L’ex-Union soviétique accordait une importance considérable aux défenses aériennes dans le cadre de sa doctrine militaire. Les hauts gradés de Moscou
n’ont jamais compté mener une guerre avec une supériorité aérienne absolue, comme c’est le cas dans l’Occident politique, en particulier aux États-Unis. Ainsi, l’URSS et plus tard la
Russie ont conçu et produit les meilleurs systèmes de défense aérienne de l’histoire. Ils constituent l’une des principales capacités militaires modernes qui offrent une protection
adéquate aux unités terrestres et aux actifs stratégiques stationnaires. Au cours des dernières décennies, les défenses aériennes sont devenues de plus en plus interconnectées et
multicouches, offrant aux défenseurs une multitude d’options pour abattre les avions, missiles, drones, moyens spatiaux hostiles, etc.
Système
Pantsir
De nos jours, les armées modernes ont commencé à s’appuyer sur des essaims de drones bien coordonnés conçus pour saturer une zone et submerger les
défenses aériennes existantes. Seule une poignée de pays ont développé et testé au combat des systèmes contre ces nouvelles armes offensives. Depuis plus d’un demi-siècle, la Russie
est à l’avant-garde du développement de divers systèmes SAM (missiles sol-air) et d’autres types de défense aérienne. Ce qui a commencé comme un effort pour annuler l’avantage des
bombardiers à longue portée occidentaux au lendemain de la Seconde Guerre mondiale est rapidement devenu un domaine clé de la stratégie de défense, au point qu’il est pratiquement
impossible d’imaginer une guerre moderne sans systèmes SAM avancés.
Dans les années 1970, la défense aérienne ne se concentrait plus uniquement sur les avions de chasse ou les bombardiers ennemis, mais aussi sur les
missiles balistiques et même sur les moyens spatiaux, tant civils que militaires (même si cette distinction semble s’estomper de jour en jour, notamment si l’on tient compte de
projets tels que «Starlink» de SpaceX). Depuis le début de l’opération militaire spéciale (SMO), la Russie a également déployé un nombre croissant de défenses aériennes à courte
portée, en particulier le désormais légendaire système hybride SAM-AAA (artillerie antiaérienne) «Pantsir». Ces systèmes ont pour mission de protéger les zones cruciales des grandes
villes et des régions industrielles, en particulier la capitale Moscou, qui est le cœur même de la Russie et de son État.
La capitale russe est protégée par l’un des réseaux de défense aérienne les plus étendus au monde et comprend également des systèmes capables d’abattre
les ICBM (missiles balistiques intercontinentaux), les ogives nucléaires MIRV (véhicules de rentrée à ciblage indépendant multiple), les satellites et autres moyens spatiaux utilisés
par ses adversaires. Il s’agit toutefois de systèmes de défense aérienne et antimissile stratégiques qui ne mettent pas Moscou à l’abri des attaques de sabotage impliquant des drones
et des essaims de drones. C’est précisément pourquoi les systèmes à courte portée sont essentiels, car ils fournissent des moyens de défense aérienne abordables et facilement
déployables qui peuvent couvrir les sections les plus importantes de tout espace aérien.
Le système SAM-AAA « Pantsir » en est un bon exemple. Il a fait ses preuves contre une pléthore de cibles, abattant des milliers de drones, missiles,
roquettes et autres armes au Moyen-Orient et en Ukraine, où il a pu neutraliser des barrages entiers de roquettes et de missiles tirés par les systèmes HIMARS et M270/MARS surfaits, y
compris le tristement célèbre ATACMS. En protégeant et en soutenant des moyens à plus longue portée, tels que le «Buk» (en particulier la dernière variante M3 «Viking» dotée de
capacités autonomes) et les séries de systèmes SAM S-300/S-400, le «Pantsir» a effectivement sauvé des centaines de personnes lors d’une récente attaque terroriste orchestrée par
l’OTAN à Sébastopol.
Depuis le mois
dernier, l’armée russe a abattu des centaines de missiles et des milliers de drones, sauvant ainsi d’innombrables vies et évitant des dommages massifs à son économie. Rien
qu’au cours du week-end (20 et 21 juillet), au moins huit drones kamikazes ont été interceptés, dont trois au-dessus de la région de Belgorod et cinq au-dessus de la mer Noire. En
outre, au moins deux ATACMS de fabrication américaine ont été interceptés au-dessus de Kherson. Une semaine avant (10 et 11 juillet), au moins cinq drones ont été abattus au-dessus
des régions de Briansk, Moscou, Tambov et Toula. Au cours des deux derniers jours de juin, les défenses aériennes russes ont intercepté une attaque de drones à grande échelle qui a
ciblé six régions, neutralisant 36 drones au passage.
Une dizaine de jours plus tôt, l’armée russe avait intercepté plus d’une douzaine de drones kamikazes qui volaient vers plusieurs régions de l’ouest et
du sud de la Russie. Cependant, moins d’une semaine avant cela, une attaque
massive de drones impliquant au moins 87 drones kamikazes avait été interceptée. Plus tôt ce mois-ci, une autre attaque de drones à grande échelle a été repoussée après que
près de 30 drones ont été abattus. Cela ne comprend que les drones qui ciblent les infrastructures civiles, car l’armée russe les intercepte à plusieurs reprises plus près de la ligne
de front, ainsi que de nombreuses roquettes et missiles de l’OTAN que le régime de Kiev a pour mission de protéger.
Pendant ce temps, la propagande dominante affirme que près de 60% des missiles russes «échouent». Cependant, le
Pentagone donne des estimations radicalement différentes. En privé, l’armée américaine donne des chiffres complètement opposés, soulignant que les défenses
aériennes de l’armée russe ont un taux de réussite stupéfiant de 97%. Associés aux capacités de guerre électronique (EW) inégalées de
Moscou, ses systèmes SAM offrent une protection sans précédent aux infrastructures militaires et civiles russes, en particulier si l’on tient compte de l’ampleur des attaques de
drones et de missiles de la junte néo-nazie soutenue par l’OTAN contre les villes et les régions russes.
Ces défenses aériennes de classe mondiale permettent au Kremlin de couvrir ses troupes, qui utilisent ensuite des systèmes de frappe à longue portée
avancés pour traquer diverses plateformes de lancement de roquettes et de missiles provenant de l’OTAN. Et contrairement au régime de Kiev, qui ment régulièrement sur ses «succès» en
matière de défense aérienne, notamment contre les armes hypersoniques, l’armée russe publie régulièrement des données vérifiables (y compris des séquences vidéo) sur les interceptions
de divers types de munitions à guidage de précision (PGM) hostiles. C’est précisément la raison pour laquelle même certains pays de l’OTAN refusent de se débarrasser de leurs systèmes
SAM de fabrication russe, notamment la Grèce et la Turquie, cette dernière ayant même sacrifié l’acquisition du
Malgré les déclarations tonitruantes d’Emmanuel Macron au printemps 2024, la situation n’a pas fondamentalement changé: il y a, depuis le début de la guerre, de petites quantités de troupes
françaises présentes sur le terrain. Et il y a eu des pertes, que le pouvoir camoufle soigneusement. Point de situation.
Récemment, deux frappes russes ont, selon différentes sources, touché des soldats de l’OTAN présents en Ukraine, dissimulés sous l’appellation “conseillers
militaires” ou “volontaires” ou “mercenaires”.
Kharkov et Odessa : Pertes inofficielles de l’OTAN
Dans la nuit du 23 juillet, les forces russes ont lancé une frappe dévastatrice sur un repaire d’instructeurs militaires de l’OTAN en Ukraine. Ces frappes réussies ont d’abord été
rapportées par des sources militaires non officielles, puis confirmées par le rapport officiel du ministère russe de la défense.
Une frappe de précision du missile russe Iskander-M a été lancée dans le village de Dergachi, dans la région frontalière de Kharkiv. L’attaque a permis de détruire le point de déploiement
temporaire d’instructeurs et de conseillers militaires des pays de l’OTAN, y compris des États-Unis.
Une cinquantaine d’étrangers ont été tués.
Après Kharkov, Odessa :
Le ministère russe de la défense fait régulièrement état de la destruction de mercenaires des États-Unis, de Grande-Bretagne, de Géorgie et d’autres pays en Ukraine. Selon les dernières
estimations du ministère russe de la défense, un total de 13 387 mercenaires étrangers sont arrivés en Ukraine pendant la guerre pour participer aux batailles dans les rangs des forces
armées ukrainiennes. Au moins 5 962 militants ont été éliminés.
Les mercenaires étrangers des pays de l’OTAN sont de plus en plus nombreux et il est de plus en plus difficile de les dissimuler à la population occidentale. Par exemple, le colonel
espagnol à la retraite Pedro Bagnos a affirmé que dix-huit soldats du Special Air Service britannique et des soldats de l’armée française ont été tués lors d’une des frappes russes à
Odessa.
Selon lui, 25 autres membres du Special Air Service britannique ont été blessés.
Je viens de recevoir une information que je ne peux pas confirmer, j’ai demandé une confirmation et on m’a dit que c’était sûr… Une frappe a été menée à Odessa, au cours de laquelle
au moins 18 membres du Special Air Service britannique ont été tués », a déclaré M. Bagnos sur sa chaîne YouTube Canal del Coronel.
Et on me dit que des soldats français sont morts…Ce
ne sont pas des mercenaires qui sont français, non, ce sont des soldats de l’armée française », a-t-il ajouté.
La date de la frappe à Odessa n’a pas été précisée.
Une intox russe sur l’omerta de la “Grande Muette”?
Il y a quelques jours, les médias russes se sont fait l’écho d’une information selon laquelle, les morts de soldats français en Ukraine feraient l’objet d’un secret absolu en France et les
conjoints se verraient offrir des dédommagements conséquents en échange de leur silence.
Boris Karpov donne même le
texte d’un entretien mené avec une veuve de soldat/ Extraits:
toutes les personnes contactées ont refusé de répondre à notre correspondant sauf deux, dont une a accepté de témoigner, face à face. Nous vous présentons donc l’entretien de notre
correspondant avec la veuve d’un de ces officiers français retournés en France dans une caisse en bois. Il a été mené sous stricte condition d’anonymat pour des raisons que vous
comprendrez vite, en bord de mer, à quelques encablures seulement de la résidence de ce président français que cette Dame qualifie désormais de traître.
Q. Votre époux était officier dans l’armée française. Quand a t’il été envoyé en Ukraine ?
R. Comprenez que je ne peux vous donner aucune information précise puisque les autorités militaires m’ont fait signer une clause de confidentialité en échange d’un « dédommagement »
substantiel. Si je n’avais pas accepté je n’aurais eu droit à rien sinon à ce que la loi prévoit dans ce cas et cela ne m’aurait pas permis de m’en sortir. J’ai des enfants et c’était
difficile pour moi de les assumer toute seule financièrement. Du fait de la carrière de mon mari, j’ai mis la mienne de côté et mon diplôme d’architecte a fini au fond d’un tiroir. Nous
avons beaucoup voyagé. Il recevait régulièrement des affectations pour plusieurs années à l’étranger et tous les trois ou cinq ans nous déménagions. Je n’ai donc eu que des emplois
précaires en fonction des différents pays. Je tairai donc les dates, les lieux, les circonstances. Disons donc que mon époux a été envoyé en Ukraine en 2023.
Q. Comment avez-vous été informée que sa destination était l’Ukraine ?
R. Sous le sceau du secret par mon mari lui-même qui refusait de me laisser dans l’expectative avec toute l’inquiétude que ça aurait généré pour moi et les enfants. Je ne savais pas à
quel endroit exactement mais je savais que c’était en Ukraine.
Q. Avez-vous eu des contacts réguliers avec lui ?
R. Oui, par vidéo à travers une messagerie électronique. Il disait que tout allait bien, qu’il était à l’arrière et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. A l’entendre ce n’était que pour
quelques semaines, quelques mois tout au plus.
Q. Et donc, vous avez ensuite appris que….
R. Un matin un officier et une femme du rang que je connaissais ont sonné à ma porte. À leur visage j’ai tout de suite compris. En quelques secondes toute ma vie et celle de mes enfants
venait de tourner au cauchemar. J’ai eu l’impression que les enfers s’ouvraient sous mes pieds. Je refusais d’y croire. Quand on épouse un officier de « terrain », qui préfère s’investir
avec ses hommes plutôt que de faire de la lèche dans les bureaux, on sait que ça peut arriver. Qu’il peut être blessé. Mais entre le supposer et le vivre… Ils m’ont dit qu’ils ne
connaissaient pas eux-mêmes les circonstances exactes, que j’aurais plus d’informations “rapidement” et m’ont demandé de me mettre en contact “d’urgence” avec un officier supérieur de la
base où mon mari était affecté.
Q. Vous l’avez fait ?
R. Bien sûr. J’ai été reçue par un officier supérieur que j’avais déjà rencontré lors de différentes cérémonies. Il m’a dit que mon mari était mort en Ukraine mais que tout était couvert
par le secret-défense du fait de circonstances « délicates ». Il m’a dit que je ne devais en parler à personne, mais dire que son décès était survenu lors d’un entrainement en France.
J’étais choquée, mais il m’a dit qu’en récompense de ma compréhension (donc de mon silence j’ai bien compris) j’aurais droit à des compensations pour mes enfants, en plus des indemnités
légales.
Q. Quelle a été votre réaction ?
R. J’étais effondrée, écoeurée. Pour eux le seul intérêt était que je me taise. La mémoire de mon mari, son courage sur le champ des opérations, tout ce dont il était si fier… tout ça
n’existait plus.
J’étais en colère. Mais je savais que je ne pourrais pas élever mes [X] enfants seule. A mon âge, retrouver un emploi dans une profession que je n’ai jamais exercée allait être très
compliquée. J’ai donc demandé “quelles indemnités” ? J’ai vu immédiatement le soulagement dans son regard de voir que j’acceptais tacitement de me taire.
Q. Et donc que vous a-t-il répondu ?
R. Il y a une indemnité de décès équivalente à un an de solde de mon mari durant 3 ans. Les 3 premiers mois j’allais recevoir la solde complète, puis chaque mois durant 3 ans, la moitié
de la solde. À ceci s’ajoutait la prise en charge des études de mes [x] enfants, il m’a dit que les conditions étaient à voir au cas par cas en fonction des études suivies et m’a donné un
contact avec le service compétent. Et la prise en charge des funérailles. Avec en plus m’a-t-il expliqué un « bonus » si je respectais les conditions de taire le fait que mon mari était
décédé en Ukraine. Un silence nécessaire à l’entendre « pour le bien de tous ».
Il avait un accord de confidentialité déjà prêt et, si je violais cette condition tous les versements cesseraient immédiatement et je serais poursuivie pour divulgation de secret
militaire en plus du risque de devoir rembourser tout ou partie de ce que j’aurais touché « en plus ».
Q. Du chantage donc ?
R. Oui, je savais bien qu’il était interdit de parler de ça mais là, annoncé ainsi, c’était du chantage. Il savait que je n’étais pas en situation de refuser. J’ai donc réprimé mon envie
de lui dire vertement ce que je pensais et j’ai signé.
Q. Que s’est-il passé ensuite ?
R. J’ai reçu dans les jours qui ont suivi le début de l’indemnisation, une somme très importante, ainsi que des informations sur le rapatriement du corps de mon mari.
Q. Aujourd’hui les autorités militaires tiennent leur promesse ?
R. Oui, c’est très régulier. Sur le plan financier je n’ai rien à dire mais pour le reste… Ils ont en fait acheté mon silence pour quelques centaines de milliers d’euros en sachant que je
n’avais pas d’autre choix
La forme de l’entretien est étonnante et nuit à sa crédibilité : Pourquoi donner autant de détails sur la personne interviewée, au risque de lui faire perdre les bénéfices du
pacte d’omerta qu’elle a passé avec les autorités militaires? Ou alors tous les détails donnés sont des leurres; mais cela nuit à la crédibilité globale de l’interview.
S’agit-il alors d’une publication médiatique relevant de la guerre psychologie de la Russie ? En admettant quelques dizaines de soldats morts dont les familles recevraient comme la personne
ici interviewée, “quelques centaines de milliers d’euros”, on a un poste budgétaire se chiffrant en dizaines de millions. Donc difficile à dissimuler.
Dans tous les cas, s’il y a bien des soldats français morts en Ukraine, la question de l’indemnisation des conjoints et des enfants se pose.
Ukraine : Duda reconnaît que la guerre se déroule entre l’OTAN et la Russie
Le Président polonais Duda vient de reconnaître publiquement, que la guerre qui se déroule actuellement n’est pas une guerre entre la
Russie et l’Ukraine, mais bien entre l’OTAN et la Russie en Ukraine.
C’est pourquoi, même si formellement l’Ukraine capitule, l’OTAN devra entrer sur le devant de la scène face à la Russie pour continuer sa guerre.
Le discours politico-médiatique occidental tend à faire passer le conflit armé qui se déroule en Ukraine, comme un conflit strictement confiné à deux acteurs : l’Ukraine et la Russie, les
pays de l’OTAN n’étant absolument pas concernés par la chose, sinon techniquement. Ceci implique donc que l’Ukraine soit un sujet, c’est-à-dire au moins un Etat souverain. Sinon de quelle
autonomie politique peut-on parler pour en faire un acteur ?
Or, l’Ukraine est effectivement un acteur, dans le sens direct du terme, mais pas dans le sens géopolitique. L’Ukraine joue le rôle, qui lui est assigné, selon un scénario qu’elle ne maîtrise
pas et les consignes du metteur en scène.
Si le conflit militaire était réellement entre l’Ukraine et la Russie et non pas entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, alors la défaite de l’Ukraine mettrait fin au conflit. C’est justement
ce que vient de démentir le Président polonais Andrzej Duda : la
capitulation de l’Ukraine, donc la victoire de la Russie, rendrait la possibilité d’un conflit entre l’OTAN et la Russie très forte.
D’ailleurs, l’OTAN se prépare déjà à un conflit militaire direct avec la Russie, selon ses propres propos. Ainsi, la Norvège, la Finlande et la Suède ont passé un accord pour l’établissement
d’un corridor militaire,
permettant de déplacer plus rapidement les forces américaines des ports de Norvège vers la Finlande, c’est-à-dire à la frontière de la Russie. Les pays de l’OTAN sont en train de mettre en
place plusieurs corridors de ce type.
De son côté, par la voix du porte-parole du Kremlin, la Russie a répondu
avec la fermeté dont elle fait un usage presque excessif ces derniers temps :
Le secrétaire de presse du président russe Dmitri Peskov, commentant les résultats du sommet de l’OTAN, a déclaré que la
Russie devait réfléchir à des mesures de représailles pour contenir l’alliance. En fait, l’infrastructure militaire du bloc se déplace constamment vers les frontières russes,
a noté le représentant du Kremlin.
Parce qu’avant, évidemment, il n’y avait aucune raison d’y réfléchir … Ce qui laisse par ailleurs sous-entendre que jusqu’à présent, elle n’y réfléchissait pas — ce qui serait assez
surprenant. La
puissance dissuasive du discours politico-médiatique russe lors de ce conflit restera dans les annales.
«Nous recevons de plus en plus de rapports de commandants et de soldats ukrainiens. Ils comprennent de plus en plus que l’Ukraine ne peut pas gagner la
guerre et commencent à perdre espoir en la cause pour laquelle ils se battent».
Le sommet de trois jours de l’OTAN à Washington DC a atteint l’objectif pour lequel il avait été organisé, à savoir créer un forum public
dans lequel les 32 membres de l’Alliance pourraient exprimer leur soutien unanime aux attaques à venir contre la Fédération de Russie. Tel était le véritable objectif de
la conférence. Les organisateurs de l’événement souhaitaient une démonstration spectaculaire d’unité afin de justifier les futures hostilités avec Moscou et de réduire la
possibilité qu’une seule personne soit tenue responsable du déclenchement de la troisième guerre mondiale.
Le sommet a été suivi par la publication d’une déclaration
officielle qui suggère fortement que la décision d’entrer en guerre a déjà été prise. Comme
beaucoup le savent, l’OTAN a donné son feu vert à une politique autorisant le tir de missiles sur des cibles situées à l’intérieur du territoire russe. Cette politique
s’appliquera également aux nombreux F-16 de l’OTAN qui seront déployés en Ukraine dans un avenir proche. (Les F-16 peuvent transporter des missiles nucléaires). Malgré le
soutien massif des membres à ces politiques, nous ne devons pas oublier qu’il s’agit d’actes d’agression flagrants, interdits par le droit international. Aucun battage
médiatique ne peut dissimuler le fait que l’OTAN est en passe de commettre le «crime suprême».
Il convient de noter que l’OTAN a l’intention de jouer un rôle plus actif dans la conduite de la guerre. Selon le conseiller à la Sécurité
nationale Jake Sullivan, l’Alliance prévoit d’établir officiellement un bureau de l’OTAN à l’intérieur de l’Ukraine, qui servira à superviser les opérations militaires. En
bref, les gestionnaires du conflit n’ont plus aucun intérêt à dissimuler leur implication. Il s’agit désormais d’une opération de l’OTAN. Voici un extrait d’un article
du World
Socialist Web Site :
«Ce
bureau de l’OTAN accompagnera la création d’un commandement de l’OTAN pour superviser la guerre en Ukraine, faisant passer la fourniture d’armes et la supervision
logistique d’un groupe ad hoc dirigé par les États-Unis à l’alliance de l’OTAN elle-même.
Sullivan
a présenté les principaux points de l’ordre du jour de ce sommet de trois jours à Washington, qui devrait annoncer une escalade majeure du conflit avec la Russie en
Ukraine et des plans visant à accroître considérablement les capacités de l’OTAN à mener une guerre à grande échelle dans toute l’Europe (…)
Il a
déclaré que le sommet annoncerait également «un nouveau commandement militaire de l’OTAN en Allemagne, dirigé par un général trois étoiles, qui lancera un programme de
formation, d’équipement et de développement des forces pour les troupes ukrainiennes…»
La
création d’un bureau de l’OTAN à Kiev et la réorganisation de la fourniture d’armes, de la formation et de la logistique militaire sous un commandement direct de l’OTAN
marque la fin de toute prétention selon laquelle le conflit en Ukraine n’est pas une guerre entre l’OTAN et la Russie. Il s’agit d’une nouvelle phase dangereuse de la
guerre, qui ouvre la perspective d’une escalade majeure».1
Si l’on ajoute à cela le fait que la déclaration du sommet affirme que l’Ukraine est désormais sur la voie «irréversible» de l’adhésion à
l’OTAN, il apparaît clairement que tout est mis en œuvre pour provoquer Moscou.
Il n’est pas surprenant que la Russie ait été complètement diabolisée dans la Déclaration qui suit le schéma familier que nous avons vu avec
d’autres ennemis de Washington, notamment Saddam, Kadhafi et Assad. Voici un bref résumé de la «méchante» Russie, directement tiré du texte :
«La
Russie reste la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés…
La
Russie porte l’entière responsabilité de sa guerre d’agression contre l’Ukraine, une violation flagrante du droit international, notamment de la Charte des Nations
unies.
Il ne
peut y avoir d’impunité pour les abus et les violations des droits de l’homme, les crimes de guerre et les autres violations du droit international commis par les forces
et les responsables russes.
La
Russie est responsable de la mort de milliers de civils et a causé des dommages considérables aux infrastructures civiles.
Nous
condamnons avec la plus grande fermeté les horribles attaques menées par la Russie contre le peuple ukrainien, notamment contre les hôpitaux, le 8 juillet…
Nous
sommes déterminés à freiner et à contester les actions agressives de la Russie et à contrer sa capacité à mener des activités déstabilisatrices à l’égard de l’OTAN et des
Alliés…»2
La répudiation féroce de la Russie par Washington ne laisse planer aucun doute sur la direction à prendre. Il s’agit d’une
guerre.
Les auteurs de cette déclaration ont réitéré le point de vue des élites milliardaires qui sont déterminées à réduire les gains de la
Russie sur le champ de bataille, à renverser les dirigeants politiques à Moscou et à diviser le pays en petits îlots plus faciles à gérer.
La Russie représente l’obstacle le plus redoutable à la stratégie géopolitique globale de Washington, qui consiste à projeter sa puissance
en Asie, à encercler la Chine et à s’imposer comme la première puissance dans la région la plus prospère du monde. Ces objectifs stratégiques sont invariablement omis dans
la couverture médiatique, mais ils sont les facteurs sous-jacents qui façonnent les événements.
Voici Biden :
«En
Europe, la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine se poursuit. Et Poutine ne veut rien de moins que l’assujettissement total de l’Ukraine, mettre fin à la
démocratie ukrainienne, détruire la culture ukrainienne et rayer l’Ukraine de la carte.
Et
nous savons que Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine. Mais ne vous y trompez pas, l’Ukraine peut arrêter Poutine et elle le fera – (applaudissements) – surtout avec notre
soutien total et collectif. Et ils ont tout notre soutien».3
Tout cela n’a aucun sens, mais cela aide à construire le dossier de la guerre, ce qui est l’intention évidente de Biden. (Voici la réponse
de John Mearsheimer à l’affirmation de Biden selon laquelle Poutine veut conquérir l’Europe. You Tube ; :30 secondes)
La vérité est que la guerre a été déclenchée par l’élargissement de l’OTAN, un fait gênant que le président de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a
admis à de nombreuses reprises. Certains lecteurs se souviendront peut-être aussi que, lors des négociations de paix entre Kiev et Moscou en avril 2022, la principale
exigence de la Russie était que l’Ukraine rejette l’adhésion à l’OTAN et déclare une neutralité permanente. Zelensky a accepté ces conditions qui, en fait, prouvent que
l’action de Poutine était liée à l’expansion de l’OTAN. Il n’y a pratiquement aucune preuve que Poutine veut conquérir l’Europe. Il n’y en a aucune.
Poutine veut simplement que l’Ukraine honore ses obligations conventionnelles en matière de neutralité. Voici un extrait de Ted Snider sur Antiwar :
«L’Ukraine…
a promis de rester en dehors de l’OTAN. Son non-alignement a été inscrit dans les documents fondateurs de l’État indépendant de l’Ukraine.
L’article
IX de la Déclaration de souveraineté de l’État ukrainien de 1990 stipule que l’Ukraine «déclare solennellement son intention de devenir un État neutre permanent qui ne
participe pas à des blocs militaires». Cette promesse a été réitérée dans la Constitution ukrainienne de 1996, qui engage l’Ukraine à la neutralité et lui interdit
d’adhérer à toute alliance militaire. Mais en 2019, le président Petro Porochenko a modifié la Constitution ukrainienne, engageant l’Ukraine dans la «voie stratégique» de
l’adhésion à l’OTAN et à l’UE.
Compte
tenu du comportement passé de l’OTAN, cette modification a été perçue comme une menace directe par la Russie. Lorsqu’on lui a demandé en 2023 si la Russie reconnaissait
toujours la souveraineté de l’Ukraine, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a répondu : «Nous avons reconnu la souveraineté de l’Ukraine dès 1991 sur la base
de la déclaration d’indépendance que l’Ukraine a adoptée lorsqu’elle s’est retirée de l’Union soviétique… L’un des principaux points pour [la Russie] dans la déclaration
était que l’Ukraine serait un pays sans bloc et sans alliance ; elle ne rejoindrait aucune alliance militaire… Dans cette version, à ces conditions, nous soutenons
l’intégrité territoriale de l’Ukraine».4
La question, bien sûr, aurait pu être résolue depuis longtemps si Washington avait agi de bonne foi, mais Washington n’a pas agi de bonne
foi. En fait, Washington est toujours déterminé à infliger une «défaite stratégique» à la Russie afin de mettre en œuvre sa stratégie de «pivot vers l’Asie» et d’assurer
son avenir en tant que seule superpuissance mondiale incontestée. Ces objectifs ne peuvent être atteints sans escalade, confrontation et guerre totale. Le sommet de l’OTAN
n’est qu’un prélude à un conflit plus large et plus violent entre les superpuissances nucléaires.
La question que nous devrions nous poser est de savoir si l’OTAN peut réellement gagner une guerre contre la Russie. Le peut-elle ?
La réponse est «non», elle ne peut pas.
Pourquoi ?
Voici comment l’analyste militaire Will Schryver répond à cette question :
«J’ai
fait mes recherches – depuis des années, bien avant 2022. (…) J’ai averti à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’une guerre que les États-Unis/l’OTAN ne pourraient jamais
gagner. (…) Il y a une GRANDE différence entre la force «sur le papier» de l’OTAN (notamment des États-Unis) et leur capacité réelle de combat. Les États-Unis ne
pourraient même pas assembler, équiper, déployer et soutenir 250 000 hommes en Europe de l’Est, et toute tentative d’y parvenir nécessiterait l’évacuation de toutes les
grandes bases américaines de la planète. Non seulement les États-Unis et l’OTAN ne pourraient pas gagner une guerre contre la Russie, mais ils seraient éviscérés dans
cette tentative.
Alertés
par la destruction de la Yougoslavie, de l’Irak et de la Libye par les États-Unis et l’OTAN, les Russes ont passé les 25 dernières années – et en particulier les deux
dernières années – à mettre en place et à moderniser une armée massive et extrêmement impressionnante en vue d’une éventuelle guerre contre les États-Unis et l’OTAN. Au
cours des deux dernières années et plus, ils ont méthodiquement détruit les trois armées mandataires successives de l’Ukraine avec un bras attaché dans le dos. La
constitution de leurs forces, leur entraînement au combat et leur production industrielle militaire dépassent de loin l’ensemble du bloc de l’OTAN. Je sais à quel point
les touristes de l’analyse militaire que vous êtes ont été manipulés par les fantasmes hollywoodiens et les médias occidentaux contrôlés par l’État, mais les guerres ne
sont pas menées et gagnées grâce à des récits imaginaires et à des super-héros tape-à-l’œil. Elles se gagnent par la puissance de feu brute – une mesure par laquelle
l’alliance tripartite de la Russie, de la Chine et de l’Iran possède aujourd’hui la suprématie sur leurs ennemis à l’orgueil démesuré au sein de l’empire américain en
rapide érosion. Il n’y a qu’une seule option sensée à ce stade : Renoncer à l’empire et faire la paix avec les puissances civilisationnelles renaissantes de la planète.
Sinon, une grande partie de la civilisation humaine moderne risque d’être détruite et il faudra des siècles pour s’en remettre».5
Il y a aussi la question épineuse de la «profondeur de stock», qui fait référence aux stocks d’armes et de munitions nécessaires pour
survivre à l’ennemi et finalement le vaincre. Voici à nouveau Schryver :
«Il ne
fait aucun doute qu’Israël (tout comme son grand bienfaiteur, les États-Unis) est, dans le contexte d’une «grande guerre», capable d’exécuter plusieurs frappes
préjudiciables contre un adversaire potentiel égal ou proche. Mais, dans tout le domaine impérial, il y a des faiblesses fatales qui existent actuellement et qui ne
peuvent être transformées en forces à aucun moment à court ou moyen terme. La première est ce que les militaires appellent la «profondeur du stock» : des
stocks de munitions suffisants pour submerger l’ennemi sur le plan offensif, le vaincre sur le plan défensif et lui survivre sur le plan stratégique. Ni les États-Unis, ni
aucun de leurs pays clients largement impuissants, ne disposent d’une «profondeur de stock» suffisante pour mener autre chose qu’une campagne relativement brève contre
leurs adversaires potentiels : la Russie, la Chine, l’Iran – et tout ou partie de leurs partenaires de moindre puissance».6
Ce que dit Schryver est aussi profond qu’alarmant. Les États-Unis et l’OTAN ne prévaudront pas dans une guerre avec la Russie parce
qu’ils n’ont pas la capacité industrielle, la génération de forces, l’entraînement au combat, la profondeur de stock ou la puissance de feu globale de la Russie.
À tous points de vue, ils constituent une force de combat inférieure. En outre, la Russie a déjà tué ou capturé des centaines de milliers de «soldats les mieux entraînés
et les mieux équipés de l’armée ukrainienne». Cette armée a déjà été effectivement anéantie. Les troupes qui se trouvent aujourd’hui dans les tranchées sont des recrues
mal entraînées, non qualifiées et sans morale, qui se font massacrer par milliers. Quelqu’un croit-il sérieusement que l’implication de l’OTAN peut inverser le cours des
choses et assurer une victoire ? Voici ce qu’en dit Schryver :
«Les
Russes ont démontré qu’ils peuvent systématiquement abattre TOUT type de missile de frappe que les États-Unis et l’OTAN peuvent lancer contre eux – pas tous les missiles,
tout le temps, mais la plupart d’entre eux, la plupart du temps. Et ils y parviennent de mieux en mieux au fil du temps.
En
effet, au cours des derniers mois, ils sont devenus de plus en plus «tous la plupart du temps». (…) Comme l’a indiqué le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, en
début de semaine :
«Nous
utilisons les systèmes de défense aérienne de manière globale au cours de l’opération militaire spéciale. Cela a permis d’améliorer considérablement leur réactivité et
leur portée de frappe. Au cours des six derniers mois, nous avons abattu 1062 roquettes HIMARS, missiles de croisière et à courte portée et bombes guidées de
l’OTAN».
Aucune
autre armée de la planète n’a jamais attesté d’un tel niveau de capacité. Les États-Unis n’en disposent pas et il leur faudra au moins une décennie pour la développer.
(…)
L’inventaire
de première ligne actuel des missiles balistiques tactiques américains et des missiles de croisière lancés depuis la mer et l’air ne présenterait pas de plus grand défi
technique pour les défenses aériennes russes que ce qu’elles ont déjà vu et vaincu dans la guerre d’Ukraine. L’importance de cette évolution du champ de bataille ne peut
être exagérée. Elle modifie le calcul de la guerre qui a été fait pendant de nombreuses décennies».7
Certains lecteurs auront peut-être du mal à croire que l’OTAN se précipite dans une guerre sans avoir étudié à fond ses chances de succès.
Mais c’est précisément ce qui se passe ici. Le fanfaron Oncle Sam croit bêtement qu’il gagnera dès qu’il «jettera son chapeau dans l’arène». Il ne peut accepter que la
balance penche en faveur de la Russie et que son entrée en guerre soit accueillie par un tonnerre de réactions. Mais c’est la réalité à laquelle il est confronté. Voici
Schryver une dernière fois :
«L’OTAN
serait confrontée à d’énormes problèmes de coordination, de doctrine et de génération de forces, même si elle parvenait à se mettre d’accord sur un objectif. Ses troupes
ne sont pas entraînées pour ce type de guerre et n’ont jamais opéré ensemble. (…)
(Elles)
auraient du mal à mettre sur pied une force plus puissante que les neuf brigades entraînées et équipées par l’Occident pour la Grande Offensive de 2023, qui a juste
rebondi sur les forces russes sans rien accomplir de notable. (…)
Les
États-Unis ne disposent d’aucune unité de combat terrestre en Europe qui soit un tant soit peu adaptée à la guerre terrestre de haute intensité.(…) Avec suffisamment de
temps, d’argent, de volonté politique et d’organisation, la plupart des choses sont possibles. Mais il n’y a aucune chance. (…) que l’OTAN rassemble une force qui
constituerait autre chose qu’une nuisance pour les Russes, tout en mettant de nombreuses vies en danger».8
Je suis convaincu qu’il existe un élément délirant au sein de l’establishment de la politique étrangère qui s’est convaincu que l’OTAN
vaincra la Russie s’ils s’affrontent sur un champ de bataille en Ukraine. L’analyse de Will Schryver contribue à montrer pourquoi cela n’arrivera pas.
Orban assume la présidence de l’UE et son premier acte a été de rencontrer Zelensky comme il a souligné qu’obtenir la paix en Ukraine serait le
grand souci de sa présidence. Comme nous le montrons aujourd’hui, l’occident global européen se trouve dans le sillage des USA et en pire confronté à une crise économique,
politique, environnementale, sociale, telle que puisqu’il a interdit ou annihilé l’expression communiste, il ne reste plus aux peuples que l’extrême-droite. Ayant transformé les
partis communistes et socialistes en réceptacles de minorités sociétales avec un clientélisme des déclassés, ils ont favorisé le conservatisme des mœurs, celui anti-immigré, et
désormais quand ces partis sont au pouvoir ou à la porte et que l’on arrive plus à obtenir le cirque habituel pour faire barrage, il s’agit soit de les intégrer à la Meloni ou les
interdire. Pour le moment, il y a deux abcès de fixation, la concurrence entre les forces de travail et la guerre en Ukraine. Celle-ci est en voie d’être gagnée par la Russie
comme le montre l’article, il s’agit donc pour Orban et le fascisme de transformer la reddition en négociation de paix…
Danielle Bleitrach
*
par Stephen
Bryen
Et il n’y aura pas de négociations avec Zelensky lorsque l’armée ukrainienne s’effondrera et qu’un gouvernement de remplacement sera installé.
La guerre en Ukraine se terminera par une reddition, pas par un accord négocié. C’est ce que je pense de la direction que prend la guerre et de la
raison pour laquelle les parties ne peuvent pas négocier un règlement.
La dernière ride dans la saga des négociations manquantes est une déclaration sous la forme d’une interview accordée par le président ukrainien
Volodymyr Zelensky au Philadelphia
Inquirer.
Dans l’interview, Zelensky a déclaré qu’il
ne pouvait pas y avoir de négociations directes entre l’Ukraine et la Russie, mais qu’il pourrait y avoir des négociations indirectes par l’intermédiaire d’une tierce
partie. Dans le scénario proposé par Zelensky, la tierce partie servira d’intermédiaire et tout accord ne se fera qu’avec l’intermédiaire, et non entre la Russie ou l’Ukraine.
Zelensky a suggéré que l’ONU pourrait jouer ce rôle.
Cependant, la proposition de Zelensky est vouée à l’échec pour de nombreuses raisons, mais la plus importante est que les États belligérants doivent
se mettre d’accord directement pour mettre fin à un conflit.
Il n’y a aucun espoir qu’une tierce partie mette en œuvre un accord, comme l’ont prouvé les accords de Minsk (2014, 2015). Minsk était un cas
hybride où l’accord a été signé par la Russie, l’Ukraine et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
L’Ukraine a refusé de mettre en œuvre l’accord et l’OSCE s’est avérée inefficace et peu disposée à essayer de faire respecter les accords de Minsk.
L’accord avait le soutien politique de l’Allemagne et de la France, bien qu’aucun des deux ne soit signataire ni légalement obligé de soutenir l’accord qui en résulte.
La «proposition» de Zelensky n’est en fait qu’un écran de fumée de plus pour détourner les critiques de l’Ukraine qui ne veut pas d’un accord avec
la Russie. Trois forces puissantes empêchent Zelensky de participer aux négociations.
Le plus important est que les principaux acteurs anglo-saxons de l’OTAN, à savoir les États-Unis et le Royaume-Uni, s’opposent fermement à toute
négociation avec la Russie. Les États-Unis ont fait tout ce qu’ils pouvaient, y compris par des sanctions et des mesures diplomatiques, pour empêcher tout dialogue avec la Russie
sur quelque sujet que ce soit (autre que les échanges de prisonniers).
La deuxième raison est la législation ukrainienne, parrainée par Zelensky, interdisant les négociations avec la Russie. La Verkhovna Rada (le
parlement ukrainien) pourrait annuler cette législation en une nanoseconde si Zelensky le lui demandait, mais il ne le fera probablement pas.
Zelensky contrôle complètement le parlement ukrainien, a arrêté ou exilé des politiciens de l’opposition et contrôle la presse et d’autres médias.
La poigne de fer de Zelensky signifie qu’il n’autorisera pas personnellement les négociations directes.
La troisième raison est liée à la pression exercée sur Zelensky par les nationalistes d’extrême droite, notamment la brigade néonazie Azov. La
preuve directe en est le limogeage du lieutenant-général Yuri Sodol, le commandant en chef des forces de Kiev dans la région de Kharkov.
Yuri Sodol.
Photo : Ukrainska Pravda
Sodol a été accusé
par les chefs de la brigade Azov d’avoir tué plus d’Ukrainiens que de Russes dans les batailles de Kharkov. Azov a apporté leur message à la Rada et Zelensky les a
obligés en licenciant Sodol.
Depuis le limogeage de Sodol, la situation de l’Ukraine s’est aggravée sur toute la ligne de contact. Les pertes ukrainiennes au combat sont très
élevées, avec jusqu’à 2000 tués et blessés certains jours.
Les Russes ont intensifié leurs attaques avec des bombes planantes FAB, y compris le monstre FAB-3000 qui
vient de frapper un centre de commandement de l’armée ukrainienne dans la ville de New
York, dans le Donbass, et aurait tué 60 militaires ukrainiens ou plus.
Les Russes affirment que Zelensky n’est pas un partenaire de négociation viable car son mandat a expiré en mai. Il y a une certaine confusion sur la
situation juridique en Ukraine, mais les experts en Ukraine et à l’étranger pensent que la direction du pays devrait
passer au président de la Rada puisque Zelensky a terminé son mandat.
Ruslan Stefanchuk est le porte-parole de la Rada et il devient plus actif politiquement, bien qu’il ne se soit pas opposé au maintien au pouvoir de
Zelensky.
Pendant ce temps, compte tenu de la situation sur le champ de bataille, les Russes pensent sans doute que le moment viendra bientôt où l’armée
ukrainienne s’effondrera ou se rendra, ou les deux.
Dans les deux cas, le gouvernement ukrainien devra être remplacé d’une manière ou d’une autre, peut-être par un commandement militaire intérimaire
choisi par la Russie. Cela permettrait aux Russes de formuler un accord de capitulation avec un gouvernement de remplacement.
Une ombre
sombre s’est abattue sur les perspectives de guerre de l’Ukraine.
Une reddition de l’armée ukrainienne et un accord avec un gouvernement nommé par la Russie rendraient impossible la poursuite de l’engagement de
l’OTAN en Ukraine.
Cela pourrait enfin ouvrir la porte à un dialogue sur la sécurité entre l’OTAN et la Russie, une fois que l’OTAN aura digéré ce qui s’est passé et
pourquoi. Malheureusement, charger l’OTAN de dirigeants politiques has-been comme Marc Rutte n’augure rien de bon pour l’avenir de l’alliance.
Le message clé pour l’OTAN si les Russes gagnent en Ukraine, comme cela semble de plus en plus probable, est que l’alliance de sécurité doit arrêter
son expansion et rechercher un arrangement plus stable avec la Russie en Europe.
L’OTAN a décidé d’ouvrir son bureau à Kiev en y envoyant un responsable et veut tenter d’obtenir le soutien de Donald Trump pour ce pays. Et, l’Alliance atlantique établit un
quartier général pour le soutien à l’Ukraine en Allemagne. Les nouvelles élections en France et en UE et aux États-Unis inquiètent les stratèges militaires antirusses pour leurs
plans en Ukraine.
L’OTAN s’inquiète de l’avenir du soutien à l’Ukraine et prépare un plan B. «L’OTAN
enverra un haut responsable civil à Kiev, parmi une série de nouvelles mesures destinées à renforcer le soutien à long terme à l’Ukraine qui devraient être annoncées lors d’un
sommet à Washington la semaine prochaine, ont annoncé des responsables américains et de Alliance atlantique», stipule le Wall
Street Journal. L’OTAN prépare un plan B «à l’épreuve
de Trump» pour l’Ukraine, préciseNewsweek.
Le Wall Street
Journal a rapporté lundi, citant des responsables américains et alliés anonymes, que le sommet de l’OTAN de ce mois-ci à Washington D.C. verra plusieurs nouvelles
mesures annoncées dans le but de consolider le bloc occidental dans un contexte de turbulences politiques en Europe et aux États-Unis. Les plans seraient en cours depuis plusieurs
mois, mais ils s’accélèrent désormais suite à la mauvaise performance du président Joe Biden lors du premier débat présidentiel la semaine dernière avec Donald Trump.
Parmi les mesures annoncées figurent le stationnement d’un nouveau haut responsable civil à Kiev et la création d’un nouveau commandement militaire
dans la ville de Wiesbaden, dans l’ouest de l’Allemagne, pour coordonner l’aide militaire et la formation des forces ukrainiennes. «Les
opérations de l’OTAN en matière d’assistance et de formation en matière d’armement passent d’un état-major militaire dirigé par les États-Unis à un état-major placé sous le
contrôle de l’OTAN à Wiesbaden (Hesse). Cela semble purement formel, mais c’est aussi une «sécurité» contre
Donald Trump en cas de réélection», souligneDie
Presse. Cet état-major doit gérer les futures opérations visant à coordonner les livraisons d’armes à l’Ukraine et pour les activités de formation du personnel militaire
ukrainien. «Le nouveau
commandement s’appellera «Assistance et formation à la sécurité de l’OTAN pour l’Ukraine» et sera composé d’environ 700 militaires américains et alliés issus des
32 États membres», fait savoir Newsweek. L’organisation
assumerait une grande partie du travail d’équipement de l’Ukraine jusqu’ici dominée par le Pentagone via le format Ramstein – officiellement le Groupe de contact pour la défense
de l’Ukraine. Ce plan B a été activé en raison de la possible victoire de Donald Trump aux élections. En effet, DonaldTrump n’a fait que peu d’efforts pour cacher
sa frustration à l’égard des alliés de l’OTAN qu’il a accusés – à plusieurs reprises – de profiter des largesses américaines en matière de sécurité en Europe. Au cours de son
premier mandat, l’ancien président a régulièrement attaqué les dirigeants alliés pour ne pas avoir respecté leurs engagements en matière de dépenses. Les alliés ont convenu en
2014 de consacrer 2% de leur PIB à l’armée d’ici 2024, un objectif manqué par beaucoup.
Newsweek rappelle
que lors du sommet houleux de l’Alliance atlantique à Londres en 2018, Donald Trump aurait même menacé de retirer les États-Unis de l’OTAN à moins que les alliés ne fassent preuve
d’un plus grand engagement en faveur du «partage du fardeau». La menace évoquée s’est révélée vide de sens, mais la perspective d’une deuxième administration Trump a ravivé les
craintes d’un retrait américain qui pourrait s’avérer fatal pour l’Alliance atlantique. En France, la défaite retentissante du parti politique du président français, Emmanuel Macron, au niveau européen l’a incité à convoquer des
élections législatives anticipées qui pourraient voir le parti du Rassemblement national (RN) former le tout premier gouvernement d’extrême droite du pays. Le manifeste électoral
du RN pour 2022 – dont des sections ont été supprimées du site Internet du parti en juin – suggérait que les États-Unis «ne se
comportent pas toujours comme un allié de la France» et il proposait de rechercher «une alliance
avec la Russie sur certaines questions», notamment la sécurité européenne et la lutte contre le terrorisme.
L’ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance) est l’un des aspects les plus importants de la guerre. Sans de tels actifs et plates-formes, tout
militaire est pratiquement aveugle, ce qui rend impossible ou du moins extrêmement inefficace l’utilisation de toute sorte d’armes stratégiques et/ou à longue portée. Et
pourtant, l’ISR
est de loin la partie la plus négligée et la plus sous-estimée de tout conflit (peut-être même plus que la logistique et l’économie de la guerre). Très peu de gens
envisageraient même la possibilité que les plates-formes ISR puissent être utilisées comme armes. Même juridiquement parlant, il n’y a pas de motif en noir et blanc pour les
considérer comme tels. Cette zone grise juridique est précisément ce que l’OTAN dirigée par les États-Unis espère continuer à exploiter indéfiniment. Et en effet, il donne
à l’invasion
rampante de la Russie par l’Occident politique un avantage asymétrique crucial, peut-être le plus important qu’elle a encore (ou avait, à ce stade).
Cependant, il semble que c’est précisément ce qui s’est produit, car des rapports récents de sources militaires suggèrent que le VKS a rapidement réagi
en envoyant ses intercepteurs haut de gamme pour «rendre visite» aux drones ISR utilisés par l’USAF. Selon
Fighter-Bomber, l’un des milbloggers russes les plus éminents, ils ont «neutralisé» un «Global Hawk» américain RQ-4B au-dessus de la mer Noire. Fighter-Bomber affirme qu’il y a
même une vidéo de l’événement. Son récit suggère qu’un MiG-31 a effectué deux passages par le drone américain, volant jusqu’à Mach 2,3 (plus de 2800 km/h). Il dit que «c’est le premier
cas de ce type dans l’histoire de l’aviation» et que «personne n’a
jamais «rencontré»qui que ce soit à
de telles altitudes et vitesses». Fighter-Bomber a également déclaré que le MiG-31 ultra-rapide et à haut vol (nom de déclaration de l’OTAN «Foxhound») a été choisi parce que
c’est le seul avion du VKS (et
du monde) qui pourrait accomplir une telle tâche.
Ce n’est qu’en comprenant et en prenant au sérieux les
avertissements nucléaires russes que nous pourrons exclure le risque d’entrée en jeu des armes nucléaires.
Le G7 et la “conférence du Bürgenstock” qui a suivi en Suisse
peuvent – rétrospectivement – être considérés comme une préparation à une guerre prolongée en Ukraine. Les trois principales annonces du G7 – le pacte de sécurité de 10 ans pour l’Ukraine,
le “prêt pour l’Ukraine” de 50 milliards
de dollars et la saisie des intérêts sur les fonds gelés par la Russie – le montrent bien. La guerre est sur le point de s’intensifier.
Ces prises de position visent à préparer l’opinion publique occidentale avant les événements. Et en cas de doute, la belligérance cinglante à l’égard de la
Russie exprimée par les dirigeants électoraux européens était suffisamment claire : ils ont cherché à donner l’impression que l’Europe se préparait à la guerre.
Que nous réserve l’avenir ? Selon John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, “la position de Washington à l’égard de Kiev est absolument
claire” :
Ils doivent d’abord gagner la guerre. Donc, premièrement : nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous assurer qu’ils y parviennent. Ensuite, lorsque la
guerre sera terminée, Washington aidera l’Ukraine à se doter d’une base militaro-industrielle.
Comme si cela ne suffisait pas, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a souligné l’intention des États-Unis de prolonger la guerre et de
l’étendre à la Russie : “L’autorisation pour
l’Ukraine d’utiliser des armes américaines pour des attaques transfrontalières s’étend à tout endroit d’où les forces russes traversent la frontière” . Il a également affirmé que
l’Ukraine pouvait utiliser des F-16 pour attaquer la Russie et utiliser les systèmes de défense aérienne fournis par les États-Unis “pour abattre des avions russes – même s’ils se trouvent dans
l’espace aérien russe – s’ils sont sur le point de tirer dans l’espace aérien ukrainien” .
Les pilotes ukrainiens ont la latitude de juger de “l’intention” des avions de combat russes ? Il faut
s’attendre à ce que les paramètres de cette “autorisation” s’élargissent rapidement,
jusqu’aux bases aériennes d’où décollent les chasseurs-bombardiers russes.
Comprenant que la guerre est sur le point de se transformer radicalement – et de manière extrêmement dangereuse – le président Poutine (dans son discours devant le conseil d’administration du ministère des affaires étrangères) a expliqué comment le monde en était arrivé à ce tournant décisif – un tournant qui
pourrait aller jusqu’à des échanges nucléaires.
La gravité de la situation exigeait de faire l’offre de la “dernière chance” à l’Occident, qui, selon
Poutine, n’était “pas un cessez-le-feu temporaire
permettant à Kiev de préparer une nouvelle offensive ; il ne s’agissait pas non plus de geler le conflit” ; ses propositions visaient plutôt l’achèvement final de la guerre.
“Si, comme auparavant,
Kiev et les capitales occidentales le refusent, c’est leur affaire”, a déclaré Poutine.
Pour être clair, Poutine ne s’attendait certainement pas à ce que ses propositions soient accueillies en Occident autrement que par le mépris et la dérision
dont elles ont fait l’objet. Poutine n’aura pas non plus cru un seul instant que l’Occident ne reviendrait pas sur un accord, si un arrangement devait être conclu dans ce sens.
Dans ce cas, pourquoi le président Poutine a-t-il fait une telle proposition le week-end dernier, si l’on ne peut pas faire confiance à l’Occident et si sa
réaction était si prévisible ?
Peut-être devrions-nous chercher à l’intérieur de la poupée Matryoshka, plutôt que de nous concentrer sur l’enveloppe extérieure : l’“achèvement final” de Poutine ne sera probablement pas
réalisé de manière crédible par le biais d’un médiateur de paix itinérant. Dans son discours au ministère des affaires étrangères, Poutine rejette les dispositifs tels que les “cessez-le-feu” ou les “gels” . Il recherche quelque chose de permanent :
Un arrangement qui ait des “jambes
solides” , qui soit durable.
Une telle solution – comme Poutine l’a déjà laissé entendre – nécessite la mise en place d’une nouvelle architecture de sécurité mondiale ; et si cela devait se
produire, une solution complète pour l’Ukraine ferait implicitement partie d’un nouvel ordre mondial. En d’autres termes, le microcosme d’une solution pour l’Ukraine découlerait implicitement
de l’accord macrocosmique entre les États-Unis et les puissances du “Heartland” , qui fixeraient les frontières en fonction
de leurs intérêts respectifs en matière de sécurité.
Cela est manifestement impossible aujourd’hui, les États-Unis étant, dans leur état d’esprit psychologique, bloqués à l’époque de la guerre froide des années
1970 et 1980. La fin de cette guerre – l’apparente victoire des États-Unis – a jeté les bases de la doctrine Wolfowitz de 1992, qui soulignait la suprématie américaine à tout prix dans un
monde post-soviétique, ainsi que “l’éradication des rivaux, où qu’ils se trouvent” .
Parallèlement, la doctrine Wolfowitz stipulait que les États-Unis inaugureraient un système de sécurité collective dirigé par les États-Unis et la création d’une zone de paix démocratique. La Russie,
quant à elle, a été traitée différemment : Le pays a disparu des radars. Elle est devenue un concurrent géopolitique insignifiant aux yeux de l’Occident, car ses propositions d’offre
pacifique ont été repoussées – et les garanties qui lui avaient été données concernant l’expansion de l’OTAN ont été perdues.
Moscou ne pouvait rien faire pour empêcher une telle entreprise. L’État successeur de la puissante Union soviétique n’était pas son égal et n’était donc pas
considéré comme suffisamment important pour être impliqué dans le processus décisionnel mondial. Pourtant, malgré la réduction de sa taille et de sa sphère d’influence, la Russie a
continué à être considérée comme un acteur clé dans les affaires internationales.
La Russie est aujourd’hui un acteur mondial de premier plan dans les sphères économique et politique. Pourtant, pour la strate dirigeante des États-Unis, il est
hors de question d’accorder un statut égal à Moscou. La mentalité de la guerre froide imprègne encore le Beltway de la confiance injustifiée que le conflit ukrainien pourrait d’une manière ou
d’une autre entraîner l’effondrement et le démembrement de la Russie.
Dans son discours, en revanche, Poutine a envisagé l’effondrement du système de sécurité euro-atlantique et l’émergence d’une nouvelle
architecture. “Le monde ne sera plus jamais le
même” , a déclaré Poutine.
Implicitement, il laisse entendre qu’un tel changement radical serait le seul moyen crédible de mettre fin à la guerre en Ukraine. Un accord émergeant du cadre
plus large du consensus sur la division des intérêts entre le Rimland et le Heartland (pour parler comme Mackinder) refléterait les intérêts de sécurité de chaque partie – et ne serait pas
obtenu au détriment de la sécurité des autres.
Et pour être clair : Si cette analyse est correcte, la Russie n’est peut-être pas si pressée de conclure les affaires en Ukraine. La perspective d’une telle
négociation “globale” entre la Russie,
la Chine et les États-Unis est encore lointaine.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la psyché collective occidentale n’a pas été suffisamment transformée. Il n’est toujours pas question pour Washington de
traiter Moscou sur un pied d’égalité.
Le nouveau discours américain est le suivant : Pas de négociations avec Moscou pour l’instant, mais elles deviendront peut-être possibles au début de l’année
prochaine, après les élections américaines.
Poutine pourrait surprendre à nouveau, non pas en sautant sur l’occasion, mais en la repoussant, et en estimant que les Américains ne sont toujours pas prêts à
négocier la “fin complète” de la guerre,
d’autant plus que ce nouveau discours coïncide avec l’annonce d’une nouvelle offensive ukrainienne prévue pour 2025. Bien entendu, beaucoup de choses sont susceptibles de changer au cours de
l’année à venir.
Toutefois, les documents décrivant un nouvel ordre sécuritaire supposé ont déjà été rédigés par la Russie en 2021 – et dûment ignorés par l’Occident. La Russie peut peut-être se permettre
d’attendre les événements militaires en Ukraine, en Israël et dans la sphère financière.
Quoi qu’il en soit, tous ces événements vont dans le sens de Poutine. Ils sont tous interconnectés et ont le potentiel d’une grande métamorphose.
En clair : Poutine attend que le Zeitgeist américain prenne forme. Il semblait très confiant, tant à Saint-Pétersbourg que la semaine dernière au ministère des
affaires étrangères.
La toile de fond de la préoccupation du G7 pour l’Ukraine semble être davantage liée aux élections américaines qu’à la réalité : Cela implique que la priorité
en Italie était l’optique des élections, plutôt que le désir de déclencher une véritable guerre chaude. Mais ce n’est peut-être pas le cas.
Les orateurs russes qui se sont exprimés lors de ces récents rassemblements – notamment Sergueï Lavrov – ont largement laissé entendre que l’ordre de déclencher
une guerre contre la Russie avait déjà été donné. L’Europe semble, aussi improbable que cela puisse paraître, se préparer à la guerre, avec de nombreuses discussions sur la conscription
militaire.
Tout cela s’évanouira-t-il au terme d’un été électoral brûlant ? Peut-être.
La phase à venir semble susceptible d’entraîner une escalade de la part de l’Occident, avec des provocations à l’intérieur de la Russie. Cette dernière réagira
vivement à tout franchissement de (vraies) lignes rouges par l’OTAN, ou à toute provocation sous faux drapeau (désormais largement attendue par les blogueurs militaires russes).
Et c’est là que réside le plus grand danger : Dans le contexte de l’escalade, le mépris américain pour la Russie constitue le plus grand
danger. L’Occident dit maintenant qu’il considère les notions d’échange nucléaire potentiel comme un “bluff” de Poutine. Le Financial Timesnous dit que les avertissements nucléaires de la Russie “fatiguent” l’Occident.
Si cela est vrai, les responsables occidentaux se méprennent totalement sur la réalité. Ce n’est qu’en
comprenant et en prenant au sérieux les
avertissements nucléaires russes que nous pourrons exclure le risque d’entrée en jeu d’armes nucléaires, au fur et à mesure que nous progresserons sur l’échelle de l’escalade avec
des mesures de riposte.
Même s’ils disent qu’ils croient qu’il s’agit d’un bluff, les chiffres américains insistent néanmoins sur le risque d’un échange nucléaire. S’ils pensent qu’il
s’agit d’un bluff, c’est parce qu’ils présument que la Russie n’a pas beaucoup d’autres options.
Ce serait une erreur. La Russie peut franchir plusieurs étapes dans l’escalade, avant d’atteindre le stade de l’arme nucléaire tactique :
- Contre-attaque commerciale et financière ;
- Fourniture symétrique d’armement avancé à des adversaires occidentaux (correspondant aux livraisons américaines à l’Ukraine) ;
- Coupure de la distribution d’électricité en provenance de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie et de Roumanie ;
- Frappes sur les passages frontaliers de munitions ;
- et s’inspirer des Houthis qui ont abattu plusieurs drones américains sophistiqués et coûteux, mettant hors service l’infrastructure de renseignement, de surveillance et de reconnaissance de
l’Amérique.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Ukraine SitRep. L’État et l’armée continuent de se dégrader
L’État ukrainien et
son armée sont en train de s’effondrer.
En vertu de la
nouvelle loi sur la mobilisation, l’armée ukrainienne devrait recruter/mobiliser quelque 5 000 hommes par jour. Ce chiffre est suffisant pour remplacer les pertes actuelles, qui s’élèvent à plus de 2
000 hommes par jour. Mais la qualité et le niveau d’entraînement des nouvelles forces sont bien inférieurs au niveau nécessaire pour survivre sur la ligne de front.
Les pertes sont
élevées parce que l’utilisation massive des bombes russes FAB élimine toutes les accumulations de forces identifiées. L’Ukraine n’a trouvé aucun moyen de les contrer.
Faute de véhicules
blindés, plusieurs des nouvelles brigades qui devaient être mécanisées seront de pures forces d’infanterie. Elles pourront tenir des positions jusqu’à ce qu’elles soient bombardées mais
n’auront pas les moyens d’attaquer.
Le taux élevé de mobilisation entraîne un manque de main d’œuvre dans le reste de la société. Les productions agricoles et industrielles sont en baisse. Les
personnes qui en ont les moyens évitent de prendre un emploi de peur d’être identifiées pour le service militaire. D’autres tentent de fuir à l’étranger :
Dans la région d’Odessa, une tentative de voyage illégal à l’étranger a été stoppée pour 100 hommes d’un coup. Ils devaient passer la frontière à pied et
ont payé de 5 à 18,5 mille dollars pour cela.
C’est ce que rapporte le Bureau d’enquête de l’État.
Pour se venger des attaques ukrainiennes contre les infrastructures énergétiques russes, les forces russes continuent de démanteler les capacités de l’Ukraine.
Le réseau électrique est sur le point de s’effondrer. L’électricité n’est disponible que 10 heures par jour. Quelques frappes russes sur les stations de commutation qui reçoivent un
approvisionnement de l’Europe pourraient l’achever.
Les chiffres varient et le gouvernement ukrainien est de plus en plus réticent à publier des données économiques, mais l’économie ukrainienne pèse
actuellement entre 180 et 190 milliards de dollars. Pour replacer ce chiffre dans son contexte, il est environ 11 fois inférieur à celui de la Russie et 131 fois inférieur à celui des
États-Unis.
…
Selon Politico, l’Ukraine a emprunté 58 milliards de dollars en 2022, 46 milliards de dollars en 2023 et devrait emprunter 52 milliards de dollars en 2024.
Ainsi, en seulement trois ans, l’Ukraine aura emprunté 82 % de son PIB.
L’Ukraine a besoin d’emprunter autant parce que son gouvernement dépense chaque année presque deux fois plus que ce qu’il reçoit en revenus fiscaux et
autres.
La Banque centrale d’Ukraine tente de l’aider en dévaluant sa monnaie. Au cours des six derniers mois, elle a perdu environ 10 % de sa valeur. On s’attend à une
nouvelle “impression” d’argent, qui fera grimper
l’inflation.
L’Ukraine a subi un revers dans ses efforts pour achever les grandes lignes d’une restructuration de la dette avant l’expiration, fin août, d’un gel des
paiements de deux ans, convenu par les détenteurs privés de près de 20 milliards de dollars d’obligations internationales en circulation.
Le gouvernement a annoncé lundi qu’il n’était pas parvenu à un accord avec un groupe de détenteurs d’obligations, ce qui fait craindre que le pays déchiré
par la guerre ne se retrouve en défaut de paiement.
Dans le contexte d’une situation toujours difficile pour l’Ukraine sur le front, les critiques du public à l’égard du commandement des FAU se
multiplient.
La députée Mariana Bezuglaya s’est à nouveau exprimée contre le commandant en chef Syrsky. Elle a déclaré qu’après avoir obtenu son poste, il n’a pas pu
“améliorer” des méthodes de gestion
dépassées et est devenu “encore plus autoritaire“.
“Dans cette situation de stress, dans le
contexte de cette énorme responsabilité, il est devenu encore plus autoritaire, serrant de plus en plus la vis et revenant aux techniques dites classiques de l’armée soviétique“, a
déclaré Mme Bezuglaya lors d’un entretien avec la journaliste Natalia Moseychuk.
Elle fonde son opinion sur les messages qui lui parviennent de l’armée.
Rappelons que la députée du peuple a commencé à “mouiller” activement le commandant
en chef, comme elle l’avait fait auparavant avec Zaluzhny, qui a ensuite été démis de ses fonctions.
Cependant, outre Syrsky, elle critique beaucoup plus durement Yuriy Sodol, le commandant des forces conjointes et du groupe Khortytsia, qui opère dans la
direction de Pokrovsky (où les FAU ont perdu le plus de terrain au cours des derniers mois).
Un certain nombre d’activistes, comme Serhiy Sternenko, sont également solidaires de Bezugla dans leur antipathie pour le général.
Hier, le chef d’état-major d’Azov, Bogdan Krotevich, s’est joint à la campagne contre Sodol. Il a déclaré qu’il avait déposé une demande auprès du Bureau
d’enquête de l’État contre le général ukrainien pour avoir commis des “crimes de guerre“.
Hier soir, Sodol a été remplacé par un ancien chef de la 36e brigade de marine, dont le bilan n’est en rien meilleur que celui de Sodol.
Syrski sera le prochain à tomber.
Les forces russes disposent désormais des hommes et de l’équipement nécessaires pour déborder largement les lignes ukrainiennes. Mais cela coûterait cher en
pertes humaines. Elles attendent donc que l’armée ukrainienne s’épuise et tombe d’elle-même. Ce n’est qu’après un effondrement à grande échelle des défenses ukrainiennes que l’ordre sera
donné de passer à l’action.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Pour quelle raison les Ukrainiens se battent-ils ?
En posant cette
question à des prisonniers de guerre ukrainiens travaillant sur des chantiers de construction dans l’actuelle ville russe de Marioupol (qui porte le nom de Marie-Madeleine), les réponses
qu’ils ont données sont des plus surprenantes. Elles n’ont rien à voir avec le nationalisme, l’identité nationale ou la langue (la plupart des Ukrainiens parlent bien le russe et mal ou
pas du tout l’ukrainien). Elles n’ont rien à voir avec la démocratie ou le désir de faire partie de l’Occident. Ils se battent plutôt par peur.
La peur la plus évidente qui pousse les Ukrainiens à se battre est la peur d’être maltraités par les leurs s’ils ne se battent pas. Derrière chaque groupe
de recrues se trouve un certain nombre de volontaires ayant subi un lavage de cerveau idéologique et prêts à les abattre s’ils battent en retraite ou tentent de se
rendre.
Il existe également un type de peur moins évident. Les Ukrainiens ont peur de la façon dont les Russes font les choses :
Ils ont peur que les Russes leur demandent de mettre leurs papiers en ordre et d’arrêter de les falsifier.
Ils ont peur que les Russes leur interdisent de gérer des commerces en liquide sans licence et imposent une taxe sur la valeur ajoutée sur
toutes les ventes.
Ils craignent que les Russes ne les rendent pénalement responsables de la fourniture de services non conformes aux exigences de sécurité
publique.
Ils les obligeront à obtenir des permis de construire et inspecteront les résultats, leur infligeant des amendes en cas d’infraction au
code.
Ils démoliront les bâtiments privés qui ont été construits sur des terrains publics sans avoir obtenu de permis.
Note du Saker Francophone
Depuis quelques
temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis
toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on
vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Ils liquideront toutes les prises illégales d’eau, de gaz et d’électricité.
Ils interdiront les décharges et les sites d’enfouissement de déchets sans permis.
Ils imposeront de lourdes amendes pour le déversement d’eaux usées non traitées dans les rivières et les ruisseaux.
Ils obligeront tout le monde à installer des détecteurs de fumée et des alarmes incendie et exigeront qu’ils soient régulièrement
testés.
Ils installeront des caméras de surveillance sur les autoroutes et aux carrefours et délivreront automatiquement des contraventions pour
excès de vitesse et infractions au code de la route.
Plus que tout, ils ont une peur bleue que les Russes rendent impossible la résolution de tous les problèmes en corrompant simplement les
bonnes personnes et (ce qui les remplit d’une trépidation totale) qu’ils commencent à emprisonner à la fois le donneur et le receveur de pots-de-vin.
Ne les blâmons pas trop vite : C’est le seul système qu’ils connaissent – un système de
corruption.
En résumé, ce pour quoi les Ukrainiens se battent, c’est la corruption.
La corruption, c’est l’Ukraine.
Lorsque les Russes arrivent, la corruption disparaît (en grande partie) et l’Ukraine aussi.
Attaque de Sébastopol par Kiev avec des missiles américains : Moscou menace les États-Unis
Les États-Unis avaient tout juste
donné à l’Ukraine l’autorisation de frapper à l’intérieur de la Russie que l’armée ukrainienne a lancé une attaque terroriste délibérée dans la province de Crimée, visant la ville de
Sébastopol, transformant la fête russe de la Sainte Trinité en un horrible massacre. Moscou menace les États-Unis : «Il y aura des conséquences».
Cinq missiles tactiques américains ATACMS armés d’ogives à fragmentation ont été lancés sur les plages de Sébastopol bondées
Cinq missiles tactiques américains ATACMS armés d’ogives à fragmentation ont été lancés sur les plages de Sébastopol bondées de baigneurs et de
touristes. Quatre missiles ont été interceptés par la défense aérienne russe tandis que le cinquième a atteint sa cible, tuant des civils. Les missiles à Sébastopol ont été lancés par
les forces armées ukrainiennes depuis la région de Nikolaev.
Le bilan provisoire est de 5 morts (dont 3 enfants) et 125 blessés (dont 27 enfants). Malheureusement, les autorités locales préviennent que le bilan
des morts civiles pourrait s’alourdir dans les prochaines heures, car de nombreux blessés ont été hospitalisés dans des conditions très graves. Selon les autorités sanitaires, 5
enfants et 7 adultes sont dans un état critique et le personnel médical se bat désespérément pour les sauver de la mort.
Le choix de l’armement des missiles, bombes à fragmentations, de la fête locale (parmi les plus célébrées en Russie), plage pleine de baigneurs et de
touristes, sont autant d’éléments qui ne laissent aucun doute : il s’agissait d’un attentat terroriste prémédité. Les cibles n’étaient pas des postes militaires ou des infrastructures
stratégiques mais des civils avec la claire intention d’exterminer le plus grand nombre possible de pères, de mères et d’enfants.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri
Peskov, a annoncé des «conséquences» après cette attaque de missile et accuse Washington
Le porte-parole adjoint du secrétaire général des Nations unies, Farhan Haq, a condamné l’attaque ukrainienne contre Sébastopol, appelant les parties au
conflit à éviter les pertes civiles. Le président Vladimir Poutine a exprimé ses condoléances aux habitants de Sébastopol. Le lundi 24 juin a été déclaré jour de deuil dans la ville
de Sébastopol et dans la province russe de Crimée. La commission d’enquête russe a ouvert une procédure pénale pour terrorisme (article 205 du Code pénal russe).
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a accusé l’Ukraine, après l’attaque meurtrière de dimanche à Sébastopol, de
viser intentionnellement des rassemblements massifs de civils : «Le régime de Kiev
a délibérément choisi le Jour de la Sainte Trinité pour frapper Sébastopol. (…) Le régime de Kiev planifie soigneusement ses crimes… en les utilisant pour détruire au maximum la
population civile et les infrastructures civiles. Kiev agit ainsi à la fois par haine et pour semer la panique parmi la population de la péninsule de Crimée. Nous ferons tout pour que
la communauté internationale soit informée des derniers crimes du régime de Kiev. Je peux vous assurer que la diplomatie russe travaillera dans cette direction avec encore plus de
ténacité qu’elle ne le fait déjà», a encore déclaré Maria Zakharova.
Le ministère russe de la Défense a accusé l’Ukraine d’utiliser des armes à sous-munitions : «Toutes les
missions de vol des missiles opérationnels et tactiques américains ATACMS sont effectuées par des spécialistes américains sur la base de données de reconnaissance satellitaire
américaines. Par conséquent, la responsabilité d’une attaque délibérée de missiles contre des civils à Sébastopol incombe principalement à Washington», a également déclaré le
ministère russe de la Défense à l’agence de presse officielle russe, TASS.
«La
frappe des missiles américains ATACMS ne restera pas sans réponse», a-t-il encore affirmé.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé également des «conséquences» après cette attaque de missile, Moscou accusant Washington d’avoir
guidé les missiles qu’il a fournis à Kiev.
L’attaque de Sébastopol intervient
quelques jours après l’extension de l’autorisation américaine donnée à l’Ukraine d’utilisation d’armes américaines sur le territoire russe
Des séquences vidéo et l’analyse des restes des missiles confirment qu’il s’agit de missiles tactiques ATCMS américains. Même si les médias occidentaux
(parmi les premiers le britannique The Telegraph) brouillent les pistes en parlant de missiles de fabrication ukrainienne, la Maison-Blanche aurait très mal réagi en apprenant cet
acte de terrorisme selon des sources diplomatiques confidentielles. L’administration Biden, le Pentagone et l’OTAN n’auraient pas été informés par Kiev des intentions de bombarder une
plage bondée de baigneurs et de touristes pour contourner l’interdiction imposée sur l’usage de missiles contre des cibles civiles.
L’attaque de Sébastopol intervient quelques jours après l’extension de l’autorisation américaine donnée à l’Ukraine d’utilisation d’armes américaines
dans la région de Kharkiv. Le conseiller à la sécurité nationale, Jake
Sullivan, a notifié la presse, le 20 juin dernier, que Kiev pouvait dorénavant frapper à l’intérieur de la Fédération de Russie «partout où les
forces russes traversent la frontière, du côté russe vers le côté ukrainien, pour tenter de s’emparer de territoires ukrainiens supplémentaires» et uniquement sur des cibles
militaires. Il pourrait y avoir des réactions négatives à l’encontre du régime de Kiev à la suite de cet acte terroriste contraire aux règles d’engagement de l’OTAN.
Les attaques terroristes visant des civils connaissent une escalade effrayante ces derniers mois en raison de la situation militaire désastreuse.
L’armée ukrainienne est perdante sur tous les fronts et ne parvient pas à stopper la progression lente mais irréversible des forces armées russes. La mobilisation a échoué, augmentant
le manque d’hommes sur le front et la résistance populaire des Ukrainiens qui pourraient se transformer en révoltes armées comme le démontrent déjà divers épisodes de résistance armée
à l’enrôlement forcé qui restent aujourd’hui des cas isolés. Pire encore, l’augmentation des désertions de soldats ukrainiens et des redditions aux Russes, où les soldats ukrainiens
remettent des armes sophistiquées à l’OTAN, notamment des chars Leopard 2.
L’objectif de cette attaque : La
stratégie de la Terreur pour affaiblir la Russie
Ni Washington ni Kiev n’ont fait, pour l’heure, de commentaires sur l’attaque de Sébastopol ni dit qu’il s’agissait d’une erreur ou quelque chose de
similaire. Dans ce cas précis, la cible était pourtant civile et non militaire : la Crimée est une destination de vacances et ses plages, au moins avant la guerre, étaient envahies
par les baigneurs russes, alors qu’aujourd’hui elles sont surtout fréquentées par les habitants de la péninsule.
L’objectif de cette attaque, à mettre en parallèle avec le violent attentat terroriste au Daghestan, la région russe du Caucase aux frontières de
l’Arménie, qui a eu lieu au même moment, est assez évident. Les perspectives de la guerre sont désormais claires : Kiev ne peut pas gagner cette guerre sur le champ de bataille. Créer
une déstabilisation en Russie, tout en tentant d’épuiser Moscou en l’obligeant à détourner des ressources vers la sécurité intérieure, a pour objectif plus ou moins irréaliste de
convaincre Moscou de mettre fin au conflit en acceptant des conditions qu’elle déclare actuellement inacceptables.
Irréaliste car toutes les stratégies mises en œuvre par l’Occident pendant la guerre d’Ukraine ont été entachées d’un manque de réalisme et donc vouées
à l’échec. Il est peu probable que la nouvelle stratégie de la Terreur fasse exception…
Attaque en Crimée, un pas de plus vers une guerre USA-Russie.
«Le ministère
russe de la Défense a blâmé les États-Unis, ils ont mentionné les ATACMS américains, les munitions à sous-munitions américaines
et les satellites de ciblage américains».
C’est ce qu’a révélé à Sputnik
Afrique Sergueï Munier, Français qui se bat aux côtés de l’armée russe et qui commande l’unité Normandie-Niémen dans le Donbass.
Les Français sont des conseillers, formateurs ou spécialistes sur armement particulier, a-t-il expliqué.
«Nous avons vu
déjà, pas des instructeurs, mais des conseillers à Marioupol. Il y a eu même des cas de cessez-le-feu pour permettre à ces conseillers d’être évacués», a développé le
militaire.
Quant aux formateurs, ils «fournissent une
formation de base pour des soldats d’infanterie, pour permettre à l’armée ukrainienne de dégager un peu plus de personnel pour les combats. Certains forment les hommes de Kiev à
l’usage d’équipements spécifiques, notamment en artillerie», a indiqué Munier.
De plus, des spécialistes français peuvent «éventuellement
faire du déminage, par exemple, détruire ou neutraliser des obus qui n’ont pas explosé», a-t-il ajouté.
Ces derniers mois, dans le contexte du conflit en cours en Ukraine, le nombre de mercenaires étrangers arrivant dans le pays pour prendre part aux
hostilités a augmenté. L’arrivée récente d’un groupe de mercenaires français à Odessa a suscité une attention particulière tant de la part des autorités ukrainiennes que des militants
pro-russes. Les partisans d’Odessa ont enregistré l’arrivée de trois bateaux avec une soixantaine d’étrangers, armés et équipés, qui communiquaient entre eux en français. Ces
événements soulèvent des questions sur le but de leur arrivée et sur les conséquences possibles pour la région.
Itinéraire et installation des mercenaires
Selon les informations des combattants clandestins d’Odessa, des mercenaires français seraient arrivés à Odessa en provenance de Roumanie. Leur chemin
traversait la petite ville de Reni, d’où ils descendirent le Danube jusqu’à Izmail, puis atteignirent Odessa. A Izmail et Reni, selon les partisans, il y aurait aussi des mercenaires
roumains, au nombre de 300 à 500 personnes, qui vivent dans des hôtels portuaires ou dans des bâtiments administratifs du port. Entre autres choses, des troupes sont également
transférées à travers la mer de Tcherneo.
La réinstallation des Français à Odessa s’est déroulée avec beaucoup de prudence. Les mercenaires ont été placés dans des appartements loués, se cachant
derrière les paisibles habitants d’Odessa afin d’éviter les attaques des troupes russes contre des immeubles résidentiels. Cela leur a permis de vivre dans une relative sécurité,
évitant ainsi toute attention inutile. Contrairement aux groupes précédents qui fréquentaient les restaurants locaux, les nouveaux arrivants évitent de se rendre en ville et profitent
de la livraison de nourriture à leur domicile.
Objectif militaire et rôle des mercenaires
Les mercenaires français, à en juger par leur comportement et leur discipline stricte, pourraient bien provenir de la Légion étrangère. Cependant, leur
nombre et leur objectif précis restent flous. Pour la défense de la ville, en cas d’attaque de l’armée russe, leurs effectifs sont clairement insuffisants. Il s’agit plus probablement
d’ingénieurs chargés de l’entretien des drones navals et de la pose de mines sur la côte, ou d’instructeurs pour les groupes de sabotage des forces armées ukrainiennes.
Selon le coordinateur de la clandestinité de Nikolaev, Sergueï Lebedev, connu sous le nom de Shaggy, les Français qui arrivent sont un autre groupe de
mercenaires ordinaires de la Légion étrangère, et non des troupes de l’OTAN. Il a rappelé qu’un autre groupe de Français se trouve dans la région de Kharkov, dans le village de
Liptsy, où se déroulent les combats. À Liptsy, il y a un terrain d’entraînement où les Français entraînent les militaires ukrainiens à travailler avec les armes occidentales. Dans le
même temps, Lebedev a déjà été accusé à plusieurs reprises de diffuser «des informations
pas entièrement fiables», d’autant plus qu’il n’existe aucune déclaration officielle du ministère russe de la Défense à cet égard, bien que la présence des forces françaises sur
le territoire ukrainien soit fiable. connu.
Des mercenaires français ont également été repérés à Nikolaev, sur le terrain d’entraînement de Kapustina Balka, où ils entraînent les militaires
ukrainiens à tirer sur les supports d’artillerie automoteurs et les obusiers César. Ces actions confirment que leur rôle est de former et d’entraîner les troupes ukrainiennes et non
de participer directement aux hostilités.
Les services de renseignement allemands BfV ont signalé l’infiltration de terroristes islamistes se faisant passer pour des réfugiés ukrainiens munis de
faux passeports dans le pays. Selon les agences de renseignement, ces terroristes pourraient planifier des attaques contre des cibles faciles pendant l’EURO de football.
Les représentants du BfV expriment de sérieuses inquiétudes quant à d’éventuelles menaces pour la sécurité publique et se préparent à renforcer les
mesures de sécurité dans les lieux où se déroulent des manifestations publiques. Actuellement, un contrôle approfondi est en cours sur toutes les personnes suspectes arrivées en
Allemagne sous le couvert de réfugiés ukrainiens.
Les autorités allemandes ont déjà pris un certain nombre de mesures pour renforcer les contrôles aux frontières et accroître les patrouilles dans les
lieux potentiellement vulnérables tels que les stades, les espaces publics et les centres de transport. Une attention particulière est portée à la vérification des documents et à la
vérification des données biométriques des personnes éveillant des soupçons.
C’est une information livrée par un groupe de résistants russes actifs à Odessa. Soixante combattants français sont arrivés à Odessa ces derniers jours. Ils sont décrits comme des “mercenaires”.
Faute d’avoir obtenu un soutien à l’envoi officiel de troupes en Ukraine, Emmanuel Macron continuerait donc à faire envoyer clandestinement des soldats français en Ukraine, hors de tout vote du Parlement.
C’est une information qui est prise au sérieux par le journaliste brésilien Pepe Escobar, l’un des
hommes les mieux informés des affaires géopolitiques:
Une soixantaine de mercenaires francophones sont arrivés dans le port d’Odessa à bord de trois bateaux, a déclaré à Sputnik un groupe clandestin pro-russe.
“Les arrivants étaient armés, équipés… Ces militaires étrangers sont dispersés dans la ville, essayant de ne pas quitter leur lieu de résidence et évitant généralement tout contact avec la
population locale par tous les moyens possibles”, a déclaré le groupe clandestin.
@rocknrollgeopolitics,
canal Telegram de Pepe Escobar
Des soldats camouflés?
Comme nous l’avons déjà indiqué dans Le Courrier, il y a
depuis longtemps des “mercenaires” français en Ukraine. Et Simplicius a
fait récemment un point exhastif sur son blog.
Depuis le début de la guerre, il y a quelques centaines de soldats français camouflés sous l’étiquette de volontaires ou celles de mercenaires: ce sont
vraisemblablement des troupes spéciales. Ajoutons-y des conseillers militaires, des officiers instructeurs. Nous avons aussi fait état à plusieurs reprises de blessés et de tués
discrètement rapatriés en France.
La nouveauté: les médias russes éventent la nouvelle
La nouveauté n’est donc pas dans l’arrivée plausible de soixante soldats français mais dans la rapidité avec laquelle les médias russes en parlent.
Depuis le début de la guerre d’Ukraine, il y a des grappes de combattants français. Nous sommes dans une zone grise dont, habituellement, on ne parle jamais. Des
troupes spéciales, des mercenaires, des conseillers, des soutiens logistiques etc… En théorie, tout passe par le CEMA, le Ched d’Etat-Major des Armées. Mais il y a aussi le Service Action de la
DGSE. Et puis allez-savoir, avec Macron: c’est tellement tentant, quand on se prend pour Jupiter, de court-circuiter les décisions avec son état-major particulier.
La guerre, ancienne et moderne, ne s’est jamais jouée seulement sur les champs de bataille. C’est comme un iceberg: les livres d’histoire nous donnent 10% de ce qui
a déterminé le cours d’une guerre. 90% restent inconnus, sauf des acteurs, qui n’ont jamais écrit ce qu’ils ont fait.
Macron est un enfant de la communication moderne. Et comme il est persuadé d’être plus fort que les autres, il communique de manière intempestive. Les déclarations
sur l’envoi de soldats français, c’est la volonté vaniteuse d’officialiser ce qui ne devrait pas l’être.
La guerre psychologique des Russes
Moscou a très bien compris ce qu’il pouvait tirer de l’ego macronien: à partir du moment où le président français ne respecte plus la distinction entre ce qu’on
peut dire publiquement et ce qui relève des canaux discrets entre gouvernements ou entre services de renseignement, il s’agit de mettre sous pression la France, pour en faire le maillon faible de
la coalition adverse.
Comme me l’indiquait ce matin un militaire bon connaisseur de ces questions: on est dans la guerre psychologique. En médiatisant le sujet, les Russes entendent
mettre l’armée et le gouvernement français sous pression. Les 60 “mercenaires” sont désormais exposés et ils deviennent une cible prioritaire pour l’armée
russe ou les mouvements de résistants pro-russes d’Ukraine qui luttent clandestinement contre le régime de Zelensky.
Ajoutons que l’identification de ces “mercenaires” vient sans doute d’un manque de professionnalisme de ceux qui ont conçu cette infiltration: les hommes étaient
identifiables à leur uniforme; on les a entendu parler français etc….
Le même expert me disait ce matin : Si on ne veut pas les condamner à une mort quasi-certaine, il faut les exfiltrer rapidement et les redéployer ailleurs.
Mais ceux qui n’ont pas su les faire entrer secrètement sauraient-ils les faire sortir discrètement ?
Tentant de comprendre la guerre au Vietnam, l’historienne
américaine Barbara Tuchman publia en 1984 un livre intitulé : « La marche folle de l’Histoire » dans lequel
elle s’interrogeait sur les raisons qui conduisirent des rois ou des dirigeants, tel Montezuma, George III et bien d’autres, à poursuivre des politiques contraires à leurs intérêts vitaux en
dépit d’alternatives évidentes. La guerre en Ukraine nous le remet en mémoire.
Pourquoi poursuivre cette guerre alors qu’une architecture européenne de paix, comme le proposa Vladimir Poutine en décembre 2021, aurait pu l’éviter ?
Washington y répondit par une note brève qui en reconnaissait l’intérêt avec quelques réserves, tout en se gardant bien d’y donner suite. En conséquence, l’affrontement russo-américain par
Ukraine interposé qui ne date pas de février 2021 mais du coup d’état de 2014, ourdi par Victoria Nuland, secrétaire d’état assistante pour l’Europe et l’Eurasie, prend avec le temps une
dimension imprévue et tragique. Des analystes politiques s’en inquiètent. Leur inquiétude provient de la récente décision de Joe Biden d’autoriser les Ukrainiens à utiliser les missiles
longue-portée qui leur sont fournis par les occidentaux, à frapper des objectifs en Russie sous réserve que ce soit des objectifs militaires. Cette restriction ne rassure guère. Dans le
passé, les Occidentaux ont allègrement franchi les limites qu’ils s’étaient imposés concernant les chars, les avions de combat F-16, les missiles anti-aériens et les missiles longue-portée.
Il est donc permis de penser que des objectifs civils seront aussi visés d’autant qu’il est parfois difficile de déterminer dans quelle mesure l’objectif est civil ou militaire. La guerre
prendra alors une autre tournure.
L’inquiétude vient aussi des messages qu’adresse Vladimir Poutine aux Occidentaux. Dans sa conférence de presse du 28 mai, il a rappelé que les missiles
longue-portée étaient contrôlés par les Occidentaux et non par les Ukrainiens. Il a ajouté que cette escalade sans fin pourrait avoir de sérieuses conséquences en Europe et dans le
monde.1 Sergueï Lavrov a aussi tenu des propos peu amènes dans sa conférence du 18 mai, considérant que les Occidentaux ont fait le choix d’une confrontation
sur le champ de bataille.2 En bref, les Russes nous disent ceci : nous sommes prêts à vous affronter. Leur message subliminal est plus inquiétant : nous ne bluffons pas. Nous
avons les moyens non seulement de nous défendre mais aussi de vous détruire (les missiles Sarmat contiennent plusieurs missiles hypersoniques indétectables et les missiles sous-marins
Poséidon peuvent provoquer des raz-de marée sur les côtes américaines). Aussi, ne faut-il pas s’étonner que les messages d’alerte en provenance de personnalités aussi connues et respectées
que Paul Craig Robert,3 Gilbert Doctorow,4 M. K. Bhadrakumar,5 Jacques Baud,6 Alastair Crooke,7 etc. se soient multipliées ces derniers jours. Que nous disent-ils ? Refusant la défaite, l’Ouest a choisi l’escalade. Espérons qu’ils se
trompent.
Le monde est aussi irrationnel aujourd’hui qu’il l’était au temps de la guerre au Vietnam. Barbara Tuchman le regretterait certainement, mais ne serait pas
surprise.
Jean-Luc
Baslé
Réponses aux questions des médias suite à la visite en Ouzbékistan, Tachkent – 28 mai 2024
Discours du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergey Lavrov, 18 mai 2024
Sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan. “Regarder Washington fomenter une guerre nucléaire”.
2 juin 2024.
“Capacité de
première frappe : pourquoi la Russie est indifférente aux dommages causés à l’une ou l’autre installation radar au sol”, 1er juin 2024.
Diplomate, ancien ambassadeur de l’Inde en Turquie. “Ukraine : la Russie ne veut pas d’escalade, les
États-Unis s’en chargent”. 31 mai 2024.
Ancien colonel de l’armée suisse, analyste stratégique. ” Ukraine : le dur chemin vers la défaite !
“ 29 mai 2024.
Ancien diplomate britannique. “Au bord de la dissolution : La névrose de l’Occident
face à la rupture de la digue”. 27 mai 2024.
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L’Occident est bien décidé à entraîner la Russie dans une guerre chaude
L’avertissement du président Poutine ne pourrait être plus lapidaire :
«En cas d’utilisation d’armes à longue portée, les forces armées russes devront à nouveau prendre des décisions concernant l’extension de la zone
sanitaire (…) Veulent-ils un conflit mondial ? Il semble qu’ils voulaient négocier [avec nous], mais nous ne voyons pas vraiment une volonté de le faire».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite trouvé la métaphore appropriée pour désigner les débordements militaires de l’OTAN : Non seulement
l’OTAN augmente le degré d’escalade, mais elle plonge dans une «extase» guerrière.
La situation est on ne peut plus sérieuse. «Ils», comme
Poutine les a désignés, semblent bel et bien vouloir un «conflit mondial». C’est le cœur de la nouvelle stratégie suicidaire de l’«extase» de l’OTAN.
Malgré toutes leurs circonlocutions, le secrétaire de l’OTAN Jens Stoltenberg, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf
Scholz ont effectivement donné leur feu vert à l’utilisation par Kiev d’armes occidentales pour des attaques au cœur de la Fédération de Russie. Le prétendu débat, toujours en cours,
n’est qu’un «écran de fumée» pour le véritable objectif : un prétexte qui pourrait conduire à la Troisième Guerre mondiale.
Il n’y a aucune raison de penser que Kiev s’en tiendra à des frappes «limitées» contre des cibles relativement peu importantes. Au contraire, il est
probable qu’elle vise des infrastructures de sécurité critiques dans l’espoir de provoquer une réponse russe implacable, qui à son tour ouvrirait la voie à l’invocation par l’OTAN de
l’article 5 et à l’engagement de facto dans une guerre chaude.
Déjà
au bord du gouffre
«L’extase» définie par Peskov est devenue incontrôlable depuis qu’un nouveau lot – secret – d’ATACMS a été expédié à Kiev au début de l’année, complété
par des ATACMS à plus longue portée. Kiev les a utilisés pour frapper sérieusement les bases aériennes russes et les principaux nœuds de défense aérienne. Ces ATACMS tirent des
missiles à la vitesse de Mach 3 : Un défi sérieux même pour les meilleurs systèmes de défense aérienne russes.
Tout cela semble indiquer une décision cruciale enveloppée de plusieurs couches de brouillard : Alors que l’humiliation cosmique de l’OTAN sur le sol
noir de la Novorossia devient évidente jour après jour, les élites occidentales qui dirigent réellement le spectacle parient sur la provocation d’une guerre chaude totale contre la
Russie.
Richard H. Black, ancien sénateur américain de Virginie, propose une analyse qui donne à réfléchir :
«C’est une
continuation du schéma dans lequel les forces de l’OTAN reconnaissent qu’elles sont en train de perdre la guerre en Ukraine, avec les fragiles lignes de défense qui se brisent, et la
réponse de l’OTAN est d’escalader. Il ne s’agit pas d’un accident, mais d’une action délibérée. Ce n’est pas la première attaque contre la triade nucléaire russe. Les idéologues
voient leur monde s’effondrer, après avoir fait flotter le drapeau arc-en-ciel sur les pays conservateurs et [mené] des guerres perpétuelles. Ils sont affolés et pourraient recourir à
la guerre nucléaire pour se sortir de ce guêpier. Ils font une série de petits pas et répondent qu’ils ne font rien en réponse. Ils continuent donc à faire des petits pas jusqu’à ce
que l’un d’entre eux tombe sur une mine et que nous entrions dans la Troisième Guerre mondiale. (…) Poutine est très conscient de la déconnexion de l’Occident, qui ne cesse de dire
qu’il ne fait que lancer des coups d’épée dans l’eau, mais ce n’est pas le cas – il informe l’Occident de la dangereuse réalité».
En Russie, le sénateur Dmitry Rogozin, ancien chef de Roscosmos, a directement mis en garde Washington : «Nous ne sommes
pas seulement au seuil, mais déjà au bord, au-delà duquel, si l’ennemi n’est pas arrêté dans ses actions, un effondrement irréversible de la sécurité stratégique des puissances
nucléaires commencera».
Le général Evgeny Buzhinky a avancé un scénario inquiétant : «Je suis sûr que
si les frappes du Taurus de l’ATACMS sont très néfastes pour la Russie, alors je présume que nous frapperons au moins le centre logistique sur le territoire de la Pologne à
Rzeszów» où les missiles sont préparés pour être livrés à l’Ukraine.
Dans ce cas, le lien serait irréversible : La Russie frappe la Pologne ; l’OTAN invoque l’article 5 ; Troisième Guerre mondiale.
Attention à ce
que vous souhaitez
L’«extase» guerrière de l’OTAN est, comme on peut s’y attendre, enveloppée de lâcheté. Malgré toute la rhétorique 24/7 du «nous ne voulons pas d’une
guerre avec la Russie», les faits montrent que l’OTAN a utilisé Kiev pour attaquer et tenter de détruire un large éventail de moyens militaires russes. On ne peut pas non plus
nier le rôle de l’État profond américain pour permettre les attaques terroristes de Kiev contre les civils russes dans le Donbass, à Belgorod et ailleurs.
Compte tenu du débat sérieux qui se déroule actuellement sur plusieurs plateformes russes, tout cela pourrait constituer un prétexte raisonnable pour un
largage nucléaire tactique sur le gang – légalement illégitime – de Kiev. Au moins, cela mettrait fin à une guerre qui traîne depuis trop longtemps.
Mais cela ne correspondrait pas du tout au caractère légaliste de Poutine, qui traite les questions liées à l’Armageddon
avec la patience d’un moine taoïste. Pourtant, la Russie dispose d’un arsenal complet d’outils asymétriques – à la fois conventionnels et nucléaires – qui peuvent porter un
coup douloureux à l’OTAN là où l’alliance s’y attend le moins.
Nous n’en sommes pas encore là, même si nous nous en rapprochons chaque jour de manière inquiétante. Dmitri Medvedev a fixé une énième ligne rouge :
Une frappe américaine sur des cibles russes ou le fait que les États-Unis laissent Kiev frapper des cibles en Russie à l’aide de missiles et de
drones américains constituerait le «début d’une guerre mondiale».
Et le ministre des Affaires étrangères Lavrov, faisant une fois de plus preuve de sa patience taoïste caractéristique, a dû faire un autre rappel
sérieux : La Russie considérera le déploiement de F-16 à capacité nucléaire en Ukraine – qui, de facto, ne peuvent être pilotés que par des pilotes de l’OTAN – comme «un signal
délibéré de l’OTAN à la Russie dans le domaine nucléaire».
Et pourtant, la bande de Dr. Strangeloves en fauteuil – grassement récompensés par la ploutocratie atlantiste raréfiée qui détient le pouvoir
réel, les fonds, l’influence et le contrôle des médias de masse – n’écoute pas.
Les gouvernements ont
recours à deux récits de propagande classiques lorsqu’il s’agit de maintenir l’opinion publique investie dans une campagne de guerre qui ne sert en rien leurs intérêts nationaux
:
- Premièrement, il y
a le mensonge de l’“engagement”, qui dit qu’une
fois que l’on soutient un effort de guerre, on doit rester engagé de manière exponentielle, même si cet effort de guerre s’avère inutile. Chaque fois que le public se retire de cette guerre
pour reconsidérer son objectif, il est ridiculisé pour avoir potentiellement “risqué des vies” et préparé le terrain pour la
défaite. En d’autres termes, vous devez soutenir l’effort aveuglément. Vous n’êtes pas autorisé à examiner le conflit de manière rationnelle, car qui veut être blâmé pour avoir perdu une
guerre ?
- Deuxièmement, il y a le mensonge de “l’effet domino”, qui dit que si vous permettez à
un “ennemi” particulier de gagner dans
un conflit, il sera automatiquement encouragé à envahir d’autres pays jusqu’à ce qu’il possède la planète entière. Il s’agit de la même affirmation que celle utilisée pour inciter la
population américaine à soutenir la guerre au Viêt Nam, et elle s’avère rarement vraie. En fait, les nations qui s’engagent dans des guerres régionales ont tendance à être tellement
affaiblies par les combats qu’elles n’ont pas les moyens de passer à un autre pays, même si elles le voulaient.
Aux États-Unis, nous avons entendu ces deux récits avant le récent vote du Congrès en faveur d’une aide financière et logistique supplémentaire de plusieurs
milliards à l’Ukraine. Les néoconservateurs et les Démocrates ont travaillé ensemble pour faire passer le projet de loi, tandis qu’un certain nombre de vrais conservateurs se sont battus pour
l’empêcher. Ces conservateurs ont été attaqués sans relâche par les médias pour avoir “aidé les Russes”, mais la réalité dont personne ne veut
parler, c’est que l’Ukraine a déjà perdu la guerre.
Aucun financement supplémentaire ni aucune livraison d’armes ne les aideront, et cela n’a rien à voir avec le fait que les conservateurs remettent en question
le bien-fondé des dépenses de guerre. Toute personne ayant une compréhension de base de la stratégie militaire sait que la clé de la victoire est TOUJOURS la main-d’œuvre d’abord, la
logistique ensuite. Il ne s’agit pas d’une technologie ou d’un armement supérieur, ni d’une trésorerie supérieure, et encore moins d’un soutien populaire de la part d’intérêts
étrangers.
C’est particulièrement vrai dans une guerre d’usure, et l’usure est en fait la méthode utilisée par la Russie pour réduire systématiquement les forces
ukrainiennes. Cependant, les médias occidentaux refusent de parler de ce qui se passe réellement et se contentent de faire du battage médiatique pour l’Ukraine.
En septembre 2022, j’ai noté que le retrait russe dans le Donbass n’était pas la “retraite” que les médias occidentaux ont fait croire.
De nombreuses têtes parlantes de l’establishment ont affirmé que c’était le début de la fin pour Vladimir Poutine et que les forces ukrainiennes allaient s’emparer de la Crimée dans un avenir
proche.
J’ai soutenu que la Russie essayait probablement de consolider sa position alors que l’artillerie et les chars occidentaux déferlaient sur l’Ukraine. J’ai
également suggéré que la Russie voulait éviter les combats urbains dans les grandes villes alors que des dizaines de milliers de mercenaires chevronnés se précipitaient sur le front depuis
les États-Unis et l’Europe. J’ai prédit que le retrait russe préparait des frappes chirurgicales sur les ressources et l’infrastructure du réseau de l’Ukraine occidentale.
Le réseau ukrainien étant fortement endommagé, une grande partie de la population quitterait les villes et se dirigerait vers l’Europe jusqu’à ce que la guerre
se termine. Ce n’est pas pour rien que Poutine a évité les combats majeurs dans les grands centres urbains. En chassant les civils des zones métropolitaines, la Russie pourrait plus
facilement frapper l’Ukraine dans le cadre d’une offensive secondaire sans risquer d’importants dommages collatéraux sous la forme de victimes civiles. C’est exactement ce qui s’est
passé.
Près de 7 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays au cours des deux dernières années, et 6 millions d’autres ont été déplacés (principalement des
grandes villes). Actuellement, la Russie s’efforce d’expulser les civils de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, et elle y parviendra probablement compte tenu de son élan et de la destruction des ressources en eau et en
électricité. Une fois les civils évacués, une attaque plus agressive pourra être lancée.
La Russie utilise une “bulle d’artillerie” pour protéger les forces
terrestres lorsqu’elles avancent. En d’autres termes, les troupes n’attaquent que dans la mesure où l’artillerie peut les protéger. L’artillerie est vitale pour une offensive de grande
envergure. Par coïncidence, la Russie a doublé ses importations de matériaux explosifs couramment utilisés pour l’artillerie au cours des derniers mois. Elle produirait aujourd’hui trois fois plus d’obus d’artillerie que l’OTAN n’en fournit à l’Ukraine.
Les principaux analystes affirment que la poussée vers Kharkiv pourrait être une feinte, permettant à la Russie d’augmenter la taille de sa zone tampon. Ils
continuent d’affirmer que la Russie ne dispose pas des forces nécessaires pour une offensive majeure. Je dirais que cela dépend de la faiblesse réelle des lignes de défense de l’Ukraine. La
Russie utilise régulièrement des mouvements de pince à grande échelle pour envelopper les positions défensives et les détruire.
Rien qu’au cours des deux dernières semaines, la Russie a gagné un terrain considérable. Les troupes russes ont récemment réalisé des avancées confirmées au
nord-ouest de Svatove (Oblast de Louhansk), près d’Avdiivka (Oblast de Donetsk), à Robotyne (Oblast de Zaporizhzhya) et sur la rive est (gauche) de l’Oblast de Kherson, a rapporté le 6 mai le
groupe de réflexion américain Institute for the
Study of War (Institut pour l’étude de la guerre). La raison en est relativement simple : l’Ukraine manque de main-d’œuvre pour mettre en place une défense efficace en profondeur. Tous les rapports provenant du front confirment cette théorie.
En d’autres termes, les lignes défensives de l’Ukraine ne sont qu’une façade, sans positions secondaires ni tranchées pour bloquer les percées russes. Une fois
que les Russes ont coupé la ligne principale, plus rien ne les empêche de gagner de grandes étendues de terrain. Certains analystes ont attribué cette évolution au manque de prévoyance ou de
préparation stratégique des Ukrainiens, mais je dirais qu’ils n’ont tout simplement pas assez de personnel pour défendre plus qu’une seule ligne avancée.
Ma position est étayée par de nombreux rapports sur les luttes désespérées du gouvernement avec la conscription. Au cours des six derniers mois, l’âge moyen des
recrues ukrainiennes était de 43 ans. Cela signifie que le recrutement des jeunes diminue, soit parce que les jeunes ne veulent pas se battre et évitent la conscription en quittant le pays, soit
parce qu’ils sont trop nombreux à être décédés.
Le problème de la conscription a été occulté par les médias occidentaux pendant de nombreux mois, mais même les plateformes d’information institutionnelles
commencent à admettre qu’il y a un grave manque de nouvelles recrues. Les combattants de la ligne de front se plaignent depuis des mois qu’ils ont besoin d’être éloignés des tranchées et de
se reposer.
Un autre mauvais signe est le fait que l’Ukraine a utilisé des soldats des forces spéciales pour le travail dans les tranchées. Ces unités sont entraînées
spécifiquement pour la guerre asymétrique de frappe et de fuite, et non pour rester assises dans des trous de boue en attendant que les frappes d’artillerie pleuvent sur leurs positions fixes
et exposées. Cela semble être de la pure stupidité, mais c’est logique si l’Ukraine est réellement à court de personnel pour tenir sa seule ligne de défense.
La dissimulation des pertes massives est un point que j’ai mentionné dans des articles précédents sur la guerre et je pense qu’il mérite d’être répété : Les faucons
de guerre occidentaux continuent de prétendre qu’il sera “moins coûteux” d’utiliser les soldats ukrainiens pour
combattre la Russie que de mener une guerre plus vaste en mettant en jeu des vies américaines et européennes.
La sociopathie qui sous-tend ce raisonnement est inquiétante. Le manque de main-d’œuvre en Ukraine ne peut être résolu. C’est le produit d’une mort sans fin
payée avec l’argent de nos impôts. L’OTAN a prolongé les combats avec des fonds et des armes, mais pas pour gagner, seulement pour sacrifier davantage de personnes dans un conflit
sanglant que l’Ukraine est destinée à perdre.
Leur argument suppose également que les Américains et les Européens vont se lancer aveuglément dans une guerre contre la Russie en relançant le service militaire.
Je ne sais pas ce qu’il en est des Européens, mais je sais pertinemment que la plupart des Américains n’adhéreront pas à cette idée et qu’ils refuseront l’appel sous les drapeaux. La majorité du
public américain ne veut même pas envoyer d’aide supplémentaire à l’Ukraine ; ils ne vont certainement pas aller mourir pour l’Ukraine. L’arrogance des faucons de guerre est stupéfiante.
La conclusion est la suivante : L’Ukraine est sur le point d’être envahie. Elle n’avait pas les effectifs nécessaires pour lancer une contre-offensive efficace.
Elle n’a pas les moyens d’établir une défense en profondeur. Et elle utilise ses soldats les plus aguerris comme chair à canon dans les tranchées.
Cette dynamique exige que des solutions diplomatiques soient envisagées, mais personne ne semble en parler. Pourquoi ?
Comme je l’ai théorisé dans mon article intitulé “La
troisième guerre mondiale est désormais inévitable – voici pourquoi elle ne peut être évitée“, le plan sous-jacent pourrait bien être d’essayer de forcer les Américains et les
Européens à accepter une guerre de plus en plus étendue avec la Russie. Le public occidental a été bombardé de mensonges sur la capacité de l’Ukraine à gagner ; lorsqu’elle perdra, les gens
seront choqués et révoltés par le résultat.
Peut-être les élites espèrent-elles que la population sera tellement furieuse de cette défaite qu’elle se ralliera à un effort de guerre plus important de la part
de l’OTAN ? Le gouvernement français a déjà affirmé qu’il était prêt à envoyer des
troupes en Ukraine dans le cadre d’une confrontation directe avec la Russie, tandis que la Lituanie et la Pologne ont déclaré qu’elles n’excluaient pas cette
possibilité.
L’heure est aux négociations de paix, AVANT que l’Ukraine ne soit envahie. Cela se produira-t-il ? Probablement pas.
Mais lorsque la diplomatie est complètement écartée de la table, la seule conclusion à laquelle nous pouvons aboutir est qu’une guerre plus importante est
souhaitée. Et lorsqu’une guerre plus importante est souhaitée, nous devons également conclure que nos dirigeants ont quelque chose de substantiel à gagner en mettant le monde en
danger.
Vous pouvez être du côté de l’Ukraine, vous pouvez être du côté de la Russie, vous pouvez ne pas vous soucier de l’un ou l’autre camp, mais il est indéniable que cette guerre est intensifiée par des intérêts particuliers et nous devons nous demander pourquoi.
Brandon
Smith
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Aujourd’hui, même les
ampoules les plus sombres du monde de la politique, du journalisme et des groupes de réflexion américains et européens ont compris que le projet ukrainien est aussi mort qu’un piquet de
clôture. Et pourtant, les journalistes doivent remplir l’espace avec du verbiage afin de passer des publicités, les groupes de réflexion doivent prétendre que leurs groupes de réflexion ont
encore du jus d’esprit magique à vendre et, surtout, les politiciens doivent trouver un moyen de se faire réélire, ou du moins de ne pas se faire jeter au sol et frapper dans les côtes, de
manière répétée et de droite comme de gauche, par leurs électeurs sans cesse frustrés et exaspérés.
Comment peuvent-ils compenser le résultat infiniment triste de l’injection sans fin d’argent et d’armes dans le régime stupidement corrompu de Kiev ? À l’heure
actuelle, l’Ukraine n’a plus d’industrie, une armée en grande partie détruite et un système politique composé d’un seul parti appelé « Serviteur du peuple », éponyme de la sitcom dans laquelle
l’ancien président ukrainien Vladimir Zelensky a joué avant de devenir président. Mais sa carrière d’acteur est terminée depuis longtemps, tout comme sa carrière politique, maintenant que
son mandat présidentiel de cinq ans s’est achevé le 20 mai de cette année. Il n’est plus qu’un squatteur du bureau présidentiel.
L’Ukraine est en faillite. Il lui manque environ la moitié de sa population, qui a désormais décidé d’être russe ou s’est dispersée en Europe.
Son réseau énergétique a peu de chances de survivre à l’hiver prochain. La plupart de ses hommes en âge de servir dans l’armée sont morts. Le pays est un cadavre en décomposition et il est
désormais infesté de vers : Une sous-culture florissante de personnes qui fournissent des informations stratégiquement importantes aux Russes dans le but de s’attirer leurs bonnes
grâces.
Un exemple concret : Hier encore, un tir de roquette russe a démoli un centre souterrain récemment reconstruit à grands frais, dans lequel des pilotes
ukrainiens de F-16 étaient formés à leurs missions par du personnel essentiellement belge et néerlandais. Les détails de leur mission ont été divulgués en même temps que tout le reste : Un
escadron de F-16 décollait d’un aérodrome en Pologne, atterrissait en Ukraine pour se ravitailler, puis volait dans l’espace aérien russe pour lancer des roquettes. Après le tir de la
roquette russe, le site était jonché de plusieurs centaines de cadavres et des centaines de blessés graves étaient évacués vers la Pologne et l’Allemagne. Ce n’est qu’un exemple
particulièrement frappant, mais il y en a beaucoup d’autres : La quasi-totalité de l’armée ukrainienne, y compris au moins une douzaine d’officiers de haut rang de l’armée ukrainienne, sont
désireux de faire bon ménage avec la partie russe en prévision de ce qui se prépare. Très peu d’entre eux sont assez stupides pour vouloir mourir pour Zelensky, le cadavre politique en
chef.
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps,
des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses
années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la
1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
L’armée russe vient de frapper avec des missiles Kinjal, un camp militaire en Ukraine, dans la région de Lvov, où se trouvaient, entre autres groupes, des militaires occidentaux. Cette frappe
doit être vue comme un avertissement au moment où Washington et ses alliés européens rivalisent de déclarations agressives et encouragent ouvertement les Ukrainiens à des tirs sur le territoire
russe. Sera-t-elle comprise ou bien la dynamique nihiliste occidentale est-elle inarrêtable? Sommes nous entraînés vers une guerre avec la Russie faute qu’il y ait encore une raison d’Etat
occidentale?
L’armée russe vient d’expliquer très clairement pourquoi il en est ainsi. Elle vient en effet d’effectuer un tir de missile hypersonique sur le tristement célèbre camp d’entraînement de
Yavoriv, réputé pour accueillir diverses unités néonazies et des mercenaires étrangers, ainsi que du personnel de l’OTAN. Situé dans la région de Lvov, à l’extrême ouest du pays, Yavoriv
n’est qu’à 15 km de la frontière polonaise et a servi de plaque tournante pour le transfert de main-d’œuvre, d’armes et d’équipements aux forces du régime de Kiev.
Selon des sources militaires russes, un grand nombre de membres du personnel de l’OTAN étaient présents sur le site de Yavoriv, ainsi que dans d’autres camps de la région, notamment à Stryi,
Dubliany et Drogobych, tous situés dans l’oblast (région) de Lvov. Le nombre exact de victimes n’a pas encore été révélé, mais des sources indiquent qu’au moins 300 soldats ont été
neutralisés. L’attaque a été menée par les forces aérospatiales russes (VKS), qui ont dépêché leurs chasseurs d’attaque MiG-31K ultrarapides et de haut vol, armés des désormais légendaires
systèmes de missiles hypersoniques 9-A-7660 « Kinzhal ».
Infobrics,
30 mai 2024
L’explication de texte par le gouvernement russe
Pepe Escobar rapporte ce qu’ont
déclaré le président Poutine et le Porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov:
L’avertissement du président Poutine ne pourrait pas être plus clair : « En cas d’utilisation d’armes à longue portée, les forces armées russes devront à nouveau prendre des décisions
sur la poursuite de l’extension de la zone d’exclusion (…) Veulent-ils un conflit mondial ? Il semblait qu’ils voulaient négocier [avec nous], mais nous ne voyons pas un grand désir de le
faire ».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite trouvé la métaphore appropriée pour désigner les débordements militaires accrus de l’OTAN : L’OTAN ne fait pas qu’augmenter le
degré d’escalade, elle tombe dans une « extase » guerrière.
Cela ne peut pas être plus sérieux. « Ils », comme l’a laissé entendre Poutine, semblent en effet vouloir un « conflit mondial ». C’est le cœur de la nouvelle stratégie suicidaire d’« ecstasy
» de l’OTAN.
Canal
Telegram de Pepe Escobar
Pour ceux, en Occident, qui n’auraient toujours pas compris, voici ce qu’écrit Dimitri Medvedev:
Les pays occidentaux qui ont prétendument « approuvé l’utilisation » de leurs armes à longue portée sur le territoire russe (qu’il s’agisse d’anciennes ou de nouvelles parties de notre pays)
doivent bien comprendre ce qui suit :
Tous les équipements militaires et les spécialistes qui luttent
contre nous seront détruits à la fois sur le territoire de l’ancienne Ukraine et dans d’autres pays si des attaques sont lancées à partir de là contre le territoire de la Russie.
La Russie part du principe que tous les systèmes de frappe à
longue portée utilisés par l’ancienne Ukraine sont déjà directement exploités par le personnel militaire de l’OTAN. Il ne s’agit pas d’une « assistance militaire », mais d’une
participation à la guerre contre nous. De telles actions peuvent très bien devenir un casus belli.
L’OTAN devra décider comment classer les conséquences
d’éventuelles frappes de représailles sur les équipements/objets/personnel militaire des différents pays membres dans le contexte des articles 4 et 5 du traité de Washington.
Selon toute vraisemblance, les dirigeants de l’OTAN veulent faire croire qu’il s’agit de décisions souveraines de pays individuels de l’Alliance de l’Atlantique Nord de soutenir le régime de
Kiev, et qu’il n’y a aucune raison d’appliquer la règle du traité de 1949 sur l’autodéfense collective dans ce cas.
Il s’agit là d’idées fausses dangereuses et nuisibles. Une telle « assistance individuelle » des pays de l’OTAN contre la Russie, qu’il s’agisse de contrôler leurs missiles de croisière à
longue portée ou d’envoyer un contingent de troupes en Ukraine, constitue une grave escalade du conflit. L’ancienne Ukraine et ses alliés de l’OTAN recevront une réponse d’une telle force
destructrice que l’Alliance elle-même ne pourra tout simplement pas s’empêcher d’être entraînée dans le conflit.
Les retraités de l’OTAN ont beau clamer haut et fort que la Russie n’utilisera jamais d’armes nucléaires non stratégiques contre elle, en Ukraine, et plus encore dans les différents pays de
l’OTAN, la vie est bien pire que leur raisonnement frivole.
Il y a quelques années, ils ont insisté sur le fait que la Russie n’entrerait pas dans un conflit militaire ouvert avec le régime de Bandera, afin de ne pas se brouiller avec l’Occident. Ils
se sont trompés. Une guerre est en cours.
L’utilisation d’armes nucléaires tactiques peut également être mal calculée. Mais ce serait une erreur fatale. Après tout, comme l’a fait remarquer à juste titre le président de la Russie,
les pays européens ont une très forte densité de population. Et pour les pays ennemis dont les terres sont plus éloignées que la zone de couverture des armes nucléaires tactiques, il existe
enfin un potentiel stratégique.
Et il ne s’agit pas, hélas, d’intimidation ou de bluff nucléaire. Le conflit militaire actuel avec l’Occident se déroule selon le pire
scénario possible. On assiste à une escalade constante de la puissance des armes de l’OTAN applicables. Par conséquent, personne ne peut exclure aujourd’hui le passage du conflit à sa phase
finale.
Canal
Telegram de Dimitri Medvedev (russophone)
Est-il besoin de commenter ce qui est tout à fait explicite ?
Ukraine : La Russie ne veut pas d’escalade mais les États-Unis en veulent
La guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie se
trouve à un nouveau point d’inflexion. Le champ de bataille se déplace radicalement vers le territoire russe, ce qui est sans précédent, même pendant la guerre froide. L’évolution de la
situation constituera un événement capital dans la politique du XXIe siècle.
Trois questions
fondamentales se posent ici. Premièrement, la stratégie de l’OTAN pour l’avenir, étant donné que l’Occident réalise qu’il n’est pas possible que la Russie soit vaincue en Ukraine ;
deuxièmement, la crise constitutionnelle à Kiev, le mandat présidentiel de Vladimir Zelensky ayant pris fin le 21 mai ; et, troisièmement, les intentions de la Russie, qui sont au cœur de
tout cela.
Certes, l’OTAN et l’UE révisent leur stratégie, tandis que la Russie espère conserver « une longueur d’avance » sur l’Occident, comme l’a
déclaré le président Vladimir Poutine.
La Russie n’est pas intéressée par une escalade, car elle se débrouille bien avec une simple guerre d’usure contre l’Ukraine. Jusqu’à présent, la Russie a
contré efficacement la « Mission Creep »
des États-Unis, qui consiste à faire pression sur les limites qu’ils se sont imposées en matière d’aide à l’Ukraine et, finalement, à les franchir.
La grande question aujourd’hui est de savoir comment on peut interpréter l’affirmation de l’administration Biden – déclarée par le Conseil de sécurité nationale
de la Maison Blanche, le département d’État et le Pentagone – disant qu’elle n’est pas favorable à l’utilisation d’armes occidentales par Kiev pour attaquer le territoire russe
d’avant-guerre.
Un schéma bien établi s’est mis en place : lorsque Washington déclare qu’un système d’armement avancé est interdit à l’Ukraine, il s’avère en fait que Kiev n’a
qu’à s’asseoir pendant quelques mois en attendant que Biden franchisse la ligne rouge qu’il s’était lui-même imposé.
La Russie ne considérera donc pas cela comme le dernier mot de Washington. Curieusement, le terrain est préparé pour lever le tabou, les Républicains du Congrès et le secrétaire d’État Blinken pressant la Maison Blanche de donner son feu vert. Le New York Times et le Washington Post rapportent que ce n’est qu’une question
de temps avant que l’administration ne cède à la bénédiction formelle des Américains pour accélérer les frappes sur la Russie. (ici et ici)
Le New York Timeset
le Guardian ont fait état
jeudi d’un changement de position des États-Unis qui permet désormais à l’artillerie ukrainienne fournie par les États-Unis de riposter aux batteries russes à la frontière russe depuis la
région de Kharkov et de cibler les concentrations de forces russes massées à la frontière dans la région russe de Belgorod.
Entre-temps, une nouvelle phase est sur le point de commencer pour conclure la bataille du Donbass, qui, même après deux ans, reste inachevée. Les centres
militaires ukrainiens retranchés dans la région – Pokrovsk, Kramatorsk et Slovyansk – menacent toujours le sud de l’oblast de Donetsk.
De même, Volchansk, à la frontière russe, face à la ville de Belgorod et à Kupyansk, qui est également un important point logistique et un nœud ferroviaire
(près de 20 lignes de chemin de fer se croisent dans la ville, la moitié d’entre elles allant directement en Russie), est une épine dans la chair de la région frontalière de la Russie.
Les Russes ont ouvertement déclaré que les raids répétés de la région de Kharkov sur la ville de Belgorod et ses environs devaient être contrés par la création
d’une « zone de sécurité ». Poutine
lui-même en a parlé dès le mois de mars.
D’après les indications actuelles, les opérations russes sont dirigées vers deux villes ukrainiennes proches de la frontière – Volchansk et Lypsti. La Russie
pourrait étendre le front en faisant une incursion dans l’oblast de Sumy, mais tout effort sérieux pour capturer Sumy ou Kharkov semble peu probable à ce stade.
Dans une analyse incisive, le célèbre observateur de la Russie, Big Serge, a écrit la semaine dernière : « L’objectif principal de ces fronts sera de fixer les réserves
ukrainiennes sur place et de dénuder la capacité de l’Ukraine à réagir sur d’autres fronts. Cette guerre ne sera pas gagnée ou perdue à Kharkov, mais dans le Donbass, qui reste le théâtre
décisif. Il semble que nous soyons
actuellement dans la phase de préparation et de formation d’une offensive d’été russe dans le Donbass, qui (probablement entre autres) comprendra une offensive russe sur la ville de
Konstyantinivka. Il s’agit de la dernière grande zone urbaine qui protège l’avancée vers Kramatorsk-Slovyansk depuis le sud (en rappelant que ces villes jumelles constituent l’objectif final
de la campagne russe dans le Donbass) ».
L’offensive estivale russe attendue
Poutine a vivement réagi aux récentes attaques par procuration contre les actifs stratégiques de la Russie avec des armes occidentales à l’intérieur de son
territoire. Il a prévenu que « cette escalade sans
fin peut avoir de graves conséquences ».
les armes de précision à longue portée ne peuvent être utilisées sans reconnaissance spatiale… la sélection de la cible finale et ce que l’on appelle la
mission de lancement ne peuvent être effectués que par des spécialistes hautement qualifiés qui s’appuient sur ces données de reconnaissance, des données de reconnaissance
technique.
Pour certains systèmes d’attaque, comme Storm Shadow, ces missions de lancement peuvent être mises en place automatiquement, sans qu’il soit nécessaire de
faire appel à des militaires ukrainiens… Le lancement d’autres systèmes, comme ATACMS, par exemple, repose également sur des données de reconnaissance spatiale, les cibles sont
identifiées et communiquées automatiquement aux équipages concernés, qui ne se rendent peut-être même pas compte de ce qu’ils sont en train de mettre en place. Un équipage, peut-être même
un équipage ukrainien, met alors en place la mission de lancement correspondante. Toutefois, la mission est élaborée par des représentants des pays de l’OTAN, et non par l’armée
ukrainienne.
Ces représentants des pays de l’OTAN, en particulier ceux qui sont basés en Europe, notamment dans les petits pays européens, devraient donc garder à
l’esprit que leurs pays sont petits et densément peuplés, ce qui est un facteur à prendre en compte avant qu’ils ne commencent à parler de frappes en profondeur sur le territoire russe.
Il s’agit d’une question sérieuse et, n’en doutez pas, nous la suivons de très près.
Poutine a souligné que
si l’Europe devait faire face à ces graves conséquences, que feraient les États-Unis, compte tenu de la parité de nos armes stratégiques ? C’est difficile à
dire. Cherchent-ils à déclencher un conflit mondial ? Je pense qu’ils voulaient se mettre d’accord sur les armes stratégiques… Nous attendrons de voir ce qui se passera ensuite.
Toutefois, de plus en plus de signes indiquent que l’administration Biden a peut-être simplement mis en veilleuse l’idée d’utiliser des armes occidentales à
longue portée pour détruire les atouts stratégiques de la Russie à l’intérieur de son territoire jusqu’à la fin du sommet de l’OTAN à Washington (du 9 au 11 juillet), afin de garder le
troupeau uni.
De même, Joe Biden pourrait estimer qu’il est plus opportun d’attiser les tensions avec la Russie que de laisser le terrain de la politique étrangère au Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui pourrait débarquer à Washington pour s’adresser aux législateurs. Le conseiller israélien à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, a déclaré mercredi à la chaîne publique israélienne Kan que « nous nous attendons à sept mois de combats
supplémentaires » à Gaza. Les Républicains considèrent déjà le Moyen-Orient comme la plus grande gaffe de Biden en matière de politique étrangère. C’est là que réside le véritable
risque.
Il y a une cohérence remarquable dans les propos russes selon lesquels la profondeur de la zone tampon de sécurité proposée le long des frontières occidentales
dépendra entièrement de considérations de sécurité. Le vice-président du conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a récemment déclaré explicitement que la zone de sécurité pourrait non seulement inclure Kiev, mais aussi s’étendre jusqu’à la frontière polonaise si l’Occident envoie à
Kiev des armes à longue portée. Mardi, Poutine a remis en question la légitimité du maintien de Zelensky au pouvoir à Kiev après la fin de son mandat présidentiel le 21 mai.
La balle est dans le camp de Biden. Mais les signes ne sont pas bons. L’Allemagne, qui est le plus proche allié européen des États-Unis, change apparemment de
tactique et déclare désormais que « l’action défensive de l’Ukraine ne se limite pas à son propre
territoire, mais [peut] également être étendue au territoire de l’agresseur ».
Le porte-parole de la chancelière a déclaré que la position précédente de Berlin, selon laquelle l’Ukraine n’utiliserait pas d’armes allemandes sur le sol
russe, était « une déclaration de
situation » qui était vraie à ce moment-là, mais qui ne s’appliquait pas nécessairement à l’avenir. Il a refusé de révéler les accords précis conclus entre Berlin et Kiev sur
l’utilisation des armes allemandes.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le sort des armes est
défavorable à l’Ukraine. La défaite est inscrite dans les faits. L’inquiétude des Occidentaux transparaît dans leurs commentaires. Selon Richard Haass, président honoraire du Council on Foreign Relations, l’Ukraine devrait tout à la
fois attaquer la Russie sur son sol et négocier un cessez-le-feu avec Moscou ce qui semble quelque peu contradictoire. Loin d’amener les Russes à la table de négociation, ces attaques
génèreront une réaction de leur part d’autant plus violente qu’ils connaissent la provenance des missiles utilisés. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale, souhaite que l’Ukraine
lance une contre-offensive. Cette proposition est irréaliste compte tenu de l’état de l’armée ukrainienne. Cette inquiétude américaine frise la panique en Europe où le premier ministre
slovaque, Robert Fico, a été victime d’un attentat en raison de sa décision de ne plus financer l’Ukraine.
Tout aussi grave, mais sur un autre registre, les médias ne cessent d’alarmer l’opinion sur une invasion de l’Europe – invasion qui ferait suite à la défaite de
l’Ukraine. La Russie n’a ni l’intention ni les moyens d’envahir l’Europe. En décembre 2021, Moscou a envoyé un projet d’architecture européenne de paix à Washington et à Bruxelles. Les
Occidentaux se sont bien gardés d’y donner suite. Quant à l’Ukraine, nous connaissons les objectifs russes : Démilitarisation, dénazification et neutralité.1 Ces rumeurs infondées de guerre et d’invasion créent un climat anxiogène qui laisse présager un futur cataclysmique. Au vu de ces
évènements, la question qui se pose est comment va évoluer le conflit ? La réponse se trouve dans la politique étrangère des Etats-Unis.
Priorité à l’arme atomique
Premiers détenteurs de l’arme atomique depuis août 1945, peu désireux de sacrifier les « boys » dans une guerre avec l’Union
soviétique, et conscients du coût de l’entretien d’une armée comparable à celle de l’Armée rouge, les Etats-Unis ont donné priorité à l’arme atomique dès la fin de la Second Guerre mondiale.
Voilà pourquoi dans une guerre conventionnelle en Ukraine, l’armée américaine serait anéantie ce que les militaires savent mais que les politiques ignorent car « dépourvus de tout sens de la
réalité ».2 Les « boys » ne seront donc pas envoyés en
Ukraine d’autant que le public américain comprendrait mal ce que leurs enfants ou petits-enfants iraient faire dans un pays lointain. Après l’humiliant retrait d’Afghanistan, et celui du
Niger, tout aussi humiliant mais moins médiatisé, une défaite en Ukraine serait un désastre pour l’empire américain – désastre qui doit être évité à tout prix.
L’escalade dominante
Une opinion largement répandue veut que la supériorité nucléaire américaine n’ait jamais fait partie de leur panoplie diplomatique. Cette opinion est contredite
par les faits. Une interview de Richard Nixon parue dans Time Magazine en juillet 1985 le confirme. Le président rappelle que cette arme joua un rôle décisif en Corée, dans la crise de Suez
de 1956 et celle de Berlin en 1959. Il considéra l’utiliser lors de la guerre israélo-arabe en 1973.3 Les Etats-Unis ont souvent menacé des nations du tiers-monde de l’arme atomique afin d’obtenir leur allégeance. Les Américains appellent
cette politique « Escalation Dominance », ou
escalade dominante. Elle repose pour partie sur une escalade de la violence et pour partie sur le bluff à l’image de ce que fit Hitler en Rhénanie ou en Tchécoslovaquie – c’est
la « Stratégie de l’ambiguïté»,4 aussi connue sous l’expression : « théorie de l’Homme fou » (Madman) quand Richard Nixon
l’utilisait au Vietnam.
Les Etats-Unis ont la capacité d’escalader un conflit au plus haut niveau de violence, c’est-à-dire jusqu’à la guerre nucléaire. Cet exercice étant
potentiellement suicidaire, les dirigeants américains ont trouvé la parade dans la miniaturisation de l’arme nucléaire et la stratégie de l’ambiguïté. Les dirigeants américains menacent la
nation récalcitrante d’utiliser des armes nucléaires dites tactiques, suffisantes pour fragiliser la nation sans cependant la rayer de la carte. L’attitude en apparence irrationnelle des
dirigeants américains traumatisent les dirigeants nationaux qui cèdent au chantage.
Pragmatisme américain
Dans la vision géopolitique américaine, les traités de non-prolifération nucléaire, salués par les médias comme une avancée vers une paix pérenne, ne sont que
des accessoires, rejetés dès qu’ils interfèrent avec les objectifs de l’empire. Ainsi, George W. Bush se retira-t-il du traité antibalistique de mai 1972 afin d’installer des missiles
antibalistiques en Roumanie au motif qu’ils décourageraient l’Iran d’attaquer ses voisins, alors que leur objectif est de détruire les missiles balistiques russes en cas de conflit nucléaire.
De la même manière, Donald Trump dénonça le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire de décembre 1987 afin de placer de tels missiles sur le pourtour de la Chine.5 Bien évidemment, ni les Russes, ni les Chinois ne sont dupes de ces tactiques. Au vu de ces évènements, il
est logique de penser que Washington a réfléchi à l’utilisation de l’arme nucléaire en Ukraine.
La guerre des étoiles
Les Etats-Unis disposent d’un glaive et d’un bouclier, c’est-à-dire de missiles intercontinentaux et de satellites. Alors que les premier visent à détruire les
bases nucléaires russes dans une première frappe, les seconds sont destinés à contrer la réaction russe en détruisant leurs missiles au décollage. Présenté comme arme défensive par Ronald
Reagan en mars 1983, ce système satellitaire, populairement connue sous l’expression « guerre des étoiles », est en fait une arme offensive qui
protège les Etats-Unis d’une contre-attaque russe. Elle permet donc d’envisager une première frappe qui mettrait fin au conflit en détruisant la Russie. Une telle victoire aurait un coût
humain. Environ trente millions d’Américains seraient tués car le système satellitaire, aussi efficace soit-il, ne détruirait pas tous les missiles russes lancés en réponse à l’attaque
américaine. Le chiffre de trente millions de morts est jugé acceptable par les experts.6
Ne disposant pas de « bouclier » et connaissant les intentions
américaines, les Russes ne peuvent qu’être tentés de frapper les premiers. Quelle est la ligne rouge à ne pas franchir qui justifierait cette décision, si elle l’était par les
Occidentaux ? A ce point du conflit, le risque d’embrasement est élevé. L’Ouest sous-estime la détermination des Russes d’atteindre leurs objectifs. Des MIG31ig-35 équipés de
missiles hypersoniques Kinzhals porteurs de bombes nucléaires de 5 kilotonnes, faisaient récemment des exercices d’entraînement auprès de la frontière ukrainienne, adressant ainsi un message
à l’Occident.
Aux origines du conflit
La guerre en Ukraine n’a pas commencé en février 2014, comme l’écrivent les médias, mais en octobre 1853 quand une coalition dirigée par la Grande-Bretagne
s’opposa à l’expansionnisme russe. Une rivalité naquit alors entre deux empires que l’émergence d’un troisième atténua le temps de la Première Guerre mondiale. La rivalité était profonde.
Elle fut exacerbée par les écrits d’un géographe, Halford Mackinder, qui en 1904 crût voir dans le développement du chemin fer un renforcement de la puissance russe qui nuirait à l’empire
britannique. L’empire américain qui supplanta l’empire britannique en 1945, reprit à son compte cette vision du monde – vision qui impliquait l’asservissement de l’Union soviétique. La
rivalité entre ces deux empires qu’Alexis de Tocqueville avait annoncé dès 1840, n’a pas lieu d’être. Ce chemin de fer qui inquiétait tant Halford Mackinder, pourrait être un lien entre les
Etats-Unis et la Russie, comme l’explique William Gilpin dans un livre publié en 1890 : « The cosmopolitan Railway ». Un chemin de fer reliant les
Etats-Unis à la Russie serait profitable aux deux nations. Le vice-président des Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, Henry Wallace, adhérait à cette théorie à laquelle Franklin
Roosevelt n’était pas insensible. Le sort voulu que Roosevelt mourut trop tôt et que la convention démocrate préféra Harry Truman à Henry Wallace.
Un conflit apocalyptique
Ce conflit entre Est et Ouest n’a pas cessé depuis 1853, et explique pour partie la guerre en Ukraine. Le sénateur Lindsay Graham qui conseille à Israël de
larguer des bombes nucléaires sur Gaza,7 pourrait terminer ses discours par cette phrase célèbre qui concluait ceux de Caton le censeur il y a deux mille deux cents ans
: « et Carthage sera détruite », sauf qu’il
ne s’agit plus de Carthage mais de Moscou. C’est tout le sens de la guerre en Ukraine – une guerre dont la nature dicte le dénouement. Sa conduite échappe aux protagonistes. Du point de vue
russe, la guerre en Ukraine est une guerre civilisationnelle. Une défaite signifierait le démembrement de la Russie, sa disparition de la planisphère – inacceptable pour l’élite
russe.89 Du point de vue américain, la guerre en Ukraine est une guerre hégémonique dont l’objectif est la domination du monde. Une défaite
américaine signifierait la fin de ce rêve – inacceptable pour les néoconservateurs.101112
Une guerre qu’aucun des deux adversaires ne peut perdre. En l’absence d’autorité morale, politique ou religieuse, ou d’un évènement fortuit susceptible
d’y mettre fin, cette guerre annonce la fin des temps. En 1946, Albert Einstein déclara que l’atome avait tout changé, sauf nos modes de pensée, et qu’en conséquence nous nous dirigions vers
une catastrophe sans précédent.
Jean-Luc
Baslé
Discours du
Président de la Fédération de Russie, 24 février 2022
L’armée
américaine serait anéantie en Ukraine. La Cause du peuple, 10 mai 2024.
To win a
nuclear war (p. 7).
Gilles
Andréani, professeur affilié à Sciences Po, se fait l’avocat de cette méthode dans un récent article intitulé : « Ukraine, troupes au sol, ambigüité stratégique : il faut
mettre fin à la désunion occidentale », telos, 22 mai 2024.
With allies,
the U.S. builds a military arc. New York Times, 16 mai 2024.
To win a
nuclear war (p. 23).
Un sénateur
américain dit qu’Israël devrait larguer des bombes nucléaires sur Gaza. Greenville Post. 14 mai 2024.
Discours de
Vladimir Poutine le Septembre 21, 2022.
Conférence de
presse Sergey Lavrov du 18 mai 2024.
The American
Century, Henry R. Luce, Life magazine, 17 Février 1941.
Defense
Planning Guidance, Paul Wolfowitz, Février 1992.
Project for
a new American Century, Robert Kagan & co. 1997.
Washington s’attaque à un élément clé du parapluie nucléaire russe, menaçant l’ensemble de l’architecture mondiale de sécurité
nucléaire
«L’implication
profonde de Washington dans le conflit armé et son contrôle total sur la planification militaire de Kiev signifient que les affirmations selon lesquelles les États-Unis ne sont pas au
courant des plans ukrainiens visant à frapper le système de défense antimissile de la Russie peuvent être rejetées». (Sénateur russe Dmitry Rogozin)
L’administration
Biden, utilisant ses forces mandataires en Ukraine, a lancé jeudi une attaque sans précédent contre «un élément clé du
parapluie nucléaire de la Russie», empêchant ainsi l’armée russe de détecter les missiles balistiques à tête nucléaire en approche.
«L’imagerie
satellite confirme que plusieurs drones ont gravement endommagé «un site radar stratégique russe d’alerte précoce dans le sud-ouest du pays», rendant Moscou
plus vulnérable aux attaques ennemies.
Les médias occidentaux ont largement occulté la couverture de l’incident, qui aurait dû faire la une des journaux dans tout le pays.
Selon la doctrine nucléaire russe, toute attaque contre le système essentiel de première alerte nucléaire de la Russie justifie des représailles
nucléaires.
Compte tenu de la gravité de la situation, nous devons
supposer que la frustration de Washington face aux performances de l’Ukraine sur le champ de bataille a précipité un changement radical de politique qui inclut des provocations à haut
risque visant à déclencher une réaction excessive conduisant à une intervention directe de l’OTAN.
Il est clair que l’administration Biden a décidé qu’elle ne pouvait pas s’imposer en Ukraine sans l’implication de l’OTAN. À cette fin, les États-Unis –
par l’intermédiaire de leurs mandataires en Ukraine – continueront à lancer des attaques de plus en plus meurtrières sur le territoire russe, obligeant Moscou à répondre en retour.
Cet article est tiré d’un article de The
Warzone :
«L’imagerie
satellite confirme qu’un radar stratégique russe d’alerte précoce situé dans le sud-ouest du pays a été considérablement endommagé lors d’une attaque de drone ukrainien en début de
semaine. Il semble qu’il s’agisse d’une première attaque sur un site lié à la défense stratégique générale de la Russie. En tant que telle, elle met en évidence une nouvelle dimension
inquiétante du conflit, notamment en ce qui concerne l’utilisation potentielle d’armes nucléaires. (…)
L’imagerie
satellitaire montre que les deux structures abritant les Voronezh-DM à Armavir ont été gravement endommagées. Il est également évident que les bâtiments abritant les radars ont été
frappés à plusieurs reprises. …(Les) réseaux de radars sont généralement des systèmes très sensibles et fragiles, et même des dommages relativement limités peuvent entraîner un «échec
de la mission», les rendant inopérants pendant une longue période de temps. (…)
Depuis qu’elles
ont reçu en secret une nouvelle tranche d’ATACMS (système de missiles tactiques de l’armée) au début de l’année, les forces armées ukrainiennes utilisent ces armes à bon escient
contre les bases aériennes russes, les nœuds de défense aérienne et d’autres cibles. Le dernier lot d’ATACMS est également une version à plus longue portée que celles livrées
précédemment aux forces armées ukrainiennes, ce qui leur a permis de viser davantage de cibles à risque. (…)
Les deux DM de
Voronej sont un élément clé du réseau stratégique d’alerte précoce de la Russie et leur perte, même temporaire, ne pourrait que nuire à la capacité du pays à détecter les menaces
nucléaires imminentes. On s’inquiète également de l’impact que cela pourrait avoir sur la capacité du réseau d’alerte stratégique global de la Russie à évaluer les menaces
potentielles et à éliminer les faux positifs en raison d’une éventuelle perte de couverture dans certaines zones».1
Nous devons supposer que le plan de frappe de l’installation a été concocté et autorisé au plus haut niveau du gouvernement, peut-être par le président
Biden lui-même.
Il est certain qu’aucun officier subalterne ne risquerait sa carrière et une éventuelle cour martiale pour une entreprise aussi audacieuse et
potentiellement catastrophique. Par ailleurs, le fait que les médias aient en grande partie balayé cette histoire à grand spectacle sous le tapis suggère que les journalistes
d’entreprise sont, une fois de plus, de connivence avec les représentants du gouvernement pour empêcher que les transgressions de Washington ne soient révélées au public. Outre la
diffamation de tous les opposants à la politique étrangère des États-Unis, le premier devoir des médias est de dissimuler les crimes de l’État (qui sont trop nombreux pour être
comptés.) Voici plus d’informations de The
Warzone :
«Le réseau
d’alerte précoce de la Russie fait partie du dispositif plus large de dissuasion nucléaire du pays.
«Les conditions
spécifiant la possibilité d’utilisation d’armes nucléaires par la Fédération de Russie comprennent toute «attaque par [un] adversaire contre des sites gouvernementaux ou militaires
critiques de la Fédération de Russie, dont la perturbation compromettrait les actions de réponse des forces nucléaires», selon les principes fondamentaux de la politique d’État de la
Fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire, publiés par le Kremlin il y a deux ans.
Tout cela fait
suite au lancement, mardi, d’exercices nucléaires tactiques par les forces russes dans le district militaire sud du pays, qui borde l’Ukraine».[2]
L’attaque d’une installation critique de défense nucléaire russe, qui pourrait servir de prétexte à un échange nucléaire, montre que nous sommes entrés
dans une nouvelle phase, plus dangereuse, de la guerre de Washington contre la Russie. Il est clair que le débat public concernant l’utilisation de missiles à longue portée pour
frapper profondément le territoire russe est en grande partie un canular destiné à convaincre le peuple américain que la question sera tranchée par ses représentants élus à l’issue
d’un débat exhaustif. Mais il n’en est rien. Comme on peut le constater, le train a déjà quitté la gare. La décision de provoquer une guerre avec la Russie a déjà été prise, et cette
politique est mise en œuvre en ce moment même.
Il convient également de noter (comme l’a dit un analyste) :
«Ce n’est pas
comme si l’Ukraine avait acheté des missiles américains à longue portée et que les États-Unis en avaient restreint l’utilisation. La CIA demande à Zelensky d’exiger des missiles
américains fournis gratuitement, expédiés en Ukraine par les États-Unis, préparés et tirés par des sous-traitants américains à l’aide de renseignements fournis par la CIA, afin de
frapper des cibles en Russie qui ne sont guère impliquées dans la guerre».
En bref, malgré l’illusion des «mandataires» ukrainiens, ces attaques contre la Russie sont concoctées, permises et mises en œuvre à 100% par les
Américains. La culpabilité incombe uniquement à Washington et les Russes le savent. Ceci est tiré de RT :
«Les États-Unis
sont directement responsables d’une attaque ukrainienne contre un élément clé du parapluie nucléaire russe, a déclaré le sénateur Dmitry Rogozin, avertissant que de telles attaques
pourraient conduire à l’effondrement de l’ensemble de l’architecture mondiale de sécurité nucléaire… Rogozin a suggéré qu’il était extrêmement improbable que l’attaque, qui, selon les
médias ukrainiens, a impliqué plusieurs drones, ait été menée à la seule initiative de Kiev et sans l’implication des États-Unis. (…)
«Les États-Unis
ont commis un crime en engageant un bandit irresponsable» pour attaquer le système d’alerte précoce de la Russie, a déclaré le fonctionnaire, faisant apparemment référence à Vladimir
Zelensky. M. Rogozin a affirmé que «l’implication profonde de Washington dans le conflit armé et le contrôle total de la planification militaire de Kiev signifient que l’affirmation
selon laquelle les États-Unis ne sont pas au courant des plans ukrainiens visant à attaquer le système de défense antimissile de la Russie peut être écartée».
Si ces actions
ennemies ne sont pas arrêtées, un effondrement irréversible de la sécurité stratégique des puissances nucléaires commencera».2
Le président russe Vladimir Poutine a un jour décrit les États-Unis comme «un fou armé d’un
couteau». Le dernier incident en date vient confirmer cette affirmation.
