Les empires naissent, se déploient et meurent. Le conflit ukrainien annonce le crépuscule de l’Empire américain et
l’avènement d’un nouvel ordre mondial dominé par l’Eurasie.
« La guerre est perdue.
Négociez. » C’est en substance, le message de Emmanuel Macron et de Olaf Scholz à Volodymyr Zelensky, lors de leur entretien à l’Élysée, début février, selon
le Wall Street
Journal2. De
son côté, Joe Biden aurait fait des propositions de paix selon Newsweek3. Information
immédiatement qualifiée de « complètement
fausses » par la Maison Blanche.
Y a-t-il désaccord entre alliés ?
À la Conférence sur la sécurité de Munich (17-19 février), l’optimisme prévalait officiellement. En privé, c’est le pessimisme qui l’emportait.
« Personne ne pense que
l’Ukraine puisse regagner les territoires perdus» note Stephen M. Walt, professeur de géopolitique à Harvard, présent à la conférence4. L’objectif
n’est plus la victoire mais une négociation aussi favorable que possible à l’Ukraine. Il n’y a pas désaccord sur l’issue de la guerre, seulement sur la façon d’y mettre fin. Les Européens
souhaitent entamer des négociations dans les plus brefs délais, les néoconservateurs espèrent obtenir quelques succès sur le terrain au préalable. Illusion.
Les Leopard allemands
et les Abrams américains
– s’ils ne sont jamais délivrés – ne changeront rien à l’affaire5. Bakhmout
est sur le point de tomber6. La
guerre est perdue. Les conséquences de cette défaite sont désastreuses pour les États-Unis et l’Europe. Washington, Londres, Paris et Berlin entrent donc dans une phase de Damage
Control pour en minimiser les effets. L’ordre mondial qui prévalait depuis la chute de l’Union soviétique, n’est plus.
Le premier souci des dirigeants occidentaux, et non des moindres, sera de contrôler le
« narratif », c’est-à-dire la présentation qui sera donnée de cette défaite ukrainienne dans les médias. Ils s’appesantiront très certainement sur la vaillance
et le courage des Ukrainiens, puis les oublieront rapidement pour informer leurs lecteurs de la menace que fait peser la Chine sur la paix dans le
monde – version amendée du péril jaune de jadis.
De ce point de vue, l’affaire du ballon stratosphérique chinois fut une aubaine, et exploitée comme tel par les États-Unis. À noter qu’on ne sait toujours
pas si c’était un ballon météorologique, comme l’affirment les Chinois, ou un ballon espion, comme l’attestent les Américains. Précédant cet incident, de nombreux jalons avaient été posés
pour discréditer la Chine. Le plus récent et le plus emblématique fut le voyage de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, en août 2022, à Taïwan au cours duquel Taipei
fut présenté comme le David de la liberté face au Goliath du totalitarisme. La machine médiatique est en route. Peut-être fera-t-elle illusion à l’ouest, mais pas à l’est.
Le second souci des occidentaux, le plus crucial, est la secousse sismique de cette défaite. Les États-Unis auront fort à faire pour l’endiguer, compte tenu
de leurs erreurs passées.
Il y a des bourdes qu’une nation ne peut commettre.
Aveuglés par leur puissance, les États-Unis les ont multipliés depuis 1991. On ne peut détruire une nation sous un faux prétexte (Irak), en envahir une
autre, connue pour être le cimetière des empires, sans en payer le prix fort (Afghanistan), imposer urbi et orbi ses lois extra-territorialement, pousser ses deux plus grands concurrents
– la Russie et la Chine – dans les bras l’un de l’autre, en humiliant l’un et contrariant l’autre, sans conséquences. On ne doit pas inciter une nation qui a fait du non-alignement la
vertu cardinale de sa politique étrangère à se jeter dans les bras du couple russo-chinois : En refusant par deux fois de condamner la Russie à l’ONU, l’Inde s’est engagée du côté de
la Russie. Au cours du temps, les États-Unis se sont mis à dos ce qu’on appelle désormais le « Global South », c’est-à-dire l’Asie, le Moyen Orient,
l’Afrique et une partie de l’Amérique latine. Ce n’est pas la Russie qui est isolée, comme le clamait Joe Biden, mais les États-Unis et l’Europe. Cet isolement demeurera.
Autre bourde incompréhensible qui s’ajoute aux précédentes : La militarisation du dollar.
Le dollar, qui est l’un des piliers les plus solides de la puissance américaine, va perdre sa couronne. Son utilité réside dans son potentiel géopolitique
et non dans son utilisation comme arme financière. Geler illégalement les réserves monétaires d’une nation aussi puissante militairement que la Russie est peut-être l’une des plus grandes
bourdes que les États-Unis ont commise dans ce conflit. Cette utilisation mettra fin au dollar comme monnaie de réserve par excellence. Les nations du « Global South » s’en
détournent.
À terme, une autre monnaie lui fera concurrence. Chinois et Russes y travaillent. Ils sont en cela encouragés par la situation de plus en plus précaire du
dollar. La dette publique américaine s’élève à 30 000 milliards de dollars, soit 120% de son produit intérieur brut. Le dollar est une monnaie fiduciaire qui repose sur un amas de
dette. La Chine, qui fut longtemps le premier banquier des États-Unis avec le Japon, réduit progressivement le montant des obligations du Trésor américain qu’elle détient. Dans le même
temps, l’économie russe, que la guerre en Ukraine et les sanctions devaient détruire, a retrouvé une santé que personne n’imaginait il y a encore quelques mois, si l’on en croit les
prévisions du Fonds monétaire international7.
Le troisième souci qui ne tracasse guère les Américains, mais inquiète fortement les dirigeants européens est l’avenir de l’Europe. C’est dans ce contexte
que cette guerre russo-américaine par Ukraine interposée prend tout son sens. Son origine remonte à un passé lointain, à la théorie de l’île-monde du géographe britannique Halford
Mackinder, publiée en 1904, voire même au-delà avec la guerre de Crimée. L’Empire américain est le digne continuateur de l’Empire britannique. L’un et l’autre sont des empires maritimes.
Leur puissance repose sur le contrôle des mers, du commerce et des capitaux. Une Allemagne étroitement liée économiquement à la Russie est la matérialisation de l’île-monde que Mackinder
craignait tant. Cette vérité transparaît au travers du sabotage du gazoduc Nord Stream commandité par Washington, selon Seymour Hersh, journaliste d’investigation8
En 2020, l’Allemagne dépendait à plus de 60% de la Russie pour ses approvisionnements en gaz9 Cela
pouvait en faire une obligée de la Russie. Les États-Unis ne pouvaient tolérer que leur point d’ancrage en Europe soit l’objet d’un chantage économique. Nord Stream a donc été détruit.
Cette destruction aura un impact majeur sur l’économie allemande, et par contrecoup sur l’économie européenne. L’Allemagne s’approvisionne désormais en gaz de schiste
américain – un gaz beaucoup plus cher que le gaz russe, sans parler de son impact écologique. Quand son prix sera pleinement répercuté sur les coûts de production, l’économie allemande
entrera en récession, entraînant l’économie européenne dans son sillage. L’ami américain n’a pas hésité à sacrifier l’économie de son allié européen
le plus sûr au nom de sa sécurité – cela semble une politique à courte vue.
Cette remarque nous conduit tout naturellement au quatrième souci des occidentaux dans cette affaire : L’OTAN et l’unité
européenne.
À mesure que les conséquences du conflit ukrainien se feront sentir sur la population européenne, l’unité occidentale fera place à la désunion. Si on ajoute
à cela une inflation mal maîtrisée dont les causes profondes sont une politique monétaire américaine irresponsable, le mécontentement se transformera en révolte, non seulement en Europe
mais aussi aux États-Unis où la campagne pour les présidentielles de 2024 commence. «Le soutien de
l’opinion en faveur de l’Ukraine faiblit et les deux principaux candidats républicains sont de plus en plus critiques à l’égard de l’implication des États-Unis dans cette
guerre» note le New York
Times10. Tant
en Europe qu’aux États-Unis, des questions se poseront suite à l’échec de cette guerre. En France, des généraux ont fait part de leur désaccord. Des généraux allemands ont fait de même
ainsi qu’un général italien qui demande la dissolution de l’OTAN. La faiblesse à venir de l’économie européenne, jointe au désamour vis-à-vis du dollar, entraînera la disparition de
l’euro.
Devant ce scénario qui se développe sous nos yeux, certains s’inquiètent de la réaction des néoconservateurs, responsables de cette guerre, ces
va-t-en-guerre que Bush père appelait « les cinglés du sous-sol » de la Maison Blanche où ils résidaient alors. Ils ont depuis grimpé les marches de la
résidence du président américain et sont désormais fermement établis au rez-de-chaussée ainsi qu’au ministère des Affaires étrangères. Face à la défaite, ils pourraient être tentés par
une escalade du conflit qui pourrait conduire à une troisième guerre mondiale, une guerre nucléaire. Cette inquiétude est injustifiée. Hors le cas d’une erreur humaine ou
d’une défaillance technique, cette guerre n’aura pas lieu. Les néoconservateurs sont débiles, mais ils ne sont pas suicidaires. Accepteront-ils leur défaite ? Non. Ils reprendront le
combat pour l’hégémonie mondiale au Moyen Orient… avec le même résultat que par le passé11 La
paix ne reviendra que lorsqu’ils auront quitté les allées du pouvoir.
Pourquoi ces guerres quand l’Empire s’effondre sous le poids de ses contradictions, turpitudes et mensonges ? Les
infrastructures américaines demandent un entretien d’urgence. Plus de 1000 trains déraillent chaque année – le dernier en date a fait scandale en raison de la solution adoptée pour y
mettre fin. Les dirigeants de Norfolk Southern, propriétaire du train, et les autorités de l’État de l’Ohio ont décidé de mettre le feu aux gaz toxiques transportés sans égard aux
répercussions sur la population locale12 Suite
aux délocalisations, les villes du Midwest se vident à l’image de Détroit qui a perdu 40% de ses habitants ces deux dernières décennies. Plus de 100 000 Américains meurent chaque
année d’overdose – soit deux fois le nombre de tués au Vietnam. Un tiers de la population est quasiment analphabète, et 43% est obèse. La population carcérale est la plus importante au
monde en termes absolus et relatifs. En réponse à la question posée au début de ce paragraphe, Alfred McCoy, historien reconnu, répond : « Alors que dans leur
phase ascensionnelle, les empires utilisent judicieusement et rationnellement leurs forces armées dans la conquête et le contrôle de nouveaux territoires, dans leur déclin, ils dispersent
leurs forces dans des actions mal pensées et mal préparées dans l’espoir de regagner leur gloire passée »13.
Et l’Ukraine dans tout cela
?
Son sort sera décidé par Moscou, et non par Washington qui fit avorter les négociations de paix de mars 202214. Pour
savoir quelles sont les conditions que Vladimir Poutine souhaite imposer aux Ukrainiens, reportons-nous à son discours du 24 février 2022 dans lequel il énonce les objectifs de
l’Opération militaire spéciale qui a commencé ce jour-là. L’Ukraine représente, dit-il, « une menace, non
seulement pour nos intérêts, mais aussi pour l’existence même de notre État et sa souveraineté». Cela signifie que l’oligarchie qui dirige le pays après avoir
illégalement pris le pouvoir en février 2014 doit se démettre. L’Ukraine sera neutre et partie intégrante de la sphère d’influence de la Russie, pour ne plus être ce qu’elle était
depuis 2014, un membre de fait de l’OTAN. Quant au Donbass et à la Crimée, leur sort est scellé. Ils sont membres à part entière de la Fédération de Russie.
Cependant ce plan, s’il est accepté, ne règlera pas le problème européen. L’Europe souffre de sa diversité et de ses dissensions, et donc de son incapacité
à se défendre. Elle est potentiellement une proie. Dans un projet de traité remis aux autorités américaines le 11 décembre 2021, Vladimir Poutine a soumis un projet d’architecture de
sécurité de l’Europe. Washington ne lui a pas donné suite. Dans le passé, Emmanuel Macron s’était déclaré en faveur d’une architecture européenne de sécurité15. Si
son plan diffère de celui du dirigeant russe, il n’en démontre pas moins une communauté de vue à ce sujet. C’est dans cette direction qu’il faut se diriger pour assurer la paix en
Europe.
En 1964, J. William Fulbright, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, publia un livre intitulé « L’Arrogance du
pouvoir ». Aujourd’hui, les États-Unis paient le prix de cette arrogance. Il est élevé. C’est la fin de l’empire américain, cet empire si brillamment décrit par Claude Julien,
dans son livre éponyme publié en 1968. John Donne conclue son poème dont le titre est repris dans cet article, par ses mots : « Ne
demande pas pour qui sonne le glas, il sonne pour toi ».
La fin d’une civilisation est identique à celle d’un être vivant ; elle met juste un peu plus de temps à disparaître comme elle a mis un peu plus de
temps à vivre ; il peut arriver aussi qu’elle meure sur les lieux mêmes où elle est née, tout comme un être humain, celui qui est attaché à sa terre. C’est une loi du temps cyclique
qui fait qu’une révolution – une vie – part d’un point pour arriver, au bout de sa course, à son point de départ pour recommencer un autre cycle.
A. Le berceau
Le berceau des Indo-Européens
La civilisation indo-européenne1 est
née de celle des kourganes datée du Ve au
IIIe millénaire avant notre ère, donc au début du dernier des quatre âges, l’Âge de fer ou Kali-Yuga ou Âge
sombre2.
Un kourgane est un tertre, un tumulus, recouvrant une sépulture souvent collective ; ces kourganes se répartissent dans l’est de l’Ukraine (Don,
Dniepr) et dans le sud-ouest de la Russie (Volga). Mais la civilisation des kourganes est loin de ne se cantonner qu’à cette région ; en fait, elle s’étend jusqu’à l’ouest de la
Sibérie et on peut dès lors considérer que c’est quasiment l’ensemble de la Russie, avec son extension
asiatique, qui est le berceau des Indo-Européens.
Sa partie plus spécifiquement européenne est constituée des peuples albanais, arméniens, baltes, celtes, germains, grecs, italiques, et, bien sûr, slaves.
[NDLR : L’hypothèse d’une communauté linguistique et culturelle indo-européenne, qui aurait exercé une influence sur les peuples d’Eurasie est largement
contestable, car la supposée population parlant le proto-indo-européen n’a laissé ni trace archéologique ni document historique qu’on pourrait lui attribuer de manière directe. Elle est donc
très fragile et en absence d’éléments probants en quantité suffisante devrait être abandonnée. De plus, elle tend plutôt à limiter l’influence nocive attribuée plus loin dans l’article au
« Prince de ce monde » qui si elle est fondée ne se limite pourtant pas au théâtre eurasiatique. Et de nos jours, l’idée de civilisation est de portée mondiale. C’est la
civilisation humaine entière qui est menacée de disparition ou au moins de forte régression et décadence, surtout sous l’angle spirituel.]
Les projecteurs ont été évidemment braqués ces dernières années sur l’Ukraine qui compte, à elle seule, environ 100 000 tumulus qui,
d’après Le
Courrier international du 4 mars 2011, ne sont nullement protégés ; et la guerre actuelle n’arrange vraisemblablement pas les choses :
« Mais, aux yeux des
spécialistes, c’est l’indifférence absolue de la population ukrainienne elle-même qui représente la plus grande menace. Les « archéologues au noir », ceux qui fouillent
clandestinement les sites en quête d’objets précieux à revendre, sont comparativement moins dangereux que les responsables officiels qui, dans leur ignorance, refusent carrément de
protéger les ruines de villes antiques et les tumulus, quand ils ne commettent pas délibérément des crimes en autorisant par exemple l’ouverture de chantiers de construction sur des sites
répertoriés. »
En guise de boutade, nous aurions espéré que l’une des tâches primordiales de l’Union européenne soit de préserver et de restaurer ce patrimoine commun.
Mais non, l’UE a mieux à faire : elle s’active à forcer la population européenne à se nourrir de cafards et de poulets américains aux hormones ; nous savons désormais que l’UE
ne constitue que l’un des rouages qui permettent à l’Amérique de garder sa prédominance sur le monde, au même titre que d’autres organismes internationaux créés par les États-Unis, comme
l’OTAN, le FMI, l’ONU, l’OMS, etc. avec l’aide de l’exécuteur de ses basses œuvres, la CIA qui a fomenté toutes les pseudo « révolutions de
couleur » dans le monde, y compris celle de l’Ukraine.
Le berceau de la Russie
L’Ukraine est aussi le berceau de l’actuelle Russie. Lorsque les Slaves orientaux s’installent au VIIe siècle dans ce qui est l’actuelle Ukraine, ils
trouvent des peuplades finnoises, baltes et khazars et
commencent à ériger sur ce territoire des fermes fortifiées. C’est au IXe siècle que des Vikings suédois,
appelés Varègues ou Rus,
commerçants, pillards et guerriers, à la recherche de routes vers Byzance, sous la conduite d’Askold, s’emparent de la
principauté de Kiev fondée par les Slaves orientaux. Un autre Varègue, Oleg, fait tuer Askold et
s’installe à Kiev et fonde le premier État
russe (la Rus de Kiev) en
vassalisant les autres principautés voisines russes et slaves. La Rus de
Kiev s’étendra jusqu’à devenir le plus grand État d’Europe. Vladimir 1er (980−1015) incarnera
l’apogée de cet État. Et Russes et Slaves finiront par devenir
le même peuple, comprenant la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.
B. Le tombeau
Machinations américaines
Pour nous en tenir à notre sujet, l’Europe, nous ne remonterons que jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale pour évoquer brièvement le rôle des États-Unis dans
la politique internationale, mais les agissements américains destinés à imposer à la planète leur vue du monde mercantile (déguisée en une croisade messianique « démocratique »
basée sur les croyances puériles et dogmatiques des premiers « pilgrims »),
datent (au moins) de la Première Guerre mondiale.
En effet, selon les motivations exclusivement économiques et intéressées qui dictent les prises de position américaines, l’Amérique est présente sur toutes
les scènes de conflit, avant et après la Seconde Guerre mondiale : Hitler n’a pu accéder au Pouvoir que
grâce au financement de certaines banques et entreprises américaines telles que Morgan, Chase Manhattan (Rockfeller), Ford, General Motors, Standard Oil, etc.
Cette Amérique sera tout aussi présente après la guerre pour créer un organisme à sa botte qui s’appellera l’Union européenne. L’un des fondateurs de cette
structure sera Jean
Monnet, agent de la CIA selon Marie-France Garaud3,
Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres, tandis que d’autres fondateurs de cette institution comme Robert Schuman et le
belge Paul-Henri
Spaak tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis.
Puis le plan Marshall (1948) achèvera la
mise en place du dispositif de sujétion de l’Europe aux États-Unis. Ce prêt accordé à une Europe en ruines n’était évidemment pas à vocation philanthropique et seule l’Union
soviétique l’a refusé pour ne pas être dépendante des EU4.
« Les États-Unis ont
mis en place une entreprise de colonialisme, l’aide est un cadeau empoisonné », dénoncera Staline. « Les
pays qui l’acceptent perdront leur souveraineté nationale et leur indépendance économique ». Et L’Obs5 explique
ce marché de dupes : « Une première tranche
de 5 milliards de dollars (52 milliards de dollars aujourd’hui) est allouée aux pays
signataires. L’ECA (Administration de Coopération Économique) se charge de
contrôler et de gérer les fonds. Les dollars repartent aux États-Unis : ils soutiennent l’économie et épongent les excédents. L’Amérique de Truman fait de l’Europe son marché, puisque
tout ce qui y est acheté est américain. Derrière le plan Marshall se cache donc une redoutable machine de propagande pour valoriser l’American way of life et
promouvoir le pays. En 1953, George Marshall recevra le prix Nobel de la paix pour le « sauvetage » du Vieux Continent. »
Les Américains n’ont décidément pas d’imagination : ce plan Marshall a été une telle
réussite pour leurs affaires qu’ils n’hésiteront pas à provoquer des conflits (tout bénéfice pour le complexe militaro-industriel) pour reconstruire des pays qu’ils auront
ruinés auparavant ou pour piller leurs ressources. La liste est interminable (les derniers en date : Irak, Syrie, Libye, Serbie, Afghanistan). L’Ukraine vient d’entrer en lice et là, les
USA font très fort : ils demandent à un petit pays, l’Ukraine, d’entrer en guerre contre un grand pays qui refuse leur domination (la Russie) ; l’Ukraine envoie sa population se faire
massacrer, les armes sont fournies par les Européens et ce sont les entreprises américaines (sous la houlette de Blackrock) qui reconstruiront
l’Ukraine dévastée, aux frais des mêmes Européens.
Il est bien évident que ces menées ressemblent fort à des
méthodes de voyous et ne sont pas dignes d’un État, et encore moins de celui qui est encore le plus puissant du monde. Mais c’est un colosse aux pieds d’argile.
Une secte maléfique
Ce n’est pas tout. Nous en sommes restés jusqu’ici à une analyse historique des événements, politique, superficielle et bassement matérielle qui n’affecte
que très peu les véritables enjeux de la marche du monde. Car derrière les nations, et notamment derrière les USA, se tiennent les véritables maîtres de la planète qui tirent les ficelles
des marionnettes que sont ces chefs d’État qui n’ont qu’un pouvoir extrêmement réduit.
Avec l’apparition récente, inattendue et brutale de cette caste mondialiste pédo-sataniste et toute puissante, nous sommes entrés dans un autre monde que
les hommes de Tradition ne croyaient pas possible. La désignation scientiste de cette engeance s’appelle le transhumanisme, et je la définis plus prosaïquement comme étant la
manifestation du titanisme.
Les esprits avisés et curieux (regroupés sous le terme générique de « complotistes »)
savaient cependant que cette oligarchie allait révéler son existence en pleine lumière, si j’ose dire, lorsqu’elle aurait achevé la mise en place de ses funestes desseins concoctés
patiemment depuis des centaines, voire des milliers d’années, car son héritage provient du plus obscur des âges et des plus maléfiques origines.
Je ne reviendrai pas sur les motivations de cette secte diabolique déjà évoquées dans plusieurs de mes articles sur ce même site6.
Même les plus rationnels des commentateurs ne trouvent pas d’autre mot pour désigner le grand marionnettiste qui dirige les manigances de ces gens persuadés d’être les maîtres du monde ;
ils l’appellent le Prince de ce
monde ou, tout simplement comme l’économiste Charles
Gave : le
Diable7.
La caste agit partout, sur toute la planète, avec des méthodes très diverses, dans des domaines tout aussi variés, avec pour principal objectif d’éradiquer
le monde « ancien », qui est, pour les gens sensés, un monde qui vit, depuis sa création, selon des préceptes naturels, tels que Dieu a conçu le monde.
J’ai ici sélectionné trois niveaux d’intervention de la Secte dans cette panoplie à usage infini.
Détruire les racines du monde ancien
J’ai parlé d’analyse superficielle des événements en évoquant les exactions de l’Amérique du Nord en tant qu’État. C’est sans doute pour cette raison qu’on
appelle, à l’inverse, « État
profond » les membres du gouvernement américain qui dirigent, plus ou moins secrètement, le pays, c’est-à-dire ceux qui reçoivent leurs directives de la Secte.
Les motivations profondes de la Secte sont de détruire inexorablement tout ce qui, sur Terre, a un lien avec la Tradition et les origines de cette
Tradition, en gros, toutes les sociétés et les cultures qui ont gardé un caractère traditionnel ou quelques bribes de ce caractère.
C’est ainsi que les États-Unis, qui se sont eux-mêmes coupés délibérément de leurs racines européennes, et qui, donc, n’en ont aucune, dans leur obsession
hégémonique de fracturer l’Europe de l’Est et de l’Ouest afin de ne pas se trouver face à une alliance de l’ancienne Europe et de la Russie, portent le fer, le feu et les bombes (avec la
complicité de l’Union européenne) une première fois sur la Serbie. Le but est de lui soustraire son berceau initial qu’est la région du Kossovo et créer ainsi un État islamique et
corrompu au sein de l’Europe.
Le processus de destruction de
l’Ukraine constitue la deuxième tentative de l’Amérique de porter atteinte, définitivement, croit-elle, aux origines à la fois de l’Europe et de la Russie.
On se souviendra encore que les États-Unis ont détruit, quelquefois sous faux drapeau islamiste, les sites sacrés anciens de l’Irak et de la Syrie du temps
où c’était la Mésopotamie. Il fallait, pour que ces agressions réussissent, que les opinions soient préparées à les considérer comme des bienfaits.
Il s’agit peut-être d’un hasard mais voici encore une information qui tendrait à prouver que notre ennemi sans nom, s’il n’a aucun scrupule, n’est pas tout
à fait inculte : le symbole visuel sans doute le plus uniformément répandu sur l’ensemble de la planète dans toutes les civilisations anciennes est le svastika. Il apparaît en
Europe à la même époque au sein de différentes cultures est-européennes contemporaines de la civilisation des kourganes : la culture de Vinca en Serbie et la culture de Cucuteni-Tripolia,
qui s’étendait des Carpates au Dniepr, de la Roumanie à l’Ukraine. Serbie et Ukraine, quelle coïncidence ! Le svastika est un symbole solaire qui symbolise le cycle du soleil et donc
l’éternité, les anciens supposant que le Soleil était éternel. Chez les Indous, c’est aussi un signe de bienvenue et de souhait de bonne santé.
Pour la Tradition primordiale, c’est un symbole certes solaire par son mouvement circulaire supposé mais aussi polaire si l’on envisage l’axe central,
immuable et transcendant, de la roue.
Inverser les valeurs traditionnelles et les symboles
La Tradition primordiale considère qu’à la fin d’un cycle, toutes les valeurs traditionnelles sont inversées ou tournées en dérision. C’est ce que l’on
appelle une parodie, qui trouvera son
apogée avec l’apparition du clown Zelensky. Ce fut aussi
le cas lorsque les
nazis s’emparèrent du svastika et qu’il devint plus communément appelé la croix gammée.
C’est cette même croix gammée qui a été reprise comme emblème par une partie importante de l’armée ukrainienne, notamment par le bataillon Azov qui se
réclame de Bandera, qui était le chef de
l’Organisation des nationalistes ukrainiens collaborant avec l’Allemagne nazie en créant la Légion ukrainienne sous commandement de l’armée allemande.
Quiconque a vu une photo de ces néo-nazis ukrainiens est pris de stupeur, ou emporté par un grand éclat de rire, en voyant les corps de ces colosses tatoués
de la tête aux pieds de croix gammées, de portraits d’Hitler ou de Bandera et portant au cou et aux bras des colifichets de tout aussi mauvais goût. Nous sommes bien loin de la
signification bienveillante du svastika des Indous.
Des clowns terrifiants : c’est sans doute l’effet recherché par les promoteurs de cette guerre ; à la tête de ces néo-nazis, un « humoriste » plus ridicule
qu’effrayant : leur président Zelensky, lui, clown de métier, se produisant dans des shows télévisés, qui « jouait du piano debout »… avec son sexe. C’est le « héros » qu’ont mis en place
les Occidentaux (Américains et Européens) pour incarner la résistance contre « l’envahisseur » russe.
Des néo-nazis dirigés par un clown juif corrompu monté sur talons aiguille ? Mais quelle est encore cette folie ?
Et nos braves petits démocrates français bien endoctrinés, qui hurlent à la mort dès qu’il voient l’ombre d’un électeur de Zemmour en le traitant de nazi
(l’insulte la plus infamante qui soit en France), sont prêts à se jeter dans les bras de ces pantins stupides mais décorés comme des sapins de Noël en les couvrant de câlins. Un
psychiatre est-il capable d’expliquer un tel degré de schizophrénie ? Nous vivons dans un hôpital psychiatrique à ciel ouvert où seules sont enfermées les personnes qui ont conservé un
peu de bon sens.
Mais ce n’est là que l’un des aspects de la décadence voulue et organisée par le « Prince de ce monde. » D’autres lois, mesures, règlements, sont pris à une
cadence effrénée pour annihiler toute trace de bon sens et tout reste de culture. Ces mesures s’appliquent essentiellement au monde blanc et particulièrement au monde européen
traditionnel qui sert de laboratoire à toutes ces expériences immondes concoctées par les dingues qui nous dirigent.
Nous ne citerons en exemple que deux de ces dispositions prises récemment par des pays occidentaux et une proposition qui a des chances d’aboutir :
1. Désormais, la gastronomie française et européenne n’a qu’a bien se tenir et nos chefs toqués le devenir encore plus (toqués) : ils seront obligés
de cuisiner
des cafards et autres blattes ; pour l’instant, vers de farine et « grillons domestiques » (domestiqués par qui?) en poudre selon l’autorisation délivrée par la
Commission européenne le 3 janvier 2023. On connaît le processus de grignotage (c’est le cas de le dire) de toutes ces décisions antidémocratiques qui nous font en permanence avaler… des
couleuvres.
2. La rédaction des lois dans les pays occidentaux a ceci de bien pour leurs rédacteurs qu’elle permet de dire exactement le contraire de ce que, in fine,
les lois vont imposer ; par le truchement des exceptions et autres dérogations, elles vous font passer facilement des vessies pour des lanternes. Ainsi en est-il de la loi adoptée le 16
février 2023 par le parlement (de gauche) espagnol concernant « le bien-être animal » qui prévoit des sanctions pour ceux qui « par tout moyen ou
procédé, y compris les actes de nature sexuelle, causent une blessure à un animal vertébré nécessitant un traitement vétérinaire pour rétablir sa santé », ce qui donc revient,
d’une façon détournée, à banaliser la zoophilie, tant
que les « amoureux » des animaux ne leur font pas subir de « lésions ».
3. Dans une étude publiée le 18 novembre 2022, une universitaire norvégienne, Anna Smadjor, propose d’utiliser les femmes en état de mort cérébrale comme
mères porteuses pour, dit-elle, « offrir un autre moyen
de gestation aux futurs parents qui souhaitent avoir des enfants, mais qui ne peuvent pas ou préfèrent ne pas les porter ». Ce n’est pour l’instant qu’une proposition ; mais,
forts de l’expérience PMA et GPA, tout laisse à penser que cette suggestion sera bientôt une réalité. Ceci s’apparente à de la nécrophilie.
Entomophagie, zoophilie, nécrophilie,
pédophilie, sans compter toutes les déviances LGBTQIA+, la promotion des changements de sexe dans les écoles, les « hommes » enceints, etc. voici donc où nous en sommes en ce
début d’année 2023. Quel progrès ! Un grand pas pour l’Humanité ! Merci, mon Prince !
Soumettre et réduire la population planétaire
La Secte maîtrise parfaitement les techniques de propagande, qu’on appelle « ingénierie
sociale ». Des centaines de millions d’individus de par le monde ont été subjugués au début des années 2020 par les consignes radicales qu’elle a imposées et se sont
pliés sans rechigner à toutes les directives, même les plus stupides. La lobotomisation des individus, y compris dans les milieux cultivés, sinon plus, a parfaitement réussi. C’était,
pour nos dirigeants, le but principal à atteindre, la pseudopandémie suivie des
pseudovaccins a permis de vérifier le degré de soumission des populations. Le deuxième volet de cette opération a été moins concluant et n’a pas permis une réduction drastique
des populations même si la mortalité a considérablement augmenté dans les pays occidentaux suite à la vaccination et même si on peut s’attendre encore à de nombreuses conséquences létales
dans les années qui viennent.
Cependant, du fait de ce lavage de cerveau qui a touché la majeure partie des populations, on ne doit pas s’attendre à leur réveil et encore moins à quelque
révolte que ce soit.
En ce qui concerne l’affaire ukrainienne, la même propagande qui a si bien marché s’est exercée sur les Français avec le même succès. Combien de maires ont
hissé sur le fronton de leur mairie (et continuent de le faire) le drapeau ukrainien8 !
Cette inertie et, il faut bien le dire, cette lâcheté de la population, ne
présage rien de bon. L’affrontement est inévitable si, en France, le Président Macron continue ses provocations à l’égard de la Russie comme s’il s’agissait de la Principauté
d’Andorre.
Désormais, deux blocs s’affrontent :
celui des
mondialistes qui prônent la disparition pure et simple de toutes les anciennes structures notamment européennes (et éventuellement des peuples qui les ont bâties)
;
et celui des
traditionalistes de toutes les grandes civilisations qui n’ont pas renoncé à se couper de leurs racines, qui représentent au moins les deux-tiers des populations de la
planète.
La Russie, forte de ses origines indo-européennes et des origines des républiques qui la composent, mène la bataille ; c’est un peuple dont le riche passé a
été en quelque sorte congelé pendant les 70 années qu’a duré la période soviétique ; il se réveille, pur et intact, avec le dynamisme de la jeunesse, et d’autant plus proche de ses
racines qu’elles réapparaissent avec toute la puissance de leur renaissance.
L’issue de la guerre que la Russie et ses alliés pourraient mener face à ce troupeau de zombies qu’est devenu l’Occident, ne fait aucun
doute.
La doxa progressiste en cour chez les linguistes, historiens, archéologues et autres chercheurs prétend qu’il n’existe pas de peuples indo-européens mais seulement une langue
commune
Je parle ici des quatre âges cosmiques de la Tradition primordiale (Âges d’or, d’argent, de bronze, de fer) selon la cyclologie des anciennes traditions indienne, iranienne,
grecque… et non pas des périodes archéologiques matérielles : âge de la pierre, du bronze, du fer qui ne sont en aucune façon analogiques avec les connaissances
traditionnelles.
Où va l’Europe à la suite des
allégations concernant Nord Stream ? Il est difficile de voir une Europe dominée par l’Allemagne s’éloigner de Washington.
« L’OTAN n’a jamais été
aussi forte ; la Russie est un paria mondial ; et le monde reste inspiré par la bravoure et la résilience ukrainiennes ; en bref, la Russie a perdu, la Russie a perdu stratégiquement,
opérationnellement et tactiquement – et ils paient un prix énorme sur le champ de bataille ».
Lui, (le général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines) ne croit pas un mot de tout cela. Nous savons qu’il n’y croit pas car, il y a deux
mois, il a dit exactement le contraire – jusqu’à ce qu’il soit réprimandé par la Maison Blanche pour s’être écarté du message de Joe Biden. Maintenant, il est de retour et joue dans
« l’équipe ».
Zelensky ne croit probablement pas non plus à la récente promesse européenne de fournir des chars et des avions – et il sait qu’il s’agit principalement
d’une chimère. Mais il joue dans l’équipe. Quelques chars supplémentaires ne feront aucune différence sur le terrain, et sa cinquième mobilisation se heurte à une résistance au niveau
national. Les armées européennes attendent cet épisode, leurs armureries fonctionnant avec des « réservoirs de réserve ».
Zelensky ne cesse de répéter qu’il doit disposer de chars et d’avions d’ici le mois d’août pour renforcer ses défenses en pleine hémorragie. Mais,
contradictoirement, Zelensky est averti qu’il
est essentiel de « réaliser des gains
significatifs sur le champ de bataille » dès maintenant, car l’administration a « la ferme conviction » qu’il sera plus difficile par la suite d’obtenir le soutien du
Congrès (autrement dit, il sera trop tard en août).
Il est clair que les États-Unis préparent le terrain pour une « annonce de la victoire » au printemps – comme le laissent présager les
commentaires délirants de Milley – et un pivot – juste un peu avant le coup d’envoi du calendrier des élections présidentielles américaines.
Le « récit » dans les médias a déjà commencé à faire la transition vers une offensive russe écrasante à venir – et une résistance ukrainienne
héroïque écrasée par une force écrasante.
« La nature critique
des prochains mois a déjà été transmise à Kiev en termes directs par les hauts responsables de Biden – notamment le conseiller adjoint à la Sécurité nationale Jon Finer, la secrétaire
d’État adjointe Wendy Sherman et le sous-secrétaire à la Défense Colin Kahl, qui se sont tous rendus en Ukraine le mois dernier » (Washington
Post) – le directeur de la CIA Bill Burns s’étant déplacé pour informer personnellement Zelensky une semaine avant l’arrivée de ces responsables.
Zelenksky a été mis en demeure. Des résultats maintenant, ou sinon !
Mais Seymour Hersh finit par dire tout haut une dure réalité non exprimée, aux conséquences politiques extrêmement complexes (extrait de l’interview
ultérieure de Hersh au Berliner
Zeitung). Non, pas le sabotage du Nord Stream (nous le savions), mais celui d’une erreur de jugement irréfléchie et d’une colère croissante à Washington – et du mépris pour les
jugements politiques immatures de Biden et de son équipe rapprochée de néoconservateurs.
Ce n’est pas seulement que l’équipe Biden a « fait sauter les pipelines » ; elle en est fière ! Il ne s’agit pas seulement du fait que Biden était
prêt à éviscérer la capacité concurrentielle et les perspectives d’emploi de l’Europe pour la prochaine décennie (certains applaudiront). La partie explosive du récit était que
« À un
certain moment après l’invasion des Russes, et après que le sabotage ait été fait… (ce sont des gens qui travaillent à des postes de haut niveau dans les services de renseignement, et qui
sont bien formés) : Ils se sont retournés contre le projet. Ils l’ont trouvé fou ».
« Il y avait beaucoup
de colère parmi les personnes impliquées » a noté Hersh. Au départ, le récit de Biden sur le Nord Stream – « cela ne se fera pas » – a été compris par les
« pros » du renseignement comme un simple effet de levier (lié à une invasion russe alors envisagée) – une invasion que Washington savait imminente, car les États-Unis
préparaient furieusement les Ukrainiens – précisément pour déclencher l’invasion russe.
Pourtant, le sabotage de Nord Stream a été reporté – de juin à septembre 2022 – des mois après que l’invasion ait eu lieu. Alors, quel était l’intérêt de
paralyser la base industrielle européenne en lui imposant des coûts énergétiques faramineux ? Quel était le raisonnement ? Et la colère s’est encore accrue lorsque les membres de l’équipe
de Biden se sont mis à parler de Nord Stream, se vantant : « bien sûr, oui, nous l’avons commandé ».
Hersh commente que, bien que la CIA réponde au « pouvoir » au sens large, plutôt qu’au Congrès, « même cette communauté
est horrifiée par le fait que Biden ait décidé d’attaquer l’Europe dans son ventre économique – afin de soutenir une guerre qu’il ne gagnera pas ». Hersh estime que dans une
Maison Blanche obsédée par sa réélection, le sabotage de Nord Stream a été considéré comme une « victoire ».
Hersh a déclaré dans son interview au
Berliner Zeitung :
« Ce que je sais, c’est
qu’il n’y a aucune chance que cette guerre se termine de la façon dont nous [les États-Unis] voulons qu’elle se termine… Cela m’effraie que le président ait été prêt à une telle chose. Et
les personnes qui ont mené à bien cette mission pensaient que le président était parfaitement conscient de ce qu’il faisait au peuple allemand. Et à long terme, [ils pensent] que cela
n’entachera pas seulement sa réputation de président, mais sera également très dommageable sur le plan politique. Ce sera un stigmate pour les États-Unis ».
L’inquiétude est plus grande que cela : le zèle obsessionnel de Biden fait passer l’Ukraine d’une guerre par procuration à une question existentielle pour
les États-Unis (existentielle dans le sens de l’humiliation et de l’atteinte à la réputation si la guerre était perdue). C’est déjà une question existentielle pour la Russie. Et deux
puissances nucléaires dans une confrontation existentielle est une mauvaise nouvelle.
Soyons clairs : ce n’était pas la première fois que Biden faisait quelque chose – considéré par les professionnels du renseignement des États-Unis – comme
totalement irréfléchi : Robert Gates, l’ancien secrétaire à la Défense, a déclaré dimanche
que Biden s’est trompé sur presque toutes les grandes questions étrangères et de sécurité depuis quatre décennies. En février 2022, il a saisi les avoirs en devises de la Russie ; il a
expulsé ses banques du SWIFT (le système de compensation interbancaire) et lui a imposé un tsunami de sanctions. La Réserve fédérale et la BCE ont déclaré après coup qu’elles n’avaient
jamais été consultées, et que si elles l’avaient été – elles n’auraient jamais consenti à ces mesures.
Biden a affirmé que son action allait « réduire le rouble au
rouble » ; il s’est lourdement trompé. Au contraire, la résilience de la Russie a rapproché les États-Unis d’un précipice financier (à mesure que la demande de dollars se tarit
et que le monde se déplace vers l’Est). Du point de vue des acteurs financiers importants de New York, Biden et la Fed doivent maintenant se dépêcher de sauver les États-Unis, dont le
système est fragile.
En bref, l’importance de l’interview de Hersh au Berliner
Zeitung (et de ses autres articles) est que les factions de l’État profond américain sont furieuses contre le cercle des néocons (Sullivan, Blinken et Nuland). La confiance est
« terminée ». Ils viennent les chercher, et continueront à le faire… L’article de Hersh n’est qu’un avant-goût.
Pour l’instant, le projet ukrainien des néoconservateurs reste d’actualité, l’équipe Biden exigeant que tous les alliés occidentaux restent fidèles au
message, avant le premier anniversaire de l’opération spéciale de la Russie, le 24 février.
Il semblerait toutefois que la fenêtre critique permettant à l’Ukraine de « gagner par magie » soit réduite de quelques mois à quelques semaines.
« Gagner », bien sûr, reste indéfini. Pourtant, la réalité est que ce sera la Russie, plutôt que l’Ukraine, qui montera l’offensive de printemps – et probablement sur toute la
longueur de la ligne de contact.
« L’avertissement est donné » pour l’Ukraine (bien que Kamala Harris ait été dépêchée à la Conférence de Munich sur la sécurité) afin d’enfoncer
la « ligne » de l’équipe d’un « engagement durable envers l’Ukraine » par l’Occident collectif sur le long terme.
Paradoxalement, derrière le rideau, cette « guerre civile » en cours au sein de l’establishment américain menace de devenir
« l’avertissement » pour Biden également – alors qu’il approche du moment de la décision de sa candidature pour 2024.
La communauté des services de renseignement américains doit se demander si l’on peut faire confiance à Biden pour ne pas être imprudent, alors que l’Ukraine
se transforme en entropie sous l’effet de la poussée russe sur tous les fronts. Biden sera-t-il à nouveau désespéré ?
Peut-on imaginer que les États-Unis puissent simplement baisser les bras et reconnaître la victoire russe ? Non, l’OTAN pourrait se désintégrer face à un
échec aussi spectaculaire. L’instinct politique consistera donc à parier, à redoubler d’efforts : Un déploiement de l’OTAN dans l’ouest de l’Ukraine en tant que « force
tampon », pour « la protéger des avancées russes », est à l’étude.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi certaines factions de l’État profond sont « consternées » : Les produits de l’industrie de la
défense des États-Unis sont consommés en Ukraine plus vite qu’ils ne peuvent être fabriqués. Cela modifie de manière négative les calculs des États-Unis sur la Chine, car l’inventaire
militaire américain se consume en Ukraine. Et la guerre en Ukraine peut facilement s’étendre à l’Europe de l’Est…
En fin de compte, il s’agit d’une prise de conscience inattendue (pour l’élite) que les États-Unis eux-mêmes pourraient être les plus grands perdants de la
guerre contre la Russie. (Moscou l’a compris dès le départ).
L’équipe Biden a essentiellement déclenché une réaction concertée de l’Establishment à l’encontre de sa compétence en matière de prise de décision. Le
rapport de Hersh, le rapport de la Rand Corporation, les entretiens de The
Economist avec Zelensky et Zaluzhny, le rapport du CSIS, le rapport du FMI montrant la croissance économique de la Russie, et les éruptions
éparses de la dure réalité apparaissant dans les médias – tout cela atteste du cercle de dissidence à l’égard de la gestion de la guerre en Ukraine par Biden, qui prend de
l’ampleur.
Même la récente hystérie autour des ballons chinois, qui a conduit le NORAD à abattre tous les objets non identifiés dans l’espace aérien des États-Unis,
montre que certains membres du Pentagone ont poussé l’équipe Biden dans ses retranchements : si vous (l’équipe Biden) êtes assez stupides pour insister pour que nous « décochions
toutes les cases » des radars du NORAD, ne soyez pas surpris des déchets que vous abattrez quotidiennement.
Cela montre d’abord le dédain de la Maison Blanche pour les détails les plus subtils, et ensuite comment le ballon chinois a joué un rôle symbolique en
redonnant de l’énergie aux faucons américains de la Chine qui détiennent la majorité en termes de soutien bipartisan au Congrès.
Biden peut-il être écarté ? Théoriquement « oui ». 60% des jeunes membres du parti démocrate ne veulent pas que Biden se représente. La difficulté
réside toutefois dans la profonde impopularité de Kamala Harris comme successeur possible. La dernière preuve de l’affaiblissement de la position de Harris est un article très
critique du New York Times,
rempli de la désapprobation anonyme de démocrates de haut rang, dont beaucoup l’ont autrefois soutenue. Aujourd’hui, ils sont inquiets.
Leur crainte, écrit Charles
Lipson, est qu’il est presque impossible de la propulser :
« Pour gagner, les
démocrates ont besoin du soutien enthousiaste des Afro-Américains, qui risquent de se sentir insultés si Harris est écartée. Ce problème pourrait être évité si elle était remplacée par un
autre Afro-Américain. Mais il n’y a pas d’alternatives évidentes. Si Harris est remplacée, ce sera probablement par un candidat blanc ou hispanique (…)
Un tel changement
ébranlerait un parti profondément investi dans la politique de l’identité raciale et ethnique, où les groupes perdants sont considérés comme des victimes lésées et les gagnants comme des
oppresseurs « privilégiés ». Ces divisions sont plus virulentes lorsqu’elles sont centrées sur la blessure historique de la race aux États-Unis, et elles se retourneraient
contre le parti ».
Pourquoi ne devrions-nous pas nous attendre à une enquête de la part de la hiérarchie du parti démocrate ou du Congrès pour donner suite aux allégations de
Seymour Hersh concernant le contournement délibéré du Congrès ? Eh bien, en termes simples, c’est cela : Parce que cela expose « l’indicible ». Oui, Biden n’a pas
« informé » le Congrès, bien que certains d’entre eux semblent avoir eu connaissance du sabotage du Nord Stream à l’avance. Techniquement, il a contourné le système.
La difficulté est que les deux côtés de la Chambre APPROUVENT largement un tel exceptionnalisme – l’exceptionnalisme américain prévoit que les États-Unis
peuvent faire ce qu’ils veulent, quand ils veulent, à qui ils veulent. Il y a tellement de cas où cela est ancré dans la pratique : Qui osera jeter la première pierre au « vieux
Joe » ? Non, l’argument contre Biden – s’il doit être retenu – doit être l’opinion collective selon laquelle Biden est inapte à exercer un jugement sain sur des questions qui
risquent de faire déraper les États-Unis vers une guerre totale contre la Russie.
Si Biden est poussé vers la sortie, cela se fera à partir de « salles enfumées » d’initiés. Trop nombreux sont ceux qui ont tranquillement profité
du gâchis ukrainien.
Où va l’Europe à la suite des allégations concernant Nord Stream ? Il est difficile de voir une Europe dominée par l’Allemagne s’éloigner de Washington. Les
dirigeants allemands actuels sont sous l’emprise de Washington et ont facilement accepté leur vassalité. La France restera – à quelques hoquets près – aux côtés de l’Allemagne. Cependant,
alors que les États-Unis observent que leur sphère de dollars se contracte avec l’expansion des BRICS et de la Communauté économique de l’Asie de l’Est, les États-Unis s’en prendront plus
durement à leurs économies captives les plus proches. L’Europe en paiera probablement un prix dévastateur.
Quoi qu’il en soit, l’UE ne discute pas des questions vraiment sensibles en public, mais uniquement dans des salles de réunion où tous les téléphones
portables ont été retirés à l’avance. La transparence ou la responsabilité ne figurent guère dans ces discussions.
Comaguer, comme souvent nous présente un article fondamental sur le viol systématique par l’occident de la Libye à l’Ukraine de la charte des
Nations unies. Le rôle de la France dans les deux cas est à la pointe du crime, et on comprend le peu de crédit qu’à partir en particulier de Sarkozy notre pays a dans le monde ; c’est
une attitude de pays voyous et de dirigeants mafieux qui n’a plus rien à voir avec le gaullisme dont certains osent encore se réclamer. Qu’il se trouve en France si peu de forces
politiques pour avoir le courage de faire ce que jadis aurait au moins accompli le parti communiste dans la dénonciation, le consensus dont ont joui ces dirigeants français qu’ils soient
de droite ou de gauche participe d’un déclin français que l’extrême-droite cherche abusivement dans des peuples victimes de ces gens-là. À lire absolument. (Danielle
Bleitrach)
***
En 2014 après le renversement par la violence du gouvernement légal de Yanoukovitch éclate la crise dite du Donbass, lorsque deux des provinces de l’Est :
celles de Lougansk et celle du Donetsk ne reconnaissent pas le gouvernement Porochenko issu du coup d’État. Celui-ci exécute sans tarder le mandat politique qui lui a été confié par les
États-Unis : liquider militairement la rébellion.
Ce type d’action violente d’un État contre une partie de sa population est défini clairement dans le Chapitre VII de la Charte des Nations unies. Elle est
interdite et l’ONU peut la sanctionner.
C’est en application des dispositions de ces articles de la Charte que le 14 Mars 2011 le Conseil de sécurité de l’ONU autorise – résolution 1973 – une
action militaire contre le gouvernement libyen qui agresserait la population de Benghazi en révolte contre le pouvoir central. La résolution portée par la France de Sarkozy et par le
Royaume Uni de Cameron est adoptée par le Conseil de sécurité. Deux membres permanents : la Russie et la Chine s’abstiennent. L’action militaire est organisée par l’OTAN, les États-Unis
assurant la coordination des actions menées principalement dans les airs et sur le terrain par ses deux alliés occidentaux.
L’intervention de Alain Juppé ministre français des Affaires étrangères qui a fait spécialement le déplacement à New-York pour justifier l’usage par l’ONU
de la force contre un État membre est un morceau de bravoure surtout lorsqu’on le confronte à la réalité des opérations guerrières qui ont suivi le vote de la résolution.
Déclarations avant le
vote
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de la France, a déclaré avant le vote que « le monde était en train de vivre une de ces révolutions qui
changent le cours de l’histoire ». Estimant que les peuples arabes clament leur désir de démocratie, les transitions en Tunisie et en Égypte étant menées dans un esprit de maturité, il a
estimé que « ce nouveau printemps arabe était pour nous tous une bonne nouvelle ». Le ministre français des Affaires étrangères a ensuite invité le Conseil à accompagner cette évolution
avec confiance pour aider chaque peuple à construire son avenir. Poursuivant, il a déploré que pendant ce temps, en Libye, « hélas, la volonté populaire est foulée au pied par le
régime de Kadhafi ». Après avoir rappelé les mesures prises par la communauté internationale pour ramener à la raison ce régime, il a constaté qu’elles n’avaient pas été suffisantes, les
violences n’ayant fait que redoubler. « La situation sur place est plus alarmante que jamais, marquée par la reconquête violente des villes qui avaient été libérées », a souligné M.
Juppé, qui a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas laisser faire « les fauteurs de guerre et laisser bafouer la morale et la légalité internationale ». Commentant la résolution
présentée par son pays et le Royaume-Uni, il a affirmé qu’elle donnait les moyens de protéger la population civile. « Outre l’instauration de la zone d’exclusion aérienne, la résolution
appelle tous les États à protéger les civils, elle renforce les sanctions déjà adoptées, notamment l’embargo sur les armes et le gel des avoirs du clan Kadhafi et de ses affidés ». Avant
de conclure, M. Juppé a estimé qu’adopter cette résolution serait l’honneur du Conseil de sécurité qui, ce faisant, ferait prévaloir la loi sur la force. « C’est une question de jours,
c’est peut-être une question d’heures. Chaque jour, chaque heure qui passe, resserre l’étau des forces de la répression autour des populations civiles éprises de liberté, et notamment de
la population de Benghazi », a-t-il martelé. « Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules », a-t-il encore déclaré.
Outre la Russie et la Chine les abstentionnistes et non des moindres (Inde, Brésil, Allemagne) pouvaient avoir quelques doutes sur les intentions réelles
des défenseurs de la population de Benghazi. En témoigne l’intervention du délégué russe qui suit :
Vitaly Tchourkine (Fédération de Russie) a indiqué que son pays s’était abstenu lors du vote « pour des raisons de principe ». Il a ainsi déploré que le
travail sur le document n’ait pas été conforme à la pratique du Conseil de sécurité. M. Tchourkine a notamment indiqué que son pays n’avait pas obtenu de réponses sur les moyens
permettant de mettre en place le régime d’exclusion aérienne. « Non seulement, nous n’avons obtenu de réponses à nos questions aux cours des délibérations, mais nous avons aussi vu passer
sous nos yeux un texte dont le libellé n’a cessé de changer, suggérant même par endroit la possibilité d’une intervention militaire d’envergure», a-t-il expliqué. « La voie la plus rapide
pour assurer la sécurité du peuple libyen est l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat, ce que, précisément, souhaitait obtenir mon pays par le biais d’un projet de résolution présenté
hier », a souligné M. Tchourkine.
En pratique les armées de l’OTAN vont outrepasser la mission que leur a été confiée par l’ONU et en six mois de bombardement intense détruire toute l’armée
libyenne et à sa suite l’État libyen lui-même, parachevant leur action par l’assassinat du chef de l’État.
Le cas ukrainien tel qu’il est posé depuis 2014 après le coup d’État et la révolte des deux provinces de l’Est relève lui aussi du Chapitre VII de la
Charte. Il s’agit en effet de protéger une population menacée par le gouvernement et les troupes de son propre pays. L’ONU va dans ce cas déléguer sa responsabilité permettant aux
États-Unis de se mettre officiellement en retrait. L’ONU le fait en acceptant et en validant les accords de Minsk entre les deux parties au conflit qui prévoient de le régler par la
négociation sous la supervision de la France et de l’Allemagne. Sous le titre général « accords de Minsk » nous rassemblons le protocole de Minsk dit aussi Minsk 1, l’accord de Minsk dit
aussi Minsk 2 et aussi les réunions au format « Normandie » qui associaient la Russie aux discussions. Il a été très vite évident que le gouvernement de Kiev mis en place par un coup
d’État orchestré par les États-Unis n’avait aucunement l’intention de respecter ces accords dans leur différentes moutures bine qu’il les ait toutes signées
Sur le terrain la seule application des accords se résumait à la définition d’une ligne de démarcation, à organiser à intervalle régulier des cesser le feu
toujours violés et par la présence d’observateurs de l’OSCE qui se sont bornés à constater que le conflit avait pris une forme militaire et se poursuivait. Ainsi l’ONU sur la base des
leurs observations a pu reconnaitre sans émotion particulière que 14 000 habitants du Donbass avaient péri du fait du conflit entre 2014 et 2021. Jamais la partie politique des accords à
savoir la possibilité institutionnelle de faire vivre les deux républiques au sein de la république ukrainienne apaisée ne sera abordée.
La responsabilité de la France que ce soit sous la présidence de Hollande ou sous celle de Macron est écrasante. En effet, puissance garante des accords de
Minsk et membre permanent du Conseil de sécurité, son devoir était de demander des sanctions contre le gouvernement ukrainien qui continuait à tuer par milliers des citoyens de son propre
pays. L’Allemagne n’a pas fait mieux impliquée qu’elle était dans le coup d’État de 2014 dont certains acteurs importants étaient financés par la fondation Adenauer (fondation de la CDU
de Mme Merkel).
En 2019 l’élection de Zelenski a fait croire qu’enfin le moment de la négociation était venu. Mais ce n’était que le premier acte du mélodrame sordide pour
lequel ce comédien sans vertu avait été embauché. L’illusion ne dura pas au-delà de la campagne électorale. L’acte 2 commença aussitôt avec la reprise ou la poursuite des actions
militaires de l’armée ukrainienne et de ses éléments les plus fascisants contre le Donbass. Entretemps le Donbass avait organisé sa résistance militaire pour éviter l’invasion.
L’acte 3 démarre avec l’installation de Biden à la Maison Blanche. La nouvelle administration démocrate animée par les mêmes acteurs (Biden lui-même,
Blinken, Jack Sullivan et Victoria Nuland) qui ont organisé le coup d’État de 2014 veut cette fois liquider physiquement et définitivement la rébellion. S’il ne l’avait pas compris plus
tôt Zelinski sait alors qu’il va être l’exécutant d’un crime de masse décidé ailleurs.
Puisqu’il devenait patent que les accords de Minsk ne seraient jamais appliqués puisque les États-Unis n’en voulaient pas, une France majeure et
indépendante aurait dû saisir le Conseil de sécurité en exigeant des sanctions contre l’Ukraine. Mais la diplomatie macronienne n’étant pas indépendante de Washington s’est trouvée
« en état de mort cérébrale » sur le sujet.
Pendant toute l’année 2021 la diplomatie russe a fait tous ses efforts pour éviter l’assaut final sur le Donbass qui aurait consacré la transformation du
gouvernement Zelinski en exécutant docile de la politique des États-Unis (qui avec constance assuraient la modernisation et l’encadrement de l’armée ukrainienne) et en agent direct du
gouvernement étasunien à la frontière de la Russie. L’illusion longtemps entretenue dans la population de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN et dans l’UE s’évanouissait : Washington était
directement aux commandes à Kiev. Zelinski devenait ainsi – acte 4 du mélodrame – le président d’une république bananière avec beaucoup de sang ukrainien sur les mains déjà versé et
beaucoup plus à verser pour la bataille finale. En effet, début 2022 tout est prêt pour l’assaut militaire sur le Donbass. Les hypocrites, les marionnettistes occidentaux ont choisi de
laisser le gouvernement de Kiev seul maitre apparent de l’opération. Zelinski le sait, le piège s’est refermé sur lui. Il gesticule un peu : « Aidez-moi ! » peine perdue. Il découvre,
peut-être avec effroi mais trop tard, qu’il a signé son contrat avec le réalisateur du mélodrame sanglant, que le dernier acte s’intitule « Zelinski boucher du Donbass ».
Mais coup de théâtre, acte 5, la Russie vient bouleverser le scénario.
Lorsque le 19 Février Zelinski annonce en public à Munich devant Kamala Harris et un parterre de diplomates qui ne le traite pas de fou qu’il envisage face
à la « menace russe » de doter son pays de l’arme atomique la Russie comprend qu’il a le feu vert pour l’agression.
La Russie après huit ans de retenue, huit ans pendant lesquels elle a donné la priorité à la diplomatie et au règlement pacifique du conflit du Donbass,
accède alors à la demande de reconnaissance formulée dès 2014 par les deux républiques séparatistes. Le 22 le parlement russe les reconnait.
Le 24 Février la Russie se porte à leur secours et elle ne peut le faire qu’en s’en prenant à une armée ukrainienne bien formée par les conseillers
miliaires occidentaux qui s’apprête à liquider le Donbass. Elle tire donc la conclusion de l’échec total de l’ONU qui a passé huit ans à regarder sans s’émouvoir la non application des
règles du Chapitre VII de la Charte des Nations unies que ce soit par les États-Unis au Conseil de sécurité ou par la France et l’Allemagne garants volontairement impuissants des accords
de Minsk.
Voilà la vraie responsabilité de l’Occident sous ses diverses parures qui se déchaine contre « l’agresseur », « l’envahisseur » alors qu’il a
passé son temps à préparer cette guerre en la faisant faire par un pays ravagé par la corruption, que ses habitants ont fui par millions depuis 1991, un pays transformé en pays mercenaire
y compris en prévoyant de lui faire utiliser des armes biologiques et chimiques de destruction massive en préparation dans les labos étasuniens en Ukraine.
Si elle ne veut pas finir comme feu la Société des Nations, l’ONU doit se saisir avec la dernière énergie de cette menace mondiale d’une apocalypse perfide
et anonyme remisant au magasin des terreurs enfantines les champignons atomiques avec l’image d’un Docteur Folamour qui, dans une ultime transe solitaire dans son bunker, appuie sur le
bouton.
Voici la vidéo du comité d’enquête russe d’un autre chouchou de l’Occident, qui, lorsqu’il a appris qu’un couple marié de Marioupol était fait prisonnier
par les FAU, s’est saoulé, est entré dans la cave où le couple était détenu et a commencé, en menaçant avec son arme de poing, à violer la femme devant son mari. Lorsque le mari a
« exprimé des objections », ce courageux Ukie l’a tué.
Ce n’est pas une exception, c’est typique de larges segments des FAU et, bien sûr, des nazis. Je pense que le département américain de l’Éducation devrait
sérieusement envisager d’introduire l’étude de ces « défenseurs de la démocratie » dans les programmes d’histoire et d’éducation civique en tant que grands exemples de sacrifice
personnel pour la liberté et contre le totalitarisme. Je suis certain que les programmes de sciences humaines de nombreuses universités occidentales utilisent déjà ces exemples brillants,
comme ce type, de courage humain et d’altruisme dans leurs programmes de sciences politiques et de journalisme, car sinon, comment aurions-nous pu avoir des personnes comme Rachel Maddow
ou feu Madeleine Albright et les admirateurs du terrorisme Lindsey Graham et son défunt copain John McCain.
Non, je vous taquine. Le flux de psychopathes au sein des « élites » occidentales a atteint son apogée aux alentours des années 1980 et
aujourd’hui, l’Occident combiné vit dans une réalité complètement déformée, surtout en termes moraux. Demandez simplement à 500 000 enfants irakiens ce qu’ils en pensent. Passons
maintenant aux remarques de
Poutine :
« De l’avis de Poutine, l’Occident a depuis changé d’objectif. « … Comme ils se rendent compte que c’est impossible, ils essaient d’atteindre un
autre objectif à la place – diviser la société russe, détruire la Russie de l’intérieur. Mais là aussi, il y a un hic : cela n’a pas marché non plus », a déclaré Poutine. Selon lui,
la société russe « a fait preuve de maturité, de solidarité » et soutient ses forces armées et les efforts déployés « pour assurer la sécurité ultime de la Russie et aider
les habitants du Donbass ». Après un « fiasco » dans le domaine des médias, Poutine a affirmé que l’Occident s’est tourné « vers la terreur, vers l’organisation du
meurtre de nos journalistes ». Il faisait référence à l’annonce faite lundi par le Service fédéral de Sécurité russe (FSB) selon laquelle il avait arrêté un groupe de
« néonazis » chargés par le Service de Sécurité ukrainien (SBU) de tuer le célèbre animateur de télévision et journaliste russe Vladimir Solovyov. Kiev a nié tout rôle dans
l’organisation de cette tentative d’assassinat. « À cet égard, il convient de noter bien sûr que nous connaissons les noms de tous les manipulateurs occidentaux, de tous les membres
des services occidentaux, principalement la CIA, qui travaillent avec les agences de sécurité ukrainiennes. Apparemment, ils leur donnent ce genre de conseils », a déclaré le
dirigeant russe.
Les tentatives d’assassinat correspondent à ce dont je parlais hier – des cellules dormantes ou des « insertions » en Russie à partir du pays 404.
Les actes de sabotage et de terrorisme vont se poursuivre à l’intérieur de la Russie, même s’il est évident que le FSB travaille et fait son travail. Il s’agit d’un acte de désespoir et
ces actes ne sont plus seulement des actes de diversion, ils commencent à se transformer en terrorisme pur, ce qui est la spécialité de la CIA, du MI-6 et de leurs caniches. Toute cette
histoire (d’amour) avec l’État islamique ou l’assassinat du général Soleimani alors qu’il était en mission diplomatique ne sont que de petits fragments d’une image beaucoup plus vaste
d’un problème métaphysique de la guerre continentale pour le monde anglo-américain au XXe siècle. Elle a eu un certain succès pendant la Seconde Guerre mondiale, après quoi ses
performances ont été plutôt douteuses et aujourd’hui, c’est du pur terrorisme. Le terrorisme est une arme de faiblesse. C’est un axiome, pas même un théorème.
De plus, dans le cas des journalistes russes, il s’agit de la continuation d’une illusion totale et d’une réalité alternative dans laquelle l’Occident est
plongé lorsqu’il s’agit de la Russie. Ils croient toujours qu’ils peuvent « changer de régime » en Russie si seulement ils peuvent tuer un nombre déterminé de personnalités des
médias russes et leurs familles et ouvrir la voie aux « forces de la démocratie », c’est-à-dire la cinquième colonne. Lisez plus de Soljenitsyne et de dissidents russes
anti-soviétiques, cela vous garantira que vous ne savez rien de la Russie et que vous continuerez à échouer dans tous vos efforts de subversion en Russie.
Bernhard de Moon of Alabama donne un bon article sur
l’importance de la Russie qui a pratiquement coupé le pays 404 en deux en termes de lignes de communications ferroviaires :
« Toutes les couches, les armes et les munitions que les États-Unis et d’autres pays fournissent à l’Ukraine seront désormais coincées dans l’ouest de
l’Ukraine où elles pourriront jusqu’à ce qu’un astucieux oligarque ukrainien parvienne à les vendre à un pays tiers. Les retombées des attaques ferroviaires toucheront également les
fournitures civiles en Ukraine. Elles entraveront le trafic de passagers civils, notamment pour les personnes qui ont fui vers l’ouest et qui disposent désormais de moins de moyens de
transport pour rentrer chez elles. Depuis le début de la guerre, la Russie a intentionnellement évité de frapper les infrastructures civiles en Ukraine. Les réseaux d’électricité et de
communication ainsi que l’approvisionnement en eau sont tous restés intacts. (Les attaques contre les chemins de fer ukrainiens ne sont devenues nécessaires que lorsque les États-Unis et
d’autres pays ont fourni de plus en plus de matériel de guerre à l’Ukraine. La Russie ne permettra pas à ses troupes de subir le feu de ces armes nouvellement livrées ».
Comme je l’ai déjà dit, non seulement le canal d’approvisionnement a été largement étranglé, mais tout ce qui pourrait pénétrer dans la zone de combat du
groupement des FAU encerclé dans le Donbass sera anéanti par tous les moyens nécessaires. C’est la raison pour laquelle les amateurs de pornographie militaire, principalement occidentaux,
avec des expériences de vie et une formation dans les jeux vidéo de guerre et à Hollywood, éjaculent chaque fois qu’un jouet militaire occidental (l’objet de masturbation du jour est
l’obusier M-777) est expédié en pays 404 et que les espoirs de voir ce jouet assurer la victoire des Ukrainiens sont élevés, jusqu’à ce que l’efficacité douteuse des armes de l’OTAN soit
révélée, et que les cycles de masturbation recommencent avec les résultats attendus. Comme je l’ai dit, ne pas avoir de formation militaire sérieuse ni d’outils de base de la pensée
critique n’est pas bon pour faire face à la réalité.
Mais tout ceci n’est qu’une toile de fond d’un drame plus
vaste :
« La société russe Rosneft a demandé des roubles et des paiements anticipés complets dans les appels d’offres pour le brut, ont déclaré des sources à
Reuters, alors que le premier exportateur de pétrole du pays s’aligne sur la volonté du président Vladimir Poutine de ne marchander qu’en roubles pour le gaz naturel. Si Rosneft a laissé
une marge de manœuvre pour le paiement dans d’autres devises, elle s’est également réservée le droit de refuser les contrats pour lesquels le prépaiement n’est pas proposé dans son
intégralité ».
La Russie n’est pas la Libye, qui a été démolie dès que Kadhafi a fait allusion à un système de paiement du pétrole en or. Même Lord Austin est quelque peu
décevant dans son nouvel
objectif :
« Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, déclare que l’objectif des États-Unis est de rendre la Russie si faible qu’elle ne pourra plus envahir un
autre pays ».
Eh bien, c’est vraiment décevant. Honnêtement, et je ne veux pas m’étendre maintenant sur l’illusion pure de cette déclaration, mais la vérité est que la
seule chose que l’Occident combiné peut faire est de poursuivre les actes terroristes et de diversion sur le territoire russe parce que toute sorte de confrontation militaire avec la
Russie signifie un sérieux réarrangement des pierres dans les capitales occidentales et des pertes dont aucun pays de l’OTAN, en particulier les États-Unis, n’a l’expérience historique.
Enfin, à l’exception de l’Allemagne. Certaines personnes à D.C. le comprennent. Donc, le Rouble des ressources est là et le Rouble de l’or est le suivant. Comme le chantaient les Doors :
« C’est la fin ». Tout le reste se développe à partir de ce point.
Dans le numéro 6 d’Horizons et débats du 22 février 2022, Eberhard Hamer a analysé les dessous du conflit ukrainien et exprimé l’espoir que la Russie ne
tomberait pas dans le « piège américano-ukrainien ».
Le 24 février 2022, le piège s’est refermé.
La Russie, personnifiée par Vladimir Poutine, n’a malheureusement pas vu d’autre issue après des années de provocations systématiques et de manquements
humiliants à la parole donnée. Le réarmement en cours et l’intégration des régiments Azov – régiment tueur de Russes, l’annonce de la conquête de la Crimée et du Donbass, la massification
des troupes sur la ligne de cessez-le-feu avec le Donbass, la demande d’armes nucléaires, l’activité cachée des conseillers militaires des États-Unis et de l’OTAN, l’existence de
laboratoires d’armes biologiques, etc. ne laissaient plus le choix du point de vue des militaires russes. Ils ne voulaient pas être totalement encerclés et sans défense. Et ils espéraient
une guerre éclair ainsi qu’un fléchissement des États-Unis et de leurs marionnettes en Ukraine. C’est pourquoi, contrairement aux guerres de l’OTAN et des États-Unis, les Russes ont
épargné les infrastructures critiques (électricité, télécommunications, transports et eau) là où cela était stratégiquement responsable. Ils auraient pu sans problème couper les liaisons
ferroviaires et arrêter Volodymyr Zelensky au moyen d’une opération commando, mais ils ne voulaient et ne veulent toujours pas de martyrs. La question est : combien de temps encore
?
En effet, les États-Unis et leurs vassaux de l’OTAN empêchent cette stratégie par des livraisons d’armes, des slogans d’endurance, le déploiement des
régiments Azov remplis de haine, une aide en matière de renseignement et une campagne médiatique sans précédent. La guerre psychologique – surtout avec des atrocités sous faux drapeau –
dans laquelle les États-Unis et l’OTAN sont passés maîtres, a créé une hystérie de masse qui va jusqu’à la mise au ban de la culture russe. Heinrich Heine avait déjà prévenu : « Là où
l’on brûle des livres, on brûlera bientôt des hommes ».
La campagne médiatique occidentale me rappelle le discours de Josef Göbbels du 18 février 1943 au palais des sports de Berlin, où il posa aux 15 000
personnes réunies la question démagogique : « Voulez-vous la guerre totale ? La voulez-vous – si nécessaire, plus totale et plus radicale que nous ne pouvons même pas l’imaginer
aujourd’hui ? »
On s’accommode désormais de cette « guerre totale » en intensifiant continuellement la guerre économique contre la Russie (appelée « sanctions ») ; en
s’armant massivement ; en humiliant la Russie ; en méprisant ses propositions compréhensibles et justifiées pour la paix et sa sécurité.
L’un des analystes militaires les plus avisés, le rédacteur en chef de la plus ancienne revue militaire du monde, le brigadier Wolf-gang Peischel, a
toujours conseillé de ne pas projeter ses pensées sur l’adversaire, mais de se mettre à sa place pour prendre une décision raisonnable.
Si nous nous mettons à présent à la place des Russes, une tentative désespérée de libération contre l’encerclement par l’OTAN et la diffamation est
évidente. En comparaison militaire avec les autres puissances mondiales, la Russie n’a que l’avantage de ses forces nucléaires hautement équipées. Voulons-nous, nous Européens de l’Ouest,
dans un aveuglement suicidaire, provoquer leur utilisation ?
Réfléchissons enfin ! Sapere aude ! Et comprenons aussi l’arrière-plan.
Sir Halford Mackinder, qui fait toujours partie de la littérature obligatoire dans les académies militaires américaines, a développé la théorie dite du
Heartland, dans laquelle il montre que la domination de l’Europe de l’Est (« région charnière ») et le blocage d’une liaison entre l’Europe de l’Ouest et la Russie empêchent la création
d’un bloc de puissance riche en technologies et en matières premières, qui s’étendrait de l’Atlantique au Pacifique. La stratégie de domination mondiale de l’Angleterre et de son
successeur, les États-Unis, basée sur la mer, aurait alors joué son rôle (« The geographical pivot of history », 1904).
Cette politique a été mise en œuvre dans l’entièreté du XXe siècle et actuellement dans le XXIe siécle débutant.
Les deux livres de Thomas P. M. Barnett de 2003 et 2005 « The Pentagon’s New Map – War and Peace in the Twenty-First Century » et « The Pentagon’s New Map –
Blueprint for Action » sont une autre source mettant en avant la création ininterrompue d’oppositions artificielles – surtout concernant la Russie. On y expose l’inquiétude du Pentagone à
l’époque de la chute de l’Empire soviétique, à savoir la suppression des moyens pour les bases européennes et nord-asiatiques (fin de la guerre froide). Il fallait donc de nouveaux
scénarios de menace et de nouveaux motifs de guerre. Nous nous sommes laissés entraîner dans cette stratégie de l’establishment militaro-industriel et financier des États-Unis et de son
bras militaire, l’OTAN, qui est en train de dépérir sans adversaire réel, et nous avons participé jusqu’au sang à la provocation des Russes au lieu de contribuer à une paix équilibrée et
équitable. Comme les États-Unis n’ont pas été touchés par toutes les guerres qu’ils ont déclenchées sur leur propre territoire, les élites bellicistes pensent qu’il en sera toujours ainsi
– surtout qu’une guerre avec la Russie se produirait en Europe. Mais c’est une erreur d’appréciation grossière, car les attaques désespérées des Russes seraient intercontinentales.
Mais les principaux dommages dévastateurs toucheraient l’Europe.
Voulons-nous nous laisser entraîner dans ce danger au lieu de prêter l’oreille et d’agir en faveur des voies de la paix qui sont présentées avec de plus en
plus d’insistance ?
Je pense en particulier aux propositions faites avant le début de la guerre en Ukraine dans le cadre de l’étude de l’Institut de recherche sur la politique
de sécurité, dirigé par l’expérimenté professeur Hans Köchler, dirigé par l’International Progress Organization. En acceptant le triptyque « neutralité perpétuelle, non-alliance et
structure fédérale », tous les intérêts (sauf ceux des belligérants) seraient servis ; en particulier le peuple ukrainien, qui profiterait d’être courtisé par l’Est et l’Ouest au lieu
d’être exploité unilatéralement.
Il existe un vieil avertissement en anglais : Don’t drive them to dispair (ne les pousse pas au désespoir). Mettons donc fin à la vassalité et empruntons la
voie de la raison au lieu de nous précipiter dans une guerre d’extermination !
traduction Horizons et débats
***
Erich Vad, ancien général de la Bundeswehr : « Sortons de la logique de l’escalade et entamons des négociations ! »
Après la mort de son père, Heinrich Wohlmeyer a été accueilli par des paysans, cela avant même d’être envoyé dans un camp de concentration, de la
destruction de sa maison familiale par les bombes et de la maladie soudaine de sa mère. Il est allé au lycée « par ses propres moyens », a étudié le droit, le droit économique
international aux États-Unis et en Angleterre, ainsi que l’agriculture et la technologie alimentaire à l’Université de pédologie de Vienne. De retour en Autriche, il a mis à disposition
ses compétences en tant que développeur régional et manager industriel pour le « Waldviertel » [région rurale et forestière au nord-ouest de Vienne]. Puis, il est devenu directeur de
l’industrie agricole autrichienne. Suite à des divergences de points de vue dans cette fonction, il est entré à l’université et a enseigné l’économie des ressources et la gestion de
l’environnement. Toutes ces activités lui ont fait prendre conscience de l’existence d’un lien de cause à effet entre le développement non durable, la politique commerciale et la
politique financière sapant les cycles économiques régionaux. « Nous avons besoin de solutions locales pour assurer la meilleure prospérité régionale possible », déclare-t-il.
Dans une interview accordée à l’agence de presse allemande (dpa) le 12 avril 2022, (www.stern.de du
12/04/2022), Erich Vad, ancien général de brigade allemand de la Bundeswehr et chargé de la sécurité auprès de la chancelière Angela Merkel, s’est prononcé contre la livraison d’armes
lourdes à l’Ukraine. Il a également mis en garde contre le fait de nier au président russe Vladimir Poutine son appartenance au genre humain et de le qualifier de despote maladif qui
s’opposerait à toute entente. Le militaire à longue expérience déclare : « En ces temps, nous divulguons suffisamment de rhétorique guerrière – apparemment dans les meilleurs intentions
éthiques. Mais comme c’est amplement connu, le chemin vers l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Nous devons concevoir la guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine en partant
de sa fin. Si nous refoulons la Troisième Guerre mondiale pour de vrai, nous devrons tôt ou tard sortir de cette logique d’escalade militaire et entamer des négociations ».
Harald Kujat, inspecteur général de la Bundeswehr de 2000 à 2002 et président du comité militaire de l’OTAN de 2002 à 2005, a réagi de la sorte : « Je
confirme mon accord complet avec le brigadier-général Vad sur chacun des points qu’il vient de soulever. Le train des lemmings s’est mis en marche, la politique politicienne se trouve sur
la voie de la guerre. Pourquoi tant de politiciens et de journalistes veulent-ils conduire la guerre dans notre pays ? » (https://lnkd.in/dbJV6JiQ)
La position radicale adoptée par l’Occident à l’encontre de la Russie
risque de faire s’effondrer l’ensemble du système économique avec lequel il a imposé sa domination sur la planète.
Par Alastair Crooke – Le 11 avril 2022 – Source Al
Mayadeen
Ces « guerres » sont de plus en plus considérées en
Occident comme des événements existentiels – c’est-à-dire des événements « tout ou rien » – et leur portée s’élargit.
Pourquoi des guerres au pluriel ? Eh bien, l’affrontement militaire en Ukraine est sur le point d’atteindre son paroxysme ; la guerre concernant les changements radicaux apportés par la Russie à
l’ordre monétaire mondial plonge les États occidentaux dans un tourbillon sans fin ; l’Europe est au bord du gouffre économique ; et la « guerre » lancée par l’alliance Russie-Chine
visant à réorganiser les « règles » mondiales arrive également à son terme
(bien qu’elle voyage à un train légèrement plus lent).
Cependant, la guerre psychologique de l’Occident est vraiment à part. Le mur de toxicité qui gonfle, s’élève et s’écrase sur les rivages de la Russie est une
véritable tempête marine, c’est du jamais vu. Son intention est clairement de noircir l’image du président Poutine à l’excès, d’en faire un démon satanique si tordu que tout oligarque russe sain
d’esprit se précipitera pour le remplacer par une figure plus docile, semblable à Eltsine.
Seulement, cela ne fonctionne pas. Les responsables occidentaux derrière le « rideau » des PSYOPS ne savent pas quand
s’arrêter. Ils ont tellement poussé l’outrance que le déferlement de haine viscérale contre tout ce qui est russe a créé l’effet inverse : non seulement Poutine est plus populaire, mais il a
déclenché en Russie une violente réaction contre l’Occident dans son ensemble.
L’effet net a donc été précisément de transformer la question de l’Ukraine en un cauchemar existentiel manichéen. Le monde anglo-saxon écrit en
gros titres que « la guerre, c’est tout ou
rien » : si Poutine n’est pas vaincu (au sens de totalement vaincu au combat), l’Occident ne peut tout simplement pas survivre.
Le problème de l’Occident qui n’envisage que le « tout ou rien » , c’est qu’il y a aussi un
risque de « rien » . En effet, il
est clair qu’il n’est pas permis de discuter avec les forces démoniaques « maléfiques » : aucun dialogue politique donc.
Tout ou rien.
Le corollaire évident de cette confrontation binaire entre le bien et le mal est que le reste du monde doit être soumis à un dispositif inquisitorial visant à
découvrir, puis à forcer, les hérétiques à abjurer tout manquement à leur soutien à l’Ukraine contre la Russie, sous peine de se retrouver sur le bûcher. Les inquisiteurs se répandent dans le
monde entier : les euro-récalcitrants seront les premiers (les Orbàns) ; le Pakistan,
l’Inde, la Turquie, les États du Golfe, etc. suivront.
Seulement, là encore, ça ne marche pas. Les pays non-occidentaux sentent qu’ils ont affaire à un empire qui s’affaiblit, qui vacille, comme Hercule descendant armé
de son épée dans les enfers contrôlés par Hadès pour aller chercher le chien tricéphale Cerbère, dont l’une des têtes répand la peur de ce qui nous attend au prochain coin de rue. (La peur, en
effet, monte.)
Et c’est ce qui motive cette peur qui se cache derrière l’expression « tout ou rien » : le changement radical présagé
par l’insistance de la Russie à être payée en roubles (pour l’instant, uniquement pour les livraisons de gaz) et par un rouble déjà en hausse, désormais lié à l’or et aux matières
premières.
En jouant sur les deux tableaux : en liant le rouble à l’or puis en liant les paiements énergétiques au rouble, la Banque de Russie et le Kremlin modifient
fondamentalement l’ensemble des hypothèses de fonctionnement du système commercial mondial (en remplaçant les transactions évanescentes en dollars par des transactions solides en devises adossées
à des matières premières), tout en déclenchant une réorientation du rôle de l’or comme rempart du système monétaire.
Si une majorité du système commercial international commence à accepter les roubles pour l’approvisionnement en matières premières, cela pourrait propulser ce que
le gourou de Wall Street, Zoltan Pozsar, prévoit comme
étant la mort du pétrodollar et la montée de Bretton Woods III (c’est-à-dire un nouvel ordre monétaire mondial).
Le monde observe attentivement. On peut voir le changement de décor. Lorsque l’Occident a saisi toutes les réserves de change de la Banque centrale de Russie, il a
décrété que les réserves souveraines russes en euros, en dollars et en bons du Trésor américain n’étaient plus de la « bonne monnaie » . Elles étaient sans valeur en
tant que « monnaie » pour payer
les dettes envers les créanciers étrangers.
Le message était assez clair : si même un État important du G20 peut voir ses réserves annulées en un tour de main, alors pour ceux qui détiennent encore
des « réserves » à New York, allez
les déposer ailleurs (tant que c’est possible) ! Car le commerce des devises de demain sera adossé à des matières premières et non à des dollars constants.
Bien sûr, parmi ceux qui observent attentivement un autre aspect du problème (les prix du pétrole sur le marché), la Chine (avec ses énormes réserves d’or) et les
grands producteurs de brut comprendront que les actions de la Russie, si elles se poursuivent, pourraient conduire la Russie non seulement à arracher la détermination du prix de l’or au LBMA et
au COMEX (bourses de lingots), mais qui sait, en combinaison avec d’autres producteurs, à arracher la détermination du prix du pétrole aux bourses de matières premières américaines également
?
Très concrètement, l’Occident ressent un danger existentiel. Nous ne parlons pas seulement de dédollarisation, mais de quelque chose de plus fondamental. Le système
financier occidental est constitué d’une pyramide inversée d’instruments de monnaie de papier à fort effet de levier (souvent appelés produits dérivés), reposant sur la plus petite base, le
sommet de la pyramide inversée. C’est ce qu’on appelle « l’argent intérieur » .
Son importance est supérieure à celle de ses supports collatéraux à sa base – parfois appelés « argent extérieur » . L’argent extérieur
représente quelque chose de réel : pétrole, gaz, énergie, nourriture, métaux, etc. Une garantie qui, elle, est réelle.
Enlevez l’argent extérieur de la base de la pyramide renversée… et vous aurez (potentiellement) un crash.
Et bien, c’est ce qui se passe. Poutine éloigne le gaz russe de la pyramide en insistant pour que l’ensemble du processus de paiement et la valeur de la garantie,
restent dans la sphère du rouble. Et si d’autres États suivent l’exemple et l’étendent à d’autres produits de base… c’est le crash.
L’ironie, c’est que l’Occident s’est mis lui-même dans cette situation. Ce n’est pas Poutine qui l’a fait. Ils l’ont fait. Ils l’ont fait lorsque les « faucons » russophobes de Washington ont
stupidement déclenché un combat avec le seul pays – la Russie – qui possède les
matières premières nécessaires pour diriger le monde, et pour déclencher le passage à un système monétaire différent – un système alternatif, ancré dans autre chose que la monnaie
fiduciaire, soutenue par rien d’autre que la capacité de la Réserve fédérale à imprimer des dollars à l’infini.
Et puis ils ont détruit la « garantie et la promesse » du Trésor américain
de s’engager à un paiement contractuel en volant les réserves russes.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Charles, pour le Saker Francophone
Voilà 2 mois que l’Europe est meurtrie par un nouveau conflit symétrique de haute intensité et dont la cinétique est en passe de devenir incontrôlable du
fait des obstinations idéologiques occidentales vis à vis de la Russie et de l’aveuglement des populations européennes complétement hypnotisées et asservies par une doxa mondialiste
totalitaire.
Loin des imposteurs propagandistes qui, s’enivrant de leurs fantasmes manichéistes jusqu’à y croire, veulent nous persuader que l’armée russe est la
meilleure armée du Monde (comme le courtisan Moreau) ou que l’armée ukrainienne est en train de gagner la guerre (comme le collabo Tyleman), je vais jeter ici, et sans prétention aucune,
quelques observations réalisées depuis deux mois et qui appartiennent une réflexion insoumise entamée il y a plus de trente ans.
1- La guerre est
géopolitique
« L’art de la guerre », ainsi que décrivait le stratège chinois Sun Tsu il y a 25 siècles les conflits militaires tissant l’Histoire humaine,
n’est ni une science exacte ni une connaissance théorique mais un domaine exclusivement empirique et complexe, car dépendant du terrain, de la volonté, de la technologie, de la politique,
de la psychologie, du courage… et de la chance également.
L’Histoire militaire nous enseigne depuis l’antiquité que toute armée « qui se repose sur ses lauriers », fantasmes, théories et autres
propagandes fumeuses, est condamnée à se réveiller dans la douleur de revers et de défaites militaires graves, et que les français se souviennent à ce titre de l’humiliation militaire
subie en 1940.
Depuis 2 mois, les populations européennes, hypnotisées par 2000 années d’occidentalisme fantasmé, semblent découvrir sous le choc médiatique ce conflit
russo-ukrainien qui pourtant couvait depuis 8 années comme un volcan dont la tectonique en éveil alerte de son éruption prochaine. Pourtant ce séisme militaire n’est pas surprenant
sous notre Soleil et pour s’en convaincre il suffit de prendre un peu de recul historique, de hauteur géopolitique et surtout de reconquérir la sagesse des anciens.
Le grec Thucydide, un contemporain européen de Sun Tzu avait défini il y a 25 siècles déjà les principes de la géopolitique universelle qui fait se mouvoir
les relations politiques, économiques, culturelles humaines jusqu’à, parfois, leurs paroxysmes militaires. Thucydide dans ses livres, à la fois philosophiques, poétiques et historiques,
souligne entre autres concepts toujours d’actualité:
Les oppositions universelles entre la vision réaliste de l’Être (Métis, la tempérance) et l’idéologie fantasmée de l’Avoir (Hubris, la démesure),
La dynamique dangereuse des alliances pourtant nécessaires mais qui entraîne les guerres vers leurs extensions mondiales,
La dérive de la puissance qui, au prétexte de sa protection offerte, impose aux peuples une soumission totale au pouvoir qui la détient,
La rivalité entre la Mer et la Terre, les thalassocraties marchandes et les royaumes continentaux, entre la force militaro-économique et le droit de la
cité…
Et si l’on prolonge la pensée de Thucydide, que bien d’autres penseurs ont repris jusqu’à nos jours comme par exemple le sociologue polonais Zygmunt
Bauman dans sa métaphore de l’opposition entre « société liquide » et « société solide » critiquant l’Hubris néo-libéral, on s’aperçoit qu’elle est plus que jamais
d’actualité dans cette géopolitique, qui depuis des siècles se cristallise autour de la Mer Noire, ce « pivot stratégique de l’Europe » comme l’appelait justement le
néolibéral Zbigniew Brzeziński.
On ne peut comprendre ce conflit russo-ukrainien sans le mettre préalablement en perspective de cette géopolitique universelle qui seule permet d’en définir
les véritables enjeux et menaces :
• Washington et son mondialisme ont remplacé son impérialisme mais toujours dans un Hubris marchand et liquide pour lequel les identités « non
alignées » et concurrences économiques ne sont que des ilots à submerger. De même Moscou est devenu la nouvelle Sparte, cité continentale défendant ses traditions et ses identités
civilisationnelles dans une notion d’Empire solide défini par la réalité de son sanctuaire et son Histoire et opposée à l’idéologie impérialiste fondée sur des fantasmes hors sol.
• Dans cette confrontation entre Moscou et Washington, le contrôle de la mer Noire qui depuis le XVIIIe siècle est l’obsession militaro-commerciale des uns
et des autres (à l’époque les empires britannique et russe) est redevenu un enjeu majeur prioritaire, que ce soit pour l’OTAN, qui veut encercler militairement la Russie (« stratégie
du Containment »), que pour Moscou qui veut protéger sa zone d’influence sécuritaire qui ici lui est vitale faute de profondeur stratégique occidentale.
• Après l’échec occidental à vouloir récupérer la Crimée et sa base stratégique russe de Sébastopol (objectif majeur du Maïdan), Washington a commandité la
guerre contre le Donbass russe puis, l’a entretenu par des violations quotidiennes des accords de Minsk tout en la maintenant dans les tranchées militaires et diplomatiques pour ne
pas discréditer outrancièrement la junte ukrainienne et, poursuivre une militarisation atlantiste factuelle du pays qui conduirait inévitablement la Russie à réagir violemment.
Pour résumer, la préemption politique de l’Ukraine par la ploutocratie mondialiste est d’abord et avant tout un enjeu stratégique pour son hégémonie
militaro-industrielle autant qu’elle est une menace existentielle pour la Fédération de Russie. Ce que les européens ne devraient pas oublier c’est que lorsqu’il s’agit de sauver sa
peau tous les coups son permis, car ils risquent de payer très cher cette stratégie agressive de l’OTAN ordonnée par des faucons de guerre amoraux qui sont aux antipodes du vieux
continent.
2- La guerre est
empirique
Oui, les forces russes ont rencontré des difficultés tactiques et organisationnelles sensibles, et Non, les forces ukrainiennes ne sont pas en train de
gagner ce conflit militaire avec la Russie.
Et pour plusieurs raisons :
D’une part un conflit symétrique et d’une telle intensité ne peut être conclu en quelques semaines et même en quelques mois, sauf capitulation et d’autre
part il n’y a pas eu de précédent depuis près de 80 ans et donc des surprises, positives ou négatives, sont inévitables ainsi que la nécessité de réaliser une réévaluation doctrinale en
cours d’action pur les 2 belligérants au regard du rapport « coût/bénéfice » de leurs décisions stratégiques et actions tactiques. C’est ainsi dans toutes les guerres (et plus
généralement dans toute les actions risquées de l’existence) : rien ne se passe généralement « comme prévu » et l’atteinte des objectifs ne dépend souvent que de la faculté à
analyser et s’adapter rapidement aux nouvelles situations. Et paradoxalement l’échec est souvent la meilleure école dès lors que l’obstination ne le conduise pas à la défaite.
Ainsi si on regarde les opérations militaires russes des dernières décennies on constate que ses grandes réformes ont été déclenchées au lendemain de
difficultés rencontrées sur le terrain :
Modernisation des armements suite aux enseignements de la guerre en Afghanistan,
Modernisation des procédures tactiques après l’échec de la 1ère guerre de Tchétchénie,
Modernisation de la logistique suite aux problèmes vus lors de la guerre en Géorgie,
Modernisation de la doctrine du combat urbain suite aux opérations menées en Syrie…
Lorsque l’état-major russe lance ses opérations militaires en Ukraine ce 24 février 2022, pour mettre fin à la guerre dans le Donbass, imposer une
neutralité de l’Ukraine et porter un coup d’arrêt à l’extension territoriale de l’OTAN, on peut observer une stratégie d’autant plus ambitieuse que les forces qui lui sont consacrées
(env. 150 000 hommes) semblent être relativement faibles par rapport à l’étendue du théâtre d’opérations (2000 kilomètres entre Kiev et Kherson), les forces en présence (260 000 soldats
ukrainiens plus 300 000 réservistes rappelés), ainsi que le coefficient du rapport de force « assaillant/défenseur » qui donne toujours un avantage à ce dernier.
Loin de moi l’intention de juger les décisions de l’état-major russe, leurs objectifs politiques, leurs pertinences stratégiques, car d’une part je ne
dispose pas de toutes les données qui de plus sont noyées dans le brouillard de guerre des secrets opérationnels autant que des mensonges propagandistes mais de relever des difficultés
qui semblent être la conséquence d’évaluations initiales erronées où visiblement des capacités russes ont été surévaluées tandis que des capacités ukrainiennes ont été
sous-évaluées.
Y a t-il eu un problème d’évaluation
russe ?
Oui et non :
Tout d’abord, il faut rappeler à ceux qui jubilent ou dépriment devant les blindés avions et soldats russes détruits que ce n’est que la dure réalité d’un
conflit symétrique de haute intensité qui comme son nom l’indique bien est émaillé de pertes sensibles voire de revers des deux côtés du front jusqu’à les dieux des batailles décident à
qui donner les lauriers de la victoire finale.
De même il est malhonnête de faire un focus uniquement sur des pertes subies par l’un des belligérants et de cacher celles subies par l’autre. Cela relève
du crétinisme propagandiste qui à l’heure de l’hypercommunication des réseaux internet est totalement abscons et même contre productif !
Voilà pourquoi, pour ne pas rentrer dans le jeu des masturbations propagandistes je ne donnerai aucun chiffres des pertes ukrainiennes ou russes subies,
sachant de surcroit qu’aucun de ceux communiqués n’est réel, brouillard de guerre oblige.
Le fait est qu’après 3 semaines d’opérations militaires globalement réussies sur le plan des destructions occasionnées aux forces ukrainiennes, l’état-major
russe a été obligé de réorienter sa stratégie et même de réorganiser ses articulations tactiques :
Vladimir Poutine a nommé cette intervention armée visant à démilitariser l’Ukraine « Opération miliaire Spéciale » ce qui sous entend une doctrine
stratégique différente de celle d’une guerre totale menée contre un pays (voir § suivant), laissant notamment la porte ouverte à un retour aux négociations politiques autour des objectifs
désignés. Par conséquent l’état-major russe a défini des moyens, des cibles et des procédures mesurées qui veulent rester liées à la politique internationale et sécuritaire de la Russie
et dans son espace régional frontalier.
En limitant clairement ses moyens sur le terrain Moscou voulait maintenir sa stratégie :
• À sa zone d’influence sécuritaire frontalière qu’elle veut voir légitimement rester politiquement et militairement neutre face à un impérialisme occidental libéré par l’effondrement soviétique.
Rappelons ici que ces revendications russes sont :
– rappelées à chaque expansion de l’OTAN… mais en vain, depuis 1991, date où elles avaient été pourtant actées entre Washington et
Moscou à l’occasion des discussions autour de la réunification allemande,
– alertées… mais en vain, depuis 2008, lorsqu’au sommet de Bucarest, l’OTAN annonce sa volonté d’intégrer l’Ukraine et la Géorgie et malgré une première
réaction militaire russe en Géorgie),
– martelées… mais en vain, depuis 2014, après le coup d’État du Maïdan commandité par Washington et provoquant la sécession de la Crimée et la guerre du
Donbass, pour laquelle les accords de paix n’ont jamais été respectés par Kiev,
– exigées… mais en vain, depuis décembre 2014, par une proposition de traité de sécurité collective, après que l’imminence d’un offensive de Kiev
dans le Donbass et la militarisation atlantiste accélérée de l’Ukraine aient été confirmées,
– militarisées finalement depuis le 24 février, suite à un nouvel échec de la diplomatie russe à les faire respecter par Washington (qui pourtant les
exige pour son espace) et l’obstination de l’Ukraine russophobe à vouloir entrer dans l’OTAN,
• À des opérations militaires dont les objectifs sont de mettre fin à un conflit local (Donbass) et surtout éviter que ce conflit régional devienne total
risquant ainsi d’évoluer vers une guerre mondiale,
• Dans un mode opératoires privilégiant les frappes de précision plu tôt que les bombardements massifs afin de préserver autant que possible les populations
civiles prises entre les deux feux (d’où la priorité donné aux corridors humanitaires)
• À une option n’impliquant pas l’engagement radical de la société civile russe dans le conflit (mobilisation générale, économie de guerre…), ce qui impose
de mettre entre parenthèse le contrat social de la gouvernance.
Sauf que, 2 mois après le début des opérations militaires russes, force est de constater qu’elles évoluent malgré tout (sauf capitulation improbable de
Kiev) vers un conflit régional de haute intensité et de longue durée dont les perspectives mondiales ne sont pas écartées.
Il y a bien sûr un succès évident à ces opérations militaires russes dans leur objectifs de démilitariser l’Ukraine car les frappes russes réalisées au
cours du premier mois ont détruit environ 70% de ses ressources stratégiques (dépôts divers, centres de commandement, parc aérien, usines d’armement etc)
empêchant ainsi les forces de Kiev, et malgré leur supériorité numérique, d’engager des contre offensives majeures ou simplement de reprendre l’initiative.
Cependant les objectifs russes n’ont pas été tous atteints : le régime de Kiev n’a pas capitulé, l’OTAN n’a pas renoncé (au contraire), et les forces
ukrainiennes ont encaissé le choc initial et même engagé un certaine résistance grâce à des combats d’attrition s’appuyant sur une techno-guerrilla antichar et une défense urbaine
dans la profondeur, lesquelles n’ont été rendues possibles que grâce aux formations, aux aides logistiques et à l’engagement du renseignement stratégique de l’OTAN qui depuis avril
exponentialise quantitativement et qualitativement ses aide, risquant ainsi de provoquer une extension internationale du conflit.
Ceci et cela a donc conduit l’état-major russe à une réévaluation des situations tactiques pour une réorientation de la stratégie.
La première dichotomie observable est le rapport initial entre l’étendue des secteurs militaires traités et la faiblesse des moyens qui leur ont été
consacrés, et cette contradiction a été exacerbée par plusieurs difficultés rencontrées par l’état-major russe :
1- Résistance tactique et mentale des forces ukrainiennes qui a été sous évaluée,
2- Captation d’effectifs et de moyens importante autour des villes assiégées,
3- Rigidité verticale et lente d’une coordination éclatée sur 3 districts militaires,
4- Faiblesse persistante de la chaîne logistique russe au delà des 100km,
5- Manque d’infanterie pour des engagements urbains ou forestiers sécurisés,
6- Modernisation inachevée du champ de bataille terrestre (numérisation, guerrélec),
Je pense que les difficultés rencontrées et les pertes subies par les forces russes en Ukraine (il faut être idiot pour raconter comme certains que
« tout va bien ») sont logiques et la conséquence de plusieurs paramètres connus :
C’est la première apparition pratique d’un conflit symétrique de haute intensité et il est normal qu’elle bouscule certaines certitudes et théories
échafaudées par les stratèges depuis 80 ans,
Une sous évaluation des capacités militaires ukrainiennes qui, contrairement au fantasmes pro-russes propagandistes, ont été très nettement améliorées
en formation et équipement par l’OTAN,
Une sous évaluation de la mentalité ukrainienne qui a subi par le lobby consumériste occidental un lavage russophobe de cerveaux, progressif depuis son
indépendance et accéléré depuis le Maïdan,
Une surévaluation des capacités militaires russes qui ont montré la persistance d’un atavisme structurel paralysant dans une rigidité de commandement
verticale les initiatives horizontales imposées par la guerre moderne,
Des contraintes budgétaires (où interviennent peut-être les sanctions) qui ont obligé le Kremlin a modernisé en priorité ses forces stratégiques et de
précision (aviation, missiles, forces spéciales) au détriment des forces conventionnelles à la traîne,
Un manque d’encadrement de terrain, officier et surtout sous-officiers formés à être autonomes dans les évaluations et prises de décisions tactiques
(conséquence de la rigidité structurelle verticale évoquées précédemment).
Pour rééquilibrer ce tableau, je pense pour ma part que Moscou a également aussi limité qualitativement son engagement militaire en Ukraine, gardant ses
meilleures atouts militaires modernes en réserve pour l’éventualité d’une extension internationale du conflit, scénario que l’état-major russe a certainement envisagé et étudié.
Et aujourd’hui, tant la contraction des opérations militaires dans le Donbass que les renforts russes minimum envoyés en Ukraine (une dizaine de Bataillons
Tactiques Interarmes) me font penser que la Russie pour ne pas tomber dans un trou noir ukrainien aspirant ses forces a également engagé une guerre d’attrition, à la fois contre l’armée
ukrainienne toujours paralysée par ses frappes stratégiques mais également contre la logistique des forces de l’OTAN dont elle sait, pour certaines aides accordées à Kiev, qu’elles ont
été obligées de puiser dans leurs stocks stratégiques (pour le missile antichar « Javelin » par exemple).
Pour illustrer ces quelques remarques, j’évoquerai le secteur d’Izioum (Nord du Donbass) où plusieurs unités russes se sont fait clouer dans des embuscades
antichars où dans des frappes de mortiers parce qu’elles arrivaient en colonne aux abords de zones forestières ou urbaines non reconnues. Après plusieurs revers, l’envoi d’unités
d’infanterie organisées en petits groupes autonomes et équipés sont parvenues à casser les défenses ukrainiennes en s’adaptant à leur fluidité et dispersion. La rapidité et l’initiative,
remplaçant la masse, ont permis aux forces russes de s’emparer de ce secteur clé qui était pourtant très bien défendu. Et la même réflexion peut être faite concernant l’emploi des
forces spéciales tchétchènes dans la bataille de Marioupol.
Du côté ukrainien, force est de constater que l’OTAN a su engager une réforme très importante des forces de Kiev, sur les enseignements de ses revers subis
en 2014-2015 dans le Donbass où leurs groupes blindés ont été écrasés par seulement quelques bataillons. Ces réformes ont bien sûr porté sur des éléments visibles dans les sources
ouvertes comme par exemple les livraisons des matériels occidentaux, mais aujourd’hui au vu de la réactivité des unités ukrainiennes on peut déceler les autres réformes structurelles et
doctrinales qui ont été engagées depuis 8 ans comme par exemple :
réforme des organigrammes des petites unités pour plus de mobilité,
modernisation d’un corps de sous-officiers formé pour développer l’autonomie,
nouvelles procédures d’emploi des composantes antichars, antiaériennes…
généralisation de l’emploi des drones d’observation jusqu’au niveau tactique,
développement de réseaux logistiques alternatifs et camouflés,
entrainement aux combats en zone urbaine etc.
À ces réformes militaires il faut également souligner les réformes plus psychologiques tel que la communication ouverte, la propagande nationaliste,
l’intoxication occidentale (russophobie, « american way of life »…)… qui participent à la motivation du soldat sans laquelle la modernisation du champ de bataille ne sert à
rien.
Concernant le secteur de
Kiev
Mais cette adaptation n’est possible que dans un maintien d’une stratégie globale et la limitation des moyens qui lui sont dédiés, voilà pourquoi
l’état-major russe a préféré quitter le secteur Nord (de Kiev, Tchernigov et Soumy) lequel est militairement secondaire malgré un enjeu politique évident dont les objectifs (capitulation)
n’ont pas été atteints. Et plutôt que de se maintenir dans ce secteur Nord au prix de renforts importants l’état-major russe a préféré se réorienter sur la priorité de ses opérations, à
savoir la libération totale du Donbass laquelle n’exclut pas ensuite un retour vers Kiev après la prise de Kharkov ou Odessa.
Peut-être aussi assiste t-on avec ce départ du secteur Nord à un bluff stratégique russe visant à dégarnir les défenses de Kiev au profit du front central
(ce qui a déjà commencé avec l’envoi d’au moins 5 brigades vers Kharkov et Pavlograd), et à y faire revenir le gouvernement,
Pour faire une précision sur ce retrait russe de Kiev il est complètement débile, comme le prétendent certains propagandistes ukro-atlantistes, de prétendre
que ce sont les forces ukrainiennes qui ont repoussé les forces russes, et pire que ces dernières avaient l’intention de capturer Kiev (une mégapole de plus de 800 km2) avec seulement 20
000 hommes.
Vers une réorganisation stratégique et
tactique russe
Une fois les forces russes retirées du secteur Nord, on a pu observer des changements structurels dans la conduite des opérations militaires qui sans nul
doute ont tenu compte du retour d’expérience des premières semaines du conflit :
Tout d’abord les forces russes, sur le théâtre d’opérations ukrainien sont passées en la personne du Lieutenant-Général Alexandre
Dvornikov sous un commandement unifié afin d’améliorer leur coordination à la fois sectorielle mais aussi interarmes.
Cet officier russe de 60 ans se révèle avoir une solide expérience militaire et notamment concernant la guerre urbaine qu’il a pratiqué en Tchétchénie et en
Syrie, et qui s’est imposée à nouveau en Ukraine comme le principal champ de bataille des opérations.
Mais surtout il est depuis 2016 le Commandant en chef du district militaire Sud dont dépendent les secteurs Sud et Centre des opérations militaires en
cours. Il était donc normal en dehors de toutes les élucubrations entendues à son sujet qu’il soit choisi pour ce poste de général en chef des forces russes en Ukraine.
Concernant les opérations militaires, il est faux de prétendre que le Kremlin a revu à la baisse ses objectifs géopolitiques mais que simplement, ne voulant
pas mettre plus de moyens que de raison dans ce théâtre d’opérations ; il a demandé à son état-major :
• De séquencer les objectifs militaires en donnant une priorité à la libération de l’ensemble des territoires du Donbass laquelle peut être longue du fait
du nombre de villes industrielles organisées en bastions défensifs (environ une dizaine) et de la présence du corps de bataille ukrainien le plus important, le mieux formé et aguerri ; et
dont la destruction constituera une défaite très importante pour Kiev, tant politique que militaire.
• D’intensifier les bombardements de précision visant les ressources stratégiques et militaires ukrainiennes mais aussi de les étendre à l’ensemble du
réseau ferroviaire et routier civil qui avait été épargné pour les réfugiés en partance vers l’Ouest mais qui aujourd’hui devient le réseau d’approvisionnement logistique des forces
ukrainiennes et notamment celui des aides militaires occidentales qui leur parviennent.
• De réorganiser les Groupes Tactiques InterArmes russes appelés BTG, qui jusqu’ici laissaient les villes de côté dans des encerclements, en les renforçant
avec plus d’infanterie et des forces spéciales nécessaires et adapter pour sécuriser les assauts urbains. Un BTG renforcé c’est environ 800 hommes avec de l’artillerie, des blindés, de
l’infanterie, du génie combat, des systèmes antiaériens… lui conférant un autonomie.
• De renforcer la chaîne logistique avant de poursuivre les progressions dans la profondeur, et c’est pour cela entre autres raisons que La prise de
Marioupol etait un objectif majeur, car désormais elle offre à l’état-major russe un port et un aéroport, une voie directe jusqu’à Rostov sur le Don qui vont augmenter considérablement
len vitesse et quantités la logistique pour le front Sud du Donbass.
L’école du terrain
Mais le plus grand changement qui a été opéré depuis deux mois (et cela est valable aussi à moindre mesure pour les forces ukrainiennes) c’est l’expérience
du combat acquise par les forces russes engagée dans ces opérations militaires. Mon chef d’escadron me disait qu’une mission opérationnelle en territoire hostile valait souvent une année
de formation et souvent la remplaçait en terme d’efficacité opérationnelle acquise.
À Marioupol, les mouvements des soldats sont devenus plus « félins » et leurs regards plus attentifs, les instincts se sont aiguisés, les ordres
se sont raréfiés, chacun connaissant maintenant son rôle dans l’action de plus en plus franche.
Si les « RetEx » (retour d’expérience) donnent souvent lieu à des remue méninges dans les états-majors, pour le soldat du terrain ils sont
directement distillés dans ses muscles, ses sens et son instinct, et c’est ici que s’opéré sans nul doute la plus importante évolution empirique du combat et qui donne aux soldats restés
debout les armes de la Victoire finale !
3- La guerre est
cinétique
Lorsque Moscou engage la solution militaire pour résoudre la menace ukrainienne il est bon de rappeler que, dans les jours précédents :
• Du côté de Washington, non seulement la proposition d’un traité de sécurité collective exprimée à plusieurs reprises par le Kremlin (à Washington puis
devant l’ONU, l’OTAN, l’OSCE) venait d’être rejetée catégoriquement et sans aucune explication, mais que l’OTAN venait depuis le 17 janvier de mettre en place un pont aérien délivrant
quotidiennement aux forces ukrainiennes des dizaines de tonnes d’armes et de munitions.
• Du côté de Kiev, ses forces déployées dans le Donbass venait non seulement d’intensifier leurs bombardements contre les populations de Donetsk et Lougansk
depuis le 12 février mais que surtout, par la voix de son président Zelensky, confirmait publiquement que Kiev ne respecterait pas les accords de Paix, maintiendrait sa demande
d’intégration dans l’OTAN et, « cerise sur le gâteau », doterait son armée de l’arme nucléaire.
Dès lors, même si la réaction militaire russe peut paraître à certains violente (mais n’est-ce pas finalement la définition d’une action militaire ?), il
n’en demeure pas moins qu’elle intervient après 8 années d’échecs diplomatiques russes à vouloir amorcer les accords de Minsk et contre des menaces existentielles pesant sur les
populations du Donbass autant que sur les grands centres névralgiques russes occidentaux.
La problématique des actions
occidentales
D’un part à cause de leur repli dans les bastions urbains et des aides occidentales continuelles qui compensent et parfois augmentent en qualité les
matériels détruits, les forces ukrainiennes disposent encore de capacités antichars et antiaériennes performantes et difficiles à détecter et détruire préventivement car elles s’appuient
aujourd’hui sur des moyens portatifs légers dotant l’infanterie comme le missile antiaérien britannique STARStreak (portée 8km, vitesse Mach3) ou le missile antichar « Javelin »
(portée 2500m)…
Alors que dans la phase initiale des opérations, la priorité donnée à la vitesse, aux dépens de la prudence, avait donné lieu à des pertes sensibles aux
lisières des villes et des forêts, on observe pour la phase suivante démarrée depuis 1 semaine, un net ralentissement volontaire des progressions russes, qui privilégient désormais la
sécurité autant que l’efficacité. Ceci est visible par exemple dans les derniers combats pour Marioupol ou les progressions ont été menées lentement et pour les attaques de l’aviation
russe les positions d’Avdeevka (Nord de Donetsk) dont les passes des chasseurs Sukhoï sont réalisées à haute vitesse et très basse altitude pour surprendre et jamais doublées pour éviter
la riposte antiaérienne alertée.
Mais ces aides occidentales, dans leurs croissances quantitative et qualitative, risquent de devenir à terme un nouveau problème devant lequel les forces
russes devront s’adapter, notamment lorsqu’arriveront sur le champ de bataille les chasseurs MIG 29 polonais, les chars de combat roumains, les obusiers français les drones étasuniens,
les véhicules de combat d’infanterie allemands ou les systèmes antiaériens britanniques pour ne citer que quelques exemples des « cadeaux » fournis par 35 pays de l’OTAN et du
G7. Il faudra pour l’état-major russe intensifier, diversifier et étendre ses attaques aériennes jusqu’aux frontières de la Pologne et de la Roumanie, et probablement, si un jour prochain
un missile de croisière livré par le Pentagone frappe une ville russe, attaquer directement les ressources de l’OTAN qui auront été impliquées ((bases et dépôts logistiques en Pologne ou
satellites militaires par exemple).
Il y a un mois je ne serais pas permis ce scénario, mais aujourd’hui devant la démesure des aides occidentales qui ne cherchent – comme de coutume – qu’à
provoquer une riposte russe inévitable, je commence à le croire plausible.
Vers une internationalisation
territoriale du conflit
Dans la doctrine stratégique russe il existe 3 types de conflits militaires : local, régional et mondial les deux premiers pouvant évoluer facilement vers
le suivant, notamment si viennent s’y greffer sous forme de conflits asymétriques, des proxys manipulés de l’extérieur dans une mécanique d’alliances militaires internationales.
Ainsi le conflit local du Donbass, devenu régional depuis deux mois continue sa progression vers une guerre mondiale par la seule servilité politique de
Kiev aux intérêts de Washington et renforcée par sa dépendance économique totale au système économique mondialiste. Ett on peut observer que cette attitude est partagée par la grande
majorité des pays occidentaux qui forment l’ossature de l’OTAN et du G7.
Lorsque la guerre était « le prolongement de la politique par d’autres moyens » il était encore possible de revenir à la table des négociations
assez facilement, mais dès lors que la guerre n’est plus que le prolongement de l’économie par d’autres moyens, l’intérêt financier qui par définition est amoral a remplacé définitivement
la raison politique, surtout depuis que la propagande de guerre, en diabolisant l’adversaire, le rend systématiquement et totalement infréquentable comme le serait n’importe quel chef
terroriste international. et je fais le pari qu’à partir de cette guerre russo-ukrainienne une « reductio ad Putinum » deviendra l’ultima ration de la bien pensance en lieu et
place de la « reductio ad hitlerum » qui est d’autant plus inappropriée que cette doxa dominante soutient désormais une résurgence du nazisme en Europe.
Ce 25 avril, Sergeï Lavrov, le chef de la Diplomatie russe a alerté l’opinion internationale sur cette escalade militaire exacerbée par les aides militaires
occidentales exponentielles à l’Ukraine, soulignant que « le risque de Troisième guerre
mondiale est réel ».
Pendant les 20 dernières années, tandis que l’OTAN poursuivait inexorablement sa reptation vers elle, la Russie a tout fait pour combler les trous dans sa
raquette défensive qui étaient la conséquence de plus de 10 ans de délabrement politique moscovite d’abandon militaire et de corruption monstrueuse, Washington a vu les progrès
impressionnants des armements russes qui permettent depuis 2008 des réactions également de plus en plus fortes du Kremlin face à l’hégémonie de l’OTAN. Voilà pourquoi les faucons de
Washington pressés par leur propre effondrement économique, ont décidé de jouer le tout pour le tout et d’ouvrir en 2014 un conflit purulent sur le flanc occidental de la Russie en
ordonnant à leurs auxiliaires de Kiev d’y jeter du sel pour que jamais ne s’accomplissent les accords de paix signés à Minsk…
Aujourd’hui, après cette première étape impérialiste géopolitique au cours de laquelle le conflit local et asymétrique du Donbass a été joué, l’Hubris
occidental est entré une deuxième étape militaire, cette fois régionale et symétrique et où apparait déjà une dimension internationale avec une OTAN déjà engagée contre la Russie sur le
plan de la logistique et du renseignement militaires.
Mais en cherchant à rééquilibrer le rapport des forces technologiques actuellement défavorable à l’Ukraine par un rééquipement énorme dans des types de
matériels détruits (artillerie aviation…) et jusqu’à vouloir saturer le champ de bataille avec certaines armes comme par exemple les missiles antichars et antiaériens modernes, les
occidentaux basculent sciemment vers une mondialisation du conflit. Et ce n’est pas Poutine qui l’a dit en premier mais Biden lui-même qui, commentant l’idée de la Pologne de livrer ses
Mig 29 à Kiev, avait refusé arguant du fait que « cela serait considéré comme un « casus belli » par Moscou » (et les Mig 29 avaient même été rapatriés sur la base de
Ramstein en Allemagne).
Ne nous y trompons pas: toutes ces perfusions logistiques hallucinantes envoyées aux forces armées ukrainiennes par Washington et ses laquais ne
cherchent pas à sauver le régime de Kiev ou je ne sais quel fantasme démocratique hypocritement agité au dessus des troupeaux occidentaux. Le fait est que Biden n’en a strictement rien à
faire des pertes ukrainiennes (et même européennes), tant que leur sacrifice est utile au business étasunien de l’armement et des énergies et sert la stratégie d’affaiblissement
économique et militaire de la Russie.
Voilà pourquoi la troisième étape de cette spirale infernale sera l’engagement direct et progressif des forces de l’OTAN dans le conflit, engagement qui
peut-être considéré comme déjà amorcé avec ce soutien du renseignement stratégique occidental au profit des forces ukrainiennes au combat et augmenté cette semaine de 7 avions de
recherche électronique supplémentaires. D’ailleurs il est aujourd’hui plus que probable qu’un avion de reconnaissance de l’US Air Force P8 « Poséidon » qui était en mission aux
mêmes moment et secteur ait joué un rôle dans l’attaque contre le croiseur-amiral
Moskva ce 13 avril 2022 au large d’Odessa.
À noter également dans le menu des provocations russophobes organisées les incidents actuels en Transnisstrie (pro-russe) et Moldavie (pro-UE) qui risquent
de voir une première internationalisation du conflit du fait de la présence d’un groupe opérationnel russe à Tiraspol (1500 hommes) et de la politique atlantiste de Chișinău
Comme d’habitude Washington flirte avec la ligne rouge, agit par procuration ou faux drapeau, pour provoquer étape par étape la Russie qui, devant le chaos
organisé à ses frontières n’a pas d’autre choix (quitte à endosser le masque médiatique du méchant) que de frapper haut et fort appliquant l’enseignement de Machiavel :
« On ne doit jamais laisser se
produire un désordre pour éviter une guerre ; car on ne
l’évite jamais, mais on la retarde à son
désavantage ». (« Le Prince »)
En conclusion
Comme le rappelait le Docteur
Adam Leong Kok Wey il y a un mois, faisant référence lui aussi au bien aimé Thucydide, les opérations militaires russes en Ukraine ont été motivées par « la Peur, l’Intérêt,
et l’Honneur » cette trilogie qui opposa dans le Péloponnèse Sparte à Athènes et leurs alliés… il y a 25 siècles.
La peur de voir l’OTAN atteindre ses frontières occidentales, plaçant ainsi Moscou à moins de 5 minutes des missiles stratégiques de
Washington,
L’intérêt de conserver sa position stratégique et économique en Mer Noire et même de la renforcer par un cordon littoral jusqu’à Odessa,
L’Honneur pour la Russie de défendre sa place et sa vision du Monde laquelle est largement plébiscité par les peuples de la Fédération,
On peut appliquer la même trilogie pour motiver la stratégie étasunienne sauf que cette dernière est dans une dynamique hégémonique tandis que la
stratégie russe (malgré la réalité des des opérations militaires) est bien dans une position défensive existentielle, voilà pourquoi elle ne peut que gagner cette nouvelle guerre, et une
fois encore dans l’Histoire, européenne ensanglantée, quel qu’en soit le prix !
À l’heure d’aujourd’hui, il devrait y avoir des millions d’européens manifestant chaque jour dans les rues en faveur de la Paix, mais il n’en est rien comme
depuis ces 8 dernières années de bombardements dans le Donbass. Et leur veulerie, leur insouciance, leur apathie, leur servilité, leur idiotie… que sais-je encore, sont de facto un blanc
seing donné aux fous furieux qui dirigent l’Occident. Pire que cela, lorsque des voix s’élèvent dans les théâtres politico-occidentaux, c’est pour hurler contre Poutine et glorifier les
fanatiques nazis du régiment Azov.
La fin du cycle occidental est décidément bien pathétique mais il reste à espérer que l’Europe renaisse un jour lointain des cendres de l’Occident
!
Vous l’avez déjà lu, mais
laissez-moi le répéter :
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a accusé la Russie d’utiliser l’approvisionnement en gaz naturel comme un « instrument de chantage »,
suite à la décision de Gazprom d’arrêter les exportations vers la Pologne et la Bulgarie mercredi. Varsovie et Sofia n’ont pas payé en roubles les livraisons de gaz russe en avril, a expliqué
la société publique russe de l’énergie. Dans une déclaration publiée mercredi, Mme von der Leyen a affirmé que « l’annonce par Gazprom de l’arrêt
unilatéral des livraisons de gaz à ses clients en Europe est une nouvelle tentative de la Russie d’utiliser le gaz comme instrument de chantage ». La présidente de la Commission a
poursuivi en qualifiant cette décision d’« injustifiée et
inacceptable », ajoutant qu’elle mettait encore davantage en évidence le « manque de fiabilité de la Russie en
tant que fournisseur de gaz. »
Oh mon Dieu, donc les sanctions et le vol de réserves financières ne sont pas « injustifiés et inacceptables », tout comme le fait
d’armer le régime nazi de Kiev, mais se faire gifler pour cela est maintenant mauvais ? Nous savons tous ce qui pourrait être dit ici, mais comme je l’ai déjà dit, la Pologne et la Bulgarie
serviront d’exemple pour montrer aux autres que l’Europe s’en est pris à elle-même et, si nécessaire, la Russie peut arrêter pratiquement toute activité économique avec l’Europe. Mais tout le
monde dans l’Europe du lavage de cerveau ne veut pas se suicider. Voici un exemple, parmi tant d’autres.
Le géant italien de l’énergie Eni SpA s’apprête à ouvrir des comptes en roubles auprès de Gazprombank JSC, ce qui lui permettra éventuellement de se conformer
aux exigences russes selon lesquelles le gaz doit être payé en monnaie locale, selon des personnes au fait de la question. Cette décision est prise à titre de précaution, car Eni cherche à
obtenir davantage d’indications du gouvernement italien et des autorités européennes sur la question de savoir si – et dans quelles conditions – elle peut utiliser ces comptes pour acheter du
gaz russe, ont indiqué ces personnes.
De nombreuses autres sociétés européennes ont déjà ouvert des comptes en roubles et le « plan » (élaboré à la maternelle) est simple et
transparent : acheter des volumes supplémentaires de gaz et de pétrole par l’intermédiaire des titulaires de comptes en roubles, puis distribuer ces volumes au sein de l’UE, y compris à toutes
ces nations « fières » comme la
Pologne, la Bulgarie et, semble-t-il, la Finlande également. Bien sûr. Comme je l’ai « prévenu », la Hongrie pourrait bientôt devenir un
pays très riche. Même l’Autriche pourrait participer à ce projet lucratif (en russe), ce qui, en fin de compte, soulève la question de savoir pourquoi le chancelier autrichien s’est rendu à Moscou récemment. Il a tenté de menacer Poutine et s’est fait immédiatement raccompagner à la porte. Poutine est formel : le refus de payer en roubles est une
rupture de contrat, point final.
Je sais à quel point il est difficile pour l’Occident combiné d’accepter cette réalité, mais le rouble basé sur les ressources est là maintenant, et pas seulement
de facto mais de jure, et il est en train de devenir une marchandise très prisée. Comme en témoigne le taux de change d’aujourd’hui :
que les capitales occidentales sont en proie à une grande colère et à des pertes douloureuses et que Yahoo News ne s’en préoccupe même plus et se contente de placer
ce genre de bêtises en première page :
Suivant l’exemple de Dunkerque : les combattants de Marioupol demandent une procédure que même Hitler avait acceptée en 1940.
Par des nouvelles militaires, qui, comme nous le savons tous, la Russie perd gravement, et comme les soldats de plomb britanniques nous en informent :
L’Ukraine conserve le contrôle de la majorité de son espace aérien, a déclaré le ministère britannique de la défense, ajoutant que la Russie n’a pas réussi à
détruire efficacement l’armée de l’air ukrainienne ou à supprimer ses défenses aériennes.
Je pense que Sandhurst devrait tout simplement devenir l’Académie du cirque (il y en a une bonne à Tucson, par exemple) et en finir avec tout ce mambo-jumbo militaire, car les diplômés de l’Académie du cirque (département
d’acrobatie) peuvent faire un aussi bon travail de discussion sur la guerre moderne que le ministère de la Défense britannique. Mais là encore, les Pink Floyd devraient revoir et réécrire leur
phrase tirée de l’immortel morceau de « Time », « The Dark Side of The Moon »: « S’accrocher dans un désespoir tranquille, c’est la méthode
anglaise ». La manière anglaise n’est pas tranquille, elle est grandiloquente, elle vous saute au visage, elle est un flot de conneries hystériques qui surprend les fans (comme moi) de
la vieille culture anglaise, de la lèvre supérieure raide, de l’humour délicieux, du sens aigu de l’autodérision et de la grande intelligence, qui ont tous quitté depuis longtemps les rivages de
la Foggy Albion pour nous donner ceci
:
Mon Dieu, comme la Grande-Bretagne est tombée bas. Mais encore une fois, c’est le choix qu’a fait le peuple britannique et c’est ainsi que le biscuit s’émiette.
Mais si j’avais été David Gilmour et Roger Waters, j’aurais réécrit cette phrase de « Time ». Mais c’est juste moi, petit moi
insignifiant. En effet, qu’est-ce que j’en sais.
Certains commentateurs craignent de plus en plus ouvertement que cette guerre ne dégénère vers une confrontation nucléaire entre les deux blocs. En effet,
la tournure que prennent les événements en Ukraine nous fait penser à une possible montée aux extrêmes de la violence, selon la formulation de Carl von Clauzewitz. D’un côté les
États-Unis et les pays de l’UE envoient massivement des armements en Ukraine, d’un autre les Russes réduisent considérablement leurs exportations vers l’UE. Revenons donc aux sources et
d’abord au concept.
La montée aux extrêmes, un concept
théorique
Dans son célèbre ouvrage « De la guerre », Carl von Clauzewitz développe le concept de montée aux extrêmes. Il s’agit en fait d’une abstraction
qui n’existe qu’à l’état de théorie et qui découle d’un exercice de pensée logique partant de la nature de la guerre, ou en tous cas de la définition qu’en donne Clauzewitz :
« un acte de la force par lequel nous cherchons à contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté. » Ainsi, chaque camp va logiquement chercher à surpasser son
adversaire en engageant plus d’efforts que lui, ce qui conduira à l’emploi illimité de la force et à une montée aux extrêmes de la violence.
Mais, précise Clauzewitz, dans la vraie vie, la guerre est limitée par toutes sortes de phénomènes : le brouillard de la guerre, les erreurs
d’évaluation de la volonté de l’ennemi, les frictions internes dues aux fonctionnements des rouages étatiques et des armées elles-mêmes… Mais surtout, les limites à la montée aux extrêmes
sont fixées par les buts politiques de la guerre qui, chez l’un et l’autre des belligérants, exigera des moyens à consentir et influera sur la motivation à combattre. Du reste, souvent la
montée aux extrêmes est limitée par l’épuisement d’un des camps, voire des deux.
Quels sont les buts de
guerre ?
La guerre d’Ukraine a commencé en 2014 par le coup d’État de Maïdan organisé par les États-Unis. L’objectif des
Anglo-Américains était de prendre le contrôle de l’Ukraine, pays considéré comme stratégique. En effet, dans son livre « Le grand échiquier », livre qui a beaucoup influencé la
pensée stratégique américaine depuis le milieu de la décennie 1990, Zbigniew Brzezinski classe l’Ukraine dans la catégorie des pivots géopolitiques. Il convient de préciser que Z.B.
s’appuie sur la théorie géopolitique de Halford John Mackinder selon laquelle il faut tenir le « Heartland », principalement la plaine s’étendant de l’Europe centrale à la Sibérie
occidentale, comme l’évoque sa célèbre devise : « Qui gouverne l’Europe orientale domine le Heartland, qui gouverne le Heartland domine l’île-monde, qui gouverne l’île-monde domine le
monde. »
La plaine ukrainienne représentait alors, selon Mackinder, l’espace de mobilité par excellence permettant des invasions rapides au moyen de la cavalerie.
Logiquement, Z.B. classe l’Ukraine dans la catégorie des pivots géopolitiques : « La notion de pivots géopolitiques désigne les États dont l’importance tient moins à leur puissance
réelle et à leur motivation qu’à leur situation géographique sensible et à leur vulnérabilité potentielle, laquelle influe sur le comportement des acteurs géostratégiques. » Les
acteurs géostratégiques étant « les États dotés d’une capacité et d’une volonté nationale suffisantes pour exercer leur puissance et leur influence au-delà de leurs frontières. »
On comprend bien le lien qui adosse un pivot géopolitique à un acteur géostratégique. Z.B. cite les pivots géopolitiques les plus importants: l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, la Corée, la Turquie et l’Iran (en respectant l’ordre de son livre).
Le but de guerre des classes dirigeantes anglo-américaines est donc probablement de s’appuyer sur l’Ukraine pour neutraliser la Russie, de façon
à rayer la Russie de la liste des acteurs géostratégiques. Mais les idiots qui dirigent les États occidentaux et l’UE appliquent les recettes de
cuisine de Z.B. sans en avoir compris l’esprit, tout à leur illusion de suprémacisme et de destin manifeste. On peut même imaginer qu’ils nourrissent un fantasme de grand
remplacement ; après tout, ils en ont déjà fait l’expérience réussie avec le génocide des indiens d’Amérique du nord.
