La situation en Ukraine s’aggrave très rapidement et de nombreux signes indiquent que tout le monde se prépare à une sorte de crise. J’attire votre
attention sur le blog d’Andrei Martyanov et, plus particulièrement, sur son
article. Je vous renvoie également à cet article
récent sur Zero
Hedge.
Jusqu’à présent, voici les évènements clés :
Premièrement, les Ukrainiens ont déplacé une importante force (infanterie, blindés, artillerie, MLRS, etc.) près de la ligne de contact.
Les forces ukrainiennes ont également pénétré dans la « zone grise » [la zone démilitarisée, NdT] qui était censée rester neutre et séparer
les deux parties.
Kiev a officiellement approuvé une doctrine qui désigne la Russie comme étant l’ennemi.
Le chef d’État-major ukrainien a admis que les forces ukrainiennes sont déployées sur le front, dans l’état de préparation le plus élevé.
Les dingos de la diversité qui dirigent désormais la « diplomatie » américaine ont fait de nombreuses déclarations en faveur de
l’Ukraine.
L’OTAN n’est pas parvenue à un quelconque consensus (l’Allemagne semble en être la principale raison).
Les Polonais provoquent maintenant ouvertement la Russie en envoyant des navires militaires (de surface et un sous-marin) et des avions à proximité
directe des navires russes posant les pipelines [du Nordstream 2, NdT] dans la Baltique.
Dans un cas, un navire de pêche polonais a même éperonné un navire en invoquant des « problèmes de moteur ».
L’AFP rapporte
que le général Mark Milley s’est entretenu avec le général Valery Gerasimov, chef d’État-major des forces armées russes, et le général Ruslan Khomchak, chef d’État-major général des
forces armées.
La Russie n’a cessé de renforcer sa frontière occidentale et, en particulier, la Crimée.
La République populaire de Donetsk a déclaré la mobilisation de toutes ses réservistes.
La situation interne du Banderastan occupé par les Urkonazi se dégrade rapidement en raison de la pandémie, des luttes intestines entre les différentes
factions et de la chute libre de l’économie. Que fait le gouvernement pour contrer ces problèmes ? Il répète « La Russie ! Russie ! Russie ! » comme un mantra.
Des rapports fiables indiquent que l’OTAN est déjà en état d’alerte ou le sera bientôt.
Aujourd’hui, j’ouvre
un nouveau fil de discussion et je vous propose ce sujet : quelle devrait être l’ampleur de la réaction russe à une attaque ukronazie ?
Je vais vous donner
mon opinion personnelle :
La Russie devrait intervenir dans les heures qui suivent une attaque ukrainienne, car laisser les forces de la LDNR seules entraînerait des pertes inutilement
élevées pour la LDNR. Oui, ils peuvent probablement résister très efficacement, mais le coût pourrait être très élevé. La Russie pourrait apporter son aide avant qu’il y ait des pertes humaines
massives.
Au début de l’opération, la Russie doit « verrouiller » l’espace
aérien se trouvant au-dessus du théâtre d’opérations (au moins dans la profondeur opérationnelle ukrainienne) et déclarer officiellement une zone d’exclusion aérienne.
La Russie doit frapper dans toute la profondeur opérationnelle et même stratégique de l’Ukraine car les forces armées ukrainiennes doivent être désorganisées et
décapitées. Les principaux responsables ukronazis doivent être éliminés tout comme l’ont été les wahhabites en Tchétchénie et en Syrie.
Les forces russes devraient s’arrêter à la ligne de contact actuelle ou à proximité pour un certain nombre de raisons, notamment 1) le fait que la Russie n’a aucune
obligation morale envers le peuple ukrainien qui doit se libérer lui-même et ne pas attendre que la Russie le fasse ; 2) la Russie n’a pas besoin de subir une longue opération de
contre-insurrection ; 3) la Russie n’a pas brisé l’Ukraine et elle n’a pas à payer pour sa reconstruction ; 4) si la Russie inflige une défaite suffisamment sévère aux forces ukronazies, le pays
implosera de toute façon.
Les forces de la LDNR doivent cependant se déplacer aussi loin qu’elles le jugent nécessaire pour établir une frontière internationale permanente (reconnue ou non,
cela ne fait aucune différence) entre la LDNR et le Banderastan croupion. La Russie doit soutenir les forces de la LDNR par les armes, la guerre électronique, le renseignement, le contrôle de
l’espace aérien et des opérations spéciales. L’ensemble de la marine et de l’armée de l’air ukrainiennes (toutes deux, il est vrai, plutôt symboliques et sacrément petites) doivent être détruites (y compris
leur infrastructure de soutien). Les nazis doivent être désarmés, comme Saakashvili l’a été en 08.
Bien qu’il soit peu probable que les Ukronazis attaquent la Crimée ou tentent de franchir le reste de la frontière russo-ukrainienne, la Russie doit être prête à
réprimer totalement toute attaque, même majeure, allant dans ce sens.
En cas d’insurrections dans des villes comme Mariupol, Nikolaev, Odessa et autres, la Russie ne devrait pas intervenir ouvertement, mais elle pourrait utiliser ses
considérables capacités de guerre électronique et de cyberguerre pour perturber le fonctionnement des autorités ukrainiennes locales.
Les radars des défenses côtières russes et des navires de la flotte de la mer Noire devraient tous passer en mode de ciblage pour faire comprendre à tout navire
naviguant dans la mer Noire que sa durée de vie se mesure en minutes et dépend totalement de la bonne volonté de la Russie. Il en va de même pour le contrôle de l’espace aérien le long/à
proximité de l’espace aérien russe.
Enfin, et surtout, la Russie devrait annoncer l’arrêt total de toutes les exportations de biens de la Russie vers l’Ukraine (y compris l’énergie). Qu’ils
s’étouffent sans les marchandises de l’« agresseur ».
Ce ne sont que quelques-unes de mes pensées aujourd’hui, des suggestions si vous voulez.
Que fera l’Empire pour soutenir les Ukronazis ?
...par le Saker - Le 05/04/2021
Chers amis,
Il y a beaucoup de spéculations sur ce que l’Occident consolidé (alias l’Empire anglo-sioniste) fera pour protéger ses mandataires ukronazis. Voici mes idées, sans
ordre particulier :
L’Occident a déjà décidé que la Russie est l’agresseur et que le Banderastan est la victime de l’agression russe. Même si les Ukrainiens lancent une attaque massive
d’artillerie et de blindés sur la LDNR (ou même la Crimée), l’Occident prétendra sans sourciller que les méchants Russes ont attaqué les innocents Ukrainiens.
Je ne m’attends pas à ce qu’un pays de l’OTAN engage réellement des forces pour attaquer les forces russes. Tout au plus, les Polonais (qui d’autre ?!) enverront
une force essentiellement symbolique en Ukraine occidentale (Lvov, Ivano-Frankovsk).
Cependant, les États-Unis ne sont pas seulement faibles, ils sont fantastiquement incompétents, ignorants et arrogants : de nombreux hauts responsables occidentaux
ont déclaré que les États-Unis et l’OTAN ne « permettront pas » à la
Russie de menacer ou d’attaquer l’Ukraine. Pour moi, cela signifie qu’il y a des gens qui croient que si les Etats-Unis et l’OTAN engagent effectivement les forces russes, la Russie
va « cligner des
yeux » et se recroqueviller de peur. Il est clair que ces personnes n’ont jamais lu un livre d’histoire.
Je suis convaincu que si les USA/OTAN attaquent les forces russes, les Russes contre-attaqueront non seulement les forces réelles qui ont attaqué la Russie, mais
aussi les centres de commandement qui ont donné cet ordre d’attaque aux USA/OTAN et l’ont coordonné.
Le plus grand danger à l’heure actuelle est que les politiciens occidentaux interprètent vraiment mal non seulement Poutine, mais aussi toute la Russie. Ils passent
à côté de l’essentiel : La Russie ne peut pas et ne veut pas reculer davantage, elle ne va pas déclarer docilement que le Donbass ou la Crimée appartiennent au régime nazi de Kiev. La Russie est
prête, capable et désireuse de combattre les forces américaines/OTAN si nécessaire, y compris en utilisant des armes nucléaires tactiques et même stratégiques.
Le Kremlin comprend parfaitement que le rôle de la Pologne dans le pacte de l’OTAN est celui d’un petit chien d’attaque très bruyant : si les Polonais se déplacent
réellement en Ukraine occidentale, ce ne sera que si les États-Unis leur disent de le faire. Il existe un dicton russe « Поляки не вояки » qui
signifie « les Polonais ne
sont pas des soldats » : ils attaquent toujours et uniquement lorsque leur ennemi du moment est faible et désorganisé (c’est pourquoi Churchill a appelé la Pologne
la « hyène avide de
l’Europe »). Cependant, je m’attends à ce que des « conseillers » polonais (et
américains, britanniques) assistent les forces ukronazies lors de leur attaque contre la LDNR. Quant aux supposés « frères » orthodoxes de la
Russie, comme la Bulgarie ou la Roumanie, ils feront ce qu’ils ont toujours fait dans le passé : rejoindre toute coalition anti-russe. La bonne nouvelle, c’est que leurs armées sont aussi
mauvaises que celle de la Pologne (prêtes pour les parades, pas pour la vraie guerre). En outre, la mer Noire est, en termes militaires, un « lac russe ». Ces petits pays
vont donc bien gesticuler, mais ils ne feront rien de stupide.
Du point de vue de la propagande, il est clair que, indépendamment de ce que la Russie décide de faire, elle sera complètement diabolisée. Le niveau actuel de haine
anti-russe en Occident est désormais égal, voire supérieur, à ce qu’il était avant l’attaque nazie contre la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale. Consultez les illustrations suivantes qui
montrent cette réalité :
Les élites américaines sont totalement d’accord sur la Russie, qu’elles veulent contenir puis détruire. Quant aux États fantoches américains dans l’UE, ils n’ont
aucun pouvoir personnel. Quels seraient donc les objectifs de l’administration « Biden » ?
