliés. A Moscou, à Pékin, à Téhéran, on part de l’idée que, vu le potentiel des destruction occidental, il n’y a qu’une
façon de gagner une guerre : En jouant sur le temps.
On cherche la guerre d’usure. Il s’agit de tenir et de se renforcer pendant que l’Occident s’use. L’objectif recherché est de livrer la guerre le moins possible directement. La guerre sert
d’abord à mettre les Etats-Unis et leurs alliés en un état de tension suffisant pour exacerber les contradictions internes au camp occidental. En l’occurrence, il s’agit moins de contradictions
entre alliés que de contradictions structurelles. Le désordre cognitif en est un des exemples les plus flagrants.
Si je vous parle de désordre cognitif, vous allez penser immédiatement à l’état de santé de Joe Biden. Et il est évident que la faiblesse de Joe Biden a joué dans
la décision russe de déclencher le conflit en Ukraine en février 2022. Mais si nous commençons par cet exemple, on est étonné de la pelote de fil que l’on tire….
Déni de réalité
Joe Biden va bien, n’ont cessé de nous répéter les médias et la classe politique occidentale depuis janvier 2021. Alors que les signes de son déclin cognitifs
étaient évidents dès son entrée à la Maison Blanche. Cela s’appelle un déni de réalité. Et ce premier déni de réalité conduit à d’autres:
+ “L’Ukraine va gagner la guerre!”…. Aussi vrai que Joe Biden est en bonne santé.
+ “La communauté internationale va sanctionner la Russie”….Aussi vrai que Joe Boden est en bonne santé.
+ “Ce qui se joue à Gaza est un conflit de civilisations”: Aussi vrai que Joe Biden est en bonne santé !
Depuis trois ans, nous avons vu nos dirigeants se lancer dans des paris impossibles :
- Faire gagner la guerre à l’Ukraine contre la Russie;
- Pousser Israël à mener une guerre sur tous les fronts (Gaza, Liban, Iran, Yemen)….
Nous voyons la Commission Européenne poursuivre un “Green Deal” dont il est évident qu’il relève plus du “Gosplan” soviétique de la grande époque que d’une
politique économique sensée. On pourrait multiplier les exemples.
Contradictions insolubles
Les adversaires de l’Occident peuvent observer un second phénomène : L’incapacité des dirigeants à surmonter des contradictions de plus en plus flagrantes. Le
conflit de Gaza en est le cas le plus flagrant.
Aux Etats-Unis, le parti démocrate est pris entre deux exigences contradictoire :
Soutenir Israël;
Soutenir la cause palestinienne comme le veulent une partie des électeurs.
Le cas de Keir Starmer, le nouveau Premier ministre britannique, est encore plus flagrant : Voilà un défenseur du
sionisme qui laisse tomber de jeunes Anglais anti-musulmans alors qu’il s’agit des seules recrues possibles pour l’armée britannique en cas de guerre pour défendre Israël.
En France aussi, la prise au sérieux de la position pro-Israël aurait dû naturellement conduire à un compromis entre macronistes et Rassemblement National. Eh bien
non ! Emmanuel Macron a préféré l’alliance avec une gauche pro-palestinienne pour empêcher le Rassemblement National d’arriver au gouvernement.
Des adversaires de l’Occident ne peuvent que se frotter les mains : La guerre psychologique conduira, de plus en plus, à placer les Occidentaux devant des
contradictions insurmontables.
Intervenir le moins possible
La stratégie des adversaires de l’Occident consiste donc à intervenir le moins possible. Il vaut mieux laisser l’adversaire face à ses contradictions
insurmontables. Comme toujours, Emmanuel Macron est un cas limite mais qui permet de comprendre les mécanismes à l’œuvre.
+ Le “en même temps” est une des portes d’entrée dans le déni de réalité.
+ Le jeu avec la perspective d’envoi des soldats en Ukraine reposait sur une contradiction insoluble :
D’un côté, comment sauver l’Ukraine sans lui envoyer des combattants ?
De l’autre, comment faire accepter aux Français l’envoi de soldats en Ukraine.
Les Russes n’ont rien dit officiellement ou presque – se contentant de menacer de ciblage immédiat les soldats français qui mettraient le pied en Ukraine. La
baudruche s’est rapidement dégonflée. Pire : Emmanuel Macron a tué le sujet qu’il était censé défendre.
+ Emmanuel Macron est un cas limite car il va même un cran plus loin. Alors que la majorité des habitants de la planète soutient Vladimir Poutine et la Russie dans
leur volonté de défendre la morale familiale et la loi naturelle, Emmanuel Macron fait organiser à Paris un spectacle pour l’ouverture des Jeux Olympiques qui donne à penser au reste du monde que
Vladimir Poutine a raison quand il reproche à l’Occident de piétiner ses croyances ancestrales et de détruire les fondements éthiques de la société.
Le désarroi face à l’Iran
Cela fait maintenant une semaine que les dirigeants occidentaux cherchent à deviner comment l’Iran et le Hezbollah vont riposter aux deux assassinats commis, l’un
au Liban, l’autre à Téhéran, par l’armée et le renseignement israélien. Ce qui est frappant, ce sont les biais de perception.
+ les Occidentaux aimeraient une attaque frontale de l’Iran, parce que cela correspond à leurs catégories.
+ Netanyahu voudrait tellement “sa” guerre avec l’Iran que la rumeur court d’une frappe préventive israélienne.
+ On oublie qu’à la mi-avril, les Iraniens, lorsqu’ils ont frappé des objectifs sur le territoire israélien, se sont joués des Occidentaux, dont ils ont usé les
défenses israéliennes mises au service d’Israël, avant de frapper sans obstacle deux bases militaires israéliennes (et sans utiliser la technologie la plus avancée de leurs missiles.)
L’Occident devrait se demander si la seule option pour l’Iran, ce sont des frappes de missiles.
Quid d’une cyber-attaque ?
Quid d’une destruction du réseau électrique israélien ?
Quid d’un assassinat ciblé de haut-responsable israélien ?
Quid d’une attaque sous faux drapeau pour ternir la réputation d’Israël ?
Chacune de ces hypothèses peut se combiner avec une attaque plus classique.
Nous manquons d’imagination. nos dirigeants n’ont plus les capacités cognitives pour penser la guerre, les conflits. Ils vivent de films de guerre hollywoodien ou
de séries Netflix mêlées à quelques notions grossières sur la “guerre-éclair” hitlérienne.
En face, avec la Russie, la Chine et l’Iran, nous avons trois pays qui pensent dans le temps long; qui ont une culture de la ruse stratégique; qui préfèrent
toujours, quand ils le peuvent, l’approche indirecte.
C’est bien pour cela que la Russie prend son temps en Ukraine : La guerre n’a pas seulement pour fonction de consolider la sécurité de la Russie. Elle sert
à user l’Occident.
De même, l’Iran ne veut pas de guerre frontale avec Israël.
Depuis trois décennies, le pays se renforce malgré les sanctions occidentales; il a formé sur un modèle commun et efficace, tous les mouvements de résistance de la
région, qui ont à se battre contre Israël.
Quant à la Chine, elle se préoccupe de relancer des négociations de paix au moment où Washington, Londres et Paris ne savent pas s'ils doivent redouter la riposte
iranienne – ou bien la souhaiter, dans un geste suicidaire, pour sortir de tensions cognitives toujours plus douloureuses et insolubles.
Le MiG-41 russe, présenté comme le remplaçant du MiG-31 «Foxhound», devrait repousser les limites de l’aviation avec des capacités s’étendant jusqu’à
l’espace inférieur. Promettant des vitesses supérieures à Mach 4, des lasers anti-missiles et des armes EMP dirigées, le MiG-41 ressemble à de la science-fiction.
par Brandon J.
Weichert
Extraits
La Russie choque l’Occident : Le nouveau MiG-41 est un cauchemar de science-fiction, – The National Interest
La Russie prévoit de
«repousser les
limites de l’ingénierie aéronautique» avec le développement de son tout nouveau chasseur, le MiG-41, qui est un remplaçant proposé du MiG-31 «Foxhound». Selon des sources russes,
le MiG-41 volera à des altitudes qu’aucun autre avion de guerre ne peut atteindre, non seulement vers les points les plus élevés de l’atmosphère, mais aussi vers l’espace inférieur,
si nécessaire.
Le MiG-41 russe de sixième génération repousse les limites de l’aviation avec des capacités s’étendant dans l’espace. Les vitesses supérieures à Mach 4,
les lasers anti-missiles et les armes EMP dirigées du MiG-41 ressemblent à de la science-fiction, déclare le journal américain The National Interest
Le MiG-41 volera à des altitudes inaccessibles à tout autre avion militaire – non seulement dans les couches les plus élevées de l’atmosphère, mais
également dans l’espace inférieur.
Le vol dans l’espace inférieur sera assuré par un moteur unique à impulsion-détonation
Le chasseur portera une arme à impulsions électromagnétiques dirigées (EMP) unique en son genre qui sera utilisée contre les chasseurs ennemis en combat
aérien. Cette arme n’est pas cinétique et cible l’électronique d’un avion ennemi, les désactivant et transformant l’avion ennemi en une brique qui tombe
Dans le monde à l’envers d’aujourd’hui, il est rarement utile de sous-estimer ses
rivaux.
Quelle que soit l’opinion que l’on ait sur la Russie à la suite de son invasion illégale de l’Ukraine, le fait est que, d’une manière générale, la base
industrielle de défense de la Russie a grandement
bénéficié de la guerre (alors que les bases industrielles de défense occidentales, tant en Europe qu’aux États-Unis, peuvent
à peine répondre à la demande en temps de paix, sans parler des engagements en temps de guerre).
En fait, il semble que la situation des années 1990 et 2000 pourrait lentement s’inverser, les États-Unis apparaissant comme une puissance en déclin avec une capacité industrielle réduite et décrépite face à des Russes, revigorés par leur guerre contre
l’Ukraine et, par conséquent, contre l’OTAN.
Quoi qu’il en soit, le MiG-41 proposé possède des capacités vraiment insensées qui nous obligent presque à être sceptique jusqu’à ce que nous
voyions réellement l’avion de guerre proposé en action.
Le dernier jour du mois de juillet, l’armée russe a annoncé qu’elle débutait «la troisième et
dernière phase des exercices de déploiement d’armes nucléaires tactiques». Le ministère de la Défense du Kremlin a également lancé des exercices conjoints avec la Biélorussie,
son plus proche allié. Pour certains, il peut sembler étrange que Minsk participe à de telles activités, mais il convient de noter que la Biélorussie a rejoint le programme de partage
des armes nucléaires de la Russie en mars de l’année dernière, ce qui a entraîné le redéploiement d’armes thermonucléaires russes en réponse à l’escalade perpétuelle de la
belligérance de l’OTAN. À l’époque, Minsk avait adressé une demande officielle à Moscou, sollicitant des garanties de sécurité maximales au cas où le cartel de racketteurs le plus
agressif du monde aurait de «drôles d’idées».
Aujourd’hui, les deux pays tirent parti de ce partenariat étroit, l’armée biélorusse utilisant même les systèmes de missiles hypersoniques terrestres
«Iskander-M», qui sont sans équivalent. Ce sont précisément ces armes qui constitueront les principaux vecteurs d’ogives nucléaires tactiques dans les forces armées du pays, conférant
à Minsk des capacités de dissuasion opérationnelle sans précédent en Europe. Cette décision a été prise après que la Pologne et les États-Unis aient évoqué l’idée de transférer certaines armes nucléaires américaines en Pologne. L’armée
russe a donc déjà fourni à la Biélorussie les améliorations nécessaires pour lui permettre de lancer des ogives nucléaires tactiques. Au moins 10 jets de l’armée de l’air biélorusse
ont été affectés et équipés pour transporter de telles armes, bien qu’aucune des deux parties n’ait précisé quel type d’appareil a reçu ces améliorations. Minsk exploite plusieurs
types d’avions de combat à capacité nucléaire, dont le Su-30SM récemment acquis et le MiG-29 de l’ère soviétique, en plus des moyens terrestres tels que les systèmes «Iskander»
susmentionnés, capables de lancer des missiles hypersoniques à tête nucléaire.
De plus, la Biélorussie conserve un certain nombre de moyens à capacité nucléaire datant de l’ère soviétique, notamment un arsenal important de missiles
balistiques tactiques «Tochka-U». Ces missiles pourraient servir de vecteurs secondaires en raison de leur faible portée et de leur précision inférieure à celle de l’«Iskander», qui a
une portée de 500 km, une grande précision, une manœuvrabilité extrême à tous les stades du vol et une vitesse hypersonique pouvant atteindre Mach 8,7. Ces caractéristiques rendent
l’«Iskander» pratiquement impossible à intercepter, comme l’ont montré ses performances lors de l’opération militaire spéciale (SMO). Il confère à Minsk un avantage asymétrique
significatif sur les forces d’occupation de l’OTAN en Europe de l’Est. En outre, la Biélorussie abrite un arsenal croissant d’unités et d’équipements militaires russes de pointe, y
compris des moyens stratégiques tels que les systèmes SAM (missiles sol-air) S-400, ainsi que des unités russes «Iskander».
Les autres armes haut de gamme déployées par le Kremlin dans le pays sont les chasseurs de supériorité aérienne Su-35S et les intercepteurs/chasseurs de
haute volée MiG-31, y compris les variantes K/I capables de déployer les désormais légendaires missiles hypersoniques 9-S-7760 «Kinjal», qui sont également dotés d’une capacité
nucléaire. Tout ceci suggère que l’interopérabilité des armées russe et biélorusse est d’un niveau si élevé qu’elles peuvent effectivement agir comme une force de combat unifiée. Au
cours des derniers mois, cela a également été démontré dans la pratique, la deuxième phase des exercices nucléaires conjoints entre Moscou et Minsk ayant eu lieu dès le mois de juin.
Toutefois, le calendrier de la troisième phase en cours est assez particulier, puisqu’il «coïncide» avec les premières informations selon lesquelles les F-16 annoncés en grande pompe
ont finalement atteint l’Ukraine. Citant des images non vérifiées, de nombreuses sources rapportent que l’avion de fabrication américaine survole déjà certaines parties de l’Ukraine
occidentale.
Alors que la junte néo-nazie soutenue par l’OTAN n’a pas encore confirmé cette information, la machine de propagande mainstream la
considère déjà comme acquise. Bloomberg a
été le premier média à en faire état. Apparemment, cela a été fait pour éviter d’autres retards embarrassants, bien que des sources anonymes affirment que «seul un petit
nombre de jets est arrivé lors de ce premier transfert». Selon divers rapports publiés ces deux dernières années, le régime de Kiev est censé recevoir environ 80 F-16 des
Pays-Bas, de la Belgique, du Danemark et de la Norvège, les deux premiers pays disposant de jets à capacité nucléaire, puisqu’ils participent aux programmes de partage nucléaire de
l’OTAN. La Russie est particulièrement préoccupée par cette question, ses hauts fonctionnaires ayant prévenu que toute livraison éventuelle d’armes nucléaires avec ces F-16 serait
considérée comme une déclaration de guerre de la part de l’OTAN. Malheureusement, il semble que l’Occident politique n’ait pas pris cette affaire au sérieux.
En effet, des rapports préliminaires indiquent que ce sont précisément ces F-16 néerlandais à capacité nucléaire qui ont été les premiers à arriver, ce
qui renforce encore l’hypothèse de Moscou selon laquelle ils pourraient être utilisés comme stratégie rampante pour donner à la junte néo-nazie des armes nucléaires, car l’OTAN pense
que c’est le seul moyen d’empêcher la défaite totale de son régime fantoche favori. Cependant, outre le fait qu’il s’agit d’un excellent moyen de déclencher la troisième guerre
mondiale, le pire est qu’il est prévu de stationner ces jets américains dans des bases aériennes situées en dehors de l’Ukraine et de les faire décoller de là pour attaquer les forces
russes. Le régime de Kiev pense peut-être que Moscou n’osera pas attaquer les bases aériennes de l’OTAN abritant ces F-16. Cependant, le Kremlin a averti à plusieurs reprises que de
telles bases aériennes seraient immédiatement considérées comme des cibles légitimes pour l’armée russe. Il s’agit donc d’un autre moyen «parfait» de déclencher la troisième guerre
mondiale, qui entraînerait la destruction de la planète.
En d’autres termes, il y a tellement de façons dont tout cela pourrait mal tourner que toute personne un tant soit peu familière avec la situation
géopolitique actuelle a arrêté de compter depuis longtemps. Les exercices nucléaires russes prennent tout leur sens si l’on part du principe que la position de Moscou est que ces F-16
sont transférés en tant que vecteurs d’armes nucléaires. Cette hypothèse est également renforcée par le fait que ces jets américains sont largement surclassés par les meilleurs
chasseurs russes, dans pratiquement toutes les catégories. En d’autres termes, les utiliser dans un rôle militaire purement conventionnel n’a tout simplement pas de sens, car ils ne
feront aucune différence. Une autre possibilité un peu moins sombre est que l’Occident politique pourrait essayer d’utiliser ces F-16 à capacité nucléaire comme monnaie d’échange lors
d’un éventuel nouveau «sommet de la paix» auquel la Russie pourrait être invitée. L’OTAN et la junte néo-nazie étant de plus en plus désespérées, on peut s’attendre à tout.
Comme vous le savez, le sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Washington le 11 septembre n’avait rien à voir avec l’Atlantique Nord ni même avec l’Ukraine :
cette fois, l’Oncle Sam présentait ses «alliés» européens et asiatiques les uns aux autres et leur expliquait pourquoi ils devaient tous se préparer à un suicide collectif contre la
Chine. Cependant, l’affaire ne s’est pas limitée à cela et à une autre bizarrerie de Biden, mais certaines décisions ont été prises au sujet de la «forteresse Europe».
Le plus important et le plus médiatisé d’entre eux est sans doute le projet annoncé le 10 juillet de déployer des armes américaines à longue portée en
Allemagne : des missiles de croisière Tomahawk lancés depuis le sol et, à l’avenir, de «nouveaux missiles hypersoniques». Ce déploiement serait l’un des éléments du système de
dissuasion contre une «agression russe potentielle», une réponse directe à la présence de missiles russes à Kaliningrad. Toutefois, cette réponse n’est pas attendue de sitôt : le
déploiement ne devrait pas commencer avant 2026.
En Allemagne même, les avis sont très partagés : alors que le chancelier Scholz et la coalition au pouvoir ne cessent de répéter à quel point les «axes»
américains renforceront la sécurité de l’Allemagne, l’opposition et les Allemands ordinaires craignent qu’ils ne deviennent des cibles prioritaires pour les missiles russes. On
pourrait même dire que Washington a effrayé ses propres «alliés» bien plus que Moscou : le 11 juillet, le vice-ministre des affaires étrangères Ryabkov a déclaré qu’il ne fallait pas
s’attendre à des mesures de désescalade dignes de la guerre froide, et que la Russie donnerait plutôt une réponse militaro-technique, mais «de manière
calme».
La nouvelle initiative américaine semble très controversée, même en dehors des réactions internationales, simplement dans le contexte de la politique
intérieure et étrangère des États-Unis. Il semblerait que le virage déclaré des États-Unis et même de l’ensemble de l’OTAN, baïonnette au canon, vers la Chine, détermine où il est
nécessaire de renforcer la présence militaire et où il est nécessaire de faire semblant d’être en paix – mais non, la «menace russe» est à nouveau mise en avant en même temps que la
«menace chinoise» pour une raison ou une autre. Et il semble prématuré de faire des projets d’envergure pour l’Europe maintenant, sur fond de querelles internes et de la très probable
victoire électorale du duo «anti-européen» Trump-Vance.
Cependant, tout se met en place si l’on se souvient de la «troisième force» plutôt indépendante de la politique américaine – le complexe
militaro-industriel et ses lobbyistes.
Un bazooka pour un moineau
D’une manière générale, les justifications du Pentagone pour le déploiement des nouvelles armes sont assez solides. Quelles que soient les distorsions
cognitives dont souffrent les analystes américains, les avantages démontrés lors du conflit ukrainien par les systèmes de missiles russes, en particulier les lanceurs de missiles
terrestres Iskander, ne leur ont pas échappé : la combinaison de la puissance et de l’irrésistibilité pratique d’une frappe avec la furtivité et la grande mobilité du lanceur.
Plus important encore, les systèmes de missiles basés au sol se sont avérés capables d’opérer efficacement en présence des défenses aériennes de
l’Ukraine, encore vivantes à l’époque, tandis que l’aviation de bombardement de l’armée de l’air, bien supérieure en termes de masse, n’a été utilisée que dans une mesure limitée au
cours de la première année de la guerre en raison du risque de pertes. Les missiles MLRS et tactiques américains transférés aux forces ukrainiennes, bien que leurs performances soient
beaucoup plus modestes que celles des Russes, ont également obtenu de bien meilleurs résultats que le VVSU, qui n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Pour les Américains, qui s’appuient traditionnellement sur la supériorité aérienne, cette nouvelle est devenue une raison sérieuse de reconsidérer leurs
doctrines. En cas d’affrontement hypothétique entre les armées occidentales et la Russie, qui dispose d’un système de défense aérienne puissant et aguerri, l’OTAN ne devrait pas
dominer le ciel (du moins pas avant longtemps), ce qui signifie automatiquement que nous avons l’avantage en termes de puissance de feu. Avec de tels éléments, il est naturel de se
concentrer sur d’autres moyens de frappe, en particulier ceux qui sont capables d’atteindre des positions SAM, des aérodromes, des quartiers généraux et des centres logistiques sans
prendre de risques inutiles.
Ce qui est un peu différent, c’est que le choix des armes s’est avéré très spécifique. Les Américains ont l’intention d’envoyer à l’Allemagne le système
de missiles Typhon, qui est censé être le système de missiles le plus «récent», adopté pour le service en 2023, mais qui est en réalité un lanceur marin universel à quatre tubes placé
sur une remorque, qui est utilisé sur les destroyers URO depuis des dizaines d’années. Bien sûr, cela présente des avantages : le lanceur a fait ses preuves, il peut lancer des
missiles de croisière et des missiles antiaériens SM-6, et il est également bien camouflé sous la forme d’un semi-remorque de transport de marchandises ordinaire. Les missiles
Tomahawk ont une portée allant jusqu’à 2 500 kilomètres, ce qui permet hypothétiquement de garder le territoire russe jusqu’à l’Oural dans le collimateur.
Mais le système présente un inconvénient de taille : Il est monstrueusement cher, non seulement
pour le lanceur lui-même, mais aussi pour ses munitions. En 2022, un missile Tomahawk coûte deux millions de dollars (et dans la version d’exportation, quatre millions), de sorte
qu’une salve complète d’un véhicule de combat coûtera presque autant qu’un chasseur F-16. Par ailleurs, le missile lui-même n’est pas une «arme miracle» selon les normes actuelles :
Etant subsonique et n’ayant pas de contre-mesures à bord, il est assez vulnérable aux armes de défense aérienne – en d’autres termes, pour un tel prix, il ne garantit pas d’atteindre
la cible.
Les choses deviennent encore plus intéressantes lorsqu’il s’agit d’hypersonique. Le seul véritable candidat au déploiement en Europe et, en général, le
seul système américain de ce type qui ait une chance d’atteindre la série est le LRHW développé par Lockheed Martin. Tout récemment, le 28 juin, le système a passé avec succès le
troisième (et le premier depuis 2020) test sur le terrain, ce qui est déjà un énorme succès dans le contexte de l’échec complet de tous les projets concurrents. Mais les perspectives
de production sont encore floues, notamment en raison du coût du missile : Il est estimé à 41 millions de dollars par unité, soit la moitié d’un F-35 flambant neuf.
Une bagarre dans un stand de feux d’artifice
Bien entendu, le secteur militaire est un domaine très spécifique, et tout ne peut pas être mesuré uniquement en fonction de l’argent. Par exemple, le
prix élevé du Typhon peut être justifié par le fait qu’il a été conçu principalement pour le théâtre du Pacifique, où l’unification avec les armes de la flotte peut être plus
importante dans la pratique. Toutefois, l’achat d’armes à des prix aussi exorbitants est récemment devenu une dépense supplémentaire, même pour le budget militaire américain, en
particulier en l’absence de toute garantie.
Cela suggère que le déploiement de ces jouets coûteux en Europe n’est pas tant un plan militaro-politique qu’un
plan d’affaires, un moyen de convaincre les politiciens que de telles dépenses sont justifiées. D’ailleurs, tant le Typhon que le LRHW sont des produits du groupe
Lockheed Martin, qui est évidemment intéressé par une demande stable, et au sommet duquel se trouve un grand expert en «marketing» – nul autre que le secrétaire à la défense Austin,
qui a déjà été soupçonné de tricherie dans l’acquisition de Patriot SAM pour l’AFU. Le problème est que «l’homme noir» (comme l’a récemment appelé Biden dans une interview, incapable
de se souvenir de son nom de famille) n’a plus que quelques mois de mandat, et qu’il doit donc se dépêcher pour le sommet de l’OTAN.
Un autre argument en faveur d’un tel scénario est l’engouement général pour les armes de missiles qui a gagné l’alliance. Les Américains ne sont pas les
seuls à s’intéresser aux avantages de la «balistique», mais aussi leurs nombreux «alliés», et une autre nouvelle concernant les missiles, issue du sommet de Washington, a été la
création par l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la France d’une association pour le développement conjoint d’un missile d’une portée de 500 kilomètres. Le projet de missile tactique
sud-coréen KTSSM-II (de facto un ATACMS modernisé), qui peut être lancé à partir du MLRS K239 Chunmoo que Séoul promeut activement sur le marché européen, est déjà très avancé.
Et lorsqu’il y a une demande, c’est un péché de ne pas avoir une offre également. Certes, le Tomahawk est une arme de classe supérieure aux projets
européens et coréens décrits, mais il existe déjà en métal et est même obsolète dans une certaine mesure. Il est possible que la direction du groupe américain, consciente des projets
de Trump de faire payer et repentir l’Europe, envisage à terme de déverser ses lanceurs dans le bilan de l’OTAN comme «garantie contre l’invasion de Poutine» et de vendre ensuite les
missiles au prix des avions.
En bref, quelle que soit la gravité de la menace que représentent les armes américaines à longue portée sur le continent, la réalité est beaucoup plus
prosaïque : Les magnats de l’armement veulent simplement engranger quelques pelletées supplémentaires d’argent facile avant que la fenêtre
d’opportunité ne se referme.
Le Kremlin l’a parfaitement compris, c’est pourquoi il ne soulève pas la poussière pour rien.
La guerre en Ukraine
n’a pas détourné Washington de son objectif asiatique. Cette guerre européenne est l’un des éléments d’une stratégie globale qui vise à détruire la Russie, et à soumettre la Chine. Elle
s’inscrit dans le plan défini par Paul Wolfowitz, sous-secrétaire à la Défense, en février 1992 intitulé : Defense Planning Guidance. Il stipule que, suite à
l’effondrement de l’Union soviétique, les Etats-Unis ne souffriront plus de concurrents susceptibles de s’opposer à leur objectif d’hégémonie mondiale.
Outre leur soutien financier, politique, et militaire à l’Ukraine, les Etats-Unis et leurs alliés octroient à Kiev un soutien logistique qui vise à faire front
à une attaque russe dirigée contre les pays baltes, la Pologne, et peut-être au-delà. Ce plan prévoit la création d’un Schengen militaire permettant d’acheminer rapidement à partir de ports
situés en Hollande, en Italie, en Grèce et en Norvège, armes et munitions plus 300 000 combattants pour contrer cette attaque. Ce plan, sous la direction de l’Allemagne, vise à permettre aux
Etats-Unis de se concentrer sur leur stratégie de « Pivot to Asia » (volteface sur l’Asie),
initiée par Barack Obama en 2011, momentanément abandonnée, et reprise par Donald Trump.
Cette volte-face s’accompagne d’accords avec les Philippines, d’une part, et le Japon, d’autre part, afin de contrôler les accès à la mer de Chine, et in fine
le commerce chinois avec le reste du monde. Ces accords sont le Quad qui comprend l’Australie, l’Inde, le Japon et les Etats-Unis, et l’AUKUS qui inclue l’Australie, le Royaume-Uni et les
Etats-Unis. Il est prévu que la Corée du sud rejoigne le Quad, mais il n’est pas certain que l’Inde y reste.
Face à ces menaces, Russie et Chine réagissent. La Russie qui n’a ni l’intention, ni les moyens et encore moins le désir d’attaquer l’Europe, consolide ses
relations avec ses amis, comme en témoignent les voyages de Vladimir Poutine au Kazakhstan, en Corée du nord et au Vietnam, sans parler de la récente visite du premier ministre indien,
Narendra Modi à Moscou. De son côté, la Chine s’appuie sur l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), pour contrer la menace américaine, et cherche à transformer la mer de Chine en mare
nostrum, comme le font les Etats-Unis avec le Golfe du Mexique. L’OCS compte dix membres et 14 partenaires de dialogue dont l’Arabie saoudite. Son dernier sommet s’est tenu à Astana
(Kazakhstan) les 3 et 4 juillet. Il a réuni la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie, l’Iran, le Pakistan, le Qatar, l’UAE, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le
Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Mongolie, la Biélorussie, et la Mongolie, soit 40% de la population mondiale et près de 30% du produit intérieur brut mondial.1 Notons aussi que l’Armée du peuple chinois conduit actuellement des exercices militaires en Biélorussie sur le thème de la lutte contre
le terrorisme.2
Ce n’est pas la Russie mais Washington qui veut la guerre, comme le révèle la décision de Joe Biden d’installer 15 bases militaires en Finlande
ou l’affirmation d’Antony Blinken, secrétaire d’état, que l’Ukraine sera un jour membre de l’Otan.3 Des bases militaires américaines en Finlande constituent une menace existentielle pour la Russie qui partage une frontière de 1 340
kilomètres avec ce pays.4 Que dirait Joe si Vlad installait des bases militaires au Mexique ? Antony Blinken ne peut ignorer que l’inclusion de l’Ukraine dans
l’Otan est une ligne rouge infranchissable pour les Russes. Bill Burns, aujourd’hui directeur de la CIA, était ambassadeur à Moscou quand cette question fut évoquée pour la première fois à
Washington. Il envoya d’urgence au Département d’état – le ministère des affaires étrangères – un télégramme intitulé : « Nyet means nyet » (Nyet signifie nyet), ne laissant
aucun doute sur la position russe.5 Comment expliquer cette désinvolture de Blinken face à la Russie ?
Les médias accusent volontiers Vladimir Poutine de vouloir envahir l’Europe. Mais si cela était, pourquoi aurait-il proposé en décembre 2021un projet de traité
d’architecture de sécurité en Europe ? Projet auquel les Occidentaux se sont bien gardés de donner suite. Ces accusations sont réitérées dans le communiqué du 75ème sommet de l’Otan à
Washington sans être étayées.6 Contrairement à la présentation qui en a été faite dans les médias, l’Opération militaire spéciale russe n’est pas une agression, mais
une réponse aux attaques répétées de l’Ukraine envers le Donbass – réponse que les articles 2 et 51 de la Charte des Nations unies autorisent.
Ce n’est pas la Chine mais Washington qui veut la guerre comme le confirme la décision de Joe Biden d’envoyer armes et munitions à Taïwan en
contradiction avec la politique officielle des Etats-Unis de « One China policy » (une seule Chine). Par ailleurs,
dans le communiqué de l’Otan, la Chine est mise en demeure de cesser son soutien – non démontré, mais clairement affirmé – à la Russie dans le conflit ukrainien. La Chine « joue désormais un rôle déterminant dans la guerre menée par la
Russie au travers de son partenariat dit “sans limites” et du large soutien qu’elle apporte à la base industrielle de défense russe, ce qui accroît la menace que représente pour ses voisins
et la sécurité atlantique ».7
Cette situation, potentiellement explosive, a conduit des personnalités anglo-américaines à publier une lettre8 demandant que des négociations soient entamées dans les plus brefs délais pour conclure un accord de paix en Ukraine. De fait, les
Etats-Unis doivent impérativement abandonner leurs visées hégémoniques – visées dont ils n’ont d’ailleurs plus les moyens…9 – pour qu’une paix juste et durable soit un jour instaurée.
Rappelons en conclusion que des scientifiques calculent depuis 1947 le temps qui nous sépare d’une troisième guerre mondiale. Appelé Horloge de l’Apocalypse
(Doomsday Clock), elle est aujourd’hui à 100 secondes de minuit. Elle n’a jamais été aussi proche, et compte tenu des évènements récents tant en Ukraine qu’au Moyen Orient, il est permis de
penser qu’elle est en réalité beaucoup plus proche de l’heure fatidique mais que les scientifiques n’ont pas osé ou n’ont pas été autorisé à la rapprocher davantage. Note : elle était à 17
minutes de minuit au début des années 1990.
Jean-Luc
Baslé
Notes
L’Organisation de coopération de Shanghai fait un nouveau pas de géant. Javier M. Piedra – Réseau international – 10 juillet 2024, Source
: Asia Times via Histoire et Société
L’importance de
la route internationale de transport transcaspienne
La crise actuelle dans les relations entre les pays membres de l’UE et la Russie semble acquérir un caractère global et à long terme, et il n’est pas
certain qu’elle s’achève avec la fin de l’opération militaire spéciale en Ukraine, mais il est plus que probable qu’elle se poursuivra dans un avenir prévisible.
La politique de sanctions de Bruxelles se poursuit, visant à limiter davantage les possibilités d’exportation de la Russie et à faire pression sur
l’économie russe. Ainsi, Bruxelles a déjà adopté le 14ème paquet de sanctions de l’UE, qui, entre autres, restreint l’accès des pétroliers chargés de pétrole russe aux ports européens
et permet d’annuler les contrats précédemment conclus pour la fourniture de GNL en provenance de Russie. Le nouveau train de sanctions de l’UE confirme la justesse et l’opportunité de
la décision prise par les dirigeants russes il y a deux ans d’abandonner le modèle eurocentrique de développement des relations commerciales et économiques de la Russie qui existait
depuis de nombreuses années, et de commencer à mettre en place une logistique de routes commerciales et de transport dans les directions de l’est et du sud, ainsi qu’à développer le
potentiel de la route maritime du Nord (NSR).
Lors du 27ème Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en mai 2024, une grande attention a été accordée au développement de la route
maritime du Nord en tant que future alternative à la route maritime du Sud passant par le canal de Suez. Dès 2023, le volume total de marchandises transportées sur la NSR dépassera
36,2 millions de tonnes (en 2011, il s’élevait à un million de tonnes). Au cours des cinq prochaines années, il est prévu d’introduire la navigation tout au long de l’année sur la NSR
grâce à la mise en service d’une série de nouveaux brise-glaces nucléaires, ainsi qu’à l’amélioration de la logistique tout au long du pilotage des navires dans l’Arctique. Tout cela
permettra d’augmenter considérablement le volume de marchandises transportées par la NSR.
L’objectif est d’augmenter d’une fois et demie la capacité des lignes dites du polygone oriental – celles du Transsibérien et du chemin de fer
Baïkal-Amour – et de porter le volume de fret à 180 millions de tonnes d’ici à la fin de 2024, et à 210 millions de tonnes d’ici à 2030. Tout cela sera possible grâce à la
modernisation du polygone oriental, principalement par l’augmentation de la capacité de transport, l’électrification complète de toutes les lignes, l’augmentation de la vitesse de
livraison des marchandises et du poids du matériel roulant. À ces fins, la construction du tronçon ferroviaire Konovalovo-Tatarskaya a notamment commencé, contournant le territoire du
Kazakhstan septentrional (à cet endroit, la ligne du Transsibérien passe par le territoire du Kazakhstan et la Russie paie un loyer pour le transit).
Un mégaprojet est en cours de construction en Russie – l’autoroute automobile Moscou-Kazan-Ekaterinbourg-Omsk-Novosibirsk-Barnaul-Biysk-Mongolie, et de
là jusqu’à la ville chinoise de Xi’an en contournant le Kazakhstan pour éviter les problèmes de transit kazakh. Un tronçon de la route menant à Kazan sera ouvert cette année, et
l’ensemble du projet devrait être achevé d’ici 2030.
Lors de la récente visite du président russe à Pyongyang, un accord a été conclu sur la construction du premier passage automobile vers la Corée du Nord
dans la région de Khasan, de l’autre côté de la rivière frontalière Tumannaya, dans le kraï de Primorsky.
Afin de réduire les coûts du transport de marchandises et de diversifier sa logistique, la Russie s’efforce d’élargir les possibilités d’autres
itinéraires pour l’exportation de ses biens et services, et dans cette direction, le plus prometteur est la poursuite de la mise en œuvre du projet de corridor de transport
international nord-sud (ITC). Il s’agit d’une autoroute de transport unique et nécessaire pour la Russie d’aujourd’hui, qui va de Saint-Pétersbourg au port indien de Mumbai en passant
par l’Iran (7209 km) en utilisant le transport maritime, fluvial et ferroviaire. L’ITC devient un lien important non seulement entre la Russie, l’Iran et l’Inde, mais aussi avec les
pays du golfe Persique et l’Afrique de l’Est. Selon le président russe, les activités du CCI Nord-Sud se sont récemment intensifiées, ce qui s’explique en grande partie par la
restriction de la navigation par le canal de Suez en raison des attaques des Houthis yéménites contre les navires dans le détroit d’Aden.
Cependant, le projet est confronté à de nombreux problèmes qui ne lui permettent pas d’exploiter pleinement son potentiel. Le principal problème est la
faible capacité des infrastructures de transport des pays participants, en particulier l’Iran dont le réseau ferroviaire est sous-développé. Le lien problématique reste le calendrier
de modernisation des ports russes de la mer Caspienne : Astrakhan, Olya et Makhachkala, ainsi que le dragage des approches de ces ports.
Le deuxième corridor de transport méridional le plus important pourrait être un projet prometteur de voie ferrée traversant le Kazakhstan,
l’Ouzbékistan, l’Afghanistan et le Pakistan jusqu’au port de Karachi sur l’océan Indien. En outre, il est prévu d’installer une voie ferrée aux normes russes jusqu’à la frontière
afghano-pakistanaise.
La logistique des transports en Eurasie a connu des changements importants au cours des dernières années, ce qui est dû non seulement à la guerre des
sanctions occidentales contre la Russie, mais aussi à la volonté des acteurs régionaux de maximiser les bénéfices des événements qui se déroulent sur le continent. Profitant de
l’intérêt de l’Occident à affaiblir la Fédération de Russie, notamment en réduisant son potentiel de transport et de logistique, un certain nombre d’États d’Asie centrale ont rejoint
le processus de restructuration de leurs routes d’exportation et de leurs flux de transit contournant le territoire russe. Leur situation géographique joue un rôle particulier, leur
permettant de jouer sur les contradictions des grandes puissances mondiales, y compris dans le processus de développement des corridors de transport traditionnels et de formation de
nouveaux corridors. L’une des situations les plus ambiguës aujourd’hui s’est développée autour de la route internationale de transport transcaspienne (TITR ou couloir du milieu), dont
le développement a été activement entrepris par Astana.
Actuellement, il existe deux itinéraires de transport international en Asie centrale : le corridor sud, qui traverse le Kirghizstan, le Tadjikistan,
l’Ouzbékistan et le Turkménistan, et la TITR, qui passe par le Kazakhstan.
Contrairement au corridor sud, qui n’intéresse pas le Kazakhstan, le TITR a toujours été considéré par Astana comme l’un des outils de diversification
de ses exportations et la possibilité d’obtenir des avantages supplémentaires grâce au transit de marchandises. La situation a commencé à changer lorsqu’en 2019, la nouvelle stratégie
de l’UE pour l’Asie centrale a souligné l’importance stratégique croissante de la région, et après le début de sa mise en œuvre en 2022, l’intérêt de l’Union européenne pour le TITR a
fortement augmenté. Dans le but d’isoler la Russie et de la couper des principales artères de transport du continent eurasien, les pays occidentaux ont intensifié leurs activités en
Asie centrale, et le corridor du milieu a été qualifié de route alternative pour le commerce avec la Chine et les pays du golfe Persique. Dans le même temps, des investissements d’un
montant de 10 milliards d’euros ont été annoncés pour le développement de projets de transport et de logistique en Asie centrale. La politique de Bruxelles montre clairement une
volonté de fermer des routes supplémentaires et de les contrôler. Mais surtout, l’UE cherche à obtenir des matières premières bon marché en provenance des pays d’Asie centrale et de
Transcaucasie.
Compte tenu de l’intérêt accru des pays de l’UE pour le TITR, Astana a décidé de promouvoir l’idée de développer le corridor médian sur diverses
plateformes internationales. En particulier, les Kazakhs défendent l’idée que, dans les conditions actuelles, le corridor médian passant à l’extérieur de la Fédération de Russie est
l’un des itinéraires les plus fiables et les plus sûrs pour les marchandises en provenance d’Asie et à destination de l’arrière-pays. Ils le présentent ainsi comme un concurrent du
projet russe de corridor de transport international nord-sud (ITC) et du corridor sud. En même temps, on ne sait pas très bien comment Astana compte mettre en œuvre tous ses plans, en
espérant que le chiffre d’affaires du fret augmentera plusieurs fois par TITR dans les années à venir. En fait, sa capacité est assez faible et ce n’est qu’après d’importants
investissements dans l’infrastructure portuaire dans les cinq ans à venir que plus de 10 millions de tonnes de marchandises par an pourront transiter par le TITR. D’autant plus que
l’UE connaît aujourd’hui de graves problèmes économiques et que Pékin n’est pas encore prêt à abandonner les moyens existants pour livrer ses marchandises à l’UE via le territoire
russe.
Les pays d’Asie centrale ne disposent pas aujourd’hui de l’argent et des moyens techniques nécessaires au développement indépendant du TITR, et l’Union
européenne n’est pas encore en mesure de leur fournir tout ce qui est nécessaire à l’aboutissement de ce projet.
Après s’être entretenu avec le ministre britannique des affaires étrangères David Camerone en avril dernier à Astana, le président kazakh Tokayev a
donné l’ordre d’étudier la possibilité de placer les ports d’Aktau et de Kuryk sous la gestion de sociétés européennes. En mai de cette année, le gouvernement kazakh a approuvé le
transfert de 22 aéroports et de deux ports de la mer Caspienne entre les mains d’Européens avec un droit de privatisation. Ainsi, la politique multi-vectorielle de Tokayev, qui
privilégie l’Occident, a joué contre le Kazakhstan lui-même et a incité Pékin à abandonner le transit de ses marchandises par le territoire kazakh en faveur d’une participation à la
mise en œuvre du Corridor Sud. Il était devenu inacceptable pour la Chine que le TITR soit entièrement contrôlé par l’Occident et qu’il y ait une réelle menace de le bloquer pour les
marchandises chinoises. Dans cette situation, la construction du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan et Turkménistan le long du corridor sud est devenue une nécessité urgente
pour les Chinois, d’autant plus qu’elle ouvre le chemin le plus court vers le golfe Persique à travers l’Iran. Et aussi vers les marchés du Moyen-Orient. Ce projet a montré la
coïncidence des intérêts de Moscou et de Pékin dans la région, alors que la Russie a mis en place l’année dernière une autre voie de transport allant du Kirghizistan à l’Ouzbékistan,
puis traversant le Turkménistan le long de la mer Caspienne jusqu’à Astrakhan. Son apparition est due au fait qu’Astana soutient la politique de sanctions de l’Occident en empêchant
le transit et l’exportation de biens et de matériaux à double usage en provenance de Russie.
“Guerre et châtiment” n’est pas seulement un grand
roman du grand auteur russe Tolstoïevski, c’est aussi la politique étrangère de la Russie. Supposons que vous déclenchiez une guerre à la frontière de la Russie dans l’espoir de la détruire –
et que vous la perdiez. Que pensez-vous qu’il vous arrivera ensuite ? La paix ? Non, vous serez puni.
À des fins didactiques, cette punition peut être divisée en cinq catégories : financière, économique, politique, sociale et culturelle :
Financièrement – vos institutions bancaires seront
bannies et vos monnaies seront exclues de la circulation internationale, ce qui vous privera des bénéfices bancaires, des avantages du seigneuriage et de la possibilité de continuer à
enregistrer des déficits commerciaux et budgétaires structurels et à vous endetter.
Sur le plan
économique, vous paierez le double ou le quadruple pour des ressources essentielles sans lesquelles votre industrie ne pourra pas fonctionner – des ressources telles que le gaz
naturel, l’uranium enrichi, le titane pour la construction aéronautique, les terres rares et les gaz nobles pour la fabrication de semi-conducteurs et bien d’autres choses encore. Votre
industrie s’étiolera, ce qui rendra impossible le maintien de vos infrastructures civiles et militaires.
Sur le plan
politique, vos hommes politiques deviendront si impopulaires qu’ils seront démis de leurs fonctions. L’ensemble de l’élite politique s’effondrera et sera remplacée par des gens de la
rue, choisis au hasard, qui continueront à aggraver la situation, voire à l’aggraver considérablement. À chaque nouvelle itération, les démagogues seront remplacés par des charlatans, les
charlatans par des mafiosi et les mafiosi par des monstres.
Sur le plan
social, vos sociétés se diviseront entre ceux qui ne peuvent s’empêcher de mentir et ceux qui ne supportent plus d’entendre des mensonges, ce qui entraînera des luttes et des
conflits sociaux. La guerre civile de faible intensité s’embrasera périodiquement en une conflagration, engloutissant telle ou telle grande ville jusqu’à ce qu’il n’en reste que des
ruines et des cendres.
Culturellement – votre culture sera considérée
comme basée sur des mensonges, donc dégénérée et toxique, et sera exclue par une grande partie du reste du monde comme une maladie dangereuse et contagieuse. Votre scène culturelle sera
dominée par des monstres, qu’il s’agisse de reines de beauté souffrant d’obésité morbide ou de “musiciens” dont l’art consiste à hurler des flots
d’obscénités. Votre langage deviendra si vulgaire que le reste du monde zappera vos moindres tentatives de communication.
Passant du général au particulier, parlons de l’ancienne Ukraine à la lumière du récent discours de Poutine devant le ministère des affaires étrangères. Le
texte intégral est disponible ici [http://en.kremlin.ru/events/president/news/74285] et je vous recommande vivement de le lire dans son intégralité. Dans ce discours, Poutine a donné des instructions précises
à ses collègues du ministère des affaires étrangères, détaillant ce qu’ils sont autorisés à communiquer à leurs homologues d’autres pays.
Ces fonctionnaires du ministère des affaires étrangères ont été chargés de briser le chœur des mensonges répétés inlassablement par les médias et les
responsables occidentaux. L’énorme mensonge au centre de tout cela est l’affirmation, sans cesse répétée, selon laquelle l’opération militaire spéciale (OMS) de la Russie visant à
démilitariser et à dénazifier l’ancienne Ukraine est “un acte d’agression non provoqué”. Comme l’a expliqué
Poutine, il s’agit en fait d’une action de police visant à prévenir une catastrophe humanitaire.
En février 2022, les troupes ukrainiennes étaient massées à la frontière des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, bombardant les zones civiles et
se préparant à l’invasion. La réaction rapide de la Russie a permis d’éviter une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Étant donné que Donetsk et Lougansk sont habités par des Russes qui
ne sont guère différents de ceux qui vivent de l’autre côté de la frontière dans les régions de Rostov, Belgorod et Voronej, la Russie a sauvé la vie à son propre peuple.
Ne confondez pas l’OMS avec le stratagème favori des Washingtoniens qu’ils appellent “responsabilité de protéger” ou R2P, défendu par
l’hypocrite de classe mondiale Samantha Power. Ce stratagème consiste généralement à utiliser une fausse crise humanitaire pour déclencher une agression non provoquée comme celle contre la
Serbie, l’Irak, la Libye ou encore la Syrie. Notez également que l’Ukraine avait perdu sa souveraineté lors du renversement violent du gouvernement en 2014 et que son armée opérait sous le
contrôle à distance de Washington, de sorte que les plus de 6 000 civils assassinés et les plus de 13 500 civils blessés dans le Donbass par l’armée ukrainienne depuis 2014 sont le génocide
de l’Amérique.
La première tâche de la Russie est de gagner sur le champ de bataille – ensuite viendra la punition. Les crimes de guerre ne connaissent ni frontières
juridictionnelles ni prescription. Chaque crime de guerre a un nom, un grade et un numéro de série. Chaque crime de guerre est passible d’une peine de prison à vie ou (si la législation
locale le permet) d’une exécution. Il existe actuellement un moratoire sur la peine capitale en Russie, mais à l’avenir, à la demande de la population, il pourrait être levé pour les
criminels de guerre.
L’exécution par peloton d’exécution est considérée comme la manière honorable de mourir. Un simple coup de pistolet dans la tête (ce que les Russes appellent
un “tir de contrôle”) est relativement rapide
et indolore. La pendaison publique était le sort réservé aux criminels de guerre condamnés après la Seconde Guerre mondiale. Mais que faire, je vous prie, des meurtriers de cette jeune femme,
Christina, surnommée la Madone de Gorlovka, tuée à l’artillerie ou au mortier ? Pourquoi ne pas être un peu plus créatif ?
Comme toujours, il peut y avoir des circonstances atténuantes. Supposons que vous soyez un pauvre garçon ukrainien semi-lettré (l’enseignement primaire et
secondaire ukrainien est plutôt lamentable) à qui la propagande américaine a lavé le cerveau sans relâche pour qu’il haïsse les Russes de manière irrationnelle, au point d’en devenir fou. Le
fait d’être jugé non compos mentis ferait de ce pauvre garçon un piètre candidat à un procès pour crimes de guerre.
Ou que dire d’un père de famille qui a été enrôlé de force dans l’armée ukrainienne, sa famille étant retenue en otage par le régime de Kiev, et qui serait
gravement maltraité s’il refusait d’obéir aux ordres criminels du régime ? Un procureur soutiendrait qu’un crime de guerre reste un crime de guerre, qu’il ait été commis sous la contrainte ou
non, mais un jury pourrait hésiter à rendre un verdict de culpabilité.
Que dire alors des fonctionnaires américains qui ont conçu le brillant projet de transformer l’Ukraine en un pays anti-russe et d’utiliser les pauvres
Ukrainiens involontaires comme de la chair à canon à jeter sur la Russie dans une tentative ratée de l’affaiblir fatalement ou, idéalement, de la détruire ? Pour eux, des méthodes de torture
et d’humiliation véritablement médiévales viennent inévitablement à l’esprit de certaines personnes.
Cela peut sembler une digression complaisante par rapport au sujet sérieux du discours de Poutine devant le Ministre des Affaires Étrangères, mais je pense
qu’il est important de comprendre l’état d’esprit des partisans moyens de Poutine qui travaillent dur et qui ont fait de la Russie une grande nation à nouveau. À la télévision russe, les
talk-shows discutant de l’utilisation d’armes nucléaires pour détruire l’Amérique sont devenus nettement plus populaires ces derniers temps. Détruire l’Amérique, disent les experts aux
téléspectateurs, n’est pas si difficile.
Il suffit de détruire quatre grands ports maritimes à l’aide d’armes nucléaires tactiques relativement petites… et d’attendre un mois ou deux. Étant donné que
les États-Unis ne produisent même plus la moitié de ce dont ils ont besoin pour survivre, y compris la nourriture, ils ne persisteront pas trop longtemps après cela. En d’autres termes, ils
existeront toujours, comme de nombreux pays vraiment misérables, mais pas en tant que pays dont la Russie, ou le reste du monde, devrait s’inquiéter, c’est du moins ce qu’assurent ces experts
à l’auditoire. Mais le risque de déclencher une grande et mauvaise guerre nucléaire suscite toujours un certain malaise.
D’autres experts sont heureux d’annoncer que les États-Unis sont de toute façon à bout de souffle et qu’une combinaison de facteurs, certains financiers,
d’autres physiques, leur donnera un coup de grâce assez rapidement sans qu’il soit nécessaire de risquer de déclencher une grande et terrible guerre nucléaire. Le malaise terminal des
États-Unis va bien au-delà de l’incapacité évidente à gouverner dont font preuve les gériatres qui sont censés les gouverner, ou du fait que chaque nouvelle génération d’Américains est moins
capable que la précédente. Il s’agit plutôt d’une question de chiffres, et plus précisément de milliers de milliards de dollars. Les intérêts de la dette fédérale s’élèvent aujourd’hui à
mille milliards de dollars par an. Le déficit du budget fédéral a atteint deux mille milliards de dollars par an. Pour rester solvable, le gouvernement fédéral américain doit emprunter un
autre millier de milliard de dollars tous les trois mois.
Poutine semble être d’accord avec le second camp ; il a retardé le lancement de l’OMS aussi longtemps que possible et n’est pas pressé de l’achever, très
probablement pour faire coïncider cet événement avec la chute des États-Unis, qui se sont assommés eux-mêmes avec une plume. Une grande majorité de Russes font confiance à son jugement et ont
suffisamment de patience pour attendre la fin des États-Unis. Les vidéos de Biden se figeant chaque fois qu’une carte perforée se coince dans son chargeur de cartes perforées ou déféquant
dans sa couche alors qu’il se tient à côté du président français lors d’une cérémonie solennelle, ou de sa charmante assistante Kamala débitant du charabia et gloussant follement, créent
l’image d’un ennemi que l’on peut éloigner par quelques coups de poing judicieux et quelques coups de bâton plutôt que de le tenir en échec avec des armes nucléaires.
Dans son discours, Poutine a énoncé certaines conditions pour la cessation du conflit armé dans l’ancienne Ukraine. Certains ont considéré ces conditions comme
des points à discuter ou à négocier, ce qui n’est pas le cas. Ces conditions doivent être acceptées – auquel cas il pourrait y avoir la paix – ou rejetées – auquel cas l’action militaire se
poursuivra et un grand nombre d’Ukrainiens continueront à mourir. Puis viendra la prochaine série de conditions, qui seront pires que les conditions actuelles. Aujourd’hui même, lors d’une
conférence de presse au Viêt Nam, Poutine a gentiment rappelé que les conditions actuelles ne resteraient pas longtemps en vigueur et qu’elles seraient modifiées en fonction de l’évolution de
la situation sur le terrain.
Certains ont pris les conditions de Poutine pour une sorte d’ultimatum. Il est clair qu’ils auraient intérêt à consulter un mot de vocabulaire aussi important
que “ultimatum” dans un dictionnaire. Un
ultimatum est “une demande finale ou un énoncé de
conditions, dont le rejet entraînera des représailles ou une rupture des relations”. Un ultimatum ne peut pas contenir des mots tels que “devrait”, comme dans “l’Ukraine devrait adopter un statut neutre et non aligné, être
dénucléarisée et subir une démilitarisation et une dénazification”.
Il ne peut pas non plus inclure des conditions ou des offres de négociation basées sur de telles conditions, comme “…une fois que Kiev aura accepté la ligne de conduite proposée
aujourd’hui, y compris le retrait total de ses troupes de la RPD, de la RPL, des régions de Zaporozhye et de Kherson, et qu’elle aura entamé ce processus avec sérieux, nous sommes prêts à
entamer des négociations rapidement et sans délai”. Et voici l’ultime “condition” : “Naturellement, cela implique également la levée de toutes les
sanctions occidentales à l’encontre de la Russie”.
Ceux qui demandent avec insistance que Zelensky, ou Biden, ou qui que ce soit d’autre négocie avec Poutine sur ses conditions manquent un point important : à
l’heure actuelle, il n’y a vraiment personne avec qui Poutine puisse négocier. Selon la constitution ukrainienne, Zelensky n’est plus président : son mandat de cinq ans a expiré en mai et
pour obtenir un nouveau mandat, il doit remporter des élections, qu’il a annulées. Zelensky n’est plus président, selon la constitution ukrainienne, et le pouvoir est automatiquement dévolu
au président du parlement, la Verkhovna Rada ; sauf que son président, un champion de l’amaigrissement du nom de Ruslan Stefanchuk, a refusé de prendre les rênes. Ensuite, en l’absence de
nouvelles élections, le mandat de la Verkhovna Rada elle-même expire le 11 août, date à laquelle le pouvoir dans l’ancienne Ukraine revient aux régions, dont certaines seraient alors libres
d’organiser un référendum public et de voter en faveur de l’adhésion à la Russie.
Ainsi, quiconque pense que les conditions actuelles de Poutine, qui expireront bientôt, sont inacceptables, ne devrait pas attendre le prochain tour, car la
prochaine série de conditions sera inacceptable à la puissance N. En d’autres termes, chaque nouvelle série de conditions est garantie d’être pire que la précédente, et on ne sait tout
simplement pas ce qu’il restera de l’ancienne Ukraine, le cas échéant, si l’on laisse l’OMS suivre son cours jusqu’au bout. Il s’agit d’une prédiction basée sur un modèle établi.
Rappelons qu’au début de l’affaire Ukraine/États-Unis, la Russie était heureuse de louer la base militaire de Sébastopol à l’Ukraine. Mais les États-Unis et
l’OTAN ont ensuite planifié l’expulsion de la marine russe et la transformation de Sébastopol en une base navale de l’OTAN (et ne l’ont pas caché). Ce n’est pas un hasard si, après le
putsch de Kiev en 2014, la Crimée a voté pour devenir russe.
Les habitants de Donetsk et de Lougansk n’aimaient pas le nouveau régime de Kiev contrôlé par les États-Unis et se sont rebellés contre lui. En réponse, le
régime de Kiev a lancé une campagne de terreur pendant neuf ans contre ces deux régions. La Russie a réagi en négociant les accords de Minsk, qui accordaient l’autonomie à ces régions
tout en les maintenant au sein de l’Ukraine.
Le régime de Kiev (ou plutôt les Américains qui le contrôlent) n’avait pas l’intention de respecter les termes des accords de Minsk et s’est préparé à
attaquer et à détruire les deux enclaves séparatistes de Donetsk et de Lougansk. La Russie a contrecarré leur attaque en reconnaissant l’indépendance de ces régions et en répondant à leur
demande d’aide par le lancement de l’OMS. Dans le même temps, la Russie a entamé des négociations avec Kiev qui ont abouti aux accords d’Istanbul. Ceux-ci prévoyaient le maintien de la
Crimée, de Donetsk et de Lougansk au sein de la Russie, mais autorisaient Kiev à contrôler Zaporozhye et Kherson (contrôlés par les forces russes à l’époque) si Kiev accordait à la Russie
un accès terrestre à la Crimée. Kiev a refusé d’accepter cet accord.
Les conditions actuellement proposées stipulent que la Crimée, Donetsk, Lougansk, Zaporozhye et Kherson sont des territoires russes souverains, mais que
Kiev peut conserver le reste à condition de désarmer et de poursuivre ses criminels de guerre nazis. Oh, et le russe doit redevenir une langue officielle, enseignée dans les écoles et les
universités. Oh, et l’Ukraine doit rester neutre. Oh, et toutes les sanctions à l’encontre de la Russie doivent être abandonnées. Mais il est peu probable que les marionnettistes américains de Kiev acceptent cette offre.
Ce qui nous amène à l’offre suivante : Les régions de Khargov, Dniepropetrovsk, Nikolaev et Odessa organisent des référendums et votent pour rejoindre la
Fédération de Russie. Hourra ! Toujours pas de preneur ?
L’offre suivante : Les régions de Tchernigov, Sumy, Poltava et Kirovograd reviennent à la Russie. Ce n’est toujours pas assez doux pour les Américains
?
Alors, d’accord ! Et si la Russie prenait les régions de Tcherkassy, Vinnitsa, Zhitomir et… la région de Kiev ? Cela donnerait à la Russie une belle
frontière, presque droite, hautement défendable. L’ancienne Ukraine (quel que soit le nom qu’on lui donnera) pourra garder le reste. La Pologne, la Hongrie et la Roumanie se disputeront
sans doute diverses parties de ce territoire ; qu’elles en fassent leur problème pour le siècle ou les deux siècles à venir. Ce sera une sorte de réserve de gremlins pour les vieux
criminels de guerre nazis ukrainiens, comme la province d’Idlib, dans le nord de la Syrie, l’est aujourd’hui pour les vieux mécréants d’ISIS, maintenant que leurs maîtres du Pentagone et
de la CIA les ont abandonnés.
Mais si les États-Unis sont de toute façon à bout de souffle, pourquoi leur faire des offres qu’ils ne sont manifestement pas prêts à accepter ? Pourquoi ne pas
les ignorer pendant toute la durée de l’opération ? La réponse n’est pas à chercher du côté des États-Unis ou de l’Occident, mais du côté du reste du monde, qui constitue aujourd’hui une
majorité globale, comprend toutes les nations en développement économique et entretient des relations généralement amicales ou neutres avec la Russie. Devant ce vaste public, la Russie
s’efforce d’apparaître comme une nation pacifique essayant de mettre fin à un conflit armé qui lui a été imposé par des États-Unis hostiles qui cherchaient à lui infliger des dommages afin de
la voler.
Mais la Russie n’est pas une victime ; elle a relevé le défi et contré cette menace, devenant ainsi le champion du Sud dans ses efforts pour mettre fin à
l’héritage de l’oppression occidentale. En tant que championne du monde hors Occident, la Russie ne doit pas apparaître comme égoïste ou cupide, mais très morale. En tant que nation
chrétienne à 75 % (et musulmane à 25 %), la Russie doit faire ce qui est chrétien : Offrir aux pécheurs la possibilité de se confesser, de se repentir et, en fin de compte, d’être pardonné et
sauvé.
Si les Américains qui ont fomenté le désordre ukrainien ne parviennent pas à accepter et à expier leurs crimes avec contrition et humilité, ils iront
certainement directement en enfer, mais tant que certains d’entre eux sont encore en vie, la voie de la rédemption doit leur être ouverte. En tant que chrétien orthodoxe, Poutine doit croire
que “le Christ Jésus est venu dans le monde pour
sauver les pécheurs, dont il est le premier” [1 Timothée 1:15] et s’abstenir de juger les autres en leur offrant plutôt une chance de se repentir et de se sauver.
Si la poursuite de l’action militaire est, à ce stade, inévitable, la Russie aspire à la sécurité, non seulement pour elle-même, mais aussi pour l’ensemble de
l’Eurasie. Poutine l’a exprimé dans les termes les plus clairs possibles : “…la future architecture de sécurité devrait être ouverte
à tous les pays d’Eurasie qui souhaitent participer à sa création”. Le terme “pour tous” peut également inclure les pays européens
et les pays de l’OTAN. Ou non, leur participation étant entièrement volontaire.
Quelle est la menace la plus grave pour la sécurité de l’Europe ?
“La principale menace pour les Européens est leur dépendance critique et croissante à l’égard des États-Unis dans les domaines militaire, politique, technologique,
idéologique et informationnel”.
La Russie veut aider l’Europe à se libérer de l’occupation américaine, un héritage de 80 ans datant de la Seconde Guerre mondiale qui aurait dû prendre fin il y
a 35 ans avec la fin de la guerre froide. Quel rôle Poutine voit-il pour les États-Unis à l’avenir ? “…il est nécessaire, à long terme, de réduire
progressivement la présence militaire des puissances extérieures dans la région eurasienne.” C’est probablement la façon la plus douce et la plus polie de
dire “Yankee, rentre chez toi !” que
l’on puisse formuler.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Les Houthis ont accepté de mettre
fin à leurs attaques contre le trafic commercial dans la mer Rouge si Israël autorise l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Il ne s’agit pas seulement d’une
proposition raisonnable, c’est une politique soutenue par la grande majorité des citoyens à travers le monde.
En juin, la Defense Intelligence Agency (DIA) a publié un rapport soulignant l’impact des attaques des Houthis sur la navigation commerciale dans la mer
Rouge. Le rapport est un récit dévastateur de l’échec de Washington à protéger les couloirs de transit critiques dans l’une des voies navigables les plus importantes du monde. La
coalition navale de fortune de l’administration Biden, baptisée Opération Prosperity Guardian, n’a pas seulement été incapable d’assurer le passage sûr des transporteurs commerciaux
dans la mer Rouge, mais elle a en fait aggravé la situation. Les Houthis ont peaufiné leurs opérations militaires tout en ajoutant des armes plus meurtrières à leur arsenal. En bref,
les Houthis ont montré qu’un groupe disparate de militants peut imposer des sanctions coûteuses à leurs ennemis en mettant en œuvre des stratégies asymétriques qui sapent «l’ordre
fondé sur des règles». Voici un extrait du rapport de la DIA :
«À la mi-février, le transport de
conteneurs via la mer Rouge avait diminué d’environ 90% depuis décembre 2023 ; le transport maritime via la mer Rouge représente généralement environ 10 à 15% du
commerce maritime international. (…)
Les routes
maritimes alternatives autour de l’Afrique ajoutent environ 11.000 milles marins, 1 à 2 semaines de temps de transit et environ 1 million de dollars en
coûts de carburant pour chaque voyage. Pour de nombreuses compagnies maritimes, les coûts combinés des primes d’équipage, de l’assurance contre les risques de guerre
(environ 1000% de plus que les coûts d’avant-guerre). (…)
À la mi-février,
les primes d’assurance pour les transits en mer Rouge ont augmenté de 0,7 à 1,0% de la valeur totale d’un navire, contre moins de 0,1% avant décembre 2023».1
C’est un rapport choquant. Selon l’analyse du gouvernement
lui-même, la politique de Biden en matière de mer Rouge a été un échec lamentable. Le transport de conteneurs a diminué de 90%, tandis que les primes d’assurance, les
coûts de carburant et les «miles
supplémentaires parcourus» ont grimpé en flèche. Il n’y a aucune trace d’optimisme dans l’ensemble du rapport. Les Houthis ont pratiquement
atteint tous leurs objectifs stratégiques tandis que l’ingérence de Washington n’a rien apporté.
Étonnamment, les journalistes de Business
Insider ont tiré la même conclusion que DIA, à
savoir que les
Houthis ont réussi à manœuvrer l’Oncle Sam à chaque instant. Voici un extrait d’un article de Business
Insider récent :
«Les Houthis se
sont révélés être des ennemis rusés et redoutables. Cinq mois après une série de frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis visant à «perturber et dégrader» leurs
capacités, les militants continuent de faire des ravages. Ils obligent régulièrement la force opérationnelle dirigée par les États-Unis à intercepter leurs missiles, leurs bombardiers
et leurs drones volants qui ont transformé les voies de navigation de la mer Rouge et du golfe d’Aden en un couloir dangereux – et mortel.
Les Houthis ont frappé plusieurs
navires la semaine dernière, et les responsables américains affirment que ces
attaques ne devraient pas prendre fin de sitôt, ce qui fait craindre que les États-Unis ne soient coincés dans une impasse coûteuse et insoutenable.Les Houthis ont réussi à entraîner
Washington dans un conflit prolongé, coûteux et épuisant les ressources,et à faire grimper les coûts de
transport.
Même si aucun
navire de guerre américain n’a été touché, les États-Unis doivent supporter les coûts financiers croissants et l’usure de leurs navires de guerre».2
Les Houthis ont essentiellement fermé la navigation commerciale à travers l’un des points d’étranglement de transit les plus importants au monde et les
États-Unis sont incapables de faire quoi que ce soit à ce sujet. Quelqu’un n’aurait-il pas pu anticiper ce scénario avant que Biden ne déploie impulsivement une flottille navale vers
la mer Rouge ?
De nombreux sceptiques savaient que la stratégie Biden n’avait aucune chance de réussir, mais leurs voix ont été étouffées par les guerriers de fauteuil
qui ont toujours fixé la politique. Ce sont les hauts responsables de l’establishment de la politique étrangère qui ignorent invariablement les faits et fomentent
avec leur
philosophie «tirer d’abord et
poser des questions plus tard». Dans
le cas présent, ces ultra-faucons tenaces ne pouvaient tout simplement pas accepter qu’une nouvelle batterie de militants en sandales puisse porter un coup aux intérêts américains en
lançant des attaques de missiles et de drones sur des navires marchands protégés par des destroyers américains. Mais c’est précisément ce qui s’est passé et – comme nous l’avons dit
plus tôt – Biden a été averti qu’un tel résultat était probable. Ceci est tiré d’un article de Responsible
Statecraft :
«Un certain nombre de voix
réalistes dénoncent la folie de tomber une fois de plus dans une spirale de représailles violentes qui mènera probablement à une véritable crise militaire, voire à la
mort de militaires américains.
«Elles
(lesfrappes)
ne fonctionneront pas.Elles ne dégraderont pas
suffisamment les capacités des Houthiset
ilsne
cesseront leurs attaques contre les navires», déclare Ben Friedman, chercheur principal chez Defence Priorities. «Pourquoi faire
quelque chose d’aussi manifestement imprudent ? La retenue nous rappelle qu’aucune
loi de ce type n’exige que nous devions mener des frappes aériennes qui ne fonctionneront pas. Nous avons toujours la possibilité de ne pas recourir à une violence
inutile.3
«Retenue» ? L’auteur
pense-t-il que l’establishment américain en matière de politique étrangère est capable de faire preuve de retenue ?
Malheureusement, tous les réalistes compétents et sobres qui ont joué un rôle dans l’élaboration de la politique étrangère américaine ont depuis
longtemps été remplacés par des guerriers de
fauteuil qui répondent par réflexe à chaque crise par le même recours contre-productif à la force militaire. Nous sommes convaincus que ces mêmes faucons de guerre vont
s’intensifier une fois de plus au Yémen comme ils l’ont fait en Ukraine, entraînant le pays plus profondément dans un conflit qu’il n’a aucune chance de gagner. Découvrez cet extrait
révélateur de la
stratégie de sécurité nationale 2022 de Biden :
«… les États-Unis
ne permettront pas aux puissances étrangères ou régionales de compromettre la liberté de navigation dans les voies navigables du Moyen-Orient, y compris le détroit d’Ormuz et Bab al
Mandab, ni ne toléreront les efforts d’un pays pour en dominer un autre – ou la région – par le biais d’un renforcement militaire, incursions ou menaces».
Et voilà : les Houthis représentent un danger clair et actuel pour la sécurité nationale des États-Unis en affirmant simplement leur contrôle sur leurs
propres eaux territoriales. Cela signifie-t-il que l’escalade est inévitable ?
OUI.
L’extrait ci-dessus équivaut à une déclaration de guerre. Nous devrions nous attendre à ce que Biden agisse en conséquence en intensifiant les
bombardements des villes et des infrastructures yéménites, en renforçant le blocus économique et, à terme, en déployant des troupes de combat pour mener une offensive terrestre sur la
péninsule arabique. A en juger par l’expérience passée, les décisions sur ces questions ont probablement déjà été prises.
À propos, l’opération navale de Biden – l’opération Prosperity Guardian – n’a jamais été approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU, le Congrès
américain ou le peuple américain. Il s’agit d’une autre intervention unilatérale et inconsidérée qui exclut une solution diplomatique et garantit que les États-Unis seront confrontés
à une autre défaite humiliante par leurs ennemis dans le futur. Voici davantage d’informations de Jim Krane, chercheur en études énergétiques, qui aide à expliquer l’impact mondial
des attaques des Houthis :
«Les attaques des
Houthis contre les navires de la mer Rouge présentent un nouveau phénomène dans le conflit géo-économique : un acteur non étatique utilisant
la guerre asymétrique non seulement pour combattre les forces armées conventionnelles, mais également pour imposer des sanctions économiques ciblées en attaquant sélectivement les
navires internationaux. Les Houthis ont fait ce grand pas en combinant deux facteurs : des armes peu coûteuses et de haute technologie qui peuvent menacer, voire couler,
les navires de haute mer et le contrôle d’un territoire côtier stratégique surplombant l’un des goulots d’étranglement maritimes les plus fréquentés du monde : le détroit de Bab
al-Mandab. (…)
Ces attaques
houthis des transports maritimes sur la mer Rouge a réorienté le commerce entre l’Asie et l’Europe de manière inégale. Les compagnies maritimes basées
dans les pays où les gouvernements se sont prononcés contrele
génocideisraélien à Gaza ont bénéficié
d’exemptions des attaques des Houthis, ce qui se traduit par des avantages en termes de coûts et des bénéfices plus élevés. À l’inverse, les chargeurs basés dans les
pays soutenant Israël, ainsi que ceux transportant des marchandises à destination de l’Europe ou des États-Unis, ont perdu l’accès au raccourci de la mer Rouge entre l’Asie et
l’Europe. En conséquence, les coûts et la durée des voyages ont augmenté, parallèlement à la demande de navires, ce qui a contribué à faire augmenter les tarifs de fret, y compris sur
les itinéraires qui ne passent pas par la mer Rouge.
La perturbation biaisée du transport maritime mondial suggère que les Houthis ont réussi à atteindre
leur objectif d’imposer des coûts aux partisans d’Israël… Les dirigeants Houthisontaccrules avantages compétitifs des
expéditeurs chinois et russes. (…) La stratégie sélective employée par les Houthis consiste à imposer des sanctions économiques qui semblent disproportionnées aux entreprises
basées dans l’UE… En effet, les coûts supplémentaires de la
chaîne d’approvisionnement pèsent lourdement sur les prévisions économiques déjà pessimistes pour l’Union européenne et l’Égypte. Plus les attaques se prolongent, plus leur
impact résiduel est important, ce qui freine les perspectives de croissance.
La campagne des
Houthis dans le golfe d’Aden et dans la mer Rouge a produit une nouvelle forme de perturbation économique mondiale basée sur des griefs avec Israël, et s’avère difficile à dissuader
ou à contrer. (…) La campagne des Houthis a
également révélé l’inefficacité des contre-mesures prises par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN.
Les attaques
américaines et britanniques contre des sites houthis au Yémen ont créé de nouveaux griefs et une justification pour une
extension potentielle des attaques en mer Rouge au-delà d’un cessez-le-feu à Gaza… Les attaques houthis contre les navires se sont en fait intensifiées après le début
des frappes de représailles américano-britanniques. (…)
Ce groupe
militant enhardi a annoncé le 14 mars qu’il étendrait ses attaques au-delà de
la zone immédiate de Bab al-Mandab jusqu’à la mer d’Oman et l’océan Indien au sens large pour cibler les navires liés à Israël et à ses alliés détournés via le cap de
Bonne-Espérance.4
Bon, résumons : les attaques des Houthis sur la mer Rouge ont…
Créé de nouvelles opportunités pour les acteurs non étatiques de mener une guerre asymétrique contre les forces armées conventionnelles.
Imposé des sanctions économiques ciblées contre les partisans du génocide israélien
Réorienté le commerce entre l’Asie et l’Europe de manière à offrir des avantages compétitifs aux expéditeurs chinois et russes
Aidé les Houthis à atteindre leur objectif d’imposer des coûts aux partisans d’Israël
Induit des coûts supplémentaires à la chaîne d’approvisionnement et ont eu un impact négatif sur les prévisions économiques déjà pessimistes pour
l’Union européenne et l’Égypte… freinant ainsi les perspectives de croissance.
Préparé le terrain pour l’expansion des opérations des Houthis au-delà de la mer Rouge vers la mer d’Oman et l’océan Indien au sens large.
Lequel de ces résultats fait progresser les intérêts américains ou renforce la sécurité nationale américaine ?
Aucun d’entre eux, c’est pourquoi nous poserons une deuxième question :
Les gens qui prennent ces décisions à courte vue s’interrogent-ils parfois sur l’impact de leurs choix sur le pays ou sur le peuple américain ?
Probablement pas.
Et, s’il vous plaît, ne blâmons pas les Houthis pour un conflit dont l’administration Biden est responsable à 100%. Personne n’a mis une arme sur la
tempe de Joe Biden et ne l’a forcé à déployer la marine américaine en mer Rouge pour se lancer dans des bagarres inutiles afin de défendre le droit d’Israël d’assassiner des femmes et
des enfants à Gaza. Il s’agit d’une décision que Biden a prise unilatéralement, sans tenir compte de la vague de condamnation internationale, des décisions cinglantes de la CPI, de la
CIJ et de pratiquement toutes les organisations de défense des droits de l’homme sur la planète Terre. Biden a choisi d’ignorer le
jugement moral du monde entier pour promouvoir le programme sordide de l’État juif. En revanche, en tant que résistants, les Houthis ne font que lutter pour mettre fin
au génocide israélien. Ils n’avaient pas envie d’une guerre avec les États-Unis. Ce n’est pas du tout ça. Ils essaient simplement d’amener les Israéliens à lever leur blocus, afin que
davantage de personnes ne meurent pas de faim. Est-ce trop demander ? Voici comment le leader Houthi Mohammed Al-Bukhaiti a résumé la situation :
«Agir pour soutenir les opprimés…
est un véritable test de moralité… et quiconque n’agit pas pour mettre fin au crime de génocide… a perdu son humanité. Les valeurs morales… ne changent pas avec la race
et la religion de la personne… Si un autre groupe d’humains était soumis à l’injustice dont sont victimes les Palestiniens, nous prendrions des mesures pour les soutenir, quelles que
soient leur religion et leur race… le peuple yéménite (s’engage)… à parvenir à une paix juste qui garantisse la dignité, la sûreté et la sécurité de tous les pays et de tous les
peuples».5
La déclaration d’Al-Bukhaiti peut paraître étrange aux Occidentaux qui ont du mal à croire qu’un dirigeant puisse faire passer ses convictions morales
avant son propre intérêt ou l’accumulation de plus de pouvoir. Mais c’est ce qui dynamise le mouvement Houthi ; leur détermination à mettre en pratique leurs croyances religieuses.
Les Houthis n’ont rien à gagner à combattre les États-Unis. Ils le font parce qu’ils s’opposent à la brutalité sadique et à la violence meurtrière de Tsahal. C’est pourquoi ils
s’exposent à des blessures graves, voire à la mort. C’est parce qu’ils croient que c’est la «bonne chose à faire» ; parce que la justice vaut la peine de mourir et parce que – comme
le dit Al-Bukhaiti – agir pour soutenir les opprimés est le véritable test de la moralité.
Ironiquement, les opinions du peuple américain s’alignent plus étroitement sur celles des Houthis que sur celles de leur propre gouvernement. La
majorité des Américains soutiennent la justice pour les Palestiniens, soutiennent un État palestinien souverain, soutiennent un cessez-le-feu permanent et soutiennent la fin de la
violence et de l’effusion de sang.
Seul notre gouvernement et Israël souhaitent que le bain de sang continue.
Suite aux déclarations du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, en faveur de l’utilisation par l’Ukraine d’armes fournies par les pays
occidentaux pour attaquer des cibles militaires sur le territoire russe, les pays occidentaux, l’un après l’autre, ont commencé à accorder à Kiev l’autorisation de le faire.
Chaque jour qui passe, le front atlantique prend de nouvelles mesures pour augmenter l’intensité de la guerre et même étendre son ampleur et son aire
géographique.
L’Europe se prépare à la guerre
Le président français Emmanuel Macron parle depuis longtemps d’envoyer des troupes en Ukraine.
Le monde entier a appris, grâce à des fuites d’enregistrements audio, que des généraux allemands envisageaient de faire tomber le pont de Crimée.
Bien entendu, il faut supposer qu’il existe de nombreux autres plans secrets qui n’ont pas été divulgués.
Les pays européens multiplient par plusieurs fois leurs budgets de défense. En Allemagne, le service militaire obligatoire est de retour. Même le
ministre de la Santé souligne que le système de santé du pays n’est pas adapté à la guerre et doit être restructuré.
À cet égard, le Royaume-Uni est déjà le premier à jeter de l’huile sur le feu.
La tentative d’assassinat du premier ministre slovaque Robert Fico et les menaces similaires contre le président serbe Aleksandar Vucic, qui ont des
politiques différentes de celles de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni sur la question ukrainienne, montrent que le processus est entré dans une nouvelle phase.
Sans multiplier les exemples, nous pouvons affirmer avec certitude que l’Europe se prépare à la guerre et connaît un processus rapide de
militarisation.
L’ère atlantique touche à sa fin
Pour comprendre ce processus, il convient d’examiner plusieurs évolutions.
Commençons par les faits généraux…
L’hégémonie atlantique est en déclin.
Par ailleurs, le centre de l’économie mondiale se déplace de l’Atlantique vers le Pacifique.
Avec la pandémie et la guerre en Ukraine, chacun peut constater que le système néolibéral est à l’arrêt. Le front atlantique présente des lacunes dans
presque toutes les guerres qu’il mène.
L’agression israélienne a échoué face à la résistance palestinienne, même les politiques génocidaires n’ont pas pu briser la résistance du peuple
palestinien.
L’Occident n’a pas pu renverser Assad. Les plans occidentaux dans le Caucase du Sud ont échoué.
Des mouvements d’indépendance fondés sur l’État émergent en Afrique. L’Amérique latine n’est pas différente.
Les pays du Golfe, tels que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ne cèdent pas à la pression américaine. Ils agissent sur de nombreuses
questions, telles que les questions militaires et les prix du pétrole, non pas en fonction des intérêts de Washington, mais de leurs propres intérêts.
En outre, les pays de toutes ces régions qui sont dans la ligne de mire de l’atlantisme se rassemblent.
Des partenariats tels que l’Organisation de coopération de Shanghai, les BRICS et l’Organisation des États turcs gagnent rapidement en puissance et
façonnent un nouvel ordre mondial multipolaire.
Mauvaises nouvelles du front
Et le contexte de l’Ukraine…
Les sanctions économiques contre la Russie n’ont pas fonctionné. L’économie européenne a souffert, pas l’économie russe. Au contraire, la Russie a saisi
l’occasion de rompre avec la dépendance à l’égard de l’Occident et de se concentrer sur sa production intérieure.
La
contre-offensive ukrainienne s’est révélée être un échec total. À un moment donné, pourtant, certains Occidentaux ont cru que l’armée ukrainienne allait défiler sur la place Rouge de
Moscou.
Cet échec sur la ligne de front a également provoqué des fissures dans le régime de Kiev, entre factions qui se battaient pour occuper le trône, et
l’Occident a commencé à chercher des alternatives à Zelensky. En outre, le mandat de Zelensky a expiré et il a perdu sa légitimité en ne convoquant pas d’élections.
Au cours de cette période, nous avons assisté à des accusations entre les bailleurs de fonds du régime de Kiev, principalement les États-Unis et le
Royaume-Uni. Les désaccords entre Paris et Berlin sont également devenus visibles.
Nous verrons sans aucun doute des fissures plus profondes en Europe. Les gouvernements du vieux continent, qui ont adopté une politique de «l’Europe pour les
États-Unis» au lieu de «l’Europe pour
l’Europe», sont confrontés à des objections sociales chez eux.
Il est inconcevable que les peuples d’Europe, qui paient déjà un prix économique, soient prêts à donner leur vie dans une guerre.
Tous ces développements créeraient inévitablement un sentiment de panique à l’Ouest. Ils feraient tout pour ne pas perdre la guerre.
La Russie semble se préparer à une offensive dans l’espoir de prendre un grand avantage sur le front. L’Occident entend dissuader la Russie de le faire.
L’attentat terroriste contre le Mall Crocus avait pour but de distraire Moscou en déclenchant des perturbations internes et d’empêcher ainsi une éventuelle offensive. Toutes les
déclarations de l’Occident, de l’envoi de troupes en Ukraine à l’autorisation d’utiliser ses armes sur le territoire russe, sont consacrées à la dissuasion.
Se préparer aux prochaines élections américaines
Les prochaines élections américaines doivent également être prises en compte.
Tout le monde a commencé à faire des projections basées sur le «retour de Trump». Qui remplira le vide lorsque Washington se retirera sur son propre
continent, renonçant à la prétention de «commander le monde». Macron était très enthousiaste à ce sujet pendant la première ère Trump, mais les choses ne se sont pas déroulées comme
il le souhaitait.
Lorsque Biden est arrivé au pouvoir, toutes les puissances européennes ont tranquillement accepté les directives de Washington. Après tout, elles
partageaient le même état d’esprit que Biden. Aujourd’hui, une fois de plus, les centres européens se demandent s’ils doivent remplacer les États-Unis s’ils quittent la scène. Les
forces prêtes pour une nouvelle aventure en Europe se préparent aux prochaines élections américaines.
L’Europe bluffe-t-elle ?
Notre conclusion à partir de ce qui précède : Il y a du bluff pour arrêter la Russie d’une part, et ceux qui veulent devenir le nouvel «Hitler» au sein
de la grande bourgeoisie européenne, d’autre part.
Le conflit ukrainien s’étend à l’Afrique
Pour atteindre ces objectifs, le front atlantiste veut aussi étendre la géographie de la guerre.
En fait, ils ont déjà essayé à plusieurs reprises en Moldavie ou dans les pays baltes en utilisant la question de la Transnistrie. Mais cela n’a pas
fonctionné.
Maintenant, il y a des mouvements dans une géographie encore plus lointaine : l’Afrique.
Il y a déjà une confrontation en Afrique. Les pays africains se rebellent contre les politiques néocolonialistes des États-Unis et de la France et les
chassent progressivement du continent.
La Russie, la Chine et la Turquie sont les piliers les plus importants pour les pays africains dans cette lutte. Ces trois pays font contrepoids au
néocolonialisme sur les plans militaire, économique et politique.
Aujourd’hui, le front atlantiste a l’intention d’introduire un nouvel «acteur» en Afrique.
De nouvelles ambassades ukrainiennes ont récemment été ouvertes dans dix pays africains (Côte d’Ivoire, Ghana, Rwanda, Botswana, Mozambique, République
démocratique du Congo, Soudan, Tanzanie, Mauritanie et Cameroun). Paris, en particulier, veut rattraper son échec sur le continent. Et pour l’Ukraine, c’est une façon de payer le prix
de l’aide qu’elle reçoit de l’Occident.
Il a même été révélé que des forces militaires des services secrets ukrainiens combattaient au Soudan. L’objectif est de briser l’influence de la Russie
en Afrique.
Si Kiev envoie des troupes en Afrique pour la politique néocolonialiste de la France, elle tente également d’y recruter des soldats pour lutter contre
la Russie en Ukraine.
Par exemple, après que l’Ukraine a ouvert une ambassade en Côte d’Ivoire, pays connu pour son soutien à la stratégie française, la presse a publié un
document sur le recrutement de volontaires pour rejoindre l’armée ukrainienne. Au Sénégal, les autorités sénégalaises sont intervenues et les recruteurs ukrainiens ont été empêchés de
rameuter des mercenaires pour le front contre la Russie.
Les ambassades ukrainiennes font également du lobbying pour la «paix» occidentale en Afrique en jouant la carte du «transport de céréales».
Comme il ne fait aucun doute que l’Ukraine poursuivra également la stratégie occidentale en Afrique, les activités de l’Ukraine viseront non seulement
la Russie, mais aussi la lutte pour l’indépendance des peuples africains et donc la Turquie, qui est l’un des principaux soutiens de cette lutte sur le continent.
Adhésion aux BRICS : Contribuer à la paix dans le monde
Les préparatifs de guerre en Occident et les plans visant à déplacer le conflit ukrainien vers l’Afrique révèlent clairement la menace qui pèse sur le
monde.
Dans un tel contexte, l’annonce par la Turquie de sa volonté de rejoindre les BRICS revêt une importance particulière.
La consolidation du pouvoir par des organisations multipolaires telles que les BRICS est le moyen d’éviter la guerre. C’est l’unification du front
eurasien qui peut dissuader les États-Unis et l’Europe de se lancer dans de dangereuses aventures.
Des BRICS forts et institutionnalisés, une Organisation de coopération de Shanghai forte, une Organisation des États turcs tout aussi forte obligeront
Biden, Macron et Scholz à agir plus prudemment. Sinon, ils semblent prêts à recourir à toutes sortes de méthodes violentes dès qu’ils perçoivent la moindre faiblesse chez l’autre
partie.
En rejoignant les BRICS, la Turquie apporterait une contribution importante à la paix mondiale.
La Turquie ne doit pas chercher à faire de l’adhésion aux BRICS un levier pour négocier avec l’Occident, comme elle l’a fait par le passé sur
différentes questions. Au contraire, la Turquie doit prendre des mesures concrètes dès que possible.
En ce qui concerne la guerre en Ukraine, le principal défi pour la
Russie est de trouver l’équilibre entre la surestimation et la sous-estimation stratégiques. “Nous surestimons toujours le changement qui se produira dans les
deux prochaines années et sous-estimons le changement qui se produira dans les dix prochaines années“, comme l’a dit Bill Gates.
Le ton triomphaliste
du discours prononcé vendredi par le président Vladimir Poutine devant une assemblée spéciale de hauts fonctionnaires du ministère des affaires étrangères à Moscou, dans
lequel il a présenté les garde-fous pour les négociations avec l’Ukraine, ne fait aucun doute. La Russie est un pays à forte culture contextuelle, qui communique de manière implicite et
s’appuie fortement sur le contexte.
Poutine a souligné certaines conditions préalables. La Russie est prête à cesser immédiatement les hostilités si l’Ukraine commence à retirer ses unités
militaires au-delà des limites administratives des régions du Donbass, de Zaporizhia et de Kherson. Il s’agit là d’une curieuse reprise de la condition préalable que Moscou avait remplie en
mars 2022 lorsque, à la suite des pourparlers d’Istanbul, l’Ukraine s’attendait à un recul des déploiements russes autour de Kiev.
La condition préalable de Poutine implique que les nouvelles réalités territoriales doivent être fixées par des traités internationaux. Moscou n’est prête à
négocier qu’une fois que Kiev aura officiellement notifié à l’OTAN qu’elle renonce à demander l’adhésion. La Russie attend une levée complète des sanctions.
De toute évidence, les conditions de paix de la Russie sont, en partie du moins, fondées sur certaines conditions préalables qui sont, en théorie, impossibles à
remplir par l’Ukraine et ses mentors. On peut donc s’attendre à un durcissement des conditions de paix si les troupes russes progressent sur le champ de bataille. Pendant ce temps, Moscou
signale à ses adversaires occidentaux l’inévitabilité d’un redécoupage massif de la frontière russo-ukrainienne comme base de la paix.
Sans surprise, les puissances occidentales considèrent les conditions de paix de Poutine comme un ultimatum, bien que la diplomatie russe les présente comme une
importante initiative de paix. Le moment était bien choisi, juste à la fin du sommet du G7 à Borgo Egnazia en Italie et à la veille de la “rencontre pour la paix” organisée par l’Occident à Bürgenstock.
Le pronostic de l’influent homme politique, vice-président de la Douma depuis 2016 et descendant d’une illustre famille russe, Pyotr Tolstoy
(arrière-arrière-petit-fils de Leo Tolstoy), est que Moscou n’appellera qu’à la reddition des forces ukrainiennes.
L’humeur à Moscou est devenue belliqueuse, car l’UE, sous l’impulsion soutenue de Washington, se dirige inexorablement vers la confiscation des avoirs gelés de
la Russie dans les banques occidentales – apparemment pour répondre aux besoins de l’Ukraine, mais en réalité pour couvrir les dépenses énormes que Washington engage pour sa guerre par
procuration.
Le communiqué du sommet du G7 souligne que “en présence du président Zelenskyy, nous avons décidé de mettre à
disposition environ 50 milliards de dollars en utilisant les revenus extraordinaires des actifs souverains russes immobilisés, envoyant ainsi un signal clair au président Poutine. Nous
intensifions nos efforts collectifs pour désarmer et dégraisser le complexe militaro-industriel russe“.
La formulation du G7 est un mensonge. Ce qui est en train de se dérouler est l’escroquerie financière du siècle et le plus grand vol d’argent de l’histoire. Une
bande de brigands des temps modernes s’empare littéralement d’environ 260 milliards de dollars d’actifs souverains russes et leur donne la coloration d’une traduction légale en leur
attribuant le statut de garantie financière pour un prêt américain à l’Ukraine, en violation flagrante du droit financier international qui remplira en fin de compte les poches du complexe
militaro-industriel américain et des politiciens.
En résumé, Washington fait de sa guerre par procuration en Ukraine une entreprise autofinancée, dont les coûts sont comptabilisés, avec les Européens comme
garants. Washington porte un coup sévère à l’honneur et à la fierté nationale de la Russie. La grande question est de savoir ce que la Russie va faire à partir de maintenant, compte tenu de
sa “culture à contexte élevé“.
L’une des ellipses à peine remarquées dans le discours de Poutine de vendredi est qu’il a laissé en suspens son long récapitulatif des trahisons occidentales
sans expliquer comment la Russie en est arrivée à une telle situation historiquement.
Si la soumission volontaire à l’avalanche d’humiliations nationales était simplement due à la faiblesse de la Russie, cela appartient certainement au passé.
Aujourd’hui, la Russie est la quatrième économie mondiale, une grande puissance militaire et la seule puissance de la planète ayant la capacité stratégique de réduire les États-Unis en
cendres thermonucléaires. Pourtant, des subalternes comme le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, menacent la Russie en disant être à la tête d’une “alliance nucléaire“.
C’est là que l’élucidation du discours de Poutine par le président du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev – “sur ce qu’il [Poutine] a soigneusement laissé entendre dans son
discours” – doit être comprise correctement.
Medvedev a soulevé quatre points essentiels :
Les nouveaux territoires qui font partie de la Russie depuis 2022 “le resteront pour toujours“.
Un “scénario
catastrophe” se dessine pour le régime de Kiev.
La zone sanitaire que la Russie créera à ses frontières occidentales pour prévenir les attaques terroristes pourrait s’étendre jusqu’à la frontière de
l’Ukraine avec la Pologne, point de départ des menaces de l’OTAN contre la Russie.
« Le président
n’a pas dit cela [le sort de l’Ukraine occidentale] directement, mais il est évident que ces territoires, si les gens qui y vivent le souhaitent, peuvent faire partie de la
Russie ».
Ce n’est certainement pas une coïncidence si Poutine a atterri à Pyongyang aujourd’hui, ni si la flotte russe du Pacifique a entamé un exercice naval à grande échelle jusqu’au 28 juin dans l’océan Pacifique, dans les mers du Japon et d’Okhotsk.
Dans le cadre de sa visite d’État en Corée du Nord, Poutine a écrit dans un article pour le journal nord-coréen Rodong Sinmun : “Nous apprécions grandement le soutien indéfectible de la RPDC à
l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine… Nous allons… nous opposer conjointement aux restrictions unilatérales illégitimes [lire sanctions] et façonner l’architecture d’une
sécurité égale et indivisible en Eurasie.”
À propos, si la Corée du Nord, qui est une puissance nucléaire, figure dans le premier cercle des alliés stratégiques de la Russie, l’Iran, qui est un pays au seuil du nucléaire, peut-il être loin derrière – et, surtout, quelle pourrait être son
alchimie ? En effet, la Russie a prévenu qu’elle donnerait une réponse asymétrique à l’attaque de son territoire avec des armes occidentales aidées par du personnel de l’OTAN – un fait sans
précédent, même au plus fort de la guerre froide – et au soutien ouvert et véhément du secrétaire général de l’OTAN à cette attaque.
Dans son livre The
Russia Hand (2002), Strobe Talbott raconte un aparté avec Bill Clinton lors d’une visite présidentielle américaine à Moscou en 1995. Clinton a dit à Talbott, en utilisant sa
métaphore favorite, que son instinct lui soufflait que les élites russes boudaient et ne supportaient plus la “merde” qu’on leur enfonçait dans la gorge. En effet,
l’expansion de l’OTAN vers l’Est était déjà sur la table à dessin de la Maison Blanche à ce moment-là.
Cependant, il a fallu à la Russie un quart de siècle de plus, jusqu’en février 2022, pour résister à l’intimidation des États-Unis. Il est certain que la
candide “annotation” de Medvedev n’a pas pu être
faite sans l’approbation de Poutine.
Le défi pour les deux prochaines années est que la Russie pourrait surestimer la volonté des États-Unis et de l’UE de concéder sa demande légitime d’une
sécurité égale et indivisible.
D’autre part, dans une perspective à plus long terme, Moscou ne devrait pas sous-estimer le refus obstiné des puissances européennes en déclin – le Royaume-Uni,
la France et l’Allemagne – d’accepter la montée en puissance de la Russie comme une réalité géopolitique incontournable avec laquelle ils doivent se réconcilier.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orhan a raison d’estimer qu’il serait tout à fait naïf de penser que la nouvelle direction de l’UE modérera ses politiques à l’égard de l’Ukraine et de la Russie, malgré
l’ascension des partis de droite lors des récentes élections au Parlement européen.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Chaque escalade rapproche Washington de la défaite en Ukraine
Il y a une grande différence entre «ne pas gagner» et «perdre» une guerre. Dans le cas de l’Ukraine, «ne pas gagner» signifie que le président Zelensky
et ses collaborateurs à Washington choisissent de poursuivre un règlement négocié qui permettrait à la Russie de conserver le territoire qu’elle a conquis pendant la guerre tout en
répondant aux modestes exigences de Moscou en matière de sécurité. (Note : l’Ukraine doit rejeter toute intention d’adhérer à l’OTAN).
D’un autre côté, «perdre» la guerre signifie que les États-Unis et l’OTAN continuent sur la même voie qu’aujourd’hui, c’est-à-dire qu’ils déversent des
armes létales, des entraîneurs et des systèmes de missiles à longue portée en Ukraine, en espérant que l’offensive russe soit progressivement affaiblie afin que l’Ukraine puisse
l’emporter sur le champ de bataille. Cette autre voie, qui revient à prendre ses désirs pour des réalités, est la voie à suivre pour «perdre» la guerre.
Contrairement au scénario «ne pas gagner» la guerre, «perdre» la guerre aura un effet catastrophique sur les États-Unis et leur avenir. Cela
signifierait que Washington n’a pas été en mesure d’empêcher une incursion militaire russe en Europe, ce qui est la principale raison d’être de l’OTAN. Cela remettrait en cause l’idée
que les États-Unis sont capables de jouer le rôle de garant de la sécurité régionale, rôle dont ils jouissent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La perception d’une défaite
américaine face à la Russie déclencherait inévitablement une réévaluation des relations actuelles en matière de sécurité, ce qui entraînerait la dissolution de l’OTAN et, très
probablement, de l’UE également. En d’autres termes, perdre la guerre serait un désastre. Voici comment le colonel Daniel Davis a résumé la situation la semaine dernière :
«Nous ne pouvons
pas laisser la Russie gagner».
«C’est ce que j’ai
entendu tout au long des deux années et plus qu’a duré la guerre. Mais voici ce que je dis : Si vous continuez sur cette voie – en ignorant toutes les réalités dont nous parlons sans
cesse – non seulement la Russie gagnera, mais nous perdrons. Et je vous assure que si vous pensiez qu’il était mauvais de «laisser Poutine gagner» – ce qui signifie avoir un règlement
négocié dans lequel Poutine se retrouve avec un territoire avec lequel il n’a pas commencé la guerre -… Mais si vous dites cela – parce que je ne veux pas que cela se produise, je
vais continuer à me battre – cela implique que vous pensez que vous pouvez gagner. Mais si vous ne pouvez pas gagner, le résultat probable est que vous perdrez encore plus, et c’est
ce qui va vraiment nuire à notre crédibilité parce que, imaginez si toute la force de l’OTAN s’avérait incapable d’empêcher la Russie de gagner ?» «Notre crédibilité serait alors bien
plus mise à mal que par un règlement négocié». (Colonel Daniel
Davis, You Tube)
Ainsi, si «ne pas gagner» n’est pas l’issue parfaite, elle est largement supérieure à «perdre», qui
minerait gravement la crédibilité de l’Alliance, éroderait considérablement le pouvoir de Washington en Europe et obligerait les États-Unis à repenser leurs plans de projection de
puissance en Asie centrale (pivot vers l’Asie). (En bref, une défaite des États-Unis face à la Russie en Ukraine porterait un sérieux coup à l’«ordre fondé sur des règles» et
marquerait la fin du siècle américain.
L’enjeu est donc de taille pour les États-Unis. Malheureusement, il n’y a pas de véritable débat dans les cercles de pouvoir de l’élite sur la meilleure
façon d’aller de l’avant. Et c’est parce que la décision a déjà été prise, et que cette décision se rapproche étroitement des vues maximalistes articulées dans un article du Conseil
atlantique intitulé «L’OTAN à 75 ans :
l’avenir de l’Alliance repose sur la victoire de l’Ukraine contre la Russie».
«Le 4 avril,
l’OTAN fêtera son soixante-quinzième anniversaire en tant qu’alliance militaire la plus réussie de l’histoire. Toutefois, son avenir en tant que moyen de dissuasion crédible contre
les agressions dépend désormais de la réussite ou de l’échec de l’invasion injuste et brutale de l’Ukraine par la Russie. (…)
Les dirigeants
alliés ont clairement lié la sécurité de l’OTAN à cette guerre. Les sommets de l’OTAN ont condamné à plusieurs reprises l’invasion et exigé de la Russie qu’elle «retire complètement
et inconditionnellement toutes ses forces et tous ses équipements du territoire de l’Ukraine».
Et la rhétorique
s’est intensifiée. Le président français Emmanuel Macron a récemment qualifié la guerre d’«existentielle» pour l’Europe. «Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l’Europe
sera réduite à zéro», a déclaré Macron…
Si le prochain
sommet de Washington doit inspirer une confiance durable dans la crédibilité de l’OTAN, et donc dans son avenir, l’Alliance doit prendre des mesures pour placer l’Ukraine sur la voie
de la victoire…
Les dirigeants
alliés doivent soutenir sans ambiguïté les objectifs de guerre de l’Ukraine, à savoir la reconstitution totale du territoire jusqu’aux frontières de 1991 du pays. Tout manquement à
cet égard constitue un signal de désillusion pour l’Ukraine et un encouragement pour Poutine à poursuivre son invasion».1
Je répète : les dirigeants alliés doivent soutenir sans ambiguïté les objectifs de guerre de l’Ukraine, à savoir la reconstitution totale du territoire
jusqu’aux frontières de 1991 du pays. Toute autre attitude constitue un signal de désillusion pour l’Ukraine et un encouragement pour Poutine à poursuivre son invasion.
Comme nous l’avons dit précédemment, cette vision maximaliste des objectifs de l’OTAN n’est rien d’autre qu’un vœu pieux. Les FAU anémiques ne vont pas
chasser l’armée russe de l’Ukraine et ne vont pas non plus gagner la guerre. Malgré cela, les opinions ci-dessus sont partagées par la grande majorité des élites de la politique
étrangère qui n’ont pas ajusté leur pensée pour qu’elle corresponde aux pertes sanglantes subies par l’Ukraine sur le champ de bataille. Voici un complément d’information tiré d’un
article d’opinion de Foreign
Affairs :
«L’administration
Biden et ses homologues européens n’ont pas réussi à articuler leur finalité pour cette guerre. Trois ans après le début du conflit, la planification occidentale continue d’être
stratégiquement rétrograde – aider Kiev est devenu une fin en soi, séparée d’une stratégie cohérente pour mettre fin à la guerre.
Mais la «théorie
de la victoire» présentée par Zagorodnyuk et Cohen pour remplacer le malaise stratégique dans lequel se trouve l’Occident est, remarquablement, encore plus dangereuse et mal conçue
que le statu quo. Les auteurs appellent la Maison-Blanche à soutenir sans réserve les objectifs de guerre de Kiev : éjecter toutes les forces russes des frontières ukrainiennes de
1991, notamment de la Crimée, traduire les responsables russes devant les tribunaux pour crimes de guerre, obtenir des réparations de la part de Moscou et fournir à l’Ukraine des
«arrangements de sécurité à long terme». En d’autres termes, l’Occident doit s’engager à ce que la Russie soit totalement et inconditionnellement vaincue sur le champ de
bataille.
Comment
l’Ukraine, dont l’armée est battue en brèche, dont la démographie s’effondre et dont l’économie dépend entièrement de l’argent de l’Occident, va-t-elle accomplir cette noble tâche ?
En faisant plus de la même chose, mais à plus grande échelle».2
Ce que nous essayons de dire, c’est que ce type de pensée délirante est pratiquement universel parmi les élites de la politique étrangère américaine,
dont aucune n’est prête à accepter la réalité fondamentale sur le terrain. Par conséquent, il n’y a aucune chance que l’administration Biden corrige le tir ou tente d’empêcher un
affrontement direct entre les deux adversaires dotés de l’arme nucléaire, l’OTAN et la Russie.
Alors, comment une personne raisonnable aborderait-elle le conflit actuel en Ukraine ?
Elle chercherait un moyen d’y mettre fin le plus rapidement possible tout en infligeant le moins de dommages possible à la partie perdante. Voici ce que
Mark Episkopos, professeur au Marymount, a déclaré dans l’article susmentionné :
«Les dirigeants
occidentaux auraient dû depuis longtemps formuler une théorie cohérente de la victoire – une théorie qui prenne en compte les compromis et les limites auxquels sont confrontés Kiev et
ses soutiens, plutôt que de les balayer à la poursuite d’objectifs maximalistes sur le champ de bataille qui sont de plus en plus détachés des réalités sur le terrain. Cela ne
signifie pas qu’il faille se résigner à une reddition inconditionnelle de l’Ukraine. Mais il faudra que les décideurs politiques reconnaissent qu’il n’y a pas de voie viable vers une
défaite inconditionnelle de la Russie et qu’ils façonnent leur réflexion sur la fin de la guerre en conséquence. Il n’est pas trop tard pour mettre fin à la guerre dans des conditions
qui garantissent la souveraineté de l’Ukraine tout en défendant les intérêts des États-Unis. L’Occident dispose encore d’une influence considérable sur le champ de bataille et en
dehors, mais la clé pour exercer cette influence efficacement est d’abandonner enfin une conception de la victoire à somme nulle qui a empêché les dirigeants de passer à une approche
plus pragmatique et stratégiquement plus agile».[2]
En résumé : Un accord peut être conclu qui minimisera les dommages globaux pour les États-Unis et l’Ukraine, mais il appartient aux diplomates
américains et aux élites de la politique étrangère d’identifier les domaines de terrain d’entente afin qu’un accord puisse être conclu qui évitera une catastrophe encore plus
grande.
Le problème avec la recommandation du professeur Episkopos, c’est qu’il s’agit d’une suggestion immédiatement raisonnable, ce qui signifie qu’elle sera
rejetée d’emblée par les faucons de guerre qui définissent la politique. Aujourd’hui encore, les hommes de pouvoir américains sont convaincus que la guerre peut être gagnée s’ils
abandonnent la prudence et appliquent davantage de force militaire brute. Cela devrait suffire. (pensent-ils)
C’est ce type de raisonnement erroné qui alimente la machine de guerre américaine. Les élites politiques croient sincèrement que si elles adoptent
pleinement une platitude ridicule telle que «Nous ne pouvons pas perdre», la
réalité de la supériorité de la puissance de feu, de la main-d’œuvre, du soutien logistique et de la capacité industrielle de la Russie s’évanouira dans la nature et que le pays
«exceptionnel» l’emportera une fois de plus. Mais cela n’arrivera pas.
Alors, que se passera-t-il ?
Pour le savoir, nous nous tournons vers l’analyste militaire Will Schryver et un récent message sur Twitter :
«Il faut
comprendre que les États-Unis et l’OTAN ne pourraient pas assembler, équiper, envoyer et soutenir ne serait-ce qu’une douzaine de brigades de combat compétentes pour affronter les
Russes en Ukraine.
Vous rendez-vous
compte de ce qui arriverait à 50 000 soldats de l’OTAN – dont aucun n’a JAMAIS fait l’expérience d’une guerre de haute intensité – s’ils étaient soudainement projetés, avec un
leadership et une coordination nécessairement déficients, sur le champ de bataille de l’Ukraine ?
«Massacrés sans
pitié»? Cela ne donne pas beaucoup d’espoir.
Pourtant, la France a déjà annoncé qu’elle enverrait des formateurs militaires en Ukraine, et d’autres suivront certainement. Parallèlement, des armes
plus meurtrières, en particulier des missiles à longue portée et des F-16, sont déjà en route et seront probablement utilisées dans un avenir proche. Mais cela aura-t-il de
l’importance ? La fourniture de nouvelles armes et de troupes de combat permettra-t-elle de renverser la vapeur et d’empêcher l’effondrement de l’armée ukrainienne ? Voici encore
Schryver :
«Pourquoi les
Russes s’opposeraient-ils à ce que les États-Unis et l’OTAN envoient davantage de leurs maigres stocks de missiles balistiques à courte portée et de missiles de croisière à plus
longue portée ? Les taux de réussite des missiles ATACMS et Storm Shadow ont été catastrophiques et ne cessent de diminuer avec le temps. Ces missiles n’ont aucune valeur stratégique.
Et la capacité de réapprovisionnement est effectivement nulle !
Pourquoi les
Russes s’opposeraient-ils à l’envoi par les États-Unis et l’OTAN d’un escadron – ou même de cinq – de F-16 vétustes en Ukraine ? Oui, bien sûr, ils seraient pilotés par des
«volontaires» de l’OTAN, et ils pourraient même remporter une poignée de «succès» fugaces et surestimés au début. Mais s’ils tentent réellement d’effectuer des sorties sérieuses
au-dessus du champ de bataille ukrainien, les vieux F-16, dont la logistique et le soutien sont inadéquats, auront une durée de vie qui se comptera en
HEURES».[3]
Schryver a-t-il raison ? Ces éventuelles frappes de missiles à longue portée sur des cibles à l’intérieur de la Russie ne seront-elles que des attaques
ponctuelles que Poutine ignorera tandis que ses troupes continueront d’écraser les forces ukrainiennes le long de la ligne de contact de 1300 km ? Et Poutine devrait-il accueillir
favorablement l’introduction de «troupes au sol» des États-Unis et de l’OTAN en Ukraine pour faire face à l’armée russe ? Cela permettra-t-il de mettre un terme plus rapidement à la
guerre ? Voici Schryver une fois de plus :
«Au rythme où se
déroule cette débâcle ukrainienne, l’essentiel de la puissance militaire basée en Europe… sera réduite à l’état d’«inefficacité au
combat» pendant au moins une décennie, et probablement plus. Si j’étais les Russes, je considérerais cet objectif comme le summum bonum («le plus grand bien») à atteindre à l’issue de
cette guerre, et je répugnerais à interrompre les maîtres de l’empire alors qu’ils sont en train de me l’offrir sur un plateau d’argent….
Donc, à la place
de Guerassimov, je dirais : «Allez-y !»»[3]
Le tollé suscité par l’utilisation de missiles à longue portée fournis par l’OTAN (et le déploiement de F-16 et d’avions d’entraînement français) ne
fait que détourner l’attention du fait inéluctable que l’OTAN sera vaincue par les forces armées russes si elles entrent en guerre. Un homme sage chercherait donc à obtenir un
règlement négocié avant que la situation ne devienne incontrôlable. Mais ce n’est pas ce que font nos dirigeants. En fait, ils font exactement le contraire et pratiquent l’escalade à
tout bout de champ.
Examinons donc les faits de manière un peu plus approfondie. Lisez cette analyse sommaire réalisée par les professionnels de War on the
Rocks :
«Lorsqu’on lui a
demandé, il y a deux semaines, lors d’un témoignage devant la commission des forces armées du Sénat, si l’armée était «dépassée» par un adversaire, le chef d’état-major de l’armée
américaine, le général Mark Milley, a répondu : «Oui… ceux qui sont en Europe, vraiment la Russie. Nous n’aimons pas cela, nous ne le voulons
pas, mais oui, techniquement, [nous sommes] dépassés, sur le terrain».
Compte tenu de
l’agression de la Russie en Ukraine, ce témoignage donne à réfléchir. Mais est-il exact ? Malheureusement, oui : Près de deux ans de jeux de guerre et d’analyses approfondies montrent
que si la Russie menait une attaque de courte durée contre les États baltes, les forces de Moscou pourraient rouler jusqu’aux abords de la capitale estonienne de Tallinn et de la
capitale lettone de Riga en 36 à 60 heures. Dans un tel scénario, les États-Unis et leurs alliés seraient non seulement dépassés en nombre et en armement, mais aussi en nombre.
(…)
Surpassés ? (Les
Russes) disposent de blindés, d’armes et de capteurs beaucoup plus avancés et, dans certains domaines – tels que les systèmes de protection active contre les missiles guidés antichars
(ATGM) -, ils sont supérieurs à leurs homologues occidentaux. (…)
Outre les
inconvénients liés à l’infériorité numérique, à la supériorité des armes et des capteurs, une série d’autres questions viennent aggraver le problème. Tout d’abord, les alliés de
l’OTAN et l’armée américaine n’auraient qu’une aide immédiate limitée pour compenser ces désavantages. Les alliés européens ont suivi l’exemple américain en réduisant les blindés et
en optimisant leurs forces restantes pour des missions «hors zone» comme en Afghanistan. Ainsi, la Grande-Bretagne poursuit ses plans de retrait de ses dernières troupes d’Allemagne,
tandis que l’Allemagne a réduit son armée de 10 divisions lourdes, niveau de la guerre froide, à l’équivalent de deux.
Mais il n’y a pas
que les chiffres qui comptent. Les États-Unis et leurs partenaires ont également réduit de façon constante l’infrastructure nécessaire pour soutenir toute forme de dissuasion ou
d’effort de défense en Europe. Aujourd’hui, il n’y a pas de quartier général de division ou de corps d’armée américain basé en avant sur le continent, ni de brigades d’aviation, de
génie et de logistique associée de l’armée de terre. (…)
La Russie dispose
de l’ensemble de défenses contre les missiles surface-air (SAM) peut-être le plus formidable au monde. Opérant à partir d’emplacements situés sur le territoire russe, ces SAM
dépassent de loin les armes de défense existantes et représentent une menace crédible pour la puissance aérienne des États-Unis et des alliés, qu’il serait coûteux et long de contrer.
(…)
Aujourd’hui,
l’OTAN est effectivement dépassée en nombre, en puissance et en armement par la Russie en Europe, et elle est confrontée à un certain nombre de facteurs qui aggravent la situation.
(…)
Une guerre avec
la Russie aurait un potentiel d’escalade dès le premier coup de feu, et les générations nées en dehors de l’ombre de l’Armageddon nucléaire seraient soudainement réintroduites dans
des peurs que l’on croyait mortes et enterrées depuis longtemps».4
Que montre cette analyse ?
Elle montre que, malgré les fulminations délirantes des généraux de salon sur les chaînes câblées qui se vantent d’infliger une «défaite stratégique» à
la Russie, cela n’arrivera pas. La Russie a l’avantage dans pratiquement tous les domaines de la puissance de feu, des effectifs, de l’aptitude au combat et du matériel. Elle dispose
également d’une capacité industrielle inégalée en Occident. Voici comment Schryver résume la situation :
«Il n’y a
pas eu d’augmentation significative de la production d’armements dans l’Occident collectif, et il n’y en aura pas de sitôt. L’Europe a été effectivement démilitarisée et les
États-Unis sont gravement épuisés et effectivement désindustrialisés. (…)
En dehors de la
population désespérément propagandiste des soi-disant «démocraties
occidentales», personne dans le monde ne croit que la Russie a l’air «docile» à ce stade. Au contraire, ils réalisent que les Russes ont complètement mis en échec les plans de
l’empire et révélé sa faiblesse. (…)
L’Occident n’a
aucun avantage. L’OTAN est une coquille vide…. Je suis absolument convaincu qu’un corps expéditionnaire de l’OTAN en Ukraine serait massacré au moins aussi largement que l’a été la
FAU, et très probablement de façon BIEN PLUS GRAVE et BIEN PLUS RAPIDE…»[3]
C’est écrit noir sur blanc : L’Occident «désindustrialisé» est une coquille vide qui n’a aucune chance de l’emporter dans une guerre terrestre
combinée contre la Russie. Malgré cela, Washington est déterminé à poursuivre son plan lunatique qui rapproche le monde de l’Armageddon tout en ruinant le peuple
américain.
On sait que le Premier ministre slovaque Fico a été blessé par balle par un militant pro-ukrainien pour des raisons politiques. Malgré tout, cela
ne constitue pas une raison pour les médias occidentaux de parler des nombreuses listes de morts ukrainiennes appelant à l’assassinat de ceux qui critiquent Kiev et s’engagent pour la
paix.
J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises les différentes listes de morts ukrainiennes, tenues avec l’aide assez ouverte des gouvernements et des services
secrets occidentaux. Sur ces listes, les données personnelles des critiques de la politique de Kiev sont publiées afin que les partisans radicaux de l’Ukraine puissent commettre
des attentats contre eux. Je figure moi aussi sur toutes ces listes.
Comme le Premier ministre slovaque Fico figurait lui aussi depuis un certain temps sur ces listes, on peut s’étonner que les médias occidentaux,
soi-disant si critiques, n’aient pas souligné, à propos de l’attentat dont il a été victime, qu’un militant pro-ukrainien avait tiré sur un homme qui figurait sur des listes de morts
ukrainiennes ouvertement accessibles.
Mais ce n’est pas si surprenant quand on sait que les médias occidentaux collaborent étroitement avec les commanditaires de ces listes de
morts. J’ai trouvé à ce sujet un article très long mais très instructif1 de
l’organisation EIR, que j’ai traduit. J’ai repris les liens de l’original et, à certains endroits, j’ai ajouté mes propres informations entre parenthèses et en italique.
*
«Lutter contre la désinformation» par l’assassinat : La leçon de l’attaque contre Fico
Quelle que soit la personne qui a appuyé sur la gâchette, l’attentat du 15 mai contre le Premier ministre slovaque Robert Fico n’est pas une affaire
intérieure slovaque. Les questions stratégiques auxquelles il faut répondre d’urgence sont les suivantes : Qui a préparé l’attentat ? Qui a donné l’ordre de l’exécuter
? Cui bono ?
Toute enquête sur ces questions cruciales doit tenir compte du fait que le Centre ukrainien de lutte contre la désinformation (CCD) avait Robert Fico
sur sa liste d’ennemis à réduire au silence depuis au moins avril 2022. Fico, alors opposant, a été publiquement qualifié de «terroriste de l’information»2 par
le tristement célèbre CCD le 9 avril de la même année, l’accusant d’avoir répété la propagande russe «au moins au cours
des huit dernières années». En juillet 2022, lorsque le CCD a publié pour la première fois publiquement une liste centralisée d’abattage de soi-disant «propagandistes du
Kremlin», le nom de Fico figurait sur la liste.
L’examen de la connexion du CCD ouvre la porte à un appareil plus vaste dans lequel se trouvent les réponses à ces questions stratégiques
urgentes. Le CCD est la principale unité de «guerre de l’information» du gouvernement ukrainien, opérant depuis le Conseil de sécurité et de défense nationale du président
Vladimir Selensky et chargée de transmettre les noms des cibles à l’appareil de sécurité ukrainien et aux «partenaires internationaux» de l’Ukraine. Il est composé de néonazis
fanatiques, de fiers défenseurs du héros national ukrainien et allié d’Hitler, Stepan Bandera (1909-1959). Toutefois, le CCD n’est pas seulement une affaire
«ukrainienne». Depuis sa création en mars 2021, le CCD est financé et dirigé par les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni, l’OTAN et l’UE.
Après que le CCD ait publié sa première liste d’«ennemis» en juillet 2022, sur laquelle près de la moitié des noms étaient soit des directeurs du
Schiller Institute, soit avaient participé à l’une ou l’autre de ses conférences, la fondatrice du Schiller Institute, Helga Zepp-LaRouche, ayant raison, puisque l’EIR avait
préalablement compilé un dossier3 intitulé
«La
«liste info-terroriste» de Kiev : «L’OTAN globale» ordonne une attaque contre les partisans de la paix»», qui documentait le contrôle international sur la CCD et son
intention. Le dossier, publié le 2 septembre 2022, demandait que des «mesures
internationales rapides et décisives» soient prises, y compris par le Congrès américain, pour couper tout financement et soutien international à la CCD, afin de la paralyser
ainsi que l’appareil qui la sous-tend , de protéger la vie de ceux qu’elle visait et de rétablir la liberté de pensée et d’expression, y compris la promotion de la paix, en
Occident.
Cela ne s’est pas produit et le Premier ministre slovaque Fico doit lutter pour sa vie à l’hôpital. Non seulement le Centre ukrainien de lutte
contre la désinformation a été protégé par Washington et Londres, mais, comme nous l’expliquerons plus loin, les partis de l’OTAN qui collaborent avec le CCD insistent désormais sur
la nécessité de reproduire d’urgence le modèle ukrainien de plusieurs agences publiques et privées de «lutte contre la désinformation» dans le reste de l’Europe – et ensuite aux
États-Unis. Ces agences agiraient alors de manière coordonnée pour repérer les opposants à la poussée anglo-américaine de démantèlement de la Russie (puis de la Chine) et réduire
ces opposants au silence d’une manière ou d’une autre.
D’autres chefs d’État et de gouvernement européens sont dans le collimateur de cette opération. Peu avant que Fico ne soit publiquement visé pour
la première fois par la CCD, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a été accusé du même «crime» de plaider pour la paix. La CCD a rapporté4 le
7 avril 2022 que ses «experts» s’étaient réunis pour «analyser» le refus d’Orbán de se rallier à la ligne de guerre contre la Russie. La veille de ce rapport, le 6 avril, Orbán a
été qualifié de «complice des
criminels de guerre russes» et a été inclus dans la base de données publique gérée en Ukraine par les néonazis déclarés Myrotvorets5 («pacificateurs»)
afin d’alerter les «volontaires Myrotvorets» et les «forces de l’ordre et les services de renseignement» lorsque des attaques sont nécessaires. Depuis6,
le CCD qualifie Orbán d’«arme principale
du système de désinformation pro-Kremlin visant à «ébranler» l’UE» et ne cesse de le calomnier par ailleurs.
Mais Orbán n’est que la plus visible des personnes et des gouvernements ciblés. Les chercheurs notent que la «lutte contre la désinformation» est
également la mission officiellement déclarée de la majorité des ONG financées par le département d’État américain et d’autres agences gouvernementales américaines pour promouvoir des
révolutions de couleur et des changements de régime en Slovaquie, en Hongrie, en Géorgie, en Serbie, en Bulgarie, en Slovénie, en Moldavie et dans de nombreux autres pays. C’est
également la mission déclarée de tout le complexe de commandos tueurs ukrainiens de «lutte contre la désinformation», déployés autour du CCD et également financés par les
gouvernements américain et britannique.
Soyons clairs : L’appareil de déstabilisation dirigé par les ONG et les commandos de tueurs chargés de «lutter contre la désinformation» constituent une
seule et même opération financée par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’UE. Chacun crée les conditions pour qu’un autre puisse ensuite agir. Ce point est apparu de
manière choquante lorsque le commissaire européen à l’élargissement Olivér Várhelyi a effrontément admis le 23 mai7 qu’il
avait «rappelé» au Premier ministre géorgien Irakli Kobachidze, lors d’une conversation téléphonique, que «le récent
événement tragique en Slovaquie» était un exemple de ce qui pourrait se passer en Géorgie si le Premier ministre insistait sur l’application de sa nouvelle loi obligeant ces
ONG, qui reçoivent des fonds considérables de gouvernements étrangers, à s’enregistrer comme agents étrangers.
Le commissaire européen a été contraint de s’exprimer publiquement après que le Premier ministre Kobachidze a rapporté à la presse «à titre
préventif» qu’il avait reçu une «terrible
menace» de la part d’«un commissaire
européen». «Le parallèle avec
la tentative d’assassinat de Robert Fico nous rappelle que nous avons affaire, sous la forme du Parti mondial de la guerre, à une force extrêmement dangereuse qui fera tout pour
apporter le chaos en Géorgie», a fait remarquer Kobachidze.8
L’EIR insiste : cette opération de guerre «anti-désinformation» à l’intérieur de l’Ukraine et l’appareil de guerre anglo-américain, UE-OTAN, qui l’a
créée, doivent prendre fin avant que d’autres des centaines de dirigeants politiques, militaires et civils européens et américains figurant sur les listes OTAN-Ukraine ne reçoivent un
«traitement Fico».
Pour faire avancer ces efforts, EIR met à disposition la feuille de route suivante comme guide pour les enquêteurs internationaux, mettant ainsi à jour
son dossier précédent et révolutionnaire sur le soi-disant appareil «anti-désinformation» de l’OTAN mondial en Ukraine. Deux nouveaux éléments sont ajoutés : comment le
dispositif ukrainien de «lutte contre la désinformation» doit être reproduit dans chaque pays européen ; et un profil détaillé d’un autre acteur important du dispositif ukrainien de
lancement de l’Occident, le service de renseignement «privé» appelé Molfar-OSINT. (Note de l’interprète : j’ai récemment parlé en détail de Molfar et de sa liste de
morts.9
Le
setting stratégique
Ce n’est un secret pour personne que Fico est considéré, avec Orbán, comme un obstacle aux efforts visant à militariser l’ensemble de l’Europe pour une
guerre visant à écraser la Russie. Pendant sa campagne pour les élections du 30 septembre 2023, Fico a déclaré au Telegraph de
Londres10 :
«Il
vaut mieux négocier la paix pendant dix ans et arrêter les opérations militaires que de laisser les Ukrainiens et les Russes s’entretuer pendant dix ans de plus sans
résultat». Sur cette base, son parti a remporté les élections et, dans son discours d’investiture en tant que Premier ministre le 25 octobre, Fico a annoncé que la Slovaquie
n’enverrait désormais plus que de l’aide civile et humanitaire en Ukraine ; l’aide militaire de la Slovaquie prendrait fin.
En tant que Premier ministre, il a demandé à d’autres d’examiner où cette politique allait mener. Il a déclaré à la radio slovaque RTVS11 en
janvier 2024, avant de rencontrer son homologue ukrainien Denis Shmygal, qu’il dirait à Shmygal que la Slovaquie mettrait son veto et bloquerait la demande de l’Ukraine à l’OTAN,
«parce
que c’est exactement la base de la Troisième Guerre mondiale et rien d’autre».
C’est Fico qui, le premier, a révélé la proposition scandaleuse du président français Emmanuel Macron d’envoyer des troupes de l’OTAN en
Ukraine. C’est un Fico visiblement perturbé qui a révélé à la presse12, avant
de partir pour le sommet européen extraordinaire sur l’Ukraine convoqué par Macron à Paris le 26 février, qu’un «document secret» diffusé avant cette réunion montrait qu’«un certain nombre
d’États membres de l’OTAN et de l’UE envisageaient d’envoyer des troupes en Ukraine sur une base bilatérale». C’est une idée «qui fait froid
dans le dos», s’est-il exclamé. Il est revenu de ce sommet en dénonçant «l’atmosphère
purement belliqueuse» qui a dominé les discussions, au cours desquelles «pas un seul mot
n’a été prononcé sur un plan de paix».
La couverture du quasi-meurtre de Fico par les organes dirigeants de la presse anglo-américaine était pratiquement identique aux calomnies du CCD à son
encontre. Le message véhiculé par les médias britanniques, tant «conservateurs» que «libéraux», est que Fico a eu ce qu’il méritait en «polarisant» le pays en s’opposant à la
guerre de l’OTAN. Personne n’a laissé passer l’occasion de citer le nom d’Orbán dans le souffle suivant.
«Comment le
Premier ministre slovaque Robert Fico a fait de son pays l’un des seuls alliés de la Russie», titrait13The
Telegraph le 15 mai, avant même que Fico ne soit hors de danger. «Depuis sa
victoire électorale en septembre dernier, le Premier ministre slovaque, qui a été blessé par balle mercredi, est passé de valeurs pro-occidentales à une sympathie croissante pour la
Russie. (…) Depuis l’invasion de l’Ukraine, il s’est fortement rapproché de Viktor Orbán, le dirigeant hongrois de plus en plus favorable à Poutine», pouvait-on
lire. The
Guardian écrivait14 le
même jour : «Le politicien
vétéran qui s’est fait tirer dessus mercredi est un fan de Viktor Orbán et a pris des positions de plus en plus extrêmes pour rester au pouvoir». The
Guardian a intitulé son article de manière provocatrice : ««Il fait des
emprunts à Trump» : l’ascension de Robert Fico, le leader populiste de la Slovaquie».
Les journaux anglo-américains ont généralement tenté de présenter Fico et Orbán comme des voix «isolées» dans une Europe par ailleurs
unie. «Les élections du
Parlement européen n’étant plus qu’à quelques semaines, (…) l’Amérique espère que les nouveaux gouvernements polonais et tchèque réintégreront la Slovaquie et la Hongrie dans la
communauté afin de créer une sorte d’unité politique lors du sommet du 75ème anniversaire de l’OTAN en juillet à Washington», a rapporté le Times de
Londres. Le Times lui-même
est toutefois plus prudent et fait référence à «l’obstructionnisme»
observé dans un certain nombre de pays lorsqu’il s’agit de faire une déclaration globale UE-OTAN. La Géorgie, la Bulgarie, la Serbie et la Moldavie sont citées comme centres
d’inquiétude, aux côtés de la Slovaquie et de la Hongrie. Le Times a
annoncé qu’avec les tirs sur Fico, «la bataille a
commencé».
De nombreux experts en sécurité et en renseignement s’inquiètent de plus en plus de savoir où tout cela va mener. Comme la politique de deux poids
deux mesures devient si évidente pour le monde entier, la légitimité de l’ensemble du système occidental est remise en question. Et l’histoire a prouvé qu’un système qui a perdu
sa légitimité s’effondre rapidement.
Qu’est-ce que le CCD ? Devant qui est-il responsable ?
Le dossier EIR 2022 «La liste des
«info-terroristes» de Kiev : L’OTAN globale ordonne une frappe contre les partisans de la paix» documente15 que le
CCD :
est une création à 100% des gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni, de l’OTAN et de la bureaucratie de l’UE, financée par le département
d’État américain, les services secrets britanniques et l’OTAN, et étroitement conseillée dans chacun de ses mouvements ;
a pour mission d’établir des listes de personnalités internationales pour des attentats visant à les réduire au silence d’une manière ou d’une
autre. Sont visés ceux qui insistent pour mettre fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie par la voie diplomatique plutôt que d’envoyer encore plus d’armes à Kiev, ceux
qui se demandent si l’Ukraine peut réussir à infliger une défaite stratégique à la Russie, ou même ceux qui expriment leur inquiétude quant au fait que tenter de le faire conduira
probablement à une guerre nucléaire mondiale et à la fin de l’espèce humaine ;
demande que le «terrorisme de
l’information» soit considéré comme un «crime contre
l’humanité» international. Le terrorisme informationnel est défini comme toute déviation de la thèse selon laquelle la Russie doit être détruite. Ceux qui figurent
sur leurs listes peuvent alors être accusés, jugés et punis comme «terroristes
de l’information» et «criminels de
guerre», avec toutes les peines que cela implique ; et
transmettre les listes qu’elle a établies aux fameux services secrets ukrainiens SBU, à Myrotvorets et aux alliés et partenaires de l’Ukraine, afin
que des contre-mesures puissent être prises contre ces personnes, à savoir des attaques physiques et des assassinats.
Myrotvorets a été fondé en 2014 par des activistes du coup d’État néonazi de l’Euromaïdan de 2014 et est connu pour repérer des «ennemis»
dans le pays et à l’étranger, puis pour se vanter lorsque l’un de ces «ennemis» est
«liquidé»,
notamment par des voitures piégées et des attentats en pleine rue. C’est la plus connue des nombreuses listes d’abattage ukrainiennes, car contrairement au CCD et à l’ensemble
des listes d’abattage qui se recoupent et qui sont entretenues par le belligérant anglo-américain en Ukraine, des institutions internationales comme la Commission des droits de
l’homme de l’ONU (2017) et le ministère allemand des Affaires étrangères (2018) ont demandé des enquêtes sur leurs opérations meurtrières, et le service de documentation et de
recherche de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a publié en 2018 un rapport de 11 pages sur l’opération Myrotvorets publié.16
Le dossier EIR de 2022 fournit l’aperçu nécessaire du rôle des gouvernements britannique et américain dans la mise en place, la formation et la
direction de l’ensemble de l’appareil de «cybersécurité» en Ukraine. Les mesures de lutte contre la désinformation et les listes d’attaques sont supervisées par cet
appareil. Alors que le Government Communications Headquarters (GCHQ) britannique et les services de renseignement sont connus pour être le «cerveau» de telles opérations de
censure (par exemple l’Integrity Initiative, la 77e brigade de l’armée britannique et autres), ce sont comme d’habitude les Américains qui fournissent les «muscles». Les
principaux visages publics de l’appareil de désinformation de l’OTAN en Ukraine restent l’Agence américaine pour le développement international (USAID), qui dépend du département
d’État américain, et la Civilian Research and Development Foundation-Global (CRDF-Global), un «quango» anglo-américain basé aux États-Unis, qui s’occupe de sécurité et de logistique
internationales. Molfar-OSINT, que nous décrivons plus loin, est également soutenu par ces deux organisations. (Voir le résumé sur CRDF-Global17 sur
son rôle central dans l’élaboration de la stratégie nationale de cybersécurité de l’Ukraine).
Centralisation
des listes de lancement, préparation à une guerre élargie
Le 8 février 2024, le Centre ukrainien de lutte contre la désinformation (CCD) a annoncé18 que
son nouveau directeur, le lieutenant Andrej Kovalenko, avait signé un accord de coopération avec Artem Starosiek, le PDG de Molfar-OSINT, le service d’information open source décrit
par ses partisans dans le journal londonien The
Independent comme «le plus grand
service de renseignement privé d’Ukraine». Les deux organisations ont convenu d’unir leurs forces, car elles ont reconnu l’importance pour les autorités publiques de
travailler avec la société civile «pour renforcer la
lutte contre la désinformation», rapporte le CCD. Le même jour, Molfar a ajouté 28 noms à sa liste publique de «propagandistes
russes», dont celui du sénateur américain Rand Paul. (Voir annexe.)
Le 9 février, VoxCheck, le projet de «vérification des faits» de VoxUkraine, une entité du réseau USAID pour les opérations de
«contre-désinformation»19, a
publié un article20 accompagné
d’un organigramme affirmant avoir identifié un «réseau de
praticiens de la désinformation pro-russe» composé de 26 «experts»
occidentaux dont les activités représentent un «danger». Chacun
des experts mentionnés dans ce soi-disant «réseau»
avait été cité individuellement dans une série de 26 vidéos21 produites
en octobre et novembre 2023 par un projet commun de VoxCheck et du CCD en langue ukrainienne. L’article, publié en anglais le 9 février, affirme que l’équipe du CCD/VoxCheck a
révélé les «liens»
présumés entre ces personnes afin de «brider»
leurs voix en Occident et en Ukraine.