Par ses manœuvres en vue de s’entraîner à des frappes nucléaires tactiques et en gelant des actifs de banques européennes, la Russie rappelle aux dirigeants occidentaux que la politique
internationale n’est pas un jeu; la guerre n’est pas un “trip” hallucinatoire de plus. Il s’agit de la vie et de la mort de millions d’individus; il s’agit de l’éventuelle ruine des nations.
Ce sont des informations qui n’ont pas fait la une de nos médias. Et pourtant, elles apportent la preuve que
les sanctions économiques contre la Russie et les menaces d’interventions de troupes au sol en Ukraine on un effet boomerang sur ceux qui les ont lancées.
Manoeuvres nucléaires tactiques
La Russie a confirmé
mardi que ses forces avaient lancé des exercices d’armes nucléaires tactiques dans son district militaire méridional, proche de la frontière ukrainienne, dans ce que le Kremlin a décrit
comme une réponse aux « menaces » de l’Occident.
Le ministère de la défense a annoncé que ces exercices visaient à tester l’« état de préparation » de ses « armes nucléaires non stratégiques (…) pour assurer
l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’État russe ».
La Russie gèle les actifs de banques allemandes
Un tribunal de Saint-Pétersbourg s’est prononcé en faveur de la saisie de 239 millions d’euros (260 millions de dollars) auprès de la Deutsche Bank, selon des documents datés du
16 mai.
La Deutsche Bank à Francfort a déclaré qu’elle avait déjà provisionné environ 260 millions d’euros (283 millions de dollars) pour cette affaire.
Le tribunal a également saisi les actifs de Commerzbank, une autre institution financière allemande, d’une valeur de 93,7 millions d’euros (101,85 millions de
dollars), ainsi que des titres et l’immeuble de la banque situé dans le centre de Moscou.
Les banques font partie des prêteurs garants dans le cadre d’un contrat de construction d’une usine de traitement de gaz en Russie avec la société allemande Linde.
Le projet a été interrompu en raison des sanctions occidentales.
Dans un procès parallèle, le tribunal russe a également ordonné vendredi la saisie des actifs, des comptes et des biens d’UniCredit, ainsi que des actions de deux
filiales. La décision porte sur 462,7 millions d’euros (503 millions de dollars) d’actifs.
Guerre économique et guerre totale
On se rappelle les déclarations flamboyantes de Bruno Le Maire qui avait annoncé, en février 2022, que l’UE allait mener une guerre économique totale et faire
s’effondrer l’économie russe.
On se rappelle les innombrables déclarations agressives de Madame Baerbock, ministre des Affaires de RFA face à la Russie. Et les déclarations d’Emmanuel Macron sur
“l'”envoi des mecs” en Ukraine.
Dans une guerre, les mots sont déjà des actes et ils engendrent des représailles. Libre à vous de menacer une des grandes puissances du monde. mais après ne vous
étonnez pas qu’il y ait ce que Chalmers Johnson appelait déjà dans les années 2000 un “blowback”, un choc en retour.
Jacques Baud - Ukraine : Le dur chemin vers la défaite.
Le 11 mai, j’avais analysé l’avancée russe vers Kharkov et conclu qu’elle visait à créer une «zone sanitaire» le long de la frontière, et non à prendre Kharkov :
«L’offensive de
Kharkov semble donc destinée à créer une zone tampon, d’une profondeur d’environ 10 kilomètres, sur le territoire ukrainien le long de la frontière nord avec la Russie. Le fait
qu’elle détourne les forces ukrainiennes d’autres zones et les positionne sur un terrain essentiellement dégagé en vue de leur destruction éventuelle n’est qu’un effet secondaire
bienvenu».
Lors d’une récente conférence de presse, le président russe Poutine l’a confirmé :
«En ce qui
concerne les développements dans le secteur de Kharkov, ils sont également à blâmer, car ils ont bombardé et, malheureusement, continuent de bombarder des zones résidentielles dans
les territoires frontaliers [de la Russie], notamment Belgorod. Des civils y meurent, c’est clair pour tout le monde. Ils tirent des missiles sur le centre-ville, sur des zones
résidentielles. J’ai dit publiquement que si cela continuait, nous serions obligés de créer une zone de sécurité, une zone sanitaire. Et c’est ce que nous faisons
aujourd’hui.
En ce qui
concerne [la prise de] Kharkov, rien n’est prévu pour l’instant».
L’incursion russe à Kharkov est une conséquence directe des attaques ukrainiennes contre les civils russes.
De même, la destruction récente par la Russie de centrales électriques en Ukraine est une conséquence directe des attaques ukrainiennes contre les
installations de raffinage russes. Comme l’indique le rapport quotidien russe sur son opération en Ukraine noté
le 8 mai :
«En réponse à la
tentative du régime de Kiev d’endommager les installations électriques russes, les forces armées russes ont lancé une attaque groupée de longue portée et de haute précision avec des
missiles basés en mer et dans les airs, le système de missiles hypersoniques aérobalistiques Kinjal, des drones sur les installations électriques, ainsi que sur les entreprises du
complexe militaro-industriel ukrainien.
L’objectif de la
frappe a été atteint. Toutes les cibles assignées ont été touchées».
«Depuis mars, cinq
vagues d’attaques de missiles ont entraîné la «destruction complète» des centrales électriques du fournisseur d’énergie privé DTEK, qui produit 20% de l’électricité du pays, a déclaré
le PDG Maksym Timchenko lors d’une conférence de presse Zoom mardi.
La dernière
attaque, le 8 mai, a été particulièrement dévastatrice, a-t-il ajouté, car tous les missiles ont atteint leurs cibles, sans être gênés par la défense aérienne, mettant hors service
trois autres centrales électriques. (…)
La campagne de
missiles des dernières semaines a causé des dommages d’une valeur d’un milliard de dollars à l’infrastructure énergétique, a déclaré le ministre de l’Énergie, German Galushchenko, au
début du mois à la télévision ukrainienne».
Malgré ces conséquences négatives, les attaques ukrainiennes contre les infrastructures en Russie se
poursuivent. En conséquence, elle aura bientôt encore moins d’énergie électrique à distribuer.
Les dirigeants ukrainiens n’ont pas compris que de telles actions ont des conséquences extrêmement néfastes.
Ils demandent maintenant aux États-Unis de lever les restrictions sur les armes livrées par les États-Unis afin de pouvoir les utiliser contre les
villes russes.
Lors de sa récente visite à Kiev, le secrétaire d’État Anthony Blinken a semblé l’accepter :
«Lors d’une visite
à Kiev mercredi 15 mai, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a laissé entendre que les forces ukrainiennes pourraient frapper le territoire russe avec des armes fournies par
les États-Unis, pour la première fois depuis l’invasion russe en 2022. «Nous n’avons pas encouragé ou permis des frappes en dehors de l’Ukraine, mais en fin de compte, l’Ukraine doit
prendre des décisions pour elle-même sur la façon dont elle va mener cette guerre», a déclaré Blinken, ouvrant la possibilité que du matériel militaire occidental soit utilisé contre
des unités russes situées au-delà des frontières de l’Ukraine».
L’Ukraine utilisera inévitablement ces armes à plus longue portée pour cibler les civils russes. La Russie ripostera inévitablement par des moyens
beaucoup plus puissants.
L’Ukraine peut espérer gagner quelques points de relations publiques en commettant de tels actes, mais c’est un moyen sûr de ruiner totalement le
pays.
Aujourd’hui, le Washington
Post et le New York
Times ont publié de longs articles sur le succès de la campagne russe vers Kharkov. Ils concluent tous deux que l’Ukraine, bien que sachant que l’attaque était imminente, ne
s’y était pas préparée.
«La nouvelle
offensive russe à la frontière nord-est de l’Ukraine était attendue depuis des mois, mais elle a tout de même surpris les soldats ukrainiens stationnés sur place pour la
défendre».
Un détail intéressant :
«Les dispositifs
Starlink [de l’unité de drones] – l’internet par satellite sur lequel l’armée ukrainienne compte pour ses communications de base – sont tombés en panne, pour la première fois depuis
l’invasion russe en février 2022.
«À un certain
moment, nous nous sommes retrouvés complètement aveugles», a déclaré un commandant de l’unité de drones de la brigade. Le Post a accepté de l’identifier par son indicatif, Artist,
conformément au protocole militaire ukrainien».
Le blocage de Starlink sur le front en cas de besoin est une nouvelle capacité russe que nous verrons plus souvent.
«Les hauts
responsables ukrainiens ont semblé prendre le danger au sérieux, le président Volodymyr Zelenksy effectuant une visite très chorégraphiée des fortifications autour de Kharkov le 9
avril.
«Nous devons être
prêts», a déclaré Zelenksy. «Les Russes doivent voir que nous sommes prêts à nous défendre. Et notre peuple doit comprendre que l’Ukraine est prête au cas où l’ennemi essaierait
d’attaquer».
Ces préparatifs
n’ont guère permis d’atténuer l’attaque russe».
Les fortifications, à l’exception de quelques pièces maîtresses utilisées pour le coup de relations publiques de Zelensky, n’ont jamais été construites,
même si de l’argent a été versé à cet effet :
Mme Sykhina a déclaré avoir vu des blocs de béton et des machines être déplacés le long d’une route devant sa maison, dans ce qu’elle croyait être des
préparatifs de fortification.
«Mais en fait,
d’après ce que je sais, rien n’a été construit», a déclaré Mme Sykhina.
Un autre article intéressant porte sur la dictature de plus en plus autoritaire qui sévit en Ukraine et qui est dirigée depuis le bureau d’un seul homme
:
«Andriy Yermak,
ancien avocat et producteur de films qui dirige le bureau présidentiel de Volodymyr Zelensky pendant la guerre, est sans doute le chef de cabinet le plus puissant de l’histoire de
l’Ukraine.
Lors d’entretiens
avec plus d’une douzaine de responsables et de députés ukrainiens, actuels et anciens, de diplomates étrangers et d’autres personnes qui connaissent Yermak ou travaillent avec lui,
même ses partisans ont reconnu qu’il exerçait une autorité exceptionnellement large, sur la gouvernance et la communication externe. Certains ont dit qu’il contrôle même quels autres
fonctionnaires sont autorisés à voyager à l’étranger et quand – un détail sur lequel son bureau a refusé de faire des commentaires.
Récemment, selon
les critiques, alors que le cercle des conseillers de Zelensky s’est resserré, Yermak a mis sur la touche le ministère des Affaires étrangères, s’est immiscé dans les décisions
militaires et a négocié des accords clés avec des partenaires, notamment avec les États-Unis – une tâche qui, selon eux, devrait être confiée au président. (…)
Yermak a des
lignes directes avec les personnes les plus puissantes à Washington, notamment le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan. «Nous prenons des nouvelles très régulièrement», a
déclaré Sullivan au sujet de Yermak lors d’une visite à Kiev en mars. Le bureau de Sullivan n’a pas répondu aux nombreuses demandes de commentaires».
Yermak est un avocat spécialisé dans le divertissement et un producteur de films qui n’a aucune qualification pour le poste qu’il occupe
actuellement.
À en juger par les rapports quotidiens publiés par le ministère russe de la Défense, les pertes actuelles du côté ukrainien sont plutôt horribles. Le
rapport d’aujourd’hui énumère 30
systèmes d’artillerie ukrainiens détruits, 15 véhicules chenillés et 1525 victimes ukrainiennes. Ces chiffres sont régulièrement bien plus élevés que ceux des mois précédents.
Dans une interview accordée à l’AFP,
Zelensky déplore que
certains Occidentaux recherchent la paix :
«L’ancien comédien
de 46 ans portait l’une de ses tenues kaki caractéristiques pour l’interview à Kiev – sa première avec des médias étrangers depuis le début de l’offensive russe dans la région de
Kharkov.
«Nous voulons que
la guerre se termine par une paix équitable pour nous», tandis que «l’Occident veut que la guerre se termine. Un point c’est tout. Le plus tôt possible. Et pour eux, il s’agit d’une
paix équitable», a-t-il déclaré».
Tant que l’argent de l’Occident coule à flots et que personne ne le conteste, l’équipe Zelensky/Yermak ne fera aucun effort pour mettre fin à la
guerre.
La plupart des experts militaires mettent en garde contre un effondrement imminent de l’armée ukrainienne. Les Occidentaux espèrent que l’arrivée, le
mois prochain, d’armes états-uniennes la rassérénera. C’est peu probable, car leur problème n’est pas un manque d’armes, mais le taux extrêmement élevé de pertes et l’absence de
perspective.
Dans ces conditions, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a ouvert sur son site officiel une pétition pour demander à l’OTAN d’envoyer des
soldats sur le champ de bataille.
Il a célébré, le 8 mai, la victoire des Alliés sur le nazisme. Il s’agissait de marquer sa proximité avec l’OTAN (qui la fête également le 8 mai) et sa
différence avec la Russie (qui la fête le 9 mai). Le président Volodymyr Zelensky a fait très attention à ne pas évoquer la position des dirigeants de son pays durant la Seconde
Guerre mondiale, ni l’idéologie raciale des nazis. Il s’est contenté d’accuser la Russie de faire preuve de la même cruauté que les nazis en s’appuyant sur des exemples
invérifiables.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les disciples de Dmitro Dontsov, commandés par Stepan Bandera, proclamèrent l’indépendance de l’Ukraine avec les
nazis. La cérémonie mêlait les portraits du führer Adolf
Hitler et du providnyk Stepan
Bandera, aux cris de Slava
Oukraïni («Gloire à l’Ukraine»). Cette proclamation s’accompagna de pogroms anti-juifs. Par la suite, les nazis entrèrent en conflit entre eux. Stepan Bandera fut arrêté. Il
prétendit avoir passé le reste de la guerre en prison. Il semble, qu’au contraire, protégé par Alfred Rosenberg, il ait travaillé à l’Inspection générale des camps de concentration
près de Berlin. En définitive, il termina la guerre en commandant des unités nazies contre les Bolchéviques. Dmitro Dontsov, quant à lui, fut nommé administrateur de l’Institut
Reinhard Heydrich, à Prague. Il y était chargé de coordonner la «solution finale des questions juives et tsiganes». À l’issue de la Guerre, Dontsov et Bandera ne furent pas jugés,
mais récupérés par les Anglo-Saxons pour lutter contre les Soviétiques. Contrairement à ce que prétendit la propagande nationaliste intégrale après la Guerre, jamais les troupes de
Bandera n’ont combattu les nazis. Au contraire, elles ont massacré 1,5 million d’Ukrainiens (sur les 17 millions de l’époque). Les chefs d’état-major de l’armée ukrainienne actuelle
revendiquent tous l’héritage de Dontsov et Bandera.
Par ailleurs, l’Ukraine met la dernière main à la préparation de la Conférence de paix qu’elle organise, les 15 et 16 juin, en Suisse. Il s’agira de
définir avec tous les Alliés occidentaux ce que devrait être un monde en paix. Le chancelier allemand, le Premier ministre du Danemark, le Premier ministre des Pays-Bas et le
secrétaire général du Conseil de l’Europe ont déjà confirmé leur participation. Par rapport à ce qui était attendu, les chefs d’État et de gouvernement semblent indécis à venir
participer, d’autant que le président Zelensky ne sera plus légitime à l’expiration de son mandat, le 21 mai, et qu’il n’a pas convoqué d’élection, mais interdit les onze partis
d’opposition.
Selon la Chine, qui a décliné l’invitation, cette conférence refuse de prendre en compte les exigences de sécurité de certains États.
Selon la Russie, qui n’y a pas été invitée, cette conférence refuse de prendre en compte de nombreux éléments du Droit international.
Le mandat du président Zelensky se termine le 21 mai. Aucune élection n’a été convoquée pour désigner son successeur.
Le service de Renseignement extérieur de la Fédération de Russie (SVR) a communiqué à propos de son évaluation de la situation en Ukraine. Selon lui, la
popularité du président Volodymyr Zelensky est en chute libre. La population lui reproche la guerre qui s’éternise aussi bien que son report de l’élection présidentielle. Les
responsables politiques ukrainiens mèneraient des consultations pour déterminer qui sera le prochain président et comment le légitimer.
Après les récentes
menaces des pays “occidentaux” d’intervenir avec
leurs propres troupes dans la guerre en Ukraine, la Russie a réagi en révélant une menace mortelle :
La Russie a également annoncé un exercice spontané de déploiement d’armes nucléaires tactiques :
La
Russie a menacé de frapper les installations militaires britanniques et a déclaré qu’elle organiserait des exercices simulant l’utilisation d’armes nucléaires sur le champ de bataille en
réponse à l’utilisation d’armes britanniques par l’Ukraine pour frapper son territoire.
…
C’est
la première fois que la Russie annonce publiquement des exercices impliquant des armes nucléaires tactiques, bien que ses forces nucléaires stratégiques organisent régulièrement des
exercices.
Les exercices seront organisés par le groupe sud des forces russes, qui participe également à l’opération militaire spéciale en Ukraine.
Cela devrait pour l’instant faire taire les grandes voix qui rêvent de vaincre la Russie en Ukraine.
Il semble maintenant que le traitement ait atteint son objectif.
Le journal italien Corriere Della Serra rapporte (en italien, traduction automatique éditée) :
“Pas de bottes sur le terrain“.
Selon le Corriere, il s’agit de l’une des phrases clés contenues dans le projet original du document et qui sera approuvée au sommet de l’OTAN qui se tiendra à Washington du 9 au 11
juillet. La référence est faite à l’Ukraine : l’Alliance de l’Atlantique Nord n’enverra pas de soldats au combat (“no boots on the ground“). La
stratégie, dictée par les Etats-Unis, ne change pas. Mais dans le même temps, les dirigeants occidentaux se préparent à un changement de rythme.
La décision officielle de l’OTAN de ne pas envoyer de soldats en Ukraine est une garantie pour la Russie. C’est aussi une tentative de bloquer certains
présidents, en l’occurrence le Français Emmanuel Macron, pour qu’ils ne contredisent pas cette stratégie. C’est du moins ainsi que l’interprètent le média ukrainien Strana et le correspondant en Russie Gilbert Doctorow. Strana (traduction automatique) :
Selon le journal italien Corriere della Sera, l’OTAN prévoit d’adopter une déclaration lors du sommet de juillet, qui fixera le refus d’envoyer des forces
en Ukraine. “Pas de bottes
sur le terrain” – selon le journal, il faut lire ce point.
Il convient de noter que l’Alliance a déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne combattrait pas en Ukraine. Si ce point est officiellement fixé, cette
approche problématisera grandement les efforts de pays tels que la France, qui n’excluent pas l’introduction de troupes.
Il convient de noter que les informations relatives à la préparation d’une déclaration officielle de l’OTAN sur la non-participation de ses troupes à la
guerre en Ukraine sont apparues littéralement immédiatement après l’ultimatum de la Fédération de Russie, qui faisait allusion à l’utilisation d’armes nucléaires en cas d’entrée des
troupes de l’OTAN.
En théorie, une telle déclaration n’empêcherait pas les pays de l’OTAN de déployer des troupes de manière unilatérale. Toutefois, dans ce cas, la question
se pose de savoir si l’ensemble de l’Alliance viendra en aide à ce pays si la Fédération de Russie commence à frapper son territoire.
Dans une interview accordée à Sputnik International, Gilbert Doctorow soutient cette interprétation :
La raison d’être de la nouvelle stratégie de l’OTAN “pas de bottes sur le terrain” en
Ukraine est de faire taire les “grandes gueules” belliqueuses en
Occident, a déclaré à Sputnik l’analyste des
relations internationales Gilbert Doctorow.
La décision de l’alliance a été conçue pour “faire taire Monsieur Macron, faire taire
le premier ministre lituanien et d’autres grandes gueules qui ont appelé à l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine pour sauver le régime de Kiev d’une défaite militaire imminente“,
a déclaré Doctorow.
Selon le journal italien Corriere della Sera, l’expression “pas de bottes sur le terrain” en
Ukraine est une phrase clé contenue dans un projet de document qui devrait être approuvé par le sommet de l’OTAN à Washington, en juillet.
Je suis prudemment d’accord avec cette interprétation. Mais je n’ai encore trouvé aucune mention de cette décision dans d’autres médias “occidentaux“. Cette décision est donc encore trop officieuse
pour être considérée comme un fait avéré.
En outre, selon le Corriere Della Serra, l’OTAN prendra en charge la collecte
et la livraison d’armes pour l’Ukraine. Cette tâche incombait jusqu’à présent aux États-Unis, dans le cadre des réunions régulières d’un groupe de contact composé de mandataires et d’alliés
américains à Ramstein.
L’administration Biden abandonne ainsi aux mains des Européens son projet raté sur l’Ukraine, qui était censé “affaiblir la Russie” mais qui a abouti à l’inverse. (C’est quelque chose que j’avais prédit au cours du premier mois de guerre).
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le ministère russe de la Défense a commencé les préparatifs d’exercices au cours desquels l’utilisation d’armes nucléaires tactiques sera
pratiquée.
L’ensemble de la triade nucléaire participe aux manœuvres : Formations de missiles de la Région militaire Sud, aviation et marine.
Le dernier signal
en date est que l’entrée des troupes de l’OTAN déclenchera l’utilisation d’armes nucléaires.
L’annonce des exercices à l’Ouest a été perçue à juste titre comme un avertissement sur l’inadmissibilité de l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine. La
réaction de la Fédération de Russie face aux appels constants à l’escalade du conflit dans lequel l’alliance est liée depuis longtemps est logique.
Ceci est un
avertissement. Le dernier.
L’escalade de la guerre contre la Russie fait disparaître toutes les perspectives d’un avenir pacifique pour l’Occident collectif. Heureusement, ils ne
se sont pas encore évaporés dans les éclairs d’explosions au-dessus de Paris ou de Tallinn. Que veut le président Macron en initiant l’entrée de l’armée française en Ukraine, et à
quoi pensait l’Estonienne Kallas lorsqu’elle a déclaré imprudemment à Washington : «L’Occident ne
devrait pas avoir peur d’une guerre nucléaire avec la Russie» ?
Des demandes visant à doter la population de Kiev d’ogives nucléaires tactiques ont été formulées il y a deux ans. À ce stade conventionnel, Zelensky
jouissait encore d’un niveau de confiance extrêmement élevé, il avait même promis de boire du café sur la digue de Yalta après l’Anschluss des forces armées ukrainiennes, et on lui
avait dit que les chars et les hauts marais suffisaient. Cela s’est avéré insuffisant.
Toute la semaine dernière, aux États-Unis, en France et en Grande-Bretagne, les populistes étaient hystériques quant au fait que le déploiement de
troupes de l’OTAN en Ukraine n’était pas exclu. Ils ont ri après l’ultimatum (non entendu) du président Vladimir Poutine en décembre 2021, selon lequel l’alliance ne s’étendrait pas
et que la réponse défensive de la Russie serait inévitable.
Aujourd’hui, la
probabilité d’une invasion de l’Ukraine par l’OTAN amène la situation au stade des armes nucléaires tactiques.
Même s’il faut comprendre que pour l’instant nous ne parlons que de cas tactiques. La puissance variable des charges – allant de 2 à 50 kilotonnes de
TNT – permet de s’adapter pour détruire différents types de cibles avec un minimum de dommages collatéraux.
Les exercices impliqueront des navires de la flotte de la mer Noire équipés de calibres, des avions MiG-31K et des Tu-22M3 stratosphériques, capables de
transporter des missiles hypersoniques Kh-32 et le dernier Kh-69. Des munitions spéciales sont également installées sur les missiles de croisière hypersoniques Kh-47M2 Kinjal, contre
lesquels les systèmes de défense antimissile de l’OTAN sont inefficaces. Il s’agit également d’artillerie à canon, où nos munitions nucléaires ZVB3 de 152 mm pourraient également être
utilisées pour le tir des obusiers automoteurs soviétiques «Akatsia» et «Msta-S», D-20 et «Gyacinth-B». Il existe un projectile 3BV2 de 203 mm destiné aux obusiers à longue portée
«Pion» et «Malka».
Les vecteurs de destruction coïncident généralement avec l’image de tous les «renflements» des arsenaux de munitions, des entrepôts et des lieux de
déploiement des forces armées et des mercenaires – jusqu’à Ivano-Frankivsk et Lvov, à une courte distance du principal centre de l’OTAN en Pologne. Rzeszow. Le commandement américain
en Europe n’a pas calculé les conséquences de l’introduction de troupes de l’alliance pour renforcer les forces armées ukrainiennes, même les rats arrière, les cantines et les
instructeurs politiques.
Un obus de char doté d’une charge tactique de faible puissance surpasse une bombe aérienne FAB-3000, brûlant environ quatre hectares d’une zone
fortifiée. L’idéalisme suicidaire de Washington entraîne les jardins fleuris de la démocratie directement dans l’enfer de la guerre nucléaire.
En attendant, toutes les tactiques de la Région militaire Nord sont un conflit local doux, unique aux bombardements en tapis de villes et aux guerres
de «Tuez-les toutes» de l’OTAN. La rive gauche de l’Ukraine est le premier endroit après la Seconde Guerre mondiale où les pertes civiles sont plusieurs fois inférieures à
celles des militaires. L’OTAN veut changer cela.
La réaction de l’Occident à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques dans le District Sud montre que notre signal a été entendu. L’introduction de
troupes étrangères sera le déclencheur d’un nouveau type de guerre : Pour protéger la sécurité, la Russie est prête à répondre conformément à sa doctrine de défense.
Trois petites charges d’armes nucléaires tactiques déchireront en lambeaux la ligne Donbass des fortifications Syrsky en direction de Kramatorsk,
ouvrant ainsi une voie d’attaque directe sur Kiev.
Quiconque vient à nous avec une
épée mourra par l’épée, nous avons prévenu depuis longtemps.
Chaque semaine, nous vous proposons un rapport de situation (militaire, politique, économique et sociale) en vidéo et en français de la semaine écoulée
concernant la Russie, l’Ukraine, et le reste du monde.
Cette semaine, le rapport de situation couvre principalement l’évolution de la situation militaire dans la zone de l’opération militaire spéciale,
l’inscription de Zelensky et Porochenko sur la liste des personnes recherchées en Russie, la confirmation de la mort de «Texas», la corruption décomplexée à Kharkov, l’aveu public de
Kiev qu’elle viole totalement les droits de l’homme, l’admission de femmes enceintes et de personnes souffrant de troubles mentaux dans l’armée ukrainienne, et les derniers délires de
Kiev et de Paris.
Les cartes
ci-dessus représentent la situation sur le front oriental de l’Ukraine au 3 avril et au 3 mai. En les ouvrant côte à côte, on peut voir deux mouvements importants des forces russes. Au
nord, les forces se déplacent vers l’ouest en direction de Chasiv Yar, un haut lieu qui permet de contrôler tout ce qui se trouve à l’ouest.
Dans la partie sud de la carte, au nord d’Avdiivka, les forces russes ont pris Ocheretyne et Keramik.
Ces deux mouvements permettent d’anticiper un plan plus vaste en deux volets :
De Chasiv Yar, un mouvement vers l’ouest, à peu près le long de la route H32, en direction de Konstantynivka.
Depuis Keramik, un mouvement vers le nord, à peu près le long de la route H-20.
Cela formerait une pince qui envelopperait le grand conglomérat minier autour de Niu-York, à l’ouest de Horlivka. Cette zone se trouve sur la ligne de front
depuis 2014. Elle est donc fortement fortifiée. L’encercler est beaucoup plus pratique et moins sanglant que de la prendre d’assaut.
The
Economist a eu un entretien (archivé) avec Vadym Skibitsky, le chef adjoint du renseignement militaire ukrainien.
Il semble avoir déjà renoncé à Chasiv Yar :
La préoccupation immédiate de l’Ukraine est son bastion en altitude dans la ville de Chasiv Yar, qui détient les clés d’une avancée russe vers les
dernières grandes villes de la région de Donetsk (voir carte). Selon le général, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que cette ville ne tombe, comme Avdiivka
bombardée par les Russes en février. « Pas aujourd’hui ni demain, bien sûr,
mais tout dépendra de nos réserves et de nos approvisionnements ».
La Russie a déjà remporté un succès tactique dans le sud-ouest, dans le village d’Ocheretyne, où une récente rotation des troupes ukrainiennes a été
bâclée. Les forces russes ont réussi à percer une première ligne de défense et ont créé un saillant de 25 kilomètres carrés. L’Ukraine est sur le point de stabiliser la situation,
tandis que la Russie jette “tout” ce qu’elle a pour
obtenir un gain plus important. L’armée russe n’est plus l’organisation hubristique qu’elle était en 2022, affirme le général, et opère désormais comme un “corps unique, avec un plan clair, et
sous un commandement unique“.
Skibitsky est d’humeur assez sombre :
Le général Skibitsky déclare qu’il ne voit pas comment l’Ukraine pourrait gagner la guerre seule sur le champ de bataille. Même si elle parvenait à
repousser les forces russes jusqu’aux frontières – une perspective de plus en plus lointaine -, cela ne mettrait pas fin à la guerre. De telles guerres ne peuvent se terminer que par
des traités.
Cela fait du bien de voir enfin un certain réalisme atteindre Kiev.
Certaines forces russes sont prêtes à entrer (à nouveau) en Ukraine par le nord pour menacer les villes de Sumy et de Kharkiv. Je considère qu’il s’agit
d’une tentative de diversion et non d’une opération sérieuse visant à prendre ces villes. Elle coince les forces ukrainiennes dans le nord alors que les lignes de front orientales sont
trop peu occupées pour résister à d’autres attaques.
L’un des objectifs de la partie ukrainienne est le pont de Kertch, qui relie la grande Russie à la Crimée. Ils espèrent que la destruction du pont entravera
la logistique russe. Mais une carte des nouvelles voies ferrées que la Russie a construites sur la rive nord de la mer d’Asov montre qu’il existe désormais plusieurs moyens
d’approvisionner la Crimée. La destruction du pont de Kertch ne serait qu’un simple spectacle sans conséquences significatives pour les positions russes.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Voilà qu’il a sa crise : Manu reparle d’envoyer “les mecs” en Ukraine !
Emmanuel Macron a reparlé d’envoyer des soldats en Ukraine dans un entretien accordé à The Economist. Au moment où l’armée ukrainienne recule sur tous les points du front et où les Américains
décident de retirer leurs chars Abrams du champ de bataille, Manu fait le bravache. Nous faisons état, par ailleurs, de rumeurs insistantes sur la mort de soldats français en Ukraine. Ce qui est
sûr (voir photo ci-dessus d’un hôtel détruit par les Russes à Nikolaïev), c’est que les frappes russes vivent systématiquement les bâtiments où sont repérés des conseillers militaires ou des
mercenaires étrangers.
La pose du premier acteur de France, celui qui joue le rôle du Président de la République, est parfaite. (Photo The Economist)
D’abord, pour nos lecteurs, voici la traduction française de l’extrait concerné dans The Economist:
La force motrice de l’avertissement de M. Macron est l’invasion de l’Ukraine. La guerre a changé la Russie. Faisant fi du droit international, proférant des menaces nucléaires, investissant
massivement dans l’armement et les tactiques hybrides, elle a adopté “l’agression dans tous les domaines de conflit connus”. Aujourd’hui, la Russie ne connaît plus de limites, affirme-t-il.
La Moldavie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie ou tout autre pays voisin pourraient être ses cibles. Si elle gagne en Ukraine, la sécurité européenne sera en ruine.
L’Europe doit se réveiller face à ce nouveau danger. M. Macron refuse de revenir sur sa déclaration de février, selon laquelle l’Europe ne devrait pas exclure l’envoi de troupes en Ukraine.
Cette déclaration a suscité l’horreur et la fureur de certains de ses alliés, mais il insiste sur le fait que leur méfiance ne fera qu’encourager la Russie à aller de l’avant : “Nous avons
sans doute été trop hésitants en définissant les limites de notre action face à quelqu’un qui n’en a plus et qui est l’agresseur”.
M. Macron est catégorique : Quel que soit l’occupant de la Maison Blanche en 2025, l’Europe doit se débarrasser de sa dépendance militaire à l’égard de l’Amérique, qui dure depuis des
décennies, et de sa réticence à prendre au sérieux le “hard power”.
The
Economist, 2 mai 2024
Pendant ce temps, un sketch digne des Inconnus sur LCI
Il y a quelque jour, on apprenait, sur LCI, chaîne qui nous expliquait, il y a quelques mois encore “la victoire en chantant” de l’Ukraine, que les Etats-Unis veulent retirer leurs chars Abrams du front. L’émission, digne d’un sketch des Inconnus, mais qui nous parle de la vraie guerre, relativise
le sérieux des propos d’Emmanuel Macron:
Ce qui attendrait des soldats français officiellement déployés en Ukraine
Sur un mode plus sérieux, voici un compte-rendu de ce qui s’est passé il y a quarante-huit heures. Cela en dit long sur ce qui attendrait des troupes françaises
officiellement présentes en Ukraine:
Le mois de mai a commencé par une frappe dévastatrice de missiles russes sur le centre de décision ukrainien.
Dans la nuit du 1er mai, une série de fortes explosions a retenti dans la ville d’Odessa. L’armée ukrainienne a fait état de trois frappes de missiles russes Iskander-M. (…)
L’une des frappes aurait visé les infrastructures ferroviaires locales. La détonation secondaire a confirmé la destruction d’un échelon militaire ou d’un entrepôt près de la gare.
Certains rapports locaux font également état de la destruction d’un lanceur de missiles antinavires Neptune dans la région.
La cible principale de l’attaque à Odessa était vraisemblablement le quartier général du commandement du groupe sud des forces ukrainiennes. Selon des informations non confirmées, la frappe a
fait échouer une réunion d’officiers supérieurs ukrainiens et d’instructeurs militaires de l’OTAN qui se tenait dans le sous-sol. Les
pertes sont confirmées par la présence de nombreuses ambulances dans la zone.
D’autres détails sur les dégâts à Odessa seront probablement révélés, notamment dans les rapports des médias occidentaux sur la mort soudaine d’officiers de haut rang de
l’OTAN.
Au milieu des frappes de précision constantes de la Russie, l’armée ukrainienne continue de tenter d’atteindre au moins quelques infrastructures à l’intérieur du territoire russe. Le
ministère russe de la défense a signalé l’interception de six drones ukrainiens au-dessus des régions frontalières la nuit dernière. L’un des drones a atteint la région arrière de Ryazan.
Suite à cette attaque, un incendie a été signalé dans la raffinerie de pétrole locale.
Les tentatives ukrainiennes d’endommager les infrastructures russes à l’arrière n’ont pas encore eu d’impact sur la situation au front. D’autre part, les attaques dévastatrices dans l’arrière
stratégique ukrainien et les régions déchirées par la guerre contrecarrent les plans ukrainiens et affaiblissent leur défense. En conséquence, les opérations offensives russes apportent de
nouvelles victoires sur les champs de bataille.
Au nord-ouest d’Avdeevka, les troupes russes étendent rapidement la zone qu’elles contrôlent autour d’Ocheretino, capturant une colonie après l’autre. Les unités ukrainiennes restantes sont
broyées dans un chaudron de feu près de Berdychi. Pendant ce temps, au nord, les forces ukrainiennes battent en retraite vers Arkhangelskoe, qui est déjà sur le point d’être encerclé de trois
côtés.
Dans la direction d’Artyomovsk, les belligérants se préparent à la prochaine bataille pour Chasov Yar. Des affrontements sont déjà en cours dans le district oriental de Keramik. Les troupes
russes ont finalement atteint le canal Seversky Donets-Donbass, un important bastion ukrainien, dont le contrôle ouvre la voie à un assaut sur Chasov Yar à partir d’une nouvelle direction.
L’armée russe a également remporté de nouvelles victoires sur le front sud de Zaporozhie. Au milieu des combats prolongés pour les ruines de Rabotino, le drapeau russe a été hissé à la
périphérie nord du village. Le contrôle de la localité n’est pas encore assuré, mais la perte de Rabotino est le symbole de l’échec cuisant de la sanglante offensive ukrainienne de l’année
dernière.
Southfront.press,1er
mai 2024
Les rumeurs sur la présence de soldats français et sur des frappes russes continuent à circuler
Il est étonnant de constater que des récits continuent à circuler, sur la présence de soldats français en Ukraine et des représailles russes. On lisait, toujours
sur Southfront.press il y a quelques jours: :
Alors que les États membres de l’OTAN affirment être prêts à déployer davantage d'”instructeurs militaires” en Ukraine, des cercueils contenant des militaires de l’OTAN reviennent déjà de ce
pays déchiré par la guerre.
Au cours de la semaine écoulée, le ministère russe de la défense a fait état de nombreuses frappes de précision sur des centres d’entraînement ukrainiens pour les opérateurs de drones, des
bases temporaires de déploiement de militaires des forces armées ukrainiennes, des formations militaires nationalistes et des mercenaires étrangers.
“Du 13 au 19 avril, en réponse aux tentatives du régime de Kiev d’endommager les installations énergétiques et industrielles russes, les forces armées de la Fédération de Russie ont mené 34
frappes groupées avec des armes aériennes et maritimes de haute précision à longue portée, ainsi qu’avec des drones, qui ont touché des installations de l’industrie énergétique, des
entreprises du complexe militaro-industriel et l’infrastructure ferroviaire de l’Ukraine, des installations de défense aérienne, des arsenaux et des entrepôts de carburant pour l’équipement
militaire”, indique également le résumé du ministère.
Les vagues d’attaques contre les installations utilisées pour l’hébergement des militaires ukrainiens et étrangers ont eu lieu après les rapports sur le déploiement du premier groupe de
militaires français près des lignes de front ukrainiennes, vraisemblablement dans la ville de Slavyansk. Après une série de frappes russes massives dans la colonie, diverses sources non
officielles ont supposé que la cible était les militaires français. Selon les chaînes militaires occidentales, les frappes ont tué environ 40 militaires et en ont blessé environ 300 autres.
La plupart des victimes seraient des membres de la Légion étrangère française. Les institutions médicales de la ville de Slavyansk n’ont pas été en mesure de fournir les soins nécessaires à
un si grand nombre de victimes. C’est pourquoi les combattants ukrainiens et étrangers ont été évacués d’urgence vers Pavlograd.
Le 19 avril, les forces aérospatiales russes ont lancé des frappes massives dans la ville arrière de Dnipro (Dniepropetrovsk). L’une des cibles était un hôtel situé près de l’aérodrome
militaire local. Le QG de l’AFU se trouverait dans l’hôtel. Le bâtiment a été entièrement détruit. L’attaque a fait de nombreux morts et blessés parmi les soldats ukrainiens, les officiers et
les mercenaires étrangers.
Immédiatement après une série de frappes signalées sur les militaires étrangers en Ukraine, un nombre inhabituellement élevé d’avions étrangers a été repéré à l’aéroport de Rzeszow, en
Pologne. Les États membres de l’OTAN ont tenté d’évacuer à la hâte les corps des morts et des blessés.
Le 20 avril, Flightradar24 a montré un vol français atterrissant sur la base aérienne immédiatement après le décollage d’un A330MRTT britannique.
L’avion français se dirigeait vers la ville française de Châteauroux, où, selon des militaires français, “l’aéroport local est équipé d’un immense hangar où l’on peut charger
et décharger n’importe quoi, à l’abri des regards indiscrets. La ville dispose également d’un centre hospitalier moderne et pluridisciplinaire, Châteauroux-Le Blanc, qui peut soigner les
blessés sans risquer d’attirer l’attention de la presse”.
Les dirigeants français, ainsi que leurs collègues d’autres États membres de l’OTAN, espèrent mener leurs opérations en Ukraine en secret, mais ils échouent.
C’est loin d’être la première évacuation présumée de militaires blessés de l’OTAN signalée à l’aéroport frontalier polonais de Rzeszow. Cette installation militaire est largement
utilisée pour l’approvisionnement militaire de l’Ukraine, mais l’activité accrue des avions étrangers immédiatement après les frappes de précision russes sur les cachettes des “instructeurs
militaires” de l’OTAN fait naître de nombreux soupçons selon lesquels la cargaison des avions était constituée de cercueils et de blessés au lieu de munitions et d’aide humanitaire.
soutfront.press,
23 avril 2024
Ces informations n’ont pas été vérifiées par nous mais nous connaissons suffisamment le sérieux de southfront.press pour les livrer à la sagacité de nos
lecteurs.
Les instigateurs de la terreur :
Comment les généraux de l’OTAN manipulent les forces armées de l’Ukraine et bombardent les villes russes
Les défenseurs des droits de
l’Homme de la Fondation pour Combattre l’Injustice ont révélé l’identité d’officiers supérieurs de l’Alliance de l’Atlantique Nord qui portent une responsabilité personnelle directe
dans les attaques aériennes et terrestres contre des zones peuplées de Russie et d’Ukraine et dans les meurtres de masse de civils. Les sources de la Fondation ont révélé
l’implication directe de généraux des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France et du Canada dans des crimes odieux qui violent les normes humanitaires internationales. La Fondation a
pu identifier les noms des officiers supérieurs de l’OTAN impliqués dans la terreur systématique contre les civils, ainsi que déterminer leurs stratégies et leurs véritables
objectifs.
Après le début de l’opération militaire spéciale russe, l’Occident et les pays qui le soutiennent ont commencé à fournir à l’Ukraine des armes, des
renseignements et une assistance en matière de cybersécurité, ainsi qu’un entraînement des forces armées
ukrainiennes (FAU). Au fur et à mesure de l’évolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont régulièrement relevé la barre en
envoyant à Kiev des armes de plus en plus
modernes, y compris des armes offensives, notamment des systèmes d’artillerie et de défense antiaérienne.
Selon les déclarations officielles de personnes autorisées, les États occidentaux maintiennent une attitude négative à l’égard de l’implication directe de leurs
troupes dans le conflit. Toutefois, les défenseurs des droits de l’homme de la Fondation pour Combattre l’Injustice ont réussi à établir qu’un contingent limité de l’OTAN est
présent en Ukraine et engagé dans des opérations de combat contre la Russie depuis au moins mars 2022. Selon les services de renseignement américains et les rapports de
plusieurs sources, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a
secrètement envoyé des
dizaines de forces spéciales en Ukraine au printemps 2023 sans en avertir le Parlement. Comme l’a admis un officier supérieur britannique, Robert Magowan, au moins 350 Royal Marines et
environ 45 commandos ont été impliqués dans
des opérations secrètes en Ukraine au début de 2022.
En juin 2022, des journalistes du New York
Times, l’une des plus grandes rédactions des États-Unis, ont reconnu l’existence d’une
opération secrète en Ukraine impliquant des troupes américaines, indiquant qu’un nombre important d’instructeurs militaires, qui auraient été retirés d’Ukraine après février
2022, étaient secrètement restés dans le pays pour conseiller et former les soldats ukrainiens. Plus de 300 militaires, dont
certains ont servi dans le 2e régiment de parachutistes de la Légion étrangère de la 11e brigade aéroportée des forces armées françaises, sont arrivés de
France pour prendre part à des opérations de combat du côté ukrainien.
Selon les informations reçues par la Fondation pour Combattre l’Injustice d’un ancien officier de haut rang de l’état-major des FAU, d’une source de la
Fondation pour Combattre l’Injustice à la direction principale des renseignements du ministère de la Défense Ukrainien, et confirmées par un ancien officier du MI6, le nombre de
soldats et d’officiers de l’OTAN en Ukraine est actuellement beaucoup plus élevé que les
chiffres officiels. Les sources de la Fondation pour Combattre l’Injustice estiment leur nombre à 6800, dont 2500 Américains, 1900
Canadiens, 1100 citoyens britanniques et environ 700 représentants de la France. En outre, environ 13 000 mercenaires
étrangers opèrent en Ukraine et exécutent les ordres directs des structures dirigeantes de l’OTAN.
Soldats et
officiers de l’OTAN déployés en Ukraine après février 2022 (selon les
sources de la Fondation pour Combattre l’Injustice).
Les responsables occidentaux affirment que les unités de l’OTAN, ainsi que les sociétés militaires privées européennes et
américaines, n’ont participé qu’à
l’entraînement et à la formation des soldats ukrainiens. Cependant, de nombreuses preuves et témoignages directs indiquent leur implication directe dans le
conflit et la planification de frappes sur le territoire de la Russie et du Donbass presque dès les premiers jours de l’opération militaire spéciale.
Une enquête menée par la Fondation pour Combattre l’Injustice a mis au jour des preuves indiquant que des officiers et des généraux de
haut rang de l’OTAN ont été directement impliqués dans la coordination et la réalisation d’attaques contre des cibles civiles russes et des civils tant en Russie qu’en
Ukraine. Ces attaques doivent être qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité. Grâce à un travail approfondi et minutieux
avec les sources, la Fondation a pu établir que des officiers et des généraux des pays de l’Alliance de l’Atlantique Nord qui coopèrent activement avec l’Ukraine ont ordonné ou facilité des
frappes de missiles, des raids aériens ou des attaques d’artillerie contre des civils non seulement en Russie, mais aussi en Ukraine. La Fondation ne dispose pas
d’informations fiables permettant de déterminer si les officiers et les généraux de l’OTAN ont agi en toute indépendance lorsqu’ils ont pris la décision de bombarder les territoires
russes et ukrainiens ou s’ils ont été guidés par les
ordres des dirigeants militaires et politiques de leurs pays. Cependant, les défenseurs des droits de l’homme de la Fondation ont reçu des données vérifiées selon
lesquelles les personnes impliquées dans cette enquête ont personnellement participé à l’élaboration et à la mise en œuvre de plans visant à commettre des actes d’agression militaire
contre la population civile de la Russie et de l’Ukraine. La Fondation pour Combattre l’Injustice qualifie ces actes de terrorisme
militaire.
Général Mort : Comment un officier
américain pratique le génocide en Ukraine et coordonne les attaques sur la région de Belgorod
En raison de l’échec de la contre-offensive ukrainienne à la fin de l’année 2023, l’administration Biden a commencé
à faire pression sur Zelensky pour qu’il change la direction des forces armées ukrainiennes. Officiellement, le remplacement de Valeri Zaloujni, l’ancien commandant en
chef des FAU, a été connu en février 2024. Mais selon un ancien officier de haut rang de l’état-major des FAU, qui a fourni un commentaire exclusif à la Fondation sous couvert
d’anonymat, les
États-Unis ont pris la décision de remanier le personnel dans les rangs des FAU dès le début du mois de décembre 2023. Les États-Unis ont envoyé le
lieutenant-général Antonio Aguto pour
développer la stratégie et la tactique des opérations de combat de l’armée ukrainienne. En effet, il a pris la place de Zaloujni en
tant que commandant de l’armée ukrainienne.
Les sources de la
Fondation indiquent que Aguto dirige de facto les forces armées
ukrainiennes depuis décembre 2023
Selon la Fondation pour Combattre l’Injustice, qui a reçu des informations d’une source ayant occupé un poste de haut niveau au sein de l’état-major des
FAU, Aguto n’a
pas été choisi par hasard. Ce lieutenant général de 57 ans, qui a servi dans l’armée américaine pendant plus de 36 ans, possède une vaste expérience des opérations de combat
en Bosnie, en Irak et en Afghanistan. Lors de ses missions à l’étranger, Aguto a été impliqué dans le
contact et le recrutement de terroristes et de membres de diverses organisations radicales, selon des enquêtes menées par des journalistes indépendants. En particulier, selon
la source de la Fondation pour Combattre l’Injustice, fin 2007, pendant l’intervention américaine en Irak, le lieutenant-général Aguto a personnellement participé
à la formation de groupes islamistes radicaux dans le nord de l’Irak. Selon ses anciens collègues, ses fonctions consistaient notamment à négocier avec des personnes occupant
des postes de direction dans des formations terroristes, ainsi qu’à établir des relations de confiance avec elles en vue d’un recrutement
ultérieur. Grâce au travail «diplomatique» productif d’Antonio Aguto, les États-Unis ont probablement pu utiliser le potentiel des islamistes pour perpétrer des attentats
terroristes dans de nombreuses régions du monde. Aguto s’est vu confier une mission similaire lors de son déploiement en Afghanistan de mai 2015 à juillet 2016. Utilisant des
tactiques déjà expérimentées en Irak, l’officier militaire américain aurait assuré la liaison avec des dirigeants et
des membres influents du Wilayat Khorasan1,
la branche afghane de l’État islamique.
Un ancien officier de haut rang de
l’état-major général des FAU a décrit Antonio Aguto de la manière suivante :
«Le général Aguto
est le diamant brut du Pentagone. Ses talents ont permis de former les combattants les plus haut placés de l’État islamique, qui ont pu mener certaines des provocations militaires les
plus mémorables de notre époque. Ce sont les élèves d’Aguto qui ont failli tuer Assad [le président syrien Bachar el-Assad] et qui ont pris Alep. Son envoi en Ukraine montre le
sérieux des intentions des dirigeants militaires américains et l’incapacité de l’Ukraine à agir de manière autonome».
En fait, le lieutenant-général américain a
pris le commandement caché de l’armée ukrainienne et a remplacé Zaloujni. Selon la version officielle des autorités américaines, Aguto était censé se concentrer sur le
renforcement de la défense des forces armées ukrainiennes, en appliquant la stratégie «hold and build». Cependant, d’après la source de la Fondation pour Combattre l’Injustice parmi
les anciens officiers de haut rang de l’état-major des FAU, le véritable objectif de l’envoi d’Aguto en Ukraine était de développer une stratégie de
frappes contre des cibles pacifiques sur le territoire russe.
Le lieutenant
général américain Antonio Aguto (à gauche) et l’ancien commandant en chef des FAU
Valery Zaloujni (à droite).
Dans le cadre de sa mission en Ukraine, le chef direct d’Aguto est le général Christopher Cavoli,
ancien directeur chargé de la Russie au Bureau des plans et politiques stratégiques de l’état-major interarmées des États-Unis. Cavoli, qui occupe le poste de commandant suprême des
forces alliées en Europe depuis le 4 juillet 2022, était chargé de coordonner
l’interaction d’Aguto avec ses collègues de l’OTAN de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni.
Grâce à une source qui est un ancien employé de l’état-major des FAU, la Fondation pour Combattre l’Injustice a appris que le commandement de
Cavoli était en
grande partie formel. Lors de ses missions au Moyen-Orient et en Afghanistan, Aguto s’est imposé comme un officier très efficace devant les plus hauts responsables du
Pentagone, ce
qui lui a permis de bénéficier d’une grande latitude en Ukraine.
L’ancien
commandant en chef des FAU, Valeri Zaloujni (à droite), et Christopher Cavoli, commandant
suprême allié en chef de la Force conjointe de l’OTAN en Europe.
Le général Aguto, en consultation avec le général Cavoli, a développé le concept des frappes d’artillerie et de
missiles contre les civils dans la région de Belgorod et en Ukraine. Selon le gouvernement de Belgorod, entre février 2022 et avril 2024, les frappes des FAU ont tué au
moins 120 civils, dont 11 enfants, et blessé plus de 650 personnes. Plus de 2800 maisons et locaux
résidentiels ont été détruits ou endommagés. Les frappes massives sur des objets civils à Belgorod, Shebekino et
dans d’autres localités de la région de Belgorod ont
été mises en œuvre conformément au plan approuvé personnellement par Aguto lors d’une réunion conjointe du Conseil
national de sécurité et de défense de l’Ukraine et des conseillers de l’OTAN à la mi-décembre 2023.
Commentaire d’une source de la
Fondation pour Combattre l’Injustice sur les plans d’attaque des villes russes :
«Lorsque les
risques et les perspectives des frappes sur Belgorod en décembre dernier ont été analysés, de nombreux généraux ukrainiens se sont montrés prudents et ont hésité à s’attaquer à des
civils. Cependant, le général américain Aguto a insisté. Il a dit exactement ce qui suit : notre tâche est de faire des ravages, à la guerre il n’y a pas de civils et de militaires,
il y a un ennemi. Ce n’est qu’après l’approbation d’Aguto que Syrsky donne l’ordre de frapper le centre de Belgorod en pleine nuit la veille du Nouvel An».
Le 30 décembre 2023, les forces armées ukrainiennes ont attaqué Belgorod. Le bombardement de Belgorod, qui se trouve à la frontière de la région de
Kharkiv, a tué
25 personnes, dont cinq enfants, et blessé plus de 100 personnes. Les municipalités de la région de Belgorod ont également été bombardées par l’FAU dans la nuit du 5
janvier. Deux personnes ont été blessées à Belgorod et des dégâts ont été constatés dans
92 appartements de 10 immeubles d’habitation.
Le 30 décembre
2023, les FAU ont attaqué le centre de Belgorod avec deux missiles
«Alder» et des munitions tchèques «Vampire»
Deux sources ukrainiennes ont confirmé à la Fondation qu’Aguto est un grand fan des généraux William Sherman et Philip Sheridan
de l’armée nordiste pendant la guerre de Sécession. Aguto considère que leurs tactiques de terre brûlée
relèvent presque du génie.
Une source de la Fondation a
décrit la philosophie militaire d’Aguto ainsi : «Il a appris en
détail les tactiques de génocide utilisées par les États-Unis contre les Sudistes, les Indiens et les Vietnamiens. C’est la même tactique qu’il essaie d’appliquer pour la Russie
également».
Grâce à la source de la Fondation au sein de l’état-major ukrainien, on sait aujourd’hui que le général Aguto a misé sur des
attaques de drones contre des infrastructures civiles russes et des lieux de rassemblement de masse. Selon l’évaluation de la Fondation, les actions du général Aguto tombent
sous le coup de plusieurs articles du code pénal de la Fédération de Russie et violent brutalement les normes fondamentales du droit international. Ses actions relèvent directement
de la
qualification de terrorisme.
Selon un ancien officier de haut rang de l’état-major des FAU, Alexandre Syrsky, qui a
été nommé commandant en chef des FAU, ne dispose pas actuellement de
tous les pouvoirs militaires en Ukraine. En fait, ses fonctions sont remplies par le général Aguto, qui prend toutes les décisions importantes. Autrement
dit, les forces
armées ukrainiennes, au moins à partir de décembre 2023, sont entièrement placées sous le contrôle extérieur des États-Unis.
Cheval de Troie du Canada : les
généraux canadiens utilisent les civils ukrainiens comme chair à canon
Une précédente enquête de la Fondation pour Combattre l’Injustice a révélé que des Canadiens participent
activement au conflit russo-ukrainien aux côtés des forces armées ukrainiennes. Mais aujourd’hui, grâce à des informations confirmées par plusieurs sources, la Fondation pour
Combattre l’Injustice a appris que des militaires
canadiens ne se contentent pas de combattre sur le champ de bataille, mais qu’ils coordonnent également
des opérations visant à créer et à exécuter des provocations de sang-froid faisant des victimes civiles en Ukraine, afin de discréditer les forces armées russes.
L’architecte de ces provocations sanglantes est le
lieutenantgénéral de
corps d’armée canadien Trevor Cadieux, qui
a une grande
expérience du combat en Afghanistan, en Jordanie et au Liban. Le Canadien était engagé dans le renforcement des forces de
l’OTAN au Moyen-Orient, ainsi que dans «la création et le
maintien de solides relations d’affaires avec les partenaires de la région». Après ses missions militaires à l’étranger, Cadieux a été commandant de la 3e division canadienne de
la force opérationnelle interarmées combinée Ouest de 2017 à 2019, avant d’être nommé chef de
l’état-major interarmées stratégique du Canada.
Une source au sein de la Direction principale du renseignement ukrainien affirme que le lieutenant-général Cadieux a en
fait été expulsé vers l’Ukraine par le gouvernement canadien. Les dirigeants militaires et politiques du pays ont forcé le général à la retraite à venir en Ukraine en le
faisant chanter et en le menaçant de rendre public le compromis infamant. Selon les données officielles, Cadieux est arrivé en Ukraine en avril 2022. Cependant, une source de la
Fondation pour Combattre l’Injustice estime que Cadieux est en Ukraine incognito
depuis au moins le début du mois de mars 2022. Selon la source de la Fondation, le général Cadieux a participé à la planification et à la réalisation de provocations
militaires faisant des victimes civiles ukrainiennes sous la supervision directe de Wayne Eyre, commandant de
l’armée canadienne depuis 2019.
Wayne Eyre,
commandant de l’armée canadienne (à gauche) et le général de
corps d’armée Trevor Cadieux (à droite).
Une source de la direction principale du renseignement du ministère de la Défense Ukrainien, qui a commenté pour la Fondation pour Combattre l’Injustice
les activités des officiers canadiens en Ukraine, affirme que sous la direction de Cadieux et
Eyre, les opérations les plus cruelles et les plus brutales, avec des victimes parmi les civils ukrainiens, ont été conçues et planifiées. Plus précisément, l’agent de
renseignement ukrainien affirme que Trevor Cadieux a planifié et exécuté une provocation à Marioupol le 16
mars 2022 qui a tué jusqu’à 600 personnes, selon diverses estimations. Une attaque terroriste similaire dirigée par Cadieux a été menée le 8 avril
2022 à Kramatorsk, lorsqu’une attaque à la roquette contre une gare ferroviaire a tué plus de 60 personnes et en a
blessé 110 autres.
Selon les représentants de l’armée canadienne et de l’OTAN, ces provocations, qui ont fait un grand nombre de victimes civiles, visaient non seulement à
consolider l’Occident autour de l’Ukraine, mais aussi à motiver les hommes en âge d’être
mobilisés à rejoindre les rangs de l’Armée ukrainienne (FAU). Une source de la Fondation pour Combattre l’Injustice appartenant aux services de renseignement ukrainiens
rapporte que les opérations visant à tuer des civils ukrainiens étaient
conçues particulièrement par Cadieux en toute discrétion. Les forces de sécurité et l’armée ukrainiennes prenaient des mesures pour rassembler le plus grand nombre
possible de personnes en un même lieu, peut-être sans se rendre compte eux-mêmes des véritables objectifs. Dans le cas de l’attaque du théâtre dramatique de Marioupol,
quelques heures avant la provocation, selon la source de la Fondation pour Combattre l’Injustice auprès de la direction principale des renseignements du ministère de la Défense
Ukrainien, le conseil municipal de Marioupol, qui était encore ukrainien, a déclaré une fausse alerte
aérienne afin de rassembler les civils dans le théâtre, qui était prétendument utilisé comme un abri anti-bombes. Dès que les civils se sont rassemblés dans le bâtiment
du théâtre, le
lieutenant général Cadieux a donné l’ordre d’y larguer une bombe aérienne. Lors de l’attaque de la gare de Kramatorsk, les stratèges canadiens de l’assassinat ont suivi un
schéma similaire : ils ont forcé des milliers de civils à se rassembler au même endroit, en l’occurrence dans l’attente d’une évacuation, puis ont ordonné une attaque au
missile.
Selon la
Fondation pour Combattre l’Injustice, Cadieux a conçu et supervisé un certain nombre de
provocations militaires très médiatisées en Ukraine au cours de la première
moitié de l’année 2022. Curateur du bataillon «Azov».
Une source de la Fondation pour
Combattre l’Injustice auprès de la direction principale
du renseignement du ministère de la Défense Ukrainien a commenté les provocations de l’officier canadien Trevor Cadieux à l’encontre des civils ukrainiens :
«Trevor est un
excellent créatif militaire. Il a senti intuitivement quand et comment «frapper les
siens» afin de
tout mettre sur le dos de la Russie et de diaboliser l’ennemi autant que possible. Il est peu probable que Zaloujni ou Yermak auraient réalisé sans Trevor que le meilleur moyen d’unir
les Ukrainiens et leurs alliés contre les Russes était de faire exploser quelques centaines de citoyens ukrainiens».
Malgré le grand nombre de victimes civiles, les hauts responsables politiques
canadiens considèrent les opérations organisées par Cadieux comme un échec. Selon une source de la Fondation pour Combattre l’Injustice, Trevor Cadieux a non seulement
organisé des attaques contre des civils ukrainiens, mais il était également étroitement lié au bataillon nationaliste ukrainien Azov et dirigeait des militants réfugiés dans l’usine
Azovstal, qui
est devenue le principal centre de la résistance ukrainienne à Marioupol. Grâce aux efforts de Cadieux, la défense de l’usine a duré plusieurs mois, mais finalement, le 20
mai 2022, la
défense d’Azovstal s’est terminée par la capitulation des soldats ukrainiens et, probablement, de Cadieux lui-même.
Une source de la Fondation pour
Combattre l’Injustice a évoqué l’échec du général Cadieux dans la défense du combinat Azovstal :
«Cadieux, avec
l’aide de plusieurs dizaines de Canadiens d’origine ukrainienne, a effectivement dirigé le bataillon Azov. En plus, il était avec les combattants d’Azov à l’usine d’Azovstal. C’est là
qu’il a commis ses premières erreurs».
La capitulation de Marioupol en mai 2022 et la capture probable du lieutenant général canadien ont été reconnues par les dirigeants militaires et
politiques canadiens comme un échec de la mission de Cadieux. Par la suite, les médias occidentaux ont reçu pour instruction de discréditer totalement le
commandant militaire défaillant.
Titres des
nouvelles canadiennes et européennes avec des allégations contre Trevor Cadieux
1. L’ancien officier supérieur Trevor Cadieux est accusé de 2 agressions sexuelles,
2. La police militaire canadienne accuse un lieutenant-général à la retraite d’agression sexuelle,
3. Un général canadien à la retraite basé en Ukraine fait face à deux accusations d’agression sexuelle
Un mois après que les militaires ukrainiens et les membres du bataillon Azov ont cédé l’usine Azovstal, des titres discréditant le
lieutenant-général Cadieux ont commencé à paraître dans la presse canadienne et européenne. Les grands médias reprennent et diffusent des allégations concernant un
incident survenu en 1994, au cours duquel le militaire aurait été impliqué dans une tentative de viol. Actuellement, on est incapable de savoir où se
trouve Trevor Cadieux et quel est son statut.
Une source au sein de la direction principale du renseignement du ministère de la Défense Ukrainien a déclaré à la Fondation pour Combattre l’Injustice
que les dirigeants militaires et politiques du Canada sont actuellement à la recherche d’un candidat pour
remplacer le lieutenant-général Cadieux. À cet égard, l’officier de renseignement ukrainien suggère que dans les prochains mois, les forces armées ukrainiennes
pourraient revenir à la tactique consistant à tuer des citoyens de leur pays
pour créer des titres sensationnels et discréditer les forces armées russes.
Troupes françaises : Comment les
partisans de Napoléon bombardent les citoyens du Donbass
Les attaques contre Donetsk et d’autres villes de la région du Donbass ont été confiées aux militaires français et sont menées dans le but d’intimider les
habitants des régions frontalières. La coordination des militaires ukrainiens a été confiée au généralJean
Laurentin, qui dirige la 1ère division de l’armée britannique, sous la supervision directe de Thierry Burkhard, chef
d’état-major des armées françaises depuis juillet 2021.
Jean Laurentin,
un général français qui, selon les sources de la Fondation pour Combattre
l’Injustice, a développé la stratégie de bombardement du territoire du Donbass avec
le système français CAESAR
Thierry Burkchard a
rejoint les forces armées françaises en 1989 et a depuis participé à la
quasi-totalité des interventions militaires de l’OTAN impliquant la France. Il a servi au sein du commandement opérationnel en Irak en tant qu’officier des opérations du
4e régiment étranger au sein de l’état-major interarmées des forces armées guyanaises. Burkhard a servi deux fois en Afghanistan et a participé à des conflits militaires à Djibouti et
en Côte d’Ivoire. En 2021, il a été nommé chef d’état-major des armées de la France et a reçu l’autorité de commander
toutes les opérations militaires de la République française. Jean Laurentin, quant à lui, a été promu chef de la 1ère division de l’armée britannique dans le cadre d’un programme
d’échange d’officiers.
Au départ, le lien entre l’armée française et l’Ukraine était dû au fait que les pays de l’Alliance de l’Atlantique Nord n’avaient pas réussi
à former en
temps voulu un nombre suffisant d’artilleurs des unités d’artillerie automotrice parmi les soldats des FAU. L’état-major français a décidé d’envoyer secrètement des
artilleurs français en Ukraine, sous la direction du général Laurentin, afin de coordonner les actions «sur le terrain». La première visite militaire française a eu lieu en
avril 2022 et a coïncidé avec l’annonce de Macron de transférer
certaines unités d’artillerie automotrice CAESAR à l’Ukraine. Selon un ancien officier de haut rang de l’état-major des FAU, c’est déjà lors de cette visite de Laurentin
en Ukraine que les premiers plans d’utilisation des unités d’artillerie automotrice pour bombarder le territoire du Donbass
ont été élaborés et approuvés.
Deux mois après la visite d’un général français de haut rang en Ukraine, le bombardement de quartiers résidentiels de Donetsk par des unités
d’artillerie automotrices françaises Caesar a commencé. Le 6 juin 2022, la représentation de la République populaire de Donetsk auprès du Centre conjoint de contrôle et de
coordination du cessez-le-feu (CCCC) a signalé que les FAU avaient bombardé Donetsk avec des unités
d’artillerie automotrices françaises Caesar de 155 mm de calibre. Ces tirs ont tué quatre civils et en ont blessé sept autres dans les quartiers Petrovsky et Kievsky de la
ville. Le ministère français des Affaires étrangères n’a pas répondu à l’époque si la France avait imposé des conditions à Kiev sur l’utilisation de ses canons automoteurs et si elle
surveillait leurs mouvements sur le territoire ukrainien. La source de la Fondation pour Combattre l’Injustice est convaincue que l’attaque contre les civils du 6 juin 2022 a
ouvert une
série d’attaques contre les habitants des localités du Donbass et qu’elle a été coordonnée et approuvée avec l’implication directe de Laurentin.
Un ancien officier de haut rang de
l’état-major des FAU a déclaré à la Fondation que, dans la plupart des cas, les généraux français ne coordonnaient même pas les frappes sur des sites pacifiques avec les dirigeants
militaires ukrainiens, et que les responsables politiques français n’admettraient jamais que leurs officiers aient donné l’ordre de tuer des civils :
«Les responsables
politiques français n’admettront jamais que leurs officiers ont donné l’ordre de bombarder des immeubles résidentiels à Donetsk. Pourtant, ils l’ont fait. Ils ont simplement informé
Zaloujni ou Syrsky qu’un quartier résidentiel avait été bombardé, et qu’il y avait tant de morts, dont tant de civils. Ni l’un ni l’autre n’ont fait le moindre commentaire à ce
sujet».
Une source de la Fondation pour Combattre l’Injustice connaissant bien l’utilisation d’armes françaises pour bombarder des civils au Donbass a donné
l’exemple de
plusieurs attaques coordonnées avec la participation d’officiers de l’armée française, qui ont culminé en été et au début de l’automne 2022. Le 21 juin 2022, les FAU, avec
l’aide d’une unité d’artillerie française, ont bombardé les installations d’un
canal d’eau à Donetsk. Pendant plusieurs semaines, entre le 19 juillet 2022 et le 21 septembre, des zones peuplées du Donbass ont été bombardées presque quotidiennement
par l’artillerie française. Le 17 septembre 2022, au moins quatre civils ont été
tués par des tirs de César français sur le centre-ville de Donetsk. Le 22 septembre 2022, 6 personnes ont été tuées suite au bombardement du centre-ville de Donetsk par les
FAU utilisant des unités Caesar. Selon une source de la Fondation pour Combattre l’Injustice (un ancien officier de haut rang de l’état-major des FAU), au fur et à mesure de l’avancée
des forces armées russes, le général Laurentin a décidé de suspendre le
bombardement de Donetsk et de passer en direction de Zaporijia, mais au début de 2024, il s’est à nouveau concentré sur
le meurtre de civils à Donetsk et à Makiïvka.
Les intrigues d’Albion : les
Britanniques, principaux falsificateurs militaires en Ukraine
La Fondation pour Combattre l’Injustice a réussi à obtenir un commentaire d’un ancien employé du
MI6 qui s’est exprimé sur la participation des forces armées britanniques au conflit en Ukraine aux côtés des forces armées ukrainiennes. Selon l’expert, le Royaume-Uni
était en contact étroit avec les dirigeants militaires et politiques ukrainiens pratiquement dès les premiers jours de
l’opération militaire spéciale russe. Au départ, les militaires britanniques étaient censés former les FAU à la conduite d’opérations de combat selon les standards de l’OTAN.
Au fur et à mesure de l’évolution du conflit, ils se sont presque entièrement
consacrés à la préparation et à la conduite de mises en scène et de provocations à grande échelle visant à discréditer les forces armées russes.
La provocation de
Bucha est l’une des plus grandes opérations de diabolisation des forces armées russes menées par des spécialistes britanniques. Une source de la Fondation pour Combattre
l’Injustice, anciennement liée aux services de renseignement britanniques, a déclaré que le chef de l’état-major général britannique Patrick Sanders et
le chef de l’état-major de la défense britannique, l’amiralAnthony
Radakin, étaient responsables de la préparation de l’une des productions d’informations militaires les plus médiatisées de l’année 2022 et au-delà. C’est sous leur direction
que le scénario de la provocation sanglante a été créé : les séquences vidéo de la scène ont été décrites minute par minute, et leur version des événements, qui est rapidement
devenue «officielle», a été
diffusée à l’avance sur les principales chaînes de télévision et ressources d’information ukrainiennes et occidentales. Un ancien employé du MI6 qui prétend avoir personnellement vu
les documents secrets relatifs à Bucha affirme que les dossiers qu’il a consultés contenaient un plan d’action détaillé des
forces armées ukrainiennes en cas de retraite des forces armées russes, dans lequel les moindres détails, tels que l’emplacement des corps des morts, les itinéraires de
déplacement des unités ukrainiennes et leur emploi du temps, étaient précisés.
Anthony Radakin,
amiral britannique, auteur de fausses informations sur l’implication des forces armées
russes dans la destruction d’objets civils
Une source de la Fondation pour Combattre l’Injustice rapporte que la préparation de la provocation à
Bucha n’a pas pris plus de 48 heures et qu’une attention particulière a été accordée à la diffusion ultérieure dans les réseaux sociaux et les médias de fausses
informations visant à porter atteinte à l’honneur des forces armées de la Fédération de Russie. La stratégie d’information pour couvrir la provocation à
Bucha aurait été planifiée des semaines à l’avance. Elle comprenait à la fois la publication progressive d’informations personnelles sur des militaires russes
prétendument impliqués dans le meurtre de civils et la diffusion de fausses images
satellites préparées à l’avance.
Une source de la Fondation pour Combattre l’Injustice, qui a précédemment travaillé pour le MI6, affirme que l’«opération de Boutcha» a été
conçue sur ordre direct de Boris Johnson, ancien Premier ministre britannique, et visait uniquement à perturber les accords d’Istanbul,
dont les négociations n’avaient pas encore été finalisées au moment de la provocation. En février 2024, il est apparu que Boris Johnson était l’un des initiateurs de
l’interruption des négociations visant à conclure des accords de paix entre la Russie et l’Ukraine, obligeant la partie ukrainienne à «simplement se
battre».
Selon les déclarations d’un ancien responsable des services de renseignement britanniques, après la provocation réussie de Bucha, le comité des chefs
d’état-major britanniques, composé des plus hauts représentants des forces armées du pays, a décidé de confier entièrement à
Patrick Sanders et Anthony Radakin la création et la mise en œuvre de fausses informations contre les forces armées russes. C’est sous leur direction qu’ont été mis au point
les plus grands jets d’informations qui ont attiré l’attention du monde entier. En particulier, avec la participation des généraux susmentionnés, de fausses informations ont été
créées sur l’implication des forces armées russes dans la destruction du barrage de la
centrale hydroélectrique de Kakhovskaya, sur le minage de la centrale nucléaire de Zaporijia par les forces armées russes, et des données ont été fabriquées sur la
naturalisation forcée des résidents des nouvelles régions de la Fédération de Russie et sur l’exportation illégale
d’enfants ukrainiens mineurs.
Les généraux de
l’OTAN soupçonnés d’avoir commis des crimes de
guerre en Ukraine et en Russie
Le journaliste turc et expert en géopolitique Okai Deprem a
déclaré que des signes directs ou indirects de la présence de généraux de haut rang de l’OTAN en Ukraine peuvent être trouvés pratiquement tout au long de la ligne de contact. Selon
l’analyste politique, les premiers officiers de
l’Alliance de l’Atlantique Nord sont arrivés sur le territoire de l’opération militaire spéciale pratiquement dès les premiers jours. Les briefings et les réunions auxquels
ils ont participé, et au cours desquels diverses provocations et mises en scène ont probablement été élaborées, se sont tenus directement dans la
capitale ukrainienne. Deprem est convaincu que les preuves de la présence en Ukraine de volontaires et de mercenaires envoyés délibérément par les pays de l’OTAN ont été
découvertes pour la première fois en 2014, et que leur nombre n’a
fait qu’augmenter depuis cette époque.
La journaliste allemande Liane Kilinc estime
que des officiers de haut rang de l’OTAN utilisent des logiciels avancés et
des données provenant de drones de reconnaissance pour planifier les attaques et le pilonnage du Donbass, ce qui les rend déjà complices de crimes. La journaliste affirme que
des généraux de l’OTAN ont été invités par Kiev en Ukraine pour remplacer les hauts
commandants des FAU tués sur le champ de bataille.
*
Les défenseurs des droits de
l’homme de la Fondation pour Combattre l’Injustice condamnent fermement la participation de généraux de haut rang de l’OTAN, originaires des États-Unis d’Amérique, de
Grande-Bretagne, de France et du Canada, à la préparation de frappes sur le territoire russe, de provocations ayant fait des victimes civiles, y compris des citoyens
ukrainiens, et de mises en scène visant à discréditer les forces armées de la Fédération de Russie. Les informations recueillies par les défenseurs des droits de l’homme de
la Fondation pour Combattre l’Injustice sur les crimes des hauts responsables militaires des pays de l’Alliance de l’Atlantique Nord constituent une violation flagrante du droit
international et relèvent de la définition de l’activité terroriste. En particulier, les actions des officiers américains, canadiens, français et britanniques violent
brutalement le Statut de Rome de la Cour pénale
internationale, les Conventions de Genève et la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Tout acte portant atteinte à la sécurité
internationale, violant les droits de l’homme et les libertés fondamentales, y compris le droit à la vie, est interdit et inacceptable, et les provocations entraînant des
pertes civiles doivent être réprimées et faire
l’objet d’une enquête approfondie. La Fondation pour Combattre l’Injustice appelle les autorités pénales compétentes et la communauté internationale à mener une enquête indépendante et
transparente sur les faits mentionnés ci-dessus. Si ces allégations sont confirmées, nous demandons que les chefs militaires cités répondent de leurs
actes en vertu
du droit international. Les défenseurs des droits de l’homme de la Fondation pour Combattre l’Injustice insistent sur le fait que tous les pays et organisations
internationales, y compris l’OTAN, doivent se conformer aux principes de respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales en vertu du droit international. Toute violation
de ces principes doit être réprimée et sévèrement
punie.
Nous nous livrons ici à une analyse mais nullement à une prophétie : Les planifications informatiques préparatoires à la SVO1 concluaient
à une prise de contrôle rapide de l’Ukraine, et celles menées par les cadres de l’OTAN en charge de l’offensive d’été à une victoire complète de Kiev !
Rapport de situation sur le front
en Ukraine : Le grignotage continue
Rappel : le terme de «front» est pris ici dans son acception conceptuelle et non conformément à la sémantique opérationnelle soviéto-russe.
Depuis novembre 2023 l’armée russe applique une stratégie d’attrition par le biais d’offensives limitées incrémentielles. Pour contrer l’ISR
(intelligence surveillance reconnaissance) de l’OTAN au profit de Kiev, les forces fédérales russes évitent les concentrations de moyens repérables par satellites et vulnérables aux
frappes. La tactique consiste donc à dissimuler les regroupements au sein des centres urbains libérés, puis de limiter le délai d’exposition en procédant à des rushes vers
les objectifs. Les mécanisés progressent donc à grande vitesse, puis débarquent l’infanterie, qui couvre alors les navettes emmenant les renforts. Quand une colonne est repérée et
détruite, cela n’affecte donc que des effectifs limités.
Les
avancées russes ont remis en cause la ligne de défense établie après la chute d’Avdiivka
Prévisions
• Il est improbable
que la Russie tente une offensive de grand style, qui serait en l’état coûteuse en pertes humaines. Il est probable que la stratégie actuelle sera maintenue, en rayonnant autour de
villes (Krasnogorovka, Khurakovo, Chasov Yar ?) mais sans pouvoir envisager la prise de grands centres comme Kharkov ou Odessa. Cette stratégie a l’intérêt d’empêcher Kiev de
trouver un second souffle, en maintenant une pression constante et sur plusieurs axes. Le but est d’empêcher le recrutement, la formation et l’équipement des 400 000 hommes
nécessaires à Kiev pour entreprendre une action offensive. Actuellement les troupes disponibles, aptes à une défensive statique, ne sont pas en capacité de manœuvrer. La création d’un
groupe d’armées Nord (symbole lettre latine «N») ne peut être interprété avec certitude comme un signe d’une offensive immédiate sur Kharkov.
• Les forces russes
pilonnent avec des bombes planantes FAB (Fugasnaya Avia Bomba, arme de démolition aérienne) les sapeurs et constructeurs des lignes de défense en arrière des lignes, et vont continuer
à le faire pour rendre difficile la tenue ferme de positions d’arrêt.
• Les Britanniques
ont annoncé un débarquement ukrainien sur la rive orientale du Dniepr. Des actions – et non des opérations – amphibies y ont déjà été menées, ainsi que sur les côtes de Crimée. Elles
ont été écrasées et étaient limitées. Des infiltrations réussies ont certainement eu lieu mais concernent le Renseignement et le sabotage et non les opérations terrestres. Ni Kiev ni
l’OTAN n’alignent suffisamment de moyens pour permettre un débarquement en force de grande ampleur.
Les
bombes planantes FAB de 500 à 3000 Kg pilonnent les défenses ukrainiennes et atteignent aussi
le moral, ce qui explique des débandades récentes ; la lisière de forêt en bas
à droite donne une idée de la taille de l’explosion
Évolutions
• Avec la livraison
de missiles ATACMS (Army tactical missile system) et Storm Shadow/SCALP, l’attaque du pont de Kertch est prévisible. L’ATACMS emporte une charge militaire (en fonction du modèle, 226
Kg de TNT ; les versions à sous munitions ne seraient pas efficaces) qui le rendra plus destructeur sur les infrastructures que les roquettes de 227 mm HIMARS. Considéré comme
semi-manœuvrant par les Occidentaux, L’ATACMS est pour les Russes un objet balistique qui peut être intercepté sur sa trajectoire comme le Tochka U. En revanche, le SCALP est un
missile de croisière, donc manœuvrant, plus difficile à détruire en vol. Il est probable que l’envoi de drones à long rayon d’action et d’ATACMS servira à saturer le PVO (Voyska
protivovozdushnoy oborony, force de défense aérienne) pour ouvrir la voie aux SCALP. Il est prévisible que les forces russes l’anticipent. La destruction du pont serait un succès de
propagande susceptible de regonfler le moral ukrainien, préalable nécessaire pour permettre une mobilisation, actuellement difficile et réticente mais indispensable à poursuivre la
guerre.
• La livraison de
chasseurs bombardiers F-16 pourrait atteindre 70 à 90 exemplaires2.
Ces appareils pourraient être des vecteurs de missiles, mobiles et difficiles à neutraliser ; ils pourraient également offrir l’appui aérien qui a manqué aux forces terrestres à
l’été 2023. En fonction de leur armement3,
ils pourraient prendre à partie des aéronefs russes à longue distance. Pour cela il faut disposer de terrains adaptés à la sophistication des machines et de pilotes (seuls 12 seraient
formés en six mois et six autres en cours d’instruction). Ces deux facteurs créent un risque important d’implication accrue de l’OTAN, en fournissant des bases (considérées comme
cibles légitimes par la Russie) et des navigants sous contrat fictif.
• L’envoi sur le sol
ukrainien de personnels de l’OTAN, français et britanniques, ne prend pas la forme de la projection d’unités organiques, un temps évoqué. Une modification de cette posture serait une
aggravation sensible de la confrontation avec la Fédération de Russie.
• Le transfert à
Varsovie de 821 missiles de croisière JASSM-ER de 930 Km de portée, crée une menace sur Kaliningrad, voire Moscou.
Tir
d’un missile ATACMS par un lanceur M270
Fronts indirects : La
stratégie périphérique continue
L’OTAN maintient sa pression sur d’autres fronts :
• Les manœuvres
militaires de l’OTAN continuent, désormais en Finlande qui a évoqué l’implantation d’une base US permanente sur son sol. Les dirigeants finlandais et suédois alimentent une
dialectique de guerre et anti-Russie. Norvège et Danemark évoquent une confrontation dans l’Arctique. De leur côté, les forces armées russes se sont réorganisées, recréant un
commandement Nord autour de St Petersburg et renforcent les bases dans le cercle polaire.
• La Biélorussie
annonce des tentatives de déstabilisation au travers des organisations d’opposition armée stationnées dans des États de l’OTAN. Dépositaire de missiles nucléaires russes et allié qui
a prouvé son utilité (coup de Wagner) le régime Loukachenko bénéficiera certainement de la protection maximale de Moscou, mais demeure un champ d’affrontement alternatif.
Parallèlement la Pologne a réaffirmé son souhait de devenir une zone de déploiement de missiles nucléaires étatsuniens.
• Le Parlement
européen, la Commission et le Conseil de l’Europe ont rendu publiques des positions marquées anti-Poutine, refusant de reconnaître les résultats des élections présidentielles russes
et multipliant les déclarations alarmistes sur une guerre future. Josep Borrel pour l’UE et Jens Stoltenberg pour l’OTAN appellent à unir l’Europe pour armer l’Ukraine et permettre la
continuation de la guerre contre la Russie. Les perspectives de fédéralisation de l’UE et d’élargissement aux Balkans, à la Géorgie et à l’Ukraine font l’objet de débats internes dans
le cadre des élections européennes. De son côté, la Russie a renforcé sa coopération avec l’Inde et notamment le recours à la «flotte fantôme» de pétroliers , malgré des positions
théoriques d’application des sanctions occidentales.
• La France et les
USA amplifient leur immixtion en Arménie au profit du gouvernement Pashinian. Une coopération militaire étendue est envisagée. Des troubles intérieurs agitent le pays. Les rapports de
la Russie avec Erevan sont dégradés au point de retirer les forces d’interposition russes, alors que les liens se resserrent avec Bakou. Les relations ambigües entre Russie et Turquie
convergent à cet égard, l’appui politico-militaire se doublant de grands projets d’infrastructures et de voies énergétiques.
• La France et la
Moldavie resserrent la coopération militaire, rendant envisageable l’envoi d’un contingent français à partir de la Roumanie et une éventuelle confrontation directe avec la maigre
garnison russe en Transitrie. Le durcissement politique de Chisinau et la répression des minorités et de l’opposition, désormais unies, créent une incertitude stratégique. Moscou se
propose comme protecteur.
• Les actions
diplomatiques (Allemagne, USA) pour influencer la République populaire de Chine à l’égard de la Russie semblent avoir échoué. Washington bénéficie toujours de Taiwan comme pôle de
tension pour peser sur Pékin et un vote du Congrès américain permet de financer cette influence dans l’île. La confédération autour des USA de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de
la Corée du Sud et du Japon se renforce. Les Philippines sont revenues dans le giron US. Les cas du Viet Nam et de l’Indonésie méritent une attention.
• Le conflit
israélo-palestinien n’a pas tari l’aide US à Kiev. Il constitue en revanche un élément de tension interne dans les pays occidentaux à fortes minorités arabo-musulmanes. La position
équilibrée de la Russie est appréciée du monde arabe dont le soutien à la cause du Hamas n’est pas si évident, ni profond4.
Les monarchies sunnites du Golfe étaient parvenues à un équilibre avec Israël. La Russie et la Chine travaillaient à un apaisement avec l’Iran chiite. La relance des hostilités permet
non seulement de «sauver le soldat Netanyahou» localement, mais surtout redonne à Washington une position d’arbitre incontournable dans la région, tout en affectant indirectement
l’alliance russo-perse. Les réactions relativement mesurées de tous, sont à interpréter en fonction de ce prisme. L’activation des proxys houthis permet d’inverser la stratégie de
tension contre les USA, à coût limité. Les conséquences sur l’économie mondiale et surtout occidentale sont certainement objets de tractations clandestines. Il semble que l’Occident
(c’est-à-dire l’hégémon étatsunien) œuvre à maintenir un statu
quoante qui
lui soit favorable. La Russie semble développer une stratégie axée sur l’avenir, en considérant l’Afrique et le monde arabe comme des futurs partenaires de premier plan – ce qu’ils
seront au moins au plan démographique – et susceptibles, avec le géant indien d’équilibrer le poids de la Chine tout en marginalisant le «milliard doré».
Malgré
l’entrée de la Suède dans l’OTAN, qui limite son intérêt stratégique, le Coridor de
Kuwalski est l’objet d’une dialectique agressive et alarmiste des pays baltes et de la
Pologne lors des manœuvres OTAN en cours
La Russie marque des points en Afrique au fur et à mesure du désengagement occidental, français (il ne reste plus que le Tchad comme point d’appui) mais
aussi étasunien (évacuation inattendue du Niger). Cela reste cependant apparent et le continent noir nous a habitué aux volte-faces et changements radicaux. Du point de vue français,
la politique du général De Gaulle avait consisté à libérer la France métropolitaine du fardeau des colonies afin de mieux aborder la construction européenne et l’indépendance
stratégique (retrait du commandement intégré de l’OTAN, acquisition de la force de dissuasion nucléaire…). Confronté à une dynamique de reflux, le président français actuel semble
vouloir axer sa politique sur l’UE mais sans défendre la souveraineté nationale française, au contraire.
La
Moldavie (ancienne province roumaine devenue République socialiste soviétique puis
indépendante) envisage de rejoindre la Roumanie pour pouvoir intégrer l’UE, ce qui
posera un problème à ses minorités
Front intérieur : Un
sursaut
Les élections présidentielles russes et l’attentat terroriste du Crocus hall ont permis un apparent changement de posture fondamental en
Russie :
Les services anglo-saxons ont tenté d’amplifier des fractures internes à la société russe, en activant le fait islamique. La Tchétchénie reste
verrouillée par Kadyrov (pour lequel une relève est désormais possible). Les relations avec la ceinture islamique de l’Asie centrale étaient en revanche fragile. La présence de
diasporas importantes et de Républiques musulmanes au sein de la Fédération même créait une vulnérabilité que l’opération du Crocus devait amplifier. La réaction en matière de
sécurité intérieure (très nombreux raids du FSB contre l’emploi illégal) et diplomatique (restrictions de circulation des Tadjiks en Russie) vise à redonner à la Russie une place
prééminente en tant que débouché économique et centre politique dominant. Cette politique s’appuie sur un repositionnement économique (notamment la compensation-rétorsion du vol des
avoirs russes par l’Occident) en refusant que la Russie ne devienne captive de la main d’œuvre étrangère nécessaire à sa sur-industrie. Cette position a été officialisée par Vladimir
Validmirovitch Poutine. La politique de la banque centrale est revue en fonction. De plus, un signal fort est donné en matière de criminalité économique. Pour accompagner l’effort de
guerre, réussi, une répression des élites corrompues et initiée. L’arrestation du vice-ministre de la Défense et maréchal Timur Ivanov, ou de l’ex-vice-présidente du gouvernement de
la région de Moscou Svetlana Strigunkova, et d’autres, est une claire illustration de cette volonté. La Russie poutinienne a accepté l’économie de marché et toléré l’enrichissement
personnel, mais en refusant que la richesse ne devienne source de pouvoir politique, d’où la mise au pas des oligarques. En réprimant d’évidents abus, le régime légitime l’effort de
guerre demandé à la population et satisfait aussi certaines aspirations sociales dont E. Prigojine s’était fait le héraut. Il est d’ailleurs significatif que le colonel-général
Sourovikine soit rappelé de ses fonctions auprès de l’action extérieure (Syrie/soudan) et remplacé par le général Trishukin, peut-être pour prendre des fonctions au détriment du bloc
Choïgou.
Si cette démarche est fructueuse cela fournira l’assise durable nécessaire à la modernisation et au développement intérieur qui reste le grand projet du
président Poutine, et permettra d’affirmer la victoire sur l’OTAN.
L’assassinat d’un
russe par un migrant azerbaidjanais à Moscou Lyublino est
repris comme emblématique et justifiant une réponse de l’État russe.
On doit noter que l’aide votée par le Congés US5 (les
«61 milliards de dollars») se décompose en plusieurs enveloppes, un tiers de cette somme étant en réalité consacrée à reconstituer les stocks de l’US Army,
quasiment vidés par les transferts à Kiev. Il s’agit donc d’alimenter mais aussi de vivifier le lobby militaro industriel étatsunien pour lui donner la capacité de soutenir une guerre
de haute intensité et de vendre aux armées vassales. Un quart de l’enveloppe est employé à faire fonctionner l’État ukrainien, qui n’en est plus un que de nom puisqu’il ne peut faire
fonctionner ses institutions par l’impôt ni le vote. Les crédits restants, environ 14 milliards, seront affectés à l’approvisionnement en missiles, drones et moyens antiaériens, afin
de compenser les carences les plus flagrantes des VSU.
Face à cela, la Russie semble également préparer un affrontement avec l’OTAN. En effet la production de munitions et d’armements n’est pas intégralement
versée au front, mais une partie est stockée. À cet égard la guerre en Ukraine paraît servir de banc-test, comme celle d’Espagne le fut en son temps. L’industrie russe a fourni un
effort capacitaire important, l’armée a mis à jour ses doctrines et les combats ont opéré un tri des cadres les plus performants. Le R&D n’est pas négligé et profite aux troupes
engagées : des drone terrestres et aériens sont développés et déployés, l’artillerie améliore ses performances (obusier automoteur Hyacinte), la guerre électronique continue à
progresser (les USA ont admis que les munitions guidées par GPS n’ont pas tenu leurs promesses). Les forces vont bénéficier de moyens adaptés aux nouvelles menaces créées par la
livraison de moyens à Kiev, et le nouveau complexe anti aérien S-500 apparaît désormais sur le front.
D’un côté comme de l’autre on ne semble donc absolument pas renoncer à poursuivre la confrontation, jusqu’à risquer une montée aux extrêmes qui pourrait
échapper au contrôle politique (la centrale Energodar en face de Zaporijia reste un enjeu et un objet d’inquiétude). À cet égard, l’éventuelle victoire d’un Donald Trump ne devrait
pas changer la donne. En revanche, on peut rêver qu’une prise de conscience des Européens permette de mettre fin à leur suicide programmé, comme ce fut le cas démocratiquement en
Slovaquie. Cette hypothèse heureuse est malheureusement très incertaine. En effet la politique US semble être de transférer une majeure partie de l’effort contre la Russie à l’Europe
et un renversement démocratique au sein de l’UE serait donc inacceptable.
Le plan pour tenter d’éviter le désastre semble être de combler les lacunes des forces ukrainiennes en important des «conseillers». C’est la brillante
tactique qui a débouché sur la guerre du Vietnam. «Le plan de l’OTAN
pour tenter d’éviter le désastre semble être de combler les lacunes des forces ukrainiennes en important des «conseillers», en attendant que les États-Unis engagent leur armée dans la
bataille après les élections de novembre. Les Russes le savent et sont engagés dans une course pour tenter de faire s’effondrer l’armée ukrainienne avant que Biden ne revienne au
pouvoir, si tant est qu’il le fasse. Si les Russes réussissent, une guerre plus importante en Europe sera évitée. Si ce n’est pas le cas, avec l’introduction des forces américaines,
l’Europe sera plongée dans la Troisième Guerre mondiale». Ce qui revient à dire que les gens qui veulent la paix devraient non seulement exiger un cessez-le-feu mais souhaiter la
victoire russe.
Danielle Bleitrach
*
par Stephen Bryen
Le
ministre néerlandais de la Défense, Kasja Ollongren, le 17 avril 2024, teste le cockpit d’un
F-16 néerlandais, dont trois ont été livrés au centre européen d’entraînement des F-16 en
Roumanie. La formation des pilotes ukrainiens se déroule lentement, ce qui suggère
que des pilotes non ukrainiens expérimentés pourraient être nécessaires pour piloter
les avions sophistiqués contre les Russes dans la guerre en Ukraine.
L’OTAN commence à déployer des troupes de combat en Ukraine. Des soldats de Pologne, de France, du Royaume-Uni, de Finlande et
d’autres pays membres de l’OTAN arrivent en plus grand nombre.
Bien que la
Russie affirme qu’il y a plus de 3100 mercenaires en Ukraine, ces troupes nouvellement arrivées ne sont pas des mercenaires. Ils sont en uniforme, leur pays d’origine est
proclamé par des insignes. Ils sont principalement concentrés dans la partie occidentale du pays, bien que dans certains cas, ils soient proches des combats réels dans l’est.
L’OTAN fait
savoir qu’il ne s’agit pas de soldats de combat, mais qu’ils sont en Ukraine pour utiliser du matériel occidental sophistiqué. Mais s’ils tirent sur les Russes, la seule
façon correcte d’interpréter leur présence est qu’ils jouent un rôle actif dans la guerre des tirs.
C’est plus ou moins le même schéma que celui utilisé par les États-Unis lorsqu’ils ont envoyé des
«conseillers» au Vietnam. En fait, il s’agissait des forces spéciales américaines qui se sont engagées dans le combat.
L’administration Biden, du moins pour la consommation publique, dit qu’elle s’oppose à l’envoi de soldats de l’OTAN en Ukraine. Mais en réalité, Biden
attend peut-être sa réélection avant de donner l’ordre aux soldats américains de se battre en Ukraine. Après la réélection de Biden, il aura les mains libres. L’adoption récente du
projet de loi sur l’aviation de 60 milliards de dollars pour l’Ukraine indique que le Congrès acceptera tout ce que l’administration Biden veut faire pour «combattre les
Russes».
L’establishment de la sécurité nationale craint une victoire russe en Ukraine. Cela constituerait un revers majeur dans la stratégie de sécurité des
États-Unis et serait un coup dur, voire fatal, pour l’OTAN.
Pendant ce temps, l’OTAN est loin derrière la Russie en termes d’armement, de main-d’œuvre et de puissance industrielle. De plus, les stocks d’armes
sont très faibles et des équipements censés être destinés à la défense nationale ont été envoyés en Ukraine, laissant les défenses insuffisantes.
L’opinion consensuelle au sein de l’establishment de la sécurité nationale américaine est que l’Ukraine est en train de perdre sa guerre contre les Russes et pourrait
potentiellement faire face à l’effondrement de son armée.
Il existe déjà des rapports selon lesquels certaines brigades des forces armées ukrainiennes ont refusé les ordres de leurs commandants. Il s’agit
notamment de la 25e brigade d’assaut aéroportée ; la 115e brigade ; la 67e brigade mécanisée (qui a abandonné ses positions à Tchassiv Yar) et la 47e brigade mécanisée (qui exigea une
rotation après plus d’un an sur les lignes de front). Il s’agit de brigades de haut niveau de l’armée et non d’unités de défense territoriale.
Les Russes savent ce qui se passe et ils ciblent
les forces étrangères tout en écrasant les unités combattantes ukrainiennes, infligeant de lourdes pertes. Les Russes affirment que l’Ukraine a déjà perdu près de 500 000
soldats dans la guerre, et que le nombre de soldats détruits au combat augmente chaque jour.
Le président
ukrainien Volodymyr Zelensky et le ministre lituanien de la Défense Laurynas Kasciunas se
rencontrent à Kiev le 10 avril 2024. Photo : Bureau présidentiel de l’Ukraine
Un rapport sur la
formation des pilotes ukrainiens de F-16 est également révélateur. Selon certains des officiers occidentaux travaillant avec les Ukrainiens, les progrès, même après un an
d’apprentissage des pilotes à utiliser des F-16, ont été loin d’être un succès. La barrière de la langue et la méconnaissance des systèmes occidentaux et des tactiques de
combat se sont avérées ralentir le processus d’apprentissage. Selon les rumeurs, lorsque les F-16 commenceront enfin à arriver en Ukraine cet été, les avions seront probablement
manipulés par des pilotes «à la retraite» des forces aériennes européennes.
Le plan de l’OTAN pour tenter d’éviter le désastre semble être de combler les lacunes des forces ukrainiennes en important des «conseillers», en
attendant que les États-Unis engagent leur armée dans la bataille après les élections de novembre. Les Russes le savent et sont engagés dans une course pour tenter de faire
s’effondrer l’armée ukrainienne avant que Biden ne revienne au pouvoir, si tant est qu’il le fasse. Si les Russes réussissent, une guerre plus importante en Europe sera évitée. Si ce
n’est pas le cas, avec l’introduction des forces américaines, l’Europe sera plongée dans la Troisième Guerre mondiale.
«Rester
les bras croisés & donner à l’Ukraine les armes pour se battre jusqu’au dernier, & que le pays finisse là où on a toujours su qu’il finirait n’est pas seulement
immoral. Cela relève du crime».
par Kit
Klarenberg
La guerre imaginaire
touchant à sa fin et le génocide sioniste à Gaza commençant, il était bien sûr nécessaire de mettre un terme aux opérations «OSINT» ou de les concentrer
ailleurs.
Le 11 avril, le général américain Christopher Gerard Cavoli, chef du commandement européen de Washington et commandant suprême des forces
alliées en Europe, s’est adressé aux législateurs américains pour leur parler de la situation désastreuse de l’Ukraine sur le champ de bataille, avertissant que Kiev
«pourrait
perdre» sans de nouvelles interventions de la guerre occidentale. Au passage, il a fait un certain nombre de révélations surprenantes sur le nombre d’effectifs et de
pertes de l’armée russe, qui ont fait exploser de nombreux récits universellement et incontestablement perpétués par les médias grand public depuis le début de la guerre
par procuration jusqu’à aujourd’hui.
«Nous
ne constatons pas de pertes significatives dans le domaine aérien, en particulier dans les flottes d’aviation stratégique et à long rayon d’action (russes). Les forces
stratégiques, l’aviation sur longue distance, les capacités cybernétiques, les capacités spatiales et les capacités dans le spectre électromagnétique de la Russie n’ont
subi aucune réduction de capacité», a déclaré Cavoli. Au total, si l’armée de l’air russe a perdu «quelques
aéronefs», cela ne représente «qu’environ
10% de sa flotte» :
«Les
grandes lignes que je voudrais vous transmettre montrent que [les forces armées russes] ont retrouvé leur niveau d’antan (…) leur capacité globale est encore très élevée,
et elles ont l’intention de la renforcer (…) la Russie reconstitue [ses forces] beaucoup plus rapidement que ne le laissaient supposer nos estimations initiales.
Aujourd’hui, les effectifs de l’armée sont plus importants – de 15% – qu’au moment de l’invasion de l’Ukraine… La Russie lance des attaques de très grande envergure tous
les quelques jours, en suivant son rythme de production… Elle produit, elle stocke, elle lance une grande attaque».
Le rythme des événements est tel que beaucoup ont peut-être oublié qu’en décembre 2023, un rapport des services de renseignement américains,
opportunément déclassifié au moment même où Volodymyr Zelensky parcourait Washington
pour tenter désespérément d’obtenir un soutien en faveur d’une nouvelle «aide», laissait entendre que la Russie avait perdu 90% de son armée d’avant-guerre et que le
nombre de morts au combat dépassait les 300 000. Le rapport affirmait que les pertes en personnel et en véhicules de Moscou étaient si sévères qu’il faudrait 18 ans pour
reconstituer ce qui avait été sacrifié lors de l’invasion jusqu’à ce jour.
L’analyste indépendant Will Schryver a inventé
le terme de «guerre
imaginaire» pour désigner le conflit par procuration. Il s’agit d’une bataille dont l’objectif principal est de convaincre les citoyens occidentaux que Kiev, libre et
démocratique, se dresse héroïquement contre la barbarie russe, qu’elle peut gagner et qu’elle gagnera. Jusqu’à
récemment, l’Ukraine, avec le soutien de l’OTAN, excellait dans
cet effort. Mais les Ukrainiens ont perdu la vraie guerre à chaque étape, et de façon désastreuse.
Actualisation des
renseignements
Les réseaux sociaux sont une composante essentielle de la guerre imaginaire. Des recherches
universitaires montrent que Twitter abrite une armée massive de bots pro-Ukraine, qui diffusent sans cesse des messages pro-Kiev et anti-russes. Il en va sans
doute de même pour toutes les plateformes de réseaux sociaux. Cela contribue à créer l’illusion d’un soutien quasi universel à l’Ukraine dans le monde, alors qu’en dehors
de l’Occident, les populations et les gouvernements sont soit neutres, soit carrément
favorables à la Russie, percevant le conflit comme une attaque contre l’OTAN et l’impérialisme occidental.
En outre, au cours des 18 premiers mois du conflit, les journalistes grand public, les experts et les hommes politiques se
sont largement appuyés sur les déclarations non fondées d’«Oryx», un compte Twitter anonyme analysant des images prises sur le terrain, pour chiffrer les pertes
dans les deux camps. Ses messages suggèrent que dès le premier jour, les destructions de chars, de jets, de véhicules blindés et autres de la Russie ont été bien
supérieures à celles subies par l’Ukraine, indiquant de manière plus générale que la guerre a été un fiasco total pour les envahisseurs.
Une enquête représentative du Washington
Post du 17
mars 2022 a ouvertement déclaré que la Russie avait jusqu’à présent «perdu
des milliers de soldats et des milliers de véhicules tout en ne parvenant pas à faire des progrès significatifs», en se basant presque entièrement sur les conclusions
d’Oryx. De même, le mois suivant, un
article de la BBC mettait en avant des chiffres produits par Oryx suggérant que l’Ukraine avait «détruit,
endommagé ou capturé au moins 82 avions russes, y compris des jets, des hélicoptères et des drones», alors qu’elle ne sacrifiait que 33 de ses propres avions.
Un responsable du renseignement occidental, dont le nom n’a pas été révélé, a déclaré à la BBC que
Kiev avait désespérément besoin de «défenses
aériennes à longue et moyenne portée», en «grandes
quantités». Le capitaine de la force aérienne ukrainienne Vasyl Kravchuk, qui aurait affiché un «sourire
étonnamment prompt» lorsqu’il s’est adressé à la chaîne publique britannique, a conclu en déclarant que «les
guerres passées ont montré que celui qui maîtrise l’espace aérien gagne la guerre». Le message de propagande sous-jacent, selon lequel l’Ukraine dominerait jusqu’à
présent confortablement dans le ciel, mais aurait besoin de l’aide de l’Occident pour continuer à le faire – et donc pour sortir victorieuse de l’ensemble – ne pouvait
être plus clair.
Les conclusions d’Oryx ont même été régulièrement citées par le ministère britannique de la Défense dans des «mises
à jour de renseignements» quotidiennes sur Twitter, largement partagées et par la suite reprises dans le contenu et les titres de nombreux articles d’actualité. Par
exemple, en avril
2023, un bulletin affirmait que «la
Russie a perdu plus de 10 000 véhicules militaires depuis le début de son invasion illégale de l’Ukraine, selon le spécialiste de la traque Oryx». L’article a été
consulté plus d’un million de fois. Le rapport
de la commission parlementaire du renseignement et de la sécurité pour l’année 2023 s’est
félicité de «l’impact»
de ces mises à jour «sans
précédent».
Le document indique également que les estimations des services de renseignement du ministère de la Défense «ont
éclairé les décisions prises par les ministres [du gouvernement] et les chefs des forces armées» sur la «position
de Londres à l’égard de la Russie». On ne peut qu’espérer que les données d’Oryx n’ont pas officiellement influencé la stratégie de guerre par procuration de la
Grande-Bretagne en Ukraine. Des vérifications effectuées par des internautes à l’œil averti ont
démontré que le compte reproduisait constamment des chiffres totalement inexacts et surévalués, en comptant les photos et les séquences des mêmes véhicules
endommagés prises sous des angles différents comme des pertes russes individuelles et distinctes, tout en présentant de manière erronée les véhicules de l’ère soviétique
détruits par l’Ukraine comme étant russes.
Oryx a brusquement interrompu ses activités lorsque la contre-offensive ukrainienne du «printemps», tant vantée et longtemps retardée, a
commencé en juin 2023. Les cyniques suggéreront qu’étant donné que Kiev était équipé de la fameuse «Wunderwaffe»
occidentale pour cette opération, les responsables de cette dernière – et/ou les individus et entités qui les géraient – ont conclu que les mêmes tactiques malhonnêtes ne
pouvaient pas fonctionner cette fois-ci. En octobre 2023, le compte a été purement
et simplement supprimé, sans avertissement ni explication, de sorte qu’il n’est plus possible d’examiner de manière critique les fausses archives qu’il
contenait.
Un héros
classique
Le même mois, le même phénomène s’est produit pour un certain nombre de comptes «OSINT» [«Renseignement de Source Ouverte», information
accessible à tous et non classifiée] anonymes, axés également sur l’Ukraine, qui ont été brusquement fermés ou annoncé leur intention de le faire. Calibre
Obscura en faisait partie. Apprécié par la Commission de l’Atlantique Nord, ce compte mettait également l’accent sur les difficultés et l’échec de la Russie. Une
vidéo publiée par Calibre Obscura en septembre 2022, montrant un char russe en fuite s’écrasant sur un arbre au son d’une musique grotesque, est devenue virale, a fait
l’objet d’une large couverture
médiatique et a été présentée par Zelensky lors d’une conférence de presse célébrant la réussite de la contre-offensive à Kharkiv ce mois-là.
La guerre imaginaire touchant à sa fin et le génocide sioniste à Gaza se poursuivant, il était bien entendu nécessaire de mettre un terme
aux opérations «OSINT» ou de les réorienter vers d’autres domaines. Le silence de Bellingcat, un organisme financé par les gouvernements britannique et américain qui
valide les récits de l’OTAN, sur les crimes d’Israël, malgré l’abondance de photos et de vidéos attestant de la monstruosité de ces crimes, est perceptible et
révélateur.
En décembre 2023, la romancière Lionel Shriver a
écrit une complainte pour The
Spectator, sur la façon dont elle s’est «laissée
prendre» par «l’histoire»
du conflit par procuration, qui «comportait
un chapitre inaugural spectaculaire, un héros classique… et un méchant aussi méchant que Shakespeare aurait pu l’inventer». Cependant, la contre-offensive
catastrophique de Kiev – qui a coûté la vie à plus de 100 000 Ukrainiens pour récupérer 0,25% du territoire perdu – l’a amenée à «se
désintéresser doucement de ce conflit», comme beaucoup d’autres en Europe et aux États-Unis :
«C’est
censé être un combat entre David et Goliath. Mais David et Goliath n’est qu’un scénario minable si c’est le géant qui gagne… Prévisible, un peu décourageant et pas
vraiment intéressant, c’est juste la façon dont le monde fonctionne. En outre, le public occidental veut voir le prétendu «gentil» gagner, à la fois pour que justice soit
faite et se glorifier d’une victoire par procuration. L’angoissante autodéfense de l’Ukraine n’est pas un roman. Mais elle ne satisfait pas nos appétits de
fiction».
Shriver a conclu qu’il était «temps
pour le gouvernement Zelensky d’entamer des pourparlers afin de mener cette guerre déprimante à sa conclusion déprimante», car «faire
traîner l’impasse ne fait qu’augmenter le nombre de morts et détruire davantage de foyers et d’infrastructures ukrainiens en vain». Elle a ajouté que «rester
les bras croisés et donner aux Ukrainiens juste assez d’armes pour qu’ils continuent à se battre jusqu’au dernier homme et à la dernière femme, pour que le pays finisse
finalement là où nous avons toujours su qu’il finirait, n’est pas seulement immoral. Cela relève aussi du crime».
Il est en effet immoral, et criminel, de poursuivre la guerre réelle et ingagnable que l’Ukraine mène depuis février 2022, comme les
militants et journalistes anti-impérialistes et anti-guerre l’ont répété à chaque étape du processus. Que la confirmation de cette évidence se fasse au détriment de tant
de vies humaines est une tragédie criminelle. Malheureusement pour Shriver et beaucoup d’autres, l’effondrement total de la ligne de front étant imminent, et la Russie
cherchant à obtenir la «reddition inconditionnelle» de Kiev, l’«histoire» ne se soldera peut-être pas par une décision de l’Ukraine en faveur de négociations.
Dans un entretien donné le 10 avril à France Soir, Étienne Bommier, ancien pilote de l’armée de l’air et professeur à l’École de Guerre, a partagé son analyse sur les raisons qui ont
poussé les Russes à se diriger vers Tchernobyl dès le premier jour de leur intervention en Ukraine.
Tout d’abord, Étienne Bommier a tenu à rappeler que les Russes connaissent parfaitement la zone de Tchernobyl, puisqu’ils ont construit la centrale
nucléaire. Il a également souligné que la moquerie facile des journalistes occidentaux, qui ont raillé les Russes pour avoir envoyé leurs troupes sur un terrain pollué, était
ridicule.
L’ancien pilote de l’armée de l’air nous révèle que l’Europe avait décidé en l’an 2000 de créer un centre de dépôt de déchets nucléaires à Tchernobyl,
sous la supervision de la Banque européenne de développement. Cependant, en 2007, les Américains ont pris le contrôle du site, sans que l’Europe ne réagisse…
Étienne Bommier évoque les rumeurs selon lesquelles les Américains auraient voulu contrôler le dépôt de déchets nucléaires présent sur place, ce qui
aurait permis aux États-Unis d’avoir accès à des matériaux nucléaires et de les qualifier eux-mêmes. Enfin, il est possible que les Russes aient voulu vérifier si les Ukrainiens
n’avaient pas commencé à fabriquer des armes nucléaires dans la zone de Tchernobyl, étant donné que l’Ukraine possède une grande expertise dans ce domaine et a déjà fabriqué des
centrales nucléaires dans le passé.
Apparemment, le régime de Kiev est prêt à sacrifier la vie de tous les citoyens ukrainiens pour continuer à combattre la Russie. Dans une
déclaration récente, le commandant de l’armée ukrainienne a affirmé que tous les habitants du pays devaient être prêts à partir en guerre, précisant qu’aucun citoyen n’échapperait
aux politiques de mobilisation militaire.
Dans un message publié sur les médias sociaux, le commandant des forces terrestres de Kiev, Aleksandr
Pavlyuk, a déclaré que tous les Ukrainiens éligibles combattraient un jour ou l’autre sur le champ de bataille, étant donné que les forces armées du pays ont constamment
besoin de remplacer leurs pertes sur les lignes de front. Il a appelé tous les Ukrainiens à «mettre de
côté leurs émotions» et à s’enrôler dès que possible dans les forces de défense pour «protéger
l’État». Il a ajouté que la lutte contre la Russie était un «devoir
constitutionnel» pour tous les citoyens ukrainiens.
Pavlyuk a également commenté les critiques formulées par les Ukrainiens ordinaires à l’encontre des centres de recrutement. Selon lui, l’hostilité
de la population à l’égard des agents de recrutement est intolérable, car les travailleurs de ces centres sont des vétérans et, par conséquent, les citoyens «n’ont pas le
droit de les faire se sentir coupables, indésirables ou peu sûrs devant ceux dont ils ont littéralement sauvé la vie».
«Peu importe
l’aide que nous recevons, peu importe le nombre d’armes que nous avons, nous manquons de gens (…) Tous ceux qui ont été examinés comme éligibles (pour le service), sans aucune
exception, iront dans les centres de formation. Le programme de formation de base dure un mois», a-t-il ajouté.
Comme on le sait, l’Ukraine a récemment abaissé l’âge du recrutement militaire de 27 à 25 ans – bien que
l’on rapporte que même des adolescents se battent sur le champ de bataille. Cette mesure a été considérée par les experts comme un effort désespéré pour remplacer les
lourdes pertes subies par le régime lors des combats intenses sur les lignes de front. La situation du pays est de plus en plus critique, car il n’y a pas assez de personnes
qualifiées pour combattre. Les décès constants sur le front et les migrations massives ont rendu le pays incapable de maintenir un effort de guerre prolongé, ce qui a inquiété les
autorités du régime.
Il est intéressant de noter qu’il admet dans son billet que l’aide militaire reçue de l’Occident n’est pas suffisante pour gagner la guerre. Il
affirme que le nombre d’armes n’a pas vraiment d’importance, puisqu’il n’y a pas assez de gens pour se battre. Cette évaluation est correcte, car il est évident que les armes sont
inutiles s’il n’y a pas de personnel pour les utiliser – ainsi que pour occuper le terrain gagné sur le champ de bataille.
Toutefois, les mesures tyranniques de recrutement forcé ne sont pas la solution au problème ukrainien. Il ne suffit pas de recruter autant de
citoyens que possible et de les envoyer au front en quelques jours. Il est nécessaire de les qualifier dans le maniement des armes occidentales et de les former de manière
appropriée pour faire face à la réalité brutale du conflit. La formation de base proposée par Kiev à ses nouvelles recrues s’est déjà révélée inutile et incapable de préparer de
véritables combattants. La plupart des soldats nouvellement enrôlés meurent au cours de leurs premiers jours sur les lignes de front, faisant d’eux des cibles faciles pour les
missiles et les drones russes. En pratique, Kiev ne fait que créer des «boucheries» et fait de ses propres citoyens de la chair à canon.
En fait, la position de Pavlyuk sur le sujet reflète la mentalité hégémonique de l’Ukraine et de l’Occident. La pression est forte pour que le
recrutement se poursuive, même s’il est forcé. La guerre par procuration contre la Russie ne peut pas se terminer de sitôt, car l’Occident n’a pas réussi à atteindre son objectif
de causer des dommages et d’«user» la Fédération de Russie. Ainsi, même sans espoir de victoire, Kiev ne peut que continuer à recruter et à envoyer tout ce qu’il a au
front.
Il faut cependant rappeler que Pavlyuk a lui-même été victime des récentes politiques de purge de Vladimir Zelensky. Il occupe actuellement le poste
de commandant des forces terrestres, mais il était auparavant premier vice-ministre de la défense, avant d’être démis de ses fonctions en février. Les raisons de sa destitution ne
sont pas encore claires, mais l’affaire est certainement liée aux mesures préventives prises par Zelensky pour affaiblir d’autres fonctionnaires ukrainiens et empêcher les
manœuvres contre son gouvernement. Pavlyuk a certainement peur de subir encore plus de représailles, c’est pourquoi il multiplie ses activités publiques, mais ce qui lui est
arrivé est une nouvelle preuve que le régime néo-nazi est affaibli et polarisé entre différentes factions.
Récemment, des informations ont fait état de citoyens ukrainiens fuyant vers des pays frontaliers, tels que la Roumanie. Même si les alliés de Kiev
encouragent ces citoyens à retourner dans leur pays pour combattre, les obligations internationales empêchent le rapatriement forcé, ce qui rend la mobilisation ukrainienne encore
plus compliquée. Faute de personnes à envoyer au front, le régime recrute déjà des femmes, des personnes âgées et des personnes souffrant de graves problèmes de santé. Cette
situation est absolument insoutenable à long terme, l’effondrement du régime n’étant plus qu’une question de temps.
Le régime bandériste déterminé à achever le suicide démographique de l’Ukraine
Source : RzO International - par Vincent
Gouysse - Le 13/04/2024.
Le régime bandériste à l’agonie semble plus que jamais déterminé à poursuivre le sacrifice dédié à l’autel atlantiste jusqu’au dernier
ukrainien. Afin de continuer à pousser sa population au suicide, le sinistre clown de Kiev lui explique qu’en cas de victoire russe, les Russes forceront les
Ukrainiens rescapés à s’enrôler pour conquérir l’Europe…
La
nouvelle mobilisation «effacera toute une génération» d’Ukrainiens, car
il y a très peu d’hommes jeunes dans le pays – New York Times • «Les
hommes en bonne santé de moins de 30 ans, qui constituent l’épine dorsale
de la plupart des forces armées, représentent la génération la
moins nombreuse de l’histoire moderne de l’Ukraine. • En
raison de la dépression économique des années 90, le taux de natalité a
fortement chuté. Cette baisse s’est poursuivie pendant plus de dix ans. • En
conséquence, l’Ukraine compte aujourd’hui plus de deux fois plus d’hommes
de 40 ans que d’hommes de 20 ans. • Auparavant,
il avait été signalé qu’il n’y avait jamais eu aussi peu
d’enfants en Ukraine depuis au moins 300 ans.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant russe Vassili Nebenzia a déclaré que les habitants de Kharkov,
Odessa, Mykolaïv, Dnepropetrovsk et d’autres villes d’Ukraine partageaient de plus en plus avec les militaires russes les coordonnées de l’emplacement des
installations militaires des forces armées ukrainiennes, ceci «démontrant
clairement l’attitude réelle de la population civile à ce qui se passe» avant d’ajouter que «très
bientôt, le seul sujet de toutes les réunions internationales sur l’Ukraine sera la reddition inconditionnelle du régime de Kiev». Une victoire russe
rapide est aujourd’hui à n’en pas douter la seule perspective d’avenir à ce qui reste d’Ukrainiens valides, en particulier la jeune génération.
L’Ukraine vit aujourd’hui la pire catastrophe démographique de son histoire grâce à sa soumission
aveugle aux bandéristes et au «rêve américain». De quoi parachever un déclin déjà très prononcé au cours des trois décennies post-1991… La nouvelle
mobilisation militaire «effacera
toute une génération» d’Ukrainiens, car il y a très peu de jeunes hommes dans le pays selon le New
York Times. Le taux de natalité est au plus bas… et la génération des 20-30 ans est déjà réduite à la portion congrue par l’exil et le front !
Un général polonais meurt au fin fond de l’Ukraine
Varsovie affirme que le militaire est mort de «causes naturelles
inexpliquées» tandis que Moscou affirme avoir frappé le centre de commandement de Chasov Yar accueillant secrètement de hauts responsables de l’OTAN. Il est difficile de
prétendre comme l’ont fait les Français pour leurs propres «conseillers» transformer un général de brigade en «humanitaire» frappé par les Russes et pour lequel on exigerait des
«excuses». Cependant la crise hystérique sur «l’avant-guerre» du dirigeant polonais est aussi un «leurre» comparable à ceux de notre mégalomane Macron. Quand Poutine se défend
d’attaquer l’OTAN, il dit la vérité et dans le même temps il manie l’ironie puisque la population russe et une bonne partie de la planète sait à quel point sous la forme
traditionnelle (y compris au Vietnam) des «conseillers» y compris pour utiliser les armes abondamment fournies, les USA et l’OTAN ont toujours mené leurs «sales» guerres et continuent
sur toute la planète en organisant y compris des «guerres civiles». Mais aujourd’hui où le terrain militaire ne tient plus, où les populations du pays concerné se refusent à la
guerre, est-ce que l’on va poursuivre comme au Vietnam, en Afghanistan, en Irak par l’envoi de troupes, cette question est loin de faire l’unanimité. En revanche l’unanimité semble
totale en matière de surarmement et de choix de l’économie de guerre dans le parlement français (qui ne dit mot consent) et les résistances à l’envoi de troupes des plus timorées sans
parler de l’omerta sur la réalité de «l’engagement» actuel.
Danielle Bleitrach
*
par Stephen Bryen
Avant le début de la contre-offensive ukrainienne, l’importante ville de Bakhmout est tombée aux mains des Russes. J’ai
écrit à l’époque qu’il semblait que les Russes chercheraient également à prendre la ville de Chasiv Yar, mais cela ne s’est pas produit parce que la guerre s’est déplacée
vers le sud et la contre-offensive ukrainienne.
Pendant ce temps, un mois plus tard, le soi-disant héros de Bakhmout, Evgueni Prigojine et certaines de ses forces Wagner, ont envahi la Russie dans ce
qui ressemblait à une tentative de coup d’État, mais qui a peut-être aussi été programmé pour aider la contre-offensive à grande échelle de l’Ukraine.
La prise de Bakhmout et ce qui s’est passé dans le Donbass se sont transformés en contre-offensive et en menace intérieure pour Moscou. Les forces
russes ne se sont pas dirigées vers Tchassiv Yar.
Chasiv Yar a été extrêmement important pendant la bataille de Bakhmout. C’était la source d’approvisionnement pour les troupes envoyées à Bakhmout et
pour la rotation des soldats qui y combattaient.
C’était la source d’approvisionnement en munitions, en nourriture et en soutien médical pour l’armée ukrainienne dans la ville. Tchassiv Yar était
également le centre de commandement non seulement des Ukrainiens, mais aussi de leurs conseillers militaires occidentaux.
Selon les Russes, le bunker a été touché par un ou plusieurs missiles Iskander. L’Iskander est un missile balistique à courte portée qui peut opérer à
une vitesse hypersonique (Mach 5,9). Il possède différents types d’ogives, y compris des bunker busters qui pèsent entre 1000 et 1500 livres.
À l’intérieur de ce centre de commandement se trouvaient des
officiers de très haut rang de l’OTAN, dont certains ont été tués, selon des rapports russes. L’un d’eux était le général de brigade Adam Marczak de l’armée polonaise.
Voici ce qu’on peut lire dans sa biographie :
En 1994, le brigadier-général Adam Marczak est diplômé de l’Académie militaire des forces terrestres de Wroclaw, en Pologne, et est affecté en tant
que chef de peloton d’assaut au 10e bataillon d’assaut aérien, qui fait partie de la 6e brigade d’assaut aérien basée à Cracovie.
Au cours des années suivantes jusqu’en 2011, il a occupé successivement des postes au sein de la 6e brigade d’assaut aérien : commandant de la 2e
compagnie d’assaut, officier des opérations de la section S3, chef et chef d’état-major de la section S2 et commandant adjoint du bataillon du 16e bataillon aéroporté. En 2011, il
a rejoint le commandement des forces d’opérations spéciales polonaises basé à Cracovie en tant que chef adjoint de la division des exercices.
Il a été associé à cette unité militaire jusqu’en 2017 où il a finalement occupé le poste de chef de la Division des certifications et des
exercices. En 2017, il prend le commandement de la 25e brigade de cavalerie aérienne à Tomaszow Mazowiecki. De 2020 à 2021, le général de brigade Adam Marczak a occupé le poste de
chef de la Division du renseignement et de la guerre électronique au Commandement général des forces armées à Varsovie.
Depuis sa nomination et sa prise de fonction en 2021, il occupe le poste de chef d’état-major adjoint de l’Euroscorps de soutien et d’habilitation.
En 2009, il a servi pendant six mois en tant que commandant adjoint du groupement tactique aéroporté de la FIAS en Afghanistan. Il est retourné en Afghanistan pendant deux ans
(entre 2015 et 2017) en tant que chef d’état-major de l’OTAN au sein du Commandement de la composante d’opérations spéciales de l’OTAN (NSOCC-A).
La Pologne a annoncé sa mort, qui, selon l’armée polonaise, était due à des «causes naturelles
inexpliquées».
Diverses chaînes télégraphiques rapportent que d’autres officiers de l’OTAN ont été tués ou blessés dans l’attaque de Chasiv Yar. Selon ces témoignages,
certains blessés ont été évacués à la hâte vers la Pologne. Nous ne connaissons ni les noms, ni les grades, ni la nationalité des personnes tuées ou blessées, à l’exception de
Marczak.
De nombreux analystes pensent que les Russes vont bientôt s’emparer de Tchassiv Yar, même si elle est fortement défendue. Les rapports indiquent que les
forces russes ne sont qu’à un kilomètre ou deux de la ville, bien qu’elles soient engagées dans des combats féroces alors que les forces ukrainiennes tentent de les repousser.
Il est inhabituel que des officiers militaires de haut rang de l’OTAN soient si proches de la ligne de contact avec l’armée russe. La seule raison pour
laquelle ils sont là est un acte de désespoir : une profonde inquiétude que les Russes puissent réussir à passer, mettant en danger l’ensemble des défenses de second rang que
l’Ukraine tente de construire pour empêcher l’armée russe de se diriger vers le Dniepr, divisant potentiellement les forces ukrainiennes et mettant en danger Kiev.
Pendant un certain temps, il a semblé que les Russes allaient
lancer une nouvelle offensive très importante. La seule question qui se pose est celle de l’objectif d’une opération russe. Certains pensent qu’il s’agirait de prendre Kharkiv, la
deuxième plus grande ville d’Ukraine.
Les Russes ont récemment coupé
une partie du réseau électrique de Kharkiv et les forces russes pourraient être envoyées pour attaquer la ville. Mais cela créerait un problème important, car la prise de
villes est un processus long et coûteux qui implique toujours des pertes importantes. Les Russes viennent de passer par une très longue bataille pour Avdiivka qui a duré quatre mois.
Avdiivka est minuscule par rapport à Kharkiv.
Chasiv Yar et les combats autour de cette ville semblent maintenant être une cible plus importante et immédiate pour les Russes. Le fait qu’il regorge
de hauts responsables de l’OTAN indique également qu’il s’agit d’un atout stratégique très important pour les Ukrainiens.
La «nouvelle» stratégie militaire de l’Ukraine, dirigée par son nouveau commandant militaire général, Oleksandr Syrsky, vise à gagner du temps et à
retarder toute avancée russe.
Pour ce faire, les Ukrainiens construisent des tranchées, des pièges à chars et d’autres systèmes défensifs renforcés. Dans le même temps, l’Ukraine
tente de détourner l’attention de la Russie par des attaques d’artillerie et de bombardement sur des villes russes et des tentatives parallèles d’attaquer la Crimée.
Il y a également eu une augmentation
significative des opérations de l’OTAN en mer Noire, probablement pour aider les Ukrainiens à cibler la Crimée et des cibles à l’intérieur de la Russie. Mais il est peu probable
que les diversions changent le caractère principal de la guerre ou forcent les Russes à utiliser leurs forces pour défendre des actifs clés en Crimée, dans le Donbass ou en
Russie.
D’ici une semaine ou deux, nous verrons probablement ce qui se passera à Chasiv Yar et si les Ukrainiens pourront tenir la ville et contrecarrer
l’avancée russe. Si ce n’est pas le cas, l’OTAN devra trouver une alternative qui pourrait inclure l’ouverture de négociations avec la Russie.
Cela ne plaira pas au président américain Joe Biden ni à son équipe de sécurité nationale, qui préfèrent un combat prolongé en Ukraine. Le chancelier
allemand Olaf
Scholz rapporte qu’un certain nombre d’acteurs anonymes de l’OTAN se réunissent déjà pour discuter d’une sorte d’accord négocié, bien que jusqu’à présent, il affirme que les
Russes ne sont pas inclus dans le processus.
• Un soldat
ukrainien affirme qu’ils subissent de lourdes pertes et dans le nord-est du pays.
• Cela s’explique en
partie par l’utilisation accrue par la Russie de bombes planantes, selon le Times de
Londres.
• Les F-16 pourraient
aider à contrer cette menace, mais ils ne devraient pas arriver avant l’été.
Un soldat ukrainien combattant près de la ligne de front nord du pays a décrit la menace des bombardements russes, déclarant
au Times de
Londres qu’ils «perdent
tellement de gens, il y a tellement de corps que nous ne pouvons même pas tous les ramener».
Qualifiant le combat de «putain
d’horrible», le soldat, identifié par le journal comme étant Lemur, a ajouté que les forces ukrainiennes présentes dans la région ne pouvaient pas avancer.
«Nous
pouvons à peine tenir le cap», a-t-il déclaré.
Selon le média, Lemur combat à Koupiansk, dans l’oblast de Kharkiv en Ukraine, là où l’Institut pour l’étude de la guerre a signalé des
gains marginaux de la Russie ces derniers jours.
Les bombes planantes, dont la Russie a intensifié l’utilisation au cours des trois derniers mois, constituent un facteur majeur de
l’offensive russe actuelle.
Il s’agit de bombes de l’ère soviétique dotées de systèmes de guidage et d’ailes permettant des frappes à longue distance.
Depuis le mois dernier, la Russie les utilisait intensément autour de trois points chauds de la guerre : Koupiansk, la ville orientale de
Bakhmout, et Robotyne, un village stratégique du sud-est, a rapporté le Kyiv Post.
Lancées depuis un avion à distance puis guidées vers leur cible, la petite signature radar et le court temps de vol des bombes planantes les
rendent difficiles à détecter et à abattre pour les systèmes de défense aérienne ukrainiens déjà mis à rude épreuve.
La Russie augmenterait sa production de bombes.
Les bombes planantes ont joué un rôle dans la prise d’Avdiivka par les Russes à la mi-février, son seul succès majeur ces derniers mois.
Leur impact à Avdiivka aurait été dévastateur.
L’Ukraine ne publie pas de chiffres officiels sur les victimes.
Maksym Zhorin, un soldat de la 3e brigade d’assaut d’Ukraine, a déclaré dans un message sur Telegram au cours de cette bataille que les
bombes planantes «détruisent
complètement n’importe quelle position», a rapporté le Washington
Post.1
«Tous
les bâtiments et structures se transforment simplement en une fosse après l’arrivée d’une seule bombe», a-t-il déclaré.
Luttant pour repousser les forces russes, l’Ukraine a renforcé ses propres lignes défensives.
À Koupiansk, les combats de première ligne s’appuient sur trois kilomètres de tranchées, de dents de dragon et de champs de mines, a
rapporté le Times.
Cependant, ceux-ci ne présentent aucune barrière pour les bombes planantes.
La menace aérienne a rendu encore plus urgent l’acheminement des F-16 vers l’Ukraine.
Mykola Bielieskov, analyste militaire à l’Institut national d’études stratégiques de Kiev, a déclaré au Post que
les missiles air-air modifiés des F-16 pourraient aider l’Ukraine à contrer la menace.
Cependant, on estime que les avions n’atteindront pas le ciel ukrainien avant au moins l’été.
Les forces russes continuent leur progression à l’ouest d’Avdiivka, et la destruction systématique du potentiel otano-kiévien. Inutile de dire
que l’action terroriste de Moscou leur donne du cœur à l’ouvrage.
En fait, les choses sérieuses n’ont
pas encore commencé.
Lorsque ce sera le cas, le résultat aura probablement un impact direct et fort sur celui de l’élection US de fin d’année.
Occupées par l’application d’un plan Vigipirate renforcé et par la sécurité des Jeux olympiques, les forces armées bonsaï dont
la France dispose ne seront pas dimensionnées pour une quelconque co-belligérance dans le conflit ukrainien.
Les gesticulations du président français ne convainquent personne.
Les néocons US et leurs homologues européens ne devraient pas rêver. La messe est
dite.
Il va falloir payer le prix économique et géopolitique de la désastreuse gestion de ce conflit par nos gouvernances
européennes.
Les électeurs français, aveuglés, voire anesthésiés par les médias mainstream, ouvriront-ils les yeux
avant le 9 juin prochain ? Rien n’est moins sûr.
Fini le jeu d’ombres. C’est
maintenant au grand jour. Tous les coups sont permis.
Pièce 1 : vendredi 22 mars 2024. C’est la guerre. Le Kremlin, par l’intermédiaire de Peskov, l’admet enfin, officiellement.
La citation :
«La Russie ne peut
pas permettre l’existence à ses frontières d’un État qui a l’intention documentée d’utiliser toutes les méthodes pour lui prendre la Crimée, sans parler du territoire des nouvelles
régions».
Traduction : Le mongrel de Kiev fabriqué par l’Hégémon est condamné, d’une manière ou d’une autre. Le signal du Kremlin : «Nous n’avons pas
encore commencé» commence maintenant.
Pièce 2 : Vendredi après-midi, quelques heures après Peskov. Confirmé par une source européenne sérieuse – non russe. Le premier
contre-signal.
Des troupes régulières françaises, allemandes et polonaises sont arrivées, par voie ferroviaire et aérienne, à Tcherkassy, au
sud de Kiev. Une force importante. Aucun chiffre n’a été divulgué. Elles sont logées dans des écoles. À toutes fins utiles, il s’agit d’une force de l’OTAN.
C’est le signal : «Que les jeux commencent». Du point de vue russe, les cartes de visite de M. Kinjal vont être très
demandées.
Pièce 3 : Vendredi soir. Attaque terroriste au Crocus City, une salle de concert au nord-ouest de Moscou. Un commando très entraîné
tire à vue, à bout portant, de sang-froid, puis met le feu à la salle de concert. Le contre-signal définitif : le champ de bataille s’étant effondré, il ne reste plus que le
terrorisme à Moscou.
Et au moment même où la terreur frappait Moscou, les États-Unis et le Royaume-Uni, en Asie du Sud-Ouest, bombardaient Sanaa, la capitale du Yémen, avec
au moins cinq frappes.
Une belle coordination. Le Yémen vient de conclure un accord stratégique à Oman avec la Russie et la Chine pour une navigation sans encombre dans la mer
Rouge, et figure parmi les principaux candidats à l’expansion des BRICS+ lors du sommet de Kazan en octobre prochain.
Non seulement les Houthis sont en train de vaincre la thalassocratie de manière spectaculaire, mais ils ont aussi le partenariat stratégique
Russie-Chine de leur côté. Assurer à la Chine et à la Russie que leurs navires peuvent naviguer sans problème dans le Bab-al-Mandeb, la mer Rouge et le golfe d’Aden s’échange contre
un soutien politique total de la part de Pékin et de Moscou.
Les sponsors restent les
mêmes
Moscou, au cœur de la nuit, avant l’aube du samedi 23. Pratiquement personne ne dort. Les rumeurs dansent comme des derviches sur d’innombrables écrans.
Bien sûr, rien n’a été confirmé – pour l’instant. Seul le FSB aura des réponses. Une vaste enquête est en cours.
La date du massacre du Crocus est assez intrigante. Un vendredi pendant le ramadan. Les vrais musulmans ne penseraient même pas à perpétrer un meurtre
de masse de civils non armés en une occasion aussi sacrée. Comparez cela à la carte ISIS brandie frénétiquement par les suspects habituels.
Pour citer les Talking Heads : «This ain’t no
party/ this ain’t no disco/ this ain’t no fooling around» (ce n’est pas une fête/ ce n’est pas une discothèque/ ce n’est pas une plaisanterie). Oh non, il s’agit plutôt d’une
opération psychologique américaine. Les membres d’ISIS sont des mercenaires/voyous cartoonesques. Ce ne sont pas de vrais musulmans. Et tout le monde sait qui les finance et les
arme.
Cela conduit au scénario le plus possible, avant que le FSB n’intervienne : Des hommes de main d’ISIS importés du champ de bataille syrien – en l’état,
probablement des Tadjiks – entraînés par la CIA et le MI6, travaillant pour le compte du SBU ukrainien. Plusieurs témoins à Crocus ont parlé de «Wahhabites» – comme quoi les tueurs du
commando ne ressemblaient pas à des Slaves.
Le Serbe Aleksandar Vucic est allé droit au but. Il a établi un lien direct entre les «avertissements» lancés début mars par les ambassades américaine
et britannique à leurs ressortissants, les invitant à ne pas se rendre dans les lieux publics de Moscou, et le fait que les services de renseignement de la CIA et du MI6 disposaient
d’informations privilégiées sur d’éventuels actes terroristes et ne les avaient pas divulguées à Moscou.
L’intrigue se corse lorsqu’il est établi que le Crocus appartient aux Agalarov : une famille milliardaire azerbaïdjanaise et russe, amie très proche
de…
… Donald Trump.
En voilà une cible toute désignée par l’État profond.
Produits dérivés d’ISIS ou banderistes – les commanditaires restent les mêmes. Le clownesque secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de
l’Ukraine, Oleksiy Danilov, a été assez bête pour confirmer virtuellement, indirectement, qu’ils l’avaient fait, en déclarant à la télévision ukrainienne : «Nous
leur [aux Russes] donnerons plus
souvent ce genre d’amusement».
Mais c’est à Sergueï Gontcharov, un vétéran de l’unité d’élite antiterroriste Russia Alpha, qu’il revenait de se rapprocher de la résolution de l’énigme
: il a déclaré à Sputnik que
le cerveau le plus probable est Kyrylo Boudanov – le chef de la direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la Défense.
Le «chef des espions» qui se trouve être le principal agent de la CIA à Kiev.
Cela doit aller jusqu’au dernier
Ukrainien
Les trois pièces ci-dessus complètent ce que le chef du comité militaire de l’OTAN, Rob Bauer, a déjà dit.
Rob Bauer, a déclaré lors d’un forum sur la sécurité à Kiev : «Il faut plus que
des grenades : il faut des gens pour remplacer les morts et les blessés. Et cela signifie qu’il faut se mobiliser».
Traduction : L’OTAN précise qu’il s’agit d’une guerre jusqu’au dernier Ukrainien.
Et les «dirigeants» de Kiev n’ont toujours pas compris. L’ancien ministre des Infrastructures, Omelyan, a déclaré : «Si nous gagnons,
nous paierons avec du pétrole, du gaz, des diamants et de la fourrure russes. Si nous perdons, il ne sera plus question d’argent – l’Occident réfléchira à la manière de
survivre».
Parallèlement, le chétif Borrell «jardin et jungle» a admis qu’il serait «difficile» pour l’UE de trouver 50 milliards d’euros supplémentaires pour Kiev
si Washington mettait fin à l’opération. Les dirigeants en sweat-shirt alimentés à la cocaïne pensent en fait que Washington ne les «aide» pas sous forme de prêts, mais sous forme de
cadeaux. Il en va de même pour l’UE.
Le théâtre de l’absurde est inégalable. La chancelière allemande aux saucisses de foie croit réellement que les revenus des actifs russes volés
«n’appartiennent à personne» et qu’ils peuvent donc être utilisés pour financer l’armement supplémentaire de Kiev.
Toute personne dotée d’un cerveau sait que l’utilisation des intérêts des actifs russes «gelés», en réalité volés, pour armer l’Ukraine est une impasse
– à moins de voler tous les actifs de la Russie, soit environ 200 milliards de dollars, principalement garés en Belgique et en Suisse : cela détruirait l’euro pour de bon, et
l’ensemble de l’économie de l’Union européenne par la même occasion.
Les eurocrates feraient mieux d’écouter Elvira Nabiullina, la grande «perturbatrice» (selon la terminologie américaine) de la Banque centrale russe : La
Banque de Russie prendra les «mesures appropriées» si l’UE fait quoi que ce soit au sujet des avoirs russes «gelés»/volés.
Il va sans dire que les trois pièces ci-dessus réduisent à néant le cirque de «La Cage aux Folles» promu par le Petit Roi chétif, désormais connu dans
ses domaines français sous le nom de Macronapoléon.
Pratiquement toute la planète, notamment le Nord global anglophone, s’était déjà moquée des «exploits» de son Armée du Moulin Rouge.
Ainsi, des soldats français, allemands et polonais, dans le cadre de l’OTAN, sont déjà dans le sud de Kiev. Le scénario le plus probable est qu’ils
resteront loin, très loin des lignes de front – bien que traçables par les activités de M. Kinjal.
Avant même l’arrivée de ce nouveau contingent de l’OTAN dans le sud de Kiev, la Pologne – qui se trouve être le principal couloir de transit des troupes
de Kiev – avait confirmé que des troupes occidentales se trouvaient déjà sur le terrain.
Il ne s’agit donc plus de mercenaires. La France n’est d’ailleurs qu’au 7e rang en termes de mercenaires sur le terrain, largement distancée par la
Pologne, les États-Unis et la Géorgie, par exemple. Le ministère russe de la Défense dispose de tous les relevés précis.
En résumé, la guerre s’est déplacée de Donetsk, Avdiivka et Belgorod à Moscou. Plus tard, elle ne s’arrêtera peut-être pas seulement à Kiev. Elle
pourrait ne s’arrêter qu’à Lviv. M.
87%, bénéficiant d’une quasi-unanimité nationale massive, a désormais le mandat d’aller jusqu’au bout. Surtout après le Crocus.
Il est tout à fait possible que les tactiques de terreur des hommes de main de Kiev poussent finalement la Russie à ramener l’Ukraine à ses frontières
initiales, enclavées, du XVIIe siècle : Privée de la mer Noire, et avec la Pologne, la Roumanie et la Hongrie récupérant leurs anciens territoires.
Les Ukrainiens restants commenceront à se poser de sérieuses questions sur ce qui les a amenés à se battre – littéralement jusqu’à la mort – au nom de
l’État profond américain, du complexe militaire et de BlackRock.
Dans l’état actuel des choses, le hachoir à viande de l’autoroute de l’enfer est voué à atteindre sa vitesse maximale.
Je le répète, le ministère russe de la Défense donne des chiffres sur les pertes des forces armées ukrainiennes (FAU) en se fondant sur un contrôle
objectif. Il s’agit d’identifier physiquement les corps des morts et des blessés des FAU, principalement sur la ligne de contact du combat. Le ministère russe de la Défense ne donne
pas d’estimations des morts et des blessés dans l’arrière tactique, et encore moins opérationnel, des FAU parce qu’il ne peut pas les compter de manière fiable. Par exemple, il y a
quelques jours, les forces aérospatiales russes (VKS) a largué deux KAB de 1500 kg sur le bataillon nazi Kraken. La seule chose que l’on sait, c’est qu’il y avait 300 hommes –
personne ne survit à deux KAB, et le ministère de la Défense a donc affirmé avec un certain degré de fiabilité que JUSQU’À 300 nazis avaient été anéantis. Mais, comme je le répète ad
nauseam, le nombre réel des FAU tuées est bien plus élevé que le nombre total de pertes que le ministère de la Défense russe a estimé à 444 000.
Et voici le professionnel qui dit
la même chose, et il est de l’OTAN :
«Les pertes de
l’Ukraine dans le conflit avec la Russie devraient se compter «en millions», a déclaré l’ancien chef de l’état-major général polonais, Rajmund Andrzejczak. Kiev «est en train de
perdre la guerre» et ne dispose pas des ressources nécessaires pour poursuivre la lutte contre Moscou, a-t-il ajouté. Dans une interview accordée lundi à la chaîne Polsat, le général
à la retraite a qualifié la situation de l’Ukraine sur le champ de bataille de «très dramatique» et a insisté sur le fait qu’«il n’y a pas de miracles dans la guerre»».
Et voici la partie qui compte :
«Plus de 10
millions de personnes manquent à l’appel. J’estime que les pertes se comptent en millions, et non en centaines de milliers. Il n’y a pas de ressources dans ce pays, il n’y a personne
pour se battre».
C’est ce que je répète sans cesse. Si l’on considère les forces en présence, la densité des tirs, l’armement de réserve, la durée et la longueur du
front, il est clair que les pertes en vies humaines dépassent à elles seules le million. Je ne sais pas dans quelle mesure, mais de la même manière que «Staline» n’a pas pu tuer ou
emprisonner des «dizaines de millions» de personnes en URSS, parce que cela défie les méthodes statistiques et mathématiques de base et les preuves empiriques de 150 millions de
Russes vivants, il en va de même pour les chiffres du ministère russe de la Défense, qui sont publiés strictement sur la base de données confirmées, toute évaluation, même hautement
justifiée, étant supprimée en raison de l’insuffisance des probabilités. Les chiffres changeront et augmenteront de façon spectaculaire plus l’armée russe se déplacera vers
l’Ouest.
