L’Ukraine, un État clé du Nouvel ordre mondial ? Un dirigeant sans scrupules et corrompu – une première dame accusée de trafic d’enfants – une sataniste
ambassadrice du pays et enfin des célébrités qui se livrent à la prostitution et au trafic d’êtres humains. En outre, les États-Unis font mener une guerre par procuration contre la Russie
et enrichissent ainsi avant tout leur propre industrie de l’armement. De même, des acteurs financiers mondiaux comme BlackRock, Vanguard et JP Morgan prêtent des fonds qui ne pourront
probablement jamais être remboursés, mais qui sont garantis par des biens publics réels comme l’extraction de pétrole et de gaz naturel et par d’immenses surfaces cultivables. Défend-on
ici les «valeurs occidentales» ou poursuit-on de tout autres objectifs ?
Ce revirement de
politique, près de 1 000 jours après le début de l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie, intervient en grande partie en réponse au déploiement par la Russie de troupes nord-coréennes
pour compléter ses forces, un développement qui a suscité l’inquiétude de Washington et de Kiev, ont déclaré à Reuters un responsable américain
et une source au fait de la décision.
[Note : Rien ne prouve
que des troupes nord-coréennes aient été déployées par la Russie à proximité de l’Ukraine].
19 novembre et 20/21 novembre :
L’Ukraine frappe un dépôt de munitions dans l’oblast russe de Briansk, loin de toute ligne de front, ainsi que des installations militaires dans l’oblast russe de Koursk :
Le 19 novembre, six missiles balistiques tactiques ATACMS produits par les États-Unis et, le 21 novembre, au cours d’un assaut combiné de missiles impliquant
des systèmes Storm Shadow britanniques et des systèmes HIMARS produits par les États-Unis, ont touché des installations militaires à l’intérieur de la Fédération de Russie dans les régions de
Briansk et de Koursk.
…
L’incendie du dépôt de munitions de la région de Briansk, provoqué par des débris de missiles ATACMS, a été éteint sans faire de victimes ni de dégâts
importants. Dans la région de Koursk, l’attaque a visé l’un des postes de commandement de notre groupe Nord. Malheureusement, l’attaque et la bataille de défense aérienne qui s’en est suivie
ont fait des morts et des blessés parmi les unités de sécurité du périmètre et le personnel d’entretien.
En réponse au déploiement d’armes à longue portée américaines et britanniques, les forces armées russes ont mené, le 21 novembre, une frappe combinée sur une
installation du complexe industriel de défense ukrainien. Sur le terrain, nous avons également testé l’un des derniers systèmes de missiles russes à moyenne portée, en l’occurrence un missile
balistique hypersonique non nucléaire que nos ingénieurs ont baptisé Oreshnik. Ces essais ont été couronnés de succès et ont permis d’atteindre l’objectif visé par le lancement. Dans la ville
de Dniepropetrovsk, en Ukraine, l’un des plus grands et des plus célèbres complexes industriels de l’ère soviétique, qui continue à produire des missiles et d’autres armements, a été
touché.
Le 23 novembre, l’ennemi a tiré cinq missiles opérationnels-tactiques ATACMS de fabrication américaine sur une position d’un bataillon antiaérien S-400 près de
Lotarevka (à 37 kilomètres au nord-ouest de Koursk).
Au cours d’un combat surface-air, l’équipage d’un AAMG Pantsir protégeant le bataillon a détruit trois missiles ATACMS, dont deux ont atteint leur cible.
Un radar a été endommagé par la frappe. Il y a des blessés parmi le personnel. [Radar en maintenance semble-t-il, NdSF]
Le 25 novembre, le régime de Kiev a procédé à une nouvelle frappe avec huit missiles opérationnels-tactiques ATACMS sur l’aérodrome de Kursk-Vostochny (près de
Khalino). Sept missiles ont été abattus par les systèmes S-400 SAM et Pantsir AAMG, un missile a atteint la cible assignée. Deux militaires ont été légèrement blessés et des objets
d’infrastructure ont été légèrement endommagés par des débris de missiles.
Après enquête sur les sites attaqués, il a été confirmé que les FAU ont effectué des frappes avec des missiles opérationnels-tactiques ATACMS fabriqués par les
États-Unis.
27 novembre :
Le général russe Valery Gerasimov s’entretient par téléphone avec le général CQ Brown, président de l’état-major interarmées :
Le général Valery Gerasimov est à l’origine de l’appel téléphonique de mercredi dernier avec le général CQ Brown, président de l’état-major interarmées, afin de
lui transmettre cet avertissement et de discuter de l’Ukraine et de la manière d’éviter toute erreur de calcul entre les États-Unis et la Russie dans le cadre de ce conflit en cours.
La nuit dernière, nous avons mené une frappe globale en utilisant 90 missiles de ces classes et 100 drones, atteignant avec succès 17 cibles. Il s’agissait
d’installations militaires, de sites de l’industrie de la défense et de leurs infrastructures de soutien. Je tiens à souligner une fois de plus que ces frappes ont été menées en réponse aux
attaques continues contre le territoire russe à l’aide de missiles ATACMS américains. Comme je l’ai dit à maintes reprises, de telles actions entraîneront toujours une réponse.
Il semble que le message de la Russie soit enfin parvenu à son destinataire.
5/6 décembre :
Lors d’une nouvelle attaque contre la Russie, l’Ukraine a utilisé des drones à voilure fixe, mais pas de missiles ATACMS :
La nuit dernière, les forces armées russes ont déjoué une nouvelle tentative du régime de Kiev de lancer une attaque terroriste à l’aide d’un drone à voilure
fixe contre les installations de la Fédération de Russie.
Trente-trois drones ukrainiens ont été interceptés par des systèmes de défense aérienne alertés au-dessus de la région de Koursk. Quatorze drones ont été
abattus au-dessus du territoire de la région de Voronej, onze au-dessus de la région de Koursk, sept au-dessus de la région de Belgorod et un au-dessus de la République de Crimée.
En outre, l’aviation navale de la flotte de la mer Noire a détruit deux véhicules de surface sans équipage qui se dirigeaient vers la péninsule de Crimée dans
les eaux de la mer Noire.
Depuis l’appel
téléphonique de Gerasimov (et le discours de Poutine), AUCUN rapport n’a fait état de nouvelles frappes ATACMS (ou Storm Shadow) sur la Russie !
Lors de l’annonce des dernières frappes, M. Poutine a également décrit les effets des frappes de missiles hypersoniques :
Le système déploie des dizaines d’ogives à tête chercheuse qui frappent la cible à une vitesse de Mach 10, ce qui équivaut à environ trois kilomètres par
seconde. La température des éléments d’impact atteint 4 000 degrés Celsius, ce qui se rapproche de la température de surface du soleil, qui est d’environ 5 500 à 6 000 degrés.
Par conséquent, tout ce qui se trouve dans l’épicentre de l’explosion est réduit en morceaux, en particules élémentaires, et se transforme essentiellement en
poussière. Le missile est capable de détruire
même des structures fortement fortifiées et situées à des profondeurs importantes.
Au cours de plusieurs interviews accordées ces derniers jours, le professeur Ted Postol du MIT a exprimé son désaccord (vidéo) avec l’affirmation de Poutine. Postol décrit les impacts de l’Oreshnik comme des explosions superficielles peu
profondes d’une force équivalente à environ 1,5 fois le poids d’un explosif TNT. Avec un poids d’ogive estimé à 100 kilogrammes, l’impact de chacune des 36 ogives de l’Oreshnik ne serait pas plus
important que celui d’une petite bombe ordinaire. Cela les rendrait pratiquement inutiles contre tout ce qui n’est pas des cibles de grande surface.
Je doute que Postol ait bien compris :
Poutine est généralement très bien informé et n’a pas l’habitude de faire de fausses déclarations. S’il affirme que les ogives Oreshnik ont des capacités de
pénétration en profondeur, il est probable qu’elles en aient.
Cela n’aurait guère de sens pour les Russes de faire la démonstration de l’Oreshnik sur des cibles renforcées, comme le sont les bunkers de l’usine de machines
de Yuzhmash, s’il n’avait pas d’effets significatifs sur ces cibles. Il s’agirait d’un bluff qui pourrait être et serait immédiatement annulé par le spécialiste du Pentagone inspectant les
lieux et observant les effets.
Les États-Unis prennent la frappe au sérieux. Ils ont réagi en cessant de soutenir d’autres frappes ATACMS ukrainiennes sur la Russie.
Les experts en armement comme Postol ont peu d’expérience des projectiles hypersoniques, qui frappent à une vitesse dix fois supérieure à celle du son. Je pense que
son évaluation est sincère. Il applique également les mises en garde nécessaires. Mais je doute que lui, comme la plupart des autres experts, ait une expérience suffisante des effets des
projectiles hypersoniques de type fléche pour étayer davantage ses affirmations.
Je recommande donc, ne serait-ce que par excès de prudence, de supposer que les affirmations russes sur les capacités de destruction de bunkers des missiles
Oreshnik sont bien réelles.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Ukraine : Comment l’équipement occidental aide à développer l’armement russe
L’opération militaire spéciale en
Ukraine est devenue non seulement un affrontement entre l’OTAN et la Russie, mais aussi un polygone de combat où les pays occidentaux testent leur matériel militaire face aux armements
soviétiques et russes.
Après l’Euromaïdan en 2014, les pays occidentaux ont commencé à alimenter les forces armées ukrainiennes en équipements et armements. Les normes de l’OTAN
ont été progressivement introduites en Ukraine, et les conseillers militaires occidentaux ont formé le personnel militaire à l’utilisation du matériel occidental.
Cependant, le plus grand flux d’aide militaire occidentale ainsi que d’armements est arrivé en Ukraine après le début de l’opération militaire
spéciale.
Une partie des armements fournis à Kiev consistait en ancien équipement soviétique que l’URSS avait massivement fourni aux pays européens du bloc
socialiste. Sa prise en main n’a posé aucun problème aux forces armées ukrainiennes, qui utilisaient principalement des armements soviétiques.
En même temps, pratiquement tous les pays de l’OTAN fournissaient leurs propres armements ou des armements occidentaux acquis dans d’autres pays, et les
stocks d’armements soviétiques n’étaient pas infinis.
L’apparition d’armements occidentaux modernes sur le théâtre d’opérations militaires ukrainien a suscité un véritable intérêt tant de la part des forces
armées de la Russie que des entreprises du complexe militaro-industriel russe, ainsi que des questions concernant l’efficacité de leur utilisation au combat.
L’Occident s’enorgueillissait pendant des décennies de ses élaborations militaires, mais les a presque toujours utilisés contre des pays n’ayant pas la
capacité de s’opposer pleinement aux forces de l’OTAN. D’autre part, depuis l’époque de l’URSS, la confrontation directe entre les équipements militaires des blocs capitaliste et
socialiste a toujours favorisé la création de nouveaux modèles, voire de types entiers d’équipements militaires soviétiques, puis russes.
Cependant, il faut tenir compte du fait que le financement militaire de la Russie et des pays de l’OTAN sont incomparables. Selon l’Institut international
de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), en 2023, les
dépenses militaires rien que des États-Unis s’élevaient à 916 milliards de dollars (37% du budget militaire mondial), et celles de tous les pays de l’OTAN à plus de 1300
milliards de dollars (57%).
On peut également ajouter les dépenses militaires des pays partenaires ayant le statut d’«allié majeur hors OTAN». Par exemple, les dépenses militaires de
seulement deux de ces pays asiatiques, la Corée du Sud et le Japon, s’élevaient à environ 100 milliards de dollars. Même le budget militaire de l’Ukraine a atteint 65 milliards de
dollars.
Sachant que les dépenses militaires de la Russie en 2023 s’élevaient à moins de 110 milliards de dollars (4,5% des dépenses mondiales).
Sans avoir un financement comparable à celui des pays de l’OTAN, le complexe militaro-industriel russe parvient à produire de nouveaux types d’armements et
à améliorer les équipements militaires déjà utilisés par l’armée russe.
L’une des sources d’amélioration de l’armement russe a été les modèles d’équipements militaires de l’OTAN obtenus sur le champ de bataille en Ukraine. Cela
inclut les blindés (chars, véhicules de combat d’infanterie, transporteurs de troupes blindés et véhicules blindés), les vedettes de patrouille, les systèmes de missiles sol-air, les
stations radar et autres moyens de défense aérienne, les moyens de communication et de guerre électronique, les drones, les missiles antiradars et de croisière de différents types, les
lance-grenades et les systèmes antichars, les armes légères et bien d’autres.
Parmi les modèles les plus connus d’armements occidentaux capturés par les forces armées russes, on peut citer les chars américains Abrams, britanniques
Challenger et allemands Leopard ; les véhicules blindés américains Bradley et allemands Marder ; les systèmes de missiles sol-air mobiles franco-italiens Mamba, les tout nouveaux canons
antiaériens automoteurs allemands Skynex, les systèmes de missiles antichars américains Javelin et les systèmes antichars portables suédo-britanniques NLAW. Ainsi que les missiles à
longue portée ATACMS (États-Unis), Storm Shadow (Royaume-Uni) et Scalp (France).
Et tous sont envoyés dans les unités militaires scientifiques des forces armées russes et aux entreprises du complexe militaro-industriel pour rechercher
des solutions de contre-mesures, des méthodes pour vaincre les armements de l’OTAN, ainsi que pour développer de nouveaux équipements militaires russes.
Les équipements militaires russes modernisés et les nouveaux types d’armements suscitent un intérêt croissant sur le marché mondial des armements.
Par exemple, en février 2024, lors du salon international de la défense et de la sécurité World Defense Show en Arabie saoudite, le complexe
militaro-industriel russe a présenté ses tout nouveaux chasseurs, avions de transport, hélicoptères et leurs missiles, drones et systèmes de défense aérienne, hydroptères et submersibles,
blindés et armes de sniper.
En septembre 2024, lors du salon international de l’armement ADEX en Azerbaïdjan, ont été présentés la munition rôdeuse Lancet-E, des drones modernes et des
brouilleurs, qui ont fait leurs preuves sur le théâtre de l’opération militaire spéciale.
En novembre 2024, lors du salon international Airshow China, plus de 20 entreprises de défense russes de premier plan, spécialisées dans le développement et
la production d’avions militaires, d’hélicoptères, d’armes aériennes, de systèmes de défense aérienne et antimissile, de guerre électronique, de moteurs et d’avionique, ont présenté leurs
produits. Le chasseur de cinquième génération Su-57 a été la vedette du salon.
Notez que cette prise de conscience est générale alors que dans les médias français se succèdent les intervenants
habituels, retraités de l’OTAN, ancien espion du KGB, spécialistes de la Russie recrutés à cause de la haine visible qu’ils vouent à l’objet de leurs recherches, 68% des Français ne
veulent pas que nos armées aillent remplacer les troupes défaillantes de Zelensky. Les sondages dont il est fait état ici sont volontairement ceux de l’occident et du régime ukrainien. La
question de la négociation avance, celle des conditions d’une paix durable reste encore très floue.
Danielle
Bleitrach
*
par Victoria Nikiforova
Au bout de presque trois ans de guerre avec la Russie, les Ukrainiens commencent à se douter de quelque chose. Pour la première fois, l’idée d’une défaite
inévitable, de la recherche de voies de sortie et même de ce qui allait se passer ensuite s’est insinuée dans leurs pauvres têtes. Le retour à la réalité se fait lentement, avec des
grincements.
Les changements dans la conscience de masse des Ukrainiens sont mis en évidence par un sondage de l’Institut Gallup, une organisation américaine qui n’est
ni favorable à Moscou, ni encline à faire son jeu. Selon les chercheurs, plus de la moitié des Ukrainiens (52%) souhaitent aujourd’hui que les combats cessent le plus rapidement possible
et sont ouverts aux négociations. En 2022, ces pacifistes étaient presque trois fois moins nombreux.
Seuls 38% de la population de l’ex-RSS d’Ukraine exigent de se battre jusqu’à la victoire. Au début de la guerre froide, cette exigence était partagée par
près des trois quarts de la population.
Enfin, et surtout, environ un quart des Ukrainiens se déclarent favorables à la paix au prix de concessions territoriales. Ce chiffre est en fait
surprenant. En effet, au début du conflit, un optimisme sans précédent régnait de l’autre côté de la ligne de front.
La majorité des citoyens ukrainiens étaient persuadés que, dans quelques mois, ils récupéreraient les territoires que nous avions libérés et qu’ils
boiraient du café en Crimée. Et s’il ne s’agissait que de la Crimée ! L’Ukraine rêvait de s’emparer du sud de la Russie et d’atteindre Moscou. Le nationaliste fou Korchinsky (un
extrémiste et un terroriste) promettait de soulever la Russie et de lui prendre toutes ses ressources et ses armes nucléaires. Beaucoup voyaient la victoire de l’Ukraine «sur les ruines
de Moscou».
Étaient-ce des malades mentaux ? Oui, bien sûr, mais ils ont électrisé la foule. Leurs délires étaient alimentés par les médias occidentaux et les téléthons
interminables. Les rêves voluptueux de victoire sur les «moscals» ont fonctionné comme un anesthésiant – ils ont permis à l’opinion publique d’ignorer les pertes énormes au front, la
fuite de millions de personnes, la misère générale et la privation des droits fondamentaux.
Aujourd’hui, sous nos yeux, cette stupéfaction se dissipe. Les choses ne se sont pas passées comme on l’avait rêvé. «Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est ton
honneur ?» – est-on censé demander dans ces cas-là, mais nous ne le ferons pas, c’est suffisamment clair.
L’avancée tenace et imparable de l’armée russe contraint les forces armées ukrainiennes à perdre les unes après les autres des zones peuplées. Près
d’un quart des militaires ukrainiens ont déserté. Ceux qui n’ont pas pu le faire s’ajoutent à la liste des victimes – selon les chiffres officiels les plus modestes,
l’Ukraine a perdu près d’un million de personnes tuées et blessées depuis le début du conflit.
L’incursion dans la région de Koursk, sur laquelle tant d’espoirs étaient fondés pour remonter le moral des troupes, n’a rien donné. Biden est parti dans la
jungle, et il est remplacé par Trump, qui déteste ouvertement Zelensky.
Pendant ce temps, la Russie – quelle surprise ! – ne s’est pas effondrée, ne s’est pas dégradée et n’a pas disparu de la carte du monde. En outre, elle est
devenue la quatrième économie mondiale et continue à se développer avec succès malgré toutes les difficultés.
C’est ainsi qu’à l’automne 2024, l’anesthésie du mensonge a cessé de fonctionner. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les citoyens ukrainiens
ont été confrontés à la réalité, et ils ne l’ont pas aimée. La peur et le désespoir se sont emparés du pays, des militaires comme des civils.
Et la cote négative de Zelensky & Co. augmente : 30% de la population désapprouve les activités de l’Ukroführer, tandis que 66% désapprouve le
gouvernement.
Près de la moitié de la population admet ne pas avoir assez d’argent pour se nourrir et se loger. Plus de 50% déclarent vivre dans un état de stress
permanent.
Pendant ce temps, les patrons occidentaux de Kiev haussent les épaules et se lavent les mains de la situation. «Les Ukrainiens ont
commencé à adopter une vision plus sobre de la situation», déclare sèchement la BBC britannique.
– Ils ont enlevé leurs lunettes roses et réalisé que le «café en Crimée» n’arrivera pas avant un certain temps, et que les frontières de 1991 ne sont pas une perspective pour aujourd’hui
et loin d’être pour demain.
Quelle hypocrisie révoltante ! Depuis des années, la même BBC et
d’autres médias occidentaux trompent les Ukrainiens, leur promettent ceci et cela, et jurent sur leurs mères, les convainquant d’une victoire inévitable sur la Russie «arriérée» et
«autoritaire». Ils ont mis un casque de réalité virtuelle sur la tête de tout un pays et l’ont séduit avec toute la force de la propagande occidentale. Et maintenant, ils disent :
«Nous
n’avons rien à voir là-dedans, les Ukrainiens doivent regarder la situation avec plus de lucidité».
Le retour à la réalité sera très difficile pour les Ukrainiens, et il est temps de prescrire un traitement psychiatrique à tout le monde. Il n’est pas
surprenant que plus de la moitié de la population se plaigne d’un stress permanent.
Toutefois, les citoyens les plus intelligents de la République indépendante ont déjà trouvé une excellente recette pour lutter contre le stress : Ils
rentrent tout simplement chez eux, dans les territoires libérés par la Russie. Plus de cent cinquante mille personnes sont déjà rentrées, et environ soixante mille personnes sont venues
rien qu’à Marioupol – cela a été reconnu même à Kiev.
Car le discours de Zelensky est une chose, mais la réalité est tout autre. Les gens peuvent voir de leurs propres yeux comment les villes de Novorossiya se
transforment en espaces glamour avec une urbanisation de type moscovite, des quais, des parcs et des cafés où les hipsters sirotent leur Lavender Rough et critiquent le gouvernement. Tout
cela est du pur cosmos comparé à la façon dont le pauvre pays ruiné vit aujourd’hui.
Moscou s’est installée pour de bon et propose des pistes cyclables, trente variétés de café et des prêts hypothécaires à un taux d’intérêt avantageux de
deux pour cent. C’est certainement mieux que de pourrir sans raison dans les tranchées ou d’errer dans le monde en s’attendant à être expulsé à chaque minute.
Les citoyens ukrainiens n’ont aujourd’hui qu’un seul remède contre la peur et le désespoir : il est là où se trouve la Russie.
Des civils évacués de Selidovo, en RPD (République populaire de Donetsk), ont rapporté comment l’armée ukrainienne a commis un massacre lors du «mardi
noir», alors qu’ils se retiraient de la ville face à l’avancée de l’armée russe, fin octobre 2024.
Je m’installe face à Alexandre dans une petite salle, pour qu’il puisse me raconter calmement ce qu’il a vu et vécu avant la libération de la ville par
l’armée russe fin octobre 2024. Lorsqu’il commence à me raconter les événements du «mardi noir» comme l’ont surnommé les habitants de Selidovo qui ont survécu au massacre organisé par
l’armée ukrainienne, je comprends que dans cette ville, les soldats ukrainiens se sont surpassés dans l’horreur.
Ce qui s’est passé à Selidovo le 22 octobre 2024 peut être comparé au massacre
des civils de Boutcha par les soldats ukrainiens début avril 2022, ou à celui d’Oradour-sur-Glane par les soldats de la division SS Das Reich (celle dont le symbole orne le blason du
régiment Azov) en France en juin 1944.
Alexandre mentionne tout au long de son histoire les noms des victimes qu’il connaissait personnellement. Le récit n’est pas parfaitement linéaire et je
sens à plusieurs moments les émotions submerger mon interlocuteur. Il a vu la mort de près. Les soldats ukrainiens sont passés par chaque entrée d’immeuble, frappant à chaque porte
d’appartement pour trouver les civils qui avaient refusé d’évacuer. Ceux qui attendaient l’arrivée de l’armée russe, parce qu’ils se sentent Russes.
Un délit d’opinion érigé en crime dans l’Ukraine post-Maïdan. Un crime qui justifie aux yeux des soldats ukrainiens de tuer des civils sans défense, de
commettre les pires crimes de guerre à leur encontre.
Ce 22 octobre 2024, alors que l’armée russe approche de Selidovo et que l’armée ukrainienne doit reculer, les soldats ukrainiens commencent à passer de
maison en maison, d’immeuble en immeuble, d’appartement en appartement, frappant aux portes, exigeant des civils qu’ils sortent de leur cave. Ceux qui répondaient, ouvraient la porte, ou
sortaient de leur cachette ont été abattus sans sommation d’une rafale de fusil mitrailleur, leurs corps abandonnés sur place.
Alexandre attendait son tour en tremblant de tout son corps, lorsqu’un soldat de l’armée ukrainienne avec un fort accent étranger (polonais ou français) dit
à ses camarades que cela suffit, qu’il n’y a plus de civils à cet endroit-là. Ils jetèrent alors le pied de biche avec lequel ils défonçaient les portes, et partirent. Alexandre a survécu
grâce à cet ordre inattendu.
D’autres ont survécu grâce au fait qu’ils ont joué les morts, comme son ami Vitia, qui est tombé au sol lorsque les soldats ukrainiens ont tiré sur lui et
les personnes avec lesquelles il vivait. Il est resté couché au sol, jouant le mort, même lorsqu’un soldat ukrainien lui a marché dessus avant de sortir de la cave où il est ensuite resté
allongé 14 h sous les cadavres de ses amis. C’est son frère, Vladimir, qui l’a sorti de là.
D’autres ont dû leur survie au fait d’avoir gardé leur porte fermée et de ne pas avoir répondu aux injonctions des soldats ukrainiens, leur faisant croire
que les lieux étaient vides.
Un témoignage terrifiant, confirmé par deux autres habitants de Selidovo, Dmitri, et Vladimir. Ce dernier a non seulement vu de ses propres yeux comment un
sniper ukrainien a tiré sur lui et un couple de civils, mais il a aussi été blessé le lendemain du mardi noir par un tir de fusil mitrailleur d’un soldat de l’armée ukrainienne, alors
qu’il allait constater par lui-même que les rues de Selidovo étaient remplies de cadavres de civils. Vladimir confirme que ce jour-là les soldats russes n’étaient pas encore entrés dans
Selidovo, qu’il n’y avait que seule l’armée ukrainienne était dans la ville, et que par conséquent seuls les soldats ukrainiens pouvaient avoir commis ce massacre de civils.
Vladimir et Dmitri me racontent aussi comment le SBU cherchait activement les enfants pour les évacuer de force, remplaçant ainsi les
fameux «Anges blancs» qui opéraient à Artiomovsk, Avdeïevka et Dzerjinsk.
Il semble que le trafic d’enfants venant de la ligne de front soit un commerce tellement lucratif que le SBU a décidé de ne plus le sous-traiter à d’autres organisations
pseudo-humanitaires, et d’assurer lui-même la récolte de la «marchandise».
À un moment, Alexandre ne trouve plus les mots et se signe en tremblant, au bord des larmes. Je lui indique qu’on peut arrêter là l’interview car je
comprends que les émotions le submergent, que c’est trop difficile pour lui de se rappeler ce jour fatidique où tant de gens qu’il connaissait sont morts, et où lui-même a frôlé la mort
de très près. J’ai moi-même envie de pleurer à ce moment-là tant ce qu’il m’a raconté est terrifiant.
Regarder les interviews des réfugiés de Selidovo, en version sous-titrée en français :
Alexandre, Vladimir et Dmitri ne sont pas les seuls à avoir témoigné de ce qui s’est passé à Selidovo. Le Tribunal public international pour les crimes des
néo-nazis ukrainiens de Maxime Grigoriev s’est rendu sur place, et a trouvé de nombreux corps de civils dans les rues, les maisons et les appartements, ainsi que de nombreux témoins. Pour
l’instant l’estimation est que l’armée ukrainienne a tué plus
d’une centaine de civils à Selidovo, mais le chiffre réel est sans doute beaucoup plus élevé. Il faudra du temps pour fouiller toute la ville et retrouver tous les corps.
Attention images choquantes montrant les corps de trois personnes abattues dans la maison située au 89 Koutchourinskaïa :
Dans cette autre vidéo du Tribunal public international pour les crimes des néo-nazis ukrainiens, Vladimir Romanenko a raconté comment l’armée ukrainienne a
abattu tous les membres de sa famille.
«Le 24 octobre 2024,
ma famille a été abattue par l’armée ukrainienne juste à côté de notre maison. À 7 heures du matin, je suis sorti dans le jardin et j’ai entendu des cris : «Tout le monde, sortez de la
maison !» criait un soldat, il y en avait un autre à côté de lui, un peu plus loin, ils ont emmené ma femme, mon petit-fils, ma belle-fille et sa mère hors de la maison et leur ont
ordonné de se mettre face au mur. Ma belle-fille criait «Qu’est-ce que vous faites ?» Le soldat ukrainien a simplement commencé à tirer. Il a d’abord tué ma femme, puis les autres. J’ai
couru dans le jardin et je me suis caché. Quelques jours plus tard, je suis rentré à la maison. À l’endroit où ils ont été abattus, j’ai trouvé des restes : Des corps brûlés, des
fragments d’os et des effets personnels. J’ai rassemblé tout ce que je pouvais dans cinq sacs et je les ai enterrés à l’entrée. C’est tout ce qui reste de ma famille», rapporte
Vladimir.
L’homme ne doit sa survie qu’au fait qu’il était sorti de la maison pour aller aux toilettes et qu’il a fui en entendant les coups de feu. Sans cela il
aurait fini comme le reste de ses proches.
Ce que l’armée ukrainienne a fait aux civils de Selidovo est bien plus qu’un simple crime de guerre, c’est un véritable massacre méthodique, délibéré et à
grande échelle des habitants de la ville. Bien sûr les médias mainstream occidentaux n’en parleront pas. Parce que cela porterait atteinte à l’image de victime de l’Ukraine. Et puis
surtout, parce que cela pousserait monsieur et madame tout le monde à se poser des questions sur les véritables responsables d’autres massacres comme celui de Boutcha… C’est donc à vous
mes lecteurs, qu’il revient de faire circuler ces témoignages et de faire savoir la vérité autour de vous. Pour que personne ne puisse dire un jour qu’ils ne savaient pas.
A la veille de l’effondrement militaire de l’Ukraine, nous pouvons tenter de résumer quelques leçons de cette guerre, à la fois de haute intensité et de haute retenue – les Russes en effet
ont retenu leurs coups pour ne pas détruire un pays dont ils revendiquent la possession de sa partie orientale, pour des raisons historiques que nous avons déjà développées.
Dans l’histoire moderne, soit depuis le XVe siècle, trois armes se sont disputé successivement la prépondérance sur le champ de bataille : l’artillerie, la
cavalerie et l’infanterie. La maitrise du ciel a pu jouer un rôle essentiel sous la Deuxième guerre mondiale, mais elle n’a servi à rien ailleurs, comme au Vietnam. L’infanterie a longtemps été
la reine, mais actuellement, il semble que l’artillerie soit de nature à clouer au sol les fantassins. Par artillerie, j’entends aussi bien les bouches à feu et les missiles que les drones :
L’ensemble est responsable de 80% des pertes.
Les drones : La révolution tactique moderne
Le drone, voilà la grande révélation, une arme du faible au fort (ce qui est la vocation de toute nouvelle arme), maniée par de jeunes experts qui sont plus à
l’aise dans les jeux vidéo que dans la lecture de Dostoïevski. Les uns sont des drones-suicides, d’autres observent, comme les premiers avions de la Grande guerre, d’autres encore combattent de
l’air au sol.
A cause de ces drones, qui renforcent l’observation satellitaire, les fantassins, mais également les chars et les convois, ont beaucoup de mal à se mettre en
sécurité. C’est pourquoi le champ de bataille ressemble plus à celui de la Première guerre mondiale qu’à celui de la Deuxième : la manœuvre est difficile, ce qui favorise la défense plutôt
que l’attaque. Outre la protection qu’offre la tranchée, on sème des mines, on confie à l’artillerie le soin de se battre, en vertu de l’adage de la Grande guerre : « L’artillerie
conquiert, l’infanterie occupe ». D’où aussi cette étonnante impression, depuis deux ans, de quasi-immobilité de la ligne de front, qui ne progresse que très lentement d’est en ouest :
il n’y a pas que le souci de la Russie de ne pas détruite ce qu’elle considère comme son sol, il y a aussi cette contrainte tactique.
Ajoutons, évidemment, le rôle des outils individuels comme les smartphones, mais ceux-là n’ont apporté rien de nouveau depuis les guerres d’Afghanistan et
d’Irak.
Missiles hypersoniques : Le facteur de dissuasion stratégique
Enfin, l’apparition des missiles hypersoniques. Leur invention a été motivée par le handicap qu’avait la Russie sur l’Amérique, qui par l’expansion de son empire se
trouvait à proximité de ses frontières tandis qu’elle-même devait parcourir de longues distances pour franchir celles de son adversaire : la vitesse, donc, devait rétrécir l’espace, c’est
pourquoi les Russes ont cherché puis trouvé le moyen de fabriquer des missiles volant à des vitesses supérieures à mach 5. Mais quand, en 2018, M. Poutine a révélé l’existence de tels missiles,
l’Empire américain ne l’a pas cru : La guerre du Donbass était engagée depuis quatre ans et l’on n’imaginait pas non plus que la Russie oserait intervenir quatre ans plus
tard.
Ceci nous renvoie à une autre réalité, c’est l’aveuglement des chefs politiques et des militaires du camp
américain. Un phénomène bien connu quand on se trouve depuis trop longtemps en situation prépondérante. Il peut en résulter une dissociation par rapport à la réalité, comme la
France de Napoléon III en 1870, celle de Poincaré en 1914, de Gamelin en 1939 etc. Ce n’est probablement pas inéluctable, on me permettra de rappeler que c’était moins courant sous la monarchie,
même si l’on se souvient encore du désastre d’Azincourt en 1415. En Russie même, ce phénomène s’est produit au début de son intervention dans la guerre du Donbass, plusieurs chefs militaires ont
dû être remplacés. Nous avons connu la même chose dans la Grande guerre, et notre déroute de mai 1940 nous a empêché de renouveler nos cadres, qui sont tout de même apparu spontanément ici ou là
(Leclerc, de Lattre, Juin etc…). C’est normal : En temps de paix, les cadres de l’armée peuvent oublier qu’ils doivent se préparer à la guerre, et la République n’attend d’eux que des
capacités de gestion. C’est en temps de guerre que des chefs se révèlent des guerriers naturels, tandis que les généraux du temps de paix ne donnent aux politiciens que les conseils qu’ils
veulent bien entendre : Encore un phénomène classique d’un comportement de cour.
Vers une impasse géopolitique et militaire ?
D’où la médiocrité des « experts de plateau », mais aussi des experts patentés, comme ce général Breton, directeur du « Centre interarmées de
concepts, de doctrines et d’expérimentations », qui en février dernier, pour le deuxième anniversaire de l’intervention russe, persistait à déclarer que:
« cette
guerre était ingagnable pour la Russie et qu’elle aurait pour elle un coût exorbitant », mais qu’« en
dépit de cette analyse très rationnelle, la passion l’a emporté sur la raison ».
C’est exactement le contraire qui s’est produit, l’Europe occidentale s’est ruinée, non pas tant à cause des dons consentis à l’Ukraine (pour la France, encore 1,5
milliard cette année) que sous le contrecoup de nos sanctions, qui ont renforcé la Russie et nous sont revenues en boomerang. La passion fut de notre côté, elle fut idéologique. D’abord, en
se recommandant de la démocratie, tout en affectant de ne pas voir que M. Zelinski a dissous toutes les élections dans son pays, y compris la présidentielle de cette année…
Or, même sous la Grande guerre, les élections se tenaient en France. Ensuite en étant incapables d’imaginer que le reste du monde puisse penser différemment de
nous, en particulier les Russes qui devaient renverser leur président (qu’ils ont au contraire réélu malgré la guerre). De surcroît, nos chefs croient possible une mobilisation des populations en
Union européenne, dont 20% au moins sont étrangères ou d’origine étrangère, ne s’inscrivent pas dans la civilisation européenne et se moquent bien de ce qui peut se passer en Ukraine. De fait
quand le toujours général Breton déclare que :
« le
concept de forces morales agrège des valeurs fondamentales de courage, d’aguerrissement, de détermination ou encore de confiance des soldats dans leur mission, leur chef, et la cause
qu’ils servent »
, on se demande dans quelle France et quelle Europe il croit vivre.
Enfin, la France, nous l’avons déjà écrit ici, n’est pas prête pour un conflit autre que postcolonial : Peu importe que nos légionnaires soient les meilleurs
soldats du monde, ils l’étaient déjà en 1914, mais la Grande guerre était plus grande qu’eux. Ne parlons même pas, bien sûr, de l’hypothèse nucléaire : C’est une démarche désespérée de
l’Etat profond américain pour conserver le pouvoir en cherchant à nous y entraîner, mais cela n’arrivera pas, parce que ce serait l’assurance d’une destruction mutuelle. Cela dit, cette
perspective n’aurait pas fait peur à un Hitler, et rien ne nous garantit qu’aucun de nos chefs démocrates ne lui ressemble : Selon eux, à quoi bon l’Amérique sans le wokisme, et à
quoi bon le monde sans la démocratie ?
Le président russe
Vladimir Poutine a publié jeudi une déclaration concernant les deux frappes exécutées avec des armes occidentales à longue portée sur le territoire russe les 19 et 21 novembre et la
frappe réactive de Moscou sur une installation du complexe industriel de défense ukrainien dans la ville de Dnepropetrovsk avec un missile balistique hypersonique non nucléaire, inconnu
jusqu’ici, nommé Oreshnik.
Vendredi,
lors d’une réunion au Kremlin avec les hauts gradés de l’armée, Poutine a revisité le sujet en précisant qu’Oreshnik n’était pas vraiment à un stade “expérimental”, comme l’avait déterminé le Pentagone, mais
que sa production en série avait en fait commencé.
Et il a ajouté
» Compte tenu de la force particulière de
cette arme, de sa puissance, elle sera mise en service par les Forces de missiles stratégiques. » Il a ensuite révélé » Il est également important qu’avec le système Oreshnik, plusieurs
systèmes similaires soient actuellement testés en Russie. Sur la base des résultats des tests, ces armes entreront également en production. En d’autres termes, nous avons toute une gamme de
systèmes à moyenne et courte portée.”
Poutine a réfléchi sur le contexte géopolitique : “La situation militaire et politique actuelle dans le monde est
largement déterminée par les résultats de la concurrence dans la création de nouvelles technologies, de nouveaux systèmes d’armes et le développement économique.”
En résumé, le mouvement d’escalade autorisé par le président américain Joe Biden a fait boomerang. Biden a-t-il mordu plus
qu’il ne pouvait mâcher ? C’est la première chose.
Les États-Unis ont apparemment décidé que les “lignes rouges” de Poutine et la dissuasion nucléaire de la
Russie faisaient partie de la rhétorique. Washington n’avait aucune idée de l’existence d’une arme miracle comme l’Oreshnik dans l’arsenal
russe qui est aussi démoniaque et effrayante qu’un missile nucléaire dans son pur potentiel apocalyptique destructeur, mais qui épargnera des vies humaines. Poutine a ajouté
calmement que la Russie avait l’intention de donner un préavis aux civils pour qu’ils se mettent à l’écart avant qu’Oreshnik ne se dirige vers sa cible désignée pour l’anéantir. Le
choc et la crainte dans les capitales occidentales parlent d’eux-mêmes. Biden a évité de commenter la question lorsque les journalistes l’ont demandé.
L’Oreshnik n’est pas une mise à niveau des anciens systèmes de l’ère soviétique, mais “repose entièrement sur les innovations de pointe
contemporaines”, a souligné Poutine. Izvestia a rapporté qu’Oreshnik est une nouvelle
génération de missiles russes à portée intermédiaire d’une portée de 2 500 à 3 000 km et pouvant s’étendre jusqu’à 5 000 km, mais non intercontinentaux, équipés de plusieurs véhicules de
rentrée ciblés indépendamment (MIRV), c’est-à-dire ayant des ogives séparatrices avec des unités de guidage individuelles. Il a une vitesse comprise
entre Mach 10 et Mach 11 (dépassant 12 000 km par heure).
Le quotidien russe Readovka a rapporté qu’avec une charge utile de
combat estimée à 1 500 kg, s’élevant à une hauteur maximale de 12 km et se déplaçant à une vitesse de Mach 10, l’Oreshnik lancé depuis la base russe de Kaliningrad frapperait
Varsovie en 1 minute 21 secondes; Berlin en 2 minutes 35 secondes; Paris en 6 minutes 52 secondes et Londres en 6 minutes 56
secondes.
Dans sa déclaration de jeudi, Poutine a déclaré » il n’y a aucun moyen de contrer de telles armes aujourd’hui. Les
missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde. Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les
systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe ne peuvent pas intercepter de tels missiles. C’est impossible.”
En effet, une terrible beauté est née. Car, Oreshnik n’est pas seulement une arme hypersonique efficace et n’est ni une arme stratégique ni un missile
balistique intercontinental. Mais sa puissance de frappe est telle que lorsqu’il est utilisé en masse et en combinaison avec d’autres systèmes de précision à longue portée, son effet et sa
puissance sont à égalité avec les armes stratégiques. Pourtant, ce n’est pas une arme de destruction massive — c’est plutôt une arme de haute précision.
La production en série implique que des dizaines d’Oreshnik sont en cours de déploiement, ce qui signifie qu’aucun groupe d’état-major américain / OTAN
et aucune unité de renseignement anglo-américaine ciblée dans des bunkers à Kiev ou à Lvov n’est plus en sécurité.
Oreshnik est également un signal au nouveau président américain Donald Trump qui appelle ad nauseam à un règlement immédiat de la fin de la guerre.
Ironiquement, Oreshnik n’a été développé qu’à cause de la réaction de Moscou à la décision belliciste du président américain de l’époque, Trump, en 2019, de se retirer unilatéralement du
traité américano-soviétique de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). Par conséquent, cela indique également que la confiance de
Moscou en Trump est proche de zéro.
Pour bien comprendre ce point, le jour même où Oreshnik est sorti de son silo, Tass a réalisé une interview inhabituelle avec un think
tank russe de premier plan affilié au ministère des Affaires étrangères et au Kremlin. Une interview d’Andrey Sushentsov, directeur du programme du Club de discussion Valdai, doyen du
Département des Relations internationales du MGIMO du Ministère russe des Affaires étrangères et membre du Conseil scientifique du Conseil de sécurité russe.
Les extraits suivants de l’interview, clairs et surprenants, devraient dissiper l’hypothèse selon laquelle il se passe quelque chose de spécial entre Trump et
Poutine:
« Trump envisage de mettre fin à la crise ukrainienne, non pas par sympathie pour la Russie, mais parce qu’il reconnaît que l’Ukraine n’a aucune
chance réaliste de gagner. Son objectif est de préserver l’Ukraine en tant qu’outil pour les intérêts américains, en se
concentrant sur le gel du conflit plutôt que sur sa résolution. Par conséquent, sous Trump, la stratégie à long terme de lutte contre la Russie
persistera. Les États-Unis continuent de bénéficier de la crise ukrainienne, quelle que soit l’administration au pouvoir.
Les États-Unis ont retrouvé leur position de premier partenaire commercial de l’Union européenne pour la première fois depuis des années. Ce
sont les Européens qui supportent le fardeau financier de la prolongation de la crise ukrainienne, alors que les États-Unis n’ont aucun
intérêt à la résoudre. Au lieu de cela, il est plus avantageux pour eux de geler le conflit, en gardant l’Ukraine comme un outil pour affaiblir la Russie et comme un
point chaud persistant en Europe pour maintenir leur approche conflictuelle.
Trump a fait de nombreuses déclarations qui diffèrent des politiques de l’administration de Joe Biden. Cependant, le système étatique américain est une
structure inertielle qui résiste aux décisions qu’il juge contraires aux intérêts américains, de sorte que toutes les idées de Trump ne se concrétiseront pas.
Trump disposera d’une fenêtre de deux ans avant les élections de mi-mandat au Congrès, au cours desquelles il disposera d’une certaine liberté pour
faire passer ses politiques au Sénat et à la Chambre des représentants. Après cela, ses décisions pourraient faire face à une résistance à la fois nationale et de la part des alliés
des États-Unis.”
Ne vous y trompez pas, la Russie ne se fait aucune illusion. Poutine ne dérogera pas aux conditions qu’il a définies en juin pour résoudre le
conflit :
- Le retrait des troupes ukrainiennes du Donbass et de la Novorossiya ;
- L’engagement de Kiev à s’abstenir de rejoindre l’OTAN ;
- La levée de toutes les sanctions occidentales contre la Russie ;
- Et la création d’une Ukraine non alignée et dénucléarisée.
De toute évidence, cette guerre continuera son cours jusqu’à ce qu’elle atteigne sa seule conclusion logique, qui est la victoire russe. Le
vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a déclaré hier dans une interview à Al Arabiya que l’utilisation du missile Oreshnik
“change le cours” du conflit ukrainien.
Les capitales occidentales devront se réconcilier avec la réalité que la possibilité d’augmenter la pression dans cette guerre touche à sa fin. Ne vous y
trompez pas, si une autre frappe d’ATAMCS à l’intérieur de la Russie est tentée, cela aura des conséquences dévastatrices pour l’Occident.
Le président serbe Aleksandar Vucic l’a bien dit : « Si vous [l’OTAN] pensez que vous pouvez tout attaquer sur le
territoire russe avec la logistique et les armes occidentales sans obtenir de réponse, et que Poutine n’utilisera pas les armes qu’il jugera nécessaires, alors soit vous ne le connaissez pas,
soit vous êtes anormal.”