Les listes des personnalités ciblées par VoxCheck, Molfar-OSINT et le CCD22 se
recoupent fortement. Plusieurs des personnes figurant sur ces trois listes figurent également sur la liste des morts de Myrotvorets23. La
fondatrice du Schiller-Institut, Helga Zepp-LaRouche, figure en bonne place sur toutes ces listes, de même que plusieurs autres directeurs du Schiller-Institut.
On notera que la centralisation des différentes forces ukrainiennes contre les opposants étrangers à la politique de guerre a eu lieu en même temps que
l’intensification de la militarisation de la société et des gouvernements européens en prévision de la guerre avec la Russie, considérée comme inévitable par l’OTAN. C’est à
cette même période que la France d’Emmanuel Macron, en proposant que les pays de l’OTAN envoient «bilatéralement» des troupes en Ukraine, a donné des «frissons» au
Premier ministre slovaque Fico.
Dans la même période, les 7 et 8 février 2024, l’Ukraine a accueilli le premier Forum international de la cyber-résilience de Kiev 2024, auquel «toute
la bande» a participé. Selon le ministère ukrainien des Affaires étrangères, le forum a été co-initié par le Centre national de coordination de la cybersécurité de l’Ukraine (qui
dépend également du Conseil national de sécurité et de défense) et l’omniprésent CRDF-Global. Il a été coorganisé par le ministère ukrainien des Affaires étrangères, le service
de renseignement ukrainien SBU et les ministères de la Défense et de la Transformation numérique, et est «soutenu», c’est-à-dire financé, par le département d’État américain.
Parmi les orateurs internationaux de haut niveau figuraient notamment :
le directeur du Centre d’excellence coopératif de cyberdéfense de l’OTAN (CCDCOE), Mart Noorma ;
la directrice de la cybersécurité et de la sécurité des infrastructures (CISA) des États-Unis, Jen Easterly, et son acolyte, le «cyberambassadeur»
du département d’État, Nathaniel Fick ;
la directrice du Service européen pour l’action extérieure en matière de politique de sécurité et de défense, Joanneke Balfoort ; et
le directeur exécutif de l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA), Juhan Lepassaar.
L’ordre du jour du forum était de consolider les efforts internationaux dans le domaine de la cyberguerre en étendant le projet pilote de cybersécurité
de l’OTAN en Ukraine au reste de l’Europe et ensuite à d’autres pays. L’invitation annonçait que «l’expérience
unique de l’Ukraine dans la première cyberguerre du monde» et «la lutte contre
la désinformation à l’aide des outils OSINT» feraient partie des principaux thèmes abordés. Starosiek de Molfar était l’un des orateurs d’un panel sur ce dernier
sujet. Un fonctionnaire du CCD a pris la parole sur un autre panel.
Noorma, de l’OTAN, a déclaré dans l’introduction d’un rapport préparé pour le forum («A Decade in the
Trenches of Cyberwarfare») que le monde se trouvait «à un moment
crucial de l’histoire» et que «l’expérience
unique de l’Ukraine en matière de cyberconflits offre des enseignements inestimables pour les stratégies de défense mondiales (…) Ce forum, plaque tournante de la coopération, a été
largement façonné par les contributions du CCDCOE [de l’OTAN]».
Des plans d’attaque à peine dissimulés ont été discutés. Illia Vitiuk, chef du département de cybersécurité du SBU, a parlé avec agressivité de la
manière dont «les informations
collectées par des méthodes cybernétiques aident le SBU à mener des opérations spéciales uniques», telles que «l’élimination de
criminels de guerre». Sergei Demedjuk, secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense, a souligné qu’un «nouvel ordre
international de confrontation et de cyber-résistance» nécessitait des «groupes de
réaction communs» internationaux pour faire appliquer la «cyberprotection»
dans le monde entier.
Étude
de cas : Allemagne
Une opération du CCD en Allemagne début avril est un exemple des opérations en cours. Le 8 avril 2024, le CCD a publié un nouveau «rapport
analytique»24 sur
une «campagne de
désinformation russe à grande échelle» qui serait en cours en Allemagne. Comme l’EIR l’avait alors rapporté25, le
rapport du CCD affirmait avoir «constaté que
l’Institut Schiller, dirigé par Helga Zepp-LaRouche, est une plate-forme de promotion de récits conformes à la propagande russe», ses «récits»
soutenant le «soi-disant camp
de la paix». Pour des raisons tout aussi fallacieuses, le CCD a désigné la ZDF, le Berliner Zeitung et l’Anti-Spiegel, ainsi que les journalistes et blogueurs Thomas Röper,
Kim Dotcom, Alina Lipp et Armin Körper comme travaillant également prétendument à des fins russes.
Dès le lendemain (!), les 9 et 10 avril, le CCD a envoyé une équipe en République fédérale d’Allemagne, avec le soutien de la mission consultative de
l’UE en Ukraine, pour présenter son rapport à des représentants gouvernementaux «chargés de
l’éducation aux médias et de la «lutte contre la désinformation»». Ils ont rencontré des représentants du ministère allemand de l’Intérieur ainsi que du Centre fédéral pour
l’éducation politique, où les questions relatives à la poursuite du travail commun de «lutte contre la désinformation» sur l’Ukraine dans l’espace d’information allemand ont été
abordées. «Les normes
internationales en matière de surveillance et d’analyse de l’information et le soutien légal à la lutte contre la désinformation et l’influence néfaste de l’information ont été
abordés».
Il a été convenu d’organiser des consultations au niveau opérationnel «qui contribueront
à améliorer la vitesse de réaction aux menaces actuelles et à développer des mécanismes communs de défense contre les influences d’informations hostiles». Tout cela a été
rapporté par le CCD lui-même le 17 avril 2024 sur son site web sous «Events».26
L’OTAN promeut
les listes d’abattage de l’Ukraine comme modèle pour l’Europe
De telles opérations CCD sont précisément le type d’actions mises en avant par l’OTAN. En janvier 2024, le Centre européen d’excellence pour la
lutte contre les menaces hybrides (en abrégé : Hybrid COE) a publié un rapport spécial27 intitulé
«Comment l’Ukraine
lutte contre la désinformation russe : la ruche contre le mammouth». Le rapport a été rédigé conjointement par Jakub Kalenský, directeur adjoint du groupe d’intérêt
Influence hybride [sic] du Hybrid COE, et Roman Osadtschuk du Digital Forensic Research Lab (DFRLab) du Conseil de l’Atlantique américain, et vise à inspirer les «experts en lutte
contre la désinformation» européens et américains à étudier et à imiter l’approche de l’Ukraine.
Hybrid COE n’est pas l’organisation «autonome» qu’il prétend être. Basé à Riga, en Lettonie, il est l’un des 29 «centres
d’excellence accrédités par l’OTAN»28 qui
«entretiennent des
relations fonctionnelles avec les commandements stratégiques de l’OTAN … [et] aident également à la mise en œuvre du concept de conduite de la guerre de l’OTAN par des mesures qui
soutiennent l’agenda de développement de la conduite de la guerre».
En d’autres termes, le COE hybride est un bras de la machine de guerre de l’OTAN.
Le rapport de janvier contient «dix leçons que
l’Occident pourrait tirer de l’expérience ukrainienne unique». Deux douzaines de «guerriers de
l’information» ukrainiens au sein du gouvernement ou de la société civile ont été interrogés (la plupart des noms sont cités dans le rapport). «Plusieurs
entretiens» ont été menés avec le CCD et les services secrets ukrainiens, y compris avec le néonazi notoire, ancien conseiller du ministère de l’Intérieur et vice-ministre Anton
Gerashchenko, connu pour ses liens29 avec
la liste des morts de Myrotvorets.
Selon «Beehive», la première et la plus importante leçon à tirer de l’Ukraine est que tout le monde et toute communication doivent être surveillés, et
ce par autant d’organismes que possible, et qu’il faut réagir à toute «désinformation» détectée. Le rapport plaide pour une «surveillance
complète (…) même en temps de paix», et met en garde contre le fait que les experts occidentaux n’ont pas compris ce que fait l’Ukraine, «qu’il est
nécessaire d’agir plutôt que de tergiverser».
La leçon 6 est la clé. Elle porte un titre sans équivoque : «Les mesures
punitives sont un must».
La «lutte contre la
désinformation» ne consiste pas seulement à «appeler par leur
nom et à faire honte» à ceux qui plaident pour une politique différente. L’Ukraine montre que «les efforts
visant à punir et à dissuader leurs activités» sont probablement le travail «le plus
important» dans la lutte contre la désinformation. «Chaque personne
interrogée», qu’elle soit gouvernementale ou civile, a soutenu fermement la décision des gouvernements ukrainiens successifs depuis le coup d’État de 2014 d’interdire de plus en
plus de chaînes de télévision, de sites web, de canaux de médias sociaux et de messageries, «y compris ceux
qui n’appartiennent pas directement à l’État russe, mais qui diffusent néanmoins les mêmes messages». Le CCD dresse une «liste des
influenceurs internationaux qui renforcent la propagande russe».
La leçon 10 est que «l’Occident
devrait faire ce que l’Ukraine a fait ces dernières années». L’Occident doit agir agressivement contre les canaux de désinformation et de propagande russes et contre
«les
agents conscients ou inconscients qui les aident à les diffuser dans leurs propres pays».
Les «guerriers de
l’information» ukrainiens souhaitent la création d’un «Ramstein de
l’information» sur le modèle de l’Ukraine Defense Contact Group, connu sous le nom de groupe Ramstein, afin d’aider l’Ukraine «dans l’espace
d’information». (Cette idée aurait déjà été discutée avec Bruxelles). Ils affirment qu’il est nécessaire d’enquêter sur les «agents
d’influence russes» ; il est nécessaire de «démasquer tous
ceux qui utilisent ou tentent d’utiliser la désinformation comme une arme». Une autre mesure qu’ils proposent est la création d’un «tribunal pénal
spécial» pour les «propagandistes
russes de premier plan».
Le rapport résume le message pour l’Europe et les États-Unis : il est temps de faire comme l’Ukraine et de déployer des «ressources
considérables» sur une longue période afin de couper tous les canaux d’«influence
malveillante», et de se préparer à le faire bien après une éventuelle guerre avec la Russie. Le plus tôt sera le mieux.
Annexe
I. Qu’est-ce que Molfar-OSINT ? un profil récapitulatif
Molfar-OSINT est une agence anglo-américaine d’«Open Source Intelligence» (OSINT) qui tient des listes d’abattage privées et publiques contre des
personnalités occidentales de premier plan qui appellent à une solution pacifique du conflit entre l’Ukraine et la Russie ou qui s’opposent à la promotion de ce conflit par
l’OTAN. Elle opère depuis l’Ukraine, mais son siège social se trouve à Londres. Plus encore que les autres commandos de tueurs mentionnés ci-dessus, Molfar-OSINT se
distingue par le fait qu’il est profondément ancré dans l’establishment occidental.
La liste des «partenaires» étrangers comprend :
Le Royal United Services Institute (RUSI), le principal groupe de réflexion de la monarchie britannique dans le domaine de la défense ;
USAID et CRDF-Global, USAID organisant des séminaires avec Molfar30 et
CRDF-Global payant31 pour que
Molfar forme les fonctionnaires ukrainiens et les services secrets ukrainiens SBU aux méthodes OSINT ; et
L’European Endowment for Democracy (EED), une organisation qui porte le nom du tristement célèbre National Endowment for Democracy américain et qui
est financée par la Commission européenne et les États membres de l’UE. Il a été créé en 2013 à l’initiative du ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski,
scandaleusement anglophile.
Le site web de Molfar liste la crème de la crème des médias de l’establishment occidental comme ses clients et destinataires de ses rapports de
renseignement : The Times of
London, Reuters, The
Economist, Financial
Times, The
Guardian, The Wall Street
Journal, The New York
Times, PBS, CNN, Foreign
Policy, Newsweek, Forbes, Deutsche
Welle, le Globe and
Mail du Canada et le journal économique israélien Globes, pour
n’en citer que quelques-uns.
Le premier média à avoir publié l’enquête de guerre de Molfar en tant que source fiable et crédible sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie a été
le Times of
London, a déclaré le PDG de Molfar, Starosiek, à la chaîne ukrainienne Detector Media32. Selon
Molfar, l’«enquête
opérationnelle» à laquelle le Times a
fait référence dans son article du 22 mars 2022 a en fait été commandée par thetimes.co.uk33,
«l’une
des publications les plus respectées au monde». (Le Times s’était
adressé à Molfar pour réfuter un article du journaliste d’investigation américain Max Blumenthal, qui avait démasqué un morceau critique de la propagande de guerre
ukrainienne).
Le magazine médiatique européen The
Fix rapporte34 que Molfar
dispose «d’une base
d’environ 1000 journalistes du monde entier qui ont publié des travaux sur l’Ukraine sur la base des informations fournies par l’agence. La plupart des journalistes utilisent les
rapports de l’agence comme source pour leur propre matériel. Mais il y a aussi des recherches communes avec des organisations médiatiques». Un exemple : Dans un article
du 16 janvier 2024 citant un rapport Molfar-OSINT, Newsweek35 a
déclaré que «Molfar, qui
analyse de près la guerre en Ukraine, fournit régulièrement des rapports détaillés sur la guerre» – ainsi que des photos satellites.
II. Les
individus et les installations militaires pris pour cible
Le site web de Molfar36 révèle
que son équipe, tout comme le CCD, fait partie de l’appareil banderiste et néonazi hardcore en Ukraine. Cela apparaît le plus clairement dans deux posts qui défendent la brigade
Azov, ouvertement néonazie, comme des «patriotes
hautement motivés» depuis sa création en tant que bataillon Azov en 2014, puis son intégration au ministère ukrainien de l’Intérieur la même année. Dans un article d’août
2022, on peut lire avec effronterie : «Pourquoi Azov
sont des héros, pas des terroristes»37 ; et
dans un article similaire38,
toute personne qui fait référence à la fière auto-identification d’Azov comme néo-nazi est traitée de «propagandiste russe». (Voir le projet impérial britannique en Ukraine de
l’EIR : coup d’État violent39, axiomes
fascistes pour plus d’informations de fond).
Molfar ne cache pas que ses enquêteurs ont utilisé la liste de décès de Myrotvorets comme point de départ de certaines de leurs investigations (par
exemple, cette histoire de «traître» de Cherson40).
Depuis février 2022, les enquêtes militaires de Molfar pour la guerre sont devenues un axe majeur de son travail. Selon ses propres dires, Molfar
est chargé d’enquêtes par des instances gouvernementales et militaires ukrainiennes ainsi que par des médias et des services de renseignement occidentaux. Le profil
de Foreign
Policy du 2 mars 202341 sur
le «rôle de pionnier» de Molfar dans la fourniture de cibles militaires rapporte que Molfar «prétend fournir
aux services de renseignement ukrainiens une moyenne de 15 rapports de renseignement exploitables par mois». Dans cet article, comme dans d’autres articles du réseau de
médias occidentaux, Molfar est présenté comme excellant dans le développement de cibles précises pour l’armée ukrainienne, pouvant être attaquées à l’intérieur de la Russie et de ses
nouveaux territoires.
Parallèlement, Molfar établit des listes de personnes à abattre contre de prétendus «ennemis de
l’Ukraine». Elle rassemble des informations personnelles sur ses cibles et leurs familles, où elles vivent, qui elles fréquentent, etc. dont seules quelques-unes sont
publiées.
À ce jour, elle a publié onze listes de ce type. Elles vont des listes du personnel des autorités russes (FSB, GRU, etc.) aux listes des pilotes
russes volant depuis la base aérienne russe d’Engels-2, près de Saratov, où sont stationnés des bombardiers stratégiques russes, en passant par un «répertoire des
personnes impliquées dans la fabrication des drones russes «Shakhed» et «Lancet»» et des entreprises du monde entier qui seraient «susceptibles»
de servir d’intermédiaires dans des transactions violant les sanctions contre la Russie.
Une autre liste de tirs de Molfar pour les ennemis de l’Ukraine est une liste de membres du clergé de haut rang de l’Église orthodoxe
ukrainienne. Elle demande certes l’interdiction de cette église, mais la photo42 postée
sur son compte X d’un ecclésiastique de cette église passé à tabac laisse penser que d’autres méthodes seront également utilisées. Nous donnons «aux gens l’espoir
de se venger», a déclaré le PDG de Molfar, Starosiek, à Detector Media43. Les
Ukrainiens voient que les criminels «vont payer pour
tout dans un avenir proche», s’est-il vanté.
III. Propagandistes
étrangers
L’une des onze listes comprend de prétendus «propagandistes
étrangers du régime terroriste de la Fédération de Russie». Le «registre des
propagandistes russes à l’étranger» public de Molfar comprend 153 dirigeants politiques, journalistes, hommes d’affaires et analystes, dont les présidents Luiz Inácio Lula da
Silva (Brésil) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), le Premier ministre hongrois Victor Orbán, le sénateur américain Rand Paul et U. Thomas Massie, la citoyenne allemande et
fondatrice de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche, l’ancien Premier ministre slovaque Jan Carnogursky, les journalistes américains Tucker Carlson, Jimmy Dore et Max
Blumenthal, l’ancien inspecteur en armement des Nations unies Scott Ritter et l’analyste Ray McGovern, qui travaille depuis 27 ans pour la CIA, ainsi que de nombreux autres. 73
de ces personnes ont été admises rien qu’en 2024, et ce dans différents lots. (Voir la liste complète44)
«Notre
tâche», a déclaré Molfar, «est d’utiliser
des preuves et d’attirer l’attention des autorités sur les activités de ces personnes». La liste est disponible en anglais et doit être transmise «aux autorités
compétentes» de l’UE, des États-Unis, du Canada ou d’autres pays occidentaux d’où proviennent la majorité des «propagandistes
russes à l’étranger». Molfar dénonce le fait que «la communauté
internationale n’a pas réagi de manière appropriée à leurs activités [des propagandistes présumés]», ce qui nécessite, comme l’écrit Molfar, leur «éviction des
fonctions publiques, l’imposition de sanctions et des enquêtes sur leur implication personnelle dans des crimes».
Molfar transmet également les calomnies sur ses cibles à son vaste réseau de médias. Le quotidien britannique Morning Star a révélé dans un
article45 du
28 juillet 2022 que son reporter avait reçu un communiqué de presse envoyé sous la forme d’un «e-mail de masse» et contenant de prétendues informations de fond sur le prétendu
financement de Max Blumenthal par le Kremlin.
Le message Telegram publié par Molfar le 9 février 2024 en réaction à l’interview de Tucker Carlson avec le président russe Vladimir Poutine a montré
que l’organisation poursuivait un objectif encore plus malveillant : elle a publié des liens vers des images et des informations personnelles sur les enfants de Tucker Carlson.
De nouvelles cibles sont développées. Le 23 février 2024, Molfar a publié un brûlot contre Rafal Mekler, l’un des leaders du blocus des
routiers polonais, qui visait à l’époque l’importation de blé ukrainien, et contre le parti Konfederacja, dont il est membre. «Rafal Mekler et
de nombreux membres du parti Konfederacja ont déjà été inscrits sur la liste Myrotvorets», peut-on lire dans l’article. Meklar et le parti Konfederacja sont présentés comme
des «prêcheurs de
haine» parce qu’ils osent rappeler au monde le massacre perpétré contre les Polonais de Volhynie par les «nationalistes» autoproclamés ukrainiens qui servaient dans les Waffen SS
d’Hitler.
Molfar n’en est pas resté là. Non seulement les noms de la femme et des enfants de Meklar, ainsi que son CV et son adresse, ont été publiés sur le
site46,
mais Molfar a également envoyé ce profil aux médias polonais, l’accusant d’être un agent russe. Meklar s’est défendu et a déclaré à la chaîne de télévision
polonaise MN :
«L’activité
politique que moi ou d’autres hommes politiques exerçons est mon seul domaine. Impliquer la famille comme moyen de pression est un mouvement terroriste (…) Donner tous les
détails sur mes enfants, y compris les écoles qu’ils fréquentent et les prix qu’ils ont reçus et de qui, c’est de la pure barbarie».
L'avenir de notre monde suspendus à Trois "États artificiels" : l’Ukraine, Taiwan et Israël
Tous les problèmes du monde tournent autour de trois États artificiels : l’Ukraine, Taiwan et Israël.
L’Ukraine fait partie de la Russie depuis plus longtemps que les États-Unis n’existent. Il a été créé pour la première fois en tant que
pays indépendant au début des années 1990 par Washington, à la suite de l’effondrement du gouvernement soviétique et du remplacement du régime du Parti communiste par celui d’Eltsine, une
marionnette de Washington. L’Ukraine est donc un pays artificiel vieux de seulement 30 ans, n’ayant jamais existé auparavant en tant que pays indépendant.
Taiwan est une petite île au large de la côte chinoise, une partie de la Chine habitée par des Chinois. Washington a tenté de prétendre qu’une
petite île était la Chine et a fait siéger Taiwan au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais le président Nixon savait mieux. Il a soutenu le retrait de Taiwan et son remplacement par la
Chine continentale. Nixon est à l’origine de la politique d’une seule Chine qui était la politique américaine jusqu’au régime Biden.
Israël était une création du gouvernement britannique stupide et corrompu, ou peut-être plus exactement des sionistes fanatiques qui ont chassé
d’innombrables Palestiniens sans défense de leurs villes et villages. Des générations de Palestiniens sont nées dans des camps de réfugiés situés en Jordanie et au Liban. Le génocide de
la Palestine en tant que peuple et pays dure depuis 1947 et rien n’a été fait pour y remédier. Israël s’en est tiré en toute impunité en utilisant la carte de l’Holocauste pour gagner de la
sympathie pour son statut de victime et en rémunérant les politiciens occidentaux avec des contributions électorales pour soutenir son programme.
Considérons maintenant le fait que ces trois pays totalement artificiels et totalement dépourvus de toute réalité sont chacun capables de déclencher un Armageddon
nucléaire.
- L’Ukraine peut y parvenir en continuant à utiliser des missiles à longue portée fournis par l’Occident pour attaquer le système d’alerte précoce
russe.
- Taïwan peut y parvenir en acceptant l’occupation par les soldats américains et en acceptant davantage de livraisons de missiles américains.
- Israël peut y parvenir en amenant le régime acheté et payé pour que Biden accepte l’attaque israélienne contre l’Iran.
La question que je vous pose maintenant est la suivante :
"Si les États-Unis sont en fait une superpuissance et si l’Occident dans son ensemble constitue une méga-superpuissance, comment est-il possible que trois
États artificiels contrôlent l’avenir de l’Occident ?"
L’Ouzbékistan est devenu le troisième pays visité par le dirigeant russe Vladimir Poutine après le début de son cinquième mandat présidentiel. Dans la
soirée du 26 mai, le dirigeant ouzbek Shavkat Mirziyoyev a accueilli le dirigeant russe à l’aéroport de Tachkent.
Initialement, la visite d’État devait durer deux jours et s’achever le 27 mai, mais les sujets abordés étaient si intenses que Poutine a prolongé son
séjour en Ouzbékistan d’une journée et s’est entretenu avec Mirziyoyev jusqu’à 3 heures du matin. Le 28 mai, à l’issue de ces entretiens, le chef du Kremlin s’est présenté à la presse
et s’est entretenu avec des journalistes.
Répondant aux questions, le président russe a déclaré que la visite de la délégation avait été riche en réunions, contacts et négociations. Près de la
moitié du gouvernement russe s’est rendue à Tachkent depuis Moscou. Le comité d’accueil était également bien représenté.
«L’échange
d’informations, l’échange d’opportunités de coopération a été très riche, et il ne s’agit même pas du nombre de documents signés, mais de contacts réels entre des personnes qui
veulent travailler ensemble et voir comment le faire», a déclaré Poutine.
Il a souligné que l’Ouzbékistan présentait un grand intérêt pour la Russie, car il s’agit du pays le plus densément peuplé de l’ancienne Union
soviétique, à l’exception de la Fédération de Russie. Le pays compte 37 millions d’habitants et s’enrichit d’un million de personnes supplémentaires chaque année. En 2023, la
croissance du PIB de l’Ouzbékistan était de 6%, ce qui témoigne d’un développement économique durable et d’un système de gestion efficace. La Russie et l’Ouzbékistan ont de nombreux
projets communs dans divers secteurs, ce qui explique l’intensité des contacts.
De nombreuses questions ont également été posées au président sur des sujets internationaux. En particulier, Poutine a évoqué la légitimité du
gouvernement ukrainien : il est nécessaire de mener une étude (analyse) minutieuse, car la constitution ukrainienne prévoit l’extension des pouvoirs, mais uniquement ceux du
parlement, et non ceux du président. Dans le même temps, la loi locale sur la loi martiale interdit la tenue d’élections du chef de l’État pendant cette période, mais cela ne signifie
pas que les pouvoirs du président sont prolongés (étendus).
Conformément à l’article 111 de la Constitution ukrainienne, dans de tels cas, les pouvoirs du chef de l’État sont transférés au président du parlement.
Par conséquent, selon les premières estimations, la Verkhovna Rada et son président restent les seuls représentants du pouvoir en Ukraine.
«Par essence,
l’État ukrainien est fondé sur l’idée d’une république parlementaire plutôt que présidentielle, et il est tout à fait logique que la constitution elle-même et les actes juridiques qui
ont été adoptés sur cette base soient structurés de cette manière», a ajouté Poutine.
Selon lui, si les parties intéressées avaient voulu organiser une élection présidentielle en Ukraine, elles l’auraient fait. Dans le même temps, Poutine
n’a pas exclu que les véritables maîtres de l’Ukraine, qui se trouvent à l’étranger, remplacent à l’avenir ses autorités par des personnes qui ne sont pas associées à la prise de
nombreuses décisions impopulaires.
Quant à la déclaration du secrétaire général de l’OTAN sur la possibilité pour l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des armes occidentales,
lorsque Jens Stoltenberg était Premier ministre de Norvège (2000-2001 et 2005-2013), Poutine n’a pas remarqué que le Norvégien souffrait de démence lors de ses rencontres avec lui. La
Russie observe attentivement ces déclarations et en tire ses propres conclusions.
«Il devrait savoir
que les armes de précision à longue portée ne peuvent être utilisées sans moyens de reconnaissance basés dans l’espace, tout d’abord. Deuxièmement, seuls des spécialistes hautement
qualifiés peuvent procéder à la sélection finale de la cible et à la mission de vol sur la base de ces renseignements», a précisé Poutine.
Poutine a expliqué que ces missions de vol peuvent être automatiquement introduites dans les missiles par ceux qui produisent et fournissent ces
munitions à l’Ukraine, c’est-à-dire sans l’implication directe des militaires ukrainiens. Par conséquent, les pays de l’OTAN, en particulier les petits États européens densément
peuplés, devraient être conscients de ce avec quoi ils jouent avant d’envisager de frapper le territoire russe.
Tout ce qui se passe actuellement dans la région de Kharkiv est précisément provoqué par les actions des russophobes. Si les attaques contre la
Fédération de Russie ne cessent pas, les troupes russes créeront une zone de sécurité. Moscou a d’abord été provoquée dans le Donbass, «huit ans à être
menés par le bout du nez, trompés», puis les Russes ont été «trompés pendant
le processus de négociation», et maintenant l’Occident est gêné de parler du bombardement de Belgorod. C’est compréhensible, car ils l’ont fait de leurs propres mains et
récoltent aujourd’hui les fruits de leur créativité.
«L’escalade
continue peut avoir de graves conséquences. Si ces conséquences surviennent en Europe, comment les États-Unis se comporteront-ils, en gardant à l’esprit notre parité stratégique en
matière d’armement ? Il est difficile de le dire. Veulent-ils un conflit mondial ? Il me semble qu’ils voulaient négocier dans le domaine des armes stratégiques. Mais nous ne voyons
pas une grande volonté de le faire» a-t-il déclaré.
Quant à la reconnaissance des Taliban, ce sujet est constamment discuté. Il faut construire des relations avec Kaboul, les Talibans contrôlent le
territoire de l’Afghanistan, ils sont le pouvoir, il faut donc partir des réalités existantes.
Les résultats des premières conversations entre Vladimir Poutine et Xi Jinping donnent une première idée de la défaite stratégique que subissent les Etats-Unis. Pour l’Europe, il s’agit de savoir
si elle veut sombrer avec les Etats-Unis, en jouant le rôle de ces unités que le commandement sacrifie pour retarder le moment fatidique de la déroute; ou bien si elle a l’intelligence de
préserver son avenir et de négocier, à des conditions qui peuvent être encore favorables, sa place dans la nouvelle organisation du monde.
Notre ami Simplicius le
formule en termes simples:
Il s’agit non seulement du premier voyage à l’étranger symbolique de son dernier mandat présidentiel, mais en creusant sous le capot, nous découvrons que ce voyage a encore plus d’importance
et se distingue de la simple routine.
Tout d’abord, Poutine a emmené avec lui pratiquement toutes les grandes figures du gouvernement russe, en particulier le nouveau ministre de la défense Belousov, bien que Shoigu soit resté à
ses côtés de manière significative.
Blog
de Simplicius the Thinker, 17 mai 2024
Un certain nombre de chefs d’entreprises font partie de la délégation: Oleg Deripaska, fondateur de RUSAL; Igor Sechin, PDG de Rosneft; Herman Gref, président du
conseil d’administration de Sberbank; Andrey Kostin, président du conseil d’administration de la banque VTB; Kirill Dmitriev, PDG du Fonds russe d’investissement direct; Leonid Mikhelson,
président de NOVATEK; Igor Shuvalov, président de VEB.RF; Alexander Shokhin, président de l’Union russe des industriels et des entrepreneurs (RSPP).
La défaite stratégique américaine en 8000 mots
Un message X/twitter résume la déclaration commune des deux chefs d’Etat à l’issue d’une journée d’échanges:
La Chine et la Russie ont publié hier une déclaration commune extraordinaire, de près de 8 000 mots lorsqu’elle est traduite en anglais, et à bien des égards plus importante que la fameuse
déclaration de partenariat « sans limites » de février 2022.
Voici les points qui m’ont le plus marqué.
CONSTRUIRE UN NOUVEL ORDRE MONDIAL
La déclaration indique qu’il s’agit d’un « facteur objectif » que « le statut et la force des principaux pays et régions émergents du “Sud global” [augmentent] continuellement », et que « la
tendance à la multipolarité mondiale [s’accélère] ». Cette tendance « accélère la redistribution du potentiel de développement, des ressources et des opportunités dans un sens favorable aux
marchés émergents et aux pays en développement, promouvant la démocratisation des relations internationales et l’équité et la justice internationales ».
Ils soulignent que « les pays qui adhèrent à l’hégémonisme et à la politique de puissance vont à l’encontre de cette tendance, en tentant de remplacer et de subvertir l’ordre international
fondé sur le droit international par un soi-disant “ordre fondé sur des règles” ».
Sur le plan de la sécurité, la déclaration indique que « les deux parties sont convaincues que le sort des peuples de tous les pays est lié et qu’aucun pays ne devrait rechercher sa propre
sécurité au détriment de celle des autres ». Les deux parties se disent préoccupées par les défis actuels en matière de sécurité internationale et régionale et soulignent que dans le contexte
géopolitique actuel, il est nécessaire d’étudier la mise en place d’un système de sécurité durable dans l’espace eurasien, fondé sur le principe d’une sécurité égale et indivisible ».
Ils ajoutent que la Chine et la Russie « exploiteront pleinement le potentiel des relations bilatérales » afin de « promouvoir la réalisation d’un monde multipolaire égal et ordonné et la
démocratisation des relations internationales, et de rassembler leurs forces pour construire un monde multipolaire juste et raisonnable ».
En ce qui concerne la vision de cet ordre mondial, ces deux principes semblent être les plus importants :
1) Un ordre sans « néocolonialisme ni hégémonisme » d’aucune sorte : « Tous les pays ont le droit de choisir indépendamment leurs modèles de développement et leurs systèmes politiques,
économiques et sociaux sur la base de leurs conditions nationales et de la volonté de leurs peuples, de s’opposer à l’ingérence dans les affaires intérieures des pays souverains, de s’opposer
aux sanctions unilatérales et à la “juridiction des armes longues” sans base de droit international ni autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, et de s’opposer à l’établissement
de lignes idéologiques ». Les deux parties ont souligné que le néocolonialisme et l’hégémonisme sont totalement contraires à la tendance actuelle et ont appelé à un dialogue égal, au
développement de partenariats et à la promotion des échanges et de l’apprentissage mutuel entre les civilisations ».
2) Un ordre fondé sur la Charte des Nations unies : « Les deux parties continueront à défendre fermement les acquis de la Seconde Guerre mondiale et l’ordre mondial d’après-guerre établi par
la Charte des Nations unies ».
CONDAMNATION EXTRÊMEMENT FERME DES ÉTATS-UNIS
Cette condamnation commence par le paragraphe souligné ci-dessus selon lequel « les pays qui adhèrent à l’hégémonisme et à la politique de puissance sont contraires [à la tendance vers un
ordre mondial multipolaire] », et la déclaration condamne également le fait que ces « pays » (c’est-à-dire principalement les États-Unis) « tentent de remplacer et de subvertir l’ordre
international fondé sur le droit international par un soi-disant “ordre fondé sur des règles” ».
Ils écrivent également que « les deux parties appellent les pays et organisations concernés à cesser d’adopter des politiques de confrontation et de s’ingérer dans les affaires intérieures
d’autres pays, de saper l’architecture de sécurité existante, de créer des “petites cours avec de hautes clôtures” entre les pays, de provoquer des tensions régionales et de plaider en faveur
d’une confrontation entre les camps ».
Ils ajoutent que « les deux parties s’opposent aux actions hégémoniques des États-Unis visant à modifier l’équilibre des pouvoirs dans la région de l’Asie du Nord-Est en étendant leur
présence militaire et en formant des blocs militaires. Les États-Unis, avec leur mentalité de la guerre froide et leur modèle de confrontation dans un camp, placent la sécurité d’un « petit
groupe » au-dessus de la sécurité et de la stabilité régionales, mettant en danger la sécurité de tous les pays de la région. Les États-Unis devraient cesser de telles actions ».
En outre, la déclaration fait état de « sérieuses préoccupations concernant les tentatives des États-Unis de saper la stabilité stratégique afin de maintenir leur supériorité militaire
absolue, y compris la construction d’un système mondial de défense antimissile et le déploiement de systèmes de défense antimissile dans le monde et dans l’espace, le renforcement de la
capacité à neutraliser les actions militaires de l’adversaire avec des armes non nucléaires de précision et des frappes de “décapitation” », renforcer les accords de « partage nucléaire » de
l’OTAN en Europe et fournir une « dissuasion élargie » à des alliés spécifiques, construire des infrastructures en Australie, membre du traité sur la zone dénucléarisée du Pacifique Sud, qui
pourraient être utilisées pour soutenir les forces nucléaires des États-Unis et du Royaume-Uni, engager une coopération entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie en matière de
sous-marins nucléaires, et mettre en œuvre des plans de déploiement et de fourniture de missiles terrestres de portée intermédiaire et de courte portée aux alliés de l’Asie-Pacifique et de
l’Europe. «
La déclaration condamne également « la politique de “double endiguement” hostile et non constructive des États-Unis à l’égard de la Chine et de la Russie » : « Les actions des États-Unis
consistant à mener des exercices conjoints avec leurs alliés visant ostensiblement la Chine et la Russie et à prendre des mesures pour déployer des missiles terrestres à portée intermédiaire
dans la région Asie-Pacifique ont suscité de vives inquiétudes de part et d’autre. Les États-Unis affirment qu’ils poursuivront ces pratiques dans le but ultime d’établir des déploiements de
missiles de routine dans le monde entier. Les deux parties condamnent fermement ces actions, qui sont extrêmement déstabilisantes pour la région et constituent une menace directe pour la
sécurité de la Chine et de la Russie, et renforceront la coordination et la coopération pour répondre à la politique de « double endiguement » hostile et non constructive des États-Unis à
l’égard de la Chine et de la Russie ».
En ce qui concerne l’Asie-Pacifique en particulier, ils écrivent que « les deux parties s’opposent à la création de structures de groupes exclusifs et fermés dans la région Asie-Pacifique, en
particulier d’alliances militaires visant une tierce partie ». Les deux parties soulignent que la « stratégie indo-pacifique » des États-Unis et les tentatives de l’OTAN d’entreprendre des
actions destructrices dans la région Asie-Pacifique ont un impact négatif sur la paix et la stabilité de la région.
Ils « exigent que les États-Unis s’abstiennent de s’engager dans des activités militaires biologiques qui menacent la sécurité d’autres pays et régions » et s’opposent à « l’utilisation de
l’espace extra-atmosphérique pour des affrontements armés et à la mise en œuvre de politiques et d’activités de sécurité visant à obtenir un avantage militaire et à définir l’espace
extra-atmosphérique comme un “domaine de combat” ».
Enfin, la déclaration condamne « les actions dissuasives des États-Unis et de leurs alliés dans le domaine militaire, qui provoquent une confrontation avec la République populaire
démocratique de Corée et exacerbent les tensions dans la péninsule coréenne, pouvant conduire à un conflit armé », et demande que « les États-Unis et l’OTAN, en tant que responsables de
l’invasion et de l’occupation de l’Afghanistan pendant 20 ans, ne tentent pas de déployer des installations militaires en Afghanistan, ne devraient pas tenter de déployer à nouveau des
installations militaires en Afghanistan et dans les régions avoisinantes, mais devraient assumer la responsabilité principale des difficultés économiques et de subsistance actuelles de
l’Afghanistan, supporter les principaux coûts de la reconstruction de l’Afghanistan et prendre toutes les mesures nécessaires pour débloquer les avoirs nationaux de l’Afghanistan. «
L’EXPANSION CONSIDÉRABLE DE LA COLLABORATION ENTRE LA CHINE ET LA RUSSIE
Ce sera mon dernier point, la déclaration contient une liste immense – des dizaines et des dizaines de points – de domaines de coopération élargis entre les deux pays.
Voici quelques-uns des plus importants :
Coopération militaire : « [les deux parties] approfondiront la
confiance mutuelle et la coopération militaires, élargiront l’échelle des activités de formation conjointes, organiseront régulièrement des patrouilles maritimes et aériennes conjointes,
renforceront la coordination et la coopération dans les cadres bilatéraux et multilatéraux, et amélioreront continuellement la capacité et le niveau de réponse conjointe aux risques et aux
défis ».
Accroître les échanges commerciaux, les investissements mutuels
et s’entraider pour le développement économique : « Développer continuellement l’échelle du commerce bilatéral, améliorer continuellement le niveau de coopération en matière d’investissement
entre les deux pays, développer conjointement des industries de pointe, renforcer la coopération technique et de production, notamment dans l’industrie de l’aviation civile, l’industrie de la
construction navale, l’industrie de la construction automobile, l’industrie de la fabrication d’équipements, l’industrie électronique, l’industrie métallurgique, l’industrie de l’extraction
du minerai de fer, l’industrie chimique, et l’industrie forestière.
Coopération dans le domaine de l’énergie : « consolider la
coopération stratégique dans le domaine de l’énergie entre la Chine et la Russie et parvenir à un développement de haut niveau, en assurant la sécurité économique et énergétique des deux
pays. S’efforcer de garantir la stabilité et la durabilité du marché international de l’énergie, et maintenir la stabilité et la résilience de la chaîne industrielle et de la chaîne
d’approvisionnement mondiales de l’énergie. Également l’énergie nucléaire : « approfondir la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire civile sur la base de l’expérience des projets
réussis et en cours, y compris la fusion thermonucléaire, les réacteurs à neutrons rapides et les cycles fermés du combustible nucléaire »
Promouvoir les monnaies et les infrastructures financières de
chacun : « Augmenter la part de la monnaie locale dans les échanges bilatéraux, le financement et les autres activités économiques. Améliorer l’infrastructure financière des deux pays,
faciliter les canaux de règlement entre les entités commerciales des deux pays, renforcer la coopération en matière de réglementation dans les secteurs de la banque et de l’assurance de la
Chine et de la Russie, promouvoir le développement sain des banques et des institutions d’assurance établies dans les deux pays, encourager les investissements bilatéraux et émettre des
obligations sur les marchés financiers des deux pays conformément aux principes du marché ».
Coopération approfondie dans le domaine de l’éducation et de la
science : « Promouvoir l’expansion et l’amélioration de la qualité des programmes mutuels d’études à l’étranger, faire progresser l’enseignement de la langue chinoise en Russie et
l’enseignement de la langue russe en Chine, encourager les établissements d’enseignement à développer les échanges, la coopération dans la gestion des écoles, mener une formation conjointe
des talents de haut niveau et la recherche scientifique, soutenir la coopération dans les domaines de la recherche fondamentale entre les universités, soutenir les activités des alliances
d’universités et de lycées similaires, et approfondir la coopération dans l’enseignement professionnel et numérique. »
Coopération dans les médias et formation de l’opinion publique :
« Renforcer les échanges médiatiques entre les deux pays, promouvoir les visites mutuelles à différents niveaux, soutenir les dialogues pragmatiques et professionnels, mener activement une
coopération de haute qualité en matière de contenu, explorer en profondeur le potentiel de coopération des nouveaux médias et des nouvelles technologies dans le domaine des médias de masse,
rendre compte de manière objective et complète des principaux événements mondiaux et diffuser des informations véridiques dans le domaine de l’opinion publique internationale.
Coopération au sein des institutions mondiales : « approfondir
la coopération bilatérale [à] l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité des Nations unies », « soutenir le rôle de l’Organisation mondiale de la santé », « renforcer la coopération dans
le cadre de l’OMC », « coopérer dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) », « soutenir l’esprit des BRICS, renforcer la voix du mécanisme des BRICS dans les affaires
et l’agenda internationaux », etc.
L’ampleur de la coopération qu’ils détaillent est absolument stupéfiante, les deux pays s’engagent à fond l’un dans l’autre.
Cette déclaration est absolument extraordinaire et va probablement façonner le monde pour les décennies à venir. La Russie et la Chine déclarent explicitement qu’elles s’associent pour créer
un nouveau « monde multipolaire égal et ordonné et pour démocratiser les relations internationales », et pour mettre fin au comportement hégémonique des États-Unis. Plus besoin de faire
semblant, c’est en train de se produire.
Compte
X Arnaud Bertrand @RnaudBertrand; 17 mai 2024
Qui doutera encore de la défaite stratégique américaine ?
Il serait temps que l’Europe se demande si elle veut continuer à être la seule à se laisser vassaliser par les Etats-Unis quand le reste du monde s’émancipe, dans
l’espoir de mettre en place un ordre international horizontal, sans hegemon.
En octobre 2023, dans mon
article intitulé “La vague de répercussions de la “dernière guerre” au Moyen-Orient“, je prédisais qu’une guerre sur plusieurs fronts était sur le point de se développer entre Israël et
diverses nations musulmanes, y compris le Liban et l’Iran. J’ai noté ce qui suit :
Israël va réduire Gaza en poussière, cela ne fait aucun doute. Une invasion terrestre rencontrera beaucoup plus de résistance que les Israéliens ne semblent s’y
attendre, mais Israël contrôle les airs et Gaza est une cible fixe avec un territoire limité. Le problème pour eux n’est pas les Palestiniens, mais les multiples fronts de guerre qui
s’ouvriront s’ils font ce que je pense qu’ils sont sur le point de faire (tentative d’assainissement). Le Liban, l’Iran et la Syrie s’engageront immédiatement et Israël ne sera pas en mesure
de les combattre tous…
Jusqu’à présent, le Liban et l’Iran ont directement attaqué les forces militaires et les cibles civiles israéliennes. Les milices syriennes déclarent également
qu’elles vont recommencer à attaquer les bases militaires américaines dans la région. Dans mon article intitulé “La Troisième Guerre mondiale est désormais inévitable“, publié le 5 avril, j’ai noté ce qui suit :
J’ai prévenu il y a plusieurs mois […] que la guerre à Gaza se transformerait en un conflit sur plusieurs fronts qui inclurait probablement l’Iran. J’ai
également prévenu qu’il serait dans l’intérêt d’Israël que l’Iran entre en guerre, car cela forcerait finalement les États-Unis à s’impliquer directement. Certes, l’Iran s’est déjà engagé
dans des attaques par procuration contre Israël par l’intermédiaire du Liban, mais l’attaque d’Israël contre l'”ambassade” ou le poste diplomatique iranien en Syrie garantit fondamentalement
que l’Iran s’engagera désormais directement dans des frappes contre des cibles israéliennes.
L’Iran s’est en effet engagé à lancer une attaque à grande échelle contre Israël à l’aide de missiles et de drones, une situation qui a eu de curieuses
conséquences. Bien sûr, les forces navales américaines ont aidé le Dôme de fer israélien à abattre la majorité des drones et des missiles envoyés par l’Iran. Cependant, même si plusieurs vidéos
montrent que certains missiles de croisière ont atteint leur cible, les Israéliens se sont montrés réticents à admettre qu’il y avait eu des dégâts.
Je soupçonne que c’est parce que les missiles de croisière ont frappé des cibles militaires et non des cibles civiles et qu’Israël ne veut pas divulguer
d’informations sur ce qui a été touché. Les drones iraniens étaient probablement destinés à servir de leurres pour les défenses antiaériennes. Ils sont beaucoup moins chers que les missiles
utilisés par Israël et les États-Unis pour les abattre.
Nous ne saurons probablement jamais si ces frappes ont eu un impact réel sur les capacités offensives israéliennes. Ce que nous savons, c’est que la contre-attaque
israélienne a été beaucoup moins importante que ce à quoi s’attendaient la plupart des analystes. Cela signifie-t-il que la guerre de titans est terminée et que les deux parties ne se mêlent plus
de rien ? Ce serait probablement une décision intelligente, mais non, ce n’est pas ce qui se passe ici.
La réaction limitée d’Israël est probablement due à un manque de clarté quant à la volonté du gouvernement américain de Biden de participer à la guerre au cours
d’une année électorale. Au cours des six prochains mois, nous assisterons à une escalade régulière vers l’hiver, suivie de nouveaux bombardements qui entraîneront des destructions bien plus
importantes que celles dont nous avons été récemment témoins. En d’autres termes, le printemps n’est que la répétition générale de ce qui se passera en hiver.
Voici les scénarios les plus probables à l’horizon 2024…
Frappes aériennes sur l’Iran
Il ne fait guère de doute qu’Israël s’engagera dans des frappes aériennes de grande envergure sur l’Iran cette année ou au tout début de 2025, et nous verrons très
rapidement si la technologie de défense aérienne russe vendue aux Iraniens est efficace ou inefficace. Le programme de drones de l’Iran pourrait être utile pour égaliser les chances face aux
avions de combat israéliens, mais là encore, le fossé technologique pourrait être considérable.
La position publique israélienne sera que leurs frappes sont axées sur la destruction de tout laboratoire nucléaire iranien existant. Il n’existe aucune preuve
solide que l’Iran ait beaucoup progressé dans la mise au point d’armes nucléaires (il pourrait avoir des bombes sales), mais la notion d’armes nucléaires est plus que suffisante en termes de
relations publiques et de justification de la guerre.
L’Iran bloque le détroit d’Ormuz
Le détroit d’Ormuz serait en tête de liste des cibles principales pour l’Iran. Il s’agit du point d’accès le plus étroit au golfe Persique et il supervise le
passage d’environ 25 à 30 % des exportations totales de pétrole dans le monde. Le bloquer est relativement facile : il suffit à l’Iran de faire couler quelques pétroliers dans les eaux peu
profondes ou de détruire les navires ennemis qui y passent, créant ainsi une barrière qui rendra le transport de pétrole impossible.
Cela rendrait également difficiles les opérations navales d’Israël ou des États-Unis. Le dégagement des obstacles prendrait du temps et exposerait les forces à
l’artillerie iranienne, qui peut être tirée jusqu’à une distance de 750 km. Une fois que l’artillerie est bloquée sur un point ou un passage étroit, rien ne peut passer. Comme nous l’avons vu en
Ukraine, une couverture de tirs d’artillerie est pratiquement impossible à arrêter.
Les missiles anti-navires ne seraient même pas nécessaires et se révéleraient probablement moins efficaces, à moins qu’ils ne soient hypersoniques. L’Iran peut
également utiliser sa petite flotte de sous-marins diesel pour déployer des mines navales dans le détroit.
Une fois que le détroit d’Ormuz sera perturbé et que les livraisons mondiales de pétrole auront ralenti, l’armée américaine entrera en guerre, si elle ne l’a pas
déjà fait.
Une attaque israélienne mène à une guerre terrestre contre l’Iran et le Liban
Une guerre terrestre entre l’Iran et Israël est inévitable si le bras de fer se poursuit, et elle se déroulera en grande partie (du moins au début) au Liban et
peut-être en Syrie. L’Iran a conclu un pacte de défense mutuelle avec ces deux pays et le Liban est généralement un mandataire de la politique de défense iranienne.
L’Iran aura des troupes actives ou des forces supplétives dans toutes ces régions, sans parler des Houthis au Yémen qui frappent les navires dans la mer Rouge. On
peut se demander comment l’Irak réagira à cette situation, mais il n’y a pas beaucoup d’amour entre le gouvernement actuel et Israël ou les États-Unis.
Le gouvernement irakien n’a pas condamné l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et a exprimé son soutien aux Palestiniens de Gaza. Il est
peu probable qu’il autorise l’utilisation de son territoire pour lancer une offensive contre l’Iran. L’utilisation du territoire de l’Arabie saoudite et du Koweït est possible pour une invasion
si les États-Unis s’impliquent, et le golfe Persique serait le principal point d’attaque. Mais les États-Unis et Israël ne disposent pas de bases régionales suffisantes pour projeter des forces
terrestres de grande envergure en Iran (n’oublions pas que les bases en Afghanistan ont maintenant disparu).
La Turquie est un autre point d’appui pour les forces américaines, mais elle n’aime certainement pas Israël, ce qui signifie que la Turquie sera
hors limites. Comme pour l’Irak, je pense qu’il sera difficile de convaincre la Turquie, ardent défenseur de Gaza, de soutenir une force d’invasion ou d’exploiter sa frontière pour des
opérations.
Et le Pakistan ? Non, aucune chance. Il est important de se rappeler que bon nombre de ces pays ont collaboré avec les États-Unis par le passé,
mais qu’ils doivent faire face à des populations en colère. Le soutien à une attaque contre l’Iran pourrait entraîner des troubles civils dans ces pays.
La guerre se déroulerait principalement par voie aérienne et maritime, les États-Unis et Israël cherchant à dominer le golfe Persique. Une grande partie des combats
terrestres se dérouleront dans les pays voisins. Une invasion directe de l’Iran serait une affaire très complexe, avec un terrain montagneux qu’il faudrait atteindre en passant par des
territoires alliés.
Est-ce possible ? Oui. Les États-Unis et Israël/alliés pourraient-ils gagner ? Oui, tant que l’objectif est la destruction et non l’occupation.
Serait-ce coûteux ? Absolument. Bien trop coûteuse pour être acceptable par le public occidental aujourd’hui, et une guerre qui nécessiterait un vaste recrutement militaire ou un appel sous les
drapeaux, ce que les Américains en particulier ne toléreront pas.
Les prix de l’essence montent en flèche
Vous pensez que les prix de l’essence sont élevés aujourd’hui ? Il suffit d’attendre que 25 % des exportations mondiales de pétrole soient bloquées sur le marché
pendant plusieurs mois. Les prix à la pompe pourraient alors doubler, voire tripler, sans compter les conditions inflationnistes déjà en cours dans les pays occidentaux.
Ce serait un désastre pour l’économie, car les prix de l’énergie affectent TOUT le reste. Les coûts sur les étagères grimperont en même temps que le pétrole.
Appel sous les drapeaux et attaques contre les défenseurs de la liberté
Sous la surface, l’extension de la guerre au Moyen-Orient présente de nombreux avantages pour les globalistes. La guerre peut être tenue pour responsable de
l’effondrement inflationniste qu’ils ont créé. La guerre peut servir d’excuse pour mettre en œuvre des normes de censure encore plus agressives en Europe et aux États-Unis. La guerre peut être
utilisée pour créer un appel d’air militaire qui déclenchera une grande agitation aux États-Unis et dans certaines parties de l’UE. La guerre pourrait invariablement être utilisée pour
rationaliser la loi martiale. Et elle pourrait même être utilisée pour retarder ou perturber les élections.
Au fond, la guerre en Ukraine, la guerre au Moyen-Orient et les nombreuses autres guerres régionales qui éclateront probablement au cours des prochaines années ont
un effet cumulatif qui provoque la confusion et le chaos. Il suffit d’une courte période de désarroi et d’une grande panique économique pour que le public oublie qui a créé le désordre en premier
lieu. Les activistes de la liberté pris au milieu de ces événements prendront des mesures pour défendre leurs libertés, et je n’ai aucun doute que nous serons accusés d’“aider les ennemis étrangers” ou de travailler
comme “agents des Russes, des Iraniens,
etc.”
Implication de la Russie et guerre mondiale
Étant donné que l’OTAN a jugé bon de s’engager dans une guerre par procuration en Ukraine, il est logique que la Russie lui rende la pareille et s’engage dans une
guerre par procuration en Iran. Ne soyez pas surpris de voir dans les médias, au cours des prochains mois, de nombreuses discussions sur les “conseillers” russes en Iran ainsi que sur l’armement
russe. La Russie possède déjà des bases militaires en Syrie et des accords de défense avec l’Iran. Il semblerait que les États-Unis et leurs alliés soient placés sur une trajectoire de collision
avec la Russie qui conduira à des interactions cinétiques directes.
À ce stade, la guerre mondiale sera déjà bien engagée. La Russie et les États-Unis n’essaieront peut-être jamais de frapper le territoire de
l’autre et l’échange nucléaire n’a guère de sens pour qui que ce soit (surtout pour les globalistes qui perdraient leur empire financier et de surveillance en un clin d’œil), mais ils
s’affronteront dans des guerres régionales en de multiples endroits du globe. Il me semble que ce processus a déjà été enclenché, et une fois que l’avalanche a commencé, il est très difficile de
l’arrêter.
Seuls les plus naïfs ne croient pas à la grande guerre qui s’approche à grands pas entre l’OTAN et la Russie. Tous les signaux sont au rouge et il n’est
pas une semaine sans que les plus excités, Macron en tête, n’en rajoute pas dans le but évident de forcer l’OTAN à la guerre.
La semaine dernière le nabot Macron se prenant pour Napoléon avait déjà «envisagé» l’envoi de troupes en Ukraine. Mensonge évident car nous savons tous
que les troupes françaises sont déjà à Odessa. Macron ajoutait, pour tenter de passer un message de modération (!) que ce serait seulement si les lignes de front étaient franchies par
la Russie. Ici aussi, stupidité totale car nos forces franchissent les lignes ukrainiennes chaque jour maintenant.
Et, comme par hasard, Zelensky déclare il y a quelques jours que l’Ukraine pourrait demander à l’OTAN d’envoyer des forces sur le terrain si les forces
ukrainiennes se trouvaient en mauvaise posture. Là aussi, stupidité évidente tant on sait que c’est la débandade dans la majorité des secteurs.
Aujourd’hui l’OTAN en a remis une couche en déclarant «sous une forme très confidentielle», s’être fixée deux «lignes rouges», qui pourraient déclencher
des interventions dans le conflit. Ces 2 lignes rouges seraient selon des indiscrétions judicieusement faites au journal italien Republicca,
«la
participation de la Biélorussie à la guerre aux côtés de la Russie, et une attaque russe des Pays Baltes, de la Pologne ou de la Moldavie».
Ça, ce sont les prétextes officiels à une entrée en guerre directe de l’OTAN. Mais la vérité est toute autre car derrière ces conditions quelque peu
ridicules puisque par exemple la Russie n’a aucune intention d’attaquer Pays Baltes Pologne ou Moldavie, il y a les vraies conditions pour une entrée en guerre de l’OTAN, et elles
sont beaucoup plus floues.
Car selon des sources au sein de l’OTAN, l’OTAN entrerait en guerre en cas de «nouveaux succès des troupes russes» sur le terrain, ou en cas de
«provocation» de la Russie.
Les succès de nos forces, on les voit maintenant chaque jour. Concernant une «provocation» de la Russie c’est très vague et il y a 2 aspects. D’une part
ce pourrait être des attaques de bases militaires de l’OTAN hors d’Ukraine, si par exemple des bombardiers s’y réfugient entre 2 attaques contre la Russie. Et d’autre part ce pourrait
être… tout ce qu’on veut !
Et justement, encore un hasard sans doute, les services de renseignement occidentaux alertent sur d’imminentes vagues de sabotages dans les pays
européens par les agents dormants russes. Et là, on y met n’importe quoi et surtout les services occidentaux sont très bien placés pour commettre eux-mêmes quelques sabotages et en
accuser les russes !
N’ayez aucune illusion, absolument aucune : l’OTAN va entrer en guerre directement. Elle l’est en fait déjà de manière indirecte en armant les
Ukrainiens. En tuant nos forces par Ukrainiens interposés. Très prochainement, et ce peut être une question de jours, l’OTAN enverra officiellement des forces se battre EN Russie
contre la Russie.
EN Russie car l’Ukraine, aussi appellée «la petite Russie» EST un territoire Russe et est destinée à réintegrer la Fédération de Russie. Nous allons
donc avoir des ennemis sur nos terres. Nous sommes prêts à les accueillir et à leur remémorer les leçons que nous leur avons données dans le passé.
Mais l’OTAN est-elle prête ? Si quelques unités peuvent en effet combattre, quid de la majorité des forces ennemies ? Et combien de jours de combat
intensif les unités d’élite pourront-elles tenir ? Que feront 1000 légionnaires français quand 10 000 obus tomberont sur leurs positions en 3 jours ? Poser la question c’est déjà y
répondre.
La question suivante est «que feront les stratèges de l’OTAN» quand leurs forces auront été décimées en 3 jours ? La réponse est déjà évidente pour qui
lit régulièrement ce que j’ecris : les armes nucléaires seront utilisées.
À ça aussi nous sommes prêts. Car nous combattons pour notre avenir, à la différence des soldats de l’OTAN qui, eux, combattent pour les marionnettes
des mondialistes que sont Zelensky, Macron, Meloni et autres. Et ce sont eux qui causeront la mort de la majorité de ceux qui me lisent ce soir.
Alors que l’Occident collectif est
en proie à une crise de légitimité existentielle, le RIC conçoit son propre ordre de sécurité pour protéger le reste du monde des «génocidaires».
L’Hégémon n’a aucune idée de ce qui attend l’état d’esprit exceptionnaliste : La Chine a commencé à remuer de manière décisive le chaudron
civilisationnel sans se soucier d’une inévitable série de sanctions à venir d’ici le début de 2025 et/ou d’un possible effondrement du système financier international.
La semaine dernière, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et sa liste d’exigences américaines délirantes ont été accueillis à Pékin par le
ministre des Affaires étrangères Wang Yi et le président Xi Jinping comme un peu plus qu’un moucheron agaçant. Wang a souligné que Téhéran était en droit de se défendre contre Israël,
qui a violé la Convention de Vienne en attaquant le consulat iranien à Damas.
Au Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine remet désormais ouvertement en question non seulement l’attaque terroriste d’État contre les Nord
Streams, mais aussi le blocage de la création d’un État palestinien par le combo États-Unis-Israël. En outre, Pékin, tout comme Moscou récemment, accueille les factions politiques
palestiniennes lors d’une conférence visant à unifier leurs positions.
Mardi prochain, deux jours seulement avant que Moscou ne célèbre le Jour de la Victoire, la fin de la Grande Guerre patriotique, Xi atterrira à Belgrade
pour rappeler au monde entier le 25ème anniversaire du bombardement de l’ambassade de Chine par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’OTAN.
La Russie, quant à elle, a fourni une plateforme à l’UNRWA – l’agence de secours des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, qu’Israël a cherché à
défaire – pour expliquer aux hauts représentants des BRICS-10 la situation humanitaire cataclysmique à Gaza, telle que décrite par le commissaire général de l’UNRWA, Philippe
Lazzarini.
En bref, des affaires politiques sérieuses sont déjà menées en dehors du système corrompu de l’ONU, alors que les Nations unies se désintègrent en une
coquille corporatiste dont les États-Unis dictent tous les termes en tant qu’actionnaire principal.
Encore un autre exemple clé des BRICS en tant que nouvelle ONU : Le président du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a rencontré son
homologue chinois Chen Wenqing à Saint-Pétersbourg en marge du 12ème sommet international sur la sécurité, qui a réuni plus de 100 pays, notamment les responsables de la sécurité de
l’Iran, de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud, membres des BRICS-10, ainsi que de l’Irak.
Le salon de la sécurité de
l’OCS
Mais le principal carrefour de ces derniers jours a été le sommet sur la défense de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS),
qui s’est tenu à Astana, au Kazakhstan. Pour la première fois, le nouveau ministre chinois de la Défense, Dong Jun, a rencontré son homologue russe, Sergueï Choïgou, pour mettre
l’accent sur leur partenariat stratégique global.
Dong a insisté sur la nature «dynamique» de l’interaction militaire entre la Chine et la Russie, tandis que Choïgou a renchéri en déclarant que cette
interaction «établit un modèle de relations interétatiques» fondé sur le respect mutuel et des intérêts stratégiques partagés.
S’adressant à l’assemblée plénière de l’OCS, Choïgou a catégoriquement réfuté l’énorme campagne de propagande occidentale sur la «menace» russe pour
l’OTAN.
Tout le monde était présent à la réunion des ministres de la Défense de l’OCS, notamment l’Inde, l’Iran, le Pakistan et la Biélorussie en tant
qu’observateur. Minsk est impatient de rejoindre l’OCS.
Les partenariats stratégiques entre la Russie, l’Iran et la Chine étaient totalement synchronisés. Outre sa rencontre avec Choïgou, Dong a également
rencontré le ministre iranien de la Défense, le général de brigade Mohammad Reza Ashtiani, qui a fait l’éloge de la condamnation par Pékin de l’attaque aérienne terroriste israélienne
à Damas.
Ce qui se passe actuellement entre Pékin et Téhéran est une répétition de ce qui a commencé l’année dernière entre Moscou et Téhéran, lorsqu’un membre
de la délégation iranienne en visite en Russie a fait remarquer que les deux parties avaient convenu d’une relation mutuelle «tout ce dont vous avez besoin» de haut
niveau.
À Astana, le soutien de Dong à l’Iran était manifeste. Non seulement il a invité Ashtiani à une conférence sur la sécurité à Pékin, reflétant ainsi la
position iranienne, mais il a également appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à l’acheminement d’aide humanitaire.
Lors de sa rencontre avec Ashtiani, Choïgou a fourni un contexte supplémentaire en rappelant que «la lutte commune
contre le terrorisme international en Syrie est un exemple frappant de nos relations amicales de longue date». Le ministre russe de la Défense a ensuite délivré son message
décisif :
«La situation
militaro-politique actuelle et les menaces qui pèsent sur nos États nous obligent … à adopter des approches communes pour construire un ordre mondial juste, fondé sur l’égalité de
tous les participants à la communauté internationale».
Un nouvel ordre mondial de
sécurité
L’établissement d’un nouvel ordre mondial de sécurité est au cœur de la planification des BRICS-10, au même titre que le débat sur la dédollarisation.
Tout cela est un anathème pour l’Occident collectif, qui est incapable de comprendre les partenariats multiples et entrelacés de la Russie, de l’Iran et de la
Chine.
Et l’interaction se poursuit en personne. Le président russe Vladimir Poutine se rendra à Pékin dans le courant du mois. En ce qui concerne Gaza, la
position de la Russie, de l’Iran et de la Chine est parfaitement synchronisée : Israël commet un génocide. Pour l’UE – et l’OTAN dans son ensemble – il ne s’agit pas d’un génocide :
Le bloc soutient Israël quoi qu’il arrive.
Après que l’Iran, le 13 avril, a définitivement changé la donne au Moyen-Orient, sans même utiliser ses meilleurs missiles hypersoniques, la question
clé pour la Majorité mondiale est claire : En fin de compte, qui contiendra les génocidaires, et comment ? Des sources diplomatiques laissent entendre que cette
question sera abordée en tête-à-tête par Poutine et Xi.
Comme le remarque un universitaire chinois avec un aplomb unique :
«Cette fois, les
barbares sont confrontés à une civilisation écrite qui perdure depuis 5000 ans, armée de l’Art de la Guerre de Sun Tzu, de la pensée de Mao, de la stratégie de double circulation de
Xi, de Ceinture et Route, des BRICS, de la numérisation du renminbi, de la Russie et de la Chine sans limite, de l’industrie manufacturière la plus puissante du monde, de la
suprématie technologique, de la puissance économique, et du soutien du Sud mondial».
Tout cela contre un Hégémon polarisé en pleine tourmente, avec son porte-avions génocidaire au Moyen-Orient totalement hors de contrôle.
Les menaces américaines d’un «choix clair» entre mettre fin à plusieurs éléments clés du partenariat stratégique Russie-Chine ou faire face à un tsunami
de sanctions ne prennent pas à Pékin. Il en va de même pour les tentatives illusoires de Washington d’empêcher les membres des BRICS d’abandonner le dollar américain.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a clairement indiqué que Moscou et Pékin avaient presque atteint le point d’abandonner le dollar
américain dans le commerce bilatéral. Et le vol pur et simple des actifs russes par l’Occident collectif est la ligne rouge ultime pour les BRICS
– et tous les autres pays qui regardent avec horreur – dans leur ensemble : Il s’agit définitivement d’un Empire «incapable de respecter un
accord», comme Lavrov l’a souligné depuis la fin 2021.
Yaroslav Lisovolik, fondateur de BRICS+ Analytics, écarte les menaces de l’Hégémon contre les BRICS, car la feuille de route vers un système de paiement
alternatif n’en est qu’à ses balbutiements. En ce qui concerne le commerce entre la Russie et la Chine, le train à grande vitesse sans dollar a déjà quitté la gare.
Pourtant, la question clé demeure : Comment la Russie, l’Iran et la Chine (RIC), en tant que leaders des BRICS, membres de l’OCS et
simultanément trois principales «menaces existentielles» pour l’Hégémon, pourront-ils commencer à mettre en œuvre une nouvelle architecture de sécurité mondiale sans avoir à faire
face aux génocidaires ?
La situation internationale mérite d’être suivie désormais avec un spectre large, tant les facteurs d’embrasement généralisé se multiplient. De l’Ukraine à Israël, en passant par les campus
occidentaux, les ingrédients semblent prendre pour monter une mayonnaise de plus en plus nauséabonde. Faites attention aux affres du mois de mai.
Depuis le mois de février 2022, date de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, nous sentons bien que les grands équilibres mondiaux, installés en 1945 et
bouleversés par l’implosion du bloc communiste, sont de moins en moins adaptés à la réalité des choses. Face aux tensions qu’ils suscitent, la diplomatie semble de plus en plus impuissante à
régler ces différends pacifiquement.
Dans ce bouillonnement général, tout indique que nous entrons dans une période hyper-critique dont il faut suivre les évolutions comme le lait sur le feu.
en Ukraine, le président Zelinsky vient de
radicaliser un peu plus le conflit en affirmant que son pays ne pouvait intégrer l’OTAN qu’après avoir battu militairement la Russie. En soi, ce principe n’est pas surprenant,
puisque l’OTAN peut difficilement intégrer un pays en guerre sans étendre l’alliance à ce pays, donc sans entrer en guerre contre la Russie… Dans le même temps, on comprend bien la partie
de quitte ou double qui s’engage, à un moment où l’armée ukrainienne semble plus que jamais au bord de l’effondrement
en Israël, l’affrontement entre Tsahal et le Hamas semble très incertain. Désormais, la diplomatie américaine appelle ouvertement à une solution négociée,
dont Israël ne veut pas. Mais on sent bien que si le Hamas n’a pas défait l’armée israélienne, l’armée israélienne n’a pas non plus défait le Hamas. Mécaniquement, ce statu quo joue en
faveur d’une solution favorable aux Palestiniens. Toute la question est de savoir jusqu’à quelle extrémité Netanyahou est prêt à courir pour échapper à la reconnaissance d’un Etat
palestinien…
précisément, la rumeur d’une
intervention israélienne directe au Liban court et enfle. Dans cette hypothèse, le pire est à craindre, puisque le Hezbollah est puissant et qu’il pourrait entraîner l’Iran dans
une guerre extrêmement dangereuse. Rappelons que les armes hypersoniques iraniennes semblent avoir percer les défenses israéliennes.
parallèlement, le camp néo-conservateur a globalement perdu la bataille de l’opinion, malgré une intense propagande et une criminalisation de plus en plus
ouverte de l’antisionisme sous le motif d’un prétendu antisémitisme. Les néo-conservateurs américains, nombreux au parti démocrate, sont particulièrement
affaiblis par la flambée de la contestation sur les campus américains – contestation qui gagne l’Europe, dont la France. Les prémices d’un nouveau mai 68 ne sont pas à
exclure.
enfin, pour couronner l’ensemble, l’inflation aux USA reste vigoureuse, ce qui oblige la Réserve Fédérale à maintenir des taux élevés. L’Europe est mise à
genoux par ces taux qui étranglent sa croissance. Mais on voit mal comment la BCE pourrait se démarquer de la FED en baissant ses taux sur le continent : un tel découplage accélérerait la
fuite des capitaux vers les Etats-Unis et provoquerait probablement une lourde crise financière mondiale.
Bref, le leadership occidental est en crise, il est contesté, et sans une réaction violente qui signifierait peut-être une guerre mondiale, on voit mal
comment il pourrait durer.
Des déchirements et de douloureux soubresauts sont plausibles. Nous vous donnerons demain quelques conseils pour votre patrimoine : il risque d’être sous tension
dans les mois à venir.
Si la rhétorique des mollahs est clairement anti-israélienne, les relations entre les deux pays sont beaucoup plus complexes qu’on le croit. Il existe en effet deux groupes opposés en
Iran, l’un entend faire des affaires par tous les moyens avec le reste du monde, tandis que l’autre ambitionne de libérer les peuples de la colonisation. Le premier n’a pas cessé de faire des
affaires avec Israël, tandis que le second le combat, au même titre qu’il lutte contre l’impérialisme du Royaume-Uni et des États-Unis.
Le conflit entre Israël et l’Iran est distinct de celui qui oppose la population arabe de Palestine aux immigrés juifs. Contrairement à une opinion répandue, les
Perses n’ont jamais été les ennemis des juifs. D’ailleurs, durant l’Antiquité, c’est Cyrus le Grand qui permit aux juifs de s’enfuir de Babylone où ils étaient retenus en esclavage.
Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les États-Unis s’emparèrent des restes de l’Empire britannique, le président états-unien Dwight Eisenhower réorganisa le
Moyen-Orient. Afin de le dominer, il désigna deux puissances régionales pour le représenter, l’Iran et Israël. Les deux pays furent à la fois amis et rivaux.
Eisenhower, envoya son secrétaire d’État, John Foster Dulles (le frère du directeur de la CIA, Alan Dulles), en Syrie pour organiser une alliance irano-syrienne
afin de contenir les ambitions israéliennes. Un traité de défense mutuelle fut signé entre Damas et Téhéran, le 24 mai 1953. À l’époque, le président syrien, le général Adil Chicakli, était
pro-britannique et anti-français. Ce Traité perdure aujourd’hui [1].
Au même moment, le Royaume-Uni entrait en conflit avec le Premier ministre du Shah Reza Pahlevi, Mohammad Mossadegh, qui entendait nationaliser l’exploitation du
pétrole. Avec l’aide des États-Unis, Londres organisa une révolution colorée (« opération Ajax » [2]). Des milliers de personnes furent payées par le
MI6 et la CIA pour manifester et renverser Mossadegh. Répondant à « l’appel » de son peuple, le souverain changea son Premier ministre au profit du général nazi Fazlollah
Zahedi [3].
La coopération entre le régime autocratique du Shah et Israël se manifesta en 1956 avec la construction du pipe-line Eliat-Ashkelon. Surtout, en 1957, le Mossad
envoya une équipe de « sionistes révisionnistes » [4], dirigée par Yitzak Shamir, pour mettre sur pied
la terrible police politique, la SAVAK [5].
En 1956, pour conserver le contrôle du Canal de Suez que l’Égypte voulait nationaliser, les puissances coloniales en déclin, le Royaume-Uni et la France,
s’appuyèrent sur l’État colonial d’Israël. Après cette opération, la France du socialiste Guy Mollet remercia Israël en partageant en secret avec lui ses recherches atomiques. Elles se
poursuivirent à l’insu des États-Unis.
Cependant quand ceux-ci eurent la conviction que Tel-Aviv se dirigeait vers la bombe, ils veillèrent à la donner aussi à l’Iran. En 1974, le président français
Valéry Giscard d’Estaing fait entrer l’Iran dans le consortium Eurodif. Elle s’engage à lui fournir de l’uranium enrichi et à former ses scientifiques. Deux ans plus tard, le président
états-unien Gerald Ford autorise l’Iran à poursuivre sa propre bombe.
En 1978, les États-Unis voyant d’un mauvais œil les ambitions militaires du Shah Reza Pahlevi qui menaçaient la puissance israélienne, décidèrent de lui imposer un
nouveau Premier ministre avec une nouvelle politique. Zbigniew Brzeziński, conseiller de Sécurité du président Jimmy Carter, décida de s’appuyer sur le clergé chiite dont une partie des biens
venaient d’être nationalisée par le Shah (la « révolution blanche »). Selon lui, l’ayatollah Rouhollah Khomeini, dont les prêches circulaient en cassettes audio dans tout le pays,
disposait de l’autorité nécessaire pour devenir le Premier ministre du monarque. Malgré l’opposition du secrétaire d’État, Cyrus Vance, il organisa donc son exil en région parisienne où il résida
quatre mois avant d’être amené en avion spécial, par Air France, à Téhéran. Les États-Unis avaient persuadé le Shah qu’ils maîtrisaient la situation et envisageaient juste de lutter contre son
opposition. Ils avaient même demandé à la Savak d’assassiner à Londres le philosophe Ali Shariati (ami personnel de Frantz Fannon et de Jean-Paul Sartre) afin que ses idées décoloniales ne
viennent pas troubler leur scénario. Le Shah avait accepté de s’absenter en voyage, le temps que Washington règle le problème dans son pays.
Cependant, le jour de son retour, le 1er février 1979, l’ayatollah fut acclamé par une foule d’un million de personnes. Il se rendit de l’aéroport au cimetière où
venaient d’être enterrés 800 Iraniens victimes de la répression politique. À la stupeur des Occidentaux, il y prononça un discours violemment anti-impérialiste. Il n’était plus question d’une
révolution au sein de l’Empire perse, mais de l’instauration d’une République islamique.
Israël saisit immédiatement la moitié iranienne du pipe-line Eilat-Ashkelon. Il s’en suivit un long contentieux qui ne fut secrètement réglé que beaucoup plus tard.
Khomeiny remit en cause la reconnaissance de l’État colonial d’Israël, fit saisir les locaux de son ambassade et les confia à l’Organisation de libération de la
Palestine.
En 1985, Robert McFarlane, conseiller de Sécurité du président états-unien Ronald Reagan, envisage de livrer des armes aux contre-révolutionnaires du Nicaragua, les
Contras, à l’insu du Congrès. Pour ce faire, il s’adressa d’abord au Premier ministre israélien, Shimon Peres. Les deux hommes convinrent qu’il n’était pas possible d’impliquer un État arabe
révolutionnaire comme la Libye, mais peut-être l’Iran. Par l’intermédiaire du député Hassan Rohani (future président de l’Iran) ils contactèrent le président de l’Assemblée iranienne,
l’hodjatoleslam Hachemi Rafsandjani. Celui-ci accepta d’acheter des armes pour lutter contre l’agression iraquienne et d’en transférer certaines aux Contras. À l’occasion de ce trafic,
Rafsandjani, déjà grand propriétaire terrien, devint l’homme le plus riche de son pays [6].
En 1988, l’Iraq utilisa des armes de destruction massive, des armes chimiques, contre l’armée et la population iranienne. Elles provoquèrent de très nombreux
infirmes. Aujourd’hui encore, le seuil de tolérance à la pollution de l’Air est très faible en Iran. Souvent, l’État donne l’alerte et la ville de Téhéran doit être évacuée pendant plusieurs
jours. Je me souviens de mon ami, le grand journaliste Nader Talebzadeh, qui, m’interrogeant à la télévision, quitta soudainement le plateau pour cracher ses poumons et être hospitalisé.
Répondant à la souffrance de son peuple, l’ayatollah Rouhollah Khomeini déclara les armes de destruction massives en général comme contraires à sa vision de l’islam. Depuis cette date, l’Iran a
cessé ses recherches militaires nucléaires ; biologiques et chimiques. Cette décision éthique a fait durer la guerre un peu plus longtemps.
En 1992, Hachemi Rafsandjani, devenu trafiquant d’armes professionnel et président de l’Iran, organise des échanges secrets avec l’Argentine du président Carlos
Menem. Collaborant désormais publiquement avec les États-Unis, il envoie des troupes se battre sous les ordres de l’Otan en Bosnie-Herzégovine. Il fournit également des armes argentines aux
Bosniaques. Officiellement, il ne remet pas en question la vision khomeinyste anti-colonialiste du monde, mais soutient le président bosniaque, Alija Izetbegović. Sur place, des militaires
israéliens participent aussi aux opérations.
Le trafic d’armes irano-argentin est interrompu par Israël qui organise l’attentat contre sa propre ambassade à Buenos-Aires (1992), puis celui contre l’AMIA
(1994) [7] et enfin l’assassinat du fils du président
argentin Carlos Menem, Carlitos (1995) . [8].
En 2001, Washington abandonna sa politique d’équilibre au Moyen-Orient. Finis les liens Israël/Iran (1953-79), Israël/Iraq (1979-91) et Israël/Arabie saoudite
(1991-2001). Le Pentagone entendait semer le chaos dans tout le « Moyen-Orient élargi » (excepté Israël), c’est-à-dire de l’Afghanistan au Maroc [9]. Ceux qui avaient choisi cette nouvelle stratégie
avaient mis le paquet pour l’imposer : les attentats du 11 septembre.
En 2003, un ancien Gardien de la Révolution, Mahmoud Ahmadinejad, devient président de l’Iran. Il renverse la politique de ses prédécesseurs et revient à l’idéal de
l’ayatollah Rouhollah Khomeini. Il ne cessera de se heurter au pouvoir religieux et même au Guide suprême. Il industrialise son pays, construit des logements sociaux et tente d’aider les
populations chiites du Moyen-Orient à trouver elles-aussi leur propre indépendance. Il remet en cause l’alliance non-dite avec Israël
En 2005, il explique que l’État d’Israël disparaîtra comme l’Afrique du Sud de l’Apartheid a disparu. L’agence Reuters falsifie ses propos, lui attribuant
d’annoncer la destruction du peuple israélien [10]. En 2006, il organise une conférence sur l’Holocauste à Téhéran. Son objectif n’est pas de nier la vérité, mais au contraire de montrer que l’État d’Israël n’est pas
une réparation des crimes nazis, mais un projet colonial britannique. Israël assure alors qu’il est antisémite, ce qu’il n’est absolument pas. Simultanément, Israël lança une campagne de presse mondiale pour faire accroire que l’Iran avait renoué avec son programme nucléaire militaire. Il s’appuyait sur le
fait que le président Mahmoud Ahmadinejad avait lancé un vaste programme nucléaire civil. En effet il entendait découvrir une autre manière de produire de l’énergie, par fusion nucléaire et non
pas par fission comme dans les bombes atomiques. L’Iran projetait alors d’aider le Tiers-monde à se développer en échappant au contrôle occidental des hydrocarbures. Une très longue bataille dans
les institutions internationales commença alors pour l’Iran [11]. Outre le pseudo-programme militaire nucléaire
iranien, Israël se mit à dénoncer un pseudo-impérialisme iranien en Iraq.
L’accord conclu en secret, le 2 mars 2008 à Bagdad, entre l’amiral William Fallon, commandant des forces états-uniennes pour le Moyen-Orient (CentCom), et le
président Mahmoud Ahmadinejad fut cassé par le vice-président des États-Unis, Dick Cheney. Le militaire US entendait pacifier l’Iraq avec l’Iran et non contre elle [12]. Mais Dick Cheney, qui s’était impliqué dans les
attentats du 11 septembre, ne voulait pas démordre de la doctrine Rumsfeld/Cebrowski.
C’est pourquoi, il lance une révolution colorée lors de la seconde élection de Mahmoud Ahmadinejad [13].
Nouveau bouleversement des cartes en 2013. Le président états-unien Barack Obama souhaite en finir avec la doctrine Rumsfeld/Cebrowski qui demandera des décennies
et des millions de morts avant d’espérer un retour sur investissement. Il envisage donc de renouer avec les personnalités iraniennes qui participèrent à l’affaire Iran-Contras, c’est-à-dire avec
l’équipe d’Hachemi Rafsandjani. Il débute des contacts secrets à Oman [14]. En définitive, ses interlocuteurs [15] promettent d’empêcher l’équipe
d’Ahmaninedjad de présenter un candidat à la prochaine élection présidentielle de sorte qu’Hassan Rohani puisse l’emporter. Simultanément, en août, Barack Obama se retire de Syrie, où il
prétendait avoir délimité une ligne rouge, laissant son partenaire français, François Hollande, seul avec son discours belliciste.
Dès son élection, Hassan Rohani abandonna à nouveau l’idéal de l’imam Rouhollah Khomeiny et commença à négocier la vente du pétrole iranien aux Européens. Des
pots-de-vin furent versés par l’Autriche. D’autre part, la Justice islamique arrête et condamne les uns après les autres, tous les collaborateurs de l’ancien président Ahmadinejad. Son
vice-président, Hamid Beghaie, est arrêté pour un motif secret, jugé à huis-clos et condamné à 15 ans de réclusion [16]. Le cabinet du président Rohani propose alors de
créer une fédération chiite avec les différentes communautés chiites du Yémen, d’Iraq, de Syrie et du Liban, bref de restaurer l’Empire perse. Simultanément débutent les négociations 5+1 à
Genève. En quelques jours, un accord est trouvé. Un premier document est présenté le 24 novembre 2013. Les ministres chinois et russe, Wang Yi et Sergey Lavrov, déclarent que l’accord a été
facile à rédiger car toutes les parties savent que l’Iran n’a pas, et ne cherche pas à avoir, de bombe atomique. Suit une longue année de silence, la signature du texte initial n’intervenant que
le 14 juillet 2015.
Un peu plus tard, en 2016, Hassan Rohani conclut un discret accord avec Israël pour régler le contentieux du pipe-line Eifat-Ashkelon. En 2018, la Knesset
adopte discrètement une loi punissant de 15 ans de prison, toute publication sur les propriétaires du pipe-line.
Le nouveau président états-unien, Donald Trump, réalise qu’il ne peut pas afficher une entente cordiale avec son homologue, Hassan Rohani. Aux yeux de tous et
surtout des Iraniens, leur pays est l’ennemi indéfectible des États-Unis. Il déchire donc sans préavis, le 8 mai 2018, l’accord sur le nucléaire. Washington et Téhéran jouent cette comédie
comme ils l’ont fait avec Reagan et Rafsandjani : officiellement, ils se détestent, en privé, ils font des affaires. Les Iraniens, qui continuent à se serrer la ceinture, découvrent
alors avec stupéfaction sur les réseaux sociaux l’incroyable niveau de vie de leurs dirigeants et de leurs familles.
Les deux groupes qui s’opposent depuis un demi-siècle en Iran, les hommes d’affaires internationaux et les combattants anti-impérialistes, se cristallisent
alors autour du président Hassan Rohani et du général Qassem Soleimani. Ce dernier promeut une alternative : l’« Axe de la Résistance ». Au nom du Corps des Gardiens de la
Révolution, il arme et forme les groupes chiites étrangers, non pas pour les fédérer, mais pour leur donner les moyens de leur indépendance. D’Ansar Allah (Yémen) au Hezbollah (Liban), chacun
sera responsable de lui-même, se coordonnera avec les autres, mais refusera les ordres de Téhéran. Les hommes formés par Soleimani remportent des victoires contre Daesh, contre certains de
leurs gouvernements et contre les Occidentaux. Lui-même devient l’homme le plus populaire au Moyen-Orient. Officiellement, il ne fait pas de politique, mais ses discours enflamment les
populations arabes et perses. S’il se présentait aux élections, il serait sûrement élu président. Les anciens de l’affaire Iran-Contras décident alors de l’éliminer. Le 3 janvier 2020, il est
assassiné sur l’aéroport de Bagdad par un tir de missiles guidés états-uniens. L’opération est revendiquée par le président Donald Trump, mais sur place, on s’accorde à dire qu’elle a été
imaginée à Tel-Aviv. Le président iranien, Ebrahim Raissi peut être élu sans difficulté.
L’attaque israélienne du consulat iranien de Damas ne doit pas être interprétée comme dirigée contre l’équipe du président Ebrahim Raissi, mais contre les
Gardiens de la Révolution.
1] Syria and
the United States, David W. Lesch, Westview (1992).
[2] Presidents’ Secret Wars : CIA and Pentagon Covert Operations Since World War II, John Prados, W. Morrow (1986).
[3] Zahedi fut arrêté par les Britanniques en 1942
en raison de ses positions nazies. Il fut interné en Palestine mandataire. Le parti nazi iranien a été réorganisé lorsqu’il est devenu Premier ministre. Originellement, les Aryens (on dit
aujourd’hui Indo-Européens) sont le peuple perse.
[4] Les « sionistes révisionnistes » sont
des fascistes juifs, disciples de Zeev Vladimir Jabotinski, alliés de Mussolini.
[5] « SAVAK : A Feared and Pervasive Force », Richard T. Sale, Washington Post, May 9, 1977. Debacle : The American Failure in Iran. Michael Ledeen, Vintage (1982).
[6] The
Iran-Contra Scandal : The Declassified History, Peter Kornbluh & Malcolm Byrne, National Security Archive Document (1993). Veil : The Secret Wars of the CIA, 1981–1987. Bob Woodward, Simon and Schuster (19887).
[15] Dans des articles précédents, j’ai attribué
cette décision au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Cette interprétation a été contestée par tous mes amis iraniens, cependant aucun ne m’a proposé de version alternative.
Avec le déclenchement de la guerre israélienne contre Gaza il y a
six mois, un discours s’est répandu dans le marécage de la géopolitique, disant que les États-Unis sont pris dans un bourbier qui les obligerait à se replier en Eurasie et affaiblirait
gravement la stratégie de l’administration Biden dans la région Asie-Pacifique.
On peut se demander
dans quelle mesure Moscou et Pékin ont adhéré à ce discours, compte tenu de leur scepticisme lié à leur expérience passée des stratégies de politique étrangère des États-Unis. Quoi qu’il en
soit, il apparaît que l’expansion de l’OTAN vers l’Est, la fin de l’hégémonie occidentale au Moyen-Orient et la stratégie d’endiguement des États-Unis à l’égard de la Chine sont
interdépendantes. Le défi de l’administration Biden est de s’adapter à une nouvelle normalité.
Bien sûr, la situation comporte des variables – principalement les incertitudes quant à l’avenir de l’engagement des États-Unis. Aux États-Unis, il existe des
visions radicalement différentes du rôle du pays dans le monde et de ses relations avec ses alliés. À l’étranger, on s’inquiète de l’isolationnisme et de la fiabilité des États-Unis, quel que
soit le candidat qui remportera les élections en novembre.
Rien que la semaine dernière, alors que les tensions au Moyen-Orient augmentaient dangereusement, cela n’a pas empêché le président américain Joe Biden
d’accueillir le premier ministre japonais Fumio Kishida pour une visite d’État véritablement historique. Le sous-texte, comme on pouvait s’y attendre, était les tensions dans le détroit de
Taïwan. Les États-Unis et le Japon ont signé plus de 70 accords de défense et on parle beaucoup de son intégration dans le groupe AUKUS et dans le Five Eyes (ici et ici). Biden et Kishida ont également participé à un tout premier sommet trilatéral avec le président philippin Ferdinand Marcos Jr. où l’accent a été mis sur l’endiguement
de la Chine (ici et ici).
Washington a de nouveau annoncé des sanctions contre l’importation d’aluminium, de cuivre et de nickel d’origine russe et s’est coordonné avec le Royaume-Uni pour empêcher le commerce de ces
métaux sur les bourses mondiales afin de “cibler les
revenus de la Russie“, gênant le financement de son opération militaire en Ukraine.
En effet, l’ordre du jour de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de l’Alliance, qui s’est
tenue à Bruxelles les 3 et 4 avril, comprenait une discussion sur “la manière dont l’OTAN pourrait assumer une plus grande
responsabilité dans la coordination de l’équipement et de la formation militaires pour l’Ukraine, en l’ancrant dans un cadre robuste de l’OTAN“. Cela ne ressemble pas à un retrait
des États-Unis d’Eurasie.
En fait, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a souligné que “l’Ukraine
deviendra membre de l’OTAN. La question est de savoir quand, et non pas si“. Il a également établi un lien entre la guerre en Ukraine et la montée des tensions à Taïwan. Selon lui,
“les amis de la Russie en Asie sont essentiels à la
poursuite de sa guerre d’agression. La Chine soutient l’économie de guerre de la Russie. En retour, Moscou hypothèque son avenir auprès de Pékin“. Stoltenberg exprimait le point de vue
des États-Unis.
Lors de leur conversation téléphonique du 2 avril, Joe Biden a fait part au président chinois Xi Jinping des “préoccupations de Washington concernant le soutien de la RPC à la
base industrielle de défense de la Russie et son impact sur la sécurité européenne et transatlantique” !
Il est clair que si les États-Unis et l’OTAN ne sont pas préparés à mener une guerre à grande échelle avec la Russie en Europe, les États-Unis ne sont pas non
plus en retrait. Le prochain sommet de l’OTAN à Washington en juillet sera certainement dominé par la guerre en Ukraine et le double endiguement de la Russie et de la Chine.
Selon certains rapports, les pays de l’OTAN – la France, le Royaume-Uni et la Pologne – envisagent déjà d’intervenir pour maintenir la ligne de front si
l’offensive russe atteint le Dniepr et que l’armée ukrainienne s’effondre d’épuisement.
Biden a adressé au Congrès une communication datée d’avril recommandant la prolongation pour une année supplémentaire de l’urgence nationale déclarée dans le décret 14024 (daté du 15 avril 2021)
“en ce qui concerne certaines activités étrangères
néfastes du gouvernement de la Fédération de Russie“. Selon les États-Unis, la guerre en Ukraine est loin d’être terminée et il faudra beaucoup de temps à la Russie pour prendre le
contrôle de l’ensemble du pays.
Il est évident que la crise du Moyen-Orient est loin d’être un événement isolé. Il ne faut pas se méprendre : l’adhésion aux BRICS de quatre pays du
Moyen-Orient, qui étaient des alliés des États-Unis, marque l’éclipse du pétrodollar. Cette décision s’inscrit dans le projet russe de “dédollarisation” et de recul de l’hégémonie
américaine.
L’un des quatre États régionaux qui rejoignent les BRICS est l’Iran, fervent partisan de la “dédollarisation“, avec lequel l’administration Biden reste
en contact au sujet de la situation au Moyen-Orient. Les derniers développements suite à l’attaque israélienne de Damas ont conduit à une intensification des contacts afin d’éviter tout
malentendu.
Ces contacts ont atteint dernièrement un niveau qualitativement nouveau. Un certain degré de coordination est désormais possible, comme l’ont montré
les frappes calibrées de drones et de missiles de l’Iran sur Israël dans la nuit de samedi à dimanche.
Un commentaire de l’agence de presse iranienne IRNA a décrit sept “dimensions” de la riposte iranienne. Il ne fait aucun doute
que les États-Unis exercent une influence modératrice sur Israël. Selon des informations en provenance de Washington, Joe Biden a tracé une ligne rouge en disant que les États-Unis refusent
de participer à toute future riposte israélienne contre l’attaque directe sans précédent de l’Iran dans la nuit de samedi à dimanche.
Un tel bouleversement de la dynamique du pouvoir dans la région était tout simplement impensable jusqu’à présent. L’IRNA a noté que cela indiquait “une compréhension de cette question par le principal partisan du
régime sioniste“. La grande question est maintenant de savoir où tout cela va nous mener.
Il est certain que la diplomatie américaine gagne du terrain et qu’elle aura un effet positif sur les événements en aval liés au problème palestinien. Au cours
des six derniers mois, le réseau de Washington avec ses alliés traditionnels – le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Égypte et l’Autorité palestinienne, en particulier – s’est intensifié.
Au fur et à mesure qu’il se développe sous la forme d’une coopération pratique visant à sortir Gaza du sombre tunnel de la guerre et des effusions de sang, il
renforcera la position générale des États-Unis en tant qu’artisans de la paix et leur permettra même de retrouver, sous une nouvelle forme, le rôle de chef de file dont ils jouissaient
auparavant.
La trajectoire future des contacts entre les États-Unis et l’Iran reste à voir. Les premiers balbutiements s’éteindront-ils brutalement ? Ou génèreront-ils une
masse critique de confiance mutuelle, de sorte que les liens profondément troublés se transformeront en une relation de travail ? La rhétorique mutuelle entre les États-Unis et l’Iran s’est
considérablement adoucie récemment.
Il faut reconnaître à Téhéran le mérite d’avoir bien anticipé, alors que des divergences naissantes commençaient à apparaître entre Washington et Tel-Aviv.
Téhéran a pressenti à juste titre que ces divergences pourraient se transformer en discorde.
Entre-temps, les États-Unis sont suffisamment réalistes pour comprendre que la stratégie d’endiguement contre l’Iran a fait son temps et que la poursuivre n’a
plus de sens lorsque les États de la région préfèrent la réconciliation.
En effet, l’Iran a acquis une grande profondeur stratégique et a renforcé son autonomie stratégique grâce au renforcement de ses liens avec la Russie et la
Chine et au rapprochement avec l’Arabie saoudite. La signification profonde du tir direct de missiles iraniens contre Israël ne peut échapper à personne.
Le commentaire de l’IRNA indique que “l’attaque iranienne a constitué la première confrontation directe
entre la République islamique et le faux régime sioniste. C’est très important sur le plan historique. Des attaques efficaces à l’intérieur des territoires occupés ont été un rêve inassouvi
des pays islamiques depuis 1967, qui s’est maintenant réalisé grâce aux efforts du berceau de la résistance dans la région. Pour la première fois, des avions iraniens ont attaqué des ennemis
de la mosquée Al-Aqsa dans le ciel de ce lieu saint“.
Les États-Unis savent que l’Iran est un négociateur acharné qui ne transige pas sur ses intérêts. Washington cherchera la lumière du jour dans la relation
russo-iranienne, qui offre des possibilités alléchantes d’isoler Moscou dans le contexte des sanctions.
L’Iran serait un partenaire énergétique idéal pour les économies européennes, pour remplacer la Russie. Il est fort probable que la fin de la guerre en Ukraine
et du conflit israélo-arabe, qui se déroulent parallèlement, créent une synergie pour l’avenir.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La pilule amère d’une défaite stratégique décisive
Les deux dernières années ont produit ce qui est, pour la plupart
des gens du monde qui réfléchissent à ces choses, l’un des tournants géopolitiques les plus inattendus et stupéfiants de l’histoire moderne.
L’hégémon mondial qui
régnait jusqu’à présent avait l’intention d’infliger à la Russie – son vieil ennemi – une défaite stratégique décisive qui lui offrirait le plus grand butin jamais pris et consoliderait ainsi
sa base de pouvoir dans un avenir prévisible et au-delà.
L’empire imaginait
que la Russie était au nadir de sa civilisation : faible, vulnérable et enfin mûre pour être cueillie.
Malgré les échecs désormais proverbiaux des empires qui l’ont précédé, les maîtres actuels de l’empire anglo-américain, en tandem avec ses États vassaux
européens et une force mandataire volontaire en Ukraine, pensaient que “les choses seraient différentes cette fois“. Ils se sont
convaincus que le différentiel de puissance entre la dernière itération de l’empire occidental et son prétendu adversaire russe était si prononcé qu’il garantissait la victoire sur
“la station-service qui se fait passer pour un
pays“.
Après s’être forgé une mesure logiquement fallacieuse qu’ils ont baptisée “produit intérieur brut” afin de mesurer la force relative
des nations, ils se sont bercés d’illusions en croyant que leur “richesse” supérieure imaginaire garantirait l’invincibilité
dans tous les domaines d’activité qui, dans leur ensemble, constituent le pouvoir réel.
Si la guerre actuelle n’a rien fait d’autre, elle devrait avoir définitivement détrompé les esprits superficiels de l’intelligentsia occidentale : une économie
basée sur la financiarisation de TOUT n’est pas plus forte qu’une économie basée sur la production réelle de biens.
Un conflit de haute intensité, qui a duré deux ans, a révélé sans équivoque que les nations désindustrialisées sont totalement incapables de mener une guerre
industrielle moderne.
Bien entendu, la désindustrialisation des soi-disant “démocraties occidentales” s’est déroulée sur plusieurs
décennies, laissant derrière elle le mythe de “l’arsenal de la démocratie” plutôt que sa substance
matérielle. Elle produit d’immenses profits pour une minorité de plus en plus réduite, tout en vidant de sa substance une classe moyenne prospère et socialement stable et en inaugurant un
néo-féodalisme oppressif qui est aujourd’hui en passe de déconstruire l’ensemble de la culture occidentale.
De manière totalement imprévue, l’échec de plus en plus évident du plan mal conçu de l’empire pour diviser et conquérir la vaste Russie a mis en évidence les
contradictions internes, l’incohérence idéologique et la vaste corruption endémique d’une civilisation capitaliste qui s’est irrémédiablement égarée.
Dans sa détermination à prouver qu’il pourrait faire ce qu’aucun hégémon occidental n’avait pu accomplir au cours des cinq derniers siècles, l’empire
anglo-américain, qui s’érode rapidement, sera contraint d’avaler la pilule amère d’une défaite stratégique décisive dans les mêmes steppes d’Europe de l’Est où ses prédécesseurs se sont vus
servir leur propre banquet de conséquences.
Et les Russes, comme à leur habitude, transmettront de nouveaux hymnes de victoire aux enfants des enfants des enfants, pour les générations à venir.
William
Schryver
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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L’humiliation en Ukraine et la honte de Gaza accélèrent l’éloignement de l’Occident et du reste du monde lors d’un tournant crucial dans les relations de pouvoir mondiales. Alors que
les USA s’enfoncent dans le déni, «quant à l’Europe,
il est évident que ses élites politiques ont été dénaturées par 75 ans de dépendance quasi totale vis-à-vis de l’Amérique. Il en résulte une absence totale de pensée indépendante et
de volonté. De manière plus concrète, la vassalité de l’Europe vis-à-vis des États-Unis l’oblige à suivre Washington dans n’importe quelle voie politique que le seigneur emprunte –
aussi imprudente, dangereuse, contraire à l’éthique et contre-productive soit-elle». Le diagnostic est implacable et tous ceux qui sont doués de la moindre lucidité ne peuvent
que s’effrayer de l’aveuglement de la totalité des «élites
politico-médiatiques» françaises, elles aussi totalement junkies à ce suicide, cette incapacité à toute pensée.
Danielle
Bleitrach
*
par Adriel
Kasonta
Alors que les États-Unis sont empêtrés dans les conflits en Ukraine et à Gaza et que la menace d’une guerre avec la Chine se profile à l’horizon, les idées et les points de vue du
professeur Michael Brenner sur l’état de l’ordre libéral dirigé par les États-Unis sont sans doute aussi opportuns et importants que jamais.
Brenner, une sommité respectée des relations transatlantiques et de la sécurité internationale, est professeur émérite d’affaires internationales à l’Université de Pittsburgh et
chercheur principal au Centre des relations transatlantiques de la Johns Hopkins School of Advanced International Studies (SAIS).
Il a également travaillé au Foreign Service Institute, au département de la Défense des États-Unis et à Westinghouse. Dans une interview de grande envergure et sans concession avec le
contributeur d’Asia Times,
Adriel Kasonta, Brenner explique comment les États-Unis et l’Occident collectif ont perdu leur autorité morale et leur voie.
Adriel Kasonta
: Malgré ce que nous entendons de la part de la classe politique occidentale et des sténographes complaisants des médias grand public, le monde ne semble pas ressembler
à ce qu’ils veulent nous faire croire. La dure réalité sur le terrain, connue de tous ceux qui vivent ailleurs qu’en Europe ou aux États-Unis, est que l’Occident collectif connaît un
déclin accéléré dans les domaines politique et économique, avec des ramifications morales importantes. Pourriez-vous s’il vous plaît dire à nos lecteurs quelle est la cause profonde
de cet état de choses et quelle est la raison derrière la poursuite de ce suicide collectif ?
Michael Brenner
: Je suggère que nous formulions la question en nous demandant quelle est la direction causale entre le déclin moral et le déclin politique et économique de l’Occident
collectif ? En ce qui concerne l’Ukraine, il s’agit d’une erreur géostratégique fondamentale qui a eu des conséquences morales négatives : le sacrifice cynique d’un demi-million
d’Ukrainiens utilisés comme chair à canon et la destruction physique du pays, dans le but d’affaiblir et de marginaliser la Russie.
Ce qui est stupéfiant dans l’affaire de Palestine, c’est la volonté des élites gouvernementales immorales – en fait la quasi-totalité de la classe politique – de donner leur
bénédiction implicite aux atrocités et aux crimes de guerre qu’Israël a commis au cours des cinq derniers mois, ce qui a de profondes répercussions sur la position et l’influence de
l’Occident dans le monde.
À un moment donné, ils parlent fièrement de la supériorité des valeurs occidentales tout en condamnant les pratiques des autres pays ; de l’autre, ils se mettent en quatre pour
justifier des abus humanitaires bien plus graves, pour fournir à l’auteur les armes nécessaires pour détruire, tuer et mutiler des civils innocents et, dans le cas des États-Unis,
pour étendre la couverture diplomatique au Conseil de sécurité des Nations unies.
Ce faisant, ils dissipent leur position aux yeux du monde extérieur à l’Occident, représentant les deux tiers de l’humanité. Les relations historiques de ce dernier avec les pays de
l’Occident, y compris dans un passé relativement récent, ont laissé un résidu de scepticisme quant aux prétentions des États-Unis à être les normalisateurs éthiques du monde. Ce
sentiment a cédé la place à un dégoût pur et simple face à cette démonstration flagrante d’hypocrisie. De plus, il expose la dure vérité que les attitudes racistes n’ont jamais été
complètement éteintes – après une période de somnolence, leur recrudescence est manifeste.
En ce qui concerne les États-Unis, les points de référence de ce jugement ne sont pas l’image mythique de «la ville sur la colline» ; le dernier et le meilleur espoir de l’humanité ;
la nation indispensable pour parvenir à la paix et à la stabilité mondiales : le peuple providentiel né dans un état de vertu originelle destiné à conduire le monde sur le chemin de
l’Illumination. Aucune de ces normes idéalistes. Non, elle s’est avilie elle-même lorsqu’elle est mesurée par rapport aux normes prosaïques de la décence humaine, de l’art de
gouverner responsable, d’un respect décent des opinions de l’humanité.
De plus, l’éloignement qui s’ensuit entre l’Occident et le reste du monde se produit à un moment charnière dans les relations de pouvoir internationales. C’est un moment où les
plaques tectoniques du monde politique se déplacent, où les anciennes constellations de pouvoir et d’influence sont remises en question avec succès, où l’Amérique a répondu aux
sentiments de doute en tant que guide et surveillant mondial ordonné par des démonstrations compulsives et futiles de flexion musculaire.
L’anxiété et le doute de soi masqués par une fausse bravade sont le sentiment caractéristique des élites politiques américaines. C’est un mauvais point de départ pour un réengagement
avec la réalité. Les Américains sont trop attachés à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, trop narcissiques – collectivement et individuellement, trop dépourvus de conscience de soi, trop
dépourvus de leader pour faire cette adaptation déchirante. Ces appréciations s’appliquent aussi bien à l’Europe occidentale qu’aux États-Unis. Laissant une communauté transatlantique
diminuée, lésée mais impénitente.
AK
: Dans votre récent essai «The
West’s Reckoning ?», vous avez mentionné que la situation en Ukraine humilie l’Occident et que la tragédie de Gaza lui fait honte. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce
sujet ?
MO
: La défaite en Ukraine implique bien plus que l’effondrement militaire des forces ukrainiennes qui est dans les cartes. Car les États-Unis ont conduit leurs alliés dans
ce qui équivaut à une campagne visant à diminuer définitivement la Russie, à la neutraliser en tant que présence politique ou économique en Europe, à éliminer un obstacle majeur à la
consolidation de l’hégémonie mondiale américaine.
L’Occident a jeté tout ce qu’il avait dans cette campagne : son stock d’armes modernes, un corps de conseillers, des dizaines de milliards de dollars, un ensemble de sanctions
économiques draconiennes destinées à mettre l’économie russe à genoux et un projet implacable visant à isoler la Russie et à saper la position de Poutine.
Il a échoué ignominieusement sur tous les plans. La Russie est considérablement plus forte dans tous les domaines qu’elle ne l’était avant la guerre ; son économie est plus robuste
que n’importe quelle économie occidentale ; elle s’est avérée militairement supérieure ; et elle a gagné la sympathie de presque tout le monde en dehors de l’Occident collectif.
L’hypothèse selon laquelle l’Occident reste le gardien des affaires mondiales s’est avérée un fantasme. Un tel échec global a signifié un déclin de la capacité des États-Unis à
façonner les affaires mondiales en matière d’économie et de sécurité. Le partenariat sino-russe s’impose désormais comme un rival égal à l’Occident à tous égards.
Ce résultat découle de l’orgueil, du dogmatisme et d’une fuite de la réalité. Aujourd’hui, le respect de soi et l’image de l’Occident sont marqués par son rôle dans la catastrophe
palestinienne. Elle est donc aujourd’hui confrontée au double défi de restaurer son sens de la prouesse tout en retrouvant ses repères moraux.
AK
: Est-il exact de dire que l’Ukraine et Gaza sont liées dans le sens où les deux indiquent un ordre international libéral défaillant qui tente de s’empêcher de
s’effondrer et de provoquer des troubles alors qu’il sombre dans l’oubli ? Dans l’affirmative, quels sont les résultats possibles pour l’avenir ?
MO
: Gardons à l’esprit que l’ordre international libéral sert avant tout les intérêts occidentaux. Son fonctionnement était biaisé en notre faveur. C’en est un. La
régularité et la stabilité qu’elle a produites, dont le FMI, la Banque mondiale, etc. ont été le cynosure institutionnel, ont assuré pendant des décennies qu’elle ne serait pas
contestée. C’est deux.
La montée en puissance de nouveaux centres de pouvoir – la Chine, en particulier, et les forces centripètes plus larges qui redistribuent les actifs de manière plus générale – a
laissé le choix aux États-Unis et à leurs vassaux européens. S’adapter à cette nouvelle situation en : a) élaborant des conditions d’engagement qui accordent une plus grande place aux
nouveaux arrivants ; b) redéfinir les règles du jeu afin d’éliminer le biais actuel ; c) l’ajustement de la structure et des procédures des institutions internationales
d’une manière qui reflète la fin de la domination occidentale ; et d) redécouvrir la véritable diplomatie.
Nulle part en Occident cette option n’a été sérieusement envisagée. Ainsi, après une période d’ambivalence et de confusion, tous ont adhéré à un projet américain visant à empêcher
l’émergence de challengers, à les saper et à redoubler d’efforts pour ne rien céder, pour ne rien compromettre. Nous restons bloqués sur cette voie malgré les échecs en série, les
humiliations et l’impulsion donnée au projet des BRICS.
AK
: Selon certains politiciens et décideurs occidentaux, les autres puissances mondiales sont souvent traitées comme des acteurs passifs sans pouvoir de façonner le monde
en fonction de leurs intérêts nationaux. Cette vision manichéenne du monde est marquée par une distinction entre «l’ordre fondé sur
des règles» et le droit international ou «démocratie contre autoritarisme». Existe-t-il une alternative à cette pensée et quelles sont les chances que le changement se produise
avant qu’il ne soit trop tard ?
MO
: Voir la réponse ci-dessus. Il n’y a aucun signe que les dirigeants occidentaux soient prêts intellectuellement, émotionnellement ou politiquement à faire les
ajustements nécessaires. La nécessité n’est pas toujours la mère de l’invention. Au lieu de cela, nous assistons à un dogmatisme têtu, à un comportement d’évitement et à une plongée
plus profonde dans un monde de fantasmes.
La réaction américaine aux manifestations de déclin des prouesses est le déni ainsi que la compulsion à se rassurer sur le fait qu’ils ont encore «l’étoffe qu’il faut» par des actes
de plus en plus audacieux. Nous voyons où cela a mené en Ukraine. L’envoi imprudent de troupes à Taïwan est bien plus dangereux.
Quant à l’Europe, il est évident que ses élites politiques ont été dénaturées par 75 ans de dépendance quasi totale vis-à-vis de l’Amérique. Il en résulte une absence totale de pensée
indépendante et de volonté. De manière plus concrète, la vassalité de l’Europe vis-à-vis des États-Unis l’oblige à suivre Washington dans n’importe quelle voie politique que le
seigneur emprunte – aussi imprudente, dangereuse, contraire à l’éthique et contre-productive soit-elle.
Comme on pouvait s’y attendre, ils ont marché (ou couru) comme des lemmings sur n’importe quelle falaise que les États-Unis choisiront ensuite sous l’effet de leurs propres pulsions
suicidaires. Il en a été de même en Irak, en Syrie, en Afghanistan, en ce qui concerne l’Iran, en Ukraine, à Taïwan et sur toutes les questions concernant Israël. La série d’échecs
douloureux et de coûts élevés ne produit aucun changement dans la loyauté ou l’état d’esprit.
Une photographie imprimée d’un soldat de l’armée américaine assis sur une chaise au milieu des camions-remorques et des appareils électroniques vendus au prix du fer dans un bazar à
l’extérieur de l’aérodrome du district de Bagram, au nord de Kaboul, en Afghanistan, le 19 mai 2021.
Ce n’est pas possible, car les Européens ont totalement absorbé l’habitude de la déférence, la vision du monde des Américains, leur interprétation biaisée des résultats et leurs
récits honteusement fictifs. Les Européens ne peuvent pas plus se débarrasser de cette dépendance qu’un alcoolique de longue date ne peut s’en débarrasser d’un seul coup.
AK
: Il y a eu beaucoup de discussions sur l’impact négatif du néoconservatisme sur la politique étrangère des États-Unis et sur le monde. Essentiellement, le
néoconservatisme cherche à faire jouer le rôle des États-Unis pour dominer non seulement l’hémisphère occidental (selon la doctrine Monroe), mais le monde entier, selon la doctrine
Wolfowitz.
Bien que certains groupes de réflexion américains plaident maintenant pour la fin des «guerres sans fin» au Moyen-Orient et pour que l’Europe poursuive la guerre par procuration provoquée par les États-Unis avec la Russie, il semble que l’idéologie néoconservatrice ait pris une nouvelle apparence de «progressisme» et de «réalisme», et vise maintenant à se concentrer uniquement sur la Chine, au point même de reproduire le scénario
ukrainien à Taïwan. Quelle est la précision de cette évaluation ?
MO
: L’ensemble de la communauté de la politique étrangère aux États-Unis partage maintenant les principes de base des néoconservateurs. En fait, l’écriture est le célèbre
mémorandum de Paul Wolfowitz de mars 1991 dans lequel il a exposé une stratégie complète et détaillée pour systématiser la domination mondiale américaine. Tout ce que Washington fait
et pense maintenant est dérivé de ce plan.
Ses principes fondamentaux : les États-Unis doivent utiliser tous les moyens à leur disposition pour établir la domination mondiale américaine ; À cette fin, elle doit être prête à
agir de manière préventive pour contrecarrer l’émergence de toute puissance qui pourrait contester notre hégémonie ; et de maintenir la domination du spectre complet dans toutes les
régions du globe. Les idéaux et les valeurs sont relégués à un rôle auxiliaire en tant que vernis à l’application du pouvoir et en tant que bâton avec lequel battre les autres. La
diplomatie classique est dénigrée comme inappropriée à cet ordre des choses.
Pour Biden lui-même, une approche confiante, affirmée et dure des relations avec les autres découle naturellement de la croyance en l’américanisme en tant que théorie du champ unifié
qui explique, interprète et justifie tout ce que les États-Unis pensent et font. Si Biden est réélu, cette perspective restera inchangée. Et s’il devait être remplacé par Kamala
Harris à mi-mandat, ce qui est probable, l’inertie maintiendrait tout sur la bonne voie.
AK
: Pensez-vous que les États-Unis sont destinés à rester un empire mondial, constamment en conflit avec quiconque qu’ils perçoivent comme une menace potentielle pour leur
domination mondiale ? Ou est-il possible pour le pays de devenir une république qui collabore de manière constructive avec d’autres acteurs mondiaux afin d’obtenir de plus grands
avantages pour ses citoyens et la communauté internationale au sens large ? Comme le dit le dicton, «Ceux qui vivent
par l’épée, meurent par l’épée», n’est-ce pas ?
MO
: Je suis pessimiste. Car il n’y a aucun signe que nos dirigeants, nos élites ou le public soient susceptibles de se réconcilier avec l’état de choses décrit ci-dessus.
La question ouverte est de savoir si cette prétention persistera simplement à mesure qu’un affaiblissement progressif de l’influence mondiale et du bien-être national se déroulera, ou
plutôt, se terminera par un désastre.
Les Européens et leurs alliés d’ailleurs ne devraient pas accepter d’être des observateurs de l’ombre ni, pire encore, de devenir des cohabitants de ce monde imaginaire comme ils
l’ont fait en Ukraine, en Palestine et en diabolisant la Chine.
Une controverse inutile est apparue à propos de l’avis émis par l’ambassade américaine à Moscou le 7 mars, selon lequel «des extrémistes
ont des plans imminents pour cibler les grands rassemblements à Moscou, y compris les concerts» et avertissant les citoyens américains d’«éviter les grands
rassemblements». Cela a pris la forme d’une querelle diplomatique et, au moins momentanément, l’affirmation américaine selon laquelle ils avaient partagé des «informations»
avec les Russes a laissé entendre que les agences de sécurité de Moscou étaient ineptes, tandis que les Russes ont répliqué en disant que les Américains n’avaient rien transmis de
spécifique ou d’exploitable.
Il est clair que Washington était en possession d’informations qui étaient pour le moins suffisamment crédibles en termes de source, mais qui n’étaient
pas assez précises pour Moscou. Il est intéressant de noter que l’ambassade du Royaume-Uni à Moscou a également émis un avis similaire déconseillant aux citoyens britanniques de se
rendre dans les centres commerciaux. Les services de renseignement américains et britanniques travaillent en tandem.
Toutefois, dans une étrange démarche préventive, le département d’État s’est également empressé, dans les deux heures qui ont suivi l’horrible attentat
perpétré dans le centre commercial du Crocus City Hall de Moscou, le 22 mars, de déclarer que l’Ukraine n’était pas responsable de l’attentat. Les alliés européens des États-Unis ont
également commencé à répéter la même chose. Comme on pouvait s’y attendre, les Américains ont pris une longueur d’avance dans la guerre de propagande, ce qui leur a permis d’élaborer
un récit – également en temps réel – désignant État islamique comme le coupable de ce crime horrible.
Pourtant, dès le lendemain, le président Vladimir Poutine révélait dans son discours à la nation que ce qui s’était passé était «un meurtre de
masse prémédité et organisé de personnes pacifiques et sans défense», rappelant les méthodes nazis «pour mettre en
scène une exécution spectaculaire, un acte sanglant d’intimidation».
Il est important de noter que Poutine a révélé que les auteurs «ont tenté de
s’échapper et se sont dirigés vers l’Ukraine, où, selon des informations préliminaires, une fenêtre a été préparée du côté ukrainien pour leur permettre de franchir la frontière de
l’État». Mais il s’est abstenu de désigner des coupables, l’enquête étant en cours.
En d’autres termes, d’après les informations communiquées par Poutine, il semble que les mentors/responsables des auteurs de l’attentat leur aient donné
des instructions pour quitter le territoire russe après leur mission en empruntant un itinéraire particulier pour franchir la frontière ukrainienne, où ils étaient attendus par des
personnes se trouvant du côté ukrainien de la frontière. Ce qui reste maintenant dans le domaine de «l’inconnu connu» concerne en fait la chaîne de commandement. C’est la première
chose.
Deuxièmement, Washington a propagé l’idée qu’il s’agissait d’une attaque par ISIS. En effet, elle a été propagée efficacement par les médias occidentaux
et a été conçue comme un faux-fuyant pour confondre les personnes stupides à l’étranger.
Toutefois, en réalité, les auteurs de l’attentat ne se sont pas comportés comme des tueurs d’ISIS en mission suicide qui auraient cherché le martyre,
mais plutôt comme des fugitifs en fuite. Ils n’ont pas non plus répondu à l’appel du «djihad». Il s’agirait de Tadjiks ethniques qui ont admis qu’ils étaient des mercenaires attirés
par l’argent.
D’après les vidéos diffusées, les experts estiment également que leurs mouvements à l’intérieur du centre commercial ne témoignent pas des compétences
de combat attribuées à des combattants bien entraînés, et qu’ils avaient une «mauvaise
discipline», ce qui signifie qu’ils n’avaient reçu qu’une formation minimale au maniement du fusil. En résumé, il s’agit d’un acte de malignité sans motif, sauf pour ce qui est
de l’argent.
Cela dit, l’armée américaine avait récemment «réoutillé»
d’anciens combattants d’ISIS. Le 13 février, le Service russe de renseignement extérieur (SVR) a affirmé dans un communiqué que les États-Unis recrutaient des combattants djihadistes
pour mener des attaques terroristes sur le territoire de la Russie et des pays de la CEI.
Le communiqué dit : «Ils suivent une
formation accélérée sur la base américaine d’Al-Tanf, en Syrie, où on leur apprend à fabriquer et à utiliser des engins explosifs improvisés, ainsi que des méthodes subversives. Un
accent particulier est mis sur la planification d’attaques contre des installations lourdement gardées, y compris des missions diplomatiques étrangères… Dans un avenir proche, il est
prévu de déployer des militants par petits groupes sur le territoire de la Russie et des pays de la CEI».
Le SVR a également noté qu’«une attention
particulière a été accordée à l’implication de personnes originaires du Caucase du Nord russe et d’Asie centrale».
Le 26 mars, Alexander Bortnikov, directeur du Service fédéral de sécurité (FSB), déclarait dans une interview accordée à la chaîne de
télévision Rossiya que
les interrogatoires menés jusqu’à présent avec les détenus avaient permis d’établir que l’incident s’inscrivait dans un contexte politique. Il a ajouté que les islamistes radicaux ne
pouvaient pas préparer seuls une telle action et qu’ils étaient aidés de l’extérieur.
Bortnikov a déclaré : «Les données
primaires que nous avons reçues des détenus le confirment. Nous allons donc continuer à affiner les informations qui devraient nous permettre de déterminer si la participation de la
partie ukrainienne est réelle ou non. Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent, tout porte à croire que c’est exactement le cas. Puisque les bandits eux-mêmes avaient l’intention de se
rendre à l’étranger, c’est-à-dire sur le territoire de l’Ukraine, d’après nos informations opérationnelles préliminaires, ils attendaient sur place».
Bortnikov a ajouté que l’attaque terroriste était soutenue non seulement par les services spéciaux ukrainiens, mais que des pays comme la
Grande-Bretagne et les États-Unis étaient également derrière le massacre. Selon lui, le principal responsable de l’incident n’a pas encore été identifié et la menace d’un acte
terroriste en Russie persiste.
Les remarques de Bortnikov laissent entrevoir une situation difficile classique : La Russie possède des preuves de l’implication de l’Ukraine, mais
aucune «preuve» n’est encore suffisante. Il s’agit d’une situation difficile à laquelle les pays sont souvent confrontés dans la lutte contre le terrorisme transfrontalier, en
particulier lorsqu’il s’agit d’un terrorisme parrainé par un État. Bien entendu, aucune preuve ne sera acceptée par l’adversaire en fin de compte – alors que dans le cas de l’Ukraine,
il y a souvent un empressement à revendiquer le mérite d’avoir saigné la Russie en organisant des opérations sur son sol, comme des assassinats.
En ce qui concerne les États-Unis ou le Royaume-Uni, les Russes estiment qu’en l’absence de renseignements, d’images satellite et même de soutien
logistique de la part des puissances occidentales, l’Ukraine n’a pas la capacité d’entreprendre des opérations à l’intérieur de la Russie ou le type d’attaques complexes visant les
navires de guerre russes de la flotte de la mer Noire. Mais les puissances occidentales sont invariablement en mode déni lorsqu’elles sont confrontées à de telles accusations de la
part de la Russie.
Il ne fait aucun doute que l’attentat contre le Crocus City Hall aura de profondes conséquences géopolitiques et influencera la trajectoire de la guerre
en Ukraine. L’incident a suscité une sympathie mondiale massive pour la Russie. Il s’agit maintenant pour Poutine d’un énorme défi politique : agir de manière décisive, comme l’attend
l’opinion publique russe, pour déraciner complètement les forces obscures retranchées chez leurs voisins.
Il est concevable que cela implique que Moscou ébranle les fondations mêmes de la situation que Washington a mis en place à Kiev après le coup d’État de
2024. Le New York
Times a récemment révélé que la CIA disposait d’une série d’antennes de renseignement tout au long des régions frontalières entre l’Ukraine et la Russie.
Qu’on ne s’y trompe pas, les États-Unis sont déterminés à conserver la vaste infrastructure qu’ils ont créée en Ukraine pour monter des opérations
secrètes et déstabiliser la Russie, quoi qu’il en coûte. L’essentiel de la stratégie occidentale consiste à affaiblir la Russie et à l’empêcher de jouer un rôle d’adversaire sur la
scène mondiale.
Les mots de TS Eliot tirées de la pièce Murder in the
Cathedral me viennent à l’esprit : «Quelle paix peut
être trouvée / Pour grandir entre le marteau et l’enclume ?» La guerre est vouée à une escalade dramatique et le déploiement de troupes occidentales en Ukraine n’est qu’une
question de temps pour sauver le potentiel résiduel de ce pays en tant qu’État de la ligne de front pour l’OTAN dans sa guerre par procuration contre la Russie. De son côté, la Russie
pourrait n’avoir d’autre choix que de rechercher une victoire militaire totale. La réaction russe à plusieurs niveaux se développera en fonction des résultats de l’enquête en
cours.
Depuis le tout premier jour de l’intervention militaire russe au Bandéristan, la Russie a fait montre de qualités uniques pour un pays bourgeois, sachant s’élever (et élever les
grandes masses de son peuple) au niveau de compréhension nécessaire des enjeux de cette guerre par procuration livrée à la Russie par un IVe Reich atlantiste moribond, poussé à
entreprendre des actions désespérées pour tenter de freiner la dislocation de son hégémonie mondiale coloniale multiséculaire : tenter de faire s’effondrer la Russie pour
compromettre la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Chine comme ultime manœuvre pour tenter de rebattre radicalement les cartes d’une mondialisation qui leur a échappée
il y a plus de deux décennies. Une guerre hybride aujourd’hui menée «jusqu’au dernier
Ukrainien» grâce au sacrifice d’une Ukraine submergée depuis une décennie par une idéologie bandériste mâtinée de suprémacisme atlantiste et saupoudrée de sous-culture woke
(d’ordinaire destinée à favoriser l’avènement d’une dystopie transhumaniste orwellienne).
Cependant, la réalité du Front, et en particulier l’écrasante supériorité matérielle de l’armée russe qui a toujours su cultiver et conserver son
ascendant moral tout en se battant avec une main attachée dans le dos afin de préserver la vie des civils, relèguent aujourd’hui l’hypothèse d’une victoire bandériste
au rang des fantasmes les plus improbables. Les conditions sont ainsi réunies pour que les soldats recrutés par Kiev afin d’alimenter le hachoir à viande comprennent et s’opposent à
la fuite en avant mortelle dans laquelle le cirque ukro-atlantiste de Kiev les a engagés.
Si les Russes ont compris les enjeux du soutien occidental à l’Ukraine bandériste depuis deux ans, il reste encore un long chemin à parcourir à nombre
d’ukrainiens pour le comprendre également, même si certains, éprouvés par les horreurs d’une guerre fratricide, souhaitent
aujourd’hui y mettre un terme dès que possible :
Quant aux peuples d’Occident, encore zombifiés par leur brutale sortie en cours d’un «rêve américain» virant de plus en plus au cauchemar, il leur
faudra sans doute davantage de temps encore avant qu’ils ne maudissent à leur tour les ploutocrates de Washington et leurs
larbins compradore indigènes euro-atlantistes pour avoir non seulement apporté la guerre sur le vieux continent, mais aussi pour avoir réalisé leur paupérisation accélérée
massive via un Great Reset radical commis par suicide énergétique…
Un suicide économique virant à l’effondrement civilisationnel des «économies de bazar» «post-industrielles» occidentales, et commis en
solidarité avec la junte néo-nazie de Kiev, elle-même engagée dans un suicide radical multiforme du peuple ukrainien (en particulier démographique et économique) pour le plus
grand bénéfice de BlackRock,
de l’industrie américaine et du lobby de l’armement occidental ! La Russie, pour sa part, a déjà gagné à la loyale,
cette ô
combien déloyale guerre par procuration qui lui est livrée par «l’empire du mensonge» atlantiste dont la «démocratie»
(désormais peuplée «d’über» citoyens-consommateurs en cours de déclassement et bâtie sur la sueur et le sang des peuples colonisés, c’est-à-dire sur les chantages, les sanctions et
les guerres permanentes), ne fait aujourd’hui plus rêver personne de censé sur la scène internationale… Plus que jamais, le
Roi est nu, et seul son puissant lobby merdiatique parvient encore à soutenir les dernières illusions de puissance de l’empire agonisant, dont les spasmes de démence se
multiplient.
«Maudit
Washington», chantent aujourd’hui les Russes. Demain, ce refrain sera repris par les survivants du cirque bandériste ukrainien et, à leur suite, par les résistants qui
s’opposeront à la poursuite de la voie de l’effondrement civilisationnel empruntée par les succursales atlantistes européennes.
«J’ai de la
famille en Allemagne,
J’ai de la famille en Espagne,
Mais je ne comprends pas comment c’est arrivé,
Nous sommes ennemis maintenant, nous allons nous battre.
Soyez maudits, vous et votre Washington mortifère,
Vous avez inventé la guerre contre les Russes, et mis toute l’Europe à genoux,
Les économies de ces pays sont toutes en train de s’effondrer.
Et Zelensky n’est pas un imbécile, bien qu’il soit un bouffon,
Les dollars coulent à flot dans ses poches.
L’Ukraine est un pays frère – regardez bien,
Vous êtes envoyés à la mort par un junkie sanguinaire.
Soyez maudits, vous et votre sénile de Washington,
Vous avez inventé la guerre contre les Russes, et mis toute l’Europe à genoux,
Les économies de ces pays sont toutes en train de s’effondrer.
Souvenez-vous, Washington et votre crétin,
Que le châtiment vous reviendra en boomerang,
Vous ne vaincrez jamais la Mère Russie,
Et grâce à tous nos valeureux garçons.
Soyez maudits, vous et votre crétin de Washington,
Vous avez inventé cette guerre contre les Russes,
Et merci à nos valeureux garçons».
«Maudit
Washington» – Natalia Bickmeeva – avril 2023 [Merci à томас pour la traduction]
La dernière sortie du président Macron sur l’envoi possible de troupes françaises en Ukraine a bénéficié de la complaisance de nos médias de connivence, mais à l’étranger a suscité des réactions
moqueuses, comme cette Une de la presse allemande : « Ach, Macron », qui correspondrait à l’anglais « So-so… » ou au français « Ah-la-la, sacré Macron,
va ! ». En politique, tout peut changer très vite, et il reste encore trois ans de présidence, mais si plus rien ne se passait durant ces trois années à venir – ce qui est hautement
improbable – gageons que l’image que le monde retiendrait de l’actuel président de la République française serait celle-là : l’homme qui a parlé d’envoyer des troupes au sol, avant que
l’OTAN ne le désavoue, et à son sommet, les États-Unis.
Mais pour nous, tâchons de nous élever au-dessus de ces péripéties – que, il est vrai, nos descendants auront du mal à croire, celle-ci et bien d’autres d’ailleurs
– et livrons-nous à une évaluation de la chose militaire en Europe, en dehors, bien sûr, de la puissance russe.
Situation militaire en Europe
Deux choses sont à considérer. La première, c’est qu’il est très possible qu’avec le retour de M. Trump à la Maison-Blanche – si ce retour se produit, et quelles
qu’en soient les conséquences sur la politique interne : guerre civile déclenchée par l’aile gauche du parti démocrate ou pas – les États-Unis ne décident de relâcher leur effort militaire
dans la partie européenne de leur empire, si, concomitamment, la guerre en Ukraine s’achève par une victoire russe, ce qui, cette fois-ci, est quasiment certain vu l’état actuel des choses. On
pourrait objecter que le lobby militaro-industriel, qui a besoin de guerres – peu importe qu’elles soient gagnées ou perdues, elles sont toutes perdues mais font marcher le business des armes – a
trop d’intérêts du côté démocrate pour laisser revenir M. Trump, le seul président depuis longtemps à n’avoir déclenché aucune guerre. Mais la question pourrait se poser sous un autre angle,
celui de l’endettement de plus en plus abyssal du pays, que sa monnaie aura plus de mal à entretenir avec la lente dédollarisation du commerce mondial et de la finance.
Ainsi, la combinaison de ces deux événements : victoire russe et retrait américain – plongerait l’Union européenne dans une vulnérabilité inconfortable, dont
pourrait profiter, non pas la Russie qui n’aurait rien à gagner à s’étendre sur les marches de la Pologne, à savoir l’Ukraine occidentale, mais la Turquie qui pourrait espérer arracher des îles à
la Grèce, selon un long processus historique qui a consisté à repousser les Grecs hors d’Asie Mineure où ils habitaient depuis trois mille ans, et le plus loin possible des côtes autrefois
grecques, aujourd’hui turques. On se souvient que dans le bras de fer qui opposa la France à la Turquie pour soutenir la Grèce menacée, M. Macron s’est senti tellement abandonné par l’OTAN qu’il
avait qualifié son indifférence de « mort cérébrale », ce qui n’était pas vrai : c’était plus simplement que l’Amérique se fiche bien de savoir qui habite les îles grecques, les
Grecs eux-mêmes, ou les Turcs…
Scénario d’un retrait américain dans l’UE
Maintenant, imaginons donc un retrait de la protection américaine : que restera-t-il à l’Union européenne ? Seulement une coquille vide, l’armée
française. Ne parlons pas de son arsenal nucléaire, que les auteurs anglo-saxons d’ailleurs semblent oublier à chaque fois qu’ils parlent des forces en présence, alors même que la France est la
troisième puissance dans ce domaine, loin derrière les deux premières, certes, mais franchement devant la Grande-Bretagne et loin devant toutes les autres. Mais ces forces de frappe sont
tellement terribles qu’il n’y aurait plus de guerre, seulement un suicide collectif, restons-en donc aux forces conventionnelles.
Toutes les nations européennes, sauf la France, se sont démilitarisées, je veux dire qu’elles n’ont plus de tradition propre, c’est l’Amérique qui les arme. Même
l’Angleterre, si célèbre dans l’histoire pour sa composante militaire, a renoncé à se défendre elle-même autrement que sous parapluie américain. Seule la France conserve une armée, mais, nous
l’avons dit, cette armée est une coquille vide. Elle fabrique ses propres armes, pour la plupart aussi efficaces que les américaines – voire plus encore, comme le Rafale face
au F-35 – mais ses compagnes de l’Union européenne n’achètent qu’américain. Elle a ses écoles militaires prestigieuses, mais ses officiers n’ont pas de troupes et pas de matériel
disponible ; son budget est obéré par 3000 milliards de dettes et une situation sociale explosive ; enfin elle abrite sur son sol deux populations dont l’une est indifférente au passé
autant qu’à l’avenir du pays et promeut une révolution culturelle.
Un projet militaire européen incertain
Pour remplir la coquille vide, la solution est-elle dans l’Union européenne ? Jusqu’à présent, la France n’a pu compter sur aucune solidarité dans ce domaine,
elle a beau avoir sacrifié son fusil d’assaut au profit d’un allemand, en retour l’Allemagne ne consacre pas un centime de ses 100 milliards d’euros consacrés à son réarmement, qui vont tous dans
l’escarcelle des États-Unis. D’ailleurs, nous ne pouvons pas prévoir l’avenir de l’Union européenne après la victoire russe : soit un changement de couleur politique à Bruxelles – ce serait
bien la première fois depuis les premières élections européennes de 1979 – soit un effritement sous le poids de son échec face à la Russie, et de son abandon par les États-Unis, voire de ses
contraintes économiques.
En tout état de cause, nous en revenons à notre accroche : non, il ne peut être question d’un envoi de troupes terrestres sur le sol ukrainien, non seulement
parce que nous ne sommes pas armés – nous en avons déjà parlé ici avec plus de détails– mais
parce que seule l’Amérique pourrait faire quelque chose, et encore : non pas selon le modèle vietnamien, afghan, irakien, mais dans une guerre conventionnelle totale, mais où elle serait
vulnérabilisée par l’avance prise par les Russes en matière de vélocité des vecteurs. Pour la France en tout cas, son impuissance est avant tout le prix de sa vassalité.
Scholz, Macron et Tusk tentent de combler les divisions européennes sur l’Ukraine
Macron a été recadré par le chancelier allemand pour ses déclarations bellicistes, démontrant que le pouvoir économique et militaire ne se décide
pas à Paris mais à Berlin. L’Europe a centralisé son pouvoir en Allemagne avec la Banque centrale européenne et compte bien tirer profit de la rente du fond de reconstruction
européen qui coûte à la France la bagatelle de 75 milliards d’euros par an.
La mission de l’Europe est actuellement de compenser le financement américain à l’Ukraine qui est bloqué par le Congrès entièrement acquis à
l’ancien président Donald Trump qui, s’il est élu en novembre 2024, stoppera le conflit et scellera la fin de l’OTAN.
Macron peut gesticuler autant qu’il le veut, il devra se plier aux exigences de Washington, même s’il a tenté de profiter de cet évènement pour
détourner l’attention sur les rumeurs concernant son épouse.