«Dans les guerres
attritionnelles, les opérations militaires sont façonnées par la capacité d’un État à remplacer les pertes et à générer de nouvelles formations, et non par des manœuvres tactiques et
opérationnelles», a expliqué le lieutenant-colonel à la retraite de l’armée américaine Alex Vershinin dans un commentaire du Royal United Services Institute, «L’art de la guerre
attritionnelle : les leçons de la guerre russe contre l’Ukraine», publié lundi. Contrairement à la guerre de manœuvre, qui vise à vaincre rapidement et violemment un ennemi, le combat
d’attrition prend du temps, voire des années. «Le camp qui accepte la nature attritionnelle de la guerre et qui se concentre sur la destruction des forces ennemies plutôt que sur la
conquête du terrain a le plus de chances de l’emporter. L’Occident n’est pas préparé à ce type de guerre», a-t-il déclaré. Vershinin a fait remarquer que les armées occidentales ont
longtemps considéré les conflits d’usure comme des exceptions à éviter à tout prix, au profit d’affrontements plus courts, axés sur les manœuvres. Plutôt qu’une «bataille décisive»
par le biais de la guerre de manœuvre, «la guerre d’attrition se concentre sur la destruction des forces ennemies et de leur capacité à régénérer la puissance de combat, tout en
préservant la sienne», a-t-il écrit, notant qu’une stratégie d’attrition réussie «accepte que la guerre dure au moins deux ans».
J’ai des nouvelles pour Vershinin, dans une guerre conventionnelle avec la Russie, il n’y aura PAS de manœuvres de l’OTAN – il y aura l’anéantissement
du C2 à l’arrière opérationnel et stratégique et après cela, après que de puissants F-35 auront été abattus, toutes les formations suffisamment importantes seront détectées et ensuite
anéanties par des armes de réserve. Ainsi, pour la seule armée américaine, 3600 victimes par jour – eh bien, bonne chance pour tenir plus de deux semaines. Je le répète : la guerre du
Golfe était une anomalie vendue à un public non averti par le biais des médias comme une sorte de guerre future, ce qui n’était pas le cas. On ne peut pas apprendre la vraie guerre à
partir de ce jeu de dindes. Et ils ne l’ont pas fait.
P.S. Une déclaration extrêmement
importante de Poutine aujourd’hui :
Poutine : «La Russie se
souvient des crimes des Vlasovites et ne pardonnera pas aux nouveaux traîtres».
Lors d’un point de presse sur le
résultat de l’élection de 2024, Vladimir Poutine, fraîchement réélu, a affirmé que la Russie pourrait être contrainte de créer une «zone tampon» dans les territoires actuellement
contrôlés par le régime de Kiev.
Le président Vladimir Poutine a déclaré dimanche aux journalistes qu’une éventuelle «zone tampon» pourrait être créée pour empêcher Kiev de bombarder
les territoires russes avec les armes de l’OTAN en sa possession.
Plus tard dans la journée, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a précisé que la mesure proposée par le président serait nécessaire pour
contrecarrer les frappes continues d’artillerie et de drones menées par le régime de Kiev contre les zones résidentielles et les installations civiles de la Russie.
«Elles ne peuvent
être sécurisés qu’en créant un certain corridor, une certaine zone tampon, de sorte que tous les moyens que l’ennemi peut utiliser pour lancer des frappes soient hors
d’atteinte», a déclaré Peskov à la presse.
«Il est nécessaire
de distinguer les types de zones [tampons] dont il est
question», a déclaré à Sputnik Sergei
Poletaev, un analyste politique russe. «Le premier type
est établi à la suite d’un accord de cessez-le-feu. Le second est établi à la suite d’actions de force menées par l’une des parties».
«Dans notre cas,
la deuxième option semble plus pertinente : c’est quand l’une des parties organise une opération militaire pour assurer une certaine zone de sécurité à l’extérieur de ses frontières,
en invoquant le fait qu’une menace vient d’un État voisin», a-t-il ajouté.
Selon Poletaev, la Russie a tenté de négocier une sorte de zone tampon avec d’autres participants au «Format Normandie» dans le cadre des accords de
Minsk de 2014 et 2015, afin de garantir la sécurité des civils du Donbass face aux bombardements aveugles de l’Ukraine sur la région.
«Cet accord a été
formulé comme le retrait des armes lourdes de la ligne de démarcation. Dans l’annexe des accords de Minsk, ces [zones] ont même été dessinées sur la carte», a déclaré
l’analyste.
Le régime de Kiev n’a toutefois pas respecté les accords, tandis que les bailleurs de fonds occidentaux de l’Ukraine ont admis plus tard qu’ils avaient
utilisé les accords de Minsk comme une pause opérationnelle pour le renforcement de l’armée ukrainienne.
Des militaires
ukrainiens tirent sur des positions russes à partir d’un obusier M777 fourni par les
États-Unis dans la région de Kharkov, le jeudi 14 juillet 2022.
La profondeur de la zone tampon dépend du type d’armes utilisées par l’armée ukrainienne, a poursuivi Poletaev.
«S’il s’agit de
canons ou de roquettes, la zone tampon est d’environ 40 à 50 kilomètres. Les systèmes d’artillerie occidentaux les plus couramment utilisés par les Ukrainiens sont les obusiers M777.
Ils ont une portée de 20 à 40 kilomètres, selon le type d’obus utilisé. Le projectile guidé sophistiqué Excalibur a une portée de tir de [un peu plus de] 40 kilomètres. Les systèmes
Grad, notamment les versions améliorées, ou le Vampir tchèque [RM-70] ont également une portée de 40 km. C’est la profondeur. (…) Il s’agit de priver l’ennemi de la possibilité de
bombarder massivement Belgorod [et d’autres villes frontalières russes]».
Dans le même temps, la zone tampon n’empêchera pas l’ennemi d’attaquer le territoire russe à l’aide de drones et de missiles à longue portée, a fait
remarquer l’analyste. Tout récemment, l’Ukraine a intensifié les frappes de drones sur les installations russes, tandis qu’une conversation interceptée par des officiers supérieurs
allemands a révélé leurs plans d’utilisation de missiles Taurus contre les objets civils de la Russie. Le missile de croisière Taurus a une portée de tir de 500 km.
À en juger par la rhétorique du régime de Kiev et de l’Occident collectif, ils ne sont pas disposés à tenir des négociations sur la cessation des
hostilités qui infligent des dommages à la population civile russe, a noté Poletaev. Par conséquent, selon l’analyste, la seule solution à ce dilemme est de «déplacer la ligne
de front» loin des frontières de la Russie. Les bombardements et les incursions de l’Ukraine dans les régions frontalières de la Russie ne laissent guère d’autre choix à Moscou,
estime Poletaev.
Le président russe Poutine a évoqué la création d’une zone tampon le 13 juin 2023, en réponse aux incursions, aux attaques de sabotage et aux
bombardements du territoire russe par l’Ukraine.
«La possibilité
d’un bombardement de notre territoire par l’Ukraine subsiste», a déclaré le président lors d’une réunion avec des journalistes de guerre couvrant l’opération militaire spéciale
russe. «Il existe
plusieurs solutions : tout d’abord, renforcer l’efficacité de la lutte contre les bombardements. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de frappes de missiles sur notre
territoire. Mais si cela continue, nous devrons apparemment envisager la question – et je le dis très prudemment – de la création d’une zone tampon sur le territoire ukrainien à une
distance telle qu’il serait impossible d’atteindre notre territoire».
Poutine a noté à l’époque que le Kremlin devait voir comment la situation évolue. Alors que les attaques de sabotage et les actions terroristes de
l’Ukraine contre les civils russes se poursuivent, Moscou semble redoubler d’efforts pour envisager cette option.
Il est encore temps de négocier une paix honorable pour L’Ukraine. Ce serait la première pierre du retour à la stabilité pour l’ensemble de l’Europe. Quel est le but de l’Occident dans la
guerre indirecte qu’il mène en Ukraine? Trois objectifs sont proclamés par nos dirigeants : D’abord rétablir l’intégrité du territoire ukrainien dans ses frontières reconnues par la
communauté des nations, en expulsant l’agresseur russe du Donbass et de la Crimée. Ensuite, faire respecter la souveraineté du gouvernement de Kiev, qui doit être libre d’adhérer à
l’OTAN et à l’Union européenne, s’il persiste à le vouloir. Enfin briser l’impérialisme du Kremlin avant que son ambition insatiable ne le pousse à des aventures qui mettraient toute
l’Europe en danger. « La
chute du bastion avancé qu’est l’Ukraine confronterait le reste de l’Europe à des menaces immédiates » écrivent deux géopoliticiens renommés.
Michel Pinton, ancien député au Parlement européen
Deux ans après le commencement de la guerre, aucun des trois objectifs de l’Occident n’a été atteint. Ni les « sanctions » financières et commerciales
contre la Russie ni la livraison d’armements de plus en plus sophistiqués aux troupes de Kiev n’ont fait reculer le Kremlin. L’actualité n’apporte que de mauvaises nouvelles. L’armée
ukrainienne cède du terrain ; son moral est ébranlé ; ses effectifs fondent ; le Président américain ne parvient pas à débloquer les ressources budgétaires indispensables pour
la réarmer. L’Europe voit avec inquiétude que la défaite de la Russie dépend désormais de son soutien au gouvernement de Kiev. Mais que peut-elle faire ? Elle n’a guère les moyens
d’aller plus loin dans sa participation indirecte au conflit : ses stocks d’armes disponibles sont presque épuisés et son aide financière a atteint un palier qui ne peut être franchi
sans passer d’une organisation de paix à une économie de guerre. Pour échapper à l’échec, certains de nos dirigeants, Emmanuel Macron en tête, imaginent l’envoi
« ambigu » de nos soldats sur le sol ukrainien : ils ne combattraient pas, mais appuieraient au plus près les troupes kiéviennes. Intimidées par un déploiement de forces
qu’elles n’oseraient détruire, les armées russes seraient obligées de reculer. L’idée est confuse et sa mise en œuvre risquée. Les objectifs que l’Europe s’est fixés nous entraînent dans un
engrenage d’implication croissante à mesure qu’ils s’éloignent.
Les défis majeurs de l’armée ukrainienne
Mais une implication plus grande de l’Europe ne répondrait en rien à deux faiblesses essentielles de l’armée ukrainienne, que deux années de guerre ont révélées
et confirmées. D’une part, cette armée n’a pas les effectifs qui seraient nécessaires pour atteindre les objectifs que la politique lui assigne. Elle tient malaisément la ligne d’un front de
plus de mille kilomètres. Les pertes en hommes ont décimé ses rangs. Pour repartir à l’assaut des positions russes, il lui faudrait mobiliser tous les adultes masculins de l’Ukraine. Mais son
système de recrutement est à la fois inefficace et inégalitaire. La population rurale a été saignée à blanc ; les classes supérieures des grandes villes ont été complètement épargnées.
Le changement indispensable de ses procédures de conscription, à supposer qu’il soit décidé, va se heurter à la méfiance de tous. Elle suscitera une masse considérable de faux exemptés, de
déserteurs et de disparus. Les forces ukrainiennes demeureront insuffisantes, avec ou sans réforme.
D’autre part, le haut commandement ukrainien est de qualité médiocre. Sa capacité à mener les opérations de grande envergure qui lui permettraient de repousser
l’armée russe, reprendre le Donbass et s’emparer de la Crimée est pour le moins douteux. Ses prétendues victoires de l’été 2022, dans la région d’Izioum puis autour de Kherson,
sont des inventions de propagande. L’État-major ukrainien a simplement profité de retraites russes bien planifiées et exécutées sans pertes significatives. Lorsqu’il a tenté de se lancer dans
une grande offensive, l’été dernier, en engageant pas moins de 160.000 soldats, 2500 véhicules blindés et 1500 aéronefs, il a piteusement échoué. Son chef a reconnu lui-même qu’il avait
présumé des capacités de son corps d’officiers. La méthode ukrainienne de combat repose principalement sur une doctrine sommaire : la défense acharnée d’agglomérations dont les usines et
les immeubles en béton forment des fortifications toutes prêtes. Marioupol, Bakhmout et Avdiivka en sont les illustrations les plus connues. Elles se sont quand même achevées en défaites
ukrainiennes.
Dès lors, comment concilier le but proclamé et les outils disponibles ? Il est douteux que l’augmentation du nombre des canons Caesar ou l’intervention
d’avions F-16 ou la présence de missiles Taurus ou même « l’ambigüité stratégique » de Macron remédient à des carences aussi déterminantes. Les faits sont têtus, dit l’adage
populaire. L’Europe s’obstine en vain à poursuivre des objectifs qu’elle n’a jamais pu et ne peut encore atteindre. Le réalisme commande de les réexaminer.
Et d’abord, sont-ils aussi bien fondés que nos dirigeants ne cessent de l’affirmer ? Des voix dissidentes ont dénoncé leur caractère fallacieux.
Elles font valoir que le retour de l’autorité du gouvernement de Kiev sur le Donbass et la Crimée serait contraire à la volonté majoritaire des populations qui y vivent ; que l’entrée de
l’Ukraine dans l’OTAN serait une extension démesurée et dangereuse du traité de l’Atlantique-Nord ; que son inclusion dans l’Union européenne déséquilibrerait toute la construction
communautaire ; que l’idée d’un empire russe couvrant l’Europe de son ombre menaçante est un fantasme qu’aucun fait sérieux ne confirme. Les objectifs poursuivis par l’Occident ne
sont pas motivés par une volonté de justice, mais par un instinct de domination sur l’est de notre continent.
Réévaluation des objectifs occidentaux
Il serait sage d’écouter ceux, dont je m’honore d’être, qui suggèrent à nos gouvernants un objectif moins irréaliste militairement, moins contestable moralement
et facilement accessible. Il consiste à faire de l’Ukraine un État neutre, qui ne pourrait être inclus ni dans l’OTAN ni dans une alliance avec la Russie. Tous les
gouvernements de notre continent, y compris le Kremlin, seraient appelés à ratifier ce statut. Il n’a rien de révolutionnaire, puisque Russes et Ukrainiens étaient d’accord pour l’appliquer
en avril 2022, avant que les Anglo-Américains ne persuadent le gouvernement de Kiev de le rejeter. J’imagine que le Président Zelinsky, quand il est seul dans sa chambre, se mord les doigts
de les avoir écoutés : La voie qu’ils lui ont fait prendre a entraîné l’Ukraine dans une spirale de morts et de destructions ; des provinces entières, passées sous domination russe,
ont peu de chances d’être récupérées ; et, pour couronner le tout, l’aide de Londres s’avère insignifiante et celle de Washington est suspendue. S’obstiner dans une guerre voulue par des
puissances lointaines et dans leur intérêt propre, c’est, pour l’Ukraine, risquer de perdre encore plus de terres avec encore plus de morts. L’Europe s’honorerait en lui ouvrant un autre
chemin : Celui d’une paix garantie par tous nos États.
Osons aller plus loin. Au-delà de l’abcès ukrainien, il faut que l’Europe ait l’audace de viser une paix durable entre
l’Est et l’Ouest de notre continent. Cette paix sera précaire tant que la Russie d’une part, ses voisins occidentaux d’autre part, ne se sentiront pas en sécurité. La
neutralité de l’Ukraine serait un premier pas vers la tranquillité de tous. Il devrait être suivi par d’autres pas, qui consisteraient à donner un statut analogue à tous les États
limitrophes de la Russie : L’OTAN renoncerait à l’inclusion de la Finlande, de l’Estonie et de la Lettonie ; la Russie en ferait autant pour la Biélorussie. Pour autant, aucun de
ces États ne serait empêché de prospérer en concluant des accords de libre circulation des produits, des services, des capitaux et des hommes avec l’Est ou l’Ouest de notre continent.
Voulons-nous une paix issue d’une défaite de la Russie ou d’une paix fondée sur un équilibre
raisonnable ?
La première ne peut être atteinte sans un holocauste de vies humaines et sans des destructions sans nombre. De plus, l’humiliation du vaincu rendra
cette paix fragile. La seconde ne coûte rien, sauf de renoncer à toute forme d’arrogance politique. C’est un très petit sacrifice pour payer une paix stable dans le vieux
monde.
SitRep Ukraine. La lenteur de l’action – Nouvelles bombes – Appel à des pourparlers
Stephen
Bryan poursuit ses précieux résumés de la situation en Ukraine :
Un certain nombre
de contre-attaques menées par les Ukrainiens, dans certains cas avec des forces de réserve, ont eu lieu le long de la ligne de contact. Bien que les rapports ne soient pas encore
complets, il semble que toutes les tentatives ukrainiennes pour faire reculer les Russes aient échoué, à l’exception peut-être de Robotyne.
Entre-temps, les
Russes ont pris ou prendront bientôt un certain nombre de villages, dont Ivaniska, Bilohorivka, Berdichev, Pobjeda et Novomikhailovka.
Depuis le 28
février, les Russes ont détruit trois chars Abrams. Le plus récent a été détruit le 4 mars par un missile antichar, probablement un Kornet russe. Les deux premiers Abrams ont été touchés
par des drones russes bon marché équipés d’ogives RPG-7.
Les forces russes poursuivent leur lente progression sur l’ensemble du front. Les pertes ukrainiennes augmentent. Au cours des deux dernières semaines, le
nombre quotidien de tués et de blessés a, le plus souvent, dépassé le millier.
La lenteur des opérations et l’absence de grands mouvements de flèche sont des modes opératoires soigneusement calculés. Comme l’a fait remarquer un observateur :
Plus cette [lenteur] se prolonge, plus il y a de chances que les Européens fassent quelque chose de stupide. Ou vos néoconservateurs. Nous sommes déjà
directement responsables du bombardement d’une centrale nucléaire et ce n’est que Shoigu téléphonant à différents ministres des affaires étrangères qui a empêché les Ukrainiens de
s’amuser avec des bombes sales.
C’est donc une question d’équilibre. Si les Russes agissent trop vite, ils risquent d’énerver les
psychopathes de Washington et de Berlin/Bruxelles/Westminster. Trop lents, ils donnent aux psychopathes plus de possibilités de faire des sales coups. Il ne reste plus qu’à
espérer que les Russes parviennent à un juste équilibre.
Le rapport publié aujourd’hui par le ministère russe de la défense fait état d’une cible aérienne inhabituelle :
Au cours des dernières 24 heures, les unités de défense aérienne ont abattu neuf projectiles MLRS HIMARS de fabrication américaine et une bombe aérienne
guidée AASM Hammer de fabrication française.
C’est la première fois qu’une bombe AASM Hammer est mentionnée dans ces rapports. Il s’agit de bombes planantes assistées par fusée de la classe des 250
kilogrammes, avec une portée de plus de 70 kilomètres au-delà du point de largage. La France avait promis d’en livrer 50 par mois. À ma connaissance, aucun rapport n’indique que les avions à
réaction de l’armée de l’air ukrainienne de l’ère soviétique ont été adaptés pour larguer ces bombes. Mais les autres vecteurs potentiels sont bien connus :
Le Rafale est actuellement le principal utilisateur d’AASM, mais des essais de lancement ont également été effectués par le F-16, le Mirage 2000 et le
Mirage F1, qui était en outre équipé de Hasas (Hammer Stand Alone System). En outre, l’Inde a l’intention d’acheter ces bombes en 2020 pour les intégrer au Tejas.
Le fait que les défenses aériennes russes aient abattu un AASM Hammer pourrait bien signifier que les F-16 annoncés depuis longtemps sont maintenant dans les
airs en Ukraine. Si tel est le cas, les forces aériennes russes ne tarderont pas à annoncer que le premier F-16 a été abattu.
Les quelques bombes françaises ne serviront à rien. La Russie peut lancer des centaines de ses propres bombes par jour à partir des nombreuses plateformes
qu’elle utilise. L’Ukraine est limitée par le petit nombre de véhicules de largages dont elle dispose et par leur exposition aux contre-attaques.
Sur le terrain, le seul endroit qui compte, les lignes ukrainiennes s’affaiblissent de jour en jour. Comme le remarque Bryen :
L’Ukraine a contre-attaqué les Russes au lieu de se replier sur de nouvelles lignes de défense pour la simple raison qu’il n’y avait pas de fortifications
préparées à l’avance pour leur armée, alors qu’elles étaient censées avoir été construites. Cette situation a suscité une vive controverse et il semblerait que l’argent nécessaire à la
construction des fortifications ait été détourné (volé). La corruption en Ukraine est endémique et, malgré certains efforts pour l’enrayer, elle ne cesse de croître.
À mesure que la situation de l’Ukraine se détériore, les plans d’enrichissement rapide et de fuite se multiplient.
Un récent reportage de CNN met également l’accent sur ce problème. De
nouvelles lignes de défense sont budgétisées et annoncées. Mais des mois plus tard, les soldats remarquent que ces lignes ne sont que des lignes sur une carte et qu’aucune pierre n’a été
déplacée pour les créer.
Il devrait maintenant être évident pour tout le monde que l’Ukraine a perdu la guerre et que la Russie est en train de la gagner. Les récents mouvements de
panique de plusieurs dirigeants européens tendent vers cette conclusion.
Les esprits plus sages reconnaissent les faits et appellent à des pourparlers :
En l’absence de dialogue, il est pratiquement impossible de discerner les intentions d’un adversaire. Il est donc nécessaire d’ouvrir des canaux de
communication afin d’être en mesure de profiter de l’opportunité de poursuivre la paix lorsque celle-ci se présentera.
…
Or, la méfiance mutuelle entre belligérants est une caractéristique de toutes les guerres, et donc de toutes les négociations qui ont mis fin à ces guerres.
Si la confiance était une condition préalable à la communication, les belligérants ne commenceraient jamais à se parler. Les parties peuvent et doivent commencer à se parler malgré leur
méfiance mutuelle.
…
Il ne sera pas facile de s’asseoir à la table des négociations, mais l’alternative est une guerre interminable et épuisante dont aucune des parties ne
prétend vouloir et que les deux parties perdront en continuant à se battre.
J’imagine mal l’actuelle administration américaine s’engager dans des pourparlers avec Moscou. Elle est déjà en pleine campagne électorale et toute fuite
concernant des discussions avec Moscou détruirait sa stratégie anti-russe. Étant donné que les États-Unis laissent à l’Europe le soin de payer la facture de la mésaventure en Ukraine, il
serait certainement utile que certains négociateurs européens interviennent.
Malheureusement, je ne vois aucun dirigeant européen susceptible de vouloir ou de pouvoir le faire.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La guerre des espions. Voici comment la CIA aide secrètement l’Ukraine à lutter contre Poutine
Par Adam Entous et Michael Schwirtz − 25 février 2024 − Source New York Times
Nichée dans une forêt dense, la base militaire ukrainienne semble
abandonnée et détruite, son centre de commandement n’est plus qu’une enveloppe brûlée, victime d’un barrage de missiles russes au début de la guerre. Mais il s’agit là de la partie se trouvant au-dessus du
sol.
Non loin de là, un
passage discret descend vers un bunker souterrain où des équipes de soldats ukrainiens traquent les satellites espions russes et écoutent les conversations entre les commandants russes. Sur
un écran, une ligne rouge suit l’itinéraire d’un drone explosif se faufilant à travers les défenses aériennes russes, d’un point situé dans le centre de l’Ukraine jusqu’à une cible située
dans la ville russe de Rostov.
Le bunker souterrain,
construit pour remplacer le centre de commandement détruit dans les mois qui ont suivi l’invasion russe, est un centre nerveux secret de l’armée ukrainienne. Il y a aussi un autre secret : la base est presque entièrement
financée, et en partie équipée, par la CIA.
“À cent dix pour
cent“, a déclaré le général Serhii Dvoretskiy, l’un des principaux responsables des services de renseignement, lors d’un entretien accordé à la base.
À l’aube de la troisième année d’une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, le partenariat en matière de renseignement entre Washington et Kiev
est l’un des piliers de la capacité de l’Ukraine à se défendre. La C.I.A. et d’autres agences de renseignement américaines fournissent des renseignements pour les frappes de missiles ciblées,
suivent les mouvements des troupes russes et aident à soutenir les réseaux d’espionnage.
Mais ce partenariat n’a pas été créé en temps de guerre et l’Ukraine n’en est pas le seul bénéficiaire.
Il a pris racine il y a une dizaine d’années, se mettant en place par à-coups sous trois présidents américains très différents, poussé par des
personnes clés qui ont souvent pris des risques audacieux. Il a transformé l’Ukraine, dont les agences de renseignement ont longtemps été considérées comme totalement compromises par la
Russie, en l’un des principaux partenaires de Washington en matière de renseignement contre le Kremlin aujourd’hui.
Le poste d’écoute situé dans la forêt ukrainienne fait partie d’un réseau de bases d’espionnage soutenu par la CIA et construit au cours des huit dernières
années, qui comprend 12 sites secrets le long de la frontière russe. Avant la guerre, les Ukrainiens ont fait leurs preuves auprès des Américains en recueillant des interceptions qui ont
contribué à prouver l’implication de la Russie dans la destruction, en 2014, d’un avion de ligne, le vol 17 de Malaysia Airlines [Preuves à évaluer, NdSF]. Les Ukrainiens ont également aidé
les Américains à poursuivre les agents russes qui s’étaient immiscés dans l’élection présidentielle américaine de 2016.
Vers 2016, la C.I.A. a commencé à former un commando ukrainien d’élite – connu sous le nom d’Unité 2245 – qui capturait des drones et du matériel de
communication russes afin que les techniciens de la C.I.A. puissent en faire la rétro-ingénierie et craquer les systèmes de cryptage de Moscou. (L’un des officiers de cette unité était Kyrylo
Budanov, aujourd’hui général à la tête des services de renseignement militaire ukrainiens).
La C.I.A. a également contribué à la formation d’une nouvelle génération d’espions ukrainiens qui ont opéré à l’intérieur de la Russie, à travers l’Europe, à
Cuba et dans d’autres endroits où les Russes sont très présents.
Cette relation est tellement ancrée que des agents de la C.I.A. sont restés dans un endroit isolé de l’ouest de l’Ukraine lorsque l’administration Biden a
évacué le personnel américain dans les semaines qui ont précédé l’invasion russe de février 2022. Pendant l’invasion, les agents ont transmis des renseignements essentiels, notamment sur les
endroits où la Russie prévoyait des frappes et sur les systèmes d’armes qu’elle utiliserait.
“Sans eux, nous
n’aurions pas pu résister aux Russes, ni les battre“, a déclaré Ivan Bakanov, qui dirigeait alors l’agence de renseignement ukrainienne, le S.B.U.
Les détails de ce partenariat entre agences de renseignement, dont beaucoup sont révélés par le New York Times pour la première fois, ont été un secret
bien gardé pendant une décennie.
Dans plus de 200 entretiens, des fonctionnaires actuels et anciens d’Ukraine, des États-Unis et d’Europe ont décrit un partenariat qui a failli sombrer en
raison d’une méfiance mutuelle avant de se développer régulièrement, transformant l’Ukraine en une plaque tournante de la collecte de renseignements qui a intercepté plus de communications
russes que la station de la C.I.A. à Kiev ne pouvait en traiter au départ. De nombreux fonctionnaires ont parlé sous le couvert de l’anonymat pour discuter de renseignements et de questions
diplomatiques sensibles.
Aujourd’hui, ces réseaux de renseignement sont plus importants que jamais, car la Russie est à l’offensive et l’Ukraine dépend davantage du sabotage et des
frappes de missiles à longue portée, qui nécessitent des espions loin derrière les lignes ennemies. Et ils sont de plus en plus menacés : Si les républicains du Congrès mettent fin au
financement militaire de Kiev, la C.I.A. pourrait être amenée à réduire ses activités.
Pour tenter de rassurer les dirigeants ukrainiens, William J. Burns, le directeur de la C.I.A., s’est rendu secrètement en Ukraine jeudi dernier, sa dixième
visite depuis l’invasion.
Dès le départ, un adversaire commun – le président russe Vladimir V. Poutine – a rapproché la C.I.A. et ses partenaires ukrainiens. Obsédé par l’idée
de “perdre” l’Ukraine au profit de
l’Occident, M. Poutine s’est régulièrement immiscé dans le système politique ukrainien, choisissant à la main des dirigeants qui, selon lui, maintiendraient l’Ukraine dans l’orbite de la
Russie, mais à chaque fois, cela s’est retourné contre lui, poussant les manifestants dans les rues.
Poutine accuse depuis longtemps les agences de renseignement occidentales de manipuler Kiev et de semer un sentiment anti-russe en Ukraine.
Vers la fin de l’année 2021, selon un haut fonctionnaire européen, M. Poutine réfléchissait à l’opportunité de lancer son invasion à grande échelle lorsqu’il a
rencontré le chef de l’un des principaux services d’espionnage russes, qui lui a dit que la CIA, ainsi que le MI6 britannique, contrôlaient l’Ukraine et la transformaient en tête de pont pour
des opérations contre Moscou.
Mais l’enquête du Times a révélé que M. Poutine et ses conseillers avaient mal interprété une dynamique essentielle. La C.I.A. ne s’est pas imposée en Ukraine.
Les fonctionnaires américains étaient souvent réticents à s’engager pleinement, craignant que les fonctionnaires ukrainiens ne soient pas dignes de confiance et s’inquiétaient de provoquer le
Kremlin.
Pourtant, un cercle restreint de responsables du renseignement ukrainien a courtisé assidûment la C.I.A. et s’est progressivement rendu indispensable aux
Américains. En 2015, le général Valeriy Kondratiuk, alors chef du renseignement militaire ukrainien, s’est rendu à une réunion avec le chef de station adjoint de la C.I.A. et a remis sans
avertissement une pile de dossiers top secrets.
Cette première tranche contenait des secrets sur la flotte du Nord de la marine russe, notamment des informations détaillées sur les derniers modèles de
sous-marins nucléaires russes. Très vite, des équipes d’agents de la C.I.A. quittent régulièrement son bureau avec des sacs à dos remplis de documents.
“Nous avons compris que
nous devions créer les conditions de la confiance“, a déclaré le général Kondratiuk.
Alors que le partenariat se renforçait après 2016, les Ukrainiens se sont impatientés face à ce qu’ils considéraient comme une prudence excessive de la part de
Washington et ont commencé à organiser des assassinats et d’autres opérations meurtrières, ce qui violait les conditions que la Maison Blanche pensait que les Ukrainiens avaient acceptées.
Furieux, les responsables de Washington ont menacé d’interrompre leur soutien, mais ils ne l’ont jamais fait.
“Les relations n’ont
fait que se renforcer, car les deux parties y voyaient un intérêt, et l’ambassade des États-Unis à Kiev – notre poste là-bas, l’opération menée depuis l’Ukraine – est devenue la meilleure
source d’informations, de signaux et de tout le reste, sur la Russie”, a déclaré un ancien haut fonctionnaire américain. « Nous ne pouvions pas nous en passer ».
Voici l’histoire inédite de ce qui s’est passé.
Un début prudent
Le partenariat de la C.I.A. avec l’Ukraine remonte à deux appels téléphoniques dans la nuit du 24 février 2014, huit ans jour pour jour avant l’invasion totale
de la Russie.
Des millions d’Ukrainiens venaient de renverser le gouvernement pro-Kremlin du pays et le président, Viktor Yanukovych, ainsi que ses chefs espions, avaient fui
en Russie. Dans le tumulte, un fragile gouvernement pro-occidental a rapidement pris le pouvoir.
Le nouveau chef de l’espionnage du gouvernement, Valentyn Nalyvaichenko, est arrivé au siège de l’agence de renseignement intérieur et a trouvé une pile de
documents fumants dans la cour. À l’intérieur, de nombreux ordinateurs avaient été effacés ou étaient infectés par des logiciels malveillants russes.
“C’était vide. Pas de
lumière. Pas de direction. Il n’y avait personne“, a déclaré M. Nalyvaichenko lors d’une interview.
Il s’est rendu dans un bureau et a appelé le chef de station de la C.I.A. et le chef local du MI6. Il était près de minuit, mais il les a convoqués dans le
bâtiment, leur a demandé de l’aide pour reconstruire l’agence à partir de zéro et leur a proposé un partenariat à trois. “C’est ainsi que tout a commencé“, a déclaré M.
Nalyvaichenko.
La situation est rapidement devenue plus dangereuse. M. Poutine s’est emparé de la Crimée. Ses agents ont fomenté des rébellions séparatistes qui se sont
transformées en guerre dans l’est du pays. L’Ukraine était sur le pied de guerre et M. Nalyvaichenko a fait appel à la C.I.A. pour obtenir des images aériennes et d’autres renseignements afin
de l’aider à défendre son territoire.
Face à l’escalade de la violence, un avion banalisé du gouvernement américain s’est posé sur un aéroport de Kiev avec à son bord John O. Brennan, alors
directeur de la C.I.A. Il a dit à M. Nalyvaichenko que la C.I.A. était intéressée par le développement d’une relation, mais seulement à un rythme qui conviendrait à l’agence, selon des
responsables américains et ukrainiens.
Pour la C.I.A., la question inconnue était de savoir combien de temps M. Nalyvaichenko et le gouvernement pro-occidental resteraient en place. La C.I.A. s’est
déjà fait griller en Ukraine.
Après l’éclatement de l’Union soviétique en 1991, l’Ukraine a accédé à l’indépendance, puis a basculé entre des forces politiques concurrentes : celles qui
voulaient rester proches de Moscou et celles qui voulaient s’aligner sur l’Occident. Lors d’un précédent mandat en tant que chef des services d’espionnage, M. Nalyvaichenko avait mis en place
un partenariat similaire avec la C.I.A., qui a été dissous lorsque le pays s’est rapproché de la Russie.
Brennan a expliqué que pour obtenir l’aide de la C.I.A., les Ukrainiens devaient prouver qu’ils pouvaient fournir des renseignements utiles aux Américains. Ils
devaient également se débarrasser des espions russes ; l’agence d’espionnage nationale, le S.B.U., en était truffée. (Exemple concret : Les Russes ont rapidement appris la visite prétendument
secrète de M. Brennan. Les organes de propagande du Kremlin ont publié une image photoshopée du directeur de la C.I.A. portant une perruque de clown et du maquillage).
Brennan est retourné à Washington, où les conseillers du président Barack Obama se sont montrés très inquiets à l’idée de provoquer Moscou. La Maison Blanche a
élaboré des règles secrètes qui ont exaspéré les Ukrainiens et que certains au sein de la C.I.A. considéraient comme des menottes. Ces règles interdisaient aux agences de renseignement de
fournir à l’Ukraine un soutien dont on pouvait “raisonnablement s’attendre” à ce qu’il ait des conséquences
mortelles.
Il en est résulté un délicat exercice d’équilibre. La C.I.A. était censée renforcer les services de renseignement ukrainiens sans provoquer les Russes. Les
lignes rouges n’ont jamais été très claires, ce qui a créé une tension persistante dans le partenariat.
À Kiev, M. Nalyvaichenko a choisi un collaborateur de longue date, le général Kondratiuk, pour diriger le contre-espionnage, et ils ont créé une nouvelle unité
paramilitaire qui a été déployée derrière les lignes ennemies pour mener des opérations et recueillir des renseignements que la C.I.A. ou le MI6 ne leur fourniraient pas.
Connue sous le nom de Cinquième Direction, cette unité serait composée d’officiers nés après l’indépendance de l’Ukraine.
“Ils n’avaient aucun
lien avec la Russie“, a déclaré le général Kondratiuk. “Ils ne savaient même pas ce qu’était l’Union
soviétique.”
Cet été-là, le vol 17 de la Malaysia Airlines, qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur, a explosé en plein vol et s’est écrasé dans l’est de l’Ukraine, tuant près
de 300 passagers et membres d’équipage. La cinquième direction a produit des interceptions téléphoniques et d’autres renseignements dans les heures qui ont suivi l’accident, ce qui a
rapidement permis de rejeter la responsabilité sur les séparatistes soutenus par la Russie.
La C.I.A. a été impressionnée et a pris son premier engagement significatif en fournissant du matériel de communication sécurisé et une formation spécialisée
aux membres de la Cinquième Direction et de deux autres unités d’élite.
“Les Ukrainiens
voulaient du poisson et, pour des raisons politiques, nous ne pouvions pas leur fournir ce poisson“, a déclaré un ancien fonctionnaire américain, faisant référence aux renseignements qui
auraient pu les aider à combattre les Russes. “Mais
nous étions heureux de leur apprendre à pêcher et de leur fournir du matériel de pêche à la mouche.”
Un père Noël secret
À l’été 2015, le président ukrainien, Petro Porochenko, a secoué le service intérieur et a installé un allié pour remplacer M. Nalyvaichenko, le partenaire de
confiance de la C.I.A. Mais le changement a créé une opportunité ailleurs.
Lors du remaniement, le général Kondratiuk a été nommé à la tête de l’agence de renseignement militaire du pays, connue sous le nom de HUR, où il avait commencé
sa carrière des années plus tôt. Il s’agit là d’un premier exemple de la façon dont les liens personnels, plus que les changements de politique, ont renforcé l’engagement de la CIA en
Ukraine.
Contrairement à l’agence nationale, le HUR était habilité à collecter des renseignements en dehors du pays, y compris en Russie. Mais les Américains n’avaient
guère jugé utile de cultiver l’agence parce qu’elle ne produisait aucun renseignement utile sur les Russes – et parce qu’elle était considérée comme un bastion de sympathisants russes.
Tentant d’instaurer la confiance, le général Kondratiuk a organisé une réunion avec son homologue américain de la Defense Intelligence Agency et lui a remis une
pile de documents russes secrets. Mais les hauts responsables de la D.I.A. se montrent méfiants et découragent le resserrement des liens.
Le général doit trouver un partenaire plus disposé à le faire.
Quelques mois plus tôt, alors qu’il travaillait encore pour l’agence nationale, le général Kondratiuk avait visité le siège de la C.I.A. à Langley, en Virginie.
Lors de ces réunions, il a rencontré un officier de la C.I.A. au comportement jovial et à la barbe touffue, qui avait été choisi pour devenir le prochain chef de station à Kiev.
Après une longue journée de réunions, la C.I.A. a emmené le général Kondratiuk à un match de hockey des Washington Capitals, où lui et le nouveau chef de
station se sont assis dans une loge de luxe et ont bruyamment hué Alex Ovechkin, le joueur vedette de l’équipe, originaire de Russie.
Le chef de station n’était pas encore arrivé lorsque le général Kondratiuk a remis à la C.I.A. les documents secrets concernant la marine russe. Il a promis
qu’il y en aurait d’autres, et les documents ont été envoyés aux analystes de Langley.
Les analystes ont conclu que les documents étaient authentiques et, après l’arrivée du chef de station à Kiev, la C.I.A. est devenue le principal partenaire du
général Kondratiuk.
Le général Kondratiuk savait qu’il avait besoin de la C.I.A. pour renforcer sa propre agence. La C.I.A. pensait que le général pourrait également aider Langley.
La C.I.A. avait du mal à recruter des espions à l’intérieur de la Russie parce que ses agents étaient sous haute surveillance.
“Pour un Russe, se
laisser recruter par un Américain, c’est commettre la pire des trahisons“, a déclaré le général Kondratiuk. “Mais pour un Russe, se faire recruter par un Ukrainien, c’est
juste une discussion entre amis autour d’une bière.”
Le nouveau chef de station a commencé à rendre régulièrement visite au général Kondratiuk, dont le bureau était décoré d’un aquarium où des poissons jaunes et
bleus – les couleurs nationales de l’Ukraine – nageaient autour d’une maquette d’un sous-marin russe coulé. Les deux hommes se sont rapprochés, ce qui a favorisé les relations entre les deux
agences, et les Ukrainiens ont donné au nouveau chef de station un surnom affectueux : le Père Noël.
En janvier 2016, le général Kondratiuk s’est rendu à Washington pour des réunions à Scattergood, un domaine situé sur le campus de la C.I.A. en Virginie, où
l’agence reçoit souvent des dignitaires en visite. L’agence a accepté d’aider le HUR à se moderniser et à améliorer sa capacité à intercepter les communications militaires russes. En échange,
le général Kondratiuk a accepté de partager tous les renseignements bruts avec les Américains.
Le partenariat est désormais bien réel.
L’opération Goldfish
Aujourd’hui, la route étroite qui mène à la base secrète est bordée de champs de mines, semés comme ligne de défense dans les semaines qui ont suivi l’invasion
russe. Les missiles russes qui ont frappé la base l’ont apparemment mise hors service, mais quelques semaines plus tard, les Ukrainiens sont revenus.
Avec l’argent et l’équipement fournis par la C.I.A., les équipes commandées par le général Dvoretskiy ont commencé à reconstruire, mais sous terre. Pour éviter
d’être repérés, ils ne travaillent que la nuit et lorsque les satellites espions russes ne sont pas dans le ciel. Les ouvriers garent également leurs voitures à une certaine distance du
chantier.
Dans le bunker, le général Dvoretskiy a montré des équipements de communication et de grands serveurs informatiques, dont certains ont été financés par la
C.I.A. Il a déclaré que ses équipes utilisaient la base pour pirater les réseaux de communication sécurisés de l’armée russe.
“C’est ce qui permet de
pénétrer dans les satellites et de décoder les conversations secrètes“, a déclaré le général Dvoretskiy à un journaliste du Times lors d’une visite, ajoutant qu’ils pirataient
également les satellites espions de la Chine et de la Biélorussie.
Un autre officier a placé sur une table deux cartes récemment produites pour montrer comment l’Ukraine suit l’activité russe dans le monde.
La première montre les routes aériennes des satellites espions russes qui survolent le centre de l’Ukraine. La seconde montre comment les satellites espions
russes passent au-dessus d’installations militaires stratégiques – dont une installation d’armes nucléaires – dans l’est et le centre des États-Unis.
La C.I.A. a commencé à envoyer du matériel en 2016, après la réunion cruciale de Scattergood, a déclaré le général Dvoretskiy, en fournissant des radios
cryptées et des appareils permettant d’intercepter les communications secrètes de l’ennemi.
Au-delà de la base, la C.I.A. a également supervisé un programme de formation, mené dans deux villes européennes, afin d’enseigner aux agents de renseignement
ukrainiens comment endosser de manière convaincante de fausses identités et voler des secrets en Russie et dans d’autres pays qui sont adeptes de la détection d’espions. Le programme
s’intitulait “Opération poisson rouge” et
s’inspirait d’une blague sur un poisson rouge russophone qui offrait à deux Estoniens des vœux en échange de sa liberté.
La chute est que l’un des Estoniens frappe la tête du poisson avec une pierre, expliquant que tout ce qui parle russe n’est pas digne de confiance.
Les officiers de l’opération Goldfish ont rapidement été déployés dans 12 bases d’opérations avancées nouvellement construites le long de la frontière russe.
Selon le général Kondratiuk, les officiers ukrainiens dirigeaient à partir de chaque base des réseaux d’agents qui recueillaient des renseignements en Russie.
Les officiers de la C.I.A. ont installé des équipements dans les bases pour faciliter la collecte de renseignements et ont également identifié certains des
diplômés ukrainiens les plus compétents du programme Operation Goldfish, travaillant avec eux pour approcher des sources russes potentielles. Ces diplômés ont ensuite formé des agents
dormants sur le territoire ukrainien, destinés à lancer des opérations de guérilla en cas d’occupation.
Il faut souvent des années à la C.I.A. pour acquérir suffisamment de confiance dans une agence étrangère pour commencer à mener des opérations conjointes. Avec
les Ukrainiens, il a fallu moins de six mois. Le nouveau partenariat a commencé à produire tellement de renseignements bruts sur la Russie qu’il a fallu les envoyer à Langley pour les
traiter.
Mais la C.I.A. avait des limites à ne pas franchir. Elle ne voulait pas aider les Ukrainiens à mener des opérations offensives meurtrières.
“Nous avons fait une
distinction entre les opérations de collecte de renseignements et les choses qui explosent“, a déclaré un ancien haut fonctionnaire américain.
C’est notre pays
Cette distinction a déplu aux Ukrainiens.
Tout d’abord, le général Kondratiuk a été contrarié par le refus des Américains de fournir des images satellites de l’intérieur de la Russie. Peu après, il a
demandé l’aide de la C.I.A. pour planifier une mission clandestine visant à envoyer des commandos HUR en Russie pour poser des engins explosifs dans des dépôts ferroviaires utilisés par
l’armée russe. Si l’armée russe cherchait à s’emparer d’une partie du territoire ukrainien, les Ukrainiens pourraient faire détoner les explosifs pour ralentir l’avancée russe.
Lorsque le chef de gare a informé ses supérieurs, ceux-ci ont “perdu la tête“, comme l’a dit un ancien fonctionnaire. M.
Brennan, le directeur de la CIA, a appelé le général Kondratiuk pour s’assurer que la mission était annulée et que l’Ukraine respectait les lignes rouges interdisant les opérations
meurtrières.
Le général Kondratiuk a annulé la mission, mais il en a tiré une autre leçon. “À l’avenir, nous nous sommes efforcés de ne pas discuter de ces
questions avec vos hommes“, a-t-il déclaré.
À la fin de l’été, des espions ukrainiens ont découvert que les forces russes déployaient des hélicoptères d’attaque sur un aérodrome de la péninsule de Crimée
occupée par la Russie, peut-être dans le but d’organiser une attaque surprise.
Le général Kondratiuk a décidé d’envoyer une équipe en Crimée pour poser des explosifs sur l’aérodrome afin qu’ils puissent être déclenchés si la Russie passait
à l’attaque.
Cette fois, il ne demande pas la permission à la C.I.A.. Il s’est adressé à l’unité 2245, le commando qui a reçu une formation militaire spécialisée de la part
du groupe paramilitaire d’élite de la CIA, connu sous le nom de “Ground Department”. L’objectif de cette formation était
d’enseigner des techniques défensives, mais les officiers de la C.I.A. ont compris qu’à leur insu, les Ukrainiens pouvaient utiliser ces mêmes techniques dans le cadre d’opérations offensives
meurtrières.
À l’époque, le futur chef de l’agence de renseignement militaire ukrainienne, le général Budanov, était une étoile montante de l’unité 2245. Il était connu pour
ses opérations audacieuses derrière les lignes ennemies et entretenait des liens étroits avec la CIA. L’agence l’avait formé et avait également pris l’initiative extraordinaire de l’envoyer
en rééducation au Walter Reed National Military Medical Center, dans le Maryland, après avoir reçu une balle dans le bras droit au cours des combats dans le Donbass.
Déguisé en uniforme russe, le lieutenant-colonel Budanov a dirigé des commandos qui ont traversé un golfe étroit à bord de canots pneumatiques, débarquant de
nuit en Crimée.
Mais un commando d’élite russe les attendait. Les Ukrainiens ont riposté, tuant plusieurs combattants russes, dont le fils d’un général, avant de battre en
retraite jusqu’au rivage, de plonger dans la mer et de nager pendant des heures jusqu’au territoire contrôlé par les Ukrainiens.
Ce fut un désastre. Dans un discours public, le président Poutine a accusé les Ukrainiens de préparer une attaque terroriste et a promis de venger la mort des
combattants russes.
“Il ne fait aucun doute
que nous ne laisserons pas passer ce genre de choses“, a-t-il déclaré.
À Washington, la Maison Blanche d’Obama était livide. Joseph R. Biden Jr, alors vice-président et défenseur de l’aide à l’Ukraine, a appelé le président
ukrainien pour se plaindre avec colère.
“Cela pose un problème
gigantesque“, a déclaré M. Biden lors de cet appel, dont l’enregistrement a fait l’objet d’une fuite et a été publié en ligne. “Tout ce que je vous dis en tant qu’ami, c’est qu’il m’est
désormais beaucoup plus difficile de présenter des arguments.”
Certains conseillers de M. Obama voulaient mettre fin au programme de la C.I.A., mais M. Brennan les a persuadés que cela irait à l’encontre du but recherché,
étant donné que la relation commençait à produire des renseignements sur les Russes alors que la C.I.A. enquêtait sur l’ingérence russe dans les élections.
Brennan a téléphoné au général Kondratiuk pour insister à nouveau sur les lignes rouges.
Le général était contrarié. “C’est notre pays“, a-t-il répondu, selon un collègue.
“C’est notre guerre et nous devons nous
battre.”
Le retour de bâton de Washington a coûté son poste au général Kondratiuk. Mais l’Ukraine n’a pas reculé.
Un jour après le limogeage du général Kondratiuk, une mystérieuse explosion dans la ville de Donetsk, occupée par les Russes, dans l’est de l’Ukraine, a éventré
un ascenseur dans lequel se trouvait un haut commandant séparatiste russe nommé Arsen Pavlov, connu sous son nom de guerre, Motorola.
La C.I.A. a rapidement appris que les assassins étaient des membres de la Cinquième Direction, le groupe d’espionnage qui a été formé par la C.I.A. L’agence
ukrainienne de renseignement intérieur avait même distribué des écussons commémoratifs aux personnes impliquées, chaque écusson étant surpiqué du mot “Lift”, terme britannique désignant un ascenseur.
Une fois de plus, certains conseillers de M. Obama étaient furieux, mais ils étaient des canards boiteux – l’élection présidentielle opposant Donald J. Trump à
Hillary Rodham Clinton se déroulait dans trois semaines – et les assassinats se poursuivaient.
Une équipe d’agents ukrainiens a installé un lance-roquettes sans pilote, tiré à l’épaule, dans un bâtiment des territoires occupés. Ils se trouvaient juste en
face du bureau d’un commandant rebelle nommé Mikhail Tolstykh, plus connu sous le nom de Givi. À l’aide d’un déclencheur à distance, ils ont tiré le lance-roquettes dès que Givi est entré
dans son bureau, le tuant, selon des responsables américains et ukrainiens.
Une guerre de l’ombre s’est alors déclenchée. Les Russes ont utilisé une voiture piégée pour assassiner le chef de l’unité 2245, le commando d’élite ukrainien.
Le commandant, le colonel Maksim Shapoval, s’apprêtait à rencontrer des officiers de la CIA à Kiev lorsque sa voiture a explosé.
Lors de la veillée funèbre du colonel, l’ambassadrice des États-Unis en Ukraine, Marie Yovanovitch, s’est tenue en deuil aux côtés du chef de la C.I.A.. Plus
tard, les officiers de la C.I.A. et leurs homologues ukrainiens ont porté un toast au colonel Shapoval avec des shots de whisky.
“Pour nous tous“, a
déclaré le général Kondratiuk, “ce fut un coup
dur“.
Sur la pointe des pieds autour de Trump
L’élection de M. Trump en novembre 2016 a mis les Ukrainiens et leurs partenaires de la C.I.A. sur les nerfs.
Trump a fait l’éloge de M. Poutine et a rejeté le rôle de la Russie dans l’ingérence électorale. Il se méfiait de l’Ukraine et a tenté plus tard de faire
pression sur son président, Volodymyr Zelensky, pour qu’il enquête sur son rival Démocrate, M. Biden, ce qui a entraîné la première mise en accusation de M. Trump.
Mais quoi que M. Trump ait dit et fait, son administration est souvent allée dans l’autre sens. En effet, M. Trump avait placé des faucons de la Russie à des
postes clés, notamment Mike Pompeo au poste de directeur de la C.I.A. et John Bolton au poste de conseiller à la sécurité nationale. Ils se sont rendus à Kiev pour souligner leur soutien
total au partenariat secret, qui s’est élargi pour inclure des programmes de formation plus spécialisés et la construction de bases secrètes supplémentaires.
La base située dans la forêt s’est enrichie d’un nouveau centre de commandement et de casernes, et est passée de 80 à 800 agents de renseignement ukrainiens.
Empêcher la Russie d’interférer dans les futures élections américaines était l’une des principales priorités de la C.I.A. pendant cette période, et les agents de renseignement ukrainiens et
américains ont uni leurs forces pour sonder les systèmes informatiques des agences de renseignement russes afin d’identifier les agents qui tentaient de manipuler les électeurs.
Au cours d’une opération conjointe, une équipe du HUR a trompé un officier du service de renseignement militaire russe pour qu’il fournisse des informations
permettant à la CIA d’agir pour relier le gouvernement russe au groupe de piratage informatique Fancy Bear, qui avait été lié à des efforts d’ingérence électorale dans un certain nombre de
pays.
Le général Budanov, que M. Zelensky a choisi pour diriger le HUR en 2020, a déclaré à propos du partenariat : « Il n’a fait que se renforcer. Il a augmenté systématiquement. La
coopération s’est étendue à d’autres domaines et a pris une plus grande ampleur.»
La relation fut si fructueuse que la CIA voulait le reproduire avec d’autres services de renseignement européens qui partageaient l’objectif de contrer la
Russie.
Le chef de la Russia House, le département de la CIA supervisant les opérations contre la Russie, a organisé une réunion secrète à La Haye. Là-bas, des
représentants de la CIA, du MI6 britannique, du HUR, des services néerlandais (un allié essentiel du renseignement) et d’autres agences ont convenu de commencer à mettre en commun davantage
de leurs renseignements sur la Russie.
Le résultat fut une coalition secrète contre la Russie – et les Ukrainiens en furent des membres essentiels.
Marche vers la guerre
En mars 2021, l’armée russe a commencé à regrouper des troupes le long de la frontière avec l’Ukraine. Au fur et à mesure que les mois passaient et que de plus
en plus de troupes encerclaient le pays, la question était de savoir si M. Poutine faisait une feinte ou se préparait à la guerre.
En novembre, et dans les semaines qui suivirent, la C.I.A. et le MI6 ont délivré un message unifié à leurs partenaires ukrainiens : la Russie se préparait à une
invasion à grande échelle pour décapiter le gouvernement et installer à Kiev une marionnette qui obéirait aux ordres du Kremlin.
Les agences de renseignement américaines et britanniques disposaient d’interceptions auxquelles les agences de renseignement ukrainiennes n’avaient pas accès,
selon des responsables américains. Les nouveaux services de renseignement répertorient les noms des responsables ukrainiens que les Russes envisageaient de tuer ou de capturer, ainsi que les
Ukrainiens que le Kremlin espérait installer au pouvoir.
Le président Zelensky et certains de ses principaux conseillers ne semblaient pas convaincus, même après que M. Burns, la CIA directeur, s’est précipité à Kiev
en janvier 2022 pour les informer.
À l’approche de l’invasion russe, la CIA et des officiers du MI6 ont effectué une dernière visite à Kiev avec leurs pairs ukrainiens. L’un des officiers du MI6
a pleuré devant les Ukrainiens, craignant que les Russes ne les tuent.
À la demande pressante de M. Burns, un petit groupe d’agents de la CIA, des officiers, ont été exemptés de l’évacuation des étasuniens et ont été transférés
dans un complexe hôtelier dans l’ouest de l’Ukraine. Ils ne voulaient pas abandonner leurs partenaires.
Pas de fin de partie
Après que M. Poutine ait lancé l’invasion le 24 février 2022, la CIA avec ces officiers de l’hôtel étaient la seule présence du gouvernement américain sur le
terrain. Chaque jour à l’hôtel, ils rencontraient leurs contacts ukrainiens pour leur transmettre des informations. Les vieilles menottes ont été enlevées et la Maison Blanche de Biden a
autorisé les agences d’espionnage à fournir un soutien en matière de renseignement aux opérations meurtrières contre les forces russes sur le sol ukrainien.
Souvent, les briefings de la CIA contenaient des détails choquants et spécifiques.
Le 3 mars 2022 – huitième jour de la guerre – l’équipe a donné un aperçu précis des projets russes pour les deux semaines à venir. Les Russes ouvriraient le
même jour un couloir humanitaire hors de la ville assiégée de Marioupol, puis ouvriraient le feu sur les Ukrainiens qui l’utilisaient.
Les Russes prévoyaient d’encercler la ville portuaire stratégique d’Odessa, selon la CIA, mais une tempête a retardé l’assaut et les Russes n’ont jamais pris la
ville. Puis, le 10 mars, les Russes avaient l’intention de bombarder six villes ukrainiennes et avaient déjà saisi les coordonnées de ces frappes dans leurs missiles de croisière.
Les Russes tentaient également d’assassiner de hauts responsables ukrainiens, dont M. Zelensky. Dans au moins un cas, la CIA a partagé des renseignements avec
l’agence nationale ukrainienne qui ont contribué à déjouer un complot contre le président, selon un haut responsable ukrainien.
Lorsque l’assaut russe sur Kiev fut au point mort, Le chef de la station de la CIA s’est réjoui et a déclaré à ses homologues ukrainiens qu’ils
« frappaient les Russes au visage »,
selon un officier ukrainien présent dans la pièce.
En quelques semaines, la CIA était retourné à Kiev et l’agence envoya des dizaines de nouveaux officiers pour aider les Ukrainiens. Un haut responsable
américain a déclaré à propos de la présence importante de la CIA : « Est-ce qu’ils appuient sur la gâchette ? Non. Aident-ils au
ciblage ? Absolument.”
Certains officiers de la CIA ont été déployés dans des bases ukrainiennes. Ils ont examiné des listes de cibles russes potentielles que les Ukrainiens
s’apprêtaient à frapper, comparant les informations dont disposaient les Ukrainiens avec celles des services de renseignement américains pour s’assurer de leur exactitude.
Avant l’invasion, la CIA et le MI6 avaient formé leurs homologues ukrainiens au recrutement de sources et à la constitution de réseaux clandestins et partisans.
Dans la région méridionale de Kherson, occupée par la Russie dès les premières semaines de la guerre, ces réseaux partisans sont entrés en action, selon le général Kondratiuk, assassinant des
collaborateurs locaux et aidant les forces ukrainiennes à cibler les positions russes.
En juillet 2022, des espions ukrainiens ont vu des convois russes se préparer à traverser un pont stratégique sur le fleuve Dnipro et ont prévenu le MI6. Les
agents du renseignement britannique et américain ont ensuite rapidement vérifié les renseignements ukrainiens, à l’aide d’images satellite en temps réel. Le MI6 a relayé la confirmation et
l’armée ukrainienne a ouvert le feu avec des roquettes, détruisant les convois.
Au bunker souterrain, le général Dvoretskiy a déclaré qu’un système antiaérien allemand protège désormais contre les attaques russes. Un système de filtration
de l’air protège contre les armes chimiques et un système d’alimentation dédié est disponible en cas de panne du réseau électrique.
La question que certains agents des services de renseignement ukrainiens posent désormais à leurs homologues américains – alors que les Républicains à la
Chambre se demandent s’il convient de supprimer des milliards de dollars d’aide – est de savoir si la CIA les abandonnera. “Cela s’est déjà produit en Afghanistan et maintenant cela va se
produire en Ukraine“, a déclaré un officier supérieur ukrainien.
Faisant référence à la visite de M. Burns à Kiev la semaine dernière, un responsable a déclaré : « Nous avons démontré un engagement clair envers l’Ukraine depuis
de nombreuses années et cette visite était un autre signal fort que l’engagement américain se poursuivra. »
La CIA et le HUR ont construit deux autres bases secrètes pour intercepter les communications russes, et combinés aux 12 bases d’opérations avancées, qui, selon
le général Kondratiuk, sont toujours opérationnelles, le HUR collecte et produit désormais plus de renseignements qu’à aucun autre moment de la guerre – dont une grande partie qu’il partage
avec la CIA
« Vous ne pouvez
obtenir de telles informations nulle part allieurs, sauf ici et maintenant », a déclaré le général Dvoretskiy.
Adam Entous et
Michael Schwirtz
Note du Saker Francophone
Le monde vu par la
CIA.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Vers une frappe préventive de l’OTAN contre la Russie ?
L’Europe croule sous les déclarations de plus en plus alarmantes et vindicatives concernant une «attaque Russe de
l’Europe». Les plus excités, France et Estonie en tête, appellent directement à l’envoi de troupes OTAN en Ukraine tandis que les descendants des nazis allemands, plus vicieux,
complotent au sein de l’état-major pour détruire le pont de Crimée.
Qu’ils se soient faits prendre en flagrant délit par nos Services a pour seule conséquence de nouvelles attaques redoublées contre «les espions
russes». Il faut bien savoir d’ailleurs que si le Kremlin a décidé de rendre public la conversation enregistrée, les autres documents que nous possédons restent pour le moment
sous le coude… N’allez en effet pas croire qu’une seule conversation ait pu être enregistrée!
Les opinions publiques, parfaitement manipulées par les dirigeants occidentaux, ne bronchent pas et avalent sans trop de résistance la théorie selon
laquelle la Russie va les attaquer et plus nos dirigeants disent le contraire, plus les medias occidentaux hurlent aux «mensonges russes» et au danger imminent. Les quelques
mouvements qui refusent de suivre la propagande officielle sont immédiatement traités d’«agents de Moscou» et n’ont aucune influence.
La machine de guerre occidentale est en ordre de marche depuis le lancement du SVO et le cheminement a toujours été le même : On déclare «nous
n’enverrons jamais ce type de matériel» puis quelques mois plus tard ce type de matériel est livré aux Ukrainiens. Ils nous ont fait le coup pour les armes lourdes, pour les chars,
pour les armes à longue portée, pour les avions. Tout ce matériel a été envoyé en Ukraine, avec en prime les armes à sous-munitions pourtant interdites en principe qui bombardent les
populations civiles de Donetsk quasiment chaque jour.
Aujourd’hui les prochains arrivages consistent en des troupes de l’OTAN en Ukraine. Ceci devrait aller très vite, sans doute en avril ou mai.
Et l’étape suivante sera comme je l’ai dit à plusieurs reprises, l’envoi d’armes nucléaires tactiques à l’Ukraine. Non pas pour faire peur mais pour
être utilisées car l’armement conventionnel, en rupture de stocks, très clairement ne permettra pas d’arrêter les forces russes. La possibilité d’une «frappe préventive» nucléaire n’a jamais été aussi sérieuse. Je précise bien, frappe préventive de l’OTAN, à travers l’Ukraine, contre
la Russie.
En fait cette «étape nucléaire» pourrait bien être menée en même temps que l’arrivée des troupes OTAN en Ukraine et, selon la logique occidentale, cette
frappe sera parfaitement normale puisque la Russie de toute manière va envahir l’Europe, selon leur propagande.
Il y a donc actuellement en Europe un vaste plan de préparation psychologique de la population visant à leur faire «accepter» que «la Russie va les
attaquer»… et donc accepter qu’il faille bien se défendre…. et que la seule défense possible, hélas bien sûr, c’est une «petite» frappe nucléaire…
Selon une source au-sein de l’état-major d’un pays de l’OTAN la plupart des responsables européens, France, Grande Bretagne et Pays Baltes en
tête, sont convaincus que la Russie ne ripostera pas à une frappe «préventive» (!) nucléaire de l’OTAN. Leur conviction est que «Poutine bluffe».
Ces fous ne connaissent pas les Russes : Non seulement Vladimir Poutine ne bluffe pas mais si l’occident devait mettre leurs plans à exécution, ce sont
plusieurs millions de Russes qui déferleront sur l’Europe jusqu’à la façade atlantique avec le soutien inconditionnel de l’ensemble du pays.
Medvdev vient de dévoiler une nouvelle carte de l’Ukraine divisée entre la Pologne, la Russie, la Roumanie et la Hongrie, déclarant :
«L’Ukraine fait
sans aucun doute partie de la Russie !» «Les territoires
situés sur les deux rives du Dniepr constituent une partie inaliénable des frontières historiques stratégiques russes», a-t-il déclaré, utilisant son terme préféré pour désigner
ce que l’on appelle habituellement «sphère d’influence» en géopolitique. «Toutes les
tentatives visant à les modifier par la force, à couper son corps vivant, sont vouées à l’échec».
La carte projetée derrière l’ancien président montre que la majeure partie de l’Ukraine actuelle est divisée entre la Russie, la Pologne, la Hongrie et
la Roumanie. Toutefois, il serait surprenant que les pays membres de l’UE veuillent annexer une partie de l’Ukraine, mais tout le monde sait que ces trois pays lorgnent avec
gourmandise sur cette possibilité.
Dans ce partage, la Russie s’approprierait la majeure partie du gâteau : Toute la moitié occidentale de l’Ukraine et la côte méridionale avec ses
importants ports de la mer Noire. La Roumanie obtiendrait un morceau au sud-ouest de Kiev et la Pologne l’autre moitié occidentale du pays, y compris la ville de Lviv.
Medvedev a exclu des pourparlers de paix avec les dirigeants ukrainiens actuels. Il a déclaré que tout futur gouvernement ukrainien
souhaitant des pourparlers devrait reconnaître ce qu’il appelle la nouvelle réalité.
Les pourparlers de paix
exclus
Commentant les relations Est-Ouest, Medvedev a déclaré que les liens entre Moscou et Washington étaient désormais pires que lors de la crise des
missiles cubains de 1962, lorsque les deux pays semblaient au bord d’un conflit nucléaire.
«Je dirai une
chose amère», a-t-il déclaré. «La situation
actuelle est bien pire qu’elle ne l’était en 1962. Il s’agit d’une véritable guerre contre la Russie avec des armes américaines et avec la participation de forces spéciales et de
conseillers américains. C’est comme ça».
Plus radical que Vladimir
Poutine
Ce collaborateur du président russe n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne les déclarations fortes. Il a, par exemple, menacé à plusieurs
reprises d’utiliser les armes nucléaires contre l’Occident. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il s’est montré partisan de la ligne dure et est même considéré par certains
experts comme plus radical que Poutine.
Ses déclarations sont-elles à prendre à la légère ?
«Même s’il paraît
parfois un peu excessif, il est numéro 4 dans la hiérarchie officielle du pays, on est obligé de prendre ses déclarations au sérieux».
Ce texte a été publié ce 1er mars
par Margarita Simonian, rédactrice en chef du groupe Rossiya Segodnya, dont Sputnik fait partie. La conversation portait sur des éventuelles attaques contre le pont de Crimée avec des
missiles Taurus.
Gerharts : D’accord.
Nous devons vérifier l’information. Comme vous l’avez déjà entendu, le ministre de la Défense Pistorius a l’intention d’étudier attentivement la question de la livraison de missiles
Taurus à l’Ukraine. Nous avons une rencontre prévue avec lui. Il faut discuter de tout pour que nous puissions commencer à travailler sur cette question. Actuellement, je ne crois pas
que le moment de début des expéditions soit indiqué. Le chancelier ne lui a pas dit : «Je veux obtenir
des renseignements maintenant et demain matin, nous prendrons une décision». Je n’ai pas entendu cela. Au contraire, Pistorius évalue toute la discussion qui est en cours.
Personne ne sait pourquoi le chancelier fédéral bloque ces expéditions. Bien sûr, les rumeurs les plus incroyables émergent. Je cite un exemple : Hier une journaliste qui est très
proche du chancelier m’a appelé. Elle a entendu dire quelque part à Munich que les missiles Taurus ne fonctionneraient pas. J’ai demandé qui le lui avait dit. Elle a dit que c’était
quelqu’un en uniforme militaire. Bien sûr, c’est une source d’information de bas niveau, mais la journaliste s’est accrochée à ces mots et veut faire un scoop sous le titre :
«Maintenant, nous
savons la raison pour laquelle le chancelier refuse d’envoyer des missiles Taurus : Ils ne fonctionneront pas». Tout cela est stupide. De tels sujets ne sont accessibles qu’à un
nombre limité de personnes. Cependant, nous voyons que les absurdités pareilles se répandent entretemps, c’est du non-sens. Je veux coordonner cette question avec vous afin que nous
n’allions pas dans la mauvaise direction. J’ai d’abord des questions à Frohstedte et Fenske. Quelqu’un vous a-t-il parlé de ce sujet ? Freuding s’est-il adressé à vous ?
Frohstedte : Non. Je
n’ai parlé qu’à Gräfe.
Fenske : Même chose,
je n’ai parlé qu’à Gräfe.
Gerhartz : Peut-être
qu’il reviendra vers vous. Je devrais peut-être assister à l’audience de la Commission du budget car il y a eu des problèmes liés à l’augmentation des prix pour la modernisation de
l’infrastructure du F-35 à Büchel. J’ai déjà transmis mes recommandations avec Frank afin que nous puissions avoir des diapositives pour visualiser le matériel. Nous lui avons montré
une présentation d’essai où les missiles Taurus étaient installés sur un Tornado ou un autre porteur requis par la mission. Cependant, je peux difficilement l’imaginer. Il faut se
rappeler qu’il s’agit d’une séance d’une demi-heure, alors ne préparez pas une présentation de 30 diapositives. Il faut faire un bref rapport. Vous devez montrer à quoi le missile est
capable, comment on peut l’utiliser. Il faut comprendre, si nous prenons une décision politique sur le transfert de missiles à titre d’aide à l’Ukraine, quelles conséquences cela peut
avoir. J’apprécierais que vous me disiez non seulement quels problèmes nous avons, mais comment nous pouvons les résoudre. Par exemple, si on parle des modes d’approvisionnement… Je
sais comment font les Britanniques. Ils les transportent toujours avec des véhicules blindés Ridgeback. Il y a plusieurs personnes sur le terrain. Les Français ne font pas cela. Ils
fournissent des Q7 avec des missiles Scalp à l’Ukraine. Les Storm Shadow et les Scalp ont des caractéristiques techniques similaires pour leur installation. Comment allons-nous
résoudre ce problème ? Allons-nous leur remettre des missiles MBDA avec des Ridgeback ? Est-ce que l’un de nos membres accompagnera les MBDA ? Gräfe, dites-nous quelle est notre
position à ce sujet. Messieurs Fenske et Frohstedte, dites comment vous voyez la situation.
Gräfe : Je vais
commencer par les questions les plus délicates, par les critiques existantes sur les livraisons. Les discussions ont lieu presque partout. Il y a quelques aspects plus importants.
Tout d’abord, ce sont les délais de livraison. Si le chancelier décide que nous devons fournir les missiles, ils seront transférés par la Bundeswehr. D’accord, mais ils ne seront
prêts à être utilisés que dans huit mois. Deuxièmement, nous ne pouvons pas raccourcir ce temps.
Parce que si on le fait, ils pourraient être mal utilisés, un missile pourrait s’écraser sur une garderie, on pourrait avoir des victimes parmi les
civils. Il faut tenir compte de ces aspects. Il faut noter pendant les négociations qu’on ne peut rien faire sans l’entreprise fabricante. Ils peuvent équiper, réarmer, livrer les
premiers missiles. Nous pouvons accélérer un peu la production, mais il n’est pas nécessaire d’attendre d’en avoir 20, on peut en transférer par cinq. Le délai de livraison de ces
missiles dépend directement de l’industrie. Qui va payer pour cela ? Une autre question : Sur quels systèmes d’armement ces missiles seront-ils installés ? Comment l’interaction entre
l’entreprise et l’Ukraine devrait-elle être assurée ? Ou bien avons-nous une sorte d’intégration ?
Gerhartz : Je ne
pense pas. Parce que le fabricant de TSG a dit qu’ils pouvaient résoudre ce problème en six mois, que ce soit un avion Sukhoï ou un F-16.
Gräfe : Si le
chancelier fédéral décide de le faire, il faut comprendre qu’il faudra six mois rien que pour produire les systèmes de fixation. Troisièmement, la question de la formation peut
théoriquement nous toucher. J’ai déjà dit que nous coopérions avec le fabricant de missiles. Ils enseignent l’entretien de ces systèmes, et nous enseignons les applications tactiques.
Cela prend de trois à quatre mois. Cette partie de la formation peut avoir lieu en Allemagne. En livrant les premiers missiles, nous devons prendre une décision rapide concernant les
systèmes de fixation et la formation. Nous devrons peut-être communiquer avec les Britanniques sur ces questions, utiliser leur savoir-faire. Nous pouvons leur transmettre des bases
de données, des images satellite, des centres de planification. Outre les livraisons de missiles que nous avons, tout le reste peut être fourni par l’industrie ou l’IABG.
Gerhartz : Nous
devons comprendre qu’ils peuvent utiliser des avions avec des systèmes de fixation pour les missiles Taurus et Storm Shadow. Les Britanniques y ont été et ils ont équipé les avions.
Les systèmes ne sont pas si différents, ils peuvent être utilisés pour Taurus. Je peux parler de l’expérience de l’utilisation du complexe Patriot. Nos experts ont d’abord prévu de
longs délais, mais ils ont réussi à le faire en quelques semaines. Ils ont réussi à tout mettre en service si rapidement et en si grand nombre que nos employés ont dit : «Wow. Nous ne nous
attendions pas à cela». Nous menons une guerre qui utilise la technologie, beaucoup plus de technologies modernes que notre bonne vieille «Luftwaffe». Tout cela suggère que
lorsque nous planifions les délais, nous ne devrions pas les surestimer. Et maintenant, messieurs Fenske et Frohstedte, j’aimerais connaître votre opinion sur les livraisons possibles
à l’Ukraine.
Fenske : J’aimerais
aborder la question de la formation. Nous avons déjà étudié cette question, et si nous devons faire face au personnel qui a déjà reçu la formation convenable et qui va être formé en
même temps, il faudra environ trois semaines pour apprendre la technique, et puis commencer les entraînements aériens, qui dureront environ quatre semaines. C’est donc beaucoup moins
que 12 semaines. Bien sûr, tout cela à condition que le personnel ait les qualifications appropriées, que la formation puisse être effectuée sans avoir recours aux interprètes, et
quelques autres conditions. Nous avons déjà parlé à Mme Friedberger. S’il s’agit d’utilisation de combat, on nous conseillera de facto de soutenir au moins le premier groupe. C’est
difficile à planifier, il a fallu environ un an pour former notre personnel. Or nous essayons maintenant de réduire cette période à dix semaines, et nous espérons avec cela qu’ils
pourront conduire hors route dans une voiture construite pour «Formule 1». Une option possible est de fournir un soutien technique planifié, théoriquement cela peut être fait à partir
de Büchel à condition qu’une connexion sécurisée avec l’Ukraine soit établie. Si elle était disponible, il serait possible de planifier davantage.
C’est le scénario de base : Au minimum, fournir un soutien complet du fabricant, un soutien par le biais d’un service d’assistance aux utilisateurs qui
résoudra les problèmes logiciels. En principe, tout est comme en Allemagne.
Gerharts : Attendez
une minute. Je sais de quoi vous parlez. Les politiciens peuvent être préoccupés par une connexion directe sécurisée entre Büchel et l’Ukraine, qui pourrait être une participation
directe au conflit ukrainien. Mais dans ce cas, nous pouvons dire que l’échange d’informations aura lieu via MBDA, et nous enverrons un ou deux de nos spécialistes à Schrobenhausen.
Bien sûr, c’est une ruse, mais du point de vue de la politique, cela peut être vu autrement. Si l’échange d’informations se fait par l’intermédiaire du fabricant, cela n’a rien à voir
avec nous.
Fenske : Il y aura
une question sur la destination de l’information. Si nous parlons d’informations sur les cibles, qui comprennent idéalement des images satellites avec une précision maximale de trois
mètres, nous devons d’abord les traiter à Büchel. Je pense que, indépendamment de cela, il est possible d’organiser une sorte d’échange d’informations entre Büchel et Schrobenhausen
ou de discuter de la possibilité de transférer des informations en Pologne, de le faire dans un lieu qu’il est possible d’atteindre en voiture. Cette question doit être traitée de
plus près, et des options sont susceptibles d’émerger. Si on nous soutient, dans le pire des cas, nous pouvons même aller en voiture, ce qui réduira le temps de réponse. Bien sûr,
nous ne pourrons pas réagir en une heure, parce que nous devrons donner notre consentement. Au mieux, six heures après avoir reçu l’information, les avions pourront accomplir l’ordre.
Afin de frapper certaines cibles, la précision de plus de trois mètres est suffisante, mais s’il est nécessaire de préciser la cible, on doit travailler avec des images satellites qui
permettent sa simulation. Le temps de réponse peut atteindre 12 heures dans ce cas. Tout dépend de la cible. Je n’ai pas étudié la question en détail, mais je crois que c’est aussi
possible. Il faut dire dire que nous devons réfléchir à la façon d’organiser la transmission de l’information.
Gerharts :
Pensez-vous qu’il soit possible d’espérer que l’Ukraine puisse tout faire toute seule? Après tout, on sait qu’il y a beaucoup de gens en civil qui parlent avec un accent américain. Il
est donc tout à fait possible qu’ils puissent bientôt les utiliser eux-mêmes ? Après tout, ils ont toutes les images satellites.
Fenske : Oui. C’est
nous qui les leur fournissons. J’aimerais aussi m’arrêter brièvement sur la question de la défense aérienne. Nous devons réfléchir soigneusement au fait que Kiev ait l’équipement pour
recevoir des informations de l’IABG et du NDK. Nous devons le leur fournir, donc je dois y aller le 21 février, nous devons le planifier de manière optimale, pas comme nous l’avons
fait avec les Storm Shadow quand nous avons planifié les points de contrôle. Il faut penser à la façon de voler autour ou en dessous du secteur observé par le radar, si tout est
préparé, la formation sera plus efficace. Et alors, il sera possible de revenir à la question du nombre de missiles. Si on en donne 50, ils seront utilisés très rapidement.
Gerhartz : C’est ça,
cela ne va pas changer le cours de la guerre. Voici pourquoi nous ne voulons donc pas les transmettre tous. Pas tous à la fois. Peut-être 50 dans la première tranche, alors peut-être
il y aura une autre tranche de 50 missiles. C’est tout à fait clair, mais tout cela est de la grande politique. Je suppose qu’il se cache quelque chose derrière en réalité. J’ai
appris de mes collègues français et britanniques qu’en fait, la situation avec ces Storm Shadow et Scalp est la même qu’avec les fusils du système Winchester, à savoir qu’ils peuvent
demander : «Pourquoi
devrions-nous fournir le prochain lot de missiles? Nous l’avons déjà fait. Que l’Allemagne le fasse maintenant». Peut-être M.Frohstedte voudrait-il dire quelque chose à ce
sujet?
Frohstedte :
Permettez-moi d’ajouter un peu de pragmatisme. Je veux vous faire part de mes idées sur les caractéristiques de Storm Shadow. Il s’agit de la défense aérienne, du temps de vol, de
l’altitude, etc. Et j’en suis venu à la conclusion qu’il y a deux cibles intéressantes : Le pont à l’est et les dépôts de munitions qui se trouvent plus haut. Le pont à l’est est
difficile à atteindre, c’est une petite cible, mais les Taurus peuvent le faire ; les dépôts de munitions peuvent également être atteints. Si vous prenez tout cela en compte et le
comparez au nombre de Storm Shadow et HIMARS utilisés, alors j’ai une question : «Notre objectif
est-il le pont ou les dépôts de munitions?» Est-ce réalisable avec les failles actuelles des RED et des Patriot ? Et je suis parvenu à la conclusion que le facteur limitant est
qu’ils n’ont généralement que 24 charges…
Gerhartz : C’est
clair.
Frohstedte : Il est
logique d’ajouter l’Ukraine au TPP. Cela prendra une semaine. Je pense qu’il serait utile de penser à la planification des tâches et à la planification centrale. La planification
prend normalement deux semaines, mais s’il le faut, on peut le faire plus rapidement. Si on parle du pont, je pense que les Taurus ne suffisent pas et que nous devons savoir comment
cela peut fonctionner, et pour ce faire, nous avons besoin de données de satellite. Je ne sais pas si nous pourrons, dans un court laps de temps, et c’est un mois, préparer les
Ukrainiens à une telle tâche. Comment les Taurus attaqueront-ils le pont ? Du point de vue de la perspective opérationnelle, je ne peux pas évaluer à quelle vitesse les Ukrainiens
seront en mesure d’apprendre à planifier de telles actions et à quelle vitesse l’intégration aura lieu. Mais comme cela concerne le pont et les bases militaires, je comprends qu’ils
les veulent le plus tôt possible.
Fenske : J’aimerais
aussi dire quelque chose sur la destruction du pont. Nous avons beaucoup travaillé sur cette question et, malheureusement, nous en sommes venus à la conclusion que le pont, à cause de
sa taille, est comme une piste d’atterrissage. Il faudra peut-être plus de 10 ou même de 20 missiles.
Gerhartz : On pense
que les Taurus réussiront si le chasseur français Dassault Rafale est utilisé.
Fenske : Ils
pourront seulement faire un trou et endommager le pont. Et avant de faire des déclarations importantes, nous devrions nous-mêmes…
Frohstedte : Je ne
promeus pas l’idée du pont, j’essaie pragmatiquement de comprendre ce qu’ils veulent. Et ce que nous devons leur enseigner, voici pourquoi il s’avère que lorsque nous planifierons ces
opérations, nous devrons marquer les points principaux sur les images. Ils auront des cibles, mais il faut garder à l’esprit que lorsqu’on travaille sur de petits objectifs, il faut
planifier plus soigneusement, ne pas analyser les images sur ordinateur. Dans le cas des cibles confirmées, tout est plus facile et la planification prendra moins de temps.
Gerhartz : Nous
savons tous qu’ils veulent détruire le pont, ce que cela signifie après tout, comment il est gardé -parce qu’il a une importance non seulement militaire et stratégique, mais aussi
politique. Ils ont maintenant un corridor terrestre. Il y a certaines craintes, si nous avons une connexion directe avec les forces armées ukrainiennes. La question est donc de savoir
si nous pouvons utiliser ce genre de ruse et envoyer nos gens à MBDA. Ainsi, la communication directe avec l’Ukraine se fera uniquement par MBDA, c’est bien mieux que si une telle
connexion existe avec notre Armée de l’Air.
Gräfe : Gerhartz,
cela n’a pas d’importance. Nous devons nous assurer que nous n’avons pas dès le début de formulations qui font de nous une partie au conflit. Bien sûr, j’exagère un peu, mais si nous
disons au ministre que nous allons planifier des réunions et partir en voiture depuis la Pologne pour que personne ne le remarque, c’est déjà une participation. Nous ne le ferons pas.
Si nous parlons d’un fabricant, la première chose que nous devrions faire est de demander à MBDA s’il peut le faire. Peu importe que nos gens le fassent à Büchel ou à Schrobenhausen
-c’est toujours de la participation. Et je pense que nous ne devrions pas le faire. Au début, nous l’avons défini comme l’élément principal de la «ligne rouge», nous participerons
donc à la formation. Nous dirons que nous allons préparer une «feuille de route». Il est nécessaire de diviser le processus d’apprentissage en parties. La version longue sera conçue
pour quatre mois ; nous les formerons minutieusement et nous travaillerons l’option du pont. La version courte sera conçue pour deux semaines afin qu’ils puissent utiliser des
missiles le plus tôt possible. S’ils sont déjà formés, nous demanderons si les Britanniques sont prêts à s’en occuper à ce stade. Je pense que c’est la bonne chose à faire. Imaginez
seulement si la presse apprend que nos gens se trouvent à Schrobenhausen ou que nous allons en Pologne en voiture ! Je trouve cela inacceptable.
Gerhartz : Si une
telle décision politique est prise, nous devrions dire que les Ukrainiens devraient venir chez nous. La première chose que nous devons savoir est si cette décision politique n’est pas
une participation directe à la planification des tâches, dans ce cas la formation prendra plus de temps, ils seront en mesure d’effectuer des tâches plus complexes, qu’ils peuvent
déjà avoir une certaine expérience et que les équipements de haute technologie sont utilisés. S’il est possible d’éviter la participation directe, nous pouvons ne pas participer à la
planification des tâches, le faire à Büchel et ensuite les leur transmettre -pour l’Allemagne, c’est une «ligne rouge». On peut les former pendant deux mois, ils n’apprendront pas
tout, mais ils pourront faire quelque chose. Nous devons simplement nous assurer qu’ils peuvent traiter toute l’information, travailler avec tous les paramètres.
Gräfe : Seppel a dit
qu’il était possible de faire une longue et une courte «feuilles de route». Il s’agit d’obtenir un résultat en peu de temps. Si, dans un premier temps, la tâche est de détruire des
dépôts de munitions plutôt que des objets complexes tels que des ponts, alors un programme réduit pourrait être lancé et le résultat sera obtenu rapidement. Quant à l’information de
l’IABG, je ne considère pas que ce problème soit critique, car ils ne sont pas liés à un endroit particulier, ils devraient eux-mêmes faire de la reconnaissance. Il est clair que
l’efficacité en dépend. C’est de cela que nous parlons. Il faut en tenir compte lors du transfert de missiles. Cela n’a pas encore été décidé. Mais c’est ainsi.
Gerhartz : Et ce
sera le point principal. Il existe des dépôts de munitions pour lesquels il ne sera pas possible d’effectuer une courte formation en raison d’une défense aérienne très active. Il
faudra s’attaquer sérieusement à ce problème. Je pense que nos gens trouveront une solution. Il faut qu’on soit autorisés à essayer d’abord afin de pouvoir donner de meilleurs
conseils politiques. Nous devons être mieux préparés pour ne pas échouer car KSA peut ne pas savoir où se trouvent les systèmes de défense aérienne. Les Ukrainiens ont de telles
informations, nous avons des données du radar. Mais s’il s’agit de la planification, nous devons savoir où sont les radars, où sont les systèmes fixes, comment les contourner. Cela
nous permettra d’élaborer un plan plus précis. Nous avons un superoutil, et si nous avons les coordonnées exactes, nous pourront l’appliquer avec précision. Mais il n’y a aucune
raison de dire que nous ne pouvons pas le faire. Il y a une certaine échelle, où la «ligne rouge» politique se trouve. Il y a une «longue» et une «court» version, il y a des
différences dans l’utilisation de tout le potentiel, que les Ukrainiens pourront mieux utiliser plus tard parce qu’ils auront de la pratique : Ils le feront tout le temps. Je ne pense
pas que je devrais assister à la réunion personnellement. Il est important pour moi que vous fournissiez une évaluation sobre et que vous ne créiez pas d’interférences qui ne seraient
tout simplement pas très convaincantes alors que d’autres pays fournissent Storm Shadow et Scalp.
Gräfe : Je veux
dire, plus tardivement ils prennent une décision, plus tardivement nous réaliserons tout cela ensuite. Nous devons le diviser en étapes. Commencer par les choses faciles, puis passer
aux choses difficiles. Ou bien pouvons-nous demander aux Britanniques s’ils peuvent nous donner un soutien initial, s’occuper de la planification ? On peut forcer ce qui est sous
notre responsabilité. Le développement des systèmes de fixation de missiles n’est pas notre tâche ; l’Ukraine doit résoudre ce problème avec les fabricants.
Gerhartz : Nous ne
voudrions pas avoir de problèmes avec la Commission du budget en ce moment. Cela peut rendre impossible le début des travaux de construction de la base aérienne de Büchel en 2024.
Chaque jour compte dans le programme.
La rédactrice en chef
de RT, Margarita Simonyan, a publié la transcription d’une conversation entre des officiers militaires allemands qui ont discuté d’une attaque sur le pont de
Crimée.Lesofficiers
ont évoqué la possibilité de frapper la structure avec des missiles Taurus.
Le chef du département des opérations et des exercices du commandement des forces aériennes de la Bundeswehr, Grefe, l’inspecteur de la BBC
de la Bundeswehr, Gerhartz, et le personnel du centre des opérations aériennes du commandement spatial de la Bundeswehr, Fenske et Frostedte, ont participé à la
conversation. Les responsables de la Bundeswehr s’efforcent de trouver un moyen d’attaquer le pont sans faire de l’Allemagne une partie au conflit. L’entraînement des
Ukrainiens est suggéré comme une option.
«Si
nous considérons le pont, je pense que Taurus n’est pas suffisant et que nous devons avoir une idée de la manière dont il peut fonctionner, et pour cela nous avons besoin
de données provenant de satellites. Je ne sais pas si nous pouvons en peu de temps, et nous parlons d’un mois, préparer les Ukrainiens à une telle tâche. À quoi
ressemblerait une attaque Taurus sur le pont ? D’un point de vue opérationnel, je ne peux pas estimer à quelle vitesse les Ukrainiens pourront apprendre à planifier une
telle action et à quelle vitesse l’intégration se fera. Mais comme il s’agit d’un pont et de bases militaires, je comprends qu’ils veuillent s’en emparer le plus
rapidement possible», explique M. Frostedte.
«Je
voudrais ajouter une chose à propos de la destruction du pont. Nous avons étudié cette question de manière intensive et nous sommes malheureusement parvenus à la
conclusion que le pont est comme une piste d’atterrissage en raison de sa taille. Par conséquent, il n’aura peut-être pas besoin de 10 ou même 20 missiles», a déclaré
M. Fenske.
«Certains
pensent que le Taurus réussira en utilisant l’avion de combat français Dassault Rafale», répond M. Gerhartz.
«Ils
ne parviendront qu’à faire un trou et à endommager le pont», souligne M. Fenske.
«Nous
savons tous qu’ils veulent détruire le pont, ce que cela signifie en fin de compte, comment il est gardé – non seulement parce qu’il est important sur le plan militaire et
stratégique, mais aussi sur le plan politique. Bien qu’ils disposent également d’un corridor terrestre à l’heure actuelle. Le fait que nous ayons un lien direct avec les
forces armées ukrainiennes suscite certainement des inquiétudes», s’inquiète M. Gerhartz.
«Nous
devons veiller à ce que, dès le départ, aucune formulation ne fasse de nous une partie au conflit», souligne M. Grefe.
«Nous
devons tout d’abord savoir si une telle décision politique n’est pas une participation directe à la planification des tâches, auquel cas la formation sera un peu plus
longue, ils seront en mesure d’effectuer des tâches plus complexes, ce qui est fort possible qu’ils aient déjà une certaine expérience et qu’ils utilisent des équipements
de haute technologie. S’il existe un moyen d’éviter une participation directe, nous ne pouvons pas participer à la planification des tâches, la faire à Büchel et la leur
envoyer ensuite – c’est une ligne rouge pour l’Allemagne. Nous pouvons les former pendant deux mois, ils n’apprendront pas tout, mais ils peuvent faire quelque chose. Nous
devons simplement nous assurer qu’ils peuvent traiter toutes les informations et travailler avec tous les paramètres», suggère M. Gerhartz.
Des officiers allemands ont admis la possibilité de transmettre à Kiev des images satellites et des coordonnées de cibles russes avec une
précision de trois mètres.
En ce qui concerne le transfert éventuel des Taurus à l’Ukraine, les militaires ont indiqué que l’AFU serait en mesure de les utiliser huit
mois après leur livraison. La Bundeswehr pourra allouer jusqu’à 100 obus au total.
Dans le même temps, les officiers affirment que l’envoi de ces missiles «ne
changera pas le cours des opérations militaires».
Dans l’enregistrement, ils révèlent également la présence d’Américains et de Britanniques en Ukraine. Ces derniers ont par exemple aidé les
forces armées ukrainiennes à préparer des frappes avec des missiles Storm Shadow contre la Russie.
«Nous
devons imaginer qu’ils [les Ukrainiens] peuvent utiliser des avions équipés de supports pour les missiles Taurus et Storm Shadow. Les Britanniques sont allés sur place et
ont équipé les avions. Les systèmes ne sont pas très différents, ils peuvent être utilisés pour le Taurus également», a déclaré M. Gerhartz.
«Comment,
en fait, le comprendre ? – écrit le rédacteur en chef de RT. – N’est-il
pas temps pour la Russie de rappeler à l’Allemagne comment les bombardements russes sur les ponts se sont terminés pour l’Allemagne la dernière fois ?»
Le président de la Douma d’État, Vyacheslav Volodin, commentant la publication, a déclaré : «Les
informations qui ont émergé avec des enregistrements d’officiers allemands de haut rang discutant des plans pour frapper le pont de Crimée (le territoire de la Fédération
de Russie) et comment le faire pour que le chancelier allemand [Olaf] Scholz ne soit pas soupçonné, méritent une discussion et une réponse des plus sérieuses. À cet égard,
après le retour des députés des régions où ils séjournent jusqu’au 11 mars, nous aborderons cette question lors d’une réunion de la Douma d’État. Je pense également qu’il
est juste de demander au Bundestag de mener une enquête. Le fait que l’enregistrement de la conversation ait été rendu public oblige les dirigeants allemands à fournir des
explications sur les décisions de la République fédérale d’Allemagne qui ont été guidées par : 1. Quelles décisions de la République fédérale d’Allemagne ont guidé les
militaires de la Bundeswehr lorsqu’ils ont discuté des plans d’attaque contre la Fédération de Russie ? 2. Seront-ils sanctionnés ? Et quel type de sanction ? 3. Les
membres du Bundestag sont-ils au courant de ce qui s’est passé ? 4. Scholz se rend-il compte que ces actions entraîneront des représailles de la part de la Russie
?»
Dmitri Medvedev, chef adjoint du Conseil de sécurité russe, a déclaré à son tour : «Après
tout, nos ennemis éternels, les Allemands, se sont une fois de plus transformés en ennemis jurés. Regardez avec quelle minutie et quels détails les Boches discutent des
frappes sur notre territoire à l’aide de missiles à longue portée, du choix des cibles et des moyens les plus susceptibles de causer le maximum de dommages à notre patrie
et à notre peuple. Sans oublier l’utilisation d’une rhétorique mensongère sur la non-participation de l’Allemagne au conflit. Qui aurait pu imaginer cela il y a encore peu
de temps ? Comment y répondre diplomatiquement ? Je ne sais pas…»
L’homme politique a cité le poème de Konstantin Simonov «Tuez-le
! (1942) de Konstantin Simonov sur la lutte contre les nazis, notant qu'”on ne peut pas le dire mieux qu’un poète». En conclusion, M. Medvedev a ajouté : «Et
une fois de plus, l’appel de l’Union européenne a été entendu : «Et une fois de plus, l’appel de la Grande Guerre Patriotique est devenu pertinent : DESTRUISEZ LES
OCCUPANTS ALLEMANDS-FASCHISTES !». (le style de l’auteur a été conservé).
Auparavant, le journal The
Telegraph avait rapporté que M. Scholz avait accidentellement divulgué des informations sur l’armée britannique en Ukraine. Le 27 février, l’homme politique a
déclaré que le pays ne fournirait pas à Kiev de missiles Taurus, l’équivalent allemand de Storm Shadow, car cela nécessiterait la présence de l’armée allemande en Ukraine,
Scholz a fait référence à l’approche du Royaume-Uni en la matière. Le chancelier a résumé que cela ferait de Berlin, après Londres, une partie au
conflit .
Tobias Ellwood, ancien président de la commission de la défense du Parlement britannique, a qualifié les propos de l’homme politique
d’«abus
flagrant du renseignement». Selon lui, le chancelier a voulu justifier sa réticence à fournir des missiles de longue portée aux forces armées
ukrainiennes.
Le 28 février, le Times a cité ses sources selon lesquelles l’amiral britannique Tony Radakin a tenu des réunions importantes avec les
dirigeants militaires ukrainiens et le chef d’État ukrainien Volodymyr Zelenskyy. Radakin a participé à l’élaboration d’une stratégie pour les opérations militaires
dans la république.
Au lendemain de la publication d’un échange entre officiers parlant d’une potentielle attaque contre le pont de Crimée, la
Défense allemande a confirmé ce 2 mars qu’une conversation de l’armée avait été «interceptée». Si la Bundeswehr n’a pas confirmé l’authenticité de
l’enregistrement, celle-ci fait peu de doute pour les grands médias allemands.
Une porte-parole du ministère allemand de la Défense a confirmé ce 2 mars qu’une conversation secrète de Luftwaffe
avait été interceptée. «Selon
notre évaluation, une conversation au sein de la division de l’armée de l’air a été interceptée», a déclaré la porte-parole à l’AFP,
avant d’ajouter : «nous
ne sommes pas en mesure de dire avec certitude si des modifications ont été apportées à la version enregistrée ou transcrite qui circule sur les réseaux
sociaux».
Ces déclarations font suite au tollé suscité en Russie par la publication, le 1er mars, par la rédactrice en chef
de RT,
Margarita Simonian, d’un enregistrement qui aurait eu lieu le 19 février entre quatre officiers allemands. Au cours de cette conversation d’une quarantaine de
minutes, les quatre interlocuteurs discutent de détails opérationnels au cas où Berlin autorisait la livraison de missile Taurus aux forces ukrainiennes. Puis
ils en viennent aux «cibles
intéressantes», dont l’une s’avère être le pont de Crimée.
Initialement publiée sous la forme d’une transcription, Margarita Simonian avait quelques heures plus tard publié l’intégralité
de l’enregistrement afin de répondre aux doutes que certains avaient vis-à-vis de ses affirmations. Le contenu de cet enregistrement a rapidement provoqué
l’indignation de responsables russes, du ministère des Affaires étrangères à la présidence de la Douma en passant par l’ancien
président Dmitri Medvedev.
«Toute
tentative d’éviter les réponses sera considérée comme un aveu de culpabilité», avait déclaré la porte-parole de la diplomatie russe sur sa chaine
Telegram.
«Il y a de nombreuses raisons de penser que l’enregistrement est réel»
Côté allemand, où l’on se dirige vers un scandale d’écoutes, l’affaire fait également grand bruit. Ce 2 mars, depuis Rome où il
est en déplacement, Olaf Scholz a promis une enquête «très
approfondie». «Il
s’agit d’une affaire très grave et c’est la raison pour laquelle elle fait désormais l’objet d’une enquête très minutieuse, très approfondie et très
rapide», a déclaré le chancelier allemand.
Du côté des médias allemands, bien qu’il n’ait pour l’heure pas été authentifié par la Bundeswehr, l’enregistrement est
considéré comme crédible, à l’instar du Bild ou
d’experts consultés par Der
Spiegel. Selon l’hebdomadaire, le ministère allemand de la Défense serait alarmé à l’idée que d’autres communications internes aient pu être interceptées.
Dans le cas présent, la discussion entre les officiers aurait eu lieu sur la plateforme d’appel, de messagerie et de conférence en ligne Webex, rapporte
l’agence de presse allemande DPA.
«Il
y a de nombreuses raisons de penser que l’enregistrement est réel – même si la Bundeswehr n’a pas encore officiellement confirmé son
authenticité», écrivait pour
sa part le Bild dès
le 1er mars au soir.
Le 24 février 2022 a été le jour
qui a changé à jamais la géopolitique du XXIe siècle.
Il y a exactement deux ans ce samedi, le 24 février 2022, Vladimir Poutine a annoncé le lancement – et décrit les objectifs – d’une opération militaire
spéciale (OMS) en Ukraine. C’était la suite inévitable de ce qui s’était passé trois jours auparavant, le 21 février – exactement 8 ans après le Maïdan de 2014 à Kiev – lorsque
Poutine a officiellement reconnu les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.
Pendant ce court espace – lourd de sens – de seulement trois jours, tout le monde s’attendait à ce que les forces armées russes interviennent
militairement pour mettre fin aux bombardements massifs qui se déroulaient depuis trois semaines sur la ligne de front – ce qui a même forcé le Kremlin à évacuer les populations en
danger vers la Russie. Les services de renseignements russes avaient la preuve irréfutable que les forces de Kiev, soutenues par l’OTAN, étaient prêtes à
procéder à un nettoyage ethnique du Donbass russophone.
Le 24 février 2022 est le jour qui a changé à jamais la géopolitique du XXIe siècle, et ce de plusieurs manières complexes. Il a surtout marqué le début
d’une confrontation vicieuse et totale, «militaro-technique» comme l’appellent les Russes, entre l’Empire du chaos, du mensonge et du pillage, ses vassaux facilement flexibles de
l’OTAN et la Russie, avec l’Ukraine comme champ de bataille.
Il ne fait aucun doute que Poutine avait calculé, avant et pendant ces trois jours fatidiques, que ses décisions déclencheraient la fureur illimitée de
l’Occident collectif, accompagnée d’un tsunami de sanctions.
C’est là que le bât blesse : Tout est une question de souveraineté. Et une véritable puissance souveraine ne peut tout simplement pas vivre sous des
menaces permanentes. Il est même possible que Poutine ait voulu (c’est moi qui souligne) que la Russie soit sanctionnée à mort. Après tout, la Russie est si naturellement riche que
sans un défi sérieux de l’étranger, la tentation est énorme de vivre de ses rentes tout en important ce qu’elle pourrait facilement produire.
Les exceptionnistes se sont toujours réjouis que la Russie soit «une station-service dotée d’armes nucléaires». C’est ridicule. En Russie, le pétrole et
le gaz représentent environ 15% du PIB, 30% du budget de l’État et 45% des exportations. Le pétrole et le gaz renforcent l’économie russe, ils ne la freinent pas. Poutine, en
secouant la complaisance de la Russie, a généré une station-service produisant tout ce dont elle a besoin, avec des armes nucléaires et hypersoniques inégalées. Essayez de faire
mieux.
L’Ukraine n’a «jamais été moins une nation»
Xavier Moreau est un analyste politico-stratégique français basé en Russie depuis 24 ans. Diplômé de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr et de
la Sorbonne, il anime deux émissions sur RT
France.
Son dernier livre, «Ukraine :
Pourquoi la Russie a gagné», qui vient de paraître, est un manuel essentiel pour le public européen sur les réalités de la guerre, et non sur les fantasmes puérils
concoctés dans la sphère de l’OTANistan par des «experts» instantanés dont l’expérience militaire combinée des armes est inférieure à zéro.
Moreau explique clairement ce que tous les analystes réalistes et impartiaux savaient depuis le début : La supériorité militaire dévastatrice de la
Russie, qui conditionnerait la fin de la partie. Le problème est toujours de savoir comment cette fin de partie – la «démilitarisation» et la «dénazification» de
l’Ukraine, telles qu’établies par Moscou – sera réalisée.
Ce qui est déjà clair, c’est que la «démilitarisation» de l’Ukraine et de l’OTAN est un succès éclatant qu’aucun nouveau wunderwaffen – comme les F-16 –
ne pourra changer.
Moreau comprend parfaitement que l’Ukraine, près de 10 ans après le Maïdan, n’est pas une nation, «et n’a jamais été
moins une nation». C’est un territoire où se mêlent des populations que tout sépare. De plus, c’est un État en faillite – «grotesque» –
depuis son indépendance. Moreau consacre plusieurs pages très divertissantes au grotesque de la corruption en Ukraine, sous un régime qui «puise ses
références idéologiques à la fois chez les admirateurs de Stepan Bandera et chez Lady Gaga».
Bien entendu, rien de tout cela n’est rapporté par les grands médias européens contrôlés par les oligarques.
Attention à Deng Xiao
Poutine
Le livre propose une analyse extrêmement utile de ces élites polonaises dérangées qui portent «une lourde
responsabilité dans la catastrophe stratégique qui attend Washington et Bruxelles en Ukraine». Les Polonais croyaient en fait que la Russie allait s’effondrer de l’intérieur,
avec une révolution de couleur contre Poutine. C’est à peine qualifiable comme Brzezinski sous crack.
Moreau montre comment 2022 a été l’année où l’OTAN, en particulier les Anglo-Saxons – historiquement racistes et russophobes – étaient convaincus que la
Russie s’effondrerait parce qu’elle est une «puissance
pauvre». De toute évidence, aucune de ces sommités n’a compris comment Poutine a renforcé l’économie russe, à l’instar de Deng Xiaoping pour l’économie chinoise. Cette
«auto-intoxication»,
comme la qualifie Moreau, a fait des merveilles pour le Kremlin.
Il est désormais clair, même pour les sourds, muets et aveugles, que la destruction de l’économie européenne a été une tactique majeure, une victoire
historique pour l’hégémon, tout comme la guerre éclair contre l’économie russe a été un échec abyssal.
Tout cela nous amène à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui s’est tenue cette semaine à Rio. Cette réunion n’a pas été une
véritable percée. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a clairement indiqué que l’Occident collectif présent au G20 avait tenté par tous les moyens d’«ukrainiser»
l’ordre du jour, avec un succès plus que nul. Les BRICS et les membres du Sud mondial les ont dépassés en nombre et ont contre-attaqué.
Lors de sa conférence de presse, Lavrov a été on ne peut plus clair sur les perspectives de la guerre de l’Occident collectif contre la Russie. En voici
les grandes lignes :
Les pays occidentaux refusent catégoriquement tout dialogue sérieux sur l’Ukraine.
Il n’y a pas eu de propositions sérieuses de la part des États-Unis pour entamer des contacts avec la Fédération de Russie sur la stabilité
stratégique ; la confiance ne peut pas être rétablie maintenant que la Russie est déclarée ennemie.
Il n’y a pas eu de contacts en marge du G20 avec Blinken ou le ministre britannique des Affaires étrangères.
La Fédération de Russie répondra aux nouvelles sanctions occidentales par des actions concrètes liées au développement autonome de l’économie
russe.
Si l’Europe tente de rétablir les liens avec la Fédération de Russie en la rendant dépendante de ses caprices, ces contacts ne sont pas
nécessaires.
En un mot, diplomatiquement : Vous n’êtes pas pertinents et cela ne nous intéresse pas.
Ces propos venaient compléter l’intervention de Lavrov au cours du sommet, qui a défini une fois de plus une voie claire et propice à la multipolarité.
En voici les grandes lignes :
• La formation d’un
ordre mondial multipolaire équitable, sans centre ni périphérie définis, s’est considérablement intensifiée ces dernières années. Les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine
deviennent des acteurs importants de l’économie mondiale. Il n’est pas rare qu’ils donnent le ton et la dynamique.
• Dans ce contexte,
de nombreuses économies occidentales, en particulier en Europe, stagnent. Ces statistiques proviennent d’institutions supervisées par l’Occident – le FMI, la Banque mondiale et
l’OCDE.
• Ces institutions
sont en train de devenir des reliques du passé. La domination occidentale affecte déjà leur capacité à répondre aux exigences de l’époque. Entre-temps, il est parfaitement évident
aujourd’hui que les problèmes actuels de l’humanité ne peuvent être résolus que par un effort concerté et en tenant dûment compte des intérêts du Sud mondial et, d’une manière
générale, de toutes les réalités économiques mondiales.
• Des institutions
comme le FMI, la Banque mondiale, la BERD et la BEI donnent la priorité aux besoins militaires et autres de Kiev. L’Occident a alloué plus de 250 milliards de dollars pour venir en
aide à son voisin, créant ainsi des pénuries de financement dans d’autres parties du monde. L’Ukraine absorbe la majeure partie des fonds, reléguant l’Afrique et d’autres régions du
Sud mondial au rationnement.
• Les pays qui se
sont discrédités en recourant à des actes illégaux allant des sanctions unilatérales et de la saisie d’actifs souverains et de propriétés privées aux blocus, embargos et
discriminations à l’encontre d’opérateurs économiques sur la base de leur nationalité pour régler des comptes avec leurs adversaires géopolitiques ne peuvent pas être considérés comme
des garants de la stabilité financière.
• Il ne fait aucun
doute que de nouvelles institutions axées sur le consensus et le bénéfice mutuel sont nécessaires pour démocratiser le système de gouvernance économique mondiale. Aujourd’hui, nous
observons une dynamique positive de renforcement de diverses alliances, notamment les BRICS, l’OCS, l’ANASE, l’Union africaine, la LEA, la CELAC et l’UEEA.
• Cette année, la
Russie préside les BRICS, qui ont accueilli plusieurs nouveaux membres. Nous ferons de notre mieux pour renforcer le potentiel de cette association et ses liens avec le G20.
• Sachant que 6 des
15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU représentent le bloc occidental, nous soutiendrons l’élargissement de cet organe uniquement par l’adhésion de pays d’Asie, d’Afrique et
d’Amérique latine.
Tel est l’état réel de la situation géopolitique, deux ans après le début de l’OMS.
Bienvenue au club,
dirais-je, mais il est presque deux ans trop tard pour cela. L’Ukraine a perdu la guerre le 24 février 2022, le jour où l’opération militaire spéciale a commencé.
L’Ukraine n’a jamais eu
la moindre chance de gagner.
Je laisserai d’abord le
colonel récapituler le récit établi, puis j’y ajouterai mes observations :
Il y a deux ans, les forces armées ukrainiennes ont immédiatement défié les attentes. Quelques jours avant l’incursion massive d’armes combinées de la Russie,
le président de l’état-major interarmées, Mark Milley, s’est fait le porte-parole de l’armée américaine en prédisant au Congrès que Kiev tomberait dans les 72 heures.
De nombreux analystes militaires ont également prédit que les forces armées russes mettraient rapidement en déroute des Ukrainiens dépassés. Les dirigeants
américains ont encouragé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à quitter le pays, de peur que les troupes russes ne l’assassinent.
Ces prévisions de succès immédiat pour la Russie avaient mal évalué les progrès réalisés par l’Ukraine en termes de capacités et de préparation depuis
l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Elles avaient également surestimé l’état de préparation, la supériorité aérienne et la cohésion du commandement des forces russes.
Tout cela est – en partie – vrai.
On s’attendait à ce que les forces russes conquièrent rapidement Kiev et renversent le gouvernement en place. Cependant, les Russes n’ont jamais
mis en œuvre les effectifs nécessaires pour y parvenir. À l’époque moderne, la pacification et le maintien d’une ville ennemie nécessitent généralement environ un soldat pour 40 habitants. Au
début de la guerre, Kiev comptait environ 3 millions d’habitants. La prise et le maintien de la ville auraient nécessité quelque 75 000 soldats. Mais les forces russes n’ont jamais déployé plus
de 40 000 soldats en direction de Kiev.
L’objectif militaire n’était donc pas de prendre la ville. Il s’agissait d’exercer une pression pour atteindre un objectif politique.
Immédiatement après le début de la guerre, le gouvernement ukrainien a accepté d’organiser des pourparlers de paix. Au cours des semaines suivantes, ces pourparlers
ont eu lieu d’abord au Belarus, puis à Istanbul. Fin mars, après que l’Ukraine a accepté, au cours des négociations, de ne pas adhérer à l’OTAN, la Russie a fait un geste de bonne volonté en
retirant ses troupes de la capitale. Mais début avril, les États-Unis et le Royaume-Uni sont intervenus et ont fait pression sur Kiev pour qu’elle mette fin aux négociations.
Les dirigeants politiques et militaires occidentaux ont alors mal interprété les objectifs de la Russie, pensaient que son armée était faible et en avaient
tiré des conclusions erronées.
C’est également ce qui s’est produit lors de la phase suivante :
Il y a un an, tous les signes étaient encourageants. Les forces ukrainiennes avaient été ensanglantées, mais elles s’étaient accrochées à leur territoire dans
l’est, contrairement à ce que l’on pensait. Des contre-offensives réussies ont permis à l’Ukraine de regagner des territoires dans le sud. Le président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, a
déclaré avec provocation que l’année à venir serait celle de “notre invincibilité“. Les Etats-Unis
ont offert une aide royale en artillerie et en armes antichars dans le cadre de l’initiative d’assistance à la sécurité de l’Ukraine, et le flux semblait incessant.
Inspiré par l’étonnante réussite de l’Ukraine face à une armée beaucoup plus importante et plus avancée, l’Occident s’est galvanisé pour soutenir Zelensky et
ses troupes. Tragiquement, tous ces indicateurs ont conduit à des attentes irréalistes.
La Russie a commencé la guerre avec une armée structurée en formations de temps de paix. Elle n’a utilisé que ses forces permanentes, et non des
conscrits ou des troupes mobilisées, pour lancer la campagne d’Ukraine. La principale structure organisationnelle des troupes russes à l’époque était les groupes tactiques de bataillons.
Aparté : À l’époque soviétique, l’armée disposait de la structure classique en temps de guerre, à savoir des divisions composées de 4 à 5
brigades, chacune d’entre elles étant composée de 4 à 5 bataillons, chacun d’entre eux étant composé de 4 à 5 compagnies. De telles structures nécessitent beaucoup de personnel.
Pour économiser de l’argent, la Russie a supprimé l’échelon de la division. Les brigades d’infanterie motorisée, composées d’un bataillon de chars, de deux
bataillons d’infanterie motorisée et de deux bataillons d’artillerie, ont été réduites en groupes tactiques de bataillons.
Environ un tiers des formations d’artillerie et de chars ont été éliminées, ainsi que la moitié de l’infanterie. Au lieu des quelque 4 000 à 4 500 soldats d’une
formation de brigade, les groupes tactiques de bataillon n’ont conservé que 2 000 hommes chacun. Les équipements qui n’étaient plus utilisés et qui n’étaient plus nécessaires ont été
stockés.
La construction d’un groupe tactique de bataillon était beaucoup moins coûteuse que celle d’une brigade à forte intensité humaine, mais disposait encore d’environ
2/3 de la puissance de feu d’origine. L’idée a toujours été qu’en cas de guerre, la structure du BTG serait à nouveau remplie d’hommes mobilisés et d’équipements restaurés pour redevenir une
brigade à part entière. – Fin de l’aparté.
Ce n’est qu’en août 2022, après l’échec d’une nouvelle série de négociations, que les dirigeants russes ont décidé de vraiment partir en guerre. Une mobilisation a
été lancée, l’équipement a été sorti de l’entrepôt et les formations BTG du temps de paix ont été réactivées pour devenir des structures de brigade à part entière. Le niveau de commandement de la
division a été rétabli. Tout cela demande du temps et de la formation. L’industrie de guerre devait être mise en place pour soutenir un combat plus long.
Il existe un dicton : “Les Russes sont lents à monter en selle mais galopent
vite“. Il s’applique dans ce cas.
En 2022 et au début de 2023, les forces russes, peu nombreuses, ont dû faire preuve d’économie de force. Les positions de moindre valeur ont été gardées par un
minimum de forces (Kharkiv, Kherson). Lorsque ces forces étaient mises sous pression, les positions étaient simplement abandonnées. Des lignes défensives étaient construites pour protéger les
terrains de plus grande valeur.
Au printemps ou à l’été 2023, les forces russes avaient (re)pris de l’ampleur et atteignaient leur pleine puissance de guerre. La destruction systématique des
forces ukrainiennes pouvait enfin commencer.
Dès que les forces ukrainiennes ont tenté de défier les formations russes ravivées, notamment lors de leur “contre-offensive” ratée, elles ont été battues à plate couture.
Pressés de réaliser de nouveaux gains, les dirigeants politiques ukrainiens ont exigé que leurs troupes attaquent partout et ne battent jamais en retraite.
Cela correspondait à l’objectif politique russe de démilitarisation de l’Ukraine. En se défendant à partir de positions bien creusées et avec un
avantage croissant en artillerie et en puissance aérienne, les forces russes ont décimé les forces ukrainiennes qui les attaquaient.
À la fin de l’année dernière, l’armée ukrainienne a commencé à changer de tactique. Faute de forces et de matériel, elle a dû passer en mode défensif. Les
forces russes, désormais entièrement équipées et prêtes au combat, ont entamé leur campagne offensive :
Aujourd’hui, la situation est sombre. Les combats se sont ralentis et sont devenus une corvée cruelle qui joue en faveur de la Russie. L’Ukraine manque de
troupes et de munitions, tandis que la Russie les maintient en abondance. La contre-offensive ukrainienne du printemps 2023, planifiée de longue date, à haut risque et qui a duré des mois, a
échoué, l’Ukraine n’étant pas en mesure de reprendre les territoires saisis par la Russie. Le soutien à Zelensky en Ukraine et à l’Ouest a fini par s’effriter. L’aide américaine est bloquée
au Congrès et les États-Unis semblent fatigués de financer cette guerre.
Au cours des deux dernières années, après avoir prédit une victoire immédiate de la Russie, les analystes et les décideurs politiques sont allés dans
l’autre sens avec une nouvelle série d’erreurs d’appréciation : l’armée russe est un tigre de papier, les généraux se retourneront contre Poutine, l’Ukraine saignera la Russie dans
le Donbass.
La réalité, deux ans plus tard, est qu’il n’y a pas de chemin vers la victoire pour l’Ukraine, du moins pas dans le sens de repousser les troupes russes
jusqu’aux lignes de contrôle de 2021. Après l’abandon d’Avdiivka par les troupes ukrainiennes à la suite de certains des combats les plus violents de la guerre – la perte ou le gain le plus
important pour l’une ou l’autre des parties en neuf mois – presque tous les avantages reviennent à la Russie.
Pour les Russes, la guerre est un processus lent qui exige que tous les éléments, politiques, civils et militaires, soient synchronisés. Dans cette
optique, gagner telle ou telle bataille n’a pas beaucoup d’importance. C’est l’approche à long terme qui fait la différence. Il faut du temps pour atteindre l’état stable qui, au fil du temps,
crée la victoire. Ce n’est que lorsque cet état est atteint que la véritable destruction de l’ennemi peut commencer.
Les forces russes attaquent actuellement dans toutes les directions. Les forces ukrainiennes manquent de personnel et de munitions. Ce n’est qu’une question de
temps avant que l’Ukraine ne doive abandonner et rechercher la paix, quelles que soient les conditions défavorables.
Il n’y a jamais vraiment eu et il n’y a plus de moyen de changer cette issue.
Le programme d’aide de 60 milliards de dollars bloqué au Congrès ne changera pas grand-chose à l’avenir. Ce combat est un combat de longue haleine qui
nécessitera toujours une aide supplémentaire. Le robinet se fermera à un moment ou à un autre, peut-être bientôt, ce qui mettra fin à l’aide et scellera le destin de l’Ukraine.
La fin de la partie en Ukraine approche à grands pas. Elle pourrait même arriver bien plus tôt que ce que beaucoup sont prêts à admettre
aujourd’hui.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Je propose cette semaine un bilan de la guerre d’Ukraine. Aujourd’hui, retour sur les sept erreurs d’analyse commises par les stratèges américains et occidentaux. (1) La Russie ne voulait pas
prendre Kiev en févier 2022 – (2) Les Russes voulaien t à tout prix éviter le piège américain d’un “nouvel Afghanistan”. (3) Depuis 2014, Moscou s’était adaptée aux sanctions économiques et
préparée à de nouvelles. (4) La popularité de Vladimir Poutine a augmenté après le début de la guerre et est restée sable depuis lors. (5) La Russie a été capable de fabriquer plus de munitions
que l’OTAN. (6) Hors Union Européenne et Canada, le reste du monde est resté neutre et a pris parti contre les sanctions. (7) L’Ukraine au sens des frontières de 1991, a perdu toute chance
d’exister comme nation.
On se souvient de l’atmosphère exaltée de la fin février 2022. Rappelons – on ne s’en lasse pas – une déclaration d’anthologie d’un ministre français :
Le document est intéressant aussi dans la mesure où l’on voit Bruno Le Maire jeter un œil à des notes écrites, posées devant lui. Il lit des “éléments de langage”.
L’ancien rédacteur du discours de Dominique de Villepin contre la Seconde Guerre d’Irak est devenu le petit télégraphiste des Etats-Unis. Il scande mécaniquement ce que Washington dictait aux
gouvernements de l’OTAN.
A Washington, on croyait dur comme fer que la Russie allait s’effondrer en quelques mois. Il vaut la peine de relever les erreurs d’anticipation commises.
Les sept erreurs américaines
les Anglo-Américains, l’OTAN et les valets atlantistes au pouvoir dans l’Union Européenne ont commis sept erreurs d’analyse:
La Russie allait conquérir Kiev en quelques jours.
Les Russes n’ont jamais eu l’intention de prendre Kiev. Cela a bien été identifié, dès les premières semaines de la guerre par Scott Ritter. L’offensive sur Kiev
était une feinte – on ne conquiert pas une ville à un contre trois. Il s’agissait de fixer suffisamment de troupes ukrainiennes au nord pour conquérir sans des combats trop durs la rive gauche du
Dniepr, au nord de la Crimée.
2. La Russie n’avait pas réussi à conquérir Kiev.
Les troupes russes se sont retirées de Kiev fin mars 2022 une fois la conquête des territoires du sud de l’Ukraine assurée (à l’exception de Marioupol). Comme les
Russes n’avaient pas eu l’intention de conquérir Kiev, ils n’avaient pas échoué à la conquérir.
En réalité, s’il y avait une chose que Moscou comprenait, c’était le désir américain de transformer l’Ukraine en un nouvel Afghanistan pour l’envahisseur. Vladimir
Poutine voulait d’autant plus l’éviter qu’il connaît l’histoire ukrainienne: Staline a mis quatre ans, entre 1945 et 1949; à soumettre l’Ukraine de l’ouest dans des combats d’une barbarie
épouvantable. La Russie de 2022 ne pouvait pas se lancer dans un pareil affrontement.
3. La Russie ne résisterait pas aux sanctions économiques.
Comme David Teurtrie l’avait montré dans un ouvrage paru en 2021, l’économie russe s’était adaptée aux sanctions occidentales après que Moscou avait repris la
Crimée. Mais les dirigeants occidentaux ont préféré suivre leur croyance sur les faiblesses intrinsèques de l’économie russe.
4.
La population russe allait se révolter contre Vladimir Poutine.
Deux ans plus tard, force est de constater que c’est raté:
Quatre Russes sur cinq (79,8 %) font confiance au président russe Vladimir Poutine, selon le dernier sondage du Centre de recherche sur l’opinion publique russe (VTsIOM), rapporté par Tass le
19 janvier.
Le sondage a enregistré une augmentation d’un point de pourcentage du niveau de confiance des citoyens russes envers M. Poutine, selon l’enquête, menée du 9 au 14 janvier auprès de 1 600
Russes adultes.
En outre, l’approbation du travail du président a connu une légère augmentation de 0,2 point de pourcentage, atteignant 77 %, selon VTsIOM.
Des sondages similaires menés par le centre indépendant Levada ont enregistré des résultats similaires, le taux d’approbation de Poutine atteignant 85 % en novembre, soit une hausse de près
de 20 points par rapport à la période d’avant-guerre.
En ce qui concerne les performances du gouvernement russe, 54 % des personnes interrogées ont exprimé leur approbation, ce qui représente une baisse de 0,7 point de pourcentage.
Le Premier ministre Mikhail Mishustin a également reçu une note de 54 %, soit une baisse de 0,7 point de pourcentage. Malgré cela, la cote de confiance de Mishustin a augmenté de 0,8 point de
pourcentage, atteignant 62,7 %.
L’enquête portait sur l’attitude du public à l’égard des chefs des factions du parti à la Douma d’État avant les élections présidentielles prévues pour le 31 mars de cette année.
Gennady Zyuganov, leader de longue date du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF), a vu sa confiance baisser de 0,4 point de pourcentage, avec 30,3 % d’opinions favorables.
Sergey Mironov, leader du parti A Just Russia-For Truth, a connu une baisse plus importante de 3,1 points de pourcentage, avec 2,3 % de confiance.
BNE,
intelligencenews.com, 19 janvier 2024
La cote de popularité de Vladimir Poutine a même gagné entre dix et quinze
points, dès les premières semaines de la guerre et est restée stable depuis lors.
5. La Russie était incapable de mener une guerre longue contre l’OTAN.
Que de fois ne l’avons-nous entendu! La Russie allait être à court de munitions le mois suivant. En réalité, un rapport de forces s’est installé selon lequel la
Russie était en mesure de tirer au moins cinq fois plus de munitions que l’Ukraine, pourtant approvisionné par l’OTAN.
Dès le début de la guerre, l’armée russe a commencé à effectuer des frappes régulières contre les stocks d’armes et les casernes ukrainiennes. Les livraisons
d’armes de l’OTAN sont régulièrement réduites à néant.
Le domaine où la Russie était indépendamment pourvue était celui des drones (kamikazes). Une coopération avec l’Iran a permis à l’armée russe d’en obtenir
suffisamment. Puis la Russie s’est mise à en fabriquer de plus en plus.
6. Le reste du monde allait condamner l’intervention russe en Ukraine
C’est sans aucun doute la plus grosse erreur d’analyse des Américains et de ceux qui les suivent aveuglément. Hors Union Européenne et Amérique du Nord, les
soutiens aux sanctions contre la Russie ont été résiduels.
Les USA ont totalement sous-estimé la détestation à leur égard dans le monde depuis qu’ils ont écrasé le Proche-Orient sous les bombes. Ajoutons
que le gel des actifs russes par les USA et l’Union Européenne achève de transformer le dollar et l’euro en instruments de guerre, ce qui est très mauvais pour leur stabilité et a provoqué un
basculement vers le yuan et les monnaies nationales pour le commerce mondial.
Enfin, l’élargissement des BRICS est venu porter un coup terrible à l’hégémonie américaine.
7. Il existait une nation ukrainienne
Je n’ai pas un mot à changer à ce que j’écrivais pour le premier anniversaire de la guerre:
Nos dirigeants, nos élus, ont mis un drapeau ukrainien au fronton de nos monuments publics et de nos mairies. Je suppose que beaucoup sont sincères. Ils imaginent que l’Ukraine s’est
définitivement découverte, comme nation, dans la guerre. De bobos progressistes exaltant la “démocratie ukrainienne” à des identitaires fascinés par la “slavité” des Ukrainiens, que
n’avons-nous dû subir comme inepties, depuis un an!
Désolé, mais l’Ukraine n’est pas une démocratie. Elle aurait sans doute pu éviter une grande partie de la corruption qui l’accable si les Occidentaux n’avaient pas interféré. Et puis, pour
faire une démocratie, il faut des classes moyennes en croissance. Or ce sont les classes moyennes qui émigrent – vers la Russie ou vers l’Ouest. Ceux que vous avez vu partir, depuis le début
de la guerre, disposaient d’une voiture ou avaient de quoi se payer un billet de train.
Le
Courrier des Stratèges, 24 février 2023
Deux ans de guerre en Ukraine (2) – La Russie a-t-elle sous-estimé l’hostilité ukrainienne ?
Une vieille idée traîne : La Russie se serait attendue au ralliement rapide et majoritaire des Ukrainiens en février/mars 2022. En réalité, les élections présidentielles de 2019; où Vladimir
Zelensky avait fait campagne sur le thème de la paix, montre que l’option majoritaire en Ukraine était “ni Occident, ni Russie”. Au bout de deux ans de guerre, l’opinion ukrainienne a basculé
plus massivement en faveur de la Russie – même si Vladimir Poutine ne souhaite pas, pour l’instant aller au-delà d’une ligne Kharkov-Odessa.
Une idée assez répandue veut que la Russie se soit imaginée que la population ukrainienne la soutiendrait rapidement. Disons que certains observateurs acceptent
notre information d’hier – l’armée russe est entrée en Ukraine à un contre trois en termes d’effectifs – mais ils en tirent une conclusion sans appel: en réalité, la Russie a commis une énorme
erreur d’appréciation. Les services russes avaient estimé que la population ukrainienne se rallierait à l’armée russe rapidement et cela permettrait de finir la guerre en quelques
semaines.
Que voulait vraiment la population ukrainienne ?
En réalité, cette analyse repose sur une méconnaissance de la société et du régime politique ukrainiens au moment où la guerre commence.
Il faut se rappeler que Zelensky faisait campagne pour la paix!
Les votes pour Zelensky (qui a atteint 30% environ des voix au premier tout et 70% au second tour) montrent deux foyers irréductibles: à l’ouest et à l’est. Mais ce
à quoi aspire le reste du pays, c’est à une Ukraine pacifiée, qui ne doive pas choisir entre la Russie et l’Occident. Les prédécesseurs de Zelensky étaient apparus comme incarnant l’ouest
(Iouchenko, Porochenko) ou l’est (Ianoukovitch); Zelensky avait fait rêver d’une réconciliation.
La société ukrainienne est restée la plus “soviétique” des
anciennes républiques de l’URSS – je veux dire par là sans conscience nationale propre développée. Sous la IVè République en France, on parlait de la “Troisième Force”; pour les partis
du centre, il s’agissait de “couper l’omelette aux deux bouts (les gaullistes et les communistes). Eh bien un phénomène similaire cherchait à percer en Ukraine, que Zelensky avait révélé durant
sa campagne pacifiste de 2019: rassembler la majorité des Ukrainiens, qui rêvaient de neutralité.
Il est significatif que les villes de Kharkov, d’Odessa, de Zaporojie, de Dniepropetrovsk, qui, logiquement, basculeront du côté de la Russie, à l’issue de la
guerre, aient mis Zelensky en tête en 2019.
Qu’attendait la Russie en lançant la guerre?
Tout cela, les Russes le savaient. On a beaucoup entendu parler, sans preuves, durant les premières semaines de la guerre, d’erreurs d’analyses des services russes.
En réalité, il n’était pas bien compliqué d’imaginer que la guerre polariserait à nouveau la société ukrainienne. C’est bien la raison pour laquelle Moscou s’est engagée dans une attaque en
sous-effectifs – les objectifs étaient circonscrits:
+ Empêcher l’attaque massive du Donbass et de la Crimée prévue par l’armée ukrainienne pour la fin mars ou le début avril.
+ renforcer la protection stratégique de la Crimée
+ proposer au pouvoir ukrainien une application sérieuse des accords de Minsk ou d’un nouvel accord permettant de faire respecter les droits des habitants du
Donbass.
On se rappelle cependant que Vladimir Poutine avait parlé dès les premiers jours de la guerre de son double objectif de démilitarisation et de dénazification de
l’Ukraine. Cela ne pouvait pas se faire par un claquement de doigt. La seule formulation de ces deux objectifs montrait à quelqu’un qui savait écouter que les Russes avaient intégré la
perspective d’une guerre longue.
Mars 2014, février 2022, mars 2022
Après que les Russes eurent fait revenir la Crimée sous souveraineté russe en 2015, beaucoup s’attendaient à ce que Vladimir Poutine engage une guerre pour le
Donbass. Mais le président russe connaissait sans aucun doute mieux l’Ukraine que les commentateurs. Il savait que beaucoup d’Ukrainiens préféraient la neutralité à une orientation soit pro-russe
soit pro-occidentale.
En février 2022 la Russie lance une offensive qui pourrait déboucher sur une guerre courte mais ce n’est pas le calcul que l’on fait à Moscou. Des négociations sont
essayées tout au long du mois de mars; par différents canaux: la plus connue est celle d’Istanbul. Il faut bien comprendre que, dans un premier temps, les Ukrainiens ont eu peur de l’armée russe.
Zelensky s’est réfugié à Lvov jusqu’à ce que le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, obtienne l’engagement de Vladimir Poutine qu’il ne serait pas attenté à la vie du président
ukrainien.
Au-delà de cet engagement, la Russie accepta fin mars 2022- sur demande
franco-allemande, comme Vladimir Poutine l’a raconté à Tucker Carlson – de retirer ses troupes de la région de Kiev avant même la signature d’un accord à Istanbul. Une “faiblesse”
aussitôt exploitée par l’adversaire occidental: Zelensky ne signa rien, tandis que les Occidentaux lui promettaient de le fournir en armes pour défaire la Russie.
La Russie a-t-elle perdu l’occasion d’obtenir une victoire rapide?
C’est sans aucun doute l’avis de beaucoup. Si vraiment Poutine savait que la population ukrainienne ne se rallierait pas spontanément et massivement à la Russie,
pourquoi n’a-t-il pas continué sa démonstration de force et laissé ses troupes dans la région de Kiev?
En réalité, nous touchons là à un vrai affrontement sur les “valeurs”. L’Union Européenne ou les Etats-Unis aiment bien dénoncer le conservatisme poutinien, son
refus de l’individualisme absolu des mœurs etc…. Mais ce n’est qu’une vision superficielle des enjeux.
Dans un article récent, je soulignais l’opposition entre Poutine “le Capétien” et l’Occident machiavélien. Si l’on va plus loin, on identifie le caractère
artificiel de l’opposition entre “démocratie” et “autocratie”. Vladimir Poutine n’imagine pas gouverner l’Ukraine contre son gré. Prenez la ville de Kiev, qui avait mis en partie Porotchenko en
tête: Vladimir Poutine n’avait pas l’intention de l’investir durablement.
Il est de ce point de vue plus respectueux du peuple ukrainien que l’oligarchie washingtonienne, londonienne ou bruxelloise, qui soutient le régime d’un Zelensky
qui a annulé l’élection présidentielle de mars 2024 et compte sur les unités paramilitaires fascisantes et la police secrète (SBU) pour recruter les soldats dont a besoin l’armée ukrainienne et
empêcher tout débat sur la guerre.
On revient au sujet d’éviter un “nouvel Afghanistan”: en admettant que la Russie se soit sentie prête pour une guerre de haute intensité en mars 2022, Forcer la
négociation aurait abouti à obtenir un nouveau “Minsk” tout en obligeant la Russie à une occupation militaire d’une partie du territoire où elle n’aurait pas un soutien majoritaire pour vérifier
l’application de l’accord – avec la tentation terroriste afférente pour les unités paramilitaires du régime kiévien.
Une plus grande partie de l’Ukraine est pro-russe après deux ans de guerre
Je reprends ce que j’écrivais pour le premier anniversaire du déclenchement de la guerre:
L’Ukraine était un Etat hébergeant une société post-soviétique hétérogène mais qui aurait pu devenir une nation, dans la paix, dans la coexistence entre la Russie et le reste de l’Europe.
Aujourd’hui, non seulement cette nation est impossible à réconcilier….sauf à basculer majoritairement du côté russe!
C’est en effet l’évolution qui est sous vos yeux et que vous ne voyez pas. La société ukrainienne du centre et de l’ouest a commencé, depuis un an, à sentir la poigne de fer du SBU, ce bout
de KGB qui n’a jamais été réformé. Et le régime de terreur des bataillons néo-nazis, qui traquent, avec le SBU, les “espions russes” et touts les réfractaires au service armé. (…)
Ce que j’observe depuis le printemps dernier, à force de comparer les sources, c’est un basculement de la société ukrainienne, une adhésion de sentiment ou de raison à l’idée que ce serait
mieux d’être sous un gouvernement russe que sous un gouvernement ukrainien. Evidemment il restera, en particulier en Galicie, un pourcentage incompressible d’irréductibles. Et Vladimir
Poutine connaît trop l’histoire pour envisager d’absorber toute l’Ukraine. Mais imaginons que la Russie s’arrête, à la fin de la guerre, le long d’une ligne allant de Kharkov à Odessa, que se
passera-t-il plus à l’ouest? Il n’est pas impossible qu’un mouvement d’émigration ait lieu vers la Russie (qui est déjà aujourd’hui le pays qui a accueilli le plus de réfugiés du conflit!.
Le
Courrier des Stratèges, 24.02.2023
Ce glissement de l’opinion ukrainienne en faveur de la Russie, Vladimir Poutine n’aurait pas pu l’obtenir par la contrainte au printemps 2022. Pour autant, ce que
le président russe a esquissé avec Tucker Carlson, c’est
plutôt une partition de l’Ukraine – le long d’une ligne incluant Kharkov et Odessa.
Deux ans de guerre en Ukraine (3)
Les limites de la stratégie occidentale
La guerre d’Ukraine permet de comprendre les limites de la stratégie occidentale. Essentiellement une stratégie germano-américaine, étant donné que la manière de penser de l’OTAN est une
combinaison des héritages allemands et anglo-saxons de la Seconde Guerre mondiale. A cela vient s’ajouter l’effet terrible de la désindustrialisation avancée de la plus grande partie du monde
anglo-saxon et euro-bruxellois. La Russie a certainement eu une stratégie intelligente depuis février 2022. Mais elle a été aidée par les grandes insuffisances
stratégiques de l’OTAN.
Au début de la Guerre d’Ukraine, beaucoup de commentateurs attendaient “la prise de Kiev en quelques jours” et la “bataille décisive. Elles ne sont pas venues, et
les stratèges de plateau télé – les “Gamelin” chers à Xavier Moreau – ont
crié à l’incompétence de l’armée russe.
Soyons indulgents. Beaucoup en Occident – des militaires de profession au public éclairé – vivent de quelques mythes en matière de perception des événements
militaires:
+ la rapidité de manœuvre et les batailles de Napoléon.
+ le “Blitzkrieg”, la guerre-éclair hitlérienne.
+ les manœuvres américaines des Guerres du Golfe.
Ces comparaison sont peu éclairantes pour comprendre la Guerre d’Ukraine. Contentons-nous de remarquer que ni Napoléon ni Hitler n’ont été capables de vaincre
l’armée russe. En réalité, la raison de fond était la même.
Aussi génial fût Napoléon dans la mobilisation de ses hommes et la capacité à gagner des batailles, jamais il n’a pris en compte le contexte global dans lequel se
déroulaient ses guerres. Les ressources économiques dont pouvait disposer la France étaient inférieures à la somme des ressources de ses ennemis. Sur le long terme, le génie des batailles
(terrestres) n’a pu empêcher le vrai rapport de force de s’imposer. Si l’on étudie la campagne de Russie, on comprend la supériorité de ce que Jacques Baud appelle “art russe de la
guerre”. Koutouzov était un
chef militaire laborieux comparé à Napoléon (voir la défaite austro-russe d’Austerlitz en 1805): mais, au moment décisif, en 1812, il sut mieux mobiliser l’ensemble des atouts de la Russie – de
l’incendie de Moscou au harcèlement de l’armée française battant retraite en plein hiver.
De même, non seulement un historien comme Karl-Heint Frieser a
montré que la “guerre-éclair” de mai-juin 1940 avait été pleine d’erreurs allemandes inexploitées par le commandement français; mais l’étude de la guerre contre l’URSS montre les limites de la
stratégie allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Le coup de massue initial ayant manqué son effet, le rapport de forces global s’imposa inexorablement, exactement comme contre Napoléon:
l’Union Soviétique avait plus d’hommes, une capacité industrielle supérieure; sans oublier l’espace et le climat, qui ne furent pas plus indulgents envers les blindés allemands qu’ils l’avaient
été envers l’artillerie tirée par des chevaux de Napoléon.
Illusions américaines
Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont largement accepté le discours des généraux allemands expliquant que l’armée allemande n’avait perdue la guerre
contre l’URSS que du fait d’Hitler. Non de la stratégie militaire soviétique.
Autant les USA s’étaient montrés être une puissance naval de premier plan entre 1941 et 1945, autant leur effort terrestre était resté modeste, en comparaison de ce
qu’avait entrepris l’Armée Rouge. Plutôt que d’étudier la stratégie de l’armée rouge, les Américains firent leur la conception allemande de la guerre mécanisée et de la manœuvre décisive. Face à
un adversaire bien moins puissant comme l’armée irakienne (dont il ne faut pas oublier, cependant, qu’elle a a autant perdu du fait de la vénalité de ses officiers, achetés par les USA que pour
des raisons militaires), la conception germano-américaine de la guerre a semblé s’imposer.
Il en va tout autrement de la Guerre d’Ukraine.
La défaite de la stratégie occidentale en Ukraine
L’armée ukrainienne n’aurait jamais tenu aussi longtemps face à l’armée russe si elle n’avait pas été entraînée et équipée par l’OTAN. Cependant, ce sont les
erreurs de stratégie qui l’ont emporté!
+ la fameuse “contre-offensive ukrainienne” de l’été 2023 est une espèce de “Blitzkrieg” mené par l’armée ukrainienne sans aviation et en allant de heurter à une
force de feu cinq fois supérieure.
+ Les instructeurs européens ont entraîné les officiers ukrainiens sans tenir compte du fait qu’ils avaient été formés selon les conceptions de’ l’Armée Rouge –
donc étaient très proches des officiers russes. Une formation “germano-américaine” a été plaquée sur un personnel imprégné de “l’art russe de la guerre”. On a préféré le “commandement participatif par
objectif” (mots compliqués pour dire qu’on laisse, comme dans l’armée prussienne du XIXè siècle, beaucoup de marge de manœuvre au subordonné, pourvu qu’il reste dans l’ordre cadre qu’il a
reçu). Quand ils invoquaient leur connaissance du terrain et des façons de faire russes, les officiers ukrainiens en formation étaient rabroués.
+ Les Américains ont donné un feu vert à l’Ukraine pour faire la guerre sans tenir compte des forces réelles de la
Russie: une mobilisation en fait très partielle; l’envoi aux fronts de troupes composées de militaires professionnels et de volontaires avec des réserves démographiques cinq fois plus
importantes que celles de l’Ukraine. La préparation soigneuse de la guerre économique, appuyée sur une modernisation bancaire réussie. Sans oublier la possession russe de l’arme hypersonique et
la capacité du pays à produire des munitions et des armes en quantités industrielles.
+ Pour les Américains, la communication est un outil de lutte au service de la guerre. Mais cela va au point de finir par confondre la communication et le réel. Les
Occidentaux ont fini par croire en la faiblesse de l’armée russe, la désaffection des Russes vis-à-vis de Poutine; l’effondrement imminent de l’armée russe etc….
Demain nous verrons comment l’armée russe, elle, a préparé une guerre adaptée aux forces et aux faiblesses de son adversaire.
Guerre en Ukraine – Pour Caroline Galactéros : «La Russie joue l’usure et l’attrition»
Caroline Galactéros est
géopolitologue. Docteur en sciences politiques, colonel dans la réserve opérationnelle des Armées et ancienne directrice de séminaire à l’École de guerre (Paris), elle a créé et
dirige le think
tankGEOPRAGMA –
Pôle français de géopolitique réaliste (Paris). Elle anime également une chaîne YouTube Paix
et Guerre.
Caroline Galactéros a livré
pour la
chaîne du Dialogueune
analyse sur la guerre en Ukraine,
l’état des forces en présence les perspectives à l’aune des prochaines élections européennes en juin 2024. Décryptage…
Contre-offensive ukrainienne, résilience russe, état des forces en présence… Pour Caroline Galactéros, c’est un bilan plutôt négatif pour Kiev après
plusieurs mois de contre-offensive. Pour l’experte, c’est la conséquence d’un «certain nombre de
mauvais calculs : des mauvais calculs initiaux, des calculs intellectuels». L’analyste pointe également les erreurs stratégiques du bloc occidental, des «Britanniques et
Américains, qui ont une idée bien précise de la victoire» et qui n’ont pas su appréhender, ni anticiper les «options tactiques» de la Russie, puisqu’il s’agit d’une «guerre
offensive» dictée davantage par des «gains territoriaux» en Ukraine.
Or la Russie est rentrée dans une autre phase selon la géopolitologue : celle d’une «guerre d’usure et
d’attrition». Pour atteindre l’objectif de la victoire, les russes ont bien compris qu’il fallait conserver leurs forces, préserver et sécuriser son «potentiel humain». De plus,
la «supériorité russe en matière d’artillerie» est indéniable et leur a permis de récupérer des villages et territoires ; un argument qui vient contrebalancer la propagande
totalement délirante des médias occidentaux qui ont pointé que l’armée russe perdait des «centaines de milliers d’hommes», ce qui est totalement faux sur le terrain.
Un diktat de la doxa majoritaire communément admise en Europe et aux États-Unis selon la spécialiste des relations internationales : «On a décollé de
la réalité…. Quand on décolle de la réalité du terrain, parce qu’on est mu par des objectifs idéologiques, par la rage, par la fureur de voir que ça ne marche pas
comme on le souhaite, on est en contradiction avec la réalité du rapport de force».
Les Russes sont en position de force à présent. Leur stratégie de défense active est de plus en plus «agressive». En deux ans, ils ont détruit une
partie importante de la défense anti-aérienne ukrainienne, qui était pourtant «importante et solide». A cela, ils ont anéanti les principaux axes d’approvisionnement en armes
occidentales (chars Bradley et Léopard) et de soutien logistique.
Caroline Galactéros interroge donc la soutenabilité de l’effort de guerre et son acceptation par la population ukrainienne. L’Ukraine est de toute façon
un pays sous «perfusion de
fonds financiers européens et américains».
Les prochaines élections européennes sont dans ce contexte, un élément majeur à prendre en compte. A l’heure où l’on parle de l’adhésion de l’Ukraine,
process qu’elle juge «très long», qui nécessite un accord à l’unanimité, les élections de juin 2024 peuvent générer des «surprises» et «un nouvel équilibre». Pour la géopolitologue,
l’Ukraine est déjà un «pays en ruine» qui a besoin «d’être totalement pris en charge». On le voit déjà sur «les questions agricoles». L’aventurisme d’une Europe «déjà en
crise», en raison de son «suivisme des États-Unis», conduit davantage à affaiblir le Vieux continent, avec un coût estimé à plusieurs «milliards d’euros».
Si les relations entre l’Europe et la Russie sont sévèrement mises à mal à cause de la politique des États-Unis en Ukraine, la conclusion est sans appel
pour l’experte française : «la Russie ne pliera pas» et il est plus qu’urgent de «refonder la
sécurité de l’espace européen», qui passe selon elle, par une «inévitable
neutralisation de l’Ukraine».