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Russie à l’ONU, a présenté au Conseil de sécurité, le 31 octobre, un tableau de la situation en Ukraine.
Selon lui, l’armée ukrainienne a gagné 250 km2 en un an, durant sa contre-offensive, mais perd 30 km2 par jour aujourd’hui et même a perdu 478 km2 durant le seul
mois d’octobre. Pourtant le régime Zelensky continue à se féliciter de ses avancées et à proclamer sa victoire.
Les États-Unis entendent piller le sous-sol ukrainien (uranium, titane, lithium et graphite) que le sénateur Lindsey Graham a évalué entre 10 000 à 12 000
milliards de dollars. Le Conseil de l’UE évoque un possible prêt à l’Ukraine, soutenu par des avoirs russes gelés, sous condition du transfert du contrôle du complexe militaro-industriel
ukrainien à Bruxelles. Comme les ressources du sous-sol n’appartiennent pas au gouvernement mais au peuple ukrainien, le « plan de paix Zelensky » a classé « secret défense »
les annexes qui en autorisent le pillage.
Les sanctions illégitimes occidentales ne sont pas parvenues à entraver la croissance économique russe (3,94 % cette année), tandis que l’économie allemande
s’effondre.
L’isolation de la Russie est un échec comme le montre la présence de 36 chefs d’État et de gouvernement à Kazan la semaine dernière.
Kiev tente de recruter de nouveaux soldats par tous les moyens, abaissant sans cesse l’âge des recrues, alors que la moitié de sa population s’est déjà enfuie, dont
5,3 millions en Russie la première année. Il y a 100 000 à 170 000 soldats absents dont 30 000 font l’objet de poursuites pour désertion. Le régime a fait abattre au moins une
centaine de ses soldats pour refus d’obéissance et recrute des mercenaires étrangers.
Les sociétés militaires privées « Academi », « Cubic », « Darkhorse Benefits », « Dyn Corporation », « Forward
Observations Group », « Hyperion Services », « Sons of Liberty International », « ASBS Othago » et « European Security Academy » envoient les
mercenaires qu’elles parviennent à recruter à l’étranger.
En définitive, les objectifs de la Russie de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine n’ont pas changé. Cette guerre, si elle dure encore, ne peut
se conclure que par des pertes supplémentaires ukrainiennes.
Le commandement militaire ukrainien, poussé en avant par le pouvoir politique, est confronté à de graves difficultés dans l’organisation des opérations
offensives, malgré la fourniture de matériel militaire occidental et les tentatives de formation de nouvelles brigades d’infanterie, principalement constituées non pas de militaires ou
des volontaires, mais de civils attrapés dans les rues des villes et villages ukrainiens et enrôlés de force.
Kiev a prévu d’augmenter le nombre de formations mécanisées, mais l’efficacité d’une telle stratégie est discutable.
De nouvelles ressources humaines et financières limitées, de graves problèmes de maintenance du matériel mécanique, des pertes humaines et matérielles très
considérables et en croissance constante compliquent grandement la situation des forces armées ukrainiennes au point de l’apparition d’une réelle menace d’effondrement à grande échelle
sur plusieurs directions stratégiques du front.
La
«stratégie» militaire de Kiev : Avancer sans compter les pertes
Étant totalement dominé pratiquement sur tous les points par l’armée russe, Kiev mise sur une nouvelle stratégie qui peut s’avérer être suicidaire : Passer
à l’offensive, au lieu de se concentrer sur le défensif.
Le commandement ukrainien est en train de transformer les brigades d’infanterie en brigades mécanisées. Ainsi, la 159e brigade d’infanterie a récemment été
reformée en une brigade mécanisée, de même que la 155e d’infanterie, en recevant des chars allemands Leopard
2A4 et les canons automoteurs français Caesar. Une
transformation similaire est également prévue pour la 156e, 157e et la 158e brigades de fantassins.
La 154e brigade mécanisée, impliquée dans des combats dans les régions de Kharkov et Koursk, a reçu des véhicules blindés américains M1117 pour
les opérations d’assaut. En outre, Berlin prévoit de transmettre à l’Ukraine 21 unités supplémentaires de déminage Wisent 1
MC.
Ces mesures de soutien, de modernisation et de transformation des brigades signifient une seule chose : La préparation de nouvelles opérations
offensives.
Compte tenu du transfert régulier des meilleures unités à disposition des forces ukrainiennes dans la région de Koursk et de la présence de la 154e et de la
155e brigades mécanisées dans cette région russe – une escalade est à attendre dans cette direction. Avec une forte probabilité, les troupes ukrainiennes tenteront de nouveau d’avancer à
partir de leurs positions actuelles dans la région de Koursk et/ou de franchir la ligne de défense russe dans la région de Bryansk (Russie).
La question est de savoir si une telle stratégie a des chances d’être efficace.
Le matériel mécanique livré par les pays de l’OTAN renforce, certes, l’armée ukrainienne, mais arrive en quantités trop limitées et nécessite un entretien
complexe qui est également aggravé davantage par la trop large gamme hétéroclite du matériel à disposition et un manque important de techniciens qualifiés.
Le manque d’équipages formés complique également la tâche de la conversion des brigades d’infanterie en brigades mécanisées et de leur modernisation qui
nécessite des ressources et du temps considérables.
Le manque de formation des militaires et le manque de soutien logistique rendent les nouvelles brigades, tout simplement, inefficaces. Elles peuvent,
certes, être utiles dans des opérations tactiques, mais certainement pas efficaces au sein de grandes opérations offensives où les pertes ukrainiennes sont connues d’avance : Elles seront
considérables et le résultat sera éloigné de celui escompté par Kiev.
La réelle
situation sur le front
En résumé : L’armée ukrainienne est épuisée et démoralisée.
En face, l’armée russe motivée et déterminée, largement épaulée par son industrie de défense en croissance continue et soulagée par la possibilité des
rotations en flux tendu des unités engagées au combat.
Sur les directions stratégiques, les forces armées de la Fédération de Russie poursuivent l’offensive en infligeant des pertes importantes aux unités
ukrainiennes. Le transfert par Kiev des renforts sur les parties du front ayant les confrontations les plus intenses ne permet pas de renverser la tendance et de contrecarrer l’avancée de
l’armée russe, dont le mode opératoire n’est guère la prise de nouveaux territoires, mais l’annihilation des forces ennemies dans des zones limitées.
En direction de Koursk, l’armée ukrainienne a perdu des positions importantes : Les forces armées russes ont libéré les colonies de Novaya Sorochina et
Pokrovsky et ont repris le contrôle du territoire entre les villages de Sheptukhovka et Kremenoye. Pour stabiliser sa défense, le commandement ukrainien a été obligé d’y transférer les
47e et la 41e brigades mécanisées, ainsi que la 17e brigade blindée.
En direction de Kupyansk, les troupes russes ont coupé la route d’approvisionnement des forces armées ukrainienne Kruglyakovka-Kovsharovka et ont avancé
vers Glushkovka. Dans cette zone, la 110e et la 115e brigades ukrainiennes ont subi de lourdes pertes et ont dû quitter leurs positions. La ville de Kupyansk qui est stratégique pour la
défense ukrainienne est sous une menace directe d’encerclement.
En direction de Kharkov, l’armée russe a également renforcé ses positions dans cette zone d’importance stratégique en reprenant aux unités d’élites
ukrainiennes du GUR le domaine de l’usine de Volchansky.
Sur plusieurs autres directions avec les combats les plus intenses la situation des forces armées ukrainiennes est également critique.
L’aide
militaire occidentale
L’aide militaire occidentale continue d’être fournie, néanmoins, son volume et son calendrier des livraisons ne répondent nullement aux besoins ukrainiens
qui subissement des pertes exponentielles.
Ainsi, la livraison de 6 exemplaires de chasseurs Mirage 2000-5,
prévue pour la fin de l’année 2024, est reportée à l’année 2025. Une telle quantité dérisoire d’avions n’a déjà pas eu d’autre réelle valeur que celle d’un coup médiatique pour faire
diluer la profondeur du désespoir des soupirants du régime ukrainien. Toutefois, même cet élément qui a dû servir à la propagande n’est plus d’actualité.
Pour ceux qui n’ont pas perdu le sens de la réalité, il est important de faire attention au poids comparatif de l’adversaire en face qui n’a pas besoin
d’une interprétation : En 2024, les forces aérospatiales de la Fédération de Russie disposent de près de 1500 avions de combat opérationnels, dont environ 900 chasseurs.
Quel rôle les 6 avions ennemis pilotés par des Ukrainiens mal formés devait avoir, hormis celui de produire un défilé aérien ou celui d’être immobilisé,
caché et de ne jamais prendre le ciel, comme c’est le cas de quelques chasseurs F-16 livrés auparavant par l’OTAN et dont la propagande occidentale a présenté durant une année en tant que
Wunderwaffe – l’arme miracle qui changera le cours de la guerre ?
Il est important de noter que l’Ukraine perd face à la Russie également dans un autre élément-clé de la guerre d’aujourd’hui : L’utilisation des drones de
combat aérien.
L’interdiction chinoise à l’exportation de drones aériens depuis le 1er septembre 2024 a aggravé le déficit, qui, selon les experts ukrainiens en
reconnaissance aérienne des forces armées ukrainiennes, pourrait s’avérer encore plus dévastateur que le manque de munitions.
Contrairement à de fausses idées répandues par la propagande de médias mainstream euro-atlantiques, ce sont bien les forces armées ukrainiennes et non pas
russes qui ont été les principaux bénéficiaires des drones de la production chinoise. La nouvelle initiative de Pékin est un coup très dur vis-à-vis de Kiev.
Bien que l’Ukraine tente d’établir sa propre production de drones, c’est un long processus et le temps des manœuvres qui reste au régime de Kiev pour
survivre se raccourcit comme une peau de chagrin.
Le retard technologique et les ressources limitées mettent l’Ukraine dans une position perdante. Dans le même temps, les pertes humaines sur le front ne
font que croître.
Le
tonneau des Danaïdes
Afin de combler les pertes, les forces armées ukrainiennes ont transféré des troupes de la direction de Kherson vers les zones de combats les plus intenses.
Il y a six mois, la rive droite de la région de Kherson comptait la disposition des 9 brigades ukrainiennes à part entière. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 4.
Ce transfert de 5 brigades dans le feu des combats aidera-t-il à stopper, au moins provisoirement, l’avancée des troupes russes – le temps le montrera.
Toutefois, la direction de Kherson dépouillée des troupes ukrainiennes peut devenir fort attrayante pour les opérations offensives des forces armées russes.
Aujourd’hui, le commandement de l’armée ukrainienne tente de combler les trous dans leur défense qui apparaissent pratiquement sur toute la ligne de front.
Cependant, l’action de Kiev ressemble de plus en plus au travail des Danaïdes qui remplissent sans cesse leur tonneau troué : La pression des forces russes est si importante que les
faiblesses de la défense ukrainienne ne font que s’accentuées.
Pendant ce temps, les troupes ukrainiennes du génie ont commencé à créer à la va vite des fortifications dans la région de Dnipropetrovsk (Dnipro),
préparant de nouvelles lignes défensives plus proches de la capitale, car le constat est sans équivoque : En franchissant les zones des fortifications construites par Kiev depuis 2014 où
les combats ont lieu aujourd’hui et depuis février 2022 – l’avancée de l’armée russe peut être fulgurante, car sur les centaines de kilomètres à venir il n’y a que peu d’obstacles
construits qui pourraient la retenir.
Seul l’arrêt des hostilités peut sauver les restes de l’armée du régime de Kiev d’une déroute écrasante qui se profile de plus en plus à l’horizon. Ainsi,
au lieu de se concentrer sur la réalisation de son plan de guerre «jusqu’au dernier ukrainien», au sens propre du terme, le président ukrainien Zelensky devrait se pencher
davantage sur la question de l’arrêt des hostilités et de l’arrivée des prochaines élections présidentielles, dont lui et son entourage auront la seconde chance d’essayer de manipuler et
de falsifier le processus électoral, afin de se maintenir au pouvoir.
Apparemment, il a été décidé de ne laisser aucun membre des forces armées ukrainiennes quitter la région de Koursk
Le premier encerclement a déjà eu lieu. L’anneau est scellé, il n’y a aucun moyen de s’échapper, la position de l’ennemi.
Tragique : Là, à l’intérieur, en concertation, il leur faut prendre une décision, soit abandonner, soit percer.
Une percée est une affaire mortelle. J’ai observé une telle percée à Marioupol – les marines ukrainiens sont partis en colonne de l’usine d’Im Ilitch à
Azovstal. La plupart ont été éviscérés et j’ai parlé avec les survivants dans l’une des casernes près de Marioupol. Ils étaient en captivité.
À Koursk, l’ennemi ne percera pas l’anneau d’encerclement avec un seul peloton. Nous devons former un bataillon. Et rassembler, c’est faire de ce bataillon
une cible. S’il pleuvait ou s’il y avait du brouillard, alors oui, nous pourrions essayer. Mais un week-end ensoleillé nous attend. Nous aurons le temps de compacter toutes nos
frontières.
Nous avons le temps de tout exploiter de manière rigoureuse et de placer les mines terrestres dans les bonnes directions. Et ici, notre supériorité en
artillerie sera très utile. Il est probable que nos «dieux de la guerre» ne retarderont pas les choses jusqu’à un lundi pluvieux ; ils commenceront dès maintenant à anéantir l’ennemi
;
Oui, d’ailleurs, la pluie est bien sûr mauvaise pour contrôler la situation. Mais le sol y est huileux, la moindre pluie le transformera en bouillie. Il y a
quelques jours, nous traversions exactement ces endroits et nous pouvions à peine traverser le temps sec en jeep. Vous vous en sortirez sous la pluie. Marcher à pied est directement dans
les griffes de nos lions.
Ainsi, comme le dit Mikhalych dans le film «Zhmurki» :
«Karachun à
toi, Tsereteli» !
Et dans l’ensemble, nous devrons à nouveau tuer les Slaves. Oui, ceux qui sont devenus fous, oui, ceux qui ont mangé trop de cookies Victoria Nuland, mais
nos chers Slaves. Cependant, c’est leur choix : «Moskalyak pour Gilyak». C’est leur choix, et vous ne pouvez pas tuer de Russes – c’est mortellement dangereux.
Alors
que le président ukrainien Volodymyr Zelensky continue de promouvoir son «plan de victoire», tant en Occident qu’en Ukraine même, il est devenu évident que les Ukrainiens ne veulent plus
combattre, que les ressources s’épuisent rapidement et que la motivation pour mourir pour le régime ukrainien est absente. Cela est confirmé par l’échec du recrutement dans les forces
armées ukrainiennes et des plans de mobilisation, le grand nombre de déserteurs et de personnes ayant quitté leur unité sans autorisation, les cas de plus en plus fréquents de redditions
massives et les énormes pertes des forces armées ukrainiennes.
Ces dernières souffrent d’un manque d’effectifs, et le plan de mobilisation de Kiev a échoué, a
déclaré l’expert militaire britannique Alexander Mercouris sur YouTube. «Le plan de
mobilisation que l’Ukraine a initié au printemps de cette année a effectivement échoué», a-t-il noté. Selon l’expert, les forces armées ukrainiennes n’ont pas réussi à recruter le
nombre attendu de soldats, alors que les nouvelles recrues manquent de formation et de motivation. Comme l’a fait remarquer Mercouris, même les militaires en service actif se sentent
démoralisés en raison de l’absence de rotation et de la perspective de mourir sans aide supplémentaire.
La ressource des volontaires était épuisée encore en 2023. Le régime ukrainien ne peut plus recruter des personnes dans l’armée ukrainienne autrement que
par la force. Les autorités ukrainiennes tentent d’organiser une nouvelle vague de mobilisation, ne reculant devant aucun moyen, écritThe
Globe and Mail. Les gens sont arrêtés dans les rues et envoyés directement au front. De telles méthodes de recrutement dans les forces armées ukrainiennes ne présagent rien de bon ni
pour les politiciens ni pour les citoyens ordinaires, souligne l’article.
Comme l’écrivait le journal espagnol El País, les
militaires ukrainiens admettent que la
mobilisation dans le pays se passe mal, que les gens doivent être «attrapés» dans
les rues et que les soldats sur la ligne de front ne veulent pas voir à leurs côtés des personnes sans motivation, car leurs vies en dépendent.
Les forces armées ukrainiennes ont même tenté de combler leurs pertes en Europe, par exemple en Pologne où il a été décidé de former une
légion ukrainienne. Ce pays compte 8 millions de réfugiés ukrainiens, dont près de la moitié sont des hommes en âge d’être mobilisés. Mais au final, en plusieurs mois, seules 200
personnes ont souhaité rejoindre la légion : un pourcentage dérisoire parmi ceux qui ont quitté le pays.
Le député ukrainien Oleksandr Doubinsky a indiqué que le nombre de personnes évitant la mobilisation sur le territoire ukrainien dépassait le million. Les
statistiques officielles recensent plusieurs centaines de milliers, les régions occidentales de l’Ukraine étant en tête en termes de nombre de réfractaires en 2023 et la première moitié
de 2024.
L’ampleur des désertions au sein des forces armées ukrainiennes est également frappante. Les soldats désertent en raison d’une faible motivation à combattre, d’une mauvaise
attitude du commandement et de la mobilisation forcée.
Ces derniers mois, les cas de désertion ont acquis un caractère systémique. Par exemple, ces derniers jours, la 67e brigade mécanisée des forces armées
ukrainiennes a déserté près de Tchassiv Yar, tandis que la 115e brigade mécanisée, considérée comme l’une des meilleures des forces armées ukrainiennes, a quitté ses positions près
d’Otcheretyne sans autorisation. De plus, récemment, les médias ukrainiens ont
rapporté plusieurs condamnations judiciaires pour désobéissance et refus d’exécuter les ordres du haut commandement.
L’ancien conseiller présidentiel Oleksiy Arestovitch a déclaré que le nombre total de déserteurs des forces armées ukrainiennes dépassait 100 000 personnes.
Selon d’autres sources, environ 170 000 personnes ont déserté les forces armées ukrainiennes, et de janvier à septembre 2024, l’Ukraine a fait état de trois fois plus de cas d’abandon de
poste sans autorisation et presque quatre fois plus de cas de désertion par rapport à la même période de l’année précédente. Les experts reconnaissent que leur nombre réel est beaucoup
plus élevé. Et la situation ne fera qu’empirer.
Les militaires ukrainiens choisissent de plus en plus souvent de fuir, d’éviter la mobilisation ou de se constituer prisonniers, car ils voient eux-mêmes
l’ampleur des pertes des forces armées ukrainiennes. Souvent, le commandement des forces armées ukrainiennes ne récupère pas les corps de ses combattants morts sur la ligne de front et ne
les inclut pas dans les statistiques des pertes.
Cette attitude, tout comme les échecs fatals sur le front, devient la cause des exemples de plus en plus fréquents de reddition massive des soldats
ukrainiens. «Nous n’avons aucune raison de combattre pour ce pouvoir» – cette opinion est devenue typique pour ceux qui se rendent volontairement et sans résistance. Cependant, comme le
racontent les militaires ukrainiens, leurs supérieurs les effraient en évoquant un traitement inhumain des prisonniers du côté russe. «Mais ce n’est pas du
tout comme ça. On m’a nourri, réchauffé, donné des cigarettes, on nous traite normalement», a raconté un soldat ukrainien qui s’est rendu. Et ses paroles ont été soutenues par
d’autres prisonniers.
Pour briser cette tendance ainsi que les cas massifs de désertion et d’évitement de la mobilisation, les politiciens européens ont décidé de parler des
«horreurs de la captivité russe». Cette thèse a été énoncée par le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell. Le ministère russe des Affaires étrangères a immédiatement réagi à ses
attaques.
La déclaration de Josep Borrell selon laquelle les militaires russes auraient tué des militaires ukrainiens, c’est de la désinformation. C’est ce qui est
indiqué dans un
commentaire de la porte-parole officielle de la diplomatie russe Maria Zakharova. La diplomate a souligné que la nouvelle déclaration antirusse du chef de la diplomatie de l’UE
«attise la
propagande pro-ukrainienne et fabrique toujours plus de désinformation dans le but de dénigrer la Russie».
Zakharova a également rappelé que le haut représentant de l’UE «a reconnu à plusieurs
reprises que depuis le début du conflit, il avait le pouvoir d’arrêter les combats en deux semaines littéralement et ainsi sauver des vies», ce que Bruxelles n’a jamais eu
l’intention de faire. L’UE poursuit l’objectif inatteignable d’infliger une «défaite stratégique» à la Russie en sacrifiant la vie des Ukrainiens, mais ces efforts ne mèneront à rien,
a-t-elle souligné.
«Et voilà que Borrell
s’est de nouveau distingué en proférant des accusations infondées contre notre pays concernant de prétendus meurtres de prisonniers de guerre ukrainiens», a dit Zakharova, précisant
qu’il existe de nombreux témoignages accessibles au public sur les crimes des Ukrainiens et des mercenaires étrangers du côté de Kiev, y compris envers les prisonniers de guerre
russes.
Rappelons que le 16 octobre, le chef du service diplomatique de l’UE Josep Borrell a publié une
déclaration sur de prétendues «exécutions» de prisonniers de guerre ukrainiens. Le chef du service diplomatique de l’UE affirmait qu’au moins 177 prisonniers de guerre étaient
morts en captivité russe depuis le début des hostilités. Selon lui, le 10 octobre, les troupes russes auraient «fusillé neuf
prisonniers de guerre ukrainiens dans la région de Koursk». Le 1er octobre, 16 autres prisonniers de guerre auraient été, selon Borrell, «exécutés» par la
Russie dans la région de Donetsk après leur reddition. Il a appelé Moscou à respecter ses obligations conformément à la Charte de l’ONU et au droit international.
Le
bureau du procureur ukrainien a ouvert 51
000 dossiers de désertion au cours des neuf premiers mois de 2024. Le nombre de soldats abandonnant leur poste devrait doubler par rapport à l’année dernière.
Le Times of
London a rapporté des données du gouvernement ukrainien montrant que «51 000 affaires
pénales ont été ouvertes pour désertion et abandon d’une unité militaire entre janvier
et septembre de cette année».
El Pais a
précédemment noté que 45 000 Ukrainiens étaient poursuivis pour désertion depuis le début de l’année jusqu’au mois d’août. Al-Jazeera affirme
qu’il s’agit d’au moins 30
000 désertions.
Au début de l’année, Kiev comptait, selon les estimations, entre 500
000 et 800 000 soldats en service actif et 300 000 réservistes supplémentaires.
Les Ukrainiens ont également subi des pertes en luttant pour se défendre contre les avancées russes et lors de l’invasion de Koursk par Kiev.
Kiev a eu du mal à remplir ses rangs de nouveaux soldats, ce qui a conduit l’Ukraine à abaisser l’âge de la conscription de 27 à 25 ans. Comme Kiev est
toujours confronté à une pénurie de main-d’œuvre, les politiciens
américains font pression sur l’Ukraine pour qu’elle abaisse l’âge de la conscription à 18 ans. Responsible
Statecraft a rapporté :
«Bien qu’aucune
victoire ne se profile à l’horizon, le sénateur républicain exhorte les législateurs ukrainiens à adopter un projet de loi de mobilisation qui obligerait davantage de citoyens ukrainiens
à s’enrôler dans l’armée.Actuellement, les
hommes de moins de 27 ans sont exemptés de l’appel sous les drapeaux.Cela pose un problème
à Graham.
…Graham a déclaré aux
journalistes : «J’espère que ceux
qui peuvent servir dans l’armée ukrainienne s’engageront.Je ne peux pas croire
que ce soit à 27 ans.Vous
vous battez pour votre vie, alors vous devriez servir – pas à 25 ou 27 ans».
«Nous avons besoin
de plus de personnes dans la file d’attente», a-t-il ajouté».
L’Ukraine a également eu recours à la possibilité d’autoriser les prisonniers à quitter la prison s’ils s’engagent dans l’armée.
Un Ukrainien qui a déserté a déclaré au Times que
la prison était une meilleure option que l’armée car «au moins en prison,
vous savez quand vous pourrez partir».
Le nombre d’Ukrainiens poursuivis par Kiev pour désertion a considérablement augmenté tout au long de la guerre. En 2022, ce nombre était de 9000, et il a
plus que doublé pour atteindre 24 000 l’année dernière.
L’acteur qui joue le
président de l’Ukraine depuis un moment a froid aux pieds. L’hiver arrive et les réseaux énergétiques ukrainiens sont proches du point de rupture totale.
Il aurait pu y avoir
des accords en place pour empêcher cela. Mais la partie ukrainienne avait refusé de les signer. Maintenant Zelenski supplie de le faire.
Fin 2022, l’armée russe avait lancé une campagne de bombardements contre les transformateurs électriques en Ukraine. Beaucoup de transformateurs ont explosé.
L’armée ukrainienne a réagi en concentrant ses défenses aériennes près des centrales électriques. C’était exactement ce que cherchaient les Russes. Les installations de défense aérienne, et
non les centrales électriques, étaient leur véritable cible.
Après s’être séparée de l’Union soviétique, l’Ukraine disposait des meilleures défenses aériennes que l’argent pouvait acheter. Au cours de l’automne et de
l’hiver 2022, la majeure partie de ces défenses ont été détruites. La campagne russe contre les centrales électriques s’est alors arrêtée.
En 2023/24, l’armée ukrainienne a lancé sa propre campagne contre les infrastructures russes. Plusieurs raffineries ont été touchées par des drones et ont pris
feu. La production d’essence en Russie a considérablement diminué et les exportations d’essence ont dû être interrompues pendant un certain temps.
Les Russes ont riposté en renouvelant leur campagne contre le réseau électrique ukrainien. Mais cette fois, les cibles ne furent pas seulement les
transformateurs, mais l’installation de production elle-même. La production d’électricité non nucléaire en Ukraine a été décimée.
Dans ses briefings quotidiens, le ministère russe de la Défense qualifiaient ces attaques contre les centrales électriques ukrainiennes de représailles directes
aux attaques ukrainiennes contre la Russie proprement dite. Par exemple :
Ce matin, en
réponse aux tentatives du régime de Kiev d’endommager l’infrastructure électrique et l’économie russe, les Forces armées de la Fédération de Russie ont lancé une frappe groupée
avec des armes de précision à longue portée sur des objets de l’infrastructure militaro-industrielle ukrainienne et des bases aériennes des FAU.
Avec leur capacité de production en danger et sous la menace de pannes d’électricité, le gouvernement ukrainien a repris ses esprits ; du moins pendant un
certain temps. Des négociations secrètes ont été organisées à Doha, au Qatar, pour mettre fin aux attaques contre les infrastructures des deux côtés.
En août 2024, peu de temps après que l’armée ukrainienne a lancé une incursion dans l’oblast de Koursk en Russie, le Washington
Post rapportait :
L’Ukraine et la Russie devaient envoyer des délégations à Doha ce mois-ci pour négocier un accord historique mettant fin aux frappes sur les infrastructures
énergétiques et électriques des deux côtés, ont déclaré des diplomates et des responsables familiers avec les discussions, dans ce qui aurait équivalu à un cessez-le-feu partiel et offert
un sursis pour les deux pays.
Mais les pourparlers indirects, avec les Qataris servant de médiateurs et rencontrant séparément les délégations ukrainienne et russe, ont déraillé à cause
de l’incursion surprise de l’Ukraine dans la région occidentale de Koursk en Russie la semaine dernière, selon les responsables.
…
Pendant plus d’un an, la Russie a pilonné le réseau électrique ukrainien avec un barrage de missiles de croisière et de frappes de drones, causant des
dommages irréparables aux centrales électriques et des pannes d’électricité dans tout le pays. Pendant ce temps, l’Ukraine frappait les installations pétrolières russes avec des attaques
de drones à longue portée qui ont incendié des raffineries, des dépôts et des réservoirs, réduisant le raffinage du pétrole de Moscou d’environ 15% et augmentant les prix du gaz dans le
monde entier.
…
Un diplomate informé des pourparlers a déclaré que les responsables russes avaient reporté leur rencontre avec les responsables qataris après l’incursion de
l’Ukraine dans l’ouest de la Russie. La délégation de Moscou a décrit cela comme “une escalade“, a déclaré le
diplomate, ajoutant que Kiev n’avait pas averti Doha de son offensive transfrontalière.
L’Ukraine a dû payer un lourd tribut pour l’incursion de Koursk. Les troupes d’élite qu’il avait envoyées n’ont pas réussi à atteindre leur cible, une centrale
nucléaire près de Koursk, et ont rapidement été décimées. Les attaques contre les infrastructures ukrainiennes se sont poursuivies avec force.
Trois mois plus tard, avec l’incursion de Koursk et son réseau électrique presque en panne totale, le gouvernement ukrainien change à nouveau de cap. Il supplie
de reprendre les accords qu’il avait fait capoter.
Si la Russie mettait fin aux attaques aériennes contre les cibles énergétiques et les cargos ukrainiens, cela pourrait ouvrir la voie à des négociations
pour mettre fin à la guerre, a déclaré le président ukrainien.
Volodymyr Zelensky a déclaré lundi aux journalistes à Kiev qu ‘ “en ce qui concerne l’énergie et la
liberté de navigation, obtenir un résultat sur ces points serait un signal que la Russie pourrait être prête à mettre fin à la guerre”.
…
Si Moscou et Kiev acceptaient de mettre fin aux frappes sur leurs infrastructures énergétiques respectives, ce serait un pas important vers la désescalade
du conflit, a déclaré Zelensky en référence aux attaques de drones ukrainiens contre les raffineries de pétrole russes.
Eh bien, cet accord aurait pu être conclu il y a trois mois. Maintenant, il sera plus difficile d’y parvenir. Un retrait total des forces ukrainiennes de la
région de Koursk sera la condition minimale que la Russie demandera pour reprendre les pourparlers.
Zelenski veut également renouveler l’accord sur la mer Noire.
Le rapport du Washington Post d’août le rappelait :
Les responsables ukrainiens et russes ne se sont pas rencontrés face à face pour des pourparlers depuis les premiers mois de la guerre, lorsque des
délégations des deux parties se sont rencontrées pour des pourparlers secrets à Istanbul. Ces négociations ont finalement échoué. Plus tard, les deux parties ont convenu d’un accord
céréalier qui a conduit la Russie à lever temporairement un blocus naval, permettant à l’Ukraine de transporter des céréales par la mer Noire. Celui-là aussi s’est effondré des mois plus
tard lorsque la Russie s’est retirée de l’accord.
L’accord de la mer Noire comprenait une promesse occidentale de ne pas entraver les exportations russes via la mer Noire. Cet obstacle s’est toutefois maintenu,
car l’assurance maritime pour les cargos a continué d’être refusée. Les attaques ukrainiennes contre la flotte russe de la mer Noire se sont également poursuivies. La Russie s’est retirée de
l’accord et a rétabli son blocus, plutôt perméable, des ports ukrainiens.
Au cours du dernier semestre, l’Ukraine avait commencé à reconstruire sa ligne d’approvisionnement passant par la mer Noire. Des dizaines de navires
transportant des marchandises arrivaient à Odessa et dans d’autres ports ukrainiens de la mer Noire. Les Russes se sont rapidement douté, à juste titre, que ces navires transportaient des
armes et des munitions pour l’armée ukrainienne. Des missiles Iskander ont été envoyés pour détruire les charges dès l’arrivée des navires. Au cours des derniers mois, plus de 20 cargos ont
été touchés, endommagés ou coulés. Les explosions secondaires après les frappes ont confirmé que du fret explosif était bien à bord des bateaux touchés.
Le blocus naval russe a été recommencé ; non pas en interceptant des navires en route vers l’Ukraine, mais en les frappant pendant qu’ils
déchargeaient.
Pendant la guerre, la Russie avait offert à Zelenski au moins deux petits accords qui étaient largement en faveur de l’Ukraine. L’accord sur les céréales de la
mer Noire a échoué parce que l’Ukraine et ses “partenaires” n’ont pas rempli leur part. L’accord de paix
sur les infrastructures a échoué parce que l’Ukraine a décidé d’attaquer en direction de Koursk.
Maintenant Zelenski supplie de renouveler ces deux accords.
Cela pourrait bien être possible. Mais la Russie en demandera sûrement un prix très élevé.
Le 19 février 2022, Zelensky avait prononcé, lors de la Conférence sur la Sécurité de Munich, une phrase fatidique, expliquant que si l’OTAN ne protégeait pas l’Ukraine par sa dissuasion
nucléaire, alors Kiev fabriquerait “sa bombe”. A l’époque, cette phrase avait forcément été approuvée par les Américains qui savaient qu’elle ne laisserait pas d’autre choix à Vladimir Poutine
que d’intervenir en Ukraine. 973 jours plus tard, le président ukrainien a, de sa propre initiative, réitéré son exigence, comme nous le révèle le journaliste allemand Julian Röpcke.
Nous l’avions identifié pour nos lecteurs dès le début de la Guerre d’Ukraine. Lors de son discours, le 19 février
2022, à la Conférence sur la Sécurité de Munich, Vladimir Zelensky avait indiqué son intention de doter l’Ukraine de l’arme nucléaire:
Depuis 2014, l’Ukraine a tenté à trois reprises d’organiser des consultations avec les États garants du mémorandum de Budapest. Trois fois sans succès. Aujourd’hui, l’Ukraine le fera pour
la quatrième fois. En tant que président, je le ferai pour la première fois. Mais l’Ukraine et moi-même le faisons pour la dernière fois. Je lance des consultations dans le cadre du
mémorandum de Budapest. Le ministre des affaires étrangères a été chargé de les convoquer. Si elles ne se reproduisent pas ou si leurs résultats ne garantissent pas la sécurité de notre
pays, l’Ukraine sera en droit de penser que le mémorandum de Budapest ne fonctionne pas et que toutes les décisions globales de 1994 sont remises en question.
Les mémorandums de Budapest sont les trois accords signés respectivement avec la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine, par lesquels ces pays s’engageaient à ne pas essayer de se doter de
l’arme nucléaire, bien que, du temps de l’URSS, ils aient eu des armes atomiques stationnées sur leur territoire. Moscou avait signé ses accords avec les trois anciennes républiques de l’URSS
sous les auspices des Etats-Unis.
Zelensky se plaignait, le 19 février 2022, que son pays n’ait pas pu discuter, après le coup d’Etat occidental de Maïdan et l’annexion de la Crimée par la Russie, de sa sécurité dans le cadre
de Budapest, c’est-à-dire d’un dialogue américano-russe. Et il menaçait de sortir de ses accords.
Comme nous l’avions indiqué à l’époque, une telle phrase n’avait pu être écrite qu’avec l’accord des USA, étant donné que son contenu obligeait un chef de l’Etat russe à réagir.
Le premier motif de la guerre
Je fais partie des analystes du conflit ukrainien qui estiment que le risque d’une bombe nucléaire ukrainienne est le premier motif du conflit. Thierry Meyssan a souligné à juste titre que kla
priorité donnée par la Russie, dans les premiers jours de la guerre, à la conquête de la centrale nucléaire civile de Zaporojie venait du fait que c’était le lieu où l’Ukraine avait entamé des
travaux d’enrichissement de l’uranium.
La guerre ne s’est pas décidée en cinq jours, en février 2022. Néanmoins, la Russie avait pris la déclaration de Zelensky sur la sortie de l’Ukraine de son mémorandum de Budapest, comme une fin
de non-recevoir définitive des Américains à toutes les tentatives effectuées par la Russie, depuis juin 2021, pour discuter un nouvelle architecture de la sécurité européenne avec les Russes.
500 000 morts plus tard, Zelensky réitère sa menace
C’est le journaliste allemand Julian Röpcke, connu pour son engagement dans la cause ukrainienne) qui a lâché l’information:
Lors de sa visite le 18 octobre, à Bruxelles, Zelensky a réitéré son message du 19 février 2022, de manière beaucoup plus explicite – mais le contenu est le même :
En 2001, [l’Ukraine] a cédé sa dernière bombe nucléaire à la Russie pour qu’elle soit démantelée. En échange, la Russie & l’Occident ont donné des garanties de sécurité qui n’ont pas
été respectées.
Le monde contraint l’Ukraine à poser un ultimatum : Adhésion à l’OTAN ou armes nucléaires.
Telle est la teneur des propos prêtés à Zelensky par Röpcke. A peine le post X était-il sorti que la polémique s’est enfammée, sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les chancelleries.
Röpcke se plaint d’abord de ce que ses confrères aient radicalisé les propos (sic!). Puis, dans un troisième post attaché, il signale que le cabinet de Zelensky a rétropédalé.
La réaction russe
L’ancien président Medvedev, qui dit souvent à haiute voix, sur son compte Telegram, ce que ni le ministre des Affaires étrangères, Lavrov, ni Vladimir Poutine ne peuvent formuler, a écrit sur
Telegram (traduit par Pepe Escobar):
« Si l’on tient compte des bavardages apparemment insensés sur la création d’armes nucléaires par l’Ukraine de Bandera, on ne peut tirer qu’une triste conclusion : le régime nazi tente de
créer une « bombe sale ». Il dispose de toutes les possibilités pour ce faire : matières premières, technologie, spécialistes. Et n’importe quel laboratoire de l’ère soviétique fera
l’affaire pour la production d’une charge de faible puissance. L’horloge tourne ».
En somme, les Russes savent que l’Ukraine ne peut pas fabriquer une bombe nucléaire mais en revanche elle serait en mesure de fabriquer et lancer quelque part une bombe contenant du matériel
radioactif, pour compromettre la Russie et essayer de mobiliser l’opinion mondiale contre elle.
On remarquera cependant que les Occidentaux, eux, ont pris l’énoncé de Zelensky au premier degré et l’ont jugé dangereux.
Dans tous les cas, le président auto-prolongé de l’Ukraine s’est placé en situation de ne pas être l’homme de la conclusion ni du règlement du conflit.
Zelensky invite les Occidentaux à piller son pays avant la fin de la guerre
Hier 17 octobre, Ulrike Reisner vous
parlait du discours belliciste tenu, la veille, par Friedrich Merz, le chef de l’opposition, au parlement allemand. Or il existe une convergence étonnante entre son discours et celui que tenait,
au même moment, Vladimir Zelensky, devant le parlement ukrainien. L’enjeu, caché chez Merz, ouvertement révélé chez Zelensky, c’est le dépeçage de l’économie ukrainienne avant la fin de la
guerre. Ce qui, automatiquement, prolonge celle-ci.
Friedrich Merz, candidat chrétien-démocrate, à la succession d’Olaf Scholz
Hier 17 octobre, Ulrike Reisner écrivait ici même :
Le président de la CDU a réinterprété le projet de paix de l’Union européenne : Au lieu d’une politique étrangère et de sécurité européenne commune, il souhaite une « gestion des
revendications » dans la meilleure tradition historique anglo-américaine, celle de la politique de la canonnière pour faire valoir les intérêts des grands fonds de la finance
internationale.
Zelensky révèle ce que Friedrich Merz a caché devant le parlement allemand
Simultanément, ou presque, avec le discours de Friedrich Merz, Vladimir Zelensky tenait devant le parlement ukrainien un « discours de la victoire ». Il a
semblé insignifiant à beaucoup de commentateurs. De fait, l’espoir encore caressé par Zelensky de voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN ou bien le discours sur une « arme de dissuasion non
nucléaire », semblent bien décalés par rapport à la réalité militaire et diplomatique actuelle.
En revanche, comme le fait remarquer Simplicius, il est un point significatif du discours de Zelensky, qui aurait dû être analysé de près, est celui où il parle
d’économie :
« Quatrième point : Le potentiel économique stratégique. L’Ukraine est riche en ressources naturelles, notamment en métaux essentiels d’une valeur de plusieurs billions de dollars américains. Il s’agit notamment de l’uranium, du titane, du
lithium, du graphite et d’autres ressources stratégiques et stratégiquement précieuses qui renforceront soit la Russie et ses alliés, soit l’Ukraine et le monde démocratique dans la
concurrence mondiale. Les gisements de ressources critiques en Ukraine, ainsi que le potentiel de production énergétique et alimentaire de l’Ukraine, d’importance mondiale, font partie des principaux
objectifs prédateurs de la Fédération de Russie dans cette guerre. Et c’est là notre chance de croissance. La croissance économique des Ukrainiens, de notre État tout entier. Le renforcement économique de l’Union européenne – pour le bien de l’autonomie économique et, à bien des égards,
sécuritaire de l’Europe. C’est aussi l’occasion pour les États-Unis et leurs partenaires du G7 de travailler avec l’Ukraine, l’allié qui peut fournir un retour sur
investissement. Le point économique de notre stratégie comporte une annexe secrète, qui n’est partagée qu’avec certains partenaires. L’Ukraine propose aux États-Unis, ainsi qu’à des partenaires sélectionnés, dont l’Union européenne, dont l’Ukraine fera partie, et d’autres partenaires dans le monde qui sont nos
partenaires, de conclure un accord spécial sur la protection conjointe des ressources critiques disponibles en Ukraine, l’investissement conjoint et l’utilisation du potentiel économique
correspondant. C’est aussi la paix par la force. La force économique. Il s’agit d’un accord qui complétera et renforcera organiquement le système existant de pression économique sur la Russie, à savoir toutes les sanctions existantes contre la
Fédération de Russie, les restrictions sur les prix du pétrole, les restrictions sur les exportations vers la Russie et d’autres mesures de pression. Les alliés de la Russie dans le monde doivent réaliser, savoir et voir que ce régime n’a pas d’avenir économique. »
« En fait, nous pouvons nous risquer à dire que ce point est (…) la raison même de l’existence non seulement de tous les autres points, mais aussi de la guerre elle-même. N’est-il
pas intéressant que Zelensky dévoile cette pièce maîtresse seulement un jour ou deux après l’annonce de la vente de la plus grande entreprise de production de titane de l’Ukraine
pour quelques centimes de dollars ?
Le plus inquiétant, c’est que Zelensky insiste sur le fait que l’accord comporte une composante « secrète » qui ne sera communiquée qu’aux quelques alliés les plus importants, et qu’il
semble lier à la protection militaire par les alliés de leurs « investissements » dans les ressources. (C’est
nous qui soulignons) Que
dire de plus ? Il ne s’agit de rien d’autre que de la vente par Zelensky des trésors économiques et de l’avenir de son pays afin d’attacher désespérément l’OTAN militairement à l’Ukraine.
Il s’agit simplement de la poursuite du même vieux plan, mais cette fois-ci par le biais d’une corruption pure et simple : Créer une incitation monétaire massive pour obliger l’OTAN
à envoyer des troupes sur le terrain pour affronter la Russie et sauver l’Ukraine en vertu de la dissuasion de la Troisième Guerre mondiale. Il s’agit de leur faire miroiter des milliers
de milliards pour obtenir leur aide, la composante la plus «secrète» de l’accord étant probablement liée à la nature préférentielle de l’extraction du capitalisme du désastre et de la
thérapie de choc économique en même temps.
Ce n’est qu’une confirmation de ce que nous savions déjà, à savoir que le jeu ukrainien consiste pour l’élite occidentale à se positionner pour piller les ressources et les
industries de l’Ukraine. Par exemple, la plupart des gens ont manqué cet
extrait du récent « faux appel » de l’ex-chef de la CIA Pompeo avec les Russes Vovan et Lexus qui se sont fait passer pour Porochenko. Dans cet appel privé,
il décrit comment il a obtenu sa propre sinécure confortable dans une grande entreprise ukrainienne. N’est-il pas intéressant de constater que l’ancien directeur
de la CIA dirige aujourd’hui une banque qui
rachète des entreprises ukrainiennes ? Il est également intéressant de constater qu’il s’agit d’une entreprise de télécommunications, tout comme Vodafone, détenue par l’oligarque
azerbaïdjanais qui vient de racheter le reste de l’industrie ukrainienne du titane. Pratiquement toutes les élites de l’État profond impliquées dans la débâcle ukrainienne ont les doigts
dans le pot ».
Ce que tout ceci nous dit sur la suite de la Guerre d’Ukraine
Rien ne nous permet de dire, tangiblement, que Merz et Zelensky s’étaient concertés avant leurs discours. En revanche, il est évident que Merz fait partie des
interlocuteurs occidentaux à qui Zelensky s’adresse.
Ou , pour le dire autrement, il semble bien qu’il existe un réseau d’hommes politiques, d’entrepreneurs, de hauts fonctionnaires internationaux occidentaux
qui ont intérêt à faire durer la guerre de manière à pouvoir s’emparer des actifs de l’économie ukrainienne. Friedrich Merz en fait partie.