En résumé, il s’agit donc profondément d’une question existentielle pour la Russie. Du reste, c’est
bien comme cela que Vladimir Poutine l’a compris. Après avoir tenté en vain de faire appliquer les accords de Minsk II pendant sept ans, alors que les Américains armaient et prenaient le
contrôle des moyens militaires ukrainiens (rattachement des centres d’opérations ukrainiens à la chaîne de commandement de l’OTAN, formation et commandement des unités sur le terrain…) et
se préparaient à mener une offensive meurtrière dans le Donbass vers la mi-mars, il a fini par déclencher les hostilités lui-même, selon son principe : « Quand le combat
est inévitable, il faut attaquer en premier. » Mais pour quels buts de guerre ?
Depuis de nombreuses années, je développe le thème du changement de paradigme géopolitique en cours, ou transition de phase pour reprendre le modèle
mathématique de Stuart Kauffman. Mes derniers articles en témoignent. Et bien cette fois-ci, c’est dit de manière très claire par Vladimir Poutine, par Sergueï Lavrov et par Dmitri
Medvedev : Le vrai but de cette opération militaire n’est pas seulement de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine, il est de mettre en œuvre un
nouvel ordre mondial fondé sur l’égalité entre les nations et des règles de sécurité qui conviennent à chacune d’elles.
Bref, il s’agit de mettre fin à l’hégémonie anglo-américaine. Cette hégémonie reposant sur la primauté du dollar (monnaie de singe car non adossée à une
quelconque richesse réelle) dans les échanges internationaux maintenue de force (chantage ou violence déclarée) par la puissance militaire américaine. Le but de guerre stratégique de la
Russie, et derrière elle de tous les États non-alignés, est donc d’essence monétaire et économique car le centre de gravité du système occidental est d’essence monétaire et économique.
Nous avons affaire, là aussi, à une question existentielle pour l’Occident. Les fantasmes sur une possible guerre nucléaire, si elle relève de l’angoisse devant la tournure que prennent
les relations entre la Russie et les pays occidentaux, ne se situe pas au bon endroit ; la vraie guerre est économique.
Cette guerre met donc en jeu une menace existentielle pour la Russie contre une menace existentielle pour l’Occident, sauf
que… il est presque certain que les idiotes et les idiots qui dirigent l’Occident ne l’ont pas compris, tant ils n’ont même pas le niveau intellectuel pour analyser correctement une
situation tactique.
Bêtes à bouffer du
foin !
Dans toutes les méthodes de planification opérationnelle, il y a une phase qui consiste à faire l’analyse la plus objective possible de la balance
entre les forces et faiblesses de l’adversaire et nos propres forces et faiblesses. Sun Zi aborde cette question dans « L’art de la guerre » à l’article VI intitulé « Du plein et
du vide ». Et les gouvernants occidentaux déclarent une guerre économiques à la Russie. La Russie, un pays autonome sur le plan énergétique et exportateur, autonome sur
le plan alimentaire et exportateur en produits sans OGM (Vladimir Poutine a interdit l’emploi des OGM en Russie depuis plusieurs années), sur la voie de l’autonomie pour les produits
manufacturés. Les pays occidentaux, en particuliers les pays européens dépendent de l’énergie russe et des produits alimentaires russes, à des degrés divers.
L’action occidentale face à la Russie peut donc se résumer ainsi : attaquer l’adversaire de front, bille en tête, sur ses
points forts qui sont également nos propres points faibles. Sans vouloir être excessif, je dirais qu’il faut avoir un QI ne dépassant pas celui d’une poule, et encore ce n’est pas
très sympa pour les poules, pour imaginer un tel plan. La montée aux extrêmes a donc commencée dans le domaine de l’économie, et de la finance qui va avec. Elle s’achèvera par
l’épuisement du camp occidental. Car pour Vladimir Poutine, c’est la montée aux extrêmes de la résignation face à tant de bêtise et de l’indifférence qui s’en suit.
La suite ?
Du côté du monde nouveau le développement des échanges entre les États non occidentaux dans les monnaies de chaque pays va s’intensifier jusqu’à ce que la
Russie puisse se passer des exportations qu’elle réservait aux pays occidentaux. Des infrastructures sont nécessaires (gazoducs, voies ferrées, autoroutes…) mais d’ici deux à trois ans
elles seront construites.
Du côté occidental, nous allons assister à une dégradation très rapide des niveaux de vie des
populations, différentes par leurs natures et par leurs brutalités en fonction des pays. Cela pourrait provoquer des révolutions, sous une forme ou sous une autre, dans
certains pays particulièrement fragiles… jusqu’à ce que nous nous soyons débarrassés de ces imbéciles qui nous gouvernent et que nous entrions pleinement dans le XXIe siècle et
rejoignions le monde nouveau.
Au milieu de la démence propagandiste
et de la dissonance cognitive aiguë qui sévissent dans toute la sphère de l’OTAN, le seul antidote est constitué par les rares voix de la raison, qui se trouvent être russes, donc
réduites au silence et/ou écartées.
En particulier depuis le début de la Guerre mondiale contre le Terrorisme (GWOT) au début du millénaire, personne n’a jamais perdu d’argent en pariant
contre le mélange toxique d’orgueil, d’arrogance et d’ignorance déployé en série par l’Empire du Chaos et du Mensonge.
Ce qui passe pour une « analyse » dans la vaste zone d’exclusion aérienne intellectuelle connue sous le nom de « Think Tankland » des
États-Unis comprend des balbutiements de vœux pieux tels que Pékin « croyant » que Moscou jouerait un rôle de soutien dans le siècle chinois, juste pour voir la Russie,
maintenant, dans le siège du conducteur géopolitique.
Il s’agit là d’un bon exemple non seulement de paranoïa russophobe/sinophobe pure et simple concernant l’émergence de concurrents pairs en Eurasie – le
premier cauchemar anglo-américain – mais aussi d’ignorance crasse des détails du complexe partenariat stratégique global Russie-Chine.
Alors que l’Opération Z entre méthodiquement dans sa phase 2, les Américains – avec vengeance – se sont également lancés dans leur phase 2 symétrique, qui
se traduit de facto par une escalade pure et simple vers la Totalen Krieg, des nuances de l’hybride à l’incandescent, le tout bien sûr par procuration. Le célèbre vendeur d’armes Raytheon
reconverti en chef du Pentagone, Lloyd Austin, a dévoilé le jeu à Kiev :
« Nous voulons voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant
l’Ukraine ».
Alors ça y est : l’Empire veut anéantir la Russie. La frénésie de War Inc. se traduit par l’envoi de cargaisons d’armes illimitées sur l’Ukraine, dont
l’écrasante majorité sera dûment éviscérée par les frappes de précision russes. Les Américains partagent avec Kiev des informations 24/7, non seulement sur le Donbass et la Crimée, mais
aussi sur le territoire russe. La Totalen Krieg se déroule parallèlement à la démolition contrôlée de l’économie de l’UE, la Commission européenne agissant joyeusement comme une sorte de
bras de l’OTAN pour les relations publiques.
Au milieu de la démence propagandiste et de la dissonance cognitive aiguë qui sévissent dans toute la sphère de l’OTAN, le seul antidote est constitué par
les rares voix de la raison, qui se trouvent être russes et qui sont donc réduites au silence et/ou écartées. L’Occident les ignore à son propre péril collectif.
Patrouchev la joue Triple-X
déchaîné
Commençons par le discours du président Poutine devant le Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg pour célébrer la Journée du parlementarisme
russe.
Poutine a démontré comment une « arme géopolitique » à peine nouvelle s’appuyant sur la « russophobie et les néonazis », couplée à des
efforts d’« étranglement économique », non seulement n’a pas réussi à étouffer la Russie, mais a imprégné dans l’inconscient collectif le sentiment d’un conflit existentiel : une
« Seconde Grande Guerre Patriotique ».
Avec une hystérie hors normes sur tout le spectre, un message pour un Empire qui refuse toujours d’écouter, et qui ne comprend même pas le sens de
« l’indivisibilité de la sécurité », devait être inévitable :
« Je voudrais souligner une fois de plus que si quelqu’un a l’intention d’interférer dans les événements qui se déroulent depuis l’extérieur et crée
des menaces de nature stratégique inacceptables pour la Russie, il doit savoir que nos frappes de représailles seront rapides comme l’éclair. Nous disposons de tous les outils nécessaires
à cet effet. Tels que personne ne peut s’en vanter aujourd’hui. Et nous ne nous vanterons pas. Nous les utiliserons si nécessaire. Et je veux que tout le monde le sache – nous avons pris
toutes les décisions à ce sujet ».
Traduction : les provocations incessantes peuvent conduire M. Kinjal, M. Zircon et M. Sarmat à être contraints de présenter leurs cartes de visite sous
certaines latitudes occidentales, même sans invitation officielle.
Sans doute pour la première fois depuis le début de l’Opération Z, Poutine a fait une distinction entre les opérations militaires dans le Donbass et le
reste de l’Ukraine. Cette distinction est directement liée à l’intégration en cours de Kherson, Zaporijia et Kharkiv, et implique que les forces armées russes continueront d’aller de
l’avant, en établissant la souveraineté non seulement dans les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, mais aussi sur Kherson, Zaporijia, et plus loin, de la mer d’Azov à la mer
Noire, jusqu’à établir le contrôle total de Mykolaïv et Odessa.
La formule est claire comme de l’eau de roche : « La Russie ne peut pas permettre la création de territoires anti-russes autour du pays ».
Passons maintenant à une interview extrêmement
détaillée du secrétaire du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrouchev, à Rossiyskaya Gazeta, où Patrouchev l’a joué Triple-X déchaîné.
Le point essentiel à retenir est peut-être ici : « L’effondrement du monde américano-centré est une réalité dans laquelle il faut vivre et construire
une ligne de comportement optimale ». La « ligne de conduite optimale » de la Russie – à la grande colère de l’hégémon universaliste et unilatéraliste – se caractérise par
« la souveraineté, l’identité culturelle et spirituelle et la mémoire historique ».
Patrouchev montre comment « les scénarios tragiques des crises mondiales, tant dans les années passées qu’aujourd’hui, sont imposés par Washington dans
sa volonté de consolider son hégémonie, en résistant à l’effondrement du monde unipolaire ». Les États-Unis ne reculent devant rien « pour s’assurer que les autres centres du
monde multipolaire n’osent même pas lever la tête, et notre pays non seulement a osé, mais a déclaré publiquement qu’il ne jouerait pas selon les règles imposées ».
Patrouchev n’a pas pu s’empêcher de souligner à quel point War Inc. fait littéralement un carnage en Ukraine : « Le complexe militaro-industriel
américain et européen jubile, car grâce à la crise en Ukraine, il n’a aucun répit à l’ordre. Il n’est pas surprenant que, contrairement à la Russie, qui est intéressée par l’achèvement
rapide d’une opération militaire spéciale et la minimisation des pertes de toutes parts, l’Occident soit déterminé à la retarder au moins jusqu’au dernier Ukrainien ».
Et cela reflète la psyché des élites américaines : « Vous parlez d’un pays dont l’élite n’est pas capable d’apprécier la vie des autres. Les Américains
sont habitués à marcher sur une terre brûlée. Depuis la Seconde Guerre mondiale, des villes entières ont été rasées par les bombardements, notamment des bombardements nucléaires. Ils ont
inondé la jungle vietnamienne de poison, bombardé les Serbes avec des munitions radioactives, brûlé vifs les Irakiens avec du phosphore blanc, aidé les terroristes à empoisonner les
Syriens avec du chlore (…) Comme l’histoire le montre, l’OTAN n’a jamais été non plus une alliance défensive, seulement une alliance offensive ».
Auparavant, dans une interview accordée à l’émission The Great Game, délicieusement nommée, de la télévision russe, le ministre des Affaires étrangères
Sergueï Lavrov avait une nouvelle fois détaillé comment les Américains « n’insistent plus sur l’application du droit international, mais sur le respect de « l’ordre mondial
fondé sur des règles ». Ces « règles » ne sont en aucun cas décryptées. Ils disent que maintenant il y a peu de règles. Pour nous, elles n’existent pas du tout. Il y a le
droit international. Nous le respectons, tout comme la Charte des Nations unies. La disposition clé, le grand principe est l’égalité souveraine des États. Les États-Unis violent de
manière flagrante leurs obligations au titre de la Charte des Nations unies lorsqu’ils promeuvent leurs « règles ».
Lavrov a dû souligner, une fois de plus, que la situation incandescente actuelle peut être comparée à la crise des missiles de Cuba : « À l’époque, il
y avait un canal de communication auquel les deux dirigeants faisaient confiance. Aujourd’hui, ce canal n’existe pas. Personne n’essaie de le créer ».
L’Empire du mensonge, dans son état actuel, ne fait pas de diplomatie.
Le rythme du jeu dans le nouvel
échiquier
Dans une référence subtile aux travaux de Sergey Glazyev, comme l’a expliqué le ministre chargé de l’Intégration et de la Macroéconomie de l’Union
économique eurasiatique dans notre récente interview,
Patrouchev a touché le cœur du jeu géoéconomique actuel, la Russie s’orientant désormais activement vers un étalon-or : « Les experts travaillent sur un projet proposé par la
communauté scientifique pour créer un système monétaire et financier à deux circuits. En particulier, il est proposé de déterminer la valeur du rouble, qui devrait être garantie à la fois
par l’or et par un groupe de biens qui sont des valeurs monétaires, afin de mettre le taux de change du rouble en conformité avec la parité réelle du pouvoir d’achat ».
C’était inévitable après le vol pur et simple de plus de 300 milliards de dollars de réserves étrangères russes. Il a peut-être fallu quelques jours pour
que Moscou soit pleinement certifié qu’il était confronté à la Totalen Krieg. Le corollaire est que l’Occident collectif a perdu tout pouvoir d’influencer les décisions russes. Le rythme
du jeu sur le nouvel échiquier est fixé par la Russie.
Plus tôt dans la semaine, lors de sa rencontre avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, Poutine est allé jusqu’à déclarer qu’il
serait plus que disposé à négocier – à quelques conditions seulement : la neutralité de l’Ukraine et un statut d’autonomie pour le Donbass. Pourtant, tout le monde sait maintenant qu’il
est trop tard. Pour un Washington en mode Totalen Krieg, la négociation est un anathème – et c’est le cas depuis le lendemain de la réunion Russie-Ukraine à Istanbul fin mars.
Jusqu’à présent, dans le cadre de l’Opération Z, les forces armées russes n’ont utilisé que 12% de leurs soldats, 10% de leurs avions de chasse, 7% de leurs
chars, 5% de leurs missiles et 4% de leur artillerie. Le cadran de la douleur va augmenter considérablement – et avec la libération totale de Marioupol et la résolution d’une manière ou
d’une autre du chaudron du Donbass, il n’y a rien que le combo hystérie/propagande/armement déployé par l’Occident collectif puisse faire pour modifier les faits sur le terrain.
Cela inclut des manœuvres désespérées telles que celle découverte par le SVR – le service russe de renseignement extérieur, qui se trompe très rarement. Le
SVR a découvert que l’axe Empire du mensonge/Guerre Inc. pousse non seulement à une invasion polonaise de facto pour annexer l’Ukraine occidentale, sous la bannière de la
« réunification historique », mais aussi à une invasion conjointe roumaine/ukrainienne de la Moldavie/Transnistrie, les « soldats de la paix » roumains s’entassant
déjà près de la frontière moldave.
Washington, comme l’affirme le SVR, prépare la manœuvre polonaise depuis plus d’un mois maintenant. Il « dirigerait en coulisses » (vous vous
souvenez de la Libye ?), « encourageant » un « groupe de pays » à occuper l’Ukraine occidentale. La partition est donc déjà dans les cartons. Si cela devait se
concrétiser un jour, il serait fascinant de parier sur les endroits où M. Sarmat serait enclin à distribuer sa carte de visite.
Vers un affrontement États-Unis - Russie : Risques de dérapage et d’ engrenage ?
MESSAGE
de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Président de l'Académie du Gaullisme
Le 1er MAI 2022
Guerre d'Ukraine Vers un affrontement États-Unis - Russie : risques de dérapage et d’'engrenage
?
La guerre en Ukraine évolue visiblement vers un affrontement direct entre la Russie et les États-Unis. Il
est évident que Washington a armé depuis des années l’armée ukrainienne, formé leurs soldats, fourni tous les renseignements recueillis par la CIA et surtout par les écoutes effectuées par la
NSA.
Les renseignements fournis par les Américains ont été décisifs pour contrer l’avancée russe dont l’armée
s’est révélée incapable de s’adapter, en raison de concepts militaires d’un autre âge.
Les Américains se rendent désormais compte que l’Ukraine n'’est plus dans une situation de résistance, elle
peut gagner non la guerre dans sa totalité mais tenir militairement à distance la Russie, la faire reculer !
La destruction le 15 avril du navire amiral russe Moskva en mer
Noire effectuée grâce au guidage par les services américains de deux missiles Neptune, a été une étape, peut être symbolique, mais bien réelle dans l’épreuve de forces russo-américaine !
Mais c’est le 28 avril que Washington a annoncé clairement ses intentions et fixé ses objectifs. Le
Président Biden demande au Congrès de voter une aide à l’Ukraine de 33 milliards de dollars dont 20 d’armement.
Auparavant, le 26 avril en Allemagne, sur la base américaine de Ramstein, le vrai patron de l’OTAN, le
secrétaire américain à la défense Lloyd Austin, préside une conférence à laquelle participent les représentants de 40 États dont la France qui y dépêcha notre ambassadrice à Berlin.
La tenue de cette conférence sur une base américaine – la symbolique est très forte - ne laisse aucun doute
sur la volonté de Washington de prendre fermement la direction de la coalition pour contrecarrer la Russie coupable d’une guerre d'’agression. Lloyd Austin ne mâche pas ses mots :
« Nous voulons voir la Russie à tel point qu’elle ne puisse plus faire ce qu’elle a fait en
envahissant l’Ukraine. »
En conséquence la livraison d’armes lourdes s'’accélère avec des missiles antiaériens, des obusiers
Howitzer. A l’évidence les Américains après leur échec en Afghanistan, après Saigon, cherchent à rebâtir leur crédibilité politique et militaire dont ils ont un impérieux besoin en mer de Chine
méridionale pour garantir l'’indépendance de Taïwan.
La Russie est certes l'’agresseur, mais aujourd’hui, en raison de l’'engagement auprès de l’Ukraine des
Américains, Moscou a clairement le sentiment d'’être opposé aux États-Unis.
D'’où un changement radical de la guerre et surtout des incertitudes fortes sur les conséquences
géostratégiques des deux premières puissances nucléaires mondiales.
On se rappelle heureusement, comme le disait le général Gallois, que « L'’atome rend sage ! » Oui, mais un dérapage ne peut être exclu...
Quelle doit être la politique de la France ? La France soutient l’Ukraine dans sa résistance contre la
Russie de Poutine, mais a-t-elle intérêt à se mettre au garde à vous et à claquer les talons aux ordres des Américains dont l’'objectif est double : affaiblir durablement la Russie d’une part et
assurer la mainmise politique et militaire sur l’'ensemble des pays européens d’'autre part ?
Dans ces conditions la France doit conduire une politique indépendante, avec un seul objectif : obtenir un
cessez le feu en recherchant un règlement politique pour reconstruire l’Ukraine et asseoir les fondements de la sécurité en Europe. l'’Europe, dont la Russie et l'Ukraine font partie. Dans ces
conditions, l’'envoi aux Ukrainiens des canons français César de 155, d'’une très grande précision, ne fait que qu’'accroître la continuation de la guerre, une guerre que les Occidentaux semblent
vouloir conduire jusqu'’au dernier soldat ukrainien...
La France ne retrouvera sa crédibilité et sa capacité d’'agir qu'’en affirmant une politique étrangère
totalement indépendante !
Il existe bien, dès lors, un réel risque de dérapage, d’engrenage qui ouvre la boite de Pandore de
l’'aventure. Ce sera alors un échec patent pour tous !
Clemenceau jugeait à juste titre qu'’il est « plus facile de faire la guerre que la Paix ». Et il ajoutait : « Un arrangement médiocre ou une Paix boiteuse valent mieux que la guerre. »
N'oublions pas la sagesse d'’Aristote : « L'’objet de toute guerre, c’'est la Paix. »
Commentaire du Gal. D. Delawarde
Le 02/05/2022.
Bonjour monsieur M.,
Si une bonne partie de votre
analyse sur les risques de dérapage du conflit ukrainien me semble juste, je reviens sur la phrase:"Les renseignements fournis par les Américains ont été décisifs pour contrer
l’'avancée russe dont l'’armée s’'est révélée incapable de s’'adapter, en raison de concepts militaires d'’un autre âge."
Ancien chef
"Situation-Renseignement-Guerre électronique" de l’État-major Interarmées de planification opérationnelle,je ne partage pas du tout cette partie d'analyse qui repose sur une "appréciation
de situation" inexacte qui est, en fait, la conclusion d'une prise de position atlantiste biaisée, visant à faire croire aux ukrainiens que la Russie est faible, pour pousser l'Ukraine à résister
jusqu'au bout et lui laisser envisager, avec l'aide occidentale, une victoire. Voici mon argumentation..
Jusqu'à preuve du contraire, la Russie n'a pas déclaré de mobilisation partielle et encore moins générale de ses forces pour mener cette "opération
spéciale".Dans le cadre de
l’Opération Z, elle n'a
utilisé, jusqu’à présent,
que 12% de ses soldats (des professionnels ou des volontaires), 10% de ses avions de chasse, 7% de ses chars, 5% de ses missiles et 4% de son artillerie. Chacun observera que le comportement des élites dirigeantes occidentales est, jusqu'à ce jour, beaucoup plus fébrile et hystérique, que le comportement de la gouvernance russe,
plus calme, plus placide, plus déterminée, plus sûre et maîtresse d'elle même, de son action et de son discours. Ce sont des faits.
La Russie n'a donc pas fait jouer ses
immenses réserves (réserves qui n'existent quasiment plus en UE). Elle dispose de beaucoup plus d'une semaine de munitions ainsi qu'elle le démontre chaque jour sur le terrain. Nous n'avons pas
cette chance à l'Ouest où la pénurie de munitions, l'obsolescence des matériels majeurs, leur maintenance insuffisante,leur faible DTO (Disponibilité Opérationnelle Technique), l'absence de
réserve, le manque d'entrainement des personnels, le caractère échantillonnaire des matériels modernes et bien d'autres éléments ne nous permettent pas d'envisager sérieusement, aujourd'hui, une
victoire militaire de l'OTAN face à la Russie. C'est bien la raison pour laquelle
nous nous contentons d'une guerre "économique" en espérant affaiblir l'ours russe.
Venons en à la qualité du leadership militaire de la partie russe et comparons la à celle de la "coalition
occidentale".
Le 24 février, les Russes se sont
lancés, dans l'urgence, dans une "opération spéciale" préemptive, précédantde quelques jours un assaut des forces de Kiev contre le Donbass.
Cette opération était spéciale parce que
l'essentiel des opérations au sol allaient se dérouler dans un pays frère et dans des zones dans lesquelles une partie importante de la population n'était pas hostile à la Russie (le Donbass). Il
ne s'agissait donc pas d'une opération classique de haute intensité face à un ennemi irréductible, il s'agissait d'une opération dans laquelle la technique du rouleau compresseur russe, écrasant
les forces, les infrastructures et les populations adverses par l'artillerie (comme en Allemagne lors de la 2ème guerre mondiale) était impossible à envisager. Cette opération était spéciale
parce qu'il s'agissait davantage, dans le Donbass, d'une opération de libération d'une population amie, otage des bataillons de représailles ukro-nazis, et martyrisée depuis 8 ans, opération dans laquelle les
populations et l'infrastructure civiles devaient être épargnées autant qu'il était possible.
Cette opération était donc réellement
spéciale et particulièrement difficile à conduire avec en permanence à l'esprit les
exigences contradictoires d'obtenir la victoire en avançant et en occupant le terrain, tout en ménageant la population et l'infrastructure civile et la vie de ses propres soldats.
En outre, cette opération a été menée,
jusqu'à présent, en infériorité numérique (près de un contre deux), alors que le rapport de force au sol requis en offensive est de 3 contre 1, et même de 5 contre 1 en zone urbanisée. Les forces
kiéviennes ont d'ailleurs parfaitement compris l'intérêt de se retrancher dans les villes et de se servir des populations civiles russophones et russophiles comme bouclier
humain......
J'observe que, sur le terrain, les forces
russes continuent d'avancer, jour après jour, lentement mais sûrement face à une armée ukrainienne qui a réalisé sa mobilisation générale, qui est aidée par l'occident, et qui est sensée se battre pour sa
terre.....
Mettre en cause la qualité du leadership
russe, engagé dans une opération militaire très complexe, menée en infériorité numérique, dans laquelle tout doit être fait pour éviter les dégâts collatéraux excessifs . me paraît
être une énorme erreur d'appréciation. On prête aussi trop souvent aux russes, en occident, des intentions ou buts de guerre qu'ils n'ont
jamais eu, juste pour pouvoir dire que ces objectifs n'ont pas été atteints.
Il est vrai que l'OTAN ne s'est jamais
embarrassée de scrupules pour écraser sous les bombes les populations civiles des pays qu'elle agressait (souvent sous des prétextes mensongers), pour contraindre ces pays à demander grâce.
(Serbie, Irak, Afghanistan, Libye, ...etc). Plus d'un million de bombes otaniennes ont été larguées depuis 1990 sur la planète entraînant la mort directe ou indirecte de plusieurs millions
d'individus dans l'indifférence la plus totale des opinions publiques occidentales .
Avant d'en arriver à l'examen du leadership
occidental, pour comparaison avec le leadership russe, notons que l'OTAN a mis 78 jours de bombardement et 38 000 sorties aériennes pour contraindre la petite Serbie à demander l'armistice.
Rappelons que la Serbie est 8 fois plus petite que l'Ukraine et 6 fois moins peuplée, et qu'elle était agressée par l'OTAN, sans mandat de l'ONU, dans un rapport de force de plus de dix contre
un......
Quelqu'un en occident s'est-il interrogé
alors sur la qualité du leadership de l'OTAN qui a mis 78 jours à vaincre son adversaire serbe avec un tel rapport de force ? Quelqu'un s'est-il interrogé sur la légalité de cette action lancée
sous un prétexte mensonger (faux massacre de Racak) et sans mandat de l'ONU ?
Je connais bien, pour l'avoir mesuré moi même
aux USA pendant plusieurs années, la qualité du leadership US, qui est aussi celui de l'OTAN et qui, disons le tout net, n'est pas bonne, à quelques exceptions près.
Pour tenter d'évaluer la qualité de leur
leadership et les chances de victoire dans un éventuel conflit, les USA utilisent deux méthodes.
1 - Pour la guerre de haute intensité, les évaluations se déroulent dans un grand camp militaire situé dans le
Nevada: Fort Irwin Toutes les brigades mécanisées ou blindées de
l'Armée de Terre US effectuent des séjours d'entraînement et de contrôle dans ce camp, à intervalles réguliers. J'ai eu le privilège d'assister à nombre d'entre eux. Après trois semaines
d'entraînement intensif dans ce camp, avec tous les matériels majeurs, il y a un exercice en vraie grandeur pour conclure la période, avant que la brigade ne rejoigne sa ville de garnison. La
brigade est opposée à un petit régiment équipé de matériels russes et appliquant la doctrine militaire russe. On l'appelle l' OPFOR (Opposing Force).
Statistiquement, selon l'aveu même du général
commandant le camp et directeur de ces exercices militaires de haute intensité,la brigade US perd
la partie 4 fois sur 5contre l'OPFOR russe...... Rares sont donc les commandants de brigades américains qui peuvent se vanter de l'avoir emporté sur
"l'OPFOR russe" à Fort Irwin.
Interrogé sur cette étrangeté, le commandant
du camp nous déclarait toujours: "ce n'est pas grave, le commandant de brigade apprend de
ses erreurs et ne les renouvellera pas en situation réelle"..... On peut toujours rêver ....
De mon point de vue d'observateur extérieur,
les échecs des commandants de brigade US étaient tout simplement liés à leur formation qui consiste à suivre des schémas et des règlements à la lettre sans jamais en déroger, même si la situation
se prête à la prise d'initiatives et/ou à des actions d'opportunité, en marge des règlements.Le "principe de précaution ou Zero defect philosophy" paralyse les leaders, retarde
les prises de décision, coupe l'élan, et conduit très souvent à la catastrophe dans le combat de haute intensité.
A Fort Irwin, cette catastrophe est observée dans 80% des cas au détriment des brigades US.C'est un fait.
2 - Pour entrainer les États-majors, et tenter d'évaluer les chances de succès dans un éventuel conflit, des exercices d’État-major de haut
niveau ( War games) sont organisés chaque année. Ces wargames se veulent aussi, en fait, des répétitions d'actions militaires qui sont envisagées. Il y a, en bout de chaîne, des unités des trois
Armées pour matérialiser les décisions prises par les États-majors US.
Il faut savoir que tous les wargames envisagés contre la Chine ont été perdus par le camp US, ce qui explique peut être la prudence des USA dans
leurs relations avec la Chine.
J'ai moi même participé au printemps 1998 à l'un de ces wargames qui n'était autre que la répétition, avant l'heure, de la guerre d'Irak de 2003.
Il faut aussi souligner que des wargames contre l'Iran ont été perdus par la partie US et notamment, en 2002, le
wargame Millenium Challenge. Cette année là, le général du Marine Corps Van Riper qui commandait l'OPFOR iranien a coulé l'ensemble d'un groupe porte avions US (19 navires)
et 20 000 hommes en quelques heures, avant que le leadership US ne s'aperçoive de ce qui lui arrivait .... .https://www.youtube.com/watch?v=g9b1DG86a4ket https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=van+riper
Je n'évoquerai pas ici les wargames contre les forces russes parce que je n'en connais pas les résultats.
Si l'on rajoute à tout ce qui précède toutes les guerres perdues par les USA depuis la guerre du Vietnam jusqu'au piteux retrait d'Afghanistan d'octobre 2021, on ne peut être que très dubitatif
sur la qualité du leadership US, donc Otanien.
En conclusion, je dirai qu'il faut être prudent avant d'évoquer les insuffisances du leadership russe. Peut être conviendrait-il d'ôter la poutre qui obstrue les yeux du leadership occidental
avant d'évoquer la paille que l'on peut trouver dans l’œil du leadership russe. Si le leadership russe a, aux yeux de certains, sous estimé la capacité de résistance de l'Armée
ukrainienne, le leadership occidental a sous estimé la capacité de résistance russe aux sanctions économiques occidentales et sa capacité à imaginer des contre sanctions très
efficaces qui vont mettre à mal les économies de l'UE et les affaiblir toujours plus vis à vis des USA et dans leur compétition avec la Chine.
Le leadership occidental a également sous estimé les soutiens sur lesquels pouvait compter la Russie dans la guerre économique qui lui est faite (soutien de l'OCS, des BRICS, de très
nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine et même des pays du golfe, producteurs de gaz et de pétrole. ...https://thecradle.co/Article/columns/8096 ) . Tous ces pays qui refusent de sanctionner la Russie sont souvent des pays exaspérés par l'hégémonisme
du monde unipolaire occidental et par les sanctions qui leur sont unilatéralement appliquées au moindre écart de conduite par rapport aux règles fixées par les USA pour servir leurs
intérêts.
Sur le plan militaire et dans la perspective d'une guerre nucléaire, les occidentaux gagneraient enfin à ne pas sous estimer les performances des vecteurs et des technologies
russes. https://www.youtube.com/watch?v=mVFlXQjxwcE
Il faut être prudent avant de prendre pour argent comptant et de relayer les déclarations péremptoires et les analyses des services de renseignement occidentaux et
garder à l'esprit la superbe déclaration de Mike Pompéo, ex Secrétaire d’État américain: J’ai été directeur de la CIA et nous avons menti, triché, volé. C’était comme si nous avions eu des stages entiers de formation pour apprendre à le
faire »… https://www.france-irak-actualite.com/2020/04/mike-pompeo-et-l-arme-du-mensonge.html
PS: Vous pouvez, si vous le souhaitez relayer mon témoignage à qui bon vous semble..
Après deux mois de guerre
Guerre en Ukraine
Point de situation après deux mois de combats
Suite aux deux premiers articles que j’ai signés sur le sujet il semble maintenant utile de tenter d’examiner sans
passion la guerre d’Ukraine deux mois après son début le 24 février 2022 et alors qu’elle s’engage dans une
nouvelle phase.
L’analyse du 26 février se terminait sur ces mots : « Poutine, homme d’Etat sans équivalent sur le continent depuis
de Gaulle ou Thatcher, sera-t-il un nouveau tyran qu’il faudra un jour abattre au prix d’immenses
souffrances, tel un Hitler, ou bien reprendra- t-il ses esprits ?
Ou bien encore, ayant gagné sur tous les plans, la sagesse le saisira-t-elle et se contentera-t-il d’assister aux renoncements
d’une Europe qu’il voit désarmée, repentante, qui se meurt de dénatalité et de consumérisme sans espoir et de
plus envahie de peuples allogènes dont une partie la haïssent ?
L’avenir le dira. Il a rarement été aussi incertain et peut se révéler très dangereux voire mortel si quelque affreux
dérapage comme l’histoire en a connus se terminait en échange nucléaire. »
Deux mois plus tard et toujours avec indépendance d’esprit, voyons ce qu’il en est.
Le président russe n’a pas en effet « repris ses esprits » et rien n’indique qu’il fera rentrer ses troupes en Russie
avant d’avoir obtenu un succès militaire majeur, ou présenté comme tel, d’où il trouverait un avantage politique.
1/ La situation militaire
Engagée le 24 février, l’opération présentée et voulue comme une « guerre éclair » n’a pas atteint ses buts tels que
définis dans le discours de M. Poutine le 23.
Ils étaient les suivants :
-Détruire ou neutraliser l’appareil militaire de l’Ukraine en vue de la « finlandiser » ultérieurement pour l’empêcher
d’accéder à l’OTAN.
-Soutenir les républiques séparatistes du Donbass, dont la Russie a reconnu l’indépendance et qui l’ont « appelé à l’aide
», légitimant ainsi en droit international cette intervention.
-Enfin et surtout, défaire le pouvoir politique de M. Zelenski, président de l’Ukraine, dont les Russes considèrent qu’il
est issu des suites du « coup de force de Maïdan » de 2013, organisé avec l’appui des services occidentaux,
particulièrement américains 1
M. Poutine promet également une « dénazification » de l’appareil politique ukrainien, s’appuyant sur la présence parmi
les partisans de M. Zelenski de membres d’organisations arborant des insignes clairement nazis.
A l’heure où sont écrites ces lignes, aucun des buts assignés à cette « opération spéciale » ne sont atteints,
particulièrement dans le domaine militaire. Nous analyserons donc ces premiers mois d’opérations au prisme
des trois « principes de la guerre » de Foch : La concentration
des efforts, la liberté d’action et l’économie des forces.
Concentration des efforts et rapport de forces
L’armée russe a franchi la frontière ukrainienne avec des effectifs évalués à 150 000 hommes en premier échelon et 50 000
hommes supplémentaires de « réserve de théâtre » disponible, utilisant environ 1500 chars et autant de pièces
d’artillerie. Bien qu’inconnu, le nombre d’avions russes engagés était très supérieur à celui dont disposait l’Ukraine.
Face à eux, les forces militaires ukrainiennes se montaient à environ 209 000 hommes d’active, associées à 250 000
réservistes opérationnels. Le matériel de l’armée active, en partie identique à celui des Russes, est assez moderne. Ces forces ont été
instruites depuis huit ans par d’excellents cadres américains et britanniques. L’armée de terre disposait de 2000 chars, en général moins modernes que ceux des Russes. Les forces de réserve disposaient de peu de matériel
lourd.
Sur le front dans le Donbass par rotations depuis huit ans, date de la sécession des provinces de Louhansk et Donetsk,
cette armée ukrainienne a eu le temps d’aguerrir ses cadres. On doit cependant noter que ni d’un côté ni de
l’autre, aucune grande offensive interarmes et a fortiori interarmées n’a eu lieu dans ce secteur. Les combats se sont limités à des accrochages entre petites unités et à des échanges de tirs d’artillerie sous forme de harcèlement ou d’appui localisé.
Les populations habitant près de la ligne de front ont beaucoup souffert.
De son côté l’armée russe a pu acquérir une bonne expérience du feu en Syrie depuis 2015. Au cours de cette campagne
victorieuse qui engageait peu d’effectifs (de l’ordre de dix mille hommes) sur un théâtre particulier « du
fort au faible », face à des adversaires pugnaces mais faiblement armés, sans chars ni avions. L’armée de l’air russe disposait en Syrie de la suprématie aérienne, ses mouvements étant coordonnés avec ceux des aviations occidentales opérant sur le
théâtre et, naturellement, de l’aviation syrienne dont elle assure elle-même le contrôle.
La Russie, attaquant l’Ukraine le 24 février « du fort au fort », sur le territoire d’un pays européen doté d’une armée
moderne défendant une étendue plus grande que la France, le rapport de forces général entre les deux
adversaires, proche d’un contre un, était insuffisant. En effet il faut compter trois assaillants pour un défenseur si l’on veut espérer
le succès, surtout si l’on affronte une armée équipée de matériels modernes ou moyennement anciens
convenablement servis.
Il est cependant toujours possible de rétablir localement un rapport de forces suffisant en concentrant ses efforts sur
un ou deux points particuliers qui décideront de l’issue de la campagne. Ce ne fut pas le cas et nous verrons
que la conduite de la guerre par les Russes, qui
attaquèrent simultanément sur quatre directions stratégiques différentes, commirent là le péché originel de cette
campagne qui, de plus, se fondait sur des renseignements erronés.
Liberté d’action
Pour qu’une action offensive ou défensive réussisse il lui faut également disposer de ce que l’on appelle la liberté
d’action afin de ne pas être entravée ou bloquée. Les adversaires doivent donc pouvoir disposer librement de
l’espace de manœuvre. Or ce n’est pas le cas des Russes, sauf en matière aérienne. En effet ils neutralisèrent d’emblée presque complètement l’armée de l’air et les bases aériennes ukrainiennes mais les forces terrestres restèrent intactes après
la première salve de missiles et de bombardements.
Sur terre, l’attaquant ne disposait pas des effectifs nécessaires pour établir un rapport de force suffisant pour obtenir
la décision sur aucun des axes majeurs de son offensive. Il se heurta rapidement à de vigoureuses
contre-attaques locales menées par de petites unités très
manœuvrantes et surtout bien équipées en armes antichars de provenance nationale puis occidentale.
Le soutien immédiat des nations de l’OTAN en matière d’armement et de munitions modernes très efficaces a été déterminant
au bout de quelques jours. Les armées russes, qui disposaient pourtant de la supériorité aérienne, n’ont pas
réussi à obtenir la suprématie2 sur leurs fronts d’engagement ni à interdire les vols ukrainiens dans le
reste du pays. Ils se sont aussi montrés incapables « d’étanchéifier » les frontières terrestres de l’Ukraine
face à la Pologne et la Roumanie d’où affluèrent très vite quantité d’armements. Joints à ceux dont disposait l’Ukraine et bien employés par des hommes courageux, les forces d’invasion éprouvèrent très vite de terribles difficultés.
De plus, probablement contraintes d’attaquer plus tôt que prévu du fait de l’offensive contre le Donbass que Kiev
préparait, l’armée russe a lancé ses divisions sur un terrain en cours de dégel qui entrave les mouvements en
dehors des routes stabilisées. La raspoutidza, cette boue gluante et profonde, a considérablement gêné le déploiement de leurs troupes. On vit des colonnes de véhicules, voire même de chenillés, forcées de rester sur les axes sans pouvoir se déployer.
Elles
allaient devenir les cibles faciles des missiles antichars, des roquettes et des « drones suicides » des
Ukrainiens.
La liberté d’action pour une troupe en marche dépend grandement de ses approvisionnements de toutes sortes, ce que l’on
appelle la logistique. Rappelons qu’une division mécanisée compte environ cinq mille véhicules ! Or la
logistique russe s’est montrée passablement défaillante et l’on a vu des jours durant d’immenses convois bloqués par manque de carburant ou de pièces détachées. Ajoutons à cette désorganisation les actions de harcèlement conduites sur les
arrières par les réservistes ukrainiens qui attaquaient en priorité les convois de carburant, de munitions
d’artillerie et de ravitaillement. Répétées à de nombreuses reprises, ces actions ont transformé la guerre-éclair
supposée en une poussée aussi lente qu’inefficace vers des objectifs de plus en plus fortifiés, donc chaque jour plus difficiles
à atteindre. De fait, la liberté d’action de l’attaquant diminuait au fur et à mesure du ralentissement de
son avance et de l’augmentation de la liberté d’action d’Ukrainiens galvanisés par leurs succès locaux.
En outre, on constata rapidement un très mauvais emploi des troupes russes engagées, tant sur le plan tactique que sur
celui de la qualité de leur commandement ou du moral des hommes.
Economie des forces
Celle-ci consiste à utiliser les unités dont on dispose au mieux de leurs capacités et de manière idoine dans leur
environnement, tout en se prémunissant au mieux des pertes 3
. Au cours de cette première phase de la guerre, l’armée russe n’a rempli aucune des conditions de
cette économie des forces.
Malgré de grands efforts budgétaires poursuivis depuis deux décennies, mais probablement «désinstruites » par trente ans
de paix ou de guerres asymétriques (Tchétchénie, Syrie, engagements en Afrique) les armées russes, comme
leurs homologues de l’OTAN, semblent avoir oublié comment manœuvrer les grandes unités (brigades, divisions, corps d’armées) en combinant les effets des armes et des composantes. Or c’est un savoir-faire difficile à acquérir et conserver. Il faudra
d’ailleurs tirer de la guerre actuelle les leçons du coté occidental car les armées de l’OTAN, du moins pour
celles qui ont encore quelque valeur opérationnelle (Etats-Unis, Grande-Bretagne et France). Elles aussi ont terriblement « désappris » cet art de la « guerre de haute intensité » en opérant sur des théâtres extérieurs et en ne pratiquant
plus les grands
exercices combinés des années 1980-90 (4)
. Elles ne disposent d’ailleurs plus des matériels ni des unités nécessaires, sauf aux Etats-Unis 5
. Le cri de désespoir du chef d’état-major de l’armée de terre allemande au matin de l’offensive russe en témoigne, qui d’ailleurs n’a pas été sanctionné pour son « coup de gueule 6 » tant il était révélateur de la réalité. En effet les « dividendes de la paix », cette criminelle lubie
de dirigeants politiques irresponsables et démagogues, n’a laissé que des ruines de puissance militaire derrière elle. De ce désastre résulte
une véritable impuissance politique, particulièrement en Europe.
II/ La conduite des opérations
Appliquant un schéma complètement inadapté à la situation, les Russes effectuèrent le 24 février un raid aéroporté sur un
aérodrome de Kiev en vue de capturer ou décapiter la direction politique du pays.
Neutralisée dès son poser, l’unité chargée de cette mission fut écrasée en deux jours.
Simultanément l’offensive était lancée sur quatre axes d’effort principaux, on l’a dit. En quelques jours la vitesse de
progression des unités mécanisées se révéla faible puis quasi nulle. En effet les Russes s’attendaient à être
accueillis en libérateurs mais d’emblée la résistance des unités ukrainiennes se montra féroce, ce qui porta un rude coup au moral des soldats assaillants. Il se produisit dans la troupe le même phénomène que lors de l’opération de « libération » de
la
Tchécoslovaquie en 1968. A l’époque en revanche le rapport de force entre les adversaires n’avait rien à voir et toute
résistance militaire tchèque fut balayée en deux semaines. Rien de comparable en Ukraine, sinon les lacunes
frappant certaines unités russes (désordre, ivrognerie manque de subsidiarité) qui semblent aujourd’hui les mêmes que celles de l’armée soviétique d’alors.
Il est donc très probable qu’en 2022 le renseignement russe ait commis une colossale erreur d’appréciation quant à l’état
d’esprit des populations ukrainiennes, du moral de son armée et de la détermination de ce pays. L’appel
solennel lancé aux forces ukrainiennes par M. Poutine le premier jour, leur demandant de se joindre aux forces russes pour renverser le régime en place à Kiev, est tombé dans le vide et a au contraire galvanisé la résistance ukrainienne. Les milliers
d’hommes allant mettre à l’abri leurs famille à la frontière polonaise puis retournant au front en sont la
preuve irréfragable. La quasi-totalité des réfugiés ukrainiens sont des femmes et des enfants et les seuls hommes y sont des vieillards ou des inaptes au combat. Rien à voir donc avec les pseudo-réfugiés de l’été 2015 forçant les portes de
l’Europe, qui étaient presque tous de sexe masculin, jeunes et en bonne santé.
En ce qui concerne l’appréciation de l’état d’esprit des Ukrainiens à l’endroit de l’armée d’invasion, s’agissait-il
d’une erreur des services de renseignements russes ou bien d’un aveuglement provenant d’une fermeture du
système sur lui-même ? Peut-être les services étaient-ils
incapables de contrer les désirs supposés de leurs dirigeants ? L’histoire le dira, qui semble se répéter de Hitler en
1944 à Busch junior en 2003 pour l’Irak.
Au vu du rapport de forces général entre l’Ukraine et la Russie, on aurait pu penser que les généraux russes auraient
concentré leur attaque sur un ou deux axes stratégiques majeurs, comme par exemple l’encerclement des forces
ukrainiennes du Donbass. Le plan adopté par
les Russes, probablement couronné de succès si l’armée d’invasion avait disposé d’un million d’hommes, était voué à
l’échec avec les effectifs dont elle disposait réellement.
Les pertes militaires subies après deux mois de guerre sont très difficiles à estimer mais les chiffres de 14 000 tués
russes et 12 000 ukrainiens circulent. Ils sont énormes, sachant que les blessés sont normalement trois fois
plus nombreux que les tués. Prenons ces estimations avec
grande prudence tout en soulignant incidemment que l’Europe occidentale n’est plus accoutumée aux pertes inévitablement
causées par les combats dits de haute intensité 7.
Le commandement russe
Il semble que le commandement russe se soit montré très insuffisant et surtout qu’il ait surestimé la capacité de
manœuvre 8 de ses unités.
L’armée russe d’aujourd’hui semble beaucoup ressembler à l’armée soviétique, « rouleau compresseur » ou « artillerie qui
marche » comme le dit le colonel Goya, mais incapable d’improvisation et d’adaptabilité rapide aux petits
échelons comme aux grands.
Face à elle il est apparu, surtout sur le théâtre de Kiev (on sait peu de choses sur le front du Donbass), que les
Ukrainiens étaient capables d’autonomie et d’une large initiative, celle qui convient dans les opérations de
harcèlement ou de défense active sur un terrain connu.
En outre, il semblerait qu’une dizaine de généraux russes aient été tués car ils s’étaient portés sur l’avant pour
stimuler leurs subordonnés. Une nouvelle fois l’armée russe semble payer très cher sa quasi absence de corps
de sous-officiers de valeur, ceux qui exécutent (et font exécuter)
au plus bas échelon les ordres d’action. Ne dit-on pas, avec raison, que les sous-officiers sont la colonne vertébrale
d’une armée ? Cette déficience, structurelle et historique chez les Russes, oblige les officiers supérieurs
et parfois généraux à s’engager très en avant pour relancer
l’action, d’où les pertes enregistrées 9.
La logistique
Il semble également que les unités russes aient souffert de graves lacunes logistiques, on l’a vu. Certaines unités
pillaient de la nourriture dans les villages occupés car ils semblaient même manquer de ravitaillement. De
plus de nombreux véhicules en panne sèche ont été capturés par les Ukrainiens. On sait en outre que l’OTAN, bien que « non belligérant » abreuve le commandement ukrainien de renseignement d’origine électronique ou satellitaire. Il permet de
frapper avec certitude les concentrations ennemies et ses convois de ravitaillement. En revanche il semble que le service
de santé russe soit très efficace et compétent. La « médecine de l’avant » fonctionne bien et les blessés sont ensuite rapidement évacués vers les
hôpitaux d’infrastructure en Russie ou en Biélorussie.
L’avenir prévisible
Après avoir abandonné le projet de saisir Kiev, trop gros morceau pour l’armée engagée dans cette « opération spéciale »,
le commandement russe a réarticulé son dispositif depuis début avril. Il concentre ses efforts sur le Donbass
et travaille à réaliser la continuité territoriale avec
la Crimée, les « républiques démocratiques de Louhansk et Donetsk » et toute la bande côtière. Il ambitionne de conquérir
la totalité du rivage de la mer d’Azov et de faire sauter le verrou de Marioupol, qui est déjà presque
complètement conquise 10. Il a abandonné l’idée de prendre le
port stratégique d’Odessa, pourtant ville emblématique peuplée à moitié de russophones. Au vrai les Russes n’ont conquis
aucune grande métropole ukrainienne, pas même Kharkiv, pourtant proche de leur frontière.
Le général Alexandre Dvornikov, ancien commandant du contingent russe en Syrie et vainqueur d’Alep a été nommé à la tête
de l’opération en Ukraine et en a unifié le commandement, ce qui n’était pas le cas. Il est connu pour sa
maîtrise du grignotage et du tronçonnement des unités
adverses, anéanties avec méthode en usant au maximum de feux d’artillerie afin de ménager le sang de ses hommes. Il
continuera certainement à ne pas engager l’infanterie dans de coûteux combats urbains, très consommateurs
d’effectifs. La conséquence en est le quasi anéantissement des agglomérations assaillies, comme à Marioupol précisément. Au demeurant rien de nouveau en la matière car depuis plus d’un siècle la technique de conquête d’une ville qui se défend implique son écrasement sous les bombes 11.
Cela dit, il ne faudrait pas conclure définitivement que l’armée russe est devenue quantité négligeable. Son grand pays
est plein de surprises et personne n’aurait parié sur ses capacités guerrières après les purges staliniennes
de 1937 qui décapitèrent l’armée, les terribles revers subis en 1939-40 lors de la « Guerre d’hiver » contre la Finlande ou,
pire, ceux des premiers mois de la campagne allemande de l’été 1941 où les prisonniers se comptaient par
centaines de milliers 12. Or c’est cette même armée rouge, remaniée et ré-équipée, qui cassa la machine de
guerre allemande sur le front de l’est de 1942 à 1945. Cette victoire fut acquise au prix de pertes hallucinantes mais
qui témoignent d’un courage semblable à celui de nos anciens à Verdun. «Comparaison n’est pas raison » dit le
proverbe mais il faut donc se méfier des ressources russes, particulièrement en matière de détermination et de capacité de souffrance du peuple. Il est probable que le général Dvornikov a reçu la mission de circonscrire son action à la partie
sud-
est du pays pour que les diplomates traitent en position favorable afin d’obtenir des avantages dans cette région si un
accord finit par être signé avec Kiev.
Les réactions internationales à l’agression russe Dans ce domaine également M. Poutine a commis une lourde erreur.
Il pensait qu’en poursuivant les errements de la « jurisprudence
Kosovo », remarquablement utilisée en sa faveur depuis 2008, une opération de cette ampleur n’entrainerait que de faibles
réactions à l’étranger. Or, en Occident, on assista à un déferlement de haine antirusse comme jamais vu,
allant jusqu’à s’en prendre aux artistes et aux auteurs de théâtre ou de livres russes ainsi qu’aux produits alimentaires de ce pays. Le tragique
le disputait au ridicule toute raison ayant été perdue.
La condamnation de l’agression a été unanime en Occident, mais en Occident seulement, ce que de nombreux observateurs
omettent de remarquer. En réalité les pays des deux tiers du monde s’accommodent de ces événements pour des
raisons diverses, ou bien ne veulent pas prendre position. C’est le cas des traditionnels « non alignés » comme l’Inde et la Chine, ainsi que de nombreux pays africains, y compris certains amis de la France comme le Sénégal.
Pourtant, la puissance économique et politique des alliés occidentaux fait que le très dur train de sanctions aussi bien
politiques qu’économiques appliquées à la Russie ne pourra qu’avoir des
conséquences catastrophiques pour ce pays, mais aussi pour l’Europe, l’Afrique et le reste du monde dans certains
secteurs économiques.
L’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, l’Ethiopie sont, entre autres, très dépendants des importations de céréales et autres
biens fournis par la Russie ou l’Ukraine, où les semailles n’ont pas pu se tenir normalement.
En Europe, de nombreuses industries sont dès maintenant amenées à réduire, voire arrêter leur activité car il n’est pas
anodin de se priver des services du premier producteur mondial de certaines matière premières stratégiques,
surtout à un moment où la Chine a remis sous cocon des dizaines de millions de personnes travaillant dans « l’usine du monde ».
Il est à craindre que nous ne soyons qu’aux prémices de restrictions douloureuses pour nos nations et nos économies.
L’immédiate flambée des prix des carburants (d’ailleurs au départ purement spéculative) en témoigne, qui met
en danger beaucoup d’entreprises en tout genre.
Enfin l’Ukraine, où le président Zelenski fait légitimement feu de tout bois pour engager les alliés à se battre
militairement pour son pays, reçoit depuis les premiers jours de l’offensive une aide considérable en matériels, équipements et munitions qui est sans équivalent depuis la fin de la guerre froide. A cet égard les Américains
s’approchent dangereusement de la cobelligérance surtout quand on sait qu’ils ont donné les renseignements
qui ont permis le tir au but du missile
antinavire ukrainien qui a coulé le croiseur Moskva, navire amiral de la Mer Noire. Ce « flirt appuyé » avec les limites
de la guerre exaspère la Russie, qui le fait savoir clairement par son ministre des affaires étrangères,
Sergueï Lavrov. On devrait un peu plus en écouter les avertissements quand il agite le spectre de la guerre mondiale.
Emporté par ses passions moralisatrices et quels que soient les torts des Russes, le président Biden, se croyant à l’abri
derrière son fossé antichar océanique et ses sous-marins lanceurs d’engins, souffle sur les braises avec une
certaine irresponsabilité. Il lance anathèmes et même injures contre M. Poutine en oubliant qu’il a assumé personnellement un
rôle politique majeur dans toutes les interventions occidentales les plus critiquables depuis trente ans.
L’accusation de génocide dont il accable les Russes a quelque chose de tragique, venant de la part du représentant d’un peuple qui a systématiquement annihilé les indigènes lors de la conquête des territoires sur lesquels il s'est installé au XIXe
siècle 13.
En effet, dès les débuts de l’invasion de l’Ukraine, non seulement les condamnations commencèrent de pleuvoir sur la
Russie, également accompagnées de sanctions de plus en plus sévères, mais encore le discours des Occidentaux
continua-t-il de se radicaliser de manière
outrancière. Certains aspects de ce qui est reproché à la Russie méritent que l’on s’y arrête.
III/ Quelques sujets problématiques
Il fallut moins de quarante-huit heures pour que les grands réseaux sociaux annoncent mettre en place des algorithmes
neutralisant les « discours de haine » ainsi que les propos « prorusses », tout en assurant leurs
utilisateurs que les contenus antirusses ne seraient pas filtrés.
Autrement dit la haine, présentée comme universellement condamnable le lundi, était tolérable le mardi si elle
s’adressait à notre ennemi désigné. Etrange conception à vrai-dire, d’autant que la « liberté de la presse »
pourtant constitutive des régimes démocratiques et si souvent invoquée pour en fustiger l’absence en Russie ou en Chine, se
trouvait plus que limitée dans l’Union Européenne. En effet les médias et chaines de télévision russes ou
pro-russes se sont vues rapidement interdites, Russia Today ferma ses portes et tant-pis pour ses journalistes, même honnêtes. Exit la pluralité d’opinions et d’analyses si chères aux libéraux. On observera que rares ont été
les commentateurs qui ont soulevé le paradoxe de ces censures inimaginables aux Etats-Unis ou en
Grande-Bretagne, sans parler de l’Inde ou même du Brésil.
Depuis les débuts de cette guerre également, nous assistons à une avalanche d’indignations sélectives des plus suspectes,
qui rendent peu crédibles nos leçons de morale soi-disant universelle.
Comment en effet ne pas être interloqué que les mêmes puissances, soutenues par les mêmes médias, condamnent aujourd’hui
avec tant de vigueur la Russie quand voici peu elles ont approuvé des violations comparables des lois
internationales. Après tout et selon le droit, la
Russie n’a pas fait pire que les alliés bombardant durant plus de deux mois la Serbie puis envahissant le Kosovo (grand
comme un petit département français) avec des forces de 46 000 hommes, sans agression serbe préalable, sans
mandat de l’ONU et en violation de tous les traités et de la Charte des Nations-Unies ?
Alors qu’il commence de se dire que M. Poutine devrait être traîné devant une cour internationale de justice, comment ne
pas être interloqué que personne ne pose la même question à propos de MM. Bush, Major et autres chefs d’Etats
ou de gouvernements dont les troupes ont envahi l’Irak sans autre motif que des accusations fallacieuses
montées de toutes pièces ?
Qui donc pense sérieusement à juger M. Sarkozy et ses homologues britanniques, américains, qataris, italiens, pour
l’agression puis la destruction du régime de la Lybie en outrepassant le mandat de l’ONU autorisant seulement
une opération de protection de Bengazi en 2011 ?
On pense alors inévitablement à cette anecdote datant de juin 1945. Le général américain Curtiss Le May, commandant la 2e
Air Force dans le Pacifique s’adressa à ses officiers au cours d’un briefing. Il leur dit : « Messieurs,
nous avons intérêt à être vainqueurs, sinon c’est nous qui
serons condamnés à Nuremberg pour crimes de guerre après nos bombardements sur Tokyo, Yokohama, Kobe14 et autres
villes anéanties sous nos bombes incendiaires ». Encore ne savait-il pas qu’il devrait deux
mois plus tard bombarder Hiroshima 15.
Milosevic est mort en prison mais d’autres, qui l’auraient autant mérité, ne furent pas inquiétés. Pol Pot, le tyran khmer qui anéantit le quart de la population cambodgienne en trois ans est mort dans son lit. Il est
vrai qu’ayant longuement enseigné en France il y noua d’utiles amitiés dans certains cercles
influents.
Reconnaissons donc honnêtement que la justice du vainqueur ou des puissants de l’heure ne peut se faire au nom de
la morale. Tout au plus peut-elle se réclamer du rapport de forces, qui lui
obéit rarement.
Le retrait des troupes russes des alentours de Kiev fin mars a été l’occasion de découvrir des massacres commis sur des
civils désarmés. Bien qu’assurément ces troupes se soient comportées de manière détestable lors de leur
occupation, sur la tuerie de Boutcha des questions graves se posent. Il conviendrait d’y répondre avant de condamner la brigade de fusiliers-motorisés russes qui occupait les lieux. Le magazine Valeurs actuelles du 14 avril 2022 ouvre le dossier
en soulevant d’utiles interrogations sur les invraisemblances se rapportant à la responsabilité de la soldatesque russe dans la tuerie. En
effet, l’occupant évacue la ville le 30 mars et le maire s’en félicite devant la presse, qui parcourt la
ville, sévèrement abîmée mais qui ne recèle pas de cadavres visibles dans ses rues. Le 1er avril la presse ukrainienne relate le déploiement d’unités d’Azov, corps franc des forces ukrainiennes, « chargées d’éliminer les saboteurs et
les collaborateurs ». Le 3 avril la presse internationale est conviée à filmer les dizaines de morts qui jonchent certaines rues où des victimes ont été exécutées les mains liées.
Comment ne pas se permettre de douter des accusations portées ici quand on se rappelle le faux massacre de Grachak au
Kosovo le 9 janvier 1999, attribué à l’armée serbe (pourtant absente de la zone) mais qui résultait de
l’affrontement entre les deux milices albanaises UCK et LDK qui se disputaient le contrôle de la région ? C’est pourtant ce massacre, habilement utilisé par les Américains, qui décida de la rupture des pourparlers de Rambouillet et servit de motif à
l’intervention des troupes de l’OTAN.
De même pour ce qui concerne la tuerie de la gare de Kramatorsk dans le Donbass, attribuée à l’artillerie russe. Si,
hélas, les morts sont également de vrais morts, il est tout de même étrange que le missile qui a éventré les
wagons et criblé les véhicules de part et d’autre des bâtiments de la gare en tuant une cinquantaine de personnes, n’ait pas soufflé les vitres des grandes baies du bâtiment central, resté intact. Etrange aussi que le propulseur de l’engin, d’un type dont
les armées russes ne sont pas équipées, soit opportunément tombé sur les lieux mêmes alors que c’est
balistiquement plus qu’improbable. Cette horrible affaire ressemble à une mise en scène et l’on pense au « F16
israélien abattu au sud de Beyrouth » en juillet 2006. Les restes métalliques exhibés à la presse se révélèrent en fait le corps
de propulsion d’un missile Scud tiré par le Hezbollah sur Israël mais tombé sur la ville à cause d’un raté de
combustion.
Un de mes professeurs de l’Ecole de guerre nous disait que le déclenchement d’un conflit fait d’emblée deux victimes : le
plan du stratège et la vérité.
La plus grande méfiance s’impose donc face à ces scènes terribles. Elles sont certes possibles, nous le savons hélas, et
l’armée russe est tout aussi capable de commettre des crimes que bien d’autres, mais il convient de se
demander « à qui cela profite-t-il ?». En l’occurrence nullement à
Moscou. Dès lors il est tout de même suspect que de nouvelles et sévères sanctions aient été immédiatement prises contre
la Russie suite à ces massacres, alors qu’aucune commission internationale d’enquête criminelle n’a encore pu
se rendre sur place pour analyser scientifiquement les faits.
Enfin la perspective de l’utilisation d’armes chimiques par les Russes a été évoquée pendant quelques jours. Elle
reviendra probablement si le conflit s’éternise.
Une nouvelle fois il convient de rester circonspect face à ces éventuelles accusations quand on sait que Madame Carla del
Ponte, qui dirige à La Haye l’organisme chargé des investigations touchant l’emploi des armes chimiques
(interdites par l’ONU), a conclu que la quasi-totalité des attaques de ce type constatées en Syrie depuis 2011, quand elles ’étaient pas simulées, provenaient des milices islamistes 16.
Las ! Le mensonge est sans cesse répété et Bachar al Assad est toujours qualifié de « bourreau chimique de son peuple » quand bien même la commission ad hoc de La Haye l’a blanchi de ce crime particulier.
Quant à elle, la Russie a déclaré avoir détruit la totalité de ses gigantesques stocks d’armes chimiques dès les années
2000, comme Saddam Hussein l’avait fait sous contrôle international. Cela n’empêcha pas l’invasion de l’Irak
de se produire sous prétexte de la non destruction desdites armes, dont aucun exemplaire n’a jamais été retrouvé sur le sol irakien en onze ans
d’occupation américaine 17.
Une nouvelle fois il ne s’agit pas ici de laisser entendre que l’armée russe n’est pas capable de se comporter de manière
criminelle en zone de combats ou d’occupation. Chacun sait trop qu’une troupe, quelle que soit son
appartenance nationale, peut échapper à ses chefs ou être saisie d’une folie destructrice pour diverses raisons, dont l’abus d’alcool
ou de drogues. Il s’agit pour nous ici au contraire d’espérer « raison garder » dans l’observation d’une
guerre qui, comme toutes les autres et quel que soit le camp concerné, peut offrir à des criminels l’occasion de perpétrer leurs forfaits.
Que les Russes aient commis des crimes de guerre est quasi certain mais il serait bien naïf de refuser l’idée que les
troupes ukrainiennes puissent se livrer à des provocations, voire pire. Ce pays aujourd’hui dans le malheur
était voici encore quelques mois classé 122°sur 169 en matière
de corruption par l’ONG « Transparency international ». L’armée russe quant à elle, et ce depuis des siècles, est
justement réputée pour sa férocité ainsi que son mépris des populations civiles. Toutes les hypothèses
doivent donc être examinées sans parti-pris.
Depuis que les moyens d’information ou de propagande de l’adversaire désigné ont été quasi interdits sur l’ensemble de
notre continent, il est devenu difficile de distinguer la vérité. Il est alors utile de se rappeler que le
massacre de Katyn18 a fait partie de la liste des crimes de guerre
imputés à l’Allemagne lors du procès de Nuremberg fin 1945.
IV/ En manière de conclusion (forcément) provisoire
Tout a commencé parce que le Donbass, considéré à tort ou à raison par les Russes comme une sorte d’Alsace-Lorraine, a
fait sécession de l’Ukraine en 2014. Les accords de Minsk (2015 et 2019), dont la France et l’Allemagne
étaient garantes, ont vu leur application paralysée
principalement par Kiev. Ils auraient pourtant pu apporter une vraie détente au travers, entre autres, des concessions
linguistiques acceptées par les deux parties. Les puissances garantes restèrent étrangement silencieuses devant
ces manquements.
Rappelons aussi que ce conflit oublié de l’Occident a fait en huit ans 13 000 morts : 3500 civils des deux bords, 4100
militaires ukrainiens et 5650 militaires ou miliciens séparatistes. Kiev était décidé à y mettre un terme par
la force, d’où la concentration du meilleur de ses troupes autour du Donbass, ce qui a probablement poussé la Russie à
précipiter les choses et à déclencher cette «opération spéciale » manifestement mal préparée.
Au lieu d’une victoire rapide on assiste donc à un échec de Moscou sur tous les plans. Il en ressort la réalisation de
tout ce que les Russes voulaient éviter.
- L’Ukraine, qui manquait de cohésion y compris en zone russophone, a fait son unité dans le sang versé et montre
d’admirables capacités de résistance. Reste à savoir si son armée régulière pourra repousser les offensives
méthodiques et sectorielles du général Dvornikov, les Russes ayant abandonné l’espoir de « changer le régime » comme aimaient le faire les Occidentaux voici encore peu de temps et avec le succès que l’on sait sur le long terme.
- L’Ukraine, qui déclare certes abandonner l’idée d’adhérer à l’OTAN, semble devoir rejoindre l’Union européenne à brève
échéance comme l’y pousse Madame von der Leyen. Par-là elle outrepasse d’ailleurs les prérogatives que lui
accordent les traités européens.
- L’irruption de la guerre de haute intensité sur le continent donne raison à ceux qui, depuis trente ans, clamaient que
le désarmement structurel et moral des Européens était une folie. Même la très pacifiste Allemagne semble
s’être réveillée de son sommeil irénique. Le contact avec la réalité brutale est dur et il va falloir en payer le prix. Farouchement européenne pour exporter, elle se précipite vers les Etats-Unis pour acheter des avions de combat et des hélicoptères
d’attaque 19 au lieu de s’approvisionner auprès de ses voisins français ou suédois. Le réveil est un peu
moins rude en France mais son armée expéditionnaire à la Napoléon III, aguerrie dans les immensités sahariennes, n’a plus l’équipement, l’instruction, l’entrainement et surtout le nombre pour se mesurer à des divisions blindées dont
elle a presque oublié l’art de la manœuvre et les principes d’emploi. 20
- L’OTAN, justement qualifié voici peu par le président Macron d’organisation « en état de mort clinique », a été
ressuscité. Il a trouvé un nouvel ennemi, ou plus exactement a retrouvé avec délice ses racines antirusses.
Comme un seul homme les tenants de la « défense européenne assurée par l’OTAN » (oxymore évident) se réfugient derrière le grand protecteur anglophone comme un troupeau apeuré. Les voilà gagnés par le lâche soulagement des faibles d’esprit et de muscle. Ils oublient que leur grand tuteur choisira toujours ses propres intérêts et ne risquera jamais New-York pour sauver Prague. Depuis
la fin de la guerre de Corée, et quand il le jugea utile, Washington a toujours abandonné ses alliés aux
mains de l’ennemi. Les Saïgonnais libres et autres Kaboulis occidentalisés en ont le cuisant souvenir.
- M. Biden triomphe en venant inspecter ses loyaux alliés comme le suzerain ses vassaux. Il leur prodigue maint conseil
pour s’engager au profit des Ukrainiens et il livre à ce pays quantité de matériels modernes qui sont plus
des nasses techniques dont ils ne pourront sortir que des aides réelles à se défendre sur le long terme. En effet l’Ukraine
possède une industrie de guerre performante. De quel prix politique et industriel Kiev paiera-t-il cette aide
?
- Le continent européen commence à prendre conscience de l’énormité de sa servitude aux hydrocarbures russes et aux
matières premières russes. Il tremble devant les folies de l’abandon du nucléaire civil par Madame Merkel. Ce
renoncement le fera greloter si le gaz russe s’arrête
l’hiver prochain. Bon prince, M. Biden propose de lui vendre du gaz de schistes américain au prix fort mais à hauteur
seulement du dixième des quantités nécessaires pour les besoins du continent. Les « Verts » allemands se
taisent, sonnés par la réalité. Pendant ce temps les centrales à charbon et à tourbe tournent à plein régime, produisant des masses de « gaz à effet de serre ».
-La dépendance alimentaire de bien des pays africains éclate au grand jour, dont les gouvernements ne pourront plus
anesthésier leurs populations en se réfugiant derrière «l’héritage de la colonisation ». Ils mesureront
l’inutilité de remplir d’idées creuses des ventres vides. De tout cela résultera probablement une énorme invasion du Vieux continent dépeuplé, stérile et aux réflexes de défense paralysés, incapable de s’opposer à la marée des spectres affamés.
-Ayant enfin accompli le dessein des Mahan, Brezinski et Kissinger, les Américains auront définitivement découplé la
Russie de ses approches et d’une Europe rendue à merci. Qu’il perde ou gagne cette guerre, le «
pays-continent eurasiatique » ira donc chercher appui en Chine et en
Inde où il trouvera les débouchés et les ressources qui lui manqueront à l’ouest. Un immense bloc antioccidental sans
précédent dans l’histoire aura été constitué qui, inévitablement, voudra se venger de ses humiliations
séculaires débutées avec Vasco de Gama et la conquête des océans.
Nous avons là les deux mâchoires d’une mortelle tenaille.
On peut toujours se rassurer comme l’ivrogne tombé de son lit après un mauvais rêve et qui se tient la tête en se disant
: « le pire n’est jamais certain ».
Il est pourtant nécessaire de s’y préparer.
Rude tâche que peu de nos responsables sont armés pour mener à bien.
Or « l’orage gronde et l’on entend la rumeur des batailles » dit le vieux chant militaire. Il est temps de se
souvenir que nos anciens avaient pour idée force « Si vis pacem, para bellum».21
Or nous n’avons rien préparé.
Alexandre Lalanne-Berdouticq
le 24 avril 2022
1 On se souvient de la présence insistante de l’ambassadeur des Etats-Unis aux côtés des manifestants.
2 Supériorité aérienne : « je suis le plus fort en général ». Suprématie aérienne : « Il n’y a plus rien en face de moi ».
3 Par exemple en terrain montagneux, mieux vaut utiliser des troupes de montagnes spécialement équipées que des unités lourdes.
4 Nuançons cet aspect en citant de grand engagement américano-britannique en Irak de 2003 où des corps d’armée entiers furent déployés sur le terrain, la guerre se tournant ensuite rapidement
vers les opérations de contre insurrection où seules le unités de taille modestes sont utiles.
5 En 1990 l’armée de terre française disposait de 1400 chars de bataille ; aujourd’hui de 240, pas tous en état de marche et ne parlons pas du nombre de pièces d’artillerie. L’armée de l’air
disposait de 350 avions de combat contre une centaine de Rafale et encore moins de Mirage 2000 en ligne aujourd’hui...
6 Message envoyé le 24 février au matin à l’ensemble des unités de l’armée de terre allemande et signé du chef d’état-major : « Et voilà que je me réveille ce matin en me disant que je
suis incapable de proposer une réaction de force quelconque à mes dirigeants politique parce que je ne dispose plus de ces forces... » ON sait par ailleurs que l’armée allemande est
psychologiquement quasi incapable de se battre, rongée par soixante ans de pacifisme et de juridisme institutionnel. L’auteur peut en témoigner au travers d’incidents vécus lors d’opérations
communes.
7 Rappelons quelques références chiffrées : la France perdait 900 hommes par jour en moyenne en 1914-18, avec une pointe de 25 000 tués (!) le 24 août 1914 (bataille de Sarrebourg-Morhange). Elle
perdit 90 000 tués et 300 000 blessés entre le 10 mai et le 25 juin 1940. Pertes journalières de la guerre d’Indochine (soldats du corps expéditionnaire) : 30, de la guerre d’Algérie : 10. En
2008 la France perdit d’un coup 10 soldats en Afghanistan, ce qui déclencha une tempête à Paris et dans tout le pays.
8 La manœuvre se définit comme la combinaison du mouvement et du feu.
9 Dans les Balkans, l’auteur a le souvenir de missions confiées à des sections (25-30 hommes) appartenant au contingent russe et commandées par des lieutenants-colonels. En Occident des officiers
de ce grade commandent des bataillons (400-500 h) voire de régiments (800-1200 h).
10 A l’heure où ces lignes sont écrites, seule une grande usine munie de nombreux étages souterrains tient encore à Marioupol.
11 Caen a été détruite à 95%, Saint-Lô de même. Le Havre a subi pas moins de vingt-quatre bombardements alliés en 1943 et 1944... Plus près de nous pensons à la reconquête d’Amman par les
troupes du roi Hussein sur les Palestiniens d’Arafat en 1970.
12 Souvenons-nous que l’armée française de 1940 perdit 1 800 000 prisonniers, dont 1 000 000 entre le 17 et le 25 juin, l’armée s’effondrant littéralement après le discours malheureux du Maréchal
Pétain le 17 juin.
13 Au cours d’un stage effectué dans les Forces spéciales américaines et alors lieutenant, l’auteur se rappelle d’une conversation difficile avec un capitaine du pays hôte. Cet officier
accusait l’armée française d’avoir quasi anéanti la population indigène d’Algérie lors de la conquête.
L’accusateur s’est entendu répondre que les arabo-berbères comptaient trois millions d’âmes en 1830 et neuf au départ de la France en 1962. Quant à eux les Indiens d’Amérique étaient environ six
millions en 1840 et se virent réduits à cinq-cents mille en 1900. Le génocide n’était donc pas démontré du côté de la France mais avéré du côté des Etats-Unis. Stupeur de l’Américain qui avoua ne
s’être jamais posé la question, puis reconnut son erreur.
14 Chacun de ces bombardements, effectués sur les villes construites en bois, ont occasionné plus de 100000 morts.
15 Ville n’abritant aucun objectif militaire et des milliers de réfugiés. 87 000 morts le 6 août 194, 50 000 de plus durant les dix années ultérieures.
16 On a des films montrant des instructeurs apprenant à des figurants à simuler les symptômes d’une attaque au neurotoxique. Par ailleurs, sur cinq attaques sérieusement documentées, dont celle
de la Khouta, il a été conclu que quatre étaient attribuables de manière certaine à des milices islamistes et une pouvait avoir été perpétrée par les forces régulières syriennes (qui ont déclaré
elles aussi de longue date avoir détruit leurs armes chimiques). On a par ailleurs identifié la provenance du gaz de combat utilisé : fabriqué en Lybie il a été livré aux islamistes de Syrie par
la milice libyenne de Misrata, celle-là même qui assassina le colonel Kadhafi. De plus qui croira que l’armée syrienne soit assez inconsciente pour tirer des obus chimiques à 1400 mètres
des immeubles gouvernementaux alors que le gradient atmosphérique était positif avec un vent tournant vers lesdits bâtiments ? « Le diable se cache dans les détails » dit le proverbe.
17 On se souvient de la pathétique image du général Colin Powell à l’ONU en 2003. Cet ancien chef d’état-major interarmées des forces américaines, devenu ministre des affaires étrangères des
Etats-Unis, brandit devant l’assemblée générale de l’ONU un petit cylindre de plastique jaune étanche et transparent soi-disant rempli de produits chimiques de combat trouvés en Irak.
Il s’agissait en réalité d’un étui pour « bouchons auriculaires de tir » rempli d’eau. Dans ses mémoires cet homme droit, contraint de mentir sur ordre, écrit que c’est probablement le plus
mauvais souvenir de sa vie, pire en tous cas que les plus durs combats qu’il livra comme lieutenant au Vietnam après sa sortie de West-Point.
18 14000 officiers polonais prisonniers de guerre furent massacrés dans les forêts de Katyn (région de Smolensk) par le NKVD soviétique en 1940. Le but était d’anéantir l’élite polonaise en
profitant du pacte germano-soviétique de partage de la Pologne du 24 août 1939. Il fallut attendre l’ouverture des archives soviétiques en 1991 pour que la vérité, pourtant connue de très
nombreux historiens, soit enfin reconnue par Moscou.
19 Chacun sait que le F 35 est un élément d’un « système de systèmes » dont le centre est auxEtats-Unis et qu’aucun acheteur ne disposera des codes-source des programmes embarqués.
Ces derniers peuvent être neutralisés ou dégradés depuis les EU (y compris en cours de vol) selon la volonté du gouvernement américain. Aucune indépendance d’action n’est donc possible avec de
tels appareils, comme c’est le cas depuis 1960 pour les sous-marins stratégiques britanniques qui ne peuvent tirer leurs lanceurs sans l’aval de la Maison Blanche (Accords de Nassau).
20 Chaque automne des années 1980 l’armée de terre effectuait un grand exercice mettant en œuvre sur le terrain avec ses matériels l’équivalent d’un Corps d’armée « bleu » à trois divisons dont
deux blindées avec leurs renforcements (dont les hélicoptères des régiments associés). Ce CA affrontait durant une grosse semaine en « terrain libre » un « plastron » composé d’une division
blindée. Naturellement l’armée de l’air jouait son rôle, partagée entre attaquants et défenseurs.
Sauf événement majeur d’ici là, le 9 mai la Russie devrait déclarer officiellement la guerre à l’Ukraine. Ceci est dû à deux principaux facteurs :
1- Bien qu’elle participe à des négociations avec la Russie, l’Ukraine ne veut en réalité pas d’un traité d’arrêt des combats. L’Ukraine devrait annoncer
son retrait des négociations de paix très prochainement. De toute manière l’Ukraine depuis le début montre une telle mauvaise volonté que tout le monde a compris qu’il n’y aura pas de
traité. Par exemple il y a quelques jours l’Ukraine a « exigé » que les forces russes laissent partir les éléments d’Azov bloqués à Marioupol *avec leur armes* ! Et tout est à
l’avenant.
L’Ukraine, sous la pression des États-Unis, va donc prochainement annoncer qu’elle cesse de négocier. Aujourd’hui d’ailleurs le chef du Conseil de sécurité
ukrainien a déclaré que le seul traité que l’Ukraine signera sera celui de la capitulation… de la Russie !
2- S’il est parfaitement exact de dire aujourd’hui que, globalement, les choses se passent comme prévu (avec bien entendu les imprévus qui se produisent
toujours dans ce genre de choses !), si l’on constate sur le terrain l’avantage évident des forces russes, le fait est que l’OTAN envoie maintenant des armes lourdes de haut niveau à
l’Ukraine. Dans ces conditions la retenue donc faisait part la Russie jusqu’à maintenant (et qui explique son avancée relativement lente) n’a plus de raison d’être. Selon une estimation,
plus de la moitié des armes de l’OTAN livrées à la Russie sont régulièrement détruites par des frappes russes dans les entrepôts ukrainiens. Mais il en reste donc l’autre moitié, et ceci
implique un changement dans la manière dont la Russie va agir.
Un état de guerre officiel permettra donc de « remettre les pendules à l’heure ». L’OTAN devra alors prendre ses responsabilités puisque cet état
de guerre justifiera de frapper ceux qui fournissent des armes à l’Ukraine. Il y a une semaine 400 responsables militaires étaient réunis à la base américaine de Ramstein en Allemagne
pour décider de l’aide militaire à l’Ukraine. En « temps de guerre », un missile aurait pulvérisé la base pendant la réunion. On peut aussi imaginer un avertissement à l’OTAN,
sous diverses formes en utilisant l’une des armes « exclusives » russes…
Sur le terrain depuis une semaine environ la Russie multiplie les frappes de sites stratégiques, jusqu’à Kiev et Lvov. On constate des pénuries d’essence
dans l’ensemble de l’Ukraine et les forces militaires ont énormément de mal à s’approvisionner. La ville d’Odessa où l’armée russe n’est pas intervenue directement a néanmoins subi de
très lourdes pertes de dépôts de matériel de l’OTAN, et plusieurs ponts ont été détruits, coupant les voies d’approvisionnement de l’armée ukrainienne. Dans l’ensemble du pays les nœuds
ferroviaires sont détruits, paralysant là encore les convois d’armes de l’OTAN.
De très nombreux soldats ukrainiens déposent les armes ou sont tués, même les chaines télégram ukrainiennes commencent à se poser des questions sur ce
niveau de pertes. Dans plusieurs villes les mères et femmes de soldats mobilisés organisent des manifestations. (En Ukraine la mobilisation générale a été déclarée fin février pour tous
les hommes de 18 à 60 ans) Une déclaration de guerre aura donc un effet psychologique important.
Et puis il faut en finir ! La « mesure » des forces russes c’est bien, elle n’a bien sur pas empêché la prise de nombreuses villes mais elle coûte cher aux
2 camps. Autant donc mettre les moyens nécessaires et en terminer. D’ailleurs non seulement la majorité de la population en Russie le souhaite, mais des voix de personnes influentes vont
aussi dans ce sens. Tout le monde est d’accord : On ne cédera rien, on ira jusqu’au bout, autant donc y aller vite. N’oublions pas non plus ce que disait Vladimir Poutine il y a quelques
jours « Nous avons envisagé toutes les possibilités, et sommes prêts à y répondre ».
Ceci mettra l’OTAN au pied du mur, alors qu’ils ne cessent de clamer qu’ils n’enverront pas de troupes en Ukraine ! Un mensonge flagrant d’ailleurs, des
documents montrant par exemple la participation de SAS britanniques et de légionnaires français ont été saisis. Et hierun général Canadien a été arrêté par les forces russes alors qu’il
tentait de s’enfuir d’Azovstal à Mariupol. Intéressant personnage, lisez ici ! https://t.me/boriskarpovblog/882
Le 9 mai sera donc une date importante et même si certains éléments font qu’aucune déclaration de guerre n’est finalement lancée, d’autres évênements se
produiront qui pourraient être un rattachement des DNR et LNR dans leur état géographique « étendu » à la Russie… ou d’autres choses qui seront précisées très
prochainement.
Sur le plan politique, un personnage important revient sur le devant de la scène : Nikolaï Patrouchev. Ancien directeur du FSB de 1999 à 2008, actuel
président du Conseil de sécurité depuis 2008. Exactement le même cursus que Vladimir Poutine… Il se murmure que Patrouchev pourrait continuer de suivre le même chemin… Dans un tel cas de
figure, il est fort probable que tous ceux qui aujourd’hui rêvent de voir Poutine disparaître, le regretteront pour son sens de la diplomatie et de la modération…
Dans l’une des grandes bévues de politique étrangère des temps modernes, les dirigeants américains et européens ont ignoré à plusieurs reprises les
avertissements de Vladimir Poutine selon lesquels la Russie ne tolérerait jamais que l’Ukraine devienne un atout militaire de l’OTAN. En raison de la résistance des gouvernements français
et allemand (qui avait autant à voir avec la corruption chronique de l’Ukraine qu’avec les préoccupations concernant la réaction de la Russie), l’Alliance a retardé l’offre à Kiev d’un
plan d’action pour l’adhésion – une étape essentielle vers l’adhésion. Lors du sommet de Bucarest en 2008, les membres actuels de l’OTAN ont ostensiblement insisté sur le fait qu’« un
jour », l’Ukraine rejoindrait l’Alliance, et ils ont répété cette promesse à de nombreuses occasions par la suite.
Pire encore, les responsables occidentaux ont généralement insisté sur le fait que la Russie n’aurait rien à dire à ce sujet. Jens Stoltenberg, le
secrétaire général de l’OTAN, s’est montré particulièrement affirmatif et arrogant à cet égard. Fin 2021, il a radicalement rejeté les demandes de Moscou, qui souhaitait que l’OTAN
fournisse des garanties de sécurité contraignantes à la Russie, notamment l’engagement que l’Ukraine ne se verrait jamais proposer l’adhésion et que les forces militaires de l’OTAN ne
seraient pas déployées dans ce pays. La réponse de Stoltenberg n’aurait pas pu être plus intransigeante. Affirmant : « L’OTAN a une politique de la porte ouverte. C’est inscrit dans le
traité fondateur de l’OTAN… Le message adressé aujourd’hui à la Russie est qu’il appartient à l’Ukraine, en tant que nation souveraine, de décider de sa propre voie. Et aux 30 alliés de
l’OTAN de décider quand l’Ukraine sera prête à devenir membre. »
Les responsables occidentaux ont implicitement supposé que la Russie pourrait être intimidée et finalement contrainte d’accepter l’Ukraine comme membre de
l’OTAN. Ils n’ont pas tenu compte des avertissements de plus en plus précis du Kremlin selon lesquels les efforts visant à faire de Kiev un atout de l’Alliance franchiraient une ligne
rouge qui porterait atteinte à la sécurité de la Russie. Leur hypothèse selon laquelle Moscou accepterait sans broncher une présence de l’OTAN à l’intérieur de la zone de sécurité
centrale de la Russie s’est avérée spectaculairement erronée, et l’Ukraine paie aujourd’hui un prix très élevé en argent et en sang pour cette erreur de calcul.
On pourrait espérer que les dirigeants de l’OTAN auraient tiré une leçon importante d’une erreur aussi coûteuse. Mais ils s’obstinent à ignorer une nouvelle
série d’avertissements inquiétants de Moscou et, cette fois, le prix d’une telle arrogance pourrait être tout à fait catastrophique. En effet, elle crée le risque d’un affrontement
nucléaire entre la Russie et les États-Unis. Dans son premier discours annonçant l’« opération militaire spéciale » en Ukraine, Vladimir Poutine a averti toutes les parties extérieures
(signifiant clairement les membres de l’OTAN) de ne pas interférer. « Quiconque tente d’interférer avec nous […] doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et vous conduira à
des conséquences telles que vous n’en avez jamais connues dans votre histoire. »
Pourtant, l’administration Biden et d’autres gouvernements de l’OTAN se vantent du soutien que l’Alliance apporte à la résistance militaire de l’Ukraine à
l’invasion russe. Jusqu’à présent, la pièce maîtresse de cet effort a été l’augmentation des livraisons d’armes à l’Ukraine, notamment des systèmes plus lourds et plus puissants. Le
secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, promet que les États-Unis « remueront ciel et terre » pour continuer à armer l’Ukraine. Paul Krugman, chroniqueur au New York
Times, se réjouit que les États-Unis soient redevenus « l’arsenal de la démocratie », comme ils l’avaient été pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette politique constitue une entreprise extrêmement risquée qui pourrait faire des États-Unis un belligérant dans une guerre périlleuse. Moscou a déclaré à
de multiples occasions que les convois transportant des armes des pays de l’OTAN vers l’Ukraine étaient des cibles de guerre légitimes. Poutine pourrait facilement interpréter la cascade
orchestrée par les États-Unis d’armes de l’OTAN pour soutenir la résistance militaire de l’Ukraine comme une ingérence inacceptable. Il en va de même pour une autre mesure de
l’administration Biden, à savoir le partage de données de renseignement avec Kiev, voire la fourniture aux forces ukrainiennes d’informations de ciblage en temps réel. Dans un cas, ce
partage de renseignements a apparemment permis à l’Ukraine d’abattre un avion russe avec plusieurs centaines de soldats à bord.
Comme ils l’ont fait pendant la période d’avant-guerre, les pays de l’OTAN ignorent les avertissements émanant de Moscou. Adoptant une attitude de défi, ils
augmentent au contraire leur aide militaire et créent une véritable guerre par procuration contre la Russie. Les avertissements du Kremlin se font de plus en plus pressants. Poutine
lui-même a récemment demandé aux membres de l’OTAN de ne pas mettre la patience de la Russie à l’épreuve en continuant à accroître leur soutien à l’Ukraine. Margarita Simonyan, rédactrice
en chef de RT et de Sputnik et proche collaboratrice du président russe, a déclaré que la Russie pourrait n’avoir d’autre choix que d’utiliser des armes nucléaires si la politique
occidentale continue sur sa lancée.
Une fois encore, cependant, les faucons de la politique étrangère sont suprêmement confiants dans le fait que la poursuite de la belligérance des États-Unis
et de l’OTAN dissuadera le Kremlin. Michael McFaul, ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, affirme allègrement qu’il faut ignorer les avertissements de Poutine concernant
l’utilisation d’armes nucléaires en réponse à l’augmentation de l’aide militaire occidentale à Kiev. « La menace d’escalade n’est que du vent », déclare McFaul avec assurance.
« Poutine bluffe. »
Dans une tribune publiée le 27 avril dans le Wall Street Journal, l’ancien sous-secrétaire adjoint à la Marine, Seth Cropsey, a même souligné que les
États-Unis devaient être prêts à démontrer qu’ils « gagneraient » une guerre nucléaire contre la Russie. D’autres faucons font pression sur l’administration Biden pour qu’elle
ne cède pas au « chantage nucléaire » de la Russie. Ils semblent sereinement inconscients des conséquences probables s’ils ont tort. Deux analystes ont même critiqué
l’administration pour sa crainte excessive d’une « escarmouche » directe avec la Russie, comme si un affrontement avec une grande puissance nucléaire était l’équivalent d’une
bagarre dans la cour de récréation d’un collège. Malheureusement, les politiques menées par Washington en déversant des armes en Ukraine et en créant une guerre par procuration contre la
Russie suggèrent que les décideurs de l’administration sont presque aussi ignorants des dangers que les ultra-hawks à l’extérieur du gouvernement.
Les responsables occidentaux et les membres des établissements de politique étrangère aux États-Unis et en Europe parlent ouvertement d’aider l’Ukraine à
gagner sa guerre et à infliger une défaite humiliante à la Russie. Ce que ces personnes ne semblent pas comprendre, c’est que l’Ukraine est un intérêt vital pour la sécurité de la Russie,
et que le Kremlin fera tout ce qui est nécessaire – probablement même l’utilisation d’armes nucléaires tactiques – pour empêcher une défaite. L’incapacité à comprendre l’importance de
l’Ukraine pour la Russie a conduit les dirigeants occidentaux à ignorer les avertissements lancés par Moscou pendant plus de dix ans contre la possibilité de faire de Kiev un allié
militaire. Pour la même raison, ils semblent commettre une erreur encore plus dangereuse en ignorant la dernière mise en garde de Poutine contre le risque de faire de l’Ukraine un pion
dans une guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie. Il est impératif de prendre ces nouveaux avertissements très au sérieux et de s’éloigner d’une guerre imminente aux
conséquences potentiellement horribles.
Le 2 mai 2014 restera un évènement majeur dans les mémoires de celles et ceux qui suivaient avec attention les événements ukrainiens dont nous étions
quelques-uns à pressentir qu’ils portaient en eux les germes d’une nouvelle tragédie européenne.
Lorsque la manifestation pacifique des pro-russes d’Odessa, qui réclamaient alors un statut fédéraliste pour protéger leur identité culturelle russe, tourne
au massacre de la maison des syndicats ou 47 d’entre eux vont être assassinés puis brûlés et plus de 200 blessés, sans compter les disparus, mon engagement anti-Maïdan, exprimé depuis
novembre 2013 s’est radicalisé ainsi que ma volonté de venir le porter sur le terrain des affrontements.
« On ne peut se rappeler sans un frémissement d’horreur la terrible tragédie d’Odessa, où des manifestants pacifiques ont été sauvagement assassinés,
brûlés vifs dans la Maison des syndicats. Les criminels qui ont commis cette atrocité n’ont pas été punis, personne ne les recherche. Mais nous connaissons leurs noms et nous ferons tout
ce qui est en notre pouvoir pour les retrouver et les traduire en justice » (Vladimir Poutine)
Mais la pire ignominie, dépassant même l’horreur absolue de ce massacre aux fumées d’Oradour sur Glane, fut sans nul doute le traitement médiatique abject
que les médias occidentaux ont consacré à cet événement majeur, qu’ils ont servilement relégué au rang de fait divers sans y relever les meurtres intentionnels et la présence de
paramilitaires nazis protégés par le nouveau pouvoir kiévien vomi du Maïdan.
Rétrospectivement, ce massacre d’Odessa préfigurait cette guerre totale qui aujourd’hui nous conduit à pas certains vers une nouvelle tragédie européenne
dont tous les rouages de le dynamique infernale étaient alors mis en place par la mafia mondialiste :
Russophobie hystérique des partisans d’un mondialisme ultra libéral hégémonique,
Violence inouïe des séides ukrainiens au service du projet atlantiste dans la région,
Complicité des gouvernances et instances occidentales des répressions organisées,
Collaboration des médias occidentaux pour cacher la Vérité et orienter les opinions,
Etc…
Quelques jours avant cette tragédie d’Odessa, le 15 avril 2014, alors que Turtchinov, président ukrainien par intérim, avait lancé à force blindés,
chasseurs bombardiers et obusiers lourds cette « Opération Spéciale Antiterroriste », hallucinante contre les populations russes du Donbass également révoltées par leur
ostracisation brutale, j’écrivais ici :
« Le soutien aveugle des gouvernances occidentales à la stratégie du chaos mondialiste, aujourd’hui dirigée contre la Russie, est d’une monstrueuse et
criminelle irresponsabilité car il menace les peuples d’Europe d’une nouvelle tragédie de l’Histoire. Cette tragédie, dont le détonateur a été déclenché sur le Maïdan a vu sa première
étape explosive engagée avec ces opérations militaires hallucinantes et disproportionnées lancées contre les populations russophones d’Ukraine (ATO). Il est urgent que les consciences
européennes se réveillent car l’Histoire nous enseigne bien dans la permanence millénaire de nos mentalités qu’il est des cinétiques géopolitiques qui sont comme des avalanches : elles
deviennent vite incontrôlables, s’accélérant sans fin en broyant tout sur leur passage jusqu’au cataclysme final qui ici peut prendre la consistance d’une nouvelle boucherie européenne…
et mondiale ! » (dans l’article intitulé « Le choc de l’Histoire… et de nos responsabilités »)
8 années plus tard, j’avoue que cela m’irrite d’avoir eu raison quand beaucoup me considérait aveuglé par une misanthropie pessimiste et imbécile, car de
fait nous sommes bien et tous sous cette avalanche géopolitique et militaire qui, de Charybde en Scylla, a fait de muer cette crise ukrainienne en guerre civile, puis la guerre civile en
guerre locale et, depuis le 24 février, en guerre régionale, dans une logique infernale laquelle est excitée par les faucons de guerre de l’OTAN, la servilité des irresponsables
occidentaux et l’apathie des populations européennes quand ce n’est pas leur suivisme de moutons bêlant joyeusement sur le chemin de leur abattoir.
Le pire est que dans cette logique de l’avalanche nous assistons aujourd’hui à cet emballement des événements dont les pires sont :
• des aides militaires
illimitée de l’OTAN notamment avec des armes lourdes en redéfinissant le rapport des forces vont obliger la Russie de consacrer plus de moyens dans le conflit en personnels et
matériels,
• une
internationalisation du conflit, avec son extension possible dans la Transnistrie pro-russe ce qui entrainerait la constitution d’une alliance en Moldavie ou un engagement des forces
bélarusses en Ukraine,
• une extension de
l’OTAN en Europe, comme par exemple avec cette intégration discutée de la Finlande laquelle, avec ses 1300 km de frontières communes et sa proximité de Saint Pétersbourg (100 km), serait
pour Moscou un nouveau casus belli.
Ce même 2 mai 2014, à Slaviansk, au Nord de la République populaire de Donetsk, cette « Opération Spéciale Antiterroriste » criminogène lançait
son premier assaut mécanisé avec l’appui des mêmes paramilitaires radicaux nationalistes qui du Maïdan au Donbass en passant par Odessa sèment depuis 8 ans terrorisent et massacrent ceux
qui revendiquent leur identité ou sympathie comme russes.
En menant un assaut militaire contre des barrages improvisés dressés par des civils en colère le gouvernement fantoche ukrainien aux ordres de Washington
(je rappelle que l’opération militaire ukrainienne contre le Donbass a été décidée le 13 avril 2014, lors de la visite à Kiev du Directeur de la CIA John Brennan) faisait basculer la
crise ukrainienne dans un conflit moderne qui, dans une escalade recherchée et entretenue à évoluer vers une guerre régionale qui aujourd’hui menace de devenir mondiale.
Ce premier assaut du 2 mai va échouer, grâce à la motivation des volontaires de Slaviansk ceux venus de Russie et au commandement d’Igor Girkin indicatif
« Strelkov », un tacticien émérite qui, contre toute attente et logique opérative, va réussir à résister aux assauts et bombardements ukrainiens suivants… pendant encore 3
mois.
Et ce 2 mai 2022, on apprend que 2 patrouilleurs maritimes russes de la classe « Raptor » (dernière génération ultra raide) ont été à priori
détruits au large d’Odessa (près de l’île aux serpents) par des drones d’attaque ukrainiens « Bayraktar TB2 » (fabrication turque. Ce nouveau coup dur pour la flotte russe de la
Mer Noire confirme bien quelle était l’importance de son croiseur-amiral « Moskva » coulé le 13 avril dernier et dont la mission de combat principale était d’assurer la
couverture antiaérienne embarquée en mer Noire.
Vidéo des caméras de tir des Bayraktar
TB2 revendiquant la destruction des 2 patrouilleurs
Quant à Slaviansk 8 années plus tard, son secteur est à nouveau au centre des opérations militaires actuelles, mais cette fois russes, qui viennent
d’arriver le 2 mai 2022 aux abords cette première localité au Nord de Slaviansk et de Kramatorsk où qui est le centre du corps de bataille ukrainien dans le Donbass.
Et tout comme les revers subis par a flotte de Sébastopol, les premiers combats terrestres qui se déroulent au Nord de Kramatorsk confirment par leur
violence la radicalisation d’un conflit russo-ukrainien qui ressemble de plus en plus à une première bataille mondiale tout comme Slaviansk était il y a 8 ans la première bataille du
conflit du Donbass !
Après une évaluation minutieuse, le
Kremlin réorganise l’échiquier géopolitique pour mettre fin à l’hégémonie unipolaire de la « nation indispensable ».
« Mais à nous il échoit De ne pouvoir reposer nulle part. Les hommes de douleur Chancellent, tombent Aveuglément d’une heure À une autre heure, Comme l’eau de rocher En rocher rejetée Par les années dans le gouffre incertain. »
– Holderlin, « Chant du destin d’Hypérion »
L’Opération Z est la première salve d’une lutte titanesque : trois décennies après la chute de l’URSS et 77 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale,
après une évaluation minutieuse, le Kremlin réorganise l’échiquier géopolitique pour mettre fin à l’hégémonie unipolaire de la « nation indispensable ». Il n’est pas étonnant
que l’Empire du Mensonge soit devenu complètement fou, obsédé par l’idée d’expulser complètement la Russie du système centré sur l’Occident.
Les États-Unis et leurs petits copains de l’OTAN sont incapables de faire face à leur perplexité lorsqu’ils sont confrontés à une perte stupéfiante : plus
de droit permettant l’utilisation géopolitique exclusive de la force pour perpétuer « nos valeurs ». Plus de domination sur tout le spectre.
La micro-image est également claire. L’État profond américain est en train d’exploiter à fond son plan d’action en Ukraine pour masquer une attaque
stratégique contre la Russie. Le « secret » était de forcer Moscou à entrer dans une guerre intra-slave en Ukraine pour briser Nord Stream 2 – et donc la dépendance de
l’Allemagne aux ressources naturelles russes. Cela mettrait fin – du moins dans un avenir prévisible – à la perspective d’une connexion russo-allemande bismarckienne qui ferait perdre aux
États-Unis le contrôle de la masse continentale eurasiatique, de la Manche au Pacifique, au profit d’un pacte Chine-Russie-Allemagne émergent.
Jusqu’à présent, le pari stratégique américain a fait des merveilles. Mais la bataille est loin d’être terminée. Les silos psychologiques
néoconservateurs/néolibéraux à l’intérieur de l’État profond considèrent la Russie comme une menace si sérieuse pour « l’ordre international fondé sur des règles » qu’ils sont
prêts à risquer, sinon à encourir, une guerre nucléaire « limitée » à cause de leur pari. Ce qui est en jeu n’est rien de moins que la perte de la domination du monde par les
Anglo-Saxons.
La maîtrise des cinq
mers
La Russie, sur la base de la parité du pouvoir d’achat (PPA), est la 6ème économie du monde, juste derrière l’Allemagne et devant le Royaume-Uni et la
France. Son économie « dure » est similaire à celle des États-Unis. La production d’acier est peut-être à peu près la même, mais la capacité intellectuelle est largement
supérieure. La Russie compte à peu près le même nombre d’ingénieurs que les États-Unis, mais ils sont beaucoup plus instruits.
Le Mossad attribue le miracle économique d’Israël, qui a créé un équivalent de la Silicon Valley, à une base d’un million d’immigrants russes. Cette Silicon
Valley israélienne se trouve être un atout essentiel du MICIMATT américain (complexe militaro-industriel-congressionnel-renseignements-médias-académie-think tank), comme l’a nommé de
manière indélébile Ray McGovern.
Les médias de l’OTAN qui aboient hystériquement que le PIB de la Russie est de la taille du Texas sont absurdes. Ce qui compte vraiment, c’est la PPA ; cela
et la supériorité des ingénieurs russes expliquent pourquoi leurs armes hypersoniques ont au moins deux ou trois générations d’avance sur celles des États-Unis. Demandez à
l’indispensable Martyanov.
L’Empire du Mensonge n’a pas de missiles défensifs dignes de ce nom, ni d’équivalents à M. Zircon et M. Sarmat. La sphère de l’OTANistan ne peut tout
simplement pas gagner une guerre, n’importe quelle guerre contre la Russie, pour cette seule raison.
Le « récit » assourdissant de l’OTAN selon lequel l’Ukraine est en train de vaincre la Russie ne peut même pas être qualifié de plaisanterie
innocente (comparez-le à la stratégie russe « Atteindre et Toucher Quelqu’un »). Le système corrompu des fanatiques du SBU mêlés aux factions ukrainiennes est fichu. Le
Pentagone le sait. La CIA ne peut pas l’admettre. Ce que l’Empire du Mensonge a en quelque sorte gagné, jusqu’à présent, c’est une « victoire » médiatique pour les UkroNazis,
pas une victoire militaire.
Le général Aleksandr Dvornikov, célèbre en Syrie, a un mandat clair : conquérir l’ensemble du Donbass, libérer totalement la Crimée et préparer l’avancée
vers Odessa et la Transnistrie tout en réduisant une Ukraine croupion au statut d’État en faillite sans aucun accès à la mer.
La mer d’Azov – reliée à la mer Caspienne par le canal Don-Volga – est déjà un lac russe. Et la mer Noire est la suivante, la connexion clé entre le
Heartland et la Méditerranée. Le système des cinq mers – Noire, Azov, Caspienne, Baltique, Blanche – consacre la Russie comme une puissance navale continentale de facto. Qui a besoin
d’eaux chaudes ?
Se déplacer « à la vitesse de la
guerre »
Le curseur de la douleur, à partir de maintenant, ne cessera d’augmenter. La réalité – c’est-à-dire les faits sur le terrain – deviendra bientôt évidente,
même pour la LugenPresse dans tous les pays l’OTAN.
Le président woke des chefs d’état-major interarmées, le général Mark Milley, s’attend à ce que l’Opération Z dure des années. C’est absurde. Les forces
armées russes peuvent se permettre d’être très méthodiques et de prendre tout le temps nécessaire pour démilitariser correctement l’Ukraine. L’Occident collectif, quant à lui, est pressé
par le temps – parce que le retour de bâton de l’économie réelle est déjà en cours et ne peut que devenir vicieux.
Le ministre de la Défense Choïgu a été très clair : tout véhicule de l’OTAN apportant des armes à Kiev sera détruit en tant que « cible militaire
légitime ».
Un rapport du service scientifique du Bundestag a
établi que l’entraînement
des soldats ukrainiens sur le sol allemand peut équivaloir, au regard du droit international, à une participation à la guerre. Et cela devient encore plus délicat lorsqu’il est
associé à des livraisons d’armes de l’OTAN : « Seulement si, en plus de la livraison d’armes, l’instruction de la partie au conflit ou l’entraînement à ces armes étaient également en
jeu, on quitterait la zone sécurisée de non-guerre ».
Maintenant au moins, il est irrémédiablement clair comment l’Empire du Mensonge « se
déplace à la vitesse de la guerre » – comme le décrit en public par le marchand d’armes devenu chef du Pentagone, Lloyd « Raytheon » Austin. En pentagonais, le
proverbial « officiel » a expliqué que c’était « une combinaison d’un centre d’appels, d’une salle de surveillance, de salles de réunion. Ils exécutent un rythme de
bataille pour soutenir les décideurs ».
Le « rythme de bataille » pentagonais proposé à une armée ukrainienne supposée « crédible, résiliente et apte au combat » est alimenté
par un système
EUCom qui transfère essentiellement les commandes d’armes des entrepôts du Pentagone aux États-Unis aux succursales de l’Empire des bases en Europe, puis au front oriental de
l’OTAN en Pologne, où elles sont acheminées par camion à travers l’Ukraine juste à temps pour être dûment incinérées par des frappes de précision russes : la panoplie d’options comprend
des missiles supersoniques P-800 Onyx, deux types d’Iskander et des Kinjals lancés depuis des Mig-31K.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné que Moscou est parfaitement conscient que les États-Unis, l’OTAN et le Royaume-Uni transfèrent non
seulement des armes, mais aussi des informations. Parallèlement, l’Occident collectif met tout sens dessus dessous, façonnant un nouvel environnement totalement orienté contre la Russie,
sans se soucier d’un semblant de partenariat dans quelque domaine que ce soit. Le collectif occidental n’envisage même pas la possibilité d’un dialogue avec la Russie.
Parler à Poutine est donc « une perte de temps », à moins qu’une « défaite russe » en Ukraine (écho d’une stridente propagande de Kiev)
ne le rende « plus réaliste ». Malgré tous ses défauts, le Petit Roi Macron/McKinsey a été une exception, au téléphone avec Poutine en début de semaine.
L’hitlérisation néo-orwellienne de Poutine le réduit, même parmi la soi-disant euro-intelligentzia, au statut de dictateur d’une nation chloroformée dans
son nationalisme du XIXe siècle. Oubliez tout semblant d’analyse historique/politique/culturelle. Poutine est un Auguste tardif, habillant son Imperium en République.
Au mieux, les Européens prêchent et prient – comme des chihuahuas jappant à la voix de leur maître – pour une stratégie hybride « d’endiguement et
d’engagement » qui serait déclenchée par les États-Unis, reprenant maladroitement les gribouillages des habitants de cette zone d’exclusion aérienne intellectuelle, Think
Tankland.
Mais en fait, les Européens préféreraient « isoler » la Russie – comme si 12% de la population mondiale « isolait » 88% (bien sûr, leur
« vision » occidentalisée ignore complètement le Sud). « L’aide » à la Russie ne viendra que lorsque les sanctions seront efficaces (c’est-à-dire jamais : le retour de
bâton sera la norme) ou – le rêve humide ultime – lorsqu’il y aura un changement de régime à Moscou.
La Chute
L’agent de relations publiques ukronazi Ursula von der Lugen a présenté le sixième train de sanctions de la (dés)Union européenne.
En tête du projet de loi figure l’exclusion de trois banques russes supplémentaires de SWIFT, dont la Sberbank. Sept banques sont déjà exclues. Cela
renforcera « l’isolement total » de la Russie. Il est inutile de commenter quelque chose qui ne trompe que la LugenPresse.
Ensuite, il y a l’embargo « progressif » sur les importations de pétrole. Plus d’importation de brut dans l’UE dans six mois et plus de produits
raffinés avant la fin de 2022. En l’état actuel des choses, l’Agence international de l’Énergie montre que 45% des exportations de pétrole de la Russie vont vers l’UE (avec 22% vers la
Chine et 10% vers les États-Unis). La voix de son maître continue et continuera à importer du pétrole russe.
Et bien sûr, 58 sanctions « personnelles » font également leur apparition, visant des personnages très dangereux comme le patriarche Kirill de
l’Église orthodoxe, ainsi que la femme, le fils et la fille du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Cette stupéfiante démonstration de stupidité devra être approuvée par tous les membres de l’UE. Une révolte interne est garantie, notamment de la part de la
Hongrie, alors que tant de pays restent prêts à commettre un suicide énergétique et à gâcher la vie de leurs citoyens en grande partie pour défendre un régime néo-nazi.
Alastair Crooke a attiré mon attention sur une interprétation originale et surprenante de ce qui se passe, proposée en russe par un analyste serbe, le
professeur Slobodan Vladusic. Sa thèse principale, en quelques mots : « Megalopolis déteste la Russie parce qu’elle n’est pas Megalopolis – elle n’est pas entrée dans la sphère de
l’anti-humanisme et c’est pourquoi elle reste une alternative de civilisation. D’où la russophobie ».
Vladusic soutient que la guerre intra-slave en Ukraine est « une grande catastrophe pour la civilisation orthodoxe » – reflétant ma première
tentative récente d’ouvrir un débat sérieux sur le Clash
des Chrétientés.
Pourtant, le principal schisme ne porte pas sur la religion mais sur la culture : « La différence essentielle entre l’ancien Occident et la Mégalopolis
d’aujourd’hui est que Mégalopolis renonce de manière programmatique à l’héritage humaniste de l’Occident ».
Ainsi, désormais, « il est possible d’effacer non seulement le canon musical, mais aussi tout l’héritage humaniste européen : toute la littérature, les
beaux-arts, la philosophie » à cause d’une « banalisation du savoir ». Ce qui reste est un espace vide, en fait un trou noir culturel, « rempli par la promotion de
termes tels que ‘posthumanisme’ et ‘transhumanisme' ».
Et c’est là que Vladusic entre dans le vif du sujet : La Russie s’oppose farouchement à la Grande Réinitialisation concoctée par les
« piratables », autoproclamés « élites » de Megalopolis.
Sergey Glazyev, qui coordonne actuellement l’élaboration d’un nouveau système financier/monétaire par l’Union économique eurasiatique (UEE) en partenariat
avec les Chinois, adapte Vladusic
aux faits sur le terrain.
Glazyev est beaucoup plus direct que dans ses analyses économiques méticuleuses. Tout en notant les objectifs de l’État profond de détruire le monde russe,
l’Iran et de bloquer la Chine, il souligne que les États-Unis « ne seront pas en mesure de gagner la guerre hybride mondiale ». Une raison essentielle est que l’Occident
collectif a « mis tous les pays indépendants devant la nécessité de trouver de nouveaux instruments monétaires mondiaux, des mécanismes d’assurance contre les risques, de restaurer
les normes du droit international et de créer leurs propres systèmes de sécurité économique ».
Alors oui, c’est la Totalen Krieg, la guerre totale – comme l’explique Glazyev sans atténuation, et comme la Russie l’a dénoncé cette semaine à l’ONU :
« La Russie doit tenir tête aux États-Unis et à l’OTAN dans leur confrontation, en la menant à sa conclusion logique, afin de ne pas être tiraillée entre eux et la Chine, qui devient
irrémédiablement le leader de l’économie mondiale ».
L’histoire finira peut-être par enregistrer, 77 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, que les psychos néoconservateurs/néolibéraux-conservateurs
dans les silos de Washington, instiguant une guerre inter-slave en ordonnant à Kiev de lancer une guerre éclair contre le Donbass, a été l’étincelle qui a conduit à la chute de l’Empire
américain.
Les récits occidentaux quotidiens
martelés sur les « victoires ukrainiennes » et les « pertes russes » sous-tendent l’absence d’une grande stratégie réelle et cohérente contre Moscou.
Si nous connaissons tous Sun Tzu, le général, stratège militaire et philosophe chinois qui a écrit l’incomparable « Art de la guerre », on connaît
moins le « Strategikon »,
l’équivalent byzantin de cet ouvrage sur la guerre.
La Byzance du VIe siècle avait vraiment besoin d’un manuel, menacée qu’elle était à l’est, successivement par la Perse sassanide, les Arabes et les Turcs,
et au nord, par des vagues d’envahisseurs des steppes, Huns, Avars, Bulgares, Petchénègues turcs semi-nomades et Magyars.
Byzance ne pouvait pas s’imposer en suivant simplement le schéma classique de la puissance brute de l’Empire romain – elle n’en avait tout simplement pas
les moyens.
La force militaire devait donc être subordonnée à la diplomatie, un moyen moins coûteux d’éviter ou de résoudre les conflits. Et nous pouvons ici établir un
lien fascinant avec la Russie d’aujourd’hui, dirigée par le président Vladimir Poutine et son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.
Mais lorsque les moyens militaires s’avéraient nécessaires pour Byzance – comme dans le cas de l’Opération Z de la Russie – il était préférable d’utiliser
l’armement pour contenir ou punir les adversaires, plutôt que d’attaquer en force.
La primauté stratégique, pour Byzance, plus que diplomatique ou militaire, était une affaire psychologique. Le mot Strategia lui-même est dérivé du grec
strategos – qui ne signifie pas « général » en termes militaires, comme le croit l’Occident, mais correspond historiquement à une fonction de gestion politico-militaire.
Tout commence par « si vis pacem para bellum » : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». La confrontation doit se développer
simultanément sur plusieurs niveaux : grande stratégie, stratégie militaire, opératif, tactique.
Mais des tactiques brillantes, d’excellentes informations opérationnelles et même des victoires importantes sur un théâtre de guerre plus vaste ne peuvent
compenser une erreur fatale en termes de grande stratégie. Il suffit de regarder les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ceux qui ont construit un empire comme les Romains, ou en ont maintenu un pendant des siècles comme les Byzantins, n’ont jamais réussi sans suivre cette
logique.
Ces « experts » du Pentagone
et de la CIA qui ne savent rien
Dans le cadre de l’Opération Z, les Russes se délectent d’une ambiguïté stratégique totale, qui déconcerte complètement l’Occident collectif. Le Pentagone
ne dispose pas de la puissance de feu intellectuelle nécessaire pour se montrer plus malin que l’état-major russe. Seules quelques exceptions comprennent qu’il ne s’agit pas d’une guerre
– puisque les forces armées ukrainiennes ont été irrémédiablement mises en déroute – mais de ce que l’expert militaire et naval russe Andrei Martyanov appelle une « opération de
police à armes combinées », un travail de démilitarisation et de dénazification en cours.
L’Agence centrale de renseignement américaine (CIA) est encore plus abyssale en termes d’erreurs, comme l’a récemment démontré sa chef Avril Haines lors de
son interrogatoire au Capitole. L’histoire montre que la CIA s’est trompée stratégiquement sur toute la ligne, du Vietnam à l’Afghanistan et à l’Irak. L’Ukraine n’est pas
différente.
Il n’a jamais été question d’une victoire militaire en Ukraine. Ce qui est en train d’être accompli, c’est la destruction lente et douloureuse de l’économie
de l’Union européenne (UE), associée à des profits extraordinaires sur les armes pour le complexe militaro-industriel occidental et à une domination sécuritaire rampante des élites
politiques de ces nations.
Ces dernières, à leur tour, ont été totalement déconcertées par les capacités C4ISR (commandement, contrôle, communications, informatique, renseignement,
surveillance et reconnaissance) de la Russie, ainsi que par l’inefficacité stupéfiante de leur propre constellation de Javelins, de NLAW, de Stingers et de drones turcs Bayraktar.
Cette ignorance va bien au-delà de la tactique et du domaine opérationnel et stratégique. Comme Martyanov le fait délicieusement remarquer, ils « ne
sauraient pas ce qui les frappe sur le champ de bataille moderne avec des quasi-pairs, alors oubliez des pairs ».
La qualité des conseils « stratégiques » émanant de l’OTAN est apparue clairement lors du fiasco
de l’île des Serpents – un ordre direct donné par des « consultants » britanniques au président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le commandant en chef des forces armées
ukrainiennes, Valeri Zaloujny, a estimé que tout cela était suicidaire. On lui a donné
raison.
Les Russes n’ont eu qu’à lancer quelques missiles Onyx de surface et antinavires de choix depuis les bastions stationnés en Crimée sur les aéroports au sud
d’Odessa. En un rien de temps, l’île des Serpents est repassée sous contrôle russe, alors même que des officiers de haut rang de la marine britannique et américaine ont
« disparu » lors du débarquement ukrainien sur l’île. Ce sont les acteurs « stratégiques » de l’OTAN qui se trouvaient sur place pour prodiguer des conseils peu
judicieux.
Une preuve supplémentaire que la débâcle de l’Ukraine concerne principalement le blanchiment d’argent – pas une stratégie militaire compétente – est
l’approbation par le Capitole d’une « aide » supplémentaire de 40 milliards de dollars à Kiev. Il s’agit d’une nouvelle aubaine pour le complexe militaro-industriel occidental,
comme l’a dûment noté le vice-président du Conseil de sécurité de la Russie, Dmitri Medvedev.
Les forces russes, quant à elles, ont apporté la diplomatie sur le champ de bataille, en remettant 10 tonnes d’aide humanitaire à la population de Kherson
libérée – le chef adjoint de l’administration militaro-civile de la région, Kirill Stremousov, ayant annoncé que Kherson souhaitait faire partie de la Fédération de Russie.
Parallèlement, Georgiy Muradov, vice-Premier ministre du gouvernement de Crimée, n’a « aucun doute sur le fait que les territoires libérés du sud de
l’ancienne Ukraine deviendront une autre région de la Russie. Ceci, comme nous l’évaluons à partir de notre communication avec les habitants de la région, est la volonté des gens
eux-mêmes, dont la plupart ont vécu pendant huit ans dans des conditions de répression et de brimades par les Ukronazis ».
Denis Pouchiline, le chef de la République populaire de Donetsk, est catégorique : la RPD est sur le point de libérer « ses territoires à l’intérieur
des frontières constitutionnelles », puis un référendum sur l’adhésion à la Russie aura lieu. En ce qui concerne la République populaire de Lougansk, le processus d’intégration
pourrait même intervenir plus tôt : la seule zone restant à libérer est la région urbaine de Lyssytchansk-Sievierodonetsk.
Le « Stalingrad du
Donbass »
Bien que le rythme de l’Opération Z fasse l’objet d’un débat animé parmi les meilleurs analystes russes, la planification militaire russe se déroule
méthodiquement, comme si elle prenait tout le temps nécessaire pour consolider les faits sur le terrain.
Le meilleur exemple est sans doute le sort réservé aux néonazis d’Azov à Azovstal, à Marioupol – l’unité la mieux équipée des Ukrainiens, de loin. Au final,
ils ont été totalement dépassés par un contingent de Spetsnaz russes/tchétchènes numériquement inférieur, et en un temps record pour une si grande ville.
Un autre exemple est l’avancée sur Izioum, dans la région de Kharkiv – une tête de pont clé sur la ligne de front. Le ministère russe de la Défense suit le
modèle consistant à écraser l’ennemi tout en avançant lentement ; s’il rencontre une résistance sérieuse, il s’arrête et brise les lignes défensives ukrainiennes par des frappes de
missiles et d’artillerie ininterrompues.
Popasna, à Lougansk, surnommée par de nombreux analystes russes « Marioupol sous stéroïdes » ou « le Stalingrad du Donbass », est
désormais sous le contrôle total de la République populaire de Lougansk, après que celle-ci a réussi à ouvrir une brèche dans une forteresse de facto comportant des tranchées souterraines
reliées entre elles et situées entre la plupart des maisons civiles. Popasna est extrêmement importante sur le plan stratégique, car sa capture brise la première ligne de défense la plus
puissante des Ukrainiens dans le Donbass.
Cela conduira probablement à l’étape suivante, avec une offensive sur Bakhmut le long de l’autoroute H-32. La ligne de front sera alignée, du nord au sud.
Bakhmut sera la clé pour prendre le contrôle de l’autoroute M-03, la principale route vers Sloviansk depuis le sud.
Il ne s’agit là que d’une illustration de l’application par l’état-major russe de sa stratégie méthodique et minutieuse, dont l’impératif principal pourrait
être défini comme une avancée préservant le personnel. Avec l’avantage supplémentaire de n’engager qu’une fraction de la puissance de feu russe globale.
La stratégie russe sur le champ de bataille contraste fortement avec l’obstination de l’UE à être réduite au statut de repas pour chiens américain,
Bruxelles menant des économies nationales entières à des degrés divers d’effondrement certifié et de chaos.
Une fois de plus, c’est au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, un maître de la diplomatie, qu’il revenait de résumer cette
stratégie.
Question : « Que pensez-vous de l’initiative de Josep Borrell (homologue de Lavrov au sein de l’UE) visant à donner à l’Ukraine des actifs russes gelés
à titre de « réparations » ? Peut-on dire que les masques sont tombés et que l’Occident passe au vol ouvert ? »
Lavrov : « On peut dire que c’est du vol, qu’ils ne cherchent pas à cacher… Cela devient une habitude pour l’Occident… Nous pourrions bientôt voir le
poste de diplomate en chef de l’UE supprimé, car l’UE n’a pratiquement pas de politique étrangère propre et agit entièrement en solidarité avec les approches imposées par les
États-Unis ».
L’UE n’est même pas capable d’élaborer une stratégie pour défendre son propre champ de bataille économique – elle assiste à la fermeture de facto et
progressive de son approvisionnement énergétique par les États-Unis. Nous sommes ici dans le domaine où les États-Unis excellent sur le plan tactique : le chantage économique/financier.
Nous ne pouvons pas appeler cela des mouvements « stratégiques » car ils se retournent presque toujours contre les intérêts hégémoniques des États-Unis.
Comparez cela avec la Russie qui atteint son plus grand excédent de l’histoire, avec l’augmentation et la hausse des prix des matières premières et le rôle
à venir du rouble, de plus en plus fort, en tant que monnaie basée sur les ressources naturelles et également soutenue par l’or.
Moscou dépense bien moins que le contingent de l’OTAN sur le théâtre ukrainien. L’OTAN a déjà gaspillé 50 milliards de dollars – et ce n’est pas fini –
alors que les Russes ont dépensé 4 milliards de dollars, plus ou moins, et ont déjà conquis Marioupol, Berdiansk, Kherson et Melitopol, créé un corridor terrestre vers la Crimée (et
sécurisé son approvisionnement en eau), contrôlé la mer d’Azov et sa principale ville portuaire, et libéré Volnovakha et Popasna, stratégiquement vitales dans le Donbass, ainsi qu’Izioum
près de Kharkiv.
Sans compter que la Russie a précipité l’ensemble de l’Occident dans un niveau de récession jamais vu depuis les années 1970.
La victoire stratégique de la Russie, telle qu’elle se présente, est militaire, économique et pourrait même se conjuguer au plan géopolitique. Des siècles
après la rédaction du « Strategikon » byzantin, les pays du Sud auraient tout intérêt à se familiariser avec la version russe de « L’Art de la guerre » du XXIe siècle.
Avec l’aide active des
« dirigeants » européens, les États-Unis parviennent à ruiner l’Europe.
Comme l’écrivait Michael Hudson, professeur et chercheur en économie à l’université du Missouri à Kansas City, début février, avant l’intervention de la Russie en Ukraine
:
L’Amérique n’a plus la puissance monétaire, l’excédent commercial et une balance des paiements toujours positive qui lui permettait d’élaborer les règles du
commerce et de l’investissement dans le monde depuis 1944-45. La menace qui pèse sur la domination américaine est que la Chine,
la Russie et le cœur de l’île-monde eurasienne de Mackinder offrent de meilleures opportunités de commerce et d’investissement que celles offertes par les États-Unis, qui demandent
de plus en plus désespérément des sacrifices à leurs alliés de l’OTAN et autres.
L’exemple le plus
flagrant est la volonté des États-Unis d’empêcher l’Allemagne d’autoriser la construction du gazoduc Nord Stream 2 afin d’obtenir du gaz russe pour les prochains froids. Angela
Merkel s’est mise d’accord avec Donald Trump pour dépenser un milliard de dollars dans la construction d’un nouveau port GNL afin de devenir plus dépendante du GNL américain, dont le prix est
élevé. (Le plan a été annulé après que les élections américaines et allemandes ont changé les deux dirigeants). Mais l’Allemagne n’a pas d’autre moyen de chauffer un grand nombre de ses
maisons et immeubles de bureaux (ou d’approvisionner ses entreprises d’engrais) que le gaz russe.
Le seul moyen qui
restait aux diplomates américains pour bloquer les achats européens était d’inciter la Russie à lancer une réponse militaire, puis de prétendre que la réplique à cette réponse doit l’emporter
sur tout intérêt économique purement national. Comme l’a expliqué la sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, Victoria Nuland, lors d’un point de presse du département d’État,
le 27 janvier : « Si la
Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, le Nord Stream 2 n’avancera plus ». Le problème est de créer un incident suffisamment offensif et de
dépeindre la Russie comme l’agresseur.
À la mi-février, un observateur de l’OSCE notait que les bombardements d’artillerie sur le Donbass par les Ukrainiens était passé d’une poignée à plus de 2 000 explosions par jour. La Russie a réagi à ces
préparatifs d’attaque en reconnaissant les républiques du Donbass, en signant des accords de défense avec elles et en leur venant finalement en aide.
Peu après le lancement de l’opération militaire russe, le professeur Hudson a approfondi ses réflexions :
La récente
provocation de la Russie par l’expansion de la violence ethnique anti-russe par le régime néo-nazi ukrainien de Maiden post-2014 vise à provoquer une épreuve de force. Elle répond à
la crainte des intérêts américains de perdre leur emprise économique et politique sur leurs alliés de l’OTAN et d’autres satellites de la zone dollar, car ces pays ont vu leurs principales
opportunités de gain dans l’augmentation de leur commerce et de leurs investissements avec la Chine et la Russie. …
Comme l’a expliqué le président Biden, l’escalade militaire actuelle (« en agaçant l’ours ») ne concerne pas vraiment l’Ukraine. Biden a promis dès le
départ qu’aucune troupe américaine ne serait impliquée. Mais il exige depuis plus d’un an que l’Allemagne empêche le gazoduc Nord Stream 2 d’approvisionner son industrie et ses logements en
gaz à bas prix et se tourne vers les fournisseurs américains, dont les prix sont beaucoup plus élevés. …
L’objectif
stratégique américain le plus urgent de la confrontation entre l’OTAN et la Russie est la flambée des prix du pétrole et du gaz. En plus de créer des profits et des gains boursiers pour les
entreprises américaines, les prix plus élevés de l’énergie vont faire perdre une grande partie de sa vapeur à l’économie allemande.
Au début du mois d’avril, le professeur Hudson refaisait un point sur la situation :
Il est maintenant
clair que la nouvelle guerre froide a été planifiée il y a plus d’un an par les États-Unis, avec la stratégie de bloquer le Nord Stream 2 dans le cadre de son objectif d’empêcher l’Europe
occidentale (« OTAN ») d’augmenter sa prospérité par le commerce et les investissements mutuels avec la Chine et la Russie. …
Ainsi, les régions russophones de Donetsk et de Louhansk ont été bombardées avec une intensité croissante, et comme la Russie s’abstenait de répondre, des plans
auraient été élaborés pour lancer une grande épreuve de force en février dernier ;- une attaque lourde de l’Ukraine occidentale organisée par des conseillers américains et armée par l’OTAN.
…
Avant la guerre des
sanctions, le commerce et les investissements européens promettaient une prospérité mutuelle croissante grâce aux relations entre l’Allemagne, la France et d’autres pays de l’OTAN d’un côté
et la Russie et de la Chine de l’autre. La Russie fournissait une énergie abondante à un prix compétitif, et cet approvisionnement énergétique devait faire un bond en avant avec Nord
Stream 2.
L’Europe devait gagner les devises étrangères nécessaires pour payer ce commerce d’importation croissant en exportant davantage de produits industriels vers la
Russie et en investissant dans la reconstruction de l’économie russe, par exemple par des entreprises automobiles allemandes, des avions et des investissements financiers. Ce commerce et ces investissements bilatéraux sont désormais
interrompus pour de très nombreuses années, étant donné la confiscation par l’OTAN des réserves étrangères de la Russie conservées en euros et en livres sterling.