Bruxelles comme Washington sont de plus en plus embarrassés par le comportement imprévisible du président français qui, comme disait Trump,
transforme tout ce qu’il entreprend en désastre.
Le chancelier allemand Olaf Scholz accueillera vendredi à Berlin ses homologues français et polonais pour tenter de projeter l’unité européenne sur
le soutien à l’Ukraine après des semaines de frictions entre les alliés.
Un sommet organisé à la hâte à Paris le mois dernier avait pour but de donner un nouvel élan à l’Occident pour aider l’Ukraine à repousser une
invasion russe à grande échelle après la troisième année de conflit.
Au lieu de cela, le refus du président français Emmanuel Macron d’exclure le déploiement de troupes occidentales en Ukraine a déclenché une
réprimande de la part de Scholz, mettant en évidence les divisions entre les deux plus grandes puissances de l’Union européenne.
La querelle européenne survient alors que le soutien des États-Unis à l’Ukraine s’affaiblit, mettant en évidence le vide du leadership occidental
qui risque d’enhardir davantage le président russe Vladimir Poutine, selon le point de vue des diplomates.
«L’heure est à
l’apaisement entre la France et l’Allemagne», a déclaré àFrance
Info, l’ancien ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui est désormais l’envoyé spécial de Macron. «Je pense que
cette rencontre permettra d’apaiser les tensions et de renforcer le soutien à l’Ukraine».
Macron devrait arriver vers midi pour une rencontre bilatérale avec Scholz avant l’arrivée de Tusk vers 14h00 heure locale (1300 GMT), a indiqué un
responsable gouvernemental. Les trois dirigeants feront des déclarations avant de tenir une réunion ensemble.
Les prises de bec franco-allemandes ne sont pas nouvelles. Mais le niveau actuel de discorde a alarmé les responsables à Kiev et sur tout le
continent.
Les deux dirigeants envoient des messages stratégiques très différents. Ces derniers temps, Macron se montre plus belliqueux, tandis que les
partisans de Scholz le présentent comme un «chancelier de
la paix» qui évitera toute escalade vers une guerre entre l’OTAN et la Russie.
Mykhailo Podolyak, conseiller principal du président ukrainien Volodymyr Zelenskiy, a déclaré à Reuters que
«l’indécision
et l’absence de coordination» parmi les alliés de Kiev entraînaient de «graves conséquences». «La Russie
commence à prendre de l’assurance et à croire qu’elle peut exercer une pression plus importante sur l’Ukraine», a-t-il déclaré. «L’Ukraine, à
son tour, connaît une grave pénurie de ressources, principalement d’obus, et compromet son action».
Recherche de munitions
Le président américain Joe Biden n’est pas parvenu à faire adopter par le Congrès un important programme d’aide à l’Ukraine, et une grande partie de
son action en matière de politique étrangère est focalisée sur la guerre à Gaza. Sur le plan intérieur, la revanche électorale de Donald Trump se profile à l’horizon.
Lors du sommet de Paris et de la réunion ministérielle de suivi, Washington n’a envoyé que son secrétaire d’État adjoint aux affaires européennes et
eurasiennes.
Les alliés européens de Kiev – et leur capacité à collaborer efficacement – sont donc d’autant plus importants que les troupes ukrainiennes, à court
de munitions, sont confrontées à leurs batailles les plus difficiles depuis les premiers jours de l’invasion russe.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a lancé jeudi un avertissement sévère aux membres de l’Alliance : l’Ukraine est à court de
munitions et ils ne font pas assez pour l’aider.
«Il est urgent
que les alliés prennent les décisions nécessaires pour intervenir et fournir davantage de munitions à l’Ukraine. C’est le message que j’adresse à toutes les capitales», a
déclaré Stoltenberg.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré à la chaîne d’information publique TVP
Info qu’il serait en mesure de rendre compte à Scholz et à Macron de ses réunions avec Biden et d’autres dirigeants américains à Washington cette semaine.
Tusk a souligné l’importance de relancer la coopération dite du Triangle de Weimar entre Varsovie, Berlin et Paris, après huit années de régime
nationaliste en Pologne qui ont mis ces relations à rude épreuve.
La position stratégique de la Pologne à proximité de l’Ukraine en a fait un partenaire essentiel de l’Europe dans sa quête de soutien à Kiev.
Toutefois, les questions relatives à la fourniture d’armes et à la capacité de l’Ukraine à faire face à la Russie à long terme ont fait vaciller
certains alliés dans leur soutien.
«Certains ne
croient pas que l’Ukraine gagnera la guerre maintenant et pensent que l’Europe n’est pas capable d’obtenir le soutien à long terme dont l’Ukraine a besoin et considèrent que l’on
ne peut pas compter sur les États-Unis», a déclaré un diplomate européen.
L’échec d’être des
vassaux de l’empire étatsunien et le désastre imminent de la défaite de la guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine pèsent lourd.
L’Europe est truffée de trahisons à l’ancienne mode de la rivalité impériale. C’est pathétique à regarder, mais très instructif sur qui
sont les vrais méchants de la pièce.
L’échec d’être des vassaux abjects pour l’empire étatsunien et le désastre imminent de la défaite pour la guerre par procuration de
l’OTAN en Ukraine pèsent lourd.
Chaque puissance européenne pousse l’autre dans l’abîme pour sauver sa peau politique.
Le Français Emmanuel Macron est devenu un petit «muridé» roi. Il a parlé de déployer des troupes de l’OTAN en Ukraine pour sauver la
guerre par procuration contre la Russie. Macron se pavane comme «un muridé» en bottes trop grosses pour ses pieds en appelant les autres dirigeants européens à ne pas
être lâches.
L’ancien banquier Rothschild Macron se retourne alors et annule encore un autre voyage à Kiev, la capitale ukrainienne. Peut-être que le
dirigeant français a eu peur de la frappe aérienne russe sur Odessa la semaine dernière lorsque le Premier ministre grec était en tournée avec le président fantoche
ukrainien Zelensky.
Macron a envoyé son ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné en Lituanie vendredi dernier pour discuter avec les États baltes
russophobes enragés de l’idée d’envoyer des troupes de l’OTAN en Ukraine. Compte tenu de l’histoire des États baltes qui ont aidé et encouragé l’invasion de l’Union
soviétique par le Troisième Reich lors de l’opération Barbarossa en 1941, nous pouvons affirmer avec certitude que les mêmes États sont une porte ouverte à une telle
folie d’inspiration française.
Cependant, avec une lâcheté d’élite classique, Macron ne veut évidemment pas être en première ligne lorsque l’action devient chaude.
Mieux vaut vous asseoir sur un fauteuil confortable à l’Élysée et aboyer vos ordres de caniche en colère à partir de là.
Pendant ce temps, cet autre bastion de la civilité européenne (qui signifie tromperie perfide), les bons vieux Britanniques cajolent
l’Allemagne pour envoyer des missiles à longue portée en Ukraine pour frapper profondément en Russie.
Le chancelier allemand Olaf Scholz hésite à fournir les missiles de croisière Taurus au régime ukrainien. L’arme de fabrication
allemande a une portée de 500 kilomètres. Étant donné les néonazis désemparés à Kiev (dirigés par la marionnette Zelensky), il est certain que les missiles Taurus
seront tirés sur Moscou pour tuer les «Russes Untermenschen».
C’est pourquoi Scholz est inquiet. Ses principaux commandants de la Luftwaffe ont déjà été pris en flagrant délit de planification de la
façon dont les «super-outils» Taurus seraient utilisés pour atteindre des cibles russes profondes.
Entrez dans le style Britannique toujours si poli avec un coup de main aux Allemands. Le ministre britannique des Affaires étrangères
«Lord» David Cameron s’est rendu à Berlin la semaine dernière pour exhorter les Allemands à fournir le missile Taurus à l’Ukraine.
Cameron a déclaré que Londres était prête à aider l’Allemagne à «résoudre
le problème» de sa réticence à fournir l’arme à longue portée.
Le haut diplomate britannique a proposé un accord d’échange par lequel Londres achèterait des missiles Taurus à l’Allemagne tout en
fournissant davantage de ses missiles de croisière Storm Shadow à l’Ukraine. De cette façon, Berlin ne serait pas impliqué dans l’attaque de la Russie, selon
Cameron.
Risible, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré qu’elle considérait l’offre britannique comme
viable.
Son patron nominal, le chancelier Scholz, est officiellement resté réticent à l’idée d’envoyer des missiles Taurus.
L’Allemagne ferait bien de traiter toute proposition britannique avec une profonde suspicion. Après tout, ce sont les Britanniques qui
ont plongé l’Allemagne dans deux guerres mondiales. La première était dans le but de détruire un rival impérial, tandis que la seconde a été conçue pour libérer la
machine de guerre d’Hitler sur l’Union soviétique.
Les faits froids sont que les États-Unis et ses vassaux européens de l’OTAN se sont lancés dans une guerre par procuration contre la
Russie en utilisant l’Ukraine comme champ de bataille. Cette guerre a duré au moins 10 ans à partir du coup d’État de 2014, parrainé par la CIA, à Kiev, qui a porté au
pouvoir l’actuel régime néonazi.
La guerre par procuration de deux ans s’est avérée être un échec colossal pour l’empire étatsunien et ses satellites européens. Le
régime de Kiev s’effondre d’une puissance de feu russe extrêmement supérieure. Le gaspillage de l’armée ukrainienne – jusqu’à 500 000 hommes – ainsi que jusqu’à
200 milliards de dollars d’aide financière et militaire payée en fin de compte par les contribuables occidentaux rebondiront avec des répercussions politiques
massives pour les élites occidentales bellicistes.
Chacune de ces puissances criminelles impérialistes veut sauver son propre cou alors que l’étau de la colère publique se resserre
inévitablement.
Le coq français devenu «le Muridé» Macron aimerait sans aucun doute brouiller les pistes avec les troupes de l’OTAN – tout en évitant
toute bavure sur ses petites bottes délicates bien sûr.
Les Étatsuniens commencent à se rendre compte qu’ils ne peuvent pas gagner et ils coupent finalement l’argent, laissant les Européens en
plan pour faire face à un gâchis de taille continentale. Joe Biden ne peut même pas se rappeler si c’est en Ukraine ou en Irak qu’il a commis une erreur fatale.
La Grande-Bretagne, toujours l’arc machiavélique, voudrait mettre l’Allemagne en première ligne contre la Russie. Nul doute que la ville
de Londres pourrait prendre quelques affaires capitalistes nécessaires des contrats de reconstruction de guerre.
La guerre par procuration en Ukraine est terminée et les rats occidentaux s’enfuient du navire.
Le public occidental doit demander des comptes à chacun d’entre eux et ne pas les laisser faire sauter une plus grande guerre avec la
Russie comme un moyen de détourner l’attention de leur culpabilité.
Voici ce qu’il faut retenir de ces
journées frénétiques à Moscou : Normal-o-philes du monde entier, unissez-vous.
Ces jours ont été des jours multipolaires frénétiques dans la capitale du monde multipolaire. J’ai eu l’honneur de dire personnellement au ministre des
Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov que la quasi-totalité du Sud mondial semblait être représentée dans un auditorium du pôle d’innovation Lomonosov un lundi après-midi – une
sorte d’ONU informelle et, à plusieurs égards, bien plus efficace lorsqu’il s’agit de respecter la charte de l’ONU. Ses yeux ont brillé. Lavrov, plus que d’autres, comprend le
véritable pouvoir de la Majorité mondiale.
Moscou a accueilli une conférence multipolaire consécutive ainsi que la deuxième réunion du Mouvement international des russophiles (MIR, dont
l’acronyme français signifie «monde» en russe). Dans l’ensemble, les discussions et le travail en réseau ont donné des indications de bon augure sur la construction d’un ordre
international véritablement représentatif, loin de la sinistrose imposée par l’agenda d’une culture unipolaire unique et des guerres sans fin.
La session plénière d’ouverture du premier jour a été placée sous le signe de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova,
dont le message principal était clair comme de l’eau de roche : «Il ne peut y
avoir de liberté sans libre arbitre», ce qui pourrait facilement devenir la nouvelle devise collective du Sud mondial. Les «États-civilisations» ont donné le ton de la
discussion générale – car ils conçoivent méticuleusement les plans du développement économique, technologique et culturel dans le monde hégémonique post-occidental.
Zhang Weiwei, professeur de relations internationales à l’Institut chinois de l’Université Fudan à Shanghai, a résumé les quatre points cruciaux pour
que Pékin puisse jouer son rôle de «nouveau pôle
indépendant». Cela ressemble à un marqueur concis de la situation actuelle :
1. Dans le cadre de l’ordre unipolaire, tout, des dollars aux puces électroniques, peut être transformé en arme. Les guerres et les révolutions de
couleur sont la norme.
2. La Chine est devenue la plus grande économie du monde en termes de PPA, la plus grande économie commerciale et industrielle, et elle est actuellement
à l’avant-garde de la quatrième révolution industrielle.
3. La Chine propose un modèle «Unir et Prospérer» au lieu du modèle occidental «Diviser et Régner».
4. L’Occident a tenté d’isoler la Russie, mais la Majorité mondiale sympathise avec elle. Ainsi, l’Occident collectif a été isolé par le Reste
mondial.
Combattre la «guerre
théo-politique»
Le terme «Reste mondial» est d’ailleurs mal choisi : La Majorité mondiale est le nom du jeu. Il en va de même pour le «milliard d’or» ; ceux qui
profitent du moment unipolaire, principalement à travers l’Occident collectif et en tant qu’élites compradores dans les satrapes, ne sont au mieux que 200 millions environ.
Le lundi après-midi à Moscou, trois sessions parallèles ont été organisées : Sur la Chine et le monde multipolaire, où la vedette était le professeur
Weiwei ; sur l’Occident post-hégémonique, sous le titre «Est-il possible de sauver la civilisation européenne ?» – en présence de plusieurs Européens dissidents, d’universitaires, de
spécialistes des groupes de réflexion et d’activistes ; et le thème principal, qui mettait en vedette les acteurs de premier plan de la multipolarité.
J’ai eu l’honneur de modérer l’impressionnante session du Sud mondial, qui a duré plus de trois heures – elle aurait pu durer toute la journée, en fait
– et qui a donné lieu à plusieurs présentations époustouflantes d’Africains, de Latino-Américains et d’Asiatiques, de la Palestine au Venezuela, notamment du petit-fils de Nelson
Mandela, Mandla.
C’était le Sud mondial multipolaire en plein essor – car mon impératif était d’ouvrir la parole au plus grand nombre. Si les organisateurs publiaient un
best-seller des présentations, il pourrait facilement devenir un succès mondial.
Mandla Mandela a souligné qu’il était temps de s’éloigner du système unipolaire dominé par l’Hégémon, «qui continue à
soutenir Israël».
Cette intervention a été complétée par celle de l’activiste charismatique béninois Kemi Seba, qui incarne avec brio le leadership africain de demain.
Lors de la session plénière, Seba a introduit un concept clé, qui ne demande qu’à être développé dans le monde entier : nous vivons une «guerre
théo-politique».
Ce concept résume parfaitement la guerre hybride menée simultanément par l’Occident contre l’islam, le chiisme, l’orthodoxie chrétienne, en fait toutes
les religions, à l’exception du culte woke.
Le lendemain, le deuxième congrès du mouvement international des russophiles proposait trois sessions de débat : La plus pertinente portait sur – quoi
d’autre – «la guerre informationnelle et hybride».
J’ai eu l’honneur de partager la scène avec Maria Zakharova – et après ma présentation de style free jazz, axée sur plus de 40 ans de pratique du
journalisme à travers la planète et sur l’observation directe de la dégradation totale de l’industrie, nous avons entamé un dialogue, utile je l’espère, sur les médias et la puissance
douce.
La suggestion que j’ai faite, non seulement au ministère des Affaires étrangères russe, mais aussi à tout le monde dans le Sud mondial, était simple :
Oubliez les médias traditionnels contrôlés par l’oligarchie, ils sont déjà morts. Ils n’ont rien de pertinent à dire. Le présent et l’avenir reposent sur les médias sociaux, les
médias «alternatifs» – qui ne sont plus alternatifs, au contraire – et les médias citoyens, auxquels il convient bien entendu d’appliquer les normes journalistiques les plus
strictes.
Le soir, avant que tout le monde ne se mette à faire la fête, quelques-uns d’entre nous ont été invités à un dîner de travail ouvert, franc et
instructif avec le ministre des Affaires étrangères Lavrov dans l’une des magnifiques salles ornées de fresques de l’hôtel Metropol, l’un des plus grands hôtels d’Europe depuis
1905.
Une légende avec un sens de
l’humour décapant
Lavrov était détendu, entre amis ; après un premier tour de force diplomatique époustouflant qui a couvert un certain nombre de faits marquants des
dernières décennies jusqu’à la morosité actuelle, il a ouvert la table à nos questions, prenant des notes et répondant à chacune d’entre elles en détail.
Ce qui frappe lorsqu’on se trouve face au diplomate le plus légendaire du monde depuis un certain temps, dans un cadre détendu, c’est sa tristesse
sincère face à la rage, à l’intolérance et à l’absence totale d’esprit critique dont font preuve les Européens en particulier. Tout au long de notre conversation, cet aspect a été
bien plus important que le fait que les relations entre les États-Unis et la Russie soient au plus bas.
Lavrov reste cependant très motivé par le Sud mondial et la Majorité mondiale, ainsi que par la présidence russe des BRICS cette année. Il a fait
l’éloge du ministre indien des Affaires étrangères, Jaishankar, et des relations globales avec la Chine. Il a suggéré que le mouvement des russophiles devrait jouer un rôle mondial,
suggérant de manière ludique que nous devrions tous faire partie d’un mouvement «Normal-o-philes».
Lavrov la légende est également connu pour son sens de l’humour. Et l’humour est plus efficace lorsqu’il est très sérieux. Voici donc ce qu’il faut
retenir de ces journées frénétiques à Moscou : Normal-o-philes du monde entier, unissez-vous.
NOUVELLES LETTRES PERSANES (1) – Il y a trois siècles, ce grand penseur des libertés qu’était Montesquieu publiait un roman épistolaire devenu célèbre, non seulement pour la beauté de son style
mais aussi pour l’acuité de ses vues sur la société française de l’époque, ses travers et ses manies. Loin de nous l’idée de comparer notre plume à celle du grand penseur de la politique et du
droit. En revanche, nous tenterons, dans les semaines et les mois qui viennent, de dépayser le lecteur selon le principe même utilisé par Montesquieu: le regard extérieur, qui oblige à se
décentrer, à mettre en cause les préjugés. Nous le ferons en informant nos lecteurs de ce qui se trame et se fait depuis “la Perse” d’aujourd’hui: ce “reste du monde”, que l’Amérique du Nord et
l’Union Européenne n’ont pas en haute estime et qui, pourtant, est en train de construire le monde de demain. De nouvelles “Lettres Persanes” sont d’autant plus nécessaires au XXI è siècle que
les dirigeants français et européens ont développé, sur fond d’ignorance profonde, une arrogance qu’un Montesquieu n’aurait jamais imaginée de la part des élites de son temps.
Imaginons
un moderne Usbek (du nom du héros épistolaire du roman de Montesquieu) prévoyant un voyage à Paris. Juste au moment de se mettre en route, il entend parler des déclarations du président français
sur l’envoi éventuel (officiel) de militaires français et occidentaux en Ukraine.
Macron enrage que les Russes le poussent hors d’Afrique
Il se tourne alors vers un de ses amis, Drago Bosnic, bon connaisseur des affaires militaires, qui lui envoie ces commentaires:
Le 26 février, le président français Emmanuel Macron a refusé d’exclure l’envoi de troupes au sol en Ukraine. Bien qu’il ait admis qu’il n’y avait pas de consensus à ce sujet au sein de
l’OTAN, M. Macron a insisté sur le fait que “rien ne doit être exclu” et que “nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que la Russie ne l’emporte pas”. Le lendemain, le
Premier ministre français Gabriel Attal a réitéré son message, affirmant que “rien ne peut être exclu dans une guerre”. Tout comme M. Macron, il a admis qu’il n’y avait pas de consensus sur
la question, mais il a également insisté sur le fait que “nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre”. Cela soulève une question évidente : que peut
faire exactement l’Occident politique (et encore moins la France seule) pour “garantir” la défaite de Moscou en Ukraine ?
Tout d’abord, il faudrait former une coalition claire et nette. L’OTAN ne peut pas s’impliquer collectivement en Ukraine pour la simple raison que la junte néo-nazie n’en est pas un membre
officiel. Pour invoquer l’article 4 ou l’article 5, il faudrait qu’un ennemi extérieur menace un ou plusieurs États membres de l’OTAN. Et même dans une telle éventualité, tous les membres
devraient accepter la défense collective. Quelle est la probabilité que des pays comme le Portugal, l’Espagne ou l’Italie entrent dans une confrontation directe avec une superpuissance
mondiale comme la Russie? même dans le cas où Moscou déciderait d’intervenir dans des États membres de l’OTAN comme l’Estonie ou la Lettonie ? Sans parler d’une telle possibilité lorsqu’il
s’agit du régime de Kiev. Aider une entité aussi corrompue, voire terroriste, n’est pas très attrayant.
Deuxièmement, même si une telle coalition devait être formée, elle impliquerait presque certainement des pays pathologiquement russophobes tels que le Royaume-Uni, la Pologne et les États
baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie). Cela diviserait effectivement l’OTAN en plusieurs groupes, en fonction de ceux qui sont en guerre directe avec la Russie et de ceux qui ne le sont pas.
Les États-Unis ne pourraient pas s’impliquer directement, car cela rapprocherait le monde de l’anéantissement thermonucléaire, ce qui signifie que Washington DC serait largement limité à ce
qu’il fait déjà en Ukraine – logistique, ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance), opérations secrètes et soutien indirect en général. Mais il reste l’éléphant dans la pièce : qui se
battra contre les troupes russes ?
Il est évident que la junte néo-nazie devrait fournir le gros des troupes. Le seul problème est que c’est exactement ce qu’elle fait depuis deux ans et que cela ne se passe pas très bien, en
particulier ces dernières semaines. Les meilleures armes et les meilleurs équipements de l’OTAN ont été anéantis par l’armée russe en l’espace de quelques jours. Et bien qu’elle soit opérée
par les forces du régime de Kiev (officiellement, du moins), rien ne prouve que les soldats de l’OTAN feraient mieux, au contraire même. Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis et le
Royaume-Uni, ont déjà déployé des troupes d’opérations secrètes déguisées en volontaires ou en mercenaires. L’armée russe aurait même capturé du personnel polonais et allemand déployé pour
soutenir des opérations de grande envergure impliquant des blindés fournis par l’OTAN.
En outre, on pense généralement que le personnel occidental exploite d’autres moyens plus complexes tels que le système SAM (missile surface-air) “Patriot” et d’autres défenses aériennes
similaires que les forces de la junte néo-nazie n’ont tout simplement pas eu le temps de maîtriser. Il en va de même pour d’autres systèmes d’armes tels que le M270 MLRS (système de roquettes
à lancement multiple) et sa version à roues, le HIMARS. À lui seul, ce système fait du personnel de l’OTAN une cible privilégiée pour l’armée russe, comme l’a montré la frappe du 16 janvier
qui a anéanti au moins 60 mercenaires français à Kharkov. Des sources russes ont indiqué qu’il s’agissait de “spécialistes hautement qualifiés travaillant sur des systèmes d’armes trop
complexes pour des conscrits ordinaires”. Cela pourrait expliquer en partie la réaction plutôt émotionnelle de M. Macron.
Il est également fort possible que Paris veuille se venger de la perte de ses (néo)colonies africaines, en particulier le Niger, qui compromet son exploitation de l’uranium nigérien et
d’autres ressources importantes. L’uranium nigérien est extrêmement important pour la France, qui reste le deuxième exploitant mondial de centrales nucléaires (56 au total). C’est pourquoi
elle a maintenu des pays comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso sous une emprise (néo)coloniale pendant plus d’un demi-siècle après leur avoir officiellement accordé l'”indépendance”.
Après que l’armée russe, en particulier la société militaire privée “Wagner”, a mis fin à cette situation, la France a été contrainte de chercher d’autres solutions, car plus de 70 % de ses
besoins énergétiques sont couverts par des centrales nucléaires.
Néanmoins, les problèmes énergétiques de Macron ne sont certainement pas la raison pour laquelle l’Europe devrait entrer en guerre avec une superpuissance militaire telle que la Russie, et la
grande majorité des dirigeants de l’Union européenne l’ont fait savoir très clairement. En outre, même si un conflit direct potentiel avec la Russie devait se dérouler sans l’utilisation
d’armes de destruction massive, un domaine entièrement dominé par Moscou de toute façon, l’Occident politique n’a pas de supériorité conventionnelle, malgré toutes les rêveries à ce sujet. Il
est presque certain que l’armée russe n’enverrait pas des millions de soldats pour prendre des territoires en Pologne ou dans d’autres pays qui seraient impliqués dans une éventuelle
intervention dans l’ouest de l’Ukraine. Au lieu de cela, elle lancerait des centaines de missiles de croisière, balistiques et hypersoniques à longue portée sur des cibles militaires.
Il ne s’agirait là que de la première réaction et elle progresserait certainement pour inclure d’autres actifs stratégiquement importants dans tous les pays participants, en particulier leurs
systèmes énergétiques, leurs installations industrielles et, d’une manière générale, tout ce qui présente un potentiel dit de double usage (c’est-à-dire qui peut être utilisé à des fins
militaires). En d’autres termes, Moscou détruirait toutes les cibles qu’elle juge militairement importantes, ce qui retarderait de plusieurs décennies l’économie des pays visés. Aucun
dirigeant sain d’esprit d’un pays indépendant (ou du moins partiellement indépendant) ne voudrait d’une telle chose. Et l’Europe n’a pas vraiment de moyen de réagir sans faire dégénérer le
conflit en un échange thermonucléaire, qu’elle perdrait très certainement, puisqu’elle ne peut même pas maintenir son arsenal stratégique en temps de paix.
southfront.press,
28 février 2024
L’Asie Centrale en plein boom
Usbek, dont le français est parfait, a remercié son ami Drago en constatant que les menaces de Macron ne sont donc “que du vent”. Loin de lui l’idée de se moquer du seul président français. Son
ami ambassadeur indien, M.K. Bhadrakumar, le lui répète souvent: c’est tout l’Occident qui est dépassé. Comme lui explique le
diplomate:
L’étonnante victoire de la Russie dans la bataille d’Avdeevka et la déroute de l’armée ukrainienne renforcent la crédibilité de la Russie en tant que fournisseur de sécurité pour la région de
l’Asie centrale. L’esprit érudit de l’Asie centrale ne perd pas de vue que la Russie a, à elle seule, mis l’OTAN sur le reculoir.
Il s’agit là d’un moment décisif, qui vient s’ajouter au confort résultant de la nouvelle normalité en Afghanistan, grâce à l’engagement diplomatique efficace de la Russie auprès des
talibans.
L’engagement personnel de Vladimir Poutine
Un autre cercle vicieux de la propagande occidentale est en train de s’épuiser, fondé sur les hypothèses erronées selon lesquelles l’influence de la Russie en Asie centrale est en “déclin”
(Wilson Centre), que les États d’Asie centrale “sortent de l’ombre de la Russie et affirment leur indépendance comme jamais depuis l’effondrement du communisme en 1991” (Financial Times) et
que, dans le sillage de la guerre en Ukraine, les dirigeants d’Asie centrale “pourraient bien être en train de se demander combien de temps Poutine pourra rester au pouvoir en Russie” (Radio
Free Europe / Radio Liberty).
En réalité, les performances économiques de la région en 2023 ont enregistré une croissance impressionnante du PIB de 4,8 %. Et la Russie a contribué à cette réussite. La guerre en Ukraine a
conduit les entreprises occidentales à quitter le marché russe, ce qui a créé de nouvelles occasions pour les États de la région. Dans le même temps, les conditions imposées par les sanctions
ont incité les entreprises et les capitaux russes, ainsi que les citoyens russes, à délocaliser leurs activités dans la région d’Asie centrale.
Les entrepreneurs d’Asie centrale n’ont pas manqué les occasions lucratives de s’approvisionner en biens et en technologies occidentaux pour le marché russe. Ils ont dû marcher sur la corde
raide en veillant à respecter les sanctions occidentales, tout en renforçant leur interdépendance et leur intégration avec les marchés russes. La reprise de l’économie russe et sa croissance
de 3,6 % l’année dernière ont créé des opportunités commerciales pour les pays d’Asie centrale.
Les politiques de Moscou visent à une “renaissance” des relations de la région avec la Russie. La nouvelle façon de penser à Moscou a amené Poutine à jouer un rôle actif pour maintenir un
rythme élevé de contacts avec les dirigeants d’Asie centrale à un niveau personnel, en utilisant tous les formats d’interaction disponibles, tant bilatéraux que régionaux. L’approche russe a
permis aux États de la région d’adopter une position “neutre” sur la guerre.
Le message unanime du 9 mai 2023
Un problème de compréhension pour les personnes extérieures est que les attitudes de l’Asie centrale sont rarement manifestes et que, dans des circonstances spécifiques (comme la guerre en
Ukraine), elles doivent être discernées en termes de préférences. Ainsi, le message politique de la parade du 9 mai à Moscou l’année dernière, lorsque tous les présidents d’Asie centrale ont
rejoint Poutine lors des cérémonies sur la Place Rouge, était un geste massif de soutien à la Russie – et à Poutine personnellement.
Tout au long de l’année 2023, les États d’Asie centrale ont été la cible d’un effort diplomatique sans précédent de la part de l’Occident pour maintenir les sanctions contre la Russie. Le
secrétaire d’État américain Antony Blinken et le président français Emmanuel Macron se sont rendus dans la région. Deux sommets historiques au format “C5+1” ont été organisés par le président
Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz, respectivement à Washington et à Berlin.
Mais les interlocuteurs occidentaux ont refusé de voir l’écriture sur le mur. L’homologue kazakh de M. Blinken lui a dit qu’Astana “ne ressentait aucune menace ni aucun risque de la part de
la Fédération de Russie”. Les déclarations conjointes publiées à l’issue des deux sommets du “C5+1” n’ont même pas mentionné l’Ukraine !
Le nouveau mode de pensée de Poutine relègue le grand jeu au second plan et donne la priorité à l’accroissement du contenu des relations de la Russie avec les États d’Asie centrale, en
particulier dans les domaines économique et humanitaire. Cette approche a manifestement dissipé le syndrome du “grand frère”. Les réunions de M. Poutine avec ses homologues du Tadjikistan, de
l’Ouzbékistan et du Kazakhstan, qui se sont tenues mercredi à Kazan, se sont déroulées dans une atmosphère manifestement détendue.
Il est intéressant de noter qu’Emomali Rahmon, le président tadjik, a souhaité à M. Poutine non seulement de réussir “tout ce qu’il entreprend”, mais aussi d’avoir des “nerfs d’acier”.
Kassym-Jomart Tokayev, président du Kazakhstan, a souligné de manière significative que “sous votre direction (celle de M. Poutine), la Russie a obtenu des succès notables et impressionnants.
En fait, vos déclarations et vos actions façonnent l’agenda mondial”. La remarque de Tokayev est particulièrement remarquable, car les analystes occidentaux l’avaient repéré comme un mutin
potentiel contre Poutine dans les steppes !
La nouvelle attitude russe en Afghanistan
Toutefois, en dernière analyse, si les relations de sécurité de la Russie avec la région d’Asie centrale se sont transformées au cours des deux dernières années, c’est parce que les efforts
coordonnés de Moscou pour forger des liens avec les talibans ont gagné du terrain ces derniers temps. Ils ont contribué à atténuer la perception de la menace que représente l’Afghanistan dans
la région d’Asie centrale.
Si le modèle traditionnel de réponse à ces perceptions de menace consistait à recourir à des moyens militaires et à isoler la région de l’Afghanistan, la diplomatie russe a adopté une
approche radicalement différente en s’engageant de manière constructive avec les talibans (bien que les talibans continuent d’être une organisation proscrite par la loi russe) et en
s’efforçant de faire de ces derniers une partie prenante dans l’établissement de liens de coopération au sein d’une matrice d’intérêts mutuels. Cela a porté ses fruits.
Moscou estime que le régime des talibans a considérablement stabilisé la situation en Afghanistan et qu’il est dans l’intérêt de la Russie d’aider l’administration de Kaboul à lutter
efficacement contre les éléments extrémistes dans le pays (en particulier l’État islamique, dont on sait qu’il est un héritage de l’occupation américaine de l’Afghanistan). La Russie a tiré
parti de son influence sur les États d’Asie centrale pour s’assurer que les forces de “résistance” anti-talibans soutenues par l’Occident n’obtiennent pas de sanctuaires.
Bien entendu, l’objectif stratégique est d’empêcher les services secrets occidentaux de manipuler des éléments afghans en roue libre pour déstabiliser à nouveau la région de l’Asie centrale
ou le Caucase.
Les talibans se sont montrés très réceptifs aux ouvertures russes visant à renforcer l’État afghan. Récemment, les talibans sont allés jusqu’à boycotter une conférence sur l’Afghanistan
organisée par les Nations unies les 18 et 19 février au Qatar. Il s’agissait en réalité d’une tentative malveillante des États-Unis de renouer le dialogue avec les talibans sous le prétexte
de promouvoir le “dialogue intra-afghan” (ce qui signifiait essentiellement le retour des mandataires afghans de l’Occident vivant en exil en Europe et en Amérique).
Certes, les talibans ont compris le plan de jeu occidental visant à reconstruire leur réseau de renseignements en Afghanistan et l’ont contré en posant des conditions à leur participation à
la conférence de Doha, notamment qu’ils soient le seul représentant de l’Afghanistan à la réunion. Les talibans se sont également opposés à la nomination d’un envoyé spécial des Nations unies
en Afghanistan, dont la tâche principale serait de promouvoir le “dialogue intra-afghan”.
Dans un communiqué publié avant la réunion de Doha, le ministère des affaires étrangères des talibans a accusé la communauté internationale “d’impositions unilatérales, d’accusations et de
pressions”. L’aspect le plus intéressant de la pantomime qui s’est déroulée à Doha est qu’à la demande des Talibans, la délégation russe qui a participé à la réunion de Doha a refusé de
rencontrer les soi-disant “représentants de la société civile” d’Afghanistan. Cela indique que la Russie a commencé à travailler avec les talibans en tant que dirigeants de facto de
l’Afghanistan.
En effet, les États d’Asie centrale accueillent chaleureusement cette brillante initiative diplomatique de la Russie visant à renforcer la sécurité et la stabilité régionales. Le niveau de
confiance de la région à l’égard des dirigeants talibans a déjà atteint un point tel que, lors de la réunion avec Poutine à Kazan mercredi, le président ouzbek Mirziyoyev a soulevé la
“question importante” de l’Ouzbékistan et de la Russie concernant la construction d’un nouveau chemin de fer via l’Afghanistan pour relier l’Asie centrale aux régions adjacentes et au marché
mondial.
Indian
Punchline, 25 février 2024
En finissant de lire ce qu’écrit son ami indien, Uzbek est pris de vertige: et s’il allait s’ennuyer en prenant le chemin de Paris? Et si l’essentiel du monde se passait désormais chez “les
Persans” et tous leurs voisins ?
La guerre ouverte en Ukraine avance vers son deuxième anniversaire. Sur le terrain militaire, c’est une déroute terrible qui devrait se poursuivre avec
les combats à Avdiivka, à l’image de Bakhmout il y a un an.
Après avoir mis le feu aux poudres dès 2014 avec Maïdan, les États-Unis se désengagent peu à peu vis à vis de Kiev, préférant se concentrer sur l’année
électorale qui verra vraisemblablement s’opposer Donald Trump et Joe Biden.
L’Union européenne, la France et Emmanuel Macron en tête sautent sur l’occasion pour briller sur la scène internationale en multipliant les déclarations
les plus dangereuses et les financements dispendieux d’armes à Kiev sans pouvoir changer le cours de la guerre. Face à cela, les États-Unis ralentissent leur chute grâce à leur
complexe militaro-industriel encouragé par les conflits qui mettent l’Europe à plat aussi bien financièrement que sur le plan diplomatique.
Peu de gens à Washington
semblent se rendre compte à quel point ils sont déjà embourbés. Ou encore de l’ampleur et la rapidité avec lesquelles leurs options s’évanouissent et sont inéluctablement liées à
la fortune de Netanyahou et de son gouvernement de coalition d’extrême-droite.
Ils doivent comprendre que l’administration Biden peut tergiverser et multiplier les palliatifs sur les États palestiniens et «l’intégration
régionale israélienne», mais que le gouvernement israélien conduit Biden et son équipe sur le «chemin de l’orge» jusqu’à un point de jonction où les chemins finissent par diverger
:
Soit les États-Unis vont «jusqu’au bout» avec le «projet de grande victoire» – tentant de graver une nouvelle dissuasion israélienne dans la psyché
régionale (selon Netanyahou), soit les États-Unis se «débarrassent» rapidement de la situation. (Il est peut-être déjà trop tard pour cette dernière solution). Netanyahou est sur
le point de franchir les lignes rouges fixées par l’équipe Biden, à savoir une attaque sur Rafah.
Il est question que les États-Unis se préparent à retirer tout ou partie de leurs forces d’Irak et de Syrie en réponse aux attaques des forces de la
Résistance irakienne, d’après ce qu’ont déclaré de hauts fonctionnaires américains. Mais s’agit-il pour la Maison-Blanche de jouer la montre ?
Les États-Unis ont frôlé la guerre avec les forces de mobilisation populaire irakiennes lorsque, mercredi dernier, ils ont tué trois membres des
forces du Hezbollah Kata’ib, dont un commandant de haut rang, Al-Saadi, qui est la personnalité la plus haut placée à avoir été tuée en Irak depuis l’attaque de drone de 2020 qui
a tué Al-Muhandis et Qassem Soleimani.
La Résistance irakienne a essentiellement annoncé conjointement que l’assassinat d’Al-Saadi était le «moment du 7 octobre» de l’Irak et qu’elle
s’engageait à chasser les forces américaines de l’Irak. (Peut-être les États-Unis ont-ils déjà passé le cap et sont-ils déjà au bord du gouffre).
Ou bien l’équipe Biden a-t-elle «senti le vent tourner» et conclu qu’elle n’avait pas d’autre choix que de continuer à embrasser Israël – où que le
chemin mène – et qu’il était donc temps de retirer ses forces du danger pronto, c’est-à-dire avant que la prochaine phase de la guerre ne commence pour de bon ?
Netanyahou a annoncé vendredi qu’il avait demandé à l’armée israélienne de présenter au cabinet un plan visant à évacuer la population civile de
Rafah (à laquelle s’ajoutent plus d’un million de réfugiés du nord et du centre de la bande de Gaza) afin de «détruire les derniers bataillons du Hamas dans la région».
Mais où iront ces civils palestiniens menacés ? note le principal quotidien libéral israélien, Haaretz :
«Ils se
heurtent déjà à la barrière frontalière à l’extrémité sud de la bande de Gaza. Une incursion israélienne à Rafah serait une attaque contre le plus grand camp de personnes
déplacées au monde. Elle entraînera l’armée israélienne dans des crimes de guerre d’une gravité que même elle n’a pas encore commise. Il est impossible d’envahir Rafah aujourd’hui
sans commettre de crimes de guerre. Si les forces de défense israéliennes envahissent Rafah, la ville deviendra un charnier».
Selon Netanyahou, l’assaut de Rafah est essentiel pour atteindre l’objectif de guerre déclaré d’Israël, à savoir le démantèlement du Hamas. Plus tôt
dans la semaine, le Premier ministre a rejeté les propositions de libération d’otages du Hamas, les qualifiant de «délirantes».
Le ministre de la Sécurité Gallant a déclaré dimanche :
«Nous avons
pénétré au cœur des endroits les plus sensibles du Hamas [à Gaza]… Toutes ces choses sont le résultat de l’approfondissement et de la pénétration au cœur des capacités du Hamas.
Plus nous approfondissons cette opération, plus nous nous rapprochons d’un accord réaliste pour le retour des otages».
Beaucoup en Israël considèrent plutôt l’opération de Rafah comme l’abandon définitif des otages.
Des rapports
indiquent que, dans un effort pour prévenir un afflux massif de réfugiés, l’Égypte a, au cours des deux dernières semaines, stationné quelque 40 chars près de sa
frontière avec Gaza, après avoir renforcé le mur frontalier depuis le début de la guerre à Gaza, à la fois structurellement et avec des équipements de surveillance, et a averti
Israël que le traité de paix de plusieurs décennies entre l’Égypte et Israël pourrait être suspendu si des troupes des FDI pénétraient dans Rafah, ou si des réfugiés palestiniens
(dont 1,3 millions d’entre eux campent dangereusement dans la région de Rafah) sont forcés de se réfugier dans la péninsule égyptienne du Sinaï.
Bien entendu, Israël peut simplement utiliser des missiles pour faire sauter le mur frontalier (il l’a fait à plusieurs reprises au cours de la
guerre jusqu’à présent), permettant ainsi aux familles de réfugiés palestiniens désespérés de s’enfuir dans le Sinaï. Les commentateurs de la Résistance sont sceptiques quant aux
intentions égyptiennes et s’interrogent sur l’intérêt et l’objectif du déploiement par l’Égypte de 40 chars d’assaut à la frontière.
En outre, l’Arabie saoudite a publié une déclaration ces derniers jours, mettant en garde contre «les
répercussions extrêmement dangereuses de l’assaut et du ciblage de la ville de Rafah dans la bande de Gaza», étant donné que la ville est «le dernier
refuge pour des centaines de milliers de personnes».
L’équipe Biden est donc arrivée à la onzième heure : Son attaque provocatrice contre le chef du Hezbollah Kata’ib – après que le mouvement Kata’ib
ait suspendu ses opérations militaires contre les États-Unis à la demande du gouvernement irakien – a mis l’équipe Biden sur la voie de la guerre avec les forces de la Résistance
irakienne. Elle est déjà en guerre avec les forces d’Ansarullah – et le Hezbollah est prêt à l’escalade. Il y a des signes clairs que l’Axe de la Résistance réfléchit et prépare la prochaine phase d’une guerre plus large.
Que fera l’Égypte si Israël bombarde Rafah et que des dizaines de milliers de Palestiniens tentent de passer en Égypte ? Le directeur de la CIA,
Bill Burns, a été envoyé au Caire pour discuter de la reprise des négociations sur les otages !
Le fait est que peu de gens à Washington semblent se rendre compte à quel point ils sont déjà embourbés. Ou l’ampleur et la rapidité avec lesquelles
leurs options s’évanouissent et sont inéluctablement liées à la fortune de Netanyahou et de son gouvernement de coalition d’extrême-droite.
Paris lance – dans une
précipitation suscitée par la peur d’être lâché par les États-Unis dans le conflit ukrainien – l’idée du réarmement de l’UE avec le Triangle de Weimar, une réunion constituée de la
Pologne, de la France et de l’Allemagne, mais qui n’a jamais montré ses preuves depuis sa création en 1991. La diplomatie française vend du vent aux
Français et liquide sa souveraineté militaire.
Les élites de l’UE ont peur de voir les États-Unis laisser tomber le bloc sans défense. En France, surtout en Pologne et en Allemagne, les responsables
politiques de la CDU, du FDP, du SPD et des Grünen ont
été choqués d’entendre Donald Trump annoncer la fin du soutien militaires des États-Unis en cas d’une attaque russe. La France a, elle, sa dissuasion nucléaire ce qui n’est
pas le cas de l’Allemagne ou de la Pologne. L’Allemagne a l’autorisation de porter des bombes atomiques US avec l’accord de Washington sous les ailes de ses avions. Aujourd’hui, les
armes nucléaires tactiques américaines sont toujours présentes dans
six bases situées dans cinq pays membres de l’OTAN : La Belgique, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Turquie. La Pologne, par sa détestation historique au niveau de ses élites
politiques de la Russie, alors qu’il y a bien des Polonais qui n’éprouvent pas une haine envers Moscou, se voyant être placée en première ligne après l’Ukraine, a des sueurs froides à
l’idée de voir Donald Trump regagner les élections américaines.
En fait, la population allemande dans son ensemble n’éprouve pas une haine des Russes et de la Russie, au contraire. Ce sont les élites, qui sont
actuellement en poste, dans ces deux pays de l’axe Paris-Berlin-Varsovie qui cultivent une telle communication, des élites inféodés aux Etats-Unis et à l’UE. D’ailleurs, en Allemagne,
le parti de l’AfD et le
nouveau parti politique situé à gauche avec Sahra Wagenknecht, l’Alliance Sahra Wagenknecht – Pour la raison et la justice (BSW) réclament des relations normales avec la
Russie et des accords de paix immédiats entre Moscou et Kiev pour faire cesser ce conflit.
«L’AfD et la
Russie sont proches depuis des années et peu de choses ont changé après la guerre d’agression de Poutine en Ukraine», martèleNTV,
pour dire que le projet de consolider le Triangle de Weimar est un plan bancal car l’opinion allemande est loin d’être acquise pour faire la guerre à la Russie.
Observateur
Continentalrapportait en
juillet dernier que «l’AfD est devenue la deuxième force politique la plus populaire en Allemagne». Curieusement, c’est le parti pacifiste et anti-militariste des
Grünen, dont appartient l’actuelle ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qui réclament l’envoi d’armes et de munitions en Ukraine pour faire la guerre à la
Russie à côté des actuels ministres des Affaires étrangères de la France, Stéphane Séjourné, et de Pologne, Radosław Sikorski. «France, Pologne
et Allemagne relancent le Triangle de Weimar face à la Russie et aux menaces de Donald Trump», titreToute
l’Europe, soulignant la volonté de cultiver le conflit et de rentrer en guerre contre la Russie directement.
Le ministre des Affaires étrangères français a
publié X: «France,
Allemagne, Pologne, unies pour l’Europe, pour protéger nos démocraties de la désinformation, pour parler d’une seule voix dans le monde. Le format Weimar est de retour et il a de
beaux jours devant lui !». Ses mots n’engagent que lui et, surtout, ne s’apparentent qu’à une déclaration marketing. L’Allemagne se moque de la France et de la Pologne. Et, la
Pologne se moque de l’Allemagne et de la France. Varsovie réclame un
dédommagement pour la Seconde Guerre mondiale de Berlin et la Pologne se souvient de la trahison de la France lors de l’attaque de la Wehrmacht. De fait, ce Triangle de Weimar est
inexistant, sauf dans la communication politique et cela est dangereux de faire passer des vessies pour des lanternes auprès des populations civiles.
Les mensonges des bonnes ententes entre ses pays, en particulier avec l’Allemagne se voient dans la réalité avec les divorces et les histoires des
droits de garde pour les enfants. L’Allemagne change les
actes de naissance, gardent les enfants, a fait savoir RUE89. L’amitié
franco-allemande n’existe pas, ne parlons pas de cet axe Paris-Berlin-Varsovie. Et, vouloir faire intervenir l’Ukraine dans cet axe comme l’indique le
communiqué français, «Nous exprimons également notre intention d’organiser très prochainement une réunion élargie (Weimar + Ukraine) des ministres des Affaires étrangères», c’est de
la fiction.
En outre, Observateur
Continentalcite l’ambassadrice
des États-Unis auprès de l’OTAN, Julianne Smith qui vient de stipuler que «l’Ukraine ne sera pas invitée dans l’OTAN lors du sommet de Washington».
Les empires sont souvent incapables d’assimiler des leçons
précieuses sans avoir d’abord subi une humiliation majeure. C’est pourquoi les États-Unis et le Royaume-Uni sont incapables de voir que le bombardement du Yémen se retournera contre eux
plutôt que de leur permettre d’atteindre leurs objectifs.
Après tout, les
États-Unis devraient avoir appris – de leurs diverses guerres au Moyen-Orient, des guerres d’Israël et de la guerre d’Ukraine – qu’il y a des limites à ce que la technologie et l’aviation
peuvent accomplir. Mais les dirigeants américains et leurs partisans britanniques ne semblent pas s’en rendre compte. Étrangement, leur orgueil démesuré n’a fait que croître depuis les échecs
en Irak et en Afghanistan.
L’alliance entre l’anglosphère et les musulmans sunnites existe depuis le milieu du XIXe siècle, lorsque la Grande-Bretagne s’est associée pour la première fois
à l’Empire ottoman contre l’influence française et russe. Après la Première Guerre mondiale, cette alliance est passée d’ottomano-britannique à saoudo-britannique, puis à saoudo-américaine.
Ce partenariat a permis la défaite de l’Union soviétique en Afghanistan, contribuant ainsi à la victoire de la guerre froide. Il a également empêché le monde arabe de se révolter contre son
humiliation par Israël, en garantissant que les ressources arabes seraient contrôlées par des “modérés“, c’est-à-dire des États non engagés dans le conflit
israélo-islamique en Palestine.
Les Britanniques ont tracé les frontières du Moyen-Orient, du Golfe à l’Irak, en passant par la Jordanie et la Palestine. Les Britanniques et les Juifs ont
imposé l’État d’Israël aux Arabes. Cela a conduit à une série de guerres – 1948, 1956, 1967 et 1973 ; les guerres du Liban de 1982, 1993, 1996 et 2006 ; et les incessantes attaques contre
Gaza.
Les guerres de 1948 à 1982 se sont soldées par des victoires militaires israéliennes décisives. Cela a discrédité les monarchies arabes traditionnelles et
douces, telles que celles d’Égypte, de Libye et d’Irak, et a conduit à leur remplacement par des hommes forts laïques. Finalement, après l’invasion éclair du Liban par Israël en 1982, qui a
réussi à expulser l’Organisation de libération de la Palestine, les gouvernements et mouvements laïques arabes ont également été discrédités. Seules les monarchies du Golfe alignées sur les
États-Unis ont prospéré.
Les guerres menées par les chiites au Liban et leurs alliés sunnites à Gaza, d’autre part – les guerres menées à partir de 1982 – furent des guerres dans
lesquelles Israël n’a pas atteint ses objectifs. Ces guerres impliquaient des mouvements, et non des États, qui avaient une stratégie différente. Plutôt que de promettre des victoires, ils
cherchaient à imposer un coût élevé à Israël tout en travaillant à la construction progressive de capacités plus importantes et d’une société croyante et religieusement engagée, convaincus
que c’était la clé de la victoire.
Le succès de cette stratégie est particulièrement évident au Liban. Le retrait forcé d’Israël du Liban en 2000 a été historique. Israël a abandonné des terres
qu’il aurait autrement colonisées, et ce sans aucune garantie de sécurité. Le retrait d’Israël a permis au Hezbollah de se développer davantage. Aujourd’hui, le Hezbollah participe à la
confrontation avec les États-Unis au Yémen, en Irak et en Syrie. Le réveil spirituel du Hezbollah parmi les chiites libanais a eu des effets matériels évidents, comme le montre la capacité du
Hezbollah à dissuader Israël, bien que ce dernier ait lancé des frappes contre lui depuis trois mois.
Après avoir repris les responsabilités impériales de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, et plus particulièrement au cours des deux dernières décennies,
l’Amérique a renoncé à l’humilité pour adopter un orgueil démesuré. Passons en revue quelques-unes des ambitions récentes de l’Amérique.
Tout d’abord, il y a eu le plan de démocratisation du Moyen-Orient après le 11 septembre. Avant George W. Bush, les décideurs américains avaient compris que
leurs alliés sunnites devaient être autoritaires pour maintenir la paix avec Israël contre la volonté de leur peuple. Le président égyptien Anouar el-Sadate n’a-t-il pas été tué pour avoir
fait la paix ? En promouvant la démocratie, Bush a montré que les Américains étaient prêts à saper la stabilité de leurs alliés dans le seul but de valider leurs croyances insipides et
erronées.
Les États-Unis ont ensuite soutenu le mouvement de protestation de 2011 mené par les Frères musulmans, s’attirant ainsi l’inimitié des armées et des monarchies
qui étaient des alliés traditionnels des États-Unis. L’Amérique les a ignorés, persuadée que la démocratie rendrait tout le monde ami, une croyance partagée à la fois par le prétendu simplet
Bush et le prétendu génie Barack Obama.
Ensuite, espérant apparemment passer d’une alliance avec les sunnites à une alliance avec les chiites plus radicaux dirigés par l’Iran, les États-Unis sous
Obama ont conclu un accord nucléaire avec l’Iran, contrariant ainsi l’Arabie saoudite.
Pour apaiser les Saoudiens, les États-Unis les ont soutenus au Yémen, mais pas suffisamment pour obtenir une victoire saoudienne. Et pour montrer à quel point
leur stratégie iranienne était intelligente, les États-Unis ont soutenu les djihadistes en Syrie, mais pas suffisamment pour renverser Bachar el-Assad, et ont été à la fois incapables sous
Obama et réticents sous Trump d’accorder à l’Iran l’allègement des sanctions convenu. Ayant acquis une réputation de manque de fiabilité et d’incompétence, les États-Unis ont cimenté
l’hostilité des Saoudiens et des Iraniens, qui se sont réconciliés sous les auspices de la Chine.
Pour les anciens alliés du Moyen-Orient, le signe le plus révélateur a été l’acharnement de l’establishment américain contre le président Donald Trump, qui
avait tenté de rétablir les anciennes alliances sunnites qui avaient si bien servi l’Amérique et la Grande-Bretagne. Les médias, les Démocrates et une bonne partie des Républicains ont accusé
Trump de s’acoquiner avec des dictateurs et ont fièrement proclamé qu’ils ne seraient jamais vus aux côtés de tels types. Puis le président Biden s’est humblement rendu en Arabie saoudite pour demander une augmentation de la production de pétrole, avant de se faire rabrouer.
La faiblesse et l’incohérence américaines ont été mises en évidence, non pas sur des questions mineures comme les droits de l’homme, mais dans la pratique même
du pouvoir.
Aujourd’hui, l’Iran et ses alliés sont engagés dans une guerre d’envergure visant à repousser l’influence américaine hors de la région et à priver les Arabes sunnites et les Juifs de leur protecteur historique. Tel était, en
résumé, l’objectif de l’attaque du 7 octobre et de l’agression qui a suivi. Tout l’édifice du pouvoir britannique et américain au Moyen-Orient, depuis les frontières jusqu’à l’existence de
l’État d’Israël, en passant par la direction des familles, est aujourd’hui menacé et pourrait s’effondrer dans les 10 à 20 prochaines années.
L’engagement d’Israël à procéder à un nettoyage ethnique des Palestiniens empêche les sunnites et les juifs de s’unir. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni
choisissent de bombarder le Yémen – le pays le plus pauvre du Moyen-Orient – plutôt que d’imposer un cessez-le-feu à Israël, les relations avec les alliés régionaux sont appelées à se
détériorer davantage.
Les alliés des États-Unis seraient peut-être indulgents si les Américains pouvaient gagner au Yémen, mais ce n’est pas le cas. Les bombes américaines tombent
sur Ansar Allah, également connu sous le nom de mouvement Houthi, depuis 2004.
Les États-Unis envoient des renforts en Irak et en Syrie, pensant qu’ils feront la différence. Il n’en est rien. La tolérance des Iraniens à l’égard des pertes
parmi les milices irakiennes est bien plus élevée que la tolérance des Américains à l’égard des pertes parmi les soldats américains. Cette guerre, comme le Viêt Nam, l’Algérie, l’Afghanistan
et la guerre d’Irak de 2003 à 2011, sera perdue politiquement, quelle que soit la taille des bombes que l’Amérique peut larguer, et même si l’Amérique, dans un nouvel accès d’orgueil
démesuré, décide d’attaquer l’Iran.
La campagne de bombardements au Yémen humiliera l’anglosphère. Les Yéménites continueront d’attaquer les navires internationaux, quelles que soient les mesures
prises par les forces aériennes américaines et britanniques, ce qui soulève la question de l’utilité de dépenser des milliards pour des porte-avions s’ils sont incapables d’atteindre des
objectifs politiques contre un pays appauvri comme le Yémen.
Plus les États-Unis et le Royaume-Uni bombardent le Yémen et plus les Houthis attaquent les navires, plus la preuve est faite que l’anglosphère n’est pas en
mesure de défendre ses principaux intérêts de sécurité nationale au Moyen-Orient : sécuriser les flux énergétiques et protéger la liberté de navigation.
“L’empereur est nu”
a été discrètement murmuré après les attaques iraniennes contre le transport maritime en 2018, et les attaques contre Saudi Aramco en septembre 2019. La présence du président Trump a empêché
le monde d’évaluer ce que ces attaques signifiaient. Mais l’homme le plus intelligent du Moyen-Orient, le président des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed, a ensuite envoyé une délégation
en Iran pour discuter de la “sécurité maritime.”
Il a vu clair dans les garanties de sécurité américaines.
Bientôt, si la guerre Israël-Gaza n’est pas terminée, le Yémen fera comprendre à tout le monde que l’Amérique n’est pas un garant de sécurité fiable pour ses
propres intérêts, et encore moins pour ceux des autres. Cela sera d’autant plus vrai lorsque la guerre de Gaza se terminera et que le Hamas sera toujours au pouvoir.
L’expression “l’empereur est nu” se transformera alors en un rugissement
assourdissant.
Firas
Modad
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Pourquoi Medvedev est libre de la jouer «Born to Be Wild»
Washington s’emploie activement à
diviser l’UE en faveur d’un axe Vilnius-Varsovie-Kiev radicalement russophobe.
«Yeah, darlin’
gonna make it happen
Take the world in a love embrace
Fire all of your guns at once
And explode into space» (Steppenwolf, «Born to be
Wild», 1967)
Le monde doit être reconnaissant au vice-président du Conseil de sécurité russe, Dimitri Medvedev. Paraphrasant cette série
de publicités emblématiques de l’époque de la guerre froide sur une bière qui rafraîchit les parties que les autres bières ne peuvent atteindre, Medvedev rafraîchit ces
parties – sensibles – que le Kremlin et le ministère des affaires étrangères, pour des raisons diplomatiques, ne peuvent pas atteindre.
Alors que d’étonnants glissements tectoniques continuent de bouleverser la géopolitique et la géoéconomie, et que l’ange de l’histoire regarde vers
l’est tandis que les États-Unis, corrodés de l’intérieur, s’accrochent désespérément aux miettes de leur domination
à spectre complet qui s’amenuise, Medvedev ne cache pas à quel point il aime «la fumée et l’éclairage», sans parler du «tonnerre de heavy metal».
La première pièce à conviction est quelque chose d’historique. Elle mérite d’être citée dans son intégralité :
«Les politiciens occidentaux qui ont chié dans leur pantalon et leurs généraux médiocres de l’OTAN ont une fois de plus décidé de nous faire peur.
Ils ont lancé les plus grands exercices militaires depuis la guerre froide.
Ces exercices impliquent 90 000 soldats de 31 pays de l’Alliance et du «quasi bloc» suédois, environ 50 navires de guerre, 80 avions, 1100 véhicules
de combat terrestres, dont 133 chars d’assaut.
Certaines étapes devraient se dérouler dans les pays les plus ouvertement russophobes et les plus dégoûtants pour nous, tels que la Pologne, la
Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, c’est-à-dire à proximité immédiate des frontières de la Russie.
Les responsables de l’OTAN n’ont pas osé dire directement contre qui ces exercices étaient destinés et se sont limités à un bavardage creux sur la
«mise en pratique des plans de défense et la dissuasion d’une agression potentielle de la part des adversaires les plus proches».
Mais il est évident que cette convulsion des muscles mous de l’Occident est un avertissement pour notre pays. C’est comme s’ils disaient : Ne
devrions-nous pas menacer la Russie comme il se doit et montrer au hérisson russe un gros cul européen transgenre ?
En fin de compte, ce n’est pas effrayant, mais très significatif.
Après tout, si l’Alliance elle-même a décidé de mener des exercices de ce niveau, cela signifie qu’elle a vraiment peur de quelque chose.
Et plus encore, ils ne croient pas seulement à la victoire, mais à tout succès militaire du régime néo-nazi pourri de Kiev. De plus, bien sûr, ils
élaborent l’agenda anti-russe à des fins de politique intérieure, en consolidant leur électorat mécontent.
Dans l’ensemble, il s’agit d’un jeu avec le feu très dangereux.
Des forces importantes ont été rassemblées. Des exercices de cette ampleur n’ont pas été menés depuis le siècle dernier. Il s’agit donc d’une
vieille histoire bien oubliée.
Nous n’allons attaquer aucun pays de ce bloc. Toutes les personnes raisonnables en Occident le comprennent. Mais s’ils se montrent trop agressifs et
empiètent sur l’intégrité de notre pays, ils recevront immédiatement une réponse adéquate.
Cela ne signifiera qu’une chose : Une grande guerre, dont l’OTAN ne se détournera plus.
La même chose se produira si un pays de l’OTAN commence à mettre ses aérodromes à la disposition des partisans de Bandera ou à loger ses troupes
avec des néo-nazis. Ils deviendront certainement une cible légitime pour nos forces armées et seront détruits sans pitié en tant qu’ennemis.
Tous ceux qui portent des casques avec des symboles de l’OTAN et qui aujourd’hui font claquer leurs armes non loin de nos frontières devraient s’en
souvenir».
Défaite humiliante ou Totalen
Krieg
Le tonnerre de heavy metal de Medvedev est complété par une superbe
analyse de Rostislav Ishchenko, que j’ai eu le plaisir de rencontrer à Moscou il y a quelques années.
Voici deux éléments clés à retenir :
1. «Aujourd’hui,
l’état de préparation des armées des membres européens de l’OTAN à une véritable guerre est inférieur à celui de l’armée russe à l’époque la plus difficile des années 90».
2. Ishchenko dessine clairement le choix de l’Occident, «entre la
reconnaissance d’une défaite honteuse, avec une défaite sur le champ de bataille des unités de l’OTAN proprement dites, et le début avec la Russie d’une véritable guerre, que les
armées européennes ne peuvent pas mener, et pour laquelle les Américains n’ont pas de force, car ils vont s’engager en Chine».
Conclusion inévitable : Toute l’architecture américaine d’«endiguement de la Russie» est en train de «s’effondrer».
Ishchenko note à juste titre que «l’Occident n’est
pas en mesure de mener une guerre par procuration contre la Russie au-delà de 2024» (le ministre de la Défense, Choïgou, a déjà déclaré l’année dernière que l’opération militaire
spéciale prendrait fin en 2025).
Ishchenko ajoute : «Même s’ils
parviennent à tenir non seulement jusqu’à l’automne, mais jusqu’en décembre 2024 (ce qui est très douteux), la fin de l’Ukraine est encore proche, et pour les remplacer, l’Occident
n’a pas été en mesure de préparer encore un autre qui voulait mourir pour les États-Unis dans une guerre par procuration contre la Russie».
Eh bien, ils essaient. Avec acharnement. Par exemple, en enrégimentant une bande de hyènes pour l’escroquerie
des Trois Mers. Et en donnant à Boudanov, le chouchou de la CIA à Kiev, les coudées franches pour organiser des attaques terroristes en série à l’intérieur de la Fédération de
Russie.
Pendant ce temps, un mémo confidentiel conçu à la London School of Economics suggère une coopération étroite entre le gouvernement allemand, l’USAID et
la Fondation Friedrich Ebert pour construire une sorte de «nouveau Singapour à Kiev» : C’est-à-dire une «reconstruction» permettant à l’entreprise allemande de tirer profit d’un trou
perdu où les salaires sont bas.
Personne ne sait quel type de «Kiev» survivra, ni sous quelle forme. Il n’y aura donc pas de «Singapour» remixé.
Il n’y aura pas de
compromis
L’analyste allemand Patrik Baab a présenté une analyse
méticuleuse des faits essentiels qui sous-tendent la déclaration de Medvedev.
Bien sûr, il doit citer Stoltenberg de l’OTAN, qui a déjà confirmé de manière elliptique, officiellement, qu’il ne s’agit pas d’une guerre d’agression
«non provoquée» – l’OTAN l’a en fait provoquée ; de plus, il s’agit d’une guerre par procuration, qui porte essentiellement sur l’expansion de l’OTAN vers l’est.
Baab reconnaît également à juste titre qu’après les négociations de paix à Istanbul en mars/avril 2022, implosées par les États-Unis et le Royaume-Uni,
la confiance dans le Kremlin – et dans le ministère des Affaires étrangères – des politiciens de l’Occident collectif est nulle.
Baab fait également référence à l’une des sources de l’État profond de Sy Hersh :
«La guerre est
terminée. La Russie a gagné».
Toutefois, le point essentiel – qui n’échappe pas à l’attention de Medvedev – est qu’«aucune concession
n’est à attendre de Washington. La confrontation militaire se poursuit. La guerre est devenue une bataille d’usure». Ce point est lié au fait que Medvedev a déjà explicitement
déclaré qu’Odessa, Dnipropetrovsk, Kharkov, Mykolaev et Kiev sont des «villes
russes».
Par conséquent, «un compromis est
de facto exclu».
Le Conseil de sécurité de la Russie a bien compris que le concept
stratégique adopté par l’OTAN lors du sommet de Madrid en 2022 militarise totalement l’Europe. Baab : «Il propose une
guerre multi-domaine contre un concurrent doté de l’arme nucléaire. En d’autres termes, une guerre nucléaire. Il affirme que l’élargissement de l’OTAN a été un succès
historique».
C’est la rhétorique que Stoltenberg répète sans cesse, tout droit sortie du groupe de réflexion de l’OTAN, le Conseil de l’Atlantique.
En tâtant le pouls de Moscou, dans une série d’échanges approfondis, il apparaît clairement que le Kremlin est préparé à une méchante guerre d’usure qui
pourrait durer des années – au-delà des actuelles «Raging
Twenties» (années folles). Pour l’heure, la chanson reste la même en Ukraine : Un croisement entre la technique de l’escargot et l’inéluctable hachoir à
viande.
La finalité, comme le comprend clairement Baab, est que «Poutine cherche à
conclure un accord
de sécurité fondamental avec l’Occident». Même si nous savons tous que cela n’arrivera pas avec les néocons Straussiens qui dictent les politiques à Beltway,
les faits sur le terrain – géoéconomique – sont indubitables : La Russie, sanctionnée à mort, a déjà dépassé l’Allemagne et le Royaume-Uni et est désormais l’économie la plus forte
d’Europe.
Il est rafraîchissant de voir un analyste allemand citer l’historien
Emmanuel Todd («La troisième
guerre mondiale a déjà commencé») et l’analyste militaire suisse Jacques
Baud, qui a expliqué qu’il existait «une philosophie
de guerre sophistiquée en Russie depuis l’époque soviétique», incluant des considérations économiques et politiques.
Baab se réfère également à l’inimitable Sergei Karaganov, pilier du Conseil scientifique du Conseil de sécurité, dans une interview accordée à
Rossiyskaya Gazeta : «La Russie a
achevé son voyage européen… Les élites européennes, et surtout allemandes, sont dans un état d’échec historique. Le fondement de leur domination depuis 500 ans – la supériorité
militaire sur laquelle la domination économique, politique et culturelle de l’Occident a été construite – leur a été enlevé (…) L’Union européenne se dirige (…) lentement mais
sûrement vers la désintégration. C’est pourquoi les élites européennes ont fait preuve d’une attitude hostile à l’égard de la Russie depuis une quinzaine d’années. Elles ont
besoin d’un ennemi extérieur».
En cas de doute, lisez
Shelley
Il est désormais clair comme de l’eau de roche que Washington divise activement l’UE en faveur d’un axe Vilnius-Varsovie-Kiev radicalement
russophobe.
Pendant ce temps, le «pas de compromis» en Ukraine est profondément déterminé par la géoéconomie : L’UE a désespérément besoin d’accéder au lithium
ukrainien pour l’escroquerie de la «décarbonisation», aux vastes richesses minérales, au riche sol de terre noire (aujourd’hui principalement propriété de BackRock, Monsanto et cie),
aux routes maritimes (en supposant qu’Odessa ne revienne pas à son statut de «ville russe») et, surtout, à la main-d’œuvre ultra bon marché.
Quoi qu’il en soit, le diagnostic de Baab pour l’UE et l’Allemagne est sombre : «L’Union
européenne a perdu sa fonction centrale» et «historiquement,
elle a échoué en tant que projet de paix». Après tout, c’est l’axe Washington-Vilnius-Varsovie-Kiev qui «donne le ton».
Et ce n’est pas tout : «Nous sommes en
train de devenir non seulement l’arrière-cour des États-Unis, mais aussi l’arrière-cour de la Russie. Les flux d’énergie et le trafic de conteneurs, les centres économiques se
déplacent vers l’est, se formant le long de l’axe Budapest-Moscou-Astana-Pékin».
Alors que nous croisons Medvedev, Ishchenko et Baab, la conclusion inévitable est que la guerre par procuration contre le pays 404 se poursuivra encore
et encore – à de multiples niveaux. Des négociations de «paix» sont absolument hors de question – certainement pas avant les élections de novembre aux
États-Unis.
Ishchenko comprend qu’«il s’agit d’une
catastrophe civilisationnelle» – peut-être pas «la première
depuis la chute de l’Empire romain» : Après tout, plusieurs civilisations se sont effondrées en Eurasie depuis le IVe siècle. Ce qui est clair, c’est que l’Occident collectif tel
que nous le connaissons est en train de flirter avec un aller simple pour la poubelle de l’Histoire.
Cela nous amène au génie de Shelley, résumé dans l’un des sonnets les plus dévastateurs de l’histoire de la littérature, Ozymandias, publié en 1818
:
«J’ai rencontré un
voyageur venu d’un pays antique,
Qui a dit : «Deux vastes jambes de pierre sans troncs d’arbre
Se dressent dans le désert. … Près d’eux, sur le sable,
À moitié enfoncé, un visage brisé gît, dont le froncement de sourcils,
Et la lèvre ridée, et le rictus de commandement froid,
Disent que son sculpteur a bien lu ces passions
Qui survivent encore, marquées sur ces choses sans vie,
La main qui s’est moquée d’eux, et le cœur qui les a nourris ;
Et sur le piédestal, ces mots apparaissent :
Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois ;
Regardez mes œuvres, Puissants, et désespérez !
Il ne reste rien d’autre. Autour de la décomposition
De cette épave colossale, sans limites et sans vie
Les sables solitaires et plats s’étendent au loin.»
Alors que nous continuons à chercher la lumière dans les ténèbres de la folie – avec un génocide en cours 24 heures sur 24 – nous pouvons visualiser le
piédestal se dressant au milieu d’un vaste désert, peint par Shelley avec deux allitérations sublimes, «boundless and bare» (sans limites et nu) et «lone and level» (solitaire et
plat).
Il s’agit d’un vaste espace vide reflétant un vide politique noir : La seule chose qui compte est l’obsession aveugle pour le pouvoir total, le «rictus
du commandement froid» affirmant la perpétuité d’un «ordre international fondé sur des règles» flou.
Oh oui, c’est un sonnet de tonnerre heavy metal qui survit aux Empires – y compris à l’«épave colossale» qui disparaît sous nos yeux.
Une politique catastrophique peut être imputée à un manque de conscience de soi, ou à la croyance que le monde voit l’Occident comme l’Occident se
voit lui-même. Un article d’Asia Times, les milieux d’affaire de Hong Kong qui décrit d’une manière assez impitoyable l’impuissance de l’occident qui n’arrive pas à renoncer à des
mœurs dépassées par la réalité et qui se ment à soi-même autant qu’aux autres, leur principale arme «le dollar» est en train de devenir leur talon d’Achille et leur armée n’est pas
loin d’être aussi peu convaincante, il ne s’agit pas comme ils le voudraient de recommencer la guerre froide et les coalitions, les idéologies qui vont avec, il s’agit de les empêcher
de nuire en partant de la réalité.
Danielle
Bleitrach
*
On parle de guerre de plus en plus fort en Occident. Le ministre allemand de la Défense a proclamé ce mois-ci que l’Allemagne devait reconstruire son
armée, comme l’a fait son collègue britannique. Au début de la guerre en Ukraine il y a deux ans, les médias occidentaux ont dépeint l’armée russe comme désespérément inefficace,
dépassée et corrompue. Pourtant, ces dernières semaines, la Russie est devenue un danger imminent qui nécessite le réarmement de l’Europe.
De l’autre côté du monde, nous assistons à une transformation similaire. En 1972, l’Occident a adhéré à la politique d’une seule Chine. L’année
dernière, de hauts responsables du gouvernement occidental ont effectué des visites largement médiatisées à Taïwan pour soutenir les «forces pro-démocratie».
Plus tôt, en 2020, le Congrès américain a adopté la loi sur l’autonomie de Hong Kong qui imposait des sanctions aux responsables et aux entités de Hong
Kong et de Chine continentale qui violaient «l’autonomie de Hong Kong».
L’Occident, bien sûr, a une histoire de 500 ans d’implication avec des pays éloignés de ses frontières. Bien qu’il n’ait plus de contrôle physique sur
le monde, il a toujours le contrôle financier grâce au système du dollar américain et à SWIFT, la chambre de compensation mondiale pour les transactions financières
internationales.
Le dollar reste la lingua franca internationale. Cela explique pourquoi tout, du pétrole à l’or en passant par le bitcoin, est évalué en dollars.
L’Occident essaie maintenant de trouver des moyens légaux de confisquer les 300 milliards de dollars de la Russie qui sont enfermés dans le système du
dollar. Cela nuira de façon permanente à la réputation de l’Occident en tant que gardien neutre du système financier, et pourrait accélérer un processus de dédollarisation déjà en
cours, mais l’élite politique et financière occidentale a montré qu’elle était prête à parier sur la soumission de la Russie.
Diaboliser la Russie
Faire de la Russie un ennemi a été un cas remarquable de reprogrammation de l’opinion publique occidentale.
À partir des années 1990, la Russie et l’Occident ont investi des milliards dans l’exploration pétrolière russe et dans des oléoducs pour transporter du
gaz et du pétrole vers une douzaine de pays européens. L’énergie russe à bas prix aurait ajouté un billion de dollars au PIB allemand.
L’intégration économique de l’Europe et de la Russie était un cas d’école d’une situation gagnant-gagnant – à l’exception des atlantistes et des
gardiens du système du dollar à Wall Street.
Par conséquent, l’expansion de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, déguisée en diffusion de la liberté et de la démocratie, est la version
moderne du fardeau de l’homme blanc à l’époque coloniale.
Les Russes ont tracé une ligne rouge à l’Ukraine. Ils connaissent leur histoire. Ils ont perdu 20 millions de personnes pendant la Seconde Guerre
mondiale parce qu’Adolf Hitler avait besoin de pétrole russe après que l’Angleterre ait imposé un blocus pétrolier à l’Allemagne. C’est une vieille ruse impérialiste : créer une
provocation et proclamer son indignation si cela provoque une réaction. L’OTAN s’est élargie et la Russie a réagi.
Lorsque l’Ukraine n’a pas réussi à contenir l’armée russe après l’échec de son offensive de l’été 2023, l’Occident a rebaptisé la Russie en tant
qu’agresseur qui représente un danger pour l’Europe. La Russie est passée d’un pays de troisième ordre (selon les mots d’un sénateur américain défunt, «une station-service déguisée en
pays») à un danger existentiel.
Peu importe que la Russie ait une population qui représente un quart de l’Europe et un PIB de la taille de l’Espagne ; sans parler de plus de
Lebensraum que n’importe quel autre pays du monde. La densité de population de la Russie est de 8,46 habitants par kilomètre carré ; en Allemagne et dans une grande
partie de l’Europe centrale, il est de plus de 230 habitants par kilomètre carré.
L’Allemagne a oublié les leçons du
XXe siècle. Il prévoit désormais d’augmenter ses dépenses militaires annuelles et a alloué un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour moderniser l’armée allemande. Peu importe que
le taux
de pauvreté en Allemagne approche les 20% et que près de 10 millions d’Allemands soient trop
pauvres pour manger des repas complets, même tous les deux jours.
Le théâtre de l’absurde a atteint son paroxysme lorsque la ministre allemande des Affaires étrangères, la «verte», Annalena Baerbock, a proclamé :
«Je
fais la promesse au peuple ukrainien, nous sommes à vos côtés, tant que vous aurez besoin de nous, alors je veux tenir mes promesses. Peu importe ce que pensent mes électeurs
allemands, je veux livrer la marchandise au peuple ukrainien».
À l’instar de l’Allemagne, le Royaume-Uni envisage également de se réarmer. Le mois dernier, le général britannique Sir Patrick Sanders a fait valoir
que le danger posé par la Russie exigeait que l’Europe se mette sur le pied de guerre. Peu importe que le Royaume-Uni ait connu une surmortalité de 5000 personnes l’hiver dernier, en
partie à cause du coût élevé de l’énergie, et que 4,2 millions d’enfants et 2,1 retraités vivent dans la pauvreté.
Tournant
Lorsqu’il est devenu clair que la Chine et l’Inde refusaient de jouer le jeu du régime de sanctions occidentales contre la Russie, les pays du Sud ont
senti que la carte géopolitique avait changé. Une vingtaine de pays, pour la plupart d’anciennes colonies européennes, ont demandé l’adhésion aux BRICS. Lorsque l’armée nigérienne a
destitué son président francophile, des manifestants ont encerclé le parlement nigérien et l’ambassade de France en brandissant des banderoles pro-Poutine.
La France a menacé d’intervenir, mais lorsque les voisins du Niger, le Burkina Faso et le Mali, ont déclaré que l’intervention occidentale au Niger
serait considérée comme une déclaration de guerre contre eux aussi, les Français ont su que le vieux jeu impérial était terminé. L’héritage de la France de 100 ans de domination
(néo)coloniale sur le Niger : 30% de l’électricité française est alimentée par de l’uranium nigérian, tandis que 85% de la population nigérienne n’a pas accès à l’électricité.
*
Il est tentant de blâmer la politique catastrophique de l’Occident sur un manque de conscience de soi, ou la croyance que le monde voit l’Occident de la
même manière que l’Occident se voit lui-même. Une théorie plus sombre qui circule sur les réseaux sociaux est que l’Occident fomente un conflit avec la Russie et la Chine pour masquer
l’état fragile du système financier dominé par le dollar.
Si le système du dollar devait s’effondrer sous le poids de sa dette massive (300 000 milliards de dollars et plus), la Russie et la Chine seraient des
boucs émissaires parfaits pour détourner l’attention de décennies de politique financière et monétaire irresponsable, qui a provoqué une inégalité des richesses jamais vue depuis le
XIXe siècle. Les enfants américains héritent d’une dette de 78 000 dollars à la naissance, ce qui représente leur part de l’énorme dette nationale américaine de 34 000 milliards de
dollars.
Carte du monde
basée sur la taille de la population plutôt que sur la zone géographique. Image :
OurWorldData.org.
En l’absence d’un retour en arrière, l’Alliance atlantique n’a aucun scrupule à jeter des millions de personnes dans la pauvreté, à encourager les
Ukrainiens à se battre jusqu’au dernier Ukrainien dans une bataille qu’ils ne peuvent pas gagner, et à mener une guerre économique contre la Chine pour maintenir un monde unipolaire,
même si cela signifie combattre la majorité mondiale. L’esprit de la démocratie s’arrête au bord de la rive habituelle.
Mais il y a une lueur d’espoir
L’élite politique et économique occidentale est peut-être moralement en faillite et tente de préserver son hégémonie à un coût énorme, mais elle n’est
pas suicidaire. L’histoire montre que son bras d’application de l’OTAN n’entre jamais dans une confrontation militaire directe avec des pays qui peuvent se défendre, en particulier
les pays qui possèdent des armes nucléaires.
Il existe un vieux proverbe qui dit qu’un malheur n’arrive jamais
seul. S’ajoutant aux informations selon lesquelles des soldats américains seraient tombés comme des quilles lors d’une frappe de drone contre la station ultra-secrète de la CIA chargée du
renseignement et des opérations secrètes à la frontière syro-jordanienne, « nyet » est le mot que Pékin adresse aux instances de
l’administration Biden pour sa demande de faire passer le message à Téhéran de maîtriser les Houthis du Yémen, dans le contexte inquiétant de l’Axe de la Résistance qui étend ses opérations
contre les intérêts américains et israéliens.
Le président Biden a
chargé son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, de gérer cette mission très délicate avec Pékin, à la place du plus haut diplomate américain, Antony Blinken. Sullivan est
particulièrement bien placé pour alterner les rôles entre la politique intérieure et la politique étrangère des États-Unis. C’est un homme de confiance du président et est activement impliqué
dans la campagne de réélection de Biden.
Sullivan a passé la nuit en Thaïlande vendredi/samedi pour lancer son offensive de charme auprès du ministre des Affaires étrangères Wang Yi. Mais il est
reparti sans aucun signe indiquant que la Chine serait prête à user de son influence auprès de Téhéran.
Plus tard, une conférence de presse télévisuelle, faite par un haut responsable du NSC, a été organisée à la hâte par la Maison Blanche pour couvrir les arrières de Sullivan. Cela m’a
fait comprendre que la lecture des feuilles de thé chinoises est un art en soi. Comme l’a dit le responsable du NSC, « Pékin dit qu’ils aborderont ce sujet avec les Iraniens… mais nous
allons certainement attendre avant de commenter davantage sur l’efficacité avec laquelle nous pensons qu’ils mèneront cette affaire ».
Sullivan semble s’être heurté à un mur de briques. C’est curieux, car l’administration Biden aurait dû tirer les leçons de son expérience antérieure avec Pékin
lorsqu’elle a essayé d’inciter la Chine à convaincre son proche allié, la Corée du Nord, de réduire son programme d’armes nucléaires ou de revenir sur son amitié « sans limites » avec la Russie à propos de
l’Ukraine.
En fait, l’armée sud-coréenne a déclaré dimanche que la Corée du Nord avait tiré plusieurs missiles de croisière, prolongeant ainsi une série d’essais d’armes
qui aggravent les tensions avec les États-Unis et reflètent les efforts de Pyongyang pour étendre son arsenal d’armes conçues pour submerger des cibles américaines éloignées dans le
Pacifique, notamment Guam !
De toute évidence, l’administration Biden n’a pas compris que Pékin ne se sentait pas obligée d’utiliser son influence sur Pyongyang pour servir les intérêts
américains. Il est tout à fait naïf de s’attendre à ce que Pékin se laisse prendre à un engagement sélectif sur des questions visant à donner au président la possibilité de donner le meilleur
de lui-même lors des prochaines élections de novembre.
Qu’obtient la Chine en retour ? La question ne vient pas à l’esprit de l’administration Biden. L’hypothèse à Washington est que la Chine est en trip égotique et
implore un engagement sélectif avec la première puissance militaire et économique de la planète. Au contraire, la Chine a elle aussi des exigences légitimes à formuler – comme, par exemple,
que les États-Unis n’incitent pas subrepticement Taïwan à s’engager sur la voie de l’indépendance, ou qu’ils accordent à la Chine des conditions de concurrence équitables pour établir de
nouvelles normes technologiques au niveau mondial.
Il est intéressant de noter que, comparée à la lecture taciturne de la Maison Blanche sur la réunion Sullivan-Wang Yi en Thaïlande, le ministère chinois des Affaires étrangères a publié samedi une déclaration franche et complète pour remettre les pendules à l’heure et devancer les belles histoires de Biden. Les extraits pertinents de la déclaration chinoise
intitulée « Wang Yi a rencontré Sullivan,
l’assistant du président des États-Unis pour les affaires de sécurité nationale », sont reproduits ci-dessous :
(Traduction non officielle)
“Les deux parties ont mené des communications stratégiques franches, substantielles et fructueuses autour de la mise en œuvre du consensus de la réunion de
San Francisco entre les chefs d’État des deux pays et du traitement approprié des questions importantes et sensibles dans les relations sino-américaines.
Wang Yi a déclaré que cette année marquait le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis. Les deux
parties devraient profiter de cette occasion pour résumer leurs expériences et tirer des leçons, se traiter mutuellement sur un pied d’égalité plutôt qu’avec condescendance, rechercher un
terrain d’entente tout en préservant les différences plutôt qu’en les soulignant, en respectant efficacement les intérêts fondamentaux de chacun plutôt qu’en y nuisant, et en travaillant
ensemble au respect mutuel, à la coexistence pacifique et à la coopération gagnant-gagnant pour construire une manière correcte pour la Chine et les États-Unis de s’entendre.
Wang Yi a souligné que la question de Taïwan relève des affaires intérieures de la Chine et que les élections régionales de Taïwan ne peuvent pas changer le
fait fondamental que Taïwan fait partie de la Chine. Le plus grand risque pour la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan est « l’indépendance de Taïwan »,
et le plus grand défi pour les relations sino-américaines est également « l’indépendance de Taïwan ».
Les États-Unis doivent respecter le principe d’une seule Chine et les trois communiqués conjoints entre la Chine et les États-Unis, mettre en œuvre l’engagement de ne pas soutenir
« l’indépendance de
Taïwan » et soutenir la réunification pacifique de la Chine.
Wang Yi a souligné que tous les pays ont des préoccupations en matière de sécurité nationale, mais qu’elles doivent être justifiées et raisonnables. Ils ne
peuvent pas s’engager dans une pan-politisation et une pan-sécurité, encore moins freiner et réprimer le développement d’autres pays. Les deux parties ont convenu de discuter plus en
détail de la frontière entre la sécurité nationale et les activités économiques…
Les deux parties ont également discuté de questions internationales et régionales telles que le Moyen-Orient, l’Ukraine, la péninsule coréenne et la mer de
Chine méridionale.”
Le communiqué chinois ne fait même aucune mention spécifique des Houthis ou de Téhéran ! Au lieu de cela, il souligne la menace perçue de l’indépendance de
Taïwan comme « le plus grand défi pour les
relations sino-américaines ». En outre, il réitère les inquiétudes de Pékin quant au recours des États-Unis aux restrictions à l’exportation « pour contenir et supprimer le développement d’autres
pays » et déclare que les deux pays discuteront de « la frontière entre la sécurité nationale et les activités
économiques » lors de leurs prochaines réunions.
Qu’en dire ? En termes simples, la réticence de la Chine à utiliser son poids diplomatique et économique pour soutenir les mesures américaines visant à remédier
aux perturbations de la mer Rouge en maîtrisant l’Axe de la Résistance (ou à restreindre le comportement de la Corée du Nord) souligne les limites des efforts de sensibilisation diplomatique
ou de l’offensive de charme de l’administration Biden à pousser Pékin à s’engager sur des points chauds qui pourraient autrement devenir de vives controverses dans la politique électorale de
Biden jusqu’en novembre.
Soit dit en passant, le communiqué chinois reconnaît également qu’il existe des domaines dans lesquels Pékin est effectivement intéressé par un engagement avec
les États-Unis à ce moment de transformation – à savoir la mise en œuvre conjointe de ce qu’on appelle la « Vision de San Francisco », qui se traduit par :
Des contacts réguliers entre les deux présidents afin de « donner des orientations stratégiques aux relations
bilatérales » ;
La promotion des échanges bilatéraux ;
Faire bon usage des canaux de communication stratégiques actuels et d’une série de mécanismes de dialogue et de consultation dans divers domaines allant de
la diplomatie, des relations militaires, de l’économie, de la finance, du commerce, du changement climatique, etc. ;
Poursuivre la discussion sur les « principes directeurs » des relations
sino-américaines ;
La coopération en matière de contrôle des drogues ;
Un mécanisme de dialogue intergouvernemental sur l’intelligence artificielle ; et,
Les échanges culturels.
Comment se fait-il que les États-Unis et leurs alliés occidentaux se trompent tant ? En guise de réponse, le dernier mot revient au ministre russe des Affaires
étrangères Sergueï Lavrov, qui a déclaré à New York lors d’une brève visite au siège de l’ONU le week-end dernier :
Ils croient que depuis 500 ans ils gouvernent le monde comme ils l’entendent, vivant aux dépens des autres, et ils pensent que cela devrait continuer. Cette
logique ignore complètement la réalité objective, notamment le fait que la grande majorité des anciennes colonies ont accédé à l’indépendance, ont pris conscience de leurs intérêts
nationaux, veulent renforcer leur identité nationale, culturelle et religieuse et connaissent une croissance si rapide qu’elles ont lâché l’Ouest, laissé loin derrière – du moins pour les
membres des BRICS.
En fin de compte, Pékin ne se laissera pas tromper par les tentatives américaines visant à créer des perceptions erronées dans les relations de la Chine avec
l’Iran ou la Corée du Nord. La Chine n’a pas l’intention d’aider les États-Unis à tirer leurs marrons du feu au Moyen-Orient ou en Extrême-Orient. L’environnement international est plutôt
tendu et Pékin a placé sa boussole du bon côté de l’histoire.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Lavrov expose les conditions de paix de la Russie à la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU
J’ai oublié de mentionner deux points importants (désolé) :
1. Le point de Lavrov concernant les États-Unis enquêtant sur 1 milliard USD d’armement non comptabilisé est absolument vrai. Même The
Washington Post a dû en rendre compte. De plus, le fait que Lavrov souhaite aux inspecteurs américains du succès dans la recherche des armes montre à quel point les Russes sont
calmes concernant la guerre et leurs objectifs. Ils ne veulent pas que les armes se retrouvent sur le marché noir, ils préfèrent les avoir sur le champ de bataille où ils peuvent les
neutraliser eux-mêmes.
2. Le fait que Lavrov se soit rendu lui-même à l’ONU et mentionne les mercenaires français tués par la Russie montre à quel point ils prennent au sérieux cette
escalade et cela sert d’avertissement qu’ils traiteront le personnel militaire étranger de la même manière qu’ils traitent les armements étrangers, c’est-à-dire comme des cibles légitimes à
détruire. C’est un autre de ces moments de «ligne rouge» russe qu’ils rendent aussi évidents que possible.
Haïphong :Je
suis heureux de vous avoir ici car il y a beaucoup de nouveautés économiques. Mais votre spécialité est de souligner, et cette chaîne essaie de souligner, la relation entre
géopolitique et économie, comme Radhika [Desai] et Ben Norton, et d’autres grands journalistes ont tenté de le faire.
La défaite en
Ukraine
Parlons d’abord de l’Ukraine. Commençons par là. On parle de toutes sortes «d’impasses», entre guillemets, en ce qui concerne l’Ukraine.
Cependant, les réalités, notamment économiques et sur le champ de bataille, sont très différentes. Alors, Michael, je vais simplement vous laisser
parler de ce que vous aimeriez commenter concernant l’Ukraine, car la situation n’est pas aussi brûlante dans l’actualité, mais des changements massifs sont en train de se produire
dans ce conflit.
Hudson : Eh bien, ce
sont les États-Unis qui disent que la situation en Ukraine est dans l’impasse. Ce qu’ils veulent dire, c’est que les contre-offensives ukrainiennes ont été totalement
inefficaces. L’Ukraine a perdu la guerre.
Et il y a eu presque toutes les discussions que vous avez, par exemple, sur les interviews du juge Napolitano, et la presse européenne, la presse russe,
la presse chinoise, disent toutes : Eh bien, la guerre est finie. La Russie peut simplement continuer à prendre autant de terres qu’elle le souhaite, mais cela ne sert à rien que
la Russie essaie de prendre plus de terres maintenant parce que l’Ukraine, ou plutôt M. Zelensky jette tous les Ukrainiens qu’il peut
trouver, en particulier les Ukrainiens hongrois, les Ukrainiens russophones et les Ukrainiens roumains, dans la compétition pour aller se faire tuer.
Alors peut-être pouvons-nous convaincre la Russie de ne pas éponger, de ne pas verrouiller sa victoire. Pourquoi ne pas simplement dire que c’est une
impasse et laisser les choses telles qu’elles sont puisque vous gagnez si fortement, vous les Russes ?
Eh bien, évidemment, la Russie a déjà dit : Nous avons déjà fixé les conditions de notre paix. Bien entendu, nous pouvons négocier à tout moment. Nos
conditions sont simples, un abandon total. Nous allons nous débarrasser du nazisme. Nous allons faire en sorte que l’Ukraine ne rejoigne jamais l’OTAN. Et nous allons faire en sorte
que les régions russophones et la Crimée fassent partie de la Russie. Ainsi, chaque fois que vous souhaiterez négocier, c’est-à-dire dire oui à nos conditions, nous serons heureux de
le faire. Mais en attendant, nous allons simplement rester assis ici. Et si vous voulez envoyer toujours plus de troupes, ce n’est pas un problème.
Maintenant, les Américains pensent que si la Russie ne prend plus de terres, nous sommes à égalité. Mais ce n’est vraiment pas une égalité, car si vous
lisez les discours du président Poutine et du ministre des Affaires étrangères Lavrov, il dit : «L’Ukraine n’est
que la pointe de l’iceberg». Nous parlons d’une vue d’ensemble. Le tableau d’ensemble est, par exemple, que la Russie est devenue au 1er janvier le principal administrateur des
BRICS+.
Perdre la bataille économique
contre la Russie et la Chine
Et pendant ce temps, les États-Unis perdent la bataille partout dans le monde. C’est perdre la bataille économique contre la Russie et la
Chine. La Russie augmente sa production industrielle, non seulement militaire, mais aussi dans la production d’avions et d’automobiles. La Chine est en croissance, mais pas
les États-Unis. Et surtout, l’Europe s’enfonce dans une dépression provoquée par l’effondrement, ou devrais-je dire, la destruction de l’industrie allemande suite aux sanctions
contre la Russie. Et aussi les sanctions que les États-Unis insistent pour que l’Europe impose à la Chine.
Les États-Unis ont dit à l’Europe qu’on ne peut commercer qu’avec nous et nos alliés de l’OTAN.
Nous voulons que vous réduisiez vos échanges commerciaux avec la Chine à ce que le chef de l’UE, Borrell, a dit. Il a dit : «Eh bien, vous
savez, la Chine, nous importons beaucoup plus de votre pays que nous n’en exportons. Il faut que ce soit égal. Et la Chine a dit : Eh bien, il y a beaucoup de choses que
nous aimerions importer de vous, Européens, comme les machines de fabrication de puces pour la gravure aux ultraviolets qui sont fabriquées par les Pays-Bas. Et Borrell dit :
«Oh, nous ne pouvons pas, les États-Unis ne nous laisseront pas vous envoyer, vous vendre quoi que ce soit qui soit potentiellement utilisé dans l’armée. Et la Chine dit que tout
ce qui peut être utilisé économiquement peut être militaire parce que l’armée fait partie de l’économie».
Je suppose donc que nous sommes très heureux d’être d’accord avec vous et d’avoir un commerce équilibré entre la Chine et l’Europe. Nous allons
simplement réduire nos échanges avec vous à peut-être les 100 $ par an que vous devez échanger avec nous.
L’Europe
L’Europe s’isole volontairement, limitant ses échanges commerciaux et ses investissements avec les États-Unis et coupant ses échanges avec la Russie. Et
sans le gaz et le pétrole russes, l’industrie manufacturière, l’industrie chimique, l’industrie des engrais et l’agriculture allemandes, françaises et italiennes continueront de
décliner.
Ainsi, l’impasse dont parle l’Amérique signifie en réalité que nous réduisons le nombre de nos alliés en Europe. Nous perdons le tiers
monde. Et ce qui se passe en Ukraine, où l’on se bat jusqu’au dernier Ukrainien, ressemble maintenant à un combat similaire au Proche-Orient, où il semble y avoir une impasse
similaire, ce qui a réellement incité la majorité mondiale et le Sud global à penser que tout d’un coup, c’est quelque chose d’horrible. J’y reviendrai plus tard.
Mais ce qui est important, c’est que je pense que les Américains ont déjà compris qu’ils allaient perdre la guerre en Ukraine. Et le problème, si
vous lisez le New York
Times et le Washington
Post, et surtout le Financial
Times, est que si nous perdons la guerre en Ukraine, comment Biden remportera-t-il les élections de novembre ? Parce qu’il insiste, toute sa politique est que nous
pouvons détruire la Russie. Nos sanctions vont conduire à l’effondrement de l’industrie russe. Le peuple russe sera tellement bouleversé par la guerre qu’il va y
avoir un changement de régime. Ils renverseront Poutine et nous pourrons avoir un autre Boris Eltsine qui va vraiment détruire la Russie de la même manière que nos conseillers
néolibéraux ont pu la détruire dans les années 1990.
L’anti-américanisme
croissant
Eh bien, cela n’est pas arrivé. Alors que va-t-il se passer ? Eh bien, les responsables des relations publiques du Parti démocrate se sont réunis et ils
ont tous décidé : D’accord, ce que nous voulons dire aux gens, c’est que cela n’a pas vraiment d’importance en Ukraine. Cela n’a pas d’importance parce que nous n’avons pas besoin de
gagner en Ukraine parce que l’Amérique peut lutter [avec] une sorte de soft power. Et nous avons d’autres moyens de dominer le monde et de maintenir l’Amérique au premier rang, même
si nous désindustrialisons notre économie. Même si nous sommes le plus gros débiteur du monde, nous allons pouvoir dominer. Et la nouvelle campagne de relations publiques du Parti
démocrate relève de ce qu’on appelle le «soft power».
Joseph Nye
Dans le Financial
Times d’hier du 15 janvier, il y a eu une longue discussion. Ils avaient une page entière rédigée par un homme qui avait été conseiller du président Clinton, Joseph
Nye, conseiller du National Intelligence Council. Pour une page entière. Et c’est Nye qui a inventé le terme de soft
power. Il y a quelques décennies, alors qu’il discutait avec Paul Kennedy, qui affirmait que les Américains étaient en déclin. Et il a eu cette idée pour dire que les
États-Unis peuvent encore être en mesure d’exercer une influence, mais pas de type militaire, mais de type financier, pour un changement de régime.
Et ce qu’il a dit, il a donné cinq raisons pour lesquelles les États-Unis ne seraient pas nécessairement éclipsés par la Chine, la Russie ou tout autre
pays. Et il est hilarant de regarder les cinq raisons avancées hier par le Financial
Times pour expliquer qu’il n’y aura aucune menace pour les États-Unis.
• La première raison
qu’il a invoquée était la géographie et les voisins amicaux. Eh bien, au cours des derniers mois, surtout depuis les combats et les attaques israéliennes contre Gaza, l’opinion
publique américaine a perdu. Et même le secrétaire Blinken a déclaré que la lutte en Israël créait un antagonisme, non seulement contre Israël, mais que l’Amérique avait
perdu sa domination morale en soutenant le génocide et en s’opposant à toute critique d’Israël au sein des Nations unies. C’est donc une perte de soutien
étranger. Il existe un anti-américanisme croissant, non seulement en Asie, en Afrique et dans les pays du Sud, mais aussi en Europe.
• La deuxième raison
citée par Nye était l’approvisionnement en énergie domestique. L’Amérique contrôle le pétrole. Non seulement elle produit son propre pétrole, mais elle a simplement réussi à
empêcher le reste du monde d’importer du pétrole russe, et elle a pu faire exploser le Nord Stream. Et maintenant, cela pousse Israël à agir essentiellement comme une autre
Ukraine. Cela pousse Israël à inciter le Liban et l’Iran à une provocation, à une réponse militaire aux attaques israéliennes, ce qui permettra à Israël de faire ce que le leader
de la majorité au sénat, le leader républicain, a préconisé, et ce que Biden préconise, et ce que les néoconservateurs réclament depuis 20 ans, une guerre avec l’Iran pour
s’emparer des réserves pétrolières de ce qui était autrefois l’Iran, la Syrie, l’Irak et la Libye. Et s’il peut contrôler les réserves pétrolières du Proche-Orient et
bloquer ses exportations d’énergie vers tous les autres pays, tout comme il a pu bloquer les exportations de pétrole de la Russie vers l’Europe, alors il peut contrôler
l’industrialisation des autres pays parce que l’industrie fonctionne essentiellement au pétrole et au gaz. L’industrie, c’est de l’énergie, et sans énergie, vous ne pourrez pas
avoir votre propre industrialisation indépendamment des États-Unis. Ainsi, la politique étrangère américaine, comme nous en avons déjà parlé, je pense, dans notre dernière
émission, depuis 100 ans, les États-Unis ont utilisé le pétrole pour tenter de contrôler l’économie mondiale.
• Le troisième point
souligné par Nye est le système financier basé sur le dollar. Eh bien, c’est incroyable qu’il ait pu dire cela dans le Financial
Times d’hier, alors que le monde entier essayait de dédollariser. Vous entendez des discours les uns après les autres, non seulement de la Russie et de la Chine, mais
aussi des pays du Sud. Et même au Proche-Orient, on dit que maintenant que l’Amérique s’est emparée des réserves de change de la Russie, soit 300 milliards de
dollars, tout l’argent que nous avons économisé dans nos réserves monétaires intérieures est susceptible d’être confisqué par les États-Unis. Et ils ont déjà dit à l’Arabie
saoudite que s’ils ne retiraient pas leurs réserves internationales d’exportations de pétrole sous forme d’actions et d’obligations américaines, cela serait traité comme un acte de
guerre. Ainsi, ici au Proche-Orient, l’Arabie saoudite et Bahreïn subissent une pression croissante pour soutenir les Arabes attaqués par Israël, et pourtant ils ont peur d’agir
parce que les États-Unis tiennent leurs dollars en otage. Eh bien, très rapidement, vous voyez d’autres pays se débarrasser du dollar aussi vite qu’ils le peuvent.
• Et enfin, le
cinquième argument avancé par Nye pour expliquer pourquoi l’Amérique ne peut pas perdre est le leadership démographique et technologique. Mais c’est là le talon d’Achille fatal
de l’économie américaine. Son espoir, son idée de leadership technologique est d’obtenir un pouvoir de monopole sur les technologies de l’information, les produits
pharmaceutiques et d’autres domaines qu’il peut dominer en matière de propriété intellectuelle par le biais du droit d’auteur et essentiellement en poursuivant en justice les
pays qui adopteront la technologie développée aux États-Unis.
Haïphong : Ce
résumé, Joseph Nye l’a présenté, et le professeur Hudson l’a démonté, a brisé la façade, ou montré la réalité derrière la façade que les néoconservateurs avaient cru bâtir. Et ce
qui est si intéressant dans cette pièce, c’est que Joseph Nye, c’est un Carter et puis un fonctionnaire de Clinton, quelqu’un qui a été sous-secrétaire d’État et sous-secrétaire à la
Défense pour ces administrations. Et c’est quelqu’un qui a en fait été considéré comme moins belliciste, mais si nous lisions cet article, vous verriez que ce qu’il avance en ce
qui concerne le soft power est en fait un changement de régime par d’autres moyens.
La Chine
Et ce changement de régime est étroitement lié au domaine économique, comme le professeur Hudson l’a souligné avec tant d’éloquence. Il y a
tellement de liens à établir. Nous en avons beaucoup que je vais aborder avec le professeur Hudson, notamment sur la Russie, qui est désormais la plus grande économie d’Europe en
termes de parité de pouvoir d’achat.
Il y a aussi la théorie de l’effondrement de la Chine. Il y a eu des nouvelles récentes selon lesquelles la Chine surpasse le Japon et est
désormais leader mondial dans la construction automobile et comment sa production de véhicules électriques suscite tant d’inquiétude.
Je voulais maintenant vous poser une question sur une évolution, compte tenu de tout ce que vous avez décrit concernant l’évaluation et l’analyse de
Joseph Nye sur le soft power des soi-disant avantages des États-Unis. Je voulais vous parler de cette histoire ici. Vladimir Poutine venait juste de rencontrer des chefs
d’entreprise d’Extrême-Orient et il a affirmé que la Russie était désormais la plus grande économie d’Europe en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA), devenant ainsi la première
économie d’Europe, malgré les pressions de toutes parts.
La Russie, première économie
d’Europe
Et voici ce qu’il a dit. Il a déclaré : «Il semble que
nous soyons étranglés et soumis à des pressions de toutes parts, mais nous restons néanmoins la plus grande économie d’Europe. Nous avons laissé l’Allemagne derrière nous et nous
sommes hissés au cinquième rang mondial. Chine, États-Unis, Inde, Japon et Russie. Nous sommes numéro un en Europe. Ainsi, lors de cette conversation avec des chefs
d’entreprise de la région, il ressort des rapports que la Russie devrait connaître une croissance de 3 pour cent par an, et qu’elle sera probablement encore plus élevée, peut-être de
quatre à cinq pour cent».
Maintenant, il y a aussi l’actualité, vous l’avez évoquée, mais il y a une énorme stagnation en Europe. Dans une analyse également publiée dans
le Financial
Times, 48 économistes ont parlé de la croissance faible de la zone euro cette année. Et la prédiction de ces économistes était de zéro virgule six pour cent en moyenne, et
beaucoup indiquaient moins que cela. Et bien sûr, certains en indiquent davantage. Mais la grande majorité a déclaré que ce serait moins d’un demi pour cent. Alors,
Michael, vos pensées. Comment est-ce arrivé ? Et peut-être pourriez-vous expliquer les subtilités économiques de la façon dont cela s’est produit.
Les effets de la
délocalisation
Hudson: Eh
bien, nous avons discuté dans le passé de la manière dont cela s’est produit. Les États-Unis, à commencer par le président Clinton et en fait par le président Carter, ont décidé
d’aider les entreprises américaines à réaliser des profits plus élevés en délocalisant leur main-d’œuvre hors des États-Unis, en essayant de déplacer l’industrie manufacturière
d’abord vers le Mexique, le long des maquiladoras sous
Carter, puis sous Clinton, vers la Chine et l’Asie.
Et l’idée était de créer un chômage industriel croissant aux États-Unis pour empêcher les salaires d’augmenter. Et la théorie qui a guidé les
économistes du Parti démocrate est que si l’on parvient à réduire les salaires, il y aura des profits plus élevés et des profits plus élevés conduiront à plus de prospérité.
Eh bien, la réalité est qu’on réduit les salaires en déplaçant son industrie à l’extérieur du pays, en désindustrialisant. Et c’est toujours la
politique adoptée par l’Amérique. Et elle a remplacé l’industrialisation par la financiarisation pour gagner de l’argent financièrement, en espérant que les entreprises qui se
sont désormais tournées vers la Chine, l’Asie et d’autres pays pourront réaliser des profits plus élevés et devenir essentiellement plus prospères pour la classe des donateurs du
parti démocrate et américain, aussi les partis républicains.
Mais ce dont parlait le président Poutine était bien plus que cela. La Russie et la Chine ont déjà commencé à produire leurs propres
avions. Jetez un œil à l’actualité de la semaine dernière, consacrée à Boeing, qui a encore une fois d’autres accidents sur ses avions. Boeing était autrefois un leader
technologique dans le domaine aéronautique, mais il a ensuite fusionné avec McDonnell Douglas et est devenu une société financière. Elle a donc brisé le système de fabrication
des avions de Boeing et a commencé à sous-traiter toutes les petites pièces à diverses autres sociétés. Et Boeing se contente désormais d’assembler diverses pièces qu’il achète
auprès de divers fournisseurs, un peu comme pour les téléviseurs. Vous achetez différentes pièces auprès de différents fournisseurs.
En Sibérie
Eh bien, la raison pour laquelle Poutine fait son discours au Proche-Orient est que la Russie et la Chine travaillent ensemble pour un énorme
développement industriel en Sibérie orientale, qui est manifestement sous-peuplée en raison du mauvais temps depuis de nombreux siècles maintenant, mais qui commence maintenant à se
réchauffer. Et l’idée est d’intégrer l’industrie chinoise et l’industrie et la technologie russes et de concevoir des villes entières qui seront des complexes technologiques
produisant ensemble toutes sortes de pièces interdépendantes, des pièces d’ordinateurs, des avions, des trains, des automobiles. La Chine est déjà le plus grand exportateur automobile
au monde. Et donc vous allez avoir ce tout nouveau centre de croissance industrielle en Asie de l’Est.
Or donc, l’idée est que cela va entraîner une grande augmentation de la prospérité. Et quant à la façon dont ces villes se développent, lorsque je
suis allé pour la première fois en Russie en 1994, j’ai séjourné chez le professeur qui avait conçu la ville de Togliatti, la ville où l’on allait commencer à produire des automobiles
conçues par les Italiens. Et il a expliqué comment il avait conçu la ville entière pour combiner les usines et la production avec le logement des travailleurs, le divertissement
des travailleurs, la santé des travailleurs, et toutes les différentes formes d’approvisionnement en matériaux et pièces de voitures s’articulaient ensemble. C’était
essentiellement ingénieur industriel. Et c’est ainsi que la Russie et la Chine développent les villes qu’elles créent ainsi que les universités et les systèmes de formation en
Asie de l’Est et en Sibérie.
Donc, essentiellement, Poutine dit au monde : Si vous êtes un pays du Sud ou un pays arabe et que vous voulez voir votre économie croître et commercer
davantage, à qui allez-vous lier votre économie ? Le monde est divisé en deux parties, le «jardin» États-Unis-OTAN et le reste du monde, constitué à 85% de jungle. La jungle
s’agrandit. Le jardin ne pousse pas parce que sa philosophie n’est pas l’industrialisation. Sa philosophie est de faire des rentes de monopole, c’est-à-dire des rentes que
l’on fait en dormant sans produire de valeur. Vous avez simplement le privilège du droit de collecter de l’argent sur une technologie monopolistique dont vous disposez.
Mais la Chine et la Russie sont bien en avance sur les États-Unis dans la plupart des technologies en croissance dont nous parlons, pas encore dans la
gravure ultraviolette des puces informatiques, mais dans de nombreux domaines.
Ainsi, l’ensemble du progrès technologique s’éloigne de l’Amérique du Nord et des États-Unis, où il était depuis la Première Guerre mondiale, vers la
Russie et la Chine.
Le reste du monde
s’industrialise
Comment les États-Unis vont-ils faire face au fait que le reste du monde s’industrialise et n’a plus besoin de tout contact avec les États-Unis ?
Le président Biden ne cesse de dire que la Chine est notre ennemie. En fin de compte, nos militaires disent que nous allons avoir une guerre avec
la Chine d’ici deux ou trois ans. Nous sommes actuellement en guerre contre la Russie en Ukraine. C’est notre objectif, la
guerre.
Mais la réponse du reste du monde, au fond, n’est pas le reflet de cette situation, elle ne veut pas dire que nous pouvons faire la guerre. Nous
allons voir la Russie combattre l’Europe.
Ces derniers jours encore, de nombreux magazines militaires américains et surtout des porte-parole européens ont déclaré que si nous perdons en Ukraine,
la Russie traversera la Pologne et la Roumanie, jusqu’à reprendre l’Allemagne. Il va conquérir l’Europe, et peut-être même pas s’arrêter en Angleterre.
Eh bien, c’est tout simplement absurde. La réalité est que la Russie et la Chine n’ont plus besoin de
l’Europe.
Ils n’ont pas besoin des États-Unis. Alors que sous l’administration Clinton, disait Madeleine Albright, l’Amérique était un pays
unique. C’était le pays nécessaire.
Le fait est que le reste du monde considère non seulement l’Amérique comme inutile, mais que l’Amérique et ses alliés de l’OTAN constituent la
principale menace à leur propre prospérité. Ils se divisent donc essentiellement dans leur propre monde. Et le groupe BRICS étend ses relations commerciales, ses relations
d’investissement, et surtout ses opérations de compensation financière et monétaires pour être indépendant du dollar, dédollarisé, et certainement indépendant de l’euro, qui ne semble
avoir aucun moyen de soutien visible, désormais, et suivent leur propre chemin.
Israël
Or, c’est exactement ce qui a conduit les États-Unis à pousser Israël [essentiellement] à suivre le bellicisme de Netanyahou, parce que les États-Unis
disent : «Nous réalisons
que nous perdons le pouvoir».
Nous savons que nous ne sommes vraiment pas dans une impasse. Nous savons que nous avons perdu notre chance de dominer le monde. Nous pouvons
être réélus en disant aux gens, vous savez, que cela n’a pas vraiment d’importance.
Mais nous savons que cela compte. La dernière chance dont nous disposons pour affirmer la puissance américaine est militaire. Et le principal
enjeu militaire est le Proche-Orient aujourd’hui, tout comme après le 11 septembre, lorsque Dick Cheney et Rumsfeld ont insisté pour une invasion de l’Irak afin de commencer à
s’emparer de son sol et de créer essentiellement une légion étrangère américaine sous la forme d’ISIS et d’autres pays. (al-Qaida, l’Irak). L’Amérique dispose désormais de deux
armées qu’elle utilise pour combattre au Proche-Orient : La légion étrangère ISIS/al-Qaïda (la légion étrangère arabophone) et les
Israéliens. Le plan est – et l’Amérique est prête à se battre jusqu’au dernier Israélien, tout comme elle veut – essayer de se battre jusqu’au dernier Ukrainien afin de
conquérir cette dernière prise du Proche-Orient dans la lutte contre l’Iran.
C’est une idée folle, mais il semble que ce soit exactement ce qui est prévu.
La nouvelle
décolonisation
Le général Petraeus, qui a perdu la guerre en Afghanistan, a déclaré : Nous devons conquérir l’Iran. Ce sera le cas : Nous
pourrons retrouver toute la puissance que nous avons perdue en attaquant l’Iran. Et maintenant, il semble que le président Biden espère faire un retour politique en disant :
«Eh
bien, nous n’avons peut-être pas bloqué la Russie en Ukraine, mais au moins nous avons conquis le Proche-Orient».
Mais la façon dont il le conquiert est devenue un catalyseur pour amener la majorité mondiale, le reste du monde, en particulier l’Afrique, l’Amérique
du Sud et l’Asie du Sud, à penser : Attendez une minute, ce qui se passe en Israël et la Palestine d’aujourd’hui c’est exactement ce qui nous est arrivé à nos débuts.
Aux États-Unis, qu’ont fait les Américains ? Les Blancs sont venus, les Anglo-Saxons et les autres Européens, et ils ont tué 90% des Indiens, les
ont chassés, les ont isolés, les ont mis dans des camps de concentration. Et puis, lorsqu’ils ont découvert qu’il y avait du pétrole sous ces camps de concentration, ils ont
essentiellement assassiné les Indiens ou les ont à nouveau chassés pour s’emparer du pétrole.
Même chose en Amérique latine. Lorsque les Espagnols sont arrivés en Amérique latine, ils se sont emparés des terres, ont accordé des concessions
de terres, et ces concessions de terres ont créé des
latifundia, ce qui a été le grand problème de l’Amérique latine au cours des cinq derniers siècles, car cela a empêché l’Amérique latine de cultiver sa propre nourriture. Elle
s’est battue pour empêcher la population indigène de se nourrir elle-même afin de transformer ses terres en cultures d’exportation, en grande partie sous la direction de la Banque
mondiale.
Même chose en Afrique. Ils disent, attendez une minute, ce qui se passe en Israël est ce qui nous est arrivé, avec les puissances
colonisatrices. C’est ce que l’Allemagne a fait en Afrique. C’est ce que les Néerlandais ont fait en Afrique du Sud. C’est l’Allemagne en Namibie, les Néerlandais en
Afrique du Sud, les Anglais à travers l’Afrique, et surtout les Français dans ses territoires. Tout cela s’est déjà produit.
Et tout d’un coup, alors que les Américains vont au cinéma et pleurent davantage devant les westerns, ils encouragent les Indiens contre la
cavalerie. Le reste du monde encourage l’opprimé parce que l’opprimé est ce qu’il était. Les outsiders, ce sont eux aujourd’hui.
Et cette idée se transforme en un sentiment de : «Abattons toutes
les barrières du colonialisme».
Commençons par l’Afrique française, dont nous rejetons les Français là-bas. Nous n’allons pas laisser les banques françaises, les sociétés minières
françaises, les sociétés pétrolières françaises prendre toute notre richesse parce qu’elles l’ont conquise il y a cinq siècles. Nous pouvons nous identifier à… nous savons
pourquoi les Palestiniens se battent.
Et pourtant, d’une certaine manière, ils disent aussi : Eh bien, attendez une minute, regardez ce que fait Israël.
Israël dit : Dieu nous a donné cette terre. Nous l’avions. Eh bien, les Sud-Américains, les Africains et les Asiatiques disent : «Eh bien, c’est
notre terre, mais nous ne l’avons jamais quittée. Nous sommes toujours sur terre. Et même si nous sommes sur terre, nous sommes toujours enfermés, comme Israël traite les
Palestiniens». Nous ne sommes pas obligés de vivre de cette façon. Nous pouvons décoloniser.
Et on a là toute la scission du monde et le tournant vers la Chine, la Russie, l’Iran, les BRICS, c’est une tentative d’inverser, d’annuler et de faire
reculer toute l’expansion coloniale qui s’est produite au cours des cinq derniers siècles.
Haïphong : Vous
venez de donner un résumé incroyable en décomposant les interconnexions de ces développements, et c’est ce que je voulais faire, étant donné que le Proche-Orient et l’Asie occidentale
sont particulièrement «chauds» en ce moment.
L’Iran vient de lancer de nombreuses frappes à Erbil, en Irak, contre un quartier général du Mossad, ainsi que d’autres cibles localisant certains
groupes terroristes soutenus par Israël. Il y a maintenant des rapports sur le Pakistan, également dans le nord du Pakistan.
Il y a aussi la situation au Yémen, la crise de la mer Rouge qui perdure. Le mouvement Ansar Allah vient de percuter un navire américain. Il y
a une activité constante là-bas. Et bien sûr, il y a toujours le conflit que vous avez mentionné, les combats en cours à Gaza, l’attaque brutale contre le peuple palestinien qui
a été à juste titre qualifiée de génocide.
Et voici ce que Joseph Nye avait à dire, et je vous réponds, Michael. Il a dit cela à propos du soft power américain. Dans cet article
du Financial
Times, il a déclaré : «Les États-Unis,
malgré cela, peuvent sembler impuissants. Ils n’ont pas réussi à convaincre leur allié, Israël, d’agir avec retenue à Gaza. Est-ce que cela aurait pu être le cas dans le
passé ? Il n’est pas clair qu’ils auraient pu le faire il y a 20 ans. Georges W».
Bush a laissé entendre en 1991 que l’aide américaine aurait pu être réduite et qu’elle aurait peut-être contribué à stimuler le processus d’Oslo, mais
cela n’a pas abouti à la création de deux États. Israël n’est pas le seul allié qui s’est révélé tout à fait capable de résister aux États-Unis, comme l’Arabie saoudite et
d’autres pays. Pour le moment, Israël nuit à son propre soft power et, par extension, au soft power américain.
Hudson : C’est
le grand mensonge que l’Amérique tente de promouvoir. L’idée que lorsque Blinken ira parler à Netanyahou, il va lui dire : Lorsque vous lâcherez les prochaines bombes et
tuerez les 20 000 prochains Palestiniens de la bande de Gaza, soyez indulgents avec eux. S’il vous plaît, respectez les lois de la guerre et arrêtez de bombarder les ambulances,
arrêtez de bombarder les hôpitaux.
Les mensonges
américains
Ce ne sont que des conneries de relations publiques. La réalité est qu’il dit à Netanyahou d’aller de l’avant.
C’est l’Amérique. Toutes ces bombes qui sont larguées sont fabriquées en Amérique et envoyées en Israël pour être larguées. Chaque semaine,
l’Amérique dit : Voici une nouvelle livraison de bombes. Allez-y. Voici des milliards de dollars supplémentaires pour vous permettre de survivre pendant que vous enrôlez
votre population active dans l’armée. L’Amérique pousse Israël.
Il y a 50 ans, je voyageais pour travailler avec le principal dirigeant du Mossad de Netanyahou et aujourd’hui conseiller à la sécurité nationale, Uzi
Arad. Je me souviens, je pense l’avoir déjà mentionné à une occasion, que nous allions au Japon et que nous nous sommes arrêtés à San Francisco pour quelques discussions.
Un officier de l’armée s’est approché, a jeté ses bras autour d’Uzi et lui a dit : Vous, les Israéliens, êtes notre porte-avions débarqué au
Proche-Orient. Eh bien, c’était il y a 50 ans.
La semaine dernière, dans le New York
Times, j’entends exactement la même phrase. Israël est notre porte-avions. Pour les États-Unis, Israël est l’Ukraine américaine au Proche-Orient. Ce sont les
États-Unis qui poussent Israël à inciter d’abord le Liban, puis l’Iran, à faire quelque chose qui justifierait une attaque américaine massive, en essayant de faire à l’Iran ce
qu’Hillary Clinton avait fait à la Libye, en la détruisant complètement et en détruisant sa population. Dans le processus, nous ne savions pas ce qui se préparait, en nous
emparant de ses réserves d’or, en installant ISIS comme légion étrangère dans la plus grande partie possible de la Libye et en nous emparant des réserves de pétrole libyens.
Dans le New York
Times, dans le Wall Street
Journal et à la télévision, chaque fois qu’ils parlent du Hamas ou du Hezbollah, ils ne disent pas Hamas et Hezbollah. Ils parlent du «Hamas soutenu par
l’Iran», du «Hezbollah soutenu
par l’Iran». Ils ne parlent pas de l’armée yéménite, ou des Houthis. Ils disent les »Houthis soutenus
par l’Iran». Il y a un énorme effort de relations publiques pour convaincre la population américaine que l’Iran est le grand ennemi et le président Biden ne
cesse de répéter que l’Iran est l’ennemi. L’armée, Petraeus et les néoconservateurs ont déclaré dès le début que l’Irak et la Syrie n’étaient que la répétition générale pour
l’endroit où nous voulons vraiment aller, l’Iran.
Leur haine de l’Iran vient du fait qu’ils avaient renversé le gouvernement iranien de Mosaddegh dans les années 1950, avec l’aide britannique comme
d’habitude. Et ils sont sûrs que, nous avons tellement blessé les Iraniens qu’ils doivent nous détester. Et puisque nous savons que vous nous détestez à cause de ce que nous vous
avons fait, nous devons vous attaquer parce que nous avons fait de vous un ennemi en renversant votre gouvernement lorsque nous avons récupéré votre pétrole et mis en place le Shah
qui dirigeait un régime meurtrier, un régime de torture depuis quelques décennies en Iran. La politique américaine nous entraîne dans une guerre qui sera probablement plus désastreuse
pour les États-Unis que ne l’a été la guerre en Ukraine.
Au moins en Ukraine, tous les Américains perdus étaient… des Ukrainiens. Et je suppose qu’ils avaient embauché quelques troupes mercenaires
là-bas. Mais au Proche-Orient, ils vont perdre bien plus que ce qui aurait été en jeu en Ukraine uniquement. Ils perdront probablement le rôle d’Israël en tant que
porte-avions débarqué. Et en fait, ils vont perdre une grande partie de leurs propres porte-avions flottants qui se trouvent à proximité. Et ils ont déjà perdu le contrôle
de la mer Rouge et du golfe pétrolier, entre l’Iran et l’Égypte.
Et il est également possible qu’ils perdent le soutien de l’Égypte et de l’Arabie saoudite.
Car même si lors du Printemps arabe, les Américains avaient déclenché une «révolution de couleur», le Printemps arabe, où ils ont remplacé le président
égyptien détesté Moubarak par son propre protégé, Sissi, qui le dirige désormais, Sissi est entièrement dans les poches des États-Unis. Et pourtant, il va sans dire que la
population égyptienne, étant en grande partie arabe, soutient Gaza, pas les États-Unis.
De même, en Arabie saoudite. Ici, l’Arabie saoudite et l’Ukraine étaient en train de réaliser un rapprochement,
en fait une alliance avec Israël, dans le même esprit que la Grèce en avait conclu une avec Israël pour une force militaire méditerranéenne. Eh bien, désormais, une grande partie
de la population saoudienne est palestinienne. Ils ont trouvé du travail en Arabie saoudite, et ils sont scandalisés par le fait que l’Arabie saoudite tente de rester «assise sur la
barrière» alors même qu’elle rejoint les BRICS.
L’Arabie saoudite se rend compte que toutes ses réserves de change sont prises en otage par les États-Unis. Qu’est-ce qui va être le plus important
pour l’Arabie saoudite ? Se battre pour protéger la population islamique attaquée, ou sauver ses propres réserves conservées aux États-Unis, ce qui n’est pas du tout pour aider
l’Arabie saoudite.
Même chose avec
l’Égypte
La population, entre l’Égypte, l’Arabie saoudite et Bahreïn, constituait les principaux bastions américains au Proche-Orient. Et maintenant,
l’Amérique risque de les perdre si, en cas de guerre, ils sont soumis à une pression politique et à une instabilité énorme.
Et plus à l’ouest, en Afrique, vous avez les anciennes colonies françaises qui sont elles aussi islamiques.
Vous pouvez imaginer, vous savez, qu’ils se séparent non seulement de la France et soutiennent le reste de l’Afrique, l’Afrique centrale, dans leur
rupture avec la France, mais qu’ils s’orientent essentiellement vers une alliance avec les pays des BRICS, avec la Russie et la Chine.
Et tout d’un coup, la décision américaine d’entrer en guerre contre la Russie en Ukraine après la guerre de 2015, le massacre de Maïdan et le changement
de régime, l’intégration des néo-nazis, c’est ce qui se passe en Israël. Et ces deux attaques parrainées par les États-Unis ont eu l’effet exactement opposé à celui promis par
les politiciens américains. Tout comme ils avaient promis que la Russie se briserait et que l’économie s’effondrerait sous les sanctions et sous le poids de la guerre, ils
croyaient que l’armée israélienne était si forte qu’elle serait tout simplement capable d’anéantir le Hamas.
Le monde en marche vers le
socialisme
Et les grands combats – il n’y en a pas un mot dans la presse américaine – mais les plus grands combats se déroulent en Cisjordanie. Netanyahou dit
: Eh bien, pendant qu’ils regardent tous ce que nous faisons, nous bombardons les civils, les hôpitaux et les ambulances et affamons Gaza, nous avons distrait le monde et nous
pouvons maintenant éliminer les Arabes de Cisjordanie et avancer directement en Syrie sur les hauteurs du Golan.
Et apparemment, les États-Unis ont promis à Israël qu’ils pourraient prendre tout ce qu’ils veulent de la Syrie, ce à quoi ils se sont toujours
opposés.
Nous ne savons pas ce que la Russie va faire dans tout cela. La Russie et la Chine sont restées complètement silencieuses sur tout cela. Et je
peux comprendre qu’ils soient silencieux. La Chine a déplacé des navires de guerre dans la région parce qu’elle est elle-même très dépendante de la mer Rouge et des voies
maritimes menant au pétrole d’Arabie saoudite.
Quand les États-Unis continuent de dire et de menacer : «Oh, les Yéménites
vont bombarder des navires là-bas et bloquer le commerce», c’est ce qu’ils veulent. Les États-Unis réalisent que s’ils parviennent à inciter le Yémen et l’Iran à bloquer le
détroit d’Ormuz et le Golfe, cela mettra effectivement fin au commerce du pétrole. Et il est vrai que, comme l’a souligné Yves Smith dans Naked Capitalism
Today, les voies maritimes vers l’Arabie saoudite ont été fermées pendant de nombreuses années après la guerre de 1967. Ils ont été fermés à plusieurs reprises pendant
plusieurs mois. Et il n’est pas impensable qu’ils soient fermés. Mais les temps ont changé.
Désormais, si vous les fermez, ce seront les principaux acheteurs d’énergie en Asie, en Chine et dans d’autres pays qui en souffriront. Et cela, du
point de vue des États-Unis, leur donnera encore plus de pouvoir pour contrôler l’approvisionnement mondial en pétrole, comme monnaie d’échange pour tenter de renégocier ce nouvel
ordre international.
Les États-Unis adoptent donc essentiellement la seule tactique qu’ils peuvent réellement utiliser.
Ils ne peuvent pas utiliser la tactique consistant à dire : «Nous sommes une
économie en croissance et vous voulez commercer avec nous, pas avec la Chine et la Russie, car ces deux pays connaissent une croissance plus rapide que les États-Unis et
l’Europe». Ils n’ont vraiment rien à offrir, si ce n’est la capacité de perturber le commerce extérieur et les systèmes monétaires et financiers étrangers et
acceptent de cesser de le perturber si d’autres pays laissent simplement les États-Unis prendre les décisions unipolaires.
Et j’aurais dû ajouter cette dimension plus tôt lorsque nous parlions de la Chine, de la Russie et du développement de la Sibérie. Les pays
eurasiens ont un grand avantage sur les États-Unis et l’Europe. Les États-Unis et l’Europe ont pour l’essentiel privatisé l’ensemble du système d’infrastructures
publiques. Et depuis leur privatisation, ils constituent désormais des monopoles naturels. Et ils sont gérés de la même manière que, par exemple, Thames Water est géré en
Angleterre. Ils sont gérés comme des monopoles qui sous-investissent et utilisent simplement un étranglement pour augmenter leurs rentes de monopole, qu’ils déclarent comme
bénéfices.
Mais la Chine, la Russie et les pays asiatiques ont conservé les infrastructures de base – transports, éducation, soins de santé,
communications – comme services publics. Et ils investissent, ils sont dirigés par des ingénieurs, des ingénieurs industriels, pas des ingénieurs financiers. Et non
seulement ils sont gérés de manière beaucoup plus efficace, mais ils n’ont pas les frais financiers et les redevances aux monopoles qui pèsent sur les infrastructures
privatisées. Ainsi, le coût de production dans le monde non néolibéralisé, je suppose que nous pouvons l’appeler le monde en marche vers le socialisme, est tellement plus
efficace que celui de l’Occident financiarisé néolibéral que l’on peut voir l’attraction magnétique de l’Afrique et de l’Amérique du Sud.
Et il se trouve que ce sont aussi les principaux fournisseurs de matières premières au monde. Donc, si les États-Unis et l’Europe n’ont pas de
matières premières, ne produisent pas leur propre pétrole, sauf que les Européens doivent payer d’énormes majorations aux producteurs américains, l’Europe ressemblera à peu près à la
Lettonie post-soviétique. et l’Estonie. La population va émigrer. Ils vont rétrécir. Vous allez avoir une floraison d’interactions dans toute l’Eurasie et
l’Afrique.
Et en substance, les États-Unis peuvent tenter d’arrêter cette évolution en déclenchant une nouvelle guerre pétrolière au
Proche-Orient. Mais c’est vraiment le dernier souffle. Il est très peu probable que cela conduise Taïwan à dire : Eh bien, vous savez, nous allons suivre
l’Ukraine et Israël et vous pourrez vous battre jusqu’au dernier Taïwanais, tout comme vous vous battez contre le dernier Ukrainien, le dernier Israélien. Je pense que les États-Unis
sont en train de créer une tourmente qui démontre au reste du monde la nécessité, essentiellement, je ne dirai pas d’un rideau de fer, mais de suivre sa propre voie et de rompre les
systèmes économiques.
Et comme le président Poutine l’a répété à maintes reprises, il s’agit d’une guerre de civilisation. C’est une guerre pour dire dans quelle
direction va la civilisation. Est-ce que cela va aller vers le néo-féodalisme, ou revenir vers le féodalisme, qui est le 1% néolibéral en quête de rente ? Ou va-t-il
s’orienter vers la voie vers laquelle le capitalisme industriel évoluait à l’origine, vers le socialisme et vers l’élévation du niveau de vie au lieu d’imposer l’austérité financière
du FMI sur le bloc dollar ? C’est donc le choix que l’Amérique voit actuellement au Proche-Orient et dans d’autres pays.
Allez-vous avoir un avenir d’austérité ou essentiellement de prospérité et de croissance économique ?
Haïphong : Je
ne pense pas qu’il existe une meilleure façon de relier tous ces évènements, en particulier en ce qui concerne ce qui se passe au Proche-Orient, ou ce que certains appellent le
Moyen-Orient, ou ce que d’autres appellent l’Asie occidentale. Je veux dire, les affrontements s’intensifient. Il y a même des affrontements entre l’Égypte et Israël, ce qui
est presque du jamais vu.
Avec tout ce que vous avez dit, vous dites que cela ne marchera pas du tout, que les États-Unis ne seront pas en mesure de lutter comme ils le cherchent
dans la région. Comment voyez-vous la suite ? Peut-être pouvons-nous conclure sur ce point, étant donné que cela ne fonctionnera pas.
Et si cela ne fonctionne pas, quelles sont les autres options dont disposent les États-Unis et peut-être l’Occident dans son ensemble ? Parce que vous
l’avez parfaitement décrit, c’est une guerre économique, c’est une guerre pour la domination et le contrôle économiques. Alors, l’Occident américain va-t-il s’effondrer tout seul, ou
les États-Unis et tous ceux qu’ils peuvent entraîner avec eux, vous savez, vont-ils enclencher l’escalade et manœuvrer d’une manière dont nous devrions tous être conscients ?
La rage américaine
Hudson : Les
États-Unis ont une certaine dynamique plus forte que dans tout autre pays du monde, et c’est la rage. C’est le sentiment que vous ressentez actuellement à Washington. Non
seulement la rage, mais comme pour la plupart des rages, elle est combinée à la peur. Les démocrates craignent de perdre les élections et que Donald Trump vienne nettoyer
l’État policier du FBI et se débarrasser de la CIA. C’est essentiellement ce qu’il s’est engagé à faire, avec l’État profond.
L’État profond craint donc que ce soit le cas, non pas que les États-Unis stagnent, mais qu’eux-mêmes, avec leur contrôle sur les États-Unis,
reculent.
Et l’État profond est prêt à détruire l’économie américaine. Le Parti Démocrate, depuis Clinton, a pour objectif de détruire l’économie américaine
pour profiter du contrôle des 1% sur les 99%. Et il est prêt à utiliser la guerre militaire pour combattre, pour intensifier ses efforts au Proche-Orient, en Ukraine et,
vraisemblablement, dans la mer de Chine, pour provoquer d’une manière ou d’une autre et, en substance, dire : «Eh bien, nous
allons faire la guerre, car qui, chez nous, veut vivre dans un monde que nous ne contrôlons pas ?»
Eh bien, vous savez, c’est comme ce que la Russie a dit lorsque l’Amérique menaçait de la bombarder atomiquement en se retirant des accords sur les
armements. La Russie a dit : «Ne pensez pas que
nous ne riposterons pas. Qui voudrait vivre dans un monde sans Russie ?» Eh bien, le gouvernement américain se demande : Qui veut vivre dans une Amérique que nous ne
pouvons pas contrôler ? Que les banques, le complexe militaro-industriel, le complexe pharmaceutique et, fondamentalement, le secteur financier monopolistique ne peuvent pas
contrôler. Si nous ne pouvons pas le contrôler, nous sommes prêts à voir le pays tout entier sombrer. C’est vraiment ce qui se passe. Et ils utilisent le contrôle de la
presse pour tout cela.