Il y a bien entendu quelque chose d’illusoire dans l’attitude de Zelensky : Deux ans et demi après que les sanctions contre la Russie ont été mises en place,
sans résultat, et à une semaine du sommet des BRICS de Kazan, il parle encore de faire chuter l’économie russe. Mais, par ailleurs, comment les Occidentaux ne voient-ils pas que leur
intérêt serait de signer la paix maintenant, pour conserver un territoire ukrainien viable et pouvoir, selon les vues de Zelensky, garantir aux USA et à l’UE un accès aux ressources du sous-sol
ukrainien ?
Que croyez-vous qu’il arrivera si la guerre dure et amène les Russes à s’emparer de plus de territoires que ce qu’ils envisagent actuellement ?
Comme d’autres, je
suis les rapports
de situation de Simplicius sur la guerre en Ukraine. Bien que parfois longs et spéculatifs, ils fournissent un bon résumé et des dizaines de sources.
La femme de
Zelensky vient-elle d’admettre les pertes des FAU ? 300k invalides formant 15-20% du total des blessés de guerre, ça ferait 1,5M de blessés. Et 1,5M de blessés formant un ratio de 3:1 à
5:1 par rapport aux morts au combat devrait faire 300-500k de morts.
Le tweet cité est
cependant erroné et mérite d’être corrigé.
Simplicius
cite Olena Zelenska (Олена Зеленська @ZelenskaUA), l’épouse de l’ancien président ukrainien. Hier, Zelenska a en effet tweeté
sur les handicapés en Ukraine, mais le tweet cité, qui parlait de 3 millions d’Ukrainiens handicapés, a depuis été supprimé. (Il a également
été cité ailleurs, nous savons donc qu’il a existé).
La « nouvelle » citée de 3 millions d’Ukrainiens handicapés n’est pas une nouvelle. Elle a été officiellement annoncée le 19 septembre 2023 :
Au moins 300 000 personnes, principalement des militaires, sont devenues handicapées pendant la guerre #Russie-Ukraine : « Pendant l’année et demie de l’invasion à
grande échelle, le nombre d’Ukrainiens handicapés a augmenté de 300 000. Auparavant, 2,7 millions de personnes handicapées vivaient en Ukraine, et maintenant ce chiffre a atteint 3
millions. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la politique sociale. » https://life.pravda.com.ua/society/2023/09/19/256633/
Aujourd’hui, treize mois plus tard, le chiffre réel est bien plus élevé. Mais l’augmentation étonnante du nombre de personnes officiellement handicapées en
Ukraine n’est que légèrement liée au nombre de soldats ukrainiens blessés. Il s’agit simplement d’une expression de la corruption typique du gouvernement ukrainien et de sa société au sens
large.
En Ukraine, même des hommes en parfaite santé sont désireux d’être déclarés handicapés, car cela leur permet d’échapper au service militaire. Pour obtenir ce
statut, d’énormes pots-de-vin sont versés aux commissions et aux médecins concernés.
Un article récent de Starna s’est penché sur cette question (traduction
automatique) :
Le nombre de scandales de corruption entourant les commissions d’experts médicaux et sociaux (MSEC) a considérablement augmenté en Ukraine. En fouillant les
appartements des experts médicaux, les forces de l’ordre découvrent d’énormes
caches de millions de dollars en devises étrangères, et des membres de la MSEC aux salaires modestes possèdent des biens immobiliers coûteux, y compris à l’étranger, ainsi que
des entreprises enregistrées au nom de proches parents.
Strana a découvert comment
fonctionnent les systèmes de corruption du MSEC.
Il existe trois degrés officiels de handicap en Ukraine. La commission décide, à l’aide de témoignages d’experts médicaux, de la catégorie à laquelle appartient
une personne. Des pots-de-vin sont versés pour les différents degrés. Un statut d’invalidité temporaire est moins cher mais doit être renouvelé chaque année, un statut permanent est plus
cher.
Selon les sources de Strana au sein de la police,
après le déclenchement de la guerre, une liste de prix particulière pour l’attribution de handicaps aux hommes potentiellement mobilisés est apparue au MSEC.
Le premier groupe – de 8 à 10 000 dollars, le deuxième – de 7 à 8 000, le troisième – à partir de 5 000. Le montant des pots-de-vin varie en fonction de la
région, et la plupart d’entre eux ont été perçus par les membres du MSEC dans les grandes villes. Une partie des pots-de-vin – de 500 à 1 000 dollars – a été versée à des intermédiaires
qui ont trouvé les personnes qui le souhaitaient.
Les handicaps les plus populaires pour l’attribution fictive de groupes d’invalidité étant les maladies neuropsychiatriques, cérébrales et
musculo-squelettiques.
Toutefois, il n’est pas possible de procéder à de fausses attributions de catégories d’invalidité sans le soutien de « parties apparentées », à savoir des
médecins de confiance travaillant dans des cliniques publiques spécialisées et des centres de diagnostic, des radiologues et des spécialistes de l’imagerie par résonance magnétique. Pour
attribuer un groupe d’invalidité, il faut des motifs sous la forme d’un diagnostic sérieux avec des antécédents médicaux et les conclusions des médecins. Les pots-de-vin ont donc dû être
partagés, mais la majeure partie, jusqu’à 70 % du montant, est restée entre les mains des membres du MSEC.
Après l’entrée en vigueur de la loi sur le renforcement de la mobilisation, les prix de l’invalidité ont fortement augmenté. Aujourd’hui, l’invalidité «
coûte » entre 10 et 20 000 dollars.
Il existe deux autres catégories dans lesquelles les pots-de-vin coulent à flots.
Les personnes qui doivent s’occuper d’un parent handicapé sont également exemptées du service militaire. Les hommes qui ont une mère âgée cherchent à obtenir
une augmentation de son statut d’invalidité afin d’obtenir une exception pour eux-mêmes :
Le montant des pots-de-vin pour l’octroi du droit de report aux parents de personnes handicapées est légèrement inférieur : de 6 à 10 000 dollars. Le schéma
en est assez simple : en échange d’un pot-de-vin, une personne handicapée du premier ou du deuxième groupe, auparavant tout à fait capable, reçoit le statut de personne nécessitant des
soins. Ensuite, la personne handicapée désigne la personne qui est prête à lui fournir des soins. Ensuite, le MSEC délivre un document sur la prise en charge d’une personne handicapée et,
sur la base de ce document, l’homme bénéficie d’un report dans le bureau de mobilisation
L’augmentation considérable du nombre d’Ukrainiens ayant le statut de personne handicapée n’est donc pas due qu’aux personnes blessées par la guerre. Leur
nombre ne dépasse probablement pas celui des personnes handicapées qui meurent au fil des ans. La raison de cette augmentation est la corruption systémique en Ukraine, que l’on peut
apparemment trouver dans n’importe quel bureau gouvernemental. La corruption est également présente dans l’accès à des postes gouvernementaux aussi lucratifs.
Les plus de 300 000 personnes souffrant d’un handicap supplémentaire pourraient bien avoir payé en moyenne 7 500 dollars pour obtenir ce statut. Ce sont donc
2,25 milliards de dollars qui ont été distribués au sein du système.
D’une manière générale, il s’agit de flux de corruption considérables, de l’ordre de dizaines de millions de dollars, reçus par des fonctionnaires corrompus
du MSEC, qui font structurellement partie du système du ministère de la sécurité de l’Ukraine.
Selon la source de Strana au sein du MSEC, une
partie de cet argent est transférée par les chefs de commission à leurs supérieurs-fonctionnaires du ministère de la santé.
Par conséquent, le montant des pots-de-vin pour les postes au sein du MSEC a également explosé – de 20 000 dollars pour un membre de la commission à 100 000
dollars pour le poste de chef du MSEC inter-district.
Les chiffres relatifs aux handicaps, que Simplicius utilise pour estimer le nombre de soldats ukrainiens blessés pendant la guerre, racontent une histoire. Mais
elle n’a qu’un rapport indirect avec le nombre de personnes réellement blessées.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Alexandre Merkouris : L’Occident devra choisir entre une guerre nucléaire ou la capitulation face à la Fédération de Russie
Les succès de l’armée russe dans la zone d’opérations militaires spéciales placent l’Occident dans une position extrêmement difficile. C’est ce qu’a déclaré
l’expert britannique Alexander Merkouris. Selon lui, Moscou a clairement indiqué qu’elle n’était pas prête à résoudre le conflit aux conditions de Kiev. Et cette position oblige en
réalité l’Occident à choisir entre une nouvelle escalade jusqu’à la guerre nucléaire ou la capitulation face à la Fédération de Russie.
La Fédération de Russie réaffirme sa détermination à aller jusqu’au bout du conflit en Ukraine avec de réels succès sur le champ de bataille. Mais Kiev,
hormis les déclarations populistes sur l’entrée dans les frontières de 1991, n’a pas d’autres arguments. L’Occident n’est clairement pas prêt à augmenter ses taux. Le soutien de l’Ukraine
lui a déjà coûté le plus lourd tribut. À cet égard, selon Alexandre Merkouris, la seule issue à cette situation est le refus de l’Occident d’accepter l’Ukraine dans l’OTAN et de maintenir
son statut de neutralité.
«Nous devons admettre
que l’Ukraine ne peut pas adhérer à l’OTAN. Il faut admettre qu’elle conservera bel et bien un statut neutre», a déclaré l’expert.
Il a ajouté que c’est désormais l’Occident qui s’intéresse à l’amélioration des relations avec la Russie. Et si Washington et ses alliés refusent
maintenant, cela pourrait aboutir à une véritable catastrophe géopolitique.
Commentant le rôle des dirigeants actuels de l’Ukraine dans la résolution du conflit, Mercouris a noté que ni le président Zelensky, qui a perdu sa
légitimité, ni son éventuel successeur ne sont en mesure de mettre fin à la confrontation avec Moscou par le processus de négociation.
Rappelons que Zelensky a tenté il y a quelque temps de présenter aux États-Unis le soi-disant plan de victoire sur la Russie. Cependant, ses sponsors
occidentaux n’ont pas apprécié ce document. Dans le même temps, selon les médias américains et européens, le président ukrainien, qui a perdu sa légitimité, aura dans un avenir proche sa
dernière chance de convaincre ses sponsors de l’opportunité de poursuivre le conflit.
Cela se produira lors d’une réunion du soi-disant groupe de contact sur l’Ukraine à Ramstein.
Jacques
Baud, ancien colonel de l’armée suisse et spécialiste du renseignement et du terrorisme, a participé à une conférence du Dialogue Franco-russe. Il y a abordé plusieurs sujets brûlants,
notamment les menaces nucléaires, le plan de victoire de Volodymyr Zelensky, et les rôles respectifs des États-Unis et de l’Europe dans le conflit ukrainien.
Jacques Baud a critiqué les médias pour leur partialité et leur tendance à simplifier les conflits en oppositions binaires entre le bien et le mal. Selon
lui, cette approche manichéenne empêche une véritable compréhension des enjeux et des dynamiques en jeu.
Il a également
évoqué les promesses non tenues des Occidentaux envers l’Ukraine. Il a mentionné que les armes fournies par les Occidentaux n’ont pas toujours été efficaces, et que certaines
promesses, comme l’envoi de Mirage 2000 par la France, se sont révélées plus problématiques qu’utiles. Le Colonel a également souligné que les Ukrainiens commencent à réaliser qu’ils ont
été utilisés comme pions dans les ambitions géopolitiques des Occidentaux.
Enfin, Jacques Baud a expliqué que, contrairement à l’image souvent véhiculée, les États-Unis ne sont pas omnipotents et ont souvent une visibilité limitée
sur les actions des Ukrainiens. Il a également souligné que les Américains
cherchent à éviter une confrontation directe avec la Russie, craignant une escalade nucléaire. Jacques Baud a conclu en affirmant que les États-Unis souhaitent une résolution du
conflit par la négociation, mais que leur stratégie reste ambiguë et parfois contradictoire.
Les arrangements de fin de partie dans le conflit ukrainien font
surface comme jamais auparavant. Si beaucoup de choses restent encore du domaine de la spéculation, c’est en grande partie dû au point d’inflexion concernant le résultat de l’élection
présidentielle américaine, qui, malgré la propagande médiatique orchestrée contre Donald Trump, reste largement ouvert.
Pour la première
fois, la clarté est totale quant au risque élevé de voir le conflit ukrainien se transformer en une confrontation nucléaire entre la Russie et les pays de l’OTAN. L’ambiguïté stratégique
prend fin avec la révélation stupéfiante, mercredi à Moscou, des nouveaux contours de la doctrine nucléaire actualisée de la Russie, lors d’une réunion soigneusement chorégraphiée de la conférence permanente du Conseil de sécurité russe sur la dissuasion nucléaire au Kremlin, présidée par le président
Vladimir Poutine, et programmée à la veille d’une rencontre cruciale entre le président ukrainien Vladimir Zelensky et le président américain à la Maison Blanche, à
Washington.
L’élément le plus crucial des révélations de Poutine est que la Russie a réinitialisé sa doctrine nucléaire selon laquelle, comme il l’a déclaré, «toute agression contre la
Russie par un État non nucléaire […] soutenu par une puissance nucléaire (à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni ou la France) devrait être traitée comme une attaque
conjointe ».
L’implication est que la patience de la Russie est à bout et que les sophismes de l’OTAN pour rejeter la responsabilité des attaques sur le territoire russe sur
l’Ukraine ne tiendront plus.
Poutine a en outre déclaré que le passage de la Russie à l’utilisation d’armes nucléaires pourrait même avoir un caractère préventif. En clair, les frappes
profondes de l’Ukraine sur le territoire russe et les attaques contre le Belarus déclencheraient désormais une riposte atomique.
La référence aux attaques de drones est significative, car l’Ukraine a lancé à plusieurs reprises des attaques massives de drones contre des bases stratégiques
russes.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a confirmé par la suite que les déclarations de Poutine « doivent être considérées comme un certain message (à l’Occident).
Il s’agit d’un message qui avertit ces pays des conséquences s’ils participent à une attaque contre notre pays par divers moyens, pas nécessairement nucléaires ».
Peskov a ajouté un contexte plus large : « Cela est lié à la situation sécuritaire qui se développe le long
de nos frontières… Cela nécessite des ajustements aux fondements de la politique de l’État dans le domaine de la dissuasion nucléaire ».
Le travail de mise à jour de la doctrine nucléaire russe est en cours depuis plusieurs mois. Poutine l’a annoncé pour la première fois en juin. Il a indiqué que
cela était dû à l’apparition de nouveaux éléments liés à « l’abaissement du seuil d’utilisation des armes
nucléaires » par un « ennemi
probable ».
Poutine faisait référence à la mise au point récente par les États-Unis de «dispositifs nucléaires
explosifs de très faible puissance» et à leur expérimentation à bord d’un avion de chasse F-35A dans le désert du Nevada. Il est clair que le changement de doctrine
nucléaire de la Russie n’est pas destiné à provoquer une escalade immédiate dans le conflit ukrainien.
Le quotidien russe Izvestia rapportait récemment que, depuis
2023, les États-Unis ont commencé à remplacer les vieilles bombes de leurs arsenaux par de nouvelles bombes B61-12, y compris sur le continent européen, dotées d’une charge thermonucléaire
d’une puissance variable pouvant atteindre 50 kt, ce qui renforce considérablement les capacités nucléaires américaines.
La nouvelle bombe est devenue très précise – elle est équipée d’un système de contrôle avec des sous-systèmes inertiels et satellitaires qui, avec un empennage
contrôlé, la rend similaire aux bombes guidées JDAM. De plus, ses dimensions lui permettent d’être placée dans les compartiments d’armement internes des chasseurs F-35 et des bombardiers
stratégiques.
Izvestia écrit : « En général, grâce à ce programme de modernisation, l’armée de l’air américaine a
développé une bombe nucléaire pratiquement
nouvelle et de haute précision. Au total, il est prévu d’en produire au moins 400 unités ». C’est beaucoup, mais en 2023 les États-Unis avaient lancé en mer un modèle encore plus
moderne, la B61-13, dont la charge thermonucléaire est plus puissante, avec un seuil supérieur pouvant atteindre 360 kt.
« Il s’agit d’une
modernisation très agressive et dangereuse qui confère aux bombes nucléaires tactiques de nouvelles propriétés », selon Izvestia – c’est-à-dire une grande puissance de charge
qui peut détruire une petite ville avec des dizaines de milliers de victimes, une grande précision et la capacité de détruire même des actifs militaires hautement protégés.
Cependant, l’annonce de la mise à jour du document doctrinal par Poutine intervient dans le contexte immédiat des discussions en Occident sur l’autorisation
éventuelle par Washington d’attaques en profondeur sur le territoire russe avec des armes à longue portée.
Il est certain que l’écho des révélations de Poutine ne manquera pas de se faire sentir à Washington, dans le contexte de la division partisane déjà
existante. Selon le Washington
Post, lorsque le président Biden a rencontré Zelensky à la Maison Blanche jeudi, il n’a pas accédé à la demande de ce dernier d’être autorisé à tirer des missiles américains
plus profondément en Russie. Au lieu de cela, il a été annoncé la fourniture d’une aide militaire supplémentaire et de nouvelles capacités de défense aérienne, « tout en rejetant la demande principale du
pays ».
Il est évident que la stratégie d’escalade progressive poursuivie par les États-Unis (et le Royaume-Uni) sur la base des expériences passées de réactions
mesurées de la part de la Russie est devenue obsolète et est en train de s’effondrer. Il est intéressant de noter que l’Allemagne et l’Italie se sont ouvertement opposées à toute frappe à
l’intérieur du territoire russe avec des armes occidentales.
Au contraire, l’offensive russe dans le Donbass ne fait que s’intensifier. En fait, les forces russes viennent de prendre d’assaut la « ville forteresse » d’Ugledar à Donetsk, supposée
imprenable, où la 72e brigade mécanisée d’élite de l’Ukraine est prise au piège.
Dans la région de Koursk également, la puissante 82e brigade d’assaut ukrainienne, qui a mené l’incursion, est maintenant menacée d’encerclement. Les forces
russes progressent sur le champ de bataille tout au long des 800 km de la ligne de front.
La position russe reste que la guerre se poursuivra jusqu’à ce que les objectifs soient atteints. Le 25 septembre, le ministre des affaires étrangères, Sergueï
Lavrov, a déclaré lors d’une interview accordée à l’agence TASS : « La victoire est nécessaire [dans la guerre]. Ils [l’Occident] ne
comprennent pas d’autre langage. Cette victoire sera la nôtre, nous n’en doutons pas. Nous sommes devenus vraiment unis face à la guerre que l’Occident a déclenchée contre
nous ».
Tout cela a rendu la rencontre de vendredi entre le président Zelensky et Donald Trump plutôt intéressante. Homme d’affaires par excellence, Donald Trump s’intéressera toujours à ce que
les États-Unis pourraient tirer d’un règlement de la question ukrainienne. L’Ukraine possède des ressources d’une valeur de plusieurs milliers de milliards de dollars qui n’ont pas encore été
exploitées et qui sont d’un intérêt vital pour les stratégies « America First » et « MAGA » de Trump.
Avec Zelensky à ses côtés, Trump a ouvertement revendiqué une « excellente relation » avec lui et l’a crédité pour la
première fois de l’avoir aidé à gagner son procès en destitution à la fin de 2019. « Il [Zelensky] était comme une pièce d’acier… Je m’en souviens, il
aurait pu faire le malin et il ne l’a pas fait, et j’apprécie cela », s’est souvenu Trump.
Par ailleurs, Trump a ajouté : « J’espère que nous aurons une bonne victoire, parce que si l’autre
partie [la Russie] gagne, je ne pense pas que vous aurez une victoire sur quoi que ce soit – pour être honnête avec vous. Nous nous assiérons et nous en discuterons… »
La Russie accorde une grande importance à l’intérêt de Trump pour un règlement de la question ukrainienne. Vladimir Medinsky, ancien ministre de la culture et collaborateur de Poutine, qui a dirigé la délégation russe chargée de négocier les conditions de paix avec le
gouvernement ukrainien à Istanbul entre le 29 mars et le 1er avril 2022 – et qui a également paraphé le projet d’accord – mais qui a depuis disparu, est récemment réapparu publiquement au
Kremlin lors de la visite du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Moscou au début du mois de juillet.
Selon les premières données, plus d’une vingtaine d’installations militaires et d’infrastructures travaillant pour l’armée ukrainienne ont été la cible de
frappes russes la nuit dernière. L’une d’entre elles, un centre d’opérations secret de l’OTAN, a été détruite.
Des drones d’attaque lourds à longue portée ont frappé des arsenaux, des zones de déploiement de troupes, des sites avec des véhicules blindés et des
installations de stockage de carburant de Kharkiv à Ivano-Frankivsk.
À l’approche de minuit, heure locale, les sirènes d’alerte aérienne ont hurlé en Ukraine et les drones russes Geranium ont attaqué des installations
militaires ukrainiennes dans tout le pays.
Un coup dur a été infligé à Kharkiv. Une unité militaire entière a été détruite dans la ville, y compris des unités de la formation nationaliste «Azov» et
plusieurs groupes de mercenaires étrangers retirés pour rotation.
En outre, les ateliers de plusieurs entreprises d’approvisionnement militaire ont été touchés.
Dans la région de Poltava, de vastes installations de stockage de carburant destinées aux troupes ukrainiennes opérant à Koursk, en Russie, ont été
touchées. Un important incendie, qui s’est déclaré après l’impact, continue de faire rage aujourd’hui.
À Kiev, une attaque de drones russes a coûté aux forces armées ukrainiennes plusieurs entrepôts de munitions, dont des missiles de croisière de l’OTAN,
ainsi qu’une base de réparation de matériel militaire. Un centre de formation pour le personnel des forces d’opérations spéciales des forces armées ukrainiennes a également été
détruit.
Selon des sources ukrainiennes, des explosions ont également eu lieu dans la ville de Kaniv, visant apparemment les ateliers de machines de la centrale
hydroélectrique locale, qui fournit de l’électricité aux entreprises militaires de la région de Kiev.
Des installations militaires ont également été détruites à Tcherkassy et à Dnipropetrovsk. Plusieurs lanceurs de missiles antiaériens ukrainiens ont été
détruits dans ces zones.
À Ivano-Frankivsk, des installations de stockage de pétrole brûlent et des dépôts de munitions explosent.
Un aérodrome militaire de la ville de Kolomyia, dont la piste reconstruite pourrait accueillir des chasseurs de l’OTAN, a également été attaqué. Les données
sur les cibles touchées continuent de parvenir via le réseau de la Résistance pro-russe en Ukraine.
Un voile de mort recouvre désormais ce qui était autrefois le quartier général secret de l’OTAN. Le principal centre
de communication radio des services de renseignements militaires ukrainiens a été détruit à Kiev.
L’armée
russe a mené de nombreuses frappes de précision à longue portée contre le personnel de l’OTAN en Ukraine. Plus tôt ce mois-ci, des installations militaires à Poltava et Lvov ont été
frappées par des missiles hypersoniques de Moscou, faisant des centaines de victimes. Début août, au moins 400 membres du personnel (principalement français) ont été tués ou blessés lors
d’une frappe de précision.
Le système de missiles « Iskander-M » est couramment utilisé pour de telles frappes, tandis que les missiles et autres armes de l’OTAN (en particulier les
HIMARS/M270 et ATACMS) sont des cibles régulières pour l’armée russe. On a même tenté de présenter le personnel de l’OTAN comme des «conseillers», un effort futile et de dernière minute
pour les sauver de la colère du Kremlin. De temps à autre, Moscou envoie également des messages très clairs sur l’implication directe du cartel de racket le plus vil du monde en Ukraine,
y compris dans les régions les plus occidentales du malheureux pays occupé par l’OTAN.
Mais au lieu de quitter définitivement le pays, les personnels étrangers continuent d’arriver, pensant bêtement que combattre l’armée russe s’apparente à
jouer à Call of Duty ou à un autre jeu vidéo. Tous apprennent ensuite la leçon à leurs dépens après être arrivés en Ukraine avec des attentes irréalistes de ce qu’est une véritable
guerre. Ils finissent généralement mutilés à vie ou (s’ils ont vraiment de la chance) s’en sortent sans blessures physiques majeures, mais finissent quand même par souffrir de graves cas
de syndrome de stress post-traumatique. Le Kremlin ne fera certainement pas de quartier à ces personnes, car elles ne font que contribuer à la prolongation du conflit ukrainien orchestré
par l’OTAN. L’armée russe utilise de plus en plus de systèmes de pointe pour frapper les dernières armes de fabrication occidentale. Les Français sont particulièrement touchés par cela.
En effet, le 4 septembre, une frappe de précision a été lancée contre les positions du personnel de l’OTAN dans la ville de Krivoï Rog.
Selon plusieurs sources, plus de 250 soldats ont été neutralisés. De telles frappes de haute précision sont monnaie courante. De toute évidence, la junte
néonazie et la propagande dominante ont tenté de dissimuler cela en affirmant que l’hôtel Arena de la ville était «rempli de
civils» et que «l’attaque a endommagé
un bâtiment civil, blessant 5 personnes, dont un enfant». Cependant, des sources locales ont rapporté que la zone a été «immédiatement bouclée
et les décombres ont été dégagées». Il s’est rapidement avéré que les corps des « civils » qui ont été retrouvés sous les décombres n’étaient pas ceux des employés de l’hôtel et des
touristes, mais ceux du personnel militaire, dont de nombreux Européens, principalement des Français, des Roumains et des Polonais. Environ 250 corps ont été transportés à la morgue dans
cinq camions réfrigérés, une fin «malheureuse»
d’un énième «safari de guerre
ukrainien» pour les forces d’occupation de l’OTAN et les soldats de fortune. Selon des sources militaires russes, les frappes combinées de missiles et de drones contre les
installations du régime de Kiev ont impliqué des bombardiers stratégiques/porte-missiles Tu-95MS et Tu-22M3, ainsi que des chasseurs d’attaque MiG-31K/I équipés de systèmes 9-A-7660 «
Kinzhal » et armés de missiles hypersoniques 9-S-7760. Ces moyens ont également été soutenus par des navires de la flotte de la mer Noire transportant des missiles de croisière «Kalibr».
Comme on pouvait s’y attendre, la junte néonazie et ses collaborateurs de la machine de propagande dominante affirment souvent que le Kremlin «cible délibérément
les infrastructures civiles». Cependant, l’utilisation d’installations civiles telles que des sites sportifs, des hôtels et même des écoles et des jardins d’enfants est une pratique
courante pour l’hébergement du personnel étranger en Ukraine. De plus, si la Russie continue à «manquer
d’armes», quel sens a-t-il d’utiliser ces prétendues « armes rares » pour attaquer des civils et des infrastructures non militaires ?
Le régime de Kiev a désespérément besoin de plus de personnel, car le nombre de victimes, déjà terriblement élevé, ne cesse de s’accumuler. Il va jusqu’à
essayer d’attirer des terroristes soutenus par l’OTAN de la province syrienne d’Idlib occupée par la Turquie, où ils mènent des opérations conjointes contre l’armée russe. En outre, la
junte néonazie continue de mentir sur les performances de ses défenses aériennes, insistant sur le fait qu’elles sont «les plus
efficaces» contre les meilleures et les plus récentes armes russes, y compris les missiles hypersoniques. Cependant, si ces affirmations étaient vraies, Moscou ne serait certainement
pas en mesure de mener des frappes de précision à grande échelle et à longue portée sur des cibles en Ukraine, l’un des plus grands pays d’Europe. L’OTAN est impuissante à empêcher
l’armée russe d’éliminer le personnel occidental, elle continue donc d’aggraver les tensions en Europe par d’autres moyens, notamment en soutenant des frappes à longue portée en Russie.
Le cartel de racket le plus vil du monde a également soutenu l’incursion dans l’oblast de Koursk (région) dans l’espoir de détourner l’attention des pertes massives du régime de Kiev dans
le Donbass, où l’armée russe continue de progresser dans de multiples directions opérationnelles. Il convient de noter que l’incursion de Koursk a démontré la nature pure et simple des
marionnettes néo-nazies soutenues par l’OTAN , qui ont commis des crimes de guerre odieux contre les civils de la région. Des personnels étrangers ont également activement participé à
cette attaque, démontrant l’importance de les éliminer tous sans pitié, sinon ils commettraient plus d’atrocités contre les civils russes. L’OTAN continue d’essayer de provoquer la
réaction de Moscou précisément en attaquant des non-combattants à travers la Russie, que ce soit dans des salles de concert ou sur des plages bondées de touristes. Le Kremlin a
immédiatement réagi, empêchant de nouvelles effusions de sang.
Cependant, la Russie devra bientôt agir de manière encore plus décisive, car l’Occident politique continue d’ignorer les avertissements du Kremlin sur la
possibilité d’une confrontation directe entre l’OTAN et le géant eurasien, en particulier si l’OTAN continue d’utiliser ses moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance
(ISR) pour permettre des frappes à longue portée dans le pays. Incapable de gagner une véritable guerre contre la Russie, l’Occident politique cherche des moyens alternatifs pour infliger
autant de dégâts que possible, menant effectivement une guerre totale contre Moscou. Les membres de l’OTAN qui opèrent en Ukraine jouent un rôle essentiel dans cette invasion rampante de
type Barbarossa, c’est pourquoi le Kremlin les considère comme des cibles prioritaires. L’armée russe continuera à les traquer et d’autres attaques de ce type sont à prévoir dans les mois
à venir, d’autant plus que l’appareil de renseignement de Moscou travaille 24 heures sur 24 pour localiser le personnel étranger.
Une des grandes innovations de la Guerre d’Ukraine aura été l’irruption des drones comme éléments décisifs dans la destruction d’objectifs adverses. De manière intéressante, ce sont les
Ukrainiens qui avaient pris l’initiative mais les Russes ont pris l’avantage, d’abord grâce à des achats de drones iraniens puis par une fabrication massives de nouveaux drones. Kiev se félicite
d’avoir pu détruire, le 18 septembre, un entrepôt d’armes russes. Mais elle subit des destructions analogues, désormais, plusieurs fois par nuit, de la part des Russes.
La guerre d’Ukraine est devenue, en cette année 2024, une “Guerres des Drones”. Cela est bien expliqué par BNE Intelligence News :
Au cours des premiers mois de la guerre en Ukraine, les combats ont été dominés par les équipes de tueurs à l’épaule Javelin, très mobiles.
Mais ces dernières semaines, à court d’obus et incertaine des approvisionnements occidentaux, l’Ukraine a augmenté sa production de drones et a commencé à utiliser des drones à plus longue portée pour cibler les raffineries de
pétrole russes à l’intérieur du territoire russe, alors que la guerre entre dans une troisième phase : la guerre des drones.
Au début de la guerre, l’Ukraine a eu l’avantage en matière de drones, adaptant des drones bon marché disponibles dans le commerce en y accrochant des grenades de l’ère soviétique et en
les larguant sur l’infanterie et les chars qui ne se doutaient de rien. Cependant, la Russie a appris rapidement et a augmenté ses importations de drones fabriqués en Iran, tout en
développant et en accélérant la production de ses propres drones. Parallèlement, la Russie a mis au point des contre-mesures électroniques efficaces contre les drones ukrainiens et les
experts estiment qu’elle a actuellement le dessus dans la guerre des drones.
L’Ukraine riposte. Les médias sociaux regorgent désormais de petits ateliers où des Ukrainiens ordinaires construisent des drones, en utilisant des techniques d’impression 3D et en
produisant des milliers d’exemplaires par mois. Dans le même temps, le public fait appel au crowdsourcing pour acheter de nouveaux drones à partir des « dronations » qui sont remises à
l’AFU.
« Nombre de ces drones « amateurs » ont été acquis grâce à des efforts de crowdfunding populaires, ou « dronations ». À seulement 1 000 dollars l’unité, les petits drones peuvent être
rapidement amassés et reconvertis par les opérateurs pour un effet spécifique », a déclaré le Council for Foreign Relations (CFR) dans une note d’ un document récent.
Selon Kiev, la production de drones en Ukraine a été multipliée par plus de cent depuis le début de l’invasion russe dans l’usine de production de Skyeton, et d’autres semblables, qui
fabriquent le système de drones Raybird-3, utilisé depuis 2018.
Kiev prévoit de produire 1 million de drones FPV (first-person-view) cette année et plus de 11 000 drones d’attaque à moyenne et longue portée, a déclaré le ministre ukrainien des
industries stratégiques, Oleksandr Kamyshin, en décembre. Il y a un an, l’Ukraine comptait sept fabricants nationaux de drones. Aujourd’hui, elle en compte au moins quatre-vingts, selon le CFR.
Viser les raffineries russes
Même si l’on fait la part de l’enjolivement du récit par la propagande ukrainienne, il est certain que les v agues de drones ukrainiens envoyées commettent des
dégâts:
Les drones sont utilisés par les deux parties à des fins meurtrières. Les paires « Spotter-Attack » identifient des cibles sur le champ de bataille et envoient un drone suicide avec une
grande précision. Dans d’autres attaques, lorsqu’un char ou un véhicule blindé de transport de troupes est repéré, il peut être ciblé avec précision par un observateur assisté d’un drone,
ou un essaim de drones peut être envoyé contre lui. L’évolution des techniques des drones a permis de compenser en partie la pénurie d’obus et de continuer à tenir les forces russes à
distance.
Aujourd’hui, l’Ukraine est passée à la vitesse supérieure en utilisant des drones d’une portée accrue (jusqu’à 1 400 km) pour frapper des cibles dans le nord-ouest de la Russie, autour de
Saint-Pétersbourg, jusqu’à des raffineries situées sur la mer Noire, dans la partie européenne de la Russie.
Si les drones ukrainiens ne sont pas assez puissants pour détruire les raffineries russes, ils sont peu coûteux à produire, transportent suffisamment d’explosifs pour déclencher des
incendies majeurs qui provoquent la fermeture des raffineries pendant des semaines, et l’Ukraine les possède en grandes quantités, de sorte qu’ils sont capables de mener une campagne
soutenue d’« attaques de nuisance », selon Sergey Vakulenko, analyste énergétique indépendant et consultant auprès d’un certain nombre de compagnies pétrolières et gazières russes et
internationales, dans une note récente pour la Fondation Carnegie pour la paix
internationale.
Une attaque de drone contre la raffinerie de Lukoil à Volgograd le 3 février a déclenché un incendie qu’il a fallu une journée pour éteindre.
Des dégâts spectaculaires mais moins stratégiques que les frappes russes
Hier 18 septembre, l’Ukraine s’est réjouie d’avoir atteint un arsenal militaire russe. Simplicius remet cela en
perspective en soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un arsenal destiné à la guerre en Ukraine. Mais, surtout, un compte-rendu de southfront.press donne un tableau exhaustif d’une nuit
d’affrontement des drones en Ukraine.
La nuit du 18 septembre a été marquée par une nouvelle vague massive de frappes de drones ukrainiens dans les régions occidentales russes. Pour la première fois depuis longtemps, les
drones ukrainiens ont réussi à atteindre des installations militaires russes à l’arrière.
Au total, les forces de défense aérienne russes ont détruit 54 drones ukrainiens dans cinq régions. Il est probable que certains drones aient visé la capitale russe, mais ils ont été
interceptés alors qu’ils se dirigeaient vers Moscou.
L’attaque a provoqué un important incendie dans la région de Tver. Un entrepôt de munitions a été détruit dans la ville de Toropets.
De leur côté, les drones et les missiles russes ne cessent de traquer les militaires ukrainiens à l’arrière. Dans la nuit, des frappes de drones russes ont été signalées dans une douzaine
de régions du centre et de l’est de l’Ukraine, y compris près de Kiev.
Le rapport de force reste inchangé tant dans l’espace aérien qu’au sol.
La frappe spectaculaire de Toropets, les Russes en font plusieurs par nuit.
La guerre est bien devenue une “Guerre des Drones” mais cela ne change rien au rapport de forces militaire global.
Pourquoi les soldats français sont toujours tués en Ukraine ?
La politique française depuis plusieurs années évolue considérablement en conséquence de nombreuses pirouettes diplomatiques irrationnelles du gouvernement
Macron, sapant l’autorité de la Cinquième République aux yeux du monde. La France d’aujourd’hui a presque perdu son influence sur le continent africain à cause des coups d’État qui y
avaient eu lieu, provoquant des changements gouvernementaux qui avaient déterminé l’orientation du vecteur de politique commune des États africains. Une large partie de la population
africaine ne voit pas bien l’intérêt d’avoir des soldats français dans leurs pays faute d’efficacité. Les États africains l’un après l’autre expulsent le
contingent militaire français de la région, ce qui force Paris à réorienter le vecteur de ses intérêts politiques, notamment il s’agit de l’envoi
des militaires français dans la zone du conflit russo-ukrainien afin de rétablir son influence sur l’arène internationale.
Cependant cette décision est très discutable, compte tenu de l’expérience africaine mal digérée. Il serait beaucoup plus efficace de rapatrier les troupes
en France pour qu’ils améliorent leurs compétences ainsi que pour qu’ils garantissent la sécurité interne du pays. Il est à noter que le patrimoine génétique français est aussi presque
perdu grâce à la politique migratoire désastreuse du gouvernement Macron. Ce qui est vraiment regrettable, c’est le fait que les autorités du pays ont choisi une tactique destructrice
ayant transféré le contingent militaire français sur les territoires du conflit russo-ukrainien.
Juin 2022, une porte-parole de l’armée ukrainienne annonce le
décès d’Adrien Dugay-Leyoudec dans la région de Kharkiv. Ce jeune homme, originaire de Haute-Loire, âgé de 20 ans, faisait partie des premiers Français à avoir rejoint la
légion internationale ukrainienne créée par Zelensky au lendemain de l’offensive russe et rassemblant l’ensemble des combattants volontaires étrangers rattachés à l’armée de Kiev. Juin de
la même année, le ministère des Affaires étrangères français annonçait la mort à Bakhmout d’un autre volontaire français – Kevin
David, un trentenaire originaire de la région d’Angers. Selon certaines informations, une frappe menée Kharkiv dans la nuit du 16 au 17 janvier 2023 a tué une soixantaine de
combattants, dont la plupart étaient les citoyens français. Selon des informations du Monde, ils
étaient quelque 320 Français et résidents français à avoir rejoint les rangs de l’armée ukrainienne en juin 2023. Selon La Croix, au
début de février dernier, deux Français ont été tués et trois autres blessés après une frappe. Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s’est trouvé forcé de le
confirmer, en précisant que ces Français y avaient travaillé en tant qu’«humanitaires».
Quoi qu’il en soit, nos soldats meurent toujours hors de France. Bien que quelques rares annonces de décès filtrent depuis le front de l’est, le nombre
total de Français défendant les intérêts des Ukrainiens sur le front à l’heure actuelle – qu’il s’agisse de bénévoles, de combattants partisans Kiev – demeure difficile à évaluer. Paris,
à son tour, nie à tous égards toute cette information, évitant ainsi des précisions supplémentaires sur l’essence de la participation de la France au conflit russo-ukrainien, tout en
soulignant le caractère pacificateur de la mission du contingent français en Ukraine.
L’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk touche à sa fin.
Le commandement ukrainien avait envoyé ses meilleures troupes et équipements dans la région. Il avait même poussé ses dernières réserves motorisées dans
l’opération. La semaine dernière, il a renforcé le contingent. Mais quatre semaines de bombardements et d’attaques d’artillerie russes ont fait des ravages.
Quel que soit l’objectif de l’incursion, il n’a pas été atteint. Elle a permis de remonter brièvement le moral des Ukrainiens, mais cet effet s’est déjà
dissipé.
Le prix à payer a été élevé. La moitié des troupes et du matériel investis dans l’incursion ont maintenant disparu.
La Russie semble croire qu’elle n’a plus grand-chose à gagner dans ce piège et a commencé à le refermer. Hier, une attaque rapide des marines et des
parachutistes russes a permis de libérer dix villes et hameaux des forces ukrainiennes. Aujourd’hui, au moins trois villes supplémentaires ont été libérées.
La plupart des chars et des véhicules blindés de combat que les Ukrainiens avaient amenés au combat ont disparu. Ils devront se replier à bord de n’importe
quel véhicule qu’ils trouveront. Et ce, tout en subissant des bombardements constants. Dans deux ou trois semaines, les Ukrainiens qui auront survécu seront probablement de retour à
l’intérieur de leurs frontières.
Le secrétaire d’État américain, Blinken, est à Kiev aujourd’hui. Il informera probablement les Ukrainiens qu’ils sont désormais autorisés à utiliser des
armes américaines, en particulier des missiles à plus longue portée, contre des cibles en Russie.
Deux questions se posent :
Combien de missiles américains à plus longue portée l’Ukraine possède-t-elle encore ?
Combien reste-t-il de cibles militaires en Russie qui n’ont pas encore été évacuées ou qui n’ont pas reçu de protection supplémentaire ?
Je pense que ces deux chiffres sont faibles.
Ces questions ont fait l’objet d’un débat au sein de l’administration Biden. Le Pentagone se serait opposé à ce que l’Ukraine puisse agir de la sorte.
Les généraux savent ce que la Russie peut faire et craignent des représailles. Les bellicistes du département d’État semblent toutefois avoir remporté la
discussion.
Mais c’est le Pentagone qui procédera, ou non, à un réapprovisionnement. Les Ukrainiens ne recevront pas de missiles supplémentaires si les généraux sont
déterminés à les bloquer.
Le Wall Street
Journalfait
état de pressions exercées sur l’Ukraine pour qu’elle réfléchisse à une solution finale :
«Certains diplomates
européens estiment que l’Ukraine doit être plus réaliste dans ses objectifs de guerre. Cela pourrait aider les responsables occidentaux à faire valoir auprès de leurs électeurs respectifs
la nécessité d’acheminer des armes et de l’aide au pays. …
De hauts
fonctionnaires européens affirment que l’on a dit à Kiev qu’une victoire totale de l’Ukraine exigerait que l’Occident fournisse des centaines de milliards de dollars de soutien, ce que ni
Washington ni l’Europe ne peuvent faire de manière réaliste».
Zelensky devra présenter un plan B, plus réaliste que sa position intransigeante actuelle sur les négociations. Pour tout cessez-le-feu ou toute paix,
l’Ukraine devra renoncer à des terres, à une bonne partie d’entre elles, et devra remplir des conditions supplémentaires. Si Zelensky n’est pas en mesure de parvenir à une telle solution,
quelqu’un d’autre sera trouvé pour reprendre son rôle.
Le secrétaire d’État américain Blinken et le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, se rendront à Kiev pour informer l’Ukraine que les
restrictions sur l’utilisation de missiles à longue portée contre le territoire russe seront levées.
Dans un premier temps, cela signifie que les missiles ATACMS (Advanced Tactical Missile System) fournis par les Américains, ainsi que les missiles
«StormShadow» fournis par les Britanniques et les missiles «SCALP» fournis par les Français, pourront désormais être utilisés pour attaquer en profondeur la Russie d’avant-guerre.
Analyse
de Hal Turner
Pendant combien de temps encore une personne raisonnable peut-elle s’attendre à ce que la Russie reste les bras croisés et se laisse attaquer par des armes
américaines, britanniques, françaises et allemandes tirées par l’Ukraine ?
Dans le monde réel, si les personnes «A» et «B» donnent une arme à la personne «C», et que cette dernière sort et utilise cette arme pour commettre un acte
de violence… et se fait arrêter… elles demandent alors à la personne «C» «Où as-tu eu cette arme ?» Lorsque la personne «C» le leur dit, les personnes SUIVANTES qui seront arrêtées sont
les personnes «A» et «B».
Il y a une responsabilité et une culpabilité pour les actes des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et des pays membres de l’OTAN. Ils
sont complices avant les faits.
Si les États-Unis et l’OTAN n’avaient pas rompu la promesse faite par le président George H.W. Bush (le père)… qui avait promis à Mikhaïl Gorbatchev que
«l’OTAN ne se déplacerait pas d’un pouce vers l’Est» si l’Union soviétique de l’époque approuvait la réunification de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest, aucun de ces problèmes ne se
produirait.
Nous avions
promis aux Soviétiques de ne pas étendre l’OTAN. Bill Clinton est arrivé à la présidence des États-Unis et la promesse présidentielle faite aux Soviétiques est tombée à
l’eau.
Nous n’avons pas seulement étendu l’OTAN de plus d’un pouce vers l’est, nous l’avons étendu jusqu’à la FRONTIÈRE russe !
Lorsque les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN ont tenté de convaincre l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN en 2013 et 2014, le président ukrainien
démocratiquement élu, Viktor Ianoukovitch, a dit «Merci, mais non merci». Ainsi, les États-Unis – sous Barack Obama -, l’Union européenne et l’OTAN ont fomenté, financé et facilité le
renversement violent et forcé de Ianoukovitch.