Créer un affrontement entre la Russie et l’UE qui donnerait un sens à l’OTAN, justifierait le déploiement de plus de forces américaines en Europe qui, à leur tour,
renforceraient encore l’emprise américaine déjà forte sur la gorge collective de l’UE.
En faisant échouer le NordStream2 (ce qui se produira dès que le conflit deviendra « chaud » dans le Donbass),
les États-Unis rendront l’UE non seulement beaucoup plus dépendante des États-Unis, mais aussi beaucoup moins compétitive : au lieu d’acheter du gaz bon marché de haute qualité à la Russie, l’UE
achètera du gaz plus cher et de moins bonne qualité aux États-Unis.
Les programmes d’armement vont exploser et le complexe militaro-industriel américain va faire fortune en vendant des armes grotesquement surévaluées à son propre
pays et à ses « alliés » européens.
Les grandes questions sont donc les suivantes :
La Russie peut-elle dissuader les États-Unis en réagissant en dessous du seuil d’un affrontement militaire ouvert ? Ma réponse personnelle est que c’est toujours
possible mais, malheureusement, cela devient de moins en moins probable chaque jour qui passe.
Cela signifie-t-il que ce conflit peut se transformer en une troisième guerre mondiale avec des armes nucléaires et tout le reste ? Ma réponse personnelle est que
ce scénario devient de plus en plus probable chaque jour qui passe.
En conclusion : merci encore, « Biden » et la
bien-pensance Démocrate ! Grâce à vous, après seulement à peine plus de 100 jours de cette nouvelle administration, nous sommes de nouveau au bord d’un précipice nucléaire ! Pour reprendre les
mots de Poutine, « vous ne
nous avez pas entendu, alors écoutez-nous maintenant ». Mais, bien sûr, vous ne le ferez pas. Il vous faudra rien de moins qu’un champignon nucléaire pour vous réveiller de vos
illusions… Si cela se produit, ne vous en prenez qu’à vous-mêmes !
Voici donc mes pensées du jour.
Bien à vous.
Le Saker
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophon
Les Etats-Unis peuvent-ils être dissuadés de déclencher les hostilités ?
...par le Saker - Le 06/04/2021
Aujourd’hui, RT a publié un article qui commençait par les mots suivants : « Face aux craintes
d’une aggravation des affrontements dans l’est de l’Ukraine, des diplomates russes et américains ont tenu des discussions bilatérales impromptues dans le but d’éviter un conflit généralisé, qui,
selon Moscou, pourrait entraîner un désastre dans la région ».
Cela soulève la
question suivante : l’administration « Biden » est-elle
encore capable de pensée logique ?
A mon avis, non,
probablement pas. Voici pourquoi :
Depuis W. Bush, chaque administration américaine a toujours été dirigée par un président ignorant et faible, peut-être bon pour faire des discours, mais qui n’avait
ni l’intelligence, ni la volonté, ni le courage de diriger les États-Unis. Ce phénomène est devenu particulièrement aigu avec Obama, qui était un leader fantastiquement incompétent et faible et, en conséquence, une politique étrangère qui
devrait être cohérente a été remplacée par de nombreuses politiques étrangères concurrentes : une politique étrangère décidée par Foggy Bottom, une autre par le Pentagone, une autre encore par la CIA, etc. etc. etc. En conséquence, la politique étrangère des États-Unis se retrouve être comme un
vecteur de somme mathématique (qui souvent, ne correspond à aucun des agendas concurrents).
Dans le même temps, le monde a observé avec un mélange de stupéfaction et d’horreur la chute libre de la qualité des « diplomates » américains.
Par exemple, depuis James Baker, les États-Unis n’ont jamais eu de secrétaire d’État compétent. On peut dire la même chose du Pentagone ou de la CIA. Vous vous souvenez de Pompeo ou de Petraeus
?
Un sage dicton dit que si tout le monde est responsable, alors personne ne l’est. Pour les États-Unis, cela signifie que, tandis que chaque agence ou lobby défend
ses propres intérêts, personne n’est vraiment chargé de protéger le peuple des États-Unis quand la merde arrive.
Il serait juste de dire que si la compétence des diplomates américains a diminué, leur arrogance a atteint des niveaux de « chutzpah« jamais vus auparavant. Ce que nous voyons est une fusion quasi-parfaite entre le messianisme anglo-saxon et le messianisme sioniste devenus fous
furieux (les « monstres
LGBTQ+ » en sont un autre exemple parfait).
Les administrations faibles sont également une cible parfaite pour le lobbying, d’où la montée phénoménale de l’influence des lobbies sionistes et ukronazis aux
Etats-Unis.
Enfin, les Américains en général, et les décideurs américains en particulier, ont une ignorance phénoménale de l’histoire. Si l’on ajoute à cela leur narcissisme
messianique, on obtient une combinaison des plus toxiques, faite d’un sentiment total d’impunité et d’une incapacité terminale à voir le moindre danger ou la moindre menace.
Pourtant, les Russes essaient toujours, ne serait-ce que parce que, contrairement à leurs collègues américains, ils comprennent la nature de la guerre. Pourtant, je
crains que la conversation ne ressemble à quelque chose comme ceci :
Russes : Si vous nous
attaquez, nous coulerons la majeure partie de votre marine, nous détruirons vos postes de commandement clés et nous pourrions même frapper les États-Unis continentaux avec nos armes
conventionnelles (non nucléaires) à longue portée.
Américains : Non, vous ne
pouvez pas faire ça, vous buvez trop de vodka et vous bluffez. Nous sommes l’armée la plus puissante de l’histoire de la galaxie – n’avez-vous pas lu Tom Clancy ? !
Russes : Ne
comprenez-vous pas quelles seront les conséquences d’une guerre majeure en Ukraine pour le continent européen et vos « alliés » de l’OTAN
?!
Américains : Vous êtes
autoritaires, nous sommes des démocrates et les démocraties l’emportent toujours sur les régimes autoritaires !
Russes : Mais,
n’avez-vous aucune pitié pour vos « alliés » européens ?
!
Américains : Nous pouvons
et nous allons les protéger, nous sommes l’armée la plus puissante de l’histoire de la galaxie !
Russes : Et comment
comptez-vous protéger qui que ce soit de nos armes hypersoniques ?
Américains : Nous sommes
les USA. Baissez vos armes et rendez vous. Nous ajouterons vos spécificités biologiques et technologiques aux nôtres. Votre culture s’adaptera pour nous servir. La résistance est futile (oui,
c’est le niveau mental de ces ignorants éduqués par la télévision).
etc, etc, etc…
Les chances que cela mène à une désescalade sont, franchement, infinitésimales.
Et les Français et les Allemands alors ?
Oh, je suis presque sûr qu’ils ont « compris ». Ces régimes sont
mauvais, mais pas stupides. Ils sont cependant totalement sous la coupe de l’oncle Shmuel et il est peu probable qu’ils le défient ouvertement. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est le supplier, et
il est peu probable que cela le persuade.
De plus, aujourd’hui, le ministre des affaires étrangères Lavrov, lors d’une conférence de presse en Inde, a déclaré que l’Allemagne et la France ne faisaient rien
d’utile et que ces deux pays devaient de toute urgence ramener les Ukrainiens « à la raison ». Mais quelqu’un
tiendra-t-il compte de cet avertissement ?
La Russie s’efforce manifestement de montrer, par ses paroles et ses actes, qu’elle ne reculera pas. Et, malgré tous leurs autres défauts bien réels, je pense que
beaucoup (la plupart) des dirigeants ukrainiens comprennent que si l’on en arrive à une guerre « chaude », ils risquent
personnellement de mourir. Ce sont des lâches et les lâches paniquent toujours lorsqu’ils sont personnellement menacés. Ceci, en passant, donne à la Russie une autre option potentiellement
intéressante :
Disons que les Polonais déplacent un ou deux bataillons dans l’ouest de l’Ukraine. Plutôt que de les anéantir, la Russie pourrait décider de cibler « uniquement » les QG et les
commandants de leurs bataillons. Ainsi, 1) des Polonais innocents n’auraient pas à mourir, 2) les Polonais survivants seraient terrifiés et 3) la Pologne n’aurait aucun moyen de riposter. Et
l’OTAN ? Je peux vous dire que l’OTAN protesterait mais ne bougerait pas du tout, tout comme elle l’a fait avec Saakashvili et Erdogan. Aucun pays de l’OTAN/UE n’est prêt à entrer en guerre
contre la Russie au nom de polonais ukrainiens, même eux ne sont pas aussi stupides.
Quoi qu’il en soit, ce sont mes pensées d’aujourd’hui, après avoir écouté les dernières nouvelles.
Bien à vous
The Saker
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Les États-Unis déclarent soutenir l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, alors qu’un conflit militaire est actif sur son territoire et que la question
territoriale est discutée par la communauté internationale. De son côté, la Russie prévient que ce pas, non seulement ne réglerait pas la question du Donbass, mais compliquerait encore
plus la situation. Finalement, n’est-ce pas le but de ce conflit, n’est-ce pas là le rôle dévolu à l’Ukraine, comme à tous ces pays qui vendent leur souveraineté ? À savoir, devenir un
jouet entre des mains, qui l’utiliseront jusqu’à ce qu’il soit cassé. Alors, un autre fera l’affaire. Les pays européens devraient en tirer – d’urgence – les conséquences, avant que
d’être mis à la poubelle de l’histoire. Car quel est leur intérêt dans cette folle aventure ?