Par exemple, samedi et dimanche à Washington, de grandes manifestations ont eu lieu contre les attaques contre les Palestiniens. Pas un mot de cela
dans le New York
Times ni à la télévision. Il n’y a pas un mot de ce qui se passe au Proche-Orient ni de ce que disent les présidents Poutine et Xi dans les médias. C’est comme si
le monde était déjà divisé en un monde visible, le monde selon le Deep State, et le monde invisible, la réalité, des 95 ou 85%.
Le combat politique d’ici novembre est de savoir si les gens pourront vraiment croire que l’administration Biden aide l’économie au lieu de défendre la
CIA, le FBI, l’État de sécurité nationale, le complexe militaro-industriel, le complexe pharmaceutique, l’immobilier, et Wall Street contre la population, en désindustrialisant
? Ou tout cela n’a-t-il été qu’un détour qui nous a appauvris ? Ce sera la question.
Et le fait que vous ayez déjà sur les réseaux sociaux le blocage de toute critique d’Israël ou des États-Unis, vous avez ici une sorte de contrôle qui
est très similaire à celui que vous avez en Ukraine.
Haïphong : Il
est vraiment époustouflant de voir avec quelle rapidité tous ces processus sont, à bien des égards, devenus incontrôlables. Même si nous pouvons envisager cela dans des années,
mais même au cours des derniers mois seulement, bien sûr, le 7 octobre étant un autre point de rupture.
Hudson : Je
pense que vous devriez dire le 2 octobre. C’était la tentative de destruction de la mosquée d’Al Aqsa. C’est le 2 octobre qui a déclenché tout
cela. L’attaque israélienne contre la mosquée visait à dire : Nous allons détruire la présence islamique en Palestine afin qu’elle soit entièrement non islamique. C’était la
déclaration de guerre. Alors ne vous laissez pas entraîner par le New York
Times en disant que tout s’est passé le 7 octobre.
Cela a commencé une semaine plus tôt, tout comme en Ukraine. La guerre en Ukraine n’a pas commencé lorsque la Russie a pris des mesures pour
protéger sa population, sa population russophone de Donetsk et de Lougansk.
Cela a commencé non seulement avec le Maïdan, mais aussi avec les bombardements de l’armée ukrainienne, les bombardements d’immeubles d’habitation et de
civils dans les territoires russophones, le refus de payer la sécurité sociale ou les soins de santé dans les territoires russophones et l’interdiction de la langue
russe. La Russie était le pays attaqué, pas l’attaquant.
Encore une fois, vous devez être très prudent lorsque vous datez le début de cela. Et les Américains veulent dater toutes les guerres comme
ripostes à des attaques et lorsque d’autres pays se protègent. Ils qualifient les autres pays qui se protègent d’attaque contre les États-Unis.
Haïphong : 7
octobre, 22 février 2022. Je veux dire, c’est une tactique. C’est donc un excellent point que vous avez soulevé.
Et peut-être, Michael, pourrions-nous clôturer notre conversation sur la Chine parce que la Chine, vous l’avez mentionnée plus tôt dans votre
analyse. Et, vous savez, je crois que la Chine est le point final. Et il y a quelques nouveaux évènements. Vous avez mentionné que la Chine dépassait le Japon en termes
d’exportations automobiles et de fabrication automobile et qu’elle devenait numéro un mondial.
Il y a aussi les conseils d’administration des grands constructeurs automobiles, les monopoles en état de choc face à BYD, le constructeur automobile
chinois qui a essentiellement conquis le marché mondial des véhicules électriques. Et il y a aussi des rapports selon lesquels la Chine va atteindre ses 5 objectifs de croissance en
pourcentage. Malgré le fait que je suis sûr que vous avez vu cela, Michael, il y a une théorie des effondrements en cascade qui est évoquée dans les médias grand public par
l’État profond. «La Chine est sur
le point de s’effondrer. L’économie chinoise est en difficulté. C’est en baisse. Ça s’écrase».
Alors, Michael, je vais rassembler les morceaux au fur et à mesure. Mais peut-être pouvez-vous donner votre point de vue, votre réaction à cette
évolution et à l’idée selon laquelle la Chine serait le dernier coup pour les néoconservateurs et le système monopolistique du capitalisme post-industriel, le capitalisme financier
sur lequel vous écrivez et analysez tant.
Hudson : Eh
bien, il y a un certain nombre de raisons pour lesquelles la Chine est en train de devenir le principal producteur automobile. Cela est dû à la transition vers les véhicules
électriques. Et il y a une dimension clé des véhicules électriques.
Premièrement, ils sont électriques. Vous avez besoin d’électricité. Comment allez-vous produire de l’électricité : Avec du
pétrole américain, avec du pétrole russe ? Comment allez-vous y parvenir avec l’énergie atomique ? L’autre chose est qu’une fois que vous aurez l’électricité dans la
voiture, comment allez-vous obtenir une batterie pour faire fonctionner la voiture sans avoir à vous arrêter à la station-service encore plus souvent que pour aller aux toilettes
?
Eh bien, la réponse est que vous avez besoin de lithium pour cela. Et la Chine contrôle la plupart des gisements de lithium. Et il faut aussi
disposer de véhicules informatisés. Vous avez besoin de toutes sortes de matériaux qui sont du cobalt, des terres rares qui sont également contrôlées par la Chine. Et la
Chine a pris le contrôle de la majeure partie de la métallurgie, du raffinage des métaux clés nécessaires à la production automobile et à d’autres productions industrielles.
La Chine est donc une économie intégrée qui produit tout cela. Et l’Occident devient dépendant de l’obtention de ces mêmes métaux. Voyons
maintenant ce qui aurait pu se passer en 1990. Supposons qu’il n’y ait pas eu de guerre froide. Supposons qu’en 1990, lorsque l’Union soviétique s’est dissoute, l’Amérique ait
dissous l’OTAN et ait réellement connu une sorte de croissance mutuelle avec un commerce international ouvert et continu.
Eh bien, sans la division du monde en deux parties, d’une manière ou d’une autre, les autres pays n’auraient pas eu suffisamment de motivation pour
opérer explicitement une rupture civilisationnelle entre le néolibéralisme et le socialisme. Il y aurait eu une sorte de social-démocratie en Asie, mais cela aurait pu être une
social-démocratie oligarchique, comme c’est le cas, par exemple, en Suède, que l’on appelait autrefois une grande social-démocratie. Et c’est désormais le pays le plus
inégalitaire d’Europe. Cette évolution aurait pu se produire lentement, mais il y aurait eu un commerce mondial et n’importe qui aurait pu acheter les différents métaux, le
lithium, les terres rares. Il y aurait eu du pétrole. Les échanges commerciaux auraient pu se poursuivre et l’économie mondiale dans son ensemble aurait pu croître.
Tout cela a été brisé par l’insistance américaine selon laquelle si nous ne pouvons pas contrôler le commerce mondial, il n’y aura pas de commerce
mondial. Si nous ne pouvons pas contrôler la finance internationale mondiale et obliger le monde entier à utiliser le dollar américain que nous pouvons imprimer sur des
ordinateurs, imprimer et émettre pour financer toutes les dépenses militaires visant à encercler le reste du monde avec des bases militaires, si nous le pouvons. Si nous ne faisons
pas cela, il n’y aura pas de système financier mondial parce que les États-Unis pensaient que sans le dollar, il ne pourrait y avoir de dédollarisation parce qu’il n’y avait pas
d’alternative.
Ils sont trompés par ce slogan type Margaret Thatcher : «il n’y a pas
d’alternative». Et ils croient sincèrement que le reste du monde ne pourrait pas prospérer sans le dollar. Ils ne pourraient pas prospérer sans brader et privatiser
leurs services publics et sans créer des monopoles naturels qui seraient rachetés par des acheteurs américains en imprimant des dollars pour dire : Nous imprimerons les dollars et
nous achèterons votre système de transport, votre système de communication et vos usines. Ils ne pouvaient pas croire qu’il existait une alternative au néolibéralisme. Et
pourtant, vous voyez cela. Ils ne pouvaient pas croire que s’ils bombardaient simplement un autre pays, la population de ce pays dirait : «Oh, nous ne
voulons pas être bombardés».
Nous allons renverser notre gouvernement et soutenir un gouvernement qui vous soutienne afin que vous ne bombardiez plus notre pays.
Au lieu de cela, l’effet du bombardement d’un pays lorsque les États-Unis le font est le même que celui du bombardement d’un pays lorsque n’importe quel
autre pays le fait. Cela rassemble la population pour s’opposer au pays qui la bombarde et défendre le pays attaqué. L’image générale des États-Unis est donc la suivante :
Il n’y a qu’un seul acteur dans le monde, et c’est nous. Et nous pouvons détruire d’autres pays. Et si cela ne fonctionne pas, nous renverserons l’échiquier et ruinerons
tout le jeu.
Les États-Unis jouent donc le rôle de démolisseur et les autres pays celui de constructeur. Et l’ensemble de la majorité mondiale dit : De quel
côté voulez-vous être, les démolisseurs ou les constructeurs ?
Et vous pouvez considérer l’Ukraine comme un exemple de la façon dont les États-Unis aimeraient que la Russie, la Chine et les pays arabes
existent. Vous suspendriez les élections une fois que vous aurez vos gars, votre président là-bas. Vous deviendriez le pays le plus corrompu de votre région, comme l’est
l’Ukraine. Vous interdiriez les langues locales et les religions qui ne sont pas judéo-chrétiennes.
Vous empêcheriez essentiellement les grèves.
Et vous connaissez la blague sur les aristocrates. Un groupe d’acteurs sur scène parle d’une famille qui arrive et commet toutes sortes d’actes
sexuels horriblement sournois et d’inceste, et cela continue encore et encore. Le producteur à qui on a proposé cet acte demande : Comment appelez-vous cet acte ? Et la
réponse est : Les aristocrates.
Eh bien, comment appelez-vous l’acte ukrainien consistant à suspendre les élections, à interdire les langues étrangères et à assassiner les critiques
? Nous appelons cela la démocratie. Eh bien, c’est hilarant. C’est effectivement ainsi que l’Amérique l’appelle. L’Amérique a deux modèles de démocratie :
l’Ukraine et Israël. La presse affirme sans cesse que l’Ukraine est le modèle de démocratie que nous souhaitons pour ce qui était autrefois l’ensemble de l’Union
soviétique. Et vous avez la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie qui applaudissent, et nous voulons la démocratie en Israël : «Israël est le
seul pays démocratique du Proche-Orient». Nous voulons qu’Israël soit un modèle pour le Proche-Orient.
Eh bien, que disent-ils ? Qu’il n’y aura plus d’Arabes au Proche-Orient ? Qu’ils seront tous Américains avec la double nationalité
? C’est à cela que tout aboutit. Nous vivons dans un monde orwellien qui essaie de dissuader la conscience des gens de prendre conscience de la réalité du travail et de la
dynamique qui est à l’œuvre. Et combien de temps pouvez-vous convaincre les gens qu’ils ne vont vraiment pas bien simplement parce que les 1% vont bien ? Comment pouvez-vous
convaincre les gens que l’Amérique est vraiment un leader modèle alors qu’elle essaie de détruire le reste du monde au lieu de l’aider, comme elle pouvait du moins prétendre le faire
en 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
Vous assistez à un véritable bouleversement de l’ensemble du système mondial de la Banque mondiale, du FMI, des Nations unies, de l’ensemble du système
diplomatique mondial qui a été mis en place en 1945, qui est désormais dépassé. Et on peut constater l’incapacité des Nations unies à faire face à la guerre au Proche-Orient, à
faire face à la guerre en Ukraine. C’est le glas du vieux monde. Et vous voyez un nouveau monde se créer spontanément, non pas idéologiquement, mais essentiellement
spontanément et de manière ad hoc avec la Chine, la Russie et les 99%.
Haïphong : Dernière
chose, vous êtes allé en Chine et vous avez étudié très en profondeur l’économie chinoise. Pour conclure, aidez notre auditoire à comprendre pourquoi l’économie chinoise est capable
de s’industrialiser comme elle l’est actuellement.
L’Europe est sur le point de subir cette situation. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de cette enquête sur la construction automobile
chinoise, en particulier sur les véhicules électriques, à cause de ces subventions néfastes de l’État. Pouvez-vous nous parler de cela, de l’économie chinoise, de son
fonctionnement et de la raison pour laquelle l’Europe et les États-Unis, bien sûr, mènent également une guerre économique, pourquoi ils ont recours à ce qui semble être des mesures
contre-productives ?
Hudson : Eh
bien, la clé pour comprendre l’Occident est que le néolibéralisme est la privatisation des besoins et des services publics de base. Tout au long de l’histoire, l’utilité publique
la plus importante a toujours été la capacité de créer de la monnaie et du crédit.
Et ce que la Chine possède qu’aucun autre pays n’a, c’est que sa banque centrale a créé sa propre monnaie.
Et lorsque le gouvernement crée de l’argent par le biais du Trésor, en investissant de l’argent dans l’économie, il dépense de l’argent pour réellement
construire des choses, principalement pour construire des biens immobiliers, pour loger les Chinois, mais aussi pour construire des chemins de fer à grande vitesse, pour fournir un
système éducatif, des universités dans toute la Chine, pour construire des communications.
D’autres pays, comme les États-Unis, ne disposent pas de ce système. L’argent est créé, surtout aux États-Unis, par les banques commerciales, et
elles ne créent pas de l’argent pour financer de nouvelles constructions d’usines ou de nouveaux investissements de quelque sorte que ce soit. Les banques prêtent de l’argent en
Occident contre des garanties déjà en place. Vous pouvez vous adresser à une banque pour obtenir de l’argent afin d’acheter un immeuble qui existe, un immeuble de bureaux, même
si les prix de ces immeubles de bureaux s’effondrent actuellement. Vous pouvez emprunter de l’argent pour acheter une entreprise entière. C’est ce que font les capitaux
privés. On achète de l’argent pour acheter Sears. Cela le conduit à la faillite, à l’effondrement et au licenciement des travailleurs.
On peut acheter Toys R Us, le conduire à la faillite, le faire s’effondrer, et c’est parti. Vous pouvez acheter des entreprises et les piller, puis
les fermer et transformer les usines en bâtiments gentrifiés pour les 1% d’agents financiers qui se livrent au pillage.
Mais les banques occidentales ne financent pas les services publics, et une fois que vous avez réduit les impôts et contraint un gouvernement au
déficit, vous financez alors le déficit en privatisant vos routes, les transformant en routes à péage. Vous privatisez votre système postal. Vous privatisez votre système de
santé de sorte qu’il n’y a plus beaucoup de soins de santé, comme c’est le cas en Angleterre, par exemple, avec la crise de la médecine et des hôpitaux anglais et la
privatisation. Vous faites ressembler l’ensemble de l’économie occidentale à l’Angleterre d’après Margaret Thatcher, où les gens qui sont en fait des salariés ne peuvent plus se
permettre de vivre à Londres. Cela s’adresse aux investisseurs étrangers ou aux personnes qui travaillent dans le secteur financier. Les salariés doivent vivre en banlieue pour
pouvoir utiliser le transport ferroviaire privatisé.
Aux États-Unis, par exemple, Greyhound, le système de bus, vient d’être racheté par des fonds privés. Ils ont fait exactement ce que Stagecoach, la
plus grande compagnie de bus d’Angleterre, a fait en Angleterre. Ils ont vendu le terminal de bus qui se trouvait au centre de la ville où les gens allaient prendre les bus, et
ils l’ont vendu pour un bien immobilier embourgeoisé. Puis ils ont dit aux gens qu’il y avait maintenant un parking à l’extérieur de la ville. Vous allez attendre sur le
parking.
Nous espérons qu’il ne pleuvra pas, qu’il ne fera pas trop froid ou qu’il ne neigera pas, mais nous n’avons plus de terminal. Eh bien, vous pouvez
imaginer cette façon de faire les choses. Cela se transforme en une course vers le bas.
Or la Chine, en gardant le contrôle de la finance, contrôle réellement qui va obtenir le crédit, et le crédit est en réalité le planificateur
économique. Le néolibéralisme occidental dit que le gouvernement ne devrait pas planifier. Wall Street devrait faire la planification parce que c’est Wall Street qui fournit
le crédit qui détermine qui obtiendra les ressources et ce qu’ils vont en faire.
Eh bien, Wall Street donne le crédit aux ingénieurs financiers qui tentent de gagner de l’argent en augmentant les cours des actions, en augmentant les
gains en capital et en gagnant de l’argent financièrement.
Il est vrai que la Chine a fait de nombreux milliardaires. Cela faisait partie du programme Laissez pousser 100 fleurs, mais maintenant qu’il y a
eu cette croissance spontanée, on voit maintenant quelles formes fonctionnent et quelles formes ne fonctionnent pas. Il s’agit désormais de consolider l’économie pour
essentiellement créer du crédit pour financer une croissance industrielle tangible, une croissance tangible des infrastructures, une modernisation agricole tangible et une
amélioration générale du niveau de vie.
Le seul objectif de l’économie chinoise est la croissance, et non le pillage, la réduction des effectifs et la destruction des raids des
entreprises. Il n’y a pas de raids d’entreprises en Chine. Il n’y aura aucun intérêt financier pour acheter Huawei ou les autres développeurs chinois. Il n’y a
pas la classe financière parasitaire qui est devenue la centrale des planificateurs économiques des États-Unis.
Parce que c’est ça le libertarisme. Les libertariens veulent une économie centralisée, non dirigée par le gouvernement mais dirigée par Wall Street
et le secteur financier. Les libertariens sont essentiellement les partisans de ce qu’on appelait habituellement le fascisme, une planification centrale du riche secteur
financier et des monopoles contre la population dans son ensemble.
Vous avez le parti républicain et le parti démocrate qui soutiennent tous deux le démantèlement du gouvernement avec un type de rhétorique différent,
mais les mêmes politiques, les mêmes politiques militaires et les mêmes politiques anti-industrielles. La Chine, la Russie et, désormais, de plus en plus de pays des BRICS
rejettent toute cette voie de croissance néo-féodale, autodestructrice.
Hudson : Merci
de m’avoir invité. Nous avons eu de la chance politiquement, mais le monde entier était à un tournant cette semaine, semble-t-il.
La propagande des médias grand public auprès de leurs lecteurs se fait non seulement par ce qu’ils rapportent mais aussi par les points de vue et sujets
qu’ils ne rapportent pas.
Un exemple parfait est une récente «analyse» par le New York
Times d’une position de la Maison-Blanche sur les troupes américaines au Moyen-Orient.
L’auteur est Peter Baker, correspondant en chef du Times à
la Maison-Blanche.
Le nombre
d’attaques contre les troupes américaines au Moyen-Orient augmente le risque de décès, une ligne rouge qui pourrait aggraver les choses.
Chaque jour un
nouveau tir de roquettes et une autre étincelle dont les responsables américains craignent qu’elle ne déclenche un incendie de violence dans tout le Moyen-Orient.
La dernière
attaque contre les troupes américaines dans la région au cours du week-end n’a fait aucun mort, mais le président Biden et ses conseillers craignent que ce ne soit qu’une question de
temps. Chaque fois qu’un rapport sur une attaque arrive dans la salle de crise de la Maison-Blanche, les responsables se demandent si cette attaque ne va pas entraîner des
représailles plus décisives et déboucher sur une guerre régionale de plus grande ampleur».
Baker n’analyse pas l’hypothèse de la Maison-Blanche. Il part du principe qu’il n’y a pas d’alternative, TINA comme le disait Maggie Thatcher, Premier
ministre britannique décédé.
La seule réponse à une attaque meurtrière serait une guerre plus large, sans que l’on sache comment cette guerre serait menée, contre qui ou dans quel
but.
Un indice est donné un peu plus loin dans l’article :
«Jeudi, les
milices soutenues par l’Iran avaient déjà mené 140 attaques contre les troupes américaines en Irak et en Syrie, et près de 70 membres du personnel américain ont été blessés, certains
souffrant de lésions cérébrales traumatiques. Selon le Pentagone, tous les soldats, à l’exception de quelques-uns, ont pu reprendre leurs fonctions dans les plus brefs
délais.
Les forces
américaines ont parfois organisé des représailles, mais de manière limitée afin d’éviter de déclencher un véritable conflit.
Les responsables
de l’administration Biden ont régulièrement débattu de la stratégie à adopter. Ils ne veulent pas laisser de telles attaques sans réponse, mais d’un autre côté, ils ne veulent pas
aller si loin que le conflit dégénère en une véritable guerre, en particulier en frappant directement l’Iran. Ils disent en privé qu’ils n’auront peut-être pas le choix si des troupes
américaines sont tuées. C’est une ligne rouge qui n’a pas encore été franchie, mais si les milices soutenues par l’Iran ont un jour un meilleur objectif ou plus de chance, cela
pourrait facilement être le cas».
Il semble que tout ce qui se passe et tous les groupes au Moyen-Orient soient supposés être «soutenus par l’Iran».
Mais ni le Hamas, ni le Hezbollah, ni les milices irakiennes, ni les Houthis ne sont «soutenus par l’Iran». Ce sont des alliés de l’Iran et les uns des
autres, et non des combattants par procuration. Ils fabriquent leurs propres armes et munitions et prennent des décisions indépendantes.
Ni l’Iran, ni le Hezbollah, ni aucune autre entité que le Hamas ne savaient que l’attaque du 7 octobre contre l’État sioniste allait avoir lieu. Leurs
réponses, pour autant qu’il y en ait eu, n’ont eu lieu qu’après le retour du Hamas dans la bande de Gaza. Affirmer que tous ceux qui en veulent aux positions américaines au
Moyen-Orient sont «soutenus par l’Iran» est une affirmation simpliste qui ne repose sur aucune preuve.
Elle est manifestement faite, tout comme le reste de l’article de Baker, pour préparer le public à une guerre «inévitable» contre l’Iran. Une guerre
dans laquelle les États-Unis subiront probablement une nouvelle défaite.
Pour étayer sa thèse d’une décision alternative libre, le Times consulte
un «expert» :
«L’administration
est confrontée à un problème sans solution hors risque», déclare Aaron David Miller, négociateur de longue date pour la paix au Moyen-Orient, qui travaille actuellement à la Fondation
Carnegie pour la paix internationale. «Ils ne veulent pas frapper directement l’Iran par crainte d’une escalade, ce qui ne ferait qu’élargir la marge de manœuvre des groupes
pro-iraniens, y compris les Houthis, pour frapper les forces américaines. À un moment donné, si les forces américaines sont tuées, elles n’auront pas d’autre choix que de riposter
directement contre les moyens iraniens»».
Il existe bien sûr d’autres alternatives et des «solutions sans risque».
En vertu du droit international, les bases militaires américaines en Syrie sont illégales. Aucune résolution du Conseil de sécurité des Nations unies
n’a autorisé une intervention militaire en Syrie et le gouvernement syrien n’a pas non plus invité les troupes américaines à s’y rendre.
La position américaine en Irak est également illégale. Le parlement irakien a voté contre toutes les bases américaines dans son pays. Le gouvernement
irakien a exigé le
départ des troupes américaines et cherche à négocier pour y parvenir. La soi-disant milice irakienne et ses commandants font d’ailleurs partie intégrante de l’armée irakienne
officielle. Toute attaque contre eux est une attaque contre l’État irakien.
Les États-Unis pourraient simplement rappeler leurs troupes de Syrie et d’Irak. Cela mettrait assurément fin à toutes les attaques contre eux.
Les États-Unis sont intervenus au Yémen en bombardant les troupes du gouvernement Ansar Allah, qui cherchait à bloquer les navires liés à Israël jusqu’à
ce que ce dernier lève le siège de Gaza.
Les navires liés aux États-Unis n’ont été attaqués qu’après que les États-Unis ont lancé ce qui s’apparente à une guerre totale contre le Yémen.
Les États-Unis sont libres de retirer leurs troupes de leurs positions en Syrie et en Irak. Les États-Unis peuvent cesser leurs attaques contre le Yémen
à tout moment. Cela mettrait immédiatement fin aux attaques yéménites contre les biens américains sans rien changer d’autre. Les États-Unis pourraient refuser de soutenir la guerre
génocidaire contre Gaza.
Toutes ces mesures mettraient fin à l’action hostile actuelle contre les biens américains.
Mais aucune de ces alternatives n’est jamais mentionnée dans l’article de Baker. Il n’y a pas d’alternatives dans ce texte parce qu’il refuse de les
fournir et de les discuter.
Baker termine par une citation de la Maison-Blanche :
«Nous devons nous
prémunir contre la possibilité qu’au lieu de nous diriger vers une désescalade, nous soyons sur la voie d’une escalade que nous devons gérer», a déclaré la semaine dernière Jake
Sullivan, conseiller du président en matière de sécurité nationale, lors d’une intervention au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.
«Cela reste un
élément central de notre stratégie», a-t-il ajouté. «Nous essayons de nous assurer que nous gérons l’escalade au Moyen-Orient dans toute la mesure du possible, en prenant toutes les
mesures possibles à cet égard, et que nous nous engagions finalement sur la voie de la diplomatie et de la désescalade»».
Selon Sullivan, il n’y a pas d’autre solution que la tâche simpliste de «gérer l’escalade», ce qui conduira inévitablement à de nouveaux affrontements.
Et ce, même si l’alternative la plus évidente est de se retirer et de cesser tout engagement militaire dans les pays concernés.
Le TINA, comme le prétendent le Times et la Maison-Blanche, n’existe pas. Il existe toujours des alternatives à la guerre.
Les crimes de guerre, voire les crimes de génocide (déductibles du déroulement des opérations israéliennes dans la bande de Gaza de la volonté d’en
éliminer le plus grand nombre possible de Palestiniens), commis par Israël dans la bande de Gaza, dans le cadre de sa réponse à l’attaque du Hamas perpétrée le 7 octobre, ont reçu une
réponse négative de la part de la plupart des pays de gauche de la région latino-américaine, à savoir : Venezuela, Colombie, Cuba, Nicaragua, Bolivie, Brésil, Chili, Honduras et
Belize.
Pérou
Le gouvernement de centre-droit de la présidente par intérim du Pérou, Dina Boularte, cherche à prendre une distance égale par rapport aux deux camps de
la guerre en Palestine depuis décembre 2022. Mercredi 1er novembre, le ministre des Affaires étrangères du pays, Javier Gonzáles Olaecha, a exprimé au nom de Lima «sa profonde
préoccupation face à la grave détérioration de la situation humanitaire à Gaza». Le gouvernement péruvien déclare qu’il «condamne les
actes de violence d’où qu’ils viennent», indiquant ainsi sa distance avec le Hamas.
Pays de l’ALBA
La position la plus prévisible, parmi les pays de la région, a été adoptée par le Venezuela, Cuba et le Nicaragua, qui forment le noyau de l’Alliance
bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (espagnol : Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América, ALBA), dont l’aversion pour Israël est motivée par le fait que
Caracas, La Havane et Managua considèrent Tel-Aviv comme le principal allié de l’impérialiste Washington et un outil des mondialistes néolibéraux yankees au Moyen-Orient.
Bolivie
Toutefois, la position la plus dure à l’égard d’Israël parmi les pays de l’ALBA a été adoptée par la Bolivie, dont la position au sein du mouvement
bolivarien s’est affaiblie en raison de l’instabilité politique : en 2019-2020, les Bolivariens ont été chassés du pouvoir par la droite lors d’un coup d’État. 31 octobre 2023. Sucre
annonce la rupture des relations diplomatiques avec Tel-Aviv. La ministre des Affaires étrangères de l’État plurinational de Bolivie (espagnol : Estado Plurinacional de Bolivia),
Celinda Sosa Lunda, justifie cette mesure par la «condamnation de
l’offensive militaire agressive et disproportionnée menée dans la bande de Gaza», qui «menace la paix et
la sécurité internationales».
Auparavant, le président bolivien Luis Acre (photo) avait reçu l’ambassadeur palestinien Mahmoud Elawani, qui a condamné les crimes de guerre d’Israël
sur les réseaux sociaux et annoncé que la Bolivie demanderait au Conseil de sécurité des Nations unies d’agir face au génocide des Palestiniens par Israël. Sucre a également envoyé 73
tonnes d’aide humanitaire en Palestine.
Evo Morales, leader du Movimiento al Socialismo (MAS) et président du pays de 2006 à 2019, demande à Sucre de durcir sa position à l’égard de Tel-Aviv.
Il critique L. Acre pour sa position prétendument vacillante à l’égard de la guerre en Palestine, affirmant que la rupture des relations diplomatiques avec Israël «n’est pas
suffisante» et que la Bolivie devrait déclarer Israël comme un État terroriste et déposer une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.
Colombie
La Colombie, gouvernée par la gauche depuis août 2022, émet également de vives critiques à l’égard d’Israël. Le premier président souverain de
l’histoire récente du pays, Gustavo Petro, n’a pas condamné l’attaque du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël, comparant plutôt Gaza au camp de concentration d’Auschwitz et le régime
israélien aux nazis dans ses déclarations sur la plate-forme X. Le jeudi 9 novembre, le dirigeant colombien a également annoncé le dépôt d’un acte d’accusation conjoint avec l’Algérie
auprès de la CPI contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour crimes de guerre sous la forme du massacre d’enfants et de civils palestiniens par les forces de défense
israéliennes.
Le parti de centre-gauche Alianza Verde (AV), l’un de ses principaux alliés au Congrès, ainsi qu’un certain nombre de députés du parti centriste Partido
Liberal (PL), le parti le plus important de l’actuelle législature, ont pris leurs distances par rapport aux déclarations de Petro (photo). Les médias colombiens, contrôlés par
Washington et par les compradores des élites conservatrices colombiennes, ont également réagi négativement aux critiques du dirigeant colombien à l’égard d’Israël. Le président les a
accusés, en réponse, de pratiquer «la propagande du
sionisme international qui soutient le pouvoir de l’extrême droite israélienne et rejette une solution pacifique au conflit qui dure depuis 75 ans».
Le dirigeant colombien a également été attaqué de manière insultante par l’ambassadeur d’Israël à Bogota, Gali Dagan. Le ministre colombien des Affaires
étrangères, Álvaro Leyva, a réagi en lui ordonnant de «s’excuser et de
partir». Cependant, la crise diplomatique Bogota-Tel-Aviv a été rapidement résolue, le ministre Á. Leyva a précisé que Dagan n’avait pas été expulsé du pays et que les relations
diplomatiques entre la Colombie et Israël seraient maintenues «si ce pays le
souhaite».
Le dimanche 15 octobre, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a annoncé la suspension des exportations d’armes de son pays vers la
Colombie. La coopération militaire entre Israël et la Colombie comprenait jusqu’à présent la fourniture et l’entretien de pièces pour l’avion de chasse Kfir, une licence pour la
production de fusils d’assaut Galil et l’assistance d’instructeurs militaires israéliens pour préparer les forces armées colombiennes à des opérations de contre-insurrection.
Le protecteur yankee de l’État juif a également réagi : le 10 octobre, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré que
les déclarations de G. Petro «n’aident
pas» et «ne reflètent pas
ce qui se passe réellement» ; à son tour, l’envoyée spéciale des États-Unis pour la surveillance et la lutte contre l’antisémitisme (sic !) Deborah Lipstadt a déclaré que
«l’administration
du président Joe Biden condamne les déclarations du président Petro».
Le Belize
Le Belize anglophone, situé dans la péninsule du Yucatan, a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Israël. Le ministre des Affaires
étrangères du «royaume du Commonwealth» (officiellement, le chef d’État du Belize est le roi britannique Charles III), Eamon Courtenay, a expliqué la position de Belmopan en déclarant
que «depuis le 7
octobre 2023, Israël a continuellement violé le droit international, le droit humanitaire international et les droits de l’homme du peuple de Gaza», ajoutant que la «principale
préoccupation» du gouvernement de Johnny Briceño est «le peuple de Gaza
qui est soumis à des bombardements constants et impitoyables, qui est privé de nourriture, qui est privé d’essence, qui est privé d’assistance médicale. Ce qui nous préoccupe, ce sont
les 11 000 personnes qui sont mortes et ont été tuées, dont la plupart sont des femmes et des enfants».
Le ministre de l’Intérieur du Belize, Kareem Musa, a également critiqué sévèrement l’État juif en déclarant : «Il est temps de
mettre fin à l’occupation et au génocide. Mettez fin à l’apartheid. Il n’y aura pas de paix si vous n’arrêtez pas Israël (…). Il est très important que les superpuissances appellent à
un cessez-le-feu avec Israël. Il ne peut s’agir d’un cessez-le-feu temporaire. Il ne peut s’agir d’un cessez-le-feu temporaire. Il ne peut s’agir d’un cessez-le-feu selon lequel je ne
vous tuerai pas à huit heures ce matin, mais je déciderai de vous tuer à huit heures ce soir (…). Il doit s’agir d’un cessez-le-feu permanent si nous voulons trouver une solution à
deux États».
La marche pour la Palestine libre, organisée par les anciens Premiers ministres Said Musa (1998-2008) du parti populaire uni (PUP), aujourd’hui au
pouvoir, et Dean Barrow (2008-2020) du parti démocratique uni (UDP), dans l’opposition, s’est déroulée à Belize City, la plus grande ville du pays, le mercredi 22 novembre. Les
anciens ministres des affaires étrangères du PUP, Assad Shoman (2002-2003) et Godfrey Smith (2003-2006), ainsi que l’actuel Premier ministre J. Briceño et plusieurs membres du cabinet
en place ont également participé à la marche.
Communauté des
Caraïbes
Le dimanche 12 novembre, une déclaration condamnant l’État juif a également été publiée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), une organisation
regroupant les anciennes colonies britanniques principalement anglophones de Belize, Jamaïque, Bahamas, Antigua-et-Barbuda, Saint-Kitts-et-Nevis, Dominique, Sainte-Lucie, Barbade,
Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Grenade, Trinidad-et-Tobago, Guyana et la dernière colonie britannique de Montserrat, établie en 1973 par le traité de Chaguaramas. En outre,
l’ancienne colonie néerlandaise du Suriname a été admise au CARICOM en 1995 et Haïti francophone en 2002. Les membres associés de l’organisation sont les colonies britanniques
actuelles de la région des Caraïbes et les observateurs sont les colonies des Pays-Bas, des États-Unis et de certains pays hispanophones de la région.
La déclaration de position de la CARICOM exprime son inquiétude face à l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza, au nombre croissant de morts, y
compris des femmes et des enfants, appelle au respect du droit humanitaire international, condamne le manque de respect du droit humanitaire international, des droits de l’homme et
des lois de la guerre qui se traduit par la destruction des infrastructures civiles à Gaza et le manque d’accès de ses habitants aux moyens de satisfaire leurs besoins fondamentaux, y
compris les soins médicaux. Dans sa déclaration, la CARICOM préconise une solution à deux États, obtenue par des moyens pacifiques, sur la base des résolutions des Nations unies et
conformément au droit international.
La Communauté des Caraïbes demande un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération immédiate de tous les otages et leur traitement humain conformément
au droit international, le respect par toutes les parties de leurs obligations en vertu du droit international, du droit humanitaire international et du système international de
protection des droits de l’homme, l’accès immédiat, sûr et sans entrave des habitants de Gaza à une aide humanitaire adéquate et durable, notamment de la nourriture, de l’eau, des
fournitures médicales, des médicaments, du carburant et de l’électricité.
Rapprochement entre les pays
arabes et les Caraïbes
La position antisioniste des États anglophones des Caraïbes leur a apporté des avantages économiques presque immédiats, ce qui devrait conforter les
membres de la CARICOM dans cette voie. Le premier sommet de la Communauté des Caraïbes et de l’Arabie saoudite s’est tenu à Riyad le jeudi 16 novembre. Saint-Vincent-et-les-Grenadines
a reçu 50 millions. Vincent et les Grenadines ont reçu 50 millions d’USD pour financer la construction, l’agrandissement et la reconstruction des bâtiments endommagés ces derniers
mois par les catastrophes dues au réchauffement climatique et Saint-Kitts-et-Nevis a reçu 40 millions d’USD pour l’agrandissement du centre d’accueil des réfugiés. Kitts et Nevis ont
reçu 40 millions d’USD pour l’expansion de la centrale électrique de Needsmust.
Le ministre de l’Investissement du Royaume d’Arabie saoudite, Khalid Al-Falih, a déclaré que Riyad considérait les pays de la CARICOM comme une
«haute
priorité pour l’investissement et les opportunités commerciales». La Communauté des Caraïbes a réagi en annonçant son soutien à l’Arabie saoudite pour l’organisation de
l’Exposition universelle de 2030 et de la Coupe du monde de football de 2034. On peut donc s’attendre à un rapprochement entre les États des Caraïbes et l’Arabie saoudite dans les
années à venir.
La Chine a mis en mer un nouveau porte-avions après deux ans de travaux. Celui-ci jouera le rôle de vaisseau amiral de sa flotte de guerre.
Pas moins de 340 navires. Un chiffre qui en fait la plus grande au monde. Et ce porte-avions, le Fujian, est comparable à ceux des classes Ford et Nimitz des États-Unis.
Toutefois, contrairement aux porte-avions américains, le Fujian n’utilise pas la propulsion nucléaire.
Je laisse toutefois l’évaluation technique aux militaires et aux initiés. Ce qui m’intéresse ici, c’est de souligner à quel point, en
l’espace de quelques décennies, l’armée populaire chinoise a changé de peau. Elle s’est transformée, selon une orientation précise qui suit la nouvelle stratégie
géopolitique de Pékin.
Une stratégie totalement inédite dans l’histoire de la Chine. Indice que la nature même de l’ancien Empire du Milieu est en train de changer
radicalement.
En effet, la Chine, tout au long de son histoire millénaire, a toujours été une puissance terrestre. Une «tellurocratie», qui fondait sa
force sur d’immenses armées terrestres. Et de grandes masses d’hommes en armes.
Une force qui a cependant toujours été sa limite. L’obligeant à jouer un rôle régional, aussi vaste soit-il. Et à souffrir de la
confrontation avec des puissances d’un autre type. Moins massives et plus agiles.
C’est ce que l’on a vu, historiquement, avec le Japon. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Et, dans une certaine mesure, lors de la guerre
de Corée. Lors de la confrontation directe, bien que brève, avec les États-Unis.
Au cours des deux dernières décennies, l’oligarchie du mandarin rouge a opéré un changement radical au sein des forces armées chinoises. Ce
changement s’est accéléré sous la direction de Xi Jinping.
L’ère des grandes armées terrestres est révolue. La Chine développe désormais un système de troupes aéroportées spécialisées. Et, en plus,
se dote d’une grande flotte.
La volonté de faire de la Chine une puissance capable d’intervenir militairement – si nécessaire pour ses intérêts – dans n’importe quel
scénario sur le globe est évidente. Et, surtout, d’exercer le contrôle/défense des voies de transport maritime et des côtes avec les systèmes portuaires qui en sont les
plaques tournantes nécessaires. En fait, un pouvoir tellurocratique qui est en train de devenir une thalassocratie. Ou qui y aspire en partie. Sans pour autant renoncer au
contrôle de son propre espace géographique diversifié.
Il ne faut pas considérer l’antithèse terre/mer de manière rigide et schématique. L’histoire nous fournit de nombreux exemples de
métamorphoses. Où le Béhémot s’est transformé en Léviathan. Et vice versa.
L’empire de Rome. Une puissance terrestre par excellence, qui s’est toutefois transformée en thalassocratie avec le transfert du centre du
pouvoir à Constantinople.
La Ligue hanséatique allemande, qui, en tant que puissance maritime et mercantile, est devenue plus tard l’un des piliers de l’Allemagne,
puissance terrestre.
Et nous pourrions multiplier les exemples.
Le monde d’aujourd’hui est une réalité extrêmement fluide. Changeante et incertaine. Avec des frontières de plus en plus floues et
difficiles à définir. Et où les mers, les océans sont devenus de plus en plus importants. Parce qu’ils sont le théâtre privilégié du commerce. Et donc de l’affrontement
entre puissances mercantiles et, en même temps, géopolitiques.
L’avenir, pour autant qu’on puisse l’entrevoir par éclairs, ce n’est pas la PaxAmericana de
la mondialisation, théorisée par Fukuyama. C’est la lutte permanente entre des thalassocraties de tailles différentes pour le contrôle des routes maritimes.
Un monde de pirates et de corsaires. Une grande bataille navale.
Même si le pays 404 est totalement
battu en 2024, il est impératif de le souligner une fois de plus : La situation est loin d’être terminée.
Des acteurs triés sur le volet, disséminés dans les silos de pouvoir du Beltway, travaillant avec diligence en tant que messagers pour les personnes qui
dirigent réellement l’Hégémon, ont conclu qu’une confrontation sans merci avec la Russie conduirait à l’effondrement de l’ensemble de l’OTAN, réduirait à néant des décennies de
mainmise des États-Unis sur l’Europe et, en fin de compte, provoquerait la chute de l’Empire.
En jouant la politique de la corde raide, on se heurterait tôt ou tard aux lignes rouges indestructibles inscrites dans l’objet inamovible qu’est la
Russie.
Les élites américaines sont plus intelligentes que cela. Elles peuvent exceller dans les risques calculés. Mais lorsque les enjeux sont aussi élevés,
elles savent quand se couvrir et quand se coucher.
La «perte» de l’Ukraine – devenue un impératif graphique – ne vaut pas la peine de risquer la perte de l’ensemble de la chevauchée hégémonique. Ce
serait trop pour l’Empire.
Ainsi, alors même qu’ils sont de plus en plus désespérés par l’accélération de la plongée impériale dans un abîme géopolitique et géoéconomique, ils
modifient frénétiquement le récit – un domaine dans lequel ils excellent.
Cela explique pourquoi les vassaux européens déconcertés de l’UE contrôlée par l’OTAN sont aujourd’hui en proie à une panique totale.
Cette semaine, Davos a offert des tonnes de salade orwellienne. Les messages clés, frénétiques : La guerre, c’est la paix. L’Ukraine n’est pas en train
de perdre (c’est moi qui souligne) et la Russie n’est pas en train de gagner. C’est pourquoi l’Ukraine a besoin de beaucoup plus d’armement.
Pourtant, même le bout de bois norvégien Stoltenberg a été invité à suivre la nouvelle ligne qui compte : «L’OTAN n’entre
pas en Asie. C’est la Chine qui se rapproche de nous». Voilà qui donne un nouveau sens à la notion de déplacement des plaques tectoniques.
Maintenir le moteur des guerres
éternelles en marche
Il y a un vide total de «leadership» à Washington. Il n’y a pas de «Biden». Il n’y a que l’équipe Biden : un combo corporatiste comprenant des messagers
de bas étage tels que le néocon de facto Little Blinkie. Ils font ce que leur disent les riches «donateurs» et les intérêts financiers et militaires qui dirigent réellement le pays,
récitant jour après jour les mêmes vieilles répliques saturées de clichés, comme des acteurs secondaires dans un théâtre de l’absurde.
Une seule pièce à conviction suffit.
Journaliste : «Les frappes
aériennes au Yémen sont-elles efficaces ?»
Le président des États-Unis : «Eh bien, quand
vous dites «efficaces», est-ce qu’elles arrêtent les Houthis ? Non. Vont-elles se poursuivre ? Oui».
La même chose dans ce qui passe pour de la «pensée stratégique» s’applique à l’Ukraine.
L’Hégémon n’est pas entraîné dans des combats au Moyen-Orient – même si l’arrangement génocidaire de Tel-Aviv, en tandem avec les sio-cons américains,
veut l’entraîner dans une guerre contre l’Iran.
Néanmoins, la machine impériale est pilotée de manière à ce que le moteur des guerres éternelles continue de tourner, sans arrêt, à des vitesses
variables.
Les élites en charge sont bien plus cliniques que l’ensemble de l’équipe Biden. Elles savent qu’elles ne gagneront pas dans ce qui sera bientôt le pays
404. Mais la victoire tactique, jusqu’à présent, est considérable : d’énormes profits sont tirés de l’armement frénétique ; l’industrie et la souveraineté européennes sont totalement
vidées de leur substance ; l’UE est réduite au statut de vassal de bas étage ; et désormais, il reste beaucoup de temps pour trouver de nouveaux guerriers par procuration contre la
Russie – des fanatiques polonais et baltes à l’ensemble de la galaxie Takfiri-neo ISIS.
De Platon à l’OTAN, il est peut-être trop tôt pour affirmer que tout est fini pour l’Occident. Ce qui est presque terminé, c’est la bataille actuelle, centrée sur le pays 404.
Comme le souligne Andreï Martyanov lui-même, il revenait à la Russie, une fois de plus, «de commencer à
démanteler ce qui est devenu aujourd’hui la maison des démons et de l’horreur en Occident et par l’Occident, et elle le fait une fois de plus à la manière russe – en la défaisant sur
le champ de bataille».
Cela complète l’analyse
détaillée exprimée dans la nouvelle grenade du livre de l’historien français Emmanuel Todd.
Pourtant, la guerre est loin d’être terminée. Comme Davos l’a une fois de plus clairement montré, ils n’abandonneront pas.
La sagesse chinoise dit que «pour atteindre un homme avec une flèche, il faut d’abord atteindre son cheval. Si vous voulez capturer tous les bandits,
capturez d’abord leur chef».
Le «chef» – ou les chefs – sont certainement loin d’être capturés. Les BRICS+ et la dédollarisation pourraient avoir une chance, à partir de cette
année.
La fin de partie
ploutocratique
Dans ce cadre, même la corruption massive entre les États-Unis et l’Ukraine, impliquant des anneaux et des anneaux de vol de la somptueuse «aide»
américaine, comme l’a récemment révélé l’ancien député ukrainien Andrey Derkach, n’est qu’un simple détail.
Rien n’a été fait ou ne sera fait à ce sujet. Après tout, le Pentagone lui-même échoue à chaque audit. Ces audits, soit dit en passant, n’ont même pas
inclus les revenus de l’opération massive d’héroïne en Afghanistan, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars – le camp Bondsteel au Kosovo ayant été mis en place comme centre de
distribution pour l’Europe. Les profits ont été empochés par les agents des services de renseignement américains en toute discrétion.
Lorsque le fentanyl a remplacé l’héroïne en tant que fléau intérieur américain, il était inutile de continuer à occuper l’Afghanistan, qui a été
abandonné après deux décennies en mode «Helter Skelter», laissant derrière lui plus de 7 milliards de dollars d’armes.
Il est impossible de décrire tous ces anneaux concentriques de corruption et de crime organisé institutionnalisé, centrés sur l’Empire, à un Occident
collectif ayant subi un lavage de cerveau. Une fois de plus, les Chinois viennent à la rescousse. Le taoïste Zhuangzi (369 – 286 av. J.-C.) : «On ne peut parler
de l’océan à une grenouille vivant dans un puits, on ne peut décrire la glace à un moucheron d’été, et on ne peut raisonner avec un ignorant».
Malgré l’humiliation cosmique de l’OTAN en Ukraine, cette guerre par procuration contre la Russie, contre l’Europe et contre la Chine reste la mèche qui
pourrait allumer une troisième guerre mondiale avant la fin de cette décennie. C’est une ploutocratie rarissime qui en décidera. Non, pas Davos : ce ne sont que leurs porte-parole
clownesques.
La Russie a réactivé un système d’usines militaires à la vitesse de l’éclair – sa capacité est aujourd’hui 15 fois supérieure à celle de janvier 2022.
Le long de la ligne de front, il y a environ 300 000 soldats, plus à l’arrière deux armées en tenaille de centaines de milliers de soldats mobiles, chaque tenaille étant préparée pour
créer un double enveloppement de l’armée ukrainienne et l’anéantir.
Même si le pays 404 est totalement vaincu en 2024, il est encore une fois impératif de le souligner : l’affaire est loin d’être terminée. Les dirigeants
de Pékin comprennent parfaitement que l’Hégémon est une telle épave en voie de désintégration, sur le chemin de la sécession, que le seul moyen de le maintenir en place serait une
guerre mondiale. Il est temps de relire T.S. Eliot à plus d’un titre : «Nous avons eu
l’expérience mais nous avons manqué le sens, / et l’approche du sens restaure l’expérience».
En soutenant les atrocités
commises à Gaza, l’Occident réduit à néant ce qui lui reste de crédibilité et ramène l’ordre mondial «fondé sur des règles» qu’il prétend diriger à un point de
non-retour.
Quelle que soit sa conclusion, le procès intenté par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice pour violation par Israël de la
Convention sur le génocide entrera dans l’histoire. On s’en souviendra soit comme de la première étape vers la responsabilisation d’un État voyou pour des violations répétées et de
longue date du droit international, soit comme du dernier souffle d’un système international dysfonctionnel dirigé par l’Occident.
En effet, l’hypocrisie des gouvernements occidentaux (et de l’élite politique occidentale dans son ensemble) a finalement mener le
soi-disant «ordre mondial
fondé sur des règles» qu’ils prétendent diriger au point de non-retour. Le soutien inconditionnel de l’Occident au massacre génocidaire d’Israël à Gaza a véritablement mis
en lumière la politique de deux poids deux mesures de l’Occident en matière de droits de l’homme et de droit international. Il n’y a pas de retour en arrière possible, et l’Occident
ne peut s’en prendre qu’à sa propre arrogance.
La litanie des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par Israël à Gaza est claire comme de l’eau de roche pour quiconque a accès à un
smartphone. Les réseaux sociaux regorgent de vidéos montrant hôpitaux et écoles bombardés, des pères sortant les corps sans vie de leurs enfants de sous des bâtiments détruits, des
mères pleurant sur les cadavres de leurs bébés. Et pourtant, la réaction des gouvernements occidentaux – outre un soutien militaire et politique apparemment illimité – a été
de taxer toute critique d’Israël d’antisémitisme, et de tenter d’interdire purement et simplement toute expression de solidarité avec le peuple palestinien.
Malgré cette oppression, des dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue jour après jour pour exprimer leur dégoût face aux atrocités
israéliennes et à la complicité de l’Occident. Désespérés de retrouver un semblant de crédibilité, les gouvernements occidentaux (y compris les États-Unis) ont récemment commencé à
critiquer par touches légères les attaques israéliennes. Mais c’est trop peu, et trop tard. La crédibilité occidentale est irrémédiablement détruite.
Bien sûr, l’hypocrisie occidentale ne date pas d’hier. Selon les gouvernements occidentaux, le monde devrait s’insurger contre l’agression russe, mais
être pleinement satisfait de la brutalité israélienne et du non-respect des normes internationales. Les Ukrainiens qui lancent des cocktails Molotov sur les forces d’occupation russes
sont des héros et des combattants de la liberté, tandis que les Palestiniens (et d’autres) qui osent s’élever contre l’apartheid israélien sont des terroristes. Les réfugiés
ukrainiens à la peau blanche sont les bienvenus, tandis que les réfugiés noirs et bruns issus des conflits du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique (dont la plupart sont le fait de
l’Occident) peuvent bien couler au fond de la Méditerranée. L’attitude de l’Occident est vraiment : des règles pour toi, mais pas pour moi.
La position occidentale à l’égard de la Chine témoigne du même manque d’honnêteté. La Chine est virtuellement cernée par des bases militaires
américaines et alliées armées jusqu’aux dents. Pourtant, c’est la Chine qui est coupable de … quoi ? Incapables de prouver une infraction concrète, les gouvernements et les médias
occidentaux ne peuvent qu’accuser la Chine de «s’affirmer
davantage», c’est-à-dire de ne pas rester à la place subalterne qui lui a été assignée dans l’ordre hégémonique occidental.
La justice internationale est devenue une plaisanterie de mauvais goût. Si la Cour pénale internationale [CPI] fonctionnait
efficacement, les dirigeants israéliens seraient jugés en ce moment même, et l’Afrique du Sud n’aurait pas eu besoin de saisir la Cour Internationale de Justice [CIJ]. En
l’état actuel des choses, la CPI n’a inculpé que des Africains jusqu’en 2022, date à laquelle elle a annoncé une enquête sur l’invasion russe de l’Ukraine, moins d’une semaine après
qu’elle ait commencé. En moins d’un an, la CPI a prononcé des inculpations, y compris à l’encontre du président russe Vladimir Poutine. À l’inverse, il a fallu plus de six ans à la
CPI pour ouvrir une enquête sur la situation en Palestine, et même aujourd’hui, des années plus tard, aucune mesure significative n’a encore été prise. Alors qu’Israël poursuivait son
orgie de violence contre la population de Gaza, Karim Khan, le procureur général britannique de la CPI, s’est rendu en Israël et a insisté sur la nécessité de poursuivre les crimes du
Hamas, tout en se montrant indulgent à l’égard des crimes israéliens. Rien d’étonnant donc que de nombreuses organisations de la société civile demandent son renvoi.
Bien sûr qu’on connaît déjà l’hypocrisie occidentale. Dès le départ, les normes juridiques internationales ont été conçues pour s’appliquer uniquement
aux peuples dits «civilisés», c’est-à-dire blancs. Les sauvages ne comptaient pas, et les puissants États occidentaux pouvaient – et ont – fait d’eux ce qu’ils voulaient. Les
autochtones ne «possédaient» certainement pas de terres ou de ressources naturelles, et les puissances coloniales étaient libres de s’en emparer et de les exploiter à leur guise. Le
sionisme a également été fondé sur de telles attitudes racistes – des attitudes encore au cœur des politiques israéliennes à ce jour.
Cette politique de deux poids, deux mesures est évidente en ce qui concerne le droit à l’autodétermination nationale, le droit fondamental de tous les
peuples à choisir leur propre système politique et à contrôler leurs propres ressources naturelles. Après la Première Guerre mondiale, le président américain Woodrow Wilson a insisté
pour que l’autodétermination soit le principe directeur du nouvel ordre mondial – mais, bien sûr, uniquement pour les Européens. Les Palestiniens et les autres peuples arabes ont
découvert à leurs dépens que le colonialisme était bien vivant : ils ont été soumis aux mandats de la Société des Nations, qui justifiaient la domination coloniale pour
les «peuples qui ne
sont pas encore capables de se défendre par eux-mêmes». La Charte des Nations unies comportait également des dispositions relatives à la tutelle, qui s’inspiraient
essentiellement des mandats de la Société des Nations.
Les guerres d’indépendance en Asie et en Afrique ont mis un terme à ces dispositions. Les pays nouvellement indépendants ont exigé avec succès que
l’autodétermination devienne un droit pour tous. Les deux pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, adoptés en 1966, stipulent tous deux le droit de tous les peuples à
l’autodétermination dans leur article 1 commun, précisant que seule l’autodétermination politique et économique peut donner un sens aux autres droits fondamentaux.
La discussion sur le droit à l’autodétermination est allée plus loin, au grand dam des gouvernements occidentaux. L’Assemblée générale des Nations unies
a déclaré à plusieurs reprises que la lutte armée (y compris celle du peuple palestinien) contre la domination coloniale est légitime. Le protocole additionnel de 1977 aux conventions
de Genève, relatif au droit de la guerre, stipule également que les luttes contre les régimes coloniaux et racistes sont reconnues. Le droit international a incontestablement évolué
dans le bon sens.
Pourtant, les systèmes de mise en œuvre de ces lois restent inappliqués. C’est voulu, permettant aux pays puissants d’agir en toute impunité et de
soutenir leurs protégés, comme c’est le cas des États-Unis et d’Israël. Même si la CIJ ordonne provisoirement à Israël de mettre fin à ses violences et même si, des années plus tard,
elle le déclare coupable de génocide, sans aucune mesure d’application, Israël peut (et va probablement) tout simplement ignorer ces décisions. Ce serait certainement la fin de
l’ordre mondial actuel, car toute façade d’équité s’effondrera.
L’application du droit international est entre les mains du Conseil de sécurité des Nations unies, mais avec le droit de veto accordé aux cinq pays du
côté des vainqueurs en 1945, cet organe s’est avéré à maintes reprises inapte à appliquer son mandat. L’Assemblée générale n’a aucun pouvoir exécutoire. Les Nations unies, la CPI et
la plupart des autres organisations internationales manquent constamment de fonds, ce qui signifie qu’elles dépendent fortement des contributions volontaires des États. Ce qui les
rend vulnérables à l’influence indue des riches et des puissants : en d’autres termes, les riches pays occidentaux.
Plus fondamentalement, ces institutions internationales ne sont pas représentatives. Bien que les organisations de la société civile puissent contribuer
à la plupart des débats, seuls les gouvernements ont leur mot à dire dans le processus de prise de décision – en dépit du fait que, comme nous le voyons dans le cas de Gaza, même les
gouvernements des prétendues démocraties ne représentent pas nécessairement la volonté de leur peuple.
L’agression et la colonisation israéliennes doivent cesser et les auteurs de violations des droits de l’homme en Palestine doivent rendre des comptes, y
compris les dirigeants occidentaux complices de génocide. Mais nous ne devons pas nous arrêter en sinon chemin. Nous devons exiger une réforme révolutionnaire des institutions
internationales. Elles se doivent de devenir véritablement démocratiques et égalitaires. Elles se doivent de refléter la voix des peuples, par le biais d’organisations de la société
civile et d’autres modes de représentation démocratique – et non des gouvernements trop souvent à la solde d’intérêts riches et puissants.
Il ne sera pas aisé de créer un ordre mondial garantissant justice et égalité des droits pour tous, cela nécessitera des efforts soutenus de la part des
citoyens du monde, en faisant pression sur les gouvernements et organisations internationales pour changer. Mais c’est la seule façon de faire en sorte que «plus jamais
ça» devienne une réalité.
Relancer ISIS : Une arme américaine contre l’Axe de la Résistance
Est-ce une coïncidence si la plus grande organisation terroriste du monde est relancée au moment même où les États-Unis luttent contre une attaque sur plusieurs
fronts contre leur hégémonie en Asie occidentale ? Plus curieusement, les cibles de l’EI et de Washington sont exactement les mêmes.
Source : The Cradle - par le correspondant en Irak - Le 16/01/2024.
Des sources de sécurité irakiennes mettent en garde contre une renaissance de l’EI dans le
pays,
qui coïncide très bien avec la montée des opérations de résistance irakienne contre les bases
américaines en Irak et en Syrie, et avec l’instabilité régionale croissante provoquée par l’attaque militaire israélienne sur Gaza.
Plus de six ans après avoir déclaré la victoire sur l'organisation terroriste, les rapports des
services
de renseignement irakiens indiquent désormais que des milliers de combattants de l'EI en sortent
indemnes, sous la protection des forces américaines dans deux régions de l'ouest de l'Irak .
La
pièce manquante du puzzle
Selon les rapports des services de renseignement examinés par The Cradle , à son apogée, l'EI comptait plus de 35 000 combattants en Irak – 25 000 d'entre eux ont été
tués, tandis que plus de
10 000 ont simplement « disparu ». »
Comme le raconte un officier d’une agence de renseignement irakienne à The Cradle :
« Des centaines de combattants de l'Etat islamique ont fui vers la Turquie et la
Syrie
fin 2017. Après la nomination d'Abdullah Qardash à la tête de l'Etat islamique en 2019, suite à la
mort du calife Abou Bakr al-Baghdadi, le nouveau calife a commencé à restructurer l'organisation. et a ordonné à ses partisans de retourner en Irak. L'organisation a exploité la longue
frontière avec la Syrie, les troubles de la sécurité et la diversité des forces des deux côtés de la frontière pour infiltrer à nouveau le territoire
irakien .
Les responsables de l'EI emprisonnés admettent que s'infiltrer à cette frontière n'est pas
une
tâche facile, en raison du contrôle strict imposé par les gardes-frontières irakiens et de
l'utilisation
de technologies modernes, telles que les caméras thermiques.
Il est donc devenu nécessaire pour le groupe terroriste d'identifier des intermédiaires capables de
percer ou de contourner ces fortifications pour transporter ses combattants au-delà des frontières .
Une source de sécurité irakienne, insistant sur l'anonymat, a déclaré à The Cradle que les
États-Unis jouent un rôle vital en permettant ces violations des frontières :
"[Il y a] plusieurs incidents qui confirment l'aide américaine pour sécuriser la route de passage
des membres de l'Etat islamique - principalement en bombardant les unités irakiennes à la frontière, en particulier les unités de mobilisation populaire (PMU), pour créer des brèches
permettant aux combattants de l'Etat islamique de traverser la frontière. frontière."
La source sécuritaire irakienne ajoute que des informations confirmées font état
d'hélicoptères
Chinook américains transportant des combattants de l'est de la Syrie vers le désert
d'Anbar,
à l'ouest de l'Irak, et à Jebel Hamreen, à l'est du pays .
Munir Adib, chercheur spécialisé dans les mouvements islamistes, les organisations
extrémistes
et le terrorisme international, confirme la possibilité d'un retour de l'EI après les «
dizaines
d'attaques de l'organisation en Syrie et en Irak ces dernières semaines », qui ont entraîné la
mort
de dizaines de personnes. de civils et de militaires.
Selon Adib, « la préoccupation de la communauté internationale face aux guerres à Gaza et
entre
la Russie et l'Ukraine a donné à l'EI l'occasion de réorganiser ses rangs, tout en continuant
à
recevoir un soutien logistique interne et externe ».
Fabriquer et héberger le terrorisme
La vallée de Houran est la plus grande de ce type en Irak, s'étendant sur 369 kilomètres de
la
frontière irako-saoudienne jusqu'à l'Euphrate, près de la ville de Haditha dans le gouvernorat
d'Anbar. Sa topographie est marquée par des falaises vertigineuses dont la
hauteur varie entre
150 et 200 mètres et comprend les collines entourant la vallée et les sous-vallées qui
s'étendent
dans ses environs .
La vallée était et est toujours l’un des environnements de sécurité les plus dangereux de
l’État.
Les groupes terroristes l'utilisent comme refuge en raison de son terrain désertique et de
sa
distance par rapport aux zones urbaines encombrées. La vallée et ses environs ont été témoins de nombreux incidents de sécurité, notamment en décembre
2013, lorsque l'Etat islamique a tué le commandant de la septième division de l'armée irakienne, son assistant, le directeur du
renseignement du gouvernorat d'Anbar, huit officiers et treize soldats .
Le député irakien Hassan Salem a appelé au lancement d'une opération militaire
pour
débarrasser la vallée de Houran des combattants terroristes. Il a confirmé à The Cradle qu'« il y a
des milliers de membres de l'Etat islamique dans la vallée qui reçoivent une formation dans
des
camps privés, sous protection américaine », notant que les forces américaines ont «
transféré
dans cette zone des centaines de membres de l'Etat islamique de différentes
nationalités ».
La politique étrangère américaine, bien entendu, regorge de preuves historiques de la création de
milices armées par procuration en Asie occidentale et en Amérique latine, utilisant souvent ces organisations pour renverser les gouvernements des pays cibles . Nous savons que Washington
n’a
aucune répugnance à s’allier avec des extrémistes islamistes, en grande partie en raison de son implication directe dans l’armement et le financement des moudjahidines afghans, dont sont
issus
les
talibans et Al-Qaïda.
Un premier lien entre les États-Unis et l'EI existe clairement : les fondateurs et dirigeants
de
second rang du groupe terroriste figuraient parmi les détenus de la prison de
Camp Bucca , dans
le sud de l'Irak, un centre d'internement géré par l'armée américaine. La liste des terroristes de
grande valeur capturés puis libérés par les Américains est tout à fait extraordinaire: le chef de
l'Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi, son successeur Abou Ibrahim al-Hashimi al-Qurashi, Abou Mohammed al-Adnani, Abou Muslim al-Turkmani, Haji Bakr, Abu Abdulrahman
al-Bilawi,
Abu Ayman al-Iraqi, entre autres.
Le Camp Bucca, connu pour ses exactions contre ses détenus, a rassemblé des
éléments
extrémistes, a fait bouillir lentement cette formule brûlante pendant six ans (2003-2009), puis
a
laissé en liberté les extrémistes désormais bien connectés.
Les responsables religieux de l'Etat islamique affirment même avoir utilisé leur séjour en prison
p
our obtenir des prisonniers le vœu de rejoindre le groupe terroriste après leur
libération .
Les services de renseignement américains ont également protégé indirectement l’organisation terroriste,
en permettant aux convois de l’EI de se déplacer entre les villes sous son contrôle.
D'autres formes de protection, selon les experts en sécurité irakiens, incluent le refus
d'appliquer
les condamnations à mort prononcées par les tribunaux irakiens contre les membres de
l'EI
détenus et l'établissement de refuges sûrs pour les membres de l'organisation dans l'ouest et
l'est
de l'Irak .
ISIS : Des fantassins américains dans la guerre régionale
Dans un discours prononcé le 5 janvier, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah,
a
averti que les États-Unis soutenaient la renaissance de l'EI dans la
région .
The
Cradle a obtenu des informations de sécurité surveillant les nouvelles activités
des
extrémistes au Liban, les communications entre ces éléments et leurs homologues en Irak et en Syrie,
ainsi que les activités suspectes de transfert d'argent entre eux .
Les renseignements de l'armée libanaise ont également arrêté récemment un groupe de
Libanais
et de Syriens qui s'apprêtaient à mener des opérations de sécurité .
Il est important de noter que cette recrudescence des activités terroristes survient à un
moment
où la résistance libanaise est engagée dans une bataille sécuritaire et militaire avec Israël,
qui
peut à tout moment se transformer en guerre ouverte. Il convient également de noter que la
reprise des activités de l’EI est concentrée au Liban, en Syrie, en Irak et en Iran
; c’est-à-dire
dans les pays qui soutiennent politiquement, militairement et logistiquement la résistance
palestinienne .
Le 4 janvier, l’Etat islamique a officiellement revendiqué deux attentats à la bombe dans la ville iranienne de Kerman, visant des cortèges commémoratifs à l’occasion de
l’anniversaire de
l’assassinat du commandant de la Force Qods Qassem Soleimani par les forces
américaines.
Les doubles explosions ont tué environ 90 personnes et en ont blessé des dizaines, lors
d’une
attaque sans précédent visant le plus grand adversaire américano-israélien en Asie occidentale
–
juste un jour après que Tel Aviv a tué le chef du Hamas, Saleh al-Arouri, à
Beyrouth.
Avant cela, le 5 octobre 2023, un drone de l'Etat islamique avait attaqué une cérémonie de
remise
des diplômes d'officiers au Collège militaire de la ville syrienne de Homs, tuant environ 100
personnes . Ces
attaques, ainsi que d’autres en Irak, en Syrie, en Iran, au Pakistan, en
Afghanistan et en Afrique, indiquent que du sang frais, de l’argent et des armes sont à
nouveau
injectés dans les artères de l’organisation ISIS .
Un officier de haut rang du PMU, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré
à The
Cradle que
les forces américaines empêchent les forces irakiennes d'approcher la vallée de Houran
en
attaquant toutes les forces de sécurité s'approchant de la zone. "Cela s'est produit lorsque des
avions américains ont ciblé des unités du PMU qui attaquaient l'Etat islamique dans la
région",
révèle-t-il, citant des rapports des services de renseignement confirmant la présence de
dizaines
de membres de l'Etat islamique et d'autres organisations extrémistes dans la vallée, où
ils
reçoivent une formation et du matériel des États-Unis. les forces .
Les sources de sécurité du commandement des opérations de l'Anbar confirment cette
information :
« Une activité notable de l'organisation avait été enregistrée il y a quelques semaines dans
l'ouest du pays. Près du désert de Rutba, des combattants de l'Etat
islamique ont été aperçus en train de creuser des cachettes souterraines. Les informations indiquent que l'organisation est en train de mener des opérations terroristes dans
de nombreux endroits », ont-ils déclaré à The Cradle.
Parallèlement, l'Etat islamique étend ses opérations à l'est de l'Irak, dans le triangle
géographique
qui comprend l'est du gouvernorat de Salah al-Din, le nord-est de Diyala et le sud de Kirkouk, en
particulier dans les régions géographiquement difficiles de Makhoul, Hamrin, Ghurra,
Wadi al-Shay. et Zaghitoun .
Il
convient de noter que les forces américaines sont déployées en Irak sous l’égide de la Coalition internationale pour combattre l’Etat islamique. La semaine dernière, quatre ans après que le
parlement irakien a voté pour la première fois l’expulsion des forces étrangères, le Premier ministre
irakien Mohammad Shia al-Sudani a évoqué l’impact « déstabilisateur » des troupes américaines
et a
exigé un retrait « rapide et ordonné » de ces unités de combat.
Washington a non seulement répliqué en affirmant qu’il n’avait « aucun projet » de se retirer
d’Irak, mais a également annoncé le 14 janvier qu’il enverrait illégalement 1 500 soldats
supplémentaires en Irak et en Syrie, et sans le consentement de l’une ou l’autre nation.
L’ironie est que l’EI semble reprendre de l’ampleur chaque fois que Bagdad soulève la question du
retrait militaire américain d’Irak.
On
ne peut plus non plus considérer comme une coïncidence le fait que le groupe terroriste
rassemble désormais ses forces pour cibler les ennemis régionaux les plus puissants
de
Washington et de Tel Aviv – l’Axe de la Résistance – au moment même où les États-Unis et
Israël
ont
du mal à gérer une région. assaut large et multifront de l’Axe.
Les synergies extraordinaires entre les Américains et le premier groupe terroriste mondial ne
peuvent plus être ignorées : leurs cibles sont les mêmes, et l’EI n’entre dans la mêlée que maintenant, au moment même où Washington commence à perdre son
emprise sur l’Asie occidentale.
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de The
Cradle.
Bab el-Mandeb, Gaza, et la géopolitique de la guerre
En 2008, lors d’une visite à Paris, Shimon Perez avait rallié la France à son projet qui devait relier la mer Rouge à la mer Morte. Les médias français
avaient surtout retenu son initiative de «Vallée de la paix», ou vallée d’Arava, territoire situé aux confins de la Cisjordanie, de la Jordanie et d’Israël, dont il prétendait faire
un exemple de développement partagé avec l’idée que «l’économie peut
être le bulldozer de la paix»1.
Une idée tellement enthousiasmante qu’elle a fini par laisser croire aux colonisateurs et à leurs associés qu’il suffit de quelques poignées de dollars, pour que les Palestiniens
abandonnent leur terre aux sionistes et jettent les clés de leurs foyers transmises de génération en génération. C’est aussi bien le cas des administrations occidentales que des
administrateurs «de
paysfrèresqualifiés
de pays modérés et/ou normalisateurs», pour lesquels les miettes distribuées avec parcimonie sont des investissements pour encore plus de profits.
Et le comble du mépris a été atteint avec le choix du slogan «Gardien de la
prospérité», pour une opération guerrière consistant à frapper les Yéménites dont les actions en mer rouge, en soutien aux Palestiniens, se résumaient manifestement à amener
Israël à cesser d’affamer, d’assoiffer, de martyriser et de bombarder la population de Gaza, en dépit du fait qu’ils ont été eux-mêmes martyrisés et bombardés ces huit dernières
années par une bonne partie des mêmes prédateurs.
La prospérité ! La prospérité de qui et à travers quels projets ? C’est ce que nous explique l’écrivain et
analyste politique jordanien Mowaffaq Mohadin.
Mouna Alno-Nakhal
*
par Mowaffaq Mohadin
La géopolitique est un domaine scientifique qui a prospéré en Allemagne à la fin du XIXe siècle grâce surtout au géographe allemand Friedrich Ratzel et
sa théorie du
Lebensraum2,ou
la théorie de l’espace vital (Théorie ayant justifié l’expansionnisme de l’État allemand pendant la Seconde Guerre mondiale ; NdT).
Ce domaine a ensuite été développé par le Britannique Halford Mackinder (le créateur de la théorie du Heartland) et d’autres, dont
l’Américain Nicholas Spykman, avant que le cerveau de l’impérialisme mondial Zbigniew Brzeziński ne s’en inspire durant la Guerre froide pour se concentrer sur le heartland
russe dans le cadre de son projet eurasien.
L’Égypte compte aussi des noms importants dans ce domaine, dont le président Gamal Abdel Nasser par la correspondance de l’idée de la
nation avec celle de l’espace vital, Gamal Hamdan par son ouvrage intitulé «La personnalité
de l’Égypte», et Mohamed Hassanein
Heikal : l’un des éditorialistes les plus connus du monde arabe.
L’Orient arabe et musulman est, en effet, un monde de géographie politique. D’une part, en raison de sa situation sensible sur la carte du commerce et
des guerres vécues à travers l’histoire, lesquelles ont influé sur les transformations sociales et idéologiques, le mode de production, les alliances commerciales et militaires ;
autant de sujets appréhendés par Victor Sahab et Samir Amin. D’autre part, en raison des projets politiques élaborés au XXe siècle, tels le projet panarabe de l’unification
du Croissant Fertile et le projet de la
Grande Syrie, jusqu’aux projets récents liés à la Guerre des ports et des routes historiques, telles les nouvelles routes de la soie initiées par la Chine (BRI) et le projet
récent de corridor économique appelé Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC)
qui rejoindra l’Inde à l’Europe en passant par la Palestine occupée.
C’est pourquoi la guerre en cours nécessite une vision large de la région arabe englobant ses propres perceptions et ses projets stratégiques, notamment
au niveau de l’arc
Égypte-Syrie-Irak sur les terres duquel de grandes nations sont nées et ont disparu tout en restant étroitement liées à la géographie et donc, aux corridors terrestres et
maritimes ; en l’occurrence, Bab el-Mandeb, Haïfa, Ashkelon et Gaza.
D’où l’intérêt sioniste et colonialiste à empêcher la constitution de cet arc régional, que ce soit à l’époque de Méhémet Ali (1760-1849) ou à l’époque
de Gamal Abdel Nasser (1918-1970), par les Accords de Sykes-Picot (1916) et la Déclaration Balfour (1917) et, de nos jours, par la diabolisation de toute tentative de continuité entre
la Syrie et l’Irak conformément au discours de l’axe de la Résistance. Une diabolisation accompagnée d’une incitation à la haine par sa réduction à un croissant
chiite, alors qu’un croissant
abrahamique se forme entre d’autres pays arabes et l’entité d’occupation israélienne.
De plus, abstraction faite des données et des répercussions notoirement connues de l’épopée de Gaza démarrée le 7 octobre 2023 et suivie par l’agression
sioniste barbare contre les civils, la bataille des forces armées yéménites autour de la mer Rouge et de Bab el-Mandeb, comme la bataille de Gaza, sont au cœur de stratégies ennemies
dangereuses pour la région, à savoir :
Le projet israélien du Canal Ben Gourion,
Le projet saoudien Neom,
Le projet visant à transformer le port de Haïfa en port principal du Moyen-Orient.
I. Le canal Ben Gourion : une
alternative israélienne au canal de Suez
Depuis l’inauguration du canal de Suez en 1869 et son impact sur les grands bouleversements maritimes à l’échelle mondiale en termes de commerce, de
guerres et d’ingérences, de retentissement sur le cap de Bonne-Espérance et les routes terrestres d’Asie du Nord, il est au cœur de diverses approches stratégiques
internationales ; la Déclaration Balfour en 1917 ayant été l’une de ses conséquences. Il est régi par un accord de droit maritime : la Convention de
Constantinople de 1888 toujours en vigueur.
Malgré les accords de paix, dont les accords de
Camp David (signés en1978 sous la médiation du président Jimmy Carter et suivis de la signature du traité de paix israélo-égyptien en 1979 ; NdT), l’ennemi sioniste n’a
cessé de craindre l’esprit collectif arabe de l’Égypte historique, notamment les projets inspirés de Méhémet Ali et de Gamal Abdel Nasser précités. D’où les tentatives sionistes
ininterrompues visant à construire un canal alternatif au canal de Suez reliant la mer Rouge, la mer Morte et la mer Méditerranée à des routes terrestres, des pipelines de transport
du pétrole et du gaz des Pays du Golfe, des infrastructures économiques et touristiques.
En réalité, les premiers projets d’une alternative au Canal de Suez ont surgi dans la seconde moitié du XIXe siècle, des décennies avant la création
d’Israël, sous l’impulsion de partis sionistes ou de certains cercles souhaitant transférer les juifs à l’Est. Parmi les paradoxes, le fait que la Campagne
d’Égypte (1798-1801) menée par le général Bonaparte, soucieux de l’ordre public et de la «question
juive», ait inspiré au philosophe français Charles Fourier (1772-1837), accusé d’antisémitisme, l’idée de la construction d’un tel projet et de l’installation des juifs européens
dans la région. Une idée reprise par l’amiral britannique William Allen en 1855 [dans un ouvrage intitulé «La mer Morte, une
nouvelle route vers l’Inde» ; NdT], et par l’Allemand Paul Friedman sur lequel nous reviendrons.
Des décennies se sont écoulées avant que Theodor Herzl ne propose de telles idées [à travers son roman intitulé «Altneuland»
dans lequel il décrit le futur état juif ; NdT]. Des idées qui aboutiront au projet actuel, notamment après l’agression israélo-franco-britannique en 1956 contre l’Égypte [sous
la présidence de Gamal Abdel Nasser suite à la nationalisation du canal de Suez ; NdT]. Il en fut à nouveau question en 1963 dans un mémorandum américain secret déclassifié en
19963,
puis après les accords
israélo-palestiniens d’Oslo (1993) et les accords
israélo-jordaniens de Wadi Araba (1994), mais
surtout dans un discours de Shimon Peres prononcé au sommet économique d’Amman en 1995, comme dans son livre intitulé «Le Nouveau
Moyen-Orient», et très récemment dans un article de Charlotte Dennett publié par CounterPunch4 et
le journal jordanien Al-Ghad du
1er janvier 2024.
Finalement, le projet actuel consistant à creuser depuis le port d’Eilat au sud d’Israël jusqu’à la mer Méditerranée en sacrifiant Gaza, il n’est pas
inutile de noter que les Ansar Allah yéménites n’utilisent que le nom historique «Umm
Rashrash» pour parler d’Eilat dans leurs déclarations à la presse. Et cela afin de rappeler que cette ville n’a pas été attribuée à la partie hébraïque lors de l’adoption
du Plan de partage
de la Palestine par l’ONU en 1947 [ce que contredit Wikipedia et d’autres publications occidentales officielles ; NdT]. La ville a été occupée par des gangs sionistes
et arrachée à la Jordanie en préparation de l’alternative au canal de Suez.
II. Le projet saoudien
Neom
Le projet Neom5,6 a
été annoncé en 2017 et un comité de gestion a été formé sous la présidence de Klaus Kleinfeld, l’un des piliers du Forum de Davos. Cinq cent milliards de dollars lui ont été alloués
dans le cadre de la Vision
2030 de l’Arabie saoudite, à partir
de fonds d’investissement public pour le développement d’un ensemble de secteurs industriels, technologiques, médiatiques, etc.
Le projet se situe sur la mer Rouge au nord du Hedjaz et s’étend d’Al-Bad’ jusqu’à l’ouest de Tabouk. Cette région est supposée être la partie sud
du Pays de
Madian, lequel s’étend dans sa partie nord jusqu’à la ville jordanienne d’Al-Karak englobant les montagnes d’Al-Sharat, Wadi Araba et Al-Aqaba. À noter que cette région
jordanienne pourrait être incluse dans une deuxième phase du projet selon la déclaration de l’ancien commissaire d’Al-Aqaba, d’Al-Madina
News le 27 octobre 2017 et du journal jordanien Al-Ghad le
25 mars 2018. Une inclusion qui serait en rapport avec l’initiative de Shimon Peres concernant la «Vallée de la
Paix».
D’ailleurs, nombre de données indiquent des approches politiques du projet liées au soi-disant «Nouveau Moyen-Orient», telles qu’elles apparaissent dans
le livre de Shimon Peres et dans les Accords
abrahamiques. D’où les remarques suivantes :
L‘appellation elle-même est l’objet d’interprétations différentes. Certains voient dans le mot «Neom» une relation avec le discours biblique
(NO’AM ?) en rapport avec la grâce divine ayant permis l’installation du peuple d’Israël dans notre région. D’autres, dont les Saoudiens, disent que ce nom est tout
simplement composé du préfixe «néo» et de la lettre initiale M du mot arabe Moustaqbal signifiant «avenir».
Certaines études ont tenté de relier la zone occupée par le projet aux lieux mêmes où les juifs se sont installés après leur exode d’Égypte, allant
jusqu’à changer les noms des régions et des montagnes. Ainsi le mont Al-Tûr s’est transformé en mont Al-Lowz, comme le montre l’étude du chercheur américain Ron White.
La zone occupée par le projet correspond aux projections d’orientalistes, d’anthropologues et d’archéologues affiliés aux fonds sionistes et
britanniques alloués à l’étude de la Palestine. Parmi eux se trouve l’Allemand Paul Friedman7,
propriétaire de la première colonie dans la région et auteur du livre «Das Land
Madian» publié à Berlin en 1891. Il y appelait à l’établissement de colonies juives entre le nord du Hedjaz et le sud de la Jordanie, ainsi qu’à la construction de canaux
reliant la mer Rouge et la mer Morte à la mer Méditerranée par un couloir proche de Gaza.
D’autres projets ont surgi après les accords de Camp David, d’Oslo et de Wadi Araba sous le titre «Les deux
chemins d’Abraham et Moïse». Le premier a abouti à la destruction de l’Irak, puis à une tentative de destruction de la Syrie et à l’invention d’intitulés nouveaux, comme «la
Confédération des Terres Saintes». Le second appelle à isoler le bloc Neom-Jordanie du Sud.
Dans ses prochaines étapes, la zone du projet devrait rejoindre le canal Ben Gourion, d’une part ; les lignes ferroviaires et les intérêts des Pays
du Golfe, d’autre part. Nous savons aussi que le désert oriental de Jordanie est candidat à la construction de plusieurs villes pour l’installation de réfugiés palestiniens.
Le principal partenaire du projet est l’entreprise américaine polyvalente «Bechtel»,
laquelle fut le plus grand partenaire de Washington dans la plupart de ses invasions et pillages dans le monde, y compris la destruction de l’Irak. Nombre de ses représentants ont
occupé des postes clés dans diverses administrations américaines, dont des membres de la famille Bush, le secrétaire à la défense Caspar Weinberger et le secrétaire d’État
George P. Shultz.
Le projet Neom est donc le reflet des stratégies du capitalisme mondial en ce qui concerne le marché financier et sa place dans le système financier et
monétaire du capitalisme anglo-saxon. En effet, après la récupération de Hong Kong par la Chine, les métropoles anglo-saxonnes ont inventé Singapour, puis Dubaï qui a conservé son
importance au sein de ce système malgré les tentatives d’autres pays du Golfe comme le Bahreïn et le Koweït.
Quant à la guerre des ports, le projet Neom qui se situe de l’autre côté de la mer Rouge est déjà en compétition avec Dubaï et pourrait créer des
dissensions au sein du Conseil de coopération du Golfe. Lequel conseil maintient difficilement sa cohésion au vu des divergences entre ses partis, qu’il s’agisse du Sultanat d’Oman,
du Qatar ou du Koweït.
Par ailleurs, force est de constater que le contrôle exercé par les Ansar Allah sur la zone vitale de Bab el-Mandeb ne plaît pas à l’Arabie saoudite qui
y voit des implications stratégiques sur son projet Neom et aussi, sur la relance de la Route des Indes orientales annoncée par le président américain Joe Biden.
III. Le projet visant à
transformer le port de Haïfa en port principal du Moyen-Orient
Le projet du port de Haïfa, en tant que port majeur du Moyen-Orient, nécessite
l’affaiblissement du rôle du canal de Suez et le torpillage du commerce international terrestre via la Syrie et le Liban. D’où les suspicions quant au rôle d’Israël dans les
explosions du port de Beyrouth, le 4 août 2020, et dans la dégradation des relations à la frontière syro-jordanienne sous divers prétextes.
Il n’est donc pas insensé de lier le port de Haïfa à ce que l’on désigne désormais par «Abrahamisme
politique», lequel est étroitement lié aux immenses projets de lignes ferroviaires et de routes terrestres entre les pays arabes
normalisateurs du Golfe et la Palestine occupée.
En conclusion : comprendre les objectifs des projets ennemis aide à mieux saisir l’importance stratégique des batailles de Gaza et de Bab
el-Mandeb.
L’attaque directe et ouverte des forces américaines et britanniques sur les bases militaires au Yémen marque le début de la guerre avec l’Iran que les
néoconservateurs veulent mener depuis si longtemps.
Cette attaque garantit presque que les Houthis frapperont un navire américain dans la mer Rouge, le couleront, et donneront ainsi aux États-Unis le
prétexte nécessaire pour feindre «une attaque non provoquée» sur son armée et ensuite riposter avec tout ce qu’ils ont à
leur disposition contre les personnes qu’ils tiennent pour responsables de l’attaque.
La stratégie est parfaitement claire : Lier directement les Houthis à l’Iran, et amener les Houthis à tuer quelques militaires
américains, ce qui sera l’excuse pour une guerre totale. Ce sera la guerre avec l’Iran qui avait en fait été évitée pendant la crise des pétroliers dans le détroit d’Ormuz (sous les
années Trump), il y a 5 ans.
«Attendez,
attendez, attendez… l’ONU a voté pour un cessez-le-feu en mer Rouge (où les Yéménites n’ont blessé aucun humain)… Mais l’ONU n’a pas encore adopté un vote de cessez-le-feu après que
plus de 30 000 personnes ont été tuées (à Gaza) ???» (Tony Montana @9mmScorpion)
Mardi, les Houthis ont lancé leur plus grande attaque contre des navires en mer Rouge à ce jour. 21 missiles et drones – lancés depuis des positions sur
le territoire ont été abattus par des navires de guerre américains et britanniques patrouillant dans la zone. Aucune victime n’a été signalée.
Selon un porte-parole des Houthis, il s’agissait d’exercer des représailles suite à la mort
de 10 militants houthis qui ont été mitraillés par des hélicoptères de combat américains alors qu’ils tentaient de monter à bord du Maersk Hangzhou dimanche
dernier. Les médias occidentaux ont omis ce fait critique de leurs reportages afin de dissimuler la provocation qui a déclenché l’attaque de mardi contre les navires de guerre
américains et britanniques. Les Houthis affirment que le
Hangzhou a refusé de répondre aux appels radio demandant si le navire était à destination d’un port israélien ou non, ce qui les a incités à tenter de monter à bord du
navire. C’est à ce moment-là que l’enfer s’est déchaîné. (Les Houthis exigent que les navires commerciaux reconnaissent s’ils sont liés ou non à Israël. Le Maersk Hangzhou
ne l’a pas fait.) Voici un bref résumé de l’incident de mardi provenant d’un article publié sur Sputnik
International :
«Le mouvement
yéménite Ansar Allah a revendiqué la responsabilité d’une attaque contre un navire de la marine américaine en mer Rouge, après que les États-Unis ont attaqué les forces houthistes, a
déclaré le porte-parole des Houthis, Yahiah Sariah, dans un communiqué officiel. Ce que l’on sait également : les forces navales, les forces de missiles et les avions sans pilote
des Houthis du Yémen ont mené une opération militaire conjointe en utilisant un grand nombre de missiles balistiques et embarqués et de drones, ciblant un navire de la marine
américaine fournissant un soutien à Israël ; Cette opération était la première réponse à une attaque contre les forces navales houthies par la marine américaine il y a 10 jours
; Les troupes d’Ansar Allah continueront d’empêcher les navires de naviguer vers Israël, tant dans la mer Rouge que dans le golfe Persique, jusqu’à la fin de l’agression contre
la bande de Gaza». @SputnikInt
Et voici un résumé des revendications des Houthis suite à l’assassinat de 10 de leurs combattants par les forces américaines dimanche dernier : (Cela
n’a pas été rapporté dans les médias occidentaux)
En bref, l’attaque des Houthis de
mardi était une réponse à une provocation américaine survenue deux jours plus tôt.
Les dirigeants houthis ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils ne voulaient pas d’une confrontation avec les États-Unis, mais ils ont également déclaré
qu’ils ne reculeraient pas s’ils étaient attaqués. L’incident de mardi prouve qu’ils pensaient ce qu’ils disaient et qu’ils étaient prêts à sacrifier leur vie pour forcer Israël
à lever le siège de Gaza et permettre à la nourriture et aux médicaments d’atteindre le peuple palestinien. En attaquant et en tuant dimanche 10 combattants houthis, les
États-Unis se sont rendus complices du génocide qui a lieu à Gaza. Washington a effectivement déclaré la guerre au Yémen et s’est rangé aux côtés d’un gouvernement déterminé à
éradiquer une population civile de 2 millions de personnes.
L’administration Biden a décrit ses actions en mer Rouge comme une défense de la «liberté de navigation» et de la «haute mer». Mais il s’agit simplement
d’une tentative pour formuler le problème de la manière la plus adaptée aux objectifs des auteurs. Pour la grande majorité des gens dans le monde, les États-Unis défendent les
horribles déprédations commises par l’État israélien. Il n’est pas surprenant que les médias occidentaux aient tenté de qualifier les événements à Gaza de tentative pour «vaincre le
Hamas». Heureusement, peu de gens se sont laissé prendre à cette ruse. Le fait est qu’il n’y a jamais eu d’effusion de sang plus brutale au cours du dernier demi-siècle et que partout
dans le monde, les gens sont consternés par la boucherie incessante et ethniquement alimentée par des voyous insensibles qui célèbrent leur sauvagerie sur TikTok. Aujourd’hui, on nous
dit que le même pays qui envoie des bombes d’une tonne à Israël pour tuer des femmes et des enfants dans leurs maisons devrait être vénéré comme le «garant de la sécurité régionale»
dans la mer Rouge. Naturellement, beaucoup de gens considèrent le comportement du gouvernement comme hypocrite.
À l’heure actuelle, les élites de la politique étrangère se concentrent presque exclusivement sur l’escalade. Mercredi, le secrétaire d’État
américain Antony Blinken a averti
qu’«il
y aurait des conséquences» si les Houthis persistaient dans leurs attaques contre des navires commerciaux, ce qui laisse entendre que l’administration Biden envisage désormais
une action militaire. Gardez à l’esprit que les États-Unis ont déjà constitué une force opérationnelle maritime multinationale, «l’Opération Prosperity Guardian», pour
patrouiller la mer Rouge afin d’assurer la sécurité des navires commerciaux empruntant cette voie navigable vitale. Mais cette coalition de fortune n’a pas réussi à instaurer la
confiance parmi un certain nombre des plus grands transporteurs mondiaux, qui refusent de transiter par la mer Rouge jusqu’à la fin des hostilités. Il incombe donc à
l’administration Biden de trouver une solution viable qui mettra fin aux attaques et rétablira le trafic sur la mer Rouge tel qu’il était avant la crise. Malheureusement, toutes les
preuves suggèrent que Biden et Cie ont décidé que la seule façon d’avancer était d’intensifier les combats en bombardant des sites militaires sur le continent. Ceci est extrait
d’un article de Bloomberg
News :
«Selon plus d’une
douzaine de personnes interrogées par Bloomberg, dont des experts du Yémen, du transport maritime et de la défense et de la sécurité, ces options incluent des frappes
ciblées.
Celles-ci
viseraient à éliminer ou à dégrader la capacité des Houthis à tirer des missiles balistiques sur des navires et des voies de navigation en frappant des sites de lancement, des radars,
des entrepôts de missiles et d’autres infrastructures et logistiques de soutien. Depuis la mi-novembre, les Houthis ont tiré plus de 100 drones et missiles balistiques lors de
deux douzaines d’attaques distinctes, selon le Pentagone. Plus de 15 navires ont été ciblés».1
Et voici davantage, selon un article de James Kraska sur Lawfare :
«Les frappes au
Yémen constitueraient un nouveau type de guerre navale pour contrer la nouvelle méthode des Houthis pour exercer un contrôle maritime depuis la terre. Les infrastructures
terrestres houthistes qui mettent en danger les navires commerciaux et les navires de guerre exerçant leurs libertés en haute mer devraient être éliminées. De plus, l’Iran
exploite apparemment un navire espion radar dans la mer Rouge, qui fournit des conseils de ciblage aux missiles et drones Houthis. La capacité de l’Iran à transmettre des données
de ciblage doit être neutralisée. Cela signifie que la seule stratégie efficace consiste à frapper l’ensemble de l’entreprise houthie à base de missiles, de drones et d’avions
pilotés, y compris le navire iranien et d’autres capacités offensives utilisées par les Houthis pour projeter leur puissance loin des côtes yéménites. Les complexes radar Houthi
et missiles sol-air qui protègent les systèmes offensifs doivent également être désactivés ou détruits. La loi soutient la destruction de la capacité des Houthis à lancer des
attaques contre les navires de guerre américains. (…)
Les attaques des
Houthis ne cesseront pas tant que les Houthis n’auront plus la capacité de mener une guerre contre le transport maritime international. Cette conclusion reflète le jugement de
Riad Kahwaji, fondateur de l’Institut d’analyse militaire du Proche-Orient et du Golfe, un groupe de recherche sur la sécurité basé à Dubaï, qui a déclaré :
«À moins que [les
États-Unis] ne bombardent les sites de lancement de missiles, les radars et les aérodromes des Houthis, et les bateaux, leurs efforts pour lutter contre la menace qui pèse sur le
transport maritime ne seront pas efficaces»».2
Vous pouvez voir où cela nous mène. Pour l’administration Biden, dominée par les néoconservateurs, l’escalade est la seule voie à suivre. Mais, comme
nous l’avons dit depuis le début, le bombardement des sites de
missiles et des infrastructures militaires des Houthis n’arrêtera pas les attaques contre le trafic commercial, il déclenchera simplement un appel à «des troupes sur le
terrain». Une fois que la campagne de bombardement aura échoué, (et ce sera le cas) les forces terrestres américaines seront déployées pour mener une guérilla sanglante
et prolongée dans la péninsule arabique. C’est le désastre qui se profile à l’horizon pour les États-Unis ; un désastre qui aliénera encore davantage (et exaspèrera) les
alliés en déclin de Washington au Moyen-Orient et conduira à l’inévitable expulsion de l’Amérique de la région.
Une meilleure stratégie serait d’ouvrir un canal de communication directe avec les Houthis et d’entamer le processus ardu de négociation d’un règlement
diplomatique. C’est la seule façon de résoudre la crise. Jetez un œil à cet extrait d’un article de Foreign
Affairs qui souligne l’importance de la diplomatie :
«Parce que les
attaques des Houthis pourraient avoir de graves conséquences sur le commerce mondial, les États-Unis subissent d’importantes pressions pour réagir militairement. Mais au
lieu de représailles, les États-Unis devraient privilégier une approche diplomatique (…)
Certains hommes
politiques et analystes ont soutenu que le meilleur moyen de contrer l’agression des Houthis est une escalade militaire destinée à «restaurer la dissuasion».
Mais les
partisans des frappes aériennes contre les Houthis ne peuvent pas expliquer ce qui devrait se passer par la suite. Il est difficile d’imaginer comment les frappes aériennes
pourraient dissuaderles attaques des Houthis aujourd’hui alors qu’elles n’y sont pas parvenues au cours de la dernière décennie. Les frappes aériennes contre des cibles Houthis
pourraient légèrement éroder la capacité des Houthis à lancer des missiles et des drones, mais il sera beaucoup plus difficile de cibler et d’éradiquer efficacement les petits bateaux
bon marché, avec ou sans pilote, des Houthis. (…)
Une approche
combinant diplomatie et dissuasion est le moyen le moins mauvais pour les États-Unis de résoudre ce problème insoluble à court terme. (…)
Pour faire face à
la menace posée par les Houthis, les États-Unis doivent en fin de compte faire pression pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi qu’au conflit israélo-palestinien
en général. Qu’on le veuille ou non, les Houthis ont lié leur agression aux opérations israéliennes à Gaza et ont obtenu un soutien national et régional pour ce
faire. Trouver une approche durable et à long terme aux deux conflits sera essentiel pour apaiser les tensions dans la région et amener les Houthis à annuler leurs attaques
contre les navires commerciaux. De telles attaques auraient une utilité limitée en l’absence de ces conflits.
Ces mesures ne
peuvent pas répondre pleinement à la menace que les Houthis représentent pour les intérêts américains et pour la stabilité de la région en général. Mais elles restent la
meilleure parmi les mauvaises options – et les États-Unis n’ont que de mauvaises options en raison de l’échec de leurs approches au Yémen au cours des 20 dernières
années. Washington ne devrait pas répéter ses erreurs. Des décennies d’expérience ont montré désormais que les efforts militaires visant à déloger les Houthis ont peu de
chances d’être efficaces. Au lieu de cela, ils pourraient simplement dévaster davantage la vie de la population du Yémen, déjà en difficulté».3
Il convient de noter que les Houthis n’ont pas besoin de vaincre militairement les États-Unis pour gagner la guerre en mer Rouge. Il leur suffit de
perturber suffisamment la circulation pour avoir un impact négatif sur l’économie mondiale, ce qu’ils peuvent faire, que leurs villes aient été rasées ou non. Ce n’est pas
l’Afghanistan. Le Yémen représente une voie de navigation commercialement vitale qui peut être efficacement fermée par des guérilleros bien armés qui savent exploiter les
vulnérabilités du système. La force brute et une puissance de feu supérieure ne «l’emporteront pas». La diplomatie et la retenue sont la voie à suivre. Est-ce que
quelqu’un écoute, à Washington ?
REMARQUE : Au
moment où cet article était sous presse, les États-Unis ont lancé des frappes aériennes sur les positions des Houthis au Yémen. Le président Joe Biden a déclenché une guerre dans
la péninsule arabique sans consulter le Congrès et sans déclaration formelle de guerre. Ceci vient de Bloomberg
News :
«Les États-Unis et
le Royaume-Uni ont lancé des frappes aériennes sur des cibles rebelles Houthis au Yémen, intensifiant ainsi le conflit avec un mandataire iranien en réponse à une série d’attaques qui
perturbent la navigation commerciale en mer Rouge. (…)
De fortes
explosions ont été signalées dans la capitale yéménite de Sanaa et dans la ville portuaire d’Al Hudaydah. (…)
Dans un discours
télévisé jeudi, le leader Houthi Abdul Malik Al-Houthi a promis une «grande» réponse aux États-Unis et à leurs alliés s’ils procédaient à une action militaire contre son
groupe.
Les États-Unis
débattaient depuis des semaines de l’opportunité d’attaquer les Houthis. Un défi majeur a été de trouver un moyen de diminuer la capacité du groupe à menacer le transport
maritime, tout en évitant une nouvelle expansion du conflit, selon un responsable britannique proche des conversations».4
Note finale : il faut bien supposer que l’attaque contre le Yémen a été programmée pour coïncider avec le procès de génocide de l’Afrique du Sud contre
Israël qui a commencé plus tôt dans la journée.
La scène diplomatique du Moyen-Orient a été dominée la semaine
dernière par la tournée régionale du secrétaire d’État américain Antony Blinken en Turquie, en Jordanie, au Qatar, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, en Israël, en Cisjordanie et en
Égypte. Il s’agissait d’une « tournée de
démonstration » visant à rallier les dirigeants des pays arabes derrière les États-Unis, mais qui a culminé avec une rencontre acrimonieuse en Cisjordanie entre Blinken et le
président palestinien Mahmoud Abbas, entachée de « querelles et disputes », selon Sky News
Arabia.
La région est en proie à l’angoisse qu’Israël puisse provoquer une extension fatale du conflit dans la bande de Gaza, au Liban et contre l’Iran après
l’assassinat d’un certain nombre de hauts responsables militaires du Hamas et du Hezbollah ces derniers jours, pendant que Blinken était dans la région, soulignant ainsi le mépris de Tel Aviv
à l’égard des subtilités diplomatiques. Deux vidéos prises en Cisjordanie montrent des soldats israéliens tirant sur un garçon de 17 ans et écrasant à plusieurs reprises le cadavre d’un homme qu’ils avaient
abattu, vendredi dernier.
Les États-Unis craignent une extension du conflit au Moyen-Orient. Pourtant, Blinken était accablé par la contradiction entre la rhétorique du soutien continu
de Washington à l’opération israélienne et les paroles du président Joe Biden la semaine dernière disant qu’il effectuait un travail « discret » avec le gouvernement israélien
« pour les amener à réduire considérablement leur
présence et se retirer en grande partie de la bande de Gaza ».
Blinken a affirmé que « les pays (arabes) ont convenu de travailler ensemble pour aider
la bande de Gaza à se stabiliser, tracer une voie politique pour les Palestiniens et œuvrer en faveur d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité à long terme dans la région ».
Dans le même temps, il a reconnu que pour y parvenir, il était nécessaire de mettre fin au conflit à Gaza et d’identifier une voie concrète vers la création d’un État palestinien. Blinken a
souligné que les pays de la région sont toujours intéressés à normaliser leurs relations avec Israël, mais uniquement aux conditions d’un règlement du conflit palestino-israélien. Il pourrait
sans doute s’agir là des premiers signes d’une feuille de route.
L’assassinat de hauts responsables du Hamas et du Hezbollah indique qu’Israël ne fait pas de progrès significatifs sur le champ de bataille et que les
dirigeants sont contraints de rassembler des « trophées » et de revendiquer la « victoire ». Dans une guerre hybride, de tels meurtres
n’affaiblissent pas de manière significative le mouvement de résistance. Un dirigeant efficace a été nommé du jour au lendemain pour diriger la Force Quds du CGRI lorsque le légendaire
général iranien Qassem Soleimani a été assassiné en 2020.
Cela dit, il ne faut pas surestimer la probabilité d’un conflit direct entre Israël et le Hezbollah, car ce dernier sait bien qu’un déclenchement des hostilités
est précisément ce qui arrangerait Tel-Aviv. L’Iran évalue également le calcul d’Israël visant à entraîner les États-Unis dans la guerre. Selon certaines informations, l’Iran aurait fourni des missiles de croisière au
Hezbollah.
Dans un contexte aussi tumultueux et un spectacle soigneusement chorégraphié, le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, est
également apparu dans la région, en même temps que Blinken. Les destinations de Borrell furent le Liban et l’Arabie Saoudite. Le communiqué de l’UE indique que la mission de Borrell “sera l’occasion de discuter de tous les aspects de la situation
dans et autour de Gaza, y compris son impact sur la région, en particulier la situation à la frontière israélo-libanaise, ainsi que l’importance d’éviter une escalade régionale et de
maintenir le flux d’aide humanitaire aux civils“.
S’adressant aux médias à Beyrouth, Borrell s’est montré très critique à l’égard de la guerre menée par Israël à Gaza et a appelé à une pause « qui pourrait devenir permanente ». Il a également
déclaré : « Il est impératif d’éviter une escalade
régionale. Il faut absolument éviter que le Liban ne soit entraîné dans un conflit régional. » Borrell était en mission pour faire le point sur la situation et « contribuer à une sortie de crise ».
Borrell a rencontré le chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le général Aroldo Lazaro, compatriote espagnol.
En effet, il a été question de déployer une force de maintien de la paix à la frontière nord d’Israël avec le Liban.
Parallèlement, Al Jazeera a rapporté, citant une source gouvernementale à Beyrouth, que Borrell avait également eu une réunion non médiatisée avec une délégation du Hezbollah dirigée par Mohammad Raad, membre du corps législatif libanais. Il est concevable que cela ait pu être un
élément clé de son itinéraire à Beyrouth.
Alors que les États-Unis et plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, la République tchèque et l’Autriche, entre autres, considèrent le
Hezbollah comme une organisation terroriste, l’UE s’est limitée à simplement ajouter la soi-disant « branche militaire » du Hezbollah à sa liste terroriste,
laissant la porte ouverte pour interagir avec la direction politique du mouvement si le besoin s’en faisait sentir.
Cela fait suite à l’attentat suicide présumé du groupe en 2012 à Burgas, en Bulgarie, qui a tué cinq touristes israéliens et un chauffeur bulgare. Lors d’un
débat sur la situation de crise au Liban en juillet dernier, le Parlement européen a adopté pour la première fois une résolution appelant l’UE à ajouter l’ensemble du Hezbollah à sa liste
d’organisations terroristes interdites, mais cette décision n’a pas encore été appliquée.
La rencontre de Borrell avec la délégation du Hezbollah n’aurait eu lieu qu’à la connaissance de l’administration Biden – elle pourrait même fournir une raison
valable (et réalisable) du voyage de Borrell au Liban. La BBC avait également fait état il y a une semaine de
contacts secrets entre Israël et le Hezbollah.
En tout cas, par coïncidence, Borrell se trouvait en Arabie Saoudite lorsque Blinken est arrivé là-bas, et les deux ont eu une réunion. Plus tard, dans
une déclaration pour les médias, après des entretiens en Arabie Saoudite avec le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal, Borrell a également adopté une position
nuancée à propos du Hamas, déclarant :
« Et maintenant, nous devons arrêter le massacre de civils à Gaza. Nous devons arrêter ce grand nombre de victimes. Le Hamas doit être éradiqué. Mais le
Hamas est une idée, il représente une idée, et on ne peut pas tuer une idée. La seule façon de tuer une idée – une mauvaise idée – est d’en proposer une meilleure, de donner un horizon au
peuple palestinien, à sa dignité, à sa liberté, à sa sécurité, qui doit aller de pair avec le sécurité d’Israël. »
De toute évidence, Borrell s’est efforcé de briser la glace en s’engageant avec le Hezbollah. Considérant que l’UE a été le partenaire junior des États-Unis sur
les grandes questions internationales, la mission de Borrell peut être considérée comme une mission substantielle visant à ouvrir une voie diplomatique pour apaiser les tensions frontalières
entre Israël et le Liban.
De même, Borrell et le prince Faisal ont relancé l’effort dit de la Journée de la paix lancé en septembre dernier, conjointement par l’UE et l’Arabie saoudite,
la Ligue des États arabes, l’Égypte et la Jordanie comme une initiative « visant à revigorer le processus de paix au
Moyen-Orient ».
Une déclaration commune publiée à l’époque, en marge de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, en présence de près de cinquante ministres des Affaires
étrangères du monde entier, cherchait à « produire
un « paquet de soutien à la paix » qui maximiserait les dividendes de la paix pour les Palestiniens et les Israéliens une fois qu’ils auront atteint un accord de paix,… »
encourageant ainsi de sérieux efforts pour y parvenir.
En tant que chef de la politique étrangère de l’UE, Borrell a traversé les turbulences internationales et les divisions au sein du bloc des 28 membres pour
rendre l’Europe plus unie et en faire un poids lourd diplomatique, mais avec un succès inégal. Bien entendu, l’Ukraine a gâché la fête. La Palestine pourrait bien être la dernière valse de
Borrell. Le mandat de cinq ans de Borrell à Bruxelles se termine en décembre.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
De passage à Québec, la géopolitologue Caroline Galactéros analyse l’avènement d’un monde multipolaire et déplore le déni de l’Occident face à son
propre déclin. Elle revient aussi sur la reprise du conflit israélo-palestinien, selon elle cette fois au désavantage de l’État hébreu.
Il y a beaucoup trop de fronts sur
lesquels une nouvelle guerre horrible au Moyen-Orient pourrait potentiellement éclater, et les choses sont beaucoup trop proches du bord du gouffre sur chacun d’entre
eux.
Les États-Unis et leurs alliés ont publié une déclaration
commune dans laquelle ils mettent en garde les Houthis du Yémen contre les attaques qu’ils mènent contre les navires commerciaux en mer Rouge. Les Houthis, officiellement
connus sous le nom d’Ansarullah, ont réussi à réduire
l’activité portuaire israélienne de manière extrêmement massive grâce à leurs tactiques maritimes en réponse au massacre qu’Israël continue de perpétrer à Gaza.
La déclaration affirme que les attaques yéménites «constituent une
menace directe pour la liberté de navigation qui sert de base au commerce mondial dans l’une des voies navigables les plus critiques du monde», se plaint qu’elles «ajoutent des
coûts importants et des semaines de retard à la livraison des marchandises» et menace finalement les Houthis de «leur faire porter
la responsabilité des conséquences» si ces attaques se poursuivent.
De nombreux critiques ont souligné l’ironie de l’alliance des puissances occidentales menaçant d’intervenir militairement pour protéger les conteneurs
d’expédition et les bénéfices des entreprises, alors que des êtres humains sont massacrés par les frappes aériennes israéliennes et affamés
par la guerre de siège israélienne, avec le soutien amical de ces mêmes puissances.
«Les Palestiniens
aimeraient vraiment bénéficier de la même attention et de la même protection que les conteneurs d’expédition», a tweeté la
journaliste canadienne d’origine palestinienne Yasmine El-Sawabi.
Le fait que les États-Unis et leurs alliés entrent en guerre contre des personnes qui tentent d’arrêter un génocide en cours vous dit tout ce que vous
devez savoir sur eux. Le fait qu’ils le fassent pour les marges bénéficiaires des entreprises vous en dit encore plus, et le fait qu’ils le fassent contre un pays auquel ils ont déjà
contribué à infliger des horreurs
insondables au cours des dernières années vous en dit encore plus.
Et ce n’est là qu’une des guerres potentielles qui se profilent à l’horizon à la suite de l’assaut israélien à Gaza. Comme l’a récemment expliqué Trita
Parsi dans The Nation,
il existe trois autres fronts le long desquels des guerres pourraient également éclater dans la région en dehors d’un conflit occidental avec les Houthis : en Irak et en Syrie, où les
forces américaines ont été attaquées à plusieurs reprises par des militants en réponse à l’assaut de Gaza, au Liban entre Israël et le Hezbollah, et le scénario cauchemardesque absolu
d’une guerre à grande échelle avec l’Iran.
«Ce risque existe
sur quatre fronts : Entre Israël et le Hezbollah libanais, en Syrie et en Irak en raison des attaques contre les troupes américaines par des milices alignées sur l’Iran, en mer Rouge
entre les Houthis et la marine américaine, et entre Israël et l’Iran suite à l’assassinat d’un général iranien en Syrie et à l’explosion à Kerman aujourd’hui lors de la commémoration
de la mort du général Qassem Soleimani qui a fait plus de 100 morts», écrit Parsi.
Le fait qu’Israël ait commencé à se concentrer sur l’intensification des agressions contre l’Iran et le Hezbollah tout en retirant
des milliers de soldats de Gaza est un signe potentiellement inquiétant. Certains analystes estiment qu’Israël
tente d’entraîner les États-Unis dans une guerre directe avec le Hezbollah, ce que les responsables américains craignent depuis
le début de l’assaut contre Gaza.
Il y a beaucoup trop de fronts sur lesquels une nouvelle guerre horrible au Moyen-Orient pourrait potentiellement éclater, et les choses sont beaucoup
trop proches du bord du gouffre sur chacun d’entre eux. Et tout cela pour des terres, de l’argent et un contrôle géostratégique, comme toujours. Plus tôt la structure de pouvoir
centralisée des États-Unis s’effondrera, mieux ce sera pour l’humanité.
Les libéraux se sont moqués de l’amitié entre la Russie et l’Érythrée. Et s’ils commençaient maintenant à s’y pencher ?
par Dzen.ru
Voilà qui est intéressant. Pour bloquer le canal de Suez, il n’est pas nécessaire de s’en approcher. Il suffit de se trouver à 2000 kilomètres
pour rendre le canal impraticable.
Tout est de la faute de la géographie et il est difficile de discuter avec elle.
Le canal de Suez n’est qu’une petite partie de la route maritime reliant l’Asie à l’Europe :
Certes, mais c’est une partie très importante sans laquelle le passage des navires ne peut se faire. De même, le mouvement des navires à travers
le canal de Suez n’est également pas possible sans la possibilité de naviguer en passant un autre goulot d’étranglement sur cette route : le détroit de Bab-el-Mandeb.
Le canal de Suez et ce détroit sont comme les deux «cols» de la mer Rouge. L’entrée et la sortie. Ou bien la sortie et l’entrée en fonction du sens de
la navigation.
C’est un fait que le canal de Suez a été construit par l’homme alors que c’est la nature qui a créé le détroit. Mais la navigation est autant importante
par les deux passages.
Le détroit de Bab el-Mandeb est large d’environ 28 kilomètres (sans prendre en compte les îles). Il est d’autant plus intéressant que sur l’une des
côtes se trouve l’État du Yémen. Ce même Yémen où vit un groupe arabe extrêmement spirituel et belliqueux – les Houthis.
Les Houthis sont très mécontents des actions que mène Israël dans la bande de Gaza. Ils profitent ainsi d’un avantage géographique naturel : ils
bloquent le détroit aux navires transportant des marchandises dans l’intérêt d’Israël.
Ainsi, bien que les Houthis vivent à 2000 km du canal de Suez, ils le rendent extrêmement vulnérable et pratiquement impraticable.
Regardons maintenant la rive opposée du détroit de Bab el-Mandeb de l’autre côté du Yémen. Je pense que tout le monde a déjà compris de quoi il était
question.
On trouve deux États – Djibouti et l’Érythrée. À partir de ces deux territoires, il est possible de contrôler le détroit, donc de contrôler toute la
route maritime à travers la mer Rouge, donc une bonne partie du commerce mondial.
L’État érythréen est très pauvre. Excessivement pauvre. C’est l’un des plus pauvres du monde. Selon certains indicateurs, il s’agit de l’État le plus
pauvre au monde.
Mais cet État entretient des relations très amicales avec la Russie. À l’ONU, il vote toujours pour nos résolutions et contre celles de l’ennemi. Au
printemps 2023, le président érythréen est venu à Moscou et a rencontré Poutine.
Le président
Isaias Afwerki en compagnie de Vladimir Poutine
Je m’en souviens très bien alors que les mauvaises langues libérales ricanaient.
«Voilà qu’à Kiev,
disent-ils, les «Personnes joyeuses et intelligentes» (en russe, le KVN : Klub veselykh i nakhodtchivykh, le Club des Bienheureux et des Populaires) rencontrent les dirigeants des
États-Unis et de la Grande-Bretagne, alors que nous… Il a trouvé avec qui se lier d’amitié. Est-ce qu’il n’y avait vraiment personne d’autre ? La honte !»
Je ne me réfèrerai pas ici à la longue liste de pays relativement importants, de la Chine et de l’Inde aux Émirats arabes unis et à la Turquie, que
Poutine rencontre et avec lesquels il renforce les contacts depuis ces deux dernières années au moins.
Pensons maintenant spécifiquement à l’Érythrée. Ce pays est-il réellement insignifiant dans le contexte de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde
?
Plus d’une fois, j’ai écrit que la puissance de l’Occident reposait sur son contrôle, en premier lieu, des routes commerciales maritimes. Les États-Unis
et leurs alliés possèdent des bases militaires près de tous les points cruciaux des océans dans le monde, tels que les canaux de Suez et de Panama, Gibraltar, le détroit du Bosphore,
le détroit de Malacca et même la pointe de l’Amérique du Sud (les îles Falkland) et les ports maritimes chinois à Taïwan.
En cas de graves problèmes, les États-Unis peuvent tout simplement exclure pratiquement tous les pays du commerce mondial. Ce que d’ailleurs fait
actuellement le Yémen. Simplement, le Yémen use de méthodes artisanales, «manuelles». Les États-Unis, eux, ont tout un arsenal jusqu’aux porte-avions.
Regardons maintenant par quoi ces derniers temps la Russie est occupée.
Une partie de ses actions revient littéralement à «gratter» des parties des océans du monde qu’elle pourrait contrôler. Sans ce contrôle, un pays ne
peut pas vraiment être considéré comme influent et fort.
Soit. Il y a actuellement beaucoup de choses qui sont faites dans ce sens.
Par exemple, la Route maritime du Nord se développe rapidement. Elle peut déjà reprendre une part importante du commerce maritime mondial aux
États-Unis. On n’arrive plus à compter le nombre de projets allant dans ce sens. De la pose de fibres optiques dans les profondeurs arctiques (communications) jusqu’au développement
de centrales nucléaires flottantes (énergie).
La flotte militaire a été recomposée. Les navires et les sous-marins les plus modernes sont régulièrement mis à l’eau. Ces dernières années, ils sortent
des cales tout simplement par paquets.
La création de bases navales en dehors de la Fédération de Russie aux points stratégiques les plus importants de la planète est en cours.
La première base de l’histoire de la Russie moderne a été créée en Syrie. La société n’y accorde pas particulièrement d’importance, mais cette base
permet à la flotte russe de pouvoir contrôler une partie importante du Moyen-Orient sans rester «enfermée» dans la mer Noire.
Des négociations sont en cours pour établir des bases dans d’autres endroits. Par exemple, près du canal de Panama, du détroit de Malacca. Et, bien sûr,
sur la mer Rouge.
Dans ce cadre, de nouveaux accords évoluent avec le Soudan qui semble accepter la localisation d’une base militaire et technique pour la flotte
russe.
L’Érythrée est un point ultra-important sur la carte du monde. Si la Russie y installe une base militaire, ce sera cent fois plus sérieux que les
actions actuelles du Yémen.
En effet, c’est une chose quand les Houthis presque pieds nus tentent de contrôler la navigation à travers le détroit, et c’en est une autre quand ce
sont des corvettes modernes de la Fédération de Russie qui décident de cette navigation.
Pour le moment, on peut difficilement s’imaginer cette situation, mais la Russie, en représailles, peut parfaitement bloquer, par exemple, la navigation
des navires à travers la mer Rouge en direction de l’Europe. Au cas où ils s’attaqueraient à nos intérêts dans la région. Nous ne sommes pas loin d’avoir atteint ce stade. Les
(Occidentaux) s’affaiblissent très rapidement autant que nous nous renforçons au même rythme.
Le gouvernement israélien affirme
qu’il mène un combat mortel pour sa survie contre le Hamas et qu’il doit donc prendre toutes les mesures, y compris la destruction même de Gaza, pour survivre. C’est
faux.
Lorsque le Congrès reviendra en janvier, le président Joe Biden plaidera en faveur d’un approfondissement de la complicité américaine dans la guerre
israélienne à Gaza par le biais d’un autre programme d’armement américain pour Israël. Les Américains devraient élever la voix et dire non catégoriquement.
Armer encore
Israël ?
Un paquet d’armes destiné à Israël va non seulement à l’encontre des intérêts de l’Amérique, mais aussi à l’encontre des intérêts d’Israël. La
seule voie vers une véritable sécurité pour Israël est la paix avec la Palestine. Les États-Unis peuvent y contribuer en mettant fin à la fourniture de munitions pour la guerre
brutale d’Israël et en promouvant la solution à deux États, comme l’exige le droit international.
J’ai exposé la voie diplomatique vers la solution à deux États dans une précédente colonne pour les
rêves communs. Cette voie reste ouverte. Elle est activement promue par les pays arabes et islamiques et soutenue par presque le monde entier.
Si Israël met fin au génocide, il mettra fin à l’opposition mondiale à laquelle il est actuellement confronté.
La brutalité d’Israël à
Gaza
Elle devient une véritable menace pour la survie d’Israël. En raison de la violence extraordinaire d’Israël, le monde s’unit contre Israël, tandis
qu’Israël subit d’énormes pertes militaires. Chose incroyable, certains dirigeants israéliens préconisent désormais ouvertement une guerre encore plus vaste au Moyen-Orient, une
guerre qui pourrait bien entraîner un désastre total pour Israël.
L’opposition mondiale croissante à la politique israélienne n’est pas antisémite. C’est anti-génocide. Elle est également favorable à la paix,
à Israël et à la Palestine. Si Israël met fin au génocide, il mettra fin à l’opposition mondiale à laquelle il est actuellement confronté.
Vaincre le Hamas n’est pas le
véritable objectif d’Israël à Gaza
Le gouvernement israélien affirme qu’il mène un combat mortel pour sa survie contre le Hamas et qu’il doit donc prendre toutes les mesures, y compris la
destruction même de Gaza, pour survivre. C’est faux. Il n’existe aucune justification éthique, pratique, juridique ou géopolitique pour détruire Gaza – en tuant des dizaines
de milliers de civils et en déracinant 2 millions de personnes – pour protéger Israël contre le type de menaces évitables et contrôlables que représente réellement le Hamas.
«Tondre le gazon»
régulièrement
Au cours des années 2008-2022, le Hamas et d’autres militants ont
tué environ une douzaine de civils israéliens par an, alors qu’Israël tuait habituellement au moins dix fois plus de civils palestiniens. Il y a eu un pic en 2014, quand
Israël a envahi Gaza, avec 19 civils israéliens tués contre 1760 civils palestiniens. Le Hamas lance de nombreuses roquettes, mais presque toutes sont interceptées ou causent peu
de dégâts. Israël répond par des massacres périodiques (comme en 2014) et par des frappes aériennes plus régulières. Les Israéliens ont même un nom cynique pour leurs
meurtres périodiques, appelés «tondre
le gazon». Il est de
notoriété publique en Israël que le Hamas a longtemps servi de soutien politique «à faible coût» utilisé par Netanyahou pour «prouver» aux Israéliens qu’une solution à deux
États est impossible.
Les limites du
Hamas
Au cours de toutes les années de règne du Hamas à Gaza a depuis 2007, le Hamas n’a jamais conquis le territoire israélien, et encore moins menacé de
près ou de loin l’existence ou la survie d’Israël. Parce qu’il ne pourrait pas le faire, même s’il le voulait. Le Hamas compte environ 30 000 combattants, contre plus de 600
000 membres actifs et réservistes de Tsahal. Le Hamas ne dispose pas d’une force aérienne, d’unités blindées, d’une base militaro-industrielle et de la moindre manœuvrabilité
géographique en dehors de Gaza.
L’échec israélien
Le 7 octobre, les combattants du Hamas ont fait une incursion surprise en Israël qui a duré cette horrible journée. Cela ne reflète pas une nouvelle
super-capacité du Hamas à envahir Israël, mais plutôt un échec choquant de la sécurité israélienne. Les dirigeants israéliens ont ignoré les nombreux avertissements concernant
une attaque imminente du Hamas et ont inexplicablement laissé la frontière entre Gaza et Israël gravement sous-équipée. Plus étonnant encore, ils l’ont fait quelques jours
seulement après que des extrémistes israéliens eurent pris
d’assaut le complexe de la mosquée al-Aqsa, l’un des sites les plus saints de l’Islam. Le Hamas a exploité l’étonnante faille de sécurité d’Israël en franchissant la
frontière lors d’une attaque qui a entraîné la mort d’environ 1100 civils israéliens et la prise d’otages par le Hamas, un nombre inconnu de civils israéliens étant morts ce jour-là à
cause des bombardements aériens israéliens et des tirs croisés dans la Contre-attaque de Tsahal.
Rendre Gaza
inhabitable
En renforçant la frontière avec Gaza, Israël a stoppé de nouvelles incursions terrestres du Hamas. Netanyahou a ordonné la destruction de Gaza non
pas pour protéger Israël du Hamas, mais pour rendre Gaza inhabitable et ainsi concrétiser son intention de longue date d’imposer un régime israélien permanent sur le
territoire. Netanyahou a l’avantage supplémentaire de s’accrocher au pouvoir malgré ses autres échecs graves.
Le contrôle total
L’objectif le plus fondamental du gouvernement israélien est de consolider son contrôle total sur le «Grand Israël», c’est-à-dire l’ensemble des terres
allant du Jourdain à la mer Méditerranée. Son objectif avec l’incursion à Gaza est de chasser la population du territoire. Le 10 octobre, le ministre israélien de la
Défense, Yoav Gallant, a
déclaré que «Gaza ne reviendra
pas à ce qu’elle était avant. Nous éliminerons tout». Plus récemment, Netanyahou
a parlé d’une «émigration volontaire de la population gazaouie – volontaire, c’est-à-dire après que Gaza ait été dévastée et que les Gazaouis aient été invités à
évacuer. Le maire de Metula, David Azoulai, a déclaré que «toute la bande de
Gaza doit être vidée. Aplatie. Comme à Auschwitz. Que ce soit un musée permettant au monde entier de voir ce qu’Israël peut faire. Que personne ne réside dans la bande de Gaza à
la vue du monde entier, car le 7 octobre a été en quelque sorte un deuxième Holocauste». Il a ensuite précisé qu’il aimerait voir la population de Gaza «déplacée», et non
assassinée. Plus récemment, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, un
fasciste autoproclamé, a
appelé à ce que la population de Gaza soit réduite de 100 000 à 200 000 habitants, sur une population actuelle de plus de 2 millions. Dès le début de son invasion de Gaza,
Israël avait pour objectif de repousser les Gazaouis vers l’Égypte, mais l’Égypte a catégoriquement refusé de prendre part au nettoyage ethnique.
Dans les années 1970, l’objectif de dominer la Palestine pour créer le Grand Israël en tant qu’État juif était une croyance marginale. Aujourd’hui,
c’est ce but qui dirige la politique israélienne, reflétant en partie l’énorme poids politique des centaines de milliers de colons israéliens en Cisjordanie occupée et à
Jérusalem-Est.
Le «Grand Israël»
Défini comme l’Israël des frontières d’avant la guerre de 1967, plus Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, le «grand Israël» abrite environ sept
millions de juifs et sept millions de musulmans et de chrétiens palestiniens. Israël ne peut diriger le Grand Israël qu’en dominant sept millions de Palestiniens ou en les
chassant de leurs foyers par la guerre, la violence et une discrimination extrême. La quête du Grand Israël conduit en pratique Israël à commettre de graves crimes contre le
peuple palestinien. Le crime permanent est le régime de l’apartheid, avec ses graves injustices et indignités. Le crime le plus grave est le nettoyage ethnique, comme le
tente Israël à Gaza. Le plus grave de tous est le génocide, dont témoignent les milliers de morts de civils innocents qui se produisent chaque semaine désormais à Gaza.
Le virage d’Israël vers
l’extrémisme
Le peuple américain doit comprendre que la politique israélienne est désormais dominée par des extrémistes qui mélangent ferveur religieuse et violence
meurtrière contre les Palestiniens. Ce côté ultra-violent d’Israël est évident en Israël mais reste encore largement méconnu du public américain. La brutalité israélienne à
Gaza surprend de nombreux Américains, mais elle est devenue courante en Israël même, même si certains Israéliens nient sans aucun doute les faits sur le terrain dans les territoires
occupés. The
Grayzone a rassemblé une
compilation choquante de soldats israéliens et de personnalités de premier plan célébrant la mort de Palestiniens.
La violence génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien séduit une grande partie de l’opinion publique israélienne pour plusieurs raisons. Premièrement, la
mémoire de l’Holocauste est toujours cachée dans l’ombre en Israël. Des politiciens comme Netanyahou ont longtemps réalimenté la terreur de l’Holocauste pour affirmer
grossièrement et faussement que tous les Palestiniens veulent tuer tous les juifs, de sorte que la répression violente des Palestiniens est une question de vie ou de mort pour
Israël. Bien sûr, comme dans toute spirale de haine, il existe une prophétie auto-réalisatrice dans la rhétorique et les actions de Netanyahou, conduisant à des contre-actions et
à des haines de la part de l’autre camp. Pourtant, plutôt que d’essayer de résoudre ces problèmes par le dialogue, l’interaction, la diplomatie et le rétablissement de la paix,
le cycle de la haine est constamment alimenté.
La propagande
religieuse
Deuxièmement, les rabbins orthodoxes ont développé le discours sur la sécurité en insistant sur le fait qu’Israël a un droit sacré sur la Palestine
parce que Dieu a donné aux Israélites toutes les terres, du Jourdain à la Méditerranée.
Troisièmement, avec 700 000 colons israéliens vivant sur les terres palestiniennes conquises en 1967, le Grand Israël est devenu un fait
accompli pour une grande partie du peuple israélien, qui a un grand poids dans la politique israélienne. Ces colons se sont installés dans les territoires conquis et
insistent désormais avec ferveur pour défendre leurs colonies. Le Conseil de sécurité de l’ONU (résolution
2334 du Conseil de sécurité de l’ONU) a déclaré sans équivoque que les colonies israéliennes en Palestine occupée constituent une violation flagrante du droit international, mais
Smotrich lui-même, au sein du cabinet intérieur, est un leader du mouvement des colons.
L’émergence de ce courant violent du judaïsme remonte au début des années 1970, juste après la guerre des Six Jours de 1967. La question politique
en Israël après 1967 était de savoir quoi faire de la terre palestinienne nouvellement occupée. S’appuyant sur les
propositions de Yigal Allon, un homme politique israélien de premier plan, les dirigeants israéliens ont décidé de conserver Jérusalem-Est et d’établir des colonies en Cisjordanie
occupée et à Gaza afin de mettre «les faits sur le terrain» pour protéger la sécurité d’Israël. Dès le début, les gouvernements israéliens ont défié la résolution 242 (1967) du
Conseil de sécurité de l’ONU, qui rejetait l’acquisition de territoires par Israël par la guerre.
Ce qui s’est passé ensuite a été capital. Les juifs ultra-religieux ont défendu la cause des colonies israéliennes dans les territoires occupés,
dans le cadre d’un appel messianique visant à faire d’Israël le «soutien terrestre du trône du Seigneur» (ici p.69). En 1974, Gush
Emunim a été lancé en tant que mouvement religieux ultra-nationaliste par les adeptes des rabbins père-fils Abraham Isaac Kook et Zvi Yehuda Kook, dont les enseignements
combinaient les revendications territoriales du Livre de Josué, la loi talmudique, le mysticisme hassidique et le nationalisme, et l’activisme politique.
La motivation religieuse du Grand Israël est que Dieu a donné aux juifs toutes les terres allant du Jourdain à la mer Méditerranée. Dans
le livre de
Josué, probablement achevé au VIe siècle avant JC, Dieu ordonne aux Israélites arrivant d’Égypte après 40 ans dans le désert d’anéantir les nations de Canaan afin de s’emparer du
pays. Dieu promet que le pays s’étendra «depuis le désert
du Néguev au sud jusqu’aux montagnes du Liban au nord, depuis l’Euphrate à l’est jusqu’à la mer Méditerranée à l’ouest, y compris tout le pays des Hittites». (Josué 1:4, New
Living Translation). Avec le soutien de Dieu, les armées de Josué commettent une série de génocides pour s’emparer du pays.
Ce texte extraordinairement violent et les parties de la Bible qui s’y rapportent (comme l’anéantissement des Amalécites dans le livre de Samuel) sont
devenus des
points de référence cruciaux pour les Israéliens de droite, tant religieux que laïcs. En conséquence, l’Israël d’aujourd’hui poursuit une vision messianique du VIe
siècle avant JC consistant à garantir la totalité de la Palestine aux juifs. Les partisans du Grand Israël qualifient souvent les opposants de cette idéologie d’antisémites, mais
c’est tout à fait hors de propos, comme l’a
soutenu avec éloquence l’ancien directeur exécutif de Harvard Hillel. Les opposants au Grand Israël sont contre l’extrémisme et l’injustice, pas contre le
judaïsme.
Le mouvement des colons juifs a conduit à un mépris meurtrier à l’égard des Palestiniens. Dans son livre «Le
fondamentalisme juif en Israël», le professeur Israel Shahak attire l’attention sur le fanatisme religieux du rabbin Eliezer Waldman, un dirigeant des colons de Cisjordanie
:
«Disons-le
clairement et avec force : nous n’occupons pas de territoires étrangers en Judée-Samarie [en Cisjordanie]. C’est notre
ancienne maison. Et remercions Dieu de lui avoir redonné vie… Notre responsabilité envers la foi juive et la rédemption nous commande de nous exprimer d’une voix forte et
claire. Le processus divin d’unification de notre peuple et de notre terre ne doit pas être obscurci et affaibli par des concepts apparemment logiques de «sécurité» et de
«diplomatie». Ils ne font que déformer la vérité et affaiblir la justice de notre cause, qui est gravée dans nos droits nationaux exclusifs sur notre terre. Nous sommes un
peuple de foi. C’est l’essence de notre identité éternelle et le secret de notre existence continue dans toutes les conditions». [2002]
Dans «Jewish History –
Jewish Religion» (2ème édition, 2008), Shahak cite l’aumônier en chef du commandement régional central de l’armée israélienne en 1973 : «En temps de
guerre, lorsque nos forces prennent d’assaut l’ennemi, elles sont autorisées et même ordonnées par la Halakhah (loi juive) pour tuer même les bons civils [palestiniens], c’est-à-dire
les civils qui sont ostensiblement bons» (p.76).
La tactique consistant à recourir à la violence pour provoquer une fuite massive des Palestiniens fait partie du manuel d’Israël depuis sa
création. À la veille de l’indépendance d’Israël, en 1947-48, des groupes militants juifs ont utilisé la terreur pour provoquer le départ massif de centaines de milliers de
Palestiniens dans un processus sordide appelé nakba par
les Palestiniens («catastrophe» en arabe).
Le gouvernement de Netanyahou vise à répéter la Nakba dans
la guerre à Gaza en forçant les Gazaouis à fuir vers l’Égypte voisine ou d’autres régions du Moyen-Orient arabe. Cependant, contrairement à ce qui s’est passé en 1947-48, le
monde regarde en temps réel et exprime son indignation face à la tentative flagrante de nettoyage ethnique d’Israël. L’Égypte a déclaré sans équivoque à Israël et aux États-Unis
qu’elle ne participerait pas au nettoyage ethnique d’Israël et qu’elle n’accepterait pas un afflux de réfugiés de Gaza.
La quête du Grand Israël est vouée
à l’échec
La tentative d’Israël de créer par la violence un «Grand Israël» échouera. Les Forces de défense israéliennes subissent des pertes massives dans la
brutale guerre urbaine à Gaza. Bien qu’Israël ait tué plus de 20 000 habitants de Gaza, pour la plupart des femmes et des enfants, il n’a pas détruit la capacité du Hamas à
résister à l’invasion israélienne. Les dirigeants de Tsahal affirment que la bataille contre le Hamas prendra encore plusieurs mois, mais bien avant cela, l’opposition mondiale
deviendra probablement insurmontable.
En désespoir de cause, les dirigeants israéliens, comme le ministre de la Défense Benny Gantz, veulent
étendre la guerre au Liban et probablement à l’Iran. Les partisans de la ligne dure américaine, comme le sénateur républicain Lindsey Graham de Caroline du Sud, sont
intervenus consciencieusement et de manière prévisible, appelant
à une guerre entre les États-Unis et l’Iran. Cette stratégie israélienne risque également d’échouer. Les États-Unis ne sont pas en mesure de mener une guerre plus vaste
au Moyen-Orient, après avoir réduit leurs stocks de munitions en Ukraine et à Gaza. Le peuple américain s’oppose trop fermement à une nouvelle guerre américaine, et son
opposition sera entendue au cours d’une année électorale, même par un Congrès dans
la poche du complexe militaro-industriel.