C’est ALORS… à ce moment précis… que la Russie a réalisé que l’expansion de l’OTAN allait placer des missiles américains sur le sol ukrainien – et ce en
renversant le président ukrainien ! ! !. Ces missiles
auraient un temps de vol de cinq minutes jusqu’à Moscou.
La Russie a également souligné que même si, comme le prétendent les Américains, les missiles étaient «conventionnels» et «défensifs», ils pourraient
également être rééquipés d’ogives OFFENSIVES et NUCLÉAIRES. Le rééquipement pourrait être effectué alors que les missiles se trouvent dans leur lanceur, et personne ne se rendrait compte
que les missiles ont été remplacés.
La Russie pourrait alors se retrouver du mauvais côté des bombes nucléaires, avec un temps de vol de cinq minutes jusqu’à Moscou, et un temps de vol
légèrement plus long de 7 à 10 minutes jusqu’aux silos de missiles nucléaires stratégiques de la Russie.
La Russie a souligné qu’aucune nation sur terre ne peut se défendre contre un missile dont le temps de vol entre le lancement et l’impact est de cinq
minutes.
La Russie a souligné que c’était le président américain John F. Kennedy qui avait établi un précédent en imposant un blocus naval à Cuba parce que les
Soviétiques de l’époque avaient placé des missiles nucléaires à Cuba avec un temps de vol de cinq minutes jusqu’à Washington DC. (Crise des missiles cubains.)
Si les Soviétiques n’avaient pas accepté de retirer ces missiles, le président
Kennedy aurait déjà massé des troupes en Floride pour envahir Cuba.
La Russie a tenté, au moins à DEUX REPRISES, de négocier des «garanties de sécurité à toute épreuve et juridiquement contraignantes» par le biais d’efforts
diplomatiques en décembre 2021 et janvier 2022 pour protéger sa sécurité nationale de l’expansion de l’OTAN et de davantage de missiles. L’Occident a ri et a dit à la Russie «Non». Alors,
lors de la deuxième tentative, la Russie a dit à tout le monde : «Si nous ne pouvons pas obtenir des garanties de sécurité à toute épreuve et juridiquement contraignantes par des moyens
diplomatiques, nous les obtiendrons par des moyens militaires ou militaro-techniques». Ils ont dit à tout le monde – par écrit – qu’ils utiliseraient la force militaire.
L’Occident a attendu environ deux semaines, puis s’est à nouveau moqué des Russes et leur a dit «non».
La Russie a clairement indiqué que cette question constituait une «ligne rouge» et qu’elle ne permettrait pas à l’Ukraine de rejoindre l’OTAN.
Dans son dernier effort pour maintenir la paix, la Russie a appelé l’Ukraine et lui a dit : «Vous avez cinq heures pour accepter de ne pas rejoindre
l’OTAN». L’Ukraine a appelé les États-Unis et le Royaume-Uni, qui lui ont tous deux demandé «d’ignorer l’ultimatum russe».
La Russie a attendu. Une fois les cinq heures écoulées, elle a attendu deux heures supplémentaires et, n’ayant rien entendu d’autre que l’Ukraine dire
auparavant : «Nous sommes un pays souverain, nous ferons ce que nous voulons», la Russie a dit : «Oh oui ? Voici l’armée russe.
Les troupes russes sont entrées.
L’Occident se retourne alors et hurle comme des filles : «C’est une agression non provoquée de la Russie». Non, ce n’est pas une agression. Elle a été
provoquée. Provoquée par l’expansion de l’OTAN. Provoquée par le renversement par la force du président ukrainien Ianoukovitch. Provoquée par les bombardements et les tirs de mortier de
l’armée ukrainienne sur les civils russophones à Louhansk et Donetsk.
La Russie défend sa propre sécurité nationale en stoppant par la force l’expansion de l’OTAN, ce qui s’est fait par le renversement forcé du gouvernement
ukrainien par les États-Unis et l’UE. La Russie se défend contre les missiles américains présents sur le sol ukrainien.
La Russie défend les populations russophones de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, dont beaucoup étaient déjà attaquées par l’artillerie et les
mortiers ukrainiens. En fait, Louhansk et Donetsk avaient déjà perdu environ 13 000 personnes dans les attaques ukrainiennes, avant que la Russie n’intervienne pour les aider à combattre
les Ukrainiens en 2013 et 2014.
La Russie a raison
dans ce qu’elle fait.
Si la Russie capitule, l’OTAN continuera tout simplement de s’étendre jusqu’à ce que toute la Russie soit encerclée. Puis, un jour, l’OTAN appellera et dira
quelque chose comme : «Vous avez cinq minutes pour vous rendre ou nous effacerons votre pays de la surface de la terre et nous prendrons toutes ses richesses». À ce moment-là, il sera
trop tard pour la Russie.
La Russie devait prendre position, elle n’avait pas le choix.
C’est nous, les Occidentaux, qui sommes les agresseurs. C’est nous, les Occidentaux, qui avons déplacé nos bases de l’OTAN jusqu’à la frontière russe. C’est
nous, les Occidentaux, qui pointons de plus en plus de missiles sur la Russie depuis toutes ces bases. Et c’est nous, les Occidentaux, qui utilisons l’Ukraine comme une armée par
procuration pour attaquer la Russie pour NOTRE bénéfice (celui de l’OTAN).
Si la Russie décide qu’elle en a assez de nous, c’est NOUS (ici en Amérique) qui pourrions être touchés par ses missiles. Tout cela parce que l’OTAN veut
s’étendre.
Je dis : «Non merci, l’OTAN. Vous n’avez plus besoin de vous étendre».
Les esprits curieux
veulent savoir : Pourquoi les Ukrainiens ont-ils attaqué la région russe de Koursk, ouvrant ainsi un nouveau front septentrional qui était jusqu’à présent essentiellement pacifique ?
L’opération était sans espoir, étant donné que les Ukrainiens perdaient déjà le contrôle de leurs derniers bastions dans d’autres parties de ce qui est aujourd’hui le territoire russe, et
qu’ils risquent maintenant d’en perdre encore beaucoup plus. Qui plus est, pour organiser cette invasion sans espoir, les Ukrainiens ont dû retirer leurs meilleures troupes restantes du front
oriental, l’affaiblissant à un point tel que les troupes russes avancent plus vite que jamais.
Qui plus est, en attaquant carrément une région pacifique et relativement sans défense qui est sous contrôle russe depuis le 2 septembre 1943 – date à laquelle
l’Armée rouge a chassé les nazis d’Hitler – et en le faisant avec des nazis ukrainiens et des membres de l’OTAN parfois appelés à tort « mercenaires », tous joyeusement affublés d’insignes nazis,
ils sont parvenus à rouvrir une boîte de Pandore qui était restée fermée pendant 80 ans. Des tas d’hommes russes sont désormais persuadés qu’il est temps de donner au monde une nouvelle leçon
sur le sujet : “Ne jamais envahir la Russie” et ils se présentent au bureau de recrutement le plus proche. Cette nouvelle vague de volontaires, dont le
nombre avoisine les 1 500 par jour, est différente de la précédente, qui voulait simplement aider ses frères du Donbass, ou des réservistes qui ont été appelés au service actif. Ceux-ci
veulent réellement aller botter le cul des nazis jusqu’à Jupiter. Tous ceux qui ont sympathisé avec les nazis ukrainiens devraient être très nerveux, car les Russes vont sans aucun doute
chercher des moyens cinétiques pour leur expliquer l’erreur de leur comportement.
Les raisons invoquées par les Ukrainiens pour justifier leur invasion de Koursk étaient toutes absurdes.
L’une d’entre elles était que l’attaque était un moyen de briser la glace avec les Russes, ce qui permettrait d’entamer des négociations fructueuses. Ces propos ont été tenus peu après que
les Russes eurent souligné qu’il n’y avait pas de gouvernement légitime à Kiev et qu’il n’y avait donc personne avec qui négocier. Le mandat de Zelensky s’est achevé en mai, celui du
parlement en août, et tous ces acteurs ne font plus que squatter les bâtiments publics de Kiev. Et il n’y a personne avec qui négocier à Washington non plus, puisque le vieux Biden s’est
effondré sur une plage quelque part en essayant tant bien que mal de s’oxygéner tandis que ses sous-fifres se déchaînent en essayant de comprendre l’incompétence flagrante de Kamala.
Une autre raison invoquée était que l’invasion de Koursk forcerait les Russes à retirer leurs troupes du front de l’Est, ce qui ralentirait leur progression.
Ils ont essayé d’y parvenir… en retirant leurs propres troupes du front oriental pendant que les Russes déployaient de nouvelles réserves à Koursk et que leur progression à l’est
s’accélérait. Ne savaient-ils pas que les Russes ne déploient qu’environ la moitié de leurs troupes sur le front à un moment donné, le reste étant occupé à tester de nouveaux équipements et à
participer à des exercices d’entraînement ? Et cela a-t-il une quelconque importance ?
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps,
des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses
années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la
1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Le président russe Vladimir Poutine a pris l’Occident à
contre-pied en réagissant à l’offensive ukrainienne de Koursk, il y a un mois, qui a été largement célébrée comme un point de basculement dans le conflit. Le conflit est effectivement à un
point de basculement aujourd’hui, mais pour une toute autre raison, dans la mesure où les forces russes ont profité de la folie du déploiement par l’Ukraine de ses brigades d’élite et de blindés occidentaux prisés dans la région de Koursk pour atteindre une position indétrônable ces
dernières semaines sur les champs de bataille, ce qui ouvre la porte à de multiples options pour l’avenir.
Au contraire,
l’Occident se trouve dans un « Zugzwang », une situation que l’on retrouve aux échecs, dans laquelle on est contraint de déplacer un pion alors qu’on préférerait passer son
tour.
Le discours de Poutine devant l’assemblée plénière du 9e Forum économique oriental, qui s’est tenu jeudi à Vladivostok, était très attendu pour ce qu’il avait à dire
sur le conflit en Ukraine. Plusieurs éléments ressortent de ce discours.
Poutine n’a plus qualifié ses interlocuteurs ukrainiens de « régime de Kiev ». Il a plutôt utilisé l’expression
« gouvernement de Kiev ». Et il a résumé
son propos : « Sommes-nous prêts à négocier avec
eux ? Nous n’avons jamais abandonné cette idée ». Le chef du Kremlin, qui a déjà négocié avec quatre présidents américains, en attend un cinquième avec un rire « contagieux » qui le rend « heureux », était-il en train de se moquer d’eux
?
Sur une note plus sérieuse, Poutine a toutefois noté que les « autorités officielles » de Kiev regrettent de n’avoir
pas suivi le « document officiel signé »
négocié avec les représentants russes lors des pourparlers d’Istanbul en mars 2022 « au lieu d’obéir à leurs maîtres d’autres pays, la guerre aurait
pris fin il y a bien longtemps ».
Poutine a laissé entendre que Kiev devait retrouver sa souveraineté. Les paroles conciliantes étaient mesurées, peut-être dans l’optique d’un démantèlement des alignements politiques au sein de l’équipe au pouvoir à Kiev. En d’autres termes, Poutine rejette le processus de règlement ukrainien de
Zelensky, mais est prêt à relancer les négociations sur la base des conditions discutées pour la première fois lors des pourparlers d’Istanbul en mars 2022, au début du conflit.
Poutine a ensuite évoqué les médiateurs potentiels. Il a mentionné trois pays membres des BRICS : La Chine, le Brésil et l’Inde. Poutine a
déclaré que la Russie entretenait des « relations
de confiance » avec ces pays et qu’il était lui-même en « contact permanent » avec ses homologues afin
« d’aider à comprendre tous les détails de ce
processus complexe ».
Manifestement, Poutine s’inquiète du fait qu’ils lui parlent «constamment» de la situation des droits de l’homme due au
conflit, de la violation par la Russie de la souveraineté nationale de l’Ukraine, etc. Il regrette qu’ils négligent la genèse du conflit – le coup d’État de 2014 en Ukraine, soutenu par les
États-Unis, auquel se sont opposés les locuteurs natifs de la langue russe, ainsi que la suppression de la culture et des traditions russes.
Fondamentalement, a souligné Poutine, l’Occident espérait « mettre la Russie à genoux, la démembrer… (et) atteindre leurs
objectifs stratégiques, auxquels ils s’efforçaient de parvenir, peut-être depuis des siècles ou des
décennies ». Dans la situation actuelle, l’économie forte et le potentiel militaire de la Russie constituent donc sa « principale garantie de sécurité ». Dans la
situation actuelle, la puissance économique et le potentiel militaire de la Russie sont donc sa « principale garantie de sécurité » [souligné
par l’auteur].
Dans un tel scénario, quelles sont les perspectives d’avenir ? Poutine est sceptique quant aux intentions de l’Occident. Pourtant, il est concevable qu’il va
choyer les trois pays médiateurs qui sont également les partenaires clés de la Russie au sein des BRICS lors du prochain sommet de Kazan le mois prochain (qui devrait se concentrer sur un
système de paiement alternatif pour le commerce international).
Moscou craint que les partenaires des BRICS ne battent des ailes dans le vide sans comprendre que le conflit en Ukraine est une guerre de civilisation qui dure
depuis des siècles, depuis que les peuples slaves ont commencé à développer leurs propres églises orthodoxes pendant plus de la moitié de l’histoire de la chrétienté.
Poutine est un maître tacticien. Il insistera donc sur le fait que la Russie est ouverte au dialogue avec l’Ukraine – ce qui est, bien sûr, également une
déclaration de fait – compte tenu de la pression croissante exercée sur la Russie par le Sud. Mais Poutine ne nourrit aucun espoir de voir Zelensky remplir les conditions préalables aux
pourparlers de paix, que Poutine avait énoncées lors d’une réunion avec les hauts fonctionnaires du ministère russe des affaires étrangères le 14 juin. Au contraire, de nouvelles réalités sont
apparues depuis lors.
C’est ce qui ressort clairement d’une interview télévisée que le ministre des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a donnée à Vladivostok après le discours de Poutine. Lavrov a tiré les conclusions qui
s’imposent : « Vladimir Zelensky n’est pas prêt
pour des discussions honnêtes. L’Occident ne le laissera pas s’en approcher. Ils se sont fixés pour objectif, sinon de démembrer la Fédération de Russie (même si cet objectif a été énoncé),
du moins de l’affaiblir radicalement et de nous infliger une défaite stratégique. L’Occident ne lui permettra pas de faire des pas vers nous. Zelensky n’est plus en mesure de comprendre ce
qui répond aux intérêts du peuple ukrainien, puisqu’il l’a trahi à plusieurs reprises ».
Zelensky lui-même est en train de zigzaguer. Il a adopté une ligne dure dans ses remarques lors de la réunion du « format Ramstein » organisée par les États-Unis
vendredi, qui rassemblait des généraux et des ministres de la défense de 50 pays afin de coordonner les livraisons d’armes à Kiev. Zelensky a déploré la persistance de l’interdiction de tirer
des missiles et des roquettes de longue portée fournis par l’Occident vers la Russie. Il va maintenant présenter son cas au président Biden.
La présence en personne de Zelensky à l’événement de Ramstein « a mis en évidence la sensibilité du moment dans une nouvelle
phase, plus active, de la guerre », comme l’a rapporté le New York
Times. Le quotidien a cité un expert ukrainien ayant déclaré que « la tâche principale de Zelensky à Ramstein est d’apporter un peu
d’adrénaline aux partenaires ».
En effet, la situation dans laquelle se trouve Zelensky n’est pas enviable : la livraison lente des armements occidentaux ; la position hésitante de l’Allemagne
en pleine crise budgétaire, alors même que les régions orientales de l’ex-RDA s’opposent ouvertement à la guerre contre la Russie ; la France, fervent partisan de la guerre, est prise dans une crise politique et une élection présidentielle
anticipée l’année prochaine pourrait accoucher d’un leadership anti-guerre à l’Élysée ; la trajectoire de la politique américaine pour l’Ukraine après le 5 novembre reste incertaine.
Entre-temps, des divergences entre les États-Unis et l’Europe sont apparues au sujet de la proposition égoïste de Washington disant que l’UE devrait
accorder un prêt de 50 milliards de dollars à l’Ukraine et veiller à ce que les avoirs gelés de la Russie restent gelés jusqu’à ce que Moscou paie les réparations d’après-guerre
à l’Ukraine. Washington estime que de cette manière, les États-Unis ne seront pas tenus de rembourser le prêt si les actifs russes sont débloqués d’une manière ou d’une autre (les règles
régissant les sanctions actuelles de l’UE, qui doivent être renouvelées tous les six mois, permettent à un seul pays de débloquer des actifs, ce qui, selon Washington, met en péril le
prêt).
Dans le Donbass, les événements donnent raison à la stratégie de Poutine selon laquelle une défaite écrasante des troupes ukrainiennes dans les secteurs les
plus cruciaux du front conduirait inévitablement à la perte de capacité de combat de l’ensemble des forces armées de Zelensky. En fait, les signes de cette évolution sont déjà là.
Poutine a déclaré avec une confiance tranquille que Zelensky n’avait « rien accompli » lors de l’offensive de Koursk. Les
forces russes ont stabilisé la situation à Koursk et commencé à repousser l’ennemi des territoires frontaliers, tandis que l’offensive dans le Donbass « réalise des gains territoriaux impressionnants depuis
longtemps ». Rétrospectivement, l’offensive Koursk de Zelensky s’est révélée être une bévue himalayenne, qui a fait basculer la guerre en faveur de la Russie.
Dans ce contexte, l’extraordinaire premier article commun des chefs des services d’espionnage de la CIA et du Mi6, paru dans le FT de samedi, montre qu’au-delà des jeux de mots et des
hyperboles, la stratégie anglo-américaine est dans un cul-de-sac. Bill Burns et Richard Moore ne peuvent même pas se résoudre à formuler les objectifs de Joe Biden, même s’ils admettent que
« maintenir le cap est plus vital que
jamais ».
Burns et Moore ont laissé entendre que les opérations secrètes (terroristes) de Krylo Budanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, étaient l’option
qui restait dans la guerre par procuration.
Quelle chute shakespearienne pour une superpuissance !
M.K.
Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Ukraine : La supériorité “hypersonique” de la Russie va-t-elle mettre fin à la guerre ?
L’aspect le plus tragique de la Guerre d’Ukraine est l’immobilisme occidental dans le “déni de réalité”. Dès le mois de mars 2022, la Russie avait montré la supériorité que lui conférait, sur le
plan militaire, l’arme hypersonique. A l’époque, cela avait été suffisant pour que les Ukrainiens, terrifiés, demandent à négocier (à Istanbul). A l’époque, cependant, Américains et Britanniques,
en plein déni de réalité (les USA ont au moins dix ans de retard en matière d’armes hypersoniques), avaient dissuadé Vladimir Zelensky d’aller boucler la négociation à Moscou. Deux ans et demi
plus tard, les frappes hypersoniques répétées de la Russie semblent ébranler la confiance en eux des Occidentaux Car de plus en plus de “conseillers militaires” occidentaux y sont touchés. Mais
combien de temps faudra-t-il encore pour que l’axe euro-atlantique accepte l’évidence : Il vaut mieux négocier plutôt que de prolonger les souffrances de l’Ukraine ?
Dans un papier récent publié sur infobrics, Drago Bosnic écrit, avec une certaine ironie :
Les deux frappes hypersoniques récentes sur Poltava et Lvov semblent avoir plus de résonance que toutes celles qui avaient précédé depuis le début de la
guerre:
Certaines sources affirment que le tir de missile a éliminé au moins 700 soldats, dont la quasi-totalité étaient des spécialistes du renseignement, de la
surveillance et de la reconnaissance (ISR) et de la guerre électronique (EW). Les rapports indiquent qu’une grande partie du personnel de l’OTAN
neutralisé était composé de Suédois, envoyés pour former le personnel ukrainien à l’utilisation de l’avion Saab 340 AEW&C (Airborne Early Warning & Control), dont deux exemplaires
ont été promis par Stockholm et sont censés être livrés dans un avenir proche.
Il est intéressant de noter que le ministre suédois des affaires étrangères, Tobias Billstrom, a
démissionné immédiatement après la frappe et a annoncé qu’il se retirait de la vie politique. Les deux événements ne
sont pas nécessairement liés, mais le moment est assez particulier. Les problèmes de l’OTAN en Ukraine ne se sont toutefois pas arrêtés là, puisque les armes hypersoniques russes ont
continué de pleuvoir sur d’autres cibles militaires dans le pays, en particulier celles où se trouvent de fortes concentrations de troupes étrangères.
En effet, une autre frappe de précision russe à longue portée a visé Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine. La ville est la capitale de l’oblast (région) homonyme. De nombreuses installations
militaires essentielles sont situées dans la région, notamment le tristement célèbre camp d’entraînement de Yavoriv, réputé pour accueillir diverses unités néonazies et des mercenaires étrangers, ainsi que du personnel de l’OTAN.
L’armée russe a indiqué que les systèmes de missiles 9-A-7660 «
Kinzhal » armés de missiles hypersoniques 9-S-7760 lancés par voie aérienne avaient été utilisés lors de la frappe. La Pologne a déclaré qu’elle avait fait appel à des avions de
chasse car la zone est assez proche de sa frontière. Selon Reuters, « des avions polonais et alliés ont été mobilisés pour la troisième fois en huit jours afin de surveiller
de près les projectiles en approche, et étaient prêts à les intercepter au cas où les missiles s’approcheraient de l’espace aérien polonais ». Cependant, ils ne peuvent rien faire contre
les missiles hypersoniques.
Le récit de ce qui s’est passé à Lvov est non moins intéressant car on y voit comment les pays de l’OTAN essaient de sauver leur déni de réalité :
Dès le début du conflit, les missiles de précision russes (Kalibr, Iskander) ont détruit systématiquement les infrastructures militaires ukrainiennes : Dépôts de munition, stocks
d’artillerie, aéroports, entrepôts de véhicules en particulier. Il y a bien eu du matériel russe détruit dans les combats et quelques avions ou hélicoptères abattus ou endommagés
mais l’armée ukrainienne est incapable d’infliger des dommages sérieux à l’armée russe et les experts occidentaux perdent leur
temps à monter en épingle des affirmations souvent non vérifiées tirées des bulletins de l’armée ukrainienne. Les frappes russes contre les infrastructures militaires
ne sont d’ailleurs pas terminées.
Surtout, deux épisodes devraient faire réfléchir:
– dimanche 13 mars 2022, un ou plusieurs tirs de précision ont détruit les bâtiments à Iavorov, en Ukraine de
l’Ouest, à 20 km de la frontière polonaise, où s’étaient regroupés des mercenaires ou volontaires étrangers venus combattre en Ukraine. Selon beaucoup de témoignages, les jours
suivants sur les réseaux sociaux, l’ardeur des combattants occidentaux volontaires en a été bien refroidie. Mais les Russes envoient aussi un signal très clair aux Occidentaux : Qu’il
s’agisse de livraisons d’armes ou de mobilisation de volontaires étrangers, la riposte sera systématique.
– samedi 19 mars et dimanche 20 mars 2022, l’armée russe a tiré des missiles hypersoniques. Nous savons depuis mars 2018 que
ces armes ont donné à la Russie une avance stratégique, y compris et surtout dans le domaine nucléaire.
Des frappes hypersoniques régulières
Il n’est pas possible de toutes les citer mais relevons :
+ Nuit du 8 au 9 mars 2023.
Une frappe de Kinjal élimine des officiers de l’OTAN dans la région de Lvov.
° Mai 2024 : Destruction par des missiles hypersoniques russes d’une base de mercenaires de l’OTAN à Yavoriv, à quelques
kilomètres de la frontière polonaise.
Ce ne sont que quelques-unes des frappes hypersoniques russes. Mais l’OTAN est et reste dans le déni de réalité. En effet, comme nous l’avions expliqué dès le début
du conflit, une analyse rationnelle du rapport de forces aurait dû conduite au constat de l’évidente supériorité militaire russe grâce à l’arme hypersonique et, donc de la nécessité de
négocier.
En fait, c’est toute la stratégie de Vladimir Poutine, que l’on pourrait qualifier “d’hypersonique”:
elle s’appuie sur une capacité de frappe nucléaire en dix
minutes qui, pour l’instant, percerait toutes les défenses américaines.
les missiles hypersoniques donnent aussi à la Russie
les moyens d’intensifier ses frappes conventionnelles quand elle en aura besoin.
On peut dire qu’en fait c’est toute l’approche de Poutine,
depuis des années, qui est “hypersonique”. Cet homme peu bavard a toujours avancé sous les radars, pour frapper par surprise là où on ne l’attendait pas :
L’intervention en Ukraine, le 24 février, a relevé du même
effet de surprise.
Il faut donc envisager la stratégie russe comme un tout. Vu la pression que représentent les sanctions économiques, l’idée d’une guerre au sol, certes efficace mais dont la puissance de
feu est bridée, pour limiter les pertes parmi les civils, et l’avancée régulièrement suspendue dans une logique de reddition négociée de ‘larmée ukrainienne, pourrait comporter un risque.
Cependant ce choix dans la méthode de combat se fait à l’abri de la sécurité – provisoirement absolue – que donne l’avance russe dans le secteur des armes hypersoniques.
La supériorité militaire russe grâce à la garantie que donne l’introduction des armes hypersoniques aussi bien dans la dissuasion nucléaire que dans les armes conventionnelles, ramène à
des fondamentaux de l’histoire russe et européenne. La certitude de pouvoir à tout moment réaliser une montée en intensité militaire pousse à revenir à Clausewitz ou
à Turenne : La
guerre n’empêche pas de négocier parallèlement:
“L’idée
que la Russie cherche à s’emparer de Kiev, la capitale pour éliminer Zelensky,vient typiquement des Occidentaux : C’est ce qu’ils ont fait en Afghanistan, en Irak, en Libye et ce qu’ils
voulaient faire en Syrie avec l’aide de l’État islamique.
Mais Vladimir Poutine n’a jamais
eu l’intention d’abattre ou de renverser Zelensky. La Russie cherche au contraire à le maintenir au pouvoir en le poussant à négocier en encerclant Kiev. Il avait refusé de faire
jusque-là pour appliquer les Accords de Minsk, mais maintenant les Russes veulent obtenir la neutralité de l’Ukraine.
Beaucoup de commentateurs occidentaux se sont étonnés que les Russes aient continué à chercher une solution négociée tout en menant des opérations militaires.L’explication
est dans la conception stratégique russe, depuis l’époque soviétique. Pour les Occidentaux, la guerre commence lorsque la politique cesse. Or, l’approche russe suit une inspiration
clausewitzienne : La guerre est la continuité de lapolitique
et on peut passer de manière fluide de l’une à l’autre, même au cours des combats. Cela permet de créer une pression sur l’adversaire et le pousser à négocier“.
Les Américains, qui réfléchissent selon le mode binaire de la “capitulation sans conditions” sauront-ils s’adapter à la nouvelle donne ? La révolution militaire dont la Russie a
pris l’initiative en maîtrisant avant les autres l’arme hypersonique bouleverse le jeu des puissances auquel USA et Union Européenne étaient habitués. Mais gageons que la Chine, elle
aussi équipée avant les Etats-Unis d’armes hypersoniques, saura faire avancer la cause de la négociation et de la paix.
Les frappes hypersoniques de mars 2022 avaient terrifié le régime de Zelensky et l’avaient poussé à négocier (à Istanbul). On sait qu’Américains et Britanniques ont
détourné Zelensky d’aller négocier à Moscou avec Poutine. Deux ans et demi plus tard, l’Ukraine a perdu des centaines de milliers de soldats et fait pourtant toujours le même constat
d’impuissance devant l’arme hypersonique.
Espérons que Poltava aura fait sortir l’OTAN, définitivement, du déni de réalité.
L’impasse de Koursk, la poussée dans le Donbass et les frappes meurtrières à l’arrière : La semaine dans le conflit russo-ukrainien
L’armée
russe a réalisé de nouvelles avancées dans le Donbass tout en infligeant des pertes massives aux troupes ukrainiennes.
La semaine dernière, le conflit ukrainien a été marqué par la poursuite des hostilités actives le long de la ligne de front, les troupes de Moscou ayant
réalisé de nouvelles avancées dans la République populaire de Donetsk (RPD) et ayant apparemment stabilisé la situation dans la région de Koursk, où la campagne d’incursion ukrainienne
s’est en grande partie arrêtée.
L’avancée
dans le Donbass se poursuit
L’armée russe a réalisé de nouveaux gains dans la RPD, poursuivant son avancée au nord-ouest de la ville d’Ocheretino, qui était autrefois un bastion
important pour les troupes ukrainiennes. La ville était un point logistique essentiel pour les troupes de Kiev et le principal point de rassemblement dans l’effort finalement infructueux
pour arrêter les forces de Moscou après la chute d’Avdiivka au début de cette année.
Au cours de la semaine, les troupes russes ont poursuivi leur progression vers l’ouest et le sud-ouest de la ville, libérant plusieurs villages de la
région, à savoir Ptychye, Skuchnoye, Karlovka, Zavetnoye et Zhuravka.
Les combats se poursuivraient maintenant dans les villes d’Ukrainsk et de Selidovo, tandis que le village de Galytsynovka aurait déjà été pris par les
forces russes. Les forces de Moscou sont apparemment en train d’étendre leur zone de contrôle pour renforcer leurs flancs tout en poussant vers la ville de Pokrovsk (également connue sous
le nom de Krasnoarmeysk), la dernière grande agglomération sous contrôle ukrainien dans la région.
De nouvelles avancées ont également été signalées près de la « Vremevka Ledge », un chapelet de villages situés à l’ouest de la RPD, qui ont fait l’objet de
combats intenses lors de la contre-offensive ukrainienne, finalement désastreuse, de l’année dernière. Mercredi, l’armée russe a annoncé la libération de Prechistovka, un village situé à
peu près à mi-chemin entre la corniche de Vremevka et la ville d’Ugledar, contrôlée par les Ukrainiens. La petite ville minière, située au sommet d’une colline à découvert, a été
transformée par Kiev en une importante forteresse.
L’armée russe a également fait état de nouvelles avancées dans la région de Dzerzhinsk (Toretsk), en prenant le contrôle du village de Kirovo (Pivnichnoye)
situé immédiatement à l’est de la ville. Les troupes russes seraient entrées dans Toretsk à la fin du mois d’août et les combats se poursuivent à l’intérieur de la ville.
L’avancée
de l’Ukraine vers Koursk s’enlise
L’incursion ukrainienne en cours dans la région russe de Koursk s’est apparemment essoufflée, la ligne de front restant largement statique dans la zone.
Aucune des deux parties n’a réalisé de gains territoriaux significatifs, les hostilités actives se poursuivant à proximité des villages de Borki, Malaya Loknya, Kazachya Loknya, Korenevo
et d’autres localités.
L’armée russe a repoussé de multiples assauts au cours de la semaine et a poursuivi ses frappes à longue portée sur les réserves qui s’amassent dans la
région de Soumy, en Ukraine voisine. Les forces ukrainiennes ont également fait l’objet de frappes répétées de drones et d’artillerie sur le territoire russe.
Vendredi, le ministère russe de la Défense a fait état de la destruction d’un obusier automoteur Caesar de fabrication française dans le village de
Nikolayevo-Daryino, un grand village sous contrôle ukrainien situé près de la frontière. L’obusier OTAN de 155 mm et un véhicule d’escorte ont été repérés alors qu’ils circulaient à
grande vitesse dans le village avant de se diriger vers une zone boisée. L’endroit a été pris pour cible par l’artillerie russe, et un important incendie a été observé après la frappe,
comme le montrent les images partagées par l’armée.
Un nouveau drone kamikaze russe, contrôlé par fibre optique plutôt que par radio, a également été utilisé dans la région. L’une des vidéos circulant en
ligne montre un tel drone volant à très basse altitude pour examiner un hangar endommagé, qui s’est avéré abriter une camionnette ukrainienne. L’opérateur du drone a toutefois choisi de
poursuivre la recherche de l’équipage du véhicule, et a finalement trouvé des militaires ukrainiens à l’intérieur d’un hangar à proximité et les a frappés, comme le montrent les
images.
Une autre vidéo récente montre un drone de ce type découvrant un véhicule blindé de transport de troupes ukrainien BTR-80 dissimulé dans une zone boisée et
le frappant dans la partie inférieure de sa coque. Un autre drone à fibre optique a observé le véhicule prendre feu et finir complètement détruit.
Selon les estimations de Moscou, l’armée ukrainienne a subi de lourdes pertes depuis le début de l’incursion à Koursk, au début du mois d’août. La force
d’invasion a perdu plus de 10 400 soldats tués et blessés, 81 chars, 41 véhicules de combat d’infanterie, 74 véhicules blindés de transport de troupes et près de 600 autres véhicules
blindés ont été détruits. Les forces ukrainiennes ont également perdu 24 lance-roquettes multiples, notamment sept systèmes HIMARS de fabrication américaine et cinq systèmes MLRS
M270.
Frappes à
l’arrière
La semaine a été marquée par de multiples frappes de haute précision sur les installations militaires à l’arrière de l’Ukraine et sur les points de
rassemblement, qui ont infligé des pertes massives aux troupes du pays.
La frappe la plus importante a eu lieu mardi, lorsque l’armée russe a pris pour cible un centre d’entraînement ukrainien dans la ville de Poltava. Le centre
a été utilisé pour la formation de spécialistes ukrainiens de la guerre électronique et d’opérateurs de drones, a déclaré le ministère de la Défense russe, soulignant que le processus a
été supervisé par des instructeurs étrangers.
La frappe a été effectuée tôt dans la matinée, apparemment alors que les militaires se tenaient en formation dans la cour de l’établissement. Les munitions
russes, probablement des missiles balistiques tirés par un système Iskander-M, ont infligé de lourds dégâts au bâtiment, selon des images qui circulent en ligne.
Des vidéos très inquiétantes de la scène montrent de nombreux soldats tués, allongés sur le sol dans la cour. Beaucoup de ceux qui ont survécu à la frappe
ont subi de lourdes blessures, notamment des blessures dues à l’explosion et des traumatismes contondants apparents infligés par les débris du bâtiment partiellement effondré.
Les autorités ukrainiennes ont reconnu la frappe, les hauts fonctionnaires décrivant vaguement l’installation comme un «établissement d’enseignement»,
dans un effort apparent pour minimiser sa nature militaire. Selon les chiffres officiels ukrainiens, plus de 55 militaires ont été tués et 328 autres blessés lors de cette attaque.
Toutefois, officieusement, le bilan est au moins deux fois plus élevé. L’ancien député ukrainien Igor Mosiychuk, ancien député et commandant adjoint du
célèbre régiment néonazi Azov, par exemple, l’évalue à 600 morts et blessés. La frappe de Poltava est devenue l’une des plus importantes – si ce n’est la plus importante – des pertes
massives subies par l’armée ukrainienne tout au long du conflit.
Une autre attaque ayant fait de nombreuses victimes a été signalée mercredi, lorsque l’armée russe a découvert un point d’appui ukrainien près du village de
Bezdrik, dans la région de Soumy. Un grand groupe de militaires ukrainiens, ainsi que de nombreux camions, véhicules blindés et non blindés ont été serrés près d’un nouveau retranchement,
comme le montrent des images nocturnes prises par un drone thermique et diffusées en ligne.
Les troupes, qui se dirigeaient probablement vers la région russe de Koursk, ont été touchées par un seul missile balistique Iskander-M doté d’une ogive
hautement explosive. L’attaque a détruit et endommagé de nombreux véhicules, et des dizaines de soldats ukrainiens ont apparemment été tués. Un survol du site par un drone dans la journée
a montré que l’armée ukrainienne était encore en train de ramasser les corps des soldats sur place et de les charger dans un camion.
Chasse à
l’artillerie fournie par l’Occident
L’armée russe a poursuivi ses efforts pour traquer et détruire les systèmes d’artillerie à longue portée de l’Ukraine, notamment le M142 HIMARS de
fabrication américaine et son cousin plus lourd et chenillé, le M270 MLRS, en détruisant plusieurs pièces de ce matériel de grande valeur au cours de la semaine. Les lance-roquettes
multiples ont été activement utilisés par Kiev pour fournir un appui-feu aux forces d’invasion dans la région russe de Koursk à Soumy.
Un M270 et un M142 ont été détruits cette semaine près du village de Khrapovshina, selon le ministère russe de la Défense. Les lanceurs ont été pris dans
une position de tir dissimulée dans une zone boisée, et l’endroit a été visé par deux missiles balistiques tirés par un Iskander-M. Des images de drone thermique partagées par l’armée
suggèrent que les deux véhicules ont pris feu et ont été détruits.
Une autre vidéo circulant en ligne prétend montrer la destruction d’un M270 près du village frontalier de Sadky. Le système a été découvert alors qu’il se
déplaçait sur un chemin de terre pour rejoindre sa cachette dans les bois. À son arrivée, il a été touché par un missile balistique à ogive aérienne, et les militaires ukrainiens
survivants ont été vus en train de s’échapper à pied du site. L’endroit a été frappé par un autre missile doté d’une ogive hautement explosive peu de temps après, afin d’assurer la
destruction du lanceur.
Le ministère russe de la Défense a également affirmé avoir trouvé et détruit un autre M270 près du village de Rudnevka. Le système a été touché par un
missile balistique, avec de multiples explosions secondaires et un grand brasier observé sur place.
Des images infrarouges prises par un drone et partagées par l’armée suggèrent cependant que la cible a probablement été mal identifiée, car le véhicule
semble être un véhicule à roues plutôt qu’un véhicule à chenilles. Bien que le véhicule semble avoir un schéma distinctif d’un lanceur BM-21 Grad de l’ère soviétique, il semble avoir une
base plus courte que celle d’un 6 roues et un cockpit de camion à nez retroussé.
Le modèle du véhicule détruit semble correspondre au BM-21 MT Striga, une variante blindée moderne du Grad produite en République tchèque. Une poignée de
ces véhicules a fait son apparition en Ukraine à la fin de l’année dernière, apparemment livrés clandestinement pour être testés sur le champ de bataille.
Les lanceurs auraient été utilisés exclusivement par la 61e brigade mécanisée ukrainienne, qui utilise également des systèmes RM-70 Vampire fabriqués en
République tchèque, une autre version modernisée du BM-21. Ces systèmes, d’une portée de 40 km, ont été utilisés à plusieurs reprises par les troupes de Kiev pour mener des attaques
aveugles sur le sol russe, notamment sur la ville de Belgorod.
Les drones Fpv détruisent les véhicules de combat d’infanterie, les véhicules blindés de transport de troupes, les véhicules blindés, les véhicules de
tourisme, la main-d’œuvre, les antennes et répéteurs, l’artillerie et les abris terroristes.
Seule
la mort attend les envahisseurs sur le sol russe !
source : Russosphère
Ukraine : Le chef de l’armée ukrainienne révèle l’absence de stratégie derrière l’incursion de Koursk
Grâce à une interview accordée à CNN, le
commandant en chef ukrainien, le général Syrsky, espère obtenir davantage de soutien de la part de sources occidentales.
Lors de sa première
interview télévisée depuis qu’il a été nommé chef des armées en février, le général a déclaré à Christiane Amanpour, de CNN, qu’il estimait que l’opération de Koursk avait été un
succès.
«Elle a permis de
réduire la menace d’une offensive ennemie. Nous les avons empêchés d’agir. Nous avons déplacé les combats sur le territoire de l’ennemi afin qu’il puisse ressentir ce que nous ressentons
tous les jours», a déclaré le général Syrsky lors d’une rare interview qui lui a permis de dresser un bilan sincère de la guerre. (…)
S’adressant à
Amanpour dans un lieu tenu secret près de la ligne de front, le général, qui a pris la tête de l’armée en février, a déclaré que Moscou avait envoyé des dizaines de milliers de soldats à
Koursk, notamment certaines de ses meilleures troupes d’assaut aéroportées.
Tout en admettant que
l’Ukraine subissait une pression énorme dans les environs de Pokrovsk, la ville stratégique qui est depuis des semaines l’épicentre de la guerre dans l’est de l’Ukraine, Syrsky a déclaré
que ses troupes étaient désormais parvenues à bloquer les avancées russes dans cette région.
«Au cours des six
derniers jours, l’ennemi n’a pas avancé d’un seul mètre dans la direction de Pokrovsk. En d’autres termes, notre stratégie fonctionne», a-t-il déclaré.
Cartes fournies par l’organisation pro-ukrainienne LiveUAmap :
Région de Pokrovsk –
30 août 2024
Région de Pokrovsk –
6 septembre 2024
Je peux identifier au moins trois zones où les cartes montrent des différences en faveur de la partie russe. De haut en bas :
• Nord
et nord-ouest de Niu York : Pivnichek à l’est de Toretsk a changé de mains. La ligne russe s’y est déplacée en plusieurs endroits pour envelopper la ville de Toretsk et, un peu plus au
sud, Nelipivka.
• Au
nord de Selydove : Novohrodivka qui n’est plus partiellement mais complètement aux mains des Russes.
• À
l’est d’Ukrainski : une nouvelle protubérance russe se développe vers le sud. Une vue zoomée montre que le hameau de Halytsynivka, au croisement des routes COS112 et COS1139, est passé
sous contrôle russe. Cela coupe une route de ravitaillement pour les troupes ukrainiennes au sud-est de la saillie.
Ces trois mouvements mineurs sont de petits mouvements qui ne couvrent qu’une partie des 100 kilomètres carrés que les forces russes ont pris la semaine
dernière. Les trois semaines précédentes avaient été marquées par des mouvements plus importants. Mais ils démontrent que les Russes ne se sont pas arrêtés à Pokrovsk mais qu’ils ont –
pour une raison ou une autre – interrompu leurs mouvements majeurs.
Les rapports du ministère russe de la Défense font toujours état de pertes ukrainiennes importantes dans la région de Prokrovsk. Aucun mouvement de troupes
russes de la direction de Prokrovsk vers Koursk n’a été signalé. Une rotation des unités de la ligne de front et des forces de réserve locales est l’explication la plus probable du calme
relatif qui règne actuellement sur la ligne de front.
L’incursion à Koursk a été une tentative coûteuse d’obtenir un effet de levier. Elle n’a pas atteint les cibles espérées plus au nord et n’a pas permis de
détourner les troupes russes des autres lignes de front.
Syrsky doit bien sûr maintenir le moral de ses troupes. Il doit également (re)gagner le soutien des «partenaires» de l’Ukraine. C’est ce qui explique les
propos amusants qu’il tient par ailleurs :
«Nous ne pouvons pas
combattre de la même manière qu’eux, c’est pourquoi nous devons tout d’abord adopter l’approche la plus efficace, utiliser nos forces et nos moyens en exploitant au maximum les
caractéristiques du terrain et les structures d’ingénierie, mais aussi faire preuve de
supériorité technique», a-t-il déclaré, soulignant le programme avancé de drones de l’Ukraine et d’autres armes de haute technologie produites dans le pays.
Quelqu’un peut-il me citer un équipement ukrainien ou «occidental» qui soit techniquement supérieur à l’équivalent produit par la Russie ? Je n’en trouve
pas.
Le Pouvoir Washingtonien est face à une difficulté: malgré les énormes ressources financières déployées en Ukraine, malgré l’endurance d’une société ukrainienne habituée à subir les ordres
totalitaires, malgré le fanatisme des dirigeants européens, il devient difficile de prolonger la guerre sans une escalade directe avec la Russie, dont les dirigeants américains ne veulent pas.
Les dirigeants américains sont sur une ligne de crête: leurs difficultés sont renforcées par la possibilité du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Gardons-nous cependant de sous-estimer
l’opiniâtreté des réseaux dirigeants américains.
Les Russes ont frappé le 2 septembre une caserne camouflée dans un centre de formation aux télécommunications à Poltava.
Le conseiller à la sécurité nationale du président américain, Jake Sullivan, a rencontré à la Maison Blanche ses collègues de France, d’Allemagne, de Grande-Bretagne et le chef du bureau
du président ukrainien pour discuter du soutien à Kiev, rapporte la Maison Blanche.
La réunion s’est déroulée en présence du conseiller diplomatique du président français Emmanuel Bonne, du conseiller du chancelier allemand pour la politique étrangère Jens Plötner, du
conseiller britannique à la sécurité nationale Tim Barrow et du chef de cabinet du président ukrainien Andriy Ermak
Ce format de réunion est indéniablement lié aux difficultés du front ukrainien. Nous avons indiqué à nos lecteurs que la délégation ukrainienne venait pour obtenir
l’autorisation de frappes de missiles en profondeur sur le territoire russe, ce à quoi Washington est, à première vue, opposé. Mais nous tenons l’occasion de rappeler ce qu’est la stratégie
américaine en Ukraine, d’évaluer les difficultés qu’elle rencontre actuellement et d’identifier, si possible, les prochaines étapes.