Depuis le Maïdan, l’Ukraine ne
cesse de déclarer son vœu le plus cher d’entrer dans l’OTAN, d’en être un membre actif, véritable à part entière, allant jusqu’à l’absurde. Mais sérieusement, comment un gouvernement
digne de ce nom peut déclarer dans une loi, en 2016, que l’entrée dans l’OTAN est le but principal de la politique nationale ? Comment peut-on s’abaisser au point de même inscrire dans la
Constitution ukrainienne en 2019, que le pays va vers une intégration dans l’Union européenne et dans l’OTAN ? Comment peut-on se prostituer à ce point, ouvertement, sans états d’âme,
sans sursaut de dignité ? Comment peut-on imposer à son peuple la soumission, l’instrumentalisation, finalement la mise en esclavage au profit d’autres intérêts ?
Depuis, les missions de l’OTAN se sont parfaitement et ouvertement implantées en Ukraine, forment l’armée ukrainienne, qui va ainsi plus efficacement
pouvoir tuer des civils à l’Est de son pays. Et ainsi, l’Ukraine permet de maintenir une tension extrême avec la Russie, qu’elle a déjà payée de la perte de la Crimée, qui sans le Maïdan
serait toujours ukrainienne, et à ce rythme-là, elle peut conduire la Russie à intégrer le Donbass pour sauver les populations promises à un génocide annoncé, alors que la Russie ne cesse
d’en appeler aux accords de Minsk, selon lesquels le Donbass est et doit rester ukrainien.
Mais lorsqu’un pays joue un jeu qui le dépasse, qu’il ne maîtrise pas, il paie le prix qui lui est imposé par ses maîtres, ceux-là mêmes qui l’on autorisé à
entrouvrir la porte de la cour des grands, et cela lui a déjà coûté tellement cher que s’arrêter en cours de route n’est plus possible.
Et le conflit dans le Donbass continue, se renforce maintenant que l’armée ukrainienne a été « formée » par l’OTAN. Et les
« va-t’en-guerre », grisés par l’opération fulgurante dans le Haut-Karabakh, d’espérer répéter l’histoire avec le Donbass. Ils n’ont certainement pas tiré la leçon des
aventures géorgiennes, elles aussi en deux temps, qui se sont soldées par une défaite pour eux – la seconde fois, la Russie étant intervenue. Et la Russie, même
si elle ne veut pas entrer dans un conflit armé à ses frontières, même s’il est impensable pour elle d’initier un conflit militaire, elle ne pourra laisser massacrer le Donbass, que ce
génocide soit commis sous drapeau ukrainien ou derrière l’oriflamme de l’OTAN, elle n’aura d’autre choix que d’intervenir. Les pays membre de l’OTAN devraient réfléchir et se
demander quels sont réellement leurs intérêts nationaux dans la région, car ce sont leurs hommes qu’ils peuvent envoyer mourir pour ces intérêts …
Depuis le temps que l’Ukraine se prépare à entrer dans l’OTAN, depuis le temps que l’OTAN la fait attendre, patienter, la caressant de temps en temps, avant
de l’utiliser, puis de la faire à nouveau attendre, la situation pourrait-elle vraiment changer ? Tout dépend de la volonté politique.
Les États-Unis déclarent
soutenir l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, car ils soutiennent son « intégrité territoriale », mais la décision doit être prise par les membres de l’OTAN. Traduire : les
États-Unis veulent continuer à développer le conflit en Ukraine dans le combat contre la Russie, mais c’est aux pays membre de l’OTAN, bien travaillés en avance par la construction de la
figure de l’ennemi, de prendre la responsabilité collective de la montée d’un cran du conflit avec la Russie et du risque d’un affrontement direct. Bien loin des États-Unis, ce conflit
peut engloutir ce qu’il reste de l’Europe.
De son côté, Zelensky,
parfaitement briefé, déclare estimer que seule une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN permettrait de mettre fin au conflit dans le Donbass.
Pourquoi ? Parce que la Russie est censée trembler de peur devant l’Occident conquérant dans la fantasmagorie globaliste … Une fantasmagorie refroidie par
une déclaration immédiate du porte-parole du Kremlin. D’une part, Dmitri Peskov prévient
que ce genre de décision ne peut se prendre sans l’appui de son peuple, or la population de l’Est du pays est majoritairement opposée à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Cette démarche
ne va donc pas, évidemment, calmer la situation intérieure du pays. D’autre part, le Ministère russe
des Affaires étrangères a rappelé que les provocations par l’armée ukrainienne ne cessent d’augmenter sur la ligne de front, mettant en danger les populations civiles, notamment les
citoyens russes du Donbass et que la Russie est prête à défendre sa sécurité, quel que soit le scénario. Comme l’a également souligné Peskov et sans entrer dans les détails, la sécurité
du pays et des citoyens russes reste la priorité et de l’État et du président personnellement.
Pendant que le discours ne cesse de s’envenimer, des vidéos de
témoins sont apparues dans les réseaux sociaux, montrant des blindés de l’OTAN entrant en Ukraine par la Pologne et se dirigeant vers la ligne de front. Cela s’ajoute à l’accumulation de
l’artillerie, de l’infanterie, de l’aviation, etc ukrainienne et des « conseillers de l’OTAN » aux frontières du Donbass (voir
en détail l’état des lieux par E. Castel ici). En mars 2021, le regroupement des forces ukrainienne et leurs mouvements étaient à peu près celui-ci :
Et comme l’a déclaré aujourd’hui le dirigeant de
la république de Donetsk, dans sa conférence de presse diffusée dans l’émission politique 60 minutes,
Denys Pouchiline, «
en cas d’attaque de l’armée ukrainienne, les forces du Donbass ne s’arrêteront pas à la frontière des anciennes régions de Donetsk et Lugansk ».
En fait, l'Occident tente de tester les réactions de Poutine pour savoir jusqu'où il peut aller et tente aussi de le pousser à la faute pour justifier l'arrêt du projet North Stream
2.
Pour autant, pas le moindre risque de pousser la provocation jusqu'à une guerre que nous serions assurés de perdre compte tenu du piètre état dans lequel se trouve l'OTAN aujourd'hui (matériels majeurs et personnels, quantité, qualité, divisions
internes au sein de l'UE et au sein de l'Alliance).
Les Chefs d'Etat-major et d'Etats occidentaux le savent. Ils sont engagés sur trop de fronts simultanément, et avec des moyens qui ne sont plus à la hauteur. Ils ont dépassé depuis longtemps le champ du possible.
Je suis tout à fait serein sur ce sujet. Les provocations et les "bruits de
bottes" relèvent d'une communication russophobe destinée à refaire un semblant d'unité de l'OTAN, derrière le gang
des
3(USA-UK-France) avec l'omniprésence d'Israël et de ses suppôts en coulisse, face à un ennemi
imaginaire créé de toute pièce pour la circonstance.
Souvenons nous que ces suppôts pro-Israël contrôlent la finance internationale, la FED, le département du
trésor américain, les principales bourses, les GAFAM, les médias mainstream de tous les pays clefs et qu'ils sont infiltrés
et/ou travaillent en liaison avec les services de renseignement occidentaux.
Souvenons nous aussi qu'ils contrôlent les chefs des Etats clefs (USA, UK, France) par tous les lobbies et les moyens de chantage dont ils disposent contre
eux.
Au total, tout est assez prévisible et transparent pour le duo d'exception Poutine-Lavrov et pour Xi qui ont toujours deux coups d'avance face aux marionnettes qui nous gouvernent.
Ce
n’est pas par hasard que l’hégémon s’acharne à harceler et à tenter de briser l’intégration eurasiatique par tous les moyens disponibles.
C’est une bataille de scorpions dans un vortex de miroirs déformés à l’intérieur d’un cirque. Commençons par les miroirs du cirque.
La non-entité qui passe pour le ministre ukrainien des Affaires étrangères s’est rendue à Bruxelles pour être courtisée par le secrétaire d’État américain
Blinken et le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg.
Au mieux, c’est un jeu d’ombres de cirque. Bien plus que des conseillers de l’OTAN dans une porte tournante frénétique à Kiev, le véritable théâtre d’ombres
est le MI6 qui travaille en fait très étroitement avec le président Zelensky.
Le scénario belliciste de Zelensky vient directement du MI6 de Richard Moore. Les services secrets russes sont très conscients de tous les détails. Des
aperçus ont même été soigneusement divulgués lors d’une émission spéciale sur la chaîne Rossiya
1.
Cela m’a été confirmé par des sources diplomatiques à Bruxelles. Les médias britanniques en ont également eu vent – mais on leur a évidemment demandé de
déformer encore plus les miroirs, en mettant tout sur le compte de, quoi d’autre, « l’agression russe ».
Les services secrets allemands sont pratiquement inexistants à Kiev. Les conseillers de l’OTAN restent légion. Pourtant, personne ne parle de la connexion
explosive du MI6.
Des chuchotements négligents dans les couloirs de Bruxelles jurent que le MI6 croit réellement que dans le cas d’une guerre chaude volcanique mais, en
l’état actuel des choses, évitable avec la Russie, l’Europe continentale brûlerait et que Brexitland serait épargné.
On peut rêver. Maintenant retour au cirque.
Oh, tu es
si provocatrice
Le petit Blinken et l’homme de paille de l’OTAN, Stoltenberg, ont tous deux répété le même scénario à Bruxelles après avoir parlé au ministre ukrainien des
Affaires étrangères.
Cela faisait partie d’une « réunion spéciale » de l’OTAN sur l’Ukraine, au cours de laquelle un eurocrate a dû expliquer à un groupe d’eurocrates
encore plus désemparés comment ils seraient carbonisés sur place par les terrifiantes ogives explosives du TOS-1 Buratino russe si l’OTAN tentait quoi que ce soit de bizarre.
Écoutez le son de Blinken qui jappe : Les actions russes sont « provocatrices ».
Eh bien, son personnel ne lui a certainement pas remis une copie du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, examinant
pas à pas le déploiement du dispositif annuel DEFENDER-Europe
21 de l’armée américaine : « Les principales forces sont concentrées dans la région de la mer Noire et de la Baltique ».