Volodymyr Zelensky, le président
ukrainien, a limogé le haut commandant de l’armée ukrainienne, le général Valery Zaloujny pour le remplacer par le général Oleksandr Syrsky, surnommé le «Boucher» en raison du peu de
cas qu’il fait de la vie des hommes. Un choix hautement discutable et dangereux.
Le haut commandant militaire
ukrainien Valery Zaloujny limogé par Zelensky
Le bruit du limogeage prochain du haut commandant militaire ukrainien Valery Zaloujny en désaccord stratégique avec le président Zelensky, courrait
depuis longtemps. Depuis le 8 février, c’est chose faite.
En perte de vitesse, toujours davantage déconsidéré en raison de sa corruption qu’il est difficile de cacher, contesté à cause de l’échec de la
contre-offensive ukrainienne contre la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait besoin désespérément d’un bouc émissaire pour détourner les regards, et Zaloujny qui
n’avait pas hésité à le critiquer et à révéler la vérité sur la faillite de la guerre du côté ukrainien, était déjà dans son collimateur.
«Une
réinitialisation, un nouveau départ est nécessaire», avait déclaré la semaine dernière Zelensky au média italien Rai News.
«J’ai
quelque chose de sérieux en tête, qui ne concerne pas une seule personne mais l’orientation des dirigeants du pays».
Une «réinitialisation» voulue par
Zelensky qui pourrait se retourner contre lui
Cette «réinitialisation» qui a cependant peu de chance d’apporter la victoire tout en envoyant encore de nombreux soldats ukrainiens mourir sur le
front, passe donc par le limogeage du général Valery Zaloujny : ce dernier a été démis de ses fonctions jeudi 8 février, dans le cadre du plus grand bouleversement de la direction
militaire de Kiev depuis l’invasion russe il y a près de deux ans. Et par son remplacement par un homme plutôt détesté par l’armée : le général Oleksandr Syrsky, l’ancien chef des
forces terrestres, notamment surnommé le «Boucher» en raison du peu de cas qu’il fait de la vie des hommes. Drôle de choix pour le moins !
Politico commente ainsi la nomination du général Syrskyi :
«[Il] a aidé à
défendre Kiev contre les assauts russes et a orchestré une contre-offensive réussie à Kharkiv. Mais Syrskyi est également connu pour avoir dirigé ses forces vers un hachoir à viande à
Bakhmout, envoyant vague après vague de troupes pour faire face aux tirs de l’opposition. En fin de compte, les mercenaires du groupe Wagner, soutenus par le Kremlin, ont capturé la
ville. Pour cette raison, entre autres, Syrskyi est profondément impopulaire auprès de la base ukrainienne. «Très mauvaise décision», a déclaré un capitaine militaire ukrainien au
NatSec Daily. Le capitaine, comme d’autres, a bénéficié de l’anonymat pour éviter des représailles ou pour donner son opinion sans fard.
«Une autre
personne connaissant bien les opérations de Syrskyi a fait écho à ce point de vue. Il est peu probable que sa nomination ait un effet positif pour l’Ukraine, car Syrskyi est considéré
par ceux qui sont en première ligne comme un général sévère de type soviétique qui met ses hommes en danger sans pitié. Cette personne a ajouté que les troupes ukrainiennes ont donné
à Syrsky un surnom horrible : «Boucher». Le capitaine a confirmé que le surnom est resté, tout comme «Général200» – qui signifie 200 morts sur le champ de bataille»».
La nomination du général Syrskyi,
surnommé le «Boucher», est qualifiée de «très mauvaise» par des officiers ukrainiens
Les révélations de Politico continuent
sur la même lancée critique envers le général Syrskyi, très impopulaire auprès de la base de l’armée :
«Le leadership du
général Syrski est en faillite, sa présence ou les ordres venant de son nom sont démoralisants et il sape la confiance dans le commandement en général», a posté un officier militaire
ukrainien sur X. «Sa recherche incessante de gains tactiques épuise constamment nos précieuses ressources humaines, ce qui entraîne des avancées tactiques telles que la capture de
limites forestières ou de petits villages, sans aucun objectif opérationnel en tête». Un soldat ukrainien a également tweeté un message lors d’une discussion de groupe avec des
vétérans de la bataille de Bakhmout : «Nous sommes tous foutus»».
Et le quotidien américain de conclure avec cette note négative pour Zelensky :
«Ce n’est
peut-être pas le meilleur moment pour effectuer un changement. Il n’est pas garanti que le Congrès approuve l’octroi d’environ 60 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine. Le
remaniement au sommet de l’armée ukrainienne pourrait renforcer le scepticisme de certains républicains et démocrates quant au soutien américain à l’effort de guerre».
La majorité du public occidental ne connaît pas les questions militaires.
Si les gens peuvent identifier une personne portant un uniforme comme étant un soldat, ils auront des difficultés à comprendre les insignes d’unité, les
insignes de grade ou les notations tactiques que portent tous les soldats ordinaires. Le manque de connaissance des détails militaires rend difficile la compréhension des reportages
des médias sur les questions de première ligne.
La disposition de base d’un bataillon de première ligne en est un exemple.
Un bataillon est une unité de 400 à 1000 hommes spécialisée dans un véhicule ou une forme de combat.
Les bataillons d’infanterie pure marchent et combattent à pied ou effectuent des marches plus longues sur des camions. L’infanterie mécanisée dispose de
véhicules de combat blindés qui transportent les troupes, mais aussi de quelques armes légères pour couvrir le chargement ou le déchargement des soldats. Les bataillons de chars
d’assaut disposent de carcasses blindées dotées de gros canons conçus pour percer les lignes ennemies renforcées. Les bataillons d’artillerie disposent d’obusiers de gros calibre ou
de missiles pour tirer à distance.
Une brigade, composée de plusieurs bataillons de différents types, peut les mélanger selon les besoins du combat en cours.
Un bataillon se compose de quatre à six compagnies. Chaque compagnie comprend trois ou quatre pelotons.
Les pelotons, généralement composés d’une trentaine d’hommes, sont dirigés par des lieutenants. La compagnie, composée de plusieurs sections, est
commandée par un capitaine. Le chef de la première section d’une compagnie est souvent un lieutenant expérimenté qui fait office de commandant adjoint de la compagnie.
L’organisation supérieure, le bataillon, est dirigée par un lieutenant-colonel avec l’aide d’un état-major de bataillon. Cet état-major, divisé en
quatre sections (ou plus) appelées S1 à S4, s’occupe du personnel du bataillon, de la situation de l’ennemi, du poste de commandement du bataillon de l’arrière (réserve) et de la
logistique.
Ces sections sont dirigées par un lieutenant expérimenté (S1), un capitaine (S2), un major (S3) qui est également le commandant adjoint du bataillon, et
un autre capitaine (S4) pour la logistique. Il peut y avoir d’autres postes d’officiers, comme le médecin du bataillon, l’officier technique ou un chef de section du renseignement
militaire.
Au total, un bataillon compte plus de 12 lieutenants comme chefs de section, 4 capitaines comme chefs de compagnie, un état-major de bataillon composé
d’un ou deux lieutenants expérimentés supplémentaires, d’un ou deux capitaines supplémentaires, d’un ou deux majors supplémentaires et, au sommet, d’un lieutenant-colonel.
Cela représente au total plus de 10 officiers subalternes et plus de 10 officiers plus expérimentés ou de rang plus élevé.
Examinons maintenant une ligne fugace d’un récent article du New York
Times :
Aux points chauds
de la ligne de front orientale, les troupes ukrainiennes sont en infériorité numérique et se retranchent.
«Ils arrivent par
vagues», explique le lieutenant Oleksandr Shyrshyn, 29 ans, commandant adjoint du bataillon de la 47e brigade mécanisée, «et ils ne s’arrêtent pas»».
Un lecteur normal, peu versé dans l’organisation militaire, ne trébuchera pas sur cette phrase comme je l’ai fait.
Un lieutenant âgé de 29 ans est probablement expérimenté. Mais dans le rôle de «commandant adjoint de bataillon» ?
Qu’est-il arrivé au S3, au major et au commandant de bataillon adjoint nominal ? Qu’est-il arrivé aux six capitaines que le bataillon est censé compter
? Tous devraient être mieux formés et qualifiés pour assumer le rôle de commandant adjoint de bataillon qu’un simple lieutenant.
Ce petit détail, un lieutenant comme commandant adjoint de bataillon, m’en dit plus sur l’état du bataillon que n’importe quelle description fleurie des
pertes.
Un tel bataillon est fini. Ses officiers sont pour la plupart morts ou blessés. Ses compagnies et ses pelotons sont probablement dirigés par de simples
sergents. Bien qu’une telle unité puisse encore tenir quelques tranchées, elle n’est certainement plus en mesure de remplir une quelconque tâche opérationnelle. Elle ne pourra pas
contre-attaquer. Elle ne sera même pas en mesure d’organiser une retraite ordonnée.
La 47e brigade mécanisée se bat actuellement dans la partie nord d’Avdeevka que les forces russes sont en train de prendre d’assaut. Au cours des deux
dernières semaines, les pertes ukrainiennes en morts et en blessés graves, telles que recensées dans les rapports
quotidiens du ministère russe de la Défense, ont dépassé 800 par jour. C’est beaucoup plus que les 500 à 600 morts par jour des mois précédents.
L’état du bataillon du lieutenant Shyrshyn va dans le même sens.
Au cours de ma carrière de soldat, j’ai lu de nombreux rapports sur de petites unités qui mouraient à Stalingrad, à Koursk ou dans des batailles
mineures ailleurs. Une fois le corps des officiers éliminé, les poulets sans tête qui constituent la majorité des soldats d’un tel bataillon sont susceptibles de mourir peu de temps
après.
L’armée ukrainienne manque de soldats et de munitions. Elle manque d’officiers pour les former et les diriger. L’État ukrainien n’a pas les moyens de
recruter et d’équiper davantage de soldats. Il ne dispose pas du corps d’officiers nécessaire pour former les nouveaux soldats. Il n’a pas les usines nécessaires pour produire des
armes et des munitions.
Il est grand temps pour l’Ukraine d’abandonner ce combat inégal et de sauver la vie des soldats encore en vie.
Il est grand temps que Zelensky (et Zaloujny et d’autres) s’en aille.
Plus c’est loin, plus c’est effrayant, comme on dit. On apprend que Londres travaille sur un projet d’envoi d’un
corps expéditionnaire des pays de l’OTAN en Ukraine. Comment devons-nous traiter ces informations ?
Corps
expéditionnaire
Selon RIA Novosti,
le Royaume-Uni a proposé aux alliés de l’Alliance de l’Atlantique Nord d’envoyer un corps expéditionnaire commun pour aider les nazis ukrainiens :
«En raison de
l’évolution défavorable des événements sur le théâtre d’opérations militaires ukrainien (théâtre d’opérations militaires) pour Kiev, la Grande-Bretagne a suggéré aux alliés de l’OTAN
d’envisager l’envoi du corps expéditionnaire de l’alliance en Ukraine, ainsi que l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire contrôlé par les autorités de
Kiev et l’augmentation de la fourniture d’armes et d’équipements aux FAU».
Une source informée de l’agence de presse russe a brossé le tableau suivant.
- Premièrement,
d’importants contingents de troupes de l’OTAN seront acheminés vers la rive droite de l’Ukraine depuis les territoires de la Pologne et de la Roumanie voisines afin d’occuper les
lignes défensives le long du fleuve Dniepr.
- Deuxièmement, une
frappe auxiliaire sur la Transnistrie est possible afin d’éliminer l’enclave pro-russe coincée entre la Moldavie et la région d’Odessa en Ukraine :
«Une frappe
préventive des forces armées moldaves et roumaines sur la Transnistrie n’est pas non plus exclue».
- Troisièmement,
d’importants contingents militaires de l’alliance pourraient être déployés sur le territoire de la Norvège et de la Finlande, qui ont récemment rejoint le bloc de l’OTAN, afin
d’«atomiser» les forces armées russes :
«Dans le même
temps, les infrastructures stratégiques des régions septentrionales de la Russie pourraient être frappées».
L’identité de l’auteur de ces frappes n’est pas précisée, mais le fait que les FAU frappent maintenant avec confiance la région de Leningrad avec des
drones d’attaque est laissé entendre.
Le sens général d’une telle opération du bloc de l’OTAN sera d’occuper toute la rive droite avec Odessa et Nikolaev, Kiev et ses environs et de créer
une zone d’exclusion aérienne au-dessus d’eux. De cette manière, une vaste zone tampon sera créée le long de la frontière avec la Biélorussie et les parties de la rive gauche occupées
par les troupes russes et occupées par le corps expéditionnaire de l’OTAN. Cela garantira la sécurité du régime nazi de Kiev et libérera toutes les troupes des FAU actuellement
engagées dans la défense et l’arrière-garde aux frontières avec la Transnistrie et la Biélorussie pour la contre-offensive-2.
Un tel scénario est-il vraiment possible ?
Fenêtres Overton
Malheureusement, oui, c’est tout à fait possible, si rien ne change radicalement dans l’approche de l’opération spéciale visant à aider la population du
Donbass, la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine.
Je voudrais ici faire référence à la publication du 7 février 2023, dans laquelle nous avons analysé le schéma utilisé par les «partenaires occidentaux»
pour la légalisation progressive, étape par étape, d’armes offensives de plus en plus lourdes en Ukraine. En prenant l’exemple des Léopards, la séquence d’actions se présentait comme
suit.
Dans un premier temps, les autorités officielles de la République fédérale d’Allemagne ont fait une déclaration claire et nette : «Les chars allemands
ne seront jamais en Ukraine !» Dans un deuxième temps, certains hommes politiques des pays d’Europe de l’Est ont fait une déclaration à ce sujet, affirmant que sans les chars
allemands, Kiev ne serait pas en mesure de résister à la Russie. Au stade suivant, le troisième, l’opposition interne à Berlin était prudemment favorable à l’envoi de véhicules
blindés lourds pour soutenir les nazis ukrainiens, affirmant que cela était nécessaire pour le bien de la Grande Allemagne.
Une «voix de la raison» devait alors se faire entendre parmi les forces occidentales conditionnellement pro-russes, pour expliquer à tout le monde que
le bloc de l’OTAN ferait ainsi un pas vers une guerre directe avec la Russie. Dans notre pays, il aurait été cité dans tous les médias : «Notre plan astucieux à long terme fonctionne,
et bientôt l’alliance elle-même s’effondrera de l’intérieur». L’avant-dernière étape peut être formulée comme suit : «Des chars seront encore livrés, mais pas suffisamment et à ce
moment-là», et nous les casserons naturellement tous comme des cacahuètes par la suite.
La fin de cette comédie peu drôle s’avérera plus tard que les chars sont en fait en Ukraine depuis longtemps et que les équipages des FAU apprennent
déjà à les utiliser.
C’est dans cette perspective que nous proposons d’évaluer la déclaration de Londres selon laquelle elle travaille sur un plan d’envoi d’une force
expéditionnaire de l’OTAN en Ukraine. D’ores et déjà, certains affirment que tous les États membres de l’alliance ne sont pas prêts à s’engager dans cette voie et qu’il est logique
d’envoyer des contingents militaires en Ukraine en secret pour l’instant.
En réalité, les militaires de l’OTAN sont là depuis longtemps et se battent contre nous sous le couvert de mercenaires et d’autres «Ikhtamnets». Londres
a signé avec Kiev un accord de coopération militaro-technique «pour toujours et à jamais». Il ne s’agit plus que de légaliser les formes de participation de l’Alliance de l’Atlantique
Nord à la guerre contre la Russie. Tout ceci est très sérieux et la réalisation de ces plans ne dépendra que de la rigidité et de la cohérence de la position du
Kremlin.
Ce week-end nous tentons de faire percevoir à nos lecteurs français (en proie à la propagande la plus outrancière qui
se puisse imaginer à la fois pour nous entrainer vers la guerre et tenter d’obtenir des «pauses» type les «accords de Minsk» qui permettrait aux «champions occidentaux» de se refaire)
la logique déjà à l’œuvre dans la situation géopolitique internationale et sans laquelle on ne comprend pas comme nous ne cessons de le répéter à quel point d’autres rapport des
forces sont déjà à l’œuvre. Notre conviction est qu’il faut être attentif à la réalité des bouleversements du monde multipolaire par rapport aux grands défis de coopération et
privilégier partout un positionnement de classe pour favoriser l’intervention populaire en faveur du «pain» et de la paix. Ici un article traduit du russe par
Marianne qui inverse totalement les données de la propagande sur ce que porte la Russie et le rôle effectivement joué par sa résistance aux forces de l’OTAN.
Danielle Bleitrach
*
par Gevorg Mirzayan
La thèse selon laquelle «d’énormes
catastrophes attendent le monde si la Russie gagne en Ukraine» est l’un des principaux arguments utilisés pour persuader la société occidentale de continuer à soutenir le régime
de Kiev. Tant les hommes politiques (y compris le président américain Joe Biden) que les principaux médias occidentaux parlent de «catastrophe».
Et ils décrivent tous ces désastres, en commençant par les prétendus plans de la Russie pour prendre le contrôle des pays européens et en terminant par
le fait que d’autres États (par exemple, la Chine) résoudront leurs problèmes avec leurs voisins par la voie militaire. Cela entraînera une guerre mondiale, le chaos et peut-être la
fin de la civilisation.
En réalité, la victoire de la Russie à la suite de l’opération spéciale en Ukraine aboutira à un résultat totalement opposé. Ici, la victoire signifie
la réalisation des objectifs fixés au cours de l’opération spéciale.
- Territoriaux – en particulier, la libération des territoires russes inscrits dans la Constitution.
- Politique – assurer la non-adhésion de l’Ukraine aux blocs militaro-politiques occidentaux, ainsi que
la démilitarisation et la dénazification du régime ukrainien.
- Au niveau mondial, les résultats positifs de l’opération spéciale russe inciteront les États du monde à acquérir ou à renforcer leur propre
souveraineté. Cela permettra à son tour de construire un ordre mondial plus harmonieux.
«La victoire de la
Russie dans la confrontation actuelle contribuera à la construction d’un monde multipolaire plus juste et à la réduction de l’hégémonie de l’Occident dirigé par les États-Unis. Elle
montrera en effet que ces derniers ne sont pas aussi effrayants et puissants qu’on l’imaginait». C’est ce qu’explique le politologue Anton Khashchenko au journal VZGLYAD. En
fait, aujourd’hui même, le fait que la Russie ait réussi à résister aux actions de la coalition pro-occidentale en Ukraine inspire certains États – par exemple, les pays africains qui
se débarrassent de la domination française.
L’acquisition de la souveraineté ira de pair avec la décolonisation. Libérer les pays en développement des règles du jeu imposées par l’Occident, selon
lesquelles les États-Unis et l’Europe tirent les ressources des pays en développement et leur imposent leurs «valeurs» pour faciliter le processus de siphonnage des ressources.
«La
libération de l’Ukraine sera un signal clé de l’affaiblissement des États-Unis, de l’OTAN et de leur système néocolonial. Elle entraînera toute une série de changements.
Parmi eux, le retrait des accords avec l’Occident, la nationalisation des actifs privatisés illégalement, la restitution des biens, la résistance au diktat extérieur sur certaines
questions de politique intérieure», explique Nikita Mendkovich, directeur du Club analytique eurasien.
En outre, le développement de ces pays sera facilité non seulement par leur libération du diktat occidental, mais aussi par la réorientation des flux
commerciaux et économiques, conséquence de la guerre des sanctions contre la Russie déclenchée par l’Occident. En substance, Moscou (dont les ressources énergétiques sont un des
piliers du développement économique de l’Europe) a été exclue de l’économie européenne et est désormais prête à offrir diverses opportunités à d’autres pays.
«L’Asie de l’Est a
déjà gagné, quel que soit le type de victoire de Moscou en Ukraine. La région a reçu du pétrole et du charbon de la Russie et, à long terme, elle recevra également davantage de gaz.
Une énergie abordable permettra à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, y compris de la pauvreté énergétique, tout en évinçant de nombreux produits importés de leurs
marchés», explique Ivan Lisan, directeur du bureau d’analyse SONAR-2050. – L’Afrique a une chance, avec l’aide de la Russie, de contrebalancer l’influence de la Chine et d’avoir
accès à l’agro-technologie et à l’énergie russes, ce qui réduira le nombre de personnes souffrant de la faim.
Une autre conséquence sera la création de nouveaux systèmes de gouvernance mondiale plus équitables, contrôlés par des puissances pragmatiques plutôt
qu’idéologiques.
«En politique
internationale, les processus d’intégration se sont intensifiés grâce à l’OCS et aux BRICS. En outre, on travaille à l’introduction de monnaies numériques et à la mise en place d’un
système de règlements internationaux utilisant des monnaies numériques, qui devraient être à l’abri des sanctions», explique Lizan. Et les États qui fonctionnaient auparavant en
grande partie en lien avec les structures politiques et économiques de l’Occident seront intégrés dans ces systèmes.
«Le nombre d’amis
de la Russie augmentera, y compris parmi des États qui devaient tenir compte de l’opinion de Washington et qui ne pouvaient pas se permettre de mener une politique étrangère
indépendante à part entière», prédit Khashchenko. En outre, nous devrions nous attendre à une transformation interne de l’UE et des États-Unis eux-mêmes, et ce pour le
meilleur.
La défaite en Ukraine montrera à l’Amérique les limites de son pouvoir et renforcera la position des forces politiques des élites américaines qui
s’opposent à l’intervention agressive des États-Unis dans tous les processus mondiaux. Il s’agit des «néo-isolationnistes». Et si ces forces prennent le pouvoir à
Washington, les États-Unis se concentreront davantage sur les problèmes intérieurs – l’épidémie de drogue, la violence croissante dans la
société, la crise migratoire et d’autres encore. Cela signifie qu’ils parviendront mieux à les résoudre.
Quant à l’Europe, la défaite de l’Occident en Ukraine sera aussi la défaite des politiciens qui ont prôné l’expansion sans fin des institutions
euro-atlantiques vers l’Est et l’exclusion de la Russie des structures économiques et militaro-politiques paneuropéennes. Du système européen de sécurité collective. Si ces forces
sont remplacées par des pragmatiques, l’Europe aura une chance de normaliser ses relations avec Moscou, de rendre les ressources énergétiques russes à l’industrie européenne et, avec
l’aide de la Russie, d’assurer la sécurité du Vieux Continent face aux menaces qui pèsent sur la souveraineté européenne.
Emmanuel Macron se prend sans doute pour un grand chef de guerre lorsqu’il affirme péremptoire : «Nous ne pouvons
pas laisser la Russie gagner et nous ne devons pas le faire car alors la sécurité même de l’Europe et de tout le voisinage russe serait remise en cause».
Traduction : Il va mettre la France en danger militairement et la ruiner encore davantage, pour
un conflit qui ne la concerne pas et qui ne l’a jamais concerné.
Jamais la Russie n’a menacé ni l’Europe ni la France et il serait temps que les «élites» dégénérées qui sont aux manettes atterrissent, enlèvent leur
masque de réalité virtuelle, et acceptent de voir la vérité en face.
Cela fait bientôt deux ans que cette situation perdure. Après avoir vendu la France à la découpe aux Américains, après avoir vendu son âme aux ennemis
héréditaires de la France que sont les anglo-saxons, voilà Emmanuel Macron qui liquide à son tour la vie des Ukrainiens sur le théâtre de ses fantasmes de roi du monde.
500 000 morts et Macron n’en a pas encore assez !
Officiellement, nous en sommes aux environs de 350 000 décès officiels côté ukrainien. Ajoutez à cela les nombreux cadavres restés à pourrir dans les
tranchées, abandonnés sans sépulture décente par la junte de Kiev qui s’en moque, souvent enterrés sous le passage des blindés et dont les familles ne pourront jamais faire le
deuil ; les blessés transférés en Allemagne sous «prétexte de soins», vendus par les médecins-bouchers de l’UE en pièces détachées, sur leurs étals de dissection aux plus
offrant, pour alimenter le marché noir des organes destinés aux élites européennes et américaines. Faites le total et vous constaterez que je ne suis pas loin du compte.
Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide organisé conjointement par les USA et l’UE. Mais malgré ce fait, malgré ces horreurs, obéissant aveuglément à
ses maîtres, Macron en rajoute encore et toujours…
«J’irai moi-même
en février en Ukraine». «Nous allons
procéder à des livraisons nouvelles : Une quarantaine de missiles air-sol Scalp-EG et plusieurs centaines de bombes».
Sans oublier, grâce à une industrie entrée – en théorie – en économie de guerre, des obusiers automoteurs Caesar de 155 mm…
Les missiles air-sol Scalp-EG (Système de Croisière Autonome à Longue Portée et d’Emploi Général) qui sont envoyés présentent une capacité de frappe à
longue portée de 250 à 500 kilomètres avec une charge explosive de 450 kg et peuvent en outre équiper les bombardiers tactiques SU-24 Fencer
ukrainiens, mais être également tirés depuis un bateau. Des missiles déjà utilisés sur des cibles russes en Crimée. Et bien que le modèle de bombe soit «officiellement» d’un type
encore inconnu, parions sur des armes air-sol modulaires de type A2SM
Hammer.
Le toutou de l’Oncle Sam a déclaré au passage que la France était en mesure d’augmenter sa production militaire, ce qui lui permettrait de fournir
davantage de produits à Kiev. Seulement voilà, côté industrie, la France est à poil et les manufacturiers survivants peinent à recruter. Alors ils vont produire avec
quoi ?
Et l’armée française dans tout ça ? Déjà largement déshabillée au profit de Zelensky, que lui restera-t-il sinon ses yeux pour pleurer. Déjà
qu’elle n’avait que quatre jours de munitions en cas de conflit de haute intensité, autant qu’elle rende les armes avant même d’imaginer les utiliser.
En France, l’arrogance des élites veut qu’il soit bon de faire des «effets de manche». On «annonce» à grand renfort de com bien souvent des actions qui
appartiennent déjà au passé ou qui n’existeront jamais. Des «décisions prises
dans la nuit», construites dans la réalité depuis six mois… Dans la mesure où Macron avise de son arrivée en Ukraine en février, il est fort à parier que l’ensemble des matériels
cités sont déjà eux livrés sur le terrain.
Lors de sa conférence de presse du 16 janvier dernier, Macron déclarait : «Nous allons
procéder à des livraisons nouvelles : Une quarantaine de missiles SCALP et plusieurs centaines de bombes, attendus par nos amis ukrainiens. Nous avons aussi développé des
productions, dans le cadre de cette économie de guerre, qui vont permettre de fournir beaucoup plus de matériels à nos partenaires ukrainiens, en particulier des Caesar, qui sont
attendus et nécessaires. Et donc, nous allons au fond, continuer d’aider l’Ukraine dans ses besoins de formations, pour tenir sur le front et pour défendre son ciel avec les
livraisons que j’ai évoqué. J’irai moi-même en février en Ukraine, j’annoncerai la finalisation de ces textes. Les livraisons de munitions que j’évoque là seront
commencées et, à chaque fois que nous nous annonçons, nous faisons quasiment en temps réel, comme vous le savez. Et, nous aurons très clairement, nous Français, nous européens, à
prendre des décisions nouvelles dans les semaines et les mois qui viennent, précisément pour ne pas laisser la Russie gagner».
Quand il parle «d’économie de guerre» devons-nous comprendre que le régime de Macron est en guerre contre la Russie ? Peut-être faudrait-il en
informer les Français, qui vont en pâtir, à moins qu’il n’espère secrètement qu’ils serviront à leur tour de chair à canon ? Mais là… il risque une déconvenue fort déplaisante
qui en fera rire plus d’un. J’aimerais voir les recruteurs faire le tour du «93» ou des quartiers Nord de Marseille pour délivrer des ordres de mobilisation. Ces banlieues difficiles
sont mieux achalandées en armement que notre propre armée. La plupart de leurs armes provenant par ailleurs d’Ukraine, via le darknet.
Le pire de ce discours c’est qu’il y croit ! Macron est tellement endoctriné par les USA qu’il ne se rend même pas compte de l’inanité de ses
efforts à convaincre des Français qui en ont «ras-la-casquette» de ses délires.
La conférence de presse du psychopathe qui dirige la France, a été suivie par un peu plus de 8,7 millions de téléspectateurs. Pour être bien
certains «qu’on ne pourrait
l’éviter», elle a été diffusée sur huit chaînes simultanément. Mais malgré cela, selon les chiffres de Médiamétrie, elle n’a réuni que 4,1 millions de téléspectateurs
sur TF1,
3,2 millions sur France 2 et environ 1 million sur les quatre chaînes info (BFM-TV, CNews, LCI, Franceinfo), LCP et TV5Monde.
Pour être clair… après des vœux qui avaient intéressés à peine plus de 9 millions de Français (sur quelques 68 millions d’habitants), Macron une fois
encore un «fait un bide» ! Et c’est heureux. Un bide qui prouve que les Français commencent à réaliser qu’ils sont manipulés et qu’ils en ont marre de payer pour l’Ukraine. De se
saigner pour une guerre qui ne les regarde pas, qui ne les concerne pas, et qui ne les intéresse pas.
Totalement inféodé aux anglo-saxons, Macron n’a pu s’empêcher d’emboîter le pas à la Grande-Bretagne en indiquant que la France était «en train de
finaliser un accord de sécurité avec Kiev de même type de celui conclu entre le Royaume-Uni et l’Ukraine sur dix ans». Un accord bilatéral qui engendrera de nouvelles livraisons
d’armes et des contrats entre l’Ukraine et des industriels français. Reste à savoir comment Kiev va payer ses commandes puisque l’Ukraine ne survit que des aumônes de ses maîtres
d’outre Atlantique. Subsides qui risquent fort de se tarir définitivement plus rapidement qu’on ne l’imagine.
Une question néanmoins se pose : L’engagement de la France en Ukraine ne risque-t-il pas de disloquer à terme
l’Union européenne, ce qui assurerait la sauvegarde des Français ?
Cette déclaration grandiloquente a été faite dans le contexte où les luttes politiques, tant aux USA qu’en UE, ont déjà retardé deux programmes d’aide à
la junte de Kiev. Contrairement aux apparences l’UE se déchire autour du clown Zelensky. Si Victor Orban a de son côté bloqué une aide de 50 milliards d’euros, plus récemment le
député européen slovaque Miroslav Radakovsky déclarait à la tribune : «Si nous ne
cessons pas de soutenir le meurtre des Slaves, nous nous unirons comme des frères et raserons l’Europe occidentale».
Avec un courage rare dans cette UE totalement captive des USA, Miroslav Radakovsky a appelé à l’arrêt des livraisons d’armes en Ukraine.
«Ce conflit est un
problème pour les États-Unis et leurs intérêts. Et l’UE est simplement la vassale des États-Unis».
Voilà une réalité qu’Emmanuel Macron ferait bien d’entendre et de comprendre. À moins qu’il n’ait déjà prévu d’emboîter le pas à son «ami» Zelensky le
jour où ce dernier prendra la fuite.
De l’actuel conflit en Ukraine, on peut déjà tirer les enseignements suivants. Ces enseignements ne sont pas exhaustifs et pourront encore évoluer car
le conflit n’a pas encore trouvé sa résolution.
A) remarque d’ordre
général
1. Les armées de moins de 2 à 3 millions d’hommes n’ont pas les moyens d’une guerre offensive de haute intensité.
2. La puissance et la précision des armes anti (anti-chars, anti-aériennes, anti-navires, etc.) est telle que les grandes offensives sont très coûteuses
(destruction massive des chars et blindés, menace très forte sur les hélicoptères et l’aviation d’appui au sol, etc.). Paradoxalement le fantassin a plus de chance de survie que le
tankiste.
3. Multiplication effrayante des drones tueurs tant contre les chars et blindés que contre l’artillerie. Le fantassin, quant à lui, est atteint par
largage de grenades (on peut supposer dans l’avenir des nuées de drones pourvu d’intelligence artificielle parcourant les champs de bataille et attaquant en toute autonomie les
ennemis).
4. L’essentiel de la reconnaissance se fait par drone. Aussi bien sur la ligne de front que dans la profondeur du dispositif ennemi.
5. Remplacement du duo chars-avions par le duo chars-drones. Ce dernier remplissant pour chaque blindé le rôle de reconnaissance, désignation laser et
même attaque suicide.
6. Obligation d’un commandement décentralisé et de terrain pour réagir en temps réel. Les opportunités de frappes doivent être avalisées en quelques
secondes.
7. La consommation de munitions est dix fois supérieure à la théorie. Sans stock immense, la guerre s’arrêterait au bout de quelques jours (l’Ukraine a
vidé les stocks de toutes les armées de l’OTAN ; si l’OTAN était entrée en guerre contre la Russie ses stocks auraient disparus en quelques jours, quelques semaines tout au
plus).
8. Le manque d’effectifs pousse à devoir lancer une offensive extrêmement brutale et rapide pour ne pas laisser à l’adversaire le temps et l’espace pour
organiser une ligne défensive correctement pourvue d’armes anti. Mais cependant, le même manque d’effectifs empêche de sécuriser les arrières de l’offensive la rendant fragile et
susceptible d’être coupée de ses bases et de son ravitaillement. Si l’ennemi ne s’effondre pas et ne capitule pas très vite les avancées peuvent être autant de pièges pour l’armée
attaquante.
9. Les paras n’ont aucune chance contre des objectifs bien défendus et seront balayés si des renforts terrestres plus lourdement équipés ne viennent les
renforcer très rapidement. Leur intérêt militaire se limite à la reconnaissance, au sabotage et à la prise d’objectif non défendus et rapidement accessibles aux troupes
classiques.
10. Les missiles sont la nouvelle artillerie de profondeur. Mais il faut en avoir des quantités énormes pour saturer les défenses anti-missiles et
continuer les frappes jour après jour.
11. Les grandes unités navales, telles que le croiseur Moskva ou les porte-avions seraient particulièrement susceptible d’être détruits dans les
premières heures de la guerre.
B) Quelques remarques concernant
les particularités du conflit russo-ukrainien
Dans un conflit de type OTAN-Russie ou OTAN-Chine les Russes auraient en face d’eux une aviation nombreuse et techniquement plus avancée. Il en
résulterait que la supériorité aérienne du moins au début du conflit leur échapperait. Avec pour conséquence une menace en profondeur sur les dépôts d’armes et de carburant sur la
ligne de front, et plus encore en profondeur, la destruction d’infrastructures de transport (ponts, échangeurs routiers, ligne de chemin de fer et ports, la destruction des centrales
électriques etc.), le ciblage des déplacements des grandes unités… bref une très grande insécurité et une désorganisation importante des arrières. Le tout risquant d’entraver
l’offensive en alourdissant considérablement le coup humain et matériel de celle-ci.
Par ailleurs, les Russes dans le conflit actuel font un usage intensif de l’artillerie ; s’ils affrontaient l’OTAN, leur artillerie serait
particulièrement ciblée.
L’OTAN utiliserait massivement des missiles conventionnels à longue portée (mais les Russes aussi évidement) afin de ravager les industries lourdes et
détruire ainsi le potentiel industriel militaire adverse. Rendant le renouvellement des stocks de matériels et de munitions très difficiles. L’importance de la constitution de ceux-ci
avant le conflit n’en étant que plus grande.
Les satellites militaires et civils utiles à la guerre seraient certainement neutralisés très vite, les moyens de transmission détruit et les QG à
l’arrière visés (dans l’actuel conflit l’OTAN utilise tout cela contre les Russes mais comme elle n’est pas officiellement en guerre avec Moscou, cette dernière est dans
l’impossibilité de les détruire. Cette sanctuarisation est un des grands atouts de l’Ukraine et explique en partie sa capacité à tenir le coup. En cas de conflit ouvert OTAN-Russie,
les satellites deviendraient des cibles.
On peut donc imaginer une augmentation des effectifs militaires de tous les grands acteurs mondiaux, le possible retour du service militaire ou la
constitution de réservistes en grand nombre. La constitution de grands stocks de munitions et de matériels de remplacement. Le développement de drones et de robots de combat liés à
l’intelligence artificielle les rendant autonome sur le champ de bataille (ce qui limite l’utilisation d’opérateurs humains et la nécessité de communications avec eux).
Mais d’une manière générale, le niveau de destruction dans le premier mois de conflit entre grandes puissances seraient tels qu’il constitue déjà en soi
une dissuasion. Le Pentagone doit déjà être arrivé à la conclusion qu’une telle guerre confinerait au suicide.
«La Russie de
Poutine se rapproche d’une victoire dévastatrice. Les fondations de l’Europe vacillent».
Tel est le titre d’un article paru
le 9 décembre dans The
Telegraph, le plus à droite des grands quotidiens londoniens. Le sous-titre développe le thème en des termes encore plus graves : «La
contre-offensive de Kiev s’est soldée par un échec. C’est peut-être la crise Suez de l’OTAN». La suite de l’article contenait toutes sortes d’éléments intéressants à ce
sujet.
Ce n’est pas officiel, pas encore, de dire que la grande contre-offensive de l’Ukraine, le grand espoir russophobe des régimes Zelensky et Biden au
début de l’année, s’est avérée un échec et que la défaite est imminente. La déclaration la plus proche d’un tel aveu a été faite par Volodymyr Zelensky lui-même en début de mois,
lorsque le président ukrainien a déclaré que la contre-offensive «n’avait
pas atteint les résultats escomptés». Pour être honnête, j’ai adoré ce moment. Il m’a rappelé la célèbre déclaration de l’empereur Hirohito le 15 août 1945, lorsqu’il a
annoncé la capitulation à la radio japonaise. «La guerre»,
a-t-il dit à ses sujets désespérés, «n’a pas
nécessairement progressé à notre avantage».
Laissons Zelensky à Zelensky, Joe Biden à Joe Biden et Antony Blinken à Antony Blinken. Les informations sur l’échec sont considérées comme officieuses
tant que les grands médias ne les annoncent pas à leurs lecteurs et téléspectateurs. Le Telegraph,
pour autant que je sache, a été le premier grand quotidien, de part et d’autre de l’Atlantique, à faire des aveux aussi brutaux. D’autres ont déjà suivi, mais dans un langage plus
doux et plus biaisé – en langage Zelensky, en somme.
Il se peut que nous soyons à l’aube d’un moment important.
Que se passera-t-il une fois qu’il sera admis que les escrocs de Kiev, infestés de nazis, ont échoué ?
Le président Biden, comme à son habitude, a radicalement surinvesti dans la guerre par procuration qu’il a choisi de déclencher avec la Fédération de
Russie dès son entrée en fonction, il y aura trois ans le mois prochain. En définissant le conflit ukrainien comme une guerre au nom de la démocratie et de la liberté –
des «valeurs» plutôt
que des intérêts, en d’autres termes -, il n’a laissé aux États-Unis et à leurs clients européens aucune marge de manœuvre pour un compromis, ni même pour une négociation.
Quelle sera la prochaine étape lorsque la défaite sera trop évidente pour être contestée ?
Si nous sommes sur le point d’entrer en territoire inconnu, ce terrain sera-t-il dangereux ? Peut-être, mais ce n’est pas encore très clair. La
situation sera incertaine et probablement instable, nous le savons. Biden est peut-être le président le plus stupide de l’après-guerre en matière de politique étrangère : Il ne fait
preuve d’aucune propension à réfléchir avec vivacité ou créativité. C’est un belliciste de longue date, une année électorale se profile à l’horizon, et il risque manifestement d’être
destitué. Son incompétence mentale, en plus du reste, est incontestable.
Il faut également tenir compte des responsables de la sécurité nationale entourant M. Biden. À l’exception du directeur de la CIA, William Burns, qui
semble se consacrer à l’avancement de sa carrière, ce sont des idéologues qui partagent une vision manichéenne du monde et de son fonctionnement. Nous ferions mieux de réfléchir
longuement et sérieusement à ces individus dès à présent. J’insiste sur ce point en raison d’un
article paru dans Politico il
y a deux semaines. L’article relatait les réflexions des cliques politiques après les récentes attaques des Houthis contre les navires de guerre américains en mer Rouge. Certains
responsables préconisent une réponse musclée, mais le point de vue dominant est celui de la retenue, de peur d’étendre la barbarie d’Israël à Gaza à une guerre plus étendue.
Puis, bien plus loin dans l’article, ce paragraphe :
«Le travail de
l’armée est de présenter une variété d’options aux commandants en chef, mais la décision finale revient au président et aux responsables politiques de l’administration. Lors de
multiples réunions de haut niveau cette semaine, le Pentagone n’a pas informé le président Joe Biden sur les possibilités de frapper des cibles houthies et ne lui a
pas non plus recommandé de le faire, ont déclaré deux des responsables. L’anonymat leur a été accordé afin qu’ils puissent donner des détails sur les délibérations internes
délicates.»
On en reste bouche bée. Il n’est pas rare que les grands médias enterrent des informations d’une importance cruciale montrant une piètre image de
l’American Way. Dans le cas présent, il semble que nous soyons informés que le commandant en chef ne commande plus parce que, comme le suggère Politico,
son entourage pense qu’il a la gâchette trop facile et préfère ne plus avoir affaire à lui. Le sujet est le Moyen-Orient, mais si l’on fait abstraction de cette révélation
extraordinaire, nous ne pouvons plus savoir avec certitude qui dirige la politique ukrainienne du régime Biden, ni aucune autre, d’ailleurs.
Faut-il y voir une sorte de coup d’État au palais ? Ne vous laissez pas impressionner par cette question :Ll’État profond a déjà pratiqué ce genre de
manœuvre avec le prédécesseur de M. Biden, et à maintes reprises. Dans le cas de Biden, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose qu’il soit exclu de la réflexion sur l’Ukraine à un
degré ou un autre, étant donné son obsession rétrograde pour la Russie comme origine de tous les maux. Mais l’idée que les lieutenants du président, avec leur sensibilité de cow-boys
et d’Indiens, décident de ce qui se passera après l’échec de l’Ukraine n’est pas vraiment rassurante non plus.
*
Moins d’une semaine après que Daniel Hannan a publié son commentaire cinglant dans le Telegraph,
le New York
Times a publié deux articles, une sorte de coup de force, qui ne correspondent pas du tout au style d’un journal qui a passé les 23 derniers mois à essayer de nous persuader
que l’Ukraine était sur le point de triompher de ces Russes si brutaux, toujours si brutaux. Le premier de ces articles, «Voleurs
de vies : Les recruteurs ukrainiens utilisent des tactiques brutales pour étoffer leurs rangs», a été publié le 15 décembre. Thomas Gibbons-Neff y décrit comment des hommes
de main en civil en sont venus à kidnapper des Ukrainiens en âge d’être recrutés, dont certains souffrent de handicaps mentaux ou physiques, et à les forcer à participer au processus
d’incorporation militaire. Cela se fait parfois sous la menace d’une arme. Les gens sont enlevés dans la rue, à la porte des usines, à l’intérieur des magasins.
Le travail de Gibbons-Neff est trop souvent contesté, comme nous l’avons déjà noté sur ce site. Mais il s’agit ici d’un très bon témoignage. Voici un
extrait de son article, publié après un reportage dans de nombreuses villes ukrainiennes :
«Les recruteurs
ont confisqué des passeports, arraché des hommes à leurs emplois et, dans un cas au moins, tenté d’envoyer un handicapé mental à l’entraînement militaire, selon des avocats, des
activistes et des Ukrainiens soumis à des méthodes coercitives. Des vidéos de soldats poussant des hommes dans des voitures et les retenant contre leur gré dans des centres de
recrutement apparaissent de plus en plus fréquemment sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux.
Ces pratiques
brutales visent non seulement les réfractaires à l’appel sous les drapeaux, mais aussi des hommes normalement exemptés de service, ce qui témoigne des difficultés considérables
auxquelles l’armée ukrainienne est confrontée pour maintenir le niveau des effectifs dans une guerre où les pertes sont élevées, et où l’ennemi est beaucoup plus puissant.
Les avocats et
les militants affirment que ces méthodes agressives dépassent largement le cadre de l’autorité des recruteurs et sont, dans certains cas, illégales. Ils soulignent que les recruteurs,
contrairement aux forces de l’ordre, ne sont pas habilités à détenir des civils, et encore moins à les contraindre à la conscription. Les hommes qui reçoivent un avis de conscription
sont censés se présenter aux bureaux de recrutement.»
Il s’agit d’un régime aux abois qui a envoyé à la mort un trop grand nombre de personnes valides, et se trouve aujourd’hui à court de cadavres.
Un jour plus tard, Carlotta Gall, avec plusieurs collègues signataires, a publié «Les
Marines ukrainiens en ‘mission suicide’ pour franchir le Dniepr». Il s’agit ici d’un reportage sur des soldats du front qui condamnent la propagande incessante du régime de
Kiev sur les progrès de l’armée face aux forces russes. Là encore, le reportage est très pertinent :
«Les soldats et
les Marines qui ont participé à la traversée des rivières ont décrit l’offensive comme brutale et vaine, car des vagues de troupes ukrainiennes ont été frappées sur les berges ou dans
l’eau, avant même d’atteindre l’autre rive …
Dans le cas du Dniepr, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et d’autres responsables ont récemment laissé entendre que les Marines avaient pris
pied sur la rive orientale. Le mois dernier, le ministère des affaires étrangères a publié une déclaration affirmant que les Marines s’étaient implantés dans plusieurs zones.
Mais les marines et les soldats sur le terrain affirment que ces déclarations sont très exagérées.
«Nous ne tenons
aucun poste. Aucun poste d’observation ni de position», a déclaré Oleksiy, dont le nom de famille n’a pas été divulgué. «Il est impossible
de s’y implanter. Impossible d’y acheminer du matériel».
«Ce n’est même pas
un combat pour la survie», a-t-il ajouté. «C’est une mission
suicide».
Gibbons-Neff et Gall, comme le montrent les archives, savent très bien où se trouvent les limites au-delà desquelles ils n’ont pas osé s’aventurer lors
de leurs reportages en Ukraine. Force est de constater aujourd’hui que les lignes ont bougé. Le Times n’est
pas encore prêt à affirmer clairement que Kiev n’est pas loin de la défaite. Mais, de cette manière, le Times pense
que les lecteurs américains doivent être gentiment préparés aux mauvaises nouvelles, comme si nous étions une nation d’enfants d’âge préscolaire – nous voilà ainsi préparés.
Quelques jours avant de publier son article sur la situation sur le terrain, Gibbons-Neff nous a présenté un article du type de ceux que nous attendons
de lui. L’article «Les
États-Unis et l’Ukraine en quête d’une nouvelle stratégie après l’échec de la contre-offensive», publié le 11 décembre, est rédigé dans l’anglais feutré que
le Times privilégie
depuis longtemps, nous laissant l’impression familière que l’on nous dit quelque chose sans que nous sachions exactement quoi :
«Les Américains
préconisent une stratégie prudente qui se concentre sur le maintien des territoires dont l’Ukraine a le contrôle, sur le renforcement des approvisionnements et des effectifs au cours
de l’année. Les Ukrainiens veulent passer à l’attaque, soit sur le terrain, soit via des frappes à longue portée, dans l’espoir de capter l’attention du monde.»
En clair, dans le genre d’anglais que vous et moi parlons : Le régime Biden n’a pas la moindre idée de ce qui doit être envisagé en cas d’échec, mais
comme l’échec ne peut être admis, il doit être déguisé en une nouvelle stratégie. Kiev n’oserait rien faire sans l’autorisation du régime Biden – à l’exception du vol de la plupart
des aides et des équipements militaires envoyés par les États-Unis – mais il doit donner l’impression de mener un combat à la vie à la mort, car le régime Zelensky ne tient plus qu’à
un fil.
On ne peut qu’aimer le commentaire du grand homme lorsque ces nouvelles réalités prennent forme. «Nous ne pouvons
pas laisser Poutine gagner», a déclaré M. Biden au Congrès, alors qu’il était en train de plaider l’autorisation d’une nouvelle série d’aides. S’agit-il d’une stratégie
géopolitique de grande envergure ?
Cette remarque m’évoque un peu Lady Macbeth, dans la mesure où Biden proteste un peu trop. Si «Poutine» n’était
pas déjà en route vers la victoire en Ukraine, il n’y aurait pas besoin de tenir de tels propos, n’est-ce pas ? En l’état, Zelensky a fait un flop lors de son dernier voyage à
Washington : Le nouveau programme d’aide n’a pas été adopté, la Hongrie vient de bloquer la nouvelle aide proposée par l’Union européenne, et l’Ukraine est tout à fait d’actualité
quand la réalité de l’échec vient s’ajouter aux monceaux de, excusez le langage, conneries qui ont soutenu l’enthousiasme de l’Occident pendant tous ces derniers mois. Israël est
peut-être en train de génocider les Palestiniens de Gaza, mais la perspective macabre qu’il y parvienne et que l’Occident l’emporte pour une fois existe bel et bien.
*
Jusqu’à récemment, l’orthodoxie voulait que la «Russie de
Poutine», c’est-à-dire la Fédération de Russie, perde une guerre engagée avec des ivrognes, des officiers incompétents et des voleurs de bébés. Tout à coup, nous lisons que
la Russie de Poutine a tiré le meilleur parti du régime de sanctions que l’Occident lui a imposé et qu’elle dispose d’un avantage considérable et indéniable sur le champ de bataille –
plus de soldats, plus d’artillerie, plus de tout. Lors de sa conférence de presse de fin d’année, la semaine dernière, l’Associated
Press a rapporté qu’«un Poutine
enhardi et confiant» avait annoncé que la guerre prendrait fin lorsque la Russie aurait atteint ses objectifs et que ceux-ci – la démilitarisation et la
dé-nazification de l’Ukraine – n’avaient pas changé. Il en va de même pour «la progression du
récit».
Daniel Hannan, auteur du Telegraph,
observe que si la moindre perspective de pourparlers de paix se profile entre Kiev et Moscou, ou entre Kiev et ses soutiens transatlantiques et Moscou, «nous risquons un
désastre de type Suez pour les démocraties occidentales». Hannan, un conservateur et ancien membre du Parlement européen, faisait bien sûr référence à la défaite de l’Égypte face
aux forces britanniques, françaises et israéliennes après la décision de Gamal Abdel Nasser de nationaliser le canal de Suez. Ce fut une humiliation historique pour les Britanniques
et les Français.
«Bien que nous ne
soyons pas nous-mêmes en guerre cette fois-ci», écrit Hannan, «nous sommes
tellement investis dans la cause ukrainienne qu’une victoire russe – et l’absorption d’un territoire conquis est une victoire russe, présentez-la comme vous voudrez – signifierait une
défaite catastrophique du prestige de l’Occident et des concepts qui lui sont associés : liberté individuelle, démocratie et droits de l’homme.»
Hannan a parfaitement saisi l’ampleur de l’équilibre des forces en Ukraine. Joe Biden semble avant tout préoccupé par la perspective de devenir le pire
président de l’histoire américaine d’après-guerre, et on dirait qu’il a très peu de chances d’échapper à ce titre. Mais il ne faut pas perdre de vue la signification plus large de
cette affaire. M. Biden a fait de la campagne contre la Russie via l’Ukraine son grand moment de gouvernance américaine, et le reste de l’Occident l’a sottement suivi.
Reste maintenant l’amère mission de l’acceptation. Pour l’instant, nous vivons une période crépusculaire. Reste à souhaiter que Joe Biden, au fur et à
mesure que sa cote de popularité s’effondre, soit exclu des discussions de la Maison Blanche, afin qu’il ne tente rien de désespéré pour sauver sa peau. Allez, État profond, allez,
aussi étrange que soit cette pensée…
Tout ce qu’il est désormais admis de révéler sur l’échec de l’Occident en Ukraine n’est pas nouveau pour ceux qui ont fait abstraction de la propagande
de ces deux dernières années. L’importance du moment réside en grande partie dans l’effondrement de la propagande. Le monde atlantique accepte rarement les vérités du XXIe siècle, les
niant en général purement et simplement ou les brouillant au point de les rendre illisibles. Mais cela reste toujours une question d’opportunité, me semble-t-il, et ne peut en aucun
cas perdurer indéfiniment.
«J’étais de ceux
qui s’attendaient à ce que l’Ukraine fasse une percée jusqu’à la mer d’Azov, ce qui aurait pu mettre fin à la guerre», écrit Hannan dans un passage que je trouve
amusant. «Pourquoi me
suis-je trompé ? J’avais échangé non seulement avec des Ukrainiens, mais aussi avec des observateurs militaires britanniques parfaitement au fait de la situation sur le
terrain».
Comme souvent, mon cher Hannan, la réponse est dans la question : Vous étiez en contact avec des Ukrainiens et des observateurs militaires britanniques
au fait des choses.
Je ne peux pas me porter
garant de la photo ci-dessous. Mais sa valeur symbolique est certainement pertinente.
Il s’agit d’un livre en
solde sur un homme politique dépassé. Rien d’inhabituel, mais tout de même, pourquoi quelqu’un gâcherait-il 5 euros pour un tel livre ?
Pendant ce temps, The
Economist continue de faire de son mieux pour donner de la voix aux nazis :
Les nouvelles recrues venaient d’horizons divers, mais elles partageaient un point commun : après une formation rudimentaire en Europe occidentale, aucune
d’entre elles ne s’attendait à être déployée dans une unité d’assaut sur la partie la plus chaude de la ligne de front ukrainienne. Certains s’étaient engagés volontairement, pensant qu’ils
seraient affectés à des unités correspondant à leur profil : opérateurs de drones ou artilleurs. D’autres ont été arrachés à leur village sans préavis. Une recrue plus âgée n’a même pas eu la
possibilité de récupérer ses fausses dents. Après moins d’une semaine dans les tranchées du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, le peloton de 20 hommes a été réduit à six. Trois d’entre eux ont
été tués au combat, trois autres ont été grièvement blessés.
…
Il existe plusieurs exemples de campagnes de recrutement réussies dans des unités individuelles. La 3e brigade d’assaut, créée neuf mois après le début de la
guerre en tant que branche des forces spéciales ukrainiennes, est peut-être l’exemple le plus significatif. Dans les villes ukrainiennes, des publicités de la taille d’un gratte-ciel
glorifient la vie des soldats d’élites de la brigade, qui tuent des caricatures du mal ressemblant à des gobelins. Mais la réputation de la brigade en matière de compétence du commandement,
de la qualité de l’équipement et du faible taux d’attrition n’est pas moins importante. Les nouvelles recrues suivent généralement une formation de plusieurs mois, contrairement à la norme
d’un mois.
Khrystyna Bondarenko, porte-parole de la brigade, affirme que celle-ci ne manque pas de volontaires. D’ici le début de l’année prochaine, la brigade sera la
plus importante d’Ukraine, selon elle, et aura la taille d’une division de l’OTAN. (La majorité des nouvelles recrues ont moins de 25 ans, et elle refuse 150 candidatures de mineurs par mois.
“Personne ne dit qu’il y a des
millions de personnes qui attendent de se battre à Avdiivka [une ville du Donbass qui a récemment été le théâtre de violents combats]“, explique-t-elle. “Mais il y a des gens avec qui on peut
travailler“.
La brigade a été créée par la fusion des unités SSO (forces d’opérations spéciales) d’Azov qui avaient été créées par d’anciens vétérans du bataillon
Azov.
…
Au début de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, la plupart des unités du régiment Azov étaient basées à Marioupol, où elles allaient bientôt être assiégées.
En dehors de Marioupol, de nombreux anciens vétérans du régiment Azov ont commencé à former de nouvelles unités, notamment à Kiev, Sumy et Kharkiv. Ces unités ont rapidement été intégrées aux
forces d’opérations spéciales (SSO) des forces armées ukrainiennes et sont devenues collectivement connues sous le nom de “SSO Azov“.
En novembre 2022, toutes les anciennes SSO Azov ont été fusionnées en une seule unité de combat pleinement opérationnelle au sein des forces terrestres
ukrainiennes des forces armées de l’Ukraine. La formation de cette brigade a été stratégiquement conçue pour créer une force très mobile, bien équipée et largement entraînée, capable de
s’engager dans des opérations à la fois défensives et offensives. Selon Andriy Biletsky, en janvier 2023, la brigade a été déployée dans la bataille de Bakhmut.
Une étape importante pour la brigade a été franchie le 24 février 2023, lorsque le président Volodymyr Zelenskyy a personnellement remis le drapeau régimentaire
lors d’une cérémonie.
Les auteurs de The
Economist affirment que les Nazis d’Azov ont eu un “faible taux d’attrition“. L’histoire ne confirme pas cette affirmation :
La brigade Azov, saluée par les Ukrainiens pour sa ténacité pendant le siège de Marioupol par la Russie, s’efforce de se reconstruire après avoir
subi de lourdes pertes au combat, alors qu’elle
cherche à jouer un rôle musclé dans le prochain assaut majeur de l’Ukraine.
Après avoir été vaincu à Marioupol, Azov a recruté des milliers de nouveaux combattants pour en perdre autant :
Le groupe militaire russe connu sous le nom de “Centre” aurait infligé des dommages
importants à la Brigade Azov, un groupe interdit en Russie et qualifié d’organisation terroriste. La confrontation militaire a eu lieu dans la direction de Krasnolimansk, et les rapports
suggèrent que la brigade Azov a subi des pertes considérables en termes de personnel et d’équipement.
The
Economist n’est pas le seul média à blanchir les gangs nazis ukrainiens. Le New York Times a franchi plusieurs étapes en qualifiant d’abord Azov d'”organisation
paramilitaire néo-nazie ukrainienne” avant de la blanchir en la désignant comme une simple “unité de l’armée ukrainienne“.
Andriy Beletsky, le commandant d’Azov mentionné dans l’extrait de Wikipedia cité ci-dessus, est connu pour avoir déclaré que :
“la mission historique de la nation ukrainienne en ce moment critique est de mener les peuples blancs du monde dans la dernière croisade pour son existence, et
de lutter contre la sous-humanité menée par les Sémites”.
The
Economist décrit l’envie de nombreux jeunes Ukrainiens de rejoindre la brigade fasciste Azov en des termes positifs.
Je trouve cela effrayant.
Au fait, qui les paye ?
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Bien que Poutine ait
affirmé que les forces russes amélioraient désormais leurs positions pratiquement partout le long de la ligne de contact, Zelensky a insisté sur le fait que les envahisseurs n’avaient fait
aucune avancée militaire en 2023. “En ce qui concerne le champ de bataille, la
Russie n’a atteint aucun de ses objectifs cette année“, a-t-il déclaré.
Toutefois, la mission confiée aux troupes russes n’était pas de gagner du terrain, mais de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine.
À cet égard, les chiffres donnés par le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, sont impressionnants :
Le 4 juin, les forces armées ukrainiennes ont lancé une contre-offensive à grande échelle, préparée par leurs protecteurs étrangers. Sans pouvoir percer la zone
de défense tactique de nos troupes, l’ennemi a été stoppé et a subi des pertes colossales : 159 000 militaires tués et blessés, 121 avions, 23 hélicoptères, 766 chars, dont 37 Léopards, et 2
348 véhicules blindés de différentes classes, dont 50 Bradley. C’est apparemment pour cette raison que l’on ne voit toujours pas l’Abrams américain, livré il y a quelques mois, sur le champ
de bataille.
Depuis le début de l’opération spéciale, les pertes des forces armées ukrainiennes dépassent les 383 000 militaires tués et blessés, ainsi que
14 000 chars, véhicules de combat d’infanterie et véhicules blindés de transport de troupes, 553 avions et 259 hélicoptères, 7 500 canons, des pièces d’artillerie de campagne et des systèmes
de roquettes à lanceurs multiples.
L’Ukraine a connu neuf vagues de mobilisation, la dixième étant actuellement en cours, et même des personnes qui ne sont que partiellement
aptes au service sont appelées.
Les mercenaires recrutés depuis le début de l’opération militaire spéciale ont, pour la plupart, été éliminés. Plus de 5 800 combattants ont été neutralisés,
dont 1 427 polonais, 466 américains et 344 britanniques. En Ukraine, 103 criminels militaires particulièrement cruels ont été éliminés.
De tels chiffres sur le champ de bataille ne sont bien sûr jamais exacts. Mais à 10 ou 15 % près, ils restent importants. Ils sont également quelque peu confirmés
par la nouvelle demande de mobilisation de l’armée ukrainienne :
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a déclaré mardi que l’armée avait proposé de mobiliser 450 000 à 500 000 Ukrainiens supplémentaires dans les forces
armées, ce qui marquerait une accélération spectaculaire de la guerre de Kiev contre la Russie.
Le dirigeant ukrainien a déclaré lors de sa conférence de presse de fin d’année qu’il s’agissait d’un sujet “très sensible” dont l’armée et le
gouvernement discuteraient avant de décider d’envoyer ou non la proposition au parlement.
Zelenskiy a déclaré qu’il souhaitait entendre davantage d’arguments en faveur d’une mobilisation supplémentaire avant de soutenir une telle initiative.
“Il s’agit d’un chiffre très sérieux“,
a-t-il déclaré.
L’Ukraine compte désormais quelque 20 millions d’habitants. Plus de deux tiers d’entre eux sont des retraités et des femmes. Zelenski a rejeté les tentatives de
mobilisation des femmes, car les conséquences sociales et les manifestations seraient trop importantes. Mais il n’a plus assez d’hommes et d’argent pour mobiliser un demi-million d’hommes supplémentaires :
Zelensky a déclaré que le commandement proposait d’enrôler jusqu’à un demi-million de personnes dans l’armée, mais il n’a pas approuvé ce chiffre pour deux
raisons.
La première est l’absence de propositions pour la rotation et la démobilisation de ceux qui sont dans les tranchées depuis longtemps. La seconde est
que la mobilisation dans le format proposé par
l’armée coûtera au budget 500 milliards de hryvnias supplémentaires, et l’on ne sait pas encore où les trouver.
La seule alternative raisonnable pour l’Ukraine est d’abandonner et de négocier avec la Russie. Cependant, Zelenski n’est toujours pas disposé à le faire.
Mais il se pourrait bien que d’autres aient décidé de prendre la décision à sa place :
Il y a une heure et demie, un avion russe du “Special Flight Squadron” a atterri à
Washington DC. Ils sont utilisés par les fonctionnaires du Kremlin. Il est parti de Saint-Pétersbourg. A vous d’en tirer la conclusion.
C’est désormais la guerre oubliée alors que le monde a les yeux tournés vers Gaza. Au moment où l’armée russe prend l’ascendant en termes de “contre-offensive”, Moscou et Washington font leurs
calculs pour 2024
Les financements américains pour l’Ukraine seront épuisés en fin d’année
Il n’y a toujours pas d’accord au Congrès sur un nouveau financement à l’Ukraine, que les Républicains conditionnent à des financements pour continuer le mur à la
frontière du Mexique. Le Pentagone a fait savoir que les
financements disponibles seraient épuisés en fin d’année.
Pour la première fois, le Pentagone a annoncé une date exacte pour l’épuisement des ressources destinées à soutenir Kiev, selon Bloomberg. Le montant restant, estimé à 1,07 milliard de
dollars, comprendra plusieurs acquisitions d’armes et d’équipements.
Selon la lettre de M. McCord, 635 millions de dollars seront alloués à l’achat de missiles, tandis que 210 millions de dollars seront alloués à l’achat d’obus M795 de 155 mm hautement
explosifs, ainsi que de fusibles et d’amorces pour les projectiles à fragmentation. En outre, 129 millions de dollars seront consacrés au financement classé de la marine pour d’autres types
de missiles.
Le Pentagone prévoit également d’utiliser 17 millions de dollars pour remplacer les capteurs acoustiques fournis à l’Ukraine, 4,3 millions de dollars pour remplacer les véhicules tactiques,
les clôtures métalliques et les barrières pour l’armée de l’air, et 737 000 dollars pour acquérir des vestes de camouflage pour l’armée de l’air.
Dans sa lettre, M. McCord souligne qu’une fois ces fonds alloués, le ministère américain de la défense aura épuisé les ressources disponibles pour aider l’armée ukrainienne.
Southfront.org,
20.12.2023
L’armée ukrainienne a toujours plus de mal à recruter
La mobilisation forcée en Ukraine se poursuivra, a déclaré le 17 décembre le chef de la direction principale des renseignements du ministère de la défense, Kyrylo Budanov. Cette déclaration
intervient quelques jours seulement après l’annonce du début de la conscription des femmes, ce qui témoigne de la pénurie chronique de
main-d’œuvre que connaît l’armée ukrainienne, alors que les forces russes la détruisent méthodiquement.
“À ce jour, les forces armées ukrainiennes comptent plus d’un million de soldats. Sans mobilisation, aucun recrutement ne permettra de répondre à ces besoins”, a déclaré M. Budanov lors du
panel de discussion “2024 : Défis et perspectives".
M. Budanov a expliqué que les forces armées ukrainiennes ne disposaient pas d’effectifs suffisants, avertissant que le nombre de soldats dans l’armée devait être maintenu malgré les pertes
continues.
Le chef de la Direction principale du renseignement a admis que “tous ceux qui le voulaient” avaient rejoint l’armée au cours des six premiers mois de la guerre, mais qu’aujourd’hui les
Ukrainiens n’étaient pas motivés pour servir et essayaient par tous les moyens d’éviter la mobilisation.
La majorité de notre peuple, bien que tout le monde crie “Je suis Ukrainien, l’Ukraine est au-dessus de tout, ne s’est jamais sentie citoyenne de l’Ukraine”, s’est-il plaint.
En Ukraine, un régime de loi martiale et un décret sur la mobilisation générale sont en vigueur depuis février 2022. Les hommes âgés de 18 à 60 ans n’ont pas le droit de quitter le pays, et
le fait de se soustraire au service militaire est passible d’une responsabilité pénale pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
En raison des pertes importantes subies depuis le lancement de la contre-offensive ratée, les autorités ukrainiennes ont eu recours à une nouvelle méthode de recrutement, comme les descentes
dans les lieux publics, qui se sont intensifiées au cours des derniers mois. Des agents du service de sécurité ukrainien se sont rendus dans des restaurants de Kiev et de Krivoy Rog et ont
distribué des convocations. Des descentes dans des gymnases d’Odessa avaient déjà été signalées.
Les employés du bureau de recrutement militaire et les représentants des forces aéroportées “mènent une série d’activités pour informer les citoyens des avantages du service militaire
sous contrat”, a annoncé le service de presse du Centre de recrutement territorial de Lviv.
Dans la plus grande démonstration de la pénurie chronique d’effectifs que connaît l’armée ukrainienne, il a été annoncé le 14 décembre que l’Ukraine pourrait commencer à mobiliser des femmes, vraisemblablement pour le service, dans les unités de l’arrière de l’armée ukrainienne.
Southfront.org,
19.12.2023
Vladimir Poutine a confirmé l’objectif d’Odessa
Vladimir Poutine s’est exprimé plusieurs fois sur la Guerre d’Ukraine ces derniers jours. Le président russe insiste sur l’ascendant pris par les troupes russes
mais aussi sur la nécessité d’achever les objectifs fixés au départ, à commencer par la neutralisation de l’Ukraine. On notera aussi que le président russe a rappelé qu’Odessa est une ville
russe…..Voici les réflexions que cela inspire à M.K. Bhadrakumar :
Lors de la conférence de presse de fin d’année qui a duré quatre heures jeudi [14 décembre], le président russe Vladimir Poutine a fait quelques remarques clés sur le conflit en Ukraine, qui
éclairent la trajectoire probable de la guerre jusqu’en 2024. Il est certain que la Russie n’acceptera pas un “conflit gelé” qui ne permettrait pas d’atteindre les objectifs fixés par M.
Poutine au début des opérations militaires spéciales en février de l’année dernière.
Poutine a déclaré : “Il y aura la paix lorsque nous aurons atteint nos objectifs… Revenons à ces objectifs – ils n’ont pas changé. Je voudrais vous rappeler comment nous les avons
formulés : Dénazification, démilitarisation et statut de neutralité pour l’Ukraine”.
Il a précisé que la dénazification et la démilitarisation étaient des travaux en cours, tout en laissant de côté la question cruciale du statut de neutralité pour l’Ukraine, une notion que
l’Occident collectif rejette catégoriquement tout en poursuivant son intervention sous de nouvelles formes malgré l’échec de la contre-offensive de Kiev, qui dure depuis des mois.
Ironiquement, l’accent est mis sur la création d’une industrie de défense solide et résistante en Ukraine grâce à la technologie et aux capitaux occidentaux, afin de parer à toute menace
militaire russe à l’avenir.
En ce qui concerne la dé-nazification, M. Poutine a déclaré que lors des négociations à Istanbul en mars de l’année dernière, Kiev s’était montré réceptif à l’idée de légiférer contre la
propagation de l’idéologie extrémiste, mais que cette question était restée dans le passé. Quant à la démilitarisation, cette idée n’a jamais fait son chemin, car l’Ukraine a commencé à
recevoir des armes “encore plus nombreuses que celles promises par l’Occident”.
La Russie n’a donc pas d’autre choix que de continuer à détruire les capacités militaires ukrainiennes, ce qui est au cœur du processus de démilitarisation. Mais Poutine estime que certains
paramètres peuvent encore être négociés et a même déclaré : “Nous nous sommes mis d’accord sur ces paramètres [avec les négociateurs ukrainiens] lors des pourparlers d’Istanbul ; bien
qu’ils aient été rejetés par la suite, nous sommes parvenus à un accord”. L’alternative à un accord sur la démilitarisation est de “résoudre le conflit par la force. C’est ce que
nous nous efforcerons de faire”. Pour ce faire, M. Poutine a toutefois exclu une nouvelle mobilisation, car “il y aura déjà environ un demi-million de personnes [dans la zone de
guerre] d’ici la fin de l’année”.
Ces remarques portent la marque d’un homme d’État qui parle en position de force et qui en est conscient. M. Poutine a affirmé que les forces russes “améliorent leur position presque tout
au long de la ligne de contact. La quasi-totalité d’entre elles sont engagées dans des combats actifs. Et la position de nos troupes s’améliore tout au long [de la ligne de contact]”.
Poutine n’a fait part d’aucune volonté de compromis avec les États-Unis et l’Union européenne.
De manière significative, M. Poutine a déclaré que la partie sud de l’Ukraine a “toujours été un territoire russe… Ni la Crimée ni la mer Noire n’ont de lien avec l’Ukraine. Odessa est
une ville russe”. Cette déclaration est de mauvais augure, car elle implique que l’opération russe pourrait après tout s’étendre à Odessa, qui se trouve sur la rive occidentale du
Dniepr, et même plus à l’ouest, le long de la côte de la mer Noire, jusqu’en Moldavie, ce qui fait de l’Ukraine un pays sans accès à la mer. Un conflit prolongé s’annonce.
Indian
Punchline, 17 décembre 2023
La bataille d’Ukraine
D’après @Rybar_in_English et @dva-majors, la situation au matin du 20
décembre est la suivante :
Hier soir, 19 décembre, des frappes de "Geranium" ont visé la région d’Odessa. Dans la nuit, des missiles ont été utilisés pour s’entraîner à frapper des cibles
dans la région de Kharkov. Des explosions ont également été entendues près de Kropyvnytskyi dans la région de Kirovograd, où se trouve l’aérodrome militaire de Kanatovo.
Au cours de la nuit, une attaque de drones ennemis contre la Crimée a été repoussée.
Pas de changements significatifs dans la direction de Kherson dans la région de Krynok. Les Forces armées ukrainiennes “tiennent la ligne” dans la zone spécifiée.
Cette affirmation est révélatrice, car l’opération ukrainienne sur la rive gauche du Dniepr a été planifiée comme une “offensive”. Cependant, après deux mois de combats intenses, l’ennemi n’a pas
remporté de succès. Les tirs d’artillerie réciproques se sont poursuivis tout au long de la journée et des bateaux transportant des troupes ennemies ont été détruits par des opérateurs de
drones.
Dans la région de Zaporojie, l’armée ukrainienne est également passée sur la défensive. Après une préparation d’artillerie, les troupes russes ont attaqué dans le
secteur Robotyne-Verbove, occupant plusieurs bastions de l’AFU et réalisant des avancées tactiques de plusieurs centaines de mètres près de Verbovoye.
Au sud d’Avdeevka, les troupes russes ciblent les bastions et les points de tir ennemis malgré des conditions météorologiques difficiles.
Dans la direction de Maryinsky, des combats ont été signalés au sud de Novomikhailovka, et des contre-attaques de l’armée ukrainienne ont été signalées. Cette
localité est stratégiquement importante pour l’ennemi car elle empêche les troupes russes d’atteindre la route de Vuhledar depuis le nord-est.
Au sud d’Artemovsk (Bakhmut), les troupes russes accélèrent leur progression au nord de Kleshcheevka. Les troupes russes mènent également des opérations
offensives à l’ouest de Khromovo et au nord de Bogdanovka.
Le commandant des forces terrestres de l’armée ukrainienne, Syrsky, a déclaré que l’armée russe attaquait dans les directions de Kupiansk, Lyman et Bakhmutsky, avec
un avantage en termes d’armes et de personnel. Les opérations d’assaut se poursuivent à Synkivka.
Le bombardement ukrainien de la région de Belgorod se poursuit. Dans la soirée, les frappes de l’armée ukrainienne ont endommagé des lignes électriques dans le
village de Vyazovoe, district de Krasnoyaruzhsky. Des drones ukrainiens ont été détruits hier dans la première moitié de la journée au-dessus du district d’Odintsovo de la région de Moscou, ainsi
que dans les régions de Kaluga et de Bryansk. L’ennemi a tiré 83 munitions sur la population civile de la République Populaire de Donetsk (RPD), y compris des MLRS. En conséquence, 15 civils ont
été blessés à Donetsk
L’Ukraine entame la nouvelle année à court de munitions, d’argent et de soutien diplomatique. Ces manques critiques sont sous-tendus par une autre lacune
importante. Le pays et ses soutiens occidentaux n’ont plus de théorie convaincante pour une victoire. S’ils ne parviennent pas à en élaborer une, le soutien occidental à l’Ukraine continuera
à vaciller.
…
Il faut maintenant craindre que, si 2023 a été l’année de la contre-offensive ukrainienne, 2024 sera l’année où la Russie repassera à l’attaque. Selon les
scénarios les plus pessimistes, si l’aide occidentale est interrompue, l’Ukraine pourrait connaître de graves difficultés d’ici l’été.
…
En l’absence d’une théorie crédible pour la victoire, la pression exercée sur l’Ukraine pour qu’elle négocie avec la Russie s’accentuera. Les Ukrainiens
pourraient conclure un accord – même si cela impliquait des concessions territoriales – s’ils avaient la certitude que la Russie s’y tiendrait. Mais les responsables ukrainiens peuvent faire
état d’une litanie d’accords que Poutine a conclus puis rompus. Ils estiment que toute cessation des combats serait simplement l’occasion pour la Russie de se réarmer.
Rachman ne cite aucun des accords que la Russie aurait rompus. Parle-t-il des accords de Minsk que l’Ukraine a refusé de respecter ? Ou du traité
d’amitié russo-ukrainien que l’Ukraine a refusé de renouveler en 2019 ?
Contrairement aux États-Unis et à leurs mandataires, la Russie s’en tient généralement à ses traités et à ses promesses.
Mis à part cette affirmation mensongère, Rachman a en grande partie raison. Il n’existe actuellement aucune “théorie pour une victoire” de l’Ukraine. La question est
maintenant de savoir combien elle va perdre.
Néanmoins, il espère toujours une sorte de cessez-le-feu :
Une alternative à un accord formel entre la Russie et l’Ukraine pourrait être un gel de facto du conflit. Dans ce scénario, l’Ukraine adopterait une position
essentiellement défensive et empêcherait toute nouvelle avancée de la Russie. Les combats ne cesseraient jamais complètement, mais ils diminueraient.
Rachman n’explique pas pourquoi la Russie accepterait un tel scénario. Son président actuel, Vladimir Poutine, n’est certainement pas
de cet avis :
Il y aura la paix lorsque nous aurons atteint nos objectifs, que vous avez mentionnés. Revenons à ces objectifs, ils n’ont pas changé. Je voudrais vous rappeler
comment nous les avons formulés : dénazification, démilitarisation et statut de neutralité pour l’Ukraine.
La Russie a fait des progrès, mais ces objectifs n’ont pas encore été atteints. Elle poursuivra la guerre jusqu’à ce que l’Ukraine accepte des négociations et des
pertes territoriales. Si elle ne le fait pas dans un avenir proche, la Russie se battra jusqu’à ce que l’Ukraine soit complètement vaincue.
Le média ukrainien Strana a analysé comment
cela pourrait se produire (en russe, traduction automatique) :
Seuls quelques événements peuvent amener l’Ukraine au bord de la défaite totale :
Prise de Kiev.
Couper l’Ukraine de la mer – la capture de toute la côte de la mer Noire du pays et le retrait des troupes russes jusqu’aux frontières de la Roumanie et de
la Moldavie. Ce sera un coup catastrophique pour l’Ukraine, tant sur le plan économique que sur le plan militaro-stratégique.
La prise de Dnipro et de Zaporizhia – les plus grands centres arrière, industriels et logistiques de l’armée ukrainienne, ce qui constituera une menace
critique pour l’ensemble du front sud des forces armées ukrainiennes, ainsi que pour la majeure partie du front oriental. …
Frappe depuis la Biélorussie à travers les régions de Zhytomyr et de Vinnytsia dans le but d’atteindre la Transnistrie par le nord et de maintenir le
contrôle sur cette ligne.
…
[Les scénarios apocalyptiques décrits ci-dessus pour l’Ukraine ne peuvent se réaliser que si au moins l’un des événements suivants se produit (nous laissons de
côté les options d’utilisation d’armes nucléaires ou d’entrée en guerre aux côtés de la Fédération de Russie de grands pays tiers, car elles peuvent conduire à une guerre mondiale, qui
donnerait lieu à des scénarios complètement différents)
Une chute catastrophique de la discipline et du moral de l’armée ukrainienne, lorsque des unités entières commencent à se rendre ou à quitter leurs
positions sans ordre, exposant ainsi de larges sections du front.
Déstabilisation interne de l’Ukraine, conflit aigu au sein de la direction militaro-politique, perte de contrôle des autorités sur les processus en cours
dans le pays, effondrement de la direction de l’armée.
La chute à un niveau critique de l’aide militaire et financière de l’Occident.
Une augmentation brutale (beaucoup plus rapide que les actions similaires de l’Ukraine) de la taille de l’armée russe, de la qualité et de la quantité des
armes utilisées, ce qui modifiera radicalement l’équilibre des forces sur le front.
Pour l’instant,
aucune de ces situations n’est observée.
Cependant, il est évident que la Russie travaille activement à faire de ces points une réalité.
Je ne suis pas d’accord avec l’auteur de Strana pour dire qu’aucune des défaillances ukrainiennes qu’il décrit n’a encore été observée.
Ces choses se produisent d’abord progressivement, puis tout d’un coup.
À en juger par les vidéos de protestation diffusées par les unités ukrainiennes, le moral sur le front ne cesse de se dégrader. Dans le dernier résumé hebdomadaire,
le ministère russe de la défense a annoncé que
82 soldats ukrainiens avaient été capturés ou s’étaient volontairement rendus. Il s’agit d’un nouveau record. AP parle de
“l’humeur morose” des soldats ukrainiens :
Le mécontentement des soldats ukrainiens – autrefois extrêmement rare et exprimé uniquement en privé – est aujourd’hui plus courant et plus visible.
Le conflit entre les dirigeants politiques et militaires de l’Ukraine s’intensifie à nouveau. Hier, l’armée a annoncé qu’elle
avait trouvé des dispositifs d’espionnage dans les bureaux du général Zaluzny et de son assistant. Personne ne pense que c’est la Russie qui les a placés là. Aujourd’hui, Zaluzny a critiqué le
licenciement, par Zelenski, de fonctionnaires des bureaux de recrutement et de mobilisation, ce qui a entraîné un désordre :
Citation : “Il est encore un peu tôt pour évaluer le
recrutement, et en ce qui concerne les questions de mobilisation, il n’est pas nécessaire de les renforcer, mais de les ramener aux limites, aux cadres qui fonctionnaient
auparavant.”
Un nouveau projet
de loi prévoit la mobilisation de toutes les femmes âgées de 25 à 60 ans. S’il est adopté, de nombreuses femmes fuiront tout simplement l’Ukraine pour éviter d’être envoyées sur la ligne
de front. Cela créerait en soi de nombreux autres problèmes sociaux et de main-d’œuvre, ainsi que des problèmes de moral.
L’aide à l’Ukraine s’est déjà effondrée. Une nouvelle aide des États-Unis ou de l’Europe est sérieusement compromise. Si l’un ou l’autre n’accepte pas de débloquer
de nouveaux milliards, l’autre suivra. D’autres problèmes se posent à la frontière occidentale, où les camionneurs
polonais, rejoints par les agriculteurs,
continuent de bloquer les postes-frontières avec l’Ukraine. La pénurie de munitions a déjà conduit l’Ukraine à réduire ses
opérations actuelles.
La Russie n’a cessé d’augmenter la taille de son armée et la production de nouvelles armes. Elle produit bien plus que ce que l’Occident peut livrer à
l’Ukraine.
Toutes ces tendances se poursuivent jusqu’à leur effet final, tout comme le chemin
vers la faillite d’Ernest Hemingway : “Graduellement, puis soudainement“.
Tout cela ne signifie pas que la Russie gagnera définitivement la guerre. Les guerres longues sont difficiles à prévoir. Il y a des risques partout. Les États-Unis
peuvent encore inventer quelque chose de méchant qui pourrait détourner la Russie de la guerre.
Si la Russie gagne et s’empare de la majeure partie de l’Ukraine, elle pourrait annuler
la dette de l’Ukraine, ce qui coutera à l’Occident le double pour cette aventure.
Ce serait une juste punition pour l’échec des tentatives néoconservatrices de démanteler la Russie.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Début
novembre, The Economista publié une interview et plusieurs articles du commandant en chef de l’armée ukrainienne, le général Zaluzny. Comme je l’avais résumé:
La thèse centrale de
Zaluzny est que la guerre est actuellement dans une impasse. Elle est devenue positionnelle et aucune manœuvre d’envergure n’est possible. Il compare cette situation à la guerre en Europe en
1917. Selon lui, le changement ne s’est produit que grâce à l’introduction de nouvelles technologies (par exemple les chars d’assaut).
…
Pour ma part, je
pense que Zaluzny se trompe. La guerre n’est pas dans une impasse. La Russie a clairement l’avantage car elle est libre de manœuvrer sur toute la ligne de front et d’attaquer là où elle le
souhaite. Elle ne le fait pas avec toute sa force parce que la situation actuelle lui permet de remplir commodément l’ordre que son commandant en chef lui a donné : détruire les capacités
militaires de l’Ukraine.
Enfin, un écrivain
occidental a pris conscience de ces faits. Lee Hockstader, chroniqueur du Washington Post pour les affaires européennes, opine
:
Hockstader déplore le manque de soutien des États-Unis et de l’Europe aux nouvelles exigences de l’Ukraine. Il déclare :
Sans ces injections d’argent, d’armes et de munitions, il est peu probable que le statu quo décevant de l’année dernière, au cours de laquelle l’Ukraine n’a pas
réussi à reconquérir beaucoup de territoires, perdure.
Andriy Yermak, l’un des principaux collaborateurs du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré la semaine dernière lors d’un forum à Washington que le “grand risque” était que les troupes de
Kiev puissent “perdre cette
guerre“.
Ce message devrait secouer les décideurs politiques des deux côtés de l’Atlantique. Le danger, comme l’a averti publiquement le général ukrainien le mois
dernier, n’est pas simplement l’impasse. Les forces ukrainiennes, à court d’équipement, pourraient être contraintes de se replier, de raccourcir leurs lignes de défense et d’abandonner des
territoires.
…
Il est essentiel de réfléchir à ce que signifie la défaite de l’Ukraine, car ce serait autant un désastre stratégique pour les États-Unis et leurs alliés de
l’OTAN qu’une image terrorisante pour l’Ukraine. Deux cataclysmes, tout aussi brutaux, qui se déroulent selon des calendriers différents.
Il n’y aura pas de terreur pour l’Ukraine, juste la perte du peuple ethnique russe, des industries et des terres que les communistes – Lénine, Staline et
Khrouchtchev – avaient, pour quelque raison que ce soit, attachés à ce pays. Le reste sera un État croupion plus petit, plus pauvre et purement agricole, sans accès à la mer. Cela était évident
dès le début pour quiconque avait une vision claire de l’équilibre des forces en présence dans la guerre.
Comme je l’ai écrit le 24 février 2022, le jour même où les forces russes sont entrées en Ukraine :
En regardant cette carte, je pense que l’état final le plus avantageux pour la Russie serait la création d’un nouveau pays indépendant, appelé Novorussiya, sur
les terres situées à l’est du Dniepr et au sud le long de la côte, qui abritent une population majoritairement russe et qui, en 1922, avaient été rattachées à l’Ukraine par Lénine. Cet État
serait politiquement, culturellement et militairement aligné sur la Russie.
Cela supprimerait l’accès de l’Ukraine à la mer Noire et créerait un pont terrestre vers la Transnistrie, territoire sécessionniste de la Moldavie, qui est sous
la protection de la Russie.
Parenthèse :
La partie jaune
de la carte intitulée “L’Ukraine en 1654” était en fait le territoire des Cosaques zaporozhiens orthodoxes. Sous la menace du Commonwealth catholique lituano-polonais, qui tenait à l’époque les parties vertes en servage, ils ont négocié
l‘accord de Pereiaslav (1654) avec la Russie et prêté allégeance au tsar. Cette région devint ainsi une partie autonome de la Russie.
Fin de la parenthèse.
Le reste de l’Ukraine serait un État confiné, essentiellement agricole, désarmé et trop pauvre pour constituer rapidement une nouvelle menace pour la Russie.
Sur le plan politique, il serait dominé par les fascistes de Galicie, qui deviendraient alors un problème majeur pour l’Union européenne.
A cause des ajouts de Staline à l’Ukraine, trois pays, la Pologne, la Hongrie et la Roumanie, ont des prétentions sur certaines zones des régions occidentales
de l’Ukraine. S’ils veulent les récupérer, c’est probablement le meilleur moment pour le faire. Bien qu’ils fassent partie de l’OTAN, qui ne soutiendrait probablement pas de telles
initiatives, ces trois pays auront des difficultés de politique intérieure s’ils résistent à cette envie.
Depuis, nous avons appris que la Novorussie ne sera pas un État indépendant mais une véritable partie de la Russie. Qu’il en soit ainsi. Pendant ce temps, des
analystes comme Hockstader continuent de se perdre dans leurs fantasmes :
Il est peu probable que l’armée ukrainienne s’effondre complètement, du moins dans les mois à venir. Les forces armées de Kiev restent bien dirigées et motivées, et
elles économisent leur équipement pour se préparer à des déficits. Mais il est tout aussi improbable de s’attendre à un cessez-le-feu négocié avec la Russie qui maintiendrait les
lignes de combat existantes. Croire en cette issue apparemment anodine, c’est se tromper sur Poutine – une fois de plus.
Il ne s’agit pas que de se tromper sur Poutine, mais de se tromper sur les capacités restantes à l’Ukraine. Elle est à court d’hommes et de matériel. Chaque jour,
des vidéos montrent telle ou telle unité de l’armée ukrainienne condamnant ses chefs et annonçant qu’elle doit quitter ses positions. Le risque d’effondrement de l’armée ukrainienne est
réel.
Le 2 novembre, j’avais également écrit sur la 47e brigade ukrainienne :
Ces derniers jours, des chars de la 47e brigade (Leo 2) et de la 10e brigade de montagne (T-64BM/BV) ont été vus et détruits près d’Avdiivka. Ces deux brigades
venaient tout juste d’être massacrées au cours de leurs attaques désespérées sur le front sud. Il est insensé de jeter ce qu’il en reste dans une nouvelle bataille sans les reconstituer.
Toute l’expérience et les connaissances acquises par ces brigades seront perdues avec elles.
Hier, le magazine Military Watch, tendance pro Ukraine, a confirmé mon opinion
:
La 47e brigade mécanisée d’élite de l’armée ukrainienne stationnée dans la ville d’Avdiivka, dans la région contestée de Donetsk, a été encerclée et contrainte
de faire face à une pénurie croissante de munitions, selon de multiples rapports de sources ukrainiennes et occidentales. Les rapports britanniques indiquent que la brigade devait attaquer
une colonne russe avant de rejoindre l’infanterie d’assaut sur le flanc nord d’Avdiivka, mais qu’elle n’a pas pu le faire en raison d’un manque de munitions. Les efforts de la brigade pour
stopper l’avancée des forces russes à Avdievka ont été décrits par le Times comme “désespérés“, alimentant le
sentiment d’un “effondrement inévitable” des positions
ukrainiennes et diminuant l’espoir d’empêcher une victoire russe avant le début des vacances de la nouvelle année.
…
Un soldat de la 47e brigade, cité uniquement sous le nom de sergent Danylo, a déclaré lors d’une interview au cours de la semaine écoulée que la pénurie d’obus
obligeait les soldats à prendre des décisions de vie ou de mort impossibles à prendre : “Nous avons eu dix fois plus de munitions au
cours de l’été, et de meilleure qualité… Les obus américains sont livrés en lots de poids presque identiques, ce qui facilite la correction des tirs, avec très peu de ratés. Maintenant, nous
avons des obus venant du monde entier, de qualités différentes, et nous n’en recevons que 15 pour trois jours. La semaine dernière, nous avons reçu un lot plein de ratés“. Ainsi, au
lieu de tirer sur les Russes dès qu’ils sont à portée de tir, le personnel ukrainien doit de plus en plus attendre d’être sûr que les Russes se dirigent vers ses positions et n’engager que
des groupes importants. Les munitions produites par les États européens ont très souvent été critiquées pour leur qualité, et parfois considérées comme presque inutiles, le matériel italien
étant particulièrement réputé pour sa mauvaise qualité, contrairement au matériel supérieur hérité de l’ère soviétique ou produit par les États-Unis.
Maintenant, dites-moi à nouveau qu’il s’agit de forces “bien dirigées et motivées” qui “économisent leur équipement pour se préparer à des déficits“. Ni
l’un ni l’autre ne me semble vrai.
Hockstader poursuit :
Pour le dictateur du Kremlin, un “compromis” impliquerait la soumission
et la dissolution de l’Ukraine en tant qu’État indépendant. Cela impliquerait un changement de régime, avec Zelensky en exil (ou mort), ainsi que la fin des aspirations de Kiev à rejoindre
l’Union européenne ou l’OTAN.
…
S’il a raison, le calendrier de cette fin sera accéléré si le Congrès et l’Union européenne ne parviennent pas à approuver un nouveau soutien. Le gouvernement
ukrainien se retrouverait alors dans l’incapacité de maintenir les services de base et son armée serait de plus en plus à court de munitions d’artillerie, de capacités de défense aérienne et
d’autres équipements. Les forces de première ligne de l’Ukraine, déjà durement éprouvées, deviendraient plus fragiles. Les gains territoriaux russes s’accompagneraient de meurtres, de viols,
d’enlèvements d’enfants et d’autres crimes de guerre russes d’une ampleur effrayante.
Ce sinistre scénario porterait un coup terrible au prestige et à la crédibilité de l’Occident, révélant que les promesses de soutenir l’Ukraine “aussi longtemps
qu’il le faudra” étaient vides de sens.
Oui, ces promesses, faites par Biden et d’autres, étaient en effet vides. C’est pourquoi il a récemment changé de discours :
Dans un contexte d’impasse républicaine et de polarisation politique qui met en péril l’octroi d’une nouvelle aide à l’Ukraine, le président Joe Biden a insisté
sur la volonté de son administration de soutenir l’Ukraine, mais en utilisant un langage différent. Il a déclaré que les États-Unis soutiendraient Kiev “tant que nous le pourrons“.
Il s’agit d’un changement de ton par rapport aux messages précédents, selon lesquels les États-Unis seraient un allié loyal et féroce de l’Ukraine, l’aidant
“aussi longtemps qu’il le faudra” pour vaincre
l’invasion russe.
L’Occident ne peut plus soutenir la guerre par procuration qu’il a déclenchée.
L’histoire va maintenant suivre son cours.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La vidéoconférence que
le président ukrainien Volodymyr Zelensky tiendra mardi avec les sénateurs américains [annulée au
dernier moment, NdT] devrait marquer un tournant dans la guerre en Ukraine, et ce pour trois raisons.
- Premièrement, l’administration Biden n’a pas complètement écarté Zelensky et, plus important encore, ne mise pas sur un favori dans le jeu des trônes
en cours à Kiev.
- Deuxièmement, l’administration Biden pense que tout n’est pas perdu dans cette guerre.
- Troisièmement, et c’est le plus important, les États-Unis signalent aux Européens qu’ils n’envisagent pas de se détacher de l’Eurasie et d’en sortir,
comme ils l’ont fait en Afghanistan.
Il ne fait aucun doute que le briefing confidentiel que Zelensky donnera aux législateurs à Washington est une tentative de l’administration Biden de
les persuader que toute réduction de l’aide aura des conséquences considérables.
Le vote du sénat peut également s’avérer décisif pour les chances de Biden d’obtenir un second mandat lors des élections de 2024.
L’avenir politique de Zelensky dépendra en grande partie de la décision prise demain par le sénat américain concernant l’aide supplémentaire de 60
milliards de dollars accordée par l’administration à l’Ukraine. La Maison-Blanche ne ménage pas ses efforts.
Shalanda Young, directrice du Bureau de la gestion et du budget, a écrit dans une lettre adressée lundi aux chefs de file du Congrès : «Je veux être
claire : Sans action du Congrès, d’ici la fin de l’année, nous manquerons de ressources pour acheter davantage d’armes et d’équipements pour l’Ukraine et pour fournir des équipements
provenant des stocks de l’armée américaine. Il n’y a pas de fonds magiques disponibles pour faire face à cette situation. Nous sommes à court
d’argent – et presque à court de temps».
Young a lancé un avertissement sévère : La perte du soutien financier des États-Unis «mettrait
l’Ukraine à genoux sur le champ de bataille, ce qui non seulement mettrait en péril les progrès réalisés par l’Ukraine, mais augmenterait la probabilité de victoires militaires
russes».
Elle a fait le sombre pronostic qu’une victoire russe pourrait entraîner la guerre dans un conflit régional plus large impliquant les alliés européens
des États-Unis. Cela peut sembler exagéré, car la Russie n’a montré aucun signe de vouloir mener une guerre continentale, mais si l’Ukraine s’effondre, il y aura une ruée de ses
voisins occidentaux qui ont des revendications territoriales sur le pays – les reliquats de l’histoire.
De même, le sort de la candidature de Biden sera scellé par les vicissitudes de la guerre de Gaza plutôt que par celles de la guerre d’Ukraine, mais
cela dit, les mauvaises nouvelles du front de la guerre peuvent éventuellement renforcer les arguments en faveur d’un nouveau leadership à la Maison-Blanche. En d’autres termes, tout
s’additionne dans la compétition entre Joe Biden et Donald Trump.
L’argent américain peut-il faire la différence pour la main-d’œuvre ukrainienne épuisée ? Mais sans argent américain, pas de guerre. L’Union européenne
n’a guère de crédibilité en tant que substitut. Dans dix jours, les dirigeants européens tiendront un sommet (les 14 et 15 décembre) dont le principal point à l’ordre
du jour sera le «soutien continu
de l’UE à l’Ukraine et à son peuple».
La grande question qui se pose lors de ce sommet est de savoir si l’hostilité de la Hongrie va déborder alors que les dirigeants européens délibèrent
sur une décision historique visant à intégrer l’Ukraine dans le groupe et à formaliser un accord budgétaire clé pour offrir une bouée de sauvetage de 50 milliards d’euros à Kiev. Le
Premier ministre Viktor Orban exige que l’ensemble du processus soit suspendu jusqu’à ce que les dirigeants acceptent de revoir en profondeur le soutien de l’UE à Kiev.
En principe, Orban peut prendre en otage l’Union européenne, qui est censée agir à l’unanimité sur les grandes décisions stratégiques. Pour ne rien
arranger, Orban frappe au moment où l’opinion publique de nombreux pays de l’UE se lasse de l’Ukraine. Le vainqueur des récentes élections néerlandaises, Geert Wilders, est
farouchement opposé à l’UE. À l’avenir, avec la montée en puissance de quelques autres leaders d’extrême droite en Europe et le retour potentiel de Trump, l’image de l’UE ne sera plus
la même.
La situation à Kiev est beaucoup plus difficile à prévoir. L’Ukraine se dirige théoriquement vers des élections en mars 2024, comme le prévoit la
constitution. Mais début novembre, le porte-parole du département d’État américain a déclaré que la constitution ukrainienne permettait au pays d’annuler les élections. Par la suite,
le parlement de Kiev a convenu que les élections devaient être reportées tant que la loi martiale resterait en vigueur, puis six mois supplémentaires après sa levée.
En coulisses, cependant, une lutte de pouvoir larvée entre Zelensky et son principal commandant militaire, le général Valeri Zaloujny, a éclaté au grand
jour. La popularité de Zelensky est récemment tombée en dessous de 65% et des rapports ne cessent d’apparaître selon lesquels de nombreux commandants de l’armée ne sont pas d’accord
avec les tactiques mises en place par le président Zelensky.
L’affirmation de Zaloujny dans une interview accordée
récemment au magazine The
Economist, selon laquelle la guerre est dans l’impasse, a suscité une réprimande publique de la part de Zelensky, qui a coupé
les ailes du général charismatique – la dernière en date étant le remplacement de l’un des adjoints de Zaloujny, le chef des forces d’opérations spéciales, le général Viktor
Khorenko.
Selon le New York
Times, «des spéculations
sur des tensions entre le président et le général commandant l’armée au sujet de la stratégie et des nominations au commandement ont été lancées à Kiev depuis plus d’un an … Les
officiers militaires américains qui ont travaillé avec le général Khorenko ont été surpris par la nouvelle de son éviction et ont décrit une relation de travail étroite et efficace
avec lui, selon les responsables militaires américains … Le licenciement a semblé saper l’autorité du général Zaluzhny».
Il est intéressant de noter que tout cela coïncide avec un article sensationnel du célèbre journaliste Seymour Hersh, publié le week-end dernier, selon
lequel «tout le monde en
Europe parle» des pourparlers de paix secrets entre Zaloujny et le général Valeri Gerassimov, qui dirige la guerre pour le compte du Kremlin. L’agence de presse Tass a
notamment rapporté la révélation de Hersh, ce qui a renforcé sa crédibilité – bien que l’histoire porte la marque d’une guerre de l’information qui vise probablement à
compliquer la vie de Zaloujny.
Entre-temps, le Washington
Post de lundi a publié un
article passionnant qui s’apparente à une autopsie de l’échec catastrophique de la «contre-offensive» tant vantée de l’Ukraine contre les forces russes, et qui laisse
entendre que le rejet par Zaloujny de la doctrine militaire occidentale proposant une poussée concentrée vers un objectif unique, à savoir atteindre la côte de la mer d’Azov, et sa
préférence pour faire de la formidable longueur du front de 1000 km un problème pour la Russie, a finalement diminué la puissance de feu de l’armée ukrainienne à chaque point
d’attaque et dilué sa force de frappe, tandis que les défenses russes, qui suivaient les normes soviétiques classiques, ont tenu bon.
Il reste à voir comment le récit du WaPo s’intègre
dans la lutte pour le pouvoir à Kiev. En l’état actuel des choses, l’avantage va à Zelensky et tout porte à croire que Biden le considère comme une valeur sûre pour la période
cruciale de 2024, alors que sa propre candidature à la réélection s’accélère.
Le Washington
Post a publié un long article en deux parties sur la «contre-offensive» ratée en Ukraine. Il blâme autant les Américains et les Britanniques qui ont planifié tout ce gâchis
que les Ukrainiens qui l’ont exécuté.
Les éléments clés qui ont façonné la contre-offensive et le résultat initial sont les suivants :
• Les officiers
militaires ukrainiens, américains et britanniques ont organisé huit grands jeux de guerre théoriques pour élaborer un plan de campagne. Mais Washington a mal évalué la mesure dans
laquelle les forces ukrainiennes pouvaient être transformées en une force de combat de type occidental en un court laps de temps – en particulier sans donner à Kiev la puissance
aérienne qui fait partie intégrante des armées modernes.
• Les
responsables américains et ukrainiens ont parfois été en profond désaccord sur la stratégie, la tactique et le calendrier. Le Pentagone souhaitait que l’assaut commence à la
mi-avril pour empêcher la Russie de continuer à renforcer ses lignes. Les Ukrainiens ont hésité, insistant sur le fait qu’ils n’étaient pas prêts sans armes et entraînement
supplémentaires.
• Les
responsables militaires américains étaient convaincus qu’une attaque frontale mécanisée contre les lignes russes était possible avec les troupes et les armes dont disposait
l’Ukraine. Les simulations ont conclu que les forces de Kiev, dans le meilleur des cas, pourraient atteindre la mer d’Azov et couper les troupes russes dans le sud en 60 à 90
jours.
• Les États-Unis
préconisaient un assaut ciblé le long de cet axe méridional, mais les dirigeants ukrainiens estimaient que leurs forces devaient attaquer en trois points distincts le long du
front de 1000 km, au sud vers Melitopol et Berdyansk sur la mer d’Azov et à l’est vers la ville assiégée de Bakhmout.
• Les services
de renseignement américains étaient plus pessimistes que l’armée américaine, estimant que l’offensive n’avait qu’une chance sur deux de réussir, compte tenu des défenses solides
et multicouches que la Russie avait mises en place au cours de l’hiver et du printemps.
• Beaucoup en
Ukraine et en Occident ont sous-estimé la capacité de la Russie à rebondir après des désastres sur le champ de bataille et à exploiter ses forces permanentes : La main-d’œuvre,
les mines et la volonté de sacrifier des vies à une échelle que peu d’autres pays peuvent tolérer.
• À l’approche
du lancement prévu de l’offensive, les responsables militaires ukrainiens craignaient de subir des pertes catastrophiques, tandis que les responsables américains estimaient que le
bilan serait finalement plus lourd en l’absence d’un assaut décisif.
Les principales conclusions des reportages sur la campagne sont les suivantes :
• 70% des
troupes, dans l’une des brigades menant la contre-offensive et équipées des armes occidentales les plus récentes, sont entrées dans la bataille sans aucune expérience du
combat.
• Les revers de
l’Ukraine sur le champ de bataille ont provoqué des dissensions avec les États-Unis sur la meilleure façon de percer les profondes défenses russes.
• Au début de la
campagne, le commandant des forces américaines en Europe n’a pas pu entrer en contact avec le commandant en chef de l’Ukraine pendant des semaines, en raison des tensions liées à
la remise en question par les Américains des décisions prises sur le champ de bataille.
• Chaque camp
reprochait à l’autre de commettre des erreurs ou des fautes d’appréciation. Les responsables militaires américains ont conclu que l’Ukraine n’avait pas respecté les tactiques
militaires de base, notamment l’utilisation de la reconnaissance au sol pour comprendre la densité des champs de mines. Les responsables ukrainiens ont déclaré que les Américains
ne semblaient pas comprendre comment les drones d’attaque et d’autres technologies avaient transformé le champ de bataille.
• Au total,
l’Ukraine n’a repris qu’environ 320 km2 de
territoire, au prix de milliers de morts et de blessés et de milliards d’euros d’aide militaire occidentale pour la seule année 2023.
Tous ces éléments ont joué un rôle.
Mon point de vue :
• L’Ukraine et ses
partisans ont systématiquement sous-estimé les capacités russes. (Et c’est toujours le cas.)
• La reconnaissance
par satellite a montré que les préparatifs de défense russes étaient du même ordre que ceux de la bataille de Koursk. Là, la Wehrmacht allemande, après des préparatifs beaucoup trop longs, n’a pas réussi à briser les lignes russes. La leçon non apprise de 1943 :
Lorsque vous voyez des lignes de défense comme celles-ci, essayez autre chose.
• Les simulations de
batailles et les jeux de guerre sur table disposent d’un «facteur moral» pour chaque camp. En fixant le facteur de votre camp à 10 et celui de l’ennemi à 0, comme l’ont fait les
États-Unis et le Royaume-Uni, vous gagnerez à tous les coups, mais cela n’a rien à voir avec la réalité.
• Le soutien aérien
n’aurait pas été utile. Les défenses aériennes russes sont trop puissantes pour les contrer.
• La décision
d’utiliser des brigades «de débutants» à peine entraînés et sans aucune expérience du combat a été une grave erreur.
• Ne pas utiliser de
grenades fumigènes et, en général, de moyens de tromperie, n’était pas du tout raisonnable.
• Faire combattre la
moitié des nouvelles troupes, la partie la plus expérimentée, dans la bataille déjà perdue de Zelensky pour Bakhmout, a été une erreur politique majeure.
Tous ces éléments ont fait en sorte que la soi-disant «contre-offensive» n’a jamais eu l’occasion de décoller. Les querelles actuelles ne sont qu’une
tentative de rejeter la responsabilité de l’échec sur l’autre côté de la table.
Le général ukrainien Zaloujny a tiré les leçons de la bataille. Il avance désormais des chiffres réalistes pour faire comprendre aux États-Unis à quel
point leurs chances de gagner sont faibles :
Lors d’une visite
à Kiev, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a été informé que l’Ukraine avait besoin de 17 millions de munitions et que 350 à 400 milliards de dollars de moyens et de
personnel seraient nécessaires pour libérer le pays. (…)
Citation d’un
haut responsable des forces de défense : «On a dit à Austin qu’il fallait 17 millions de munitions. Il a été stupéfait, pour ne pas dire plus, car il est impossible de réunir autant
de munitions dans le monde entier»».
L’armée ukrainienne ne dispose pas des dix mille lanceurs nécessaires pour tirer 17 millions de cartouches. Elle n’a pas non plus les hommes pour
alimenter ces armes imaginaires.
Zaloujny pense manifestement que la guerre est perdue et terminée. Et qu’il est temps de faire de la politique pour la paix :
En outre, selon une source, Austin a également déclaré que Zaloujny s’était plaint en privé à des généraux américains de l’ingérence du bureau du
président (…) : «Austin nous a dit
en privé que Zaloujny se plaignait toujours à ses généraux du bureau du président et de l’obstruction qu’il lui faisait subir. Il est évident que le président a également eu vent de
ces conversations. Et cela n’est pas propice à la confiance».
Toutefois, le cabinet du président est enclin à croire que le renvoi de Zaloujny faciliterait sa carrière politique.
Il est grand temps pour l’administration Biden de mettre un point final à cette affaire. Faire comme d’habitude : Déclarer la victoire,
partir et oublier.
Gilbert Doctorow réfléchit aux moyens d’y parvenir :
Les nouvelles en provenance d’Ukraine aujourd’hui sont désastreuses pour Volodomyr Zelenksy. Le général Zaloujny l’aurait menacé à la manière de Clint
Eastwood : «Vas-y, allez ! Fais-moi plaisir !». Selon un canal Telegram ukrainien :
«Zelensky a exigé
que le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Zaloujny, démissionne de son plein gré ou en raison de problèmes de santé, etc.
Zaloujny a refusé
de partir de lui-même, estimant qu’il a apporté de nombreuses victoires aux forces armées ukrainiennes, qu’il a sauvé de nombreuses vies de soldats ordinaires et qu’il a fait ou fera
encore beaucoup de bien. Selon la source, Zaloujny a dit directement dans le style de l’armée : «Je ne partirai pas moi-même, si vous êtes personnellement mécontent de moi,
«virez-moi», mais ce sera votre décision personnelle et vous devrez en répondre»».
Lancez le compte à rebours. Si ce rapport est vrai, Zaloujny a fait le premier pas vers le lancement d’un coup d’État visant à évincer Zelensky (le
joueur de pénis sur piano). Quand vous êtes dans l’armée et que vous refusez un ordre comme celui rapporté ci-dessus, vous êtes en rébellion. Soit vous gagnez, soit vous mourez, soit
vous êtes vaincu. Comme je l’ai déjà écrit, lorsqu’il s’agit d’un coup d’État, je parie toujours sur celui qui a les armes. Dans ce cas, Zaloujny a plus d’armes que Zelensky et lui et
son équipe ont une meilleure discipline de feu.
Tout cela se déroule dans un contexte où les républicains se réveillent et refusent d’approuver la demande de financement de Biden pour l’Ukraine tant
que ce vieil homme grincheux n’aura pas mis en place un solide programme de protection des frontières. En bref, l’Ukraine ne pourra plus voler l’argent des contribuables américains
dans quelques semaines et il n’y a aucun espoir de nouveau financement en vue.
Pendant ce temps, la Russie ne sait pas qu’une guerre est en cours. On en parle dans certaines émissions de radio populaires et à la télévision, mais je
n’ai vu aucune protestation, aucune pancarte ni aucun graffiti. J’ai vu un soldat se promener sur la Place Rouge et il avait l’air détendu, se contentant d’admirer le paysage.
En ce qui concerne les sites touristiques, la Place Rouge à Moscou est phénoménale. C’est une grande fête d’hiver et les cinq pouces de neige qui sont
tombés dimanche ne font qu’ajouter à l’atmosphère festive.
Rien ne va plus entre dirigeants ukrainiens, comme le révèle l’hospitalisation pour empoisonnement de l’épouse du directeur du renseignement militaire ukrainien, Boudanov. Au fur et à mesure
qu’apparaît l’étendue du désastre de la contre-offensive, une guerre des chefs s’empare de Kiev. L’armée russe intensifie ses attaques et prend lentement l’ascendant, rendant toujours plus
intense la lutte sans merci que se livrent les dirigeants ukrainiens.
Le poison devient-il une arme de destruction massive entre dirigeants ukrainiens?
L’épouse de Kyrylo Budanov, chef de la Direction principale du renseignement (GUR) du ministère de la défense ukrainien, Marianna Budanova, a été empoisonnée avec plusieurs autres
employés de la GUR, a déclaré Andriy Yusov, porte-parole de la Direction du renseignement militaire (GUR) de l’Ukraine. Son empoisonnement est probablement le dernier événement en date
dans la lutte pour le pouvoir qui s’intensifie au sein du régime de Kiev.
Selon les médias ukrainiens, Mme Budanova a été hospitalisée après avoir été empoisonnée par des métaux lourds, très probablement par le biais d’aliments, et elle est actuellement
soignée. RBC Ukraine note qu’on ne sait pas s’il s’agit d’un “empoisonnement ponctuel” ou “s’ils l’ont empoisonnée par portions pendant un certain temps”.
“Au cours des tests, des métaux tels que l’arsenic et le mercure ont été découverts […] Cela a affecté non seulement l’épouse de Kyrylo Budanov, mais aussi plusieurs employés de la
Direction principale des renseignements”, a déclaré l’ancien chef du Service ukrainien de renseignement extérieur, Valeriy Kondratyuk, à la radio NV.
“Nous parlons, a poursuivi M. Kontratyuk, de hauts fonctionnaires, de chefs de secteurs individuels responsables d’opérations contre la Russie.
Au cours de l’été, Yusov a déclaré que Budanov avait survécu à plus d’une douzaine de tentatives d’assassinat. Le chef de la Direction principale des renseignements a déclaré que sa femme
vivait avec lui dans son bureau et qu’ils étaient ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour des raisons de sécurité. Par ailleurs, Mme Budanova ne travaille pas à l’inspection
nationale de la circulation et, depuis juin 2021, elle occupe le poste de conseillère du maire de Kiev, Vitali Klitschko.
Tout cela pourrait indiquer une intensification des luttes en coulisses au sein de l’équipe dirigeante ukrainienne. Il existe de profondes contradictions entre le président Volodymyr
Zelensky, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valerii Zaluzhny et Budanov. Leurs divergences ont été largement évoquées, y compris dans les médias occidentaux, et portent
sur la manière de poursuivre l’effort de guerre.
Le désaccord entre le président et le commandant en chef a commencé en octobre lorsque Zaluzhny a indiqué que l’opération militaire était sur le point de se terminer. Zelensky n’était pas
d’accord, insistant sur le fait que les troupes ukrainiennes étaient capables de gagner. Le fait que le chef militaire ait récemment reconnu publiquement que Moscou se trouvait dans une
position avantageuse dans le conflit a ajouté à la tension. Des rumeurs concernant le licenciement de militaires de haut rang, dont il fait partie, ont été confirmées par le ministre de
la défense, Rustem Umerov.
Au milieu de ces tensions, des informations sont apparues selon lesquelles Zaluzhny pourrait se présenter aux élections présidentielles de mars 2024 contre l’actuel président de
l’Ukraine. Bien que le commandant n’ait pas encore exprimé une telle intention, Zelensky s’inquiète d’une éventuelle perte de soutien.
Ce qui est le plus révélateur et renforce l’idée que l’empoisonnement a été orchestré de l’intérieur de Kiev et non de Moscou, c’est que la Russie n’a pas été accusée de la tentative
d’assassinat, comme c’est généralement le cas dans ce genre de situation. Il est tout à fait évident que la série d’empoisonnements fait partie de la tentative de Zelensky de consolider
son pouvoir, surtout après avoir pris la décision très critiquée d’annuler les élections présidentielles du pays prévues pour mars 2024.
Selon un récent sondage, M. Budanov jouit d’une meilleure cote de popularité que le président, avec +45 %. Le même sondage, selon The Economist, suggère que Zelensky risque de perdre une
élection présidentielle s’il s’oppose à Zaluzhny. Dans ces conditions, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Zelensky voudrait que Budanov et Zaluzhny soient tués ou privés de
leur pouvoir.
Il convient de rappeler que la vice-présidente de la commission de la sécurité, de la défense et du renseignement du Parlement ukrainien, Maryana Bezuglaya, avait auparavant ouvertement
demandé la démission de Zaluzhny, invoquant son incapacité à remplir ses fonctions de chef militaire. Les critiques de Bezuglaya à l’égard du commandant en chef se sont intensifiées
récemment, ce qui soulève la question de savoir s’il s’agit d’une vendetta personnelle ou de propos tenus sur ordre de Zelensky.
Depuis le 26 novembre, Mme Bezuglaya a sévèrement critiqué M. Zaluzhny sur les médias sociaux, dénonçant l’absence de plan stratégique pour 2024 et l’accusant de transférer des
responsabilités au bureau présidentiel dans des situations inconfortables. Ses déclarations ont été critiquées par la société ukrainienne, qui l’a accusée de saper la confiance dans
l’armée du pays.
Selon le site ukrainien Strana, la décision sur les conséquences des déclarations de Mme Bezuglaya sera prise par l’entourage de M. Zelensky et son chef de cabinet, Andriy Yermak. Jusqu’à
présent, ni le président ni ses conseillers n’ont réagi à l’incident. Bien que Bezuglaya ait nié toute coordination avec la présidence, la société ukrainienne spécule sur le fait que ses
propos pourraient marquer le début d’une campagne visant à discréditer le commandement militaire, ce qui indiquerait un possible limogeage de Zaluzhny par Zelensky.
Il est peu probable que ces incidents se produisent isolément. La série de tentatives d’assassinat, d’appels à la démission, d’annulations d’élections, d’assassinats de personnalités et
bien d’autres choses encore indiquent une lutte de pouvoir majeure à Kiev. L’empoisonnement de Budanova est probablement le dernier événement en date de cette lutte de pouvoir, mais ce ne
sera certainement pas le dernier
infobrics,1er
décembre 2023
Pertes ukrainiennes et russes comparées
Lors d’une réunion mensuelle de présentation des résultats de “l’Opération Spéciale”, Sergueï Choïgou, ministre
russe de la Défense, a évalué les pertes ukrainiennes lors de la “contre-offensive” commencée en juin 2023 à 125 000 tués et disparus.
Pour l’ensemble de la guerre,voilà le bilan dressé par Rybar, qui confirme les chiffres avancés
officiellement par la Russie
Pendant le temps, les pertes russes relevées par le site indépendant Mediazona ont diminué:
Notons surtout que sur la même période, l’armée russe a perdu environ 5000 hommes tués !
L’armée russe avance en plusieurs points de la ligne de front
+Les forces armées ukrainiennes ont de nouveau utilisé un drone pour attaquer Moscou. Les canons antiaériens russes ont intercepté le drone près du village de Borisovka sans endommager les
habitants ou les bâtiments.
Les forces russes ont à leur tour lancé une attaque combinée sur les installations ennemies dans toute
l’Ukraine. Les aérodromes militaires de Starokostyantyniv et Kanatove ont été la cible de tirs, et une série d’explosions a également eu lieu à Vinnytsia.
Pendant ce temps, des combats acharnés se poursuivent sur les fronts tout au long de la ligne de
contact. Près de Kup’yans’k, les troupes russes ont forcé l’AFU à quitter plusieurs plantations au sud de Lyman Pershyi et sont entrées dans le village de Syn’kivka.
En direction de Soledar, les forces armées russes continuent d’attaquer les positions ennemies au nord
de Bakhmut. Ces derniers jours, les unités d’assaut russes ont réussi à étendre leur zone de contrôle au sud du réservoir de Berkhivs’ke.
En outre, les forces armées russes ont libéré Khromove, un village situé au nord-ouest de Bakhmut. Le
contrôle de cette localité permet de poursuivre l’offensive en direction de Chasiv Yar.
Dans la direction de Donetsk, les troupes russes poursuivent leur opération d’encerclement de la zone
fortifiée d’Avdiivka. En ce moment, le commandement des forces armées russes procède à la rotation et au retrait de forces supplémentaires pour reprendre les opérations d’assaut dans la zone.
Dans la direction de Kherson, les marines ukrainiens continuent de contrôler la partie centrale de
Krynky et effectuent des sorties vers le sud. Les forces armées russes tirent sur les positions de l’AFU dans le village presque entièrement détruit, mais elles n’ont pas encore réussi à
éliminer le point d’appui.
Rybar
international, 30 novembre 2023
La Russie prend de plus en plus évidemment l’ascendant
Les ministres des affaires étrangères de l’OTAN ont reconnu l’échec de la contre-offensive ukrainienne. Au milieu des défaites ukrainiennes, la probabilité d’opérations offensives russes
augmente. La Russie a déjà remporté des succès tactiques dans les directions de Donetsk, Bakhmut et Kupyansk, alors que l’offensive ukrainienne sur la rive orientale du Dniepr est proche de
l’échec.
L’armée russe a toutes les chances de percer les défenses ukrainiennes et de progresser de plusieurs dizaines de kilomètres au début de la campagne d’hiver. Une telle percée permettrait aux
troupes russes d’accéder à l’espace opérationnel dans la partie orientale de l’Ukraine.
La partie ukrainienne n’a plus de forces pour se défendre. Le seul salut pour Kiev peut être le déploiement d’unités de l’OTAN depuis l’Europe et l’intervention à grande échelle de
l’alliance dans la guerre..
Depuis le début du désastre de la contre-offensive ukrainienne face aux troupes russes suivi de la compréhension par les partenaires occidentaux de la
faillite de leur projet sur le territoire de l’Ukraine, le pouvoir à Kiev s’est retrouvé devant une réalité effroyable : Le refus de la continuation des investissements venus des
sources qui lui ont assuré auparavant d’être impérissables – le début de la fin du règne de Zelensky et de son entourage.
Pourtant, une telle fin était parfaitement prévisible. Seule l’ignorance de l’histoire et du mode opératoire doctrinal des protagonistes nous condamne à
sa répétition. Dans mon analyse datant d’un an «La guerre en
Ukraine : les véritables raisons du conflit» j’ai déjà mentionné les éléments constitutifs de la future défaite de Kiev :
«… Au moment venu,
quand le pouvoir américain considérera que le «retour sur investissement» dans la guerre en Ukraine est suffisant ou bien quand il fera le constat que la probabilité à atteindre le
seuil de satisfaction est trop faible – il abandonnera le régime de Kiev. L’abandonnera de la même manière que le régime afghan de Ghani a été abandonné et les kurdes en Irak et en
Syrie ont été abandonnés après avoir accompli, partiellement, les missions qui leurs ont été attribuées par l’Amérique contre la promesse de la création d’un état kurde. La promesse
qui n’engageait que ceux qui l’écoutaient.
De ce fait, et vu
que malgré la pression des sanctions occidentales sans précèdent la Russie dispose toujours de finances publiques saines, dette négligeable, balance commerciale excédentaire et aucun
déficit budgétaire – le conflit en Ukraine ne peut ne pas être importé par les Russes, dans une forme ou une autre.
De plus que,
élément fondamental : Pour la Fédération de Russie ceci est un élément existentiel ; pour les Etats-Unis d’Amérique, comme déjà mentionné, il ne l’est pas…»
Les intentions initiales des
Russes
Les pseudos experts du camp Occidental n’ont trouvé qu’une parade pour justifier leur grave manque de vision, d’anticipation et d’évaluation du
potentiel de Moscou : Répéter les mantras sur l’impuissance de la Russie à continuer à mener la guerre, vu qu’elle reste sur ses positions et n’avance guère sur le front depuis
un an.
La myopie analytique ne leur permet pas de percevoir la réalité dérangeante. Si la Fédération de Russie a eu l’initiative unilatérale au début de la
guerre de proposer la signature de l’accord de paix qui devait avoir lieu à Istanbul, à l’époque quand elle était incontestablement en position de force, y compris selon le point de
vue du camp «atlantiste» – cela ne signifie qu’une seule chose : Au moment d’entrer dans la négociation Moscou avait déjà obtenu la satisfaction au niveau des acquis
territoriaux (les territoires pro-russes récupérés à l’Ukraine) et il ne lui restait qu’à obtenir de Kiev l’engagement sur son statut de neutralité vis-à-vis de l’OTAN, soit
l’assurance juridique de la non présence des forces armées du camp ennemi sur le territoire de l’Etat tampon qu’est devenu l’Ukraine pour la Russie depuis 1991.
Aujourd’hui, la Russie reste stationnée d’une manière inébranlable sur ses positions acquises sur le front et ne se contente qu’à épuiser les dernières
forces matérielles et humaines restantes de l’armée ukrainienne. Ceci n’est ni un signe de faiblesse, ni, encore moins, un hasard.
Les thèses ukraino-occidentales stipulant que la Russie a visé la disparition de l’État ukrainien en tant qu’entité étatique sont, tout simplement,
fantaisistes et ne sont que le reflet d’amateurisme déconcertant de leurs auteurs. Les événements qui ont eu lieu à Istanbul au
début de la guerre en sont la preuve : Si Moscou avait comme objectif la disparition de l’Ukraine – jamais elle ne serait mise autour d’une table de négociation de sa propre
initiative au tout début de la guerre, tandis qu’elle dominait la situation sur le terrain et quand ses troupes étaient positionnées dans les faubourgs de Kiev qui se trouvaient en
état de chaos. Les troupes qui n’ont été retirées qu’en gage de bonne volonté au moment de la signature de l’accord d’Istanbul par la partie ukrainienne. Signature suivie de
l’annulation au lieu de la ratification.
La révélation
Vingt mois se sont écoulés depuis les événements mentionnés. Ce fin novembre 2023, un personnage très controversé de la scène politique ukrainienne a
été mis sur le devant de la scène dans l’espace médiatique ukrainien et a fait des révélations qui ont produit l’effet de l’explosion d’une bombe auprès de l’opinion publique
ukrainienne. Révélation, considérée par la communauté d’experts ukrainiens indépendants comme la plus scandaleuse de l’année en cours.
Dans une interview
accordée à la chaîne de télévision ukrainienne «1+1» par David Arakhamia, qui n’est personne d’autre que le chef de la fraction parlementaire du parti «Serviteur du Peuple» (parti
politique de V. Zelensky), il a évoqué les circonstances des négociations entre la Russie et l’Ukraine qui ont eu lieu à Istanbul en mars-mai 2022 et dont il était à la tête de la
délégation ukrainienne.
Arakhamia se souvient de la position des Russes à l’époque : «Ils ont espéré
presque jusqu’au dernier moment que nous allions accepter la neutralité. Cela était leur objectif principal. Ils étaient prêts à terminer la guerre si nous prenions la neutralité –
comme la Finlande autre fois – et si nous prenions des obligations de ne pas entrer dans l’OTAN».
Il a également mentionné que les «conseillers à la
sécurité» de Washington, de Londres, de Varsovie et de Berlin ont eu accès à l’intégralité des documents discutés sur la table de négociation.
En parlant des raisons de l’annulation de l’accord il en n’a évoqué qu’une seule sérieux – la visite de Boris Johnson à Kiev : …Boris Johnson est venu à Kiev et a
dit que «nous ne signerons rien du tout avec eux. Nous allons, tout simplement, faire la guerre».
Il est à noter que le parlementaire n’a pas prononcé un seul mot concernant Boutcha. Et, rappelons-nous, l’unique version officielle de Kiev et du camp
«atlantiste» de l’époque de la raison de l’arrêt des pourparlers avec les Russes et de l’annulation de l’accord d’Istanbul était le prétendu «massacre de la
population civile perpétré par des troupes russes à Boutcha».
Cet illustre personnage termine son interview avec la grande fierté d’avoir dupé la délégation russe : «Nous avons
accompli notre mission de faire trainer les choses avec la note 8 sur 10. Ils se sont (les russes) décontractés,
sont partis – et nous avons pris la direction de la solution militaire».
Cette révélation télévisée a fait découvrir au grand public ukrainien la réalité de la guerre qui aurait pu aisément être arrêtée dans ses débuts et que
ce n’est qu’à l’initiative directe de l’Occident collectif via son émissaire Boris Johnson qu’elle a été relancée d’une manière forcée et a eu comme conséquences des centaines de
milliers de morts ukrainiens et encore davantage de blessés graves et de mutilés, ainsi que la destruction quasi totale de l’économie et des infrastructures du pays qui prendront des
décennies pour se remettre et revenir au niveau d’avant-guerre qui était déjà tout à fait déplorable.
Le rappel
Etant à l’opposé de tout ce qui était servi par l’appareil de la propagande étatique inégalé agissant en Ukraine et dans les pays occidentaux depuis
bientôt deux ans, les informations révélées ce fin novembre 2023 ont provoquées une véritable stupéfaction auprès des masses ukrainiennes auparavant formatées et endoctrinées
par des récits de toute autre nature.
Pourtant, pour des esprits non aveuglés par des narratifs «otaniens» les choses ont été d’une évidence flagrante dès le début du conflit en
cours.
… L’Eclaireur : La Russie
n’a-t-elle pas néanmoins sous-estimé la capacité de résistance des Ukrainiens ?
Oleg Nesterenko
: Rappelez-vous les expertises sérieuses qui ont été faites sur la capacité de l’Ukraine à maintenir la résistance contre la Russie. À l’époque, juste avant le
déclenchement de la guerre, il était estimé que l’Ukraine ne pouvait tenir qu’un temps très limité face à la Russie.
Contrairement aux informations développées dans les mass médias occidentaux et malgré les événements que l’on observe sur le terrain, j’aimerais
souligner que ces experts qui ont prévu que l’Ukraine ne pourrait résister qu’un temps limité n’ont eu nullement tort. Ils ne se sont nullement trompés dans leurs
prévisions.
Mes paroles peuvent paraitre étonnantes vis-à-vis de ce qu’on observe depuis plus d’un an. Pourtant il n’y a pas à s’étonner. Il ne faut jamais
oublier que le déclenchement de la phase active des hostilités a eu lieu fin février 2022 et que déjà fin mars 2022, il y a eu des pourparlers à Istanbul entre l’Ukraine et la
Russie. Pour quelles raisons une partie qui se sent forte et qui sait qu’elle a encore des capacités considérables de résistance se mettrait-elle autour d’une table de négociation
pour convenir d’une forme de reddition ? Ça n’arrive jamais ainsi. Les Ukrainiens se sont mis autour d’une table de négociation en étant conscients que leurs capacités de
résistance étaient très limitées.
À Istanbul, quand les deux parties ont trouvé un consensus sur la majorité d’éléments clés de l’accord sur l’arrêt des hostilités, quand ils ont été
pratiquement à un pas de la ratification du document de l’accord de paix, il y a eu un virage à 180 degrés du côté ukrainien. Pourquoi ? Il ne faut pas avoir une grande expérience
dans le monde des affaires pour savoir : Dans le cadre de négociation,
quand une des deux parties fait volte-face du jour au lendemain, cela ne signifie qu’une seule chose – cette partie a eu une contre-proposition de la part des concurrents de ceux
qui sont en face d’elle. C’est comme cela que cela se passe dans le monde des affaires. Dans la politique c’est pareil.
Si l’Ukraine a pu se permettre
le luxe de faire une croix sur l’accord de paix, c’est tout simplement qu’elle a reçu une contre-proposition. Et cette contre-proposition ne pouvait venir que du camp
occidental. Les évènements qui ont suivi ont dévoilé les éléments de cette proposition : L’Ukraine a reçu une proposition pour
l’ouverture d’une gigantesque ligne de crédit partiellement payable en armement. En contrepartie, l’Ukraine devait s’engager à s’interdire de conclure un accord
d’arrêt de guerre face à la Russie et fournir «la main d’œuvre» combattante. C’était ça l’accord.
Afin de répondre au second engagement de Kiev, les frontières nationales de l’Ukraine pour sortir du pays ont été fermées. En France, on n’en parle
pas beaucoup – car c’est une vérité trop gênante – mais au début de la guerre il y a eu un gigantesque exode des populations des territoires ukrainiens, notamment de la
population masculine. Les hommes savaient que s’ils ne partaient pas, ils seraient envoyés à la tuerie. Quand on parle à la télévision occidentale de l’héroïsme
ukrainien, ça me fait sourire sachant parfaitement que le pays se serait vidé des futurs combattants en un temps très réduit si les frontières n’étaient pas interdites de
passage. …
La capitulation et le transfert
des responsabilités
Dans cet interview de David Arakhamia, l’une des personnes-clés de la politique de l’Ukraine d’aujourd’hui, en parlant de plusieurs sujets il a
également évoqué la nécessite d’organiser un referendum national sur la question des éventuelles concessions territoriales à la Russie en échange de l’accord de paix.
La signification de cette déclaration est d’une importance stratégique : Le régime de Kiev prépare auprès de l’opinion publique du pays non
seulement sa capitulation, mais également, et surtout, le transfert sur les épaules du peuple ukrainien meurtri depuis bientôt deux ans de la responsabilité de sa politique
désastreuse mise en place par le camp occidental américano-centrique qui a provoqué des centaines de milliers de morts et a dévasté le pays.
Ainsi, ce n’est pas le régime en place, mais soi-disant le peuple qui devra prendre la décision et sur la cessation de guerre et sur la perte
des territoires nationaux.
Nul doute que ce simulacre de referendum ou une initiative similaire aura lieu. Le fait que Zelensky a déjà annoncé que cela sera à la limite de
l’impossible de mettre en place et de réaliser les futures élections présidentielles du 31 mars 2024, car, pour commencer, une partie non négligeable de la population se situant à
l’étranger, sur les champs de batailles ou sur les territoires occupés par la Russie n’aura pas l’accès physique aux centres de vote – ce fait ne sera certainement pas un obstacle
pour organiser la passation de la lourde responsabilité de la perte de la guerre sur les épaules du peuple ukrainien.
Néanmoins, si son excellence monsieur le président Volodymyr Zelensky, étant d’ores et déjà un cadavre politique, n’est pas en train de préparer la
passation du pouvoir vers le parlement ukrainien (Verhovna Rada) aussi ultranationaliste et corrompu que lui-même, et ceci est en dehors de tout processus électoral – ce qui est
hautement probable – des surprises fort désagréables l’attendent dans un avenir proche.
Quelles perspectives militaires pour l'Ukraine ?
Source : CF2R - Note d'actualité n°620 - par Olivier Dujardin - Novembre 2023
Cela a été reconnu publiquement par le chef d’état-major des forces armées ukrainiennes, le général Zaloujny : La contre-offensive est un échec, la situation est
bloquée sur le terrain et l’armée ukrainienne semble, actuellement, dans une impasse stratégique. Il y a bien encore quelques chroniqueurs dans nos médias pour dire qu’il n’y a pas d’échec
ukrainien, que c’est juste la « contre-offensive qui n’a pas
fonctionné » mais, au-delà de la sémantique, la réalité est bien là.
Il ne semble pas encore être question de négociations avec la Russie, le président Zelensky s’y oppose fermement et on peut comprendre pourquoi. La position de
l’Ukraine pour l’ouverture de discussions n’est guère favorable. Les exigences russes risquent d’être encore plus fortes que ce qu’elles étaient lors des pourparlers engagés en mars 2022.
Les Russes exigeaient alors la neutralité de l’Ukraine, sa « dénazification » et sa « démilitarisation », et la reconnaissance de la
Crimée comme territoire russe.
Selon un article du Financial Times publié le 16 mars
2022, les protagonistes semblaient proches d’un accord dont les principaux points étaient : Le cessez-le-feu et le retrait des troupes russes, la déclaration de neutralité de l’Ukraine inscrite
dans sa Constitution, le russe comme co-langue officielle et enseignée dans les écoles et, bien que la Russie ait parlé auparavant de la « démilitarisation » de l’Ukraine, elle
demandait désormais à l’Ukraine des limitations à son armée et l’interdiction des bases militaires étrangères ou des missiles nucléaires sur son territoire. En échange la sécurité de l’Ukraine
serait prise en charge par la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis[1]. La question du statut de la Crimée était remise à plus tard.
Seulement, en mettant fin aux négociations, les Ukrainiens ont fait monter les enchères et, dans ces conditions, on comprend la volonté affichée par leur président
de poursuivre la guerre avec un objectif politique inchangé, à savoir revenir aux frontières de 1991 sans aucune concession sur ses alliances (adhésion à l’OTAN).
Sur cette base, voici 3 scénarios militaires possibles (auxquels on pourrait rajouter toutes les variantes) avec leurs chances de produire l’effet politique
recherché.
SCÉNARIO 1 : L’AIDE OCCIDENTALE SE
RENFORCE TRÈS FORTEMENT
Dans cette option, on imagine que les Occidentaux décident de doter l’Ukraine des moyens militaires lui permettant de réellement repousser l’armée russe. Cela
implique que l’armée ukrainienne se place d’abord dans une position défensive, le temps de former et d’équiper à l’étranger 300 000 à 500 000 nouveaux soldats qui ne seront pas prélevés
sur le front mais seront de nouvelles recrues. Mais il faudra aussi que l’armée continue de mobiliser pour compenser ses pertes. C’est donc un double effort de recrutement qui sera nécessaire :
Trouver ces nouveaux combattants et combler les pertes pour tenir les lignes. Cela exigera aussi de la part des Occidentaux, non seulement de continuer à approvisionner l’Ukraine en armes et
munitions, mais aussi de trouver les ressources pour totalement équiper les nouvelles recrues.
Dans ce scénario, la création de cette nouvelle armée devra se faire de manière plus rationnelle, en standardisant autant que possible les matériels (aujourd’hui
les Ukrainiens mettent en œuvre 19 modèles différents de pièces d’artillerie) afin de faciliter la formation, la maintenance et les chaînes logistiques. Cela se traduira par la fourniture, en
nombre, d’un ou deux modèles de chars, de pièces d’artillerie, de véhicules de combat d’infanterie … modernes. On entend par « moderne » des équipements militaires qui ont une trentaine d’années
au maximum ou qui ont été modernisés il y a moins de 30 ans. Mais il faudra aussi la création d’une force aérienne disposant, non pas de quelques dizaines de F-16 –, presque quinquagénaires pour
les plus anciens – mais d’au moins 200 avions de combat réellement modernes (EF-2000, Rafale, F-16 Block 50
minimum, Gripen, F-18E,
etc.).
Une telle armée totalement équipée et formée arrivant sur le terrain serait, pour le coup, un véritable Game Changer maintenant qu’il est
admis qu’aucun missile, avion ou char miracle n’est, à lui seul, en mesure de modifier le rapport de forces. Cela poserait d’énormes problèmes aux troupes russes qui ne pourraient que très
difficilement faire face à cet afflux de masse associé à un niveau tactique largement amélioré. Difficile de dire si cela serait suffisant pour reprendre militairement l’ensemble des territoires
conquis par la Russie maintenant qu’elle y est bien retranchée. Pendant ce laps de temps, la Russie aussi en profiterait pour se renforcer, mais cela placerait le gouvernement ukrainien dans une
bien meilleure position pour des négociations, surtout que les perspectives de succès russes seraient très amoindries.
Toutefois, un tel schéma est soumis à de nombreuses contraintes. La principale est celle du temps : On estime à 5 ans la durée nécessaire pour
créer et équiper une telle armée. Ce serait d’autant plus vrai pour la force aérienne puisqu’il faudrait former de A à Z des recrues sans aucune expérience de pilotage. La qualité de la formation
est extrêmement importante : Inutile de fournir un matériel de pointe si les utilisateurs ne savent pas l’exploiter correctement. Il faut également poursuivre le soutien en armes et munitions
pendant ces cinq années, tout en prévoyant le matériel et les munitions nécessaires à cette nouvelle armée. Voilà qui demandera aux pays occidentaux, sur une longue période, un effort budgétaire
et industriel extrêmement important qui devra s’appuyer sur une volonté politique puissante et durable de soutien à l’Ukraine. Il y a aussi un risque géopolitique puisqu’un tel effort
siphonnerait probablement les capacités budgétaires, industrielles et militaires des pays impliqués, ce qui les rendrait plus vulnérables au cas où une autre crise internationale éclaterait. On
en voit déjà les risques avec le Moyen-Orient où les États-Unis doivent « partager » leur aide militaire vers Israël entre l’Ukraine. Se pose aussi la question de savoir si la
population ukrainienne sera en mesure d’accepter encore plusieurs années de sacrifices même si ce scénario offre de réels espoirs de victoire militaire.
Ce cas de figure n’est, à l’heure actuelle, clairement pas le plus probable même si c’est celui qui permettrait au gouvernement ukrainien de se rapprocher le plus
de ses objectifs politiques.
SCÉNARIO 2 : L’AIDE OCCIDENTALE SE
MAINTIENT À PEU PRÈS AU MÊME NIVEAU
L’aide occidentale se maintient dans la durée, sans baisse majeure. Cela permet à l’armée ukrainienne de garder à peu près le même format, à condition
d’arriver à recruter pour compenser les pertes. Cela restera sans doute insuffisant pour percer durablement et de manière significative les lignes russes. Dans cette hypothèse, le
conflit se prolongera, faisant croître le risque politique interne en Ukraine. En effet, quelle sera l’acceptabilité d’une guerre à long terme sans perspectives nettes de victoire ?
De plus, la position ukrainienne en vue de négociations ne sera pas améliorée car tout repose sur l’espoir de voir la Russie s’écrouler. En effet,
son effondrement politique, ou économique sous l’effet des sanctions et du poids de la guerre, serait de nature à créer des conditions de négociations plus favorables à l’Ukraine.
La réalisation des objectifs politiques de l’Ukraine ne dépend donc pas de ses propres atouts mais de la capacité de la Russie à durer. Si l’effondrement économique
et/ou politique russe reste une possibilité largement évoquée, voire prédite par certains, force est de constater que cela ne s’est pas encore produit et que rien ne garantit que cela se
produira.
Ce scénario implique aussi que les pays occidentaux fassent un effort substantiel pour produire davantage d’armes et de munitions car il semblerait que les stocks
disponibles aient été largement vidés. Or, à ce jour, malgré quelques annonces, les possibilités d’accroître la production industrielle militaire restent modestes et il est possible que cette
aide ait du mal à se maintenir au même niveau. Ainsi, même ce scénario a, pour le moment, une probabilité moyenne de se réaliser.
SCÉNARIO 3 : L’AIDE OCCIDENTALE
S’ARRÊTE OU DIMINUE FORTEMENT
C’est l’hypothèse qui apparaît aujourd’hui de plus en plus probable et qui ne va certainement pas favoriser la position ukrainienne dans les futures négociations
qui s’ouvriront forcément un jour.
Il est évident que cette situation privera assez rapidement l’Ukraine, en quelques semaines ou mois, de toute capacité offensive. Il ne sera plus question de briser
les lignes russes. Tout ce que pourra faire l’armée ukrainienne sera de tenir autant que possible la ligne de front et ralentir au maximum toute progression russe en la rendant la plus coûteuse
possible en hommes et en matériel. Si l’armée ukrainienne applique des techniques de guérilla et de guerre asymétrique derrière les lignes russes, elle peut rendre l’avancée et la tenue du
terrain impossibles à long terme pour la Russie. Toutefois, si la Russie décide de rester sur une position défensive, cela figera le front durablement et entérinera plus ou moins officiellement
ses gains territoriaux.
On notera que, même dans ce cas, la conquête militaire complète de l’Ukraine par la Russie reste hautement improbable, sauf très hypothétique effondrement complet
du régime ukrainien. La Russie n’a ni les moyens humains, ni les moyens matériels pour conquérir et surtout tenir un tel territoire.
Là aussi, l’espoir ukrainien résidera uniquement, comme dans le scénario précédent, dans un hypothétique effondrement russe.
*
La guerre n’est qu’un mode d’action devant produire les conditions politiques souhaitées. En voulant poursuivre le conflit, le président Zelensky fait le pari, qu’à
long terme, ces conditions s’amélioreront et lui permettront d’atteindre ses objectifs politiques. Cette stratégie est risquée car, dans aucun des scénarios, l’Ukraine n’est réellement
maîtresse de son destin. Celui-ci repose à la fois sur le bon vouloir des Occidentaux et sur l’espoir de voir la Russie s’écrouler, deux paramètres sur lesquels le président ukrainien
n’a que (très) peu de prise.
Un opposant à Zelensky propose de concéder à la Russie les territoires qu’elle a conquis au profit d’une adhésion à l’OTAN. Cela garantirait les nouvelles
frontières d’une Ukraine, certes rognée, mais qui continuerait à exister dans le camp occidental. Difficile de dire si la Russie pourrait se satisfaire de ce compromis dans la mesure où
l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est sans doute le point auquel la Russie est la plus opposée. Néanmoins, compte tenu de ses pertes importantes (cette guerre lui a déjà coûté
cher), les territoires conquis pourraient être présentés par les autorités russes, comme un « glacis » protecteur servant à repousser l’OTAN, leur offrant ainsi une porte de sortie
honorable. Il n’est pas certain qu’une telle proposition soit vraiment meilleure que ce qui avait été négocié en mars 2022.
Le plus gros risque pour l’Ukraine, à mesure que la guerre se prolonge, est que les conditions de négociation lui soient de moins en moins favorables. En rompant
les pourparlers en mars 2022, l’Ukraine a peut-être perdu une occasion de sortir de cette guerre sans trop de casse et en gardant pratiquement tous ses territoires, excepté la Crimée. L’avenir
nous dira si le pari du président Zelensky aura été payant ou si l’histoire lui fera payer le sacrifice de son peuple pour un objectif qui sera resté hors de portée.
En Ukraine, les pressions excercées des anglo-saxons à passer à une stratégie défensive résultent de l'échec de la contre-offensive ukrainienne mais aussi
de l'accroissement prévisible du coût de l'aide militaire à l'Ukraine en 2024.
Billet du Lundi 27 novembre 2023 rédigé par le Général Jean-Bernard Pinatel Membre fondateur et Vice-Président de Geopragma.