Le souhait américain d’enliser Poutine dans une “guerre perpétuelle”
Quand nous parlons de la Guerre d’Ukraine, nous nous heurtons à une difficulté. Les médias nous “amusent” en permanence avec le récit d’une guerre de la démocratie
contre la tyrannie, si bien que tout exposé froid du comportement véritable de notre camp suscite l’incrédulité. Au contraire, si nous cherchons à exposer les “valeurs” que pense défendre la
Russie, on nous reproche de sortir de la “Realpolitik”.
La présente analyse est donc la première d’une série de trois qui proposera une meilleure compréhension du comportement des grandes puissances en Ukraine. Après
avoir traité les Etats-Unis, nous nous tournerons en effet vers la Russie puis vers la Chine.
En ce qui concerne les Etats-Unis, il faut comprendre que leur objectif premier était, en 2021-22, d’attirer Vladimir Poutine dans un conflit qui le mettrait en
difficulté et aboutirait à sa défaite à l’élection présidentielle de 2024. De ce point de vue, l’objectif a été manqué.
Et nous autres Français devrions nous souvenir que, pour devenir, et surtout rester, une grande puissance, il faut de la ténacité. Les élites françaises et celles
d’un certain nombre de pays d’Europe ont perdu l’obstination et l’esprit de sacrifice qui firent la puissance des nations du continent. Les dirigeants américains, eux, ne renoncent pas. Ils ont
bien l’intention d’arriver à leurs fins et de faire tomber Poutine un jour.
On rappelle que le but ultime des Etats-Unis, exprimé sans détours par Zbigniew Brzezinski dans Le
Grand Echiquier, en 1997, c’est le contrôle du territoire et des immenses ressources russes, afin d’aborder dans les conditions les plus favorables avant l’affrontement ultime pour la
domination de l’Eurasie, avec la Chine.
Au Courrier,
nous insistons suffisamment sur les revers subis par la stratégie américaine pour ajouter un élément qui n’est pas suffisamment pris en compte. A Washington, on est encore très loin d’être
découragé. Au contraire, on pense avoir un certain nombre d’atouts dans la manche.
+ l’Union Européenne reste quasiment unanime dans son soutien à l’Ukraine – nous parlons des dirigeants, bien entendu. On peut même dire qu’on a rarement vu dans
l’histoire un tel degré d’adhésion à son auto-destruction économique.
+ malgré les pertes, malgré l’émigration, le front ukrainien ne s’est pas encore effondré. Il y a une endurance ukrainienne spécifique: nous parlons ‘un pays qui
encaisse les pires malheurs depuis un siècle: guerre civile russe, mises au pas staliniennes, atrocités allemandes durant la Seconde Guerre mondiale, effondrement durant la “perestroïka”
gorbatchevienne; nouvelle ruine de l’économie après Maïdan. Et aujourd’hui, malgré deux ans de guerre, 500 000 morts et un million de blessés, la société ukrainienne ne se révolte pas contre
Zelensky ni contre l’Occident.
+ La CIA et les autres branches du renseignement américain continuent leur travail de pression sur les abords de la Russie et de la Chine. Depuis 2022, on a certes
échoué à faire basculer le Kazakhstan, la Géorgie, la Thaïlande; mais l’Arménie et le Bangladesh ont connu des révolutions de couleur. Et puis, surtout, les USA pensent avoir dès maintenant un
vivier inépuisable d’infiltrés potentiels, ukrainiens, sur le territoire russe.
+ Les envois réguliers de drones kamikazes pour détruire des objectifs tels des bases militaires ou des raffineries pétrolières sur le territoire russe montrent une
vulnérabilité russe, tout comme les attaques continues contre des zones civiles, aussi bien dans le Donbass que dans les territoires frontaliers de la Russie. L’attaque de la région de Koursk
relève de la même volonté de faire apparaître Vladimir Poutine comme impuissant et de l’user.
+ Il faut bien comprendre que la stratégie américaine prospère dans cet entre-deux : La guerre n’est pas totale; Washington fait attention à aviter l’escalade avec
la Russie. Mais, précisément, il s’agit de piéger Poutine dans une “guerre perpétuelle”.
Risque d’effondrement ukrainien?
La difficulté, actuellement, pour le gouvernement américain, vient de l’épuisement croissant de l’Ukraine.
+ La perte, dès le premier engagement, d’un F16 avec son pilote
ukrainien, fait douter de la capacité ukrainienne à monter en gamme pour infliger des dommages significatifs à la Russie.
+ L’offensive de Koursk a
échoué, en particulier au vu de son objectif initial, qui était de s’emparer de la centrale nucléaire de la région.
+ Les frappes russes, aussi
bien contre des infrastructures énergétiques que contre des casernes de troupes ukrainiennes et de mercenaires étrangers ou bien des entrepôts de matériels de l’OTAN se sont intensifiées depuis
dix jours et infligent des dégâts tels que certains observateurs croient possible un effondrement du front ukrainien avant l’élection présidentielle américaine.
+ Une défaite militaire majeure est possible dans le Donbass, si la
ville de Pokrovsk tombe.
Les Ukrainiens auront-ils la possibilité et les ressources de lancer une nouvelle “contre-offensive”? La stratégie américaine pourrait atteint ses limites, malgré
le volontarisme du Pouvoir Washingtonien.
La ligne du Donbas est en train de se rompre, le potentiel offensif de la Russie est encore bien plus important que tout ce que nous avons vu jusqu’à présent et l’Ukraine n’a aucun moyen
de se défendre ou d’empêcher des frappes massives de missiles contre ses infrastructures et d’autres cibles militaires.
L’incursion de Koursk était une pièce de théâtre politique destinée à produire un effet de propagande à court terme. Elle a été payée de la vie de soldats ukrainiens. Un prix bien trop
élevé pour un effet minime. La masse de matériel ukrainien détruite au cours de la campagne signifie que l’Ukraine a désormais perdu tout potentiel d’attaque futur dont son armée
disposait encore.
Une attaque de missiles russes contre Poltava anéantit les dirigeants de la division d’entreprise de SAAB
Lors de l’attaque de missiles russes contre le centre de formation aux communications de Poltava, en Ukraine, de nombreux instructeurs
suédois et danois ont été tués. Ils appartiennent à la société de fabrication de drones AWACS et Globaleye de SAAB.
Selon les informations recueillies dans les milieux du renseignement, la Suède aurait
perdu TOUTE la haute direction des systèmes de détection et de contrôle aéroportés (AEW&C) de SAAB.
L’attaque russe a été si féroce que 15 camions ont évacué des soldats et officiers étrangers de l’OTAN morts : Plus de 600
morts/blessés.
Hier, dans mon premier reportage sur cet incident, j’ai fait état de plus de 700 morts (article
ici). Ce chiffre est maintenant confirmé par un Ukrainien à Poltava :
Le ministre suédois des Affaires étrangères Billström a démissionné après que des missiles russes Iskander ont frappé Poltava, et la Suède a subi des pertes
de guerre quelques mois seulement après avoir rejoint l’OTAN, à la demande de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Des unités ukrainiennes sont retirées de la région de
Dnipropetrovsk, de la région de Krivoï Rog, des régions de Zaporijia et de Kherson et sont transférées à Pokrovsk, Mirnograd et Selidovo pour tenter de défendre Poltava et cette région.
TOUTES ces nouvelles troupes sont actuellement bombardées par des bombes à air comprimé (FAB) par l’aviation russe.
Une frappe de missiles menée par la Russie contre une cible en Ukraine a anéanti 700
soldats ukrainiens, des mercenaires fournis par l'Occident et des conseillers militaires de l'OTAN, dans ce que beaucoup considèrent comme l'attaque la plus meurtrière de cette guerre
qui dure depuis près de trois ans.
La photo ci-dessus, prise bien avant l'attaque, montre de nombreuses personnes
désormais mortes lors de l'attaque.
L'armée russe a attaqué le centre de formation des spécialistes dans le domaine des
communications et de la guerre électronique des forces armées ukrainiennes dispensé par des tuteurs de l'OTAN à Poltava.
La Russie a frappé en premier le bâtiment d'entraînement, puis, une dizaine de
minutes plus tard, la cafétéria voisine. Ce coup double a dévasté l'Ukraine et ses conseillers de l'OTAN, dont la plupart étaient suédois !
Les médias occidentaux rapportent cette frappe et minimisent le nombre de morts et de
blessés à « 50 ».
L'Ukraine tente de prétendre que la structure touchée était un « hôpital », mais
personne ne croit plus à la propagande ukrainienne.
Une chose est incontestable : il s’agit peut-être de l’attaque la plus meurtrière de
tout le conflit qui a duré trois ans.
L'OTAN et les mercenaires occidentaux ont été durement touchés. C'est ce qui arrive
quand on est du mauvais côté.
MISE À JOUR:
ON APPREND MAINTENANT QUE 190 soldats des forces armées ukrainiennes ont été tués et
plus de 600 blessés à la suite d'une frappe d'Iskander à Poltava, rapportent les médias ukrainiens.
Michael Kofman et Rob
Lee sont des experts étasuniens qui se sont rendus à plusieurs reprises sur les lignes de front ukrainiennes pour écrire ensuite des articles positifs et pleins d’espoir, du point de vue
occidental, sur le conflit.
Leur dernier article,
publié dans Foreign Affairs, s’écarte des
précédents.
Les risques et
les avantages de l’offensive dans la région russe de Koursk
Les auteurs décrivent
assez longuement l’incursion ukrainienne dans l’oblast russe de Koursk et le manque de troupes qui en résulte sur le front oriental du Donbass.
Ils semblent, comme
beaucoup d’autres, ne pas savoir de quoi il s’agit. Ni l’Ukraine ni les pays qui le soutiennent ne semblent avoir de strtatégie menant à la victoire.
Il est essentiel de déterminer ce que cette opération révèle de la stratégie globale de l’Ukraine et les implications qu’elle a pour l’effort de guerre dans
son ensemble. D’une certaine manière, l’offensive soulève plus de questions qu’elle n’apporte de
réponses.
…
Pendant une grande partie de l’année 2024, l’Occident a soutenu une campagne de frappes ukrainiennes en Crimée sans bien expliquer ce qui était censé
suivre. Cette campagne pouvait servir de fin en soi, en dégradant la défense aérienne russe et l’infrastructure de soutien. Mais cette campagne semble désormais déconnectée des efforts de
l’Ukraine à Koursk et de sa campagne plus large de frappes de drones contre les infrastructures économiques en Russie. Une série d’efforts disparates ne constitue pas une
stratégie.
…
Depuis 2023, Washington est à court d’idées pour mettre fin à la guerre dans des conditions favorables à l’Ukraine. Kiev, quant à elle, s’est concentrée sur
la stabilisation de la ligne de front, tout en s’inquiétant de la morosité ambiante et du sentiment que l’Ukraine est en train de perdre la guerre. L’opération Koursk a permis de répondre
à cette dernière préoccupation, au risque de nuire à la première. Que Koursk réussisse ou non, au moins ne s’agit-il pas d’une tentative de rééditer l’offensive ratée de 2023, une
bataille de terrain dans laquelle l’Ukraine n’a pas d’avantages décisifs. Cela dit, la théorie actuelle de Kiev sur le succès reste floue.
Kofman et Lee ne sont pas satisfaits :
Le fait de conserver Koursk comme monnaie d’échange, d’étendre les frappes et d’exercer une pression économique sur la Russie pourrait considérablement
renforcer la position de l’Ukraine, à condition que l’Ukraine puisse également tenir la ligne de front, épuiser le potentiel offensif de la Russie et résister à la campagne de frappes de
la Russie cet hiver. Quelle que soit la manière dont elle se termine, l’offensive de Koursk doit donner à l’Ukraine et à ses partenaires l’impulsion nécessaire pour se mettre d’accord et
sortir de la dérive actuelle.
La formule « à
condition que l’Ukraine puisse également… » a beaucoup trop de poids dans les mots de la
fin.
La 152e brigade mécanisée des forces terrestres ukrainiennes a été réorganisée en brigade Jager, comme cela a été annoncé sur les réseaux sociaux officiels
de la brigade.
Une brigade jager est une infanterie légère. Elle est spécialisée dans le combat dans les bois et les marais. Elle ne dispose pas de moyens blindés. Elle n’a ni
chars, ni véhicules de combat d’infanterie, ni artillerie lourde. Tout ce que la 152e avait autrefois comme unités mécanisées a été gaspillé dans l’incursion de Koursk.
L’Ukraine ne peut soutenir aucune des trois tâches que Kofman et Lee « supposent » qu’elle peut accomplir.
La ligne de front du Donbass est en train de se rompre, le potentiel offensif de la Russie est encore bien plus important que tout ce que nous avons vu jusqu’à
présent et l’Ukraine n’a aucun moyen de se défendre ou d’empêcher des frappes massives de missiles contre ses infrastructures et d’autres cibles militaires.
L’incursion de Koursk fut une pièce de théâtre politique destinée à produire un effet de propagande à court terme. Elle a couté la vie de nombreux soldats
ukrainiens. Un prix bien trop élevé pour un effet minime. La masse de matériel ukrainien détruite au cours de la campagne signifie que l’Ukraine a désormais perdu tout potentiel d’attaque
futur dont son armée disposait encore.
Kofman et Lee le savent. Mais ils sont encore trop timides pour le dire.
Pourtant, il semble qu’ils soient en train de jeter l’éponge.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Pourquoi Washington refuse l’escalade contre la Russie réclamée par Zelensky
Confronté à une situation militaire toujours plus difficile, Vladimir Zelensky demande à ses alliés de pouvoir utiliser des armes de longue portée contre des objectifs situés sur le territoire
russe. Malgré l’insistance du président ukrainien, Washington continue à refuser. Et les pays membres de l’Union Européenne impliqués dans le conflit n’ont pas pu se mettre d’accord sur une
position. En réalité, aux Etats-Unis, on redoute une escalade qui justifierait une montée en puissance de l’armée russe contre l’Ukraine. La stratégie est toujours celle de faire durer la guerre,
dans l’espoir que la popularité de Vladimir Poutine s’y abimera.
Vladimir Zelensky est pris d’activisme. En pleine opération de Koursk, il prend le temps de demander au président de la Mongolie Extérieure d’arrêter Vladimir
Poutine, le 3 septembre prochain, lors de la visite que le président russe doit effectuer dans le pays. Zelensky demande au Premier ministre indien Modi d’organiser une conférence de la paix
avant les élections américaines. Cela ne l’empêche pas d’envoyer une délégation à Washington pour obtenir l’autorisation de frapper une liste
d’objectifs avancés dans le territoire russe – avec les armes appropriées.
Des frappes russes massives dans les régions de l’arrière-pays ukrainien ne cessent pas depuis plusieurs jours d’affilée. Dans la nuit du 29 août, une nouvelle attaque combinée de drones
et de missiles russes a visé les infrastructures militaires et industrielles ukrainiennes dans une douzaine de villes du pays, y compris dans la capitale. Les militaires ukrainiens des
régions frontalières de Soumy et de Kharkiv sont pilonnés par les bombes russes.
La nuit [du 28 au 29 août], la région de Kiev a fait l’objet d’une attaque massive. Des frappes russes ont été signalées dans le village d’Obukhov, situé à la périphérie de la capitale.
Une deuxième attaque en une semaine a visé l’aéroport de Borispil, utilisé par les forces armées ukrainiennes. De précieuses cargaisons militaires de l’OTAN y sont stockées, notamment du
matériel nécessaire à la réparation et à la restauration des équipements militaires de l’OTAN, ainsi que des armes et des munitions fournies par les « partenaires » occidentaux de Kiev.
D’autres frappes ont touché la capitale elle-même. L’électricité a été coupée dans plusieurs quartiers de la ville. (…)
Pendant ce temps, l’impasse se poursuit dans la région russe de Koursk. Les militaires ukrainiens se heurtent au mur des défenses russes. Les groupes motorisés ukrainiens lancent des
assauts dans différentes directions autour de Sudzha, ce qui accroît leurs pertes, mais les lignes de front restent inchangées. Selon les images disponibles, les forces russes ont
commencé à lancer leurs bombes lourdes FAB-3000 modernisées sur les positions militaires ukrainiennes en territoire russe. Ces frappes dévastatrices causent d’importants dégâts aux
infrastructures locales, mais ne laissent aucune chance à l’armée ukrainienne de sauver ses réserves.
Alors que les forces ukrainiennes sont bloquées dans le nord, l’armée russe progresse rapidement dans le Donbass. La défense ukrainienne a été ruinée sur un large front dans la direction
de Pokrovsk, les Ukrainiens fuient leurs bastions à l’ouest. L’armée russe s’approche déjà du centre de Selidovo, l’une des plus grandes agglomérations de la région. Les forces russes ont
pris le contrôle d’un bastion stratégiquement important sur la hauteur, à la périphérie, et ont forcé l’ennemi à se retirer d’une vaste zone. Les soldats ukrainiens, démoralisés,
n’opposent qu’une faible résistance.
L’objectif de l’offensive russe est d’atteindre la ligne Pokrovsk-Selidovo-Kurahovo-Ugledar et de redresser le front.
Dans le même temps, les forces russes ont remporté une nouvelle victoire dans la direction d’Ugledar. Un important bastion ukrainien dans la ville de Konstantinovka est passé sous
contrôle russe. Les opérations de nettoyage se poursuivent dans la localité, tandis que l’avancée russe le long de la route oblige les unités ukrainiennes à se retirer de Pavlovka. La
menace stratégique qui pèse sur l’armée ukrainienne s’accroît.
Ajoutons que les Ukrainiens ont dû concéder la destruction d’un avion F16 récemment livré. Il aurait été détruit par un “tir ami”,
venu d’une batterie de missiles Patriot. Il n’est pas exclu qu’au moins un autre F16 ait été détruit, lors des frappes russes, par un tir de missile hypersonique Kinjal (Simplicius).
Pourquoi Washington ne veut pas d’une escalade
On comprend que Zelensky, dos au mur, pousse à l’escalade. L’opération sur Koursk n’a pas donné ce qu’il en attendait. Comment entraîner ses alliés dans une guerre
de plus en plus directe avec la Russie ? Il s’agit d’obtenir l’autorisation de frapper des objectifs militaires avec des armes de longue portée en territoire russe.
On remarquera tout d’abord que l’armée ukrainienne frappe déjà en territoire russe, en particulier avec des drones. De quoi s’agit-il, alors
?
Les armes à longue portée que l’Ukraine a reçues des Occidentaux sont essentielles pour cibler les centres logistiques russes et d’autres cibles militaires de l’autre côté de la
frontière. La demande faite par Kiev à (…) intervient après un assouplissement des restrictions par certains alliés occidentaux de l’Ukraine, suite à l’offensive russe près de Kharkiv
[Kharkov] en mai dernier.
En réponse à cette offensive, certains alliés occidentaux avaient commencé à assouplir leurs restrictions sur les armes à longue portée capables de frapper des cibles comprises entre 30
et 200 kilomètres.
Les États-Unis et l’Allemagne ont ainsi soutenu l’idée que l’Ukraine pourrait prendre pour cible des sites militaires sur le territoire russe, afin de se défendre de tirs ayant pour
origine des zones proches de la frontière. Plus de dix autres pays, dont le Royaume-Uni, la Finlande, la France, la Pologne, la Lituanie et les Pays-Bas, ont également approuvé ces
actions.
Les pays occidentaux, comme le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Allemagne, avaient auparavant catégoriquement refusé que l’Ukraine prenne pour cible la Russie avec des armes à longue
portée. Ils avaient soit réduit la portée des armes
qu’ils envoyaient à l’Ukraine, soit explicitement mis en place des restrictions sur leur utilisation, par crainte d’une escalade avec Moscou.
Malgré les assouplissements intervenus après l’offensive russe de mai, l’Ukraine continue d’affirmer que les efforts occidentaux sont insuffisants pour répondre à ses besoins en matière
de défense. Washington avait limité ses assouplissements aux armes tirées depuis Kharkiv.
Ceux-ci ne s’appliquaient pas aux ATACMS (systèmes de missiles tactiques de l’armée) d’une portée de 300 km. De même, Londres interdit l’utilisation de missiles Storm Shadow d’une portée
supérieure à 250 km et Berlin refuse d’envoyer des missiles Taurus d’une portée de 500 km. En outre, les avions de chasse F-16 fabriqués aux États-Unis et fournis à l’Ukraine ne sont pas
destinés à être utilisés sur le sol russe.
Kiev dirige donc ses pressions vers les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Mais ses efforts ont jusqu’à présent été vains.
Une délégation ukrainienne va se rendre à Washington pour essayer d’emporter la décision. Pour l’instant, les signaux venus de la Maison Blanche sont négatifs.
Simplicius nous explique pourquoi :
Il ne reste plus qu’à lancer des provocations massives en envoyant des ATACMS et des Storm Shadows le plus profondément possible en Russie.
Mais voici le piège ultime que la grande majorité des observateurs ne comprennent pas : L‘hésitation des États-Unis n’est
pas due à la crainte que la Russie perde et au chaos « incontrôlable » qui en résulterait, comme les commentateurs ukrainiens ne cessent de le répéter. Non, c’est plutôt
l’inverse : Les États-Unis craignent que l’Ukraine ne provoque la Russie à se lancer dans une « guerre totale », ce qui pousserait Poutine à abandonner son approche «douce » pour mener
une sorte de guerre totale qui aboutirait à la destruction ou à la soumission totale de l’Ukraine.
Les conseillers politiques américains les plus avisés savent que la seule chance pour l’Occident de renverser la Russie est de maintenir ce conflit à un niveau d’ébullition lent, de sorte
que Poutine tombe dans un piège, en gagnant du temps pour que le régime puisse fomenter une opposition contre lui. Mais l’Ukraine risque de déclencher accidentellement toute l’étendue de
la machine de guerre russe, qui pourrait comprendre une déclaration de guerre officielle ou simplement l’abrogation de toutes les anciennes « règles » interdisant de frapper des objets
civils, des bâtiments gouvernementaux, des dirigeants, Kiev en général, etc. Washington sait que cela conduirait à l’occupation définitive de toute l’Ukraine par la Russie, ce qui
signifierait la fin de tout le projet ukrainien élaboré depuis 70 ans par la CIA et consorts.
En bref : ils veulent saigner l’ours lentement en le frappant encore et encore, de sorte que l’ours ne se rende même pas compte qu’il se vide de son sang ; ce qu’ils ne
veulent pas,
c’est perforer l’ours si fort qu’il entre dans une rage écumante et les décapite d’un coup de griffes macabre.
A vrai dire, c’est aussi le raisonnement de la Russie, qui s’est gardée de lancer une guerre totale, jusqu’à maintenant et préfère épuiser l’armée ukrainienne – et avec elle ses
financeurs occidentaux.
L’ancien conseiller de l’ancien président ukrainien Zelensky, Alexey Arestovich, a
posté cette carte :
Arestovich s’attend à ce que deux opérations russes enveloppent les troupes ukrainiennes sur la ligne de front.
Voici la même zone que celle qui figure sur la carte
de LiveUAmap, pro-Ukraine :
Au cours des dernières semaines, l’opération russe à l’ouest d’Avdiivka en direction de Pokrovsk s’est accélérée. Actuellement, les forces russes
prennent trois villes ou plus par jour. Des villes comptant quelque 15 000 habitants avant la guerre, comme Novogrodivka, tombent en l’espace de 24 heures.
Mariana Bezuglaya, membre du parlement ukrainien, s’est récemment rendue à Novogrodivka et s’est
plainte que les tranchées qui avaient été construites pour défendre la ville étaient vides :
«La ville a été
prise parce que les tranchées devant Novogrodovka étaient vides. Dans la ville aussi, «il n’y avait aucun signe de préparation à la défense et de présence de nos
militaires».
«Dans la vingt
millième ville, il n’y avait pratiquement pas d’armée ukrainienne. La 31e brigade devant la ville a été supprimée, le commandant de brigade que l’équipe avait demandé a été démis de
ses fonctions et des poursuites pénales ont été engagées contre lui (je vous rappelle qu’il n’y a toujours pas de poursuites contre Sodol). Au lieu de cela, une unité inexpérimentée a
été envoyée ici», a écrit Bezuglaya. (…)
«Il y a une
semaine, je suis sorti à la périphérie de Selidovo en direction de Novogrodovka et j’ai vu des fortifications devant la ville. Il n’y avait rien dans la ville, juste un campement
civil ordinaire. Je suis allé dans les tranchées, personne ne les gardait, il n’y avait personne. Je suis passé sous terre et je suis sorti dans le champ. Les Russes étaient déjà
derrière le champ. Il n’y avait personne d’autre. Je ne me suis pas fait exploser par des mines terrestres, je n’ai rencontré aucun combattant de la défense territoriale – il n’y
avait que des insectes isolés pour vivre dans les fortifications préparées autour de Selidovo, que les Russes s’efforçaient d’atteindre depuis dix ans. N’importe quel civil aurait pu
faire ce que j’ai fait», a déclaré le député en publiant une photo de tranchées vides près de Selidovo».
L’armée ukrainienne dans la région de Donbass, ou ce qu’il en reste, est actuellement en fuite. Il y a peu de combats – et de dégâts – dans les
localités. L’artillerie ukrainienne semble être à court de munitions.
Le nombre de victimes ukrainiennes reste élevé. Le ministère russe de la Défense a fait état aujourd’hui de 2345 victimes ukrainiennes (en Ukraine et
dans la région russe de Koursk). Depuis l’attaque ukrainienne sur Koursk, le nombre de victimes a généralement dépassé les 2000 par jour, un chiffre rarement atteint
auparavant.
Les dirigeants ukrainiens avaient envoyé leurs meilleures troupes, retirées de la ligne de front du Donbass, et leurs réserves pour attaquer à
l’intérieur de la Russie en direction de la centrale nucléaire de Koursk. Les troupes se sont retrouvées bloquées à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur de la Russie. Elles sont
maintenant sur la défense et seront lentement éradiquées. Une telle opération contre la Russie, qui savait probablement ce qui se préparait, n’a jamais eu l’occasion de prendre de
l’ampleur.
– c’est pourquoi
la corniche de Pokrovsky est enfoncée, afin de couper Kurakhovsky et Toretsky par des attaques de flanc.
Ainsi (s’il
réussit), l’ennemi s’emparera des régions centrales de la région de Donetsk, qui sont également les régions méridionales encore sous notre contrôle.
La situation
n’est pas claire à l’heure actuelle :
– L’ennemi
aura-t-il assez de force pour réaliser ces plans sans mobilisation supplémentaire ?
– Avons-nous
assez de force pour contrer ces plans avec les nôtres, avec ou sans mobilisation ?
Cependant, le
rythme de son avancée dans la direction de Pokrovsky ne peut plus être décrit autrement que comme une «crise opérationnelle».
L’État des choses
est tel que même les états-majors supérieurs dans la direction de Donetsk comprennent mal :
a) ce qui se
passe ?
b) Le quartier général va-t-il faire quelque chose à ce sujet ?»
Zelensky a demandé une réunion d’urgence avec l’OTAN. Il obtiendra cette réunion, mais sans résultat. Je doute qu’un pays de l’OTAN soit prêt à se
battre pour lui.
Les États-Unis n’autorisent pas l’Ukraine à utiliser des armes de longue portée contre la Russie. Terroriser la population russe, c’est ce que Zelensky
voudrait faire à Petersburg et à Moscou.
Depuis le lancement d’un assaut mené par l’Ukraine sur la région russe de Koursk le 6 août, qui a vu environ 15 000 soldats ukrainiens pénétrer dans le
territoire russe à une profondeur sans précédent, un nombre croissant de détails ont émergé concernant le rôle du personnel des États membres de l’OTAN dans le soutien de l’opération.
Les conseillers occidentaux, les logisticiens, les combattants et d’autres personnels exploitant une gamme de matériel complexe nouvellement livrée ont joué un rôle central et
croissant dans l’effort de guerre depuis le début de 2022, des Royal Marines britanniques déployés pour des opérations de combat de première ligne à partir d’avril 2022 au plus tard,
aux conseillers du SAS qui auraient joué un rôle important dans le soutien des offensives blindées contre les positions russes.
Alors que de nombreuses unités de combat d’élite ukrainiennes et une grande partie de son équipement militaire haut de gamme ont été engagées dans
l’assaut sur Koursk, le déploiement de personnel occidental pour soutenir l’assaut, comprenant à la fois des sous-traitants et des militaires actifs, s’inscrit dans la tendance
générale enregistrée tout au long de la guerre.
Challenger 2
britannique, quelques millisecondes avant et après la destruction par un
missile Vikhr à Koursk
Le groupe d’observation avancée de l’organisation militaire américaine a notamment confirmé le déploiement de son personnel à Koursk, et publié ses
photos dans la région, ce qui a été confirmé par des données de géolocalisation. Le groupe d’observation avancée, dont le statut reste très opaque, est impliqué dans des opérations
sur le théâtre ukrainien depuis plus de deux ans, bien qu’une partie de ses effectifs aurait été détournée vers Israël pour soutenir les
opérations de génocide dans la bande de Gaza à partir de fin 2023. En complément de ces preuves photographiques, le personnel ukrainien impliqué dans l’opération de Koursk a
lui-même attesté de la présence de personnel des États membres de l’OTAN dans l’offensive. Un exemple notable largement cité par des sources russes est celui d’un militaire de la 80e
brigade d’assaut aéroportée, Ruslan Poltoratsky, qui a déclaré : «Quand nous avons
traversé la frontière de la Russie, j’ai d’abord pensé qu’il y avait du bruit sur la ligne. Mais ensuite, j’ai distingué ce qu’ils disaient – ils parlaient anglais, polonais,
peut-être même français. Je n’ai rien compris, j’ai dit dans le talkie-walkie – «répétez, répétez», entendant du charabia». «Lorsqu’ils
avaient déjà pris position [dans la région de Koursk], ils sont également passés à l’antenne avec leurs supérieurs, avec les nôtres également, et je les ai également entendus dire
quelque chose en anglais et dans une autre langue». «Ils parlaient de
quelque chose à propos des maisons, du chaos», a-t-il ajouté.
Groupe
d’observation avancée du personnel en Israël
Des sources militaires russes et des civils dans les zones contrôlées par les forces ukrainiennes et alliées ont fait un certain nombre de rapports
distincts sur les opérations du personnel occidental à Koursk. Le général de division Apty Alaudinov, chef adjoint du département militaro-politique principal des forces armées russes
et commandant de l’unité de commando des forces spéciales Akhmat, a déclaré qu’un grand
nombre de sous-traitants militaires français et polonais ont été rencontrés au cours des opérations. Les médias russes ont exclusivement qualifié les sous-traitants et les
volontaires occidentaux en Ukraine de «mercenaires»,
bien que ce terme péjoratif n’ait pas été utilisé pour décrire les propres sous-traitants russes – notamment le groupe Wagner. Les villageois de Koursk ont également attesté de la
présence de personnel parlant français et
polonais.
Les opérations du personnel occidental sur le théâtre ukrainien sont de plus en plus largement rapportées par des sources russes et occidentales. Le
chef du commandement des opérations spéciales américaines, le général
Bryan Fenton, a par exemple déclaré en mai que le Pentagone avait appris l’existence de la guerre en cours «principalement à
travers les yeux de nos partenaires des opérations spéciales britanniques», qui, selon lui, testaient de nouvelles approches de la guerre moderne sur le théâtre. Il a cité comme
exemple l’observation et les conseils des unités d’opérations spéciales britanniques sur l’utilisation des drones et «la façon dont un
navire navigue dans la mer Noire». Cinq mois plus tôt, en décembre 2023, le journaliste polonais Zbigniew Parafianowicz avait révélé qu’il avait reçu des détails de la part des
responsables polonais sur les opérations des forces britanniques «en uniforme, avec
des armes» sur le théâtre d’opération, et qu’il avait joué un rôle important dans le suivi des positions de l’artillerie russe.
Destruction d’un
char ukrainien M1A1 Abrams avec un blindage réactif
explosif Kontakt-1 à Koursk
Parafianowicz a en outre révélé que les forces
spéciales polonaises étaient présentes sur le théâtre dès les premières étapes de la guerre. Concernant les efforts déployés par les armées occidentales pour nier leurs
opérations, un officier polonais l’a informé : «Nous avons
élaboré une formule pour notre présence en Ukraine… nous avons simplement été envoyés en congé payé. Les politiciens ont fait semblant de ne pas voir cela». De plus amples
détails ont été fournis ultérieurement en février 2024, lorsque le chancelier allemand Olaf Scholtz a confirmé que les forces spéciales britanniques en Ukraine fournissaient un
soutien vital pour faciliter les lancements de missiles de croisière Storm Shadow contre des cibles russes. Les forces russes ont notamment ciblé les forces occidentales en Ukraine,
un exemple notable étant l’attaque de missile du 16 janvier sur le quartier général de combattants étrangers européens, principalement français, faisant au moins 80 victimes, dont 60
ou plus ont été tuées. Les médias d’État russes ont rapporté que ce personnel était des «spécialistes
hautement qualifiés qui travaillent sur des systèmes d’armes spécifiques trop complexes pour les conscrits ukrainiens moyens», ce qui «met hors service
certaines des armes les plus meurtrières et à longue portée de l’arsenal ukrainien jusqu’à ce que d’autres spécialistes soient trouvés» pour les remplacer.
La Russie a lancé une attaque majeure contre plusieurs régions d’Ukraine, y compris la capitale, en utilisant des drones et des bombardiers stratégiques. Les responsables ont déclaré
lundi que Kiev connaît une panne de courant ainsi que des problèmes d’approvisionnement en eau en raison d’une coupure d’électricité.
Le son des explosions a résonné dans toute l’Ukraine, y compris à Kiev, alors que l’Armée de l’air ukrainienne a signalé le déplacement d’un grand groupe de drones russes dans
plusieurs régions, ainsi que l’activité de 11 bombardiers stratégiques Tu-22MS.
Des alertes de raid aérien ont été émises à travers le pays, les autorités locales et les médias rapportant que les explosions étaient causées par les
systèmes de défense aérienne détruisant les drones russes.
La société énergétique privée ukrainienne DTEK a annoncé que l’opérateur du réseau électrique du pays, Ukrenergo, a ordonné la mise en œuvre d’une panne de courant nationale
d’urgence.
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a déclaré sur Telegram que des coupures de courant avaient été enregistrées dans plusieurs districts de la capitale
et que des interruptions de l’approvisionnement en eau avaient également été causées par la coupure de courant.
Pendant ce temps, le gouverneur de Lviv, Maksym Kozytskyi, a déclaré sur Telegram que la Russie avait attaqué les installations énergétiques de la
région.
Pour l’instant, les responsables ukrainiens n’ont pas divulgué de détails sur les victimes ou les dégâts causés par l’attaque russe.
Les autorités russes n’ont pas encore publié de déclaration concernant la dernière attaque contre l’Ukraine.
L’UE poursuit son projet d’envoyer des instructeurs militaires européens en Ukraine comme formateurs.
«Des instructeurs
militaires de l’Union européenne (UE) pourraient bientôt être déployés en Ukraine pour former sur place les soldats ukrainiens», annonceDie
Welt.
«Le gouvernement
de Kiev l’avait déjà exigé avec véhémence dans une lettre interne adressée le 31 mai au chef de la diplomatie européenne Josep Borrell», précise le quotidien allemand.
Selon les informations de Die Welt am
Sonntag, «les ministres des
Affaires étrangères et de la Défense de l’Union européenne discuteront pour la première fois de ce sujet en milieu de cette semaine en s’appuyant sur un document confidentiel du
Service européen pour l’action extérieure intitulé «Examen stratégique de la mission de formation de l’UE en Ukraine»».
«Le sujet sera
abordé dès mardi lors de la réunion des ambassadeurs responsables de l’UE au sein du Comité politique et de sécurité (COPS). La décision finale devrait être prise au plus tard en
novembre».
«À la mi-novembre,
le mandat de l’actuelle mission européenne de formation des soldats ukrainiens (EUMAM UKR) – qui s’est jusqu’à présent déroulée exclusivement sur le territoire de l’UE et
principalement en Allemagne et en Pologne – doit être prolongé de deux ans», continue Die
Welt.
«À cette occasion,
le mandat pourrait être élargi pour inclure à l’avenir la formation en Ukraine. Dans ce cas, les instructeurs militaires de l’UE seraient officiellement impliqués pour la
première fois dans la guerre sur le sol ukrainien», avertit le quotidien basé à Berlin.
Les
chars allemands dans l’oblast de Koursk, hier et aujourd’hui
par Big
Serge
Le mardi 6 août, la guerre russo-ukrainienne a pris une tournure inattendue avec le début d’un assaut ukrainien à l’échelle de la brigade sur
l’oblast de Koursk,
de l’autre côté de la frontière avec la ville ukrainienne de Soumy. La décision du commandement ukrainien d’ouvrir volontairement un nouveau front, alors que leurs défenses
sur des axes critiques du Donbass sont défaillantes, est à la fois agressive et lourde de périls. Le spectacle sensationnel d’une offensive ukrainienne dans la Russie d’avant-guerre,
dans une région éloignée, sur le plan opérationnel, du théâtre critique de la guerre, a déchaîné les passions, et la plupart des commentateurs et des observateurs semblent s’être
immédiatement tournés vers leurs instincts narratifs de base. Les «pessimistes» russes se sont empressés de dénoncer l’affaire comme un échec catastrophique de la préparation du
ministère russe de la Défense, les accélérationnistes
ont claironné l’immatérialité des lignes rouges russes, tandis que les commentateurs pro-ukrainiens les plus désabusés ont désespéré de l’opération, la considérant
comme un spectacle secondaire inutile qui condamne
la ligne du Donbass à la défaite.
Dans l’écosystème actuel de l’information, les gens se forgent très rapidement une opinion et la perspective d’un événement passionnant les incite
souvent à se montrer prudents, malgré l’orgie de désinformation et de tromperie qui entoure ce type d’événement. Il convient toutefois de noter que deux semaines seulement se sont
écoulées depuis le début d’une opération à laquelle personne ne s’attendait apparemment, et qu’il faut donc se méfier des certitudes et distinguer soigneusement ce que
l’on pense de
ce que l’on sait. Dans
cette optique, examinons attentivement l’opération ukrainienne telle qu’elle se présente et tentons de dégager à la fois le concept stratégique de l’assaut et ses trajectoires
possibles.
L’irruption soudaine et inattendue des combats dans l’oblast de Koursk a, bien entendu, suscité des comparaisons avec la bataille
de Koursk de 1943, souvent qualifiée à tort de «plus grande bataille de chars de tous les temps». Pour diverses raisons, cette célèbre bataille n’est pas une bonne comparaison.
L’opération
Citadelle de l’Allemagne a été une opération limitée et peu ambitieuse contre une défense en état d’alerte, caractérisée par un manque d’imagination et de surprise
stratégiques. L’entreprise ukrainienne actuelle peut se situer à l’autre extrémité du spectre – très imaginative, voire dangereuse. Néanmoins, le
retour d’équipements militaires allemands dans les environs de Koursk doit faire froncer les sourcils. Le champ de bataille actuel autour de la ville de Soudja est
précisément l’endroit où, en 1943, les 38e et 40e armées soviétiques se sont regroupées pour une contre-offensive contre la 4e armée allemande. La steppe du sud-ouest de la Russie
goûte à nouveau au sang, et la terre fertile s’ouvre largement pour accueillir les morts.
Krepost :
Intentions stratégiques
Avant de parler du concept stratégique qui sous-tend l’opération ukrainienne à Koursk, réfléchissons brièvement à la manière de l’appeler. La répétition
de l’expression «opération ukrainienne à Koursk» deviendra rapidement lassante et sèche, et l’appeler «Koursk» ou «la bataille de Koursk» n’est pas une bonne option – à la fois parce
que cela crée une certaine confusion quant à savoir si nous parlons de la ville de Koursk ou de l’oblast plus large qui l’entoure, et parce qu’il y a déjà eu une bataille de Koursk.
C’est pourquoi je suggère que, pour l’instant, nous fassions simplement référence à l’assaut ukrainien en tant qu’opération
Krepost. L’offensive allemande de 1943 contre Koursk avait pour nom de code «Opération
Citadelle», et Krepost (крепость)
est un mot slave désignant une forteresse ou une citadelle.
Tout au long de cette guerre, l’Ukraine a fait des incursions répétées à la frontière russe – généralement des coups de tonnerre suicidaires dans
l’oblast de Belgorod, qui se sont soldés par des désastres. Krepost se
distingue toutefois des épisodes précédents à plusieurs égards, le principal étant l’utilisation de brigades régulières de la FAU plutôt que des fronts paramilitaires mis en place par
le GRU (c’est-à-dire la Direction principale du renseignement ukrainien, et non le personnage de Steve Carell dans la franchise «Despicable Me»).
Lors des précédentes expéditions vers Belgorod, les Ukrainiens ont choisi d’utiliser des formations irrégulières à peine voilées comme la «Légion de la
liberté de Russie» et le «Corps des volontaires russes». Il s’agit du genre d’unités qui peuvent être utiles dans certains contextes en permettant aux États de maintenir une façade
symbolique de dénégation plausible – un bon corollaire pourrait être l’utilisation par la Russie elle-même de forces spéciales non marquées lors de l’annexion de la Crimée en 2014. En
temps de guerre active, cependant, ces paramilitaires sont apparus comme exceptionnellement boiteux. Quel que soit le nom que la «Légion de la liberté de Russie» s’est donné, il
s’agissait manifestement de forces mises sur pied par le gouvernement ukrainien, utilisant des armes ukrainiennes et participant à la guerre en Ukraine. La peinture n’a trompé
personne et des absurdités comme la «République populaire de Belgorod» n’existaient pas au-delà de quelques mauvais mèmes sur Twitter.
Il convient toutefois de noter que l’incursion de Koursk a été entreprise non pas par des forces se déguisant (aussi mal que ce soit) en paramilitaires
russes indépendants, mais par des forces ukrainiennes opérant en tant que telles, c’est-à-dire en tant que brigades régulières de l’armée ukrainienne. Engager des moyens essentiels
des FAU dans une incursion terrestre en Russie, surtout en période de crise opérationnelle générale dans le Donbass, est quelque chose de tout à fait différent que de lancer un
bataillon paramilitaire jetable sur Belgorod.
Mais pourquoi ? La chose la plus évidente à propos de Koursk est son éloignement opérationnel du théâtre critique de la guerre. Le
centre de gravité de ce conflit est le Donbass, et la ligne de défense de l’Ukraine autour des villes de Pokrovsk, Kostyantinivka, Kramatorsk et Sloviansk, avec des axes de flanc
cruciaux dans le pont terrestre et sur la ligne de la rivière Oskil. La frontière de l’oblast de Koursk, où les Ukrainiens attaquent actuellement, se trouve à plus de 130 kilomètres
des batailles subsidiaires autour de Kharkov et à plus de 200 kilomètres du théâtre principal de la guerre. Compte tenu de l’ampleur de cette guerre et du rythme des avancées, Koursk
pourrait tout aussi bien se trouver sur la lune.
En bref, l’opération ukrainienne à Koursk n’a aucune chance de soutenir les autres fronts critiques de la guerre et, même dans l’hypothèse la plus
généreuse, elle n’est pas en mesure d’exercer une influence opérationnelle directe sur ces fronts.
L’analyse de l’intention stratégique qui sous-tend Krepost montre
donc qu’elle n’a pas d’incidence opérationnelle immédiate sur les fronts existants. Diverses possibilités ont été proposées, que nous allons examiner et contempler tour à tour.
1.
L’otage atomique
À 60 kilomètres de la frontière ukrainienne se trouve la petite ville de Kurchatov (nommée d’après Igor Kurchatov, le père de l’armement nucléaire
soviétique) et la centrale nucléaire de Koursk. La proximité d’une installation aussi manifestement importante – et potentiellement dangereuse – si près du lieu des combats a conduit
de nombreuses personnes à supposer immédiatement que la centrale nucléaire était l’objectif de Krepost.
Ces théories sont extrêmement réductrices et non étayées, et agissent comme si la centrale était l’objet d’un jeu de piste – comme si l’Ukraine pouvait
«gagner» en atteignant la centrale.
Il n’est pas évident que ce soit le cas. On parle beaucoup de la «capture» de la centrale par l’Ukraine, mais la question qui se pose alors est la
suivante : Pour faire quoi ?
Il semblerait que l’Ukraine puisse utiliser la centrale comme otage, en menaçant de la saboter et de provoquer une sorte de catastrophe radiologique.