Maintenant, écoutez le son de Stoltenberg qui jappe : Nous promettons un « soutien indéfectible » à l’Ukraine.
Woof woof. Maintenant retournez jouer dans vos bacs à sable.
Non, pas encore. Le petit Blinken a menacé Moscou de « conséquences » quoi qu’il arrive en Ukraine.
La patience infinie du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, est presque taoïste. « L’Art de la Guerre » de Sun Tzu, d’ailleurs, est un chef-d’œuvre
taoïste. La réponse de Peskov à Blinken : « Il n’est tout simplement pas nécessaire que nous nous dispersions sans cesse en proclamant : « Je suis le plus grand ! ». Plus
on fait ce genre de choses, en fait, plus les gens en doutent… »
En cas de doute, appelez l’irremplaçable Andrei Martyanov – qui dit toujours ce qu’il en est. La bande d’idiots de crash test à D.C. ne comprend toujours
pas – bien que certains pros de l’État profond oui.
« Comme je le dis constamment – les États-Unis n’ont jamais fait la guerre avec leur système de commandement et de contrôle sous l’impact d’un feu
nourri incessant et leur arrière attaqué et désorganisé. D’un point de vue conventionnel, les États-Unis ne peuvent pas gagner contre la Russie en Europe, du moins dans sa partie
orientale, et l’administration Biden ferait mieux de se rendre compte qu’ils risquent de ne pas survivre à une quelconque escalade. En fait, les Kalibr modernes, les 3M14M, ont une portée
de 4 500 kilomètres, tout comme les missiles de croisière X-101 d’une portée de plus de 5 000 kilomètres, qui n’auront aucun mal à pénétrer dans l’espace aérien nord-américain lorsqu’ils
seront lancés par les bombardiers stratégiques russes sans même quitter la sécurité de l’espace aérien russe ».
L’effet
Patrushev
Le cirque s’est poursuivi avec l’appel téléphonique de « Biden » – le mannequin de crash test avec une oreillette et un téléprompteur devant le
téléphone – au président Poutine.
Dans sa stupéfiante interview à Kommersant, le
triple Yoda Patrushev a mentionné un appel téléphonique très civilisé qu’il a eu fin mars avec le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan. Bien sûr, il n’y a pas de
preuve irréfutable, mais si quelqu’un a eu l’idée de sauver la face en organisant un appel téléphonique entre Biden et Poutine, c’est bien Sullivan.
Les déclarations de Washington et de Moscou ne sont que légèrement divergentes. Les Américains soulignent que « Biden » – en réalité le combo
décideur derrière lui – veut construire « une relation stable et prévisible avec la Russie, conforme aux intérêts des États-Unis ».
Le Kremlin affirme que Biden « a exprimé son intérêt pour la normalisation des relations bilatérales ».
En dehors de tout ce brouillard, ce qui importe vraiment est Patrushev-Sullivan. Cela concerne le fait que Washington a dit à la Turquie que des navires de
guerre américains allaient transiter par le Bosphore en direction de la mer Noire. Sullivan a dû dire à Patrushev que non, ils ne seront pas « actifs » dans le Donbass. Et
Patrushev a dit à Sullivan, OK, nous ne les incinérerons pas.
À Moscou, on ne se fait absolument pas d’illusions sur le fait que ce sommet putatif Biden-Poutine aura lieu dans un avenir lointain. Surtout après que le
taoïste Peskov ait fait savoir très clairement que « personne ne permettra aux États-Unis de parler à la Russie en position de force ». Si cela ressemble à une phrase tout droit
sortie de Yang Jiechi – qui a fait de la soupe d’ailerons de requin avec Blinken-Sullivan en Alaska – c’est parce que c’est le cas.
Kiev, comme on pouvait s’y attendre, reste en mode cirque. Après avoir reçu des messages acerbes de M. Iskander, M. Khinzal et M. Buratino, ils ont changé
d’avis, ou du moins font semblant, et disent maintenant qu’ils ne veulent pas de guerre.
Et voici l’intersection entre le cirque et les choses sérieuses. Le combo « Biden » n’a jamais dit, explicitement, officiellement, qu’il ne
voulait pas la guerre. Au contraire : ils envoient ces navires de guerre en mer Noire et – encore du cirque ! – ils désignent un envoyé, dans le style du Ministère des Marches stupides,
dont la seule tâche est de faire dérailler le gazoduc Nord Stream 2.
Le suspense – comme un teaser de « Snowpiercer » – est donc ce qui se passera lorsque Nord Stream 2 sera terminé.
Mais avant cela, il y a quelque chose d’encore plus important : mercredi prochain, lors de son discours devant le Conseil de Sécurité russe, le président
Poutine fera la loi.
C’est
Minsk 2, idiot
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov, a adopté une position beaucoup moins taoïste que celle de Peskov : « Les États-Unis
sont notre ennemi, ils font tout pour saper la position de la Russie sur la scène internationale, nous ne voyons pas d’autres éléments dans leur approche à notre égard. Telles sont nos
conclusions ».
C’est de la realpolitik pure et dure. Ryabkov connaît parfaitement l’état d’esprit de l’hégémon « incapable de conclure un accord ». Une dimension
supplémentaire à son observation est donc son rapport direct avec la seule solution pour l’Ukraine : les accords de Minsk 2.
Poutine a réitéré Minsk 2 lors de sa téléconférence en direct avec Merkel et Macron – et certainement à « Biden » lors de leur appel téléphonique.
Le Beltway, l’UE et l’OTAN en sont tous conscients. Minsk 2 a été signé par l’Ukraine, la France et l’Allemagne et certifié par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Si Kiev le viole, la
Russie – en tant que membre du CSNU – doit le faire respecter.
Kiev viole Minsk 2 depuis des mois maintenant ; il refuse de l’appliquer. En tant que satrapie fidèle à l’hégémon, ils ne sont pas non plus « aptes à
conclure un accord ». Pourtant, ils voient maintenant le panneau – la puissance de feu – sur le mur s’ils pensent ne serait-ce qu’à lancer une guerre éclair contre le Donbass.
Le secret de polichinelle dans toute cette histoire de miroirs sous le chapiteau de l’Ukraine et du Donbass est bien sûr la Chine. Pourtant, dans un monde
sain, l’Ukraine ferait non seulement partie d’un corridor de l’Initiative Ceinture et Route (BRI), mais aussi du projet russe de la Grande Eurasie. Nikolai Vavilov, spécialiste de la
Chine, reconnaît l’importance de la BRI, mais est également certain que la Russie défend avant tout ses propres intérêts.
Idéalement, l’Ukraine/Donbass serait insérée dans la renaissance globale des Routes de la Soie – comme dans le commerce interne de l’Eurasie centrale fondé
et développé en tenant compte de la demande de toute l’Eurasie. L’intégration eurasiatique – dans la vision chinoise et russe – consiste à interconnecter les économies par le biais du
commerce interrégional.
Ce n’est donc pas un hasard si l’hégémon – sur le point de devenir un acteur sans importance en Eurasie – ne recule devant rien pour harceler et tenter de
briser l’intégration eurasiatique par tous les moyens disponibles.
Dans ce contexte, manipuler un État en faillite pour qu’il connaisse sa propre perte n’est qu’une affaire (de cirque) de plus.
président-fondateur du Réseau Voltaire. Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald
Trump (2017).
La population ukrainienne est divisée entre une partie de culture européenne et une autre de culture russe. Cette singularité offre à Washington un terrain de
jeu face à Moscou. Depuis quelques semaines, les tambours battent, sonnant la guerre. Pourtant aucun des alliés ne souhaite ni mourir pour Kiev, ni se sacrifier face à la Russie.
Joe Biden a toujours été l’« homme du Pentagone ».
Les forces armées US
1- Les Anglo-Saxons ont un ennemi héréditaire : les Russes. Ce sont pour eux des gens méprisables, destinés depuis Othon Ier (Xème siécle), à n’être que
des esclaves ainsi que l’indique leur nom (slave signifie en anglais à la fois l’ethnie et l’esclave). Au XXème siècle, ils étaient contre
l’URSS, prétendument parce qu’elle était communiste, et sont désormais contre la Russie sans savoir pourquoi.
2- Second adversaire, des ennemis qu’ils se sont eux-mêmes créés en leur livrant une « guerre sans fin » depuis le 11 septembre 2001 : les
populations du Moyen-Orient élargi, dont ils détruisent systématiquement l’organisation étatique, qu’ils soient alliés ou adversaires, pour les « renvoyer à l’âge de pierre » et
exploiter les richesses de leur région (stratégie Rumsfeld/Cebrowski).
3- Troisième adversaire : la Chine dont le développement économique menace de les reléguer en seconde position. Ils n’ont à leurs yeux d’autre choix que la
guerre. C’est tout au moins ce que pensent leurs politologues qui parlent même de « piège de Thucydide » en référence à la guerre que Sparte livra à Athènes, effrayée par son
envol [1].
4- Les questions de l’Iran et de la Corée du Nord ne viennent que loin derrière les trois premières.
La Stratégie intérimaire de Sécurité nationale de Joe Biden [2] ou l’Évaluation annuelle des
risques [3] de leur communauté du Renseignement ne cessent de le répéter sous différents angles.
Mener trois guerres à la fois est extrêmement difficile. Le Pentagone recherche actuellement comment hiérarchiser ces priorités. Il rendra son rapport en juin.
Un secret absolu entoure la commission chargée de cette évaluation. Nul n’en connaît même les membres. Pourtant, sans attendre, l’administration Biden se focalise contre la Russie.
Que nous soyons indépendants ou inféodés à l’« Empire américain », il faut cesser de se contraindre à ne pas voir. Les États-Unis d’Amérique n’ont
d’autre objectif que de détruire la culture russe, les structures étatiques arabes, et —à terme— l’économie chinoise. Ceci n’a absolument rien à voir avec la défense légitime de leur
peuple.