La réponse européenne à la guerre par procuration des États-Unis contre la Russie est basée sur une moralisation hystérique menée par les médias, ou alors une
hystérie moralisatrice. Elle n’était et n’est toujours ni rationnelle ni réaliste.
Les « dirigeants » européens ont décidé que le
suicide économique de l’Europe était nécessaire pour montrer à la Russie que Bruxelles était sérieusement fâchée. Des gouvernements nationaux imbéciles, y compris celui de l’Allemagne, ont suivi
ce programme. S’ils continuent sur leur lancée, le résultat sera une désindustrialisation complète de l’Europe occidentale.
Pour reprendre les termes d’un observateur sérieux :
Aujourd’hui, nous constatons que pour des raisons purement politiques, poussés par leurs propres ambitions, et sous la pression de leur suzerain américain, les
pays européens imposent davantage de sanctions sur les marchés du pétrole et du gaz, ce qui entraînera davantage d’inflation. Au lieu d’admettre leurs erreurs, ils cherchent un coupable
ailleurs. …
On a l’impression que
les politiciens et les économistes occidentaux oublient tout simplement les lois économiques de base ou choisissent simplement de les ignorer. …
Dire non à l’énergie
russe signifie que l’Europe deviendra systématiquement et durablement la région du monde la plus coûteuse en ressources énergétiques. Oui, les prix vont augmenter, et des ressources
vont aller contrer ces hausses de prix, mais cela ne changera pas la situation de manière significative. Certains analystes affirment que cela portera gravement, voire
irrévocablement, atteinte à la compétitivité d’une partie importante de l’industrie européenne, qui perd déjà du terrain au profit d’entreprises d’autres régions du monde.
Maintenant, ces processus vont certainement s’accélérer. Il est clair que les possibilités d’activité économique, avec ses améliorations, quitteront l’Europe
pour d’autres régions, tout comme les ressources énergétiques de la Russie.
Cet autodafé
économique… ce suicide est, bien sûr, l’affaire interne des pays européens. …
Or, les actions erratiques de nos partenaires – c’est ce qu’elles sont – ont entraîné une croissance de facto des revenus du secteur pétrolier et gazier russe,
en plus des dommages causés à l’économie européenne. …
En comprenant les mesures que l’Occident prendra dans un avenir proche, nous devons tirer des conclusions à l’avance et être proactifs, en tournant les mesures
chaotiques irréfléchies de certains de nos partenaires à notre avantage pour le bien de notre pays. Naturellement, nous ne devons pas espérer que leurs erreurs se répètent. Nous devons
simplement, pratiquement, partir des réalités actuelles, comme je l’ai dit.
Tiré du discours de Vladimir Poutine, lors d’une réunion sur le développement de l’industrie pétrolière, 17 mai 2020, Kremlin, Moscou
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Bombardement de Belgrade (1999) vs Bombardement de Kiev (2022)
La politique de bombardement de l’OTAN
en Ex-Yougoslavie en 1999 et celle de la Russie en Ukraine sont intéressantes à comparer : objectifs et planification strictement militaire côté russe ; côté américain, on n’oublie pas de
tirer sur des objectifs qui présentent un intérêt médiatique et politique.
Les Russes essaient de s’en tenir à des objectifs strictement militaires et évitent au maximum de pénaliser les civils. Par exemple, ils ne cherchent pas à
couper l’électricité, les livraisons de gaz viennent seulement d’être coupée – avec l’arrivée du printemps – alors que cela fait un moment que Kiev ne paie plus.
Les ponts sont rarement touchés, ne sont susceptibles d’être visés que ceux par lesquels les armes occidentales entrent en Ukraine, pour l’instant, il n’y a
guère que le pont à Odessa dont on ait entendu parler. Les ponts sur le Dniepr ne sont pas touchés, il est vrai que les Russes sont tout à fait favorables au fait que les Ukrainiens
envoient leurs réserves dans le laminoir du Donbass, ils estiment que c’est plus facile de les écraser là que d’aller les chercher ensuite dans les Carpates.
De même, le réseau ferroviaire n’a été touché que longtemps après le début de l’opération, il est vrai que, là aussi, les militaires russes avaient une
arrière-pensée : pour eux, le moment optimal pour frapper le réseau, c’était au moment de l’arrivée effective des livraisons d’armes, ainsi, on provoque des embouteillages de convois très
vulnérables aux attaques de missiles. Mais, en tout cas pour l’instant, les bâtiments administratifs ne sont pas touchés, les résidences officielles ou personnelles de Zelensky ne sont
pas inquiétées. Les Russes semblent totalement négliger la planification politique et médiatique de la campagne.
À Belgrade, les bombardements ont débuté le 24 mars (1999), et pratiquement tout de suite, dans la nuit du 4 au 5 avril, les Américains bombardaient le
ministère de l’Intérieur rue Kneza-Milosa, l’une des principales artères de la capitale, puis, dans la foulée, l’académie de police. La phase I de la campagne, l’élimination des défenses
antiaériennes, n’était pourtant pas achevée, et la phase II, bombardement des troupes au sol, à peine entamée, mais visiblement, les Américains étaient pressés de passer au plus tôt à la
phase III : les objectifs politiques.
Péripétie cocasse, le ministère de l’Intérieur yougoslave était client de la société d’informatique Bull, et deux ingénieurs français étaient détachés
là-bas depuis trois semaines, poursuivant leurs prestations comme si de rien n’était : visiblement, on ne pensait pas que le bâtiment pouvait être une cible légitime, mais le lundi, bien
entendu, ils en ont été quittes pour prendre le premier avion pour Paris, comme quoi, la destruction du ministère était même prioritaire sur la destruction d’un aéroport ! Si jamais il y
avait eu une chambre de torture dans le ministère, les deux Français ne l’ont pas vue, dans les sous-sols non plus, c’est justement là que se trouvaient les salles informatiques dans
lesquelles ils travaillaient. Mais d’après l’OTAN, jamais avare d’une énormité sur ses ennemis, c’est là qu’était planifiée l’épuration ethnique au Kosovo !
Sans doute dans la même logique, le 21 avril, c’est le bombardement du bâtiment abritant le siège du Parti socialiste serbe (SPS) de Milosevic. Sa résidence
sera touchée le lendemain.
Mais même au-delà des ministères, l’OTAN s’en prenait aussi aux infrastructures civiles :
Deux centrales de chauffage urbain et un aqueduc ont été détruits à Novi Sad et Novi Beograd. Les ponts sur le Danube étaient coupés, notamment à Novi Sad,
alors que des civils l’empruntaient, ou celui de Backa Palanka, le but étant d’entraver les communications terrestres et les transports fluviaux. Le 23 avril, raid contre le bâtiment de
la télévision serbe RTS à Belgrade qui fait au moins 8 morts. Le 3 mai, première utilisation des bombes à graphite qui coupent le courant électrique dans presque toute la Serbie pendant
une nuit. Bien entendu, l’OTAN avait imposé un embargo pétrolier à la Yougoslavie.
Pour finir, une liste des vilaines
bavures de l’OTAN, la plus grosse, la date est facile à retenir, le 8 mai, c’était l’ambassade de Chine !
5 avril : première bavure. L’OTAN bombarde par erreur une zone résidentielle dans la ville d’Aleksinac, faisant 17 morts, selon Belgrade.
12 avril : bombardement à Grdelicka d’un pont où passait un train de voyageurs : 55 morts, selon Belgrade.
27 avril : un raid touche une zone résidentielle de Surdulica (Serbie) : une vingtaine de morts, selon la RTS.
1er mai : un autocar est bombardé sur un pont près de Pristina : 47 morts, de source serbe. Belgrade propose une force civile internationale au
Kosovo.
14 mai : 87 morts dans le bombardement d’un village au sud du Kosovo. L’OTAN évoque l’hypothèse d’une utilisation de « boucliers humains ».
30 mai : plusieurs bavures de l’OTAN font 55 morts, de source serbe.
1er juin : l’OTAN déclare avoir
détruit en 26 000 raids les deux tiers des armes lourdes des forces serbes au Kosovo : on sait aujourd’hui que c’était le début de la guerre contre la Russie.
Sommet de l’OTSC : Le système unipolaire de l’ordre mondial appartient irrémédiablement au passé, mais l’Occident collectif mène une lutte acharnée pour maintenir ses positions
Le 16 mai 2022, le Kremlin a accueilli une réunion des dirigeants des États membres de l’Organisation du Traité de sécurité collective. La session, prévue
pour coïncider avec le 30e anniversaire du Traité de sécurité collective et le 20e anniversaire de l’Organisation, a réuni les dirigeants de la Russie, de l’Arménie, de la Biélorussie, du
Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan. L’attention principale lors du sommet a été accordée aux questions clés de l’interaction dans le cadre de l’OTSC, aux problèmes
internationaux et régionaux actuels, ainsi qu’aux mesures visant à améliorer davantage le système de sécurité collective.
Au cours de la réunion, les dirigeants ont signé la déclaration du Conseil de sécurité collective de l’Organisation du Traité de sécurité collective à l’occasion du 30e
anniversaire du Traité de sécurité collective et du 20e anniversaire de l’Organisation du Traité de sécurité collective. La décision de l’Organisation du Traité de sécurité collective de
l’Organisation du Traité de sécurité collective «Sur l’attribution des participants à l’opération de maintien de la paix de l’OTSC sur le territoire de la République du Kazakhstan» a
également été signée.
L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) (russe : Организация Договора о коллективной безопасности (ОДКБ)) est une organisation à vocation
politico-militaire fondée le 7 octobre 2002. Elle regroupe l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan.
L’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN va entraîner une mobilisation générale des pays fédérés par la Russie dans l’architecture sécuritaire de
l’OTSC… Lors de ce sommet à Moscou, le Président biélorusse, Loukachenko, a déclaré que l’objectif de l’Occident était clair, affaiblir la Russie autant que possible. Il a exhorté
l’alliance militaire de l’OTSC à s’unir contre l’Occident. Luc Marin écrit sur le réseau social russe VKontakte : « Lors de ce sommet,
Vladimir Poutine a annoncé la tenue d’exercices militaires pour cet automne au Kazakhstan, au Kirghizistan et au Tadjikistan. La préparation au combat et le niveau de coordination des
structures militaires seront augmentés. Avec le soutien de la Chine, des pays Africains, et beaucoup d’autres pas encore déclarés, la RKM Nazi du N.O.M unipolaire et son pétrodollars est
finieBQQQQMMMMWWG1WGA»
À la suggestion du président — et aujourd’hui la présidence est entre les mains de l’Arménie — nous nous sommes réunis à Moscou, car il y a 30 ans, le
traité de sécurité collective a été signé, et il y a 20 ans, sur la base de ce Traité, l’Organisation du Traité de sécurité collective a été créée.
Autrement dit, nous avons en fait deux anniversaires, pratiquement le même jour — les 14 et 15 [date] du mois en cours en 1992 et 2002, respectivement. Je
vous félicite pour cet événement.
J’espère que l’Organisation, qui au cours des années précédentes s’est transformée en une structure internationale à part entière, continuera à se
développer, en gardant à l’esprit les temps difficiles. Mais je voudrais noter à cet égard que tant en 1992 qu’en 2002, il y a eu aussi des moments difficiles, ils ne finissent
jamais.
L’organisation joue un rôle très important dans l’espace post-soviétique — un rôle stabilisateur. J’espère qu’en ce sens ses capacités et son influence sur
la situation dans notre domaine de responsabilité ne feront qu’augmenter.
Ceci conclut mon discours de bienvenue et je passe la parole au président du [Conseil de sécurité collective de l’OTSC] — le Premier ministre
d’Arménie.
Je m’associe également aux félicitations à l’occasion de deux anniversaires, comme l’a déjà dit Vladimir Vladimirovitch [Poutine]. Le 15 mai 1992, le Traité
de sécurité collective a été signé, et en 2002, le 14 mai, il a été décidé de créer l’Organisation de sécurité collective, et aujourd’hui nous sommes réunis à l’occasion de ces deux
anniversaires.
Je propose qu’on parle de l’anniversaire et de la situation, comme toujours, je pense, par ordre alphabétique. Il est prévu des discours de trois à cinq
minutes — c’est la partie ouverte.
Après cela, nous signerons les documents qui sont préparés pour la signature, et après cela, nous poursuivrons notre discussion à huis clos.
La parole est donnée au Président de la République du Bélarus. Je vous en prie.
Je
parlerai un peu plus longtemps que d’habitude, puisque je suis le premier à parler, et le temps est tel.
La réunion d’aujourd’hui se déroule à un moment difficile, comme vient de le dire Vladimir Vladimirovitch [Poutine], le temps de la redivision du monde
: le système
unipolaire de l’ordre mondial appartient irrémédiablement au passé, mais l’Occident collectif mène une lutte acharnée pour maintenir ses positions.
Tous les moyens sont utilisés, y compris ceux qui relèvent de la responsabilité de notre Organisation : des coups de sabre de l’OTAN près de nos frontières
occidentales à une guerre hybride à grande échelle déclenchée contre nous, principalement contre la Russie et la Biélorussie.
L’OTAN se muscle agressivement, attirant dans ses filets la Finlande et la Suède, hier neutres, agissant sur le principe « qui n’est pas avec
nous est contre nous », continuant hypocritement d’afficher son orientation défensive. Dans ce contexte, la position véritablement défensive et pacifique de l’Organisation du Traité
de sécurité collective apparaît en contraste.
Sur le flanc ouest de notre Organisation, la présence militaire des États-Unis se renforce, l’infrastructure militaire se modernise à un rythme accéléré et
de nombreux exercices de l’OTAN sont en cours. En ce moment, sur le territoire de 19 pays européens, y compris près de nos frontières en Pologne, des exercices à grande échelle ont lieu —
nous n’avons jamais vu cela auparavant — « Défenseurs de l’Europe – 2022 ». De qui ils sont protégés — devinez par vous-même.
Jusqu’à présent, il y a un regroupement d’environ 15 000 militaires à la frontière biélorusse-polonaise, déployés l’année dernière sous prétexte d’une crise
migratoire — cela s’ajoute aux troupes permanentes qui y étaient présentes : 15 000, pour la plupart des Américains, ont été déployé l’année dernière. Les migrants ne sont plus là depuis
longtemps, mais les troupes sont debout. La question est pourquoi ?
Il est évident qu’aujourd’hui aucun pays ne représente une menace pour le bloc de l’Atlantique Nord. De plus, en plus des 15 000 personnes impliquées sur
les territoires de la Pologne et des pays baltes dans les opérations des forces armées américaines « Atlantic Resolve » et des forces armées combinées de l’OTAN « Reinforced Forward
Presence », un groupe supplémentaire est arrivé pour renforcer le flanc oriental de l’alliance — plus de 10 000 militaires. Et si, disons, peut-être, il y a sept ans, il y avait 3 500
soldats à cet endroit (en référence à S. Zas) lorsque vous y étiez, il y en a maintenant environ 40 000 — directement sur le territoire de la Pologne, les États baltes. Je ne parle pas
encore de l’Ukraine.
Et ici, notre interaction militaire dans le cadre de l’État uni de la Biélorussie et de la Russie, l’adhésion de la Biélorussie à l’OTSC sont les
stabilisateurs mêmes qui ont un certain effet dégrisant sur les têtes brûlées de l’autre côté de la frontière. Cet exemple montre que si ce n’était pas le cas, je crains qu’une guerre «
chaude » n’existe déjà sur le territoire de la Biélorussie. Au fait, ils l’ont essayé en 2020.
Aujourd’hui, il n’y a pas de question plus d’actualité et plus importante que le conflit autour de l’Ukraine. Depuis 2014, nous avons tous fourni toute
l’assistance nécessaire afin de le résoudre. En principe, nous tous assis à la table sommes prêts à le faire maintenant dans n’importe quel format.
Il est clair que l’Ukraine a été incitée, la bourrant de nationalisme, de nazisme — preuve à Odessa, lorsque des vivants ont été brûlés — et de fascisme, de
russophobie et d’armes. Empoisonné que seulement possible.
Après les élections en Biélorussie en août 2020, concernant l’interaction avec nous, avec la Biélorussie, l’Ukraine complètement, comme on dit parmi le
peuple, « est tombée sous
l’Occident ». Au cours des deux dernières années, nous avons constamment subi des actions hostiles de la part de notre voisin du sud.
L’Ukraine nous a imposé des sanctions de manière proactive, c’est-à-dire que l’Occident n’a encore imposé aucune sanction, y compris les Américains —
l’Ukraine a été la première à le faire. Se souvenir ? Le ciel était fermé, la communication ferroviaire, puis ils ont commencé à former des militants, nous les ont plantés, puis des armes
ont traversé la frontière — tout est connu. L’aviation a mené des actions provocatrices en effectuant des reconnaissances par des drones ukrainiens dans l’espace aérien de la
Biélorussie.
Les faits qui parlent d’une menace à notre sécurité nationale sont indéniables. C’est pourquoi nous avons activé à juste titre le mécanisme de soutien dans
le cadre de l’alliance avec la Russie.
Même avant le début de l’opération militaire russe, la Biélorussie a prêté attention à la croissance injustifiée de la présence militaire de l’Occident en
Ukraine et dans l’ensemble de la région. Nous en avons parlé à plusieurs reprises et averti que les choses se dirigeaient vers un conflit. On s’attendait à ce que l’Occident, et surtout
les États-Unis, profitent néanmoins de l’offre bien connue de la Russie pour lancer des négociations sur les garanties de sécurité. Tôt ou tard, dans un avenir prévisible, ce processus
commencera de toute façon, mais ce qui restera de l’Ukraine et de notre région à ce moment-là est une question.
Jusqu’à présent, en Occident, y compris à Washington, on ne voit qu’une volonté de prolonger le conflit autant que possible. Pour cela, l’Ukraine continue
d’être gonflée d’armes. Les objectifs sont clairs : affaiblir au maximum la Russie, la « noyer », comme on dit, dans cette guerre, ou la faire éclater plus largement, on le voit aussi. Si
telle est l’intention, alors, probablement, personne ne pourra s’asseoir.
Aujourd’hui, la tendance la plus dangereuse en Ukraine est la tentative de démembrer l’Ukraine. Des milliers de subdivisions ont déjà été créées pour entrer
en Ukraine sous couvert de casques bleus et la « protéger ».
Dans des conditions de mépris total des normes et principes du droit international, l’unité et la solidarité des personnes partageant les mêmes idées sont
particulièrement importantes. Les États membres de l’OTSC ont fait preuve d’une solidarité et d’une assistance similaires dans les moments difficiles en janvier de cette année : vous vous
souvenez des événements au Kazakhstan. L’opportunité et l’efficacité de cette démarche ont clairement démontré au monde entier les liens alliés étroits, la viabilité et le potentiel de
l’Organisation à assurer la sécurité de ses États membres. Personne en Occident n’a même osé penser à s’impliquer dans cette situation, car ensemble nous sommes forts.
Cependant, peut-on dire aujourd’hui que nous, dans notre Organisation, sommes ensemble et toujours liés par des liens de solidarité et d’entraide ? Comme le
montrent les événements récents — de notre point de vue, je me trompe peut-être — il semble que non. Que vaut l’interdiction par les partenaires individuels de l’OTSC des vols vers eux
par des avions de compagnies aériennes nationales d’autres États membres de cette Organisation.
Dans le contexte des pressions de sanctions les plus sévères et les plus enragées de l’Occident consolidé, les postulats d’unité et de solidarité ne
fonctionnent pas toujours. Cela se voit, malheureusement, dans le vote dans les organisations internationales.
Avec le consentement tacite de nos partenaires, la Biélorussie et la Russie — contrairement à toutes les lois de la vie internationale, au gré de l’Occident
— sont diffamées et exclues des organisations internationales. Oui, il y a des pressions, des pressions dures et sans scrupules, sur vous, membres de l’OTSC, mais c’est précisément pour
de telles situations que l’entraide collective existe. Sans le ralliement rapide de nos pays, sans le renforcement des liens politiques, économiques et militaires, demain nous
n’existerons peut-être pas.
De la part de nos ennemis et adversaires, il y a un relâchement systématique des bastions et des liens alliés, et en cela nous aidons nous-mêmes en partie
l’Occident. Je suis sûr que si nous avions immédiatement agi en front uni, il n’y aurait pas eu ces sanctions infernales, comme on dit.
Regardez à quel point l’Union européenne vote et agit de manière monolithique, à quel point sa discipline intra-bloc est forte. Elle s’étend automatiquement
même à ceux qui ne sont pas d’accord avec les décisions prises. La question se pose : qui nous empêche d’utiliser cette ressource de bloc ? Ici, nous devons prendre exemple sur eux — un
par un, nous serons simplement écrasés et déchirés.
En janvier dernier, j’avais prévenu que l’objectif principal de certaines forces extérieures était de saper la stabilité et de perturber la voie évolutive
du développement dans tout l’espace post-soviétique. Nous avons commencé par la Biélorussie, puis l’infection s’est propagée au Kazakhstan, maintenant la Russie est la suivante, comme
nous le voyons, et des problèmes se créent en Arménie. Inutile de penser qu’il contournera quelqu’un.
Il est maintenant absolument clair que, sans rencontrer une opposition unie des alliés de l’Organisation et des autres associations d’intégration dans
l’espace post-soviétique, l’Occident collectif augmentera sa pression.
Que faut-il faire pour renforcer l’OTSC dans la situation inédite actuelle ? Jusqu’à présent, je peux voir les prochaines étapes, juste les plus
prioritaires, il y en a beaucoup, Imamali
Charipovitch en a beaucoup parlé en son temps, faisant référence au problème de cette région.
Le premier est le renforcement de l’interaction politique et de la coordination des États membres de l’OTSC. Il est nécessaire d’accroître l’efficacité du
mécanisme de consultation sur les questions de politique étrangère et de sécurité. Nous devons parler plus souvent au nom de l’OTSC sur les plates-formes internationales afin que la voix
et la position de l’Organisation puissent être vues et entendues, et cette voix et cette position doivent être unies, comme en Occident.
Que nos ministres des affaires étrangères réfléchissent à où et comment faire cela afin d’obtenir l’effet optimal. Qu’ils réfléchissent à la manière dont
nous devrions réagir politiquement à une nouvelle vague d’élargissement de l’OTAN, en tenant compte des intentions exprimées par des États bien connus.
Nous devons définir à l’avance la position de l’Organisation sur cette question et porter nos intérêts à l’attention de la communauté mondiale. Nous devons
être unis dans ce domaine. Il n’y a pas que la Russie qui devrait
exprimer son inquiétude et lutter seule en ce moment contre la tentative d’élargissement de l’OTAN.
Le second est d’accroître l’efficacité de la lutte contre les défis et les menaces dans l’espace de l’information, y compris la lutte contre les
contrefaçons et la désinformation. Il est clair qu’une guerre hybride est maintenant lancée contre nous, dont l’essentiel est la guerre de l’information.
Pour contrer cela, il est nécessaire d’utiliser au maximum le potentiel de l’accord de coopération de l’OTSC de 2017 dans le domaine de la sécurité de
l’information, de promouvoir activement l’OTSC dans les réseaux sociaux, qui sont intensivement utilisés par nos adversaires occidentaux, afin pour répondre efficacement aux contrefaçons
et au bourrage d’informations. De plus, nous devons réfléchir sérieusement et, peut-être, suivre le chemin de la Chine dans la guerre de l’information, en particulier sur Internet.
Des tâches pertinentes devraient être confiées à tous les ministères des affaires étrangères, aux services spéciaux et au secrétariat de l’OTSC.
Troisièmement, il est clairement nécessaire de renforcer la composante prévisionnelle et analytique du travail du Secrétariat de l’OTSC. Je suis sûr qu’il
existe des structures similaires à l’ONU, à l’Union européenne et à l’OTAN. Il pourrait être utile d’envisager la création d’une unité au sein du Secrétariat chargée de l’analyse et de la
planification stratégique. Je pense que le secrétaire général doit travailler sur cette question.
Quatrièmement, il convient de penser à combiner le potentiel des centres d’analyse des États membres de l’OTSC et à mettre en réseau ces structures pour
aider à l’élaboration de documents conceptuels sur des questions d’actualité à l’ordre du jour international.
Chers amis !
Ce que je propose en ce moment des plus difficiles, des choses si simples en apparence, est dû au fait que, peut-être, nous ne nous mettrons pas
immédiatement d’accord sur des choses plus complexes. Par conséquent, ce seront peut-être les premiers pas, mais nous devons aller plus loin et plus profondément, comme ils l’ont dit
auparavant.
Chers collègues !
Tout le monde comprend que l’ère historique qui existait auparavant se termine et qu’il n’y aura pas de retour à l’ordre antérieur. Nous ne pouvons pas
permettre la création d’une nouvelle architecture internationale sans nous, alors que le bourrage à l’Ouest se fait déjà, et qu’on en parle.
Je crois que l’OTSC doit fermement renforcer son statut dans le système international de freins et contrepoids. L’Organisation dispose d’un puissant
potentiel collectif de développement progressif ultérieur, mais l’efficacité avec laquelle elle l’utilisera et si elle conservera son existence dans les 10, 20, peut-être 30 prochaines
années, ne dépend que de nous aujourd’hui, de nous.
Après l’Arménie, la présidence de l’OTSC passera à la Biélorussie. En plus des domaines de travail prometteurs décrits ci-dessus, nous envisageons déjà
sérieusement de nouvelles propositions visant au développement de notre Organisation, et ces domaines vous seront communiqués dans un proche avenir. Nous comptons sur le soutien maximal
et le travail constructif de vous tous, nos collègues. Nous n’avons pas d’autre choix.
Ne vous y trompez pas :
La guerre tragique qui se déroule actuellement sur les champs de bataille ukrainiens n’est pas entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, mais entre la Fédération
de Russie et l’OTAN contrôlée par les États-Unis. Cette dernière, également appelée « l’Occident collectif », promeut une idéologie
agressive de violence organisée, une doctrine politiquement, économiquement et militairement renforcée, connue par euphémisme sous le nom de « globalisme ». Cela signifie l’hégémonie du monde
occidental, qui s’appelle avec arrogance « la
communauté internationale », sur l’ensemble de la planète. L’OTAN est en train de perdre cette guerre, qui utilise les Ukrainiens formés par l’OTAN comme chair à canon par procuration,
dans trois sphères, politique, économique et militaire.
Tout d’abord, sur le plan politique, l’Occident a enfin compris qu’il ne peut pas procéder à un changement de régime à Moscou. Son rêve de remplacer le très
populaire président Poutine par un larbin de la CIA, Navalny, ne se réalisera pas. Quant au président fantoche de l’Occident à Kiev, il n’est qu’une créature de Washington et de ses oligarques.
Acteur professionnel, il est incapable de parler en son nom propre, mais est le porte-parole de l’OTAN qu’il aime tant.
Deuxièmement, sur le plan économique, l’Occident se heurte à une sérieuse résistance aux 6 000 sanctions qu’il a imposées à la Russie et aux Russes. Ces sanctions
se sont retournées contre eux. En Occident, nous pouvons en témoigner chaque fois que nous achetons du carburant ou de la nourriture. La combinaison d’une inflation élevée (10 % +) et de prix de
l’énergie encore plus élevés, causés presque uniquement par ces sanctions anti-russes illégales, menace l’effondrement des économies occidentales, bien plus que celles de la Russie ou de la
Chine. En raison de cet effet inverse des sanctions contre la Russie, le rouble est à son plus haut niveau depuis trois ans, s’établissant à environ 64 pour un dollar américain et en
augmentation, bien qu’immédiatement après les sanctions, il soit brièvement descendu à 150 pour un dollar.
Après avoir vigoureusement nié qu’ils le feraient, la plupart des pays européens (au moins 17 pour le moment), y compris l’Allemagne et l’Italie, ont déjà accepté
d’ouvrir des comptes auprès de Gazprombank, comme la Russie le leur a conseillé, et de payer le pétrole et le gaz en roubles. Et ce nombre augmente chaque semaine. Les problèmes seront encore
plus grands avec les pénuries alimentaires, car la chaîne alimentaire mondiale est hautement intégrée et la production agricole de la Russie et de l’Ukraine (désormais contrôlée par la Russie)
représente au moins 40 % de la production mondiale de céréales. Il y a quelques jours à peine, il a été annoncé que la Russie prévoyait une production céréalière record cette année (130 millions
de tonnes). Elle peut encore exiger un paiement en roubles pour tout cela également.
Les sanctions contre la Russie ont divisé l’Europe et menacent de diviser l’OTAN. Le président Erdogan de Turquie, membre de l’OTAN, a annoncé qu’il opposerait son
veto à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. Dans le même temps, la Russie a annoncé qu’elle couperait l’approvisionnement en gaz naturel de la Finlande. Les dirigeants suédois
reconsidèrent leur entrée dans l’OTAN.
Troisièmement, sur le plan militaire, il est clair que l’Ukraine, avec un nombre considérable de désertions et de redditions, n’a aucune chance de gagner la guerre
contre la Russie. La plupart de ses équipements militaires ont déjà été anéantis et les équipements occidentaux récemment livrés et souvent vétustes ne feront guère de différence, s’ils ne sont
pas détruits par les missiles russes dès qu’ils atteignent l’Ukraine. Le conflit pourrait maintenant être terminé en quelques semaines, plutôt qu’en quelques mois. Le « secrétaire à la défense » américain (= ministre
de l’offensive), Lloyd Austin, a désespérément appelé le ministre russe de la défense, Sergey Shoigu, pour le supplier d’accepter un cessez-le-feu. Accepteriez-vous un cessez-le-feu alors qu’en
moins de trois mois et avec seulement 10 % de vos forces militaires, vous avez déjà occupé une zone plus grande que l’Angleterre à l’intérieur de l’Ukraine, une zone qui produit 75 % du PIB
ukrainien ?
La panique du désastre financier en Occident a commencé à s’installer. En conséquence, le président français Macron a dit au président Zelensky (c’est-à-dire à
Washington) de renoncer à une partie de la souveraineté de l’Ukraine et d’entamer enfin des négociations sérieuses avec la Russie. Macron essaie également de libérer les mercenaires français
d’Azovstal à Mariupol, mais le problème est bien plus important que cela, car l’Europe entière est confrontée à un effondrement économique. Et le Premier ministre italien, Mario Draghi, a demandé
au président Biden de contacter le président Poutine et de « donner une chance à la paix ». Notez que Mario
Draghi est un ancien président de la Banque centrale européenne et une marionnette de Goldman Sachs – tout comme Macron est une marionnette de Rothschild.
Il y a toujours eu des empires et des invasions à travers l’histoire. Cependant, ils ont toujours été locaux et n’ont pas été justifiés comme la seule idéologie
mondiale possible, un « Nouvel Ordre
Mondial », à imposer par la violence sur toute la planète. Une fois la guerre de l’OTAN terminée, perdue par « l’Occident collectif », le centralisme de l’OTAN,
l’idéologie d’un « monde unipolaire »,
contrôlé depuis Washington, doit prendre fin. Mais le centralisme doit aussi prendre fin partout ailleurs, comme cela a été le cas pour la période soviétique de Moscou 1.
Mais le nationalisme doit aussi prendre fin. Rappelons ici que le mot « nazisme » vient des mots
allemands « national-socialisme ». (Le
nationalisme implique la haine des autres, alors que le patriotisme signifie la capacité non seulement d’aimer son propre pays, mais aussi d’aimer les pays des autres, et non de haïr leurs pays).
Et l’Ukraine a une histoire de nazisme, qui remonte à plus de quatre-vingts ans. De plus, les principaux soldats de Kiev d’aujourd’hui sont des nationalistes nazis et représentent le tribalisme
si typique de l’Europe occidentale, responsable au vingtième siècle de deux guerres gigantesques qui se sont propagées dans le monde entier. Les cris nazis ukrainiens de « Gloire à l’Ukraine » et leur
slogan « L’Ukraine au-dessus de
tout » sont des slogans du nazisme.
Passons à un monde multipolaire et multicentrique, où l’unité est dans la diversité et la diversité dans l’unité. Si nous ne nous dirigeons pas vers cela, nous
serons probablement perdus. Car un monde multipolaire, multicivilisationnel et multiculturel, un monde déjà peuplé de sept milliards d’êtres humains, est le seul monde civilisé, la seule
véritable communauté internationale.
Batiushka
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
Notes
Les antisémites vous diront ici que le centralisme de Moscou de l’époque soviétique a été fondé par les bolcheviks, dont plus de 80% étaient juifs. Tout
d’abord, il convient de préciser qu’il s’agissait de Juifs athées, internationalistes comme Bronstein/Trotsky, qui soutenaient la « Troisième Internationale ». En d’autres
termes, ils étaient des sionistes politiques (pas des sionistes religieux, ils étaient même anti-religieux). Et rappelons qu’un grand nombre de Juifs étaient et sont encore antisionistes
et qu’un grand nombre de sionistes n’étaient et ne sont pas du tout Juifs. C’est pourquoi le Saker utilise à juste titre le terme « anglo-sionisme » pour désigner ces
centralisateurs unipolaires.
Trois grands sujets sur lesquelles l’establishment étasunien s’est trompé
Qui a bénéficié des absurdités évidentes qui
sont devenues les politiques commerciales, étrangères et de déficit fédéral de l’Amérique de l’après-guerre froide ?
Au cours des trois
décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide, il y a eu trois grands débats de politique
publique aux États-Unis ; un sur le commerce, un autre sur la politique étrangère américaine, et un troisième sur le déficit fédéral. Dans ces trois débats, le camp qui a présenté les arguments
les plus plausibles a perdu et celui qui a présenté les arguments les plus illogiques et non étayés par des faits a gagné. Dans les trois cas, la position malavisée de l’establishment a posé les
bases défectueuses et instables du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, entraînant des conséquences catastrophiques et durables pour les Américains et les autres.
Le premier de ces débats aux conséquences énormes s’est déroulé dans les années 1990 et portait sur la « globalisation » ou la libéralisation du
commerce et des investissements après la fin de la guerre froide. Les sceptiques ont soulevé deux inquiétudes au sujet de cette globalisation. Ils ont averti que des traités comme l’Accord de
libre-échange nord-américain (ALENA), qui fusionnaient effectivement le marché du travail américain avec celui de pays pauvres comme le Mexique, permettraient aux entreprises manufacturières
américaines de fermer leur production aux États-Unis et de la transférer pour profiter des bas salaires, des conditions de travail dans les ateliers clandestins et de l’absence de lois
environnementales et d’organismes de réglementation. Les sceptiques ont également mis en garde contre les conséquences d’une plus grande ouverture des marchés américains à des régimes mercantiles
comme le Japon, la Corée du Sud, Taiwan et la Chine post-maoïste. Les entreprises individuelles dans une économie de marché libérale comme les États-Unis, disaient-ils, ne pouvaient espérer
concurrencer des entreprises étrangères dont les gouvernements truquaient la concurrence en leur faveur par des astuces comme la manipulation des devises, les barrières non tarifaires aux
importations américaines, les prêts à faible taux d’intérêt et d’autres outils de l’arsenal du nationalisme économique.
Pas d’inquiétude ! ont répondu les pom-pom girls de la globalisation dans les années 1990, dont le président Bill Clinton et des experts comme Thomas Friedman. Si
les États-Unis perdaient des industries au profit de partenaires commerciaux en raison des bas salaires ou de la tricherie des gouvernements étrangers, alors bon débarras : L’Amérique se
spécialiserait volontiers dans l’« économie de la
connaissance » et les « industries
du futur », centrées sur les univers des logiciels et des start-ups de la Silicon Valley. Les ouvriers d’usine licenciés dans les États industriels pourraient déménager à San Francisco
et « apprendre à coder » en
échange de salaires plus élevés et de meilleurs avantages.
La deuxième controverse concernait la politique étrangère. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’orientation de la politique étrangère américaine
de l’après-guerre froide a fait l’objet d’un débat vigoureux. Des néoconservateurs comme Charles Krauthammer et Bill Kristol soutenaient que les États-Unis devaient profiter de la faiblesse de la
Russie et de la Chine post-soviétiques pour établir une Pax Americana mondiale, dont certains néoconservateurs comparaient la grandeur future à celle des empires britannique et romain. À
l’extrême opposé, l’isolationniste Patrick Buchanan appelait à un retour à l’isolationnisme de l’Amérique d’avant 1941. Entre les deux, des réalistes comme Samuel P. Huntington et Jeane
Kirkpatrick ont rejeté les idées messianiques sur l’empire mondial américain et le solipsisme isolationniste en faveur de l’idée que les États-Unis sont « un pays ordinaire », selon l’expression de
Kirkpatrick, poursuivant une politique traditionnelle d’équilibre des forces dans un monde multipolaire.
Le troisième grand débat concernait le déficit fédéral. Il est facile d’oublier à quel point l’alarmisme concernant la dette nationale était au cœur du discours
public américain entre les années 1980 et les années 2010. Dès 1984, le candidat démocrate Walter Mondale a fait de la réduction du déficit un thème majeur de sa campagne. De même que Ross Perot,
dans sa course indépendante à la présidence en 1992. Deux nouvelles espèces se sont ajoutées au lexique ornithologique de la politique américaine : les « faucons du déficit » et les « colombes du déficit ».
Les faucons du déficit ont attiré l’attention du public sur les projections à long terme de la solvabilité de Medicare et, en particulier, de la sécurité sociale.
Selon ces projections, une fois le fonds fiduciaire de la sécurité sociale épuisé, les charges sociales aux taux actuels ne suffiraient pas à remplir les obligations de la sécurité sociale envers
les retraités, à partir des années 2030 ou 2040. Ces déficits obligeraient finalement le gouvernement fédéral à financer la sécurité sociale et Medicare par des augmentations d’impôts, des
réductions de prestations ou une combinaison des deux.
Le paiement des droits sociaux était un véritable défi, mais pas une crise urgente. Pourquoi, dans ce cas, Washington s’est-il mis à parler du prétendu danger des
déficits dus aux droits sociaux dans les années 1990 et 2000 ? Les faucons du déficit prétendaient que les investisseurs étrangers concluraient que les États-Unis présentaient un mauvais risque
de crédit et cesseraient d’acheter des obligations du Trésor américain, ce qui ferait grimper les taux d’intérêt en flèche, les États-Unis cherchant désespérément, comme un pays du tiers monde en
faillite, des capitaux étrangers pour rembourser leur dette nationale. Les colombes du déficit faisaient remarquer que les États-Unis continueraient presque certainement à être un refuge pour les
capitaux craintifs. Qui plus est, les gouvernements ont d’autres moyens de gérer des dettes et des déficits importants que des impôts élevés ou des réductions douloureuses des dépenses, y compris
la « répression financière » ; le recours à une inflation modérée à long terme pour réduire la dette nationale, une astuce que les États-Unis ont utilisée pour réduire leur dette de la
Seconde Guerre mondiale entre les années 1940 et 1970.
Les participants les plus intéressants à ce débat sont ceux que l’on pourrait appeler les « faucons de la dette privée ». Richard Koo, de
l’Institut de recherche Nomura, a inventé le terme de « récession de bilan » pour décrire les crises
économiques causées par l’accumulation excessive de la dette privée, un sujet éclairé ces dernières années par le vétéran du secteur financier et universitaire Richard Vague. Les faucons de la
dette privée ont averti que la prochaine crise économique désastreuse serait plus probablement causée par l’accumulation excessive de la dette hypothécaire et de la dette des cartes de crédit des
années 2000 que par le manque à gagner prévu pour la sécurité sociale dans les années 2030. Ils avaient raison. Les faucons du déficit avaient honteusement tort.
Si vous aviez un détecteur de mensonges dans les années 1990 et 2000 et que vous l’apportiez aux événements organisés dans les groupes de réflexion les plus
prestigieux de Washington, l’alarme se déclencherait constamment.
Ayant assisté de près à ces débats à Washington, D.C., dans les années 1990 et 2000, je peux témoigner qu’il était tout à fait possible de changer d’avis sur ces
trois questions à mesure que les preuves concrètes s’accumulaient. Par exemple, j’ai commencé, comme la plupart des personnes ayant une expérience de la politique étrangère, par partager la
présomption de l’establishment en faveur du libre-échange ; ce qui semblait être une chose saine et positive à favoriser. Mais les avertissements bien étayés des experts concernant la
délocalisation massive de la production américaine vers des pays à bas salaires, et la menace bien documentée du mercantilisme de l’Asie de l’Est pour l’industrie américaine, m’ont persuadé avec
le temps que les arguments conventionnels en faveur de la mondialisation du marché libre étaient erronés. Dans le cas de la politique étrangère, j’ai trouvé les réalistes qui mettaient en garde
contre la surextension stratégique de l’Amérique de l’après-guerre froide plus convaincants que l’impérialisme messianique de nombreux néoconservateurs ou l’isolationnisme à la Buchanan, qui
semblaient tous deux faire fi des intérêts nationaux de l’Amérique.
En ce qui concerne le déficit fédéral, je n’avais pas d’opinion tranchée. Toutefois, après avoir été initié par ma prestigieuse collègue, Sherle Schwenninger, aux
arguments de Richard Koo et d’autres, j’ai conclu au début des années 2000, en examinant les chiffres, que ceux qui mettaient en garde contre les dangers d’une accumulation de la dette des
ménages étaient beaucoup plus convaincants que les faucons du déficit qui soutenaient que les États-Unis étaient confrontés à une crise imminente en raison de l’insuffisance à long terme des
recettes de la sécurité sociale. Il n’y avait rien de particulièrement sophistiqué dans ces arguments, qui nécessitaient à peu près le niveau de mathématiques requis pour établir un budget
familial ou remplir sa feuille d’impôts.
Il n’est donc pas vrai que des personnes bien informées puissent être en désaccord sur ces questions. Au contraire : Il fallait être prêt à nier les faits évidents
du nationalisme économique de l’Asie de l’Est et le transfert continu et à grande échelle d’emplois par les entreprises américaines vers les maquiladoras mexicaines pour croire les discours
joyeux sur la façon dont la globalisation allait créer un nombre encore plus grand d’emplois bien rémunérés pour les ouvriers d’usine, dans l’« économie de la connaissance ». De même, même à la fin des années 1990, il fallait être obstinément aveugle à la réalité pour croire que l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est ne risquait pas de provoquer
une guerre directe ou indirecte avec la Russie ; ou pour croire que l’invasion de l’Irak pour renverser Saddam Hussein dans le but d’« exporter la démocratie » ne créerait pas le
chaos dans le pays et la région. Tout au long des années 1990 et 2000, l’affirmation des faucons du déficit disant que les États-Unis auraient bientôt la solvabilité de l’Argentine ou du Zimbabwe
en raison d’un déficit mineur de la sécurité sociale prévu dans les années 2030 n’était pas non plus convaincante. Si vous aviez un détecteur de conneries dans les années 1990 et 2000 et que vous
l’emmeniez aux événements du Council on Foreign Relations, de l’Aspen Institute et des groupes de réflexion les plus prestigieux de Washington, l’alarme se serait déclenché constamment.
Lorsqu’une politique manifestement erronée est adoptée et qu’une politique plus plausible est rejetée d’un revers de main, soit les décideurs politiques sont
remarquablement stupides et mal informés, soit l’issue du débat a été truquée pour servir des intérêts inavoués. La plupart des adeptes des mauvaises idées étaient intelligents, bien éduqués et
souvent bien habillés, nous devons donc chercher une explication dans les intérêts.
Cui bono ? Qui a bénéficié des absurdités toxiques qui sont devenues le fondement de l’ordre mondial américain de l’après-guerre froide ?
Dans le cas de la mondialisation, des multinationales comme Apple, des constructeurs automobiles, des détaillants comme Walmart, ainsi que les banques
d’investissement qui ont soutenu ces sociétés ou qui les ont achetées et vendues, ont tous bénéficié de « l’arbitrage mondial de la main-d’œuvre »,
c’est-à-dire du remplacement de travailleurs hautement rémunérés, souvent syndiqués, aux États-Unis par des travailleurs mal payés, jouissant de peu ou pas de droits sociaux ou civils au Mexique,
en Chine et dans d’autres pays. Il est beaucoup plus facile d’accroître les marges bénéficiaires des entreprises en réduisant les coûts de la main-d’œuvre que de former la main-d’œuvre et
d’investir dans des technologies innovantes afin d’augmenter la productivité par travailleur : Lorsqu’elles ont le choix, les entreprises ont tendance à choisir la voie la plus facile en
remplaçant la main-d’œuvre américaine à haut salaire par une main-d’œuvre étrangère à bas salaire, même si cela signifie la perte d’industries et de chaînes d’approvisionnement entières. En 1998,
Jack Welch, le PDG de General Electric, déclarait : « Dans l’idéal, vous auriez toutes les usines que vous possédez
sur une barge pour vous déplacer en fonction des devises et des changements dans l’économie. »
Dans le cas de la stratégie d’hégémonie mondiale adoptée avec empressement par les deux grands partis après le 11 septembre, il n’y a pas besoin de théories du
complot : La politique bureaucratique ordinaire explique le résultat. L’implication des États-Unis dans des guerres civiles étrangères et des conflits régionaux qui n’ont pas d’incidence directe
sur la sécurité nationale américaine se traduit par une augmentation des budgets du Pentagone, du département d’État, de la CIA et d’autres agences, par un financement accru des entreprises de
défense et des ONG bénéficiant de contrats gouvernementaux, par des ressources plus importantes pour les programmes universitaires d’études sur la sécurité, par une plus grande importance des
membres du Congrès dans les commissions et sous-commissions militaires et des affaires étrangères, par une plus grande célébrité et davantage de contrats de publication pour les correspondants
des affaires étrangères, etc. Étant donné que le grand public a tendance à s’en remettre aux politiciens en matière de politique de sécurité nationale, celle-ci est intrinsèquement vulnérable à
la capture bureaucratique, de la même manière que la politique agricole et l’élaboration des politiques d’infrastructure ont tendance à l’être.
Alors que la mondialisation était défendue par des multinationales à la recherche d’une main-d’œuvre bon marché et non syndiquée, et que le projet néoconservateur
d’hégémonie mondiale américaine quasi-impériale était largement porté par les bureaucraties américaines chargées de la sécurité nationale, leurs sous-traitants et leurs alliés politiques,
journalistiques et universitaires, l’hystérie des faucons du déficit avait un électorat plus restreint mais important : Wall Street. Si les Américains pouvaient être persuadés que, pour éviter la
faillite nationale, la sécurité sociale devait être supprimée et remplacée en grande partie par des plans d’épargne-retraite privés, y compris des plans bénéficiant d’avantages fiscaux tels que
les 401(k)s et les IRA, un flot d’argent se déverserait dans les poches des gestionnaires de fonds communs de placement privés.
Du point de vue de leurs bailleurs de fonds, donc, ces politiques, aussi désastreuses qu’elles aient pu être pour la société américaine, avaient du sens parce
qu’elles étaient tellement rentables. Alors que les délocalisations ont sabordé des secteurs industriels entiers aux États-Unis, de nombreux PDG, et actionnaires, ont acheté de belles maisons de
vacances avec le produit de ces délocalisations. Des centaines de milliards de dollars destinés à financer la transformation sociale en Afghanistan, en Irak, en Syrie et en Libye ont en fait
servi à payer des demeures et des voitures de luxe dans la banlieue de Washington, ainsi que des frais de scolarité élevés dans des écoles privées. La tentative de George W. Bush de privatiser
partiellement la sécurité sociale et la proposition de Barack Obama d’utiliser les ajustements de l’inflation pour réduire les prestations de la sécurité sociale ont toutes deux étés rejetés par
l’opposition du public. Mais le détournement de l’argent de la sécurité sociale vers des comptes privés est si rentable pour l’industrie de la gestion financière que ce n’est probablement qu’une
question de temps avant que le cri hystérique du faucon du déficit ne se fasse à nouveau entendre dans le pays.
« Il est difficile de
faire comprendre quelque chose à un homme », a observé Upton Sinclair, « lorsque son salaire dépend de son incompréhension ».
Entre la fin des années 1990 et les années 2010, il était prudent pour les Américains qui souhaitaient faire carrière dans les politiques publiques, la politique ou le journalisme de prestige à
Washington et à New York de faire semblant de se laisser convaincre par des arguments illogiques, non étayés et souvent ouvertement grotesques, car c’étaient les arguments de l’establishment
bipartisan. Sentant, peut-être, à quel point leurs affirmations sur l’hégémonie mondiale des États-Unis, l’économie de la connaissance mondialisée de l’avenir et la prétendue crise imminente de
la sécurité sociale étaient faibles, les adeptes de l’orthodoxie ont, pour la plupart, refusé tout débat, stigmatisant les critiques et les sceptiques comme des ignorants stupides, ou encore
comme de dangereux extrémistes hors de portée d’un discours sérieux.
Le rejet brutal de ceux qui n’étaient pas d’accord avec une partie du consensus est devenu la marque de fabrique de l’establishment et des relations publiques, un
signe de leur noblesse intellectuelle et morale et de l’inaptitude correspondante de ceux qui osaient remettre en question la sagesse reçue, même si elle était de mauvaise qualité. Si vous vous
interrogez sur les inconvénients éventuels de l’expansion de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie post-soviétique, vous êtes un « isolationniste », même si vous êtes favorable à un
système d’alliance mondiale des États-Unis à d’autres égards. Si vous faisiez remarquer que les partenaires commerciaux des États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et Taïwan, trichaient de diverses
manières pour aider leurs exportateurs au détriment de ceux des États-Unis, vous étiez un « protectionniste buchananiste » qui ne
comprenait pas que les tarifs douaniers Smoot-Hawley adoptés par le Congrès américain en 1930 avaient en quelque sorte provoqué la Seconde Guerre mondiale. Si vous suggérez, dans les années 2000,
que l’excès de dette privée pourrait provoquer une récession mondiale dans les prochaines années, votre interlocuteur vous regardera sans comprendre et se demandera : « Est-ce une opinion acceptable ? Cela va-t-il nuire à ma
carrière ? » Pendant deux décennies, lors de la plupart des discussions de « haut niveau » avec des PDG, des groupes de
réflexion, des journalistes de prestige, des lobbyistes de K Street et des fonctionnaires auxquelles j’ai assisté, quel que soit le sujet apparent, quelqu’un disait gravement : « Je m’inquiète vraiment de la maîtrise des dépenses liées aux
droits sociaux ». À ce moment-là, un frisson d’approbation se répandait dans la foule huppée. Nous le pensons aussi !
Dans chacun de ces trois cas, la politique adoptée par l’establishment s’est inévitablement heurtée à la réalité. Ce n’est pas défendre la tyrannie et l’agression
meurtrière de Vladimir Poutine que de souligner que les critiques réalistes de l’expansion de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, comme George Kennan, Henry Kissinger et John Mearsheimer,
avaient tout à fait raison de mettre en garde contre le risque de conflit avec la Russie. La guerre américaine en Afghanistan après le 11 septembre s’est soldée par une humiliation complète des
États-Unis et le triomphe des talibans, tandis que l’invasion inutile de l’Irak en 2003 et les guerres américaines de changement de régime qui ont suivi ont laissé Bachar Assad au pouvoir en
Syrie, tout en pulvérisant la Libye post-Kadhafi en fragments anarchiques dirigés par des seigneurs de la guerre et infestés de djihadistes. La globalisation ? Le Mexique est aujourd’hui l’un des
principaux producteurs mondiaux de pièces automobiles, tandis que Détroit est un terrain vague, où certains quartiers abandonnés retournent littéralement à l’état sauvage.
Après la chute du communisme en Europe de l’Est, divers pays ont adopté des politiques de « lustration », exigeant l’exposition publique des
anciens responsables communistes et parfois leurs aveux. On ne peut s’attendre à un processus similaire aux États-Unis, où continuer à défendre des décisions désastreuses semble être une
condition préalable pour conserver sa place à la table du buffet bipartisan. Pourtant, les mêmes figures de l’establishment qui se lamentent aujourd’hui sur la désintégration et la radicalisation
des partis politiques autrefois dominants, qui s’insurgent contre la méfiance de la population à l’égard des « experts » et qui imputent les problèmes sociaux
de l’Amérique à la « désinformation
russe » n’ont en fait qu’à regarder leur propre bilan de fausses décisions sur une série de grandes questions qui façonnent le monde alors que de meilleures réponses étaient déjà
disponibles.
Michael
Lind
Traduit par Wayan pour le Saker Francophone
Une nouvelle guerre se prépare pour l’après défaite face à la Russie
La guerre en Ukraine est un trompe
l’œil. Derrière les apparences de l’unité de l’OTAN et de sa consolidation par de nouveaux adhérents, plusieurs gros joueurs ménagent la chèvre et le chou. En réalité tous ceux qui ne
sont pas aveuglés par leur propre propagande savent que leur camp va perdre et qu’il planifie déjà d’autres ennemis sur d’autres champs de bataille. Washington fait contre mauvaise
fortune bon cœur et utilise la pression russe pour serrer les rangs.
par Thierry Meyssan
- Le 25/05/2022.
Sur le devant de la scène, l’OTAN assure avoir été renforcée par la « folie de Poutine ». L’Ukraine, puissamment armée par les Occidentaux, mène une
contre-offensive et repousse l’« envahisseur ». Au plan international, les sanctions portent leur fruit. La Finlande et la Suède, se sentant menacées, ont décidé d’adhérer à l’Alliance
atlantique. Bientôt les Russes renverseront le « dictateur » du Kremlin.
Cette magnifique narration est contredite par les faits : seul un tiers environ des armes occidentales parviennent au front. Mais l’armée ukrainienne est
épuisée. Presque partout elle recule et quelques exploits ne changent rien au tableau global. Les deux tiers des armes occidentales, notamment les plus lourdes, sont déjà disponibles au
marché noir dans les Balkans, particulièrement au Kosovo et en Albanie devenus les principales places du trafic en la matière. Les sanctions occidentales font peser un risque de famine,
non pas en Russie, mais dans le reste du monde et particulièrement en Afrique. La Turquie et la Croatie s’opposent à l’adhésion de nouveaux membres dans l’OTAN. Il est possible de les
convaincre, mais au prix de changements politiques radicaux auxquels les Occidentaux se sont toujours opposés.
Même si la Russie aura la sagesse de célébrer trop fort sa victoire, comme elle a su le faire en Syrie, celle-ci apparaîtra comme l’échec de la plus grande
force militaire de l’Histoire, l’OTAN. Une victoire sans appel puisque l’Alliance atlantique s’est physiquement impliquée dans le combat, tandis qu’elle se tenait alentour des champs de
bataille en Syrie. De nombreux États vassaux de Washington vont tenter de s’affranchir. Il est probable que leurs dirigeants civils resteront mentalement tournés vers l’Occident, tandis
que leur chefs militaires se tourneront plus rapidement vers Moscou et Beijing. Dans les années à venir, les cartes seront redistribuées. Il ne s’agira pas de passer d’un alignement sur
Washington à un autre alignement sur les nouveaux vainqueurs, mais de créer un monde multipolaire où chacun sera responsable de lui-même. Ce qui se joue, ce n’est pas une redéfinition des
zones d’influence, mais la fin de la mentalité établissant une hiérarchie entre les peuples.
De ce point de vue prospectif, il est fascinant d’observer la rhétorique occidentale. Quantité d’experts de l’ancien monde expliquent que la Russie veut
reconstruire son empire. Ils assurent qu’elle a déjà reconquis l’Ossétie et la Crimée et attaque aujourd’hui le Donbass. Ils reconstruisent l’histoire, citations falsifiées du président
Poutine à l’appui. Tous ceux qui étudient la Russie contemporaine et vérifient les données savent que c’est faux. L’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie et celles à venir de
l’Ossétie, du Donbass et de la Transnistrie n’ont rien à voir avec un empire, mais avec la reconstitution de la nation russe, démembrée au cours de l’effondrement de l’Union
soviétique.
Dans ce contexte, une petite partie des dirigeants occidentaux commence à contester les choix de leur suzerain états-unien. Le même phénomène avait eu lieu
durant un trimestre, à la fin du mandat du président français Nicolas Sarkozy. Celui-ci voyant le désastre humain qu’il avait contribué à provoquer en Libye et son échec en Syrie avait
accepté de négocier une paix séparée avec Damas. Cependant Washington, furieux de son indépendance, organisa sa défaite électorale au profit de François Hollande. Dans les jours suivant
son accession à l’Élysée, ce dernier relança la machine de guerre occidentale pour une décennie. C’est précisément à ce moment-là que la Russie s’est engagée à intervenir en Syrie. Durant
deux ans elle a fini de mettre au point de nouvelles armes, puis est venue combattre les djihadistes armés par les Occidentaux et dirigés par l’OTAN depuis son Allied Land Command en
Turquie.
Si les mots d’ordre de l’OTAN ont triomphé dans la presse occidentale, nos études sur l’histoire, l’importance et la place des bandéristes dans l’Ukraine
contemporaine ont largement circulé dans les milieux dirigeants du monde entier. De nombreux « alliés » de Washington refusent désormais de soutenir ces « Ukrainiens » qu’ils savent
néo-nazis. Ils considèrent que, dans ce combat, c’est la Russie qui a raison. Déjà l’Allemagne, la France et l’Italie ont autorisé certains membres de leur gouvernement à discuter avec la
Russie sans que cela ne change la politique officielle de leur pays. Au moins ces trois membres de l’Alliance atlantique mènent avec prudence un double jeu. Si les choses tournent mal
pour l’OTAN, ils seront les premiers à retourner leur veste.
Identiquement le Saint-Siège, qui a failli prêcher une nouvelle croisade contre la « Troisième Rome » (Moscou) et a diffusé des photographies du
pape priant avec des épouses de bandéristes du régiment Azov, a également pris contact non seulement avec le patriarche Cyril, mais aussi avec le Kremlin.
Tous ces contacts, aussi discrets soient-ils, insupportent Washington qui essaye déjà de faire écarter les émissaires secrets. Mais précisément, le fait
d’être officiellement limogés donne plus de latitude à ces émissaires pour négocier. L’important est qu’ils puissent rendre compte à qui de droit de ce qu’ils font. Il s’agit là d’un jeu
dangereux comme le prouve la défaite électorale du président Sarkozy lorsqu’il tenta de s’affranchir de son sponsor états-unien.
Hypothèse 1 : l’élargissement de
l’OTAN confirmerait son nouvel objectif
Essayons de prendre un peu de distance avec les événements et de voir comment ils pourraient évoluer.
Pour que la Turquie et la Croatie acceptent l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, il faudrait que l’OTAN souscrive à leurs conditions.
Celles-ci sont pour la Turquie l’inscription du PKK et de l’Hizmet (Fethullah Gülen) sur les listes d’organisation terroristes, l’arrestation et l’extradition de leurs membres le
rétablissement de son industrie d’armement dans le programme de fabrication des F-35, et pour la Croatie, le changement des lois électorales en Bosnie-Herzégovine afin d’accorder
l’égalité politique à sa minorité croate.
Le PKK ne représente pas les Kurdes en général, mais uniquement certains d’entre eux. Il s’agissait au départ d’un parti marxiste-léniniste combattant la
dictature militaire turque durant la guerre froide. Puis, après l’arrestation de son chef et la dissolution de l’URSS, il a changé de camp pour devenir un parti libertaire au service du
Pentagone au Moyen-Orient. Aujourd’hui, c’est une milice mercenaire qui sert de couverture à l’occupation US en Syrie. Le considérer comme une organisation terroriste signifierait évacuer
les GI de Syrie et restituer les puits de pétrole à Damas.
Fethullah Gülen est le père spirituel d’une vaste organisation caritative, présente dans de nombreux pays. L’extrader des États-Unis et considérer son
organisation comme terroriste priverait la CIA de relais dans de nombreux pays africains et asiatiques turcophones. Cela ne pourrait se concevoir pour Washington que si l’AfriCom était
déployé sur le continent Africain au lieu d’être exilé en Allemagne. Des négociations sont en cours pour l’établir au Somaliland, qui deviendrait un État internationalement
reconnu.
Compte tenu de la longue série d’attentats que le PKK a perpétrée en Turquie et de la tentative d’assassinat du président Erdoğan suivie de la tentative de
coup d’État en juillet 2016 dans lequel le Hizmet a joué un rôle central pour le compte de la CIA, Ankara est légitime dans ses demandes.
Le rétablissement de la Turquie parmi les nations fabriquant le F-35 ne coûte rien, mais sa radiation était une sanction face à l’achat par l’armée turque
des armes antiaériennes russes S400. Donner satisfaction à Ankara pour élargir l’OTAN face à la Russie serait pour le moins contradictoire et illisible. En outre faire fabriquer des F-35
par une puissance qui ne s’est pas gênée pour en critiquer la prétendue qualité peut aussi s’avérer gênant.
La Bosnie-Herzégovine a été créé par les Straussiens (Richard Perle n’était pas membre de la délégation états-unienne, mais bosniaque, aux accords de
Dayton). Elle a été imaginée comme une entité homogène conformément à la pensée des Straussiens. La minorité croate (15% de la population) y a donc été ostracisée. Leur langue n’est pas
reconnue et ils ne disposent pas de représentants politiques. Accéder à la demande que la Croatie formule en leur nom signifierait remettre en cause les raisons pour lesquelles les
Straussiens ont organisé les guerres de Yougoslavie (séparer les ethnies et créer des populations homogènes). Or, ce sont les Straussiens qui sont à la manœuvre en Ukraine.
À supposer que ces trois conditions soient remplies ou que les dirigeants politiques qui les ont formulées soient renversés, l’élargissement de l’Alliance
atlantique à la Finlande et à la Suède confirmerait le changement de nature de l’OTAN. Il ne s’agirait plus du tout d’une structure visant à stabiliser la région de l’Atlantique-Nord
ainsi que le stipule le Traité, ce qui avait conduit, en 1995, le président Boris Eltsine à envisager sérieusement d’y faire adhérer son pays. L’OTAN achèverait sa mutation en une
administration militaire US de son empire occidental.
Hypothèse 2 : les sanctions et
l’aide militaire occidentales sont destinées à préparer d’autres conflits
Observons maintenant les conséquences réelles des sanctions occidentales. Les mesures d’exclusion de la Russie du système financier international ne
l’atteignent pas. Elle continue à importer et à exporter autant que de besoin, mais elle est contrainte de changer de fournisseurs et de clients. Elle met rapidement en place l’équivalent
du SWIFT avec les Brics (l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde) mais elle ne peut plus commercer directement avec le reste du monde. D’ores et déjà, il est impossible d’acheter
des engrais à base de potasse en Afrique. En effet, la Russie et la Biélorussie en sont les principaux exportateurs. Une famine se prépare. Le secrétaire général des Nations unies,
António Guterres, a déjà sonné l’alarme. Il demande que les Occidentaux admettent une exemption à leur embargo pour ce qui concerne les engrais à base de potasse.
Dans le cas le plus probable, celui selon lequel Washington ne changera rien à sa politique, la famine suscitera de nouvelles guerres et de vastes
migrations vers l’Union européenne.
Il est pour le moins surprenant qu’après la chute de Marioupol, les États-Unis aient eu la volonté d’envoyer pour 40 milliards de dollars supplémentaires en
Ukraine où ils en avaient déjà perdu pour 14 autres milliards de dollars. En réalité les deux tiers ne sont jamais parvenues à destination. Ces sommes ont été détournée. Bientôt pour
environ 18 milliards de dollars d’armes seront disponibles au Kosovo et en Albanie. Soit l’on considère que le Pentagone jette l’argent par les fenêtres, soit qu’il investit en
soustrayant ce gigantesque arsenal aux yeux du Congrès.
La sous-secrétaire d’État US aux Affaires politiques, la Straussienne Victoria Nuland, s’est donc rendue au Maroc, le 11 mai, pour présider une réunion de
la Coalition globale contre Daech. 85 États y participaient au niveau de leurs ministres des Affaires étrangères. Comme prévisible, Madame Nuland a dénoncé la reformation de Daesh, non
plus au Moyen-Orient, mais au Sahel. Elle a invité tous les participants à se joindre aux USA pour combattre cet ennemi. Cependant chacun ayant constaté en Irak et en Syrie le soutien
massif du Pentagone aux djihadistes, tous les diplomates présents ont bien compris que l’orage ne tarderait pas à éclater. Il manquait des armes et le Pentagone ne souhaite pas se
retrouver pris sur la fait d’en livrer à nouveau aux djihadistes. Il lui faudra juste les faire acheminer depuis les Balkans où elles attendent leurs utilisateurs finaux encore dans leurs
caisses.
Une guerre au Sahel ne posera aucun problème : elle épargnera les grandes puissances et ne fera que des victimes africaines. Elle durera le temps qu’on
l’alimentera et aucun allié ne se permettra de remarquer que ce conflit n’existe que depuis qu’ils ont envahi et détruit la Libye. Tout pourra continuer comme avant : pour une partie
de l’humanité, le monde restera unipolaire avec Washington pour centre.
illustration : La
Straussienne Victoria Nuland a réuni 85 États à Marrakech pour planifier la prochaine guerre au Sahel. Des dizaines de milliards de dollars en armes, officiellement destinées à la guerre
en Ukraine, s’accumulent déjà dans les Balkans avant d’être livrées aux jihadistes de Daech.
C’est la guerre, et l’escalade est à venir
« La guerre, c’est la guerre » , et cette guerre va
s’intensifier.
Il s’agit bien d’une guerre. L’OTAN est en
guerre contre la Russie. Les juristes allemands diront peut-être que non, mais quand l’Occident arme l’Ukraine, quand les forces spéciales de l’OTAN sont à Kiev (c’est-à-dire les SAS britanniques) et forment les milices sous leur protection à l’utilisation de leurs armes pour tuer des Russes, est-il vraiment pertinent de savoir de quelle épaule est tiré
le missile Starstreak (de fabrication britannique) qui abat un hélicoptère russe ? Le sait-on vraiment ?
Quoi qu’il en soit, cette « guerre » (guerre par procuration, si vous
préférez) a effectivement été lancée en 2014, et s’est considérablement intensifiée en 2017, lorsque l’OTAN a cessé de s’appuyer sur les forces nationales ukrainiennes (qui s’étaient révélées
quelque peu enclines à faire des défections, avec leurs armes, au profit de milices russophones), pour recourir à des internationalistes et des mercenaires, avec l’intention agressive d’affaiblir
et d’embourber la Russie.
« La guerre, c’est la
guerre » , et cette guerre va s’intensifier.
Personne ne connaît le nombre exact de ces milices d’extrême droite constituées par l’Occident, mais Reuters avance le chiffre de cent mille, ce
que constate et approuve Jacques Baud, ancien conseiller principal de l’OTAN. Ces paramilitaires, cependant, ne jouent aucun rôle dans la guerre de terrain normale, mais se
concentrent plutôt sur le maintien de « l’ordre » [c’est-à-dire la stricte obéissance]
dans les villes. Et c’est exactement ce que vous avez eu à Marioupol et ailleurs. Ces milices de type Azov ne sont pas équipées pour des opérations de terrain. Elles sont équipées pour la guerre
urbaine. Pour être clair, ce mode de guerre urbaine impitoyable à la Idlib ne vise pas à vaincre l’armée russe, mais à l’entraîner dans une boue étouffante et enveloppante.
Jusqu’en février de cette année, ce dispositif était essentiellement destiné à alimenter une campagne d’attrition ; un bourbier naissant. Mais soudain, le 16
février, il y a eu une augmentation massive des tirs d’artillerie du côté ukrainien (environ 30 fois plus que par le passé, selon l’OSCE) et cela a coïncidé avec les prédictions de Biden d’une
invasion russe imminente. Pour les Russes, et pour le président Poutine en particulier, c’était le signe du début de la guerre d’usure attendue. Et c’est ainsi que le 24 février, l’opération
militaire spéciale de la Russie a été lancée.
Pourquoi l’attrition ? Pourquoi pas une guerre ordinaire ? Eh bien, parce que l’OTAN ne voulait pas poser ses « bottes » sur le terrain. Elle voulait une
insurrection de faible intensité.
Pourquoi ? Parce qu’il avait été décidé que l’effondrement de la Russie (le but ultime) devait avant tout être obtenu par une guerre financière totale (évitant
ainsi les pertes américaines) : des milliers de sanctions ; la saisie des réserves de change russes ; et un effort concerté pour couler le rouble. En mars, Biden se vantait déjà dans son discours
sur l’état de l’Union que le rouble s’était effondré de 30% et la bourse russe de 40%. Les combats en Ukraine devaient permettre de renforcer les effets de la guerre financière sur la
Russie.
Mais aujourd’hui, nous constatons que les calculs ont changé. En fait, ils doivent changer, car la dynamique et les calendriers s’inversent :
Premièrement, l’économie de la Russie ne s’est pas effondrée. Le rouble est revenu au niveau où il était avant le 24 février. Ensuite, l’Occident a donc déployé sa PSYOP anti-Poutine sans précédent, sur fond
d’allégations quasi quotidiennes d’atrocités et de crimes de guerre attribués à la Russie.
La guerre des PSYOPS a complètement imprégné le public européen d’une animosité et d’une haine passionnelles pour Poutine et les russes. Son « succès » à cet égard ne fait aucun
doute.
Mais il semble qu’il y ait eu aussi une sous-intrigue anglo-américaine moins remarquée : cette sous-intrigue consiste à affaiblir l’Allemagne et à l’empêcher de
s’allier à la Russie, pour au moins une génération. Cette dernière aspiration est bien établie et existait déjà avant la première guerre mondiale.
Comme l’a écrit Ambrose Evans-Pritchard dans le Telegraph cette semaine, « Olaf Scholz doit choisir entre un embargo énergétique sur la
Russie et un embargo moral sur l’Allemagne » : « … Le refus de l’Europe occidentale de couper le financement de
la machine de guerre de Vladimir Poutine est intenable. Le préjudice moral et politique pour l’UE elle-même devient prohibitif » .
Mais notez le corollaire : pour pousser à cet embargo énergétique de l’UE, la Grande-Bretagne fait monter les enchères en exigeant une « réponse occidentale à la hauteur de la menace existentielle à
laquelle l’ordre libéral européen est confronté » .
Voici donc le grand programme révisé : la Russie survit à la guerre financière parce que l’UE continue d’acheter du gaz et de l’énergie à la Russie. L’UE et plus
particulièrement l’Allemagne financent, selon le mème, la « guerre grotesque et sans motif » de Poutine.
« Pas un euro ne doit parvenir à
Poutine » .
Ne s’agit-il pas simplement d’une évolution des objectifs de l’Occident en février ? Non. Car la stratégie du « boycott de l’énergie russe » ne consiste pas à
laisser à la « guerre du
Trésor » le temps de porter ses fruits, mais plutôt à achever l’Europe, bien sûr, et l’Allemagne en particulier. Et ce sera pour bientôt.
L’Europe n’a aucun moyen de remplacer l’énergie russe par d’autres sources dans les années à venir. Mais les dirigeants européens, consumés par une frénésie
d’indignation face à un flot d’images d’atrocités en provenance d’Ukraine – et par le sentiment que le « monde libéral » doit à tout prix éviter une
perte dans le conflit ukrainien – semblent prêts à aller jusqu’au bout. L’embargo sur l’énergie pourrait survenir assez rapidement.
Mais voilà le hic : les États-Unis voient bien que leur « guerre » d’usure est un échec. L’armée
ukrainienne est encerclée et sera bientôt anéantie (d’une manière ou d’une autre).
Ainsi, la question n’est plus de savoir si la guerre d’attrition peut donner aux sanctions plus de temps pour affecter la population russe. La guerre du Trésor
échoue également (pour des raisons complexes liées au fait que la Banque de Russie lie le rouble à l’or et le rouble à l’énergie).
Là encore, ce sont les conséquences économiques/financières qui changent la donne. L’inflation monte en flèche en Europe et va encore augmenter. Et l’opinion
publique est en train de changer : « Selon un
sondage, le soutien de l’opinion publique aux sanctions contre la Russie diminue à mesure que la crise du coût de la vie commence à se faire sentir. La proportion de l’opinion publique qui
accepterait une hausse des prix du carburant en conséquence de sanctions occidentales sévères contre la Russie a chuté de 14 points en un mois, passant de 50 % en mars à 36 % cette
semaine » .
Les calendriers ne correspondent plus : les euro-sanctions ont (théoriquement) besoin de plus de temps pour faire effet. Or, l’Occident n’a pas le temps. C’est
l’inflation qui frappe « maintenant » (et qui modifie le sentiment
européen sur le projet ukrainien). La dernière chose que souhaite l’establishment européen est un « printemps européen » (en référence au printemps
arabe).
L’Occident est confronté à un choix difficile : le soutien de l’opinion publique au projet ukrainien est peut-être en train de s’estomper, au moment même où les
réalités sur le terrain montrent que l’« ordre libéral
européen » ne sera pas sauvé de la désintégration, à travers l’Ukraine.
Pourtant, on a fait croire à l’opinion publique que sans une victoire de l’Ukraine européenne, sans la défaite et l’humiliation totales de la Russie, le monde
libéral ne pourrait pas survivre. Ainsi, nous entendons du bout des lèvres du Haut Représentant de l’UE, Borrell, que la situation ukrainienne ne peut être résolue que par des moyens militaires. Ce qu’il veut peut-être
dire, c’est que l’Occident doit être maximaliste, avant que l’inflation ne ruine le plan. L’escalade ou l’échec existentiel.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Comment la Russie pourrait déOTANiser l’Europe (et le fera-t-elle ?)
Lira affirme, et je suis
d’accord avec lui, que la Russie gagnera la guerre en Ukraine, prendra le sud et l’est pour probablement créer un nouveau pays et laissera le reste du cadavre à la Pologne, la Hongrie, la
Roumanie, la Lituanie et d’autres pour qu’ils s’en régalent.
Mais alors ensuite
?
L’OTAN contrôlée par les États-Unis sera toujours là. Il est pratiquement garanti que les États-Unis l’utiliseront pour se venger de la perte de l’Ukraine. Cela se
fera par un renforcement constant des troupes et des capacités de missiles à longue portée le long des frontières nordiques et baltiques de la Russie et par des menaces navales supplémentaires
dans le nord de l’Arctique ainsi que dans le sud de la mer Noire. Dans une dizaine d’années, les États-Unis pourront à nouveau tenter de mener une grande guerre (par procuration) contre la
Russie. Avec une chance décente de la gagner.
Aucune négociation ou accord de paix ne pourra empêcher cela. Les États-Unis sont réputés pour leur incapacité à tenir leurs accords (недоговороспособны en russe).
Ils ont rompu TOUTES les promesses et tous les accords qu’ils ont conclus avec la Russie.
Des dizaines de sommités américaines et européennes avaient promis à la Russie que l’OTAN ne s’étendrait « pas d’un pouce » vers la Russie. Regardez où se
trouvent maintenant ses frontières. Les États-Unis et l’UE ont confisqué d’énormes quantités d’argent appartenant à l’État russe. Ils ont même pris, en contradiction avec leurs propres
constitutions, les propriétés privés de citoyens russes, simplement parce que ces personnes se trouvent être russes.
En 2014, l’Allemagne et la France s’étaient engagées à garantir les élections pour un changement de régime pacifique à Kiev. Le lendemain, les fascistes prenaient
d’assaut le parlement ukrainien et ces garanties se sont avérées donc être totalement sans valeur. Les États-Unis ont tout simplement dit : « Fuck the UE ». Ils n’en
ont rien à faire des intérêts européens. L’Allemagne et la France ont ensuite négocié et signé les accords de Minsk-1 et Minsk-2. Elles ont continué à injecter des milliards de dollars européens
en Ukraine, alors même que le gouvernement ukrainien, contrôlé par les États-Unis, ne faisait rien pour les respecter. Oui, ils ont été totalement stupides.
Les États-Unis ont installé des systèmes de « défense antimissile » en Pologne et en
Roumanie, qui sont en fait conçus pour lancer des missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) sur Moscou. Cela représente un grave danger pour la Russie.
Même après la fin de l’Ukraine, l’OTAN et ses mandataires de l’UE continueront à représenter un danger pour la Russie. Les deux organisations ont prouvé qu’elles
étaient incapables de tenir leurs promesses. Par
conséquent, la Russie devra changer cette situation.
Elle pourrait le faire par la force. Mais il n’y aura pas de marche vers Riga, Varsovie, Berlin ou Paris. (Rappelez-vous que la Russie y a déjà été et l’a fait, ce
qui a entraîné à chaque fois des changements majeurs en Europe).
La Russie a déjà annoncé ses objectifs stratégiques. En décembre 2021, la Russie a présenté deux accords avec les États-Unis et l’OTAN. Ils comprenaient des
demandes pour un futur arrangement en Europe qui garantirait une sécurité indivisible pour tous. Le 21 janvier 2022, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, devait rencontrer le
secrétaire d’État Anthony Blinken à Genève pour parler des propositions de la Russie. Quelques minutes avant cette rencontre, le ministère russe des Affaires étrangères a tenu une conférence de presse pour répondre aux questions des médias :
Question : Que signifiera pour la Bulgarie et la Roumanie l’exigence de la Russie de voir l’OTAN revenir au cadre de 1997 ? Devront-elles quitter l’OTAN,
retirer les bases américaines de leur territoire, ou autre chose ?
Réponse : Vous avez mentionné l’une des pierres angulaires des initiatives de la Russie. Elle a été délibérément énoncée avec la plus grande clarté pour éviter
toute ambiguïté. Nous parlons du retrait des forces, des équipements et des armes étrangers, ainsi que d’autres mesures visant à revenir à la situation de 1997 dans les pays non membres de
l’OTAN. Cela inclut la Bulgarie et la Roumanie.
MOSCOU (Reuters) – Les garanties de sécurité que la Russie demande à l’Occident comprennent des dispositions exigeant que les forces de l’OTAN quittent la
Roumanie et la Bulgarie, a déclaré vendredi le ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou a exigé de l’OTAN des garanties juridiquement contraignantes selon lesquelles le bloc cessera son expansion et reviendra à ses frontières de 1997.
Répondant à une question sur ce que cela signifierait pour la Bulgarie et la Roumanie, qui ont rejoint l’OTAN après 1997, le ministère a déclaré que la Russie
voulait que toutes les troupes étrangères, les armes et autres matériels militaires soient retirés de ces pays.
Après avoir observé Lavrov et Poutine pendant plus de 20 ans, tout le monde devrait savoir qu’ils ne fixent pas publiquement des objectifs s’ils n’ont aucun moyen
de les atteindre. Ils ont toujours des plans bien pensés avant d’annoncer leurs objectifs.
Alors comment la Russie peut-elle réellement obtenir un retrait de l’OTAN vers ses frontières de 1997 ?
Sanctions. Les États-Unis ont utilisé leurs pouvoirs économiques et militaires pour sanctionner tel ou tel pays qui ne faisait pas ce que Washington lui demandait
de faire. À moins d’être adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies, ces sanctions n’ont aucun fondement dans le droit international. Malgré cela, les États-Unis ont même utilisé des
sanctions secondaires. Ils ont menacé de sanctions l’Europe, et tous les autres pays, en leur ordonnant de ne pas traiter avec l’Iran ou le Venezuela.
Les États-Unis envisagent de « permettre » à
l’Europe et au Venezuela de commercer ensemble. Pensez à ce que cette histoire nous dit sur les relations de
pouvoir mondiales et qui est aux commandes.
Les États-Unis
pourraient autoriser Eni et Repsol à expédier du pétrole vénézuélien vers l’Europe dès juillet pour compenser le brut russe, rapporte Reuterstrib.al/fQ10QlX.
La Russie peut faire de même. Mais comme elle suit toujours le droit international, elle devra le faire d’une manière légèrement différente.
La Russie est une superpuissance dans la mesure où elle produit toutes sortes de matières premières dont le monde, et surtout l’Occident, a besoin. L’Europe, et en
particulier l’Allemagne, dépend du gaz naturel et du pétrole venant de Russie. Les prix de l’énergie en Allemagne vont au moins tripler si le pays
est complètement coupé des approvisionnements russes.
Les leaders de l’industrie allemande ont annoncé haut et fort qu’ils devront fermer boutique si la politique européenne actuelle de restriction des approvisionnements énergétiques russes se poursuit. Les géants de
la chimie BASF et Bayer devront s’installer dans un autre pays. Volkswagen, Mercedes, BMW devront arrêter toute production en Europe. La production d’acier tombera à zéro. Le manque d’engrais
entraînera une dépendance à l’égard de l’agriculture étrangère.
Le chômage de masse s’ensuivra. Des millions de personnes seront dans la rue pour protester contre les coupures de courant, le gel dans les appartements et
l’hyperinflation.
La Russie peut réaliser cela à tout moment. Il lui suffit de cesser de fournir du gaz et du pétrole à l’Europe.
Malgré six « paquets de sanctions » européens contre la
Russie, la Russie n’a toujours pas réagi en retour. Celle-ci doit encore espérer que les dirigeants européens reconnaîtront le jeu mortel auquel les États-Unis se livrent avec eux.
Malheureusement, les dirigeants européens sont stupides et compromis. Le ministre allemand « vert olive » de la destruction économique,
Robert Habeck, rêve toujours de mettre l’économie russe à genoux, alors même que le rouble augmente et que l’économie allemande s’effondre. Le chancelier Olaf Scholz n’a jamais été la plus
brillante des ampoules dans la pièce. Il est profondément compromis par son implication dans le scandale Wireguard. Il était ministre des finances lorsque les rapports sur une fraude d’une valeur d’un milliard de dollars de la société ont été supprimés par son
ministère. Et ne me parlez pas d’Ursula van der Leyen, dont la corruption et l’incompétence ont été démontrées dès qu’elle a accédé à sa première fonction publique. Les services secrets américains connaissent surement de nombreux autres crimes dans lesquels ces personnes
ont été impliquées.
Les dirigeants idéologiques actuels de l’Europe devront être remplacés par des personnes propres qui suivent la tradition allemande de Realpolitik :
La Realpolitik (allemand : [ʁeˈaːlpoliˌtiːk] ; de l’allemand real « réaliste, pratique, réel », et Politik « politique »), désigne
l’adoption ou l’engagement de politiques diplomatiques ou politiques basées principalement sur des considérations de circonstances et de facteurs donnés, plutôt que de se lier strictement à
des notions idéologiques explicites ou à des prémisses morales et éthiques. À cet égard, elle partage certains aspects de son approche philosophique avec celles du réalisme et du pragmatisme.
En politique, elle est souvent appelée simplement « pragmatisme », par exemple « mener des politiques pragmatiques » ou « politiques réalistes ».
L’Europe ne reviendra à la raison qu’avec de nouveaux dirigeants décents.
La Russie peut y contribuer tout en résolvant son problème avec l’OTAN.
Elle peut déclarer publiquement que :
IL N’Y AURA PLUS DE FOURNITURES RUSSES D’AUCUNE SORTE À L’EUROPE JUSQU’À CE QU’ELLE ROMPE AVEC
WASHINGTON.
Que se passerait-il ensuite ?
Des millions de discussions à la lueur de bougies se tiendraient dans des foyers européens glacés et affamés. Les opinions politiques changeraient. Les
gouvernements seraient remplacés par des gouvernements plus pragmatiques.
La France et l’Allemagne devront soit quitter l’OTAN, soit s’appauvrir et devenir insignifiantes. Les troupes américaines présentes sur le sol européen seraient
priées de partir ou seraient attaquées et jetées dehors par une population enragée. L’Allemagne interdirait à l’armée américaine d’utiliser son espace aérien. Les États-Unis perdraient leur
emprise sur le continent.
Cela ne peut pas arriver ? Eh bien, Gonzalo Lira n’est pas d’accord et moi non plus. Début février, avant l’intervention russe en Ukraine, j’avais mis en garde contre les conséquences des politiques « occidentales » actuelles :
La stratégie américaine visant à « contraindre » la
Russie dans ses relations avec l’Europe en lui imposant des « sanctions
écrasantes » pour ensuite attaquer la Chine est en train d’échouer. C’est parce qu’elle a été complètement mal conçue.
La Russie est le pays le plus autarcique du monde. Elle produit
presque tout ce dont elle a besoin et possède des produits hautement désirables qui font l’objet d’une demande mondiale et dont l’Europe a particulièrement besoin. La Russie dispose également
d’énormes réserves financières. Une stratégie de sanctions contre la Russie ne peut pas fonctionner.
Les États-Unis et leurs mandataires dans l’UE et ailleurs ont imposé des sanctions très sévères à la Russie pour nuire à son économie.
L’objectif final de cette guerre économique est un changement de régime en Russie. La conséquence probable sera un changement de régime dans de
nombreux autres pays. …
Toute la consommation d’énergie aux États-Unis et dans l’Union européenne se fera désormais à un prix élevé. Cela
poussera l’UE et les États-Unis dans une récession. Comme la Russie augmentera les prix des exportations de biens pour lesquels elle a un pouvoir de marché – gaz, pétrole, blé, potassium,
titane, aluminium, palladium, néon, etc – la hausse de l’inflation dans le monde entier deviendra significative. …
[La Russie et la Chine] ont consacré plus de temps de réflexion à
cette question que les États-Unis.
Les Européens auraient dû le reconnaître au lieu d’aider les États-Unis à conserver l’image d’une puissance unipolaire.
Il faudra un certain
temps pour que les nouvelles réalités économiques s’installent. Elles changeront probablement la vision actuelle des véritables intérêts stratégiques de l’Europe.
L’Europe a la chance que la Russie, même avant de revenir en Ukraine, ait offert une alternative très décente à l’hégémonie américaine en Europe :
Un homme qui a l’oreille de Poutine, le professeur Sergey Karaganov, président honoraire du Conseil de la politique étrangère et de la défense de Russie, a
écrit un article d’opinion qui présente une alternative.
L’article a été demandé par le Financial Times et était censé
être publié, ce qui signifie qu’il s’adresse aux dirigeants européens. Mais le FT l’a rejeté pour des raisons non précisées. Il a ensuite été publié dans la revue Russia in Global Affairs et a
maintenant été republié par RT. …
Le système de sécurité en Europe, construit en grande partie par l’Occident après les années 1990, sans qu’un traité
de paix ait été signé après la fin de la précédente guerre froide, est dangereusement insoutenable.
Il existe quelques moyens de résoudre l’étroit problème ukrainien, comme le retour à la neutralité permanente, ou
des garanties légales de plusieurs pays clés de l’OTAN de ne jamais voter pour une nouvelle expansion du bloc. Les diplomates, je suppose, en ont quelques autres dans leurs manches. Nous ne
voulons pas humilier Bruxelles en insistant pour répudier son plaidoyer erroné en faveur d’une expansion illimitée de l’OTAN. Nous connaissons tous la fin de l’humiliation de Versailles. Et,
bien sûr, l’application des accords de Minsk.
Mais la tâche
est plus vaste : construire un système viable sur les ruines du présent. Et sans recourir aux armes, bien sûr. Probablement dans le cadre plus large de la Grande Eurasie. La
Russie a besoin d’un flanc occidental sûr et amical dans sa compétition pour l’avenir. L’Europe sans la Russie ou même contre elle a rapidement perdu son poids international. De
nombreuses personnes l’avaient prédit dans les années 1990, lorsque la Russie a proposé de s’intégrer aux systèmes du continent, et
non d’en faire partie. Nous sommes trop grands et trop fiers pour être absorbés. Notre proposition a été rejetée à l’époque, mais il y a toujours une chance qu’elle ne le soit pas cette
fois-ci.
Ce dernier paragraphe est l’essentiel des véritables objectifs stratégiques de la Russie. Ils exigent de détruire le système actuel d’hégémonie américaine sur
l’Europe. L’Europe devra être déOTANisée. Des
changements de régime dans les pays européens seront probablement nécessaires pour y parvenir.
Les dirigeants russes ont maintenant une chance unique d’atteindre ces objectifs. Ils seront condamnés par leurs compatriotes s’ils s’abstiennent de le faire. Les
États-Unis n’ont aucun moyen d’empêcher ou de contrer un boycott des ventes russes et ses conséquences.
Quand les politiciens européens, ou ceux qui les soutiennent, vont-ils enfin se rendre compte de ces faits ?
Mise à jour :
Un extrait d’une conférence de presse que Lavrov tient actuellement :
FM #Lavrov : Selon toutes les apparences, personne ne réformera l’#OTAN. Ils
vont transformer cette « alliance
défensive » en une alliance mondiale qui revendique la domination militaire mondiale. C’est une voie dangereuse qui est définitivement vouée à l’échec.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Et si la guerre en Ukraine était impossible à arrêter ? L’inquiétude du New-York Times.
« La guerre en Ukraine peut être impossible à arrêter. Et les États-Unis portent une grande partie de la responsabilité. »
C’est une sacrée tribune que propose l’une des références mondiales de la presse. le New York Times qui ne fait ni dans le pro-poutinisme primaire ni dans le
complotisme.
Le quotidien américain reprend même les derniers propos d’Henri Gauino !
C’est dire l’influence et l’effet des propos tenus par l’ancien conseiller spécial du président Sarkozy. Voici la traduction de cet article.
« Dans le quotidien parisien Le Figaro ce mois-ci, Henri Guaino, l’un des principaux conseillers de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était président de la France,
a averti que les pays européens, sous la direction à courte vue des États-Unis, étaient en train de « somnambuler » dans la guerre avec la Russie. M. Guaino empruntait une métaphore que
l’historien Christopher Clark utilisait pour décrire les origines de la Première Guerre mondiale.
Naturellement, M. Guaino comprend que la Russie est le plus directement responsable du conflit actuel en Ukraine. C’est la Russie qui a massé ses troupes à la
frontière l’automne et l’hiver derniers et – après avoir exigé de l’OTAN un certain nombre de garanties de sécurité liées à l’Ukraine que l’OTAN a rejetées – a commencé les bombardements et
les tueries le 24 février.
Mais les États-Unis ont contribué à transformer ce conflit tragique, local et ambigu en une potentielle conflagration mondiale. En comprenant mal la logique de
la guerre, soutient M. Guaino, l’Occident, dirigé par l’administration Biden, donne au conflit un élan qu’il peut être impossible d’arrêter.
Il a raison.
En 2014, les États-Unis ont soutenu un soulèvement – dans sa phase finale un soulèvement violent – contre le gouvernement ukrainien légitimement élu de Viktor
Ianoukovitch, qui était pro-russe. (La corruption du gouvernement de M. Ianoukovitch a été beaucoup évoquée par les défenseurs de la rébellion, mais la corruption est un problème ukrainien
pérenne, même aujourd’hui.) La Russie, à son tour, a annexé la Crimée, une partie historiquement russophone de l’Ukraine qui depuis le 18e siècle avait abrité la flotte russe de la mer
Noire.
On peut discuter des revendications russes sur la Crimée, mais les Russes les prennent au sérieux. Des centaines de milliers de combattants russes et
soviétiques sont morts en défendant la ville de Crimée de Sébastopol contre les forces européennes au cours de deux sièges, l’un pendant la guerre de Crimée et l’autre pendant la Seconde
Guerre mondiale. Ces dernières années, le contrôle russe de la Crimée a semblé fournir un arrangement régional stable.
Mais les États-Unis n’ont jamais accepté l’arrangement. Le 10 novembre 2021, les États-Unis et l’Ukraine ont signé une « charte de partenariat
stratégique » qui appelait l’Ukraine à rejoindre l’OTAN, condamnait « l’agression russe en cours » et affirmait un « engagement indéfectible » à la réintégration de
la Crimée en Ukraine.
Cette charte « a convaincu la Russie qu’elle devait attaquer ou être attaquée », a écrit M. Guaino. « C’est le processus inéluctable de 1914 dans toute sa
terrifiante pureté. »
Il s’agit d’un récit fidèle de la guerre que le président Vladimir Poutine a prétendu mener. « Il y avait des approvisionnements constants en équipement
militaire le plus moderne », a déclaré M. Poutine lors du défilé annuel de la victoire de la Russie le 9 mai, faisant référence à l’armement étranger de l’Ukraine. « Le danger
grandissait chaque jour. »
La question de savoir s’il avait raison de s’inquiéter pour la sécurité de la Russie dépend du point de vue de chacun. Les reportages occidentaux ont tendance à
nier ce sujet.
Le cours mouvementé de la guerre en Ukraine jusqu’à présent a confirmé le diagnostic de M. Poutine, sinon sa conduite. Bien que l’industrie militaire
ukrainienne ait été importante à l’époque soviétique, en 2014, le pays disposait à peine d’une armée moderne. Les oligarques, et non l’État, ont armé et financé certaines des milices envoyées
pour combattre les séparatistes soutenus par la Russie dans l’est. Les États-Unis ont commencé à armer et à former l’armée ukrainienne, d’abord avec hésitation sous le président Barack Obama.
Cependant, le matériel moderne a commencé à circuler sous l’administration Trump et aujourd’hui, le pays est armé jusqu’aux dents.
Depuis 2018, l’Ukraine a reçu des missiles antichars Javelin de fabrication américaine, de l’artillerie tchèque et des drones turcs Bayraktar et d’autres armes
interopérables avec l’OTAN. Les États-Unis et le Canada ont récemment envoyé des obusiers M777 de conception britannique modernes qui tirent des obus Excalibur guidés par GPS. Le président
Biden vient de promulguer une loi d’aide militaire de 40 milliards de dollars.
Dans cette optique, la moquerie de la performance de la Russie sur le champ de bataille est déplacée. La Russie n’est pas bloquée par un pays agricole courageux
d’un tiers de sa taille ; il tient bon, du moins pour l’instant, face aux armes économiques, cybernétiques et de champ de bataille avancées de l’OTAN.
Et c’est là que M. Guaino a raison d’accuser l’Occident de somnambulisme. Les États-Unis tentent d’entretenir la fiction selon laquelle armer ses alliés n’est
pas la même chose que participer au combat.
A l’ère de l’information, cette distinction devient de plus en plus artificielle. Les États-Unis ont fourni des renseignements utilisés pour tuer des généraux
russes. Les Ukrainiens ont obtenu des informations de ciblage qui ont aidé à couler le croiseur amiral russe de la mer Noire, le Moskva, un incident au cours duquel environ 40 marins ont été
tués.
Et les États-Unis pourraient jouer un rôle encore plus direct. Il y a des milliers de combattants étrangers en Ukraine. Un bénévole a parlé à Radio-Canada ce
mois-ci de se battre aux côtés d' »amis » qui « viennent des Marines, des États-Unis ». Tout comme il est facile de franchir la frontière entre être un fournisseur d’armes
et être un combattant, il est facile de franchir la frontière entre mener une guerre par procuration et mener une guerre secrète.
De manière plus subtile, un pays essayant de mener une telle guerre risque d’être entraîné d’une implication partielle à une implication totale par la force du
raisonnement moral. Peut-être que les responsables américains justifient l’exportation d’armes comme ils justifient leur budgétisation : c’est si puissant que c’est dissuasif. L’argent est
bien dépensé parce qu’il achète la paix. Si des canons plus gros ne parviennent pas à dissuader, ils conduisent à de plus grandes guerres.
Une poignée de personnes sont mortes lors de la prise de contrôle russe de la Crimée en 2014. Mais cette fois-ci, égalée en armement – et même surpassée dans
certains cas – la Russie est revenue à une guerre de bombardement qui ressemble plus à la Seconde Guerre mondiale.
Même si nous n’acceptons pas l’affirmation de M. Poutine selon laquelle l’armement américain de l’Ukraine est la première raison pour laquelle la guerre a eu
lieu, c’est certainement la raison pour laquelle la guerre a pris la forme cinétique, explosive et meurtrière qu’elle a. Notre rôle à cet égard n’est ni passif ni accessoire. Nous avons donné
aux Ukrainiens des raisons de croire qu’ils peuvent l’emporter dans une guerre d’escalade.
Des milliers d’Ukrainiens sont morts qui ne l’auraient probablement pas été si les États-Unis s’étaient tenus à l’écart. Cela peut naturellement créer chez les
décideurs politiques américains un sentiment d’obligation morale et politique – de maintenir le cap, d’aggraver le conflit, de faire face à tout excès.
Les États-Unis se sont montrés non seulement susceptibles d’escalader, mais aussi enclins à le faire. En mars, M. Biden a invoqué Dieu avant d’insister sur le
fait que M. Poutine « ne peut pas rester au pouvoir ». En avril, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a expliqué que les États-Unis cherchaient à « voir la Russie affaiblie ».
Noam Chomsky a mis en garde contre les incitations paradoxales de telles « déclarations héroïques » dans une interview d’avril. « Cela peut ressembler à
des imitations de Winston Churchill, très excitantes », a-t-il déclaré. « Mais ce qu’ils traduisent, c’est : Détruisez l’Ukraine. »
Pour des raisons similaires, la suggestion de M. Biden que M. Poutine soit jugé pour crimes de guerre est un acte d’irresponsabilité consommée. L’accusation est
si grave qu’une fois portée, elle décourage la retenue ; après tout, un dirigeant qui commet une atrocité n’est pas moins un criminel de guerre qu’un autre qui en commet mille. L’effet,
intentionnel ou non, est d’interdire tout recours aux négociations de paix.
La situation sur le champ de bataille en Ukraine a évolué vers un stade délicat. La Russie et l’Ukraine ont subi de lourdes pertes. Mais chacun a aussi fait des
gains. La Russie dispose d’un pont terrestre vers la Crimée et contrôle certaines des terres agricoles et des gisements énergétiques les plus fertiles d’Ukraine, et ces derniers jours, elle a
maintenu l’élan du champ de bataille. L’Ukraine, après une solide défense de ses villes, peut s’attendre à un soutien, un savoir-faire et des armements supplémentaires de l’OTAN – une
puissante incitation à ne pas mettre fin à la guerre de si tôt.
Mais si la guerre ne se termine pas bientôt, ses dangers augmenteront.
« Les négociations doivent commencer dans les deux prochains mois », a averti la semaine dernière Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’État
américain, « avant que cela ne crée des bouleversements et des tensions qui ne seront pas facilement surmontés ». Appelant à un retour au statu quo ante bellum, il a ajouté :
« Poursuivre la guerre au-delà de ce point ne concernerait pas la liberté de l’Ukraine mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même ».
En cela, M. Kissinger est sur la même longueur d’ondesque M. Guaino. « Faire des concessions à la Russie serait se soumettre à une agression », a averti M.
Guaino. « N’en faire aucun serait se soumettre à la folie. »
Les États-Unis ne font aucune concession. Ce serait perdre la face. Il y a une élection à venir. Ainsi, l’administration ferme les voies de négociation et
travaille à intensifier la guerre. Nous sommes là pour le gagner. Avec le temps, l’énorme importation d’armes meurtrières, y compris celles provenant de l’allocation de 40 milliards de
dollars nouvellement autorisée, pourrait amener la guerre à un niveau différent. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti dans un discours aux étudiants ce mois-ci que les jours les
plus sanglants de la guerre approchaient ».
Charles SANNAT
« Ceci est un article ‘presslib’,
c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime
quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information
quotidienne sur www.insolentiae.com. »
Au cours des derniers
mois, j’ai peu écrit sur d’autres sujets de politique étrangère étasunienne que la guerre en Ukraine.
Un bref examen montre
qu’il y a peu d’initiatives prises que le secrétaire d’État Anthony Blinken ou son président pourraient considérer comme un succès.
Le mois dernier,
Biden s’est rendu en Asie où il a tenu des réunions avec le QUAD (Australie, Japon, Inde et États-Unis) ainsi qu’avec des dirigeants d’Asie du Sud.
La réunion du QUAD a été un échec car l’Inde n’a montré aucun signe montrant la volonté de se joindre aux trois autres dans leur condamnation de la Russie. Au
lieu de sanctionner la Russie, l’Inde lui achète davantage de pétrole que celle-ci lui offre avec des rabais décents. Une telle désunion n’est pas de bon augure pour la coalition anti-Chine
conçue par les États-Unis.
Mais le plus remarquable est que Biden est venu en Asie les mains
vides :
Plusieurs mois après que le président américain Joe Biden ait indiqué pour la première fois que son administration lancerait un nouveau cadre
économique indo-pacifique (IPEF) qui marquerait un engagement renforcé des États-Unis envers les économies asiatiques, le président, accompagné des dirigeants d’une douzaine de
pays d’Asie, a annoncé le lancement de l’IPEF à Tokyo le 23 mai. …
La lenteur du processus visant à déterminer ce que contiendront les quatre « piliers » de l’IPEF, la manière dont les négociations seront menées
en raison de la division du travail entre le représentant américain au commerce et le secrétaire au commerce, et l’incertitude quant aux gouvernements qui adhéreront à l’initiative ont
renforcé l’ambivalence.
En raison de cette ambivalence, la déclaration conjointe lançant le cadre fait référence à des « discussions collectives en vue de
négociations futures », ce qui indique qu’il reste du travail à faire pour étoffer l’initiative.
Les gouvernements
asiatiques n’ont pas tort d’avoir des sentiments mitigés à l’égard de l’IPEF. Les responsables américains du commerce prévoient d’exiger des partenaires de négociation des performances
plus élevées en matière de travail et d’environnement, mais ils ont également indiqué qu’ils n’étaient pas prêts à offrir l’accès au marché américain, et encore moins à conclure un accord
de libre-échange de type TPP.
Le Malaisien Mahathir Mohamad a déclaré que
le nouveau groupe commercial dirigé par les États-Unis, l’IPEF, vise à « isoler la Chine ». Cela ne marchera pas, car
l’idée dans son ensemble a toutes les chances d’échouer.
Comme l’a fait remarquer un
rédacteur de l’Institut Lowy, de Sydney, dans le New York Times :
Biden s’est entretenu la semaine dernière avec les dirigeants du groupe des quatre nations du « Quad » formé pour contrer Pékin, a promis de
défendre Taïwan contre la Chine et a présenté un nouveau pacte économique impliquant une douzaine de nations pour renforcer l’influence économique des États-Unis dans la région.
Pourtant, la
Chine est déjà en train de gagner dans une grande partie de l’Asie sur les fronts économique et diplomatique, et rien de ce que font les États-Unis ne semble pouvoir changer cette
situation. …
La réponse de l’administration Biden, dévoilée la semaine dernière à Tokyo, est son cadre économique indo-pacifique. Ce projet est loin d’être à la
hauteur.
Le plan prévoit une coopération en matière de commerce, de chaînes d’approvisionnement, d’infrastructures et de lutte contre la corruption. Mais il ne
prévoit pas un meilleur accès à l’énorme marché d’importation américain, une carotte cruciale qui sous-tend normalement les accords commerciaux. …
Entre-temps, la Chine est allée de l’avant. Les entreprises d’État ont conclu de grands projets dans la région, souvent dans le cadre de la tentaculaire
initiative chinoise des « Nouvelles routes de la soie ».
La Chine pratique également une diplomatie persistante. Les voyages du ministre des affaires étrangères Wang Yi en
Asie du Sud-Est et dans le Pacifique ont largement dépassé le rythme de son homologue américain, Antony Blinken. Malgré la fanfare du récent voyage de M. Biden en Asie, il
s’agissait de son premier voyage dans la région depuis son entrée en fonction il y a 16 mois et il n’a visité que ses proches alliés, la Corée du Sud et le Japon. …
Il ne sera pas facile de concurrencer la Chine en Asie. Il faut reconnaître que les États-Unis sont actuellement en train de perdre.
Ces mots, venant d’un allié fidèle des États-Unis, sont assez durs.
Un autre domaine dans lequel la politique étrangère américaine actuelle échoue est celui concernant les Amériques. Biden accueille actuellement
le « sommet » de
l’Organisation des États américains. Les chefs d’État d’au moins 7 des 34 États membres de l’OEA n’ont pas été invités ou ont refusé
de venir :
L’insistance de M. Biden pour que les dirigeants de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela ne participent pas au sommet a été perçue dans de nombreuses
capitales comme un signe d’impérialisme américain et un manque de volonté d’aborder de manière honnête les problèmes complexes de la région.
Les trois pays d’Amérique centrale connus sous le nom de Triangle du Nord – le Salvador, le Guatemala et le Honduras – qui, avec le Mexique, sont à
l’origine d’environ 66 % de l’immigration clandestine à la frontière américaine, ont décidé de n’envoyer que leurs ministres des affaires étrangères au sommet pour manifester leur
mécontentement.
L’argument idéologique de Biden (ou de Blinken) selon lequel Cuba, le Nicaragua et le Venezuela sont des « dictatures » n’a pas beaucoup de sens
lorsqu’on apprend que le président par intérim non élu d’Haïti, Ariel Henry, a été invité alors qu’il est soupçonné d’avoir commandité le meurtre de son prédécesseur Jovenel Moïse.
Biden est à nouveau venu les mains vides :
Les responsables de l’administration ont déclaré que M. Biden proposerait des réformes de la Banque interaméricaine de développement pour encourager
davantage d’investissements privés dans la région et des investissements de 300 millions de dollars par les États-Unis pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Mardi, la
vice-présidente Kamala Harris a annoncé des promesses d’investissements de 1,9 milliard de dollars par des entreprises privées au cours des prochaines années.
Mais il n’est pas certain que ces investissements seront suffisamment solides pour empêcher ces pays de se tourner vers la Chine pour obtenir de l’aide, ce
qui est pourtant un objectif clé pour M. Biden.
L’establishment de la politique étrangère n’est pas satisfait de cette situation :
Le Sommet des Amériques s’annonce comme une débâcle, un échec diplomatique. Les États-Unis n’ont pas de proposition commerciale, pas de politique
d’immigration et pas de programme d’infrastructure. Au lieu de cela, l’accent est mis sur qui sera présent et qui ne le sera pas. La raison pour laquelle nous avons fait pression pour que
cela se produise n’est pas claire.
La politique américaine au Moyen-Orient est bloquée. L’accord nucléaire avec l’Iran a peu de chances d’être relancé par Biden, car il a refusé de lever la
désignation, faite par Trump, du Corps des gardiens de la révolution islamique comme groupe terroriste. La visite qu’il devait effectuer en Arabie saoudite pour réclamer plus de pétrole et un
pétrole moins cher a été reportée à une date ultérieure incertaine. Le leader de l’Arabie Saoudite est toujours fâché que Biden l’ait précédemment snobé. Il souhaite également poursuivre son
accord OPEP+ avec la Russie et d’autres producteurs de pétrole afin d’éviter une baisse des prix du pétrole.
Le fait que le général à la retraite John R. Allen, de tendance démocrate, fasse l’objet d’une enquête pour
avoir fait pression sur le Qatar, le grand rival de l’Arabie saoudite, n’aide pas. Allen est à la tête du Brookings Institute, également à tendance démocrate, qui a reçu d’importantes
donations du Qatar.
En ce qui concerne sa politique anti-chinoise, l’administration Biden a connu deux autres revers. Elle avait interdit les panneaux solaires en provenance de
Chine en raison de violations présumées des droits de l’homme au Xinjiang, d’où proviennent les matières premières nécessaires à la fabrication de ces panneaux. Cette mesure, ainsi qu’un
différend commercial mineur, a entraîné une crise de l’approvisionnement en panneaux solaires et a stoppé certains grands projets d’« énergie verte ». Biden a réagi en signant
une autorisation
d’urgence pour lever les droits de douane sur les panneaux solaires des « producteurs » d’Asie du Sud-Est qui ne font
que revendre les panneaux produits en Chine.
Le département d’État semble également confus quant
à sa propre politique anti-chinoise :
Le département d’État américain a de nouveau mis à jour sa fiche d’information sur Taïwan, pour rétablir une ligne indiquant qu’il ne soutient pas
l’indépendance formelle de l’île revendiquée par la Chine et gouvernée démocratiquement.
On pourrait dire que le plan de Biden pour attirer la Russie dans une guerre en Ukraine a bien fonctionné. L’OTAN est au moins temporairement unie et l’UE est
sous le strict contrôle des États-Unis. Mais l’attaque monétaire contre la Russie par le biais de sanctions s’est avérée être un échec total, le rouble atteignant de nouveaux sommets. Les
effets des sanctions ont au contraire créé un nouveau choc d’offre ; du coup les prix du pétrole, des engrais et du blé s’envolent.
La Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale et met
en garde contre la stagflation. Le prix moyen de l’essence aux États-Unis a atteint 5 dollars le gallon et risque d’augmenter encore. L’inflation générale a nettement augmenté, mais
les causes sont mal
identifiées. Et ce, alors que les marchés boursiers et immobiliers sont plus ou moins en chute libre.
La situation n’est pas du tout favorable aux Démocrates pour les prochaines élections de mi-mandat ou pour la réélection de Biden en 2024.
Le président Joe Biden et ses collaborateurs sont de plus en plus frustrés par leur incapacité à renverser la vapeur face à une cascade de défis qui
menacent de submerger l’administration.
Une inflation mondiale galopante. La hausse des prix du carburant. L’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une Cour suprême prête à supprimer un droit
constitutionnel. Une pandémie potentiellement résurgente. Un Congrès trop bloqué pour s’attaquer à une législation radicale sur la sécurité des armes à feu, même dans un contexte de
fusillades de masse.
Crise après crise, la Maison Blanche s’est trouvée limitée ou impuissante dans ses efforts pour combattre les forces qui l’assaillent. Le moral au 1600
Pennsylvania Avenue est en chute libre, car on craint de plus en plus que les parallèles avec Jimmy Carter, un autre démocrate de premier mandat en proie à la flambée des prix et au
marasme de la politique étrangère, ne deviennent réalité.
Biden peut encore sauver sa peau en remplaçant son secrétaire d’État et son conseiller à la sécurité nationale, qui ont l’esprit idéologique, par des réalistes
compétents. La liste ci-dessus contient suffisamment de raisons pour le faire.
Il doit également mettre un terme à la guerre en Ukraine. Il pourrait dire à Zelensky de mettre fin à ces combats insensés et de se soumettre aux exigences de
la Russie. Les sanctions contre la Russie pourraient alors être levées et une nouvelle hausse du prix du pétrole pourrait être évitée. (Comme la guerre a déjà quitté les premières pages,
c’est probablement faisable).
Cependant, Biden n’a jamais montré la flexibilité d’esprit nécessaire pour décider l’un comme l’autre.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Une OTAN à géométrie variable ? Vraiment ?
La question de l’Ukraine a fait naître en Occident des peurs
existentielles (ainsi que de profondes tendances russophobes) qu’aucune autre situation d’urgence comparable n’aurait pu faire naître.
Par Alastair Crooke – Le 29 mai 2022 – Source Al
Mayadeen
Il est clair que Biden est pris de panique face
au prix record de l’essence aux États-Unis. Il s’agit probablement de la question la plus névralgique de la politique intérieure américaine. Il se fait attaquer et sa phrase « C’est la hausse des prix de Poutine » est
ridiculisée (les prix de l’essence avaient augmenté de 30 % avant même l’Ukraine). Sa « guerre » précédente contre les combustibles
fossiles et la restriction de la production nationale est revenue le hanter dans les sondages.
La guerre financière tous azimuts menée par Biden contre la Russie n’a pas réussi à réduire le rouble en miettes, mais elle a mis le feu aux poudres dans tous les
secteurs de l’énergie. C’est ainsi que Washington a libéré du pétrole de la réserve stratégique des États-Unis et s’est démené dans le monde entier (y compris auprès du Venezuela qui est
sanctionné) pour trouver une offre suffisante à la marge, afin de faire baisser les prix du brut. Mais en vain. Le JCPOA est bloqué par l’opposition du Congrès, et cette semaine, l’essence a
atteint de nouveaux sommets aux États-Unis.
On sait que Biden est irrité et déçu par Riyad et Abou Dhabi, qui refusent de répondre à ses appels ou d’accepter d’augmenter la production de pétrole, à la fois
pour endiguer la flambée des prix internationaux mais aussi (ce qui est tout aussi important dans l’optique des États-Unis) pour réduire les revenus
croissants de la Russie résultant de ces prix élevés.
Les responsables saoudiens et émiratis, à leur tour, sont déçus par les dirigeants américains pour leur manque d’attention à l’égard de la région et, selon eux,
pour avoir réduit le parapluie de sécurité américain qui était auparavant un « acquis » incontesté. Mohammad ben Salman
(MbS) se sent en outre lésé par la froideur de Biden à son égard, à la suite du meurtre de Khashoggi.
C’est ainsi qu’à Abou Dhabi, à l’occasion de la mort de l’émir Khalifa, la quasi-totalité du collectif américain de politique étrangère et de sécurité est montée
sur scène présenter ses condoléances. Le gratin. La délégation conduite par la vice-présidente Kamala Harris comprenait Blinken, Lloyd Austin, l’envoyé pour le climat John Kerry et le directeur
de la CIA Bill Burns. À première vue, cette représentation était un peu « exagérée » , bien au-delà des exigences du
protocole.
Cependant, la présence de Lloyd Austin et du directeur de la CIA Burns dans la délégation de Harris était particulièrement intéressante. Ils ne sont pas seulement
les chevilles ouvrières de la stratégie de Biden visant à « saigner la Russie » , mais ils sont aussi
intimement liés à la notion d’OTAN-Global.
Les deux États du Golfe s’opposent à la diplomatie américaine avec l’Iran et ont exigé un « parapluie » de sécurité officiel protégeant
leurs intérêts, si Biden devait signer un nouvel accord JCPOA avec Téhéran.
Bien sûr, Biden veut avant tout plus de pétrole et que les États cessent de travailler avec la Russie dans le cadre du format OPEP+. Toutefois, si Riyad et Abou
Dhabi acceptaient de pomper davantage de pétrole et de se débarrasser de la Russie dans le cadre de l’OPEP+, ce qui est peu probable, le défi consisterait à identifier ce que Washington pourrait
offrir comme parapluie de sécurité.
Les garanties de sécurité américaines formelles de type article 5 de l’OTAN, que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis réclament, sont écartées pour toute
une série de raisons stratégiques et politiques, notamment parce que d’autres pays, le Qatar et d’autres, ne manqueraient pas de formuler des demandes similaires.
D’où la nouvelle idée des États-Unis d’établir une OTAN quasi-mondiale, bien qu’à géométrie variable, et qui ne nécessite pas que tous les États de l’OTAN
approuvent l’élargissement de l’article 5. C’est ce que l’on vante actuellement en Asie du Sud-Est alors que Biden tente de rassembler des alliés pour soutenir les États-Unis contre la Chine. Le
Japon et Taïwan chercheraient également à obtenir des garanties de sécurité.
Cette idée est lancée au Moyen-Orient et en Asie. N’y aurait-il pas un problème ?
C’est l’Ukraine. L’assistance militaire américaine à l’Ukraine est retenue par Washington pour offrir un modèle d’article 5 atténué. La leçon à en tirer, soulignent
les responsables américains, est qu’un pacte de défense formel avec les États-Unis n’est pas nécessaire pour que les États puissent bénéficier d’une
assistance sécuritaire américaine généreuse, efficace et immédiate en cas de crise militaire, comme le démontre l’Ukraine.
Ah oui. Il est vrai que l’Ukraine a bénéficié d’une assistance militaire massive (et furtive) de l’OTAN. Depuis 2014, cette dernière a formé aux normes de l’OTAN et
équipé une armée ukrainienne d’un quart de million d’hommes. Les formateurs de l’OTAN ont été présents tout au long du processus, et les conseillers de l’OTAN ont supervisé les préparatifs des
bunkers profonds et hautement fortifiés dans le Donbass, à l’ouest de la ligne de contact. Ces bunkers devaient servir de point de départ à un assaut contre les républiques du Donbass. (L’assaut
a été anticipé lorsque Moscou a reçu des renseignements exposant le plan opérationnel de Kiev et sa date de mise en œuvre).
Mais c’est là que le bât blesse : l’Ukraine est un cas très particulier (Taïwan pourrait peut-être être considérée comme équivalente à l’Ukraine), mais les autres
ne le sont pas. L’Europe et les États-Unis n’ont pas investi aussi lourdement dans l’OTANisation furtive de l’Ukraine uniquement pour lui offrir un « parapluie » un jour de pluie. Ils l’ont fait en
raison d’un désir profond d’infliger à la Russie tout à la fois une humiliation, un effondrement économique et un changement de régime.
La question de l’Ukraine a fait naître en Occident des peurs existentielles (ainsi que de profondes tendances russophobes) qu’aucune autre situation d’urgence
comparable n’aurait pu faire naître. Les dirigeants occidentaux ont ouvertement proclamé que « l’ordre libéral serait détruit si Poutine
gagnait » .
Aucun sentiment comparable de mobilisation et d’urgence occidentale ne concernerait les États du Golfe, ni peut-être même « Israël », si leurs intérêts étaient menacés.
Avec l’Ukraine, l’Occident combat, par procuration, un autre round dans une guerre européenne remontant à loin.
Abstraction faite des circonstances exceptionnelles et du fait, non négligeable, que la guerre avec la Russie est loin
d’être réglée, pourquoi les États se fieraient-ils à des assurances aussi éphémères (et fluides) et qui stipulent qu’ils pourraient recevoir (selon le modèle ukrainien), en cas d’urgence, des
armes en prêt-bail, des renseignements et des conseils des forces spéciales, mais pas de troupes de l’OTAN sur le terrain ?
En fin de compte, le but de cette visite de tant de grands pontes américains était de séparer les dirigeants des États du Golfe de la Russie. Et pourquoi les États
du Golfe voudraient-ils faire cela ? Ils ont des intérêts communs avec la Russie, notamment le maintien d’un prix du pétrole stable et élevé.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par, pour le Saker Francophone
L’agression de l’OTAN obligera-t-elle la Russie à étendre l’opération spéciale au-delà de l’Ukraine ?
Les trois objectifs de
l’opération militaire spéciale de la Fédération de Russie en Ukraine ont été clairement annoncés par le président Poutine dès le début, le 24 février. Ils étaient très spécifiques, très limités
et excluaient délibérément l’occupation de l’ensemble de l’Ukraine, sans parler d’attaques sur des territoires extérieurs. En outre, toute suggestion d’utilisation d’armes nucléaires était
totalement absente – cette question n’a jamais été soulevée que par l’irresponsabilité et la propagande hystériques des politiciens et des journalistes occidentaux. Rappelons que les trois
objectifs étaient, premièrement, la libération du Donbass russe des nazis, et, deuxièmement et troisièmement, la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine en tant qu’« Anti-Russie », créée là par l’Occident depuis 2014.
En d’autres termes, l’objectif russe était de terminer la Seconde Guerre mondiale inachevée contre le nazisme et certainement pas de déclencher une « Troisième Guerre mondiale ».
Extension à l’intérieur de l’Ukraine ?
Il est vrai que depuis, le premier objectif de l’opération a dû être étendu à la libération d’une grande partie de la zone côtière de la mer Noire, notamment
Kherson et Zaporozhia, afin de relier le Donbass à la Crimée. Initialement, cette action résultait des tentatives de la junte de Kiev de couper l’approvisionnement en eau de la Crimée russe et
des menaces qu’elle faisait peser sur la flotte russe de la mer Noire et le pont de Kertch. Toutefois, d’un point de vue stratégique, il serait parfaitement logique d’étendre l’objectif initial à
l’ensemble de la côte de la mer Noire, y compris Nikolaev et Odessa, jusqu’à la frontière roumaine.
Ainsi, une éventuelle Ukraine croupion deviendrait un État enclavé, comme la Slovaquie ou le Belarus. Cela permettrait à la Russie de contrôler le nord de la mer
Noire, ce qui mettrait à mal les tentatives actuelles des navires occidentaux de vider les réserves de céréales ukrainiennes afin que la malnutrition commence là, une nouvelle famine
ou « Holodomor », et fournirait
également un pont terrestre vers le territoire russe isolé et menacé de Transnistrie. Il faut souligner que cela ne s’est pas encore produit, mais étant donné la faillite du régime incompétent de
Kiev et même l’admission par les États-Unis, le 24 mai, que Kiev ne peut plus assurer le service de sa dette, d’autres provinces ukrainiennes pourraient encore demander à être rattachées à la
Fédération de Russie.
Étant donné que les autorités d’Ukraine occidentale reçoivent des fournitures de l’OTAN de l’autre côté de la frontière polonaise et qu’elles font preuve d’une
oppression incroyable, d’inspiration nazie, à l’égard de leur minorité pro-russe, notamment en interdisant l’Église orthodoxe russe (Patriarcat de Moscou) et en saisissant et fermant ses églises,
nous nous demandons si l’opération spéciale ne devra pas être étendue à cette région également, malgré ses objectifs initiaux. Mais, bien plus encore, l’OTAN pourrait-elle imposer une extension
bien plus importante des objectifs de l’Opération par ses menaces à partir des territoires de l’OTAN en dehors de l’Ukraine ?
Extension en dehors de l’Ukraine ?
Tout d’abord, il y a les demandes antidémocratiques d’adhésion à l’OTAN des establishments finlandais et suédois, autrefois neutres. Cette organisation, qui porte
les mots « Atlantique Nord » dans
son titre, qui vient de perdre une guerre sur les contreforts de l’Himalaya et qui menace maintenant la Chine, veut s’étendre à l’Europe du Nord. Ses dirigeants ont peut-être besoin de prendre
quelques leçons de géographie élémentaire ? Pour l’instant, la Turquie bloque ces demandes, mais ses objections pourraient ne pas être maintenues, compte tenu de la pression exercée par les
États-Unis sur une Ankara en proie à l’inflation. Quoi qu’il en soit, la Russie a déjà clairement déclaré que si des armes de l’OTAN sont basées en Finlande et en Suède, elles seront détruites.
Le deuxième objectif de démilitarisation devra-t-il donc s’étendre à ces pays également ?
Deuxièmement, il y a le cas de la Pologne, qui dispose déjà de deux bataillons (environ 1 000 hommes ?) d’infanterie légèrement armée, actuellement stationnés dans
le centre de transport de Pavlodar, en Ukraine centrale. S’agit-il de mercenaires ou de véritables troupes polonaises et de l’OTAN ? Ont-elles en tout cas déjà été détruites par l’attaque de
missiles russes du 24 mai ? Cependant, de manière beaucoup plus spectaculaire, il a été annoncé au niveau intergouvernemental que les Polonais et les Ukrainiens sont désormais des « peuples frères sans frontières ». En d’autres
termes, comme l’a expliqué la porte-parole russe Maria Zakharova le 23 mai, les citoyens polonais ont donc en principe les mêmes droits que les citoyens ukrainiens en Ukraine, à l’exception, pour
l’instant, du droit de vote. Cela signifie que le régime de Kiev a fondamentalement renoncé à sa propre souveraineté.
Cette déclaration implique potentiellement une invitation aux forces polonaises à entrer et à prendre le contrôle de plusieurs provinces de l’Ukraine occidentale,
que les autorités polonaises convoitent depuis des siècles. L’opération ukrainienne passerait ainsi à un autre niveau. Cette nouvelle armée « ukrainienne » serait une armée de l’OTAN. Cela
pourrait potentiellement devenir une invitation à une guerre totale entre l’OTAN et la Russie, puisque la Russie a certainement le droit d’anéantir les troupes étrangères en Ukraine, comme elle
l’a déjà fait. Cependant, tout ceci n’est que spéculation et nous devrions attendre des faits concrets avant de tirer des conclusions. Le belliciste notoire Stoltenberg, de l’OTAN, a clairement
indiqué le 24 mai que son organisation terroriste ne souhaite pas ce qu’il appelle une « guerre directe » avec la Russie.
Troisièmement, il y a le cas des pays baltes. L’élite installée par les États-Unis en Lituanie, voisine de la vulnérable Kaliningrad russe, a fait preuve d’une
agressivité particulière à l’égard de la Russie, menaçant notamment d’interdire l’Église orthodoxe russe (Patriarcat de Moscou) prise en otage – comme cela s’est déjà produit dans de vastes
régions de l’Ukraine occidentale. Les gouvernements pro-nazis de Lettonie et d’Estonie ne sont pas loin de la position lituanienne. Cela pourrait-il signifier que la Fédération de Russie pourrait
décider de démilitariser et de dénazifier également ces trois pays membres de l’OTAN ? Après tout, ces trois États ont tous des minorités russes opprimées, surtout la Lettonie. L’Estonie est très
proche de Saint-Pétersbourg. Quant à Kaliningrad, si jamais l’OTAN avait la bêtise de l’envahir à partir de la Lituanie et de la Pologne, entre lesquelles elle est prise en sandwich, les
conséquences seraient terribles.
Quatrièmement, il y a le cas de la Roumanie. Bien qu’elle ait de petites revendications territoriales, peut-être justifiées, sur la frontière sud de l’Ukraine, elle
s’intéresse avant tout à la Moldavie. Si elle était tentée d’envahir la Moldavie, elle aurait des problèmes non seulement avec la population de la Moldavie, minuscule et sans protection, dont
beaucoup ne sont pas pro-roumains, mais aussi avec la Russie. La Russie permettrait-elle à la Roumanie, armée par l’OTAN, d’envahir la Moldavie, ou préférerait-elle intégrer la Moldavie dans le
territoire de la Fédération de Russie avec la Transnistrie pour la protéger de l’OTAN ? Là aussi, les spéculations et les doutes sont nombreux.
Enfin, nous nous demandons si la Fédération de Russie va continuer à tolérer les déclarations et les actions agressives des représentants anti-russes des élites
mercenaires installées par les États-Unis en Bulgarie et en Grèce ? Si les élites bulgares et grecques étaient débarrassées de ceux qui « feraient n’importe quoi pour un million de
dollars » et si leurs pays redevenaient des territoires pro-russes, cela signifierait que toute la moitié orientale de l’Europe pourrait enfin redevenir une zone tampon pro-russe,
sans OTAN. Cette zone comprendrait bien sûr la Hongrie ainsi que la Serbie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine, c’est-à-dire la majeure partie de l’ex-Yougoslavie, où la
plupart des gens et certaines classes dirigeantes sont de toute façon pro-russes.
Quant à l’Europe centrale (nous incluons ici les Pays tchèques, l’Allemagne de l’Est et l’Autriche, ainsi que la Slovénie, la Croatie et même l’Albanie) et à
l’Europe occidentale, leurs populations devront simplement s’accommoder d’être coupées des matières premières. Cela signifie qu’elles seront privées de pétrole, de gaz, de pâte à papier,
d’engrais, de céréales et de minéraux russes et que les plus pauvres d’entre elles risqueront de mourir de faim et d’hypothermie l’hiver prochain en raison des sanctions anti-russes de leurs
classes dirigeantes. À moins, bien sûr, que ces populations ne décident de se révolter et de se libérer de leurs élites coloniales néo-féodales installées par les États-Unis. Même le Royaume-Uni
offshore, avec son bouffon de Premier ministre Johnson, né à New York, pourrait encore s’y opposer et le rejeter. La situation économique en Europe devient sérieuse.
Conclusion : Le bon sens ou….
Naturellement, nous ne pouvons pas dire ce qui va se passer. Ce que nous pouvons dire très clairement, en revanche, c’est que l’élite américaine et ses
sous-fifres de l’OTAN jouent avec le feu. Alors que le dollar glisse quotidiennement, passant désormais sous la barre des 57 pour 1 rouble pour la première fois depuis 2015, certains banquiers
occidentaux commencent à paniquer. Si les vassaux de l’OTAN ont un peu de bon sens, ils dissoudront purement et simplement l’OTAN, comme cela aurait dû se produire en 1991, lors de la dissolution
du Pacte de Varsovie. Mais, comme on dit, le problème du bon sens est qu’il est très rare. C’est un peu comme l’intelligence, qui est très limitée, alors que la
capacité de stupidité est tout à fait illimitée…..
Batiushka
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
Le « à qui la faute » pour l’échec en Ukraine commence à secouer Washington
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fourni des mises à jour quasi quotidiennes de l’invasion russe sur les médias sociaux ; des vidéos virales ont
montré l’efficacité des armes occidentales entre les mains des forces ukrainiennes ; et le Pentagone a régulièrement tenu des séances d’information sur l’évolution de la
guerre.
Mais malgré le flux de toutes ces nouvelles vers le public, les agences de renseignement américaines ont moins d’informations
qu’elles ne le souhaiteraient sur les opérations de l’Ukraine et possèdent une bien meilleure image de l’armée russe, de ses opérations planifiées et de ses succès et
échecs, selon certains
responsables.
Les gouvernements cachent souvent des informations au public pour des raisons de sécurité opérationnelle. Mais ces lacunes en matière d’information au sein du
gouvernement américain pourraient rendre plus difficile pour l’administration Biden de décider comment cibler l’aide militaire alors qu’elle envoie des milliards de dollars d’armes à
l’Ukraine. …
Avril D. Haines, directrice du renseignement national, a déclaré lors d’une audition au Sénat le mois dernier qu’« il était très difficile de
dire » combien d’aide supplémentaire l’Ukraine pourrait absorber.