Cela semble toutefois à la fois peu pratique et peu probable. La centrale de Koursk est actuellement dans un État de transition, ses quatre anciens réacteurs RBMK (semblables à ceux
utilisés à Tchernobyl) étant progressivement abandonnés et remplacés par de nouveaux réacteurs VVER. La centrale dispose de boucliers biologiques modernes, d’une enceinte de
confinement robuste et d’autres mécanismes de protection. En outre, les centrales nucléaires n’explosent pas comme on le craint souvent. Tchernobyl, par exemple, a connu une explosion
de vapeur due à des défauts de conception particuliers qui n’existent pas dans les centrales actuellement en service. L’idée selon laquelle les soldats ukrainiens pourraient
simplement actionner une série d’interrupteurs et faire exploser la centrale comme une bombe nucléaire n’est pas réaliste.
Il est théoriquement possible, on le suppose, que les Ukrainiens essaient d’apporter des quantités colossales d’explosifs et de faire exploser toute la
centrale, répandant ainsi des matières radioactives dans l’atmosphère. Bien que je ne sois pas un grand admirateur du régime de Kiev, je ne peux m’empêcher de douter de la volonté du
gouvernement ukrainien de créer intentionnellement une catastrophe radiologique qui irradierait une grande partie de son propre pays ainsi que des pans entiers de l’Europe centrale,
en particulier parce que la région de Koursk fait partie du bassin hydrographique du Dniepr.
L’histoire de la centrale semble effrayante, mais elle est finalement trop fantasmagorique pour être prise au sérieux. L’Ukraine ne va pas créer
intentionnellement une catastrophe radiologique à proximité de sa propre frontière, qui risquerait d’empoisonner son principal bassin fluvial et d’en faire le paria international le
plus intensément détesté jamais vu. Même pour un pays au bout du rouleau sur le plan stratégique, il est difficile d’accorder du crédit à un projet farfelu consistant à utiliser des
moyens de manœuvre essentiels de l’armée régulière pour capturer une centrale nucléaire ennemie et la faire exploser.
2. Front de
diversion
Dans une autre formulation, Krepost est
interprété comme une tentative de détourner les ressources russes d’autres secteurs plus critiques du front. L’idée d’une «diversion» en tant que telle est toujours séduisante, au
point de devenir une sorte de trope, mais il vaut la peine d’examiner ce qu’elle pourrait réellement signifier dans le contexte de la génération relative de forces dans cette
guerre.
Nous pouvons commencer par le problème le plus abstrait : L’Ukraine est sérieusement désavantagée en termes de génération de forces totales, ce qui
signifie que tout élargissement du front imposera un fardeau disproportionné aux FAU. L’extension de la ligne de front avec un axe de combat entièrement nouveau – et stratégiquement
isolé – serait un développement qui jouerait en défaveur de la force en infériorité numérique. C’est pourquoi, en 2022, nous avons vu les Russes contracter la ligne
de front de centaines de kilomètres en prélude à leur mobilisation. L’idée d’étendre le front devient un jeu de dupes pour les Ukrainiens – avec moins de brigades que les Russes pour
couvrir plus de 1000 kilomètres de ligne de front, on peut se demander quelle armée est «détournée» à Koursk. Par exemple, le porte-parole de la 110e brigade mécanisée (qui se défend
actuellement près de Pokrovsk) a déclaré à Politico que
«les
choses ont empiré dans notre partie du front» depuis que l’Ukraine a lancé Krepost,
avec moins de munitions qui arrivent alors que les Russes continuent d’attaquer.
Plus précisément, Krepost semble
avoir dénudé de manière significative la force ukrainienne dans le Donbass tout en affectant très peu les Russes. Un
article récent de The
Economist présentait des interviews de plusieurs troupes ukrainiennes combattant à Koursk, qui ont toutes déclaré que leurs unités avaient été «retirées, sans
ménagement, de lignes de front sous pression dans l’est, avec un préavis d’à peine un jour». L’article poursuit en citant une source de l’état-major des FAU qui note que les
unités russes qui se ruent sur Koursk proviennent du groupe d’armées du nord, et non du Donbass. Un récent article
du New York
Times, qui annonçait triomphalement le redéploiement des forces russes, admettait qu’aucun des mouvements de troupes de la Russie n’affectait le Donbass – au lieu de cela,
elle déploie des unités en repos depuis l’axe de Dnipro.
Et c’est là le problème de l’Ukraine. Face à un ennemi qui dispose de forces
supérieures, les tentatives de détournement ou de réorientation des combats risquent en fin de compte de se transformer en un jeu de dupes. La Russie dispose d’environ 50
équivalents divisionnaires sur la ligne, contre peut-être 33 pour l’Ukraine – un avantage qui persistera obstinément, quelle que soit la façon dont ils sont disposés sur la ligne.
L’ajout de 100 kilomètres de front à Koursk est fondamentalement contraire aux intérêts fondamentaux des FAU à ce stade, qui reposent sur l’économie des forces et l’évitement d’une
extension excessive.
Si nous prenons ces affirmations au pied de la lettre, nous avons peut-être découvert l’intention stratégique de Krepost. Si
l’Ukraine a effectivement l’intention d’occuper une partie de l’oblast de Koursk et de l’utiliser pour négocier la restitution du territoire ukrainien d’avant-guerre dans le Donbass,
alors nous devons poser la question évidente : Ont-ils perdu la tête ?
Un tel plan se heurterait immédiatement à deux problèmes insurmontables. Le premier d’entre eux serait une erreur manifeste d’appréciation de la valeur
relative des jetons sur la table. Le Donbass – le cœur des objectifs de guerre de la Russie – est une région très urbanisée de près de sept millions d’habitants qui – avec Zaporijia
et Kherson annexées par la Russie – forme un lien stratégique essentiel avec la Crimée et accorde à la Russie le contrôle de la mer d’Azov et d’une grande partie du littoral de la mer
Noire. L’idée que le Kremlin puisse envisager de renoncer à ses objectifs simplement pour récupérer sans effusion de sang quelques petites villes du sud-ouest de Koursk est, en un
mot, insensée. Pour reprendre les mots du président Trump, ce serait «le pire accord
commercial de l’histoire des accords commerciaux».
Si l’Ukraine pensait que s’emparer d’un territoire russe rendrait Moscou plus favorable à des pourparlers de paix, elle a fait une grave erreur de
calcul. Le Kremlin a réagi en déclarant une opération antiterroriste dans les oblasts de Koursk, Byransk et Belgorod, et Poutine – loin d’apparaître humilié ou lâche – a projeté
colère et défi, tandis que des responsables du ministère des Affaires étrangères ont laissé entendre que l’opération de Koursk excluait désormais toute négociation.
L’autre problème que pose la tentative de faire de Koursk une monnaie d’échange, c’est qu’il faut la tenir. Comme nous le verrons bientôt, cela sera
très difficile pour les FAU. Elles ont réussi à créer une surprise stratégique et à faire une modeste pénétration dans Koursk, mais il existe une série de facteurs cinétiques qui font
qu’il est peu probable qu’elles puissent la tenir. Pour qu’une chose soit utile en tant que monnaie d’échange, elle doit être en votre possession – cela obligerait donc l’Ukraine à
engager des forces sur le front de Koursk indéfiniment, et à la tenir jusqu’au bout.
4.
Spectacle pur
Enfin, nous arrivons à l’option la plus nébuleuse, à savoir que Krepost a
été conçu uniquement pour scandaliser et embarrasser le Kremlin. C’est certainement la solution sensationnaliste vers laquelle une grande partie des commentateurs a convergé, avec
beaucoup de plaisir vicieux dans le renversement des fortunes et le spectaculaire revers
uno de l’Ukraine envahissant la Russie.
Tout cela est bien sûr bien vu par le public étranger, mais cela n’a pas beaucoup d’importance en fin de compte. Rien n’indique que la mainmise du
Kremlin sur le conflit ou l’engagement de la société russe à soutenir la guerre soient en train de vaciller. Cette guerre a été marquée par une longue série d’«embarras» nominaux de
la Russie, depuis les retraits de 2022 de Kharkov et de Kherson, jusqu’aux frappes aériennes ukrainiennes sur Sébastopol, en passant par les attaques de drones et de terroristes à
l’intérieur de la Russie, jusqu’à l’étrange mutinerie de la SMP Wagner. Rien de tout cela n’a détourné l’attention des objectifs centraux de la guerre du Kremlin, qui restent
la capture du Donbass et l’épuisement régulier des ressources militaires de l’Ukraine. Les FAU ont-elles jeté un groupement de leurs réserves stratégiques en déclin dans
l’oblast de Koursk uniquement pour scandaliser et embarrasser Poutine ?
C’est possible. Cela aurait-il de l’importance ? C’est très peu probable.
Il est très courant, en particulier sur les médias sociaux, de voir une sorte de délectation dans le grand renversement de l’Ukraine libérant la Russie,
et les mises à jour du champ de bataille font fréquemment référence à la «libération» de l’oblast de Koursk par les FAU. Il s’agit bien sûr d’une attitude très puérile et dénuée de
sens. Une fois que l’on se détache du spectacle, toute l’entreprise semble manifestement déconnectée de la logique plus large de la guerre en Ukraine. On ne voit pas du tout comment
l’occupation d’une étroite tranche de la frontière russe est en corrélation avec les objectifs de guerre autoproclamés de l’Ukraine, à savoir retrouver ses frontières de 1991, ni
comment l’élargissement du front est censé favoriser une fin négociée du règlement, ni – d’ailleurs – comment la petite ville de Soudja pourrait constituer un échange équitable contre
le centre de transit du Donbass, Pokrovsk.
En fin de compte, nous devons reconnaître que Krepost est
un développement militaire très étrange – une force surclassée, déjà éprouvée par la tension d’un front de 700 kilomètres, a volontairement ouvert un nouvel axe de combat indépendant
qui n’a aucune possibilité de synergie opérationnelle avec les théâtres d’opérations critiques de la guerre.
Il y a une certaine satisfaction à amener la guerre en Russie et à scandaliser le Kremlin. Peut-être Kiev espère-t-il que le simple fait de déstabiliser
la situation incitera les militaires russes à commettre une erreur ou à se redéployer hors de leur position, mais jusqu’à présent, l’axe de Koursk n’a pas entamé les forces russes sur
d’autres théâtres d’opérations. Peut-être pensent-ils vraiment qu’ils peuvent s’emparer de suffisamment de terrain pour négocier, mais pour cela, ils devront le tenir. Ou
peut-être sont-ils tout simplement en train de perdre la guerre, et le désespoir engendre des idées étranges.
L’histoire conclura probablement que Krepost était
un pari inventif, mais finalement tiré par les cheveux. Le calcul brut sur le terrain montre que la trajectoire actuelle de la guerre n’est tout simplement pas favorable à l’Ukraine.
La progression russe à travers la ligne de contact à l’est a été constante et implacable tout au long du printemps et de l’été, et l’échec dévastateur de la contre-offensive
ukrainienne de 2023 a montré que frapper contre des défenses russes alertées et retranchées n’est pas une bonne réponse. Face à la perspective d’un lent étranglement à l’est,
l’Ukraine a tenté de débloquer le front et d’introduire un rythme plus cinétique et plus ouvert.
Sur
le terrain
Le plus gros problème des théories fantaisistes et explosives de l’opération Krepost est
assez simple : Les résultats sur le terrain ne sont pas très bons. L’attaque a été à la fois limitée dans son ampleur et dans sa progression, mais le choc et la
surprise de l’opération ont permis au récit d’échapper à tout contrôle, tant de la part des partisans ukrainiens exubérants que des habituels catastrophistes dans l’orbite du Kremlin,
qui se lamentent et s’attendent à une défaite russe imminente depuis des années à ce stade.
Commençons par une brève description de Krepost, des
unités impliquées et de l’état d’avancement. Commençons par une remarque sur la composition du groupement d’assaut ukrainien et sur ce que cela nous apprend sur l’état des FAU.
Très peu de temps après le début de Krepost,
l’ORBAT ukrainien a commencé à se matérialiser dans le désordre. Le problème de base, pour le dire de la manière la plus élémentaire, est qu’il y a beaucoup trop de brigades
représentées dans l’opération. Il y a actuellement pas moins de cinq brigades mécanisées (22e, 54e, 61e, 88e, 116e), une brigade de défense territoriale (103e), deux brigades d’assaut
aérien (80e et 82e) et une variété de bataillons rattachés – quelque chose comme une douzaine d’équivalents de brigades au total. En clair, il n’y a pas douze brigades (30 000 hommes)
dans cette section du front – nous sommes face à un véritable casse-tête.
Le mystérieux ORBAT prend encore plus d’importance si l’on considère l’étonnante variété de véhicules qui ont été repérés (et détruits) à Koursk. La
liste comprend notamment les moyens suivants :
KrAZ Cougar
Senator
Oshkosh M-ATV
Kozak-2
Bushmaster
Maxxpro MRAP
Stryker
BTR-60M
BTR 70/80
VAB
Marder 1A3
T-64
BAT-2
BREM-1
Oural 4320
AHS Krab
Buk
M777
Grad
2S1 Gvodzika
2k22 Tunguska
2S7 Pion
M88AS2 Hercules
BMP1
PT-91
BTR-4E
MTLB
La liste est longue. Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Il y a un décalage entre le nombre de brigades et les différents types de véhicules identifiés à Koursk et la taille réelle du groupement des FAU. Ce
que cela suggère, c’est que les Ukrainiens ont dépouillé les parcs de véhicules de différentes brigades et les ont concentrés dans un ensemble d’attaques pour attaquer Koursk, plutôt
que de déployer ces brigades en tant que
telles.
Cette situation semble très similaire à la pratique allemande de la Seconde Guerre mondiale consistant à former des Kampfgruppen,
ou groupes de combat. La Wehrmacht étant de plus en plus sollicitée, les commandants allemands ont pris l’habitude de former des formations improvisées composées de sous-unités
prélevées sur la ligne selon les besoins : Prenez un bataillon d’infanterie de telle division, volez une douzaine de panzers de telle autre division, réquisitionnez une batterie de
tel régiment, et voilà : Vous avez un Kampfgruppe.
Dans les volumineux ouvrages consacrés à la Seconde Guerre mondiale, les Kamfgruppen sont souvent considérés comme la preuve du formidable pouvoir
d’improvisation de l’Allemagne et de la capacité de leurs commandants à faire preuve de sang-froid pour rassembler une puissance de combat à partir de ressources insuffisantes. Il n’y
a rien de spécifiquement incorrect là-dedans, mais cela tend à masquer le point le plus important – le Kampfgruppe n’est pas devenu un phénomène avant la fin de la guerre, lorsque
l’Allemagne était en train de perdre et que son ordre de bataille régulier (ORBAT) était en train d’être mis en lambeaux. L’assemblage de formations mutantes peut vous aider à éviter
un désastre, mais ce n’est pas une option supérieure au déploiement de brigades organiques en tant que telles.
Il semble que nous ayons un Kampfgruppe ukrainien à Koursk, avec des éléments d’une variété de brigades différentes – apportant avec eux tout un fatras
de véhicules différents – formant un groupe qui ne dépasse probablement pas 7 à 8000 hommes. Au-delà des progrès réalisés à Koursk, cela ne laisse rien présager de bon quant à l’état
des FAU. Pour lancer cette offensive, ils ont dû dépouiller les unités qui combattaient activement dans le Donbass et faire rapidement la navette vers Soumy pour les accumuler dans un
groupe d’attaque improvisé. Il s’agit d’un groupe de faible envergure pour une armée de faible envergure.
Quoi qu’il en soit, la forme fondamentale de l’offensive ukrainienne est assez claire. Les éléments mécanisés (notamment les brigades d’assaut mécanisé
et aérien) constituaient les moyens de manœuvre essentiels, tandis que les troupes de défense territoriale de la 103e fournissaient une sécurité de flanc sur le flanc nord-ouest du
groupement.
Le groupement ukrainien a été en mesure d’obtenir quelque chose d’approchant la surprise totale – un fait qui a été surprenant pour beaucoup, étant
donné l’omniprésence des drones de reconnaissance russes sur des théâtres comme le Donbass. En fait, le terrain était très favorable à l’Ukraine. Le côté ukrainien de la frontière sur
l’axe Soumy-Koursk est couvert d’un épais couvert forestier qui donne aux Ukrainiens la rare possibilité de dissimuler l’implantation de leurs forces, tandis que la présence de la
ville de Soumy à seulement 30 kilomètres de la frontière leur fournit une base de soutien. La situation est très similaire à l’opération ukrainienne de Kharkov en 2022 (l’exploit le
plus impressionnant de la guerre pour les FAU), au cours de laquelle la ville de Kharkov et la ceinture forestière qui l’entoure ont permis de déployer des forces en grande partie
sans être détectées. Ces possibilités n’existent pas dans le sud de l’Ukraine, plat et essentiellement dépourvu d’arbres, où l’offensive ukrainienne de 2023 a été fortement surveillée
et bombardée à l’approche.
Quoi qu’il en soit, avec la surprise stratégique obtenue, la force ukrainienne a réussi à prendre de vitesse la mince défense russe et à pénétrer la
frontière dans les premières heures. Les défenses russes dans ces régions consistent principalement en des obstacles tels que des fossés et des champs de mines, et ne présentent pas
de positions de combat bien préparées. La nature de ces barrières suggère que les Russes se concentraient principalement sur l’empêchement et l’interdiction des raids, plutôt que sur
la défense contre un assaut sérieux. Au début, des éléments du 88e parviennent à coincer la compagnie de fusiliers russes stationnée au poste frontière et à faire un nombre
substantiel de prisonniers. Les photos désormais célèbres qui circulent et qui montrent plusieurs dizaines de Russes en train de se rendre proviennent de ce poste de contrôle
frontalier, situé littéralement à la frontière de l’État.
Compagnie de
fusiliers russes capturée au poste de contrôle frontalier
Le double effet de surprise stratégique, ainsi que les images d’un grand nombre de soldats russes capturés, ont permis au récit de l’attaque d’échapper
à tout contrôle. Dans les jours qui ont suivi, une multitude d’informations erronées ont commencé à circuler, laissant entendre que les Ukrainiens s’étaient emparés de la ville de
Soudja, située à quelque 8 kilomètres de la frontière.
En fait, il est rapidement apparu que l’avancée ukrainienne sur Soudja avait déjà commencé à s’enliser avec l’arrivée rapide de renforts russes dans la
région. Les forces ukrainiennes ont passé la majeure partie des 7 et 8 août à consolider leurs positions au nord de Soudja et à tenter d’envelopper la ville, située au fond d’une
vallée. Elles ont fini par s’emparer de la ville, mais ce retard leur a fait perdre de précieuses journées et a permis aux Russes d’acheminer des renforts sur le théâtre des
opérations.
Situation
générale :Les 7 et 8
août
Les premiers jours de l’opération ont été très difficiles à cerner, en grande partie parce que les Ukrainiens ont lancé des colonnes motorisées sur la
route aussi loin qu’ils le pouvaient, ce qui a donné lieu à des affirmations exagérées quant à la profondeur de l’avance ukrainienne.
Il est désormais clair que l’avancée initiale des Ukrainiens reposait à la fois sur leur mobilité et sur la surprise stratégique, mais ces deux facteurs
avaient été épuisés au cinquième jour de l’opération. Le vendredi 9 août, les avancées ukrainiennes s’étaient largement arrêtées, les Russes ayant établi des positions de blocage
efficaces, notamment dans les villes de Korenevo et Bol’shoe Soldatskoe. En outre, la plupart des pénétrations ukrainiennes les plus lointaines se sont avérées être des colonnes
mécanisées isolées qui avaient creusé la route aussi loin que possible avant de faire demi-tour ou de tomber dans des embuscades (les résultats d’une de ces rencontres sont visibles
dans la vidéo ci-dessous), de sorte que les Ukrainiens ont atteint plusieurs positions qu’ils n’ont en fait jamais contrôlées.
Si l’on met tout cela bout à bout, on obtient une brèche ukrainienne relativement limitée et modeste dans le territoire russe, allant de l’approche de
Korenevo (toujours fermement sous contrôle russe) à l’ouest jusqu’à Plekhovo à l’est, soit une distance d’un peu plus de 40 kilomètres. Soudja est sous occupation ukrainienne, mais
leurs positions ne se sont pas étendues bien au-delà – la profondeur totale de la pénétration est d’environ 35 kilomètres au point le plus éloigné.
Ayant capturé Soudja, mais n’ayant pas réussi à sortir de la zone par l’un ou l’autre des axes principaux, l’Ukraine est maintenant confrontée à une
réalité tactique très désagréable. Leur bref aperçu d’une opération ouverte et mobile s’est dissipé, et Koursk se calcifie en un autre front,
avec toutes les difficultés qui en découlent. Elle occupe désormais un modeste saillant à l’intérieur de la Russie, avec la ville de Soudja (6000 habitants) en son centre.
Saillant de
Koursk :Situation
générale
Les FAU s’efforcent actuellement de consolider et d’étendre les flancs du saillant. Le point central semble être le coude intérieur de la rivière Seim,
qui serpente à travers la frontière et suit un cours d’environ 12 kilomètres à l’intérieur de la Russie. Les Ukrainiens ont récemment détruit plusieurs ponts sur la Seim dans
l’intention d’isoler la rive sud. Si leur progression terrestre peut atteindre la Seim au sud de Korenevo (à travers un front actuellement défendu par la 155e brigade d’infanterie de
marine russe), ils ont une chance raisonnable de couper et de capturer la rive sud de la Seim, notamment les villages de Tektino et de Glushkovo.
Tout ceci est raisonnablement intéressant, en termes de détails tactiques, mais n’a pas beaucoup d’incidence sur les deux questions stratégiques
importantes pour l’Ukraine : A savoir, si leurs succès opérationnels à Koursk valent le compromis dans le Donbass, et si leurs gains valent les pertes qu’ils subissent. Nous
commencerons par cette dernière question.
Le problème fondamental pour les Ukrainiens, d’un point de vue tactique, est que les combats à Koursk les laissent très exposés aux systèmes de frappe
russes, pour diverses raisons. La position ukrainienne autour de Soudja est une région pauvre en routes, reliée à la zone arrière du côté ukrainien de la frontière par seulement une
poignée de routes révélées qui n’offrent aucune dissimulation. La queue logistique ukrainienne est donc très vulnérable aux frappes des Lancets et des drones FPV. En outre, les
tentatives visant à soutenir correctement l’avancée obligent les FAU à rapprocher de la frontière des ressources précieuses, les révélant ainsi aux attaques.
Les frappes ukrainiennes sur les ponts de Siem en sont un bon exemple. En théorie, l’abandon des ponts et la sécurisation de la rive sud de la Siem sont
des moyens logiques de sécuriser le flanc ouest de leur position autour de Soudja, mais les frappes sur les ponts impliquaient d’avancer de précieux lanceurs HIMARS, qui ont été
détectés par l’ISR russe et détruits.
Tenter d’assurer la défense aérienne du saillant ukrainien risque d’être tout aussi coûteux, car cela implique de stationner les moyens de défense
aérienne des FAU, qui s’amenuisent, à proximité immédiate de la frontière russe. Nous avons déjà vu les Russes tirer parti de cette situation, en frappant avec succès un système
IRIS-T fourni par l’Europe.
En créant un front à l’intérieur même de la Russie, les Ukrainiens ont volontairement accepté une longue queue logistique révélée, tout en combattant à
l’ombre de la propre base de soutien matériel de la Russie. Les résultats ont été largement désastreux jusqu’à présent. Un total de 96
frappes sur des véhicules et des positions ukrainiens a été enregistré et géolocalisé à Koursk jusqu’à présent, et les pertes de véhicules ukrainiens sont comparables à celles des
premières semaines de l’offensive ukrainienne à Robotyne l’été dernier.
Toutefois, contrairement à Robotyne, il n’y a même pas d’arguments théoriques solides pour justifier de lourdes pertes sur cet axe de progression. Même
une esquisse généreuse des semaines à venir laisse l’Ukraine dans une impasse à Koursk. Supposons qu’ils poussent jusqu’au Seim et forcent les Russes à abandonner la rive sud, à
s’emparer de Korenevo et à se tailler un front de 120 kilomètres à Koursk – que se passera-t-il alors ? S’agit-il d’un échange équitable contre l’agglomération de Toretsk-New York ou
Pokrovsk, où les Russes continuent
d’avancer régulièrement ?
Krepost menace
donc de devenir un autre Volchansk,
ou Krinky – une fosse d’attrition isolée, déconnectée des axes cruciaux de la guerre. Le contrôle de Soudja n’exerce aucun effet de levier sur la capacité de la Russie à soutenir le
combat dans le Donbass ou autour de Kharkov, mais il crée un autre vide qui aspirera les précieuses ressources ukrainiennes, en tapant sur une route qui ne mène nulle part. Si vous
aviez suggéré il y a un mois que les Russes pourraient concevoir un moyen d’attirer et d’immobiliser les éléments de manœuvre de pas moins de cinq brigades mécanisées ukrainiennes,
ainsi que divers éléments de soutien disparates, cela aurait été considéré comme une manœuvre bénéfique pour eux – pourtant, c’est précisément ce que les FAU ont volontairement fait
avec Krepost.
Krepost reflète
en fin de compte une frustration croissante des Ukrainiens face à la trajectoire de la guerre dans l’est, où les FAU se sont lassées du combat industriel avec leur voisin plus grand
et plus puissant. En lançant un ensemble mécanisé secrètement assemblé sur un secteur du front faiblement défendu et auparavant accessoire, ils ont brièvement réussi à rouvrir des
opérations mobiles, mais la fenêtre de mobilité était bien trop petite et les gains bien trop maigres. Il est désormais clair que la décision de détourner des forces vers Koursk
a mis
à mal la défense déjà précaire du Donbass. L’Ukraine tient Soudja et peut très bien dégager la rive sud du Seim, mais si cela se fait aux dépens de Pokrovsk et de Toretsk, c’est
un échange que l’armée russe sera heureuse de faire.
Les FAU dépensent des ressources rares et soigneusement entretenues dans la poursuite d’objectifs sans conséquence sur le plan opérationnel.
L’exaltation de porter le combat en Russie et d’être à nouveau à l’attaque peut certainement faire des merveilles pour le moral et créer un spectacle pour les bailleurs de fonds
occidentaux, mais l’effet est de courte durée – comme un homme fauché qui joue son dernier dollar, tout cela pour le frisson momentané de la chance.
Il y a deux semaines,
lorsque l’armée ukrainienne a commencé son incursion dans la région russe de Koursk, je m’attendais à ce que l’armée russe repousse les Ukrainiens en quelques jours. Cela n’a pas été le cas, car il a fallu du temps pour acheminer suffisamment de troupes vers
cette nouvelle ligne de front.
J’ai également
sous-estimé la taille de la force que les Ukrainiens avaient mise à disposition pour l’opération. On estime aujourd’hui qu’elle se situe entre 10 000 et 30 000 hommes.
Pour l’instant,
l’attaque de l’armée ukrainienne a été en grande partie stoppée, bien qu’elle tente toujours d’étendre le terrain qu’elle tient dans une zone très rurale.
Quoi qu’il en soit, cette opération, même si elle se prolonge, n’a guère de sens.
Le plan de Kiev n’est pas de négocier, mais de prolonger la guerre et de convaincre l’Occident de continuer à la financer. Cela aurait l’avantage de faire
passer des milliards de dollars supplémentaires provenant de sources occidentales dans diverses poches à Kiev, dont Zelenski et Yermak encaisseraient la plus grande partie.
Mais tout cela se fait au détriment de la défense ukrainienne dans le Donbass.
L’incursion de Koursk a retiré tellement de troupes de la défense du Donbass que les lignes de front ne peuvent plus être maintenues. Elle a également détourné
les rares munitions d’artillerie qui font désormais défaut aux défenseurs du Donbass. La défense ukrainienne dans le Donbass est en train de s’effondrer, les Russes s’emparant de plusieurs
villages par jour.
Certains espéraient que la Russie détournerait ses troupes de l’attaque du Donbass vers Koursk. Mais l’opération de Koursk se déroule en territoire russe, où
l’armée russe est autorisée à utiliser des unités de conscrits pour défendre le pays. Les conscrits ne sont pas autorisés à participer à l’opération en Ukraine. L’armée russe dispose ainsi
d’une importante réserve qu’elle peut utiliser contre l’incursion. Elle devrait être suffisante pour y mettre fin.
Dès le début de l’opération, certains partisans de l’Ukraine avaient craint que l’incursion ne brise la défense du Donbass :
La situation dans la direction de Pokrovsk est critique, avec des défenses effondrées dans plusieurs zones et qui doivent encore se stabiliser, en grande
partie en raison d’un manque de personnel. Le détournement de près d’une brigade pour lancer un assaut sur l’oblast de Koursk, qui manque de sens stratégique, frise l’incapacité
mentale.
Plusieurs médias occidentaux ont adopté un point de vue similaire :
Après avoir été initialement annoncée comme un brillant coup militaire, l’opération de Koursk pourrait finir par devenir un piège pour l’armée ukrainienne,
selon ces analystes.
En fin de compte, l’extension de la guerre à de nouvelles zones favorisera, au fil du temps, le camp disposant de ressources plus importantes, selon les
analystes. Avec une population trois fois plus nombreuse et une base industrielle plus importante, ce camp reste la Russie.
Un commandant de brigade d’artillerie ukrainienne dans l’est de l’Ukraine a déclaré au Financial Times que l’avancée
russe s’expliquait en partie par le fait que Kiev a déplacé ses maigres ressources vers le nord.
Ses troupes devaient à nouveau rationner les obus pour leurs canons – pour la première fois depuis que l’aide américaine à l’Ukraine était bloquée par le
Congrès – parce que les munitions avaient été réaffectées à l’incursion dans la région russe de Koursk.
…
Bien que Kiev ne commente pas les pertes, l’incursion a déjà eu un coût matériel : L’Ukraine a perdu au moins 51 pièces d’équipement militaire de valeur,
dont des véhicules allemands Marder, des véhicules américains Stryker et des roquettes Himars, contre 27 du côté russe, selon le chercheur de renseignements Naalsio.
« Il y a un risque d’extension excessive,
de perte de personnel et de ressources précieuses et d’utilisation par Poutine d’un prétexte pour une nouvelle escalade », a déclaré Michael A. Witt, professeur de commerce
international et de stratégie à la King’s Business School de Londres.
…
Emil Kastehelmi, expert militaire du Black Bird Group, société finlandaise d’analyse de renseignements en source ouverte, a déclaré que l’incursion risquait
d’épuiser les précieuses réserves de l’Ukraine, qui a encore des problèmes de main-d’œuvre.
L’espoir que l’incursion de l’Ukraine en Russie réduise la pression sur le front oriental ne se concrétise pas, alors que les forces de Moscou s’approchent
de Pokrovsk.
Les militaires ukrainiens de la région de Pokrovsk affirment que l’incursion à Koursk n’a pas modifié l’attaque russe et que la pression s’est même accrue
ces derniers jours.
De nombreuses autres sources, y compris des sources alternatives, font le même constat.
Je suis d’accord pour dire que l’incursion à Koursk, bien que réussie sur le plan tactique, n’a guère de sens sur le plan stratégique, car elle entraînera
d’importantes pertes en hommes et en terrain dans le Donbass. Elle est également trop coûteuse pour les unités qui y participent.
Mais cela ne vaut que tant que l’Ukraine n’a pas une autre carte importante à jouer.
Se pourrait-il qu’elle dispose de plus de réserves ou d’astuces qu’elle pourrait utiliser ailleurs ?
J’en doute, car je ne vois pas où des réserves supplémentaires auraient pu être formées ni d’où elles pourraient provenir.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le fiasco ukrainien de Koursk et la fausse lenteur russe
Deux semaines après le début de l’offensive de Koursk, il ne fait aucun doute qu’elle a échoué. Pire: elle est de plus en plus critiquée par les alliés de l’Ukraine. Les Ukrainiens ont subi des
pertes importantes et ont beaucoup de matériel cassé. Pour autant, l’armée russe ne se presse pas pour refouler définitivement l’envahisseur du territoire de Koursk. Au risque d’alimenter la
certitude de nos amis de LCI qui restent persuadés que la guerre finira mal pour Moscou….En réalité, le cas de Koursk jette un aperçu de plus sur cette stratégie russe que les Occidentaux
s’obstinent à ne pas comprendre.
La carte ci-dessus montre la situation au 20 août de l’offensive ukrainienne dans la région de Koursk. La percée est contenue. Certes, l’armée ukrainienne a essayé
d’avancer dans toutes les directions pour obliger l’armée russe à intervenir sur un arc de cercle le plus étendu possible. Mais l’attaque est manquée.
Pourtant, à lire les compte-rendus très méticuleux de southfront.press, on
constate que l’armée russe s’est contentée de mettre un terme aux avancées de l’armée ukrainienne et ne se presse pas pour refouler les Ukrainiens hors du sol de la patrie.
Nous avons déjà évoqué le cas des mercenaires étrangers. Le chargé d’affaires américain à Moscou a été convoqué pour rendre compte de l’entrée sans autorisation de
journalistes américains sur le sol russe. Quant aux mercenaires, venus des Etats-Unis ou d’autres pays de l’Alliance Atlantique, ils sont ou seront la cible du FSB, qui au
autorité sur place.
Fixer les Ukrainiens à Koursk pendant qu’on avance à l’est et au sud
En réalité, la Russie ne se presse pas de refouler les Ukrainiens. Elle retourne le piège des Ukrainiens contre eux-mêmes.
Du côté ukrainien, on espérait fixer un nombre croissant de troupes russes au nord pour ralentir l’avancée de l’armée russe dans le Donbass. Or, les Ukrainiens
avaient sous-estimé un point: autant Vladimir Poutine ne veut pas engager les conscrits dans le cadre de “l’Opération Militaire Spéciale” – ce sont uniquement des volontaires et des
professionnels qui se battent en Ukraine; autant, sur le sol de la Russie dans les frontières de 2014, l’armée est autorisée à engager les soldats du contingent.
Tout d’un coup, l’armée ukrainienne peut prendre la mesure de son manque d’effectifs et du fait que l’armée russe n’a aucun problème à recruter.
Au contraire, les unités d’élite de l’armée ukrainienne qui ont été mobilisées pour la bataille de Koursk, seront fixées, pendant des semaines, voire des mois, par
les combats avec une armée russe qui prendra son temps. Ce seront autant de soldats qui feront défaut dans le Donbass ou bien, plus au sud, à Zaporojie.
Ainsi voyons-nous une nouvelle fois combien il est risqué de sous-estimer l’ours russe. Certes, il est lent à se mettre en mouvement, il apparaît lourdaud dans ses
mouvements. Mais il est bien plus rusé que ce que croient ceux qui le prennent en chasse.
Que ne s’est-on moqué de l’expression “Opération Militaire Spéciale” qui sert aux Russes à désigner la guerre en Ukraine. Eh bien, faute d’avoir accepté cette
désignation comme significatives, les Ukrainiens n’ont pas compris qu’en entrant dans la région de Koursk, ils avaient basculé dans autre chose: la guerre!
Or il n’est jamais bon de déclarer la guerre à la Russie et de la forcer à céder, même quelques pouces de terrain. La leçon des mésaventures de Napoléon et d’Hitler
n’a pas été retenue.
Ukraine SitRep. L’attaque contre Koursk a fait échouer l’accord de cessez-le-feu en cours de discussions
L’incursion
ukrainienne dans la région russe de Koursk a des conséquences encore plus graves pour l’Ukraine que ce qu’on pensait jusqu’à présent.
Au cours des six
derniers mois, pour se venger des attaques ukrainiennes contre les infrastructures russes, notamment les raffineries de pétrole, les forces russes ont gravement endommagé le réseau électrique
ukrainien. Presque toutes les installations conventionnelles de production d’électricité en Ukraine ont été endommagées. La moitié des 18 gigawatts de capacité de production d’électricité de
l’Ukraine a été mise hors service. Les centrales électriques endommagées étaient souvent utilisées pour chauffer de grands immeubles d’appartements de type soviétique. Sans électricité ni
chauffage, l’hiver sera très difficile pour de nombreuses personnes en Ukraine.
Les deux parties ont
manifesté leur intérêt pour l’arrêt des frappes contre les infrastructures de l’autre partie. Un accord à ce sujet était en cours d’élaboration et aurait pu être possible. Mais, comme le rapporte le Washington
Post, l’attaque ukrainienne sur Koursk l’a fait capoter :
L’Ukraine et la Russie devaient envoyer des délégations à Doha ce mois-ci pour négocier un accord historique mettant fin aux attaques contre les
infrastructures énergétiques et électriques des deux parties, selon des diplomates et des fonctionnaires au fait des discussions, ce qui aurait équivalu à un cessez-le-feu partiel et
offert un répit aux deux pays.
Mais les pourparlers indirects, où les Qataris servaient de médiateurs et rencontraient séparément les délégations ukrainienne et russe, ont été interrompus
par l’incursion surprise de l’Ukraine dans la région de Koursk, à l’ouest de la Russie, la semaine dernière, d’après les responsables.
…
Le diplomate au fait des négociations a déclaré que le Qatar discutait depuis deux mois avec Kiev et Moscou de la mise en place d’un moratoire sur les
frappes contre les infrastructures énergétiques. Le fonctionnaire a déclaré que les deux parties avaient convenu d’un sommet à Doha et qu’il ne restait plus que des détails mineurs à
régler.
« Après Koursk, les Russes ont
hésité », a déclaré une autre personne au fait des négociations.
Au lieu de cette attaque insensée sur Koursk, l’Ukraine aurait pu conclure un accord qui lui aurait permis de passer l’hiver sans subir de nombreuses coupures
d’électricité et autres interruptions. Elle a laissé passer cette chance.
L’amélioration du moral des forces ukrainiennes engendrée par l’attaque de Koursk est déjà en train de s’estomper. La Russie n’a retiré aucune de ses troupes
impliquées dans les attaques à l’est pour défendre Koursk. Elle a plutôt fait venir des réserves d’autres régions. L’un des effets escomptés de l’incursion à Koursk ne se produit donc
pas.
L’attaque de l’Ukraine n’a été rendue possible que par le retrait des troupes de la ligne de front orientale. En outre, l’approvisionnement en artillerie, qui
était déjà problématique, s’est encore raréfié :
Les soldats qui combattent dans la région de Donetsk ont déclaré avoir été encouragés par l’incursion en Russie. Mais ils ont également déclaré qu’elle
utilisait des armes et des munitions dont ils ont un besoin crucial. Un commandant posté sur un point chaud du front oriental a déclaré que sa brigade disposait de moins de quatre
mortiers pour défendre sa position et qu’elle ne pouvait tirer que 10 obus par jour et par mortier.
Chaque jour, l’Ukraine perd un peu plus de terrain à l’est. Entre-temps, son incursion à Koursk a déjà atteint son point culminant et la lutte pour conserver le
terrain conquis s’annonce mortelle.
L’Ukraine a utilisé des armes de grande valeur pour empêcher les réserves russes d’atteindre la région. Cependant, près de la ligne de front, ces actifs ont des
difficultés à survivre.
Donc les Russes ont mis en place un ponton sur la rivière Seym immédiatement après ou même avant la destruction du pont.
L’Ukraine pendant ce temps a perdu 3 HIMARS, 3 systèmes patriots et 1 IRIS-T pour faire des nids de poule sur le pont. Je dirais que c’est un très bon
échange. J’espère qu’ils essaieront d’en faire d’autres.
Il a également été fait état de la destruction d’un système de défense aérienne S-125 de fabrication polonaise et d’une quatrième plate-forme HIMARS.
Une analyse du New York
Times suggère, comme je l’ai fait précédemment, que l’objectif principal de la campagne de Koursk était de convaincre les partisans occidentaux de l’Ukraine qu’elle pouvait encore gagner la
guerre et qu’elle méritait donc un soutien supplémentaire :
Les véritables objectifs de l’opération ne se situent peut-être pas sur le champ de bataille russe.
Après l’échec de la contre-offensive très médiatisée de l’Ukraine l’année dernière et les pertes continues dans l’est du pays, l’Ukraine semble essayer de
changer le récit de la guerre.
Les Ukrainiens
essaient peut-être de convaincre l’Occident qu’ils n’abandonneront pas et que les États-Unis, en particulier, devraient les autoriser à utiliser des missiles de croisière
américains à longue portée pour atteindre l’intérieur de la Russie.
Il est à espérer que les États-Unis ne permettront pas à l’Ukraine d’étendre ses attaques à l’intérieur de la Russie. S’ils les autorisent, il y aura un moment où la Russie devra riposter, durement, contre les installations américaines.
L’Ukraine n’est pas le seul pays à posséder des centrales électriques destructibles.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Russie et l’Ukraine n’ont pas participé à des pourparlers « directs ou indirects » qui auraient pu être perturbés par l’incursion transfrontalière de
Kiev dans la région de Koursk, a déclaré dimanche à la presse la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Elle a été invitée à commenter un article du Washington Post qui affirmait, citant des sources, que l’attaque ukrainienne avait contrecarré des négociations
indirectes secrètes entre Moscou et Kiev concernant un éventuel moratoire sur les frappes contre les infrastructures énergétiques. Les supposées négociations auraient été menées par le
Qatar, a écrit le journal samedi.
« Personne n’a fait dérailler quoi que ce soit », a déclaré Zakharova, expliquant que les deux parties n’avaient discuté d’aucun « régime de sécurité » pour
les infrastructures critiques.
Elle a poursuivi en affirmant que les menaces contre les installations énergétiques telles que les centrales nucléaires de Zaporozhye et de Koursk venaient
de Kiev, et non de Moscou.
La concentration de forces ukrainiennes dans la région de Sumy n’était pas passée inaperçue, de nombreuses sources en faisaient état. Ce qui a surpris, en revanche,
c’est l’emploi inattendu de cette force militaire. On aurait pu penser que ce rassemblement avait pour objectif de réduire le saillant créé par les Russes dans la région de Kharkiv, ou qu’il
s’agissait d’une préparation en vue d’une hypothétique attaque russe dans le secteur de Sumy, une possibilité évoquée par les autorités ukrainiennes il y a quelques semaines.
Le choix de l’état-major ukrainien d’envahir le territoire russe, une première depuis 1941, a pris tout le monde de court, à commencer par les Russes, mais aussi
les plus proches alliés de l’Ukraine. C’est la première vraie surprise militaire de l’année 2024. En effet, compte tenu du manque chronique de troupes sur le front et des difficultés des
Ukrainiens à stabiliser la poussée russe dans le Donbass, il ne semblait pas évident que Kiev choisisse d’ouvrir un nouveau front.
Le succès tactique de cette opération est indéniable. L’Ukraine a rapidement pris le contrôle de plusieurs dizaines de localités, s’enfonçant parfois de plus de
trente kilomètres à l’intérieur du territoire russe. Cette attaque éclair a été menée dans un secteur vulnérable et peu protégé de la frontière russe, en coordination avec des frappes massives de
drones dans la région de Koursk. Des moyens significatifs de guerre électronique ont été déployés pour neutraliser autant que possible les capacités des drones russes, tandis qu’une importante
défense sol-air, incluant deux batteries Patriot, a été mise en place pour couvrir l’avancée des troupes.
L’Ukraine a mobilisé cinq brigades pour cette opération : La 61e brigade mécanisée détachée du front de Kharkiv, la 80e brigade d’assaut aérien prélevée sur le
front de Bakhmut, la 22e brigade mécanisée retirée du front de Klishchiivka, la 116e brigade mécanisée venue du front de Vovchansk, et la 103e brigade territoriale initialement stationnée à Sumy.
En réserve, la 88e brigade mécanisée, chargée de la protection de la frontière nord, a également été mobilisée. Cela représente un effectif de 15 000 à 20 000 soldats ukrainiens engagés
dans l’opération. Environ 10 000 à 12 000 hommes auraient franchi la frontière, bien plus que le millier d’hommes annoncé initialement par le ministère russe de la Défense.
Les forces ukrainiennes n’ont rencontré que peu de résistance, écrasant les quelques centaines de gardes-frontières russes et leur infligeant de lourdes pertes.
Cependant, elles en ont également subi, avec la destruction de plusieurs dizaines de véhicules, principalement en raison de l’intervention de l’aviation, des hélicoptères de combat et des
munitions rôdeuses russes. En parallèle, les forces ukrainiennes multiplient les incursions en territoire russe, comme dans les régions de Belgorod et de Koursk, avec, entre autres, l’appui de
volontaires géorgiens.
Cette offensive s’est déroulée simultanément avec une tentative de débarquement sur la péninsule de Kinbourn, en mer Noire. Cependant, cette opération a été
rapidement repoussée. La grosse dizaine d’embarcations engagée dans cette tentative n’a fait l’objet que d’une faible couverture médiatique de la part de Kiev, qui s’est contentée de diffuser une
vidéo montrant les embarcations en mer[1].
QUEL EST L’OBJECTIF DE CETTE ATTAQUE ?