Il n’y a aucun autre moyen d’expliquer pourquoi les États-Unis dépensent des sommes astronomiques pour leurs armées, sans aucun rapport avec les budgets de ceux
qu’ils décrivent comme leurs « amis » ou leurs « ennemis ». Selon l’Institute for Strategic Studies de Londres, leur budget
militaire est au moins égal à la somme de celui des quinze autres États les mieux armés [4].
Budget militaire des 15 principaux États en la matière (en milliards de dollars US).
Source : Institute for Strategic Studies
Les sujets d’affrontement avec la Russie
Les États-Unis sont inquiets du redressement de la Russie. Après avoir vécu une chute brutale de leur espérance de vie entre 1988 et 1994 (5 ans de moins), ils
ont récupéré, puis largement dépassé celle qu’ils avaient à l’ère soviétique (12 ans de plus), même si leur espérance de vie en bonne santé reste une des plus faibles d’Europe. Leur économie
se diversifie, particulièrement dans le domaine agricole, mais reste dépendante des exportations énergétiques. Leur armée s’est renouvelée, leur complexe militaro-industriel est plus
performant que celui du Pentagone, et elle a acquis une expérience en Syrie.
Pour Washington, la construction du pipe-line Nord Stream 2 menace de libérer l’Europe occidentale de sa
dépendance au pétrole US. Tandis que le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, voire celui du Donbass, portent au moins partiellement un coup à la dépendance de l’Ukraine à
l’Empire américain (la Crimée et le Donbass ne sont pas de culture occidentale). Enfin la présence militaire russe en Syrie freine le projet de destruction politique de tous les peuples de
cette région.
« Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage »
C’est sans aucun doute le président Biden qui a ouvert les hostilités en qualifiant le président russe de « tueur ». Jamais les deux puissances
n’avaient échangé d’injures, même à l’époque du Goulag. Son interlocuteur lui a répondu poliment et lui a proposé d’en débattre publiquement, ce qu’il a refusé.
Les États-Unis n’ont de vision du monde qu’à court terme. Ils ne se perçoivent pas responsables de leur héritage. Selon eux, les méchants Russes ont amassé plus
de 100 000 hommes à proximité de l’Ukraine et s’apprêtent à l’envahir, comme les Soviétiques l’avaient fait en Pologne, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Or il s’agissait alors non
pas de la Russie, mais de l’URSS ; non pas de la doctrine Poutine, mais de la doctrine Brejnev ; et Léonid Brejnev lui-même n’était pas russe, mais ukrainien.
Les Russes ont au contraire une vision du monde sur le long terme. Selon eux, les barbares États-uniens ont remis en cause l’équilibre des puissances lors des
attentats du 11 septembre 2001. Immédiatement après, le 13 décembre 2001, le président Bush annonçait le retrait des États-Unis du Traité anti-missiles (Traité ABM). Puis, les États-Unis
firent entrer dans l’Otan, un à un, presque tous les anciens membres du Pacte de Varsovie et de l’URSS en violation de leur promesse lors de la dissolution de cette dernière. Cette politique
fut confirmée par la Déclaration de Bucarest, en 2008 [5].
Tout le monde connaît la particularité de l’Ukraine : à l’Ouest une culture occidentale, à l’Est une culture russe. Durant une quinzaine d’années, le pays
était politiquement gelé, jusqu’à ce que Washington organise une pseudo-révolution et place ses marionnettes, en l’occurrence des néo-nazis, au pouvoir [6]. Moscou a réagi assez rapidement pour que la Crimée proclame son
indépendance et se rattache à la Fédération de Russie, mais il a hésité pour le Donbass. Depuis, il distribue des passeports russes à tous les habitants de cette région ukrainienne dont il
est le seul espoir.
L’administration Biden
Le président Biden était connu, lorsqu’il était sénateur, pour présenter au Sénat des dispositions législatives imaginées par le Pentagone. Devenu président, il
s’est entouré de personnalités néo-conservatrices. Nous ne le répéterons jamais assez : les néo-conservateurs étaient des militants trotskistes qui
furent recrutés par le président républicain Ronald Reagan. Depuis lors, ils sont toujours restés au pouvoir, sauf durant la parenthèse du président jacksonien Donald Trump,
basculant du Parti républicain au Parti démocrate et réciproquement.
Durant la « révolution » colorée du Maïdan (2013-14), Joe Biden, alors vice-président, prit fait et cause pour les néo-nazis qui étaient des agents
des réseaux stay-behind de l’Otan [7]. Il dirigea les opérations avec l’une des assistantes du secrétaire
d’État de l’époque, Victoria Nuland (dont le mari, Robert Kagan, est un des fondateurs du Project for a New
American Century, l’organe de collecte de fonds du républicain George W. Bush). Le président Biden a décidé d’en faire l’adjointe de son nouveau secrétaire d’État. Elle s’était appuyée
sur l’ambassadeur US de l’époque à Kiev, Geoffrey Pyatt, aujourd’hui en poste à Athènes (Grèce). Quant au nouveau secrétaire d’État du président Biden, Antony
Blinken, il est juge et partie car d’origine ukrainienne par sa mère. Bien qu’ayant été élevé à Paris par le second mari de celle-ci, l’avocat Samuel Pisar
(conseiller du président Kennedy), il est également acquis aux idées néo-conservatrices.
La préparation de l’affrontement avec la Russie
À la mi-mars 2021, les États-Unis ont organisé avec leurs partenaires de l’Otan les manœuvres Defender-Europe 21. Elles se poursuivront jusqu’en juin. Il s’agit de reprendre le méga exercice Defender-Europe 20 qui avait été réduit et abrégé en raison de l’épidémie de Covid-19. C’est un gigantesque déploiement d’hommes et de matériel pour
simuler un affrontement avec la Russie. Ces manœuvres sont jointes à un exercice de bombardiers nucléaires en Grèce, en présence de l’ambassadeur Geoffrey Pyatt cité plus haut.
Le 25 mars, le président Volodymyr Zelensky publiait la nouvelle Stratégie de
Sécurité ukrainienne [8], trois semaines après que le président Joe Biden ait publié celle des
États-Unis.
Répondant à l’Otan, la Russie entreprenait ses propres manœuvres sur sa frontière occidentale, y compris sur sa frontière avec l’Ukraine. Elle dépêchait même
des troupes supplémentaires en Crimée et jusqu’en Transnistrie.
Le 1er avril, le secrétaire US à la Défense téléphonait à son homologue ukrainien à propos d’un possible renforcement de la tension avec la
Russie [9]. Le président Volodymyr Zelensky faisait alors une déclaration dans laquelle il assurait surveiller les manœuvres russes qui pourraient être des
provocations [10].
Le 2 avril, le Royaume-Uni organisait une réunion des ministères de la Défense et des Affaires étrangères britanno-ukrainiens, sous la
responsabilité du ministre britannique Ben Wallace [11] (qui fut très actif dans le conflit du Nagorno-Karabagh [12]).
Le 2 avril, le président Joe Biden appelait son homologue ukrainien pour l’assurer de son soutien face à la Russie. Selon l’Atlantic Council, il lui aurait annoncé sa décision de lui donner une centaine d’avions de combat (F-15, F-16 et E-2C) actuellement basés sur la base aérienne
de Davis-Monthan [13].
Le 4 avril, le président de la Commission des Forces armées de la Chambre des Représentants, le démocrate Adam Smith,
négociait avec des parlementaires ukrainiens de fortes subventions à l’armée ukrainienne en échange de l’engagement ukrainien contre le pipe-line Nord Stream 2 [14].
Discret aller-retour au Qatar du président Zelensky et du directeur des usines d’armement Ukroboronprom, le 5 avril 2021.
Le 5 avril, le président Volodymyr Zelensky rendait une visite au Qatar. Il s’agissait officiellement de développer les relations commerciales.
Le Qatar est le principal pourvoyeur d’armes des jihadistes et, selon nos informations, la question d’un éventuel financement de combattants fut abordée. Le directeur général du constructeur
militaire Ukroboronprom, Yuriy Gusev, faisait partie du voyage. C’est lui qui avait fourni des armes à Daesh sur commande du Qatar [15].
Le 6 avril, la Lituanie qui, par le passé protégea la partie occidentale de l’Ukraine dans son propre empire, s’enquit de la situation
militaire [16].
Le président Zelensky reçoit le président du Comité militaire de l’Otan, le 7 avril 2021.
Les 6 et 7 avril, le général britannique Sir Stuart Peach, président du Comité militaire de l’Otan se rendait en Ukraine pour
préciser les réformes nécessaires pour que le pays puisse adhérer à l’Otan [17].
Le 9 avril, conformément à la Convention de Montreux, le Pentagone informa la Turquie de son intention de faire transiter des navires de guerre
par les détroits des Dardanelles et du Bosphore.
Après avoir discuté armes et argent avec le cheikh Tamin au Qatar, le président Zelinski est venu parler des hommes avec son homologue turc,
Recep Tayyip Erdoğan, le 10 avril 2021.
Le 10 avril, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, reçut son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Istanbul, dans le cadre de
consultations régulières entre les deux nations [18]. Au vu du blanc-seing qatari, la Turquie, membre de l’Otan, débuta immédiatement le recrutement de jihadistes internationaux en Syrie pour les
envoyer combattre dans le Donbass ukrainien. Des instructeurs militaires turcs furent également envoyés au port ukrainien de Marioupol, siège de la Brigade islamiste
internationale [19], créée par le président Erdoğan et son homologue ukrainien d’alors
avec des Tatars fidèles à Washington contre la Russie.