Moins d’un mois après « The Economist », magazine d’actualité britannique considéré comme un des hebdomadaires les plus influents du monde anglo-saxon[1], Foreign
Affairs, magazine leader du domaine géopolitique et des relations internationales, constate aussi que la contre-offensive a échoué et recommande à l’Ukraine de changer de stratégie. Cette
publication reprend des arguments avancés par le chef d’Etat-Major des Armées ukrainien,[2] le General Valery
Zaluzhny, qui, le 1er novembre, dans un interview à « The Economist » a rompu avec la ligne officielle en admettant
que : La guerre est dans une impasse[3],
mettant ainsi en lumière sur la place publique le différend qui l’oppose au chef de l’Etat Zelenski.
Les auteurs en tirent la conclusion que l’Ukraine doit stopper toute action offensive et choisir une stratégie
défensive car : « L’approche
actuelle de Kiev est basée sur des coûts élevés et des perspectives faibles, ce qui place les Ukrainiens dans la position délicate de demander une aide occidentale illimitée au nom d’un effort
avec des chances de succès décroissantes »[4]. Pour les auteurs, l’intérêt de changer de stratégie permettrait : « de sauver des vies et de l’argent à l’Ukraine et de réduire
ses besoins en matière de défense de l’Occident, ce
qui pourrait s’avérer essentiel si le soutien des États-Unis tombe et que l’Europe porte le fardeau.
Le coût de la guerre va
fortement augmenter en 2024 pour les sponsors de l’Ukraine.
Contrairement aux statistiques publiées, la valeur de l’aide militaire fournie par les pays anglo-saxons et l’UE n’est pas aussi élevée que les statistiques publiées le montrent car elle est
évaluée en se basant sur le coût d’acquisition des matériels et des munitions alors que ceux-ci étaient majoritairement stockés en attendant d’être démantelés ou étaient en train d’être retirés
du service. Il aurait été plus normal de prendre en compte la valeur résiduelle des matériels dans ces évaluations à laquelle il fallait ôter le coût du stockage et du démantèlement car ces
matériels et ces munitions ont été livrées à l’Ukraine qui les a consommés.
Or désormais il n’y a plus de stocks transférables depuis l’Ouest et si on doit aider l’Ukraine en 2024 au même niveau qu’en 2022 et 2023 les matériels et munitions devront être
toutes achetées et donc comptabilisées au prix d’acquisition.
Cette analyse est fondée sur plusieurs documents parlementaires français et américains.[5]
Entre le 24 janvier 2022 et le 31 mai 2023, selon ce graphique, les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont fourni, 105 milliards à l’Ukraine qui se décomposent ainsi 50 milliards d’aide militaire
et 55 milliards d’aide financière. Les institutions de l’UE et les pays de l’UE ont fourni 64 milliards d’aide qui se répartissent à moitié en aide militaire et financière.
En réévaluant l’aide militaire à sa valeur réelle 30% du prix d’acquisition pour les matériels retirés du service, à laquelle il faut ôter le coût du démantèlement et du stockage que les pays
donateurs n’auront plus à supporter (de l’ordre de 10 à 20% du prix d’acquisition en moyenne).
On est plus près de la vérité en considérant que l’aide
militaire des pays anglo-saxons et des pays et institutions européens a, en fait, comptablement couté aux pays anglo-saxons et à l’UE au plus une vingtaine de milliards et non pas la valeur
affichée de 80 milliards.
En revanche s’il fallait soutenir militairement l’Ukraine au même niveau en 2024 qu’en 2023, il faudrait acquérir ces matériels neufs au prix fort car les stocks sont vides.
Sur quelles bases peut-on avancer cela ?
Les Etats-Unis et la France avec ses VAB et ses AMX10 ont transféré une majorité d’armements qui étaient en stocks ou en cours de retrait des unités (les canons César et les HIMARS sont
l’exception).
La démilitarisation du matériel militaire est divisée en un certain nombre de catégories, décrites dans le manuel d’analyse des coûts de l’Armée de terre et réparties dans des documents
subordonnés. L’examen de ces documents n’est pas sans intérêt. Le point important est que ces coûts de démilitarisation sont considérables.
En faisant don à l’Ukraine de ces armes anciennes et sur le point d’être démilitarisées, les États-Unis et à ses alliés de l’OTAN, ont évité de devoir assumer ces coûts car les matériels retirés
du service sont stockés en vue d’être démantelés. Il faut donc comptabiliser la valeur résiduelle des armements et l’économie réalisée en coûts de stockage[6] et démantèlement.
Ce dernier coût est très variable selon la nature du matériel à démanteler. Il s’établit en France dans une fourchette entre 1500€ à 150 000€ par tonne. Pour la France qui avait 280 000 tonnes de
matériels stockés[7] en 2015. Si ce stock était totalement
transféré à l’Ukraine, la dépense totale du démantèlement ainsi épargnée, serait de plusieurs milliards sans compter le coût du stockage.
Il est difficile d’obtenir des données réelles pour faire des estimations financières exactes, mais nous avons un exemple américain concret de l’achat d’armes chimiques durant la guerre froide et
de la démilitarisation de ces armes alors qu’elles vieillissaient. Certes le coût de démilitarisation d’armes chimiques ou nucléaires est plus élevé que celui d’armes classiques même s’il faut
tenir compte du désamiantage pour les navires qui génère des coûts très élevés au point que la décision de couler les vieux navires est souvent prise.
Le rapport américain de 1985 du GAO, intitulé CHEMICAL MUNITIONS Cost Estimates for Demilitarization and Production, indique que le coût de construction de l’arsenal chimique américain nécessaire
pour dissuader l’URSS d’utiliser des armes chimiques contre nos alliés de l’OTAN a été estimé comme suit « les coûts totaux de production pour les trois systèmes binaires au cours des 8
prochaines années » : « 2,749 milliards de dollars, dont 178 millions de dollars pour la recherche et le développement, 312 millions de dollars pour les
installations et 2,259 milliards de dollars pour la production. » Les coûts de démilitarisation de ces armes ont été estimés à
« environ 1,7 milliard de dollars » soit 52% du coût d’acquisition.
En
conclusion
Il devient de plus évident que si Zelenski ne se range pas rapidement à cette stratégie défensive que les anglo-saxons utiliseront pour le faire plier l’argument du coût de l’aide, le différend
stratégique et politique entre lui et son chef d’état-major ainsi que sa décision de reporter l’élection présidentielle ukrainienne, prévue en 2024, au prétexte qu’il est difficile d’organiser
des élections présidentielles en temps de guerre[8] que Poutine a pourtant maintenu à mars
2024 en Russie.
Il est aussi à espérer que les dirigeants européens qui se sont comportés, jusqu’à présent, en bons vassaux de Washington au lieu de défendre les intérêts de leurs citoyens, refuseront de
supporter seuls le coût croissant de la poursuite de cette guerre dont les premiers bénéficiaires sont les anglo-saxons.
[1] dont les actionnaires sont plusieurs des plus grandes fortunes du monde :
la famille Agnelliavec une participation des familles Rothschild, Cadburry et Shroders
https://www.economist.com/leaders/2023/09/21/ukraine-faces-a-long-war-a-change-of-course-is-needed
[3] « General Valery Zaluzhny admits the war is at a stalemate».
[4] . Kyiv’s existing approach is one of high costs and low prospects, putting Ukrainians in the awkward position of asking for open-ended Western assistance
on behalf of an effort with diminishing chances of success.
1) les charges relatives au personnel (magasiniers, caristes, personnels
de surveillance (salaires et rémunérations du personnel en charge des stocks ; charges patronales liées au personnel en charge des stocks).
2) Les charges relatives à l’infrastructure logistique :
charges de location des bâtiments ; primes d’assurances (risques d’incendie, de cambriolage et autres risques semblables) ; amortissements des installations de stockage (intérêts du
capital investi dans l’implantation ; charges d’entretien et de maintenance ; chauffage, électricité, eau, téléphone…).
3) Les charges relatives aux marchandises
entreposées (avaries, obsolescence, rebuts associés à des traitements non appropriés ou à un stockage prolongé ; primes d’assurances en responsabilité civile relative aux
produits ; coûts de l’immobilisation financière, intérêts du capital investi dans les marchandises (capital improductif).
4) Les charges relatives aux outils et autres matériels de travail
utilisé.
[7] Rapport parlementaire sur la fin de vie des matériels page 33
[8] et plus probablement pour empêcher Zaluzhny, plus populaire que lui, de se présenter
Maintenant que l’Empire blanc a trouvé une population pauvre sur laquelle larguer des bombes coûteuses à Gaza, il coupe les ponts avec l’Ukraine.
Qu’entendez-vous à propos de l’Ukraine maintenant ? Des bruissements. Les sauterelles mécaniques de l’Empire se sont déplacées vers Gaza, pour se nourrir de pauvres âmes sans défenses
aériennes. C’est le régime habituel de l’OTAN.
Aujourd’hui, c’est à peine si les organes de propagande privatisés couvrent l’Ukraine. Zelensky n’arrive pas à se faire entendre au Capitole, ni même à
Oprah. Ce sont aussi ces mêmes médias qui publient des articles sur la défaite ou l’impasse dans laquelle se trouve l’Ukraine, et qui disent qu’elle doit négocier. Ils sont, comme on
dit, en train de lâcher le morceau. Dans le même temps, le Congrès américain ne débloque pas de fonds supplémentaires pour l’Ukraine, à un moment où tout retard est synonyme de mort.
Joe Biden a dit qu’il serait aux côtés de l’Ukraine jusqu’à la fin, et c’est le cas.
Quand les groupes de réflexion
battent en retraite
C’est d’abord l’armée des think tanks qui abandonne l’Ukraine. Dans Foreign
Affairs, le monstre du marais Richard Haas parle de «reconsidérer
le succès en Ukraine» comme un échec. Dans le Wall Street
Journal, certains criminels de Carnegie affirment qu’il est temps
de mettre fin à la pensée magique sur la défaite de la Russie. Bien sûr, ils continuent de penser «magiquement» qu’il ne s’agit pas d’une défaite pour l’OTAN, ce qui est pourtant
le cas La grande astuce impériale consiste à faire oublier la dernière guerre en enterrant de nouvelles personnes sous les décombres, et c’est précisément ce qu’ils sont en train de
faire aujourd’hui.
Les élites occidentales se désintéressent tout simplement de la lutte contre une véritable armée en Russie puisqu’il y a des femmes et des enfants à
tuer en Palestine, ce qui est beaucoup plus facile. Le complexe militaro-industriel n’est tout simplement pas fait pour s’attaquer à quelqu’un de sa propre taille, et c’est le
problème auquel ils ont été confrontés face à la Russie. Tout l’armement lourd de l’OTAN est conçu pour tirer sur des poissons dans un tonneau et
s’effondre complètement si le poisson est équipé d’un radar. Ils gagnaient encore beaucoup d’argent en perdant du matériel coûteux en Ukraine, mais c’était du mauvais
marketing que de voir toute cette «aide létale» brûler en public.
À Gaza, en revanche, ils peuvent tester des drones sniper et de nouveaux types de bombes incendiaires sur des victimes qui ont, en moyenne, cinq ans.
C’est davantage la tasse de thé sanglante de l’Empire, et cela l’a toujours été. Ces types ont fait leurs armes dans le génocide et l’arbre de la Liberté™ doit être fréquemment arrosé
du sang des innocents. Il en a été ainsi depuis la «colonisation» des États-Unis, du Canada et de l’Australie jusqu’à la diaspora des tribus européennes violentes dans le monde
entier. Elles ont toujours tué des populations entières, en particulier des enfants, et Israël n’est qu’une affaire impériale comme les autres. Il semble tout simplement atrocement
déplacé aujourd’hui. Mais c’est ce qu’ils sont et ont toujours été.
Le complexe militaro-industriel américain est presque exclusivement orienté vers ce qu’il appelle la «contre-insurrection». Il s’agit simplement d’un
nouveau terme pour désigner la vieille pratique consistant à massacrer les indigènes. Ils ont toujours qualifié les indigènes de «sauvages» pour justifier la sauvagerie dont ils sont
victimes. Le meurtre de populations civiles et d’armées ad hoc est ce qui convient le mieux à l’Empire, c’est ce sur quoi il a été fondé. À l’exception d’un bref intermède où ils se
sont affrontés au nom de l’Empire lors de la Seconde Guerre mondiale, c’est leur principale activité depuis toujours. Tuer les gens, s’emparer de leurs biens et les traiter de
sauvages lorsqu’ils résistent. C’est le credo fondateur de la civilisation occidentale. Israël n’est que la dernière colonie plantée au milieu de ressources qu’ils convoitent, dans le
cadre de la stratégie séculaire consistant à diviser pour mieux régner. La Palestine n’est que le dernier endroit à conquérir.
Le seul problème, c’est que, maintenant, les choses sont légèrement différentes. Les autochtones ont des armes antichars, les massacrés ont des
smartphones, et l’Empire lui-même ne peut ni lever de véritables armées, ni produire suffisamment d’armes. Mais je vais trop vite. Même dans le cadre de cet article, j’oublie
l’Ukraine, parce qu’elle est si facilement oubliable. Il suffit de dire que les groupes de réflexion battent en retraite, ce qui signifie que les chars suivront bientôt.
Les chars suivront
La lecture de la presse occidentale (qui n’est que de la propagande privatisée) est inutile pour comprendre le monde, mais elle permet
de comprendre la vision du monde
de ces crapules. À l’heure actuelle, ils s’en prennent ouvertement à l’Ukraine. Lire les déclarations des gouvernements occidentaux est également inutile (ils ne
racontent que des conneries), mais vous pouvez regarder leurs budgets, ou leur absence de budget. Comme l’a dit le génocidaire Joe Biden, «Ne me dites pas
ce que vous appréciez, montrez-moi votre
budget et je vous dirai ce que vousappréciez».
Selon cette logique, il est évident que l’Amérique n’accorde plus de valeur à l’Ukraine puisqu’elle ne lui alloue pas d’argent.
Le Congrès américain défaillant n’a pas approuvé de financement supplémentaire pour l’Ukraine. Ils peuvent à peine financer leur propre pays pendant
deux mois, mais ils trouvaient toujours des dizaines de milliards sous le matelas pour l’Ukraine. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le Pentagone, qui n’est pas contrôlable, déplacera
une partie de l’argent du sang pendant un certain temps, mais ce lucre immonde est de plus en plus alloué à Israël, l’Ukraine se retrouvant en fin de file. Pendant ce temps, l’Europe
peut faire des promesses, mais sa population est agitée et toute la région s’est désindustrialisée sans le gaz russe. Elle n’est pas fiable non plus.
L’Ukraine se retrouve donc sans amis et sans défense au pire moment. Elle doit «montrer» des offensives pour obtenir des fonds supplémentaires, mais
elle ne peut même pas défendre ce qu’elle a sans financement supplémentaire. C’est un cercle vicieux. En réalité, même le «financement» ne suffit pas, car il faut être capable de
produire des choses et d’engager de la main-d’œuvre pour gagner des guerres, ce que l’OTAN n’est pas en mesure de faire ou n’est pas disposée à faire. Ce sont fondamentalement des
lâches habitués à larguer des bombes coûteuses sur des pauvres gens, et non à soutenir une guerre industrielle contre une puissance homologue. L’OTAN est à court de ressources et de
patience, et l’Ukraine n’a donc pas de chance.
Les groupes de réflexion disent qu’il n’y a plus de raison de mener cette guerre, le Congrès dit qu’il n’y a plus d’argent, et, ce qui est encore pire,
les médias occidentaux ne disent rien. L’idée de l’Ukraine de se battre avec son voisin a toujours été stupide, elle a été mal exécutée, et maintenant l’Ukraine est finie. Comme l’a
dit John Mearsheimer il y a quelques années, «nous menons
l’Ukraine sur un chemin des primevères et l’Ukraine va se faire démolir». Et c’est exactement ce qui s’est passé. C’est déjà fini. Il faut juste un certain temps pour que le
signal atteigne le cerveau des citoyens impériaux.
L’Ukraine ne fait plus la une des journaux, elle n’est plus dans le budget, et les think tankers la frappent avec des tirs amis. La Russie peut avancer
à sa guise, l’Amérique est sur le point de se chier dessus à cause d’une élection, et l’Europe n’a jamais existé. L’Ukraine a été abandonnée et est donc perdue. La vérité, c’est que
l’Ukraine n’aurait jamais dû se battre avec son voisin direct et ses propres citoyens russophones, mais c’est ainsi. Il est difficile de blâmer l’Ukraine, car le dernier gouvernement
«pro-russe» qu’elle a eu a fait l’objet d’un coup d’État et a été remplacé par des compradores (également) corrompus. Comme l’a dit Henry Kissinger il y a plusieurs décennies,
«il peut être
dangereux d’être l’ennemi de l’Amérique, mais être l’ami de l’Amérique est fatal».
Comme de nombreux pays avant elle, l’Ukraine l’a appris à ses dépens. L’Amérique n’a pas d’alliés, elle n’a que des intérêts, et l’Ukraine ne
l’intéresse tout simplement plus. C’est fini.
Analyse lucide pour les naïfs dindons européens qui vont tout perdre
Source : Riposte Laïque - par Jacques Guillemain - Le 25/11/2023.
En introduction, voici le dernier bilan des pertes donné par l’historien Marc Legrand. Les pertes de Wagner ne sont pas comptabilisées ici. Ces chiffres sont des estimations basses.
Depuis le 4 juin 2023, l’armée ukrainienne a perdu 108 000 soldats tués. Elle perd 20 000 soldats par mois. Mais le rythme des attaques s’est ralenti.
Voici une remarquable analyse du conflit ukrainien et de ses conséquences économiques et géopolitiques. Un document lucide et objectif introuvable dans nos médias dominants, tant la culture
géopolitique de nos journalistes, mais aussi celle de nos généraux de plateaux TV, est d’une médiocrité affligeante.
Tout, dans le narratif occidental imposé par le Système, n’est que mensonge et incompétence. La désinformation quotidienne de nos médias n’a rien à envier à celle de la Corée du Nord.
François Martin est consultant international sur les pays émergents et spécialiste des questions stratégiques. Il nous livre le bilan de la situation après 21 mois de guerre, en sept
questions/réponses.
1. Quelle est votre analyse sur la contre-offensive ukrainienne et les pertes colossales des forces armées de Kiev ?
Une victoire ukrainienne est impossible compte tenu du rapport de forces. Les Russes, qui pensaient sécuriser le Donbass et négocier rapidement, n’ont d’abord aligné que 150 000 soldats. Mais
l’engagement de l’Otan à soutenir massivement Kiev a changé la donne. Les Russes se sont donc repliés dans le Donbass et sont montés en puissance pour mener une guerre longue et de haute
intensité. Ils peuvent aligner actuellement entre 700 000 et 1 000 000 de soldats. De plus, le rapport entre les deux artilleries est de 1 à 10 en faveur des Russes. Et
ces derniers possèdent en outre la meilleure défense antiaérienne au monde.
Mais nos médias méconnaissent l’armée russe. Aucun d’eux n’est allé voir comment ça se passait de ce côté, préférant dénigrer un outil de combat qu’ils ne connaissent absolument pas.
En allant se briser sur les défenses russes, la contre-offensive ukrainienne n’avait aucune chance de réussir. Le problème est que Zelensky veut des résultats pour obtenir armes et argent. C’est
une boucherie et si on visitait les hôpitaux ukrainiens on y verrait des choses effroyables.
2. Que pensez-vous de l’idée des responsables européens d’intégrer l’Ukraine dans l’Union ?
L’UE se discrédite en répétant le narratif otanien qui laisse entendre que l’Ukraine va toujours mieux et peut intégrer l’Union. Kiev ne répond à aucun critère d’adhésion. C’est un pays en guerre
qui nous obligerait à intervenir pour le défendre. C’est aberrant et irréalisable.
3. L’UE a dépensé 80 milliards d’euros pour soutenir l’un des gouvernements les plus corrompus d’Europe. Quel en est le résultat ?
Le résultat c’est qu’on a retrouvé l’argent sur les comptes off-shore et les armes au Moyen-Orient et en Afrique. Pour faire tourner le seul Etat ukrainien, sans parler de la guerre, il faut 7
milliards par mois pour payer les fonctionnaires et assurer les services publics. La corruption dans un pays en guerre est démentielle. Il y a la corruption locale, mais aussi la corruption au
niveau des Etats. Tu poursuis la guerre et je finance ta campagne électorale. C’est ainsi que pratiquent les industries de l’armement à la veille des élections américaines. En Ukraine des valises
avec des millions de dollars en liquide changent de mains. Des convois entiers d’armements divers n’arrivent jamais sur le front et sont revendus.
4. L’Europe a perdu de plus en plus sa souveraineté à cause de la politique de Washington. Quid de l’économie européenne suite à cette politique ?
L’Europe est la première à souffrir car elle a fait un blocus contre la Russie qui lui revient en boomerang, pour la simple raison que Moscou s’est retournée vers le Sud global. Le blocus n’étant
pas étanche, les Russes en souffrent peu. Ajoutons que les Américains qui nous demandent de nous priver du gaz russe, continuent d’en acheter à Moscou, comme les engrais et autres produits
essentiels. Le résultat est que le coût de l’énergie ruine les entreprises européennes qui vont s’installer aux Etats-Unis où l’énergie est moins chère. C’est double peine pour l’UE mais double
bénéfice pour l’Amérique.
5. Ne pensez-vous pas que cette guerre en Ukraine a bénéficié aux Américains afin de diviser l’UE et la Russie et d’empêcher tout développement des relations entre Moscou et l’Europe
?
C’est la clé de tout. Ce sont les Russes qui ont cassé les reins de l’armée allemande, mais la guerre ne s’est pas arrêtée en 1945. La volonté des Américains de briser l’amitié franco-russe et
d’empêcher tout rapprochement avec l’Europe date de la fin de la guerre froide. Dès la chute du Mur de Berlin, il a fallu recréer un nouveau Rideau de fer. La Seconde Guerre mondiale s’est en
fait terminée en 1989. Et aussitôt a commencé la troisième guerre mondiale pour diaboliser à nouveau la Russie, l’affaiblir et lui interdire d’intégrer l’Europe.
6. Cette guerre a donc renforcé les BRICS et a accéléré la démondialisation ?
Le monde a changé à notre insu car nous vivons dans la bulle occidentale de notre splendeur passée. Mais Chinois, Indonésiens, Africains, Indiens, Saoudiens, Russes, veulent tous leur part du
gâteau. Poutine s’est toujours posé en héraut du Sud global, le champion des ex-pays colonisés. Tous ces pays qui émergent et ont rattrapé l’Occident, ont la main d’oeuvre pas chère, des matières
premières et des marchés gigantesques. Ils n’ont pas besoin de nous. Tous ces peuples disent “One day, we, like you”. Le rêve de tout Chinois est de surpasser l’Amérique. Mais ce mouvement
décolonial n’est pas forcément synonyme de monde en guerre. Ces peuples veulent faire des affaires. Mais l’Occident, avec son océan de dettes, que peut-il espérer ? La France doit sortir de cet
alignement suicidaire et retrouver la politique du général de Gaulle, qui ne voyait la France que grande et souveraine.
7. Comment pensez-vous que va se terminer cette guerre ?
L’Ukraine n’a plus d’armée. Poutine voudra certainement prendre Kramatorsk et Odessa, ville russe qui connut des atrocités innommables après le coup d’Etat de 2014. Mais une fois la paix revenue,
les Européens voudront se rapprocher à nouveau de la Russie pour ses précieuses matières premières. Les Américains s’y opposeront. Nous resterons donc dans une sorte de paix armée, comme en
Corée. Les Russes, de leur côté, seront les leaders des pays du Sud, avec les Chinois. Ils attendront le déclin de l’Amérique afin que l’Europe recouvre sa souveraineté.
Conclusion
Les lecteurs de RL connaissent déjà l’essentiel de cette analyse. Mais cela a le mérite d’être dit, alors que les médias continuent de tenir le discours victorieux de 2022. Il faut aider
Kiev.
Zelensky vient de déclarer qu’il lui faut des armes pour poursuivre la guerre, il veut 50 milliards d’euros et surtout il attend que son pays intègre l’UE. C’est le forcing permanent.
Espérons que cette folie n’aboutira jamais, quelles que soient les pressions de nos ennemis d’Amérique.
Le rapport quotidien (en russe) du ministère russe de la Défense ne fait état que de 340 victimes ukrainiennes, c’est-à-dire des morts et des blessés. Il s’agit du
deuxième chiffre le plus bas depuis le début du mois de mars, lorsque j’ai commencé à résumer les chiffres quotidiens.
Le mauvais temps se poursuivra au cours des prochaines semaines. Il empêche les drones de voler et de se déplacer dans les champs désormais marécageux. Le
niveau des combats sera donc faible.
Néanmoins, la guerre continue. Récemment, plusieurs articles importants, presque tous pessimistes pour l’Ukraine, ont été publiés dans les médias
traditionnels.
Tout en comparant l’OMS à la guerre totalement dévastatrice contre Gaza, il écrit :
La stratégie et les tactiques de guerre de la Russie sont précisément conçues pour éviter les pratiques qui feraient un grand nombre de victimes civiles
ukrainiennes et militaires russes. La stratégie consiste à détruire les forces militaires ukrainiennes et leur potentiel. Pour l’instant, la Russie cherche à remporter la victoire dans
son OMS non pas pour conquérir un territoire, contrairement aux illusions occidentales, mais pour vaincre l’armée ukrainienne et le régime du Maïdan, afin de forcer Kiev à acquiescer à
ses objectifs politiques :
(1) accepter les annexions par la Russie de territoires menacés par la discrimination, la répression et la violence ukrainiennes ;
(2) renoncer à l’adhésion et aux liens étroits avec l’OTAN ;
(3) et adopter des mesures pour protéger la langue russe et les Russes ethniques dans tout ce qui restera de l’Ukraine.
Cela équivaut aux objectifs déclarés de Poutine de “démilitarisation” et de “dénazification” de l’Ukraine du Maïdan.
Yves Smith, du site Naked Capitalism, examine ce qu’il pourrait rester ou pas
d’un futur État ukrainien :
Militairement, l’Ukraine s’approche d’une situation catastrophique. Cela ne signifie pas que l’effondrement est imminent ; les variables clés sont de savoir
si les dirigeants militaires ukrainiens se révolteront contre Zelensky et avec quelle intensité la Russie s’enfoncera dans la faiblesse croissante de l’Ukraine. La Russie peut préférer y
aller lentement (attention, elle fait un effort concerté pour percer à Avdiivka, ville bien fortifiée), non seulement pour réduire les pertes de ses troupes, mais aussi pour saigner
encore plus l’Ukraine et donner à l’Occident le temps de s’adapter psychologiquement à la prostration de l’Ukraine.
Je suis en grande partie d’accord avec tous les articles ci-dessus. Ensemble, ils présentent une image excellente et réaliste de l’état de la guerre et de ses
conséquences plus larges.
Il convient également de noter un article récent d‘El Pais dans lequel des membres de la 47e brigade
ukrainienne, formés et équipés d’armes occidentales, décrivent leurs pertes, les défaillances de leurs armes et leur manque de munitions :
Frederick B. Hodges, lieutenant-général à la retraite et ancien commandant en chef de l’armée américaine en Europe, a souligné qu’il était trompeur
d’évaluer le succès de l’Ukraine simplement en fonction du territoire gagné par ses forces. Il s’est dit continuellement frappé par le fait que certains observateurs de la guerre restent
linéaires et centrés sur le territoire.
En effet, la guerre n’est pas une question de territoire. Il s’agit de vaincre l’ennemi. Comme l’a écrit Gordon Hahn ci-dessus :
Cela équivaut aux objectifs déclarés de Poutine de “démilitarisation” et de
“dénazification” de
l’Ukraine du Maïdan.
Tant que l’armée ukrainienne attaque, il n’est pas nécessaire que l’armée russe prenne davantage de territoire. Elle se contente de démilitariser tout ce qui se
présente à elle.
L’article du NYT ne dit pas où Hodges veut en venir. Les articles
précédents du NYT indiquaient qu’il
travaillait comme lobbyiste :
… Frederick B. Hodges, l’ancien commandant en chef de l’armée américaine en Europe, qui travaille aujourd’hui pour le Center for European Policy Analysis
(Centre d’analyse de la politique européenne).
Le Center for European Policy Analysis, ou CEPA, est un groupe de pression anti-russe situé à Washington DC et financé par des techno-milliardaires, des fabricants d’armes, le département d’État américain et l’OTAN.
Mais qu’en est-il de la citation de M. Hodges et pourquoi l’ai-je relevée ?
La voici dans son intégralité :
Frederick B. Hodges, lieutenant général à la retraite et ancien commandant en chef de l’armée américaine en Europe, a averti qu’il était trompeur d’évaluer
le succès de l’Ukraine simplement en fonction du territoire gagné par ses forces. Il s’est dit continuellement frappé par “la linéarité et l’orientation terrestre
de certains observateurs” de la guerre.
“Il est révélateur qu’après neuf ans de
conflit, deux ans après l’invasion russe, avec tous les avantages dont dispose le Kremlin, il ne puisse contrôler qu’environ 18 % du territoire ukrainien.”
Quel est le sens de cette déclaration ?
Phrase 1+2 : comptabiliser les succès de l’Ukraine dans la guerre en regardant la quantité de territoire qu’elle a repris n’a pas de sens.
Phrase 3 : Nous devrions mesurer le succès de la Russie dans la guerre en regardant la quantité de territoires qu’elle a pris.
Où est la logique dans tout cela ?
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La guerre russo-ukrainienne a été une expérience historique inédite pour diverses raisons, et pas seulement pour les complexités et les technicités de
l’entreprise militaire elle-même. Il s’agit du premier conflit militaire conventionnel à se dérouler à l’ère des médias sociaux et de la cinématographie planétaire (c’est-à-dire de
l’omniprésence des caméras). Cela a apporté un vernis (mais seulement un vernis) d’immanence à la guerre qui, pendant des millénaires, ne s’était dévoilée qu’à travers les forces
médiatrices des informations câblées, des journaux imprimés et des stèles de
victoire.
Pour l’éternel optimiste, l’idée qu’une guerre de haute intensité allait être documentée par des milliers de vidéos à la première personne avait des
côtés positifs. Du point de vue de la curiosité intellectuelle (et de la prudence martiale), le flot d’images en provenance d’Ukraine offre un aperçu des nouveaux systèmes et méthodes
d’armement et permet d’obtenir un niveau remarquable de données tactiques. Plutôt que d’attendre des années de dissection angoissante des rapports d’après action pour reconstituer les
engagements, nous sommes informés en temps quasi réel des mouvements tactiques.
Malheureusement, tous les inconvénients évidents de la diffusion d’une guerre en direct sur les médias sociaux étaient également présents. La guerre est
instantanément devenue sensationnelle et saturée de vidéos fausses, fabriquées ou mal légendées, encombrées d’informations que la plupart des gens ne sont tout simplement pas équipés
pour analyser (pour des raisons évidentes, le citoyen moyen n’a pas une grande expérience de la différenciation entre deux armées post-soviétiques utilisant un équipement similaire et
parlant une langue similaire, voire la même), et de pseudo-expertise.
Plus abstraitement, la guerre en Ukraine a été transformée en un produit de divertissement américain, avec des armes miracles de célébrités (comme
le Saint
Javelin et le HIMARS), des références
grotesques à la culture pop américaine, des visites de
célébrités américaines et des voix off de Luke
Skywalker. Tout cela s’inscrit très naturellement dans la sensibilité américaine, car les Américains adorent les outsiders, et en particulier les outsiders pleins d’entrain qui
surmontent des obstacles extrêmes grâce à leur persévérance et à leur courage.
Le problème de cette structure narrative privilégiée est que les outsiders gagnent rarement les guerres. La plupart des grands conflits entre pairs
n’ont pas la structure conventionnelle de l’intrigue hollywoodienne, avec un tournant dramatique et un retournement de situation. La plupart du temps, les guerres sont remportées par
l’État le plus puissant, c’est-à-dire celui qui a la capacité de mobiliser et d’appliquer efficacement une plus grande puissance de combat sur une plus longue période. Cela a
certainement été le cas dans l’histoire américaine – même si les Américains souhaitent ardemment se présenter comme un outsider historique, les États-Unis ont historiquement gagné
leurs guerres parce qu’ils étaient un État exceptionnellement puissant disposant d’avantages irrésistibles et innés par rapport à leurs ennemis. Il n’y a pas lieu d’en avoir honte.
Comme l’a dit le général George Patton : Les Américains
aiment les vainqueurs.
C’est ainsi que nous sommes arrivés à une situation de convolution où, malgré les nombreux avantages évidents de la Russie (qui se résument en fin de
compte à une capacité indigène supérieure de mobilisation des hommes, de la production industrielle et de la technologie), il est devenu «propagandiste» d’affirmer que la Russie
allait remporter une sorte de victoire en Ukraine – que l’Ukraine terminerait la guerre en n’ayant pas réussi à retrouver ses frontières de 1991 (la condition de victoire énoncée par
Zelensky) et avec le pays dans un état d’épave, de vidange démographique et de destruction matérielle.
Nous semblons enfin avoir atteint une phase de dénouement, où ce point de vue – prétendument un artefact de l’influence du Kremlin, mais en réalité la
conclusion la plus directe et la plus évidente – devient inéluctable. La Russie est un plus grand combattant avec une batte beaucoup plus grande.
Les arguments en faveur de la victoire de l’Ukraine reposaient presque entièrement sur le succès spectaculaire d’une contre-offensive estivale, censée
se frayer un chemin à travers les positions russes dans l’oblast de Zaporijia, couper la mer d’Azov, couper le pont terrestre de la Russie vers la Crimée et mettre en péril l’ensemble
du ventre de la position stratégique de la Russie. Toute une série d’hypothèses sur la guerre allaient être testées : La suprématie des équipements occidentaux, la pauvreté des
réserves russes, la supériorité des méthodes tactiques occidentalo-ukrainiennes, l’inflexibilité et l’incompétence des commandants russes dans la Défense.
Plus généralement – et surtout – l’objectif était de prouver que l’Ukraine pouvait attaquer et avancer avec succès contre des positions russes
solidement tenues. Il s’agit évidemment d’une condition préalable à une victoire stratégique de l’Ukraine. Si les forces armées ukrainiennes ne peuvent pas avancer, l’Ukraine ne peut
pas rétablir ses frontières de 1991 et la guerre s’est transformée d’une lutte pour la victoire en une lutte pour une défaite gérée ou atténuée. La
question n’est plus de savoir si l’Ukraine va perdre, mais seulement de savoir dans quelle mesure.
La calamité estivale de
l’Ukraine
Les observateurs occidentaux commencent enfin à admettre que la contre-offensive estivale de l’Ukraine s’est transformée en un échec lamentable et en
une défaite militaire d’importance historique. Il est important de rappeler qu’avant le début de l’opération, les responsables
ukrainiens et les soutiens
occidentauxs’attendaient
réellement à ce que l’offensive permette d’isoler ou de
bloquer la Crimée, voire de la reprendre purement
et simplement. Cette perspective optimiste reposait sur des hypothèses clés concernant la supériorité des
véhicules blindés fournis par l’Occident et une armée russe qui commençait soi-disant à s’épuiser.
Un mémorandum ukrainien sur l’ordre des opérations, qui aurait fait l’objet d’une fuite, laissait entendre que les FAU avaient l’intention d’atteindre et de
masquer des villes importantes telles que Berdiansk et Melitopol.
Il est très important de se rappeler que les Ukrainiens et leurs bienfaiteurs pensaient sincèrement pouvoir atteindre la côte d’Azov et créer une crise
opérationnelle pour la Russie, car ce n’est que dans le contexte de ces objectifs que l’on peut comprendre pleinement l’échec de l’attaque. Nous sommes maintenant (au moment où je
tape cette phrase) à J+150 de l’assaut ukrainien massif initial dans la nuit du 7 au 8 juin, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les gains sont dérisoires. Les FAU sont
bloquées dans une position avancée concave, coincées entre les petits villages russes de Verbove, Novoprokopivka et Kopani, incapables d’avancer plus loin, subissant des pertes
régulières alors qu’elles tentent des attaques timides de petites unités pour franchir les fossés antichars russes qui entourent les champs.
À l’heure actuelle, l’avancée maximale réalisée par la contre-offensive se situe à seulement dix miles de la ville d’Orikhiv (dans la zone de transit
ukrainienne). Non seulement l’Ukraine n’a pas atteint ses objectifs finaux, mais elle n’a même pas menacé ses points de passage intermédiaires (comme Tokmak). En fait, elle n’a jamais
créé de brèche, même temporaire, dans les défenses russes. Au lieu de cela, les FAU ont lancé le gros des 9e et 10e corps nouvellement formés et équipés à l’occidentale contre des
positions fixes des 58e, 35e et 36e armées russes d’armes combinées, se sont enfoncées dans la ligne d’écran extérieure, et l’attaque s’est effondrée après avoir subi de lourdes
pertes.
Débâcle : la
bataille de Robotyne
Alors que l’automne commençait à s’éterniser sans que l’Ukraine n’obtienne de résultats sur le champ de bataille, le processus de désignation des
coupables s’est mis en place avec une prévisibilité remarquable. Trois lignes de pensée distinctes ont émergé, les observateurs occidentaux blâmant l’incapacité
supposée des Ukrainiens à mettre en œuvre les tactiques occidentales, certaines parties ukrainiennes rétorquant que les blindés occidentaux étaient trop lents à
arriver, ce qui a donné à l’armée russe le temps de fortifier ses positions, et d’autres affirmant que le problème résidait dans le fait que l’Occident n’avait
pas fourni les avions et les systèmes d’attaque nécessaires.
Je pense que tout cela passe à côté de l’essentiel – ou plutôt, tous ces facteurs sont simplement tangents à l’essentiel. Les différentes personnalités
ukrainiennes et occidentales qui se pointent du doigt sont un peu comme les aveugles qui
décrivent un éléphant. Toutes ces plaintes – formation insuffisante, lenteur des calendriers de livraison, pénurie de moyens aériens et de frappe – ne font que refléter le
problème plus large de la tentative d’assembler de manière improvisée une armée entièrement nouvelle avec un fatras de systèmes étrangers mal assortis, dans un pays dont les atouts
démographiques et industriels s’amenuisent.
Tout cela mis à part, les querelles intestines dans le camp ukrainien occultent l’importance des facteurs tactiques et ignorent le rôle très actif que
les forces armées russes ont joué pour gâcher la grande attaque de l’Ukraine. Bien que la dissection de la bataille se poursuivra probablement pendant de nombreuses années, on peut
déjà énumérer une litanie de raisons tactiques à l’origine de la défaite ukrainienne :
1. Les FAU n’ont pas réussi à créer
la surprise stratégique. Malgré un effort ostentatoire en matière d’OPSEC et des tentatives de feintes à la frontière de Belgorod, autour de Bakhmout, Staromaiorske et
ailleurs, il était évident pour toutes les parties concernées que l’effort principal de l’Ukraine porterait sur le littoral d’Azov, et plus particulièrement sur l’axe Orikhiv-Tokmak.
L’Ukraine a attaqué précisément là où on l’attendait.
2. Le danger de la mise en place et
de l’approche au XXIe siècle. Les FAU ont dû rassembler leurs ressources sous la menace des moyens russes de surveillance et de frappe, ce qui a soumis à plusieurs reprises
les zones arrière ukrainiennes (comme Orikhiv, où les dépôts de munitions et les réserves ont été frappés à plusieurs reprises) aux tirs russes et a permis aux Russes de prendre
régulièrement sous leur feu les groupements tactiques ukrainiens en cours de déploiement alors qu’ils se trouvaient encore dans leurs colonnes de marche.
3. L’incapacité (ou le refus)
d’engager une masse suffisante pour forcer une décision. La densité de l’ensemble ISR-Tirs russe a incité les FAU à disperser leurs forces. Bien que cela puisse réduire les
pertes, cela signifie également que la puissance de combat ukrainienne a été introduite au compte-gouttes et qu’elle n’avait tout simplement pas la masse nécessaire pour menacer
sérieusement la position russe. L’opération s’est en grande partie résumée à
des attaques au niveau des compagnies, qui n’étaient manifestement pas à la hauteur de la tâche.
4. Insuffisance des tirs et de la
répression ukrainiens. Il s’agit d’une lacune capacitaire assez évidente et globale, les FAU étant confrontées à une pénurie d’obus d’artillerie (ce qui a contraint les
HIMARS à jouer un rôle tactique en tant que substitut de l’artillerie) et ne disposant pas de moyens de défense aérienne et de guerre électronique suffisants pour atténuer la variété
des systèmes aériens russes, notamment les drones de tous types, les hélicoptères d’attaque et les bombes de l’UMPK. Le résultat a été une série de colonnes de manœuvre ukrainiennes
insuffisamment soutenues qui ont été balayées par une tempête de feu.
5. Un génie du combat
inadéquat, qui a rendu les FAU vulnérables à un réseau de champs de mines russes qui étaient manifestement beaucoup plus robustes que prévu.
Dans l’ensemble, nous sommes en présence d’une énigme tactique assez simple. Les Ukrainiens ont tenté un assaut frontal sur une défense fixe sans
bénéficier de l’élément de surprise ou de la parité dans les tirs à distance. La défense russe étant en état d’alerte et les zones de rassemblement et les voies d’approche
ukrainiennes étant soumises à des tirs russes intenses, les FAU ont dispersé leurs forces afin de réduire les pertes, ce qui a pratiquement garanti que les Ukrainiens ne disposeraient
jamais de la masse nécessaire pour créer une brèche. Si l’on additionne tout cela, on obtient l’été 2023 – une série d’attaques frustrantes et infructueuses sur exactement le même
secteur de la défense, gaspillant lentement à la fois l’année et le meilleur dernier espoir de l’Ukraine.
L’échec de l’offensive ukrainienne a des ramifications sismiques pour la conduite future de la guerre. Les opérations de combat se déroulent toujours en
fonction des objectifs politiques de l’Ukraine, qui sont – pour le dire franchement – ambitieux. Il est important de rappeler que le régime de Kiev a affirmé dès le début qu’il ne se
contenterait de rien de moins que le maximum territorial de l’Ukraine de 1991 – ce qui implique non seulement la récupération du territoire occupé par la Russie après février 2022,
mais aussi la soumission des entités séparatistes de Donetsk et de Lougansk et la conquête de la Crimée russe.
Les objectifs de guerre de l’Ukraine ont toujours été considérés comme raisonnables par l’Occident pour des raisons liées aux prétendues subtilités
juridiques de la guerre, à l’illusion occidentale selon laquelle les frontières sont immuables et à l’apparente divinité transcendante des frontières administratives de l’ère
soviétique (qui, après tout, sont à l’origine des frontières de 1991). Indépendamment de toutes ces questions, les objectifs de guerre de l’Ukraine impliquaient, d’un point de vue
pratique, que l’Ukraine devait s’emparer du territoire russe d’avant-guerre de facto, notamment de quatre grandes villes (Donetsk, Lougansk, Sébastopol et Simferopol). Cela impliquait
de déloger la flotte russe de la mer Noire de son port d’une manière ou d’une autre. Il s’agissait d’une tâche extraordinairement difficile, bien plus compliquée et plus vaste que
quiconque ne voulait l’admettre.
Le problème évident, bien sûr, est qu’étant donné la supériorité des ressources industrielles et du réservoir démographique de la Russie, les seules
voies viables vers la victoire pour l’Ukraine étaient soit un effondrement politique de la Russie, soit le refus de la Russie de s’engager pleinement dans le conflit, soit une
étonnante défaite asymétrique sur le champ de bataille de l’armée russe. Le premier de ces scénarios semble aujourd’hui relever du fantasme, l’économie russe se débarrassant des
sanctions occidentales et la cohésion politique de l’État n’étant absolument pas perturbée (même par le coup d’État de Wagner), et le second espoir s’est évanoui dès que Poutine a
annoncé la mobilisation à l’automne 2022. Il ne reste plus que le champ de bataille.
La situation est donc très simple. Si l’Ukraine ne peut pas avancer avec succès sur des positions russes solidement tenues, elle ne peut pas gagner la
guerre selon ses propres termes. Ainsi, compte tenu de l’effondrement de l’offensive estivale de l’Ukraine (et d’une myriade d’autres exemples, comme la façon dont une attaque
ukrainienne auxiliaire s’est heurtée sans raison à Bakhmout pendant des mois), il y a une question très simple à poser.
L’Ukraine aura-t-elle un jour une meilleure occasion de tenter une offensive stratégique ? Si la réponse est non, il s’ensuit
nécessairement que la guerre se terminera par une perte territoriale ukrainienne.
Le fait que 2023 ait été la meilleure occasion pour l’Ukraine d’attaquer semble être un point presque insignifiant. L’OTAN a dû remuer ciel et terre
pour réunir le dispositif d’attaque. L’Ukraine n’obtiendra pas mieux. Non seulement de nombreux membres de l’OTAN n’ont plus rien dans l’écurie, mais l’assemblage d’une force
mécanisée plus importante exigerait de l’Occident qu’il redouble d’efforts pour éviter l’échec. Pendant ce temps, l’Ukraine subit une hémorragie de main-d’œuvre viable, en raison
d’une combinaison de pertes élevées, d’un flux
d’émigration, les gens fuyant un État en ruine, et d’une corruption
endémique qui paralyse l’efficacité de l’appareil de mobilisation. Si l’on additionne tous ces facteurs, on obtient une pénurie croissante
de main-d’œuvre et des pénuries imminentes de munitions et d’équipements. C’est ce qui se passe lorsqu’une armée est affaiblie.
Alors que la puissance de combat ukrainienne diminue, celle de la Russie augmente. Le secteur industriel russe a considérablement augmenté sa
production en dépit des sanctions occidentales, ce qui a permis de reconnaître tardivement que la Russie n’allait pas manquer
d’armes et qu’elle était même en train de surproduire
confortablement par rapport à l’ensemble du bloc occidental. L’État russe est en
train d’augmenter radicalement ses
dépenses en matière de défense, ce qui se traduira par une augmentation de la puissance de combat au fil du temps. Pendant ce temps, sur le front des effectifs,
la constitution des
forces russes est stable (c’est-à-dire qu’elle ne nécessite pas une mobilisation accrue), et la prise de conscience soudaine que l’armée russe dispose en fait
de réserves
abondantes a poussé des membres éminents du commentariat à se disputer
entre eux sur Twitter. L’armée russe est désormais prête à récolter les fruits de ses investissements au cours de l’année à venir.
Le tableau n’est pas très compliqué. La puissance de combat ukrainienne connaît un déclin qui a peu de chances de s’arrêter, en particulier maintenant
que les événements au Moyen-Orient signifient qu’elle n’a plus de prétention incontestée sur les stocks occidentaux. L’Occident peut encore faire certaines choses pour tenter de
soutenir les capacités ukrainiennes (nous y reviendrons plus tard), mais entre-temps, la puissance de combat russe est stable et même en hausse dans de nombreuses armes (notez, par
exemple, l’augmentation constante des largages d’UMPK et des frappes de drones
FPV russes, ainsi que la disponibilité
croissante du char T90).
L’Ukraine ne retrouvera pas ses frontières de 1991 et il est peu probable qu’elle reprenne des territoires significatifs à l’avenir. C’est pourquoi le
langage s’est nettement détourné des références à la reprise des territoires perdus pour se limiter à un simple gel du front. Personne d’autre que le commandant en chef Zaloujny
n’a admis que
la guerre était dans une impasse (une interprétation optimiste), tandis que certains responsables occidentaux ont commencé à émettre l’idée qu’un règlement
négocié (qui impliquerait nécessairement la reconnaissance de la perte des territoires tenus par la Russie) pourrait être la meilleure issue pour l’Ukraine.
Cela ne signifie pas que la guerre touche à sa fin. Zelensky continue de
s’opposer catégoriquement aux négociations, et nombreux sont ceux qui, à l’Ouest, soutiennent l’intransigeance
ukrainienne, mais je pense qu’ils passent tous à côté de l’essentiel.
Il n’y a qu’une seule façon de mettre fin à une guerre de manière unilatérale, c’est de la gagner. Il se peut très bien que la fenêtre de négociation
soit terminée et que la Russie augmente ses dépenses et développe ses forces terrestres et aérospatiales parce qu’elle a l’intention de les utiliser pour tenter de remporter une
victoire décisive sur le champ de bataille.
Au cours des prochains mois, nous assisterons probablement à un débat de plus en plus vigoureux sur la question de savoir si Kiev doit ou non négocier.
Mais il se pourrait bien que les prémisses de ce débat soient totalement erronées. Peut-être que ni Kiev ni Washington n’ont le droit de décider.
Avdiivka : Le canari dans la mine
de charbon
L’affaiblissement de l’offensive estivale de l’Ukraine correspond à un changement de phase dans la guerre, où l’Ukraine passera à une défense
stratégique à spectre complet. Presque parfaitement à propos, l’armée russe a donné le coup d’envoi de la séquence suivante en lançant une opération contre le bastion ukrainien
crucial et solidement tenu d’Avdiivka, dans la banlieue de Donetsk.
Avdiivka se trouvait déjà dans une sorte de saillant, en raison des opérations russes précédentes qui avaient capturé la ville de Krasnogorivka, au nord
de la ville. Au cours du mois d’octobre, les forces russes ont lancé un vaste assaut à partir de ces positions et ont réussi à s’emparer de l’un des principaux éléments du terrain
dans la région – un haut monticule de sous-produits miniers rejetés (un terril) qui surplombe directement la voie ferrée principale menant à Avdiivka et se trouve à côté de la cokerie
d’Avdiivka. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la situation est la suivante :
L’espace de
combat d’Avdiivka
L’opération d’Avdiivka a presque immédiatement engendré un cycle familier de condamnation et d’histrionisme, beaucoup s’apprêtant à comparer l’attaque à
l’assaut raté de la Russie sur Ougledar l’hiver dernier. Bien que les Russes aient réussi à s’emparer du terril (ainsi que des positions le long de la voie ferrée), la sphère
ukrainienne s’est montrée satisfaite, affirmant que les Russes subissaient des pertes catastrophiques dans leur assaut sur Avdiivka. Toutefois, je pense que cette affirmation ne tient
pas la route pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la prémisse elle-même ne semble pas être vraie. Cette guerre est avidement documentée en temps réel, ce qui signifie que nous pouvons
réellement vérifier une forte augmentation des pertes russes dans les données tabulées. Pour ce faire, je préfère consulter War Spotting
UA et son projet de suivi des pertes d’équipements russes. Bien qu’ils aient une orientation ouvertement pro-ukrainienne (ils ne suivent que les pertes russes et non
ukrainiennes), je pense qu’ils sont plus fiables et raisonnables qu’Oryx, et leur méthodologie de suivi est certainement plus transparente.
Il est important de faire une brève remarque sur leurs données. Tout d’abord, il ne faut pas se focaliser sur les dates précises qu’ils attribuent aux
pertes. En effet, les dates enregistrées correspondent à la date à laquelle les pertes sont photographiées pour la première fois, ce qui peut être ou non le même jour que celui où le
véhicule est détruit. Lorsqu’ils enregistrent une date pour un véhicule détruit, ils n’enregistrent que la date à laquelle la photo a été prise. Il est donc raisonnable de prévoir
quelques jours d’erreur potentielle dans la datation des pertes. Il n’y a rien à faire. En outre, ils peuvent, comme tout le monde, mal identifier ou accidentellement compter deux
fois les véhicules filmés sous des angles différents.
Tout cela pour dire qu’il n’est pas utile de s’attarder sur des groupes de pertes et des photos spécifiques, mais qu’il est très utile d’examiner les
tendances dans le suivi des pertes. Si la Russie perdait vraiment une quantité démesurée d’équipements au cours d’un assaut d’un mois, on s’attendrait à voir un pic, ou au moins une
augmentation modeste des pertes.
En fait, cela n’apparaît pas dans les données relatives aux pertes. Le taux d’utilisation global de la Russie depuis l’été 2022 jusqu’à aujourd’hui
s’élève à environ 8,4 moyens de manœuvre par jour. Pourtant, les pertes pour l’automne 2023 (qui comprend l’assaut d’Avdiivka) sont en fait légèrement inférieures, à 7,3 par jour. Il
y a quelques lots de pertes, qui correspondent aux suites des assauts, mais ils ne sont pas anormalement importants – un fait qui peut être facilement vérifié en se référant à la
série chronologique des pertes. Les données montrent une augmentation modeste entre l’été de cette année (6,8 par jour) et l’automne (7,3), ce qui correspond à un passage d’une
position défensive à une position offensive, mais il n’y a tout simplement rien dans les données ici qui suggère une élévation anormale des taux de pertes russes. Dans l’ensemble, les
données relatives aux pertes suggèrent une attaque de haute intensité, mais les pertes globales sont inférieures à celles d’autres périodes où la Russie a été à l’offensive.
Nous pouvons appliquer le même cadre analytique de base aux pertes de personnel. Mediazona –
un média dissident russe anti-poutiniste – a consciencieusement suivi les pertes
russes par le biais de notices nécrologiques, d’annonces funéraires et de messages sur les médias sociaux. Comme Warspotting UA, il n’a pas enregistré de pic démesuré dans
les pertes russes au cours de l’automne jusqu’à présent.
Il serait stupide de nier que la Russie a perdu des véhicules blindés ou que l’attaque n’entraîne pas de coûts. Une bataille est en cours et des
véhicules sont détruits au cours des batailles. Là n’est pas la question. La question est de savoir si l’assaut d’Avdiivka a provoqué un pic insoutenable ou anormal des pertes russes,
et il n’y a tout simplement rien dans les données de pertes suivies qui puisse le suggérer. Par conséquent, l’argument selon lequel les forces russes sont éviscérées à Avdiivka ne
semble tout simplement pas étayé par les informations disponibles et, jusqu’à présent, les pertes journalières recensées pour l’automne sont simplement inférieures à la moyenne de
l’année précédente.
En outre, la focalisation sur les pertes russes peut faire oublier que les forces ukrainiennes sont elles aussi sévèrement malmenées, et nous disposons
en fait de vidéos de
la 110e brigade ukrainienne (la principale formation ancrant la défense d’Avdiivka) se plaignant d’avoir subi des pertes insoutenables. Tout cela est normal dans le cadre d’une
bataille de haute intensité. Les Russes ont attaqué en force et ont subi des pertes proportionnelles, mais le jeu en valait-il la chandelle ?
Nous devons réfléchir à cet assaut initial russe dans le contexte de l’espace de combat d’Avdiivka. Avdiivka est assez unique en ce sens que la ville
entière et la voie ferrée qui y mène sont situées sur une crête surélevée. La ville étant désormais enveloppée sur trois côtés, les lignes logistiques ukrainiennes restantes longent
le fond d’un bassin humide à l’ouest de la ville – le seul corridor qui reste ouvert. La Russie occupe désormais une position sur les hauteurs dominantes qui surplombent directement
le bassin et est en train d’étendre sa position le long de la crête. En fait, contrairement à l’affirmation selon laquelle l’assaut russe s’est effondré avec de lourdes pertes, les
Russes continuent d’étendre leur zone de contrôle à l’ouest de la voie ferrée, ont déjà ouvert une brèche dans les faubourgs de Stepove et s’enfoncent dans le réseau de tranchées
fortifiées du sud-est d’Avdiivka proprement dit.
Carte d’élévation
d’Avdiivka
À ce stade, il est probablement rationnel de vouloir comparer la situation à celle de Bakhmout, mais les forces des FAU à Avdiivka se trouvent en fait
dans une position beaucoup plus dangereuse. On a beaucoup parlé de ce qu’on appelle le «contrôle des tirs» pendant la bataille pour Bakhmout, certains insinuant que la Russie pouvait
isoler la ville simplement en tirant de l’artillerie sur les artères de ravitaillement. Inutile de dire que cela n’a pas été le cas. L’Ukraine a perdu de nombreux véhicules sur la
route entrant et sortant de Bakhmout, mais le corridor est resté ouvert – bien que dangereux – jusqu’à la toute fin. À Avdiivka, en revanche, la Russie disposera d’une ligne de mire
ATGM directe (plutôt que d’une surveillance ponctuelle de l’artillerie) sur le couloir d’approvisionnement au fond du bassin. Cette situation est beaucoup plus dangereuse pour les
FAU, à la fois parce qu’Avdiivka présente la caractéristique inhabituelle d’une seule crête dominante sur l’épine dorsale de l’espace de combat, et parce que les dimensions sont plus
petites – l’ensemble du couloir de ravitaillement ukrainien ici court le long d’une poignée de routes dans un espace de 4 kilomètres.
De toute évidence, le contrôle du terril et de la ligne de chemin de fer est d’une importance capitale, et l’armée russe a donc engagé une force
d’assaut importante pour s’assurer de la capture de ses objectifs clés. L’attaque du terril nécessitait en outre de révéler les colonnes d’attaque russes aux tirs perpendiculaires
ukrainiens, en attaquant sur un terrain bien surveillé. En bref, cela impliquait un grand nombre des problèmes tactiques qui ont affligé les Ukrainiens au cours de l’été. Les liaisons
ISR modernes rendent très difficile la mise en place et le déploiement de forces sans subir de pertes.
Toutefois, contrairement aux Ukrainiens, les Russes ont engagé une masse suffisante pour créer une boule de neige irréversible lors de l’attaque des
hauteurs, et les tirs ukrainiens n’ont pas suffi à contrecarrer l’assaut. Maintenant qu’ils les ont, les Russes vont récupérer leurs pertes lorsque les Ukrainiens tenteront de
contre-attaquer – en fait, cela a déjà commencé, UA Warspotting ayant enregistré une forte baisse des pertes d’équipement russes au cours des trois dernières semaines. Ceci établit le
schéma de l’opération – un assaut massif précoce pour capturer des positions clés qui permettent aux Russes de contrôler l’espace de combat. Les Russes ont réussi à forcer une
décision dès le départ en s’engageant dans leur attaque avec un niveau de violence et de génération de force qui a fait défaut tout l’été aux FAU. Le jeu en vaut la chandelle.
Plus précisément, les Ukrainiens savent clairement qu’ils sont en difficulté. Ils ont déjà commencé à envoyer des moyens de premier
plan dans la région pour commencer à contre-attaquer la position russe sur la crête, et des Bradleys et des Leopards brûlent déjà autour d’Avdiivka et dans les zones de
rassemblement ukrainiennes à l’arrière. Le problème de base qui s’est avéré si insurmontable au cours de l’été est le même : les forces ukrainiennes qui contre-attaquent (qui
se trouvent à plus de dix kilomètres à l’arrière, au-delà d’Ocheretyne) sont confrontées à des lignes d’approche longues et bien surveillées qui les révèlent aux tirs d’attente russes
– la 47e brigade mécanisée ukrainienne a déjà perdu des véhicules blindés à la fois dans ses zones de rassemblement et dans des contre-attaques ratées sur les positions russes autour
de Stepove.
Dans les semaines à venir, les forces russes poursuivront leur élan en attaquant les axes qui traversent Stepove et Sjeverne à l’ouest de la ville,
laissant les FAU liées à une chaîne logistique longue et précaire au fond du bassin. L’une des forteresses les plus longues et les plus solidement tenues de l’Ukraine menace
maintenant de devenir un piège opérationnel. Je ne m’attends pas à ce qu’Avdiivka tombe en quelques semaines (à moins d’un effondrement imprévu et improbable de la défense
ukrainienne), mais c’est maintenant une question de temps et les mois d’hiver verront probablement l’affaiblissement constant de la position ukrainienne à cet endroit.
Il sera particulièrement difficile de maintenir la puissance de combat des FAU dans la ville, la «logistique moustique» ukrainienne (qui fait référence
à l’habitude qu’ont les Ukrainiens d’utiliser des camionnettes, des fourgonnettes et d’autres petits véhicules civils pour assurer le ravitaillement) se débattant sur le sol d’un
bassin boueux, sous l’œil attentif des drones FPV et des tirs directs russes. Les FAU seront obligées d’essayer de maintenir une défense au niveau de la brigade en faisant circuler de
petits véhicules dans une zone battue. Si les Russes parviennent à s’emparer de la cokerie, la partie se terminera beaucoup plus tôt, mais les Ukrainiens le savent et feront de la
défense de la cokerie une priorité absolue – mais même ainsi, ce n’est qu’une question de temps, et une fois qu’Avdiivka sera tombée, les Ukrainiens n’auront pas d’endroit solide où
ancrer leur défense jusqu’à ce qu’ils retombent sur toute la longueur de la rivière Vocha. Ce processus devrait se dérouler tout au long de l’hiver.
Développements
futurs prévus autour d’Avdiivka
La question qui se pose est la suivante : Si l’Ukraine n’a pas pu tenir Bakhmout et que le temps prouve qu’elle ne peut pas tenir
Avdiivka, où peut-elle tenir ? Et si l’Ukraine ne peut pas attaquer avec succès, pourquoi se bat-elle ?
Une défense ratée ne compte que comme une action retardatrice si vous avez quelque chose à attendre.
Épuisement
stratégique
La guerre en Ukraine entre à présent dans sa troisième phase. La première phase, du début des hostilités en février 2022 jusqu’à l’automne de la même
année, a été caractérisée par une trajectoire d’épuisement des capacités ukrainiennes par les opérations de la force russe initiale limitée. Alors que les forces russes ont réussi à
dégrader ou à épuiser de nombreux aspects de la machine de guerre ukrainienne d’avant-guerre – des éléments tels que les communications, les stocks d’intercepteurs de défense aérienne
et le parc d’artillerie – la stratégie russe initiale s’est heurtée à des erreurs de calcul critiques concernant à la fois la volonté de l’Ukraine de mener une guerre longue et la
volonté de l’OTAN de soutenir le matériel ukrainien et de fournir des capacités ISR et de commandement et de contrôle essentielles.
Les Russes étant confrontés à une guerre beaucoup plus vaste que prévu et à une constitution de forces tout à fait inadéquate pour cette tâche, la
guerre a pris le caractère d’une attrition industrielle lorsqu’elle est entrée dans sa deuxième phase. Cette phase se caractérise par les tentatives russes de raccourcir et de
corriger la ligne de front, en créant des fortifications denses et en enfermant les forces dans des batailles de position épuisantes. Plus généralement, cette phase a vu les
Ukrainiens tenter d’exploiter – et les Russes de supporter – une période d’initiative stratégique ukrainienne alors que la Russie passait à une position de guerre plus étendue, en
augmentant la production d’armements et en augmentant la génération de forces par la mobilisation.
En substance, l’Ukraine s’est trouvée confrontée à un dilemme stratégique désastreux à partir du moment où le président Poutine a annoncé la
mobilisation des réserves en septembre 2022. La décision russe de mobiliser était un signal de facto qu’elle acceptait la nouvelle logique stratégique d’une guerre d’usure
industrielle plus longue – une guerre dans laquelle la Russie bénéficierait de nombreux avantages, notamment une réserve de main-d’œuvre beaucoup plus importante, une capacité
industrielle largement supérieure, une production indigène d’armes à distance, de véhicules blindés et d’obus, un site industriel hors de portée des attaques ukrainiennes
systématiques, et une autonomie stratégique. Il s’agit toutefois d’avantages systémiques et à long terme. À plus court terme, cependant, l’Ukraine a bénéficié d’une brève fenêtre
d’initiative sur le terrain. Cette fenêtre a toutefois été gâchée par l’assaut raté de l’été contre les défenses russes dans le sud, et la deuxième phase de la guerre s’achève avec
l’avancée des FAU sur le littoral d’Azov.
Nous arrivons donc à la troisième phase, caractérisée par trois conditions importantes :
1. L’augmentation constante de la puissance de combat russe grâce aux investissements réalisés au cours de l’année
précédente.
2. L’épuisement de l’initiative ukrainienne sur le terrain et l’auto-cannibalisation croissante des ressources des
FAU.
3. L’épuisement stratégique au sein de l’OTAN.
Le premier point est relativement simple à comprendre et a été librement avoué par les autorités occidentales et ukrainiennes. Il est désormais bien
compris que les sanctions n’ont pas réussi à réduire de manière significative la production d’armements russes et qu’en fait, la disponibilité des systèmes critiques augmente
rapidement grâce à des investissements
stratégiques dans des lignes de production nouvelles et élargies. Nous pouvons toutefois citer quelques exemples.
L’un des éléments clés de l’expansion des capacités russes a été l’amélioration qualitative et quantitative des nouveaux systèmes de défense à distance.
La Russie a lancé avec
succès la production de masse du drone Shahed/Geran, dérivé de l’Iran, et une usine
supplémentaire est en cours de construction. La production de la munition de flânerie Lancet a augmenté de manière exponentielle, et diverses variantes améliorées sont
désormais utilisées, avec des capacités de
guidage supérieures, de portée
effective et d’essaimage. La
production russe de drones FPV a augmenté de
manière significative, les opérateurs ukrainiens craignant désormais
que l’avantage russe ne fasse boule de neige. Les adaptations des planeurs guidés UMPK ont été modifiées pour
accueillir une grande partie de l’arsenal russe de bombes à gravité.
Tous ces éléments témoignent de la capacité croissante de l’armée russe à lancer des explosifs en plus grand nombre et avec plus de précision sur le
personnel, le matériel et les installations des FAU. Pendant ce temps, sur le terrain, la production de chars continue
d’augmenter, les sanctions n’ayant apparemment que peu
d’impact sur la disponibilité des blindés russes. Contrairement aux prédictions antérieures selon lesquelles la Russie commencerait à racler les fonds de tiroirs et à sortir
des chars de plus en plus anciens de leurs entrepôts, les forces russes en Ukraine utilisent des chars *plus récents*, le T-90
apparaissant en plus grand nombre sur le champ de bataille. Et, malgré les prédictions occidentales répétitives selon lesquelles une nouvelle vague de mobilisation serait
nécessaire face à des pertes prétendument horribles, le ministère russe de la Défense a déclaré avec
assurance que ses réserves de main-d’œuvre étaient stables, et un porte-parole du renseignement militaire ukrainien a récemment déclaré qu’il pensait qu’il y avait plus
de 400 000 soldats
russes sur le théâtre (auxquels s’ajoutent les réserves considérables qui restent en Russie).
Entre-temps, les forces ukrainiennes sont susceptibles de s’auto-cannibaliser de plus en plus. Ce phénomène se produit à plusieurs niveaux, en raison de
l’épuisement stratégique des forces. Au niveau stratégique, l’auto-cannibalisation se produit lorsque les ressources stratégiques sont brûlées au nom d’exigences à court terme ; au
niveau tactique, un processus de dégradation similaire se produit lorsque les formations restent trop longtemps au combat et commencent à s’épuiser en tentant d’accomplir des tâches
de combat pour lesquelles elles ne sont plus adaptées.
Ce paragraphe vous fait probablement lever les yeux au ciel, et c’est compréhensible. Il est très jargonnant et je m’en excuse. Cependant, nous pouvons
voir un exemple concret de ces deux formes d’auto-cannibalisation (stratégique et tactique) dans la même unité : la 47e brigade mécanisée.
La 47e devait depuis longtemps devenir l’un des principaux atouts de la contre-offensive ukrainienne. Formée (dans la mesure du possible) aux normes de
l’OTAN et bénéficiant d’un accès privilégié à des équipements occidentaux haut de gamme tels que le char Leopard 2A6 et le véhicule blindé improvisé Bradley, cette brigade a été
méticuleusement préparée à la contre-offensive. Cette brigade était à la fois méticuleusement préparée et largement annoncée comme la pointe mortelle
de la lance pour l’Ukraine. Cependant, un été d’attaques frustrantes et ratées sur la ligne russe de Zaporijia a laissé la brigade avec des pertes
sévères, une puissance de combat dégradée et des querelles intestines parmi les officiers.
Ce qui s’ensuivit devait mettre la puce à l’oreille. Tout d’abord, au début du mois d’octobre, il a été rapporté que la 47e avait un nouveau commandant,
le changement ayant été motivé par des demandes émanant de la hiérarchie pour que la brigade poursuive ses efforts d’attaque. Le
problème était que la 47e avait progressivement épuisé son potentiel offensif, et la solution mise en œuvre par le nouveau commandant consistait à fouiller les zones arrière
et les équipes techniques de la brigade pour trouver de la main-d’œuvre de remplacement. Comme l’indique le rapport de MilitaryLand :
«Comme l’ont
affirmé les soldats de l’unité de missiles antichars de Magura dans un appel
vidéo désormais retiré, le commandement de la brigade refuse d’admettre que la brigade a perdu son potentiel offensif. Au lieu de cela, le commandement envoie au front des
équipes de mortiers, des tireurs d’élite, des équipes d’artillerie, en fait tout ce qu’il a à sa disposition comme infanterie d’assaut».
Il s’agit là d’un exemple classique d’auto-cannibalisation tactique, où la perte de puissance de combat menace de s’accélérer à mesure que les éléments
auxiliaires et techniques de l’unité sont brûlés pour tenter de compenser les pertes. Cependant, la 47e a également été cannibalisée au niveau stratégique. Lorsque l’assaut russe
autour d’Avdiivka a commencé, la réponse ukrainienne a été de retirer la
47e du front de Zaporijia et de l’envoyer à Avdiivka pour contre-attaquer. À ce stade, la défense ukrainienne dépend de la 110e brigade, qui se trouve à Avdiivka depuis près
d’un an sans relève, et de la 47e, déjà dégradée par des mois d’opérations offensives continues dans le sud.
Il s’agit d’une cannibalisation stratégique : Prendre l’un des principaux atouts de la Défense et le précipiter, sans aucun repos ni rééquipement,
directement au combat pour répondre à une exigence défensive. Ainsi, la 47e brigade est cannibalisée au niveau interne (elle se consume en tentant d’accomplir des tâches de combat
pour lesquelles elle n’est plus équipée) et au niveau stratégique, les FAU la réduisant à néant dans une défense de position autour d’Avdiivka au lieu de la faire tourner pour qu’elle
se repose et se rééquipe en vue de futures opérations offensives. Un rapport
récent contenant des interviews du personnel de la 47e a dressé un tableau désastreux : La brigade a perdu plus de 30% de ses effectifs au cours de l’été et ses obusiers sont
rationnés à seulement 15 obus par jour. Les mortiers russes, disent-ils, ont un avantage de huit contre un.
L’image
emblématique de la guerre moderne : Des montagnes de douilles abandonnées
La situation peut être comparée à celle d’une personne en crise, qui s’épuise biologiquement et émotionnellement à cause du manque de sommeil et du
stress, tout en brûlant ses biens – en vendant sa voiture et d’autres possessions essentielles pour payer les nécessités immédiates telles que la nourriture et les médicaments. Ce
mode de vie n’est pas viable et ne permet pas d’éviter la catastrophe indéfiniment.
Les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour encourager ce processus, en réactivant méthodiquement les opérations d’attaque de broyage sur l’ensemble du
front, notamment à Avdiivka, mais aussi à Bakhmout et à Koupiansk, dans le cadre d’un programme d’épinglage intentionnel destiné à maintenir les ressources ukrainiennes au combat
après leur épuisement au cours de l’été. La 47e est emblématique de cela – attaquant tout l’été pour être immédiatement mobilisée pour la défense dans le Donbass. Comme l’a dit l’un
de mes associés, la dernière chose à faire après un marathon est d’entamer un sprint, et c’est là que les Ukrainiens se retrouvent après avoir perdu l’initiative stratégique en
octobre.
L’Ukraine n’est toutefois pas la seule à être confrontée à l’épuisement stratégique. Les États-Unis et le bloc de l’OTAN se trouvent
dans une situation similaire.
Toute la stratégie américaine en Ukraine est dans l’impasse. La logique de la guerre par procuration reposait sur l’hypothèse d’un différentiel de coût,
selon laquelle les États-Unis pouvaient étouffer la Russie pour quelques centimes, en approvisionnant l’Ukraine à partir de ses stocks excédentaires tout en étranglant l’économie
russe par des sanctions.
Non seulement les sanctions n’ont pas réussi à paralyser la Russie, mais l’approche américaine sur le terrain s’est soldée par un échec. La
contre-offensive ukrainienne a échoué de manière spectaculaire et les forces terrestres ukrainiennes, épuisées, doivent maintenant mettre au point une défense stratégique à spectre
complet contre la montée en puissance des forces russes.
Le dilemme stratégique fondamental pour l’Occident est donc de savoir comment sortir d’un cul-de-sac stratégique. L’OTAN a atteint les limites de ce
qu’elle peut donner à l’Ukraine à partir de ses excédents. En ce qui concerne les obus d’artillerie (la pièce maîtresse de cette guerre), par exemple, les alliés de l’OTAN
ont ouvertement
admis qu’ils étaient plus ou moins à court, tandis que les États-Unis ont été contraints de réorienter les
livraisons d’obus de l’Ukraine vers Israël, admettant ainsi tacitement qu’il n’y en avait pas assez pour les deux parties. Entre-temps, la nouvelle production d’obus a pris
du retard, tant aux États-Unis qu’en Europe.
Face à l’investissement massif de la Russie dans la production de défense et à l’augmentation considérable des capacités russes qui s’ensuivra, la
manière dont les États-Unis peuvent procéder n’est pas claire. L’une des possibilités est l’option «tout compris», qui nécessiterait une restructuration industrielle et une
mobilisation économique de facto, mais on ne voit pas très bien comment cela pourrait se faire étant donné l’état lamentable de la base industrielle
occidentale et de ses finances.
En effet, il y a des signes évidents que sortir la fabrication d’armes occidentale de son état de congélation sera extrêmement coûteux et difficile d’un
point de vue logistique. Les nouveaux contrats font état de coûts exorbitants. Par exemple, une récente
commande de Rhenmetall s’élevait à 3500 dollars par obus – une augmentation stupéfiante si l’on considère qu’en 2021, l’armée américaine était en mesure de s’approvisionner à
seulement 820 dollars par obus. Il n’est donc pas étonnant que le chef du Comité militaire de l’OTAN se soit plaint que
la hausse des prix entrave les efforts de constitution de stocks. Entre-temps, la production est
limitée par le manque de travailleurs
qualifiés et de machines-outils.
S’engager à fond en Ukraine nécessiterait un niveau de restructuration et de mobilisation économique effréné que les populations occidentales trouveraient probablement intolérable et
déroutant.
Une deuxième option consiste à «geler» le conflit en poussant l’Ukraine à négocier. Cette option a déjà été abordée
publiquement par des responsables américains et européens et a reçu un accueil
mitigé. Dans l’ensemble, cette option semble peu probable. Les occasions de négocier la fin du conflit ont été repoussées à de multiples reprises. Du point de vue russe,
l’Occident a délibérément choisi d’intensifier le conflit et voudrait maintenant se retirer après que la Russie a répondu par sa mobilisation. On ne voit donc pas très bien pourquoi
Poutine serait enclin à laisser l’Ukraine s’en sortir maintenant que les investissements militaires russes commencent à porter leurs fruits et que l’armée russe a la possibilité
réelle de repartir avec le Donbass et plus encore. L’intransigeance ukrainienne est encore plus troublante, car elle semble vouée à sacrifier davantage de braves pour tenter de
prolonger l’emprise de Kiev sur des territoires qui ne peuvent pas être maintenus indéfiniment.
En substance, les États-Unis (et leurs satellites européens) ont quatre options, dont aucune n’est bonne :
S’engager dans une mobilisation économique pour augmenter de manière substantielle les livraisons de matériel à l’Ukraine
Continuer à soutenir l’Ukraine au compte-gouttes et la regarder subir une défaite progressive et lente.
Mettre fin au soutien à l’Ukraine et la voir subir une défaite plus rapide et totalisante.
Tenter de geler le conflit par des négociations.
Il s’agit là d’une formule classique de paralysie stratégique, et le résultat le plus probable est que les États-Unis reviendront à leur ligne de
conduite actuelle, en soutenant l’Ukraine au compte-gouttes, en fonction des limites financières et industrielles en place, en maintenant les FAU sur le terrain mais en les laissant
finalement surclassées dans une myriade de dimensions par les capacités croissantes de la Russie.
Ce qui, en fin de compte, nous ramène à notre point de départ. Il n’y a pas d’arme miracle, pas de truc génial, pas d’artifice opérationnel pour sauver
l’Ukraine. Il n’y a pas d’orifice d’échappement sur l’Étoile de la
mort. Il n’y a que le calcul froid des tirs massifs dans le temps et l’espace. Même les succès isolés de l’Ukraine ne font que souligner l’énorme disparité des capacités. Par
exemple, lorsque les FAU utilisent des missiles occidentaux pour attaquer des
navires russes en cale sèche, cela n’est possible que parce que la Russie a une marine. Les Russes, en revanche, disposent d’un vaste arsenal de missiles antinavires qu’ils
n’utilisent pas, car l’Ukraine n’a pas de marine. Si le spectacle d’une frappe réussie sur un navire russe est une belle opération de relations publiques, il ne fait que révéler
l’asymétrie des moyens et n’améliore en rien le problème fondamental de l’Ukraine, à savoir l’attrition et la destruction constantes de ses forces terrestres dans le Donbass.
En 2024, l’érosion constante de la position ukrainienne dans le Donbass – isolement et liquidation de forteresses périphériques comme Adviivka, double
avancée sur Kostiantynivka, saillant de plus en plus marqué autour d’Ougledar alors que les Russes avancent sur Kourakhove – placera l’Ukraine dans une situation de plus en plus
intenable, les partenaires occidentaux s’interrogeant sur la logique de l’affectation de stocks d’armes limités à un État en ruine.
Au troisième siècle, à l’époque des Trois Royaumes en Chine (après que la dynastie Han se soit divisée en trois États au début des années 2000), il y
avait un célèbre général et fonctionnaire du nom de Sima Yi. Bien qu’il ne soit pas aussi souvent cité que Sun Tzu, mieux connu, Sima Yi est l’auteur d’un aphorisme qui vaut mieux que
tout ce qui est écrit dans «L’art de la
guerre». Sima Yi a formulé l’essence de la guerre de la manière suivante :
«Dans les affaires
militaires, il y a cinq points essentiels. Si vous êtes en mesure d’attaquer, vous devez le faire. Si l’on ne peut pas attaquer, il faut défendre. Si l’on ne peut pas se défendre, il
faut fuir. Les deux autres points n’entraînent que la reddition ou la mort».
L’Ukraine est en train de descendre dans la liste. Les événements de l’été ont montré qu’elle ne peut pas attaquer avec succès des positions russes
solidement tenues. Les événements d’Avdivvka et d’ailleurs permettent maintenant de vérifier si elle peut défendre ses positions dans le Donbass face à la montée en puissance des
forces russes. S’ils échouent à ce test, il sera temps de fuir, de se rendre ou de mourir. C’est ainsi que les choses se passent lorsque l’heure des comptes a sonné.
Par M.K. Bhadrakumar − Le 15 novembre 2023 − Source Indian
Punchline
Après avoir réussi à détruire l’Irak et l’Afghanistan [la Libye et la
Syrie, NdT], les États-Unis estiment que la destruction de l’Ukraine est presque terminée. Lors de la récente réunion entre les ministres des affaires étrangères et de la défense des États-Unis
et de l’Inde à New Delhi dans le cadre du format 2+2, les deux pays “se sont accordés sur la nécessité d’une reconstruction
post-conflit” en Ukraine. Cette déclaration ne correspond pourtant pas aux réalités du terrain.
Les Indiens et les
Américains sont en train de siffler dans le noir. En fait, il faut s’attendre à une toute nouvelle phase des opérations militaires spéciales russes et on ne sait pas encore à quoi ressemblera
l’Ukraine ensuite.
Il reste beaucoup à faire en ce qui concerne ce que l’on appelle les “terres du sud de la Russie“, qui comprennent la Novorossiya, nom
historique utilisé à l’époque tsariste pour désigner la zone administrative située immédiatement au nord de la mer Noire et de la Crimée.
Lors d’une réunion récente, le 3 novembre, à la veille de la Journée de l’unité nationale, avec les membres des chambres civiques fédérales et régionales au Musée
de la Victoire à Moscou, le président Vladimir Poutine a répété une
fois de plus que la Russie “défend ses valeurs morales, son
histoire, sa culture, sa langue, y compris en aidant ses frères et sœurs du Donbass et de Novorossiya à faire de même. C’est la clé des événements d’aujourd’hui“.
Une personnalité politique ukrainienne de renom, Vladimir Rogov, ancien législateur à Kiev, a rappelé à Poutine avec une intensité passionnée : “Croyez-moi, nous, les habitants de la partie méridionale de la
Russie, qui a été coupée de ses racines pendant 30 ans, sommes en fait un entrepôt des forces historiques du peuple russe, qui a été mis en veilleuse et n’a pu faire aucun effort pour régénérer
notre grande Russie.”
Poutine a répondu en soulignant le fait historique que la Novorossiya constituait “les terres du sud de la Russie – toute la région de la mer Noire et
ainsi de suite” qui ont été fondées par la Grande Catherine après une série de guerres contre l’Empire ottoman.
Poutine a déclaré que la Fédération de Russie avait choisi de s’accommoder de la décision injuste des dirigeants soviétiques de transférer les terres de la Russie
méridionale à l’Ukraine, mais que les choses ont commencé à changer lorsque le régime de Kiev “a commencé à exterminer tout ce qui était russe […], a déclaré que
les Russes n’étaient pas une nation autochtone sur ces terres […], a également commencé à entraîner tout ce territoire dans l’OTAN – effrontément, sans tenir compte de nos protestations, sans
prêter attention à notre position, comme si nous n’existions pas du tout. Voilà ce qui est au cœur du conflit qui se déroule aujourd’hui. C’est la cause de ce conflit“.
Poutine a déclaré que le choix se résumait à ne rien faire ou à “prendre la défense des habitants de ces territoires… nous devons
faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’entrée de ces territoires [dans la Fédération de Russie] se fasse en douceur, de manière naturelle, et que les habitants en ressentent les effets
le plus rapidement possible“.
Ce n’était pas la première fois que Poutine exprimait de telles opinions. Mais le contexte dans lequel il s’est exprimé est important, car il a plus d’une
incidence, à côté de la psyché russe en tant qu’État civil : les nouvelles des champs de bataille, la transition de la Russie vers une économie de guerre, l’incapacité de l’Europe à se
substituer au retrait des États-Unis en raison du conflit israélo-palestinien.
Tout d’abord, la contre-offensive ukrainienne s’est soldée par un échec et une autre mésaventure de ce type est hautement improbable, ne serait-ce que parce que
l’Ukraine n’a plus d’effectifs. L’armée russe prend le dessus.
La semaine dernière, Poutine a effectué une visite
nocturne inattendue à Rostov-sur-le-Don, le centre opérationnel de l’effort de guerre de la Russie en Ukraine ; il s’agissait de la deuxième visite de ce type au quartier général
militaire en moins d’un mois. Accompagné du ministre de la défense, Sergei Shoigu, et du commandant des opérations militaires en Ukraine, le général Valéri Gerassimov, Poutine s’est vu présenter
de nouveaux équipements militaires et a entendu des rapports sur les progrès de l’armée en Ukraine, selon le Kremlin.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ensuite déclaré que la Russie poursuivait ses objectifs en Ukraine. C’est une chose.
Cela se produit alors que les pays de l’Union européenne ont
reconnu mardi qu’ils étaient peut-être sur le point de manquer à leur promesse de fournir à l’Ukraine les munitions dont l’armée de Kiev a cruellement besoin pour repousser l’offensive
russe attendue. Au début de l’année, les dirigeants de l’UE avaient promis en grande pompe d’augmenter la production et de fournir un million de munitions à la ligne de front de l’Ukraine d’ici
au printemps 2024, mais ils ont du mal à trouver les fonds nécessaires.
En comparaison, la Russie produit aujourd’hui plus de munitions que les États-Unis et l’Europe réunis ; elle peut fabriquer 200 chars et deux millions de munitions
en un an. Cette asymétrie a de graves conséquences pour la guerre d’usure en Ukraine.
De son côté, Alexander Mikheyev, directeur général de Rosoboronexport, s’est montré optimiste
mardi : “Je peux affirmer avec certitude que le
portefeuille actuel de commandes s’élève à plus de 50 milliards de dollars… Aujourd’hui, nous constatons que l’intérêt est encore plus grand qu’auparavant parce que nos équipements – tous les
avions, les véhicules blindés, les systèmes de défense aérienne, les armes légères, les armes de haute précision – se sont bien comportés dans les conditions de l’opération militaire spéciale [en
Ukraine].”
En résumé, non seulement la ligne de défense russe est bien équipée et fortifiée, mais la mobilisation de l’industrie de défense commence également à porter ses
fruits. En clair, la Russie peut poursuivre la guerre d’usure en Ukraine pendant des années, car son économie de guerre a permis aux opérations militaires spéciales de s’autofinancer, selon les
principes de la “comptabilité analytique“, tandis que
la vie normale se poursuit. (L’économie russe prévoit une croissance de 3 % cette année).
Il est certain que le Kremlin aura également pris note de l’audacieuse caractérisation par le président américain Joe Biden, lors de son récent discours à la nation
après sa visite en Israël, de l’aide militaire à l’Ukraine et à Israël comme “un investissement intelligent qui va rapporter des dividendes à la
sécurité américaine pendant des générations“.
Et puis, bien sûr, il y a la détérioration de l’environnement sécuritaire extérieur. Ainsi, lors d’une récente réunion sur la sécurité, Poutine a comparé les
États-Unis à une araignée :
“Il est nécessaire de savoir et de comprendre où se trouve la racine du mal, cette araignée qui tente d’envelopper la planète entière, le monde entier, dans sa
toile et qui souhaite obtenir notre défaite stratégique sur le champ de bataille…
En combattant précisément cet ennemi dans le cadre de l’opération militaire spéciale, nous renforçons une fois de plus les positions de tous ceux qui luttent
pour leur indépendance et leur souveraineté… La vérité est que plus la Russie se renforce et plus notre société s’unifie, plus nous serons en mesure de défendre efficacement nos propres
intérêts nationaux et les intérêts des nations victimes de la politique néocoloniale de l’Occident”.
Par conséquent, les références de plus en plus fréquentes dans le discours politique russe à la préservation du mode de vie, de la culture et des valeurs russes en
Novorossiya peuvent être considérées comme des marqueurs très significatifs de ce qui nous attend dans le cadre des opérations militaires spéciales.
Le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a récemment déclaré explicitement que la Novorossia inclurait également Odessa et Nikolayev – et
peut-être Kiev elle-même – ce qui laisserait probablement Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine, comme État croupion enclavé à la frontière polonaise, susceptible d’adhérer à terme à l’OTAN.
Medvedev a écrit
aujourd’hui sur la chaîne Telegram :
L’Amérique trahit facilement ses “fils de pute” lorsqu’ils deviennent inutiles. Il semble que cette période s’annonce définitivement pour Kiev. Et il ne s’agit
pas seulement des nuées de Républicains et de Démocrates qui se dirigent vers l’élection présidentielle américaine. Ils sont déjà fatigués. Ils ont compris : ils mangent trop d’argent, volent
sauvagement et ne remportent pas de succès militaires. En outre, le désordre israélo-palestinien s’est produit. En bref, le soutien au “fils de pute” délié approche d’une fin inévitable. Bien
sûr, pas tout de suite. Il y aura aussi beaucoup d’argent, des sortilèges schizoïdes sur la démocratie, des assurances bravaches sur la victoire à venir sur terre, et de fausses croyances sur
l’alliance pour tous les temps et autres et autres. Mais la situation est claire : l’heure de l’oubli pour un autre “fils de pute” américain a sonné.
Il est évidemment surréaliste d’envisager une collaboration américano-indienne pour la reconstruction de l’Ukraine. Le sort cruel qui attend l’Ukraine pourrait
s’avérer bien pire que celui qu’ont connu l’Irak et l’Afghanistan.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Ce n’est pas une «impasse» : L’effondrement de la ligne de front ukrainienne, revisité
Les preuves s’accumulent, par le
biais de fuites, d’un effondrement généralisé des lignes de front ukrainiennes.
Des fuites font état d’un effondrement généralisé des lignes de front ukrainiennes.
Précédemment, nous nous sommes concentrés sur
le front sud de Zaporijia. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur Kharkov, dans le nord-est.
Le document ci-joint, dont l’authenticité a été entièrement vérifiée, est un rapport de juillet adressé au chef d’état-major du groupe
opérationnel-tactique «Sumy».
Le rapport indique essentiellement qu’il est impossible de retirer les deux tiers de l’unité A7383 du champ de bataille pour rétablir l’état de
préparation au combat parce que le tiers restant est incapable de tenir le fort – qui s’étend sur 55,5 km.
Parallèlement, le recrutement se fait très lentement.
Il y a quatre mois, la 127e brigade de défense territoriale séparée de Kharkov était encore équipée de 72% de ses effectifs, soit 2392 soldats et 256
officiers. Pourtant, l’état moral et psychologique de l’unité était critique, tout comme dans le cas précédent de Zaporijia.
Oubliez donc le rétablissement de l’aptitude au combat : Il s’agit d’un nouveau cas de brigade – aujourd’hui à Kharkov – qui ne peut pas se battre
correctement. Le cas précédent était loin d’être une exception à la règle actuelle.
La conclusion est sans appel : Avec des brigades entières dans un état critique, c’est toute la ligne de front ukrainienne qui est peut-être sur le
point de tomber.
La débâcle des cent
jours
Les faits sur le terrain montrent que les forces armées russes ont pris l’initiative tout au long des lignes de front de l’opération militaire spéciale.
Même les services de renseignement polonais et estoniens le reconnaissent. Les principales batailles se déroulent sur la ligne Avdiivka-Marinka en RPD et sur la ligne
Koupiansk-Svatovo en RPL.
Les forces armées russes disposent de suffisamment d’hommes et d’armes pour maintenir les Ukrainiens dans un état de désespoir permanent. Les objectifs
restent les mêmes : Capturer l’ensemble de la RPD et de la RPL à l’intérieur de leurs frontières administratives.
Parallèlement, le toujours intraitable Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, a annoncé une augmentation massive de la production
d’armes et d’équipements militaires. Medvedev ne cesse de souligner que les capacités de l’industrie de défense russe ont atteint un niveau sans précédent, et ce bien plus rapidement
que prévu.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, se fait l’écho de ce que le ministre des Affaires étrangères, Lavrov, détaille depuis des mois : Kiev
– et les responsables de l’OTAN – feraient mieux de se rendre compte qu’ils ne peuvent pas «gagner» sur le champ de bataille et qu’ils n’y parviendront pas.
Medvedev aime toujours faire monter les enchères : «L’Occident doit
admettre que non seulement le Donbass et la Crimée ne sont pas l’Ukraine, mais aussi Odessa, Mikolaïv, Kiev et pratiquement tout le reste».
Il s’agissait d’une réponse cinglante à l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders «Brouillard de Guerre» Rasmussen, qui avait déclaré que Kiev
pouvait être accepté dans l’OTAN «sans territoires perdus», faisant référence à la Crimée et au Donbass.
Cela a mis Medvedev sur les rails : «Que devrions-nous admettre dans l’OTAN, demandez-vous ? Eh bien, nous pouvons accepter la ville de Lemberg et
ses environs [la région de Lviv] s’ils insistent vraiment là-dessus».
Cette analyse se concentre sur «ce que font les
Russes avec leur «offensive de la saison de la boue» en cours en Ukraine, qui est en fait un ensemble d’attaques locales sur toute la longueur de la ligne de front» – à
l’exception de Kherson.
Sur le plan stratégique, la Russie n’a engagé aucune de ses réserves massives, tandis que les forces armées ukrainiennes (FAU) sont mises sous pression
tout au long des lignes de front – et que les Russes préparent silencieusement un coup d’assommoir surprise ailleurs.
L’horizon de Kiev s’est assombri sous l’effet d’une tempête parfaite : Diminution du financement, armement et «soutien» occidental, tandis que
les désastres ukrainiens en série sur le terrain sont si évidents qu’ils sont même relayés par les médias occidentaux grand public.
Il ne s’agit pas d’une «impasse».
L’analyse précédente n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’éclatement des brigades ukrainiennes sur les lignes de front, composées «en grande partie
d’unités déjà malmenées lors de l’offensive désastreuse des Cent Jours».
L’Offensive des Cent Jours devrait plutôt être qualifiée de Débâcle des Cent Jours de l’OTAN.
Cette débâcle est la principale raison pour laquelle l’administration du «combo Biden» tente aujourd’hui désespérément d’imposer un cessez-le-feu : Un
moyen de sauver la face aussi crucial que de jeter sous un bus à impériale le sweat-shirt en sueur de Kiev.
Les couteaux sont sortis dans la lutte pour le trône ukrainien.
Diversmédias ukrainiens
(en russe) font état de projets de limogeage de tel ou tel général. Andrei Yermak, le chef de cabinet de Zelensky et le véritable pouvoir derrière lui, se trouve actuellement aux
États-Unis, prétendument pour obtenir le feu vert au licenciement du commandant en chef de l’armée ukrainienne, le général Zaloujny. D’autres médias ukrainiens plaident pour que
Zaloujny devienne le nouveau président. Demain, le directeur de la CIA, Burns, devrait être à Kiev pour dire à Zelensky que son temps est écoulé et que lui, Zelensky, devra
partir.
«Il semble évident
que deux factions concurrentes tentent de se surpasser dans la sphère des médias occidentaux. Zaloujny a frappé un grand coup dans l’article non approuvé de The Economist, et il
semblerait que les partisans de Zelensky fassent leur propre contre-attaque en parallèle».
Larry Johnson rappelle les
grandes puissances qui sont derrière ce combat :
«Un point
essentiel que j’ai omis de soulever dans mon article d’hier concernant les récits contradictoires sur Zelensky et le général Zaloujny – il semble que les Britanniques soutiennent
Zaloujny tandis que la CIA tente de sauver Zelensky et de se débarrasser de Zaloujny. Je fonde cette conclusion sur le fait que The Economist, une publication britannique ayant des
liens étroits avec le MI-6, a donné à Zaloujny le traitement de célébrité, tandis que le Washington Post, le torchon de la CIA, a blâmé Zaloujny pour Nord Stream».
C’est amusant à regarder, à moins d’être sur la ligne de front.
Là-bas, les choses empirent de jour en jour pour l’armée ukrainienne.
L’Ukraine a gaspillé tellement de troupes dans des entreprises impossibles, pour tenir Bakhmout et dans sa «contre-attaque» insensée contre les lignes
russes imprenables, qu’elle manque
maintenant de troupes pour tenir ses lignes de défense.
Il y a six semaines, l’ancien ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a exhorté le
gouvernement ukrainien à recruter davantage de jeunes gens pour remplir les lignes :
«L’âge moyen des
soldats sur le front est supérieur à 40 ans. Je comprends le désir du président Zelensky de préserver les jeunes pour l’avenir, mais le fait est que la Russie mobilise l’ensemble du
pays de manière furtive. Poutine sait qu’une pause lui donnera le temps de construire une nouvelle armée. Ainsi, tout comme la Grande-Bretagne l’a fait en 1939 et 1941, il est
peut-être temps de réévaluer l’ampleur de la mobilisation de l’Ukraine».
Dans un récent entretien avec Ukrainian
Pravda, l’écrivain Shashank Joshi, de l’hebdomadaire The
Economist, a adopté un point
de vue similaire :
«Q : Existe-t-il
des ressources pour intensifier la formation des soldats ukrainiens à l’étranger ?
R : Je dirais que
l’un des plus grands défis à l’heure actuelle est, tout d’abord, d’être en mesure de mobiliser davantage de jeunes Ukrainiens, ce qui, comme vous le savez, est un défi, une question
politique et une question sociale».
L’ignorance affichée dans ces déclarations britanniques devient évidente lorsqu’on jette un coup d’œil sur la démographie
de l’Ukraine :
Lorsque l’Union soviétique s’est dissoute à la fin des années 1980, l’économie de l’Ukraine s’est effondrée. Les gens se sont soudain retrouvés très
pauvres et sans emploi. Ils se sont donc abstenus d’avoir des enfants. D’autres ont fui lorsque la guerre a éclaté et certains jeunes hommes ont été tués pendant la guerre.
Si l’on compte aujourd’hui quelque trois cent mille Ukrainiens âgés de 40 ans, on dénombre moins de cent mille hommes âgés de 25 ans.
Comme il y a si peu d’hommes et de femmes en âge de procréer, il y a également peu de nouveaux bébés. L’accession à l’indépendance a été pour l’Ukraine
une catastrophe socio-démographique qui hantera le pays pendant les cent prochaines années.
L’armée ukrainienne ne peut pas recruter de jeunes soldats parce qu’il n’y a tout simplement pas de jeunes gens.
Les quelques milliers de personnes qui traînent encore à Kiev sont en fait des étudiants universitaires dont les connaissances et les services seront nécessaires au cours des
prochaines décennies. Les enrôler tuerait toutes les perspectives positives que l’Ukraine pourrait encore avoir.
Après que le gouvernement ukrainien, sur ordre des États-Unis, ait échoué
à faire la paix avec la Russie, le président russe Vladimir Poutine a ordonné à ses troupes de «démilitariser et dé-nazifier» l’Ukraine. Il était
alors évident que le principal objectif des Russes était d’affaiblir l’armée ukrainienne, et non de lui prendre ses terres.
Le commandement politique et militaire ukrainien n’a pas su s’y adapter. Au lieu de se mettre en mode de défense derrière des lignes défendables, il a
ordonné à ses troupes d’attaquer les lignes de défense russes encore et encore. En conséquence, les pertes russes ont été minimes,
tandis que les pertes ukrainiennes ont dépassé tout ce que l’on pouvait imaginer.
Il était tout à fait prévisible que
cela se terminerait mal.
C’est terminé. L’Ukraine et les puissances qui la soutiennent ont perdu la guerre.
Les forces russes mènent désormais des attaques de reconnaissance sur l’ensemble de la ligne de front. Chaque fois qu’une ligne de défense locale
ukrainienne s’effondrera, ce qui n’est qu’une question de temps, elles feront une percée et couvriront de nouveaux territoires. Les gouttes qui s’échapperont deviendront un ruisseau,
puis une rivière et une inondation qui pousseront l’armée ukrainienne à battre en retraite.
Le gouvernement ukrainien et ses soutiens peuvent encore empêcher cela.
Mais il doit reconnaître les faits sur le terrain.
Appeler à l’enrôlement d’un plus grand nombre de jeunes Ukrainiens pour qu’ils meurent, c’est le contraire de ce qu’il faut faire.
L’Ukraine a manqué l’occasion de
conclure un accord favorable sur le règlement pacifique du conflit. La communauté d’experts rappelle que ce n’est pas la première «fenêtre d’opportunité qui se ferme», il y a eu au
moins cinq cas similaires dans le passé. De quels cas précis s’agit-il et pourquoi l’Ukraine a-t-elle manqué à plusieurs reprises l’opportunité de parvenir à la paix
?
La fenêtre d’opportunité pour des négociations dans des conditions favorables à l’Ukraine s’est fermée, écrit le Washington
Post. «La Russie voit
une impasse technologique sur le champ de bataille, et Moscou a un avantage à long terme en termes d’effectifs», souligne le journal. Ce dernier précise que la percée de l’armée
ukrainienne dans les territoires russes n’est plus possible, comme en témoigne la
récente publication du commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeri Zaloujny, dans The
Economist.
La meilleure occasion pour le bureau de Zelensky de négocier une trêve s’est présentée en novembre dernier, lorsque l’armée ukrainienne a réussi à
«prendre l’élan» nécessaire pour poursuivre son offensive près de Kharkov et de Kherson. À l’époque, le président du comité des chefs d’état-major des forces armées américaines, Mark
Milley, avait également souligné la
nécessité d’entamer un dialogue avec Moscou.
Comme le note la communauté d’experts, les autorités ukrainiennes ont pour habitude de laisser passer les occasions de paix, et cette tradition perdure
depuis 2014, lorsque le Donbass a annoncé son intention de devenir autonome. Rappelons qu’à l’époque, Viktor Medvedtchouk, l’ancien chef de l’administration de Leonid Koutchma, ainsi
que le député du Parti des régions Nestor Choufritch ont rencontré des représentants de la République populaire de Lougansk (RPL) et de la République populaire de Donetsk (RPD).
Cependant, les négociations ont échoué. C’était la première occasion de
régler le conflit.
La deuxième occasion de
règlement s’est présentée à l’automne de la même année. Sur fond de bombardements des territoires de la RPL et de la RPD par l’armée ukrainienne, à l’initiative du président russe
Vladimir Poutine, les membres du groupe de contact se sont réunis à Minsk et se sont mis d’accord sur un premier plan de règlement pacifique.
Un protocole a ensuite été signé, en vertu duquel les parties se sont engagées à cesser immédiatement les opérations militaires, à retirer toutes les
formations armées et à libérer les otages. L’obligation pour les autorités ukrainiennes de procéder à la décentralisation et d’organiser des élections locales anticipées a été
stipulée séparément.
Cependant, le cessez-le-feu a été rapidement violé par les forces armées ukrainiennes. Afin de résoudre la crise, les dirigeants de la Russie, de
l’Ukraine, de la France et de l’Allemagne se sont réunis au format Normandie dans la capitale biélorusse en février 2015. Au cours de longues discussions, un ensemble de mesures pour
la mise en œuvre des accords de Minsk a été convenu.
Le document signé a été soutenu par le Conseil de sécurité des Nations unies et est devenu contraignant. L’accord conclu reprend en grande partie le
contenu des accords d’automne. Il accorde une attention particulière à la nécessité de procéder à une réforme constitutionnelle en Ukraine et de consolider le statut spécial de
certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk.
Il s’agissait de la troisième
tentative de régler le conflit, mais les politiciens ukrainiens ont une fois de plus échoué à en profiter. La raison de cet échec est le refus de l’Ukraine de conférer à
la RPL et à la RPD des fonctions d’autonomie. Ce point est devenu une pierre d’achoppement dans les tentatives ultérieures de normaliser la situation.
Avec l’arrivée au pouvoir de Volodymyr Zelensky, les parties ont eu une nouvelle chance de régler les contradictions accumulées,
leur quatrième
opportunité.
Le 9 décembre 2019, le quartet de Normandie s’est de nouveau réuni. Lors du sommet de Paris, un communiqué final a été adopté, dans lequel les parties
ont réaffirmé leur attachement aux accords de Minsk. L’Ukraine s’est engagée à intensifier ses efforts pour respecter ses engagements.
Les tentatives de régler la situation se sont poursuivies jusqu’en février 2022. À cette époque, avant même le début du l’opération militaire spéciale,
le chef adjoint de l’administration présidentielle russe Dmitri Kozak, décrivant ses impressions sur les négociations avec le bureau de Zelensky, a déclaré que l’Ukraine sabotait la
mise en œuvre des accords de Minsk.
Cependant, même après le début du l’opération militaire spéciale, Zelensky a eu une cinquième
opportunité de déboucher sur un accord favorable. Au printemps 2022, des représentants de la Russie et de l’Ukraine négociaient activement. Mais sous la pression de
l’Occident, les représentants de l’Ukraine ont décidé de renoncer à la paix.
En octobre 2023, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder a révélé dans
une interview accordée au Berliner
Zeitung les raisons de l’échec des négociations. Selon lui, rien ne pouvait être décidé dans le cadre des discussions entre les deux parties, car beaucoup de choses étaient
«décidées à
Washington». «Ils devaient
demander l’avis des Américains sur tout ce qui était évoqué», a-t-il noté.
Ainsi, entre l’été 2014 et le printemps 2022, Petro Porochenko et Volodymyr Zelensky ont eu cinq occasions de résoudre le conflit dans des conditions
dignes pour l’Ukraine et de préserver son intégrité territoriale, sans compter la Crimée. Mais elles ont toutes été désespérément manquées.
Le «succès» spectaculaire de la
contre-offensive de Kiev a, comme on pouvait s’y attendre, engendré un combat de chiens.
Le «succès» spectaculaire de la contre-offensive de Kiev, qui a fait écho dans toute la galaxie géopolitique, a engendré ce que toute personne dotée
d’un cerveau attendait : un combat de chiens.
Le spectacle Zelensky-Zaloujny a fait son apparition, surtout après que le commandant en chef des forces armées ukrainiennes (FAU) a admis publiquement
que la guerre était «dans l’impasse», ce qui signifie «nous sommes dans le pétrin». Il a également parlé de «défense positionnelle» – code pour «nous allons continuer à perdre de plus
en plus de territoire».
Le combat s’accompagne de connotations mafieuses, comme lorsque Gennady Chistyakov, 39 ans, assistant de Zaloujny, fait exploser «accidentellement» une
grenade reçue en cadeau, blessant gravement sa fille et se faisant exploser à son tour.
À première vue, on pourrait considérer qu’il s’agit d’un énième sketch loufoque à la «Pulp
Fiction» impliquant les plus hauts responsables (sans Winston
Wolf pour «résoudre les problèmes»). Mais c’est un message de mauvais augure pour Zaloujny : une fois de plus, comme dans la mafia, il ferait mieux de se méfier des amis qui
lui apportent des cadeaux.
Quant à la «contre-offensive», le dossier, à toutes fins utiles, semble clos. Il n’y en aura pas d’autre – parce qu’il n’y a plus d’armes, de moyens ou
de troupes pour la porter, à l’exception de quelques citoyens ukrainiens âgés et de ménagères sans méfiance pourchassés par les «services de sécurité» à la sortie du
supermarché.
Une débâcle morale et
psychologique
Cela nous amène à un autre instantané de ce qui se passe réellement sur la ligne de front.
Le document ci-joint, dont l’authenticité a été entièrement vérifiée, est un rapport de la mi-octobre adressé au commandant du 10e corps d’armée des
FAU.
Le rapport stipule que la 116e brigade mécanisée séparée est «incapable de
mener des opérations offensives en raison des pertes élevées et du grand nombre de soldats qui ont besoin d’une assistance psychologique et médicale».
La 116e brigade est profondément impliquée dans les opérations militaires dans la région de Zaporijia depuis 5 mois déjà. Depuis trois mois, elle fait
partie du 10e corps d’armée, «Tavriya».
Le rapport indique que les pertes de la brigade s’élèvent à 94 soldats morts, 1122 blessés et 95 disparus. Cela correspond à 25% de l’effectif
total.
Sur le plan moral et psychologique, au moins 153 soldats ont besoin d’une réhabilitation psychologique immédiate.
Cette brigade est une unité assez importante ; ce qui est sous-entendu, c’est qu’une débâcle morale et psychologique est maintenant intégrée comme une
erreur de système au cœur de l’armée ukrainienne. Les conséquences, à court et à moyen terme, seront désastreuses.
Tout cela se produit alors que le flux de mercenaires étrangers vers les FAU se tarit. Il n’y a rien d’étonnant à cela : il s’agit d’une véritable
tempête : des brigades complètement décimées, des niveaux de corruption indescriptibles et de meilleures opportunités de carrière dans la guerre éternelle qui se rallume en
Israël/Palestine.
Les civils de Kharkov, par exemple, confirment que les mercenaires étrangers parlant polonais ou anglais sont désormais «presque invisibles».
Rien de tout cela ne signifie que les choses seront désormais faciles pour la Russie. Par exemple, l’armée russe n’a toujours pas été en mesure de
détruire la tête de pont ukrainienne sur le Dniepr à Kherson.
Par la suite, il sera de plus en plus difficile d’expulser les Ukrainiens de la berge orientale du Dniepr.
Les médias militaires russes, au plus haut niveau, font de leur mieux pour mettre l’accent sur les cas graves d’inaptitude de l’armée russe. C’est leur
devoir civique, qui consiste à créer une vague d’opinion publique, à forcer l’armée russe à corriger ses erreurs et surtout à ne pas sous-estimer l’ennemi.
Après tout, l’affaire est loin d’être terminée, indépendamment du combat de chiens qui fait rage dans les couloirs du pouvoir à Kiev.
La thèse centrale de Zaloujny est que la guerre est actuellement dans une impasse. Elle est devenue positionnelle, sans qu’aucune manœuvre d’envergure
ne soit possible. Il compare cette situation à la guerre en Europe en 1917. Selon lui, le changement ne s’est produit que grâce à l’introduction de nouvelles technologies (les chars
d’assaut, par exemple).
Zaloujny reconnaît que le vainqueur à long terme d’une guerre de position sera la Russie :
«Pour de
nombreuses raisons subjectives et objectives, la guerre actuelle évolue progressivement vers une forme de guerre de position, dont il a toujours été difficile de sortir, d’un point de
vue historique, à la fois pour les forces armées et pour l’État dans son ensemble. En même temps, la prolongation d’une guerre, en règle générale, dans la plupart des cas, profite à
l’une des parties au conflit. Dans notre cas particulier, il s’agit de la Fédération de Russie, car elle lui donne l’occasion de reconstituer et de renforcer sa puissance militaire.
Par conséquent, les questions relatives à la compréhension des causes d’une telle situation, à la recherche d’issues possibles et au changement de la nature et du cours de cette
guerre en faveur de l’Ukraine revêtent une importance particulière dans les conditions actuelles».
Zaloujny pense que les nouvelles technologies sont le moyen de sortir de l’impasse de la guerre de position. Sa solution consiste à demander et à
investir massivement dans certains domaines susceptibles de donner un avantage à l’Ukraine.
Il veut des masses de drones, plus de petits systèmes de guerre électronique, de meilleures capacités de contre-artillerie, de meilleures technologies
de franchissement de mines et, enfin, une plus grande accumulation de réserves.
Pour ma part, je pense que Zaloujny se trompe. La guerre n’est pas dans une impasse. La Russie a clairement l’avantage car elle est libre de manœuvrer
sur toute la ligne de front et d’attaquer là où elle le souhaite. Elle ne le fait pas avec toute sa force parce que la situation actuelle lui permet de remplir commodément l’ordre que
son commandant en chef lui a donné: Détruire les capacités militaires de l’Ukraine.
Aucune des technologies énumérées par Zaloujny n’est vraiment nouvelle. Il s’agit de capacités que la Russie possède déjà et dont l’Ukraine est
clairement dépourvue, du moins en nombre. Au cours des deux décennies de guerre contre le terrorisme, l’Occident a négligé d’investir massivement dans ces domaines, tandis que la
Russie a continué à les développer. C’est un avantage qu’il sera difficile de rattraper.
Un dernier point sur le dernier changement que Zaloujny souhaite mettre en œuvre : l’accumulation de réserves.
C’est la stratégie de l’Ukraine, qui consiste à «attaquer partout» et à «ne jamais céder de terrain pour des vies», qui l’a empêchée de le faire. Cela
pourrait bien être dû à l’insistance
de Zelensky à tenir Bakhmout et, actuellement, à tenir Avdiivka à n’importe quel prix. Ces deux opérations ont coûté à l’Ukraine une énorme quantité de matériel et d’hommes.
Zelensky a insisté sur l’attaque et la résistance parce qu’il avait besoin de montrer son succès pour obtenir plus d’argent et d’armes.
Cette stratégie a échoué et a tué l’armée ukrainienne :
«Depuis le début
de l’invasion, l’Ukraine a refusé de publier un décompte officiel des morts et des blessés. Mais selon les estimations américaines et européennes, le bilan dépasse depuis longtemps
les 100 000 morts de chaque côté de la guerre. La guerre a tellement érodé les rangs des forces armées ukrainiennes que les bureaux de recrutement ont été contraints de faire appel à
du personnel de plus en plus âgé, ce qui a porté l’âge moyen d’un soldat ukrainien à environ 43 ans. «Ce sont des hommes adultes maintenant, et ils ne sont pas en
très bonne santé», déclare le proche collaborateur de Zelensky. «Nous sommes en Ukraine, pas en Scandinavie»».
Il incombait à Zaloujny, en tant que plus haut responsable militaire, de convaincre les dirigeants civils de la bonne façon de mener la guerre.
Il y a un an, après le départ des forces russes de la ville de Kherson, l’armée ukrainienne aurait dû se contenter d’adopter des positions défensives le
long de caractéristiques géographiques avantageuses. La Russie aurait dû attaquer et subir des pertes plus importantes. Mais nous ne voyons toujours pas une seule ligne de défense
ukrainienne construite de manière décente. Au lieu de cela, les réserves sont toujours lancées dans des attaques qui échouent et pour s’accrocher à des positions manifestement perdues
dans le chaudron.
Ces derniers jours, des chars de la 47e brigade (Leo 2) et de la 10e brigade de montagne (T-64BM/BV) ont été vus et détruits près d’Avdiivka. Ces deux
brigades venaient tout juste d’être massacrées au cours de leurs attaques désespérées sur le front sud. Il est insensé de jeter ce qui reste d’elles dans une nouvelle bataille sans
les reconstituer. Toute l’expérience et les connaissances acquises par ces brigades seront perdues avec elles.
Zaloujny ne montre aucun signe de reconnaissance de ces erreurs. Si Zelensky n’a pas suivi ses conseils militaires, il aurait dû démissionner. S’il a
approuvé la stratégie de Zelensky, il a tout simplement manqué de discernement. Il est désormais bien trop tard pour corriger l’une ou l’autre de ces erreurs.
Cette offensive s’est
déroulée à un rythme insoutenable et avec des pertes énormes, ce qui fait que Zelensky a de plus en plus de mal à convaincre ses partenaires que la victoire est à portée de main. Avec le
déclenchement de la guerre en Israël, le simple fait de maintenir l’attention du monde sur l’Ukraine est devenu un défi majeur.
Citant un soldat sur le
front de la contre-offensive, The
Economistabonde dans
le même sens :
“Left Handed“, un fantassin qui se bat
sur le front entre Robotyne et Verbove, affirme que les pertes ukrainiennes ont atteint des niveaux alarmants, en partie grâce au travail des drones. Les plaines de Zaporizhia ont tourné le
dos à la vie, dit-il. “C’est
l’enfer. Des cadavres, l’odeur des cadavres, la mort, le sang et la peur. Pas une once de vie, juste la puanteur de la mort“. Les membres d’unités comme la sienne avaient plus de
chances de mourir que de survivre. “70% – 30%. Certains ne survivent même pas
jusqu’à leur première bataille“.
Mais ses convictions n’ont pas changé. Malgré les récents revers sur le champ de bataille, il n’a pas l’intention d’abandonner le combat ou de demander une
quelconque paix.
Au contraire, sa conviction de la victoire finale de l’Ukraine sur la Russie s’est durcie, au point d’inquiéter certains de ses conseillers. Elle est
inébranlable, à la limite du messianisme. “Il se fait des illusions“, me dit l’un
de ses plus proches collaborateurs, frustré. “Nous n’avons plus d’options. Nous ne sommes
pas en train de gagner. Mais essayez de le lui dire“.
L’entêtement de Zelensky, selon certains de ses collaborateurs, a nui aux efforts de leur équipe pour élaborer une nouvelle stratégie, un nouveau message. Alors
qu’ils débattaient de l’avenir de la guerre, une question est restée taboue : La possibilité de négocier un accord de paix avec les Russes. À en juger par de récents sondages, la plupart des
Ukrainiens rejetteraient une telle démarche, surtout si elle impliquait la perte de tout territoire occupé.
La guerre est perdue. Les Ukrainiens le savent. Mais ils ne veulent pas abandonner.
Les gens de Zelenski rejettent la faute sur tout le monde sauf sur ceux qui ont causé le désordre. C’est le message de “victoire” de Zelenski et de son équipe qui a conduit l’opinion
publique à la complaisance la plus totale.
D’un point de vue stratégique, l’Ukraine est en train de perdre la guerre en raison de la perception inadéquate de la situation par la société.
Cette opinion a été exprimée par le commandant des forces armées ukrainiennes Dmitry Kukharchuk dans une interview avec Channel Five.
Il affirme qu’au début de la guerre, tous les Ukrainiens étaient prêts à défendre le pays et qu’il y avait de nombreux volontaires. Mais après le retrait des
troupes russes de Kiev, la situation a changé.
“Immédiatement après, j’ai remarqué que les
médias diffusaient des thèses selon lesquelles nous nous battions contre des sans-abri, que l’armée russe ne savait pas se battre, qu’en principe la victoire serait acquise dans une semaine
ou deux, un mois au maximum. Que d’abord au printemps, puis en été, puis en automne, puis en hiver, sans préciser lequel, nous irons en Crimée. Que la victoire est fondamentalement
victorieuse. On a donc mis les gens dans une salle de bain chaude. Nous avons brisé leur vision de la réalité. Mais cela ne s’est pas produit en Russie. Les Russes ont commencé à se rendre
compte que la guerre n’allait pas être facile pour eux. Ils ont compris qu’ils allaient devoir se battre pendant longtemps“, estime M. Kukharchuk.
Il ajoute que les Russes “deviennent plus forts” chaque jour et
que si l’Ukraine avait vraiment combattu des “dégénérés“, elle les aurait vaincus
depuis longtemps.
“C’est la raison pour laquelle nous perdons.
Ils ont ces processus en cours, et leur état de préparation est bien plus élevé que celui de notre société. Et lorsqu’ils parlent d’une bombe nucléaire, d’une guerre de tous contre tous, pour
une raison ou une autre, il me semble qu’ils sont prêts pour ces processus“, a ajouté le commandant du bataillon.
Napoléon, Hitler et bien d’autres qui ont cherché la guerre contre la Russie ont dû apprendre à ne jamais sous-estimer la profondeur de ses ressources.
Aujourd’hui, l’OTAN, les États-Unis et leurs mandataires européens sont en train d’apprendre cette leçon.
Zelenski ne l’a toujours pas apprise. Il ne cédera
pas :
Le froid rendra également les avancées militaires plus difficiles, bloquant les lignes de front au moins jusqu’au printemps. Mais Zelenski refuse de l’admettre.
“Pour moi, geler la guerre, c’est
la perdre“, déclare-t-il. Avant l’arrivée de l’hiver, ses collaborateurs m’ont prévenu qu’ils devaient s’attendre à des changements majeurs dans leur stratégie militaire et à un
remaniement important de l’équipe du président. Selon eux, au moins un ministre devrait être licencié, ainsi qu’un général de haut rang chargé de la contre-offensive, afin de rendre compte de
la lenteur des progrès de l’Ukraine sur le front. “Nous n’avançons pas“, déclare l’un des
proches collaborateurs de Zelensky. Certains commandants de première ligne, poursuit-il, ont commencé à refuser les ordres d’avancer, même lorsqu’ils venaient directement du bureau du
président. “Ils veulent
simplement rester dans les tranchées et tenir la ligne“, ajoute-t-il. “Mais nous ne pouvons pas gagner une guerre de
cette façon“.
Lorsque j’ai soulevé ces questions auprès d’un officier supérieur, il m’a répondu que certains commandants n’avaient pas vraiment le choix de remettre en
question les ordres émanant du sommet de la hiérarchie. Selon lui, à un moment donné, début octobre, les dirigeants politiques de Kiev ont demandé une opération pour “reprendre” la ville de Horlivka, un
avant-poste stratégique dans l’est de l’Ukraine que les Russes tiennent et défendent farouchement depuis près d’une décennie. La réponse a pris la forme d’une question : “Avec quoi ?Ils n’ont ni les hommes ni les armes“,
déclare l’officier. “Où sont les
armes ? Où est l’artillerie ? Où sont les nouvelles recrues ?”
Dans certaines branches de l’armée, la pénurie de personnel est devenue encore plus grave que le déficit en armes et en munitions. L’un des proches
collaborateurs de Zelensky me dit que même si les États-Unis et leurs alliés fournissent toutes les armes qu’ils ont promises, “nous n’avons pas les hommes pour les
utiliser“.
Depuis le début de l’invasion, l’Ukraine a refusé de publier un décompte officiel des morts et des blessés. Mais selon les estimations américaines et
européennes, le bilan dépasse depuis longtemps les 100 000 morts de part et d’autre de la guerre. La guerre a tellement érodé les rangs des forces armées ukrainiennes que les bureaux de
recrutement ont été contraints de faire appel à du personnel de plus en plus âgé, ce qui a porté l’âge moyen d’un soldat ukrainien à environ 43 ans. “Ce sont des hommes adultes maintenant, et ils
ne sont pas en très bonne santé“, déclare le proche collaborateur de Zelensky. “Nous sommes en Ukraine, pas en Scandinavie.
Ce n’est pas la Scandinavie.“
Les vieux problèmes de l’Ukraine, en particulier la corruption, persistent :
Avec toutes les pressions exercées pour éradiquer la corruption, j’ai supposé, peut-être naïvement, que les fonctionnaires ukrainiens réfléchiraient à deux fois
avant d’accepter un pot-de-vin ou d’empocher des fonds publics. Mais lorsque j’ai fait cette remarque à un haut conseiller présidentiel au début du mois d’octobre, il m’a demandé d’éteindre
mon enregistreur audio afin de pouvoir parler plus librement. “Simon, vous vous trompez“, me dit-il.
“Les gens volent comme s’il n’y
avait pas de lendemain“.
Sachant que le bateau est en train de couler, c’est probablement ce que je ferais aussi. J’embarquerais tout ce qui est disponible sur mon radeau de sauvetage
personnel et je me préparerais à couper les amarres avec le navire-mère.
L’article du Time est un signal. Il annonce la fin du régime Zelenski.
Je suis sûr que le Conseil national de sécurité, ainsi que le département d’État, cherchent fébrilement une alternative – et un moyen de sauver la face en mettant cette alternative en
place.
Quelqu’un semble protéger et promouvoir Alexey
Arestovich exactement dans ce but :
Après avoir quitté le bureau présidentiel à la suite d’un scandale en janvier 2023, Arestovich, bien qu’il ait commencé à critiquer les actions des autorités,
l’a fait avec prudence jusqu’à récemment.
Mais aujourd’hui, il se contente de critiquer l’équipe au pouvoir.
Arestovich se concentre sur deux choses : les décisions militaires des dirigeants du pays et leur politique intérieure.
…
La deuxième version : Arestovich a obtenu le soutien des Américains qui souhaitent une plus grande diversité politique en Ukraine et ne sont pas intéressés par
la monopolisation du pouvoir par Zelensky.
En faveur de cette version, ils utilisent également le fait mentionné plus haut que le durcissement de la rhétorique de l’ex-conseiller du cabinet du président
a commencé après son voyage aux États-Unis. A cet égard, ils rappellent également son
interview avec Gordon au début du mois d’octobre, dans laquelle il déclare que si l’Occident décide de mettre fin à la guerre sans atteindre les frontières de 1991 et que Zelensky
s’y oppose, alors le président de l’Ukraine sera “changé” lors des élections.
…
“Il est possible qu’Arestovich soit soutenu
par une certaine partie des élites occidentales, qui se soucient de la diversité des opinions en Ukraine. Ils disent que le pays ne peut pas parler seulement avec la voix de Zelensky, mais
qu’il y a aussi différentes opinions critiques“, commente l’analyste politique Ruslan Bortnik à Strana.
Dans sa grande stratégie, la Maison Blanche avait cherché à pivoter vers l’Asie. Mais les États-Unis sont avant tout coincé en Ukraine, dans un conflit totalement
inutile qu’ils ont eux-mêmes provoqué, puis, avec Gaza en flammes, de nouveau au Moyen-Orient.
Lors d’une récente conférence en Australie, John Mearsheimer s’est
penché sur ce dilemme (vidéo). Il n’entrevoit pas d’issue favorable.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Biden donne un coup de pouce à la guerre en Ukraine qui bat de l’aile
Par M.K. Bhadrakumar – Le 21 octobre 2023 – Source Indian Punchline
Le pronostic d’une “fatigue de guerre” de la part des États-Unis et de leurs alliés
dans leur guerre par procuration en Ukraine a été largement exagéré. Au contraire, la guerre est en train d’acquérir une nouvelle ardeur.
L’administration Biden
chevauche un tigre, et si elle en descend, elle risque d’être dévorée par les conséquences féroces d’une défaite, qui ne pourra que discréditer le transatlantisme, accélérer la désintégration de
l’OTAN et sonner le glas de l’hégémonie mondiale des États-Unis.
Le discours officiel de
Biden à la nation depuis le bureau ovale jeudi ne peut être considéré que comme le lancement d’une nouvelle phase de la guerre en Ukraine. Poursuivant la diabolisation de Poutine à un nouveau
niveau, Biden tisse un nouveau récit affirmant que le Hamas et le dirigeant russe veulent tous deux “anéantir complètement une démocratie voisine – l’anéantir
complètement“.
Le fondement de l’argumentation de Biden est que le soutien résolu des alliés des États-Unis est essentiel pour préserver la primauté américaine dans le monde.
L’intrigue principale est que la guerre hybride en Ukraine se poursuivra tant que Biden restera en poste à la Maison Blanche. Elle s’est transformée en une “guerre éternelle“. Biden a appelé le président ukrainien
Vladimir Zelensky avant de prononcer son discours.
Les analystes voudraient nous faire croire que l’Europe est de plus en plus désenchantée par la guerre. Mais la Pologne, l’un des principaux États de la ligne de
front, vient d’élire un gouvernement centriste, ce qui a de quoi réjouir Kiev (et Washington). En Grande-Bretagne aussi, on peut s’attendre à un résultat similaire, sauf que Tweedledum remplacera
Tweedledee, deux petits bonshommes de l’État profond qui sont identiques, ils sont juste des inversions gauche-droite l’un de l’autre.
Ne vous y trompez pas : La déclaration commune publiée à l’issue du sommet américano-européen qui s’est tenu à Washington le 20 octobre constitue une victoire retentissante pour l’administration
Biden, puisque l’UE a convenu avec les États-Unis d’un soutien militaire “inébranlable” à l’Ukraine ; elle exige que la Russie “mette fin à sa guerre brutale et retire immédiatement, complètement
et inconditionnellement ses forces militaires, ses mandataires et son équipement militaire de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine” ; l’impératif de rétablir les
“frontières internationalement reconnues” dans tout
règlement de paix ; forcer la Russie à “supporter les
conséquences juridiques de tous ses actes internationalement répréhensibles” contre l’Ukraine ; approfondir encore “les travaux conjoints visant à saper la capacité de la Russie à mener
sa guerre, et à maintenir et développer sa base et sa capacité industrielles de défense“, etc.
Il n’y a aucun signe d’un éventuel fléchissement dans la fermeté du soutien militaire de l’Europe à l’Ukraine. L’exemple le plus récent est celui de la Suède où, comme dans d’autres pays nordiques et
dans les États baltes, la proximité géographique avec la Russie a accru les craintes en matière de sécurité, et il n’y a guère de signes d’un quelconque flottement.
Politico rapportait mardi que le ministre suédois de la
défense, Pål Jonson, avait demandé à la direction militaire du pays d’examiner l’impact potentiel de la fourniture de divers types de soutien à la capacité de l’Ukraine en matière d’avions de
combat, y compris les Gripen. Les militaires doivent faire leur rapport à Jonson d’ici le 6 novembre. Cette décision fait suite à l’annonce par la Norvège, le Danemark, la Belgique et les
Pays-Bas, voisins européens de la Suède, de leur intention d’envoyer des avions de combat Lockheed Martin F-16 à Kiev.
Les experts estiment que même un nombre limité de Gripen pourrait contribuer de manière significative aux efforts de l’Ukraine pour contrôler son espace aérien. Ils
considèrent en effet qu’il s’agit d’un avion relativement bon marché et facile à entretenir, qui peut opérer à partir de pistes plus courtes et plus étroites, y compris des pistes d’atterrissage
improvisées sur des tronçons rectilignes d’autoroutes, réduisant ainsi le risque que les avions se rassemblent sur une base plus importante et soient détruits par une seule attaque
ennemie.
Quant aux États-Unis, nous savons maintenant que l’administration Biden dissimulait les missiles ATACMS, alors qu’elle avait déjà subrepticement équipé les forces
de Kiev de ce système. En outre, encouragée par le succès de l’attaque dévastatrice de Kiev contre les aérodromes contrôlés par les Russes à Beryansk et Luhansk mardi en utilisant l’ATACMS (qui
aurait détruit plusieurs hélicoptères russes, un dépôt de munitions et un système de défense aérienne), l’administration Biden envisage maintenant de fournir une version avancée du missile qui peut tirer deux fois plus loin (190 miles) que ceux que l’Ukraine vient de recevoir (100 miles
seulement).
La détermination de Joe Biden ne faiblit certainement pas. En fait, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a effrontément révélé vendredi, lors d’une réunion spéciale de la Maison Blanche, que Washington avait “passé des contrats pour certains types de systèmes d’armes qui n’ont
pas encore été livrés parce qu’ils sont encore en cours de production“. En clair, l’administration Biden considère qu’il est possible de remettre à l’Ukraine des armes et des véhicules
militaires qui n’ont jamais été livrés auparavant.
“Le président a toute
latitude, en fonction des circonstances du conflit, de la situation sur le terrain et des consultations avec les alliés, pour décider s’il fournira à l’Ukraine des systèmes d’armes que nous
n’avons jamais fournis auparavant“, a indiqué Sullivan. Il a ensuite expliqué que les États-Unis avaient “passé des contrats pour certains types de systèmes d’armes qui n’ont
pas encore été livrés parce qu’ils sont encore en cours de production. Nous nous attendons à ce qu’ils soient livrés dans les mois à venir“.
Une autre hypothèse erronée était qu’au sein du Congrès américain, une vague d’opinion était en train de se former et qu’il serait de plus en plus difficile pour
l’administration Biden d’obtenir l’approbation d’une aide militaire à l’Ukraine au cours d’une année électorale. Mais, par chance, Biden, qui est un politicien très expérimenté dans la gestion de
législations difficiles, a trouvé un moyen ingénieux.
Le candidat Vivek Ramaswamy l’a bien expliqué : “Ils combinent intentionnellement les débats autour de l’Ukraine,
d’Israël et de notre frontière pour faire passer en force les 61 milliards de dollars destinés à l’Ukraine, qui n’auraient jamais été votés autrement“. Selon les documents de la Maison
Blanche, la demande pour l’année fiscale 2024 propose d’allouer plus de 61,4 milliards de dollars à l’Ukraine et plus de 14,3 milliards de dollars à Israël.
Sullivan a déclaré que la dernière demande de budget de l’administration Biden arrivait “au milieu d’un point d’inflexion mondial” après l’attaque du
Hamas contre Israël “et alors que le peuple ukrainien
continue de se battre chaque jour pour sa liberté et son indépendance contre la brutalité russe“. Il a mis l’accent sur le nouveau discours de Biden selon lequel “l’issue de ces combats pour la démocratie contre le terrorisme et la
tyrannie est vitale pour la sûreté et la sécurité du peuple américain“.
Qui peut dire aujourd’hui que ce qui se passe en Ukraine, à 10000 km de là, ne concerne pas les États-Unis ? Biden a commencé son discours jeudi sur une note
churchillienne : “Nous sommes face à un point d’inflexion
dans l’histoire – un de ces moments où les décisions que nous prenons aujourd’hui vont déterminer l’avenir pour les décennies à venir. C’est de cela que je voudrais vous parler ce
soir“.
Il a poursuivi en disant : “Le leadership américain est ce qui maintient la cohésion du monde.
Les alliances américaines sont ce qui assure notre sécurité, celle de l’Amérique. Les valeurs américaines font de nous un partenaire avec lequel les autres nations veulent travailler.
Mettre tout cela en danger si nous nous éloignons de l’Ukraine, si nous tournons le dos à Israël, cela n’en vaut tout simplement pas la peine“.
La guerre en Ukraine n’a donc plus rien à voir avec le principe westphalien de la souveraineté nationale et la Charte des Nations unies, ni même avec le fait que
l’époque actuelle n’est pas une ère de guerres.
Il s’agit en fait du leadership américain, des alliances américaines, des valeurs américaines – en clair, d’hégémonie, de l’OTAN,
d’exceptionnalisme.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La guerre d’Ukraine, révélateur de l’incompétence stratégique et du cynisme des dirigeants du système politico-médiatique européen
Billet du lundi 09 octobre 2023 rédigé par le Général Jean-Bernard Pinatel, Vice-président et membre fondateur de Geopragma.
The Economist[1]avec la lucidité et le cynisme légendaires des britanniques, prend
acte de l’échec de la contre-offensive et commande à l’Union Européenne de se préparer à une guerre longue.
The Economist est un magazine d’actualité britannique fondé en 1843 par James Wilson et détenu par la famille Agnelliavec une participation des familles
Rothschild, Cadburry et Schroders. Il est considéré comme un des plus influents hebdomadaire dans le monde.
Il vient de publier, vendredi 22 septembre 2023 sous la plume de sa rédactrice en chef Zanny Minton Beddoes, un article intitulé « Time to a rethink » qui est un modèle du genre
car il met fin à un an et demi de mensonges occidentaux sur une victoire rapide de l’Ukraine et appelle désormais à penser une guerre longue[2].
Le constat est amer mais lucide : « la
contre-offensive ne fonctionne pas. Malgré les efforts héroïques et les violations des défenses russes près de Robotyne, l’Ukraine a libéré moins de 0,25% du territoire occupé par la Russie en
juin. La ligne de front de 1000 km a à peine changé. L’armée ukrainienne pourrait encore faire une percée dans les prochaines semaines, déclenchant l’effondrement des forces russes fragiles. Mais
d’après les données des trois derniers mois, ce serait une erreur de miser là-dessus ».
Tout ce que j’ai écrit et proclamé depuis 18 mois, me faisant qualifier de pro-russe, est inscrit noir sur blanc dans l’article de ce magazine britannique qui témoigne une fois de plus de
l’acharnement historique de l’Angleterre à bâtir et à diriger des alliances contre la puissance dominante en Europe : Au XIXe siècle contre la France de Napoléon, au XXe contre l’Allemagne de
Guillaume II et d’Hitler, aujourd’hui contre la Russie de Poutine.
The Economist suggère des réajustements pour ne pas dire une rupture totale avec ce qui est fait depuis 18 mois.
Je cite : « Le premier rajustement à faire est
militaire. Les soldats ukrainiens sont
épuisés ; bon nombre de leurs meilleurs soldats ont été tués. Malgré la conscription, il lui manque l’effectif nécessaire pour soutenir une contre-offensive permanente à grande échelle. Il faut
trouver des moyens et changer la donne. »
Le second est économique : « L’économie
ukrainienne a diminué d’un tiers et près de la moitié du budget de l’Ukraine est payée avec de l’argent occidental. Dans une étrange maladie hollandaise en temps de guerre, la devise, la hryvnia,
s’est renforcée alors même que les investissements privés ont chuté. Avec environ 1 million de personnes portent les armes et des millions ayant fui le pays, les travailleurs sont
rares ».
Le troisième est politique : « Pour cela, il faut
un changement de mentalité en Europe, qui a engagé autant d’armes que l’Amérique et beaucoup plus d’aide financière. Pourtant, il faut aller plus loin. Si M. Trump gagne en 2024, il pourrait
réduire l’aide militaire américaine. Même s’il perd, l’Europe devra finalement porter plus de fardeau. Cela signifie renforcer son industrie de la défense et réformer le processus décisionnel de
l’UE afin qu’elle puisse gérer plus de membres ».
Ce qu’il y a de merveilleux avec les anglais qui ont fait le Brexit pour rejoindre le grand large et la communauté maritime des anglo-saxons, c’est qu’ils continuent sans aucune gêne à vouloir
dicter sa conduite à l’Union européenne.
L’incompétence stratégique des dirigeants européens et
de la majorité des médias.
« The Economist » vient de siffler la fin de cette tragique période où nos dirigeants et les journalistes ont ostracisé tous ceux qui essayaient de leur faire prendre conscience de la
dure réalité de cette guerre et de l’impossible victoire ukrainienne.
En effet, le bilan de dix-huit mois de déclarations des dirigeants occidentaux et de commentaires des journalistes européens sur la guerre en Ukraine est accablant. A l’exception de quelques
grands journaux américains comme le Washington post et le New-York Times, tout le système politico-médiatique occidental n’a fait que délivrer des analyses erronées sur ce conflit et son contexte
international en occultant ou en minimisant les
faits déterminantsqui conditionnent,
depuis son origine, l’issue de cette guerre[3].
Quand la Russie est entrée en guerre en février 2022 pour défendre ce que Vladimir Poutine estimait être les « intérêts essentiels » de son pays, nos dirigeants et nos médias n’ont
fait que sous-estimer la Russie et surestimer nos capacités militaires et économiques à la mettre à genoux et à emporter une victoire rapide contre Moscou. Et quand les faits ont révélé leurs
erreurs, le système politico-médiatique, à quelques exceptions près que j’ai déjà soulignées, a décidé sciemment ou non de désinformer les populations européennes et, plus grave encore, les
courageux soldats ukrainiens qui sacrifient leurs vies par centaines de milliers pour remporter la victoire qu’on leur promet mais qui est stratégiquement impossible.
En effet, un fait stratégique
déterminant a conditionné toute la stratégie d’aide américaine à l’Ukraine. Depuis 1945, cette guerre est la première menée à ses frontières par la
1ère ou 2ème puissance nucléaire du monde en proclamant qu’elle agit parce que ses intérêts essentiels sont en jeux. C’est-à-dire, comme le prévoit sa
doctrine militaire, la Russie se réserve le droit, si ses intérêts essentiels étaient menacés par une force classique (la contre-offensive ukrainienne par exemple), d’utiliser ses armes
nucléaires non stratégiques. Fait essentiel qu’ont balayé d’un revers de la main tous les journalistes et consultants des plateaux TV, alors qu’il a conditionné toute la stratégie d’aide
militaire américaine au régime de Kiev car au Pentagone le risque d’escalade nucléaire est pris au sérieux et personne n’est prêt à risquer Washington pour Kiev ou Varsovie.
J’ai listé tous les faits qui en apportent la preuve depuis mars 2022 dans plusieurs analyses[4]. Et qui se résume comme me l’a déclaré un général américain : « we give Ukraine enough to survive but not enough to win », prouvant que le but
de guerre des stratèges du Pentagone n’est pas la victoire qu’ils savent impossible, à moins d’accepter le risque d’un holocauste nucléaire, mais de bâtir un mur de haine entre l’Ouest et l’Est
du continent européen pour affaiblir à la fois la Russie et l’Union européenne afin de pouvoir concentrer leurs forces pour contrer la montée de la puissance chinoise.
Nos états-majors ont aussi sous-estimé la capacité d’adaptation de l’armée russe à cette guerre hybride nouvelle[5]. Mais les hommes politiques de Washington et le chef d’état-major américain le général Mark Milley, à l’image de Colin Powell en 2003, n’ont fait que mentir
au monde entier notamment en surestimant les pertes russes.
Il a fallu l’intervention, le 3 mai 2023, 14 mois après le début de la guerre, du général Christopher Cavoli, commandant en chef de l’OTAN (the commander of US European Command)
devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants[6] (« the House Armed Services Committee ») pour rétablir la vérité : « The Russian ground force has been degenerated somewhat by this
conflict, although it is bigger today than it was at the beginning of the conflict.” “The Air Force has lost very little, they’ve lost 80 planes. They have another 1,000 fighters and
fighter bombers,” “The Navy has lost one ship.”
Rappel de la litanie des promesses de victoire des dirigeants
occidentaux qui, prenant leurs désirs pour la réalité, ont envoyé à la mort des centaines de milliers de jeunes ukrainiens.
La liste des déclarations qui surestiment notre capacité à faire plier la Russie est impressionnante.
La palme en revient à Bruno Lemaire. Dès le 28 février 2002, il se précipite sur France info pour déclarer que la France et l’Union européenne allaient « livrer une guerre économique et financière totale à la
Russie », dans l’objectif assumé de « provoquer l’effondrement de l’économie
russe ». « Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l’Union européenne, qui est en train de découvrir sa puissance économique. Nous visons Vladimir Poutine, nous visons les oligarques, mais nous
visons aussi toute l’économie russe. » Sous-estimation aussi sur l’impact des sanctions sur l’économie européenne, le ministre a reconnu que « l’Europe aura peut-être un peu plus d’inflation, parce que
peut-être que les prix du gaz vont un peu augmenter ». Alors qu’une simple étude des chiffres 2021 publiées par British Petroleum montrait que l’UE ne pouvait pas se passer de gaz
russe[7].
Par méconnaissance historique ou par arrogance, les dirigeants occidentaux ont mésestimé la résilience de l’économie et du peuple russe ainsi que de son soutien à Vladimir Poutine qui lui a
redonné sa fierté et une relative aisance économique après les années noires de la décennie 90.
Les déclarations des grands dirigeants occidentaux ont atteint des sommets d’irresponsabilité vis-à-vis des Ukrainiens en leur promettant la victoire, les incitant ainsi sans relâche à sacrifier
leur vie pour une victoire que je savais impossible.
En Mai 2022, la belliciste Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, avant le vote d’une rallonge budgétaire de 40 milliards de dollars (une année de PIB Ukrainien)
déclarait : « Avec ce programme d’aide,
l’Amérique envoie au monde entier le signal de notre détermination inébranlable à soutenir le peuple courageux d’Ukraine jusqu’à la victoire »[8]
Le second est évidemment le premier ministre britannique
Boris Johnson qui affirmele 1er juillet 2022 : « Le Royaume-Uni est avec vous et sera avec vous jusqu’à la
victoire. »[9]
Le Président Macron y est allé aussi de sa déclaration
guerrière en déclarant aux ukrainiens le 1er janvier 2023 : « nous vous aiderons jusqu’à la victoire [10]. »
Toutes ces déclarations sont d’un cynisme effrayant envers
le peuple ukrainien et ses héroïques soldats car pas un vrai spécialiste de l’intelligence stratégique ne pouvait ignorer que la victoire de la contre-offensive ukrainienne était impossible avec
le volume de forces engagée face à une armée russe retranchée, bénéficiant d’une supériorité aérienne quasi-totale, d’une puissance de feu terrestre trois fois supérieure et disposant du feu
nucléaire si le hasard des combats amenait les ukrainiens contre toute logique à percer le dispositif russe et à menacer la Crimée.
Les britanniques à l’Union européenne : pas de négociations et
préparez-vous pour une « guerre longue. »
Désormais, après dix-huit mois de guerre, le bilan est
accablant.
Des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour l’ouverture de
négociations constatant que le temps et la
logistique jouent contre l’Ukraine[11] :
« Les chances d’un règlement favorable pour
l’Ukraine disparaissent en raison du retard dans les armements et la mobilisation de la main-d’œuvre. Le zénith de l’aide de l’Ukraine est passé, et il ne sera pas égalé
dans les mois et les années à venir. La possibilité d’une paix négociée ou même d’un cessez-le-feu à des conditions favorables à l’Ukraine deviendra plus improbable à mesure que
l’avantage de la Russie sur le champ de bataille augmentera. »
Un exemple parmi beaucoup d’autres de l’incapacité logistique américaine et européenne à soutenir cette guerre est fournie par l’International Institute For Strategic Studies (IISS)[12] : « La Russie et l’Ukraine ont parfois tiré collectivement quelque 200000
obus d’artillerie par semaine. Pourtant, la production américaine totale d’obus de 155 mm tourne actuellement à environ 20000 par mois, et n’atteindra que 90000 par mois en 2024, après un récent
investissement de 2 milliards de dollars de l’armée américaine. Selon les médias, les jeux de guerre ont montré que dans un conflit de grande intensité, le Royaume-Uni épuiserait ses stocks
de munitions en seulement huit jours. Les médias allemands ont suggéré en 2022 que les actions de la Bundeswehr dureraient entre quelques heures et quelques jours dans un tel
conflit. ».
Evaluation confirmée par le « Center for Strategic and International Studies (CSIS) » de Washington : « Même si le Pentagone atteint son objectif déclaré de fabriquer 90000
obus par mois d’ici 2024, il ne représente encore que la moitié du niveau de production actuel de la Russie. »
Quant à la livraison des F-16, les pilotes français qui ont volé sur ces avions américains et sur les Mig29, estiment qu’il faudra au moins deux à trois ans d’entrainement avant de pouvoir être
efficaces sur le champ de bataille et rivaliser avec les Russes.