Elle a ajouté : « Nous avons, en fait, probablement plus
d’informations sur la partie russe que sur la partie ukrainienne ».
Une question clé est de savoir quelles mesures Zelensky a l’intention de prendre au sujet du Donbass. L’Ukraine y est confrontée à un choix stratégique :
retirer ses forces ou risquer de les voir encerclées par la Russie.
Andrei Martyanov fulmine à propos de cet article :
Eh bien, le NYT a décidé de commencer à se
distancier de toute cette propagande disant que la Russie « a perdue en
Ukraine », propagande qu’il a pourtant promue lui-même avec les néoconservateurs fadas. Le journal commence donc à nous jouer cet air toujours familier
de « l’échec des
renseignements ». Bien.
Les États-Unis
n’ont pas d’image claire de la stratégie de guerre de l’Ukraine, selon des responsables.
Euh, et si je le disais franchement – les États-Unis n’ont jamais eu une image claire de quoi que ce soit, en particulier de la Russie, ou, dans ce cas
particulier [de l’Opération militaire spéciale], et ont complètement cru à la propagande ukrainienne, ce qui montre l’incompétence totale du « renseignement » étasunien.
…
Le récit de [l’opération militaire spéciale], en réalité, est mort et l’échec n’est pas en train d’arriver, il s’est déjà produit. C’est un fait accompli, peu
importe comment on va mettre du rouge à lèvres sur le cochon.
Larry Johnson pense qu’il y a un autre motif derrière cette histoire :
Franchement, j’ai du mal à croire qu’il n’y ait pas de solides analystes à la Defense Intelligence Agency qui connaissent les réponses à toutes ces questions.
Le vrai problème n’est peut-être pas un manque de renseignements. Non. C’est la peur de dire aux politiciens des vérités difficiles
qu’ils ne veulent pas entendre.
Compte tenu des milliards de dollars que les États-Unis dépensent en systèmes de collecte de « renseignements », il est
temps que le Congrès et le public américain exigent que les services de renseignement fassent leur foutu travail.
Je ne crois pas un seul instant que les services de renseignement américains ne savent pas ce qui se passe en Ukraine et à Kiev. Ils savent que l’Ukraine a perdu la
guerre et qu’elle devra demander la paix le plus rapidement possible.
Ils ont également dit à la Maison Blanche qu’il s’agit d’un cas difficile et que l’idée d’utiliser l’Ukraine pour chatouiller l’ours russe était idiote dès le
départ. La question est maintenant de savoir qui sera responsable du résultat. Sur qui peut-on rejeter la faute ?
Les politiciens ont toujours la possibilité, comme Andrei le suppose, de rejeter la faute sur les services de renseignement et les diverses agences qui les
fournissent. C’est ce qui a été fait lorsque la guerre contre l’Irak, fondée sur de fausses allégations d’armes de destruction massive, a commencé à mal tourner pour les États-Unis.
Mais ce que fait l’article du NYT, c’est transposer la responsabilité de la communauté du
renseignement sur le président ukrainien, Zelensky : « Il ne nous a pas informés de la mauvaise position dans
laquelle se trouvait son pays. »
C’est l’heure de se couvrir et l’importance qu’a pris Zelensky en « Occident » permet de le blâmer personnellement
pour l’issue de la guerre.
Le 31 mai, le Council of Foreign Relations, avec son chef Richard Haass, a organisé une discussion publique sur l’état de la guerre en Ukraine. L’un des participants était l’ancien commandant adjoint du Commandement européen des États-Unis, Stephen M. Twitty.
Il sait et explique très clairement où en est la guerre :
TWITTY : Je pense que la guerre dans le Donbass commence à tourner en faveur des Russes, et quand vous regardez – et je parle en particulier de
la partie orientale du Donbass – les Russes sont passés d’une tentative de déverser toute leur puissance de combat dans le Donbass à l’oblitération de chaque ville. Que ce soit Rubizhne,
Lyman, ils travaillent maintenant sur Sievierodonetsk et Lysychansk également, ils détruisent ces villes, et c’est ainsi qu’ils progressent. Ils n’envoient pas toute la puissance de combat avec des forces
d’infanterie et des chars là-dedans. Ils utilisent toute leur artillerie et ils traitent cela comme pour Marioupol et c’est ainsi qu’ils progressent. Ils commencent donc à faire des
progrès dans l’est du Donbass et nous devons les surveiller de près.
HAASS : … Pourquoi ne pas inverser [nos politiques] ? Général Twitty, y a-t-il quelque chose que le président a dit ? Y a-t-il des choses que
nous ne faisons pas et que nous devrions faire ? Y a-t-il des choses que vous recommanderiez à ce stade ?
TWITTY : Eh bien, quand j’examine la situation, vous savez, le secrétaire Austin a déclaré que nous allions affaiblir la Russie. Nous n’avons
pas vraiment défini ce qu’affaiblir veut dire, parce que si vous regardez les Ukrainiens en ce moment, je crois fermement à la doctrine de Colin Powell – vous accablez un ennemi particulier
par la force. Et en ce moment, quand vous regardez l’Ukraine et la Russie, ils sont à peu près à égalité. La seule différence est que la Russie a une puissance de combat bien supérieure à celle des
Ukrainiens.
Et donc il n’y a aucun moyen pour les Ukrainiens de détruire ou de
vaincre les Russes, et donc nous devons vraiment comprendre ce que veut dire affaiblir en fin de compte. Et je vous dirai aussi, Richard, qu’il n’y a aucune chance que les
Ukrainiens aient assez de puissance de combat pour expulser les Russes de l’Ukraine également, et donc à quoi cela va-t-il ressembler dans le jeu final.
Suit une discussion avec d’autres participants sur les résultats potentiels que les États-Unis aimeraient voir, comme l’Ukraine dans l’état où elle était avant
2014.
Twitty explique ensuite pourquoi ces idées sont toutes irréalistes et que ce qu’il faut à la place, ce sont des négociations immédiates :
TWITTY : Ouais. J’ai deux ou trois choses à vous dire, Richard. Je veux revenir sur ce que vous avez dit. Avant 2014 – je veux que vous y
réfléchissiez, parce que j’ai eu le temps d’y réfléchir en entendant d’autres personnes ici, et ce que je vais vous dire, Richard, vous savez, j’ai appris au National War College qu’il y a
quelque chose qui s’appelle les objectifs, les manières et les moyens.
Donc si c’est votre état final – avant 2014 – alors je suis intéressé d’entendre les moyens parce que, d’un point de vue militaire, si c’est le moyen, alors les moyens
seraient que les Ukrainiens n’ont pas, encore une fois, la capacité de revenir à avant 2014. Ils n’ont tout simplement pas cette capacité. Ils n’ont pas la puissance de
combat.
Et je veux aussi vous rappeler que nous entendons beaucoup parler des morts et des pertes russes. Nous entendons très peu parler des pertes
ukrainiennes, et n’oubliez pas qu’ils perdent également des soldats tout au long de cette guerre. Ils ont commencé à environ deux cent mille. Qui sait où ils en sont
aujourd’hui ?
Et donc il est difficile de recruter et de maintenir ce niveau de professionnalisme dans cette armée. C’est donc mon premier point. L’objectif, la manière et
les moyens, ils manquent de cela, pour être en mesure de revenir à l’avant-2014.
Le deuxième point que je voudrais soulever est que, vous savez, si vous regardez le DIME – diplomatique, informationnel, militaire et économique
– nous manquons
cruellement de la partie diplomatique. Si vous remarquez, il n’y a pas du tout de diplomatie en cours pour essayer d’arriver à un certain type de négociations. Et je ne pense
pas que nous puissions mener cela, étant donné ce que Poutine pense de nous.
Mais si vous vous asseyez et pensez à ceux qui pourraient éventuellement faire partie de cette équipe de négociation, vous savez, vous avez deux d’entre eux,
que je vais citer, qui sont dans l’OTAN. L’un d’eux est le président Orbán, de Hongrie. Il pourrait peut-être contribuer à l’effort de négociation. L’autre est le président Erdoğan de
Turquie. Des amis de longue date du président Poutine, bien que certains considèrent cette relation comme transactionnelle. Je ne sais pas. Mettons cela à l’épreuve et voyons.
Quelqu’un s’oppose et plaide pour « donner plus de temps à l’Ukraine » en lui
fournissant plus d’armes. Twitty démonte cet argument :
TWITTY : Charlie, je suis d’accord à 100%. Mais je vais vous dire, quand vous regardez le temps, les Ukrainiens doivent entrer dans les
négociations avec le dessus, en position de force, et donc en ce moment ils sont en position de force. Si la guerre se prolonge, nous ne savons pas si cela risque de changer, et
alors ils
n’auront pas la capacité d’aller à la table des négociations en position de force et pourraient perdre plus que ce qu’ils avaient prévu, et donc gardons cela à l’esprit
également.
Voilà. Les professionnels de l’armée et du renseignement savent exactement ce qui se passe. L’Ukraine est déjà dans une très mauvaise situation et à partir de
maintenant, cela ne peut qu’empirer. Ils s’attendent à ce que la ligne de front ukrainienne s’effondre. Je suis sûr qu’ils demandent instamment, comme Twitty le fait ci-dessus, des négociations
immédiates avec toute tierce partie disponible.
C’est la Maison Blanche pour qui un tel résultat n’est pas celui qu’elle espérait. Elle peut en fait ne pas le permettre. Elle bloque actuellement toute
négociation, car admettre une défaite en Ukraine donnerait aux Républicains davantage de munitions pour nuire à Biden.
Yves Smith détecte certains signes indiquant que, derrière les rideaux, des négociations directes entre l’Ukraine et la Russie sont en train de se dérouler :
Nous le saurons peut-être en temps voulu, mais cette évolution, même si ces pourparlers n’en sont qu’au stade du tâtonnement, est la preuve que Zelensky perd du
pouvoir. Rappelons qu’il a déjà été question d’un éventuel coup d’État militaire. Et il n’est pas rare que les hauts fonctionnaires d’un dirigeant sur la corde raide commencent à négocier
avec l’autre partie, à la fois dans l’intérêt de leur pays et pour améliorer leurs chances de survie. …
C’est donc une façon un peu longue de dire que Zelensky n’a peut-être pas changé de position, mais qu’il ne conduit plus le train. Et il se peut également que
certains membres du gouvernement ukrainien tentent de retirer les mains du Royaume-Uni et des États-Unis du volant. Il est peut-être trop tôt pour que cela se produise, mais s’ils continuent
à essayer de soutenir Zelensky alors que ses propres cadres supérieurs (et l’armée) se retournent contre lui, ils pourraient se rendre compte qu’ils ont misé sur le mauvais cheval. Encore une
fois, je ne dis pas que cette issue est probable, mais le fait qu’elle soit même concevable est un grand changement dans les conditions de jeu.
Faire porter le chapeau à Zelensky, pour ensuite le faire disparaître de cette planète, pourrait bien être la meilleure issue pour la Maison
Blanche… et pour l’Ukraine.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Je n’aurais jamais cru
voir le jour où la « bande trop vieille pour
gouverner le monde, mais trop jeune pour mourir » (toutes mes excuses à Ian Anderson) se réunirait à Davos et se disputerait sur la conduite à tenir vis-à-vis de la Russie.
En l’espace de
vingt-quatre heures, deux des hommes les plus influents de la planète se sont prononcés sur la ligne de conduite à adopter par la bande du Davos en Ukraine.
Les premiers coups ont
été portés par M. Realpolitik, Henry Kissinger à propos duquel la plupart des gens ont été surpris de constater qu’il était encore en vie. Fidèle à lui-même, Kissinger a déclaré qu’il était temps
d’entamer rapidement des négociations en vue d’un règlement avec la Russie.
« Les négociations sur la paix doivent commencer dans les deux prochains mois environ, [avant que le conflit] ne crée des bouleversements et des tensions
qui ne seront pas faciles à surmonter » , a déclaré le diplomate chevronné de 98 ans à propos de la crise. L’issue déterminera les relations du reste de l’Europe avec la Russie et
l’Ukraine, a-t-il ajouté. « Idéalement, la ligne de démarcation devrait revenir au statu quo ante » , a-t-il déclaré.
« Je crois que poursuivre la guerre au-delà de ce point la transformerait non pas en une guerre pour la liberté de l’Ukraine, qui avait été entreprise avec
une grande cohésion par l’OTAN, mais en une guerre contre la Russie elle-même », a-t-il ajouté.
Kissinger est tout simplement sensé, car il sait pertinemment que la situation en Ukraine est sur le point de devenir militairement irrécupérable pour l’Ukraine.
Vous savez que les choses vont mal lorsque la presse britannique le reconnaît maintenant, même si le Telegraph a été prié de modifier le titre original (voir
lien ci-dessus) :
Même les reporters occidentaux sur le terrain admettent la vérité…
Le front dans le Donbass s’effondre suite à la reddition, pardon « l’évacuation » , des principaux commandants du
régiment Azov de l’aciérie Azovstal.
Les Ukrainiens ne sont pas seulement à court de munitions, les hommes n’ont plus le moral. Lorsque vous brisez la volonté d’une armée, peu importe ce que vous
essayez de faire entrer de force dans le conflit, cela ne changera pas le résultat. Si les rapports sont exacts, l’Ukraine ne verra qu’environ 15 % des 40 milliards de dollars que la junte de
Biden a approuvés la semaine dernière.
Après le pragmatisme de Kissinger, George Soros a présenté un pastiche étourdissant de récits occidentaux entièrement construits sur les objectifs de la Russie et de la Chine et les défauts de leurs dirigeants respectifs. Soros est
resté fidèle au scénario du bellicisme néolibéral/néoconservateur selon lequel l’Ukraine est en mesure de gagner cette guerre et qu’il est de notre devoir, en tant que défenseurs de sa société
ouverte, de l’aider coûte que coûte.
Parce que si nous ne le faisons pas, « la civilisation pourrait ne pas survivre ». Le type
particulier de solipsisme et d’orgueil démesuré dont fait preuve Soros n’est pas seulement à la limite du pathologique, il fait abstraction de cette limite au même titre que Soros soutient que
nous devrions le faire pour toutes les frontières.
Dans sa vision du monde, les frontières devraient être éradiquées. Alors pourquoi ses marionnettes et acolytes sont-ils si obsédés par « l’intégrité territoriale de
l’Ukraine » ?
Soros est un idéologue. Il a défini le monde en des termes qui sont incompatibles avec la nature humaine. Et il est en train de perdre. C’est pourquoi il veut plus
d’engagement pour tuer les méchants Russes qui refusent de manger des insectes, d’être stérilisés et d’être rayés de l’histoire. C’est ce qu’il s’est efforcé de faire en Ukraine au cours des huit
dernières années en dépensant des milliards.
Passer en revue les mensonges de son discours ne vaut presque pas la peine d’y consacrer du temps. Ce ne sont, en fin de compte, que des projections de Soros sur ce
qu’il croit être les motifs et les objectifs de Poutine et de Xi dans leurs opérations actuelles, la guerre en Ukraine / les confinements en Chine.
Soros ressasse la victoire épique de l’Ukraine à Kiev pour brosser le tableau dont il a besoin pour faire valoir son point de vue, mais c’est quelque chose qui est
dépassé depuis deux mois maintenant. Tout ce que la défense de Kiev a fait, c’est enhardir la belligérance américaine et britannique, elle n’a cependant pas contrecarré les objectifs ultimes de
Poutine. Elle n’a pas non plus modifié le sentiment populaire.
Elle nous a donné la situation que nous connaissons aujourd’hui et c’est une situation qu’il déplore en affirmant qu’un effort immense est nécessaire pour
l’empêcher d’aller complètement dans le sens de la Russie.
Ces projections alimentent des conclusions qui ne sont pas fondées sur la réalité mais sur des vœux pieux. Soros, comme tous les investisseurs (et il a beaucoup
investi dans le renversement de Poutine et de Xi) va toujours « parler de son livre » et faire en sorte que
cela ressemble à une analyse convaincante et sobre.
Les décisions concernant les combats en Ukraine n’ont pas été prises d’un point de vue militairement stratégique depuis des semaines. Si cela avait été le cas, un
cessez-le-feu aurait été recherché. Le gouvernement fantoche de Soros aux États-Unis refuse d’accéder à la réalité parce que Soros lui-même refuse de s’y confronter.
Mais, comme c’est lui qui signe les chèques pour aider les Démocrates à voler remporter les élections de
mi-mandat en novembre, il obtient ce qu’il veut. Je sais que je suis réducteur ici. Les forces qui agissent au sein de l’establishment politique et militaire américain sont bien plus profondes et
diverses que la seule mégalomanie de Soros, mais il en constitue une métaphore acceptable.
Au cours des deux dernières semaines, on a assisté à un changement pas si subtil dans les nouvelles entourant les événements en Ukraine. Il est désormais admis à
contrecœur que la guerre d’usure menée par la Russie contre les forces armées ukrainiennes a été brutale, coûteuse et efficace.
Elle commence maintenant à montrer des bénéfices réels en termes de gains de territoires à mesure que le centre du front dans le Donbass s’effondre :
La seule raison pour laquelle les Russes n’ont pas pris plus de territoires est que des hommes courageux ont tenu bon pendant que le président Zelensky partait en
tournée pour vendre une guerre ingagnable à un public épuisé et désintéressé en Europe et aux États-Unis.
Nous avons finalement atteint ce point où même le levier Skinner Box perd tout son pouvoir. Maintenant que les positions de la FAU sont compromises au-delà de tout espoir, il ne reste plus qu’à battre en retraite ou à se rendre.
On y sera dans quelques semaines.
Et ces hommes courageux sont sur le point d’être réduits en purée pour leur loyauté envers une idée qui aurait dû mourir il y a des mois.
Lorsque vous décodez à la fois le pragmatisme de Kissinger et la quasi-hystérie de Soros, vous obtenez cette conclusion : la Russie est en train de gagner
la guerre terrestre dans l’est de l’Ukraine. Et en gagnant ces batailles, ils détruisent la force de combat effective de la FAU dans le processus.
L’Ukraine a toujours été le Rubicon pour beaucoup de gens. Tant de capitaux y ont été versés que tout le monde s’y est engagé. Elle représentait la ligne de
démarcation entre le succès et l’échec de générations de préparatifs pour un ordre mondial global.
Henry Kissinger a été au centre de tout cela pendant des décennies. Il a formé Klaus Schwab pour que le WEF devienne ce qu’il est aujourd’hui, le premier groupe de
trafiquants d’influence et de promoteurs des pires idées avancées dans l’histoire de l’humanité.
George Soros est un nouveau riche, un collaborateur nazi et un vautour opportuniste en plein délire mégalomaniaque. Il a joué au poker de haut vol avec les plus
grands joueurs du monde et a brisé des pays entiers à plusieurs reprises. Son fils a récupéré son héritage, mais il va le perdre maintenant que son père est devenu fou à lier.
Mais il n’a jamais battu un pays dont le peuple a tenu bon. Que vous aimiez ou non ce que la Russie fait en Ukraine, vu de façon impartiale, ils tiennent bon. Peu
importe que vous soyez d’accord ou non sur le fait que cette guerre était la voie à suivre pour y parvenir.
Kissinger serait d’accord avec moi.
Ceux qui doutaient de la détermination ou de la profondeur de la préparation de la Russie sur tous les axes de la guerre, sur les plans militaire, économique,
social et culturel, sont sur le point d’être confrontés à une conclusion choquante : vous ne pouvez pas prendre le contrôle d’un peuple du haut vers le bas alors même que celui-ci est uni de la
base vers le haut.
Kissinger serait également d’accord avec cela. C’est pourquoi il a préconisé de trouver des moyens d’empêcher la Russie d’abandonner son identité européenne et
d’embrasser son identité asiatique. Maintenant que la guerre économique a échoué, la seule option raisonnable consiste à accepter ce qui a été perdu avant que ce qui ressemble aujourd’hui
à une impasse ne se transforme rapidement en déroute.
Soros n’est qu’un tyran narcissique typique, prêt à vous dire pourquoi vous devez lui obéir pour le rendre puissant. C’est la dernière fois qu’il prononce un
discours auquel on prête attention et la dernière fois que quelqu’un se préoccupe de savoir qui remporte le combat entre deux vieux infirmes dans un pugilat globaliste.
Tom
Luongo
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Au 102e jour de guerre, un éclair de lucidité semble frapper Biden par J. Guillemain
Le 05/06/2022.
Au 102e jour de guerre, un éclair de lucidité semble gagner Biden
« Biden dit que l’Ukraine pourrait devoir céder des territoires à la Russie dans un règlement négocié »
Il aura fallu trois mois pour que Biden et les illuminés de l’Union européenne, qui n’ont aucune armée digne de ce nom, comprennent enfin ce que Riposte Laïque écrit depuis le 24 février
2022 :
Rien ne fera reculer Poutine qui entend assurer la sécurité de la Russie et de son peuple. Nul besoin d’être devin pour écrire cela.
Ni les sanctions, lesquelles se retournent contre les Européens, ni les livraisons d’armes lourdes, ni la mise au ban des nations, ni les humiliations à l’égard des sportifs et artistes russes,
ni l’odieuse diabolisation et l’inique campagne de désinformation ne feront renoncer l’Ours russe à combattre ce qu’il estime être une menace
existentielle.
Avoir dit pendant trois mois que l’Ukraine peut gagner, alors que son armée est totalement exsangue, tandis que Poutine n’a perdu « que » 15 % de ses soldats, sans jamais avoir décrété
la mobilisation générale, avoir menti au monde entier en délirant sur les soi-disant défaites et faiblesses de l’armée russe, tout cela est un crime.
Car c’est sur le dos du peuple ukrainien que Biden, Zelinsky et les dirigeants européens ont surfé, en répandant leurs fake
news sur le déroulement de la guerre.
Poutine n’est ni un fou, ni un criminel de guerre, ni un dictateur aux abois.
Il est en train de réaliser TOUS ses objectifs, vitaux à ses yeux.
– Conquérir le Donbass et le rattacher à la Russie
– Casser les reins de l’armée ukrainienne pour la dénazifier
– obtenir la neutralité de l’Ukraine qui ne pourra jamais adhérer à l’Otan
– Juger tous les criminels de guerre qui ont massacré les populations du Donbass durant huit ans.
Et il est prêt à l’escalade militaire, puisque c’est la survie de la Russie qui est en jeu, une évidence incomprise des Occidentaux, qui ont voulu bluffer sans le moindre atout en
mains.
Quand l’UE n’a aucune armée capable de mener une guerre de haute intensité, Poutine est capable de tirer des milliers d’obus par jour, pendant des mois. Quand l’UE n’a pas un seul gramme de
matières premières, Poutine
possède 20 % de toutes les richesses minières de la planète.
Quand on prétend saigner économiquement la Russie, il faut en avoir les moyens !
Comme déjà dit, Poutine possède dorénavant 20 % du territoire ukrainien.
La seule inconnue est de savoir s’il poussera son armée jusqu’à Odessa et la Transnistrie pro-russe.
Auquel cas, il prendrait 25 % du territoire ukrainien et surtout toute la côte nord de la mer
Noire.
Mais il fallait être bien naïf pour s’imaginer faire plier le tsar et son peuple, qui en ont vu d’autres au cours de l’histoire. Mais les yeux s’ouvrent.
Le discours évolue. On commence à entendre qu’il ne faut pas humilier la Russie, qu’elle fait partie du continent européen et qu’elle sera un partenaire incontournable à l’avenir.
Des évidences qui avaient totalement échappé aux Occidentaux, emportés par la haine que les Américains vouent au peuple russe depuis la guerre froide.
Henry Kissinger a soutenu au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, que l’Ukraine devrait renoncer à son espoir de récupérer le territoire que la Russie a annexé en 2014 dans
le but de mettre un terme à la guerre actuelle le plus rapidement possible.
Une déclaration de bon sens, que Zelensky, en total porte-à-faux avec son peuple, qu’il a trompé depuis trois mois, refuse obstinément.
Mais l’Ukraine n’échappera pas à la partition et perdra les parties les plus riches de son territoire et peut-être même son accès à la mer.
Zelensky est dans la nasse. Il devra rendre des comptes à son peuple. Des
milliers de morts et de destructions pour rien, alors qu’il suffisait de négocier et de respecter les accords de Minsk pour éviter cette guerre dévastatrice.
Il fallait écouter et croire Poutine et surtout pas Biden ou Johnson, les va-t-en-guerre qui se foutent éperdument de l’Ukraine, mais veulent uniquement régler leurs comptes avec la
Russie.
L’issue de cette guerre est écrite depuis le 24 février 2022. L’Ours russe ne peut pas perdre. Je n’ai jamais envisagé que la première puissance nucléaire de la planète pouvait renoncer, d’autant
plus qu’elle possède des armes conventionnelles imparables que l’Otan essaie de développer.
Seule reste à définir l’ampleur des territoires annexés par Moscou : 20 ou 25 % ?
La responsabilité des Occidentaux dans ce désastre ukrainien est impardonnable. Biden a mené sa guerre contre la Russie sur le dos du peuple ukrainien et Macron a stupidement suivi
!
Après la Libye, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le cinquième fiasco otanien est en bonne voie.
Le représentant Adam
Kinzinger est un néocon corrompu et son diplôme principal est en « sciences » politiques. Malgré le fait qu’il
ait gagné ses « ailes » et
volé dans des missions de ravitaillement sans risques et, plus tard, de reconnaissance au-dessus de l’Afghanistan (connu pour sa force aérienne et sa défense aérienne de classe mondiale …) en
tant que membre de la Garde nationale aérienne, le gars n’a aucune compréhension de la guerre réelle et des opérations. Ainsi, il pousse maintenant une législation sur l’AUMF (Authorization
for Use of Military Force) au cas où la Russie utiliserait des
ADM en Ukraine. Ce garçon, Kinzinger, devrait d’abord se demander s’il veut prendre part à une telle guerre, puis dire adieu à sa famille et à ses biens, car ce seront les États-Unis
(toujours partisans du nucléaire) qui déclencheront un échange nucléaire lorsqu’ils seront confrontés aux réalités d’une telle guerre. Mais là encore, l’establishment américain moderne, y
compris une grande partie de la communauté militaire et du renseignement, n’a pas la moindre idée de ce que signifie une guerre contre la Russie, même conventionnelle.C’est pourquoi elle est
attendue par les élites politiques américaines.
C’est ce dont Douglas MacGregor et une personne des médias alternatifs discutent ici. MacGregor, comme toujours, va droit au but, est professionnel et réaliste.
Mais ce n’est pas Kinzinger, qui devrait être interné (avec ses donateurs) dans un hôpital psychiatrique, et son initiative maladive, c’est le fait que l’animateur demande à MacGregor à 8:00
minutes s’il est vrai que la Russie possède des armes capables d’anéantir quelque chose comme la France. J’ai failli m’étouffer. La raison pour laquelle j’ai eu cette réaction est que même
les gens bienveillants et bons en Amérique, comme cet animateur, sont complètement inconscients du fait que même au plus fort (ou au plus bas, selon le point de vue) de sa catastrophe
nationale dans les années 1990, la Russie pouvait encore effacer non seulement la France, mais aussi l’ensemble des États-Unis et l’OTAN lors de la « première » seconde frappe. Et je veux dire
littéralement – rayer de la carte.
Une salve d’un seul sous-marin 941 Akula (Typhoon de
l’OTAN), sans même quitter sa base, déclencherait environ 200 MIRV sur
la façade maritime orientale des États-Unis et anéantirait toutes les grandes villes et bases militaires (de Philadelphie, New York, Boston à Charlotte, Jacksonville, Miami, … – la liste est
trop longue à lire), provoquant un chaos et des pertes d’une ampleur inimaginable dans les 30 premières minutes de l’attaque américaine contre la Russie. Et ce n’était qu’un seul des nombreux
sous-marins russes, sans parler des autres vecteurs, qui élimineraient littéralement les États-Unis et les pays de l’OTAN en tant que nations et États fonctionnels. Et cela, c’était au plus
fort de l’indigence de la Russie dans les années 1990. Il était alors de notoriété publique que l’arsenal nucléaire russe était fonctionnel. La raison pour laquelle cette connaissance s’est
évaporée est le point principal. C’est à cause de la propagande incessante des médias américains et des mensonges de ses décideurs politiques qui ont vraiment pris la raclée donnée à l’armée
arabe de troisième ordre qu’était celle de Saddam, en 1991, pour une vraie guerre.
Aujourd’hui, en 2022, la Russie a non seulement conservé et perfectionné son arsenal stratégique qui fait passer les forces nucléaires américaines pour un trou perdu, mais, contrairement à ce
qui était le cas dans les années 1990, les États-Unis ne peuvent pas combattre la Russie dans son voisinage géographique immédiat de manière conventionnelle et espérer ne pas subir de
défaite. Comme je le répète depuis de nombreuses années, les États-Unis n’ont tout simplement aucune expérience, à l’époque moderne, de l’ampleur des pertes et de la guerre qu’ils subiraient
s’ils décidaient de combattre la Russie. La Russie est également tout à fait capable de faire des ravages aux États-Unis sans recourir au nucléaire. Ce sont là des faits que ni Kinzinger ni
la plupart des membres du Congrès américain ne connaissent, sans parler du fait qu’ils en aient une bonne compréhension. Aucun d’entre eux n’a jamais combattu pour défendre sa patrie et n’a
la moindre idée des conséquences réelles d’une guerre continentale avec des « pairs » modernes. MacGregor le sait, c’est
pourquoi il ne fait plus partie des forces armées américaines.
Mais c’est la question de l’hôte qui m’a frappé : les États-Unis et la Russie ont et ont eu, au cours des 50 dernières années, une puissance de feu suffisante pour transformer la planète
entière en cendres – c’était et c’est toujours de notoriété publique. Une autre question, purement technologique, est que l’équilibre est en train de changer radicalement en faveur de la
Russie, tant dans le domaine de la technologie nucléaire que conventionnelle, ce qui crée des défis pour les États-Unis qu’ils sont incapables de relever, précisément parce que le Congrès
américain n’a aucune compréhension de la puissance militaire moderne et de la formation de l’équilibre géopolitique. Et, bien sûr, comme toujours, ils n’ont aucune idée de la Russie et de ce
qu’elle est aujourd’hui. C’est une évidence quand on observe la politique américaine moderne.
Andrei Martyanov
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Le fait de blâmer Poutine pour tous les malheurs aide Poutine
La crise systémique à
laquelle nous assistons actuellement en Occident (et dans d’autres parties du monde qui sont trop étroitement liées à l’Occident pour ne pas la vivre également) est objectivement causée par
l’Occident lui-même. Mais les Occidentaux, qui n’ont pas l’habitude de reconnaître leurs erreurs (étant tous supérieurs, indispensables et infaillibles dans leur propre esprit), sont obligés
d’expliquer leurs échecs épiques dans pratiquement tous les domaines en rejetant la faute sur Poutine. En fait, ils ne blâment même pas la Russie en général, mais Poutine personnellement ; après
tout, la Russie peut être bonne et agréable par moments (comme elle l’était sous Gorbatchev et Eltsine), mais Poutine la fait mal se comporter. C’est pourquoi tout doit être de la faute de
Poutine.
Voilà où nous en sommes : un président des États-Unis (ou quiconque dirige son téléprompteur), qui, au cours de sa campagne électorale, a juré haut et fort qu’il
assumerait la responsabilité de tout ce qui se passerait sous son commandement, claironne maintenant la « hausse des prix de Poutine » de façon si
régulière et monotone que l’expression est devenue un mème.
Aujourd’hui, le discours disant que « tout est de la faute de Poutine » s’est étendu
à tous les problèmes les plus sensibles : l’inflation, le prix du carburant, la hausse des prix des denrées alimentaires et même… la pénurie de lait maternisé ! Il s’avère que les pénuries ne
sont pas dues à la découverte de bactéries dangereuses dans les produits d’un producteur ayant un monopole, mais à une pénurie d’huile de tournesol importée depuis… l’Ukraine. C’est ce qu’affirme
le Wall Street Journal, pas moins ! Les étapes
logiques nécessaires pour rejeter la faute sur Poutine sont alors évidentes : les pénuries sont dues à la guerre et la guerre est la faute de Poutine.
Cette merveilleuse stratégie fonctionne très bien à court terme, mais elle présente une vulnérabilité majeure à plus long terme en raison d’un certain mécanisme de
la psychologie de masse. Superficiellement, c’est simple et apparemment à l’épreuve des balles : Poutine est irrationnel ; il a des ambitions impériales, souffre de paranoïa, de la folie des
grandeurs, est obsédé par la restauration de l’URSS… Comme ses motivations sont irrationnelles, il est impossible de les traiter par des moyens rationnels tels que la négociation, la diplomatie,
le compromis, etc. Poutine est un dictateur fou qui possède de nombreux missiles nucléaires et tout ce que nous pouvons faire, c’est subir. Cette construction semble suffisante pour la plupart
des objectifs, notamment pour expliquer les problèmes sociaux, les questions économiques et les échecs des dirigeants. Mais seulement à court terme.
Si le raz-de-marée de sanctions sans précédent que l’Occident a envoyé à la Russie avait produit une sorte d’effet tangible au cours des deux ou trois premiers mois
de l’opération spéciale russe en Ukraine, alors cette stratégie aurait suffi à soulager les masses occidentales souffrantes du choc de la crise en cours (bien que la crise aurait continué à se
dérouler même si l’économie russe s’était effondrée). Mais à plus long terme, cette stratégie ne fonctionne plus. Tout d’abord, le récit disant c’est « la faute à Poutine » est plutôt monotone et
vieillit rapidement. Deuxièmement, et c’est bien plus important, au niveau de l’inconscient collectif, il crée l’impression que Poutine est un dieu : tout-puissant, super-influent et capable
d’influencer les processus tant mondiaux que locaux par des moyens subtils et invisibles. De plus, Poutine le dieu ressemble à Zeus et dispose de puissantes foudres atomiques, ce qui ajoute un
attrait terrifiant à son image déjà effrayante.
Tôt ou tard, le subconscient collectif occidental se fera une idée simple et parfaitement logique : si Poutine est tout-puissant et super-influent, et si nous, avec
nos faibles « sanctions infernales »,
n’avons rien pu faire pour l’affaiblir ou le déloger depuis trois, puis cinq, puis sept mois, alors, évidemment, nous devons nous entendre avec lui et accéder à ses demandes avant que les choses
n’empirent pour nous ! Et alors qu’il serait avilissant pour l’inconscient collectif occidental de négocier avec un petit tyran ou un despote fou, négocier avec un demi-dieu tout-puissant qui
tient le destin de l’humanité entre ses mains n’est pas du tout honteux mais une mesure nécessaire, inévitable, éminemment raisonnable. De plus, il devrait être possible de présenter un tel
compromis en termes flatteurs : comme un cadeau magnanime de la communauté des nations civilisées offert de bonne foi afin de sauver le monde de l’armageddon nucléaire sur le point d’être
déclenché par un demi-dieu tout-puissant et en colère.
En retour, si les politiciens occidentaux sont, comme on peut s’y attendre, réticents à négocier avec Poutine et à faire des compromis, les masses occidentales
souffrantes leur reprocheront tout retard. Si Poutine est tout-puissant et super-influent, alors pourquoi ne négocient-ils pas et ne cherchent-ils pas de compromis dès maintenant ?
Qu’attendent-ils ? Qu’est-ce qui ne va pas chez eux ? L’élément le mieux informé parmi les masses occidentales pourrait même être en mesure de deviner vaguement un fait rarement discuté mais
plutôt évident : ce que Poutine veut n’est pas du tout déraisonnable. Il veut juste une partie de l’Ukraine (pas nécessairement toute l’Ukraine, juste les parties patriotiques et enthousiastes)
et il veut aussi que l’OTAN s’éloigne des frontières de la Russie, jusqu’en enfer s’il le faut.
« Pourquoi voulons-nous
cette Ukraine de toute façon ? » pourrait se demander cet élément éclairé. Après tout, la plupart des Occidentaux ont vécu de nombreuses années heureuses sans savoir que l’Ukraine
existait. Qui plus est, la découverte récente de son existence a coïncidé avec le début d’une crise très désagréable, et ils n’arrivent toujours pas à trouver ce satané endroit sur une carte ! Et
maintenant, ils doivent subir des prix de l’essence qui montent en flèche, une nourriture inabordable, une inflation galopante, des pénuries de lait maternisé, tout cela parce que des politiciens
stupides refusent de donner à Poutine cette putain d’Ukraine dont personne d’autre ne veut de toute façon ? (Enfin, la Pologne en veut, mais qu’est-ce que la Pologne, bon sang ?) Allez ! Soyez
raisonnables ! Débarrassez-vous de ce stupide terrain de jeu ne servant qu’à Hunter Biden et passons à autre chose !
Tel est le nouveau récit qui se forme inévitablement dans l’inconscient collectif de l’Occident, et à mesure que le temps passe, que les prix de l’énergie
continuent d’augmenter, que les pénuries de toutes sortes de choses deviennent monnaie courante… et que, pendant ce temps, le rouble se renforce et que la Russie devient de plus en plus riche
malgré les « sanctions infernales »,
déplaçant sans hâte son légendaire mur d’artillerie vers l’ouest à travers le paysage ukrainien, ce récit deviendra de plus en plus fort et finira par devenir dominant. À ce moment-là, toute
tentative de « blâmer
Poutine » sera accueillie par des huées, des sifflets et une volée de légumes pourris. Que devons-nous attendre des politiciens occidentaux dans de telles circonstances ? Nous ne
devons pas nous attendre à des surprises ; ils feront ce qu’ils ont toujours fait : ils essaieront de supprimer le nouveau récit concurrent. Ils « annuleront » toute personne qui tentera de
l’articuler dans l’espace médiatique. (Attention Tucker Carlson !)
Ce faisant, l’Occident se fera l’écho de ce qui s’est passé en Ukraine même – un symptôme de l’ukrainisation rampante de l’Occident. En Ukraine, pour
chaque échec désastreux et catastrophique qui s’est produit en 2014 et 2015, le régime de Kiev l’a carrément attribué à Poutine personnellement. Au fil du temps, il a réussi à former une sorte de
quasi-culte de Poutine en tant que divinité maléfique toute-puissante qui s’acharne à détruire la pauvre petite Ukraine si câline et endolorie. En conséquence, en 2018, à une année près, un
nouveau récit s’est formé dans le subconscient collectif ukrainien : « Pourquoi avons-nous besoin de cette Crimée infestée de Russes
ou de ce Donbass hargneux ? Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement les donner à Poutine, afin qu’il nous laisse tranquilles et nous laisse nous développer en tant que pays orienté vers l’Europe
? »
Qu’a fait le régime de Kiev face à ce nouveau discours ? Il a fait tout ce qu’il pouvait pour le supprimer. Il ne s’agissait pas d’une quelconque initiative
indépendante de sa part ; après tout, il s’agit d’une administration coloniale dirigée par Washington. Et puisque Washington était occupé à organiser une guerre ukrainienne contre la Russie, tout
récit impliquant la paix avec la Russie était tout simplement interdit. C’est pourquoi tous les partis politiques d’opposition ukrainiens ont été interdits, toutes les chaînes de télévision non
contrôlées par le gouvernement ont été fermées et tous ceux qui se sont aventurés à penser que donner à des territoires indépendants de facto une chance de décider de leur propre sort pouvait
être une bonne idée ont été accusés de séparatisme et emprisonnés ou tués. En conséquence, l’Occident a obtenu ce qu’il voulait : une guerre ukrainienne avec la Russie.
Mais ensuite, quelque chose a terriblement mal tourné. Poutine a devancé l’attaque ukrainienne et a allumé un contre-feu en envoyant des colonnes de chars sur un
territoire précédemment contrôlé par le régime de Kiev, brouillant ainsi sa logistique et mettant un désordre épouvantable dans ses plans de bataille. Il s’est ensuite attelé à faire exploser
méthodiquement la capacité militaire de l’Ukraine à l’aide d’armes à longue portée. Selon le calendrier prévu, tout cela aura disparu dans le courant du mois, malgré l’aide militaire occidentale.
Et puis il s’est avéré que la Russie était prête pour les « sanctions infernales », après avoir passé huit ans à
s’y préparer, et qu’elle a pu encaisser le coup, qui a ensuite rebondi sur l’Occident et a commencé à le réduire en miettes. Par réflexe, l’Occident a continué à suivre le modèle ukrainien et à
tout mettre sur le dos de Poutine. Aujourd’hui, le récit alternatif d’un Poutine tout-puissant est pleinement formé et nous devons nous attendre à entendre de plus en plus de voix réclamer des
négociations et des compromis avec lui.
Tucker Carlson, déjà cité, est l’une de ces voix, et l’influence qu’il exerce sur son vaste public donne le ton à une grande partie de l’électorat américain – même
si son vote ne compte guère. De manière beaucoup plus surprenante, la même opinion a été exprimée à Davos par nul autre que le fossile parlant, Henry Kissinger ! En réponse, les Ukrainiens ont
ajouté Kissinger à leur… base de données de terroristes. Plusieurs porte-paroles du régime de Kiev se sont étouffés de fureur. Comment a-t-il pu ? Ne sait-il pas que négocier avec Poutine est
strictement interdit ? Ce récit doit être supprimé – en Ukraine et en Occident !
La stratégie consistant à tout mettre sur le dos de Poutine s’est retournée contre l’Ukraine et l’Occident et continuera de se retourner contre eux, rongeant le
tissu social et démoralisant la population. Mais ce n’est pas tout ! Cette stratégie est aussi immensément utile à la Russie. Sans tenir compte de l’idée évidente selon laquelle tout ce qui est
préjudiciable à l’Occident est automatiquement bénéfique pour la Russie, il existe un autre avantage, bien plus important, que cette stratégie procure directement à la Russie : elle contribue à
rehausser le prestige de la Russie, et de Poutine, dans le reste du monde, qui est déjà à un niveau bien plus important pour la Russie, niveau que l’Occident n’aura jamais plus.
À l’heure actuelle, le monde est assez unifié en termes d’accès à l’information. Les élites de presque tous les pays ont accès à Internet et peuvent soit lire
l’anglais, soit passer par Google Translate pour en saisir l’essentiel. Et ce qu’elles lisent, c’est que l’Occident, qui entre dans une crise majeure, rejette la faute sur Poutine. Par
conséquent, Poutine est tout-puissant et super-influent. En outre, ces élites peuvent observer que Poutine n’a pas le moins du monde peur de l’Occident et qu’il est prêt à entrer en conflit avec
lui – un conflit armé, comme détruire la plus grande armée d’Europe, une armée entraînée et commandée par des spécialistes occidentaux, sur une période de trois mois, en n’utilisant qu’une petite
partie de sa propre armée et avec un minimum de pertes. Ils voient Poutine reléguer aux livres d’histoire le dogme militaire traditionnel selon lequel les attaquants doivent être plus nombreux
que les défenseurs. Ils en tirent une conclusion évidente : Poutine est définitivement quelqu’un qu’ils doivent traiter avec beaucoup de prudence et de respect ; l’Occident ne le fait toujours
pas jusqu’à maintenant. Plus le discours du « tout est de la faute de Poutine » continuera
d’être utilisé, plus l’influence et le prestige de Poutine, déjà très importants sur la scène mondiale, augmenteront, ce qui, à son tour, améliorera les chances de la Russie de parvenir à des
accords favorables dans pratiquement toutes les négociations internationales.
Mais cet avantage s’étend bien au-delà des relations bilatérales de la Russie. Pour la première fois depuis l’époque où elle faisait partie de l’Empire mongol, la
Russie a une réelle chance d’affronter l’Occident non pas seule, mais dans le cadre d’une puissante coalition internationale.
Où étaient les grands pays non occidentaux lorsque la Russie a affronté l’Occident collectif au 17e siècle, avec la Pologne comme fer de lance ? L’Inde, la
Perse et la Chine étaient toutes plongées dans leur propre jus, tandis que l’Empire ottoman était, comme d’habitude, hostile à la Russie. L’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Asie du Sud-Ouest
étaient des colonies occidentales.
Où étaient ces pays au 18e siècle, lorsque la Russie était accostée par les Suédois, avec le reste de l’Occident derrière eux ? La situation était à peine
différente, sauf que le conflit avec les Ottomans était encore plus chaud.
Où étaient-ils au XIXe siècle, lorsque la Russie était assaillie par les Français, le reste de l’Europe se battant aux côtés de la France ? Toujours la même
chose.
Où étaient-ils au 20e siècle, lorsque la Russie s’est battue contre l’Allemagne – deux fois ! – alors que le reste de l’Occident armait et finançait les
Allemands ? Pendant la première moitié du siècle, ils étaient encore tous des colonies ou des semi-colonies, tandis que pendant la seconde, ils étaient encore en train de trouver leur propre
voie et n’avaient pas grand-chose à offrir sur le plan militaire, économique ou politique.
Depuis l’époque de l’Empire du ciel bleu de Gengis Khan, qui englobait à un moment donné la Russie, la Chine, la Corée, l’Inde et la Perse (et présentait les thèmes
russes familiers de la sécurité collective et de l’aide mutuelle obligatoire), jusqu’à aujourd’hui, la Russie a fait cavalier seul dans son conflit permanent avec l’Occident. Mais maintenant,
Poutine, seul, a une chance de cimenter une gigantesque alliance internationale de nations non occidentales, comprenant la grande majorité de la population mondiale, une base de ressources
indépendante et abondante et bien plus de la moitié de la puissance économique. Personne d’autre ne bénéficie d’un tel niveau de soutien de la part des relations publiques occidentales, à
l’exception de la campagne « blâmez
Poutine ». Le seul concurrent de Poutine dans la course au poste de nouveau Gengis Khan est Xi Jinping, qui souhaiterait vivement rejoindre la coalition en tant qu’égal de Poutine. Mais
la Chine a un test à passer avant de pouvoir réaliser ce rêve : elle doit reconquérir Taïwan. Venger l’humiliation subie par la Chine des mains des Japonais serait une belle récompense
supplémentaire. Une fois que la Russie aura expulsé les États-Unis d’Ukraine et que la Chine aura expulsé les États-Unis de Taïwan, la voie vers l’unification eurasienne sera claire.
Que restera-t-il à faire pour l’Occident, le cas échéant, ? Blâmer Poutine pour tout cela, bien sûr !
Malgré les déclarations répétées de Biden comme quoi les États-Unis n’enverront pas de troupes en Ukraine, il semble que celui-ci se fasse dépasser par ses
extrémistes. Ainsi Wesley Clark, ancien commandant en chef allié des États-Unis et de l’OTAN, appelle ouvertement à une intervention militaire de l’OTAN en Ukraine :
« L’OTAN doit intervenir. Rendons cela officiel et ordonnons aux Russes de cesser le feu. Le conflit ne peut être
arrêté sans l’intervention de l’OTAN »
Il est clair qu’à Washington ce n’est pas Biden qui dirige mais le complexe militaro-industriel et les plus extrêmes des « faucons » américains. Ceux-ci
voient d’ailleurs avec un mauvais œil la défaite évidente de l’Ukraine, défaite annoncée maintenant même par les experts militaires occidentaux les plus anti-russes qui soient !
Car sur le terrain, l’artillerie russe frappe en permanence et les troupes ulrainiennes se transforment soit en monceaux de cadavres soit en débandade
complète. Même les armes occidentales n’y changent rien, puisque les Ukrainiens s’avèrent incapables de les faire fonctionner correctement, n’ayant pas été formés convenablement. Celles
qui n’ont pas été détruites par nos frappes restent donc sur le terrain inutilisées… et tombent entre les mains des forces russes !
Une intervention de l’OTAN changerait complètement la donne… mais pas dans le sens souhaité par les occidentaux : Il ne fait absolument aucun
doute que la Russie dans ce cas sortirait ses nouvelles armes pour frapper massivement, « quelque chose que vous n’avez jamais vu » a déclaré Vladimir Poutine. Je n’ai
moi-même qu’une vison très partielle de nos nouvelles armes mais le peu que j’en sais me fait être certain à 200% que ce sera un coup décisif et fatal pour l’OTAN et les
États-Unis.
Car les occidentaux et l’OTAN semblent avoir quelque peu oublié le but ultime de notre opération militaire en Ukraine : C’est tout simplement
d’empêcher définitivement l’Ukraine de devenir un porte-avions de l’OTAN à nos frontières et, en allant plus loin c’est un combat à mort contre les mondialistes.
Une intervention de l’OTAN ne ferait donc finalement qu’accélérer les choses, puisque la Russie détruirait sans coup férir une grande partie du camp
mondialiste.
Et en Russie beaucoup – et non des moindres…- se disent que, finalement, ça ne serait pas une mauvaise chose, et ça permettrait d’en finir une bonne fois
pour toutes avec la peste mondialiste.
Opération Z+ : Sur la levée du rideau de fer qui pèse sur l’Europe
Par Batiushka – Le 5 juin 2022 – Source thesaker.is
De Kaliningrad sur la
Baltique à Odessa sur la mer Noire, un rideau de fer est tombé sur le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales d’Europe occidentale, centrale et orientale, toutes ces
villes célèbres et les populations qui les entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère américaine, et toutes sont soumises, sous une forme ou une autre, non seulement à
l’influence américaine, mais à un contrôle très élevé et, dans certains cas, croissant de la part du Grand Satan de Washington, coupant ce monde occidental sombre et minuscule des milliards de
personnes qui travaillent dur, en Chine, en Inde, au Vietnam, en Indonésie, en Iran, en fait dans tout le monde musulman, en Afrique et en Amérique latine. Ce sont eux qui regardent maintenant
avec espoir vers la Russie, vers sa lumière pour libérer le monde, vers son blé pour nourrir le monde, et vers son pétrole pour réchauffer le monde.
Le discours de Fulton II
Et j’entendis une voix au milieu des bêtes qui disait : Une mesure de blé pour un penny, et trois mesures d’orge pour un penny ; et garde-toi de faire du mal à
l’huile et au vin.
L’Apocalypse 6:6
Introduction : 6 juin 1945
Il existe un type d’histoire connu sous le nom de « Histoire de l’éventualité ». Son nom correct
est « Histoire Suppositionnelle ». Il
s’agit tout simplement de traiter des univers logiques mais parallèles de l’imagination et de se demander : « Et si/supposons que X ne se soit pas produit, et que Y se soit
produit à la place, à quoi ressemblerait Z aujourd’hui ? » Un saut de l’imagination et nous pouvons arriver dans un monde très logique, tout à fait plausible, mais en réalité
inexistant. L’une de ces questions « et
si » est la suivante : Que se serait-il passé si les « Anglo-Saxons » (Britanniques, Américains et
Canadiens) n’avaient pas envahi la Normandie le 6 juin 1944 ou s’ils avaient été repoussés ? La réponse à laquelle nous arrivons est que l’Armée rouge ne se serait pas arrêtée à Berlin en mai
1945. Elle aurait poursuivi sa route, laissant Berlin et le suicide d’Hitler loin derrière elle, et presque sans opposition, serait arrivée jusqu’aux côtes de l’Europe occidentale.
L’expression « débarquement de Normandie » aurait alors eu une
signification très différente. Le 6 juin 1945 aurait été très différent du 6 juin 1944. Ironiquement, le fait que le jour J ait eu lieu signifie que l’Europe occidentale n’a jamais été libérée de
la mentalité nazie 1. En d’autres termes, elle n’a jamais été libérée de cette idéologie et de cette mentalité bizarres qu’est le suprémacisme occidental, qui déclare
que « l’Occident est le meilleur ». En
2022, nous payons encore le prix de cet échec à mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. C’est pourquoi il est absurde de parler de troisième guerre mondiale ; la deuxième guerre mondiale n’est
pas encore terminée 2. Pourtant, peut-être certains d’entre nous verront-ils un jour les troupes russes libérer l’Europe, non seulement jusqu’à Paris comme en 1814, mais jusqu’en
Normandie et même au-delà, jusqu’aux îles de l’autre côté de la mer, jusqu’à ce que les anciens appelaient « Ultima Thule ».
L’opération Z
Le conflit actuel en Ukraine serait déjà terminé si les Occidentaux ne l’avaient pas constamment intensifié, en créant sans cesse de nouvelles provocations et en
refusant de laisser leur régime fantoche de Kiev se rendre. En conséquence, les forces de la Fédération de Russie et ses alliés doivent détruire non seulement les équipements militaires de
l’armée de Kiev, mais aussi des pans entiers d’équipements de l’OTAN, importés d’Europe occidentale et même, à terme, des États-Unis. Une fois que ce matériel, en grande partie obsolète, aura été
utilisé, détruit par les missiles russes, l’OTAN sera en fuite. Que pourrait-il se passer alors ? Certains objecteront, mais la Fédération de Russie voulait seulement libérer le Donbass ?
A-t-elle alors menti ? Voulait-elle finalement occuper toute l’Ukraine ou même aller plus loin ?
Non, elle ne mentait pas, mais en raison de la multitude de provocations inspirées par l’Occident, comme la coupure de l’eau et de l’électricité en Crimée, la
Fédération est obligée d’occuper non seulement l’Est russophone, mais aussi le Sud russophone de l’Ukraine. En outre, puisque le nord et l’ouest de l’Ukraine reçoivent de nouvelles armes
menaçantes (beaucoup avaient déjà été fournies dans les années et les mois précédant l’opération spéciale, en préparation de la campagne ukrainienne de génocide du Donbass et d’invasion de la
Crimée au début du mois de mars 2022), il faudra aussi s’occuper d’eux d’une manière ou d’une autre. Étant donné que des millions d’Ukrainiens anti-russes ont quitté le nord et l’est de l’Ukraine
pour l’ouest, la tâche des Russes ne sera peut-être plus aussi difficile. La démilitarisation signifie ce qu’elle dit – détruire tout ce que l’OTAN envoie, quelle que soit la manière dont cela se
passe.
Aux dernières nouvelles, l’idiote et ignorante ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, veut maintenant intégrer la Moldavie dans l’OTAN. Ce pays
devra donc lui aussi être dégagé. Comme l’effectif total de l’armée moldave, dont beaucoup sont de toute façon pro-russes, est de 5 000 hommes, cela ne devrait pas être difficile. Mais pourquoi
s’arrêter là ? Si l’Ukraine et la Moldavie peuvent être dégagées d’ici à la fin de 2022, ce qui est possible, il reste 2023. Comme nous l’avons mentionné précédemment, nous avons le concept de
l’opération Z+. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie la démilitarisation et la dénazification du monde entier, en commençant par la péninsule européenne, petite mais densément
peuplée.
Cela ne signifie pas seulement libérer les peuples de l’actuelle UE des coûts écrasants de la « défense » (cad de l’attaque), qui ont si
longtemps appauvri ses peuples. Cela signifie surtout une libération interne, en débarrassant les peuples d’Europe du parasite millénaire de l’idéologie et de la mentalité nazies, dont ils ont
été tellement infectés par leur élite qu’elle est devenue une partie inconsciente mais intégrante de la culture occidentale. A tel point qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils sont nazis et
seraient choqués par la simple suggestion. Pourtant, c’est précisément cette maladie du suprémacisme occidental qui a déformé, tordu, lavé le cerveau, manipulé et trompé le monde occidental
pendant si longtemps.
Bien sûr, un projet aussi ambitieux ne peut pas se réaliser comme ça. Nous parlons d’un changement lent, progressif et générationnel, et pas nécessairement par des
moyens militaires. Voici, à titre d’exemple, un programme sur 44 ans. Ce programme n’est pas du tout réaliste dans sa précision (les calendriers ne fonctionnent jamais – la réalité prend le
dessus), mais il constitue une sorte de ligne directrice ou d’objectif vers lequel tendre. Et tout est possible, une fois que l’Ukraine aura été délivrée des liens avec Satan. Les liens de Satan,
après tout, sont la signification du drapeau ukrainien flottant dans l’Occident collectif et son utilisation, par exemple, sur les comptes Twitter et Facebook. Laissez-nous vous expliquer
:
Ceux qui n’ont pas la moindre idée de l’endroit où se trouve l’Ukraine, ou du fait que ce mélange artificiel de pays « indépendant » (en fait, une colonie
américaine) n’existe que depuis une trentaine d’années et qu’il a opprimé et exilé des millions de personnes et assassiné des dizaines de milliers de personnes au nom de son idéologie nazie,
savent une chose : arborer un drapeau ukrainien signifie afficher leur propre intérêt – le drapeau ukrainien représente le drapeau de leur idéologie nazie personnelle, bien que généralement assez
inconsciente, du suprémacisme occidental 3. Une fois que l’Ukraine aura été nettoyée par l’opération Z, quelque part ils savent qu’ils seront nettoyés ensuite. Ils craignent cette purification. L’arrivée
de la réalité terrifiera les illusions avec ces mots effrayants : après Z vient Z+.
L’opération Z+
1. 2022 : La libération de l’Ukraine et de la Moldavie
Personne ne sait quand la démilitarisation de ce qui restera de l’ancienne Ukraine sera terminée. L’ancienne Ukraine pourrait s’effondrer en quelques semaines, avec
un coup d’État militaire contre la marionnette-traitre Zelensky, ou cela pourrait prendre un an ou même plus. Nous ne faisons pas de prévisions. En ce moment, l’OTAN intensifie encore le conflit,
mais dès le départ, il s’agissait d’une guerre par procuration entre Washington et Moscou. En tout cas, il semble qu’un gouvernement militaire sera nécessaire pour la future Ukraine (15 millions
d’habitants ?) dans ses nouvelles frontières. Les gouvernements civils ukrainiens, dirigés par des oligarques non ukrainiens et leurs marionnettes, ont tous été totalement corrompus, au profit et
à l’intention de l’Occident.
Personne ne sait ce qui se passera à l’extrême ouest de l’Ukraine. Les trois provinces de Volyn, Lviv et Ivano-Frankivsk retourneront-elles à la Pologne ? Ou
peut-être plus de trois partiront-elles ? La « Transcarpatie » (un nom absurde – c’est Kiev
qui se trouve de l’autre côté des Carpates) ou, pour l’appeler par ses noms propres, Carpatho-Russie/Subcarpathian Rus/Ruthénie, retournera-t-elle en Hongrie ou en Slovaquie, ou fera-t-elle
partie de la Fédération de Russie ? La Moldavie, dont près de la moitié des quatre millions d’habitants sont à l’étranger, en exil, est totalement corrompue, ce qui en fait le pays le plus pauvre
d’Europe et assure cette émigration massive. Ce problème aussi devra sûrement être traité.
2. 2023-2026 : La libération des États baltes
Physiquement, les minuscules et non viables États baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, pourraient être conquis et démilitarisés rapidement. Toutefois,
leur « refascisation » sous les
gouvernements coloniaux de l’OTAN et des États-Unis nazis, leur désindustrialisation (qui a contraint quelque 40 % de la population à émigrer) et l’oppression sadique de leurs minorités russes
sont autant de problèmes qu’il faudra régler. La dénazification de ces pays prendra du temps, même si leur population est aujourd’hui d’à peine quatre millions d’habitants.
3. 2027-2030 : La libération des Balkans orientaux
Une fois que les élites de Roumanie et de Bulgarie, totalement corrompues et installées par les États-Unis, auront été traitées et que les équipements terroristes
de l’OTAN auront été retirés, ces pays pourront revenir à la normalité.
4. 2031-2034 : La libération des Balkans occidentaux
Les problèmes de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie n’ont pas seulement été jugés insolubles par l’Occident, celui-ci les a aggravés. Il doit y avoir des solutions
pour la Serbie et la Bosnie maltraitées. Les parties croates et musulmanes de la Bosnie-Herzégovine pourraient être échangées avec la Croatie contre la Slavonie orientale, qui doit être rendue à
la Serbie. Certains échanges de population seraient nécessaires. La Serbie et le Monténégro se réunifieront, une fois que les traîtres pro-US de l’élite auront été éliminés. La Slovénie ne
présente aucun problème car elle est homogène. La Macédoine du Nord est désormais un pays indépendant.
Cependant, il reste le problème du Kosovo, divisé entre Serbes et Albanais. Seuls de grands investissements et la prospérité dans l’énorme potentiel touristique de
l’Albanie, actuellement capitale européenne des voleurs de voitures, des trafiquants d’armes et des trafiquants de drogue, pourraient ramener les Albanais du Kosovo dans leur propre pays et
attirer les minorités albanaises du Monténégro et de la Macédoine du Nord vers une terre ancestrale nouvellement prospère, rendant ainsi ces terres aux Slaves et les rendant à nouveau homogènes.
Au revoir, Camp Bondsteel.
5. 2035-2038 : La libération de l’Autriche-Hongrie
Nous pensons que la Hongrie sera libérée très rapidement, l’Autriche prendra plus de temps, mais il y a quelques signes prometteurs là-bas. L’UE n’est pas populaire
dans les deux pays.
6. 2039-2042 : La libération des Hellènes
La Grèce pourrait être libérée relativement facilement : Le nazisme n’y a jamais dominé, sauf parmi les politiciens de la colonisation américaine. Chypre, saisie
par la Grande-Bretagne impérialiste en 1878 et qui lui a été cédée comme un bien immobilier, est plus complexe. La base britannique – en fait américaine – qui s’y trouve devrait être retirée.
Bien que les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs s’entendent bien, il y a le problème de l’invasion turque de Chypre Nord en 1974, parrainée par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et des
colons turcs du continent qui s’y trouvent maintenant. Ici, la Turquie doit recevoir une compensation ailleurs, afin que Chypre puisse être restaurée.
7. 2043-2046 : La libération des Slaves de l’Ouest
La Slovaquie pourrait être libérée assez facilement, mais pas les terres tchèques germanisées ni la Pologne. Des opérations nazies comme Akcja
Visla en 1947, lorsque la minorité Lemko Rusin du sud-est a été terrorisée par les troupes polonaises fascistes et déplacée de force vers les Beskides,
montrent à quel point la Pologne peut être vicieuse. Peu de gens se souviennent aujourd’hui que la Pologne avait un gouvernement fasciste avant 1939 et a participé au démembrement de la
Tchécoslovaquie avec Hitler. Pourtant, c’est un fait. Les progrès dans ce domaine pourraient être lents, même dans les années 2040.
8. 2047-2050 : La libération des terres allemandes
Cela signifie la dénazification (et la désaméricanisation) des terres allemandes, en d’autres termes, la restitution de ces terres au peuple allemand, dem
deutschen Volken. Nous ne voyons pas l’Allemagne rester une nation unique. Il serait préférable qu’elle redevienne quatre, cinq ou plus de quatre pays différents, comme la Bavière, la
Saxe, le Hanovre, le Brandebourg et la Westphalie.
9. 2051-2054 : La libération des peuples allemands frontaliers
Par peuples germaniques frontaliers, nous entendons les peuples germaniques les plus latinisés, où l’on parle parfois aussi le français ou l’italien, c’est-à-dire
ceux de Suisse, du Liechtenstein, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Belgique, pays artificiel et ukrainien (inventé par les Britanniques), qui fait en fait partie des Pays-Bas méridionaux et,
dans une moindre mesure, du nord de la France. Bruxelles, sa capitale en forme de village envahi par la végétation et comptant une importante population d’immigrants, pourrait s’effondrer très
rapidement une fois qu’elle aura été débarrassée des sièges cancéreux de l’UE et de l’OTAN.
10. 2055-2058 : La libération des peuples latins occidentaux
Les peuples latins occidentaux (les peuples latins orientaux sont les Roumains et les Moldaves) sont ceux de France, de Corse, d’Italie, de Saint-Marin, d’Andorre,
d’Espagne, de Catalogne, du Portugal et leurs minorités non latines, les Bretons et les Basques. Les élites étant écartées, les gens ordinaires pourraient enfin être mis en avant.
11. 2059-2062 : La libération des peuples nordiques
Nous entendons par là les pays scandinaves et nordiques – Finlande, Suède, Danemark, Norvège, Islande. Tous ont une très faible population, mais ont trop souvent la
mentalité hypocrite wokiste des nazis. Il suffit de regarder leur attitude pendant la Seconde Guerre mondiale. La Finlande a combattu avec les nazis, le Danemark et la Norvège ont à peine résisté
et la Suède « neutre » a
volontiers fourni des matières premières essentielles au Reich.
12. 2063-2066 : La libération des îles
Cette période est peut-être la plus problématique de toutes. Pourtant, l’Irlande, bientôt réunifiée, accueillerait sûrement une libération totale, l’Écosse
républicaine aussi, voire le Pays de Galles : ils ne sont que peu nombreux à être touchés dans ces terres celtiques à faible population. Mais il reste l’Angleterre, qui doit être libérée de
la « Grande-Bretagne » étrangère
et ainsi restaurée. Ce qui a empoisonné l’Angleterre et la vie anglaise pendant près d’un millénaire, l’Establishment britannique, centré sur la ville de Londres fondée par les Normands (la
vieille capitale anglaise était Winchester) et étendant ses tentacules dans tout le pays, doit être éliminé.
Composé de politiciens parasites, avec son actuel leader Johnson, l’écolier public anglais Billy
Bunter, des forces armées, de la police secrète (poliment appelée MI5), d’aristocrates, de banquiers et d’industriels, de leur porte-parole de propagande, la BBC, utilisée avec condescendance
pour contrôler la plèbe avec les autres médias oligarchiques, ainsi que d’autres armes gouvernementales, l’Establishment ne représente pas l’Angleterre, seulement la Grande-Bretagne. Que les
provinces opprimées d’Angleterre se lèvent et rejettent la gangrène de l’élite métropolitaine tentaculaire. Au lieu d’un Saxe-Cobourg-Gotha, importé pour éviter d’avoir un catholique sur le
trône, qu’un monarque non français/gallois/écossais/néerlandais/allemand mais anglais monte enfin sur le trône après mille ans et des milliards de larmes. Ce n’est qu’ainsi que l’abcès
britannique pourra être crevé et que l’Angleterre pourra guérir de sa fièvre millénaire du cerveau et de l’âme.
Conclusion
Voici donc une suggestion pour lever le rideau de fer européen, en dénazifiant, en déOTANifiant, en déUEsant et en libérant ainsi la péninsule européenne du
nord-ouest de l’Eurasie. Certains diront que, même étalé sur 44 ans, ce projet est désespérément optimiste, il est même impossible ; d’autres diront qu’il est pessimiste, que tout pourrait
arriver en quelques années, car l’Europe occidentale est un château de cartes. Nous ne savons pas qui a raison. Y a-t-il même un appétit russe pour cela ? Pas sans un soutien populaire sur le
terrain. Sans soutien populaire, aucun envahisseur ne peut gagner – même les États-Unis doivent le savoir après leurs défaites au Vietnam et en Afghanistan. Quoi qu’il en soit, si l’Occident
continue d’aggraver le conflit en Ukraine, il devra inévitablement payer les conséquences de sa grande bêtise. Il ne faut pas jouer à la roulette américaine 4, surtout quand on vit dans un château de cartes.
Pourtant, pour que l’Afro-Eurasie multipolaire puisse aller de l’avant à toute vitesse, l’Europe doit être libérée de son idéologie suprématiste occidentale/nazie.
Et les nouveaux mondes devront également se débrouiller seuls, mais avec de l’aide. La Russie peut aider en Amérique latine, la Chine en Océanie. Quant à l’Amérique du Nord, les États-Unis
s’effondreront encore en leurs composantes, les États du sud retournant au Mexique, la Nouvelle-Angleterre allant au Canada, les autres parties devenant des confédérations indépendantes, l’Alaska
retournant à la Fédération de Russie, rétablissant ainsi la Fédération en tant que nation tricontinentale, ce qui est son destin. Peut-être les îles britanniques et l’Irlande dénazifiées
pourraient-elles jouer un rôle utile dans les États qui resteront ? Bien sûr, nous ne savons pas jusqu’où et à quelle vitesse une vision aussi ambitieuse pourrait progresser. Mais franchement, si
seulement 10 % de l’un des éléments ci-dessus étaient réalisés, ce serait un progrès énorme et miraculeux.
Batiushka
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
Notes
Voir notre
article sur ce site : « Que signifie le
nazisme ? » (29 mars 2022).
Beaucoup diraient
que la Seconde Guerre mondiale n’était elle-même que la continuation de la Première Guerre mondiale. Le maréchal français Foch considérait que le traité de Versailles, qui mettait
officiellement fin à la guerre, conduirait à une nouvelle guerre. Lors de la signature du traité en juin 1919, il a déclaré : « Ce n’est pas la paix. C’est un armistice pour 20
ans ». Ses prévisions étaient exactes à l’année près.
Voir notre
article sur ce site « Quelle sorte de
personnes arborent un drapeau ukrainien ? » (3 mai 2022).
C’est le nom
correct de la « roulette russe ».
Elle n’a jamais existé en Russie, mais a été inventée par un écrivain américain pour une œuvre de fiction en 1937. On peut supposer qu’il lui a donné un nom russe parce qu’il lui
semblait « exotique ». Une autre
invention russophobe, folle et raciste, que seuls des cow-boys obsédés par les armes à feu et leur culte de la violence pourraient inventer.
L’Occident au point d’inflexion de la guerre en Ukraine. La grande question aujourd’hui est de savoir à quel moment la Russie ripostera
Henry Kissinger a prédit il y a environ trois semaines que la guerre en Ukraine était dangereusement proche de devenir une guerre contre la
Russie. C’était une remarque prémonitoire. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, dans une interview du week-end, a déclaré au journal allemand Bild am
Sonntag que, selon l’estimation de l’alliance, la guerre en Ukraine pourrait durer des années.
« Nous devons nous préparer au fait que cela pourrait prendre des années. Nous ne devons pas relâcher notre soutien à l’Ukraine. Même si les coûts sont
élevés, non seulement pour le soutien militaire, mais aussi à cause de la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires », a déclaré Stoltenberg. Il a ajouté que la
fourniture d’armes de pointe aux troupes ukrainiennes augmenterait les chances de libérer la région du Donbass du contrôle russe.
La remarque signifie une implication plus profonde de l’OTAN dans la guerre basée sur la conviction non seulement que la Russie peut être vaincue en Ukraine
(« effacer la Russie ») mais que le coût ne devrait pas avoir d’importance. Les chefs de l’OTAN s’inspirent traditionnellement de Washington, et Stoltenberg
s’exprimait juste quinze jours avant le sommet de l’alliance à Madrid.
Curieusement, le Premier ministre britannique Boris Johnson, dans un éditorial
du Sunday Times de Londres après une visite surprise à Kiev vendredi, a pratiquement complété les propos de Stoltenberg, soulignant la nécessité d’éviter la « fatigue de
l’Ukraine ». Johnson a noté qu’avec les forces russes gagnant du terrain « pouce par pouce », il était vital pour les amis de l’Ukraine de démontrer leur soutien à
long terme, ce qui signifiait de s’assurer que « l’Ukraine reçoit des armes, de l’équipement, des munitions et une formation plus rapidement que l’envahisseur ».
Johnson a décrit « quatre étapes vitales pour gagner du temps pour la cause de l’Ukraine ».
Tout d’abord, a-t-il
dit, « nous devons veiller à ce que l’Ukraine reçoive des armes, du matériel, des munitions et une formation plus rapidement que l’envahisseur, et renforcer sa capacité à utiliser
notre aide ».
Deuxièmement, « nous
devons contribuer à préserver la viabilité de l’État ukrainien ».
Troisièmement, « nous
avons besoin d’un effort à long terme pour développer les routes terrestres alternatives » pour l’Ukraine afin que son économie « continue de fonctionner ».
Quatrièmement, et
surtout, le blocus russe d’Odessa et d’autres ports ukrainiens doit être levé et « nous continuerons à fournir les armes nécessaires pour les protéger ».
Johnson a admis que tout cela nécessite « un effort déterminé… qui dure des mois et des années ». Mais l’impératif de renforcer la capacité du président
Zelensky à mener la guerre est également vital pour « protéger notre propre sécurité autant que celle de l’Ukraine ». Stoltenberg et Johnson ont pris la parole après que l’exécutif
européen a recommandé que l’Ukraine soit officiellement reconnue comme candidate à l’adhésion au bloc (ce qui devrait être approuvé lors d’un sommet prévu les 23 et 24 juin).
Pendant ce temps, les forces russes marquent régulièrement des succès tactiques dans la région du Donbass et dans la stabilisation de la ligne de front dans
d’autres secteurs. Les combats les plus intenses se déroulent dans la région de Severodonetsk-Lysichansk et autour de Slaviansk, mais la situation est également tendue dans la région
de Kharkiv et dans les régions de Mykolaïv et de Kherson au sud.
Les forces russes pilonnent les infrastructures militaires et les rassemblements d’équipements des forces ukrainiennes.
Selon le MOD russe, au cours de la seule période de cinq jours entre le 13 et le 17 juin, selon la version russe, il semble que 1800 soldats ukrainiens ont
été tués et 291 pièces d’équipement militaire et 69 objets d’infrastructure militaire ont été détruits.
Une défaite dans le Donbass sera catastrophique pour Zelensky, car la destruction de ses meilleures unités militaires déployées là-bas laisse pratiquement
les régions du sud comme un fruit à portée de main pour les forces russes.
Pour l’OTAN aussi, sa position internationale sera sérieusement érodée.
Vendredi, deux anciens combattants américains détenus sur la ligne de front de Donetsk ont été exposés
à la télévision russe pour demander de l’aide à leurs familles. D’autres visuels de ce type sont attendus dans les prochains jours.
Johnson a écrit de manière alarmante que la Doctrine Poutine arroge à la Russie le droit éternel de « reprendre » tout territoire jamais habité
par des Slaves et que cela « permettrait la conquête de vastes étendues de l’Europe, y compris les alliés de l’OTAN ». C’est une hyperbole. Pour reprendre leurs
territoires de l’est et du sud, les Ukrainiens devront en effet mener une longue guerre, mais ils dépendront également de manière critique de l’énorme aide militaire, financière et
économique de l’Europe. D’autre part, l’unité européenne est fragile et la « fatigue » s’installe.
Il n’y a pas non plus de vision cohérente de l’objectif ultime de l’OTAN.
L’Ukraine est un trou noir indigne d’un plan Marshall.
Enfin, la crise économique qui s’aggrave en Occident – inflation et coût de la vie élevés et probabilité croissante de récession – est aux portes comme des
loups hurlant dans un pays des merveilles hivernal. Le public européen ne devient plus sentimental à la vue des réfugiés ukrainiens. L’alibi que Poutine est responsable de tout cela ne
volera pas.
Fondamentalement, les économies occidentales font face à une crise systémique.
La complaisance à l’égard de l’économie américaine est extrême.
Basée sur le statut de monnaie de réserve elle est insensible à l’envolée de la dette.
Cette complaisance ne repose pas sur des bases solides. Le système du pétrodollar oblige le monde entier à acheter des dollars pour financer ses besoins. Le
flot de biens de consommation chinois bon marché et d’énergie bon marché en provenance de Russie et des États du Golfe ne maintient plus l’inflation à distance. Il n’est pas certain que
les hausses de taux d’intérêt vont guérir l’inflation structurelle. Et, surtout, il n’est pas sur que les conséquences de l’utilisation d’un « marteau » de guerre commerciale sur le
réseau complexe que constitue l’économie mondiale peuvent être gérées.
Tant que les presses à billets pouvaient tourner en Europe et en Amérique, personne ne se sentait mal à l’aise face aux déséquilibres structurels du
système. Mais cette époque est terminée.
Dans un brouillard de fanfaronnades idéologiques, l’administration Biden et son partenaire junior à Bruxelles n’ont
fait preuve d’aucune analyse raisonnable avant de sanctionner la Russie, son énergie et ses ressources. L’Europe est bien moins bien lotie que
l’Amérique. L’inflation en Europe est bien à deux chiffres. Une crise de la dette souveraine européenne a peut-être déjà commencé.
L’accélération de la crise inflationniste menace la position des politiciens occidentaux, car ils rencontreront une véritable colère populaire une fois que
l’inflation touchera la classe moyenne et que les prix élevés de l’énergie saperont les bénéfices des entreprises.
Comment arrêter la débâcle politique à combustion lente en cours pour l’Europe et les États-Unis ?
La manière logique est de forcer Zelensky à se rendre à la table des négociations et à discuter d’un règlement. Le récit de la poursuite de l’attrition
contre les forces russes pour les mois à venir, pour infliger des blessures à la Russie, n’aide pas les politiciens européens. Marioupol, Kherson et Zaporizhzhia sont tombés. Donbass
pourrait aussi, bientôt. Quelle est la prochaine ligne rouge ? Odessa ?
Paradoxalement, la longue guerre en Ukraine ne pouvait qu’être à l’avantage de la Russie. Le discours du président Poutine au SPIEF à Saint-Pétersbourg
vendredi montre à quel point Moscou a étudié en profondeur le système financier et économique occidental et identifié ses contradictions structurelles. Poutine sait utiliser le poids et
la force de ses adversaires à son avantage plutôt que de s’opposer directement coup sur coup. La surextension de l’Occident peut finalement être sa perte.
C’est là que se situe aujourd’hui le véritable point d’inflexion – si les contradictions structurelles des économies occidentales viennent à se transformer
en désordre.
Poutine voit l’avenir de l’Occident comme sombre car il est frappé simultanément par le contrecoup de sa propre imposition de sanctions et la flambée des
prix des matières premières qui en résulte, mais en plus manquant de souplesse pour détourner les coups en raison de ses rigidités institutionnelles.
La grande question aujourd’hui estde
savoir à quel moment la Russie ripostera contre les pays qui sont impliqués dans le trafic d’armes en Ukraine s’ils accélèrent sur cette voie.
Les frappes
aériennes des avions russes jeudi dernier sur les groupes terroristes militants hébergés dans la garnison américaine d’Al-Tanf, à la frontière syro-irakienne, pourraient bien
avoir porté un message.
Dans une tribune intitulée « Nous marchons vers la guerre comme des somnambules », Henri Guaino établit des parallèles entre la situation
internationale à l’aube des deux guerres mondiales et celle qui prévaut aujourd’hui à l’aune du conflit ukrainien. Une analyse en forme de supplique afin de ne pas répéter les erreurs de
l’Histoire : « Ni Churchill, ni Roosevelt, n’avaient pensé qu’un jour ils ordonneraient de bombarder massivement les villes allemandes pour casser le moral de la population, ni
Truman qu’il finirait en 1945 par recourir à la bombe atomique pour casser la résistance japonaise. »
Sans remonter aussi loin dans le temps, la même analogie peut être faite avec des conflits plus récents, comme celui de Libye, par exemple. Ni Sarkozy,
ni Cameron, ni Rasmussen, alors patron de l’OTAN, ni Hillary Clinton n’avaient imaginé qu’en déclarant la guerre à Kadhafi, ils enflammeraient le Sahel puis l’Afrique de l’Ouest pour les
décennies à venir. A l’époque, pourtant, de nombreuses voix s’étaient élevées, notamment celle de Jean Ping, alors président de la Commission de l’Union africaine, afin d’alerter des risques pour
l’Afrique et tenter d’empêcher ce conflit. Rien n’y fît, ils continuèrent à marcher comme des somnambules. Il fallut attendre 2016 et un rapport parlementaire, pour que les Anglais reconnaissent
leur forfait en admettant que leur intervention était basée sur des « postulats erronés ». La même année, Barack Obama confessait avoir commis là, la « pire erreur » de son mandat. En 2021, Emmanuel Macron avouait avoir « une dette très claire » envers la Libye : « une décennie de désordre ». L’Alliance atlantique, elle,
n’a pas été à Canossa, au fond, elle a peut être eu raison. A quoi bon cette litanie de mea culpa, si c’est pour répéter toujours et encore les mêmes fautes ? Car tout se passe comme si rien
n’avait été appris au cours de la dernière décennie.
De Tirana à Misrata…
Plus personne ne nie aujourd’hui qu’en plus de l’instauration du chaos dans le pays de l’ex-Jamahiriya, la guerre en Libye a été l’un des principaux facteurs de la
déstabilisation du Sahel. Une de ces raisons est l’arrivée massive d’armements dans les mains des rebelles Touaregs maliens, des armes provenant à la fois des arsenaux de Kadhafi et des
« dons » occidentaux aux insurgés libyens. Effet immédiat : le rapport de force a basculé en défaveur de l’armée malienne et déclenché ainsi le début d’un conflit qui n’a
cessé de s’aggraver et de se propager.
Pour soutenir l’Ukraine dans son combat contre l’intervention russe, les Occidentaux fournissent des milliers d’armes de toute nature à Kiev. Un programme de 40
milliards de dollars d’assistance à la sécurité a été voté par le Sénat américain. Selon le sénateur Rand Paul : « l’adoption de ce projet de loi porte le total de ce que nous avons envoyé à l'Ukraine à près de 54 milliards de dollars en deux mois. » Tout cela et plus encore car il
faut compter ce qui a déjà été fourni par Washington avant l’offensive russe. Depuis l’arrivée de l’administration Biden aux affaires, les Etats-Unis
ont livré à l’armée ukrainienne : 1 400 Stinger ; 5 500 Javelin ; plus de 7000 armes légères etc. etc. A cet arsenal, il faut additionner celui de l’Union européenne qui
s’est engagée à débloquer 1,5 milliard d’euros et ajouter encore ceux des pays hors UE, comme le Japon, l’Australie et le Royaume Uni.
Cette avalanche de milliards a déjà eu un premier effet collatéral en Afrique. Lors d’un
entretien au journal La Croix, le président nigérien a précisé ses attentes vis-à-vis d’Emmanuel Macron : « (il faut) qu’il mette des moyens considérables dans la lutte
contre le terrorisme au Sahel, comme en Europe. On le voit avec la guerre en Ukraine : les Occidentaux ont beaucoup d’argent, donc ils peuvent mettre une partie significative dans le
combat contre le terrorisme, dans la stabilisation de nos pays. » Mohamed Bazoum aurait tort de ne pas saisir la balle au bond. Pourquoi, en effet, y aurait-il un tel deux poids, deux
mesures alors que le Niger ainsi que ses voisins sont confrontés, eux-aussi, à des menaces existentielles ? D’autant qu’au cours de ces cinq dernières années, diplomates français et
européens n’ont cessé de répéter « le Sahel est la frontière sud de
l’Europe», «le Sahel est aussi la sécurité de l’Europe »,« nos destins sont liés».
Cependant, cet effet collatéral reste mineur eu égard aux autres menaces que fait peser cette pluie d’armes létales sur l’Ukraine. Dans un article
récent, le Washington Post a interrogé plusieurs experts sur les risques de ces livraisons à profusion, tous se montrent préoccupés :
« le gouvernement des Etats-Unis vole à l’aveuglette en termes de surveillance des armes fournies aux milices civiles et à l'armée en Ukraine. » En avril, CNN rapportait également les
propos inquiets d’officiels et d’experts : « le risque est qu'à long terme, certaines de ces armes se retrouvent dans des endroits inattendus et entre les mains d’autres armées
et milices. » Une source au sein du renseignement expliquait encore « Nous avons la traçabilité (de ces armes) pendant une courte période, mais une fois entrées dans
le brouillard de la guerre, nous en avons presque zéro (…) elles tombent dans un grand trou noir ».
Que se passera-t-il si, comme en Afghanistan ou dans la bande sahélo-saharienne une partie de cette artillerie se retrouve dans les mains des ennemis de ceux qui
l’ont fournie ? Que se passera-t-il si un hélicoptère de l’armée française est abattu par un missile Stinger ? Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa ?
L’article de CNN cite un membre du Pentagone qui avoue être conscient des menaces « Le risque qu'un scénario similaire (à l’Afghanistan) se produise en
Ukraine existe également » mais ajoute-t-il « étant donné les besoins à court terme presque insatiables des forces ukrainiennes en armes et en munitions le risque à long terme
que des armes se retrouvent sur le marché noir ou entre de mauvaises mains a été jugé acceptable. » Sauf que, d’une part, il n’est pas du tout certain que le péril soit à long
terme ; d’autre part, les fournisseurs d’armes létales à l’Ukraine mutualisent les risques avec des Etats qui n’ont rien demandé et qui ne jugent peut-être pas ces menaces acceptables pour
eux. Qu’en pensent les pays africains ? Que disent les organisations régionales, les Nations unies qui traquaient, il y a peu de temps encore, les munitions et autres explosifs
illicites en Afrique de l’Ouest ?
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Même s’ils avouent que les armes qu’ils livrent « tombent dans un trou noir » les Américains sont conscients du sort qui leur est réservé. Soit
elles sont bombardées dès leur arrivée sur le sol ukrainien par les Russes, soit ces derniers les récupèrent lors d’une défaite de leur adversaire, soit elles sont revendues à l’ennemi, en temps de guerre tout est possible, soit elles prennent la direction du marché noir. Résultat, une partie seulement arrive à destination.
Il est donc possible d’imaginer le calcul fait par les stratèges du Pentagone : donner énormément pour qu’un peu parvienne aux destinataires. En d’autres termes : il vaut mieux 30% de
1000 que 30% de 100 et advienne que pourra, assorti de la formule cynique si souvent entendue pour justifier l’injustifiable « on ne fait pas d’omelette sans casser des
œufs » ! Sauf que le Sahel ne peut plus se permettre de recevoir ne serait-ce qu'une goutte d’huile sur un feu qui est en train de tout ravager et de se propager à certains
pays côtiers, comme l'a montré la récente attaque djihadiste au Togo. La situation est pire que jamais au Mali, au Niger, au Burkina Faso, au Tchad, les mauvaises nouvelles tombent sans
discontinuer à intervalles réguliers. Pour les populations victimes, les mea culpa arrivent toujours trop tard. Il est vraiment temps de retenir les leçons de l’histoire.
Leslie Varenne
La fin des puissances coloniales européennes, la tyrannie de la physique.
Le week-end dernier, j’ai eu un long entretien avec Alexander Mercouris, de The
Duran et Crypto
Rich, pour discuter de l’évolution rapide de la situation en Europe. Les lecteurs de longue date savent que je prévois depuis des années l’effondrement de l’Union européenne.
Cette idée n’est pas basée sur mon antipathie personnelle pour les communistes et les eugénistes hardcore européens, bien qu’elle soit assez importante. En
fait, plus nous nous enfonçons dans 2022, plus cette antipathie s’élève à des niveaux presque inextinguibles. L’arrogance et la stupidité des
dirigeants européens sont tout simplement époustouflantes.
Aujourd’hui, nous sommes face à une situation où les dirigeants d’un continent entier sont en train de commettre un
suicide rituel et sont pourtant obsédés par l’idée de présenter au monde ces blessures auto-infligées comme étant la faute du président russe Vladimir Poutine.
Un trait commun à tous les narcissiques malins est l’incapacité d’assumer la moindre responsabilité pour leurs propres actions, cherchant toujours à rejeter
la faute sur quelqu’un d’autre. On voit ce comportement chez les enfants. Et il ne se manifeste qu’à l’âge adulte parce que les parents ont refusé de mettre des limites à l’enfant ou de
le forcer à subir les conséquences de ses actes.
Regardez les dirigeants de l’Europe d’aujourd’hui et personne, homme ou femme, ne fait preuve d’une once d’autoréflexion ou de contrition. Le problème est
tout aussi endémique ici parmi les dirigeants américains affiliés à Davos. Le président Joe Biden ne cesse de jacasser sur la « hausse des prix de Poutine » ou de
reprocher aux compagnies pétrolières de ne pas être assez patriotiques pour maintenir les prix de l’essence et du diesel à un niveau abordable pour presque tous les Américains.
Mais il y a quelques semaines à peine, ces mêmes personnes nous disaient que nous devions supporter des prix légèrement plus élevés à la pompe pour affamer
la Russie et défendre l’Ukraine.
Biden et les apparatchiks de son parti ne peuvent tout simplement pas abandonner cette idée alors que nous sommes maintenant à un peu plus de quatre mois
des élections de mi-mandat.
Biden aux entreprises
qui gèrent les pompes à essence : « Nous sommes en
temps de guerre. Un péril mondial. L’Ukraine. Ce ne sont pas des temps normaux. Réduisez le
prix que vous facturez à la pompe pour refléter le coût que vous payez pour le
produit. Faites-le maintenant. Faites-le aujourd’hui »
Je vous ai déjà dit ce qu’était le vrai coût à la pompe, les RIN, crédits de mélange compensatoire renouvelable, qui étranglent les petits
raffineurs.
Mais en Europe, la véritable histoire dépasse l’entendement. Elle peut être résumée par le mème suivant :
Et pourtant, si vous écoutez les dirigeants européens, de quoi parlent-ils ? De l’élargissement de l’OTAN à la Finlande et à la Suède. Ils soutiennent le blocus désastreux de la Lituanie sur les marchandises terrestres à Kaliningrad, en violation flagrante du traité de ce pays avec la
Russie. Le Parlement européen et les dirigeants de la France, de l’Allemagne et de l’Italie soutiennent tous l’invitation de l’Ukraine à rejoindre le bloc.
Autant d’éléments auxquels la Russie répondra correctement en déplaçant ses exportations vers l’Est plutôt que vers l’Ouest et en mettant à exécution les
paroles de Poutine lors de son discours au SPIEF 2022 la semaine dernière :
« L’Union européenne a perdu sa souveraineté politique, et ses élites bureaucratiques dansent au rythme de quelqu’un
d’autre, faisant tout ce qu’on leur dit d’en haut et nuisant à leurs propres populations, économies et entreprises ».
L’ensemble du discours vaut votre temps et le meilleur aperçu est ce fil
Twitter, non pas pour ce qu’il implique pour la crypto, comme l’auteur l’implique, mais pour l’humanité en général. La dette est un système d’esclavage. Ce n’est pas la vraie
richesse, seulement le simulacre de la richesse.
La grande leçon à retenir est exactement ce dont je parle sur ce blog depuis des années : La fin de la dette souveraine comme base des réserves mondiales.
Le monde évoluera rapidement vers une norme monétaire fondée sur les matières premières, où une certaine forme de discipline sera imposée aux gouvernements, qui perdent leur crédibilité
de jour en jour, en raison de la réalité.
La vraie richesse se trouve dans les choses qui vous font vivre.
La physique et les limites du temps finissent par rattraper tous les planificateurs centraux et leurs grands rêves de domination mondiale. La tyrannie
qu’ils décrient n’est pas du racisme, un manque de tolérance ou même du tribalisme, ce sont simplement les mathématiques et la physique de la production d’énergie.
C’est le grand crime de Poutine que de rappeler à tous ce fait fondamental.
Les narcissiques qui tentent de le rendre responsable de leurs malheurs n’admettront jamais qu’ils ont eu tort. Ils préfèrent continuer à manipuler les
événements pour orienter le monde vers l’impensable en lui reprochant, ainsi qu’à nous, de ne pas se plier à leur sagesse.
Écoutez-les attentivement et tout ce que vous entendrez, c’est : « Ce n’est pas ma faute ! »
« La prochaine guerre en Europe sera entre la Russie et le fascisme, sauf que le fascisme s’appellera démocratie ». (Fidel
Castro, 1992)
Introduction
L’Europe est un suicide en série. La première tentative a commencé à Sarajevo en 1914 et s’est terminée à Versailles en 1919. La seconde a commencé une
génération plus tard à Varsovie en 1939 et s’est terminée à Berlin en 1945. Après avoir presque réussi la deuxième tentative (elle a manqué les bombes atomiques de quelques mois
seulement), l’Europe a dégrisé et ralenti, attendant le centenaire de 1914 pour tenter une troisième fois. Cette tentative a débuté à Kiev, à nouveau en Europe de l’Est, en 2014 et se
poursuit dans le cadre de l’opération militaire spéciale (OMS). À chaque tentative, l’Europe a perdu. La première fois, elle a perdu trois empires (le russe, l’austro-hongrois et
l’allemand), la deuxième fois deux empires, le britannique et le français fatalement affaiblis, assurant ainsi la suprématie de l’Empire américain en Europe, comme dans le reste du
monde.
Que perdra l’Europe cette fois-ci ? Elle perdra le seul empire qui lui reste : l’UE. Quand ? Quelque temps seulement après la conclusion de l’opération
militaire spéciale. Il serait stupide de prédire avec exactitude quand ce sera le point culminant de la troisième tentative de suicide de l’Europe. Tout pourrait être terminé au début du
mois de juillet. Ou bien cela pourrait s’éterniser pendant des années. Toutefois, ces deux issues sont des possibilités extrêmes et il existe d’autres possibilités entre les deux.
Néanmoins, certaines tendances sont claires. Seules l’ampleur et la vitesse de leur progression sont incertaines. Dans tous les cas, quoi qu’il arrive en Ukraine, l’Europe sera
reformatée. Elle ne sera plus jamais la même. La graine semée par l’élite occidentale à Kiev en 2014 est récoltée aujourd’hui dans la moisson de la division, du mécontentement et de la
pauvreté en Europe.
Si nous examinons les trois objectifs de l’opération militaire spéciale, nous pouvons constater que le premier et le deuxième objectif, la libération du
Donbass et la démilitarisation, sont tous deux réalisés à 75%, malgré de nouvelles arrivées d’armes occidentales pour prolonger l’agonie. Cependant, la réalité est également que
l’opération a dû être étendue du Donbass à l’est et au sud de l’Ukraine et là, nous ne sommes même pas à 50%. Cependant, le troisième objectif, la dénazification de l’Ukraine, n’a même
pas commencé et ne pourra pas commencer tant que le régime meurtrier de Zelensky n’aura pas été remplacé par un gouvernement qui chérit réellement l’indépendance et les traditions
culturelles de l’Ukraine. Alors, elle ne sera plus un chimpanzé servile de l’Occident LGBT et de ses Nuland qui, très poliment parlant, n’ont pas de temps à perdre avec l’Europe.
Militaire
Certains ont critiqué l’opération spéciale des Alliés en Ukraine. Après quatre mois, disent-ils, même le Donbass n’a pas encore été entièrement libéré. Ces
critiques devraient sortir de leurs fauteuils et aller se battre contre l’OTAN. Nous verrions rapidement à quelle vitesse ils iraient. Pourquoi les progrès sont-ils « lents » ?
Premièrement, parce que, bien que les forces alliées soient de petite taille, elles se battent contre le gros de l’armée de Kiev, qui a été entraînée, recyclée, approvisionnée et
réapprovisionnée et retranchée dans ses positions fortifiées par l’OTAN pendant huit ans. Deuxièmement, parce que les Alliés essaient d’éviter les pertes civiles et, bien sûr, les pertes
pour eux-mêmes. Ce n’est pas facile lorsque Kiev utilise des civils comme boucliers humains et qu’il effectue des tirs depuis des zones résidentielles. Les Alliés ne procéderont pas à des
bombardements en tapis comme l’Occident. Ils ne sont pas pressés.
Cependant, avec les événements très récents de Severodonetsk et Lisichansk, la porte vers l’ensemble de l’Ukraine centrale et occidentale s’ouvre. Ainsi,
nous lisons le rapport du 25 juin : « Le bureau du président a ordonné le transfert de toutes les réserves de la direction Mykolaïv/Odessa/Kharkiv pour une contre-attaque dans la
direction de Severodonetsk ». En d’autres termes, Kiev n’a plus que des réserves et veut les transférer toutes. Cela ressemble à du désespoir – la fin est proche. À en juger par la
qualité des réserves de Kiev jusqu’à présent, ce sera une victoire sans appel. Et cela suppose d’abord que les réservistes acceptent d’être massacrés. Et cela suppose ensuite qu’elles
puissent être transférées lorsque, tout autour, les routes sont occupées par les troupes alliées, ou sont contrôlées par les radars, l’artillerie, les drones et les avions russes.
Le plus significatif de tout, c’est que cela signifie que Mykolaïv/Odessa/Kharkiv seront laissés plus ou moins sans défense, sans même de réserves. Selon
des données occidentales sérieuses, les pertes militaires ukrainiennes sont d’environ 200 000 tués avec près des trois quarts des équipements militaires et des munitions détruits. En
seulement quatre mois. C’est catastrophique. Si même les espions occidentaux du MI6, de la BRD et de la Pologne disent cela, alors il y a peu d’avenir ou d’espoir pour les marionnettes
américaines à Kiev. Nous ne pouvons que nous attendre à un effondrement militaire et à la formation d’un nouveau gouvernement, authentiquement pro-ukrainien (c’est-à-dire anti-américain)
et donc pro-russe. Que se passera-t-il après la libération de l’Ukraine ? La libération de la Moldavie ? Des pays baltes ? Nous ne le savons pas. Mais si le sabrage agressif de l’OTAN/UE
se poursuit, tout est possible.
Économique, politique et
idéologique
Comme nous le savons, les sanctions occidentales anti-russes ont été un désastre économique auto-imposé, un but en soi. Le retour de bâton a été
désagréable. La dédollarisation est en cours. Payez en roubles, s’il vous plaît. Maintenant. Les prix des denrées alimentaires, des engrais, du pétrole, du gaz s’envolent, et ce n’est pas
l’hiver. Le mécontentement populaire et les manifestations de rue en Europe occidentale augmentent. En France, le candidat des Rothschild, Macron, a perdu le contrôle du Parlement
français au profit de la gauche et de la droite. Au Royaume-Uni, le « délirant » (c’est le mot des membres de son propre parti) Johnson (un homme condamné par les siens comme
« un journaliste opportuniste qui a au fond de lui un vide moral ») est considéré comme un handicap, qui mènera le parti tory à l’anéantissement lors de n’importe quelle
élection. Nous ne parlerons pas ici d’autres nullités comme Scholz, Draghi, Trudeau et Biden.
Ensuite, il y a la formation d’alternatives au bloc occidental. Un nouveau G8/BRICS+ ? La Russie a reçu de nombreux soutiens discrets et moins discrets de
la part de la Chine, de l’Inde, du Kazakhstan, du Brésil, de l’Iran, de l’Indonésie, de l’Afrique (de l’Égypte à l’Afrique du Sud), de l’Arabie saoudite, du Venezuela, de l’Argentine, de
la Hongrie… C’est-à-dire du bien nommé monde « émergent » sur les cinq continents, de ceux qui possèdent des matières premières et des infrastructures de production. Ils veulent
sortir des ruines du colonialisme et du néocolonialisme. L’Occident isolé, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’UE, l’Australie, a peu d’amis en dehors de son petit monde replié
sur lui-même. Il n’y a que quelques vassaux occupés en Asie, comme Israël, le Japon, Taïwan et la Corée du Sud, qui sont contraints d’acheter des armes occidentales, et c’est tout.
Même les mercenaires des médias occidentaux contrôlés par l’État commencent à revenir sur leurs mensonges payés par l’État. Ils sont habitués à tout
renverser, à tout inverser. Ainsi, l’armée russe était composée de « conscrits bruts démoralisés et non entraînés », qui avaient subi des « pertes massives » et
« manquaient de carburant et de munitions », « violaient des enfants et assassinaient », étaient « en pleine retraite » et bombardaient et pilonnaient
« des zones résidentielles et des civils ». Il suffit de remplacer le mot « russe » par « Kiev » pour être beaucoup plus près de la vérité. Quelqu’un
croit-il encore à ces mensonges médiatiques ? Sûrement seulement les morts-vivants ? Cela doit être embarrassant pour ces valets qui ont dit, ou plutôt ont reçu l’ordre de dire, le
contraire de la vérité. Ils avaient l’habitude de rapporter leurs rêves comme la réalité. Maintenant, ils doivent rapporter la réalité – leurs pires cauchemars.
Conclusion : L’ère des empires est
terminée
Après les défaites, ou plutôt les déroutes, occidentales en Irak et en Afghanistan, l’OTAN n’a aucun avenir militaire ou politique. En fait, elle aurait dû
être abolie après la chute de l’URSS. L’Ukraine (ou quel que soit le nom qu’elle portera dans les frontières qu’elle aura une fois sa libération achevée) est russe. Oubliez ça, l’OTAN.
Vous avez déjà perdu. L’expansion de l’OTAN en Asie ? Quelle blague ! Taïwan est chinoise, comme le sera tout le Pacifique occidental. Oubliez ça, l’OTAN. Vous avez déjà perdu. Le siècle
américain qui a commencé en février/mars 1917 avec la révolte de palais des aristocrates et des généraux corrompus de l’Empire russe, soigneusement orchestrée depuis Londres et New York,
est terminé. L’Europe n’a plus besoin de tenter de se suicider, et encore moins de réussir. Vous êtes libres de restaurer la souveraineté de vos États-nations.
Le fait est que l’ère des empires est terminée. L’année 1917 en a marqué le début. En 1991, l’Empire de l’étoile rouge (URSS) s’est effondré. Aujourd’hui,
l’Empire de l’étoile blanche (USA), avec son Empire vassal de l’UE à douze étoiles à sa remorque, s’effondre, et ce pour exactement la même raison : parce que plus personne ne croit en
leurs idéologies. Le communisme et le capitalisme ont tous deux échoué. C’est maintenant l’ère des alliances libres entre nations souveraines. Quel est l’avenir de l’Europe après sa
troisième tentative ratée de suicide ? Il réside dans la réintégration de la souveraineté de l’Eurasie, protégée par le parapluie des ressources russes. L’Atlantique n’a jamais uni
l’Europe, il l’a divisée. Si ceux qui vivent de l’autre côté de l’Atlantique veulent redécouvrir auprès de nous comment recommencer à vivre normalement, ils le peuvent. Mais ce sera à nos
conditions, celles de notre Souveraineté, pas aux leurs.
Nous avons parlé de l’opération militaire spéciale comme de l’aboutissement de la troisième tentative de suicide de l’Europe. Nous avons dit que l’Europe ne
sera plus jamais la même après cette opération. En effet, à moins que l’Europe ne soit vraiment sérieuse cette fois-ci dans son suicide (et elle a réussi à l’éviter deux fois auparavant),
cette Opération Z va séparer le monde occidental tyrannique, l’UE et l’Europe britannique, des États-Unis. C’est l’Opération Z+. Et qui sommes-nous, ceux qui survivront ? Nous sommes la
génération Z+. Nous sommes ceux qui sortiront « de la grande tribulation » et qui survivront. Nous sommes ceux qui vont vivre dans le vrai monde global, pas dans la bulle
occidentale du monde globaliste. Nous sommes les vrais Européens de l’ancienne et de la nouvelle histoire européenne, qui ont refusé de se suicider, les Européens souverains. La réalité
apparait au grand jour.
Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire.
Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump (2017).
Alors que les Anglo-Saxons sont déjà parvenus à exclure la Russie du Conseil de l’Europe
et s’apprêtent à l’empêcher de participer aux réunions de l’OSCE, ils œuvrent à couler l’Union européenne en créant une structure concurrente en Europe centrale : l’Initiative des trois
mers. Ce faisant, ils reprennent un vieux projet polonais visant à développer cette région en la préservant de toute influence allemande ou russe.
Le Conseil des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne a décidé, le 23 janvier 2022, d’accorder à l’Ukraine le statut de pays demandant
l’adhésion. La président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a précisé que le chemin sera long (la Turquie dispose de ce statut depuis 23 ans) pour élever ce pays au niveau
exigé par l’Union que ce soit en matière économique ou politique.
Le cabinet du président ukrainien avait déjà précisé que Kiev n’espère pas adhérer à l’Union, aujourd’hui ou demain, car il dispose d’un autre projet, mais que
le statut de candidat ouvre la voie à un fort soutien financier de Bruxelles pour qu’il se rapproche des standards de l’Union.
En effet, l’Ukraine partage le projet polonais d’Intermarium : une alliance de tous les États situés entre la mer
Baltique et la mer Noire.
INTERMARIUM CONTRE UNION EUROPÉENNE
Ce projet se fonde à la fois sur une réalité géographique et sur un passé historique : la « République des deux Nations » (Couronne de Pologne et
Grand-Duché de Lituanie) du XVIème au XVIIIème siècle. Il a été formulé une première fois lors de la révolution polonaise de 1830 par le prince Adam Jerzy Czartoryski, puis durant
l’entre-deux-guerres, par le général polonais Józef Piłsudski, sous le nom de « Fédération Międzymorze ». Piłsudski conçut parallèlement une idéologie visant à libérer tous les
peuples d’Europe centrale de leur intégration dans les empires germanique et surtout russe, le « prométhéisme ». Tel le Titan, il promettait aux hommes des progrès techniques leur
permettant de s’affranchir de leurs suzerains. Dans la pratique, il préférait les Germains aux Russes et n’hésita pas à s’allier aux Austro-Hongrois et aux Allemands contre le Tsar. En 2016,
une troisième version de ce projet fut présentée par le président polonais, Andrzej Duda, sous le nom d’« Initiative des trois mers » (la troisième mer, c’est l’Adriatique). Onze
États y participaient. Ils sont douze depuis quelques jours.
Ce projet offre en principe une réponse politique légitime à l’absence de frontières physiques dans la grande plaine d’Europe centrale : mieux vaut s’unir
que se soumettre ou se faire la guerre. Cependant les choses ne sont pas aussi claires qu’il y parait : la République des deux Nations était une confédération permettant au Royaume et au
Grand-Duché de conserver chacun leur propre fonctionnement, tandis que Piłsudski imaginait une Fédération dans laquelle chaque peuple se fondrait et où les Polonais tiendraient le haut du
pavé. Tous les mouvements nationalistes d’Europe centrale se référent à la République des deux Nations, mais ils en tirent des conclusions bien différentes.
Pour les bandéristes ukrainiens, la République des deux Nations est l’héritière de la Ruthénie créée par les Vikings suédois, les Varégues, ce qui est un peu
tiré par les cheveux dans la mesure où leurs territoires ne se recouvrent pas. Tout au plus peut-on dire que, culturellement, ces entités ont des points communs. Pour le président ukrainien,
Volodymyr Zelenski, la République des deux Nations est un bon exemple de confédération qui permet de s’affranchir à la fois de la Russie… et de l’Allemagne qui domine l’Union
européenne.
C’est parce que les dirigeants politiques polonais et ukrainiens misent sur ce projet commun de confédération Intermarium, que le président Zelensky a pu
envisager sans rougir de céder la Galicie orientale à la Pologne [1]. Cependant, dans les deux pays, l’extrême-droite (au
sens totalitaire de l’entre-deux-guerre) entend utiliser cette politique pour faire avancer ses idées raciales.
La Pologne n’a jamais joué le jeu de l’Union européenne dont elle est membre depuis 2004. Durant sa période de candidature à l’Union, elle n’hésita pas à
encaisser des sommes énormes destinées à réformer son agriculture et à les dépenser pour acheter des avions de guerre états-uniens et faire la guerre en Iraq sus les ordres de Washington. Ce
tour de passe-passe avait été imaginé par l’États-uno-Polonais Zbigniew Brzezinski et l’États-uno-française Christine Lagarde [2]. Rien n’a changé : aujourd’hui Varsovie est en
perpétuel litige avec Bruxelles, notamment à propos de son système judiciaire. L’Ukraine n’aura aucun mal à jouer le même double jeu.
C’est le problème principal des peuples d’Europe centrale : ils cherchent à juste titre à s’assumer sans leurs grands voisins russe et allemand, mais ne
parviennent pas à s’affirmer sans lutter contre eux. par le passé, cette pathologie les a toujours poussé à s’affronter entre eux.
Le prince Adam Jerzy Czartoryski finit sa vie en exil à Paris et le général Piłsudski installa le siège de son mouvement prométhéen également à Paris. Dans les
deux cas, il s’agissait de fuir à la fois l’Allemagne et la Russie. Le souvenir de cette période a donné lieu en 1945 à la création d’un réseau d’émigrés d’Europe centrale travaillant d’abord
pour le Vatican puis pour les services secrets français et finalement pour les Anglo-Saxons (réseau également dénommé Intermarium [3]). Il a réunit les principaux dirigeants en fuite des
Oustachis croates, de la Garde de fer roumaine etc. Puis ce fut, en 1991, la constitution du « Groupe de Visegrád » (Hongrie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie). Aujourd’hui les
partisans de ce projet se tournent vers les Anglo-Saxons, d’où le soutien de Washington et de Londres à Varsovie et à Kiev. Ainsi le sommet de l’Initiative des trois mers, à Varsovie en 2017,
a reçu le président états-unien Donald Trump. Tandis que lors du sommet du 20 juin 2022, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, intervenant par vidéo, demanda et obtint immédiatement
l’adhésion de son pays.
L’intérêt des Anglo-Saxons pour le projet Intermarium est ancien. L’un des pères de la géopolitique anglo-saxonne, Sir Halford Mackinder, avait identifié
l’Europe centrale comme le cœur (Hartland) de l’Eurasie. Pour lui, l’Empire britannique ne pourrait contrôler le monde qu’en contrôlant d’abord cette
région. L’un de ses disciples, le Premier ministre Boris Johnson s’est donc précipité à Kiev pour apporter son soutien au président Zelensky. Tous les géopoliticiens anglo-saxons ont repris
les idées de Mackinder, dont bien sûr Zbigniew Brzezinski, qui fut avec le Straussien Paul Wolfowitz l’une des deux principales figures du colloque de Washington, en 2000, qui marqua
l’alliance entre les États-Unis et l’Ukraine [4].
Malheureusement, ceux qui poussent les États-Unis à soutenir le projet Intermarium sont des figures représentatives du nationalisme d’extrême-droite. Ainsi, les
conseillers des présidents Dwight Eisenhower et Ronald Reagan qui leur firent adopter le concept de « nations captives (de l’URSS) » étaient tous d’anciens collaborateurs des nazis,
membres du Bloc Anti-Bolchévique des Nations [5] ; ceux qui organisèrent le congrès précité de 2000
furent leurs enfants ; et aujourd’hui le plus important d’entre eux est l’États-unos-Polonais Marek Jan Chodakiewicz, qui n’a de cesse de minorer les crimes des nazis [6].
Tous les membres de l’Initiative des trois mers sont membres de l’UE, sauf l’Ukraine. La plupart considèrent spontanément qu’elle est pour eux bien plus
importante que l’UE, bien qu’elle n’ait pas les mêmes moyens. Le fait que l’Ukraine y ait adhéré trois jours avant la reconnaissance de son son statut de candidat à l’UE atteste non seulement
que c’est plus important pour elle, mais aussi que Bruxelles a bien compris qu’il lui fallait accepter tous les membres de l’Initiative des trois mers pour ne pas en perdre.
À terme, cette logique devrait conduire les membres de l’Initiative des trois mers à quitter collectivement l’UE lorsqu’elle ne leur sera plus financièrement
profitable, car il n’en ont jamais partagé les objectifs politiques.
D’ores et déjà, l’ensemble de l’architecture de sécurité du continent est remis en question. Il reposait sur deux piliers, d’une part le Conseil de l’Europe et
d’autre part l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe.
LA RUSSIE POUSSÉE HORS DU CONSEIL DE L’EUROPE
Le Conseil de l’Europe a été créé en 1949. Il s’agissait pour certains fondateurs de baser l’unité européenne sur des principes juridiques communs via un
conseil des États et pour d’autres, via une assemblée de parlementaires. En définitive, on réunit les deux projets, mais à l’époque on tint à l’écart les Soviétiques et leurs pays frères.
L’URSS et les membres du pacte de Varsovie y adhérent juste après la chute du Mur de Berlin.
Ce Conseil s’est doté de deux institutions phares. En premier lieu la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH). Malheureusement celle-ci s’est politisée au
cours des derniers mois, manifestant une évidente partialité face à la Russie. Par exemple, elle a reconnu en janvier le droit d’un citoyen russe de cracher sur le portait officiel du
président de la Fédération de Russie (arrêt Karuyev c. Russie). Ou encore, en février 2022, le droit d’un citoyen russe de perturber une manifestation pro-Poutine en exhibant une pancarte
« Poutine, mieux qu’Hitler ! » (arrêt Manannikov c. Russie). Et elle vient de censurer la loi russe qui avait été adoptée après les révolutions de couleurs faisant obligation
aux organisations politiques financées de l’étranger de l’afficher sur toutes leurs publications (arrêt Ecodefence et autres c. Russie).
L’autre grande institution, c’est la Commission de Venise qui a aidé les nouveaux États indépendants à assimiler les règles démocratiques —Commission qui, soit
dit en passant, n’a cessé de mettre en garde l’Ukraine sur ses procédures administratives et institutionnelles [7]—.
En définitive, les Occidentaux ont suspendu le droit de vote de la Russie au Conseil de l’Europe au motif qu’elle tenterait d’annexer l’Ukraine par la force. Ce
à quoi la Russie, estomaquée, a répondu qu’elle n’en avait jamais eu l’intention et qu’elle se retirait d’une institution devenue partisane.
LA RUSSIE EMPÊCHÉE DE PARTICIPER AUX RÉUNIONS DE L’OSCE
L’autre plateforme intergouvernementale, c’est l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Elle a été créée, en 1973, à l’occasion des
Accords d’Helsinki. À la différence des Nations unies, ce n’est pas un lieu d’arbitrage, mais juste un forum qui permet à tous les acteurs du continent de se parler librement. C’est elle part
exemple qui a adopté la Déclaration d’Istanbul de 1999 aussi dite « Charte de la Sécurité en Europe » qui pose les deux principes majeurs (1) du droit de chaque État de choisir les
alliés de son choix et (2) du devoir de ne pas menacer la sécurité des autres en assurant la sienne ; principes dont le non-respect est à l’origine du conflit entre les États-Unis et la
Russie [8].
Rappelons que la Fédération de Russie n’a jamais contesté le droit de quiconque d’adhérer à l’Otan, mais celui pour les membres de l’Otan d’héberger des bases
militaires états-uniennes. Nos lecteurs se souviennent que lorsque le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a écrit à chacun de ses « partenaires » pour lui
demander comment il conciliait les deux principes d’Istanbul avec l’installation de matériels et de personnels militaires états-uniens à proximité de la Russie, aucun n’a osé lui
répondre.
Cependant la neutralité de ce forum a été violée au mois d’avril lorsque de nouveaux fonctionnaires de l’OSCE, plus précisément d’anciens militaires de l’Otan,
ont été pris en flagrant délit d’espionnage dans le Donbass [9].
Comme si cela ne suffisait pas, le Royaume-Uni vient de refuser les visas nécessaires à la délégation russe qui devait assister à l’assemblée parlementaire
annuelle de l’OSCE, du 2 au 6 juillet 2022 à Birmingham. Londres, qui viole ses obligations, s’est abrité derrière les sanctions nominatives de l’Union européenne contre chaque membre de la
délégation.
Par conséquent non seulement les documents signés par les 57 chefs d’État et de gouvernement de l’OSCE n’ont plus de valeur, mais l’administration de cette
organisation est devenue une arme de guerre, et en définitive elle ne jouera plus son rôle de forum.
L’architecture de sécurité du continent européen se transforme donc radicalement. À terme l’Europe centrale va se constituer en un bloc, d’abord au sein de
l’Union européenne et de ses candidats, puis hors de l’Union. Sa Défense sera garantie par les États-Unis. Tandis que les deux parties Ouest et Est du continent ne se parleront plus. Ce sera
l’aboutissement du plan des géopoliticiens anglo-saxons. Mais ce projet, s’il est réalisé, sera instable. D’abord les Européens de l’Ouest ont toujours eu besoin de la Russie et ensuite les
peuples d’Europe centrale ont longtemps vécus sur un champ de bataille. Lorsque les chevaliers teutonique et les cosaques ne venaient pas se battre chez eux, ils se battaient entre eux. Pour
qu’une paix soit durable, il faut respecter l’ensemble des protagonistes. En détruisant toutes les institution de Sécurité du continent, on rend inévitable un conflit généralisé.
La signification plus large de
l’Ukraine réside dans cet aperçu : Les autres dirigeants ne sont plus naïfs lorsque l’Occident leur propose des perles de verre (ou des dollars en papier) en échange de leurs véritables
richesses.
L’Occident, à sa manière cavalière, s’est lancé dans la guerre avec l’axe Russie-Chine, sans y prendre garde. Il s’attendait à des « victoires »
faciles grâce à des sanctions qui feraient imploser l’économie russe et à des tactiques militaires de guerre urbaine empruntées à la Syrie, qui saigneraient l’armée russe. Au lieu de
cela, il s’agit d’une débâcle monumentale. Plus encore, ses multiples échecs et sa propagande insultante constituent un point de rupture, ouvrant une nouvelle ère plutôt que de figer
l’ordre ancien, comme l’Occident l’avait espéré.
Pourquoi cette nouvelle ère est-elle si grave ? Tout d’abord, à cause de ce qui se trouve « en dessous ». Les faiblesses structurelles et la
« pourriture sèche » qui se sont accumulées au fil des décennies, dans des sous-sols humides. On l’a gardé à l’écart, hors de vue. Les « enfants » ont été éloignés
lorsque les « adultes » parlaient entre eux pour reconnaître le délabrement et la pourriture qui affectaient leurs demeures.
Bien sûr, l’état de délabrement de la « grande maison » (les États-Unis) a toujours été suspecté par le monde extérieur, mais la Russie a alors
effrontément démontré au monde entier à quel point elle est en mauvais état – en économie, à la guerre et au Forum économique de Saint-Pétersbourg. Poutine a exhorté le monde à s’opposer
fermement aux prétentions des propriétaires prétentieux de la Grande Maison. C’était un appel doux et courtois à la rébellion.
Oui, le conflit ukrainien est effectivement un point d’inflexion. Mais pour qui ? Certains participants (non occidentaux) au récent Forum de Davos ont
simplement levé les yeux au ciel devant la réaction émotive des Européens face aux événements en Ukraine, et ont pointé du doigt les deux poids, deux mesures dans leur négligence des
conflits ruineux qui se déroulent ailleurs et leur mépris pour les vagues de réfugiés précédentes. « Il y a un besoin manichéen et occidental de voir le monde de manière
binaire », a déclaré Samir Saran, d’un groupe de réflexion de New Delhi : « Nous travaillons en nuances de gris ».
Pourtant, la realpolitik de l’Ukraine est en train de remodeler la géopolitique mondiale. À un certain niveau, elle a incité les « autres » à se
rebeller contre les prétentions de l’Occident qui se qualifie lui-même de monde civilisé, comme s’il disait « il n’y a pas de civilisation en dehors de notre civilisation ».
Cette vanité explique pourquoi l’Occident condamne toutes les autres civilisations, actuelles et passées, comme arriérées et comme des menaces potentielles pour la stabilité et la
sécurité mondiales. C’est pourquoi il utilise des euphémismes pour se définir comme « la communauté internationale ».
Pourquoi ? Parce que le Zeitgeist occidental refuse de se contenter de la loi immuable de la tradition sociale qui régit les cultures orientales,
« mais se manifeste comme un esprit qui s’efforce de s’incorporer à l’humanité et de changer le monde » – c’est ce qu’écrivait Christopher Dawson, il y a près d’un siècle, dans
« Religion and the rise of Western Culture ». Cela signifie que, contrairement à la civilisation chinoise, indienne, bouddhiste, amazonienne, chrétienne orthodoxe, musulmane ou
autre, la civilisation occidentale est unique, car elle a continuellement cherché à se répandre de manière agressive, sur le mode missionnaire, en s’imposant au reste du monde et en s’en
emparant. En d’autres termes, elle est la seule à prétendre être mondiale.
La signification plus large de l’Ukraine réside dans cette constatation : Les autres dirigeants ne sont plus naïfs lorsque l’Occident leur propose des
perles de verre (ou des dollars en papier) en échange de leurs véritables richesses. L’Ukraine a accéléré les discussions sur l’intégration entre les blocs économiques, et plusieurs
discours des dirigeants régionaux des BRICS au sommet de cette semaine ont porté sur la manière d’échapper à la dette dollarisée. Ou mieux encore, comment mettre en œuvre un système
alternatif à celui établi à Bretton Woods.
En outre, les citoyens des BRICS – comme ceux d’Europe – n’aspirent pas à des marchés plus efficaces ou à « plus » de néolibéralisme. Le
Moyen-Orient, en particulier, a fait l’expérience du néolibéralisme et des inégalités extrêmes de richesse qu’il a engendrées. Ils ont fait la mauvaise expérience des doctrines de
développement prédatrices de type Banque mondiale et FMI. Ils ont maintenant la preuve que des États bien préparés peuvent non seulement survivre aux sanctions occidentales, mais aussi
les utiliser comme un outil pour modifier le système commercial mondial à leur avantage.
Le risque lié à la crise du coût de la vie à venir est facile à appréhender : le risque de pénuries alimentaires supplémentaires est presque impossible à
calculer. Comme en Europe, il y a la peur et la colère face à la désintégration du système, la peur de voir les villes devenir violentes et mal gérées. Ils ne cherchent pas « plus
d’Europe », mais plus de politique identitaire. Ils ne se soucient pas du tout de « plus de quoi que ce soit ». La colère est manifeste, car les gens veulent que les
systèmes fonctionnent, mais ce n’est pas le cas. Ils veulent retrouver une vie normale.
Et alors que soufflent les vents froids de l’inflation et de la récession, ils se tournent vers leurs dirigeants, non pas pour obtenir « plus de marché
libre », mais plutôt pour être protégés des marchés et des absurdités réglementaires. Ils ressentent le danger de voir des « boucles fatales » inconnues faire imploser
certaines parties de leurs économies.
Tel est le principal message géostratégique qui ressort de la guerre de l’Occident contre la Russie : Les Russes – et beaucoup d’autres – disent qu’ils en
ont « assez » de « l’ouestification » (par laquelle on entend son caractère « missionnaire »). Il faut être « occidental », mais pas
« occidentalisé » ; il faut être « européen », mais pas un démagogue « plus d’Europe », suggèrent les non-occidentaux.
C’est dans ce contexte que l’expression « monde russe » (Russky Mir) prend tout son sens. Son origine est ancienne : sa première utilisation
formelle dans son sens moderne remonte à 2007, lorsque le président Poutine a décrété la création de la « Fondation Russky Mir », parrainée par le gouvernement.
Pour certains, l’expression « le monde russe » désigne l’endroit où vivent les Russes. S’il s’agit uniquement de cela, il s’agit alors d’un projet
purement nationaliste. Pour certains, le terme signifie le monde russophone, mais s’il ne signifie que cela, alors il s’agit d’un projet purement linguistique. Pour d’autres, le terme
désigne l’endroit où vivent les chrétiens orthodoxes – mais si cela ne signifie que cela, alors il s’agit d’un projet purement confessionnel.
Pour de nombreux Russes d’aujourd’hui, cependant, « le monde russe » signifie autre chose, quelque chose de bien plus large. Il s’agit de
l’endroit où vivent ceux qui s’opposent à l’exploitation de l’occidentalisation. Bien qu’ils vivent principalement en Russie, en Chine, en Inde, en Afrique, en Amérique latine, dans le
monde musulman, en Indonésie et au Kazakhstan, ils existent partout dans le monde, même dans les centres occidentaux. Ils sont ceux qui résistent à la campagne d’illusion soigneusement
orchestrée par « la communauté internationale ». Pour ces Russes qui vivent
dans le monde réel, les illusions de l’Occident sont à la fois absurdes et mauvaises.
Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire.
Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump (2017).
Sergueï Lavrov avait l’habitude de comparer l’Occident à
un prédateur blessé. Selon lui, il ne faut pas le provoquer car il serait pris de folie et pourrait tout casser. Il convient plutôt de l’accompagner au cimentière. L’Occident ne l’entend pas
ainsi. Washington et Londres mènent une croisade contre Moscou et Pékin. Ils rugissent et sont prêts à tout. Mais que peuvent-ils entreprendre vraiment ?
Les sommets du G7 en Bavière et de l’Otan à Madrid devaient annoncer la punition par l’Occident du Kremlin pour son « opération militaire spéciale en Ukraine ». Mais, si l’image donnée
a mis en avant celle de l’unité des Occidentaux, la réalité atteste de leur déconnexion des réalités, de leur perte d’audience dans le monde et en définitive de la fin de leur suprématie.
Alors que les Occidentaux se persuadent que l’enjeu est en Ukraine, le monde le voit affronter le « piège de Thucydide » [1]. Les relations internationales continueront-elles
à s’organiser autour d’eux ou deviendront-elles multipolaires ? Les peuples jusqu’ici soumis s’affranchiront-ils et accéderont-ils à la souveraineté ? Sera-t-il possible de penser
autrement qu’en termes de domination globale et de se consacrer au développement de chacun ?
Les Occidentaux ont imaginé un narratif de l’« opération militaire spéciale » russe en Ukraine qui fait l’impasse sur leur propre action depuis la dissolution de l’Union soviétique. Ils
ont oublié leur signature de la Charte de la Sécurité européenne (dite aussi déclaration d’Istanbul de l’OSCE) et la manière dont ils l’ont
violée en faisant adhérer un à un presque tous les anciens membres du Pacte de Varsovie et une partie des nouveaux États post-soviétiques. Ils ont oublié la manière dont ils ont changé le
gouvernement ukrainien en 2004 et le coup d’État par lequel ils ont placé au pouvoir à Kiev des nationalistes bandéristes en 2014. Ayant fait du passé table rase, ils accusent la Russie de tous
les maux. Ils refusent de remettre en question leurs propres actes et considèrent, qu’à l’époque, ils sont passés en force. Pour eux, leurs victoires font le Droit.
Pour préserver ce narratif imaginaire, ils ont déjà fait taire les médias russes chez eux. On a beau se prétendre « démocrates », il vaut mieux censurer les voix discordantes avant de
mentir.
Ils abordent donc le conflit ukrainien, sans contradiction, en se convaincant qu’ils ont le devoir de juger seuls, de condamner et de sanctionner la Russie. En faisant chanter de petits États,
ils sont parvenus à obtenir un texte de l’Assemblée générale des Nations-unies qui semble leur donner raison. Ils envisagent maintenant de démanteler la Russie comme ils l’ont fait en Yougoslavie
et ont tenté de le faire en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen (stratégie Rumsfeld/Cebrowski).
Pour ce faire, ils ont commencé à isoler la Russie de la Finance et du Commerce mondial. Ils ont coupé son accès au système SWIFT et aux Lloyds, l’empêchant d’acheter et de vendre tout autant que
d’assurer son transfert de marchandise. Ils pensaient ainsi provoquer son effondrement économique. De fait, le 27 juin 2022, la Russie s’est avérée incapable d’honorer une dette de
100 millions de dollars et l’agence de notation Mody’s l’a déclarée en défaut de paiement [2].
Mais cela n’a pas eu l’effet escompté : tout le monde sait que les réserves de la Banque centrale russe regorgent de devises et d’or. Le Kremlin a payé les 100 millions, mais n’a pas pu
les transférer en Occident du fait des sanctions occidentales. Il les a placés sur un compte bloqué où ils attendent leurs débiteurs.
Pendant ce temps, le Kremlin qui n’est plus payé par les Occidentaux s’est mis à vendre sa production, notamment ses hydrocarbures, à d’autres acheteurs, particulièrement à la Chine. Les échanges
ne pouvant plus être effectués en dollars le sont en d’autres monnaies. Par conséquent, les dollars que leurs clients utilisaient d’habitude refluent vers les États-Unis. Ce processus avait déjà
commencé il y a plusieurs années. Mais les sanctions unilatérales occidentales l’ont brutalement accéléré. L’énorme quantité de dollars qui s’accumule aux USA y provoque une hausse des prix
massives. La Réserve fédérale fait tout son possible pour la partager avec la zone euro. La hausse des prix se propage à grande vitesse sur tout le continent ouest-européen.
La Banque centrale européenne n’est pas un organisme de développement économique. Sa mission principale est de gérer l’inflation à l’intérieur de l’Union. Constatant qu’elle ne peut absolument
pas ralentir la brusque hausse des prix, elle tente de l’utiliser pour diminuer sa dette. Les États membres de l’Union sont donc invités à compenser, par des baisses d’impôts et des allocations,
la baisse du pouvoir d’achat de leurs « citoyens ». Mais c’est un cercle sans fin : en aidant leurs citoyens, ils se lient les pieds et les mains à la Banque centrale européenne,
ils s’enchaînent un peu plus aux dettes US et s’appauvrissent encore.
Il n’y a pas de remède à cette inflation. C’est la première fois en effet que l’Occident doit éponger les dollars que Washington a imprimé avec insouciance durant des années. La hausse des prix
en Occident correspond au coût des dépenses impériales des trente dernières années. C’est aujourd’hui et aujourd’hui seulement que l’Occident paye ses guerres de Yougoslavie, d’Afghanistan,
d’Iraq, de Libye, de Syrie et du Yémen.
Jusqu’à présent les États-Unis tuaient tous ceux qui menaçaient la suprématie du dollar. Ils ont pendu le président Saddam Hussein qui la refusait et ont pillé la Banque centrale iraquienne. Ils
ont torturé et lynché le guide Mouamar el-Kadhafi qui préparait une nouvelle monnaie panafricaine et ont pillé la Banque centrale libyenne. Les sommes gigantesques amassées par ces États
pétroliers ont disparu sans laisser de traces. On a seulement vu des GI’s embarquer des dizaines de milliards de dollars emballés dans de grands sacs-poubelles. En excluant la Russie des échanges
en dollar, Washington a lui-même provoqué ce qu’il redoutait tant : le dollar n’est plus la monnaie de référence internationale.