En toute logique, la Fédération de Russie amassait ses troupes à la frontière ukrainienne. Aussi ses partenaires de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la
Coopération en Europe) l’ont-ils questionnée sur ses manœuvres. Ce à quoi la partie russe n’a répondu que de manière évasive. Or, le Document de
Vienne (1999) fait obligation aux membres de l’OSCE de se fournir les uns aux autres toutes les indications sur les mouvements de leurs troupes et de leurs matériels. Mais on sait
que les Russes ne fonctionnent pas comme les Occidentaux. Ils n’informent jamais ni leur peuple, ni leurs partenaires en cours d’opération, uniquement lorsque leurs déploiements sont
terminés.
Deux jours plus tard, le G7 publiait une déclaration s’inquiétant des mouvements russes, mais ignorant ceux de l’Otan et de la Turquie. Il se
félicitait de la retenue de l’Ukraine et demandait à la Russie de « mettre un terme à ses provocations » [20].
Le 13 avril, à l’occasion de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan avec la Commission Ukraine/Otan, les États-Unis ont
déployé le grand jeu. Tous les alliés —dont aucun ne souhaitait mourir parce que les Ukrainiens ne parviennent pas à divorcer— ont été invités à apporter leur soutien à Kiev et à dénoncer
l’« escalade » de la Russie [21]. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, s’est
longuement entretenu avec son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba [22]. On se dirigeait inexorablement vers la guerre.
Subitement, le président Joe Biden détendit l’atmosphère en téléphonant à son homologue russe, Vladimir Poutine. Il lui proposa une rencontre au sommet alors
qu’il avait dédaigneusement rejeté la proposition d’un débat public lorsqu’il l’avait insulté [23]. Après cette initiative, la guerre semblait évitable.
Le 14 avril, Antony Blinken, convoqua pourtant ses principaux alliés (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni) pour les
mobiliser [24].
Le président Biden a clarifié sa position à propos de la Russie, le 15 avril 2021.
Le 15 avril, le président Joe Biden donna sa vision du conflit, expulsa dix diplomates russes [25]. Il prit des sanctions contre la Russie
accusée non seulement d’avoir truqué des élections pour faire élire le président Donald Trump, mais aussi d’avoir offert des primes pour l’assassinat de soldats US en Afghanistan ou encore
d’avoir attaqué les systèmes informatiques fédéraux via un logiciel de SolarWinds.
Prévisible, la Russie expulsa un nombre identique de diplomates états-uniens. En outre, elle tendit un piège à un diplomate ukrainien qu’elle interpella en flagrant
délit d’espionnage, des documents classifiés Secret-Défense à la main.
Poursuivant sur sa lancée, le président Volodymyr Zelensky alla rencontrer ses homologues français et allemands, le président Emmanuel Macron et la
chancelière Angela Merkel. Tout en déplorant l’escalade russe et en ne cessant de réaffirmer leur soutien moral à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ses deux interlocuteurs
se firent évasifs sur la suite des événements.
En définitive, si les États-Unis et la Russie doivent se rencontrer et discuter, il est un peu tôt pour mourir pour Kiev.
Thierry Meyssan
[1] Destined for War : Can
America and China Escape Thucydides’s Trap ?, Graham Allison, Houghton Mifflin Harcourt (2017).
[25] “Remarks on Russia”, by Joseph R. Biden Jr., Voltaire Network, 15 April 2021.
Bruits de Bottes en Ukraine (bis)
...par "Pierre" - Le 07/12/2021.
...par Pierre - Le 07/12/2021.
Je suis passionné par l'Histoire des nations. Je pense qu'on ne peut pas trouver de solution à un conflit si on n'a pas profondément étudié l'Histoire des
parties en présence. Je suis l'actualité internationale depuis plus de 35 ans. J'aime me ressourcer en montagne. Longs treks dans les Alpes ou dans l'Himalaya, seul (...)
Avec du côté ukrainien, 125 mille soldats, la moitié de ses effectifs totaux, positionnée dans le Donbass contrôlé par Kiev et du côté russe, un impressionnant
matériel de guerre prépositionné près de la frontière ukrainienne et 300 mille soldats cantonnés dans les régions environnantes, l'Europe n'a jamais été aussi près d'un conflit majeur entre
deux pays depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Ce qui saute aux yeux, c'est que cette impressionnante force russe est bien trop importante pour seulement intervenir dans le Donbass d'autant plus que la
supériorité aérienne russe est écrasante.
Quelle pourrait alors être la raison d'un tel déploiement ?
Les autorités russes n'ont cependant aucun intérêt à déclencher les hostilités. Il s'agit plutôt d'une force de dissuasion visant à avertir les dirigeants
ukrainiens et leurs conseillers américains qu'un assaut sur les républiques de Donetsk et Lougansk provoquera une riposte de grande ampleur.
Le temps joue en faveur de la Russie. En effet, si les accords de Minsk 2 était appliqués, cela signifierait la neutralisation de l'Ukraine et si le statu quo
demeurait, l'Ukraine n'aurait aucune perspective d'avenir. Ni l'adhésion à l'UE, ni à l'OTAN, ni le retour à la coopération économique avec la Russie ne seraient envisageables.
Une neutralisation de l'Ukraine (accords de Minsk 2) signifierait un retour à la case départ, comme avant 2014. L'Ukraine redeviendrait une zone tampon entre la
Russie et l'OTAN comme l'était aussi la Biélorussie avant 2020. C'est sûrement la meilleure perspective pour l'Ukraine mais cela signifierait une défaite pour l'Alliance atlantique.
Le statu quo aussi d'ailleurs, les Occidentaux devrait indéfiniment soutenir un État failli sans en tirer le moindre bénéfice.
L'Ukraine pourrait renoncer aux deux républiques autoproclamées et à la Crimée mais ce serait d'un côté ressenti par les nationalistes comme une capitulation
surtout après ces sept années de propagande antirusse et d'un autre côté, cela donnerait des idées à d'autres régions d'Ukraine.
Encouragé par les États-Unis ou du moins par sa tendance néocon, l'Ukraine est tentée par une dernière solution : la récupération des deux entités séparatistes
par la force. En cas de succès, ce serait un triomphe pour le président Zelensky ainsi que pour les États-Unis.
Sauf à risquer une guerre meurtrière incertaine et qui forcera peut-être une intervention directe des alliés de l'Ukraine, cela demande au moins une prise de
contact avec la Russie pour jauger jusqu'où elle est prête à intervenir. C'est le sens des entretiens entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken de Stockholm.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'intervention russe en cas de conflit ouvert dans le Donbass est jugée beaucoup plus importante que prévu et cela rend les
États-Unis et l'OTAN extrêmement mécontents.
Une tentative d'invasion des deux républiques devient beaucoup plus risquée et la décision sera délicate à prendre.
La Russie ne va sûrement pas dévoiler ses plans militaires mais au vu des forces en présence, il semble qu'une petite partie des forces viendra au secours des
sécessionnistes et la presque totalité du reste des forces enveloppera les forces ukrainiennes dans une immense nasse.
La destruction d'un satellite est d'ailleurs un signal donné par les Russes pour signifier aux États-Unis qu'ils ne pourront pas compter sur leurs
satellites-espions en cas de crise grave.
L'Europe ne sera plus la même après un conflit pareil qui à mon avis sera court et violent et se terminera par une partition de l'Ukraine.
L'OTAN, les États-Unis et leurs alliés britanniques, polonais et baltes n'auront alors pas atteint leur premier objectif mais ils auront obtenu une rupture totale
avec la Russie contraire aux intérêts des autres Européens.
Selon l'influent think tank Atlantic Council, les États-Unis doivent proposer une solution qui sauvera leurs intérêts en Ukraine : l'arrimage de l'Ukraine
à l'OTAN sans aucune garantie pour la Russie (pas de ligne rouge) et faire du Donbass une zone sous contrôle international pendant une période de transition. Une partie des sanctions sera alors
supprimée et la coopération avec l'OTAN sera rétablie.
En cas de refus, l'Ukraine recevra massivement de l'armement de tous types (radars, défenses antiaériennes et côtières, systèmes de guerre électroniques, radars de
contre-batterie etc.) et les compagnies russes se verrait totalement exclues de tout accès aux marchés financiers.
Il va sans dire que la Russie n'est pas prête à entamer des discussions sur la base de telles menaces. Les accords de Minsk ont été entérinés par le Conseil de
Sécurité de l'ONU et font force de loi. C'est la position de la Russie.
Le plan B de la Russie est de lancer une offensive pour couper l'Ukraine en deux et d'ainsi créer une Ukraine bis qui irait jusqu'au Dniepr et occuperait tout le
littoral de la mer Noire.
Il ne serait pas question d'annexer ce territoire mais simplement de le reconnaître comme indépendant. C'est assez facilement réalisable parce que la moitié de
l'armée ukrainienne se rallierait à cette nouvelle république.
Tout cela peut sembler excessif de la part de la Russie mais on ne peut le comprendre ici que si on prend en compte les craintes des autorités russes et les
analyses de la presse que je vais essayer de résumer ci-dessous.
Le premier moment de rupture avec l'Occident a lieu en 2009 quand la percée stratégique de l'Union douanière a fait craindre aux Occidentaux une reconstitution de
l'Union soviétique.
Les États-Unis n'ont d'abord pas prêté beaucoup d'attention à cette union mais en 2013, les analystes américains ont alerté le président Obama que l'Ukraine risque
de basculer dans le giron russe avec son immense potentiel industriel. i Cela aurait fait de la Russie une entité autosuffisante et indépendante et elle deviendrait une concurrence
sérieuse pour l'Occident.
Des contre-mesures étaient urgentes et c'est ainsi que le coup d’État du Maïdan fut décidé.
Le renversement du président élu et son remplacement par des pro-occidentaux devait permettre aux navires de guerre américains d'avoir accès à
Sébastopol. ii
Un an plus tard, le président Obama en visite en Inde a reconnu sa responsabilité dans cet événement.