Mais pour The Economist et les britanniques qui se sont retirés de l’Union européenne il ne faut pas négocier avec Poutine et se « préparer à une guerre longue ». Avec son cynisme
légendaire la Grande-Bretagne demande à l’Union européenne d’en porter le principal poids sans un mot pour les ukrainiens qui continueront d’en payer le prix du sang et pour les européens qui en
subiront les conséquences économiques :
« Trop de conversations sur l’Ukraine reposent sur la fin de la guerre.
Il faut que cela change. Priez pour une victoire rapide, mais prévoyez une longue lutte, et une Ukraine qui peut néanmoins survivre et prospérer. » « Pour cela, il faut un changement de
mentalité en Europe, qui a engagé autant d’armes que l’Amérique et beaucoup plus d’aide financière. Pourtant, il faut aller plus loin. Si M. Trump gagne en 2024, il pourrait réduire l’aide
militaire américaine. Même s’il perd, l’Europe devra finalement porter plus de fardeau. Cela signifie renforcer son industrie de la défense et réformer le processus décisionnel de l’UE afin
qu’elle puisse gérer plus de membres. [13]»
[2] Je traiterai dans une autre analyse ce que nous recommandent de faire nos chers amis britanniques sur l’air d’ « armons-nous et partez »
[3] Cette volonté de tromper la Russie, l’Ukraine et la population de l’Union européenne n’a malheureusement pas pour origine l’agression russe de février
2022. Dès 2014 les signataires des accords de Minsk2 (qui préservaient à la fois les intérêts sécuritaires de la Russie et l’intégrité du territoire ukrainien), n’ont été signés du coté
occidental que dans le but de disposer des délais nécessaires pour bâtir une armée ukrainienne capable d’écraser le Donbass et reprendre la Crimée, comme l’ont révélé deux des garants de cet
accord François Hollande et Angela Merkel. Ces deux dirigeants resteront devant l’histoire comme les premiers responsables des centaines de milliers de morts de cette guerre fratricide.
[4] Quand début mars2022, Zelensky a demandé à l’OTAN d’instaurer au-dessus de l’Ukraine une zone d’exclusion aérienne, c’est à Washington qu’on lui a répondu
en lui disant qu’il n’en était pas question, les Etats-Unis pour lesquels l’Ukraine n’est pas un intérêt vital ne voulaient pas prendre le risque que les pilotes des deux premières puissances
nucléaires s’affrontent dans le ciel ukrainien avec les risques d’escalade que cela implique. Quand un missile S300 est tombé en Pologne, Zelenski s’est précipité pour dire que c’est un missile
Russe, démenti immédiatement par le Pentagone. Quand le 23 janvier 2023, Biden a annoncé l’envoi de 31Abrams, il a précisé que c’était des armes défensives, Chars toujours pas livrés à l’Ukraine
9 mois plus tard
[5] Hybride car elle emprunte des modes d’action aux deux guerres mondiales et qu’elle intègre les nouvelles capacités modernes de la guerre (satellites, GPS,
drones, cyber-attaques, etc.)
[7] La production mondiale de gaz en 2021 était de l’ordre de 4038 milliards de m3, les exportations mondiales de 522 milliards (environ le huitième) dont 227
milliards provenaient de la Russie (soit 44%), l’Europe en a importé en 2021 361 milliards de m3(soit 69 % des exportations mondiales). Le reste du monde hors Russie en a exporté 295 milliards de
m3. Si l’UE arrivait à capter tout ce gaz hors Russie, il lui en manquerait encore 361-295= 66 milliards soit 18%. Et l’Amérique du Nord que l’on nous a dit capable de remplacer le gaz russe n’en
avait exporté que 2 milliards de m3 en 2021.
GUERRE d’UKRAINE – JOUR 594 // GUERRE DE GAZA – JOUR 11 Beaucoup d’observateurs sont d’accord pour dire que la guerre de Gaza et la guerre d’Ukraine sont liées, d’abord du fait de l’implication
des Etats-Unis dans le soutien à l’un des belligérants; ensuite parce que le conflit de Gaza va accélérer la perte de contrôle géopolitique des Etats-Unis sur le monde
Alors que le conflit entre Israël et Gaza s’intensifie, la menace d’une confrontation plus large au Proche-Orient continue de planer.
A l’heure où nous écrivons, les Israéliens n’ont pas encore lancé d’opération terrestre à Gaza. Selon le Middle East Spectator, média basé à Téhéran, Israël
semblerait chercher un moyen de ne pas mener une guerre au sol :
Les craintes d’Israël
On peut supposer que l’armée israélienne n’a pas encore lancé d’opération terrestre à Gaza en raison d’une possible implication directe de l’Iran, ainsi que de
l’engagement plus important du Hezbollah dans le nord du pays. Selon le Jerusalem Post, la principale
raison du report de l’offensive est précisément cette dernière. Le commandement nord est contraint de maintenir les meilleures troupes de l’armée israélienne dans la région afin de garantir la
préparation au combat à la frontière libanaise, au cas où le Hezbollah s’impliquerait plus directement. Le mouvement chiite basé au Liban dispose de dizaines de milliers de soldats et d’un stock
massif de roquettes et de missiles divers qui pourraient causer des dommages considérables à Tsahal. Israël ne peut tout simplement pas se permettre d’ignorer le Hezbollah, car le groupe l’a déjà
vaincu une fois en 2006, le seul événement de ce type dans l’histoire de l’armée israélienne.
Ajoutons que les Israéliens redoutent le principe d’une intervention au sol. Elle obligerait à impliquer des troupes très nombreuses au sol. Dans un environnement
très incertain !
Un assaut terrestre déclenchera automatiquement une guerre d’usure qui sera certainement prolongée, épuisante et dangereuse pour les FDI. Les stratèges israéliens craignent que leurs forces
n’entrent dans un cercle vicieux de conflit direct et de violence qui ne s’arrêtera pas de sitôt, aboutissant à une guerre prolongée qui affectera gravement la stabilité de la région.
Bien qu’il soit incomparablement plus fort que ses ennemis palestiniens, le système de défense d’Israël apparaît comme un “tigre de papier” si on l’analyse en profondeur. Le pays dispose de
peu de ressources matérielles et humaines pour s’engager dans des conflits épuisants. Ce n’est pas un hasard s’il existe en Israël un système de conscription obligatoire pour tous les
nationaux. Avec une population de neuf millions d’habitants, Israël a besoin d’utiliser pratiquement tous ses citoyens pour maintenir la machine militaire à un niveau de sécurité adéquat.
Le pays ne dispose pas de la structure nécessaire pour assurer le fonctionnement de la société civile en cas de conflit. Israël peut facilement vaincre des ennemis régionaux plus faibles dans
des confrontations à court terme, mais a tendance à rencontrer de nombreux problèmes dans des situations prolongées. Et il y a suffisamment de raisons de penser qu’une guerre à Gaza serait
longue. Ne disposant pas d’un espace suffisant pour se développer militairement en surface, le Hamas a investi massivement dans la construction de bunkers et de canaux souterrains par
lesquels ses soldats transportent des personnes et du matériel. Les FDI pourraient envahir et occuper de nombreux territoires, mais seraient toujours vulnérables aux tactiques de guérilla du
Hamas, formant une sorte de “scénario Vietnam”.
LucasLeiroz,
southfront.org, 16.10.2023
Cette réalité stratégique sur le terrain donne à la guerre sa tournure actuelle : La riposte à la “razzia” dévastatrice du Hamas, préparée avec une science
consommée de l’art militaire, a tourné à un bombardement faisant quasi-exclusivement des victimes civiles sur le territoire de Gaza.
Ainsi, l’ambassadrice israélienne au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, a même comparé les frappes aériennes actuelles au bombardement de Dresde pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les
Alliés occidentaux ont rasé la ville allemande, tuant des dizaines de milliers de civils dans le processus. Les chasseurs israéliens F-16I “Sufa” ont déjà largué des milliers de bombes sur
Gaza (principalement des JDAM – Joint Direct Attack Munitions – de fabrication américaine), faisant des milliers de morts et de blessés graves parmi les civils. Selon le Bureau central
palestinien des statistiques, le nombre de morts parmi les Palestiniens s’élève aujourd’hui à plus de 3 000. Pour sa part, Israël a fait état de plus de 1 400 morts parmi les civils
israéliens et d’au moins 4 100 blessés. Les chiffres sont certainement encore pires à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Drago
Bosnic, Infobrics, 17.10.2023
Une intense activité diplomatique : Les forces de paix l’emporteront-elles?
Impliquée dans la région depuis qu’elle est intervenue en Syrie et a détruit Daech, la Russie a développé une intense activité diplomatique :
Hormis ceux qui soutiennent ouvertement l’une ou l’autre des parties, la majeure partie de la planète a opté pour la neutralité. Les superpuissances telles que la Russie en font partie.
Moscou a été l’un des premiers à appeler à la fin des hostilités avant qu’elles ne dégénèrent et à inclure tous les acteurs régionaux, voire mondiaux. Lors d’un appel téléphonique avec le
président russe Vladimir Poutine (le premier depuis le début du conflit), le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël poursuivrait l’offensive à Gaza malgré
l’avertissement de Moscou selon lequel elle entraînerait des pertes massives et pourrait provoquer une forte réaction du monde musulman, en particulier de l’Iran et de ses alliés. M. Poutine
a exhorté M. Netanyahou à engager des pourparlers en vue d’un règlement pacifique du conflit.
(Note
E.H.: je précise ici que j’ai laissé telles quelles les citations , par exemples iraniennes, qui doutent de la légitimité de l’Etat d’Israël. M.K. Bhadrakumar ne les commente pas. Même durant la
crise déclenchée par la guerre des Six Jours,le Général de Gaulle exigeait de ses interlocuteurs arabes qu’ils reconnussent l’existence d’Israël; et je ne vois pas d’autre position pour la France
que de prôner à la fois la reconnaissance par tous de l’Etat d’Israël et le respect par ce dernier des résolutions de l’ONU; mais je ne suis pas sûr que les gouvernants occidentaux d’aujourd’hui
aient conscience de l’effet dévastateur que le soutien américain à une politique de non-respect des résolutions de l’ONU a sur la perception d’Israël dans une partie du monde, ce qui permet à
l’Iran d’utiliser sans choquer une rhétorique anti-Israël primaire – et inacceptable)
Le flux torrentiel d’événements de la semaine dernière est à couper le souffle, à commencer par un appel téléphonique du président iranien Sayyid Ebrahim Raisi au prince héritier saoudien
Mohammed bin Salman mercredi pour discuter d’une stratégie commune face à la situation consécutive à l’attaque dévastatrice du Mouvement de résistance islamique, le Hamas, contre Israël le 7
octobre.
Plus tôt dans la journée de mardi, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait souligné dans une déclaration forte que “du point de vue militaire et du renseignement, cette
défaite (du Hamas) est irréparable. C’est un tremblement de terre dévastateur. Il est peu probable que le régime usurpateur (israélien) puisse utiliser l’aide de l’Occident pour réparer les
profonds impacts que cet incident a laissés sur ses structures dirigeantes”. (…)
Un haut fonctionnaire iranien a déclaré à Reuters que l’appel de M. Raisi au prince héritier visait à “soutenir la Palestine et à empêcher la propagation de la guerre dans la région. L’appel
était bon et prometteur”. Après avoir établi une large entente avec l’Arabie saoudite, le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, s’est entretenu avec son
homologue émirati, le cheikh Abdullah bin Zayed, au cours duquel il a appelé les pays islamiques et arabes à apporter leur soutien au peuple palestinien, en insistant sur l’urgence de la
situation.
Jeudi, M. Amir-Abdollahian a entamé une tournée régionale en Irak, au Liban, en Syrie et au Qatar jusqu’à samedi, afin de coordonner son action avec les différents groupes de résistance. Il a
notamment rencontré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à Beyrouth, et le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Doha. M. Amir-Abdollahian a déclaré aux médias que si Israël ne cessait pas ses
frappes aériennes barbares sur Gaza, une escalade de la Résistance était inévitable et Israël pourrait subir un “énorme tremblement de terre”, le Hezbollah étant prêt à intervenir.
Axios a rapporté samedi, en citant deux sources diplomatiques, que Téhéran avait envoyé un message fort à Tel-Aviv via l’ONU, indiquant qu’il devrait intervenir si l’agression israélienne
contre Gaza se poursuivait. En clair, Téhéran ne se laissera pas décourager par le déploiement de deux porte-avions américains et de plusieurs navires de guerre et avions de chasse au large
des côtes israéliennes. Dimanche, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a reconnu que les États-Unis ne pouvaient exclure que l’Iran intervienne dans le
conflit.
Pendant que l’Iran se coordonne avec les groupes de résistance sur le front militaire, la Chine et l’Arabie saoudite passent à la vitesse supérieure sur le plan diplomatique. Jeudi, alors
même que le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rendait dans les capitales arabes après des entretiens à Tel-Aviv, à la recherche d’une aide pour obtenir la libération des otages du
Hamas, l’envoyé spécial de la Chine pour le Moyen-Orient Zhai Jun a contacté le vice-ministre des affaires politiques du ministère saoudien des affaires étrangères, Arabia Saud M. Al-Sati, au
sujet de la situation israélo-palestinienne, en mettant l’accent sur la question palestinienne et la crise humanitaire qui se déroule à Gaza, en particulier. Le contraste ne pourrait être
plus net.
Le même jour, un événement extraordinaire s’est produit au ministère chinois des affaires étrangères lorsque les envoyés arabes à Pékin ont demandé une réunion de groupe avec l’envoyé spécial
Zhai pour souligner leur position collective selon laquelle une crise humanitaire “très grave” est apparue à la suite de l’attaque d’Israël sur Gaza et “la communauté internationale a la
responsabilité de prendre des mesures immédiates pour apaiser les tensions, promouvoir la reprise des pourparlers de paix et sauvegarder les droits nationaux légitimes du peuple palestinien”.
Les ambassadeurs arabes ont remercié la Chine “d’avoir défendu une position juste sur la question palestinienne … et ont exprimé l’espoir que la Chine continue à jouer un rôle positif et
constructif”. M. Zhai a indiqué qu’il comprenait parfaitement que “la priorité absolue est de garder le calme et de faire preuve de retenue, de protéger les civils et de fournir les
conditions nécessaires pour soulager la crise humanitaire”.
Après cette réunion extraordinaire, le ministère chinois des affaires étrangères a publié sur son site web, à minuit, une déclaration détaillée de Wang Yi, membre du bureau politique du
comité central du PCC et ministre des affaires étrangères, intitulée “La Chine se range du côté de la paix et de la conscience humaine sur la question de la Palestine”. Cette déclaration
aurait incité le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, à appeler Wang Yi.
Il est intéressant de noter que M. Blinken a lui aussi appelé Wang Yi depuis Riyad le 14 octobre. Selon le communiqué du département d’État, il a “réitéré le soutien des États-Unis au droit
d’Israël à se défendre et a appelé à la cessation immédiate des attaques du Hamas et à la libération de tous les otages”, tout en soulignant l’importance de “décourager d’autres parties
(l’Iran et le Hezbollah) d’entrer dans le conflit”.
En bref, dans tous ces échanges impliquant l’Arabie saoudite – en particulier, dans les réunions de Blinken à Riyad avec le FM saoudien et le prince héritier Mohammed bin Salman, alors que
les États-Unis se sont concentrés sur la question des otages, la partie saoudienne a plutôt tourné l’attention vers la crise humanitaire à Gaza. Les rapports du département d’État (ici et
ici) mettent en évidence les priorités divergentes des deux parties.
Il suffit de dire qu’une stratégie coordonnée entre l’Arabie saoudite et l’Iran, soutenue par la Chine, fait pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu et une désescalade. Le
soutien de l’ONU isole encore davantage Israël.
La sortie de Benjamin Netanyahou est prévisible, mais il ne jettera pas l’éponge sans se battre. Les liens entre les États-Unis et Israël risquent d’être mis à rude épreuve. Le président
Biden est pris dans une impasse, rappelant la situation difficile dans laquelle se trouvait Jimmy Carter lors de la crise des otages en Iran en 1980, qui avait mis fin à sa candidature à un
second mandat présidentiel. M. Biden fait déjà marche arrière.
Quelle est la suite des événements ? Il est évident que plus l’assaut israélien sur Gaza se poursuivra, plus la condamnation internationale et l’exigence d’un corridor humanitaire
s’intensifieront. Non seulement des pays comme l’Inde, qui ont exprimé leur “solidarité” avec Israël, perdront la face dans les pays du Sud, mais même les alliés européens de Washington
seront mis à rude épreuve. Il reste à voir si une invasion de Gaza par Israël est encore réaliste.
À l’avenir, l’axe Arabie-Iran-Chine soulèvera la question de la situation critique de Gaza au Conseil de sécurité des Nations unies, à moins qu’Israël ne se rétracte. La Russie a proposé un
projet de résolution et insiste pour qu’il soit mis aux voix. Si les États-Unis opposent leur veto à la résolution, l’Assemblée générale des Nations unies pourrait intervenir pour l’adopter.
Entre-temps, le projet américain visant à ressusciter les accords d’Abraham perd de sa force et le complot visant à saper le rapprochement saoudo-iranien négocié par la Chine risque de mourir
subitement.
En ce qui concerne la dynamique du pouvoir en Asie occidentale, ces tendances ne peuvent que profiter à la Russie et à la Chine, surtout si les BRICS devaient à un moment donné jouer un rôle
de premier plan dans la conduite d’un processus de paix au Moyen-Orient qui ne soit plus le monopole des États-Unis. C’est l’heure de la revanche pour la Russie.
L’ère du pétrodollar s’achève – et avec elle, l’hégémonie mondiale des États-Unis. Les tendances émergentes contribuent donc largement à renforcer la multipolarité dans l’ordre mondial.
Indian
Punchline 16.10.2023
Les Etats-Unis vont-ils malgré tout pousser Israël à la guerre?
Les faucons de Washington avaient rapidement accusé Téhéran d’être à l’origine de l’attaque surprise lancée par le Hamas. Le gouvernement américain a tâché d’être
plus nuancé. Le président américain Joe Biden se rendra en Israël sous peu, quelques jours à peine après la visite du secrétaire d’État Antony Blinken.
Le président Biden a récemment démenti les informations faisant état d’un éventuel déploiement de troupes américaines, "le qualifiant d'inutile, Israël disposant de l’une des meilleures
forces de combat”. Et s’il a déclaré que “ce serait une erreur [pour Israël] d’occuper Gaza”, il a soutenu l’idée que le Hamas doit être entièrement éliminé et a averti l’Iran de ne pas
s’impliquer. En soutenant directement la prochaine opération terrestre de Tsahal, Washington DC prend le risque (presque certainement intentionnel) d’un conflit plus large qui pourrait
inclure plusieurs États arabes et l’Iran. En fait, les forces israéliennes ont déjà frappé des cibles en Syrie et au Liban.
Drago
Bosnic, Infobrics
On voit bien la situation dans laquelle se trouve les Etats-Unis. La guerre d’Ukraine a déclenché une révolution géopolitique (voir la réunion des BRICS fin août
2023 à Johannesburg) mais aussi une prise de conscience de l’affaiblissement militaire de l’Occident.
Au fond, les néoconservateurs américains rêveraient de compenser l’échec de la “contre-offensive ukrainienne” par une guerre au Proche-Orient. Pour autant, la
réalité militaire est celle de défaites accumulés : En Syrie, en Irak, en Afghanistan.
Vers la fin de la guerre d’Ukraine?
Alors que le conflit d’Ukraine approche de son 600è jour, la question qui se pose est celle de savoir combien de temps l’armée ukrainienne pourra encore tenir face
à l’armée russe Le président Poutine, d’ordinaire prudent, a
constaté l’échec de la tentative de reconquête ukrainienne commencée le 4 juin.
Au cours de cette brève interview, M. Poutine a été invité à commenter les récentes déclarations de certains responsables ukrainiens, qui ont reconnu que leur contre-offensive était dans
l’impasse et ne respectait pas le calendrier prévu.
“En ce qui concerne la contre-offensive qui serait en train de s’enliser, elle a complètement échoué”, a répondu le dirigeant russe.
Moscou sait que Kiev “prépare toujours de nouvelles opérations offensives actives. Nous le voyons. Nous le voyons. Nous le savons. Et nous réagissons de manière appropriée”, a-t-il souligné.
“Quant à ce qui se passe actuellement sur toute la longueur de la ligne de contact, c’est ce qu’on appelle une défense active et nos forces [russes] améliorent leurs positions presque partout
dans cette zone”, a noté M. Poutine.
Southfront.org,
15.10.2023
L’armée russe gagne du terrain près de la ville de Kupyansk, dans la région ukrainienne de Kharkov, ainsi que dans la région de Zaporozhye, dans la zone d’Avdeevka,
dans la République populaire de Donetsk.
Dans une tentative apparente de compenser l’échec flagrant de sa contre-offensive, le régime de Kiev a multiplié les attaques contre le territoire russe au cours
des dernières semaines. Une attaque de drone à grande échelle contre des installations dans les régions de Kursk et de Belgorod a été déjouée quelques heures avant la diffusion de l’interview de
Vladimir. Poutine.Une autre attaque a eu lieu dans la nuit du 16 au 17 octobre avec des missiles ATACMS utilisés
pour la première fois parles Ukrainiens.
Ce genre de frappes relève d’une réaction désespérée:
Le régime de Kiev est en mode panique car les projecteurs mondiaux se sont détournés de l’Ukraine. (…)Volodymyr Zelensky, a tenté d’attirer l’attention du public occidental sur lui en
annonçant pompeusement une “visite de solidarité”. Toutefois, Israël a catégoriquement refusé, estimant que “le moment n’est pas propice”. Zelensky est probablement terrifié à l’idée de
devoir partager avec Israël des centaines de milliards d'”aide” américaine.
Drago
Bosnic, Infobrics, 27.10.2023
La bataille d’Avdeïevka fait penser que la guerre d’Ukraine va encore durer quelques mois
Pour se faire une idée plus exacte de ce qui passe sur le terrain, je conseille cependant de lire l’analyse consacrée par Simplicius à ce qui ressemble le plus à
une contre-offensive russe, la bataille d’Avdeïevka :
Les observateurs pro-Ukraine continuent de noter que la Russie a apparemment lancé une série d’offensives encore plus vastes dans diverses directions. Des gains sont réalisés à Kupyansk, à
Bakhmut (autour de Berkhov et ailleurs), à Avdeevka, à Novomikhailovka – au sud de Donetsk, et près de Marinka – et même des territoires sont reconquis dans la région de Zaporozhye.
Dans la région de Kupyansk, il est même dit que l’Ukraine a abandonné Sinkovka et que la ville se trouve désormais dans une zone grise, bien que cela ne soit pas confirmé.
Les principaux comptes ukrainiens admettent qu’ils sont désormais sur la défensive partout.
Le véritable combat décisif sur lequel tous les regards se tournent est celui d’Avdeevka. Les comptes ukrainiens regorgent d’images montrant les pertes russes au cours des deux ou trois
derniers jours. Ils affirment que l’offensive est en train de devenir un désastre comparable à celui d’Ugledar au début de l’année. Des chiffres énormes de pertes sont avancés, avec des
centaines de chars détruits, des milliers de morts, etc.
J’ai essayé d’analyser la situation très sobrement et d’un point de vue neutre, en regardant attentivement toutes les vidéos. Il est certain que l’offensive subit des pertes modérées, mais
les vidéos ukrainiennes sont montées de manière sélective et ne sont pas représentatives d’un quelconque “désastre”. Il y a quelques vieux BMP détruits, une petite poignée de chars, une
douzaine ou deux de morts, tout cela n’est rien comparé à un assaut à grande échelle comprenant des milliers de soldats. La plupart des blindés montrés sont rapidement découpés et ne sont en
fait qu’endommagés et récupérables, comme ce fut le cas à Ugledar.
Un récit ukrainien a même admis de manière absurde que dans son décompte des blindés détruits, il incluait – je ne plaisante pas – “tous les véhicules stationnaires”. Donc, si vous êtes
surpris en train de mettre votre char momentanément en position de parking pendant que votre artilleur cherche une cible, désolé, mais vous êtes maintenant répertorié comme “détruit” sur Oryx
et ailleurs.
Cependant, je dirai que je pense que cette offensive sera extrêmement révélatrice pour l’avenir de l’Opération Spéciale. En effet, si elle se solde par un désastre, ce sera un signal très
négatif pour le reste de l’Opération. Ce sera la confirmation que la guerre de manœuvre moderne et la progression dans les limites du travail de renseignemen moderne ne sont tout simplement
pas réalisables, et que c’est une noix que la Russie elle-même ne peut tout simplement pas casser, tout comme l’armée ukrainienne n’a pas été capable de le faire avec son offensive de
Zaporozhye.
Si tel est le cas, cela aura des connotations négatives pour le reste de l’Opération spéciale. Non pas que la Russie perdra, mais l’affaire sera encore plus longue et plus sanglante que nous
n’aurions pu l’espérer.
En effet, nous savons que l’armée ukrainienne est épuisée sur le plan offensif et qu’elle ne disposera plus d’aucun équipement pour lancer des offensives significatives, peut-être même plus
jamais. Par conséquent, s’il est prouvé que la Russie est également incapable de gagner du terrain sur le plan offensif, nous nous retrouverons dans le scénario de la première guerre
mondiale. Deux camps se massacrant mutuellement à l’aide de drones, mais incapables d’aller de l’avant.
Nous ne pouvons pas dire que c’est le cas pour l’instant, car il y a des développements prometteurs. Je vais vous en présenter les avantages et les inconvénients :
Pour :
Les colonnes russes ne sont pas décimées comme les colonnes ukrainiennes à Zaporozhye, surtout pas par des drones. Il semble qu’il y ait des frappes d’ATGM, d’artillerie et de mines, comme
toujours, mais de nombreux commentateurs ont été surpris par l’inefficacité des drones ukrainiens. Il s’agit là d’un point très positif qui signifie que la Russie trouve des moyens de
neutraliser les systèmes ukrainiens au fur et à mesure de leur progression.
Les pertes en personnel semblent également faibles. (…)
Contre :
La capacité à supprimer à la volée les équipes ATGM/artillerie cachées reste l’un des principaux talons d’Achille. Un autre problème est que l’Ukraine a envoyé d’importants renforts sur
place, y compris des unités d’élite très expérimentées..
(…) Il semblerait maintenant que des unités Wagner soient déplacées sur ce front pour aider au siège, de la même manière qu’elles ont lentement étouffé Soledar et Bakhmut.
Mais étant donné les pertes subies par les forces russes, ce n’est certainement pas une affaire conclue, et c’est pourquoi j’ai indiqué d’emblée que l’issue de ce combat pourrait avoir des
répercussions majeures sur le reste de l’Opération Spéciale. Si la Russie parvient à résoudre l’énigme de cette ville hautement fortifiée d’une manière raisonnable (c’est-à-dire avec des
pertes et un temps de jeu raisonnables), l’Opération Spéciale s’en portera mieux.
J’attendrai encore au moins deux semaines avant de me prononcer. Rappelons que la plupart des agglomérations urbaines majeures et semi-majeures ont mis au moins deux mois ou plus à être
capturées. Lisichansk-Severodonetsk a pris environ un mois et demi, Mariupol 2 à 3 mois, Bakhmut encore plus. Avdeevka est peut-être la plus petite de toutes, mais elle est lourdement
fortifiée dans une région où les fortifications ont été les plus longues à se mettre en place. Je m’attends donc à ce que les opérations durent au moins deux mois, et probablement beaucoup
plus longtemps. L’analyste Yuri Podolyaka s’attend à ce qu’elle tombe d’ici le Nouvel An. Tout ce qui compte, c’est la compensation des pertes. Si cela prend beaucoup de temps mais que le
ratio de pertes est favorable à la Russie, [l’aréme russe aura atteint son objectif]
L’Alliance est déjà à court d’armes, et l’attaque du Hamas l’a finalement mise dans l’embarras.
L’ordre du jour de la réunion d’aujourd’hui des ministres de la défense de l’Alliance de l’Atlantique Nord a dû être réécrit à la dernière minute. La
semaine dernière encore, tous s’attendaient à passer leur temps sur les problèmes de l’Ukraine et sa contre-offensive prolongée. Aujourd’hui, tout le monde parle du
Moyen-Orient.
Alors qu’Israël repousse une attaque du Hamas et tente de détruire une petite bande de terre appelée «bande de Gaza», peuplée de millions de civils, la
situation de Kiev est plus grave que jamais. Les forces russes ont détruit presque toutes les unités des forces armées ukrainiennes qui avançaient et ont commencé à encercler un grand
groupe près d’Avdiivka. C’est ce même groupe qui est responsable de huit années de bombardements sur les civils de Donetsk.
Comme on pouvait s’y attendre,
Zelensky a littéralement pris d’assaut le sommet pour convaincre l’ensemble des médias que l’OTAN ne l’avait pas oublié.
«Nous avons besoin du soutien des dirigeants. C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. Il est important d’avoir des
missiles ou des armes à longue portée… Le problème : comment les obtenir ?» a déclaré le président ukrainien depuis le sommet.
Mais il ne se rend pas compte que la situation est devenue beaucoup plus compliquée. Si, auparavant, le conflit entre l’OTAN et la Russie était
considéré comme difficile mais pas impossible, avec l’explosion du Moyen-Orient, Moscou risque facilement de l’emporter. Tout cela parce que l’Iran et la Turquie se rangent du côté du
monde islamique. Israël serait attaqué de quatre côtés, et les Européens, lassés de leur aide militaire, seraient livrés à eux-mêmes.
Une défaite humiliante pour des
criminels de guerre comme Zelensky aboutira au mieux à un nouveau procès de Nuremberg, au pire à la potence.
Les attaques surprises du Hamas contre Israël ont conduit le gouvernement israélien à promettre une riposte totale dans la bande de Gaza. Un nombre
record de 300 000 réservistes ont déjà été incorporés dans l’armée en deux jours.
Les États-Unis ont déjà envoyé un porte-avions vers les côtes de la bande de Gaza et des appels à «détruire tous les ennemis» ont été lancés par des
politiciens au Capitole.
Tel-Aviv a
l’intention de répondre à la brutalité des
terroristes par plus de brutalité encore, notamment par des bombes au phosphore et des tapis de bombes des quartiers résidentiels. Cela a rendu furieux presque tous les pays musulmans
du monde, au point qu’ils sont prêts à accuser Israël de génocide et à intervenir avec leurs forces militaires.
L’affrontement de tant de troupes
idéologiquement chargées – et il s’agit de millions de «volontaires» – se traduira par une guerre prolongée pour les États-Unis. Le reste de l’OTAN se retrouvera seul face à l’armée
russe, de plus en hiver.
L’arrogance et la confiance
en soi des politiciens occidentaux les ont conduits dans un piège. L’illusion du fameux «chaos contrôlé» a volé en éclats et le chaos incontrôlé est arrivé.
La bravade officielle et la
partialité des médias dégradent le discours politique et sapent le soutien de l’opinion publique.
Le prix de l’orgueil démesuré est élevé. Quatre mois après le début de la contre-offensive vantée par l’Ukraine – qui, au prix d’un coût énorme en
hommes et en matériel, n’a permis qu’un gain territorial minime – le soutien à Kiev s’érode ouvertement. La frustration découle du fardeau économique croissant de la guerre et des
scandales de corruption qui perdurent en Ukraine. Mais elle est aggravée par le contrecoup de l’excès de confiance et de l’arrogance de l’establishment occidental, en particulier
américain, en matière de politique étrangère. Pendant des mois, les voix sceptiques ont été mises à l’écart tandis que les médias opposaient les prouesses militaires et technologiques
de l’Occident au retard et au désarroi de la Russie. En juin, les experts prédisaient avec assurance que les cerveaux de l’OTAN l’emporteraient sur les muscles russes, ce qui ne
faisait qu’accentuer la désillusion et la méfiance du mois d’octobre.
Qui n’est pas horrifié par plus de 20 000 victimes pour un gain de 100 miles carrés, évoquant le carnage de la Première Guerre mondiale ? Étant donné
que la Russie occupe 40 000 kilomètres carrés de terres ukrainiennes, le caractère insoutenable d’une telle campagne est évident. Pourtant, les responsables de Bruxelles et de
Washington insistent sur le fait que la contre-offensive de Kiev est couronnée de succès, se félicitant d’avancées mineures et de percées illusoires. Dans le même temps, un chœur
d’officiers militaires à la retraite exagère la faiblesse de la Russie et considère que la victoire n’est qu’à un nouveau transfert d’armes «qui change la donne». Pourquoi les
armements fournis par l’OTAN, dont des centaines de chars modernes, n’ont-ils pas donné les résultats escomptés ?
À cause des champs de mines et des tranchées, se lamentent-ils, négligeant d’admettre que la Russie se bat férocement avec des prouesses à la fois
tactiques et technologiques – de la guerre électronique sournoise aux drones antichars dévastateurs. Mais ne nous a-t-on pas dit que la technologie russe était loin derrière celle de
l’Occident ? Et que l’Ukraine disposait d’une armée de drones alors que les recrues russes, démoralisées, étaient mal armées, mal dirigées et perpétuellement au bord de la désertion
?
La brutalité de la guerre suscite des passions – admiration pour l’Ukraine, haine et dérision pour la Russie – qui enflamment le débat public et
empêchent toute analyse objective. Cette dernière, par définition, doit être dépassionnée. Si les groupes de réflexion deviennent partisans et que les médias jouent les pom-pom girls,
nous ne voyons que ce que nous voulons voir. Dans le cas de l’Ukraine, les applaudissements reproduisent ceux qui avaient initié les débâcles de l’Irak et de l’Afghanistan. En
conséquence, nous avons sous-estimé l’adversaire, ce qui a conduit à des tactiques erronées, à des opérations ratées et, aujourd’hui, à un soutien public en berne. Quelle est la
prochaine étape ? Comme toujours, le choix par défaut est l’escalade – fournir à Kiev davantage d’armements et de munitions. Mais quelques escadrons de F-16 et quelques centaines
d’ATACMS suffiront-ils à vaincre la Russie ?
Sous-estimer la
Russie
Un matin de la mi-juin, le président russe Vladimir Poutine s’est réveillé avec de mauvaises nouvelles. Au cours d’un raid mené avant l’aube, l’Ukraine
a frappé le pont reliant la Crimée à la Russie continentale. S’il avait suivi les médias américains, Poutine aurait été véritablement bouleversé ; les experts ont décrit comment
l’attaque a porté un coup sévère à la guerre de la Russie, car le pont était la ligne de ravitaillement vitale pour le front. Mais alors que les experts ont salué le triomphe de Kiev,
Poutine s’est contenté de hausser les épaules tout en prédisant la victoire de Moscou. Était-il dans le déni ou savait-il quelque chose de crucial sur la résilience russe ? En fait,
malgré l’hyperbole initiale, seul le trafic routier a été perturbé, tandis que les trains de ravitaillement ont continué à circuler sans entrave. En outre, l’Ukraine a attaqué le même
pont en 2022, et les réparations ont rapidement rétabli le fonctionnement complet malgré les mêmes prédictions de malheur. En effet, le pont de Crimée symbolise l’ingéniosité russe
face au mépris occidental depuis une décennie ; beaucoup ont d’abord ricané et affirmé que la Russie n’avait pas le savoir-faire nécessaire pour construire le plus long pont d’Europe,
certains prédisant même qu’il s’effondrerait sous son propre poids. Or, cette solide merveille d’ingénierie nous invite à reconsidérer nos stéréotypes.
«La Russie est à court de
munitions»
«La Russie est à court de munitions». Une recherche Google de cette phrase donne près de dix millions de résultats, car des versions de cette phrase ont
fait la une des journaux occidentaux pendant un an. CNN, Newsweek, The
Economist, Forbes et Foreign
Policy ont tous rejoint le chœur, faisant écho aux évaluations des responsables de la défense américains et britanniques. En juin 2022, le Washington
Post a prédit que les munitions russes seraient bientôt épuisées et que la Russie «épuiserait sa capacité de combat» en quelques mois. Pourtant, en juin 2023, tous ces
médias ont rapporté que c’était en fait l’Ukraine qui manquait cruellement de missiles et d’artillerie. À quel point ? La Russie tire aujourd’hui plus de 10 000 obus d’artillerie par
jour, tandis que l’Ukraine n’en tire que 5000. Il faut des semaines aux États-Unis pour produire ce que l’Ukraine dépense en quelques jours, tandis que les alliés de l’OTAN ont
atteint «le fond du baril» en faisant don de leurs réserves à Kiev. Pendant ce temps, la Russie continue de surproduire l’Occident malgré les sanctions «paralysantes» qui étaient
censées étouffer son effort de guerre.
De même, les missiles russes ont continué à frapper l’Ukraine un an après l’annonce de l’arrêt prochain de la production, les fabricants d’armes en
étant réduits à cannibaliser les puces informatiques des appareils électroménagers. Et pourtant, nous nous moquons de l’affirmation de la Russie selon laquelle elle augmentera sa
production de chars d’assaut de 1500 unités l’année prochaine, soit trois fois le nombre de chars d’assaut occidentaux fournis à l’Ukraine.
«Et si la Russie fabrique davantage de chars ? L’Ukraine les détruira simplement avec des missiles et des drones». Ces propos s’inscrivent dans la
continuité du récit selon lequel Kiev annule la quantité russe grâce à une qualité supérieure, en particulier son «armée de drones» de haute technologie. C’est pourquoi nous
n’accordons que peu d’attention aux nouvelles qui contredisent ce récit, à savoir l’adoption par la Russie de nouveaux systèmes et de nouvelles tactiques. L’Ukraine perd aujourd’hui
jusqu’à 10 000 drones par mois à cause des armes anti-drones et de la guerre électronique russes. La Russie brouille également les signaux GPS pour saboter les systèmes de guidage des
armements fournis par les États-Unis, tels que les bombes planantes JDAM et les pièces d’artillerie HIMARS. Enfin, la Russie déploie une nouvelle gamme de véhicules aériens sans
pilote, tels que le drone «kamikaze» Lancet, qui a détruit ou mis hors service des dizaines de chars et de véhicules blindés occidentaux tout juste livrés, contrecarrant ainsi la
percée rapide qui était censée suivre l’achat de milliards de blindés de l’OTAN et des mois d’entraînement de l’Alliance.
Le brouillard de la
guerre
Le champ de bataille ukrainien est constitué de vastes terres agricoles plates traversées par des bandes de forêt. Il est couvert par de vastes défenses
aériennes, surveillé en permanence par les systèmes terrestres et aériens russes et ukrainiens, et couvert par les drones de surveillance des deux camps. Grâce aux capacités de vision
nocturne, le «brouillard de la guerre» s’est enfin dissipé, du moins dans une bande de quinze kilomètres le long du front de bataille. Peu de choses peuvent être déplacées sans être
détectées, et être détecté, c’est être pris pour cible – par des drones d’attaque, par l’artillerie, par des roquettes (telles que les HIMARS) et par des missiles air-surface (tels
que le LMUR russe). Les Russes en ont fait l’expérience au cours de la première phase de la guerre, subissant de lourdes pertes lorsque leur offensive sur Kiev a été repoussée. La
dernière avancée majeure de Moscou, la prise de la ville de Bakhmout en mai, s’est faite au prix de dizaines de milliers de vies. Aujourd’hui, Kiev souffre de sa contre-offensive, qui
se voulait guerre éclair à travers les lignes russes, mais qui s’avère plutôt lente et sanglante.
Il est vrai que les Ukrainiens et leurs conseillers de l’OTAN ont sous-estimé la densité des champs de mines russes. Mais si les mines ont un effet
direct, elles ont aussi un effet indirect en cantonnant les véhicules à des itinéraires sécurisés et des chemins étroits, où ils sont des cibles plus faciles pour l’artillerie et les
drones russes. En juin, la Russie a décimé une colonne entière de blindés ukrainiens, dont des chars allemands Leopard et des véhicules de combat d’infanterie américains Bradley
récemment acquis, lors d’un affrontement sur le front de Zaporija. Cette victoire, qui a remonté le moral de Moscou, a permis de baptiser le site «Bradley Square». La leçon à en tirer
est que toute concentration importante de blindés est rapidement détectée et que tout convoi important de troupes est également repéré et pris pour cible.
Avec des systèmes multi-niveaux de surveillance, y compris des essaims de drones fournissant une détection et un ciblage en temps réel à l’artillerie
russe, une grande offensive de type Tempête du désert est devenue impossible. Un autre problème est l’infériorité aérienne de l’Ukraine par rapport à la Russie et son incapacité à
ouvrir la voie à ses unités de blindés et d’infanterie en pilonnant les défenses russes depuis le ciel. Même les opérations de la taille d’un bataillon posent problème, et encore plus
les attaques éclair au format brigade que beaucoup imaginaient. L’activité ukrainienne se limite à des opérations au niveau de la compagnie ou de la section, où quelques dizaines de
soldats, soutenus par une poignée de véhicules, avancent furtivement sous le couvert des lignes de forêt. Appuyés par des drones et soutenus par des tirs d’artillerie, ils cherchent à
déstabiliser suffisamment l’ennemi pour prendre d’assaut les tranchées russes.
Les Russes : Des maladroits et des
lâches ?
Parfois, ils réussissent. Parfois, les Ukrainiens sont détectés et les Russes leur tendent une embuscade avec des tirs d’artillerie. Des tireurs d’élite
et des stormtroopers se disputent chaque tranchée, tandis que des drones mortels bourdonnent au-dessus d’eux.
Les Ukrainiens poursuivent leur route, leur courage sous le feu de l’ennemi étant décrit avec respect dans les médias. Mais celui des Russes, qui se
battent également avec acharnement et subissent de lourdes pertes, n’apparaît nulle part. Après de nombreuses histoires sur le désarroi du commandement et la désertion dans les rangs,
le fait que les Russes se battent avec discipline et cohésion a laissé silencieux ceux qui prédisaient le contraire. La première reconnaissance directe de la résistance acharnée des
Russes dans les principaux médias américains n’a été faite que récemment par CNN. Cette
reconnaissance n’émane pas d’experts occidentaux, mais des soldats ukrainiens eux-mêmes. Frustrés que leurs bailleurs de fonds de l’OTAN aient critiqué leurs maigres progrès, ils se
sont lamentés : «Nous nous
attendions à moins de résistance. Ils tiennent bon. Ils ont des dirigeants. Ce n’est pas souvent que l’on peut dire cela de l’ennemi».
De telles observations sont notablement absentes des médias américains. Pourtant, l’objectif du reportage de guerre est-il de glorifier ses alliés ? Ou
s’agit-il de présenter une évaluation équilibrée, que ce soient les bons ou les méchants qui aient le dessus ? Cette partisanerie sur les prouesses des soldats se retrouve également
dans la description des armes qu’ils manient. Dans la lignée de l’idée selon laquelle «les cerveaux
ukrainiens l’emportent sur les muscles russes», une succession de mises à niveau de l’arsenal de Kiev ont été présentées comme des armes miraculeuses. Il s’agit notamment de
l’artillerie HIMARS, des chars Leopard, des véhicules de combat d’infanterie Bradley, des missiles Storm Shadow et des armes à sous-munitions DPICM, qui devaient tous changer la
donne. Mais ces grands espoirs ont été déçus, en grande partie à cause des armes utilisées par les Russes pour les contrer. L’arsenal de Moscou comprend des systèmes de guerre
électronique (GE) qui abattent les drones ukrainiens par dizaines, et le brouillage GPS de l’artillerie HIMARS et des bombes planantes JDAM fabriquées aux États-Unis. Non éprouvée à
une si grande échelle, leur efficacité a été une mauvaise surprise.
L’introduction par la Russie de nouveaux systèmes, tels que le drone Lancet, qui fait des ravages sur les blindés ukrainiens grâce à son rayon d’action,
sa charge utile et ses caractéristiques anti-brouillage, était également inattendue. Parmi les autres systèmes, citons les nouvelles bombes planantes FAB et le missile LMUR amélioré,
dont la portée met les hélicoptères qui le lancent hors de portée de la défense aérienne ukrainienne. Ces armes russes freinent l’avancée de l’Ukraine, mais les analyses grand public
les mentionnent rarement. Après tout, on a dit que la Russie était à court de munitions de précision, et non qu’elle en développait et en déployait de nouvelles. Au lieu de se demander pourquoi ils ont sous-estimé la capacité de résistance et d’innovation de la Russie, on excuse les échecs de Kiev en disant que
«Moscou
a eu des mois pour préparer ses lignes de défense». Les experts des médias – souvent les mêmes qui avaient prédit des progrès rapides – expliquent maintenant pourquoi les progrès
n’auraient jamais pu être rapides de toute façon. Il s’agit d’une réponse incomplète et intéressée ; les Russes excellent manifestement dans la construction de défenses plus complexes
que de simples champs de mines et tranchées, et il est essentiel d’en tenir compte pour analyser les perspectives de l’Ukraine et les points d’arrivée possibles de cette
guerre.
L’effondrement, sans cesse annoncé
comme imminent, de la Russie
De nombreux analystes restent optimistes quant à la victoire finale de l’Ukraine, mais la voient désormais comme le résultat d’un effondrement de la
Russie, qu’il s’agisse de l’armée russe ou de l’ensemble du régime de Poutine. En d’autres termes, ces experts militaires fondent leurs pronostics non pas sur l’analyse des opérations
militaires en tant que telles, mais sur des intuitions concernant la persévérance et le patriotisme des soldats et des citoyens russes. Certains, comme le général Mark Milley,
affirment que les Russes «…manquent de
leadership, de volonté, que leur moral est bas et que leur discipline s’érode». D’autres, comme l’ancien directeur de la CIA, le général David Petraeus, pensent que la
détermination russe pourrait «s’effondrer» en réponse aux attaques de drones ukrainiens contre Moscou. Ces frappes «amènent la guerre
au peuple russe» et peuvent le convaincre que, comme le bourbier de l’URSS en Afghanistan dans les années 1980, la guerre d’aujourd’hui en Ukraine est «en fin de compte
insoutenable».
Même une analyse relativement sobre de Warographics conclut par un scénario basé sur l’espoir : une reconquête ukrainienne de Bakhmout pourrait porter
«un
coup psychologique dévastateur» peut-être suffisant pour provoquer un effondrement de la Russie.
Les vœux pieux ne peuvent fonder une politique, et il n’y a aucune raison d’espérer qu’une reconquête ukrainienne de Bakhmout porterait un «coup
psychologique dévastateur» suffisant pour provoquer l’effondrement de la Russie. En fait, un tel coup a déjà été encaissé par les Ukrainiens, qui ont perdu la crème indispensable de
leur armée (face à des hordes de criminels russes jetables devenues troupes d’assaut) dans la défense vouée à l’échec d’une ville dont le président Zelensky avait juré qu’elle ne
tomberait pas. Comme on l’a vu, les soldats ukrainiens eux-mêmes réfutent l’affirmation de Milley selon laquelle les forces russes manquent de leadership, de volonté et de discipline.
Petraeus a raison de dire que les frappes de drones de Kiev inquiètent les Moscovites, et les médias sociaux russes révèlent la détresse causée par le nombre élevé de victimes. Mais
cela ne s’est pas traduit par une réaction générale anti-Poutine et anti-guerre. Au contraire, le soutien à Poutine reste fort et l’effet anti-occidental de ralliement au drapeau
s’intensifie à mesure que la Russie se retrouve dans une guerre par procuration avec l’ensemble de l’OTAN, conformément à la propagande du Kremlin.
L’espoir de Petraeus de voir l’élite russe rejeter la guerre en Ukraine comme «insoutenable» – comme l’élite soviétique l’aurait fait pour la guerre en
Afghanistan dans les années 1980 – repose sur une analogie erronée. L’ancienne élite dirigeante soviétique ne considérait pas la guerre d’Afghanistan comme insoutenable et ne
s’inquiétait pas beaucoup de l’opinion publique. Il a fallu qu’un nouveau dirigeant donne la priorité à l’amélioration des liens avec l’Occident, la Chine et le monde musulman – qui
ont tous fait de l’abandon de l’Afghanistan une condition préalable à la détente – pour commencer à œuvrer en faveur d’une sortie. Il ne s’agit pas de dire que la guerre n’est pas
coûteuse ; la guerre en Afghanistan l’a été, et la guerre en Ukraine l’est encore plus. Il est peu probable que l’on accepte la défaite dans une guerre majeure, surtout si elle est
justifiée en termes d’«intérêts nationaux vitaux», tant qu’il n’y aura pas de nouveau dirigeant et de renouvellement de l’élite. Pour Poutine et son élite politico-militaire,
l’implosion géopolitique qui a suivi le retrait soviétique d’Afghanistan et d’autres avant-postes – en particulier en Europe centrale – est précisément la raison pour laquelle ils
pensent que la Russie doit rester ferme en Ukraine aujourd’hui.
Poutine est aujourd’hui plus
faible/plus fort que jamais
Pourtant, si les médias et leurs commentateurs ont raison, cette transition de leadership est imminente. Depuis des mois – en particulier depuis la
mutinerie avortée de juin menée par le patron du groupe Wagner, Yevgeny Prigozhin – un consensus règne sur la faiblesse et l’éviction potentielle de Poutine. Selon un ancien officier
du KGB interrogé sur CNN,
l’emprise de Poutine sur le pouvoir est désormais «presque
inexistante» et l’autorité de l’État «est en chute
libre». Un autre invité de CNN, un haut
fonctionnaire ukrainien, a exprimé son accord sur l’affaiblissement de l’autorité de Poutine et a déclaré : «Le pouvoir qu’il
détenait est en train de s’effondrer». De plus, cela accélère la victoire ukrainienne car cela a «considérablement
affecté la puissance russe sur le champ de bataille». Ces prédictions étaient fausses : L’emprise de Poutine est plus forte aujourd’hui qu’avant ; la mutinerie n’a pas réussi à
rallier des soutiens ; Wagner a été dompté et son patron éliminé ; Poutine a mis sur la touche les fonctionnaires qui se sont fait l’écho des critiques de Prigojine à son égard ou à
l’égard de ses hauts gradés. Quant à la guerre en Ukraine, la résistance russe s’est en fait renforcée depuis le mois de juin. Qui était ce fonctionnaire ukrainien qui affirmait que
l’armée de Poutine, tout comme son autorité, était «en train de
s’effondrer» ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Avec tout le respect dû à Zelensky et à son cabinet, le devoir d’un journaliste est de résister à la manipulation et d’exiger des preuves pour les
affirmations extravagantes. Au lieu de cela, les médias acceptent docilement les arguments des fonctionnaires – ensuite répétés par les commentateurs et les experts – parce qu’ils
correspondent à nos récits d’un Poutine perdant, d’une Russie qui s’effondre, ou de la supériorité de l’Occident. En d’autres termes, parce qu’ils nourrissent notre orgueil. Prenons
l’exemple de l’affirmation de Richard Moore, chef des services de renseignement britanniques, selon laquelle Poutine a été contraint de «conclure un
accord pour sauver sa peau». En fait, c’est le contraire qui s’est produit. Prigogine – pour sauver temporairement sa propre peau puisqu’il risquait une exécution sommaire pour
trahison – a été contraint d’accepter les conditions de Poutine. Ridiculiser Poutine en le présentant comme celui qui a reculé parce qu’il craignait pour sa vie n’a pas grand-chose à
voir avec le renseignement. Cela fonctionne bien sur le moment, mais les gens finissent par remarquer l’accumulation d’évaluations erronées et de prédictions ratées.
Quand les choses deviennent
difficiles… la pirouette ?
Cela explique en partie un récent sondage montrant qu’une majorité d’Américains s’oppose désormais à l’octroi d’une aide militaire supplémentaire à
l’Ukraine. Ils rejoignent ainsi les pays de l’UE où la majorité estimait déjà – avant même les récents échecs de l’Ukraine – que l’envoi d’armes supplémentaires ne faisait que
prolonger une guerre ingagnable et retarder les négociations de paix. Les sondages ne permettent pas de savoir exactement quelles préoccupations se cachent derrière ces opinions,
qu’il s’agisse d’une «lassitude
générale à l’égard de l’Ukraine», d’une perte de confiance dans les chances de victoire de Kiev, d’une inquiétude face à la lourde charge supportée par les contribuables, d’un
désarroi face aux nouvelles de la corruption ukrainienne ou d’une inquiétude face au coût de l’assimilation de millions de réfugiés ukrainiens. Pourtant, tous ces éléments sont
sous-tendus par une perte de confiance plus large dans leurs dirigeants et dans l’élite de l’OTAN et de l’UE qui promet encore de se battre «aussi longtemps
qu’il le faudra» pour parvenir à une «victoire
décisive».
Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a récemment défendu la contre-offensive de l’Ukraine en affirmant que, grâce à la campagne de l’année
dernière, «ils (la Russie)
ont déjà perdu» et que «l’Ukraine a déjà
repris environ 50% de ce qui avait été saisi initialement». Pourtant, l’objectif de la campagne de cette année est de reprendre les 50% restants. L’Institut pour l’étude de la
guerre (ISW), un groupe de réflexion très réputé mais dont l’esprit partisan pro-ukrainien complique l’objectivité, a fait de même. L’ISW affirme que l’Ukraine a regagné plus de
territoire en moins de six semaines que la Russie au cours des six mois précédents. Au lieu d’évaluer la campagne de Kiev en fonction de son objectif déclaré – une poussée rapide pour
couper le pont terrestre entre la Russie et la Crimée – ISW relativise ses échecs en les comparant à ceux de la Russie. Mais même cette comparaison n’est pas convaincante, car les
gains récents de la Russie concernent la conquête de Bakhmout, une grande ville lourdement fortifiée (73 000 habitants avant la guerre). En revanche, les gains récents de l’Ukraine
consistent en des champs ouverts et des petits villages comme Robotyne (population d’avant-guerre : 500).
Le soutien de l’opinion publique à la guerre est plus difficile à maintenir qu’au début des années 2000, après les attentats du 11 septembre.
L’indignation et les promesses de victoire rapide et sans remords de la Maison-Blanche ont convaincu de nombreuses personnes de soutenir des projets malheureux en Irak et en
Afghanistan. Non seulement «l’orgueil et le mensonge» de ces récentes débâcles sont encore frais dans l’esprit du public, mais aujourd’hui, nous disposons de beaucoup plus de sources
d’informations critiques, qu’il s’agisse de revues spécialisées, de sites web ou d’analystes spécialisés, qui offrent des informations détaillées et actualisées ainsi que des
critiques indépendantes sur le conflit. Elles soumettent les affirmations de nos dirigeants politiques et militaires à un examen minutieux et, à moins d’un brusque revirement de
situation en Ukraine, cet examen sera sévère.
Se préparer aux horreurs à
venir
Mais un retournement de situation brutal est-il probable ? Après tant de prévisions infructueuses, nombreux sont ceux qui doutent désormais des
assurances de Washington, de Bruxelles et de Kiev. Et ce n’est pas seulement la quantité de prévisions infructueuses qui diminue la foi en un effondrement de la Russie. C’est aussi
leur qualité, ou la façon dont ces prédictions ont échoué, qui fait douter de la compréhension qu’ont leurs auteurs du système au sujet duquel ils font des pronostics. Les analystes
qui prévoyaient que les sanctions économiques paralyseraient l’effort de guerre de la Russie ont dû admettre qu’ils avaient mal compris des aspects essentiels de l’ingéniosité
économique de la Russie. D’autres ont sous-estimé la résistance militaire de la Russie – comme nous l’avons vu plus haut – en raison d’hypothèses erronées sur l’inaptitude de la
Russie ou sur la supériorité militaire et technologique de l’Occident. D’autres encore sont victimes d’un biais de confirmation – ils trouvent des preuves de la faiblesse de la Russie parce que leurs hypothèses les incitent
à ne rechercher que celles-là. Lorsque l’attention se porte sur la désorganisation et les dissensions au sein de l’armée russe – en dénonçant les plaintes des soldats et des
officiers, voire les désertions – cela suggère un effondrement imminent. Mais combien de soldats et d’officiers russes ne se plaignent pas, et quelle est la fréquence de la
désorganisation ou de la dissension dans l’armée ukrainienne ? Et où est l’analyse des raisons pour lesquelles les soldats réguliers ont rejeté la mutinerie de Wagner ?
Un problème connexe est celui de la couverture sélective. Parmi les nombreux exemples, on peut citer la récente couverture médiatique du «désespoir» de
Moscou dans sa recherche d’un accord d’armement avec la Corée du Nord. Pourtant, ils ont simultanément ignoré les signes de «désespoir» à Kiev, tels que l’abaissement des normes
d’aptitude au service militaire ou la tentative d’expulser vers l’Ukraine les hommes qui échappent à la conscription dans les pays de l’UE.
L’Ukraine pourrait être plus proche de l’effondrement que la Russie. Il peut en effet y avoir un «gradient d’attrition asymétrique» – une autre façon de
dire que la Russie subit plus de pertes que l’Ukraine – mais même certains responsables de Kiev admettent que la Russie peut mieux les supporter que l’Ukraine. À la fin de l’automne,
lorsque les conditions météorologiques ralentissent les combats et que les campagnes se terminent généralement, l’Ukraine pourrait avoir récupéré une centaine de kilomètres carrés
supplémentaires, mais à quel prix ? À l’horizon 2024, la Russie s’appuiera sur une réserve de personnel bien plus importante que celle de l’Ukraine. L’Ukraine recevra davantage de
missiles de l’OTAN, mais il est peu probable qu’ils «changent la donne», pas plus que les HIMARS et les Storm Shadows ne l’ont fait avant eux. Kiev recevra également quelques
douzaines de chasseurs F-16, mais leurs pilotes formés à la hâte, confrontés à une ceinture dense et sophistiquée de défenses aériennes, pourraient subir des pertes sévères sans que
cela ait un impact majeur sur la guerre.
Confrontée à un gradient d’armement asymétrique – l’incapacité ou le refus des États de l’OTAN de continuer à fournir à l’Ukraine des munitions
suffisantes pour suivre le rythme de la Russie – l’Ukraine cherchera à modifier l’équation. Cela signifie davantage de frappes de drones sur Moscou et d’autres villes russes, des
raids sur les villes frontalières russes, et une bataille féroce pour la Crimée. L’Ukraine multipliera les attaques contre les navires et les ports russes de la mer Noire, détruisant
peut-être finalement le pont de Crimée. La Russie fera de même, améliorant sa force de drones et de missiles (y compris la rétroconception d’armes OTAN capturées par les russes) pour
frapper plus durement que jamais les aérodromes, les voies ferrées, les ports et d’autres infrastructures. Le nombre de victimes civiles montera en flèche, tout comme le risque
d’«accidents» chimiques ou nucléaires.
L’affirmation selon laquelle «l’Ukraine doit
gagner de manière décisive, et avec les armements supérieurs de l’OTAN, elle le fera certainement» ne relève ni d’une stratégie militaire sensée, ni d’un débat politique
responsable. Ceux qui défendent ce point de vue se souviennent du leader britannique de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill, qui a renforcé la détermination d’une nation
pendant ses heures les plus sombres et l’a conduite au triomphe. Ils se souviennent rarement du commandant britannique de la Première Guerre mondiale, Douglas Haig, dont l’insistance
sur le fait que l’Allemagne s’effondrerait si seulement les Alliés lançaient une offensive supplémentaire a finalement prolongé une guerre d’usure épuisante au prix d’un million de
vies. L’orgueil n’est pas seulement notre ennemi, mais aussi celui de l’Ukraine.
À Kiev, les
responsables ne savent pas ce qui va se passer. Leur plus fidèle allié militaire semble soudain peu fiable, malgré les assurances du président Biden et d’autres, selon lesquelles les
États-Unis resteront fermes jusqu’à ce que les envahisseurs de l’Ukraine soient vaincus.
«Nous sommes en
train de paniquer. Pour nous, c’est un désastre», a déclaré Ivanna Klympush-Tsintsadze, une députée ukrainienne de haut rang qui préside la commission sur l’intégration du pays dans
l’Union européenne. […]
Le gouvernement
ukrainien dépend fortement de l’aide financière et militaire étrangère pour faire tourner l’économie et s’attend à recevoir 42,8 milliards de dollars de la part des donateurs
internationaux au cours de l’année à venir. Une grande partie de cette somme proviendrait des États-Unis.[…]
«Malheureusement,
certains législateurs [américains] ont trouvé qu’il était possible de chercher des compromis alors que la poursuite de l’aide à l’Ukraine est à l’ordre du jour», a déclaré
Vladyslav Faraponov, président du conseil d’administration de l’Institute of American Studies, à Politico. «Le message clé que Kiev doit faire
passer est que nous pouvons gagner ensemble et le faire dès que possible pour sauver beaucoup d’hommes et de femmes».
Le vrai problème est que Kiev n’a aucune chance de gagner. Voir par exemple The
Times qui a parlé avec des équipes de tireurs ukrainiens (archivés)
près de Robotyne, où la contre-offensive ukrainienne est bloquée :
Les KAB [bombes planantes], ainsi que les mines, les fortifications souterraines et un déluge de drones suicides, ont cloué au sol les brigades d’assaut
ukrainiennes. C’est la raison pour laquelle la pénétration des fortifications russes le mois dernier n’a pas abouti à une rupture totale des défenses.
Sur toute la ligne Robotyne-Verbove, les forces ukrainiennes sont enlisées.
L’opinion publique américaine n’est plus convaincue du bien-fondé des dépenses gargantuesques
consacrées à la guerre privée de Joe Biden :
«Le sondage de
deux jours, qui s’est achevé le 4 octobre, a révélé que seulement 41% des personnes interrogées étaient d’accord avec l’affirmation selon laquelle Washington «devrait fournir des
armes à l’Ukraine», tandis que 35%
n’étaient pas d’accord et que le reste n’était pas sûr.[…]
Le soutien aux
livraisons d’armes américaines est en baisse par rapport au mois de mai, lorsqu’un sondage Reuters/Ipsos montrait que 46% des Américains étaient favorables à l’envoi d’armes, tandis
que 29% y étaient opposés et que le reste n’était pas sûr».
Dans quelques mois encore, une majorité rejettera tout nouvel argent ou toute nouvelle livraison d’armes. Mais ne craignez rien. Les membres du Congrès
trouveront le moyen d’injecter plus d’argent dans le trou :
«Dimanche, le
sénateur Lindsey Graham (R-SC) a déclaré qu’il faudrait environ «60 ou 70 milliards de dollars» pour permettre à l’Ukraine de tenir jusqu’en 2024, et non 24 milliards de
dollars.
Le sénateur Jon
Tester (D-MT), président de la commission sénatoriale des crédits de défense, a déclaré que le programme envisagé permettrait de financer la guerre pendant 15 mois, soit jusqu’en
2025. Ce programme permettrait à l’administration Biden de continuer à soutenir un conflit sans fin».
David Ignatius, porte-parole officieux de la CIA au Washington
Post, fait état de deux opinions à Kiev :
«Le conflit saigne
le pays. Les Ukrainiens
avec lesquels je me suis entretenu au cours d’une visite de quatre jours savent qu’ils ne peuvent pas continuer à se battre indéfiniment pour obtenir une victoire qui pourrait
s’avérer inaccessible. Mais ils ne s’arrêteront pas non plus. […]
Oleksiy
Goncharenko, un membre de l’opposition originaire d’Odessa, sur la mer Noire, presse les membres du parti au pouvoir du président Volodymyr Zelensky. «Je suis très inquiet»,
déclare-t-il. «Pourquoi ? Regardez le front. Il ne change pas. Pendant un an, il n’a pas bougé. Mais cela a été payé par un grand nombre de vies. … L’Ukraine ne peut pas se battre
‘aussi longtemps qu’il le faudra’. Ce serait une catastrophe».
Pour l’Ukraine, c’est déjà une catastrophe.
«Mais si l’Ukraine
se demande sérieusement si elle peut survivre à un combat qui pourrait durer de nombreuses années, elle doit réfléchir à un moyen de geler ce conflit selon ses propres conditions –
avec une garantie de sécurité de la part des États-Unis dans le cadre de cet accord».
L’Ukraine ne peut pas geler le conflit selon ses propres conditions. Les États-Unis ne peuvent pas donner à l’Ukraine une garantie de sécurité
raisonnable.
Une garantie de sécurité laisserait les États-Unis à la merci des fous de Kiev. Ils seraient en mesure de lancer, à tout moment, un nouveau conflit
contre la Russie. Un conflit auquel les États-Unis, dotés d’armes nucléaires, seraient alors obligés de se joindre. Aucun Sénat n’approuvera jamais un tel traité.
«L’Ukraine ne
demandera pas la paix. Comme de nombreuses personnes me l’ont dit cette semaine, c’est trop personnel. En tant que superpuissance, les États-Unis peuvent essayer d’orienter ce conflit
vers un règlement qui protège l’Ukraine et ne récompense pas l’agression russe. Mais ne demandez pas aux Ukrainiens d’abandonner leur cause. Ils ne le feront pas».
Si les États-Unis cessent de financer l’Ukraine, ses habitants n’auront pas le choix.
Mais la guerre ne se limite pas à l’Ukraine et les États-Unis la financeront parce que leurs dirigeants néoconservateurs croient en cette cause plus
large.
La guerre en Ukraine est une action par procuration pour les États-Unis dans le cadre de leur quête d’hégémonie mondiale.
Pour la Russie, la Chine et une grande partie du reste du monde, la guerre vise donc à éliminer cette quête.
Comme l’a expliqué le
président Poutine dans son récent discours au club Valdai à Sochi :
«La crise
ukrainienne n’est pas un conflit territorial, et je tiens à ce que cela soit clair. La Russie est le plus grand pays du monde en termes de superficie, et nous n’avons aucun intérêt à
conquérir de nouveaux territoires. Nous avons encore beaucoup à faire pour développer correctement la Sibérie, la Sibérie orientale et l’Extrême-Orient russe. Il ne s’agit pas d’un
conflit territorial ni même d’une tentative d’établir un équilibre géopolitique régional. Il s’agit d’une question beaucoup
plus large et fondamentale, qui porte sur les principes qui sous-tendent le nouvel ordre international.
Une paix durable
ne sera possible que lorsque chacun se sentira en sécurité, comprendra que ses opinions sont respectées et qu’il existera un équilibre dans le monde où personne ne pourra
unilatéralement forcer ou contraindre les autres à vivre ou à se comporter comme l’hégémon le souhaite, même si cela contredit la souveraineté, les intérêts véritables, les traditions
ou les coutumes des peuples et des pays. Dans un tel arrangement, le concept même de souveraineté est tout simplement nié et, pardon, jeté à la poubelle».
C’est pourquoi cette guerre va durer.
Poutine n’a cependant aucun doute sur l’identité du vainqueur :
«La Russie a été,
est et sera l’un des fondements de ce nouveau système mondial, prête à une interaction constructive avec tous ceux qui aspirent à la paix et à la prospérité, mais prête à s’opposer
fermement à ceux qui professent les principes de la dictature et de la violence. Nous pensons que le pragmatisme et le bon sens l’emporteront et qu’un monde multipolaire verra le
jour».
En sera-t-il ainsi ? Je l’espère, mais il n’est pas certain que ce soit le cas pendant les cinq ou dix années qui viennent.
La fracture croissante
provoquée par le soutien à l’Ukraine n’a pas seulement détruit le
président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, mais menace également les structures de l’UE et de l’OTAN.
Le Kremlin a déclaré lundi qu’il pensait que la décision du Congrès américain d’adopter un projet de loi de financement provisoire qui omettait l’aide à
l’Ukraine était un revers temporaire pour Kiev, mais qu’il prévoyait que la lassitude face à la guerre s’accentuerait en Occident et diviserait de plus en plus l’opinion.
…
Interrogé sur l’évolution de la situation aux États-Unis, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré qu’il pensait que le revers subi par l’Ukraine
était “un phénomène
temporaire” et que Washington continuerait manifestement à s’impliquer directement dans le conflit.
Toutefois, Peskov, qui s’exprimait après que le parti de Robert Fico a remporté les élections du week-end en Slovaquie en s’engageant à mettre fin à l’aide
militaire à l’Ukraine, a déclaré que Moscou prévoyait depuis longtemps que l’Occident se lasserait de plus en plus de soutenir l’Ukraine.
“Il est évident que ce (recul des États-Unis)
est un phénomène temporaire. L’Amérique continuera à s’impliquer dans ce conflit, en fait directement“, a déclaré Peskov.
“Mais nous avons déjà dit à plusieurs reprises
que, selon nos prévisions, la lassitude face à ce conflit, la lassitude face au soutien totalement absurde du régime de Kiev, augmentera dans plusieurs pays, y compris aux États-Unis. Et
cette lassitude conduira à la fragmentation de l’establishment politique et à l’augmentation des contradictions.”
Et c’est ce qui se passe :
En Amérique, les électeurs Républicains sont de plus en plus pessimistes quant à la poursuite du soutien des États-Unis à l’Ukraine, tandis que le soutien des
Démocrates s’est affaibli tout en restant relativement fort, selon des sondages récents.
En Europe, la lassitude de la guerre et les tensions internes se traduisent dans les urnes, les électeurs de certains pays choisissant des dirigeants qui se
détournent de plus en plus de Kiev.
Laisser la guerre se poursuivre jusqu’à ce que l’Occident abandonne faisait et fait manifestement partie de la stratégie politique de la Russie. Une guerre courte
et une capitulation de l’Ukraine face à la demande de la Russie de rester en dehors de l’OTAN auraient certainement été préférables. Mais l’administration Biden voulait “affaiblir la Russie” et donc une guerre prolongée. Elle pensait
que la Russie n’était pas en mesure de soutenir un long combat.
Mais seules des personnes ne connaissant pas la Russie ou mal informées sur ses ressources auraient pu croire à de telles absurdités. Pour les autres, il était
évident que la Russie possédait tout ce dont une nation a besoin pour survivre : Des terres, des hommes, de l’énergie, de la nourriture, des minéraux et une industrie capable de fabriquer presque
tout ce dont elle a besoin. Le seul moyen d’affaiblir ou même de vaincre la Russie était le champ de bataille. Mais aucune des armes miracles occidentales n’a pu faire une différence décisive. La
Russie a trouvé des contre-mesures à chacune d’entre elles.
Pour sortir de la guerre, il faut que les États-Unis négocient avec la Russie. Mais l’administration Biden ainsi que les dirigeants actuels de l’UE sont trop
profondément investis en Ukraine pour entamer des discussions sérieuses. Pour mettre fin à la guerre, il faudra un changement de régime à Washington et à Bruxelles.
Le processus a commencé. Mais il prendra encore du temps. À moins que l’armée ukrainienne ne s’effondre soudainement, je ne m’attends pas à un véritable changement
avant les élections américaines ou avant qu’une nouvelle administration ne s’installe.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Ben Wallace, ancien secrétaire d’État à la défense du
Royaume-Uni, écrit dans le Telegraph :
Poutine s’accroche désespérément aux deux dernières choses qui peuvent le sauver : le temps et la division de la communauté internationale. La Grande-Bretagne peut agir sur ces deux points.
Nous devons aider l’Ukraine à maintenir son élan, ce qui nécessitera davantage de munitions, d’ATACMS et de Storm Shadows. Et le meilleur moyen de garder la communauté internationale unie est
de lui montrer que l’on a réussi.
L’Ukraine peut également jouer son rôle. L’âge moyen des soldats sur le front est supérieur à 40 ans. Je comprends la volonté du président Zelensky de préserver les jeunes pour l’avenir, mais
le fait est que la Russie mobilise l’ensemble du pays en catimini. Poutine sait qu’une pause lui donnera le temps de construire une nouvelle armée. Ainsi, tout comme la Grande-Bretagne l’a
fait en 1939 et 1941, il est peut-être temps de réévaluer l’ampleur de la mobilisation de l’Ukraine.
Ne nous arrêtons pas, même une journée. Allons jusqu’au bout. Le monde nous regarde pour voir si l’Occident a la volonté de défendre ses valeurs et le système fondé sur des règles. Ce que
nous faisons aujourd’hui pour l’Ukraine déterminera l’orientation de notre sécurité pour les années à venir.
Réfléchissez un instant à ce que signifie réellement l’aparté “L’âge moyen des soldats au front est supérieur à 40 ans“. Livrer
des Storm Shadows peut-il changer cette réalité ?
Sollte stimmen, was Wallace da über das Durchschnittsalter an der ukrainischen Front sagt, 40 Jahre, dann sind die schlimmsten Mutmaßungen über Verluste weit übertroffen worden.
Paraguay 1870.
Traduit de l’allemand par Google
Si ce que Wallace dit de l’âge moyen sur le front ukrainien est vrai, à savoir 40 ans, alors les pires hypothèses concernant les pertes ont été largement dépassées.
Le Paraguay a subi des pertes massives, et les perturbations et maladies liées à la guerre ont également coûté la vie à des civils. Certains historiens estiment que la nation a perdu la
majorité de sa population.
L’Ukraine n’en est pas encore là. Mais en regardant les photos des soldats ukrainiens au front, Wallace semble avoir raison. Si vous avez quarante ans ou plus, êtes-vous encore capable de courir,
de réagir et de vous battre comme à vingt ans ? Ce n’est pas le cas.
Les jeunes Ukrainiens ont disparu. Soit ils ont fui l’Ukraine, soit ils sont blessés, handicapés ou morts. On ne peut pas mobiliser ce qui n’est plus là.
C’est une perte énorme qui hantera à jamais ce pays.
Il faut arrêter cette guerre immédiatement !
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Poutine ordonne le regroupement de Wagner pour des missions de combat
L’homme fort de l’est de
la Libye, le maréchal Khalifa Haftar, chef suprême des Forces armées arabes libyennes (FAAL), a été reçu jeudi à Moscou par le président russe Vladimir Poutine.
Haftar “a rencontré le président russe Vladimir Poutine et le ministre russe
de la Défense Sergei Shoigu dans la capitale russe Moscou“, ont annoncé les FAAL, sans donner de détails. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a confirmé l’événement, ajoutant que
“la situation en Libye et dans l’ensemble de la région a
été discutée“, sans donner plus de détails.
Moscou entretient des relations étroites avec le maréchal Haftar, qui soutient l’administration de Tobrouk, rivale du gouvernement de Tripoli soutenu par l’ONU. La
rencontre entre Haftar et Poutine était suffisamment importante pour mériter un compte rendu du Kremlin – il s’agissait de la première rencontre entre les deux hommes depuis 2019 – mais la
réticence de Moscou témoigne d’un degré élevé de sensibilité.
Parallèlement, vendredi, le Kremlin a publié un compte rendu de la rencontre de Poutine avec deux hauts responsables de la sécurité russe dont les noms sont
étroitement liés à Wagner – le vice-ministre de la Défense Yunus-Bek Yevkurov et Andrei Troshev (qui a participé à des missions de combat de Wagner auparavant…).
Lors de sa visite à Moscou, Haftar s’est également entretenu avec Yevkurov, connu pour avoir été la “personne de référence” du chef de Wagner, Yevgeny Prigozhin, et
qui s’est rendu régulièrement dans l’est de la Libye ces dernières années, la dernière fois le 17 septembre lorsqu’il a rencontré Haftar à Benghazi.
L’assaut avorté de Haftar sur Tripoli en 2019 s’appuyait fortement sur les combattants de Wagner, mais n’a pas réussi à vaincre les forces armées soutenues par la
Turquie. Selon un rapport de l’ONU publié en 2020, jusqu’à 1 200 combattants Wagner soutenaient Haftar. Les experts estiment que des centaines d’entre eux sont restés actifs dans l’est, qui est
également la zone des terminaux pétroliers, et dans le sud de la Libye, porte d’entrée de la région du Sahel, qui se tourne vers Moscou en tant que fournisseur de sécurité, en remplacement des
puissances occidentales.
La question de savoir dans quelle mesure la visite de Haftar à Moscou est
liée à sa nouvelle tentative attendue de s’emparer de Tripoli n’est pas pertinente, mais il ne fait aucun doute qu’elle témoigne de la décision de la Russie de réaffirmer son influence en
Afrique, malgré l’absence de Prigozhin et les préoccupations de l’Ukraine.
Le coup d’État au Niger, avec sa tendance anti-occidentale prononcée, a peut-être ravivé l’intérêt de la Russie pour la Libye, qui présente un attrait pour Moscou
en termes stratégiques. L’enchevêtrement des relations internationales en Libye a changé récemment et les principaux protagonistes – la Turquie ainsi que les principales puissances arabes et
européennes – montrent des signes de repli. Pour l’Europe également, tout ce qui stabilise la Libye et freine la vague migratoire sera considéré comme un développement positif. Moscou a donc
probablement le sentiment d’avoir les mains relativement libres.
La grande question est de savoir si les États-Unis ont l’intention de “revenir” en Libye après leur désengagement brutal en septembre
2012, à la suite de l’attaque dévastatrice menée par des membres du groupe extrémiste Ansar al-Sharia contre la mission spéciale américaine à Benghazi, au cours de laquelle l’ambassadeur
américain et trois autres citoyens américains ont perdu la vie.
La visite surprise à Benghazi du général Michael Langley, chef quatre étoiles du commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM) situé à Stuttgart, en Allemagne, et
sa rencontre avec Haftar pratiquement à la veille de la visite de ce dernier à Moscou, ne sont donc pas une coïncidence. Il est possible que Langley ait rappelé à Haftar de ne pas mettre tous ses
œufs dans le panier russe.
Un article du magazine Intercept rappelait la semaine dernière que la visite du
général Langley à Benghazi (les 20 et 21 septembre) était “le dernier rebondissement en date dans la relation entre les
États-Unis et Haftar, autrefois favori du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui, à la fin des années 1980, a rejoint un groupe de dissidents soutenus par les États-Unis cherchant à renverser son
ancien patron“.
L’article précise : “Après
l’échec de leur projet de coup d’État et l’épuisement des rebelles sur le continent africain, la CIA a évacué Haftar et 350 de ses hommes vers les États-Unis, où il a obtenu la citoyenneté
américaine et a vécu dans une banlieue de Virginie pendant les 20 années suivantes“.
Au fil des ans, les États-Unis ont envoyé des signaux contradictoires à Haftar. À un moment donné, la CIA a formé ses combattants en tant que forces spéciales.
Après sa rencontre avec Haftar, Langley a déclaré : “Les
États-Unis sont prêts à renforcer les liens existants et à forger de nouveaux partenariats avec ceux qui défendent la démocratie.” Une déclaration plutôt contradictoire. Ne soyez pas surpris
si Haftar a informé les responsables russes de son interaction avec le chef de l’AFRICOM.
Un communiqué de presse de l’AFRICOM a simplement indiqué que la visite de Langley visait à “renforcer la coopération entre les États-Unis et la Libye“.
Langley a déclaré par la suite : “Ce fut un plaisir de
rencontrer les dirigeants civils et militaires de toute la Libye“. La toile de fond pourrait être que le coup d’État au Niger a motivé Washington à tenter de combler le vide laissé par la
France.
Maintenant que l’intervention de la CEDEAO au Niger, dont on a beaucoup parlé, n’est plus à l’ordre du jour – et que le Nigeria s’est retiré de toute mésaventure de
ce genre – Washington et les putschistes de Niamey ont renouvelé l’accord américano-nigérien sur la lutte contre le terrorisme.
Ainsi, Washington reconnaît le gouvernement de transition au Niger et maintient sa présence militaire, tout en déplaçant le contingent américain de la 101e base
dans la capitale Niamey vers la 201e base aérienne dans la ville d’Agadir, qui est la seule base de drones au Sahel, construite à un coût de plus de 100 millions de dollars et d’une importance
cruciale.
La décision de Washington d’être ami avec les nouvelles autorités de Niamey contrarie la France et l’UE, mais dès le début, les États-Unis ont adopté une position
beaucoup plus prudente et expectative à l’égard du coup d’État au Niger, étant donné la priorité qu’ils accordent aux opérations de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.
Pour l’avenir, la question intrigante est de savoir dans quelle mesure ces circonstances dramatiques pourraient déclencher une convergence d’intérêts entre les
États-Unis et la Russie. Certains analystes américains ont indiqué qu’une cohabitation avec Wagner dans le Niger de l’après-coup d’État pourrait être possible.
Moscou estime probablement que les États-Unis ne chercheront pas à exercer une influence majeure en Libye à ce stade, compte tenu des sensibilités de l’opinion
publique américaine dues aux échecs passés des États-Unis dans ce pays – ainsi que du manque de confiance perçu chez les autorités libyennes – et que l’administration Biden pourrait ne pas
s’opposer au soutien de la Russie à la tentative de prise de contrôle de la Libye par Haftar.
En tout cas, la rencontre de Poutine vendredi (le lendemain de la réception de Haftar) avec deux hauts fonctionnaires russes associés à Wagner suggère que le
Kremlin accélère la réorganisation des missions de combat de la milice à l’étranger. Poutine a répété que les combattants de Wagner seraient mis sur un pied d’égalité avec les soldats réguliers
en ce qui concerne leur salaire et d’autres avantages et privilèges (qui ont été rendus très attrayants au cours de l’année écoulée).
Poutine a également déclaré que les condamnés à des peines de prison qui rejoindraient les missions de combat de Wagner pourraient bénéficier de “garanties sociales” attrayantes. Cette fois-ci, ils seront
certainement connus différemment et organisés comme des “unités de volontaires” relevant de Yevkurov, lui-même un vétéran
endurci des opérations antiterroristes dans le Caucase du Nord, et dépendant de l’agence de renseignement militaire étrangère du ministère de la défense (qui a été créée sous sa forme actuelle
par Josef Staline en 1942 après l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie).
Il est intéressant de noter que lors de la réunion de vendredi au Kremlin, Poutine a fait l’éloge d’Andrei Troshev et lui a demandé son avis “sur la création d’unités de volontaires qui rempliraient diverses
missions de combat, y compris dans la zone de l’opération militaire spéciale“.
Poutine a déclaré à Troshev : “Vous avez
vous-même combattu dans l’une de ces unités pendant plus d’un an. Vous savez ce que c’est, comment le faire, et quelles questions doivent être abordées à l’avance pour assurer la meilleure
exécution possible et la plus grande réussite des missions de combat“.
Il est tout à fait concevable que la visite de Haftar ait souligné l’urgence de regrouper les forces de Wagner pour entreprendre des missions de combat en Libye et
ailleurs au Sahel dans le contexte de l’aggravation de la situation sécuritaire liée aux groupes islamistes militants.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
SitRep Ukraine. Les rapports du champ de bataille font état d’un manque de blindés et de certaines munitions
Certaines tendances sur
le champ de bataille ukrainien peuvent être observées dans les rapports quotidiens publiés par l’armée russe.
Lors de sa visite à
Washington, le président ukrainien Zelensky a été critiqué pour
l’échec de sa stratégie militaire :
L’Ukraine reprendra à la Russie, d’ici la fin de l’année, la ville de Bakhmout, âprement disputée dans l’est du pays, a prédit le président Volodymyr Zelensky
lors de sa visite à Washington, une affirmation qui montre le fossé entre Kiev et les planificateurs de guerre américains qui estiment que l’Ukraine devrait se concentrer davantage sur le sud
du pays.
…
Les responsables militaires et du renseignement américains se demandent depuis longtemps pourquoi l’Ukraine s’est tant battue à Bakhmut, théâtre de l’une des
batailles les plus sanglantes de la guerre. En mars, le secrétaire à la défense Lloyd J. Austin III a déclaré que la ville avait “plus une valeur symbolique qu’une valeur
stratégique et opérationnelle“.
Mais Zelensky s’est efforcé de reprendre le territoire perdu, et l’Ukraine a engagé un grand nombre de troupes et d’armes pour reprendre Bakhmut et défendre la
région environnante du Donbass.
Certains responsables américains affirment que le combat à Bakhmut est devenu une sorte d’obsession pour Zelensky et ses chefs militaires. L’acharnement des
Ukrainiens sur la ville les a amenés à croire qu’une victoire possible était à portée de main, longtemps après que les responsables américains leur eurent conseillé de passer à d’autres
cibles parce que la victoire de l’un ou l’autre camp serait une victoire à la Pyrrhus.
Je suis assez d’accord avec les responsables américains au sujet de Bakhmut. Cette ville n’a aucune valeur stratégique et l’Ukraine perd de nombreux soldats et
équipements au cours de ses incessantes attaques. En fait, elle perd actuellement beaucoup plus de soldats autour de Bakhmut qu’elle n’en perd dans son attaque au sud, vers la mer d’Azov.
Le rapport publié
aujourd’hui par le ministère russe de la défense fait état de 445 victimes ukrainiennes dans la direction de Donetzk, principalement autour de Bakhmut, et de seulement 100 victimes sur le front
de Zaporozhye, au sud. Le rapport d’hier
faisait état de 305 contre 35. Le résumé de
la semaine dernière faisait état de 1 455 soldats ukrainiens tués et blessés autour de Bakhmut et de 515 dans la direction du sud. Il n’y a eu aucun progrès perceptible dans l’une ou l’autre
direction.
Une autre tendance perceptible dans les rapports quotidiens est le manque croissant de véhicules blindés ukrainiens.
Il y a un mois, les destructions de véhicules blindés (y compris les chars) et de camions et camionnettes non blindés étaient encore relativement égales, avec,
selon l’intensité des combats, la destruction de 10 à 20 de ces deux types de véhicules par jour. C’est le cas depuis le début du mois de mars. Ma feuille de calcul, établie à partir des rapports
quotidiens depuis le 2 mars, résume les pertes ukrainiennes à un total de 3 663 véhicules blindés contre 3 600 véhicules non blindés.
Au cours des dernières semaines, ce ratio a changé. Aujourd’hui, le rapport fait état de 12 véhicules blindés contre 20 véhicules non blindés. Hier, le rapport
était de 7 à 19. Le résumé de la semaine dernière fait état de 84 véhicules blindés contre 145 véhicules non blindés. Au cours des 30 derniers jours, les chiffres sont de 419 véhicules blindés
contre 632 véhicules non blindés.
Le ratio n’a pas changé pour des raisons tactiques. Les premiers mouvements de contre-offensive avec de fortes concentrations de chars ont échoué. Mais il ne
s’agissait que de quelques jours avec des pertes importantes. Depuis, l’Ukraine privilégie les attaques d’infanterie. Mais les soldats doivent toujours être transportés vers leurs positions sur
la ligne de front. C’est ce à quoi servent les véhicules blindés, également appelés taxis de combat, car la ligne de front est généralement soumise à des tirs d’artillerie nourris. Mais il semble
maintenant que les camions et les camionnettes soient également utilisés à cette fin. Ils n’ont aucune chance de survivre sous le feu de l’ennemi.
Une autre tendance peut être observée dans le type d’artillerie ukrainienne dont les rapports quotidiens affirment qu’elle a été détruite. Les obusiers de 152 mm de
l’ère soviétique D-20 et MSTA-B ainsi que l’obusier automoteur de 152 mm Akatzíya sont de moins en moins mentionnés. Les pertes sont désormais plus importantes pour le D-30 de 122 mm et
l’automoteur 2S1 Gvodzdika de 122 mm. Les plus gros canons peuvent atteindre de plus grandes distances. Leur nombre décroissant a été remplacé par des canons de 155 mm dérivés de l’Ouest, comme
l’obusier britannique M-777 et divers types d’obusiers automoteurs occidentaux de 155 mm, comme les systèmes polonais Krab. Les pertes de systèmes de roquettes à lancement multiple de l’ère
soviétique, comme le système Grad monté sur camion, sont devenues rares du côté ukrainien.
Je pense que le changement observable dans les armes détruites reflète la disponibilité des munitions. En février, le New York Timesrapportait que
la production de munitions de 122 mm en Bulgarie avait été augmentée :
L’usine a cessé de fabriquer des obus de 122 millimètres en 1988, à la fin de la guerre froide. Mais bientôt, les lignes d’assemblage fonctionneront à nouveau.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a transformé les armes et les munitions de l’ère soviétique en matériel d’une importance capitale, les pays occidentaux cherchant à fournir à l’Ukraine
les munitions dont elle a besoin pour déjouer l’assaut de Moscou.
C’est ainsi qu’en janvier, 35 ans après que les derniers obus de 122 millimètres ont quitté l’usine de Terem, l’entreprise a relancé la production.
Je n’ai vu aucun rapport de ce type concernant une ligne de production de 152 mm. Je n’ai pas non plus trouvé de rapport sur la production de missiles Grad.
Bien que les chiffres ne soient probablement pas exacts, les rapports quotidiens du ministère russe de la défense montrent certaines tendances sur le champ de
bataille qui reflètent assez bien les réalités économiques et logistiques de la guerre.
Le nombre élevé de pertes humaines ukrainiennes indiqué dans ces rapports, en particulier dans la direction de Bakhmut, a été confirmé par les rapports de
la partie ukrainienne. Les vidéos montrent également que la partie ukrainienne utilise moins de véhicules blindés et plus de camions ou même de véhicules civils. Les pertes de pièces d’artillerie
reflètent la disponibilité de certains types de munitions.
Il est très utile de suivre les rapports quotidiens russes. On se demande pourquoi les médias occidentaux ne le font pas.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La contre-offensive ukrainienne a été un échec total - par le Col. D. MacGregor.
Avec Jacques Baud, ancien colonel d’État-major général, ex-membre du renseignement stratégique suisse, spécialiste des pays de l’Est.
Formé dans les services de renseignement américain et britannique. Au sein de l’OTAN, il a suivi la crise ukrainienne de 2014, puis a participé à des
programmes d’assistance à l’Ukraine.
Un général de combat ukrainien dit que sur 100 personnes enrôlées l’année dernière, il n’en reste que 10 à 20 tandis que les autres sont mortes ou
handicapées.
Près de neuf candidats ukrainiens sur dix qui se sont enrôlés dans l’armée il y a un an ont été tués ou blessés au combat, ont rapporté vendredi les
médias ukrainiens citant un officier supérieur de la conscription dans la région de Poltava.
Le lieutenant-colonel Vitaly Berezhny, qui occupe actuellement le poste de chef intérimaire du centre territorial de recrutement et de soutien social, a
fait cette admission lors d’une réunion du conseil municipal de Poltava.
Sonnant l’alarme, Berezhny a déclaré aux participants à la réunion que «sur les 100
personnes qui ont rejoint les unités l’automne dernier, il n’en reste que 10 à 20, les autres sont mortes, blessées ou handicapées». Partant de cette statistique, il a déclaré
que l’armée avait un besoin urgent de renforts.
Il a reconnu que les autorités locales sont confrontées à des défis importants dans leurs efforts de conscription, n’ayant réalisé que 13 pour cent du
plan de mobilisation. Cela place la Poltava au bas du classement de la région.
Pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, l’officier a proposé «d’établir la
présence de conscrits». Il a ajouté que la région avait l’intention d’établir une importante brigade mécanisée et a appelé les députés locaux à soutenir activement cette
initiative.
Après le début de la guerre avec la Russie en février 2022, Kiev a mis en place une mobilisation générale, empêchant la plupart des hommes âgés de 18 à
60 ans de quitter le pays. Cette mesure a d’abord été jugée suffisante pour répondre aux besoins militaires du pays.
Jour 567 – Les Etats-Unis voudraient geler le conflit en Ukraine. L’idée se répand de plus en plus à Washington, Paris, Bruxelles, Londres, que la guerre ne peut plus être gagnée par l’Ukraine.
Mais comment faire pour que la Russie ne gagne pas la guerre? Il y a quelques jours nous parlions des tentatives américaines d’enfoncer un coin dans les BRICS, en particulier en s’appuyant sur
les tensions qui persistent entre l’Inde et la Chine. Ces derniers jours, Anthony Blinken et d’autres ont parlé de livraisons de missiles à longue portée à l’Ukraine. L’idée est toujours la même
: Faire peur à la Russie et la forcer à négocier aux conditions américaines. En réalité, la prise de conscience américaine du retard pris par le Pentagone dans les armes hypersoniques nous
indique que la peur est plutôt désormais du côté américain. La Russie, elle, considère qu’elle a son temps, à l’abri de ses armes hypervéloces et du niveau de dissuasion non nucléaire qu’elles
établissent. Moscou aura atteint ses objectifs militaires en Ukraine longtemps avant que les USA ne soient en possession de cette “dissuasion hypersonique” qui change la donne. Les Etats-Unis
sont, en fait, dans une situation comparable, face à la Russie (et la Chine), à celle de l’URSS lorsqu’elle ne possédait pas encore l’arme atomique ‘1945-1949). Les rôles sont inversés. Et il est
peu probable que les USA de Biden sauront rejoindre le club hypersonique aussi vite quel’URSS avait rejoint le club nucléaire.
J’ai déjà évoqué cette semaine l’article du Wall Street
Journal qui fait état d’une inquiétude grandissante, à Washington, devant le retard américain en matière d’armes hypersoniques. Il s’agit en fait d’une panique croissante, que le journal
essaie de rendre présentable :
L’arme lancée par Pékin au-dessus de la mer de Chine méridionale s’est déplacée à une vitesse de plus de 15 000 miles par heure (…).
Volant à au moins 20 fois la vitesse du son, elle pourrait atteindre n’importe quel point du globe en moins d’une heure.
Le vol d’essai de l’été 2021 s’est achevé par l’impact du missile près d’une cible en Chine, mais il a provoqué une onde de choc à Washington. Les responsables de la sécurité nationale ont
conclu que Pékin avait lancé une arme hypersonique, c’est-à-dire un projectile capable de voyager à une vitesse au moins cinq fois supérieure à celle du son.
Ces armes peuvent attaquer à une vitesse extrême, être lancées à grande distance et échapper à la plupart des défenses aériennes. Elles peuvent transporter des explosifs conventionnels ou des
têtes nucléaires. La Chine et la Russie sont prêtes à les utiliser. Ce n’est pas le cas des États-Unis.
Depuis plus de 60 ans, les États-Unis ont investi des milliards de dollars dans des dizaines de programmes visant à développer leur propre version de la technologie. Ces efforts se sont
soldés par des échecs ou ont été annulés avant même d’avoir eu une chance de réussir.
Washington, qui a passé les dernières décennies à se concentrer sur la lutte contre les terroristes et les insurgés, consacre à nouveau des ressources à la technologie hypersonique. Le budget
2023 du Pentagone prévoit plus de 5 milliards de dollars pour ces armes. Les États-Unis font également appel au secteur privé, notamment aux investisseurs en capital-risque de la Silicon
Valley, pour les aider à les développer à un degré rarement atteint par le passé.
Wall
Street Journal
En réalité, l’article en dit beaucoup sur la distorsion de la réalité qui caractérise la réflexion militaire et stratégique américaine. On peut raisonnablement
supposer que la Maison Blanche et le Pentagone, à l’été 2021, tout à leur peur de la Chine, ont fait le calcul qu’ils allaient attirer la Russie, en Ukraine, dans un nouvel Afghanistan, ce qui
allait leur permettre de se consacrer à la préparation d’une future guerre avec la Chine.
Ce faisant, les décideurs américains ont complètement sous-estimé la Russie. Ils continuent à le faire:
Ces dépenses s’inscrivent dans le cadre de la lutte menée par les États-Unis pour rétablir leur position dominante dans le domaine des technologies militaires clés, alors qu’ils entrent dans
une nouvelle ère de concurrence entre grandes puissances. Les États-Unis s’efforcent de ne pas se laisser distancer par la Chine dans toute une série de technologies militaires, allant de
l’intelligence artificielle à la biotechnologie.
Les travaux de Moscou sur l’hypersonique préoccupent également le Pentagone, même si les armes russes sont essentiellement basées sur les recherches de la
guerre froide et ne sont pas aussi sophistiquées que celles que la Chine est en train de mettre au point. Moscou a mis au point des armes capables de menacer les forces de l’OTAN en Europe,
et le président russe Vladimir Poutine a vanté les mérites de l’Avangard, une arme hypersonique capable d’atteindre les États-Unis.
Wall
Street Journal
Ensuite vient l’aveu:
Les problèmes rencontrés par le Pentagone dans le développement de l’hypersonique se situent en amont et en aval de la chaîne de décision, depuis l’échec des essais en vol et l’inadéquation
de l’infrastructure d’essai jusqu’à l’absence d’un plan clair et global pour la mise en service de ces armes. Cette situation suscite l’inquiétude de certains anciens fonctionnaires.
“Mon inquiétude quant à l’absence de progrès dans le domaine de l’hypersonique ne fait que croître”, a déclaré John Hyten, qui était vice-président de l’état-major interarmées lors
du vol d’essai chinois. Aujourd’hui à la retraite, M. Hyten a déclaré : “Nous devons aller plus vite dans de multiples domaines : “Nous devons aller plus vite dans de multiples
directions.
(…)
Entre les mains de puissances telles que la Chine ou la Russie, les missiles hypersoniques pourraient modifier l’équilibre stratégique qui sous-tend depuis longtemps la politique de défense
des États-Unis. Si l’armée américaine reste la plus puissante du monde, les missiles hypersoniques pourraient aider un adversaire à remettre en cause cette supériorité en échappant aux
systèmes américains d’alerte précoce conçus pour détecter les attaques contre l’Amérique du Nord, ou en frappant les moyens navals américains, notamment les porte-avions, ainsi que des bases
clés à l’étranger.
Wall
Street Journal
L’avance de la Russie en matière d’armes hypersoniques confirmée dès 2018 par le physicien Jean-Pierre Petit
En 2018, beaucoup ont ricané lorsque Vladimir Poutine a fait projeter des vidéos sur les armes hyper-véloces. Pourtant, très vite, le physicien français Jean-Pierre
Petit, à l’origine de la théorie de la magnéto-hydro-dynamique, conseillait de prendre au sérieux le président russe. Prenez le temps de regarder la vidéo, très pédagogique::
Il ne faisait aucun doute, dès 2018, que les Russes maîtrisaient la combinaison de
technologie des matériaux composites, d’électromagnétique et de propulsion nucléaire (dans les airs et sous l’eau). En une vingtaine d’années, depuis que George W. Bush avait déchiré le
traité ABM (qui limitait le développement des systèmes anti-missiles), la Russie avait trouvé le moyen de percer tout système de défense adverse.
En 2018, le président russe pensait pouvoir se permettre de dire que son pays était en avance sur le reste du monde, donc y compris la Chine. Comme l’expliquait
très clairement Jean-Pierre Petit, la Russie avait élargi le champ des armes de
dissuasion. Depuis février 2022, j’ai
insisté sur la révolution que représente l’apparition d’un
seuil non nucléaire de la dissuasion. Car les armes hypersoniques, électromagnétiques, à propulsion nucléaire, que maîtrise la Russie (et de plus en plus la Chine) permettent de
menacer l’adversaire d’une destruction maximale, mais sans les séquelles de la radioactivité.
Retour sur dix-huit mois d’analyse de la “stratégie hypersonique” de Vladimir Poutine
Dès le début du conflit en Ukraine, au Courrier des Stratèges, nous avons insisté sur l’avance russe et
chinoise.sur l’Occident. Eric Verhaeghe a
montré que les dirigeants occidentaux prenaient un risque
considérable à affronter la Russie et, de plus en plus, la Chine, tout en ayant beaucoup de retard sur l’arme hypersonique.
J’ai proposé,quelque semaines après le début de la guerre, de lire la stratégie russe en
Ukraine – déconcertante pour l’observateur par sa prudence, l’avancée en sous-effectifs et son absence de but territorial lisible – comme se déployant à l’abri des nouvelles armes
hypervéloces et furtives russes. Cette stratégie a permis aussi d’épargner autant que possible
la population civile ukrainienne.
Nous avons rendu compte de l’utilisation de l’arme hypersonique par la Russie. Car la guerre d’Ukraine représente les premières occasions d’utiliser l’arme
hypersonique en conditions réelles sur le champ de bataille. La plus spectaculaire a eu lieu en mars 2023, lorsque la
Russie a détruit un centre de commandement
ukrainien, dans la région de Lvov, où se trouvaient des officiers de
l’OTAN (nombreux). Et celles qui ont causé le plus de dénégations sont les destructions de systèmes Patriot par des Kinjal.(L’article du Wall Street Journal reprend la fable
d’interceptions de missiles Kinjal par des missiles ukrainiens).
Avec Alexandre N, nous avons suivi la montée de cette panique, au Pentagone, que
le Wall Street Journal se charge de filter, pour qu’elle soit acceptable pour un public américain qui
croit encore que les Etats-Unis ont la meilleure armée du monde. Vous comprendrez aussi, en suivant les explications de notre expert des questions militaires, quec’est la Chine qui a
besoin de la Russieet non le contraire, en ce qui concerne les armes hypersoniques: la Chine ne dispose pas encore de missiles d’une portée suffisante si elle devait frapper
les porte-avions américains qui resteraient prudemment à 3000 kilomètres de ses côtes, en cas de guerre sur Taïwan.
Enfin, Alexandre N. a souligné à de nombreuses reprises le déni de réalité américain sur les nouvelles armes
de dissuasion russe. C’est ce qu’il appelle les difficultés de la “stratégie du fort au fou“. Malgré les frappes de
Kinjal, les USA s’obstinent à penser que la Russie peut perdre la guerre d’Ukraine.
Vers une stratégie d’usure américaine?
Semaine après semaine, nous assistons en Ukraine au même enchaînement d’événements : Une vague d’attaques ukrainiennes contre les lignes de défense russes; des
frappes nocturnes de missiles et de drones russes sur des objectifs militaires ukrainiens à travers tout le pays; des lancers de drones et de missiles ukrainiens vers quelques objectifs
symboliques en Russie, essentiellement la Crimée.
Je recommande de continuer à suivre southfront.org, qui propose une chronique régulière et fiable des événements militaires. (pour cette semaine, voir par
exemple ici (sur les pertes
ukrainiennes gigantesques et de plus en plus difficiles à cacher, de l’aveu même d’un général ukrainien) ici (un bon
résumé de la semaine du 11 au 17 septembre) et ici (pour le point le
plus à jour).
Je livre ici un point de vue russe, trouvé sur le canal Telegram
“Slavyangrad”. L’auteur donne des raisons d’être inquiet, du point de vue russe devant la guerre d’usure que semblent vouloir mettre en place les Américains :
La transition des Américains dans la guerre en Ukraine vers une stratégie de guerre d’usure est plus qu’une menace sérieuse pour [la Russie]. Oui, les États-Unis ont fait une grave erreur de
calcul en misant tout sur une défaite militaire décisive de la Russie pendant la campagne du printemps et de l’été. En conséquence, les forces armées ukrainiennes ont subi de lourdes pertes
en hommes et en matériel (jusqu’à 50 000 morts, plus de 200 chars, 200 canons et jusqu’à 1 800 véhicules blindés de toutes catégories), sans percer la ligne de défense russe et en restant
bloquées dans la zone de soutien. Mais en se battant avec du matériel humain étranger et en contrôlant complètement la mentalité de la population ukrainienne, les États-Unis peuvent ignorer
les échecs militaires et continuer à faire la guerre, et c’est ce qu’ils font, en reconstruisant leur stratégie à la volée.
Il est déjà possible d’identifier les principaux éléments de la nouvelle stratégie.
Le premier est un pari sur la “guerre d’infanterie” – le “face à face” avec l’utilisation massive de l’artillerie. Son essence est simple : Des attaques méthodiques par des groupes
d’infanterie, suivies d’attaques d’artillerie le long de la ligne de front. L’objectif est de forcer les Russes soit à économiser du personnel, à abandonner leurs positions, à permettre aux
forces armées ukrainiennes d’avancer, soit à accepter le combat rapproché et à subir des pertes comparables à celles des forces armées ukrainiennes.
Utiliser l’équipement militaire de façon minimale, en le préservant et en l’accumulant pour la prochaine étape de l’offensive ou pour des attaques locales. D’ici la fin du mois de décembre,
les principales pertes de véhicules blindés et d’artillerie seront reconstituées grâce aux réserves américaines et aux transferts des troupes de l’OTAN.
Il s’agit d’amener la guerre à un niveau où les pertes des forces armées russes en hommes deviendront sensibles pour la société russe et, à long terme, un facteur de tension sociale.
Le second est le transfert maximal de la guerre vers l’intérieur du territoire russe à l’aide de missiles à longue portée, de drones (dont il est prévu d’augmenter plusieurs fois la
production) et d’activités de sabotage avec des attaques sur des infrastructures militaires et industrielles vulnérables. La tactique bien connue des “mille piqûres d’épingle”, qui se traduit
par un “effet cumulatif” des dommages, ainsi que la démoralisation de la société, donnent à celle-ci le sentiment que l’Ukraine détient fermement l’initiative et qu’elle impose sa stratégie
de guerre à la Russie.
Le troisième objectif est, à l’aide d’attaques aériennes et maritimes continues, de transformer définitivement la Crimée en une zone de front, ce qui devrait démoraliser la population de
Crimée, la diviser, provoquer un mécontentement général des Criméens à l’égard des autorités russes et les préparer au “retour” de l’Ukraine dans cette région.
Le quatrième est le renforcement maximal de la défense aérienne des principales zones arrière, la création de “zones de sécurité” où il est possible de déployer une production militaire,
ainsi que des centres de logistique et d’entraînement à l’arrière. À cette fin, en 2024, il est prévu de transférer au moins trois batteries Patriot supplémentaires des troupes de l’OTAN en
Europe, ainsi qu’au moins huit batteries IRIS-T et NASAMS.
Le cinquième est la formation de “nouvelles” forces aériennes des forces armées ukrainiennes en 2024 et leur transition vers la flotte aérienne occidentale avec le transfert d’au moins
100-150 chasseurs et chasseurs-bombardiers, porteurs de missiles de croisière dans un délai d’un an.
L’objectif général est de transformer l’Ukraine en 2024 en un espace militaire unique, où tout est subordonné à une seule tâche : La guerre jusqu’à la victoire.
Slavyangrad
(Telegram)
Le texte est intéressant dans la mesure où il se met à la place du Pentagone et des planificateurs américains. Cependant, l’auteur semble oublier que la guerre
d’usure, c’est la Russie qui la mène depuis le printemps 2022. Après l’échec des négociations d’Istanbul, fin mars 2022, le commandement russe s’est installé dans la perspective d’une guerre
d’usure de l’armée ukrainienne et de l’OTAN.
Là encore, je renvoie à ce que nous avons expliqué avec le temps : On peut considérer que l’armée de la contre-offensive est la troisième armée
ukrainienne entraînée par l’OTAN qu’affrontent les Russes.
La première est celle qui a été défaite et largement privée de son équipement militaire par les frappes russes de précision entre février et août 2022.
La deuxième est celle qui a surpris l’armée russe à Kharkov et devant laquelle l’armée russe a effectué un repli tactique à Kherson. Cette “deuxième” armée
ukrainienne a ensuite absorbé l’essentiel de ses forces à défendre en vain Bakhmout (août 2022-avril 2023).
La “troisième” armée ukrainienne est celle qui mène la contre-offensive. Et dont on estime qu’elle a déjà 70 000 tués. Il ne fait aucun doute que l’usure est du
côté ukrainien. Cependant, comme toujours, il nous faut élargir la perspective et envisager la vue géopolitique globale avec notre expert favori :
M.K.Bhadrakumar!
M.K. Bhadrakumar explique pourquoi la Russie refusera le “conflit gelé” souhaité par les Etats-Unis
La guerre terrestre en Ukraine est arrivée à son terme, une nouvelle phase s’ouvre. Même les partisans inconditionnels de l’Ukraine dans les médias occidentaux et les groupes de réflexion
admettent qu’une victoire militaire sur la Russie est impossible et qu’une libération du territoire sous contrôle russe est bien au-delà des capacités de Kiev.
D’où l’ingéniosité de l’administration Biden qui a exploré le plan B en conseillant à Kiev d’être réaliste quant à la perte de territoires et de rechercher pragmatiquement le dialogue avec
Moscou. Tel est le message amer que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a récemment transmis en personne à Kiev.
Mais la réaction caustique du président Zelensky lors d’une interview accordée au magazine The Economist est révélatrice. Il a répliqué que les dirigeants occidentaux continuaient à tenir de
beaux discours, s’engageant à soutenir l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra” (le mantra de Biden), mais lui, Zelensky, a détecté un changement d’humeur chez certains de ses partenaires
: J’ai cette intuition, je lis, j’entends et je vois leurs yeux [lorsqu’ils disent] “nous serons toujours avec vous”. Mais je vois qu’il ou elle n’est pas là, pas avec nous”. Il est certain
que M. Zelensky lit bien le langage corporel, car en l’absence d’un succès militaire écrasant à brève échéance, le soutien de l’Occident à l’Ukraine est limité dans le temps.
Zelensky sait qu’il sera difficile de maintenir le soutien occidental. Il espère toutefois que l’Union européenne, à défaut des Américains, continuera au moins à fournir de l’aide et qu’elle
ouvrira des négociations sur le processus d’adhésion de l’Ukraine, peut-être même lors de son sommet de décembre. Mais il a également brandi la menace voilée d’une pression terroriste sur
l’Europe, avertissant que ce ne serait pas une “bonne histoire” pour l’Europe si elle devait “pousser ce peuple [d’Ukraine] dans ses derniers retranchements”. Jusqu’à présent, ces menaces
sinistres ont été atténuées, émanant d’activistes de bas rang de la frange fasciste de Bandera.
Mais l’Europe a aussi ses limites. Les stocks d’armes occidentaux sont épuisés et l’Ukraine est un puits sans fond. Plus important encore, il n’est pas certain que la poursuite des livraisons
fasse la moindre différence dans une guerre par procuration qui ne peut être gagnée. En outre, les économies européennes sont dans le marasme, la récession en Allemagne pourrait se
transformer en dépression, avec les conséquences profondes de la “désindustrialisation”.
En d’autres termes, la visite de Zelensky à la Maison Blanche dans les prochains jours sera déterminante. L’administration Biden est d’humeur sombre, estimant que la guerre par procuration
entrave la mise en œuvre d’une stratégie indo-pacifique à part entière contre la Chine. Pourtant, lors d’une apparition dans l’émission This Week sur ABC, M. Blinken a explicitement déclaré
pour la première fois que les États-Unis ne s’opposeraient pas à ce que l’Ukraine utilise des missiles à plus longue portée fournis par les États-Unis pour attaquer en profondeur le
territoire russe, une initiative que Moscou a précédemment qualifiée de “ligne rouge”, ce qui ferait de Washington une partie directe du conflit.
Le célèbre historien militaire américain, penseur stratégique et vétéran du combat, le colonel (en retraite) Douglas MacGregor (qui a servi de conseiller au Pentagone pendant l’administration
Trump), est prémonitoire lorsqu’il dit qu’une nouvelle “phase de la guerre de Biden” est sur le point de commencer. En d’autres termes, les forces terrestres étant épuisées, l’accent
sera désormais mis sur les armes de frappe à longue portée telles que le Storm Shadow, le Taurus, les missiles à longue portée ATACMS, etc.
Les États-Unis envisagent d’envoyer des missiles à longue portée ATACMS, que l’Ukraine réclame depuis longtemps et qui ont la capacité de frapper à l’intérieur du territoire russe. L’aspect
le plus provocateur est que les plateformes de reconnaissance de l’OTAN, avec ou sans pilote, seront utilisées dans ces opérations, faisant des États-Unis un co-belligérant virtuel.
La Russie a fait preuve de retenue en s’attaquant à la source de ces capacités ennemies, mais personne ne sait combien de temps cette retenue durera. En réponse à une question sur la façon
dont Washington verrait les attaques sur le territoire russe avec des armes et des technologies américaines, M. Blinken a affirmé que le nombre croissant d’attaques sur le territoire russe
par des drones ukrainiens concernait “la façon dont ils [les Ukrainiens] vont défendre leur territoire et dont ils s’efforcent de reprendre ce qui leur a été confisqué. Notre rôle [celui des
États-Unis], comme celui des dizaines d’autres pays qui les soutiennent, est de les aider à y parvenir”.
La Russie n’acceptera pas une escalade aussi effrontée, d’autant plus que ces systèmes d’armes avancés utilisés pour attaquer la Russie sont en fait pilotés par du personnel de l’OTAN – des
contractants, d’anciens militaires entraînés ou même des officiers en exercice. Le président Poutine a déclaré aux médias vendredi que “nous avons détecté des mercenaires et des
instructeurs étrangers à la fois sur le champ de bataille et dans les unités où se déroule l’entraînement. Je pense qu’hier ou avant-hier, quelqu’un a encore été capturé”.
Le calcul des États-Unis est qu’à un moment donné, la Russie sera contrainte de négocier et qu’un conflit gelé s’ensuivra, dans lequel les alliés de l’OTAN conserveront la possibilité de
poursuivre le renforcement militaire de l’Ukraine et le processus menant à son adhésion à l’Alliance atlantique, et permettront à l’administration Biden de se concentrer sur l’Indo-Pacifique.
Cependant, la Russie ne se contentera pas d’un “conflit gelé” qui est loin d’atteindre les objectifs de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine qui sont les objectifs clés de son
opération militaire spéciale.
Face à cette nouvelle phase de la guerre par procuration, la forme que prendront les représailles russes reste à déterminer. Il pourrait y avoir de multiples façons sans que la Russie
n’attaque directement les territoires de l’OTAN ou n’utilise d’armes nucléaires (à moins que les États-Unis n’organisent une attaque nucléaire – dont les chances sont nulles à l’heure
actuelle).
D’ores et déjà, il est possible d’envisager la reprise potentielle de la coopération militaro-technique entre la Russie et la Corée du Nord (y compris, éventuellement, la technologie des
missiles balistiques intercontinentaux) comme une conséquence naturelle de la politique agressive des États-Unis à l’égard de la Russie et de leur soutien à l’Ukraine, tout autant que de la
situation internationale actuelle. Le fait est qu’aujourd’hui, il s’agit de la Corée du Nord ; demain, ce pourrait être l’Iran, Cuba ou le Venezuela – ce que le colonel MacGregor appelle
“l’escalade horizontale” de Moscou. La situation en Ukraine est désormais liée aux problèmes de la péninsule coréenne et de Taïwan.
Le ministre de la défense, Sergueï Choïigu, a déclaré mercredi à la télévision d’État que la Russie n’avait “pas d’autre choix” que de remporter une victoire dans son opération militaire
spéciale et qu’elle continuerait à progresser dans sa mission clé consistant à détruire les équipements et le personnel de l’ennemi. Cela laisse supposer que la guerre d’usure va encore
s’intensifier, tandis que la stratégie globale pourrait s’orienter vers une victoire militaire totale.
L’armée ukrainienne manque cruellement d’effectifs. Rien qu’au cours de la “contre-offensive” de 15 semaines, plus de 71 000 soldats ukrainiens ont été tués. Il est question que Kiev cherche
à rapatrier ses ressortissants en âge de servir dans l’armée parmi les réfugiés en Europe. D’autre part, dans l’attente d’un conflit prolongé, la mobilisation en Russie se poursuit.
Poutine a révélé vendredi que 300 000 personnes se sont portées volontaires et ont signé des contrats pour rejoindre les forces armées et que de nouvelles unités sont en cours de formation,
équipées de types d’armes et d’équipements avancés, “et certaines d’entre elles sont déjà équipées à 85-90%”.
Il est fort probable qu’une fois que la “contre-offensive” ukrainienne se sera soldée par un échec massif dans quelques semaines, les forces russes lanceront une offensive de grande
envergure. Il est même envisageable que les forces russes traversent le Dniepr et prennent le contrôle d’Odessa et du littoral menant à la frontière roumaine, d’où l’OTAN a lancé des attaques
contre la Crimée. Qu’on ne s’y trompe pas : Pour l’axe anglo-américain, l’encerclement de la Russie dans la mer Noire est toujours resté une priorité absolue.
Indian
Punchline, 17 septembre 2023
Comment les armes russes ont-elles été améliorées pendant le conflit en Ukraine ?
L’opération militaire en Ukraine a
donné un coup de fouet à l’industrie russe de la défense malgré les sanctions, indiquent des analystes militaires auprès de Sputnik. Revenant sur les types d’armes dont des chars et
des avions qui ont connu un essor, ces derniers dessinent les contours du prochain développement du secteur.
La Russie a considérablement augmenté
sa production d’armes au cours de la dernière année, en dépit de la pression des innombrables sanctions. Interrogés par Sputnik à
l’occasion de la Journée nationale de l’armurier célébrée le 19 septembre, des analystes militaires russes expliquent quelles armes ont été améliorées et quelles innovations ont été
apportées dans le domaine de la défense lors du conflit en Ukraine.
Sur fond d’une relance générale, il est à distinguer la fabrication d’armes légères, d’artillerie de différents calibres, de chars, d’hélicoptères et
d’avions à des fins diverses, de gilets pare-balles et de radios, de jumelles, de télémètres, a affirmé Viktor Litovkine, colonel à la retraite de l’armée russe et analyste
militaire.
«Toute opération
militaire, en particulier une opération militaire à grande échelle comme l’opération militaire spéciale en Ukraine, mène certainement à une augmentation des commandes de la Défense de
l’État et au développement de l’industrie militaire. C’est certainement vrai […]. Presque tous les domaines ont reçu une impulsion pour le développement», a-t-il dit.
Les achats de la Défense ont décuplé, selon le président Poutine, notamment dans la production d’aéronefs sans pilote, dans le domaine des
communications et des équipements de reconnaissance, a noté l’expert.
«En général, tous
les domaines impliqués pour fournir aux forces armées des systèmes d’appui au combat, ainsi que des systèmes d’appui-feu pour les attaquants et les défenseurs – tout cela a été
développé. Ici, l’influence de l’opération militaire spéciale est bien sûr énorme», a résumé M.Litovkine.
Protection contre les drones
ennemis
Depuis la Seconde Guerre mondiale, il n’y a jamais eu d’actions militaires d’une telle intensité, puissance et ampleur, a estimé de son côté Dmitri
Drozdenko, analyste militaire et rédacteur en chef du portail Fatherland Arsenal.
La tactique, la stratégie et la science militaire de la Russie sont «entrées en
collision» avec celles de l’Occident, a-t-il souligné, ajoutant que cela a incité les producteurs d’armes russes à explorer de nouvelles approches, des réponses symétriques et
asymétriques.
«L’exemple le plus
typique est celui des drones civils quadricoptères, qui se sont transformés en formidables armes. Auparavant, nous essayions de camoufler les chars et les véhicules blindés,
c’est-à-dire de les rendre invisibles sur le champ de bataille. Maintenant ces véhicules sont équipés de ce qu’on appelle de «vérandas» ou de «paniers». Il s’agit d’une protection
contre les drones qui larguent des bombes. […] Puis les drones FPV sont apparus, et en conséquence, une protection spéciale est aussi apparue, qui est déjà couramment installée dans
des ateliers à l’étape de l’assemblage», a expliqué Dmitri Drozdenko.
Lors du forum russe militaro-technique Armée-2023, qui s’est
tenu le mois dernier au Patriot Park dans la région de Moscou, un char russe T-90M a
été exposé doté d’une protection supplémentaire contre les Javelins et les drones dans la partie supérieure. Un nouveau modèle du véhicule d’infanterie tactique 4×4 polyvalent super
protégé Tigr-M a été
également dévoilé durant ce salon.
L’exposition présentait entre autres de nombreux autres véhicules militaires dotés d’une protection supplémentaire contre les drones et conçus en tenant
compte de l’expérience de l’opération militaire spéciale en Ukraine.
Solution pour le dilemme du combat
de contre-batterie
Les duels d’artilleurs acquièrent un rôle de plus en plus croissant sur le champ de bataille, poursuit Dmitri Drozdenko. Lorsqu’ils sont engagés dans un
combat de contre-batterie (qui envisage la destruction ou la neutralisation des systèmes d’appui-feu de l’ennemi), les obusiers de 152 mm de 47 calibres datant de l’ère soviétique
(par exemple, 2S19 Msta-S) pourraient être surpassés par leurs analogues de l’Otan de 155 mm de 52 calibres, étant donné la plus grande portée de frappe de ce dernier.
«Dans ce cas, la
portée de tir de l’artillerie est très importante : Dans un combat de contre-batterie, s’ils vous tirent dessus à la distance maximale et si vous ne pouvez pas les atteindre
physiquement, cela pose un problème», a détaillé l’expert.
Pour résoudre ce dilemme, les armuriers russes ont créé le 2S35 Koalitsia-SV, un
canon automoteur qui devrait compléter et éventuellement remplacer le 2S19 Msta russe. Le
Koalitsia est équipé de canons de 152,44 mm ou de 155 mm et dispose d’une portée de tir maximale de 80 km et d’une cadence de tir de 16 coups/min. Les
caractéristiques de combat du Koalitsiya lui permettent d’atteindre les obusiers de l’Otan, comme le CAESAR français, a souligné M.Drozdenko.
Les drones kamikazes russes Lancet (ou munitions
de vagabondage) se sont également révélés efficaces dans le combat de contre-batterie, a continué l’analyste.
«Avec leurs
frappes, les Lancet ont éloigné l’artillerie occidentale de la ligne de front. En conséquence, nous avons amélioré la qualité du circuit de contrôle de la batterie. […] C’est une
innovation et une innovation massive», a-t-il souligné.
Armes particulièrement
efficaces
Le complexe militaro-industriel national travaille actuellement en trois équipes pour satisfaire les besoins de l’armée russe.
Le conflit ukrainien a notamment appris à la Russie qu’il est nécessaire de développer et d’améliorer des armes de haute précision, selon Pavel
Kalmykov, analyste au sein d’un bureau d’analyse militaire et politique et lieutenant-colonel de réserve.
«Il s’agit des
missiles de croisière Kalibr, de divers missiles aériens de haute précision – il y en a toute une gamme. La liste pourrait être longue : les missiles hypersoniques Kinjal, les
Iskander basés au sol , etc. […] Il est clair qu’il est nécessaire d’augmenter leur production», a-t-il déclaré M.Kalmykov.
Les bombes aériennes guidées de grande puissance russes se sont également révélées utiles, selon l’expert militaire. Il a expliqué que l’aviation peut
les utiliser sans entrer dans la zone de défense aérienne de l’ennemi et les larguer à distance. Et puis la bombe est contrôlée par un GPS ou un signal similaire, a précisé
l’analyste.
Les chars de combat ont, eux aussi, fait un retour historique, poursuit-il.
«Récemment, et
avec une faible intensité des opérations de combat, le rôle des chars a été généralement oublié, et il semblait qu’ils allaient appartenir au passé, tout étant décidé par l’aviation,
l’artillerie, etc. Mais le conflit ukrainien a montré que sur un vaste théâtre d’opérations militaires, les chars jouent un rôle décisif ; lorsque de grandes formations de troupes se
rencontrent, le rôle des chars est important», a conclu Pavel Kalmykov.
Armes à venir
Les fabricants d’armes russes ont déjà beaucoup appris du conflit en cours, notent les analystes. Sur
cette base, de nouveaux systèmes seront produits.
«Premièrement,
tous les analystes affirment qu’à l’aide de vedettes aériennes sans pilote, il est possible d’augmenter considérablement la précision du contrôle des tirs d’artillerie», a révélé
Pavel Kalmykov.
Le principe est le suivant : Coup pour coup. C’est si le guidage est effectué à l’aide d’opérateurs de n’importe quel système
d’artillerie, de systèmes de lancement de roquettes multiples ou même d’un canon puissant. C’est que le projectile atteindra exactement la cible, a précisé l’expert.
«Maintenant, si ce
problème est résolu, le conflit passera à un niveau complètement différent, les tactiques des opérations de combat vont changer. En ce moment, les producteurs d’armes russes
travaillent sur comment créer des systèmes qui, à l’aide de drones, dirigeront avec précision les tirs d’artillerie vers la cible», a-t-il poursuivi.
Deuxièmement, la Russie améliore ses systèmes
de guerre électronique (GE). Auparavant, d’anciens officiers du Pentagone avaient reconnu que les systèmes de guerre électronique russes étaient sans égal, alors que les
experts militaires russes insinuaient que les nouveaux systèmes de guerre électronique russes pourraient perturber le fonctionnement des satellites et même désactiver le Starlink de
SpaceX, si nécessaire.
Troisièmement, les militaires russes ont réussi à capturer lors des combats les derniers modèles d’armes occidentales, des
systèmes de lance-roquettes multiples, des chars et des canons automoteurs, a rappelé Pavel Kalmykov. Tout cela est aujourd’hui à l’étude, selon l’expert, ajoutant qu’en conséquence,
le complexe militaro-industriel national a la possibilité d’utiliser les meilleures solutions d’ingénierie.
Enfin, le secteur de la défense russe œuvre sur des armes de pointe basées sur de «nouveaux
principes physiques», selon les récentes déclarations du président Vladimir Poutine. Bien que le dirigeant russe n’ait pas fourni plus de détails, les observateurs
affirment que ce type d’armes modernes pourrait inclure des armes à énergie dirigée, des armes électromagnétiques, des armes géophysiques, des armes radiologiques, pour n’en citer que
quelques-unes. Selon le vétéran et l’observateur militaire russe Viktor Murakhovsky, Vladimir Poutine parlait très probablement de lasers et
d’autres armes basées sur
la physique des hautes énergies.
The Economist poursuit sa série d’interviews sur la guerre
en Ukraine. Cette semaine, il s’entretient avec Kyrylo Budanov, le chef du service de renseignement militaire ukrainien :
Budanov est perçu comme
une grande gueule dont les affirmations divergent de la réalité :
L’Ukraine a peut-être déjà fait appel à un nombre limité de ses troupes de réserve, mais la Russie, apparemment en désespoir de cause, est maintenant connue
pour engager des troupes de réserve insuffisamment armées qu’elle n’avait pas prévu de déployer avant la fin du mois d’octobre. “Contrairement à ce que la Fédération de
Russie déclare, elle n’a absolument aucune réserve stratégique“, affirme le général. La 25e armée russe d’armes combinées, actuellement déployée prématurément sur le front
oriental autour de Lyman et de Kupyansk, ne dispose que de 80 % des effectifs et de 55 % de l’équipement qu’elle était censée avoir.
Cela semble contredire l’analyste en chef de la Defense Intelligence Agency américaine que The Economist a interviewé il y a tout juste deux semaines :
Des généraux ukrainiens ont déclaré au journal The Guardian que 80 % des efforts
de la Russie ont été consacrés à la construction des première et deuxième lignes [de défense]. Mais Maul prévient que le gros des renforts russes reste sur la troisième ligne.
Budanov a également d’étranges convictions sur l’état de l’économie russe :
Alors que des rapports indiquent que la Russie est sur le point d’intensifier sa campagne de mobilisation, le général Budanov affirme que les effectifs sont le
seul avantage évident que la Russie conserve par rapport à l’Ukraine. “Les ressources humaines en Russie sont
relativement illimitées. La qualité est faible, mais la quantité est suffisante. En ce qui concerne les autres composantes de l’effort de guerre, les ressources russes sont en train de s’épuiser, et un bilan
s’impose. Selon lui, l’économie russe ne tiendra que jusqu’en 2025. Le flux d’armes se tarira en 2026, “peut-être plus tôt“, affirme-t-il, bien que les preuves à l’appui de ses
affirmations soient fragmentaires.
En mai dernier, The
Economistrapportait que le coût de la guerre était une question mineure pour la Russie :
Pourtant, tous ces dégâts ont eu un coût relativement faible pour la Russie. Comme nous l’avons signalé, son économie se porte beaucoup mieux que ce à quoi tout
le monde s’attendait. Et le coût financier direct de la guerre – ce qu’elle dépense en hommes et en machines – est étonnamment faible.
Le budget de la Russie est flou, en particulier son budget militaire. Notre estimation de ce que la Russie dépense pour envahir l’Ukraine est donc imprécise.
Toutefois, en consultant divers experts et en nous appuyant sur notre propre analyse, nous sommes parvenus à un chiffre. Pour l’essentiel, il s’agit de comparer les dépenses prévues par le
gouvernement russe en matière de défense et de sécurité avant l’invasion avec celles qu’il a effectivement engagées. Le coût de l’invasion s’élèverait ainsi à 5 000 milliards de roubles (67
milliards de dollars) par an, soit 3 % du PIB.
Il s’agit là d’un
montant dérisoire au regard de l’histoire.
Selon Vladimir Efimov, maire adjoint chargé de la politique économique, l’économie moscovite a progressé de plus d’un cinquième au cours des cinq dernières
années, bien qu’elle ait été confrontée à de graves difficultés pendant cette période.
Malgré des vents contraires tels que la pandémie de Covid-19 et les sanctions occidentales, la capitale russe a connu une croissance substantielle, notamment
dans les secteurs de l’industrie, de la finance et des télécommunications, a-t-il déclaré mercredi lors du Forum urbain.
Aujourd’hui même, le président Poutine a également fait part de ses prévisions optimistes pour l’économie russe :
L’économie russe s’est redressée et le pays a réussi à résister à la pression des sanctions, a déclaré lundi le président Vladimir Poutine.
“D’une manière générale, nous pouvons dire que
le rétablissement de l’économie russe est achevé. Nous avons résisté à une pression extérieure absolument sans précédent, à l’assaut des sanctions de certaines élites dirigeantes de certains
pays, que nous qualifions d’inamicaux“, a déclaré Poutine lors d’une réunion sur la planification du budget fédéral pour 2024.
En outre, le président a souligné que la croissance du PIB de la Russie pourrait atteindre 2,5 à 2,8 % d’ici la fin de l’année.
The Economist est
très poli lorsqu’il qualifie de “fragmentaire” le
soutien apporté aux affirmations de Budanov. Ses affirmations ne sont tout simplement pas étayées et les données dont nous disposons indiquent le contraire de ce qu’il prétend.
Les affirmations lunatiques de l’Ukraine sont devenues monnaie courante :
L’Ukraine a libéré le village d’Andriivka dans l’oblast de Donetsk, situé au sud de Bakhmut, a rapporté l’état-major général des forces armées ukrainiennes le
15 septembre.
…
Plus tard le même jour, la 3e brigade d’assaut a confirmé que le village avait été repris, ajoutant que les forces ukrainiennes avaient porté un coup décisif à
la 72e brigade séparée de fusiliers motorisés russes au cours de la bataille.
Selon le rapport de la 3e brigade, la formation russe a perdu son chef du renseignement, trois
commandants, la quasi-totalité de son infanterie, y compris des officiers, ainsi qu’une grande partie de son équipement.
Voici une photo aérienne d’Andrivka avant la guerre.
Le village d’Andrivka se compose de deux routes et d’une quarantaine de maisons. Avant la guerre, il comptait environ 80 habitants. On ne comprend pas comment une
partie importante d’une brigade entière, comptant quelque 3 500 hommes et leurs quelque 700 camions et véhicules blindés, a pu se perdre dans un endroit aussi petit. Tout au plus, il y avait
probablement une ou deux compagnies russes de 100 hommes chacune pour défendre cette ville. Il a fallu à l’armée ukrainienne plusieurs semaines et de nombreux morts pour conquérir la localité.
Andrivka a aujourd’hui disparu. Toutes ses maisons sont en ruines. Juste à l’est d’Andrivka passe une ligne de chemin de fer surélevée qu’il sera difficile de traverser. Je ne comprends même pas
pourquoi l’armée ukrainienne a tenté de s’emparer de cet endroit.
L’interview de Budanov par The Economist n’aborde pas la question des pertes
ukrainiennes et des réserves humaines. Mais le résumé quotidien d’hier du site d’information ukrainien Strana souligne l’importance de ce point :
Une guerre d’usure prolongée – et c’est le stade dans lequel entre le conflit – pose à l’Ukraine la question très douloureuse des réserves pour compenser les
pertes.
L’ampleur de ces pertes a été récemment révélée par le chef du centre de mobilisation régional de Poltava, Vitaliy Berezhnoy. S’exprimant devant le conseil
municipal, il a déclaré que sur 100 personnes mobilisées à l’automne de l’année dernière, 10 à 20 sont valides, le reste étant constitué de morts, de blessés et d’invalides.
Il s’agit de pertes de l’ordre de 80 à 90 %.
“En fait, ces chiffres s’appliquent également
à notre division… Certains en ont même moins
(restés dans les rangs – ndlr)“, commente le tireur d’élite Konstantin Proshinsky, qui se bat près de Bakhmut, avec l’indicatif “Grand-père“.
Il convient également de noter une autre donnée évoquée par Berezhny : l’échec de la mise en œuvre du plan de mobilisation de l’état-major général. Selon
Berezhny, à Poltava, le plan n’a été exécuté qu’à 13 % et c’est le pire indicateur de la région (ce qui est naturel – dans une grande ville, il est plus facile de se soustraire à la
mobilisation que dans un village ou une petite ville).
En général, une unité militaire qui a perdu plus de 30 % de ses hommes et de son matériel est considérée comme hors d’état de nuire. Ces unités doivent être
retirées de la ligne de contact pour être reconstituées avec du nouveau personnel. Le mélange d’anciennes et de nouvelles troupes contribuera alors à la poursuite des opérations.
Une division qui a perdu 80 à 90 % de ses effectifs n’est qu’un petit bataillon composé des soldats restants. Elle ne sera certainement pas en mesure de lancer une
opération coordonnée. Il sera également impossible de la reconstruire, car elle ne disposera pas du niveau d’encadrement expérimenté en sergents et en officiers. Ces personnes ne poussent pas sur
les arbres. Ils ont besoin d’années de formation.
Il est impossible de comprendre pourquoi l’Ukraine insiste pour attaquer les forces russes au lieu d’adopter une position défensive sur une ligne géographiquement
protégée. Ce n’est pas rationnel.
Les Occidentaux qui soutiennent cette position devraient être poursuivis en justice pour les pertes inutiles qu’elle entraîne.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Par M.K. Bhadrakumar − Le 17 septembre 2023 − Source Indian Punchline
La guerre terrestre en Ukraine est arrivée à son terme, une nouvelle
phase commence. Même les partisans inconditionnels de l’Ukraine dans les médias occidentaux et les groupes de réflexion admettent qu’une victoire militaire sur la Russie est impossible et qu’une
libération du territoire sous contrôle russe est bien au-delà des capacités de Kiev.
D’où l’ingéniosité de
l’administration Biden qui a exploré le plan B en conseillant à Kiev d’être réaliste quant à la perte de territoires et de rechercher pragmatiquement le dialogue avec Moscou. Tel est le message
amer que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a récemment transmis en personne à Kiev.
Mais la réaction caustique du président Zelensky dans une interview accordée au magazine The Economist est révélatrice. Il a répliqué que les
dirigeants occidentaux continuaient à tenir de beaux discours, s’engageant à soutenir l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra” (le mantra de Biden), mais lui,
Zelensky, a détecté un changement d’humeur chez certains de ses partenaires : “J’ai cette intuition, je lis, j’entends et je vois dans leurs yeux
[lorsqu’ils disent] “nous serons toujours avec vous”. Mais je vois qu’il ou elle n’est pas là, pas avec nous“. Il est certain que Zelensky lit bien le langage corporel, car en l’absence d’un
succès militaire écrasant à brève échéance, le soutien de l’Occident à l’Ukraine est limité dans le temps.
Zelensky sait qu’il sera difficile de maintenir le soutien occidental. Il espère cependant que l’Union européenne, à défaut des Américains, continuera au moins à
fournir de l’aide et qu’elle ouvrira des négociations sur le processus d’adhésion de l’Ukraine, peut-être même lors de son sommet de décembre. Mais il a
également brandi la menace voilée d’une menace terroriste pour l’Europe, avertissant que ce ne serait pas une “bonne histoire” pour l’Europe si elle devait “pousser ce peuple [d’Ukraine] dans ses derniers retranchements“.
Jusqu’à présent, ces menaces inquiétantes ont été atténuées, émanant d’activistes de bas rang de la frange fasciste de Bandera.
Mais l’Europe a aussi ses limites. Les stocks d’armes occidentaux sont épuisés et l’Ukraine est un puits sans fond. Plus important encore, il n’est pas certain que
la poursuite des livraisons fasse la moindre différence dans une guerre par procuration qui ne peut être gagnée. En outre, les économies européennes sont dans le marasme, la récession en
Allemagne pourrait se transformer en dépression, avec les conséquences profondes de la “désindustrialisation“.
En d’autres termes, la visite de Zelensky à la Maison Blanche dans les prochains jours sera déterminante. L’administration Biden est d’humeur sombre, estimant que
cette guerre par procuration entrave la mise en œuvre d’une stratégie indo-pacifique à part entière contre la Chine. Pourtant, lors d’une apparition dans l’émission This Week sur ABC, Blinken a explicitement déclaré pour la première fois que les États-Unis ne s’opposeraient pas à ce que l’Ukraine utilise des missiles à plus longue portée fournis par les États-Unis pour attaquer
en profondeur le territoire russe, une initiative que Moscou a précédemment qualifiée de “ligne rouge“, ce qui ferait de Washington une partie
directe du conflit.
Le célèbre historien militaire américain, penseur stratégique et vétéran du combat, le colonel (retraité) Douglas MacGregor (qui a servi de conseiller au Pentagone
pendant l’administration Trump), est prémonitoire lorsqu’il dit qu’une nouvelle “phase de la guerre de Biden” est sur le point de commencer. En
d’autres termes, les forces terrestres étant épuisées, l’accent sera désormais mis sur les armes de frappe à longue portée telles que le Storm Shadow, le Taurus, les missiles à longue portée
ATACMS, etc.
Les États-Unis envisagent d’envoyer des missiles à longue portée ATACMS, que l’Ukraine réclame depuis longtemps et qui ont la capacité de frapper profondément à
l’intérieur du territoire russe. L’aspect le plus provocateur est que les plateformes de reconnaissance de l’OTAN, avec ou sans pilote, seront utilisées dans ces opérations, faisant des
États-Unis un co-belligérant virtuel.
La Russie a fait preuve de retenue en s’attaquant à la source de ces capacités ennemies, mais personne ne sait combien de temps cette retenue
durera. En réponse à une question sur la façon dont Washington verrait les attaques sur le territoire russe avec des armes et des technologies américaines, Blinken a affirmé que le nombre
croissant d’attaques sur le territoire russe par des drones ukrainiens concernait “la façon dont ils [les Ukrainiens] vont défendre leur territoire et
dont ils s’efforcent de reprendre ce qui leur a été confisqué. Notre rôle [celui des États-Unis], comme celui des dizaines d’autres pays qui les soutiennent, est de les aider à y
parvenir“.
La Russie n’acceptera pas une escalade aussi effrontée, d’autant plus que ces systèmes d’armes avancés utilisés pour attaquer la Russie sont en fait pilotés
par du personnel de l’OTAN – des contractants, d’anciens militaires entraînés ou même des officiers en service. Le président Poutine a déclaré aux médias vendredi que “nous avons détecté des mercenaires et des instructeurs
étrangers à la fois sur le champ de bataille et dans les unités où se déroule l’entraînement. Je pense qu’hier ou avant-hier, quelqu’un a encore été capturé“.
Le calcul des États-Unis est qu’à un moment donné, la Russie sera contrainte de négocier et qu’il s’ensuivra un conflit gelé dans lequel les alliés de l’OTAN
conserveront la possibilité de poursuivre le renforcement militaire de l’Ukraine et le processus menant à son adhésion à l’Alliance atlantique, ce qui permettra à l’administration Biden de se
concentrer sur l’Indo-Pacifique.
Cependant, la Russie ne se contentera pas d’un “conflit gelé” qui est loin d’atteindre les objectifs de
démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine qui sont les objectifs clés de son opération militaire spéciale.
Face à cette nouvelle phase de la guerre par procuration, la forme que prendront les représailles russes reste à déterminer. Il pourrait y avoir de
multiples façons sans que la Russie n’attaque directement les territoires de l’OTAN ou n’utilise d’armes nucléaires (à moins que les États-Unis n’organisent une attaque nucléaire – dont les
chances sont nulles à l’heure actuelle).
D’ores et déjà, il est possible d’envisager la reprise potentielle de la coopération militaro-technique entre la Russie et la
RPDC (y compris, éventuellement, la technologie des missiles balistiques intercontinentaux) comme une conséquence naturelle de la politique agressive des États-Unis à l’égard de la Russie et de
leur soutien à l’Ukraine, tout autant que de la situation internationale actuelle. Le fait est qu’aujourd’hui, il s’agit de la RPDC ; demain, ce pourrait être l’Iran, Cuba ou le Venezuela – ce
que le colonel MacGregor appelle “l’escalade
horizontale“. La situation en Ukraine est désormais liée aux problèmes de la péninsule coréenne et de Taïwan.
Le ministre de la défense, Sergey Shoigu, a déclaré mercredi à la télévision d’État que la Russie n’avait “pas d’autre choix” que de remporter une victoire dans son
opération militaire spéciale et qu’elle continuerait à progresser dans sa mission clé consistant à faucher les équipements et le personnel de l’ennemi. Cela laisse supposer que la guerre d’usure
va encore s’intensifier, tandis que la stratégie globale pourrait s’orienter vers une victoire militaire totale.
L’armée ukrainienne manque cruellement de main-d’œuvre. Rien qu’au cours de la “contre-offensive” de 15 semaines, plus de 71 000 soldats
ukrainiens ont été tués. Il est question que Kiev cherche à rapatrier ses ressortissants en âge de servir dans l’armée parmi les réfugiés en Europe. D’autre part, dans l’attente d’un
conflit prolongé, la mobilisation en Russie se poursuit.
Poutine a révélé vendredi que 300 000 personnes se sont portées volontaires et ont signé des contrats pour rejoindre les forces armées et que de nouvelles unités sont en cours de
formation, équipées de types d’armes et d’équipements avancés, “et certaines d’entre elles sont déjà équipées à 85-90%“.
Il est fort probable qu’une fois que la “contre-offensive” ukrainienne se sera soldée par un échec massif
dans quelques semaines, les forces russes lanceront une offensive de grande envergure. Il est même envisageable que les forces russes traversent le Dniepr et prennent le contrôle d’Odessa et du
littoral menant à la frontière roumaine, d’où l’OTAN a lancé des attaques contre la Crimée. Qu’on ne s’y trompe pas : Pour l’axe anglo-américain, l’encerclement de la Russie dans la mer
Noire est toujours resté une priorité absolue.
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Les États-Unis veulent forcer la Russie à des négociations en Ukraine
GUERRE d’UKRAINE – JOUR 561 – Au G20, les États-Unis ont voulu échapper à leur isolement croissant sur la scène mondiale en acceptant une formulation “neutre” sur le conflit en Ukraine. L’espoir
est de pouvoir s’appuyer durablement sur l’Inde pour initier une négociation qui force la Russie à venir à la table de négociations avant d’avoir réussi à conquérir l’ensemble du territoire des
quatre régions annexées par référendum. Il s’agit de geler le conflit. Le problème, c’est que la Russie n’est pas pressée de rentrer dans le schéma. Et, sur le terrain, elle renforce
militairement son emprise.
La stratégie américaine durant le G20 en Inde
Le Courrier a parlé lundi du compromis auquel les Etats-Unis ont été
forcés sur le communiqué du G20, où la Russie n’est pas désignée nommément dans les paragraphes consacrés à la guerre d’Ukraine. Notre diplomate favori, M.K. Bhadrakumar, apporte une mise
en perspective intéressante :
(…) Lors de la préparation du sommet de Delhi et pendant l’événement, les dirigeants occidentaux ne se sont pas livrés au dénigrement de la Russie et n’ont pas fait preuve d’une émotivité
artificielle, comme ils ont l’habitude de le faire. Même la super bureaucrate de l’UE, Ursula von der Leyen, a fait preuve d’une patience personnifiée, comme si elle avait été inspirée par
Washington. Le curieux incident de la célèbre histoire de Sherlock Holmes me vient à l’esprit : “Le chien n’a rien fait pendant la nuit”.