Les revers diplomatiques d’Israël, s’ils ne sont pas inversés, s’avéreront dévastateurs. Israël connaît une hémorragie de soutien politique dans le
monde entier. Lors d’un récent vote à l’Assemblée générale des Nations unies, 174 pays, représentant 9% de la population mondiale, ont voté en faveur de l’autodétermination
politique palestinienne, tandis que seulement 4 pays représentant 4% de la population mondiale – Israël, les États-Unis, la Micronésie et Nauru – ont voté contre (15 autres pays se
sont abstenus ou n’ont pas voté). Le militarisme pur et dur d’Israël a uni le monde contre lui.
Les dirigeants et diplomates israéliens doivent cesser de crier que les critiques sont tous antisémites et écouter ce que le monde dit réellement :
Israël et la Palestine doivent vivre côte à côte sur la base du droit international et de la sécurité mutuelle.
Israël compte désormais entièrement sur son seul soutien restant, les États-Unis, mais le
soutien américain est également en déclin. Avec une large majorité, 59%
pour et 19% contre, les Américains soutiennent un cessez-le-feu. Les Américains soutiennent la sécurité d’Israël mais pas son extrémisme. Bien sûr, l’Amérique a ses
propres fanatiques chrétiens et juifs qui fondent leur politique sur le littéralisme et l’orthodoxie bibliques, mais ils constituent une minorité dans l’opinion publique. Le
soutien américain à Israël dépend de la solution à deux États. Biden le sait et a réitéré le soutien des États-Unis à la solution à deux États, alors même que les États-Unis
fournissent des munitions pour la guerre israélienne contre Gaza.
Même si les juifs américains soutiennent généralement Israël, ils ne soutiennent pas le messianisme religieux d’Israël. Dans une
enquête Pew de 2020, seuls
30% des juifs américains pensaient que «Dieu a donné au
peuple juif la terre qui est aujourd’hui Israël». 63% croient en la faisabilité d’une paix entre Israël et la Palestine grâce à la solution à deux États. Seuls 33%
pensaient qu’en 2020, le gouvernement israélien faisait des efforts sincères en faveur de la paix avec les Palestiniens.
Même les juifs orthodoxes américains sont divisés sur la question du Grand Israël. Certaines communautés juives orthodoxes, comme les Chabad,
croient au Grand Israël, motivé par la Bible, tandis que d’autres, comme la communauté Satmar (également connue sous le nom de Naturei
Karta), sont des antisionistes et des
critiques virulents de la guerre d’Israël contre le peuple palestinien, affirmant que le judaïsme est une religion, et non un concept de nation. La communauté Satmar
croit que la renaissance de la patrie juive doit suivre la chronologie de Dieu, et non une chronologie sioniste.
Soutenir l’extrémisme israélien
n’est pas dans l’intérêt de l’Amérique
Les États-Unis ont fourni les munitions nécessaires à la guerre brutale d’Israël. Cette complicité a conduit à un procès
intenté par des plaignants palestiniens accusant le gouvernement américain de violations de la convention sur le génocide. Dans le cadre de cet effort juridique, le
Centre pour les droits constitutionnels, basé aux États-Unis, a méthodiquement documenté les déclarations génocidaires des dirigeants israéliens ici et ici.
Les États-Unis sont également confrontés à un isolement diplomatique grave et coûteux alors qu’ils défendent les actions indéfendables
d’Israël. Lors des récents votes du Conseil de sécurité américain et de l’Assemblée générale de l’ONU, les États-Unis ont été presque seuls à soutenir les actions hyper-violentes
et injustes d’Israël. Cela nuit aux États-Unis dans d’innombrables autres domaines de la politique étrangère et de l’économie mondiale.
Le budget fédéral
Le budget fédéral américain est également soumis à une pression considérable en raison des dépenses militaires,
qui atteindront au total environ 1500 milliards de dollars en 2024. Le peuple américain en a assez de l’explosion des dépenses militaires, qui ont été un facteur
central dans l’augmentation de la dette publique d’environ 35% du PIB en 2000 à environ 100% du PIB aujourd’hui. Avec la montée en flèche des dettes et la hausse des taux
d’intérêt sur les prêts hypothécaires et les prêts à la consommation, le public résiste aux appels de Biden en faveur d’un déficit budgétaire accru pour financer les guerres en
Ukraine et à Gaza, et s’opposera avec véhémence à une guerre plus large au Moyen-Orient, en particulier à une guerre qui entraîner les États-Unis dans un combat direct.
Un soutien inéluctable
?
Bien entendu, le soutien illimité des États-Unis à Israël semble inéluctable dans la politique américaine. Le lobby pro-israélien – une puissante
constellation de politiciens israéliens et de riches Américains – a joué un rôle majeur dans l’obtention de ce fort soutien. Le lobby israélien a donné 30
millions de dollars en contributions électorales lors du cycle électoral du Congrès de 2022, et il en donnera bien plus en 2024. Pourtant, le lobby se heurte à l’opposition
croissante de l’opinion publique à la brutalité israélienne à Gaza.
La solution
La solution à deux États reste la
véritable chance d’Israël pour la paix et la sécurité
Les dirigeants et diplomates israéliens doivent cesser de crier que les critiques sont tous antisémites et écouter ce que le monde dit réellement :
Israël et la Palestine doivent vivre côte à côte sur la base du droit international et de la sécurité mutuelle. Le soutien à une solution à deux États est un soutien à la paix et
à la sécurité du peuple juif dans l’État d’Israël, tout comme c’est un soutien à la paix et à la sécurité du peuple palestinien dans son propre État. Au contraire, soutenir le
génocide israélien à Gaza et attiser le sentiment anti-israélien (et anti-américain) dans le monde entier est contraire à la sécurité à long terme d’Israël et peut-être même à sa
survie. Les États arabes et islamiques ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils étaient prêts à normaliser leurs relations avec Israël dans le cadre de la solution à deux
États. Cela remonte à l’Initiative
de paix arabe de 2002 et comprend l’importante déclaration
finale du sommet extraordinaire conjoint arabo-islamique de Riyad le 11 novembre 2023. Les États-Unis et les pays arabes devraient rapidement se mettre d’accord sur la
création d’une force conjointe de maintien de la paix pour assurer la sécurité des deux parties, dans le contexte de la mise en œuvre de la solution à deux États.
De nombreux colons religieux zélés résisteront fermement à un État palestinien, affirmant leur droit de le faire sur la base d’anciens textes
bibliques. Pourtant, le but du judaïsme n’est pas de gouverner des millions de Palestiniens ni de les nettoyer ethniquement. Le véritable objectif n’est pas de provoquer
l’opprobre mondial mais d’utiliser la raison et la bonne volonté pour trouver la paix. Comme l’a déclaré Hillel l’Ancien : «Tout ce qui vous
est odieux et répugnant, ne le faites pas à vos semblables. C’est toute la Torah ; le reste n’est que commentaire. Allez apprendre. Le véritable objectif est de
réaliser la vision éthique du prophète Isaïe» (2 : 4), qui a prophétisé que «les nations
transformeront leurs épées en socs de charrue, et leurs lances en serpes : Une nation ne lèvera pas l’épée contre une nation, et elles n’apprendront pas non plus la
guerre». Il se peut qu’il en soit ainsi.
Un homme – le général de division
à la retraite Brik, un officier militaire très respecté – a averti personnellement le Premier ministre Netanyahou qu’un bourbier à Gaza constituait un risque réel.
Alors que le ministre israélien de la Sécurité Gallant parle de près d’une année supplémentaire de combats à Gaza, les plans du commandement sud des FDI
estiment que le conflit durera un à deux ans, avec des forces supplémentaires déployées le long de la frontière avec Gaza et des troupes supplémentaires stationnées le long de la
frontière libanaise tout au long de 2024 – «même s’il n’y a
pas d’escalade supplémentaire».
Ce qui est dit ici est assez clair : Les Israéliens pensaient que leur guerre contre le Hamas à Gaza serait rapide et facile, compte tenu de leur
immense puissance de feu et de leur expérience passée. Au lieu de cela, ils sont choqués de se retrouver à lutter pour rester à flot dans un bourbier de plus en plus profond, à Gaza,
dans le nord et en Cisjordanie également.
Un homme – le général de division à la retraite Brik, un officier militaire très respecté – a averti personnellement le Premier ministre Netanyahou
qu’un bourbier à Gaza constituait un risque réel. L’establishment militaire n’a pas apprécié cet avertissement. Aujourd’hui, il est clair que le général Brik avait raison. Il a
déclaré il y a quelques jours que «le nombre de
victimes du Hamas sur le terrain est bien inférieur à ce que les FDI rapportent. Il est évident que le porte-parole des FDI et l’échelon de sécurité cherchent à présenter faussement
la guerre comme une grande victoire. À cette fin, ils font venir à Gaza des médias recrutés sur les grandes chaînes de télévision pour filmer de [fausses] scènes de
victoire».
Un autre général israélien à la retraite a déclaré à
propos du Hamas :
«Je ne vois aucun
signe d’effondrement des capacités militaires du Hamas, ni de sa force politique à Gaza».
En outre, Israël est confronté à un autre problème, un bourbier, dans le nord du pays : Israël a commencé ses provocations contre le Hezbollah dès le
début de la guerre à Gaza, dans l’espoir de préparer le terrain pour le soutien américain à une attaque parallèle visant à paralyser le Hezbollah.
Le Hezbollah a toutefois répondu en bombardant les territoires du nord d’Israël, forçant jusqu’à 230 000 Israéliens à évacuer leurs maisons.
Aujourd’hui, ces habitants refusent catégoriquement de rentrer chez eux tant que le Hezbollah n’aura pas été chassé de la zone frontalière libanaise.
Le ministre israélien de la Défense Gallant leur a promis que cela serait fait (le Hezbollah déplacé au nord du fleuve Litani), et les États-Unis ont
accepté cette initiative, à la seule condition qu’elle soit réalisée, dans un premier temps, par des moyens diplomatiques – une perspective hautement improbable. En résumé, les
Israéliens et l’administration Biden sont lentement, mais sûrement, entraînés dans un conflit avec le Hezbollah.
En effet, l’administration Biden est entraînée dans des conflits avec Ansarullah, qui assiège les navires liés à Israël traversant la mer Rouge, et en
Irak, avec les représailles militaires américaines pour les assauts des milices irakiennes contre les bases américaines, tant en Syrie qu’en Irak.
Les fronts de guerre se multiplient, tout comme le schisme intérieur israélien, aggravé par l’arrêt de la Cour suprême (8-7) du 31 décembre, rendu par
sa présidente Esther Huyut le dernier jour de son mandat à la Cour suprême. L’arrêt a rétabli la clause permettant à la Cour d’annuler toute décision du Parlement et du gouvernement
qu’elle juge «déraisonnable» (sur la base d’une pétition privée adressée à la Cour). L’une des conséquences est que d’autres pétitions pourraient porter sur la conduite du
gouvernement en prévision de la guerre et pendant celle-ci. Les juges pourraient bien estimer que cette conduite est également «déraisonnable».
La décision met en évidence une société israélienne à la fois divisée en deux et chancelante. Alors même qu’elle se trouve entraînée plus profondément,
et pour plus longtemps, dans des bourbiers militaires pour lesquels elle ne dispose d’aucune rampe de sortie.
L’historien israélien, le professeur Moshe Zimmerman, a mis en évidence la cause sous-jacente de l’état d’angoisse profonde en Israël. Il
écrit :
«L’événement du 7
octobre, un pogrom sur le sol d’Israël, dans l’État d’Israël, est un tournant dans notre évaluation du succès du sionisme, et un tournant dans le conflit israélo-palestinien… Je
regarde ce qui s’est passé et je dis : La solution sioniste n’est pas [vraiment] une solution. Nous arrivons à une situation dans laquelle le peuple juif qui vit à Sion vit dans une
insécurité totale, et ce n’est pas la première fois…».
«À partir du
moment où un pogrom contre les juifs a lieu dans l’État juif, l’État sioniste, l’État et le sionisme témoignent tous deux de leur propre échec. Car l’idée sous-jacente à la création
d’un État sioniste était d’empêcher une telle situation».
Et quelle est la cause ?
«Le pays juif en
Terre d’Israël est passé par un processus de nationalisme, de racialisme et d’ethnocentrisme. Cela a créé une situation d’incapacité à atteindre un modus vivendi avec le monde
voisin».
Il met en garde :
«… L’histoire du
«Grand Israël» et des colonies est l’histoire d’une société qui devient l’otage d’un romantisme biblique qui entraîne toute la société vers la perdition. Et c’est bien là le problème
: une fois que l’on s’est engagé sur cette voie, il est difficile de la quitter sans subir une nouvelle catastrophe. C’est ce qui est arrivé à l’Allemagne en 1945 de la manière la
plus radicale. Nous ne voulons évidemment pas d’une telle catastrophe».
C’est sur cette voie – sans issue pacifique durable – que les États-Unis sont entraînés. L’argument du professeur Zimmerman selon lequel l’écart de
conduite des États les conduit à renoncer à un modus vivendi avec le monde qui les entoure a peut-être une pertinence plus large.
L’issue des conflits menés par les États-Unis en Ukraine et au Moyen-Orient aura un impact profond sur le développement de l’ordre mondial. Washington a
déjà perdu le premier et ses principaux adversaires ont tout intérêt à s’assurer qu’il perde aussi le second.
Les analystes géopolitiques s’accordent à dire que la guerre en Ukraine et la crise au Moyen-Orient dicteront la trajectoire de la politique mondiale en
2024. Mais une thèse réductionniste apparaît parallèlement, qui considère le conflit israélo-palestinien sous l’angle étroit de ce qu’il implique pour la résilience de la guerre par
procuration menée par les États-Unis en Ukraine – l’hypothèse étant que le centre de la politique mondiale se trouve en Eurasie.
La réalité est plus complexe. Chacun de ces deux conflits a une raison d’être et une dynamique qui lui sont propres, tout en étant imbriqués les uns
dans les autres.
L’implication profonde de Washington dans la phase actuelle de la crise au Moyen-Orient peut se transformer en bourbier, car elle est également liée à
la politique intérieure d’une manière qui n’a jamais été le cas pour la guerre en Ukraine. Mais l’issue de la guerre en Ukraine est déjà connue d’avance, et les États-Unis et leurs
alliés ont compris que la Russie ne peut pas être vaincue militairement ; la fin de la partie se résume à un accord pour mettre fin au conflit selon les conditions de la
Russie.
Certes, l’issue de la guerre en Ukraine et le dénouement du conflit israélo-palestinien, qui est à l’origine de la crise au Moyen-Orient, auront un
impact profond sur le nouvel ordre mondial, et les deux processus se renforcent l’un l’autre.
La Russie en est pleinement consciente. Les étonnantes «fins d’année» du président Vladimir Poutine à l’approche du Nouvel An parlent d’elles-mêmes :
visites d’une journée à Abou Dhabi et à Riyad (sous les yeux d’un président américain Joe Biden en état de choc), suivies d’entretiens avec le président iranien et complétées par une
conversation téléphonique avec le président égyptien.
En l’espace de 48 heures environ, Poutine s’est entretenu avec ses collègues émiratis, saoudiens, iraniens et égyptiens qui sont officiellement entrés
dans le giron des BRICS le 1er janvier.
L’évolution de l’intervention américaine dans la crise au Moyen-Orient ne peut être comprise d’un point de vue géopolitique qu’en tenant compte de
l’hostilité viscérale de Biden à l’égard de la Russie. Les BRICS sont dans le collimateur de Washington. Les États-Unis comprennent parfaitement que la présence massive de pays arabes
et du Moyen-Orient au sein des BRICS – quatre des dix États membres – est au cœur du grand projet de Poutine visant à restructurer l’ordre mondial et à enterrer l’exceptionnalisme et
l’hégémonie des États-Unis.
L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Iran sont d’importants pays producteurs de pétrole. La Russie a été assez explicite sur le fait qu’au
cours de sa présidence des BRICS en 2024, elle poussera à la création d’une monnaie pour défier le pétrodollar. Il ne fait aucun doute que la monnaie des BRICS sera au centre du
sommet du groupement qui doit être accueilli par Poutine à Kazan, en Russie, en octobre.
Dans un discours
spécial prononcé le 1er janvier, marquant le début de la présidence russe des BRICS, Poutine a fait part de son engagement à «renforcer le rôle
des BRICS dans le système monétaire international, en élargissant à la fois la coopération interbancaire et l’utilisation des monnaies nationales dans les échanges
mutuels».
Si une monnaie des BRICS est utilisée à la place du dollar, il pourrait y avoir un impact significatif sur plusieurs secteurs financiers de l’économie
américaine, tels que les marchés de l’énergie et des matières premières, le commerce et les investissements internationaux, les marchés des capitaux, la technologie et la fintech, les
biens de consommation et le commerce de détail, les voyages et le tourisme, et ainsi de suite.
Le secteur bancaire pourrait être le premier touché, ce qui pourrait éventuellement se répercuter sur les marchés. Et si Washington ne parvient pas à
financer son déficit colossal, les prix de tous les produits de base pourraient monter en flèche, voire atteindre l’hyperinflation, ce qui déclencherait un krach de l’économie
américaine.
Entre-temps, l’éclatement du conflit israélo-palestinien a fourni aux États-Unis un alibi – «l’autodéfense d’Israël» – qui leur permet de revenir sur le
devant de la scène politique du Moyen-Orient. Washington a de multiples préoccupations, mais au cœur de celles-ci se trouve le double objectif de ressusciter les accords d’Abraham
(ancrés sur la proximité israélo-saoudienne) et de saboter en même temps le rapprochement irano-saoudien médiatisé par Pékin.
L’administration Biden comptait sur le fait qu’un accord israélo-saoudien donnerait une légitimité à Tel-Aviv et proclamerait au monde islamique qu’il
n’y a pas de justification religieuse à l’hostilité envers Israël. Mais Washington sent qu’après le 7 octobre, il ne sera pas en mesure d’obtenir un accord israélo-saoudien au cours
du mandat de Biden, et tout ce que l’on a pu obtenir de Riyad est une porte laissée entrouverte pour de futures discussions sur le sujet. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un coup
dur pour la stratégie américaine visant à régler la question palestinienne.
À moyen terme, si le mécanisme russo-saoudien connu sous le nom d’OPEP+ libère le marché mondial du pétrole du contrôle américain, les BRICS enfoncent
un poignard dans le cœur de l’hégémonie américaine, qui repose sur le fait que le dollar est la «monnaie mondiale».
L’Arabie saoudite a récemment signé un accord
d’échange de devises d’une valeur de 7 milliards de dollars avec la Chine, dans une tentative de détourner une plus grande partie de leurs échanges commerciaux du dollar. La
Banque populaire de Chine a déclaré dans un communiqué que l’accord d’échange «contribuera à
renforcer la coopération financière» et «facilitera les
échanges et les investissements» entre les deux pays.
À l’avenir, les transactions sensibles entre l’Arabie saoudite et la Chine dans des domaines stratégiques tels que la défense et la technologie
nucléaire, entre autres, se dérouleront désormais hors du radar des États-Unis. Du point de vue de la Chine, si son commerce stratégique est suffisamment à l’abri de tout programme de
sanctions anti-Chine mené par les États-Unis, Pékin peut
se positionner en toute confiance pour faire face à la puissance américaine dans l’Indo-Pacifique. Il s’agit là d’un exemple révélateur de la manière dont la stratégie
américaine pour l’Indo-Pacifique perdra de sa force en raison de l’affaiblissement de son influence au Moyen-Orient.
L’idée reçue est que les préoccupations liées à l’instabilité du Moyen-Orient détournent Washington de l’Indo-Pacifique et de la Chine. En réalité,
l’affaiblissement de l’influence au Moyen-Orient complique la capacité des États-Unis à contrer la Chine dans la région et dans l’Indo-Pacifique. L’évolution va dans le sens d’une
inflexion des références des États-Unis en tant que grande puissance au Moyen-Orient – et cette prise de conscience s’est propagée à d’autres régions géographiques du monde.
En 2007, les éminents politologues John Mearsheimer, de l’université de Chicago, et Stephen Walt, de la John F. Kennedy School of Government de Harvard,
ont écrit avec une grande prescience dans leur célèbre essai de 34 000 mots intitulé «Le
lobby israélien et la politique étrangère des États-Unis» qu’Israël était devenu un «handicap
stratégique» pour les États-Unis, mais qu’il conservait un soutien solide grâce à un lobby riche, bien organisé et envoûtant qui avait une «mainmise»
sur le Congrès et les élites américaines.
Les auteurs avertissent qu’Israël et son lobby portent une responsabilité démesurée dans la persuasion de l’administration Bush d’envahir l’Irak et,
peut-être un jour prochain, d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran.
Il est intéressant de noter que la veille du Nouvel An, le New York
Times a souligné,
dans un rapport spécial fondé sur des informations détaillées fournies par de hauts fonctionnaires américains, qu’«aucun autre
épisode [comme la guerre à Gaza] au cours des
cinquante dernières années n’a mis à l’épreuve les liens entre les États-Unis et Israël d’une manière aussi intense et conséquente».
En clair, alors même que les actions barbares d’Israël à Gaza et son projet colonial en Cisjordanie occupée sont révélés et mis à nu, et que la campagne
de l’État israélien visant à forcer la migration de la population palestinienne est au grand jour, deux des objectifs stratégiques des États-Unis dans la région se défont :
premièrement, la restauration de la supériorité
militaire d’Israël dans l’équilibre des forces au niveau régional et vis-à-vis de l’axe de la résistance, en particulier ; et deuxièmement, la réanimation des accords
d’Abraham dont les joyaux de la couronne auraient été un traité israélo-saoudien.
D’un autre point de vue, la communauté mondiale, et en particulier les pays de la région Asie-Pacifique, observent attentivement la tournure que prend
la crise au Moyen-Orient. Le fait le plus notable est que la Russie et la Chine ont donné aux États-Unis les coudées franches pour mener à bien leurs opérations militaires, jusqu’à
présent incontestées, en mer Rouge. Cela signifie que toute conflagration dans la région sera synonyme d’un échec catastrophique de la stratégie américaine.
Peu après la défaite américaine en Afghanistan, en Asie centrale, et coïncidant avec la fin ignominieuse de la guerre par procuration menée par l’OTAN
contre la Russie en Eurasie, un revers violent et grotesque en Occident aux États-Unis enverra un message retentissant à travers toute l’Asie : le train-train mené par les États-Unis
s’est essoufflé. Parmi les utilisateurs finaux de ce message saisissant, les pays de l’ANASE sont en première ligne. En définitive, les événements tumultueux qui se chevauchent en
Eurasie et au Moyen-Orient sont sur le point de se transformer en un moment décisif pour la politique mondiale.
Au cours des deux
dernières semaines, deux documents d’orientation intéressants ont été publiés par des think-tanks et sont passés quelque peu inaperçus. J’ai voulu les examiner à la lumière non seulement de
la réorientation majeure du champ de bataille annoncée par l’Ukraine, mais aussi du point d’inflexion général sur lequel se trouve le conflit à l’aube de 2024, afin de voir quelles
projections pour l’avenir peuvent être glanées.
J’ai lu les deux documents pour que vous n’ayez pas à le faire, je vais donc souligner les points les plus importants et voir comment ils peuvent s’articuler
pour donner un semblant de réorientation “stratégique” de l’Occident et de l’OTAN.
Le premier des deux documents provient du ministère estonien de la défense, qui a été actif dans divers pronostics et rapports provenant de leurs supposées “sources” confidentielles au sein du ministère de la
défense russe :
L’essentiel de ce document tourne autour d’idées sur la manière dont l’Ukraine peut utiliser sa période de réorientation pour se reconstruire en une force
capable de vaincre la Russie.
Il commence par la même fanfaronnade habituelle sur la supériorité des économies et des dépenses militaires combinées de l’OTAN et de l’UE par rapport à la
Russie. Il s’agit d’un point de vue un peu sophomorique, puisqu’ils s’attendent à ce que cela se traduise par une victoire garantie, comme s’il était évident que “plus c’est grand, mieux c’est”.
Notez le modificateur clé “devrait” :
Nous sommes plus grands que la tâche. L’ampleur de notre puissance politique, économique et militaire collective devrait garantir une victoire sur la Russie. Le
Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine (UDCG), également connu sous le nom de groupe de Ramstein, a un PIB combiné de 47 000 milliards d’euros. Les engagements totaux d’aide
militaire à l’Ukraine s’élèvent à ce jour à environ 95 milliards d’euros, soit 0,2 % de ce PIB. Dans le même temps, les budgets de défense combinés de la coalition de Ramstein sont plus
de 13 fois supérieurs à celui, largement gonflé, de la Russie : 1 240 milliards d’euros contre 90 milliards d’euros en 2023. Il ne devrait y avoir aucun doute quant à savoir qui a
l’avantage de l’emporter.
Ils fournissent même ce graphique brillant :
Je ne reviendrai pas sur l’évidence, mais notre axiome récemment discuté s’applique ici : on peut imprimer de l’argent, mais pas des obus. (Même si les
obus de mortier pour les largages de drones sont en fait imprimés en 3D, en partie, de nos jours).
Ceci étant dit, ils reconnaissent quelque peu ce fait, d’où l’orientation exhortative du document, destiné à pousser les alliés à un plus grand semblant de
solidarité afin d’augmenter leur productivité industrielle :
La plupart des Alliés de l’OTAN ont considérablement réduit leurs stocks et capacités militaires conventionnels, déjà peu importants, en faisant don de leur
équipement à l’Ukraine. Les Alliés disposent également d’une base industrielle très limitée, inapte à relever les défis sécuritaires du XXIe siècle et incapable de reconstituer ces
capacités à moins que les investissements en matière de défense n’augmentent de manière substantielle et urgente.
C’est une sacrée concession.
C’est sur les questions militaires de première ligne qu’ils commencent à creuser le sujet, offrant même quelques pépites perspicaces. Par exemple :
Si elle n’est pas perturbée, la Russie a la capacité de former environ 130 000 soldats tous les six mois en unités et formations cohérentes disponibles pour
le lancement d’opérations. Des troupes supplémentaires peuvent être mobilisées et poussées en Ukraine en tant que remplaçants non entraînés, mais elles ne constituent pas une puissance de
combat efficace.
Il s’agit là d’un aveu assez fort de la part d’une source de l’OTAN. Elle affirme que la Russie est en mesure d’entraîner et d’équiper 130 000 soldats tous les
six mois pour en faire des unités cohérentes. Elle précise qu’il ne s’agit pas d’une simple capacité à rassembler des troupes d’appoint, mais bien de formations pleinement aptes au combat, ce
qui présuppose non seulement une formation mais aussi un équipement. Ils affirment même que la Russie peut lever beaucoup plus de troupes supplémentaires, bien qu’il s’agisse
de “remplacements non entraînés”.
Cela représente un nombre alléchant de 6 à 7 divisions ou 26 brigades tous les six mois. Rappelons que l’Ukraine a eu du mal à réunir les 9 brigades nécessaires
à sa grande contre-offensive de l’été. Si c’était la Russie qui revendiquait de tels chiffres, les experts occidentaux se moqueraient d’elle. Comment peut-on rivaliser avec un pays capable de
réunir 260 000 hommes par an, parfaitement entraînés et aptes au combat ?
Ils poursuivent en indiquant que l’Ukraine est incapable de former sur son propre territoire des troupes plus importantes que la taille d’une compagnie – un
fait que nous connaissons depuis longtemps – par crainte que les frappes de précision russes n’anéantissent l’ensemble du rassemblement. Elle est donc contrainte de s’entraîner à l’étranger,
mais la formation y est souvent expéditive et insuffisante ; par exemple, elle ne dure que cinq semaines :
Ce n’est pas suffisant pour préparer les soldats à des opérations offensives. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’infanterie britannique recevait plus de
20 semaines d’entraînement avant d’être considérée comme fondamentalement compétente, tandis que l’armée américaine suivait une formation de base de 13 à 17 semaines. Nous devons donc
développer nos programmes de formation afin de mieux préparer nos partenaires ukrainiens aux opérations offensives.
Dans le même temps, ils révèlent une autre réalité quant aux capacités de combat de l’Ukraine :
Ainsi, faute d’officiers formés, une brigade ukrainienne ne peut contrôler efficacement que deux compagnies, ce qui donne à une brigade entière des FAU une couverture utilisable de
1200 mètres seulement ? Aussi surprenants soient-ils, ces chiffres correspondent à ce que nous avons vu. Par exemple, lors de la contre-offensive de l’été, même les brigades d’élites, comme
la 47e, n’ont jamais semblé en mesure de mener des assauts à deux compagnies à la fois.
Mais n’oublions pas que si la Russie ne les dépasse pas complètement, c’est parce que la Russie elle-même n’est pas nécessairement à la hauteur dans ce domaine.
Les brigades russes présentent elles aussi de nombreuses lacunes, sans quoi la guerre serait déjà terminée. Elles sont toutefois loin d’être aussi mauvaises que celles de l’Ukraine, ce qui se
reflète dans la grande disparité des pertes.
Par ailleurs, comme toujours, il convient de préciser que ces données ne s’appliquent qu’aux opérations offensives, qui requièrent des capacités d’entraînement
et de coordination élevées. La défense offre une marge de manœuvre beaucoup plus grande, ce qui signifie que des brigades ukrainiennes très médiocres peuvent encore tenir le terrain – malgré
des pertes disproportionnées – face à des brigades russes qualitativement supérieures. La raison en est que toute déficience peut être comblée en bouchant simplement les trous avec plus
de “viande”. Rappelez-vous la vidéo que j’ai récemment mise en ligne, dans laquelle un soldat des FAU raconte que son bataillon a perdu 350 hommes en seulement 8 heures. Si vous êtes en mesure
d’inonder les brèches avec davantage de viande et que l’ennemi, qualitativement supérieur, ne l’est pas au point de pouvoir exploiter la percée à temps, le résultat sera simplement que vous
subirez une forte attrition, mais que vous parviendrez au moins à tenir le terrain et à empêcher la percée vers l’arrière.
Les forces russes sont qualitativement supérieures à un niveau qui leur permet d’infliger des pertes extrêmement disproportionnées, mais pas suffisamment pour
disposer de la coordination et de la technologie nécessaires pour exploiter pleinement ces pertes par le biais de manœuvres vers l’arrière, à travers la brèche de la percée. Pour ce faire, il
faut une communication et une coordination absolument inimitables et instantanées entre les différentes unités d’armes combinées, les branches, les systèmes de commandement et de contrôle,
les systèmes ISR, etc. Tous doivent travailler à l’unisson pour avoir une “conscience” tactique et opérationnelle totale de tout
ce qui se passe. Cela nécessite beaucoup de technologie, notamment des capacités de mise en réseau via des systèmes de gestion du champ de bataille qui permettent aux unités de savoir ce que
font toutes les autres unités en temps réel. La Russie dispose de ces systèmes par endroits, mais elle a trop de difficultés à créer la surenchère technologique et l’entraînement nécessaires
pour réellement s’imposer.
Mais à la lumière du diagnostic du rapport sur les capacités des FAU, les auteurs prescrivent ce qui suit :
En 2024, l’objectif devrait être d’étendre les opérations ukrainiennes en passant d’actions de compagnie pilotée par une brigade, à la capacité d’exécuter
des attaques coordonnées au niveau de la brigade. En 2025, l’objectif devrait être pour les FAU de mener des attaques de brigade simultanées, rendues possibles par des formations plus
importantes au niveau interarmées.
Ils veulent que l’Ukraine soit en mesure d’exécuter des manœuvres au niveau de la brigade complète, avec des formations plus importantes – qui, selon eux,
n’existent pas du tout en Ukraine à l’heure actuelle, c’est-à-dire au niveau des divisions et plus.
Il s’agit là d’une demande vraiment importante. Il est tout simplement impossible d’exiger d’un État en déliquescence, au bord de l’effondrement, qu’il se dote
de telles capacités. À l’heure actuelle, ils ne sont même plus capables de mener des attaques au niveau de la compagnie ; ils ont été réduits à la taille d’une section dans le meilleur des
cas. Un objectif réaliste à l’horizon 2024-2025 consisterait donc à ramener l’Ukraine au niveau d’une compagnie, si ce n’est plus, ce qui est loin d’être l’idéal visé ici.
L’ARTILLERIE
Les Ukrainiens répètent encore une fois le canard selon lequel l’artillerie occidentale de 155 mm est supérieure à l’artillerie russe à tous points de vue :
portée, cadence de tir et précision. Malheureusement, cela peut être vrai si l’on utilise un minuscule échantillon de quelques centaines d’obus tirés. Au-delà, nous savons que les précieux et
délicats systèmes d’artillerie occidentaux commencent à se dégrader gravement par rapport à l’artillerie soviétique.
Rappelons-le :
Regardez en particulier le deuxième point ci-dessus. “La plupart des canons mobiles [occidentaux] ne fonctionnent
plus…”
Le rapport donne ensuite quelques chiffres intéressants.
L’Ukraine a besoin d’au moins 200 000 cartouches par mois pour maintenir une “supériorité de feu localisée”
La production d’obus de l’ensemble de l’Occident en 2023 est estimée entre 480 et 700 000 pour l’ensemble de l’année.
Ils poursuivent en affirmant quelque chose que j’ai déjà écrit à plusieurs reprises, mais qui constitue une nouvelle confirmation bienvenue :
Les efforts visant à accroître la production européenne ont été entravés par le fait que chaque État européen a passé des commandes distinctes – et
relativement modestes – auprès de l’industrie. L’analyse de rentabilité présentée par ces commandes ne justifie pas que les fabricants de matériel de défense augmentent leur capacité de
production, car il n’y a pas de clarté sur l’ampleur des commandes dans le temps. Les alliés européens et les États membres devraient donc travailler ensemble pour consolider les
commandes dans des contrats plus importants et à plus long terme qui justifieraient un investissement dans la capacité de production de la base industrielle de défense.
Les fabricants de matériel de défense sont réticents à augmenter leur capacité parce qu’ils craignent que leur investissement dans ces augmentations ne soit pas
rentable, étant donné qu’il n’y a pas de “clarté
des commandes dans le temps”. Comme je l’ai déjà dit, l’augmentation de la capacité coûte des milliards de dollars. Il faut de nouveaux tours et de nouvelles machines de forgeage très
coûteux ; il faut former le personnel à grands frais ; il faut procéder à des extensions potentiellement coûteuses des locaux et des sites, en achetant de nouveaux terrains, de nouvelles
usines, etc. Tout cela coûte énormément d’argent à un moment où l’économie est en crise, où les prix de l’énergie sont très élevés, etc. Nous avons appris récemment que le prix moyen d’un
seul obus d’artillerie en Europe a grimpé en flèche, augmentant de 4 à 8 fois dans certains pays.
Mais l’aveu le plus choquant de tous ? Se régaler les yeux :
Après avoir passé une année à minimiser les capacités de la Russie, affirmant qu’elle ne produisait qu’un ou parfois deux millions d’obus au maximum, ils
admettent maintenant ouvertement que la Russie a déjà atteint une capacité de 3,5 millions d’obus par an et qu’elle atteindra bientôt près de 5 millions d’obus par an.
Étant donné qu’il y a toujours une forte probabilité que les chiffres occidentaux concernant la Russie soient faussés à la baisse et sous-estimés, il est
possible que ces chiffres soient même supérieurs de 15 à 20 % à la réalité. Non seulement j’ai toujours dit ces chiffres exacts, mais j’ai prédit une capacité de 7 millions d’ici à la fin de
2024-2025, de sorte qu’une telle évaluation serait dans les temps pour moi.
Et c’est sans compter les 10 millions d’obus donnés par la Corée du Nord.
Ils poursuivent avec un autre facteur intéressant :
Les barils d’artillerie constituent un autre facteur limitant jusqu’à présent la durabilité des tirs ukrainiens. On estime que l’Ukraine aura besoin de 1
500 à 2 000 canons par an, chaque unité coûtant jusqu’à 900 000 euros. Compte tenu du nombre limité de machines pour fabriquer ces canons, il convient d’accorder une attention
particulière aux entreprises qui développent la fabrication de canons. Les États-Unis et les alliés européens doivent réévaluer de manière critique la fragmentation insoutenable qui a
conduit l’Ukraine à utiliser au moins 17 plates-formes d’artillerie différentes. L’objectif devrait être de réduire ce nombre de plusieurs fois.
Attendez, vous nous dites qu’ils ont besoin de 2000 canons par an à un coût de plus d’un million de dollars chacun ? Rien que pour les canons, cela fait 2
milliards de dollars…
Des chiffres plus intéressants : La capacité de Lockheed à produire des GMLRS pour les HIMARS est apparemment de 10 000 par an, soit environ 800 par mois. Si
cela permet à l’Ukraine de disposer de 24 roquettes par jour, imaginez que les États-Unis soient eux-mêmes impliqués dans la guerre. 24 roquettes HIMARS par jour suffiraient-elles pour que
les plus de 1000 lanceurs HIMAR américains puissent tirer ? En fait, les États-Unis se retrouveraient instantanément à court de roquettes et n’auraient absolument pas la capacité de continuer
à en produire.
DRONES
Il s’agit essentiellement d’informations glanées ici et là. Une révélation intéressante concerne les chiffres du Shahed russe :
Selon eux, la Russie construisait 40 drones Shahed/Geran par mois, elle en fabrique aujourd’hui 100 et en produira bientôt 200 par mois. Par ailleurs, une autre
confirmation de ce que je dis depuis près d’un an, mais que les experts pro-américains/occidentaux non formés nient toujours : les intercepteurs occidentaux ont besoin de tirer deux missiles
pour détruire une cible.
Bien que 200 drones par mois soit une augmentation importante, cela ne permet toujours que quelques frappes de taille décente par mois, car il faut généralement
en envoyer au moins 20 à la fois pour avoir un effet sur l’AD – moins et ils peuvent être facilement éliminés. Je suppose qu’une frappe de 50 drones une fois par semaine, soit 4 par mois, est
une bonne chose. Cependant, s’ils arrivent à faire en sorte qu’il soit possible d’effectuer une attaque de 20 à 30 drones tous les 2 ou 3 jours de façon constante, alors l’Ukraine ressentira
vraiment la douleur. Cela nécessiterait la construction de quelque 450 drones par mois. Mais même dans ce cas, ce qu’ils ont aujourd’hui est certainement un grand progrès.
Le reste du rapport n’offre pas grand-chose d’autre d’intéressant. En fait, le rapport dans son ensemble se résume à demander plus d’argent et plus de choses,
en misant sur une augmentation des wunderwaffen, comme d’habitude, pour changer la donne. Le
rapport fait grand cas de la quantité de jouets plutôt que d’un véritable plan stratégique. En bref, leur message est le suivant : “Tant que nous pouvons continuer à injecter du matériel en
Ukraine, nous gagnerons – nous n’avons besoin d’aucune stratégie sur le champ de bataille”.
Cela découle malheureusement d’une méconnaissance et d’une sous-estimation persistantes des capacités russes. L’Occident considère toujours la Russie comme un
pays arriéré, capable uniquement de mener des “assauts violents”, une sorte de horde de zombies glorifiée
dans un de ces jeux vidéo où, tant que vous avez suffisamment de munitions, vous pouvez les arrêter aux portes de la ville.
Cela ne tient absolument pas compte de toutes les manifestations de réflexion stratégique, de développement et de progrès que la Russie elle-même met en œuvre
jour après jour. Le rapport se termine par une photo poignante d’un vétéran handicapé à Kiev, un symbole involontaire :
ISW
Le deuxième article, bien plus intéressant, est celui du célèbre groupe de réflexion ISW :
Comme beaucoup le savent, l’ISW (Institute for the Study of War) est un groupe néocon basé à Washington et dirigé par Kimberly Kagan, belle-sœur du néocon du PNAC Robert Kagan, époux de Victoria Nuland. Le
rapport lui-même est d’ailleurs signé par le frère de Robert, Frederick W. Kagan.
Ce rapport est bien plus important car il signale et souligne les intentions réelles du gang de la beltway et des hommes de l’État profond, nous donnant
un aperçu rare des spectres qui hantent leurs esprits, et des ramifications de ceux-ci sur les perspectives stratégiques à long terme du conflit – en particulier si la Russie devait gagner,
ce qui est le grand “péril” autour
duquel tourne le rapport.
Ils commencent d’emblée, sans ménagement, par une série d’aveux majeurs :
Les États-Unis ont un intérêt beaucoup plus grand dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine que la plupart des gens ne le pensent. Une conquête russe de
l’ensemble de l’Ukraine est loin d’être impossible si les États-Unis coupent toute assistance militaire et que l’Europe fait de même. Une telle issue amènerait une armée russe battue mais
triomphante jusqu’à la frontière de l’OTAN, de la mer Noire à l’océan Arctique.
Une fois de plus, sous le vernis gestuel des titres des médias, qui doivent faire passer un message pour la plèbe – comme le fait que, dans le meilleur des cas,
la Russie s’apprête à ” geler les lignes
“ -, nous voyons les véritables acteurs de la machinerie du complexe militaro-industriel (CMI) envisager la conquête de toute l’Ukraine par la Russie, si l’aide est
interrompue.
Ils poursuivent avec d’autres coups durs :
En substance, ils admettent qu’une Russie victorieuse sera la force la plus redoutable depuis la fin de la guerre froide. Mais voici la raison pour laquelle ce
spectre les terrifie tant :
Pour dissuader et se défendre contre une nouvelle menace russe à la suite d’une victoire totale de la Russie en Ukraine, les États-Unis devront déployer en
Europe de l’Est une partie importante de leurs forces terrestres. Les États-Unis devront stationner en Europe un grand nombre d’avions furtifs. La construction et l’entretien de ces
avions sont intrinsèquement coûteux, mais les difficultés rencontrées pour les fabriquer rapidement obligeront probablement les États-Unis à faire un choix terrible entre en garder
suffisamment en Asie pour défendre Taïwan et ses autres alliés asiatiques et dissuader ou vaincre une attaque russe contre un allié de l’OTAN. L’ensemble de l’entreprise coûtera une
fortune, et le coût durera aussi longtemps que la menace russe persistera – potentiellement indéfiniment.
C’est là que le bât blesse. Rappelez-vous depuis combien de temps j’essaie d’éduquer les gens sur le fonctionnement de la doctrine militaire. Il existe certains
leviers de sécurité qui doivent se déclencher automatiquement lorsque l’adversaire fait un geste. Il ne s’agit pas pour un politicien, comme un président, de faire un choix momentané ou de
prendre une décision. Non, c’est inscrit dans la doctrine avec la même certitude de “code” que le langage de programmation. Si X forces
entrent en jeu et vous menacent, vous n’avez pas d’autre choix que de mettre en place Y forces préventives.
C’est pourquoi la Russie n’a pas eu d’autre choix que de constituer immédiatement une nouvelle armée de 500 000 hommes à la veille de l’adhésion de la Finlande
et de la Suède à l’OTAN cette année, avec la réouverture des districts militaires de Moscou et de Leningrad, qui avaient été supprimés il y a longtemps. Il est tout simplement impensable pour
une nation d’avoir des armées hostiles directement à ses frontières sans rien pour les contrer.
De la même manière, le CMI américain s’est offert le luxe d’avoir divers mandataires qui maintenaient les forces militaires russes limitées et occupées, ce qui
permettait aux États-Unis d’utiliser leurs forces ailleurs pour maintenir leur hégémonie dans le monde. Mais aujourd’hui, une victoire totale et décisive de la Russie en Ukraine risque
d’anéantir tout cela et, selon leurs propres termes, obligerait les États-Unis à stationner “une partie importante de leurs forces terrestres” en
Europe de l’Est.
Cela constituerait un obstacle majeur aux plans américains, en particulier vis-à-vis de la Chine, étant donné ce qu’ils écrivent ensuite, à savoir qu’ils
devraient fabriquer et stationner de grandes quantités d’avions furtifs en Europe, ce qui mettrait en échec leurs projets taïwanais. En bref, ils affirment qu’une victoire russe mettrait le
CMI en faillite, en exigeant un nouveau niveau insoutenable d’escalades militaires.
Presque n’importe quelle autre issue serait meilleure, écrivent-ils :
Presque toutes les autres issues de la guerre en Ukraine sont préférables à celle-ci. Aider l’Ukraine à maintenir les lignes là où elles sont grâce à un
soutien militaire occidental continu est bien plus avantageux et moins coûteux pour les États-Unis que de laisser l’Ukraine perdre. “Geler” le conflit est pire
que de continuer à aider l’Ukraine à se battre – cela donnerait simplement à la Russie le temps et l’espace de se préparer à une nouvelle guerre pour conquérir l’Ukraine et affronter
l’OTAN.
Ces mots n’auraient pas autant de poids s’ils n’émanaient pas de la gueule même de la bête – la plus puissante “élite de l’ombre” néoconservatrice de l’État profond
qui dirige le CMI américain depuis des décennies, et qui parle donc en son nom. Si vous lisez attentivement, il y a une urgence presque désespérée dans leur ton, ce qui est extrêmement
révélateur.
Ils poursuivent en présentant quatre scénarios potentiels sur la façon dont la guerre pourrait se dérouler :
Situation 1 : Avant février 2022
Ils utilisent la carte ci-dessus pour illustrer le fait qu’avant 2022, la Russie “ne représentait aucune menace” pour les États de
l’OTAN non baltes, puisque la Russie – selon eux – “disposait d’une division aéroportée et d’une brigade
d’infanterie mécanisée près des frontières estonienne et lettone et de l’équivalent d’une division dans l’exclave de Kaliningrad… Aucune troupe russe ne menaçait la Slovaquie, la Hongrie ou
la Roumanie”.
En outre, ils affirment que les réseaux de défense aérienne (DA) russes présentaient de grandes lacunes pour le sud de la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie, la
Hongrie, etc. parce que la Russie ne pouvait pas placer de systèmes DA en Ukraine :
Ce qui est remarquable jusqu’à présent, c’est le peu de cas qui est fait des intérêts de sécurité nationale des pays autres que les États-Unis. Vous voyez, il y
a un ton existentiel lorsqu’il s’agit de discuter de tout actif russe qui pourrait, ne serait-ce que de loin, constituer une menace, ou être pressé quelque part contre le territoire de
l’OTAN. Pourtant, le fait que l’OTAN puisse nonchalamment se diriger vers l’est et placer des armées entières aux portes de la Russie doit être totalement ignoré – c’est l’“ordre fondé sur des règles” dont ils ne cessent de
nous parler : il s’agit de règles pour tous les autres, tandis que les États-Unis dominent le monde dans l’anarchie.
En fait, ils prônent même ouvertement la coercition économique pure et simple, ce qui, dans d’autres termes, est du terrorisme pur et simple ou de l’ingérence
politique dans un pays :
Il est prioritaire de passer de l’adoption passive de sanctions à leur application proactive et agressive, combinée à l’utilisation de la coercition
économique pour limiter les échanges avec la Russie
N’oubliez pas que la coercition à laquelle ils font référence concerne leurs propres alliés. La Russie est déjà contrainte, il ne s’agit donc pas d’elle. Non,
ils veulent renforcer la coercition à l’égard des alliés intransigeants de l’UE et de l’OTAN ou de tout autre pays associé, afin qu’ils prennent des mesures contre le régime de contournement
des sanctions de la Russie.
Maintenant qu’ils ont préparé le terrain pour faire peur à leur public, ils passent à la dernière partie : montrer ce qui se passerait si la Russie occupait
entièrement l’Ukraine après une victoire décisive.
Tout d’abord, ils répètent sombrement cet avertissement pour bien faire comprendre la gravité de la menace :
L’effondrement soudain de l’aide occidentale conduirait probablement tôt ou tard à l’effondrement de la capacité de l’Ukraine à résister à l’armée russe.
Dans un tel scénario, les forces russes pourraient pousser jusqu’à la frontière occidentale de l’Ukraine et établir de nouvelles bases militaires aux frontières de la Pologne, de la
Slovaquie, de la Hongrie et de la Roumanie. Les Russes préparent des forces militaires d’occupation pour faire face à l’insurrection ukrainienne presque inévitable tout en laissant les
troupes de première ligne libres de menacer l’OTAN.
Une fois de plus, j’aimerais souligner – parce que c’est de la plus haute importance – l’énorme disparité, de la taille d’un 747, entre ce qui est autorisé à
être rapporté pour la consommation de masse et ce qui est réellement discuté par les véritables planificateurs et stratèges de la guerre. Une fois de plus, vous voyez l’aveu tout à fait
candide que si l’aide occidentale est interrompue, non seulement la Russie gagnera, mais elle poussera jusqu’à la frontière occidentale de l’Ukraine. Comparez cet aveu totalement surprenant
avec ce qui est autorisé dans le discours de surface, où il est toujours interdit de proposer que la Russie puisse “sortir de l’impasse”, même au niveau local, en avançant
peut-être jusqu’au Dniepr, ou quelque chose de ce genre.
Les Russes ont élargi la structure de leur armée pour faire la guerre et ont indiqué leur intention de conserver cette structure plus importante après la
guerre[5]. Ils pourraient facilement stationner trois armées complètes (la 18ème Armée d’Armes Combinées et la 25ème Armée d’Armes Combinées nouvellement créées pour cette guerre et la
8ème Armée d’Armes Combinées de la Garde) aux frontières de la Pologne, de la Hongrie, de la Slovaquie, et de la Roumanie[6].
Attendez une seconde : la pauvre armée russe, complètement morte, battue et vaincue, qui, selon les médias officiels, avait subi 95 % de pertes jusqu’à présent,
est soudain capable de rassembler trois armées de campagne complètes juste pour assurer la sécurité de la frontière polonaise ? Il y a là un véritable univers de différence avec ce qui est
autorisé à la consommation publique.
En fait, il est absolument vertigineux qu’ils prétendent maintenant que la Russie sera en mesure de rassembler sur l’ensemble du front de l’OTAN :
D’où viennent soudain ces centaines de divisions ? Ah, mais vous voyez, c’est le pouvoir de la propagande. Cela prouve que pratiquement tout ce que nous voyons
n’est que du grain à moudre destiné à la consommation publique, une propagande intentionnellement conçue et ciblée pour minimiser les forces russes de toutes les manières possibles et
imaginables – de leur quantité à leur qualité, en passant par tout ce qui se trouve entre les deux.
Mais les vrais planificateurs, les éminences grises derrière le rideau, voient ce qu’ils nous cachent : des déploiements russes massifs et sans précédent datant
de l’époque de la guerre froide, qui ne subissent aucune attrition appréciable en Ukraine.
Et c’est là qu’intervient la prochaine bombe :
L’OTAN serait incapable de se défendre contre une telle attaque avec les forces actuellement présentes en Europe. Les États-Unis devraient déployer un grand
nombre de soldats américains sur toute la frontière orientale de l’OTAN, de la Baltique à la mer Noire, afin de dissuader l’aventurisme russe et d’être prêts à vaincre une attaque russe.
Les États-Unis devraient également engager en permanence une proportion importante de leur flotte d’avions furtifs en Europe. La stratégie de défense de l’OTAN repose sur la supériorité
aérienne, non seulement pour protéger les troupes de l’OTAN contre les attaques ennemies, mais aussi pour utiliser la puissance aérienne afin de compenser les forces terrestres plus
réduites de l’OTAN et les stocks limités de l’artillerie de l’OTAN. Les États-Unis devraient maintenir un grand nombre d’avions furtifs disponibles en Europe pour pénétrer et détruire les
systèmes de défense aérienne russes – et empêcher les Russes de rétablir une défense aérienne efficace – afin que les avions non furtifs et les missiles de croisière puissent atteindre
leurs cibles. L’obligation d’engager une importante flotte d’avions furtifs en Europe pourrait fortement dégrader la capacité de l’Amérique à répondre efficacement à une agression
chinoise contre Taïwan, puisque tous les scénarios concernant Taïwan reposent largement sur les mêmes avions furtifs que ceux qui seraient nécessaires pour défendre l’Europe.
Nous en arrivons maintenant à la vérité sur les raisons pour lesquelles les flottes d’avions furtifs mentionnées plus haut sont si nécessaires. Ils admettent
que l’OTAN n’a pas de véritables forces terrestres à proprement parler, ni d’artillerie, après avoir tout donné à l’Ukraine – ce qui ne veut pas dire qu’elle en avait beaucoup au départ. En
fait, l’OTAN n’est rien d’autre qu’un fragile avion de chasse en verre qui se fait passer pour une alliance militaire.
Mais le problème est qu’ils admettent que les réseaux de défense aérienne russes sont si denses que leur armée de l’air ne sera pas en mesure de les pénétrer
sans l’aide de chasseurs furtifs, qui sont non seulement assez limités, mais qui sont également indispensables pour le front Chine-Taïwan.
Il y a tellement de choses à dire sur les avions furtifs qu’il faudrait toute une série d’articles, sans parler d’un seul article ou même de quelques
paragraphes. Je dirai toutefois que les avions furtifs se dégradent très rapidement sans un entretien et une maintenance importants, ce qui est impossible dans le cadre d’un conflit de haute
intensité. Par exemple, leurs revêtements RAM doivent être réappliqués toutes les quelques missions, ce qui nécessite d’énormes quantités de main-d’œuvre et de temps – quelque chose qui ne sera
absolument pas disponible lors d’un conflit réel. Une fois que ces revêtements auront disparu, les avions seront extrêmement visibles pour les radars, puisque les États-Unis eux-mêmes
admettent que le revêtement RAM est responsable d’une grande partie des capacités “furtives” des avions furtifs modernes, en particulier
du nouveau B21 Raider.
En d’autres termes, plus le conflit se prolonge, moins le seul “atout” dont disposent les États-Unis est furtif et
plus il est vulnérable. Cela signifie qu’une fois de plus, la Russie conserve l’avantage et deviendra progressivement plus forte au fur et à mesure que le conflit se poursuivra, comme en
Ukraine.
Mais pour continuer, les perspectives ne font qu’empirer :
Le coût de ces mesures défensives serait astronomique et s’accompagnerait probablement d’une période de risque très élevé au cours de laquelle les forces
américaines ne seraient pas suffisamment préparées ou positionnées pour faire face à la Russie ou à la Chine, et encore moins aux deux ensemble.
Attendez, les États-Unis ne seraient donc même pas en mesure de faire face à l’une d’entre elles, et encore moins aux deux ? Vous savez que les choses
deviennent extrêmement désespérées lorsqu’ils sont obligés d’avouer des aveux de cette taille et de cette ampleur.
Voici comment ils prévoient la carte une fois que la Russie aura pris le contrôle de toute l’Ukraine. Tout d’abord, la disposition des divisions blindées et
mécanisées :
Ensuite, les nouveaux réseaux de défense aérienne intégré (DAI), qui recouvriraient désormais une partie importante du “territoire de l’OTAN” :
Enfin, ils passent à leur “scénario de rêve” pour une victoire totale de
l’Ukraine, qui est évidemment impossible et n’a littéralement aucune chance de se produire – ce qui rend inutile de l’aborder en profondeur. Cependant, ils affirment ouvertement un point
important :
Et c’est là, tout à fait, nu, et au grand jour. Le véritable objectif des mains sales de l’OTAN est enfin révélé sans art ni vernis :
La mer Noire deviendrait presque un lac de l’OTAN.
C’est le rêve de toute une vie, non réalisé, qui est enfin confirmé par écrit. Il n’y a pas grand-chose à ajouter, car cet aveu valide à lui seul toutes les
mesures prises jusqu’à présent par la Russie dans ce conflit. Il exonère totalement la Russie de toute faute, car il prouve sans conteste que l’OTAN n’a jamais cherché qu’à encercler et à
étrangler la Russie de toutes parts, en la dépouillant de ses terres et de ses trésors.
DEUXIÈME PARTIE
Cette première partie date du 14 décembre, mais aujourd’hui ISW a publié la deuxième partie de son analyse, qui poursuit la tendance. Je ne l’aborderai pas de manière aussi approfondie, principalement parce qu’elle reprend fastidieusement les
mêmes points, comme pour les marteler, ce qui témoigne de leur propre désespoir et de l’urgence de la situation.
Cependant, il y a quelques points très convaincants à noter.
Tout d’abord, ils contredisent à nouveau le discours actuel en estimant que la réduction de l’aide n’aboutirait pas à une simple “impasse” comme CNN et consorts voudraient vous le
faire croire, mais qu’elle mettrait fin à la capacité de l’Ukraine à repousser la Russie, ce qui conduirait cette dernière à la submerger tout simplement :
Une défaite auto-imposée en Ukraine confrontera les États-Unis au risque réel d’une nouvelle guerre en Europe, avec des risques d’escalade et des coûts plus
élevés. La réduction de l’aide à l’Ukraine ne gèlera pas les lignes de front, comme l’a évalué ISW[2], mais diminuera au contraire la capacité de l’Ukraine à repousser l’armée russe et
accélérera la progression militaire de la Russie de plus en plus à l’ouest, car le moteur fondamental de cette guerre – l’intention du Kremlin d’éradiquer l’identité et le statut d’État
de l’Ukraine – n’a pas changé.
Deuxièmement, ils réfutent un autre récit populaire en Occident, selon lequel la Russie sera “gravement affaiblie” après cette guerre, ramassant les
débris des territoires détruits qu’elle a réussi à annexer. En fait, j’affirme depuis le début que la Russie gagne beaucoup plus qu’elle ne perd : nouvelles populations, richesses en terres
et en ressources, etc. ISW est d’accord :
L’absorption de certaines parties de l’Ukraine et du Belarus augmenterait considérablement la puissance de la Russie, en ajoutant des millions de personnes,
y compris la main-d’œuvre qualifiée et les actifs industriels qui restent et le territoire qui n’a pas été brûlé, que le Kremlin pourrait utiliser pour la reconstitution de l’armée
russe.
Ils poursuivent en insistant une fois de plus sur le fait que l’OTAN elle-même est en jeu :
L’avenir de l’OTAN est lié à l’avenir de l’Ukraine beaucoup plus étroitement que la plupart des gens ne le comprennent.
Non seulement ils suggèrent que l’OTAN pourrait s’effondrer complètement, mais pour ceux qui avaient besoin de l’entendre d’une source plus “autorisée”, ils confirment ce que Scott Ritter et moi-même
répétons depuis longtemps maintenant, à savoir que l’article 5 ne signifie rien. Sans la volonté d’agir, il n’oblige pas légalement les pays à faire grand-chose, en particulier pour défendre
un pays dont les seuls liens avec l’OTAN sont tout à fait artificiels, et dont ils se fichent éperdument.
Ensuite, ils font un autre aveu assez surprenant et contre-intuitif, à savoir que la plus grande force de la Russie est en fait sa domination dans la sphère de
l’information. Qui l’aurait cru ? Les influenceurs médiatiques nous disent que c’est tout le contraire : La Russie est la “risée de tous en plus d’être isolée” sur la scène
mondiale, ses stratagèmes de propagande tombant à plat comme un mauvais numéro de comédie dans un bar miteux. Mais une fois de plus, sous la surface, un autre son de cloche se fait entendre,
et les vrais acteurs sont dépassés et intimidés par la force des réalisations informatives de la Russie en matière de Guerre de 5ème génération :
Mais ici, ils abandonnent l’intrigue et entrent dans le vif du sujet. Ils décrivent ce qui est, à leurs yeux, la menace la plus grave : la Russie pourrait, à
elle seule, modifier la perception que l’Amérique a d’elle-même, voire changer l’idée même de ce qu’est l’Amérique :
Modifier la volonté de l’Amérique n’est pas une mince affaire. L’Amérique est une idée. L’Amérique est un choix. L’Amérique, c’est la croyance en la valeur
de l’action. La résilience intérieure et la puissance mondiale des États-Unis proviennent en grande partie du fait que des personnes et des pays choisissent les États-Unis et que les
Américains préservent leur capacité d’agir avec intention. Un adversaire qui apprend à modifier ces réalités constitue une menace existentielle, surtout lorsque les idées sont l’arme
principale de cet adversaire.
Ah, et maintenant nous arrivons à la métaphysique de tout cela. Vous voyez, le mouton a été tondu, mettant son cul à nu pour que tout le monde puisse le voir,
et seuls les vrais passionnés peuvent glaner les profonds secrets ésotériques qui y sont révélés.
Ce qu’ils viennent d’exposer va au-delà des questions matérielles dérisoires de la guerre et de tout ce qui est corporel. En fait, ils ont dévoilé l’essence
ontologique même de l’hégémonie mondiale de l’Empire, et c’est quelque chose qui a été évoqué par coïncidence plus tôt dans la journée sur le blog d’Andrei Martyanov, sur lequel je suis tombé par hasard. L’article en lui-même suscite la réflexion et est très bon – je vous recommande de le lire – mais c’est le 1er
commentaire qui frappe au cœur des choses comme un hymne :
Il y a l’Amérique, le mythe, et les États-Unis, le pays. Il s’agit de deux choses différentes dont l’origine commune est la richesse du Nouveau Monde. Les
États-Unis ont gagné la bataille et ont dominé les continents américains depuis lors, comme le montre la doctrine Monroe et les nombreuses guerres orchestrées par le général Smedley
Butler et d’autres. Le second POTUS, John Adams, a institué la loi sur les étrangers et la sédition, qui rendait illégale toute critique à l’égard du gouvernement. Par Miss American
Pie. Thomas Jefferson a réagi à cette loi en disant : “Quoi, je m’inquiète ?” Il a dit qu’il n’était pas d’accord avec la loi, puisqu’il était Démocrate, mais
que puisqu’elle existait, il serait dommage de la gâcher… Andrew Jackson a renforcé le pouvoir impérial en disant à la Cour suprême d’aller se faire voir sur le sable du Potomac lorsqu’il
a déporté les Indiens Cherokee. Lincoln a transformé les États-Unis d’une pluralité d’États semi-indépendants en une ploutocratie de régions impériales, nous mettant ainsi sur la voie de
l’Empire. La guerre civile n’était qu’un échauffement. La guerre hispano-américaine était une répétition générale. La Première Guerre mondiale a été l’acte 1. Et maintenant, nous sommes
Rome. Aucun gouvernement n’a jamais renoncé à des pouvoirs “temporaires”. Il suffit de regarder le Patriot (sic) Act. L’Amérique du mythe a flotté pendant tout ce temps. C’était un
catéchisme partagé de la religion américaine, mais il devient de plus en plus difficile à avaler. Nous sommes en train de devenir des athées américains et lorsque les gens cessent de
croire en leurs propres mythes, ils périssent.
Je réimprime la partie inférieure, rédigée de manière évocatrice, pour donner de l’effet :
L’Amérique du mythe a flotté pendant tout ce temps. C’était un catéchisme partagé de la religion américaine, mais il est de plus en plus difficile à avaler.
Nous sommes en train de devenir des athées américains et lorsque les gens cessent de croire en leurs propres mythes, ils périssent.
Voyons maintenant l’exégèse de Kagan et de Cohort une fois de plus, côte à côte :
Modifier la volonté de l’Amérique n’est pas une mince affaire. L’Amérique est une idée. L’Amérique est un choix. L’Amérique, c’est la croyance en la valeur
de l’action. La résilience intérieure et la puissance mondiale des États-Unis proviennent en grande partie du fait que des personnes et des pays choisissent les États-Unis et que les
Américains préservent leur capacité à agir avec intention. Un adversaire qui apprend à modifier ces réalités constitue une menace existentielle, surtout lorsque les idées sont l’arme
principale de cet adversaire.
Ah…. voilà donc ce qu’il en est. Vous voyez, la puissance américaine n’est inscrite dans rien d’autre qu’un mythe de suprématie et de droit, lui-même recouvert
de divers euphémismes et de trompe-l’œil vaporeux comme “l’ordre fondé sur des règles”.
Ce que les néocons ont révélé ici est la clé principale de tout : la Russie est prête à briser le mythe, ou plutôt le grand mensonge, qui consacre non pas la
véritable Amérique d’autrefois, mais la déformation néoconservatrice qu’elle est devenue, le mastodonte déformé, le Léviathan disgracieux qui fouette le monde entier de sa queue éperonnée et
de son haleine délétère.
Ces monstres, qui ont coopté le pays et sa politique étrangère, ont en fait fait de l’Amérique rien de plus qu’un golem branlant, un golem sans vêtements comme
son empereur fantôme. Ils ne craignent rien de plus que de voir la Russie briser cette “idée” déplacée, ce “rêve” frauduleux qui n’existe que dans l’esprit gorgé
de sang des usurpateurs néocons. Cela briserait l’illusion une fois pour toutes, non seulement en libérant le monde de l’emprise du Léviathan, mais aussi en détruisant l’éternelle quête des
néocons.
Notez l’utilisation idiomatique très particulière de : “modifier ces réalités”. Voyez-vous, “modifier” la réalité de substitution imposée par les
néocons revient à détruire la bête une fois pour toutes, à amputer la tumeur cancéreuse qui étrangle le cœur de ce qui était autrefois “l’Amérique”. C’est ce qu’ils craignent, et ils l’ont
exprimé du mieux qu’ils ont pu, en l’encodant dans le symbolisme. L’Amérique qu’ils ont concoctée existe comme une simulation dans une matrice, et ils craignent que la Russie ait trouvé la
clé pour débrancher leur fausse construction-réalité, éveillant une génération entière à la vérité réelle : que le pays et tout ce qu’il a toujours représenté a été entièrement détourné par
une cabale criminelle.
Surtout, ils ont révélé que le pouvoir de l’“Amérique” repose sur un sort jeté à son allié le plus
proche, l’Homo Europaeus, complètement subjugué. Une fois que la Russie aura “brisé” ce sort, la partie sera terminée.
La résilience intérieure des États-Unis et leur puissance mondiale sont dues en grande partie au fait que des personnes et des pays choisissent les
États-Unis et que les Américains préservent leur capacité à agir avec intention.
L’idée “sacrée” de l’Amérique distillée ici n’est rien d’autre
qu’une illusion impériale, une toile tendue aux yeux d’un continent européen qui est sous occupation totale depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Ce qu’ils disent, en fin de compte,
c’est qu’il n’y a pas de caractère sacré inhérent à leur idéal fabriqué, mais qu’il s’agit plutôt d’une illusion imposée, qui est aussi fragile que la craie une fois que les gens en ont pris
conscience. Et ils pensent que les pouvoirs d’éveil de la Russie constituent une menace existentielle.
C’est sombre, je sais. Mais c’est pourquoi leur ton est si évidemment strident et vexatoire dans ce rapport désespéré.
La Russie a coincé les rats dans un coin et ils paniquent.
Simplicius Le
Penseur
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Dans la presse occidentale au cours des deux derniers mois, ont été publiés de nombreux articles selon lesquels l’Occident aurait sous-estimé la Russie.
D’abord parce que son économie s’est révélée insensible aux sanctions, ensuite parce que la Russie développe rapidement son industrie militaire, enfin parce que la société russe s’est
montrée prête à soutenir les dirigeants politiques du pays, et la liste est longue.
En général, tout est à peu près pareil, vous ne pouvez ajouter qu’une seule nuance.
L’Occident a sous-estimé la Russie, mais il s’est aussi largement surestimé.
Ou plutôt, même ceci : Avant le début de l’opération en Ukraine, les États-Unis étaient confiants dans leur contrôle absolu sur l’économie mondiale.
Mais cela s’est avéré être une illusion.
Autrement dit, l’unipolarité totale a déjà pris fin, et les États-Unis ne l’ont découvert que récemment. Et cette découverte leur fut une désagréable
surprise, au moins sur deux points :
• Les États-Unis ne contrôlent plus totalement l’économie mondiale, mais pas seulement.
• Tout n’est pas en ordre avec la domination militaire de l’Amérique et, en général, de l’ensemble de l’Occident.
Sur ces deux points, c’est parce qu’il y a un goulot d’étranglement : La production de matériels militaires.
Les deux adversaires, la Russie et l’Occident, se sont révélés non préparés à une guerre moderne. Mais le premier a su mobiliser son complexe
militaro-industriel tandis que le second n’y est pas parvenu. En conséquence, la balance des forces a commencé à pencher lentement vers Moscou.
Washington est désormais confronté à un dilemme très clair :
- Soit faire monter les enchères en commençant à mobiliser ses propres industries militaires et celles de ses alliés,
- Soit faire la paix avec la Russie, en mettant fin à la guerre par procuration avec elle sur le territoire de l’Ukraine.
En 2024, nous saurons quel choix feront les États-Unis.
Il semblerait selon Elena Panina, analyste pour Russtrat1 que
les États-Unis aient opté pour la première possibilité.
La Russie a enfoncé le premier clou dans le cercueil de l’hégémonie américaine.
En effet, l’Occident a clairement sous-estimé la Russie et s’est surestimé. L’accès 24h/24 et 7j/7 à une planche à billets est une chose mais la
disponibilité d’installations physiques pour la production de produits militaires et de stocks d’armes est une toute autre affaire.
Quant au choix des États-Unis, compte tenu de ces circonstances, ils l’ont déjà fait. L’objectif – infliger une
défaite stratégique à la Russie – demeure. L’approche ne changera que légèrement.
La «guerre éclair» ukrainienne a échoué, de sorte que l’Occident mondial, dirigé par les États-Unis, va changer de tactique, en mettant davantage
l’accent sur l’utilisation massive de la main-d’œuvre des forces armées ukrainiennes avec un approvisionnement économique en armes et en équipements. En dernier recours, ils se
lanceront dans des combats dans les grandes villes afin de «vendre» des territoires à la Russie à un prix plus élevé.
Dans le même temps, le projet de la «Coalition des combattants pour l’Ukraine» est bel et bien vivant. Et bientôt nous verrons
sa première utilisation au combat.
En outre, le complexe militaro-industriel des États-Unis et de ses alliés augmente simultanément ses capacités. Ce que Jonathan Finer, premier assistant
adjoint du président des États-Unis pour la sécurité nationale, a déclaré directement le 7 décembre lors du forum de l’Aspen Institute : «Après 2024, nous
augmenterons la production de notre base militaro-industrielle. Nous travaillons avec les Ukrainiens, notamment lors d’une conférence cette semaine à Washington, pour augmenter la
production de leur base militaro-industrielle. Et nous nous retrouverons dans un an et demi sur des bases bien plus solides qu’aujourd’hui».
Des négociations frauduleuses sont également possibles afin de tromper Moscou et l’empêcher de prendre des mesures décisives et de tirer profit de la
situation actuelle. Mais avec un seul objectif : Rassembler ses forces et tenter à nouveau d’infliger un nouveau coup puissant à la Russie.
Pour une compréhension plus large de la situation, il convient de prêter attention à ce que disent certains experts américains sur la Russie. Par
exemple, l’ancienne responsable du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, Fiona Hill : «Dans l’arène
géopolitique actuelle, cette guerre est en réalité l’envers de la révolte de la Russie et du «reste» contre les États-Unis. La guerre en Ukraine est l’événement qui rend la fin de la
Pax Americana évident pour tous».
Et quand Biden déclare que «les enjeux de ce
combat vont bien au-delà de l’Ukraine» et qu’»ils affectent l’ensemble de l’alliance OTAN, la sécurité de l’Europe et l’avenir de la relation
transatlantique», il n’est pas loin de la vérité.
Ce sont les actions de la Russie qui menacent le plus la position privilégiée de l’Amérique en tant qu’hégémonie mondiale. Nous devons donc aborder 2024
avec une compréhension claire : L’establishment américain est prêt à tout faire pour empêcher la Russie de gagner.
Les enjeux sont de plus en plus élevés. La confrontation entre la Russie et les États-Unis acquiert tous les traits d’une confrontation
existentielle.
L’Institut russe d’études stratégiques (RISS) ou (RISI) ou (RISY) (russe : Российский институт стратегических исследований (РИСИ)) est un centre de recherche et d’analyse russe créé
par décret de l’ancien président de la Fédération de Russie Boris Eltsine en 1992.
Poutine dissipe le brouillard de guerre en Ukraine
L’opération militaire spéciale russe en Ukraine entre dans une nouvelle phase. Le président Vladimir Poutine a dissipé le brouillard de guerre et laissé
entrevoir ce à quoi on peut s’attendre à l’avenir dans un
discours historique prononcé au centre de contrôle de la défense nationale lors d’une réunion du conseil d’administration du ministère russe de la défense, le 19
décembre.
La Russie a pris le dessus dans cette guerre par procuration, tandis que les États-Unis s’efforcent de recréer un nouveau récit. Pour Poutine, il s’agit
d’un moment de triomphe où il n’a aucune raison de profiter du brouillard de la guerre en Ukraine, alors que pour le président Biden, le brouillard de la guerre continue de servir un
objectif utile de dissimulation pour la prochaine élection dans laquelle il cherche à obtenir un second mandat.
Le discours de Poutine s’est déroulé dans une atmosphère optimiste. L’économie russe a non seulement retrouvé son élan d’avant 2022, mais elle
s’accélère pour atteindre un taux de croissance de 3,5% d’ici la fin de l’année, grâce à l’augmentation des revenus et du pouvoir d’achat de millions de citoyens et à l’amélioration
du niveau de vie. Le chômage n’a jamais été aussi bas et la Russie a repoussé les sanctions occidentales et les tentatives visant à l’isoler sur la scène internationale.
Le leitmotiv du discours de Poutine est qu’il s’agit d’une guerre que la Russie n’a jamais recherchée, mais qui lui a été imposée par les États-Unis.
L’année dernière, en février, Poutine avait énuméré cinq objectifs précis de l’opération militaire russe :
- La sécurité de la population russe,
- La dénazification de l’Ukraine,
- La démilitarisation de l’Ukraine,
- L’instauration d’un régime amical à Kiev
- et la non-admission de l’Ukraine au sein de l’OTAN.
Il s’agit bien entendu d’objectifs interdépendants. Les États-Unis et leurs alliés le savent mais continuent de prétendre le contraire, leur objectif
dans la guerre par procuration étant une victoire militaire et un changement de régime en Russie.
Le message de Poutine est que tout nouveau discours occidental sur la guerre est voué à connaître le même sort que le précédent, à moins de faire preuve
de réalisme en reconnaissant que la Russie ne peut être vaincue militairement et que ses intérêts légitimes soient reconnus.
Le cœur du problème est que l’Occident a toujours perçu l’Ukraine comme un projet géopolitique visant la Russie. Aujourd’hui, même avec la défaite en
face, la priorité de l’Occident est de forcer la Russie à accepter un cessez-le-feu sur la base de la ligne de contact existante sans aucune obligation géopolitique ou stratégique de la part de
Washington ou de l’alliance transatlantique – ce qui, de facto, signifierait laisser la porte ouverte au réarmement de l’armée ukrainienne meurtrie et à l’adhésion de Kiev à l’OTAN
par des moyens détournés.
Il est évident que l’agenda discrédité consistant à utiliser l’Ukraine comme un pion pour poursuivre la politique anti-russe de l’Occident est
toujours d’actualité. Mais Moscou ne tombera pas une seconde fois dans le piège des États-Unis, au risque d’une nouvelle guerre qui pourrait éclater à un moment qui
conviendrait le mieux à l’OTAN.
Comme on pouvait s’y attendre, le discours de Poutine a accordé une grande attention à la relance de l’industrie de la défense russe afin de répondre à
toute exigence militaire qui pourrait survenir. Mais vers la fin de son discours, Poutine s’est également attardé sur les options politico-militaires de la Russie dans ces
circonstances.
Sur le plan militaire, il est clair que la Russie poursuivra la guerre d’usure jusqu’à son terme logique, à savoir pousser l’armée ukrainienne dans une
impasse stratégique, ce qui impliquera de rechercher des améliorations tactiques le long de la ligne de front, de saper le potentiel économique de l’Ukraine, d’infliger des pertes
militaires et de stimuler la propre industrie de défense russe à une échelle qui fasse pencher la balance des forces en défaveur de toute aventure militaire de la part de
l’OTAN.
En fin de compte, a affirmé Poutine, la Russie est déterminée à récupérer les «vastes
territoires historiques, les territoires russes, ainsi que la population» que les bolcheviks ont transférés à l’Ukraine au cours de l’ère soviétique. Il a toutefois
établi une distinction importante en ce qui concerne les «terres
occidentales» de l’Ukraine (à l’ouest du Dniepr) qui sont un héritage de la Seconde Guerre mondiale et qui pourraient faire l’objet de revendications territoriales de la
part de la Pologne, de la Hongrie et de la Roumanie, ce qui, au moins dans le cas de la Pologne, est également lié au transfert des «terres de
l’Allemagne de l’Est, du corridor de Dantzig et de Dantzig elle-même» après la défaite du Troisième Reich.
Poutine a noté que «les gens qui
vivent là-bas (dans l’ouest de l’Ukraine) – beaucoup d’entre eux, du moins, je le sais avec certitude, à 100% – veulent retourner dans leur patrie historique. Les pays qui ont perdu
ces territoires, principalement la Pologne, rêvent de les récupérer».
Cela dit, il est intéressant de noter que Poutine s’est simplement lavé les mains de tout différend territorial qui pourrait survenir entre l’Ukraine et
ses voisins orientaux (qui sont tous des pays de l’OTAN). Récemment, le chef des services de renseignement russes, Sergey Naryshkin, a utilisé une métaphore puissante, avertissant que
les États-Unis pourraient être confrontés à un «second
Vietnam» en Ukraine, qui les hanterait pendant longtemps.
L’essentiel, tel que l’a formulé Poutine, est le suivant : «L’histoire
remettra chaque chose à sa place. Nous (Moscou) n’interviendrons pas, mais nous ne renoncerons pas à ce qui nous appartient. Tout le monde doit en être conscient : Ceux qui, en
Ukraine, sont agressivement disposés à l’égard de la Russie, ainsi que les Européens et les Américains. S’ils veulent négocier, qu’ils le fassent. Mais nous ne le ferons qu’en
fonction de nos intérêts».
Poutine a conclu en disant que si l’arbitre final est la prouesse militaire, cela explique pourquoi la Russie se concentre sur des «forces armées
fortes, fiables, bien équipées et correctement motivées», soutenues par une économie solide et «le soutien du
peuple multiethnique russe».
Il est fort probable que les opérations militaires russes se déplacent vers l’ouest en direction du Dniepr dans les mois à venir, bien au-delà des
quatre nouveaux territoires qui ont rejoint la Fédération de Russie l’année dernière – Louhansk, Donetsk, Zaporozhia et Kherson. En l’absence de tout règlement négocié, la Russie
pourrait choisir de «libérer»
unilatéralement les régions méridionales de l’Ukraine qui faisaient historiquement partie de la Russie, ce qui inclurait probablement Odessa et toute la côte de la mer Noire, ou
Kharkov au nord de la région du Donbass.
La Russie s’attend à ce que les capacités de combat des forces ukrainiennes diminuent fortement dans un avenir proche et l’armée a déjà du mal à trouver
de nouvelles recrues. En d’autres termes, au cours de l’année à venir, l’équilibre des forces sur le front se modifiera en raison des lourdes pertes subies par l’armée ukrainienne et
de la baisse de l’aide occidentale, et, à un moment donné, les défenses de l’Ukraine commenceront à s’effondrer.
On note les gains récents de la Russie dans les opérations militaires – par exemple, Soledar, Artyomovsk (Bakhmut), Avdeevka, Maryinka, etc. Ce
changement va encore s’accélérer car le complexe militaro-industriel russe fonctionne de manière optimale et la Russie déploie massivement de nouveaux types d’armes, comme les bombes
aériennes planantes, qui ont modifié le rôle de l’armée de l’air russe dans le conflit.
Des dizaines de bombes aériennes lourdes sont larguées chaque jour et, de même, l’utilisation de munitions de barrage modernes et d’autres systèmes,
notamment les munitions à guidage de précision, augmente. Des chars T-90M et de nouveaux types de véhicules blindés légers ont également fait leur apparition sur le champ de
bataille.
En comparaison, l’Ukraine est confrontée à une diminution des livraisons d’armes en raison des capacités de production limitées de l’Occident, où une
croissance durable de la production à l’échelle industrielle n’est pas envisageable à court terme. Dans le même temps, la crise du Moyen-Orient et les tensions autour de Taïwan
deviennent des distractions majeures pour les États-Unis.
Tous ces facteurs pris en compte, un changement décisif dans l’équilibre des forces contre l’Ukraine est tout à fait concevable d’ici la fin de
l’année prochaine, conduisant à une fin du conflit aux conditions de la Russie.
«Un embargo sur
les armes à destination d’Israël» par «la mise en œuvre
de l’article 6 du traité sur le commerce des armes, qui interdit les transferts d’armes en cas de génocide», est une suggestion fondamentale en conclusion du résumé sur le site
internet de l’ONU de la table ronde «2023 Guerre à
Gaza : La responsabilité de prévenir un génocide».1,2
Candice van
Eijk
*
Résumé de la présidence de la table ronde «2023 War on Gaza : La responsabilité de prévenir un génocide»
Le panel de discussion «2023 War on Gaza
: La responsabilité de prévenir le génocide» a été organisé le 12 décembre 2023 par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (CEIRPP). L’événement
a consisté en une ouverture avec des remarques de S.E. M. Arrmanatha Christiawan Nasir, vice-président du Comité et représentant permanent de l’Indonésie auprès des Nations unies, et
de S.E. Mme Feda Abdelhady Nasser, observateur permanent adjoint de l’État de Palestine auprès des Nations unies. Le panel était composé de M. Jehad Abusalim, directeur exécutif du
Jerusalem Fund ; M. Raz Segal, professeur associé d’études sur l’Holocauste et les génocides et titulaire d’une chaire sur l’étude des génocides modernes à l’université de Stockton ;
Mme Hannah Bruinsma, conseillère juridique à l’ONG Law for Palestine ; et Mme Katherine Gallagher, avocate principale au Center for Constitutional Rights, basé à New York. L’événement
a été retransmis en direct sur UN WebTV.
Dans son introduction, le
vice-président a déclaré que le Comité avait convoqué le groupe à un moment où l’existence même du peuple palestinien était menacée. Le nombre de morts parmi les civils palestiniens –
principalement des femmes et des enfants – causé par la guerre d’Israël contre Gaza s’apparente à une punition collective. En outre, le déplacement forcé de la population de Gaza,
dont beaucoup sont déjà des réfugiés, et la destruction systématique des maisons, des infrastructures, des mosquées, des églises, des hôpitaux, des bâtiments publics et des objets
protégés mettent en péril la présence même des Palestiniens sur leur terre ancestrale. Cette violence soulève des questions sur les objectifs de l’opération militaire israélienne et
sur la responsabilité de la communauté internationale face aux crimes en cours. La communauté internationale a récemment commémoré le 75ème anniversaire
de la
«Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide» du 9 décembre 1948, ratifiée par 153 États en
2022.Les États membres ont l’obligation et le devoir de prévenir ce crime et de mettre en œuvre l’appel «plus jamais ça».
L’ambassadeur Feda Abdelhady [observateur permanent adjoint de l’État de Palestine auprès des Nations unies] déclare que l’État de Palestine a adhéré à
la Convention sur le génocide, ainsi qu’à d’autres pactes relatifs aux droits de l’homme, mais qu’il n’avait pas prévu d’être contraint de l’invoquer, convaincu que le vœu de la
communauté internationale de «plus jamais ça» était universel et que les obligations juridiques et morales à l’égard de la question de la Palestine seraient respectées, ce qui
permettrait au peuple palestinien d’exercer ses droits longtemps bafoués. Le monde est témoin d’atrocités et
de crimes indicibles en Palestine occupée, en particulier dans la bande de Gaza assiégée, perpétrés par Israël et ses forces d’occupation, y compris les milices de colons,
dans le prolongement flagrant de plus de 75 ans de Nakba.
Cette situation a conduit les
universitaires, les juristes, la société civile, les parlementaires, les gouvernements et les citoyens du monde entier à conclure qu’Israël commettait des crimes de guerre, des crimes
contre l’humanité et un génocide à l’encontre du peuple palestinien.L’ambassadeur Abdelhady a déclaré
que l’objectif était d’effacer la présence palestinienne et son identité nationale, et d’ancrer l’occupation israélienne de la terre palestinienne avec le moins de Palestiniens
possible. L’État de Palestine a lancé un appel aux États membres et à tous les organes du système des Nations unies pour qu’ils agissent, la mesure la plus urgente étant
un cessez-le-feu. Elle a exprimé l’espoir que le panel contribuerait à sensibiliser, à fournir des informations sur la loi et à suggérer des pistes d’action.
M. Jehad Abusalim [directeur exécutif du Jerusalem Fund], qui est né et a grandi à Gaza, a déclaré que sa famille et ses amis faisaient partie des plus
de deux millions de Palestiniens qui subissent l’un des assauts militaires les plus violents de ce siècle. Au 11 décembre, l’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme estimait que
24 142 Palestiniens de Gaza avaient été tués par les bombardements israéliens, dont 9420 enfants. En outre, 48 901 ont été blessés et 1 840 000 ont été déplacés. Au total, 53 000
habitations et plus de 1300 installations industrielles ont été détruites. Ce qu’il a qualifié de «génocide en cours
à Gaza» s’inscrit dans le cadre du violent colonialisme israélien et de l’occupation des terres palestiniennes qui ont commencé avec la Nakba («la catastrophe») de 1948 et qui
ont conduit plus de 750 000 Palestiniens à fuir ou à être expulsés de chez eux. La Nakba, a-t-il souligné, n’est pas seulement un événement d’un passé lointain : ses effets
politiques, économiques, géographiques et culturels persistants ont empêché les Palestiniens de réaliser leur potentiel dans leur propre patrie.
En 1956, 1957 et 1967, Israël a occupé la bande de Gaza, imposant un processus de «dé-développement» et la séparant de la Cisjordanie par des bouclages
militaires et un système de permis qui limitait l’entrée et la sortie de la bande et divisait les familles. En 2007, Israël a imposé un blocus terrestre, aérien et maritime. Lorsque
Gaza s’est rebellée, Israël a toujours répondu par une extrême violence, une colonisation accrue, des incursions, des bombardements massifs et l’assassinat de civils. Les habitants de
Gaza utilisaient l’expression «je suffoque» pour décrire un état psychologique et émotionnel dans lequel chaque acte quotidien simple et élémentaire, comme l’accès à l’eau potable,
les déplacements pour obtenir un traitement médical ou une éducation, la pêche et les récoltes, étaient des épreuves épuisantes. Les habitants de Gaza ont continué à être tués en
masse parce qu’Israël a eu recours à une violence extrême pour reprendre le contrôle.
M. Raz Segal a souligné que le 9 décembre 2023, un groupe de 56 éminents spécialistes de l’Holocauste, du génocide et de la violence de masse, dont il
fait partie, a signé une déclaration déplorant les atrocités commises contre des civils par le Hamas et le Jihad islamique le 7 octobre, et par les forces israéliennes depuis lors.
Ils ont relevé des preuves d’une «attaque
généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque», que le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) définit comme
un crime contre l’humanité. Depuis le 7 octobre, les
dirigeants israéliens, notamment le président Isaac Herzog, les ministres du cabinet de guerre et les officiers supérieurs de l’armée – tous dotés d’un pouvoir de commandement – ont
fait des dizaines de déclarations démontrant une «intention de
détruire les Palestiniens «en tant que tels»». Les responsables israéliens ont utilisé une rationalisation coloniale éprouvée pour la destruction de personnes sous occupation
coloniale en les décrivant comme des «animaux humains». Selon M. Segal, le fait de considérer des populations civiles entières comme des «sauvages» ou des «ennemis» – et comme des
cibles militaires légitimes – est un mécanisme génocidaire courant. À titre d’exemple, il cite l’opération de 1904-1907 en Afrique du Sud-Ouest, au cours de laquelle les
colonisateurs allemands ont tué 65 000 Herero et Nama, soit 80% de la population. Une rhétorique similaire a été utilisée par les autorités hutues au Rwanda en 1990, ce qui a conduit
au génocide de 1994.
Pour M. Segal, Israël a fait
preuve d’une intention génocidaire selon les trois actes définissant le génocide dans la Convention : (a) «tuer des membres
du groupe» ; (b) «porter gravement
atteinte à l’intégrité physique ou mentale» ; et (c) «imposer
délibérément au groupe des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle». Les mesures de «siège total», ainsi que le déplacement forcé de
plus de 1,8 million des 2,3 millions de Palestiniens de Gaza et le risque d’épidémies de maladies infectieuses, exacerbé par les pénuries aiguës de nourriture, d’eau potable, de
carburant et de fournitures médicales, remplissent les conditions définies dans la Convention. Si le déplacement forcé – ou «nettoyage ethnique» – n’est pas en soi un
acte de génocide, il a toujours fait partie des processus génocidaires consistant à repousser des personnes indésirables dans des zones désignées, ce qui a fini par dégénérer en
génocide. De 1939 à 1942, les nazis ont expérimenté divers plans de déplacement forcé des juifs avant de parvenir à la «solution finale de la question juive». M. Segal a ajouté que
les déclarations d’Israël sur la déportation des Palestiniens de Gaza vers le désert du Sinaï étaient également alarmantes, car les déserts ont été utilisés historiquement comme armes
de génocide, laissant des populations entières mourir de faim et de déshydratation.
M. Segal a également noté que
depuis le 7 octobre, les médias israéliens, les médias sociaux, la politique et les espaces publics incitent au génocide, un crime distinct en vertu de l’article 3 de la Convention
sur le génocide.Le discours israélien a promu
l’idée qu’«il n’y a pas de civils innocents à Gaza», que «les enfants palestiniens sont des terroristes» et que l’armée israélienne doit «brûler Gaza jusqu’à ce qu’il n’en reste plus
rien». Ces déclarations ont ouvertement confirmé l’«intention», qui est généralement l’élément le plus difficile à prouver.
Mme Hannah Bruinsma s’est inquiétée du fait que les intellectuels et les militants, en particulier les collègues palestiniens qui s’expriment ou
appellent à des actions en justice contre les crimes d’Israël, sont menacés, non seulement en Palestine, mais aussi aux États-Unis. Elle a mentionné l’incapacité de la communauté
internationale à tenir Israël pour responsable du régime colonial des colons qui dure depuis 75 ans, de l’occupation illégale du territoire palestinien qui dure depuis 56 ans et du
siège de la bande de Gaza qui dure depuis 17 ans. L’impunité dont jouit Israël depuis des décennies pour les crimes internationaux, y compris le crime d’apartheid, s’est poursuivie
avec les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et l’incitation à commettre un génocide à Gaza. Un génocide a lieu à Gaza alors que les États-Unis utilisent leur droit de veto
au Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin aux appels au cessez-le-feu.
Mme Bruinsma [conseillère
juridique à l’ONG Law for Palestine] a déclaré que la situation à Gaza répondait aux définitions juridiques et criminologiques du génocide, qui requièrent à la fois l’intention de
détruire et des actes. Comme d’autres intervenants, Mme Bruinsma a estimé qu’Israël avait commis un actus
reus à Gaza, des actes qui constituaient un génocide au sens de la Convention. Habituellement, l’«intention» est
l’élément le plus difficile à prouver, mais dans ce cas, les dirigeants israéliens ont été si explicites publiquement que leurs déclarations constituaient clairement
la mens
rea – l’élément mental – du génocide. Depuis le 7 octobre, Law for Palestine a créé une base de données qui contient à ce jour plus de 500 déclarations génocidaires de
responsables publics israéliens qui seront soumises à la CPI.
Mme Bruinsma a cité Raphael
Lemkin, qui a inventé le terme «génocide», notant qu’il avait écrit que le génocide ne se limitait pas à des actes de massacre, mais devait englober un plan coordonné visant à
détruire les fondements essentiels de la vie des groupes nationaux ou ethniques. À Gaza, la mise en œuvre par Israël de la «doctrine Dahiya», vieille de 17 ans, une stratégie
militaire consistant à utiliser une force disproportionnée pour affaiblir la population au point que la simple survie l’emporte sur la résistance, a été pleinement mise en
évidence. La convention sur le génocide, signée par 152 États à ce jour, oblige tous les États à se conformer à ses dispositions, comme l’a rappelé la Cour
internationale de justice (CIJ) à plusieurs reprises. L’interdiction du génocide constitue une norme de jus cogens,
ce qui signifie qu’elle est absolue et qu’on ne peut y déroger sous aucune justification ou circonstance. En conclusion, Mme Bruinsma a exprimé sa solidarité avec ses collègues du
territoire palestinien occupé, qui ont exigé une action énergique contre ces crimes, souvent au péril de leur vie. Il incombe à tous les membres de la communauté internationale de
monter un dossier contre les auteurs de ce génocide et de veiller à ce qu’ils soient traduits en justice.
Mme Katherine
Gallagher [avocate principale au Center for Constitutional Rights, basé à New York] s’est concentrée sur la caractérisation des crimes commis dans la bande de Gaza et
sur les implications pour la Cour pénale internationale et les États parties. Elle a rappelé que des actes
intentionnels et génocidaires étaient actuellement perpétrés à Gaza, en plus des crimes contre l’humanité, à savoir le meurtre, la persécution, le transfert forcé et
l’extermination.
L’article 1 de la Convention crée
une obligation légale de prévenir le génocide : «Les parties
contractantes confirment que le génocide, qu’il soit commis en temps de paix ou en temps de guerre, est un crime de droit international qu’elles s’engagent à prévenir et à
punir». Dans l’affaire opposant la Bosnie à la Serbie, la CIJ a estimé que «chaque État
partie doit évaluer l’existence d’un génocide ou d’un risque sérieux de génocide». Il s’agit de l’engagement collectif de la communauté internationale de veiller à ce que les
groupes ne soient pas ciblés pour être détruits en raison de leur identité. Tous les États ont un «devoir de
prévention» : (a) à partir du moment où un pays «apprend ou aurait
dû apprendre l’existence d’un risque sérieux de génocide» (b) pour prendre toutes les mesures «raisonnablement à
leur disposition» afin de dissuader la commission du crime ; et (c) ce devoir est renforcé lorsqu’un État a la capacité d’influencer ou «d’agir sur les
personnes soupçonnées de préparer un génocide, ou raisonnablement soupçonnées de nourrir une intention spécifique». La CIJ peut également prendre des mesures provisoires pour
assurer le respect de la Convention dans le cas d’un génocide en cours, y compris si elle constate que des violations de la Convention sont «plausibles» (par exemple, Gambie contre
Myanmar concernant le génocide des Rohingyas).
Mme Gallagher a indiqué que le Centre pour les droits
constitutionnels avait déposé, le 13 novembre, une requête urgente au nom de Defense for Children International-Palestine, d’Al-Haq et d’habitants de Gaza, demandant à un tribunal
fédéral américain d’empêcher immédiatement le président Biden, le secrétaire d’État Blinken et le secrétaire à la défense Austin de fournir de nouvelles armes, de l’argent, un soutien
militaire et un appui diplomatique à Israël, au motif qu’ils ont l’obligation légale d’empêcher et de ne pas contribuer à «un génocide en
cours contre les Palestiniens de Gaza». L’action en justice affirmait qu’en fournissant une assistance militaire à Israël, les États-Unis avaient franchi la ligne de la
«complicité de génocide». D’autres experts ont conclu que les États-Unis avaient manqué à leur obligation de prévenir le génocide. Mme Gallagher a vivement encouragé les
États membres à agir et à empêcher le «génocide en cours à Gaza».
S.E. M. Hari Prabowo, représentant permanent adjoint de l’Indonésie auprès des Nations unies, qui a animé la séance de questions-réponses, a invité les
États membres à «assumer leurs
responsabilités en matière de prévention des génocides et à «voter pour l’humanité» lors de la reprise de la 10ème session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, qui a
eu lieu cet après-midi-là. Il a demandé des éclaircissements sur les mécanismes de responsabilité dont disposent les États membres, notamment la CPI et la CIJ.
Les panélistes ont répondu que la prise de «mesures de précaution» à la CIJ était un outil disponible. L’arrêt du transfert d’armes à
Israël et les mesures de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) sont également des mesures efficaces. Il est nécessaire de mettre fin à des décennies d’impunité vis-à-vis
de l’État d’Israël et d’empêcher une éventuelle escalade en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où des armes sont distribuées aux colons.D’autres mesures ont été suggérées, notamment un embargo sur les armes à destination d’Israël, comme l’a demandé l’Assemblée générale il y a 40
ans, la mise en œuvre de l’article 6 du traité sur le commerce des armes, qui interdit les transferts d’armes en cas de génocide, et l’application de
restrictions diplomatiques et en matière de visas pour les Israéliens. En réponse à une question sur le rôle des tribunaux nationaux, il a été rappelé que le crime de génocide est une
norme erga omnes,
de sorte que tous les États peuvent saisir les tribunaux nationaux en raison de la compétence universelle de la Convention. Un appel fort a été lancé aux États pour qu’ils agissent et
ne laissent pas le fardeau aux organisations de la société civile.
En conclusion, l’ambassadeur Prabowo a exprimé le soutien du Comité au Secrétaire général pour avoir invoqué l’article 99 de la Charte des Nations
unies, demandant au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et d’assurer la mise en œuvre de sa résolution 2712 (2023), tout en regrettant que le Conseil de sécurité n’ait
pas adopté, le 8 décembre, une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. La responsabilité incombe désormais à l’Assemblée générale. Il lance un dernier
appel à tous les membres et observateurs du Comité pour qu’ils prennent des mesures habituelles et défendent la Palestine.
Ce que ne dit pas ce résumé de l’ONU :
«Malheureusement,
il est clair qu’un génocide [à Gaza] est déjà en cours, et notre question est donc de savoir s’il est de notre responsabilité de l’arrêter», a conclu le Comité de l’ONU pour
l’Exercice des Droits inaliénables du Peuple palestinien (CEIRPP) le 12 décembre 2023 lors d’une table ronde intitulée «2023 War on Gaza
– La responsabilité de prévenir le génocide» au siège de l’ONU, à New York.3
Cette citation se trouve dans la vidéo
de cette table ronde sur le site internet de l’ONU, à partir de la minute 1:54:50 à la 1:55:08.
Peut-être que d’autres informations importantes de cette table ronde ne sont pas écrites dans le résumé de l’ONU ?
Les chefs d’État, les ministres des affaires étrangères européens, les grands journaux mainstream sont-ils informés de cette table ronde
?
Si vous en avez la possibilité, est-ce une idée de leur demander ? Peut-être sont-ils mal informés.
D’un seul coup, Ansarullah du
Yémen a mis en échec l’Occident et son ordre fondé sur des règles.
Qu’ils aient été inventés dans le nord de l’Inde, dans l’est de la Chine ou en Asie centrale – de la Perse au Turkestan – les échecs sont un jeu
asiatique. Aux échecs, il arrive toujours un moment où un simple pion est capable de bouleverser l’ensemble de l’échiquier, généralement par le biais d’un coup dans la dernière rangée
dont l’effet est tout simplement impossible à calculer.
Oui, un pion peut imposer un mat sismique. C’est ce qui se passe actuellement sur le plan géopolitique.
Les effets en cascade d’un seul coup sur l’échiquier – le blocus stupéfiant et soigneusement ciblé de la mer Rouge
par Ansarullah du Yémen – vont bien au-delà du transport maritime mondial, des chaînes d’approvisionnement et de la guerre des
corridors économiques. Sans parler de la réduction de la projection de force de l’US Navy, tant louée, qui n’a plus lieu d’être.
Le mouvement de résistance du Yémen, Ansarullah, a clairement fait savoir que tout navire affilié à Israël ou destiné à Israël serait intercepté. Alors
que l’Occident s’en émeut et s’imagine être une cible, le reste du monde comprend parfaitement que tous les autres navires sont libres de passer. Les pétroliers
russes – ainsi que les navires chinois, iraniens et du Sud mondial – continuent de traverser sans encombre le Bab al-Mandeb (point le plus étroit : 33 km) et la mer Rouge.
Seul l’hégémon est perturbé par ce défi à son «ordre fondé sur des règles». Il s’indigne que des navires occidentaux livrant de l’énergie ou des
marchandises à Israël, qui viole la loi, puissent être entravés, et que la chaîne d’approvisionnement ait été interrompue et plongée dans une crise profonde. La cible
visée est l’économie israélienne, qui est déjà fortement exsangue. Une seule action yéménite s’avère plus efficace qu’un torrent de sanctions impériales.
C’est la possibilité alléchante que cette action unique se transforme en un changement de paradigme – sans retour – qui ajoute à l’apoplexie de
l’Hégémon. D’autant plus que l’humiliation impériale est profondément ancrée dans le changement de paradigme.
Le président russe Vladimir Poutine, sur le ton de la confidence, envoie désormais un message sans équivoque : Oubliez le canal de Suez. La voie à
suivre est la route maritime du Nord – que les Chinois, dans le cadre du partenariat stratégique Russie-Chine, appellent la route de la soie arctique.
Carte des routes
maritimes des passages du Nord-Est et du Nord-Ouest
Pour les Européens médusés, les Russes ont détaillé trois options :
- Premièrement, naviguer 15 000 milles autour du cap de Bonne-Espérance.
- Deuxièmement, utiliser la route maritime du Nord, moins chère et plus rapide.
- Troisièmement, envoyer la cargaison par les chemins de fer russes.
Rosatom, qui supervise la route maritime du Nord, a souligné que les navires sans certification glace peuvent désormais naviguer pendant l’été et
l’automne, et qu’il sera bientôt possible de naviguer toute l’année avec l’aide d’une flotte de brise-glaces nucléaires.
Tout cela est la conséquence directe de la seule action du Yémen. Quelle sera la prochaine étape ? L’entrée du Yémen dans les BRICS+ lors du sommet de
Kazan fin 2024, sous la présidence russe ?
La nouvelle architecture sera
encadrée au Moyen-Orient
L’armada menée par les États-Unis pour l’Opération Protection du Génocide, qui s’est effondrée avant même d’avoir vu le jour, a
peut-être été mise sur pied pour «avertir l’Iran», en plus de faire peur à Ansarullah. Tout comme les Houthis, Téhéran n’est guère intimidé car, comme le dit succinctement Alastair
Crooke, analyste au Moyen-Orient : «Sykes-Picot est
mort».
Il s’agit d’un changement radical sur l’échiquier. Cela signifie que ce sont les puissances du Moyen-Orient, et non la marine américaine, qui
vont désormais définir la nouvelle architecture régionale.
Il en découle un corollaire ineffable : Ces onze forces opérationnelles de porte-avions américains sont, à toutes fins utiles, sans
valeur.
Au Moyen-Orient, tout le monde sait que les missiles d’Ansarullah sont capables de frapper les champs pétroliers saoudiens et émiratis et de les mettre
hors service. Il n’est donc pas étonnant que Riyad et Abou Dhabi n’acceptent jamais de faire partie d’une force maritime dirigée par les États-Unis pour défier la résistance
yéménite.
À cela s’ajoute le rôle des drones sous-marins désormais en possession de la Russie et de l’Iran. Imaginez une cinquantaine d’entre eux visant un
porte-avions américain : Il n’a aucune défense. Si les Américains disposent encore de sous-marins très avancés, ils ne peuvent pas garder le Bab el-Mandeb et la mer
Rouge ouverts aux opérateurs occidentaux.
Sur le front de l’énergie, Moscou et Téhéran n’ont même pas besoin de penser – du moins pas encore – à utiliser l’option «nucléaire» ou à couper
potentiellement au moins 25%, voire plus, de l’approvisionnement mondial en pétrole. Comme le décrit succinctement un analyste du golfe Persique, «cela ferait
irrémédiablement imploser le système financier international».
Ceux qui sont toujours déterminés à soutenir le génocide à Gaza ont reçu des avertissements. Le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani l’a
explicitement mentionné. Téhéran a déjà appelé à un embargo total sur le pétrole et le gaz contre les pays qui soutiennent
Israël.
Un blocus naval total d’Israël, minutieusement mis au point, reste une possibilité distincte. Le commandant du Corps des gardiens de la révolution
islamique (CGRI), Hossein Salami, a déclaré qu’Israël pourrait «bientôt être
confronté à la fermeture de la mer Méditerranée, du détroit de Gibraltar et d’autres voies navigables».
N’oubliez pas que nous ne parlons même pas encore d’un éventuel
blocus du détroit d’Ormuz ; nous en sommes toujours à la mer Rouge/Bab al-Mandeb.
Car si les néo-conservateurs straussiens du Beltway sont vraiment déstabilisés par le changement de paradigme et agissent en désespoir de cause pour
«donner une leçon» à l’Iran, un blocus combiné Ormuz-Bab al-Mandeb pourrait faire grimper en flèche le prix du pétrole à au moins
500 dollars le baril, ce qui déclencherait l’implosion du marché des produits dérivés, d’une valeur de 618 000 milliards de dollars, et ferait s’effondrer l’ensemble du système
bancaire international.
Le tigre de papier est dans le
pétrin
Mao Zedong avait raison : Les États-Unis sont peut-être un tigre de papier. Mais Poutine est bien plus prudent, froid et calculateur. Avec le
président russe, tout est question de réponse asymétrique, au moment précis où personne ne s’y attend.
Cela nous amène à la principale hypothèse de travail susceptible d’expliquer le jeu d’ombres masquant le seul mouvement d’Ansarullah sur
l’échiquier.
Lorsque le journaliste d’investigation Sy (Seymour) Hersh, lauréat du prix Pulitzer, a démontré comment l’équipe Biden avait fait sauter les pipelines
Nord Stream, la Russie n’a pas réagi à ce qui était, en fait, un acte de terrorisme contre Gazprom, contre l’Allemagne, contre l’UE et contre un certain nombre d’entreprises
européennes. Pourtant, le Yémen, avec un simple blocus, met le transport maritime mondial sens dessus dessous.
Qu’est-ce qui est le plus vulnérable ? Les réseaux physiques de l’approvisionnement énergétique mondial (Pipelineistan) ou la thalassocratie,
c’est-à-dire les États qui tirent leur puissance de leur suprématie navale ?
La Russie privilégie le Pipelineistan : Voir, par exemple, les Nord Streams et Force de Sibérie 1 et 2. Mais les États-Unis, l’hégémon, se sont toujours
appuyés sur leur puissance thalassocratique, héritière de «Britannia règne sur les mers».
Eh bien, ce n’est plus le cas. Et, étonnamment, pour y parvenir, il n’a même pas fallu recourir à l’option «nucléaire», le blocus du détroit
d’Ormuz.
Bien sûr, nous n’aurons pas de preuve irréfutable. Mais il est fascinant de penser que l’action unique du Yémen a pu être coordonnée
au plus haut niveau entre trois membres des BRICS – la Russie, la Chine et l’Iran, le nouvel «axe du mal» des néoconservateurs – et deux autres membres des BRICS+, l’Arabie
saoudite et les Émirats arabes unis, deux puissances énergétiques. En d’autres termes, «si vous le faites, nous vous soutiendrons».
Rien de tout cela, bien sûr, n’enlève à la pureté yéménite : Leur défense de la Palestine est un devoir sacré.
L’impérialisme occidental, puis le turbo-capitalisme, ont toujours été obsédés par l’idée de s’emparer du Yémen, un processus qu’Isa Blumi, dans son
splendide livre «Destroying
Yemen», décrit comme «dépouillant
nécessairement les Yéménites de leur rôle historique de moteur économique, culturel, spirituel et politique d’une grande partie du monde de l’océan Indien».
Mais le Yémen est invincible et, comme le dit un proverbe local, «mortel» (Yemen Fataakah). Faisant partie de l’axe de la résistance, Ansarullah du
Yémen est désormais un acteur clé dans un drame complexe à l’échelle de l’Eurasie qui redéfinit la connectivité du Heartland ; et aux côtés de l’Initiative Ceinture et Route (BRI) de
la Chine, du Corridor international de transport nord-sud (INSTC) dirigé par l’Inde, l’Iran et la Russie, et de la nouvelle Route maritime du Nord de la Russie, comprend également le
contrôle des points d’étranglement stratégiques autour des mers méditerranéennes et de la péninsule arabique.
Il s’agit là d’un tout autre paradigme de connectivité commerciale, qui réduit en miettes le contrôle colonial et néocolonial occidental de
l’Afro-Eurasie.
Oui, les BRICS+ soutiennent le Yémen qui, d’un seul geste, a placé la Pax Americana devant la mère de toutes les embûches
géopolitiques.
"Pendant que les chiens de guerre
aboient, mentent et volent, la caravane Russie-Chine passe"
L’année 2023 pourrait être définie pour la postérité comme l’année du partenariat stratégique Russie-Chine. Cette merveille des merveilles pourrait
facilement se balancer sous le groove de – qui d’autre – Stevie Wonder : «Here I am baby/
signed, sealed, delivered, I’m yours».
Au cours des 11 premiers mois de 2023, les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine ont dépassé les 200 milliards de dollars ; ils ne
s’attendaient pas à atteindre ce chiffre avant 2024.
Voilà ce qu’est un partenariat sous le signe de l’innovation. Une fois de plus signé, scellé et livré lors de la visite d’une importante délégation à
Pékin la semaine dernière, dirigée par le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, qui a rencontré le président chinois Xi Jinping et a revisité et amélioré l’ensemble du spectre du
partenariat global/de la coopération stratégique, complété par un ensemble de nouveaux projets conjoints majeurs.
Simultanément, sur le front du Grand Jeu 2.0, tout ce qui doit être réaffirmé a été abordé dans l’interview
détaillée du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Dimitri Simes dans son émission «Grand Jeu».
Ajoutez à cela le découpage soigneusement structuré rédigé par le chef du SVR Sergueï
Narychkine, définissant 2024 comme «l’année du réveil
géopolitique», et aboutissant sans doute à la formulation clé suite à la prochaine humiliation cosmique de l’OTAN dans les steppes du Donbass : «En 2024, le monde
arabe restera l’espace principal dans la lutte pour l’établissement d’un Nouvel Ordre».
Face à une mise au point géopolitique aussi détaillée, il n’est pas étonnant que la réaction impériale ait été l’apoplexie – révélée de manière
épidermique dans de longues et tortueuses «analyses» tentant d’expliquer pourquoi le président Poutine s’est avéré être le «vainqueur géopolitique» de 2023, séduisant de vastes pans
du monde arabe et du Sud mondial, solidifiant les BRICS aux côtés de la Chine, et propulsant l’UE plus loin dans un vide noir qu’elle a elle-même – et que l’Hégémon a – créé.
Poutine s’est même permis, à moitié en plaisantant, d’offrir le soutien de la Russie à la «ré-annexion» potentielle des régions frontalières du pays 404
autrefois annexées par Staline, qui seraient éventuellement restituées à leurs anciens propriétaires, la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. Il a ajouté qu’il était certain à 100% que
c’était ce que voulaient les habitants de ces régions encore frontalières de l’Ukraine.
Si tel était le cas, la Transcarpatie reviendrait à la Hongrie, la Galicie et la Volyn à la Pologne et la Bucovine à la Roumanie. Sentez-vous déjà la
maison osciller à l’aube à Budapest, Varsovie et Bucarest ?
Il est également possible que l’Hégémon ordonne aux petits voyous de l’OTAN de harceler les pétroliers russes dans la mer Baltique et d’«isoler»
Saint-Pétersbourg. Il va sans dire que la réponse russe consisterait à détruire les centres de commandement et de contrôle (le piratage pourrait suffire), à brûler l’électronique dans
tout le spectre et à bloquer la Baltique à l’entrée en organisant un exercice de «liberté de navigation» pour que tout le monde se familiarise avec le nouveau sillon.
La symbiose Chine-Russie en
Extrême-Orient
L’une des caractéristiques les plus impressionnantes du partenariat élargi entre la Russie et la Chine est ce qui est prévu pour la province chinoise du
Heilongjiang, dans le nord-est du pays.
L’idée est d’en faire un méga-pôle économique, de développement scientifique et de défense nationale, centré sur la capitale provinciale Harbin et doté
d’une nouvelle zone économique spéciale (ZES) tentaculaire.
Le vecteur clé est que ce méga-pôle coordonnerait également le développement de l’immense Extrême-Orient russe. Ce point a été discuté en détail lors
du Forum
économique oriental qui s’est tenu à Vladivostok en septembre dernier.
Dans le cadre d’un accord unique et surprenant, les Chinois pourraient être autorisés à gérer certaines latitudes de l’Extrême-Orient russe pendant les
100 prochaines années.
Comme l’a expliqué l’analyste Thomas Polin, basé à Hong Kong, Pékin prévoit un budget de pas moins de 10 000 milliards de yuans (1400 milliards de
dollars) pour l’ensemble de l’opération. La moitié de cette somme serait absorbée par Harbin. Le plan directeur sera soumis au Congrès national du peuple en mars prochain et devrait
être approuvé. Il a déjà été approuvé par la chambre basse de la Douma à Moscou.
Les ramifications sont stupéfiantes. Harbin serait élevée au rang de ville à administration directe, tout comme Pékin, Shanghai, Tianjin et Chongqing.
Et surtout, un comité de gestion sino-russe sera créé à Harbin pour superviser l’ensemble du projet.
Les universités chinoises de haut niveau – notamment l’université de Pékin – transféreront leur campus principal à Harbin. Les universités de la Défense
nationale et de la Technologie de la Défense nationale fusionneront avec l’université d’ingénierie de Harbin pour former une nouvelle entité axée sur les industries de défense. Les
instituts de recherche et les entreprises de haute technologie de Pékin, Shanghai et Shenzhen déménageraient également à Harbin.
La Banque populaire de Chine établirait son siège pour le nord de la Chine à Harbin, avec des marchés pour la négociation d’actions et de contrats à
terme sur les matières premières.
Les résidents du Heilongjiang seraient autorisés à se rendre sans visa dans certaines régions de l’Extrême-Orient russe. La nouvelle ZES de Heilongjiang
disposerait de sa propre zone douanière et ne serait pas soumise à des taxes à l’importation.
C’est le même esprit qui anime les corridors de connectivité de la BRI et le corridor international de transport nord-sud (INSTC). La logique
sous-jacente est celle d’une plus grande intégration de l’Eurasie.
Lors de la récente réunion
du club Astana au Kazakhstan, le chercheur Damjan Krnjevic-Miskovic, directeur de la recherche politique à l’université ADA de Bakou, a fait un excellent exposé sur les
corridors de connectivité.
Il a notamment évoqué la réunion du C5+1 (cinq «stans» d’Asie centrale plus la Chine) qui s’est tenue il y a trois mois à Douchanbé et à laquelle a
participé le président azerbaïdjanais Aliyev : il s’agit de l’intégration Asie centrale-Caucase.
Miskovic accorde l’attention nécessaire à tout ce qui se passe dans ce qu’il définit, à juste titre, comme «la région de la
route de la soie» – reliant l’Euro-Atlantique à l’Asie-Pacifique et interconnectant le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Eurasie au sens large.
Stratégiquement, bien sûr, c’est la «charnière
géopolitique où l’OTAN rencontre l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), et où l’Initiative ceinture et route (BRI) se connecte à la Turquie et au territoire de l’UE».
Concrètement, la Russie et la Chine savent exactement ce qu’il faut faire pour propulser la connectivité économique et les «relations
synergiques» à travers ce vaste spectre.
La guerre des corridors
économiques s’intensifie
La fragmentation de l’économie mondiale polarise déjà les BRICS 10 en pleine expansion (à partir du 1er janvier, sous la présidence russe, et sans
l’Argentine qui flirte avec la dollarisation) et le G7 en perte de vitesse.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andrey Rudenko – une main clé de l’Asie -, s’adressant à TASS, a une
fois de plus réaffirmé que l’impulsion clé du Partenariat pour la Grande Eurasie (politique officielle de la Russie) est de connecter l’Union économique eurasiatique (UEEA) avec la
BRI.
Alors que la Russie développe un équilibre soigneusement calibré entre la Chine et l’Inde, la même volonté s’applique au développement de l’INSTC, dont
les principaux partenaires sont la Russie, l’Iran et l’Inde, l’Azerbaïdjan étant également appelé à devenir un acteur crucial.
À cela s’ajoute l’amélioration considérable des liens de la Russie avec la Corée du Nord, la Mongolie, le Pakistan (membre de la BRI et de l’OCS) et
l’ANASE (à l’exception de Singapour, occidentalisée).
La BRI a le vent en poupe. Je viens de passer trois semaines à Moscou, Astana et Almaty, et j’ai pu confirmer auprès de plusieurs sources que les trains
de tous les corridors de connectivité sont pleins à craquer : via le Transsibérien, via Astana jusqu’à Minsk et via Almaty jusqu’en Ouzbékistan.
La responsable du programme du Conseil russe des affaires internationales, Yulia Melnikova, ajoute que «Moscou peut et
doit s’intégrer plus activement dans les opérations de transit le long de l’itinéraire Chine-Mongolie-Russie» et accélérer l’harmonisation des normes entre l’UEEA et la Chine.
Sans oublier d’investir davantage dans la coopération Russie-Chine dans l’Arctique.
Lors d’une réunion des chemins de fer russes, le président Poutine a dévoilé un plan ambitieux et massif d’expansion des infrastructures sur dix ans,
comprenant de nouvelles voies ferrées et une meilleure connectivité avec l’Asie, du Pacifique à l’Arctique.
L’économie russe s’est définitivement tournée vers l’Asie, responsable de 70% du chiffre d’affaires commercial malgré la démence des sanctions
occidentales.
La modernisation du Transsibérien, la création d’une grande plate-forme logistique dans l’Oural et en Sibérie, l’amélioration des infrastructures
portuaires en mer d’Azov, en mer Noire et en mer Caspienne, ainsi que l’accélération du transit des marchandises par l’INSTC entre Mourmansk et Mumbai sont autant d’éléments qui
figurent au menu de l’avenir.
Poutine, une fois de plus, presque après coup, a récemment fait remarquer que le commerce par le canal de Suez ne pouvait plus être considéré comme
efficace, comparé à la route maritime du Nord de la Russie. D’un seul geste géopolitique, Ansarullah, au Yémen, l’a mis en évidence, au vu et au su de tous.
Le développement par la Russie de la route maritime du Nord se trouve être en totale synergie avec la volonté chinoise de développer le volet arctique
de la BRI. En ce qui concerne le pétrole, les expéditions russes vers la Chine via la côte arctique ne prennent que 35 jours, soit 10 jours de moins que via Suez.
Danila Krylov, chercheur au département du Moyen-Orient et de l’Asie post-soviétique de l’Institut d’information scientifique sur les sciences sociales
de l’Académie des sciences de Russie, propose un point de vue direct :
«Je considère que
le fait que les Américains s’impliquent au Yémen fait partie d’un grand jeu ; il ne s’agit pas seulement de punir les Houthis ou l’Iran, mais plutôt d’empêcher la monopolisation du
marché et d’entraver les exportations chinoises vers l’Europe. Les Américains ont besoin d’un canal de Suez opérationnel et d’un corridor entre l’Inde et l’Europe, alors que les
Chinois n’en veulent pas car ce sont deux concurrents directs».
Ce n’est pas que les Chinois n’en veulent pas : avec la Route maritime du Nord opérationnelle, ils n’en ont pas besoin.
En désespoir de cause, les vassaux européens de l’hégémon, qui ne sont rien d’autre qu’une victime sans tête et sans option dans la guerre des corridors
économiques, se replient sur le manuel «Suivez l’argent».
Le ministère des Affaires étrangères a qualifié de vol pur et simple le gel des avoirs russes – non seulement privés, mais aussi appartenant à l’État –
par l’UE. Aujourd’hui, le ministre des Finances russe, Anton Siluanov, indique très clairement que Moscou réagira de manière symétrique à l’utilisation éventuelle des revenus de ces
avoirs russes gelés.
Paraphrasant Lavrov : vous confisquez, nous confisquons. Nous confisquons tous.
Les répercussions seront cataclysmiques – pour l’hégémon. Aucun pays du Sud mondial, en dehors de l’OTAN, ne sera «encouragé» à placer ses
devises/réserves à l’Ouest. Cela pourrait conduire, en un clin d’œil, l’ensemble du Sud mondial à abandonner le système financier international dirigé par les États-Unis et à
rejoindre une alternative dirigée par la Russie et la Chine.
Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, concurrent de ses pairs, remet déjà directement en question l’«ordre international fondé sur des
règles» sur tous les fronts – en améliorant leurs sphères d’influence historiques tout en développant activement de vastes couloirs de connectivité interconnectés qui contournent cet
«ordre». Cela exclut, dans la mesure du possible, une guerre chaude directe avec l’hégémon.
Ou, pour le dire en termes de route de la soie, pendant que les chiens de guerre aboient, mentent et volent, la caravane Russie-Chine passe.
«Le Yémen a
déclaré qu’il mettrait fin au blocus des navires à destination d’Israël dès que des quantités suffisantes de nourriture, d’eau et de médicaments seraient autorisées à entrer dans la
bande de Gaza. Je suppose que c’est trop demander». (Elizabeth Murray)
La milice houthie du Yémen a montré qu’une
petite armée peut affronter l’empire américain et gagner. Elle a montré comment le courage, la détermination et l’attachement aux principes peuvent agir comme un
multiplicateur de force permettant à une armée beaucoup plus faible de «frapper plus fort que son poids». Ils ont également montré que quelques missiles bien placés dans des endroits
clés sur les voies maritimes les plus critiques du monde peuvent faire trembler l’économie mondiale et ébranler l’«ordre fondé sur des règles» jusque dans ses fondements. En bref, les
Houthis ont montré que David peut abattre Goliath sans transpirer, à condition que David conserve son perchoir le long du détroit de Bab-el-Mandeb.
Voici ce qui se passe : Les Houthis occupent une zone située le long de la partie la plus étroite de la mer Rouge, qui constitue le couloir de
navigation le plus important au monde. Il est «responsable de
12% du commerce international et de près d’un tiers du trafic mondial de conteneurs». Lorsque la circulation des navires est perturbée le long de cette voie navigable, les primes
d’assurance montent en flèche, les prix des marchandises au détail augmentent et les prix du pétrole s’envolent. C’est pourquoi les puissances occidentales se sont engagées à
maintenir ces voies maritimes ouvertes en permanence, quel qu’en soit le coût. Voici quelques éléments d’information fournis par CNN :
«Les rebelles
houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, intensifient leurs attaques contre les navires en mer Rouge, qu’ils présentent comme une vengeance contre Israël pour sa campagne militaire à
Gaza.
Ces attaques ont
contraint certaines des plus grandes compagnies maritimes et pétrolières du monde à suspendre le transit par l’une des routes commerciales maritimes les plus importantes du monde, ce
qui pourrait provoquer un choc pour l’économie mondiale.
Les Houthis
auraient été armés et entraînés par l’Iran, et l’on craint que leurs attaques ne transforment la guerre d’Israël contre le Hamas en un conflit régional plus vaste».1
À l’heure actuelle, ces voies maritimes sont effectivement fermées en raison des attaques des Houthis contre les navires à destination d’Israël. Cela a
pour effet de ralentir le trafic global. Si la situation actuelle persiste ou s’aggrave, l’impact sur l’économie mondiale pourrait être catastrophique.
Voici ce que dit le Washington
Post :
«Lundi, le géant
pétrolier BP a été la dernière entreprise en date à annoncer qu’elle interrompait ses expéditions par la mer Rouge. Plusieurs compagnies maritimes, notamment MSC, Maersk, Euronav et
le groupe Evergreen, ont déclaré qu’elles évitaient également le canal de Suez, car les militants ciblent les cargos.
Environ 10 % de
l’ensemble du commerce maritime de pétrole passe par la mer Rouge, qui est reliée à la mer Méditerranée par le canal de Suez. Sans accès à la route de la mer Rouge, de nombreux
navires devront emprunter le trajet beaucoup plus long et coûteux autour de l’Afrique pour atteindre leurs destinations. (…)
Il a exhorté «la
communauté mondiale à poursuivre tous les efforts diplomatiques possibles pour soutenir la sécurité et la sûreté de la navigation dans cette région vitale pour le commerce
international».2
Il convient de noter que les Houthis ont déclaré à plusieurs reprises que les navires qui ne se rendent PAS dans les ports israéliens ne seront
pas attaqués. Mais cela n’a pas empêché toutes les grandes compagnies maritimes de détourner leurs navires de la mer Rouge vers le cap de Bonne-Espérance. Cet itinéraire
alternatif ajoute des semaines au temps de navigation, ce qui oblige les transporteurs à augmenter les prix de leurs cargaisons et à ajuster leurs horaires.
Conclusion : L’action des Houthis va encore renforcer l’inflation dans les pays occidentaux, entraînant leurs économies dans une chute brutale
et prolongée.
Il est surprenant de constater que les Houthis n’ont rien à gagner de leurs efforts. En fait, ils s’exposent à de grands risques (de représailles de la
part des États-Unis) afin de faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses bombardements incessants de la bande de Gaza et permette au peuple palestinien affamé d’avoir accès à de la
nourriture, de l’eau et des fournitures médicales. Les Houthis devraient probablement être applaudis pour leur compassion désintéressée et leur humanité, mais Washington ne voit pas
les choses de cette manière. Ils ne considèrent pas l’action des Houthis comme louable, vertueuse ou juste. Ils y voient un défi à la primauté américaine. Ils y voient une menace pour
leur hégémonie régionale et leur leadership mondial. Ils y voient une ingérence dans leur politique à l’égard de Gaza, dans laquelle Israël a reçu carte blanche pour tuer et mutiler
autant de Palestiniens qu’il le juge nécessaire afin d’atteindre son propre objectif stratégique, à savoir le Grand Israël. Nous sommes donc en présence d’une force inarrêtable et
d’un objet inamovible. Nous avons deux points de vue opposés, et aucun moyen de résoudre leurs différences sans une confrontation militaire directe. Cela signifie qu’il y aura des
problèmes dans un avenir très proche.
C’est pourquoi, lundi dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a annoncé qu’il avait réuni une coalition maritime de dix membres qui
patrouillerait les voies navigables de la mer Rouge et défendrait la «liberté de navigation» dans cette zone. (Les membres de la coalition sont notamment : Grande-Bretagne, Bahreïn, Canada, France, Italie, Pays-Bas, Norvège, Seychelles et Espagne).
Une personne raisonnable pourrait se demander pourquoi Austin mettrait sur pied une autre coalition militaire de fortune – dont les objectifs
stratégiques sont loin d’être clairs – au lieu de contacter d’abord les dirigeants houthis pour voir s’il est possible de trouver un accord et d’éviter une confrontation. Mais ceux
qui ont suivi la politique étrangère américaine au cours des 30 dernières années savent que les États-Unis ne négocient pas avec les personnes ou les pays qu’ils considèrent comme
leurs inférieurs. Cette option a donc été rapidement écartée. Au lieu de cela, les États-Unis ont décidé de poursuivre leur approche traditionnelle des crises émergentes, qui implique
une bonne dose de rhétorique incendiaire suivie d’un coup de marteau militaire. Et il semble que ce soit la direction que prennent les choses aujourd’hui. Voici un extrait d’un
article de John Helmer :
«… lundi, le journal moscovite Vedomosti a rapporté que les experts russes s’attendent à ce que «très probablement, les Américains lancent des attaques au
missile et à la bombe sur les centres de commandement et les dépôts militaires des Houthis, ou que des frappes ciblées des forces spéciales suivent afin d’éliminer les commandants du
mouvement. L’opération sera à peu près comparable aux actions des alliés occidentaux en Syrie ou en Irak». Le journal affirme que, selon sa source, «les forces militaires de l’Arabie
saoudite et des Émirats arabes unis pourraient participer à l’opération – leurs forces armées et leurs mandataires mènent une guerre léthargique contre les alliés de l’Iran au Yémen
depuis 2015».3
Et des publications respectées dans les médias occidentaux appellent également à une guerre contre les Houthis. Ceci est tiré du World Socialist
Web Site :
«Pendant ce temps,
les médias américains s’agitent pour que l’administration Biden cible à la fois le Yémen et l’Iran. Dans un éditorial, le Wall Street Journal écrit : «La presse rapporte que
l’administration Biden envisage l’utilisation de la force militaire en réponse aux attaques incessantes de la milice houthie au Yémen contre la navigation commerciale. Il était temps.
Les attaques de missiles des Houthis constituent la menace la plus importante pour le transport maritime mondial depuis des décennies, et elles se poursuivront à moins qu’une
coalition mondiale ne s’unisse pour les arrêter».
Le Journal
poursuit : «La question est de savoir si les États-Unis et les autres marines occidentales vont se contenter de jouer la défense et d’attraper les missiles alors que les Houthis
fixent les termes de la bataille. Tôt ou tard, un missile houthi peut passer les défenses navales américaines et tuer des marins américains. La Maison-Blanche n’aura alors d’autre
choix que de riposter». Le Journal exige que les États-Unis montent en puissance contre l’Iran, déclarant : «Finalement, les dirigeants iraniens doivent savoir que leurs agents –
militaires et nucléaires – sont en danger s’ils continuent à fomenter des troubles, à attaquer les alliés des États-Unis et à cibler les bases ou les navires
américains»».4
Il y a donc bien un élément au sein de l’establishment de la politique étrangère qui soutient l’idée d’une guerre contre le Yémen. Nous nous attendons à
ce que cette «ruée vers la guerre» prenne de l’ampleur dans les semaines à venir, à mesure que d’autres navires seront détournés vers l’Afrique et que les hostilités continueront de
s’intensifier. Mais rien n’indique que les Houthis vont bientôt assouplir leurs exigences ou abandonner la cause palestinienne. Au contraire, ils semblent plus déterminés que jamais,
comme en témoigne cette citation de Muhammad al-Bukhaiti, membre du Conseil des Houthis :
«Même si les
États-Unis parviennent à mobiliser le monde entier, nos opérations en mer Rouge ne s’arrêteront pas tant que le massacre à Gaza ne cessera pas. Nous n’abandonnerons pas la
responsabilité de défendre les Moustazafeen (opprimés) de la Terre».
Il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre ici. Les Houthis veulent que les violences cessent et que l’aide humanitaire soit distribuée. Et ils sont
prêts à entrer en guerre avec les États-Unis pour s’assurer que leurs demandes sont satisfaites. Et personne ne sait mieux que les Houthis ce que cela signifie. Pendant les neuf
années de guerre avec l’Arabie saoudite, Washington a fourni les armes et imposé un embargo qui ont entraîné la mort d’environ 377 000 personnes. «Plus de la moitié
d’entre elles sont mortes de faim et de maladies causées par le siège».5
Les Houthis savent donc de quelle sauvagerie Washington est capable. Malgré cela, ils ne reculent pas et ne cèdent pas. Il y aura un
cessez-le-feu ou il y aura une guerre. C’est à Biden de décider. Mais s’il opte pour la guerre, il doit se rendre compte que ce ne sera pas une partie de plaisir. Oh,
non. Les bases américaines, les navires de guerre américains, les champs pétrolifères et les infrastructures saoudiennes seront attaqués. Les prix du pétrole vont grimper en flèche,
la navigation commerciale va s’arrêter et les actions mondiales vont s’effondrer. Et pendant ce temps, la Chine et la Russie regarderont de loin pendant que l’Oncle Sam drainera sa
dernière once de crédibilité et de puissance dans un trou noir de la péninsule arabique.
Voici comment le chef des Houthis, Abdul-Malik al-Houthi, a résumé la situation :
«Si les États-Unis
veulent nous faire la guerre, ils doivent savoir que nous les attendons. Nous voulons une guerre directe entre le Yémen, les États-Unis et Israël. Nous n’avons pas peur des États-Unis
et tout le peuple du Yémen se dressera contre eux».
C’est une guerre que les États-Unis peuvent facilement éviter en faisant simplement «ce qu’il faut» et en approuvant un cessez-le-feu dès maintenant.
Cela permettrait de mettre rapidement fin aux atrocités commises par Israël et de faire cesser les attaques contre la navigation commerciale. C’est une solution que nous pouvons tous
accepter.
C’était un piège que d’accepter de déployer des navires de guerre en mer Rouge. C’était peut-être l’escalade de trop, un attentat sous faux
drapeau aurait pu plonger le monde dans la troisième guerre mondiale. Les militaires ont observé la situation et ont donné une préférence nationale pour la flotte maritime commerciale
au lieu de jouer aux policiers aux ordres de Washington.
Geopolintel
*
La marine française escorte les
navires de CMA CGM tandis que les navires américains restent bloqués
par John Konrad
La France a accepté de rester,
mais à condition de ne pas avoir à suivre les ordres des Américains. Elle a refusé de s’exprimer sur le déploiement de forces navales supplémentaires. L’Espagne et l’Italie ont quitté
les lieux.
L’opération Prosperity Guardian, la mission essentielle menée par les États-Unis pour sécuriser les voies de navigation marchande vitales en mer Rouge,
est confrontée à un nouveau revers. Les récents rapports de gCaptain mettent en évidence une tendance préoccupante : L’absence flagrante d’alliés clés, notamment l’Australie, membre
d’AUKUS, dans le cadre de cette initiative internationale. Pour aggraver la situation, la marine française, pierre angulaire de la coalition, a retiré son soutien, peut-être
temporairement, pour se concentrer sur l’aide aux navires appartenant à la France. Cette décision décisive intervient alors que les dirigeants américains sont confrontés à des
critiques de plus en plus vives de la part des armateurs américains pour avoir laissé les marins américains dangereusement exposés à la portée des forces houthies, sans
protection.
Pour être clair, il n’est pas certain que le retrait français de l’opération Prosperity Guardian soit permanent ou qu’il s’agisse simplement d’une
réorientation temporaire des priorités vers les intérêts nationaux.
gCaptain a reçu des informations, confirmées par le Dr. Sal Mercogliano, selon lesquelles la marine française s’est détournée de l’opération Prosperity
Guardian menée par les États-Unis, après qu’un représentant ait quitté en trombe la première réunion de l’opération avec des responsables américains. Les Français ont commencé à
escorter leurs propres cargos, notamment les porte-conteneurs CMA CGM Pegasus, CMA CGM George Washington et APL Salalah, en mer Rouge. Au cœur de ce drame, une question cruciale se
pose : Quels sont les navires qui méritent d’être protégés ? Alors que les Français ont clairement montré leur intention de donner la priorité à leurs propres
intérêts maritimes, l’approche des États-Unis a laissé leurs propres navires battant pavillon américain bloqués dans la région, qui attendent d’être escortés, certains depuis une
semaine entière.
On ne sait toujours pas si la France se retirera de la coalition ou si elle continuera à apporter son aide après avoir donné la priorité à ses navires,
tout en restant membre de l’opération. Une source proche de la marine française a déclaré que d’autres armateurs européens pourraient bénéficier de l’aide française après avoir
sécurisé en priorité les navires appartenant à la France (mais battant pour la plupart pavillon étranger).