La majorité du reste du monde n’est pas aveugle. Elle a bien compris ce qui se passe et s’est précipitée au Forum économique de Saint-Pétersbourg, puis a tenté de s’inscrire au sommet virtuel des
Brics. Elle réalise —un peu tard— que la Russie a lancé le « Partenariat de l’Eurasie élargie », en 2016 et que son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l’avait
solennellement annoncé à l’Assemblée générale de l’Onu, en septembre 2018 [3]. Durant quatre ans, quantités de routes et
de chemins de fer ont été construits pour intégrer la Russie dans les réseaux des nouvelles « routes de la soie », terrestres et maritimes, imaginés par la Chine. Il a donc été possible
de déplacer en quelques mois les flux de marchandise.
Le reflux des dollars et le déplacement des flux de marchandise provoquent une hausse plus marquée encore du prix des énergies. La Russie, qui est l’un des premiers exportateurs d’hydrocarbures
au monde, a vu ses revenus augmenter considérablement. Sa monnaie, le rouble, ne s’est jamais aussi bien portée. Pour y faire face, le G7 a fixé un prix plafond du gaz et du pétrole russe. Il a
ordonné à la « communauté internationale » de ne pas payer plus cher.
Mais la Russie ne va évidemment pas laisser les Occidentaux fixer les prix de ses produits. Ceux qui ne veulent pas les payer aux prix du marché ne pourront pas les acheter et aucun client n’a
l’intention de se priver pour faire plaisir aux Occidentaux.
Le G7 tente d’organiser, au moins au plan intellectuel, sa suprématie [4]. Cela ne fonctionne plus. Le vent a tourné. Les
quatre siècles de domination occidentale sont terminés.
En désespoir de cause, le G7 a prit l’engagement de résoudre la crise alimentaire mondiale que sa politique a provoqué. Les pays concernés savent ce que les engagements du G7 veulent dire. Ils
attendent toujours le grand plan de développement de l’Afrique et autres miroirs aux alouettes. Ils savent que les Occidentaux ne peuvent pas produire les engrais azotés et qu’ils empêchent la
Russie de vendre les leurs. Les aides du G7 sont uniquement des pansements sur des jambes de bois chargés de les faire patienter et de ne pas remettre en question les principes sacrés du
libre-échange.
La seule option possible pour le sauvetage de la domination occidentale, c’est la guerre. Il faut que l’Otan parvienne à détruire militairement la Russie comme jadis Rome avait rasé Carthage.
mais c’est trop tard : l’armée russe dispose d’armes bien plus sophistiquées que l’Occident. Elle les a déjà expérimentées depuis 2014 en Syrie. Elle peut à tout instant écraser ses
ennemis. Le président Vladimir Poutine a exposé devant ses parlementaires, en 2018, les progrès stupéfiants de son arsenal [5].
Le sommet de l’Otan de Madrid était une belle opération de communication [6]. Mais ce n’était que le chant du cygne.
Les 32 États membres ont proclamé leur unité avec le désespoir de ceux qui craignent de mourir. Comme si de rien n’était, ils ont d’abord adopté une stratégie pour dominer le monde durant les
dix prochaines années, désignant la « croissance » de la Chine comme un sujet de préoccupation [7]. Ce faisant ils ont admis que leur but n’est
pas d’assurer leur sécurité, mais bien de dominer le monde. Ils ont alors ouvert le processus d’adhésion de la Suède et de la Finlande et envisagé de s’approcher de la Chine avec, pour
commencer, une possible adhésion du Japon.
Le seul incident, rapidement maîtrisé, aura été la pression turque qui a contraint la Finlande et la Suède à condamner le PKK [8]. Incapables de résister, les États-Unis ont
lâché leurs alliés, les mercenaires kurdes en Syrie et leurs leaders à l’étranger.
Sur ce, ils ont décidé de multiplier par 7,5 la Force d’action rapide de l’Otan, en la faisant passer de 40 000 à 300 000 hommes, et de la stationner à la frontière russe. Ce
faisant ils ont violé une fois de plus leur propre signature, celle de la Charte de la Sécurité en Europe, en menaçant directement la Russie. En
effet, celle-ci n’a pas la possibilité de défendre ses immenses frontières et ne peut assurer sa sécurité qu’en veillant à ce qu’aucune force étrangère n’installe de base militaire à ses
frontières (stratégie de la terre brûlée). D’ores et déjà, le Pentagone fait circuler des cartes prospectives du démantèlement de la Russie qu’il espère mettre en œuvre.
L’ancien ambassadeur russe à l’Otan et actuel directeur de Roscosmos, Dmitry Rogozin, leur a répondu en publiant sur son compte Telegram les coordonnées de tir des centres de décisions de
l’Otan, salle du sommet de Madrid comprise [9]. La Russie dispose de lanceurs hypersoniques,
pour le moment impossibles à intercepter, qui peuvent porter une charge nucléaire en quelques minutes sur le siège de l’Otan à Bruxelles et sur le Pentagone à Washington. Pour qu’il n’y ait
pas de méprise, Sergueï Lavrov a précisé, faisant allusion aux Straussiens, que les décisions martiales de l’Occident n’étaient pas prises par les militaires, mais au département d’État US.
C’est lui qui serait la première cible.
La question est donc : Les Occidentaux joueront-ils le tout pour le tout. Prendront-ils le risque d’une Troisième Guerre mondiale pourtant déjà perdue, juste pour ne pas mourir
seuls ?
L’Europe occidentale et
l’Amérique du Nord se trouvent actuellement dans une situation économique désastreuse. Quatre dirigeants européens, d’Allemagne, de France, d’Italie et de Roumanie, viennent de se rendre à Kiev
pour implorer Zelensky de recommencer à négocier et de faire des concessions territoriales. Les médias occidentaux n’ont pas beaucoup parlé du quatrième dirigeant roumain/allemand, Klaus
Iohannis, et ont montré peu de photos de lui ; peut-être parce que les racistes qui travaillent dans les médias occidentaux méprisent
la Roumanie. Ce qu’ils ont tous oublié de mentionner, c’est que la Russie n’a pas besoin de négocier et, vu la façon dont elle est traitée depuis 2014 (en fait, depuis 1991), elle ne va pas
faire de concessions.
Les dirigeants européens ont une fois de plus fait la promesse illusoire que l’Ukraine pourrait bientôt devenir candidate à l’adhésion à l’UE (malgré le veto
néerlandais), si elle relance les négociations. Cette vieille carotte brandie devant l’âne ukrainien n’est pas pertinente. L’UE compte plus que quatre pays et quatre dirigeants, quelle que soit
la promesse que l’Ukraine pourrait devenir membre de l’UE dans 20 ans. Bien avant cela, il n’y aura plus d’Ukraine et probablement plus d’UE. Le lendemain de leur visite, le clown Johnson s’est
également rendu à Kiev, mais nous ne savons pas de quoi il a parlé. Vraisemblablement, il voulait simplement montrer que le Royaume-Uni est une « grande puissance » – comme l’UE ?
Il est trop tard. Les négociations sur le Donbass ont échoué pendant huit ans parce que l’Occident les a bloquées. Elles ont à nouveau échoué en mars dernier, au
Belarus et à Istanbul, pour la même raison. L’Occident dans son arrogance a cru pouvoir écraser la Russie en utilisant sa chair à canon ukrainienne. C’est ce que révèlent depuis près de quatre
mois les rapports des porte-paroles de la propagande d’État comme CNN, la BBC, etc., avec leurs inepties selon lesquelles le président
Poutine est mourant et la Russie est à court de carburant et de munitions ! Des vœux pieux tout le temps. À l’origine, la Russie voulait simplement libérer le Donbass. Cependant, l’entêtement de
Kiev signifie qu’ils seront maintenant obligés de prendre le contrôle de tout le pays – et peut-être plus, si l’agression de l’extérieur de l’Ukraine continue. Tout cela était tellement
inutile…
L’Occident ne peut pas continuer à appliquer ses sanctions suicidaires et illégales contre la Russie, ou plutôt contre lui-même. Le manque de pétrole, de gaz,
d’engrais et de matières premières essentielles se fait sentir. L’inflation décolle partout en Occident. Au Royaume-Uni, une vague de grèves menace. Les jours de Johnson, incroyablement
impopulaire, sont comptés. Le seul problème pour la Russie est que le rouble ne cesse d’augmenter. Malgré une baisse des taux d’intérêt de 15 % à 8,5 %, le rouble est à nouveau à 56 pour un
dollar. Il est clair que de nouvelles réductions des taux d’intérêt russes sont, pardonnez le jeu de mots, dans le pipeline. Entre-temps, les dirigeants africains et asiatiques ont dit à Zelensky
d’arrêter de se battre. Ils veulent des
céréales.
Bien sûr, il est vrai que de nombreux malheurs de l’Occident ont commencé bien avant cette année, notamment avec les absurdes et totalitaires
restrictions « Covid-19 » à partir
de 2020, qui ont mis en faillite de nombreuses entreprises et l’ont amené à imprimer toujours plus d’argent et à contracter des dettes toujours plus élevées et impayables. L’Occident souhaite
désespérément que le conflit en Ukraine prenne fin avant que le froid de l’automne ne s’installe. Sinon, il y aura des révoltes populaires dans les pays occidentaux, avec des scènes de pillage
dans les rues.
Les armes occidentales, généralement de troisième ordre, ne font pratiquement aucune différence en Ukraine. La plupart, ainsi que les munitions, sont détruites
avant de pouvoir être utilisées. Une grande partie de ce qui a été promis ne peut être utilisée car il faudra des mois pour apprendre aux Ukrainiens à s’en servir. Le taux d’attrition de l’armée
de Kiev, jusqu’à 1 000 soldats par jour selon Kuleba, le ministre de l’intérieur de Kiev, est tout simplement insoutenable. Une fois que les fortifications du Donbass, construites par Kiev et
l’OTAN au cours des huit dernières années, auront été submergées, la course sera libre vers Odessa, la Transnistrie, Kharkov et Kiev ou tout autre endroit souhaité par la Russie. Cela pourrait se
produire bientôt.
Hier, le ministère russe de la Défense a publié des chiffres sur
les mercenaires. Le tableau est sombre pour l’Ukraine. Sur les quelque 6 000 mercenaires présents en Ukraine et originaires de 64 pays différents, environ 2 000 ont été tués et 2 000 ont fui.
Peut-être pensaient-ils qu’ils allaient se battre dans un pays du tiers-monde, où l’ennemi n’avait que des kalachnikovs et non des missiles hypersoniques de classe mondiale ? Reste à savoir
combien de temps les quelque 2 000 autres resteront en vie.
La Pologne a fourni le plus grand nombre de mercenaires, avec 1 831. On peut supposer que, comme pour d’autres pays tels que le Canada (601 mercenaires), les
États-Unis (530), la Roumanie (504), l’Allemagne et la France, la majorité d’entre eux sont en fait des Ukrainiens qui vivent hors d’Ukraine depuis quelques années, plutôt que des autochtones. La
troisième place pour les mercenaires européens revient au Royaume-Uni avec 422 personnes, dont 102 ont été tuées et 98 ont fui. Selon le général Konashenkov, qui a publié ces chiffres, le nombre
de mercenaires qui arrivent a cessé et s’est même inversé. Il est trop dangereux de rester et de se faire tuer en Ukraine.
Il reste donc les deux mercenaires britanniques stupides, non pas tués au combat comme les 102 autres, mais faits prisonniers. Et il reste aussi deux mercenaires
américains capturés. On spécule que les Britanniques pourraient plaider pour leur libération en échange de Julian Assange. Cela contrarierait les Américains. D’autre part, les mercenaires
britanniques, Eslin et Pinner, ont déjà été condamnés à mort. Si cette condamnation est exécutée, cela va rendre Johnson encore plus impopulaire qu’il ne l’est déjà. C’est peut-être pour cela que
Johnson s’est rendu à Kiev, pour plaider.
Ainsi, la première étape ou étape militaire touche à sa fin et devrait se terminer plus tard cet été. Toutefois, ce n’est que le début. La nouvelle Ukraine doit
être formée. Ensuite, il y a la démilitarisation et la dénazification du reste de l’Europe de l’Est. Et il y a la guerre économique, déclarée par l’Occident, qui doit être terminée. Le 17 juin,
au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, sa ville natale, le président Poutine a déclaré :
Après la guerre froide, les États-Unis se sont déclarés les émissaires de Dieu sur Terre, sans aucune responsabilité, avec seulement des intérêts…..
Aujourd’hui, les changements dans l’économie et la politique internationale sont tectoniques et révolutionnaires. Les élites occidentales sont dans un état d’illusion, s’accrochant à l’ombre
du passé et niant la réalité changeante… Rien ne sera plus comme avant… L’UE a définitivement perdu sa souveraineté politique. La situation actuelle en Europe conduira à une poussée de
radicalisme et, dans un avenir probable, à un changement d’élites.
Voici l’avenir.
Batiushka
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
La troisième tentative de suicide en Europe et la génération Z+
La prochaine guerre en Europe
sera entre la Russie et le fascisme, sauf que le fascisme s’appellera démocratie. – Fidel Castro, vers 1992
L’Europe est un
suicidaire en série. La première tentative a commencé à Sarajevo en 1914 et s’est terminée à Versailles en 1919. La seconde a commencé une génération plus tard à Varsovie en 1939 et s’est
terminée à Berlin en 1945. Après avoir presque réussi la deuxième tentative (elle a manqué les bombes atomiques de quelques mois seulement), l’Europe a dégrisé et ralenti, attendant le centenaire
de 1914 pour tenter une troisième fois. Cette tentative a débuté à Kiev, à nouveau en Europe de l’Est, en 2014 et se poursuit dans le cadre de l’opération militaire spéciale (OMS). À chaque
tentative, l’Europe a perdu. La première fois, elle a perdu trois empires (le russe, l’austro-hongrois et l’allemand), la deuxième fois deux Empires, le britannique et le français fatalement
affaiblis, assurant ainsi la suprématie de l’Empire américain en Europe, comme dans le reste du monde.
Que perdra l’Europe cette fois-ci ? Elle perdra le seul empire restant, l’UE. Quand ? Quelque temps seulement après la conclusion de l’OMS. Il serait stupide de
prédire avec exactitude quand ce sera le point culminant de la troisième tentative de suicide de l’Europe. Tout pourrait être terminé au début du mois de juillet. Ou bien cela pourrait
s’éterniser pendant des années. Toutefois, ces deux issues sont des possibilités extrêmes et il existe d’autres possibilités entre les deux. Néanmoins, certaines tendances sont claires. Seules
l’ampleur et la vitesse de leur progression sont incertaines. Dans tous les cas, quoi qu’il arrive en Ukraine, l’Europe sera reformatée. Elle ne sera plus jamais la même. La graine semée par
l’élite occidentale à Kiev en 2014 est récoltée aujourd’hui dans la moisson de la division, du mécontentement et de la pauvreté en Europe.
Si nous examinons les trois objectifs de l’opération militaire spéciale, nous pouvons constater que le premier et le deuxième objectif, la libération du Donbass et
la démilitarisation, sont tous deux réalisés à 75%, malgré de nouvelles arrivées d’armes occidentales pour prolonger l’agonie. Cependant, la réalité est aussi que l’opération a dû être étendue du
Donbass à l’est et au sud de l’Ukraine et là, nous n’en sommes même pas à 50%. Cependant, le troisième objectif, la dénazification de l’Ukraine, n’a même pas commencé et ne pourra pas commencer
tant que le régime meurtrier de Zelensky n’aura pas été remplacé par un gouvernement qui chérit réellement l’indépendance et les traditions culturelles de l’Ukraine. Alors, elle ne sera plus un
chimpanzé servile de l’Occident LGBT et de ses Nulands qui, très poliment parlant, n’ont pas de temps à perdre avec l’Europe.
Militaire
Certains ont critiqué l’opération spéciale des Alliés en Ukraine. Après quatre mois, disent-ils, même le Donbass n’a pas encore été entièrement libéré. Ces
critiques devraient sortir de leurs fauteuils et aller se battre contre l’OTAN. Nous verrions bientôt à quelle vitesse ils iraient. Pourquoi les progrès sont-ils « lents » ? Premièrement, parce que, bien que les
forces alliées soient de petite taille, elles se battent contre le gros de l’armée de Kiev, qui a été entraînée, recyclée, approvisionnée et réapprovisionnée et retranchée dans ses positions
fortifiées par l’OTAN pendant huit ans. Deuxièmement, parce que les Alliés essaient d’éviter les pertes civiles et, bien sûr, les pertes pour eux-mêmes. Ce n’est pas facile lorsque Kiev utilise
des civils comme boucliers humains et qu’il effectue des tirs depuis des zones résidentielles. Les Alliés ne procéderont pas à un bombardement en tapis comme l’Occident. Ils ne sont pas
pressés.
Cependant, avec les événements très récents de Severodonetsk et Lisichansk, c’est la porte de toute l’Ukraine centrale et occidentale qui s’ouvre. Ainsi, nous
lisons le rapport du 25 juin : « Le bureau du
président a ordonné le transfert de toutes les réserves de la direction Nykolaïev/Odessa/Kharkov pour une contre-attaque dans la direction de Severodonetsk ». En d’autres termes, Kiev
n’a plus que quelques réserves et veut les transférer toutes. Cela ressemble à du désespoir, la fin est proche. À en juger par la qualité des réserves de Kiev jusqu’à présent, ce sera une
victoire sans appel. Et cela suppose tout d’abord que les réservistes soient prêts à se faire massacrer. Et cela suppose ensuite qu’elles puissent être transférées lorsque, tout autour, les
routes sont occupées par les troupes alliées, ou sont contrôlées par les radars, l’artillerie, les drones et les avions russes.
Plus important encore, cela signifie que Nykolaïev/Odessa/Kharkov seront laissés plus ou moins sans défense, sans même de réserves. Selon des données occidentales
sérieuses, les pertes militaires ukrainiennes s’élèvent à environ 200 000 tués, avec près des trois quarts des équipements militaires et des munitions détruits. En seulement quatre mois. C’est
catastrophique. Si même les espions occidentaux du MI6, de la BRD et de la Pologne disent cela, alors il y a peu d’avenir ou d’espoir pour les marionnettes américaines à Kiev. Nous ne pouvons que
nous attendre à un effondrement militaire et à la formation d’un nouveau gouvernement, authentiquement pro-ukrainien (c’est-à-dire anti-américain) et donc pro-russe. Que se passera-t-il après la
libération de l’Ukraine ? La libération de la Moldavie ? Des pays baltes ? Nous ne le savons pas. Mais si le sabrage agressif de l’OTAN/UE se poursuit, tout est possible.
Économique, politique et idéologique
Comme nous le savons, les sanctions occidentales anti-russes ont été un désastre économique auto-imposé, un objectif personnel. Le retour de bâton a été
désagréable. La dédollarisation est en cours. Payez en roubles, s’il vous plaît. Maintenant. Les prix des denrées alimentaires, des engrais, du pétrole, du gaz s’envolent, et ce n’est pas
l’hiver. Le mécontentement populaire et les manifestations de rue en Europe occidentale augmentent. En France, le candidat des Rothschild, Macron, a perdu le contrôle du Parlement français au
profit de la gauche et de la droite. Au Royaume-Uni, le « délirant » (c’est le mot des membres de son
propre parti) Johnson (un homme condamné par les siens comme « un journaliste opportuniste qui a au fond de lui un vide
moral ») est considéré comme un handicap, qui mènera le parti tory à l’anéantissement lors de n’importe quelle élection. Nous ne parlerons pas ici d’autres non-valeurs comme Scholz,
Draghi, Trudeau et Biden.
Ensuite, il y a la formation d’alternatives au bloc occidental. Un nouveau G8/BRICS+ ? La Russie a reçu de nombreux soutiens discrets et moins discrets de la part
de la Chine, de l’Inde, du Kazakhstan, du Brésil, de l’Iran, de l’Indonésie, de l’Afrique (de l’Égypte à l’Afrique du Sud), de l’Arabie Saoudite, du Venezuela, de l’Argentine, de la Hongrie….
C’est-à-dire du bien nommé monde « émergent » sur les cinq continents, de ceux qui
possèdent des matières premières et des infrastructures de production. Ils veulent sortir des ruines du colonialisme et du néocolonialisme. L’Occident isolé, les États-Unis, le Canada, le
Royaume-Uni, l’UE, l’Australie, a peu d’amis en dehors de son petit monde replié sur lui-même. Il n’y a que quelques vassaux occupés en Asie, comme Israël, le Japon, Taïwan et la Corée du Sud,
qui sont contraints d’acheter des armes occidentales afin d’éviter d’être libérés d’eux-mêmes, et c’est tout.
Même les mercenaires des médias occidentaux contrôlés par l’État commencent à revenir sur leurs mensonges payés par l’État. Ils sont habitués à tout renverser, à
tout inverser. Ainsi, l’armée russe était composée de « conscrits bruts démoralisés et non entraînés », qui
avaient subi des « pertes
massives » et « manquaient de
carburant et de munitions », « violaient des enfants et assassinaient »,
étaient « en pleine retraite » et
bombardaient et pilonnaient « des zones
résidentielles et des civils ». Il suffit de remplacer le mot « russe » par « Kiev » pour être beaucoup plus près de la
vérité. Quelqu’un croit-il encore à ces mensonges médiatiques ? Sûrement seulement les morts-vivants ? Cela doit être embarrassant pour ces valets qui ont dit, ou plutôt ont reçu l’ordre de dire,
le contraire de la vérité. Ils avaient l’habitude de rapporter leurs rêves comme la réalité. Maintenant, ils doivent rapporter la réalité, qui ressemble à leurs pires cauchemars.
Conclusion : L’ère des empires est terminée
Après les défaites, ou plutôt les déroutes, occidentales en Irak et en Afghanistan, l’OTAN n’a aucun avenir militaire ou politique. En fait, elle aurait dû être
abolie après la chute de l’URSS. L’Ukraine (ou quel que soit le nom qu’elle portera dans les frontières qu’elle aura une fois sa libération achevée) est russe. Oubliez ça, l’OTAN. Vous avez déjà
perdu. L’expansion de l’OTAN en Asie ? Quelle blague ! Taïwan est chinoise, comme le sera tout le Pacifique occidental. Oubliez ça, l’OTAN. Vous avez déjà perdu. Le siècle américain qui a
commencé en février/mars 1917 avec la révolte de palais des aristocrates et des généraux corrompus de l’Empire russe, soigneusement orchestrée depuis Londres et New York, est terminé. L’Europe
n’a plus besoin de tenter de se suicider, et encore moins de réussir. Vous êtes libres de restaurer la souveraineté de vos États-nations.
Le fait est que l’ère des empires est terminée. L’année 1917 en a marqué le début. En 1991, l’Empire de l’étoile rouge (URSS) s’est effondré. Aujourd’hui, l’Empire
de l’étoile blanche (USSA), avec son Empire vassal de l’UE à douze étoiles (USSE) à sa remorque, s’effondre, et ce pour exactement la même raison : parce que plus personne ne croit en leurs
idéologies. Le communisme et le capitalisme ont tous deux échoué. C’est maintenant l’ère des alliances libres de nations souveraines. Quel est l’avenir de l’Europe après sa troisième tentative
ratée de suicide ? Il réside dans la réintégration de la souveraineté de l’Eurasie, protégée par le parapluie des ressources russes. L’Atlantique n’a jamais uni l’Europe, il l’a divisée. Si ceux
qui vivent de l’autre côté de l’Atlantique veulent redécouvrir auprès de nous comment recommencer à vivre normalement, ils le peuvent. Mais ce sera à nos conditions, celles de notre Souveraineté,
pas aux leurs.
Nous avons parlé de l’opération militaire spéciale comme du point culminant de la troisième tentative de suicide de l’Europe. Nous avons dit que l’Europe ne sera
plus jamais la même après cela. En effet, à moins que l’Europe ne soit vraiment sérieuse cette fois-ci en matière de suicide (et elle a réussi à l’éviter deux fois auparavant), cette opération Z
va séparer le monde occidental tyrannique, l’UE et l’Europe britannique, des États-Unis. C’est l’opération Z+. Et qui sommes-nous, ceux qui survivront ? Nous sommes la génération Z+. Nous sommes
ceux qui sortiront « de la grande
tribulation » et qui survivront. Nous sommes ceux qui vont vivre dans le vrai monde global, pas dans la bulle occidentale du monde globaliste. Nous sommes les vrais Européens de
l’ancienne et de la nouvelle histoire européenne, qui ont refusé de se suicider, les Européens souverains. La réalité se fait enfin jour.
Batiushka
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Cinq mois après le début de l’opération militaire spéciale
Par The Saker – Le 23 juillet 2022 – Source The
Saker Blog
Il y a cinq mois, le 24
février, la Russie a commencé ce qu’elle a appelé une « opération militaire spéciale » (OMS). En termes
très simples, voici ce que la Russie a réalisé jusqu’à présent : L’Ukraine a perdu environ 20 % de son territoire, quelque 3 000 villes et villages, la moitié de son produit national brut et un
tiers de sa production de charbon. Elle a complètement perdu l’accès à la mer d’Azov, et le trafic dans les ports de la mer Noire a été gelé en raison des combats et du minage des voies
navigables. Le nombre de réfugiés a atteint 7 millions.
Note du
Saker
Après trois mois d’absence (la plupart du temps) du blog, c’est un réel plaisir pour moi de revenir. Pour faire simple – vous m’avez manqué et écrire des
analyses m’a manqué. Je suis donc vraiment ravi d’être de retour et je tiens à remercier une fois de plus tous ceux qui ont patiemment attendu que je recharge mes batteries. Votre soutien est
très important pour moi ! Merci pour tout !
Tous ces faits ne commencent même pas à raconter toute l’histoire. Il y aurait de nombreuses façons de raconter cette histoire, mais pour commencer, je veux
énumérer quelques éléments du récit officiel occidental qui se sont maintenant avéré mensongers et que personne de sain d’esprit ne prendrait au sérieux. Je vais en présenter quelques-uns sans
ordre précis (et j’ignorerai les plus idiots, notamment que Poutine est en train de mourir d’un cancer ou qu’il est très malade (consultez ici 50
titres à ce sujet !) – il ne l’est pas, au
grand dam de la CIA – ou que Shoigu veut le renverser).
1ere assertion : La Russie perd la guerre, a été vaincue par les Ukronazis près de Kiev, elle est à court de munitions et de fournitures et est sur le point de
s’effondrer
Premièrement, si vous regardez la taille de la force russe qui a pris l’aéroport Antonov près de Kiev (un régiment aéroporté) et la taille de la force qui s’est
déplacée par voie terrestre vers cet aéroport, vous pouvez facilement vous convaincre que cette force n’avait pas pour but d’attaquer ou d’envahir Kiev. Cette force a fait exactement ce qu’elle
était censée faire, elle a forcé les Ukrainiens à déplacer des forces pour protéger Kiev et, de ce fait, elle les a coincés juste assez longtemps pour établir une supériorité aérienne, attaquer
et couper les forces près et dans le Donbass, détruire le C4I ukrainien et presque toute la force aérienne ukrainienne. Cela n’a pris que quelques jours et une fois la mission terminée, ces
forces se sont retirées car elles n’avaient littéralement rien à gagner à rester sur place. C’est plutôt la partie ukrainienne qui est à court d’armes, de fournitures et de soldats (nous y
reviendrons plus tard). Les Russes ont toute la puissance de feu dont ils ont besoin pour les années à venir.
2eme assertion : La Russie a dû changer ses plans et ses tactiques en raison des lourdes pertes subies par l’armée russe au début de l’opération
En fait, il y a un grain de vérité ici, mais pas l’explication correcte. Comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises, l’opération militaire spéciale
est « spéciale » parce qu’il
s’agit d’une opération qui n’est pas une opération régulière d’armes combinées. Les Russes ont commencé l’OMS avec moins de soldats que l’adversaire, et ils ont privilégié les manœuvres et les
frappes à longue portée plutôt que la prise et le controle des villes. Plus important encore, les Russes ont délibérément fait tout leur possible pour minimiser les pertes ukrainiennes et
préserver l’infrastructure civile ukrainienne (contrairement aux pays « démocratiques » qui détruisent d’abord les
centrales électriques, les ponts, les stations d’eau, etc. pour infliger un maximum de « choc et effroi » à la population civile). Les
Russes auraient pu facilement transformer, disons, Kiev en Bagdad ou Belgrade sous les bombes US/OTAN, mais ils ont délibérément choisi de sauver autant de vies et d’infrastructures civiles que
possible, même au prix de la vie des soldats russes).
Note de l’Auteur
Un exemple parfait est la
petite ville d’Avdeevka, près de Donetsk, qui est lourdement fortifiée et à partir de laquelle les Ukrainiens bombardent non seulement Donetsk, mais aussi d’autres villes comme Makeevka, tuant
des gens et détruisant l’infrastructure civile chaque jour. Les Russes pourraient utiliser leurs TOS-1A « Solntsepyok », leurs FAE aéroportés, leurs bombes FAB-3000, leurs mortiers
lourds et de nombreuses autres armes pour transformer tout simplement Avdeevka en un désert sans vie. Mais voilà le problème : Avdeevka est pleine de civils, y compris des parents de combattants
de la LDNR. En outre, si la Russie utilisait de telles armes, cela ne ferait qu’alimenter la propagande anglo-sioniste visant à créer une ville « victastar« à
la Sarajevo, voire à accuser les Russes d’un « génocide » à la Srebrenica. Le précédent de Buca limite les Russes de deux façons majeures : premièrement, il rend presque impossible
toute retraite, maintenant que nous savons que les Ukrainiens massacreront tous les « collaborateurs » dans la zone laissée par les forces russes et, deuxièmement, il signifie que toute
frappe majeure, quelle que soit sa justification militaire, sera transformée en « massacre », tout comme en Bosnie, au Kosovo ou en Syrie.
Ce qui a apparemment pris les Russes par surprise, c’est la volonté des forces ukrainiennes dans certaines villes d’attaquer les colonnes russes, même si les
autorités locales semblaient avoir indiqué aux Russes que, comme à Kherson, par exemple, leur ville ne résisterait pas. En d’autres termes, elles ont choisi le modèle de Marioupol plutôt que
celui de Kherson. Ce choix a été principalement dicté par les très puissants escadrons de la mort nazis qui, au mieux, arrêtaient toute personne négociant avec la Russie et, au pire, l’abattaient
tout simplement sur place. Les Russes ont trouvé de nombreux corps de soldats ukrainiens exécutés.
Mais cela ne raconte pas non plus toute l’histoire.
3eme assertion : La vérité est que, selon les lois de la guerre, l’Ukraine a perdu la guerre en moins d’une semaine.
Quelles sont mes preuves pour une telle déclaration apparemment farfelue et exagérée ? C’est simple : depuis le début de l’OMS, les Ukrainiens n’ont pas réussi à
exécuter une seule attaque ou contre-attaque de niveau opérationnel. Tout au plus ont-ils été capables d’exécuter de petites attaques de niveau tactique, dont la grande majorité a échoué presque
instantanément, quelques-unes ont été vaincues en quelques jours et, surtout, pas une seule n’a donné l’initiative opérationnelle aux Ukrainiens. Pas une seule fois.
Que s’est-il donc passé ?
Si Kiev avait le moindre pouvoir et si les dirigeants ukrainiens se souciaient de leur pays et de leur peuple, ils auraient immédiatement demandé la paix. Mais Kiev
n’a jamais eu une telle intention et les bouffons au pouvoir n’en ont rien à faire du peuple ukrainien.
Au lieu de cela, ce sont les États-Unis qui ont dit aux Ukrainiens de ne jamais se rendre ou de battre en retraite, même si cela signifiait d’énormes pertes en
termes d’effectifs et de puissance de feu. L’Occident, qui méprise et déteste les Ukrainiens presque autant qu’il déteste les Russes, était ravi de voir les Ukrainiens détestés et les Russes
détestés s’entre-tuer (enfin, surtout les Russes qui s’entre-tuent). En outre, étant incompétents sur le plan militaire, les dirigeants occidentaux ont apparemment cru que la fourniture d’armes,
d’argent, d’instructeurs et de forces spéciales aux Ukrainiens pourrait, à défaut de renverser la vapeur, ralentir suffisamment la Russie pour susciter la peur, l’incertitude et les doutes dans
l’opinion publique russe. Ce plan a également échoué de manière spectaculaire, Poutine est plus populaire que jamais, la 5ème et la 6ème colonne en Russie sont désespérées (beaucoup émigrent) et
l’OMS a le soutien total de la nation russe.
Quant aux « plans
russes » dont on parle tant et que personne n’a vus, ils ne sont pas comme le plan d’un bâtiment. Ils ne sont pas fixes, mais très flexibles et réactifs et, en fait, ils sont
constamment ajustés et affinés en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. Ainsi, alors que les Russes espéraient qu’une grande partie de l’Ukraine orientale suivrait
le « modèle de Kherson », ils se sont
rapidement adaptés à la réalité : les États-Unis et leurs agents nazis dans l’armée ukrainienne forceraient l’Ukraine orientale à suivre le « modèle de Marioupol ». Alors oui, les plans
opérationnels sont comme l’eau dans un ruisseau, en fonction des obstacles rencontrés, ils peuvent aller à gauche ou à droite pour contourner cet obstacle, mais dans tous les cas, ils descendent
vers l’océan. Le fait que des stratèges de salon aient déclaré que la Russie avait « changé de plan » prouve simplement qu’ils ne
comprennent pas comment fonctionne la planification opérationnelle.
Note de l’Auteur
La plupart des Occidentaux
considèrent les opérations militaires comme quelque chose de similaire au football américain : il y a des « lignes/fronts » qui sont défendus et la plupart des forces se font face le
long de ces lignes. Ce n’est pas le cas. La guerre moderne ressemble beaucoup plus au football européen, où chaque joueur est « attaché » à un joueur adverse et où ces joueurs
manœuvrent constamment et s’affrontent régulièrement. Par exemple, la guerre moderne n’a pas vraiment de « front » et d' »arrière », comme le montrent les frappes russes au
cœur de l’Ukraine occidentale. Enfin, la guerre moderne repose en grande partie sur des actions coordonnées. Cela signifie que même si le camp A possède, disons, cinq sous-unités (disons des
compagnies), vous ne pouvez pas les additionner et les compter comme un régiment ou une brigade, car elles n’ont pas la capacité de mener des opérations coordonnées (sans parler des opérations
conjointes ou combinées). Pensez à votre main, elle a cinq doigts, mais ces cinq doigts ne deviennent un poing puissant que si les cinq doigts agissent à l’unisson et forment un seul poing.
Ainsi, lorsque quelqu’un parle de, disons, 60 000 soldats ukrainiens dans l’est de l’Ukraine, il s’agit d’un nombre X de pelotons, de compagnies, de régiments ou même de « brigades »
(je mets des guillemets parce qu’il ne s’agit pas de vraies brigades avec un tableau complet d’organisation et d’équipement). On parle beaucoup de « guerre réseau-centrique », qui n’est
rien d’autre que des opérations d’armes combinées sous stéroïdes, où le niveau d’intégration comprend une fusion complète de toutes les données C4ISR en une image commune en temps réel du champ
de bataille et une coordination complète de toutes les forces/moyens militaires. À propos, seule la Russie a pleinement développé une telle capacité (bien que les États-Unis aient également fait
de sérieux progrès dans ce domaine).
Abordons maintenant deux mensonges moins importants, mais néanmoins cruciaux, proférés par certains à propos de la Russie :
4eme assertion : Il n’y a pas d’intégrationnistes atlantiques ou de souverainistes eurasiens en Russie.
En fait, cette guerre a entraîné un bouleversement majeur de la société russe, où certaines personnes ont soudainement montré leurs véritables sentiments. Les
exemples vont des journalistes russes qui brandissent une pancarte anti-guerre derrière un présentateur de journaux télévisés aux Russes de l’étranger qui ont accepté de condamner Poutine et
l’OMS ou de participer à divers événements sous un drapeau neutre ou étranger, en passant par Dmitri Medvedev qui change maintenant de discours à 180 degrés et se présente comme un
ultra-patriote. J’ai cité ces exemples parce qu’ils sont connus en Occident mais en Russie il en existe bien d’autres, y compris parmi les dirigeants d’entreprise et les élus. Enfin, Poutine
lui-même a mentionné l’existence de tels ennemis internes de la Russie. Le fait que la Russie ait désormais élargi la définition de la « trahison« signifie
que les agents pro-américains en Russie courent désormais un risque majeur pour leurs activités. Certains membres de la 5e colonne ont déjà été condamnés à la prison. Quant aux membres de la 6e
colonnes, ils haïssent toujours Poutine avec passion et scandent toujours leur mantra « tout est perdu », mais (presque) personne ne les
prend plus au sérieux.
L’ironie est que les États-Unis voulaient créer une crise pour renverser Poutine mais, au lieu de cela, cette crise lui a donné un nouveau regain de popularité,
malgré des problèmes bien réels (secteur automobile, avions de ligne civils, etc.).
Suivant,
5eme assertion : Poutine est un larbin israélien, il travaille main dans la main avec eux.
En réalité, il est assez évident que les russophobes les plus véhéments en Occident sont en grande majorité des juifs, tant en Israël qu’en dehors. Habituellement,
l’excuse invoquée est qu’il y a eu des pogroms anti-juifs en Russie. Pourtant, en réalité, tous ces pogroms ont eu lieu dans ce qui est aujourd’hui l’Ukraine, et il est assez clair que les
organisations sionistes et juives se rangent massivement du côté de Kiev (en dépit du fait que le régime au pouvoir est indéniablement nazi), et que seuls quelques rares individus se rangent du
côté de la Russie (mais ils existent et ne devraient jamais être négligés). Quant au Kremlin, il commence à en avoir assez de l’arrogance israélienne en Syrie (même si les frappes aériennes
israéliennes sont inefficaces et ne changent rien à la réalité sur le terrain) et les Russes exigent désormais que les Israéliens cessent leurs attaques contre la Syrie. Les Israéliens ne peuvent
pas s’arrêter, pour des raisons politiques internes et même psychothérapeutiques, mais l’une des deux choses suivantes risque de se produire : les attaques israéliennes deviendront encore plus
inutiles et symboliques, ou la Russie abattra un avion israélien.
Mais assez parlé d’Israël ici, ce n’est qu’une petite partie de l’empire anglo-sioniste dirigé par les USA. Passons maintenant aux actions de l’Occident au cours
des 5 derniers mois.
Qu’en est-il des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE dans tout cela ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que je crois fermement que l’Empire anglo-sioniste est mort le 8 janvier 2020 lorsqu’il a permis à l’Iran de bombarder les bases
du CENTCOM sans qu’une seule balle ne soit tirée en retour. Ce jour-là, l’Empire a montré au monde entier qu’il n’avait même pas ce qu’il fallait pour attaquer l’Iran. Quant aux États-Unis, ils
sont morts le 6 janvier 2021.
Cependant, vous vous souvenez de mon exemple ci-dessus opposant 5 doigts à un poing ? Si l’Empire tel que nous le connaissions et les États-Unis tels que nous les
connaissions sont morts, cela ne signifie pas que les éléments qui le composaient se sont tous évanouis dans la nature. Les pays et les empires ont un élan, tout comme le Titanic, lorsqu’ils ont
été mortellement blessés. En d’autres termes, le processus final de naufrage prend du temps. L’Empire russe est mort en février 1917, mais la guerre civile a duré jusqu’en 1923 (et je dirais même
jusqu’à la Seconde Guerre mondiale).
Deuxièmement, il y a deux plans totalement différents dans lesquels l’Occident (enfin, vraiment les États-Unis) a décidé de combattre la Russie :
Premièrement, il a déclaré une guerre totale par procuration à la Russie, mais sans aller jusqu’à une confrontation militaire directe avec elle.
Deuxièmement, un #cancelRussia total dans la réalité virtuelle des propagandistes. Ces actions infantiles (dernier exemple en
date ici) montrent à quel point l’Occident est vraiment frustré et impuissant.
Depuis des années maintenant, j’ai déclaré à de très nombreuses reprises que la Russie et l’Empire étaient enfermés dans une guerre existentielle dont seul un côté
s’en sortirait. J’ai généralement ajouté que cette guerre totale était à environ 80 % informationnelle, 15 % économique et seulement 5 % cinétique. J’hésite à fournir des chiffres ici, mais je
dirais qu’après un très grand succès au cours des deux ou trois premiers mois de l’OMS, la guerre informationnelle, initialement gagnée par l’Occident, est en train de s’éteindre. La guerre
économique a massivement augmenté, tout comme la guerre cinétique (bien que toujours par procuration). Je suis très réticent à fournir des chiffres ici, mais très provisoirement, j’évaluerais la
guerre actuelle à peut-être 10 % pour l’information, 50 % pour l’économie et peut-être 40 % pour la cinétique. Encore une fois, ne vous focalisez pas sur ces chiffres très provisoires,
l’essentiel est là : selon le président « Biden », l’objectif des États-Unis est d’infliger
un échec
stratégique à la Russie. La même chose a été dite par l’UE, les politiciens britanniques et à peu près tout le monde en Occident.
Quant aux Polonais déments, l’un de leurs anciens présidents et lauréat
du prix Nobel a déclaré qu’il voulait réduire la population de la Russie à 50 millions d’habitants. Et puis il y a les Britanniques, qui veulent toujours être « Grands » ou, au moins, pertinents, et qui
parlent de « mener le monde
libre » contre la Russie avec des alliés aussi brillants que la Pologne, les 3 mini-états baltes et le Banderastan.
Et pourtant, examinons les résultats à trois niveaux :
Militaire : le meilleur proxy que les États-Unis
aient eu dans l’histoire (les forces armées ukrainiennes) est lentement et inexorablement détruit par seulement 8 à 10 % des forces armées russes.
Économique : bien que certains secteurs en Russie
aient souffert des soi-disant « sanctions » (ce ne sont pas des sanctions,
mais des actes de guerre et de vol brutal, seul le Conseil de sécurité des Nations unies peut imposer des sanctions légales), dans l’ensemble, la Russie s’en est bien sortie et semble être
sur la voie de la réussite économique du fait que a) la plupart des pays ont refusé d’obéir aux exigences de Washington et b) l’économie russe est puissante et réelle, et non virtuelle comme
les économies occidentales. Il faudra quelques années à la Russie pour s’adapter, mais maintenant que ce processus a commencé, il est imparable.
Propagande : ici, l’image est assez claire : d’un
côté, nous avons les États-Unis et leurs colonies, puis quelques pays avec des élites compradores qui sont détestées par la plupart des gens, et des pays qui défient ouvertement Washington.
Cette carte du ministère chinois des affaires étrangères en est la meilleure illustration :
Une caractéristique essentielle des pays indiqués en rouge sur la carte (réaliste) du bas est que tous ces pays ont deux facteurs cruciaux en commun : a) ils
manquent (pour la plupart) de ressources réelles (puisque leurs civilisations ont toujours été construites sur l’impérialisme, le colonialisme et le vol
pur et simple) b) ils détestent tellement la Russie qu’ils sont prêts à prendre des mesures qui leur nuisent beaucoup plus qu’à la Russie. Ce type de folie saturée de haine me rappelle une
vieille blague soviétique : « dans un petit
village, un habitant découvre une bouteille et lorsqu’il l’ouvre, un génie en sort et dit : puisque tu m’as libéré, je vais t’accorder un souhait, à la seule condition que ton voisin obtienne le
double de ce que tu auras. L’homme réfléchit un moment et répondit : « S’il te plaît, crève-moi un œil ! ». Voilà l’état d’esprit actuel des « dirigeants » occidentaux…
C’est la « philosophie » de base des USA : combattre la
Russie jusqu’au dernier Ukrainien, prolonger la guerre aussi longtemps que possible, détruire autant d’infrastructures civiles que possible en Ukraine, renverser le statut du dollar, faire
s’effondrer l’économie mondiale, laisser l’UE s’effondrer et brûler économiquement, socialement et politiquement, faire avaler à tout le monde l’agenda Woke, même si cela les fait vomir, et,
enfin et surtout, faire totalement et complètement l’autruche et nier la réalité sous tous ses aspects.
Oui, l’Occident est tellement imbu de sa haine et de sa peur de la Russie qu’il préfère se suicider collectivement plutôt que d’accepter toute forme de coexistence
avec une Russie souveraine.
Le slogan relativement vague/ambigu/oblique d’Hitler « Drang
nach Osten« a été remplacé par un slogan #cancelRussia beaucoup plus franc et sans ambiguïté. L’idée est la même, mais elle est beaucoup plus « directe ».
En vérité, la majeure partie du soi-disant « Occident » est en réalité dirigée par ces trois
groupes, par ordre d’influence :
les néoconservateurs américains
Les anglo-impérialistes
Les élites dirigeantes compradores de l’UE
Cela me rappelle beaucoup un album de Roger Waters intitulé « Animals », dans lequel il divise nos sociétés
modernes en trois archétypes : les chiens, les cochons et les moutons. Inutile de dire que les chiens et les cochons vont courir après les moutons, mais dès qu’un ours (russe) se présente, ils
sont impuissants face à lui.
Cette petite image raconte la véritable histoire du rouble qui « se transforme en décombres » comme l’avait
promis « Biden ».
C’est ce que nous voyons maintenant et qui va probablement se poursuivre bien au-delà de 2023. Le fait que la guerre économique menée contre la Russie ou la
promesse de Wunderwaffen a totalement échoué ne sera jamais admis par ces personnes profondément psychopathes et en phase terminale de délire. Et s’ils ne peuvent pas redoubler d’efforts à
l’infini dans leurs actions, ils continueront certainement à redoubler d’efforts dans leur rhétorique, tout comme l’orchestre a continué à jouer pendant que le Titanic « insubmersible » coulait.
Pourtant, au moins une partie des gens ordinaires de l’Ouest sentent les problèmes, d’où l’évaluation lamentable de TOUS les dirigeants politiques occidentaux.
L’hostilité de nombreux Américains se traduit même par des sondages qui suggèrent que beaucoup d’entre eux voudraient faire sécession des autres États, en l’occurrence les électeurs
de Trump. Si l’on considère que les électeurs de Trump sont, en règle générale, beaucoup plus patriotes que les « libéraux » américains wokes, cela est très
révélateur. Mais aussi ironique : les États-Unis veulent briser la Russie et finissent par se briser eux-mêmes. Le karma ?
Pas seulement. Regardons la carte qui montre quels pays ont et n’ont pas imposé de « sanctions » à la Russie :
Remarquez que la quasi-totalité de la zone verte est composée de pays que l’Occident a envahis, volés, dévastés, réduits en esclavage, subvertis, convertis de
force, bombardés, « sanctionnés » économiquement par des blocus et
du chantage (au moyen de ce que l’on appelle les « sanctions secondaires », qui est un euphémisme pour
le chantage et l’extorsion) et, plus récemment, auxquels la folie satanique totale de la Wokeness a été imposée (d’où les ambassades américaines arborant des drapeaux « homopride »). La population de ces pays verts, que
j’appelle la « zone B », connaît la
vérité et elle déteste et méprise l’Occident. Et cela place toutes leurs élites dirigeantes compradores dans une situation très délicate : leurs maîtres américains veulent qu’ils déclarent une
guerre totale à la Russie alors que leur population est majoritairement favorable à la Russie. Dans le passé, cela aurait été une évidence, l’oncle Shmuel, avec ses escadrons de la mort dirigés
par la CIA, ses porte-avions et sa capacité apparemment infinie à imprimer de l’argent, était bien plus vital pour ces élites compradores que leur propre population. Mais maintenant que les
escadrons de la mort ont été largement remplacés par des fées qui ne sont bonnes qu’à tirer sur des civils non armés, maintenant que les porte-avions américains ne font plus vraiment peur à des
pays comme l’Iran, la RPDC ou le Venezuela et maintenant que tout le système économique et financier international construit par l’Occident est en train de s’effondrer, ces élites compradores
doivent devenir beaucoup, beaucoup plus prudentes, de peur de finir comme les laquais américains en Bolivie : jeté du pouvoir et mis en prison. Même la Colombie semble s’éloigner lentement, tout
comme le Brésil. Et je ne mentionnerai même pas le manque absolu d’utilité de Guaido, Tikhanovskaia ou de la bande des « amis de la Syrie » (Maduro, Lukashenko et Assad
se portent tous très bien, merci !).
C’est écrit sur le mur, et seuls ceux qui ferment délibérément les yeux ne le voient pas.
Il nous reste la question des Néoconservateurs américains.
Quant aux classes dirigeantes occidentales, quel impact, le cas échéant, l’OMS a-t-il eu sur elles ?
Tout d’abord, définissons nos catégories. Dans l’UE, nous n’avons pas vraiment de « classe dirigeante », nous n’avons que des hommes de
paille (pardon, je voulais dire des « personnes
de paille », bien sûr), des marionnettes, des prétendus dirigeants sans aucun pouvoir (Olaf Scholz et Josep Borrell en sont de parfaits exemples). Il n’y a pas de « politique de défense » européenne ni aucune
autre preuve significative d’une quelconque autonomie à quelque niveau que ce soit. L’UE est morte, désemparée et totalement sous le contrôle des néoconservateurs américains.
Deuxièmement, aux États-Unis, les néoconservateurs règnent en maîtres, puisqu’ils contrôlent totalement les deux grands partis américains. Et bien que la base du
GOP soit très différente de celle du parti Démocrate, leurs leaders sont pour la plupart interchangeables. Je vais donc les considérer comme un seul et même parti.
Leur état d’esprit et leur vision du monde sont assez clairs : ce sont des suprémacistes messianiques et ils se considèrent sincèrement comme racialement supérieurs
au reste de l’humanité. La fusion de l’impérialisme anglo-saxon et du suprémacisme juif a donné naissance au monstre que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « Néocons ». Ces gens excellent dans l’art d’accumuler
du pouvoir, par la ruse ou par l’escroquerie. Ils aiment prétendre qu’ils ont une intelligence supérieure, mais en réalité, ce qui sépare ces gens n’est pas la matière grise, mais deux aspects
clés de leur vision du monde : a) le tribalisme et b) la pulsion. Pour dire les choses simplement, la plupart des autres personnes n’ont pas cet état d’esprit tribal « nous contre eux », et seule une sous-section de
personnes ordinaires est vraiment motivée par le pouvoir et l’influence. C’est pourquoi, bien qu’étant numériquement très minoritaires, les néoconservateurs américains contrôlent totalement les
États-Unis.
Leur profil psychologique est, au mieux, narcissique et, dans la plupart des cas, totalement psychopathique. Cela leur donne également un avantage, surtout
lorsqu’ils traitent avec des personnes faibles, ignorantes et facilement influençables. Mais lorsqu’ils rencontrent une résistance déterminée, que ce soit de la part de la Russie, de l’Iran, de
la RPDC ou même du Hezbollah, ils deviennent rapidement désemparés et impuissants. Regardez l’expression de Blinken sur la photo ci-dessus – c’est le visage d’un lâche et d’un perdant. Il aurait
pu devenir un tailleur décent, mais au lieu de cela, on lui a demandé de diriger la politique étrangère de la (désormais ancienne) superpuissance. Pas étonnant qu’il n’ait produit que des
désastres et des échecs cuisants !
Dans un premier temps, forts de leur contrôle total sur Eltsine et les libéraux russes, les néoconservateurs américains ont célébré leur victoire. Puis quelque
chose a très mal tourné et ils se sont soudain retrouvés face à un dirigeant d’un genre radicalement différent, bénéficiant du soutien massif du peuple russe. N’oubliez pas que Poutine était un
officier de renseignement spécialisé dans l’Occident, donc un homme qui connaissait très bien ses ennemis. En outre, Poutine était suffisamment patient pour se rendre compte qu’au cours des
premières années de la confrontation avec l’Occident, la Russie n’était pas en mesure de défier ouvertement l’Occident, et encore moins de le combattre militairement. C’est pourquoi il a empêché
les forces de la LDNR de progresser davantage vers l’ouest en 2014-2015, alors même que l’armée ukrainienne était en déroute. Tout en sachant que pendant cette période, les Ukrainiens étaient en
panique et désorganisés, il savait aussi que la Russie ne pouvait pas affronter l’Occident consolidé. Ainsi, entre 2014 et 2018, la Russie a fait un effort gigantesque pour développer le type de
capacités nécessaires pour pouvoir affronter l’ensemble de l’OTAN et gagner. Au moment de l’ultimatum russe à l’Occident l’automne dernier, la Russie était enfin prête.
Notez que l’ultimatum russe n’était pas tant un ultimatum à Kiev qu’un défi direct aux
États-Unis et à l’OTAN. Les Néoconservateurs, ivres de leur bravade et de leur sentiment de supériorité raciale, ont dit à la Russie d’aller se faire voir et ont doublé leur rhétorique. Et
lorsque la Russie s’est mise en mouvement, ils ont vraiment paniqué, d’où leur politique suicidaire envers la Russie depuis lors. Ces gens ont supposé à tort que si la Russie pouvait (peut-être
!) l’emporter sur les forces ukrainiennes, ils étaient convaincus que Poutine n’oserait pas défier ouvertement l’Occident consolidé. Et lorsque Poutine a fait cela, ils sont passés en mode
panique, d’où les absurdités que nous entendons quotidiennement des capitales occidentales.
Mais la situation a encore empiré. Loin d’être dissuadés par les promesses occidentales de feu et de soufre, les Russes ont ensuite procédé à la destruction
méthodique des forces armées ukrainiennes. Malgré le fait que l’armée ukrainienne soit la meilleure force proxy de l’histoire des États-Unis, malgré les MILLIARDS donnés au régime nazi chaque
mois, malgré toutes sortes de livraisons de Wunderwaffen super-forte, malgré la guerre économique, la Russie pilonne maintenant les forces ukrainiennes et occidentales en Ukraine jour après jour
après jour et tandis que les États-Unis ordonnent aux Ukrainiens de se battre jusqu’au bout et de ne jamais battre en retraite, les nombreuses vagues de renforts du Volkssturm n’ont eu aucun
impact sur les capacités de combat russes. Les États-Unis ont également ordonné à leurs États vassaux d’Europe de l’Est d’envoyer leurs importantes réserves d’armes de l’ère soviétique en Ukraine
(plus de 300 chars rien que de Pologne !), et des Mi-24, Su-25 et MiG-29 de marque ukrainienne sont encore vus dans le ciel ukrainien presque quotidiennement, malgré le fait que la quasi-totalité
de la force aérienne ukrainienne a été détruite au cours des trois premiers jours de la guerre. Les hélicoptères sont faciles à cacher, les avions « ukrainiens » décollent de bases en Pologne et
en Roumanie, et pourtant ils ne semblent pas faire de différence : pour la plupart d’entre eux, c’est une mission à sens unique et ils le savent. Cest de la bonne publicité, même si cela coûte
des vies (c’est du moins ce que pense l’oncle Shmuel). Mais maintenant que la crédibilité déjà faible des médias grand public traditionnels est en chute libre, même de telles « victoires » de relations publiques ont très peu
d’impact :
Il est tout à fait comique d’entendre les pays occidentaux (Allemagne, Italie et même les États-Unis) se plaindre de l’épuisement de leurs stocks d’armes alors que
toutes ces livraisons vraiment énormes n’ont fait aucune différence sur le terrain depuis le début des opérations de combat.
Note de l’Auteur
La Russie a-t-elle la
supériorité aérienne sur l’Ukraine ? Oui, absolument. Quelques hélicoptères ou aéronefs à voilure fixe effectuant des missions à sens unique ne font aucune différence ici. En fait, une menace
bien plus grande pour les forces aérospatiales russes est constituée par les défenses aériennes ukrainiennes qui, bien qu’anciennes, ont souvent été modernisées et bénéficient du soutien total du
C4ISR (Command, Control, Communication, Cyber, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) américain, y compris des drones de surveillance, des AWACS, des satellites, des SIGNIT, etc. etc.
etc. et pourtant les Russes se sont adaptés : les avions d’appui aérien rapproché volent à basse altitude, tandis que leurs SEAD (suppression des défenses aériennes ennemies) volent à haute
altitude avec des missiles antiradiation à longue portée prêts à l’emploi. Un petit rappel : si l’USAF/USN a souvent obtenu la suprématie aérienne sur des pays dépourvus d’une force aérienne
moderne ou de toute défense aérienne moderne, elle n’a pas réussi à mettre hors d’état de nuire les défenses aériennes serbes pendant les guerres anglo-sionistes contre la nation serbe. En fait,
l’USAF/USN n’a *jamais* opéré dans un environnement aussi dangereux que celui créé actuellement au-dessus de l’Ukraine, mais la force aérospatiale russe, comparativement beaucoup plus petite, a
atteint et maintenu la supériorité aérienne sur cet immense pays. Quant à la suprématie aérienne (par opposition à la supériorité), elle n’est réalisable que contre un adversaire très faiblement
armé : la supériorité aérienne est le mieux que l’on puisse espérer obtenir, même théoriquement, sur tout pays disposant de défenses aériennes sérieuses.
Et pourtant, les forces aérospatiales russes (comparativement petites, mais plus modernes) ont atteint et maintenu une supériorité aérienne tout au long des cinq
derniers mois d’opérations de combat. C’est un signe extrêmement alarmant pour les forces américaines et de l’OTAN. Imaginez seulement ce que la puissance totale des forces armées russes ferait à
l’OTAN si elle était déchaînée !
Mais il y a pire (pour l’Empire, bien sûr) : tous les signes et même les messages clairs montrent que Poutine ne « bluffe » pas du tout et que la Russie a une
domination totale de l’escalade sur l’Occident. Il devient maintenant évident que le Kremlin ne s’arrêtera en aucune circonstance avant une victoire totale, et si cela signifie une guerre
nucléaire, qu’il en soit ainsi. Et le peuple russe soutient massivement cette position.
Pourquoi ?
Parce que le peuple russe a ENFIN vu le vrai visage de l’Occident, il comprend maintenant que ce n’est rien d’autre qu’une continuation de la Seconde Guerre
mondiale et que l’existence même et la souveraineté du peuple russe sont en jeu. Encore une fois, Poutine l’a dit
clairement : « Si quelqu’un prend la
décision de détruire la Russie, nous avons tout à fait le droit de riposter. Oui, ce serait un désastre global pour l’humanité et pour le monde, mais en tant que citoyen russe et chef de la
Russie, je veux poser une question : « À quoi sert le monde sans la Russie ? ». Si ce n’étaient que des mots vides de sens, comme ce que Biden lit (avec difficulté) sur son
téléprompteur, ce serait une chose, mais il faut se souvenir de ces mots dans le contexte du déploiement des Avangards, des Poseidons, des S-500 et de toutes les autres armes et tactiques
développées par la Russie pendant que les Néocons, ivres d’arrogance, dormaient au volant.
Donc non, si Poutine fait rarement des menaces, il ne bluffe jamais.
La conclusion est la suivante : toute personne qui croit sincèrement que la Russie ne va pas anéantir l’Occident tout entier si elle est sérieusement menacée est en
phase terminale de délire, ne connaît rien à l’histoire et ne comprend pas la mentalité russe. Ils le feraient à leurs risques et périls.
S’il y a un message que je veux transmettre à tous ceux qui sont prêts à écouter, c’est celui-ci : Poutine ne bluffe pas, l’Occident ne peut pas gagner, et la seule
variable ici est le prix que l’Occident est prêt à payer pour sa défaite.
À propos, les Chinois commencent eux aussi à en avoir assez des fous de Washington, comme en témoignent leurs dernières
déclarations.
Quelqu’un va-t-il réellement prendre des mesures contre les Néocons ? J’en doute. Au contraire, toute la débâcle de Trump a prouvé au-delà de tout doute raisonnable
que les anti-Néocons américains sont soit des menteurs, soit qu’ils ont la volonté d’une caisse de gelée (cela vaut aussi pour Tulsi Gabbard, d’ailleurs). Les néoconservateurs réaliseront-ils que
s’ils persistent à redoubler d’efforts, ils mourront personnellement et physiquement ? Peut-être. En fin de compte, les États-Unis peuvent se permettre d’avoir une Ukraine complètement détruite
et une UE non moins complètement détruite. Maintenant que le Royaume-Uni a quitté l’UE, les Anglos ne peuvent plus s’en soucier, et déclencher des guerres en Europe est de toute façon une
tradition britannique bien ancrée.
Le véritable contrecoup de l’arrogance et de l’ignorance des néoconservateurs est que, loin de traiter avec la Russie en premier lieu et avec la Chine comme
objectif final, ils ont largement contribué à un renforcement majeur de l’alliance russe, chinoise et indienne.
Les néoconservateurs pourraient décider de laisser brûler l’Europe, tout en gardant le contrôle des États-Unis qui, contrairement à l’UE, disposent de nombreuses
ressources naturelles et resteront, sinon un hégémon mondial, du moins une nation puissante. Dans ce cas, leur plan est simple : continuer à pousser à une confrontation et une guerre maximales en
Europe, mais sans impliquer les États-Unis dans un échange nucléaire avec la Russie. Les Britanniques, sur leur île, pourraient avoir des plans similaires, mais à plus petite échelle et avec la
nécessité vitale de compter pleinement sur le soutien des États-Unis. Dans le « meilleur » des cas (pour eux), le Royaume-Uni
serait chargé de gérer le chaos en Europe pour le compte des États-Unis.
Soit dit en passant, je ne pense pas que les Néoconservateurs se soucient d’Israël et du peuple israélien. Les « élites » dirigeantes anglo-saxonnes ne se
soucient pas non plus des peuples des États-Unis ou du Royaume-Uni. S’il y a une leçon que nous devons tirer de l’horreur du 11 septembre, c’est que ces gens n’hésiteront pas à assassiner des
milliers de « leurs » parce qu’en
réalité, malgré tous les drapeaux patriotiques ou sionistes qu’ils agitent, ils ne se soucient que d’eux-mêmes et de leur pouvoir.
L’OTAN est une blague, et tôt ou tard, la Russie dénazifiera toute l’UE, soit politiquement et économiquement, soit, s’il ne reste aucune autre option,
militairement. D’abord, l’Ukraine, puis les fous de 3B+P devront être dénazifiés. Ensuite, ce sera le tour de l’UE/OTAN, en commençant par l’Allemagne. D’ici là, les États-Unis auront subi un
désastre économique, social et culturel massif qui reformatera probablement la politique américaine actuelle. Où les néoconservateurs iront-ils ensuite ? Je ne sais pas et, franchement, je m’en
fiche. Les néoconservateurs ne sont dangereux que comme un parasite qui envahit le cerveau d’un hôte beaucoup plus grand. Une fois que l’hôte est à terre, le parasite peut aussi bien s’en
débarrasser et trouver un nouvel hôte. Par lui-même, ce parasite est faible et universellement détesté.
Pendant ce temps, les moutons stupéfaits de l’Éveil peuvent s’occuper à se demander si les hommes peuvent accoucher ou
à décider si un sénateur « twerkeur« résoudra
les nombreux problèmes des États-Unis.
Alors, où allons-nous à partir de là ?
Eh bien, du moins jusqu’à présent, les dirigeants des États-Unis sont toujours en mode « doublons la mise pour toujours », avec leurs
esclaves volontaires d’Europe de l’Est. Leur plan pour la Russie est mieux visualisé avec cette
carte :
Ces rêves humides incluent même l’infâme « Idel
Ural« , dénoncé par Alexandre Soljenitsyne dans ses articles contre la non moins infâme « loi sur les nations captives ». En fait,
cette « loi » trouve son
origine dans la CIA et l’Allemagne nazie. On peut donc dire que ce n’est rien d’autre que « le même vieux, le même vieux refrain ». Bien que pas
complètement, certaines choses ont changé.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le peuple russe a rapidement compris qu’Hitler n’était pas un « libérateur », pas plus que Napoléon avant lui,
et qu’il n’utilisait ce genre de langage que pour tenter de remporter la victoire. Ensuite, pendant la guerre froide, il était facile de croire que l’ennemi de l’Occident était le communisme et
son idée de libération universelle du joug capitaliste. Sûrement, si la Russie se débarrassait du PCUS, l’Occident embrasserait une telle Russie libre ?
Non, c’est exactement le contraire qui s’est produit : malgré les « libertés » à volonté (bluejeans, fast-foods,
criminalité et pornographie), la Russie a été pillée et a été très proche de l’éclatement total (seule la deuxième guerre de Tchétchénie, avec Poutine comme commandant en chef, a empêché cela).
Au lieu du « paradis
démocratique » promis, la Russie a été profondément immergée dans le pire type d’enfer capitaliste imaginable.
En outre, la combinaison d’une machine de propagande soviétique plutôt inepte et d’une propagande occidentale beaucoup plus efficace a donné à de nombreux Russes
l’illusion que l’Occident était un groupe de nations libres et prospères ne voulant que le meilleur pour la Russie. Le cauchemar occidental des années 90 a ouvert les yeux de certains, mais pas
de tous. Tout comme l’apocalypse dans la soi-disant « Ukraine indépendante ». Mais le genre de haine
ouverte, directe et absolue pour la Russie, Poutine et tout ce qui est russe que nous voyons tous, a convaincu la grande majorité des Russes que ce que l’Occident veut est une « solution finale » au « problème russe », un peu comme ce que le régime
papiste de Pavelic pendant la Seconde Guerre mondiale voulait pour les Serbes : tuer 1/3, expulser un autre 1/3 et « convertir » le 1/3 restant.
Certaines choses ne changent jamais, surtout pas en Occident. Les musulmans ont tous raison quand ils parlent des « croisés modernes » !
Jusqu’à présent, la Russie n’a fait qu’observer avec un certain étonnement, voire un certain amusement, comment l’UE se suicidait économiquement, politiquement et
socialement sans même essayer d’améliorer son sort. Pour les peuples d’Europe, il n’y a qu’une seule chose plus importante que leur mentalité impérialiste et raciste : leur portefeuille. Et ce
porte-monnaie a bien souffert depuis la mise en œuvre des « sanctions » autodestructrices contre la Russie.
En Russie, cette attitude est décrite comme celle d’un « enfant qui se gèle les oreilles pour énerver sa
grand-mère » : infantile, autodestructrice et tout simplement stupide. Ceci étant dit : combien de régimes (j’entends par là des systèmes politiques, par opposition aux gouvernements
qui sont des personnes spécifiques ; par exemple, si Truss remplace Johnson au Royaume-Uni, il s’agira d’un changement de gouvernement, mais pas d’un changement de régime) sont menacés par le
mécontentement populaire dans l’UE ?
La triste réalité est aucun. Oh, bien sûr, ils sont immensément impopulaires, tout comme « Biden » l’est aux États-Unis, mais le
changement des figures de proue fantoches ne fera rien pour changer les régimes au pouvoir (essentiellement des régimes d’occupation coloniale contrôlés par les États-Unis).
Il est donc probable que la Russie doive faire monter la pression de plusieurs crans avant que les moutons de l’UE ou des États-Unis ne reviennent à la raison. Je
pense avant tout à des mesures économiques, mais si les fous des 3B+PU font quelque chose de vraiment stupide, la Russie n’hésitera pas à utiliser la puissance militaire si/quand cela sera
nécessaire. L’essentiel est ceci : La Russie a besoin de dénazifier tout le continent européen, et plus on dit aux pays de rejoindre l’OTAN, plus la Russie aura de candidats à la
dénazification.
Il est impossible de prédire l’avenir, il y a simplement trop de variables à ce stade, mais je proposerais les étapes provisoires suivantes vers l’escalade :
La Russie pourrait progressivement refuser de vendre ses ressources à l’Europe, pas seulement le gaz et le pétrole, bien sûr, mais tout le reste que la Russie a
vendu à l’UE dans le passé à de très bons prix et qui était une clé de la richesse des nations de l’UE. Il s’agirait donc d’une contre-attaque économique à grande échelle de la Russie contre
l’UE. Dans un premier temps, la Russie pourrait également exiger d’être payée uniquement en roubles pour toutes ses exportations vers l’UE.
La Russie tue déjà des dizaines de mercenaires (pardon, de « conseillers » et de « volontaires ») polonais, britanniques et autres
en Ukraine, mais la plupart d’entre eux sont des fantassins de bas niveau. La Russie pourrait décider de viser des personnes de rang supérieur impliquées dans la guerre contre la Russie, y
compris des cibles à Kiev et ailleurs. Jusqu’à présent, la Russie n’a déployé qu’une infime partie de sa puissance de feu réelle, mais si les livraisons d’armes des États-Unis et de l’OTAN et
le déploiement de mercenaires augmentent, la Russie n’aura guère d’autre choix que d’augmenter encore la pression. Et si les Polonais ou les États baltes deviennent complètement fous, des
frappes contre des cibles dans ces pays deviendront inévitables (Poutine a déjà lancé une mise en garde à ce sujet lorsqu’il a évoqué la possibilité de frapper les « centres de décision »).
Enfin, si la Russie décide que trop c’est trop, les premières cibles d’une réponse militaire russe à la guerre par procuration entre les États-Unis et l’OTAN
seraient d’attaquer les capacités C4ISR des États-Unis et de l’OTAN, notamment les avions AWACS/JSTARS, les centres SIGINT et les satellites.
Pour l’instant, ces appareils US/OTAN ne volent que le long de l’espace aérien ukrainien et restent basés en dehors de l’Ukraine. Mais si, disons, les États-Unis et
l’OTAN participent activement à une frappe contre la Crimée ou le pont de Crimée, alors tous les paris seront ouverts et les S-400 et diverses armes à distance parleront.
Imaginez une seconde que la Russie abatte un AWACS/JSTARS américain, quelle sera la réaction de l’Occident ? Et je ne parle pas des expressions d’indignation et de
haine, elles sont déjà au maximum et n’ont vraiment aucun effet sur les Russes. Les États-Unis et l’OTAN essaieront-ils d’abattre un avion russe ? Et quelle serait la réponse de la Russie à cela
?
La vérité est que les États-Unis et l’OTAN n’ont tout simplement pas les moyens de mener une guerre terrestre contre la Russie. Ils manquent littéralement de tout
ce qui est nécessaire pour le faire. Bien sûr, ils disposent de nombreux missiles de croisière (pour la plupart vieux et subsoniques) qu’ils pourraient tirer sur la Russie, mais là encore, cela
poserait un dilemme à l’Occident : si les frappes échouent (comme en Syrie), que faire ensuite ? Et si ces frappes sont réussies, que feraient les Russes ensuite ? Utiliser leurs propres
capacités de dissuasion stratégique conventionnelle pour frapper des cibles dans toute l’Europe et peut-être même aux États-Unis ? Et ensuite ?
Note de l’Auteur
La puissance aérienne et les
missiles de croisière sont largement surestimés par la propagande américaine. L’un de mes professeurs à l’université était un colonel retraité de l’USAF qui travaillait pour le programme YF-23 et
qui nous a donné un très bon cours sur la planification des forces. Un jour, il a dit en classe : « A quoi bon bombarder toutes vos cibles, abattre des avions ennemis si, au moment où vous
rentrez, votre club d’officiers est rempli de soldats ennemis ? ». Il plaisantait, bien sûr, mais ce qu’il savait, c’est que seules les « bottes sur le terrain » peuvent gagner une
guerre. Et « des bottes sur le terrain », c’est exactement ce que ni les États-Unis, ni l’OTAN (ni Israël ou l’Arabie saoudite d’ailleurs) ne peuvent déployer, surtout contre une armée
qui a la plus grande expérience de la guerre terrestre sur la planète, et par une marge énorme.
La vérité est que le choix pour les Néocons est binaire : soit ils acceptent la défaite en Europe et gardent les USA comme leur prix et leur hôte, soit ils meurent
dans une confrontation nucléaire majeure qui anéantira des millions de personnes (ce dont ils ne se soucient pas du tout), y compris les Néocons eux-mêmes (ce dont ils se soucient
beaucoup).
Essayer de raisonner ou de convaincre des maniaques racistes messianiques, narcissiques et délirants est une tâche dangereuse et surtout futile. C’est pourquoi la
Russie augmente très très lentement le seuil de douleur. À l’heure actuelle, la plupart des efforts du Kremlin ne sont même pas dirigés contre l’Occident, mais visent à forger le noyau du futur
monde multilatéral, les pays BRICS et les candidats BRICS (qui pourraient inclure l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Afghanistan, le Mexique, le Liban et l’Indonésie
dans un avenir proche). La Russie étend également ses liens avec l’Afrique et l’Amérique latine. Enfin, et ce n’est pas le moins important, la Russie, la Chine et l’Inde développent constamment
leurs liens et même leur collaboration, surtout avec la Chine.
À cet égard, je recommande vivement aux Néocons et à leurs régimes fantoches d’examiner attentivement les implications des propos de Poutine selon
lesquels « Nous n’avons pas encore vraiment
commencé quoi que ce soit de sérieux » (мы ещё всерьёз и не начинали). Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’un constat. Le fait que l’Occident continue à prétendre que la Russie
est sur le point de s’effondrer, ou que Poutine bluffe, déterminera ce qui se passera ensuite.
À l’heure actuelle, et exactement comme je l’avais prédit, la Russie a totalement renoncé à toute forme de dialogue avec l’Occident, puisque ce dernier a
pratiquement rompu tous ses liens diplomatiques avec elle. En d’autres termes, la Russie agit désormais de manière unilatérale sans tenir compte des plaintes et des menaces de l’Occident. En
fait, la dure réalité est que la Russie n’a ni besoin, ni utilité de l’Occident, surtout d’un Occident qui tente de se suicider collectivement par millions. À l’heure actuelle, l’Occident
augmente principalement la douleur sur lui-même, avec peu ou pas d’aide russe. Mais cela ne signifie pas que la Russie n’augmentera pas de manière proactive le niveau de douleur si/quand cela est
nécessaire. Et si les moutons de l’Ouest préfèrent les événements sportifs ou les tournois d’échecs sans participation russe, laissez-les faire et, ce faisant, rendez ces événements
insignifiants. Il en va de même pour toutes les folies #cancelRussia, y compris la destruction de statues et de monuments ou la sanction des musiciens russes. Les Européens de l’Est, soi-disant
fiers et épris de liberté, semblent particulièrement apprécier leurs « victoires glorieuses » contre les anciennes
statues et monuments soviétiques. Je dis : laissez-les faire, cela ne fait que démontrer leur impuissance et leur manque total de pertinence. S’ils n’ont aucun respect pour eux-mêmes, pourquoi
les autres devraient-ils en avoir ?
Comme le dit le proverbe, « qui s’agite, se ruine ». Une épitaphe appropriée sur
la pierre tombale de l’Occident.
Quant à la Russie, son véritable avenir réside dans le Sud, l’Est et le Nord. Elle n’a ni besoin ni utilité de l’Occident. Près d’un millier d’années d’impérialisme
occidental sont sur le point d’aboutir à une mort honteuse et auto-infligée, d’une manière ou d’une autre. Comme je l’ai écrit à maintes reprises, ce système n’était ni viable ni réformable. Soit
il mourra de ses propres contradictions internes, soit la Russie et la Chine devront l’éliminer. Elles en ont certainement les moyens, mais n’agiront pas directement à moins d’être
provoquées.
Mais cela, si cela devait arriver, est encore plus loin dans le temps. Pour l’instant, nous entrons dans une longue phase (de nombreux mois probablement)
d’augmentation progressive du cadran de la douleur. La Russie continuera à écraser les forces de l’OTAN en Ukraine et à laisser les réalités économiques s’installer dans la conscience des moutons
européens.
Comme beaucoup l’observent en Russie : « La russophobie aura un prix élevé ».
Je ne pourrais être plus en accord avec cette observation.
Andrei
PS : ce qui précède est une
sorte de « vue d’ensemble » qui tente de couvrir les principaux développements des cinq derniers mois. À partir de maintenant, j’écrirai des analyses plus courtes, mais plus fréquentes,
sur des questions spécifiques.
Andrei
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Poutine est-il en train de gagner la guerre contre le G7 ?
Par Emmanuel Leroy − Le 31Juillet 2022
Même si les opérations
militaires dans le Donbass sont d’une importance cruciale dans le conflit en cours, il faut bien garder présent à l’esprit qu’il ne s’agit pas fondamentalement d’une guerre entre la Russie et
l’Ukraine mais bien d’une guerre entre la Russie et l’Occident anglo-saxon. Et si sur le terrain militaire, le formidable soutien de l’OTAN au régime de Kiev a permis à ce dernier de se maintenir
jusqu’à présent malgré des pertes énormes en hommes et en matériel, il ne faut pas perdre de vue que la lutte principale se déroule ailleurs, essentiellement dans la sphère économique et
financière et que sur ce plan-là, la réussite de la Russie est totale.
S’il est possible d’imaginer que dans les premiers jours de l’opération, l’État-major russe ait fait preuve d’un excès d’optimisme en pensant que l’armée
ukrainienne allait s’effondrer en quelques semaines, symétriquement les crânes d’œuf de l’OTAN et la plupart des politiciens occidentaux étaient convaincus que le régime de sanctions totales qui
serait appliqué allait mettre rapidement l’économie russe à genoux et provoquer la chute de Poutine.
Or, non seulement la Russie a montré qu’elle était parfaitement prête à affronter une nouvelle vague de sanctions « ultimes », mais à la grande surprise de la plupart des
observateurs internationaux, l’économie russe a non seulement absorbé le choc, apparemment sans grands dommages, mais le rouble est même devenu aujourd’hui la seule monnaie s’étant appréciée par
rapport au dollar, toutes les autres ayant dévissé dans des proportions jamais vues depuis des décennies.
Cette résistance inattendue de l’ours russe, en montrant les faiblesses de l’Occident a accentué la fracture existant au sein des élites occidentales et séparant
ceux que l’on pourrait appeler les capitalistes réalistes des adeptes transhumanistes de la secte de Davos. L’épisode trumpien aux États-Unis de 2016 à 2020 avait déjà montré l’antagonisme entre
cet État profond états-unien agissant en parfaite adéquation avec les GAFAM et les sectateurs de Davos et les partisans d’un retour au real-capitalisme défendu par les soutiens de Donald
Trump.
Cette fracture au sein de l’establishment occidental était surtout visible ces dernières années à Washington ou à New-York car la classe
politico-médiatico-économique européenne avait pris fait et cause depuis longtemps pour le clan Obama-Clinton-Biden. L’élection sauvage de ce dernier en 2020 ayant été accueillie à Bruxelles avec
un soupir de soulagement après 4 années de trumpisme déstabilisant.
Mais cette unanimité de façade au sein des « élites » européennes n’aura pas résisté longtemps à deux
facteurs-clés qui résultent du conflit en Ukraine :
L’OTAN après les échecs afghan et syrien, démontre une fois de plus son incapacité à protéger ses alliés.
La Russie – avec son PIB espagnol comme disent les « experts » – est capable d’asphyxier économiquement
l’Europe en restreignant ses exportations d’énergie et de matériaux rares.
La démonstration de faiblesse de la part de l’OTAN, au-delà des rodomontades de son secrétaire général et de son extension programmée (sine die) à la Suède et à la
Finlande, apporte la preuve qu’un pays «
station-service » comme la Russie peut la défier en l’empêchant de mettre la main sur un territoire qu’elle peut légitimement considérer comme son berceau historique. Il s’agit-là d’un
basculement véritablement historique car sur le territoire européen, c’est la première fois depuis 1945 qu’un État ose s’attaquer de front à la toute-puissance anglo-saxonne en remettant en cause
son hégémonie. Et cet affront n’est pas passé inaperçu en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, ce qui a été démontré par le nombre important de pays ayant refusé de voter en faveur des
sanctions contre la Russie. Le conflit en Ukraine a révélé au monde que la prétendue « communauté internationale » se résumait à l’anglosphère,
à l’Europe, au Japon, à la Corée du sud et à Israël, c’est-à-dire moins de 15% de la population mondiale.
De ce point de vue, Poutine a réussi un coup de maître en révélant la nudité du roi ou comme diraient les Chinois, en montrant que les USA ne sont qu’un tigre de
papier. A Taïwan aussi ce constat a dû être fait avec quelque inquiétude.
Une des conséquences les plus spectaculaires à laquelle nous sommes en train d’assister est sans doute la réorientation géopolitique de l’Arabie Saoudite qui est
train de basculer dans le camp eurasiatique et donc qui s’apprête à remettre en cause le Pacte du Quincy ce qui entraînera inéluctablement la fin des pétrodollars qui ont assuré l’hégémonie
financière des USA sur le reste du monde.
Concernant la politique de contre-sanctions russes à l’égard de l’Occident, celle-ci impacte principalement l’Union européenne et au premier chef l’Allemagne qui
avec sa politique suicidaire de décarbonation et de dénucléarisation mise en place depuis 15 ans est aujourd’hui incapable de faire fonctionner ses usines sans l’appoint vital du gaz
russe.
Mais les « experts
» atlantistes découvrent aussi avec stupeur que la Russie ne vend pas seulement du gaz et du pétrole, mais qu’elle est également un acteur-clé dans le monde pour le titane (utilisé
entre autres dans l’industrie aéronautique), pour les gaz rares comme l’hélium, le néon ou le radon qui sont indispensables dans de nombreux secteurs industriels ou médicaux. Sans parler de la
production de céréales où elle est redevenue un acteur majeur.
La fracture au sein des « élites » globalistes observable jusqu’à présent surtout
outre-Atlantique, touche à présent les vassaux européens confrontés à la realpolitik de l’énergie et au retour de bâton des sanctions imbéciles qu’ils ont unanimement votées dans un réflexe
pavlovien de russophobes primaires. La chute de Boris Johnson est peut-être la première illustration de cette lutte interne au sein du Système entre real-capitalistes et finance hors-sol. En tout
cas, l’homme qui avait demandé la tête de Bachar el-Assad et qui se vantait il y a quelques semaines encore de faire « tomber Poutine » vient de sombrer dans les poubelles de
l’Histoire.
Mais compte tenu du piège suicidaire dans lequel se sont enfermés les Occidentaux, il est à parier que Johnson ne sera probablement pas le dernier à tomber dans la
longue cohorte des politiciens vendus au Système. Il ne serait pas étonnant que le prochain sur la liste soit le Chancelier Olaf Scholtz, confronté aux adeptes du real-capitalisme rhénan qui ne
sont pas prêts à se suicider sur l’autel de la guerre à outrance contre Poutine. Dans le même esprit, on imagine mal Macron résister à une nouvelle vague de Gilets jaunes puissance 10. Des
émeutes sont déjà en cours aux Pays-Bas pour protester contre la disparition programmée d’un tiers des exploitations agricoles en application du plan mortifère des fous de Davos qui veulent
mettre en place à toute force leur programme de dépopulation mondiale. L’Italie dirigée par le banquier Draghi est aussi en ébullition et pourrait également basculer dans l’anarchie. On sent que
le Système est à bout de souffle et que son « narratif
» s’épuise alors que le mur des mensonges de la pseudo-crise sanitaire commence à se fissurer.
L’été sera sans doute chaud, mais je vous prédis un automne bouillant avec au bout, peut-être, la disparition du G7 mais aussi d’un certain nombre d’organisations
internationales comme l’OMS, l’OMC, l’AIEA et bien d’autres qui ne sont devenues au fil du temps que des courroies de transmission du « monde ouvert » cher à Monsieur Soros et qui semblent bien
mal adaptées au nouveau monde multipolaire qui s’ouvre devant nous.
Emmanuel
Leroy
Président de l’Institut 1717
– Pour une nouvelle alliance franco-russe
L’Ukraine va-t-elle être découpée et, si oui, comment ?
Quelques informations intéressantes
aujourd’hui. Tout d’abord, le service de renseignement extérieur russe a, par la déclaration d’un colonel général, fait la déclaration suivante (traduite par mon ami Andrei Martyanov sur son blog) :
« Les conservateurs occidentaux ont pratiquement fait une croix sur le régime de Kiev et planifient déjà la partition de l’Ukraine, a déclaré le
porte-parole du Service de renseignement extérieur, le colonel-général Volodymyr Matveev, lors de la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale. « De toute évidence, l’Occident
ne se préoccupe pas du sort du régime de Kiev. Comme le montrent les informations reçues par le SVR, les conservateurs occidentaux l’ont presque fait disparaître et sont en train
d’élaborer des plans de division et d’occupation d’au moins une partie des terres ukrainiennes », a-t-il déclaré. Toutefois, selon le général, l’enjeu dépasse largement l’Ukraine : pour
Washington et ses alliés, il s’agit du sort du système colonial de domination mondiale.
Juste pour clarifier, le SVR fait rarement des déclarations publiques et quand il le fait, vous pouvez les prendre à la lettre car le SVR n’est pas dans les
affaires de « fuites » de « sources informées » et tout ces absurdités de relations publiques produites par les soi-disant agences de « renseignement »
occidentales (qui ont maintenant été entièrement converties en organes de propagande hautement politisés).
Le même jour, je vois cet article sur le site de RT : « Les pays occidentaux attendent la « chute de l’Ukraine » – Kiev », qui mentionne une déclaration intéressante du ministre
ukrainien des affaires étrangères :
« Plusieurs pays occidentaux attendent que Kiev se rende et pensent que leurs problèmes vont se résoudre immédiatement, a déclaré le ministre ukrainien
des Affaires étrangères, Dmitri Kuleba, dans une interview publiée mardi. « On me demande souvent dans les interviews et en parlant à d’autres ministres des affaires étrangères : combien
de temps allez-vous tenir ? Au lieu de demander ce qui pourrait être fait pour nous aider à vaincre Poutine dans les plus brefs délais », a déclaré Kuleba, notant que de telles questions
suggèrent que chacun « attend que nous tombions et que les problèmes disparaissent d’eux-mêmes ». »
Enfin, il y a quelque temps, Dmitri Medvedev postait cette « future carte de l’Ukraine après la guerre » sur son compte Telegram. Cette carte
montre une Ukraine divisée entre ses voisins et un petit morceau d’Ukraine restant, au centre.
Pour tout vous dire, cela fait longtemps que je suis partisan de l’éclatement de l’Ukraine en plusieurs États successeurs : J’en ai donné les raisons
dans mon article « Les arguments en faveur de l’éclatement de l’Ukraine » écrit dans la lointaine année 2016.
Aujourd’hui, six ans plus tard, quelles sont les chances que cela se produise ?
Sans faire de prédictions, ce qui est presque impossible à l’heure actuelle car il y a beaucoup trop de variables qui peuvent influencer considérablement le
résultat, je veux énumérer quelques arguments pour et contre la probabilité (par opposition à la désirabilité) d’un tel résultat.
Arguments pour la probabilité de ce résultat :
• Premièrement, la plupart des voisins de l’Ukraine bénéficieraient d’une telle issue. La Pologne n’obtiendrait pas l’« intermarium » dont elle rêve encore, mais elle récupérerait des terres qui lui appartiennent historiquement et sont peuplées de nombreux Polonais. Dans cette carte,
la Roumanie ferait également une bonne affaire, même si la Moldavie perdait la Transnistrie, qu’elle n’avait de toute façon aucune chance de contrôler réellement. La Roumanie pourrait
donc même absorber toute la Moldavie. Il est vrai que sur cette carte, la Hongrie n’obtient (presque) rien, mais c’est une question que la Hongrie doit aborder avec la Pologne et la
Roumanie, et non avec la Russie.
• La Russie pourrait même ne pas s’opposer à une telle évolution, simplement parce qu’elle laissera le problème ukrainien aux autres. Tant que l’Ukraine
actuelle est entièrement démilitarisée et dénazifiée, la Russie n’aura pas de problème avec une telle issue.
• L’ex-Bandérastan croupion serait tellement réduit en taille, en population et en ressources qu’il ne présenterait que peu ou pas de menace, pour
quiconque. Les Russes ne lui permettront jamais de disposer d’autre chose que d’une police et d’une force de sécurité intérieure minimales (au moins tant qu’il subsistera des *traces* de
l’idéologie banderiste ukronazie dans les environs de la Russie). Les chances réelles que ce Banderastan croupion devienne une menace pour quiconque seront proches de zéro. Sans compter
que même si ce Banderastan croupion pouvait devenir une menace, il serait beaucoup plus facile d’y faire face que la menace à laquelle la Russie a été confrontée au début de 2022.
• Objectivement, les pays européens obtiendraient la meilleure « sortie » possible pour eux, car être dans un état constant de guerre totale par
procuration sera absolument insoutenable pour les pays d’Europe.
• Quant à « Biden », en supposant qu’il soit encore en vie et au pouvoir (?), il lui sera possible de retirer le sujet de cette dernière guerre perdue
(encore !) par les États-Unis des gros titres médiatiques et de s’occuper d’autres problèmes.
• L’Ukraine a été un tel gaspillage d’argent, de milliards et de milliards, qu’elle est essentiellement un trou noir avec un horizon qui ne laisse rien
entrevoir et au-delà duquel tout, argent, matériel ou hommes, disparaît tout simplement. Il s’agit clairement d’une ponction insoutenable sur les économies de l’Occident.
• Pourtant, en théorie, si un accord est conclu et que toutes les parties sont d’accord, l’UE pourrait supprimer, peut-être pas toutes, mais au moins les
pires sanctions, autodestructrices, qu’elle a si stupidement mises en œuvre et qui détruisent maintenant l’économie de l’UE.
• Pour les États-Unis, le principal avantage d’une telle issue pourrait être, en théorie, qu’elle « fermerait » le « front russe » et
permettrait aux États-Unis de concentrer leur haine et leur agressivité sur la Chine.
Cependant, il existe également de nombreux arguments contre une telle issue.
• Tout d’abord, les classes dirigeantes occidentales, ivres de russophobie totale, devront accepter que la Russie a gagné cette guerre (une fois de plus) et
a vaincu les puissances combinées de l’Occident (une fois de plus). Cela signifierait une immense perte de prestige et de crédibilité politique pour tous ceux qui sont impliqués dans
cette guerre politique contre la Russie.
• Deuxièmement, pour l’OTAN, ce serait un désastre. N’oubliez pas que le véritable objectif de l’OTAN est de « tenir les Russes à l’écart, les Américains à
l’intérieur et les Allemands à terre« . Dans ce cas, comment une OTAN encore plus élargie accepterait-elle de ne pouvoir absolument rien faire pour empêcher les Russes d’atteindre
tous leurs objectifs ?
• Ensuite, alors que les peuples de l’UE souffrent des politiques économiques dévastatrices de leurs dirigeants, les élites dirigeantes (les 1% de l’UE) se
portent très bien, merci, et se moquent éperdument des peuples qu’elles dominent.
• Une telle issue remettrait aussi directement en cause le désir des États-Unis d’avoir un monde unipolaire, dirigé par l’oncle Shmuel en tant qu’hégémon
mondial. Le risque ici est un effet domino politique dans lequel de plus en plus de pays lutteraient pour atteindre une véritable souveraineté, ce qui constituerait une menace directe
pour le modèle économique américain.
• Il est presque certain qu’un tel résultat est irréalisable tant que les néoconservateurs dirigent les États-Unis. Et comme il n’y a AUCUN signe
d’affaiblissement de la main de fer des néoconservateurs sur tous les leviers du pouvoir politique aux États-Unis, un tel résultat ne pourrait se produire que si les fous néoconservateurs
étaient renvoyés dans le sous-sol d’où ils sont sortis et où est leur place. Ce qui est peu probable dans un avenir prévisible.
• Cette focalisation sur la partition de l’Ukraine ne tient pas compte du fait que l’Ukraine n’est pas le véritable ennemi de la Russie. En fait, l’Ukraine
a perdu la guerre contre la Russie dans les 7 à 10 premiers jours après le début de l’OMS. Depuis lors, ce n’est pas l’Ukraine en soi que la Russie combat, mais l’Occident consolidé. Si
le véritable ennemi est l’Occident consolidé, on peut affirmer que toute issue limitée à l’Ukraine ne résoudrait rien. Au mieux, il pourrait s’agir de l’étape intermédiaire d’une guerre
beaucoup plus vaste et plus longue dans laquelle la Russie devra démilitariser et dénazifier non seulement le Banderastan mais, au minimum, tous les pays de l’UE/OTAN.
• Alors que pour certains la guerre d’Ukraine a été un désastre économique, elle a été une fantastique aubaine pour le complexe militaro-industriel
américain (corrompu à l’extrême). Et je ne parlerai même pas des liens évidents de corruption que la famille Biden entretient à Kiev. Si cette « solution Medvedev » est un jour
réalisée, tout cet argent facile disparaîtra.
• En outre, si parmi les arguments en faveur d’une telle issue, j’ai cité la capacité des États-Unis à « fermer le front russe » et à se concentrer sur
la Chine, en réalité, un tel argument repose sur une hypothèse très farfelue : qu’il est encore possible de séparer la Russie et la Chine et que la Russie permettrait aux États-Unis de
frapper la Chine. En d’autres termes, la Russie ne peut pas permettre la défaite de la Chine, pas plus que la Chine ne peut permettre la défaite de la Russie. Ainsi, toute la notion de
« fermeture du front russe » est illusoire. En réalité, les choses sont allées beaucoup trop loin pour cela et ni la Russie ni la Chine ne permettront aux États-Unis de les
abattre un par un.
• L’UE est dirigée par une classe dirigeante compradore qui est totalement soumise aux intérêts des néoconservateurs américains. Il y a déjà de nombreuses
tensions internes au sein de l’UE et une telle issue serait un désastre pour tous ces politiciens européens qui se sont coincés dans une guerre totale contre la Russie, et même si,
disons, les Polonais, les Roumains ou même les Hongrois obtiennent quelques avantages d’une telle issue, elle serait inacceptable pour les voyous qui dirigent actuellement l’Allemagne, le
Royaume-Uni ou même la France.
Les arguments pour et contre une telle issue que j’ai énumérés ci-dessus ne sont que quelques exemples, en réalité il y a beaucoup plus d’arguments des deux
côtés de cette question. En outre, ce qui avait du sens il y a six ans n’en a peut-être plus aujourd’hui.
Par exemple, cette discussion porte sur le « quoi » mais pas sur le « comment ». Je m’explique.
Je pense avoir été la première personne en Occident à avoir remarqué et traduit une expression russe clé : « non accord capable »
(недоговороспособны). Cette expression a été de plus en plus utilisée par de nombreux décideurs, hommes politiques, commentateurs politiques russes et autres. Finalement, même les
Occidentaux ont fini par s’en apercevoir. Revenons donc sur cette question, en gardant à l’esprit que les Russes sont désormais pleinement convaincus que l’Occident est simplement
« incapable de s’entendre ». Je dirais que jusqu’à l’ultimatum russe aux États-Unis et à l’OTAN, les Russes laissaient encore la porte ouverte à une sorte de négociation. Cependant,
et comme je l’avais prédit AVANT l’ultimatum russe, la Russie a tiré la seule conclusion possible de la position de l’Occident : si nos « partenaires » (sarcasme) ne sont pas
capables de s’entendre, alors le temps est venu pour l’unilatéralisme russe.
Certes, depuis 2013, voire 2008, il y avait déjà des signes que la prise de décision russe s’orientait progressivement vers l’unilatéralisme. Mais
l’ultimatum russe et l’OMS sont maintenant les signes « purs » de l’adoption par la Russie de l’unilatéralisme, au moins envers l’Occident consolidé.
Si cela est exact, alors je suggère que la plupart des arguments ci-dessus, des deux côtés de la question, sont fondamentalement devenus obsolètes et non
pertinents.
En outre, je voudrais ajouter un petit rappel ici : la plupart des opérations de combat en Ukraine ne sont même pas menées par les forces russes, mais par
les forces de la LDNR soutenues par le C4ISR et la puissance de feu russes. Mais en termes de potentiel militaire réel, la Russie a utilisé moins de 10% de ses forces armées et Poutine a
été assez franc à ce sujet lorsqu’il a déclaré « nous n’avons même pas commencé à agir sérieusement ».
À votre avis, à quoi ressemblera cette guerre si la Russie décidait de libérer toute sa puissance militaire, c’est-à-dire les 90% de forces qui ne
participent pas actuellement à l’OMS?
Voici une vérité simple que la plupart des gens en Occident ne peuvent même pas imaginer : La Russie ne craint pas du tout l’OTAN.
Au contraire, les Russes ont déjà compris qu’ils avaient les moyens d’imposer à leurs ennemis n’importe quel résultat qu’ils choisiraient d’imposer
unilatéralement. L’idée d’une attaque des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie est tout simplement risible. Oui, les États-Unis disposent d’une force sous-marine très puissante qui
peut tirer de nombreux missiles Tomahawk et Harpoon sur des cibles russes. Et oui, les États-Unis disposent d’une triade nucléaire encore robuste. Mais aucun de ces éléments n’aidera les
États-Unis à gagner une guerre terrestre contre les forces armées russes.
Et non, l’envoi de quelques milliers de soldats américains dans tel ou tel pays de l’OTAN pour « renforcer le flanc oriental de l’OTAN » n’est que
de la pure communication ; militairement, ce n’est même pas pertinent, c’est risible. Je ne commenterai même pas l’envoi de F-35, qui est tellement ridicule et inutile contre les
forces aérospatiales et les défenses aériennes russes que je ne prendrai même pas la peine d’argumenter avec ceux qui ne comprennent pas à quel point les F-35 (et même les F-22 !) sont
vraiment mauvais.
Je ne ferai pas d’autre commentaire sur les capacités militaires de l’UE que celui-ci : les pays qui préconisent désormais sérieusement de prendre moins
souvent des douches pour « montrer à Poutine » ont atteint un tel niveau d’insignifiance et de dégénérescence qu’ils ne peuvent être pris au sérieux, et certainement pas en
Russie.
Alors, où allons-nous à partir de là ?
Comme je l’ai dit, je ne sais pas, il y a trop de variables. Mais quelques éléments me semblent clairs :
• La Russie a décidé de faire preuve d’un unilatéralisme total dans ses politiques envers l’Ukraine et l’Occident. Bien sûr, si et quand cela est
nécessaire, les Russes accepteront toujours de parler à leurs « partenaires » occidentaux, mais cela est dû à la vieille politique russe consistant à toujours parler à tout le monde
et à n’importe qui, même à ses pires ennemis. Pourquoi ? Parce que ni la guerre ni l’unilatéralisme politique ne sont une fin en soi, ils ne sont que des moyens d’atteindre un objectif
politique spécifique. Ainsi, il est toujours bon de s’asseoir avec son ennemi, surtout si l’on augmente doucement mais sûrement le cadran de la douleur sur lui depuis quelques mois ! Les
Européens étant les « grands invertébrées protoplasmiques supines » (pour reprendre les termes de BoJo) qu’ils sont, ils pourraient céder rapidement et soudainement ou, à tout
le moins, ils essaieront d’améliorer leur sort en essayant de contourner leurs propres sanctions (l’oncle Shmuel le permet, même à contrecœur).
• La seule partie avec laquelle la Russie pourrait négocier sérieusement est bien sûr les États-Unis. Toutefois, tant que les États-Unis seront sous le
contrôle total des néoconservateurs, cet exercice sera futile.
• Si un accord devait être conclu, il ne pourrait l’être que s’il était entièrement et totalement vérifiable. Contrairement aux croyances populaires, un
grand nombre de traités et d’accords peuvent être élaborés de manière à être entièrement vérifiables, ce qui n’est pas un problème technique en soi. Cependant, avec les classes
dirigeantes actuelles de l’Occident, aucun accord de ce type n’est susceptible d’être élaboré et accepté par toutes les parties concernées.
Que reste-t-il alors ?
Il y a un dicton russe que ma grand-mère m’a appris quand j’étais enfant : « les frontières de la Russie se trouvent au bout de la lance d’un cosaque
». Ce dicton, né de 1000 ans de guerre existentielle sans frontières naturelles, exprime simplement une réalité fondamentale : ce sont les forces armées russes qui décident où la Russie
se termine. Ou vous pouvez le retourner de cette façon : « les seules frontières naturelles de la Russie sont les capacités des forces armées russes ». On peut penser à
l’unilatéralisme russe d’avant 1917.
Néanmoins, cela soulève la question du fondement moral et éthique d’une telle position. Après tout, cela ne suggère-t-il pas que la Russie se donne le droit
d’envahir n’importe quel pays juste parce qu’elle le peut ?
Pas du tout !
Bien que l’histoire de la Russie ait été marquée par des guerres impérialistes et expansionnistes, comparée aux 1000 ans d’impérialisme mur à mur de
l’Occident, la Russie n’est qu’un doux agneau ! Non pas que cela excuse quoi que ce soit, c’est simplement un fait. Les autres guerres russes étaient, presque toutes, des guerres
existentielles, pour la survie et la liberté de la nation russe. Je ne peux imaginer une guerre plus « juste » que celle qui 1) vous a été imposée et 2) dans laquelle votre seul
objectif est de survivre en tant que nation libre et souveraine, en particulier une nation multiethnique et multireligieuse comme l’a toujours été la nation russe, contrairement aux
ennemis de la Russie qui ont toujours été animés par une ferveur religieuse, nationaliste et même ouvertement raciste (ce que nous pouvons tous observer aujourd’hui, longtemps après la
fin de la Seconde Guerre mondiale).
S’agit-il simplement de propagande ? Si vous le pensez, alors vous pouvez étudier l’histoire de la Russie ou, mieux encore, étudier la doctrine militaire
actuelle de la Russie et vous verrez que la planification des forces russes est entièrement défensive, surtout au niveau stratégique. La meilleure preuve en est que la Russie a supporté
toutes les politiques racistes et russophobes de l’Ukraine ou des trois États baltes pendant des décennies sans prendre aucune mesure. Mais lorsque l’Ukraine est devenue un mandataire de
facto de l’OTAN et qu’elle a directement menacé non seulement le Donbass, mais aussi la Russie elle-même (quelqu’un se souvient-il encore que, quelques jours avant l’OMS, « Ze »
a déclaré que l’Ukraine devrait se doter d’armes nucléaires ?! Il faut être soit aveugle, soit fantastiquement malhonnête pour ne pas admettre ce fait évident.
Note de l’auteur
Au fait, les trois États baltes, dont la Russie n’a aucun besoin, essaient constamment de devenir une menace militaire pour la Russie, non seulement en
accueillant les forces de l’OTAN, mais aussi en élaborant des plans vraiment idiots pour « verrouiller » la Baltique avec la Finlande. Ajoutez à cela les politiques nazies
d’apartheid anti-russe à l’égard des minorités russes et vous serez pardonné de penser que les Baltes veulent vraiment être les prochains à être dénazifiés et démilitarisés. Mais… mais… –
me direz-vous – « puisqu’ils sont membres de l’OTAN, ils ne peuvent pas être attaqués ! ». Eh bien, si vous croyez 1) qu’un membre de l’OTAN se battra contre la Russie pour ces
îlots ou 2) que l’OTAN a les moyens militaires de les protéger, alors j’ai encore plein de choses à vous apprendre. Quoi qu’il en soit, la manière la plus efficace de traiter avec les
Baltes est de les laisser se suicider économiquement, ce qu’ils ont déjà fait en gros, puis de leur promettre quelques « carottes économiques » pour qu’ils adoptent une attitude
plus civilisée. Un dicton russe dit que « le réfrigérateur gagne contre la télévision » (победа холодильника над телевизором), ce qui signifie que lorsque votre réfrigérateur
est vide, la propagande à la télévision perd de son pouvoir. Je pense que l’avenir des 3 États baltes sera défini par cet aphorisme.
L’Ukraine sera-t-elle donc divisée ?
Oui, absolument, elle a déjà perdu d’énormes parties de son territoire et elle n’en perdra que davantage.
Les voisins occidentaux pourraient-ils décider de s’en prendre à l’Ukraine occidentale ? Bien sûr ! C’est une réelle possibilité.
Mais il s’agira toujours d’actions unilatérales ou d’accords coordonnés de manière très officieuse, enveloppés dans un déni plausible (comme le déploiement
de « casques bleus » polonais pour « protéger » l’Ukraine occidentale). Mais je prédis surtout que deux choses vont se produire : 1) la Russie atteindra tous ses
objectifs de manière unilatérale, sans passer aucun accord avec qui que ce soit et 2) la Russie n’autorisera les voisins occidentaux de l’Ukraine à s’emparer de certains morceaux de
l’Ukraine que si, et seulement si, ces morceaux ne représentent aucune menace militaire pour la Russie.
Vous vous souvenez de ce que Poutine a dit à propos de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN ? Il a dit qu’en soi, ce n’était pas un problème
pour la Russie. Mais il a prévenu que si ces pays accueillaient des forces et des systèmes d’armes américains/OTAN menaçant la Russie, celle-ci devrait prendre des contre-mesures. Je
pense que c’est également la position du Kremlin sur l’avenir d’un éventuel Banderastan croupion et sur toute initiative des pays de l’OTAN (y compris la Pologne, la Roumanie et la
Hongrie) visant à récupérer des territoires qui leur ont historiquement appartenu ou qui comptent d’importantes minorités polonaises, roumaines et hongroises.
À l’heure actuelle, nous n’en sommes qu’à la deuxième phase de l’OMS (qui est centrée sur le Donbass) et la Russie n’a même pas lancé d’opérations pour
s’enfoncer plus profondément en Ukraine. Quant à la vraie guerre, celle entre la Russie et l’Occident combiné, elle dure depuis pas moins de dix ans, voire plus, et cette guerre durera
bien plus longtemps que l’OMS en Ukraine. Enfin, l’issue de cette guerre entraînera des changements tectoniques et profonds au moins aussi spectaculaires que les changements résultant des
résultats de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.
Les Russes comprennent que ce qu’ils doivent faire maintenant, c’est vraiment terminer la Seconde Guerre mondiale et que la fin formelle de la Seconde
Guerre mondiale en 1945 n’a fait que marquer la transition vers un type de guerre différent, toujours imposé par un Occident uni et consolidé, désormais non plus par les nazis allemands,
mais par les néoconservateurs américains (pour la plupart) (qui, bien sûr, sont des nazis racistes typiques, sauf que leur racisme est anglophone et judaïque/sioniste).
Je conclurai par une courte citation de Bertold Brecht qui, je pense, est profondément comprise par la Russie d’aujourd’hui :
« Apprenez donc à voir et non à regarder. Agir au lieu de parler toute la journée. Le monde a presque été gagné par un tel singe ! Les nations l’ont mis à la place de ses semblables. Mais ne vous réjouissez pas trop vite de votre évasion – Le ventre d’où il est sorti en rampant est toujours aussi fort. »
– Bertolt Brecht, « La résistible ascension d’Arturo Ui »
La Russie a massacré beaucoup de singes occidentaux au cours de son histoire, il est maintenant temps de s’occuper enfin du ventre d’où ils sont sortis en
rampant.
PS : Pour votre information, l’enquête russe a déclaré que les explosions dans l’aérodrome de Crimée étaient un acte de sabotage/diversion.
Ce qui était l’explication la plus probable dès le début.
Les responsables politiques occidentaux semblent être parvenus à un
consensus sur la guerre en Ukraine : le conflit s’installera dans une longue impasse et, finalement, une Russie affaiblie acceptera un accord de paix favorable aux États-Unis et à ses alliés de
l’OTAN, ainsi qu’à l’Ukraine. Bien que les responsables reconnaissent que Washington et Moscou peuvent choisir l’escalade pour obtenir un avantage ou pour éviter une défaite, ils supposent qu’une
escalade catastrophique peut être évitée. Rares sont ceux qui imaginent que les forces américaines seront directement impliquées dans les combats ou que la Russie osera utiliser des armes
nucléaires.
Note du Saker
Francophone
Nous vous présentons la
traduction d’un article tiré d’un média grand public étasunien, Foreign Affairs, qui a fait un peu de bruit dans l’establishment car il montre les dangers de la politique va-t-en-guerre
occidental. Suivi d’un deuxième article, écrit par Gilbert Doctorow, un analyste alternatif spécialiste de la Russie dont nous avons déjà publié quelques traductions, qui critique l’article de
Mearsheimer. Cela pour vous montrer le contraste entre les deux analyses, qui se rejoignent pourtant sur le fond. Contraste qui montre l’impact que peut avoir la propagande médiatique sur les
élites intellectuelles, même les plus ouvertes d’esprit.
Washington et ses alliés sont beaucoup trop cavaliers. Bien qu’une escalade désastreuse puisse être évitée, la capacité des belligérants à gérer ce danger est loin d’être certaine. Le risque qu’elle se produise est nettement plus important
que ce que l’on croit généralement. Et étant donné que les conséquences d’une escalade pourraient inclure une guerre majeure en Europe et peut-être même l’annihilation nucléaire, il y a de bonnes
raisons de s’inquiéter davantage.
Pour comprendre la dynamique de l’escalade en Ukraine, il faut commencer par les objectifs de chaque partie. Depuis le début de la guerre, tant Moscou que
Washington ont considérablement accru leurs ambitions, et tous deux sont désormais profondément déterminés à gagner cette guerre et à atteindre de formidables objectifs politiques. Par conséquent, chaque partie est fortement incitée à trouver des moyens de l’emporter et, plus
important encore, d’éviter de perdre. En pratique, cela signifie que les États-Unis pourraient se joindre aux combats s’ils veulent désespérément gagner ou empêcher l’Ukraine de perdre, tandis
que la Russie pourrait utiliser des armes nucléaires si elle veut désespérément gagner ou si elle est confrontée à une défaite imminente, ce qui serait probable si les forces américaines étaient entraînées
dans les combats.
En outre, étant donné la détermination de chaque partie à atteindre ses objectifs, il y a peu de chances de parvenir à un compromis significatif. La pensée
maximaliste qui prévaut actuellement à Washington et à Moscou donne à chaque camp une raison supplémentaire de gagner sur le champ de bataille afin de pouvoir dicter les termes d’une paix
éventuelle. En effet, l’absence d’une solution diplomatique possible incite les deux parties à élever le niveau d’escalade. Ce qui se trouve alors plus haut pourrait être quelque chose de
vraiment catastrophique : un niveau de mort et de destruction dépassant celui de la Seconde Guerre mondiale.
Viser Haut
Les États-Unis et leurs alliés ont initialement soutenu l’Ukraine pour empêcher une victoire russe et aider à négocier une fin favorable aux combats. Mais dès que
l’armée ukrainienne a commencé à frapper les forces russes, en particulier autour de Kiev, l’administration Biden a changé de cap et s’est engagée à aider l’Ukraine à gagner la guerre contre la Russie. Elle a également cherché à porter gravement atteinte à l’économie russe en imposant des sanctions sans précédent. Comme le secrétaire à
la Défense Lloyd Austin l’a expliqué en avril, les objectifs des États-Unis sont les suivants : « Nous voulons que la Russie soit affaiblie au point qu’elle ne puisse
plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine. » En effet, les États-Unis ont annoncé leur intention d’éliminer la Russie du rangs des grandes puissances.
Qui plus est, les États-Unis ont lié leur propre réputation à l’issue du conflit. Le président américain Joe Biden a qualifié la guerre de la Russie en Ukraine de « génocide » et a accusé le président russe Vladimir Poutine d’être un « criminel de guerre » qui devrait subir un « procès pour crimes de guerre« . Avec de telles
proclamations présidentielles, il est difficile d’imaginer Washington faire marche arrière ; si la Russie l’emportait en Ukraine, la position des États-Unis dans le monde subirait un sérieux
coup.
Les ambitions russes se sont également élargies. Contrairement aux idées reçues en Occident, Moscou n’a pas envahi l’Ukraine pour la conquérir et l’intégrer à une
Grande Russie. Il s’agissait principalement d’empêcher l’Ukraine de devenir un rempart occidental à la frontière russe. Poutine et ses conseillers étaient particulièrement inquiets de voir
l’Ukraine rejoindre l’OTAN. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l’a exprimé succinctement à la mi-janvier, en déclarant lors d’une conférence de presse que « la clé de tout est la garantie que l’OTAN ne s’étendra pas vers
l’est. » Pour les dirigeants russes, la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est, comme l’a dit Poutine lui-même avant l’invasion, « une menace directe pour la sécurité de la Russie » – une
menace qui ne pourrait être éliminée qu’en entrant en guerre et en transformant l’Ukraine en un État neutre ou défaillant.
À cette fin, il semble que les objectifs territoriaux de la Russie se soient considérablement élargis depuis le début de la guerre. Jusqu’à la veille de l’invasion,
la Russie s’était engagée à appliquer l’accord de Minsk II, qui aurait maintenu le Donbass dans le giron de l’Ukraine. Cependant, au cours de la guerre, la Russie a conquis de vastes étendues de
territoire dans l’est et le sud de l’Ukraine, et il est de plus en plus évident que Poutine a désormais l’intention d’annexer tout ou partie de ces terres, ce qui transformerait effectivement ce qui reste de l’Ukraine en un État croupion
dysfonctionnel.
La menace qui pèse aujourd’hui sur la Russie est encore plus grande qu’avant la guerre, principalement parce que l’administration Biden est désormais déterminée à
faire reculer les gains territoriaux de la Russie et à paralyser définitivement sa puissance. Pour aggraver encore les choses pour Moscou, la Finlande et la Suède rejoignent l’OTAN, et l’Ukraine est mieux armée et plus étroitement alliée à l’Occident. Moscou ne peut pas se permettre de perdre en Ukraine, et elle utilisera tous les
moyens à sa disposition pour éviter la défaite. Poutine semble convaincu que la Russie finira par l’emporter sur l’Ukraine et ses soutiens occidentaux. « Aujourd’hui, nous entendons dire qu’ils veulent nous vaincre sur le
champ de bataille« , a-t-il déclaré début juillet. « Qu’en dire ? Qu’ils essaient. Les objectifs de l’opération militaire
spéciale seront atteints. Il n’y a aucun doute là-dessus. »
L’Ukraine, pour sa part, a les mêmes objectifs que l’administration Biden. Les Ukrainiens sont déterminés à reconquérir le territoire perdu au profit de la Russie –
y compris la Crimée – et une Russie plus faible est certainement moins menaçante pour l’Ukraine. En outre, ils sont convaincus de pouvoir gagner, comme l’a clairement indiqué le
ministre ukrainien de la défense, Oleksii Reznikov, à la mi-juillet, lorsqu’il a déclaré : « La Russie peut certainement être vaincue, et l’Ukraine a déjà montré
comment. » Son homologue américain est apparemment d’accord. « Notre assistance fait une réelle différence sur le
terrain« , a déclaré Austin dans un discours prononcé fin juillet. « La Russie pense qu’elle peut survivre à l’Ukraine – et nous survivre.
Mais ce n’est que la dernière en date des erreurs de calcul de la Russie. »
En substance, Kiev, Washington et Moscou sont tous profondément déterminés à gagner aux dépens de leur adversaire, ce qui laisse peu de place au compromis. Ni
l’Ukraine ni les États-Unis, par exemple, ne sont susceptibles d’accepter une Ukraine neutre ; en fait, l’Ukraine se rapproche chaque jour davantage de l’Occident. La Russie n’est pas non plus susceptible de restituer la totalité ou même la majeure partie du territoire qu’elle a pris à
l’Ukraine, d’autant que les animosités qui alimentent le conflit dans le Donbass entre les séparatistes pro-russes et le gouvernement ukrainien depuis huit ans sont plus intenses que
jamais.
Ces intérêts contradictoires expliquent pourquoi tant d’observateurs pensent qu’un règlement négocié ne se produira pas de sitôt et prévoient donc une impasse sanglante. Ils ont raison sur ce point. Mais les observateurs sous-estiment le potentiel d’escalade catastrophique que recèle une guerre prolongée en Ukraine.
Il existe trois chemins d’escalade inhérents à la conduite de la guerre : l’une ou les deux parties l’intensifient délibérément pour gagner, l’une ou les deux
parties l’intensifient délibérément pour empêcher la défaite, ou les combats s’intensifient non par choix délibéré mais par enchaînements de faits. Chaque chemin est susceptible d’entraîner les
États-Unis dans les combats ou de conduire la Russie à utiliser des armes nucléaires, voire les deux.
L’Amérique entre en jeu
Une fois que l’administration Biden a conclu que la Russie pouvait être battue en Ukraine, elle a envoyé davantage d’armes (et plus puissantes) à Kiev. L’Occident a commencé à accroître la capacité offensive
de l’Ukraine en envoyant des armes telles que le système de roquettes à lancement multiple HIMARS, en plus des armes « défensives » telles que le missile antichar
Javelin. Au fil du temps, la létalité et la quantité des armes ont augmenté. Il faut savoir qu’en mars, Washington a opposé son veto à un projet de transfert d’avions de combat MiG-29
polonais à l’Ukraine, au motif que cela risquait d’intensifier le combat, mais en juillet, il n’a soulevé aucune objection lorsque la Slovaquie a annoncé qu’elle envisageait d’envoyer les mêmes
avions à Kiev. Les États-Unis envisagent également de donner leurs propres F-15 et F-16 à l’Ukraine.
Les États-Unis et leurs alliés forment également l’armée ukrainienne et lui fournissent des renseignements essentiels qu’elle utilise pour détruire des cibles
russes clés. En outre, comme l’a rapporté le New York
Times, l’Occident dispose d’un « réseau furtif de
commandos et d’espions » sur le terrain en Ukraine. Washington n’est peut-être pas directement engagé dans les combats, mais il est profondément impliqué dans la guerre. Et il ne lui
reste plus qu’un pas à franchir pour que ses propres soldats appuient sur la gâchette et ses propres pilotes sur les boutons.
L’armée américaine pourrait s’impliquer dans les combats de différentes manières. Envisageons une situation où la guerre s’éternise pendant un an ou plus, et où il
n’y a pas de solution diplomatique en vue ni de voie praticable vers une victoire ukrainienne. Dans le même temps, Washington cherche désespérément à mettre fin à la guerre, peut-être parce qu’il
doit se concentrer sur l’endiguement de la Chine ou parce que les coûts économiques du soutien à l’Ukraine causent des problèmes politiques dans le pays et en Europe. Dans ces circonstances, les
décideurs américains auraient toutes les raisons d’envisager de prendre des mesures plus risquées – comme l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine ou l’insertion de
petits contingents de forces terrestres américaines – pour aider l’Ukraine à vaincre la Russie.
Un scénario plus probable pour une intervention américaine se produirait si l’armée ukrainienne commençait à s’effondrer et que la Russie semblait susceptible de
remporter une victoire majeure. Dans ce cas, étant donné l’engagement profond de l’administration Biden à empêcher cette issue, les États-Unis pourraient essayer de renverser la vapeur en
s’impliquant directement dans les combats. On peut facilement imaginer des responsables américains croyant que la crédibilité de leur pays est en jeu et se convainquant qu’un recours limité à la
force sauverait l’Ukraine sans inciter Poutine à utiliser des armes nucléaires. Par ailleurs, une Ukraine désespérée pourrait lancer des attaques à grande échelle contre des villes russes, en espérant qu’une telle
escalade provoquerait une réponse massive de la Russie qui obligerait finalement les États-Unis à se joindre aux combats.
Le dernier scénario d’implication américaine est celui d’une escalade involontaire : sans le vouloir, Washington est entraîné dans la guerre par un événement
imprévu qui s’amplifie. Peut-être que des avions de chasse américains et russes, qui sont entrés en contact étroit au-dessus de la mer Baltique, entrent accidentellement en collision. Un tel
incident pourrait facilement dégénérer, étant donné les niveaux élevés de peur des deux côtés, le manque de communication et la diabolisation mutuelle.
Ou peut-être la Lituanie bloquera-t-elle le passage des marchandises sanctionnées qui traversent son territoire pour se rendre de Russie à Kaliningrad, l’enclave russe séparée du reste du pays.
C’est ce qu’a fait la Lituanie à la mi-juin, mais elle a fait marche arrière à la mi-juillet, après que Moscou a clairement indiqué qu’elle envisageait des « mesures sévères » pour mettre fin à ce qu’elle considère
comme un blocus illégal. Le ministère lituanien des affaires étrangères a toutefois refusé de lever complètement le blocus. La Lituanie étant membre de l’OTAN, les États-Unis se porteraient presque certainement à sa défense si la Russie attaquait le pays.
Ou peut-être la Russie détruira-t-elle un bâtiment à Kiev ou un site d’entraînement quelque part en Ukraine, tuant involontairement un nombre important
d’Américains, tels que des travailleurs humanitaires, des agents de renseignement ou des conseillers militaires. L’administration Biden, confrontée à un tollé dans son pays, décidera qu’elle doit
riposter et frappera des cibles russes, ce qui entraînera un échange de coups bas entre les deux parties.
Enfin, il est possible que les combats dans le sud de l’Ukraine endommagent la centrale nucléaire de Zaporizhzhya, la plus grande d’Europe, contrôlée par la Russie,
au point qu’elle émette des radiations dans toute la région, ce qui amènerait la Russie à réagir de la même manière. Dmitri Medvedev, l’ancien président et premier ministre russe, a répondu de
manière sinistre à cette éventualité en déclarant en août : « N’oubliez pas qu’il y a aussi des sites nucléaires dans l’Union
européenne. Et des incidents sont possibles là aussi« . Si la Russie devait frapper un réacteur nucléaire européen, les États-Unis entreraient presque certainement dans la
bataille.
Bien entendu, Moscou pourrait également être à l’origine de cette escalade. On ne peut écarter la possibilité que la Russie, qui cherche désespérément à stopper le
flux d’aide militaire occidentale en Ukraine, frappe les pays par lesquels passe la majeure partie de cette aide : la Pologne ou la Roumanie, qui sont toutes deux membres de l’OTAN. Il est
également possible que la Russie lance une cyberattaque massive contre un ou plusieurs pays européens aidant l’Ukraine, causant de gros dégâts à ses infrastructures critiques. Une telle attaque pourrait inciter
les États-Unis à lancer une cyberattaque de représailles contre la Russie. En cas de succès, Moscou pourrait répondre militairement ; en cas d’échec, Washington pourrait décider que la seule
façon de punir la Russie serait de la frapper directement. De tels scénarios semblent tirés par les cheveux, mais ils ne sont pas impossibles. Et ce ne sont que quelques exemples de la façon dont
ce qui est aujourd’hui une guerre locale pourrait se transformer en quelque chose de beaucoup plus grand et plus dangereux.
En arriver au nucléaire
Bien que l’armée russe ait fait d’énormes dégâts en Ukraine, Moscou a, jusqu’à présent, été réticent à lancer une escalade pour gagner la guerre. Poutine
n’a pas augmenté la taille de ses forces par une conscription à grande échelle. Il n’a pas non plus pris pour cible le réseau électrique de l’Ukraine, ce qui serait
relativement facile à faire et infligerait des dommages massifs à ce pays. En fait, de nombreux Russes lui ont reproché de ne pas mener la guerre plus vigoureusement. Poutine a reconnu ces
critiques, mais a fait savoir qu’il s’engagerait dans une escalade si nécessaire. « Nous n’avons même pas encore commencé quelque chose de
sérieux« , a-t-il déclaré en juillet, laissant entendre que la Russie pourrait le faire, et le ferait, si la situation militaire se détériorait.
Qu’en est-il de la forme ultime de l’escalade ? Il existe trois circonstances dans lesquelles Poutine pourrait utiliser des armes nucléaires. La première serait que
les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN entrent dans la bataille. Non seulement cette évolution modifierait sensiblement l’équilibre militaire en défaveur de la Russie, ce qui augmenterait considérablement la
probabilité de sa défaite, mais cela signifierait également que la Russie mènerait une guerre entre grandes puissances à ses portes, qui pourrait facilement déborder sur son territoire. Les
dirigeants russes penseraient certainement que leur survie est en danger, ce qui les inciterait fortement à utiliser des armes nucléaires pour sauver la situation. Au minimum, ils envisageraient
des frappes de démonstration destinées à convaincre l’Occident de faire marche arrière. Il est impossible de savoir à l’avance si une telle mesure mettrait fin à la guerre ou conduirait à une
escalade incontrôlable.
Dans son discours du 24 février annonçant l’invasion, Poutine a fortement laissé entendre qu’il aurait recours aux armes nucléaires si les États-Unis et leurs
alliés entraient en guerre. S’adressant à « ceux qui pourraient être tentés d’intervenir« , il a
déclaré : « Ils doivent savoir que la Russie répondra
immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vues dans toute votre histoire. » Son avertissement n’a pas échappé à Avril Haines, directrice du
renseignement national américain, qui a prédit en mai que Poutine pourrait utiliser des armes nucléaires si l’OTAN « intervient ou est sur le point d’intervenir« , en bonne
partie parce que cela « contribuerait évidemment à
donner l’impression qu’il est sur le point de perdre la guerre en Ukraine« .
Dans le deuxième scénario nucléaire, l’Ukraine renverse par elle-même la situation sur le champ de bataille, sans implication directe des États-Unis. Si les forces
ukrainiennes étaient sur le point de vaincre l’armée russe et de reprendre le territoire perdu par leur pays, il ne fait aucun doute que Moscou pourrait facilement considérer ce résultat comme
une menace existentielle nécessitant une réponse nucléaire. Après tout, Poutine et ses conseillers ont été suffisamment alarmés par l’alignement croissant de Kiev sur l’Occident pour choisir délibérément
d’attaquer l’Ukraine, malgré les avertissements clairs des États-Unis et de leurs alliés quant aux graves conséquences auxquelles la Russie serait confrontée. Contrairement au premier scénario,
Moscou utiliserait des armes nucléaires non pas dans le cadre d’une guerre avec les États-Unis, mais contre l’Ukraine. Elle le ferait sans grande crainte de représailles nucléaires, puisque Kiev
ne possède pas d’armes nucléaires et que Washington n’aurait aucun intérêt à déclencher une guerre nucléaire. En l’absence d’une menace claire de représailles, il serait plus facile pour Poutine
d’envisager l’utilisation du nucléaire.
Dans le troisième scénario, la guerre s’installe dans une impasse prolongée qui n’a pas de solution diplomatique et devient extrêmement coûteuse pour Moscou. Désespérant de mettre fin au conflit dans des
conditions favorables, Poutine pourrait choisir l’escalade nucléaire pour gagner. Comme dans le scénario précédent, où il l’intensifie pour éviter la défaite, les représailles nucléaires
américaines seraient hautement improbables. Dans les deux scénarios, la Russie est susceptible d’utiliser des armes nucléaires tactiques contre un petit nombre de cibles militaires, du moins dans
un premier temps. Elle pourrait frapper des villes et des villages lors d’attaques ultérieures, si nécessaire. L’obtention d’un avantage militaire serait l’un des objectifs de la stratégie, mais
le plus important serait de porter un coup qui changerait la donne – de créer une telle peur en Occident que les États-Unis et leurs alliés agiraient rapidement pour mettre fin au conflit dans
des conditions favorables à Moscou. Il n’est pas étonnant que William Burns, le directeur de la CIA, ait fait remarquer en avril : « Aucun d’entre nous ne peut prendre à la légère la menace que
représente un recours potentiel à des armes nucléaires tactiques ou à des armes nucléaires à faible rendement. »
Frôler la catastrophe
On pourrait admettre que, bien que l’un de ces scénarios catastrophiques puisse théoriquement se produire, les chances sont faibles et devraient donc être peu
préoccupantes. Après tout, les dirigeants des deux camps sont fortement incités à tenir les Américains à l’écart des combats et à éviter toute utilisation nucléaire, même limitée, sans parler d’une véritable guerre nucléaire.
Si seulement on pouvait être aussi optimiste. En fait, la vision conventionnelle sous-estime largement les dangers d’une escalade en Ukraine. Pour commencer, les
guerres ont tendance à avoir une logique propre, ce qui rend difficile de prédire leur déroulement. Quiconque affirme savoir avec certitude quel chemin prendra la guerre en Ukraine se trompe. La
dynamique de l’escalade en temps de guerre est tout aussi difficile à prévoir ou à contrôler, ce qui devrait servir d’avertissement à ceux qui sont convaincus que les événements en Ukraine
peuvent être gérés. En outre, comme l’a reconnu le théoricien militaire prussien Carl von Clausewitz, le nationalisme encourage les guerres modernes à s’intensifier jusqu’à leur forme la plus
extrême, surtout lorsque les enjeux sont élevés pour les deux parties. Cela ne veut pas dire que les guerres ne peuvent pas être limitées, mais cela n’est pas facile. Enfin, étant donné les coûts
faramineux d’une guerre nucléaire entre grandes puissances, le moindre risque qu’elle se produise devrait inciter chacun à réfléchir longuement à la direction que pourrait prendre ce
conflit.