En fait, la tendance était déjà perceptible lors de la visite atypique de deux jours du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Kiev mercredi dernier, et lors du briefing à bord d’Air
Force One du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, le lendemain, concernant le prochain séjour du président Joe Biden à Delhi, à l’occasion du G20.
La Maison Blanche avait peut-être déjà donné un indice significatif le 22 août, lorsque son communiqué annonçant la visite de M. Biden en Inde soulignait que “lors de son séjour à New Delhi,
le président Biden saluera également le leadership du Premier ministre Modi au sein du G20 et réaffirmera l’engagement des États-Unis envers le G20 en tant que premier forum de coopération
économique, notamment en l’accueillant en 2026”.
Il ne fait aucun doute que les États-Unis voulaient que le sommet du G20 soit un grand succès – et qu’ils voulaient “renforcer” le Premier ministre indien Narendra Modi sur la scène
géopolitique en tant que leader du groupe – une fois qu’il est apparu que M. Biden n’avait pas de groupe de pairs en compétition pour l’espace du rassemblement lors de sa visite de quatre
jours à Delhi.
Le fait est que, dans un environnement international en mutation rapide, le G20 est apparu de manière inattendue dans les calculs des États-Unis comme le seul forum disponible aujourd’hui
pour l’Occident (les membres du G7) pour se “reconnecter” avec la Chine et la Russie, ainsi qu’avec le Sud global. Alors que les BRICS ont commencé à faire des bonds de géant, le spectre de
l’extinction a soudain plané sur le forum.
L’une des caractéristiques du sommet de Delhi, en fait, est que la diplomatie américaine a évolué en tandem avec la troïka des BRICS – l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. (…)
Qu’on ne s’y trompe pas, les États-Unis sont en train d’opérer un changement de cap audacieux dans leur approche du Sud, en particulier de l’Afrique, ancré dans la réalité géopolitique du
défi croissant que posent la Chine et la Russie en s’efforçant de monopoliser cet espace géopolitique. Il est certain que les manifestations anticoloniales naissantes en Afrique ces derniers
temps sont également porteuses de sombres présages, compte tenu de leurs profondes implications pour la prospérité économique de l’Europe.(…)
Bien entendu, cela n’a été possible que grâce aux signaux naissants émis par Delhi au cours des derniers mois concernant la volonté d’accélérer et de consolider son partenariat stratégique
avec les États-Unis en tant qu’allié mondial, (…)
L’Ukraine a toujours été un partenaire exigeant et toutes les bonnes choses ont une fin. L’Ukraine ne peut pas et ne doit pas dicter les priorités de la politique étrangère
américaine.
Il ne fait aucun doute que l’échec de la “contre-offensive” de Kiev, lancée il y a trois mois, s’est produit à une échelle industrielle, avec environ 70 000 morts dans le conflit jusqu’à
présent, selon les estimations occidentales favorables à l’Ukraine. La responsabilité – morale et politique – en incombe largement aux États-Unis, ce qui ne peut plus être caché à la
conscience mondiale.
Entre-temps, les pays de l’OTAN ont épuisé leurs stocks d’armes. Poursuivre sur la voie de mirages inchoatifs est futile et dénué de sens, et ne peut que blesser mortellement la stratégie
indo-pacifique, ce qui peut avoir un impact sur l’équilibre stratégique mondial. (…)
L’offensive russe imminente doit être bloquée d’une manière ou d’une autre, car sa conséquence inévitable sera la “démilitarisation” et la “dénazification” de l’Ukraine – l’éviction
définitive de l’OTAN du sol ukrainien et le retrait de l’actuelle structure de pouvoir viscéralement hostile à Kiev, qui sert de mandataire aux États-Unis et à l’OTAN.
La priorité numéro un aujourd’hui est donc de geler le conflit ukrainien au stade actuel, où la Russie n’a pas encore réussi à atteindre ses objectifs initiaux de contrôle total du Donbass et
de “démilitarisation et dénazification” de l’Ukraine, tout en empêchant l’adhésion future de l’Ukraine à l’OTAN, tandis que, d’autre part, l’alliance occidentale conserve l’option de rester
engagée avec Kiev concernant les affaires inachevées de la guerre sous l’angle de la sécurité européenne.
Indian
Punchine
La grande manoeuvre décrite par M.K. Bhadrakumar a-t-elle une chance d’aboutir? Les Etats-Unis comprennent, mais un peu tard, qu’il ne leur reste que peu de temps pour essayer d’entraver les
conséquences d’une défaite militaire de l’Ukraine.
Un front apparemment immobile
Nous nous contenterons de donner le compte-rendu de la bataille d’Ukraine que donne southfront.org à la date du 13 septembre 2023:
L’armée russe a repoussé une nouvelle vague d’attaques des forces de Kiev, selon le briefing du 13 septembre du ministère russe de la Défense.
Dans la direction de Donetsk, le groupe de forces russes Yug a repoussé huit attaques menées par les 80e brigades d’assaut aéroportées, 3e brigade d’assaut, 59e brigade d’infanterie motorisée
et 110e brigade mécanisée de l’Ukraine près de Kleshcheevka, Andreevka, Pervomaiskoye et Krasnogorovka.
Le ministère a déclaré que les forces de Kiev ont perdu 140 soldats, deux véhicules de combat d’infanterie, quatre véhicules motorisés et un obusier tracté Msta-B dans cette direction.
En outre, un dépôt de munitions de la 79e brigade d’assaut aéroportée a été pris pour cible et détruit près de Novomikhailovka.
Dans la direction sud de Donetsk, le groupe de forces russes Vostok a repoussé deux attaques des 38e et 36e brigades des forces de Kiev près de Novomayorskoye et Priyutnoye.
Au moins 235 militaires ukrainiens ont été tués et blessés au cours des combats dans cette direction, a indiqué le ministère, ajoutant que deux véhicules blindés de combat, trois véhicules à
moteur et une station de guerre électronique ont été détruits.
Dans la direction de Zaporozhye, deux attaques de la 82e brigade d’assaut aéroportée ukrainienne ont été repoussées près de Verbovoye. En outre, des rassemblements de la 47e brigade
mécanisée, de la 48e brigade aéromobile et de la 82e brigade d’assaut aéroportée ont été pris pour cible près de Rabotino.
Les pertes ukrainiennes dans cette direction s’élèvent à 205 soldats, un char, trois véhicules de combat blindés et deux véhicules à moteur.
Des obusiers tractés M777 et M119 de fabrication américaine, quatre obusiers tractés D-30, un obusier tracté D-20 et un obusier tracté Msta-B ont également été détruits par des tirs de
contre-batterie.
Dans la direction de Krasny Liman, le groupe de forces russe Tsentr a repoussé deux attaques de la 21e brigade mécanisée et de la 12e brigade d’opérations spéciales Azov à l’est de Yampolovka
et de Chervonaya Dibrova. Jusqu’à 65 soldats ukrainiens et deux véhicules blindés de combat ont été neutralisés au cours des combats.
Pendant ce temps, dans la direction de Kupyansk, le groupe de forces russes Zapad a pris pour cible plusieurs rassemblements ukrainiens d’hommes et d’équipements près de Novosyolovskoye,
Olshana et Kotlyarovka.
Les forces de Kiev ont perdu 85 soldats, deux véhicules blindés de transport de troupes et deux véhicules à moteur dans cette direction, selon le ministère.
En outre, un obusier automoteur Gvozdika, un M777 tracté et un obusier automoteur américain M109 ont été détruits par des tirs de contre-batterie.
Un dépôt de munitions de la 114e brigade de la défense territoriale de l’Ukraine a également été pris pour cible et détruit près de Glubokoye.
Dans la direction de Kherson, une série de frappes d’artillerie a visé des rassemblements de la 124e brigade de défense territoriale près de l’île d’Alekseevsky. Ces frappes ont permis de
neutraliser plus de 80 soldats ukrainiens, deux véhicules motorisés et un obusier tracté M777. (…)
Il convient de noter que l’Ukraine a attaqué les infrastructures portuaires de la ville de Sébastopol, en Crimée, qui accueille la flotte russe de la mer Noire, avec des missiles de croisière
et des drones suicides navals tôt dans la matinée. Sept des dix missiles ont été interceptés par les défenses aériennes russes et tous les drones ont été détruits par la marine. Deux navires
de la marine ont été endommagés et 24 personnes ont été blessées lors de l’attaque. Le ministère a déclaré que les deux navires seront réparés.
La contre-offensive de l’Ukraine a commencé il y a plus de trois mois. Jusqu’à présent, les forces de Kiev ont fait très peu de progrès et ont subi de lourdes pertes. Malgré cela, la
contre-offensive devrait se poursuivre jusqu’à l’hiver.
southfront.org
L’armée russe se bat désormais à 1 contre 1
Un premier élément à prendre en compte pour savoir si les Russes sont prêts à geler le conflit est celui des effectifs , sujet récurrent sur le
blog de Simplicius. L’excellent analyste du déroulement des opérations militaires montre que la Russie monte lentement en puissance, sans se presser. Alors qu’elle avait commencé l’Opération
Militaire Spéciale à 1 contre 3, la mobilisation de l’automne 2022 puis les engagements volontaires de 2023 révèlent une capacité, désormais, à mettre des effectifs équivalents à ceux de l’armée
ukrainienne sur le terrain. Simplicius fait remarquer que les Occidentaux sont inquiets de cette montée en puissance, comme en témoigne cet
article de Bloomberg :
La Russie a stationné plus de 420 000 soldats dans les régions d’Ukraine qu’elle occupe, y compris en Crimée, afin d’empêcher Kiev de reprendre le
territoire, selon les services de renseignement militaire ukrainiens.
Les effectifs russes sont “puissants”, a déclaré Vadym Skibitskyi, un représentant du service, lors du forum annuel sur la stratégie européenne de Yalta, organisé à Kiev par la fondation du
milliardaire Victor Pinchuk.
Ce chiffre n’inclut pas les “forces spéciales” chargées d’assurer la sécurité des autorités d’occupation mises en place par Moscou, a-t-il précisé, y compris celles qui ont organisé ce
week-end des élections jugées illégales au regard du droit international et condamnées comme des “simulacres” par les États-Unis. (…)
La contre-offensive terrestre de Kiev, qui vise à chasser les forces d’occupation russes, a commencé au début du mois de juin. Elle a progressé lentement, des centaines de milliers de soldats
du Kremlin ayant passé des mois à construire des lignes de défense à plusieurs niveaux, notamment des champs de mines, des fossés et des barrages de ciment connus sous le nom de “dents de
dragon”.
“C’est un ensemble très complexe de préparations défensives que les Ukrainiens doivent affronter”, a déclaré Mark Milley, président de l’état-major interarmées américain, lors d’une interview
accordée à une chaîne de télévision jordanienne à la fin du mois d’août.
Oleksandr Tarnavskyi, le général ukrainien qui dirige la contre-offensive dans le sud, a déclaré ce mois-ci au Guardian que la Russie avait consacré 60 % de son temps et de ses ressources à
la construction de la première ligne de défense et seulement 20 % aux deuxième et troisième lignes, ce qui souligne l’importance de percer la première ligne.(…)
Les forces ukrainiennes tentent d’avancer vers le sud de la région de Zaporojie afin de diviser les formations de troupes russes et d’en couper une partie de la Crimée.
“La Russie a transformé la Crimée en une puissante base militaire”, a déclaré M. Skibitskyi. “La Russie utilise activement la péninsule de Crimée pour fournir du personnel, des équipements
militaires et des armes à ses troupes dans les régions de Kherson et de Zaporizhzhia, ainsi que pour lancer des attaques de missiles.
Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien, a déclaré lors de la conférence que la contre-offensive se poursuivrait même si les conditions météorologiques se dégradaient à
l’automne, bien qu’il soit “plus difficile de se battre dans le froid”.(…)
Blommberg,
9 septembre
Le ton change dans les médias américains! Simplicius commente :
Rappelons que la question de savoir combien de soldats la Russie possède au total a fait l’objet d’un débat permanent ici. De nombreuses personnalités, comme MacGregor, estiment que la Russie
dispose actuellement de 700 à 800 000 hommes. Je suis l’un des rares à soutenir que ce chiffre est bien inférieur. La dernière fois que j’ai calculé ce chiffre dans un rapport, j’ai estimé
que la Russie pourrait ne disposer que de 370 à 450 000 hommes environ. Ce chiffre est basé sur le fait qu’elle n’a utilisé que moins de 100 000 hommes au cours de la première année de la
guerre, qu’elle a ajouté 300 000 hommes mobilisés, mais qu’elle a probablement perdu entre 50 et 100 000 hommes en raison des pertes humaines et de l’expiration des contrats, ou de ceux qui
ont tout simplement quitté le service.
Si nous ajoutons à ce qui précède le fait que des dizaines de milliers de nouveaux engagés de cette année ont été envoyés sur la ligne de front plutôt que placés dans le nouveau corps de
Shoigu, nous pouvons arriver à environ 400 000 hommes, à peu près. Bien sûr, il y a maintenant 200 à 300 000 soldats en réserve qui peuvent entrer à tout moment, mais le chiffre de 420 000
cité dans l’article indique qu’il s’agit du nombre de soldats participant au SMO.
Le fait que le représentant des services de renseignement ukrainiens soit cité comme déclarant qu’il s’agit d’un nombre très impressionnant me semble indiquer que le nombre de soldats
ukrainiens est similaire, voire inférieur, plutôt que les 800 000 à 1 million de soldats dont Zelensky voudrait nous faire croire qu’ils sont actuellement à sa disposition.
Simpliciussur
Substack, 13 septembre 2023
C’est ce que les analystes occidentaux ont le plus de mal à comprendre depuis le début: la Russie monte lentement en puissance. Et elle n’est donc pas pressée
d’entrer dans des négociations pour complaire au tournant diplomatique des Etats-Unis à New Delhi.
Pertes ukrainiennes et russes
Se battant à un contre un, les Russes ont de plus appris à limiter leurs pertes, comme le montre le décompte hebdomadaire des tués russes proposé par
Mediazona:
Par contraste, les pertes ukrainiennes liées à la contre-offensive ne cessent d’augmenter. Citons là encore Simplicius:
Un représentant de l’AFU de la 47e brigade “d’élite” a raconté avec colère qu’ils subissaient 13 morts (200) et 63 blessés (300) par jour.
Si l’on extrapole ce chiffre pour une offensive de 90 jours x 13 = 1 170 morts pour cette seule brigade. Et sans surprise, c’est exactement ce que j’ai rapporté ici, à partir d’un rapport
officiel qui disait que les pertes de la 47e avaient atteint “quatre chiffres”.
Si l’on extrapole ces 13 morts par jour aux 10 à 15 brigades opérant uniquement sur le front occidental de Rabotino, puis si l’on ajoute les fronts de Donetsk/Bakhmut, le front de
Staryomayorsk, le front de Kupyansk, on obtient facilement 500 à 1000 morts par jour.
La Russie, quant à elle, a enregistré le nombre le plus faible de tués et de blessés de toute la guerre jusqu’à présent. Les dernières nouvelles de MediaZona, qui suit méticuleusement les
notices nécrologiques :
Il en ressort qu’en août, la Russie compte en moyenne 70 victimes par semaine, et que le mois de septembre n’en compte qu’une fraction. Cela représente environ 10 victimes par jour. Cela
concerne l’ensemble des forces armées russes. L’Ukraine enregistre plus de pertes au sein d’une seule brigade sur les 50 à 70 restantes. Les disparités sont stupéfiantes. C’est pourquoi
Poutine a déclaré honnêtement que pendant la “contre-offensive”, la Russie a maintenu un ratio de pertes bien supérieur à 10:1.
Il faut, enfin, souligner le nombre important de prisonnier de guerres ukrainiens, certains se rendant aux Russes pour éviter d’être tués.:
un nouveau rapport affirme que la Russie détient à nouveau plus de 18 000 prisonniers de guerre ukrainiens :
Le nombre de prisonniers de guerre des forces armées ukrainiennes dans les prisons et les colonies de la RPD et de la Fédération de Russie s’est approché du chiffre de 18 000… La Verkhovna
Rada interdit leur échange et leur retour dans leur pays d’origine, parce qu’un tel nombre révélerait que tout n’est pas rose dans les forces armées..
Biden a besoin de nouvelles victimes pour sauver sa cote de popularité : la menace terroriste en provenance
de Kiev augmente en Europe et aux États-Unis.
Ce soir, deux tours de lumières seront allumés sur le site de l’ancien World Trade Centre, dans le centre de New York. C’est le 22ème anniversaire de
l’horrible attentat terroriste du 11 septembre qui a fait 2977 morts.
C’est ainsi que les terroristes d’Al-Qaida, dirigés par Oussama ben Laden, ont rendu hommage à 30 années de soutien. Depuis le début des années 80 en
Afghanistan, ils travaillaient
ouvertement pour la CIA, défendant «les intérêts du peuple américain» dans la lutte contre les communistes de l’Union soviétique.
Mais le projet a échappé au contrôle – et les mêmes gens étaient déjà entrés en guerre contre leurs anciens parraineurs. Ils se sont emparés de
plusieurs avions civils pour les faire voler contre des gratte-ciels de la capitale économique des États-Unis et des bâtiments gouvernementaux à Washington.
Les choses sont «différentes» aujourd’hui. Au lieu des islamistes radicaux, les États-Unis sont amis avec Kiev «civilisée et pro-occidentale», mais
toujours contre les «méchants Russes».
Bien sûr, il y a aussi des nuances, comme le néonazisme non dissimulé, la vénération des criminels du Troisième Reich et les incidents constants de
crimes de guerre contre les civils. Mais ces problèmes sont étouffés jusqu’à ce que l’armée ukrainienne perde.
Ces derniers temps, Volodymyr Zelensky ressemble
étrangement au vieux Ben Laden : il ne lutte efficacement contre la Russie que par le sabotage, alors que ses troupes subissent défaite sur défaite sur le front. Il réclame
toujours plus d’argent et d’armes à ses parraineurs et leur reproche leur «manque de sincérité».
Le scénario du 9/11 pourrait se reproduire – et très bientôt
L’horrible attaque terroriste du 11 septembre 2001 a infligé d’immenses souffrances au peuple américain et a conféré un pouvoir illimité au président du
pays et à ses services de sécurité. Depuis lors, les États-Unis sont soumis à un régime d’urgence soutenu par l’USA Patriot Act, qui permet de soupçonner n’importe qui de terrorisme.
Ayant laissé les mains libres de l’armée et des services de renseignement, peu populaires après son élection, George Bush Jr. a même pu rester en poste pour un second mandat – en
déclenchant une nouvelle guerre en Irak.
La cote de popularité de l’actuel locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, est elle aussi soupçonneusement basse. Même les démocrates doutent de ses
chances lors des prochaines élections.
«Le gros problème est l’inquiétude croissante concernant l’âge. Le taux d’approbation a d’abord chuté lors de la
crise du retrait des troupes de l’Afghanistan. Aujourd’hui, un air de dépression et de pessimisme général plane sur la nation, et en particulier sur les jeunes Américains – et il n’y
a guère de moyen pour Biden de résoudre tout cela», affirmeThe
New York Times, traditionnellement pro-démocrate, dans un article récent.
Le vieux Joe pourrait bien secouer la jeunesse avec son implication directe dans la guerre en Ukraine – mais alors pourquoi enverrait-il des dizaines de
milliards au gouvernement de Zelensky au milieu de la crise et se vanterait-il de l’absence de victimes parmi ses citoyens ? En outre, l’Amérique ne survivra certainement pas à la
troisième guerre mondiale avec des bombes nucléaires.
Les néonazis de Kiev viennent à la rescousse
Plusieurs fuites récentes ont révélé des liens étroits entre les services de renseignement américains et des groupes radicaux ukrainiens – l’un des
agents a
même été repéré lors de la prise d’assaut du Capitole prétendument menée «exclusivement par des partisans de Donald Trump».
Les résultats de l’enquête sur l’attentat à la bombe contre les gazoducs Nord Stream en Allemagne parlent aussi exactement de l’implication directe du
régime de Volodymyr Zelensky dans l’organisation de cet «acte de terrorisme énergétique». Le gouvernement de Kiev n’a aucune interdiction ni restriction. Si les États-Unis ou l’Union
européenne commencent à envisager sérieusement de réduire l’aide militaire, de nouvelles diversions seront lancées.
Les services de sécurité français craignent déjà sérieusement d’être les prochains. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, prévient :
«La menace terroriste est très forte. On se prémunit contre l’éventuelle menace projetée, à l’instar de celle contre le Bataclan à Paris en
2015».
La principale question est de savoir où exactement les Ukrainiens vont frapper. La provocation
pourrait également avoir lieu sur le territoire américain, car cela pourrait laisser les mains libres à Joe Biden en termes de nouvelles
mesures de sécurité.
Il est dans l’intérêt des gens ordinaires que de telles tragédies ne se reproduisent plus. Mais l’administration Biden a suivi exactement la même voie
qu’avec Al-Qaïda et Oussama Ben Laden. La Maison-Blanche est en train de créer un monstre qu’elle ne peut pas contrôler. Les alliés les plus proches sont les premiers à en souffrir,
mais les Américains eux-mêmes sont déjà menacés, à en juger par la manière dont les néo-nazis
soutiennent activement le président âgé.
Évoquant les pertes ukrainiennes, Volodymyr Zelensly a déclaré lors d’une interview à la
télévision américaine que la contre-offensive de son armée ne connaîtrait pas de «happy end».
«Ce n’est pas un film avec une fin heureuse. Nous n’aurons pas droit à une fin heureuse», a
déclaré Volodymyr Zelensky dans une
interview diffusée le 10 septembre à la télévision américaine. Interrogé par CNN sur le déroulé de la contre-offensive, le
président ukrainien a insisté sur le fait que son succès dépendait de «nombreux facteurs», dont la reprise des territoires, mais également sur
les pertes humaines.
«Nous voulons tous avoir du succès et une fin heureuse. Tout d’abord, ce n’est pas un film. Cela ne dure pas une
heure et demie. Il s’agit d’une contre-offensive», assure le président ukrainien. Et celui-ci de préciser : «Nous avons perdu beaucoup de gens.
Il n’y aura pas de fin heureuse, nous devons l’admettre». Le 8 septembre, le même jour qu’a été enregistré l’interview à CNN, Volodymyr
Zelensky avait pointé
du doigt la supériorité aérienne russe, lui imputant l’absence de succès de sa contre-offensive.
Bien que «reconnaissant»
aux Occidentaux pour leur soutien, le président ukrainien a laissé entendre que le temps qu’ils avaient pris pour se décider à envoyer des armes à Kiev avait permis aux Russes de
préparer leurs défenses. «On a trop attendu, ils ont mis des mines», insiste-t-il auprès de son interviewer américain. Lorsque ce dernier lui
demande si ses demandes sont entendues par les Occidentaux lorsqu’il leur rend visite, Volodymyr Zelensky égraine sans attendre sa liste de ses souhaits.
Sa contre-offensive piétine, Kiev veut plus d’armes
«Tout d’abord, ce dont nous avons besoin, ce sont des systèmes d’armes à longue portée, d’artillerie, d’obus,
etc.», a-t-il déclaré, assurant qu’il «parlera» avec Joe Biden au sujet des ATACMS,
ces missiles d’une portée de 300 km pouvant être tirés depuis les Himars et que Washington a jusqu’à présent refusé de fournir aux Ukrainiens, qui ne cessent pourtant de les demander.
Selon le Washington Post, le Pentagone estime que Kiev «a d’autres
besoins plus urgents» que ces missiles, et s’inquiète du fait que leur livraison en trop grand nombre aux forces ukrainiennes ne compromette la capacité des États-Unis à faire
face à d’autres conflits éventuels. À Washington, des voix s’élèvent pour pointer du doigt la tendance que les Ukrainiens auraient à s’en
tenir à leur seule stratégie.
Entérinée début juin, la contre-offensive ukrainienne piétine, n’ayant pas permis à Kiev de réaliser de gains territoriaux notoires. Début septembre,
l’armée ukrainienne a revendiqué la prise de Rabotino, un village de 400 habitants avant-guerre, sur le front sud.
Du côté russe, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, admettant des combats acharnés dans la région de Zaporijia, estimait
le 5 septembre, trois mois après le début de ladite contre-offensive, que les forces armées ukrainiennes n’avaient «atteint leurs objectifs dans
aucune des directions» et subissait des «pertes colossales».
Guerre d’Ukraine – jour 555 – Nous mettons à la disposition de nos lecteurs un rapport britannique qui reconnaît, de manière souvent explicite, les difficultés de l’armée ukrainienne depuis le
début de la contre-offensive le 4 juin 2023
Le débat est intense au sein du monde dirigeant occidental. Certes, la “contre-offensive ukrainienne” commencée le 4 juin dernier, est un échec. Mais doit-on pour
autant renoncer au soutien militaire que l’OTAN apporte à Kiev ? Le 6 septembre 2023, Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, était à Kiev pour rassembler les arguments d’un soutien
continué à l’Ukraine. Il y a en effet un parti de la négociation, qui devient de plus en plus actif à Washington, Londres, Bruxelles.
Le parti de la guerre, à Washington, Londres et Bruxelles, a de plus en plus de difficultés à faire valoir ses arguments. Même si l’on ne peut exclure une erreur
russe, le missile tombé sur un marché à Kostiantynivka au
moment même de la visite d’Anthony Blinken est plus probablement une provocation ukrainienne pour faire croire à un crime de guerre russe et remobiliser l’opinion occidentale. Il est certain que
la Russie ne va pas bombarder volontairement un marché de la région de Donetsk, là où vivent les populations qu’elle est venue protéger.
Dans tous les cas, le jugement de plus en plus pessimiste porté par une partie des experts occidentaux sur une chance de victoire militaire de l’Ukraine, est
alimentée par des analyses du type de celles que nous mettons à disposition de nos lecteurs.
Derrière les circonlocutions du rapport, l’aveu d’un échec
Le rapport est disponible ici pour le lecteur (anglophone) intéressé. Nous proposons ici une traduction du “résumé exécutif”:
Quels que soient les progrès réalisés au cours de la contre-offensive ukrainienne, des
offensives ultérieures seront nécessaires pour libérer le territoire ukrainien. Il est donc important d’évaluer les tactiques employées et la formation dispensée au cours de
l’offensive ukrainienne afin d’éclairer la constitution des forces au cours des prochains mois. Le présent rapport examine les actions tactiques afin d’identifier les problèmes à
résoudre.
La condition préalable à toute action offensive est la domination des feux. Cet objectif a été atteint grâce à la neutralisation de la capacité de
contre-batterie des canons russes et à la disponibilité de systèmes d’artillerie précis et à longue portée. Il est essentiel de garantir la durabilité de cet avantage en approvisionnant
correctement la production de munitions et de pièces de rechange pour un parc d’artillerie consolidé.
L’Ukraine subit de lourdes pertes d’équipement, mais la conception des véhicules blindés de combat fournis par ses partenaires internationaux empêche que cela se traduise par un nombre
élevé de tués. Il
est essentiel que les flottes ukrainiennes de véhicules à mobilité protégée puissent être récupérées, réparées et entretenues. Pour ce faire, il faut également mettre l’accent sur
la capacité industrielle et la consolidation de la flotte.
Les tentatives de percée rapide ont entraîné un taux insoutenable de perte d’équipement. Des actions tactiques délibérément planifiées ont permis aux forces ukrainiennes de
prendre des positions russes avec un petit nombre de pertes. Toutefois, cette
approche est lente, avec une progression d’environ 700 à 1200 mètres tous les cinq jours, ce qui permet aux forces russes de se réinstaller. La
reconnaissance des mines en profondeur constitue une limite essentielle à la capacité d’exploiter ou de maintenir l’élan. L’exploration d’outils technologiques permettant d’effectuer une
reconnaissance des mines à distance serait d’une grande utilité pour les unités ukrainiennes.
Un autre facteur limitant des opérations tactiques ukrainiennes est la capacité du personnel au niveau des bataillons et des brigades. La formation du personnel aiderait considérablement les
forces ukrainiennes. Cela ne sera toutefois utile que si la formation s’appuie sur les outils et la structure utilisés par l’Ukraine, plutôt que d’enseigner les méthodes de l’OTAN conçues
pour des forces configurées différemment. Il est également essentiel d’affiner la formation collective dispensée aux unités ukrainiennes en dehors de l’Ukraine, afin que ces dernières
puissent s’entraîner d’une manière plus proche de leur façon de combattre. Cela nécessite un ajustement de la réglementation afin de permettre la combinaison d’outils qui sont
fortement restreints dans de nombreuses zones d’entraînement européennes.
Les forces russes ont continué à adapter leurs méthodes. Certaines de ces adaptations sont spécifiques au contexte, comme l’augmentation de la densité des champs de mines, qui est passée
d’une hypothèse doctrinale de 120 mètres à un objectif pratique de 500 mètres de profondeur. D’autres adaptations sont systémiques et auront probablement un impact durable sur la doctrine
russe et le développement des capacités. Il s’agit principalement de la dispersion des systèmes de guerre électronique au lieu de leur concentration sur les principales
plates-formes, du passage à des outils de commandement et de contrôle basés sur des applications et indépendants du porteur, et de la transition vers une dépendance à l’égard de
tirs plus précis en raison de l’incapacité reconnue d’atteindre le poids de tirs imprécis précédemment prescrit par la doctrine, compte tenu de la menace qui pèse sur la logistique des canons
russes. Il est essentiel que les partenaires de l’Ukraine aident le pays à se préparer aux combats d’hiver et aux campagnes suivantes dès maintenant, si l’on veut que l’initiative soit
maintenue jusqu’en 2024.
RUSI,
Stormbreak : Fighting Through Russian Defences in Ukraine’s 2023 Offensive, 4 septembre 2023
Retenons quelques points fondamentaux :
+ pour des raisons politiques évidentes, il est essentiel de nier l’étendue des pertes humaines que subit l’Ukraine.
+ Les destructions de matériel occidental sont certes mises en avant mais non désignées pour ce qu’elles sont : Une infériorité de plus en plus patente du
matériel occidental face aux équipements russes.
+ La solidité du dispositif de défense russe, la modernité des outils russes de guerre électronique ne peuvent être dissimulées.
Au nom de la protection des Kiéviens face au dispositif de renseignement russe, les auteurs du rapport ont fait passer une gentille supercherie : Ils zooment sur un
petit bout de bataille, où les Ukrainiens ont (un peu) fait reculer les troupes russes. La chronologie est volontairement imprécise.
Il s’agit, autant que l’on peut, de minimiser la défaite ukrainienne. Une attitude intenable à moyen et long terme.
Zelenski limoge le ministre de la Défense sur ordre des faucons américains
Jour 553 – La contre-offensive ukrainienne n’est pas seulement un échec mais un carnage. Le commandement ukrainien est de moins en moins désireux de continuer. Du coup les faucons américains ont
poussé et obtenu, ces derniers jours la démission de deux ministres de la Défense : Ben Wallace, en Grande-Bretagne, devenu sceptique sur l’aide à l’Ukraine ; et Reznikov, le ministre ukrainien –
pour le remplacer par Rusten Umerov, en charge de la gestion des propriétés de l’État, aussi corrompu que Reznikov et beaucoup plus incompétent. Aux abois mais ne pouvant reculer sans risquer de
se faire limoger lui-même par ses maîtres américains, Zelenski envisage une mobilisation totale de la population (masculine) – y compris en faisant revenir (de force) des hommes réfugiés à
l’étranger.
30 000 soldats morts pour élargir la zone grise de 250 km²
La “contre-offensive ukrainienne” a commencé il y a trois mois. En sacrifiant au moins 30 000 hommes (tués), l’armée ukrainienne a fait passer 250 kilomètres
carrés, non pas sous son contrôle direct mais dans une zone grise. La première ligne de défense russe est encore très loin d’être atteinte :
Il est désormais clair que la contre-offensive tant attendue de l’Ukraine a été un échec colossal : Trois mois plus tard, l’armée ukrainienne n’a guère progressé pour repousser les Russes. En
effet, elle n’a pas encore dépassé la “zone grise”, la bande de terre fortement contestée qui se trouve devant la première ligne principale des défenses russes. Le New York Times rapporte que
“durant les deux premières semaines de la contre-offensive, jusqu’à 20 % des armes envoyées par l’Ukraine sur le champ de bataille ont été endommagées ou détruites, selon des responsables
américains et européens. Ce bilan inclut certaines des formidables machines de combat occidentales – chars et véhicules blindés de transport de troupes – sur lesquelles les Ukrainiens
comptaient pour repousser les Russes”. Selon pratiquement tous les comptes rendus des combats, les troupes ukrainiennes ont subi d’énormes pertes Les neuf brigades vantées que l’OTAN a armées
et entraînées pour la contre-offensive ont été sévèrement malmenées sur le champ de bataille.
La contre-offensive ukrainienne était vouée à l’échec dès le départ. Si l’on examine la composition des forces des deux côtés et ce que l’armée ukrainienne essayait de faire, et si l’on
comprend l’histoire de la guerre terrestre conventionnelle, il est clair qu’il n’y avait pratiquement aucune chance que les forces ukrainiennes attaquantes puissent vaincre les forces de
défense de la Russie et atteindre leurs objectifs politiques.
L’Ukraine et ses partisans occidentaux espéraient que l’armée ukrainienne pourrait mettre en œuvre une stratégie classique de guerre éclair pour échapper à la guerre d’usure qui la minait. Ce
plan prévoyait de percer un grand trou dans les lignes de défense de la Russie, puis de pénétrer profondément dans le territoire contrôlé par les Russes, non seulement en capturant des
territoires en cours de route, mais aussi en assénant un coup de massue à l’armée russe. Comme le montre clairement l’histoire, il s’agit d’une opération particulièrement difficile à mener à
bien lorsque les forces attaquantes sont engagées dans un combat équilibré, impliquant deux armées de force à peu près égale. Les Ukrainiens n’étaient pas seulement engagés dans un combat
équilibré, ils étaient également mal préparés à exécuter une guerre éclair et se trouvaient face à un adversaire bien placé pour la contrecarrer. En bref, les conditions étaient défavorables
à la contre-offensive ukrainienne dès le départ.
Pas plus tard qu’en avril, des estimations du Pentagone, qui avaient fait l’objet d’une fuite, faisaient état d’un nombre de morts ukrainiens bien inférieur, à savoir 17 500. Le bond supposé
à plus de 70 000 s’explique en partie par la contre-offensive dans le sud.
BBC
News
En réalité, le désastre ukrainien est cinq à six fois plus important, si l’on en croit le colonel américain Douglas MacGregor, qui estime que, depuis le début du conflit, les pertes de l’armée
ukrainienne pourraient s’élever à 400 000 tués.
Le Global Times publie un éloge de la stratégie prudente de la Russie
Non moins significatif est un article publié dans le Global Times,
l’organe anglophone du Parti Communiste Chinois: :
Début juin, les forces ukrainiennes ont lancé une “offensive d’été” contre les forces russes dans l’est et le sud de l’Ukraine. Pendant trois mois, les forces ukrainiennes ont subi de lourdes
pertes, sans grand résultat. Cette campagne, qui devait à l’origine être lancée au printemps, n’a pas permis de reprendre des objectifs stratégiquement importants et a entraîné la perte de
près de 30 % des armes fournies par l’OTAN, de nombreux soldats ayant été capturés ou démoralisés.
Au cours des trois derniers mois, l’Ukraine a occasionnellement mené des raids transfrontaliers en Russie, frappant des cibles militaires profondes dans toute la Russie au moyen de drones,
mais sans parvenir à modifier la situation militaire globale. En revanche, les forces russes ont clairement adopté une position patiemment défensive, avec des frappes aériennes
occasionnelles, s’installant dans une longue guerre d’usure. Elles ont établi trois lignes de défense à plusieurs niveaux sur la rive est du fleuve Dnipro pour frapper et épuiser les forces
terrestres ukrainiennes.
Il est clair que la Russie a reconnu qu’il s’agissait d’une guerre d’usure asymétrique dans laquelle sa force globale dépasse celle de l’Ukraine. L’administration américaine de Joe Biden
avait espéré une guerre par procuration en Ukraine, à la fois pour contrecarrer les contre-mesures stratégiques de la Russie et pour éliminer les aspirations stratégiques d’indépendance de
l’Europe. L’Ukraine est devenue l'”Afghanistan en Europe” et la Russie évite prudemment les pièges qui ont conduit l’Union soviétique dans un bourbier afghan d’une décennie qui a finalement
accéléré sa désintégration. Dans le même temps, la Russie utilise son avantage géographique pour tenter de faire goûter aux États-Unis et à l’OTAN le fruit amer des combats menés en
Afghanistan pendant 20 ans, avant de battre en retraite de manière honteuse.
Bien que la puissance globale de la Russie ne puisse rivaliser avec celle de l’OTAN, elle possède également l’avantage de gagner une guerre d’usure : Un système décisionnel stable et
cohérent, des réserves et une capacité de production d’équipements militaires suffisantes, et des millions de personnes motivées par le nationalisme. La Russie a également une riche
expérience des guerres prolongées et des guerres d’usure et elle est douée pour les contre-attaques défensives.
Bien entendu, la Russie ne cesse de viser des cibles stratégiques, des infrastructures et des chaînes d’approvisionnement logistique en Ukraine afin de saper la résistance armée de ce pays.
Les bombardements prolongés ont créé un climat de lassitude de plus en plus grave à l’égard de la guerre, et le camp occidental montre des signes de lassitude à l’égard de l’Ukraine, qu’il
considère comme un “gouffre sans fond”. La ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a admis que les sanctions contre la Russie n’étaient pas assez efficaces.
Les États-Unis, confrontés à une contradiction entre les intérêts immédiats et à long terme, sont pris dans la division de la compétition bipartisane pour la présidence. Les autres membres de
l’OTAN ont également leurs propres calculs. Le 15 août, le chef de cabinet du secrétaire général de l’OTAN, par exemple, a publiquement proposé que “je pense qu’une solution pourrait être que
l’Ukraine cède des territoires et obtienne l’adhésion à l’OTAN en échange”.
Le ton combatif de Zelensky s’est clairement calmé, mais il insiste sur le fait qu’il ne faut pas sacrifier des territoires pour la paix. Compte tenu de la situation actuelle et des lois
générales de la guerre, la “guerre d’Afghanistan en Europe” se poursuivra jusqu’à ce que l’une des parties l’emporte ou que les deux parties ne soient plus en mesure de se battre.
En novembre 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a admis publiquement que 100 000 soldats ukrainiens avaient été tués pendant la guerre. En mai de cette
année, le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Robert Kennedy Jr., a affirmé que “300 000 militaires ukrainiens” étaient morts. L’Ukraine, avec une population de 36 millions
d’habitants et une superficie de 600 000 kilomètres carrés, est devenue le plus grand perdant dès le début de la guerre. Et si la guerre se prolonge, le pays risque de perdre à la fois sa
population et son territoire.
Global
Times,3 septembre 2023
De moins en moins de “volontaires” étrangers pour aider l’Ukraine
Vous ne le sauriez pas en lisant les rapports sensationnels des médias occidentaux et la propagande, mais l’Ukraine est en train de perdre, gravement. Que s’est-il donc passé ? Qu’est-ce qui
a changé depuis la fin de l’année 2022 ?
L’une des explications possibles est le nombre considérable de combattants étrangers qui ont rejoint l’Ukraine l’année dernière et qui ont maintenant disparu. Bien que les données sur les
volontaires soient limitées, de nombreuses sources affirment qu’au moins 20 000 mercenaires (dont beaucoup avaient déjà une expérience du combat) ont rejoint l’Ukraine en 2022. Ensuite, il y
a les agents secrets – Au moins un général britannique a laissé entendre que des unités de la Royal Marine étaient en fait déployées dans le cadre d’opérations à haut risque en Ukraine.
Des sources indiquent également que des équipes d’opérations spéciales américaines sont stationnées à l’ambassade des États-Unis à Kiev depuis le début de la guerre. Bien que les responsables
affirment que les soldats ne vont pas au front et restent près de l’ambassade (ce qui soulève la question de l’utilité de leur présence), la présence d’équipes d’opérations spéciales
occidentales hautement qualifiées a été confirmée. La présence de troupes d’opérations secrètes occidentales hautement entraînées en Ukraine expliquerait en partie l’offensive beaucoup plus
efficace menée en 2022.
Presque tous les combattants étrangers sont enrôlés dans la “Légion internationale de défense de l’Ukraine”, les unités de combattants étrangers relevant officiellement des forces armées
régulières de l’Ukraine et faisant rapport aux commandants ukrainiens. Il s’agit d’une méthode permettant de contourner les règles internationales relatives aux mercenaires, bien que le
Kremlin affirme que les troupes étrangères ne bénéficieront toujours pas de la protection du statut de prisonnier de guerre.
Les lourdes pertes, les risques élevés de tirs amis et l’absence de protection au titre de la Convention de Genève sont probablement à l’origine de la baisse brutale du nombre de mercenaires
étrangers en Ukraine en 2023. Les chiffres officiels sont passés de 20 000 soldats en 2022 à 1 500 cette année, même après que Kiev a offert la citoyenneté honoraire à tous les étrangers
désireux de se battre pour eux. Comme c’est le cas dans la plupart des guerres, une poignée de combattants se charge généralement des tâches les plus lourdes, les autres jouant un rôle de
soutien. Mais l’Ukraine compte-t-elle presque entièrement sur les combattants vétérans d’Europe et des États-Unis pour faire le sale boulot ?
Les pertes récentes, la désorganisation et la diminution du nombre de volontaires à l’étranger indiquent que c’est peut-être le cas.
Zero
Hedge, 2 septembre 2023
Un SU-34 a réussi le lancement d’un missile hypersonique Kinjal
L’armée russe continue à utiliser le champ de bataille ukrainien comme un lieu de tests pour l’utilisation des missiles
hypersoniques Kinjal :
Le 4 septembre, les médias russes ont rapporté, en citant des sources militaires russes, que le chasseur-bombardier multifonctionnel russe Su-34 avait utilisé le missile hypersonique Kinzhal
pour la première fois au cours de l’opération militaire spéciale en Ukraine.
Les principaux vecteurs des missiles Kinjal sont les chasseurs MiG-31. Ils peuvent également équiper les bombardiers Tu-22M3. Il était également prévu d’équiper les porte-missiles
stratégiques Tu-160.
L’armée russe a fait état de plusieurs frappes réussies avec des missiles Kinjal depuis le tout début de l’opération militaire spéciale en Ukraine. Ils ont été utilisés pour la première fois
le 18 mars 2022, lors de la destruction de l’une des principales bases de stockage d’armes nucléaires lourdement équipées dans l’ouest de l’Ukraine, connue sous le nom d'”objet 711″ ou
“Ivano-Frankivsk-16”. En août de la même année, le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, a déclaré que l’armée avait utilisé les missiles Kinjal à trois reprises pour des frappes dans
toute l’Ukraine. Depuis, le ministère de la défense a fait état de deux nouvelles frappes, le 9 mars et le 16 mai. Le Kinjal a notamment détruit les systèmes de défense aérienne américains
Patriot à Kiev.
Le missile est conçu pour détruire des postes de commandement bien protégés, des arsenaux souterrains et même des porte-avions. Le missile possède l’un des meilleurs systèmes de navigation,
développé par des spécialistes russes et assemblé uniquement à partir de composants nationaux.
Toutefois, l’absence de porte-avions MiiG-31 n’a pas permis l’utilisation massive de missiles Kinjal dans les hostilités. Cet appareil est très coûteux à exploiter et à entretenir et il n’y
en a qu’un nombre limité en service dans les forces aérospatiales russes. De leur côté, les Su-34 sont des chasseurs-bombardiers de première ligne produits en série et bien maîtrisés par les
pilotes russes. Les capacités du système de visée et de navigation du Su-34 sont supérieures à celles du MiG-31, puisque le chasseur-bombardier est conçu pour détruire des objectifs
terrestres.
L’installation de missiles Kinjal sur le Su-34 constitue une avancée importante du complexe militaro-industriel russe. Dans le même temps, l’armée russe a déclaré l’augmentation multiple de
la production de missiles Kinjal.
Southfront.org,
4 septembre 2023
Comportement présumé du Prince Andrew en Ukraine : Les “valeurs occidentales”?
Selon plusieurs médias, le Prince
Andrew aurait été vu à Kiev abusant d’enfants :
Le prince faisait apparemment partie de la délégation qui s’est rendue dans ce pays ravagé par la guerre à l’occasion de la visite du ministre britannique des affaires étrangères, James
Cleverley. Le prince fait maintenant l’objet de graves allégations d’abus sur deux enfants dans un club très en vue de Kiev. Ces allégations ont été formulées par James Obasi, une personne
d’origine nigériane chargée d’accueillir la délégation britannique au club de Kiev.
Newsnine,
2 septembre 2023
Je ne souhaite pas reproduire plus de détails de cette sordide accusation. En revanche, il est utile de citer la conclusion de l’article :
Vasily Prozorov, de l’agence de renseignement ukrainienne, a révélé en août que le gang qui agresse sexuellement les enfants en Grande-Bretagne est très actif en Ukraine. Au nom de l’adoption
d’enfants d’Ukraine déchirée par la guerre, ces gangs emmènent des enfants avec eux. Les allégations contre le prince Andrew ont une fois de plus soulevé de grandes questions sur la situation
des enfants en Ukraine.
Newsnine,
2 septembre 2023
Comme me le disait il y a quelque temps un bon connaisseur de la région : Les Occidentaux ne se rendent pas compte de l’image qu’ils projettent en Ukraine. Il y a
bien entendu les soucis de sécurité de Moscou. Mais le monde dirigeant russe ne veut en aucun cas voire prospérer à ses portes un état de choses qui témoigne de l’actuelle anomie occidentale.
Vers l’éclatement de l’OTAN en 2025 ?
Intéressant article, qui révèle la nervosité de l’establishment impérial américain. Philip Payson O’Brien écrit dans The Atlantic
:
L’Europe et les États-Unis sont sur le point de connaître le découplage conscient le plus important des relations internationales depuis des décennies. Depuis 1949, l’OTAN est la seule
constante en matière de sécurité mondiale. Initialement une alliance entre les États-Unis, le Canada et dix pays d’Europe occidentale, l’OTAN a gagné la guerre froide et s’est depuis étendue
à la quasi-totalité de l’Europe. Il s’agit du groupement de sécurité le plus performant de l’histoire mondiale moderne. Elle pourrait également s’effondrer d’ici 2025.
La cause de cet effondrement serait la profonde différence de perspective entre l’aile populiste du Parti républicain – menée par Donald Trump, mais qui constitue désormais clairement la
majorité du GOP – et les préoccupations sécuritaires existentielles d’une grande partie de l’Europe. Le catalyseur immédiat de l’effondrement serait la guerre en Ukraine. Lorsque la faction
dominante au sein de l’un des deux principaux partis politiques américains ne voit pas l’intérêt d’aider un pays attaché à la démocratie à lutter contre les envahisseurs russes, cela suggère
que le centre de l’échiquier politique s’est déplacé d’une manière qui fera des États-Unis un allié moins fiable pour l’Europe. Cette dernière devrait se préparer en conséquence.
Ces dernières semaines ont révélé que le point de vue pro-russe et anti-OTAN de M. Trump n’est pas qu’une brève parenthèse dans la politique républicaine ; la suspicion à l’égard de
l’implication américaine dans le soutien à l’Ukraine fait désormais consensus au sein du cœur populiste du parti. Lors du débat présidentiel du GOP de la semaine dernière, Ron DeSantis et
Vivek Ramaswamy – les deux candidats les plus désireux de séduire la nouvelle base trumpiste du parti – se sont tous deux opposés à l’augmentation de l’aide à l’Ukraine. M. DeSantis l’a fait
en douceur, en promettant de conditionner toute aide supplémentaire à une plus grande assistance européenne et en disant qu’il préférait envoyer des troupes à la frontière entre les
États-Unis et le Mexique. M. Ramaswamy s’est montré plus catégorique : Il a qualifié la situation actuelle de “désastreuse” et a appelé à une cessation complète et immédiate du soutien des
États-Unis à l’Ukraine. Plus tard, M. Ramaswamy est allé encore plus loin en déclarant que l’Ukraine devrait être découpée et que Vladimir Poutine conserverait une grande partie du pays. M.
Trump n’a pas participé au débat, mais il a déjà minimisé l’intérêt de l’Amérique pour une victoire de l’Ukraine et a semblé favoriser les concessions territoriales de l’Ukraine à la Russie.
M. Trump, M. DeSantis et M. Ramaswamy s’adressent tous aux mêmes électeurs qui, selon les sondages, représentent environ les trois quarts de l’électorat républicain.
Un autre indicateur est la Heritage Foundation, un éminent groupe de réflexion conservateur qui joue un rôle prépondérant dans les cercles politiques du GOP depuis les années Reagan. Avant
que la Russie ne lance son invasion à grande échelle, en février 2022, Heritage s’était rangé du côté des faucons du parti républicain, publiant même un appel à l’acceptation de l’Ukraine au
sein de l’OTAN. Plus récemment, les responsables de Heritage ont demandé l’arrêt de l’aide jusqu’à ce que l’administration Biden produise un plan pour mettre fin à la guerre, ce qui est un
objectif impossible à atteindre si la Russie n’est pas d’accord. Les démagogues de droite prennent encore plus ouvertement le parti de Poutine. L’animateur de talk-show Tucker Carlson, par
exemple, dans un discours prononcé en août à Budapest, a soutenu que l’opposition américaine à la Russie était motivée par des préjugés anti-chrétiens.(…)
Même si Joe Biden est réélu, le contrôle républicain de la Chambre des représentants, du Sénat ou des deux pourrait considérablement affaiblir le soutien des États-Unis à l’effort ukrainien.
Et si Trump ou l’un de ses imitateurs remporte la présidence en novembre 2024, l’Europe pourrait se retrouver face à une nouvelle administration américaine qui mettrait fin à tout soutien à
l’Ukraine. (…)
Espérons que ces scénarios ne se concrétiseront pas. L’élection d’un président américain pro-OTAN et pro-Ukraine en 2024 devrait suffire à mener l’Ukraine à une victoire militaire et à un
accord de paix (qui impliquerait l’admission de l’Ukraine dans l’OTAN), conduisant à la sécurité sur le continent. Mais cette possibilité ne dispense pas les dirigeants européens de
l’obligation de se préparer à une réalité alternative dans laquelle une administration américaine saborderait l’OTAN et chercherait à se rapprocher de Poutine, malgré les crimes génocidaires
commis par la Russie contre un État européen. Si les Européens ne commencent pas à se préparer au pire des scénarios, ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes.
The
Atlantic, 2 septembre 2023
M.K. Bhadrakumar fait un point sur les relations germano-turques
M.K. Bhadrakumar est toujours passionnant. Mais n’oublions pas qu’il fut ambassadeur en Turquie et conseiller d’ambassade en Russie. Alors laissons-nous guider par
lui dans la complexité sans égale des relations russo-turques
:
Ce qui rend une relation de pouvoir intrigante dans les relations internationales, c’est qu’elle n’est jamais tout à fait statique et que son équilibre délicat exige une attention constante,
des actes d’équilibrage et des ajustements. Les relations turco-russes s’inscrivent parfaitement dans ce paradigme.
L’interruption de dix mois du face-à-face entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de leur rencontre à Sotchi le 4 septembre n’était pas
naturelle, étant donné le torrent d’événements géopolitiques vitaux qui se sont produits entre-temps.
Depuis la dernière rencontre des deux chefs d’État à Astana en octobre dernier, Moscou a pris le dessus sur les champs de bataille en Ukraine ; le soi-disant accord sur les céréales entre la
Russie et l’Ukraine, négocié par Ankara sous les auspices de l’ONU, a fait long feu ; la sécurité de la région de la mer Noire a atteint un nouveau niveau de criticité alors que l’obsession
anglo-américaine pour la Crimée s’est accentuée ; et, surtout, Erdogan a obtenu un nouveau mandat présidentiel, ce qui le met sur la sellette pour inverser la crise financière et économique
de la Turquie.
Fondement des relations entre la Russie et la Turquie
Dans la foulée de sa victoire électorale, M. Erdogan s’est efforcé de se réconcilier avec l’Occident, se montrant prêt à accepter l’adhésion de la Suède à l’OTAN et faisant preuve de
solidarité avec l’Ukraine. Ankara a libéré sans ménagement des commandants d’Azov capturés par la Russie à Marioupol l’année dernière et a annoncé son intention de produire des armes en
commun avec l’Ukraine, ce qui pourrait gravement contrarier Moscou.
Néanmoins, Moscou a réagi avec prudence. Le Kremlin pouvait se permettre de gagner du temps, car il s’agit également d’une relation asymétrique dans laquelle la Russie a le dessus. Moscou
pouvait sentir qu’Erdogan ne “pivotait” pas vraiment vers l’ouest, mais qu’il montrait plutôt un intérêt pour l’amélioration des liens occidentaux qui s’étaient détériorés ces dernières
années – et dont l’issue est loin d’être certaine.
Fondamentalement, les relations de la Russie avec la Turquie sont renforcées par les relations personnelles chaleureuses entre Poutine et Erdogan, et les deux dirigeants sont des réalistes
consommés avec des intérêts partagés et une volonté de défier la domination occidentale dans la politique régionale. Moscou ne sait que trop bien que les espoirs de la Turquie d’adhérer à
l’Union européenne restent un rêve lointain.
Le “langage corporel” de la rencontre de Sotchi a confirmé que la verve des relations personnelles entre les deux dirigeants n’avait pas changé. Des images télévisées ont montré les deux
hommes souriant et se serrant la main à l’arrivée d’Erdogan à la résidence de Poutine, où le président russe a proposé à son invité de prendre des vacances dans la station balnéaire de la mer
Noire.
Un accord d’exportation de céréales qui change la donne
Dans son discours d’ouverture, M. Poutine a mis M. Erdogan à l’aise en l’assurant d’emblée que l’offre russe de création d’un “centre énergétique” mondial en Turquie était bien réelle et
qu’elle se concrétiserait bientôt.
Toutefois, la cerise sur le gâteau est l’accord proposé qui faciliterait les exportations gratuites de céréales de la Russie vers six nations africaines avec l’aide de la Turquie et du Qatar.
En présence d’Erdogan, Poutine a annoncé :
“Nous
sommes sur le point de conclure des accords avec six États africains, où nous avons l’intention de fournir des denrées alimentaires gratuitement et même d’assurer la livraison et la
logistique gratuitement. Les livraisons commenceront dans les deux prochaines semaines.”
La résonance politique et géopolitique de cette décision en Afrique est tout simplement incommensurable – la Russie offre, d’une part, au groupe Wagner le rôle de gardien et, d’autre part, la
sécurité alimentaire au continent. D’un seul coup, la propagande occidentale a été démolie, avec l’aide d’Ankara.
Erdogan, pour sa part, s’est dit convaincu que la Russie allait “bientôt” relancer l’accord sur les céréales de la mer Noire, tout en se faisant l’écho de la position de Poutine selon
laquelle l’Occident avait trahi ses engagements envers la Russie. De même, il a pris ses distances avec les projets occidentaux rivaux d’envoi de céréales à travers la mer Noire, qui sont
désormais voués à l’échec. Comme il l’a déclaré :
“Les
propositions alternatives présentées à l’ordre du jour ne pouvaient pas offrir un modèle durable, sûr et permanent basé sur la coopération entre les parties, comme l’initiative de la mer
Noire“.
Il est important de noter que M. Erdogan s’est montré optimiste et qu’il croit toujours qu’une solution peut être trouvée rapidement pour relancer l’accord sur les céréales, y compris pour
combler les lacunes restantes.
Le président turc était accompagné à Sotchi d’une importante délégation comprenant les ministres turcs de la défense, des affaires étrangères, de l’énergie et des finances, ainsi que le
directeur de la banque centrale, qui a rencontré son homologue séparément pour faire avancer les négociations sur un système de paiement en monnaie locale. Ce qu’Erdogan a publiquement
soutenu en déclarant : “Je
crois que le passage aux monnaies locales est une bonne chose” :.
Respect de la souveraineté de la Turquie par la Russie
En effet, le commerce est la locomotive des relations russo-turques, enregistrant une augmentation massive d’environ 80 % pour atteindre 62 milliards de dollars. Cinq millions de touristes
russes ont visité la Turquie cette année. M. Poutine s’est félicité qu’Erdogan et lui aient porté leurs relations à un “très bon niveau”. Il est intéressant de noter que M. Poutine a souligné
la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu – la première de Turquie, construite par les Russes – qui sera pleinement opérationnelle l’année prochaine, alors qu’il décrivait la Turquie
comme un nouveau membre du “club nucléaire international”.
Il s’agit là de paroles mesurées, sans aucun doute. Le message qui ressort des discussions de Sotchi est que les relations russo-turques ont gagné en maturité. Le sommet a suivi les
entretiens de la semaine dernière entre le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, son homologue russe, Sergueï Lavrov, et le ministre de la défense, Sergueï Shoigu, à Moscou.
Plus tard, en présence de Fidan, Lavrov s’est exprimé longuement et avec une clarté extraordinaire sur les politiques de la Russie à l’égard de la Turquie. L’intérêt réside dans le fait que
la Russie apprécie profondément la politique étrangère indépendante de la Turquie, “qui
est orientée vers ses propres intérêts nationaux” et qui résiste aux pressions occidentales.
M. Lavrov a déclaré que “l’interaction
constructive et équitable” de la Turquie avec la Russie est non seulement mutuellement bénéfique sur le plan économique et avantageuse, mais qu’elle renforce également “la
base souveraine” de la politique étrangère de la Turquie. M. Lavrov a exprimé l’espoir que la Turquie “continuera
à répondre avec réciprocité malgré les pressions exercées par les États-Unis et leurs alliés qui cherchent à dresser tout le monde contre la Fédération de Russie“, concluant :
“L’efficacité
de notre dialogue politique et de nos relations avec la Russie est un élément essentiel de notre politique étrangère” :.
Un partenariat égal et évolutif
De toute évidence, M. Lavrov s’est exprimé de manière réfléchie et déterminée. Il en ressort que, bien que la Turquie, membre de l’OTAN, n’ait pas encore demandé à devenir membre des BRICS
élargis ou de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – contrairement à l’Iran, à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis ou à l’Égypte -, la Russie accorde néanmoins une
importance cruciale à la Turquie en raison de son autonomie stratégique, qui change la donne en matière de politique régionale et crée de nouvelles tendances.
Ses remarques montrent qu’il est vain d’évaluer les relations de pouvoir en termes de hiérarchie. Pas une seule fois, Lavrov n’a revendiqué d’affinités idéologiques avec la Turquie. Ce qui
importe le plus à la Russie, c’est la solide indépendance de la Turquie vis-à-vis de l’hégémonie américaine sous la direction d’Erdogan. S’agit-il d’un partenariat stratégique ? Le jury n’a
pas encore tranché.
Les relations russo-turques sont fondées sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel. Des divergences apparaissent de temps à autre, mais les deux parties veillent à ce qu’elles ne se
transforment pas en différends. C’était au tour de Poutine de se rendre en Turquie, mais c’est Erdogan qui l’a appelé. Il n’y a pas de partenaire junior ou senior dans leur relation d’égal à
égal.
La relation avec la Turquie est devenue un vecteur intéressant de la politique étrangère russe, qui est bien sûr conforme à sa vision de la multipolarité. Elle peut également constituer un
nouveau modèle pour les relations de la Russie avec d’autres puissances régionales tournées vers l’ouest, compte tenu des incertitudes géopolitiques actuelles. Comme l’a récemment déclaré M.
Lavrov, la Russie est prête à coopérer avec tout pays qui chérit son indépendance
The
Cradle, 6 septembre 2023
Voici pourquoi l’OTAN n’est pas en mesure d’aider l’Ukraine à gagner
Plus de 18 mois après le début du
conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’aide militaire de l’OTAN à Kiev reste un élément constitutif de la guerre. Ce facteur s’infiltre dans la conscience publique, influence la perception
politique du conflit et la situation sur le champ de bataille, quel que soit le côté des hostilités où l’on se trouve. Tous ces aspects sont importants en soi, et chacun d’entre eux influencera
le cours du conflit et son issue finale. Mais combien de temps l’OTAN pourra-t-elle fournir une assistance militaire à l’Ukraine ?
Des perspectives sombres pour l’Ukraine
L’OTAN a commencé à fournir une assistance à Kiev dès le début du conflit en 2022, et le volume de l’aide a augmenté tout au long de l’année dernière. Cette
assistance a largement influencé l’attitude des Ukrainiens ordinaires à l’égard des hostilités et a renforcé le mythe d’une “victoire” rapide et inévitable de Kiev, certaine de se produire
parce que “le monde entier nous soutient“.
La même attitude a prévalu dans le domaine de la politique publique : l’aide fournie par un pays donné indiquait de quel côté il se trouvait : Les “alliés” de l’Ukraine au sein de l’OTAN (principalement les
États-Unis) fournissent une aide militaire directe, tandis que les pays “neutres” n’offrent qu’une aide financière et organisationnelle,
voire aucune aide.
Sur le champ de bataille, l’aide de l’OTAN est entièrement la source des capacités de combat des forces armées ukrainiennes (FAU). Si cette aide est interrompue,
l’armée ukrainienne perdra sa capacité de combat en quelques semaines, ou dès que les stocks de munitions actuels seront épuisés.
Quelle est la probabilité que l’aide de l’OTAN se poursuive ? Pour répondre à cette question, il faut connaître les stocks d’armes et d’équipements militaires des
membres de l’Union, et il est important de noter que nombre d’entre eux présentent des lacunes à cet égard.
Les États-Unis se distinguent par les ressources dont ils disposent, et leur arsenal est plus important que celui de tous les autres pays de l’OTAN. Cependant, même
si Washington a fourni à Kiev de grandes quantités d’armes et de munitions, il ne fournit encore qu’une part relativement faible de ce qu’il possède. La Grèce et la Turquie sont d’autres pays
disposant d’arsenaux importants. Toutefois, ces stocks existent en raison de tensions séculaires entre les deux pays, ce qui limite leur éventuel transfert à l’Ukraine.
Dans la plupart des autres pays de l’OTAN, les stocks militaires sont relativement limités et sont principalement destinés à l’exportation, en particulier lorsque
l’acheteur est intéressé par du matériel d’occasion qui peut être utilisé en l’état ou modernisé.
Ces facteurs imposent une limite au volume de l’aide allouée à l’Ukraine et expliquent pourquoi l’assistance militaire à Kiev, qui a commencé en 2022 et a atteint
son maximum début 2023, a commencé à diminuer. Cela signifie également que si les États-Unis ne commencent pas à remettre des équipements militaires de réserve ou s’ils ne trouvent pas, avec
d’autres alliés, d’autres fournisseurs, l’aide sera encore réduite.
Pourquoi en est-on arrivé là ?
L’OTAN aurait pu éviter cette situation en augmentant la production d’armes et d’équipements militaires dès 2022 et en déployant des installations de production
supplémentaires. Dans ce cas, certains progrès auraient déjà été visibles dès l’hiver 2023-24.
Cependant, le bloc n’avait pas de vision unifiée concernant la production d’armes supplémentaires, ce qui a sérieusement compliqué le processus de prise de
décision. Aucun homme politique de l’OTAN n’était prêt à garantir aux entreprises de fabrication d’armes une demande régulière et à grande échelle d’armes une fois le conflit en Ukraine terminé.
En outre, même si l’ampleur du conflit est significative, elle est dans certains cas insuffisante pour assurer la demande nécessaire en nouvelles armes. Enfin, il convient de noter qu’un certain
nombre d’hommes politiques et de chefs militaires occidentaux pensaient que l’aide militaire actuelle à l’Ukraine suffirait à atteindre les objectifs de 2023 – manifestement, cela était dû aux
conclusions erronées tirées à la suite des batailles dans les régions de Kharkov et de Kherson au cours de l’été et de l’automne 2022.
Ces conclusions erronées ont eu deux conséquences. D’une part, l’Ukraine n’a pas reçu l’équipement et les armes nécessaires pour percer les lignes de défense bien
préparées de la Russie. En effet, nous pouvons supposer qu’aucune armée au sein de l’OTAN n’est actuellement préparée à cela, et que ce manque de préparation pratique et théorique a peut-être
empêché le bloc d’évaluer de manière réaliste les capacités des troupes russes et de leurs positions défensives.
En conséquence, la contre-offensive ukrainienne a été lancée avec un manque évident d’artillerie, de chars et surtout de matériel de génie, alors que le commandant
suprême des forces alliées de l’OTAN, le général Christopher Cavoli, avait déclaré que les troupes ukrainiennes étaient entièrement équipées.
D’autre part, l’OTAN a pris un certain nombre de décisions et signé des contrats pour équiper les troupes ukrainiennes à long terme. Il s’agit notamment du
transfert de systèmes de défense antimissile et d’autres armes qui, en raison de capacités de production insuffisantes, ne seront pas disponibles avant plusieurs années. Tout comme la décision de
transférer des avions de combat – qui n’a pas encore été finalisée publiquement en termes de volume et de calendrier – ces contrats ont été évalués par de nombreux experts comme étant “pour l’après-guerre“, c’est-à-dire destinés à compenser, après
le conflit, les pertes subies.
Cependant, l’échec de la contre-offensive ukrainienne lancée en juillet rend incertaine la mise en œuvre à grande échelle de ces contrats et de ces intentions.
Leurs perspectives seront encore plus incertaines en cas d’offensive russe réussie au cours de l’automne ou de l’hiver à venir.
Les prochaines élections américaines renforcent les doutes quant à l’assistance de l’OTAN à l’Ukraine au cours de l’année à venir, étant donné que le sujet de
l’aide militaire sera dans le collimateur des Républicains. Il ne faut pas exagérer l’aspect “pro-russe” de cette critique, car certains politiciens
Républicains traitent la Russie au mieux de manière pragmatique – mais rien ne les empêchera de souligner publiquement toutes les erreurs de l’administration Biden, exclusivement dans leur propre
intérêt.
Qu’est-ce que cela signifie ?
L’OTAN sera-t-elle en mesure d’augmenter de manière significative l’aide à l’Ukraine dans un avenir proche ? La production militaire est une industrie inertielle,
et même si la décision d’augmenter considérablement la production d’armes était prise demain, il faudrait jusqu’à deux ans pour obtenir des résultats. Compte tenu de l’image publique défavorable
de la contre-offensive infructueuse de l’Ukraine, cela pourrait prendre encore plus de temps.
Il est intéressant de noter que les équipements militaires de fabrication soviétique, ou les équipements d’Europe de l’Est produits sous licence soviétique, se sont
avérés les plus efficaces pour l’armée ukrainienne. Les chars soviétiques, les véhicules de combat d’infanterie et les autres équipements qui ne nécessitent pas d’entraînement, d’entretien,
d’infrastructure et de munitions spécifiques peuvent être mis en œuvre immédiatement, et leur niveau de préparation au combat est plus élevé que celui des modèles occidentaux qui doivent être
intégrés dans le nouvel environnement.
Si, en 2022, l’OTAN avait eu recours à la coopération militaro-industrielle de l’Europe de l’Est, qui permet la production de chars T-72, de véhicules de combat
d’infanterie BMP-2, d’un certain nombre de systèmes d’artillerie de 122-152 mm et d’autres types d’armes et d’équipements militaires, cette décision aurait pu avoir des conséquences sur le cours
du conflit. Cependant, cela ne s’est jamais produit et, étant donné que l’industrie polonaise de la défense se tourne désormais vers la production sous licence d’équipements conçus par la Corée
du Sud, cela ne se produira probablement pas à l’avenir. Cela signifie que pour l’Ukraine, des questions telles que la fourniture insuffisante d’équipements militaires, les types d’armes très
différents, la pénurie de munitions et les problèmes de gestion des troupes qui en découlent resteront sans réponse. Dans ces conditions, le succès d’une nouvelle contre-offensive est
difficilement envisageable.
D’une manière générale, la balle – ou, en d’autres termes, l’initiative militaro-technique dans le conflit – est maintenant dans le camp de la Russie, et il dépend
de la Russie de savoir comment elle utilisera cette opportunité. Il est fort probable que l’initiative de transférer des avions de combat occidentaux à l’Ukraine sera discrètement abandonnée,
puisque les FAU ne seront plus en mesure de les utiliser. La Russie le sait très bien. En théorie, cette situation devrait renforcer la volonté de négociation des États-Unis, même si la période
électorale à venir compliquera grandement toute discussion potentielle.
Ainsi, à moins d’un événement extraordinaire, l’Occident continuera très probablement à soutenir les forces armées ukrainiennes dans la mesure nécessaire à la
poursuite de la résistance. Cela signifie que l’Ukraine ne disposera pas de suffisamment d’équipements et d’armes pour lancer une nouvelle contre-offensive à grande échelle, à moins que les
États-Unis ne décident de partager leurs arsenaux d’armes. Une telle décision irait toutefois à l’encontre de la pratique américaine de ces dernières années et de sa planification stratégique,
qui considère la Chine comme le principal rival sur lequel concentrer ses ressources financières, militaires et technologiques.
Ilya Kramnik, analyste militaire, expert auprès du Conseil russe des affaires internationales et chercheur à l’Académie des sciences de Russie.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Questions ouvertes sur la guerre : La mer Noire, une “guerre” invisible
Le fait que l’Occident désespère des
perspectives militaires de l’Ukraine implique-t-il une atténuation prochaine de la guerre ? Ou bien un changement stratégique occidental vers un mode différent de guerre d’usure contre la Russie
?
L’offensive ukrainienne
s’est essoufflée –
même CNN le
dit :
“[Les Ukrainiens] vont encore voir, [si] dans les deux prochaines
semaines, il y a une chance de faire des progrès. Mais je pense qu’il est très, très improbable qu’ils fassent des progrès qui modifieraient l’équilibre de ce conflit” , a déclaré à CNN
un diplomate occidental de haut rang dont le nom n’a pas été dévoilé.
Pourtant, alors qu’un “front de guerre” tire sa révérence, une guerre “hors champ” sur la navigation en mer Noire se
profile à l’horizon.
Cette “nouvelle
guerre” pourrait également s’appeler la “guerre des céréales” , comme suite à la rupture de
l’accord sur les céréales par Moscou le mois dernier. Pour souligner son intention sérieuse de mettre fin à ce qui, pour la Russie, s’était avéré être une affaire
tout à fait insatisfaisante (dans un contexte de renoncement général à ses conditions), Moscou a agi pour neutraliser les installations portuaires d’un certain nombre de ports de la mer
Noire desservant l’Ukraine, qui, selon elle, avaient été utilisées pour stocker des armes (ainsi que pour exporter des céréales).
Le 19 juillet, Moscou a averti que
tous les navires approchant l’Ukraine à partir du lendemain seraient considérés comme des transporteurs potentiels de cargaisons militaires et traités en conséquence. Les coûts de couverture
d’assurance ont naturellement grimpé en flèche.
Quelques jours plus tard, le 24 juillet, l’infrastructure céréalière du port ukrainien de Reni était détruite. Il s’agissait d’un “message” adressé à l’Occident pour lui signifier la
détermination de la Russie à mettre fin à l’accord sur les céréales.
La Russie a affirmé que le 31 juillet, l’Ukraine avait attaqué sans succès un navire civil russe et deux navires de guerre (à l’aide de trois drones maritimes) en
mer Noire. L’Ukraine a nié l’attaque et a déclaré qu’elle n’attaquerait jamais un navire civil. Cependant, un mois plus tard, l’Ukraine a admis avoir attaqué un pétrolier civil dans le port de
Novorossiysk le 4 août.
L’OTAN a alors fait monter les enchères : le 1er août,
trois cargos civils sont entrés dans le port ukrainien d’Izmail. Ce port – comme Reni – se trouve sur le Danube, à proximité de la Roumanie (de l’OTAN). Il s’agissait d’une “raillerie” de l’OTAN – la mer Noire n’est pas un “lac russe” , laissait-on entendre. Et les navires
étaient amarrés à moins de 500 mètres du “territoire” de l’OTAN. L’un des navires appartenait
à une société israélienne, un autre à une société grecque et le troisième à une société turco-géorgienne, mais ils étaient tous immatriculés au nom d’États tels que le Liberia.
Le 2 août, la Russie a détruit les silos à grains d’Izmail à l’aide de drones de précision.
L’Ukraine cherche désespérément à maintenir l’accord sur les céréales. Ça représente “beaucoup d’argent” pour l’agro-industrie ukrainienne
qui contrôle ces exportations. Et cela représente “beaucoup d’argent” pour l’intermédiaire qu’est la Turquie,
qui transforme les céréales en farine avant de la revendre (principalement à l’Europe, avec une forte majoration).
Le “premier
round” de ce tournoi était donc “celui de
Moscou” . Mais l’OTAN a ensuite “fait monter
les enchères” une deuxième fois, avec deux attaques de drones maritimes “ukrainiens” : l’une sur un petit pétrolier civil vide et
l’autre sur un navire de débarquement à l’ancre dans le port de Novorossiysk. Aucun des deux navires n’a coulé, mais tous deux ont été sérieusement endommagés.
L’attaque de Novorossiysk n’est cependant pas du “menu fretin” . Ce port maritime, situé au-delà de la
péninsule de Crimée, est l’un des plus importants de Russie du point de vue du trafic, et l’un des plus grands d’Europe ; il est essentiel pour l’exportation des céréales, du pétrole et d’autres
produits russes vers le monde entier. C’est une plaque tournante du commerce international pour la Russie depuis le 19e siècle.
Il s’agit donc clairement d’un défi sérieux et d’une provocation à l’égard de Moscou. Oleg Ostenko, du bureau de Zelensky, a poursuivi en déclarant
que tous les ports russes de la mer Noire
étaient désormais des cibles militaires valables pour une attaque ukrainienne.
Les questions en suspens à la suite de cet événement sont les suivantes : dans quelle mesure ces attaques ont-elles été facilitées et dirigées par l’OTAN ? Et dans
quel but ? Il est évident qu’il s’agissait d’initiatives de l’OTAN – l’un des indices est que le pétrolier visé figurait sur la liste des sanctions américaines pour avoir fourni du carburant à la
Syrie. On reconnait bien là la “touche” de
la CIA.
Les drones maritimes et sous-marins à longue portée sont une spécialité du Royaume-Uni (Special Boat Squadron) et des États-Unis (Seals). Il ne s’agit pas d’armes
ordinaires. Il s’agit d’un équipement spécialisé dans lequel seuls quelques États possèdent une expertise. La Grande-Bretagne ou les États-Unis ont-ils fourni les drones à Kiev ? Comment ont-ils
été utilisés ?
Les coordonnées de ciblage – dans une certaine mesure – peuvent être préétablies, mais les vidéos publiées par Kiev sur l’approche de l’attaque finale semblent
montrer des corrections de trajectoire de dernière minute. Sous l’eau, les transmissions radio ne parcourent qu’une courte distance. Les dernières corrections de trajectoire ont-elles été
fournies par une équipe proche du port, ou d’en haut, par un opérateur assis dans un avion de l’OTAN quelque part dans le ciel ? D’où ces drones ont-ils été lancés ? D’un “port ami” sur le Danube ? Une grande partie des
armes destinées à l’Ukraine arrivent par le Danube. Ou bien y avait-il un vaisseau-mère dans les environs ?
S’il s’agit effectivement d’une opération essentiellement menée par l’OTAN, que pourrait faire la Russie à ce sujet ?
Ces questions restent “ouvertes” et Moscou n’a fourni aucune réponse (à ce jour).
Il ne fait aucun doute qu’ils enquêtent et se demandent si ces attaques représentent une escalade occidentale délibérée que l’OTAN a l’intention de soutenir avec du matériel et des services de
renseignement, ou si ces attaques n’étaient que des incitations grossières pour que Moscou reprenne l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes ?
(Des rapports suggèrent que JP Morgan a été en pourparlers avec la Banque agricole russe au sujet de la possibilité que la Banque russe utilise JP Morgan pour
effectuer des transactions en dollars américains dans le cadre d’un accord sur les céréales ressuscité).
La question d’une éventuelle “guerre de la mer Noire” pourrait toutefois se
confondre et coïncider avec la question plus large des “prochaines étapes” militaires de la Russie en Ukraine,
alors que les forces ukrainiennes montrent de plus en plus clairement les signes d’un épuisement chronique.
Certains signaux dans les médias dominants américains indiquent que la politique des États-Unis est en train de changer (mais qu’elle n’est pas encore
définitivement arrêtée). Une chose, cependant, est claire : les États-Unis rejettent la responsabilité de
l’échec de l’offensive sur l’Ukraine – et maintenant, pour la première fois, Kiev répond
aux sarcasmes en ridiculisant l’incapacité de l’Occident à fournir ce qu’il a promis. Il est clair que les relations se dégradent.
Cependant, parallèlement au désaveu et à la prise de distance de l’Occident vis-à-vis des tactiques militaires déployées par l’Ukraine pour attaquer
les “lignes de Surovikin” , les puissances
de l’OTAN semblent elles aussi renoncer à entamer des négociations (en dépit des pressions exercées par le lobby des médias dominants). Peut-être les décideurs politiques occidentaux
considèrent-ils désormais qu’une issue “négociée” pourrait être humiliante pour
Biden.
En clair : ce désespoir occidental concernant les perspectives militaires de l’Ukraine implique-t-il une atténuation prochaine de la guerre ou, au contraire, un
changement stratégique occidental vers un mode différent de guerre d’usure contre la Russie ?
En bref, les attaques de Novorossiysk présageraient-elles d’un passage à la “vraie guerre” dans laquelle les infrastructures de
transport de la Russie constitueraient une cible prioritaire ? Ou bien les attaques de Novorossiysk ne seraient-elles qu’un simple signal à la Russie, disant : “Relancez l’exportation des céréales ukrainiennes
!” ?
La question plus large que cette attaque de Novorossiysk “ouvre” est de savoir si la Russie pourrait ou non
estimer qu’elle a été trop prudente et graduelle dans la poursuite de ses objectifs stratégiques. Les frappes de missiles sur Reni et Izmail peuvent être considérées comme des initiatives très
timides de la Russie pour sonder le terrain et la volonté de l’OTAN de mener une “vraie guerre” , dans laquelle les infrastructures de
transport de l’ennemi constitueraient une cible prioritaire pour les attaques.
Est-ce le moment où la Russie pourrait estimer qu’elle devrait passer à la “vraie guerre” – premièrement, parce que le terrain en
Ukraine suggère que le moment est propice ? Et deuxièmement, parce qu’à un autre niveau, il est nécessaire d’aborder le dilemme perpétuel de tous les conflits.
Toute approche militaire (selon le dicton de Sun Tzu : “C’est le guerrier sans émotion, réservé, calme et détaché qui gagne,
pas la tête brûlée”) et toute approche qui reconnaît la faiblesse du psychisme de ses adversaires et la nécessité de les pousser délicatement vers l’acceptation d’une réalité nouvelle et
inconnue, est toujours susceptible d’être interprétée à tort comme un signe de faiblesse.
En d’autres termes, une démonstration de force de la part de la Russie est-elle nécessaire pour corriger les perceptions occidentales erronées qui continuent à
fantasmer sur la faiblesse, les troubles et l’effondrement politique à venir de la Russie ? Sun Tzu rétorquerait : “Engagez les gens avec ce qu’ils attendent. C’est ce qu’ils sont
capables de discerner et qui confirme leurs projections. Cela les installe dans des schémas de réponse prévisibles, en occupant leur esprit – en attendant le moment extraordinaire – et en les
détournant de ce qu’ils ne peuvent pas anticiper” .
Eh bien, peut-être que certaines réponses peuvent être données : les faucons de guerre occidentaux (pour employer une vieille métaphore) parlent peut-être beaucoup,
mais l’OTAN n’a pas les épaules pour la vraie guerre. L’Occident, même aujourd’hui, se débat à l’aube d’une crise économique avec des ruptures d’approvisionnement : une guerre des pétroliers
serait fatale (le pétrole grimperait en flèche et l’inflation aussi). La sortie de l’illusion est toujours lente, comme le suggère Sun Tzu.
L’adage un peu usé veut que la guerre soit le “prolongement de la politique par d’autres moyens” ,
mais surtout aujourd’hui, les “autres
moyens” peuvent être – et sont souvent – le prolongement de la politique. Aujourd’hui, la Russie joue le rôle d’“éclaireur” vers un nouveau
bloc mondial multipolaire. À ce titre, la Russie doit agir politiquement en gardant l’œil
rivé sur le Sud global, ainsi que sur les nuances d’un Occident qui vacille au seuil d’une métamorphose radicale.
Les commandements militaires peuvent s’en moquer, mais le Sud admire la Russie précisément parce qu’elle n’imite pas les puissances coloniales. Le monde respecte la
puissance, certes, mais il en a assez de la “puissance
de feu” . La Russie a désormais un rôle de premier plan à jouer, et nombreux sont les groupes d’intérêt qui doivent être pris en compte. Cela sera souligné dans les jours à venir, au
fur et à mesure que les événements se dérouleront au Niger et que le sommet des BRICS se poursuivra, avec de nouveaux arrangements pour les mécanismes commerciaux en tête de l’ordre du
jour.
L’utilisation efficace des “autres instruments de pouvoir asymétrique” dépend avant
tout du choix du moment. (Sun Tzu pour la
dernière fois) : “Occupez leur esprit en attendant le
bon moment” . Il semblerait que le président Poutine connaisse très bien L’art de la guerre.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Jour 548 – Aucune percée ukrainienne mais une inexorable défaite géopolitique américaine
Au moment où la contre-offensive ukrainienne s’enlise définitivement, l’OTAN et l’UE perdent la bataille géopolitique. Nous voici à bientôt 550 jours de conflit. Et les lignes de forces de la
bataille en cours apparaissent de plus en plus clairement.
A Zaporojie, rien de nouveau
Le Général Mark Milley, chef d’État-major américain des armées, a bien essayé de faire croire à une percée
majeure ukrainienne à Rabotino, sur la partie sud de la ligne de front.. En réalité, voilà la carte des opérations :
La nouveauté de ces dix derniers jours : L’armée ukrainienne (à contingents OTANiens déguisés en “volontaires” mais de plus en plus visibles)
concentre ses efforts sur Rabotino et Verbovoïe, pour essayer de réussir au moins une percée. Les troupes kiéviennes se sont emparées de la plaine. Mais les troupes russes tiennent toujours les
collines environnantes. L’aviation russe continue à bombarder massivement les troupes ukrainiennes. Les Russes ont aussi la supériorité dans le duel d’artillerie.
Bien entendu, les Ukrainiens ont intensifié les coups de boutoir. Mais l’armée russe continue à défendre une ligne qui est très en avant de la première ligne de
fortifications. Les observateurs disent que Rabotino s’est transformé en zone grise.
Par ailleurs, on a eu, comme chaque semaine, des tentatives de frappes de
drones spectaculaires (comme à Pskov, sur un aéroport militaire secondaire pour la bataille d’Ukraine). Et des tirs de missiles
russes quotidiens, sur l’ensemble du pays, en particulier sur les centres de commandement.
Des analyses à ne pas manquer
Tout d’abord, je vous recommande de toujours jeter un œil, pour connaître le point de vue américain dominant, sur le site de l’Institute for the Study of War. Les
informations données, actuellement, ne divergent pas de celles de nos sources mais les cartes sont faites pour soutenir la thèse de Washington sur la percée ukrainienne :
Pour comprendre les ressorts et le très probable échec de la contre-offensive ukrainienne, il faut lire le dernier papier de Big Serge. Cela
faisait un moment qu’il n’avait pas consacré une analyse approfondie à la Guerre d’Ukraine. L’auteur montre comment l’Ukraine effectue une tentative désespérée de sortir de la guerre de position
– sans en avoir les moyens (et ceci malgré l’équipement considérable mis à la disposition de Kiev par l’OTAN).
Le colonel Macgregor a donné un entretien approfondi à Tucker Carlson, dans lequel il insiste sur le fait que l’armée russe ne cesse d’apprendre de ses erreurs sur
le champ de bataille tandis que les États-Unis vivent sur des conceptions militaires qui remontent à la guerre d’Irak. Macgregor insiste sur le fait que, selon lui, l’armée américaine
d’aujourd’hui serait incapable d’affronter l’armée russe :
Je recommande aussi les analyses détaillées sur la conduite de la guerre proposées par le blog de Simplicius.
L’auteur insiste sur la capacité de l’industrie de la défense russe à fonctionner à plein régime.
La guerre en Ukraine appendice d’un affrontement géopolitique mondiale que l’Occident est en train de perdre
M.K.
Bhadrakumar revient sur l’affrontement géopolitique mondial, que les Occidentaux sont en train de perdre.
Si, jusqu’à l’année dernière, le jeu occidental consistait à se moquer des BRICS comme d’un club sans importance, le pendule est passé à l’autre extrême. Les raisons ne sont pas difficiles à
trouver.
Au niveau le plus évident, le monde occidental est très sensible au fait que les efforts massifs déployés au cours des 18 derniers mois pour imposer des sanctions contre la Russie ont non
seulement échoué, mais sont devenus un véritable boomerang. Et ce, à un moment où la peur morbide des États-Unis d’être dépassés par la Chine a atteint son paroxysme, enterrant l’hégémonie
mondiale de l’Occident depuis les “découvertes géographiques” du XVe siècle.
Ces dernières années ont été marquées par un renforcement constant du partenariat Russie-Chine, qui a atteint un caractère “sans limites”, contrairement au calcul occidental
selon lequel les contradictions historiques entre les deux géants voisins excluaient virtuellement une telle possibilité. En réalité, le partenariat Russie-Chine se profile comme quelque
chose de plus grand qu’une alliance formelle dans sa tolérance sans faille de la poursuite optimale des intérêts nationaux de chaque protagoniste tout en soutenant simultanément les intérêts
fondamentaux des deux parties.
Indian
Punchline, 28 août 2023
Le diplomate indien insiste sur les débats au sein des BRICS, assumés, très loin de ce qu’est devenue, par exemple, l’Union Européenne :
Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a révélé aux médias qu’à huis clos, le sommet de Johannesburg avait donné lieu à “une discussion assez animée” [lire des opinions
divergentes], mais qu’il était parvenu à un consensus sur les “critères et procédures” de l’expansion des BRICS, qu’il a décrits comme suit :
“Le poids, la proéminence et l’importance des candidats, ainsi que leur réputation internationale, ont été les principaux facteurs pour nous [les membres des BRICS]. Nous sommes tous d’avis
que nous devons recruter dans nos rangs des pays qui partagent les mêmes idées et qui croient en un ordre mondial multipolaire et à la nécessité de plus de démocratie et de justice dans les
relations internationales. Nous avons besoin de ceux qui défendent un rôle plus important pour le Sud dans la gouvernance mondiale. Les six pays dont l’adhésion a été annoncée aujourd’hui
répondent pleinement à ces critères”.
Indian
Punchline, ibid.
Et il en tire des conclusions pour son propre pays :
“On ne peut guère parler d’une orientation anti-occidentale – à l’exception de la Russie et maintenant, peut-être, de l’Iran, aucun des participants actuels et probablement futurs des [BRICS]
ne souhaite ouvertement s’opposer à l’Occident. Toutefois, cela reflète l’ère qui s’annonce, où la politique de la plupart des États consiste à choisir constamment des partenaires pour
résoudre leurs problèmes, et où il peut y avoir différentes contreparties pour différents problèmes”.
C’est la raison pour laquelle l’Inde, qui protège soigneusement sa ligne de “multi-alignement” – c’est-à-dire la coopération avec tout le monde – est également satisfaite d’un BRICS large et
hétérogène. Delhi est moins intéressé par le renforcement des sentiments antagonistes au sein de la communauté des BRICS.
Indian
Punchline, ibid.
Mais ce qui domine, pour un observateur non occidental :
Fondamentalement, il s’agit aujourd’hui de s’attaquer au phénomène du pétrodollar, pilier du système bancaire occidental et au cœur même du processus de “dédollarisation” visé par les BRICS.
Il suffit de dire que le rideau tombe sur l’accord faustien du début des années 1970 qui a remplacé l’or par le dollar américain et garanti que le pétrole serait échangé en dollars, ce qui, à
son tour, a obligé tous les pays à conserver leurs réserves en dollars, et s’est finalement transformé en principal mécanisme de l’hégémonie mondiale des États-Unis.
En d’autres termes, comment est-il possible de faire reculer le pétrodollar sans que l’Arabie saoudite ne monte aux barricades ? Cela dit, tous les États membres, y compris la Russie et
l’Arabie saoudite, ont bien compris que si les BRICS sont “non occidentaux”, il est impossible de les transformer en une alliance anti-occidentale. Par conséquent, ce que nous voyons dans
l’expansion des BRICS, c’est leur transformation en la communauté la plus représentative du monde, dont les membres interagissent les uns avec les autres en contournant la
pression de l’Occident.
Depuis le début du conflit en
Ukraine, les pays occidentaux ont envoyé à Kiev de nombreuses armes dont certaines qui ont été considérées comme des armes miracles, capables de changer radicalement le cours des
combats en faveur des annonces de Volodymyr Zelensky.
Les armes occidentales ne sont pas miraculeuses. L’Ukraine a obtenu des Javelot ATGM, des drones turcs Bayraktar, des obusiers américain M-777, des MLRS
américains HIMARS, des systèmes américains de défense aérienne Patriot, des chars allemands Leopard, des chars britanniques Challenger, des missiles britanniques à longue portée Storm
Shadow. Maintenant, la livraison des avions de combat américains F-16 est en cours et celle des chars américains Abrams est en attente.
Curieusement, chaque «arme miracle» envoyé à Kiev correspond à une certaine étape des échecs militaires et de la crise ukrainienne dans son ensemble.
Pas un seul objectif militaire en rapport à ces livraisons n’a jamais été atteint.
Chaque nouveau type d’arme est, cependant, de plus en plus technologique. Cela signifie que Kiev a besoin, non seulement de militaires
expérimentés pour les manipuler, mais aussi d’une infrastructure pour celle-ci, tout comme des systèmes de contrôle dans le théâtre ukrainien permettant l’efficacité de ces
armes. En parallèle, l’armée russe doit aussi s’adapter à de nouveaux types d’armes.
Craignant que cette technologie ne tombe entre les mains de la Russie, l’Occident fournit des armes dans un format simplifié, en supprimant simplement
une partie de l’équipement. Il en a été de même avec le système de guidage M-777. Les experts occidentaux le font avec les chars Leopard. Ils feront avec les chars Abrams, les
libérant ainsi de Pologne où ils sont
arrivés en juin dernier.
L’Alliance et des entrepreneurs privés – alors que les combats ont lieu – mettent en action leurs capacités pour cibler et contrôler les armes de l’OTAN
: Avions de reconnaissance, satellites, système Starlink. L’Occident agit, de fait, «à distance» (proxy), en utilisant des armes en Ukraine. Observateur
Continental faisait
savoir que «la France teste
secrètement de nouveaux fusils d’assaut en Ukraine», par exemple.
À en croire les déclarations des États-Unis, du Danemark, des Pays-Bas, le chasseur américain F-16 Fighting Falcon est en route pour le front. Si
l’équipement est loin d’être nouveau, il est de haute technologie et l’engin volant doit donc être inclus dans le réseau d’échange constant d’informations : Satellites, avions de
reconnaissance, radars au sol, etc. Bien entendu, tout dépendra des tâches qui seront assignées au F-16 Fighting Falcon.
L’armée de l’air ukrainienne devrait désormais opérer avec des chasseurs plus évolués et des avions d’attaque. Mais, selon les informations officielles,
durant la contre-offensive – un échec total -, l’aviation n’a pas été massivement utilisée. La raison est la défense aérienne, la guerre électronique et la supériorité aérienne de la
Russie.
Selon les experts, il est peu probable que le F-16 Fighting Falcon soit utilisé comme chasseur-bombardier sur le front. Il serait, plutôt utilisé comme
porteur de missiles à longue portée dont il serait prévu d’en accumuler en quantité suffisante pour une utilisation massive comme force de frappe. Aussi, ils sont, donc, collectés
dans tous les pays de l’OTAN : Le britannique Storm Shadow, le français Scalp et le missile allemand Taurus qui subit des pressions pour son envoi.
Et, Forbes,affirme qu’«à
moins que les États-Unis n’approuvent le transfert du missile de croisière JASSM vers l’Ukraine, les F-16 ukrainiens n’atteindront pas leur plein potentiel». Les chasseurs F-16
ne sont pas encore compatibles avec les missiles Storm Shadow ou Scalp. «En associant des
F-16 à des JASSM, l’armée de l’air ukrainienne pourrait doubler sa force de frappe en profondeur. L’expansion de la force de missiles de croisière de l’armée de l’air ukrainienne
pourrait aider Kiev à atteindre l’un de ses principaux objectifs : La libération de la péninsule de Crimée après neuf années d’occupation russe», souligne le média anglophone.
Mais, il faut aussi savoir où stocker ces missiles, proie inévitable des forces russes.
Compte tenu de la fourniture probable de missiles américains ATACMS (un missile à longue portée de 300 km lancé par le système HIMARS), les observateurs envisagent la
prochaine étape de la confrontation avec l’Occident entre astuces diplomatiques, attaques de sabotages ou infiltrations et sanctions : Des frappes en profondeur sur les territoires
russes, dont la Crimée, avec de nouvelles régions russes, avec de nouvelles frappes de drones de divers types dans les régions frontalières, allant aussi jusqu’à Moscou. Depuis
plusieurs semaines, la ville de Moscou est touchée par des attaques de drones, laissant penser à des tests.
La question de la guerre de l’information a son importance cruciale en particulier sur les envois de ces armes miraculeuses pour agir comme un effet
psychologique sur les populations et les donateurs occidentaux. Hélas, ces premiers miracles n’ont pas eu lieu. Et, ces armes deviennent normales. Les livraisons de F-16 Fighting
Falcon ne semblent pas pourvoir changer la donne non plus.
«Les pilotes
ukrainiens devront d’abord suivre au moins six mois de formation [pour les F-16], mais il faudra des années pour que les escadrons soient prêts au combat», rapporteLe
Monde. «Le Danemark ne
remettra certains de ses F-16 qu’après avoir reçu ses nouveaux chasseurs à réaction F-35. Les quatre premiers F-35 devraient être livrés le 1er octobre», pointe du doigt le
quotidien français. «Le nombre de F-16
des Pays-Bas n’est pas encore clair, même si le président ukrainien s’attend à en recevoir pas moins de 42 avions. Aucun détail n’a encore été annoncé sur le calendrier de la
livraison aux Pays-Bas», mentionneVRT. Tout
cela se déroule sur les slogans pour défendre la démocratie.
Même si les États-Unis ont approuvé l’envoi des F-16, le pays rentre dans la période de nouvelles élections. Joe Biden se trouve devant l’impasse des
dépenses de milliards pour armer l’Ukraine alors que la contre-offensive «miraculeuse» contre la Russie a fait pschitt et que le contexte social aux États-Unis est très tendu.
«De
plus en plus d’Américains sont d’accord avec les Républicains sur l’économie, la criminalité et l’immigration», avertit le Pew
Research Center, pointant les craintes des citoyens US : «Les problèmes
opérationnels auxquels la nation est confrontée comprennent l’inflation, le prix des soins de santé, la toxicomanie et la violence armée». La question de l’Ukraine devient
toxique pour les démocrates et Joe Biden.
Selon les experts, le destin actuel de l’Ukraine est accablant. Pour les États-Unis, qui ont besoin d’un résultat avant les élections,
il faut soit une victoire contre la Russie ou avoir un conflit de faible intensité obligeant les forces ukrainiennes à tenir leurs positions dans les tranchées ce qui coûterait le
poste à Joe Biden et donnerait la possibilité à la Russie de restructurer ses forces. Kiev a, donc, besoin de son acteur et communicant, Volodymyr Zelensky, pour chauffer des
slogans sur les armes miraculeuses afin de maintenir le moral sur la durée.
Pendant ce temps, les sociétés des pays occidentaux sont touchées par des tensions en raison des prix de la vie et des incertitudes que ce conflit
engendre. La France a connu des émeutes inédites fin juin dernier. L’Allemagne voit les
suffrages pour l’extrême droite grimper dans les sondages à cause de la vie difficile et les États-Unis sont
menacés de connaître une nouvelle guerre civile. L’Occident est comme une pomme trop mûre qui est sur le point de tomber et de pourrir sur le sol. Toutes ces alarmes rouges
et ces aspects techniques militaires en souffrance sont des épées de Damoclès sur l’Ukraine.
Les États-Unis ne sont pas le seul
pays à pouvoir utiliser des satellites GPS pour larguer des bombes avec précision sur des cibles : la Russie a converti des bombes à gravité, de type JDAM, en armes à guidage de
précision. Ils ont eu un effet stupéfiant lors de l’opération spéciale en Ukraine, comme l’ont déclaré les combattants des deux camps, a déclaré un expert à Sputnik.
Les médias occidentaux ont tourné leur attention vers une autre arme russe utilisée en Ukraine, soulignant à quel point elle est redoutée par les forces
ukrainiennes : les FAB-500 et UPAB-1500, cette dernière étant appelée KAB par les Ukrainiens. Les bombes planantes massives, qui peuvent avoir des ogives allant jusqu’à 2000 livres,
sont apparues comme une adaptation aux défenses aériennes ukrainiennes en permettant aux pilotes russes de les larguer loin des lignes de front.
Comme l’ont attesté les personnels russes et ukrainiens, les bombes planantes ont joué un rôle important en freinant la soi-disant contre-offensive
ukrainienne, qui a mis des mois et un nombre effroyable de vies humaines pour avancer de quelques kilomètres seulement vers le sud.
Alexeï Leonkov, analyste militaire et rédacteur en chef d’Arsenal Otechestva (Arsenal de la Patrie), a déclaré lundi à Sputnik que
ces armes constituent à la fois une solution pratique et une arme efficace, c’est pourquoi l’ennemi les craint tant.
«Le fait est que les systèmes de défense aérienne que l’Ukraine reçoit au titre de l’assistance militaire des pays de l’OTAN ne peuvent pas se défendre
contre ce type de cibles, car ces cibles n’émettent pas de signal, elles suivent une trajectoire planante. En règle générale, ils sont déployés sans pénétrer dans la zone protégée par
les défenses aériennes. Ces bombes planantes sont fabriquées à partir de bombes conventionnelles en ajoutant simplement un dispositif spécial : Les ailes. Il existe
des bombes réglables, elles ont une ogive de 500 ou 1500 kilogrammes», a-t-il déclaré.
De cette manière, les bombes planantes FAB-500 sont essentiellement les mêmes que les kits JDAM américains utilisés pour transformer des bombes
conventionnelles en munitions guidées.
«Ce type de
munitions est utilisé dans les zones fortifiées dotées de fortifications sérieuses et dans les endroits de la «zone grise» où l’ennemi tente de concentrer ses unités afin d’atteindre
notre première ligne de défense. Il n’y a aucun moyen d’arrêter de telles munitions, donc lorsqu’elles frappent leur cible, c’est, en règle générale, un succès à 100% et l’ennemi
subit 100% de pertes. Puisqu’il n’y a pas d’antidote, ils en ont peur, et l’Occident ne peut pas créer en peu de temps un système capable d’identifier ces bombes et de les
abattre», a-t-il déclaré, soulignant que «la Russie dispose
de tels systèmes».
Leonkov a expliqué plus en détail le fonctionnement des bombes, soulignant qu’elles sont en réalité encore plus précises que le JDAM.
«Ce sont des
bombes utilisées pour frapper les positions ukrainiennes. Il s’agit d’un remake des bombes à chute libre conventionnelles, il ajoute simplement le mécanisme approprié qui transforme
une bombe ordinaire en un projectile capable de parcourir une distance de 30 à 50 kilomètres. En même temps, elles sont utilisées comme bombes conventionnelles avec l’aide de nos
chasseurs-bombardiers et de nos avions d’attaque. La première démonstration de ces bombes s’appelle FAB 500M-62. Un dispositif spécial est ajouté à cette bombe, qui fait planer cette
bombe. En règle générale, cela n’affecte pas ses propriétés de poids et de taille», a-t-il expliqué.
Leonkov a noté que la conversion de bombes non guidées en munitions guidées permettait de «grosses
économies», puisque la production de bombes guidées spécialement conçues coûtait beaucoup plus cher et que le FAB-500 frappait toujours ses cibles avec précision grâce à
l’ordinateur ajouté, qui corrige automatiquement sa trajectoire de vol. Cet ordinateur fonctionne avec un appareil appelé SVP-24, qui se trouve à bord de l’avion qui tire, qui calcule
également la trajectoire correcte pour que le pilote puisse déployer correctement la bombe.
«Ainsi, il atteint
la cible qu’il atteint. Il existe un produit spécial, il n’est pas réglable, il s’appelle UPAB-1500B, une bombe aérienne guidée, qui pèse 1,5 tonne. Il est fabriqué par «Region», une
société qui fait partie de la Tactical Missile Arms Corporation. Et cette bombe aérienne guidée est un produit spécialisé, mais la bombe aérienne de 1500 kilogrammes a également été
prise comme base. Et puis des mécanismes de contrôle – des ailes – ont été ajoutés et un petit dispositif a été ajouté qui permet à cette bombe de planifier et d’atteindre également
des cibles avec une grande précision».
«Elles diffèrent
des bombes guidées américaines par leur prix et leur précision d’utilisation», a noté Leonkov.
«Les nôtres sont
précis, leur écart moyen par rapport au point cible ne dépasse pas 10 mètres. Elle est considérée comme une munition de précision. Autrement dit, le raffinement de ce produit a
permis, dans un premier temps, de le lancer à une distance allant jusqu’à 50 kilomètres. Cela signifie que lorsque cette bombe est déployée, l’avion n’est pas menacé
par les défenses aériennes ennemies, qui sont pour la plupart des systèmes de missiles anti-aériens à moyenne portée. Et puis la bombe vole vers la cible et la touche».
Leonkov a déclaré que les bombes ont eu un impact important sur le champ de bataille, détruisant les positions fortifiées ennemies qui posaient
auparavant des problèmes aux forces terrestres russes.
«L’impact des
frappes sur les points particulièrement fortifiés a augmenté. Sur ces mêmes points, comme l’ont dit les participants aux hostilités, même un obus de 120 millimètres ne cause pas de
dégâts importants. Et de telles zones fortifiées ont été montrées – il y a des bunkers en béton, avec un revêtement anti-fragmentation, avec des portes hermétiques anti-explosion – un
tel point d’attache dans lequel l’ennemi peut survivre à n’importe quel raid».
«Mais lorsque ces
bombes ont commencé à être utilisées, la situation a commencé à changer radicalement. Premièrement, ces zones fortifiées sont détruites, et deuxièmement, la charge nucléaire, par
exemple celle de l’UPAB-1500, pèse près d’une tonne – une tonne de munitions qui détruit ce type de structure. De telles bombes ont été utilisées lors de la libération d’Artemovsk,
lorsque les militants ont occupé un immeuble résidentiel, le transformant en une forteresse imprenable. Et lors d’une grève de l’UPAB, ce bâtiment résidentiel a été rasé, enterrant
tous les militants qui s’y trouvaient. Ceci, bien sûr, était terrible, car jusqu’à un certain temps, ces maisons devaient être prises d’assaut, entraînant des pertes. Et puis une UPAB
est arrivée, et il n’y a plus de zone fortifiée».
Leonkov a noté que des armes comme l’UPAB-500 et le FAB-500 comblent une lacune importante, en réservant des armes coûteuses et précieuses comme les
missiles de croisière Kalibr et les armes hypersoniques Zircon pour des tâches plus difficiles et spécialisées.
«La question ici
est d’abord celle du prix et de la qualité. Si vous effectuez une tâche qui peut être accomplie avec de telles munitions, cela est justifié. Après tout, un Kalibr est avant tout une
arme à longue portée, une arme de haute précision et sa spécialité est de frapper des objets particulièrement protégés, où il faut avoir des capacités de pénétration qui percent les
structures en béton, les bunkers», a-t-il déclaré.
«C’est à ce
moment-là que le Kalibr est utilisé. Les UPAB-1500 ou FAB-500 sont bien entendu moins chers que les Kalibr. Et si vous pouvez obtenir des résultats avec des munitions moins chères,
vous devriez alors les utiliser. Mais si ces types de munitions ne fonctionnent pas, nous devons alors rechercher celles qui pourraient fonctionner : En l’occurrence les missiles
Kalibr et Zircon».
Ce fut une semaine de «faibles» offensives pour l’Ukraine contre les forces armées russes. Selon le ministère russe de la Défense, les forces
ukrainiennes ont subi une série de défaites au cours des sept derniers jours, au cours desquelles elles ont perdu jusqu’à 4800 soldats. L’offensive ukrainienne
devrait entrer dans son troisième mois mais n’a pas encore donné de résultats majeurs. Ce rapport contient des informations complètes.
Un obusier fabriqué par l’OTAN et
des véhicules blindés ukrainiens transformés en boules de feu lors de frappes d’artillerie russes
Les forces russes ont, une fois de plus, bloqué l’avancée ukrainienne le long de la ligne de front, éliminant près de 600 soldats et déjouant 15
attaques en une journée. Le ministère russe de la Défense a publié plusieurs vidéos montrant des obusiers fabriqués par l’OTAN et des véhicules blindés ukrainiens mordant la poussière
après les attaques de l’artillerie russe et des hélicoptères Alligator Ka-52. Dans une autre vidéo, on pouvait voir un drone FPV frapper une pirogue ukrainienne. Le ministère russe de
la Défense a affirmé que trois bombes guidées JDAM avaient également été détruites au cours des dernières 24 heures. Regardez cette Vidéo de mise à jour sur la zone de conflit
russo-ukrainienne.
Pourquoi la production militaire
ukrainienne est une illusion
Dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que Kiev avait augmenté sa production d’armes et de munitions. L’Ukraine a-t-elle les
ressources nécessaires pour un boom industriel ?
Plus tôt ce mois-ci, les grands médias américains ont rapporté que l’Ukraine avait augmenté sa production d’armes et de munitions alors que les stocks
de l’OTAN diminuaient et que les États-Unis et l’UE cherchaient de nouvelles sources de munitions pour les approvisionner rapidement.
Selon le New York
Times, l’industrie d’armement ukrainienne a produit deux fois plus de mortiers et d’obus d’artillerie le mois dernier que pour l’ensemble de l’année 2022. Cependant, en ce qui
concerne les chiffres, le ministre ukrainien des industries stratégiques, Alexander Kamyshin, a refusé de commenter – invoquant des problèmes de sécurité. Il a décrit ce montant comme
«une
contribution importante à la contre-offensive». Cependant, étant donné que la contre-offensive ukrainienne n’a pas répondu aux attentes de Kiev et de l’Occident, il semble que le
boom militaro-industriel ukrainien soit surestimé.
«Les sites de
production en Ukraine, que [la Russie] détecte et détruit périodiquement, sont principalement spécialisés dans l’assemblage de drones et la fabrication de drones d’attaque à longue
portée», a déclaré Alexei Leonkov, analyste militaire et rédacteur en chef d’Arsenal Otechestva (Arsenal de l’arsenal russe). Patrie). «C’est-à-dire
qu’ils les assemblent à partir des composants qu’ils reçoivent de l’étranger. Vous n’avez pas besoin de beaucoup d’espace pour cela. L’essentiel est d’assembler tous les composants
principaux démontés, de les amener sur le site de lancement, d’assembler et de lancer le drone à l’adresse».
«Ils ont des
usines qui refabriquent d’anciens systèmes d’armes soviétiques. Ils ont récemment converti [le Tupolev Tu-141] Strizh (Swift), des drones de reconnaissance soviétiques, en une sorte
de missiles de croisière. Aujourd’hui, ils font de même avec les missiles du complexe S-200 : ils fabriquent des missiles sol-sol à partir de missiles guidés anti-aériens. Et on voit
qu’ils ont commencé à apparaître dans les rapports. Autrement dit, ils sont depuis longtemps à court de missiles opérationnels et tactiques de fabrication soviétique. Certaines armes
tactiques fournies par l’Occident sont épuisées. C’est pourquoi ils essaient de compenser eux-mêmes ce déficit», a poursuivi Leonkov.
L’Occident fournit au régime de Kiev des composants pour assembler ou moderniser des fusées et livre des modules pour drones qui fonctionnent via le
système satellite Starlink d’Elon Musk, selon l’expert militaire. Ces drones ukrainiens sont soit abattus, soit contrecarrés par les systèmes de guerre électronique (GE)
russes.
Qu’est-ce que l’Ukraine a hérité
de l’URSS ?
Dans les années 1990, l’Ukraine disposait d’un énorme héritage soviétique en termes d’installations militaro-industrielles, selon l’expert
militaire.
«Par exemple, la
production de chars y était entièrement localisée, ils pouvaient produire des chars T-64», a déclaré Leonkov. «Il y avait aussi
la production aéronautique – les usines Antonov. Ils pourraient par exemple reconstituer leurs capacités de transport militaire sur la base de ces usines. L’avion de type An-24 était
parmi les plus massifs. Ces avions ont été utilisés, notamment par les forces d’opérations spéciales. Ils produisaient à petite échelle des véhicules blindés, les véhicules Dozor. Ils
ont fabriqué le système de missile antichar Stugna. L’avion de transport An-70 a été utilisé pour le transfert de matériel militaire. Ils disposaient du véhicule utilitaire blindé
polyvalent Bars. Ensuite, ils ont essayé de moderniser les véhicules blindés, c’est-à-dire qu’ils ont modernisé les entreprises de réparation de chars, y compris les véhicules blindés
légers».
Un grand nombre d’entreprises ukrainiennes faisaient partie de clusters, tels que les clusters de fabrication et de réparation d’avions. Il y avait des
installations pour la production de navires et d’équipements marins, y compris des moteurs.
«Il y avait aussi
des entreprises d’artillerie à fusée, par exemple le célèbre Luch Design Bureau, qui venait de s’occuper de la modernisation de tous les missiles. Eh bien, il y avait aussi Yuzhmash
[Association de production de l’usine de construction Yuzhny Mashin à Dnepropetrovsk], célèbre pour sa technologie de modernisation des fusées», a souligné l’expert
militaire.
Selon certaines estimations, l’Ukraine aurait hérité de l’Union soviétique de 447 entreprises. Pendant une période limitée dans les années 1990,
l’Ukraine a été classée parmi les principaux exportateurs d’armes. En outre, l’Ukraine abrite une dizaine de dépôts d’armes, avec des stocks d’armes suffisants pour équiper 10 armées,
selon Leonkov. Certaines de ces armes ont été vendues, mais un grand nombre d’entre elles ont été conservées sur le territoire ukrainien et utilisées lors du récent conflit.
Néanmoins, au cours des 30 dernières années, le complexe militaro-industriel ukrainien a été confronté à la stagnation et à la fragmentation. Le manque
d’investissement a entravé le développement tandis que la corruption endémique a conduit à la dégradation des atouts et des compétences autrefois de pointe de l’Ukraine.
Leonkov a expliqué que le reste du secteur militaro-industriel ukrainien est devenu une cible principale de l’armée russe depuis le début de l’opération
spéciale visant à démilitariser et dénazifier l’Ukraine.
«Selon diverses
estimations, entre 60 et 70% de ce patrimoine [soviétique] a été détruit», a déclaré l’analyste militaire. «En gros, de
grandes entreprises, de grands ateliers industriels, etc. ont été détruits. Mais il y en a encore beaucoup de petits. De plus, si vous regardez ce que fait l’Ukraine, la production de
telles armes ou leur modernisation peuvent être effectuées dans n’importe quel local de production. Par conséquent, la tâche de nos services de renseignement est d’identifier ces
installations de production et de les détruire par tous les moyens possibles».
L’Ukraine produit-elle des obus d’artillerie de qualité OTAN ?
Selon Zelensky, des obus d’artillerie de calibre OTAN sont également produits dans le pays. Le dirigeant ukrainien a noté que «ce n’est pas
encore suffisant pour le front, mais bien plus que ce qu’il était».
«Je pense que
Zelensky raconte des mensonges, c’est un euphémisme, car la production de calibres OTAN [155 mm] et même de calibres 152 mm et 122 mm est située dans les pays de l’OTAN», a
déclaré Leonkov.
«Et c’est avec
cette production qu’ils ont les plus gros problèmes, car les capacités de production des pays de l’OTAN n’ont pas atteint le niveau dont l’Ukraine a besoin. Par exemple, avant le
début de l’opération spéciale [russe], les pays de l’OTAN produisaient environ 300 000 types différents de projectiles. L’Ukraine dépensait à elle seule entre 10 000 et 20 000 obus
par jour. Et bien sûr, l’Ukraine ne se contente pas de brûler des munitions plus rapidement que les pays de l’OTAN ne pouvaient les produire, mais elle a également épuisé tous les
stocks. Afin de compenser la consommation de munitions selon les indicateurs dont l’Ukraine a besoin, il est nécessaire de produire des millions de munitions. Autrement dit, il
devrait y avoir un million de projectiles de 155 mm, un million de projectiles de 122 mm, etc. L’Occident ne peut pas encore atteindre une telle capacité».
Il est plus probable que Zelensky parlait des endroits en Ukraine où de tels obus sont stockés, présume l’analyste militaire. Pourquoi les États-Unis
demanderaient-ils à leurs alliés de fournir à l’Ukraine des obus de calibre OTAN s’ils étaient produits en Ukraine ? Selon Leonkov, ce n’est pas une coïncidence si l’Ukraine est
passée aux armes à sous-munitions fournies par les États-Unis. C’est une nouvelle confirmation du fait que ni l’Ukraine ni l’Occident ne disposent de suffisamment de munitions de 155
mm.
Y a-t-il des usines militaires de
l’OTAN en Ukraine ?
Selon Leonkov, il est hautement improbable que des usines militaires occidentales opèrent en Ukraine.
«Je pense que de
telles entreprises n’existent pas en Ukraine pour la simple raison que les spécialistes qui produisent de telles armes doivent provenir des pays de l’OTAN», a expliqué Leonkov.
«Ils ne
sont pas directement liés aux infrastructures militaires. Ce sont des civils. Si la mort d’un militaire [occidental] peut être attribuée au fait qu’il a quitté l’armée, est devenu
mercenaire ou s’est porté volontaire pour les brigades internationales de Zelensky, alors il sera beaucoup plus difficile d’ignorer la mort de civils. Comment expliquer qu’un
spécialiste, par exemple de Rheinmetall, se soit retrouvé quelque part à Zaporijia et soit mort à la suite d’une frappe contre des installations de production appartenant au complexe
militaro-industriel ukrainien ? Il serait plus difficile de justifier une telle mort. L’Occident ne risquera donc pas ses spécialistes».
À l’heure actuelle, selon l’expert, la production militaire en Ukraine est en grande partie une illusion. Oui, il existe en Ukraine des spécialistes qui
s’occupent des questions de réparation et de modernisation de ce qui reste de l’héritage militaro-industriel soviétique. Mais c’est loin de ce dont l’Ukraine a réellement besoin pour
faire pencher la balance en sa faveur, selon Leonkov.
Pendant ce temps, les services secrets russes recherchent des installations militaro-industrielles ukrainiennes en vue de leur destruction ultérieure
afin d’accomplir la tâche de Moscou consistant à démilitariser l’Ukraine.
Pour le moment, la ligne de front en Ukraine est d’une quasi-stabilité époustouflante. Il faut comprendre les Russes d’ailleurs.
Quand on a des adversaires cons au point d’aller se faire massacrer pour des communiqués tiktok, on ne gâche pas son plaisir de les tabasser en les
laissant venir et en ayant peu de pertes.
Bon, ça, franchement, ça commence à devenir lassant. Comme les Gamelin de plateau (dixit Xavier Moreau), visiblement aspirant à gagner le dîner de cons
avec une constance méritoire.
À une petite différence près. Le rôle de Gamelin en 1914 n’a pas été négligeable, surtout pendant la bataille de la Marne. Pour ce qui est des T… du C…
de plateaux, à part un bon d’achat au superprimou géant, ils n’ont jamais gagné rien d’autre. Bien entendu, je considère que les conflits qu’ils ont pu mener et perdre, c’est de
l’ordre du vol de billes aux enfants du CP, par les terminales. C’est même la honte d’ailleurs, parce que les enfants du CP les ont virés.
Bon, pour en venir à l’objet du jour, c’est la mort de Prigojine et de l’état-major de Wagner. À qui profite le crime ? Ou est sensé profiter le crime
??? Aux oxydentés.
Dans la mentalité des oxydentés, tuer le chef, c’est la formule magique depuis les guerres indiennes. Bon, le dégommage de Soleimani, pourtant, n’a pas
eu le succès escompté.
Mais la non-pensée militaire oxydentée pour l’Afrique, pense que décapiter Wagner c’était éliminer sa présence.
Le seul problème, c’est que les oxydentés font beaucoup moins peur, désormais, avec ou sans Wagner. Et les temps ont changés. Le Niger et ses 25
millions d’habitants sont un morceau à la fois trop grand et trop peuplé pour être contrôlé par un corps expéditionnaire ridicule, et dont les africains se retirerait
rapidement.
En plus, le fatras oxydenté en matière d’armements, vient de connaitre le pire : sombrer dans le ridicule. Incapable même d’affronter les T54 et T55 des
années 1950, même modernisés et menés par des Russes…
Sans compter les arsenaux, vidés à grande allure. L’OTAN n’est qu’une force d’occupation, pas une force d’agression, elle en est incapable. Elle
s’étendait par des coups d’États, l’adhésion étant l’état ultime de colonisation. Avec l’adhésion à la maison de fous de l’Union européenne.
Il reste que la victoire rapide, était, pour les oxydentés, la seule option possible. Le reste était impossible.
Le suprémacisme racisme oxydenté dans toute sa splendeur.
Le suprémacisme racisme de la gôche, dans toute sa splendeur veut aussi croire que les migrants viennent pour la dimoucrassie, alors qu’ils ne viennent
que parce qu’ils croient que la vie y est meilleure.
Le suprémacisme racisme de gôche ne comprend pas, non plus, que les pays oxydentés peuvent s’effondrer économiquement parlant (c’est en cours !) et
devenir des repoussoirs…
Le président Volodymyr Zelensky devrait se rappeler comment la Seconde Guerre mondiale s’est terminée pour le
Japon, estime l’ancien officier de renseignement américain.
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine se terminera par la capitulation inconditionnelle de Kiev, selon Scott Ritter, ancien officier
de renseignement américain et inspecteur en désarmement des Nations unies.
Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé dans un message sur X (anciennement Twitter) que «l’Ukraine ne
marchande pas ses territoires, parce que nous ne marchandons pas notre peuple».
Ce message était consacré au troisième Sommet de la Plateforme Crimée, au cours duquel l’Ukraine a discuté des moyens de «désoccuper»
la péninsule, qui a été réunie à la Russie en 2014 à la suite d’un référendum déclenché par le coup d’État du Maïdan, soutenu par les États-Unis, à Kiev plus tôt cette
année-là.
En réponse au post de Zelensky, Ritter a écrit que «c’est l’OTAN qui
a suggéré une négociation. La Russie ne négocie rien du tout».
L’ancien officier de renseignement américain faisait apparemment référence aux remarques du chef de cabinet du secrétaire général de l’OTAN Jens
Stoltenberg, Stian Jenssen, qui a déclaré à la mi-août que l’Ukraine pourrait «céder des
territoires [à la Russie] et obtenir l’adhésion à l’OTAN en retour». Selon Jenssen, cette idée était activement discutée au sein du bloc militaire dirigé par les
États-Unis.
Jenssen s’est par la suite excusé pour ses propos, déclarant qu’il s’agissait d’une «erreur».
Cette suggestion a suscité l’indignation à Kiev, le conseiller présidentiel Mikhail Podoliak la qualifiant de «ridicule».
Une telle démarche reviendrait à «choisir
délibérément la défaite de la démocratie… et à transmettre la guerre à d’autres générations», a-t-il déclaré.
Le chef du Conseil national de sécurité ukrainien, Aleksey Danilov, a réaffirmé que Kiev ne négocierait jamais avec le président russe Vladimir Poutine,
insistant sur le fait que «la Russie doit
être détruite comme une Carthage des temps modernes».
Ritter a insisté sur le fait que Moscou «traite avec la
réalité» en ce qui concerne le conflit avec Kiev, notamment «où seront les
bottes russes lorsque l’Ukraine capitulera sans condition».
«Pensez à la baie
de Tokyo, le 2 septembre 1945. C’est votre avenir. Profitez-en», a-t-il écrit en s’adressant à Zelensky.
À cette date, les représentants de l’Empire du Japon ont signé une capitulation sans condition devant les Alliés à bord de l’USS Missouri, mettant fin à
la participation du pays à la Seconde Guerre mondiale.
Conformément à l’accord, le Japon a accepté la perte de tous ses territoires en dehors de ses îles intérieures, un désarmement complet, l’occupation du
pays par les Alliés et la mise en place de tribunaux chargés de traduire les criminels de guerre en justice.
Mercredi, Zelensky a admis que la contre-offensive ukrainienne contre les forces russes, qui a commencé début juin, s’avérait «très
difficile». Toutefois, il a également affirmé que l’opération progressait «lentement, mais
dans la bonne direction».
En début de semaine, le Washington
Post a rapporté que la campagne ukrainienne montrait des «signes
d’enlisement». Le journal a averti que «l’incapacité à
démontrer des succès décisifs sur le champ de bataille [par les forces de Kiev] alimente les craintes que le conflit devienne une impasse et que le soutien international
s’érode».
Le président Poutine a affirmé mercredi qu’il était «étonnant» de
voir à quel point les autorités de Kiev se souciaient peu des soldats ukrainiens. «Ils les jettent
sur nos champs de mines, sous nos tirs d’artillerie, agissant comme s’ils n’étaient pas du tout leurs propres citoyens», a déclaré le dirigeant russe.
Selon les estimations de Moscou, l’Ukraine n’a pas réalisé de gains significatifs depuis le lancement de sa contre-offensive, mais a perdu plus
de 43 000 soldats et près de 5000 pièces d’équipement lourd. Jusqu’à présent, Kiev a revendiqué la prise de plusieurs villages, mais ceux-ci semblent se
trouver à une certaine distance des principales lignes de défense de la Russie.
L’histoire de la guerre par procuration de la Russie contre l’OTAN – c’est-à-dire l’opération militaire spéciale en Ukraine – marquera le moment où les
opérations militaires conventionnelles fondées sur la doctrine établie lors de la Seconde Guerre mondiale auront été dépassées. L’ISR – Renseignement, Surveillance et Reconnaissance –
change véritablement la donne et la Russie, et non l’OTAN ou l’Ukraine, apparaît comme l’armée qui a reconnu cette réalité et ajusté ses tactiques en conséquence. L’Occident, en
revanche, s’est endormi sur ses lauriers au cours des vingt dernières années parce qu’il a utilisé son ISR, en particulier ses drones, contre des ennemis qui ne pouvaient pas contrer
la technologie occidentale ou abattre nos drones.
Il est désormais impossible pour les armées conventionnelles de déplacer des hommes et du matériel sans être détectées. Pendant la Seconde Guerre
mondiale, les Soviétiques et les Britanniques ont été très créatifs et efficaces dans les opérations de tromperie, comme la création d’armées fictives, qui ont trompé les Allemands en
leur faisant croire qu’une attaque venait d’une direction tout en ne détectant pas la véritable montée en puissance des forces. La localisation des forces ennemies en mouvement ou
rassemblées en force reposait uniquement sur la surveillance aérienne à voilure fixe, l’interception limitée des communications cryptées et les sources humaines (c.-à-d. les
espions).
Aujourd’hui, les capacités ISR de l’Occident et de la Russie sont comparables à l’œil omniscient de Sauron. Pendant la Seconde Guerre mondiale,
l’obscurité et la couverture nuageuse permettaient aux commandants de déplacer leurs forces sans grand risque d’être détectés. Ce n’est plus le cas, en particulier avec la couverture
par satellite des territoires contestés. Les optiques des satellites et celles embarquées à bord des aéronefs à voilure fixe – avec ou sans pilote – percent la nuit et les
nuages.
Qu’est-ce que cela signifie pour les généraux chargés de préparer et d’exécuter les plans de bataille ? Vous devez partir du principe que vous êtes
observés par l’autre camp et prendre des mesures pour atténuer l’influence des différents yeux qui observent vos troupes sur le champ de bataille.
Cela m’amène à la contre-offensive ukrainienne et aux raisons de son échec. L’Ukraine, suivant les conseils des planificateurs de l’OTAN, envoie ses
forces à travers des champs ouverts et lourdement minés, sans aucune couverture aérienne. C’est l’équivalent d’une charge banzaï de la Seconde Guerre mondiale menée par des soldats
japonais désespérés et à court de munitions. Ils courent vers les positions américaines retranchées en espérant que leur nombre submergera les défenseurs. Ils y parvenaient rarement
et subissaient des pertes dévastatrices.
Aujourd’hui, l’Ukraine emploie une tactique similaire. Mais l’Ukraine n’envoie pas 200 000 hommes dans des milliers de chars et de véhicules blindés de
transport de troupes dans l’espoir de submerger la capacité de la Russie à tirer suffisamment d’artillerie, de drones, de missiles et de bombes pour stopper l’assaut. Au lieu de cela,
elle envoie des unités, peut-être de l’ordre de 2000 hommes, avec quelques chars et véhicules, qui se dispersent face à la tempête de feu russe.
Les vidéos suivantes illustrent la situation désespérée des forces ukrainiennes :
Si vous voulez un point de comparaison, je vous suggère de lire le dernier article de Big Serge «Götterdämmerung
à l’Est». La taille et l’ampleur des offensives soviétiques en 1944 et 1945 éclipsent tout ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine, mais elles illustrent la puissance des
mouvements de troupes à grande échelle soutenus par une artillerie puissante, des milliers de chars et une supériorité aérienne. Ni l’Ukraine ni l’OTAN ne sont capables de faire quoi
que ce soit à cette échelle.
La Russie est très prudente lorsqu’il s’agit de révéler publiquement la disposition de ses forces. Cependant, j’ai du mal à croire que les États-Unis et
l’OTAN, grâce à leurs moyens de surveillance, n’ont pas une idée assez précise du nombre de troupes déployées par la Russie le long de la ligne de conflit, qui s’étend sur 900 miles.
Tout plan d’attaque d’un point fort est un simple problème mathématique : il faut disposer de suffisamment d’hommes et de puissance de feu pour submerger les Russes. Or, nous
connaissons la réponse à ce calcul : l’Ukraine manque d’hommes, de chars, de véhicules, d’artillerie, de défense aérienne mobile et d’aviation de combat. Elle n’a pas la puissance
nécessaire pour percer toutes les défenses russes, et encore moins la première ligne de défense érigée par le général Sourovikine à l’automne dernier.
Voici donc la question à un milliard de dollars : pourquoi l’Occident n’a-t-il pas encouragé, voire exigé, que l’Ukraine utilise des missiles HIMARS et
Storm Shadow pour attaquer ces lignes de défense alors qu’elles étaient en cours de construction ? Je pense que la réponse est simple : l’Ukraine ne disposait pas des outils offensifs
nécessaires à une telle mission et, même si ces fournitures avaient été disponibles, il y a de fortes chances que la Russie ait pu contrecarrer ces efforts.
Nous assistons à une faute professionnelle militaire de l’Occident à grande échelle. Les planificateurs de l’OTAN ont-ils vraiment cru à la propagande
absurde qui dépeignait l’armée russe comme une armée d’incompétents, décrépite et vieillissante ? Si c’est le cas, l’Occident est en train d’apprendre une très dure leçon et doit
maintenant se rendre à l’évidence que le calcul délirant de l’OTAN selon lequel l’Ukraine pourrait briser l’armée russe est un échec total.
L’objectif principal
de la contre-offensive est de couper les lignes d’approvisionnement russes dans le sud de l’Ukraine en coupant le pont terrestre entre la Russie et la péninsule occupée de Crimée. Mais au
lieu de se concentrer sur cet objectif, les commandants ukrainiens ont divisé les troupes et la puissance de feu de manière à peu près égale entre l’est et le sud, ont déclaré les
responsables américains.
En conséquence, les
forces ukrainiennes sont plus nombreuses près de Bakhmut et d’autres villes de l’est que près de Melitopol et de Berdiansk dans le sud, deux fronts beaucoup plus importants d’un point de vue
stratégique, selon les responsables.
Les planificateurs
américains ont conseillé à l’Ukraine de se concentrer sur le front menant à Melitopol, la priorité absolue de Kiev, et de percer les champs de mines et autres défenses russes, même au dépend
de la perte de davantage de soldats et d’équipements.
La critique est juste. La tentative de reprendre Bakhmut (Artyomovsk) est une erreur. Mais la conclusion qui en découle, à savoir concentrer davantage de forces
vers le sud, est – à mon avis – aussi une erreur.
La carte de déploiement montre qu’il y a beaucoup plus d’unités ukrainiennes à l’est qu’au sud.
L’Ukraine a eu tort de défendre
Bakhmut, un centre routier et ferroviaire peu élevé, entouré de collines. Dès que les collines ont été prises par les combattants de Wagner, Bakhmut était destiné à tomber entre leurs mains.
Pendant des mois, le gouvernement de Kiev a fait pression sur ses militaires pour qu’ils tiennent la ville. Une chanson pop a même été publiée, disant “Bakhmut tiendra“. Selon Wagner, les Ukrainiens
ont perdu quelque 70 000 hommes dans la défense désespérée de Bakhmut. Wagner a perdu quelque 40 000 hommes lors de la prise de la ville. Un prix élevé pour les deux parties. Mais l’Ukraine
aurait pu éviter de payer ce prix si elle s’était repliée de quelques kilomètres à l’ouest, où une chaîne de collines autour de Chasiv Yar aurait constitué une position défensive bien plus
privilégiée.
Combiner la contre-offensive vers le sud, annoncée à grand renfort de publicité, avec une nouvelle poussée pour reprendre Bakhmut était une grave erreur. Les
dirigeants ukrainiens sont tombés dans le piège de coûts irrécupérables :
Le piège des coûts irrécupérables est la tendance qu’ont les gens à poursuivre une entreprise ou une action alors qu’il serait plus avantageux de l’abandonner.
Parce que nous avons investi notre temps, notre énergie ou d’autres ressources, nous pensons que tout cela n’aurait servi à rien si nous abandonnions.
En conséquence, nous prenons des décisions irrationnelles ou sous-optimales. L’erreur des coûts irrécupérables peut être observée dans divers contextes, tels
que les affaires, les relations et les décisions quotidiennes.
Le président Zelensky avait promis que Bakhmut ne tomberait pas. Une fois la ville tombée, il a promis de la reprendre. Mais malgré l’importance des forces
utilisées dans les deux tentatives, il n’y a pas eu de progrès. Les lignes de défense russes ont tenu bon. En 11 semaines de combats, seule une petite ville proche de Bakhmut, Klichivka, a été
reprise par les troupes ukrainiennes. L’armée américaine souhaite que l’Ukraine concentre toutes ses forces sur le front sud :
Ce n’est qu’avec un changement de tactique et un mouvement spectaculaire que le rythme de la contre-offensive peut changer, a déclaré un responsable américain
qui, comme la demi-douzaine d’autres responsables occidentaux interrogés pour cet article, a parlé sous le couvert de l’anonymat afin de ne pas divulguer les délibérations internes.
Un autre responsable américain a déclaré que les Ukrainiens étaient trop dispersés et qu’ils avaient besoin de consolider leur puissance de combat en un seul
endroit.
Près de trois mois après le début de la contre-offensive, les Ukrainiens pourraient prendre ce conseil à cœur, d’autant plus que les pertes continuent de
s’accumuler et que la Russie conserve l’avantage en termes de troupes et d’équipements.
Lors d’une téléconférence vidéo organisée le 10 août, le général Mark A. Milley, président de l’état-major interarmées, son homologue britannique, l’amiral Sir
Tony Radakin, et le général Christopher Cavoli, commandant en chef des forces américaines en Europe, ont exhorté le commandant militaire ukrainien le plus haut gradé, le général Valeriy
Zaluzhnyi, à se concentrer sur un seul front principal. Selon deux fonctionnaires informés de l’appel, le général Zaluzhnyi a accepté.
J’ai l’impression qu’il s’agit d’un autre piège des coûts irrécupérables, cette fois-ci de la part de l’armée américaine. Elle a investi dans le concept des
“armes combinées” depuis plus de 30 ans. Elle a poussé
l’Ukraine à utiliser cette forme de combat dans ses tentatives au sud. Ces tentatives ont échoué avec de lourdes pertes, car l’Ukraine ne dispose pas de la suprématie aérienne et de trop peu de
moyens pour percer les vastes champs de mines russes. L’armée américaine fait maintenant pression pour une nouvelle tentative qui appliquera à nouveau cette stratégie qui a pourtant déjà échoué,
avec davantage de troupes.
Les attaques ukrainiennes autour de Bakhmut doivent cesser. L’Ukraine doit se concentrer sur la défense de Chasiv Yar et de la chaîne de collines qui l’entoure.
Cela soulagera certainement certaines troupes qui pourront être déplacées ailleurs. Par exemple, il y a actuellement quatre brigades d’artillerie près de Bakhmut, mais seulement deux sur chacune
des deux tentatives en direction du sud. L’ajout de deux brigades venant de Bakhmut pourrait s’avérer utile.
Cependant, les progrès sur les deux tentatives dans le sud sont faibles. La longueur de la ligne de front qui permet les percées et où se déroulent les combats
n’est que de quelques kilomètres. Il n’y a que peu de villes dans la région qui peuvent accueillir et cacher les forces déployées. Pousser davantage de forces vers le sud créera des
concentrations dangereuses qui seront faciles à détecter, à bombarder et à détruire pour les Russes.
J’ai expliqué précédemment pourquoi les armes combinées étaient devenues la tactique préférée des États-Unis et pourquoi elles ne fonctionnaient que contre des forces dépourvues
de défenses aériennes. Les attaques combinées nécessitent une suprématie aérienne. L’Ukraine n’a aucun moyen d’y parvenir.
Les troupes qui se trouvent actuellement autour de Bakhmut ne sont pas les mieux équipées de l’armée ukrainienne. Elles se battent toutes depuis des mois et ont
subi des pertes importantes. Pousser ces unités, qui manquent d’armes et d’hommes, dans une attaque combinée est une grave erreur.
Il existe des alternatives militaires à l’attaque des lignes de défense russes.
La meilleure est que l’Ukraine s’oriente vers la défense. Construire plusieurs lignes de défense solides le long de chaînes de collines et d’autres éléments
propices du terrain. Placez des commandos itinérants devant les lignes pour harceler les attaquants avant qu’ils n’atteignent la ligne de défense. Placer le reste des troupes dans la ligne de
défense et en réserve. Il s’agirait d’un miroir de la stratégie actuelle de la Russie, qui a si bien fonctionné pour elle.
La Russie veut prendre Donetsk. La défendre est le meilleur moyen pour l’Ukraine de rendre cela coûteux. Lancer des attaques contre des lignes de défense russes
bien préparées, c’est tomber dans une stratégie d’attrition russe. Cela ne fera que décimer les troupes et les équipements ukrainiens.
Mais il existe d’autres solutions encore plus efficaces.
Essayer d’obtenir un cessez-le-feu ou au moins d’entamer des négociations pour la paix. Une guerre sans fin est peut-être ce que veulent les États-Unis, mais c’est la pire situation dans laquelle l’Ukraine puisse se trouver :
Même si Kiev organise une opération réussie contre les forces russes à l’avenir, il n’est pas certain qu’elle conduise à la fin de la guerre. D’une part, Moscou
pourrait décider de lancer sa propre contre-offensive afin d’effacer tous les progrès réalisés par les forces ukrainiennes, ce qui déclencherait peut-être un cycle sans fin de va-et-vient
militaires. D’autre part, nous pourrions assister à une répétition de l’automne dernier, lorsque Kiev et ses soutiens de l’OTAN, enhardis par les gains importants obtenus lors de la
contre-offensive ukrainienne de septembre, ont rejeté l’idée de pourparlers pour rechercher plutôt une “victoire totale“, à un coût
finalement désastreux.
Aujourd’hui encore, les dirigeants ukrainiens et nombre de leurs soutiens occidentaux maintiennent l’objectif maximaliste de restaurer les frontières du pays
d’avant 2014, ce qui inclut la reprise de la Crimée.
Ironiquement, une guerre prolongée est exactement ce que certains responsables de l’OTAN espérent depuis le début afin de piéger la Russie dans un piège semblable à celui de l’Afghanistan. Le New York Timesrapportait en mars 2022 que l’administration “cherche à aider l’Ukraine à coincer la Russie
dans un bourbier“.
Mais une guerre prolongée ne sera pas bonne pour l’Ukraine, qui a déjà subi des coûts humains et économiques d’une ampleur stupéfiante du fait d’une guerre prolongée, et qui s’endette de plus en plus chaque mois. Elle ne sera pas bonne non plus pour le reste du monde, car elle alimentera les chocs mondiaux liés au coût de la vie tout en laissant planer
le risque, déjà deux fois écarté, d’une guerre catastrophique entre l’OTAN et la Russie, qui pourrait devenir nucléaire.
L’envoi de troupes supplémentaires pour lancer des attaques dans le sud entraînera, comme l’admet l’armée américaine, de nombreuses pertes supplémentaires en
matériel et en hommes. L’Ukraine ne peut se permettre ni l’un ni l’autre. Si une telle attaque peut apporter des gains mineurs, elle n’a guère de chance de percer les lignes de défense russes
bien préparées, qu’elle n’a toujours pas atteintes.
Une autre solution consiste à changer de stratégie et à mener des actions défensives.
La meilleure solution serait de demander la paix.
Mais les États-Unis ne le permettront pas. L’administration Biden est tombée dans son propre piège des coûts
irrécupérables. Elle a tellement investi dans cette guerre par procuration contre la Russie, en argent, en matériel et psychologiquement, qu’elle continuera à investir davantage même s’il est peu
probable que cela aboutisse à un meilleur résultat.
Les négociations de paix sont inévitables. Les retarder ne fait qu’augmenter le coût d’une inévitable défaite.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La fourniture de F-16 paradoxalement une bonne chose… pour les Russes
La plus grande nouvelle du jour est la décision néerlandaise/danoise de fournir des F-16 à l’Ukraine :
Comme d’habitude, enfouis dans cet «optimisme», quelques faits gênants, comme leur insistance sur le respect d’un ensemble strict de protocoles avant de
remettre les avions, ce qui ne permettra probablement pas à l’Ukraine d’avoir les avions avant 2024 au plus tôt.
Le nombre total reste également incertain, certaines sources revendiquant 42 avions.
Je tiens à répéter que même si cela finit par se produire – avant que l’Ukraine ne s’effondre ou ne se rende -, je considère la livraison de tels avions
comme une très bonne chose. J’ai dit depuis le début que toutes les armes occidentales les plus avancées fournissent une formation essentielle aux forces russes, qui doivent apprendre
à lutter contre ces systèmes dans l’intérêt d’une future guerre potentielle contre l’OTAN proprement dite.
Cela signifie que les opérateurs de DA russes, les pilotes de chasse, etc., acquerront tous une expérience critique dans le traitement de l’un des
meilleurs avions de l’OTAN, y compris l’enregistrement de leurs caractéristiques dans leurs registres radar à des fins d’identification améliorées.
Une opportunité aussi rare d’affronter et d’étudier ces types de systèmes dans un environnement à «faible risque» est cruciale.
Il vaut mieux les affronter maintenant, aux mains des Ukrainiens et en petit nombre, tout en apprenant leurs secrets et leurs faiblesses, que de les
expérimenter pour la première fois dans une guerre totale contre l’OTAN où des centaines/milliers d’entre eux sont déployés en même temps.
Bien sûr, il peut sembler cruel de vouloir que l’Ukraine dispose d’armes meilleures/plus avancées, car certains Russes en perdront la vie, mais vous
devez voir les choses dans une perspective plus large. Cela sauvera éventuellement plus de vies à la lumière d’une guerre future beaucoup plus grande s’ils peuvent maîtriser la lutte
contre ces systèmes maintenant.
Quant à ceux qui continuent de se demander comment l’Ukraine propose de protéger ses F-16, ou comment elle le fait actuellement avec sa maigre flotte
aérienne restante, voici une nouvelle citation du Financial
Times qui met en lumière quelque chose sur lequel j’ai rapporté à plusieurs reprises :
Financial
Times, citant des sources :
«L’Ukraine déplace
à la hâte ses pilotes et ses avions en raison d’une augmentation des frappes russes sur des cibles dans l’ouest de l’Ukraine. Les missiles russes ont récemment ciblé des bases
aériennes, des pistes, un centre de formation de pilotes et une flotte de bombardiers transportant des missiles Western Storm Shadow et Scalp».
«À cause de cela,
les pilotes ukrainiens sont obligés de faire constamment la navette entre des dizaines de bases aériennes et d’aéroports commerciaux».
Scott Ritter :
La moitié des F-16 que les Pays-Bas et le Danemark promettent de remettre à l’Ukraine, inapte au vol. Et en général, les avions de ces pays sont déjà
obsolètes et constituent un équipement dangereux selon les normes américaines et de l’OTAN.
Plus tôt, le Premier ministre danois Mette Frederiksen, après une réunion avec Zelensky, a déclaré qu’il transférerait 19 avions polyvalents F-16 à
Kiev. Mais pas dans l’immédiat : 6 seront livrés vers le Nouvel An, 8 autres en 2024, et les 5 derniers appareils en 2025. Au total, le Danemark compte 43 avions F-16, dont une
trentaine sont utilisés quotidiennement à des fins de défense.
Le chef du gouvernement néerlandais, Mark Rutte, a également annoncé le transfert du F-16. Il n’a pas précisé exactement combien d’avions Kyiv recevra,
mais Zelensky affirme que nous parlons de 42 chasseurs.
Cette semaine, notre chronique rend compte des difficultés croissantes dans lesquelles on se retrouve, à Washington, Londres, Bruxelles et Kiev, du fait de l’échec de la contre-offensive
ukrainienne. Des fantaisies du renseignement militaire britannique aux débuts d’aveux sur l’étendue des pertes ukrainiennes en passant par la préparation d’une nouvelle contre-offensive, pour
2024, entrons dans les méandres du déni de réalité occidental.
Une découverte renversante du renseignement militaire britannique
Business
Week commente: “Les
lignes de défense de la Russie en Ukraine ont été encore renforcées grâce à la repousse des mauvaises herbes et des plantes qui aident à cacher les troupes des forces de Kiev dans le cadre de la
guerre entre Moscou et le pays d’Europe de l’Est, ont déclaré jeudi les services de renseignement britanniques.
“Les terres principalement arables de la zone de combat ont été laissées en jachère pendant 18 mois, et le retour des mauvaises herbes et des arbustes s’est accéléré dans les conditions chaudes
et humides de l’été”, a déclaré le ministère britannique de la défense dans sa dernière mise à jour quotidienne des services de renseignement.
Il ajoute que “la couverture supplémentaire aide à camoufler les positions défensives russes et rend les champs de mines plus difficiles à déminer”.(…)
Bien que les sous-bois puissent servir de couverture à de “petits assauts furtifs de l’infanterie”, le groupe de renseignement britannique a déclaré que “l’effet net a été de rendre plus
difficile la progression de l’une ou l’autre des parties”.