Cette évolution marque un changement important dans la dynamique géopolitique de la sécurité maritime dans l’une des voies maritimes les plus vitales du
monde. La décision française souligne la crise croissante du transport maritime, qui place les priorités nationales et régionales au-dessus des besoins mondiaux, tandis que les
États-Unis se concentrent sur la protection de l’ensemble du transport maritime – y compris les navires appartenant à des rivaux comme la Chine – au détriment de la flotte de navires
marchands battant pavillon américain, qui est en train de s’amenuiser.
L’opération «Prosperity Guardian»
est un échec dès le premier jour
L’annonce par le secrétaire à la Défense Lloyd Austin de l’opération Prosperity Guardian, visant à sauvegarder le corridor stratégique de la mer Rouge
sous l’égide des forces maritimes combinées à Bahreïn, a d’abord été le signe d’un effort d’unification. Dirigée par la Cinquième flotte américaine et la Task Force 153, l’opération
visait à obtenir une large participation. Or, seuls dix pays se sont engagés, des alliés comme le Canada et les Pays-Bas ne fournissant que quelques officiers d’état-major. Plus
important encore, des alliés navals clés comme l’Australie, le Japon et la Corée du Sud se sont abstenus. Bien que le Pentagone ait annoncé la participation de dix partenaires
silencieux supplémentaires, les experts en transport maritime sont restés sceptiques quant à l’efficacité de ces contributeurs clandestins, en particulier pour ce qui est de la
protection active des navires dans un environnement aux enjeux aussi importants.
L’annonce fracassante a toutefois été suivie d’une certaine confusion, les compagnies maritimes se sentant laissées dans l’ignorance, car on ne connaît
que peu de détails pratiques sur l’initiative lancée mardi par Washington et on ne sait pas si elle sera directement engagée en cas de nouvelles attaques armées en mer.
Les sources de gCaptain ont révélé un sentiment de confusion omniprésent, qui affecte non seulement les responsables européens du transport maritime,
mais aussi les armateurs américains qui ont accès aux réunions d’information confidentielles du Pentagone. Lors des entretiens menés par gCaptain, des sources au sein de l’armée
américaine ont mis en évidence une réponse désordonnée à la crise. Alors que certains éléments militaires, tels que le commandement américain des transports (TRANSCOM) et la
coopération navale et les orientations en matière de transport maritime (NCAGS) de la marine, se sont activement engagés auprès des armateurs, d’autres segments de l’armée semblent
incertains quant à la structure de commandement de l’opération. Ce manque de clarté sur les rôles des dirigeants contribue à la confusion générale qui entoure l’initiative.
D’autres alliés, qui se concentrent sur les menaces importantes dans le Pacifique et en mer de Chine méridionale, craignent que l’opération Prosperity
Guardian ne détourne l’attention des grandes priorités régionales. Le Japon et la Corée du Sud, qui ont régulièrement participé aux précédentes opérations de lutte contre la piraterie
menées par les États-Unis dans la région, se distinguent également par leur absence de la mission actuelle, malgré les perturbations du transport maritime qui affectent également les
voies d’importation et d’exportation asiatiques.
Les navires battant pavillon
américain laissés sans protection
La situation précaire des navires battant pavillon américain, bloqués avec des cargaisons militaires près de la mer Rouge, est au cœur de l’angoisse de
la coalition. Les Français veulent donner la priorité à leurs navires, tandis que les navires battant pavillon américain – que l’US Navy est tenue de défendre – sont inexplicablement
moins prioritaires pour les États-Unis.
Cette question urgente, mise en lumière par la récente attaque à la roquette d’un pétrolier battant pavillon américain en Israël, met en évidence la
vulnérabilité de ces navires en raison de l’absence alarmante d’une protection militaire adéquate. Cette situation critique menace non seulement la sécurité de ces navires, mais
soulève également de profondes questions quant à la détermination des États-Unis à sauvegarder leurs actifs maritimes, un engagement qui semble dangereusement
vaciller.
Selon MarineTraffic.com, plusieurs navires battant pavillon américain attendent actuellement d’être escortés en mer Rouge. Cette situation est choquante
si l’on considère que plus de 3000 marins du corps des Marines et de la marine nationale ont été envoyés pour défendre des navires battant pavillon étranger dans le golfe Persique au
début de l’année, mais qu’aucun détachement de sécurité n’a été fourni aux navires battant pavillon américain qui se trouvent aujourd’hui à portée de tir des missiles des
Houthis.
Le scénario actuel est exacerbé par le manque d’attention de nos dirigeants, en particulier du secrétaire d’État Pete Buttigieg, qui n’a fait aucune
déclaration en faveur des marins marchands américains dont il a la charge et qui semble totalement déconnecté de la situation en mer Rouge. Il est de la plus haute importance que
cette situation soit traitée avec le sérieux qu’elle mérite.
Les échecs de la
Maison-Blanche
Il ressort clairement de nos sources que l’US Navy, les experts navals, et l’US Maritime Administration (MARAD) du ministère des Transports, les experts
maritimes, ne dirigent pas cette opération, ce qui est déroutant. La question est de savoir qui le fait. Aucune de nos sources ne peut répondre à cette question avec certitude. Le
bureau du secrétaire à la défense a été le plus virulent et joue certainement un rôle, mais deux experts navals de haut niveau interrogés par gCaptain pensent que c’est la Maison
Blanche qui dirige peut-être l’opération.
C’est inquiétant car la gestion des affaires maritimes, en particulier sous l’égide de l’équipe de Jake Sullivan, ne dispose pas de l’expertise maritime
nécessaire pour résoudre ce problème. Cette situation découle d’un changement stratégique qui a vu la Maison-Blanche jouer un rôle direct dans les initiatives de formation de
coalitions, avec une participation minimale des organismes maritimes spécialisés tels que l’US Navy ou la MARAD, et des organismes internationaux tels que l’Organisation maritime
internationale.
Dès le départ, l’approche de l’administration Biden en matière d’affaires maritimes a laissé entrevoir un changement. La fermeture du bureau maritime du
Conseil national de sécurité dès le premier jour a laissé un vide notable en matière d’expertise maritime au sein de la Maison-Blanche. La nomination du secrétaire d’État Pete
Buttigieg au ministère des Transports, perçue par certains comme une décision politique, et l’affectation à la MARAD d’un amiral à la retraite depuis longtemps, qui s’intéressait
avant sa nomination à la résilience climatique et n’avait aucune expérience du secteur maritime, ont indiqué une nouvelle orientation de la politique maritime.
Cette transition contraste avec l’approche de l’administration précédente. Sous la présidence de Trump, des experts maritimes et navals ont occupé des
postes clés, trois anciens armateurs ayant été nommés au sein de son cabinet. Bien que nombre de leurs initiatives maritimes aient échoué ou aient été annulées lorsque
l’administration a commencé à s’effilocher, ils ont obtenu des succès notables, notamment la revitalisation du chantier naval de Philadelphie et la construction de nouveaux navires de
formation pour les écoles maritimes.
Sous la présidence de Biden, le personnel semble manquer de connaissances spécifiques au secteur maritime. En outre, la nomination d’un général de
l’armée de terre à la retraite au poste de secrétaire à la défense, associée à ce que certains considèrent comme des actions limitées pour soutenir la marine, indique une tendance
plus large selon laquelle les questions maritimes reçoivent moins d’attention dans la stratégie de défense et de sécurité nationale de l’administration actuelle.
Chaos et confusion
Il a été très difficile d’aller au cœur de cette histoire en raison des échecs des dirigeants, de la nature confidentielle des discussions navales et de
la confusion généralisée parmi les alliés et les dirigeants de l’industrie du transport maritime concernant l’opération Prosperity Guardian.
La France va-t-elle se retirer officiellement et organiser sa propre opération ? Le secrétaire d’État Pete Buttigieg prendra-t-il les choses en main ?
La Maison-Blanche rouvrira-t-elle le bureau maritime du Conseil national de sécurité ? L’US Navy tiendra-t-elle sa promesse d’embarquer des marines à bord des navires battant pavillon
américain et de leur fournir des escortes de destroyers ? Combien de temps faudra-t-il pour résoudre tous ces problèmes ?
De nombreuses questions se posent quant à l’avenir de l’opération. Ce qui ressort, c’est le besoin pressant d’un leader unique et expérimenté pour
superviser efficacement la communication et la coordination. Ce rôle doit être assumé par une personnalité connue du secteur du transport maritime, comme l’amiral James Stavridis, qui
a géré avec brio la réponse à la piraterie en Somalie, ou l’amiral Thad Allen, connu pour ses efforts de coordination lors de la crise de Deepwater Horizon. Un leadership exemplaire
comme le leur inspirerait confiance et soulignerait l’importance d’un encadrement expérimenté pour relever efficacement les défis actuels.
Le manque de leadership doit également être comblé de l’autre côté de l’Atlantique. Si l’opération se poursuit sous direction américaine, il est
essentiel que les dirigeants des grandes compagnies maritimes, tels que Vincent Clerc de Maersk, s’engagent directement auprès des principaux responsables américains. Des réunions à
Washington D.C. avec les secrétaires à la marine et aux transports constitueraient une étape décisive. Une telle collaboration enverrait un message retentissant aux marins qui
naviguent dans les eaux précaires menacées par les drones houthis. Elle montrerait un front uni où l’industrie du transport maritime, les autorités gouvernementales et les dirigeants
de la marine synchroniseraient leurs efforts pour garantir des mers plus sûres. Plus qu’une décision stratégique, il s’agit d’une mesure nécessaire pour renforcer la confiance et la
sécurité dans ces zones à haut risque.
Le chaos et la confusion qui règnent actuellement persisteront tant que deux mesures essentielles n’auront pas été prises.
- Premièrement, il faut remédier efficacement au manque de leadership actuel.
- Deuxièmement, il est essentiel que la Maison-Blanche et le Pentagone cessent de microgérer les actions sans faire appel à l’expertise de l’industrie
en interne.
L’expertise et la perspicacité de ces professionnels sont indispensables pour naviguer dans la complexité de la situation. Cette approche collaborative
– avec un responsable fort en qui les deux parties ont confiance – apportera non seulement la stabilité nécessaire, mais pourrait également ouvrir la voie à une collaboration
future.
Un blog militaire russe publié
jeudi 21 décembre à 11h33, heure de Moscou, a révélé les positions jusqu’ici secrètes de tous les navires de guerre dans la zone annoncée par le Pentagone pour son OPERATION
PROSPERITY GUARDIAN.
Les données récentes et la carte
ouverte (ci-dessous)
n’étaient pas disponibles hier à 09h32, heure de Moscou,
sur la stratégie «à deux voies» de la Russie pour s’opposer aux États-Unis et à l’OTAN, et pour protéger les expéditions de pétrole russes tandis que le drone houthi et des opérations
de missiles sont en cours contre Israël.
Aucun navire de la marine russe ne se trouve actuellement dans la zone, bien que des cargaisons de pétrole brut russe transitent par la mer Rouge avec
l’accord de l’Iran et des Houthis. Parce que ces mouvements de navires défient les sanctions américaines et de l’OTAN, il a été décidé à Moscou de négocier un passage sûr avec l’Iran
et le Yémen plutôt que de déployer la marine russe pour les protéger. Cependant, la nouvelle opération combinée des États-Unis et de l’OTAN, ciblant les
Houthis et leurs systèmes de soutien et d’approvisionnement iraniens, augmente la possibilité d’une attaque directe américaine, alliée ou sous fausse bannière contre un pétrolier
transportant du pétrole russe.
Dans le rapport d’hier matin, j’ai indiqué que «la localisation
actuelle du groupe de navires de guerre [chinois] n’a pas été rapportée dans la presse ouverte».
La carte source russe rapporte désormais que la 45e force opérationnelle d’escorte de la marine chinoise, comprenant le destroyer de type
052 Urumqi, la
frégate de type 547 Linyi et
le navire de ravitaillement Dongpinghu, était
à quai à la base chinoise de Djibouti le mercredi 20 décembre.
La carte russe révèle également que le navire iranien MV
Behshad se trouve en position debout dans la mer Rouge (image principale,
en haut à gauche de la carte). Selon la source russe, il fonctionne comme un centre de surveillance électronique, de commandement et de contrôle pour surveiller les mouvements
des navires des États amis – russes, chinois, indiens – ainsi que les navires hostiles des marines américaine, britannique et française, en suivant leurs positions ; et transmettre
les données à l’Iran et probablement aux positions côtières au Yémen. Bien
que les médias américains et les déclarations du Pentagone accusent le gouvernement d’Ansar Allah au Yémen et les forces Houthis d’agir comme des mandataires iraniens dans la guerre
contre Israël, aucune information n’a été publiée jusqu’à présent sur ce navire en mer Rouge.
Selon le service occidental de suivi des navires VesselFinder,
le Behshad est
un «cargo général» battant pavillon iranien. Il aurait quitté le port du complexe iranien de construction navale et d’industries offshore (ISOICO) pour atteindre sa position actuelle,
ce que VesselFinder confirme
dans la moitié sud de la mer Rouge il y a quinze minutes. La source occidentale rapporte que
le navire est ancré dans 6,5 mètres d’eau.
Dans l’annonce du Pentagone du 18
décembre, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a affirmé que «l’opération
Prosperity Guardian rassemble plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, les Seychelles et l’Espagne, pour s’attaquer
conjointement défis de sécurité dans le sud de la mer Rouge et dans le golfe d’Aden, dans le but de garantir la liberté de navigation pour tous les pays et de renforcer la sécurité et
la prospérité régionales». Les nouveaux renseignements russes indiquent désormais clairement que le Royaume-Uni, la France et l’Espagne sont déjà présents dans la région, aux
côtés des États-Unis.
Après la déclaration d’Austin, son homologue italien a
annoncé que l’Italie enverrait une frégate «pour protéger la
prospérité du commerce et garantir la liberté de navigation et le droit international… pour accroître la présence dans la zone afin de créer les conditions de stabilisation, éviter
les catastrophes écologiques et empêcher également une reprise de la poussée inflationniste».
Le ministre grec de la Défense, Nikos Dendias, a
suivi l’Italien en déclarant que la Grèce enverrait également une frégate pour rejoindre l’opération américaine. Dendias affirme que la raison en est que la Grèce est
«le
pays qui possède la plus grande flotte océanique [et qu’elle] a donc un intérêt
primordial à préserver la liberté des zones maritimes et à protéger la vie des gens de mer». Ce qu’il veut dire,
c’est que l’implication des armateurs grecs dans le commerce du pétrole russe pour contourner les sanctions a été si rentable que Dendias veut protéger les pétroliers grecs et leurs
propriétaires ; et en même temps éviter l’embarras d’être si déloyal envers le régime de sanctions des États-Unis et de l’Union européenne.
Pour l’instant, aucun navire de la marine russe n’est signalé dans la zone de la mer Rouge, bien que des rapports indiquent que le
sous-marin Ufa se
dirige vers l’est à travers la Méditerranée avec un navire de soutien de surface et devrait bientôt transiter par le canal de Suez et la mer Rouge.
La
nouvelle classe Kilo
améliorée Ufa à
Saint-Pétersbourg après sa mise en service en novembre 2022.
Elle a été affectée à la flotte du Pacifique.
Pour une analyse des opérations, des plans et de la politique russes actuels, cliquez pour lire
ceci. Pour l’affichage complet de la carte, y compris le port israélien d’Eilat et les ports et bases navales du golfe Persique, cliquez pour
ouvrir pour une vue agrandie.
La présence du
destroyer Yang Man-chun de la marine de la République de Corée (ROK) a été signalée
lorsqu’il a quitté son port d’attache en septembre pour une mission de six mois visant à
lutter contre la piraterie et les menaces contre les cargaisons à destination et en provenance
de la
Corée. La carte révèle
qu’il se trouve actuellement au large des côtes
somaliennes, à proximité de navires des marines indienne, britannique et américaine, ainsi que du
destroyer de la marine japonaise, le JS Akebono.
Ce navire de guerre a été en «entraînement»
avec l’USS
Mason et l’escadron de porte-avions Eisenhower,
mais les Japonais affirment qu’il est engagé dans «des patrouilles
de sécurité maritime dans le GoA [Golfe d’Aden], mais n’est pas
impliqué dans la nouvelle opération Prosperity Guardian».
Le JS Akebono
(arrière) et l’USS Mason opérant ensemble dans le golfe d’Aden le 25
novembre.Sur le plan
opérationnel, les communiqués de la marine américaine indiquent que les destroyers japonais et coréens «travaillent en
coordination avec le commandement central des forces navales américaines» pour combattre à la fois les pirates somaliens et les opérations des Houthis.
Incroyable… La Marine américaine
refuse de déployer ses tout nouveaux navires de combat Littoral au Moyen-Orient de peur des missiles anti-navires houthis
La marine américaine affirme ne pas disposer de suffisamment de navires de guerre pour lancer l’opération Prosperity Guardian contre les Houthis au
Yémen.
Selon John Conrad (journaliste maritime), les États-Unis ont construit 24 navires de combat côtiers pour la guerre côtière, mais ils refusent désormais
de les déployer.
Les missiles balistiques antinavires et les drones houthis «suscitent
l’inquiétude des États-Unis».
Avis éditorial de Hal
Turner
Selon Wikipédia, ces navires Littoral
COMmbat coûtent entre quatre cent vingt millions et quatre cent quatre-vingts millions de dollars chacun.
Nous en avons construit au moins 24.
Faites le calcul : 24 x 420 000 000 $ = 10,08 MILLIARDS $… et maintenant, la Marine qui les a achetés – pour la guerre côtière – ne les envoie pas au
combat par peur des missiles anti-navires ???
Alors, avons-nous simplement jeté cet argent à la poubelle ? Nous avons des navires que nous ne pouvons pas utiliser… alors
qu’est-ce qu’on en fait maintenant ?
Vous savez, vous ne pouvez pas inventer ce genre de choses. Ce niveau de stupidité est incroyable.
Mais peut-être que ce n’est pas de la stupidité ; c’est peut-être de la corruption ?
Qui a été mouillé par ces 10,08 milliards de dollars ? À qui les pattes ont-elles été graissées ?
Et personne n’a regardé ni posé de questions car les navires étaient en fait construits.
Sauf que maintenant, nous avons peur de les envoyer au combat, et des gars comme moi commencent à se demander pourquoi nous les avons construits, et
pourquoi un navire de guerre «moderne» ne peut-il pas se défendre contre les missiles anti-navires des va-nu-pieds houthis. Il est vrai que nos super héros super armés n’ont pas été
capables de résister aux gardiens de chèvres afghans.
Le programme Littoral Combat
Ship (LCS) est un programme de
construction de frégates légères furtives de
l’US Navy,
duquel sont issues les classesFreedom et Independence.
À l’origine, 52 navires devaient entrer en service mais des problèmes de fiabilité et des dépassements de budgets ont entrainé un retrait prématuré du programme, limité à 35 navires,
16 Freedom et 19 Independence. En 2017, un nouveau programme de frégates FFG-X est
lancé.
Un spectre plane sur les ports de toute l’Europe. Un spectre qui fait perdre le sommeil aux exportateurs, aux armateurs et aux commerçants : la
fermeture du canal de Suez.
Ce qui mettrait en crise l’ensemble du commerce méditerranéen. Un véritable tremblement de terre pour l’économie mondiale.
Un précédent célèbre, bien qu’oublié aujourd’hui. En 1956, le raïs égyptien Nasser décrète la nationalisation de Suez, jusqu’alors contrôlé par une
société anglo-française, au trafic commercial. Il pouvait le faire, même légalement, puisque le canal appartenait à l’Égypte. Mais la réaction de Londres et de Paris fut une
intervention militaire. En soutenant d’abord une offensive israélienne. Puis en intervenant directement. Un conflit de quelques mois, dont on parle peu, mais qui fut sanglant. Et
surtout, il changea la carte géopolitique du monde.
C’est Washington, qui avait initialement soutenu l’initiative, qui y a mis fin. En coopération avec Moscou, qui menaçait par ailleurs d’intervenir par
tous les moyens aux côtés du Caire.
La crise hongroise était également en cours et le président Eisenhower craignit sagement l’éclatement d’un nouveau conflit mondial.
Les effets de la crise furent considérables. Dévastateurs pour l’Empire britannique, qui perdit même le soutien du Commonwealth. Ruineux pour les
ambitions françaises. À tel point que De Gaulle fut plus tard évincé de l’alliance militaire de l’OTAN, tout en y restant politiquement ancré.
Et le panarabisme de Nasser connut son heure de gloire.
Mais aujourd’hui, le risque de crise à Suez n’est pas le fait d’un État, mais d’un mouvement de guérilla. Celui des Houthis du Yémen du Nord. Il s’agit
de l’organisation politico-militaire des chiites-zaïdites, en lutte acharnée contre le gouvernement de Sanaa et contre les Saoudiens depuis 1993. Cette organisation s’est formée avec
des coordonnées idéologiques précises. Un antiaméricanisme viscéral et un antisionisme connexe. Et avec une forte connotation de revendications sociales.
Une connotation qui découle de l’école zaïdite, également connue sous le nom de chiite pentesimain,
qui a traditionnellement une vision populaire, presque «démocratique», de l’imamat. Et qui a toujours privilégié les revendications politiques et sociales sur les questions
théologiques.
Les Houthis – du nom du clan des deux fondateurs, Mohammed et Hyseyn al-Houthi – sont des gens durs.
Ils résistent depuis près de trois décennies à la guerre menée contre eux par les Saoudiens, leurs ennemis politiques et religieux, qui ont toujours
reçu le soutien des États-Unis.
Une guerre sanglante, un véritable génocide, passé sous silence par les médias, de la population zaïdite.
Mais les Houthis ont tenu bon. Et, finalement, Riyad a été contraint à une trêve. En raison également de la détente des relations avec Téhéran. Lequel
est le grand protecteur des Houthis.
Aujourd’hui, cependant, le mouvement Zaidi a levé le drapeau de la guerre, prenant ouvertement parti contre Israël (et les États-Unis qui sont détestés)
dans la crise de Gaza.
Les Houthis ne se sont toutefois pas contentés de paroles, comme la plupart des pays arabes. Ils passent à l’action en attaquant des navires marchands –
israéliens, américains et généralement occidentaux – en route pour Suez. Des attaques menées à la fois par des missiles lancés depuis la terre ferme et par de véritables actes de
piraterie.
La gravité de la situation peut être pleinement appréciée si l’on considère la flotte américaine – et une coalition internationale dont un navire
italien fait également partie – qui se dirige vers la zone.
Toutefois, compte tenu du type de guerre hybride menée par les Houthis, il sera très difficile pour la coalition occidentale de sécuriser le passage de
Suez.
Un problème pour l’Europe, avant tout. Mais aussi pour la Chine et l’Inde, qui ont besoin du Suez en toute sécurité pour leurs propres grands couloirs
commerciaux.
Un problème qui, surtout, ne peut être réduit de manière simpliste à l’intempérance d’un «groupe terroriste». Comme le font les grands journaux italiens
les rares fois où ils en parlent.
Il s’agit d’un problème qui doit être replacé dans le contexte de la crise globale d’équilibre que nous vivons.
Un autre moment de cette guerre mondiale anormale et asymétrique.
Et une phase extrêmement dangereuse pour notre avenir.
Les enjeux énergétiques en Méditerranée orientale, ou la création d’une nouvelle arène géopolitique au Moyen-Orient
Source : Les clés d Moyen-Orient - Le 24/12/2023.
Par Emile Bouvier - Publié le 12/02/2020 • modifié le 21/04/2020
Partie I : Des gisements d’hydrocarbures particulièrement prometteurs
« La Méditerranée orientale, une mer de gaz » (1) : cette citation, issue d’un article du
site du géant pétrolier italien ENI, suffit à comprendre l’ampleur que revêtent, actuellement, les enjeux économiques dans l’est de la mer Méditerranée.
La Méditerranée orientale est en effet actuellement le théâtre d’une véritable course aux hydrocarbures de la part des nations méditerranéennes concernées, qu’elles
le soient directement ou indirectement : si la présence de la Turquie ou de Chypre dans l’équation n’étonne guère, celle de la Libye ou encore de l’Italie interroge davantage.
Cette course se fait, de façon incontournable, sur fonds de profonde rivalité entre les différents protagonistes de l’affaire, qui recourent aux alliances et qui
montrent de façon ostentatoire leurs forces militaires afin de tirer le meilleur parti de la situation et, surtout, des ressources en jeu.
Alors que la Turquie a annoncé le déploiement de drones de combat dans la zone (2) et que la présidence française s’est engagée auprès d’Athènes à envoyer des
bâtiments de la Marine nationale en soutien aux forces grecques positionnées en mer Égée (3), cet article va s’employer à disséquer les tenants et aboutissants de la crise afin de présenter dans
un premier temps l’ampleur des enjeux énergétiques dans la zone (première partie) afin, ensuite, de mieux saisir la mesure de l’escalade diplomatico-sécuritaire dans la région et la sensibilité
du sujet pour les différentes nations impliquées (deuxième partie).
1. Les estimations de réserves de pétrole et de gaz en Méditerranée orientale
Les réserves en gaz du Moyen-Orient sont celles connaissant la plus forte croissance dans le monde depuis 2009, conduisant ainsi la région à être celle où la
densité de missions exploratoires est la plus forte : les réserves prouvées de gaz ont en effet bondi de 33,6% depuis 2009 (4) ; le Moyen-Orient, qui représentait 31,4% des réserves
prouvées de gaz dans le monde en 2000, en représente aujourd’hui 40,4% (5).
Le cas de la Méditerranée orientale (MEDOR) est, pour des raisons techniques et scientifiques, plus difficile à juger. En 2000 par exemple, la Commission géologique
américaine estimait que les réserves en gaz devaient avoisiner les 2 715 milliards de mètres cubes (bcm). Dix ans plus tard, cette même commission a totalement revu ses estimations et juge
que la région devrait plutôt receler 5 765 bcm de gaz (6).
Le pétrole se montre, quant à lui, moins prometteur que le gaz en Méditerranée orientale : globalement, pour toutes les eaux méditerranéennes, la production de
pétrole représentait moins de 6% de la production mondiale en 2011. Une étude réalisée par la Commission géologique américaine en 2010 estimait que les réserves de pétrole dans le bassin levantin
s’élevaient à 1,7 milliard de barils ce qui, si ces estimations étaient vraies, équivaudrait à accroître de 70% les réserves actuellement connues de pétrole en Méditerranée (7).
Toutefois, la très grande majorité des explorations offshore (c’est-à-dire en mer, a contrario des explorations onshore qui sont réalisées sur terre) ont abouti à
la découverte de gisements gaziers, et très peu pétroliers.
2. Des découvertes récentes à l’origine de l’intérêt développé actuellement pour la MEDOR
Alors que le golfe Persique s’avère aussi central que vital pour la production mondiale d’hydrocarbures depuis les années 1950, la MEDOR n’a, elle, fait
l’objet d’attention que depuis quelques années, à la suite de la découverte de plusieurs gisements gaziers particulièrement prometteurs.
L’intérêt porté à l’est méditerranéen remonte à 1999, lors de la découverte du champ gazier de Noa, au large d’Israël. Les explorations s’accélèrent et,
l’année suivante, le gisement Mari-B est découvert, puis les champs Dalit et Tamar en 2009, Leviathan en 2010 et, enfin, Aphrodite et Tanin en 2011. Le Leviathan, situé dans les
eaux territoriales israéliennes, est en partie à l’origine de la ruée des autres pays méditerranéens dans le bassin levantin en raison de l’ampleur du gisement : celui-ci contiendrait près
de 18 trillions de mètres cubes de gaz et son exploitation suffirait à fournir l’électricité nécessaire à Israël pour les trente prochaines années (8). 600 millions de barils de pétrole seraient
également présents au sein du gisement et font l’objet de missions exploratoires.
Dans la lignée du Leviathan, le gisement Tamar s’est aussi distingué avec ses 10 trillions de mètres cubes de gaz, régulièrement réévaluées à la hausse au fil des
années (9). Tout comme pour le Leviathan, Tel Aviv a ainsi accéléré à marche forcée le début de l’exploitation de ce gisement qui, chose rare dans ce domaine économique, a été initié moins de
cinq ans après la découverte du gisement : découvert en 2014, le champ Tamar est désormais exploité depuis fin 2018.
Les découvertes réalisées depuis 1999 énumérées ci-dessus ne concernent, de surcroît, que les eaux territoriales israéliennes. Chypre figure elle aussi parmi les
grands gagnants des explorations maritimes. Le gisement gazier le plus notable découvert jusqu’ici dans les eaux chypriotes est celui dit d’« Aphrodite », mis au jour en 2011 par la
compagnie américaine Noble Energy, à l’origine de la plupart des découvertes de gisements d’hydrocarbures dans le bassin levantin. Les réserves du champ Aphrodite sont estimées, actuellement, à
près de 7 trillions de mètres cubes de gaz (10). Noble Energy a commencé le forage d’un nouveau puits dans le bloc 12 en juin 2013, laissant le gouvernement chypriote espérer la découverte d’une
quantité de gaz suffisante pour atteindre les 30 ou 40 trillions de mètres de cubes de réserves de gaz dans la zone économique exclusive (ZEE) de Chypre.
Les autorités chypriotes ont par ailleurs mis à l’encan plusieurs blocs exploratoires (11) situées dans sa ZEE, qui ont été attribués en fin d’année 2012 à
plusieurs entreprises transnationales et autres consortium : le géant italien ENI et la société sud-coréenne Korean Gas Corporation (KOGAS) ont ainsi remporté les blocs 2, 3 et 9, tandis que
l’entreprise française Total décrochait les blocs 10 et 11.
Une autre découverte potentiellement très prometteuse dans en MEDOR est celle du puits Aphrodite-2, du côté israélien de la frontière maritime avec Chypre. Le
gisement de gaz naturel qui y est présent pourrait être issu de la même formation géologique que le puits Aphrodite et pourrait receler techniquement, selon les estimations, environ 3 milliards
de mètres cubes de gaz. Si Aphrodite-2 s’avère connectée à Aphrodite par la même structure géologique, Israël et Chypre devront, en revanche, signer un accord de co-exploitation du
gisement.
Les nombreuses explorations maritimes actuellement à l’œuvre dans la bande frontalière des ZEE israélienne et palestinienne pourraient laisser penser que de riches
gisements d’hydrocarbures s’y trouvent également. Les eaux au large de Gaza contiendraient des hydrocarbures dont l’ampleur serait estimée à un trillion de mètres cubes de gaz. Dans ce cadre, en
septembre 2012, l’Autorité palestinienne et Israël se seraient entretenus (12) sur l’opportunité de développer ces explorations maritimes à l’intégralité des eaux territoriales
palestiniennes ; aucun accord n’en serait sorti pour autant.
Les autorités libanaises se sont aussi prêtées, en avril 2013, au jeu de l’appel d’offres pour l’acquisition de blocs exploratoires dans les eaux territoriales du
pays du Cèdre. Sur les cinquante-deux entreprises qui se sont portées candidates, 46 ont été acceptées et, en novembre 2013, les blocs ont été attribués aux différents vainqueurs, pour une
production qui finira par débuter en 2016. Les eaux libanaises ont aussi, de fait, de quoi attirer les entreprises du secteur de l’énergie : si les gisements pétroliers représenteraient
plusieurs centaines de millions de barils, c’est une fois de plus le gaz qui se distingue par sa substance, avec près de 25 trillions de mètres cubes de réserves.
Quant à la Syrie, l’exploration de ses eaux territoriales est pour le moment au point mort, en raison de la guerre civile qui ébranle le pays depuis mars 2011. Une
vente à l’encan de blocs exploratoires avait bien été menée par le gouvernement syrien début 2011 mais, face aux premiers mouvements de contestation, Damas avait préféré reporter l’annonce des
vainqueurs à décembre 2011 avant, finalement, de se prononcer en juillet 2013 à huis-clos. Si les gagnants ne sont pas connus, la Syrie aurait tenu quelques mois avant, en avril 2013, de longs
pourparlers avec Moscou et Pékin portant sur l’exploration maritime de ses eaux territoriales (13). Si les conclusions de ces échanges ne sont pas connues, il y a fort à parier que l’imposante
présence maritime russe dans les ports syriens, à Lattakié et Tartous notamment, ne s’explique pas qu’avec le seul argument de l’engagement militaire de Moscou en Syrie.
Pour ces pays hautement dépendants de la production en hydrocarbures de leurs voisins orientaux (Arabie saoudite, Qatar, Irak ou encore Koweït par exemple), le
fait d’avoir, au large de leurs côtes, des ressources en mesure de leur fournir une certaine autosuffisance énergétique ou, en tous cas, de diminuer leur dépendance vis-à-vis de l’étranger, revêt
une dimension hautement stratégique.
Dans les eaux de cette Méditerranée orientale où résonnent encore le conflit turco-grec à Chypre (1974), le conflit israélo-palestinien ou encore les affrontements
en Syrie voisine, la découverte de telles richesses naturelles allait, inévitablement, raviver certaines tensions régionales et, partant, en créer de nouvelles : C’est à ces nouveaux
bras-de-fer en Méditerranée orientale que la deuxième partie de cet article sera consacrée.
Pour cette fin d’année, nous avons interviewé Eric Dénecé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), sur l’origine des conflits qui secouent la planète : Caucase,
Ukraine, Israël. Dans les trois cas, il nous explique que la situation est essentiellement due à l’intervention américaine… dont la suprématie et la domination deviennent des facteurs
perturbateurs pour l’équilibre planétaire. Une excellente synthèse de l’actualité internationale qui permet d’y voir plus clair.
Eric Dénecé, directeur bien connu du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, a bien voulu dressé un tableau de la situation internationale actuelle
:
dans le Caucase, Israël a rappelé que l’Arménie n’avait pas subi un génocide et soutient l’Azerbaïdjan
en Ukraine, les USA portent l’armée ukrainienne à bout de bras après avoir suscité l’intervention russe en Ukraine en annonçant la nucléarisation du pays
en Israël, les USA appuient massivement la purification ethnique en cours à Gaza
Au final, la politique agressive américaine conduit à une contestation grandissante de l’Occident.
Y a-t-il un lien entre le sabotage américain de Nordstream et la montée de la droite nationale allemande?
Seymour Hersh, le journaliste qui a révélé le sabotage américain, revient sur les conséquences du sabotage américain de Nordstream pour l’Allemagne. La désindustrialisation est en marche. En bon
démocrate américain, le journaliste s’effraie de voir monter l’Alternative für Deutschland, l’AfD, parti nationiste et conservateur, qu’en bien-pensant il classe à l’extrême droite.
L’identification de la crise allemande est juste; le diagnostic politique un peu court.
C’est le post le plus récent de Seymour Hersh sur son blog: “Nordstream et la contraction de l’économie allemande”):
Depuis plus d’un an, l’économie allemande est privée de gaz russe bon marché, en partie à cause de Joe Biden et de sa décision, au début de l’année dernière, de détruire les gazoducs Nord
Stream. Pendant ce temps, la politique allemande poursuit sa dégringolade vers la droite. Elle pourrait entraîner avec elle une grande partie de l’Europe occidentale.
La semaine dernière, Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti anti-immigration rigide dans une nation où les immigrés représentent 18 % de la population totale, a soutenu son premier
candidat à la mairie depuis sa création il y a dix ans. Le New York Times a décrit la victoire à Pirna, une petite ville de Saxe, comme un reflet de la popularité croissante du parti. Il est
soutenu par 35 % des électeurs en Saxe et 22 % au niveau national, un chiffre qui a doublé au cours des deux dernières années.
L’Allemagne a autrefois dominé les marchés mondiaux avec ses voitures de luxe et ses machines industrielles, mais elle est aujourd’hui engagée dans un processus que certains qualifient de
désindustrialisation rapide. Il y a trois mois, la chaîne de télévision Euronews a qualifié l’Allemagne de “pays développé le moins performant au monde, le Fonds monétaire international et
l’Union européenne s’attendant à ce qu’il se contracte cette année”. Les gains politiques de l’AfD, m’a dit Max Paul Friedman, un universitaire américain qui connaît bien l’Allemagne, “font
très peur à de nombreux Allemands” parce que la morosité économique incite d’autres partis politiques en Allemagne et dans toute l’Europe, ainsi qu’aux États-Unis, à adopter des politiques
anti-immigrés.
seymourhersh.substack.com
L’Allemagne ira-t-elle au bout de son “américanisation”?
Le journaliste américain oublie qu’il se produit en ce moment un renouvellement à gauche aussi, avec la montée du parti de Madame Wagenknecht. C’est
en fait toute la classe politique allemande qui est secouée. La suite du papier est cependant intéressante parce qu’elle décrit l’étendue de la crise allemande mais aussi ce que serait
une”américanisation” complète de l’Allemagne:
“Si les oléoducs coulaient à flot, la situation serait-elle différente ?”, demande Friedman, professeur d’histoire et de relations internationales à l’American University. “Oui et non. Les
prix de l’énergie sont essentiels, mais il y aurait toujours une bureaucratie sclérosée, le déclin du marché chinois, le manque de main-d’œuvre qualifiée. Et compte tenu de ce qui se passe
dans tous les pays de l’Atlantique Nord, ils seraient de toute façon dans une ambiance islamophobe et anti-immigrés, comme leurs voisins”.
Compte tenu de ces réalités, Friedman m’a dit qu’il dépeindrait “la question de l’oléoduc comme un catalyseur ou peut-être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, plutôt que comme le
seul facteur critique contribuant aux malheurs de l’Allemagne”.
Sarah Miller, qui a passé quatre décennies à écrire et à éditer les meilleurs magazines américains consacrés au pétrole et au gaz – elle blogue maintenant sur Medium – a décrit ces jours
comme “des temps désespérés, en particulier pour les entreprises allemandes et certaines entreprises européennes confrontées à des factures d’énergie gonflées et à une inflation permanente et
possiblement enracinée dans leur pays”. L’Allemagne risque, m’a-t-elle dit cette semaine par courriel, “de perdre une grande partie de la base industrielle qui a été la clé du maintien de sa
puissance industrielle et de son poids politique au sein de l’UE au cours des dernières décennies. Cette base industrielle revêt également une importance émotionnelle pour les Allemands, en
particulier pour les voitures et les produits chimiques, ce qui en fait un enjeu politique majeur.
Selon M. Miller, la pénurie d’approvisionnement en gaz de l’Allemagne “se stabilise, grâce à des contrats de dix ans ou plus pour l’achat de gaz naturel liquéfié, principalement en provenance
des États-Unis et du Qatar et, plus récemment, de gazoducs norvégiens”. Mais la quantité de gaz utilisée par l’Allemagne est en forte baisse par rapport aux niveaux d’avant-guerre, et ce sont
les industries à forte consommation d’énergie qui sont les plus touchées. Les industries légendaires de l’Allemagne ont été affaiblies. La crainte qu’elles ne se redressent pas est largement
répandue, tout comme l’inquiétude que, dans la mesure où les entreprises concernées se redressent, ce sera avec une plus grande dépendance à l’égard de la Chine. Ces industries sont
importantes pour le sentiment de sécurité et la confiance en soi du pays, et les conséquences politiques pourraient être graves” pour le gouvernement de coalition du chancelier Oaf Scholz.
“Il est intéressant de noter que ce que tout le monde craint le plus, de l’Allemagne à la Chine et dans de nombreux autres pays, c’est une répétition de la désindustrialisation, de la
financiarisation et de l’affaiblissement économique que les États-Unis ont connus au cours des dernières décennies”, a déclaré M. Miller. L’Amérique est un exemple à suivre. C’est assez
pathétique quand on y pense de cette façon”.
seymourhersh.substack.com
C’est bien là le sujet: Olaf Scholz s’est couché devant Biden avec une servilité peu commune. Et s’il y a un point que l’AfD et le parti de Madame Wagenknecht ont
en commun, c’est la volonté de rendre son indépendance à l’Allemagne.
Ce n’est un secret pour personne que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont de proches alliés des États-Unis. Les relations étroites que les
États-Unis entretiennent avec ces trois États sont constamment alimentées. Ainsi, le 15 décembre, les États-Unis et les États baltes ont signé des feuilles de route bilatérales
quinquennales pour la coopération en matière de défense. Il s’agit d’une preuve sérieuse des ambitions militaires et économiques des États-Unis dans la région. Washington fait de son
mieux pour renforcer la dépendance dans une sphère aussi vulnérable que la défense.
Les feuilles de route promeuvent la coopération en matière de défense aérienne et antimissile intégrée, la connaissance du domaine maritime, la
cyberguerre, la guerre irrégulière, la participation aux opérations et exercices militaires internationaux, le développement des infrastructures et la formation.
En outre, les accords font part de l’intention des États-Unis d’assurer une présence rotative persistante des forces américaines dans chaque État balte.
Ces mesures et ce déploiement de forces militaires pourraient également représenter des actes politiques démonstratifs.
Les États-Unis prennent toutes les mesures possibles pour devenir non seulement un allié important, mais aussi un partenaire irremplaçable pour les pays
baltes. Washington les «oblige» presque à acheter du matériel militaire, des véhicules et des armes américains, ainsi que d’autres biens et ressources. Le problème, c’est que les pays
baltes paient beaucoup plus que ce qu’ils peuvent se permettre.
Il sera extrêmement difficile pour la Lituanie et les autres pays baltes de trouver des fonds pour acheter des armes américaines.
Le fait est que les États baltes ont de graves problèmes économiques, qui n’ont fait que s’aggraver après l’introduction des sanctions antirusses, mises
en place sur l’insistance de Washington. De fait, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie n’ont pratiquement rien à payer aux États-Unis pour l’achat d’armes.
C’est pourquoi les États-Unis transfèrent la plupart de leurs armes aux pays baltes à crédit, qui tôt ou tard «devra être remboursé».
Les États-Unis veulent créer une infrastructure entièrement contrôlée dans les pays baltes, mais principalement aux dépens de ces États eux-mêmes.
Washington conclut un accord avec les gouvernements actuels de ces pays pour leur vendre des armes, indépendamment du fait que ce soient les mêmes personnes au pouvoir lorsqu’ils
recevront ces armes. Mais les problèmes liés au paiement des dettes pour les armes américaines ne disparaîtront pas – «elles devront
toujours être remboursées», affirment les analystes.
Dans les pays baltes, on espère toujours que les États-Unis investissent dans leur sphère militaire, bien qu’«il n’y ait pas de
réelles conditions préalables à cela». Selon les experts, Washington veut militariser les États baltes à leurs dépens, notamment par le biais de l’endettement.
Les États-Unis, même s’ils le pouvaient, n’investiraient pas des fonds importants dans des États extrêmement faibles sur le plan économique. Mais la
Lituanie, l’Estonie et la Lettonie se font encore des illusions en pensant que les investissements américains leur permettront de créer des emplois, d’arrêter l’exode constant des
jeunes et donc d’améliorer l’économie. Il s’agit là d’une grave erreur. La situation dans ces pays va empirer et le niveau de sécurité en Europe va continuer à baisser en raison des
actions des États-Unis dans la région et de la confrontation avec la Russie.
Selon certaines données, en raison de la transition de l’UE vers d’autres fournisseurs de carburant, les prix à l’importation ont augmenté pour
atteindre 15,2 milliards d’euros par mois. En outre, au cours des deux dernières années, l’Union européenne a payé 304 milliards d’euros pour le gaz – et 185 milliards d’euros se sont
avérés être un trop-perçu. Auparavant, environ 40% du carburant était importé de Russie, mais l’approvisionnement a été divisé par quatre. Cependant, Moscou a gagné 14 milliards
d’euros grâce à l’augmentation des prix et a réorienté jusqu’à 70% des approvisionnements vers l’Asie. L’Europe a également été confrontée à des perturbations de la chaîne
d’approvisionnement, à une crise énergétique et à une forte inflation. Selon des données préliminaires, l’UE, notamment les pays baltes, a perdu près de 1500 milliards de
dollars.
Ainsi, la lutte économique contre la Russie débouche sur une guerre des pays baltes contre eux-mêmes, avec l’accord tacite des
États-Unis.
Pour que vous passiez un joyeux noël avant d’être totalement pris – du moins je l’espère pour vous – dans les plaisirs des fêtes familiales, cadeaux,
champagne, ripailles, et douceurs des affections, voici un bilan de l’état réel de l’OTAN qui contribuera à votre joie et décuplera votre ardeur à vous engager en faveur de la paix et
d’une autre distribution du budget de la nation, dans le cadre des futures élections européennes… La réalité est que les fins stratèges de l’UE, de l’OTAN, des USA se sont engagés
dans une campagne de Russie destinée à amener les missiles de l’OTAN au pied du Kremlin, et cela a provoqué chez les Russes une vague de patriotisme, un appel type «allons enfants
de la patrie…» digne de Valmy, une réconciliation avec les frères chinois, un réveil des pays du sud… Alors que la campagne a été lancée du côté de l’OTAN sans troupes de réserve
et avec une incapacité à alimenter les stocks… L’Europe n’a pas de Napoléon à sa tête, même pas de Wehrmacht et les SS ne sont pas encore totalement prêts même si tous les efforts
sont tentés en ce sens. Le fait est que les Russes n’aiment pas la guerre mais savent la faire alors que nos dirigeants aiment la guerre, ses profits, mais ne savent pas la faire
parce que leurs peuples n’en veulent pas quand ils subodorent qu’ils y ont tout à perdre.
Danielle Bleitrach
*
par Stephen Bryen
La guerre en Ukraine tourne en faveur de Moscou alors que l’équipement et la main-d’œuvre occidentaux se font dangereusement rares.
Dans le même temps, le Washington
Times, dans un
article de Bill Gertz, rapporte que le représentant Mike Gallagher (R-Wi), qui est le président de la commission
spéciale de la Chambre sur le Parti communiste chinois, a proposé de nouvelles idées pour aider Taïwan à utiliser des armes autrement obsolètes dans l’arsenal américain,
principalement parce qu’il est presque impossible d’obtenir de nouvelles armes à l’heure actuelle.
Gallagher a déclaré : «De récents jeux
de guerre simulant un conflit avec la Chine à propos de Taïwan ont révélé que les États-Unis seraient à court de bombes et de missiles à guidage de précision à longue portée moins
d’une semaine après le début du conflit».
Bill Gertz rapporte que le Pentagone a un arriéré de plus de 2 milliards de dollars d’armes achetées par Taipei, retardé par les retards de l’industrie
de la défense.
Taïwan attend actuellement 400 missiles Harpoon et 100 lanceurs Harpoon que le Pentagone a annoncés lors d’une vente il y a plus de trois ans et qui
pourraient ne pas atteindre l’île avant 2029.
En pénurie : Une
vue d’un missile sol-sol Harpoon RGM-84 immédiatement
après avoir quitté un lanceur de cartouches. Image : Asia Times Files / Twitter
Le point clé est qu’il faudra encore cinq ans (huit ans au total) pour livrer des missiles Harpoon à Taïwan. C’est encore pire pour d’autres stocks de
guerre tels que les munitions de 155 mm et de 120 mm.
La faiblesse et les problèmes de la base industrielle de défense américaine sont insignifiants par rapport aux pénuries de main-d’œuvre qui affectent la
plupart des membres de l’OTAN ainsi que les États-Unis.
La petite armée allemande manque de nouvelles recrues. Comme les États-Unis, l’Allemagne dispose d’une force de volontaires, mais les choses se
détériorent tellement que le gouvernement allemand envisage une
sorte de système de conscription.
Le nombre total de membres des forces armées en Allemagne était
tombé à 181 383 à la fin du mois d’octobre, avec des milliers de postes vacants non pourvus.
Selon le tabloïd allemand Bild,
l’armée allemande n’a ni la force ni l’équipement nécessaires pour défendre efficacement la nation. Pourtant, au moment même où Bild pointait
du doigt la crise militaire, l’Allemagne annonçait l’envoi d’une brigade de 5000 hommes en Lituanie.
Elle sera stationnée à moins de 20 kilomètres de la frontière avec la Biélorussie. La relocalisation de la brigade commencera au deuxième trimestre de
2024 et devrait atteindre sa pleine disponibilité au combat d’ici 2027, selon le ministère allemand de la Défense.
Mais, a déclaré le ministre allemand de la Défense Pistorius, «nous n’avons pas
une armée capable de défendre le pays contre une offensive militaire, une guerre d’agression brutale». La contradiction est évidente.
Le ministre
allemand de la Défense, Boris Pistorius, a besoin de plus de soldats.
L’armée britannique est également un gros problème. Defense and Security Monitor rapporte que
«Longtemps
considérées comme une armée de classe mondiale, les forces armées britanniques sont maintenant coincées
dans une ornière de recrutement, avec des réductions de personnel prévues qui doivent encore être mises en œuvre dans
le cadre du Defense Command Paper dévoilé en 2021. Il y a des problèmes importants et persistants liés au délabrement des logements militaires, à l’épuisement des munitions
et à la mauvaise exécution des programmes d’approvisionnement».
Sky News,
comme l’a rapporté le Defense
Post, a souligné l’ampleur du problème auquel sont confrontées les forces armées britanniques. Il a déclaré que l’armée serait à court de munitions au bout de quelques jours
en cas de conflit armé. Le pays n’aurait pas non plus la capacité de défendre son espace aérien compte tenu de la puissance et des capacités croissantes des missiles et des drones
d’aujourd’hui.
De plus, le remplacement complet des chars et des véhicules blindés britanniques vieillissants n’est pas prévu avant des années, ce qui affecte
sa volonté
de modernisation. Des sources affirment qu’il faudrait cinq à dix ans à l’armée britannique pour être en mesure de déployer une division de combat avec plus de 30 000 soldats et
soutenue par des chars de grande puissance, des systèmes d’artillerie et des hélicoptères.
Aujourd’hui, l’armée britannique est plus petite qu’elle ne l’était au moment de la Révolution américaine en avril 1775. L’ensemble
de l’armée britannique est composé de 142 560 membres. L’armée britannique compte actuellement 77 540 soldats dans tous ses rangs. Cela signifie que la force de combat elle-même
est beaucoup plus petite, probablement autour de 30 000 hommes.
La Grande-Bretagne a été le plus grand soutien de l’Ukraine en Europe dans sa guerre contre la Russie, vidant son arsenal de haute technologie pour
soutenir l’armée ukrainienne. La Grande-Bretagne fournit également un soutien sur le terrain à l’Ukraine et des renseignements sur le champ de bataille, tout en planifiant des
opérations secrètes spéciales telles que la destruction du pont du détroit de Kertch, d’une valeur de 3 milliards de dollars, reliant la Russie à la Crimée.
On n’écrit pas grand-chose sur l’armée française. Nous savons que le matériel français n’a pas bien résisté aux Russes dans la guerre en Ukraine.
Son CAESAR (Camion
Équipé d’un Système d’Artillerie) a été une grosse déception sur le champ de bataille, est sujet à des pannes et a été pris pour cible par des drones russes Lancet.
L’obusier CAESAR
en Irak. Image : Capture d’écran Twitter
De même, le véhicule
de combat d’infanterie RC AMX-10C de la France s’est avéré être un piège mortel pour les opérateurs ukrainiens qui considèrent son «blindage mince» comme inadéquat pour une
utilisation en première ligne. Présenté comme un «chasseur de chars», c’est souvent lui qui est détruit. En ce qui concerne les chars, après la mauvaise expérience avec l’AMX et les
chars allemands Leopard, la France a
décidé de ne pas envoyer ses chars Leclerc Main Battle en Ukraine.
En toute justice, le véhicule de combat d’infanterie
américain Bradley et le véhicule de combat à chenilles allemand Marder, sans parler du char Leopard, ont
tous été détruits en Ukraine. Une étude américaine de la Rand
Corporation, un important sous-traitant du Pentagone, affirme que l’armée française est un allié
fragile contre la Russie.
L’armée américaine est également confrontée à une crise de recrutement. Non seulement il y a des problèmes pour remplir les rangs, mais l’Armée a de la
difficulté à former des sous-officiers compétents. Les sous-officiers sont le cœur
et l’âme de l’armée américaine, ils sont ce qui fait fonctionner l’armée.
Moins de la moitié des vacations sont remplies. Military.com
dit : «Le cours de
recrutement de l’armée de huit semaines à Fort
Knox, dans le Kentucky, peut former un maximum de 2866 étudiants répartis dans un total de 53 classes. Cependant, les données montrent qu’il n’a obtenu que 1336 diplômes au cours
de l’exercice 2023, qui s’est terminé à la fin du mois de septembre».
L’armée elle-même est confrontée à des problèmes de recrutement de soldats, cette année et l’année dernière. Il manquait 10 000 soldats à l’armée pour
atteindre son objectif de 65 000 nouveaux soldats au cours du dernier exercice. L’année dernière, il a manqué de 15 000 l’objectif de 60 000 soldats.
L’armée essaie de résoudre le problème, mais une grande partie de celui-ci est basée sur l’étrange approche WOKE de la direction de l’armée et sur une myriade de problèmes
compliqués, en particulier depuis l’épidémie de Covid lorsque le Pentagone a ordonné aux troupes de se faire vacciner ou de se faire virer de l’armée. Maintenant, il y a beaucoup de
poursuites judiciaires sur la politique ratée du Pentagone.
Au-delà des déficits de main-d’œuvre et de fournitures, les armées de l’OTAN manquent d’expérience au combat, bien que de nombreux «conseillers» soient
en Ukraine pour soutenir l’armée ukrainienne. Les conseillers ne reproduisent jamais ce que vivent les troupes de première ligne, de sorte que la courbe d’apprentissage peut être
utile pour renforcer les connaissances tactiques et opérationnelles, mais pas pour la guerre elle-même.
L’Ukraine est également confrontée à une énorme
pénurie de main-d’œuvre et son recours à des efforts de recrutement draconiens est impopulaire et pourrait forcer Zelensky à démissionner. Les soldats incorporés et traînés
de force sur le front ne se battent pas efficacement et ne sont au mieux que de la chair à canon.
Pire encore, beaucoup de ceux qui ont résisté à la conscription ukrainienne (certains d’entre eux ont payé les administrateurs de la conscription pour
des montants généralement de 1000 dollars) sont issus de la nomenklatura ukrainienne,
à savoir les classes supérieures ou ceux qui ont des compétences de haut niveau ou ceux qui sont issus de familles politiquement connectées et privilégiées.
Sans plus
d’argent et d’armes occidentaux, l’Ukraine perdra la guerre, dit Zelensky.
Photo : Nouvelle voix de l’Ukraine
L’administration Biden affirme que la défaite de la Russie en Ukraine protégera l’Europe d’une future attaque russe.
Le contre-argument est que continuer à soutenir l’Ukraine pourrait conduire à une extension de la guerre en Europe. Pendant longtemps, les États-Unis et
leurs alliés ont joué avec la sécurité européenne en gavant l’Ukraine d’armes, de conseillers, de soutien militaire et de renseignement et de beaucoup d’argent.
Jusqu’à présent du moins, les Russes n’ont pas réagi en attaquant les lignes d’approvisionnement en dehors de l’Ukraine, ni n’ont arrêté le flux de gaz
ou d’autres produits de base (y compris l’uranium) vers l’Europe et les États-Unis en réponse au soutien occidental à l’Ukraine.
La plupart des rapports montrent que la Russie a pris le dessus en Ukraine et a lancé ce qui semble être une offensive limitée qui semble viser, jusqu’à
présent du moins, à sécuriser le Donbass. Cependant, les armées s’effondrent souvent rapidement une fois que les chefs militaires et les soldats pensent qu’ils sont sur le point
d’être renversés.
Au Viêt Nam en 1975, les chefs militaires américains pensaient que l’armée du Sud-Vietnam serait en mesure de tenir le I-Corps, la partie nord du
Sud-Vietnam, contre les attaques lancées par l’armée régulière nord-vietnamienne (ANV). C’était une chimère. Le I-Corps se plia en quelques jours et l’ANV se déplaça rapidement vers
le sud, se dirigeant vers Saigon. La déroute était lancée.
Réparer l’OTAN est un problème très difficile parce qu’elle a prétendu être une alliance offensive et non un système de défense. Avec sa mission
corrompue et sa frontière avec la Russie considérablement élargie (presque toute l’Europe de l’Est et la Finlande), l’ambition de l’OTAN d’ajouter l’Ukraine est un pays trop loin
parce que cette fois-ci, les Russes n’ont pas accepté l’objectif expansionniste de l’OTAN.
Si l’Ukraine capitule, ce que la Russie
dit vouloir aujourd’hui, l’OTAN subira une défaite majeure, la première défaite depuis la création de l’alliance en avril 1949.
Et si Israël ignorait la
Maison-Blanche et «le faisait» (une Nakba massive) ? Et s’il prend le risque que les États-Unis «tirent le tapis» sous les pieds d’Israël ?
David Ignatius relate dans le Washington
Post sa visite en Cisjordanie et la façon dont il a constaté que «la paix
nécessitera une confrontation avec Israël» :
«[Sa visite] a été un test de
réalité sur ce qui est possible «le lendemain» de la fin de la guerre de Gaza. Le président Biden et d’autres dirigeants mondiaux parlent avec espoir de la création d’un État
palestinien une fois le Hamas vaincu (sic). J’aimerais beaucoup que cela se produise. Un État palestinien peut sembler rassurant, mais c’est une version de la pensée magique. Les
colonies et les avant-postes israéliens situés au sommet des collines de Cisjordanie y font obstacle, leurs hautes clôtures et leurs murs de béton symbolisant leur apparente
inamovibilité».
«Les colonies ont été installées là pour empêcher la création d’un État palestinien», dit-on franchement à Ignatius – et apparemment, il «comprend». Il
faudrait une confrontation pour «débloquer la
situation».
Il en est ainsi – les colonies ont été un blocage pour empêcher tout État palestinien de voir le jour. C’est exactement cela. Il y a de nombreuses
années, alors que j’étais détaché en tant que «lien» entre le président Arafat et le gouvernement israélien, j’ai reçu une invitation inattendue :
On m’a demandé de visiter les colonies les plus radicales de Cisjordanie en tant qu’«invité d’Ariel Sharon», le Premier ministre de l’époque.
L’un des amis les plus proches du Premier ministre m’a emmené dans «ma» visite des colonies. Ce dernier a dit aux dirigeants des colonies – à chaque
fois et de manière très explicite – de me traiter comme l’invité personnel de Sharon. Ils devaient parler ouvertement et ne rien cacher de leurs sentiments et de leurs
opinions.
Ce qu’ils n’ont pas fait. Ils ont tout déballé ; «radical» serait un euphémisme. Ils étaient «fous», fanatiques même. Les villages palestiniens voisins,
à l’égard desquels s’exprime un flot de mépris et de haine, sont dans leur ligne de mire ; ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne soient balayés et que leurs terres ne
soient accaparées.
De retour à Jérusalem [Al-Quds], mon guide m’a regardé d’un air sévère et m’a dit simplement : «Comprends-tu ?
Comprends-tu pourquoi tu as été envoyé en mission ?».
«Oui, je comprends». Ces fanatiques ne seront jamais éliminés. Même si l’armée israélienne tentait de le faire, ce serait un bain de sang, ai-je
répondu. Leurs griffes sont profondément enfoncées dans la terre de la colonie.
J’ai répondu «oui». C’est
tout ce qui a été dit.
Et maintenant, quelques décennies plus tard et sur le ton le plus doux qui soit, Ignatius fait allusion à l’éléphant dans la pièce : «La
paix [en effet] nécessiterait une
confrontation avec Israël». «Biden est la
dernière administration en date à se confronter à cette réalité», conclut-il.
Mais la «pratique» est à l’opposé : Biden soutient et facilite le massacre d’Israël à Gaza, tout en marmonnant des platitudes selon lesquelles Israël
devrait continuer à bombarder, mais avec plus de précautions.
Jusqu’ici, tout va bien. Mais ensuite, plutôt que d’aborder ce que signifierait une «confrontation», Ignatius s’égare dans sa propre pensée magique :
«Y
a-t-il une fin heureuse à cette histoire ? Probablement pas», songe-t-il – avant d’ajouter, «apaisé»,
qu’il a rencontré tant de courageux Israéliens et Palestiniens travaillant ensemble… vers la paix… (… ben voyons !)
La solution des deux États est, bien entendu, le «point zéro» juridique. Le cadre juridique – en termes de résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité
des Nations unies, les deux résolutions stipulent qu’un État palestinien doit être établi sur les terres occupées par Israël lors de la guerre de 1967. Il s’agit du consensus
perpétuel de l’Occident et de son discours, répété à l’infini, jamais poursuivi sérieusement. Jamais on n’y réfléchit plus profondément.
Ignatius doit le savoir : La négociation d’une solution à deux États est considérée à Washington comme le bourbier qui met fin à tous les bourbiers.
Cela n’arrivera pas, et ils le savent. Ils se contentent de le dire.
La perspective de deux États pourrait encore être le point de départ du consensus. Mais ce ne sera pas le point final. La Cisjordanie, Gaza et Jérusalem
palestinienne ont été conquises. Le Mur occidental l’a été aussi. Et c’est du Mur occidental du Mont du Temple, métaphoriquement parlant, qu’a surgi le démon de l’eschatologie. Le
plus dévorant des démons. Il a engendré l’entreprise de colonisation, la clandestinité juive, les ultranationalistes haredi – et le Mouvement du Mont du Temple.
Et une deuxième Nakba (nettoyage ethnique violent) plane désormais sur tout.
Aujourd’hui, l’avidité et la peur sont les émotions dominantes : Selon la politologue Tamar Hermann, le 7 octobre a ravivé un sentiment qu’Israël
n’avait plus ressenti depuis 1973 : la crainte que ses voisins et ses ennemis ne fassent disparaître le pays juif. Lorsque le peuple a le sentiment que l’existence même d’Israël est
menacée, la peur se mêle à la cupidité ; inévitablement, l’élimination de la population et l’appropriation des terres deviennent l’une des options envisagées.
Israël – de son point de vue – a déjà essayé sa version de la «solution à deux États» – en réalité, il s’agissait d’une structure d’apartheid.
Aujourd’hui, 7,3 millions de Palestiniens et 7,3 millions de juifs vivent dans le «Grand Israël», et le taux de natalité palestinien est le plus élevé. Un État, deux États : pour les
Israéliens, ce calcul a fait son temps et son pronostic est considéré comme «mauvais».
Les piliers d’Oslo sur lesquels on supposait que l’État palestinien serait construit se sont inversés : Le premier pilier a toujours été la démographie
– l’hypothèse était que la démographie pousserait Israël à «donner» aux Palestiniens leur «État» séparé, à côté d’Israël.
Le 7 octobre y a mis un terme. L’endiguement structurel, l’application militaire et la dissuasion ont échoué, et la démographie pousse maintenant dans
la direction opposée, à savoir débarrasser la terre de toutes les «populations hostiles».
Le deuxième pilier était que les Palestiniens coopéreraient sur les questions de sécurité afin de rassurer Israël en assurant le maintien de l’ordre au
sein de leur propre population ; et le troisième pilier était qu’Israël – et Israël seul – déciderait quand il aurait reçu suffisamment de garanties de sécurité pour «donner» aux
Palestiniens leur État.
Cette notion a explosé à Gaza, en Cisjordanie et dans le Nord. Les Israéliens craignent désormais ce qui se trouve de l’autre côté de leurs clôtures et
de leurs murs. Que se passera-t-il si Israël en vient à la conclusion que sa seule voie est le nettoyage ethnique massif comme macro «solution» ?
Comment les États-Unis feront-ils exactement face à cette situation ? Israël ne se laissera pas faire, il ne se laissera pas acheter.
Théoriquement, les États-Unis disposent d’une influence considérable (beaucoup d’argent et de munitions), mais le paradigme politique du lobby – le
soutien sans réserve du congrès et de la population américaine à Israël – signifie que cette «influence» supposée ne peut être utilisée sans créer une tempête au sein du système
politique américain.
Une épreuve de force s’annonce (plutôt que des négociations de paix).
Et si Israël ignorait la Maison-Blanche et «le faisait» (une Nakba massive) ? Et s’il prend le risque de voir les États-Unis «retirer le tapis»
sous les pieds d’Israël ?
S’attaquer aux porte-avions américains (même sans entrer dans les
détails) équivaut symboliquement à ce que l’Axe remette en cause l’hégémonie américaine dans ses fondements mêmes. “Défi accepté”.
Par Alastair Crooke – Le 12 novembre 2023 – Source Strategic Culture
Les intérêts américains et israéliens – confrontés à l’horrible spectacle des
morts massives de civils à Gaza – divergent à la fois à court et à long terme. Pour “Israël” , le ministre israélien de la sécurité déclare que
tout “ce qui ne met pas fin à l’existence du Hamas est
un échec” .
Les États-Unis
s’investissent pleinement pour aider “Israël” à vaincre le Hamas, mais en plaçant la barre
si “messianiquement haute” , Netanyahou tend
un piège à Biden : si l’armée israélienne ne parvient pas à anéantir le Hamas, “Israël” ne peut pas “gagner” . Et, à la fin, si “Israël” se retire simplement – et que le Hamas et
son ethos révolutionnaire demeurent – cela
sera compris dans toute la sphère islamique comme une “victoire” du Hamas. En d’autres termes, le stabilisation
de Gaza n’est pas une solution pour Biden.
Pire encore, dans ce dernier scénario, Biden se voit privé de la possibilité de mettre en avant une “fin du jeu” américaine claire à Gaza afin d’apaiser les
critiques croissantes dans son pays concernant son soutien “sans limites” à la guerre d’“Israël” contre le Hamas – un soutien qui est de plus en
plus souvent qualifié de nettoyage ethnique, voire de génocide, par les manifestants américains.
En clair, la politique de l’administration américaine risque de chavirer rapidement et de devenir un handicap politique majeur. La position actuelle est donc
clairement assortie d’un “délai
d’expiration” précoce. Biden veut passer à autre chose.
Le gouvernement israélien, en revanche (avec le soutien massif de son opinion publique), s’est engagé à fond dans l’éradication du Hamas et considère les morts
civiles comme le “prix de la guerre” ,
notamment parce qu’un tel degré d’intensité est considéré comme nécessaire pour apaiser l’électorat israélien après le grand choc du 7 octobre. Le discours du cabinet israélien parle d’une guerre
longue, plutôt que d’une “fin de
partie” rapide.
Pour l’administration américaine, en cette année électorale, Joe Biden veut aller au-delà du Hamas. Il ne veut pas que Gaza entache les élections de 2024, mais il
veut plutôt ramener l’attention du public américain sur la prétendue “menace” de la Russie, de la Chine et de l’Iran.
Les États-Unis et “Israël” veulent tous deux éviter une guerre
régionale de grande ampleur ; mais “Israël”,
selon la Maison Blanche, prend d’énormes risques d’escalade en cherchant à “éradiquer totalement” le Hamas – et ses moyens
destructeurs pour parvenir à cette fin radicalisent le monde.
Dans son discours de dimanche, Seyed Nasrallah a effectivement fait du Hezbollah le garant de la survie du Hamas (en identifiant spécifiquement le Hamas par son
nom). Le Hezbollah, a-t-il dit, se limitera à des opérations non définies et limitées à la frontière, dans le cas où le Hamas serait en danger et quand il sera en danger. Il s’agit là
d’une “ligne rouge” qui inquiétera la Maison
Blanche.
En clair, les États-Unis essaieront (s’ils le peuvent) – comme l’a fait Blinken – de faire reculer “Israël” dans son assaut contre Gaza, laissant les Forces
de défense israéliennes dans un contexte d’effondrement total de la dissuasion, car, en laissant “Israël” persévérer, ils risquent une escalade régionale
horizontale. Sans surprise, les grands médias américains spéculent sur les possibilités de changement de régime pour Netanyahou. Ce dernier est certes impopulaire, mais son départ ne changerait rien à l’opinion bien établie en “Israël” selon laquelle Gaza doit être “rayée de la carte” .
Le point le plus important du discours de Seyed Nasrallah est son changement d’orientation, qui reflète peut-être non seulement la vision étroite du mouvement, mais
aussi celle de l’“axe” collectif. Ainsi, dans son
discours, “Israël” est passé du statut
d’acteur indépendant à celui d’un protectorat militaire américain nocif parmi d’autres.
Seyed Nasrallah a directement mis en cause non seulement l’occupation israélienne, mais aussi les États-Unis dans leur ensemble, qu’il considère comme responsables
de ce qui est arrivé à la région – du Liban à la Palestine, en passant par la Syrie et l’Irak. À certains égards, ces paroles font écho à l’avertissement lancé par Poutine à Munich en 2007 à
l’Occident, qui massait alors des forces de l’OTAN aux frontières de la Russie. “Défi accepté” .
De même, les États-Unis ont déployé des forces massives dans la région, dans l’espoir de contraindre la Résistance libanaise à renoncer à toute intervention majeure
en “Israël” .
Toutefois, le sous-texte du discours de Seyed Nasrallah était l’allusion à un front uni, à une “lente ébullition” de la “grenouille de le dissuasion” américaine, plutôt qu’à un
plongeon tête baissée dans une guerre régionale.
Ces dernières semaines, les bases militaires américaines de la région ont été la cible d’attaques répétées de la part des milices régionales, et rien n’indique que
ces attaques vont bientôt cesser. Leurs drones et leurs roquettes ont tous été abattus, a insisté le CENTCOM. Aujourd’hui, le CENTCOM a cessé de publier des mises à jour. Combien d’Américains ont été blessés et tués jusqu’à présent ? Combien d’autres risquent de mourir ou
d’être gravement blessés ? Pour l’instant, nous ne le savons pas.
“Tout cela indique une
évolution inquiétante” , écrit Malcom Kyeyune, “le déclin de
la dissuasion” :
Au cours des dernières semaines, les responsables américains ont supplié [les milices] … de cesser d’utiliser des drones et des roquettes – et les ont menacées
de graves conséquences si elles n’obtempéraient pas. Washington a mis ces menaces à exécution en ripostant par des frappes aériennes, tout en soulignant la nature défensive de ces frappes et
en promettant de faire marche arrière dès que les attaques contre les bases américaines cesseraient. Mais après chaque frappe aérienne, les groupes armés de la région ont “intensifié” leurs
activités anti-américaines. Des rapports circulent actuellement sur plusieurs grands groupes armés en Irak déclarant un état de guerre de facto contre l’Amérique [pour la libération de
l’Irak].
Le cœur du problème réside dans le fait que les forces américaines sont réparties sur plus d’une douzaine de bases dans la région. Aucune de ces bases n’est
suffisamment solide pour se défendre contre une attaque concertée. Ils se sont plutôt appuyés sur l’idée qu’en attaquant ne serait-ce qu’un faible avant-poste américain, on s’exposait à des
ennuis : ce n’était qu’une question de temps avant que l’ensemble de la machine de guerre américaine ne s’abatte sur vous pour neutraliser la menace.
Kyeyune suggère alors que :
La dissuasion a d’abord été un effet secondaire utile de la puissance économique et militaire américaine. Mais au fil du temps, elle est devenue une béquille,
puis un village Potemkine : une façade érigée par mesure d’économie, pour dissimuler le fait que l’armée se réduisait, que les dysfonctionnements politiques augmentaient et que la stabilité
fiscale s’érodait. Aujourd’hui, alors que les drones et les roquettes pleuvent sur les militaires américains en Syrie et en Irak, il apparaît clairement que le Moyen-Orient a décidé que les
menaces américaines n’étaient plus vraiment crédibles.
L’Irak sera-t-il le prochain “front” à s’ouvrir dans ce conflit en expansion ?
Seyed Nasrallah a déclaré à propos des navires de guerre américains : “Nous avons préparé quelque chose pour eux” . S’attaquer
aux porte-avions américains (même sans entrer dans les détails) équivaut symboliquement à ce que l’Axe remette en cause l’hégémonie américaine à sa racine même. “Défi accepté” .
En bref, les conflits sont devenus géopolitiquement divers et technologiquement plus complexes et multidimensionnels – en particulier avec l’inclusion d’acteurs non
étatiques militairement compétents. C’est pourquoi un resserrement progressif de l’étau sur plusieurs fronts peut constituer une stratégie efficace : “On peut douter que l’armée américaine parvienne à mener une guerre
sur trois ou quatre fronts – l’effort pourrait facilement se transformer en un nouveau bourbier” .
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker francophone
L’OTAN est nerveuse : Les Russes s’arrêteront-ils aux frontières de l’Ukraine ?
Critical Threats affirme que
l’armée russe, après une victoire imminente dans la Région militaire Nord, deviendra plus puissante et plus moderne.
L’armée russe victorieuse à l’extrémité de la Région militaire Nord disposera d’une expérience de combat inestimable et sera numériquement nettement
plus nombreuse que les troupes russes avant le début de 2022.
L’économie russe se rétablira progressivement à mesure que les sanctions s’atténueront inévitablement, et Moscou a déjà créé des mécanismes efficaces
pour contourner ou atténuer celles qui subsistent.
Au fil du temps, la Russie remplacera complètement ses armes et l’armée peaufinera sa cohérence, en s’appuyant sur son expérience riche et durement
acquise dans la conduite d’un conflit armé, mécanisé et manœuvrable.
La Russie recevra des systèmes de défense aérienne avancés capables de vaincre, en théorie, uniquement les avions furtifs américains.
La Russie, après la fin de la Région militaire Nord, constituera une véritable menace militaire pour l’OTAN – tout comme au plus fort de la guerre
froide. La puissance militaire de la Russie sera déterminée par la somme que Moscou est prête à investir dans l’armée.
Cependant, en adoptant le budget triennal, Moscou s’est déjà engagée à mettre en œuvre le programme de modernisation de l’armée le plus ambitieux de
l’histoire.
Cette prévision catastrophique pour l’OTAN pour les années à venir est faite par deux des plus grands «groupes de réflexion» américains : L’Institut
pour l’étude de la guerre (ISW) et Critical Threats. Les deux «think tanks» représentent les conservateurs au sein de la direction américaine, c’est-à-dire qu’ils sont proches du
Parti républicain.
Et ce n’est pas un hasard si les prévisions des conservateurs sont apparues aujourd’hui. Le Congrès américain (parlement bicaméral) a gelé l’examen de
la question de l’assistance militaire à l’Ukraine jusqu’à la fin des vacances de Noël, c’est-à-dire jusqu’au 9 janvier.
Le mois prochain sera un tournant dans la zone de la Région militaire Nord : les troupes russes mènent une puissante offensive près de Koupiansk,
Kremennaya et Avdeevka, Maryinka a été effectivement libérée, les troupes ukrainiennes ont été repoussées près d’Orekhovo et l’offensive sur Ugledar a été repoussée.
Ainsi, au moment où les membres du Congrès américain reviendront de leurs vacances, la carte des opérations militaires pourrait considérablement
changer.
L’administration Joe
Biden exige que le Congrès alloue une aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 61,4 milliards de dollars. À titre de comparaison : A ce jour, l’administration Biden a
alloué à Kiev 43,7 milliards de dollars d’aide militaire au régime
Il convient toutefois de comprendre que l’argent supplémentaire ne doit pas aller directement à l’Ukraine. Sur le montant total, 25,9 milliards de
dollars devraient être consacrés à l’achat de nouvelles armes pour l’armée américaine, afin de remplacer celles déjà envoyées en Ukraine à partir des réserves. Il s’agit en fait du
réarmement et de la modernisation de l’armée américaine.
«Les coûts liés à
la poursuite de l’aide à l’Ukraine sont bien plus élevés que ce que la plupart des gens imaginent», écrivent ISW et Critical
Threats dans le rapport.
Les experts américains écrivent que l’administration Biden ne s’arrêtera pas à une allocation ponctuelle d’assistance militaire, même d’un montant de
61,4 milliards de dollars. Les États-Unis ont l’intention de déployer une partie importante de leurs forces terrestres en Europe de l’Est. Les États-Unis devront également déployer un
grand nombre d’avions furtifs en Europe.
La construction et la maintenance de ces avions sont en soit coûteuses. Et les problèmes liés à leur production rapide obligeront les États-Unis à
choisir entre quelle superpuissance contenir en premier.
Selon les conservateurs, les Américains sont menacés par la Chine dans la région Asie-Pacifique, l’Iran par l’Iran au Moyen-Orient et la Russie par
l’Europe. Les Américains ne peuvent pas agir sur les trois fronts en même temps, comme en témoigne l’échec du vote au Congrès : Les États-Unis n’ont tout simplement pas d’argent à
verser simultanément en Ukraine, à Taiwan et en Israël.
La loi martiale en Ukraine interdit aux hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays, bien qu’il existe de nombreuses exceptions au sursis à la
conscription, comme l’absence d’un autre soutien de famille ou la présence de maladies graves et chroniques.
Même le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valery
Zaluzhny dans une interview avec The
Economist, a déclaré qu’il était nécessaire de réduire le nombre de retards, sinon le régime de Kiev ne sera pas en mesure de reconstituer des réserves suffisantes pour
l’armée
Les conscrits potentiels fuient la mobilisation. Le gouvernement ukrainien affirme que plus de 21 000 de ces fugitifs ont été capturés. Parmi eux, 14
300 personnes ont tenté de traverser illégalement la frontière à pied ou à la nage, et près de 7000 ont utilisé de faux documents, notamment médicaux.
La BBC a
estimé que l’arnaque aurait pu coûter à chacun entre 6000 et 10 000 euros.
Kiev n’a pas réussi à étouffer longtemps l’ampleur de la corruption pendant la mobilisation. Même les journalistes ukrainiens, sans parler des
journalistes occidentaux, ont découvert de nombreux faits de corruption parmi les commissaires militaires régionaux. Beaucoup ont gagné de grandes (et parfois de très grandes)
fortunes grâce aux pots-de-vin destinés à échapper à la conscription.
L’ancien commissaire d’Odessa, par exemple, a économisé environ 5 millions d’euros et a même acheté un bien immobilier à Marbella, en Espagne. En août,
un changement complet de tous les commissaires a eu lieu et des poursuites pénales ont été engagées contre 33 commissaires militaires.
Zaloujny a pris le contrôle de la mobilisation, mais la situation ne s’est pas améliorée du tout. L’armée ukrainienne continue de perdre du personnel en
raison de la stupidité des commandants et des politiciens, et les déserteurs continuent de fuir la mobilisation.
La région de la mer Baltique, qui
se distinguait par un faible niveau de confrontation pendant la guerre froide et où dominaient clairement des tendances au développement de la coopération dans divers domaines, tant
bilatéraux que multilatéraux, après la fin de celle-ci, connaît maintenant une situation complètement opposée.
Tout d’abord, il y a eu une consolidation des positions de l’Occident. Après l’entrée de la Finlande dans l’OTAN et l’adhésion attendue de la Suède,
tous les pays de la région, à l’exception de la Russie, deviennent membres de l’OTAN et de l’UE, les deux associations occidentales les plus influentes.
La Russie n’a pas de contradictions aussi sérieuses avec la Suède et la Finlande qu’avec l’Ukraine, mais le potentiel positif de leur politique de
non-alignement est désormais épuisé. Par conséquent, la confrontation actuelle entre la Russie et l’Occident se manifeste de plus en plus ouvertement. La Russie et les autres pays de
la région de la mer Baltique adoptent des positions différentes, voire diamétralement opposées sur les principaux problèmes internationaux. Cela est particulièrement évident en ce qui
concerne les événements en Ukraine, qui reçoit un soutien politique, économique et militaire substantiel de leur part.
La confrontation la plus sérieuse entre la Russie et l’Occident, y compris avec les pays de la région de la mer Baltique, se produit dans le domaine
économique. Dans le cadre de l’UE, les États de cette région non seulement soutiennent les sanctions imposées contre la Russie, mais parfois adoptent également les positions les plus
fermes.
Cela se manifeste également au niveau national, où certains d’entre eux introduisent unilatéralement des mesures restrictives, visant non seulement les
structures officielles et les entreprises, mais aussi les citoyens ordinaires. En conséquence, les liens commerciaux et économiques ont considérablement diminué, et de nombreux
projets de coopération mutuellement bénéfiques ont été abandonnés.
Actuellement, ils sont réduits au minimum. Même la coopération transfrontalière n’a lieu que dans les cas où cela est absolument nécessaire. La
frontière entre la Russie et la Finlande, qui a toujours été caractérisée par un fonctionnement correct et une bienveillance, est maintenant pratiquement fermée.
Il convient de noter en particulier le changement radical de l’atmosphère générale dans la région. Si auparavant elle était caractérisée par la
bienveillance et un certain niveau de confiance, elle est désormais dominée par la suspicion et même l’hostilité.
Ainsi, au lieu d’une zone de coopération, un profond clivage s’est créé entre la Russie d’un côté et les pays occidentaux de l’autre dans la région de
la mer Baltique. La situation actuelle rappelle dans une certaine mesure la situation en Europe centrale pendant la guerre froide, où deux blocs s’opposaient directement l’un à
l’autre.
Par conséquent, il existe désormais une tendance à transformer la région en un deuxième point de confrontation entre la Russie et l’Occident en termes
d’intensité, après l’Ukraine. Il convient de garder à l’esprit que la région de la mer Baltique pourrait être directement affectée en cas d’intensification et d’expansion de la zone
de conflit militaire en Ukraine. Bien que moins probable, il ne faut pas non plus écarter le risque d’une détérioration grave de la situation en Arctique, ce qui aurait également un
impact sur la région de la mer Baltique.
La particularité de la confrontation actuelle entre la Russie et l’Occident est que, contrairement à la guerre froide, où des périodes de tension
alternaient avec des périodes de détente, la ligne de l’escalade prédomine aujourd’hui. La situation est peu susceptible de changer avant la fin des hostilités en Ukraine.
Le bloc occidental devient de plus
en plus inquiet quant à ses intérêts dans son conflit par procuration en Ukraine, et évidemment plus globalement parlant à l’échelle planétaire. Après avoir maintes fois promis de
faire subir la défaite stratégique à la Russie, les régimes de l’Occident se rendent compte que c’est précisément l’inverse qui se produit.
«La Russie de
Poutine se rapproche d’une victoire dévastatrice. Les fondations de l’Europe tremblent» – titre l’un
des principaux quotidiens britanniques The
Telegraph. En ajoutant que la contre-offensive de Kiev s’est soldée par un échec. Et que cela pourrait être le moment de Suez pour l’OTAN.
Cette dernière mention faisant référence vraisemblablement à la nationalisation par l’ancien président égyptien et grand leader panarabe Gamal Abdel
Nasser du canal de Suez en faveur de son pays, qui s’en est suivie d’un conflit entre la République arabe et la coalition composée des régimes britannique, français et israélien. Et
qui était de-facto une défaite internationale aussi bien pour ces derniers, que pour l’axe occidental de manière générale.
Évidemment l’auteur dudit article oublie de rappeler que l’échec de la fameuse contre-offensive n’est pas seulement et tellement un échec de Kiev, mais
bel et bien précisément celui de l’OTAN et du bloc occidental des nostalgiques de l’unipolarité. C’en est bien sûr trop demander à un média britannique. Surtout lorsqu’il est
désormais connu, y compris à travers certaines voix du régime kiévien, que c’est précisément Londres avec Washington qui avaient de-facto interdit de mener des négociations avec la
Russie.
Cela est donc d’autant plus paradoxal que ces voix alarmistes occidentales sont aujourd’hui de plus en plus entendues précisément chez les
anglo-américains – qui avaient choisi de sacrifier la vie d’un grand nombre d’êtres humains, plutôt que d’arriver à une solution juste et équitable. Mais c’est effectivement, encore
une fois, fort révélateur de ce qu’ils représentent réellement. Ainsi que de la tendance en cours au sein de l’axe otanesque et plus généralement parlant parmi tous les nostalgiques
d’une ère unipolaire révolue et terminée.
L’anecdotisme de ce stress observé actuellement en Occident parmi les élites politiques comme médiatiques, est d’autant plus flagrant, surtout
lorsqu’elles font référence aux «fondations de l’Europe qui tremblent» – sachant que c’est encore une fois précisément Washington et Londres qui ont détruit toute souveraineté, même
la plus minimale, au sein de cet espace européen dit bruxellois. L’Europe avait sa chance d’adhérer à l’ordre multipolaire international. Cette chance est aujourd’hui perdue, et pour
longtemps.
Mais l’essentiel effectivement est qu’après avoir promis et répété que la Russie allait subir une défaite stratégique – aujourd’hui ces personnages se
rendent compte que la défaite stratégique arrive précisément pour l’axe occidentalo-otanesque. Avec toutes les conséquences que cela implique.
Car bien évidemment la guerre en cours – ce n’est aucunement un conflit armé entre la Russie et l’Ukraine. C’est une guerre entre la Russie et le bloc
composé de plusieurs dizaines de régimes ennemis otanesques, qui tentent par tous les moyens de réimposer au monde l’ère de l’injustice unipolaire, où une extrême minorité planétaire
pourra maintenir sa domination sur l’écrasante majorité. Et en ce sens c’est de-facto l’un des affrontements contemporains, et peut-être le principal, entre justement cette extrême
minorité arrogante et dépassée contre la majorité non-occidentale, tournée vers l’avenir.
Une chose est sûre. De nombreux mythes sont en train de s’écrouler sous nos yeux. Notamment quant à la «superpuissance et l’ultra-efficacité» de
l’Occident. Le fait de disposer d’un budget militaire de plusieurs fois supérieur à ceux des principales puissances non-occidentales réunies – n’est pas synonyme de succès, ni
d’efficacité. De nuisance – certes. Mais chaque type de nuisance a toujours sa solution.
Quant à la force de l’Occident – la réalité est qu’il n’y en a pas. Si ce n’est que de pouvoir agresser impunément des nations plus
faibles, comme cela était le cas durant des décennies et même des siècles. Pour autant – chaque chose a une fin. Le temps de l’impunité aussi. Stratégiquement parlant – le conflit
«ukrainien» est effectivement également stratégique dans le sens que la Russie en qualité d’une des principales forces promotrices de la multipolarité – affronte un ennemi surarmé,
mais qui maîtrise par la même occasion, du moins en partie, l’art de guerre russe et soviétique. Et ce savoir-faire a démontré, continue de le faire et le fera encore – être bien
au-dessus des prétendus génies militaires otano-occidentaux.
D’où la panique à bord du bateau à la dérive et qui approche la fin de son cycle de vie.
Ce qui se cache derrière les mensonges de Benjamin Netanyahu et les esquives du Hamas
par Thierry Meyssan
La version officielle de la guerre Hamas-Israël pose plus de questions qu’elle ne permet d’y répondre. L’auteur souligne ici sept contradictions majeures. À la réflexion, le Hamas et
Benjamin Netanyahu, loin d’être des ennemis, agissent de concert sans égard pour la vie des Palestiniens et des Israéliens. Derrière eux les États-Unis et le Royaume-Uni tirent les
ficelles.
Nous réagissons à l’attaque contre Israël le 7 octobre et au massacre des civils palestiniens à Gaza en fonction des informations dont nous disposons. Or, nous
sentons bien que la version officielle du gouvernement israélien et du Hamas est mensongère.
Sept questions majeures questions restent sans réponse :
• Comment le Hamas a-t-il pu creuser et aménager 500 kilomètres de tunnels à 30 mètres de profondeur sans éveiller
l’attention ?
Le matériel de forage des tunnels est considéré comme à double emploi civil et militaire. Il n’est pas fabriqué à Gaza et ne peut en aucun cas y entrer, sauf
complicité au sein de l’administration israélienne.
La terre excavée (1 million de m3) n’a pas été repérée par la surveillance aérienne. Même en supposant qu’elle ait été dispersée en de nombreux endroits
différents et mêlée à celle de chantiers en cours, il est impossible que, durant vingt ans, les services de Renseignement israéliens n’aient rien détecté.
Le matériel d’aération des tunnels n’est pas considéré comme à usage militaire. Il est possible de le faire entrer à Gaza, mais la quantité nécessaire aurait
dû attirer l’attention.
Le béton armé nécessaire pour solidifier les parois n’est pas fabriqué à Gaza. Lui aussi, il n’est pas considéré comme un matériel militaire, mais la quantité
nécessaire aurait dû attirer l’attention.
• Comment le Hamas a-t-il pu stocker un tel arsenal ?
Le Hamas, branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans, dispose d’une grande quantité de roquettes et d’armes de poing. Certes, il a pu
fabriquer lui-même certaines parties des roquettes, mais il est parvenu à importer, principalement d’Ukraine, et à faire entrer des milliers d’armes de poing à Gaza, malgré des scanners très
performants. Cela paraît impossible sans complicité au sein de l’administration israélienne.
• Pourquoi Benjamin Netanyahu a-t-il écarté tous ceux qui l’ont prévenu ?
Le ministre égyptien du Renseignement, Kamel Abbas, lui a personnellement téléphoné pour le mettre en garde contre une attaque majeure du
Hamas. Son ami, le colonel Yigal Carmon, directeur du Memri, l’a personnellement mis en garde contre une attaque majeure du Hamas. La CIA a envoyé à Israël deux rapports de renseignement mettant en garde contre une attaque majeure du Hamas. Le ministre de la Défense, Yoav Galland, a été limogé en juillet parce qu’il avait mis en garde le gouvernement contre la « tempête parfaite »,
préparée par le Hamas.
• Pourquoi Benjamin Netanyahu a-t-il démobilisé les forces de sécurité le 6 octobre au soir ?
Le Premier ministre a autorisé les Forces de sécurité à lever le pied à l’occasion des fêtes de Sim’hat Torah et de Chemini Atseret. Il n’y avait donc pas, au
moment de l’attaque, le personnel nécessaire pour surveiller la barrière de sécurité autour de Gaza.
• Pourquoi les responsables de la Sécurité sont-ils restés enfermés au siège du Shin Bet ce
matin-là ?
Le directeur du contre-espionnage (Shin Bet), Ronen Bar, avait convoqué une réunion des responsables de tous les services de sécurité, le 7 octobre à 8 heures
du matin, pour examiner le second rapport de la CIA alertant sur une opération majeure du Hamas en préparation. Or, l’attaque a débuté le même jour à 6 heures 30. Les responsables de sécurité n’ont pas réagi avant 11 heures. Qu’ont fait ces responsables durant cette
interminable réunion ?
• Qui a enclenché la « directive Hannibal » de cette manière et pourquoi ?
Lorsque les Forces de sécurité ont commencé à réagir, les FDI ont reçu l’ordre d’appliquer la « directive Hannibal ». Celle-ci stipule de ne pas
laisser les ennemis prendre des soldats israéliens en otages, quitte à les tuer. Une enquête de la police israélienne atteste que l’aviation israélienne a bombardé la foule qui fuyait la Rave
Party Supernova. Une part importante des morts du 7 octobre ne sont donc pas des victimes du Hamas, mais de la stratégie israélienne. Or, la « directive Hannibal » ne s’applique en théorie qu’aux soldats. Qui a décidé de bombarder une foule de civils israéliens et
pourquoi ? Il n’est pas possible aujourd’hui de déterminer avec certitude quels Israéliens ont été tués par les assaillants et quels autres l’ont été par leur propre
armée.
• Pourquoi les forces occidentales menacent-elles Israël ?
Le Pentagone a déployé deux groupes navals, autour de l’USS Gerald Ford et de l’USS Eisenhower, et un sous-marin porteur de missiles de croisière, l’USS Florida. Haaretz a même évoqué un troisième porte-avions. Les alliés des États-Unis (Arabie saoudite, Canada, Espagne, France, Italie) ont installé des
chasseurs-bombardiers dans la région. Ces forces ne sont pas installées pour menacer la Türkiye, le Qatar ou l’Iran, que la presse occidentale accuse d’être impliqués dans l’attaque du Hamas, mais au
large d’Israël, à Beyrouth et à Hamat. C’est Israël qu’elles encerclent. Et Israël seul.
QUE CACHENT CES MYSTÈRES ?
À l’évidence la version défendue à la fois par le Hamas et par Israël est fausse. Nous devons envisager d’autres explications possibles afin de ne pas nous faire
manipuler, ni par les uns, ni par les autres.
Formulons une hypothèse. Rien ne permet de dire si c’est la bonne, mais elle est compatible avec les éléments factuels, ce qui n’est pas le cas de la version
aujourd’hui partagée par tous. Elle est donc meilleure que celle-là. Elle est évidemment extrêmement choquante, mais seuls ceux qui sont capables de répondre aux 7 questions précédentes peuvent
l’écarter.
Cette interprétation repose sur une analyse de la structure complexe du Hamas, dont les combattants de base ignorent ce que trament leurs dirigeants. La
voici :
L’ensemble de l’opération du Hamas et d’Israël est pilotée par des États-uniens, peut-être sous la direction du straussien Eliott Abrams [1] et de sa Vandenberg Coalition (Think Tank qui a succédé au Project for a New American Century). La Confrérie des Frères
musulmans et les sionistes révisionnistes, qui apparemment se livrent une guerre cruelle, sont en réalité complices sur le dos des combattants de base du Hamas, sur celui du Peuple palestinien et
sur celui des soldats israéliens. Voici leur plan : le Hamas est présenté comme la seule force de Résistance efficace à l’oppression des Palestiniens, mais il laisse Israël liquider l’espoir
d’un État palestinien, tandis que la Confrérie des Frères musulman, auréolée du sacrifice des Palestiniens, prend le pouvoir dans le monde arabe.
Les chefs de la branche militaire et de la branche politique du Hamas sont tous deux subordonnés au Guide de la Confrérie des Frères musulmans à Gaza, Mahmoud
Al-Zahar, le successeur de cheik Ahmed Yassine, dont pourtant personne ne parle. De son point de vue, la Confrérie sera la grande gagnante du « Déluge d’Al-Aqsa », y compris si Gaza est
rasée et les Palestiniens chassés de leur terre.
Rappelons que le Hamas est aujourd’hui divisé en deux factions. La première, sous l’autorité d’Ismaël Haniyeh, reste sur la ligne de la Confrérie. Elle ne cherche
ni à libérer la Palestine de l’occupation israélienne, ni à fonder un État palestiniens, mais se consacre à l’édification d’un Califat sur tous les pays du Moyen-Orient. La seconde, sous
l’autorité de Khalil Hayya, a abandonné l’idéologie de la Confrérie, et se bat pour mettre fin à l’oppression du Peuple palestinien par les Israéliens.
La Confrérie des Frères musulmans est une société secrète politique, organisée par les services de Renseignement britanniques sur le modèle de la Grande Loge unie
d’Angleterre [2] Elle a progressivement été récupérée par la
CIA au point d’être représentée au sein du Conseil de sécurité nationale des États-Unis. Après l’effondrement des régimes islamistes du printemps arabe, la Confrérie s’est fracturée en deux
tendances. Le Front de Londres, autour du Guide Ibrahim Munir (mort il y a un an), propose de sortir de la crise en quittant le champ politique et en obtenant la libération des prisonniers en
Égypte. Le Front d’Istanbul, dirigé par le Guide intérimaire Mahmoud Hussein, préconise au contraire de ne rien changer et de continuer la lutte pour instaurer un Califat. Un troisième groupe
tente de fixer une position intermédiaire en avançant l’idée d’abandonner la politique, le temps d’obtenir la libération des prisonniers, pour mieux la reprendre par la suite.
Les Frères musulmans combattent pour prendre le pouvoir dans tous les États arabes, comme ils l’ont fait en Égypte en 2012-13. Rappelons que, contrairement à l’opinion répandue en Occident, Mohamed Morsi n’a jamais été élu démocratiquement président de l’Égypte, ce fut le général Ahmed
Chafik. Toutefois, la Confrérie ayant menacé de mort les membres de la Commission électorale et leurs familles, celle-ci, après 13 jours de résistance, déclara Morsi élu, malgré le résultat des
urnes. Par la suite, en 2013, 40 millions d’Égyptiens défilèrent contre lui, demandant à l’armée de les délivrer des Frères musulmans. Ce que le général Abdel Fatah Al-Sissi fit.
Aujourd’hui, les Frères musulmans ne sont aux affaires qu’en Tripolitaine (Ouest de la Libye) où ils ont été placés au pouvoir par l’Otan. Ils ne sont les
bienvenus qu’au Qatar et en Türkiye (qui n’est pas un État arabe). Ils sont interdits dans la majorité des États arabes, notamment en Arabie saoudite (dont ils ont tenté de renverser le
monarque en 2013) et aux Émirats arabes unis (impliquant la crise entre le Qatar et les autres États du Golfe). Et surtout en Syrie (dont ils ont tenté de renverser le gouvernement en 1982 et
à laquelle ils ont livré une guerre, de 2011 à 2016, aux côtés de l’Otan et d’Israël). Ils sont sur le point de l’être en Tunisie (qu’ils ont dirigée durant une décennie).
Si le véritable objectif de ce massacre n’est pas le statut de la Palestine, mais la gouvernance des États arabes, nous devons nous attendre à une vague de
changement de régimes au Moyen-Orient, chaque fois au profit de la Confrérie, bref, à une sorte de second « printemps arabe » [3].
Comme lors du printemps arabe, les services britanniques assurent la communication de la Confrérie. On se souvient de la manière dont ils ont fait la promotion
du Frère Abdelhakim Belhaj en Libye [4] ou des magnifiques logos qu’ils avaient
conçus pour la kyrielle de groupe jihadistes en Syrie. Des fuites au Foreign Office ont permis de confirmer tout cela. Cette fois, ils ont créé un nouveau personnage, Abou Obeida, le
porte-parole de l’organisation combattante à Gaza. Cet homme, inconnu il y a peu, est subitement devenu une star dans le monde musulman où l’on s’arrache des posters à son effigie. Longuement
formé à la prise de parole, il manie les symboles avec une aisance sans précédant chez des leaders sunnites.
Les gouvernements arabes agissent donc avec prudence en soutenant la création d’un État palestinien tout en se tenant à distance du Hamas. Tandis que le
Hamas fait tout pour rendre impossible la création d’un État palestinien.
Ukraine : Point de
situation présenté par Jacques Baud sous le titre : «Zelensky n’est plus soutenu par sa
propre population».
À défaut d’être soutenu par sa propre population, Zelensky est toujours soutenu par les médias occidentaux les plus néocons comme Politico ou The
Time.
Le lecteur notera avec intérêt que ces journaux néocons reprennent avec enthousiasme le narratif
du Jerusalem
Post.
Y aurait-il, par le plus grand des hasards, un lien entre le néoconservatisme mondial et la droite dure israélienne ? Entre l’Ukraine et Israël ? Entre
les médias occidentaux et les médias israéliens ?
Jacques Baud nous fait sa MASTERCLASSE qui va casser Internet !
Ancien colonel de l’armée suisse, analyste stratégique et spécialiste du renseignement et du terrorisme, Baud n’est plus à présenter.
C’est l’analyste que nous avons interviewé dans cette exceptionnelle entrevue sur l’avenir du conflit en Ukraine, celui de la Russie, l’implication des
services américains et nous fait une révélation sur un rapport de la RAND explosif dont personne ne parle.
Nonobstant l’article d’opinion de
Biden, l’administration Biden pourrait s’avérer vulnérable aux pressions, car les perspectives électorales démocrates pour 2024 en prennent un coup.
Les services de renseignement américains
et israéliens avaient déjà exprimé leur certitude que les dirigeants du Hamas et leur QG se trouvaient sous l’hôpital Al-Shifa. Il était largement admis que, l’hôpital étant
encerclé, le monde était sur le point de voir les dirigeants collectifs du Hamas sortir des sombres profondeurs de leurs bunkers, les mains en l’air, pour être ensuite emmenés,
ignominieusement, comme des captifs.
Tel était le scénario.
Mais cela ne s’est pas produit. Au contraire, les efforts ineptes des Israéliens en matière de relations publiques – qui se poursuivent toujours – pour prouver la validité de
l’affirmation des services de renseignement israéliens selon laquelle il y avait un QG du Hamas sous l’hôpital ont été largement ridiculisés dans le monde entier. Ce qui a suivi,
cependant, c’est la grave conséquence de l’encerclement ou de l’attaque des hôpitaux palestiniens, accréditant ainsi pour beaucoup l’idée que l’affirmation initiale des services de
renseignement est devenue le prétexte à une destruction plus large de l’infrastructure humanitaire de la bande de Gaza, de manière à imprégner la conscience palestinienne de la
conviction qu’avec des maisons, des écoles et des hôpitaux détruits, comment pourraient-ils revenir ? Il n’y aurait plus rien pour soutenir l’existence sociale.
Je me souviens d’un épisode similaire lors de la guerre de 2006 contre le Hezbollah. Les Israéliens étaient convaincus de connaître l’emplacement précis
de Dahiya, à Beyrouth, où était caché le commandement du Hezbollah ; ils l’ont bombardé à fond. Seul le Hezbollah – comme le Hamas aujourd’hui – n’y était pas. En 2006, j’ai écrit une
analyse en deux parties qui décrivait comment le Hezbollah avait gagné la «guerre» du renseignement et avait fourni de faux renseignements à Tel-Aviv. Le Hamas a peut-être appris une
ou deux choses…
Toute la «stratégie Hamas» israélienne a été construite autour de l’hypothèse de la direction collective du Hamas cachée sous Al-Shifa : Leur reddition
anticipée était censée annoncer une fin rapide et séduisante de la révolte du Hamas, et la possibilité de passer à la vitesse supérieure pour amener les Européens à faire pression sur
l’Égypte pour qu’elle accueille la population
déplacée de Gaza pour des «raisons humanitaires». La présidente de l’UE, von der Leyen, se serait rendue en Égypte et en Jordanie pour leur présenter des offres
financières (10 milliards de dollars pour l’Égypte et 5 milliards de dollars pour la Jordanie), en échange de la dispersion des habitants de la bande de Gaza et de la
facilitation de l’évacuation de la population palestinienne de la bande de Gaza, conformément aux objectifs désormais explicitement énoncés par Israël.
Cependant, le tweet de l’ancienne ministre Ayalet Shaked, «Après avoir
transformé Khan Yunis en terrain de football, nous devons dire aux pays que chacun d’entre eux prend un quota : Nous avons besoin que les 2 millions d’habitants partent. C’est la
solution pour Gaza» – en étant aussi explicite, il a probablement torpillé l’initiative de von der Leyen. Aucun État arabe ne veut être complice d’une nouvelle Nakba.
Des ministres, des membres de la Knesset et des généraux à la retraite ont causé d’autres dommages diplomatiques en appelant au transfert des Palestiniens à l’étranger, à
l’utilisation d’une bombe atomique sur la bande de Gaza et à ne pas se laisser décourager par l’apparition d’épidémies, qui ne feraient qu’accélérer la victoire israélienne.
Un échange d’otages est provisoirement convenu. En fin de compte, Netanyahou a cédé aux pressions exercées par les familles des otages – et par les
États-Unis – au sein d’une société israélienne fracturée. La question est maintenant de savoir quelle sera la nouvelle issue à la trêve de l’échange d’otages : La même chose ou une
destruction plus sévère, cette fois dans le sud de Gaza ?
Une faction veut renforcer les pressions militaires (dans l’espoir de forcer d’autres libérations d’otages). Une autre veut simplement raser Gaza et
créer une crise humanitaire telle que l’Occident ne voit pas d’autre solution que la réinstallation de la population en Égypte, en Jordanie ou ailleurs. La Jordanie et l’Égypte
résistent fermement à ces menaces et aux incitations promises.
D’après mon expérience, une Hudna est inévitablement très précaire. Les deux principales leçons que j’ai tirées de mes tentatives d’instaurer des trêves
pendant la seconde Intifada sont qu’une «trêve est une trêve» – et seulement cela : Les deux parties l’utilisent pour se repositionner en vue de la prochaine série de combats. La
seconde était que le «calme» dans une localité confinée ne propage pas la désescalade dans une autre localité géographiquement séparée, mais plutôt qu’une flambée de violence extrême
est viralement contagieuse – et se propage géographiquement instantanément.
L’échange d’otages actuel est centré sur Gaza. Cependant, les Israéliens ont trois fronts de conflit ouvert (Gaza, la frontière nord et la Cisjordanie).
Un incident grave survenant sur l’un de ces trois fronts peut suffire à ébranler la confiance dans l’entente avec Gaza et à relancer l’assaut israélien sur Gaza.
À la veille de la trêve, par exemple, les forces israéliennes ont lourdement bombardé la Syrie et le Liban. Sept combattants du Hezbollah ont été
tués.
Une libération d’otages, en soi, ne résout rien. Qu’est-ce que tout cela implique pour le déroulement de la guerre ? La faction du cabinet de guerre
dirigée par Gantz et Eisenkot, qui avait soutenu qu’Israël devait sauver tous les otages qu’il pouvait, l’a emporté lors d’une réunion tendue de trois heures.
L’armée israélienne a déjà annoncé son intention de reprendre les combats immédiatement après la fin du cessez-le-feu : Les responsables israéliens ont
déclaré à leurs homologues américains qu’ils prévoyaient encore plusieurs semaines d’opérations dans le nord, avant de se concentrer sur le sud. Les porte-parole américains ont
explicitement donné leur feu vert à la poursuite de l’action militaire israélienne et au déplacement de l’attention vers le sud de la bande de Gaza, avec toutefois une mise en garde
pro forma : «Nous pensons à la
fois qu’ils ont le droit de le faire, mais qu’il y a une réelle inquiétude, parce que des centaines de milliers de résidents de Gaza ont fui du nord vers le sud à la demande
d’Israël», a déclaré un conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis.
Il est donc probable que les faucons du cabinet comprennent que le temps est limité (quelques semaines, peut-être) et que, s’ils sont honnêtes avec
eux-mêmes, ils reconnaissent qu’ils n’ont pas commencé le travail de dégradation significative du Hamas.
Nonobstant l’article d’opinion de Biden, l’administration Biden pourrait s’avérer vulnérable aux pressions, car les perspectives électorales des
démocrates pour 2024 en prennent
un coup. Les États-Unis sont divisés sur la question des Israéliens et de la Palestine. La fenêtre de Biden pourrait donc s’avérer beaucoup plus courte que ne le laisse penser
l’article d’opinion de Biden.
Le calendrier du Hamas est probablement plus long, s’il est vrai que ses installations souterraines sont bien approvisionnées. Jusqu’à présent, les FDI
se sont appuyées sur des chars et des véhicules blindés de transport de troupes pour leurs opérations à Gaza, avec peu de patrouilles à pied pour prévenir les attaques contre leurs
blindés. En conséquence, les FDI subissent des pertes considérables de blindés, mais leur priorité absolue est la protection de la force.
En fin de compte, l’affaiblissement de la principale force du Hamas nécessite précisément ce type de conflit que les Israéliens veulent à tout prix
éviter. Le commandement israélien n’est pas convaincu de pouvoir l’emporter dans un environnement urbain en ruine, dans le cadre d’une guerre au corps à corps. Il se trouve que c’est
aussi l’espace de combat dans lequel le Hamas est le plus compétent.
Les bombardements intensifs de la surface de Gaza ne sont pas une solution de remplacement : L’invasion des hôpitaux et la destruction des habitations
ne mettront pas fin aux agissements du Hamas. De plus en plus de civils mourront et, à mesure que les conditions météorologiques se détérioreront et que les maladies se répandront, la
situation à Gaza sera tout simplement perçue partout (sauf par certaines élites occidentales) comme tout à fait inacceptable et intolérable. La colère grandissante servira à
raccourcir le délai de guerre le plus court (la «latitude» israélienne de continuer à décimer Gaza). Les doutes des élites israéliennes augmentent également.
Parallèlement à Gaza, la Cisjordanie apparaît rapidement comme un troisième front dans la guerre israélienne. L’attention se concentre naturellement sur
Gaza et sur les échanges de tirs quotidiens à la frontière nord, qui se sont considérablement intensifiés au cours des deux derniers jours. Pourtant, entre ces deux derniers, le front
de la Cisjordanie s’intensifie – certes de façon limitée, mais avec des conséquences non moins importantes : Depuis le 7 octobre, 210 Palestiniens ont été tués et plus de 2800 blessés
en Cisjordanie.
Plus largement, des groupes irakiens poursuivent leurs attaques contre les bases américaines en Syrie et en Irak : Les bases et les troupes américaines
en Irak et en Syrie ont subi des attaques quasi-quotidiennes par des tirs de roquettes et des drones, enregistrant au moins 65 incidents depuis le 17 octobre. Les forces armées
yéménites, dans le cadre d’une escalade maritime majeure, ont saisi un cargo israélien (48 710 tonnes brutes), le Galaxy Leader, en mer Rouge.
La position élucidée par Biden entraînera un allongement et un élargissement de la guerre. La colère froide dans la sphère islamique commencera
également à forcer l’action des États islamiques hésitants (peu enclins à couper avec «Israël» ou les États-Unis) : Si les Israéliens étranglent l’approvisionnement en carburant de
Gaza, pourquoi les producteurs d’énergie ne pourraient-ils pas comprimer les approvisionnements israéliens jusqu’à ce qu’ils autorisent la libre circulation du carburant dans la bande
de Gaza ? La pression en faveur de ce type d’action va inévitablement s’accentuer, à mesure que la misère de Gaza s’étend et que la situation en Cisjordanie devient plus
incendiaire.
Le système d’alliances des États-Unis est souvent qualifié d’empire,
et pour cause. Mais il s’agit d’une forme particulière d’empire, dans lequel le centre métropolitain semble dirigé et gouverné par la périphérie. Dans l’idée classique de l’empire, la domination
va du haut vers le bas. Ce n’est pas le cas ici.
Cette inversion n’est
nulle part plus évidente que dans les relations entre les États-Unis et Israël. Biden a réagi aux attentats du 7 octobre en apportant un soutien total à Israël dans son objectif de destruction du
Hamas. Le même schéma se retrouve dans la politique à l’égard de l’Ukraine. Pendant 18 mois, l’administration Biden n’a pas osé fixer de limites aux objectifs de guerre de l’Ukraine, sauf celui,
absurde, d’une victoire totale sur la Russie, avec Vladimir Poutine sur le banc des accusés à la fin.
Ces certitudes ont toutefois commencé à s’ébranler. Au sein de l’administration, il semble que l’on ait pris conscience, ces dernières semaines, qu’aucun de ces
deux objectifs n’était atteignable. L’essentiel des rapports récents est le suivant : les Ukrainiens sont en train de perdre la guerre et doivent reconnaître ce fait, mieux vaut maintenant que
trop tard. Les Israéliens se comportent de manière barbare et doivent être maîtrisés, faute de quoi notre réputation dans le monde sera ruinée.
Sur le front de l’Ukraine, il y a eu deux bombes. La première fut le reportage de NBC brossant un tableau désastreux de la situation
militaire et rapportant que des diplomates américains et européens essayaient d’expliquer à l’Ukraine la nécessité de restreindre ses objectifs. Il est trop tard pour espérer autre chose qu’une
impasse, a déclaré un ancien fonctionnaire de l’administration : “il est temps de conclure un accord“.
D’autre part, un long essai paru dans le Time a dépeint Zelensky comme une figure messianique et
fanatique, déconnectée des perspectives d’avenir de l’Ukraine qui se dégradent. La corruption est encore pire que ce que l’on prétend. L’Occident fait des pieds et des mains pour obtenir des
équipements militaires essentiels. L’armée ukrainienne ne parvient pas à trouver de nouvelles recrues. Des crédits supplémentaires du Congrès, même les 61 milliards de dollars demandés par l’administration, ne peuvent résoudre aucun de ces problèmes.
Pendant 18 mois, l’administration Biden a insisté sur le fait que les objectifs de l’Ukraine lui appartenaient entièrement et que les États-Unis les soutiendraient
quoi qu’il arrive. Avec l’échec presque total de l’offensive ukrainienne de l’été, l’administration semble se dégonfler. Tout cela est très secret, des discussions “discrètes” étant réputées se dérouler en coulisses. Il est
probable, en effet, que les conseillers de Biden soient divisés. Bien que la politique officielle n’ait pas changé d’un iota, l’élan est clairement là.
Le problème d’Israël est encore plus aigu. Selon des informations largement répandues, Joe Biden et ses conseillers estiment qu’Israël s’est lancé dans un projet fou à Gaza. Ils considèrent que les États-Unis, qui ont donné à Israël un feu vert, un
chèque en blanc et des tonnes de bombes, seront tenus directement responsables des terribles conséquences humanitaires. Ils ne pensent pas qu’Israël ait défini un objectif cohérent. Ils craignent de soutenir une énormité morale. Ils constatent que le soutien des autres s’effondre rapidement.
Au cours du mois dernier, Biden a mis en garde les Israéliens contre la colère et la vengeance en représailles du 7 octobre, leur a déconseillé une invasion
terrestre de Gaza et a insisté pour qu’Israël cherche à éviter autant que possible la mort de civils. Les conseillers militaires de Biden recommandent d’utiliser des bombes plus petites. L’érosion du soutien, a déclaré son administration aux Israéliens, “aura des conséquences stratégiques désastreuses pour les opérations
des Forces de défense israéliennes contre le Hamas“. Le week-end dernier, le secrétaire d’État Antony Blinken a présenté ces idées au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et lui a
demandé une “pause humanitaire“.
J’ai une idée. Les États-Unis pourraient menacer de suspendre les livraisons militaires à Israël s’il n’accepte pas un cessez-le-feu. Cela pourrait faire
impression. Toutefois, depuis George H.W. Bush, aucun président n’a voulu défier Israël. L’approche des États-Unis au cours des 30 dernières années, comme aujourd’hui, a été celle d’un ami
indéfectible : “C’est vraiment pour votre bien, mais nous
n’oserions pas l’exiger de vous“.
Serrer les Israéliens dans ses bras et les rassurer sans cesse sur leur engagement indéfectible : Voilà comment finir une discussion avec eux.
Certains dirigeants israéliens ont répondu à cette approche, mais Benjamin Netanyahu n’a jamais été l’un d’entre eux. Le commentaire de Bill Clinton après sa première rencontre avec Netanyahou en 1996 – “Qui est la putain de superpuissance ici ?” – reflète le jugement
réfléchi de Bibi selon lequel il peut susciter une opposition intérieure aux États-Unis qui annulera toute menace de la part d’un président américain.
Aujourd’hui, 66 % des Américains souhaitent un cessez-le-feu, selon un sondage, mais moins de 5 % des membres de la Chambre des représentants sont de cet avis ; Bibi sait donc peut-être de quoi il parle. L’AIPAC est occupé à lancer des attaques contre les quelques membres courageux du Congrès qui ont critiqué Israël et appelé à un cessez-le-feu.
Mais Biden doit se préoccuper du rôle plus important de l’Amérique dans le monde et il est conscient que ce qui se prépare à Gaza va probablement ruiner la
légitimité de l’Amérique. Qui, dans les pays non occidentaux, pourra supporter à nouveau une leçon de morale de la part des États-Unis sur leur engagement zélé en faveur des droits de l’homme ?
Quel sera l’impact sur le dossier de l’Amérique contre la Russie ?
Si l’on s’en tient aux tendances actuelles – pas de sortie vers le Sinaï pour la masse de la population de Gaza, effondrement complet des systèmes de santé et d’assainissement, pression militaire et blocus économique israéliens incessants, 1,5 million de personnes déjà déplacées – il
est difficile d’imaginer que le nombre total de victimes parmi les habitants de Gaza puisse être inférieur à plusieurs centaines de milliers. Il est probable que les maladies et les épidémies
seront beaucoup plus nombreuses que les balles et les bombes. Comme l’a déclaré Netanyahu, cette expérience restera gravée dans les mémoires “pendant
des décennies“.
Et si elle s’inscrivait dans l’opinion publique mondiale comme un crime historique ?
Il est incroyable que les partisans de la guerre totale contre le Hamas invoquent Dresde, Hiroshima et d’autres atrocités pour justifier leur démarche, négligeant le fait que ni l’Allemagne ni le Japon n’avaient personne pour pleurer sur eux
après la guerre, alors que les Palestiniens ont 1,8 milliard de musulmans pour pleurer sur eux aujourd’hui.
Il est évident qu’Israël ne peut pas poursuivre jusqu’au bout son objectif de destruction du Hamas sans provoquer des morts à une échelle biblique. Il n’y a aucune
raison pour que les États-Unis adhèrent à ces objectifs.
Le choix de Biden est de soit se montrer ferme avec les Israéliens soit d’accepter ce qu’il craint d’être une gigantesque catastrophe.
Il existe des précédents de fermeté, mais ils sont certes lointains. Dwight Eisenhower l’a fait en 1956 à propos de l’aventure anglo-franco-israélienne de Suez.
Bush I l’a fait en 1991 à propos des garanties de prêt accordées à Israël.
Mais l’exemple le plus marquant est celui de 1982, lorsque Ronald Reagan a demandé au Premier ministre israélien Menachem Begin de cesser les bombardements
israéliens sur Beyrouth. “Menachem“, a dit Reagan,
“c’est un holocauste“. À la surprise de Reagan, sa
menace d’une réévaluation angoissante a fonctionné. “Je ne
savais pas que j’avais un tel pouvoir“, a-t-il déclaré à son assistant Mike Deaver. Au moment de la menace de Reagan, le bilan de deux mois et demi de guerre avoisinait les 20 000 morts, dont près de la moitié étaient des civils.
Biden aura-t-il la volonté d’affronter Netanyahou ?
Son administration forcera-t-elle l’Ukraine à s’asseoir à la table des négociations ?
Dans notre drôle d’empire, où ce sont les vassaux qui mènent la danse, des tendances profondément ancrées dictent une réponse négative à ces deux questions, alors
qu’une politique avisée dicterait des réponses positives. Le moment est peut-être venu d’adopter une nouvelle politique dans laquelle l’Amérique favorise ses propres intérêts nationaux plutôt que
les leurs.
David C.
Hendrickson
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La patience stratégique de la Russie et de la Chine va-t-elle éteindre l’incendie au Moyen-Orient ?
Il était une fois, au bord du fleuve Don, dans les steppes du sud de ce que l’on appelle encore aujourd’hui «l’Ukraine», le grand roi de Perse, le
puissant Darius, à la tête de la plus puissante armée jamais rassemblée sur terre, qui reçut un message déroutant d’un ennemi qu’il poursuivait : le chef nomade Idanthyrsus, roi des
Scythes.
Un envoyé scythe arriva au camp perse avec un oiseau, une souris, une grenouille et cinq flèches.
Puis il s’en alla précipitamment.
Le rusé Darius interpréta le message comme une volonté des Scythes de se soumettre aux Perses.
Pas si vite. Ce fut au conseiller principal en politique étrangère de Darius, Gobryas, qui était aussi son beau-frère, de déchiffrer le code :
«Si vous, les
Perses, ne vous transformez pas en oiseaux et ne volez pas dans les airs, en souris et ne vous enfoncez pas dans le sol, en grenouilles et ne sautez pas dans les lacs, vous ne
rentrerez jamais chez vous, mais resterez ici, dans ce pays, pour être abattus par les flèches des Scythes».
Apparemment, ce récit tiré des profondeurs des routes de la soie prouve le cauchemar stratégique que représente la guerre contre les insaisissables
archers nomades à cheval dans les steppes eurasiennes.
Mais il pourrait aussi s’agir d’un récit sur la guerre contre des guérilleros urbains invisibles en sandales et RPG cachés dans les décombres à Gaza ;
des mini-équipes éclair émergeant de tunnels pour frapper et brûler des chars Merkava avant de disparaître sous terre.
L’histoire nous apprend également que Darius n’a pas réussi à affronter les nomades scythes. C’est pourquoi, à l’automne 512 avant J.-C., il a eu
recours à un stratagème préaméricain en Afghanistan, 2500 ans avant les faits : il a déclaré la victoire et s’en est allé.
Ce porte-avions
débarqué
Tous ceux qui connaissent le Moyen-Orient – des généraux américains aux épiciers de la rue arabe – savent qu’Israël est un porte-avions terrestre dont
la mission est de maintenir le Moyen-Orient sous contrôle pour le compte de l’Hégémon.
Bien sûr, dans un environnement géopolitique où le chien mange le chien, il est facile de se méprendre sur toutes les manigances du chien. Ce qui est
certain, c’est que pour les cercles hégémoniques de l’État profond américain, et certainement pour la Maison-Blanche et le Pentagone, ce qui compte dans la conjoncture incandescente
actuelle, c’est le gouvernement Netanyahou uber-extrême/génocidaire dirigé par le Likoud en Israël, et non pas «Israël» en tant que tel.
Cela projette Netanyahou comme l’image exacte de l’acteur en sweat-shirt assiégé à Kiev. C’est un véritable cadeau géopolitique – en termes de
détournement du blâme de l’Hégémon pour un génocide diffusé en direct sur tous les smartphones de la planète.
Et tout cela sous un vernis de légalité – comme la Maison-Blanche et le département d’État «conseillant» à Tel-Aviv d’agir avec modération ; oui, vous
pouvez bombarder des hôpitaux, des écoles, des travailleurs médicaux, des journalistes, des milliers de femmes, des milliers d’enfants, mais s’il vous plaît, soyez gentils.
Pendant ce temps, l’Hégémon a déployé une armada en Méditerranée orientale, avec deux baignoires en fer très coûteuses, des groupes de porte-avions
désolés et un sous-marin nucléaire à proximité du golfe Persique. Ce n’est pas exactement pour surveiller les guérillas dans les tunnels souterrains et pour «protéger» Israël.
Les cibles ultimes – néocons et sio-con – sont bien sûr le Hezbollah, la Syrie, les Hashd al-Shaabi en Irak et l’Iran : tout l’Axe de la
Résistance.
L’Iran, la Russie et la Chine, le nouvel «axe du mal» défini par les néocons, qui se trouvent être les trois principaux acteurs de l’intégration de
l’Eurasie, ont interprété le génocide de Gaza comme une opération israélo-américaine. Et ils ont clairement identifié le vecteur clé : L’énergie.
L’inestimable Michael Hudson a noté que «nous assistons
ici à quelque chose qui ressemble beaucoup aux Croisades. C’est une véritable lutte pour savoir qui va contrôler l’énergie, parce que, encore une fois, la clé, si vous pouvez
contrôler le flux mondial d’énergie, vous pouvez faire au monde entier ce que les États-Unis ont fait à l’Allemagne l’année dernière en faisant exploser les pipelines Nord
Stream».
Les BRICS 10 en
mouvement
Cela nous amène au cas fascinant de la délégation des ministres des Affaires étrangères de l’OCI et du monde arabe, actuellement en tournée dans
certaines capitales pour promouvoir leur plan en faveur d’un cessez-le-feu total à Gaza et de négociations en vue de la création d’un État palestinien indépendant. La délégation,
appelée Groupe de contact pour Gaza, comprend notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie, la Turquie, l’Indonésie, le Nigeria et la Palestine.
Leur première étape a été Pékin, où ils ont rencontré Wang Yi, et leur deuxième étape a été Moscou, où ils ont rencontré Sergueï Lavrov. Cela nous dit
tout ce qu’il faut savoir sur les BRICS 11 en action – avant même qu’ils n’entrent en action.
En fait, il s’agit des BRICS 10, car après l’élection du sioniste pro-hégémon Javier «Massacre à la tronçonneuse» Milei à la présidence, l’Argentine est
désormais hors-jeu, et peut-être écartée d’ici le 1er janvier 2024, date à laquelle les BRICS 11 commenceront sous la présidence de la Russie.
La conférence spéciale de l’OCI et de la Ligue arabe sur la Palestine en Arabie saoudite a débouché sur une déclaration finale peu convaincante qui a
déçu la quasi-totalité du Sud mondial et de la Majorité mondiale. Mais quelque chose a commencé à bouger.
Les ministres des Affaires étrangères ont commencé à se coordonner étroitement. D’abord l’Égypte avec la Chine, après une coordination antérieure avec
l’Iran et la Turquie. Cela peut sembler contre-intuitif, mais c’est dû à la gravité de la situation. Cela explique pourquoi le ministre iranien des Affaires étrangères ne fait pas
partie de la délégation qui se déplace actuellement, laquelle est dirigée, dans la pratique, par l’Arabie saoudite et l’Égypte.
La rencontre avec Lavrov a coïncidé avec une réunion extraordinaire en ligne des BRICS sur la Palestine, convoquée par l’actuelle présidence
sud-africaine. Point crucial : les drapeaux des nouveaux membres que sont l’Iran, l’Égypte et l’Éthiopie ont pu être identifiés derrière les orateurs.
Le président iranien Raïssi a fait feu de tout bois, appelant les États membres des BRICS à utiliser tous les outils politiques et économiques
disponibles pour faire pression sur Israël. Xi Jinping a appelé une fois de plus à une solution à deux États et a positionné la Chine comme médiateur de choix.
Pour la première fois, Xi s’est exprimé avec ses propres mots : «Il ne peut y
avoir de sécurité au Moyen-Orient sans une solution juste à la question de la Palestine. J’ai souligné à de nombreuses reprises que le seul moyen viable de briser le cycle du conflit
israélo-palestinien réside dans une solution à deux États, dans la restauration des droits nationaux légitimes de la Palestine et dans l’établissement d’un État indépendant de
Palestine».
Et tout cela devrait commencer par une conférence internationale.
Tout ce qui précède implique une position unifiée concertée des BRICS 10, dans les prochains jours, appliquant une pression maximale sur
Tel-Aviv/Washington pour un cessez-le-feu, pleinement soutenu par la quasi-totalité de la Majorité mondiale. Bien entendu, il n’y a aucune garantie que l’Hégémon permettra à cette
initiative d’aboutir.
Les négociations secrètes impliquant la Turquie, par exemple, ont échoué. L’idée était qu’Ankara coupe l’approvisionnement en pétrole d’Israël provenant
de l’oléoduc BTC de Bakou à Ceyhan : le pétrole est ensuite chargé sur des pétroliers à destination d’Ashkelon en Israël. Cela représente au moins 40% du pétrole qui alimente la
machine militaire d’Israël.
Ankara, toujours membre de l’OTAN, a hésité, effrayé par la réaction américaine, inévitablement dure.
À long terme, Riyad pourrait être encore plus audacieux : plus d’exportations de pétrole jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée pour la
Palestine, conformément à l’initiative de paix arabe de 2002. Mais MbS ne le fera pas, car les richesses saoudiennes sont toutes investies à New York et à Londres. Le chemin vers le
pétroyuan est encore long, sinueux et semé d’embûches.
Pendant ce temps, les praticiens de la realpolitik tels que John Mearsheimer soulignent à juste titre qu’une solution négociée pour Israël-Palestine est
impossible. Un rapide coup d’œil sur la carte actuelle montre que la solution à deux États – préconisée par tous, de la Chine et de la Russie au monde arabe – est morte ; un État
palestinien, comme l’a noté Mearsheimer, «sera comme une
réserve indienne» aux États-Unis, «coupé en deux et
isolé, pas vraiment un État».
«Poutine dans le labyrinthe» signifie que Moscou s’implique activement, à la manière des BRICS 10, pour faire émerger un Moyen-Orient pacifié tout en
maintenant la stabilité interne de la Russie dans le cadre de la guerre hybride de l’Hégémons en constante évolution : tout est interconnecté.
L’approche du partenariat stratégique Russie-Chine face au Moyen-Orient mis à feu et à sang par les suspects habituels est une question de timing
stratégique et de patience – dont le Kremlin et le Zhongnanhai font preuve en abondance.
Personne ne sait vraiment ce qui se passe en arrière-plan – les jeux d’ombres profonds qui se cachent derrière le brouillard des guerres entremêlées.
Surtout lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient, toujours enveloppée de mirages en série surgissant des sables du désert.
Nous pouvons au moins essayer de discerner les mirages autour des monarchies du golfe Persique, le CCG – et surtout ce à quoi MbS et son mentor MbZ
jouent réellement. C’est un fait absolument crucial : la Ligue arabe et l’OCI sont toutes deux contrôlées par le CCG.
Or, comme Riyad et Abou Dhabi deviennent tous deux membres des BRICS 10, ils voient certainement que le nouveau pari de l’Hégémon est de faire reculer
les avancées de l’Initiative Ceinture et Route (BRI) au Moyen-Orient en mettant le feu à la région.
Oui, c’est la guerre contre la Chine qui passe d’hybride à chaude, parallèlement à la solution finale du «problème palestinien».
Et en prime, du point de vue de l’Hégémon, cela devrait amener cette bande de bédouins du désert à embarquer fermement dans le nouveau pari du D.O.A.,
l’IMEC (Corridor Inde-Moyen-Orient), qui est en fait le corridor commercial Europe-Israël-Émirats-Arabie saoudite-Inde, en théorie un concurrent de la BRI.
Un thème récurrent dans tous les coins et recoins de la rue arabe est que l’élimination de la résistance palestinienne est une question encore plus
passionnante pour les élites vendues du CCG que la confrontation avec le sionisme.
Cela explique, du moins en partie, l’absence de réaction du CCG face au génocide en cours (ils essaient maintenant de faire amende honorable). Et cela
est parallèle à leur non-réaction au génocide, au viol et au pillage méthodiques et au ralenti des Irakiens, des Syriens, des Afghans, des Libyens, des Yéménites, des Soudanais et des
Somaliens par l’Hégémon au fil du temps.
Il est absolument impossible – et inhumain – de couvrir un génocide. Le verdict n’a pas encore été rendu quant à savoir si le CCG a choisi un camp, se
séparant ainsi complètement, spirituellement et géopolitiquement, de la rue arabe au sens large.
Ce génocide pourrait être le moment décisif du jeune XXIe siècle – réalignant l’ensemble du Sud mondial/Majorité mondiale et clarifiant qui est du bon
côté de l’Histoire. Quoi qu’il fasse ensuite, l’Hégémon semble destiné à perdre totalement le Moyen-Orient, le Heartland, l’Eurasie élargie et le Sud mondial/Majorité mondiale.
Le retour de bâton a des effets mystérieux : Alors que le «porte-avions» du Moyen-Orient est devenu complètement fou, le partenariat stratégique
entre la Russie et la Chine n’en a été que plus dynamique et a permis de faire avancer l’Histoire sur la voie du siècle de l’Eurasie.
Défaite catastrophique de l’OTAN en Ukraine, escalade toujours violente au Moyen-Orient, sur fond de désinformation médiatique massive et de montée en
puissance de la Chine, nous avons un vaste tour d’horizon géopolitique à faire avec Caroline Galactéros, Analyste, Géopolitologue, officier supérieur de réserve des forces armées
françaises et chroniqueuse.
Tom Friedman a lancé son terrible avertissement
dans le New York Times jeudi dernier
:
Je pense que si
Israël se précipite maintenant [unilatéralement] à Gaza pour détruire le Hamas, il commettra une grave erreur qui sera dévastatrice pour les intérêts israéliens et américains.
Je parle du traité de
paix de Camp David, des accords de paix d’Oslo, des accords d’Abraham et de l’éventuelle normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Tout cela pourrait partir en
fumée.
Malheureusement, a
déclaré le haut fonctionnaire américain [Friedman], les chefs militaires israéliens sont aujourd’hui plus faucons que le Premier ministre. Ils sont rouges de rage et déterminés à porter au
Hamas un coup que l’ensemble du voisinage n’oubliera jamais.
Friedman parle ici, bien sûr, d’un système d’alliance américain, articulé autour de l’idée que les forces militaires d’Israël sont invincibles – le paradigme de
la “petite OTAN” qui agit comme la structure
essentielle à la propagation de l’ordre fondé sur des règles dirigé par les Américains au Moyen Orient.
Ce paradigme est analogue aux structures de l’alliance de l’OTAN, dont la prétendue “invincibilité” a soutenu les intérêts américains en Europe
(du moins jusqu’à la guerre en Ukraine).
Un membre du cabinet israélien a déclaré au correspondant israélien expérimenté en matière de défense, Ben Caspit, qu’Israël ne pouvait tout simplement pas permettre que sa dissuasion à long terme
soit sapée :
C’est le point le plus important – “notre dissuasion” , a déclaré la source principale du cabinet de guerre. “La région doit rapidement comprendre que quiconque
porte atteinte à Israël comme l’a fait le Hamas paie un prix disproportionné. Il n’y a pas d’autre moyen de survivre dans notre voisinage que d’exiger ce prix maintenant, car de nombreux yeux
sont fixés sur nous et la plupart d’entre eux n’ont pas nos intérêts à cœur.”
En d’autres termes, le “paradigme” israélien repose sur la manifestation
d’une force écrasante, dirigée vers tout défi émergent. Ce paradigme trouve son origine dans l’insistance des États-Unis pour qu’Israël soit à la fois à la pointe du progrès politique (toutes les
décisions stratégiques relèvent exclusivement d’Israël dans le cadre d’Oslo) et à la pointe du progrès militaire par rapport à tous ses voisins.
Bien qu’elle soit présentée comme telle, cette formule ne permet pas de parvenir à un accord durable et pacifique permettant de respecter la résolution 181 de
l’Assemblée générale des Nations unies de 1947 (division de la Palestine de l’époque du Mandat) en deux États. Au contraire, Israël, sous le gouvernement Netanyahou, se rapproche de plus en plus
d’une fondation eschatologique d’Israël sur la “Terre
d’Israël” (biblique) – une démarche qui expurge totalement la Palestine.
Ce n’est pas une coïncidence si, lors de son discours à l’Assemblée générale le mois dernier, Netanyahou a présenté une carte d’Israël sur laquelle Israël dominait
de la rivière à la mer et où la Palestine (en fait, tout le territoire palestinien) était inexistante.
Tom Friedman, dans ses réflexions au NYT, craint peut-être que, de même que la piètre
performance de l’OTAN en Ukraine a brisé “le mythe de
l’OTAN” , l’effondrement de l’armée et des services de renseignement israéliens du 7 octobre et ce qui se passera dans son sillage à Gaza “pourraient [également] faire exploser toute la structure de
l’alliance pro-américaine” au Moyen-Orient.
La confluence de deux humiliations de ce type pourrait briser la colonne vertébrale de la primauté occidentale. Tel semble être l’essentiel de l’analyse de
Friedman. (Il a probablement raison).
Le Hamas a réussi à briser le paradigme de la dissuasion israélienne : il n’a pas eu peur, les Forces de défense israéliennes ont prouvé qu’elles étaient loin
d’être invincibles et la rue arabe s’est mobilisée comme jamais auparavant (confondant les cyniques occidentaux qui se moquent de la notion même de “rue arabe”).