Cette situation périlleuse crée une incitation puissante à trouver une solution diplomatique à la guerre. Malheureusement, il n’y a pas de règlement politique en
vue, car les deux parties sont fermement engagées dans des objectifs de guerre qui rendent tout compromis presque impossible. L’administration Biden aurait dû travailler avec la Russie pour
régler la crise ukrainienne avant que la guerre n’éclate en février. Il est maintenant trop tard pour conclure un accord. La Russie, l’Ukraine et l’Occident sont coincés dans une situation
terrible, sans issue évidente. On ne peut qu’espérer que les dirigeants des deux parties géreront la guerre de manière à éviter une escalade catastrophique. Mais pour les dizaines de millions de
personnes dont la vie est en jeu, ce n’est qu’un maigre réconfort.
John J.
Mearsheimer
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Voici maintenant le commentaire de Gilbert Doctorow au sujet de cet article :
Critique du dernier article de John Mearsheimer
sur l’Ukraine dans « Foreign
Affairs« .
Cette publication a constitué un événement majeur en soi compte tenu de la ligne éditoriale orthodoxe de Foreign Affairs pour tout ce qui concerne la Russie et des
remises en cause de la narrative de Washington faites par Mearsheimer depuis la parution de son article « Why the Ukraine Crisis is the West’s Fault » [Pourquoi la
crise en Ukraine est de la faute de l’Occident] dans le numéro d’automne 2014 de Foreign Affairs. À l’époque, cet article avait suscité un
paroxysme de rage chez les partisans de la ligne dure qui forment la majorité de la communauté américaine de politique étrangère et des lecteurs de la revue.
La vidéo d’un discours sur le même sujet, que Mearsheimer a prononcé en 2014 peu après la parution de l’article, a été visionnée par plus de 12 millions de
visiteurs sur YouTube. Une version actualisée du même discours, publié aussi sur YouTube au cours de ce printemps, a attiré plus de 1,6 million de spectateurs. On peut affirmer sans risque que
John Mearsheimer est l’universitaire qui conteste la sagesse conventionnelle sur la guerre en Ukraine le plus vu et le plus écouté.
Je reconnais volontiers le mérite du nouvel article de Mearsheimer : avertir de la manière dont le conflit en Ukraine pourrait facilement échapper à tout contrôle
et dégénérer en une guerre nucléaire. Les conseillers inexpérimentés et ignorants de la Maison Blanche doivent être secoués pour sortir de leur complaisance et tout ce qui est publié
dans Foreign Affairs sera nécessairement
porté à leur attention, alors qu’un article publié par www.antiwar.com, par exemple, sera brûlé avant même d’être
lu.
Toutefois, cela n’excuse pas Mearsheimer de se baser sur les mêmes sources d’information restreintes et déformées que celles utilisées par les grands médias et les
grands universitaires, tout en ignorant d’autres sources d’information qui donneraient plus de profondeur à son analyse et modifieraient peut-être ses conclusions de manière substantielle. Pour
être explicite, je pense qu’il écoute trop attentivement les prévisions optimistes de Washington et de Kiev concernant une contre-offensive qui aboutira à une impasse, voire à une défaite russe,
et qu’il n’écoute pas les rapports russes sur l’évolution de leur campagne sur le terrain, qui indiquent une réduction lente et régulière de tous les obstacles à la conquête de l’oblast de
Donetsk, ce qui signifie la capture de l’ensemble du Donbass.
L’avancée russe n’est que légèrement ralentie par le détournement de troupes vers la région de Kherson pour étouffer dans l’œuf cette attaque ukrainienne bien
annoncée. Aux dernières nouvelles, les Russes s’approchent des points forts stratégiques de Slavyansk et Kramatorsk, berceau du mouvement indépendantiste du Donbass en 2014. En prenant ces villes
de la région centrale, ils coupent l’approvisionnement en armes des positions ukrainiennes les plus lourdement fortifiées juste à l’extérieur de la ville de Donetsk, celles qui bombardent les
quartiers résidentiels et tuent des civils quotidiennement depuis huit ans. C’est ce qui explique qu’ils aient finalement envahi et détruit les positions ukrainiennes dans la ville de Peski, à
seulement deux kilomètres de la capitale de la RPD, la semaine dernière.
La prise de Peski n’a pas été rapportée par les médias occidentaux, tout comme la nature criminelle de certains actes, avoir tiré sur des cibles civiles en
violation des conventions internationales sur la conduite de la guerre, par exemple, et cela n’a jamais été signalé. Ainsi, l’avancée russe n’a rien de « choquant et effrayant« , ce qui signifie que les Russes ne
font rien pour faire les gros titres et forcer Biden à entamer une escalade disproportionnée.
Le programme russe, tel qu’annoncé dans leurs principaux talk-shows télévisés, est d’achever la libération du Donbass d’ici la fin de l’année. Après cela, s’il n’y
a pas de capitulation ukrainienne, il est probable que la progression se poursuivra jusqu’en Transnistrie et à la frontière roumaine, en passant par Odessa, auquel cas aucun traité de paix ne
sera plus nécessaire pour quiconque. Le régime de Zelensky pourra être laissé à l’abandon, les récriminations mutuelles ébranlant la base de son pouvoir.
L’article de Mearsheimer examine en détail les nombreux scénarios possibles d’une escalade dangereuse, voire catastrophique, du conflit. Mais ceux-ci sont
innombrables et largement imprévisibles, de sorte qu’il ne couvre finalement qu’une fraction des possibilités de dérapage. Elles sont, comme il l’admet, peu susceptibles de se produire.
Amen.
L’une de ces possibilités d’escalade catastrophique qui retient actuellement l’attention des médias mondiaux est l’affrontement à la centrale nucléaire de
Zaporozhie, occupée par la Russie, la plus grande centrale de ce type en Europe. Les deux parties en conflit jouent sur la menace inhérente aux tirs d’artillerie et de roquettes sur une
installation nucléaire à des fins de propagande, pour dépeindre l’autre partie comme étant folle : les Ukrainiens décrivent des dirigeants du Kremlin comme étant des terroristes nucléaires et des
maîtres chanteurs, les Russes disent que les forces ukrainiennes qui tirent sur la centrale sont des « singes portant des grenades« . Mearsheimer avait
certainement à l’esprit, lorsqu’il a formulé son article, les dommages causés à la centrale et le rejet de substances radioactives dans l’atmosphère. Cependant, permettez-moi d’être parfaitement
clair : il s’agit d’un faux problème, tout comme le prétendu blocus russe des ports ukrainiens qui aurait forcé à la famine les nations africaines qui ne parvenaient pas à obtenir les céréales
qu’elles avaient commandées à l’Ukraine avant le conflit. Le fait est que les réacteurs nucléaires sont encastrés dans des murs de béton d’un mètre d’épaisseur qui sont résistants à tous les
projectiles que les Ukrainiens sont capables de lancer. Les risques concernent les bâtiments administratifs et les systèmes de refroidissement. Les Russes sont parfaitement capables d’arrêter les
réacteurs nucléaires à tout moment pour éviter une catastrophe.
Permettez-moi maintenant d’attirer l’attention sur le risque nucléaire que Mearsheimer identifie dans son article. Il a repris exactement le même argument que les
commentateurs dominants aux États-Unis, à savoir que la Russie pourrait recourir aux armes nucléaires au cas où la campagne se retournerait contre elle en raison d’une intervention plus
importante de l’Occident, y compris par l’envoi de troupes sur le terrain. Nous savons tous que des troupes sont déjà sur le terrain, à savoir les « instructeurs » qui dirigent les tirs des HIMARS. Nous
savons que des officiers supérieurs américains et d’autres officiers occidentaux assurant la liaison avec leurs homologues ukrainiens ont récemment été réduits en miettes par l’attaque à la
roquette russe sur Vinnitsa. Tout cela a été passé sous silence et le seul indice de ce désastre pour Washington a été le licenciement des dirigeants des services de renseignement ukrainiens, dès
le lendemain.
Bien sûr, personne ne sait ce qui pourrait encore forcer une escalade. Mais là encore, Mearsheimer passe à côté de certaines considérations importantes. Pourquoi
suppose-t-il que les Russes devraient passer aux options nucléaires et pourquoi ces options seraient-elles dirigées contre Kiev et non, par exemple, contre Londres ? Plus précisément, il ne tient
pas compte du fait que les Russes ont à peine commencé à se battre, comme Poutine l’a récemment déclaré publiquement. Ils ne se sont pas mobilisés et n’ont pas émis d’avis de conscription, ils
n’ont pas mis l’économie sur le pied de guerre. Et ils n’ont pas déployé leurs armes les plus conséquentes. Au contraire, ils se sont retenus, mais sont prêts à les utiliser si nécessaire dans
une guerre directe avec l’OTAN. Il s’agit de charges conventionnelles massivement destructrices transportées par des fusées hypersoniques et similaires.
Il y a ensuite une autre dimension du conflit que Mearsheimer n’aborde pas dans son article, alors qu’elle exercera une influence décisive sur la victoire de
Washington ou de Moscou dans cette lutte acharnée : les dommages économiques causés par les sanctions contre l’Europe par le biais d’un retour de flamme qui est sur le point de devenir
politiquement insoutenable à l’arrivée de la saison de chauffage d’automne et d’hiver. Les pays baltes et la Pologne sont et resteront irraisonnables, dirigés qu’ils sont par des russophobes
délirants. Toutefois, lorsque les inévitables manifestations de rue se produiront en France, le plus instable des grands États de l’UE, suivi par l’Allemagne de l’Est et même par la Belgique, un
pays plus passif, comme me l’expliquent les élites locales avec qui je parle, alors les politiciens européens partiront dans des directions contradictoires et l’unité s’effondrera. Les Russes
sont sûrs de gagner cette guerre psychologique, malgré tous les efforts des médias de l’UE pour l’étouffer. Le jour où Scholz donnera le feu vert à l’ouverture du Nord Stream II marquera la
victoire des Russes et mettra un terme aux décisions suicidaires prises par les États-Unis en Europe.
Pour toutes ces raisons, j’exhorte le professeur Mearsheimer et ses disciples à prêter davantage attention à ce que disent les Russes et moins aux babillages de
Washington.
Gilbert
Doctorow
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Six mois après l’effondrement de l’Ukraine, le monde a changé pour toujours
L’inévitable transfert de pouvoir de
l’Occident entraîne une recrudescence du terrorisme parrainé par l’État, mais cela ne fera pas grand-chose pour inverser la tendance.
Six mois après le début de l’opération militaire spéciale (SMO) de la Russie en Ukraine, les plaques tectoniques géopolitiques du XXIe siècle se sont
disloquées à une vitesse et à une profondeur étonnantes – avec d’immenses répercussions historiques déjà à portée de main.
Pour paraphraser TS Eliot, c’est ainsi que le (nouveau) monde commence, non pas avec un gémissement mais avec un bang.
L’assassinat de sang-froid de Daria
Douguine – le terrorisme aux portes de Moscou – a peut-être coïncidé fatalement avec le point d’intersection de six mois, mais ne fera rien pour changer la dynamique du
changement historique actuel, en cours.
Le Service fédéral de sécurité (FSB) russe semble avoir résolu l’affaire en un peu plus de 24 heures, désignant l’auteur comme un agent néonazi d’Azov
instrumentalisé par le Service de sécurité ukrainien (SBU) – lui-même un simple outil de la CIA/MI6 combo qui règne de facto sur Kiev.
L’agent d’Azov n’est qu’un pigeon. Le FSB ne révélera jamais en public les informations qu’il a amassées sur ceux qui ont émis les ordres, et comment ils
seront traités.
Un Ilya Ponomaryov, un personnage mineur anti-Kremlin qui a obtenu la citoyenneté ukrainienne, s’est vanté d’être en contact avec l’équipe qui a préparé le
coup contre la famille Douguine. Personne ne l’a pris au sérieux.
Ce qui est manifestement grave, cependant, c’est la façon dont les factions du crime organisé liées à l’oligarchie en Russie auraient un motif pour éliminer
Alexander Douguine, le philosophe nationaliste chrétien orthodoxe qui, selon eux, a peut-être influencé le pivot du Kremlin vers l’Asie (il n’a pas).
Ces factions du crime organisé ont blâmé Douguine pour une offensive concertée du Kremlin contre le pouvoir disproportionné des oligarques juifs en Russie.
Ces acteurs auraient donc à la fois le motif et le savoir-faire local pour monter un tel coup d’État.
Si tel est le cas, cela énonce potentiellement une opération liée au Mossad – en particulier compte tenu du sérieux schisme dans les récentes relations de
Moscou avec Tel-Aviv. Ce qui est certain, c’est que le FSB gardera ses cartes très près de sa poitrine – et la rétribution sera rapide, précise et invisible.
La paille qui a fait déborder le vase
Au lieu de porter un coup sérieux à la psyché de la Russie qui pourrait avoir un impact sur la dynamique de ses opérations en Ukraine, l’assassinat de Daria
Douguine n’a fait que révéler les auteurs comme des tueurs sournois qui ont épuisé leurs options.
Un engin piégé ne peut pas tuer un philosophe – ou sa fille. Dans un essai
essentiel, Douguine lui-même a expliqué comment la vraie guerre – la Russie contre l’Occident collectif dirigé par les États-Unis – est une guerre d’idées. Une guerre
existentielle.
Douguine définit correctement les États-Unis comme une « thalassocratie », héritière de « Britannia règne sur les vagues ». Pourtant, les plaques
tectoniques géopolitiques énoncent désormais un nouvel ordre : le retour du Heartland.
Le président russe Vladimir Poutine lui-même l’a énoncé pour la première fois lors de la conférence de Munich sur la sécurité en 2007. Le chinois Xi Jinping
l’a mis en action en lançant les nouvelles routes de la soie en 2013. L’Empire a riposté avec le Maïdan en 2014. La Russie a contre-attaqué en venant au l’aide de la Syrie en 2015.
L’Empire a doublé sur l’Ukraine, l’OTAN l’armant sans arrêt pendant huit ans. Fin 2021, Moscou a invité Washington à un dialogue sérieux sur «
l’indivisibilité de la sécurité » en Europe. Cela a été rejeté avec une réponse de non-réponse. Un engin piégé ne peut pas tuer un philosophe – ou sa fille. Dans un essai essentiel, Douguine lui-même a expliqué comment la vraie guerre – la Russie
contre l’Occident collectif dirigé par les États-Unis – est une guerre d’idées. Une guerre existentielle.
Moscou n’a pas pris le temps d’évaluer qu’un tiercé dangereux dirigé par les États-Unis était plutôt en préparation : un blitzkrieg imminent de Kiev contre
le Donbass ; l’Ukraine flirtant avec l’acquisition d’armes nucléaires ; et le travail des laboratoires américains d’armes biologiques. C’était la goutte qui a fait déborder le
vase.
Une analyse cohérente des interventions publiques de Poutine ces derniers mois révèle que le Kremlin – ainsi que le Conseil de sécurité Yoda Nikolaï
Patrouchev – réalisent pleinement à quel point les têtes pensantes politico-médiatiques et les troupes de choc de l’ouest collectif sont dirigées par les dirigeants du capitalisme
financier.
En conséquence directe, ils réalisent également à quel point l’opinion publique occidentale est absolument désemparée, à la manière des cavernes de Platon,
totalement captive de la classe financière dirigeante, qui ne peut tolérer aucun récit alternatif.
Ainsi, Poutine, Patrouchev et leurs pairs ne présumeront jamais qu’un lecteur de téléprompteur sénile à la Maison Blanche ou un comédien cokéfié à Kiev «
gouvernent » quoi que ce soit.
Alors que les États-Unis dominent la culture pop mondiale, il convient d’emprunter à ce que Walter White/Heisenberg, un Américain moyen canalisant son mal
intérieur, déclare dans Breaking Bad : « Je suis dans les affaires de l’Empire ». Et l’affaire de l’Empire est d’exercer un pouvoir brut, maintenu avec impitoyable, par tous les moyens
nécessaires.
La Russie a rompu ce charme. Mais la stratégie de Moscou est bien plus sophistiquée que de niveler Kiev avec des armes hypersoniques, ce qui aurait pu être
fait à tout moment, depuis six mois.
Au lieu de cela, ce que Moscou fait, c’est parler à pratiquement tout le Sud global, de manière bilatérale ou à des groupes d’acteurs, expliquant comment le
système mondial est en train de changer sous nos yeux, avec les acteurs clés du futur configurés comme l’Initiative Ceinture et Route (BRI), Organisation de coopération de Shanghai (OCS),
Union économique eurasieatique (UEE), BRICS+, Partenariat pour la Grande Eurasie.
Et ce que nous voyons, c’est que de vastes pans du Sud global – soit 85% de la population mondiale – se préparent lentement mais sûrement à s’engager à
expulser les capitalistes financiers de leurs horizons nationaux, et finalement à les abattre : une longue et tortueuse bataille qui impliquent de multiples revers.
Les faits sur le terrain
Au sol dans la future Ukraine croupion, les armes hypersoniques Kinjal lancées à partir de bombardiers Tu-22M3 ou d’intercepteurs Mig-31 continueront d’être
utilisées.
Des piles de HIMARS continueront d’être capturées. Les lance-flammes lourds TOS 1A continueront d’envoyer des invitations aux portes de l’enfer. La défense
aérienne de Crimée continuera d’intercepter toutes sortes de petits drones équipés d’engins piégés. Le terrorisme des cellules locales du SBU finira par être écrasé.
En utilisant essentiellement un barrage d’artillerie phénoménal – bon marché et produit en série – la Russie annexera le Donbass, très précieux en termes de
terres, de ressources naturelles et de puissance industrielle. Et puis à Nikolaev, Odessa et Kharkov.
Sur le plan géoéconomique, la Russie peut se permettre de vendre son pétrole avec de grosses remises à n’importe quel client du Sud global, sans parler des
partenaires stratégiques que sont la Chine et l’Inde. Le coût d’extraction atteint un maximum de 15 dollars par baril, avec un budget national basé sur 40-45 dollars pour un baril
d’Oural, dont la valeur marchande est aujourd’hui presque le double.
Une nouvelle référence russe est imminente, ainsi que le pétrole en roubles suite au succès retentissant du programme gaz contre roubles.
L’assassinat de Daria Douguine a provoqué des spéculations sans fin sur le fait que le Kremlin et le ministère de la Défense ont finalement enfreint leur
discipline. Ça ne va pas arriver. Les avancées russes le long de l’énorme front de bataille de 1800 milles sont implacables, hautement systématiques et profondément investies dans une
image stratégique élargie.
Un vecteur clé est de savoir si la Russie a une chance de gagner la guerre de l’information avec l’Occident. Cela n’arrivera jamais dans le domaine de
l’OTAN – alors même que succès après succès se déroulent dans les pays du Sud.
Comme Glenn Diesen l’a magistralement démontré dans son dernier livre, Russophobie, l’Occident collectif est viscéralement imperméable à l’admission de tout
mérite social, culturel ou historique de la Russie.
Ils se sont déjà catapultés dans la stratosphère de l’irrationalité : l’écrasement et la démilitarisation de facto de l’armée impériale par procuration en
Ukraine rend littéralement fous les gestionnaires de l’Empire et ses vassaux.
Mais les pays du Sud ne doivent jamais perdre de vue les « affaires de l’Empire ». Cette industrie excelle à produire le chaos et le pillage, toujours
soutenus par l’extorsion, la corruption des élites locales et les assassinats à bon marché. Chaque tour du livre Divide and Rule devrait être attendu à tout moment. Ne sous-estimez jamais
un Empire amer, blessé, profondément humilié et déclinant.
Attachez vos ceintures de sécurité pour plus de cette dynamique tendue pour le reste de la décennie.
Mais avant cela, tout le long de la tour de guet, préparez-vous à l’arrivée du général Winter, dont les cavaliers approchent à grands pas. Lorsque les vents
commenceront à hurler, l’Europe gèlera au cœur des nuits sombres, éclairée de temps à autre par ses capitalistes financiers qui tirent sur de gros cigares.
Alors que l’intégration eurasiatique
va devenir un vecteur encore plus fort, la diplomatie russe va consolider la nouvelle normalité.
Dmitri Medvedev, se complaisant dans son attitude décontractée, a fixé les règles de l’opération militaire spéciale (OMU). Sans détour, il a affirmé qu’il
existe « un scenario et demi » : soit aller jusqu’au bout, soit un coup d’état militaire en Ukraine suivi de l’acceptation de l’inévitable. Aucun troisième scénario ne pourra
s’appliquer.
La situation est on ne peut plus claire : les dirigeants de Moscou font savoir très clairement, à leurs publics internes et internationaux, que la nouvelle
donne consiste à faire mijoter lentement le racket de Kiev dans un énorme chaudron tout en paufinant son statut de trou noir financier pour l’Occident collectif. Jusqu’à atteindre le
point d’ébullition – qui sera une révolution ou un putsch.
En parallèle, les seigneurs de la guerre (par procuration) poursuivront leur propre stratégie, qui consiste à piller une Europe affaiblie et craintive, puis
à l’habiller comme une colonie parfumée à exploiter impitoyablement ad nauseam par l’oligarchie impériale.
L’Europe est maintenant un TGV en fuite – sans les valeurs de production hollywoodiennes requises. En supposant qu’il ne dévie pas de sa trajectoire – une
proposition risquée – il pourrait bien arriver à une gare appelée Agenda 2030, Le Grand Récit, ou toute autre dénomination de l’OTAN/Davos du jour.
En l’état actuel des choses, ce qui est remarquable, c’est la façon dont l’économie russe « marginale » a à peine transpiré pour « mettre fin
à l’abondance » de la région la plus riche de la planète.
Moscou n’envisage même pas de négocier avec Bruxelles parce qu’il n’y a rien à négocier – considérant que les minables eurocrates ne seront arrachés à leur
état zombifié que lorsque les conséquences socio-économiques désastreuses de la « fin de l’abondance » se traduiront enfin par des paysans armés de fourches parcourant le
continent.
Ce n’est peut-être pas pour tout de suite, mais inévitablement, l’Italien, l’Allemand ou le Français moyen fera le lien et réalisera que ce sont ses propres
« dirigeants » – des nullités nationales et des eurocrates pour la plupart non élus – qui les mènent à la pauvreté.
Vous serez pauvres. Et vous aimerez ça. Parce que nous soutenons tous la liberté des néonazis ukrainiens. Cela porte le concept d’« Europe
multiculturelle » à un tout autre niveau.
Le train en fuite, bien sûr, peut dévier de sa trajectoire et plonger dans un gouffre alpin. Dans ce cas, quelque chose pourrait être sauvé de l’épave – et
une « reconstruction » pourrait être envisagée. Mais reconstruire quoi ?
L’Europe pourrait toujours reconstruire un nouveau Reich (qui s’est effondré avec fracas en 1945) ; un Reich mou (érigé à la fin de la Seconde Guerre
mondiale) ; ou rompre avec ses échecs passés, chanter « Je suis libre » – et se connecter à l’Eurasie. Ne pariez pas là-dessus.
Récupérer ces terres tauriennes
L’OMU est peut-être sur le point de changer radicalement, ce qui va rendre encore plus fous les habitants déjà désemparés du Think Tankland américain et
leurs vassaux européens.
Le président Poutine et le ministre de la Défense, Choïgu, ont laissé entendre que la seule issue possible pour le cadran de la douleur était la hausse,
compte tenu des preuves croissantes de terrorisme à l’intérieur du territoire russe, de l’assassinat odieux de Daria Douguine, du bombardement ininterrompu de civils dans les régions
frontalières, des attaques contre la Crimée, de l’utilisation d’armes chimiques et du bombardement de la centrale électrique de Zaporijia, qui augmente le risque de catastrophe
nucléaire.
Mardi dernier, un jour avant que l’O.M.S (Opération Militaire Spéciale) n’achève ses six mois, le représentant permanent de la Crimée auprès du Kremlin,
Georgy Muradov, a donné le ton.
Il a souligné la nécessité de « réintégrer toutes les terres tauriennes » – la Crimée, le nord de la mer Noire et la mer d’Azov – en une seule
entité dès « les prochains mois ». Il a défini ce processus comme « objectif et exigé par la population de ces régions ».
Muradov a ajouté : « étant donné non seulement les frappes sur la Crimée, mais aussi le bombardement continu de la centrale nucléaire de Zaporijia, du
barrage du réservoir de Kakhovka, des installations pacifiques sur le territoire de la Russie, de la RPD et de la RPL, il existe toutes les conditions préalables pour qualifier les
actions du régime banderiste de terroristes ».
La conclusion est inévitable : « la question politique de la modification du format de l’opération militaire spéciale » entre à l’ordre du jour.
Après tout, Washington et Bruxelles « ont déjà préparé de nouvelles provocations anti-Crimée de l’alliance OTAN-Bandera ».
Ainsi, lorsque nous examinons ce qu’implique la « restauration des terres tauriennes », nous voyons non seulement les contours de la Novorossiya,
mais surtout qu’il n’y aura aucune sécurité pour la Crimée – et donc pour la Russie – dans la mer Noire sans qu’Odessa ne redevienne russe. Et cela, en plus, résoudra le dilemme de la
Transnistrie.
Ajoutez à cela Kharkov – la capitale et le principal centre industriel du Grand Donbass. Et bien sûr Dnipropetrovsk. Ce sont tous des objectifs de
l’Opération Militaire Spéciale, l’ensemble devant être protégé ultérieurement par des zones tampons dans les oblasts de Tchernihiv et de Soumy.
Ce n’est qu’alors que les « tâches » – comme les appelle Choïgu – de l’Opération Militaire Spéciale seraient déclarées accomplies. Le délai
pourrait être de huit à dix mois – après une accalmie sous le général Winter.
Alors que l’Opération Militaire Spéciale se met en branle, il est évident que l’Empire du chaos, du mensonge et du pillage continuera de soutenir et d’armer
le racket de Kiev – et cela sera particulièrement vrai après le Retour d’Odessa. Ce qui n’est pas clair, c’est qui et quelle bande restera à Kiev pour se faire passer pour le parti au
pouvoir et faire des spéciales pour Vogue tout en exécutant dûment les diktats impériaux.
Il est également acquis que le combo CIA/MI6 peaufinera sans relâche les contours d’une guérilla massive contre la Russie sur de multiples fronts – truffée
d’attaques terroristes et de toutes sortes de provocations.
Pourtant, dans une perspective plus large, c’est l’inévitable victoire militaire russe dans le Donbass, puis dans « toutes les terres
tauriennes », qui frappera l’Occident collectif comme un astéroïde mortel. L’humiliation géopolitique sera insupportable ; sans parler de l’humiliation géoéconomique pour l’Europe
vassalisée.
Alors que l’intégration eurasiatique deviendra un vecteur encore plus fort, la diplomatie russe consolidera la nouvelle normalité. N’oubliez jamais que
Moscou n’a eu aucun mal à normaliser ses relations, par exemple, avec la Chine, l’Iran, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Pakistan et Israël. Tous ces acteurs, de différentes manières, ont
directement contribué à la chute de l’URSS. Aujourd’hui – à une exception près – ils sont tous concentrés sur l’aube du siècle eurasiatique.
L’Ukraine est finie en tant que nation
– aucun des deux camps n’aura de répit dans cette guerre. La seule question qui se pose est de savoir si ce sera un final de style afghan ou syrien.
Un an après la stupéfiante humiliation américaine à Kaboul – et à la veille d’une autre sérieuse rétribution dans le Donbass – il y a des raisons de croire
que Moscou se méfie de Washington qui cherche à se venger : sous la forme d’une « afghanisation » de l’Ukraine.
Les armes et les financements occidentaux qui affluent à Kiev n’ayant pas de fin en vue, force est de constater que la bataille ukrainienne risque de se
désintégrer en une énième guerre sans fin. À l’instar du djihad afghan des années 1980, qui a fait appel à des guérilleros armés et financés par les États-Unis pour entraîner la Russie
dans ses profondeurs, les partisans de l’Ukraine utiliseront ces méthodes éprouvées par la guerre pour mener une bataille prolongée susceptible de déborder sur les terres russes
limitrophes.
Pourtant, cette tentative américaine de crypto-afghanisation accélérera au mieux l’achèvement de ce que le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgu,
décrit comme les « tâches » de son opération militaire spéciale en Ukraine. Pour Moscou, à l’heure actuelle, cette route mène tout
droit à Odessa.
Il n’était pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Jusqu’au récent assassinat de Daria
Douguine aux portes de Moscou, le champ de bataille en Ukraine était en fait soumis à un processus de « syrianisation ».
À l’instar de la guerre par procuration menée en Syrie au cours de la dernière décennie, les lignes de front autour des grandes villes ukrainiennes
s’étaient à peu près stabilisées. Perdant sur les grands champs de bataille, Kiev avait de plus en plus recours à des tactiques terroristes. Aucun des deux camps ne pouvait maîtriser
complètement l’immense théâtre de la guerre. L’armée russe a donc choisi de maintenir des forces minimales dans la bataille – contrairement à la stratégie employée dans les années 1980 en
Afghanistan.
Rappelons quelques faits syriens : Palmyre a été libérée en mars 2016, puis perdue et reprise en 2017. Alep n’a été libérée qu’en décembre 2016. Deir ez-Zor
en septembre 2017. Une tranche du nord de Hama en décembre et janvier 2018. Les faubourgs de Damas au printemps 2018. Idlib – et de manière significative, plus de 25% du territoire syrien
– n’est toujours pas libéré. Cela en dit long sur le rythme dans un théâtre de guerre.
L’armée russe n’a jamais pris la décision consciente d’interrompre le flux multicanal d’armes occidentales vers Kiev. Détruire méthodiquement ces armes une
fois qu’elles sont en territoire ukrainien – avec beaucoup de succès – est une autre affaire. Il en va de même pour le démantèlement des réseaux de mercenaires.
Moscou est bien conscient que toute négociation avec ceux qui tirent les ficelles à Washington – et qui dictent toutes les conditions aux marionnettes de
Bruxelles et de Kiev – est futile. Le combat dans le Donbass et au-delà est une affaire de faire ou mourir.
La bataille va donc se poursuivre, détruisant ce qui reste de l’Ukraine, tout comme elle a détruit une grande partie de la Syrie. La différence est
qu’économiquement, beaucoup plus qu’en Syrie, ce qui reste de l’Ukraine va plonger dans un vide noir. Seul le territoire sous contrôle russe sera reconstruit, et cela inclut, de manière
significative, la majeure partie de l’infrastructure industrielle de l’Ukraine.
Ce qui reste – l’Ukraine croupion – a déjà été pillé de toute façon, puisque Monsanto, Cargill et Dupont ont déjà mis la main sur 17 millions d’hectares de
terres arables fertiles de premier choix – plus de la moitié de ce que l’Ukraine possède encore. Cela signifie de facto que BlackRock, Blackstone et Vanguard, les principaux actionnaires
de l’agro-industrie, possèdent toutes les terres qui comptent vraiment en Ukraine non souveraine.
D’ici l’année prochaine, les Russes s’appliqueront à couper Kiev de l’approvisionnement en armes de l’OTAN. Pendant ce temps, les Anglo-Américains finiront
par installer à Lviv le régime fantoche qui subsiste. Et le terrorisme de Kiev – mené par les adorateurs de Bandera – continuera d’être la nouvelle norme dans la capitale.
Le double jeu kazakh
Il est maintenant tout à fait clair qu’il ne s’agit pas d’une simple guerre de conquête territoriale. Elle s’inscrit certainement dans le cadre
d’une guerre
des corridors économiques, les États-Unis ne ménageant aucun effort pour saboter et détruire les multiples canaux de connectivité des projets d’intégration de l’Eurasie, qu’ils soient
dirigés par la Chine (Initiative Ceinture et Route, BRI) ou par la Russie (Union économique eurasiatique, UEE).
Tout comme la guerre par procuration en Syrie a remodelé de larges pans de l’Asie occidentale (comme en témoigne, par exemple, Erdogan sur le point de
rencontrer Assad), le combat en Ukraine, dans un microcosme, est une guerre pour la reconfiguration de l’ordre mondial actuel, où l’Europe n’est qu’une simple victime auto-infligée dans
une sous-intrigue mineure. La grande image est l’émergence de la multipolarité.
La guerre par procuration en Syrie a duré une décennie, et elle n’est pas encore terminée. Il pourrait en être de même pour la guerre par procuration en
Ukraine. En l’état actuel des choses, la Russie s’est emparée d’une zone qui équivaut à peu près à la Hongrie et à la Slovaquie réunies. C’est encore loin de l’accomplissement de la
« tâche » – et cela ne peut que continuer jusqu’à ce que la Russie ait pris tout le territoire jusqu’au Dniepr ainsi qu’Odessa, le reliant à la république séparatiste de
Transnistrie.
Il est instructif de voir comment d’importants acteurs eurasiatiques réagissent à ces turbulences géopolitiques. Et cela nous amène aux cas du Kazakhstan et
de la Turquie.
La chaîne Telegram Rybar (qui
compte plus de 640 000 adeptes) et le groupe de pirates informatiques Beregini ont révélé, dans le cadre d’une enquête, que le Kazakhstan vendait des armes à l’Ukraine, ce qui constitue
de facto une trahison envers leurs propres alliés russes au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Il faut également tenir compte du fait que le Kazakhstan fait
également partie de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de l’UEE, les deux pôles de l’ordre multipolaire dirigé par l’Eurasie.
À la suite de ce scandale, le Kazakhstan a été contraint d’annoncer officiellement la suspension de toutes les exportations d’armes jusqu’à la fin de
2023.
Tout a commencé lorsque des hackers ont dévoilé comment Technoexport – une société kazakhe – vendait des véhicules de transport de troupes armés, des
systèmes antichars et des munitions à Kiev via des intermédiaires jordaniens, sous les ordres du Royaume-Uni. La transaction elle-même était supervisée par l’attaché militaire britannique
à Noursoultan, la capitale kazakhe.
Comme on pouvait s’y attendre, Noursoultan a tenté de rejeter ces allégations, arguant que Technoexport n’avait pas demandé de licences d’exportation. En
réalité, c’était faux : l’équipe Rybar a découvert que Technoexport avait plutôt fait appel à Blue Water Supplies, une entreprise jordanienne, pour obtenir ces licences. Et l’histoire
devient encore plus croustillante. Tous les documents contractuels ont fini par être trouvés dans les ordinateurs des services secrets ukrainiens.
En outre, les pirates ont découvert un autre contrat impliquant Kazspetsexport, via un acheteur bulgare, pour la vente de Su-27 kazakhs, de turbines d’avion
et d’hélicoptères Mi-24. Ces appareils auraient été livrés aux États-Unis, mais leur destination finale était l’Ukraine.
La cerise sur ce gâteau d’Asie centrale est que le Kazakhstan vend également d’importantes quantités de pétrole russe – et non kazakh – à Kiev.
Il semble donc que Noursoultan, peut-être officieusement, contribue d’une certaine manière à « l’afghanisation » de la guerre en Ukraine. Aucune
fuite diplomatique ne le confirme, bien sûr, mais on peut parier que Poutine a eu quelques mots à ce sujet au président Kassym-Jomart Tokaïev lors de leur récente rencontre –
cordiale.
Le jeu d’équilibriste du
sultan
Le cas de la Turquie est beaucoup plus complexe. Ankara n’est pas membre de l’OCS, de l’OTSC ou de l’UEE. Elle est encore en train de faire ses comptes, en
calculant à quelles conditions elle rejoindra le train à grande vitesse de l’intégration eurasiatique. Et pourtant, grâce à plusieurs stratagèmes, Ankara permet à Moscou d’échapper à
l’avalanche de sanctions et d’embargos occidentaux.
Les entreprises turques – qui ont littéralement toutes des liens étroits avec le président Recep Tayyip Erdogan et son parti de la justice et du
développement (AKP) – font un malheur et savourent leur nouveau rôle d’entrepôt-carrefour entre la Russie et l’Occident. À Istanbul, on se vante ouvertement que ce que la Russie ne peut
pas acheter à l’Allemagne ou à la France, elle l’achète « chez nous ». Et en fait, plusieurs entreprises de l’UE sont dans le coup.
Le numéro d’équilibriste d’Ankara est aussi doux qu’un bon baklava. Elle obtient le soutien économique d’un partenaire très important au beau milieu de
l’interminable et très grave débâcle économique turque. Ils sont d’accord sur presque tout : le gaz russe, les systèmes de missiles S-400, la construction de la centrale nucléaire russe,
le tourisme – Istanbul regorge de Russes – les fruits et légumes turcs.
Ankara-Moscou emploient une géopolitique digne d’un manuel scolaire. Ils la jouent ouvertement, en toute transparence. Cela ne signifie pas qu’ils sont
alliés. C’est juste une affaire pragmatique entre États. Par exemple, une réponse économique peut atténuer un problème géopolitique, et vice-versa.
Il est évident que l’Occident collectif a complètement oublié comment fonctionne ce comportement normal d’État à État. C’est pathétique. La Turquie est
« dénoncée » par l’Occident comme un traître – autant que la Chine.
Bien sûr, Erdogan a aussi besoin de jouer dans la cour des grands, alors de temps en temps, il dit que la Crimée devrait être reprise par Kiev. Après tout,
ses entreprises font également des affaires avec l’Ukraine – drones Bayraktar et autres.
Et puis il y a le prosélytisme : La Crimée reste théoriquement mûre pour l’influence turque, où Ankara pourrait exploiter les notions de pan-islamisme et
surtout de pan-turquisme, en capitalisant sur les relations historiques entre la péninsule et l’Empire ottoman.
Moscou est-il inquiet ? Pas vraiment. Quant à ces Bayraktar TB2 vendus à Kiev, ils continueront à être implacablement réduits en cendres. Rien de personnel.
Juste les affaires.
Le conflit en Ukraine précipite la fin de la domination occidentale
...par Thierry Meyssan - Le 30/08/2022.
Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire. Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump (2017).
Le conflit ukrainien, présenté comme une agression russe, n’est que la mise en
application de la résolution 2202 du Conseil de sécurité, du 17 février 2015. Si la France et l’Allemagne n’ont pas tenu leurs engagements lors de l’Accord de Minsk II, la Russie s’est préparée
durant sept ans à la confrontation actuelle. Elle avait prévu les sanctions occidentales longtemps à l’avance et n’a eu besoin que de deux mois pour les contourner. Celles-ci désorganisent la
globalisation états-unienne, perturbent les économies occidentales en brisant les chaînes d’approvisionnement, en faisant refluer les dollars vers Washington et en provoquant une inflation
générale, enfin en créant une crise énergétique en Occident. Les États-Unis et leurs alliés sont dans la situation de l’arroseur arrosé : ils creusent eux-mêmes leur tombe. Pendant ce temps,
les recettes du Trésor russe ont crû de 32 % en six mois.
Au cours des sept dernières années, il incombait aux puissances garantes de l’Accord de Minsk II (Allemagne, France, Ukraine et Russie) de le faire appliquer.
Ils avaient été avalisés et légalisés par le Conseil de Sécurité des Nations unies, le 17 février 2015. Mais aucun de ces États ne l’a fait, malgré les discours sur la nécessité de protéger les
citoyens menacés par leur propre gouvernement.
Alors que l’on évoquait une possible intervention militaire russe, le 31 janvier 2022, le secrétaire du Conseil de Sécurité nationale et de Défense ukrainien,
Oleksiy Danilov, défiait l’Allemagne, la France, la Russie et le Conseil de Sécurité des Nations unies en déclarant : « Le respect des accords de
Minsk signifie la destruction du pays. Lorsqu’ils ont été signés sous la menace armée des Russes — et sous le regard des Allemands et des Français — il était déjà clair pour toutes les personnes
rationnelles qu’il était impossible de mettre en application ces documents » [1].
Lorsqu’à l’issue de sept années, le nombre d’Ukrainiens tués par le gouvernement de Kiev s’éleva à plus de douze mille selon celui-ci et à plus de vingt mille selon
la Commission d’enquête russe, et alors seulement, Moscou lança une « opération militaire spéciale » contre les « nationalistes intégraux » ukrainiens (c’est l’appellation
qu’ils revendiquent) qualifiés de « néo-nazis ».
La Russie a déclaré dès le début de son opération qu’elle s’en tiendrait à porter secours aux populations et à « dénazifier » l’Ukraine, pas à l’occuper.
Pourtant les Occidentaux l’ont accusée de tenter de prendre Kiev, de renverser le président Zelensky et d’annexer l’Ukraine ; ce que manifestement, ils n’ont jamais fait. Ce n’est qu’après
l’exécution de l’un des négociateurs ukrainiens, Denis Kireev, par les services de sécurité de son propre pays (SBU) et la suspension des pourparlers par le président Volodymyr Zelensky que son
homologue russe, Vladimir Poutine, a annoncé durcir ses exigences. Désormais la Fédération réclame la Novorussia, c’est-à-dire tout le sud de l’Ukraine, historiquement russe depuis la Tsarine
Catherine II, à l’exception de trente-trois ans.
Il faut bien comprendre que si la Russie n’a rien fait durant sept ans, ce n’est pas parce qu’elle ait été insensible au massacre des populations russophones du
Donbass, mais parce qu’elle se préparait à faire face à la prévisible riposte occidentale. Selon la citation classique du ministre des Affaires étrangères du tsar Alexandre II, le prince
Alexandre Gortchakov : « L’Empereur est décidé à consacrer, de préférence, sa sollicitude au bien-être de ses sujets et à concentrer, sur le
développement des ressources intérieures du pays, une activité qui ne serait déversée au dehors que lorsque les intérêts positifs de la Russie l’exigeraient absolument. On adresse à la Russie le
reproche de s’isoler et de garder le silence, en présence de faits qui ne s’accordent ni avec le droit, ni avec l’équité. La Russie boude dit-on. La Russie ne boude pas. La Russie se
recueille ».
Cette opération de police a été qualifiée d’« agression » par les Occidentaux. De fil en aiguille, la Russie a été dépeinte comme une
« dictature » et sa politique étrangère comme un « impérialisme ». Nul ne semble avoir lu l’Accord de Minsk II, pourtant validé par le Conseil de Sécurité des Nations
unies. Dans une conversation téléphonique entre les présidents Poutine et Macron, révélée par l’Élysée, ce dernier manifeste même son désintérêt pour le sort de la population du Donbass,
c’est-à-dire son mépris de l’Accord de Minsk II.
Aujourd’hui, les services secrets occidentaux se portent au secours des « nationalistes intégraux » ukrainiens (les « néo-nazis » selon la
terminologie russe) et, au lieu de chercher une solution pacifique, tentent de détruire la Russie de l’intérieur [2].
En droit international, Moscou n’a fait qu’appliquer la résolution de 2015 du Conseil de Sécurité. On peut lui reprocher sa brutalité, mais ni de s’être précipité
(sept ans), ni d’être illégitime (la résolution 2202). Les présidents Petro Porochenko, François Hollande, Vladimir Poutine et la chancelière Angela Merkel s’étaient engagés, dans une déclaration
commune annexée à la résolution, à faire la même chose. Si l’une de ces puissances était intervenue auparavant, elle aurait pu choisir d’autres modalités d’opération, mais aucune ne l’a
fait.
En toute logique, le Secrétaire général des Nations unies aurait dû rappeler à l’ordre les membres du Conseil afin qu’ils ne condamnent pas l’opération russe
dont ils avaient accepté le principe sept ans plus tôt, mais qu’ils en fixent les modalités. Il ne l’a pas fait. Au contraire, le Secrétariat général, sortant de son rôle et prenant parti pour le
système unipolaire, vient de donner instruction orale à tous ses hauts fonctionnaires sur des théâtres de guerre de ne plus rencontrer de diplomates russes.
Ce n’est pas la première fois que le Secrétariat général contrevient aux statuts des Nations unies. Lors de la guerre contre la Syrie, il avait rédigé un plan d’une
cinquantaine de pages sur l’abdication du gouvernement syrien, impliquant la déchéance de la souveraineté populaire syrienne et la dé-baasification du pays. Ce texte n’a jamais été publié, mais
nous l’avons analysé dans ces colonnes avec effroi. En définitive, l’envoyé spécial du Secrétaire général à Damas, Staffan de Mistura, a été contraint de signer une déclaration reconnaissant sa
nullité. Quoiqu’il en soit, la note du Secrétariat général interdisant aux fonctionnaires de l’Onu de participer à la reconstruction de la Syrie [3] est toujours en vigueur. C’est elle
qui paralyse leretour des exilés dans leur pays au grand dam non seulement de la Syrie, mais aussi du Liban, de la Jordanie et de la Turquie.
Lors de la Guerre de Corée, les États-Unis profitaient de la politique soviétique de la chaise vide pour mener leur guerre sous le drapeau des Nations-Unis (à
l’époque, la Chine populaire ne siégeait pas au Conseil). Il y a dix ans, ils utilisaient le personnel de l’Onu pour mener une guerre totale contre la Syrie. Aujourd’hui, ils vont plus loin en
prenant position contre un membre permanent du Conseil de Sécurité.
Après être devenue une organisation sponsorisée par des multinationales sous Kofi Annan, l’Onu s’est transformée en une annexe du département d’État sous Ban
Ki-moon et António Guterres.
La Russie et la Chine sont conscientes, comme tous les autres États, du fait que l’Onu ne remplit plus du tout sa fonction. Au contraire, l’Organisation aggrave les
tensions et participe à des guerres (tout au moins en Syrie et dans la Corne de l’Afrique). Aussi Moscou et Beijing développent-ils d’autres institutions.
La Russie ne porte plus ses efforts vers les structures héritées de l’Union soviétique comme la Communauté des États indépendants, la Communauté économique
eurasiatique, voire même l’Organisation du Traité de Sécurité collective ; ni même vers celles héritées de la Guerre froide, comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe. Non, elle se concentre vers ce qui pourra redessiner un monde multilatéral.
En premier lieu, la Russie met en évidence les actions économiques des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Elle ne les revendique pas comme ses
réalisations, mais comme des efforts communs auxquels elle participe. Treize États espèrent joindre les BRICS, mais celles-ci ne sont pas, pour le moment, ouvertes à adhésion. D’ores et déjà, les
BRICS ont un pouvoir bien plus important que le G7, ils agissent, tandis que depuis plusieurs années le G7 déclame qu’il fera de grandes choses que l’on ne voit jamais venir et qu’il décerne de
bons et de mauvais points à ceux qui sont absents.
Surtout, la Russie pousse à une plus grande ouverture et à une profonde transformation de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Jusqu’ici, il ne
s’agissait que d’une structure de contact des pays d’Asie centrale, autour de la Russie et de la Chine, pour prévenir les troubles que les services secrets anglo-saxons tentaient d’y fomenter.
Petit à petit, elle a permis à ses membres de mieux se connaître. Ils ont étendu leurs travaux à d’autres questions communes. En outre, l’OCS s’est élargie, notamment à l’Inde et au Pakistan,
puis à l’Iran. Dans les faits, elle incarne aujourd’hui les principes de Bandung, fondés sur la souveraineté des États et la négociation, face à ceux des Occidentaux, fondés sur la conformité à
l’idéologie anglo-saxonne.
Les Occidentaux pérorent, tandis que la Russie et la Chine avancent. J’écris bien « pérorent », car ils croient leurs gesticulations efficaces. Ainsi, les
États-Unis et le Royaume-Uni, puis l’Union européenne et le Japon ont pris des mesures économiques très dures contre la Russie. Ils n’ont pas osé dire que c’était une guerre visant à maintenir
leur autorité sur le monde et les ont donc désignées sous le vocable de « sanctions », bien qu’il n’y ait pas eu de tribunal, de plaidoirie de la défense, ni de sentence. Bien sûr, il
s’agit de sanctions illégales car décidées hors des instances des Nations unies. Mais les Occidentaux, qui se prétendent les défenseurs de « règles internationales », n’ont que faire du
Droit international.
Bien sûr, le droit de veto des cinq membres permanents du Conseil empêche que l’on prenne des sanctions contre l’un d’entre eux, mais c’est précisément parce que le
but de l’Onu n’est pas de se conformer à l’idéologie anglo-saxonne, mais de préserver la paix mondiale.
Je reviens à mon propos : la Russie et la Chine avancent, mais à un rythme tout différent de celui des Occidentaux. Il s’est écoulé deux ans entre l’engagement
russe d’intervenir en Syrie et le déploiement de ses soldats sur place ; deux ans qui furent utilisés à finaliser les armes qui assurèrent sa supériorité sur le champ de bataille. Il aura
fallu sept ans entre l’engagement russe de Minsk II et l’intervention militaire au Donbass ; sept ans qui furent utilisés à préparer le contournement des sanctions économiques
occidentales.
C’est pourquoi ces « sanctions » ne sont pas parvenues à mettre l’économie russe à genoux, mais atteignent profondément ceux qui les ont émises. Les
gouvernements allemands et français prévoient de très graves problèmes énergétiques qui contraignent déjà certaines de leurs usines à tourner au ralenti et bientôt à la fermeture. Au contraire,
l’économie russe est en pleine expansion. Après deux mois durant lesquels le pays ne vivait plus que sur ses stocks, le moment est venu de l’abondance. Les recettes du Trésor russe ont connu un
boom de 32 % au premier semestre [4]. Non seulement le refus occidental du gaz russe a
fait monter les prix au profit du premier exportateur, la Russie, mais cette entorse au discours libéral a effrayé les autres États qui, pour se rassurer, se sont tournés vers Moscou.
La Chine, que les Occidentaux présentent comme un vendeur de camelote faisant tomber ses proies dans une spirale d’endettement, vient d’annuler la plupart des
dettes à son égard de 13 États africains.
Chaque jour nous entendons les nobles discours occidentaux et leurs accusations contre la Russie et la Chine. Mais chaque jour aussi nous constatons, si nous
regardons les faits, que la réalité est inverse. Par exemple, les Occidentaux nous expliquent sans preuve que la Chine est une « dictature » et qu’elle « a incarcéré un million
d’Ouïghours ». Bien que nous ne disposions pas de statistiques récentes, nous savons tous qu’il y a moins de prisonniers en Chine qu’aux USA, alors que ce pays est quatre fois moins peuplé.
Ou encore, on nous explique que l’on persécute les homosexuels en Russie, alors que nous voyons de plus grandes discothèques gays à Moscou qu’à New York.
L’aveuglement occidental conduit à des situations ubuesques où les dirigeants occidentaux ne perçoivent plus l’impact de leurs contradictions.
Ainsi, le président Emmanuel Macron vient d’effectuer une visite officielle en Algérie. Il tente de réconcilier les deux nations et d’acheter du gaz pour
contrebalancer la pénurie qu’il a contribué à provoquer. Il a conscience d’arriver un peu tard, après que ses alliés (l’Italie et l’Allemagne) ont fait leurs emplettes. Par contre, il s’efforce
de croire à tort que le principal problème franco-algérien, c’est la colonisation. Il ne se rend pas compte que la confiance est impossible parce que la France soutient les pires ennemis de
l’Algérie, les jihadistes de Syrie et du Sahel. Il ne fait pas le lien entre son absence de relations diplomatique avec la Syrie, son éviction du Mali [5] et la froideur avec laquelle il est reçu à
Alger. En définitive, un accord anti-terroriste a été arraché par les Algériens, mais on n’en connaît pas actuellement le contenu.
Il est vrai que les Français ne savent pas ce que sont les jihadistes. Ils viennent de juger, dans le plus grand procès du siècle, les attentats de Saint-Denis,
des terrasses de Paris et du Bataclan (13 novembre 2015), sans être capables de poser la question des soutiens étatiques des jihadistes. Ce faisant, loin de montrer leur sens de la justice,
ils ont manifesté leur lâcheté. Ils se sont montrés terrorisés par une poignée d’hommes, tandis que l’Algérie en a connu des dizaines de milliers lors de sa guerre civile et en connaît encore
autant au Sahel.
Alors que la Russie et la Chine avancent, l’Occident ne fait pas du sur place, il recule. Il continuera sa chute tant qu’il ne clarifiera pas sa politique,
qu’il ne mettra pas fin à son double standard de jugement moral et qu’il n’aura pas cessé ses doubles jeux.
Le centre géographique de
l’Europe se trouve dans l’Ukraine d’après 1945, à 15 km de Rakhovo (dans la langue des occupants ukrainiens, Rakhiv). C’est à l’extrême est [Ouest, NdT]de l’Ukraine, dans la province de « Zakarpattia » ou « Transcarpathie », nom impérialiste donné par les
centralisateurs ukrainiens à cette région. En réalité, c’est Kiev qui traverse les Carpates, et non la « Transcarpatie ».
Avant la Seconde Guerre mondiale, la Zakarpattie était la partie principale de la Rus subcarpatique, également appelée Rus des Carpates, Rusinia ou, en latin
médiéval, Ruthénie. De plus petites parties de cette région se trouvent aujourd’hui dans le coin sud-est de la Pologne, où vivaient les Lemkos, et à l’extrême est de la Slovaquie. Les habitants
de ces régions se nomment Rusins ou Rusnaks et, malgré trois générations d’impérialisme linguistique ukrainien, beaucoup d’entre eux parlent encore le rusin, qui, bien qu’apparenté, est une
langue distincte de l’ukrainien standard ou de l’un de ses dialectes et est également beaucoup plus ancien. Les premiers chrétiens orthodoxes de ce qui est aujourd’hui l’Ukraine vivaient ici et
ont contribué à la conversion de Kiev.
En 2004, j’ai dû me rendre à l’extrême Est de la Slovaquie (qui faisait également partie de la Rus des Carpates) pour les funérailles d’un village et j’y ai
rencontré un vieil homme « ukrainien ».
En fait, c’était un Rusin. Au début des années 1950, il avait fui l’Union soviétique pour la Norvège alors qu’il servait dans l’Armée rouge près de Mourmansk et, de là, était venu vivre près de
membres de sa famille en Slovaquie orientale, près de la frontière ukrainienne. L’ex-soldat était né en 1917 dans ce qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois, qui est ensuite devenu
la Rus subcarpatique en Tchécoslovaquie, qui a ensuite fait partie de la Hongrie nazie, qui a ensuite été reprise par l’Ukraine soviétique. Le village où il est né n’a pas bougé, ce sont les
hommes politiques qui ont bougé. Les Rusins sont un peuple sans pays et l’ont toujours été.
Le rêve de Nuland
Je mentionne tout cela parce que le drame de la survie de l’Europe, dont l’Ukraine, malgré les illusions de suffisance de l’Europe occidentale, est le centre
géographique, se joue actuellement dans une autre partie de l’Ukraine. C’est à 960 km (600 miles) à l’est du centre de l’Europe, dans la ville de Zaporozhye, que se trouve l’une des quatre
centrales nucléaires d’Ukraine. C’est la plus grande d’Europe et l’une des plus grandes du monde, qui fournit à l’Ukraine 20 % de ses besoins totaux en électricité. Depuis le 4 mars 2022, elle
est sous contrôle russe.
Ces derniers jours, elle a été bombardée et certains craignent un second Tchernobyl, voire pire. Aujourd’hui, malgré les mensonges du régime de Kiev, même certains
non-génies parmi le public occidental (mais pas un seul parmi les politiciens occidentaux) ont compris que ce ne sont pas les Russes qui se tirent dessus. Par conséquent, ce doit être Kiev qui
bombarde la plus grande centrale nucléaire d’Europe et qui rapproche l’Europe de l’Armageddon nucléaire. Kiev souhaite organiser une provocation et en faire porter la responsabilité à la Russie.
Ce serait l’opération sous faux drapeau de Bucha multipliée par un million. Pourquoi est-ce que je mentionne cela ?
C’est à cause de l’Américaine Victoria Nuland (en fait, Nudelman), dont le père était un Juif ukrainien (de la même nationalité que Trotsky, de son vrai nom
Bronstein). Envoyée par la Maison Blanche, Nuland est à l’origine du renversement violent, pour 5 milliards de dollars, en 2014, du gouvernement ukrainien démocratiquement élu au profit d’une
junte juive ukrainienne. (Au fait, Nuland est mariée à un autre néocon trotskiste (= domination mondiale), Robert Kagan, qui est également d’origine juive d’Europe de l’Est). Maintenant, en ses
propres termes si éloquents et si érudits, nous savons exactement quel est le rêve de Victoria Nuland pour l’Europe. C’est qu’elle ne peut pas moins se soucier de l’Europe (pour le dire très
poliment).
Par conséquent, son rêve risque maintenant de devenir réalité grâce aux obus de Kiev fournis par les États-Unis qui tomberont sur la plus grande centrale nucléaire
d’Europe, qui se trouve dans le même pays que le centre même de l’Europe, comme nous l’avons décrit ci-dessus. Peut-être devrions-nous rappeler à Nuland que si le pire se produit et que le vent
souffle plus ou moins plein sud, les radiations de Zaporozhye ne souffleront pas sur l’Europe sans surveillance, comme l’ont fait les radiations de Tchernobyl. Au contraire, elles seront
transportées au-dessus de la mer Noire, à travers la Turquie, l’est de la Syrie, le Liban et… jusqu’en Israël, où se trouve le véritable Armageddon. Nuland devrait faire attention à ce dont elle
rêve. À l’avenir, elle devrait peut-être allumer son cerveau avant d’ouvrir sa sale bouche.
Crise dans l’Europe de Nuland
La bonne nouvelle est qu’au moins certains dirigeants de l’UE pourraient enfin retrouver la raison. Ils ont boycotté le gaz, le pétrole, les céréales et les engrais
russes, dont les prix se sont envolés. Or, dans deux mois à peine, le froid commence à sévir en Europe occidentale. Et les électeurs européens sont déjà extrêmement mécontents de la flambée des
prix des carburants et des denrées alimentaires, qui augmentent environ quatre fois plus vite que les taux d’inflation record de 10-15 % officiellement admis. Le fait est que la flambée des prix
n’est pas due à « la guerre en
Ukraine », comme le chantent en chœur depuis près de six mois des politiciens ouest-européens sans courage, avec des fusils américains dans le dos.
Même certains citoyens occidentaux naïfs ont vu clair dans ce mensonge. Ils ont compris que la flambée des prix est largement due aux sanctions de leurs politiciens
contre la Russie et à leurs décisions de prolonger la guerre pendant des mois, voire, si possible, pendant des années. (Les politiciens occidentaux ont raconté le même mensonge, confondant la
cause et l’effet, lorsqu’ils ont attribué toutes leurs difficultés antérieures à l’Ukraine après la « Covid-19 », alors qu’en réalité, les difficultés
n’étaient pas tant dues à la « Covid-19 » qu’à leurs propres confinements qui
ont provoqué la faillite, à des réactions hystériques qui ont provoqué une crise de santé mentale, à des masques qui n’ont pas fonctionné et à des vaccins qui n’ont pas marché). En Europe
centrale et orientale, la situation est particulièrement grave, car, bien que les prix soient exactement les mêmes qu’en Europe occidentale, les salaires n’y représentent qu’un cinquième de ceux
de l’Europe occidentale.
Aujourd’hui, les forces armées de Kiev sont battues par les Forces armées ukrainiennes libres (bien que les combattants de la liberté ne s’appellent probablement
pas ainsi), qui sont soutenues par le corps expéditionnaire russe, sa technologie, ses avions, ses missiles, son artillerie et ses drones, ainsi que par ses alliés tchétchènes. Bien que le régime
de Biden aux États-Unis cherche désespérément à ne pas perdre la face une fois de plus en août prochain, comme en août dernier en Afghanistan, il n’en reste pas moins que, désormais soumis à une
pression extrême de la part des électeurs occidentaux et au risque d’un effondrement financier, certains politiciens européens cherchent à obtenir un changement à Kiev.
Il s’agit de trouver un remplaçant à l’acteur Zelensky, qui est l’actuel leader juif nommé par les États-Unis à Kiev. Leur candidat semble être le général Zaluzhny,
le chef des forces armées de Kiev, décimées – en fait, plus que « doublement décimées », puisqu’elles ont déjà
perdu 230 000 hommes sur un total de 1 million. En tant que militaire et non en tant que politicien, Zaluzhny semble, contrairement aux politiciens de Kiev et aux marionnettistes occidentaux,
avoir une prise sur la réalité. Il doit comprendre que si l’Ukraine doit survivre sous quelque forme que ce soit, elle doit négocier, même si les Américains s’y opposent avec colère.
L’avenir et une « Ukraine » libre de Nuland
En 1990, la très prospère Ukraine soviétique comptait 51,5 millions d’habitants. Aujourd’hui, elle n’en compte plus que 30 millions. Quelle catastrophe s’est
produite ? Tout simplement : Qui veut vivre ou donner naissance à des enfants dans un pays qui a été mal géré pendant 30 ans, dont l’infrastructure s’est effondrée, dont les richesses ont été
aspirées à New York, Londres et Tel Aviv par des oligarques féodaux corrompus et le gouvernement américain, un pays qui est aujourd’hui plus pauvre que plusieurs pays africains, un pays qui n’a
pas d’avenir, dont la plus grande exportation est constituée par les femmes, les « épouses russes », en fait des épouses ukrainiennes,
qui fuient la pauvreté ? Des millions de réfugiés économiques ont fui vers Israël, les États-Unis et l’Europe occidentale.
La population réelle, et non fictive, de l’Ukraine avant février 2022 est estimée à 36 millions d’habitants. (Il n’y a pas eu de recensement officiel en Ukraine
depuis 20 ans : le résultat aurait été trop embarrassant pour le gouvernement, aussi ce chiffre provient-il d’une estimation d’initiés bien informés). Toutefois, en avril 2022, ce chiffre était
tombé à 26 millions, soit plus ou moins la moitié du total de 1990. Quel autre pays au monde a perdu la moitié de sa population en seulement trente ans ? Cela suggère clairement que les
Ukrainiens ont été totalement trahis par leurs dirigeants pendant 30 ans. C’est bien ce qu’ils ont fait…
Certes, sur les 10 millions d’Ukrainiens qui ont fui dans les semaines qui ont suivi le 24 février 2022 (beaucoup d’entre eux n’ont fui que pour profiter de
l’obtention prochaine d’un passeport européen – leur rêve était devenu réalité), 4 millions sont revenus. Néanmoins, 2 millions restent en Russie, plus de 2 millions sont en Pologne et en
Allemagne et près de 2 autres millions sont dispersés en Europe occidentale. Cela signifie que la population, qui était de 36 millions, est passée à 30 millions. Voici un scénario possible pour
l’avenir (si certains des « réfugiés » reviennent, les chiffres seront plus
élevés que ceux indiqués ici). Sur les 25 provinces ukrainiennes en février 2014 :
Le nouveau Protectorat de Kiev (ou peut-être portera-t-il un autre nom ?) pourrait prendre les 11 provinces centrales et occidentales de l’Ukraine soviétique :
Sumy, Poltava, Kirovohrad, Chernihiv, Kyiv, Cherkasy, Zhytomyr, Vinnytsia, Rivne, Khmelnytskyi, Ternopil. Population : 11,2 millions. Elles seront démilitarisées et dénazifiées par la Russie et
dirigés par un homme fort militaire comme le général Zaluzhny qui s’occupera des oligarques corrompus comme Lukashenko l’a fait en Biélorussie (= les emmener dans la forêt et les abattre). Ce
sera une nation enclavée. En effet, avec 11 millions d’habitants, il s’agira d’une « double Slovaquie », dont la population représente un
peu plus d’un quart de celle de l’Ukraine soviétique de 1990.
La Russie pourrait prendre les 9 provinces russophones de l’est et du sud : Lugansk, Donetsk, Kharkov, Dnepropetrovsk, Zaporozhe, Kherson, Crimée (la Crimée a bien
sûr déjà fui les fascistes pour la Russie en 2014), Nikolaev, Odessa. Population : 14,2 millions d’habitants.
La Pologne peut, avec la permission de la Russie, prendre les 3 provinces « Habsbourg » de l’extrême ouest : Volyn (même si
un petit nombre au nord de Volyn pourrait vouloir rejoindre la Biélorussie), Lviv, Ivano-Frankivsk. Population : 3,2 millions. C’est la seule véritable Ukraine, car il s’agit de la
véritable « Ukraina » historique –
ce mot désignant simplement les régions frontalières, celles qui sont proches de la Pologne. Il est évident que cette véritable Ukraine devrait bénéficier d’une certaine autonomie au sein de la
République polonaise dirigée par l’OTAN et que cet État tampon devrait être entièrement démilitarisé et dénazifié sous la supervision de la Russie.
La Hongrie peut prendre 1 province : Zakarpattia. Population : 0,85 million. À condition que sa population, essentiellement slave, vote en sa faveur par référendum,
même si, il est vrai, beaucoup ont déjà pris la nationalité hongroise. Cette région devrait également bénéficier d’une certaine forme d’autonomie au sein de la Hongrie.
La Roumanie pourrait prendre une province : Chernivtsy. Population : 0,6 million. A condition que sa population se prononce en sa faveur par référendum.
Conclusion : Le cauchemar de Nuland
En juin 1944, les États-Unis commencent à occuper l’Europe continentale (l’occupation du Royaume-Uni par 2 millions de soldats américains avait déjà commencé en
1942). L’occupation américaine signifie que la Seconde Guerre mondiale ne s’est jamais vraiment terminée et, par conséquent, sa dénazification non plus. En effet, seule la forme allemande,
brutale et locale, de l’idéologie occidentale du nazisme a pris fin, et non sa forme anglo-américaine, bien plus rusée, subtile, insidieuse et triomphante, qui a été partout imposée, par le
pouvoir politique, économique et soft (Hollywood ; Levis ; Disney ; MacDonalds ; Lady Gaga, etc.), après l’éradication de la forme allemande. En effet, en 1945, la plupart des nazis allemands se
sont convertis du jour au lendemain à la forme anglo-américaine. Par conséquent, mettre fin à la Seconde Guerre mondiale signifie aujourd’hui désaméricaniser l’Europe, ce qui signifie la
désotaniser, c’est-à-dire la démilitariser. Cela donnera ensuite à l’Europe l’occasion de retrouver son destin historique naturel, géographique, social, politique et économique – en tant que
péninsule nord-ouest de l’Eurasie, qu’elle pourra alors enfin réintégrer, protégée et approvisionnée par la Russie.
Le même droit révolutionnaire d’autodétermination que celui de la Crimée pourrait être étendu de l’Ukraine désaméricanisée, c’est-à-dire démilitarisée et
dénazifiée, à toute l’Europe. Voilà la transfiguration de l’Europe. Au sein de l’Europe, l’UE s’effondrerait comme le château de cartes qu’elle est, si ses peuples avaient pour la première fois
dans l’histoire la liberté par référendum de choisir leur pays. Leur modèle serait la Crimée en 2014, où les gens ont enfin reçu la liberté de choisir le pays auquel ils voulaient réellement
appartenir. La Catalogne pourrait alors être libérée de l’Espagne. La Corse pourrait être libérée de la France. Partout, les minorités frontalières pourraient, par un vote populaire, retourner
dans le pays auquel elles souhaitent appartenir, les frontières étant ajustées en conséquence. Les trois minuscules et racistes États baltes de l’UE, aujourd’hui dépeuplés, désindustrialisés et
dans un état suicidaire de nazisme et qui s’apprêtent à interdire les discours russes dans les lieux publics, deviendraient certainement des protectorats russes comme le futur protectorat de
Kiev.
Si la liberté venait aux pays non membres de l’UE, le Royaume-Uni s’effondrerait tout comme l’UE et les quatre peuples des îles britanniques et de l’Irlande
auraient enfin la liberté de régler leurs affaires de manière équitable. La Moldavie pourrait rester un pays indépendant, si son peuple le décidait par référendum. Et la justice pourrait être
rendue aux pays de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie, principalement non membres de l’UE. Tant de torts pourraient être réparés, si la liberté passait par la désaméricanisation. Voilà le cauchemar
de Nuland – la survie, et non la destruction, de l’Europe. Vous ne voulez pas d’Europe, Mme Kagan ? Eh bien, l’Europe ne veut pas de vous. Retournez en Amérique, Mme Kagan, et réglez la situation
désastreuse qui y règne. Ce n’est que lorsque vous et votre espèce serez partis que l’Europe sera transfigurée.
Batiushka
Recteur orthodoxe russe
d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en
politique russes et européennes.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
L’offensive du complexe militaro-industriel
...par Manlio Dinucci - Le 17/09/2022.
Géographe et géopolitologue.
Dernier ouvrage publié : Guerre nucléaire. Le jour d’avant, Delga (2021).
En soutenant la guerre ukrainienne contre les populations
russes et en provoquant la riposte de la Fédération de Russie, les straussiens ont eu les yeux plus grands que le ventre. Les industries de Défense occidentales ne parviennent plus à fournir les
armes nécessaires au combat. C’est le moment d’investir dans la mort.
Les ministres états-unien et ukrainien de la Défense, lors de la réunion du « Groupe de contact de Défense de l’Ukraine », le 8 septembre, sur
la base US de Ramstein (Allemagne).
La récente avancée ukrainienne a été planifiée depuis des mois par les USA, qui ont fourni en temps réel aux forces de Kiev les informations sur les objectifs
russes à frapper : C’est ce que révèle le New York Times sur la base de sources officielles. Cela confirme que les forces de Kiev sont de fait sous commandement USA et opèrent selon leur stratégie.
Dans ce cadre, le secrétaire US à la Défense, Lloyd Austin, a convoqué en Allemagne le « Groupe de contact de Défense de l’Ukraine » pour
accroître les fournitures d’armes aux forces de Kiev. Le Groupe est composé de plus de 50 pays : outre ceux de l’Otan, en font partie le Japon, l’Australie, la
Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, Israël, le Qatar.
La quantité d’armes déversée en Ukraine est telle qu’elle rend nécessaire une forte augmentation de leur production. Par exemple, le Pentagone a fourni à
l’Ukraine environ 800 000 projectiles d’artillerie de 155 mm pour les 126 obusiers M777 à longue portée qui, actionnés par du personnel ukrainien, tirent sur des
objectifs indiqués par le Renseignement US. Mais les États-Unis n’ont qu’une seule fabrique produisant ces projectiles, le site de la General Dynamics en Pennsylvanie, en mesure d’en
fabriquer seulement 14 000 par mois. Il faut donc augmenter immédiatement la capacité productive de ce site et en ouvrir d’autres. Ainsi s’ouvre aux USA et en général en Occident un
nouveau colossal marché des industries de guerre.
Parmi elles la société italienne Leonardo -propriété à 30 % du ministère du Développement économique- grimpée au 12ème rang des 100 plus grandes
industries de guerre du monde, au premier rang dans l’UE. Elle a augmenté les recettes du secteur Défense de 24 % en une année, atteignant environ 14 milliards de dollars. Du
secteur Défense dérive 83 % de son chiffre d’affaires. Leonardo est intégrée dans le gigantesque complexe militaro-industriel US mené par Lockheed Martin, constructrice du F-35 à la
production duquel participe cette même société Leonardo. De cette façon grandit le pouvoir du complexe militaro-industriel, un organisme tentaculaire qui, pour vivre et se développer, a
besoin comme oxygène de la guerre.
Aujourd’hui, je vais faire très court en utilisant ma présentation à
points :
Selon les comptes
rendus les plus crédibles, la récente attaque Ukronazi+NATO dans la région de Kharkov a été encore plus coûteuse en KIA/MIA, blessés et matériel perdu que l’attaque vers Kherson. Les pertes
combinées de ces attaques sont stupéfiantes.
Pourtant, tout porte à croire que les forces Ukronazi+OTAN se préparent à de nouvelles attaques de ce type.
Les Ukronazi+OTAN semblent heureux d’échanger des vies humaines contre des gains territoriaux, quelle que soit la taille ou la pertinence de ce
territoire.
Les Russes semblent heureux d’échanger de l’espace et du temps pour protéger la vie de leurs soldats et de leur équipement.
Nous pourrions dire que les Ukronazi+OTAN échangent des corps contre des obus.
N’oublions pas les deux
objectifs fixés par Poutine pour l’OMS : dénazifier et démilitariser. Ces deux objectifs sont axés sur l’homme, et non sur le terrain. En
d’autres termes, si un retrait au niveau tactique permet aux Russes de tuer un grand nombre de soldats de l’OTAN, d’Ukronazis et de détruire leur équipement, ils accepteront volontiers cet
échange.
L’autre objectif est de protéger la LDNR. Kherson ne fait pas partie de la LDNR.
Le territoire peut être reconquis, les équipements sont difficiles à remplacer, surtout les systèmes d’armes complexes.
Et les soldats ne peuvent pas être ressuscités.
Il est absolument clair qu’Ukronazi+OTAN mise tout dans ces offensives. Non seulement l’hiver qui vient constitue une menace majeure pour eux, mais le chaos
politique qui règnera en UE et aux États-Unis, cet automne et cet hiver, signifie que c’est le moment ou jamais d’essayer aussi fort que possible de dissimuler l’ampleur du désastre pour
Ukronazi+OTAN.
Ainsi, la plupart des événements actuels peuvent se résumer à cette simple question : Qui sera le premier à manquer de ressources : Ukronazi+OTAN en termes
d’effectifs et d’équipements ou les Russes en termes de puissance de feu (principalement l’artillerie, les missiles et la puissance aérienne) ?
Je pense que la réponse est évidente.
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
L’Etat profond américain peut-il perdre son pari de mettre K.O tous ses adversaires ?
On associe le plus souvent des conclusions fatalistes à la notion "d'Etats profond". Pour le trentième anniversaire du Traité de Maastricht - qui a lié notre pays plus que de raison à l'OTAN -
Jean Goychman montre que l'histoire n'est jamais écrite. Actuellement, le scénario le plus probable est que, le Deep State n'ayant pas réussi son KO, se mette en place un CHAOS profond.
Nous vivons une période où l’Histoire s’accélère. Les plans concoctés à l’avance dans l’atmosphère feutrée des bureaux dont les occupants cherchent les moyens de
« peser sur le cours des choses » commencent à produire leurs effets. Il demeure cependant difficile d’en percevoir la finalité, mais c’est, à l’évidence, étudié pour !
Pourquoi une telle discrétion, pour ne pas parler de secret, semble toujours de mise lorsqu’il s’agit de parler de la géopolitique planétaire ? On pourrait
penser benoîtement que les gens que nous avons élu auraient à cœur de prendre en compte notre intérêt collectif et agir en conformité. C’est bien pour cela que nous avons voté pour eux,
non ?
Ou alors faut-il comprendre que nos élus, une fois élus, obéissent à d’autres impératifs qui n’ont jamais été clairement évoqués durant les campagnes ?
Un anniversaire opportun
Le 20 septembre 1992, le peuple français approuvait (d’une courte tête, il est vrai) le traité de Maastricht. Tout le monde a retenu la « monnaie
unique » plus que l’extension des pouvoirs des fonctionnaires européens, laquelle allait pourtant révéler son emprise sur nos vies au fil du temps.
Mais ceux qui ont, à l’époque, cédé aux « sirènes bruxelloises » se doutaient-ils de l’austérité paralysante, du repli industriel et de la
régression sociale qu’elle allait entraîner. Personne, à ma connaissance, n’avait fait remarquer que 1992 avait immédiatement succédé à 1991. Et les effets de 1991, qui avait fait basculer dans
l’ère post-URSS, étaient restés largement méconnus dans l’opinion.
30 après, les choses sont plus claires. La disparition de l’URSS en tant que puissance, qui devait ouvrir une période de paix prolongée, n’a pas tenu ses promesses.
Comme l’avait parfaitement analysé Zbignew Bzrezinski dans son livre « le grand échiquier », les États-Unis étaient devenus et resteraient pour longtemps « l’hyper puissance mondiale ». En tant que telle, les dirigeants des
Etats-Unis auraient dû agir, conformément à leur « destinée manifeste », telle qu’elle est définie par Yves Lacoste dans Hérodote :
« [le] destin, [le] rôle que Dieu aurait manifestement confié à l’Amérique de développer les valeurs de liberté, de justice
et de progrès, de les étendre le plus possible et de les défendre contre toute tyrannie ».
Trois décennies marquées par des guerres d’ingérences
A la place, nous avons connu une suite incessante de conflits, en Europe centrale et dans le proche et le moyen-Orient, naturellement justifiés en déclaration par
les valeurs citées ci-dessus. Force est de constater que certains pays européens, pas toujours les mêmes, ont pris part à ces interventions.
Petit à petit s’est dégagée une ligne de partage du monde qui n’est pas sans rappeler la guerre froide, en lieu et place d’un monde réunifié et paisible. Ce n’est
que durant le mandat de Donald Trump qu’aucune guerre nouvelle n’a été engagée par les États-Unis, ce qui mérite d’être noté.
Parallèlement à ces événements, une autre bataille, beaucoup plus discrète, se déroulait.
Dans un précédent article, m’appuyant sur les écrits de l’historien Peter Dale Scott, je relatais la montée en puissance de ce qui est désigné aujourd’hui comme le « Deep
State » (Etat profond).
Né dans les années 50 de la nécessité d’assurer la poursuite de la guerre le cas échéant, il a développé ses ramifications dans l’ensemble de l’appareil militaire,
y compris dans les moyens de production, avant d’accéder aux différents niveaux du pouvoir, exécutif et législatif. Entré à la Maison Blanche (probablement à l’insu d’Eisenhower), il est entré
dans le Bureau Ovale avec l’ancien patron de la CIA Georges H Bush sous Ronald Reagan. Ayant succédé à ce dernier, c’est sous son mandat qu’éclata la guerre en Irak en 1991.
Dans le même temps, il a affermi son emprise sur les médias de grande diffusion, les transformant de moyens d’information en moyens de communication.
L’Etat Profond est-il belliciste ?
Peter Dale Scott répond sans ambiguïté à la question. Le deep state a toujours agi dans le sens du conflit, que ce soit à Cuba, au Vietnam ou partout ailleurs. Un
passage caractéristique le l’analyse du « Grand Echiquier » effectuée par le site d’Olivier Berruyer « Les Crises » mérite d’être cité :
« Si les États-Unis ont pu exercer une prépondérance économique mondiale, ils le doivent à « la nature cosmopolite de
[leur] société (…) qui [leur] a permis (…) d’asseoir plus facilement leur hégémonie (…) sans pour autant laisser transparaître [leur] caractère strictement national ». Il est peu
probable qu’un autre pays puisse faire de même ; « pour simplifier, n’importe qui peut devenir Américain, mais seul un Chinois peut être
Chinois ». Il transparaît dans ces propos une négation radicale de l’altérité. Les Etats-Unis ne veulent pas « l’autre », ils ne le
conçoivent même pas ; ils ne connaissent que l’autre en tant que « même », un clone en quelque sorte ; piètre intelligence du monde, de la
richesse, de la diversité de l’homme que ce rapport à l’autre, spécifiquement américain. Comme la puissance Américaine ne saurait durer sans fin (nous ne sommes pas arrivés avec le triomphe de
l’Amérique et de ses « idéaux » à la fin de l’Histoire, pour reprendre les mots d’un illuminé nommé Francis Fukuyama), Brzezinski nous trace
« l’après domination états-unienne ». Le legs de l’Amérique au monde, à l’histoire, doit être une démocratie planétairement triomphante, nous
dit-il, et surtout, la création d’une « structure de coopération mondiale (les Nations Unies sont « archaïques ») (…) qui assumerait le pouvoir de «
régent » mondial ». Voilà donc un testament établi pour la poursuite mondiale, et jusqu’à la fin des temps, du « rêve
américain ».
Il transparaît dans ces propos des certitudes immuables qui sont inquiétantes. Elles rappellent les propos prêtés aux jeunes Anglais du « Groupe de
Milner » décrits par Carol Quigley dans son livre « l’Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine »
« Cecil Rhodes croyait, comme John Ruskin, que seule l’élite pouvait et devrait diriger le monde pour le bien et le bonheur
de l’humanité » (note de la page 39)
L’analyse de Brzezinski sur l’Ukraine vient renforcer cette vision hégémonique :
…]L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’État
russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. Et quand bien
même elle s’efforcerait de recouvrer un tel statut, le centre de gravité en serait alors déplacé, et cet empire pour l’essentiel asiatique serait voué à la faiblesse, entraîné dans des conflits
permanents avec ses vassaux agités d’Asie centrale.[…] Pour Moscou, en revanche, rétablir le contrôle sur l’Ukraine – un
pays de cinquante-deux millions d’habitants doté de ressources nombreuses et d’un accès à la mer Noire-, c’est s’assurer les
moyens de redevenir un Etat impérial puissant, s’étendant sur l’Europe et l’Asie. La fin de l’indépendance ukrainienne aurait des conséquences immédiates pour l’Europe centrale. La
Pologne deviendrait alors le pivot géopolitique sur la bordure orientale de l’Europe unie.
La Russie est ainsi identifiée comme une menace pouvant empêcher cette domination mondiale des Etats-Unis dès 1997. On constate que la disparition de l’URSS n’a pas
changé la vision de l’Etat Profond et la Russie est toujours désignée comme l’ennemi à abattre, ce qui peut expliquer beaucoup de choses, depuis l’extension de l’OTAN vers l’Est jusqu’à la guerre
en Ukraine.
On constate aussi le manque d’objectivité de l’ONU, dont le rôle tel qu’il était prévu par la Conférence de San Francisco, était justement d’arbitrer les conflits entre nations. Depuis plusieurs années, cette dernière demeure impuissante à se faire entendre et ne sert
plus que de théâtre à la comédie dramatique qui est en train de se jouer. Et cette impuissance peut entraîner la catastrophe car elle était la seule « soupape de sécurité »
La guerre de communication qui veut démontrer l’absolue culpabilité de la Russie ne sert à rien, car elle ne réussira à convaincre que les alliés des États-Unis.
Telles que les choses s’engagent, l’escalade devient inévitable. Il y a deux jours, sur Cnews, Caroline Galactéros était l’invité d’Yvan Rioufol. Géopolitologue renommée, elle a parlé du
« Pacte de Kiev » qui est en cours de gestation. Pourquoi est-elle la seule (à ma connaissance) à en parler ? Cela concerne le peuple français au premier
chef car il s’agit -ni plus ni moins- que de garantir à l’Ukraine sa sécurité comme si elle faisait partie de l’UE et de l’OTAN. Comment va réagir la Russie si une telle démarche
prospère ?
Au nom de quoi devrions-nous mettre en jeu notre propre sécurité pour garantir celle d’un pays avec lequel nous ne sommes liés par aucun acte ? Il y a quelques
jours, la Présidente de la Commission Européenne s’est arrogée le droit d’engager l’Union Européenne dans une aide inconditionnelle à l’Ukraine. Au nom de qui et de quoi ? Sur quel traité
européen peut-elle s’appuyer pour tenir un tel discours ? A moins que l’on ait tout simplement oublié de nous prévenir que nous étions dorénavant partie intégrante d’une coalition qui allait
déclarer la guerre à la Russie en représailles à son action envers l’Ukraine ?
Le temps semble jouer contre l’Etat Profond
D’un côté, les pays qui ne veulent plus de l’hégémonie américaine sont en train de s’organiser. Et les choses avancent. L’Assemblée générale de l’OCS représentait 3
milliards de personnes et plus de 30 nations différentes. De plus en plus de pays font acte de candidature pour rejoindre les BRICS et le dernier en date est la Turquie. Jusqu’à présent, pratiquement tous ces pays utilisaient le dollar pour leurs échanges internationaux. Certains avaient déjà commencé à réfléchir
sur l’utilisation d’une autre monnaie et, incontestablement, le conflit en Ukraine a accéléré les choses. Or, l’hégémonie américaine repose en grande partie sur le dollar, comme celle de
l’Angleterre reposait sur la livre Sterling. Il y a donc une course de vitesse qui est en train de s’engager et le temps profite à ceux qui ne veulent plus de la « Pax Americana ». Nous rentrons maintenant dans ce que Graham Allison décrivait comme étant « le piège de Thucydide » qui, malheureusement, s’est souvent terminé par une guerre.
De l’autre côté, les pays occidentaux payent maintenant le prix de leurs contradictions et de leurs dogmes érigés en modes de gouvernement. Le conflit ukrainien met
en lumière une faiblesse structurelle de l’UE en matière énergétique, et celle-ci aura des conséquences désastreuses sur la production industrielle. Le choix d’entrer également dans la
décroissance, qui est la conséquence des choix liés à la transition énergétique viendra cumuler ses effets avec ce qui précède et nous allons réussir à, côté français, après avoir délibérément
décidé unilatéralement et constitutionnellement de renoncer à toute prospection en matière de gaz ou de pétrole de schiste, utiliser ce produit honni en provenance d’autres pays. Jusqu’à présent,
le commerce depuis et vers l’UE se faisait en dollars, mais la baisse prévisible de la production industrielle va encore affaiblir le dollar (et l’euro)
D’une façon analogue, les puissances militaires suivent le même mouvement. Les potentiels russes et surtout chinois s’accroissent avec leur activité économique et
la Chine commence à « reprendre des couleurs » après l’épisode du COVID. Tout ceci va dans le même sens et le risque d’un conflit généralisé devient de plus en plus probable par le jeu
des provocations. Peut-être même est-il déjà souhaité par certains qui pensent depuis très longtemps que la présence de la Russie constitue une menace permanente pour eux ?
Dans ce cas, le choix de notre avenir se réduirait entre le chaos généralisé ou le K.O.d’une des deux parties, voire des deux.
Il n’est plus besoin de présenter « la plus grosse centrale nucléaire d’Europe » dite de Zaporiijia et sise en réalité à Energodar au bord du Dniepr à
55 km à vol d’oiseau et à 126 km par la route de la grande ville.
Il n’est plus besoin de rappeler les attaques militaires « non attribuées » mais largement médiatisées contre elle pendant tout l’été
2022.
Mais le voile commence à se lever sur l’aspect politiquement le plus dramatique et le mieux occulté : Celui de l’arme atomique.
Comment procéder : Rassembler patiemment une série d’indices qui ne l’ont pas été publiquement mais qu’évidemment le renseignement US (CIA et DIA)
l’AIEA, ROSATOM, la junte de Kiev et quelques autres avaient rassemblés.
Égrenons nos petits cailloux blancs tous fondés sur des documents publics épars disponibles à la demande qui permettent de tracer un chemin vers la vérité
(voir également nos bulletins 483 à 488) :
• L’implication WESTINGHOUSE : Dans le cadre de l’éviction de ROSATOM des centrales nucléaires ukrainiennes, le Capital étasunien envoie
son industriel nucléaire N° 1 Westinghouse pour prendre la place, démarche impérialiste classique : Chasser le capital devenu étranger.
• Le N°1 en question n’est pas très performant donc l’opération va trainer en longueur et Westinghouse devra longtemps se contenter de fournir du
combustible à titre expérimental pour certains réacteurs ukrainiens en particulier le n°5 d’Energodar, combustible fourni par la filiale suédoise de Westinghouse. Ces opérations sont
dirigées par Energoatom l’agence ukrainienne qui gère les 15 réacteurs nationaux de conception soviétique (13 avaient été raccordées au réseau avant 1991 2 l’ont été en 2004). Mais la
fourniture du combustible permet d’envoyer des équipes sur place et d’y nouer des liens qui de techniques peuvent devenir commerciaux surtout quand la plupart des réacteurs deviennent
quadragénaires et qu’un remplacement peut être programmé.
• Après 2014 les fournitures de combustible Westinghouse à Energoatom s’amplifient. Le chiffre de 30% des approvisionnements est atteint en 2020.
2014 est un millésime très particulier car l’impérialisme qui a mené avec succès le coup d’État de Maïdan reçoit un énorme soufflet en retour : Le vote par
95% des criméens du rattachement aussitôt effectif de la Crimée à la Fédération de Russie.
• Pendant tout ce temps L’AIEA inspecte contrôle dresse des rapports. Sans bruit particulier.
• Vient l’opération militaire spéciale 24.02.2022 et dans les jours qui suivent la Russie occupe la centrale d’Energodar qui continue à produire. À
partir de cette occupation la Russie sait exactement ce qu’y faisait Westinghouse c’est à dire se contentait de fournir du combustible ou plus.
• En Mai 2022, au forum de Davos le directeur général de l’AIEA exprime publiquement son inquiétude tout en restant très vague : Les stocks
d’uranium et de plutonium à Energodar sont à des niveaux élevés et préoccupants. Il se garde bien de pointer des responsables et de préciser les niveaux d’enrichissement de
l’uranium trouvé sur place. Il donne l’alerte mais ne peut accuser publiquement personne.
• L’été 2022 c’est connu est marqué par une agitation militaire ukrainienne autour de la centrale extrêmement dangereuse avec une prise de risque
considérable visant à pousser la Russie hors de la centrale et si possible à reprendre la gestion de la centrale pour y effacer toutes traces suspectes et toute explication sur les
grandes quantités d’uranium et de plutonium signalées par Mr Grassi. Cette agitation permet à Zelensky de retarder sans cesse la visite de l’AIEA à la centrale qui n’aura lieu que le 01
septembre.
• On peut imaginer de coulisses extrêmement fébriles où s’affrontent les pousses au crime de Kiev qui veulent bombarder bombarder et ceux qui
veulent exercer la pression la plus forte possible sur la Russie pour qu’elle se retire sans monter aux extrêmes.
• Dans cette période de grande tension le secrétaire général de l’ONU se rend lui-même à Kiev où il a un entretien non public mais qui a été présenté comme
très tendu avec deux présidents qu’il est venu rencontrer tout spécialement : Zelensky et Erdogan.
• La clé de cette rencontre n’est pas à Kiev mais à Washington : Biden vice président s’est beaucoup intéressé à l’Ukraine et son fils
Hunter Biden s’est intéressé entre autres à la promotion des intérêts de Westinghouse en Ukraine. Rappelons nous que dès 2014 Poroshenko nouveau président affirme des ambitions nucléaires
militaires pour son pays ambitions que Zelensky reprendra à son compte dés 2019 et réaffirmera jusqu’à la veille de l’opération militaire spéciale.
• Mais l’Ukraine n’a pas d’usine d’enrichissement pour l’uranium militaire et ne peut pas envisager d’en construire une car ce serait en violation du TNP.
Par contre si Westinghouse qui a désormais ses entrées dans les centrales ukrainiennes livre directement et directement de l’Uranium de qualité militaire le chemin vers la bombe
ukrainienne est ouvert directement et clandestinement par les États-Unis eux-mêmes.
• Tout ceci explique pourquoi Trump voulait en savoir plus long sur les activités de la famille Biden en Ukraine.
• Erdogan dont les ambitions néo impériales sont connues va nouer une alliance étroite avec Kiev qu’il alimente en matériel militaire et frétille à l’idée
de venir rejoindre même en trichant le club des 8 (les cinq plus Inde Pakistan et Israël).
• Donc quand en aout 2022 Guterres convoque à Kiev Erdogan et Zelensky il le fait in extremis pour empêcher
l’émergence de deux nouveaux états atomiques voyous.
L’intégration de la région de Zaporijia de sa centrale et de ses stocks d’uranium et de plutonium à la Fédération de Russie met un terme à
l’aventure et enterre ses deux projets fous visant à étrangler la Russie et à étendre la menace nucléaire.
Bataille d'Izioum, appel des réservistes, referendums, sabotage des gazoducs, tout se tient, et indique une évolution attendue et logique du conflit. Le
caractère mondial de ce conflit était jusqu'ici demeuré implicite, il est maintenant devenu explicite. Plus qu'une escalade, il s'agit d'un changement de format.
Un ensemble de phénomènes récents viennent de marquer un changement notable, une étape importante et attendue du conflit ukrainien. La bataille d’Izioum, l’appel de
Poutine aux réservistes russes, les referendums des quatre oblasts, le récent sabotage des gazoducs de Baltique, et même l’attentat contre le Pont de Crimée, tous ces événements se tiennent. Ils
« changent la donne », et rendent les choses plus claires. Car ce conflit, en réalité mondial depuis le début, était jusqu’à présent présenté comme un conflit local, tant par
les américains que par les russes, pour diverses raisons :
Récit américain/ récit russe
Pour les américains, il était important de faire « commencer le film » le 24 Février, pour camoufler leur stratégie de conquête anti-soviétique, puis
anti-russe, menée avec une grande constance depuis 1991, et même depuis la 2ème guerre mondiale (1). Par ailleurs, ce « récit » simpliste, sans aucune profondeur de champ, était très
pratique à relayer, et permettait, auprès de médias européens scandaleusement aux ordres, et des opinions crédules et bien préparées par un « carpet bombing » médiatique très puissant,
de faire accepter sans la critiquer la vision manichéenne faisant des russes les « méchants agresseurs » et des ukraniens les « gentils agressés »… Cette stratégie médiatique
a jusqu’ici très bien fonctionné en interne. En effet, si elle n’a guère convaincu 80% des pays de la planète, bien plus lucides et moins américanophiles que les naïfs européens, elle a
permis, jusqu’ici du moins, de faire « avaler » à ces derniers les invraisemblables dépenses de soutien à l’Ukraine, le risque politique avéré des livraisons d’armes, et le très lourd
prix en retour des sanctions, alors même que la politique monétaire préalable débridée avait déjà créé pour eux une importante hausse des prix et une promesse de paupérisation.
Pour les russes, les objectifs étaient bien différents. A leurs yeux, il était important de laisser « du temps au temps ». Désireux de
« casser » le plus tard possible les liens restants avec l’Europe, ils souhaitaient, tout au long du processus, montrer leur ouverture à une possible négociation. D’abord, le choix d’un
corps expéditionnaire de 160.000 hommes pour leur « opération spéciale » était un signe politique bien suffisant pour prouver qu’ils n’étaient pas là pour la conquête, mais pour
obtenir, enfin, l’application des accords de Minsk (2). Et de fait, si les négociations ont avorté, ce n’est nullement de leur fait. On se souvient des deux négociateurs ukrainiens de la
délégation initiale en Biélorussie, assassinés à leur retour à Kiev, puis la « découverte » très opportune des massacres de Boutcha, du bombardement de la gare de Kramatorsk, etc… A
chaque fois, c’est bien la partie occidentale qui a alimenté le verbatim guerrier, et fermé la porte aux discussions. Même lorsqu’il y a eu un accord partiel sur certains points, on peut
constater que les occidentaux n’ont pas respecté leur parole, comme si la surenchère et la provocation faisaient intrinsèquement partie de leur stratégie (3). Pour autant, la partie russe, même
si elle ne s’est pas gênée pour dénoncer l’impérialisme occidental, n’a jamais adopté un discours violemment guerrier. De plus, contrairement, par exemple, aux communistes asiatiques, pour qui le
« verbe » martial et agressif était consubstantiel à leur méthode politique, la philosophie des russes ne consiste pas à la surenchère médiatique, persuadés qu’ils sont que la victoire
militaire sur le terrain, et/ou le retournement des opinions adverses par le simple jeu des événements, sont la clef de tout.
Mais les choses ont évolué, rendant, pour les uns comme pour les autres, ces stratégies politico-médiatiques obsolètes.
Ce qui force Américains et Russes à changer le format du conflit
Ce qui a changé, d’abord, c’est le refus permanent des occidentaux à toute « ouverture » d’un canal de discussion. Pressions sur les médias et même sur
l’AIEA pour ne pas reconnaître la réalité des frappes ukrainiennes sur la centrale de Zaporijia (4), alors que les preuves sont manifestes (5), velléité de fermeture des frontières européennes
pour les touristes russes, et même tracasseries administratives pour les diplomates russes censés se rendre aux USA pour les sessions de l’ONU ! Tout a été bon pour dire aux russes, de la part
des occidentaux : « Nous vous détestons. Nous ne voulons pas parler avec vous ». Par-delà la guerre, nous avons maintenu, en toute connaissance de cause, un « climat »
détestable avec nos adversaires. A un moment donné et, il faut le dire, après beaucoup de temps (6), les russes ont fini par prendre ces paroles au pied de la lettre. Comme dans certains
combats, elles veulent dire « Le duel ira jusqu’au bout. Il n’y aura pas de quartiers ». Ce message est maintenant passé.
Par ailleurs, la tactique adoptée par les russes, consistant à ne pas attaquer la « ligne Maginot » ukrainienne, mais au contraire, à se contraindre à une
guerre défensive (7), obligeant leurs adversaires à sortir de leurs fortifications, a peu à peu dévitalisé l’armée de Kiev en éliminant une partie des combattants les plus aguerris. La guerre
médiatique, principe de la stratégie ukrainienne (8), a en effet forcé ces derniers soit à se découvrir et à attaquer, au risque de se faire hacher, soit, comme à Marioupol, à faire « Fort
Chabrol » (9), pour montrer qu’ils ne se rendraient sous aucun prétexte. Dans les deux cas, une ineptie militaire. Le résultat, c’est que l’armée ukrainienne proprement dite n’existe plus ou
presque. Ceux que l’on voit aujourd’hui combattre, de plus en plus, ce sont les conscrits de « chair à canon » (10), renforcés par des supplétifs étrangers.
Et pour compenser cet affaiblissement ukrainien, l’implication des occidentaux a été de plus en plus forte : soutien gigantesque en finances (11), mais
aussi en armes, en logistique, en renseignement militaire et satellite, en appui de soldats « mercenaires » (12) et de commandement, en planification, en formation. De fait,
aujourd’hui, les masques tombent : ce n’est plus l’Ukraine qui combat, mais c’est l’OTAN directement. Le « verbatim » initial n’a plus cours. Il est devenu inutile, parce que
les populations européennes, qu’il s’agissait de convaincre au départ par le simplisme manichéen des « méchants contre les gentils », sont maintenant suffisamment « enfoncées dans
l’entonnoir » pour penser qu’elles ne pourront plus en sortir. A la place, ce qu’il s’agit maintenant de « promouvoir », pour les empêcher de se « libérer » de l’emprise
du conflit et de l’effet de retour des sanctions, c’est le risque de la guerre nucléaire.
Le tournant d’Izioum
Le meilleur signe de ce changement, c’est la bataille d’Izioum. En effet, de l’avis de tous les experts, elle a marqué un tournant, non pas tant sur le plan
stratégique (13) ou même sur le plan tactique (14) que sur le plan de la méthode. Car elle rompt, pour la première fois, avec la doctrine défensive choisie depuis 2014 pour briser les
russes. Elle a choisi l’attaque rapide, ce qui n’était pas dans les plans prévus ni enseignés. De l’avis des experts, elle n’a pas été pensée, planifiée ni même exécutée par les ukrainiens, mais
par l’OTAN directement. Il s’agit donc maintenant, sur le plan militaire, d’une guerre directe OTAN/Russie, sans plus se cacher derrière le « proxi » ukrainien.
Poutine, qui avait souhaité, le plus longtemps possible, laisser ouvert un « canal » de discussion, a immédiatement tiré la leçon, non pas de l’échec
militaire, comme on l’a dit, mais du changement de format de la guerre. Le temps diplomatique est terminé. Puisque l’OTAN s’affiche d’un côté, la Russie doit s’afficher de l’autre.
La conscription partielle d’une part, la mise en place des referendums d’autre part, confirment ce changement de « format ». La « Novarussia » (15) sera désormais la Russie,
et elle sera défendue non plus par un « corps expéditionnaire », mais par des soldats russes, et suffisamment pour sécuriser les plus de 1000 km de cette « nouvelle
frontière ». De même, on peut penser que les russes changeront aussi de doctrine concernant leurs ennemis. Autrefois très parcimonieux concernant le bombardement des civils (16), il est
probable qu’ils vont être maintenant beaucoup plus intransigeants face aux attaques contre leurs nouveaux territoires. Si Kiev se présente désormais contre un ennemi direct de la Russie, il y a
fort à parier que l’Ukraine, jusqu’ici largement épargnée (17), va subir la réponse d’un pays en guerre, infiniment plus brutale (18). La Russie ne se mettra pas d’elle-même dans une
configuration internationale, parce qu’elle a intérêt à conserver, pour se protéger, un caractère local au conflit. Mais elle va considérablement durcir sa réponse locale.
Les gazoducs
Dans ce cadre-là, on comprend également beaucoup mieux « l’affaire des gazoducs ». D’une part, il ne fait aucun doute que cette attaque vient du camp
occidental et non du côté russe (19). Par ailleurs, les américains, par ce fait, font passer un certain nombre de messages extrêmement clairs :
aux russes et au reste du monde : « Soyez certains que nous combattrons les intérêts russes partout sur la planète. Il n’y aura pas de quartiers ni de
limites».
aux allemands : « Vous nous avez trahis en vous rapprochant des russes, alors que vous saviez que nous n’en voulions à aucun prix. Voici votre punition
(20) ».
au reste des européens : « Il n’y a pas d’autre choix que d’être avec nous ou contre nous. Si vous bougez de la ligne stratégique définie, voilà un
échantillon de ce qui vous arrivera».
Ils ont ainsi réagi, et fort vite, aux velléités allemandes de « ramollir » le consensus européen de soutien à l’Ukraine, motivé par la peur que suscitait
pour eux l’effondrement économique et social attendu, suite au possible manque de gaz durant l’hiver. Aujourd’hui, il n’y a plus d’alternative. Mieux encore que le conquistador Hernan Cortés
(21), les américains ont inventé une variante de sa célèbre action d’éclat : au lieu de brûler leurs vaisseaux, ils ont brûlé ceux de leur meilleur allié… On peut penser que peu parmi les
dirigeants européens, vont maintenant manifester leur indépendance…
Par ailleurs, ils ont créé les conditions d’une possible surenchère des russes, qui pourraient s’attaquer aux intérêts américains ailleurs qu’en Ukraine. En vérité,
probablement, ils n’attendent que cela. Il paraît douteux que, là aussi, le rusé Poutine tombe dans le piège.
Peu à peu, la logique mortifère et inéluctable de cette affaire apparaît au grand jour, celle d’un affrontement direct entre les deux plus grandes puissances
militaires et nucléaires de la terre (22). Elle impose les deux seules réponses possibles : l’une est de dire « Halte au feu ! », enfin, une réponse humanitaire et non
belliciste. L’autre est de dire « Cette affaire n’aura pas de solution militaire, mais seulement une solution politique ». De plus en plus, un grand discours de Phnom Penh s’impose
(23). Mais qui en aura le courage ?
(1) Dans son excellent livre, « L’ami américain », le journaliste Eric Branca montre que pendant cette guerre, les américains poursuivent, en parallèle, deux
objectifs apparemment contradictoires, l’un consistant à s’allier aux russes pour combattre les nazis, l’autre consistant à s’allier aux nazis pour combattre
les russes. La stratégie anti-russe est donc bien antérieure à 1991.
(2) a) Reconnaissance de la Crimée, b) Statut d’autonomie des oblasts de Donetsk et Lougansk, c) Démilitarisation
(6) Si l’on peut reprocher une chose à Poutine, paradoxalement, c’est sa naïveté. En effet, il n’a cessé de croire, envers et contre tout ce qu’il a observé
depuis 1991, qu’il pourrait un jour trouver un accord avec l’occident. S’il s’est décidé à intégrer les 4 oblasts, c’est que ses dernières illusions sont
tombées.
(10) Les garçons à partir de 16 ans, les filles à partir de 18 ans, les personnes âgées jusqu’à 70 ans. Quelle folie que de pousser encore et toujours ce pays
à la guerre !
(11)L’occident a dépensé jusqu’ici pour cette guerre plus de 80 Milliards de USD
(12) Il semble que l’on trouve en particulier, aujourd’hui, beaucoup de combattants africains. Les cercueils de retour au pays font moins de bruit qu’en
occident…
(13) Les terres de la région de Kharkiv jusqu’à Izioum ne sont pas stratégiques pour les russes. Elles sont très difficiles à protéger, parce qu’elles sont
très plates. Elles ne font pas partie des zones qu’ils veulent libérer.
(16) D’après l’ONU, cette guerre n’a fait, jusqu’ici, « que » 6000 morts environ. Il faut rappeler que lors de la guerre d’Iraq, les bombardements alliés ont
fait, en quelques jours, près de 200.000 morts (sans aucune protestation internationale…), et en tout près d’un million de morts entre 2003 et 2011
(17) Parce que Poutine voulait laisser une dernière chance à la négociation et la paix.
(18)C’est ce qu’a dit, dans une conférence au printemps 2022, le grand expert américain John Mearsheimer : « Vous êtes
fous de vouloir vous attaquer à l’une des plus grandes armées du monde. Si vous la mettez en difficulté, c’est très simple. Elle détruira totalement
l’Ukraine ».
(19)D’une part, on ne comprend pas pourquoi les russes détruiraient un ouvrage pharaonique qui leur a demandé 20 ans d’efforts, alors qu’il est précisément
l’un de leurs meilleurs moyens de chantage sur l’Allemagne. D’autre part, cet épisode leur coûte très cher, puisque, outre les réparations, il les oblige, pour
éviter que l’eau ne remonte dans le gazoduc et l’abîme dans sa totalité, à continuer à y injecter 200 millions de m3 de gaz par jour. Par ailleurs, la zone où
le sabotage a eu lieu est, comme le détroit d’Ormuz, l’une des plus surveillées du monde, sur et sous l’eau. Nul doute qu’un sous-marin russe y aurait été
immédiatement détecté. Enfin, les responsabilités se sont déjà été manifestées. Radek
Sikorki a effacé le tweet où il remerciait les USA d’avoir saboté les gazoducs – Le Courrier des Stratèges (lecourrierdesstrateges.fr)
(20)Les américains détestent ceux qui veulent prendre du champ, après avoir été leurs vassaux. La liste est fort longue des « punis » : Reza Pahlavi, Noriega,
Mobutu, Saddam, etc…Olaf Scholz n’est que le dernier d’entre eux.
(22) A moins que, selon ce que disent les plus récentes analyses, les réserves en hommes et en armes des ukrainiens ne soient maintenant épuisées, suite aux
attaques quasi-suicidaires récemment menées, fructueuses au nord, infructueuses au sud. Dans ce cas, l’arrivée de l’hiver et des réservistes pourrait être le
moment d’une contre-attaque russe définitive.
Tout d’abord, je veux poster une vidéo que j’ai trouvée sur Twitter (original ici) qui montre quel type d’explosion a eu lieu sur le pont de Crimée.
D’après ce que j’ai lu, un camion rempli d’explosifs a explosé, tuant trois personnes dans une voiture à proximité, puis les flammes se sont emparées d’un
train qui traversait également le pont. Ce train était plein de carburant. Ce n’est que grâce à l’étonnante rapidité avec laquelle les équipes du pont ont réagi que les dégâts ont
été limités à seulement 9 wagons et, par conséquent, à un segment beaucoup plus court de voies ferrées.
En regardant la vidéo, on pourrait imaginer que le pont est en ruines. En fait, le trafic a été rétabli sur les deux voies ferrées et sur la route en moins
de 24 heures (à l’exception des poids lourds). En d’autres termes, il s’agit d’un nouveau cas de « c’est humiliant, mais pas dangereux » (обидно но не опасно).
Mais c’est une notion de plus en plus erronée : cette fois-ci, c’est aussi TRÈS dangereux.
• Il est évident que le
régime de Kiev n’aurait jamais eu les moyens, techniques et politiques, d’exécuter une telle attaque sans avoir reçu l’ordre de ses maîtres occidentaux de le faire.
• Une telle attaque, juste après les
attaques contre NS1/NS2, montre sans aucun doute que l’Occident a désormais choisi la voie de la guerre terroriste totale.
• C’est logique, puisque
pour toutes les soi-disant « victoires » des forces de l’OTAN en Ukraine, la réalité est qu’elles ont reconquis quelques villages et villes alors que la Russie a libéré puis
incorporé des régions entières.
• Et la Russie a fait
cela en étant toujours en désavantage numérique.
• Et en infligeant des
ratios de 10 à 1 pour les tués et les blessés.
• En d’autres termes, la
« réorientation » de l’Occident vers le terrorisme est un aveu de défaite militaire, économique et politique.
Bien que ce ne soit guère une surprise, l’Occident utilisant toujours le terrorisme contre des gouvernements souverains, il s’agit néanmoins d’une évolution
très négative pour la Russie.
En termes simples, il y a toujours plus de cibles que de policiers ou de gardes.
En outre, les terroristes peuvent toujours choisir le moment et le lieu de leurs attaques.
Jusqu’à présent, les efforts des Ukronazis en Russie n’ont apporté que très peu de bénéfices tangibles : le meurtre de Dugina en a fait une martyre,
l’attaque contre NS1/NS2 n’a vraiment fait que du tort à l’Allemagne et à l’UE, tandis que l’explosion sur le pont de Crimée a prouvé qu’il s’agissait d’une cible très difficile à
détruire, à moins d’utiliser une bombe nucléaire tactique.
Nous devons tous nous souvenir des attaques terroristes contre l’école de Beslan, le théâtre Dubrovka à Moscou, l’hôpital de Budennovsk, l’aéroport
international Domodedovo ou le métro de Saint-Pétersbourg. Toutes ces attaques sont le résultat d’actions menées par des « groupes terroristes », qui étaient (et sont toujours)
dirigés par des services spéciaux occidentaux.
Il n’y a fondamentalement que deux façons de vaincre ces attaques terroristes parrainées par l’État :
Infiltrer les groupes dits terroristes et infiltrer les « agences mères » occidentales qui les dirigent.
Convaincre le grand public de passer en mode « haute vigilance ».
En fait, l’ensemble de la société russe doit se mettre en « état de guerre mentale » et rester calme et très vigilante à la fois
: la Russie n’est
pas seulement attaquée par les nazis banderistes, mais aussi par les auteurs du 11 septembre 2001, du vol MH17 (et de bien d’autres encore !) et ce sont ces mêmes personnes qui ont
déclenché toute une campagne terroriste contre l’Iran, utilisant des attaques à la bombe, des assassinats, des sabotages, etc.
Ensuite, il y a le problème de l’escalade. L’attaque du pont de Crimée était
clairement un acte de guerre.
Bien sûr, étant donné qu’aucun passeport américain n’a été retrouvé flottant dans l’eau, la réponse de la Russie ne devrait pas être une attaque militaire
de représailles. Cependant, je m’attends à ce que quelque chose se produise bientôt, très probablement en Ukraine, mais impliquant probablement du personnel/des biens/installations
occidentaux.
En conclusion, je m’attends à ce que les choses empirent encore jusqu’aux élections aux États-Unis. Non pas que j’aie beaucoup d’espoir que le bon sens
l’emporte en cas de victoire du Parti républicain, mais « un tout petit peu » vaut mieux que « rien du tout ».
En attendant, il est tout simplement choquant pour moi d’observer l’orgasme collectif ressenti par les dirigeants de l’Occident chaque fois qu’une horreur
s’abat sur la Russie. À vrai dire, le fait qu’ils nous détestent ne me surprend pas. Ce qui me surprend beaucoup plus, c’est de voir à quel point ces cris de joie sont remplis de haine et
de « prend ça dans la gueule ». Et je me demande :
Est-ce qu’ils voient cette joie haineuse dans leurs propres yeux quand ils se regardent dans le miroir ? Lorsqu’ils voient une photo de Daria Dugina,
ont-ils l’impression de faire le « ouais ! marqué un but contre Poutine ! » ? Lorsque le tribunal kangourou des Pays-Bas déclarera que c’est la Russie (ou la LDNR) qui a
fait sauter le MH17, auront-ils le sentiment que justice a été rendue et que les coupables ont été punis ?
Je crains que demander ce qu’ils voient ou ne voient pas soit une mauvaise question à laquelle, d’ailleurs, Poutine a répondu dans son récent discours lorsqu’il
a dit « ces élites européennes comprennent tout mais elles le font, elles préfèrent servir les intérêts des autres ».
Ce n’est pas qu’elles ne voient pas, mais elles s’en fichent. Complètement. Comme toujours.
Je terminerai par une question : Ce que je viens de dire est-il vrai uniquement pour les classes dirigeantes européennes ou est-ce vrai pour la plupart des
personnes qui vivent dans l’UE ?
Que feront les Européens nobles et bien intentionnés lorsque le prochain bain de sang se produira en Russie (car tôt ou tard, il se produira, telle est la
nature de la menace terroriste) ? Se réjouiront-ils et brandiront-ils un peu plus haut leur drapeau ukrainien ou s’en ficheront-ils tout simplement ?
La Russie se prépare à une escalade dans cette
guerre. Elle augmente ses forces au niveau minimum pour pouvoir faire face à une offensive majeure de l’OTAN. Cette décision n’a pas été précipitée par une attrition significative de la force
existante. Les faits sont clairs : les milices de Donetsk et de Luhansk représentent lamajorité des forces alliées russes qui combattent dans le
Donbass. Les milices ont toutefois été renforcées par des soldats sous contrat du Groupe Wagner et des combattants tchétchènes, plutôt que par des forces russes
régulières.
Mais cela est sur le point de changer. Le nombre de soldats réguliers russes combattant en Ukraine va augmenter de façon spectaculaire. Cependant, les référendums
dans les oblasts ukrainiens sont prioritaires, et ils seront suivis par l’acceptation des résultats par le gouvernement russe et la Douma, qui approuveront l’annexion de ces territoires. Une fois
cette étape franchie et les territoires assimilés à la Russie, toute attaque contre les nouveaux territoires russes sera traitée comme un acte de guerre contre la Russie. Comme le note l’ancien diplomate indien MK Bhadrakumar, « l’adhésion du Donbass, de Kherson et de Zaporozhye crée une
nouvelle réalité politique et la mobilisation partielle de la Russie en parallèle a pour but d’en assurer le soutien militaire » .
Il est clair que nous – le monde – sommes à un moment charnière. La « Russie collective » a conclu que l’ancienne
guerre de basse intensité n’était plus viable.
Des flux inimaginables de milliards de dollars occidentaux, trop de doigts otaniens dans le gâteau ukrainien, une« piste Ho Chi
Minh » trop large d’armes de plus en plus avancées et à longue portée, et trop d’« illusions« que Kiev puisse encore gagner d’une manière ou d’une autre – ont effectivement miné toute « solution de sortie de route » et laissent
présager une escalade inexorable.
Eh bien, la « Russie collective » a décidé de « prendre de l’avance » et de porter les affaires
de l’Ukraine à un stade critique. C’est un risque ; c’est pourquoi nous avons atteint un point d’inflexion. La question à 64 000 dollars est de savoir quelle sera la réaction étudiée des
dirigeants politiques occidentaux au discours de Poutine. Les prochaines semaines seront cruciales.
Le fait est que les dirigeants occidentaux « prétendent » que Poutine ne fait que bluffer
car il est en train de perdre. Le battage médiatique occidental tente le tout pour le tout : « Poutine est paniqué, les marchés russes chutent, les
jeunes hommes fuient la conscription » . Pourtant, l’indice Moex Russie a clôturé en hausse jeudi, le rouble est resté
stable et les grandes files d’attente se font dans les bureaux de recrutement plutôt que dans les bureaux des compagnies aériennes.
Soyons clairs : la mobilisation limitée annoncée par Poutine ne s’applique qu’à ceux qui servent dans les réserves russes et qui ont déjà fait leur service
militaire. Il est peu probable qu’elle entrave l’économie.
Le retrait tactique pré-planifié de la Russie de Kharkov, bien que logique sur le plan militaire, étant donné le nombre de troupes nécessaires pour défendre une
frontière de 1 000 km, a suscité dans tout l’Occident un fantasme de panique à Moscou et de fuite des forces russes de Kharkov devant l’avancée de l’offensive ukrainienne.
Le danger de tels fantasmes est que les dirigeants commencent à croire leur propre propagande. Comment les rapports des services de renseignement occidentaux
ont-ils pu se détacher à ce point de la réalité ? L’une des raisons est sans aucun doute la décision explicite d’élaborer des informations « sélectionnées » pour servir de propagande
anti-russe délibérément « divulguée » . Et où serait la meilleure source
pour un tel matériel de propagande ? A Kiev. Il semble que, dans une large mesure, les services de renseignement en viennent à accepter et à diffuser ce que dit Kiev, sans en vérifier
l’exactitude.
Oui, c’est difficile à croire (mais ce n’est pas sans précédent). Les politiciens aiment naturellement ce qui semble renforcer leurs récits. Les évaluations
contraires sont accueillies par des grimaces.
Par conséquent, les dirigeants occidentaux redoublent de promesses de continuer à envoyer de l’argent et des armes de pointe à l’Ukraine, armes qui seront utilisées
pour attaquer, entre autres, les civils russes. Le nouveau discours concerté de l’Occident est le suivant : du côté russe, un seul homme peut mettre fin à la guerre ; de l’autre côté, si
l’Ukraine arrête la guerre, cela signifiera « plus d’Ukraine » .
Les néoconservateurs, tels que Robert Kagan, ont naturellement apporté leur propre touche au discours officiel en affirmant que Poutine bluffe. Kagan a écrit dans Foreign
Affairs :
La Russie possède peut-être un arsenal nucléaire redoutable, mais le risque que Moscou l’utilise n’est pas plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’aurait été en 2008
ou en 2014, si l’Occident était alors intervenu. Et il [le risque nucléaire] a toujours été extraordinairement faible : Poutine n’atteindra jamais ses objectifs en se détruisant et en
détruisant son pays, ainsi qu’une grande partie du reste du monde.
En bref, ne vous inquiétez pas d’entrer en guerre avec la Russie, Poutine n’utilisera pas « la bombe » . Vraiment ?
Encore une fois, pour être clair, Poutine a déclaré dans son discours du 21 septembre : « Ils [les dirigeants occidentaux] ont même eu recours au
chantage nucléaire… [Je me réfère] aux déclarations faites par certains représentants de haut rang des principaux pays de l’OTAN sur la possibilité et l’admissibilité d’utiliser des armes de
destruction massive, des armes nucléaires, contre la Russie » .
Je tiens à rappeler […] qu’en cas de menace contre l’intégrité territoriale de notre pays, et pour défendre la Russie et notre peuple, nous utiliserons
certainement tous les systèmes d’armes dont nous disposons. Ce n’est pas du bluff.
Ces néoconservateurs qui prônent la « dissuasion dure » entrent et sortent du
pouvoir, sont parqués dans des endroits comme le Council on Foreign Relations, Brookings ou l’AEI, avant d’être rappelés au gouvernement. Ils ont été aussi
bien accueillis à la Maison Blanche d’Obama ou de Biden, qu’à celle de Bush. Pour eux, la guerre froide n’a jamais pris fin et le monde reste binaire : « nous et eux, le bien et le mal » .
Bien sûr, le Pentagone ne croit pas au mème de Kagan. Ils savent bien ce qu’implique une guerre nucléaire. Pourtant, les élites politiques de l’UE et des États-Unis
ont choisi de placer tous leurs jetons sur la roulette « Ukraine » .
L’expression symbolique de l’Ukraine sert désormais des objectifs multiples : en premier lieu, elle sert à détourner l’attention des échecs nationaux
– « Sauver l’Ukraine » offre un
récit (bien que faux) pour expliquer la crise énergétique, l’inflation galopante et les fermetures d’entreprises. C’est aussi un symbole pour installer le récit de « l’ennemi intérieur » (les soutiens
secrets de Poutine). Et il sert à justifier le régime de contrôle actuellement en cours de préparation à Bruxelles. En bref, ce slogan est politiquement très utile. Peut-être même existentiellement essentiel.
La Russie est donc la première à se préparer réellement à la guerre. L’Occident serait bien avisé de le reconnaître et de comprendre comment cette situation s’est
produite, plutôt que de prétendre à son public que la Russie est au bord de l’effondrement, ce qui n’est pas le cas.
Comment la « Russie collective » en est-elle arrivée là ?
Comment les pièces du puzzle s’assemblent-elles ?
La première pièce de ce puzzle est la Syrie : Moscou y est intervenu avec une infime implication – quelque 25 chasseurs Sukhoi et pas plus de 5 000 hommes. Là,
comme en Ukraine, l’opération a consisté à soutenir les forces de la ligne de front. En Ukraine, en aidant la milice du Donbass à se défendre – et en Syrie, en offrant à l’armée syrienne un
soutien aérien, des renseignements et une médiation à ceux avec qui Damas ne discute pas.
L’autre élément clé pour comprendre la « posture » de la Russie en Syrie est que
Moscou pouvait compter, pour les combats d’avant-garde au sol, sur deux auxiliaires de combat hautement qualifiés et motivés, en plus de l’armée syrienne traditionnelle : le Hezbollah et le Corps
des gardiens de la révolution islamique.
Dans l’ensemble, cette intervention russe – limitée à un rôle de soutien – a néanmoins donné des résultats politiques. La Turquie a joué un rôle de médiateur et
l’accord d’Astana a vu le jour. Bien qu’Astana n’ait pas été un grand succès, son cadre est toujours d’actualité.
Ce qu’il faut retenir, c’est que le déploiement de Moscou en Syrie a finalement été orienté vers une solution politique.
Avance rapide vers l’Ukraine : les milices de Donetsk et de Louhansk représentent la majorité des forces alliées à la Russie qui combattent dans le Donbass. Ces
milices sont renforcées par des soldats sous contrat du groupe Wagner et des combattants tchétchènes. Cela explique pourquoi les pertes russes de 5 800 tués et blessés au cours de l’opération
militaire spéciale sont « faibles » . Les forces russes étaient
rarement sur les lignes de front de cette guerre. (En Syrie, elles n’étaient pas du tout sur les lignes de front).
Ainsi, le plan de la Syrie a effectivement été adapté à l’Ukraine. Qu’est-ce que cela nous apprend ? Cela suggère qu’à l’origine, l’équipe Poutine s’orientait vers
un règlement négocié en Ukraine, tout comme en Syrie. Et cela a failli se produire. La Turquie a de nouveau joué le rôle de médiateur, et des pourparlers de paix ont eu lieu à Istanbul fin mars,
avec des résultats prometteurs.
Sur un point toutefois, les événements n’ont pas suivi le modèle syrien. Boris Johnson a immédiatement sabordé l’initiative de règlement, avertissant Zelensky qu’il
ne devait pas « normaliser » avec
Poutine et que, s’il parvenait à un accord, celui-ci ne serait pas reconnu par l’Occident.
Après cet épisode, l’OMS n’en a pas moins continué dans son format très restreint (sans aucun signe de solution politique à l’horizon). Elle a également persisté,
malgré les preuves croissantes que la destruction des défenses que l’OTAN avait mis huit ans à ériger dans le Donbass était probablement au-delà des capacités de la milice. En bref, l’OMS
démontrait ses limites : ce qui fonctionnait en Syrie ne fonctionnait pas en Ukraine.
Des forces plus importantes étaient manifestement nécessaires. Pouvait-on y parvenir en modifiant l’OMS (ce qui imposait des contraintes juridiques aux forces
régulières russes servant en Ukraine), ou fallait-il procéder à une refonte complète ? Le résultat a été la mobilisation limitée et la tenue de référendums.
Il est clair que la décision d’assimiler le territoire ukrainien exclurait tout règlement politique probable, mais cette dernière possibilité s’éloignait de toute
façon à mesure que l’Occident se laissait aller à ses fantasmes d’une victoire complète de l’Ukraine, et que l’OTAN augmentait la tension. La « guerre » concerne de moins en moins
l’Ukraine et devient de plus en plus une guerre de l’OTAN contre la Russie.
Toute solution politique, même théorique, à ce stade, impliquerait que Moscou s’assoit avec l’Occident collectif. Kiev devenant un spectateur.
C’est à ce moment-là qu’une autre géopolitique s’est imposée dans l’équation : la Russie, sous le coup des sanctions, doit poursuivre une stratégie de construction
d’une « profondeur
stratégique » protégée et de commerce avec sa propre monnaie (en dehors de l’hégémonie du dollar). MacKinder a appelé cette sphère « l’île monde » – une masse terrestre, bien
éloignée des grandes puissances navales.
La Russie a besoin du soutien des BRICS et de l’OCS en tant que partenaires, tant pour créer cette « profondeur stratégique commerciale » que
pour le projet d’ordre mondial multipolaire. Toutefois, certains de ses dirigeants, en particulier la Chine et l’Inde, conscients de la charte fondatrice de l’OCS de 2001, pourraient
naturellement avoir des difficultés à soutenir
publiquement les projets de la Russie en Ukraine.
Oui, la Chine et l’Inde sont sensibles aux interventions dans d’autres États, et l’équipe Poutine a travaillé dur, informant continuellement ses alliés sur
l’Ukraine, afin qu’ils puissent comprendre le contexte complet du conflit. Le sommet de Samarcande a été la dernière « pièce » , le briefing personnel sur ce qui
allait se passer en Ukraine et ce qui devait se mettre en place.
Comment l’Occident va-t-il réagir ? En affichant publiquement sa « fureur » , c’est certain ; pourtant, malgré le
battage médiatique, certaines réalités fondamentales devront être abordées : l’Ukraine, avec ses forces sévèrement érodées, a-t-elle les moyens de poursuivre cette guerre après la perte de tant
d’hommes ? L’Europe est-elle même capable de se mobiliser en vue d’une guerre plus vaste de l’OTAN contre la Russie ? Les États-Unis et l’Europe conservent-ils un stock suffisant de munitions,
après qu’une telle quantité soit déjà passée entre les mains de Kiev ?
Les prochaines semaines seront cruciales et apporteront des réponses.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
La fine ligne rouge : L’OTAN ne peut pas se permettre de perdre Kaboul et Kiev .
La Russie ne permettra pas à l’Empire
de contrôler l’Ukraine, quoi qu’il en coûte. C’est intrinsèquement lié à l’avenir du Partenariat pour la Grande Eurasie.
Damas avait rejeté le plan – américain – d’un gazoduc Qatar-Turquie, au profit de l’Iran-Irak-Syrie (pour lequel un protocole d’accord avait été
signé).
Il s’en est suivi une campagne vicieuse et concertée « Assad doit partir » : la guerre par procuration comme voie vers un changement de régime. Le
cadran toxique a augmenté de façon exponentielle avec l’instrumentalisation d’ISIS – encore un autre chapitre de la guerre de la terreur. La Russie a bloqué ISIS, empêchant ainsi un
changement de régime à Damas. Le pipeline privilégié par l’Empire du Chaos a mordu la poussière.
L’Empire s’est finalement vengé en faisant sauter des pipelines existants – Nord Stream (NS) et Nord Steam 2 (NS2) – qui transportent ou sont sur le point
de transporter du gaz russe vers un concurrent économique impérial clé : l’UE.
Nous savons tous maintenant que la ligne B du NS2 n’a pas été bombardée, ni même perforée, et qu’elle est prête à fonctionner. La réparation des trois
autres lignes – perforées – ne serait pas un problème : une question de deux mois, selon les ingénieurs navals. L’acier des Nord Stream est plus épais que celui des navires modernes.
Gazprom a proposé de les réparer, à condition que les Européens se comportent en adultes et acceptent des conditions strictes de sécurité.
Nous savons tous que cela n’arrivera pas. Rien de ce qui précède n’est abordé dans les médias de l’OTAN. Cela signifie que le plan A des suspects habituels
reste en place : créer une pénurie de gaz naturel artificielle, conduisant à la désindustrialisation de l’Europe, tout cela faisant partie de la Grande Réinitialisation, rebaptisée
« Le Grand Récit ».
Pendant ce temps, le Muppet Show de l’UE discute du neuvième paquet de sanctions contre la Russie. La Suède refuse de partager avec la Russie les résultats
de « l’enquête » douteuse menée par l’OTAN sur l’auteur de l’explosion de Nord Stream.
Lors de la semaine russe de l’énergie, le président Poutine a résumé les faits bruts.
L’Europe reproche à la Russie la fiabilité de ses approvisionnements énergétiques alors qu’elle recevait la totalité du volume qu’elle achetait dans le
cadre de contrats fixes.
Les « orchestrateurs des attaques terroristes du Nord Stream sont ceux qui en profitent ».
Réparer les lignes de Nord Stream « n’aurait de sens que dans l’hypothèse d’un fonctionnement et d’une sécurité continus ».
L’achat de gaz sur le marché spot entraînera une perte de 300 milliards d’euros pour l’Europe.
La hausse des prix de l’énergie n’est pas due à l’opération militaire spéciale (OMS), mais aux propres politiques de l’Occident.
Pourtant, le spectacle Dead Can Dance doit continuer. Alors que l’UE s’interdit d’acheter de l’énergie russe, l’eurocratie bruxelloise fait grimper en
flèche sa dette envers le casino financier. Les maîtres impériaux se moquent éperdument de cette forme de collectivisme, car ils continuent à profiter de l’utilisation des marchés
financiers pour piller et saccager des nations entières.
Ce qui nous amène à l’argument décisif : les psychopathes straussiens/néoconservateurs qui contrôlent la politique étrangère de Washington pourraient
finalement – et le mot clé est « pourraient » – cesser d’armer Kiev et entamer des négociations avec Moscou seulement après la faillite de leurs principaux concurrents
industriels en Europe.