L’objectif stratégique de cette attaque en territoire russe reste flou. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette initiative :
– cette opération aurait pour objectif de contraindre les Russes à dégarnir le front du Donbass, soulageant ainsi la pression sur les forces ukrainiennes dans cette
région. Cependant, cet effet escompté pourrait ne pas se matérialiser. L’opération se déroulant sur son sol, l’état-major russe peut déployer des forces non engagées sur le front ukrainien, comme
les unités de conscrits. De plus, l’armée russe dispose encore de réserves significatives. Au mieux, cette action pourrait perturber la rotation de ses unités au front, mais probablement sans
impact majeur. En tout cas, à ce jour, aucune des unités russes déployées en renfort n’a été prélevée sur un autre front ;
– l’opération aurait pour but de couper l’approvisionnement en gaz de l’Union Européenne en sabotant les gazoducs de la région. Cependant, cette idée semble peu
plausible. Les gazoducs en question traversent l’Ukraine et, si les Ukrainiens avaient voulu interrompre le flux, ils auraient pu le faire directement depuis leur propre territoire. S’ils s’en
sont abstenus, cela s’explique par le fait qu’ils continuent à percevoir des frais de transit payés par les Russes, ce qui rend cette hypothèse peu crédible ;
– on peut penser que cette offensive ukrainienne vise à imiter l’opération russe dans la région de Kharkiv, en cherchant à s’emparer de territoires qui serviraient
de levier lors de futures négociations. Cette stratégie pourrait avoir du sens, mais elle suppose que les Ukrainiens parviendront à maintenir ces positions sur le long terme, ce qui nécessiterait
des ressources humaines et matérielles importantes, dont ils manquent déjà, pour renforcer leurs positions et compenser l’attrition. L’observation de certains équipements de génie déployés par
les Ukrainiens dans la zone pourrait indiquer une intention de s’y retrancher durablement, mais cela reste à confirmer ;
– une autre hypothèse pourrait être que cette opération vise à déstabiliser le pouvoir russe en le discréditant, dans l’espoir de provoquer des soulèvements ou des
protestations parmi la population russe. Cependant, cet objectif semble peu fondé. Vladimir Poutine a déjà surmonté de nombreuses crises sans que son pouvoir ne soit véritablement menacé et,
historiquement, une attaque sur un pays tend plutôt à unir la population autour de ses dirigeants. Il est donc possible que cette offensive ait l’effet inverse de celui escompté, en renforçant le
soutien à la guerre au sein de la population russe ;
– une dernière explication pourrait être que cette offensive a été menée dans un but politique, cherchant à détourner l’attention des revers subis par l’armée
ukrainienne sur le front du Donbass au cours des derniers mois, tout en essayant de remonter le moral de la population ukrainienne. Bien que très plausible, cette raison semble être l’une des
plus discutables pour justifier une telle opération car, lancer une offensive principalement pour des raisons de communication ou de moral pourrait s’avérer être une stratégie risquée et peu
judicieuse.
UNE POTENTIELLE ERREUR STRATÉGIQUE
En temps de conflit, il est généralement logique que ce soit la partie disposant de la supériorité numérique qui cherche à étendre le front et non celle qui peine
déjà à maintenir la ligne existante. Actuellement, l’armée ukrainienne rencontre de sérieuses difficultés dans le Donbass : Elle manque de troupes, a du mal à assurer la rotation de ses unités et
peine toujours à stabiliser la ligne de front. Dans ce contexte, il est compréhensible que les autorités russes n’aient pas pris au sérieux les renseignements concernant cette offensive,
tant elle semble aller à l’encontre des principes militaires de base.
Cependant, il ne faut pas oublier que les Russes eux-mêmes ont dérogé à cette logique en lançant l’invasion de l’Ukraine en 2022 avec seulement 120 000 à 150 000
soldats, ce qui a conduit aux difficultés que l’on connaît aujourd’hui. Pour mener son offensive, l’état-major ukrainien a dû retirer des unités de qualité et du matériel déjà en pénurie sur le
front du Donbass. Ce choix délibéré d’affaiblir encore davantage une ligne de front déjà fragile est extrêmement risqué. L’Ukraine se retrouve maintenant à devoir défendre un front allongé d’une
centaine de kilomètres supplémentaires, ce qui nécessitera des hommes, du matériel et des munitions, éléments dont elle manque déjà cruellement.
Avec probablement moins de 20 000 hommes engagés dans cette opération, l’armée ukrainienne ne pouvait espérer aller très loin sans diluer ses forces sauf à
recevoir de très importants renforts que l’on ne voit pas venir. Plus le terrain à couvrir est vaste, plus il est nécessaire d’avoir des troupes pour le défendre efficacement. Il semble donc que
l’étendue maximale de leur avancée ait été atteinte aux environs du 12-13 août 2024, bien loin de la ville de Koursk ou de sa centrale nucléaire.
Dès lors, l’armée ukrainienne devra faire face à des renforts russes et à un bombardement intensif par des moyens aéroportés (avions et drones) ainsi que par
l’artillerie. Sans retranchement ni positions fortifiées, comme le montrent les vidéos de soldats ukrainiens creusant des tranchées en urgence[2], sa situation pourrait devenir très
difficile comme le montrent les nombreuses vidéos de ses colonnes prises dans des embuscades[3]. Cela pourrait finir par coûter plus cher aux Ukrainiens qu’aux Russes, en termes de pertes
humaines et de matériel.
De son côté, la Russie doit répondre à l’avancée ukrainienne mais, militairement parlant, elle n’a pas nécessairement intérêt à éliminer ce saillant trop
rapidement. En effet, ce saillant peut servir à diluer les moyens militaires ukrainiens, dans la continuité de la stratégie russe amorcée avec son offensive limitée dans la région de Kharkiv qui
a pour but d’accélérer l’usure des forces ukrainiennes. Néanmoins, les considérations politiques pourraient influencer la réponse russe, la poussant à adopter d’autres
mesures.
Il est peu probable que cette situation mène à une escalade nucléaire, étant donné que le territoire conquis par les Ukrainiens est relativement modeste avec un
rectangle d’une quarantaine de kilomètres de large sur une profondeur d’une quinzaine de kilomètres en moyenne. En comparaison de la vaste étendue de la Russie et de la faible valeur stratégique
du terrain conquis, rien ne justifie une montée aux extrêmes. La dynamique aurait été différente si les Ukrainiens avaient réussi à capturer des villes importantes telles que Koursk, Briansk,
Belgorod ou Voronej.
À ce stade, l’offensive ukrainienne semble peu affecter les opérations russes dans le Donbass où les avancées se poursuivent et semblent même s’accélérer, mettant
désormais en danger la ville de Pokrovsk, un nœud logistique crucial pour les Ukrainiens.
UNE OPÉRATION QUI N’EST PAS SANS RAPPELER CELLE SUR LA RIVE ORIENTALE DU DNIEPR
En octobre 2023, malgré l’échec de leur contre-offensive, les Ukrainiens ont surpris en lançant une opération amphibie sur la rive orientale du Dniepr depuis
Kherson, visant à établir des têtes de pont à Krinky, Dachi et sur les îles voisines. Pour cette opération, ils ot mobilisé d’abord 3, puis 4 brigades d’infanterie de marine. Ils ont exploité la
destruction du barrage de Kakhovka, le risque de submersion qui aurait pu balayer leurs troupes ayant été éliminé.
Après avoir avancé de quelques kilomètres, l’offensive ukrainienne s’est rapidement heurtée à des renforts russes. Les objectifs affichés pour cette opération
étaient semblables à ceux de l’offensive que l’on observe aujourd’hui dans la région de Koursk : Détourner les effectifs russes de leur objectif et déstabiliser le pouvoir russe. Cependant, cette
action n’a ni détourné les forces russes de leurs priorités principales, ni remis en cause la position de Poutine. Elle a simplement détourné l’attention des échecs de la contre-offensive et a
temporairement renforcé le moral ukrainien au moment où la Russie capturait Avdiivka.
Dix mois plus tard, cette opération n’a laissé que des vestiges. Les têtes de pont ont été évacuées en urgence lorsqu’il a fallu réagir face à l’avancée russe vers
Kharkiv. En termes stratégiques, les Ukrainiens n’ont rien gagné, sauf une usure inutile de leurs brigades d’infanterie de marine. Bien qu’ils aient réussi à causer de l’attrition du côté russe,
cela a été principalement réalisé à l’aide de drones et d’artillerie depuis la rive occidentale du Dniepr, rendant la présence des têtes de pont superflue pour atteindre
ces objectifs.
L’opération en cours dans le région de Koursk risque bien de se finir de la même manière, si ce n’est que le risque pris par Kiev est beaucoup plus important de par
le volume des forces engagées.
LE PONT DE CRIMÉE, UNE AUTRE ERREUR STRATÉGIQUE POTENTIELLE ?
Depuis le début de l’invasion russe, le pont de Crimée est devenu une cible prioritaire pour les Ukrainiens. Cet ouvrage est un symbole puissant de l’annexion de la
Crimée et représente une voie logistique cruciale, bien que non unique. En effet, des alternatives telles que le pont terrestre au nord de la mer d’Azov et les liaisons maritimes pourraient
pallier une éventuelle destruction de celui-ci.
Consciente de son importance stratégique et symbolique, la Russie a déployé des moyens considérables pour protéger le pont. Ces mesures comprennent des systèmes de
défense sol/air et des moyens physiques renforcés pour sécuriser l’infrastructure.
Attaquer cet ouvrage présente donc des défis significatifs. Une opération réussie nécessiterait une grande quantité de munitions adaptées pour percer les défenses
en utilisant des stratégies de saturation, une diversité des axes d’attaque et une utilisation de différents types de munitions (missiles balistiques, de croisière, drones…). L’objectif serait de
causer des dommages suffisamment importants pour interrompre l’usage du pont jusqu’à ce que des réparations soient effectuées. Bien que complexe, une telle opération reste envisageable si elle
est exécutée avec une planification méticuleuse et une coordination efficace.
Bien que régulièrement annoncée, une nouvelle attaque du pont de Crimée n’a pas eu lieu jusqu’à présent. L’armée ukrainienne semble attendre le « bon
moment », mais il est difficile de déterminer ce que pourrait être ce moment optimal, surtout sachant que tous les axes logistiques russes disponibles sont déjà ciblés.
Une autre hypothèse est que les Ukrainiens reconnaissent les risques stratégiques liés à une telle attaque. En effet, la riposte russe serait prévisible : En
réponse à la destruction du pont de Crimée, les Russes pourraient envisager de détruire la quinzaine de ponts qui enjambent le Dniepr, lesquels sont vitaux pour les communications et les
approvisionnements ukrainiens. Cela couperait efficacement les troupes ukrainiennes situées sur la rive orientale du fleuve de leurs lignes de ravitaillement, compliquant et ralentissant
considérablement leurs opérations.
De plus, on peut s’interroger sur le fait que la Russie n’ait pas encore attaqué les ponts traversant le Dniepr pour affaiblir l’armée ukrainienne. Une réponse
possible pourrait être l’existence d’un accord tacite entre les deux parties, où chacune garde en « otage » les ponts stratégiques de l’autre. Cela expliquerait le peu d’empressement
des Ukrainiens à détruire le pont de Crimée comme la préservation des ponts sur le Dniepr jusqu’à présent.
*
Ce n’est pas la première fois que l’armée ukrainienne crée la surprise en lançant des opérations dans des endroits inattendus. Malheureusement, il semble que ces
actions soient, une fois de plus, motivées par des objectifs principalement politiques et médiatiques, plutôt que par une stratégie militaire bien réfléchie. Le gouvernement à Kiev semble
privilégier les coups d’éclat, des « coups de com », qui ont peu ou pas d’impact réel sur le cours de la guerre. En se concentrant sur des actions spectaculaires mais peu efficaces, le
pouvoir politique risque de compromettre l’efficacité de ses forces armées, en les épuisant dans des opérations qui, bien que remarquables, sans véritable stratégie sous-jacente.
Cette tendance à se focaliser sur le « génie tactique ukrainien » occulte la finalité stratégique qui devrait guider les choix militaires. Les guerres ne
se gagnent pas à coup de scoops médiatiques ni de symboles. La stratégie ukrainienne dans ce conflit devient de plus en plus obscure, les actions entreprises semblant parfois contre-productives à
long terme. Obtenir le « prix du public » est peut-être gratifiant mais cela n’offre aucun avantage opérationnel. On peut se demander si cette approche est le résultat de la dépendance
du pays vis-à-vis de ses sponsors étrangers ou si le gouvernement ukrainien a fini par croire en sa propre propagande
Un débat extrêmement sérieux fait déjà rage dans certains cercles du pouvoir/renseignement à Moscou.
Un débat extrêmement sérieux fait déjà rage dans certains cercles du pouvoir/renseignement à Moscou – et le cœur du problème ne pourrait être plus
incandescent.
Pour aller droit au but : que s’est-il réellement passé à Koursk ? Le ministère russe de la Défense a-t-il été pris au dépourvu ? Ou bien l’a-t-il vu
venir et a-t-il profité de l’occasion pour tendre un piège mortel à Kiev ?
Des acteurs bien informés, disposés à partager quelques éléments sous couvert d’anonymat, soulignent tous l’extrême sensibilité de l’affaire. Un pro du
renseignement a toutefois offert ce qui peut être interprété comme un indice précieux : «Il est plutôt
surprenant de voir qu’une telle concentration de forces n’ait pas été remarquée par la surveillance par satellite et par drone à Koursk, mais je n’en exagérerais pas
l’importance».
Un autre pro du renseignement préfère souligner que «la section des
renseignements étrangers est faible car elle a été très mal gérée». Il s’agit d’une référence directe à l’état des choses après que l’ancien superviseur de la sécurité Nikolaï
«Yoda» Patrouchev, lors du remaniement post-inauguration de Poutine, a été transféré de son poste de secrétaire du Conseil de sécurité à celui d’assistant spécial du président.
Les sources, prudentes, semblent converger vers une possibilité très sérieuse : «Il semble qu’il y
ait eu une défaillance dans les renseignements ; ils ne semblent pas avoir remarqué l’accumulation de troupes à la frontière de Koursk».
Un autre analyste a toutefois proposé un scénario beaucoup plus précis, selon lequel une faction militaire faucon, répartie au sein du ministère de la
Défense et de l’appareil de renseignement – et en désaccord avec le nouveau ministre de la Défense Beloussov, un économiste – a laissé l’invasion ukrainienne se dérouler avec
deux objectifs en tête :
- Tendre un piège aux principaux commandants et troupes ennemies de Kiev, qui ont été détournés du front du Donbass – qui s’effondre –
et exercer une pression supplémentaire sur Poutine pour qu’il s’attaque enfin à la tête du serpent et achève la guerre.
Cette faction faucon considère d’ailleurs le chef d’état-major général Guerassimov comme «totalement incompétent», selon les termes d’un pro du
renseignement. Il n’y a pas de preuve irréfutable, mais Guerassimov aurait ignoré plusieurs avertissements concernant un renforcement ukrainien près de la frontière de Koursk.
Un spécialiste des renseignements à la retraite est encore plus critique. Il se plaint que les «traîtres de la
Russie» ont en fait «dépouillé trois
régions de leurs troupes pour les livrer aux Ukrainiens». Désormais, ces «traîtres de la
Russie» pourront ««échanger» la
ville de Souha contre le départ du faux pays qu’est l’Ukraine et présenter cette solution comme inévitable».
Par ailleurs, ce jeudi, Beloussov a commencé à présider une série de réunions visant à améliorer la sécurité dans les «trois régions» – Koursk,
Belgorod et Briansk. Les faucons de l’appareil silovikine cachent pas que Guerassimov devrait être renvoyé et remplacé par le légendaire général Sergueï «Armageddon»
Sourovikine. Ils soutiennent également avec enthousiasme Alexander Bortnikov du FSB – qui a de facto résolu l’affaire extrêmement trouble de Prigojine – comme l’homme qui supervise
actuellement la situation à Koursk.
La
prochaine est Belgorod
Eh bien, c’est compliqué.
La réaction du président Poutine à l’invasion du Koursk était visible dans son langage corporel. Il était furieux : Pour l’échec
militaire/renseignement, pour la perte évidente de face, et pour le fait que cela enterre toute possibilité de dialogue rationnel sur la fin de la guerre.
Pourtant, il est parvenu à renverser la situation en un rien de temps, en désignant Koursk comme une opération antiterroriste (CTO), supervisée par
Bortnikov, du FSB, et avec une logique intégrée de «ne pas faire de prisonniers». Chaque Ukrainien présent à Koursk et ne souhaitant pas se rendre est une cible
potentielle, destinée à être éliminée. Maintenant ou plus tard, peu importe le temps que cela prendra.
Bortnikov est le spécialiste des actions concrètes. Il y a ensuite le superviseur de l’ensemble de la réponse militaire/civile : Alexey
Dyumin, le nouveau secrétaire du Conseil d’État, qui a notamment occupé le poste de chef adjoint de la division des opérations spéciales du GRU (renseignements militaires). Dyumin ne
répond pas directement au ministère de la Défense ni au FSB : Il rend compte directement au président.
Traduction : Guerassimov semble désormais être au mieux un prête-nom dans tout le drame de Koursk. Les responsables sont Bortnikov et Dyumin.
La stratégie de la RP de Koursk est vouée à un échec retentissant. Pour l’essentiel, les forces ukrainiennes s’éloignent de leurs lignes de
communication et de ravitaillement et pénètrent en territoire russe. On peut établir un parallèle avec ce qui est arrivé au maréchal von Paulus à Stalingrad lorsque l’armée allemande
a été débordée.
Les Russes sont déjà en train de couper les Ukrainiens de Koursk, rompant ainsi leurs lignes de ravitaillement. Ce qu’il reste des soldats d’élite
lancés à Koursk devra faire demi-tour, face aux Russes qui se trouvent à la fois devant et derrière eux. Le désastre se profile à l’horizon.
L’irrépressible commandant des forces spéciales Akhmat, le général de division Apti Alaudinov, confirme sur Rossiya-1 TV qu’au moins 12 000
membres des forces armées ukrainiennes (FAU) sont entrés dans Koursk, notamment de nombreux étrangers (Britanniques, Français, Polonais).
Il s’agira d’une opération «pas de prisonniers» à grande échelle.
Toute personne ayant un QI supérieur à la température ambiante sait que Koursk est une opération de
l’OTAN – conçue avec un haut degré de probabilité par un combo anglo-américain supervisant la chair à canon ukronazie.
Tout ce que fait Kiev dépend des systèmes ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance) américains et des systèmes d’armes de l’OTAN, bien entendu utilisés par du personnel de l’OTAN.
Mikhaïl Podolyak, conseiller de l’acteur transpirant en T-shirt vert à Kiev, a admis que Kiev avait «discuté» de
l’attaque «avec des
partenaires occidentaux». Les «partenaires occidentaux» – Washington, Londres, Berlin – en habits de lâcheté, le nient.
Bortnikov n’est pas dupe. Il a succinctement affirmé, sur procès-verbal, qu’il s’agissait d’une attaque terroriste
de Kiev soutenue par l’Occident.
Nous entrons à présent dans la phase de combat de positionnement dur destiné à détruire des villages et des villes. Ce sera affreux. Les analystes
militaires russes font remarquer que si une zone tampon avait été préservée en mars 2022, les activités d’artillerie à moyenne portée auraient été limitées au territoire ukrainien.
Encore une décision controversée de l’état-major russe.
La Russie finira par résoudre le drame de Koursk en éliminant les petits groupes ukrainiens de manière méthodique et meurtrière. Cependant, les
questions très sensibles concernant la manière dont cela s’est produit – et qui l’a laissé se produire – ne disparaîtront tout simplement pas. Des têtes devront – au sens figuré –
tomber. Car ce n’est que le début.
La prochaine incursion aura lieu à Belgorod.
Préparez-vous à ce qu’il y ait encore du sang sur la piste.
Des mercenaires étrangers jouent un rôle majeur dans l’invasion ukrainienne de Koursk. Un soldat ukrainien qui s’est rendu aux Russes a dit la vérité
sur les troupes ukrainiennes impliquées dans l’opération de Koursk. Selon lui, il y a beaucoup d’étrangers parmi les militaires, y compris des personnes originaires de pays de l’OTAN.
Il s’agit là d’un autre exemple clair de la façon dont Kiev utilise des mercenaires internationaux dans ses principales unités de combat, ce qui accentue encore l’internationalisation
du conflit.
Récemment, le
Service fédéral de sécurité russe (FSB) a publié une vidéo d’un entretien avec un soldat ukrainien capturé. Le prisonnier a donné des détails sur les troupes qui ont envahi
Koursk, déclarant qu’il y a plusieurs non-Ukrainiens parmi les soldats impliqués dans l’assaut de Koursk, ce qui montre à quel point Kiev dépend des services de mercenaires étrangers
pour mener à bien ses opérations.
Le prisonnier s’est identifié comme étant Ruslan Poltoratsky, membre de la 80e brigade d’assaut aérien ukrainienne. Poltoratsky se promenait dans la
région de Koursk lorsqu’il a été capturé par une milice de civils armés qui protégeaient volontairement la région. Après avoir été remis aux autorités, Ruslan a parlé de la réalité
des troupes ukrainiennes, décrivant la présence d’étrangers. Il a indiqué qu’il y avait un problème de communication dû au fait que les soldats ne parlaient pas ukrainien, certains
combattants parlant anglais, polonais et français. La difficulté à communiquer avec ses collègues a fait qu’il s’est perdu sur les lignes de front et a fini par être capturé.
Ce rapport permet de constater que la présence d’étrangers en Ukraine est si importante qu’elle commence même à poser des problèmes à l’administration
militaire. Il y a des échecs de communication et des erreurs de commandement simplement parce que les soldats ne parlent plus la même langue. Cette situation tend à générer de plus en
plus de problèmes. On peut prédire qu’il y aura dans un avenir proche une vague d’opérations ratées, des erreurs opérationnelles étant commises en raison des difficultés de
communication entre les soldats eux-mêmes.
Il est certain qu’il y a beaucoup de soldats des pays de l’OTAN, étant donné que le prisonnier ukrainien a mentionné des langues telles que l’anglais,
le français et le polonais. Cela n’est pas surprenant, car les soldats de l’OTAN sont depuis longtemps directement impliqués dans les hostilités sous l’étiquette de mercenaires. Il
n’est pas rare que des citoyens américains et français meurent sur les lignes de front, ce qui suscite un certain nombre d’inquiétudes de la part des autorités occidentales quant à la
manière de dissimuler ces décès.
Quant aux Polonais, leur participation en Ukraine devient déjà semi-officielle. Les troupes polonaises sont désormais devenues monnaie courante sur le
champ de bataille depuis 2022, ces mercenaires ayant fait un grand nombre de victimes lors des actions menées par les Russes. Dans la pratique, la Pologne participe déjà de facto à la
guerre, étant l’un des plus grands fournisseurs de troupes au régime de Kiev – en plus d’héberger la plus grande route pour l’arrivée des armes de l’OTAN dans le conflit.
La Géorgie se trouve dans la même situation que la Pologne. Bien qu’elle ne soit pas membre de l’OTAN, la Géorgie est l’un des principaux fournisseurs
de mercenaires de l’Ukraine. Cela s’explique par les forts sentiments russophobes d’une partie de la population géorgienne, ce pays du Caucase étant l’un des plus touchés par les
opérations de lavage de cerveau psychologique menées par l’OTAN. Le sentiment de revanchisme historique et la russophobie ont encouragé de nombreux Géorgiens à s’enrôler pour défendre
l’Ukraine, la plus grande organisation paramilitaire géorgienne pro-ukrainienne étant la «Légion géorgienne», un groupe terroriste interdit en Russie et connu dans le monde entier
pour avoir publié des vidéos de tortures de Russes.
Lors de l’attaque de Koursk, plusieurs membres de la Légion géorgienne ont été capturés ou tués par les Russes. Des vidéos circulent sur Internet montrant des soldats du
groupe Wagner PMC arrêtant des citoyens géorgiens lors de la contre-attaque russe à Koursk. De même, il existe des photos et des vidéos de soldats américains et de certains Européens
combattant pour Kiev lors de cette invasion. En pratique, il semble que les mercenaires aient été essentiels à la faisabilité de l’attaque, ce qui corrobore la thèse selon laquelle
Kiev ne dispose pas de forces suffisantes pour combattre et dépend d’une aide étrangère directe importante pour continuer à faire face aux Russes.
Pour sa part, la Russie a déclaré à plusieurs reprises que l’élimination des mercenaires étrangers était une priorité de l’opération militaire
spéciale. Ces troupes ne sont pas protégées par le droit humanitaire international, puisqu’elles ne sont pas des soldats réguliers. C’est pourquoi, s’ils sont capturés par
les Russes, ils peuvent être traduits devant des cours martiales pour les crimes commis contre les citoyens de Koursk et d’autres régions, la peine la plus sévère étant
l’emprisonnement à vie.
En fait, l’invasion tragique de Koursk a montré que l’Ukraine n’est plus capable de mener une quelconque activité militaire par ses propres moyens et
qu’elle est totalement dépendante du soutien de mercenaires illégaux. Bien qu’ils aident Kiev à disposer de suffisamment de troupes pour combattre, cette présence massive d’étrangers
pose de graves problèmes, principalement en matière de communication et de logistique, ce qui montre que Kiev est loin de trouver une « solution » à ses besoins militaires en
engageant des criminels étrangers.
L’incursion ukrainienne en territoire russe aura temporairement boosté le moral des forces armées ukrainiennes et régalé les médias de l’occident
otanien. Elle aura eu au moins trois effets dommageables pour la partie kiévienne.
• Elle
aura détourné des forces importantes du front Est (celui du Donbass) et permis aux forces russes d’y accélérer leur progression sans changer leurs objectifs et leur dispositif.
• Elle
aura boosté le patriotisme russe et donc le recrutement de militaires professionnels.
• Elle
va aussi prolonger le conflit, retarder le moment des négociations et durcir la position russe.
Poutine a désormais beau jeu pour justifier son opération spéciale en montrant à ses concitoyens que le régime de Kiev et l’OTAN tentent de réaliser
leur objectif de toujours : Attaquer la Russie pour l’affaiblir et la démanteler.
Cette incursion sans espoir en territoire russe aura un coût, non seulement humain, tant pour Kiev que pour la Russie, mais elle aura aussi un coût pour
Kiev, lorsque le temps des négociations sera venu.
Ci après ma dernière intervention sur la chaîne alternative canadienne Brochu TV
: Situation
Russie/Ukraine et Iran/Israël :
L’opération de Koursk va se terminer sur un échec des Ukrainiens et de leurs maîtres anglo-américains. Soldats ukrainiens et mercenaires occidentaux impliqués dans cette opération se retrouvent
face au bataillon tchétchène Akhmat et au FSB: on est hors du cadre de la Convention de Genève. La dureté de la réaction russe ne doit pas cacher le mécontentement de Vladimir Poutine: y a-t-il
eu un échec du renseignement militaire russe qui aurait sous-estimé l’opération qui se préparait? Le Général Gerasimov, commandant en chef de l’armée russe en Ukraine serait sur la sellette.
Alexander Bortnikov, directeur du FSB
L’opération ukrainienne contre Koursk est d’ores et déjà un échec militaire. D’un côté, il ne fait aucun doute qu’elle a été lancée avec un soutien logistique
anglo-américain. De l’autre, Washington, Londres et les gouvernements de l’Union Européenne se désolidarisent ouvertement de
Zelensky maintenant que l’opération a échoué.
(1) les troupes ukrainiennes et occidentales qui ont pris part à l’opération (on parle de 12 000 hommes, dont des mercenaires polonais, britanniques et français)
ont pu avancer d’une quinzaine de kilomètres, mais non jusqu’à l’objectif qui leur avait été fixé, la centrale nucléaire de Koursk.
(2) Les Ukrainiens ont déjà perdu plus de 2000 hommes, tués et blessés; le nombre de mercenaires occidentaux tués reste indéterminé, pour une raison que nous dirons
plus tard. C’est surtout le matériel détruit qui impressionne; des centaines de véhicules; dix système d’artillerie MLRS (Multiple Launch Rocket System), dont trois HIMARS.
Il n’y a pas que les troupes spéciales tchétchènes dans la région de Koursk. Il y a aussi le FSB. La Russie n’est pas
officiellement en guerre avec l’OTAN. Les soldats de pays de l’OTAN sont camouflés en mercenaires. On est sur le territoire souverain de la Russie d’avant 2013. Donc Vladimir Poutine considère
que l’on a affaire à des terroristes.
Les Ukrainiens se trouvant dans la région de Koursk, qui ne se rendent pas, seront tués. Les mercenaires, eux, n’auront même pas la possibilité de se constituer
prisonniers. C’est le directeur du FSB, Alexander Bortnikov, qui est à la manœuvre.
Vers des changements dans le commandement militaire?
Alexeï Dioumine a été nommé par Vladimir Poutine responsable de la riposte globale, civile et militaire, dans la région de Koursk.
Commentant les informations qu’il a collectées à Moscou, Pepe Escobar écrit:
Un débat extrêmement sérieux fait déjà rage dans certains cercles du pouvoir et du renseignement à Moscou – et le cœur du problème ne pourrait être plus incandescent.
Pour aller droit au but : que s’est-il réellement passé à Koursk ? Le ministère russe de la défense a-t-il été pris au dépourvu ? Ou bien l’a-t-il vu venir et a-t-il profité de l’occasion
pour tendre un piège mortel à Kiev ?
(…) Ce jeudi, M. Belousov a commencé à présider une série de réunions visant à améliorer la sécurité dans les « trois régions » – Koursk, Belgorod et Briansk.
Les faucons de l’appareil (…) ne cachent pas que Gerasimov devrait être renvoyé et remplacé par le légendaire général Sergey « Armageddon » Sourovikine. Ils soutiennent également avec
enthousiasme Alexander Bortnikov du FSB – qui a de facto résolu l’affaire extrêmement obscure de Prigojine – comme l’homme qui supervise actuellement la situation à Koursk.
(…)
La réaction du président Poutine à l’invasion du Koursk était visible dans son langage corporel. Il était furieux : pour l’échec militaire/renseignement flagrant, pour la perte évidente
de prestige, et pour le fait que cela enterre toute possibilité de dialogue rationnel sur la fin de la guerre.
Pourtant, il est parvenu à renverser la situation en un rien de temps, en désignant Koursk comme une opération antiterroriste (CTO), supervisée par Bortnikov, du FSB, et avec une logique
intégrée de « ne pas faire de prisonniers». (…)
Bortnikov est le spécialiste des opérations concrètes. Il y a ensuite le superviseur de l’ensemble de la réponse militaire/civile : Alexeï Dioumine, le nouveau secrétaire du Conseil
d’État, qui a notamment occupé le poste de chef adjoint de la division des opérations spéciales du GRU (renseignement militaire). Alexeï Dioumine n’en rapporte pas directement au
ministère de la défense ni au FSB : il rend compte directement au président.
Traduction : Gerasimov semble maintenant être au mieux une figure de proue dans tout le drame de Koursk. Les responsables sont Bortnikov et Dioumine.
Nous avons déjà parlé de la purge en cours au Ministère de la Défense, pour nettoyer les réseaux de corruption qui entouraient l’ancien ministre, Choïgou.
L’éphémère percée ukrainienne dans la région de Koursk pourrait être l’occasion d’autres remplacements, cette fois, dans le commandement militaire lui-même.
L'attaque de Koursk donne raison aux Russes sur la légitimité de zone de sécurité
Combien de temps les soldats ukrainiens vont-ils tenir dans la région de Koursk ? Que signifie le soutien de l’Occident à cette attaque, quelles en
seront les conséquences pour l’avenir du conflit ?
L’opinion de Xavier Moreau, directeur de Stratpol.
12 000 militaires des forces armées ukrainiennes sont entrés sur le territoire de la région de Koursk, dont de nombreux étrangers, a déclaré le chef adjoint de la direction
militaro-politique principale des forces armées russes, commandant des forces spéciales d’Akhmat, le général de division Apty Alaudinov.
Le général de division Apty Alaudinov, commandant des forces spéciales d’Akhmat, a récemment livré, sur la chaîne de télévision Rossiya, une
analyse cinglante de l’échec ukrainien dans l’opération visant à capturer la centrale nucléaire de Kourtchatov. Selon Alaudinov, la planification et l’exécution de cette opération se
sont révélées un fiasco, laissant les forces ukrainiennes avec des équipements détruits et un moral en berne.
Un échec stratégique pour les forces ukrainiennes
Le général Alaudinov n’a pas mâché ses mots en critiquant la stratégie ukrainienne. Il a affirmé que l’opération, censée aboutir à la prise de la
centrale le 11 du mois, a échoué de manière éclatante. Le général a souligné que les 11 600 hommes et les nombreux chars ukrainiens impliqués n’ont pas été à la hauteur des attentes.
Aujourd’hui, le 14, il dénonce l’inefficacité des forces ukrainiennes qui, malgré leur nombre, n’ont pas rempli leur mission.
Les conséquences dévastatrices pour les forces ukrainiennes
Alaudinov a décrit l’état des forces ukrainiennes, affirmant qu’elles avaient épuisé toutes leurs ressources sans succès. Selon lui, la plupart des
équipements ont été détruits suite à l’intensification des combats. Il critique également la direction militaire ukrainienne, suggérant que leurs actions ont été non seulement
inefficaces mais également coûteuses en matériel et en hommes.
Une réponse russe inflexible
Le général a également adressé un message fort en affirmant que la Russie, malgré les tentatives ukrainiennes de guerre éclair, est bien préparée pour
poursuivre les combats. Il a promis de «détruire
systématiquement tous les fascistes» présents sur le territoire russe. Alaudinov a assuré que les forces russes, armées de leur détermination et de leurs capacités, ne
laisseraient pas les forces ennemies s’échapper sans subir des pertes considérables.
Alors que le monde
entier commençait à oublier béatement l’existence de l’État failli misérable, anciennement connu sous le nom d’Ukraine, celui-ci nous a rappelé son existence en attaquant la région de Koursk,
en Russie, dont elle est frontalière. Plus d’un millier de soldats ukrainiens, dont beaucoup appartiennent à des formations nazies ayant fait leurs preuves au combat et dont beaucoup se sont
retirés de certaines parties du front existant de 1000 km, le long duquel la partie ukrainienne est
actuellement en train de battre méthodiquement en retraite, ont été équipés des chars et de l’artillerie restants, pour la plupart fournis par l’Occident à ce stade, et ont reçu l’ordre
d’attaquer une partie du territoire russe défendue faiblement et auparavant paisible, dans le cadre d’une attaque de type terroriste. Quelques mercenaires polonais et français et quelques
égorgeurs géorgiens bien connus ont également été repérés.
Au cours des deux jours suivants, ils ont perdu la plupart de leurs blindés et de leur artillerie ainsi qu’un bon tiers de leurs hommes, leurs voies de
réapprovisionnement ont été coupées et ils sont maintenant bloqués et sur le point d’être détruits par des troupes russes fraîches qui ont été dépêchées en urgence à la frontière ukrainienne.
Mais l’armée ukrainienne perd actuellement environ 2 000 hommes par jour, souvent à cause de bombardements de précision (les bombes de l’aviation russe, dont un très grand nombre a été stocké
à l’époque soviétique, ont récemment été dotées d’ailes courtes et de systèmes de guidage de précision), de sorte que le fiasco de Koursk n’est qu’un simple incident dans les statistiques.
Par contre, le fait de retirer les nazis du front existant risque de le faire s’effondrer encore plus rapidement.
Depuis ce matin, la Russie a instauré un régime d’exception anti-terroriste à Koursk et dans deux régions voisines, ce qui permettra aux autorités de
s’affranchir de certaines subtilités juridiques dans la gestion de l’incursion. Bien que les dommages causés par ces attaques aient été assez limités, la télévision d’État russe a produit des
rapports détaillés et accablants à ce sujet.
En particulier, un correspondant militaire très respecté, Yevgeny Poddubny, a subi de graves brûlures lorsqu’un drone kamikaze ukrainien a percuté la voiture
qu’il conduisait (les opérateurs de drones ukrainiens ciblent spécifiquement les journalistes). Plusieurs milliers de civils ont dû être évacués des régions frontalières (les Ukrainiens leur
ont tiré dessus alors qu’ils fuyaient), reçoivent de l’aide et sont hébergés ailleurs. Nombre d’entre eux ont dû laisser derrière eux leurs animaux de compagnie et leur bétail – un aspect qui
semble avoir mis en colère les téléspectateurs russes plus que toute autre chose.
Bien qu’il semble trop tôt pour dire quel sera le résultat final de l’incursion de Koursk, par analogie avec l’incursion de Belgorod, qui s’est produite il y a
quelque temps et a entraîné la création d’une zone tampon de l’autre côté de la frontière dans la région de Kharkov, nous sommes amenés à penser que la région de Sumy subira le même sort :
les Russes organiseront une généreuse bande de territoire ennemi, complètement dépeuplée, massivement minée et soigneusement surveillée à la recherche de tout signe d’activité humaine pour se
prémunir contre de nouvelles incursions.
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps,
des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses
années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la
1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Trois brigades ukrainiennes sont impliquées, plus un certain nombre de bataillons qui ont été dépêchés loin de leurs brigades engagées dans d’autres
parties du front. Les 80e et 82e brigades de parachutistes sont les principales forces, qui ont été en partie formées en Grande-Bretagne et en Allemagne et utilisent du matériel
occidental. La 22e brigade mécanisée est la troisième unité majeure. Il y a ensuite de cinq à dix bataillons provenant de diverses autres brigades.
The
Economistrapporte (archivé) sur l’opération effectuée dans un hôpital de Sumy :
«Le compte-rendu
des blessés en Ukraine laisse entendre que ce n’était pas une promenade dans le parc, et que cela reste risqué. La salle d’hôpital sent le sacrifice : De la terre, du
sang et de la sueur rance. Des bandages brûlés en papier d’aluminium bordent le couloir. Dans la cour, les patients, certains enveloppés comme des momies de la tête aux pieds
dans des bandages, fument furieusement. Angol, un parachutiste de 28 ans de la 33e brigade, ressemble à un sapin de Noël. Son bras gauche est immobilisé par un dispositif de fixation.
Des tubes, des sacs et des fils sortent de son corps. Il était également à environ 30 km en Russie quand sa chance a tourné. Il n’est pas sûr si c’était l’artillerie ou une bombe qui
l’a frappé. Peut-être que c’était le feu des alliés ; il y en avait beaucoup. Tout ce dont il se souvient, c’est qu’il s’est jeté au sol et a crié «300», le code pour les blessés. Les
Russes étaient en fuite jusqu’à ce moment-là, insiste-t-il, abandonnant aussi vite qu’ils le pouvaient leurs équipements et munitions».
Il n’est pas étonnant que les troupes frontalières russes aient pris la fuite. Ils étaient pour la plupart des conscrits et n’étaient pas suffisamment
armés pour résister à une attaque avec des blindés :
«Certains aspects
de l’opération ukrainienne semblent avoir été soigneusement planifiés. La sécurité opérationnelle a apporté l’élément de surprise, un aspect crucial de la guerre. «Nous avons envoyé
nos unités les plus prêtes au combat vers le point le plus faible de leur frontière», explique une source du personnel général déployée dans la région. «Les soldats conscrits ont fait
face aux parachutistes et se sont simplement rendus». Mais d’autres aspects de l’opération indiquent une certaine hâte dans la préparation. Les trois
soldats cités dans cet article ont été retirés, sans repos, des lignes de front sous pression à l’est avec un préavis d’à peine une journée».
L’armée ukrainienne a débarqué avec les meilleurs soldats qu’elle avait encore, plus quelques figurants qui avaient été jetés là. Les unités russes qui
ont été déplacées à la frontière ont mis un terme au mouvement ukrainien. Les pelotons de reconnaissance mobiles que les Ukrainiens ont envoyés sur les routes pour déborder les villes
ont été en grande partie éliminés. Les progrès énormes observés sur certaines cartes amicales de l’Ukraine semblent maintenant beaucoup plus petits. Une trentaine de petites localités
ont été prises, mais même le centre administratif local de Sudzha, qui comptait auparavant 6000 habitants, n’a pas été entièrement conquis.
Une nouvelle tentative ukrainienne de traverser la frontière au point de contrôle de Kolotilovka dans la région de Belgrade a échoué et les unités
ukrainiennes impliquées ont
subi des pertes.
La Russie a donc surtout contenu l’assaut ukrainien. L’opération est maintenant un nouveau hachoir à viande comme Krinky sur le front sud était
auparavant. Un puits d’attrition isolé sur le plan opérationnel dans lequel les Ukrainiens devront alimenter de plus en plus de réserves qu’ils n’ont pas ou se retireront d’une limite
forestière à l’autre.
Les drones et les bombardiers russes mènent maintenant le combat. Le ministère russe de la Défense affirme que
l’incursion ukrainienne a perdu une grande partie de son équipement blindé (traduction automatique) :
«Au total, pendant
les combats dans la région de Koursk, l’ennemi a perdu jusqu’à 1610 militaires, 32 chars, 23 véhicules blindés de transport de troupes, 17 véhicules de combat d’infanterie, 136
véhicules blindés de combat, 47 véhicules, quatre systèmes antiaériens de missiles, un lance-roquettes à lancement multiple et 13 pièces d’artillerie de campagne».
La partie ukrainienne était consciente du danger que pouvait représenter son fonctionnement. Comme l’écrit The
Economist :
«L’Ukraine ne
semble pas renforcer ses positions dans un sens sérieux. «Notre veau a besoin d’un loup», prévient la source de sécurité, qui utilise un dicton local pour mettre en garde contre des
objectifs trop ambitieux. (…)
La source met en
garde contre la comparaison de l’incursion à Kursk avec la reprise rapide et réussie par l’Ukraine d’une grande partie de la province de Kharkiv à la fin de 2022. L’armée russe prend
la guerre plus au sérieux maintenant, dit-il : «Le danger est
que nous tombions dans un piège et que la Russie nous casse les dents»».
Il me semble que c’est exactement ce qui s’est passé. C’était tout à fait prévisible.
L’opération est cependant un succès momentané, car elle a augmenté le moral des Ukrainiens :
«Fatigués, sales
et épuisés, les soldats disent ne regretter aucune partie de l’opération risquée qui a déjà tué des dizaines de leurs camarades : ils y reviendraient en un clin
d’œil. «Pour la première
fois depuis longtemps, nous avons du mouvement», dit Angol. «Je me suis senti comme un tigre»».
Cette semaine de bonnes nouvelles pour l’Ukraine touche à sa fin. Les unités impliquées, qui ont déjà perdu une brigade entière de matériel, vont se
réduire encore plus. Il n’y aura personne pour les remplacer. Dans le Donbass, l’armée russe poursuit son offensive contre les unités ukrainiennes affaiblies et en retraite. New York,
Chasiv Yar et Toretsk seront bientôt prises.
Il y aura bientôt des questions posées à Kiev, «Quel était le point ?» À laquelle personne n’aura de bonne réponse. Le commandant en
chef ukrainien, le général Syrski, devra peut-être quitter la région même si les pressions pour mener à bien cette opération désespérée sont venues d’ailleurs, comme l’écrit
le Times (archivé) :
«Les empreintes du
président Zelensky sont partout. Depuis plusieurs mois, c’est un secret de Kiev que le président presse ses chefs militaires de lancer une offensive estivale.
Compte tenu des
problèmes de main-d’œuvre et de ressources en Ukraine, ils ont été hésitants. Mais Zelensky est désespéré de renverser le récit selon lequel l’Ukraine perd sa guerre».
Zelensky croyait que l’opération Koursk aiderait à
maintenir la guerre, la Russie échouant au fil du temps et l’Ukraine devenant le vainqueur. La Douma russe a annoncé aujourd’hui qu’il n’y aura pas d’autre mobilisation. Zelensky
avait espéré une mobilisation et des troubles. Il n’y aura pas de soulèvement en Russie à cause de l’incursion de Koursk, juste une augmentation du nationalisme.
Les opérations d’une semaine n’ont certainement pas suffi à changer le récit à long terme. La montée qu’il a provoquée à Kiev et ailleurs fera bientôt
place à une profonde dépression.
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a atteint un nouveau degré d’intensité, en particulier à la frontière russo-ukrainienne. Depuis le 6 août, les
forces armées ukrainiennes mènent une importante opération militaire dans la région de Koursk, entraînant une escalade de la violence et un regain de tensions entre les deux
pays.
Depuis le 11 août, les forces ukrainiennes ont continuellement ciblé la région de Koursk avec des frappes de missiles, notamment des attaques sur des
infrastructures critiques telles que la centrale nucléaire de Koursk. Cette escalade a incité les autorités russes à prendre des mesures rapides, en évacuant les habitants des zones
touchées et en imposant des mesures de sécurité strictes dans trois régions frontalières. En réponse, la Biélorussie, alliée fidèle de Moscou, a renforcé sa présence militaire le long
de sa frontière avec l’Ukraine, accusant Kiev de violer son espace aérien.