Aucun responsable américain n'avait prévu le coup en Crimée et surtout sa rapidité sans que personne ne puisse réagir. iii
Je me souviens qu'il a fallu une semaine avant que les États-Unis et l'OTAN ne réagissent.
C'est sans doute la pire humiliation subie par l'OTAN depuis son existence.
Vladimir Poutine n'a pas vu d'autre possibilité que le rattachement à la Russie pour empêcher la perte de la principale base russe vers le Sud.
Le reste, la sécession du Donbass, la guerre civile, l'échec des accords de Minsk et la suite ne sont que les conséquences du coup d’État du Maïdan.
La Russie aurait pu écraser l'Ukraine en quelques jours en 2014. Elle ne l'a pas fait car elle a préféré utiliser le soft power en s'en prenant à l'économie
ukrainienne.
Aujourd'hui, l'annexion de l'Ukraine n'intéresse pas la Russie. La seule chose qui est importante pour elle, c'est que l'OTAN n'installe pas ses bases de missiles
en Ukraine et elle veut des garanties écrites.
C'est ce que Sergueï Lavrov appelle la ligne rouge. C'est aussi ce que les États-Unis et L'OTAN rejettent. Cela indique que la crainte des Russes de voir des
missiles de l'OTAN en Ukraine n'est pas farfelue.
Ceci est le point de vue russe. Il est largement partagé par les médias et par la population.
Nous vivons sans doute la pire crise depuis celle de Cuba en 1962 et elle a malheureusement lieu en Europe.
Est-il possible d'éviter une vraie guerre aux frontières européennes ? C'est difficile à dire parce que nous avons d'un côté, la Russie qui est dos au mur et
un nouveau recul la rendrait fragile et de l'autre côté, les États-Unis et leurs proches alliés qui perdraient la face s'ils renonçaient.
Avec la France et l'Allemagne, les grands perdants dans tous les cas de figure, qui sont aux abonnés absents et qui semblent tétanisés par ce qui arrive, on peut
s'attendre à une vraie confrontation sur le sol européen. Sans doute une guerre conventionnelle sur le sol ukrainien mais comme on dit souvent : « Une
guerre, on sait quand cela commence mais on ne sait jamais quand cela finira. »
Il faut aussi signaler que les oligarques ukrainiens, Akhmetov en tête, perdront leurs empires commerciaux en cas de destruction de l'Ukraine d'où les rumeurs de
renversement du président Zelensky pour éviter une guerre.
Le tout, c'est de savoir jusqu'où les États-Unis sont prêt à aller pour maintenir leur statut de super ou hyper-puissance et si la Russie a vraiment les capacités
militaires qu'on lui attribue.
i Lors de son indépendance en 1992, l'Ukraine avait un avenir radieux vu que son industrie était du niveau de celle de l'Allemagne. Il ne reste plus grand-chose
aujourd'hui de la construction navale (Nicolaev), de l'industrie aérospatiale (Zenit), de l'industrie aéronautique (Antonov), de la fabrication d'automobile, des usines de moteurs (Motor Sich,
les meilleurs moteurs du monde), de l'industrie nucléaire, de la fabrication d'engrais etc. L'Ukraine était autosuffisante en production d'énergie. Il reste encore la production agricole mais
pour combien de temps.
ii Les médias avaient toujours omis de dire que la Navy avait depuis longtemps une antenne à Sébastopol. Cela prouve que les États-Unis s'intéressaient à Sébastopol
depuis longtemps.
iii Une autre chose que les médias ont toujours omis de dire, c'est qu'il y avait 22000 militaires ukrainiens en Crimée et seulement 12000 soldats russes. Ce sont les
autorités civiles de Crimée qui ont convaincu l'armée ukrainienne de ne pas résister ce qui a permis de ne pas faire de victime. Il faut aussi dire que seulement 2000 soldats ukrainiens ont
décidé de rentrer au pays. Les autres, y compris de l'état-major, se sont soit ralliés aux nouvelles autorités, soit pour une très petite minorité, ont démissionné et sont restés en
Crimée.
Le rêve des Ukrainiens de rejoindre
l’Alliance de l’Atlantique Nord ne se réalisera manifestement pas – du moins dans un avenir prévisible. Selon l’agence Associated
Press, le Département d’État américain a indiqué aux autorités de Kiev qu’il était peu probable qu’elles rejoignent l’alliance dans les dix prochaines années. Dans le même temps, le
président Joe Biden a clairement indiqué que le Pentagone ne se lancerait pas dans une guerre pour l’Ukraine. L’agence de presse RIA
Novosti a enquêté sur les raisons pour lesquelles Washington a soudainement fait marche arrière.
par Andrey Kots.
De grandes attentes
En Ukraine, l’issue des entretiens directs entre les présidents russe et américain était attendue avec impatience. À la veille de la rencontre en ligne des
deux dirigeants, les analystes et les politologues ont fait des prédictions plus audacieuses les unes que les autres dans les médias locaux. Peu d’entre eux doutaient que la
« victoire » tant attendue allait enfin arriver : Biden allait sévèrement « remettre Poutine à sa place » et le forcer à « retirer les troupes de la
frontière ».
Les experts ont été rassurés par la puissante « préparation d’artillerie » menée par les politiciens occidentaux. Début décembre, Joe Biden a
déclaré qu’il refusait de reconnaître une quelconque ligne rouge dans la situation en Ukraine. Les responsables du département d’État et de l’OTAN se sont accordés pour dire que la Russie
n’avait pas le droit de dire à l’alliance qui accepter ou non dans ses rangs.
Et si Moscou décidait malgré tout d’une « agression », l’Occident collectif promettait des sanctions économiques sans précédent – allant jusqu’à
la déconnexion de SWIFT.
Changement de
direction
Cependant, la réalité a rapidement dégrisé tout le monde. La première sonnerie de fin de récré a retenti lorsque les sanctions contre Nord Stream 2 et la
dette publique russe ont été exclues du projet de budget américain de la défense pour l’exercice 2022.
Il y a pire : pour la première fois, Washington a officiellement annoncé qu’il n’avait pas l’intention d’utiliser ses forces armées pour défendre l’Ukraine.
Pourtant, à Kiev, le soutien direct de l’Occident en cas de conflit avec la Russie est considéré comme un axiome et figure même en toutes lettres dans la nouvelle stratégie militaire
adoptée en mars. Enfin, l’agence de presse Associated Press a publié plusieurs exclusivités qui brisent les » rumeurs » de Kiev.
Tout d’abord, Washington va forcer l’Ukraine à appliquer les accords de Minsk. L’une des principales demandes est que Kiev accorde davantage d’autonomie au
sud-est du pays et négocie avec les dirigeants des entités non reconnues que sont le DNR et le LNR. Il s’agit de l’une des conditions essentielles du quartet de Normandie, que la partie
ukrainienne néglige de manière flagrante.
En outre, l’agence cite des sources du département d’État selon lesquelles l’Ukraine ne sera pas acceptée dans l’OTAN pendant au moins les dix prochaines
années. La « victoire » attendue s’est une fois de plus transformée en « humiliation ».
« Faire plier la Russie » a
échoué
« Nous devons admettre
qu’avant la conversation entre Poutine et Biden, la rhétorique de l’Occident était extrêmement belliqueuse », déclare Sergei Sudakov, un politologue américain. Le président
américain, en particulier, a déclaré que les États-Unis ne reconnaissent les lignes rouges de personne et les tracent où ils veulent. À Bruxelles, ils ont souligné que Moscou n’a pas le
droit d’exiger de l’OTAN qui elle doit admettre ou non au sein de l’alliance. Le sénateur Roger Wicker a même proposé une frappe nucléaire contre la Russie si elle envahissait
l’Ukraine.
L’expert estime que M. Biden n’a finalement pas réussi à « faire plier » son homologue russe, à l’intimider par des sanctions et autres
contre-mesures.
« Non seulement dans
les dix prochaines années, mais même dans un demi-siècle, l’Ukraine ne sera pas amenée à l’OTAN », est convaincu l’analyste politique ukrainien Kost Bondarenko.
« Je
crois que cela n’arrivera jamais. Tout d’abord, à l’OTAN, les décisions sont prises par consensus. Et plus on avance, plus ce consensus s’amenuise. Deuxième point : de nombreux pays de
l’OTAN ne voudraient pas narguer Moscou avec l’Ukraine. Parce que ce serait effectivement une déclaration de guerre. En outre, on ne sait pas si, dans dix ans, l’OTAN existera encore – en
tant que structure internationale ».
Contre mauvaise fortune bon
cœur
Les propos de Joe Biden selon lesquels des représentants américains et des alliés clés de l’OTAN rencontreront bientôt la délégation russe pour discuter des
revendications et des préoccupations mutuelles ont également suscité un mécontentement évident à Kiev.
Rien d’étonnant à cela : après tout, comme l’a déclaré avec arrogance Dmytro Kuleba, le ministre des affaires étrangères de Kiev, « aucune négociation
sur l’Ukraine n’est possible sans l’Ukraine ». Toutefois, M. Biden n’a appelé M. Zelensky que jeudi soir, après ses entretiens avec M. Poutine. Bien qu’il n’y ait eu aucun doute
à Kiev que cette conversation n’aurait lieu qu’après la rencontre entre les deux présidents.
La réaction plutôt modérée et – pour une fois – constructive de la Maison Blanche aux résultats des négociations a provoqué une véritable panique non
seulement à Kiev mais aussi chez un certain nombre d’autres alliés de la « Jeune Garde » à Washington. En particulier, Marko Mihkelson, chef de la commission des affaires
étrangères du parlement estonien, a qualifié de « surprise désagréable » l’idée de Joe Biden d’organiser une réunion de haut niveau des principaux pays de l’alliance avec la
Russie.