Mais même cela ne serait pas suffisant, car l’un des principaux mandats « invisibles » de l’OTAN consiste à exploiter, par tous les moyens, les
ressources alimentaires de la steppe pontique-caspienne : nous parlons d’un million de km2 de production alimentaire, de la Bulgarie à la Russie.
Judo à Kharkiv
L’OMS s’est rapidement transformée en une OAT (opération anti-terroriste) « douce », même sans annonce officielle. L’approche pragmatique du
nouveau commandant général ayant reçu carte blanche du Kremlin, le général Sourovikine, alias « Armageddon », parle d’elle-même.
Il n’y a absolument aucun indicateur permettant de conclure à une défaite russe, où que ce soit le long de la ligne de front de plus de 1000 km. Le retrait
de Kharkiv a peut-être été un coup de maître : la première étape d’un mouvement de judo qui, sous couvert de légalité, s’est pleinement développé après le bombardement terroriste du
Krymskiy Most – le pont de Crimée.
Considérons la retraite de Kharkiv comme un piège – comme dans Moscou démontrant graphiquement une « faiblesse ». Cela a conduit les forces de
Kiev – en réalité leurs manipulateurs de l’OTAN – à se réjouir de la « fuite » de la Russie, à abandonner toute prudence et à se lancer dans une spirale de terreur, de
l’assassinat de Daria Douguine à la tentative de destruction du Krymskiy Most.
Pour l’opinion publique des pays du Sud, il est déjà établi que le Daily Morning Missile Show du général Armageddon est une réponse légale à un État
terroriste. Poutine a peut-être sacrifié, pour un temps, une pièce de l’échiquier – Kharkiv : après tout, le mandat de l’opération militaire spéciale n’est pas de tenir le terrain, mais
de démilitariser l’Ukraine.
Moscou a même gagné après Kharkiv : tout le matériel militaire ukrainien accumulé dans la région a été lancé dans des offensives, juste pour que l’armée
russe s’adonne joyeusement à un entraînement continu au tir.
Et puis, il y a le clou du spectacle : Kharkiv a déclenché une série d’actions qui ont permis à Poutine d’obtenir un échec et mat, par le biais de
l’opération anti-terroriste « douce » et lourde en missiles, réduisant ainsi l’Occident collectif à une bande de poulets sans tête.
Parallèlement, les suspects habituels continuent à faire tourner sans relâche leur nouveau « récit » nucléaire. Le ministre des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov, a été contraint de répéter ad nauseam que, selon la doctrine nucléaire russe, une frappe ne peut avoir lieu qu’en réponse à une attaque « qui met en
danger l’existence même de la Fédération de Russie ».
L’objectif des tueurs psychopathes de Washington – dans leurs rêves les plus fous – est de pousser Moscou à utiliser des armes nucléaires tactiques sur le
champ de bataille. C’était un autre vecteur pour précipiter le moment de l’attaque terroriste du pont de Crimée : après tout, les plans des services secrets britanniques tournaient depuis
des mois. Tout cela n’a pas abouti.
La machine de propagande hystérique straussienne/néoconservatrice rejette frénétiquement, de manière préventive, la faute sur Poutine : il est
« acculé », il « perd », il « se désespère » et va donc lancer une attaque nucléaire.
Il n’est pas étonnant que l’horloge de l’apocalypse, mise en place par le Bulletin of the Atomic Scientists en 1947, soit maintenant placée à seulement 100
secondes de minuit. Juste sur « le seuil du destin ».
C’est là où une bande de psychopathes américains nous mène.
La vie au seuil du destin
Alors que l’Empire du Chaos, du Mensonge et du Pillage est pétrifié par le double échec surprenant d’une attaque économique/militaire massive, Moscou se
prépare systématiquement à la prochaine offensive militaire. En l’état actuel des choses, il est clair que l’axe anglo-américain ne négociera pas. Il n’a même pas essayé au cours des huit
dernières années et n’est pas près de changer de cap, même incité par un chœur angélique allant d’Elon Musk au pape François.
Au lieu de la jouer Tamerlan, accumulant une pyramide de crânes ukrainiens, Poutine a convoqué des éons de patience taoïste pour éviter les solutions
militaires. La terreur sur le pont de Crimée a peut-être changé la donne. Mais les gants de velours ne sont pas totalement retirés : La routine aérienne quotidienne du général Armageddon
peut encore être considérée comme un avertissement – relativement poli. Même dans son dernier discours historique, qui contenait un réquisitoire virulent contre l’Occident, Poutine a
clairement indiqué qu’il était toujours ouvert aux négociations.
Pourtant, à l’heure actuelle, Poutine et le Conseil de sécurité savent pourquoi les Américains ne peuvent tout simplement pas négocier. L’Ukraine n’est
peut-être qu’un pion dans leur jeu, mais elle reste l’un des nœuds géopolitiques clés de l’Eurasie : celui qui la contrôle bénéficie d’une profondeur stratégique supplémentaire.
Les Russes sont parfaitement conscients que les suspects habituels sont obsédés par l’idée de faire exploser le processus complexe d’intégration de
l’Eurasie – à commencer par l’Initiative Ceinture et Route chinoise (BRI). Il n’est pas étonnant que les instances importantes du pouvoir à Pékin soient « mal à l’aise » avec la
guerre. Car c’est très mauvais pour les affaires entre la Chine et l’Europe via plusieurs corridors transeurasiens.
Poutine et le Conseil de sécurité russe savent également que l’OTAN a abandonné l’Afghanistan – un échec absolument lamentable – pour placer tous leurs
jetons sur l’Ukraine. Perdre à la fois Kaboul et Kiev sera donc le coup fatal ultime : cela signifie abandonner le XXIe siècle eurasiatique au partenariat stratégique
Russie-Chine-Iran.
Le sabotage – de Nord Stream au Krymskiy Most – révèle le jeu du désespoir. Les arsenaux de l’OTAN sont pratiquement vides. Ce qui reste, c’est une guerre
de la terreur : la syrianisation, en fait l’ISIS-isation du champ de bataille. Gérée par une OTAN décérébrée, actionnée sur le terrain par une horde de chair à canon saupoudrée de
mercenaires d’au moins 34 nations.
Moscou pourrait donc être obligé d’aller jusqu’au bout – comme l’a révélé Dmitry Medvedev totalement débranché : il s’agit maintenant d’éliminer un régime
terroriste, de démanteler totalement son appareil politico-sécuritaire, puis de faciliter l’émergence d’une entité différente. Et si l’OTAN s’y oppose toujours, un affrontement direct
sera inévitable.
La fine ligne rouge de l’OTAN est qu’elle ne peut pas se permettre de perdre à la fois Kaboul et Kiev. Pourtant, il a fallu deux actes de terrorisme – sur
le Pipelineistan et sur la Crimée – pour imprimer une ligne rouge beaucoup plus dure et brûlante : La Russie ne permettra pas à l’Empire de contrôler l’Ukraine, quoi qu’il en coûte. C’est
intrinsèquement lié à l’avenir du partenariat de la Grande Eurasie. Bienvenue dans la vie au seuil du destin.
Ce n’est pas pour enfoncer une porte ouverte, mais la plupart des gens dans le monde ont une image délirante de la guerre en Ukraine. Comme je l’ai écrit
précédemment, la faute en incombe en grande partie à Hollywood, qui, par le biais d’une pléthore de films, a conditionné les masses à penser que la guerre est la conquête d’un territoire
critique. Mais cette image est trompeuse lorsqu’il s’agit de l’Ukraine. Oui, il existe des portions de territoire stratégiquement importantes qui doivent être capturées ou défendues, mais
il existe également de vastes étendues de plaines qui sont tactiquement difficiles à contrôler et, si vous parvenez à capturer une étendue de terre, vous créez le problème de comment la
défendre.
Jetez un coup d’œil à la vidéo suivante en gardant cela à l’esprit. Bien que la vidéo montre comment le groupe Wagner de Russie construit des lignes
défensives, concentrez-vous sur le paysage général plutôt que sur le travail des ingénieurs :
La Russie a un avantage décisif sur l’Ukraine en ce qui concerne la bataille pour ce territoire, même si elle en a cédé une partie il y a quelques semaines
à l’avancée des troupes ukrainiennes. Pourquoi ? Parce que la force aérienne de la Russie est toujours intacte et peut être utilisée pour attaquer les unités ukrainiennes massées. La
capacité aérienne de l’Ukraine a été éviscérée. La Russie bénéficie également d’un avantage déséquilibré en matière de chars. Au cas où vous auriez des doutes, la vidéo ci-dessus montre
un pays fait pour les chars.
« Au début de son invasion à grande échelle en février, la Russie disposait d’environ 3330 chars opérationnels (2840 pour les forces terrestres, 330
pour l’infanterie de marine et 160 pour les forces aéroportées), selon la base de données Military Balance 2021. …
Cependant, la Russie dispose encore de quelque 2000 chars prêts au combat, ainsi que d’une énorme quantité de chars stockés. …
La base de données Military Balance 2021 indique que les installations de stockage russes comptent environ 10 200 chars, dont divers T-72, 3000 T-80 et 200
T-901.
Les batailles de chars dans les plaines vallonnées sont un excellent terrain pour une superproduction hollywoodienne, mais le véritable péril pour l’Ukraine
a été exposé ces deux derniers jours – les missiles hypersoniques, les missiles de croisière et les roquettes aériennes de la Russie qui détruisent les nœuds électriques et les quartiers
généraux militaires dans toute l’Ukraine. Les frappes russes de ces deux derniers jours ont considérablement dégradé la capacité de l’Ukraine à fournir de l’électricité et du chauffage
critique à ses grandes villes. Les attaques perturbent également le réseau de téléphonie mobile de l’Ukraine et sa capacité à déplacer des troupes et des équipements de l’ouest vers les
lignes de front à l’est.
L’Ukraine ne dispose pas d’une capacité comparable pour contrer les attaques russes. En outre, le barrage de missiles russes a mis en évidence la faiblesse,
voire l’absence, du système de défense antimissile ukrainien. Ce n’est ni une erreur ni une coïncidence si les frappes russes sur les principales villes ukrainiennes – plus de 100
missiles – ont causé très peu de pertes humaines, notamment du côté civil. Malgré les affirmations ukrainiennes selon lesquelles les frappes de la Russie ont tué des civils, les preuves
suggèrent le contraire : le propre système antimissile de l’Ukraine n’a pas réussi à intercepter les cibles russes, et ses missiles sont retombés au sol et ont touché des appartements et
des écoles.
Que vont faire les États-Unis et l’OTAN ? Déployer immédiatement le système antimissile Dôme de fer ? Malheureusement, ces systèmes antimissiles occidentaux
ne sont pas conçus pour vaincre les missiles que lance la Russie. Ensuite, il y a le problème de la logistique – c’est-à-dire le déploiement de ces systèmes et la formation du personnel
pour les faire fonctionner. Cela prendra des semaines, voire des mois. Et l’Ukraine n’a pas le luxe du temps à cet égard. Pour aggraver les choses, les États-Unis et l’OTAN ne disposent
pas des réserves nécessaires pour réapprovisionner rapidement l’Ukraine :
« Les États-Unis ne seront bientôt plus en mesure de fournir à l’Ukraine, comme ils l’ont fait jusqu’à présent, les équipements sophistiqués
indispensables à sa défense contre la Russie, car leurs réserves atteignent leurs limites, notamment en termes de munitions. …
Mais les stocks américains de certains équipements « atteignent les niveaux minimums nécessaires pour les plans de guerre et d’entraînement » et
ramener les stocks d’armes aux niveaux d’avant l’invasion pourrait prendre des années, a écrit Mark Cancian dans une analyse récente du Center for Strategic and International
Studies. …
Washington « tire les leçons » du conflit sur les besoins en munitions dans une guerre très puissante, et sur le fait qu’elle est « beaucoup
plus importante » que prévu, a déclaré un responsable militaire américain qui a requis l’anonymat2.
Il y a ensuite le scénario cauchemardesque pour l’Ukraine et l’OTAN, dans lequel la Russie invoque l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et
demande à la Biélorussie de se joindre à la mêlée. Des troupes russes et biélorusses se rassemblent déjà à la frontière nord de l’Ukraine. Qu’il s’agisse d’un bluff de la part de la
Russie ou d’une véritable préparation à l’ouverture d’un nouveau front dans le nord, le regroupement des forces oblige l’Ukraine à déployer des forces déjà réduites à la frontière nord.
Cela affaiblira la capacité de l’Ukraine à repousser une offensive russe à Kherson et Zaporijia.
Je pense que les événements des cinq prochaines semaines vont créer une crise au sein de l’OTAN et des États-Unis. Si la Russie prend l’initiative et passe
en force contre les unités ukrainiennes, l’OTAN ne sera pas en mesure de sauver l’Ukraine d’une défaite sur le champ de bataille. Toute nouvelle intervention de l’OTAN fera d’elle, aux
yeux des Russes, une cible militaire légitime.
Aux défis militaires auxquels sont confrontés les États-Unis et l’OTAN s’ajoutent les vents contraires économiques et politiques. Joe Biden va probablement
perdre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat. Si cela se produit, il n’aura plus d’allié au Congrès désireux de continuer à injecter de l’argent et des armes en Ukraine.
La situation économique en Europe, marquée par l’inflation et la fermeture d’entreprises, alimentera davantage les troubles intérieurs et diminuera l’enthousiasme pour maintenir l’Ukraine
à flot.
Lorsque vous prenez tous ces facteurs en considération, la conclusion est claire : la Russie bénéficie d’une initiative stratégique et tactique qui sera
difficile à surmonter. À l’inverse, l’OTAN est en difficulté.
« Il existe une sombre envie de pourriture… comme si la
décomposition était une échappatoire aux limites, aux peurs oppressantes et aux douleurs d’une existence individuelle. » – Eric Hoffer
Par James Howard Kunstler – Le 30 septembre 2022 – Source kunstler.com
La description prophétique par Breugel de la vie quotidienne au milieu du 21e siècle dans l’Euroland.
Puisque « Joe Biden » a carrément promis en février
dernier de « mettre un terme au gazoduc Nord
Stream » – et supposons qu’il voulait dire NS 1 et 2 – pourquoi chercher à élucider un faux mystère ? Notre « président » apparent n’est-il pas un homme de
parole ? Bien sûr, la machine qui se cache derrière « Joe Biden » nie jusqu’à présent tout crédit
pour cet acte conséquent, mais qui, dans ce pays, ignore que la réponse par défaut du gouvernement américain consiste aujourd’hui à mentir.
L’objectif de cet acte était tout aussi simple, clair et évident : Exclure toute possibilité pour l’Allemagne de négocier une paix séparée avec la
Russie autour des sanctions financières et économiques imposées par les États-Unis au sujet de l’opération en Ukraine. Ne pensez-vous pas qu’il était clair pour tout Allemand doté d’un
demi-cerveau que l’adhésion de l’OTAN aux sanctions n’était rien de moins qu’un aller simple vers Palookaville pour l’Euroland ? Que cela signifiait l’adieu à son économie manufacturière de
pointe, puis l’adieu à un niveau de vie confortable et moderne ?
Il y a quelques semaines, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré au monde entier que l’Allemagne soutiendrait l’Ukraine (et la
politique de l’OTAN menée par les États-Unis) « quoi qu’en pensent les électeurs allemands ». Tout
cela n’était qu’une mise en scène, vous comprenez, pour maintenir la maigre prétention que l’OTAN a un intérêt réel dans ce qui se passe en Ukraine – comme résultat du feu de poubelle mis là-bas
par l’Amérique. Dans le même temps, le même ministère allemand des affaires étrangères se faufilait par des voies détournées pour tâter le terrain auprès du ministère russe des affaires
étrangères sur la manière dont l’Allemagne pourrait obtenir du gaz naturel russe en douce, par le biais de tiers, par exemple la Turquie, pour gagner du temps jusqu’au jour glorieux où les
pipelines Nord Stream pourraient rouvrir et où la vie économique allemande retrouverait son ancienne normalité ?
« Joe
Biden » a claqué la porte sur ce point de manière assez concluante lundi, en faisant exploser les deux pipelines, un premier acte de folie de la part d’un gouvernement américain
alimenté à tous les niveaux et dans toutes les directions par une pensée stratégique psychotique. Pour commencer, considérez que le sabotage du Nord Stream revient à ce que le principal membre de
l’OTAN commette un acte de guerre contre le reste de l’OTAN. Comment peut-on appeler autrement le fait de priver la majeure partie de l’Europe des moyens de gagner sa vie – ou simplement de
rester en vie ?
Il se trouve que l’Allemagne n’est pas en mesure de répondre à ce casus belli en entrant en guerre contre les États-Unis. L’Allemagne a une armée Potemkine –
l’Amérique s’en est assurée depuis 1945, la dernière fois que ces Teutons des forêts du nord ont perdu la tête contre la société occidentale. Il me semble que soit le chancelier Olaf Scholz
reconnaît cet affront mortel à l’Allemagne et renonce à toute participation à l’idiotie de l’OTAN en Ukraine, soit, dans quelques mois, il sera confronté à un violent soulèvement politique de son
propre peuple et son gouvernement tombera – et pas nécessairement dans le cadre d’une procédure parlementaire ordonnée. Plutôt des foules dans les rues… le chaos… des bâtiments gouvernementaux
incendiés… des fonctionnaires étranglés – une véritable insurrection, pas le genre de faux dont nous entendons parler sans cesse par le parti américain du chaos.
Comment, exactement, les principaux pays de l’OTAN peuvent-ils continuer à considérer les États-Unis comme un quelconque allié ? Ils ne le feront pas et ne le
peuvent pas. Quoi qu’il en soit, et malgré la récente expansion paniquée de l’OTAN, les pays membres de l’échafaudage contigu connu sous le nom d’Union européenne se détachent un par un. Georgia
Meloni, qui sera bientôt Premier ministre de l’Italie, n’aurait pas pu le dire plus clairement lorsque sa coalition a remporté les élections de la semaine dernière : elle et eux s’opposent avec
la plus grande fermeté à toutes les absurdités Woke que le Forum économique mondial a programmées dans
l’UE. Elle et eux s’opposent à l’annulation des libertés individuelles et aux affronts tyranniques à l’application régulière de la loi ; ils s’opposent à la campagne dégénérée visant à saper la
famille, l’église et la souveraineté nationale ; et ils ne sont pas disposés à servir de dépotoir pour les hordes du tiers monde que l’UE incite stupidement à venir sur les côtes
européennes.
Ne vous inquiétez pas, d’ici peu, quelque chose de similaire va se produire en France également. Peut-être que les foules de nationalistes à Paris seront assez
enflammées pour sortir le vieux « rasoir
national », afin de rendre leur sérieux catégorique. Adieu Cinquième République. La Sixième est en route pour la maternité et elle ne reconnaîtra pas l’UE comme sa maman. Il y a de quoi
s’agiter dans toute l’Europe. Les agriculteurs néerlandais étaient déjà furieux de l’obéissance honteuse du premier ministre Mark Rutte au programme malveillant de der Schwabenklaus visant à mettre fin à l’agriculture
néerlandaise. Rutte sera parti avant les plantations de printemps, en 2023. La Suède, comme l’Italie, avait répudié ses dirigeants gauchistes véreux il y a quelques semaines à peine lors d’une
élection nationale ordonnée. Des foules de manifestants ont illuminé Prague cette semaine. Il fera encore beau dans toute la zone euro pendant quelques semaines.
L’euro est tombé en dessous de la parité avec le dollar américain. Ses jours sont comptés et lorsque, par la force des choses, il devra être remplacé par les
anciennes monnaies nationales – francs, marks, florins, lires -, la soumission à l’UE atteindra sa fin logique et ce sera le retour à la souveraineté nationale. Le Royaume-Uni, l’ailier de
l’Amérique, est devenu une opération totalement inepte et en perdition. Le pays est en faillite, la livre se meurt et, en recourant à nouveau au vieux racket d’achat d’obligations via un QE, la
Banque d’Angleterre vient de condamner le pays à une inflation encore plus ruineuse. Liz Truss sera une merveille de trois mois. Les choses pourraient devenir si folles dans le
vieux Blighty que Nigel Farage se retrouvera au 10 Downing Street.
En ce qui concerne les actions de la Russie en Ukraine, les élections dans les oblasts du Donbass sont une affaire réglée. M. Poutine n’a pas encore répondu à la
provocation extrême que constitue le vandalisme des « Nord Stream ». Je doute qu’il fasse un geste de
représailles histrionique contre une infrastructure critique de l’OTAN ou de l’Amérique elle-même. Il va plutôt procéder méthodiquement à un nettoyage de l’armée de M. Zelensky, éliminer tous les
missiles et autres munitions américains stockés sur place, achever l’occupation du territoire côtier de la mer Noire, de Kherson à Odessa, et mettre de l’ordre dans ce trou perdu de la société
occidentale. L’opération se caractérisera par une approche mesurée et professionnelle. La Russie se contentera de faire le nécessaire, d’éteindre le feu de poubelle et de refuser que les
États-Unis déclenchent la troisième guerre mondiale.
« Joe
Biden » et son régime de dégénérés sataniques n’auront qu’à bien se tenir. Ils auront perdu la loyauté de l’Europe avec la stupide affaire du « Nord Stream ». Ils auront assez d’ennuis chez eux
avec l’effondrement de l’économie américaine et tout le malaise qu’ils ont généré avec les insultes, les persécutions et les punitions infligées par les Woke à la moitié de la population – sans parler des
répercussions désastreuses à venir de la méchante arnaque du « vaccin » Covid. Pendant ce temps, le Parti du
chaos de « Joe Biden » affrontera
la colère des électeurs américains lors des élections de mi-mandat. Et si, par hasard, ils prennent la décision majestueusement stupide d’annuler, de reporter ou d’interférer d’une manière ou
d’une autre avec cette élection, ils affronteront la colère des électeurs au sol, depuis l’arbre à pendus.
James Howard
Kunstler
Pour lui, les choses sont
claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter
les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
La guerre avance selon le plan de la Rand Corporation - Le 15/10/2022.
États-Unis, Union européenne et
d’autres pays ont jusqu’à présent « donné » à l’Ukraine environ 100 milliards d’euros de fournitures militaires. C’est de l’argent qui, directement ou indirectement,
sort de nos poches. Ce chiffre est en augmentation continue. L’Union européenne entraînera 15 mille
militaires ukrainiens dans deux camps en Pologne et dans un autre État membre.
Au sommet OTAN des ministres de la Défense, le secrétaire général Stoltenberg informe : « À la suite du sabotage des gazoducs Nord Stream, nous
avons doublé notre
présence en Mer Baltique et en Mer du Nord à plus de 30 navires« . Ce qu’est la matrice de l’attaque est confirmé par le fait qu’on a empêché
la société Gazprom russe, co-propriétaire du Nord Stream, de participer aux enquêtes sur les explosions sous-marines.
Moscou a les preuves que, en plus de saboter le Nord Stream, on a tenté de faire exploser le
gazoduc Turkstream, le seul intact pour transporter le gaz russe en Europe. Malgré l’assurance de Stoltenberg que « l’OTAN n’est pas une partie en cause dans le
conflit », les preuves existent que les plus de 22 tonnes d’explosifs
utilisées pour l’attentat du pont de Crimée, ont été expédiées depuis l’Ukraine à travers la Bulgarie, pays de l’OTAN.
Alors que la Russie se déclare prête à des négociations pour une solution politique, le G7 ferme toute tractation en posant comme condition préliminaire le
« retrait complet et inconditionné » de la Russie hors d’Ukraine. Simultanément l’OTAN procède en Europe, dans la
semaine du 17 au 23 octobre, à la manoeuvre de guerre nucléaire Steadfast Noon au bord du territoire russe. Y participe aussi la Pologne, qui demande à avoir des armes nucléaires
USA sur son propre territoire.
La guerre avance selon le plan élaboré
en 2019 par la Rand Corporation pour le compte du Pentagone : « Attaquer la Russie sur son flanc le plus vulnérable, celui de son économie dépendante de
l’exportation de gaz et pétrole. Opérer pour que les pays européens de l’OTAN augmentent leurs propres forces dans une fonction anti-Russie. Déployer en Europe des bombardiers
stratégiques et des missiles nucléaires dirigés contre la Russie. Fournir des aides létales à l’Ukraine en exploitant le plus grand point de vulnérabilité extérieure de la
Russie ».
Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo de vendredi
14 octobre 2022 à 20H30 sur la chaîne italienne nationale Byoblu
***
Rubrique L’art de la guerre du 21 mai 2019 :
Rand corporation : Comment abattre la Russie
par Manlio Dinucci.
Contraindre l’adversaire à s’étendre excessivement pour le déséquilibrer et l’abattre : Ce n’est pas une prise de judo
mais le plan contre la Russie élaboré par la Rand Corporation, le plus influent think tank étasunien qui, avec un staff de milliers d’experts, se présente comme la plus fiable source
mondiale de renseignement et d’analyse politique pour les gouvernants des États-Unis et leurs alliés.
La Rand Corp se vante d’avoir contribué à élaborer la stratégie à long terme qui permit aux États-Unis de sortir vainqueurs de la guerre froide, en
contraignant l’Union soviétique à consommer ses propres ressources économiques dans la confrontation stratégique. C’est de ce modèle que s’inspire le nouveau plan,
« Overextending and Unbalancing Russia », publié par la Rand. Selon ses analystes, la Russie reste un puissant adversaire des États-Unis dans certains domaines
fondamentaux. Pour cela les USA doivent poursuivre, avec leurs alliés, une stratégie d’ensemble à long terme qui exploite ses vulnérabilités. Ainsi va-t-on analyser divers moyens pour
obliger la Russie à se déséquilibrer, en indiquant pour chacun les probabilités de succès, les bénéfices, les coûts et les risques pour les USA.
Les analystes de la Rand estiment que la plus grande vulnérabilité de la Russie est celle de son économie, due à sa forte dépendance par l’exportation de
pétrole et de gaz, dont les recettes peuvent être réduites en alourdissant les sanctions et en augmentant l’exportation énergétique étasunienne. Il s’agit de faire en sorte que l’Europe
diminue l’importation de gaz naturel russe, en le remplaçant par du gaz naturel liquéfié transporté par mer depuis d’autres pays.
Une autre façon de nuire dans le temps à l’économie de la Russie est d’encourager l’émigration de personnel qualifié, notamment des jeunes Russes avec un
niveau élevé d’instruction. Dans le domaine idéologique et informatif, il faut encourager les contestations internes et en même temps miner l’image de la Russie à l’extérieur, en
l’excluant de forums internationaux et en boycottant les événements sportifs internationaux qu’elle organise.
Dans le domaine géopolitique, armer l’Ukraine permet aux USA d’exploiter le point de plus grande vulnérabilité extérieure de la Russie, mais cela doit être
calibré pour garder la Russie sous pression sans arriver à un grand conflit dans lequel elle aurait le dessus.
Dans le domaine militaire les USA peuvent avoir des bénéfices élevés, avec des coûts et des risques bas, par l’accroissement des forces terrestres des pays
européens de l’OTAN dans une fonction anti-Russie. Les USA peuvent avoir de hautes probabilités de succès et de forts bénéfices, avec des risques modérés, surtout en investissant
majoritairement dans des bombardiers stratégiques et missiles d’attaque à longue portée dirigés contre la Russie.
Sortir du Traité FNI et déployer en Europe de nouveaux missiles nucléaires à portée intermédiaire pointés sur la Russie leur assure de hautes probabilités
de succès, mais comporte aussi de hauts risques.
En calibrant chaque option pour obtenir l’effet désiré – concluent les analystes de la Rand – la Russie finira par payer le prix le plus haut dans la
confrontation avec les USA, mais ceux-ci aussi devront investir de grosses ressources en les soustrayant à d’autres objectifs. Ils pré-annoncent ainsi une forte augmentation ultérieure de
la dépense militaire USA/OTAN aux dépens des dépenses sociales.
Voilà l’avenir que nous trace la Rand Corporation, le think tank le plus influent de l’État profond, c’est-à-dire du centre souterrain du pouvoir réel
détenu par les oligarchies économiques, financières et militaires, celui qui détermine les choix stratégiques non seulement des USA mais de tout l’Occident.
Les « options » prévues par le plan ne sont en réalité que des variantes de la même stratégie de guerre, dont le prix en termes de
sacrifices et de risques est payé par nous tous.
Tout comme en 1812 et en
1941, maintenant aussi en 2022, les nations occidentales se sont unies pour attaquer la Russie, la diviser et la détruire. L’opération militaire spéciale aurait pu se terminer en mars, mais
l’Occident ne l’a pas permis. Elle est terminée maintenant, car l’Occident a transformé une campagne de libération locale en une guerre à grande échelle. En ce jour historique du 21 septembre
2022, jour même de l’anniversaire de la bataille de Kulikovo en 1380, lorsque la Russie a vaincu la Horde d’or mongolo-tatar, la Russie déclare son intention ferme et audacieuse de vaincre la
Horde d’or de l’OTAN. Nous présentons ci-dessous un scénario imaginatif de l’issue de cette bataille, dans 25 ans.
The Times of London, lundi
23 septembre 2047
Plus jamais ça à Shanghai
Les vingt membres du Conseil de sécurité de l’Alliance mondiale à Shanghai, dans l’ordre de la taille de leur population, l’Inde, la Chine, la CE (Confédération
européenne), l’Indonésie, les États-Unis, le Pakistan, le Nigeria, le Brésil, l’Empire russe, le Bangladesh, le Mexique, le Japon, les Philippines, l’Éthiopie, l’Égypte, le Vietnam, la RD Congo,
l’Iran, la Turquie et la CO (Confédération océanienne) se sont réunis aujourd’hui. Les membres ne sont pas parvenus à un accord unanime pour condamner les récentes attaques terroristes
israéliennes soutenues par les États-Unis contre des maisons palestiniennes à Gaza. En effet, les membres de la délégation américaine, menée par le sénateur David Rosenberg, ont refusé de signer
toute déclaration et ont quitté la réunion en claquant la porte après ce qu’ils ont considéré comme le rejet par les autres membres de « cas exceptionnels ».
Les dix-neuf autres membres ont publié une déclaration condamnant « un nouvel exemple de séparatisme et de menaces terroristes
soutenus par les États-Unis ». La Chine et l’Indonésie ont présenté une motion visant à expulser les États-Unis du Conseil de sécurité en tant qu’État terroriste et à les remplacer par
la Corée, qui a été réunifiée en 2034 et compte désormais plus de 100 millions d’habitants, comme tous les autres membres (à l’exception du CO). Le vote des 200 membres de l’Alliance aura lieu le
2 octobre. Il est généralement admis que les États-Unis seront expulsés à l’unanimité. En effet, le séparatisme américain a été à l’origine d’un certain nombre d’événements ces derniers mois dans
le monde entier et de nombreux délégués prononcent la phrase désormais bien connue « Plus jamais ça » dès qu’ils entendent le
nom « USA ».
Plus jamais ça en Europe
En Irlande, où l’expression « Plus jamais ça » est née, le Galway Famine Monument a accueilli son vingt-cinq
millionième visiteur depuis son ouverture en 2045. Rappelons que le complexe du monument a été entièrement payé il y a exactement cinq ans, à la suite d’une pétition en ligne lancée par des
Anglais qui avaient découvert ce que le gouvernement oligarchique de la Grande-Bretagne victorienne (qui existait alors) avait laissé se dérouler en Irlande entre 1845 et 1852.
Le vaste complexe de monuments, qui comprend la Fondation culturelle irlandaise, l’église commémorative, un musée, une bibliothèque, un centre d’accueil, des
restaurants et des hôtels, a coûté plus de 400 millions de livres sterling. La statue centrale, représentant une famille de six paysans irlandais affamés, qui se dresse à 120 mètres de haut et
regarde l’océan, est un chef-d’œuvre artistique célébrant la noblesse de l’esprit humain souffrant. L’inscription sur le monument en gaélique irlandais et en anglais dit « Riamh Arís » et « Never Again ». Autour du socle sont inscrits les
noms de 500 000 hommes, femmes et enfants irlandais victimes de la famine. Ce sont ces mots qui sont devenus une source d’inspiration et qui ont fait écho dans le monde entier au cours des deux
dernières années, comme nous pouvons le constater dans cet article.
Le 11 septembre, la côte ouest de l’Écosse a été le théâtre d’un attentat à la voiture piégée, qui a tué une famille de quatre Confédérés européens engagés. On
pense que des séparatistes soutenus par les Américains en sont responsables. Le gouvernement écossais a publié une déclaration dans laquelle il affirme qu’une bande d’agents de la CIA, restés en
Écosse en tant qu’« agents
dormants » après la fermeture de leur base de sous-marins nucléaires à Faslane en Écosse en 2037, en est responsable. Le lendemain, le 12 septembre, les premiers ministres des
quatre nations ont publié une déclaration commune lors du forum du Conseil ionien sur l’île de Man, d’où l’on voit l’Angleterre, l’Irlande, l’Écosse et le Pays de Galles. Ils ont exprimé leur
solidarité à l’égard du séparatisme soutenu par les États-Unis dans les îles de l’Atlantique Nord (I.O.N.A.). Leur déclaration était intitulée : « Plus jamais ça ».
Lors de la réunion du 18 septembre des gouvernements nationaux de la Confédération européenne à Berlin, un accord unanime a été conclu pour que les derniers
vestiges de l’ingérence américaine dans les affaires européennes ne soient « plus jamais » tolérés, que ce soit au large des
côtes du Portugal, dans le nord de l’Espagne, à l’ouest de l’Écosse ou en Lettonie. Après la tentative d’invasion de l’Islande en mars dernier, au cours de laquelle deux navires de la marine
américaine et un sous-marin ont été coulés dans l’incident de la « baie de glace », la Confédération européenne avait
déjà publié une déclaration condamnant les tentatives d’ingérence des États-Unis dans les affaires de la Confédération, où que ce soit.
Lors de son sommet des 19 et 20 septembre à son siège dans les environs de Moscou, le Conseil eurasien, dont la Confédération européenne est un membre actif, a
déclaré qu’il l’aiderait à se défendre contre les interférences transatlantiques. Des drones de la base russe impériale de Fairford en Angleterre, dont la tâche est de protéger les quatre nations
de l’I.O.N.A., seraient envoyés si le gouvernement écossais en avait besoin. Le Conseil eurasien a convenu qu’il n’y avait aucune place en Europe ou ailleurs en Eurasie pour les nazis et leur
campagne de terreur et a également utilisé la même phrase « Plus jamais ça ».
L’ancien président de la Lituanie, Arvydas Anusauskas, a présenté ses excuses pour les « sites noirs » de la CIA en Lituanie. Il a
prononcé son discours en larmes devant la grange en acier située près de Vilnius, qui a été utilisée pour torturer des prisonniers arabes, puis russes, il y a une quarantaine d’années. Il a
déclaré que le peuple lituanien avait deux taches historiques sur la conscience. La première est la façon dont ils ont traité les Juifs pendant l’occupation nazie, il y a plus d’un siècle,
lorsque les Lituaniens ont ouvertement collaboré au génocide des Juifs, et la seconde est leur coopération avec la CIA 60 à 70 ans plus tard, lorsqu’ils ont à nouveau permis et participé à la
torture et aux meurtres d’autres personnes. Il a plaidé pour l’érection d’un monument de repentance nationale sur le modèle du monument de la famine irlandaise, terminant son discours passionné
par ces mots : Je suis un vieil homme maintenant et je n’ai plus beaucoup de temps à vivre et je vous dis : ‘Niekada daugiau’ (‘Plus jamais’).
Plus jamais ça en Asie
Les pourparlers sur l’avenir du Cachemire se poursuivent entre l’Inde et le Pakistan. Ces pourparlers sont présidés par une délégation du gouvernement anglais, qui
a admis que le gouvernement britannique de l’époque était responsable du conflit par sa partition irresponsable du sous-continent indien il y a cent ans. La délégation a présenté des excuses
formelles et a terminé par les mots suivants : « Plus jamais ça ». On pense qu’une annonce sur la
partition du Cachemire entre les deux parties est imminente, mais les négociations se poursuivent au sujet de la ligne frontalière exacte dans une certaine zone.
Le dixième jour de l’indépendance du Tibet sera célébré vendredi prochain en présence du Dalaï Lama. Nous rappelons à nos lecteurs qu’une fois que la Chine n’a plus
craint une invasion américaine après le retour volontaire et pacifique de Taïwan à Pékin en 2027, la voie s’est ouverte à l’indépendance du Tibet. Le Tibet prospère aujourd’hui en tant que pays
bouddhiste indépendant, bien que reconnaissant pour les récents investissements prudents de la Chine. Il y a dix ans, le gouvernement chinois a présenté des excuses pour la persécution des
Tibétains au cours du siècle dernier. Elles se terminaient également par les mots « Plus jamais ça » en tibétain.
Bagdad et Téhéran ont convenu d’ériger un « monument de la paix » sur leurs frontières
désormais démilitarisées. Il portera lui aussi l’inscription « Plus jamais ça » en farsi et en arabe.
Plus jamais ça en Océanie
Le Conseil de l’Océanie s’est réuni aujourd’hui à Auckland, en Aotearoa (les lecteurs plus âgés se souviendront peut-être que l’ancien nom de l’Aotearoa
était « Nouvelle-Zélande »). Le Conseil
a accueilli Hawaii, qui avait décidé en avril dernier de quitter les États-Unis et de retrouver ses racines en Océanie.
En Australie et en Tasmanie, des monuments vont être érigés en mémoire des génocides d’Aborigènes qui ont eu lieu au siècle dernier et de leur persécution au 20ème
siècle. Leurs inscriptions : « Plus jamais
ça ».
Plus jamais ça en Afrique
La République démocratique du Congo a enregistré une nouvelle année record de croissance économique de plus de 15 %. On estime désormais que la République
démocratique du Congo deviendra la nation la plus riche d’Afrique d’ici 2060. Elle a été aidée dans son cheminement vers cet essor économique par les réparations du gouvernement belge qui, en
2039, a présenté des excuses officielles pour son génocide du peuple congolais.
Au Sénégal, on rapporte que l’économie a triplé depuis que la pêche européenne au large de ses côtes a été interdite par le CE il y a huit ans. Les effets de la
conservation et de la gestion des poissons ont été bénéfiques tout au long de la côte ouest-africaine et ont été soutenus par d’importantes subventions du gouvernement français repentant. Le
gouvernement français s’est également employé à verser des réparations au Vietnam et à l’Algérie pour les génocides coloniaux qu’il a perpétrés dans ces deux pays.
Au Kenya, un monument « Never Again », financé par le gouvernement anglais,
sera érigé l’année prochaine en mémoire de la persécution de style nazi, par le gouvernement britannique de l’époque, des peuples kenyans du mouvement de libération du Kenya, dans les années
1950.
Plus jamais ça en Amérique latine
Devant des délégations officielles du Pays de Galles et de l’Angleterre, le gouvernement argentin a célébré hier le dixième anniversaire de l’entrée des Malouines
dans la juridiction argentine. La Malvinas-Argentinian Friendship Society existe pour sauvegarder la culture distinctive des Malvinas au sein de l’Argentine et le gouvernement argentin a été
méticuleux pour promouvoir et protéger la culture locale des colons des îles britanniques dans le cadre de la législation argentine. En ce qui concerne la guerre des Malouines de 1982, un
porte-parole de la société a simplement déclaré : « Plus jamais ça ».
Entre-temps, le Guatemala a célébré le quinzième anniversaire de la restitution du Belize au Guatemala. De nombreux jeunes du pays ignorent aujourd’hui que la
province de Belize, longtemps appelée Honduras britannique, avait autrefois été séparée du Guatemala. L’anniversaire a été célébré par un carnaval en l’honneur de la culture maya, puis par un feu
d’artifice en soirée. Quiconque suggère que la province de Belize pourrait être séparée du reste du Guatemala se voit répondre par des mots : « Nunca más », ce qui signifie « Plus jamais ».
Plus jamais ça en Amérique du Nord
Aux États-Unis, le don de l’Alaska à l’Empire russe par l’administration populiste en 2043 provoque encore des conflits entre les deux partis politiques américains.
Bien que le parti populiste soit fortement opposé au parti unioniste, la base du pouvoir de ce dernier est divisée entre la côte Est et la Californie. Les populistes, dont le pouvoir se situe
dans les États du Sud et le long de la frontière nord de la Confédération canadienne, affirment que les terroristes séparatistes en Écosse, comme en Palestine, ont été financés par
l’administration unioniste. À leur tour, les unionistes ont accusé les populistes de donner l’Alaska, de vouloir détruire les États-Unis en permettant aux États du Sud de faire sécession de
l’Union et de soutenir le bloc sécessionniste Oregon-Montana.
Depuis sa maison en Floride, Donald Trump, qui a fêté son 100e anniversaire l’année dernière lors d’une grande fête avec plus de 1 000 invités célèbres âgés, a
affirmé qu’il était désormais la seule personne sur terre à pouvoir faire du « Maga ». S’adossant à son fauteuil roulant
électronique, il a déclaré, comme à son habitude : « Si vous ne voulez pas faire du « Maga » avec moi,
sortez de la Maison-Blanche ». Certains commentateurs spéculent que Trump pourrait souffrir de démence.
Les tensions avec la Fédération canadienne augmentent après que l’État du Maine a révélé son intention de rejoindre la Fédération, déclarant que « le fait que nous n’en ayons jamais fait partie a toujours été
une aberration géographique et historique ». Ils ont été soutenus dans cette démarche par l’Union des peuples autochtones du Nord du Canada. Une porte-parole inuite a déclaré que les
États-Unis allaient inévitablement vivre ce que l’ancien Canada a vécu au cours des vingt dernières années.
Certains analystes pessimistes prédisent une guerre civile aux États-Unis. Mais eux aussi se voient opposer les mots : « Plus jamais ça ».
Batiushka
Recteur orthodoxe russe
d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en
politique russes et européennes.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
» Roulette russe « est une expression des plus
singulières. Du moins pour tout Russe. Pour la simple raison qu’il n’en a jamais entendu parler. En fait, elle n’existe pas en russe, ni l’expression, ni la réalité. C’est une chose que l’on
apprend avec étonnement quand on apprend l’anglais. L’expression est une invention américaine et seul un Américain désireux de mourir aurait pu imaginer une telle chose, en 1937, en fait. Et c’est ainsi que seul un Américain qui souhaite mourir aurait pu imaginer la situation actuelle. Il a poussé l’ours si souvent et
si souvent pendant plus de trente ans que l’ours a eu beaucoup de temps pour planifier exactement ce qu’il allait faire. Et maintenant, il le fait. Pourquoi êtes-vous surpris ? Vous avez chargé
le pistolet et l’avez pointé sur votre propre tête, attendez-vous maintenant à ce que la balle sorte.
D’où nous venons
L’opération militaire spéciale (OMS) en Ukraine aurait pu se terminer dès avril 2022, ou au plus tard en août, lorsque la plupart des vieilles armes soviétiques des
forces du régime de Kiev, complétées par des fournitures provenant des pays de l’ex-Pacte de Varsovie, auraient été détruites. Cependant, ignorant le peuple ukrainien, puisqu’il n’est que de la
chair à canon, l’Occident est intervenu et a transformé le conflit en une guerre totale en fournissant son armement, sa technologie et sa main-d’œuvre aux ordres de l’oligarchie ukrainienne
occidentalisée. (Tout comme en février 1917, lorsque l’Occident a créé la « révolution russe » à la demande de l’oligarchie
russe occidentalisée, ignorant également le peuple). Ainsi, l’Ukraine n’est devenue que le champ de bataille de la vraie guerre, celle entre la Russie et les États-Unis.
La réponse russe à l’escalade et à l’agression occidentales est la mobilisation partielle. L’OMS limitée aura besoin de plus d’effectifs pour vaincre les nazis
condamnés par l’OTAN, dont le nombre a été considérablement augmenté par l’arrivée de troupes de l’OTAN en uniforme ukrainien ainsi que par des mercenaires. Le président Poutine a été accusé par
la classe dirigeante occidentale, par l’intermédiaire des médias contrôlés par l’État, de les menacer d’une attaque nucléaire. Ce n’était pas le cas. Il répondait simplement à Truss, qui
avait menacé la Russie d’une attaque nucléaire, que toute agression de ce type serait combattue par la Russie de la même manière.
Le président Poutine attend maintenant l’hiver afin de donner aux peuples d’Europe occidentale des occasions de réfléchir, puis de forcer leurs dirigeants veules à
rejeter la tyrannie américaine. Depuis 2014, le président Poutine est devenu déterminé à éliminer une fois pour toutes la menace américaine sur ses frontières occidentales et donc sur l’Europe
occidentale et centrale. Ce n’est qu’à cette condition que la péninsule nord-ouest du continent eurasien deviendra enfin libre. Pour ce faire, il a noué des relations avec la Chine, l’Inde et
d’autres pays d’Asie, ainsi qu’avec de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine. Ainsi, au cours des derniers mois, il a rapidement acquis une influence dans toute l’Eurasie.
Où en sommes-nous ?
l’Union européenne entre 2022 et 2024 est comme était l’Union soviétique entre 1989 et 1991. L’heure n’est pas aux unions imposées d’en haut – au cours des deux
dernières générations, depuis 1989, elles se sont effondrées au profit d’une coopération internationale entre nations souveraines, comme l’exige la base. Des manifestations ont eu lieu dans les
Pays tchèques, en Autriche, en Allemagne et aux Pays-Bas, toutes demandant à Kiev de commencer à négocier avec la Russie, et aux commissaires de l’UE d’arrêter de se comporter comme des vassaux
des magnats féodaux américains. L’Allemagne est très nerveuse, elle risque de voir son industrie s’arrêter. Et les hivers allemands peuvent être très froids. Maintenant les deux pipelines
sous-marins Nordstream pour le gaz russe vers l’Allemagne, ont explosé. Bien sûr, c’est un sabotage.
Les États-Unis ont réussi à couper l’industrie allemande, et une grande partie de l’Europe, du gaz russe qui aurait pu la relancer, si l’UE avait voulu se libérer
de sa dépendance à l’égard des États-Unis. Le gouvernement hongrois souhaite également que Kiev négocie – il a des citoyens hongrois de l’autre côté de la frontière, dans les Zakarpattia. Et
certains Roumains pensent la même chose de la province roumaine de Tchernivtsi, de l’autre côté de la frontière, bien que ceux qui pensent ainsi ne soient pas autorisés à faire partie de l’actuel
gouvernement fantoche des États-Unis. La Pologne veut également récupérer son territoire, peut-être les cinq provinces de l’extrême ouest de l’Ukraine : Volyn, Rivne, Lviv, Ternopil,
Ivano-Frankivsk. Pendant ce temps, l’Italie est sur le point de se doter d’un nouveau gouvernement nationaliste anti-Bruxelles, au grand dam de l’élite européenne non élue.
L’euro s’est déjà effondré face au dollar. C’est maintenant le tour de la livre sterling. La livre sterling a perdu 20 % de sa valeur par rapport au dollar depuis
l’arrivée au pouvoir de MissTrust. Le Royaume-Uni, poignardé dans le dos par les États-Unis pour sa politique anti-UE en Irlande du Nord, a une économie qui n’émerge pas de la période Covid, mais
qui plutôt s’immerge. Les médias de l’establishment britannique claironnent que les listes d’attente du service public de santé britannique sont maintenant réduites à seulement (sic) deux ans
pour la plupart des gens (si vous ne mourez pas avant). Plus de 10 % des citoyens britanniques, soit 7 millions de personnes, attendent maintenant un traitement. Certains souffrent énormément.
Dans n’importe quel autre pays du monde, il y aurait une révolution si les listes d’attente pour un traitement médical étaient supérieures à deux mois. Certains citoyens britanniques se rendent
même en Ukraine pour obtenir un traitement médical adéquat.
L’infrastructure du Royaume-Uni, les services publics, les routes, les chemins de fer, l’éducation et les soins de santé, ont atteint dans de nombreux endroits ce
que l’on appelait autrefois les niveaux du « tiers monde ». La crise monétaire britannique est
due à la nécessité pour le gouvernement britannique d’emprunter d’énormes sommes d’argent – c’était le « plan audacieux » de MissTrust. Après tout,
l’Establishment britannique suit à la lettre les ordres des États-Unis et a dû refuser les richesses de la Russie et subventionner l’Ukraine en faillite. Le niveau d’endettement du Royaume-Uni se
rapproche désormais de celui des États-Unis et rattrape celui de l’Italie, qu’il avait l’habitude de qualifier de « cas désespéré ». Comme on dit : « On récolte ce que l’on sème ».
Où allons-nous ?
Comment tout cela va-t-il finir ? Depuis le début, je pense que tout cela se terminera par la victoire de la Russie. Cela signifie que :
1. Une autre Ukraine
Il y aura toujours un pays de langue slave orientale entre le sud-est de la Pologne et le sud-ouest de la Russie, quel que soit son nom. Toutefois, à l’avenir, ce
sera un pays à l’intérieur de ses frontières naturelles, occupé uniquement par ceux qui s’identifient volontairement au gouvernement et à la culture de leur capitale, Kiev. De plus, dé-nazifiée,
elle ne présentera aucune menace militaire, biologique ou nucléaire pour ses voisins et sera indépendante des géopoliticiens de Washington et de Bruxelles.
2. Une autre Russie
Grâce à la guerre contre l’OTAN, la Russie sera libérée de l’écume des flagorneurs occidentalisés formés dans les années 1990, les classes bavardes libérales,
appelées en russe « la classe
créative ». Les 5% qui sont asservis à l’Occident et à ses babioles de consommation hors de prix ne font que répéter la trahison de la classe dirigeante occidentalisée et des traîtres
d’avant 1917 qui gaspillaient également leurs fortunes dans des babioles de consommation occidentales hors de prix. Ceux qui continueront à se comporter comme des chimpanzés à l’égard de leurs
seigneurs et maîtres occidentaux devraient aller vivre à l’Ouest, s’ils n’ont pas déjà fui la justice russe pour la Finlande, la Géorgie ou ailleurs. La Russie en guerre contre l’OTAN (= les
États-Unis) est une terre qui a besoin de patriotes, pas de traîtres.
3. Une autre Europe
À l’heure actuelle, l’Europe centrale et occidentale risque la « Donbassisation » en raison des exigences
américaines d’obéissance absolue à leur tyrannie anti-russe, connue sous le nom de « sanctions ». Cela signifie que l’Europe centrale et
occidentale, soumise à l’OTAN, sera désindustrialisée, appauvrie, frigorifiée, affamée et sans défense, car ses armes auront été détruites en Ukraine. Toutefois, ce n’est qu’à ce point bas qu’ils
commenceront à comprendre que leur avenir n’est pas de l’autre côté de l’Atlantique, mais à côté, avec l’Europe de l’Est et l’Eurasie, la porte de la croissance et de la prospérité
asiatiques.
4. Un autre monde
Sept des huit milliards d’habitants du monde, soit 87,5 % de la planète, attendent le jour où ils seront libérés de l’impérialisme occidental, de l’exploitation et
des menaces nucléaires, aspirant à l’humanité, à la vérité, à la justice et à la prospérité. Leur seul espoir est la victoire prochaine de la Russie sur les États-Unis. Une fois que ce sera le
cas, tout reviendra à sa place naturelle. L’Asie avec la Chine et l’Inde, l’Afrique, l’Amérique latine et tous les peuples occidentaux (essentiellement l’Europe occidentale et centrale,
l’Amérique du Nord et l’Océanie), si longtemps opprimés par les ténèbres lugubres de l’élite occidentale féodale, pourront suivre les traces de la Russie et marcher, d’abord éblouis, vers la
lumière éclatante de la liberté.
Conclusion
En 1939, de façon tout à fait infâme, Winston Churchill exprimait son extraordinaire ignorance ethnocentrique en qualifiant la Russie de « devinette, enveloppée dans un mystère, à l’intérieur d’une
énigme ». Comme beaucoup d’ignorants, il parlait bien sûr de lui-même. Lorsque vous ne pouvez pas prendre la peine de comprendre le point de vue de quelqu’un d’autre, il vous suffit de
le qualifier de « devinette, enveloppée dans un
mystère, à l’intérieur d’une énigme ». Vous aurez alors réussi à vous définir comme un narcissique aveugle et égoïste. Seulement, lorsque vous dépendez de cette personne pour le gaz, le
pétrole, les engrais, le blé, le papier, le titane, etc., vous devriez peut-être faire un effort pour comprendre son point de vue. Sinon, ils considéreront certainement votre souhait de mort, le
comportement totalement suicidaire de votre roulette américaine comme « une énigme, enveloppée dans un mystère, dans une
énigme ».
Batiushka
Recteur orthodoxe russe
d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en
politique russes et européennes.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Le super cycle du Léviathan se termine, les dirigeants occidentaux font semblant de ne pas l’avoir remarqué - Le 22/10/2022.
La « bulle » de la guerre en
Ukraine est en train de se dégonfler alors que les États-Unis et l’Europe atteignent le fond du « tonneau » des stocks d’armes.
Les changements historiques dans la politique mondiale se produisent très lentement.
Cela n’a toutefois pas été le cas lorsque les États-Unis ont fait leur entrée sur la scène mondiale. Cela s’est produit assez soudainement en 1898, avec l’invasion de Cuba : La vieille
Europe a observé la situation avec une anxiété palpable… Le Manchester Guardian, à l’époque, a rapporté que presque tous les Américains avaient fini par adhérer à ce nouvel esprit
expansionniste. Les rares critiques étaient « simplement moqués pour leur peine ». Le Frankfurter Zeitung mettait en garde contre « les conséquences désastreuses de leur
exubérance » mais se rendait compte que les Américains n’écouteraient pas.
En 1845, un article non signé avait déjà donné naissance au slogan « Destinée manifeste », selon lequel l’Amérique avait pour vocation de
s’étendre et d’occuper les terres des autres. Sheldon Richman, dans « America’s Counter-Revolution », a écrit que cette dernière vision avait clairement « l’Empire en
tête ».
Cette philosophie de la « destinée » a marqué un tournant par rapport à l’ancienne dynamique de décentralisation, et le début de l’impulsion
américaine vers un rayonnement impérial totalisant qui lui a succédé. (Bien entendu, tout le monde n’était pas de la partie – les premiers conservateurs américains étaient de tendance
burkéenne, c’est-à-dire qu’ils se méfiaient de l’ingérence étrangère).
Aujourd’hui, le tableau ne pourrait être plus différent. Les doutes et les réticences sont partout ; l’élan et la confiance de « l’Empire » se
sont estompés. Les États-Unis ressemblent davantage à l’Empire austro-hongrois épuisé d’avant la Première Guerre mondiale, entraînant toute une série de nations alliées dans un conflit
qui, à l’époque, s’est transformé en Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, c’est l’Europe occidentale qui a été entraînée dans une autre guerre européenne – par défaut – en raison de son
alliance/allégeance avec Washington.
À l’époque, comme aujourd’hui, tous les États ont désastreusement sous-estimé la durée et la gravité du conflit – et ont mal interprété la nature et la
signification des événements.
La guerre d’aujourd’hui (contre la Russie) est encadrée en Occident par un trope enfantin et moral (qui semble néanmoins fonctionner pour un public
anesthésié) – celui de la Seconde Guerre mondiale : Chaque rival est un autre Hitler, chaque commentaire réfléchi, un autre exemple d’apaisement de Neville Chamberlain. Un tyran convoite
les terres et la domination de l’Europe, et la seule question est de savoir si les bons et les justes peuvent rassembler la détermination nécessaire pour vaincre cette ambition
maléfique.
Ce mème simpliste est manifestement destiné à dissimuler à leurs électeurs l’importance de la dynamique sous-jacente à l’œuvre : Non seulement un cycle
politique majeur est en transition, mais cela se produit précisément au moment où le « business-model » occidental hyper-financiarisé se fissure. En d’autres termes,
l’obscurcissement narratif (« nous sommes en train de gagner ») cache des risques (tant politiques qu’économiques) dont les dirigeants occidentaux semblent incapables (ou peu
désireux) de saisir la gravité.
Les États-Unis – comme l’Autriche-Hongrie d’avant-guerre – s’effondrent lentement. On ne peut plus s’en cacher. Washington perd le contrôle des événements
et commet des erreurs stratégiques. Une certaine classe de l’élite dirigeante occidentale semble cependant bloquée dans une lecture de l’histoire. Une interprétation qui voit dans la
guerre le moyen de restaurer la santé de l’État : que tout conflit – n’importe quel nous contre eux, qu’il soit réel ou abstrait (comme la guerre contre la pauvreté, la drogue, le virus,
etc.) – alimente la centralisation et renforce le Léviathan totalisant. En effet, même conceptualisée comme une guerre interne « nous contre l’ennemi intérieur », celle-ci est
également considérée comme une consolidation du Léviathan.
C’est la leçon que l’élite prétend avoir tirée de l’État moderne. Dans un sens, cependant, cette politique est devenue sa propre bulle de récits abstraits :
une bulle centralisatrice et totalisante. Une bulle, cependant, qui commence à éclater.
Les classes dirigeantes occidentales ne comprennent pas – c’est-à-dire qu’elles ne veulent pas comprendre – les « pailles dans le vent », qui
soufflent dans une autre direction – par exemple, le récent sommet de l’OCS à Samarcande. En bref : Le courant du Léviathan a suivi son cours ; c’est tout. L’histoire évolue dans une
autre direction, et les dirigeants occidentaux font semblant de ne pas s’en apercevoir.
Le ministre indien des Affaires étrangères a récemment résumé ce changement clé de manière succincte. Accosté par un Européen qui voulait savoir s’il
soutenait ou non l’Ukraine – c’est-à-dire confronté au binaire occidental standard : le mème « avec nous ou contre nous » – le diplomate indien a simplement rétorqué qu’il était
grand temps que les Européens cessent de penser que « leurs guerres » étaient les guerres du monde : « Nous n’avons pas de camp : Nous sommes notre propre camp »,
a-t-il répondu.
En d’autres termes, les « intérêts » de l’Occident ne se « traduisent » pas nécessairement par les intérêts mandatés du monde non
occidental. Le monde non occidental est son « propre camp ». Ces États insistent pour vivre dans un cadre tiré de leur propre expérience historique, pour créer des structures
politiques façonnées en fonction de leur propre civilisation et de leurs propres intérêts, et des économies ajustées au grain de leur propre cadre social.
Telle est la signification de Samarcande : Multipolarisme. Il réfute la présomption occidentale d’un « droit » exceptionnel : Attendre des autres
qu’ils placent leurs intérêts derrière ceux de l’Occident. Par-dessus tout, c’est un courant qui met l’accent sur la souveraineté et l’autodétermination.
Il est évident que de tels sentiments ne peuvent être qualifiés d’anti-occidentaux. Pourtant, la prédisposition binaire de l’Occident est si profondément
ancrée que peu de gens « comprennent » (et ceux qui comprennent n’aiment pas ça).
C’est la principale raison pour laquelle la signification de la crise européenne actuelle est mal comprise sur le plan politique : Le long cycle historique
s’inverse, passant de la centralisation à la décentralisation (les États étant leur propre camp). De l’autre côté, il y a les États-Unis – divisés de l’intérieur, assaillis par la crise,
laissant entendre qu’ils sont faibles et, par conséquent, s’en prenant à tout ce qui les entoure afin de s’accrocher à leurs racines expansionnistes originales.
Deuxièmement, la nature de la guerre est mal perçue en Occident car elle est vue uniquement à travers le prisme du conflit ukrainien. Ce dernier n’est qu’un
petit épisode de la « longue guerre » menée par les Européens et les Anglo-Saxons contre la Russie. En soi, cela a fait resurgir les vieux fantômes revanchards de l’Europe – un
fait qui aggrave les tensions et complique toute résolution éventuelle de la crise.
Un malentendu et une négligence flagrants concernent toutefois la nature de la politique et le rôle joué par les combustibles fossiles. L’énergie est en
fait au cœur du problème. Comment la classe dirigeante actuelle à Washington a-t-elle pu « oublier » que l’économie réelle occidentale est un système de réseau basé sur la
physique, alimenté par l’énergie ? La modernité est tributaire des combustibles fossiles. Une transition en douceur vers l’énergie verte au fil du temps dépend donc aussi largement de la
disponibilité continue de combustibles fossiles abondants et bon marché. Sans énergie appropriée, les emplois disparaissent et la quantité totale de biens et de services produits chute
brutalement.
Pourtant, les dirigeants occidentaux ont jeté
aux oubliettes cette compréhension de base. À quoi pensaient-ils lorsqu’ils ont préconisé que l’Europe sanctionne l’énergie russe bon marché et s’en remette plutôt au GNL
américain coûteux ? À réaffirmer une hégémonie « fondée sur des règles » ? Aux « valeurs européennes » ? A-t-on bien réfléchi à tout cela ?
Et, dans un autre acte de folie lié à l’énergie, l’administration Biden s’est maintenant aliéné l’Arabie saoudite et les producteurs de l’OPEP. L’OPEP est
un cartel qui tente de gérer la production et la demande en fixant le prix du pétrole. L’équipe Biden aurait-elle oublié que le pétrole et le gaz sont, en réalité, l’essence même de la
géopolitique ? Le prix, le flux et l’acheminement de l’énergie sont, au fond, la principale « monnaie » de la politique mondiale.
Pourtant, le G7 a décidé de retirer son rôle à l’Arabie saoudite. Il a proposé à la place un « cartel d’acheteurs des États occidentaux » qui
fixerait le prix du pétrole (et, à la suggestion de Mario Draghi, étendrait un plafond au gaz également). En clair : Il s’agissait d’asséner un coup de marteau au « modèle
économique » de l’Arabie saoudite et de faire échouer la principale fonction de l’OPEP – désormais renforcée sous le nom d’OPEP+.
Non contente de faire cela, l’administration Biden a commencé à vendre un million de barils par jour à partir des réserves stratégiques, ce qui a encore
affaibli le modèle économique saoudien, tout en cherchant à faire baisser les prix du brut par la manipulation du marché.
L’Arabie saoudite devait-elle céder au G7 le rôle durement gagné de l’OPEP en matière de fixation des prix ? Pourquoi devrait-elle le faire ? Est-ce
justifié par le fait que le parti de Biden doit faire face à des élections de mi-mandat difficiles en novembre ?
C’est exactement ce contre quoi les États se sont élevés lors du sommet de Samarcande : le sentiment occidental d’être dans son bon droit. Bien entendu,
Mohammad bin Salman doit s’en remettre aux perspectives électorales de Biden, et sourire tandis que son atout géopolitique est dépouillé.
Au lieu de cela, il a évoqué une défiance pure et simple. Un ancien ambassadeur indien, M.K. Bhadrakumar, écrit :
« … l’OPEP se défend de manière proactive. Sa décision de réduire la production de pétrole de 2 millions de barils par jour et de maintenir le prix du
pétrole au-dessus de 90 dollars le baril tourne en dérision la décision du G7 [d’imposer un plafond sur les prix]. L’OPEP estime que les options de Washington pour contrer l’OPEP+ sont
limitées. Contrairement à l’histoire énergétique passée, les États-Unis n’ont pas un seul allié aujourd’hui, au sein du groupe OPEP+. …
En raison de la hausse de la demande intérieure de pétrole et de gaz, il est tout à fait concevable que les exportations américaines de ces deux produits
soient réduites. Si cela se produit, l’Europe sera la plus touchée. Dans une interview accordée au FT la semaine dernière, le Premier ministre belge Alexander De Croo a averti qu’à
l’approche de l’hiver, si les prix de l’énergie ne baissent pas, « nous risquons une désindustrialisation massive du continent européen et les conséquences à long terme de cette
situation pourraient être très graves ». …
Il a ajouté ces mots qui font froid dans le dos : « Nos populations reçoivent des factures qui sont complètement insensées. À un moment donné, ça va
craquer. Je comprends que les gens soient en colère. … les gens n’ont pas les moyens de payer ». De Croo mettait en garde contre la probabilité d’une agitation sociale et de troubles
politiques dans les pays européens. »
C’est le vieux « péché » impérial. Attendre et insister sur la déférence, tout en laissant transparaître une faiblesse inhérente. Washington et
ses alliés tentent d’imposer la servilité sur tous les fronts. Pourtant, la rhétorique belliqueuse se retourne contre eux – les États ont progressivement perdu leur appréhension vis-à-vis
de Washington.
Ainsi, les menaces américaines inspirent de plus en plus non pas la déférence, mais la défiance. Le problème est que la toile des récits de guerre binaires
« nous et eux » est devenue de plus en plus artificielle et invraisemblable – et par conséquent, il est presque impossible pour l’Occident de la maintenir cousue.
Cette tendance mondiale à la défiance pourrait finalement s’avérer être le tournant décisif – dépassant de loin toute issue de la guerre en Ukraine – vers
un ordre mondial modifié. D’autant plus que Biden a choisi un moment délicat pour faire la guerre aux producteurs de pétrole. Nous avons donc trois bulles distinctes qui semblent prêtes à
éclater en tandem, créant une tempête très « imparfaite » qui pourrait engloutir ce qui reste de la « force » occidentale.
Voilà où nous voulons en venir : Non seulement un super-cycle politique est en transition, mais les bulles éclatent sur tous les fronts :
La « bulle » de la guerre en Ukraine est en train de se dégonfler alors que les États-Unis et
l’Europe atteignent
le fond du « tonneau » des stocks d’armes, que les finances de Kiev se dégradent et que ses forces subissent de lourdes pertes. Kiev et l’OTAN sont plutôt confrontés à la
perspective intimidante d’une offensive russe majeure, peut-être bientôt – peut-être début novembre.
La deuxième bulle qui éclate est celle du « modèle économique » de l’Europe. Une grande partie de l’industrie européenne n’est tout simplement
plus compétitive, ayant « perdu » le gaz et le pétrole russes bon marché. En d’autres termes, le coût de l’énergie met l’industrie européenne en faillite.
La troisième est la plus importante de toutes : c’est la bulle « inflation zéro-taux d’intérêt zéro/assouplissement quantitatif » qui a commencé à
éclater. Elle est énorme. Et d’un point de vue stratégique, le Golfe représente la dernière réserve de véritables « liquidités » qui, historiquement, ont été des acheteurs et
des détenteurs fiables de bons du Trésor américain.
Plus important encore, cette hyperfinanciarisation qui a duré des décennies a commencé à se résorber,
avec la montée en flèche des taux d’intérêt. Ce que nous voyons au Royaume-Uni n’est qu’un « canari dans la mine » : De nombreux fonds sont à nouveau fortement endettés (comme
avant 2008) et exposés à des produits dérivés utilisant des mathématiques éblouissantes pour prétendre que des rendements supérieurs à la référence peuvent être créés sans risque à partir
de rien (comme avant 2008). Cela se termine toujours mal. Tout cet effet de levier à haut risque et non couvert devra être dénoué à un moment donné.
Et à ce moment précis, Biden choisit d’entrer en guerre avec les États producteurs d’énergie du Golfe qui détiennent presque exclusivement la crédibilité
des obligations du Trésor américain dans la paume de leurs mains. Washington ne semble pas avoir conscience de la gravité des événements combinés, ni de la nécessité de faire preuve de
prudence.
« Votre peuple ne ressent pas encore un sentiment de danger imminent. Cela m’inquiète. Ne voyez-vous pas que le monde est tiré dans une direction
irréversible ? Pendant ce temps, les gens font semblant que rien ne se passe. Je ne sais plus comment vous faire comprendre »1.
« Les Russes ont mis leurs armes nucléaires en état d’alerte maximale. C’est un développement vraiment significatif… Ils nous envoient un signal très
fort … pour nous montrer à quel point ils prennent cette crise au sérieux. Donc, si nous commençons à gagner, et que les Russes commencent à perdre, vous devez comprendre que ce que nous
parlons de faire ici, c’est de tenir une grande puissance nucléaire – qui voit ce qui se passe comme une menace existentielle – dans un coin. C’est vraiment dangereux. Revenons à la crise
des missiles de Cuba. Je ne pense pas que ce qui s’est passé lors de la crise des missiles cubains était aussi menaçant pour nous que cette situation l’est pour les Russes. Mais si vous
revenez en arrière et que vous regardez ce que les décideurs américains pensaient à l’époque, ils étaient morts de peur »2.
Poutine ne veut pas que les missiles nucléaires de Washington soient stationnés à sa frontière occidentale, en Ukraine. Pour des raisons de sécurité, il ne
peut pas le permettre. Il l’a fait savoir de manière extrêmement claire à maintes reprises. Comme il l’a dit le 21 décembre 2021, plus d’un mois avant le début de la guerre :
« Si les systèmes de missiles des États-Unis et de l’OTAN sont déployés en Ukraine, leur temps de vol vers Moscou ne sera que de 7 à 10 minutes, voire
de 5 minutes pour les systèmes hypersoniques ».
Aucun président américain ne permettrait à un adversaire potentiel de déployer ses missiles nucléaires sur des sites situés le long de la frontière
américano-mexicaine. Les risques pour la sécurité nationale seraient bien trop importants. En fait, Washington retirerait ces sites de missiles par la force des armes sans sourciller.
Nous le savons tous. Alors, pourquoi cette même norme n’est-elle pas appliquée à la Russie ? Pourquoi les décideurs politiques se rangent-ils du côté des États-Unis et de l’OTAN alors que
toutes les parties concernées savent ce qui est en jeu et savent qu’elles ont toutes signé des traités qui promettent de « ne pas améliorer leur propre sécurité au détriment de celle
de leurs voisins » ? Il ne s’agit pas de simples « engagements verbaux » sans signification, pris au cours de conversations informelles autour d’un cocktail ; ce sont des
promesses qui ont été inscrites dans des traités que les signataires sont tenus d’honorer. (Remarque : les États-Unis et tous les pays de l’OTAN ont signé des traités – Istanbul en 1999
et Astana en 2010 – qui stipulent qu’ils ne peuvent pas améliorer leur propre sécurité au détriment des autres). Il ne fait aucun doute que l’expansion de l’OTAN renforce la sécurité de
l’Ukraine tout en affaiblissant celle de la Russie. C’est indiscutable. Et il ne s’agit pas seulement d’une violation des traités, mais d’une provocation claire qui équivaut à une
déclaration de guerre. Jetez un coup d’œil à ce court extrait d’un article de Ray McGovern qui met en lumière quelques-uns des détails cruciaux qui ont été omis par les médias occidentaux
:
« Le président Vladimir Poutine a mis en garde à plusieurs reprises contre la menace existentielle que représente, selon lui, pour la Russie ce qu’elle
appelle des « missiles de frappe offensive » comme le Tomahawk et, à terme, des missiles hypersoniques le long de sa frontière occidentale. …
Les soi-disant « sites ABM » déjà installés en Roumanie et sur le point d’être achevés en Pologne peuvent accueillir des Tomahawks et des missiles
hypersoniques du jour au lendemain, grâce à l’insertion d’un disque informatique… Poutine lui-même a été très clair à ce sujet lors d’une présentation inhabituelle à un petit groupe de
journalistes occidentaux il y a six ans (voir les 10 premières minutes de cette vidéo).
…
Le 21 décembre 2021, le président Poutine a déclaré à ses plus hauts responsables militaires :
« Il est extrêmement alarmant que des éléments du système de défense global américain soient déployés près de la Russie. Les lanceurs Mk 41, qui se
trouvent en Roumanie et doivent être déployés en Pologne, sont adaptés au lancement des missiles de frappe Tomahawk. Si cette infrastructure continue à progresser et si des systèmes de
missiles américains et de l’OTAN sont déployés en Ukraine, leur temps de vol vers Moscou ne sera plus que de 7 à 10 minutes, voire de 5 minutes pour les systèmes hypersoniques. C’est un
énorme défi pour nous, pour notre sécurité ». …
Le 30 décembre 2021, Biden et Poutine se sont entretenus par téléphone à la demande urgente de ce dernier. Le compte rendu du Kremlin indique :
« Joseph Biden a souligné que la Russie et les États-Unis partageaient une responsabilité particulière pour assurer la stabilité en Europe et dans le
monde entier et que Washington n’avait aucune intention de déployer des armes de frappe offensive en Ukraine ». Iouri Ouchakov, l’un des principaux conseillers en politique étrangère
de Poutine, a souligné que c’était également l’un des objectifs que Moscou espérait atteindre avec ses propositions de garanties de sécurité aux États-Unis et à l’OTAN. …
Le 12 février 2022, Ouchakov a informé les médias de la conversation téléphonique entre Poutine et Biden plus tôt ce jour-là. …
« Cet appel était en quelque sorte le suivi de la conversation téléphonique du 30 décembre. … Le président russe a clairement indiqué que les
propositions du président Biden n’abordaient pas vraiment les éléments centraux et essentiels des initiatives de la Russie, qu’il s’agisse de la non-expansion de l’OTAN ou du
non-déploiement de systèmes d’armes de frappe sur le territoire ukrainien… Sur ces points, nous n’avons reçu aucune réponse significative ». …
Le 24 février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine. Je comprends pourquoi tant d’Américains croient le Gros mensonge selon lequel c’était « non
provoqué », parce qu’ils ne savent tout simplement pas »3.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie que Biden a fait marche arrière par rapport à son engagement initial. Cela signifie que Washington a refusé de prendre en considération les
modestes et légitimes demandes de sécurité de Poutine avant l’invasion russe. Cela signifie que Washington savait que la menace de l’expansion de l’OTAN – et en particulier la menace de
missiles létaux à la frontière occidentale de la Russie – ne laisserait à Poutine AUCUN CHOIX que de répondre militairement afin d’établir son propre tampon de sécurité. Poutine a résumé
la situation comme suit :
« Nous ne menaçons personne… Nous avons clairement fait savoir que tout nouveau mouvement de l’OTAN vers l’est est inacceptable. Il n’y a rien d’obscur
à ce sujet. Nous ne déployons pas nos missiles à la frontière des États-Unis, mais les États-Unis déploient leurs missiles sous le porche de notre maison. Est-ce qu’on en demande trop ?
Nous demandons simplement qu’ils ne déploient pas leurs systèmes d’attaque contre notre maison… Qu’y a-t-il de si difficile à comprendre ? »4.
Toute personne raisonnable conclurait que Poutine avait un pistolet sur la tempe et devait faire « ce que tout dirigeant responsable ferait » dans
une situation similaire.
Mais Poutine n’a PAS fait « ce que tout dirigeant responsable ferait ». Au lieu de cela, il a attendu. Oui, il a présenté ses « exigences de
sécurité » publiquement et avec force à plusieurs reprises, mais la menace d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’a pas été le déclencheur de l’invasion. Ce qui a poussé Poutine à
envahir le pays, c’est le bombardement de civils d’origine russe dans une région de l’est de l’Ukraine appelée Donbass. Comme nous l’avons noté dans un article précédent :
« Que s’est-il vraiment passé ? Le 16 février, soit 8 jours avant l’invasion russe, le bombardement du Donbass a augmenté de façon spectaculaire et
s’est intensifié de façon constante au cours de la semaine suivante « pour atteindre plus de 2000 par jour le 22 février ». La grande majorité de ces explosions ont été
consignées dans des résumés quotidiens par les observateurs de l’OSCE qui se trouvaient sur les lignes de front. En d’autres termes, les registres ont été tenus par des professionnels
qualifiés qui ont recueilli des preuves documentées du bombardement massif par l’armée ukrainienne de zones habitées par leur propre peuple. À ce jour, nous n’avons pas lu un seul
analyste qui ait contesté ce catalogue de preuves documentées. Au lieu de cela, les médias prétendent simplement que les preuves n’existent pas. Ils ont tout simplement fait disparaître
les bombardements de leur couverture afin de façonner une version des événements centrée sur Washington qui ignore complètement le dossier historique »5.
Comme nous l’avons dit, c’est le fil conducteur qui a déclenché l’invasion russe. « L’opération militaire spéciale » était essentiellement une
mission de sauvetage étroitement liée à une question urgente de sécurité nationale. Pourtant, la cause immédiate de la guerre n’était pas l’élargissement de l’OTAN, mais le bombardement
de zones civiles dans le Donbass.
Cette semaine, un enregistrement audio confidentiel de l’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi a été diffusé sur Internet, confirmant que notre
version des événements ayant conduit à l’invasion russe est, en fait, exacte. Jetez un coup d’œil à ce texte publié sur le compte Twitter de Maria Tadeo :
Un deuxième
enregistrement audio de Berlusconi a fuité, dans lequel on l’entend dire que
« l’Ukraine a violé l’accord de Minsk, Zelensky a triplé les attaques sur le Donbass
et a poussé Poutine à une opération spéciale » qui était censée durer une semaine
mais qui s’est intensifiée après que l’Occident a envoyé de l’argent et des armes à Kiev.
Voici plus d’informations tirées d’un article de RT :
« L’ancien Premier ministre italien aurait reproché à Kiev d’inciter au conflit avec la Russie. …
L’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi aurait affirmé que Kiev a déclenché un conflit avec la Russie en renonçant à un plan de paix pour l’est
de l’Ukraine (le traité de Minsk), selon un enregistrement fourni aux médias. … S’adressant aux membres de son parti Forza Italia mardi, Berlusconi aurait offert un point de vue sur
l’origine de la crise ukrainienne qui s’opposait au récit favorisé par l’OTAN d’une agression russe non provoquée contre son voisin. …
Dans le clip audio, on peut entendre Berlusconi accuser Kiev de ne pas avoir respecté pendant des années l’accord de paix avec les républiques populaires de
Donetsk et de Lougansk. Lorsque le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé au pouvoir en 2019, il a « triplé » ses attaques contre ces régions, a déclaré l’homme
politique. …
Donetsk et Lougansk ont demandé la protection de Moscou, a-t-il poursuivi. Le président russe Vladimir Poutine a envoyé des troupes en
Ukraine… »6.
Quoi que l’on pense de Berlusconi, sa version des faits correspond parfaitement au rapport d’intensification des bombardements produit par les observateurs
de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. (OSCE) On ne peut que se demander pourquoi les médias n’ont pas enquêté sur ces affirmations manifestement crédibles qui
jettent un doute considérable sur la version officielle de « Qui a réellement commencé la guerre en Ukraine » ?
Dans une récente interview sur You Tube, le colonel Douglas MacGregor a expliqué comment Poutine a fait tout son possible pour assurer la sécurité des
Russes ethniques assiégés en Ukraine en demandant aux États-Unis et à l’Union européenne d’aborder la situation et de trouver un moyen de mettre fin à la violence. Les demandes de Poutine
sont toutefois tombées dans l’oreille d’un sourd. Voici comment MacGregor résume la situation :
« Poutine a essayé désespérément de faire comprendre aux Britanniques, aux Français, aux Allemands et à nous-mêmes que ses citoyens russes devaient
être traités sur un pied d’égalité devant la loi, tout comme les citoyens ukrainiens dans ce grand État multiethnique. (Mais) Zelensky et ses amis ont dit « Non. Soit vous devenez ce
que nous sommes, soit vous partez ». Et cela a donné lieu à cette tragique intervention (russe) :
La Russie n’avait aucun intérêt à « conquérir l’Ukraine » ou à se précipiter à Kiev pour « faire la paix sous la menace d’une arme ».
Mais, maintenant, Zelensky a été intransigeant et ses manipulateurs ont été intransigeants parce que nous (les États-Unis) avons décidé que nous allions « saigner la Russie ».
Nous allions les sanctionner et détruire leur économie. Nous allions tuer des centaines de milliers d’entre eux et, en fin de compte, plier la Russie à notre volonté et la forcer à
devenir des sujets du grand système financier mondial dominé par les Américains. …
Cela n’a pas fonctionné. Toutes les sanctions se sont retournées contre nous. Ce sont maintenant nos alliés européens qui sont dans une situation
désespérée. Nous sommes également dans une situation désespérée, même si elle n’est pas aussi grave qu’en Europe. Et, pour couronner le tout, nous n’avons pas du tout réussi à détruire
l’armée russe. Elle s’est très, très bien maintenue et – comme je l’ai dit – en ce moment, vous avez cette opération d’économie de force dans le sud où il y a une accumulation massive de
forces depuis Minsk jusqu’à l’ouest de la Russie qui sera lancée finalement (je suppose) quand le sol sera gelé parce que c’est le meilleur moment pour opérer dans ce genre de terrain.
…
Plus tôt, je vous ai dit de quoi il s’agissait réellement : Il y a cette tentative de détruire la Russie. Nous avons décidé d’en faire un ennemi sanguinaire
qui doit être éliminé parce qu’il refuse de suivre la voie empruntée par l’Europe »7.
Jamais des mots plus vrais n’ont été prononcés : Les États-Unis ont décidé de faire de la Russie leur ennemi de sang parce qu’elle refuse de claquer des
talons et de faire ce qu’on lui dit. La Russie refuse d’être un autre larbin pleurnichard dans le « système fondé sur des règles » exalté.
Nous sommes donc maintenant engagés dans une véritable guerre terrestre avec la Russie ; une guerre qui a été concoctée, instiguée, financée, guidée et
microgérée par Washington. Une guerre qui, selon toute norme objective, est la guerre de Washington autant que l’Irak et l’Afghanistan étaient les guerres de Washington. La différence,
cette fois, c’est que notre ennemi peut non seulement se défendre, mais qu’il a les moyens de réduire le territoire continental des États-Unis en un tas de décombres fumants. Cela nous
rappelle un commentaire que Poutine a fait récemment et qui semble être passé inaperçu dans les médias. Il a dit :
« Nous défendrons notre pays avec toutes les forces et les ressources dont nous disposons, et nous ferons tout ce qui est en notre
pouvoir pour assurer la sécurité de notre peuple ».
Nous espérons que quelqu’un dans l’équipe Biden est assez intelligent pour comprendre ce que cela signifie.
Malgré ce que beaucoup de gens pensent, Poutine devrait logiquement finir vainqueur de cette guerre, d'abord, parce que nous lui avons donné les armes dont il se sert aujourd'hui, ensuite parce
qu'il en a bien d'autres en réserve, qu'il n'utilise pas encore, enfin parce que la Russie ne peut pas se permettre de perdre cette guerre.
Essayons de justifier ce titre un peu provocateur. ! Nous avons trop tendance, propagande américaine oblige, à ne pas regarder cette guerre avec les yeux
froids du géopoliticien, mais à y plaquer nos souhaits occidentaux.
Le président russe joue du fait que nous le méprisons
Poutine le sait, qui se sert de ce biais, consistant de notre part à le minimiser en permanence, comme un moyen de masquer ses forces et ses intentions. C’est la
première des armes que nous avons mises (et nous continuons à le faire) à sa disposition : Le prendre pour un imbécile, et prendre les russes pour des incompétents
(1).
Ceci est vrai sur le plan économique, par exemple. Chacun a compris, aujourd’hui, que nous avons donné nous-mêmes à Poutine l’arme des sanctions qui s’est retournée
contre nous. En effet, l’un de ses objectifs, et non des moindres, était de trouver un levier sur nos populations occidentales, pour nous monter contre nos propres gouvernements. Pour faire
fonctionner ce levier, il n’a même pas eu besoin d’activer une menace de coupure d’énergie, ni de la mettre en oeuvre. Nous l’avons fait nous-mêmes !
De même, sur le plan diplomatique, il savait, comme tous les chefs d’Etat, que la multipolarisation du monde était en marche depuis longtemps (2). Il a fallu que
nous mettions, à l’ONU, l’ensemble des pays de la planète au pied du mur, en exigeant d’eux qu’ils votent les sanctions, pour les obliger à choisir leur camp. Ils n’ont pas choisi le nôtre (3).
Funeste décision de notre part. En effet, au lieu de les forcer à se positionner contre nous, et alors qu’ils ne peuvent plus, maintenant, revenir en arrière, il aurait fallu les « travailler au
corps » discrètement, et chacun à leur tour, pour isoler les Russes patiemment. Nous avons fait le contraire, et avec quelle maladresse !
Nous avons enfermé l’Ukraine dans une doctrine défensive
Sur le plan militaire, nous (4) avons, depuis 2014, enfermé l’Ukraine dans une doctrine défensive (5), les empêchant ainsi de manoeuvrer. C’est bien à cette
doctrine que l’on doit le fait que les russes aient conquis, avec une armée bien inférieure en nombre (ce qui est un comble !) 25% d’un pays plus grand que la France en quelques mois. Depuis la
bataille d’Izioum, la doctrine occidentale a changé. Elle est devenue manoeuvrante et offensive, mais c’est évidemment trop tard. La « raspoutitsa » va venir, puis les grands froids,
gelant les choses pendant l’hiver. Si les troupes otaniennes (6) profitent de ces derniers moments pour engranger le plus de terrain possible (7), ces pertes, pour les russes, ne sont pas
considérés comme stratégiques. Au contraire, si elles permettent de fixer des troupes ennemies hors du front principal, elles servent au final leurs objectifs. Pour eux, c’est le cœur du Donbass
(Bakmout, puis Slaviansk et Kramatorsk) qui doit tomber. Ils pensent sans doute que dès qu’ils auront intégré leurs nouvelles troupes (300.000 soldats au minimum), ils reprendront facilement, au
cœur de l’hiver, ce qu’ils ont perdu.
Mais le « Graal », le plus beau cadeau que nous avons pu faire à Poutine, c’est ce que nous considérons, avec beaucoup de fierté, comme notre principale
victoire : Notre « carpet bombing » (8) médiatique qui, pensons-nous, noie Poutine et les siens sous un tombereau de sarcasmes, de mépris, de honte et de haine. Une idée
« magique » (qui doit marcher essentiellement parce que nous y croyons), et en réalité une hystérie. Car il suffit de réfléchir un peu pour
se rendre compte de l’erreur commise . En effet, en faisant cela, nos politiques, analystes et journalistes zélés ne se sont pas rendus compte qu’ils ne convainquaient, parmi les opinions
occidentales, que ceux qui étaient déjà convaincus, mais surtout, qu’ils donnaient à Poutine l’arme dont il avait le plus besoin : la
possibilité de faire comprendre à sa propre opinion que sa guerre n’était pas une guerre de conquête étrangère, de la Russie contre l’Ukraine, mais bien une
guerre existentielle, de défense intérieure contre un camp occidental qui veut la ruine définitive de son pays et de
ses habitants. Ainsi, il était fondamental que les russes ne se considèrent pas comme des américains au Sud Vietnam, mais bien comme le Nord Vietnam.
“Il était fondamental que les Russes se considèrent non pas comme des Américains au Sud-Vietnam mais comme le Nord-Vietnam”
On sait à quel point la mobilisation générale d’un pays pour la guerre est toujours une tâche extrêmement délicate (9). Poutine le savait mieux que personne, raison
pour laquelle il n’avait mobilisé, pour la première partie de cette opération, aux côtés des forces du Donbass, que l’armée professionnelle, les tchétchènes et les « privés » de Wagner.
En mobilisant trop tôt ses conscrits ou même sa réserve, alors que son opinion n’était pas suffisamment préparée et « polarisée », il aurait risqué un retour social et politique très
dangereux. Pour nous, il eût été absolument fondamental, là encore, de ménager les russes, et même Poutine, afin de ne pas créer ou renforcer ce « lien patriotique » entre lui et
son peuple. Pour convaincre les russes de « ne pas y aller », nous devions surtout « faire profil bas », afin de les assurer du fait a) qu’ils n’avaient rien à craindre de
nous et que nous n’étions pas leurs ennemis, b) que Poutine s’était fourvoyé dans une guerre inutile contre un occident pacifique. Or nous avons fait exactement le contraire. Nous en avons fait tellement (10) que nous avons définitivement convaincu les russes de notre projet génocidaireà leur égard. De ce fait, la populatité de Poutine n’a jamais été aussi forte. Au départ, il était surtout suivi par les
géopoliticiens de son entourage, une partie de son armée et la frange la plus nationaliste de l’opinion. Aujourd’hui, il a derrière lui, mis à part certains des oligarques qui resteront toujours
atlantistes, un pays entier de 144 Millions d’habitants. Bien joué de notre part. Pour donner de la force à notre adversaire, rien ne pouvait être pire !
Maintenant que le mal est fait, Poutine tient (enfin !) la justification principale dont il avait besoin (11). Il a pu, fort logiquement, russifier les territoires
de la future Novorossia (12), et appeler, dans un premier temps, les réservistes, avant de mobiliser demain, si nécessaire, la conscription. Avec les 24 millions de soldats mobilisables, il
dispose d’une puissance colossale, dans une guerre où ce ne sera pas, en finale, la technique qui règlera la chose, mais la capacité à engager ses
hommes, ce que l’occident ne fera jamais tant que la guerre militaire restera circonscrite à l’Ukraine. Et Poutine fera tout pour que ce soit le cas.
Et puis, il y a tout ce dont la Russie ne s’est pas encore servi
Mais il a encore à sa disposition bien d’autres armes, dont il ne s’est pas encore servi :
Il vient d’en donner un aperçu en détruisant, en quelques jours, à peu près 50 % du potentiel électrique de l’Ukraine. Pourquoi a-t-il fait cela, et pourquoi
maintenant ? Nous avons oublié, là aussi, que nous nous trouvions face à l’une des plus importantes armées du monde, et nous avons pris pour de la faiblesse ou de l’impuissance le fait qu’il
reste à ce point « en-deçà de la main », comme s’il ne pouvait pas être plus destructeur qu’il n’était. Nous avons fait, de façon ridicule, des navettes à Kiev pour discuter avec le
dirigeant ukrainien de la meilleure manière de l’aider à combattre, sans penser que Poutine aurait pu détruire toute la ville de Kiev en une seule journée. Pourquoi donc nous laissait-il
faire ? C’est un peu comme si, pendant la 2ème guerre mondiale, les allemands avaient laissé Churchill et de Gaulle aller rencontrer le gouvernement de Vichy pour discuter ensemble de la
résistance… Et nous ne nous sommes posés aucune question ?
A l’évidence, Poutine attendait un signe, celui d’une velléité de négociation, qui n’est jamais venue. En refusant sans cesse de parler (13), en refermant nous-même
la porte qu’il laissait ouverte depuis 6 mois, nous lui avons donné, là aussi, un autre feu vert, celui de choisir lui-même les termes de l’escalade, de détruire le reste de l’Ukraine, qu’il
avait jusqu’ici épargnée, et d’achever son œuvre de construction de la Novorossia. Dans cette nouvelle phase, avant même d’utiliser, comme on tente de le faire croire, des bombes nucléaires
tactiques ou des gaz toxiques, ou bien d’aller détruire, en Pologne, les bases otaniennes où sont formées les troupes ukrainiennes pour le printemps (14), une large palette est à sa disposition
pour paralyser entièrement le pays (15) : couper systématiquement les routes, les voies ferrées et les ponts dans les parties ouest et nord, ou à Kiev même, détruire les installations du
port d’Odessa, ou même couper le gazoduc russo-ukrainien (16). Comment se fait-il que nous ne nous soyons posé aucune de ces questions ?
Une autre arme dont Poutine ne s’est pas encore servi est l’hiver. Depuis Napoléon et Hitler, cette période de l’année
est celle des plus grandes gloires militaires russes, et ceci va les transcender. Le froid va arriver au moment exact de la « bascule », celui où les armées otaniennes ont épuisé, au
moins momentanément, avec de nombreuses attaques infructueuses, leur capital en hommes et en armes, et où la Russie reconstitue le sien avec les 300.000 hommes de sa réserve. De
plus, il va affecter très fortement non seulement les soldats de Kiev, mais aussi ses populations, privées d’électricité et d’eau, les mêmes que Poutine avait pris soin d’épargner jusqu’ici,
espérant que cette « réserve » serait interprétée comme une porte laissée ouverte pour une négociation, une occasion qui n’a jamais été saisie.
Enfin, on ne peut oublier le souvenir spécifique de Stalingrad, l’une des plus grandes et décisives de l’histoire
humaine, et qui plus est contre l’ennemi nazi dont les bataillons ukrainiens admirateurs de Bandera sont, d’une certaine façon, les descendants. Mêmes adversaires, même période, comment ne pas
imaginer que les russes auraient bien envie de refaire à leurs ennemis, maintenant americano-ukro-nazis, le « coup de Stalingrad », en les attirant à nouveau dans un traquenard, pour
les y enfermer, les affamer et les liquider au cœur de l’hiver ? Et comment ne pas se dire que Kherson serait le lieu parfait pour
cela ? Et comment ne pas penser qu’américains et ukrainiens seraient fortement tentés de prendre ce risque, comme la souris devant le piège à fromage, alors qu’ils ont, surtout les
premiers, désespérément besoin d’une victoire qu’ils puissent présenter comme « décisive » pour atténuer la défaite attendue des midterms ?
Les Russes mènent désormais un combat existentiel
Mais il existe encore un autre aspect, qui joue fortement en faveur des russes : Ils ne peuvent pas perdre !
En effet, en traitant ce conflit de façon « classique », une configuration où il faut frapper l’adversaire pour lui infliger des pertes et le pousser à
négocier, nous faisons une erreur majeure : Celle de ne pas voir que nous ne sommes pas, justement, dans un univers « classique », mais dans un univers nucléaire, qui est totalement différent. Dans un tel contexte, toute concession est, sur le plan géopolitique, potentiellement fatale. En effet, les russes savent
que s’ils négocient en position de faiblesse militaire, ils n’obtiendront jamais ce qu’ils veulent par-dessus tout : La démilitarisation de l’Ukraine. Ils se retrouveront donc, dans ce cas,
à l’inverse, comme si les USA avaient été contraints d’accepter des missiles russes à Cuba en 62. Impossible de l’envisager. L’escalade nucléaire, dans ce cas, est la seule sortie possible. Les
russes peuvent donc gagner sur le plan militaire, et imposer leurs conditions. Ils ne peuvent pas perdre, sauf à entraîner le monde entier dans le maelström.
Dans son livre « Leaders », Richard Nixon raconte que les meilleurs négociateurs qu’il ait eus à affronter étaient ceux qui se montraient capables de se
mettre eux-mêmes au bord du précipice, pour montrer qu’il leur était impossible de reculer. Il disait même que de tous, le plus fort était Afez El-Assad, le père de Bachar, qui osait sauter
lui-même dans le vide, pour obliger à ce qu’on l’en sorte et qu’on lui donne ce qu’il voulait. Les russes sont, d’une certaine façon, dans cette situation : Le fait de perdre cette
guerre serait un « précipice politique » impossible à envisager. Comme le dit John Mearsheimer, la question, pour eux, est existentielle (17). C’est pour cette raison, parce qu’ils n’intègrent pas (à dessein) cette notion fondamentale, que nos analystes qui répètent sans cesse
« il faut frapper les russes pour qu’ils négocient » se trompent. Plus encore, ils nous mentent, et nous poussent vers la
catastrophe.
Heureusement, on peut penser que les américains (qui n’ont pour le moment, répétons-le, rien à perdre à continuer), après avoir « poussé le bouchon »
jusqu’à la limite pour tester leur adversaire, seront obligés, à un moment, de s’arrêter et de négocier. Cela se fera d’autant mieux, paradoxalement, que la Russie sera parvenue, auparavant, à
ses objectifs militaires, ce qui est plus que probable, comme le montre l’excellente interview sur TVL du journaliste Sylvain Ferreira (18) . Espérons qu’à cette occasion, on se mettra d’accord,
enfin, sur un statut démilitarisé pour l’Ukraine, ce que la Russie demande depuis 20 ans. C’est ainsi, et seulement ainsi, que nous retrouverons la paix.
Montesquieu disait « Les responsables des guerres ne sont pas ceux qui les font, mais ceux qui les ont rendues
inévitables ». Une remarque de grand bon sens. Dans le cas présent, il est facile de répondre.
En 1970, l’occident représentait 25% de la population mondiale et 70% des richesses. Aujourd’hui, nous ne disposons plus que de 12% de la
population mondiale, et de 40% de la richesse, et la tendance continue. Tout est dit.
Cf le camouflet récemment infligé par l’Arabie Saoudite aux américains, à propos du pétrole. Aujourd’hui, le « Pacte du
Quincy », base de la politique américaine au Moyen-Orient, est bien mort. Un moment historique, provoqué par notre impatience diplomatique à propos de l’Ukraine. Pacte du Quincy — Wikipédia (wikipedia.org)
Ce « nous » se rapporte globalement au camp occidental
Conformément à l’instruction donnée en 2014 par Victoria Nuland, N°3 du Département d’Etat en charge de l’Ukraine, pour la composition du
futur gouvernement ukrainien post-Maïdan : « pousser les russes au conflit armé ». De là, 1) une politique de provocation permanente
(dérussification, martyre du Donbass, otanisation, laboratoires bactériologiques, vente d’armes et formation, etc…), 2) une stratégie purement défensive, type 1ère guerre mondiale, avec a) la
construction, le long de la ligne de feu du Donbass, d’une ligne de défense type « Ligne Maginot » sur laquelle les russes devaient venir s’empaler (ce qu’ils n’ont pas fait), et b) un
système de défense urbaine à l’intérieur des agglomérations, si possible dans les hôpitaux, les écoles, les maternités ou même les monastères, pour obliger les russes à répondre, afin de pouvoir
les accuser.
Pour essayer, également, « d’embellir la mariée », autant que possible, de la politique étrangère des démocrates américains
avant les midterms. Une tentative désespérée !
Tapis de bombes
Cf les hésitations de Roosevelt, lors de la 2ème guerre mondiale, avant sa rentrée dans le conflit en Décembre 41, soit 2 ans après le
début de celui-ci. Il fallait absolument préparer les opinions.
Jusqu’à priver les sportifs russes de compétitions internationales, débaptiser les collèges Dostoïevski ou Soljenitsyne, ou tenter
d’empêcher les touristes russes de visiter l’Europe. Il fallait faire exactement le contraire : les accueillir à bras ouverts !
Et c’est d’autant plus stupide de notre part que le peuple russe a une propension naturelle au sacrifice et au martyre. A partir du moment
où ils pensent que c’est, à travers l’occident, Satan qui les combat, et à mort, il sera impossible de leur faire lâcher prise. Et si Poutine disparaît, ce sentiment sera encore plus fort, et le
gouvernement qui le remplacera sera encore plus dur. Comment ne le comprenons-nous pas ?
Qui incluera obligatoirement Odessa.
Alors que c’est précisément ce que nous aurions dû faire, ne serait-ce que pour rassurer les populations russes sur nos intentions !
Et pense-t-on que, s’il le fait (sous le prétexte, fondé, que nous sommes entièrement co-belligérants, et depuis longtemps), nous
enverrons nos soldats se faire tuer pour les américains ?
Le fleuron de ses armes pour cet « Armageddon » qui vient à peine de commencer est le drone Shaed 136, un engin iranien amélioré
par les russes. Très bon marché (20.000 USD!), presque inarrêtable et très précis, car connecté maintenant au système GPS russe, il pourra être utilisé presque sans limites. Il n’est pas le fruit
d’un bricolage récent, mais d’un programme technique longuement mûri. Evidemment, les services occidentaux, et les gouvernants, étaient au courant de cette possibilité. Et ils ont fait comme si
les russes n’allaient pas s’en servir ? Sommes-nous gouvernés par des fous ? HESA Shahed 136 — Wikipédia (wikipedia.org)
Ce qu’il pourrait fort bien faire une fois qu’il aura installé en Turquie le terminal gazier tout récemment négocié. On ne peut pas ne pas
y penser !
Par contre, elle ne l’est guère pour les américains. Pour cette raison, on ne peut s’empêcher de penser que, pour eux, la composante
économique (monopole de la vente d’armes, d’énergie et de matières premières à toute l’Europe, Ukraine comprise, et pour un bon moment) et le gain politique (contrôle total de l’Europe) sont des
raisons prioritaires.
Quelques scénarios expliquant le chantage nucléaire occidental
Sivkov :
Seul l’Occident a besoin d’utiliser des armes nucléaires. Seulement l’Occident. Et l’Occident en a besoin pour les raisons suivantes. Parce que l’hiver arrive. Les sanctions occidentales n’ont
pas conduit à l’effondrement de l’économie russe, mais au contraire mis l’Europe au bord de l’effondrement économique. Et ces conditions vont empirer pour les Européens … si la Russie persiste
pendant tout l’hiver. Maintenant, que la « verdure » se flétrit et tombe, le froid arrive,
l’hiver… les Ukrainiens seront dans une condition bien pire que maintenant. Il sera plus facile pour nous d’attaquer et d’agir. Par conséquent, les élites occidentales sont dans une position où
elles sont sur le point de mourir à cause de la révolution, venant de l’intérieur des pays, leurs propres pays.
Cela se prépare là-bas.
Surtout avec le froid en toile de fond, ce sera inévitable, dans les appartements, dans les maisons, lorsque les problèmes commenceront avec la nourriture… avec l’approvisionnement en nourriture,
avec d’autres biens. Quand leurs usines s’arrêteront, s’arrêteront complètement à cause de la pénurie de gaz, ou plutôt de son absence. Et ils – oui, ils ont besoin d’une guerre nucléaire
maintenant. Parce qu’ils n’ont pas été capables de mobiliser leurs peuples pour aller à la guerre, pas encore. Une guerre ordinaire. Mais déclencher une guerre nucléaire et, dans le contexte
d’une guerre nucléaire et des menaces de contamination radioactive qui en résulteraient sur de vastes zones du territoire de l’Ukraine, sur le territoire de la Pologne, de l’Allemagne, d’autres
pays d’Europe, puis mobiliser la population européenne pour une guerre contre la Russie, cela pourrait bien faire partie de leur plan. Par conséquent, ils sont extrêmement intéressés à le
faire.
Maintenant, un scénario naturel peut être suggéré pour expliquer comment cela peut être réalisé et pourquoi ils le crient si fort [dans les médias]. Parce que la
Russie utilisera des armes nucléaires. Il y a deux options claires ici. La première option est que … les Américains, les Américains eux-mêmes tirent un missile MGM-140 ATACMS, d’Est en Ouest,
dans cette direction [montrant avec sa main] – d’Est en Ouest, d’un territoire contrôlé par les forces armées de l’Ukraine à une centrale nucléaire située dans l’ouest de l’Ukraine, avec sa
destruction. Un missile ATACMS. Pas un, mais plusieurs missiles ATACMS. En conséquence, un nouveau Tchernobyl est créé … Tchernobyl est une cible possible d’ailleurs, Tchernobyl pourrait être
touché. On ne peut pas l’exclure complètement. Après cela, la Russie est accusée pour l’attaque. Suite à la catastrophe radioactive qui s’ensuit, d’immenses territoires sont contaminés sur
l’Ukraine même et, surtout, la contamination se fait aussi sur le territoire de la Pologne, de la Hongrie, de l’Allemagne. Ils punissent la Hongrie pour sa politique indépendante et son
interaction avec la Russie. Les retombées en Pologne sont destinées à inciter le peuple polonais à entrer en guerre contre la Russie. L’Allemagne afin de provoquer leurs actions de
représailles.
Présentateur : Eh
bien, en cours de route, la Biélorussie et les régions occidentales de la Fédération de Russie seront aussi touchées.
Sivkov :
Tout à fait exact, cela aussi. Voici un de ces scénarios. En outre, naturellement, nos troupes devront résoudre des problèmes également dans ces régions qui seront couvertes de poussière
radioactive, ce sera problématique, et l’objectif de la tâche ne sera plus la guerre de combat, mais les tâches de désactivation. Voici la première. En outre, cela leur donne le droit d’utiliser
les machines les plus puissantes pour accuser la Russie d’une attaque nucléaire – cela sera signalée comme une attaque nucléaire, donc ils agiront de manière décisive, y compris en utilisant des
armes nucléaires contre les troupes russes. Il n’est pas exclu que cela donne à l’OTAN le droit moral d’entrer dans une guerre à grande échelle en lançant des frappes de missiles, déjà des séries
complètes de frappes de missiles sur nos territoires. Cela deviendra une guerre à grande échelle. Ce sera la justification d’une guerre totale et de l’entrée de l’OTAN dans la guerre contre la
Russie. Y compris avec l’utilisation d’armes nucléaires tactiques.
Le deuxième scénario pourrait être le suivant. Qu’ils frappent avec une bombe nucléaire. B-61 modification 12. Elle peut être larguée sur une centrale nucléaire,
ou, peut-être, elle sera larguée uniquement sur les troupes ukrainiennes, qui … la bombe peut être larguée depuis des avions MiG-29. Nous avons aussi des MiG-29 en service. Et encore une fois,
ils vont accuser la Russie. Ils peuvent aussi utiliser la bombe sans les avions MIG-29. Nous ne savons pas quelles mises à niveau le système de missiles ATACMS a subi, mais ce que les Américains
ont maintenant, ce sont des armes nucléaires de très petit calibre, qui sont suffisamment petites et qui sont déjà optimisées pour être utilisées avec des sous-marins équipés de missiles Trident
II D5… comme ogives du missile Trident II D5. Ces munitions ont été créées relativement récemment et conçues pour de tels cas, pour mener une guerre sur un théâtre de guerre limité. Par
conséquent, pour mettre une telle arme nucléaire sur des ATACMS, concevoir une modification similaire d’ATACMS, les Américains pourraient évidemment le faire. Et ensuite exactement le même
scénario – la frappe avec un ATACMS déjà nucléaire d’un groupe de troupes ukrainiennes et ensuite tout le même scénario pour accuser la Russie.
Présentateur : Et la
question suivante. Comment expliquez-vous ce qui est maintenant partout, l’intérêt spécial actuel du monde … l’intérêt, naturellement, entre guillemets, pour les armes nucléaires, de plus … tout
le monde et partout a commencé à parler de la façon dont les armes nucléaires sont acceptable. Ils ont d’abord affirmé qu’il ne peut y avoir de gagnant dans une guerre nucléaire, que ce sera un
suicide collectif, maintenant ils publient que c’était une vue erronée, et, en principe, les armes nucléaires sont parfaitement acceptables, aucune catastrophe ne se produira, c’est une munition
efficace. Enfin, un peu plus puissante que tout le reste. C’est pourquoi une guerre nucléaire est possible. Alors comment évaluez-vous ces affirmations ? De plus, elles proviennent de personnes
de très haut rang en Occident et, en plus, elles proviennent de centres analytiques bien connus en Occident. Tout cela n’est guère accidentel.
Sivkov :
Commençons par le fait que les armes nucléaires, malheureusement, sont devenues non seulement une arme politique, mais aussi une arme militaire. Et la raison en est que nous sommes passés par un
profond désarmement, un désarmement nucléaire. Lorsque le concept de l’hiver nucléaire a été créé, lorsque ces concepts d’hiver nucléaire ont été développés, alors que de chaque côté, aux
États-Unis comme du côté de l’Union soviétique, il y avait plus de 30 000 ogives nucléaires chacune, et elles étaient de très gros calibre, environ dix fois plus puissantes en moyenne que
maintenant ? Alors à cette époque, oui, un échange mutuel avec ces 30 000 ogives nucléaires conduirait à un hiver nucléaire, sans problème. Mais maintenant le nombre d’ogives nucléaires des deux
côtés a diminué de presque 10 fois, enfin, pas 10 fois, mais 5 fois. Et le nombre total d’ogives n’est plus de 60 000, mais de 14 000. Et le potentiel de ces ogives, la puissance de ces ogives a
considérablement diminué. Par conséquent, il n’y aura pas d’hiver nucléaire. Et c’est précisément à cause de cela que les têtes brûlées ont commencé à parler de la possibilité d’une guerre
nucléaire, parce que les armes nucléaires sont devenues un instrument de politique pratique, d’applications pratiques. Par conséquent, ceux qui ont procédé au désarmement nucléaire étaient des
criminels, qui ont amené le monde au bord d’une guerre nucléaire. C’est quelque chose qui doit être clairement noté. Et tout ce bavardage « Oh, comme c’est dangereux qu’il y en ait autant« , c’est
soit un crétinisme total, soit une intention malveillante. L’un ou l’autre. J’ai tendance à penser que c’est la seconde. Je penche plutôt pour la deuxième option. Puisque tout ce bavardage se
déroulait au moment où les Américains ont choisi de se soustraire au contrôle du traité sur les systèmes de défense antimissile et où, de plus, ils augmentaient intensivement leurs
capacités.
Igor Sergeevich, ne trouvez-vous pas étrange que Klaus Schwab ait annoncé en 2021 que, selon eux, un monde mondial, c’est-à-dire un monde sans États et dirigé par
un gouvernement mondial, sera construit d’ici 2030 ?
Présentateur : Je me
souviens, je me souviens. Vous et moi avons fait une émission spécialement sur ce sujet, que leurs délais étaient en train de s’écouler.
Sivkov : Eh
bien, qu’est-ce qu’il est, un idiot ? En quelque sorte, peut-être… Mais bien sûr que non. Il peut être un pervers, n’importe qui, mais il n’est pas un idiot. Ça c’est sûr. Alors, quel est leur
plan sur ce qu’il faut faire dans ces conditions ? C’est-à-dire qu’un monde global peut être construit [seulement] à condition que la souveraineté de la Chine et de l’Inde ait été détruite.
Est-il concevable de parvenir à détruire la souveraineté de la Chine en si peu de temps par des méthodes de guerres hybrides et même par une intervention militaire directe ? Certainement pas.
Pour y parvenir, il faut, je pense, pas moins d’un demi-siècle, si ce n’est plus. Peut-on le faire par l’économie ou en utilisant des méthodes d’information ? Eh bien, ce sont les éléments
constitutifs d’une guerre hybride. Aussi, non. Il n’y a qu’un seul outil qui permet de le faire, c’est le chantage nucléaire. Un chantage nucléaire devient possible si le pays qui exerce ce
chantage nucléaire dispose d’une supériorité absolue avec son système d’armes nucléaires et a la garantie qu’il n’y aura pas de frappe nucléaire de représailles. C’est alors que le chantage
nucléaire est possible.
Ils pourraient alors dire : « Je suis là maintenant, je vais vous frapper avec des armes
nucléaires, et vous n’avez rien pour me frapper en retour. Même si vous essayez, toutes vos attaques seront repoussées. » Est-il possible dans les conditions actuelles de réaliser un
tel chantage nucléaire pour les États-Unis alors qu’il y a un poing nucléaire du côté russe, et qu’il est équivalent au poing américain ? Bien sûr que non. Bien sûr que non. Donc, la mise en
œuvre de ce scénario… ce scénario est le seul scénario possible de survie du monde occidental sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, un monde parasite, il n’est possible que si ils
prennent le contrôle de la Russie. Plus précisément, de son potentiel nucléaire. De plus, comme vous et moi en avons discuté précédemment, il est fondamentalement important pour l’Occident de ne
pas démembrer la Russie, mais de la prendre dans son intégralité. Parce que si elle devait se désintégrer, alors avec une grande probabilité une partie du potentiel nucléaire russe, le potentiel
scientifique de la Russie, tombera aux mains des Chinois et le problème ne sera pas résolu. Il leur faudra prendre toute la Russie, changer son président, planter une marionnette qui acceptera de
travailler pour l’Occident. C’est ce que Serdyukov voulait faire. Il voulait que les forces armées russes deviennent un instrument de l’Occident. Quand ils nous ont imposé les Mistral, imposé
toutes sortes de voitures Iveco, maintenant connues sous le surnom de » Gus « , enfin, bref, les armes de fabrication
étrangère. Et les principes de formation des brigades de l’armée … les principes de structuration des forces armées des fédérations russes de l’époque – ils étaient censés faire partie de l’armée
de l’OTAN. C’est-à-dire que nous devions résoudre les problèmes sur le terrain, mais le soutien aérien, le soutien d’artillerie, le soutien naval serait fait par les États-Unis d’Amérique et
l’OTAN. C’est à peu près le tableau que l’on pouvait voir à cette époque. Apparemment. Ou du moins je le suppose, à en juger par la direction des activités de M. Serdyukov et de son équipe,
lorsqu’ils disaient que nous n’avions pas besoin de chars. Donc, le char T-95, top secret, a été annoncé par un chef de haut rang au cours d’un événement public, ses caractéristiques tactiques et
techniques ont été révélées, puis ce programme a été complètement fermé. C’est une autre histoire, une autre histoire de trahison. C’est pourquoi la Russie est attaquée maintenant. Et en même
temps, il est important pour eux de ne pas détruire la Russie en tant que structure entière, mais d’en prendre simplement le contrôle. Alors ils pourraient avoir un potentiel nucléaire commun. Le
potentiel combiné des Américains et de la Russie serait en mesure de dicter quoi que ce soit à qui que ce soit. C’est pourquoi maintenant ils commencent à changer la perception pour prouver au
monde que l’utilisation des armes nucléaires est une chose parfaitement acceptable… Une chose complètement acceptable. C’est le premier moment.
Deuxième moment. En plus de ce scénario, il y a un autre scénario au cas où la Russie ne serait pas vaincue, mais qu’il y aurait encore besoin d’organiser une
révolution là-bas. L’un des instruments les plus efficaces pour un tel coup serait une défaite militaire de la Russie sur un théâtre de guerre éloigné. S’il s’avère qu’il n’est pas possible
d’obtenir une telle défaite en combattant avec des armes conventionnelles, sans utiliser d’armes nucléaires, alors la théorie américaine suggère la possibilité d’une guerre nucléaire dite
limitée, lorsque les armes nucléaires sont utilisées dans des territoires qui ne sont pas directement liés au territoire de la Russie ou des États-Unis. C’est-à-dire sans risque d’échange
nucléaire entre nos pays, jusqu’à une guerre nucléaire générale. Mais [au lieu de cela] on se bat avec des armes nucléaires tactiques sur le territoire d’un autre pays. C’est-à-dire, par exemple,
l’Ukraine, la Pologne, l’Allemagne – personne en Amérique ne se soucie d’une petite guerre nucléaire là-bas afin de vaincre la Russie avec l’utilisation d’armes nucléaires, eh bien, et alors cela
conduirait au renversement du président Poutine. C’est ainsi que pense l’OTAN. C’est la théorie d’une guerre nucléaire limitée. Ce sont précisément ces deux aspects qui, comme je l’ai dit
précédemment, exigent cette propagande ouverte, une justification de l’utilisation des armes nucléaires dans une guerre. L’OTAN, les USA, les élites mondiales ont ouvertement commencé les
préparatifs d’une guerre nucléaire. Comment cela commencera, nous en avons déjà discuté avec vous. Mais en plus, je voudrais, Igor Sergeevich, me tourner vers l’histoire. C’est un moment très
important. Il était une fois, à l’époque de l’Union soviétique, le monde était divisé en deux camps, l’un capitaliste, l’autre socialiste. Ils se faisaient des guerres locales entre eux, se
disputaient les sphères d’influence.
Mais cela se passait dans les pays du tiers monde. Et ces pays qui se concentraient sur l’Ouest, envoyaient aux USA, … aux pays occidentaux et à l’Europe leurs
ressources sans trop penser qu’il s’agissait d’un système d’échange injuste. C’est-à-dire qu’ils donnaient leurs ressources pour une somme dérisoire, et l’Occident leur vendait ses produits de
haute technologie à des prix très élevés. Et ce déséquilibre a permis à la civilisation occidentale de bénéficier d’un niveau de vie élevé. Les politiciens occidentaux pensaient probablement, à
en juger par leurs actions, que leur civilisation, leur mode de production, le mode de production capitaliste, c’était vraiment le summum de tout. Rappelez-vous la « fin de l’histoire » de Fukuyama et tout ça. Le capitalisme
est le summum de tout, c’est une perfection absolue. Et le capitalisme libéral en particulier. C’est alors que ces idées sur la licéité de la débauche, ces… AC-DC… Voilà, je me souviens comment
toutes ces choses [inaudible]. Mais que ce bien-être est basé sur… un échange inadéquat, que par lui-même… le système lui-même est extrêmement inefficace, ils ont oublié. Ils ont versé de la boue
sur le système soviétique, dans lequel tout était différent, où l’Union soviétique ne recevait rien de personne en particulier, mais au contraire, donnait, aidait et soutenait. Et lorsque l’Union
soviétique a commencé à s’effondrer avec l’effondrement du Pacte de Varsovie, ils ont célébré la victoire. Mais ils n’ont pas compris une… simple vérité… les conséquences de cet événement. Les
conséquences de cet événement étaient que pour les autres pays du monde qui avaient l’habitude d’exporter des matières premières bon marché, pour eux le toit occidental n’était plus nécessaire.
Et ils ont commencé à vendre ces matières premières aux prix correspondants. Et puis les produits occidentaux ne pouvaient plus concurrencer les Chinois, où il y avait une main d’œuvre très bon
marché. Cela a eu deux effets. D’une part, cela a conduit à une forte industrialisation de la Chine, où ils ont commencé à transférer des entreprises capitalistes, sans lesquelles le miracle
chinois n’aurait jamais eu lieu. D’autre part, cela a conduit à la désindustrialisation, naturellement, de l’Occident et aux symptômes de la crise croissante dans les sociétés occidentales. Il a
donc été décidé qu’ils en avaient assez de cette liberté avec les matières premières. Elles devaient être mises sous contrôle. Une provocation a été mise en scène en 2001, le 11 septembre, et
l’Occident, les États-Unis ont lancé une opération américaine pour prendre le contrôle de l’Irak et de l’Afghanistan.
L’Afghanistan est la plus importante voie de communication, il y a des réserves… les plus grandes réserves de minerais d’uranium, entre autres. Et l’Irak est un
point d’appui pour la poursuite de la capture de l’ensemble du Moyen-Orient en général. Mais il s’est avéré que l’Amérique n’avait pas d’armée. Elle a été découverte. C’est-à-dire qu’elle avait
une aviation, elle avait une flotte, mais une véritable armée capable de se rendre sur le terrain et de risquer sa vie, de se battre à bout portant pour contrôler un territoire, pour cela il n’y
avait pas d’armée. En Irak et en Afghanistan, ils ont été vaincus. Donc quelque chose d’autre devait être fait. Et c’est là que la théorie du chaos contrôlé entre en jeu. Le dernier cercueil… le
dernier clou dans le cercueil du printemps arabe a été martelé par la Russie en 2015-18, mettant fin à la guerre en Syrie, détruisant ISIS. Que reste-t-il à l’Occident ? L’Occident n’a plus
qu’une seule option : utiliser l’arme nucléaire.
L’Occident n’a plus de puissance militaire, une puissance générale suffisante, l’Occident n’a plus de puissance économique, et l’idéologie libérale qui était
utilisée pour être l’un des piliers pour étendre l’influence occidentale, a été complètement discréditée. Tout ce qui leur reste, c’est la matraque nucléaire. Mais à cette matraque nucléaire, à
la possibilité d’utiliser cette matraque nucléaire, la Russie est un obstacle. C’est exactement la raison pour laquelle la Russie fait maintenant l’objet d’une telle attaque généralisée. Et ils
s’y préparent depuis très, très longtemps. L’Occident, s’il perd cette guerre, s’il perd ce combat contre la Russie, si la Russie tient bon, cela signifiera la fin de l’Occident. Et d’ailleurs,
une chose intéressante est ce qui commence maintenant à se produire en Occident. Si nous considérons que la civilisation occidentale est semblable à une communauté d’individus du même type, du
même genre, spirituellement du même genre, qui sont faits pour s’entendre, alors en Occident, il y a maintenant un état de cannibalisme dans sa forme la plus sauvage. Maintenant, les États-Unis
d’Amérique et la Grande-Bretagne, c’est-à-dire l’axe anglo-saxon, tentent de résoudre ses problèmes de crise aux dépens de la vieille Europe. Et ces problèmes, associés à l’arrêt des livraisons
d’énergie à l’Europe de l’Ouest, et en particulier à la destruction de ce gazoduc, n’ont qu’un seul but : parvenir à la désindustrialisation de l’économie de l’Europe de l’Ouest, forcer
l’industrie de l’Europe de l’Ouest à se déplacer vers les États-Unis. C’est le sens de toute cette action.
Présentateur : Merci,
Konstantin Valentinovich. Je vous remercie d’avoir participer à notre programme.
Konstantin
Sivkov (capitaine de vaisseau de 1er rang, retraité) est titulaire d’un doctorat en sciences militaires et est le président adjoint de l’Académie russe des sciences des missiles et
de l’artillerie.
La Pravda américaine : Troisième et deuxième guerres mondiales ?
De temps à autre, je redécouvre l’étendue
d’Internet.
Tout au long de cette année, je me suis beaucoup intéressé à notre
conflit contre la Russie en Ukraine, et j’ai également commencé par ailleurs à suivre les déclarations publiques formulées par le professeur Jeffrey Sachs, de l’Université de Columbia, mais
jusqu’à la semaine dernière, j’avais manqué son interview de la fin du mois d’août sur ce sujet précis. Bien que son apparition dans l’émission Democracy Now! d’Amy Goodman ait accumulé plus de deux
millions de vues, j’étais passé à côté.
Je recommande fortement d’écouter ses remarques, ainsi que ses présentations du même ordre début octobre sur the Grayzone et dans la nouvelle émission de Tulsi
Gabbard.
Sachs a occupé durant des dizaines d’années de hauts postes au gouvernement, dont le rôle important et controversé en Russie a commencé au début des années 1990, si
bien que ses idées sur l’impasse où nous nous trouvons sont à prendre au sérieux. Et elles sont frappantes.
D’après lui, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont actuellement en guerre avec une Russie dotée de l’arme nucléaire, à la frontière de celle-ci. Bien qu’à
ce stade, les combats au sol aient été laissés à nos mandataires ukrainiens, nous livrons tous les autres éléments militaires — armes, munitions, financements, entraînements, renseignements et
coordination — et nous apportons également notre contribution avec certains combattants. Au cours de notre longue Guerre Froide contre les Soviétiques, un tel scénario aurait été considéré comme
le pire des cauchemars, mais il s’agit désormais de l’objectif délibéré du gouvernement étasunien. L’interview de Tulsi Gabbard porte le titre tout à fait approprié « Russie, Ukraine, et prévention d’un holocauste
nucléaire ».
Sachs est né en 1954, et il était enfant au moment de la période terrifiante de la crise des missiles de Cuba, et cette instance d’acrobatie politique domine
évidemment ses pensées lorsqu’il considère la confrontation qui est la nôtre contre la Russie. Il rappelle que la destruction du monde n’a été évitée que d’un cheveu en 1962, uniquement grâce à
la prudence du président John F. Kennedy. Ces sentiments sont extrêmement différents de ceux qui animent l’administration Biden actuelle, dominée par les néo-conservateurs, qui semble prête à
escalader le conflit et a passé récemment plusieurs jours à discuter tranquillement de l’utilisation d’armes nucléaires contre notre adversaire russe.
Bien comprendre le passé permet d’évaluer les circonstances actuelles. Mais hormis le risque de guerre nucléaire, je pense que la situation contemporaine est
totalement différente de celle à laquelle on était confronté au cours de la présidence de Kennedy. En 1962, nous avons failli entrer en guerre contre les Soviétiques, en un conflit qu’aucun des
deux camps n’avait cherché à provoquer, et notre président était parvenu à nous sortir du pétrin. Mais dans la confrontation présente, nous avons passé volontairement des années à provoquer la
Russie à dessein, en évitant toutes les tentatives visant à atteindre une résolution diplomatique du conflit, et en torpillant les pourparlers de paix russo-ukrainiens lorsqu’ils ont commencé au mois de mars 2022. La guerre contemporaine contre la Russie n’est pas une erreur : c’est
presque complètement le résultat d’une politique étasunienne intentionnelle.
Au lieu de désigner la crise de 1962 comme un modèle à suivre, de nombreux soutiens de notre stratégie actuelle en Ukraine affirment que l’analogie à faire est
celle de la seconde guerre mondiale, lancée contre l’agression gratuite menée par l’Allemagne de Hitler. Bien que Sachs, John Mearsheimer, et d’autres personnalités notables aient démontré que les faits historiques sont différents, presque tous les médias dominants étasuniens décrivent l’invasion
russe de l’Ukraine comme « totalement
non-provoquée », et la comparent souvent avec l’attaque allemande contre la Pologne qui avait provoqué la seconde guerre mondiale. Quelques semaines après le début de la guerre, j’ai
publié un long article affirmant que cette dernière analogie était de fait bien plus appropriée que l’on ne pouvait le penser, mais pas de la manière dont ceux qui la soutiennent la
considèrent.
Au début de mon analyse, j’avais souligné un point d’importance :
Nous devrions reconnaître qu’à de nombreux égards, le narratif historique habituel de la seconde guerre mondiale ne constitue guère qu’une version figée dans le
béton de la propagande médiatique diffusée à l’époque. Si la Russie était vaincue et détruite à l’issue du conflit en cours, nous pouvons être certains que les livres d’histoire à venir
dépeindraient Poutine comme le diable, et diaboliseraient l’ensemble des décision qu’il a prises.
J’expliquai :
Comme beaucoup d’entre nous le savent, la seconde guerre mondiale a commencé lorsque l’Allemagne a attaqué la Pologne en 1939 à cause de Dantzig, une ville
frontalière presque entièrement peuplée d’Allemands mais contrôlée par les Polonais.
Mais peu de gens savent qu’en réalité, Hitler avait mené des efforts considérables pour éviter la guerre et régler ce différend ; il avait passé de nombreux
mois en négociations stériles et avait proposé des conditions extrêmement raisonnables [à la Pologne, NdT]. De fait, le dictateur allemand avait produit de nombreuses concessions, qu’aucun de
ces prédécesseurs de la république démocratique de Weimar n’avait été prêt à envisager, mais ces concessions avaient été rejetées, et les provocations n’avaient fait que croître, jusqu’à ce
que la guerre contre la Pologne apparût comme la seule option restante. Et exactement comme dans le cas de l’Ukraine, des éléments politiques d’influence en Occident avaient presque
certainement essayé de provoquer la guerre, en utilisant Dantzig comme étincelle pour déclencher le conflit, ce qui ressemble fortement à la manière dont le Donbass a pu être utilisé pour
forcer la main de Poutine.
Le professeur Sachs a raison d’indiquer que notre propre gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour pousser les Russes à envahir l’Ukraine, mais au fil des
dernières années, mon enquête soignée sur l’éclatement de la seconde guerre mondiale m’a amené à une conclusion très similaire. Si nous examinons les sources contemporaines les plus fiables, nous
découvrons facilement que l’administration Roosevelt avait joué un rôle central pour déclencher la guerre, ainsi que les raisons pour lesquelles elle avait agi de la sorte.
Au cours des années 1930, John T. Flynn était l’un des journalistes progressistes les plus influents, et bien qu’au départ il fût un ardent soutien de Roosevelt
et de son New
Deal il s’est peu à peu transformé en critique acerbe, et a conclu que les divers motifs gouvernementaux de FDR avaient échoué à raviver l’économie étasunienne. Puis, en 1937, un
nouvel effondrement économique avait ramené les mêmes taux de chômage que ceux au moment où le président avait pris ses fonctions, ce qui confirme le verdict sévère de Flynn.
Comme je l’ai écrit l’an dernier :
De fait, avant la fin de l’année 1937, FDR s’était orienté vers une politique étrangère agressive visant à impliquer le pays dans une guerre majeure à
l’étranger, surtout parce qu’il pensait que c’était la seule voie pour sortir de sa situation économique et politique désespérée, un stratagème connu par les dirigeants nationaux au cours de
l’histoire. Dans son éditorial du 5 janvier 1938 paru dans New Republic, il avait alerté ses
lecteurs décontenancés de la perspective sinistre d’une vaste construction militaire et d’une guerre à l’horizon, après qu’un haut-conseiller de Roosevelt s’était vanté auprès de lui en privé
qu’un grand assaut de « Keynesianisme
militaire » et une guerre majeure allaient purger les problèmes économiques apparemment insurmontables du pays. À l’époque, une guerre contre le Japon, possiblement pour
défendre des intérêts en Amérique latine, semblait l’objectif escompté, mais les événements en développement en Europe avaient rapidement persuadé FDR que fomenter une guerre générale contre
l’Allemagne était la meilleure trajectoire à suivre. Des mémoires et d’autres documents historiques retrouvés par des chercheurs semblent soutenir dans l’ensemble les accusations lancées par
Flynn, et indiquent que Roosevelt avait ordonné à ses diplomates d’exercer d’énormes pressions sur les gouvernements britannique et polonais, pour éviter tout règlement négocié avec
l’Allemagne, ce qui avait amené à l’éclatement de la seconde guerre mondiale en 1939.