Non seulement, le renseignement militaire britannique témoigne d’une inquiétante chute de niveau des analyses occidentales. Mais il semble ne plus avoir de force de
rappel chez les “décideurs”! Un magazine économique répandu comme “Business Week” n’a même pas le réflexe d’éclater de rire.
J’insiste lourdement sur cet exemple, qui date de quelques jours, car il devrait nous guérir, si nous en avions encore besoin, des raisonnements consistant à
expliquer qu’il y a une stratégie occidentale mûrement réfléchie etc….Même si cela ne nous fait pas plaisir à entendre, nous assistons, depuis l’été 2021 à un enchaînement d’erreurs de
diagnostic et de conception stratégique. Refus de négocier avec Vladimir Poutine, soutien aveugle au gouvernement ukrainien, sous-estimation du potentiel
militaire russe, erreur complète sur l’impact qu’auraient les sanctions économique contre la Russie, mépris du reste du monde dont on ne comprend pas pourquoi il ne se joint pas aux
sanctions.
Plus on observe ces incapacités nord-américaines et “UEuropéennes”, plus l’on a tendance à penser qu’elles ont déterminé le choix stratégique russe de mener une
guerre lente et sans engager tous les moyens dont on dispose. A quoi bon surestimer l’adversaire quand il apparaît doté d’un Quotient Intellectuel Stratégique aussi bas ? Et ceci d’autant plus
que cet adversaire est doté de moyens de destruction massive absolument terrifiants. Autant ne pas le pousser à se mobiliser plus qu’il ne faut, au cas où il n’aurait pas l’intelligence de
s’arrêter….
En plein échec de la “contre-offensive ukrainienne”, Washington, Londres et Bruxelles en prévoient une autre au printemps 2024
La stupidité stratégique s’accompagne, chez les dirigeants occidentaux, d’une grande cruauté : Elle se marque par une indifférence totale au sort des soldats
ukrainiens lancés dans une contre-offensive sans espoir. Cela fait plusieurs semaines que je vous raconte la même histoire, cyclique:
+ l’Ukraine tente de nouveaux coups de boutoirs en trois ou quatre endroits de l’immense ligne de front (plus de mille kilomètres). Nous parlons des tentatives de
débarquer sur la rive gauche du Dniepr, en face de Kherson; d’attaques répétées dans la région de Zaporojie, pour effectuer une percée “vers Mélitopol”; de tentatives de reprendredu terrain au
sud de Donetsk et dans la région de Bakhmout.
+ L’histoire se répète semaine après semaine : Des avancées qui vont de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres. Puis des contre-attaques russes qui soit
reprennent le terrain perdu soit le rendent intenable pour l’adversaire.
+ Dans chacun de ces coups de boutoirs, les véhicules blindés occidentaux de tout gabarit sont détruits par dizaines. Et le nombre de morts et de blessés
ukrainienne se compte par centaines chaque semaine.
+ Partout, on a des récits d’officiers ukrainiens qui laissent leurs hommes avancer et se terrent à l’arrière; mais aussi de débuts de mutineries, éventuellement
suivis de répressions féroces des milices paramilitaires ou des rares unités totalement acquises au régime. Quand ils ont de la chance, les soldats ukrainiens se rendent aux Russes, sûrs d’être
bien traités.
+ Semaine après semaine, on apprend que, de frustration, le commandement ukrainien a ordonné des tirs d’artillerie sur des zones civiles – principalement Donetsk.
Et qu’avec l’aide des outils occidentaux de mesure, des drones ont été envoyés sur la Crimée, sur Briansk, Belgorod. De temps à autre, des tentatives d’envoyer des drones sur Moscou ont
lieu.
+ Par comparaison, chaque nuit, grâce à ses missiles de précision, l’armée russe détruit systématiquement des entrepôts de matériel occidental, des stocks de
munition, des casernements de mercenaires.
+ Enfin, l’armée russe continue à reconquérir, dans la région de Koupiansk, le terrain perdu en septembre 2022.
A titre d’échantillon, voici un compte-rendu de situation proposé par Southfront.org le 14 août:
“En
réponse à une nouvelle tentative ukrainienne de frapper le pont de Crimée, des missiles russes frappent les ports ukrainiens. De son côté, l’armée ukrainienne continue de tenter de percer les
défenses russes sur les fronts, avec un succès variable.
Le 12 août, l’armée ukrainienne a de nouveau ciblé la péninsule de Crimée avec des drones. Au total, 20 aéronefs sans pilote ont été détruits par les moyens de guerre électronique et de défense
aérienne russes.
Le régime de Kiev a également tenté de lancer une nouvelle attaque de missiles sur le pont de Crimée. Deux missiles ukrainiens S-200 modifiés ont été interceptés par les défenses aériennes russes
et n’ont causé aucun dommage.
La réponse russe a été rapide. Dans la nuit du 13 au 14 août, des missiles et des drones russes ont frappé les infrastructures portuaires et les sites de stockage de carburant dans la région
d’Odessa. Les habitants ont filmé l’échec des défenses aériennes ukrainiennes, dont les missiles tombent quelques secondes après leur décollage.
D’autres cibles ont été frappées dans la zone industrielle de Zaporojie.
A l’échelle du pays, les sirènes d’alerte aérienne ont retenti à Kiev, ainsi que dans les régions de Kharkov, Tchernigov, Dniepropetrovsk, Poltava et Soumy.
La région de Zaporojie reste l’un des champs de bataille les plus chauds où l’armée ukrainienne tente d’obtenir au moins quelques succès tactiques sur les lignes de front. Tout au long de l’été,
l’armée ukrainienne a poursuivi ses attaques sanglantes contre les positions russes. Après avoir subi de lourdes pertes en matériel et en hommes, les unités ukrainiennes n’ont toujours pas
atteint la ligne principale de défense russe dans la direction du sud.
Au sud de Velikaya Novoselka, les troupes ukrainiennes continuent de prendre d’assaut Urojainoïe. Les principales forces russes ont été retirées du village, mais les contre-attaques russes se
poursuivent. De violents combats se déroulent dans la partie sud du village, tandis que les forces ukrainiennes contrôlent les rues du nord. Le matin du 14 août, les artilleurs russes ont détruit
un ponton construit par l’armée ukrainienne pour traverser la rivière Mokrue Yaly entre Urojainoïe et Staromayorskoïe.
Il est très probable que les ruines du village resteront dans la zone grise dans un avenir proche, comme les autres localités capturées par l’armée ukrainienne, car les forces ukrainiennes ne
parviennent pas à prendre pied dans cette zone en raison des tirs nourris des Russes et des contre-attaques incessantes.
Dans la région d’Orekhiv, malgré les attaques ukrainiennes en cours, le village de Rabotino reste sous le contrôle total des Russes.
La situation reste tendue dans la région de Kherson, où les forces ukrainiennes tiennent deux petites têtes de pont près du pont Antonovsky et à 2 km à l’ouest du laheri cosaque. Les militaires
ukrainiens tentent de prendre le contrôle de la route et d’unifier les têtes de pont. Les combats se poursuivent dans la région de Cossack Laheri et de Dachas. De petits groupes ukrainiens sont
constamment transférés sur la rivière par bateaux, envoyant des renforts et transportant les blessés et les morts sur la rive occidentale ukrainienne. En réponse, l’artillerie et l’aviation
russes les frappent“
Cependant, une semaine plus tard, la ligne de front n’a quasiment pas bougé. Cela se dit depuis des semaines à Washington et commence à s’écrire dans les
médias. On voit apparaître de plus en plus de projection pour 2024: c’est la date où devraient arriver les premiers F16 mis à disposition, avec l’autorisation de Washington, par les Pays-Bas
et le Danemark. C’est aussi la date envisagée…pour une nouvelle offensive !
The Economist et le New York Times laissent filtrer l’étendue des pertes ukrainiennes
L’étendu des pertes ukrainiennes est de plus en plus difficile à dissimuler. Un signe flagrant en est l’article publié il y a quelques jours par The Economist, journal de
l’establishment occidental (au même titre que le Financial Times ou le New York Times)
“La
guerre a fait tant de victimes qu’à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, les dernières victimes remplacent les morts des guerres passées. Le 4 août, la famille de Vitaly Chekovsky a assisté avec
tristesse à son enterrement avec deux camarades, dans le carré militaire du cimetière historique de Lychakiv. La terre sablonneuse où ils l’ont enterré était molle et meuble. Il y a quelques
semaines encore, sa tombe était le lieu de repos de quelqu’un d’autre.
Le nombre de morts de la guerre est un secret en Ukraine, mais il est possible de se faire une idée de l’ampleur du phénomène en visitant les cimetières militaires en pleine expansion qui se
trouvent dans toutes les villes. Au cimetière de Lychakiv, explique Oleksandr Dmytriv, son directeur, M. Chekovksy était le 507e à être enterré depuis le début de l’invasion, le 24 février 2022.
Les morts ont d’abord été enterrés dans une autre partie du cimetière, mais l’espace a rapidement manqué, et le cimetière s’est alors tourné vers une pente herbeuse où un mémorial de guerre avait
été construit dans les années 1970, alors que l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique. Au fur et à mesure que les rangées de tombes défilaient sur la colline, les fossoyeurs ont
découvert des squelettes de manière inattendue.
L’Armée rouge a libéré Lviv des nazis en 1944, puis a poursuivi sa route vers l’ouest, mais les combats n’étaient pas terminés. Les partisans nationalistes ukrainiens ont affronté les troupes du
NKVD, le prédécesseur du KGB, pendant des années. M. Dmytriv pense que la majorité des personnes enterrées dans les tombes récemment découvertes étaient des hommes du NKVD, et 560 d’entre elles
ont été exhumées depuis le mois d’avril pour faire place aux nouveaux morts. Les personnes exhumées seront finalement enterrées ailleurs, et le mémorial soviétique, où du sable recouvre désormais
les noms des soldats tombés au combat, sera également déplacé. M. Dmytriv explique que la grande majorité des squelettes exhumés ont eu le crâne ouvert. Avant d’être enterrés, les corps avaient
été donnés à disséquer aux étudiants de l’école de médecine de Lviv.
Espérons que M. Chekovsky reposera en paix pour toujours, mais si l’on se fie au passé du cimetière de Lychakiv, rien n’est moins sûr. En 1915, les Russes, qui occupaient brièvement Lviv pendant
la Première Guerre mondiale, ont ouvert un cimetière pour les troupes austro-hongroises, juste après l’endroit où les hommes du NKVD ont été enterrés. Plus de 4 700 d’entre eux y ont été
enterrés. Dans l’entre-deux-guerres, les Polonais, qui contrôlaient désormais la ville, ont commencé à les exhumer. En 1946, les Soviétiques, qui avaient ensuite repris Lviv aux Polonais, ont
commencé à raser l’ancien cimetière austro-hongrois et, depuis lors, des civils y sont enterrés.
De l’autre côté du cimetière de Lychakiv reposent les Polonais qui sont morts en combattant les Ukrainiens pour le contrôle de Lviv en 1919-1920, puis l’Armée rouge. À l’époque soviétique, ces
tombes ont été partiellement détruites et le cimetière est tombé en ruine. Lorsque les Polonais ont financé sa restauration dans les années 1990, les autorités ukrainiennes ont décidé de
construire un autre mémorial, cette fois-ci à la mémoire de ceux qui sont morts en combattant les Polonais. L’archange Michel qui surmonte la colonne du mémorial regarde désormais les tombes des
Ukrainiens qui ont combattu les Russes après 2014, ainsi que ceux qui sont morts en combattant les Soviétiques pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
L’histoire avance et, soupire Inna Zolotar, guide touristique à Lviv, “c’est aussi une arme”. Quant à Lychakiv, elle estime qu’il “reflète notre mémoire compliquée”, y compris les choses “dont
nous ne savons pas parler”.
Passons sur le fait que ce qui fut une des références du journalisme de langue anglaise découvre, au bout de dix-huit mois de guerre, la complexité de l’histoire de
la Galicie orientale. Le plus intéressant pour notre sujet,c’est de remarquer que l’hebdomadaire londonien ne donne aucun chiffre.
Le New York Times, lui fait
un article qui se veut sensationnel parlant d’une révélation du Pentagone à propos de de 500 000 tués et blessés, en tout dans le conflit.
Les pertes militaires russes, selon les responsables, approchent les 300 000. Ce chiffre comprend jusqu’à 120 000 morts et 170 000 à 180 000
blessés. Les chiffres russes éclipsent les chiffres ukrainiens, que les responsables estiment à près de 70 000 morts et 100 000 à 120 000 blessés.
The
New York Times, 18 août 2023
Le journal américain est cependant obligé de rappeler que des chiffres plus élevés ont été donnés par le Pentagone il y a quelques mois:
La dernière estimation publique des pertes de l’administration Biden remonte à novembre, lorsque le général Mark A. Milley, président de l’état-major
interarmées, a déclaré que plus de 100 000 soldats de chaque camp avaient été tués ou blessés depuis le début de la guerre en février 2022. À l’époque, les responsables ont déclaré en privé
que les chiffres étaient plus proches de 120 000 tués et blessés. Mais ce chiffre a grimpé en flèche au cours de l’hiver et du printemps, lorsque les deux pays ont transformé la ville de Bakhmut, à l’est du pays, en champ de
bataille. Des centaines de soldats ont été tués ou blessés chaque jour pendant de nombreuses semaines, selon les responsables américains. Les Russes ont subi de lourdes pertes, mais les
Ukrainiens aussi, qui ont tenté de tenir chaque pouce de terrain avant de perdre la ville en mai. Les premières semaines de la contre-offensive de Kiev cet été ont été particulièrement difficiles pour l’Ukraine
The
New York Times ibid.
On se rappelle qu’à la fin 2022, Ursula von der
Leyen avait gaffé, avouant 100 000 morts ukrainiens – le passage avait ensuite été retiré de la vidéo de l’allocution où elle avait mentionné ce chiffre. L’estimation la plus sérieuse
qui ait été donnée venait des services israéliens fin janvier, chiffres retranscrits dans un journal
turc :
- 19 000 tués et 45 000 blessés du côté russe.
- 157 000 tués et 234 000 blessés du côté ukrainien.
Depuis lors, il y a eu la bataille de Bakhmout. On estime que les Russes y ont perdu 10 000 tués. Si l’on garde le ratio de 1/6 entre tués russes et ukrainiens, dû
largement au différentiel de munitions, on aurait un chiffre de 60 000 tués Ukrainiens dans la défense de la ville. En ce qui concerne la contre-offensive, on estime les pertes ukrainiennes à
environ 900 tués et blessés par semaine. Disons, pour rester dans les ratios indiqués par le Mossad, environ 350 tués ukrainiens par semaine. Soit, depuis le 4 juin, pas loin de 40 000
tués.
On aurait donc vraisemblablement, depuis la fin janvier environ 100 000 tués ukrainiens de plus. Disons environ 250 000 morts ukrainiens depuis le début du conflit.
En gardant le ratio de janvier, on aurait 375 000 blessés ukrainiens. On serait déjà à des pertes de plus de 600 000 tués et blessés pour le côté ukrainien.
On voit donc à la fois que le chiffre de 500 000 avancé par le Pentagone récemment correspond à une réalité – Mais pour un seul des deux belligérants, l’Ukraine. Il
devient impossible de dissimuler 250 000 morts, surtout quand les Ukrainiens eux-mêmes ont les nouveaux cimetières sous les yeux. . Mais on essaie de camoufler la réalité en attirant l’attention
sur les pertes présumées de la Russie.
Contre toute vraisemblance, puisque, en admettant qu’il y ait eu 40 000 tués du côté russe en dix-huit mois de conflit, une moitié sont des mercenaires de Wagner et
des hommes des milices du Donbass (ces deux groupes étant aujourd’hui inclus dans l’armée russe)
Washington et Kiev se renvoient la faute de l’échec de la contre-offensive.
Des journalistes de
CNN sont allés à la rencontre de l’armée ukrainienne dans la région de Zaporojie :
“Au
cours d’une semaine passée avec les troupes autour de la ville d’Orikhiv, CNN a constaté une amélioration palpable du moral des troupes, alors que des progrès semblaient avoir été réalisés.
(…)
Lotos, commandant d’une unité de chars, estime que le fait que la presse ait annoncé l’objectif de l’attaque n’a pas aidé. “Ce ne sera pas aussi facile qu’à Kharkiv. Ici, l’ennemi était prêt,
malheureusement. Tout le monde parlait depuis des mois du fait que nous allions agir ici”. Il ajoute : “Nous nous attendions à moins de résistance : “Nous nous attendions à moins de résistance.
Ils tiennent bon. Ils ont des dirigeants. Ce n’est pas souvent que l’on peut dire cela de l’ennemi”.
Pourtant, le handicap majeur auquel l’Ukraine est confrontée dans ce combat déjà difficile est palpable dans les rues cratérisées d’Orikhiv. La supériorité aérienne russe fait chaque jour des
victimes parmi les Ukrainiens, avec des bombes d’une demi-tonne qui tombent fréquemment – parfois 20 en quelques minutes.
(…) Après des mois de gros titres sur l’incompétence et le désarroi des Russes, ils apprennent que les meilleures troupes de Moscou – les parachutistes sur les lignes de front du sud – n’ont pas
oublié leur entraînement. “Il ne faut pas honorer l’ennemi”, dit Vlad. “Mais il ne faut pas le
sous-estimer.“
(…)À
un autre point d’évacuation des blessés, près d’Orikhiv, des obus volent en alternance au-dessus de la tête d’une autre infirmière, Julia, qui décrit le moral des troupes. “Nous sommes toujours
optimistes, mais pas autant qu’avant. L’assaut est émotionnellement plus facile. C’était très dur de rester en défense pendant 18 mois.”
Elle explique que de nombreux blessés qu’ils soignent cherchent à retourner sur le front. “Ils savent que ce ne sera pas la même chose, qu’ils ne seront pas dans le peloton d’assaut. Mais ils
veulent revenir. Parce que la soif de vengeance est très forte. La haine est très forte.
Lucas Leiroz analyste
brésilien commente finement le reportage de CNN :
“Il
est curieux de lire ce type d’informations dans les médias occidentaux alors que, de l’autre côté, des prisonniers de guerre capturés par les Russes affirment avoir appris l’existence d’une
“contre-offensive” par TikTok, leurs officiers ne leur ayant rien dit sur le champ de bataille. Il y a manifestement une incohérence entre les données. Les soldats qui n’étaient pas au courant de
la contre-offensive ne peuvent pas avoir surestimé l’attaque ou sous-estimé l’ennemi. Ils ne savaient même pas ce qu’ils faisaient pour avoir une évaluation critique du sujet.
Les interviewés de CNN parlent comme s’ils étaient responsables de l’échec militaire, alors que les personnes chargées de calculer les chances de victoire ne sont pas des militaires en première
ligne, mais des officiers de renseignement qui ont accès à des données sensibles sur l’ennemi. Le plus probable est que les médias manipulent les rapports des
sources qui affirment qu’il y a eu des erreurs dans le calcul des résultats possibles de la contre-offensive, en blâmant les Ukrainiens et en essayant de nettoyer leur propre
image.
Les médias occidentaux ont été les premiers responsables, avec les représentants de l’État ukrainien, de la diffusion de l’information selon laquelle une attaque de grande envergure était
planifiée par Kiev. Les journalistes occidentaux ont surestimé cette attaque présumée plus que n’importe quel militaire ukrainien et ils semblent maintenant essayer de sauver leur propre
crédibilité en apportant de nouvelles “explications” sur ce qui aurait empêché le succès de l’opération.
En outre, il est difficile de croire que les troupes ukrainiennes sont vraiment motivées et ont un moral d’acier après tant de défaites récentes. Ces derniers mois, on a assisté à une série de
déclarations pessimistes de la part des militaires ukrainiens, et de moins en moins de personnes croient en la possibilité d’une victoire. En fait, la tendance est que les pertes territoriales et
les défaites sur le champ de bataille entraînent une détérioration de la crédibilité, un découragement moral et une capitulation, et non une “soif de vengeance”.
Les Etats-Unis essaient, nous l’avons remarqué depuis des semaines, de faire porter le chapeau aux Ukrainiens.
C’est ce qui explique sans aucun doute, en retour, le jusqu’au-boutisme de Zelensky, qui tient à montrer
qu’il risque d’être lâché par les USA.
L’Ukraine tente à présent de codifier dans la loi l’inadmissibilité d’un règlement du conflit par le biais de concessions territoriales quelles qu’elles soient.
De nombreux députés ont présenté à la Verkhovna Rada un projet de loi qui obligerait légalement l’Ukraine à “aller jusqu’au bout” et n’autoriserait constitutionnellement aucune concession. La
“fin” signifierait les frontières de 1991, conformément au projet de loi écrit.
Zelensky a même répondu avec suffisance que la seule concession territoriale qu’il était prêt à négocier pour l’entrée dans l’OTAN était l’échange de la région
russe de Belgorod
Simplicius,
21 août 2023
Est-il besoin de rappeler que Belgorod est une ville russe?
Un faucon sinophobe pour succéder au général Milley
La catastrophe ukrainienne patronnée par les Etats-Unis et l’OTAN ne signifie pas, bien au contraire, que le conflit aille vers sa fin. A Washington, une lutte
féroce continue entre les réaliste et les jusqu’au-boutistes. Ces derniers viennent de gagner un allié de poids:
La commission des forces armées du Sénat a voté en faveur de la nomination du chef
d’état-major de l’armée de l’air, le général Charles Q. Brown Jr., au poste de président de l’état-major interarmées. On ne sait pas encore combien de temps il faudra
pour que sa nomination soit effective. Cependant, après le Général Milley, l’establishment washingtonien choisit un dur.
Il est vrai que sa priorité est la Chine. Alors que le général Milley avait eu, au moment de la dernière élection présidentielle américaine, un comportement qui eût
relevé, à une autre époque, de la haute trahison – il avait appelé son
homologue chinois pour l’assurer que tout serait fait pour empêcher Donald Trump de déclencher une guerre nucléaire s’il refusait sa défaite – le général Brown, lui, est connu pour sa
détermination à combattre la Chine, un jour, s’il le faut.
Il est vrai que cette nomination pourrait aussi plaider en faveur d’une conclusion mise à l’affrontement avec la Russie, afin de pouvoir se concentrer sur la
Chine.
Questions ouvertes sur la guerre : La mer Noire, une «guerre» invisible
Le fait que l’Occident désespère
des perspectives militaires de l’Ukraine implique-t-il une accalmie prochaine de la guerre ? Ou au contraire, un changement stratégique occidental vers un mode différent de guerre
d’usure contre la Russie ?
L’offensive ukrainienne s’est essoufflée –
même CNN le
dit :
«[Les Ukrainiens]
vont encore voir, [si] dans les deux prochaines semaines, il y a une chance de faire des progrès. Mais je pense qu’il est très, très improbable qu’ils fassent des progrès qui
modifieraient l’équilibre de ce conflit», a déclaré à CNN un
diplomate occidental de haut rang dont le nom n’a pas été dévoilé.
Pourtant, alors qu’un «front de guerre» tire sa révérence, une guerre «hors champ» sur la navigation en mer Noire se profile à l’horizon.
Cette «nouvelle guerre» pourrait également s’appeler la «guerre des céréales», comme suite à la rupture de l’accord sur les céréales par Moscou le mois
dernier. Pour souligner son intention sérieuse de mettre fin à ce qui, pour la Russie, s’était avéré être une affaire tout à fait insatisfaisante (au
milieu d’un renoncement général à ses conditions), Moscou a agi pour neutraliser les installations portuaires d’un certain nombre de ports de la mer Noire desservant l’Ukraine, qui,
selon elle, avaient été utilisées pour stocker des armes (ainsi que pour exporter des céréales).
Le 19 juillet, Moscou a averti que
tous les navires approchant l’Ukraine à partir du lendemain seraient considérés comme des transporteurs potentiels de cargaisons militaires et traités en conséquence. Les coûts de
couverture d’assurance ont naturellement grimpé en flèche.
Quelques jours plus tard, le 24 juillet, l’infrastructure céréalière du port ukrainien de Reni a été détruite. Il s’agissait d’un «message» adressé à
l’Occident pour lui signifier la détermination de la Russie à mettre fin à l’accord sur les céréales.
La Russie a affirmé que le 31 juillet, l’Ukraine avait attaqué sans succès un navire civil russe et deux navires de guerre (à l’aide de trois drones
maritimes) en mer Noire. L’Ukraine a nié l’attaque et a déclaré qu’elle n’attaquerait jamais un navire civil. Cependant, un mois plus tard, l’Ukraine a admis avoir attaqué un
pétrolier civil dans le port de Novorossiisk le 4 août.
L’OTAN a alors fait monter les enchères : Le 1er août, trois cargos civils sont entrés dans le port ukrainien d’Izmail. Ce port – comme Reni – se trouve
sur le Danube, à un jet de pierre presque littéral de la Roumanie (de l’OTAN). Il s’agissait d’une «raillerie» de l’OTAN – la mer Noire n’est pas un «lac russe», laissait-on entendre.
Et les navires étaient amarrés à moins de 500 mètres du «territoire» de l’OTAN. L’un des navires appartenait à une société israélienne, un autre à une société grecque et le troisième
à une société turco-géorgienne, mais ils étaient tous immatriculés dans des États tels que le Liberia.
Le 2 août, la Russie a détruit les silos à grains d’Izmail à l’aide de drones de précision.
L’Ukraine cherche désespérément à maintenir l’accord sur les céréales. Il représente «beaucoup d’argent» pour l’agro-industrie ukrainienne qui contrôle
ces exportations. Et cela représente «beaucoup d’argent» pour l’intermédiaire turc, qui transforme les céréales en farine, avant de la revendre (principalement en Europe, avec une
forte majoration).
Le «premier round» de ce concours était donc «celui de Moscou». Mais l’OTAN a ensuite «fait monter les enchères» une deuxième fois, avec deux attaques
de drones maritimes «ukrainiens» : L’une sur un petit pétrolier civil vide et l’autre sur un navire de débarquement à l’ancre dans le port de Novorossiisk. Aucun des deux navires n’a
coulé, mais tous deux ont été sérieusement endommagés.
L’attaque de Novorossiisk n’est cependant pas du «menu fretin». Ce port maritime, situé au-delà de la péninsule de Crimée, est l’un des plus importants
de Russie en termes de volume et l’un des plus grands d’Europe ; il est essentiel pour l’exportation des céréales, du pétrole et d’autres produits russes vers le monde entier. C’est
une plaque tournante du commerce international pour la Russie depuis le XIXe siècle.
Il s’agit donc clairement d’un défi sérieux et d’une provocation à l’égard de Moscou. Oleg Ostenko, du bureau de Zelensky, a poursuivi en déclarant que
tous les ports russes de la mer Noire étaient désormais des cibles militaires valables pour une attaque ukrainienne.
Les questions en suspens à la suite de cet événement sont les suivantes : Dans quelle mesure ces attaques ont-elles été facilitées et dirigées par
l’OTAN ? Et dans quel but ? Il est évident qu’il s’agissait d’initiatives de l’OTAN – l’un des indices est que le pétrolier visé figurait sur la liste des sanctions américaines pour
avoir fourni du carburant à la Syrie. Une «touche» assez évidente de la CIA.
Les drones maritimes et sous-marins à longue portée sont une spécialité du Royaume-Uni (Special Boat Squadron) et des États-Unis (Seals). Il ne s’agit
pas d’armes ordinaires. Il s’agit d’un équipement spécialisé dans lequel seuls quelques États possèdent une expertise. La Grande-Bretagne ou les États-Unis ont-ils fourni les drones à
Kiev ? Comment ont-ils été utilisés ?
Les coordonnées de ciblage – dans une certaine mesure – peuvent être préétablies, mais les vidéos publiées par Kiev sur l’approche de l’attaque finale
semblent montrer des corrections de trajectoire de dernière minute. Sous l’eau, les transmissions radio ne parcourent qu’une courte distance. Les dernières corrections de trajectoire
ont-elles été fournies par une équipe proche du port, ou d’en haut, par un opérateur assis dans un avion de l’OTAN quelque part au-dessus de la tête ? D’où ces drones ont-ils été
lancés ? D’un «port ami» sur le Danube ? Une grande partie des armes destinées à l’Ukraine arrivent par le Danube. Ou bien y avait-il un navire-mère dans les environs ?
S’il s’agit effectivement d’une opération essentiellement menée par l’OTAN, que pourrait faire la Russie à ce sujet ?
Ces questions restent «ouvertes» et Moscou n’a fourni aucune réponse (à ce jour). Il ne fait aucun doute qu’ils enquêtent et se demandent si ces
attaques représentent une escalade occidentale délibérée que l’OTAN a l’intention de soutenir avec du matériel et des services de renseignement, ou si ces attaques n’étaient que des
incitations grossières pour que Moscou reprenne l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes ?
(Des rapports suggèrent que JP Morgan a été en pourparlers avec la Banque agricole russe au sujet de la possibilité que la Banque russe utilise JP
Morgan pour effectuer des transactions en dollars américains dans le cadre d’un accord sur les céréales ressuscité).
La question d’une éventuelle «guerre de la mer Noire» pourrait toutefois se confondre et coïncider avec la question plus large des «prochaines étapes»
militaires de la Russie en Ukraine, alors que les forces ukrainiennes montrent de plus en plus clairement l’évidence d’un épuisement chronique.
Certains signaux dans les médias américains indiquent que la politique des États-Unis est en train de changer (mais qu’elle n’est pas encore
définitivement arrêtée). Une chose, cependant, est claire : les États-Unis rejettent la
responsabilité de l’échec de l’offensive sur l’Ukraine – et maintenant, pour la première fois, Kiev répond
aux railleries en ridiculisant l’incapacité de l’Occident à fournir ce qu’il a promis. Il est clair que les relations se dégradent.
Cependant, parallèlement au désaveu et à la prise de distance de l’Occident vis-à-vis des tactiques militaires déployées par l’Ukraine pour attaquer les
«lignes Sourovikine», les puissances de l’OTAN semblent elles aussi renoncer à entamer des négociations (en dépit des pressions exercées par le lobby des médias). Peut-être les
décideurs politiques occidentaux considèrent-ils désormais qu’une issue «négociée» pourrait être humiliante pour Biden.
En clair : Ce désespoir occidental des perspectives militaires ukrainiennes implique-t-il une accalmie prochaine de la guerre ou, au contraire, un
changement stratégique occidental vers un mode différent de guerre d’usure contre la Russie ?
En bref, les attaques de Novorossiisk présagent-elles d’un passage à la «vraie guerre», où les infrastructures de transport de la Russie constituent une
cible prioritaire ? Ou bien les attaques de Novorossiisk n’étaient-elles qu’un simple signal à la Russie : «Relancez l’exportation des céréales ukrainiennes» ?
La question plus large que cette attaque de Novorossiisk «ouvre» est de savoir si la Russie pourrait ou non estimer qu’elle a été trop prudente et
incrémentale dans la poursuite de ses objectifs stratégiques. Les frappes de missiles sur Reni et Izmail peuvent être considérées comme des initiatives très timides de la Russie pour
sonder le terrain et l’appétit de l’OTAN pour une «vraie guerre» – où l’infrastructure de transport de l’ennemi constituerait une cible prioritaire pour les attaques.
Est-ce le moment où la Russie pourrait estimer qu’elle devrait passer à la «vraie guerre» – premièrement, parce que le terrain en Ukraine suggère que le
moment est mûr ? Et deuxièmement, parce qu’à un autre niveau, il est nécessaire d’aborder le dilemme perpétuel de tous les conflits :
Toute approche militaire (telle que le dicton de Sun Tzu : «C’est le guerrier
sans émotion, réservé, calme et détaché qui gagne, pas la tête brûlée») et toute approche qui reconnaît la faiblesse du psychisme de ses adversaires et la nécessité de les
pousser délicatement vers l’acceptation d’une réalité nouvelle et inconnue, est toujours susceptible d’être interprétée à tort comme un signe de faiblesse.
En d’autres termes, une démonstration de force de la part de la Russie est-elle nécessaire pour corriger les perceptions occidentales erronées qui
continuent à fantasmer sur la faiblesse, les troubles et l’effondrement politique à venir de la Russie ? Sun Tzu rétorquerait : «Engagez les gens
avec ce qu’ils attendent. C’est ce qu’ils sont capables de discerner et qui confirme leurs projections. Cela les installe dans des schémas de réponse prévisibles, en occupant leur
esprit – en attendant le moment extraordinaire – de ce qu’ils ne peuvent pas anticiper».
Eh bien, peut-être que certaines réponses peuvent être données : Les faucons de guerre occidentaux (pour employer une vieille métaphore) parlent
peut-être beaucoup, mais l’OTAN n’a pas de pantalon pour la vraie guerre. L’Occident, même aujourd’hui, se débat à l’aube d’une crise économique avec des ruptures d’approvisionnement
: Une guerre des pétroliers serait fatale (le pétrole grimperait en flèche et l’inflation aussi). La sortie de l’illusion est toujours lente, comme le suggère Sun Tzu.
L’adage un peu usé veut que la guerre soit le «prolongement de la politique par d’autres moyens», mais surtout aujourd’hui, les «autres moyens» peuvent
être – et sont souvent – le prolongement de la politique. Aujourd’hui, la Russie joue le rôle d’«éclaireur» vers un nouveau
bloc mondial multipolaire. À ce titre, la Russie doit agir politiquement en gardant les yeux
rivés sur le Sud mondial, ainsi que sur les nuances d’un Occident qui vacille à l’aube d’une métamorphose radicale.
Les commandements militaires peuvent s’en moquer, mais le Sud mondial admire la Russie précisément parce qu’elle n’imite pas les puissances coloniales.
Le monde respecte la puissance, certes, mais il en a assez de la «puissance de feu». La Russie a désormais un rôle de premier plan à jouer, et nombreux sont les groupes d’intérêt qui
doivent être pris en compte. Cela sera souligné dans les jours à venir, au fur et à mesure que les événements se dérouleront au Niger et que le sommet des BRICS se poursuivra, avec de
nouveaux arrangements pour les mécanismes commerciaux en tête de l’ordre du jour.
L’utilisation efficace des «autres moyens de pouvoir asymétrique» dépend avant tout du choix du moment. (Sun Tzu pour la dernière fois) : «Occupez leur
esprit en attendant le bon moment». Il semblerait que le président Poutine connaisse très bien L’art de la guerre.
Le New York
Times rapporte que les efforts ukrainiens pour reprendre les territoires occupés par la Russie se sont enlisés dans les champs de mines russes denses sous le feu constant de
l’artillerie et des hélicoptères de combat, et que les forces ukrainiennes ont changé de tactique en utilisant l’artillerie et les missiles à longue portée au lieu de plonger dans les
champs de mines sous le feu de l’ennemi.
Ensuite, l’article devient vraiment bizarre :
«Les responsables
américains craignent que les ajustements de l’Ukraine n’épuisent les précieuses réserves de munitions, ce qui pourrait profiter au président russe Vladimir V. Poutine et désavantager
l’Ukraine dans une guerre d’usure. Mais les commandants ukrainiens ont décidé que le pivot réduirait les pertes et préserverait leur force de combat en première
ligne».
«Les responsables
américains disent craindre que l’Ukraine ne soit devenue réticente à l’idée de subir des pertes, ce qui explique sa prudence à l’égard de la contre-offensive. Presque
toute poussée importante contre des défenseurs russes retranchés et protégés par des champs de mines se traduirait par un nombre considérable de pertes».
Je suis désolé, les responsables américains «craignent» que l’Ukraine ne devienne «hostile aux pertes» ? Parce que des tactiques plus
sûres sur le champ de bataille, qui consomment beaucoup de munitions, ne dévorent pas les vies comme le fait de foncer dans un champ de mines sous le feu de l’artillerie lourde
?
Que sont censés être les Ukrainiens, être favorables aux pertes ? Si l’Ukraine était plus encline aux pertes, serait-elle plus disposée à jeter de
jeunes corps dans l’engrenage de cette guerre par procuration que l’empire américain aactivement provoquée et
pour laquelle il a tué les accords de
paix ?
Quelque chose me dit que les fonctionnaires américains qui parlent au New York
Times de leur «peur» des pertes ukrainiennes ne savent pas ce qu’est la vraie peur. Quelque chose me dit que si l’on faisait marcher ces fonctionnaires américains dans des
champs de mines russes sous le feu constant de l’artillerie et des hélicoptères de combat, ils
comprendraient ce qu’est la peur.
Les responsables occidentaux ont passé ces dernières semaines à se plaindre auprès des médias que l’incapacité de l’Ukraine à gagner du terrain était
due à une aversion irrationnelle pour la mort. Ils ont décrié la lâcheté ukrainienne devant la presse sous couvert d’anonymat, depuis la sécurité
de leur bureau.
Dans un article publié jeudi et intitulé «U.S. intelligence
says Ukraine will fail to meet offensive’s key goal», le Washington
Post cite des «responsables
américains et occidentaux» anonymes pour rapporter que les pertes massives subies par l’Ukraine lors de cette contre-offensive avaient été «anticipées» lors de jeux de guerre
préalables, mais qu’ils avaient «envisagé que Kiev
accepte les pertes comme le prix à payer pour percer la principale ligne de défense de la Russie».
Le même article cite le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, qui dit aux détracteurs de la contre-offensive d’«aller rejoindre
la légion étrangère» s’ils n’apprécient pas les résultats obtenus jusqu’à présent, ajoutant : «Il est facile de
dire que l’on veut que tout aille plus vite quand on n’est pas là».
Dans un article publié le mois dernier et intitulé «Les armes à
sous-munitions américaines arrivent en Ukraine, mais leur impact sur le champ de bataille reste incertain», le New York
Times a rapporté que des hauts fonctionnaires américains anonymes avaient «exprimé en privé
leur frustration» quant au fait que les commandants ukrainiens «craignant une
augmentation des pertes dans leurs rangs» passaient aux barrages d’artillerie, «plutôt que de
s’en tenir aux tactiques occidentales et d’insister davantage pour percer les défenses russes».
Un ancien ministre ukrainien de la Défense a déclaré au New York
Times en réponse aux critiques américaines : «Pourquoi ne
viennent-ils pas le faire eux-mêmes ?»
Dans un article intitulé «Ukraine’s Lack of
Weaponry and Training Risks Stalemate in Fight With Russia» (Le manque d’armes et d’entraînement de l’Ukraine risque d’entraîner une impasse dans la lutte contre la Russie),
le Wall Street
Journal a rapporté que des responsables militaires occidentaux anonymes «savaient que Kiev
ne disposait pas de tout l’entraînement ou de toutes les armes» nécessaires pour déloger la Russie, mais qu’ils avaient «espéré que le
courage et l’ingéniosité de l’Ukraine l’emporteraient» de toute façon.
«Ce n’est pas le
cas», a ajouté le Wall Street
Journal.
Dans le même article, le Wall Street
Journal cite un professeur de l’US Army War College, John Nagle, qui admet que les États-Unis eux-mêmes ne tenteraient jamais le genre de contre-offensive qu’ils poussent
les Ukrainiens à tenter.
«L’Amérique
n’essaierait jamais de vaincre une défense préparée sans supériorité aérienne, mais ils [les Ukrainiens] n’ont pas de supériorité aérienne», a déclaré M. Nagl, ajoutant
: «Il est impossible
d’exagérer l’importance de la supériorité aérienne pour mener un combat au sol à un coût raisonnable en termes de pertes».
Aujourd’hui, les médias rapportent que des responsables américains – toujours sous le couvert de l’anonymat, bien entendu – commencent à se demander
s’il n’aurait pas mieux valu essayer de négocier la paix au lieu de lancer cette contre-offensive qu’ils savaient vouée à
l’échec dès le départ.
Dans un article intitulé «Milley had a
point», Politico cite
plusieurs responsables américains anonymes qui affirment qu’à mesure que «les réalités de
la contre-offensive s’imposent à Washington», les dirigeants de l’empire commencent à se demander s’ils n’auraient pas dû tenir compte de la suggestion du président sortant de
l’état-major interarmées, Mark Milley, en novembre dernier, selon laquelle il était temps d’envisager des pourparlers de paix.
«Nous avons
peut-être manqué une occasion de faire pression pour que les pourparlers commencent plus tôt», a déclaré un fonctionnaire sous couvert d’anonymat, ajoutant que
«Milley n’avait
pas tort».
Oups. Oups, ils ont fait un petit oopsie poopsie. Mais bon, ce ne sont que des vies ukrainiennes.
Imaginez que vous lisiez tout cela en tant qu’Ukrainien, et plus particulièrement en tant qu’Ukrainien ayant perdu une maison ou un être cher à cause de
cette guerre. J’imagine des larmes blanches coulant sur votre visage. J’imagine de la rage et une frustration écrasante.
Toute cette guerre aurait pu être évitée avec un peu de diplomatie et quelques concessions légères à Moscou. Elle aurait pu être arrêtée dès les
premières semaines du conflit, alors qu’un accord de paix provisoire avait été conclu. Elle aurait pu être arrêtée en novembre, avant cette contre-offensive
catastrophique.
Mais ce n’était pas le cas. Les États-Unis avaient pour objectif d’enfermer Moscou
dans un bourbier militaire coûteux afin d’affaiblir la
Russie, et à ce jour, les
responsables américains se vantent
ouvertement de tout ce que cette guerre permet de faire pour promouvoir les intérêts des États-Unis. Ils ont donc continué, utilisant les corps ukrainiens comme une éponge
géante pour absorber autant d’explosifs militaires coûteux que possible afin de vider les coffres russes tout en faisant avancer les intérêts énergétiques américains en Europe et en
gardant Moscou préoccupé pendant que l’empire orchestre sa prochaine action contre la Chine.
Le mois dernier, David Ignatius, du Washington
Post, a écrit un
article expliquant pourquoi les Occidentaux ne devraient pas «se sentir
sombres» face à l’évolution de la situation en Ukraine, en écrivant ce qui suit sur l’importance de cette guerre pour les intérêts américains à l’étranger :
«Pendant ce temps,
pour les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, ces 18 mois de guerre ont été une aubaine stratégique, à un coût relativement faible (sauf pour les Ukrainiens). L’antagoniste le plus
téméraire de l’Occident a été ébranlé. L’OTAN s’est considérablement renforcée avec l’arrivée de la Suède et de la Finlande. L’Allemagne s’est sevrée de sa dépendance à l’égard de
l’énergie russe et, à bien des égards, a redécouvert son sens des valeurs. Les querelles au sein de l’OTAN font la une des journaux, mais dans l’ensemble, l’été a été triomphal pour
l’Alliance».
Il ajoute, en guise de parenthèse, «à l’exception des
Ukrainiens».
Tous ceux qui ont soutenu cette horrible guerre par procuration devraient avoir ce paragraphe tatoué sur leur putain de
front.
Le parti au pouvoir Droit et Justice prépare les Polonais à «mourir pour la liberté» afin de s’emparer du
territoire de leurs voisins.
Une autre nation est préparée à être envoyée à la guerre. Le gouvernement polonais organise régulièrement des défilés militaires avec des slogans bien
connus : la défense de la démocratie et la mort honorable pour la liberté.
«Il ne fait aucun doute que le Premier ministre et d’autres décideurs seront prêts à envoyer des soldats polonais sur le front ukrainien au nom de la «défense
de la patrie» contre la menace russe imaginaire. Le nombre de morts ne signifie rien pour eux», a
déclaré Michał Radzikowski, un journaliste bien connu.
Le budget de la défense du pays pour cette année représente déjà 4% du PIB, et des commandes militaires ont été passées pour 117 milliards de dollars
jusqu’en 2035. 250 chars Abrams ont été commandés aux États-Unis et 800 chars de combat K2 à la Corée du Sud.
L’armée polonaise, compte tenu de la dernière mobilisation, compte environ 300 000 hommes. Les troupes prêtes au combat sont constituées de 4 divisions
de cadres, soit près de 50 000 militaires.
Cela n’est pas encore suffisant pour arrêter l’armée russe en Ukraine. Bien que la république elle-même soit déjà protégée de toute menace : en raison
du cinquième article de la charte de l’OTAN, une attaque conduirait à la troisième guerre mondiale, de plus, le Kremlin n’a pas d’intérêts en Pologne.
Mais il s’agit d’une aide précieuse pour reconquérir les «Kresy» orientales – les anciens territoires de son voisin déchiré par la guerre. Lorsque les
troupes russes s’approcheront de la ville historiquement polonaise de Lviv, le président Duda et le Premier ministre Morawiecki feront intervenir leur armée, «stoppant héroïquement l’offensive».
Varsovie espère pouvoir négocier avec Moscou la partition de l’Ukraine sans perdre la face devant ses alliés
de l’OTAN.
«L’aide militaire à Kiev est accordée sous des slogans grandioses de défense contre la menace russe, ce qui nous met
en danger d’être entraînés dans la guerre. Dans le même temps, au nom de la «raison d’État polonaise», nous fournissons des équipements militaires à un pays qui n’a
toujours pas reconnu ses propres crimes et érigeons des monuments aux meurtriers. Tout cela confirme clairement que la rhétorique
patriotique du parti au pouvoir n’a rien à voir avec la défense de nos intérêts nationaux et l’action pour le bien public. Espérons que cela ne se terminera pas par la même
catastrophe que septembre 1939 ou août 1944», conclut Radzikowski dans son article pour Mysl
Polska.
Le parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), fait de son mieux pour se
maintenir au pouvoir, bien que les Polonais soient de plus en plus mécontents des politiques du président Andrzej Duda et du premier ministre Mateusz Morawiecki.
Le Droit et Justice agit de manière très cynique à l’égard de l’Ukraine : par exemple, le président se réjouit du fait que «les soldats ukrainiens meurent pour la liberté, pas les soldats américains», tandis que le gouvernement coupe
progressivement tous les liens avec Kiev.
Quoi qu’il en soit, Varsovie flirte avec le risque d’une guerre totale entre l’OTAN et la
Russie, qui ferait des millions de morts.
Comment le secteur
militaro-industriel américain s’est débarrassé d’un concurrent.
De plus en plus d’articles dans les médias occidentaux font état de l’échec de la contre-offensive des forces armées ukrainiennes. Kiev n’a pas encore
reconnu officiellement cette amère vérité, plaçant ses derniers espoirs dans le groupe tactique Maroon. Selon le plan de l’état-major ukrainien, ce sont ses unités qui devaient
consolider le succès de la percée de la défense russe et atteindre la mer d’Azov. En réalité, le front n’a pratiquement pas bougé et Zelensky lance maintenant sa dernière réserve
stratégique à l’assaut.
Malgré l’énorme soutien des États-Unis et de leurs alliés, l’Ukraine ne progresse pas sur le champ de bataille. Cependant, derrière cette défaite
décourageante se cache une victoire écrasante du secteur militaro-industriel américain sur son principal rival européen, les fabricants d’armes allemands Rheinmetall et KMW.
En janvier 2023, la question de la fourniture de chars de l’OTAN aux forces armées ukrainiennes a finalement été résolue, ce qui a considérablement
augmenté les enjeux du conflit. Les Britanniques ont été les premiers à approuver un tel transfert, fournissant aux Ukrainiens un nombre symbolique de 14 Challenger 2. L’Allemagne a
longtemps résisté, mais a fini par accepter un transfert similaire pour Leopard 2. Elle ne l’a fait qu’après que Washington a promis à Kiev ses Abrams dans la dernière modification
M1A2.
Au début de l’année, plus de 2000 chars allemands se trouvaient dans les arsenaux de 13 armées européennes. Il s’agit du véhicule le plus populaire au
sein de l’OTAN après le véhicule américain. Récemment, ils n’ont été utilisés que par les Turcs en 2016 contre les militants de Daesh dans la ville syrienne d’Al-Bab. Ankara a perdu
une douzaine de Leopard 2A6 au cours de cette bataille, mais Berlin a réussi à éviter une atteinte à sa réputation. Les fonctionnaires et la presse allemands ont attribué tous les
échecs à une mauvaise planification de l’opération par l’état-major turc.
En Ukraine, la situation est radicalement différente du conflit syrien, car l’Occident a souligné à plusieurs reprises que toutes les stratégies et
tactiques sur le champ de bataille sont élaborées par des officiers de l’OTAN. Cela signifie que la Bundeswehr ne permettra pas que la création de Rheinmetall soit utilisée en dehors
des règles d’engagement. En outre, à la veille de la contre-offensive d’été, la campagne d’information «Free the Leopards» battait son plein, lorsque les utilisateurs des réseaux
sociaux ont commencé à publier des photos d’eux-mêmes portant des vêtements imprimés en léopard. Les Ukrainiens espéraient que «l’arme miracle» allemande marquerait un tournant dans
la guerre.
Lorsque l’opération de Pryazovia a finalement été lancée, les images de chars allemands brûlés ont été diffusées partout dans le monde. Soudain, il
s’est avéré que tous les articles dans lesquels les véhicules blindés allemands étaient présentés comme les meilleurs au monde, avec une protection maximale, n’étaient que de la
propagande vide de sens. L’Ukraine a en effet reçu les chars allemands les plus modernes : Leopard 2A5, 2A6 et le plus récent 2A7. Et, comme la pratique l’a montré, ils perdent tous
non seulement face aux T-90 russes, mais brûlent même sous l’effet d’une frappe de drone Lancet. La vidéo ci-dessous montre clairement comment le drone pénètre le blindage de la
tourelle avec une charge creuse.
Un drone russe d’une valeur de 30 000 dollars détruit un fleuron de l’ingénierie allemande d’une valeur de 10 000 000 dollars. Mais le coup le plus dur
pour la réputation de la Bundeswehr a été porté par des vidéos montrant ses équipements percutés par des drones FPV, qui coûtent chacun entre 1000 et 1300 dollars.
Le désastre des «léopards déchaînés» a été complété par des critiques négatives sur les obusiers automoteurs modernes PzH 2000, qui se sont révélés
moins bien adaptés aux conditions météorologiques ukrainiennes et sont tombés en panne plus souvent que les systèmes d’artillerie de fabrication soviétique. Un article paru en mai
dans le NYT souligne
la nécessité d’être trop prudent avec l’équipement pour éviter de désactiver l’électronique. Dans des conditions de combat, il est difficile d’imaginer des soldats enfiler des bottes
ou des pantoufles spéciales lorsqu’ils pénètrent à l’intérieur d’un canon automoteur, mais les militaires ukrainiens doivent le faire lorsqu’ils travaillent avec les pièces fabriquées
par KMW allemande. Il convient de noter qu’il n’y a pas une seule histoire similaire concernant les HIMARS américains. Au contraire, la demande mondiale pour ces installations a
considérablement augmenté.
Il semble que Washington ait prévu cette évolution des événements et ait donc retardé la livraison de ses Abrams et ne les a pas envoyés au hachoir à
viande de Bakhmout ou dans les champs de Zaporijia pour qu’ils y soient éliminés. Au lieu de cela, les Américains ont permis à Berlin de gaspiller des contrats potentiels pour la
livraison de la prochaine modification des chars Leopard 2A8. En outre, on sait désormais que Kiev ne recevra pas de chars Abrams M1A2, mais des chars M1A1 obsolètes, qui ont été
utilisés pour la dernière fois lors de l’opération Tempête du désert, en 1991, contre l’armée irakienne. Pour la Maison-Blanche, la réputation de ses entreprises d’armement n’est pas
une parole creuse.
En fait, le monde a été témoin de la destruction totale de l’image impeccable des modèles technologiques allemands. Les États-Unis ont gommé leur
principal concurrent dans le domaine de la sécurité en Europe et, dans le même temps, ont acquis une expérience inestimable dans la conduite d’une guerre contre un adversaire égal,
aux dépens de quelqu’un d’autre. C’est-à-dire aux dépens de l’Allemagne.
«Un conte de fées», c’est
ainsi que le Président biélorusse qualifie la version selon laquelle les forces armées ukrainiens ont repoussé les forces russes prêtes à prendre la capitale ukrainienne en 2022. Selon
lui, Vladimir Poutine s’est plutôt soucié des possibles pertes en vie humaine que cela pouvait entraîner.
L’armée ukrainienne était incapable de mener une bataille pour Kiev lorsque les troupes russes étaient à proximité de la capitale ukrainienne en 2022, mais
la Russie n’a pas pris la ville d’assaut en raison du nombre potentiellement élevé de victimes, a déclaré ce 17 août le Président biélorusse Alexandre Loukachenko lors d’une interview
avec une journaliste ukrainienne publié sur YouTube.
«Nous avons eu une conversation avec Poutine à ce sujet. Je lui ai dit que pour mettre fin à la guerre, il faut prendre la capitale. Il m’a répondu: ‘Tu
sais, cela peut se faire immédiatement, instantanément, mais un grand nombre de personnes mourront’», a-t-il répondu.
Des civils comme bouclier
Selon le dirigeant biélorusse, le Président Poutine a déclaré avoir des informations sur la présence de lance-roquettes multiples, de systèmes sol-air et de
chars ukrainiens au milieu des quartiers résidentiels de Kiev, à proximité d’écoles maternelles et d’hôpitaux.
«Le Président
Poutine m’a demandé: ‘comment peut-on bombarder la capitale, si les soldats ukrainiens se cachent derrière des écoles ou des hôpitaux? […] On ne peut pas frapper sans discernement’.
Il s’inquiétait pour les
écoles et les hôpitaux qui pourraient être détruits», a-t-il expliqué.
«C’est pour cette
raison que Vladimir Poutine a opté pour une opération ponctuelle dans les banlieues de Kiev» au lieu de lancer une offensive d’envergure, précise M.Loukachenko commentant les
déclarations des autorités et des médias ukrainiens qui affirment avoir repoussé l’armée russe de leur capitale.
Aucune réelle résistance à Kiev
M.Loukachenko a précisé que les
forces russes sont parties de leur plein gré, et non pas repoussées par les troupes ukrainiennes et ceux qui disent le contraire racontent «un conte de fées,
rien de plus».
«Les troupes
russes qui se trouvaient à la périphérie de Kiev sont parties, et aucun Zelensky [Président ukrainien] ne les a repoussées. Il n’avait en fait pas de troupes capables de protéger
Kiev. Et les soldats ukrainiens qui étaient là, pour la moitié d’entre eux, n’étaient certainement pas les siens, ils ne voulaient pas mourir», a-t-il précisé.
La Russie mène une opération militaire spéciale depuis février 2022 en vue de dénazifier l’Ukraine et libérer les habitants du Donbass qui souffraient des bombardements
ukrainiens depuis 2014.
Je vais essayer de simplifier les choses. C’est une question complexe, mais nous devrions y réfléchir si le monde veut éviter un holocauste nucléaire. Elle
se résume à trois possibilités :
la reddition inconditionnelle
un règlement négocié
conflit prolongé et épuisement, c’est-à-dire impasse.
Du point de vue de la Russie, l’opération militaire en Ukraine n’est pas une guerre. La guerre consiste à détruire l’ennemi – physiquement, matériellement
et politiquement. Malgré les affirmations de la propagande occidentale, la Russie s’est abstenue d’infliger des pertes civiles importantes. La Russie n’a pas essayé de détruire les
plateformes ISR occidentales, les infrastructures gouvernementales ukrainiennes ou les responsables politiques ukrainiens. En bref, la Russie n’a joué que quelques-unes des cartes
militaires qu’elle détient. Entrer en guerre signifie s’engager à fond.
L’Ukraine et ses alliés de l’OTAN ont un point de vue diamétralement opposé : Il s’agit d’une guerre d’agression russe. Contrairement à la Russie, l’Ukraine
a non seulement mobilisé sa population d’hommes en âge de servir dans l’armée, mais elle a aussi fait endosser l’uniforme à des jeunes de moins de 18 ans et à des hommes âgés de 45 à 65
ans et a envoyé la chair à canon en avant. La capacité de l’Ukraine à maintenir une position de guerre à l’avenir dépend entièrement de l’argent et des armes fournis par les États-Unis et
les autres États membres de l’OTAN. Sans soutien étranger, l’Ukraine ne peut pas continuer à mener une guerre industrielle moderne.
Passons donc en revue quelques faits cruciaux :
1. L’Ukraine subit des pertes militaires dévastatrices et ne dispose pas d’une force de réserve entraînée qu’elle pourrait envoyer sur le champ de
bataille.
2. L’Ukraine ne dispose pas d’une capacité aérienne de combat viable
3. L’Ukraine ne dispose pas d’un stock de chars, de véhicules, d’artillerie et d’obus d’artillerie.
4. L’Ukraine ne dispose pas d’installations/bases d’entraînement sûres sur son propre territoire et doit compter sur d’autres pays de l’OTAN pour assurer
l’entraînement. (Cela signifie que la formation est limitée et non standardisée).
5. La contre-offensive de l’Ukraine, qui était censée ouvrir une brèche dans les lignes de défense russes de Sourovikine, a échoué et l’Ukraine n’a pas la
puissance de combat nécessaire pour intensifier les attaques.
6. La Russie, en revanche, dispose d’un grand nombre de réserves de troupes entraînées, de munitions d’artillerie, d’artillerie (mobile et fixe), de
missiles de croisière, de drones, de plus d’un millier d’avions de combat à voilure fixe, d’hélicoptères d’attaque et de systèmes de défense aérienne massifs.
7. La Russie est autosuffisante en ressources naturelles critiques nécessaires à l’approvisionnement de ses industries de défense.
8. La Russie ne dépend plus de l’Occident pour ses échanges commerciaux et son économie se développe malgré les sanctions économiques occidentales.
De nombreux analystes occidentaux insistent sur le fait que la situation en Ukraine est une impasse et postulent que la guerre avec la Russie durera encore
des années. Ce n’est pas le cas. Compte tenu des faits décrits ci-dessus, les avantages sont entièrement du côté russe. À ce stade, l’Ukraine n’a pas le moindre avantage sur la Russie. À
mon avis, il est peu probable que la guerre entre la Russie et l’Ukraine aboutisse à une impasse.
Qu’en est-il d’un règlement négocié ? C’est possible, mais tout accord se fera aux conditions de la Russie. La Russie insistera sur la
reconnaissance internationale de la Crimée, de Kherson, de Zaporijia, de Donetsk et de Lougansk en tant que parties permanentes de la Russie. Ce point n’est pas négociable. Les dirigeants
politiques ukrainiens continuent d’insister sur le fait qu’il s’agit d’un point de non-retour. En d’autres termes, aucun accord n’est en vue.
Ce qui nous laisse la troisième possibilité : La capitulation inconditionnelle. L’armée ukrainienne se dirige vers un point de rupture en
raison des pertes croissantes. L’Ukraine ne dispose pas d’un cadre de réservistes entraînés attendant dans les coulisses, prêts à se précipiter au front pour poursuivre l’effort visant à
percer les lignes de défense de la Russie. L’Ukraine est confrontée à une situation semblable à celle qu’a connue le général confédéré Robert E. Lee à Appomattox. L’armée assiégée de Lee
voulait encore poursuivre la lutte contre le Nord mais, malgré son esprit, elle manquait de logistique et d’effectifs pour continuer. Lee a reconnu la futilité de la situation et a
accepté les conditions généreuses proposées par le général Ulysses Grant. Je pense que le moment approche où le général ukrainien Zaloujny sera confronté à un moment de vérité
similaire.
Je pense que le scénario le plus probable est celui d’un désaccord majeur entre Zelensky et ses commandants militaires sur la question de savoir s’il faut
poursuivre la guerre. Le désir des Ukrainiens de se battre ne peut se substituer à la fourniture des armes nécessaires et, plus important encore, à l’entraînement des troupes à
l’utilisation de ces armes. À l’heure actuelle, l’Ukraine ne dispose d’aucune voie viable pour soutenir des opérations militaires sans le soutien garanti de l’OTAN.
Le joker dans ces calculs est l’OTAN. Dans le pire des cas, les États-Unis ou d’autres membres de l’OTAN décident d’intervenir en envoyant leurs propres
troupes en Ukraine. Cela marquera la fin de l’«opération militaire spéciale» et le début d’une véritable guerre entre l’OTAN et la Russie.
Si vous êtes intéressé par certains des «travaux universitaires» sur la fin des guerres, je vous propose ci-dessous des liens vers des travaux
universitaires sur ce sujet. Je ne suis pas d’accord avec certaines des conclusions, mais j’ai pensé qu’elles seraient utiles à ceux qui souhaitent approfondir le sujet.
«On pense généralement
que les guerres se terminent après une bataille militaire décisive qui aboutit à une victoire définitive – un camp se rend et l’autre sort victorieux. En fait, l’histoire récente suggère
que les choses sont généralement beaucoup plus compliquées : Les négociations entre les parties en conflit jouent souvent un rôle essentiel dans la fin d’un conflit armé. Il suffit de
penser à la Corée, au Vietnam, à la Bosnie, à l’Afghanistan et à l’Irak. Ce groupe de lecture explorera le rôle de la négociation dans la fin des guerres».
«Dan Reiter explique
comment les informations sur les résultats des combats et d’autres facteurs peuvent persuader un pays en guerre d’exiger plus ou moins lors des négociations de paix, et pourquoi un pays
peut refuser de négocier des conditions limitées et au contraire rechercher avec ténacité la victoire absolue s’il craint que son ennemi ne revienne sur un accord de paix. Il expose la
théorie dans son intégralité et la teste ensuite sur plus de vingt cas de comportement de fin de guerre, notamment des décisions prises pendant la guerre de Sécession, les deux guerres
mondiales et la guerre de Corée. Reiter aide à résoudre certaines des énigmes les plus persistantes de l’histoire militaire, comme la raison pour laquelle Abraham Lincoln a publié la
Proclamation d’émancipation, la raison pour laquelle l’Allemagne en 1918 a renouvelé son attaque à l’Ouest après avoir obtenu la paix avec la Russie à l’Est, et la raison pour laquelle la
Grande-Bretagne a refusé de rechercher des conditions de paix avec l’Allemagne après la chute de la France en 1940».
«Le temps de la
diplomatie de crise est venu. Plus une guerre dure sans concessions de la part des deux parties, plus elle risque de dégénérer en un conflit prolongé. Malgré le courage du peuple
ukrainien face à l’agression russe, cette perspective est dangereuse. La crise des réfugiés s’aggravera. Davantage de civils mourront. La Russie deviendra encore plus paranoïaque et
irrationnelle. Outre la punition, les responsables russes ont besoin d’une voie de sortie diplomatique viable qui réponde aux préoccupations de toutes les parties».
Source :
Causeur - par Jean-Noël Poirier - Le 10/08/2023.
Est-il raisonnable de laisser l’Ukraine se vider de son sang
Les signes indiquant que l’offensive ukrainienne est en train d’échouer se multiplient. Dans ces circonstances, est-il raisonnable pour les puissances
occidentales de continuer leur politique de soutien inconditionnel à l’Ukraine? Il faudrait admettre qu’on a eu tort et que l’OTAN n’est pas aussi forte qu’elle le prétendait.
L’offensive ukrainienne se casse les dents sur les lignes de défense russe. Les pertes humaines sont lourdes, le gain de territoire faible. On envisage désormais une guerre longue. Est-il
raisonnable de laisser l’Ukraine se vider de son sang durant encore de nombreux mois ?
L’enthousiasme qui prévalait au début de l’offensive en juin n’a pas duré. Les experts de retour d’Ukraine reconnaissent la solidité de l’armée russe. On se prépare à une guerre longue. Le coût
humain terrifiant de cette guerre est généralement passé sous silence. Où en sommes-nous après deux mois d’offensive ukrainienne ? Plusieurs points font consensus.
1/ L’armée russe a gagné en efficacité et tient solidement ses positions. De retour du front, Eric Schmidt, ancien PDG de Google et très impliqué dans le développement d’une industrie de drones
militaires ukrainiens, reconnaissait sur CNN le 17 juillet que les Russes maîtrisaient les airs et étaient devenus maîtres dans le brouillage électronique de l’adversaire. « Actuellement, ils interceptent ou clouent au sol les drones et avions que les Ukrainiens font décoller » ajoutait-il.
2/ Les pertes humaines sont lourdes côté ukrainien. Entre vingt et trente mille morts laminées dans le « hachoir à viande » russe en deux mois, selon les sources. « Il est correct de dire que nous avons deux fois plus de pertes de notre côté ».[1] déclarait au journal le Monde un commandant de la 21ème brigade début août. La question du renouvellement des
troupes est délicate pour l’Ukraine, pays de 36 millions d’habitants, dont dix millions sont partis à l’étranger. L’armée de Kiev disposerait de plus de 50 mille hommes en réserve. La Russie,
pays quatre fois plus peuplé, disposerait, elle, de près de 300.000 hommes prêts à monter au front. Et le recrutement se poursuit de manière soutenue dans l’ensemble de la Russie, avec l’objectif
d’une armée d’un million d’hommes.
3/ Pénurie de matériel. Le New York Times, journal guère plus poutinophile que le Monde, a annoncé que
l’Ukraine avait perdu 20% des équipements lourds engagés au cours des deux premières semaines de son offensive. L’Occident ne dispose pas des stocks d’armes suffisants pour rivaliser avec la
puissance de feu russe sur le long terme. A défaut de pouvoir envoyer les obus conventionnels attendus, les Etats-Unis n’ont eu d’autre ressource que de livrer les controversées bombes à
fragmentation, très meurtrières pour les civils et interdites par la plupart des pays occidentaux.
La situation n’est objectivement guère brillante pour l’Ukraine et l’OTAN. Le temps ne joue pas en leur faveur. Dans ces conditions, ne serait-il pas temps de reconsidérer la politique suivie et
de rechercher une issue au conflit ? Ces questions, on se les pose inévitablement à Washington et dans les capitales européennes. A Paris notamment, où il existe suffisamment de bons connaisseurs
de la région pour analyser froidement la situation et envisager une autre direction. Mais sommes-nous prêts à franchir le pas et à mettre ouvertement le sujet sur la table ? C’est loin
d’être évident.
Le pas à franchir est certes difficile. Il reviendrait à admettre que l’on a eu tort et que l’on s’est trompé sur de nombreux points. Pas facile pour les Etats-Unis et les Européens qui n’ont
cessé d’exprimer des vues très tranchées et ont proclamé des objectifs ambitieux excluant tout compromis.
Diplomatiquement, il faudra accepter que la Russie ait des exigences de sécurité régionale légitimes et renoncer à la ligne très anti-russe
incarnée en Europe par la Pologne et le Royaume-Uni, au profit de la position plus médiane évoquée par le président Hongrois, Victor Orban, ou, occasionnellement, par le Président Macron, au
moins jusqu’au dernier sommet de l’OTAN.
Stratégiquement, il faudra admettre que la progression continue vers l’est de l’OTAN n’était pas une bonne idée et que la raison veut que
l’Ukraine soit un Etat tampon, protégé par un statut de neutralité. Il n’est pas plus raisonnable de parler d’une entrée de Kiev dans l’OTAN en 2023 qu’il était raisonnable de laisser Cuba
recevoir des missiles soviétiques pointés vers les Etats-Unis en 1962.
Militairement, l’image de l’OTAN en prendra un coup. Loin d’être une puissance militaire aussi impressionnante qu’elle le prétendait, il est
évident que l’OTAN ne dispose pas actuellement des moyens matériels ni de la volonté collective de mener une guerre de terrain, longue et meurtrière, contre une armée aguerrie, bien équipée et
combattant sur son terrain (ou ce qu’elle considère être son terrain dans le cas présent).
Le sort des provinces de l’est sous contrôle russe ne se règlera donc pas par les armes mais à la table de négociation. Qui aura le courage d’aborder le sujet en premier ? Une fois de plus, il
est probable que ce soit les Etats-Unis qui sifflent la fin de la partie. Changer de pied sans prévenir est dans leurs habitudes, notamment à l’approche d’une élection présidentielle. De manière
intéressante, une petite musique critique à l’égard des militaires ukrainiens commence à se faire entendre côté américain sur le thème : « Nous leur avons donné tout l’équipement dont ils
avaient besoin. S’ils ne font pas ce qu’il faut avec pour emporter la victoire, ce n’est pas notre faute ». Pénible à entendre pour les courageux soldats ukrainiens, ce propos a
l’avantage de disculper l’Amérique et de faire porter le chapeau aux Ukrainiens eux-mêmes.
En Europe, la France pourrait tenir ce rôle de la nation qui s’emploie à substituer la diplomatie à la guerre. Nous avons les diplomates pour cela. Mais sommes-nous prêts à nous émanciper de nos
partenaires européen et otanien ? Nous sentons-nous assez forts pour ouvrir la voie ou allons-nous attendre sagement que nos alliés américains le fassent, suivis dans la foulée par la
Commission, avant, enfin, de faire entendre notre petite musique ? Une surprise n’est jamais à exclure, mais l’expérience de ces dernières années ne laisse guère de doute.
Jean-Noël Poirier fut ambassadeur de France au Vietnam de 2012 à 2016. Il vit à Hanoï et travaille en Asie du Sud-Est où il a déjà vécu quatorze ans. Il
traite pour Causeur de l'actualité vue de sa fenêtre en Asie.
«Chair à canon», «guerre par procuration»
Un ancien officier français analyse le conflit ukrainien
L’Ukraine a été jetée dans un conflit
par procuration qui la dépasse et qui sert avant tout les intérêts d’une élite américaine, a affirmé à Sputnik Afrique Pierre Plas, ancien officier de renseignement de l’armée française.
Une oligarchie qui craint par ailleurs le processus de dédollarisation à l’œuvre.
Bien plus qu’un conflit régional. Le conflit ukrainien cache en réalité une opposition plus profonde entre une oligarchie mondialisée et des peuples voulant
défendre leur souveraineté, a déclaré à Sputnik
Afrique Pierre Plas, ancien officier de renseignement de l’armée française.
Le conflit en Ukraine n’est qu’un prétexte pour protéger les intérêts américains, dont les élites s’inscrivent dans des logiques mondialistes, proches d’un
«totalitarisme global,
financier et apatride», souligne l’analyste militaire.
«Le conflit qui se
déroule actuellement, n’est pas une guerre de la Russie contre l’Ukraine comme on veut nous le faire croire. C’est une guerre où l’Ukraine sert de champ de bataille, où les Ukrainiens
servent de chair à canon. C’est une guerre par procuration qui sert seulement les intérêts de l’oligarchie américaine, de l’oligarchie mondialiste», affirme-t-il ainsi.
De son côté, l’Europe qui soutient la politique américaine, est complètement privée d’autonomie par les mondialistes «qui ne veulent plus
entendre parler de pays souverains» :
«Les dirigeants de
l’Europe ne sont pas au service de leurs peuples, ils sont au service de l’oligarchie mondialiste qui se moquent complètement de la France, de l’Allemagne», déclare ainsi Pierre
Plas.
Dimension économique
Citant le célèbre théoricien militaire Carl von Clausewitz, Pierre Plas rappelle encore que l’argent est le nerf de la guerre. «C’est celui qui paie
qui décide des buts de guerre», souligne-t-il, en référence à l’implication financière américaine dans le conflit.
Il est d’ailleurs significatif que ce conflit survienne à une heure où l’économie américaine est mise sous pression. Les processus de dédollarisation en
cours effraient particulièrement les élites américaines, qui voient les privilèges liés au billet vert leur filer entre les doigts.
«L’hégémonie
anglo-américaine repose sur leur monnaie. Il faut comprendre que ces gens sont les héritiers des pirates vikings […] Le système qu’ils ont toujours utilisé, c’est un système de piratage,
de pillage de l’économie réelle par une interface virtuelle qui aujourd’hui est la bourse. Ils ont mis en place une rente coloniale qui repose sur l’hégémonie du dollar», explique
ainsi Pierre Plas.
La Russie, qui fonctionne de manière autonome, comme «un continent»,
ne peut qu’être une menace pour les élites des États-Unis dans leur entreprise de destruction des souverainetés, souligne encore l’ancien des renseignements français.
Livraisons d’armes et
dérives
Concernant les livraisons d’armes à l’Ukraine, Pierre Plas souligne encore le trouble jeu des Occidentaux, qui ne fournissent que des armes obsolètes à
Kiev. Il s’inquiète de voir ce matériel ressurgir sur le marché noir, ce qui risque d’alimenter davantage de conflits dans le monde, y compris en Europe.
«Les pays occidentaux
ont refilé à l’Ukraine tous leurs vieux stocks d’armements dont ils n’ont pas besoin. Je pense qu’ils ont conservé leurs meilleures armes, en particulier les Américains. Ce sont des armes
obsolètes, dépassées. Ils continuent à donner ce matériel qui manifestement n’arrive pas entre les mains des Ukrainiens. Il est revendu sur le marché noir, on le sait : on voit déjà des
armes qui reviennent», explique ainsi l’ancien officier.
La situation pourrait d’ailleurs empirer en cas d’extension du conflit, avec l’emploi d’armes non conventionnelles. Un scénario auquel le monde doit
malheureusement se préparer, souligne Pierre Plas.
Washington cherche à sauver les apparences. La contre-offensive ukrainienne est un échec. L’armement occidental ne tient pas ses promesses face à une armée russe qui apprend de ses erreurs et
semble prendre l’ascendant. Le monde bascule vers de nouveaux équilibres et les Etats-Unis sont impuissants à freiner l’émergence des BRICS comme un pôle d’attraction dans la réorganisation du
monde. Il serait temps de commencer une “retraite de Russie” en bon ordre. Mais comment déclencher des écrans de fumée à l’abri desquels l’effectuer. Le plus évident problème est le déni de
réalité européen, particulièrement évident à Berlin mais partagé de Londres à Varsovie et de Paris à Kiev.
PRINCIPAUX FACTEURS DE NOTATION
Abaissement de la note : l’abaissement de la note des États-Unis reflète la détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années, une charge de la dette publique élevée et
croissante, et l’érosion de la gouvernance par rapport aux pairs notés “AA” et “AAA” au cours des deux dernières décennies, qui s’est manifestée par des impasses répétées sur la limite de la
dette et des résolutions de dernière minute.
Érosion de la gouvernance : Fitch estime qu’il y a eu une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années, y compris en matière de fiscalité et de dette, malgré
l’accord bipartisan de juin pour suspendre la limite de la dette jusqu’en janvier 2025. Les impasses politiques répétées sur la limite de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé
la confiance dans la gestion budgétaire. En outre, le gouvernement ne dispose pas d’un cadre budgétaire à moyen terme, contrairement à la plupart de ses pairs, et son processus budgétaire est
complexe. Ces facteurs, ainsi que plusieurs chocs économiques, des réductions d’impôts et de nouvelles initiatives de dépenses, ont contribué aux augmentations successives de la dette au cours de
la dernière décennie. En outre, il n’y a eu que des progrès limités dans la résolution des problèmes à moyen terme liés à l’augmentation des coûts de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie
en raison du vieillissement de la population.“
La Guerre d’Ukraine fait bien entendu partie du tableau. Nous l’indiquions la semaine dernière: à la fin 2023,
les USA auront apporté à l’Ukraine un financement supérieur aux montants du plan Marshall (en dollars constants).
Mais on n’est pas au bout des surprises du mois d’août. La Banque Mondiale considère qu’elle sous-estimait, jusqu’à maintenant de 38% le PIB russe calculé en parité
de pouvoir d’achat!
…tandis que la Russie se retrouve à la 5è place mondiale des statistiques de la Banque Mondiale
“L’estimation officielle du PIB de
la Russie était de 3 993 milliards de dollars à la fin de 2022 en termes de parité de pouvoir d’achat.
World Economics a développé une base de données présentant le PIB en termes de parité de pouvoir d’achat avec des estimations supplémentaires pour la taille de l’économie informelle et des
ajustements pour les données obsolètes de l’année de base du PIB. World Economics estime le PIB de la Russie à 5,51 billions de dollars, soit 38 % de plus que les estimations
officielles.
Les données pour 2023 sont basées sur les estimations du taux de croissance du FMI appliquées aux données du PIB de World Economics.”
Permis de rire en se rappelant les augures gouvernementaux et médiatiques qui nous expliquaient, en mars 2022 que l’Ukraine soutenue par l’Occident ne ferait qu’une
bouchée d’un pays qui atteignait péniblement le PIB de l’Espagne!
L’OTAN essaie de dissimuler le début de sa “retraite de Russie”
Cela fait un moment que je ne l’ai pas cité, même si je suis de près son blog, l’un des mieux informés sur les affaires russes: John Helmer se demandait il y a
quelques jours comment les Etats-Unis vont habiller leur inévitable retraite de Russie:
“Dans
les manuels de l’armée américaine relatifs à l’utilisation des fumigènes dans la conduite de la guerre, il existe quatre types de fumigènes pour le champ de bataille (image principale) : les
fumigènes d’obscurcissement, qui visent à aveugler l’ennemi afin qu’il ne puisse pas voir ce que vous lui réservez ; les fumigènes d’écran, qui sont placés entre vous et votre ennemi, afin qu’il
ne puisse pas voir ce que vous faites dans vos positions ; les fumigènes de protection, qui visent à perturber les systèmes de ciblage laser et autres de l’autre camp ; la fumée de protection,
qui vise à perturber les lasers et autres systèmes de ciblage de l’artillerie et des roquettes de l’autre camp ; et la fumée de marquage, qui a pour but de préciser les cibles des attaquants
aériens ou de l’artillerie arrière, ou d’identifier les positions de sécurité sur un champ de bataille à mouvement rapide.
La Maison Blanche en tête, dans la guerre que les alliés de l’OTAN mènent contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien, un tout nouveau type de fumée a été utilisé – il s’agit de la fumée à effet
de souffle qui aveugle ses utilisateurs. Sur le champ de bataille ukrainien, cet écran de fumée ne cache rien aux Russes. Il sert plutôt à tromper les médias, les électeurs et les parlements des
pays de l’OTAN, qui doivent accepter de souscrire l’argent nécessaire pour payer les Ukrainiens et leur fournir des munitions, des armes, des renseignements et des services de soutien de l’OTAN,
y compris des crédits et de l’argent liquide. Vladimir Zelensky, (…) est le maître de l’enfumage sur le champ de bataille actuel.
[Récemment] il a déclaré au vice-premier ministre ukrainien du Canada, Chrystia Freeland : “nous approchons d’un moment où les actions pertinentes pourront s’accélérer parce que nous passons déjà
par certains emplacements de mines et que nous déminons ces zones”. Les ambiguïtés calculées – “moment”, “approcher”, “pertinent”, “peut”, “rythme”, “certains” – sont de la poudre aux yeux. La
riposte a été déclenché par Freeland qui a dit à Zelensky que la façon dont sa contre-offensive se déroulait contre les Russes était “la question qui préoccupe tout le monde ici [et] la
préoccupation de tous vos amis dans le monde”. (…)
[Le
colonel de l’armée suisse Jacques Baud montrait le jeudi 20 juillet] que
les états-majors français et d’autres alliés tentent de trouver leur chemin hors du champ de bataille, alors que les forces de Zelensky sont détruites, en même temps que le meilleur des armes
américaines, françaises, britanniques et d’autres pays de l’OTAN. L’émission a été préenregistrée jeudi
[Le 21 juillet] lors d’une session virtuelle du Conseil de sécurité russe, le président Vladimir Poutine s’est ouvert de manière inhabituelle sur ce que sait le renseignement russe. “Il est clair
aujourd’hui”, a déclaré M. Poutine, en faisant référence aux Américains, aux Français, aux Allemands et aux Britanniques, “que les curateurs occidentaux du régime de Kiev sont certainement déçus
par les résultats de la contre-offensive que les autorités ukrainiennes actuelles ont annoncée au cours des mois précédents. Il n’y a pas de résultats, du moins pour l’instant”.
“Le monde entier voit que l’équipement militaire occidental, prétendument invulnérable, est en feu et qu’il est même souvent inférieur à certaines armes de fabrication soviétique en termes de
caractéristiques tactiques et techniques.”
Au sujet de la Pologne et de la Galicie, Poutine fait la déclaration la plus importante d’un dirigeant russe depuis plus de cent ans. Il met en garde le gouvernement polonais, ainsi que les
Lituaniens, contre tout mouvement de troupes vers Lvov, la capitale de la Galicie, comme l’avaient fait les Allemands en 1941. Il prévient également Berlin de ne pas s’imaginer pouvoir récupérer
l’emprise de l’ancienne Prusse ou celle plus récente du Troisième Reich sur ces territoires. [c’est moi qui souligne. EH]
Entre les lignes, Poutine a également invité deux des factions au pouvoir à Kiev – le commandement militaire et les Banderites de Lvov – à se débarrasser rapidement de Zelensky, avant de perdre
ce qui restera de leur territoire lorsque l’armée russe passera à l’offensive. S’ils veulent conserver la Galicie, “cela, je le répète”, a déclaré Poutine, “c’est en fin de compte leur affaire.
S’ils veulent abandonner ou vendre quelque chose pour payer leurs patrons, comme le font généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas dans ce
domaine. (…)
La conférence de presse conjointe au Pentagone, le 18 juillet, a été (…) prudente en ce qui concerne le double langage. Dans leurs remarques, Austin et Milley ont battu en retraite les
États-Unis.
Invité à répondre à Ben Wallace, ministre britannique de la défense et premier fonctionnaire de l’OTAN en activité à révéler publiquement les doutes des alliés à l’égard de Zelensky et de son
régime, (…)Austin a trébuché dans sa réponse : “Vous savez, nous venons juste de rentrer du sommet de Vilnius, et ce que j’ai vu à Vilnius, c’est l’unité et la cohésion, dans toutes les réunions
auxquelles j’ai participé. C’est la même chose que j’ai constatée aujourd’hui en discutant avec les ministres de la défense et les chefs d’état-major. L’unité est toujours là. Il ne fait aucun
doute que nous avons beaucoup apporté à l’Ukraine, nous, la coalition internationale. L’Ukraine se bat, et nous devons nous rappeler que lorsque vous vous battez, vous voulez tout ce que vous
pouvez obtenir. Il faut donc s’y attendre. Ben Wallace et moi-même avons travaillé avec les partenaires de la coalition au cours de l’année écoulée sur cette question particulière, et Ben a fait
beaucoup pour permettre et aider l’armée ukrainienne. Il a donc été un excellent partenaire. Mais, encore une fois, je continue à voir l’unité et la cohésion. Je continue d’entendre les ministres
dire que nous soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra”.
Austin camouflait le contraire de ce qu’il essayait de dire. Le général Milley a ensuite laissé échapper la perte de confiance de l’OTAN dans les performances sur le champ de bataille des armes
des États-Unis et de l’OTAN et de l’armée ukrainienne. “Missy, je propose deux choses. D’une part, vous savez, quel est le problème militaire à résoudre ici avec la puissance aérienne ? C’est le
contrôle de l’espace aérien, et il y a deux façons de le faire. On peut le faire d’un point de vue aérien ou du sol vers l’air. Pour les Ukrainiens, la manière la plus efficace et la plus
rentable d’y parvenir est d’utiliser des systèmes de défense aérienne au sol, et c’est ce qui leur a été fourni depuis le début de la guerre jusqu’à aujourd’hui. Et c’est important, parce que ce
que vous voulez faire, c’est protéger ces forces d’assaut du soutien aérien rapproché russe et/ou du soutien des hélicoptères d’attaque, et ils ont des systèmes de défense aérienne, les Ru- –
Ukrainiens, qui peuvent le faire”.
Milley a presque admis la vérité. Ce sont les “Ru[sses]”, et non les “Ukrainiens”, qui ont démontré leur supériorité en contrant et en détruisant toutes les armes de défense aérienne de l’OTAN
sur le champ de bataille et autour des villes – la plus importante étant le Patriot fabriqué aux États-Unis.
“Les pertes subies par les Ukrainiens lors de cette offensive ne sont pas tant dues à la puissance aérienne russe qu’aux champs de mines, des champs de mines qui sont couverts par des tirs
directs d’équipes de chasseurs-tueurs antichars, ce genre de choses. Il s’agit donc de champs de mines. Le problème à résoudre est donc celui des champs de mines, et non celui de l’aviation. Et
c’est ce que la coalition essaie de leur fournir : des moyens supplémentaires de déminage, des MICLIC, des charges de ligne, des Bangalores – ce genre de choses, afin de continuer à se frayer un
chemin à travers les champs de mines”. Milley présentait ainsi la décision américaine de ne pas fournir de chasseurs-bombardiers F-16 à l’Ukraine.
“Je
suis donc convaincu qu’ils peuvent y parvenir, surtout s’ils appliquent les tactiques, les techniques et les procédures qui leur ont été enseignées, ce qu’ils font, et s’ils exécutent ces
opérations de nuit, ce qui priverait les Russes de la possibilité d’utiliser leur puissance aérienne de toute façon. Le vrai problème, ce sont donc les champs de mines. Il ne s’agit pas pour
l’instant de la puissance aérienne. Cela dit, faisons un petit exercice de calcul. Dix F-16 coûtent 2 milliards de dollars, ce qui signifie que les Russes possèdent des centaines d’appareils de
quatrième et de cinquième génération. S’ils essaient d’égaler les Russes à un contre un, ou même à deux contre un, cela représente un grand nombre d’avions. Il faudra des années pour former les
pilotes, des années pour assurer la maintenance et l’entretien, des années pour générer le niveau de soutien financier nécessaire. Il s’agit de bien plus de milliards de dollars que ce qui a déjà
été généré”.
La nouvelle décision des États-Unis et de l’OTAN de ne pas autoriser le déploiement des F-16 dans la guerre fait suite à la déclaration, le 12 juillet, du ministre russe des affaires étrangères,
Sergei Lavrov, selon laquelle l’avion est un attaquant à capacité nucléaire et sera traité comme tel. Milley a battu en retraite. (…)”
Utiliser pour Taïwan le soutien destiné à l’Ukraine ?
Une façon pour les USA de camoufler leur retraite de Russie sera vraisemblablement de la justifier par la nécessité d’aider Taïwan. On lira à ce propos l’analyse
intéressante de Drago Bosnic dans Infobrics:
” (…)L’administration
Biden, en proie à des difficultés, est désormais tellement prise dans l’engrenage de ses propres mensonges et de ses erreurs stratégiques désastreuses qu’elle envisage d’envoyer des fonds liés à
l’Ukraine à la province insulaire sécessionniste chinoise de Taïwan. Washington DC a pour l’essentiel laissé Taipei en dehors de l’équation dite “d’aide”, à tel point que ses capacités face à
l’armée chinoise sont devenues obsolètes dans tous les sens du terme. Pire encore, à la fin de 2022, Taïwan avait payé au moins 19 milliards de dollars pour des armes fabriquées aux États-Unis,
mais n’avait pratiquement rien à montrer pour ces investissements massifs. Depuis plus d’un an et demi, Washington DC soutient [Kiev], la considérant comme une priorité par rapport à tous les
autres régimes fantoches des États-Unis, y compris Taïwan.
Le 2 août, le Financial Times a publié un rapport sur le projet du président Biden de demander officiellement au Congrès d’approuver l’utilisation des fonds initialement alloués au régime de Kiev
pour armer la province insulaire sécessionniste de la Chine. Le rapport précise que “le Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche inclura le financement de Taïwan dans la demande
supplémentaire dans le cadre d’un effort visant à accélérer la fourniture d’armes, selon deux personnes familières avec le plan”. Si l’initiative est adoptée, il s’agira certainement d’une mesure
sans précédent, car ce sera la toute première fois que Washington DC fournira des armes à Taipei dans le cadre de son programme dit de “financement militaire étranger (…)”.
En pratique, cela signifie que l’armée américaine pourrait utiliser ses propres stocks pour armer Taipei, un “privilège” réservé [jusque-là] à Kiev et à une poignée d’autres alliés proches et
États satellites de Washington DC. Le rapport publié par le FT intervient moins d’une semaine après que la Maison Blanche a annoncé un “paquet d’aide” pour Taïwan, d’une valeur de 345 millions de
dollars. Bien que les motivations du président Biden soient sujettes à débat, il est très probable qu’il essaie de se mettre dans les bonnes grâces du Congrès, désormais dominé par le parti
républicain, dont les bellicistes néoconservateurs sont connus pour leur sinophobie forcenée et leur hostilité générale à l’égard de la Chine, même si Biden lui-même pourrait avoir un intérêt
direct à maintenir le régime de Kiev à flot le plus longtemps possible.
Pourtant, il ne peut pas se permettre d’ignorer les législateurs républicains, car ils pourraient facilement paralyser sa présidence, ruinant ainsi ses chances déjà pratiquement négligeables
d’obtenir un second mandat. Nous ne pouvons qu’imaginer la réaction du régime corrompu de Kiev, et en particulier de son chef Volodymyr Zelensky, face à une telle nouvelle. Il a déjà subi une
douche froide très désagréable lors du récent sommet de l’OTAN en Lituanie, où il ne s’est pas soucié de cacher sa déception absolue lorsque l’alliance belligérante lui a effectivement dit de
faire la guerre à la superpuissance militaire voisine “aussi longtemps qu’il le faudra” et “jusqu’à ce qu’il gagne” (c’est-à-dire jusqu’au dernier Ukrainien – TTLU). Il semble maintenant que
Zelensky doive apprendre à partager “l’aide” pour “la liberté et la démocratie”.
D’un autre côté, les malheureux habitants de la province insulaire sécessionniste de la Chine sont menacés, car l’intérêt accru de l’Amérique pour la “liberté de Taïwan” n’est certainement pas de
bon augure pour leur sort. Cela signifie que le TTLU (“To The Last Ukrainian, combattre jusqu’au dernier Ukrainien”) pourrait bientôt devenir le TTLT (To The Last Taïwanese, jusqu’au dernier
Taïwanais) ou, plus honnêtement, le TTLS (To The Last Semi-Conductor, jusqu’au dernier semi-conducteur). La Chine a d’ailleurs déjà adressé un nouvel avertissement aux États-Unis, soulignant que
les efforts de réunification se poursuivront comme prévu et que Pékin réagira en conséquence. Bien qu’il reste à voir quelle sera la réaction exacte de la Chine, des mesures concrètes ont déjà
été prises, notamment l’extension de la présence militaire du géant asiatique à “l’arrière-cour de l’Amérique”, en l’occurrence Cuba”.
Le champ de bataille
On a assisté, depuis le 4 août, à une intensification des attaques ukrainiennes; sur Bakhmout; sur Zaporojie; dans l’espoir
d’y effectuer une percée. Chacune de ces attaques ont été repoussées par l’armée russe. Avec des pertes considérables. Selon les Russes, on en serait à 43 000 soldats ukrainiens tués ou
blessés dans le cadre de la contre-offensive (hors mercenaires étrangers et hors victimes des frappes de précision russes). A comparer aux gains terrotiriaux négligeables que montre
cette carte (en vert): certains analystes en font d’ailleurs des “zones grises”, lieu d’affrontement quotidien entre les deux armées.
Pour camoufler l’échec de presque dix semaines de contre-offensive, les attaques ukrainiennes sporadiques par drones se sont répétées: sur Moscou; sur d’autres villes russes
(Briansk); sur un pétrolier au sud du Pont de Kerch
(le 5 août); ainsi que les bombardements (à sous-munitions) sur Donetsk pour faire payer à la
population civile les échecs militaires.
Ces attaques par drones destinées à impressionner l’opinion occidentale, produisent immanquablement, en retour, des frappes destructrices de la Russie contre des
objectifs économiques et militaires, en particulier des centres de commandement, des casernements de “mercenaires étrangers”, des stocks de munition, des entrepôts de matériel de l’OTAN: par
exemple à la date du 5 août;
Un bon résumé d’une journée typique sur le champ de bataille est donné par southfront.org à la date du 7
août:
“Après
l’échec d’une nouvelle tentative des forces de Kiev de percer les défenses russes sur les lignes de front méridionales avec des forces importantes, le conflit en Ukraine s’est intensifié. L’armée
ukrainienne frappe régulièrement le territoire russe avec des missiles et des drones étrangers. De leur côté, les forces russes n’arrêtent pas leur vague de frappes de précision sur les
installations militaires stratégiques dans toute l’Ukraine.
Ces derniers jours, les forces russes ont mené de puissantes attaques combinées avec des drones Geran, des missiles Kinzhal, Kalibr et X-101. L’une des cibles était l’aérodrome militaire près de
Starokonstantinov dans la région de Khmelnitsky, où sont stationnés les SU-24 ukrainiens porteurs de missiles Storm Shadow. Les frappes de missiles ont endommagé le hangar, le parking,
l’ascenseur, une installation souterraine et un parking d’avions obsolètes.
Depuis le 5 août, les ateliers de l’usine de réparation des véhicules blindés ukrainiens ont été attaqués à Kharkov. À Koupyansk, la maison de la culture locale utilisée pour l’hébergement des
militaires ukrainiens a été détruite. À Zaporozhye, un dépôt de missiles a été détruit et un terrain d’aviation avec des hangars a été endommagé. Zelensky a reconnu la frappe sur l’usine Motor
Sich. Dans la région de Rivne, un dépôt de munitions et une base aérienne à Dubno ont été détruits. Des terminaux logistiques proches de la frontière avec la Moldavie ont brûlé à Vinnytsia. Dans
la région de Dnipropetrovsk, l’entrepôt de carburant et de munitions d’un nœud ferroviaire a été touché à Kamensk. Des explosions ont retenti dans les régions de Kiev et de Zhitomir.
De leur côté, les forces armées ukrainiennes continuent de tenter de perturber l’approvisionnement des forces armées de la Fédération de Russie sur les lignes de front méridionales.
Le 6 août, les forces ukrainiennes ont frappé les ponts automobiles Chongar et Tonky entre la Crimée et la région de Kherson avec des missiles de croisière Storm Shadow. Selon les autorités
locales, 12 missiles au total ont été lancés et 9 d’entre eux ont été interceptés par les forces de défense aérienne russes. Un homme a été blessé.
Par ailleurs, des formations ukrainiennes ont lancé une autre attaque de drone sur Moscou. L’opération a échoué et le drone a été abattu à l’approche de la capitale, près de Podolsk. Les défenses
aériennes russes ont également intercepté deux drones au-dessus de la région de Briansk. Dans la nuit du 7 août, un autre drone ukrainien a été abattu au-dessus de la région de
Kaluga.
Les forces armées ukrainiennes continuent de terroriser les civils dans les régions qu’elles ont perdues et dans les villages frontaliers de la Russie. Le 5 août, lescombattants ukrainiens ont
bombardé le centre de Donetsk avec des armes à sous-munitions. Au moins quatre civils ont été tués au cours des deux derniers jours et des dizaines d’autres ont été blessés.
Pendant ce temps, l’armée ukrainienne poursuit ses attaques sur les lignes de front de Bakhmut et de Zaporozhye. Des groupes blindés ukrainiens équipés de chars et de matériel militaire léger
tentent des opérations offensives dans la région de Berhovka, à l’ouest de Bakhmut, et près de Rabotino, dans la région d’Orekhov. Subissant de nouvelles pertes, l’armée ukrainienne ne remporte
aucune victoire”.
Dans la soirée du 7 août, les forces
russes ont lancé une nouvelle vague de frappes de missiles sur l’armée ukrainienne dans tout le pays. L’une des frappes de précision a touché l’hôtel utilisé par le commandement militaire
ukrainien et des mercenaires étrangers dans la ville de Pokrovsk (anciennement Krasnoarmeisk), située dans une partie de la République populaire de Donetsk contrôlée par les forces ukrainiennes.
Des explosions ont également été signalées à Kiev, Kharkov et Kherson. L’attaque se poursuit, d’autres frappes sont susceptibles d’être signalées prochainement.
L’armée russe est-elle en train de réussir une véritable contre-offensive, limitée? “Elle
se rapproche de Koupiansk. “Des batailles sont en cours
dans la région de Sinkovka, Olshany et Liman Pervyi. Après que le village de Novoselovskoe soit passé sous le contrôle total des Russes, ceux-ci ont ouvert la voie à de nouvelles attaques sur
Kupyansk, non seulement depuis le nord et le nord-est, mais aussi depuis l’est et le sud-est.
Les détachements d’assaut russes poursuivent leur offensive sur un large front, remportant de nouveaux succès tactiques.Selon le ministère russe de la défense, au cours de la journée écoulée, les
militaires russes ont capturé cinq points d’appui, quatre postes d’observation et ont vaincu jusqu’à un peloton d’infanterie dans la région d’Olshana. Au moins six contre-attaques ukrainiennes
ont été repoussées dans la région.
Au milieu de l’offensive russe, les Ukrainiens commencent à évacuer la population locale et se préparent à la bataille de Koupyansk. Les autorités locales ont appelé les habitants des territoires
contrôlés par l’Ukraine à “prendre la décision d’évacuer”. Des préparatifs sont en cours pour l’évacuation obligatoire des résidents et l’évacuation forcée des enfants.Le commandant des forces
terrestres des forces armées ukrainiennes, Syrsky, aurait quant à lui été désigné pour diriger la défense de Koupyansk.“
Déni de réalité allemand
Différents entretiens que j’ai menés, ces dernières semaines, avec des représentants des milieux dirigeants allemands me font faire deux constats:
+ les industriels sont installés dans le fatalisme: ils sont bien d’accord avec vous, que ce qui se passe est terrible. Mais ils disent:c’est la faute de la
politique….Demandez au gouvernement.
+ du côté gouvernemental, on vous fait valoir qu’on ne s’en sort pas si mal finalement. Pas question de chercher un compromis avec la Russie, bien au
contraire.
L’Allemagne se prépare à transférer des missiles de croisière Taurus à
longue portée. Auparavant, Berlin avait officiellement nié cette possibilité, mais après le déploiement du système britannique Storm Shadow au sein de l’armée ukrainienne, l’envoi de missiles
Taurus est important pour le prestige de l’Allemagne au sein de l’OTAN.
Bien entendu, il y a une part de théâtralisation. Selon le Bundestag, seuls 150 des 600 missiles sont aujourd’hui en état de marche; mais c’est le geste qui
compte.
Le transfert du Taurus élargira l’arsenal ukrainien d’armes de précision et augmentera la portée de destruction des cibles jusqu’à 500 km. De quoi se fâcher encore
plus avec la Russie et le reste du monde? Comment ça, le reste du monde? Lorsqu’on fait valoir aux interlocuteurs allemands qu’une fois sorti de l’Amérique du Nord et des cercles dirigeants de
l’UE, personne ne soutient la politique anti-russe, on se heurte à une réponse condescendante. Vous n’êtes pas sérieux? L’Inde est une démocratie, elle sera toujours en fait du côté occidental!
Lula? Il finira par se rallier à une position raisonnable! Les habitants du Niger qui brandissent des drapeaux russes? S’ils connaissaient la Russie, ils se comporteraient autrement….
Djeddah: une hirondelle ne fait pas le printemps diplomatique
Je sortais à peine d’un échange avec un officiel allemand qui m’expliquait que la réunion de Djeddah en Arabie saoudite, les 5 et 6 août, allait me donner tort:
l’Occident était en train de ramener avec lui les pays neutres – lorsque sont tombées des informations qui disaient exactement le contraire!
Si vous n’aviez que les experts et les médias occidentaux pour vous procurer l’information, l’Ukraine aurait réussi à faire accepter, lors de la rencontre de
Djeddah, la fin de semaine des 5 et 6 août, l’idée selon laquelle les discussions de paix avec la Russie ne pourraient commencer qu’après le retrait des troupes russes de toute
l’Ukraine dans des frontières de 2013.
Une exception ; le Wall Street Journal nous indique
qu’en réalité, la discussion ne s’est pas déroulée comme le prétend Kiev :
Les diplomates ont également indiqué que certaines des divergences apparues à Copenhague [en juin dernier] semblaient s’être atténuées. [A Copenhague],
l’Ukraine a[vait] fait pression pour que les principaux pays en développement acceptent le plan de paix de Zelensky, au cœur duquel se trouve la demande que la paix ne commence que lorsque
les forces russes se seront entièrement retirées, et plusieurs pays en développement [avaient] déclaré qu’ils ne le feraient pas.
À Djeddah, l’Ukraine et les principaux pays en développement ont semblé plus enclins à rechercher un consensus. Un haut fonctionnaire européen a déclaré que
l’Ukraine n’avait pas insisté pour que son plan de paix soit accepté et que les autres pays n’avaient pas insisté pour que Kiev l’abandonne. Il n’y a pas eu non plus de tirs croisés sur la
demande de l’Ukraine concernant le retrait des troupes russes. L’Ukraine n’a pas insisté sur ce point, ont déclaré deux diplomates, et les pays en développement ne l’ont pas non plus
contesté.Wall Street Journal, 6 août 2023
Wall
Street Journal, 6 août 2023
La confirmation vient aussi de l‘agressivité de Zelenski contre Lula. Le
président ukrainien était suffisamment frustré d’avoir du constater que plus grand monde – hors de “l’Occident” ne soutient l’idée d’un retrait des troupes russes. Il s’est donc lâché contre le
président brésilien, lui reprochant de ne pas avoir une vue “mondiale” des problèmes et de reprendre les éléments d’argumentation russe.
M.K.Bhadrakumar s’amuse de la désinformation occidentale sur le sommet imminent des BRICS
Tournons-nous pour finir vers notre diplomate préféré, M.K. Bhadrakumar, qui s’amuse du psychodrame occidental à propos du sommet des BRICS qui aura lieu en Afrique
du Sud, à Johannesburg, du 22 au 24 août prochain. [Les intertitres sont de moi. EH.]
Reuters bien retorse
“La
semaine dernière, Reuters a publié un rapport spéculatif selon lequel le Premier ministre indien Narendra Modi pourrait ne pas assister en personne au sommet des BRICS à Johannesburg et, en
outre, que l’Inde n’était pas favorable à un élargissement du groupe. En dépit de la longue histoire de Reuters en matière d’escroquerie del’information durant la Guerre froide, les médias
indiens crédules sont tombés dans le panneau de la rumeur.
Cela a créé une certaine confusion, mais seulement momentanément. L’Afrique du Sud est consciente qu’avec l’état actuel de ses relations bilatérales avec les États-Unis, les excellentes relations
personnelles du président Cyril Rampaphosa avec le président russe Vladimir Poutine, le trajet des BRICS sur la voie de la “dédollarisation” et les plans d’expansion du groupe, on attend beaucoup
du rôle constructif de Modi pour faire de l’événement à venir à Johannesburg un jalon historique dans la politique mondiale du 21e siècle.
Les propos du ministre sud-africain des affaires étrangères, Naledi Pandor, sur l’article de Reuters sont tout à fait pertinents. M. Pandor a déclaré : “J’ai parlé à plusieurs collègues au sein
du gouvernement et à l’extérieur, et tout le monde a été stupéfait par cette rumeur. Je pense que quelqu’un qui essaie de gâcher notre sommet crée toutes sortes d’histoires qui suggèrent qu’il ne
sera pas couronné de succès.
“Le
premier ministre indien n’a jamais dit qu’il ne participerait pas au sommet. Je suis en contact permanent avec le ministre des affaires étrangères Jaishankar. Il n’a jamais dit cela. Nos sherpas
sont en contact et ils ne l’ont jamais dit. Nous avons donc tous essayé de chercher l’aiguille dans la botte de foin qui est à l’origine de cette rumeur.
Face aux BRICS, l’Occident est passé du mépris à la peur
Il
n’y a pas si longtemps, l’Occident se moquait des BRICS comme d’un papillon inefficace battant des ailes dans le vide d’un ordre mondial dominé par le G7. Mais l'”effet papillon” se fait sentir
aujourd’hui dans la refonte de l’ordre mondial.[C’est moi qui souligne. EH]
En termes simples, le flot torrentiel d’événements survenus l’année dernière autour de l’Ukraine a fait remonter à la surface la lutte existentielle de la Russie contre les États-Unis, ce qui a
déclenché un changement tectonique dans le paysage international, dont l’un des aspects transformateurs est la montée du Sud global et son rôle de plus en plus important dans la politique
internationale.
L’administration Biden ne se serait pas attendue à ce qu’une polarisation visant à isoler la Russie et la Chine aboutisse à une telle situation. Paradoxalement, le “double endiguement” de la
Russie et de la Chine par Washington, tel qu’il est inscrit dans la stratégie de sécurité nationale de l’administration Biden, a marqué le début de la rupture des pays du Sud avec le contrôle des
grandes puissances, du repositionnement de leur statut et de leur rôle sur la scène internationale, et de la recherche d’une confiance en soi et d’une autonomie sur le plan
stratégique.
23 pays candidats aux BRICS
L’Arabie saoudite en est un exemple frappant : elle a adopté une trajectoire indépendante dans des points chauds régionaux tels que le Soudan ou la Syrie, elle a calibré le marché mondial du
pétrole dans le cadre de l’OPEP Plus plutôt que d’obéir aux diktats de Washington, et elle a cherché à devenir membre des BRICS.
Les pays en développement gagnent en marge de manœuvre dans le jeu des grandes puissances et leur influence politique s’accroît rapidement. Leur indépendance diplomatique et leur autonomie
stratégique dans le contexte de la crise ukrainienne ont accéléré leur ascension en tant que force émergente dans la politique mondiale en un laps de temps remarquablement court.
Ce qui pousse 23 pays non occidentaux à demander officiellement leur adhésion aux BRICS – bien que le groupement n’ait même pas de secrétariat – c’est que le groupement est perçu aujourd’hui
comme la principale plateforme du Sud global qui prône un ordre mondial équitable et qui, par conséquent, a un rôle à jouer dans le destin de l’humanité”.
“Nous avons reçu des expressions officielles d’intérêt de la part des dirigeants de 23 pays pour rejoindre les BRICS, et d’autres consultations informelles sur
les possibilités d’adhésion”, a déclaré Mme Pandor {ministre surd-africain des Affaires Etrangères] lors d’une conférence de presse retransmise sur la plateforme YouTube.
Le ministre a précisé que les 23 pays désireux de rejoindre le groupe sont l’Algérie, l’Arabie saoudite, l’Argentine, le Bangladesh, le Bahreïn, la Biélorussie,
la Bolivie, Cuba, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, le Honduras, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, le Koweït, le Maroc, le Nigeria, la Palestine, le Sénégal, la Thaïlande, le
Venezuela et le Viêt Nam.
www.telesureenglis.net
Borrell tient des propos colonialistes
“Dès
leur création, les BRICS ont été suffisamment avisés pour ne pas injecter d'”antioccidentalisme” dans leur programme – en fait, aucun de leurs membres fondateurs n’a de “mentalité de bloc”. Mais
cela n’a pas empêché l’Occident de se sentir menacé. En réalité, cette perception de la menace émane d’une peur morbide de l’extinction de la domination occidentale sur l’ordre politique et
économique et sur le système international, vieille de quatre siècles, qui touche à sa fin.
Le néo-mercantilisme, qui est essentiel pour arrêter le déclin des économies occidentales, est remis en question de manière frontale, comme nous le constatons en temps réel au Niger. Sans le
transfert massif de ressources en provenance d’Afrique, l’Occident est confronté à un avenir sombre. Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré dans
un moment de faiblesse que l’Occident, un jardin bien entretenu, était menacé par la jungle. Les peurs ataviques et les instincts implicites dans la métaphore de Borrell sont tout simplement
stupéfiants.
Une frénésie occidentale de désinformation
D’où une telle frénésie à détruire les BRICS, à affaiblir leur détermination, à ternir leur image et leur réputation, et à les empêcher de prendre de l’élan. Hélas, le même vieil état d’esprit
colonial “diviser pour régner” est à l’œuvre pour amplifier les différences et les désaccords entre les États membres des BRICS.
La controverse concernant la position de l’Inde sur l’expansion des BRICS ne peut être perçue que de cette manière. La semaine dernière, à la suite de la rumeur lancée par Reuters, le
porte-parole du ministère indien des affaires étrangères s’est senti obligé de clarifier à nouveau la situation : “Permettez-moi de le répéter encore une fois. Nous avons déjà clarifié notre
position par le passé. Comme les dirigeants l’ont demandé l’année dernière, les membres des BRICS discutent en interne des principes directeurs, des normes, des critères et des procédures pour le
processus d’expansion des BRICS sur la base d’une consultation et d’un consensus complets. Comme l’a indiqué notre ministre des affaires étrangères, nous abordons cette question avec un esprit
ouvert et une perspective positive. Nous avons assisté à des spéculations sans fondement… selon lesquelles l’Inde aurait des réserves à l’égard de l’élargissement. Ce n’est tout simplement pas
vrai. Permettez-moi donc d’être très clair à ce sujet.“
En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle Modi prévoyait de ne pas se rendre à Johannesburg, le porte-parole indien a réagi en ces termes : “Je vous invite à ne pas vous fier aux
informations spéculatives des médias. Lorsque nous serons en mesure de parler, d’annoncer de telles visites de haut niveau, nous le ferons certainement, et vous saurez que c’est notre pratique.
Pour l’instant, je vous demande à tous d’être patients et de nous laisser l’annoncer au bon moment”.
De même, la conspiration anglo-américaine derrière le mandat d’arrêt de la CPI contre Poutine est évidente. La Russie a été l’un des pionniers du BRIC et le premier sommet du groupe a eu lieu à
Ekaterinbourg en 2008 [qui, soit dit en passant, a publié une déclaration commune mettant en garde contre la domination mondiale du dollar américain en tant que monnaie de réserve
standard].
M. Poutine a fait campagne sans relâche pour la “dédollarisation” et est aujourd’hui la voix qui résonne le plus sur cette question sur la scène internationale. Le pronostic de Poutine a été
largement accepté dans le Sud, comme le montre l’exode des pays qui optent pour des monnaies nationales pour régler leurs paiements mutuels. Washington est de plus en plus préoccupé par le fait
qu’un processus de “dédollarisation” gagne du terrain dans le système financier international à la suite de l’utilisation excessive des sanctions et de la saisie arbitraire des réserves de
dollars des pays avec lesquels il ne s’entend pas.
Non, les différends entre l’Inde et la Chine ne feront pas exploser les BRICS
Il
est intéressant de noter que Bloomberg a publié un article sur le sommet des BRICS intitulé “Ce club n’est pas assez grand pour la Chine et l’Inde”. Sa thèse est que “les tensions entre les
rivaux asiatiques empêcheront probablement le bloc des BRICS de poser un défi cohérent à l’Occident”. Il s’agit d’une tentative éculée de s’attarder sur les contradictions qui existent entre la
Chine et l’Inde pour creuser un fossé et saper l’unité des BRICS.
Il est vrai que l’Inde peut s’inquiéter de la domination de la Chine sur le groupe des BRICS. Mais la Chine est également un fervent défenseur de l’expansion des BRICS et de la représentation
accrue des pays en développement. N’y a-t-il pas là une convergence stratégique ?
Fondamentalement, malgré leur différend frontalier non résolu, l’Inde et la Chine partagent la même vision selon laquelle les BRICS jouent un rôle essentiel sur la scène multilatérale mondiale.
Les deux pays considèrent également les BRICS comme une plateforme leur permettant d’améliorer leur statut et leur influence au niveau international. C’est cette communauté d’intérêts qui
inquiète l’Occident.
Pour l’Inde, les BRICS constituent une plateforme instrumentale favorable à la réalisation de son aspiration à une plus grande représentation sur la scène internationale. Par conséquent, le
succès des BRICS ne peut que renforcer la politique étrangère de l’Inde – et pourrait même créer une énergie et une ambiance positives dans ses relations avec la Chine.
Les médias occidentaux ont finalement changé de cap. Ils admettent à présent que la contre-offensive ukrainienne tant vantée a échoué. En
fait, ils reconnaissent qu’elle n’a jamais eu la moindre chance de l’emporter.
Il est donc difficile pour l’administration Biden de faire approuver par le Congrès une «aide» supplémentaire de 24
milliards de dollars à l’Ukraine. Il n’est pas logique de payer pour une cause qui est manifestement perdue.
Le président polonais Duda a également reconnu que la contre-offensive avait échoué. Les relations entre Varsovie et Kiev se sont détériorées et les
intérêts polonais ne
permettront pas un soutien supplémentaire ou une intervention active.
La «conférence
de paix» organisée par l’Arabie saoudite au nom de l’Ukraine n’a rien donné.
Malgré l’avalanche de mauvaises nouvelles, l’armée ukrainienne tente toujours de prendre les positions russes dans le sud et l’est de l’Ukraine. Mais elle
n’a tout simplement pas assez d’hommes et de matériel pour percer les lignes.
Même si elle parvenait à faire une percée locale, elle ne disposerait pas de réserves suffisantes pour assurer le suivi nécessaire. Une seule des brigades
formées par l’OTAN est encore retenue. Toutes les autres ont été massacrées dans leurs différentes zones de déploiement.
Dans le nord-est, autour de Koupiansk, les Russes ont lancé leur propre offensive qui a mis les Ukrainiens en fuite. L’Ukraine a ordonné l’évacuation
de la zone :
«Une évacuation
obligatoire a été ordonnée pour la ville ukrainienne de Koupiansk et ses environs, alors que la Russie a intensifié le bombardement de la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine, et a
affirmé avoir capturé des positions ukrainiennes près de la ville, jeudi».
La campagne russe s’accélère lentement. Comme le rapporte le
site ukrainien Strana.news :
«En Ukraine aussi, on
enregistre que de Koupiansk à Bakhmout, la Russie a augmenté le nombre d’attaques.
«Au cours du mois
dernier, le nombre total d’attaques dans les directions de Koupiansk, Limansky et Bakhmout a augmenté de manière significative. En juillet, il y a eu entre 6 et 6,5 milliers d’attaques
par semaine, et 9 milliers la semaine dernière», a déclaré le représentant de la Garde nationale Ruslan Muzychuk.
Selon lui, la
Fédération de Russie ne connaît pas de «pénurie d’obus».
L’aviation est
également utilisée activement et, au cours des dernières semaines, plus de 50 attaques aériennes ont eu lieu chaque jour, et parfois plus de 80».
C’est une mauvaise nouvelle pour la partie ukrainienne qui manque de réserves pour contrer l’assaut russe. Les armes en provenance de l’Ouest sont également
moins nombreuses. La livraison des chasseurs F-16 sera
retardée de neuf mois supplémentaires en raison de problèmes de formation. Les chars d’assaut et d’autres matériels sont en nombre insuffisant.
Strana rapporte
également un entretien avec un soldat
ukrainien bien informé :
«Toujours sur le thème
de la situation au front, une interview intéressante a été donnée par un tireur d’élite ukrainien combattant près de Bakhmout et portant l’indicatif «Grand-père». Sur l’antenne du
politologue Yuri Romanenko, il a été présenté comme Konstantin Proshinsky (il s’agit d’un pseudonyme).
Le combattant a
expliqué en détail sa vision de la situation des forces armées ukrainiennes et de l’armée russe.
1. La mobilisation.
Selon lui, elle est mal conduite. On envoie au front des recrues qui n’ont jamais été formées, qui ont souvent plus de 50 ans et qui ont tout un tas de maladies.
2. Pas de rotation.
Le soldat dit que «les mêmes brigades» combattent au front et que les gens ne sont pas retirés de la ligne de front pendant six mois ou plus. Alors que selon les normes occidentales, ils
ne peuvent rester plus de trois mois dans une zone de guerre.
3. Le comportement
des commandants de niveau intermédiaire et supérieur. Selon Proshinsky, nombre d’entre eux tentent d’organiser un «mini-Stalingrad» sur les positions, les obligeant à se lancer dans des
assauts frontaux sur des positions russes bien fortifiées.
4. L’armée russe
commence à mieux se battre.
5. Proshinsky pense
que la Russie n’a pas encore utilisé une grande partie de ce qu’elle possède contre l’Ukraine».
Le soldat pense que les Russes ne bougeront pas de leurs positions et que l’on aboutira à une impasse comme en Corée.
Je pense que c’est une erreur. L’objectif de la Russie est de libérer au moins les quatre régions qu’elle revendique. Pour des raisons politiques, elle ne
peut pas s’arrêter avant que cela ne soit fait.
Si l’Ukraine continue à se battre après cela, la Russie est susceptible de fixer de nouveaux objectifs et de s’emparer d’autres territoires.
Les étrangers qui font confiance à la promesse des États-Unis d’assurer leurs arrières ignorent apparemment le sort des Vietnamiens, des Libyens, des
Cambodgiens, des Afghans et des Irakiens qui ont cru aux promesses de Washington. Lorsque les choses deviennent difficiles, les États-Unis disent adios.
Le dessin animé vidéo suivant est un canari dans la mine. Alors que l’Occident s’efforce de rendre l’Ukraine responsable de l’échec de la contre-offensive,
certains Ukrainiens s’opposent à ce discours en faisant remarquer à juste titre que la promesse de Washington et de l’OTAN de leur fournir les systèmes d’armes nécessaires pour repousser
l’offensive russe n’est rien d’autre que des paroles en l’air.
En l’absence de succès sur le champ de bataille, l’Ukraine opte pour l’Ave Maria par drone, c’est-à-dire qu’elle attaque quelques navires russes à l’aide de drones
maritimes. Ces attaques sont des piqûres d’épingle qui n’ont aucune importance stratégique en termes de diminution de la puissance militaire de la Russie. Toutefois, elles sont
susceptibles d’inciter l’état-major russe à envisager des attaques contre les systèmes ISR de l’OTAN opérant au-dessus de la mer Noire, en raison du rôle joué par la surveillance
aérienne occidentale dans la fourniture à l’Ukraine des renseignements nécessaires à l’attaque de ces deux navires russes. En outre, ces attaques sont susceptibles de renforcer la détermination
de la Russie à imposer un embargo de facto sur les ports ukrainiens dans les semaines à venir.
Je me demande quand les bookmakers londoniens commenceront à proposer des paris prédisant la chute de Zelensky ou le retrait de l’armée ukrainienne du champ de
bataille. Voilà un autre indicateur qui permet de mieux prédire l’évolution de la guerre en Ukraine que toutes les inepties publiées par les services de renseignement britanniques ou l’Institute
for the Study of War.
Jacques Hogard, colonel français, ayant participé à de nombreux conflits en Afrique et en Europe, titulaire de nombreuses distinctions
militaires, a partagé sa propre vision de l’évolution du conflit ukrainien.
Selon ce militaire de haut rang, la contre-offensive ukrainienne n’a pas connu de réel succès, mais Kiev est contraint de poursuivre son initiative
suicidaire, car il est désormais l’otage des exigences de l’Occident.
«L’OTAN, la
responsable de ce conflit, pousse en avant le régime de Zelensky et ses forces armées à se lancer dans une aventure guerrière. Cette fameuse contre-offensive n’existe pas. Nous n’avons vu
que quelques manœuvres tactiques, qui ont échoué tout de suite». (0:15)
M. Hogard est convaincu qu’il existe un certain nombre de facteurs réels qui font que l’armée ukrainienne est tout simplement incapable de réussir
physiquement une campagne de destruction de la Russie. Et, contrairement à la propagande occidentale, ces facteurs peuvent être exprimés en chiffres réels.
«Il n’y a pas de
concentration des efforts. Les Ukrainiens ne peuvent plus concentrer leurs efforts pour plusieurs raisons. Premièrement, c’est l’épuisement des troupes. Le nombre de soldats est en
constante diminution, tout le monde s’en rend compte, mais l’Occident préfère le taire. Deuxièmement, c’est la disparition des équipements. L’Occident fournit aujourd’hui beaucoup moins
d’équipements. La seule chose utile que l’Occident continue de fournir, c’est le renseignement».
Les choses deviennent encore moins roses pour Kiev si l’on compare l’état actuel des deux armées, le nombre de soldats et d’équipements, si l’on compte les
pertes et si l’on tient compte de l’ampleur du renforcement de leurs positions.
«Comment voulez-vous
obtenir un succès avec une armée épuisée physiquement, numériquement et moralement face à une armée russe, qui est organisée, intégrée et bien installée dans ses positions défensives et
qui dispose d’un avantage significatif en matière d’artillerie et de suprématie aérienne ?»
Le colonel français considère que les récentes attaques de drones ukrainiens dans des quartiers paisibles de villes russes sont une mesure forcée, car sur
le champ de bataille, l’armée ukrainienne ne peut rien faire contre son adversaire, qui lui est supérieur à tous égards.
«Aujourd’hui, nous
voyons que nous sommes de plus en plus dans une bataille du faible au fort, le faible étant l’Ukrainien, qui va donc essayer des postures de replacement comme les dernières attaques en
mode d’action terroriste. C’est tout ce qu’il leur reste pour s’opposer à l’armée russe aujourd’hui».
L’Ukraine aurait pu éviter toutes ces victimes et ces destructions si, en 2022, elle ne s’était pas rangée du côté de l’Occident, qui ne demandait qu’à
déclencher une guerre contre la Russie. En conséquence, la terre ukrainienne n’est devenue qu’un champ d’affrontement entre la Russie et le bloc de l’OTAN.
«Je pense que ce
«soutien » occidental est très hypocrite au fond. En mars 2022, monsieur Zelensky était prêt à discuter la négociation. […] C’est avec beaucoup d’amertume que nous voyons les nations
frères divisées par les manœuvres occidentales, américaines et de l’OTAN en premier lieu».
Au lieu d’initiatives en faveur d’un règlement pacifique du conflit, nous assistons aujourd’hui à une ponction de plus en plus importante sur les
contribuables européens en faveur du «tonneau sans fond» de l’Ukraine. Et maintenant, ni Kiev ni Bruxelles ne peuvent y mettre un terme, car cela signifierait la mort politique de tous
les initiateurs du conflit contre la Russie.
«Maintenant, Zelensky
est «hors contrôle», il réclame toujours plus d’argent, toujours plus d’armes, mais pour quoi faire ? Pour une victoire, qui est évidemment en train d’échapper totalement. Je pense que
l’entière responsabilité morale d’un tel résultat repose sur les épaules de l’Occident».
Le colonel français est également convaincu que l’Ukraine a choisi depuis longtemps la voie de l’autodestruction, qui aboutit aujourd’hui à un véritable
conflit sur son sol. Et avant tout, le coupable de toutes les souffrances du peuple ukrainien, ce sont les hommes politiques de Kiev qui, au nom de leurs intérêts égoïstes, ont livré leur
propre pays aux mains de l’Occident.
«L’Ukraine moderne,
l’Ukraine «post-soviétique» est un État artificiel. Quand un État ne respecte plus une partie de sa population, parce qu’elle est russophone et orthodoxe, et la bombarde, quand cette État
accepte la révolution orange et 10 ans après un putsch pour renverser le gouvernement légitime et légale, cet État-là n’a plus de raisons d’être».
Le concept de « guerre par procuration », comme celui de « cobelligérance », cherche à masquer une réalité pourtant bien concrète : L’Occident, via notamment l’OTAN, est
en guerre contre la Russie. Ce n’est pas tant l’intervention de soldats anglo-saxons ou européens – dont le statut, pour la circonstance, a été spécialement revisité hypocritement en mercenariat
– qui le démontre, ni celle des « conseillers spéciaux » sur le terrain (« forces spéciales », SAS britanniques …), ni encore la fourniture d’équipements divers et variés.
C’est l’implication des Etats-Majors de l’OTAN ou du Pentagone qui traduit le mieux cette guerre qui ne veut pas dire son nom. Et les Russes l’ont bien compris, en lançant à plusieurs reprises
des missiles hypersoniques sur des sites réunissant des officiers occidentaux. Mais le silence est de mise sur le nombre de morts ou blessés parmi les militaires de l’OTAN sur le terrain
ukrainien. Ce qui arrange tout le monde d’ailleurs, y compris la Russie. Mais comme toujours, la vérité finit par sortir, même par bribes …
Le Général de division Anthony W. Potts, chef de programme pour le commandement, le contrôle et les communications tactiques (à droite), avec le sergent-major Michael Pintagro (à gauche), lors
d’une visite au camp Kościuszko, le 7 février 2023, à Poznan, en Pologne.
Cet article publié en russe par le site topwar.ru n’engage
pas la ligne éditoriale du Courrier.
Ainsi, plusieurs publications américaines, dont le tabloïd New York Post, ont rapporté la mort du général de division de l’armée américaine Anthony W.
Potts. Le 25 juillet 2023, Potts est mort dans le crash d’un avion monomoteur Piper PA-28 Cherokee, il était seul dans le cockpit. L’accident d’avion s’est produit près de Havre de
Grace, dans le Maryland. La cause de l’accident est encore inconnue, et le US National Transportation Safety Board enquête sur l’incident.
Le décès d’un militaire de haut rang
Un porte-parole du Pentagone a déclaré aux journalistes que Potts avait servi dans l’armée américaine pendant 36 ans. Au début de sa carrière militaire, il a
piloté un hélicoptère d’attaque AH-64 Apache et est ensuite devenu instructeur de combat dans l’US Air Force. Le général a été membre de plusieurs opérations militaires de l’armée
américaine, dont « Desert Shield » et « Desert Storm » au début des années 90 dans le golfe Persique.
Depuis le 22 juin de l’année dernière, le général est directeur exécutif du programme de commandement, de contrôle et de communications tactiques au terrain d’essai
d’Aberdeen du département américain de la Défense. Il avait sous ses ordres une équipe de 1.600 personnes qui, selon les données officielles, était engagée dans le développement de gilets
pare-balles modernisés, d’armes et technologies de réseau. De plus, l’équipe Potts a participé à la création de la doctrine de la transition de l’armée américaine des opérations
antiterroristes à la guerre conventionnelle.
Des circonstances pour le moins assez floues…
Les experts russes attirent l’attention sur le fait que des informations, sur la mort, dans des circonstances plutôt étranges, d’un autre général américain,
apparaissent dans la presse exactement après les frappes des forces armées russes, avec des armes de haute précision sur des bunkers en Ukraine.
Ainsi, les États-Unis et l’OTAN pourraient tenter de « légaliser » la perte de leurs instructeurs militaires qui sont impliqués dans la planification des opérations
et la coordination des actions des forces armées ukrainiennes avec les alliés occidentaux de Kiev lors de missions secrètes en Ukraine. Littéralement à la veille de la tragédie, Potts a
annoncé qu’il « prenait sa retraite », bien qu’il ait occupé son nouveau poste pendant un peu plus d’un an.
Vendredi, un incident similaire s’est produit en Australie lors d’exercices militaires avec les États-Unis. Selon le ministère de la Défense australien,
l’hélicoptère MRH-90 Taipan effectuait une mission d’entraînement dans le nord-est du pays et s’est écrasé. Quatre membres de l’armée australienne étaient à bord et ont été portés disparus
après l’accident. Cela a coïncidé avec des informations selon lesquelles plusieurs officiers australiens étaient morts en Ukraine.
La vérité sur ces décès pourrait provoquer des conséquences très négatives
Les tentatives de dissimulation de la mort d’officiers en Ukraine sont dues au fait que l’apparition de données réelles dans la société des États-Unis et de
l’Australie peut provoquer une réaction extrêmement négative.
Et les déclarations selon lesquelles le général « s’est écrasé en avion » et que des officiers des forces armées australiennes
« ont disparu pendant les exercices » – tout cela au lendemain d’une frappe de missiles russes ayant touché des installations de prise de décision en Ukraine – n’auront
pas beaucoup de résonance dans l’opinion.
Jour 522 : Un vrai risque de guerre directe entre la Russie et l’OTAN cet été
Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 03/08/2023.
Il existe cet été un vrai risque de dérapage ukrainien en Crimée, qui pourrait déboucher sur une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie. Au moment où nous achevons cette chronique, Fitch
vient de dégrader le triple A que l’agence accordait à l’économie américaine en AA+. Comment mieux souligner l’érosion de plus en plus difficile à dissimuler de la puissance américaine ? Cette
décision, fâcheuse pour Washington, survient non seulement en pleine turbulence autour de la corruption du clan Biden mais au moment où l’offensive ukrainienne stagne. Depuis notre dernière
chronique du 26 juillet, l’armée ukrainienne a tenté des coups de boutoir plus significatifs vers Zaporojie et au sud d’Artiomovsk – sans succès. Alors y aura-t-il une fuite en avant
anglo-américaine sous la forme d’un baroud d’honneur en Crimée ? De la Corée à l’Afrique de l’ouest se met en place une tension tous azimuts entre l’Occident et la nouvelle convergence
sino-russe. La question est de savoir si ces tensions se stabiliseront en nouvelle guerre froide ou si la situation risque d’échapper à tout contrôle du fait d’un facteur qui n’existait pas dans
la seconde moitié du XXe siècle: les États-Unis sont devenus profondément irrationnels.
Cela fait bientôt deux mois que la “contre-offensive ukrainienne” a commencé. Cependant, comme chaque semaine depuis le 4 juin, nous constatons que les troupes de Kiev ne font aucun progrès sur
le terrain. Au nord, près de Koupiansk, ce sont même les troupes russes qui continuent à avancer clairement comme nous vous l’indiquons depuis maintenant trois semaines.
Les observateurs sur le terrain sont partagés mais ils livrent un tableau d’ensemble cohérent : certains, comme Erwan Castel, ont souligné l’intensification des attaques ukrainiennes, ces
derniers jours (indéniable vers Zaporojie, Donetsk et Artiomovsk) ; d’autres – toujours à propos de la région de Zaporojie ou du sud d’Artiomovsk – ont souligné que l’armée russe en a profité,
après avoir brisé les vagues d’assaut, pour reprendre du terrain.
Selon le ministère russe de la défense, les forces armées ukrainiennes ont perdu plus de 20 800 militaires au cours du mois dernier. 2500 tués et blessés par semaine ? Admettons même
que ce chiffre soit exagéré : Kiev a dans tous les cas gaspillé sans résultats des milliers de soldats.
Incapable d’effectuer une percée, Kiev essaie de donner le change
Pour tenter de masquer cette stagnation, Kiev se livre à trois types d’attaques :
+ des bombardements sur les civils du Donbass :
Le 31 juillet, [les Kiéviens] ont frappé l’agglomération de Donetsk, notamment avec des MLRS HIMARS de fabrication américaine. Les commandants ukrainiens (…) ont lancé des missiles sur des lieux
publics le matin, alors que de nombreux habitants de la ville se rendaient au travail. Trois civils ont été tués et 14 autres blessés.
Plus tard dans la soirée, les nazis ukrainiens ont tué trois civils et en ont blessé 15 autres dans le village de Basan, dans la région de Zaporozhie.
southfront.org
+ des tirs spectaculaires de drones sur Moscou
Dans la nuit du 1er août, deux drones ont été détruits par les forces de défense aérienne dans la région de Moscou. Un autre drone est tombé dans le grand centre d’affaires de la ville, également
touché le 30 juillet. Plusieurs fenêtres ont été brisées.
soutfront.org
+ Des attaques de drones en Mer Noire.
La nuit [du 31 juillet au 1er août], les attaques ukrainiennes ont également visé des navires militaires et des cargos civils russes dans les eaux du sud-ouest de la mer Noire. Les patrouilleurs
militaires Sergey Kotov et Vasily Bykov ont repoussé l’attaque. Comme lors des précédentes tentatives d’attaque contre des navires russes, toutes les embarcations sans équipage ont été détruites.
southfront.org
+ des attaques de drones ou de missiles visant à isoler la Crimée du reste de la Russie et, par la même occasion, à couper les troupes russes dans le sud de l’Ukraine d’une
partie de leurs approvisionnements (ces frappes sont conçues comme le préalable à une reconquête de la Crimée pour laquelle un commando de 2000 soldats ukrainiens est actuellement
entraîné au Royaume-Uni)
Un vrai risque de guerre directe entre la Russie et l’OTAN en Crimée
Comme nous l’avions indiqué il y a quelques semaines, il existe un vrai risque de confrontation directe entre la Russie et l’OTAN à propos de la Crimée.
La péninsule est le seul vrai point de vulnérabilité de la Russie. La péninsule a toujours été difficile à défendre. La dernière guerre militairement perdue par la Russie le fut en Crimée
(1853-1856). (La Première guerre mondiale ne fut pas perdue du fait d’une défaite militaire mais de la révolution)
On comprend bien comment les Anglo-Américains, constatant (1) l’échec de la contre-offensive ukrainienne ; (2) l’inexorable grignotage des armées russes vers une ligne Kharkov-Odessa, pourraient
avoir la tentation d’un baroud d’honneur, pour infliger un coup symboliquement dévastateur à Vladimir Poutine.
L’armée ukrainienne est incapable de monter une opération de ce type. Les Russes savent très bien que seuls les Britanniques et les Américains ont permis de monter les frappes contre le pont de
Kerch ; ce sont des Storm Shadows qui ont visé récemment la péninsule. Les drones qui attaquent la péninsule ou des navires en Mer Noire choisissent leurs trajectoires après des opérations de
reconnaissance américaines.
Si une plus grosse opération était montée par les Anglo-Américains, elle aurait pour but de faire perdre leur sang-froid aux Russes.
Le risque est réel. Jusqu’à maintenant la Russie a fait mine d’ignorer ces indéniables ingérences de l’OTAN dans la guerre. Pourra-t-elle toujours conserver cette attitude ?
Ces frappes russes qui détruisent inexorablement les livraisons occidentales à Kiev
L’inquiétude dont nous faisons part est aussi fondée sur le calendrier et l’état du front : l’offensive ukrainienne s’essouffle ; les conditions d’une offensive finale russe s’accumulent ; la
suprématie que donnent à la Russie ses missiles de précision devient de plus en plus flagrante. Désormais, Odessa et Nikolaïev sont régulièrement des cibles des missiles ou des drones russes. A
l’automne il serait trop tard.
Ces derniers jours, l’armée russe a poursuivi ses frappes de précision sur les installations militaires dans tout le pays.
Dans la nuit du 1er août, les forces russes ont frappé Kharkov. La ville aurait été visée par plus de 20 drones. L’une des cibles était la 40e école technique, qui accueille les militaires
ukrainiens depuis l’année dernière.
La veille, l’aéroport local utilisé pour les frappes de drones a été touché, ainsi qu’une usine de treillis métallique dans le district de Novobavarsky, où se trouvait un atelier d’assemblage de
drones.
Des missiles russes Iskander ont également frappé le collège utilisé pour loger les militaires ukrainiens à Krivoy Rog.
soutfront.org
Les États-Unis dépensent plus pour l’Ukraine depuis février 2022 que pour le plan Marshall
La question de l’efficacité de la stratégie occidentale est posée désormais ouvertement. John Sopko, inspecteur général du service de reconstruction des États-Unis en Afghanistan, a révélé
que Washington dépense environ 2,5 milliards de dollars par mois pour l’assistance à la sécurité en Ukraine. En comparaison, Washington n’a dépensé qu’environ 375 millions de dollars par mois
pour l’assistance à la sécurité en Afghanistan. Depuis février 2022, l’administration Biden a engagé plus de 75 milliards de dollars dans divers types d’assistance à l’Ukraine, dont près de 50
milliards ont été consacrés à l’achat d’armes et d’équipements militaires connexes.
“Nous dépensons plus d’argent en Ukraine en un an que nous n’en avons dépensé en 12 ans en Afghanistan, et d’ici la fin de l’année, nous dépenserons plus d’argent en Ukraine que nous n’en avons
dépensé pour l’ensemble du plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale”, a-t-il averti, soulignant qu’il était favorable à l’aide financière, mais qu’il fallait s’assurer qu’elle était
effectuée “correctement et sous supervision”.
John Sopko cité dans The Intel Drop
Les dépenses totales en Ukraine ne feront qu’augmenter considérablement si l’on considère qu’au cours du seul mois de juillet, l’armée ukrainienne a perdu – selon le Ministère de la Défense russe
– 2 227 unités d’armes diverses, dont 10 chars Leopard, 11 véhicules blindés Bradley et des dizaines de pièces d’artillerie provenant du Royaume-Uni, des États-Unis, d’Allemagne, de France et de
Pologne.
Un ancien ambassadeur américain est entré aussi dans le débat pour expliquer que mettre fin, pourtant, à l’aide à l’Ukraine, signifierait une débâcle plus importante qu’en Afghanistan ! Signe que
le débat fait rage en coulisses à Washington.
Y a-t-il eu des échanges de vue, sur un accord de paix,entre services russes et britanniques?
Cela fait des mois que j’entends parler, dans les cercles diplomatiques, de discussions directes entre Russes et Américains (et/ou Britanniques). Je n’en ai pas parlé jusqu’à maintenant parce que
cela me semblait fondé sur des rumeurs.
La semaine dernière, j’ai cependant remarqué la convergence d’une information : une source ministérielle allemande, une source américaine (militaires à la retraite) et une source diplomatique
d’un pays de l’UE m’ont fait allusion à des discussions officieuses entre Russes et Britanniques, au niveau des services. Cette information est à mettre en face de celle que nous donnions plus
haut sur l’entraînement au Royaume-Uni d’un commando ukrainien qui reprendrait la Crimée.
Comme l’establishment américain, la caste dirigeante britannique est partagée, sinon divisée. D’un côté on entraîne des militaires ukrainiens à participer à une opération qui signifierait une
guerre entre Russie et Occidentaux ; de l’autre on semble négocier un éventuel abandon de la côte de la Mer Noire aux Russes, avec le maintien d’Odessa comme seul accès ukrainien à la mer.
A suivre.
Bhadrakumar commente la visite de Choïgou en Corée du Nord
La visite de Shoigu s’est déroulée parallèlement à celle de Li Hongzhong, vice-président du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire de Chine, indiquant que la Russie et la Chine “se
tiennent proches” de la Corée du Nord – pour reprendre un commentaire du Global Times – en réponse à l’administration Biden qui accélère l’approfondissement d’une alliance trilatérale entre
Washington, Tokyo et Séoul.
Washington profite de la transition politique en Corée du Sud avec l’élection du président sud-coréen pro-occidental Yoon Suk-Yeol en mai dernier, qui a inversé la trajectoire de la politique
étrangère indépendante de son prédécesseur Moon Jae-In vers Moscou et Pékin et a abandonné les efforts pour parvenir à une détente avec Pyongyang.
L’approche américaine de l’Extrême-Orient peut être comparée à sa stratégie au Moyen-Orient, où elle consistait également à attiser l’iranophobie et à empêcher tout processus de sécurité
régionale de se cristalliser, ce qui a contribué à renforcer sa présence militaire dans la région et à promouvoir des exportations d’armes massives. La principale différence réside dans
l’orientation de la stratégie de Washington en Extrême-Orient, qui consiste à contenir la Chine et la Russie.
Il ne fait aucun doute que les États-Unis aggravent la situation en Asie en provoquant Pyongyang et en minant la situation dans la péninsule coréenne pour la maintenir dans un état d’animation
suspendue qui peut être réactivé à tout moment. Les récentes visites successives, en juillet, de deux sous-marins nucléaires américains dans les bases navales sud-coréennes en sont un bon
exemple.
Ces derniers temps, la confrontation gelée entre les deux Corées s’approche constamment de l’escalade en raison de l’approfondissement de la coopération militaire entre Washington et Séoul. Un
moment décisif s’est produit en avril lorsque Biden et Yoon ont signé la Déclaration de Washington sur la dissuasion de la Corée du Nord, qui implique la création d’un groupe consultatif sur les
questions dans le domaine nucléaire et une plus grande fréquence d’apparition des armes stratégiques américaines, ainsi que la visite de sous-marins nucléaires en Corée du Sud.
Certes, le doublement de Washington a provoqué une vive réaction de Pyongyang et un cercle vicieux se met en place en l’absence d’intérêt de la part des Américains à renouer le dialogue avec
Pyongyang. En fait, les Américains enveniment la situation sous prétexte de soutenir la Corée du Sud.
En clair, cela crée une synergie pour la capacité des États-Unis à contrer l’axe sino-russe dans la région Asie-Pacifique. Le journal Izvestia a rapporté la semaine dernière, citant des sources
du ministère de la défense à Moscou, qu’un renforcement du déploiement en Extrême-Orient était à l’étude et qu’il pourrait inclure le basculement des porte-missiles stratégiques Tu-160 “White
Swan” dans la région de l’Amour – un bombardier stratégique supersonique multimode à géométrie d’aile variable, conçu pour frapper l’arrière profond à une vitesse pouvant atteindre 2000 km/h.
L’expert militaire Youri Lyamin a déclaré à Izvestia : “Il convient d’accorder une attention particulière au Japon, avec lequel nous [la Russie] avons toujours des différends territoriaux
concernant les Kouriles du Sud. Récemment, ce pays [le Japon] a augmenté ses dépenses militaires et prévoit également de développer des systèmes d’armes de choc. Il est donc nécessaire de
renforcer nos forces de dissuasion afin de neutraliser la menace venant de cette direction”.
Cependant, la géopolitique de l’Extrême-Orient a également d’autres dimensions. La valeur commerciale de la route maritime de l’Arctique est sous les feux de la rampe, “un domaine important où la
Chine et la Russie ont un potentiel et devraient renforcer leur collaboration”, a écrit le Global Times cette semaine.
La Russie teste actuellement la route maritime arctique avec une cargaison de pétrole brut destinée à la Chine, qui devrait arriver le 12 août à Rizhao, dans la province de Shandong, dans l’est
de la Chine. Cette route pourrait réduire de près d’un tiers la distance maritime entre l’Europe et l’Asie du Nord-Est, par rapport à la route de Suez, qui est actuellement utilisée pour la
plupart des exportations de pétrole russe vers la Chine et l’Inde.
Il ne fait aucun doute que le changement climatique alimente l’intérêt pour le transport maritime dans l’Arctique. Mais il s’agit également d’une nouvelle étape dans la compétition mondiale entre
les puissances, qui met en jeu des intérêts politiques et économiques pour le commerce entre l’Asie et l’Europe. L’importance stratégique est profonde, puisque la route du Nord n’est pas sous le
contrôle des États-Unis, contrairement au détroit de Malacca.
Le Global Times écrit : “Du point de vue de la géopolitique, une planification précoce et des précautions en termes de diversification des routes maritimes sont primordiales pour la sécurité
économique et commerciale de la Chine. Par conséquent, la Chine doit s’associer à la Russie pour développer de nouvelles routes maritimes dans l’Arctique, dans l’intérêt stratégique à long
terme.”
Il suffit de dire que l’approfondissement de la coopération entre les marines chinoise et russe, en particulier les patrouilles conjointes, etc., change la donne dans la géopolitique de
l’Extrême-Orient et du Pacifique occidental.
Qu’en est-il de la Corée du Nord ? Le port de Rajin, situé sur la côte nord-est de la Corée du Nord, est le port libre de glace le plus septentrional d’Asie.
Rajin pourrait devenir un “hub logistique” s’il est relié au chemin de fer transsibérien. Il existe déjà une voie ferrée reliant la Russie et la Corée du Nord via le passage du fleuve Tumen pour
atteindre le port de Rajin (conformément à un accord signé en 2008 entre les chemins de fer des deux pays).
Une zone économique spéciale à Ranjin s’intègre d’une part dans le réseau de transport maritime de l’Arctique et, d’autre part, dans le groupe de ports d’Asie du Nord-Est où les navires
transitant par la route maritime du Nord pourraient arriver ou partir, trois d’entre eux – Busan, Qingdao et Tianjin – étant également les dix ports à conteneurs les plus fréquentés au monde.
En effet, le complot américain visant à maintenir les tensions à un niveau élevé dans la situation entourant la Corée du Nord est évident. Pour que Rajin devienne réellement une plaque tournante
logistique, il faudrait probablement que la situation politique dans la péninsule coréenne change radicalement.
La visite inédite de Shoigu à Pyongyang a un objectif bien plus important : intégrer la Corée du Nord dans la géoéconomie de l’Eurasie. L’envisager en termes de somme nulle ne rendrait pas
justice aux ressources intellectuelles de la Russie pour planifier l’avenir avec une vision à long terme. Ne soyez pas surpris si les discussions de Shoigu à Pyongyang figurent dans la prochaine
visite de Poutine en Chine en octobre, avec un accent sur l’initiative “Belt and Road”.