Il a appelé les autres pays du flanc oriental de l’OTAN à déployer des efforts diplomatiques pour faire échouer le sommet. Mais il est peu probable que
l’opinion de M. Mihkelson intéresse qui que ce soit à Bruxelles. Et le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anušauskas, a déclaré avec regret : « L’Ukraine ne peut
compter que sur elle-même pour défendre sa propre souveraineté ».
Néanmoins, Kiev essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Jeudi, des photos de soldats ukrainiens sur la ligne de contact dans le Donbass, armés de
systèmes de missiles antichars Javelin américains, sont apparues sur les réseaux sociaux.
C’est la première preuve officielle de la présence de ces armes sur la ligne de front. Les autorités ukrainiennes essaient manifestement de jouer avec leurs
muscles en public. Valeriy Gerasimov, chef d’État-Major général des forces armées russes, a répondu à cette manifestation par un avertissement sans équivoque : Toute provocation militaire
de Kiev dans le Donbas sera arrêtée.
Le 17 décembre, la Russie a remis aux Occidentaux deux projets de traité dont l’objet est la création d’une architecture européenne de sécurité. Les
médias n’y ont guère prêté attention – à tort, semble-t-il, car il ne s’agit pas de « souhaits » mais d’« exigences » russes ce que reconnaît volontiers
le New York
Times dans l’article que le journal lui a consacré[1], tout en minimisant la portée et le bien-fondé de cette démarche. Elle fait suite aux récents évènements en Ukraine où la tension est montée d’un cran. Les
relations internationales étant également tendues au Moyen Orient et en Asie, il est souhaitable qu’un accord intervienne entre les deux parties d’autant que la situation économique
étant ce qu’elle est, une récession mondiale ne peut être exclue. La concomitance de ces deux évènements – tension russo-américaine et récession– ne peut qu’aggraver une situation
internationale instable avec les conséquences que l’on peut imaginer.
Que dit le premier traité, celui destiné aux Etats-Unis (le second s’adresse à l’OTAN) ? Que les Etats-Unis doivent renoncer à intégrer des nations
de l’ancienne Union soviétique dans l’Alliance atlantique, à disposer de bases militaires dans ces mêmes nations, à faire voler des bombardiers, équipés ou non d’armes nucléaires près
des frontières russes, etc. En un mot, ils visent à arrêter la marche vers l’est de l’OTAN.
Pourquoi ce ton ferme que certains assimilent à un ultimatum, et pourquoi maintenant ? Dans un excellent article[2], Gilbert Doctorow en donne deux raisons. La première concerne l’avantage tactique de la Russie en Europe et stratégique à l’égard des Etats-Unis. La chose est
désormais entendue : Washington fournit et fournira des armes à l’Ukraine mais n’interviendra pas militairement. En mars 2018 dans un long discours, Vladimir Poutine a annoncé de
nouvelles armes stratégiques révolutionnaires. Quelques esprits éclairés ont incité les dirigeants occidentaux à prêter attention à ses propos, mais l’incrédulité a prévalu. Or, il
apparaît qu’aujourd’hui ces armes équipent les forces russes. La seconde raison est l’entente avec le voisin chinois qui prend des allures d’alliance – Vladimir Poutine a fait savoir
qu’en cas de conflit en mer de Chine, les Russes seraient du côté des Chinois et Xi Jinping a déclaré que dans un conflit ukrainien, il serait du côté des Russes. A ces deux raisons
s’en ajoute une troisième : l’humiliant retrait de Kaboul qui n’est pas sans rappeler celui, tout aussi humiliant, de Saïgon en 1972, et confirme l’affaiblissement de l’Empire.
En résumé, les Etats-Unis sont responsables de la situation dans laquelle ils sont aujourd’hui, à preuve la crise ukrainienne.
Au printemps 2014, la révolution Maïdan fait passer l’Ukraine dans le camp occidental. Ce coup d’état qui est la première révolution orange, ne sera pas
plus réussi que les suivants. L’Ukraine est une nation fondamentalement liée à la Russie. La séparer de l’âme sœur la condamnait. La situation économique est catastrophique en dépit
d’un prêt de 5 milliards de dollars accordé par le Fonds monétaire international en 2000 en contravention de ses propres règles auquel il faut ajouter un second prêt de
750 millions de dollars récemment consenti pour éviter que le pays ne fasse banqueroute. Son président, Vladimir Zelensky, n’a jamais donné suite aux accords de Minsk – accords
sanctionnés par un vote du Conseil de sécurité – qui prévoient que Kiev négocie directement avec les républiques du Donbass (Donetsk et Louhansk) pour sortir du conflit qui les
oppose. La situation se dégradant et ne sachant plus comment en sortir, les Américains ont essayé de repasser l’affaire aux Russes. Ce fut l’objet du voyage de William Burns,
directeur de la CIA et ancien ambassadeur à Moscou, en novembre dernier. En dépit de ses requêtes répétées, Vladimir Poutine refusa de le recevoir, acceptant seulement de lui parler
au téléphone pour lui rappeler que les accords de Minsk était une affaire ukrainienne dans laquelle la Russie n’avait pas à intervenir. Il est évident que les Russes ne feront rien
pour sortir les Américains d’une situation qu’ils ont eux-mêmes créée. Si cela ne suffisait pas, le coup d’état américain en Ukraine dont s’enorgueillit la sous-secrétaire d’état
Victoria Nuland, eut pour effet imprévu la mainmise de la Russie sur la Crimée. Fatigués de ces interférences dans leur sphère d’influence, les Russes ont décidé d’agir.
Que vont faire les Etats-Unis ? Certains beaux esprits qui leur conseillent de gagner du temps en offrant un hochet aux Russes[3], ont prêté peu d’attention au discours de Vladimir Poutine du 21 décembre[4] dans lequel il déclare : « Nous espérons une réponse
claire et exhaustive à nos propositions. Quelques signaux nous permettent de l’espérer. Cependant, il est possible qu’ils tentent de diluer nos propositions dans une avalanche de mots
ou de prendre avantage de cette pause pour poursuivre leurs propres intérêts. Soyons clairs : nous le savons mais cela se révélera contreproductif. Nous souhaitons des
discussions constructives et significatives dans un calendrier prédéfini afin d’atteindre des résultats concrets dans l’intérêt de tous. »
Que feront les Russes si les Américains ne répondent pas ou répondent évasivement à leurs propositions ? Personne ne le sait. Mais en tant que
joueurs d’échec, les Russes s’y sont préparés. Patrick Armstrong, ancien ambassadeur canadien à Moscou, offre une palette de réponses possibles[5], parmi lesquelles on relève celles-ci :
– stationner des missiles nucléaires à moyenne portée à Kaliningrad.
– organiser une expédition navale sino-russe dans le golfe du Mexique au titre de la liberté de navigation.
– fermer son espace aérien aux compagnies aériennes occidentales.
– exiger que toute importation russe soit payée en rouble.
– abandonner Nord Stream II – une décision pénalisante pour l’industrie allemande qui en a grand besoin suite à la décision d’Angela Merkel d’arrêter
les centrales nucléaires.
– etc.
Si une (ou plusieurs) de ces initiatives était adoptée, les Américains imposeraient de nouvelles sanctions. La plus emblématique serait l’expulsion de
la Russie du système SWIFT – un réseau d’institutions financières qui permet d’envoyer et de recevoir des informations sur les transactions financières dans un environnement sécurisé,
standardisé et fiable. Les Russes s’y sont préparés, en conjonction avec les Chinois. Cette mesure ne serait donc pas aussi pénalisante qu’elle l’aurait été il y a quelques années.
Par ailleurs, n’oublions pas que certaines sanctions se sont révélées très couteuses ou dommageables pour l’économie européenne.
Avant de conclure, arrêtons-nous un instant sur la situation économique. La pandémie et les chaos qu’elle a provoqués dans les chaînes
d’approvisionnement ainsi que les plans de soutien à l’économie ont ravivé une inflation qui s’était assagie ces dernières années. Elle a littéralement bondi ces derniers mois,
passant de 1,2% en 2020 à 6,8% en novembre 2021 aux Etats-Unis, de 1,6% à 5,1% au Royaume-Uni, de 0,5% à 4,9% en zone euro et de 0,3% à 9,0% au Japon. L’inflation va-t-elle persister,
voire croître ? Nul ne le sait. Mais si les prix continuent de monter, les banques centrales n’auront d’autre choix que de relever leurs taux directeurs. C’est le cas de la
Banque d’Angleterre, de la Banque centrale de Russie, de Norvège, du Mexique, du Chili, du Pérou, du Brésil, de l’Afrique du Sud, etc. La Réserve fédérale, la Banque centrale
européenne et la Banque du Japon n’ont pas relevé le leur mais accélèrent leur sortie de l’assouplissement quantitatif (politique monétaire de soutien à l’économie). Une remontée
généralisée des taux d’intérêt provoquerait une récession mondiale qui se traduirait par une augmentation du chômage et des troubles sociaux. Ces situations instables ont parfois une
incidence sur les relations internationales – les gouvernements cherchant un exutoire à leurs problèmes internes. Aux Etats-Unis, la chute de popularité de Joe Biden pourrait le
conduire à adopter une politique intransigeante à l’égard de la Russie pour ne pas paraître « faible » aux yeux des électeurs, accusation déjà proférée dans les rangs
républicains.
Lors de sa conférence de presse du 23 décembre[6], Vladimir Poutine a fait savoir que que des négociations auront lieu à Genèvre en janvier, laissant entendre qu’il avait été entendu. Un accord sur ses
propositions sonnerait le glas des prétentions hégémoniques néoconservatrices. Joe Biden qui fut longtemps président du comité des Affaires étrangères du Sénat le sait. Alors qu’il
sera confronté à une situation économique difficile, sera-t-il en mesure de résister aux pressions qui s’exerceront sur lui pour éviter l’instauration d’un nouvel ordre mondial
multipolaire ?