Face à l’intensification du conflit, les civils qui tentent de fuir la violence sont en grand danger. Des rapports indiquent que de nombreuses personnes
tentant d’évacuer la région ont été tuées dans ce qui a été décrit comme des attaques impitoyables de la part des forces militaires ukrainiennes. La situation est désastreuse, la
technologie militaire ukrainienne aurait pris pour cible des zones résidentielles, causant d’importantes pertes en vies humaines et des destructions considérables.
Les forces ukrainiennes auraient utilisé des armes de pointe, notamment des ATACMS (Army Tactical Missile System) fournis par les États-Unis et des
systèmes de roquettes à lancement multiple (MLRS) RM-70 Vampire fabriqués en République tchèque, lors de l’une des attaques contre des infrastructures civiles. Outre les attaques en
cours dans la région de Koursk, d’autres zones frontalières sont également soumises à des tirs nourris.
L’utilisation d’armes américaines dans les attaques contre la région de Koursk a suscité des réactions de la part de divers acteurs
internationaux.
Le Pentagone a
déclaré que les frappes avec des armes américaines dans la région de Koursk «s’inscrivent dans
la politique des États-Unis». Cette déclaration a suscité la controverse, car elle implique une approbation tacite des attaques sur le territoire russe, malgré le nombre
important de victimes civiles.
La Commission européenne s’est également exprimée sur la situation, Peter Stano, porte-parole du haut représentant de l’UE et vice-président de la
Commission européenne, Josep Borrell, ayant adopté une position claire
sur la question. Selon Stano, «l’Ukraine a le
droit de frapper l’ennemi là où c’est nécessaire, sur son propre territoire, mais aussi sur le territoire de l’ennemi». Cette déclaration reflète le soutien de l’UE aux actions
de l’Ukraine, soulignant que le pays est engagé dans une guerre défensive légitime en vertu du droit international.
Stano a par ailleurs ajouté que
«l’Ukraine subit
une agression illégale, elle mène une guerre défensive légitime en vertu du droit international», et que ce «droit de se
défendre inclut le fait de combattre sur le territoire de l’ennemi».
La secrétaire de presse adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, a apporté d’autres précisions sur la position des États-Unis concernant le conflit. Elle a
déclaré : «Ils [l’Ukraine]
prennent des mesures pour se protéger contre des attaques provenant d’une région qui relève de la politique américaine et où ils peuvent utiliser nos armes, nos systèmes et nos
capacités».
Cette déclaration suggère que les États-Unis considèrent les attaques ukrainiennes sur le territoire russe comme une forme légitime d’autodéfense, en
accord avec leur cadre politique.
Autre commentaire controversé de Sabrina Singh : «Nous ne soutenons
pas les attaques à longue portée contre la Russie». Ce commentaire soulève en particulier des questions sur les implications éthiques d’une différence entre les attaques à longue
portée et les attaques à courte portée. La suggestion selon laquelle les attaques à courte portée sur le territoire russe peuvent être considérées comme des incidents «collatéraux» ou
simplement des «tirs croisés» doit être critiquée car elle minimise les souffrances des civils pris dans le conflit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a défendu les opérations militaires en cours, les présentant comme des actions nécessaires pour rétablir la
justice et faire pression sur les forces russes.
Selon Volodymyr Zelensky, il s’agit d’une «incursion en
territoire russe pour «rétablir la justice» et faire pression sur les forces de Moscou».
Dans une déclaration récente, il a souligné que les actions militaires sont une réponse à l’agression continue de la Russie et ont pour but de pousser
la guerre sur le sol russe.
«Aujourd’hui, j’ai
reçu plusieurs rapports du commandant en chef Syrsky concernant les lignes de front et nos actions visant à pousser la guerre sur le territoire de l’agresseur», a-t-il déclaré
samedi en fin de journée.
«L’Ukraine prouve
qu’elle est capable de rétablir la justice et d’exercer le type de pression nécessaire, c’est-à-dire la pression sur l’agresseur».
Le gouvernement russe a condamné les actions de l’Ukraine, les qualifiant d’attaques terroristes visant à terroriser les civils russes.
Maria Zakharova, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, a publié une déclaration ferme
en réponse aux frappes ukrainiennes – «Le régime de Kiev
continue de mener ses attaques terroristes dans le seul but de terroriser les civils russes… tout en étant parfaitement conscient que ces attaques barbares sont dépourvues de tout
objectif militaire, il continue de travailler grâce aux prêts accordés par ses maîtres».
La situation à la frontière russo-ukrainienne rappelle brutalement l’impact dévastateur de la guerre sur les populations civiles. Au fur et à mesure que
le conflit s’intensifie, le nombre de victimes innocentes ne cesse d’augmenter.
On peut espérer que les pays occidentaux se rendront enfin compte qu’il existe une limite qui, si elle est franchie, pourrait avoir des conséquences
irréversibles.
Effondrement de l’armée ukrainienne, situation tendue au Proche-Orient et basculement du monde qui s’accélère : Analyse de Erwan Castel en direct de
Moscou.
Dans cet épisode, nous
revenons avec Karine Bechet-Golovko sur la récente attaque ukrainienne dans la région russe de Koursk. Comment l'état-major russe a pu ignorer les informations fournies par le FSB? Pourquoi
l'armée russe a été incapable de réagir rapidement? et surtout, comment cette attaque sera-t-elle perçu autant par l'OTAN que par les alliés de la Russie? Nous aborderons également la récente
rupture des relations diplomatiques entre le Mali et l'Ukraine, ainsi que les conditions qui doivent être réunies par les Etats africains, pour quitter définitivement la tutelle
occidentale.#kursk#koursk#ukraine#russie#décryptageKarine Bechet-Golovko est analyste politique et Professeur invité de Droit à l'Université d'Etat de Moscou. Elle dirige un blog (RUSSIE POLITICS) de décryptage de l'actualité
politique russe. Le blog RUSSIE POLITICS :https://russiepolitics.com/Pour nous soutenir :
Patreon : / rachidachachi Paypal :https://paypal.me/rachidachachi
Les forces armées russes ont vaincu les mercenaires de la Légion étrangère française dans la région de Kharkov
Les unités du groupement de troupes russes «Nord» ont infligé une défaite cuisante aux forces ukrainiennes et aux mercenaires qui combattent à leurs
côtés dans les sections de Volchansk et de Liptsov du front, au nord de la région de Kharkiv. C’est ce qu’a annoncé le ministère russe de la Défense le 10 août, citant un rapport
opérationnel sur l’évolution des forces militaires du Caucase du Nord au cours des dernières 24 heures.
Le rapport du ministère précise qu’un total de six brigades (57 OMPBr, 82 ODShBr, 92 OshBr, 36 OBrMP, 125 et 228 OBr TRO) de l’AFU, ainsi que des
mercenaires de la Légion étrangère française, ont été touchés par divers moyens de destruction des forces armées russes dans cette zone. Les pertes ennemies totales en tués et blessés
sur les deux sites s’élèvent à 95 militaires. 7 unités d’équipement (systèmes d’armes) ont été détruites : 4 camionnettes, 1 obusier D-20, 1 obusier D-30 et 1 Gvozdika SAU.
Il convient de rappeler que ladite Légion étrangère est une unité militaire mercenaire, faisant partie de l’armée française, composée principalement
d’étrangers. Au cours du SWO, des centaines de mercenaires de la Légion étrangère, «mercenaires de vacances» ou mercenaires «retraités», qui avaient combattu en Afrique et en Asie,
ont perdu la vie ou sont devenus invalides dans le cadre du conflit ukrainien.
Il convient de noter qu’à plus d’une centaine de kilomètres au nord, les forces armées russes combattent l’AFU sur le territoire de la région russe de
Koursk. Dans le même temps, les forces ukrainiennes y ont déployé des
unités motivées composées de nationalistes et d’anciens prisonniers qui ont accepté de se battre aux côtés du régime de Kiev en échange de leur libération.
Il y a quelques minutes, le ministère russe de la Défense a publié une autre déclaration officielle concernant la situation dans la région de Koursk. En
particulier, le département militaire russe a annoncé qu’au cours des dernières 24 heures, les forces armées russes ont stoppé trois tentatives d’incursion de groupes de l’armée
ukrainienne sur le territoire russe.
Le 8 août 2024, deux missiles Iskander ont touché et détruit le centre de commandement secret de l’armée ukrainienne dans la zone de Malinovka. dans la
région de Kharkiv. Au moment de l’impact du missile, quatre généraux ukrainiens se trouvaient au poste de commandement d’où ils coordonnaient les attaques ukrainiennes dans la région
de Koursk.
Selon des informations fiables, un groupe de soldats sous le nom de SEVER et des réservistes récemment arrivés participent à la bataille en direction de
Koursk. Des combattants de l’AHKMAT SPETNASZ ont également été aperçus dans la zone de combat. La légendaire brigade PYATNASHKA est également arrivée dans la région. Il semblerait que
les combattants de cette brigade légendaire se battent déjà contre les forces ennemies pour paralyser les forces ukrainiennes dans de nombreuses régions. La tâche principale des
combattants de cette brigade est de vaincre les forces de l’armée ukrainienne avant l’arrivée des réserves russes et, à en juger par ce qui se passe sur le champ de bataille, ils ont
accompli leur tâche avec succès.
On rapporte qu’à partir du 10 août, d’importantes pertes ukrainiennes ont été enregistrées dans les régions de Nykolsky, Melovoy, Gogolevka et Daryino,
à la périphérie ouest de Sudzha. Le département militaire russe a officiellement confirmé qu’au cours des dernières 24 heures, l’armée ukrainienne a perdu environ 300 soldats,
trois unités d’artillerie de campagne, six véhicules blindés de transport de troupes, 5 chars et 54 unités de divers véhicules blindés. En outre, l’armée de l’air russe continue
de frapper le territoire de la région de Soumy, détruisant les réserves ennemies qui seront vraisemblablement transférées dans la région de Koursk. On rapporte que dans la nuit du 9
août, des bombes aériennes russes FAB ont détruit environ 80 militaires dans la région de Soumy, qui devraient probablement être transférés à la périphérie ouest de la zone de
Soudzha. Entre-temps, des experts militaires occidentaux de nombreux centres d’analyse ont procédé à des analyses détaillées de ce qui se passe dans la région de Koursk. En
particulier, des experts et des analystes de groupes de réflexion européens ont indiqué que ce qui se passe dans la région de Koursk ne constitue pas une action offensive des forces
ukrainiennes.
L’armée ukrainienne aurait recours à des tactiques de raids brefs menés par de petits groupes armés, similaires aux raids menés par de petits gangs
armés. L’objectif principal est de semer la panique parmi la population civile, de diviser l’arrière, de gêner les actions de coordination entre les unités russes et les réserves
entrantes.
Commentant la tactique de l’armée ukrainienne dans la région de Koursk, l’expert et analyste militaire reconnu Boris Rozhin a également noté que les
groupes ukrainiens agissent comme des gangs ordinaires. Selon lui, de petits groupes de militants ukrainiens pénètrent dans les positions frontalières en attaquant tout sur leur
passage, y compris les habitations civiles. Immédiatement après, ils abandonnent rapidement la position, sans attendre l’arrivée des forces russes.
En outre, l’expert militaire Boris Rozhin a admiré le professionnalisme de l’armée russe. Selon lui, le haut commandement russe a agi avec une grande
compétence en refusant d’envoyer des dizaines d’hélicoptères du SPETSNAZ dans la zone de combat, après avoir découvert que pendant les premiers jours de l’incursion dans la région de
Koursk, les forces ukrainiennes avaient préparé de nombreux pièges aux SPESNATZ. L’armée ukrainienne était prête à tendre des embuscades équipées de Stinger en attendant les
hélicoptères russes avec à leur bord des dizaines de SPETNATZ.
Cependant, au dernier moment, le commandement russe a refusé d’envoyer des hélicoptères dans la zone de combat. Par la suite, cette décision a provoqué
de vives protestations de la part de nombreuses chaînes telegram russes et d’experts militaires qui, dès la première minute de l’invasion ukrainienne, ont exhorté les généraux russes
à envoyer des hélicoptères avec les troupes SPETNATZ dans la ville de Sudzha. Heureusement, le haut commandement russe a ignoré les demandes de nombreux experts et chaînes telegram et
le temps a montré que c’était la bonne décision.
Entre-temps, on a appris que les missiles Iskander avaient éliminé quatre généraux ukrainiens. En particulier, la chaîne telegram russe Iznanka, connue
pour ses contacts avec des sources du ministère russe de la Défense, a rapporté que le 8 août 2024, deux missiles Iskander ont touché et détruit le centre de commandement secret de
l’armée ukrainienne dans la zone de Malinovka. dans la région de Kharkiv. Il semblerait qu’au moment de l’impact du missile, quatre généraux ukrainiens se trouvaient au poste de
commandement d’où ils coordonnaient les attaques ukrainiennes dans la région de Koursk.
Il s’agit des
généraux de l’armée ukrainienne MIKHAIL DRAPATY, ANDREY IGNATOV, VLADIMIR GORBATYUK et ALEXANDER PIVNENKO.
Si cette information est officiellement confirmée dans les prochains jours, on peut supposer que l’armée ukrainienne a subi un coup dévastateur d’où ne
pourra plus s’en sortir, car il sera pratiquement impossible pour le régime de Kiev de remplacer physiquement des officiers supérieurs et expérimentés de l’armée ukrainienne de cette
importance.
Les médias sociaux appellent la population ukrainienne à investir dans des panneaux solaires et des générateurs. Après les attaques ciblées sur l’approvisionnement en énergie de l’Ukraine au
cours des derniers mois, le temps presse : plus de la moitié de l’infrastructure concernée est endommagée. A Kiev aussi, les coupures de courant de plusieurs heures font désormais partie du
quotidien. Les besoins de remise en état sont déjà estimés à 50,5 milliards de dollars. L’approvisionnement en énergie est fondamental pour le fonctionnement de l’État et de la société. On peut
la comparer à la reine du jeu d’échecs : si elle est perdue, on n’a aucune chance face à un adversaire vigilant.
Fin juin, le président ukrainien a réuni l’état-major pour discuter de
la gestion des menaces dans le secteur de l’énergie : le cabinet des ministres doit approuver immédiatement un programme d’État qui encourage les ménages – par le biais d’avantages fiscaux et
douaniers pour l’importation d’équipements en Ukraine – à installer des panneaux solaires et des systèmes de stockage d’énergie. En outre, la stratégie de développement de la production d’énergie
décentralisée et le plan d’action national pour le développement des énergies renouvelables d’ici 2030, ainsi que les plans de mise en œuvre, devraient être approuvés dans un délai d’un
mois.
Pas d’argent, pas de temps
Mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans la pratique. Cette semaine, la question de la décentralisation de l’approvisionnement énergétique a été
débattue lors d’une conférence organisée par l’opérateur de réseau public NPC Ukrenergo en présence de
représentants du gouvernement ukrainien et de plus de 300 experts du secteur énergétique, du secteur bancaire et des communautés locales. Pour Volodymyr Kudrytskyi, président du conseil
d’administration d’Ukrenergo, il ne fait aucun doute que « la
seule façon de construire un système énergétique durable, sûr et résilient est de construire 200 centrales de 5 MW au lieu d’une centrale de 1 000 MW. » Andriy Gerus, président de
la commission parlementaire de l’énergie, a pour sa part souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes de régulation efficaces et des initiatives législatives qui aideront à attirer les
investissements dans ce secteur. En fait, il y a un manque d’infrastructures, un manque de moyens financiers et surtout un manque de temps. La (re)construction d’un système énergétique national
ne peut pas se faire en quelques mois.
Le ministère ukrainien de l’énergie fait désormais la promotion, via les médias sociaux , de crédits
subventionnés par l’État et destinés aux particuliers qui installent chez eux des équipements de production d’électricité à partir de sources d’énergie alternatives.
C’est une course contre la montre. Reste à savoir si les panneaux solaires auront l’effet escompté dans un pays où l’ensoleillement est inférieur à quatre heures par jour en hiver.
Toutefois, lors de la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine (URC) à la mi-juin, le ministre Robert Habeck a souligné que les énergies renouvelables
présentaient un avantage convaincant en matière de sécurité. Contrairement à une centrale nucléaire concentrée, un réseau étendu de panneaux solaires offrirait une cible bien moins attrayante
pour des attaques.
Des milliards de dommages
Les gouvernements de l’UE ont débloqué le premier versement officiel d’environ 4,2 milliards d’euros à l’Ukraine dans le cadre d’un paquet de 50 milliards d’euros
de prêts et de subventions visant à soutenir la reconstruction du pays. Le Conseil a déclaré que l’Ukraine avait progressé, notamment dans le domaine de l’énergie.
Mais après les attaques ciblées sur l’infrastructure énergétique ukrainienne depuis le printemps, les dommages et donc les problèmes d’approvisionnement se
multiplient. A Kiev aussi, les coupures de courant de plusieurs heures font désormais partie du quotidien. Début mai, le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba avait déjà évoqué le fait
que la moitié du système énergétique ukrainien était
endommagée.
L’équipe d’analyse de la Kyiv School of Economics
(KSE) estime que d’ici mai 2024, les dommages accumulés dans le secteur énergétique ukrainien s’élèveront à plus de 16,1 milliards de dollars. Les dommages les plus importants ont été
causés par la destruction des installations de production d’électricité (8,5 milliards USD), des installations de transmission (2,1 milliards USD) et des infrastructures pétrolières et gazières
(3,3 milliards USD). À cela s’ajoutent environ 40 milliards de dollars de manque à gagner pour le secteur énergétique ukrainien et 0,5 milliard de dollars pour les réparations courantes
nécessaires.
Les besoins de remise en état sont chiffrés à 50,5 milliards de dollars. L’enveloppe de 50 milliards de l’Union européenne serait donc déjà épuisée.
Avant 2021, près de 65 % des besoins énergétiques totaux de l’Ukraine étaient couverts par la production nationale. L’Ukraine était le septième producteur mondial
d’énergie nucléaire, avec 83 TWh en 2019. L’Ukraine dépend des importations pour environ 83 % de sa consommation de pétrole, 33 % de sa consommation de gaz naturel et 50 % de sa consommation de
charbon. La Biélorussie a été le principal fournisseur de produits raffinés de l’Ukraine.
Avant l’effondrement ?
Outre la production d’énergie, sa distribution est également essentielle. Les grandes sous-stations électriques sont donc des infrastructures critiques et des
cibles potentielles. L’approvisionnement en énergie est fondamental pour le fonctionnement de l’État et de la société. Elle peut être comparée à la dame dans un jeu d’échecs : si elle est
perdue, on n’a aucune chance face à un adversaire vigilant. L’avenir immédiat de l’Ukraine dépend donc peut-être moins des F-16 ou des élections américaines que de la poursuite de l’effondrement
de l’approvisionnement énergétique. Si des difficultés d’approvisionnement s’ensuivent, l’afflux de réfugiés en Pologne et dans d’autres États membres de l’UE augmentera. Des groupes de réflexion
s’efforcent de rassurer : les sondages d’opinion montreraient que les Ukrainiens ne considèrent pas les problèmes d’électricité comme une raison directe de leur intention d’émigrer (tant à
l’étranger qu’à l’intérieur du pays). Toutefois, ce sondage d’opinion a été réalisé en mars de cette année, et donc avant les frappes ciblées sur l’infrastructure énergétique.
Hier, l’armée
ukrainienne a lancé une attaque contre la Russie depuis la région septentrionale de Sumy vers l’oblast russe de Kursk. Deux ou trois brigades ukrainiennes étaient impliquées. Elles ont
progressé d’environ 5 kilomètres, mais ont immédiatement subi de lourdes pertes en vies humaines et en matériel du fait de la réaction de l’armée de l’air russe. Au cours de la nuit, les troupes ukrainiennes se sont
retranchées et ce matin, elles ont tenté d’étendre leurs positions en attaquant la ville de Sudzha.
L’armée russe affirme que l’attaque ukrainienne a été stoppée. Les réserves de la région ont été activées et vont déloger les Ukrainiens du terrain russe. Il ne fait aucun doute que cet objectif sera atteint d’ici un jour ou deux.
L’opération ukrainienne n’a guère de sens. Il est de notoriété publique que la Russie dispose de nombreuses forces dans la région. Elle n’aura pas besoin
d’arrêter ses attaques dans la région de Donetsk pour contrer les forces ukrainiennes près de Sumy.
En 1943, l’attaque allemande sur Koursk a été lancée pour une raison similaire : Détourner les forces russes de l’attaque dans la région de Donetsk. Elle s’est soldée par une défaite totale.
Même les commentateurs pro-ukrainiens sont consternés par ce gaspillage évident d’hommes et de ressources :
La situation dans la direction de Pokrovsk est critique, les défenses de plusieurs zones se sont effondrées et doivent encore se stabiliser, en grande
partie à cause d’un manque de personnel. Le fait de détourner près d’une brigade pour lancer un assaut, qui manque de sens stratégique, sur l’oblast de Koursk frise l’incapacité
mentale.
Le général Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien et apparemment responsable de cette opération, est connu pour être un imbécile.
Des rumeurs circulaient depuis un certain temps selon lesquelles la Russie prévoyait de reproduire à Sumy la diversion qu’elle avait réalisée dans la région de
Kharkiv. Au nord de Kharkiv, les forces russes ont franchi la frontière ukrainienne, progressé d’une dizaine de kilomètres et se sont retranchées. Les Ukrainiens ont dû retirer des troupes du
front de Donetsk pour contrer l’avancée menaçante des Russes vers Kharkiv. Le détournement des troupes ukrainiennes a permis aux Russes de faire des percées dans la région de Donetsk.
L’attaque ukrainienne actuelle de Sumy vers Koursk donne à la Russie le prétexte idéal pour lancer une nouvelle incursion en Ukraine.
Deux ou trois brigades russes pourraient se diriger vers Sumy, s’y retrancher et détruire les unités ukrainiennes qui contre-attaqueraient. Les unités que les
Ukrainiens enverraient pour stopper une incursion russe vers Sumy manqueraient dans d’autres parties du front où elles sont nécessaires de toute urgence.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Les États-Unis s’apprêtent à faire la guerre pour Odessa
L’avantage quand on lit la presse des États-Unis et les débats dans ce pays c’est que nous sommes dans les vertus de «l’utilitarisme» : Les intérêts
financiers et économiques y sont des vertus en soi (l’enrichissement est la manifestation directe de la bénédiction divine). Ils ne sont pas masqués sous le flot de bons sentiments
désintéressés dont croit devoir s’embarrasser la propagande bourgeoise française de droite comme de gauche… Ainsi en est-il de la déclaration devant le Sénat américain de
l’administration américaine sur la défense becs et ongles d’Odessa pour le régime ukrainien… Contrôler Odessa c’est empêcher que la Russie concurrence les céréales américaines
au plan mondial. Mais lisez plutôt cette démonstration imparable.
Danielle Bleitrach
*
par Serguei
Savtchouk
L’autre jour, le Sénat américain a tenu une nouvelle audition – et il y avait de quoi écouter. James O’Brien, conseiller du secrétaire d’État pour les
affaires européennes et eurasiennes, a été le plus enflammé de tous. Dans son discours plein d’émotion, il a fait l’éloge de l’Arménie libre, qui s’est engagée sur la voie de
l’intégration européenne, a exigé de la Géorgie qu’elle renonce à construire un port maritime avec la Chine et a calmé l’opinion publique alarmée en déclarant que l’OTAN avait
commencé à élaborer une nouvelle stratégie militaire à l’égard de la Russie. En gros, comme le disent les jeunes d’aujourd’hui, il a été à fond la caisse.
Dans ce flot de gendarmerie démocratique, la belle Odessa brillait comme un diamant à part. M. O’Brien a déclaré sans ambages que les États-Unis ne
pouvaient pas permettre à la Russie de s’emparer de cette ville, car Moscou contrôlerait alors 20% du marché mondial des céréales.
Veuillez relire encore une fois, lentement : non pas parce qu’il est nécessaire de préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais uniquement pour
empêcher les Russes de dominer le marché mondial. Il est quelque peu gênant de rappeler le vieil axiome selon lequel l’Amérique ne se bat pas pour l’Ukraine, mais contre la Russie,
sans se soucier d’une bagatelle telle que les pertes humaines de Kiev. Comme on dit, les masques sont tombés, vous êtes priés de vous raser.
Au-delà du sarcasme, le problème qui se pose à Washington en cas de perte d’Odessa et des ports de la côte de la mer Noire est une préoccupation logique
pour les États-Unis, où les affaires sont assimilées à la religion et où le profit est sacré.
Comme toujours, commençons par les chiffres, car le profane moyen met souvent tout les céréales dans le même sac, ce qui n’est pas juste.
Comme le dit la sagesse populaire russe, le pain est la tête de tout, et la population mondiale en croissance rapide consomme de plus en plus de blé et
de produits connexes. Les céréales sont les cultures les plus utilisées dans le monde en raison de leur résistance suffisante aux conditions climatiques, de leur facilité de stockage
et de transport et de l’incroyable étendue de leur utilisation en tant que denrées alimentaires de base. Le marché mondial des céréales repose sur les piliers suivants : le maïs, le
blé, le riz, l’orge, l’avoine et le seigle. Dans le segment occidental, le sorgho vient s’ajouter à la liste. Le sorgho est également cultivé en Russie, par exemple dans les régions
de Volgograd, de Rostov et d’Orenbourg, mais la superficie cultivée est faible par rapport aux autres cultures.
La reine des céréales est sans conteste le maïs. Plus d’un milliard de tonnes sont récoltées chaque année dans le monde. Le blé occupe la deuxième place
: l’année dernière, les agriculteurs sans frontières ont battu 785 millions de tonnes. Viennent ensuite le riz (523 millions), l’avoine (25 millions) et l’orge (20,5 millions), ainsi
que le seigle (11 millions). Il n’est pas réaliste de passer en revue les données relatives à toutes les cultures dans un bref article, c’est pourquoi nous nous concentrerons sur les
deux principales cultures.
Ainsi, comme on le sait, le principal pays exportateur de produits agro-industriels est les États-Unis. L’année dernière, les Américains ont échangé les
produits de leur terre pour 195 milliards de dollars. En comparaison, les exportation d’armes, dont on fait grand cas, au cours de la même période ont rapporté 238 milliards aux
entreprises américaines. La différence n’est pas si importante.
Dans ce contexte, comment ne pas se souvenir des contes de fées mielleux qui ont été servis aux Ukrainiens lors de l’Euromaidan et plus tard, promettant
que l’Ukraine deviendrait désormais un grenier à blé européen, voire mondial. Cependant, les astucieux oncles de Washington ont oublié d’informer qu’il y a déjà le requin le plus gras
dans cet océan et qu’il n’a pas du tout besoin de concurrents. De même, on n’a pas dit à tous ceux qui rêvent de slips en dentelle qu’il n’existe pas de superpuissance purement
agricole dans le monde. Outre le secteur agricole le plus puissant, les États-Unis sont un leader dans le domaine des technologies de pointe à forte intensité scientifique.
La production céréalière totale des États-Unis cette année devrait s’élever à 160 milliards de dollars, dont plus de 31 milliards seront exportés. Les
importations, quant à elles, ne dépasseront pas un milliard. Les États-Unis sont le plus grand producteur de maïs au monde. Environ 15 millions de boisseaux y sont cultivés chaque année, ce qui équivaut à 405
millions de tonnes, alors que les Américains eux-mêmes n’en consomment qu’un dixième, le reste étant vendu à l’étranger. La Russie a récolté 15,8 millions de tonnes à la fin de la
saison 2023/24, dont 11 ont été utilisées pour les besoins intérieurs (90 % pour la production d’aliments pour animaux).
Pour le blé, la situation est inverse, mais les États-Unis rattrapent leur retard. L’année dernière, nos agriculteurs ont récolté 92,8 millions de
tonnes de blé, dont 51 millions ont été vendus à l’exportation, ce qui représente près de 13 % du marché mondial. Les États-Unis ont battu 54,7 millions de tonnes, mais il faut savoir
qu’il y a seulement trois ans, ils avaient récolté dix millions de tonnes de moins. Les exportations se sont élevées à 27,5 millions, soit moins de 7 % du marché.
Quant à l’Ukraine, le ministère de l’agriculture local a fait état l’an dernier de 21 millions de tonnes de blé récoltées, ajoutant, la larme à l’œil,
que les territoires «occupés» en ont reçu 4,4 millions de plus. En 2023, alors que l’initiative sur les céréales de la mer Noire était en vigueur, 49 millions de tonnes de céréales
ont été transbordées dans les ports ukrainiens pour l’exportation, dont 6,5 millions de tonnes de maïs, 6 millions de tonnes de blé, et 900 000 tonnes d’orge et de seigle dans les
cales des cargos secs.
Au départ, on pensait que les céréales ukrainiennes devaient être exportées dans l’intérêt des enfants affamés d’Afrique, mais il s’est avéré par la
suite qu’environ trois pour cent des céréales sont allées sur le continent noir, tandis que le reste s’est installé en toute sécurité en Europe. Dans le même temps, tout le monde se
souvient des grèves de plusieurs mois des agriculteurs polonais, hongrois et autres, qui ont même bloqué la frontière avec l’Ukraine, exigeant l’arrêt de ce flux de céréales
déversées, qui rendait leur propre production non rentable. Et les agriculteurs européens ne mentaient pas.
De même que l’économie européenne est devenue accro au GNL américain, une dépendance céréalière a également été implantée. L’Ukraine, totalement
contrôlée par les États-Unis, et les exploitations agricoles ukrainiennes qui, sous le patronage de l’ambassade américaine, ont obtenu des réservations pour les employés, des quotas
pour les engrais et des réductions sur les carburants et les lubrifiants, expédiaient du maïs et du blé vers l’Ouest, strictement dans l’intérêt de leur suzerain. C’est comme pour les
injections d’hormones : plus on injecte, moins l’organisme produit de lui-même. L’organisme de production de l’Union européenne a réagi à l’identique à l’injection de dizaines de
millions de tonnes de céréales ukrainiennes, augmentant sa propre dépendance aux importations.
Les céréales ukrainiennes sont donc un hameçon géopolitique pour les États-Unis et, en ce qui concerne la Russie, un bélier pour s’emparer du marché
mondial. Il n’est donc pas étonnant que Washington se prépare à une défense acharnée d’Odessa.
*
Les États-Unis ont demandé à Kiev de ne pas enterrer les soldats sur les terres noires
par Aleksei
Degtiarev
La société transnationale américaine BlackRock Financial Market Advisory et d’autres entreprises exigent que le régime de Kiev n’enterre pas les soldats
morts sur le tchernoziom fertile de l’Ukraine, a déclaré l’homme politique bulgare Plamen Paskov.
M. Paskov a déclaré sur le blog vidéo PolitExpert que BlackRock était venu et avait demandé à Kiev d’arrêter d’enterrer les combattants «de manière
traditionnelle» parce qu’ils occupaient ainsi «trop de
terres», a rapporté RIA Novosti.
La société a affirmé que 47% de ces terres avaient déjà été achetées, a-t-il ajouté.
Le conglomérat est composé de plusieurs trillionnaires qui sont impliqués dans les questions mondiales, a-t-il dit. Il comprend VlackRock, State Street
Corporation, Fidelity Investments et The Vanguard Group.
En raison de mes
récents problèmes de santé, je n’ai pas pu faire de rapport sur l’Ukraine depuis un certain temps. Voici donc ma première tentative de rattrapage.
Compte tenu de
l’immensité de l’Ukraine, les changements survenus sur la ligne de front entre le 1er avril et le 1er août semblent minuscules.
Mais ces petits mouvements sur la carte cachent une progression assez importante des forces russes.
En mai, quelque 30 000 soldats russes franchissaient la frontière nord de la Russie en direction de Kharkiv. Ils ont rapidement atteint une profondeur d’environ
15 kilomètres, mais ont ensuite cessé de progresser rapidement. Selon le président russe Vladimir Poutine, ces forces avaient pour mission d’empêcher de nouvelles attaques d’artillerie
ukrainiennes sur Belgorod. Elles ont en grande partie atteint cet objectif.
Mais la partie ukrainienne a interprété ce mouvement comme étant une attaque sur Kharkiv dans le but de prendre la deuxième ville d’Ukraine. Elle a
paniqué.
Les troupes qui avaient été retirées en raison des pertes subies ont été redirigées vers Kharkiv. Les brigades qui se battaient dans la région de Donetsk, à
l’est, ont été déplacées vers le nord pour bloquer les forces russes. Au total, quelque 40 000 soldats ukrainiens ont été retirés d’autres régions et installés dans la région de Kharkiv. Ils
ont été chargés de contre-attaquer les forces russes.
Cela correspondait parfaitement aux plans russes. Toute l’attaque près de Kharkiv avait été planifiée pour faire diversion sur d’autres fronts. Les troupes
déployées dans le nord se sont mises en mode défense et se sont concentrées sur l’élimination des forces ukrainiennes qui contre-attaquaient.
Pendant ce temps, les forces russes sur le front de Donetsk constataient que les effectifs et la puissance de combat de leurs adversaires locaux avaient
fortement diminué. Elles ont attaqué et ont rapidement réalisé des progrès significatifs.
Il y a quelques mois, il fallait des semaines pour prendre une petite ville ou pour passer à la ligne d’arbres suivante. Aujourd’hui, les forces russes font des
bonds de plusieurs kilomètres par jour et prennent de nouvelles villes tous les jours, voire toutes les heures.
Les cartes du front oriental montrent des progrès assez importants dans plusieurs directions.
Au sud, les forces russes placées à l’est de Vuhledar se sont déplacées vers le nord et ont coupé l’une des routes de ravitaillement de la ville.
Au nord-ouest de la ville de Donetsk, les forces russes ont fait d’énormes progrès vers la ville de Pokrovsk, l’un des principaux points de passage routiers et
ferroviaires de la région. Pokrovsk est déjà à portée de l’artillerie et les forces ukrainiennes qui défendent ses abords semblent complètement épuisées.
Au nord-est du front de Pokrovsk, les forces russes sont en train de prendre l’agglomération de New York, composée de plusieurs villes au nord et au sud.
Un peu plus au nord, des mouvements en provenance de Kurdiumivka et de Chasiv Yar visent à prendre Konstantinovka, une autre grande ville contrôlant plusieurs
carrefours.
Tous ces mouvements ont été possibles parce que l’Ukraine a déplacé tout ce qui était disponible vers le front de Kharkiv. Les unités de défense laissées dans
la région de Donetsk n’étaient tout simplement pas suffisantes pour tenir la ligne face à des forces russes toujours plus nombreuses.
Un nouvel élan de mobilisation a permis à l’Ukraine d’amener de nouvelles troupes sur le front. Toutefois, ces troupes n’augmentent pas les effectifs, mais
remplacent simplement les pertes importantes subies par les brigades ukrainiennes. Un article récent du New York Times le mentionne dans une note en aparté (archivée) :
L’Ukraine
enrôle des milliers de troupes fraiches. Mais sont-elles prêtes ?
Selon les soldats et les analystes militaires, un grand nombre de recrues arriveront sur le front dans les semaines à venir, mais certaines d’entre elles
sont mal formées ou ne sont pas en forme.
Les autorités ukrainiennes ont refusé de communiquer les chiffres de la conscription, arguant du fait que ces informations sont confidentielles. Trois
experts militaires ayant connaissance des chiffres ont déclaré que Kiev avait enrôlé jusqu’à 30 000 personnes par mois depuis le mois de mai, date à laquelle une nouvelle loi sur la
conscription est entrée en vigueur. C’est deux à trois fois plus que pendant les derniers mois d’hiver, ont-ils dit, et à peu près le même nombre que l’armée russe recrute chaque mois. Ce
chiffre n’a pas pu être confirmé de manière indépendante.
…
Le général Yurii Sodol, ancien commandant des forces ukrainiennes, a déclaré au Parlement en avril que dans certaines sections du front, les Russes étaient
plus de sept fois plus nombreux que les Ukrainiens.
…
Outre les conscrits, l’Ukraine a affranchi quelque 3 800 prisonniers en échange d’une possibilité de libération conditionnelle à la fin de leur service
militaire, selon Denys Maliuska, le ministre de la justice.
Une infirmière combattant près de la ville de Toretsk, dans l’est de l’Ukraine, l’un des points les plus chauds de la ligne de front, a déclaré que sa
brigade avait reçu 2 000 conscrits et prisonniers au cours des deux derniers mois. L’infirmière a parlé sous le couvert d’anonymat afin d’éviter de donner des informations aux forces
russes.
…
Voytenkov, l’officier de presse de la 33ème, a déclaré que sa brigade donnait une semaine de formation supplémentaire aux conscrits pour leur montrer les
armes et les véhicules blindés qu’ils allaient utiliser. Après une simple formation de base, a-t-il déclaré, “ils ne sont pas prêts à se battre,
honnêtement“.
Toretsk fait partie de l’agglomération de New York. Une brigade ukrainienne a un effectif nominal de 3 000 à 4 000 hommes. Si elle a eu besoin de 2 000
remplacements en deux mois, comme l’affirme le médecin, elle a dû subir d’énormes pertes.
Les nouvelles recrues sont pour la plupart non entraînées et inaptes à la guerre. Les unités dans lesquelles elles sont envoyées ne disposent pas des jeunes
chefs nécessaires pour les former. Les nouveaux hommes deviendront ainsi de la chair à canon et auront peu de chances de survivre aux attaques ou aux bombardements russes.
La nouvelle mobilisation était en partie destinée à créer de nouvelles réserves. Mais lorsque les troupes actives ont besoin de remplacements de cette taille,
les effectifs laissés aux nouvelles forces seront trop faibles pour faire la différence.
Dans une récente interview accordée au Guardian, le commandant en chef ukrainien, le général
Syrsky, s’est montré optimiste en parlant de “victoire“. Mais les chiffres qu’il a cités indiquent tous
que les forces russes sont écrasantes et qu’elles écraseront facilement tout ce qui reste en Ukraine pour s’opposer à elles :
Syrskyi est le nouveau commandant en chef de l’Ukraine. Sa tâche peu enviable consiste à vaincre une armée russe plus nombreuse. Deux ans et demi après le
début de l’offensive à grande échelle de Vladimir Poutine, il reconnaît que les Russes disposent de bien plus de ressources. Ils ont plus de tout : chars, véhicules de combat
d’infanterie, soldats. Leur force d’invasion initiale de 100 000 hommes est passée à 520 000 hommes, selon lui, l’objectif étant d’atteindre 690 000 hommes d’ici à la fin 2024. Les
chiffres concernant l’Ukraine n’ont pas été rendus publics.
“En ce qui concerne l’équipement, il y a
un rapport de 1:2 ou 1:3 en leur faveur“, a-t-il déclaré. Depuis 2022, le nombre de chars russes a “doublé“, passant de 1 700 à 3 500.
Les systèmes d’artillerie ont triplé et les véhicules blindés de transport de troupes sont passés de 4 500 à 8 900. “L’ennemi dispose d’un avantage
significatif en termes de forces et de ressources“, a déclaré M. Syrskyi. « C’est pourquoi, pour nous, la question de
l’approvisionnement et de la qualité est vraiment au premier plan. »
Les forces ukrainiennes ne reçoivent que peu, voire pas du tout, de nouvelles fournitures. L’Occident a donné à l’Ukraine tout ce
dont elle pouvait disposer et tout ce qui viendra s’ajouter à cela devra être nouvellement produit. Les capacités nécessaires pour le faire en nombre suffisant n’existent
plus.
Outre les problèmes militaires immédiats, la situation civile de l’Ukraine se dégrade de plus en plus rapidement. Les attaques russes ont détruit presque toutes
les capacités conventionnelles de production d’électricité en Ukraine. Les coupures d’électricité sont quotidiennes. La nourriture fraiche pourrit dans les magasins et de nombreuses
industries ont dû cesser leur activité.
Le gouvernement ukrainien a besoin d’argent. Il doit introduire de nouvelles taxes contre la volonté de sa population. Il a déjà fait défaut sur sa dette
extérieure et il lui sera difficile d’obtenir de nouvelles lignes de crédit.
La véritable pression se fera sentir cet hiver. Une grande partie des villes ukrainiennes dépendent des capacités de production d’électricité, désormais
dysfonctionnelles, pour chauffer leurs immeubles de style soviétique. En l’absence d’électricité et de chauffage, de plus en plus de personnes envisageront de partir à l’étranger.
Il est peu probable que la Pologne et les autres pays voisins de l’Ukraine accueillent généreusement encore plus de réfugiés ukrainiens.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Les Américains se
plaignent souvent que les Russes ne sourient pas autant qu’ils le souhaiteraient. En retour, les Russes ont tendance à penser que les Américains sourient souvent sans raison – comme le font
souvent les idiots. Les Russes sourient pour une bonne raison : lorsqu’ils regardent un bon ami après une longue absence, lorsqu’ils regardent leur téléphone et constatent qu’une somme
importante a atterri sur leur compte en banque, lorsqu’ils regardent des aigles copuler en plein vol… Je ne parle pas d’une sorte de sourire idiot aux dents nues, comme celui que l’on voit
sur les photos officielles des fonctionnaires américains. Un simple soulèvement des coins de la bouche de 2,5±0,5 mm suffit, car tout autre geste pourrait entraîner une réprimande automatique
: « Pourquoi souris-tu, idiot ?
» (« Чё лыбишься, мудак ?
»).
Compte tenu de tout cela, les Russes ont souri plus que d’habitude ces derniers temps, et ce pour d’excellentes raisons. Les choses vont très bien en Russie,
mais comme j’écris ceci en anglais, et non en russe, et que peu de gens en dehors de la Russie sont au courant de ce qui se passe en Russie, je vais passer outre. Pour les quelques Russes qui
prêtent attention aux nouvelles étrangères (la Russie est un pays fascinant à l’infini, ce qui laisse peu de temps libre à la plupart des gens pour ce genre d’activités), les nouvelles leur
fournissent un flux constant de raisons de sourire. En voici trois, petites et grandes, choisies au hasard.
1.
L’Ukraine a décidé d’imposer des sanctions à la grande compagnie pétrolière russe Lukoil, réduisant ainsi son accès au pétrole russe. Étant donné que l’Ukraine
n’a plus beaucoup de capacités de raffinage, cela ne semble pas être un gros problème. En fait, la seule raffinerie qui lui reste est Krememchugsky NPZ, qui appartient à Igor Kolomoisky,
l’ancien ami oligarque de Vladimir Zelensky, qui l’a lancé dans la politique et qui est aujourd’hui en prison. Même Kremenchugsky ne fonctionne qu’à 16 % de sa capacité nominale, produisant
quelque 3 millions de tonnes (5 millions de barils) par an.
Les Ukrainiens ont donc importé du pétrole russe et l’ont envoyé en Slovaquie pour qu’il soit raffiné en diesel à la raffinerie Slovnaft (détenue par le groupe
MOL de Hunary). Slovnaft recevait environ 40 % de son pétrole brut de Lukoil via l’Ukraine. Et maintenant, voici une mauvaise nouvelle évidente pour le régime de Kiev, qui ne manquera pas de
faire sourire les Russes : aujourd’hui même, le premier ministre slovaque Robert Fico (pour ceux qui ne connaissent pas le slovaque, cela se prononce « pieds douloureux ») a appelé son homologue théorique, le
premier ministre ukrainien Denis Shmygal (appelez-le simplement « Mr. Shmyg », ou “Mr. Le Sournois” si vous voulez traduire son nom du
russe) et a expliqué à Shmyg ce que la décision de Zelensky du 24 juin de sanctionner Lukoil signifiait : plus de diesel pour l’Ukraine !
Étant donné que les Ukrainiens ont deux tâches peu enviables qui nécessitent l’utilisation de la guerre moderne, qui, à son tour, consomme des quantités
prodigieuses de diesel, cela ne manquera pas d’entraver leurs efforts. Les Ukrainiens tentent en vain de s’accrocher à ce qui est désormais un territoire souverain russe : des morceaux des
régions de Lougansk, Donetsk, Zaporozhye et Kherson. Ils tentent également en vain d’empêcher la Russie d’établir une zone tampon de 300 km de large dans le nord de l’Ukraine afin d’empêcher
les nazis au service de la junte de Kiev d’utiliser les armes fournies par l’OTAN pour terroriser les habitants de la région russe de Belgorod. Ce n’est pas une vidéo, donc vous ne pouvez pas
me voir, mais je vous assure que je souris en ce moment.
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps,
des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses
années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la
1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.