Voilà où nous en sommes, et la Maison Blanche est ébranlée. Les PDG d’Axios, VandeHei et Mark Allen, ont pris la plume pour avertir :
Jamais nous n’avons parlé à autant de hauts responsables gouvernementaux qui, en privé, sont si inquiets … [qu’] une confluence de crises pose des problèmes
épiques et fasse courir un danger historique. Nous n’aimons pas nous montrer catastrophistes. Mais nous voulons faire retentir la sirène d’un réalisme clinique et lucide : les responsables
américains nous disent qu’à la Maison Blanche, cette semaine a été la plus lourde et la plus effrayante depuis que Joe Biden a pris ses fonctions il y a un peu plus de 1 000 jours… L’ancien
ministre de la défense Bob Gates nous dit que l’Amérique est confrontée aux crises les plus graves depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 78 ans…
Aucune de ces crises ne peut être résolue ou éliminée : les cinq crises pourraient se transformer en quelque chose de beaucoup plus grave… Ce qui effraie les
responsables, c’est la façon dont les cinq menaces pourraient se fondre en une seule . (Une guerre qui s’étend alors qu’Israël pénètre dans Gaza ; l'”alliance anti-américaine” Poutine-Xi ; un
Iran “malveillant” ; un Kim Jong Un “déséquilibré” et des vidéos et informations truquées).
Toutefois, l’article de Friedman dans le NYT ne mentionne pas le revers de la médaille, car le
paradigme israélien a deux faces : la sphère interne, qui est distincte de la nécessité externe
d’imposer un prix disproportionné aux adversaires d’Israël.
Le “mythe” interne veut que l’État israélien “assure les arrières de ses citoyens” , où que vivent les
Juifs en Israël et dans les territoires occupés – des colonies les plus reculées aux ruelles de la vieille ville de Jérusalem. Plus qu’un contrat social, il s’agit d’une obligation spirituelle
due à tous les Juifs vivant en Israël.
Ce “contrat
social” de sécurité vient cependant de s’effondrer. Les Kibboutzim autour de Gaza ont été évacués ; vingt kibboutz ont été évacués du nord et un total de 43 villes frontalières ont
été évacuées.
Ces familles déplacées feront-elles à nouveau confiance à l’État ? Retourneront-elles un jour dans les colonies ? La confiance a été rompue. Pourtant, ce ne sont
pas les missiles du Hezbollah qui effraient les habitants, mais les images du 7 octobre dernier dans les communautés de la périphérie de Gaza – la clôture franchie à des dizaines d’endroits, les
bases et postes militaires envahis, les villes occupées par les forces du Hamas, les morts qui en ont résulté et le fait qu’environ 200 Israéliens ont été enlevés à Gaza – qui n’ont rien laissé à
l’imagination. Si le Hamas a réussi, qu’est-ce qui arrêtera le Hezbollah ?
Comme dans la vieille comptine : Humpty-Dumpty a fait une grosse chute, mais tous les chevaux du roi et tous les hommes du roi n’ont pas pu reconstituer Humpty.
C’est ce qui inquiète l’équipe de la Maison Blanche. Elle n’est pas du tout convaincue qu’une invasion israélienne de Gaza
remettra Humpty d’aplomb. Elle craint plutôt que les événements ne tournent mal pour les Forces de défense israéliennes et que les images, relayées à travers le Moyen-Orient, d’Israël utilisant
une force écrasante dans un environnement urbain civil ne révoltent la sphère islamique.
Malgré le scepticisme occidental, certains signes indiquent que cette insurrection dans la sphère arabe est différente et ressemble davantage à la révolte arabe de
1916 qui a renversé l’Empire ottoman. Elle prend une tournure distincte puisque les autorités religieuses chiites et sunnites déclarent que les musulmans ont le devoir de se tenir aux côtés des
Palestiniens. En d’autres termes, alors que la politique israélienne devient clairement “prophétique” , l’humeur islamique devient à son tour
eschatologique.
Le fait que la Maison Blanche teste les dirigeants arabes “modérés” , pressant les Palestiniens “modérés” de former un gouvernement favorable à
Israël à Gaza, qui remplacerait le Hamas et imposerait la sécurité et l’ordre, montre à quel point l’Occident est coupé de la réalité. Rappelons que Mahmoud Abbas, le général Sissi et le roi de
Jordanie (certains des dirigeants les plus souples de la région) ont refusé catégoriquement de rencontrer Biden après le voyage de ce dernier en Israël.
La colère dans la région est réelle et menace les dirigeants arabes “modérés” , dont la marge de manœuvre est désormais
limitée.
Les points chauds se multiplient donc, tout comme les attaques contre les déploiements américains dans la région. Certains à Washington prétendent percevoir une
main iranienne et espèrent ouvrir la perspective d’une guerre avec l’Iran.
La Maison Blanche, paniquée, réagit de manière excessive en envoyant d’énormes convois (des centaines) d’avions-cargos chargés de bombes, de missiles et de défenses
aériennes (THAAD et Patriot) en Israël, mais aussi dans le Golfe, en Jordanie et à Chypre. Des forces spéciales et 2 000 marines sont également déployés. Plus deux porte-avions et les navires qui
les accompagnent.
Les États-Unis envoient donc une véritable armada de guerre. Cela ne peut qu’aggraver les tensions et provoquer des contre-mesures : La Russie déploie actuellement
des avions MiG-31 équipés de missiles hypersoniques Kinzhal (qui peuvent atteindre le porte-avions américain au large de Chypre) pour patrouiller en mer Noire, et la Chine aurait envoyé des
navires de guerre dans la région. La Chine, la Russie, l’Iran et les États du Golfe sont engagés dans une frénésie diplomatique pour contenir le conflit, même si le Hezbollah s’engageait plus
avant dans le conflit.
Pour l’instant, l’accent est mis sur les libérations d’otages, ce qui crée beaucoup de bruit et de confusion (délibérés). Certains espèrent peut-être que les
libérations d’otages retarderont, et finalement arrêteront, l’invasion prévue de la bande de Gaza. Cependant, le commandement militaire israélien et l’opinion publique insistent sur la nécessité
de détruire le Hamas (dès que les navires américains et les nouvelles défenses aériennes auront été mis en place).
Peu importent les résultats obtenus (par l’invasion), la réalité est que les Brigades Qassam du Hamas ont brisé les paradigmes internes et externes d’Israël. En
fonction de l’issue de la guerre à Gaza/Israël, les Brigades peuvent encore provoquer une nouvelle contusion sur le corps politique qui “déclenche[ra] une conflagration mondiale – et [fera] exploser toute
la structure de l’alliance pro-américaine que les États-Unis ont construite” (selon les termes de Tom Friedman).
Si Israël entre dans Gaza (et Israël pourrait décider qu’il n’a pas d’autre choix que de lancer une opération
terrestre, compte tenu de la dynamique politique intérieure et de l’opinion publique), il est probable que le Hezbollah ira de plus en plus loin, laissant les États-Unis devant l’option binaire
de voir Israël vaincu ou de lancer une guerre majeure dans laquelle tous les points chauds se fondent “en un seul” .
Dans un sens, le conflit israélo-islamique ne peut être résolu que de cette manière cinétique. Tous les efforts déployés depuis 1947 n’ont fait que creuser le
fossé. La réalité de la nécessité de la guerre pénètre largement la conscience du monde arabe et islamique.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Nous sommes impliqués dans deux guerres, en Europe et au Moyen-Orient, qui ont des conséquences de plus en plus graves sur nos conditions de vie et sur
notre sécurité.
Sur le front européen a été accompli, en septembre 2022, ce que le Wall Street
Journal définit comme «un des plus
grands actes de sabotage en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale» ; les États-Unis, assistés par Norvège et Pologne, ont fait exploser le Nord Stream, le principal gazoduc
qui transportait en Allemagne et, de là, dans d’autres pays européens du gaz russe à bas prix. La dynamique de cette action guerrière a été reconstruite, sur la base de preuves
précises, par le journaliste étasunien Seymour Hersh et par une enquête allemande. Le secrétaire d’État USA Blinken a défini le blocus du Nord Stream comme «une énorme
opportunité stratégique pour les années à venir» et a souligné que «les États-Unis
sont devenus le principal fournisseur de gaz naturel liquéfié à l’Europe», que nous, citoyens européens, payons beaucoup plus cher que celui que nous importions de Russie. En
même temps les États-Unis sont en train de décharger sur l’Europe l’énorme coût de la guerre OTAN en Ukraine contre la Russie. La Commission européenne est en train d’ouvrir la voie à
la prochaine entrée de l’Ukraine dans l’UE, avec pour conséquence que nous serons, nous citoyens européens, ceux qui paieront l’énorme déficit ukrainien.
Sur le front moyen-oriental l’Union européenne soutient la guerre par laquelle Israël, épaulé par les États-Unis et l’OTAN, attaque la Palestine et
alimente un conflit régional en ciblant en particulier l’Iran. L’Italie, qui depuis 2004 est liée à Israël par un pacte militaire, a fourni les chasseurs sur lesquels s’entraînent les
pilotes israéliens, qui bombardent Gaza en massacrant des civils, et soutient de plusieurs façons les forces armées israéliennes. En compensation le Premier ministre Netanyahou a
promis à la Première ministre Meloni que l’Italie deviendra un hub énergétique pour le routage en Europe du gaz qu’Israël enverra par le gazoduc EastMed. La partie de gisement
méditerranéen offshore de gaz, dont Israël s’attribue la propriété exclusive, est située en grande partie dans les eaux territoriales des Territoires Palestiniens de Gaza et de la
Cisjordanie. Par le gazoduc EastMed Israël exportera ainsi en Italie et dans l’UE le gaz naturel palestinien dont il s’est emparé par la force militaire.
Ce qui se passe à Gaza va souder encore davantage les Russes
autour de leur président et contribuer à soutenir l’Opération spéciale.
En février 22, les meutes ukronazies surmotivées et surentrainées aux représailles (Maïdan, Odessa, Azov, Pravi Sector etc.) se préparaient à intervenir
au Donbass avec sans doute la même haine hystérique et existentielle que celle qu’Israël applique aujourd’hui à Gaza. Les instructeurs des armées otanienne et israélienne sont les
mêmes, même si les outils sont
différents, la haine de l’autre est l’enseignement central. La promesse biblique d’une terre pour les uns, le nationalisme extrémiste version ukronazisme sous cloche depuis
85 ans, pour les autres.
On voit donc à quelle violence les habitants du Donbass ont échappé. Poutine a sauvé des milliers de vie, et en sauvera sans doute encore
davantage.
Une victoire dans le Donbass n’aurait été que la motivation supplémentaire pour l’Ukraine biberonnée à la testostérone, surexcitée par une première
victoire, pour aller de l’avant, vers l’Est, et pour attaquer la Russie, exécutant ainsi le plan annoncé de son maître.1
On voit maintenant ce que l’Oncle Sam est capable de faire faire aux ukrainiens et de laisser faire les sionistes
à Gaza et en Cisjordanie.
Bien sûr cette haine n’est partagée que par une frange de la population, celle qui dirige. J’ai peine à l’estimer. Y a-t-il davantage d’Ukronazis en
Ukraine que de sionistes extrémistes en Israël et aux États-Unis ?
Du côté israélien : 75 ans d’entrainement dans l’impunité onusienne.
Dans le cas de l’Ukraine au moins 10 ans de rumination après la défaite de 2014-2015, avec un soutien psychologique de l’Occident.
Dans les deux cas il s’agit d’une revanche. Pour les Ukrainiens cette attaque planifiée dans le Donbass et contrariée par Poutine le 22 février 2022,
devait être la vengeance de l’humiliante reddition de l’armée ukrainienne à Debaltseve le 18 février 2015. Pour les sionistes, c’est évidemment l’agression contre Israël par le Hamas
le 7 novembre.
Les nombres de civils tués par les bombardements aveugles, bien que dissymétriques, nous montrent à travers l’abandon de toutes les règles de guerre
imposées le par Droit International, l’évolution paroxysmique de la désespérance de l’Occident. Si l’Hégémon continue cette courbe exponentielle dans le proche avenir, il n’aura
qu’une seule arme, la dernière.
À noter, et c’est important, que la réaction israélienne à Gaza n’a pas été commanditée par l’Hégémon. Le chien de guerre a échappé au contrôle de son
maître.
Pour la première fois depuis 1945, les USA se sont donc trouvés, par
Proxi interposé, sur la défensive !
Peut-on en tirer une conclusion sur la faiblesse de l’Hégémon ?
Les USA font des efforts pour dresser le dog géorgien et le molosse moldave. D’après les dernières élections municipales, le molosse va mollo. Et le
géorgien hésite entre deux maîtres.
Il en va un peu de même que pour les révolutions colorées, que pour les médias décrédibilisés, que pour les ONGs sorossiennes dévoilées, les foules
manipulées commencent à comprendre que le monde bascule, et que le réflexe pavlovien pro-occidental n’est peut-être pas le meilleur pari pour la survie de sa propre race
canine.
En France, nous devrions nous souvenir de la phrase de Kissinger :
«Il est dangereux
d’être l’ennemi des USA, mais être son ami est fatal».
Il s’agit d’une guerre économique faite à l’Europe. À notre tour nous serons sacrifiés
économiquement pour sauver le $, avec la même brutalité et sans compassion, sans état d’âme. Les armées en retraites sont les plus cruelles même dans les guerres
économiques.
Le Nord Stream 2 aurait dû nous alerter. Macron, mon roi, ne vois-tu rien venir ?
Et pendant ce temps on parle d’antisémitisme en France, pour faire diversion, comme des punaises de lit, et des risques terroristes. On regarde
passivement la boite de Pandore, pendant que s’en échappent les pires génies.
L’URGENCE c’est d’ARRÊTER le massacre !
Rien d’autre n’a d’importance. La manifestation de dimanche est un contrefeu élyséen.
Le directeur de l’agence onusienne des Droits de l’homme, Craig Mokhyber2, a démissionné. Bravo à lui.
Guetterez devrait lui aussi démissionner autant pour peser dans le conflit, que pour sauver la crédibilité des Nations unies. Il ne saurait être plus
efficace qu’en faisant un tel geste.
Pour la première fois,
le monde assiste en direct à un crime contre l’Humanité, à la télévision. Les États-Unis et Israël, qui ont uni leur sort depuis longtemps, seront
tous deux tenus pour responsables des massacres de masse commis à Gaza. Partout, sauf en Europe, les alliés de Washington retirent leurs ambassadeurs à Tel-Aviv. Demain, ils le feront
à Washington. Tout se passe comme lors de la dislocation de l’URSS et se terminera de la même manière : L’Empire américain est menacé dans son existence. Le processus qui vient de
s’enclencher ne pourra pas être stoppé.
Alors que nous avons les yeux rivés sur les massacres de civils en Israël et à Gaza, nous ne percevons ni les divisions internes en Israël et aux USA,
ni le changement considérable que ce drame provoque dans le monde. Pour la première fois dans l’Histoire, on tue massivement et en direct des civils à la télévision.
Partout – sauf en Europe – les juifs et les arabes s’unissent pour crier leur douleur et appeler à la paix.
Partout, les peuples réalisent que ce génocide ne serait pas possible si les États-Unis ne fournissaient pas en temps réel des bombes à l’armée
israélienne.
Partout, des États rappellent leurs ambassadeurs à Tel-Aviv et se demandent s’ils doivent rappeler ceux qu’ils ont envoyés à Washington.
Il va de soi que les États-Unis n’ont accepté ce spectacle qu’à contre-cœur, mais ils ne l’ont pas simplement autorisé, ils l’ont rendu possible avec
des subventions et des armes. Ils sont effrayés de perdre leur Pouvoir après leur défaite en Syrie, leur défaite en Ukraine et peut-être bientôt leur défaite en Palestine. En effet,
si les armées de l’Empire ne font plus peur, qui continuera à effectuer des transactions en dollars au lieu de sa propre monnaie ? Et dans cette éventualité, comment Washington
fera-t-il payer aux autres ce qu’il dépense, comment les États-Unis maintiendront-ils leur niveau de vie ?
Mais que se passera-t-il à la fin de cette histoire ?
Que le Moyen-Orient se révolte ou qu’Israël écrase le Hamas au prix de milliers de vies ?
Nous retiendrons que le président Joe Biden avait d’abord sommé Israël de renoncer à son projet de déplacer vers l’Égypte ou, à défaut, d’éradiquer le
peuple palestinien de la surface de la Terre, et que Tel-Aviv ne lui a pas obéi.
Les «suprémacistes juifs» se comportent aujourd’hui comme en 1948.
Lorsque les Nations unies votèrent la création de deux États fédérés en Palestine, un hébreu et un arabe, les forces armées auto-proclamèrent l’État
hébreu avant qu’on en ait fixé les frontières. Les «suprémacistes juifs» expulsèrent immédiatement des millions de Palestiniens de chez eux (la «Nakba») et assassinèrent le
représentant spécial de l’ONU venu créer un État palestinien. Les sept armées arabes (Arabie saoudite, Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Syrie et Yémen du Nord) qui tentèrent de
s’opposer à eux furent rapidement balayées.
Aujourd’hui, ils n’obéissent pas plus à leurs protecteurs et massacrent encore, sans se rendre compte que, cette fois, le monde les observe et que plus personne ne viendra à leur secours. Au moment où les chiites admettent le principe d’un État hébreu, leur
folie met en péril l’existence de cet État.
Nous nous souvenons de la manière dont l’Union soviétique s’est effondrée. L’État n’avait pas été capable de protéger sa propre population lors d’un
accident catastrophique. 4000 Soviétiques sont morts à la centrale nucléaire de Tchernobyl (1986), en sauvant leurs concitoyens. Les survivants s’étaient alors demandés pourquoi ils
continuaient à accepter, 69 ans après la Révolution d’Octobre, un régime autoritaire. Le Premier secrétaire du PCUS, Mikhail Gorbachev, a écrit que c’est lorsqu’il a vu ce désastre,
qu’il a compris que son régime était menacé.
Puis ce furent les émeutes de décembre au Kazakhstan, les manifestations d’indépendance dans les pays baltes et en Arménie. Gorbatchev modifia la
Constitution pour écarter la vieille garde du Parti. Mais ses réformes ne suffirent pas à arrêter l’incendie qui se propagea en Azerbaïdjan, en Géorgie, en Moldavie, en Ukraine et en
Biélorussie. Le soulèvement des Jeunes communistes est-allemands contre la doctrine Brejnev conduisit à la chute du Mur de Berlin (1989). L’effritement du Pouvoir à Moscou conduisit à
l’arrêt de l’aide aux alliés, dont Cuba (1990). Enfin ce furent la dissolution du Pacte de Varsovie et le déchirement de l’Union (1991). En un peu plus de 5 ans, un Empire, que tous
pensaient éternel, s’est effondré sur lui-même.
Ce processus inéluctable vient de débuter pour l’«Empire américain». La question n’est pas de savoir jusqu’où les «sionistes révisionnistes» de Benjamin
Netanyahou iront, mais jusqu’à quand les impérialistes états-uniens les soutiendront. À quel moment, Washington estimera qu’il a plus à perdre à laisser massacrer des
civils palestiniens qu’à corriger les dirigeants israéliens ?
Le même problème se pose pour lui en Ukraine. La contre-offensive militaire du gouvernement de Volodymyr Zelensky a échoué. Désormais, la Russie ne
cherche plus à détruire les armes ukrainiennes, qui sont immédiatement remplacées par des armes offertes par Washington, mais à tuer ceux qui les manient. Les armées russes se
comportent comme une gigantesque machine à broyer qui, lentement et inexorablement, tue tous les soldats ukrainiens qui s’approchent des lignes de défense russe. Kiev ne parvient plus
à mobiliser de combattants et ses soldats refusent d’obéir à des ordres qui les condamnent à une mort certaine. Ses officiers n’ont d’autre choix que de fusiller les
pacifistes.
Déjà de nombreux leaders US, ukrainiens et israéliens évoquent un remplacement de la coalition «nationaliste intégrale» ukrainienne et de la
coalition «suprémaciste juive», mais la période de guerre ne s’y prête pas. Il va pourtant falloir le faire.
Le président Joe Biden doit remplacer sa marionnette ukrainienne et ses alliés barbares israéliens, comme le Premier secrétaire Mikhail Gorbachev avait
dû remplacer son insensible représentant au Khazakhstan, ouvrant la voie à la généralisation de la contestation des dirigeants corrompus. Lorsque Zelensky et Netanyahou auront été
renvoyés, chacun saura qu’il est possible d’obtenir la tête d’un représentant de Washington et chacun de ceux-ci saura qu’il doit fuir avant d’être sacrifié.
Ce processus n’est pas seulement inéluctable, il est inexorable. Le président Joe Biden peut juste faire tout ce qui est en son pouvoir
pour le ralentir, pour le faire durer, pas pour l’arrêter.
Les peuples et les dirigeants occidentaux doivent maintenant prendre des initiatives pour se sortir de ce guêpier, sans attendre d’être abandonnés,
comme Cuba le fit au prix des privations de sa «période spéciale». Il y a urgence : Les derniers à réagir devront payer l’addition de tous. D’ores et déjà de nombreux États du «reste
du monde» fuient. Ils font la queue pour entrer aux BRICS ou à l’Organisation de coopération de Shanghai.
Plus encore que la Russie qui a dû se séparer des États baltes, les États-Unis doivent se préparer à des soulèvements intérieurs. Lorsqu’ils ne
parviendront plus à imposer le dollar dans les échanges internationaux et que leur niveau de vie s’effondrera, les régions pauvres refuseront d’obéir tandis que les riches prendront
leur indépendance, à commencer par les républiques du Texas et de Californie (les seules qui, selon les Traités, en ont légalement la possibilité)1.
Il est probable que la dislocation des USA donnera lieu à une guerre civile.
La disparition des États-Unis provoquera celle de l’OTAN et de l’Union européenne. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni se
retrouveront face à leurs vieilles rivalités, faute d’y avoir répondu lorsqu’il était temps.
En quelques années Israël et l’«Empire américain» disparaîtront. Ceux qui lutteront contre le sens de l’Histoire provoqueront des guerres et des
morts inutiles en nombre.
Cet après-midi, à
Beyrouth, Sayyed Hassan Nasrallah a prononcé un discours à l’occasion de la journée du martyr du Hezbollah.
Dans la première partie,
Nasrallah explique pourquoi la date de la journée du martyr a été choisie. Cela remonte à une attaque réussie contre les troupes d’occupation israéliennes à Beyrouth le 11 novembre 1982. Il
explique ensuite le rôle et l’importance des martyrs et leur relation avec Dieu. Il félicite les familles des martyrs. Il félicite également ceux qui se sacrifient pour Gaza.
Nasrallah aborde ensuite
les événements à Gaza.
Le premier sujet est
l’attaque d’Israël contre les civils. Le second est la résistance.
Il décrit les crimes d’Israël contre des civils sans défense, au vu et au su du monde entier. Il s’agit d’une vengeance implacable. Mais il y a un deuxième aspect
dans les paroles des politiciens israéliens. Ils disent que toutes ces tueries ont un but. L’un d’eux est de forcer les habitants de Gaza et de la région à se rendre. À renoncer à la résistance
parce que les coûts sont trop élevés. L’autre objectif est de leur faire renoncer à tous leurs droits. Les rendre désespérés. Après Gaza et la Cisjordanie, ils viseront le Liban.
–Début du discours—
Israël se trompe. Ses
objectifs ne seront pas atteints.
Nous savons qu’ils n’ont pas
atteint leurs objectifs au Liban lors de l’invasion de 1982 et de la guerre de 2006, malgré toutes les tueries et les destructions de maisons. Le soutien du peuple libanais à la résistance n’a
fait que croître. Leur choix n’était pas de se rendre, mais d’accroître leur résistance.
C’est également la raison
pour laquelle nous devons nous opposer à la normalisation avec Israël.
La brutalité israélienne
augmente la résistance contre elle. Des manifestations ont lieu un peu partout et font pression sur les hommes politiques pour qu’ils appellent à un cessez-le-feu. Cela limitera la durée des
opérations israéliennes. L’administration américaine peut arrêter la guerre. Il faut la pousser dans ce sens.
Aujourd’hui se tient un
sommet de 57 nations arabes et islamiques. Les Palestiniens ne demandent pas au sommet de mener une guerre contre Israël. Ils lui demandent d’exercer une pression sérieuse sur les États-Unis pour
qu’ils mettent fin à l’agression dont ils sont victimes.
Nous devons attirer
l’attention sur la résistance à Gaza. Elle démontre la faiblesse des forces israéliennes. Les Israéliens ont beaucoup de pertes, plus qu’ils ne l’admettent. Les Israéliens ne peuvent faire état
d’aucune victoire, ni même d’un petit succès.
La Cisjordanie est
essentielle pour la résistance. Elle peut détourner les troupes israéliennes des autres fronts.
L’armée yéménite a pris la
décision d’attaquer Israël. Cette décision a une grande importance. Elle constitue un soutien moral important pour la résistance, même si ses missiles et ses drones ne touchent pas toujours
Eilat. Les Yéménites n’ont pas écouté les menaces américaines à leur encontre. Ils ont rendu le sud d’Israël moins sûr et ont poussé Israël à déplacer ses défenses aériennes vers le
sud.
La résistance irakienne
attaque les positions américaines en Irak et en Syrie. Avant le 7 octobre, ces fronts étaient relativement calmes. Ils ont été rouverts par solidarité avec Gaza. Aujourd’hui, ils défient les
forces américaines. Les États-Unis menacent les gouvernements de réprimer la résistance. La résistance dit qu’on ne peut mettre fin à ces attaques que si l’on fait pression sur
Israël.
La Syrie, au sein de l’axe
de la résistance, porte un lourd fardeau. Elle soutient la résistance et en subit les conséquences. En Syrie, les États-Unis soutiennent ISIS contre les troupes syriennes.
L’Iran est un autre front de
la résistance. Son soutien illimité à la résistance n’est plus caché. La force de la résistance dans la région repose sur la position ferme de l’Iran. Ils n’ont épargné ni les fonds, ni les
armes, ni la formation. L’Iran ne change pas de position. Il ne décide pas pour la résistance mais la soutiendra toujours.
Venons-en maintenant au
Liban. Les opérations de la résistance se poursuivent quotidiennement. Malgré toutes les précautions prises par l’armée israélienne, elle est attaquée par la résistance. Chaque jour, des martyrs
courageux attaquent Israël.
La semaine dernière, la
résistance a franchi un nouveau palier. Pour la première fois, elle a utilisé des drones d’attaque. Nous avons également utilisé de nouveaux missiles pour cibler les bases israéliennes. Ils
portent des ogives de 300 à 500 kilos d’explosifs. Les opérations menées hier ont également atteint des zones plus profondes. Hier, un responsable médical israélien d’un hôpital du nord a déclaré
qu’il y avait eu quelque 300 victimes. Le gouvernement israélien ne l’admet pas.
La résistance répond à
chaque attaque israélienne. Nous ne tolérerons aucune attaque contre nos civils. Nous avons des drones de reconnaissance au-dessus de tout le nord d’Israël. Certains reviennent, d’autres sont
abattus. Ils détournent les défenses aériennes israéliennes d’autres fronts.
Nous poursuivrons dans cette
voie. Nous augmenterons la quantité, la qualité et la profondeur de nos opérations. La population libanaise soutient la résistance. Cela nous aide à constituer un front d’influence
efficace.
Ce qui se passe sur le champ
de bataille est plus important que mon discours. Le temps est important pour la résistance. Il permet de grandir jusqu’à ce que l’ennemi admette sa défaite.
Lorsque toutes les pressions
seront réunies, l’ennemi devra s’incliner. Netanyahou change d’objectif toutes les heures. Cela montre la pression que subit Israël. Son échec militaire sur le terrain et les manifestations
exercent une pression sur lui. Son temps est compté.
La résistance remportera la
victoire et Israël n’atteindra pas ses objectifs.
Je vous demande de prier
pour les martyrs et pour notre succès. Nous nous engageons à poursuivre notre chemin. La victoire finale viendra – si Dieu le veut.
Après le 7 octobre, Israël
n’est plus ce qu’il était. Sa position stratégique et sa sécurité sont amoindries.
Nous devons poursuivre notre
chemin.
Soyez tous
bénis.
— Fin du discours de Nasrallah —
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Nouvel épisode du journal hebdomadaire du Courrier des Stratèges. Aujourd’hui, un point plus long sur Gaza et une analyse sur la manifestation contre l’antisémitisme. Autres sujets :
l’Ukraine, la loi sur l’immigration, la dette française.
Dans ce quatrième numéro du Chaos global, nous évoquons la situation en
Ukraine, la guerre à Gaza, la manifestation contre l’antisémitisme, la loi sur l’immigration et la question de la dégradation de la note de la dette française. N’oubliez pas de vous abonner
à notre chaîne Youtube.
Les juifs apocalyptiques se
réjouissent de la guerre de Gaza, que même Netanyahou considère comme une opportunité. Après Blinken, même Zelensky se rend en Israël…
«Les
ultranationalistes juifs apocalyptiques s’extasient» sur l’«opportunité»
que leur offre la guerre, écrit Uri Misgav (photo) dans Haaretz.
«Leurs
yeux brillent. Ils sont en extase. De leur point de vue, ce sont les jours du Messie. La grande opportunité. Cela fait partie intégrante des opinions fondamentalistes, dans toutes les
religions. La croyance en une apocalypse, en Armageddon, en Gog et Magog, comme seul moyen de rédemption».
Le djihad juif contre le djihad du
Hamas
«Dans le cas des
sionistes haredim, poursuit Misgav, il s’agit d’un double fantasme : la domination juive totale sur toute la zone allant de la mer Méditerranée au Jourdain, en conjonction avec
l’effacement de l’existence des Arabes, et l’émergence d’un État halakhique sur les cendres de l’Israël libéral-démocratique d’aujourd’hui (…) Cela explique le discours sur une
«seconde Nakba»» et d’autres dérives du même genre.
Et bien qu’il y ait des discussions en Israël et ailleurs sur la façon de mener la guerre, sur les relations internationales et autres, «pour les
sionistes haredim, de telles diatribes sont une perte de temps préjudiciable. Gaza est Amalek, qui doit être rayé de la surface de la terre».
«De nombreux
sionistes haredim, dont certains sont des administrateurs publics, considèrent cette terrible crise comme une opportunité et même comme un plan divin». Cette extase, détaille
Misgav, sévit dans la société, dans la politique, mais aussi parmi les militaires, car «au sein de
l’armée, il existe un courant sioniste haredim bien implanté».
Et d’avertir : «Le djihad juif
est déterminé à mettre le feu à toute la Terre sainte». Un danger, écrit Misgav, que ne devraient pas ignorer les Israéliens étrangers à ces dérives, même si l’éditorialiste du
Haaretz reporte à la fin de la guerre le redde rationem entre les deux âmes du judaïsme israélien.
Ce que Misgav ne comprend peut-être pas, ajouterons-nous, c’est que la guerre en cours façonne l’avenir de son pays, mais aussi du monde, et que plus
l’horreur que l’armée israélienne répand à Gaza sous les yeux du monde – malgré ses efforts pour la dissimuler – se prolonge, plus elle est vouée à un tel intégrisme.
Les déclarations de divers représentants de l’establishment israélien (par exemple l’appel à «détruire Gaza» lancé par l’ancien ambassadeur en Italie,
Dror Eydar) le démontrent plastiquement, de même que la brutalité avec laquelle l’armée israélienne mène ce qui est défini comme une guerre, mais qu’il serait plus juste d’appeler un
massacre.
L’attaque d’hier contre un convoi d’ambulances, dont certaines ont été touchées à l’hôpital Shifa, a horrifié le monde entier. Une attaque qu’Israël a
justifiée en affirmant qu’elles transportaient des miliciens du Hamas.
Ainsi, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré : «Nous avons
informé la Croix-Rouge, la République arabe d’Égypte et le monde entier, par le biais des canaux de communication et des médias, du déplacement de certaines ambulances transportant
des blessés qui devaient être transférés en Égypte…» (Sky
News).
Le transfert de certains blessés en Égypte a été autorisé après de fortes pressions américaines et a été présenté comme une victoire pour Washington,
qui a cédé à sa demande de retenue.
La publication de ce succès diplomatique américain, plus que relatif, avait précédé la visite en Israël du chef du département d’État Tony Blinken, qui
avait l’intention d’accroître la pression pour obtenir une pause humanitaire.
Netanyahou a rejeté cette demande et l’attaque du convoi d’ambulances, l’une des plus excessives depuis le début de la guerre, a en quelque sorte
symboliquement scellé ce rejet.
L’affirmation américaine qui
condamne Gaza à devenir un abattoir
D’autre part, la prétention des Etats-Unis à pouvoir gérer seuls le conflit, en se créditant d’une influence décisive, qu’ils n’ont pas en réalité, sur
leur partenaire moyen-oriental, condamne a priori leurs efforts, qui ne seraient couronnés de succès que s’ils étaient coordonnés internationalement avec les autres puissances
rivales, à savoir la Chine et la Russie, comme c’était le cas à l’époque de la guerre froide où certains excès présentant des risques pour la stabilité mondiale étaient impossibles à
commettre.
Le manque d’influence de l’Amérique provient de sa prétention à rester, malgré tout, la puissance hégémonique mondiale, d’où sa détermination à façonner
le conflit du Moyen-Orient de telle sorte que son dénouement et son issue favorisent les intérêts américains au détriment de ceux des deux puissances rivales.
Une photographie de cette détermination est l’annonce que Zelensky s’envolera bientôt pour Israël, une visite que Tel-Aviv avait précédemment rejetée.
Il est évident qu’il s’agit d’une demande de Blinken, étant donné la coïncidence dans le temps de l’annonce avec sa rencontre avec Netanyahou.
L’Amérique entend ainsi raviver le lien entre la guerre d’Ukraine et celle du Moyen-Orient, qui lui tient tellement à cœur qu’elle a envoyé au Congrès
une résolution appelant à une aide conjointe aux deux pays.
Cette combinaison a été rejetée par la Chambre, qui a voté en faveur d’Israël et non de Kiev, mais l’administration américaine ne veut manifestement pas
jeter l’éponge. Une telle relance devrait d’ailleurs permettre de redonner de l’oxygène à la guerre ukrainienne, en surmontant les pressions internes et externes pour y mettre
fin.
Il y a des élections en Amérique, Biden ou un autre candidat démocrate ne peut pas se permettre de se présenter aux électeurs avec le fardeau d’une
guerre perdue sur les épaules.
Il est donc évident qu’aux yeux de l’administration américaine, la visite de Zelensky en Israël était plus importante que la pause humanitaire, d’où le
plein succès de la visite de Blinken, malgré les morts de Gaza, qui étaient évidemment plutôt secondaires.
Bibi Netanyahou est bien conscient de ces priorités et joue aux échecs avec ses alliés-antagonistes à l’étranger, gérant ainsi le conflit et survivant
politiquement à ceux qui, en Israël, veulent sa tête.
En effet, les efforts visant à l’écarter de la scène politique israélienne ne se sont pas relâchés, et ce conflit interne se répercute sur l’abattoir de
Gaza et sur les possibilités d’une guerre plus large, que la prolongation et la brutalité du conflit impliquent.
Sur ce point, un article de Yossi Verter dans Haaretz consacré
à l’affrontement qui a lieu au sein de la politique israélienne, rapporte les confidences d’une source anonyme qui, après avoir détaillé les difficultés qui entravent la destitution
du premier ministre, conclut que, cependant, cela vaut la peine d’essayer, «sinon Bibi fera
durer la guerre pour toujours».
Ainsi, pour revenir au début de notre note, Netanyahou a également évoqué Amalek et, pour lui aussi, la guerre de Gaza représente une opportunité, comme
le 11 septembre l’a été pour les néo-conservateurs américains. Nous y reviendrons.
Dans une guerre, la meilleure manière d’être ignorant, c’est de croire de but en blanc, l’information du jour, souvent sinon
systématiquement fausse.
On ne peut qu’essayer de percer le brouillard, en multipliant les sources de renseignement, en ayant une solide culture personnelle, et posséder un
scepticisme à toutes épreuves.
Le général surnommé Dourakovlev par Xavier Moreau (Dourak : Crétin, abruti, exemple, Général Dourakine), reconnait que «l’offensive», ukrainienne, ayant
progressé de 17 km (en tout) en 5 mois, était une catastrophe absolue (pour l’attaquant). Il a même indiqué que le 14 mai 1940, la percée de Sedan était de 100 km.
On a dit que Mac Mahon, comme président était «brave au feu, et
timide au conseil» (il se ralliait à la majorité). Ces généraux de salon, sont au plus capables de mener des guerres d’essence coloniale, mais totalement incapables d’avoir un
courage de salon, pour sans doute, ne pas sacrifier leur carrière.
Sur le front ukrainien, Avdiivka est visiblement sur le point d’être encerclé. Sans doute, aussi, l’utilisation de la technique stalinienne du broyage, ou technique du boa constrictor,
qui consiste à broyer lentement l’ennemi, en lui laissant l’espoir qu’il pourra survivre. De fait, il s’acharne à défendre à grands coûts, des positions, en fait, déjà perdues.
Une invitation au pouvoir ukrainien, pour qu’il envoie ses meilleures unités dans le broyeur. Visiblement, Zelensky est dans un délire bunkerien, comme
Hitler, ayant perdu tout contact avec la réalité à force d’avoir été dans le monde virtuel.
Deuxième front, Gaza. Les pertes israéliennes semblent lourdes. En plus des 600 à 700 tués militaires du 7/10, ce
sont plus de 400 soldats israéliens qui ont été tués.
Le 7, je disais que la brèche avait été colmatée «au canon», et le terrain, repris en tirant dans le tas. Visiblement, ce sont les hélicoptères qui se
sont chargés du travail, tuant amis et ennemis, sans se soucier de quoi que ce soit, et peut être aussi, sans ordre, spontanément. C’est possible, vu le stress dans lequel les
israéliens sont entretenus.
Donc, l’essentiel des victimes du 7, l’aurait été de la part de «tirs amis», et il faut se méfier des images et
des vidéos. Elles sont facilement manipulables et falsifiables.
D’autre part, si le «Hamas» (lire, toutes les entités de la résistance palestinienne, sauf Fatah), n’hésite pas à sacrifier les siens, en se cachant au
milieu d’eux, selon Israël, il aurait été plus habile de leur part, de se cacher parmi leurs otages comme bouclier humain. Mais la cohérence n’est pas le fait de la propagande, ni
du journaliste.
Au vu des pertes subies par l’armée US à Falloujah, on peut penser que les pertes israéliennes sont terriblement lourdes, au moins en matériel, sinon en
effectif. Et l’occident collectif n’en a plus beaucoup à sacrifier dans la bataille. Un ennemi retranché, s’il subit des lourdes pertes, peu en infliger de très lourdes aussi.
Mais cela n’infirme pas mon analyse de premier jet. Sans profondeur stratégique, le «Hamas» finira par ployer. Et sera détruit. Le coût sera, néanmoins,
très lourd, et le problème intact. Pour nettoyer la bande de Gaza, ça se finira à la baïonnette.
Israël, alterne, massacre, 20 heures par jour, et nettoyage ethnique (4 heures), en laissant filer la population vers le sud.
Un Israël qui n’a pas moins proposé à l’Égypte l’effacement de sa dette de 135 milliards de $, s’il accueillait les réfugiés palestiniens. De fait,
c’est conforter les antisémites, qui disent qu’ils sont les maitres réels, l’accord des USA, du FMI, de l’occident et de toutes les autorités étant présumé acquis et
automatique…
S’attaquer aux porte-avions
américains (même sans entrer dans les détails) équivaut symboliquement pour l’Axe à remettre en cause l’hégémonie américaine dans ses fondements mêmes. «Défi relevé».
Les intérêts des États-Unis et d’Israël, confrontés à l’horrible spectacle de la mort massive de civils à Gaza, divergent à
la fois à court et à long terme. Pour Israël, le ministre israélien de la Sécurité déclare que tout ce qui ne met pas fin à l’existence du Hamas est un échec.
Les États-Unis s’investissent totalement pour aider Israël à vaincre le Hamas, mais en plaçant la barre si «messianiquement haut», Netanyahou tend un
piège à Biden : si l’armée israélienne ne parvient pas à anéantir le Hamas, Israël ne peut pas «gagner». Et, à la fin, si Israël se retire simplement – et que le Hamas et son éthique
révolutionnaire demeurent – cela sera compris dans toute la sphère islamique comme une «victoire» du Hamas. En clair, le nivellement de Gaza n’est pas une solution pour Biden.
Pire encore, dans ce dernier scénario, Biden se voit privé de la possibilité de mettre en avant une «finalité» américaine claire à Gaza afin d’apaiser
les critiques croissantes dans son pays quant à son soutien «sans limites» à la guerre d’Israël contre le Hamas – un soutien que les manifestants américains qualifient de plus en plus
souvent de nettoyage ethnique, voire de génocide.
En clair, la politique de l’administration américaine risque de chavirer rapidement et de devenir un handicap politique majeur. La position actuelle est
donc clairement assortie d’un «délai d’expiration» précoce. Biden veut «passer à autre chose».
Le gouvernement israélien, en revanche (avec le soutien massif de l’opinion publique), s’est engagé à fond dans l’éradication du Hamas et considère les
morts civiles comme le «prix de la guerre», notamment parce qu’un tel degré d’intensité est considéré comme nécessaire pour apaiser l’électorat israélien après le choc total du 7
octobre. Le discours du cabinet israélien parle d’une guerre longue, plutôt que d’une «fin de partie» rapide.
Pour l’administration américaine, en cette année électorale, Biden veut aller au-delà du Hamas. Il ne veut pas que Gaza entache les élections de 2024,
mais il veut plutôt ramener l’attention du public américain sur la prétendue «menace» de la Russie, de la Chine et de l’Iran.
Les États-Unis et Israël veulent tous deux éviter une guerre régionale de grande ampleur ; mais Israël, de l’avis de la Maison-Blanche, prend
d’énormes risques d’escalade en cherchant à «éradiquer totalement» le Hamas, avec des moyens destructeurs qui radicalisent le monde.
Dans son discours de dimanche, Hassan Nasrallah a effectivement fait du Hezbollah le garant de la survie du Hamas (en identifiant spécifiquement le
Hamas par son nom). Le Hezbollah, a-t-il dit, se limitera à des opérations (non définies) et limitées à la frontière, «si et quand» le Hamas sera en danger. Il s’agit là d’une «ligne
rouge» qui va inquiéter la Maison-Blanche.
En clair, les États-Unis essaieront (s’ils le peuvent) – comme l’a fait Blinken – de faire reculer Israël dans son assaut contre Gaza, laissant les FDI
dans une situation d’effondrement total de la dissuasion ; car, en laissant Israël persévérer, ils risquent une escalade régionale horizontale. Sans surprise, les grands médias
américains spéculent sur les possibilités de changement
de régime pour Netanyahou. Ce dernier est certes impopulaire, mais son départ ne changerait rien à l’opinion bien établie en Israël selon laquelle Gaza doit être
«rayée de la carte».
Le point le plus important du discours de Hassan Nasrallah est son changement d’orientation, qui reflète peut-être non seulement la vision étroite du
mouvement, mais aussi celle de l’«axe» collectif. Ainsi, dans son discours, Israël est passé du statut d’acteur indépendant à celui d’un protectorat militaire américain nocif parmi
d’autres.
Hassan Nasrallah a directement mis en cause non seulement l’occupation israélienne, mais aussi les États-Unis dans leur ensemble, qu’il considère comme
responsables de ce qui est arrivé à la région – du Liban à la Palestine en passant par la Syrie et l’Irak. À certains égards, ces paroles font écho à l’avertissement lancé par Poutine
à Munich en 2007 à l’Occident, qui massait alors des forces de l’OTAN aux frontières de la Russie. «Défi accepté».
De même, les États-Unis ont déployé des forces massives dans la région, dans l’espoir de contraindre la résistance libanaise à renoncer à toute
intervention majeure en Israël.
Toutefois, le sous-texte du discours de Hassan Nasrallah était l’allusion à un front uni, à une «lente ébullition» de la «grenouille de dissuasion»
américaine, plutôt qu’à un plongeon tête baissée dans une guerre régionale.
Ces dernières semaines, les bases militaires américaines de la région ont été la cible d’attaques répétées de la part des milices régionales, et rien
n’indique que ces attaques vont bientôt cesser. Leurs drones et leurs roquettes ont tous été abattus, a insisté le CENTCOM. Aujourd’hui, le CENTCOM a cessé de publier des mises à
jour. Combien d’Américains ont été blessés et tués jusqu’à présent ? Combien d’autres risquent de mourir ou d’être gravement blessés ? Pour l’instant, nous ne le savons pas.
«Tout cela indique
une évolution inquiétante», écrit Malcom
Kyeyune, «le déclin de la
dissuasion» :
«Au cours des
dernières semaines, les responsables américains ont supplié [les milices] … de cesser d’utiliser des drones et des roquettes – et les ont menacés de graves conséquences s’ils
n’obtempéraient pas. Washington a mis ces menaces à exécution en ripostant par des frappes aériennes, tout en soulignant la nature défensive de ces frappes et en promettant de faire
marche arrière dès que les attaques contre les bases américaines cesseraient. Mais après chaque frappe aérienne, les groupes armés de la région ont «intensifié» leurs activités
anti-américaines. Des rapports circulent actuellement sur plusieurs grands groupes armés en Irak déclarant un État de guerre de facto contre les États-Unis [pour la libération de
l’Irak].
Le cœur du
problème réside dans le fait que les forces américaines sont réparties sur plus d’une douzaine de bases dans la région. Aucune de ces bases n’est suffisamment solide pour se défendre
contre une attaque concertée. Ils se sont plutôt appuyés sur l’idée qu’en attaquant ne serait-ce qu’un faible avant-poste américain, on s’exposait à des ennuis : Ce ne serait qu’une
question de temps avant que l’ensemble de la machine de guerre américaine ne s’abatte sur vous pour neutraliser la menace».
Kyeyune suggère qu’alors que :
«La dissuasion a
d’abord été un effet secondaire utile de la puissance économique et militaire américaine. Mais au fil du temps, elle est devenue une béquille, puis un village Potemkine : une façade
érigée par mesure d’économie, pour dissimuler le fait que l’armée se réduisait, que les dysfonctionnements politiques augmentaient et que la stabilité fiscale s’érodait. Aujourd’hui,
alors que les drones et les roquettes pleuvent sur les militaires américains en Syrie et en Irak, il apparaît clairement que le Moyen-Orient a décidé que les menaces
américaines n’étaient plus vraiment crédibles».
L’Irak sera-t-il le prochain «front» à s’ouvrir dans ce conflit en expansion ?
Hassan Nasrallah a déclaré à propos des navires de guerre américains : «Nous avons
préparé quelque chose pour eux». S’attaquer aux porte-avions américains (même sans entrer dans les détails) équivaut symboliquement à ce que l’Axe remette en cause l’hégémonie
américaine à sa racine même. «Défi relevé».
En bref, les conflits sont devenus géopolitiquement divers et technologiquement plus complexes et multidimensionnels – en particulier avec l’inclusion
d’acteurs non étatiques militairement compétents. C’est pourquoi un resserrement progressif de l’étau sur plusieurs fronts peut constituer une stratégie efficace : «Il est douteux
que l’armée américaine parvienne à mener une guerre sur trois ou quatre fronts – l’effort pourrait facilement se transformer en un nouveau bourbier».
Trente jours après que l'opération Al-Aqsa Flood a détruit la dissuasion psychologique
d'Israël, Washington et Tel Aviv continuent de prendre des mesures dangereuses pour étendre leur guerre
à Gaza vers une conflagration régionale.
Il y a deux semaines, les États-Unis et Israël avaient commencé à revenir légèrement sur
leur
objectif initial d'« éliminer complètement le Hamas » – un objectif que beaucoup
considéraient
comme irréaliste et irréalisable.
Mais maintenant, Tel Aviv a réitéré son objectif d’éradiquer la résistance palestinienne
dans sa
guerre contre la bande de Gaza, et les États-Unis fournissent une couverture complète à la
brutale campagne israélienne.
L'ampleur des bombardements israéliens est comparable aux campagnes aériennes
de
Washington au Vietnam, en Corée et au Cambodge, ainsi qu'aux premiers jours de
l'invasion
irakienne « Choc et crainte ». Ce niveau de bombardements destructeurs est historiquement sans précédent sur une zone
géographique de seulement 365 kilomètres carrés.
Pour décrire la situation plus précisément, les bombes larguées par Israël sur la bande de
Gaza dépassent la bombe nucléaire avec laquelle les États-Unis ont frappé la ville japonaise
d'Hiroshima pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières semaines, Gaza a
enduré la souffrance de 25 000 tonnes d'explosifs – à comparer aux 15 000 tonnes de la
bombe d'Hiroshima, selon l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme.
Plus de 10 000 civils – dont 4 000 enfants – ont été tués par les tirs aveugles
d’Israël. 2 200 Palestiniens supplémentaires sont portés disparus
sous les décombres, dont la moitié sont des enfants.
Malgré cela, les responsables américains déclarent publiquement que leurs alliés à Tel Aviv
ont
pris soin de ne pas causer de victimes civiles et qu’ils continuent de mettre en garde
Israël de ne
pas infliger davantage de morts civiles à Gaza.
Mais les actes sont plus éloquents que les mots, et les comportements de
Washington
soutiennent de manière retentissante l’escalade de la violence. À ce jour, malgré l’éblouissante démonstration de navette diplomatique régionale du
secrétaire d’État américain Antony Blinken le week-end dernier, les États-Unis refusent de conclure un accord de cessez-le-feu. Washington a également convaincu ses alliés arabes d’accepter de poursuivre la guerre –
pour l’instant.
Les régimes arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël – l’Égypte, la Jordanie,
les
Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc – n’ont pas encore subi la colère publique de
leurs
citoyens qui s’opposent avec véhémence à l’agression israélienne contre
Gaza. Washington et
Tel-Aviv ont jeté quelques miettes à leurs alliés arabes pour les aider à conjurer les
dissensions intérieures massives. Par exemple, Blinken a donné
dimanche au roi Abdallah II de Jordanie un « laissez-passer » pour larguer des fournitures humanitaires à l'hôpital jordanien de Gaza. Ce geste dénué de sens fait suite au rappel, la semaine dernière, de l'ambassadeur de
Jordanie à Tel Aviv :
Deux actions en l'espace d'une semaine suggèrent beaucoup de chaleur dans la rue
dans
certaines capitales arabes.
Mais en réalité, les défenses aériennes jordaniennes sont profondément impliquées dans
les
systèmes israéliens et américains pour contrer les
missiles yéménites et irakiens se dirigeant
vers les territoires palestiniens
occupés.
Au cours de sa visite éclair dans les principales capitales d’Asie occidentale, Blinken a
également
porté avec lui davantage de menaces contre l’Axe régional de la Résistance
pro-palestinien,
réitérant l’avertissement selon lequel l’armée américaine, déployée en Asie occidentale,
dans la
mer Rouge, dans le golfe Persique et dans l’est de l’Asie. Méditerranée, contrecarrerait
toute
tentative de guerre.
Et ce, alors que Washington rassemble encore plus de forces terrestres, aériennes et
navales
dans la région pour dissuader les ennemis d’Israël. Le déploiement de deux porte-avions avec
chacun un groupe de cuirassés ; quatre autres groupes navals ; avions de combat et bombardiers; Systèmes de défense aérienne Patriot et THAAD ; et le renforcement de toutes les
bases militaires américaines régionales avec davantage de troupes - et aujourd'hui,
l'armée
Tous les renforts du Pentagone pour protéger la guerre effrénée d'Israël contre Gaza - qui
n'ont
pas cessé depuis l'opération de résistance menée par le Hamas le 7 octobre - n'ont
apparemment
pas suffi à dissuader l'Axe de la Résistance. Et il existe des preuves pratiques de cela :
Tout d’abord, Blinken s’est rendu dans la capitale irakienne vêtu d’un gilet pare-balles,
où il est allé transmettre ses menaces aux innombrables factions de la résistance du pays. Dès son départ de l'aéroport de Bagdad, la Résistance islamique en Irak a procédé à
plusieurs bombardements
contre des bases américaines en Irak et en Syrie.
Deuxièmement, les tirs de roquettes et de drones se poursuivent depuis le Yémen vers les
bases militaires israéliennes en Palestine occupée, qui sont contrés par les systèmes de défense
antimissile américains d’Arabie saoudite, de Jordanie et d’Égypte avant les défenses
antimissiles israéliennes. Malgré les menaces américaines contre les dirigeants de la résistance
d'Ansarallah
au Yémen, les tirs de roquettes n'ont pas cessé et se poursuivront « jusqu'à ce que leurs
cibles
soient touchées », comme l'a annoncé le secrétaire général du Hezbollah, Hassan
Nasrallah,
dans son discours tant attendu vendredi dernier.
"Le Hamas devrait gagner", déclare Nasrallah
Nasrallah s'exprimait au nom de l'alliance régionale de l'Axe de la Résistance à laquelle
il appartient. Au cours de son discours, il a directement exposé
les deux principaux objectifs de son alliance dans la guerre actuelle : premièrement, un cessez-le-feu ; Deuxièmement, « la résistance
à Gaza devrait gagner, et le Hamas devrait gagner ».
De nombreuses personnes dans le monde arabe et au-delà ont interprété le discours de
Nasrallah comme étant prudent et apaisant. Mais son deuxième but a
démenti son ton calme, représentant
une barre très haute dans cette guerre. Alors qu'Israël et les États-Unis se sont fixé comme
objectif commun la défaite totale du Hamas et de son pouvoir à Gaza, le Hezbollah et son
alliance
ont fixé comme objectif la victoire ultime de la résistance
palestinienne.
Nasrallah a alors menacé les États-Unis, affirmant que la résistance avait préparé « ce qui
est nécessaire » pour affronter ses flottes navales. Comme Tel Aviv
le sait bien après avoir analysé
ses discours pendant des décennies, le chef du Hezbollah n’exagère jamais ses
capacités
militaires. Et c’était un message aussi clair que possible : la mobilisation militaire américaine
n’a
pas dissuadé l’Axe.
Les dirigeants israéliens ont déclaré que leur guerre contre Gaza serait longue et qu’ils
n’avaient
pas l’intention de conclure un accord de cessez-le-feu. En fournissant une couverture complète
aux atrocités israéliennes, les États-Unis ont déclenché une escalade des attaques de l’Axe
de la Résistance sur différents fronts, selon des sources de l’Axe confirmées.
La possibilité que la guerre s’étende à d’autres fronts géographiques contre les bases et
intérêts militaires américains augmente désormais de façon exponentielle. Le renforcement militaire de Washington en Asie occidentale est une incitation à alimenter
la guerre, plutôt qu'un effet
« dissuasif » que les Américains croient pouvoir empêcher le conflit de
s'étendre.
Ces déploiements américains ne servent qu'à enhardir les dirigeants israéliens, en leur
donnant
toute latitude pour étendre et intensifier leur champ de bataille à Gaza - non seulement
en
massacrant des civils en toute impunité, mais en détruisant une partie des infrastructures
qui garantiront qu'une grande partie du territoire reste inhabitable. .
En attendant, la résistance palestinienne n’a pas l’intention de se rendre, car cela
priverait de
sens la dévastation sans précédent qu’Israël a infligée à Gaza. L’Axe de la Résistance fera tout
ce qui est en son pouvoir pour empêcher une victoire israélienne dans cette guerre, ce qui
signifie
que la région se dirige vers un état de guerre majeure, au-delà de tout scénario d’«
escalade lente » que Tel Aviv ou Washington anticipent ou anticipent. pense qu'il peut contrôler.
Les « opérations au sol » ne font que commencer
En bref, la seule chose qui empêche aujourd’hui une guerre régionale est une décision
américano-israélienne d’arrêter les bombardements sur Gaza.
Il existe plusieurs moyens d'accélérer cette décision. L'un d'entre eux consiste à faire en
sorte que l'armée israélienne paie un prix lourd et insupportable lors de ses opérations terrestres dans la
bande de Gaza. Jusqu'à présent, après dix jours de guerre terrestre, les forces d'occupation
ne
sont pas encore entrées dans les zones les plus peuplées de Gaza, où elles connaîtront
de
lourdes pertes de troupes. L'excuse de Tel Aviv est que le nord de Gaza – où son armée est entrée avec un plan pour le
séparer du sud – abrite toujours 400 000 résidents palestiniens. Ainsi, l'armée israélienne a augmenté la fréquence et l'intensité des bombardements dans le
nord pour forcer le déplacement des habitants restants de la région.
Malgré ces précautions israéliennes, les Brigades Al-Qassam de Hama
ont affronté les forces d'invasion , infligeant de lourdes pertes aux troupes et aux véhicules
blindés. Plus l’armée
d’occupation se rapproche des zones peuplées, plus elles deviennent des cibles faciles pour
la résistance.
Pour brosser un tableau plus clair de cette réalité du champ de bataille, un correspondant
de
Fox News qui accompagnait les soldats israéliens sur la ligne de front a révélé que, malgré
la campagne de bombardements massifs d'Israël sur Gaza, son armée n'a pénétré qu'à un mile du territoire palestinien. En d’autres termes, l’opération terrestre en est encore à ses
balbutiements
et a à peine effleuré la surface des pertes qu’elle peut s’attendre à
subir.
Tentatives de négociation
Au milieu de cette escalade, les États-Unis tentent désormais de gagner du temps en
proposant
une « trêve humanitaire » pour permettre aux Israéliens d’organiser leurs rangs,
constamment
exposés aux attaques de la résistance. C’est pour cette raison que Washington a intensifié la
médiation qatarienne visant à parvenir à un échange de prisonniers entre le Hamas et
Israël.
Selon des sources bien informées, les négociations se limitent actuellement à l'approbation
d'une
trêve d'une durée de 48 heures. Au cours de la période proposée de deux jours, le poste frontière
entre l'Égypte et Gaza à Rafah sera ouvert à l'entrée de toute l'aide humanitaire bloquée
en
Égypte, et toutes les femmes et enfants palestiniens prisonniers dans les centres de
détention israéliens seront échangés contre les femmes et les enfants capturés par Hamas le 7 octobre,
quelle que soit leur nationalité.
Si cette médiation aboutit, il est peu probable qu’elle ouvre la voie à un cessez-le-feu
prolongé :
Elle constituera une pause pour les belligérants et permettra à Washington d’organiser
un
« succès » de relations publiques pour l’administration Biden.
Aucun des deux côtés ne prendra l’air trop longtemps. Les flottes navales américaines et les
transferts d'aide militaire à la région sont une garantie que la guerre d'Israël contre
Gaza
continuera et empêchera une escalade majeure en Asie occidentale, à partir de laquelle
les
États-Unis et Israël tenteront d'imposer un nouveau fait accompli qui « intègre Israël dans
son environnement » via la normalisation et d’autres initiatives.
Mais l’Asie occidentale n’est plus exclusivement le terrain de jeu des États-Unis ou
d’Israël, et au
cours des dernières décennies, Washington n’a été surpris que par des circonstances
imprévues
dans ses innombrables interventions régionales. Aujourd’hui,
ces adversaires n’ont jamais été
aussi forts
ni aussi soudés.
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de The Cradle.
Par M.K. Bhadrakumar – Le 5 novembre 2023 – Source Indian Punchline
La question palestinienne, que Benjamin Netanyahou pensait avoir
pratiquement résolue en assimilant progressivement “tout
Israël” à une entité sioniste, est revenue en force sur le devant de la scène politique du Moyen Orient et de la société internationale, grâce au Hamas, le char de la résistance
palestinienne.
Si l’on en croit le
secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, était “entièrement le fruit de la détermination et de l’exécution
palestiniennes, méticuleusement dissimulées à tous, y compris aux factions de la résistance basées à Gaza […] et libres de tout enchevêtrement avec des acteurs régionaux ou
internationaux“.
Dans son discours
historique prononcé vendredi à Beyrouth, Nasrallah a souligné que l’attaque du Hamas contre Israël “a démontré sans équivoque que l’Iran n’exerce aucun contrôle sur les
factions de la résistance, les véritables décideurs étant les chefs de la résistance et leurs combattants dévoués“.
Le discours de Nasrallah était très attendu dans les capitales du monde entier, principalement pour obtenir des indices sur les intentions du Hezbollah pour
l’avenir. Mais le maître tacticien s’est plutôt concentré sur la situation dans son ensemble, car, comme il l’a dit, le 7 octobre “annonce un changement de paysage, nécessitant une responsabilité
partagée de la part de toutes les parties“.
Ainsi, l’arrêt de l’agression israélienne contre Gaza et la victoire du Hamas dans la région devraient être les objectifs actuels, ce qui est dans l’intérêt
national de l’Égypte, de la Jordanie et de la Syrie et d’une “importance capitale” pour le Liban. Bien entendu, la bande de
Gaza a toujours été au cœur du conflit israélo-palestinien et est depuis longtemps liée au nationalisme palestinien.
Le Hezbollah est entré dans la bataille pour Gaza dès le 8 octobre, car “ce qui se passe sur notre front libanais ne s’y limitera pas, il
s’étendra au-delà“, a souligné Nasrallah. Par conséquent, les opérations de résistance menées dans le sud du Liban ont un effet dissuasif et toute attaque contre le Liban ou opération
préventive “serait la plus grande folie dans l’histoire de
l’existence d’Israël“. Il a ajouté que l’escalade dépendait de deux “facteurs fondamentaux” : le déroulement des événements à Gaza et
la conduite de l’armée israélienne à l’égard du Liban.
“Toutes les possibilités
restent ouvertes sur notre front libanais, chaque option étant envisagée et pouvant être mise en œuvre à tout moment, il est impératif que nous restions prêts à faire face à tous les scénarios
possibles” a ajouté Nasrallah.
“Nous nous sommes
également préparés à contrer la flotte américaine“, a-t-il ajouté. Rappelant l’humiliation subie par les États-Unis au début des années 1980 au Liban, Nasrallah a déclaré :
“Ceux qui veulent éviter une guerre américaine devraient
agir rapidement pour mettre fin à l’agression contre Gaza… En cas de conflit régional, les flottes navales et la guerre aérienne s’avéreront futiles et sans réel intérêt… vos intérêts et vos
soldats seront ceux qui souffriront le plus et subiront les plus grandes pertes.”
Quelle est donc la situation dans son ensemble ? Nasrallah résume la situation : “Même si nous avons besoin de plus de temps, nous remportons des
victoires dans différents domaines, comme nous l’avons fait dans différents domaines à Gaza et comme la résistance en Cisjordanie… Cette bataille est caractérisée par la résilience, la patience,
l’endurance et l’accumulation de réalisations, qui visent toutes à empêcher l’ennemi d’atteindre ses objectifs“.
Il semble que le contenu du discours de Nasrallah n’ait pas pris par surprise le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui était en voyage à Tel-Aviv. On peut
supposer que les canaux de communication ont été actifs. Pour faire le lien, le chef de la Force Quds des Gardiens de la révolution iranienne, le général Esmail Qaani, s’est rendu à Beyrouth
mardi dernier et a rencontré Nasrallah.
Le même jour, le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, rencontrait l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, à Doha, puis le chef du
Hamas, Ismail Haniyeh. (Il s’agissait de la deuxième visite d’Amir-Abdollahian au Qatar en l’espace de quinze jours).
Dans la chronique de l’Axe de la Résistance, des personnages comme Nasrallah (ou Moqtada al-Sadr, le religieux chiite irakien) sont tout sauf des figures
unidimensionnelles. Le succès de l’Iran réside dans son tact, sa patience infinie et sa capacité à s’adapter aux exigences externes et internes de la politique de résistance. C’est en grande
partie l’héritage du général Qasem Soleimani, qui a été pris pour cible et tué par une attaque de drone américain près de l’aéroport de Bagdad en janvier 2000.
Blinken a déclaré aux journalistes en Israël que lors de la réunion avec Netanyahou, il a exhorté Israël à poursuivre une pause dans les combats à Gaza et a donné
des conseils sur la façon de minimiser les pertes civiles palestiniennes. Netanyahou a répliqué peu après en tenant sa propre conférence de presse, déclarant qu’Israël “refuse un cessez-le-feu temporaire qui n’inclurait pas le retour de
nos otages“.
La veille de l’arrivée de Blinken, Netanyahou a déclaré aux médias, citant l’Ecclésiaste, que “la Bible dit qu’il y a un temps pour la paix et un temps pour la
guerre. C’est un temps pour la guerre“. Netanyahou est un combattant acharné. Il s’adresse déjà à l’influente communauté évangélique des États-Unis.
La visite de Blinken a fait monter la tension au sein de laquelle Netanyahou opère actuellement. Selon Haaretz, Netanyahou est “un homme politique hanté, en fin de carrière, dont les problèmes
actuels viennent s’ajouter à l’imbroglio criminel dans lequel il s’est lui-même fourvoyé“. Netanyahou ne jouit pas de la confiance du public, et la plupart de ses efforts sont investis dans
sa survie personnelle.
En effet, il reste à voir dans quelle mesure les promesses de Netanyahou d’éradiquer le Hamas ne sont que des déclarations rhétoriques. Il mise sur le consensus au
sein de la direction politique et sécuritaire israélienne – et peut-être aussi sur la position de la majorité de l’opinion publique – selon lequel il est nécessaire de vaincre le Hamas et que
cela ne peut pas se faire par les airs, mais nécessite la mise en œuvre massive d’une force de manœuvre au sol.
Mais nous n’en sommes qu’au début. Une fois que les brigades de combat israéliennes auront pénétré au cœur de l’infrastructure du Hamas et que ses principaux moyens
opérationnels auront été dégradés, l’humeur pourrait changer. Le pari de Netanyahou est de taille. En outre, il a besoin du soutien des Américains, qui demandent déjà une contrepartie à Gaza et
attendent de lui qu’il renouvelle son soutien à la solution des deux États, en plus de contenir ses partenaires de la coalition des Hardalim (ultra-orthodoxes, nationalistes) et leurs alliés qui commettent des atrocités contre la population palestinienne et coupent leurs oliviers sur les collines de Cisjordanie.
Ce que le Hamas et le Hezbollah veulent vraiment, c’est un cessez-le-feu à Gaza. Du point de vue du Hamas, l’intérêt international pour la libération des
ressortissants étrangers fera pression pour parvenir à un accord. Le Hezbollah, quant à lui, ne veut pas risquer de causer d’importants dégâts au Liban. Le Hezbollah est également un parti
politique bénéficiant d’un soutien populaire et il est sensible à la crise de l’économie libanaise et aux difficultés aiguës que la population doit endurer. Ces considérations incitent à la
prudence.
Toutefois, le discours de Nasrallah a montré que le brouillard de guerre s’épaissit. Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être à première vue – surtout si
l’on considère que Biden est le sioniste numéro un dans le monde, comme quelqu’un l’a dit un jour. Les gens ne changent pas à 80 ans.
La semaine dernière, un projet de politique divulgué par le ministère israélien du renseignement a confirmé les pires soupçons des observateurs les plus attentifs,
à savoir qu’Israël a des plans secrets pour expulser une grande partie ou la totalité de la population palestinienne de l’enclave de Gaza vers le désert égyptien du Sinaï.
Jonathan Cook, journaliste et auteur britannique, a écrit un article étonnant selon lequel le gouvernement Netanyahou “envisage sérieusement une opération massive de nettoyage ethnique,
menée à la vitesse de l’éclair et avec l’aide des États-Unis“. Cook a cité un article du FT disant que l’UE est saisie du plan israélo-américain et
certains pays membres sont réceptifs à l’idée d’exercer une pression concertée sur l’Égypte pour qu’elle accepte l’exode de Gaza.
Il y a lieu de croire que l’administration Biden dissimule et crée de fausses narrations dans les médias – feignant des différences avec Netanyahu, etc. – alors
qu’en réalité, le plan israélien est très présent dans les points de discussion de Blinken lors des engagements diplomatiques à huis clos, en particulier avec les riches pays du Golfe qui
seraient appelés à financer l’installation de la population de Gaza dans le Sinaï.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Un ballon d’essai pour des pourparlers de paix sur l’Ukraine
Un ballon d’essai a été
mis en ligne sur le site de NBCnews. Il s’agit de
tester la réaction du public à la reconnaissance prochaine par les États-Unis et l’OTAN de leur défaite en Ukraine :
WASHINGTON – Des
responsables américains et européens ont commencé à discuter discrètement avec le gouvernement ukrainien de ce que pourraient impliquer d’éventuelles négociations de paix avec la Russie pour
mettre fin à la guerre, selon un haut responsable américain actuel et un ancien haut responsable américain au fait de ces discussions.
Ces discussions se
tiennent la même semaine qu’un article du Time sur la réticence de Zelenski à considérer la situation réelle de l’Ukraine et à admettre sa défaite. La même semaine, The Economist interviewait le général Zaluzny
qui parlait avec optimisme d’une impasse sur le front alors que son armée est sur le point de se désintégrer.
Pris ensemble, ces trois articles pourraient bien faire partie d’une campagne de l’administration américaine visant à concéder sa défaite en Ukraine tout en blâmant
les forces ukrainiennes pour les résultats de son erreur.
Les conversations ont porté sur les grandes lignes de ce que l’Ukraine devrait abandonner pour parvenir à un accord, ont déclaré les responsables. Certaines de
ces discussions, qualifiées de délicates, ont eu lieu le mois dernier lors d’une réunion de représentants de plus de 50 pays soutenant l’Ukraine, y compris des membres de l’OTAN, connue sous
le nom de Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, ont indiqué les responsables.
Les discussions sont une reconnaissance de la dynamique militaire sur le terrain en Ukraine et de la dynamique politique aux États-Unis et en Europe, ont
déclaré les responsables.
Elles ont débuté alors que les responsables américains et européens s’inquiètent de l’impasse dans laquelle se trouve la guerre et de la possibilité de
continuer à fournir de l’aide à l’Ukraine. Les responsables de l’administration Biden s’inquiètent également du fait que l’Ukraine manque de forces, alors que la Russie dispose d’une réserve
apparemment inépuisable. L’Ukraine a également du mal à recruter et a récemment été le théâtre de protestations publiques concernant certaines exigences du président Volodymyr Zelenskyy en
matière de conscription à durée indéterminée.
Le problème de l’armée ukrainienne est évident. Elle manque d’hommes et n’en a plus que quelques-uns à recruter. Il est difficile d’évaluer les pertes réelles de
l’armée ukrainienne, mais je ne serais pas étonné d’apprendre qu’elles s’élèvent à environ 300 000 morts et plus de 500 000 blessés, dont beaucoup seront désormais handicapés.
Enfin, ces préoccupations concernant les effectifs de l’Ukraine sont reconnues :
Le président Joe Biden s’est intéressé de près à l’épuisement des forces militaires ukrainiennes, selon deux personnes connaissant bien le dossier.
“Les effectifs sont au cœur des préoccupations
de l’administration en ce moment“, a déclaré l’une d’entre elles. Les États-Unis et leurs alliés peuvent fournir à l’Ukraine des armes, a ajouté cette personne, “mais s’ils n’ont pas de forces compétentes
pour les utiliser, cela ne sert pas à grand-chose“
La dernière phrase semble être tirée de l’article du Time qui
disait :
Dans certaines branches de l’armée, la pénurie de personnel est devenue encore plus grave que le déficit en armes et en munitions. L’un des proches
collaborateurs de Zelensky me dit que même si les États-Unis et leurs alliés fournissent toutes les armes qu’ils ont promises, “nous n’avons pas les hommes pour les
utiliser“.
L’Ukraine elle-même détruit ses propres brigades plus rapidement qu’elle ne peut en créer de nouvelles :
Ces derniers jours, des chars de la 47e brigade (Leopard 2) et de la 10e brigade de montagne (T-64BM/BV) ont été repérés et détruits près d’Avdiivka. Ces deux
brigades venaient tout juste d’être massacrées au cours de leurs attaques désespérées sur le front sud. Il est absurde de jeter ce qui reste d’elles dans une nouvelle bataille sans les
reconstituer. Toute l’expérience et les connaissances acquises par ces brigades seront perdues avec elles.
L’ensemble du corps intermédiaire professionnel de l’armée, les sergents et les jeunes officiers, ont pour la plupart été tués ou blessés. Sans eux, il est
impossible de constituer de nouvelles forces.
L’article de NBC a fait la une des journaux en Ukraine (en russe). Alors que je publiais cet article, une première réaction politique, un déni total, est apparue :
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy ne pense pas que la situation sur le front en Ukraine soit une impasse et a déclaré que l’Ukraine ne négocierait pas
avec la Russie.
…
Citation de Zelenskyy : “Il ne s’agit pas d’une impasse. La Russie
contrôle le ciel. Nous protégeons nos troupes. Personne [en Ukraine] ne veut jeter notre peuple [dans la bataille] comme le fait la Russie […]
Comment pouvons-nous surmonter cette
situation ? Avec les F-16, nous devons attendre que nos hommes soient formés et qu’ils reviennent. Lorsqu’il y aura une défense aérienne sur le front, nos soldats avanceront en déployant
l’équipement dont ils disposent.“
Que dira-t-il lorsque les F-16, ces merveilles vieilles de cinquante ans, tomberont du ciel plus vite qu’elles ne décolleront ?
Des signes évidents montrent que le fossé entre les dirigeants politiques et militaires de l’Ukraine se creuse. Le président Zelenski, à la demande de son nouveau
ministre de la défense, vient de révoquer le commandant des forces spéciales ukrainiennes et d’en installer un nouveau :
Le général de division Viktor Khorenko ne connaît pas les raisons de son licenciement du poste de commandant des forces d’opérations spéciales. Valerii Zaluzny,
commandant en chef des forces armées ukrainiennes, n’a pas présenté de demande de licenciement.
Il est très inhabituel de licencier un officier sans la demande de son supérieur.
Des critiques ont également été lancés contre Zaluzny lui-même :
Ihor Zhovkva, chef adjoint du bureau du président, commentant l’article de Valerii Zaluzhnyi, commandant en chef des forces armées ukrainiennes,
pour The Economist, a
déclaré que les militaires ne devraient pas faire connaître au public ce qui se passe au front.
…
Zhovkva a également déclaré que “l’un des chefs des bureaux des
dirigeants” l’avait appelé après la publication de l’article en question.
Ils m’ont simplement demandé, paniqués : “Que dois-je rapporter à mon chef ?
Sommes-nous vraiment dans une impasse ? Essayons-nous d’obtenir cet effet avec cet article ?“, a déclaré le représentant du cabinet du président.
L’article de NBC fixe même un délai à l’Ukraine pour admettre que la situation est terminée :
Des fonctionnaires ont également déclaré en privé que l’Ukraine n’avait probablement que jusqu’à la fin de l’année ou un peu plus tard pour entamer des
discussions plus urgentes sur les négociations de paix. Des responsables américains ont fait part de leur point de vue sur ce calendrier à leurs alliés européens.
La Russie acceptera probablement des pourparlers de paix. Mais elle exigera probablement plus que ce que l’Ukraine est prête à donner. Elle exigera au minimum le
contrôle total des cinq oblasts qu’elle a annexés, dont la Crimée, et l’absence de relations entre l’Ukraine et l’OTAN. Le parlement ukrainien actuel rejettera probablement ces demandes, ce qui
entraînera d’autres exigences de la part de la Russie.
Kiev n’a pas encore reconnu la réalité. L’État ukrainien est exsangue, tant financièrement que physiquement. Ses maîtres ont constaté que l’objectif
qu’ils s’étaient fixé au début de la guerre – affaiblir la Russie – a abouti à l’inverse. La Russie dispose aujourd’hui d’une armée plus importante et mieux
armée, avec une plus grande expérience de la guerre réelle que n’importe lequel de ses adversaires potentiels.
La Russie a gagné.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
À quoi s’attend-on du Hezbollah dans la guerre de Gaza ?
Le Hezbollah a toujours été un acteur important du conflit en général au Moyen-Orient, en particulier dans ses confrontations avec Israël. Sa position
sur le conflit israélo-palestinien est bien connue, car il s’est toujours dit solidaire à la cause palestinienne. Cependant, prédire des actions ou des décisions précises du Hezbollah
relève de la spéculation. Le Hezbollah pourrait ouvrir un front au nord d’Israël à partir du Liban, ce qui constituerait une escalade significative. Une telle décision repose sur une
dynamique régionale plus large, notamment des relations du Hezbollah avec l’Iran et la Syrie, ainsi que sur des considérations internes au Liban. Comme ce pays a son lot de
difficultés politiques et économiques complexes, toute décision du Hezbollah d’intensifier son engagement dans un conflit extérieur devrait prendre en compte les répercussions
possibles sur le plan intérieur, en commençant par la société qui le soutient.
L’engagement du
Hezbollah dans la guerre de Gaza
Depuis le 8 octobre, la frontière israélo-libanaise est devenue le point chaud des affrontements militaires entre le Hezbollah et l’armée d’occupation
israélienne. La zone, qui s’étend sur 100 à 120 km de Naqoura, sur la côte méditerranéenne, aux fermes contestées de Chebaa et au plateau du Golan occupé, a été le théâtre
d’escarmouches intenses.
Les opérations du Hezbollah ont visé 42 installations militaires israéliennes, dont des casernes, des stations radar et des postes d’espionnage
électronique. Le groupe affirme avoir frappé ces positions à 150 reprises avec des missiles guidés par laser. De son côté, Israël a rapporté des pertes, 120 soldats ayant été
tués ou blessés au cours des affrontements.
L’intensité du conflit a incité Israël à déployer trois de ses divisions militaires et ses unités d’élite de ses forces spéciales à la frontière. Ces
unités sont spécialement chargées de contrer l’unité d’élite al-Redouane du Hezbollah, connue pour ses prouesses en matière de guérilla. La présence d’al-Redouane préoccupe énormément
Israël, à un point tel qu’il a évacué des dizaines de milliers de personnes des colonies situées le long de la frontière. Cette évacuation signifie dans les faits que de larges pans
de zones autrefois peuplées sont désormais sous occupation militaire.
La position du Hezbollah et ses manœuvres de guerre ont forcé Israël à scinder ses opérations militaires. Le front nord étant désormais actif, Israël
doit rester vigilant en cas d’éventuelles percées des forces spéciales du Hezbollah. Le groupe a reconnu avoir perdu 50 de ses combattants dans ces affrontements. Cette escalade
marque un changement important dans la dynamique de la région, les deux parties démontrant maintenant leurs capacités militaires et leur détermination.
Les tensions actuelles le long de la frontière israélo-libanaise ont atteint des niveaux sans précédent. Plus de 60 000 colons israéliens ont été
évacués des zones adjacentes au mur, ce qui souligne la gravité de la menace perçue. L’évacuation n’est pas unilatérale. Du côté libanais, le Hezbollah a également déplacé des
milliers de ses résidents vers des lieux plus sûrs. Cette évacuation mutuelle indique que l’on s’attend à un conflit de grande ampleur, et les deux parties semblent prendre toutes les
précautions nécessaires pour minimiser les pertes civiles.
Il est intéressant de noter que, malgré les hostilités, il semble y avoir une règle d’engagement tacite. Jusqu’à présent, les deux parties ont
principalement ciblé les installations militaires, évitant ainsi de faire de nombreuses victimes civiles. Cette retenue, en particulier de la part d’un acteur non étatique comme le
Hezbollah, est remarquable. Elle témoigne d’une maturité et d’une réflexion stratégique visant à éviter les répercussions internationales associées aux pertes
civiles.
L’utilisation par le Hezbollah de missiles guidés de précision, même contre des cibles apparemment insignifiantes comme de
l’équipement de communication, envoie un message clair. Il ne s’agit pas seulement de détruire la cible, mais aussi de démontrer ses capacités. L’utilisation d’armes aussi
perfectionnées contre des cibles plus petites implique un bon entraînement et un stock important de ces missiles, ce qui laisse supposer une volonté de s’engager dans un conflit
prolongé. Cette «démonstration de force» a un effet dissuasif, en signalant à Israël ce qu’une invasion ou une attaque de grande envergure pourrait
lui coûter.
Ce qui précède est un exemple classique du rapport de force délicat qui prévaut dans la guerre moderne. Même des acteurs non
étatiques peuvent, avec les ressources et la stratégie adéquates, imposer un état de dissuasion à des forces militaires établies. Les jours à venir détermineront comment cet
équilibre s’exercera, et si les tensions actuelles vont dégénérer en un conflit plus large.
L’implication du Hezbollah dans le conflit actuel est stratégique et mesurée. Le groupe a fixé des limites claires à son implication,
qu’Israël semble respecter, probablement pour éviter l’ouverture d’un deuxième front dans le nord alors qu’il est déjà engagé à Gaza. La dynamique du conflit à
Gaza, où le Hamas et le Djihad islamique maintiennent leur puissance de feu et leur promptitude, ne nécessite pas l’intervention du Hezbollah sur le
front nord pour le moment.
L’ambiguïté des objectifs d’Israël dans son invasion terrestre complique davantage la situation. Si les objectifs initiaux d’Israël n’ont pas
été explicitement énoncés, ils peuvent évoluer en fonction des réalités sur le terrain, surtout si les forces d’occupation israéliennes subissent des pertes
importantes.
La décision d’Israël de ne pas dévoiler ses objectifs ultimes lors de l’invasion terrestre de Gaza est une décision stratégique qui lui donne de
la souplesse dans ses opérations militaires et qui maintient ses adversaires dans l’incertitude. En ne révélant pas s’il a l’intention d’occuper toute la bande de Gaza, Israël
maintient un élément d’imprévisibilité, ce qui peut constituer un avantage tactique dans la guerre.
Les spéculations entourant l’administration de la bande de Gaza après l’occupation suggèrent qu’Israël envisage des implications et des
scénarios à long terme. Cependant, une occupation complète de Gaza constituerait une escalade significative avec de profondes implications politiques, humanitaires et
sécuritaires. En plus d’intensifier le conflit à Gaza, pareille mesure pourrait également élargir l’ampleur de la guerre en attirant d’autres acteurs
régionaux.
En maintenant l’ambiguïté par rapport à ses objectifs, Israël poursuit une stratégie d’imprévisibilité. Cette approche peut servir
plusieurs objectifs :
Avantage
tactique : En ne dévoilant pas ses intentions, Israël peut déstabiliser le Hamas et d’autres groupes, et ainsi les empêcher de se préparer et de
réagir efficacement.
Flexibilité
stratégique : En ne s’engageant pas sur un dénouement précis, Israël peut modifier ses opérations en fonction de la
situation changeante sur le terrain, que ce soit en raison de la pression internationale, de l’évolution militaire ou d’autres facteurs.
Impact
psychologique : L’incertitude peut avoir un effet psychologique sur les dirigeants et la population de Gaza, en créant de la confusion et en
semant éventuellement la discorde entre la population et la Résistance palestinienne.
Dissuasion
: L’imprévisibilité peut avoir un effet dissuasif sur d’autres acteurs régionaux, tels que le Hezbollah, en les dissuadant d’ouvrir un nouveau front sans connaître
explicitement les intentions d’Israël à Gaza.
Mais cette
stratégie comporte des risques. L’absence d’objectif clair peut faire dériver la mission, en étendant l’opération militaire au-delà de
son périmètre initial. Elle peut également être sujette à la critique internationale si le processus est perçu comme étant sans but ou trop agressif sans
justification claire.
Le Hezbollah, en particulier, suivra la situation de près. Une occupation complète de Gaza pourrait être perçue comme une menace directe incitant le
Hezbollah à ouvrir un second front depuis le nord. Cela mettrait à rude épreuve les capacités militaires d’Israël et pourrait déboucher sur un conflit régional beaucoup
plus large et complexe.
Le
discours de Sayyed Nasrallah et la position du Hezbollah
L’appel du secrétaire général du Hezbollah à un grand rassemblement vendredi dans plusieurs régions du Liban est révélateur. L’organisation d’un
événement d’une telle ampleur, en particulier dans le contexte actuel d’instabilité, suggère un certain degré de confiance de la part du Hezbollah. Il croit qu’Israël a été
suffisamment dissuadé et qu’il ne prendrait pas le risque de cibler un tel rassemblement. L’appel à un rassemblement public indique que le Hezbollah n’est pas encore en
guerre totale avec Israël, que le conflit se limite jusqu’à présent à un échange de tirs aux frontières.
Sayyed Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, a l’habitude de prononcer des discours à la fois stratégiques et symboliques qui traitent
souvent des événements régionaux, notamment en ce qui concerne Israël et la cause palestinienne. Voici un aperçu de ce que Nasrallah pourrait aborder dans son prochain
discours :
Les réalisations
de la résistance palestinienne : Sayyed Nasrallah fera probablement l’éloge de la résistance palestinienne et de ses accomplissements contre Israël, en soulignant
les résultats surprenants obtenus malgré la grande disparité des capacités militaires.
La fragilité
d’Israël : En évoquant les succès rapides de la Résistance palestinienne contre la «division de Gaza», Nasrallah pourrait chercher à montrer que l’armée israélienne est
loin d’être aussi invincible qu’elle le paraît, même avec sa machine de guerre perfectionnée, comme l’a prouvé la défaite de la «division de Gaza» en quelques heures
seulement le 7 octobre. De plus, la Résistance palestinienne a attaqué à deux reprises le point de passage d’Erez derrière les lignes ennemies dans le cadre d’opérations
spéciales, pendant que les unités mécaniques d’Israël effectuaient des manœuvres et bombardait la population civile.
L’insécurité des
colons : Sayyed Nasrallah pourrait faire référence à l’insécurité des immigrants, qui ont perdu confiance dans leur armée, ainsi qu’à l’incapacité du gouvernement
à leur fournir la sécurité nécessaire pour rester en Israël à la suite de l’acte héroïque de la Résistance palestinienne.
Le soutien
des USA et de l’UE à Israël : Nasrallah pourrait critiquer le soutien indéfectible qu’Israël reçoit de la part des dirigeants des États-Unis et de
l’Union européenne, en le présentant comme un contraste frappant avec le sort des Palestiniens.
Le sort des
civils palestiniens : Nasrallah mettra probablement l’accent sur la crise humanitaire à Gaza, en soulignant le nombre élevé de victimes civiles, en particulier parmi les
enfants et les femmes. Il pourrait affirmer que la stratégie d’Israël consiste à éviter la confrontation avec le Hamas et à recourir au bombardement de zones résidentielles.
La déclaration du
ministre israélien de la Défense : Une référence à la déclaration du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle «Israël n’a pas
d’appétit pour la guerre», pourrait être utilisée pour souligner la réticence d’Israël à s’engager dans un conflit plus large.
La crainte d’un
second front : Le déploiement de porte-avions américains au Moyen-Orient et l’afflux de membres des forces spéciales américaines en Israël pourraient être
présentés comme des preuves de la crainte d’Israël d’ouvrir un second front, en particulier contre une force redoutable comme le Hezbollah. Le Hezbollah a attiré trois divisions
israéliennes à ses frontières, en forçant Israël à diviser son armée par crainte d’avoir à gérer deux fronts (Gaza et le Liban).
Les messages
diplomatiques : Nasrallah pourrait parler des canaux diplomatiques utilisés par les États-Unis pour communiquer avec l’Iran et le Liban par le biais
d’intermédiaires, par exemple la rencontre du ministre français des Affaires étrangères avec le premier ministre libanais, afin de souligner les efforts internationaux
visant à empêcher le Hezbollah d’ouvrir un nouveau front. Les États-Unis ont envoyé plusieurs messages à l’Iran pour lui exprimer leur manque d’appétit pour la
guerre, en exhortant l’Iran à ne pas intervenir contre Israël.
Les affrontements
frontaliers : En énumérant les attaques du Hezbollah contre des cibles israéliennes le long de la frontière libanaise, Nasrallah pourrait chercher à démontrer
les capacités du Hezbollah et la dissuasion qu’il a établie à l’égard d’Israël.
La lutte en
territoire ennemi : Cela marquerait un changement stratégique de la part du Hezbollah, qui consisterait à porter le combat sur le territoire
israélien, par opposition à l’approche historique d’Israël qui a toujours consisté à combattre en sol étranger.
La table des
négociations : Nasrallah pourrait mettre l’accent sur le caractère inévitable des négociations, en soulignant qu’Israël devra finir par négocier la
libération des captifs en échange des prisonniers palestiniens.
La position des
États arabes à l’égard du conflit : Sayyed Nasrallah pourrait exprimer sa déception et ses critiques à l’égard des États arabes pour leur apparente inaction et
leur incapacité à exercer une pression suffisante sur Israël pour qu’il mette fin à ses opérations militaires à Gaza. Il pourrait opposer les mesures audacieuses prises par des pays
comme la Bolivie, qui a rompu ses relations diplomatiques et expulsé l’ambassadeur d’Israël, à la position plus passive, voire collaborative, de pays comme les Émirats arabes unis, le
Bahreïn et le Maroc. Nasrallah pourrait souligner que ces nations arabes, étant donné leurs liens historiques et culturels avec la Palestine, ont la responsabilité morale et
régionale de se solidariser avec la cause palestinienne. Le fait qu’elles ne le fassent pas ou qu’elles normalisent ouvertement leurs relations avec Israël pourrait être présenté
comme une trahison du peuple palestinien et de l’identité arabe au sens large. Ce point pourrait servir à souligner l’évolution de la géopolitique de la région et l’abandon perçu de
la cause palestinienne par certains alliés traditionnels.
Le risque
d’escalade du conflit : Une mise en garde Israël contre les conséquences possibles de nouvelles incursions à Gaza pourrait être faite, en
suggérant qu’elles pourraient attirer le Hezbollah dans le conflit. Le rôle des alliés régionaux de la Syrie, de l’Irak et du Yémen dans la défense de la Palestine en cas
d’escalade du conflit pourrait également être abordé.
Le
Hezbollah, Israël et les implications mondiales
Dans l’écheveau complexe de la géopolitique du Moyen-Orient, l’éventualité d’une confrontation entre Israël et le Hezbollah est un scénario lourd de
dangers, non seulement pour les acteurs immédiats, mais aussi pour les superpuissances mondiales.
Israël, dont l’armée est technologiquement avancée, aurait sans aucun doute besoin d’un stock important de munitions et de l’engagement total de ses
forces armées pour affronter le Hezbollah, un groupe connu pour ses choix stratégiques et son arsenal redoutable. Pareil affrontement se solderait
probablement par des pertes élevées des deux côtés, étant donné la capacité du Hezbollah à lancer des attaques à la roquette de précision loin sur le territoire israélien.
Le front intérieur israélien, souvent considéré comme le talon d’Achille de la nation, pourrait subir des destructions sans précédent, mettant à l’épreuve la résistance de la
population civile et des infrastructures.
Mais les conséquences d’un tel conflit se répercuteraient bien au-delà des frontières d’Israël et du Liban. Les installations et
les actifs militaires américains dans la région seraient probablement pris pour cibles, ce qui ferait ressortir la vulnérabilité des forces
américaines stationnées dans ce qui est sans doute la région la plus instable du monde. De telles attaques mineraient non seulement la perception des États-Unis en tant
que puissance mondiale dominante, mais risqueraient aussi de les entraîner plus profondément dans un conflit qu’ils voudraient bien hésiter à
intensifier.
Ce scénario attirerait inévitablement l’attention d’autres acteurs mondiaux, notamment de la Russie. Compte tenu de ses intérêts au Moyen-Orient,
notamment en Syrie, la Russie s’inquiéterait d’une déstabilisation à grande échelle. Aux Nations unies, Moscou utiliserait probablement sa tribune pour avertir Washington qu’elle ne
restera pas les bras croisés à regarder le Moyen-Orient sombrer dans le chaos. Pareil avertissement soulignerait les enjeux géopolitiques plus larges en cause
et donnerait à penser que le conflit pourrait dégénérer en une confrontation internationale de plus grande ampleur. La Russie et la Chine ont déjà envoyé les
renforts militaires nécessaires en Asie occidentale à la suite de la présence militaire excessive des États-Unis en Méditerranée.
Pour le Hezbollah, s’engager à fond dans une telle bataille peut sembler avantageux, surtout s’il pense pouvoir infliger des dommages importants à
Israël et attirer l’attention de la communauté internationale sur la cause palestinienne à un moment où Israël est fragile.
Toutefois, les dirigeants du groupe, en particulier Sayyed Hassan Nasrallah, semblent faire preuve de prudence. La dernière incursion israélienne à
Gaza, qui a commencé il y a seulement une semaine, a ajouté une couche supplémentaire de complexité à la dynamique régionale. Nasrallah, que l’on reconnaît pour sa
clairvoyance stratégique, est peut-être en train d’évaluer les avantages immédiats d’une participation à la mêlée par rapport aux implications à long terme pour le Hezbollah et l’Axe
de la Résistance au sens large.
Dans ce jeu d’échecs géopolitique aux enjeux considérables, chaque mouvement a des conséquences et les décisions prises par les principaux acteurs dans
les jours et les semaines à venir pourraient façonner la trajectoire du Moyen-Orient pour les prochaines années.
Le
calcul stratégique du Hezbollah : L‘histoire de deux taureaux et ses implications pour le Moyen-Orient
Dans le ballet complexe qu’est la géopolitique du Moyen-Orient, les allégories nous aident souvent à mieux comprendre les
motivations et les stratégies des principaux acteurs. La
fable du taureau blanc, du taureau noir et du lion trouve un écho profond chez les dirigeants du Hezbollah.
Dans cette fable, un lion affamé attaque deux taureaux, l’un blanc et l’autre noir. Reconnaissant leur force en commun, les
taureaux commencent par s’unir et réussissent à repousser les assauts du lion. Mais le lion, rusé et stratège, fait une proposition au taureau blanc :
S’il laisse le lion dévorer le taureau noir, le taureau blanc sera épargné. Celui-ci, voyant là une occasion de s’ensauver, accepte. Mais une fois le taureau
noir dévoré, le lion, toujours poussé par la faim, rompt sa promesse et se retourne contre le taureau blanc, scellant ainsi son destin. En fait, dès que le taureau
noir a commencé à être dévoré, le destin du taureau blanc était scellé.
Pour le Hezbollah, cette allégorie est un rappel brutal des dangers et des conséquences potentielles de sacrifier un partenaire. La chute de
Gaza, de son point de vue, s’apparenterait au taureau noir dévoré. Supposons que la résistance de Gaza soit affaiblie ou neutralisée. Ce ne serait
alors qu’une question de temps avant que les forces cherchant la soumission ne tournent leur attention vers le Hezbollah, le taureau blanc dans ce cas-ci.
Les dirigeants du Hezbollah croient que la perte des capacités de résistance de Gaza enhardirait Israël et pourrait conduire à une
coalition financière et militaire plus large, soutenue par les États-Unis, qui viserait à neutraliser le pouvoir du Hezbollah dans la région. Une telle coalition
chercherait à démanteler le redoutable arsenal du groupe et à réduire son influence, non seulement au Liban, mais dans l’ensemble du Moyen-Orient.
Dans ce contexte, le sort de Gaza n’est pas seulement une question de solidarité pour le Hezbollah, mais un impératif stratégique. Le groupe reconnaît
que la force de l’Axe de la Résistance réside dans son unité. Tout affaiblissement d’une composante, que ce soit à Gaza, au Liban ou ailleurs, a des répercussions sur
l’ensemble.
À mesure que la situation à Gaza évolue, les décisions du Hezbollah seront influencées non seulement par des considérations tactiques immédiates, mais
aussi par une donne stratégique plus large. L’histoire des deux taureaux est une mise en garde : Dans le jeu de la géopolitique
régionale aux enjeux élevés, les gains à court terme peuvent entraîner des vulnérabilités à long terme.
Qu’est-ce qui pourrait maintenant persuader les Israéliens effrayés d’accepter un État palestinien souverain ? Qu’est-ce qui, si ce n’est une défaite humiliante pour l’ensemble du
«front» de la résistance, persuaderait ce dernier d’accepter un Grand Israël ?
Le paradigme de l’«invincibilité» de l’Occident a pris un sacré coup : D’abord en Afghanistan, puis de manière plus substantielle en Ukraine – où les
«pieds d’argile» de l’OTAN ont été exposés au monde entier.
Avec le souffle de la «Fin de l’Histoire» de Fukuyama, l’autorité des élites occidentales s’est appuyée sur une supériorité morale mondiale
bien-pensante : L’anticommunisme, puis le «terrorisme» islamique après le 11 septembre, sont devenus une ressource politique importante sur laquelle les strates dirigeantes pouvaient
s’appuyer. L’anticommunisme, puis le «terrorisme» islamique après le 11 septembre, sont devenus des ressources politiques importantes sur lesquelles les couches dirigeantes ont pu
s’appuyer.
Mais surtout, cela leur a conféré une légitimité morale.
Aujourd’hui, les élites occidentales sont continuellement confrontées à la perte de leur autorité (c’est-à-dire à l’avènement de la multipolarité) et
sont à la recherche d’une nouvelle «légitimité», alors que le monde tourne le dos à l’exceptionnalisme et à son substrat binaire «avec nous, ou contre nous».
Puis vint le 7 octobre.
Le paradigme israélien s’est effondré – à la fois dans ses manifestations externes et internes de «dissuasion».
L’Israël de Jabotinsky devait être un «État-nation» avec toute la puissance du modèle du XIXe siècle (Jabotinsky s’est inspiré, pour son «Mur de fer»
(1923), des «Jeunes Turcs» qui s’enthousiasmaient pour l’État-nation occidental en raison de son esprit du temps).
Ainsi, si le traumatisme actuel de l’Occident à l’égard de sa défaite en Ukraine est profond, je crains d’ajouter que vous n’en avez pas encore vu la
moitié.
Les événements du 7 octobre ont brisé le «mythe de la dissuasion», mettant l’Occident en émoi.
«C’est le point le
plus important – notre dissuasion»», a déclaré un haut responsable du cabinet de guerre israélien :
«La région doit
rapidement comprendre que quiconque porte atteinte à Israël comme l’a fait le Hamas en paiera un prix disproportionné. Il n’y a pas d’autre moyen de survivre dans notre voisinage que
d’exiger ce prix maintenant, car de nombreux yeux sont fixés sur nous et la plupart d’entre eux n’ont pas nos meilleurs intérêts à cœur».
Le «paradigme» israélien repose donc sur la manifestation par l’État d’une force écrasante, dirigée vers tout défi émergeant à son encontre. Les
États-Unis et l’Europe, après avoir créé un État (résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies), ont ensuite insisté pour qu’Israël possède à la fois l’avantage politique
(dans les accords d’Oslo, toutes les décisions stratégiques incombent uniquement à Israël) et, de la même manière, l’avantage militaire sur tous ses voisins.
En d’autres termes, Oslo reposait sur la construction d’un État-nation fort, de type XIXe siècle, doté d’une force de dissuasion invincible.
Bien que présentée comme telle, cette formule ne permet pas de parvenir à un accord de paix durable prévoyant la division de la Palestine mandataire en
deux États. La parité entre les deux parties était par définition exclue : L’une posséderait une force écrasante, l’autre serait désarmée. Et Israël en demandait toujours plus.
De plus, sous le gouvernement de Netanyahou, Israël s’est rapproché de plus en plus d’une fondation eschatologique d’Israël sur la «Terre d’Israël»
(biblique) – une démarche qui expurge la Palestine. Ce n’est pas une coïncidence si Netanyahou a présenté une carte d’Israël lors de son récent discours à l’Assemblée générale des
Nations unies, sur laquelle Israël dominait de la rivière à la mer – et la Palestine ou le territoire palestinien n’existait pas.
Oslo, pour ainsi dire, est devenu un instrument furtif, une Nakba politique silencieuse, les colonies se sont étendues et toute Palestine putative est
devenue de plus en plus réduite.
Pour comprendre l’angoisse occidentale – et le sentiment de crise existentielle – il faut savoir qu’Israël était considéré à Londres et à Washington
comme le microcosme du macrocosme hégémonique occidental. La dissuasion d’Israël était la petite OTAN à la dissuasion de l’invincibilité de l’OTAN – en gros.
Et puis le Hamas a fait voler en éclats ce paradigme. Le paradigme de la dissuasion a échoué.
Le risque ici est clairement qu’une Maison-Blanche affaiblie réagisse de manière excessive afin de montrer (contre toute évidence) qu’elle n’est pas
faible, mais qu’elle est toujours l’hégémon, en mettant tout son poids dans la balance – éventuellement contre l’Iran. Les États-Unis envoient des porte-avions et les navires qui les
accompagnent, ainsi que d’énormes convois (des centaines) d’avions-cargos chargés de bombes, de missiles et de défenses aériennes (THAAD et Patriot) non seulement en Israël, mais
aussi dans le Golfe, en Jordanie et à Chypre. Des forces spéciales et des marines sont également déployées. Il s’agit d’une provocation. Les États-Unis envoient en fait une véritable
armada de guerre de grande envergure.
D’autre part, la colère dans la région est réelle et menace les dirigeants arabes «modérés», dont la marge de manœuvre est désormais limitée. Il
semblerait que l’humeur de la sphère arabe soit différente et ressemble davantage à la révolte arabe de 1916 qui a renversé l’Empire ottoman. Elle prend une tournure distincte lorsque
les autorités religieuses chiites et sunnites déclarent que les musulmans ont le devoir de se tenir aux côtés des Palestiniens. Les juifs du monde occidental sont horrifiés par la
tuerie du 7 octobre, mais ils sont encore plus horrifiés par ses implications pour la dissuasion israélienne.
En d’autres termes, alors qu’Israël devient clairement apocalyptique (dans son discours, Netanyahou a parlé d’«extirper le mal» du monde), l’humeur
islamique devient elle aussi eschatologique. Rappelons que le président Erdogan a mis en garde contre l’évolution du conflit vers le «Croissant contre la Croix».
La dichotomie et la passion polaire devraient s’intensifier (voire exploser) à mesure que l’incursion à Gaza va crescendo. Une région, brûlante de
colère, se mobilise contre Israël. Et le monde occidental menace de se venger de tout nouveau front qui pourrait s’ouvrir.
Que faire ?
Le réflexe est d’appeler à une solution à deux États. Les États doivent, bien sûr, avoir une position diplomatique publique.
D’accord, à condition qu’il soit entendu que cela ne peut servir, plus probablement, que de «mécanisme de décharge émotionnelle». La formule des deux
États n’est tout simplement pas réalisable dans le contexte actuel de passions exacerbées (si tant est qu’elle l’ait jamais été). La question plus fondamentale est de savoir si une
solution à deux États est une solution tout court. Au cours des dix dernières années, l’électorat israélien s’est considérablement déplacé vers la droite. Les ministres du
gouvernement cherchent désormais à fonder Israël sur la «Terre d’Israël».
Qu’est-ce qui, à part une défaite humiliante, pourrait persuader les Israéliens effrayés d’accepter un État palestinien souverain ? Qu’est-ce qui, à
part une défaite humiliante pour l’ensemble du «front» de la résistance (aujourd’hui qualifié d’«axe du mal» par certains Occidentaux), persuaderait ces derniers d’accepter un grand
Israël après avoir assisté à la destruction de Gaza ? Les États-Unis n’ont pas les moyens de tordre les bras d’Israël à ce point – cela serait totalement étranger à la culture
politique américaine.
Non. La tâche qui nous attend est d’essayer de contenir le conflit pour éviter qu’il ne déborde de certaines voies bien définies.
GUERRE D’UKRAINE JOUR 609/GUERRE DE GAZA JOUR 27 – On attendait anxieusement le discours du chef du Hezbollah Nasrallah ce vendredi 3 novembre, presque un mois après le soulèvement de la
Résistance Palestinienne et sa razzia sur les territoires israéliens à proximité de la bande de Gaza. En fait, le chef politique libanais a levé le voile sur la stratégie des nations de la région
décidée à faire échouer Israël à Gaza : Une escalade imperceptible, destinée à soulager pour les Palestiniens le front de Gaza. L’Iran, la Syrie, le Liban, misent sur un enlisement et un
affaiblissement israélien. La possibilité d’une entrée de l’Iran dans le conflit n’est pas exclue mais elle serait une réponse à une attaque américaine. En réalité, les Occidentaux n’ont pas
encore tiré les leçons de la guerre d’Ukraine. La Russie s’est gardée de jeter toutes ses forces dans la bataille. Elle a préféré user progressivement l’adversaire. Cependant les décideurs et
chefs militaires occidentaux semblent loin de faire cette analyse de la guerre d’Ukraine ; encore moins d’établir un rapport avec la stratégie des adversaires de l’OTAN et d’Israël au
Proche-Orient. Le fait que le Général Zaloujni (qui sert sans doute de prête-nom car il a été grièvement blessé au printemps) officiellement encore commandant en chef de l’armée ukrainienne,
concède l’échec de la contre-offensive et même juge, à mots à peine couverts, la perte de la guerre comme inéluctable est une potion amère pour l’opinion dirigeante aux USA et dans l’Union
Européenne. A Washington et à Bruxelles, on est encore loin d’accepter le fait que les Russes ont pris l’initiative dans le conflit, comme en témoigne leur avancée à Avdeïevka.
Un long discours de Nasrallah, qui éclaire le jeu des puissances régionales
Le chef du Hezbollah, mouvement politique et guerrier chiite libanais, Hassan Nasrallah, a prononcé un discours de plus d’une heure ce vendredi 3 novembre. Vous en
trouverez une paraphrase en anglais sur le canal Telegram du Middle East
Spectator.
J’en cite ici les extraits les plus significatifs :
Le chef du Hezbollah commence par invoquer l’esprit de sacrifice des combattants. “Vous
ne trouverez pas de bataille aussi importante que la lutte contre les sionistes, c’est l’un des reflets les plus clairs de la lutte pour l’amour de Dieu.Outre les armes, notre véritable force
réside dans nos convictions profondes et notre volonté de sacrifice. Je salue la population de Gaza, qui fait preuve d’un courage sans égal dans ce monde. Tout ce qu’elle a sacrifié, c’est
pour la Palestine, Al-Aqsa et Al-Quds. (…)
Selon Nasrallah, le soulèvement du 7 octobre est une décision purement palestinienne. “Le
monde a oublié la Palestine, c’est la dernière priorité pour le monde, alors que les conditions ont continué à se détériorer..Un grand événement comme celui-ci devait se produire, et cela a
remis sur le tapis la question de l’humanité dans le monde. L’opération du 7 octobre menée par Al-Qassam et d’autres a été une opération grandiose et bénie, et il s’agissait d’une décision
100 % palestinienne, dont la mise en œuvre a été 100 % palestinienne..L’opération du déluge d’Al-Aqsa a été cachée, même aux autres factions de la résistance, afin de préserver son caractère
secret, et même nous n’étions pas au courant. Cette performance des frères du Hamas a prouvé la véritable identité de ce conflit et a empêché l’Occident de fabriquer un récit selon lequel la
Palestine serait soumise ou dépendante de l’Iran ou d’autres factions..Cette opération a été menée pour la Palestine, par des Palestiniens, et ne sert que les intérêts de la Palestine..La
prise de décision incombe aux chefs des factions de la résistance, et l’Iran ne fait pas pression sur eux et ne les contrôle pas, il se contente de les soutenir et de respecter leur
autonomie. (…)”
L’orateur insiste ensuite sur ce qu’il considère être la fragilité de l’Etat d’Israël: “Il
y aura de grandes répercussions politiques pour Israël après cette opération, qui a révélé la faiblesse et la fragilité du régime sioniste, qui est vraiment plus faible qu’une toile
d’araignée. Les sionistes et leurs alliés n’ont pas encore été capables de prendre l’initiative, et le soutien américain à Israël a révélé la faiblesse de l’entité sioniste. “Où est Israël
qui se vantait d’être l’armée la plus puissante du monde ? Où est votre armée de l’air ? Où sont vos armes de haute qualité ?” Les dirigeants européens et occidentaux viennent du monde entier
pour exprimer leur soutien à Israël, ce qui révèle la faiblesse du régime sioniste et son besoin d’aide étrangère pour survivre. (…)”
Viennent ensuite des considérations sur la guerre: “Il
n’y avait pas d’autre option pour Gaza que d’attendre et de mourir. C’est pourquoi ils résistent. C’est Tsahal qui commet des massacres, pas la résistance palestinienne, et Tsahal est confus
et se tire souvent dessus accidentellement. Il semble qu’Israël ne tire pas les leçons du passé, surtout lorsqu’il s’agit de ses guerres avec la résistance à Gaza et au Liban. Israël se fixe
des objectifs élevés qu’il n’est pas en mesure d’atteindre. Par exemple, il affirme vouloir éliminer le Hamas ou ses dirigeants militaires, ce qui est un objectif impossible à atteindre. Les
Israéliens ne pourront pas libérer leurs prisonniers sans échange, car cela ne s’est jamais produit lorsque la résistance a fait des prisonniers auparavant, mais Israël n’apprend pas ses
leçons.
Le chef du Hezbollah fait allusion à la guerre perdue en 2006 par Israël face au Hezbollah: “Lors
de la guerre de 2006, plus de 150 000 maisons ont été détruites, nous avons eu des milliers de martyrs, mais l’ennemi a été contraint de renoncer à ses objectifs. (….)”
Vient ensuite la désignation de l’ennemi ! Pour Nasrallah, ce n’est pas Israël l’ennemi principal mais les Etats-Unis: “En
perpétrant des massacres et des tueries, vous ne parviendrez à rien, si ce n’est à renforcer la résistance. Cette entité a vu le jour avec l’aide des puissances occidentales par le biais de
la maudite déclaration Balfour..L’Occident essaie de nous faire croire que nous avons un “État démocratique” comme voisin, mais la vérité a été révélée et ses mensonges ont été démasqués. Ils
veulent tromper nos peuples arabes et islamiques pour qu’ils se normalisent avec ce régime sioniste barbare, mais notre peuple ne sera jamais dupe. (…) L’Amérique est entièrement responsable
de la guerre à Gaza, et Israël n’est qu’un outil. C’est l’Amérique qui empêche l’instauration d’un cessez-le-feu aux Nations unies. La Résistance islamique en Irak a pris l’initiative de
cibler les bases de l’occupation américaine, car ce sont les Américains qui gèrent la guerre à Gaza, et ils doivent en payer le prix“.
Nasrallah annonce la poursuite de la guerre, menée selon lui, pour la justice et l’humanité. On a le symétrique de l’intervention de Netanyahu jeudi 26 octobre : “Il
y aura d’autres actions contre Israël sur plusieurs fronts, et cela deviendra plus clair dans les prochains jours, comme nous l’avons entendu de la part de nos alliés. Ce combat représente la
lutte du bien contre le mal, défendre la population de Gaza est un acte d’humanité, quiconque écrit, élève la voix, proteste, etc. a accompli son devoir d’humanité.Tous ceux qui ne
soutiennent pas la Palestine devraient reconsidérer leur religion, s’ils en ont une, et leur honneur, s’ils en ont un.Cette guerre n’est pas comme les précédentes, c’est un conflit historique
décisif, ce qui viendra après ne sera pas comme ce qui était avant (…)”
Le chef du Hezbollah, cependant, ne voir pas ce qui se passe comme une guerre purement religieuse ou métaphysique. Il insiste sur l’existence des nations: “Certains
disent que si le Hamas est victorieux, l’Iran sera victorieux, ou que les Frères musulmans seront victorieux, mais c’est faux ; si le Hamas est victorieux, Gaza est victorieux, la Palestine
est victorieuse, Al-Aqsa est victorieuse. La victoire de Gaza (Hamas) est dans l’intérêt national des pays de la région comme la Jordanie, la Syrie, l’Égypte, etc. et avant tout du Liban. Les
nations arabes et islamiques doivent au moins faire des efforts pour parvenir à un cessez-le-feu, même si certaines d’entre elles ne veulent pas se battre ou sacrifier quoi que ce soit, c’est
le moins qu’elles puissent faire. Nous disons aux nations arabes : Nous ne voulons pas de vos armes et de vos armées, mais n’avez-vous pas au moins l’honneur d’ouvrir le point de passage de
Rafah ? Nos honorables frères du Yémen et de l’Irak prennent leurs responsabilités au sérieux et intensifieront leurs attaques, malgré toutes les attaques occidentales et étrangères. Les
drones et les missiles yéménites finiront par atteindre Eilat et les bases militaires israéliennes, même s’ils ont été interceptés jusqu’à présent”.
Ce qui suit est très intéressant car on y voit l’annonce d’une guerre menée sans rechercher l’escalade, destinée à user l’ennemi: Certains disent que j’annoncerais aujourd’hui notre
intervention, mais nous sommes intervenus depuis le 8 octobre, le deuxième jour de la tempête d’Al-Aqsa. Nous avons été surpris comme tout le monde le 7 octobre, mais nous nous sommes
adaptés. Certains veulent que nous commencions une guerre à grande échelle, et pour eux, les actions à la frontière nord pourraient être considérées comme limitées, mais elles ne le sont
absolument pas. Le Hezbollah mène une véritable guerre depuis le 8 octobre, malgré ce que certains disent, et personne ne peut sentir ce qui se passe réellement, à l’exception de ceux qui
participent à cette bataille. Nous avons 57 martyrs libanais sur le front libanais, sans compter les martyrs non libanais”.
Nasrallah lève le voile sur la stratégie du Hezbollah et de l’Iran: “Le
7 octobre, la plupart des forces israéliennes voulaient se retirer du nord et se diriger vers Gaza, mais notre action l’a empêché.Aujourd’hui, la moitié de l’armée israélienne est présente à
la frontière libanaise, dont un grand nombre de forces d’élite. Un quart de l’armée de l’air israélienne et la moitié des défenses aériennes d’Israël sont engagées sur le front libanais. 43
colonies israéliennes du nord ont été évacuées et la plupart de leurs habitants sont aujourd’hui des soldats. Israël craint que ce front ne fasse boule de neige et ne débouche sur une guerre
régionale. Ce scénario est réaliste et pourrait tout à fait se produire.Nous recevons tous les jours des messages des nations arabes qui nous supplient de ne pas agir. (…)”
Viennent ensuite des indications précieuses sur la vision du conflit, et leur corollaire,des avertissements aux Etats-Unis: “Une attaque préventive contre le Hezbollah, envisagée par Israël,
serait la plus grande erreur de leur vie. L’Amérique nous menace, si vous ouvrez le front nord, les porte-avions nous bombarderont, ces menaces ne nous feront pas changer d’avis, et un groupe
après l’autre se joindra à la guerre. (…) L’escalade dépend de deux facteurs
Si Israël bombarde nos civils, nous bombarderons les leurs, leur
comportement déterminera le nôtre.
Toutes les options sont sur la table sur le front libanais, je le répète, toutes les options sont sur la table.
2. L’Amérique nous a fait savoir qu’elle bombarderait l’Iran si nous continuions à agir de la sorte. Comment osez-vous menacer notre résistance ? Vos navires en Méditerranée ne nous font pas
peur, et soyez sûrs que nous nous y sommes préparés.
Nous nous sommes “préparés” aux navires américains et nous demandons à l’Amérique de se souvenir de ses défaites en Afghanistan, en Irak, en Syrie et au Liban.Si l’Amérique veut éviter une
guerre régionale, l’agression contre Gaza doit cesser.. Je garantis aux Américains qu’en cas de guerre régionale, leurs navires et leurs forces aériennes paieront un lourd tribut..À
l’horizon, nous menons tous une bataille de fermeté. Notre combat n’a pas encore atteint le stade de la victoire par KO, et nous avons encore besoin de temps, mais nous sommes en train de
gagner.
https://t.me/Middle_East_Spectator/
La théorie du “choc des civilisations” ne résiste pas à l’analyse de la guerre de Gaza
Plus les jours passent, plus le vrai caractère de cette guerre apparaît. Loin d’être uni, le monde arabo-musulman se divise sur la position à prendre. Et c’est en
fait chaque nation, chaque cité-Etat de la région qui réagit selon ses intérêts propres. Par exemple, qui a prêté attention au fait que les Emirats arabes
Unis livraient des armes à Israël?
Alors que nous étions encore assez loin du lieu de la réunion publique, nous avons pu nous rendre compte de l’immensité de la foule qui se rassemblait. Bus et trains étaient bondés. Dès ce
moment aussi, nous avons pu remarquer qu’il y avait au maximum un quart des drapeaux, des banderoles ou des affiches concernant les Palestiniens. Les trois quarts, c’étaient des drapeaux
turcs, des drapeaux d’Atatürk, des affiches en faveur d’Erdogan.(…)
La foule sur place a confirmé notre constat ; les trois quarts des drapeaux, des slogans, des banderoles, n’avaient rien à voir avec Gaza. Ce qui était le plus visible, cependant, dans les
expressions pro-palestiniennes, c’étaient les keffiehs, portés surtout par des femmes.
Un élément m’a frappé : Du côté turc, il y avait peu d’expressions religieuses. En revanche, en cherchant bien, parmi les manifestants, on trouvait des petits groupes isolés : Les uns avec
des drapeaux talibans, d’autres avec des drapeaux de Daech. Il y avait aussi quelques drapeaux du Hamas. Mais c’était des petits groupes, perdus dans une immense foule. (…)
J’ai été étonné devoir l’enthousiasme que déclenchait Erdogan quand il a comparé Gaza aux villes d’Asie Mineure libérées par Atatürk : Ismir (Smyrne) ; Edirne (Andrinople). Mais, surtout, la
foule a crié encore plus fort lorsque Gaza a été comparée à ….Thessalonique et Skopje ! Des villes, a-t-il dit, qui appartiennent encore à la Turquie et qui lui sont liées.
Quand il a parlé d’Israël, il a effectivement évoqué une possible “réaction terrible” : “Nous pouvons surgir à tout moment, y compris de nuit !”. Alors, la foule a crié :”L’armée turque à
Gaza ! L’armée turque à Gaza !”.
Le
Courrier des Stratèges, 2 novembre 2023
Ce qui l’emporte, ce n’est pas une lutte de “civilisation”à “civilisation” mais une réaffirmation des nations.
Guerre de Gaza – Jour 27
Pour la journée du 2 novembre, je traduis, comme hier, la synthèse du canal Telegram Middle East
Spectator:
27e jour de la guerre, le 2 novembre, état des lieux et événements majeurs :
Frappes aériennes limitées à Gaza.
Barrages de roquettes sporadiques du Hamas sur les colonies
israéliennes entourant la bande de Gaza.
La situation au sol à Gaza n’a pas beaucoup changé depuis hier.
Se référer au post précédent pour les avancées israéliennes actuelles. Par ailleurs, l’avancée israélienne dans le camp de Jabaliya s’est avérée fausse.
Israël n’a pas fait d’autres avancées notables, mais il a
commencé à mettre le pied dans l’environnement urbain de la ville de Gaza. Les combats sont très durs et les combattants d’Al-Qassam mènent fréquemment des attaques surprises depuis l’arrière
des lignes ennemies, ce qui provoque le chaos dans les rangs de Tsahal. Plusieurs officiers de haut rang, dont un lieutenant-colonel, ont été tués.
Les rapports selon lesquels les FDI ont déjà atteint la rue
côtière Al-Rashid sont faux, le nord et le sud de Gaza n’ont pas encore été coupés l’un de l’autre, et les FDI n’ont pas avancé de plus de 500 mètres de la rue Salah Al-Deen en direction de
la rue Al-Rashid.
Au moins 6 chars, 2 TTB et plusieurs dizaines de soldats
israéliens ont été neutralisés lors des combats contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Les FMP ont annoncé qu’elles étaient officiellement en état
d’alerte.
Le Hezbollah a mené le plus grand nombre d’attaques en une seule
journée depuis le début de la guerre, attaquant 19 sites de Tsahal simultanément à un moment donné de la soirée, et de nombreuses attaques individuelles ont eu lieu tout au long de la
journée.
Le Hezbollah a également utilisé des drones suicides pour la
première fois et a frappé une base navale israélienne avec des missiles guidés. Le Hezbollah a annoncé 6 nouveaux martyrs, ce qui porte le total à 55.
Al-Qassam au Liban a tiré 12 roquettes sur la Galilée, touchant
la colonie israélienne de Kiryat Shmona et ses environs, provoquant un important incendie.
En réponse, Israël bombarde le Sud-Liban et effectue des frappes
aériennes ciblées.
Les défenses aériennes jordaniennes ont intercepté un drone
suicide tiré depuis le territoire syrien en direction d’Israël.
La Résistance islamique en Irak prend pour cible la base
américaine de l’aéroport international d’Erbil et une installation militaire israélienne près de la mer Rouge. Ils ont officiellement annoncé le début d’une “nouvelle phase” d’opérations de
combat, avec des attaques plus sévères et plus nombreuses contre des cibles américaines et israéliennes au Moyen-Orient.
t.me/Middle_East_Spectator
Les experts OTANisés tombent de leur chaise: le commandant en chef de l’armée ukrainienne envisage la défaite
Rien de surprenant pour les lecteurs du Courrier des Stratèges qui suivent nos analyses depuis dix-huit mois: mais savourons l’étonnement du Figaro devant l’analyse
du commandant en chef de l’armée ukrainienne (officiellement Zaloujni, même si nos informations nous
font penser que le général ukrainien a été grièvement blessé avant l’été).
Quelques extraits d’un article d’anthologie:
Dans un entretien à l’hebdomadaire britannique The
Economist, le général Zaloujny estime qu’il n’y aura «probablement pas de percée profonde et belle».
Certains observateurs s’étaient précipités très tôt pour l’annoncer. D’autres ne voulaient pas l’admettre. Dans un entretien à l’hebdomadaire britannique The
Economist , le commandant en chef de l’armée ukrainienne Valeri Zaloujny a tranché : La grande contre-offensive démarrée en
juin n’a pas eu l’effet escompté. Le général reconnaît franchement être «dans
une impasse». «Il
n’y aura probablement pas de percée profonde et belle», regrette-t-il auprès de nos confrères. (…)
Auprès de The
Economist, le général Zaloujny reconnaît plusieurs erreurs dans la planification et le déroulement de la contre-offensive. Il concède d’abord avoir cru qu’infliger suffisamment de pertes
à la Russie donnerait l’avantage à l’Ukraine. «La
Russie a perdu au moins 150.000 hommes», estime-t-il. «Dans
n’importe quel pays, de telles pertes auraient mis fin à la guerre». Mais, à supposer que ce chiffre soit exact, pas en Russie, qui a historiquement l’habitude de sacrifier un grand
nombre de soldats pour arriver à ses fins, comme lors des Première et Seconde guerres mondiales. (…)
Le haut gradé admet également que son armée n’a pas avancé aussi rapidement qu’il l’avait prévu. «Selon
les manuels de l’Otan et les calculs que nous avions faits, quatre mois auraient dû être suffisants pour que nous puissions atteindre la Crimée, y combattre et en
revenir», explique-t-il. Ses hommes ont au contraire été freinés par les lignes de défense extrêmement efficaces de la Russie et n’ont pas pu s’établir durablement sur la
rive gauche du Dniepr.
«Au
début, j’ai pensé qu’il y avait un problème avec nos commandants, alors j’en ai changé certains», détaille Zalouny. «Ensuite,
j’ai pensé que nos soldats n’étaient peut-être pas adaptés à leur mission, alors j’en ai transféré dans certaines brigades», ajoute-t-il. Mais en vain. À chaque fois que les troupes
ukrainiennes ont essayé d’avancer, elles se sont heurtées à l’artillerie, aux drones et aux champs de mines disséminés sur tout le champ de bataille, les moyens technologiques modernes
empêchant toute opération furtive. «Nous
voyons tout ce que fait l’ennemi et il voit tout ce que nous faisons», résume le général. (…)
Pour Valeri Zaloujny, un bond technologique massif est donc indispensable pour sortir de l’«impasse».
Le haut gradé appelle ainsi à l’innovation dans les domaines des drones, de la guerre électronique, des capacités anti-artillerie et des équipements de déminage, y compris de nouvelles
solutions robotiques. Si le commandant en chef se dit «reconnaissant»
des livraisons d’armes occidentales, il regrette qu’elles soient parfois arrivées trop tard pour faire une réelle différence. Les missiles longue portée et
les chars «nous
auraient été particulièrement utiles l’année dernière», pour capitaliser sur le succès des contre-offensives à Kharkiv et Kherson, glisse-t-il. «Mais
ils ne sont arrivés que cette année».(…)
Mais le général ukrainien ne se cache pas non plus derrière ces arrivées tardives. «Il
est important de comprendre que cette guerre ne peut être gagnée avec les armes de la génération passée et des méthodes dépassées», insiste-t-il. «Elles
entraîneront inévitablement des retards et, par conséquent, une défaite». Selon lui, la technologie fera la différence dans cette guerre.
En attendant, Valeri Zaloujny veut tout faire pour empêcher une guerre de tranchées. «Le
plus grand risque (avec cette option) est que la guerre dure des années et épuise l’État ukrainien», souligne-t-il. Contrairement à la Russie, l’Ukraine ne possède pas un réservoir
humain quasiment illimité. Si le bond technologique n’arrive pas rapidement, «tôt
ou tard, nous nous rendrons compte que nous n’avons tout simplement pas assez de monde pour nous battre», conclut l’officier.
Le
Figaro, 3 novembre 2023
Une avancée russe désormais inexorable
Le Général Zaloujni, ou celui qui parle pour lui, doit bien évidemment caché ses propres échecs. Cela évite une dépression immédiate aux lecteurs du Figaro.
Pour notre part, nous ne croyons pas que la guerre d’Ukraine soit figée. Pour reprendre la comparaison du chef ukrainien, on n’est pas en décembre 1914, lorsquela
guerre de tranchées s’était installée, mais plutôt fin juillet 1918, après l’échec de l’offensive allemande sur la Marne. La stratégie russe pour mettre en échec la “contre-offensive ukrainienne”
fait penser à celle de la France et de ses alliés à partir de l’été 1917. Désormais,l’armée ukrainienne va reculer, comme l’armée allemande à l’été 1918. De ce point de vue,l’évolution de la bataille
d’Avdeïevka est exemplaire:
Au cours de la journée écoulée, des sources provenant des fronts ukrainiens ont fait état d’avancées russes dans plusieurs directions autour de l’un des plus importants bastions ukrainiens
dans le Donbass, la ville d’Avdeevka. Les succès russes sont rapportés non seulement par les journalistes militaires russes, mais ils sont également admis par les militaires ukrainiens. La
pression exercée sur la défense ukrainienne autour de la ville et sur le groupement qui s’y trouve augmente.
Pour tenter d’arrêter l’avancée russe, l’armée ukrainienne transfère des réserves supplémentaires sur les positions de la région. Ainsi, ces derniers jours, de nombreuses unités d’équipement
occidentales, notamment des Leopards allemands, des Bradleys américains, etc., ont été transférées des fronts de Zaporozhye à Avdeevka, où elles brûlent déjà sous le feu des Russes.
Les troupes russes cherchent à étendre la zone qu’elles contrôlent au nord-ouest d’Avdeevka. Après que l’avancée russe vers le village de Berdychi a été repoussée en octobre, les combats se
sont poursuivis le long de la voie ferrée. Ces derniers jours, le nombre d’attaques russes dans la région de Stepovoe (Petrovskoe) a augmenté. Pour l’instant, ces opérations visent à infliger
un maximum de dégâts aux forces ukrainiennes, et non à prendre le contrôle de nouvelles positions. Elles seraient donc menées par des groupes de sabotage russes, sans opérations terrestres de
grande envergure.
Dans le même temps, l’armée russe étend sa zone de contrôle au nord-ouest de Krasnogorovka, menaçant les forces ukrainiennes à Novokalinovo.
Le commandement ukrainien tente d’utiliser ses unités aéroportées pour reprendre les hauteurs occupées par l’armée russe dans la zone de l’usine, y compris le dépôt de cendres. Cependant,
jusqu’à présent, leurs tentatives de contre-attaque ont été infructueuses.
Au cours de la journée écoulée, les forces russes ont réussi à avancer au sud d’Avdeevka. Les unités russes se seraient approchées de la périphérie de Severnoe et sont actuellement en train
de prendre pied sur un large front avant de prendre le village d’assaut. Elles se sont également approchées de la périphérie sud-ouest d’Avdeevka et seraient en train de renforcer leurs
positions à quelques kilomètres du district de Stroiteley.
Des combats acharnés se poursuivent sur toutes les lignes de front. Le rythme de l’avancée russe est faible. Cela s’explique en grande partie par la volonté du commandement russe d’infliger
un maximum de dommages à l’armée ukrainienne par des tirs d’artillerie continus et des frappes aériennes intenses avant toute opération terrestre. Ainsi, la destruction du dépôt souterrain de
munitions ukrainien a été signalée sur le territoire de la cokerie.
De son côté, le commandement ukrainien local s’est partiellement retiré d’Avdeevka. Les militaires ukrainiens tentent de contre-attaquer, mais les principales réserves, précédemment
transférées d’autres directions, attendent plutôt le début d’un assaut russe à grande échelle sur la ville.
southfront.org,
3 novembre 2023-
A Gaza une guerre longue commence tandis que la guerre d’Ukraine pourrait être abrégée
GUERRE D’UKRAINE JOUR 608/ GUERRE DE GAZA JOUR 26 – Les Etats-majors savent commencer une guerre mais se trompent souvent sur le moment où elle va finir. Avec les avancées au sol de l’armée
israélienne dans la bande de Gaza, tout semble indiquer qu’une guerre longue commence, et ceci d’autant plus que le conflit pourrait impliquer plusieurs autres pays. En Ukraine, au contraire, les
innovations de l’armée russe en matière de guerre aérienne semblent au contraire accélérer le dénouement du conflit.
En bleu sur cette carte, les avancées présumées de l’armée israélienne dans Gaza.
Guerre de Gaza, jour 26
Une très bonne synthèse des événements militaires de la journée du 1er novembre 2023 sur le canal Telegram Middle East Spectator :
Violentes frappes aériennes dans la bande de Gaza. Plusieurs
dizaines de civils palestiniens blessés ont été transportés en Égypte par le point de passage de Rafah pour y recevoir des soins d’urgence.
Tirs sporadiques de roquettes depuis Gaza sur les colonies
israéliennes environnantes.
Situation au sol à Gaza :
Des unités israéliennes de blindés et d’infanterie mécanisée ont
avancé depuis As-Siafa au nord-ouest, et ont atteint la rue Salah Khalaf à 2,5 km à l’intérieur de l’enveloppe de Gaza, établissant un contrôle sur une étroite bande de terre le long de la
zone de la plage nord-ouest de Gaza, à la périphérie de la ville de Gaza.
Au nord de la zone de Wadi Gaza, qui se trouve au milieu de la
bande et sépare le nord de Gaza du sud, les forces israéliennes ont progressé jusqu’à la rue Dahdouh à la périphérie sud de la ville de Gaza, juste au nord d’Al-Mughraqa, après s’être
concentrées à partir de l’est. Elles sont maintenant à 1 km de la rue Al-Rashid, près de la plage, qui est la dernière route reliant la ville de Gaza à Khan Younis et au reste du sud de la
bande de Gaza. L’objectif des Israéliens est de s’emparer de cette route dès que possible.
Au nord et au nord-est, les forces israéliennes contrôlent les
terres agricoles à la périphérie de Beit Lahia et de Beit Hanoun. Aujourd’hui, elles ont fait leur première entrée limitée dans l’environnement urbain de Beit Hanoun, en établissant un
contrôle sur quelques blocs résidentiels.
Depuis l’est, les forces israéliennes ont avancé dans le camp de
Jabalia en une pointe très étroite, atteignant assez profondément le centre de Jabalia, jusqu’à l’école élémentaire de garçons de Jabalia. Bien que cette entrée soit profonde, elle est comme
une aiguille, pointue mais étroite. Si les FDI sont coupées dans cette zone, elles devront faire face à un encerclement.
Selon les statistiques officielles israéliennes, 16 soldats des
FDI ont été tués au cours des combats à Gaza aujourd’hui. Cependant, Al-Qassam affirme que le nombre de victimes israéliennes est beaucoup plus élevé. Ils ont également publié une vidéo
montrant la prise pour cible des troupes de Tsahal avec une grenade larguée d’un quadcopter.
En dehors de Gaza :
L’Ansarullah du Yémen, également connu sous le nom de Houthis, a
mené deux attaques contre Israël aujourd’hui en utilisant des drones, des missiles balistiques et des missiles de croisière. Leur porte-parole militaire, Yahya Saree, a officiellement
revendiqué la responsabilité de ces attaques pour la première fois et a promis de poursuivre et d’intensifier les attaques contre Israël en soutien à la Palestine.
La Résistance islamique en Irak a pris pour cible la base
américaine d’Al-Tanf, en Syrie, avec deux drones suicides tôt dans la matinée. La Résistance islamique en Irak aurait également tenu une importante réunion impliquant différentes factions,
qui a abouti à la décision d’expulser toutes les forces militaires étrangères d’Irak par tous les moyens nécessaires.
Le Hezbollah a mené plusieurs attaques contre des sites de
Tsahal de l’autre côté de la frontière. Il a publié une déclaration de soutien à la résistance en Palestine et à Gaza, et a déclaré qu’il avait le doigt sur la gâchette. Dans la nuit, le
Hezbollah a annoncé avoir abattu un drone israélien armé au-dessus d’Al-Malikiyah à l’aide d’un missile sol-air.
En réponse aux attaques du Hezbollah, les FDI ont bombardé le
Sud-Liban avec leur artillerie et ont effectué des frappes ciblées de drones contre les positions du Hezbollah.
Des tirs de mortier en provenance de Syrie ont frappé des terres
agricoles vides sur le plateau du Golan occupé par Israël.
Le Wall Street Journal, citant les services de renseignement
sud-coréens, affirme que Kim Jong Un a donné pour instruction au gouvernement de la RPDC de commencer à soutenir la Palestine et d’autres factions de la résistance en leur fournissant des
armes.
@Middle_East_Spectator
(Telegram)
Guerre d’Ukraine Jour 608
En Ukraine, la guerre suit son cours, avec une pression forte de l’armée russe à Avdeïevka et Koupiansk ; des attaques de missiles ukrainiens vers la Crimée et la destruction nocturne des
réserves de matériels et de munitions ukrainiennes par les drones et les tirs de missiles russes.
Profitons-en pour lire une analyse détaillée de la guerre aérienne proposée par Drago Bosnic dans infobrics :
“Depuis le début de l’opération militaire spéciale (OMS), la supériorité aérienne russe sur l’Ukraine est incontestable. Les forces du régime de Kiev ont perdu la plupart de leurs avions au
sol, car les missiles de croisière russes à longue portée se sont abattus sur les bases aériennes et ont détruit les avions de combat déployés. [Le gouvernement de Kiev] a donc été contraint
non seulement de restaurer les avions de l’ère soviétique mis hors service, mais aussi d’acquérir ceux qui appartenaient à d’anciens États membres du Pacte de Varsovie. Comme tous ces pays
font désormais partie de l’OTAN, leurs avions de chasse ont été jugés particulièrement importants, car ils ont été reconvertis pour utiliser les armes de l’OTAN, à la fois air-air et air-sol,
y compris les missiles antiradiation tels que l’AGM-88 HARM et les missiles de croisière lancés par avion tels que le “Storm Shadow/SCALP EG”, un missile franco-britannique.
Pour utiliser ces armes avec succès, les pilotes ukrainiens sont obligés de voler extrêmement bas pour éviter d’être détectés par les défenses aériennes à longue portée de la Russie, qui
n’ont rien à envier aux autres, et par ses avions de chasse à la supériorité aérienne inégalée. Comme les forces aérospatiales russes (VKS) utilisent des aéronefs monstrueux tels que les
intercepteurs MiG-31 ultrarapides et volant à haute altitude, les Su-35S ultramodernes et les chasseurs multirôles Su-57 de la prochaine génération, les chances de survie des moyens aériens
du régime de Kiev à plus de 1 000 mètres d’altitude sont pratiquement inexistantes. Outre leurs avantages évidents en matière de technologie, de formation des pilotes et de logistique, les
chasseurs russes utilisent également des missiles air-air qui ont littéralement des décennies d’avance sur ceux utilisés non seulement par [Kiev] mais aussi par ses suzerains de l’OTAN. Cette
avance s’est encore accrue ces derniers jours.
Selon des sources russes, les systèmes SAM (missiles sol-air) S-400 “Triumph” sont désormais utilisés en coordination avec les avions AEW&C (airborne early warning and control) Beriev
A-50/A-50U pour abattre les jets de combat du régime de Kiev. Apparemment, la fusion des capteurs avancés des deux systèmes fonctionne si parfaitement qu’elle a contribué à l’abattage de 24
avions ennemis en l’espace de cinq jours seulement. Bien que les données concluantes n’aient pas encore été publiées, il n’y a guère de raison de douter des rapports, car le gouvernement
ukrainien et l’OTAN sont en proie à une panique qui n’est pas très silencieuse. Selon le colonel Yurii Ihnat, l’un des porte-parole des forces du régime de Kiev, ces dernières auront besoin
d’environ 150 F-16 ou jets occidentaux similaires pour “contrer” l’armée de l’air russe.
Il s’agit d’une augmentation considérable par rapport aux demandes précédentes. [Vladimir] Zelensky, a également fait des demandes similaires plus récemment, ce qui indique que les problèmes
majeurs de ses forces sont antérieurs aux derniers rapports russes. Divers observateurs et sources militaires ont également mis en ligne des vidéos du ministre russe de la défense, Sergueï
Choigu, s’entretenant avec des militaires ayant accompli les exploits susmentionnés, ce qui renforce encore la véracité de ces rapports. Certains analystes ajoutent même que l’interaction
accrue et la fusion des capteurs de diverses plateformes s’étendent désormais aux avions de chasse russes tels que le Su-35S et le Su-57. Ceux-ci sont également armés de nouveaux missiles
air-air mortels que les forces du régime de Kiev ont beaucoup de mal à détecter, ce qui se traduit par un nombre élevé de victimes parmi les pilotes ukrainiens.
Les équipes S-400-A-50 sont organisées de manière à ce que les informations relatives au champ de bataille soient directement transmises entre les plateformes, de sorte que les avions de
chasse et/ou autres aéronefs ennemis ne puissent même pas détecter les missiles en approche. Normalement, les récepteurs d’alerte radar (RWR) des avions ennemis détectent simplement qu’ils
sont suivis et/ou ciblés par les radars de surveillance et de suivi sophistiqués du S-400, qui émettent de puissantes fréquences. Cela empêche la possibilité d’utiliser les missiles à plus
longue portée du S-400, tels que le 40N6E (portée maximale de 400 km) ou le 48N6 hypersonique (selon la variante, portée maximale de 250 km), car l’avion de chasse ennemi a plus de chances
d’échapper au SAM entrant à des distances aussi extrêmes. En outre, le S-400 est ainsi exposé aux avions espions de l’OTAN.
En effet, les plateformes ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance) de l’OTAN continuent de survoler l’espace aérien de la Russie et de la Biélorussie et de recueillir des informations
sur les capacités de leurs défenses aériennes et d’autres moyens. Il serait tout simplement impossible pour le radar de poursuite du S-400 de fonctionner en mode dit de “réserve de guerre”
(il dissimule des caractéristiques telles que la largeur d’impulsion que l’ennemi utilise pour analyser sa signature radar) sans révéler ses fréquences de collecte radar, en particulier
lorsqu’il tente d’engager des cibles à des distances aussi longues que possible. Si
cette situation prive l’OTAN de la possibilité d’analyser les défenses aériennes russes et de concevoir éventuellement des contre-mesures avancées susceptibles de compromettre la sécurité de
Moscou à long terme, c’est précisément à cause d’elle que le géant eurasien n’a pas été en mesure d’utiliser le plein potentiel de ses défenses aériennes.
L’armée russe a donc dû trouver des solutions non conventionnelles et innovantes, ce qui a conduit à l’association S-400-A-50, ce dernier utilisant ses radars et capteurs avancés
pour guider les missiles 40N6E qui sont tirés en mode dit de “verrouillage après le lancement”. L’A-50/A-50U fournit des données de guidage et de ciblage qui sont ensuite reçues lors de la
phase à mi-course et stockées dans le système de navigation du 40N6E. La Russie refuse de divulguer les informations exactes pour des raisons purement pratiques, car elles pourraient être
utilisées pour déterminer l’emplacement de ses batteries de défense aérienne. En outre, le fait de ne pas révéler trop d’informations sur cet appariement permet de continuer à cibler les
avions du régime de Kiev à des distances aussi longues que possible, même lorsqu’ils volent extrêmement bas pour éviter d’être détectés par les avions de combat russes.
Toutefois, même cet aspect devient un problème majeur, car les intercepteurs et les jets de supériorité aérienne tels que le MiG-31BM, le Su-30SM, le Su-35S et/ou le Su-57 pourraient très
probablement être utilisés de la même manière. De plus, ces jets peuvent utiliser des missiles tels que le R-37M et les variantes du R-77, qui ont une portée maximale de 400 km et 200 km,
respectivement. Le premier est particulièrement dangereux car il transforme sa plate-forme de lancement en un “S-400 volant”, tandis que le second est plus petit, ce qui signifie qu’un
chasseur peut en transporter davantage et, ainsi, abattre un demi-escadron d’avions ennemis en une seule sortie à des distances bien au-delà de la portée des défenses aériennes de la junte
néo-nazie. Ces développements ne font que renforcer les conclusions de certains groupes de réflexion militaires occidentaux qui reconnaissent les performances des forces aériennes de l’armée
russe”.
infobrics,
1.11.2023
Une paix – juste – est-elle encore possible au Moyen-Orient ?
Source :
Revue Conflits - par Emmanuel Dupuy - Le 30/10/2023.
L’attaque
brutale menée par le Hamas et le Djihad islamique le 7 octobre dernier en territoire israélien n’en finit pas de diviser les 194 États composant l’ONU, notamment quant à la juste réponse à
apporter aux massacres et atrocités commises par les deux organisations terroristes.
Le récent vote aux Nations unies de la résolution appelant à un cessez-le-feu « humanitaire » immédiat, le 17 octobre dernier, soit dix jours après les effroyables massacres dont ont
été victimes près de 1 400 ressortissants israéliens et étrangers, ont fait voler en éclat, une fois de plus le frêle concept de « communauté internationale ».
Un vote qui divise
120 États ont voté pour, 14 contre, 45 se sont abstenus. La division est encore plus criante et inquiétante au niveau de l’UE, où sept pays (dont la France et l’Espagne, qui préside pourtant le
Conseil de l’UE, jusqu’au 31 décembre prochain) ont voté en faveur de la résolution proposée par la Jordanie, tandis que quatre votaient contre (Hongrie, Autriche, Croatie et la République
tchèque) rejoignant ainsi la position américaine et que 16 autres s’abstenaient (dont l’Allemagne et l’Italie) à l’instar, du reste, de l’Inde, du Japon et du Canada…
À cet égard, comme les 44 vétos américains brandis par les États-Unis (sur les 83 utilisés par Washington au sein du Conseil de Sécurité depuis 1946) en attestent, quand il s’agit de défendre
l’État d’Israël, les polarités diplomatiques l’emportent sur la solidarité euro-atlantique et enterrent l’idée même d’une politique étrangère et de sécurité commune aux 27 États de l’UE.
Désormais, à la sidération qui prit de court les forces armées de Tsahal, ses services de renseignement, la société israélienne et l’opinion publique mondiale, ce sont avant tout les graves
conséquences induites par l’attaque des terroristes palestiniens sur le plan de la stabilité régionale qui sont devenus les principaux sujets de mobilisation inquiète planétaire.
Comme en mai 1948, juin 1967 et octobre 1973, les préoccupations des pays arabes voisins, tout comme la légitimité palestinienne à un État, sont venues réveiller une certaine forme d’unité,
notamment dans les « rues arabes », alors même que certains de ses mêmes États étaient engagés dans un processus de normalisation avec Tel-Aviv, à l’instar de l’Égypte, depuis les accords
de Camp David, en 1978 ; la Jordanie, depuis les accords de Wadi Araba, en 1994 ; et, par le biais des Accords d’Abraham, depuis l’automne 2020, le Maroc, le Soudan, les Émirats arabes unis
et Bahreïn.
Failles de sécurité
Sur le plan opérationnel, les failles sécuritaires sont accablantes quant à la prise à défaut de l’inviolabilité des frontières d’Israël. Celles-ci, supposément sanctuarisées par le truchement de
son système de défense sol-air « Iron Dome Air Defence Missile
System » – prétendument infaillible depuis sa mise en service en 2011 – n’a pu détruire la totalité des quelque 5 000 roquettes tirées depuis la bande de Gaza. Avec un taux de réussite
– déjà exceptionnel – de 90% d’interception, quelque 400-500 roquettes ont pu ravager les principales localités du sud d’Israël, à l’aune, sinistre, du nom de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par
le Hamas et le Djihad islamiste.
Par ailleurs, près de 2 500 terroristes du Hamas, notamment ses brigades Izz al-Din-al-Qassam et du Djihad islamique ont pu réduire à néant, en quelques heures, le mur protecteur érigé par Israël
et provoquer la mort de 1 400 Israéliens, dont près de 300 militaires et 35 binationaux franco-israéliens, et ce à la stupeur générale mondiale.
Le sort tragique des 222 otages – dont vraisemblablement 9 sont franco-israéliens – encore retenus par l’organisation terroriste palestinienne dans la bande de Gaza est aussi un sujet de vive
préoccupation, mobilisant acteurs régionaux (Égypte, Qatar, Turquie, Arabie Saoudite, Irak, EAU) et internationaux (USA, France, Allemagne, Italie, Canada, Vatican, Chine) dans des approches et
objectifs radicalement différents.
Cette réalité vient d’ailleurs confirmer le profond fossé que la question israélo-palestinienne n’a cessé de mettre en exergue depuis la création de l’État d’Israël en mai 1948 et la première des
centaines de vaines résolutions onusiennes ; à l’instar de la résolution 181 de 1947 ou encore, la résolution 242 de 1967, actant le plan de partage de la Palestine en deux États.
La question des
civils
Sans oublier, bien sûr, les trop nombreuses victimes civiles et terroristes, à la suite des bombardements de Tsahal sur une bande de Gaza, prenant au piège 2,3 millions de Gazaouis, ayant
provoqué le décès de plus de 6 500 Palestiniens et occasionné plus de 13 000 blessés (selon les chiffres « officiels » quoique interrogeables du ministère de la santé palestinien), en
dépit de l’appel insistant à l’ouverture de corridors humanitaires et le déplacement des Palestiniens vers le sud de l’enclave. Sur ce dernier point, force est de constater néanmoins que c’est
bel et bien le Hamas qui empêche les habitants de Gaza de fuir les zones qu’Israël a prévenu de frapper, voire d’envahir, dans le cadre de son opération « Épées de fer » dont la
dimension terrestre a débuté, visant à « éradiquer » le mouvement islamiste.
Ainsi, la teneur des frappes aériennes israéliennes sur une bande de Gaza de 365 km2 mais
qui, avec une population de 2,1 millions, est une des plus fortes densités démographiques au monde (13 000 habitants/km2)
interroge, aussi, les règles mêmes du droit international des conflits armés et du droit international humanitaire, dans sa déclinaison des quatre conventions de Genève d’août 1949 et ses
protocoles additionnels de 1977, notamment dans la dimension de la protection des populations civiles dans le cadre de conflits armés.
Ces tragiques événements viennent confirmer, en outre, la fragilité du système multinational onusien et mettre en exergue un hiatus aggravant entre les pays,
reconnaissant la légitimité d’Israël d’exciper de l’article 51 – autorisant la légitime défense d’un État face à une attaque contre son intégrité territoriale – de la Charte de San Francisco,
créant les Nations Unies, en juin 1945. Par ailleurs, les autres États qui, en défendant, le droit des Palestiniens à la création d’un État internationalement reconnu et, en appelant à une forme
de « désescalade », n’en joue pas moins – le plus souvent à leur corps défendant – le jeu pervers du Hamas, qui use et abuse de cette légitime cause pour mener à bien son objectif de
destruction de l’État d’Israël, depuis sa création en 1987 – nonobstant le retrait, quelque peu factice, depuis 2017, de l’article demandant spécifiquement la destruction d’Israël.
Il convient aussi de rappeler que cet objectif nihiliste va à contrario du Fatah et de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui en avait définitivement abandonné l’objectif, en avril 1996, en abrogeant sa charte fondatrice, datant de 1964.
Certes, l’instabilité politique chronique, née des réformes judiciaires et constitutionnelles impopulaires, induite par le 6e gouvernement
de Benyamin Netanyahou, depuis décembre 2022 – principalement sous la coupe des partis juifs nationalistes orthodoxes – semblerait fournir une première explication aisée. Il convient de rappeler
que ces derniers étaient plus prompts à défendre les colonisations illégales de Cisjordanie que soucieux de réengager le dialogue avec l’Autorité palestinienne et son chef, Mahmoud Abbas, même si
ce dernier pâtit négativement de l’impossibilité à organiser une élection depuis 2006, à Ramallah.
Ce n’est, cependant, pas la seule raison explicative du grave fiasco sécuritaire et du drame que vivent les familles israéliennes endeuillées, même si indéniablement la responsabilité politique
du Premier ministre israélien est ouvertement posée. Il en est de même pour celle de son ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, multi-inculpé, que même le président de la République,
Isaac Herzog qualifiait « d’inquiétude » pour Israël. Il en va aussi avec le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a déclaré vouloir « éradiquer » le Hamas et le Djihad
islamique et qui semble se placer dans les pas de son mentor en politique et au sein de Tsahal, Ariel Sharon.
Pour rappel, une grande majorité des Israéliens souhaitent que Benyamin Netanyahou démissionne et reconnaisse la légitimité du Cabinet de guerre mis en place le 11 octobre dernier, dans la grave
période de crise que traverse Israël, associant le principal opposant de l’actuel Premier ministre, l’ancien ministre de la Défense, Benny Gantz. La perspective d’un gouvernement d’union
nationale, réunissant les anciens Premiers ministres, Naftali Bennett et Yaïr Lapid, recueille aussi l’adhésion d’une large frange de l’opinion publique israélienne.
Par ailleurs, la pusillanimité des États européens – au premier titre desquels la France – qui s’étaient pourtant démenés en faveur de la « solution à deux États », de la Déclaration du Sommet de
Venise en 1980, reconnaissant le « droit du peuple palestinien à
l’autodétermination » ; la Conférence de Madrid, en 1991 ; les Accords d’Oslo en 1993, jusqu’au Plan de paix proposé par Riyad en 2002, n’en apparais que plus criante.
Une paix lointaine
La réunion du « Sommet de la paix » convoquée par l’Égypte, réunissant les États de la Ligue arabe, du Conseil de Coopération des États arabes du Golfe (CCG) de l’Union européenne, des
États-Unis, de la Grande-Bretagne, n’aura ainsi, logiquement, débouché que sur un narratif récurrent appelant à la solution – presque devenue mécanique – à deux États, un vague appel à la
désescalade, ainsi que l’ouverture de corridors humanitaires que viennent, fort heureusement confirmer l’entrée à Gaza, par le terminal égyptien de Karm Abou Salem – Kerem Shalom et de Rafah de
28 camions d’aide humanitaire.
L’on en viendrait presque à se demander si ce « mantra » ou figure de style diplomatique des deux États, pourtant répétée inlassablement depuis 1947, le plus souvent dans le vide, au profit de
deux populations devenues de plus en rétives à cohabiter dans un même État ou dans deux États séparés, même reconnus internationalement, reste encore possible ?
Le piège irrémédiablement tendu par la coalition hétéroclite des ennemis d’Israël se referme.
Qu’il s’agisse des mouvements terroristes réputés proches de l’idéologie radicale des Frères musulmans, tels que le Hamas et le Djihad islamique ; Daesh, et sa déclinaison égyptienne du
mouvement Ansar Beït al-Maqdess, pour qui la libération de Jérusalem – Al Qods est consubstantielle de sa création ; ou encore, les « proxies » chiites, tels que le
Hezbollah libanais, les milices Hachd al-Chaabi irakienne, les Houthis zaïdites yéménites, répondant ainsi aux injonctions de l’Iran, qui menace ainsi logiquement Tel-Aviv d’une réponse si Tsahal
entrait dans Gaza.
Le Hamas, le Djihad islamique et ses promoteurs – parrains qu’ils soient à Ankara, Téhéran et Doha, ont d’emblée obtenus ce qu’ils cherchaient : démontrer la faillibilité du dispositif
sécuritaire d’Israël d’une part et remettre en cause par ailleurs les acquis du processus de normalisation avec Israël.
Les Accords d’Abraham du 15 septembre et 20 décembre 2020 ne devraient ainsi pas voir aboutir le rêve d’un dialogue approfondi entre l’Arabie Saoudite et Israël, du moins dans les prochains mois,
comme le confirme la fin de non-recevoir à cet effet, du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.
Pire, l’initiative de sécurité et paix proposée par la Chine, qui avait vu Téhéran et Riyad reprendre à nos dépens et à notre surprise stratégique, leur dialogue diplomatique en mars dernier,
risque de confirmer la « dé-occidentalisation » d’une éventuelle solution de stabilité régionale.
Le Président américain Joe Biden, en se déplaçant à Tel-Aviv et Jérusalem la semaine dernière, et en tenant de faire voter, au plus vite, dans un contexte politique tendu à la Chambre des
Représentants, une aide exceptionnelle de 105 milliards de dollars (dont 14 milliards de dollars pour Israël, qui viendront s’ajouter aux 38 milliards de dollars d’aide militaire engagée par
Barack Obama depuis 2017 jusque 2028, soit 3,8 milliards de dollars annuels) en a bien saisi le risque potentiel quoique bien réel.
Pour rappel, les États-Unis auraient le plus à perdre en cas de conflit régional, fragilisant le fragile statu quo militaire et
diplomatique actuel, eu égard aux quelque 260 milliards de dollars octroyés par Washington à Tel-Aviv depuis 1948, dont 124 milliards de dollars, rien que sur le plan militaire !
Le risque d’un conflit
régional est ainsi dans tous les esprits
Le Charles-de-Gaulle va ainsi
rejoindre en Méditerranée orientale les deux porte-avions américains (USS
Eisenhower et USS Ford) et ainsi
« prévenir » le risque d’une escalade dont Téhéran et les groupes armés qu’il contrôle au Liban, Syrie, Irak et Yémen détiennent indiscutablement la clé. Téhéran est ainsi pointé d’un
doigt accusateur, tant par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou que le président américain Joe Biden. Ce dernier se veut de plus en déterminé à démontrer la responsabilité iranienne
derrière les attaques menées très récemment et de plus fréquemment par les milices chiites irakiennes Kataeb Hezbollah contre les bases américaines dans le nord-est de la Syrie et le nord-ouest
de l’Irak.
Dans ce contexte hautement crisogène, la tournée d’Emmanuel Macron, effectuée entre Tel-Aviv, Ramallah et Le Caire n’aura, hélas, permis de retrouver les accents gaulliens de 1967, quand la
France imposait sa voix au Conseil de sécurité pour la reconnaissance des deux États autour de la résolution 242. Emmanuel Macron n’aura ainsi pu retrouver, non plus, la verve chiraquienne de
1996, quand le Président de la République rappelait, avec force et vigueur, le rôle protecteur de la France sur les lieux saints dans la ville de Jérusalem.
Pire, notre Président de la République, en proposant une singulière coalition anti-Hamas, liée ou copiée sur la coalition mondiale contre l’État islamique (The Global Coalition Against Daesh,
regroupant 86 États et organisations intergouvernementales et institutions) n’aura guère plus convaincu nos alliés arabes (Jordanie, Égypte, Liban, EAU, Arabie Saoudite) a contrario de l’épique prise
de parole de Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, le 14 février 2003, au Conseil de Sécurité des Nations Unies, quand la politique arabe de la France faisait les riches
heures de notre diplomatie de prévention et de résolution des conflits. Il est vrai que l’accusation formulée par le roi de Jordanie, Abdallah II et son épouse Rania, quant aux « doubles
standards » qui motiveraient le regard biaisé de « l’Occident » vis-à-vis de la question palestinienne, n’était pas formulée ni ressentie avec autant de prégnance, à Amman, à
Beyrouth, à Rabat ou au Caire, il y a vingt ans.
Sans remonter jusqu’à Michel Jobert, qui comme ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou, dans les années 1970, portait haut une approche d’équilibre unanimement saluée par les
capitales arabes comme par l’État d’Israël, force est hélas de constater que la politique arabe de la France ne fait plus écho, aujourd’hui, avec les doléances des principales capitales arabes et
levantines. Pourtant, c’est dès 1974 que Valéry Giscard d’Estaing reconnaît l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), contribuant ainsi, le premier, à lui garantir son statut de membre
observateur au sein de l’ONU.
Faut-il y ainsi voir dans l’incapacité française à imposer un cessez-le-feu, tout en reconnaissant le droit légitime d’Israël de se défendre ; en se réjouissant, malgré tout, des timides
avancées sur le plan humanitaire que le déplacement présidentiel aura néanmoins permis d’obtenir, un assourdissant effet collatéral de l’effacement diplomatique occidental ?
Pour l’Occident mené par les États-Unis, la paix signifie sa domination absolue. Pas de négociation, pas de compromis. Il faut fabriquer des boucs émissaires et des prétextes. C’est
l’axe du Mal de G.W. Bush constitué de l’Iran, de l’Irak et de la Corée du Nord. Aucun n’avait de responsabilité de près ou de loin dans les attentats du 11 septembre. Dans la guerre
israélo-palestinienne actuelle, l’Occident a tenté, sans succès, de désigner l’Iran comme le principal coupable de l’attaque terroriste du Hamas contre des postes militaires et des
civils israéliens. L’un des acteurs les plus déstabilisateurs de la planète, le Qatar, qui finance massivement le Hamas, plus ou moins toutes les organisations djihadistes sunnites et
l’expansion militaire de la Turquie, n’est pas inquiété.
Pendant ce temps, la catastrophe sanglante en Ukraine se poursuit. Le monde est au bord du gouffre. Nous avons eu l’occasion de discuter de ces questions et bien d’autres encore avec
Glenn Diesen.
Glenn Diesen est professeur à l’Université du Sud-Est en Norvège.
C’est un spécialiste des relations internationales et de la Russie, dont il étudie la géostratégie et la géoéconomie dans le contexte de l’intégration eurasiatique. Il également le
rédacteur en chef de la revue “Russia in Global Affairs”, membre des conseils d’administration de l’Institut pour la paix (Vienne) , du Centre pour l’étude des nationalismes
(Sarajevo) et d’Economie mondiale contemporaine (Moscou).
L'Eclaireur : On constate depuis quelques jours une forte augmentation de l'activité navale chinoise et russe en Méditerranée et en mer Rouge. Quel est votre avis là-dessus
?
M. Glenn Diesen : Je
ne les vois pas menacer directement les États-Unis. Je pense que les Chinois ont fait tout leur possible pour souligner que cela n'avait rien à voir avec le conflit entre Israël et
Gaza. De même, les Russes ont fait clairement comprendre qu’ils ne menaçaient personne.
Cela étant dit, il s’agit évidemment d’une projection de puissance, signalant clairement aux États-Unis que le Moyen-Orient n’est pas sous leur hégémonie. Ce n’est pas comme si les
États-Unis étaient les seuls à avoir le dernier mot dans cette affaire. C’est donc une manière pour la Chine et la Russie de se placer sur cet échiquier géopolitique.
L'Eclaireur : On a également vu les Américains affirmer qu'ils allaient planifier des opérations d'évacuation massives de la région, tant depuis Israël que depuis le Liban, où vivent
600 000 Américains. Prévoient-ils davantage de forces ? Est-ce un prétexte ?
M. Glenn Diesen : C'est
difficile à dire. C'est certainement possible. Les états comme les États-Unis ont parfois des intentions bienveillantes : ils veulent évacuer leurs propres citoyens ou apporter de
l'aide. Ensuite, vous avez la dérive de la mission. Afin de protéger par exemple la population civile, vous envoyez des forces militaires. Maintenant, pour les États-Unis, une immense
puissance militaire qui considère sa sécurité comme conditionnée à son hégémonie mondiale, je dirais que ses objectifs militaires ne se limitent pas uniquement à l’évacuation et aux
moyens humanitaires. C'est une jolie façon de vendre leur politique, mais c’est trompeur.
L'Eclaireur : Que pensez-vous des Russes qui auraient dit aux Turcs qu'ils escorteraient leurs navires humanitaires apportant de l'aide à Gaza ?
M. Glenn Diesen : Je
pense que cela montre à bien des égards à quel point le monde devient plus multipolaire, car pendant la guerre froide et l'après-guerre froide, la pensée de bloc a toujours été la
même : avec nous ou contre nous.
Nous assistons aujourd’hui à davantage de pragmatisme, car dans les conflits, par exemple en Syrie et en Ukraine, la Russie et la Turquie se retrouvent dans des camps opposés. Je
pense que la Turquie et la Russie aimeraient jouer un rôle plus important en soutenant les Palestiniens, sans toutefois nécessairement s’opposer aux Israéliens. C’est une bonne façon
de coopérer. Cela répond simplement à des intérêts communs.
L'Eclaireur : Que pensez-vous des efforts diplomatiques discrets entrepris actuellement par les Chinois, dont on entend peu parler, mais qui ont clairement affirmé qu'ils ne
soutiendraient aucune forme de nettoyage ethnique à Gaza ?
Professeur Glenn Diesen :
Les Chinois, tout comme les Russes, souhaitent une approche plus équilibrée de la région. Autrement dit, ils ne veulent pas s’opposer à Israël, mais ils ne veulent pas non plus
adopter cette position avec Israël aux dépens des Palestiniens. Je considère simplement que l'initiative chinoise est similaire à celle du Brésil et de la Russie avant cela, qui
consiste à mettre fin à ce conflit car il ne s'agit pas seulement d'une crise humanitaire, mais d’une guerre qui a le potentiel de détruire l'ensemble de la région.
L'idée selon laquelle on peut commettre un nettoyage ethnique à une si grande échelle, et même les crimes de guerre qui sont commis actuellement à Gaza… Vous ne pouvez pas contenir ce
conflit. On voit déjà que les bases militaires américaines ont été frappées aussi bien en Syrie qu’en Irak.
D’autres pays pourraient également s’y joindre si le conflit s’intensifie. Je pense donc qu’il existe désormais un fort intérêt à y mettre fin.
Nous le voyons dans les votes à l’ONU. Jusqu’à présent, les États-Unis sont les seuls à avoir opposé leur veto au cessez-le-feu. Je ne vois tout simplement aucun autre pays au monde
qui ait actuellement intérêt à poursuivre cette guerre.
L'Eclaireur : Est-il juste de parler d'une impasse stratégique pour les Etats-Unis et Israël dans l'état actuel des choses ?
Prof. Glenn Diesen : Ils
se trouvent dans une position difficile car, de l'avis des Israéliens, s'ils ne lancent pas une invasion terrestre, cela pourrait être interprété comme une victoire du Hamas…
L'Eclaireur : Excusez-moi de vous interrompre, mais le Hamas a déjà remporté une énorme victoire stratégique, que cela nous plaise ou non. Et il semble qu’Israël ait contribué depuis
1996 à la construction de l’acteur quasi-étatique, ce qu’est aujourd’hui le Hamas. C'est un acteur quasi-étatique terroriste…
M. Glenn Diesen : Tout
sera considéré comme une victoire du Hamas à moins qu’Israël ne le batte. Mais si Israël veut sortir victorieuse et affaiblir le Hamas, alors une opération terrestre est nécessaire.
Or une opération terrestre sera dévastatrice. Elle aliénera de nombreux alliés d'Israël, provoquera des divisions internes en son sein même et transformera en ennemis susceptibles de
s'impliquer dans le conflit ses voisins avec qui elle pourrait entretenir de bonnes relations. On verra également les nouvelles grandes puissances, la Chine et la Russie, adopter une
approche plus hostile à son égard .
Israël a donc beaucoup à perdre si elle y va, mais elle a aussi beaucoup à perdre si elle n’y va pas. Les Israéliens se trouvent dans une situation très difficile et on ne sait pas
vraiment ce que veulent les Américains, quelle pression ils exercent réellement sur Tel Aviv.
L'Eclaireur : Si les Israéliens entrent dans Gaza, on sait que les combats vont se dérouler dans des tunnels, dans toute l’infrastructure souterraine que le Hamas a construite. Ça va
être sanglant. Israël peut-elle supporter le nombre de victimes que cela entraînera ? Parce que nous parlons de milliers de soldats israéliens tués...
M. Glenn Diesen : C'est
difficile à dire. Il n’y a pas encore vraiment eu de précédent. C'est en quelque sorte la première règle de la guerre : elle ne se terminera et ne se déroulera jamais comme vous
l'aviez prévu.
Encore une fois, personne ne sait ce qui attend les Israéliens à l’intérieur de Gaza. Si l’Etat hébreu subit de lourdes pertes, il sera alors confronté à un autre dilemme. Comment
réagira-t-il ?
Se retirerait-il, serait-ce une défaite humiliante. Ou bien verra-t-on une escalade aux extrêmes ? Je ne suis pas sûr de ce qu'ils pourraient utiliser, peut-être des armes chimiques
dans les tunnels ? Mènera-t-il également des campagnes de bombardements intensifs contre la population civile, provoquant davantage de dommages collatéraux ? Il existe de nombreuses
différentes incertitudes et c'est là le problème.
Une fois que Tsahal sera dans Gaza et que les choses ne se dérouleront pas comme prévu, les Israéliens seront probablement confrontés à d’autres choix très difficiles. C'est une
situation très dangereuse pour chacun de ces acteurs.
L'Eclaireur : Est-il juste de dire que le sort d'Israël repose entre les mains des pays arabes ?
M. Glenn Diesen : Oui,
parce que ce sont ses voisins. Au cours des cinquante dernières années, Israël a été soutenue par les États-Unis, ce qui signifie que les Israéliens n’ont jamais vraiment eu à faire
de compromis significatifs.
Au lieu de cela, ils ont eu une approche très maximaliste en termes du rejet d’un État pour les Palestiniens, nettoyant une grande partie du territoire des Arabes et des Palestiniens
et en l’annexant. Israël a pu le faire parce que les États-Unis l’ont soutenu.
Certains peuvent penser que c’est une bonne chose. L’aspect négatif est qu’un règlement politique n’a jamais été obtenu. C’est souvent ce qu’on voit lorsqu’on a un acteur très
puissant face à un autre très faible.
Sauf qu’aujourd’hui les États-Unis sont en déclin. Ils s'affaiblissent. Malgré l’insistance de Biden sur le fait qu’il peut se battre contre la Russie, la Chine, l’Iran, contre tout
le monde en même temps, ce n’est tout simplement pas le cas.
La logique serait que, si vous pensez que votre situation sera pire demain qu'aujourd'hui, vous rechercheriez un règlement aujourd'hui. Israël devrait s’asseoir à la table des
négociations avec les Palestiniens et trouver une solution globale. Il n’est même pas sûr qu’une solution à deux États soit encore possible. Elle est mise à mal depuis si longtemps.
Ou bien Israël doit se lancer à fond et imposer sa domination dans la région. Mais comme vous l’avez dit, les États arabes… Israël doit vivre avec ses voisins, cela impose des limites
à la manière dont elle peut traiter les Palestiniens.
L'Eclaireur : De votre point de vue, dans quelle mesure la situation personnelle de Benjamin Netanyahu joue-t-elle ?
Prof. Glenn Diesen : Nous
parlons souvent d'Israël comme s'il s'agissait d'un acteur unitaire. Au sein d’un l’État, il existe une compétition pour le pouvoir. Et comme nous l’avons vu récemment, Israël ne
jouit pas actuellement d’une grande unité politique.
La forte impopularité de Netanyahu est réelle, et nous ne la voyons souvent pas dans les médias occidentaux, car si vous soutenez Israël, cela signifie que vous soutenez ce que fait
son gouvernement. Mais lorsque nous examinons la société israélienne, si nous lisons les médias israéliens, nous constatons une énorme opposition. Netanyahu est très impopulaire à
cause de ses politiques et pour diverses raisons.
Par exemple, ses efforts pour renforcer secrètement le Hamas afin d'avoir un ennemi qui puisse être vaincu, au lieu d'avoir la Cisjordanie avec laquelle négocier. Beaucoup
d’Israéliens pensent que cela lui a explosé à la figure. Je pense qu’il y a plus de nuances, de discussions et de débats ouverts en Israël qu’en Occident.
L’Eclaireur : Comment décririez-vous l’attitude de l’Europe ?
Professeur Glenn Diesen :
Elle se trouve dans une position délicate car, d'une part, son soutien doit être, dans une large mesure, inconditionnel à Israël. D’autre part, l’Europe se définit largement par des
valeurs libérales, des valeurs humanitaires… Soutiendrons-nous un nettoyage ethnique imposé par Israël ?
Il faut choisir son camp, et je pense donc que cela déroute les Européens. L'Europe, à chaque fois qu’elle est confrontée à un problème complexe, utilise des clichés et des slogans,
comme “nous sommes aux côtés d'Israël”, “Israël a le droit de se défendre”, “les morts sont la faute du Hamas” … ce genre de choses. C'est très superficiel et cela ne veut rien dire.
Israël a le droit de se défendre, mais les Palestiniens ont le droit de le faire aussi. Tout cela n’a pas grand sens. Il ne s’agit que de slogans en l’absence de capacité à faire
preuve d’une quelconque honnêteté intellectuelle quant à ce qui se passe sur le terrain.
L'Eclaireur : Que pensez-vous de la diplomatie d'Antony Blinken et des camouflets qu’il a récolté de partout où il est allé ?
M. Glenn Diesen : C'était
assez remarquable. Il a réussi à s'aliéner les Jordaniens, les Égyptiens, les Saoudiens, ces pays que les États-Unis considèrent comme des alliés et des amis, qui avaient une position
modérée ou amicale à l'égard d'Israël. Sa capacité à tout gâcher est dévastatrice.
Sa diplomatie n’a pas été couronnée de succès parce qu’il n’était pas disposé à faire pression sur Israël sur quoi que ce soit – vous savez, laisser de côté tout contexte, blâmer
uniquement le Hamas. Ce n’était pas très nuancé et le message communiqué est que les États-Unis soutiendront Israël quoi qu’elle fasse, y compris des massacres à Gaza.
Les États-Unis se sont aliénés beaucoup de leurs amis dans la région. Les Égyptiens ne se sont pas présentés à la réunion et sont venus le lendemain, les Saoudiens défient désormais
ouvertement les États-Unis sur cette question… Je pense que cela suggère que l’opération diplomatie américaine s'est très, très mal déroulée.
L'Eclaireur : Et si le Qatar était en fait le problème ? Et si, et je ne fais que spéculer, il s'agissait des Frères musulmans et de l'influence assez toxique que le Qatar a exercée,
non seulement à Gaza mais dans toute la région ? Je pense aussi à l'ensemble du Sahel… Serait-ce une stratégie de sortie acceptable qui pourrait satisfaire l'Egypte, les Saoudiens,
les Jordaniens, qui ont de gros problèmes avec les Frères musulmans ?
M. Glenn Diesen : C'est
possible. Je pense que l'alternative consistant à essayer de rejeter la faute sur l'Iran, ce serait...
L’Eclaireur : Iran qui n’a rien fait en l’espèce …
M. Glenn Diesen : Oui,
je sais mais nous avons tendance à choisir les boucs émissaires qui nous conviennent. Ce serait une terrible erreur, conduisant à une guerre régionale.
Traiter le Qatar serait une issue. Je ne sais pas si c'est faisable et quelles en seraient les conséquences. Les États-Unis doivent certainement faire quelque chose pour convaincre
certains voisins arabes d’Israël car jusqu’à présent, ils n’ont pas été en mesure de proposer quoi que ce soit leur bénéficiant.
L'Eclaireur : Si nous évitons la catastrophe et un éventuel Armageddon, quels changements envisagez-vous ou prévoyez-vous dans l'architecture de sécurité régionale et mondiale
?
Prof. Glenn Diesen : Alors
que nous voyons l'incapacité des Américains à répondre correctement à ce conflit, je pense que cette crise actuelle présente de nombreuses similitudes avec la guerre en Ukraine et
avec la possible future guerre future de la Chine à propos de Taiwan. C'est un système international. Ce sont les symptômes d’un changement du système international.
En d’autre termes, après la guerre froide, nous avons établi un ordre mondial fondé sur l’hégémonie, dans lequel les États-Unis seraient la seule superpuissance dominant le système
international. On pensait qu’il s’agirait d’une hégémonie bienveillante mais les États-Unis continuent de s’affaiblir, et plus ils s’affaiblissent, plus ils ont recours à l’usage de
la force.
Je pense que si, pour reprendre vos mots, nous survivons et évitons l’Armageddon, on verra alors la transition vers un nouveau système international dans lequel les États-Unis devront
s’adapter aux autres pôles de puissance.
Pour Israël, cela implique qu’elle devra trouver un règlement politique plus durable avec les Palestiniens et ses voisins.
La multipolarité est véritablement ce qui nous attend.
L'Eclaireur : Ce qui signifie revenir à la charte de l'ONU et arrêter le mantra de l'ordre international fondé sur des règles. Ou bien cela signifiera t-il l’émergence de quelque
chose de nouveau comme une régionalisation de la sécurité avec une sorte d’organisation faîtière ?
Glenn Diesen : Si
l'on considère les nouveaux centres de puissance émergents, ils ne sont pas révisionnistes1 dans
le sens où ils voudraient saper le droit international. Ils veulent restaurer le droit international. Si vous écoutez les discours de la Chine, de la Russie et de l’Inde, toutes
disent que le droit international doit être la norme. Le droit international dans un système multipolaire implique une égalité de souveraineté et des contraintes mutuelles.
“L’ordre international fondé sur des règles” est largement rejeté par un grand nombre de puissances émergentes, et pour de bonnes raisons. Encore une fois, c’est l’un des slogans que
nous utilisons en Occident, mais nous n’expliquons jamais de quoi il s’agit, car il ne s’agit pas de véritables règles.
L’ordre international fondé sur des règles est en réalité le droit international fusionné avec le droit humanitaire, ce qui semble formidable. Mais cela signifie en réalité que
l’Occident a créé un ensemble parallèle de principes qu’il choisit en fonction de ses propres intérêts.
En droit international, l’intégrité territoriale et la souveraineté passent avant tout, mais en droit humanitaire, l’autodétermination est souvent privilégiée. Alors, que faisons-nous
?
Lorsqu’il s’agit de conflits comme le Kosovo, nous affirmons que l’autodétermination doit s’appliquer. Les Américains disent la même chose de Taiwan. Autodétermination. Taïwan devrait
pouvoir faire sécession de la Chine. Alors qu’en Crimée, ils disent non, l’intégrité territoriale doit primer. Il ne s’agit pas d’un ensemble de règles, c’est simplement la loi du
plus fort.
Ça discute avec Michel Collon : Russie, Palestine, Ukraine, Israël… propagande de guerre ?
Le président américain Joe Biden est convaincu que l’une des raisons pour lesquelles le Hamas a lancé l’attaque contre Israël est l’annonce, lors du
sommet du G20 à New Delhi, du corridor
économique Inde-Moyen-Orient-Europe. Mais il a également admis que cette lecture était basée uniquement sur son instinct et qu’il ne disposait d’aucune preuve.
La motivation de Biden réside dans le besoin désespéré des États-Unis de récupérer leur rôle de leader dans le Moyen-Orient musulman. Les deux réalités
les plus convaincantes rejetant le leadership américain sont : d’une part, une forte solidarité régionale unie dépassant les clivages sectaires pour rechercher un règlement sur la
Palestine, comme jamais auparavant, et, d’autre part, le rapprochement saoudo-iranien.
Les derniers développements impliquant le Hamas et Israël ont sapé les efforts américains visant à persuader l’Arabie saoudite de reconnaître Israël. Il
ne fait aucun doute que la position saoudienne sur le problème palestinien s’est durcie. Mardi, Joe Biden a tendu la main au prince héritier Mohammed bin Salman pour tenter de créer
autant de convergence que possible entre Washington et Riyad.
Mais le compte-rendu de la Maison-Blanche montre qu’une masse critique est restée insaisissable ; même si les deux dirigeants se sont mis d’accord sur des généralités,
ils n’ont pas pu se mettre d’accord sur la question spécifique très importante d’un cessez-le-feu urgent entre Israël et le Hamas.
Ce profond désaccord se reflète également au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, où les Émirats arabes unis ont soutenu le
projet de résolution russe, qui appelait à «un cessez-le-feu
humanitaire immédiat, durable et pleinement respecté», mais se sont opposés au projet de résolution américain, qui restait évasif sur la question de la fin des combats et
insistait plutôt sur le droit d’Israël à l’autodéfense.
Une déclaration
commune signée jeudi par les ministres des affaires étrangères de l’Égypte, de la Jordanie, du Bahreïn, des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, d’Oman, du Qatar, du
Koweït et du Maroc a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. Dans une mise en garde adressée aux États-Unis et à Israël, la déclaration indique que «le droit à
l’autodéfense prévu par la Charte des Nations unies ne justifie pas les violations flagrantes du droit humanitaire et du droit international».
Pour l’avenir, la grande question qui se pose est celle de l’intention américaine. S’agit-il d’une manœuvre musclée ou d’un complot caché visant à créer
des faits sur le terrain qui pourraient servir de casus belli pour lancer une offensive contre l’Iran, un projet de longue date des néoconservateurs qui dominent les discours sur la
politique étrangère des États-Unis ?
Mercredi, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, Joe Biden a déclaré avoir averti le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, que
si Téhéran continuait à «s’en
prendre» aux forces américaines dans la région, Washington riposterait.
Biden a déclaré : «J’ai averti
l’ayatollah que s’il continuait à s’en prendre à ces troupes, nous réagirions. Et il doit s’y préparer. Cela n’a rien à voir avec Israël». (Biden faisait référence
aux attaques
croissantes contre les bases américaines en Irak et en Syrie).
Mohammad Jamshidi, adjoint politique au bureau du président iranien, a depuis répondu à la remarque de Biden en déclarant : «Les messages
américains n’étaient pas adressés au leader de la révolution islamique et n’étaient rien d’autre que des demandes émanant du côté iranien. Si Biden pense avoir averti l’Iran, il
devrait demander à son équipe de lui montrer le texte des messages».
Quelques heures plus tard, lorsqu’on lui a demandé de clarifier la situation, le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John
Kirby, a répondu : «Un message direct
a été transmis. Je n’irai pas plus loin». On peut imaginer que les récentes attaques menées par des groupes militants en Syrie et en Irak constituent un casse-tête pour Biden sur
le plan de la politique intérieure. Selon les informations disponibles, une vingtaine de militaires américains ont été blessés et un contractant militaire a été tué jusqu’à présent.
Il y a environ 2500 soldats américains en Irak et quelque 900 en Syrie.
Il est possible que Biden ait fait de la démagogie. Ce n’est pas inhabituel dans les affrontements entre les États-Unis et l’Iran. Mais il est plus
probable que les États-Unis espèrent pousser l’Iran à empêcher les milices en liberté en Syrie et en Irak d’exacerber la situation.
L’Iran est sur la même longueur d’onde que la Chine, la Russie et les États arabes, qui appellent à un cessez-le-feu immédiat afin que les conditions
soient réunies pour que la diplomatie s’attaque de manière significative au problème palestinien. Ils sont en faveur d’une solution à deux États. Ironiquement, les États-Unis
affirment également qu’ils soutiennent une solution à deux États.
C’est ce qu’a déclaré Biden lors d’une conférence
de presse à la Maison-Blanche hier, en lisant un texte préparé à l’avance :
«Israël a le droit
et, j’ajouterais, la responsabilité de répondre au massacre de son peuple. Et nous veillerons à ce qu’Israël dispose de ce dont il a besoin pour se défendre contre ces
terroristes. C’est garanti…
Mais cela
n’enlève rien à la nécessité – pour opérer et s’aligner sur les lois de la guerre pour les Israéliens – de faire tout ce qui est en son pouvoir – Israël doit faire tout ce qui est en
son pouvoir, aussi difficile que cela soit, pour protéger les civils innocents…
Je souhaite
également prendre un moment pour regarder vers l’avenir auquel nous aspirons. Les Israéliens et les Palestiniens méritent tous deux de vivre côte à côte dans la sécurité, la dignité
et la paix. Et il n’est pas question de revenir au statu quo tel qu’il existait le 6 octobre…
Cela signifie
également qu’une fois la crise terminée, il faut avoir une vision de l’avenir. Et selon nous, il doit s’agir d’une solution à deux États. Cela signifie que toutes les parties –
Israéliens, Palestiniens, partenaires régionaux, dirigeants mondiaux – doivent concentrer leurs efforts pour nous mettre sur la voie de la paix».
Ces propos donnent-ils l’impression que Biden se prépare à une guerre avec l’Iran ? Pour la première fois, peut-être, il y a une lueur d’espoir que les
États-Unis ne contournent plus le problème palestinien. En fin de compte, comme en témoignent les délibérations du Conseil de sécurité des Nations unies, toutes les puissances
responsables comprennent que le Moyen-Orient reste le centre de gravité de la politique mondiale et qu’une conflagration dans la région pourrait facilement se transformer en guerre
mondiale. Et aucune des grandes puissances ne souhaite une telle issue apocalyptique.
Cela dit, si les États-Unis jouissent toujours d’une puissance inégalée au Moyen-Orient, leur influence a diminué à mesure que de nouvelles réalités
sont apparues :
Israël est devenu plus puissant militairement et économiquement face aux Palestiniens, mais ne jouit plus d’une position dominante dans la
région.
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux puissances dominantes au Moyen-Orient, affirment de plus en plus leurs propres intérêts.
La Chine, bien qu’elle soit un acteur relativement nouveau, ne se limite plus à la diplomatie économique.
Les États-Unis ont perdu la capacité de peser sur le marché mondial du pétrole, car la Russie travaille en étroite collaboration avec l’Arabie
saoudite dans le cadre de l’OPEP+ pour calibrer le niveau de production et les prix du pétrole.
Par conséquent, le pétrodollar s’affaiblit.
Les accords d’Abraham ont été pratiquement abandonnés.
Le conflit israélo-arabe a pris une nouvelle dimension ces dernières années, grâce à la montée en puissance de l’axe de la résistance, ce qui exige
de nouvelles postures et une nouvelle réflexion opérationnelle de la part des États-Unis.
La politique israélienne a fortement basculé à l’extrême droite.
L’environnement mondial est très compliqué ; le processus de paix ne peut plus être placé sous la tutelle des États-Unis. Jeudi, la Russie a
organisé une réunion
trilatérale à Moscou avec le vice-ministre iranien des affaires étrangères et une délégation du Hamas. Plus tard, le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhaïl
Bogdanov, qui est également l’envoyé spécial du président pour le Moyen-Orient et l’Afrique, a annoncé que le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas «arriverait
bientôt en visite officielle» à Moscou pour s’entretenir avec le président russe Vladimir Poutine.
En cas de guerre totale avec l’Iran, les États-Unis subiraient de lourdes pertes et l’État d’Israël risquerait d’être détruit. En effet, l’Iran pourrait
opter pour une capacité de dissuasion nucléaire. Il est presque certain qu’une guerre entre les États-Unis et l’Iran se transformera en guerre mondiale. Il est clair que la guerre
n’est pas une option.
Une invasion terrestre israélienne de la bande de Gaza présente donc un risque élevé. Si Israël s’enlise dans la bande de Gaza, ce qui n’est
absolument pas exclu, il est fort possible que le Hezbollah ouvre un second front. Ce qui, à son tour, peut déclencher une réaction en chaîne susceptible d’échapper à tout
contrôle. C’est là que réside le danger si un cessez-le-feu n’est pas convenu suffisamment tôt dans le conflit.
GUERRE D’UKRAINE JOUR 603/ GUERRE DE GAZA JOUR 21 – Alors que le conflit de Gaza reste dans un entre-deux, qui risque de basculer à tout moment dans un conflit régional, des voix s’élèvent pour
prôner la diplomatie et la désescalade. Mais les États-Unis peuvent-ils accepter de devoir négocier à la fois en Ukraine et au Proche-Orient ? Les Etats-Unis sont dans la situation d’un empire en
rétraction. Et l’histoire nous enseigne qu’il est rare qu’un empire accepte sa propre fin – l’URSS de 1985-1991 est une exception à l’échelle de l’histoire.
Annoncée depuis des jours, l’offensive israélienne au sol, dans Gaza, n’a toujours pas commencé.
Il y a eu des incursions de troupes spéciales israéliennes, sans qu’il soit possible de mesurer leur résultat réel. Le Colonel Douglas
MacGregor, conseiller au Pentagone durant le mandat de Donald Trump, a même déclaré, lors d’une interview, qu’une incursion israélienne s’était soldée par un fiasco.
Les bombardements de Gaza ont continué, accumulant les victimes – on est à plus de 7000 civils
tués.
Les affrontements sporadiques entre Tsahal et le Hezbollah ont continué à la frontière du
Liban, causant de gros dégâts. Les États-Unis et Israël continuent à bombarder des aéroports en Syrie. Des bases militaires américaines et israéliennes au Proche-Orient ont été
attaquées
Israël a essuyé un nouveau revers au Conseil de sécurité des Nations unies le 25 octobre, lorsque la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution américain affirmant
qu’Israël a le droit de se défendre et demandant à l’Iran de cesser d’exporter des armes vers des groupes armés.
Les deux pays ont demandé à l’ONU d’agir sur le conflit entre Israël et le Hamas en appelant à des pauses dans les combats pour permettre l’accès de l’aide humanitaire, la protection des
civils et l’arrêt de l’armement du Hamas et d’autres factions armées à Gaza.
southfront.org,
26.10.2023
La position d’Emmanuel Macron jugée sévèrement hors du monde occidental
Il vaut la peine de lire le point de vue de Lucas Leiroz paru sur infobrics :
Les dirigeants occidentaux prennent des mesures irresponsables concernant le conflit palestinien, augmentant encore le risque d’escalade et d’internationalisation des hostilités. Lors d’une
visite à Tel-Aviv, Macron a fait des déclarations belliqueuses, appelant à une “coalition pour combattre le Hamas”, ignorant les impacts négatifs qu’une telle alliance pourrait avoir sur la
situation régionale.
Macron a approuvé le discours de propagande israélien qui compare sans fondement le Hamas au groupe terroriste “État islamique” (ISIS). Pour le dirigeant français, la “similitude” supposée
entre le Hamas et ISIS est une raison suffisante pour que la “coalition anti-ISIS” dirigée par l’Occident commence à prendre des mesures contre le groupe palestinien également. Macron a
qualifié le Hamas d'”ennemi commun” de la France et d’Israël, exigeant davantage de mesures militaires contre la milice.
“La France est prête à ce que la coalition internationale contre Daesh à laquelle nous participons pour les opérations en Irak et en Syrie lutte également contre le Hamas (…) Nous devrions
construire une coalition régionale et internationale pour lutter contre les groupes terroristes qui nous menacent tous”, a déclaré Macron.
Comme on le sait, cette soi-disant “coalition anti-ISIS” a été créée en 2014 en réunissant l’OTAN, des États occidentaux et des pays arabes afin de promouvoir les efforts
militaires contre l’organisation terroriste. Cependant, l’alliance ne s’est pas révélée efficace pour neutraliser l’avancée des terroristes. En raison d’erreurs ou de négligences délibérées,
la coalition n’a jamais été en mesure d’atteindre son objectif public de destruction du groupe extrémiste. Ce n’est qu’après l’intervention russe dans la guerre civile syrienne que l’ISIS a
été véritablement vaincu.
Néanmoins, Macron semble continuer à croire en la capacité de la coalition à garantir la sécurité du Moyen-Orient – et appelle maintenant à l’inclusion du Hamas dans la liste des priorités de
l’alliance. Le président français place ainsi Paris comme un soutien inconditionnel du régime sioniste, même si l’antipathie internationale à l’égard de Tel-Aviv ne cesse de croître en raison
des massacres perpétrés à Gaza.
Il convient de noter qu’il n’existe aucun argument rationnel pour considérer le Hamas et l’ISIS comme des organisations “similaires”. Contrairement à ISIS, qui est simplement un groupe
terroriste illégitime, le Hamas est un parti politique palestinien qui possède sa propre milice armée et mène une guerre de libération nationale contre les forces
d’occupation sionistes. En d’autres termes, ISIS promeut ouvertement et délibérément la violence contre les civils, tandis que le Hamas, malgré les accusations d’Israël et des médias
occidentaux, est simplement impliqué dans des hostilités contre une armée beaucoup plus puissante.
Dans les situations de guerre asymétrique et de combat irrégulier, la partie la plus faible est obligée de se battre avec toutes les ressources disponibles, ce qui inclut souvent le lancement
d’attaques surprises, l’utilisation de tactiques de guérilla et, dans le cas spécifique d’Israël, la destruction de colonies juives illégales. Tel-Aviv, en tant qu’ennemi de la Résistance
palestinienne, qualifie logiquement le Hamas de “terroriste” et reçoit l’appui de ses sponsors occidentaux. Mais les pays islamiques et arabes voisins d’Israël, qui soutiennent
traditionnellement la Palestine, ne sont pas d’accord avec cette classification, ce qui montre à quel point la proposition de M. Macron est susceptible d’échouer.
Si des efforts militaires internationaux sont lancés contre le Hamas, la réaction des pays soutenant la Palestine sera extrêmement négative. Même les États qui ne soutiennent pas le Hamas,
comme l’Arabie saoudite, ont une position très claire de condamnation d’Israël et de soutien à la Palestine, de sorte qu’il ne sera pas possible de parvenir à un consensus diplomatique pour
rendre viable une nouvelle “guerre contre le terrorisme”. En outre, l’Iran a déjà fait savoir qu’il y aurait des conséquences si Tel-Aviv ne cessait pas rapidement ses attaques ou
s’il y avait une intervention occidentale. De même, l’Axe de la résistance – une coalition internationale de groupes armés pro-iraniens et pro-palestiniens – est sur le point
d’intervenir directement dans les hostilités.
Si Macron met réellement en œuvre un tel plan d’attaque collective contre le Hamas, la conséquence sera simplement une situation régionale de guerre totale. Les groupes armés pro-palestiniens
soutiendront inconditionnellement le Hamas. Même s’il existe des différences idéologiques et politiques entre ces groupes, le soutien à la Palestine est un programme commun à tous – et
l’intervention occidentale en faveur d’Israël est considérée comme une ligne rouge.
Dans une telle situation, Israël et les pays occidentaux seraient fortement désavantagés, car l’État sioniste est incapable de mener une guerre d’usure prolongée et ses partisans occidentaux
disposent actuellement de stocks d’armes affaiblis après plus d’un an d’armement systématique du régime néonazi de Kiev. Macron est peut-être en train de créer inconsciemment un piège pour
lui-même et ses propres partenaires.
Macron ne fera que créer une guerre internationale à grande échelle. La meilleure chose qu’il puisse faire, au lieu de vouloir créer une nouvelle “guerre contre le terrorisme” injustifiée,
est d’utiliser sa diplomatie pour qu’Israël arrête le massacre à Gaza.
infobrics,
27 octobre 2023
L’inquiétude de Vladimir Poutine
Le président russe a reçu, le 25 octobre 2023 les représentants des religions présentes en Russie. Je livre une traduction de l’ensemble
de son discours, car il me semble essentiel de le connaître à deux titres. D’abord, pour comprendre comment l’État russe envisage les relations avec les communautés religieuses dans ses
propres frontières. Ensuite, du fait des avertissements qu’il contient sur une crise du Proche-Orient qui pourrait devenir impossible à maîtriser.
J’ai estimé qu’il était important de vous rencontrer et, tout d’abord, je voudrais vous exprimer ma gratitude à tous pour votre soutien aux forces armées de la Fédération de Russie, aux
forces armées de la Russie et à nos militaires, ainsi qu’à leurs familles et à tous ceux qui se battent pour la Russie dans le cadre de l’opération militaire spéciale. C’est mon premier
point, et j’y reviendrai plus tard.
Deuxièmement, je voudrais évoquer avec vous l’évolution de la situation au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde, mais surtout, bien sûr, au Moyen-Orient, parce qu’elle nous
concerne. Je commencerai par là.
Nous observons tous avec inquiétude et douleur dans nos cœurs les développements tragiques en Terre sainte, qui revêt une signification sacrée pour les chrétiens, les musulmans et les juifs,
pour les adeptes des principales religions du monde.
Une nouvelle phase du conflit israélo-palestinien a coûté la vie à des milliers de personnes.
La Russie sait de première main ce qu’est le terrorisme international. Nous savons ce que c’est. Nous ressentirons toujours la douleur des pertes irremplaçables subies par notre pays au cours
des années de guerre contre le terrorisme international.
Je voudrais présenter mes sincères condoléances aux familles d’Israéliens et aux citoyens d’autres pays dont les proches sont morts ou ont été blessés lors de l’attentat du 7 octobre.
Mais il est également clair pour nous que des personnes innocentes ne doivent pas être tenues pour responsables de crimes commis par d’autres. La lutte contre le terrorisme ne peut être menée
sur la base du fameux principe de la responsabilité collective qui entraîne la mort de personnes âgées, de femmes, d’enfants, de familles entières. Des centaines de milliers de personnes se
retrouvent sans abri, sans nourriture, sans eau, sans électricité et sans assistance médicale. Il s’agit d’une véritable catastrophe humanitaire.
La position de la Russie sur le conflit israélo-palestinien est bien connue et a été explicitement exprimée à de multiples reprises. Elle n’est pas influencée par les circonstances actuelles,
mais repose sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui envisagent la création de deux États souverains indépendants, Israël et la Palestine. C’est la clé d’un règlement
durable et fondamental et de la paix au Moyen-Orient. C’est la position traditionnelle de l’Union soviétique, puis de la Russie depuis 1948.
Notre objectif premier est de mettre fin à l’effusion de sang et à la violence. Une nouvelle escalade de la crise risque d’avoir des conséquences graves, extrêmement dangereuses et
destructrices, non seulement pour la région du Moyen-Orient, mais aussi bien au-delà des frontières de cette région. Elle peut se propager bien au-delà des frontières du Moyen-Orient. J’ai
insisté sur ce point à plusieurs reprises dans mes remarques, au cours de nombreuses conversations téléphoniques et lors de réunions personnelles avec les dirigeants des pays du Moyen-Orient
et d’autres pays.
Nous constatons que certaines forces tentent de provoquer une nouvelle escalade en entraînant d’autres pays et nations dans le conflit et en les utilisant pour leurs propres intérêts
égoïstes, afin de lancer une vague de chaos et de haine mutuelle non seulement au Moyen-Orient, mais bien au-delà. À cette fin, ils tentent d’exploiter les sentiments ethniques et religieux
de millions de personnes, ce qui constitue leur politique – si l’on peut dire – depuis longtemps, bien avant la crise actuelle.
Les musulmans sont opposés aux juifs et appelés à mener une “guerre contre les mécréants”. Les chiites sont opposés aux sunnites, les orthodoxes aux catholiques. En Europe, ils ferment les
yeux sur les blasphèmes et les actes de vandalisme commis contre les lieux saints musulmans. Dans certains pays, ils glorifient ouvertement et officiellement les criminels nazis et les
antisémites dont les mains sont tachées du sang des victimes de l’Holocauste. En Ukraine, ils s’efforcent d’interdire l’Église orthodoxe canonique et d’approfondir le schisme.
Selon moi, ces actions sont clairement destinées à semer l’instabilité dans le monde, à diviser les cultures, les peuples et les religions du monde, et à provoquer un choc des civilisations.
Tout cela repose sur le principe bien connu du “diviser pour régner”. Pendant ce temps, ils continuent à parler d’un obscur “nouvel ordre mondial” qui, en réalité, est
essentiellement le même : hypocrisie, deux poids deux mesures, prétentions à l’exceptionnalisme et à la domination mondiale et préservation de ce qui est essentiellement un système
néocolonial.
L’Occident voit bien que l’émergence d’un ordre mondial multipolaire s’accélère, et il déploie tous les mêmes moyens, tels que l’islamophobie, l’antisémitisme et la russophobie, pour entraver
les progrès des pays souverains indépendants et diviser la majorité mondiale.
Bien entendu, les forces qui poursuivent ces politiques ou tentent de les mettre en œuvre ont tout intérêt à ce que l’épidémie de violence et de haine engloutisse non seulement le
Moyen-Orient, mais aussi d’autres régions, de sorte que d’anciens et de nouveaux foyers de tension se déclarent en Eurasie.
En orchestrant largement le conflit au Moyen-Orient, en alimentant et en provoquant le nationalisme et l’intolérance religieuse dans le monde entier, ces mêmes forces poursuivent, sans aucun
doute, leurs desseins hostiles à l’égard de notre pays également.
Ces objectifs ont été ouvertement énoncés par les cercles dirigeants de certains pays, à savoir nous infliger, comme ils le disent, une “défaite stratégique”. Il n’y a rien de
nouveau à cela non plus. Ils veulent que le conflit au Moyen-Orient, ainsi que tout autre conflit religieux ou ethnique dans le monde, soit directement ou indirectement lié à la Russie d’une
manière ou d’une autre ou, plus exactement, qu’il porte un coup à la Russie et à la société russe. C’est pourquoi ils recourront aux mensonges et aux provocations, et utiliseront des
prétextes extérieurs et intérieurs pour affaiblir et diviser notre société, et provoquer des conflits ethniques et religieux chez nous.
Je tiens à souligner qu’aujourd’hui, l’énorme responsabilité de l’avenir de la Russie incombe aux leaders d’opinion, aux dirigeants des partis politiques et des organisations civiques, aux
chefs des régions de notre vaste pays, aux chefs spirituels des religions traditionnelles et à toutes les institutions de la société civile.
Chacun d’entre nous, quoi qu’il dise ou fasse, doit être guidé par la chose la plus importante – et qu’est-ce que c’est ? – les intérêts vitaux de notre nation multiethnique
et ne jamais oublier que l’entente interethnique et interconfessionnelle est le fondement de l’État russe. Toute autre position est anti-russe par nature.
Je sais que les chefs spirituels des chrétiens, des musulmans, des bouddhistes et des adeptes du judaïsme considèrent l’harmonie et l’unité de notre société comme une valeur indiscutable.
Je vous remercie pour votre approche fondée sur des principes et je tiens à souligner la grande attention que vous accordez au travail éducatif et aux efforts visant à promouvoir le dialogue
interconfessionnel. Des personnes de différentes confessions travaillent ensemble à la réalisation de projets sociaux et d’œuvres caritatives. Je voudrais revenir sur ce que j’ai dit en
commençant, à savoir qu’ils ont soutenu les participants à l’opération militaire spéciale et leurs familles. L’apport de nos religions traditionnelles est important si nous parlons des
efforts visant à renforcer les valeurs familiales, de l’éducation patriotique des jeunes et, bien sûr, du développement harmonieux des relations interethniques basées sur l’accord et la
compréhension mutuelle entre des personnes d’ethnies et de religions différentes, et de traditions différentes.
Je tiens à souligner une nouvelle fois que nous sommes un seul peuple et que nous avons une seule patrie. Nous sommes tous responsables de sa prospérité et de sa sécurité
Site
officiel de la présidence de la Fédération de Russie
«Des contacts ont eu lieu dans le prolongement de la ligne russe visant à la libération immédiate des otages étrangers situés dans la bande de Gaza», a fait savoir la diplomatie russe auprès
de RIA Novosti.
Selon RIA, la délégation était menée dans la capitale russe par Abou Marzouk, le responsable des relations internationales Hamas.
Le ministère des Affaires étrangères a par ailleurs précisé que Moscou avait confirmé son soutien à la mise en œuvre
des résolutions du Conseil de sécurité sur la création «d’un Etat palestinien souverain dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale» qui coexisterait en paix avec Israël.
Le Hamas a déclaré que les parties ont en outre discuté des moyens de mettre fin aux «crimes d’Israël soutenus par l’Occident».
«La délégation du mouvement a hautement apprécié la position du président russe Vladimir Poutine, ainsi que les efforts actifs de la diplomatie russe.»
Contrairement aux pays occidentaux, Moscou, qui entend jouer un rôle de médiateur dans le conflit, s’est abstenu de prendre partie, dénonçant les attaques terroristes du Hamas autant que la
politique colonisatrice d’Israël et ses représailles aveugles contre les civils.
Kompromat
La leçon de diplomatie ambiguë de Dominique de Villepin
https://www.youtube.com/watch?v=Mpq5IxdDeqA
Je conseille de regarder en entier l’entretien accordé par Dominique de Villepin à Apolline de Malherbe.
Retenons, sur Gaza, la leçon de diplomatie et l’espoir ténu que conserve l’ancien Premier ministre français que la raison puisse l’emporter:
“Quand vous voyez que c’est les Chinois qui ont fait en sorte d’améliorer les relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran…je vous dis simplement que chaque jour qui passe, on peut faire en
sorte [d’enrayer] ce cycle effroyable. […] Vous voyez bien aujourd’hui qu’on a besoin de tout le monde.»,
Entretien
Dominique de Villepin/Apolline de Malherbe
“Y compris des Russes?” demande Appoline de Malherbe interloquée.
Est-ce possible pour les USA de négocier au Proche-Orient alors qu’ils perdent en Ukraine?
On comprend bien le nœud du problème : Les États-Unis sont en train de perdre la guerre en Ukraine, par armée kiévienne interposée. Un rapide état des
lieux concernant la bataille au sol :
Il semble que le monde ait été opportunément distrait par un nouveau cycle de guerre au Moyen-Orient et que l’on ait oublié l’échec de la contre-offensive de Kiev, payée par l’Occident. Seuls
les militaires ukrainiens continuent de se frapper la tête contre le mur de la défense russe. La situation sur le front de Zaporozhye s’échauffe, puis s’apaise, mais les lignes de front
restent inchangées.
La zone de Rabotino, au sud d’Orekhov, reste la principale direction des attaques ukrainiennes, tandis que les forces armées ukrainiennes (AFU) ont presque complètement cessé toute opération
offensive dans d’autres zones des lignes de front méridionales. Le commandement ukrainien lance les principales forces d’attaque en direction des villages de Kopani et Verbovoye.
Ces derniers jours, l’AFU n’a pas cessé d’essayer de percer la ligne de défense russe entre Rabotino et Verbovoe. Les forces ukrainiennes poursuivent leurs tentatives quotidiennes pour
prendre pied dans la région et créer une tête de pont à tout prix. Le commandement ukrainien lance des véhicules blindés avec des unités d’infanterie dans des attaques avec le soutien de
l’artillerie ukrainienne. L’infanterie attaque par vagues. Les groupes d’assaut sont différents, certains sont petits, d’autres comptent jusqu’à 15-20 soldats. Chacun d’entre eux attaque une
tranchée russe distincte dans différentes zones.
Ils sont accueillis par des éclaireurs et des parachutistes russes. Les tirs et les tirs d’artillerie se poursuivent 24 heures sur 24. L’aviation russe répond par des bombes aériennes. (…)
L’absence de succès sur le front de Zaporozhie oblige l’AFU à se concentrer sur d’autres zones où l’armée russe mène des actions offensives limitées. Il y a quelques jours, le commandement
ukrainien a transféré à la hâte les unités meurtries de la 47e brigade de la région de Rabotino à la périphérie d’Avdeevka, où elles ont été immédiatement lancées à l’assaut de la décharge de
cendres, où elles ont subi des pertes encore plus importantes. LIEN, LIEN
Dans le même temps, l’AFU a commencé à tenter d’avancer sur le Dniepr en direction de Kherson. Ces opérations s’accompagnent de pertes encore plus importantes que la contre-offensive dans les
steppes de la région de Zaporozhye. Pour forcer le fleuve, Kiev doit d’urgence trouver plus de chair à canon. À cette fin, jusqu’à trois brigades de marines ont été retirées des régions de
Zaporozhye et du sud de Donetsk et transférées dans la région de Kherson à la fin du mois de septembre.
Dans le cadre des opérations ukrainiennes en cours sur la rive orientale du Dniepr, l’artillerie ukrainienne a récemment intensifié le pilonnage des positions russes dans la zone de Tokmak,
dans la région de Zaporozhye, afin d’empêcher l’armée russe de transférer des renforts sur le front de Kherson.
On peut conclure que la contre-offensive de Kiev dans la région de Zaporozhie, qui a duré des mois, n’a entraîné que la perte de dizaines de milliers de soldats ukrainiens, de nombreux
équipements soviétiques et occidentaux et de maigres résultats sur les champs de bataille. Aujourd’hui, la configuration des fronts change. L’AFU est contrainte de transférer d’importantes
forces pour dissuader l’offensive russe dans le Donbass. Dans le même temps, le commandement ukrainien tente de percer la défense russe sur le Dniepr, ce qui peut conduire à des résultats
très douteux en l’absence de succès sur le front de Zaporozhye.
southfront.org,
26.10.2023
Le gouvernement Biden peut-il assumer une double défaite, en Ukraine et au Proche-Orient, en n’ayant pas d’autres solutions que de demander aux États qui mènent la
guerre pour Washington, de se rendre à une table de négociation ?
Le piège existentiel :
Le Pentagone vient d’y tomber, alors que Biden tente d’éviter le désastre du sauvetage des otages américains en Iran du temps de Carter
Le changement soudain des plans de guerre américains pour la défense d’Israël, révélé samedi par le général Lloyd Austin, secrétaire américain à la
Défense, révèle le piège que la Russie, la Chine et l’Iran ont tendu, et les mesures désespérées que les États-Unis ont prises pour y échapper.
Austin a annoncé qu’il
avait «réorienté le
mouvement du groupe de frappe des porte-avions USS Dwight D. Eisenhower vers la zone de responsabilité du commandement central. Ce groupe
d’intervention s’ajoute au groupe d’intervention du porte-avions USS Gerald R. Ford, qui opère actuellement en Méditerranée orientale. Il permettra d’accroître notre dispositif
de forces et de renforcer nos capacités et notre aptitude à répondre à toute une série de situations d’urgence».
«J’ai également
activé le déploiement d’une batterie THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) ainsi que des bataillons Patriot supplémentaires dans toute la région afin d’accroître la protection
des forces américaines».
La nouvelle destination de l’Eisenhowern’a
pas été annoncée. Les médias militaires américains affirment qu’il s’agira du golfe Persique ou de la mer Rouge, voire des deux.
La zone de responsabilité (AOR) du Commandement central (CENTCOM)
est officiellement les territoires arabes et iraniens situés à l’est du littoral méditerranéen, en se concentrant sur le golfe Persique et la mer Rouge, et en ciblant l’Iran, la
Russie et la Chine.
Dans un petit changement qui pourrait avoir une signification majeure, les responsables du Pentagone déclarent
à la presse que «les États-Unis
modifient leurs plans pour le groupe de frappe du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower». Ce changement pourrait placer le groupe d’attaque dans des eaux où les navires de
guerre chinois ont été actifs ces derniers mois. La semaine dernière, le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, a annoncé que le groupe d’attaque Eisenhower se
dirigerait vers la Méditerranée orientale plutôt que vers l’Europe, comme cela avait été prévu. En naviguant en Méditerranée orientale, le groupe d’intervention se serait trouvé à
l’ouest d’Israël. Mais ce plan a changé après une semaine au cours de laquelle les forces américaines en Syrie et en Irak ont essuyé des tirs de milices soutenues par l’Iran, et un
navire de la marine américaine en mer Rouge a abattu des missiles lancés depuis le Yémen… Samedi, Austin a déclaré dans un communiqué que le groupe d’intervention se rendrait
désormais dans la «zone de
responsabilité du Commandement central». Le Commandement central couvre une grande partie du territoire du Moyen-Orient, qui inclut le golfe Persique et la mer Rouge.
L’objectif de ces mesures, a déclaré Austin, est de «soutenir les
efforts de dissuasion régionale, d’accroître la protection des forces américaines dans la région et d’aider à la défense d’Israël». L’ordre de priorité a été modifié. Israël
vient en dernier, l’Iran, la Russie et la Chine en premier.
Pour la première fois également, le commandement américain a reconnu ce que le président Vladimir Poutine voulait dire lorsqu’il a déclaré à Pékin,
mercredi 18
octobre, qu’il avait déployé des MiG-31 armés de missiles Kinjal à portée de l’Eisenhower .
Austin a
ajouté, à l’intention des téléspectateurs américains du dimanche : «Si un groupe ou
un pays cherche à élargir ce conflit et à tirer parti de cette situation très regrettable, notre conseil est le suivant : ne le faites pas. Nous conservons le droit de nous défendre
et nous n’hésiterons pas à prendre les mesures qui s’imposent».
La doctrine américaine d’autodéfense lors d’attaques contre des États comme le Liban, la Syrie, la Libye, l’Irak, l’Iran, le Yémen et la Somalie n’est
pas nouvelle. En septembre
1969, lorsque le capitaine de l’armée libyenne Mouammar Kadhafi a pris le contrôle de son pays, il a soigneusement contourné la base de l’US Air Force (USAF) de Wheelus (Mellaha),
qui stockait des armes nucléaires à l’époque ; Kadhafi a ensuite évincé les forces américaines de Wheelus pendant douze mois, mais l’USAF a rapidement évacué ses armes
nucléaires.
Le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban n’ont pas le temps, les Israéliens encore moins.
Mais l’empressement de Austin à modifier les ordres de navigation de l’Eisenhower et
à faire voler des THAAD et des Patriots vers les bases américaines dans les territoires arabes révèle également qu’il manque de temps. En effet, l’ensemble des systèmes de défense
aérienne américains est en train d’être mis en échec. Le Kinjal russe a vaincu les batteries américaines Patriot autour de Kiev ; les essaims de drones et de roquettes du Hamas ont
vaincu le Dôme de fer israélien le 7 octobre. Le THAAD a été testé une
fois au combat, contre une attaque de missiles, de roquettes et de drones des Houthis contre des cibles d’Abou Dhabi en janvier 2022. «Plusieurs ont été
interceptés, quelques-uns [ne l’ont pas été]».
Les tirs de l’USS
Carney contre des missiles et des drones houthis en mer Rouge ont montré à quel point cette ligne d’attaque sud contre Israël serait vulnérable si les Houthis essayaient
d’essaimer au lieu de tester leurs munitions, comme ils l’ont fait contre le Carney. À
l’origine, dans la version du Pentagone du vendredi 19
octobre, trois missiles Houthis et plusieurs drones ont été interceptés alors qu’ils se dirigeaient vers Israël. Un jour plus tard, CNN a
révisé l’histoire en rapportant
les propos d’un «responsable
américain familier de la situation», qui a déclaré qu’il y avait eu un «duel de neuf
heures» et que quatre missiles de croisière et quinze drones avaient été abattus.
Les morsures de langue et le bégaiement sont des symptômes cliniques de l’esprit qui sait ce qu’il doit dire mais qui a du mal à le faire sortir ; cela
entraîne généralement une perte
d’estime de soi. Lorsque le général Austin parle ainsi, cela indique que l’esprit ne sait pas quoi dire et qu’il est désespérément en quête d’estime de soi.
Austin a également indiqué que le Pentagone préparait des forces de déploiement rapide pour l’évacuation des soldats et des aviateurs des bases
aériennes et terrestres en Jordanie, en Syrie et en Irak s’ils étaient pris d’assaut par les manifestants. «J’ai placé, a
déclaré Austin, un nombre supplémentaire de forces en ordre de préparation au déploiement dans le cadre d’un plan d’urgence prudent, afin d’accroître leur état de préparation et leur
capacité à répondre rapidement en cas de besoin». Il est peu probable que le Pentagone prépare des plans pour que les troupes américaines au sol se battent pour conserver les
bases ; des informations secrètes du Congrès ne manqueront pas de fuiter si cette possibilité entre dans la course à la présidence des États-Unis à ce stade.1
Il s’agit plutôt de missions d’évacuation de type aéroport de Kaboul. La crainte de la Maison-Blanche de Biden et du Comité national démocrate est que
le personnel militaire américain ou d’autres fonctionnaires soient pris en otage à la suite d’attaques en rafale menées par les Arabes dans toute la région.
Selon une source militaire proche de Washington, «Biden les a fait
sortir de Kaboul. Le président Jimmy Carter ne les a pas fait sortir de Téhéran. Si le CENTCOM a quelque chose en tête, c’est la capacité de défense antimissile, l’état de préparation
et la sécurité des bases – et le fait de savoir ce que les Chinois sont en train de faire».
La Russie et la Chine parlent peu,
mais agissent plus
En redéployant l’Eisenhower de
la Méditerranée orientale vers le golfe Persique et la mer Rouge, les États-Unis ont mis le porte-avions hors de portée des Kinjals russes en mer Noire. Toutefois, dans le golfe
Persique, l’Eisenhower sera
à portée de tir des MiG-31 et des Kinjal de la mer Caspienne, ainsi que d’autres missiles russes à longue portée.
En mer Rouge, la flotte américaine sera à portée de plusieurs types de missiles balistiques iraniens contre lesquels les États-Unis n’ont pas encore
effectué d’essais de combat. Cliquez
ici pour passer en revue l’arsenal de missiles iraniens, y compris la portée, la charge utile et la précision estimées. De nombreux éléments indiquent que les états-majors de
la Russie, de la Chine et de l’Iran se coordonnent actuellement dans le golfe Persique, où un exercice visible de la marine de surface a eu lieu en mars et
où, depuis lors, beaucoup de choses sont invisibles en matière de collecte et d’échange de renseignements, de ciblage, de systèmes d’alerte précoce, etc..
Selon cette source,
les capacités antiaériennes et de ciblage terrestre du missile DC-10 équipant le destroyer Type-052D de la marine chinoise actuellement dans le golfe Persique «posent un certain
nombre de problèmes de sécurité pour les États-Unis. Le DH-10 a une
faible altitude de vol qui accroît ses capacités de furtivité face aux radars de défense aérienne. Le DH-10 peut également être mis à jour pendant son vol avec de nouvelles données de
ciblage, ce qui lui permet de changer de cible. Les capacités furtives employées par le DH-10 lui permettent de confondre ou de déjouer les radars et les défenses autour des navires
dans la région».
En mars 2023, Reuters a
rendu compte depuis Pékin de l’exercice naval dans le golfe d’Oman avec des navires de la Russie, de la Chine et de l’Iran : «L’édition 2023
des exercices de la «Ceinture de sécurité marine» contribuera à «approfondir la coopération pratique entre les marines des pays participants», a déclaré le ministère chinois de la
Défense». (Source : Reuters)
Un journaliste militaire moscovite commente : «Selon moi, les
Russes et les Chinois devraient aller droit au but et dire qu’ils peuvent essayer de régler le problème avec Israël, mais qu’il y a une ligne rouge. Évidemment, cette ligne rouge n’a
aucun sens si elle n’est pas assortie de la capacité de mettre la menace à exécution».
Selon une source militaire américaine au fait de la situation, il est devenu très dangereux de traîner avec ou près d’Israël. «Je pense que les
tirs des Houthis, qu’ils soient un piège ou non, les ont effrayés [le Pentagone]. Le nombre de drones et de missiles «abattus» par Carney ne cesse d’augmenter. Ce ne sont
pas seulement les missiles qui les inquiètent. La technologie des drones iraniens et leur capacité à les mettre entre les mains de leurs alliés doivent susciter l’inquiétude. Ce qui
les effraie dans la force opérationnelle chinoise, c’est la portée de ses missiles de croisière ainsi que sa capacité à se connecter aux radars de défense aérienne et aux réseaux de
ciblage iraniens et (je suppose) russes. Ils se sont tous entraînés ensemble».
«Toutes les bases
américaines et alliées de la région sont désormais placées sous le parapluie conjoint et solidaire de la Russie, de l’Iran et de la Chine. En bref, un piège».
REMARQUE : Sur le front sud-ouest d’Israël, l’Égypte met en place des forces blindées dans la région d’El Arish-Rafah. Les rapports des médias du Qatar
suggérant que la raison en est la lutte contre les Palestiniens se déplaçant dans le Sinaï à partir de Gaza sont faux.
«Des sources
locales et des témoins oculaires ont rapporté à la Fondation du Sinaï l’arrivée d’importants renforts militaires dans la zone frontalière de Rafah jeudi après-midi [19 octobre]. Les
sources ont déclaré que les renforts comprenaient des officiers, des soldats, des véhicules militaires, des jeeps et des chars». (source : https://twitter.com)
La désapprobation des électeurs américains à l’égard de la politique étrangère du président Biden ne cesse de croître ; l’écart négatif actuel de 19
points s’approche du niveau le plus élevé jamais atteint au cours du mandat de Biden. Son voyage en Israël et son soutien inconditionnel à la guerre israélienne contre les
Palestiniens ne lui ont rien apporté de la part des électeurs américains.
Radars israéliens détruits dans le Nord. Américains tués, blessés, kidnappés/capturés en Israël. Intentions nucléaires
À 10 h 51 HAE le dimanche 8 octobre 2023, il est confirmé que trois stations radar israéliennes dans le nord
ont été attaquées et détruites. Israël n’a pas de radar pour surveiller le Liban. Il est également confirmé que des Américains ont été tués, blessés et capturés/kidnappés en
Israël.
Du jour au lendemain, après ce qui fut le «premier jour» de la lutte entre le Hamas et Israël, un véritable tsunami de propagande a déferlé sur Internet
et dans les médias. Le volume de la propagande est extraordinaire. Cela rend très difficile la distinction entre la vérité et la fiction.
Il y a un effort INTENSE pour promouvoir et propager les victimes israéliennes – et ce n’est pas grave, je suppose ; ils sont en fait victimes d’un
véritable conflit. Mais il y a aussi un effort absolument sans précédent pour supprimer et censurer tout ce
qui concerne les Palestiniens. C’est presque comme si le public était manipulé pour qu’il considère TOUS les Israéliens
comme des «victimes» et TOUS les Palestiniens comme des auteurs de violences animales.
Les sources officielles sont très réticentes à fournir des informations Intel aujourd’hui. C’est comme si un couvercle géant s’était refermé sur des
informations factuelles ; seul «le récit» officiel est autorisé à sortir.
J’ai dû adapter la manière dont j’obtiens l’information.
Voici ce que je peux confirmer :
Mes anciens collègues de la communauté Intel, issus de mes années de travail avec la Force
opérationnelle conjointe contre le terrorisme (JTTF) du FBI, confirment qu’il y a plus d’une semaine, des troupes régulières de l’armée ukrainienne en uniforme, portant un
drapeau et une pièce d’identité, ont attaqué les troupes du Wagner PMC… au SOUDAN. Vous savez, l’Afrique !
J’ai également découvert que le Mossad avait saboté/brûlé/fait exploser des usines de drones iraniennes pour empêcher l’Iran d’aider la Russie.
J’ai également découvert que des avions remplis d’armes militaires israéliennes avaient été envoyés à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, quelques jours et semaines avant que l’Azerbaïdjan ne lance une autre
attaque militaire contre l’Arménie la semaine dernière, s’emparant de Nagorno-Karaback et forçant 100 000 chrétiens arméniens à fuir pour sauver leur vie.
Ce qui se passe actuellement en Israël est une revanche :
– Récompense de la Russie pour l’aide d’Israël à l’Ukraine. – Remboursement pour les avions chargés d’armes à destination de Bakou, en Azerbaïdjan, et – Remboursement à Israël qui a fait exploser des usines de drones iraniennes.
C’est également une revanche de la part de l’Iran pour toutes les frappes aériennes menées par Israël contre les forces iraniennes en Syrie au cours des
deux dernières années.
Enfin, c’est également une récompense de la part de l’Arménie pour ce qu’Israël a aidé l’Azerbaïdjan à faciliter la saisie du
Haut-Karabakh.
La partie la plus intéressante ? L’Iran a utilisé les 6 milliards de dollars débloqués par
l’administration Biden il y a deux semaines pour financer le déclenchement des hostilités aujourd’hui !
J’ai également découvert que cette récompense ne va pas s’arrêter. C’est en fait «la
guerre».
De plus, je peux désormais confirmer positivement :
Ce matin, le cabinet de sécurité israélien a invoqué l’article 40A de la «Loi sur les situations d’urgence» – GUERRE.
Donc ce matin, il est absolument «officiel» qu’Israël est en guerre. C’est la première
fois que cet article est invoqué en Israël depuis la guerre de 1973.
Israël a décidé d’engager des troupes dans une INVASION TERRESTRE de la bande de Gaza. Porte à porte. De maison en maison.
Cela va être un véritable bain de sang.
*
Je peux aussi positivement confirmer :
L’ambassadeur israélien à Moscou, Alexandre Ben Zvi, a déclaré au gouvernement russe :
«Israël considère Téhéran comme l’un des coupables de l’attaque du Hamas».
Il a ensuite déclaré à la Russie : «C’est ainsi que nous avons tranquillement approché le seuil de
l’utilisation réelle des armes nucléaires israéliennes contre l’Iran, et une démonstration de ce que signifie le terme «menace à l’existence de l’État»… de la part de la
Russie. «Fondements de la politique d’État dans le domaine de la dissuasion nucléaire».
Je peux maintenant aussi positivement confirmer :
La bande de Gaza compte quelque 2,3 millions d’habitants. Environ la moitié sont des hommes. Si cette moitié, ou une bonne partie, venait en Israël avec
les armes, les Israéliens seraient dépassés. Ainsi, l’ambassadeur à Moscou a déclaré aux Russes qu’Israël envisageait d’utiliser des bombes nucléaires «tactiques» plus petites contre
Gaza, au cas où Israël serait envahi. Idem en Cisjordanie.
Enfin, l’ambassadeur d’Israël à Moscou a déclaré au gouvernement russe que, étant donné qu’Israël considère l’Iran comme le principal responsable de
l’attaque en cours, Téhéran serait frappé par des «bombes nucléaires stratégiques» bien plus puissantes, tout comme le ferait
Téhéran… Damas, Syrie, pour être le point de coordination du Hamas et de l’Iran.
(Biblique : Damas, un tas de ruines ?????)
Ainsi, il y a désormais un débat réel et actif au sein du gouvernement
israélien sur l’utilisation potentielle des armes nucléaires.
Si les musulmans commencent à envahir Israël, là où son existence est menacée, alors Israël fait déjà savoir qu’il utilisera l’option Samson et
éliminera un grand nombre de personnes.
Massage des troupes du Hezbollah
Le Hezbollah au Liban rassemble déjà des troupes et déplace des lance-roquettes. Le Hezbollah a clairement indiqué hier que si Israël lançait une guerre
terrestre dans la bande de Gaza, le Hezbollah attaquerait depuis le nord.
Ce matin, des avions de combat israéliens survolent le ciel du Liban jusqu’à Kersewan, au nord du Liban.
Il y a eu quelques tirs de mortiers sur Israël depuis le Liban, et des tirs d’artillerie correspondants depuis Israël, mais ces incidents ne
correspondent même pas à la description d’une escarmouche.
Radar «assommé»
La grande nouvelle ce matin est que TROIS (3) stations radar israéliennes dans le nord ont été attaquées avec succès depuis le Liban et à 10h51 HAE ici
dans le fuseau horaire de l’Est des États-Unis, ces trois stations radar sont HORS LIGNE. Pendant une brève période aujourd’hui, Israël n’a eu aucune couverture radar efficace de sa
frontière nord. Depuis, ils ont déplacé des radars militaires portables montés sur camion vers de nouvelles positions pour rétablir la couverture.
Les Taliban à Jérusalem ?
Les Taliban afghans ont conclu un accord satisfaisant avec l’Iran, dans lequel l’Iran autorisera les forces armées talibanes à traverser le pays avec
l’intention d’entrer en Israël pour s’emparer de Jérusalem. Mais les talibans se sont heurtés à plusieurs obstacles en cours de route.
L’Irak n’a pas répondu à la demande des talibans d’autorisation de traverser le territoire irakien.
La Jordanie a catégoriquement et explicitement INTERDIT aux Taliban d’entrer dans leur pays.
Ainsi, d’un point de vue politique, les États arabes sont désormais considérés comme des traitres agissant comme un bouclier contre le traitement
réservé aux Palestiniens par Israël.
Dans et autour de Gaza
Le Hamas affirme que ses combattants combattent toujours dans le sud d’Israël, notamment à Ofakim, Sderot, Yad Mordechai, Kfar Azza, Beeri, Yatid et
Kissufim. Attention, c’est le territoire israélien.
«Israël évacuera tous les habitants vivant dans les villes proches de la frontière avec Gaza dans les 24 heures».
Israël s’est mis dans une situation difficile avec Gaza au fil des années, ce n’est donc pas si facile.
Gaza a été aménagée comme une prison à ciel ouvert et murée, où les bons détenus peuvent
sortir pendant la journée et faire des travaux de conciergerie pour les élus (leurs mots – pas les miens) pour survivre. Puis revenir par les portes à la tombée de la nuit.
En théorie, Israël ne peut pas faire exploser toute une ville fortifiée qu’il a créée et tuer tout le monde, car alors tout le monde crierait au
génocide. Mais apparemment, tout le monde est d’accord avec le statu quo dans la configuration des pénitenciers
ouverts, pour une raison quelconque.
Donc, l’idée initiale est qu’Israël se contentera de bombarder ici et là et de raser suffisamment de bâtiments pour faire croire à tout le monde qu’il a
reçu une récompense et ce sera tout. Il en a toujours été ainsi. Mais personne n’en est aussi sûr cette fois-ci. Cela pourrait finir par être un véritable génocide de Gaza.
L’armée israélienne a ordonné la fermeture de toutes les stations balnéaires proches de la frontière avec le
Liban.
Le plus intéressant ce matin jusqu’à présent : Les armes américaines laissées
en Afghanistan ont été utilisées pour attaquer Israël.
Un commandant de haut rang des Forces de défense israéliennes (FDI) a déclaré que les armes américaines
laissées en Afghanistan par l’administration Biden avaient été retrouvées entre les mains de groupes palestiniens actifs dans la bande de Gaza.
“L’ordre international fondé sur des règles n’a
pas été aussi menacé depuis les années 1930” , écrit le professeur d’affaires étrangères Walter Russell Mead :
L’ONU était censée
être le joyau de la couronne de l’ordre fondé sur des règles… mais depuis quelque temps, elle ne cesse de s’enfoncer. Parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, seul Joe Biden
a pris la peine de se présenter à l’Assemblée générale la semaine dernière. Emmanuel Macron était trop occupé … [et] Rishi Sunak a été le premier premier ministre [britannique] en dix ans à
ne pas assister à la réunion annuelle. Poutine et le Chinois Xi Jinping ont également renoncé à la réunion de l’ONU … Il fut un temps où les gens s’en seraient souciés …
Si vous aviez regardé les images diffusées depuis l’Assemblée générale au moment où Zelensky s’exprimait, vous auriez vu que l’auditorium était presque entièrement
vide ou, au mieux, rempli au tiers. Le Premier ministre Netanyahou s’est également adressé à l’Assemblée générale, tout comme le chancelier Scholtz, qui s’est à nouveau adressé à une poignée de preneurs de notes de la délégation.
Le fond du problème est qu’il n’y a pas de passion. Personne dans la majorité mondiale n’est
particulièrement intéressé par l’écoute des dirigeants occidentaux, avec leur litanie de fixations culturelles, alors que les problèmes de la “vie” de leurs sociétés se transforment en véritable crise.
Un commentateur a qualifié le discours occidental d’“ennuyeux” ; “la véritable effervescence, c’est en Asie” .
Ces commentaires reflètent la façon dont, pour les observateurs extérieurs, la politique occidentale est devenue une morne prise de contrôle des institutions de
l’État par des bureaucrates de haut ou de moyen rang, avec pour mission d’imposer de nouvelles normes culturelles/morales, avec peu ou pas de participation ou de protestation de la part des
masses. Ces “révolutionnaires” bureaucratiques remodèlent les anciennes
institutions étatiques pour transformer l’État du haut vers le bas, à la recherche d’une hégémonie culturelle à la Gramsci.
Au départ, ils peuvent y parvenir sans violer les lois et les constitutions de l’ancien système, mais c’est de plus en plus souvent ce qui se fait aujourd’hui. À un
moment donné de ce parcours, l’altruisme disparaît et la loi est utilisée comme une arme contre le peuple.
L’ennui général –
si visible à l’AG de l’ONU – découle de l’incapacité des strates dirigeantes à fournir des solutions utiles, raisonnables ou efficaces, à un moment de crise palpable.
Dans un article du Wall
Street Journal, Gerard Baker, rédacteur en chef, écrit que l’ordre moral culturel actuel est “déjà en train de s’effondrer” :
Ce nouvel édifice a été construit autour de trois piliers principaux : premièrement, la primauté éthique de l’obligation à l’échelle mondiale – sur l’intérêt
personnel national, mais plus directement, et par voie de conséquence, dans le rejet de la moralité des frontières nationales – et l’adoption de quelque chose comme la porte ouverte à
l’immigration.
Deuxièmement, une croyance quasi-biblique dans le catastrophisme climatique, selon laquelle le péché essentiel de l’homme, consommateur d’énergie, ne peut être
expié que par un sacrifice massif du progrès économique.
Troisièmement, une auto-annulation culturelle globale dans laquelle les vertus, les valeurs et les réalisations historiques de la civilisation traditionnelle
sont rejetées et remplacées par une hiérarchie culturelle qui inverse les vieux préjugés et oblige la classe des hommes blancs hétérosexuels à reconnaître leur histoire d’exploitation et à se
soumettre à une réparation sociale et économique complète.
“Chacun de ces trois piliers
à travers l’Occident – sur trois continents – s’effondre” , écrit Baker. C’est peut-être vrai. Mais il n’y a guère de signes de recul de la part des zélateurs de cette culture. Au
contraire, ils redoublent d’efforts. C’est devenu une question existentielle, les “traditionalistes” occidentaux considérant les questions culturelles comme une question de vie ou de mort. Il s’agit d’une lutte radicale meurtrière.
Néanmoins, ce qui transparaît, c’est que le zèle révolutionnaire des mondialistes reste
apparemment intact. L’objectif des mondialistes, tout d’abord, reste de hâter l’avènement d’une communauté mondiale élargie adhérant à leur nouvel ordre moral – celui de la diversité, de la
fierté, des droits des transgenres et de la réparation des discriminations et des torts historiques.
Le second objectif est de superviser l’assimilation des autres États-nations dans cette nouvelle sphère culturelle de conformité et d’homogénéité par le biais
d’un “ordre fondé sur des règles” , dont le
sous-texte est un contenu “moral” universel.
Ces deux objectifs se sont traduits par une vaste expansion des efforts occidentaux (en particulier américains) de promotion de la démocratie visant à promulguer
cette nouvelle culture.
Cette vision a été étayée par deux événements clés : l’implosion de l’Union soviétique et la publication concomitante de La fin de l’histoire et le dernier homme de Francis
Fukuyama, qui affirmait qu’une progression humaine linéaire vers le haut – basée sur les modèles politiques, économiques et culturels occidentaux – était notre destinée humaine inexorable.
Cependant, la promotion de la démocratie n’était pas une nouveauté. Et pour être clair, les premières expériences européennes de démocratisation révolutionnaire ont
eu leur côté sombre et sanglant (tout comme les révolutions colorées ont eu le leur). Gordon Hahn l’a noté,
Les dirigeants révolutionnaires français avaient indiqué où leur mouvement mènerait, mais peu d’entre eux semblaient tenir compte de leurs paroles. Alors qu’ils
massacraient des dizaines de milliers de personnes et enrôlaient de force plus d’un million de Français dans la première armée de conscription de masse […], ils déclaraient ouvertement qu’ils
le faisaient pour répandre le républicanisme
démocratique par la violence.
La France a jeté le gant de la révolution aux pieds de tous les monarques d’Europe. L’organisateur de l’armée révolutionnaire française, Lazare Carnot, avertit
le monde : “Plus de manœuvres,
plus d’art militaire, mais le feu, l’acier et le patriotisme. Il faut exterminer ! Exterminer jusqu’au bout !” .
Thomas Jefferson pensait que le destin de la Révolution française déterminerait le sien – et espérait que la première s’étendrait à toute l’Europe. Tout en
déplorant le carnage, Jefferson le jugeait nécessaire. En janvier 1793, il déclare “La liberté de la terre entière dépendait de l’issue de ce conflit
[…] Je préférerais voir la moitié de la terre désolée plutôt que tout ceci n’échoue.” (Enthousiasme qu’il a rétracté par la suite).
Le successeur de Carnot, Napoléon Bonaparte, a réalisé les rêves impériaux des révolutionnaires, qui n’étaient pas tant axés sur la démocratie que sur sa propre
gloire (et celle de la France).
En fait, c’est Napoléon qui a créé la première hégémonie étatique basée sur un “Ordre” universel fondé sur la loi et la réglementation. En
1803, l’armée napoléonienne, forte de 600 000 hommes, envahit la Russie. La marche des Russes sur Paris et la formation du Concert de l’Europe mettent fin à l’hégémonie des Bonaparte. En
substance, la Révolution française, qui a propagé la “guerre totale” , l’idée d’État-nation et
un ethos révolutionnaire, n’a cessé
d’affliger la Russie et l’Occident depuis lors.
Après la Seconde Guerre mondiale, le révolutionnarisme américain s’est d’abord appuyé sur l’“ethos de la victoire” découlant des “succès” américains de la guerre froide (élimination du
communisme dans les États européens et intégration de l’Europe de l’Est dans l’OTAN). Le “programme culturel/moral” à part entière n’est apparu
qu’avec les administrations Obama-Biden.
C’est dans ce contexte que l’Occident s’est mis à convoiter l’Ukraine, comme la charnière autour de laquelle la Russie pourrait être entravée. Brzezinski avait
identifié l’Ukraine comme le talon d’Achille potentiel de la Russie, en raison précisément des divisions ethnoculturelles de l’Ukraine qui pourraient être
exploitées pour affaiblir la Russie. Ce point est crucial pour déterminer l’impulsion qui sous-tend la guerre en Ukraine aujourd’hui.
La guerre en Ukraine n’a rien à voir avec la “promotion de la démocratie”. Les services
de renseignement occidentaux ont toujours entretenu des liens étroits avec l’ultranationalisme ukrainien, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est possible que ces ultranationalistes
engagés aient été considérés comme le matériau idéal pour déclencher une guerre contre tout ce qui est russe – ce que Brzezinski avait à l’esprit lorsqu’il a rédigé son Grand échiquier en 1997.
Quoi qu’il en soit, c’est sur ce pilier particulier – la mobilisation ethnoculturelle contre la présence, la culture et la langue russes en Ukraine – que les
services de renseignement occidentaux se sont concentrés. Ces services et le département d’État américain se sont efforcés de placer des membres de ce groupe à des postes clés dans la politique,
la sécurité et l’armée en Ukraine – des initiatives qui ont été accélérées à la suite du coup d’État de Maïdan.
Aujourd’hui, le résultat évident est que Zelensky est paralysé par la primauté politique de la droite dure, qui refuse toute négociation avec la Russie et se limite
à exiger la capitulation de Moscou.
La débâcle parlementaire canadienne de la semaine dernière a involontairement donné un aperçu de l’ancrage de l’électorat ukrainien ultranationaliste qui a été
autorisé à pénétrer dans les États occidentaux – y compris aux États-Unis et au Canada – à la suite de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Parlement canadien a ovationné un ancien membre de la
Waffen SS lors d’une visite de Zelensky au Parlement canadien. Yaroslav Hunka faisait partie des quelque 600 membres de la division SS de Galicie qui ont été autorisés à s’installer au Canada
après la guerre. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que ce groupe d’intérêt au Canada, et ses analogues ailleurs, constitue l’épine dorsale du soutien des lobbyistes à Kiev, et qu’il est le plus
étroitement lié à l’État profond des États-Unis.
Revenons à la doctrine Brzezinski : Cet imbroglio canadien nous rappelle-t-il que l’intrigue secondaire conçue à l’origine par Brzezinski était une guerre
culturelle axée sur l’identité ? Il est certain que les responsables ukrainiens ont embrassé à plusieurs reprises l’objectif de nettoyer l’Ukraine de tout ce qui est russe. La promotion de la démocratie a pu être
un prétexte, mais la partie la plus discrète a toujours été de fomenter une violente animosité envers les Russes – et envers la Russie, en tant qu’“idée” culturelle.
Cela soulève une question importante : Un Occident partageant les mêmes idées culturelles peut-il “s’imaginer” dans une guerre culturelle totale contre
les valeurs de la Russie ?
L’objectif des dirigeants occidentaux depuis un an et demi pourrait-il être d’utiliser l’ultranationalisme ukrainien pour provoquer une guerre identitaire et
culturelle plus large contre la Russie, par l’intermédiaire de leur mandataire ukrainien ?
Peut-être que le soin scrupuleux de Poutine à éviter de donner à l’Occident des motifs à réclamer vengeance (malgré d’innombrables raisons de le faire) reflète-t-il
une compréhension du fait que certains éléments de la direction actuelle de l’Occident sont dangereusement agressifs et recherchent activement la guerre.
Nous entendons aujourd’hui dans certains milieux des échos des
sentiments exprimés par Jefferson en 1793 : “La
liberté de la terre entière dépendait de l’issue conflit […] Je préférerais voir la moitié de la terre désolée plutôt que tout ceci n’échoue” . Nous voyons également des survivances de Jefferson dans le fait
que les dirigeants de Bruxelles brandissent ostensiblement et avec un zèle excessif les couleurs et les symboles culturels de l’Ukraine afin de souligner le fossé qui sépare leurs valeurs de
celles de la Russie “autocratique” .
La question qui se pose ici est la suivante : Le germe d’une guerre révolutionnaire, totale, culturelle et identitaire, est-il le signe d’une intention ultime ?
Historiquement, la guerre totale est facilement délestée de l’invraisemblable altruisme démocratique, à mesure que les flammes de la haine ethnique s’installent.
Heureusement, il semble que cette issue cataclysmique soit susceptible d’être évitée, car l’offensive ukrainienne se replie. Les Russes n’oublieront cependant pas l’animosité manifestée par de nombreux Européens à l’égard de la Russie, de ses sportifs, de ses artistes et autres.
L’impulsion ultime des intentions des faucons occidentaux derrière cette guerre doit être laissée à l’histoire.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Dans l’état actuel des choses,
nous avons trois victoires pour l’Hégémon et une victoire pour sa nation porte-avions en Asie occidentale.
À l’heure actuelle, on sait parfaitement à qui profite de l’horrible tragédie palestinienne.
En l’état actuel des choses, nous avons trois victoires pour l’Hégémon et une victoire pour sa nation porte-avions en Asie occidentale.
Le premier gagnant est le parti de la guerre, une vaste escroquerie bilatérale. La demande supplémentaire de 106 milliards de dollars
adressée par la Maison-Blanche au Congrès pour «l’assistance», en particulier à l’Ukraine et à Israël, est une manne du ciel pour les tentacules de l’armement du MICIMATT (complexe
militaire-industriel-congrès-renseignements-médias-université-groupe de réflexion, selon la définition légendaire de Ray McGovern).
La laverie automatique va fonctionner à plein régime, avec notamment 61,4 milliards de dollars pour l’Ukraine (plus d’armes et reconstitution des stocks
américains) et 14,3 milliards de dollars pour Israël (principalement un «soutien» à la défense aérienne et antimissile).
Le deuxième gagnant est le Parti démocrate, qui a réussi à obtenir un changement de discours inévitable par rapport à l’échec
spectaculaire du projet Ukraine ; cependant, cela ne fera que repousser l’humiliation de l’OTAN en 2024, qui réduira l’humiliation de l’Afghanistan au statut de jeu d’enfant dans un
bac à sable.
Le troisième gagnant met le feu à l’Asie occidentale : La «stratégie» néoconservatrice straussienne conçue comme une réponse au
prochain BRICS 11, et tout ce qui concerne l’intégration de l’Eurasie qui a été avancé lors du Forum
de la Ceinture et la Route à Pékin la semaine dernière (notamment près de 100 milliards de dollars en nouveaux projets d’infrastructure/développement).
Ensuite, il y a l’accélération vertigineuse du projet parrainé par les maniaques sionistesgénocidaires : Une solution
finale à la question palestinienne, mêlant rasage de Gaza, exode forcé vers l’Égypte, Cisjordanie transformée en cage et, à l’extrême, une «judaïsation
d’Al-Aqsa», avec une destruction eschatologique du troisième lieu saint de l’islam, qui sera remplacée par la reconstruction du troisième temple juif.
La «bromance aristocratique» entre
en scène
Tout est bien sûr lié. De vastes pans de l’État profond américain, en tandem avec le combo «Biden» dirigé par les néocons, peuvent profiter de cette
nouvelle manne aux côtés de l’État profond israélien – leur bulle étant protégée par un barrage de propagande massif diabolisant toute forme de soutien au sort des
Palestiniens.
Mais il y a un problème. Cette «alliance» vient de perdre – peut-être irrémédiablement – l’écrasante majorité du Sud mondial/Majorité mondiale, qui est
viscéralement palestinienne. Les Palestiniens très instruits qui vivent à Gaza et souffrent de l’indicible, dénoncent farouchement les rôles ambigus de l’Égypte, de la Jordanie et des
Émirats arabes unis, tout en faisant l’éloge de la Russie, de l’Iran et, parmi les nations arabes, du Qatar, de l’Algérie et du Yémen.
Tout ce qui précède témoigne d’une continuité frappante depuis la fin de l’URSS. Washington a refusé de dissoudre l’OTAN en 1990 pour protéger les
immenses profits des tentacules militarisés du MICIMATT. La conséquence logique a été que l’hégémon et l’OTAN en tant que Robocop mondial, en tandem, ont
tué au moins 4,5 millions de personnes en Asie occidentale tout en déplaçant plus de 40 millions de personnes, puis ont tué, par procuration, au moins un demi-million de personnes en
Ukraine tout en déplaçant plus de 10 millions de personnes. Et ce n’est pas fini.
Contrairement à l’Empire du Chaos, du Mensonge et du Pillage, le Sud et la majorité mondiale voient l’émergence de ce qu’un érudit chinois sophistiqué a
délicieusement décrit comme une «bromance
aristocratique» au centre du «nœud actuel de
l’histoire universelle».
La preuve en est le commentaire de Vladimir Poutine : «Je ne peux pas
faire l’éloge de Xi Jinping parce que ce serait comme si je me faisais l’éloge de moi-même & ce serait une chose embarrassante à faire».
Oui : Poutine et Xi – ces «méchants autocrates» pour les libéraux totalitaires atlantistes – sont des copains de cœur et en fait des âmes sœurs. Cela
conduit notre universitaire chinois à approfondir non seulement leur compréhension mutuelle, mais aussi les liens de plus en plus complexes entre les trois derniers
États-civilisations souverains, à savoir la Chine, la Russie et l’Iran : La Chine, la Russie et l’Iran.
Notre chercheur chinois montre que Poutine et Xi «ont pratiquement
la même lecture de la réalité géopolitique», outre le fait qu’ils sont les dirigeants de deux des trois véritables souverains, et qu’ils sont «désireux et
capables d’agir correctement» afin de mettre un terme à la matrice hégémonique :
«Ils ont la
compréhension, la vision, les outils de pouvoir, la volonté et actuellement les circonstances favorables leur permettant de mettre des limites définitives aux prétentions de
l’establishment anglo-américano-sioniste».
Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient craints, méprisés et décrits comme des «menaces existentielles» pour la «civilisation occidentale».
Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Russie, qui a les yeux rivés sur la realpolitik, se permet une évaluation beaucoup plus
directe : «Sous l’impulsion
des États-Unis, le monde ne cesse de s’enfoncer dans un abîme. Les décisions prises indiquent clairement non seulement une détérioration mentale irréversible, mais aussi la perte des
derniers lambeaux de conscience. Ces décisions, qu’elles soient importantes ou mineures, sont des symptômes flagrants de la maladie sociale épidémique».
La frénésie d’Israël à élever le concept de «crimes contre l’humanité» à un tout autre niveau correspond bien à la définition d’une «maladie sociale
épidémique», et même pire. Tel-Aviv s’est engagé sur la voie de l’effacement de toute empreinte culturelle, religieuse et civique dans le nord de la bande de Gaza, de sa destruction,
de l’expulsion de ses habitants et de son annexion. Tout cela est pleinement légitimé par «l’ordre international fondé sur des règles» et ses vassaux les plus
modestes.
Entraîner l’Asie occidentale dans
la guerre
Il est toujours instructif de comparer le rêve israélien d’une solution finale avec les faits sur le terrain. Appelons donc le lieutenant-général Andrey
Gurulev, membre de la commission de la Douma d’État chargée d’examiner les dépenses du budget fédéral consacrées à la défense nationale, à la sécurité nationale et au maintien de
l’ordre, et membre de la commission de la Douma chargée de la défense.
Voici les principaux points soulevés par Gurulev :
«Les personnes
armées en Palestine sont dans des abris, les civils meurent dans des immeubles résidentiels. Nous avons vécu cela en Syrie, quand à Damas, par exemple, ils étaient installés dans des
tunnels souterrains et n’en sortaient qu’en cas de nécessité. Le Hamas s’est préparé à 100%, ce n’est pas sans raison qu’ils ont fait cela, ils ont des réserves d’armes et de
nourriture (…) Les Israéliens sont montrés en colonnes sur des chars, sur des véhicules de combat d’infanterie, qu’est-ce qu’ils attendent ? Ils attendent que des drones les survolent
? C’est ce que nous avons vécu lors de l’opération militaire spéciale. Les chars en zone urbaine sont pratiquement inefficaces».
«Les Américains
essaient d’entraîner le Moyen-Orient dans la guerre ; apparemment, ils ont décidé de ne pas se tenir cérémonieusement aux côtés d’Israël ; dans ce cas, les dommages causés à Israël
seraient inacceptables».
«Sur les deux
groupes de porte-avions en Méditerranée. À bord de ces navires, selon mes calculs, il y a environ 750 à 800 missiles Tomahawk, qui couvrent une bonne partie du territoire de la
Fédération de Russie (…) Notre président a immédiatement décidé de mettre des Mig-31 équipés de missiles Kinjal en service de combat. Pour une raison quelconque, tout le monde
s’imagine qu’un avion équipé d’un Kinjal va voler quelque part, le long de la mer Noire, mais les choses sont beaucoup plus globales. Tout d’abord, il s’agit de l’utilisation de tous
les systèmes de reconnaissance reliés à un système d’information unique, avec l’envoi d’instructions de ciblage spécifiques aux points de contrôle. Si un avion entre dans l’espace
aérien de la mer Noire, il doit avoir un échelon de soutien qui le protège des attaques aériennes ennemies, des systèmes de défense aérienne et de tout le reste. Il s’agit d’un
ensemble de mesures visant à dissuader l’agresseur américain d’attaquer le territoire de la Fédération de Russie. Nous avons devant nous deux groupes de porte-avions, équipés
jusqu’aux dents, capables d’atteindre des cibles sur le territoire de notre pays. Nous devons réagir normalement».
«Si tout le
Moyen-Orient est entraîné dans la guerre, que des groupes de porte-avions tentent de frapper le territoire de l’Iran, alors l’Iran ne restera pas silencieux, ils ont des cibles
prêtes, tous les objets critiques, ils les attaqueront de différentes manières, malgré le Dôme de fer et tout le reste».
Les analystes du Pentagone comprendront certainement ce que dit Gurulev. Mais pas les psychopathes néoconservateurs straussiens.
Alors que «le long nuage noir arrive», pour faire référence à Bob Dylan, il est instructif de prêter une attention toute particulière aux voix de
l’expérience.
C’est ainsi que nous nous tournons vers le Dr Mahathir Mohamad : 98 ans (non, pas Kissinger) ; il a passé toute sa vie d’adulte en politique, la plupart
du temps en tant que Premier ministre d’une nation très importante (la Malaisie) ; il connaît très bien tous les dirigeants du monde, y compris ceux des États-Unis et d’Israël ; et à
ce stade avancé de sa vie, il n’a peur de rien et n’a rien à perdre.
Le Dr Mahathir va droit au but :
«…Le nœud du
problème est que toutes ces atrocités commises par Israël sur les Palestiniens découlent du soutien américain à Tel-Aviv. Si le gouvernement américain retirait son soutien à Israël et
cessait toute aide militaire au régime, Israël ne pourrait pas perpétrer en toute impunité le génocide et les meurtres de masse des Palestiniens. Le gouvernement des États-Unis doit
se montrer honnête et dire la vérité. Israël et ses FDI sont les terroristes. Les États-Unis soutiennent ouvertement les terroristes. Alors, que sont les États-Unis
?»
Inutile de poser la question à ceux qui dirigent actuellement la politique étrangère des États-Unis. Ils seraient à peine capables de contenir l’écume
de leur bouche.
L’armée israélienne se prépare à
nettoyer ethniquement la bande de Gaza conformément au vieux rêve des suprémacistes juifs. Cependant, en Israël, et aux États-Unis, de nombreux citoyens s’opposent à ce crime. Tandis
qu’au Moyen-Orient, de nombreux volontaires se préparent à les sauver en attaquant l’État hébreu.
Contrairement à la perception que
nous avons de ce conflit, l’impossibilité de le résoudre depuis 76 ans ne provient pas de la mauvaise foi de ses protagonistes. Mais de l’absence de choix entre deux systèmes :
Un monde «fondé sur des règles» ou «sur le Droit international».
La préparation du crime
Les événements se précipitent en Israël/Palestine. Chacun voit l’armée israélienne se préparer et commencer le nettoyage ethnique de la Bande de Gaza.
Le bilan établi par les Nations unies vendredi soir était que déjà un tiers de la ville de Gaza avait été réduit en cendres tandis que presque tous les habitants de la ville avaient
fui vers le Sud, sans autre alternative que de camper dans les champs.
Après avoir envisagé de lancer une guerre contre-insurrectionnelle sur le modèle de la bataille d’Alger ou de l’opération Phoenix au Vietnam,
l’état-major israélien envisage de raser complétement la ville de Gaza, puis d’envoyer son armée de Terre éliminer les survivants. Selon le ministre israélien de la Défense, ce plan
devrait prendre trois mois, selon son homologue états-unien, neuf mois.
Le chef d’état-major de l’armée, le général Herzl Halevi, a déclaré le 21 octobre : «Nous entrerons
dans la bande de Gaza pour une mission opérationnelle et professionnelle : Détruire les agents et les infrastructures du Hamas (…) Gaza est complexe et dense, l’ennemi prépare
beaucoup de choses là-bas, mais nous nous préparons aussi pour lui».
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est insurgée, le 14 octobre, contre l’ordre d’évacuation donné par les Israéliens aux hôpitaux de Gaza. Elle
a fait remarquer que déplacer des malades en soins intensifs les condamnerait à mort1.
Trois jours plus tard, l’hôpital Al Ahli a été détruit. Israéliens et Palestiniens se rejettent la responsabilité de ce massacre. Au demeurant aucun des alliés d’Israël n’a cherché à
venir en aide aux Gazaouites. Pourtant, les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni disposent d’hôpitaux de campagne, de médicaments et de nourriture qu’ils peuvent larguer par
avion à Gaza. À vrai dire, tous trois se préparaient plutôt à aider l’armée israélienne qu’à venir en aide à une population en détresse.
Les États-Unis ont envoyé à Tsahal des milliers d’obus de 155 millimètres et un nombre indéterminé de bombes pénétrantes Joint Direct Attack Munition
(JDAM), capables de tout détruire à 30 ou 40 mètres de profondeur et sur un rayon de 400 mètres.
Israël divisé
Durant des mois, des manifestations monstres ont dénoncé les alliés suprémacistes juifs de Benjamin Netanyahou et la réforme des lois fondamentales
plaçant le Pouvoir judiciaire sous le contrôle de l’Exécutif. Rien n’y a fait, le «coup d’État» a eu lieu cet été.
Par «suprémacistes juifs», je désigne le parti Force juive (Otzma Yehudit), héritier assumé du mouvement états-unien, Ligue de défense juive (Jewish
Defense League) du rabbin Meir Kahane. Cette organisation s’est opposée à tout contact avec l’Union soviétique et aujourd’hui avec la Russie. Elle a appelé au meurtre de néo-nazis et
assassiné le directeur de l’American-Arab Anti-Discrimination Committee. Elle est explicitement raciste et s’oppose à tout mariage entre juifs et goïms (non-juifs). Elle est classée
organisation terroriste aux États-Unis depuis 2001. Elle était secrètement financée par Yitzhak Shamir sur les deniers de l’État d’Israël.2
«Divine surprise», l’attaque de la Résistance palestinienne unie (sauf le Fatah), le 7 octobre, a donné l’occasion aux suprémacistes juifs de réaliser
leur objectif, maintes fois énoncé :
Nettoyer ethniquement la Palestine des arabes palestiniens, que ce soit par le transfert de sa population ou par son
extermination.
Devant l’émotion de la population israélienne et le danger menaçant l’État hébreu, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a formé un gouvernement
d’urgence comme tous ses prédécesseurs en pareil cas. Cependant, là où il a fallu quelques heures à Golda Meir lors de la guerre des Six jours, il lui a fallu 7 jours lors de
l’opération «Déluge d’Al-Aqsa». Un conseil de guerre a été formé, au sein du gouvernement, afin de tenir à l’écart les suprémacistes juifs.
Mais ce cabinet restreint a, dès sa première réunion, été le théâtre d’un affrontement entre les partisans de la destruction de Gaza et ceux d’une
opération ciblée contre la Résistance palestinienne. La plupart des ministres se sont contentés de parler en public d’une action contre le Hamas, puisque la censure militaire interdit
de rendre compte des actions des autres factions palestiniennes. Le ministre de la Défense, le général Yoav Gallant, s’en est pris à la fois au Premier ministre qu’il juge délirant et
à son prédécesseur, le général Benny Ganz, qu’il juge faible. En juin le Premier ministre a interdit à son ministre de la Défense d’entrer dans son bureau au quartier général de
l’armée, interdiction toujours maintenue. Il refuse de travailler avec le responsable militaire de la réparation des infrastructures, le général Roni Numa. Il a nommé un
haut-fonctionnaire pour faire la même chose que lui, Moshe Edri, mais ce dernier dépend du ministre suprémaciste juif des Finances, Bezalel Smotrich, et les relations entre les
militaires et les civils en ce domaine ne sont pas organisées, ni même prévues. Souvenons-nous que le général Numa a dirigé des manifestations contre le Premier ministre, il y a deux
semaines. Il a déposé un recours judiciaire contre les «réformes» qu’il qualifie à juste titre de «coup
d’État». En outre, plusieurs ministères-clés (Sécurité nationale, Éducation, Information, Renseignement et Culture) n’ont toujours pas de directeurs généraux. La censure
militaire qui couvre ce désordre est telle que la ministre de l’Information, Distel Atbaryan, a claqué la porte en pleine guerre.
Avant la guerre, les réservistes assuraient en masse qu’ils n’obéiraient pas à des ordres criminels du gouvernement anti-démocratique de leur pays.
Aujourd’hui, ils ont été mobilisés et personne ne sait ce qu’ils feront. Benjamin Netanyahou est venu rendre visite à certains d’entre eux pour s’assurer de leur fidélité. Pour le
moment, l’infanterie et la cavalerie (les chars) israéliennes stationnent devant Gaza et devant la frontière libanaise, attendant des ordres qui ne viennent pas. Pourtant, l’armée de
l’Air bombarde la ville de Gaza à un rythme jamais vu. Selon les Nations unies, elle a déjà réduit en poussière au moins un tiers de l’agglomération.
Gilad Erdan, ambassadeur israélien à l’ONU, se démène comme il le peut pour que toutes les agences de l’ONU et tous les États-membres condamnent le
Hamas. S’il était bien reçu les premiers jours de la guerre, il rencontre de plus en plus de difficultés à faire entendre le point de vue de son pays.
La Résistance divisée
Si la Résistance palestinienne de Gaza est parvenue à se réunifier à la faveur des consultations organisées au début de l’année par l’Iran au Liban, le
Fatah du président Mahmoud Abbas poursuit sa politique de collaboration avec Israël. Il ne se gêne pas de dire à tous ses interlocuteurs que lui, seul, n’est pas complice des Frères
musulmans (c’est-à- dire du Hamas).
Il espérait probablement rester ainsi le seul fréquentable aux yeux des Occidentaux, mais il a immédiatement perdu toute autorité morale sur les
Palestiniens en général et sur ceux de Cisjordanie en particulier. Ainsi lorsque le président états-unien Joe Biden, face aux manifestations qui secouaient la Jordanie, a annulé le
sommet qu’il y avait convoqué et auquel le président Abbas devait participer, ce dernier a refusé de prendre le coup de téléphone du premier. La polémique suscitée par la destruction
d’un hôpital à Gaza a permis opportunément de masquer les errements de l’Autorité palestinienne qui ne sait plus comment se comporter. Il vient de sanctionner un membre du Comité
central du Fatah, Abbas Zaki, qui a fait l’éloge de l’opération «Déluge d’Al-Aqsa» et regretté que le Fatah n’y ait pas participé.
Le Hamas lui aussi est divisé entre les partisans de la Résistance à Gaza et ceux de l’islam politique à l’étranger. Alors que ses combattants se
battent ardemment, Khaled Mechaal, président du bureau politique, tout en remerciant le Hezbollah libanais pour maintenir une partie de l’armée israélienne en alerte sur la frontière
libanaise, lui a reproché de ne pas en faire assez. Le but de Mechaal (tuer les Israéliens), n’est pas du tout le même que celui du Hezbollah (vaincre l’État d’Israël) et de ses
propres combattants du Hamas.
Les États-Unis divisés
Le président états-unien, Joe Biden, s’est rendu en Israël assurer le pays de son soutien. Il n’a pas rencontré les ministres suprémacistes juifs, mais
a participé à un conseil de guerre. Il a dit avoir conscience que les Israéliens devaient en finir avec le Hamas. Il a assuré ses interlocuteurs qu’il les fournirait en obus de 155 mn
et en bombes pénétrantes… mais il leur a demandé de faire preuve de modération. Ses propos ambigus ont été interprétés comme un laissez-passer par les partisans du nettoyage ethnique,
mais comme un ordre de retenue par les autres.
Aux États-Unis, des pacifistes juifs ont manifesté devant le Congrès. La police du Capitole, se souvenant de l’assaut des Trumpistes, les a durement
réprimés. 500 d’entre eux ont été arrêtés et pourraient être traduits en justice.
Un haut-fonctionnaire du département d’État, Josh Paul, a démissionné le 18 octobre avec pertes et fracas, accusant l’administration Biden de ne pas
avoir de politique et, en définitive, de couvrir un nettoyage ethnique en préparation. Ce n’est pas n’importe qui, après une brillante carrière au cabinet du secrétaire à la Défense,
Robert Gates, et au Congrès, il était depuis 11 ans, le directeur du bureau des Affaires politiques et militaires. C’est lui qui validait tous les transferts d’armes.
Sur cette lancée, 441 assistants parlementaires se sont réunis dans un bâtiment adjacent du Capitole pour dénoncer l’absence de conscience de
l’administration Biden et des membres des deux assemblées. Si Josh Paul était un juif proche de J Street, le lobby pro-Israélien anti-Netanyahou, ces révoltés sont issus aussi bien de
la minorité juive que de la minorité musulmane. Ils ne contestent pas la lutte contre les islamistes politiques du Hamas, ils mettent en garde contre la commission d’un génocide. Tous
ont parfaitement conscience que leur prise de position les expose à des licenciements.
Les fonctionnaires du département d’État, quel que soit leur grade dans la hiérarchie, ont la possibilité d’exprimer leur désaccord sur un forum dédié à
cet effet. Il s’agit généralement de critiquer les abus d’un chef de service. Cependant, désormais, les fonctionnaires échangent sur la faillite morale de l’administration Biden qui
ne tient aucun compte de l’avis de ses experts. Les mails les plus virulents ont été signés par de nombreux collègues de bureau de sorte que ce forum a donné naissance à une
mutinerie.3
Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine du Sénat, a déposé un projet de résolution visant à interdire l’aide d’urgence à Israël de 14,3
milliards de dollars demandée par le président Joe Biden.
Tim Scott (Républicain, Caroline du Sud), candidat à l’élection présidentielle, a annoncé qu’il refusait de voter pour Israël. Il est le chef des
Républicains de la Commission sénatoriale des Banques, du Logement et des Affaires urbaines.
Les vassaux des États-Unis attentistes
Les vassaux des États-Unis persistent à s’aligner aveuglément sur les positions de Washington. Une réunion à huis clos du Conseil de Sécurité des
Nations unies a été le théâtre d’une opposition stupide de la représentante permanente des États-Unis, Linda Thomas-Greenfield, avec son homologue russe, Vassily Nebenzia. Alors que
les deux pays ont réglé d’un commun accord de nombreuses crises au Moyen-Orient, la tension actuelle entre eux a conduit Washington à utiliser son veto.
La séance portait sur une proposition russe de cessez-le-feu humanitaire immédiat. L’ambassadrice a accusé la Russie de protéger le Hamas parce que son
projet de résolution ne le condamnait pas. Or, par principe, toutes les actions humanitaires, depuis Henry Dunant et la création de la Croix-Rouge internationale, ne doivent pas
prendre parti dans le conflit où elles interviennent. Que l’on soit choqué par les commandos du Hamas ou par l’armée de l’Air israélienne, on ne doit surtout pas condamner ni l’un, ni
l’autre, ni même condamner leurs actions, mais exclusivement venir en aide aux victimes. Or, Washington, adoptant une posture morale borgne et non pas humanitaire ou politique,
condamne à tout va. Et il ne désigne pas des actes barbares, mais certains des individus qui les perpètrent.
Au cours de la séance, la France, le Japon et le Royaume-Uni ont tenu des propos similaires à ceux de leur suzerain. La France a utilisé son veto, pour la première fois depuis 1976, donnant ainsi un blanc seing à un génocide en préparation. La réunion
s’étant tenue à huis-clos, les Nations unies n’en diffusent ni verbatim, ni même compte rendu, mais l’ambassadeur Nicolas de Rivière l’a reconnu, alors que le
quotidien Le
Monde l’a nié.
Cette même attitude a été choisie par le Garde des Sceaux français, Éric Dupont-Moretti. Il a souligné devant l’Assemblée nationale que soutenir les
suprémacistes musulmans du Hamas, c’était soutenir les actes terroristes qu’il commet, et que cela expose à 5 ans de prison. Certes, mais soutenir les suprémacistes juifs qui ont
commencé à détruire la ville de Gaza, est exactement le même délit. Dans un premier temps, la France a interdit les manifestations pro-palestiniennes, jusqu’à ce que le Conseil d’État
abroge cette disposition qui viole le droit constitutionnel de manifester ses opinions.
Une seconde séance du Conseil de sécurité a rejeté un projet de résolution identique du Brésil. Celui-ci reprenait explicitement la version officielle
selon laquelle l’attaque du 7 octobre avait été perpétrée par le seul Hamas et condamnait l’organisation. Cette fois, ce sont Le Royaume-Uni et la Russie qui l’ont dénoncée. Au final,
aucun texte n’a été adopté.
Parallèlement le Qatar est parvenu à faire libérer deux prisonnières états-uno-israéliennes du Hamas, en échange du passage de 20 camions d’aide
humanitaire, de 7 camions-citernes de carburant et d’autres engagements non-révélés. Avant la guerre, il en passait au moins 100 par jours. La question des échanges de prisonniers se
complexifie : Depuis le début de la guerre, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté et incarcéré en prison de haute sécurité 1070 Palestiniens supplémentaires.
Abu Oubaida, le porte-parole des Brigades Izz el-Deen al-Qassam, a déclaré que le Hamas avait envisagé de libérer deux autres prisonniers, mais
qu’Israël n’avait pas donné suite à sa proposition.
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, s’est rendu en Israël après le président états-unien. Il a identiquement apporté son soutien à la riposte
israélienne contre le Hamas. Les Défenses du Royaume-Uni et d’Israël sont liées par un Traité, signé il y a deux ans, dont les termes n’ont jamais été rendus publics.
À Londres, 100 000 citoyens ont défilé dans les rues pour tenter de dissuader leur gouvernement de soutenir le crime en préparation. Pour leur répondre,
le Jewish Leadership Council a organisé un rassemblement de quelques milliers de personnes à Trafalgar Square.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a aussi effectué son pèlerinage à Tel-Aviv. Le président chypriote, Níkos Christodoulídis, le président
français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre néerlandais par intérim, Mark Rutte, ne devraient plus tarder.
Célébrant sa messe dominicale, le pape François a déclaré : «La guerre, toute
guerre dans le monde – je pense aussi à l’Ukraine tourmentée – est une défaite. La guerre est toujours une défaite ; c’est une destruction de la fraternité humaine. Frères,
arrête ! Arrête !»
Le Moyen-Orient veut sauver les Palestiniens
Une conférence internationale pour la paix s’est tenue au Caire à l’initiative du président Abdel Fatah Al-Sissi. Le secrétaire général des Nations
unies, António Guterres, le président du Conseil européen Charles Michel et le Haut-représentant de l’Union Josep Borrell, le roi de Jordanie, Abdallah II, le président de l’Autorité
palestinien, Mahmoud Abbas, le président des Émirats arabes unis, Mohamed Ben Zayed, le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, le prince héritier du Koweït, cheikh Meshal al-Ahmad
al-Sabah, le Premier ministre irakien, Mohammad Chia el-Soudani, président chypriote Nikos Christodoulidès, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, le président du
gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. Au total trente États étaient représentés. Mais ni
les États-Unis, ni la Chine, ni la Russie et surtout pas Israël, participaient à ce sommet.
L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, est arrivé auréolé de la libération des «otages US», mais n’a pas prononcé de discours, vu la position
anti-Hamas des Occidentaux.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait décliné l’invitation. L’Algérie avait organisé, en octobre 2022, une conférence pour l’unité du
peuple palestinien. Elle a amendé la résolution de la Ligue arabe en notant qu’elle se désolidarisait du «deux poids, deux mesures» qui n’établit pas de hiérarchie entre les droits
des Palestiniens et les violations qu’Israël en fait.
António Guterres a déclaré que l’attaque du 7 octobre «ne pourra jamais
justifier un châtiment collectif du peuple palestinien».
Mahmoud Abbas, quant à lui, a déclaré : «Nous ne partirons
pas, nous resterons sur nos terres».
L’Égypte s’accroche à la position de la Ligue arabe de 1969 : Accueillir de nouveaux réfugiés palestiniens serait se rendre complice du nettoyage
ethnique de leur patrie historique. Une position intellectuellement juste, mais qui masque mal la crainte d’une invasion palestinienne comme le Liban et la Jordanie l’ont vécue. Les
Palestiniens avaient alors tenté de prendre le pouvoir par les armes à Beyrouth (la guerre du Liban), puis à Amman (Septembre noir) et d’y établir par défaut l’État de
Palestine.
En définitive, ce sommet n’a servi à rien : Chacun a campé sur ses positions. D’un côté ceux qui voulaient condamner le Hamas, de l’autre ceux qui
voulaient soutenir la Résistance palestinienne, dont le Hamas est la principale composante.
Au Moyen-Orient, de nombreux groupes réunissent des volontaires pour sauver les Palestiniens et attaquer Israël. Les Gardiens de la Révolution iraniens
tentent de mettre sur pied un état-major commun qui unirait les combattants palestiniens du Hamas, du FPLP et du Jihad islamique, les combattants libanais du Hezbollah, du PSNS et de
la Jamaa Islamiya, mais aussi des Jordaniens et des Iraquiens.
Pourquoi nous ne parvenons pas à résoudre ce conflit ?
La division généralisée, dans tous les camps, rend impossible la prise de décision. S’il paraît improbable qu’Israël place son armée au service du
projet génocidaire de ses ministres suprémacistes juifs, le temps n’est pas un allié de la paix. Pendant que chaque camp tente d’établir sa position, les bombes continuent à pleuvoir
dru sur Gaza et les armes à arriver en Israël. Déjà 1300 morts Israéliens et 4137 Palestiniens.
L’impossibilité de résoudre le conflit israélo-palestinien ne réside pas dans la mauvaise foi israélienne. En réalité nous sommes tous complices :
Elle montre l’ineptie du «monde fondé sur les règles» que le président états-unien, Franklin D. Roosevelt, et le Premier ministre britannique, Winston Churchill, tentèrent de créer en
1942-45 et que nous avons acceptés à la dissolution de l’URSS. Il fonctionne à partir des règles édictées par les Anglo-Saxons, aujourd’hui rendues publiques par le G7. Au contraire
le secrétaire général du PCUS, Joseph Staline, et le chef du gouvernement français en exil, Charles De Gaulle, exigèrent un «monde fondé sur le Droit international».
Dans ce dernier, les États sont souverains et ne sont tenus de respecter que les Traités qu’ils ont signés. C’est sur cette base que les Nations unies furent créées. Il nous
appartient de revenir au texte fondateur, la Charte de San Francisco. Appliqué au conflit actuel, cela signifie d’abord pour Israël le respect de sa propre signature portée au bas de
sa lettre d’adhésion à l’ONU, et pour l’Autorité palestinienne, celui de sa signature apposée aux Accords d’Oslo.