Le dernier point est important, car l’opinion confidentielle de ceux qui sont les plus proches des événements historiques d’importance doit se voir accordée une
valeur probante considérable. Dans un article récent, John Wear a rassemblé les nombreuses évaluations contemporaines qui impliquent FDR comme figure centrale dans l’orchestration de la guerre mondiale,
par ses pressions constantes sur les dirigeants politiques britanniques, une politique au sujet de laquelle il avait même convenu en privé qu’elle pourrait conduire à sa destitution si elle
était révélée au public. Parmi les témoignages, nous avons les déclarations des ambassadeurs polonais et britannique à Washington et de l’ambassadeur des États-Unis à Londres, qui avaient
également fait passer cette opinion concordante jusqu’au premier ministre Chamberlain en personne. De fait, les Allemands s’étaient saisis en 1939 de documents diplomatiques polonais secrets,
qui avaient déjà révélé une bonne partie de ces informations, et William Henry Chamberlin avait confirmé leur authenticité dans son livre paru en 1950. Mais comme les médias dominants n’ont
jamais fait paraître la moindre de ces informations, ces faits restent à ce jour peu connus.
En 2018 et 2019, j’avais discuté des origines de la seconde guerre mondiale et de notre entrée dans ce conflit, avec deux longs articles :
Une fois la guerre commencée, le gouvernement de FDR essaya de s’y rallier au côté des Alliés, mais en fut empêché par l’écrasante opposition de l’opinion
publique.
Alarmé par une crainte croissante que les États-Unis puissent se retrouver impliqués dans une nouvelle guerre mondiale sans que l’électeur y ait souscrit, un
groupe d’étudiants en droit de l’Université de Yale lança une organisation politique anti-interventioniste sous le nom de « The America First
Committee », qui compta bientôt 800 000 membres, ce qui en fit la plus grande organisation politique issue du terrain de toute notre histoire nationale. De nombreuses
personnalités éminentes la ralliaient ou la soutenaient, avec le président de Sears, Roebuck à sa tête, et on trouvait parmi ses jeunes membres de futurs présidents tels que John F. Kennedy
et Gerald Ford ainsi que d’autres notables comme Gore Vidal, Potter Stewart et Sargent Schriver. Flynn tint lieu de président du chapitre de New York, et le porte-parole le plus connu de
l’organisation fut le célèbre aviateur Charles Lindbergh, qui fut sans doute le plus grand héros national des États-Unis des décennies durant.
Jusqu’en 1941, d’immenses foules se rassemblaient dans tout le pays pour écouter Lindbergh et les autres dirigeants, avec des millions d’autres personnes
écoutant les retransmissions radiophoniques des événements. Mahl montre que les agents britanniques et leurs soutiens étasuniens continuèrent pendant ce temps leurs opérations clandestines
pour contrer cette tentative, en organisant des groupes politiques soutenant une implication militaire étasunienne, et employant des moyens plus ou moins honnêtes pour neutraliser leurs
opposants politiques. Des personnalités et organisations juives semblent avoir joué un rôle tout à fait disproportionné dans cette tentative.
Dans le même temps, l’administration Roosevelt faisait escalader sa guerre non-déclarée contre les sous-marins et autres forces d’Allemagne en Atlantique,
essayant sans succès de provoquer un incident pouvant faire entrer le pays en guerre. FDR promut également les inventions de propagande les plus bizarres et les plus ridicules, visant à
terrifier les Étasuniens naïfs, en affirmant par exemple détenir la preuve que les Allemands — qui ne disposaient pas d’une marine très conséquente et étaient complètement bloqués par la
Manche — avaient formulé des projets concrets de traverser les deux mille miles nautiques de l’Océan Atlantique et de s’emparer de l’Amérique latine. Des agents britanniques apportèrent
certaines des fausses preuves qu’il cita pour étayer ces propos ridicules.
Ces faits, qui sont désormais tout à fait établis par des décennies de travail universitaire, apportent le contexte nécessaire au célèbre discours controversé de Lindbergh au cours d’un rassemblement d’America First au mois de
septembre 1941. Au cours de cet événement, il dénonça trois groupes en particulier, qui « faisaient pression sur notre pays vers
la guerre[:] les Britanniques, les Juifs et l’Administration Roosevelt, » ce qui déclencha un énorme orage d’attaques médiatiques et de dénonciations, jusque des accusations
généralisées d’antisémitisme et de sympathies nazies. Au vu des réalités de la situation politique, l’affirmation de Lindbergh constitua une parfaite illustration du célèbre trait d’esprit de
Michael Kinsley qui veut qu’« une gaffe se produit lorsqu’un homme
politique dit la vérité — une vérité évidente qu’il n’est pas supposé aborder. » Mais comme conséquence, la réputation jadis héroïque de Lindbergh subit des dégâts énormes et
permanents, avec la campagne de diffamation qui résonna durant les trente années de vie qui lui restaient, et même bien au-delà. Bien qu’il ne fut pas totalement soustrait à la vie publique,
sa stature ne fut positivement plus jamais la même.
À partir de 1940, FDR avait mené un grand effort politique pour impliquer directement les États-Unis dans la guerre contre l’Allemagne, mais l’opinion publique
était totalement contre cette idée, avec des sondages indiquant que 80% de la population y était opposée. Tout ceci changea immédiatement lorsque les bombes japonaises furent lâchées sur
Hawaï, et voici que subitement le pays se retrouve en guerre.
Au vu de ces faits, les soupçons se firent sur l’idée que Roosevelt avait volontairement provoqué l’attaque par ses décisions présidentielles de geler les
actifs japonais, de pratiquer un embargo sur toutes les livraisons de produits pétroliers vitaux, et de rejeter les demandes répétées des dirigeants de Tokyo pour entrer en négociations. Dans
l’ouvrage de 1953 produit par Barnes [cet ouvrage a été traduit et est mis à disposition gratuitement par l’équipe du Saker francophone, NdT], l’historien diplomatique Charles Tansill a résumé sa thèse très fortement étayée selon laquelle FDR voulait utiliser une attaque japonaise comme meilleur vecteur d’« entrer en guerre par la petite
porte » contre l’Allemagne, un argument qu’il avait produit l’année précédente dans un livre sous ce même titre [Ce livre a également été traduit par
l’équipe du Saker francophone, à la date de publication de cet article il est en cours de relecture, NdT]. Au cours des décennies, les informations couchées dans des journaux
personnels et des documents gouvernementaux semblent avoir établi de manière quasiment irréfutable cette interprétation, avec le secrétaire de la guerre Henry Stimson qui indique que le plan
était de « manœuvrer
[le Japon] pour l’amener à ouvrir le feu en premier »…
En 1941, les États-Unis avaient pénétré tous les codes diplomatiques japonais, et lisaient librement leurs communications secrètes. Par conséquent, la croyance
s’était répandue, en dépit du fait qu’elle était contestée, que le président était tout à fait au courant de l’attaque japonaise planifiée contre notre flotte, et choisit tout à fait
délibérément de ne pas en avertir les commandants locaux, pour s’assurer que les fortes pertes allaient produire une nation vengeresse unie pour la guerre. Tansill et un ancien chercheur en
chef ayant œuvré pour le comité d’enquête du Congrès a soutenu cette thèse dans le même ouvrage de 1953 de Barnes, et l’année suivante, un ancien amiral des États-Unis a
publié The Final Secret of Pearl Harbor, apportant des arguments similaires mais plus détaillés. Cet ouvrage comprend également une introduction rédigée par l’un des plus
hauts gradés de la marine des États-Unis lors du second conflit mondial, qui soutenait pleinement la théorie controversée.
En 2000, le journaliste Robert M. Stinnett a publié pléthore d’éléments additionnels soutenant cette thèse, sur la base de son travail de recherche mené huit
années durant sur des archives, et qui est discuté dans un article récent. Un point notable marqué par Stinnett est que si Washington avait averti les commandants de Pearl Harbor, les préparations défensives qu’ils auraient
menées auraient été remarquées par les espions japonais sur place, qui en auraient informé la force d’attaque en approche ; et sans l’élément de surprise, l’attaque aurait sans doute été
annulée, ce qui aurait empêché les projets de guerre entretenus de longue date par FDR. Bien que divers détails puissent faire l’objet de débats, je trouve les éléments étayant la thèse d’un
Roosevelt au courant à l’avance de l’attaque tout à fait probants.
Cette reconstruction historique est fortement soutenue par de nombreux détails additionnels. Au cours de cette période, le professeur Revilo P. Oliver occupait une
position élevée dans les Renseignements Militaires, et en publiant ses mémoires quatre décennies plus tard, il a affirmé que FDR avait volontairement dupé les Japonais pour les amener à attaquer Pearl Harbor. Sachant que le Japon avait brisés les codes diplomatiques du Portugal,
FDR avait informé l’ambassadeur de ce pays de ses projets d’attendre jusqu’à ce que les Japonais se soient fortement étendus, puis d’ordonner à la Flotte du Pacifique de lancer une attaque
dévastatrice contre leurs îles d’origine. Selon Oliver, les câbles japonais qui suivirent ont révélé que les Japonais s’étaient laissés convaincre que FDR avait pour projet de les attaquer par
surprise.
De fait, quelques mois à peine avant Pearl Harbor, Argosy Weekly, l’un des magazines les plus populaires des
États-Unis, avait fait paraître une couverture décrivant très exactement une attaque surprise de ce genre sur Tokyo en
représailles à un incident naval, mettant en scène les puissants bombardiers de la Flotte Pacifique infligeant d’importants dégâts à la capitale japonaise restée sans préparation. Je me demande
si l’Administration Roosevelt est intervenu pour faire publier ce récit.
Dès le mois de mai 1940, FDR avait ordonné que la Flotte du Pacifique fût déplacée de son port d’attache de San Diego à Pearl Harbor à Hawaï, une décision à
laquelle s’était fermement opposé James Richardson, l’amiral de cette flotte, qui jugeait l’option comme trop provocatrice et dangereuse. Il fut démit de ces fonctions pour ce refus. Qui plus est
:
Il se produisit également un très étrange incident domestique juste après l’attaque contre Pearl Harbor, un incident qui semble n’avoir fait l’objet que de fort
peu d’attention. À cette période, les films étaient le média populaire le plus puissant, et bien que la population fût constituée à 97 % de non-Juifs, un seul studio majeur était détenu
par des non-Juifs ; peut-être était-ce par hasard que Walt Disney était le seul personnage privilégié de Hollywood fermement attaché au camp anti-guerre. Et le lendemain de l’attaque surprise
japonaise, des centaines de soldats étasuniens prirent le contrôle des studios de Disney, supposément pour aider à défendre la Californie contre les soldats japonais situés à des milliers de kilomètres de là, et
l’occupation militaire se poursuivit au cours des huit mois qui suivirent. Imaginez ce que des esprits soupçonneux auraient pensé si le 12 septembre 2001, le président Bush avait subitement
ordonné à son armée d’occuper les bureaux de la chaîne CBS, en affirmant que cela était nécessaire pour protéger la ville de New York de nouvelles attaques islamistes.
L’attaque contre Pearl Harbor se produisit un dimanche, et à moins que FDR et ses principaux conseillers fussent pleinement informés de l’attaque japonaise en
approche, ils auraient certainement dû se montrer très préoccupés des conséquences du désastre. Il apparaît comme hautement improbable que l’armée étasunienne fût prête à investir les studios de
Disney le lundi au petit matin, juste après une véritable attaque « surprise ».
Alors que les États-Unis faisaient tout leur possible pour provoquer une guerre contre le Japon en 1941, il apparaît qu’un scénario semblable soit déroulé de nos
jours avec la Chine. Comme je l’ai écrit il y a quelques mois :
Avant l’éclatement de la guerre en Ukraine, les États-Unis avaient passé des années à centrer leur hostilité principalement contre la Chine, en constituant une
alliance militaire contre ce pays, en déployant des sanctions pour perturber le fonctionnement de Huawei, le champion technologique global de la Chine, et en œuvrant à faire échouer les Jeux
Olympiques de Pékin, tout en s’approchant très près de la ligne rouge en soutenant l’indépendance de Taïwan. J’ai même soutenu que des éléments écrasants existent montrant que le déclenchement de l’épidémie de Covid à Wuhan a probablement constitué le résultat d’une attaque de guerre biologique par
des éléments incontrôlables de l’administration Trump.
Ces actions extrêmement provocatrices menées sous Trump n’ont fait que s’accélérer une fois qu’il a quitté le bureau ovale, avec la visite officielle provocatrice
de Nancy Pelosi à Taïwan il y a quelque temps. Et la semaine dernière, l’administration Biden a déclaré sa volonté de totalement perturber l’industrie, vitale pour la Chine, des micropuces
domestiques, en décrétant de nouvelles régulations interdisant à tout citoyen étasunien d’œuvrer dans ce domaine, et en étendant ce décret à toutes les autres entreprises globales faisant affaire
avec des fabricants chinois. Cette action sans précédent a été qualifiée d’« attaque thermonucléaire » soudaine contre une
industrie chinoise vitale :
Comme l’a souligné le professeur Sachs dans sa discussion de fin août, nous semblons œuvrer à provoquer volontairement une confrontation simultanée contre la Russie
en même temps que contre la Chine, sur des sujets que ces deux pays considèrent comme vitaux pour leurs intérêts de sécurité nationale.
Il pourrait apparaître comme tout à fait irrationnel de la part des États-Unis de pousser ces deux puissances mondiales à constituer une alliance directement
orientée contre nous, mais je soupçonne que nos élites politiques se sont empoisonnées elles-mêmes de par leur mauvaise lecture de l’histoire des États-Unis, et notablement de l’exemple de la
seconde guerre mondiale qu’ils citent avec une telle régularité. Comme je l’ai expliqué peu de temps après l’éclatement de la guerre en Ukraine,
Depuis plus de cent ans, l’ensemble des nombreuses guerres des États-Unis ont été menées contre des adversaires totalement dépassés, des opposants ne disposant
que d’une fraction des ressources humaines, industrielles et naturelles par rapport à celles contrôlées par nous et nos alliés. Cet avantage massif a souvent été compensé par de nombreuses
erreurs très tôt dans l’occurrence de ces conflits. Aussi, la principale difficulté à laquelle nos dirigeants élus sont confrontés a été simplement de persuader les citoyens étasuniens
souvent très réticents à soutenir une guerre, si bien que nombre d’historiens ont affirmé que des incidents tels que le naufrage du Maine et du Lusitania, ainsi que les attaques de Pearl
Harbor et de la Baie du Tonkin ont été orchestrées ou manipulées précisément dans cet objectif.
Cet énorme avantage en puissance potentielle s’est également pleinement manifesté lorsque la seconde guerre mondiale a éclaté en Europe, et Schultze-Rhonof et
d’autres ont souligné la manière dont les empires britannique et français, soutenus par des ressources militaires potentielles étasuniennes très fortement supérieures à celles de l’Allemagne,
ont peiné face à un pays de taille moyenne plus petit que le Texas. La surprise a été que malgré un déséquilibre aussi flagrant, l’Allemagne s’est avérée victorieuse pendant plusieurs années,
avait d’être finalement poussée à la défaite…
Examinons l’attitude adoptée durant le conflit en cours contre la Russie, une grave confrontation de type Guerre Froide qui pourrait fort bien se réchauffer.
Malgré sa considérable force militaire et son énorme arsenal nucléaire, la Russie semble tout aussi dépassée que tout adversaire étasunien issu du passé. Si l’on compte les pays de l’OTAN et
le Japon, l’alliance étasunienne dispose d’un avantage de 6 contre 1 en population et de 12 contre 1 en produit économique, les vecteurs clé du pouvoir international. Une disparité aussi colossale est implicite dans les attitudes de nos planificateurs
stratégiques et de leurs porte-parole dans les médias.
Mais il s’agit d’une présentation très irréaliste de la véritable corrélation des forces… deux semaines à peine avant l’attaque de la Russie contre l’Ukraine,
Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping ont tenu leur 39ème rencontre en personne à Pékin, et ont déclaré que leur partenariat était « sans limite ». Il est
certain que la Chine soutiendra la Russie au cours de tout conflit global.
Dans le même temps, les attaques sans fin et les diabolisations menées par les États-Unis contre l’Iran durent depuis des décennies, et ont culminé avec
l’assassinat il y a deux ans du premier commandant militaire du pays, Qasem Soleimani, dont le nom avait été cité comme candidat de choix pour les élections présidentielles iraniennes de
2021. Avec l’aide de notre allié israélien, nous avons également assassiné nombre de hauts-scientifiques iraniens au cours de la décennie écoulée, et en 2020, l’Iran a publiquement accusé les États-Unis d’avoir déclenché la guerre biologique du Covid contre lui, qui a infecté un grande partie de leur parlement et a tué de nombreux
membres de leur élite politique. L’Iran se rangerait sans doute également du côté de la Russie.
Les États-Unis, avec leurs alliés de l’OTAN et le Japon, possèdent une considérable supériorité dans toute confrontation face à la seule Russie. Cependant, il
en irait différemment contre une coalition composée de la Russie, de la Chine et de l’Iran, et je pense certes que ce second groupe pourrait l’emporter, au vu du poids considérable de sa
population, de ses ressources naturelles, et de sa puissance industrielle.
Depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis ont joui d’un moment unipolaire, et ont régné sur le monde de par leur statut de seule
hyperpuissance. Mais cet état de fait a encouragé notre arrogance et nous a mené à mener des agressions internationales contre des cibles bien plus faibles que nous, ce qui a débouché sur la
création d’un puissant bloc d’États prêts à nous faire face.
J’avais écrit ces mots deux semaines après le début de la guerre, et comme il en va pour tout conflit, certaines anticipations se sont avérées fausses.
On s’attendait à voir les Russes balayer les Ukrainiens, mais au lieu de cela ils ont été confrontés à une résistance très déterminée, ont subi de lourdes pertes,
et n’ont progressé que lentement. Avec l’OTAN lui livrant généreusement de nouvelles armes avancées, l’Ukraine a pu récemment lancer et réussir des contre-attaques, ce qui a contraint le
président Vladimir Poutine à appeler 300 000 réservistes.
Mais bien que les efforts militaires de la Russie n’aient fonctionné que partiellement, sur tous les autres fronts, les États-Unis et leurs alliés ont subi une
suite de défaites stratégiques géopolitiques.
Au début de la guerre, de nombreux observateurs pensaient que les sanctions sans précédent imposées par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN allaient provoquer
des dégâts importants sur l’économie russe. Au lieu de cela, la Russie n’a rien souffert de grave, alors que la perte des ressources énergétiques russes bon marché a dévasté les économies
européennes et a gravement endommagé la nôtre, ce qui a débouché sur les plus hauts taux d’inflation des quarante dernières années. On s’attendait à un effondrement du rouble russe, mais il est
désormais plus fort que jamais.
L’Allemagne constitue le moteur industriel de l’Europe, et les sanctions imposées à la Russie ont été tellement auto-destructrices que des manifestations populaires
se sont mises à demander qu’elles soient levées, et que les gazoducs Nord Stream soient rouverts. Pour empêcher toute défection possible, ces gazoducs russo-allemands ont été soudainement
attaqués et détruits, presque certainement avec l’approbation et l’implication du gouvernement étasunien. Les États-Unis ne sont pas juridiquement en guerre contre la Russie ni contre l’Allemagne, et cette action a sans
doute constitué la plus grande destruction en temps de paix d’une infrastructure civile dans toute l’histoire du monde, et a infligé d’énormes dégâts permanents à nos alliés européens. Notre
domination absolue sur les médias globaux a pour l’instant empêché la plupart des Européens et des Étasuniens ordinaires de reconnaître ce qui s’est produit, mais avec aggravation de la crise
énergétique et à mesure que la vérité commence peu à peu à émerger, l’OTAN pourrait avoir beaucoup de mal à survivre. Comme je l’ai discuté dans un article récent, il se peut que les États-Unis
aient gaspillé trois générations d’amitié européenne en détruisant ces gazoducs vitaux.
Dans le même temps, de nombreuses années à manifester une attitude étasunienne arrogante et oppressive envers tant de grands pays a produit un contrecoup puissant
en soutien à la Russie. Selon les rapports d’actualités, les Iraniens ont livré aux Russes des drones avancés en grands nombres, qui ont été déployés avec efficacité contre les Ukrainiens. Depuis
la seconde guerre mondiale, notre alliance avec l’Arabie Saoudite a été un pivot pour notre politique au Moyen-Orient, mais les Saouds se sont ralliés de manière répétée avec les Russes sur les sujets de production pétrolière, en faisant totalement fi des demandes des États-Unis malgré les menaces de
représailles émises par le Congrès. La Turquie dispose du plus vaste appareil militaire de l’OTAN, mais elle coopère étroitement avec la Russie sur les livraisons de gaz naturel. L’Inde s’est également rapprochée de la Russie sur des sujets vitaux, en ignorant les sanctions que nous avons imposées sur le pétrole russe. En dehors des États qui nous sont
politiquement vassalisés, la plupart des puissances mondiales semblent se rallier à la Russie.
Depuis la seconde guerre mondiale, l’un des piliers de la dominance étasunienne mondiale a été le statut du dollar étasunien comme monnaie de réserve mondiale,
ainsi que notre contrôle associé sur le système bancaire international. Jusqu’il y a peu, nous avons toujours présenté notre rôle comme neutre et administratif, mais nous nous sommes mis à
utiliser de plus en plus ce pouvoir comme une arme, en usant de notre position pour punir les États qui ne nous plaisent pas, et ceci contraint naturellement les autres pays à rechercher des
alternatives. Peut-être le monde pourrait-il tolérer que nous gelions les actifs financiers de pays relativement petits comme le Venezuela ou l’Afghanistan, mais le gel de 300 milliards de
dollars appartenant à la Russie en réserves de change étrangères a évidemment brisé l’équilibre, et les grands pays cherchent de plus en plus à se passer du dollar et du réseau bancaire que nous
contrôlons pour mener à bien leurs transactions. Bien que le déclin économique de l’UE ait provoqué une chute correspondante de l’Euro et ait par retour mécanique provoqué une montée du dollar,
les perspectives à plus long terme de maintien de notre hégémonie monétaire ne semblent pas bonnes du tout. Et au vu de nos épouvantables déficits budgétaires et commerciaux, une fuite du monde
hors du dollar pourrait facilement provoquer l’effondrement de l’économie des États-Unis.
Peu après le début de la guerre en Ukraine, l’éminent historien Alfred McCoy a affirmé que nous assistions à la naissance géopolitique d’un nouvel ordre mondial,
construit autour d’une alliance entre la Russie et la Chine qui pourrait dominer le continent eurasiatique. Sa discussion avec Amy Goodman a vu son compteur atteindre quasiment les deux millions
de vues.
Notre politique étrangère désormais implacablement orientée contre la Russie et la Chine constitue une énorme menace envers la paix du monde, et envers notre propre
avenir national, mais la moitié de mon article restait centrée sur des événements écoulés il y a plus de sept décennies, présentant un récit très peu orthodoxe des origines de la seconde guerre
mondiale. De nombreuses personnes pourraient considérer cela comme totalement inapproprié, mais je ne suis pas d’accord.
Penchons-nous sur le cas du secrétaire d’État Antony Blinken, l’un des personnages clé dans la formulation de nos lignes politiques actuelles. Avant sa nomination, je n’avais jamais entendu parler de
lui, mais j’ai rapidement découvert qu’il avait fait les mêmes études que moi, et avait obtenu son diplôme l’année suivante. Nous aurions même pu assister à certains cours ensemble, quoique ma
spécialité fût la Physique Théorique et que la sienne résidât dans le domaine des Sciences Sociales, ce qui rend cela peu probable. Mais je pense comprendre très bien sa vision du monde et de
l’histoire du XXème siècle, car jusqu’il y a dix ans, j’entretenais une vision passablement proche de celle-ci. La plupart des personnages clé de l’administration Biden semblent relever de la
même catégorie.
Ces personnes ont un ensemble de croyances particulières établies au sujet du rôle des États-Unis dans le monde, des croyances que partage l’ensemble de leur cercle
idéologique, et je suis certain qu’ils rejetteraient sur le champ toute remise en question de ce cadre au sujet de la Russie ou de la Chine. Ces remises en question se produisent sans doute assez
fréquemment, mais elles sont systématiquement rejetées et ignorées.
Pourtant, je soupçonne qu’aucune de ces personnes n’a jamais imaginé que les fondations les plus profondes de leur système de pensée — l’histoire par eux adoptée de
la seconde guerre mondiale — est en réalité fausse et pourrie jusqu’au trognon. Ils n’ont sans doute jamais été confrontés à de telles idées de toute leur vie, et par conséquent, leurs défenses
psychologiques peuvent s’avérer bien plus faibles. Et si l’un ou l’autre d’entre eux se mettait jamais à considérer la plus infime possibilité que toute source d’information absorbée par eux
depuis l’école primaire a été basée sur un tissu de faussetés, cette compréhension pourrait ébranler leur confiance sur les sujets actuels, y compris sur les circonstances entourant la guerre
actuelle en Ukraine.
Les mules sont des animaux têtus. Mais on raconte une vieille blague : on peut les convaincre de suivre telle ou telle direction en les frappant sur la tête avec un morceau de bois de deux pouces par quatre. Pour la
plupart des experts politiques étasuniens, la découverte du fait que l’ensemble de l’histoire de la seconde guerre mondiale qu’ils ont intégrée marche sur la tête et à l’envers revient à se faire
frapper la tête par ce bout de bois.
Ron Unz
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
La croix gammée, en pendentif ou en boucle d’oreille ?
Lors d’un vote à l’Assemblée générale de l’ONU, le gouvernement français assume vouloir protéger la mémoire nazie. S’il le fait, c’est très probablement au
nom des droits de l’Homme et pour la victoire du camp du Bien en Ukraine.
Les faits
La Russie a soumis, ce vendredi 4 novembre, un projet de résolution devant l’Assemblée générale de l’ONU, qui condamne la glorification du
nazisme. Elle l’a fait chaque année, systématiquement, depuis 2012. Cette année, 52 pays, ceux du bloc atlantico-occidental (sauf Israël qui sauve l’honneur, tout de même), ont
voté contre cette proposition. Ils arguent que la Russie se servirait de cette résolution pour justifier son opération militaire spéciale, dont l’un des objectifs stratégiques présentés
dès le début par Vladimir Poutine est de dénazifier l’Ukraine.
Ah bon !? Alors comme ça, la
Russie avait l’intention d’attaquer l’Ukraine dès 2012 ? Alors qu’à cette époque le coup d’État d’Euromaïdan n’avait pas eu lieu, que l’Ukraine était liée à la Russie
par des accords économiques et de sécurité. C’est du reste en novembre 2013 que l’UE a mis le couteau sous la gorge du président ukrainien Viktor Ianoukovitch : « Si vous
voulez avoir un accord avec nous, cassez complètement celui avec la Russie ! » S’en est suivi le coup d’État de 2014 piloté par les USA, en période de trêve
olympique…
Et depuis 2014 ! Nul n’avait remarqué que le mouvement politique paramilitaire Pravi Sektor se revendiquait néonazi ? Nul n’avait remarqué que le
parti politique Svoboda était nazi ? Comme en témoigne son logo sur lequel je reviendrai.
Et depuis que les formateurs otaniens s’occupent de l’armée de Kiev, ils n’avaient jamais remarqué les tatouages en forme de croix gammée sur la peau de
certains ? En particulier ceux des bataillons Azov, Aidar et les autres. C’est le moment d’évoquer leurs insignes, qui sont le même que le logo du parti Svoboda, c’est-à-dire une
reprise intégrale (un copier-coller si vous voulez) de l’insigne de la division SS « Das Reich ». Celle-là même qui commit des atrocité à Montauban, Limoges, Tulle… et le
massacre du village d’Oradour-sur-Glanes. Si vous en voulez la preuve, allez à Oradour-sur-Glanes. Pour entrer sur le site du village historique, vous passez par un petit musée dans
lequel est contée l’histoire de cette division qui exécuta bien des atrocités en Ukraine (Ah ?) avant de s’illustrer tristement en France.
Alors, toutes les arguties pour justifier ce vote ignoble, dégueulasse, honteux, ne tiennent pas la route un quart de seconde. Les grands principes de
l’humanité sont passés après les calculs putrides et stupides de petits politicaillons merdeux, qui, je l’espère, finiront dans les poubelles puantes de l’Histoire.
Cela dit, pour qui est à l’écoute des signaux faibles, ce n’est pas tout à fait une surprise.
Des signaux
précurseurs
Dans un précédent
article, à propos des mesures gouvernementales prises à l’occasion de la crise du Covid, j’avais écrit : « Le code de Nuremberg a été élaboré au cours du procès des
médecins nazis à Nuremberg afin que les horreurs commises par les Nazis sur le corps humain ne se reproduisent plus. J’en déduis logiquement que toute décision, politique ou autre, qui
contrevient au code de Nuremberg est d’essence nazie ». C’est bien ce qui s’est passé. Les mesures gouvernementales étaient bien d’essence nazie. Dans un article
suivant, écrit à quatre mains avec Mathias Masclet, nous revenions plus fondamentalement sur le fait que les bonnes intentions hygiénistes et sanitaires avaient produit les pires
atrocités. Toujours de bonnes intentions pour justifier des saloperies. Aujourd’hui, ce sont les droits de l’Homme, la démocratie…
Tiens ! la démocratie ? Mais la démocratie n’est-elle pas indéfectiblement liée à la liberté d’expression ? Alors qu’en est-il de la censure pratiquée par
les gouvernements occidentaux à l’encontre des médias dissidents ? Ainsi, la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, qui lors de son discours du 23 septembre devant l’Assemblée
générale de l’ONU, a appelé à une censure à l’échelle mondiale. Qu’est-ce que la censure sinon le fait de considérer que la liberté d’expression est un délit, et pourquoi pas un crime.
J’évoque du bout des lèvres la répression sanglante du mouvement des Gilets Jaunes, qui à l’instar de la censure, relève de l’État totalitaire en général, et non spécifiquement de
l’idéologie nazie. Ajoutons pour finir que tout cela, répression, censure, protection de la mémoire nazie, nous est présenté enrobé d’une novlangue que radio Paris et sa propagandastaffel
maîtrise à la perfection.
80 ans, le temps de
l’oubli
Dans nos pays l’espérance de vie est environ de 80 ans. C’est-à-dire qu’en 80 ans la population de nos pays s’est presque entièrement renouvelée, à
l’exception de la bordure marginale droite de la courbe de Gauss : les heureux dont la longévité dépasse l’espérance de vie. Si bien que 80 ans, c’est le temps de l’oubli. Pas
l’oubli de la mémoire qui, elle, est écrite dans les livres d’histoire, mais l’oubli des corps qui ont vécu pendant ce temps, l’oubli de ce que nos anciens ont pu vivre dans leur chair et
dans leur âme. C’est le temps de la relativité. Par exemple, les politiciens occidentaux évoquent actuellement la possibilité d’une confrontation nucléaire avec une légèreté hallucinante.
Aucun n’était à Hiroshima ni à Nagasaki. Mais une chose pourrait compenser cela : La conscience. Au moins s’ils en avait une. Malheureusement, ils nous montrent qu’ils n’en ont
pas.
Le gouvernement a oublié les juifs, et
les autres (résistants, opposants politiques, homosexuels…), qui ont été raflés en France sous l’occupation et ne sont jamais revenus des camps. Il chie sur leur mémoire et
sur leurs descendants. Mais, dans le cercle restreint des Joe, Ursula, Manu et les autres, cela serait « tendance ». Tout cela devient relatif. Un bon prétexte, élaboré par un
cabinet de conseil grassement rémunéré fera l’affaire.
NON ! Il n’y a pas de prétexte
qui vaille. Il y a une hiérarchie dans les formes de pensée et d’action. Les grands principes de l’humanité seront toujours au-dessus des valeurs d’une époque qui, elles, sont
éphémères, et a fortiori, au-dessus des calculs politiques de cette époque.
En fait, ce n’est pas seulement
l’Ukraine qu’il faut dénazifier, c’est tout l’Occident.
Il me semble utile d’effectuer un retour aux sources de cette opération spéciale !
C’est une opération qui a été lancée après une sorte d’ultimatum. Elle a été lancée à la suite de la demande Russe de garanties sur sa sécurité.
Les Russes ont demandé clairement, sous forme écrite des engagements concernant leur securité, cela été fait fin 2021. (cf
: "Ultimatum")
Les engagements demandés ont été refusés.
Et tous les belligérants directs et indirects le savent puisque aussi bien Macron que Merkel ont dit, avant que l’UE ne se couche, qu’il faudrait un jour
s’asseoir autour d’une table et discuter de la mise en place d’un accord de sécurité en Europe.
La guerre est causée par la lacheté des Européens qui, malgré leur intérêt et même malgré leur choix n’ont pas eu le courage de dire « non » aux
États Unis et ont accepté que l’OTAN évolue vers la bellicosité et menace les Russes.
Ce sont les Français et les Allemands qui, se couchant devant la volonté americaine de conserver l’OTAN et d’en faire une alliance
offensive, sont responsables de cette guerre.
Il faut oser appeler un chat un chat.
La Russie sait qu’elle est cernée, menacée par L’OTAN et c’est ce qu’elle ne peut accepter. Et elle doit réagir tant qu’elle a une supériorité en matière de
dissuasion avec son avance dans l’hypersonique. Elle a encore un créneau de temps pour le faire.
La sécurité, voilà la vraie raison de la guerre et les objectifs annoncés plus tard par Poutine ne
sont que des déclinaisons partielles de cet objectif; lui seul compte, le reste c’est de la sauce grand public.
Si on garde présent à l’esprit cet objectif, il est evident et rationnel de penser qu’aucune négociation n’est possible ou envisageable. Même si Zelensky
cesse ses délires cocainés.
Pour la Russie se satisfaire de miettes territoriales est insuffisant, ce qui compte c’est un accord global et la reconnaissance de la légitimité de son
besoin de securité.
Pourquoi avons-nous
une guerre ?
Parce que le temps de
vol des missiles de Kharkov et de Soumy à Moscou est de 5 minutes. Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est Poutine en a parlé à plusieurs reprises.
Eh devinez quoi,
c’est encore à 6-7 minutes de Kiev.
Ainsi, il ne peut y
avoir de paix stable sans repousser les Ukronazis jusqu’à la frontière polonaise, et probablement même cela ne suffira pas.
Les avancées
territoriales ne répondent pas aux besoins vitaux de la Russie, voila la réalité que les commentateurs oublient ou font semblant d’oublier : Ce qu’il faut
c’est faire plier l’OTAN et les Américains pour que des négociations sur la sécurité en Europe soient engagées.
Voila le vrai but
utile du conflit et c’est celui qu’il faut garder à l’esprit pour essayer d’en deviner les contours et surtout la durée.
Les exigences russes
de décembre de l’année dernière étaient que chaque partie ne dispose d’armes nucléaires que sur son propre territoire.
Cela signifie que les
États-Unis retirent les leurs de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie et de la Turquie, et oublient de les placer en Roumanie et en Pologne.
Et c’est la raison
pour laquelle même prendre tout à l’est du Dniepr – Tchernigov, Soumy, Kharkiv, Poltava, la ville de Zaporijia, les parties orientales de l’oblast de Dnepropetrovsk, y compris la majeure
partie de la ville, et la moitié orientale de Kiev – tout cela constituera toujours une défaite pour les Russes.
EN PRIME : l’Ukraine est un voile, un cache sexe.
Stoltenberg : L’issue du conflit avec
la Russie doit être décidée sur le champ de bataille
L’OTAN ne pense pas que l’Ukraine doive s’asseoir à la table des négociations avec la Russie, l’alliance prône la poursuite des hostilités et la victoire
sur le champ de bataille.
Cette déclaration vient d’être faite par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Stoltenberg a pris la parole lors d’une conférence de presse conjointe avec les chefs des ministères des Affaires étrangères et de la Défense des Pays-Bas,
où il a répondu à un certain nombre de questions de journalistes concernant l’Ukraine et d’éventuels pourparlers de paix avec la Russie.
Selon le secrétaire général, le moment des pourparlers de paix n’est pas encore venu, l’Ukraine n’a pas la position de dicter ses conditions, donc la tâche
de l’alliance est d’aider les forces armées ukrainiennes à gagner sur le champ de bataille.
Dans le même temps, il ne faut pas sous-estimer l’armée russe, qui conserve « des capacités importantes » et « un effectif important »,
a-t-il souligné. Même le retrait des forces armées russes de Kherson n’a rien fait pour apaiser la situation de l’armée ukrainienne, qui attend des « mois difficiles ».
Par conséquent, la tâche de l’OTAN est de soutenir les forces armées ukrainiennes pendant les mois d’hiver et de faire en sorte que Kiev remporte le plus de
victoires possible.
Comme l’a noté le secrétaire général de l’OTAN, l’alliance ne veut pas que la Russie dicte ses conditions à la table des négociations, de sorte que l’issue
du conflit sera décidée sur le champ de bataille.
« La seule façon de
parvenir à une solution au conflit russo-ukrainien est sur le champ de bataille. De nombreux conflits sont résolus à la
table des négociations, mais ce n’est pas le cas, et l’Ukraine doit gagner, nous la soutiendrons donc aussi longtemps qu’il le faudra. » a déclaré Stoltenberg.
La succession rapide des événements cruciaux se fait à un rythme soutenu, jour après jour en Europe, et la possibilité d’une confrontation directe entre
l’Occident dirigé par les Anglo-Américains et la Russie semble inévitable après les attaques en Crimée menées, comme cela semble confirmé, par les forces spéciales britanniques. La Russie
a promis une réponse aux actions secrètes de la Grande-Bretagne, notamment celle que constitue sabotage des gazoducs Nord Stream dans la Baltique, effectué par les forces spéciales
sous-marines de la Royal Navy britannique.
D’après les dernières informations ayant fuité dans les cercles du Pentagone, il semble que la manœuvre que Washington prépare consiste à mettre sur pied
une force multinationale extra-OTAN qui sera utilisée en Ukraine pour attaquer la Russie sur son territoire. Cette proposition a été avancée par l’ancien chef d’état-major américain David
Petraeus et tout porte à croire qu’elle a été acceptée par les cercles du Pentagone pour éviter une défaite en Ukraine. Comme l’avait déclaré le secrétaire de l’OTAN, M. Stoltenberg, une
défaite en Ukraine serait une défaite pour l’OTAN et aurait des conséquences fatales pour l’Alliance.
Toute la question réside dans les objectifs ultimes de l’entreprise, qui sont extrêmement vagues. Quel devrait être le résultat ? Serait-ce d’expulser les
forces russes d’Ukraine, de renforcer les défenses ukrainiennes et de parvenir à un cessez-le-feu avec une post-transition pour maintenir une position forte dans les négociations ?
On ne sait pas encore comment les États-Unis se positionneraient dans cette coalition, étant donné que, s’ils y sont, la Russie déterminera qui en prend la
tête dans un avenir immédiat et agira en conséquence.
On peut s’attendre à ce que Moscou réponde à la menace en se concentrant sur la destruction de la structure militaire américaine, y compris le commandement
spatial, le centre de commandement et de contrôle, le renseignement et la surveillance. L’initiative occidentale semble donc comporter des risques de déclencher un conflit majeur dont
l’issue serait impossible à prévoir. Les États-Unis ont besoin de ce stratagème pour des raisons politiques ou veulent simplement transférer une partie de la responsabilité et de
l’engagement à leurs alliés, tandis que la question se pose de savoir comment les forces américaines et alliées pourront protéger les nombreuses voies de transport, les aéroports et les
bases en Europe contre les attaques des forces russes. En outre, dans ce type d’opération, il est nécessaire de préciser dans quelle mesure le risque est justifié ; le manque de clarté
sur l’objectif spécifique peut avoir de graves conséquences.
Il n’est pas difficile de prévoir quelle serait la réaction de la Russie si sa sécurité était menacée, et l’utilisation d’armes nucléaires tactiques ne peut
être exclue dans ce cas, conformément à la doctrine militaire russe.
D’autre part, les États-Unis ne peuvent accepter une nouvelle débâcle en Ukraine qui les exposerait à une perte de prestige et de leadership auprès des
alliés et à la possibilité d’une rupture de l’Alliance atlantique. Par conséquent, Washington serait prêt à prendre le risque d’un conflit direct avec la Russie, qui a jusqu’à présent été
reporté. Cela explique pourquoi le haut commandement du Pentagone y voit une issue possible à l’impasse.
Le conflit imminent entre l’OTAN et la Russie découle d’un contraste entre les deux parties, l’Occident dirigé par les Anglo-Américains et la Russie, qui
n’est pas seulement géopolitique et militaire, mais aussi par essence un contraste idéologique et systémique. L’opposition se situe entre le monde occidental arc-bouté sur le
totalitarisme libéral-mondialiste et les pays qui veulent garder leur souveraineté et leur identité nationale intactes, refusant de se soumettre aux règles dictées par les États-Unis et
leurs alliés.
Le président Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken ont tenté à plusieurs reprises de qualifier ce contraste de « division entre les démocraties
et les autocraties ». En réalité, cette terminologie relève d’un double langage typiquement orwellien.
Par « démocraties », les propagandistes de Washington entendent les États-Unis et les oligarchies financières occidentales qui sont ses alliées.
Leur objectif est de centraliser la planification économique entre les mains de gouvernements élus par Wall Street et par d’autres centres financiers sous contrôle américain.
Sous la couverture rhétorique des exposants américains, par « autocraties », Biden et Blinken entendent les pays qui résistent à cette prise de
contrôle visant la financiarisation et la privatisation. Dans la pratique, la propagande américaine accuse la Russie et la Chine d’être des régimes autocratiques dans la régulation de
leurs propres économies et la promotion de leur propre croissance économique et de leur niveau de vie, c’est en particulier la cas de la Chine dans le maintien de la finance et de la
banque comme services publics pour soutenir l’économie réelle de production et de consommation.
Il est bien connu que les diplomates américains utilisent les organismes supranationaux qu’ils contrôlent, tels que le Fonds monétaire international et la
Banque mondiale, pour appeler sans cesse à la privatisation des infrastructures, des entreprises minières et des sociétés de services du monde entier, et pour rendre les pays émergents
dépendants des exportations de technologies, de pétrole et de nourriture par l’intermédiaire des multinationales américaines.
Cette approche est appelée « démocratie libérale » et « société ouverte » mais elle cache en réalité une forme de néocolonialisme
déguisé imposé par la pression économique, le chantage et les menaces de sanctions pour les gouvernements qui ne se conforment pas.
Tout se résume à la fracture entre la vision unipolaire du monde par les États-Unis et la vision multipolaire vers laquelle tendent non seulement la Russie
et la Chine, mais aussi l’Inde et une série de pays des différents continents qui adhèrent à ce nouveau bloc émergent organisé dans les BRICS et l’accord de Shanghai. Des accords qui
unissent une majorité de pays dans le monde, marquant le détricotage de l’ordre mondial préfiguré par les États-Unis et ses vassaux.
Ce qui se passe en ce moment historique est un tournant historique qui suggère qu’il sera impossible de revenir en arrière, alors que nous assistons au
démantèlement, pièce par pièce, de l’ancien système et de l’ordre mondial qui était fondé sur la suprématie impériale des États-Unis.
Ce sont les mois à venir qui détermineront si le tournant sera pacifique ou si le monde sera soumis à un conflit majeur suite aux initiatives de la
puissance anglo-saxonne qui ne se résigne pas au changement et au nouvel équilibre des forces.
« Peu importe que vous,
messieurs, vous courbiez devant eux,
Vous ne gagnerez jamais la reconnaissance de l’Europe :
Vous serez toujours pour eux,
non pas des serviteurs, mais des serfs de leurs dispositions éclairées. » (F.I. Tyutchev, diplomate et poète russe, mai 1867)
« Être un ennemi de
l’Amérique peut être dangereux, mais être un ami est fatal. » (Henry Kissinger)
Abandonner l’Ukraine
L’élite américaine commence à se rendre compte qu’elle a totalement sous-estimé la Russie à tous les égards. Par exemple, le 25 mars 2014, l’arrogant Obama
a qualifié avec mépris la Russie de « puissance régionale,
menaçant les autres par faiblesse » (sic !). (Il est clair qu’il parlait des États-Unis). En conséquence, aveuglés par l’hubris, certains aux États-Unis admettent maintenant que
l’Ukraine, le pays le plus corrompu d’Europe, est un canard mort, le jeu n’en vaut tout simplement plus la chandelle. En plus d’être un trou noir pour l’argent et les équipements
militaires occidentaux, l’Ukraine n’est plus le problème. C’est un spectacle secondaire, une distraction, un simple symptôme de quelque chose de bien plus important. Le véritable problème
est ce qui se passe actuellement dans le monde entier sous la direction de la Russie – la fin du monde unipolaire, de l’hégémonie mondiale des États-Unis, camouflée sous le terme plus
innocent de « mondialisme ».
Suite à la décision et à la capacité de la Russie de tenir tête au tyran mondial, l’ensemble du monde non occidental lui tient désormais tête. Par exemple,
lors de la récente réunion du G20 en Indonésie, le débat ne portait pas sur l’Ukraine, mais sur la question de savoir s’il fallait ou non continuer à accepter la domination fasciste
américaine (« l’ordre international fondé sur des règles »). Tous les pays d’Amérique latine, d’Afrique et quatre pays d’Asie ont dit non, c’est fini, le monde est désormais
multipolaire. Taiwan sera inévitablement chinoise et bientôt – et attendez que des troupes chinoises apparaissent en Mésopotamie pour prendre le contrôle du pétrole et du gaz irakiens et
reconstruire ce pays tragique. La liberté nous appelle. Les élitistes occidentaux, longtemps bernés, doivent être choqués : d’autres « puissances régionales » tiennent désormais
tête au tyran. Peut-être aussi par faiblesse ? Zelensky a dû se douter que son patron, jusqu’à présent le maître autoproclamé de l’univers, allait se débarrasser de lui. Il est un perdant
et les Yankees ne supportent pas les perdants.
Lorsque les États-Unis réaliseront que les nations libres du monde se retournent contre eux, ils n’hésiteront pas à blâmer le régime de Kiev. Les États-Unis
doivent sauver la face. Kiev est prévenu : il devra recommencer à négocier avec la Russie. Zelensky a intérêt à planifier sa fuite dès maintenant, car les Ukrainiens ne lui pardonneront
pas de les avoir menés en bateau avec un tissu de mensonges. Indépendamment des affirmations délirantes de Zelensky selon lesquelles il n’y aura pas de négociations avec la Russie et
qu’il réoccupera les territoires russes, y compris la Crimée, il y a trois raisons pour lui de jeter l’éponge maintenant, avant que tout ne devienne beaucoup, beaucoup plus grave.
Trois raisons de se rendre
maintenant
- Premièrement, la Russie s’est rapprochée, à contrecœur, de la stratégie américaine « choc et effroi » consistant à détruire les infrastructures,
comme les États-Unis l’ont fait en Allemagne et au Japon (Seconde Guerre mondiale), puis en Serbie et en Irak. Les centrales et les réseaux électriques, les ponts et les « centres de
décision », tels que certains bâtiments gouvernementaux à Kiev, sont visés. La Russie est à une ou deux frappes massives de missiles du coup fatal qui mettra hors d’usage les
systèmes ukrainiens d’électricité, d’eau et de chemins de fer. La moitié de l’infrastructure électrique ukrainienne ayant été mise hors service par les trois premières frappes sur le
réseau électrique, des manifestations commencent à se dérouler pour protester contre la détérioration de la situation, et Zelensky envoie la détestée et redoutée police secrète
ukrainienne, le SBU, pour les disperser. Il interdit également la couverture de ces manifestations dans ses médias fortement censurés. Le système électrique est entré dans une phase de
« déséquilibre arbitraire et incontrôlé ». Les Ukrainiens ont été invités à quitter le pays pour l’hiver. Pour aller où ? Qui veut d’eux ? Et cela inclut-il aussi les militaires
?
- Deuxièmement, une fois l’infrastructure neutralisée, les 380 000 soldats russes réguliers et nouvellement mobilisés seront pleinement intégrés aux forces
alliées en Ukraine orientale. Même sans elles, les forces russes continuent de progresser dans le Donbass. Une offensive hivernale menée par environ un demi-million de soldats permettra
de réaliser d’énormes gains sur l’ensemble du front, progressant de plusieurs centaines de kilomètres et multipliant les pertes vertigineuses de Kiev – et de l’OTAN. En cas de succès, les
généraux du président Poutine ont la possibilité d’envoyer une force importante en Ukraine occidentale depuis la Biélorussie afin de couper les voies d’approvisionnement de l’OTAN depuis
la Pologne. Cela pourrait facilement conduire à l’effondrement total des forces ukrainiennes déjà ravagées et de leurs mercenaires. La Russie va maintenant jusqu’à Lviv et la frontière
polonaise. Elle y a été contrainte. Le régime de Kiev l’a provoqué lui-même. Tout ce que la Russie voulait, c’était la sécurité pour la Crimée et le Donbass et une Ukraine neutre et non
nucléaire. Tout aurait pu être si simple.
- Troisièmement, les pays occidentaux, et même l’écervelé Stoltenberg, souffrent de la fatigue de l’Ukraine. Les drapeaux ukrainiens ont presque tous été
retirés en Europe. Le soutien s’est émoussé à mesure que la réalité se faisait jour. Les stocks d’armes des pays de l’OTAN ont été sérieusement épuisés et des grèves et le chaos social
qui s’ensuit sont apparus en Europe. C’est le résultat d’une inflation à deux chiffres et d’une récession économique, provoquée par les sanctions occidentales suicidaires, oui, celles
« contre la Russie » (!). « Nous avons froid et faim dans notre propre pays parce que vous avez tout donné à cette bande de perdants de Kiev et aux profiteurs ukrainiens
avec lesquels vous avez envahi notre pays ». La crapule mal embouchée Nuland a atteint son but en Europe. Tout cela fait de la Russie le vainqueur stratégique et oblige les
États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne à demander à Zelensky de reprendre le dialogue. Le financier Premier ministre britannique Sunak (qui se soucie peu de la politique et la
connaît encore moins) a utilisé un modeste programme d’aide britannique, annoncé lors de sa récente visite à Kiev, pour dire à Zelensky que Londres, en faillite, ne peut plus payer. Kiev
doit négocier avec Moscou. Suite à cela, la quatrième série de frappes de missiles sur les infrastructures ukrainiennes a été retardée. Le président Poutine attend de voir si Zelensky
cédera et entamera des négociations réalistes avant que la Russie ne lance le dernier assaut sur les infrastructures ukrainiennes et l’offensive d’hiver.
Abandonner Zelensky
Au moins certains membres du régime Biden se rendent compte (mais pas Biden lui-même, il n’est pas en état de réaliser quoi que ce soit – un cas évident de
maltraitance des personnes âgées) qu’ils vont devoir laisser tomber le milliardaire juif comme bouc émissaire de la défaite de l’Ukraine. Tout comme ils l’ont fait pour d’innombrables
dictateurs et gangsters d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie au cours des dernières décennies, les États-Unis lui feront subir le même sort dans sa république bananière
Monsanto/Cargill. Zelensky peut-il encore se faire des illusions à ce sujet ? Bien sûr, les États-Unis nieront que la guerre en Ukraine ait jamais opposé les États-Unis et la Russie et
déclareront qu’il s’agissait uniquement d’un « conflit interne » entre l’Ukraine et la Russie. (L’Ukraine n’a fait que fournir la chair à canon à ses maîtres transatlantiques,
qui contrôlent le pays depuis leur coup d’État en 2014).
L’ancien agent de l’Ukraine pour la CIA, l’acteur Zelensky, a maintenant rempli son rôle. La frappe de missiles ukrainiens sur la Pologne et l’insistance du
président ukrainien à dire qu’il s’agissait d’une frappe russe, malgré les preuves évidentes du contraire, a frappé la crédibilité de Zelensky. La frappe intentionnelle ukrainienne sous
faux drapeau sur le territoire de la Pologne/de l’OTAN, destinée à provoquer l’OTAN ou du moins à pousser la Pologne à entrer en guerre, est un embarras pathétique. Même par rapport à
tous les autres faux drapeaux ridicules mis en scène par Zelensky, comme Boutcha, que des journalistes occidentaux vénaux ont été payés pour rapporter, celui-ci est allé trop loin.
L’Occident commence à en avoir assez des pitreries de Zelensky. Une balle dans la tête est bien moins chère que de continuer à subventionner ce clown.
Certains se réveillent face à Zelensky, qui est prêt à déclencher une guerre nucléaire pour éviter de négocier. Certains peuvent même comprendre maintenant
que ses affirmations folles selon lesquelles le président Poutine a toujours voulu occuper toute l’Ukraine et restaurer l’URSS, voire conquérir toute l’Europe, sont des histoires de fées.
Ces histoires ne sont racontées par Kiev aux nourriciers occidentaux que dans le but d’obtenir une aide militaire et financière et surtout d’attirer l’OTAN dans la guerre. (Le
demi-américain Churchill a passé toute l’année 1941 à essayer de faire participer les États-Unis à la guerre de la Grande-Bretagne contre l’Allemagne ; contrairement à Zelensky, Churchill
a réussi en soulignant sa compatibilité raciale et en faisant miroiter aux Yankees la carotte de l’océan Pacifique. Zelensky ne peut offrir ni l’un ni l’autre). Le président Poutine a
clairement déclaré à plus d’une occasion que : « Celui qui ne regrette
pas l’URSS n’a pas de cœur, mais celui qui veut la restaurer n’a pas de cerveau ». Le désir de restaurer l’Union soviétique défaillante est un mythe de propagande occidentale
utilisé par les marchands d’armes et les politiciens menteurs pour justifier leur cupidité et leur ambition.
Trois raisons de fuir
maintenant
Puisque l’OTAN a catégoriquement refusé d’envoyer des troupes en Ukraine et qu’il n’existe pas de « coalition des volontaires », à l’exception de
quelques fanatiques polonais et baltes qui sont actuellement éliminés comme mercenaires en Ukraine, que peut faire Zelensky ? Il pourrait inciter le commandant en chef ukrainien, le
général Zaluzhny, à ouvrir une dernière (oui, dernière) offensive à Donetsk ou à Zaporijia afin de récupérer le soutien de l’Occident. Cependant, le général Zaluzhny en a assez d’envoyer
ses troupes se suicider. Il est, après tout, un militaire professionnel. Zelensky, quant à lui, est un bouffon de la Maison-Blanche, qui ne se soucie que de sa propre survie. Zaluzhny a
d’autres considérations. Il y a ici un potentiel pour un coup d’état, une révolte de palais à Kiev.
D’une part, les néo-nazis meurtriers et égocentriques d’Ukraine qui entourent Zelensky et qui ont tous été mis au pouvoir par les États-Unis ne toléreront
pas la capitulation. D’autre part, les Ukrainiens ordinaires, froids et affamés, demanderont pourquoi tout cela n’a pas été évité dès le départ en acceptant la neutralité ukrainienne et
en respectant les promesses de Minsk 2 avec leurs frères russes ? (Une bonne question, qui devrait être posée à tous les dirigeants occidentaux qui l’ont également rejetée). Zelensky est
donc coincé entre les néo-nazis et le peuple ukrainien modéré, entre le marteau et l’enclume. C’est une situation perdant-perdant pour lui. Les Russes ne détestent pas les Ukrainiens, ils
sont frères. Mais ils détestent les nazis. Ils sont des ennemis. Les nazis ne peuvent attendre aucun quartier de la part des Russes et ils le savent. L’URSS a débarrassé sa partie de
l’Allemagne des nazis, libérant ainsi leurs frères allemands. C’est la même chose maintenant en Ukraine. Avec la libération de l’ensemble de l’Ukraine par les Russes (ce qui n’était pas
prévu à l’origine par la Russie, mais qui est désormais nécessaire), une nouvelle vague de « réfugiés » ukrainiens va frapper l’Europe occidentale, peut-être même avant Noël.
Cela pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour une Europe remplie de réfugiés d’autres guerres tout aussi stupides et inutiles de l’empire américain : Irakiens,
Afghans, Syriens, Libyens, Albanais et maintenant Ukrainiens. L’Europe n’en peut plus. Elle s’effondre dans des vagues d’agitation sociale et même Britannia ne peut dominer ces
vagues.
L’ignorant Stoltenberg (encore lui) a déclaré que la défaite de l’Ukraine signifiait une (nouvelle) défaite de l’OTAN. En fait, l’OTAN superflue a été
vaincue il y a longtemps, mais Stoltenberg est trop ignorant pour avoir vu le message sur le mur et rejoindre les longues files d’attente d’anciens esclaves des États-Unis, dont les
interprètes afghans et irakiens, désormais au chômage. Les États-Unis et leurs vassaux de l’OTAN doivent maintenant faire marche arrière. Une déclaration du genre : Nous avons été déçus
par ces Ukrainiens buveurs de vodka qui se sont rendus (que peut-on attendre de ces sous-hommes slaves ?), mais nous avons remporté la plus grande victoire de notre histoire car nous
avons réussi à arrêter la bête russe brutale à la frontière polonaise. Mission accomplie ». Cela ferait l’affaire. Les États-Unis et leurs vassaux ne peuvent pas sauver la face,
mais, puisqu’ils ne se soucient que des relations publiques, ils peuvent au moins faire semblant de sauver la face – en accusant Zelensky. Ils pourraient, comme par hasard, le faire
assassiner pour qu’il ne dise pas la vérité sur ce qui s’est réellement passé en coulisses ces dernières années (il en sait beaucoup trop), en rejetant la faute sur les
« extrémistes » et en faisant de lui un nouveau martyr juif. Si j’étais Zelensky, je partirais pour Tel-Aviv aujourd’hui. L’Ukraine a-t-elle encore des avions ?
Nous nous sommes efforcés de comprendre les événements tragiques qui se déroulent en Ukraine, en épluchant un flot d’actualités pour découvrir le plan
directeur qui sous-tend la stratégie de Poutine. Nous avons échoué. Puis nous nous sommes reportés au mois de décembre de l’année dernière. Soudain, tout s’est éclairci.
Le 15 décembre 2021, la Russie avait envoyé un ultimatum aux États-Unis et à l’OTAN. Deux jours plus tard, il était publié, et le ministère russe des
Affaires étrangères invitait l’Occident à le signer et à l’accepter, ou du moins à commencer à en discuter. Non seulement il n’a pas été signé, mais il n’a même pas été reconnu comme il
se doit. Il a été ignoré de manière flagrante, comme s’il s’agissait d’une parole en l’air d’un adolescent à un adulte.
Dommage, car cela aurait évité au monde la guerre d’Ukraine, aux Européens des factures onéreuses, et aux États-Unis la terrible destruction et les morts
massives de la troisième guerre mondiale. Poutine avait clairement exprimé ce qu’il voulait, et c’était une demande raisonnable. Tout ce qui s’est passé par la suite a été mis en place
afin de parvenir, au moins, à une discussion adulte sur la base de ces documents.
Les antécédents
Poutine a envoyé l’armée au Kazakhstan, puis en février en Ukraine, et plus récemment son armée a commencé à détruire les infrastructures ukrainiennes,
qu’elle s’était abstenue d’endommager auparavant.
Il existe une blague russe sur un homme qui rendait fréquemment visite à la femme d’un autre. Le mari le trouve et le jette par la fenêtre. Lorsqu’il rentre
chez lui quelques jours plus tard, il découvre l’amant de sa femme avec les jambes et les bras dans le plâtre. Il le porte jusqu’à la fenêtre, mais avant de l’aider à basculer, il lui
précise : « Ami, c’est ma femme. Laisse tomber ! » Et l’amant de répondre : « Pourquoi tu ne me l’avais pas dit tout de suite ? Pourquoi juste de vagues allusions
? »
L’OTAN et les États-Unis auraient dû écouter Poutine en décembre 2021, au lieu d’attendre jusqu’en décembre 2022. Tous les malheurs de l’Ukraine sont venus
des subtiles « allusions » de M. Poutine, qui n’était même pas tellement intéressé par l’Ukraine.
Voyons ce que la Russie attend des
États-Unis
Article 1
Les parties coopèrent sur la base des principes de sécurité indivisible, égale et non susceptible de réduction et à ces fins :
• n’entreprennent pas
d’actions, ne participent pas à des activités ou ne soutiennent pas des activités qui affectent la sécurité de l’autre partie ;
• ne mettent pas en
œuvre les mesures de sécurité adoptées par chaque partie, individuellement ou dans le cadre d’une organisation internationale, d’une alliance ou d’une coalition militaire, qui pourraient
porter atteinte aux intérêts fondamentaux de sécurité de l’autre partie.
Article 2
Les parties s’efforcent de veiller à ce que toutes les organisations internationales, alliances militaires et coalitions auxquelles participe au moins l’une
des parties adhèrent aux principes contenus dans la Charte des Nations unies.
Article 3
Les parties n’utilisent pas le territoire d’autres États en vue de préparer ou de mener une attaque armée contre l’autre partie ou d’autres actions portant
atteinte aux intérêts fondamentaux de sécurité de l’autre partie.
Article 4
Les États-Unis d’Amérique s’engagent à empêcher une nouvelle expansion vers l’Est de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et à refuser l’adhésion à
l’Alliance aux États de l’ancienne Union des Républiques socialistes soviétiques.
Les États-Unis d’Amérique n’établiront pas de bases militaires sur le territoire des États de l’ancienne Union des Républiques socialistes soviétiques qui
ne sont pas membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, n’utiliseront pas leur infrastructure pour des activités militaires quelconques et ne développeront pas de
coopération militaire bilatérale avec eux.
Article 5
Les parties s’abstiennent de déployer leurs forces armées et leurs armements, y compris dans le cadre d’organisations internationales, d’alliances ou de
coalitions militaires, dans les zones où ce déploiement pourrait être perçu par l’autre partie comme une menace pour sa sécurité nationale, à l’exception d’un tel déploiement sur leur
propre territoire national.
Les parties s’abstiennent de faire voler des bombardiers lourds équipés d’armements nucléaires ou non nucléaires ou de déployer des navires de guerre de
surface de quelque type que ce soit, y compris dans le cadre d’organisations internationales, d’alliances ou de coalitions militaires, dans les zones situées respectivement en dehors de
l’espace aérien national et des eaux territoriales nationales, d’où ils puissent attaquer des cibles sur le territoire de l’autre partie.
Les parties maintiennent le dialogue et coopèrent pour améliorer les mécanismes visant à prévenir les activités militaires dangereuses en haute mer et
au-dessus de celle-ci, notamment en convenant de la distance d’approche maximale entre les navires de guerre et les aéronefs.
Article 6
Les parties s’engagent à ne pas déployer de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée lancés depuis le sol en dehors de leurs territoires
nationaux, ainsi que dans les zones de leurs territoires nationaux, à partir desquelles ces armes puissent attaquer des cibles situées sur le territoire national de l’autre partie.
Article 7
Les parties s’abstiennent de déployer des armes nucléaires en dehors de leurs territoires nationaux et ramènent sur leurs territoires nationaux les armes
déjà déployées en dehors de leurs territoires nationaux au moment de l’entrée en vigueur du Traité. Les parties éliminent toute infrastructure existante pour le déploiement d’armes
nucléaires en dehors de leurs territoires nationaux.
Les parties ne forment pas le personnel militaire ni civil des pays non nucléaires à l’utilisation des armes nucléaires. Les parties ne conduisent pas
d’exercices ou d’entraînements pour les forces d’usage général, qui incluent des scénarios impliquant l’utilisation d’armes nucléaires.
Prêtez attention aux articles 4, 5 et 6. Ils sont pertinents pour le cas de l’Ukraine.
Voyons maintenant la proposition russe
à l’OTAN, en commençant par l’article 4
Article 4
La Fédération de Russie et toutes les parties qui étaient des États membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord au 27 mai 1997, respectivement,
ne déploieront pas de forces ni d’armements militaires sur le territoire de l’un quelconque des autres États d’Europe en plus des forces stationnées sur ce territoire au 27 mai 1997. Avec
le consentement de toutes les parties, de tels déploiements peuvent avoir lieu dans des cas exceptionnels pour éliminer une menace à la sécurité d’une ou plusieurs parties.
Article 5
Les parties ne déploient pas de missiles terrestres à portée intermédiaire et à courte portée dans des zones leur permettant d’atteindre le territoire des
autres parties.
Article 6
Tous les États membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord s’engagent à s’abstenir de tout nouvel élargissement de l’OTAN, y compris l’adhésion
de l’Ukraine ainsi que d’autres États.
Article 7
Les parties qui sont des États membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ne mèneront aucune activité militaire sur le territoire de l’Ukraine
ou d’autres États d’Europe orientale, du Caucase du Sud et d’Asie centrale.
Afin d’exclure tout incident, la Fédération de Russie et les parties qui sont des États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord ne mèneront
pas d’exercices militaires ou d’autres activités militaires d’un niveau supérieur à celui d’une brigade dans une zone de largeur et de configuration convenues de part et d’autre de la
ligne frontalière de la Fédération de Russie et des États ayant conclu une alliance militaire avec elle, ainsi que des parties qui sont des États membres de l’Organisation du traité de
l’Atlantique Nord.
La suite prévisible
Maintenant, nous pouvons tous comprendre ce que veut Poutine. Il n’y a pas de conditions difficiles à accepter ou cachées, tout est parfaitement clair.
Poutine insiste pour formaliser les conditions qui avaient été convenues par M. Gorbatchev et ses homologues occidentaux dans les années 80 et 90 du siècle dernier. La Russie de M.
Poutine ne veut pas s’emparer des territoires ou des ressources d’autres pays. Ce qu’il propose n’est pas le traité Sykes-Picot ; c’est une proposition généreuse faite à
l’Occident.
Si les États-Unis ne l’acceptent pas, alors acceptons l’inévitable annihilation nucléaire de l’humanité. Les orgueilleux tomberont, les humbles hériteront
de la terre. Et ce qui est vraiment choquant, c’est que toutes ces conditions et leurs raisons ont été énoncées il y a un an, et qu’on a eu tout le temps pour régler la question. Cela
explique le manque relatif d’intérêt de Poutine pour l’Ukraine. Même le retrait de Kherson ne l’a pas beaucoup inquiété. Poutine ne veut pas annexer l’Ukraine, il ne le fera que s’il n’a
pas le choix.
« Il semble probable
que la Russie imposera une solution. Si, comme prévu, il devient clair que l’Occident ne peut pas ou ne veut pas négocier, il incombera à la Russie de mettre en œuvre une solution
maximaliste. Ou alors, la Russie « négocie » en montrant qu’elle peut créer une zone morte en Ukraine occidentale aussi grande qu’elle le souhaite. Si l’Ukraine et ses
conseillers américains ne reviennent pas à la raison, cette zone morte sera terriblement grande. » (Yves Smith, Naked
Capitalism)
Comment cela se termine-t-il ?
Comment la Russie crée-t-elle une Ukraine « neutre » qui n’est pas armée jusqu’aux dents par les ennemis de Moscou ? Comment empêcher Kiev de
mener des exercices militaires conjoints avec l’OTAN ou de placer des sites de missiles à la frontière russe ? Comment empêche-t-elle l’armée ukrainienne de bombarder les Russes ethniques
dans l’est du pays ou d’entraîner les paramilitaires d’extrême droite à tuer autant de Russes que possible ? Comment Poutine transforme-t-il l’Ukraine en un bon voisin qui ne représente
pas une menace pour la sécurité et qui n’alimente pas la haine et le sectarisme anti-russes ? Et, enfin, comment résoudre le conflit de manière pacifique si l’une des parties refuse de
négocier avec l’autre ? Voici un extrait d’un article de Mint News :
« Le président
ukrainien Volodymyr Zelensky a signé mardi un décret annonçant officiellement la perspective « impossible » de négociations de paix entre l’Ukraine et le président russe
Vladimir Poutine. (…)
« Il (Poutine)
ne sait pas ce que sont la dignité et l’honnêteté. Par conséquent, nous sommes prêts à dialoguer avec la Russie, mais avec un autre président de la Russie », a déclaré Zelensky
vendredi ». (Mint
News)
Le fait que Zelensky ne négociera pas avec Poutine ne signifie pas qu’il n’y aura pas de règlement. Cela signifie simplement que Zelensky n’aura aucune
influence sur le résultat. En tant que pays le plus puissant, la Russie a toujours été en mesure d’imposer un accord permettant d’atteindre ses objectifs fondamentaux en matière de
sécurité nationale, et c’est précisément ce que Poutine fera. L’accord ne sera pas idéal et ne mettra pas complètement fin aux hostilités, mais il offrira une couche de protection contre
les ennemis de la Russie, ce qui est le mieux que l’on puisse espérer compte tenu des circonstances. Malheureusement, l’accord mettra également fin à l’existence de l’Ukraine en tant
qu’État viable et contigu. Et – une fois que la Russie aura terminé son opération militaire spéciale – l’Ukraine sera confrontée à un avenir sombre, celui d’un désert désindustrialisé qui
dépend entièrement de ses alliés occidentaux pour sa survie.
Voici un extrait d’un article du journaliste John Helmer, basé à Moscou, qui pense que l’armée russe va nettoyer une vaste zone du centre de l’Ukraine lors
de sa prochaine offensive d’hiver, et qu’une grande partie de ce territoire fera partie d’une zone démilitarisée (ZD) de 100 kilomètres de large qui protégera la Russie des attaques de
missiles et d’artillerie ukrainiennes. Comme le note Helmer, le modèle de ce règlement imposé par les militaires est « l’armistice de
Panmunjom du 27 juillet 1953, qui a mis fin à la guerre de Corée. (…) Sur le terrain à l’intérieur de la ZDU (Zone démilitarisée d’Ukraine), il ne peut y avoir d’électricité, de
personnes, rien à part les moyens de surveiller et de faire respecter les termes de l’armistice ». Voici plus d’informations de Helmer :
« Source militaire :
(…) Une fois la destruction de ces cibles achevée, les restes de l’infrastructure seront minés et la zone sera équipée de dispositifs de détection. Les armées commenceront alors un
retrait rapide et échelonné derrière les lignes russes où le processus de fortification et de retranchement a déjà commencé ».
« Les civils et
les troupes ukrainiennes désarmées – à l’exception des unités ukro-nazies – se verront attribuer un ou deux couloirs par lesquels ils seront autorisés à quitter la zone. Ils n’ont pas
intérêt à traîner » (…)
Les sources
s’accordent à dire qu’il y aura une nouvelle ligne de démarcation militaire avant le dégel du printemps prochain ; elles diffèrent sur la manière dont elle est tracée actuellement et sur
son aspect en avril prochain. « Pour l’instant, la ligne se situera sur le Dniepr, la zone s’étendant de la rive ouest à l’intérieur de l’Ukraine croupion – à mon avis à une
profondeur d’au moins 100 km. Cela mettra le territoire russe hors de portée de la plupart des pièces d’artillerie ukrainiennes. Une zone de 100 km de profondeur donnera également aux
forces russes le temps de détecter et d’intercepter tout objet en vol… »
« Dans le
secteur nord – c’est-à-dire de Kramatorsk et Sloviansk à Kharkiv… il s’agit de garnisons et de zones de rassemblement de la haine sur ou près des frontières de la Russie ; elles ne seront
pas épargnées (…) (et) elles ont été qualifiées pour la désélectrification, la dépopulation et la dénazification ».
« Le point à
souligner, surtout dans les opérations russes dans le nord… ne sera pas de saisir et de tenir le territoire. (…) L’idée ne sera pas d’occuper le territoire, et encore moins de
l’administrer, pendant un certain temps. L’objectif sera de détruire les ennemis qui lèvent la tête et l’infrastructure sur laquelle ils s’appuient ; de poser des mines et des capteurs ;
puis de se retirer ».
« Une fois que
les nœuds de transport et de logistique assignés auront été pris, le travail de destruction par les unités du génie commencera. Les ponts, les routes, les voies ferrées, les gares de
triage, le matériel roulant, les aérodromes, les entrepôts de carburant et les dispensaires, les sous-stations électriques, les tours de transmission et de communication, les bureaux
centraux, les entrepôts, les zones de dépôt, les équipements agricoles – tout ce qui pourrait être utilisé pour soutenir l’effort ukrainien-OTAN à l’est de la frontière occidentale de la
zone sera détruit. Ce sera également le travail des forces terrestres – plus complet et approfondi que ce que les frappes de missiles et de drones peuvent réaliser ».
« Les civils et
les combattants désarmés, sans leur équipement motorisé, seront autorisés à sortir de la zone à pied vers des bus spécialement préparés (comme Sourovikine l’a supervisé en Syrie) avec ce
qu’ils peuvent porter sur leur dos. (…) Toute personne qui choisit de rester à l’intérieur de la zone sera informée explicitement par radio, tracts et haut-parleurs qu’elle est considérée
comme un combattant ennemi et sera ciblée en conséquence. Après un certain temps, les « ponts d’or » pour la population sortante seront détruits. Ceux qui resteront n’auront
plus d’électricité, d’installations sanitaires ou de communications… »1.
Helmer résume parfaitement la situation. Poutine va créer un vaste no man’s land inhabitable au centre de l’Ukraine qui séparera l’est de l’ouest et mettra
fin à l’existence de l’Ukraine en tant qu’État viable et contigu. Voilà à quoi ressemble un règlement imposé par l’armée. Ce n’est pas idéal et cela ne met pas nécessairement fin aux
combats, mais cela répond aux besoins fondamentaux de la Russie en matière de sécurité, que Washington a choisi d’ignorer.
Soyez assurés que Washington n’appréciera pas cet accord et n’acceptera jamais les nouvelles frontières. Mais les États-Unis n’auront pas le dernier mot
dans cette affaire et c’est extrêmement important, car le rôle de Washington en tant que « garant de la sécurité mondiale » appartient désormais au passé. La Russie va décider
des frontières de l’Ukraine et c’est ainsi que les choses vont se passer. Alors, oui, nous pouvons nous attendre à entendre des grincements de dents au siège de l’OTAN, à l’ONU et à la
Maison-Blanche, mais sans grand effet. L’affaire est réglée, à moins, bien sûr, que les États-Unis et l’OTAN ne veuillent engager des forces terrestres dans le conflit, ce qui, à notre
avis, précipitera une scission au sein de l’OTAN qui conduira inévitablement à son effondrement. Quoi qu’il en soit, le sort de l’Ukraine sera décidé à Moscou et non à Washington, et
cette réalité aura un impact significatif sur la répartition du pouvoir mondial. Il y a un nouveau shérif en ville et il n’est certainement pas américain.
Conclusion : Nous pensons que l’analyse d’Helmer est le scénario le plus probable pour l’avenir. Poutine a fait preuve d’une admirable retenue jusqu’à
présent, mais après 9 mois de corvées et de carnages inutiles, il est temps de conclure. Moscou a toujours eu un marteau-pilon dans sa boîte à outils et il va maintenant l’utiliser. Nous
aurions préféré que cela ne se termine pas ainsi, mais il ne sert à rien de pleurer sur le lait renversé.
Washington voulait étirer cette guerre le plus longtemps possible pour saigner à blanc la Russie, afin qu’elle ne puisse pas projeter sa puissance au-delà
de ses frontières ou faire obstacle aux plans américains de « pivot vers l’Asie ». Mais Poutine a déjoué ce plan. Il n’est pas tombé dans le piège de Washington et il ne va pas
pomper du sang et de l’argent dans un trou noir. Il va régler cette affaire une fois pour toutes et en finir avec elle. Ceci est tiré d’une interview du colonel Douglas MacGregor :
« Tout ce conflit
aurait pu être évité si nous avions simplement reconnu les intérêts légitimes de Moscou dans ce qui se passe en Ukraine. (…) Ce qui se passe en Ukraine est important pour les Russes. (…)
Nous aurions pu intervenir très tôt et dire : « Faisons un cessez-le-feu et discutons ». En fait, nous aurions pu écouter les Russes pendant les 10 ou 20 dernières années à
propos de leurs préoccupations concernant ce qui se passe en Ukraine. Et, je pense que maintenant nous voyons avec le régime Zelensky – un gouvernement très dangereux qui est
incurablement hostile à la Russie (et) qui répond exclusivement aux instructions de Washington – qui a décidé qu’il voulait affaiblir fatalement la Russie par tous les moyens possibles…
La solution à cela est non pas de rejoindre cette guerre futile et inutilement destructrice contre Moscou (mais) de faire entrer un peu de bon sens dans l’esprit des gens au gouvernement
de Kiev ». (Colonel Douglas MacGregor, « L’Ukraine
est sur le point d’être annihilée »)
Comment Poutine et les dirigeants russes perçoivent-ils le déroulement et les perspectives de ce qu'ils appellent, depuis le départ "Opération Militaire
Spéciale"? Il nous a semblé intéressant, dans le cadre de notre nouvelle rubrique "Vu de Russie et de Chine", de donner le point de vue d'un universitaire russe, professeur à la Higher School of
Economics de Moscou, où il dirige le Center for Comprehensive European and International Studies de la Faculté dédiée aux études sur l'Economie mondiale et les Affaires internationales. Nous
sommes tellement habitués à entendre le point de vue occidental sur la guerre d'Ukrainer que nous nous demandons rarement comment les Russes voient le conflit. Deux éléments sont frappants dans
ce qui suit: (1) L'absence de triomphalisme militaire dans l'évaluation du conflit - à l'opposé du discours occidental à propos de l'Ukraine. (2) Mais l'élément le plus neuf de ce texte est une
analyse en profondeur de l'effet des sanctions sur l'économie russe. Le professeur Kashin explique pourquoi les sanctions occidentales n'ont pas eu l'effet escompté à court et moyen terme. Au
contraire, l'économie russe s'en sort plutôt mieux que prévu. En revanche, explique-t-il, les sanctions occidentales - en particulier celles de l'Union Européennes - obligent la Russie à penser
des "changements profonds".
Cet article daté du 1.12.2022 et rédigé par Mikhaïl Rostovski est initialement paru sur mk.ru. Il n’engage pas la
ligne éditoriale du Courrier des Stratèges.
L’événement principal de la décennie en Russie
est, bien sûr, l’« opération spéciale ». Et l’un des experts les plus importants concernant l’Opération Militaire Spéciale (OMS) dans notre pays
est Vasily Kashin, directeur du Centre d’études européennes et internationales approfondies de la Higher School of Economics.
« Voulez-vous comprendre ce qui se passe
réellement sur le champ de bataille en Ukraine ? Alors parlez à notre Vasily ! ».
J’ai entendu ces mots d’un des spécialistes
russes respectés des affaires internationales, moins d’un mois après le début du conflit. Au début, je n’y attachais aucune importance. Mais j’ai vite
découvert que j’attendais, avec une impatience non dissimulée, la publication de chaque nouvel article de Vasily Kashin sur le parcours de l’OMS.
« Quand les canons parlent, les
muses se taisent ». C’est une forme révisée du dicton du grand orateur romain antique, Ciceron. Bien sûr, à son époque, il n’existait pas de canon. Mais dans
une période de conflits complexes et de lutte de pouvoirs tout aussi complexes, non seulement le son des muses est rare, mais également une analyse sobre et
perspicace de ce qui se passe. Le moyen le plus sûr de combler ce déficit est de lire l’avis et les commentaires de Vasily Kashin.
L’avenir de “l’Opération Militaire Spéciale”
MR : Vasily, à quoi ressemblent vos prévisions pour le cours ultérieur de
l’OMS ? Doit-on, par exemple, s’attendre à une trêve hivernale des hostilités ?
VK : Je pense qu’il
faut s’attendre à une escalade hivernale des hostilités. Nous la verrons certainement en décembre ou au début de l’année prochaine. Il n’y a aucune
raison de faire une pause. Alors que la Russie continue de marteler les infrastructures ukrainiennes, il y aura de plus en plus de motifs pour essayer
d’accélérer les choses. Mais en même temps, la Russie augmentera le nombre de forces au front. A ma connaissance, seule une petite partie des personnes
mobilisées a été transférée dans la zone des opérations militaires. La plupart d’entre eux sont encore en Russie – parfois très loin de la zone – et sont
engagés dans des entraînements au combat. Dans le même temps, les problèmes liés à leur équipement sont en cours de résolution. Tout cela prend du
temps. Mais lorsque tous ces problèmes seront résolus, le transfert des mobilisés et des volontaires dans la zone de combat entraînera une augmentation du
nombre de forces russes sur le théâtre des opérations militaires. Une telle augmentation des effectifs ne peut passer inaperçue. C’est un changement
radical de situation et du rapport de forces.
MR : En combien de temps ce changement radical de forces peut-il conduire à la
fin du conflit ?
VK : Le projet
de budget russe suppose une forte augmentation des dépenses militaires pour 2022 et 2023 et une diminution des dépenses de défense en 2024. Par
conséquent, la prévision de base à partir de laquelle les dirigeants russes procèdent est la poursuite des hostilités pendant toute ou la majeure partie de
2023. C’est la réalité actuelle. Mais il est possible que le conflit se termine un peu plus tôt ou beaucoup plus tard. « Beaucoup plus
tard » est aussi, et malheureusement, une perspective très réelle. Le conflit pourrait durer longtemps. Mais je crois que le temps est de notre
côté. Si nous n’avons pas de graves échecs et catastrophes – une catastrophe, ce n’est pas que nous quittions Kherson, mais si un grand groupe russe est
encerclé et vaincu -, alors progressivement les coûts américains de financement du conflit en Ukraine augmenteront fortement sans aucun résultat positif pour
l’Amérique.
MR : Ça va grincer – mais est-ce sûr de grincer ? Dans quelle mesure
pouvons-nous être sûrs qu’à la suite de ce conflit, l’Ukraine sera le perdant final et irrévocable ?
VK :L’Ukraine est déjà en perte finale
et irrévocable. Les autorités russes l’ont dit à plusieurs reprises : il ne s’agit pas d’un conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais d’une guerre
hybride entre la Russie et les États-Unis, dans laquelle l’Ukraine agit comme une arme américaine. Si vous regardez la position américaine et écartez les
déclarations purement démagogiques, tout se résume à l’objectif déclaré d’infliger une défaite stratégique à la Russie. Ce qui l’affaiblirait de sorte qu’à
l’avenir, elle ne poserait aucun problème aux États-Unis et permettrita à l’Amérique de se concentrer entièrement sur la Chine. Les deux parties se livrent une
guerre hybride entre elles sur le territoire de l’Ukraine. Oui, la Russie est dans une position moins favorable que les États-Unis : elle se bat avec son
propre peuple. Et les Américains au cours de ce conflit supportent principalement des pertes économiques et quelques pertes politiques. Mais
l’essentiel est que le sort de l’Ukraine, en tant que telle, n’intéresse au premier chef aucun des acteurs. Très probablement, ce n’est pas d’un intérêt
primordial, même pour les dirigeants de l’Ukraine elle-même, qui se préoccupent surtout de leur propre avenir, de leur bien-être et de leur survie politique.
Les dommages infligés à l’Ukraine ne peuvent être réparés dans un délai raisonnable. L’Ukraine, déjà au moment du début de l’Opération Militaire Spéciale,
était un État économiquement en faillite. Le maintien de son fonctionnement dépendait d’un apport constant d’aide économique extérieure de la part des
institutions financières internationales. Nous sommes maintenant arrivés à une situation où l’Ukraine a besoin d’injections extérieures de 3 à 5 milliards de
dollars par mois juste pour fonctionner. Le budget ukrainien pour l’année prochaine suppose que 58 % des revenus seront constitués de prêts et de dons
étrangers. Mais le budget de l’État a été rédigé avant le début de la campagne russe de bombardement stratégique des infrastructures ukrainiennes. En
réalité, la situation sera encore pire. L’Ukraine est susceptible d’arriver à un point où son budget dépendra de l’aide étrangère jusqu’à 80 %. C’est
à peu près le montant dont le budget de l’Afghanistan dépendait de l’aide étrangère sous le président Ashraf Ghani, chassé par les talibans.
Pourquoi la guerre d’Ukraine va coûter toujours plus chers aux Etats-Unis
MR : Excusez-moi, mais tant que le conflit n’est pas terminé, la thèse sur
l’échec économique de l’Ukraine a-t-elle un sens ? Après tout, les étrangers sont heureux de boucher tous les trous du budget ukrainien.
VK : A ce stade, la question se pose de comparer nos ressources et les ressources des
Etats-Unis. L’Amérique en a davantage. Mais pour nous maintenant, le conflit ukrainien est la principale et la seule chose sur laquelle les forces sont
lancées. Et les États-Unis ont des intérêts partout dans le monde. Il s’agit, par exemple, d’une course aux armements très coûteuse avec la Chine dans le
Pacifique, qui ne se développe pas très bien pour eux. Ce sont le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique latine. En huit mois de 2022, le montant de l’aide
occidentale déclarée à l’Ukraine a dépassé 105 milliards de dollars. C’est un montant qui dépasse de loin le budget annuel de la défense de la Russie. Et plus
de la moitié de ce montant revient aux Américains. Mais l’année n’est pas encore finie. Et l’année prochaine, pour plusieurs raisons, sera encore plus coûteuse
pour l’Occident. Au début du conflit, l’Ukraine a combattu en utilisant d’énormes stocks d’armes soviétiques. Prenons, par exemple, les missiles anti-aériens.
L’Union soviétique a laissé tant de missiles pour le S-300 que les discussions sur leur épuisement n’ont commencé qu’après 9 mois d’opération militaire. Mais
bientôt, les forces armées ukrainiennes devront utiliser quotidiennement des dizaines ou des centaines de missiles anti-aériens de systèmes occidentaux
modernes. Si nous parlons, par exemple, du complexe NASAMS, un missile anti-aérien coûte plus d’un million de dollars. Le complexe ASK IRIS-T possède lui un
missile anti-aérien d’une valeur de plus de 400 000 euros. Par conséquent, au cours des 12 premiers mois de l’OMS, le monde occidental devra dépenser 120 à 130
milliards pour l’Ukraine. L’année prochaine, ce montant sera encore plus élevé. Bien sûr, ils le financeront. Mais combien de temps cela peut-il encore durer
?
MR : Est-il juste de considérer toutes ces dépenses comme des coûts
américains, et non, par exemple, comme un volume supplémentaire de commandes pour le complexe militaro-industriel américain ?
VK :Le complexe militaro-industriel
américain, bien sûr, est très influent. Mais à la fin, quelqu’un doit payer pour ces produits. Quand les États-Unis, grâce à leur politique, vendent
pour 40 milliards de dollars d’armes à l’Arabie saoudite, c’est vraiment un succès : à la fois pour les États-Unis et pour le complexe militaro-industriel
américain. Mais quand les Américains, dans une situation économique peu favorable, avec de gros déficits budgétaires et un mécontentement de masse,
dépensent plusieurs dizaines de milliards de dollars, plusieurs centaines de milliards de dollars à long terme, pour le conflit en Ukraine, cela devient peu à
peu un problème.
MR : Même avec leur habitude de relever constamment et de manière
incontrôlable le plafond du déficit budgétaire autorisé ?
VK :Ils l’ont vraiment fait et le font –
mais pas complètement de manière incontrôlable. Les restrictions liées à la nécessité de lutter contre l’inflation entrent en jeu. Il est impossible
d’augmenter indéfiniment la masse monétaire dans l’économie. Ils ont aussi leurs limites. Et ils s’en approchent. Pendant longtemps, ils ont
« inondé » tous les problèmes de l’économie avec des flux d’argent. Leurs ressources sont certes vastes et largement supérieures aux nôtres,
mais elles ne sont pas illimitées. Il y a un million d’endroits pour le dépenser. Et certains de ces endroits sont bien plus importants pour les
États-Unis que le conflit avec la Russie.
Dans tous les cas, l’avenir économique de l’Ukraine est sombre
MR : L’Occident assure que malgré tous les problèmes, il est prêt à dépenser
autant que nécessaire pour le conflit avec la Russie. Et autant que nécessaire sera également dépensé pour la restauration de l’Ukraine. Qu’en
pensez-vous ?
VK : Lorsque le conflit prendra fin, il est clair que la partie de la population
ukrainienne, qui se trouve actuellement en Europe, ne retournera pas dans les ruines de l’économie de l’Ukraine. Après la « dé-dynamisation »
des villes, une nouvelle vague d’émigration va commencer. La perte totale de la population peut atteindre dix millions de personnes. La majorité de ceux
qui sont partis sont des femmes valides en âge de procréer et des enfants. C’est un coup dur et irréversible pour l’économie et la démographie, en plus de
la perte des dernières industries compétitives, de la destruction des infrastructures. Même avant le début de l’Opération Militaire Spéciale, l’Ukraine
n’était pas en mesure d’entretenir de manière indépendante toutes les infrastructures héritées de l’URSS, de remplir ses obligations sociales et de maintenir
le système de santé. Bien qu’ils aient brutalement réduit et « réformé » ces systèmes, le volume des obligations au titre des retraites et des prestations
sociales restait sensiblement plus important que celui des pays en développement présentant des indicateurs socio-économiques similaires. Maintenant, en raison
de l’énorme quantité de destructions, de morts et de blessés, ces obligations sociales augmenteront considérablement. Or, la base économique a été
détruite. Oui, bien sûr, il y aura une reconstruction post-conflit. Mais nous savons comment se passe généralement une telle opération. L’argent
qui sera alloué sera « maîtrisé » par des entrepreneurs occidentaux. Une fraction de cet argent sera détournée par ces entrepreneurs et une
autre investie sur place. Ben sûr, il y aura des reconstructions. Mais ce ne sera pas comparable aux dommages causés. Après la fin de l’OMS en
Ukraine, un tel trou économique se formera que même aucun des revenus confisqués à la Russie ne suffira à le combler ou alors et si c’est suffisant, seulement
pour une très courte période.
MR : Revenons du futur au présent. Pourquoi, malgré tous les problèmes
que vous avez décrits, le régime de Kiev ne s’effondre-t-il pas, comme cela s’est produit avec le régime de Ghani en Afghanistan ?
VK : Pourquoi devrait-il s’effondrer ? Le régime de Ghani avait affaire à la fois
à un ennemi intérieur et à un ennemi extérieur. Il ne faut pas se faire d’illusions : même la destruction de l’industrie électrique ukrainienne
n’affectera en rien la stabilité du gouvernement ukrainien et sa position sur la question des négociations avec la Russie. Ce qui se passe avec
l’infrastructure et l’économie ukrainiennes ne conduit certainement pas à l’effondrement de l’Ukraine. Ça n’arrivera pas. Ou peut-être pas avant un
certain temps dans le futur, lorsqu’ arrivera le point de rupture. Mais on ne peut pas compter dessus. A quoi peut-on s’attendre alors ? Et bien à
l’affaiblissement progressif de la capacité de combat des forces armées ukrainiennes en raison de pertes élevées, de l’apparition de trous dans leur logistique
à cause de la destruction de l’économie et d’une forte augmentation des coûts de notre principal ennemi, les États-Unis, s’ils veulent poursuivre ce conflit. A
en juger par la récente déclaration de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la perte des forces armées ukrainiennes, uniquement par
les personnes tuées, dépasse 100.000 personnes. En fait, pour un certain nombre de raisons, ce chiffre peut être plus élevé. Leurs pertes sont
plusieurs fois supérieures aux pertes des forces russes, de la République de Lougansk, de la République de Donetsk et des formations de volontaires. Et
elles vont augmenter. Les États-Unis en ressentiront également les effets, car ils devront débourser des dizaines de milliards de dollars supplémentaires
pour maintenir l’Ukraine dans un état de combat. Et l’Europe devra faire face à quelques millions de réfugiés ukrainiens supplémentaires.
MR : Quelles sont les chances de transférer le conflit sur le
« vieux » territoire de la Russie ?
VK : A petite échelle, ce conflit y a déjà été transféré. Nous avons des
bombardements constants de notre zone frontalière. Mais d’éventuelles tentatives pour pénétrer plus profondément dans ce territoire – afin de s’emparer
d’une zone frontalière à des fins de propagande – conduiront à des résultats indésirables pour l’Ukraine. Sur son « ancien » territoire, la Russie
est prête à utiliser des unités composées de conscrits. Une entrée massive de l’Ukraine sur ce territoire augmenterait le vivier de soldats dont disposent
les dirigeants russes, qu’ils ont jusqu’à présent refusé d’utiliser pour des raisons politiques. Nous ne pouvons pas exclure cela. On voit que le
commandement russe se prépare à un tel scénario en construisant un système de fortifications le long de la frontière. Mais il est loin d’être certain que
cela se produira. Une autre option théoriquement possible consiste à transférer des armes à longue portée vers l’Ukraine et à commencer à tirer avec ces armes
profondément en Russie. Si cela se produit, cela conduira à une escalade nucléaire du conflit et au possible retrait de la Russie de certains accords sur
le régime de non-prolifération des armes de destruction massive : par exemple, du régime de contrôle de la technologie des missiles. Quel est l’intérêt de
refuser de fournir à l’étranger des ICBM qui atteignent les États-Unis et donc à ceux qui sont prêts à les payer, si les États-Unis fournissent à l’Ukraine des
missiles qui atteignent les grandes villes russes ? Tant que l’autre partie s’en abstient, il n’y a pas de problème. Nous avons des exemples
d’obus d’artillerie occidentaux et, dans certains cas, de missiles tirés sur l’«ancien» territoire russe. Mais ça ne va pas plus loin que ça. Il faut
toujours se préparer au pire. Mais il y a des chances que nous menions le conflit sans avoir besoin de cela.
MR : Et comment évaluez-vous la probabilité d’une nouvelle vague de
mobilisation en Russie ?
VK : Tout dépendra beaucoup de la stratégie des opérations militaires qui sera choisie
par la Russie. S’il s’agit de tenir des positions et d’une offensive locale dans certaines petites zones, alors de nouvelles vagues de mobilisation ne
seront tout simplement pas nécessaires. S’il y a une offensive majeure, ce qui est également possible, alors tout dépendra de la portée de cette
offensive. Mais de manière générale, je pense que jusqu’à présent de nouvelles vagues de mobilisation sont peu probables car elles n’ont aucun sens. On
peut même avoir des problèmes d’infrastructure pour former et équiper la nouvelle vague, si elle est comparable à la précédente. D’un point de vue
quantitatif, quand ceux qui sont déjà mobilisés seront au front, il y aura un alignement de nos forces avec celles ukrainiennes. Le problème clé de leur
supériorité en nombre disparaîtra.
Quel est le coût de la guerre d’Ukraine pour la Russie?
MR : Vous avez beaucoup parlé de l’augmentation du prix économique du conflit
ukrainien pour les États-Unis. Mais dans quelle mesure l’Opération Militaire Spéciale pèse-t-elle sur notre économie ?
VK : Pour autant que nous le sachions, cette année, le déficit budgétaire de la Russie
sera d’environ 1 % du PIB. A un moment donné, on s’attendait généralement à un excédent budgétaire. Pour un conflit d’une telle ampleur que celui que
nous connaissons actuellement, il s’agit d’un indicateur budgétaire sans précédent. Cela signifie que la Russie mène l’Opération Militaire avec beaucoup
de prudence et essaie de minimiser ses coûts. Bien sûr, nous avons encore une chute de l’économie. Mais toute la question est la taille de cette
chute. Au début du conflit, des économistes russes très respectés avaient prédit une chute du PIB du pays pouvant atteindre 23 %. De telles erreurs
dans les calculs étaient dues au fait qu’il n’y avait pas d’appareil scientifique pour une prévision précise. Pour faire une prédiction, des statistiques
sur des situations similaires passées sont nécessaires. Mais il n’y avait pas de telles données. Auparavant, personne n’avait jamais imposé de telles
sanctions à un pays aussi grand et inclus dans l’économie mondiale moderne que la Russie. Maintenant, on espère que la baisse sera inférieure à 3 %. Dans
le même temps, cela se fait principalement au détriment du secteur des services. Dans l’industrie, la baisse est minime. L’emploi reste élevé. Du
point de vue de l’économie, nous avons certainement une crise. Mais elle est plus douce que certaines des crises macroéconomiques traditionnelles que nous
avons connues. L’effet principal de cette crise n’est pas en termes macroéconomiques. C’est le fait que les riches et le segment supérieur de la
classe moyenne russe ont perdu l’accès à certains des types de consommation auxquels ils sont habitués. Mais ce sont des choses qui, dans la situation
actuelle, peuvent probablement être négligées.
MR : Est-ce vraiment possible ? A-t-on des raisons de dire que les
sanctions occidentales se sont révélées inefficaces ? Ou n’ont-ils pas encore commencé à mordre ?
VK : Les sanctions se sont avérées inefficaces à court et moyen terme. Elles
n’affectent pas la capacité de la Russie à mener l’Opération Militaire Spéciale. Mais elles représentent un problème gigantesque pour les perspectives à
long terme de notre développement. La principale composante de ce problème est la perte d’accès aux composants électroniques modernes et aux équipements
industriels modernes. Une partie de cela peut être remplacé par la Chine, mais pas la totalité. Les Chinois sont eux-mêmes dans une position
vulnérable sur un certain nombre de domaines. Contrairement à la mythologie développée sur les sanctions secondaires, la Chine fait beaucoup pour nous
soutenir. Mais il y a des choses qu’ils ne peuvent pas faire. Par exemple, ils sont dans une position encore plus vulnérable que nous en ce qui concerne
l’industrie de l’aviation civile. Nous sommes en mesure de produire au moins le TU-204, qui nous appartient en totalité. Peut-être que dans quelques
années, nous entrerons dans la production totalement autonome d’un « superjet ». Les Chinois ne disposent généralement pas d’un seul avion civil
qui ne dépendrait pas entièrement de composants étrangers. Et il n’y a aucune condition préalable à son apparition dans un avenir prévisible. Bref,
dans certains domaines, la Chine ne pourra pas nous aider. Nous devrons régler nos problèmes par nous-mêmes.
MR : Et comment allons-nous nous en sortir exactement ? Existe-t-il déjà
au moins une compréhension théorique de la manière dont la Russie peut résoudre ce gigantesque problème ?
VK : Il y a l’exemple de pays qui, s’étant trouvés dans une situation nettement pire
que celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement, ont montré et montrent encore une forte volonté de survivre et de se développer. Il s’agit
notamment de l’Iran et de la Corée du Nord. Donc, il est inutile de se plonger précipitamment dans un mouvement d’angoisse. Je ne parle pas de l’économie
de ces pays dans son ensemble. Parce que ces pays sont radicalement différents de la Russie à bien des égards, et une telle comparaison est donc
complètement inutile. A contrario, il est à la fois possible et nécessaire de parler de la capacité de l’Iran et de la Corée du Nord à mener une politique
d’innovation assez bien conçue. L’Iran est le seul pays du Moyen-Orient qui produit ses propres superordinateurs, ses propres turbines à gaz et ses propres
équipements industriels. C’est le seul pays du monde islamique qui possède son propre programme spatial. L’Iran lance ses satellites avec sa propre
fusée depuis son propre port spatial. Une nuance importante doit cependant être apportée : tout cela n’est pas l’héritage de certains développements
anciens. Tout cela a été créé à une époque où ils étaient constamment sous le coup de sanctions sévères. Au moment de la révolution islamique en
1979, l’Iran ne savait pas faire de telles choses. Pour un pays qui a commencé presque à zéro, c’est une énorme progression. Soit dit en passant,
l’Iran occupe l’une des premières places en termes de croissance du nombre de publications scientifiques dans des revues internationales. L’Iran est une
grande puissance scientifique.
MR : La Corée du Nord est-elle aussi une grande puissance scientifique
?
VK : La Corée du Nord peine à être présente – mais est présente – sur le marché mondial
de la programmation offshore. Pyongyang envoie régulièrement des équipes entières de ses informaticiens à l’étranger. La Corée du Nord essaie
d’exporter certaines des machines-outils qu’elle fabrique. Et je dois reconnaître que ce ne sont pas les pires des machines. Permettez-moi de le souligner
une fois de plus : l’Iran et la Corée du Nord sont des pays complètement différents de la Russie. La Corée du Nord n’a aucun minerai. La Corée du
Nord manque de ressources. L’Iran a du pétrole, mais le pays manque cruellement de ressources. L’Iran, par exemple, est contraint d’importer des millions
de tonnes de céréales par an. Et en Iran, il existe de nombreux programmes gigantesques pour subventionner tout et n’importe quoi au bénéfice de la
population. Pendant de nombreuses années, la difficulté a été de subventionner le prix de l’essence, d’essayer de maintenir le plus bas possible les prix
des biens, de résoudre de nombreux problèmes sociaux associés à l’idéologie islamique. Ils ont une population jeune. Cela crée une pression sur le
marché du travail. Bref, nos pays ne sont pas comparables. Mais, si nous ne parlons que de technologie et d’innovation, alors ma conclusion est la
suivante : vous pouvez développer la technologie et l’innovation même en étant isolés. C’est un défi, mais c’est un problème qui peut être
résolu. Que faut-il exactement pour le résoudre ? La volonté politique, la concentration des ressources, le bon choix des priorités, le bon dosage
d’initiative publique et privée, et le juste équilibre entre sécurité et maintien des relations extérieures. Par exemple, il est impossible de passer
complètement à la substitution des importations. Nous devons essayer dans la mesure du possible de maintenir notre présence sur les marchés
étrangers.
MR : Sur la question du maintien de notre présence sur les marchés
étrangers. Dans quelle mesure la Russie est-elle devenue extrêmement dépendante d’un nombre limité de partenaires étrangers : la Turquie, la Chine,
les pays arabes ?
VK : Ce n’est pas un nombre si limité de partenaires. Dans les années 2000, il y a
eu des moments où plus de 50 % de tout le commerce extérieur russe se faisait avec l’Union européenne. C’était vraiment une dépendance critique ! Ce
que nous avons maintenant n’est pas si effrayant. Dans certains cas, cette dépendance est mutuelle. Certains de nos partenaires ont autant besoin de nous
que nous avons besoin d’eux. Ainsi nous occupons, par exemple, une place sensiblement plus modeste dans le commerce extérieur de la Chine qu’eux dans le
nôtre. Mais d’un autre côté, nous sommes en mesure d’assurer leur sécurité énergétique dans un environnement où le monde devient de plus en plus agité et
où l’économie est utilisée comme une arme. Cela traduit pour nous une réalité sérieuse. Mais, bien sûr, la Russie doit travailler sans relâche pour
étendre ses liens avec des pays auxquels Moscou n’a pas prêté suffisamment d’attention dans le passé.
Des changements profonds sont nécessaires dans l’économie russe
MR : Dans quelle mesure la perte du marché européen de l’énergie est-elle
douloureuse pour notre économie ?
VK : C’est un coup dur. Mais la perte des liens avec l’Europe est un élément
déclencheur pour modifier les fondements du fonctionnement de l’économie russe dans son ensemble. Pendant la majeure partie de son histoire post-soviétique, la
Russie a eu un énorme excédent commercial extérieur et un énorme excédent courant. Les fonds ainsi obtenus étaient soit accumulés sous forme de réserves
de la Banque centrale, soit exportés sous une forme ou une autre à l’étranger et investis là-bas. Dans le cadre du modèle économique que nous avions, cet
argent ne pouvait tout simplement pas être utilisé à l’intérieur de la Russie. Toute tentative de ce genre aurait conduit soit à un raffermissement
excessif du taux de change du rouble et à la destruction de l’industrie nationale, soit à une accélération de l’inflation. Dans une large mesure, nos
exportations massives vers l’Europe ont « réchauffé l’atmosphère ».
MR : « Mais pour ce « réchauffement de l’atmosphère », nous étions payés en
devises fortes, n’est-ce pas ?
VK : Oui, c’est vrai. Mais voilà ce qui s’est passé : une grande partie de l’élite
russe a vécu et s’est enrichie aux dépens d’un modèle économique qui se résumait de facto à l’exploitation de la Russie par les pays de l’Union
européenne. Nous leur avons exporté des matières premières bon marché, puis nous y avons investi une part importante de l’argent reçu. Et quand nous
avons essayé d’exiger l’accès à la technologie ou d’exercer un droit pour résoudre certaines questions relatives à l’emploi de cet argent, on nous a rejetés.
Les exemples les plus frappants sont la tentative d’une de nos grandes entreprises d’acheter Opel, ainsi que la tentative du gouvernement russe de devenir
actionnaire de la société aérospatiale européenne EADS dans les années 2000. Tout cela avait été fait dans l’espoir d’entrer dans les chaînes de
production européennes et d’accéder à la technologie. Rien de tout cela n’a fonctionné pour des raisons politiques. Cela n’a pas fonctionné, et cela
ne fonctionnera certainement pas maintenant. Nos réserves accumulées en devises occidentales sont maintenant, comme vous le savez, gelées, et ils prévoient de
les confisquer à l’avenir. Et dans le cadre du modèle que nous avons maintenant, nous n’avons tout simplement pas la possibilité d’accumuler des réserves
aussi importantes. Il ne sert à rien d’ailleurs de les accumuler. Il n’y a tout simplement aucun outil au monde pour les investir. Même avec le
yuan chinois : la Chine ne dispose pas d’un marché financier aussi développé pour mener une telle politique. L’ancien modèle a disparu à
jamais. Et peut-être qu’il faut remercier Dieu qu’il en soit ainsi. Cette disparition entraînera certainement de profonds changements politiques,
économiques et sociaux au sein de la Russie.
MR : Ces changements profonds n’impliquent-ils pas une baisse significative du
niveau de vie de la majorité de la population du pays ?
VK : ils impliquent évidemment des normes de consommation plus basses pour les 20 à 30
% des personnes les plus riches de Russie. Vous perdez l’accès que vous aviez aux voyages, aux services, aux biens que vous pouviez acheter à
l’étranger. Mais je ne suis pas sûr que le niveau de vie du reste de la population changera radicalement. Dans certains cas, le retrait des
concurrents étrangers de notre marché intérieur peut même conduire à la croissance de secteurs de l’économie russe qui n’étaient pas très développés
auparavant. Le problème – non seulement en Russie, mais aussi dans de nombreux autres pays du monde, y compris même aux États-Unis – est que le modèle de
mondialisation qui existait était très bon pour une partie de la population, mais ne donnait rien à l’autre partie. Par exemple, ceux qui ont voté pour
Trump aux États-Unis sont des représentants de cette partie de la population à qui la mondialisation n’a rien donné. La mondialisation a conduit au fait
que les usines où ils travaillaient ont été fermées et cette partie de la population est restées dans la soi-disant « ceinture de rouille ». Mais
puisque l’Amérique est au centre de la mondialisation, et en est fondamentalement le bénéficiaire, le rapport est de 50/50 entre ceux qui sont pour la
mondialisation aux États-Unis et ceux qui y perdent. Mais beaucoup sont encore pour la mondialisation. Dans des pays comme la Russie, ceux qui ont
profité de la mondialisation sont en très petit nombre.
MR : Quelle est la probabilité que le pays revienne à ce qui était habituel
dans les années 90 – par exemple, à un déficit budgétaire catastrophique ?
VK : Une telle éventualité n’existe pas. Nous avons une économie différente, une
politique budgétaire différente. Les paramètres du déficit budgétaire sont strictement maîtrisés. Si nous sommes confrontés à une telle récession de
l’économie et à une baisse des revenus pétroliers et gaziers qui créent une telle menace, nous assisterons très probablement à la dépréciation du rouble, au
gel de certains programmes d’investissement, et la situation sera toujours maîtrisée. Mais pour un tel scénario, il n’y a pas encore de
fondement.
MR : Y a-t-il des raisons de croire à la possibilité d’un scénario de
compromis pour mettre fin au conflit sans perdre la face des deux côtés ?
VK : Oui, il y en a. Mais il est encore trop tôt pour dire que les parties sont
prêtes à conclure un tel accord. Et ce ne sera certainement pas un accord entre la Russie et l’Ukraine, même s’il est officialisé comme tel. En
réalité, il s’agira sous une forme ou une autre, d’un accord entre la Russie et les États-Unis, même si Moscou et Washington nient le fait de mener de telles
négociations sur l’Ukraine. Sans leur compréhension mutuelle, cela n’a pas de sens. Cela est dû au fait que la partie russe ne croit pas à
l’autonomie de l’Europe et, de plus, ne croit pas à l’autonomie de l’Ukraine. Moscou ne sera pas prêt à conclure des accords de fond avec la partie
ukrainienne.
À une époque, étudiant l'histoire à l'école puis à l'université, je n'aurais pas imaginé qu'un jour je deviendrais moi-même témoin d'événements historiques
grandioses qui redessinaient littéralement la carte de l'Europe sous nos yeux. Il semblait que l'ère des grandes guerres et des grands empires était
profondément révolue, mais non. Apparemment, nous avons de la « chance ».
Cet article initialement publié en russe sur Politika-ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
À l’heure actuelle, le processus d’autoliquidation, lancé à la demande des États-Unis par les grandes puissances européennes, et
principalement l’Allemagne, avec un degré de probabilité très élevé, peut conduire non seulement à la désintégration de l’UE, mais aussi à la redistribution
des frontières intra-européennes, d’ailleurs, en faveur de la Pologne. En tout cas, en ce qui concerne la partie occidentale de l’Ukraine, la question
semble pratiquement résolue.
La Pologne qui a peut-être la meilleure armée d’Europe veut transformer sa supériorité militaire en influence politique
En fait, c’est exactement ce qu’écrit le journal américain Politico dans
l’article « Meet Europe’s coming superpower militaire : Poland ». Après la chute d’un missile ukrainien
sur le territoire de la Pologne, ils ont commencé à craindre, de Bruxelles à Berlin, que la Pologne ne fasse « quelque
chose d’imprudent ». Et ce d’autant plus qu’ils ont d’abord tenté de blâmer la Russie pour l’attaque contre ce pays de l’OTAN, une Russie pour
laquelle les autorités Polonaises ont une profonde antipathie historique. Mais au lieu de cela, la Pologne a mis ses forces armées en état d’alerte et a
simplement attendu que les événements se déroulent. « Ce calme est né d’une réalité simple qui, pendant de nombreuses
années, a contourné la majeure partie de l’Europe : la Pologne a peut-être la meilleure armée d’Europe. Et cela ne fera que s’intensifier »,
indique la publication.
Dans ce contexte, un haut représentant de l’armée américaine en Europe a déclaré que, bien que l’Allemagne reste le principal
hub logistique européen pour les États-Unis, « le débat sans fin de Berlin sur la manière de relancer ses forces
armées et le manque de culture stratégique réduisent son efficacité en tant que partenaire ». Alors que la Pologne a commencé à augmenter ses
dépenses de défense de 2,4% du PIB à 5 %, l’Allemagne, qui n’a dépensé que 1,5 % du PIB pour les besoins de la Bundeswehr l’an dernier, se demande actuellement
si elle peut maintenir la barre des 2% fixée par l’OTAN. Selon la publication américaine, la Pologne possède déjà plus de chars et d’obusiers que l’Allemagne
et, d’ici 2035, Varsovie va porter le nombre de ses forces armées à 300.000 hommes, à comparer aux 170.000 soldats allemands.
Si quelqu’un croit que le temps de la force brute est révolu depuis longtemps, et que le nombre de personnes mises sous les
armes ne détermine plus la puissance de tel ou tel État, alors je m’empresse de le décevoir. Une armée russe, beaucoup plus avancée techniquement et
équipée de façon moderne, est forcée de battre en retraite sous l’assaut de forces cinq fois, voire dix fois supérieures des forces armées ukrainiennes
habilement concentrées sur des secteurs distincts du front. Ainsi, lorsque Politico demande si la Pologne veut transformer sa supériorité militaire en
influence politique en Europe, cette question est tout à fait pertinente.
La chute de l'Allemagne, sous la pression des Polonais et avec le soutien actif des Anglo-Saxons, semble tout à fait probable
Berlin soutient à un horizon à court terme les aspirations de Varsovie à renforcer la composante puissance, parce que les
Allemands voient la Pologne comme un tampon les séparant de la sphère d’influence de la Fédération de Russie : « plus la Pologne aura de chars et de troupes, plus l’Allemagne sera en sécurité », écrit le journal Politico, ce qui suscite d’ailleurs des propos sarcastiques d’experts américains ridiculisant la tentative de l’Allemagne
« de s’allonger dans un hamac » tandis que d’autres « font tout le
travail ».
Pas plus tard qu’hier, nous avons tous ensemble éclaté de rire lorsque Varsovie a facturé à Berlin un billion et demi d’euros
pour les crimes du régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, en regardant ce qui se passe à travers le prisme des processus géopolitiques,
cela ne semble plus si drôle. La chute de l’Allemagne, sous la pression des Polonais et avec le soutien actif des Anglo-Saxons, semble tout à fait
probable.
Qu’on le veuille ou non, objectivement, les Allemands et autres anciens « grands peuples d’Europe » sont aujourd’hui
clairement en déclin : ils sont devenus trop « paresseux » en se satisfaisant du faste des années « grasses ». Au sens figuré,
ils sont devenus comme des chats qui ont cessé d’attraper des souris, parce qu’ils n’avaient tout simplement plus besoin de se nourrir, rassasié par les
croquettes du maître… À la tête de la direction politique de ces pays, il y a des faibles, des médiocres et des velléitaires qui ne sont pas capables de
défendre l’honneur de leur pays et de protéger ses intérêts.
A contrario, la Pologne, avec son arrogance – après avoir traversé trois décennies humiliantes, plusieurs guerres perdues, une
série de trahisons par d’anciens alliés et d’occupations par des armées ennemies – attend depuis longtemps dans les coulisses de se venger. Et, apparemment, le
moment est venu. Toutefois, sans la volonté du « maître blanc » d’outre-Atlantique, rien de tout cela ne serait arrivé. Jusqu’à présent, tout
dépend plus de Washington que de Varsovie. Mais dans la période historique actuelle, leurs intérêts ont temporairement convergé, et les Polonais entendent
profiter pleinement de la chance qui se présente à eux.
La Russie doit faire face à cette nouvelle réalité inquiétante
Par conséquent, je pense que la Russie doit se préparer à l’émergence d’une nouvelle force sur la carte européenne, c’est-à-dire
la Pologne. Une force qui lui était initialement hostile et qui a un certain nombre d’intérêts qui recoupent les siens. Tout ce qui a été dit auparavant
sur les ambitions polonaises transcendantes a depuis longtemps cessé d’être une ancienne blague. Elle s’est transformée en une réalité
inquiétante. Et quiconque continue à sous-estimer la Pologne d’aujourd’hui devrait reconsidérer ses réflexions ou cesser de s’engager dans la
politique.
Par référence au Commonwealth polono-lituanien connu sous le nom de « Royaume de Pologne et de Grand-Duché de
Lituanie » du XVIe au XVIIIe siècle, NDLR.
L’aveu par Merkel qu’elle a trompé Poutine garantit que le conflit avec l’Occident va durer longtemps
Les critiques pourraient prétendre que
la nouvelle perspective comprehension de la situation par le président Poutine est arrivée huit ans trop tard. Mais tard vaut toujours mieux que jamais. Merkel l’a manipulé pendant
des années avant de finalement révéler sa trahison, ce qui a enseigné au dirigeant russe la douloureuse leçon qu’il ne pourra plus jamais faire confiance à aucun de ses pairs
occidentaux. Au lieu de cela, il embrasse maintenant avec enthousiasme ses homologues des grandes puissances du Sud, en particulier le Premier ministre indien Modi, qui partage sa
grande vision stratégique d’un avenir multipolaire.
L’ancien chancelier s’exprime
enfin
Personne ne peut prétendre en toute confiance savoir comment la dernière phase du conflit ukrainien,
se terminera finalement. Après tout, les rebondissements jusqu’à présent ont pris tout le monde au dépourvu, de la réunification de Novorossiya avec la Russie aux deux
frappes de drones de Kiev plus tôt cette semaine dans l’arrière-pays de son voisin.
Cela dit, on peut prédire avec confiance que le conflit durera presque certainement prolongé pendant des années, cette prévision étant basée sur l’aveu
sincère de l’ancienne chancelière allemande Merkel selon laquelle le processus de paix de Minsk n’était
qu’une ruse pour renforcer les capacités militaires offensives de Kiev. Ses paroles faisaient écho à celles de l’ancien président ukrainien Porochenko qui avait dit
exactement la même chose plus tôt cette année, mais la différence est qu’il n’a jamais été considéré comme l’ami du président Poutine, contrairement à Merkel.
L’opération de manipulation de la
perception de Merkel contre Poutine
Ils parlent chacun couramment la langue de l’autre, ont passé leurs années professionnelles de formation dans l’ancienne Allemagne de l’Est, président de
grandes puissances historiques, et leurs économies respectives sont clairement complémentaires, c’est pourquoi ils ont étroitement coopéré sur un large éventail de questions. Au fil
du temps, le président Poutine a commencé à se projeter lui-même et sa grande vision stratégique d’une « Europe
de Lisbonne à Vladivostok » sur Merkel ; elle a joué le jeu afin d’alimenter son biais de confirmation.
Pendant tout ce temps, il s’est avéré qu’elle ne faisait que le duper en disant au dirigeant russe tout ce qu’il voulait entendre. Son soutien superficiel
au processus de paix de Minsk étant la quintessence de son approche manipulatrice du président Poutine. Elle a évalué avec précision à quel point il souhaitait passionnément que la
paix prévale en Ukraine afin de débloquer le rôle géostratégique prometteur de ce pays en tant que pont entre son Union économique eurasienne (EAEU) et son UE, conformément à sa vision à
long terme susmentionnée.
Néanmoins, elle n’avait aucune envie de concretiser puisque la propre grande vision stratégique de Merkel était d’achever
le complot centenaire de l’Allemagne pour prendre le contrôle de l’Europe sans coup férir. À cette fin, elle a dû apaiser la Russie en manipulant les perceptions de son chef
afin qu’il la considère à tort comme le chef d’un État ami et ne fasse donc pas pression sur le bloc d’une manière qui pourrait entraver son objectif d’étendre l’influence allemande sur
l’Est.
Psychanalyse de
Poutine
Depuis que Merkel a si magistralement su jouer des attentes du président Poutine en se présentant comme la même visionnaire pragmatique et économique qu’il
était au lieu de l’idéologue à somme nulle qu’elle était vraiment, il a été dupé avec succès dans sa confiance. Le résultat final a été que le dirigeant russe a patiemment retenu sa
Grande Puissance pendant près de huit ans malgré d’innombrables provocations contre sa co-éthique dans l’ancienne Ukraine orientale.
Son état d’esprit était que « la fin justifie les moyens », ce qui, dans ce contexte, faisait référence à son calcul coûts-avantages selon lequel
les coûts payés par le peuple russe du Donbass en valaient finalement la peine… Avec le recul, le problème était que le président Poutine était le seul dirigeant qui voulait vraiment
cela.
Il a été induit en erreur pendant près de huit ans par Merkel. Il s’est étroitement lié avec elle au cours de ses nombreuses années de mandat en raison de
leurs similitudes personnelles. Elle a manipulé ses perceptions en lui faisant croire à tort qu’elle partageait sa grande vision stratégique, comme expliqué précédemment. En
tant qu’homme d’État de bonne foi, il supposait que ses pairs – en particulier ceux qui représentaient les grandes puissances comme Merkel l’étaient – étaient du même calibre
professionnel, d’où la raison pour laquelle il tenait pour acquis qu’ils étaient tous des acteurs rationnels.
Le recul est de 20/20
La réalité était cependant tout à fait différente puisque le président Poutine s’est avéré être le dernier véritable homme d’État occidental, ce qui
signifie qu’il était le seul à fonctionner sur une base rationnelle alors que tous les autres avançaient des objectifs idéologiques.
Sa mascarade prolongée en prétendant partager sa grande vision stratégique était suffisamment convaincante pour que le président Poutine baisse sa garde,
prenne ses paroles pour acquises et suppose qu’elle veillerait à ce que l’Allemagne finisse par amener Kiev à mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk. S’il l’avait soupçonnée de
malhonnêteté, il aurait certainement abandonné cette approche beaucoup plus tôt.
Cela explique pourquoi il a attendu si longtemps avant d’ordonner l’opération spéciale car il lui faisait sincèrement confiance pour partager sa grande
vision stratégique d’une « Europe de Lisbonne à Vladivostok » qui nécessitait une paix durable en Ukraine pour se concrétiser. Au lieu de cela, Merkel cherchait impitoyablement à
mener à bien le complot centenaire de l’Allemagne visant à prendre le contrôle de l’Europe sans coup férir, ce que son successeur Scholz a presque admis qu’il s’efforçait de
faire dans
le manifeste qu’il vient de publier dans le magazine Foreign
Affairs.
Ce n’est pas une coïncidence si Merkel a révélé peu de temps après ses véritables intentions de truquer le processus de paix de Minsk, car il n’y avait plus
aucune raison de rester timide à leur sujet. Scholz a vendu la mèche en se vantant du programme hégémonique de l’Allemagne qu’il a ouvertement décrit comme étant motivé par le désir
de répondre aux menaces qui, selon lui, viennent « le plus immédiatement » de la Russie. N’ayant rien à perdre, Merkel a enlevé son masque et elle a finalement montré au président
Poutine son vrai visage.
Il ne fait aucun doute qu’il s’est rendu compte quelque temps avant le début de l’opération spéciale de son pays qu’elle l’avait dupé pendant des années,
d’où la raison pour laquelle il a entrepris cette étape fatidique fin février, mais maintenant, le monde entier peut également le voir. Merkel était le seul politicien occidental en
qui le président Poutine avait sincèrement confiance, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles il a retardé l’ordre de l’opération susmentionnée pendant près de huit ans en raison de
son espoir finalement faux qu’elle contribuerait à assurer la paix en Ukraine.
L’impact psychologique de la trahison
de Merkel
Avec elle qui admet si effrontément avoir trahi sa confiance en s’en vantant, il est peu probable que le dirigeant russe fasse à nouveau confiance à
quiconque en Occident. Cette perspicacité psychologique lui ajoute un contexte crucial en déclarant
par coïncidence, le même jour que son interview, que le conflit ukrainien « pourrait être un long
processus ».
Le président Poutine sait désormais que toute accalmie dans les combats ne sera qu’une occasion pour les deux camps de se regrouper, de se réarmer et de
reprendre inévitablement des opérations offensives, ce qui signifie que le terrain de jeu stratégique est désormais égalisé puisqu’il opère enfin dans le même état d’esprit que ses
adversaires. Cela renforcera sa détermination à continuer à faire tout son possible pour accélérer les processus multipolaires, ce qui nécessite avant tout de maintenir la ligne de
contrôle (LOC).
La nouvelle grande vision stratégique
de Poutine
Dans la poursuite de cet objectif le plus immédiat, la Russie reprendrait en effet sa participation au processus de paix précédemment saboté tant que
certaines conditions seraient au moins superficiellement remplies, mais personne ne devrait interpréter ce développement potentiel comme le signal d’une faiblesse stratégique de sa part
contrairement au passé.
La différence entre hier et aujourd’hui, c’est que le président Poutine a appris de nombreuses leçons douloureuses, il ne fera donc plus de gestes de bonne
volonté.
Alors que le processus de paix de Minsk n’était, rétrospectivement, qu’un moyen de manipuler les perceptions du président Poutine pour gagner du temps pour
que Kiev se prépare à une offensive finale dans le Donbass, quel que soit le processus qui lui succèdera il ne sera qu’un moyen pour le dirigeant russe de gagner du temps. Gagner du temps
pour que les processus multipolaires continuent de se developper aux dépens du milliard d’or
de l’Occident dirigé par les États-Unis et de leurs intérêts hégémoniques unipolaires.
Le grand objectif stratégique du président Poutine n’est plus une « Europe de Lisbonne à Vladivostok », mais de réformer les relations
internationales en partenariat avec les pays du Sud global dirigé conjointement par les BRICS et
l’ OCS,
dont la Russie fait partie, afin que l’ordre mondial devienne plus démocratique, plus égalitaire et plus juste. Cela correspond à la vision qu’il a présentée dans
le Manifeste révolutionnaire mondial sur
lequel il s’est appuyé au cours des deux dernières saisons.
Pensées finales
Les critiques pourraient prétendre que la nouvelle perspective du président Poutine est arrivée huit ans trop tard, mais tard vaut toujours mieux que
jamais. Merkel l’a manipulé pendant des années avant de finalement révéler sa trahison, ce qui a enseigné au dirigeant russe la douloureuse leçon qu’il ne pourra plus jamais faire
confiance à aucun de ses pairs occidentaux. Au lieu de cela, il embrasse maintenant avec enthousiasme ses homologues des grandes puissances du Sud, en particulier
le Premier ministre indien Modi, qui partage sa grande vision stratégique d’un avenir multipolaire.
La transition systémique mondiale suit actuellement cette voie, mais elle a encore
besoin de temps pour devenir irréversible, ce qui nécessite à son tour que la Russie maintienne sa ligne. Que ce soit par des moyens militaires, politiques ou une
combinaison de ces deux moyens susmentionnés, le président Poutine devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour gagner du temps pour que ces processus multipolaires dirigés par
l’Inde continuent de proliférer à cette fin, ce qui garantit que le conflit ukrainien restera prolongé quoi que l’on dise.
L'OTAN évoque de plus en plus le risque d'un affrontement direct avec la Russie, mais espère l'éviter. Les médias occidentaux, citant des sources au
Pentagone, rapportent que les États-Unis ont déjà abandonné les appels à Kiev pour qu'il ne frappe pas la Russie. Que cherche à accomplir l'Occident avec ses déclarations d'ultimatum contre
Moscou ?
Cet article publié en russe par le site k-politika.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
L’OTAN est préoccupée par la probabilité croissante d’un conflit direct avec la Russie, a déclaré le secrétaire général de
l’OTAN, Jens Stoltenberg, dans une interview accordée à la chaîne de télévision norvégienne NRK. Selon lui, la situation en Ukraine pourrait devenir
incontrôlable, mais il est convaincu que Moscou et Bruxelles trouveront un moyen d’éviter une collision. Stoltenberg a souligné que c’était maintenant
« un moment fatidique pour l’Europe et la Norvège ». Cependant, selon lui, si « quelque chose n’allait
pas », les événements prendraient une « tournure terrifiante ».
Les Etats-Unis ne dissuadent plus l’Ukraine de frapper le territoire russe
Dans le même temps, le British Times, citant une source au Pentagone, rapporte que les États-Unis n’insistent plus pour que les
Forces armées ukrainiennes (AFU) ne frappent pas le territoire russe, car elles ont moins peur d’une escalade de la part de Moscou. La publication affirme que
la politique américaine antérieure était prétendument basée sur le fait que les armes américaines seraient transférées à Kiev, à la condition que l’Ukraine ne
les utilise pas pour des frappes sur le territoire russe. Le choix de l’équipement fourni serait limité afin de ne pas provoquer un conflit ouvert entre la
Russie et l’OTAN.
Selon l’auteur de l’article, auparavant, le Pentagone craignait que la Russie utilise des armes nucléaires tactiques ou des
frappes sur le territoire de l’un des pays de l’OTAN. L’agence TASS rapporte que le changement de position de Washington, selon une source du Pentagone,
s’explique par une moindre crainte d’escalade par rapport au début de l’« opération militaire » spéciale en Ukraine. La publication note que
récemment les troupes ukrainiennes, avec l’approbation tacite du Pentagone, tentent, de manière plus résolue et plus agressive, de frapper le territoire russe
à l’aide de drones, y compris des Tu-141 de reconnaissance, modifiés à ces fins.
Le changement de position de Washington pourrait également signifier que Kiev pourrait recevoir des armes à plus longue portée
qu’elle cherche depuis longtemps à obtenir des États-Unis, notamment des missiles balistiques ATACMS d’une portée allant jusqu’à 310 km et des drones MQ-1C
Grey Eagle pouvant être équipés avec des missiles AGM-114 Hellfire. Dans le même temps, RIA Novosti rapporte que Vasily Nebenzya, représentant permanent de la
Russie auprès de l’ONU, a rappelé lors d’une réunion du Conseil de sécurité, que les aérodromes russes de Diaghilevo et Engels, utilisés par l’aviation
stratégique, avaient été attaqués à l’aide de données de satellites américains. Le diplomate a souligné que les drones soviétiques Tu-141 Swift améliorés
visaient la cible à l’aide du système de satellite mondial américain GPS. Nebenzya a assuré que la Russie enregistre soigneusement toutes les actions
criminelles des États-Unis et de ses alliés, et qu’elles auront des conséquences juridiques spécifiques pour toutes les personnes impliquées.
L’apparition presque simultanée de la déclaration du secrétaire général de l’OTAN et de la publication dans le Times n’est pas
du tout accidentelle. Elle peut être considérée comme les deux parties d’un même appel ultimatum intégral de l’Occident à Moscou, explique l’expert militaire,
Alexei Leonkov : « L’Occident dit à la Russie : Soit vous vous arrêtez à vos positions actuelles et
nous nous asseyons à la table des négociations, soit nous n’empêchons pas l’Ukraine de bombarder le territoire russe, et il y a un risque d’affrontement direct
avec l’OTAN ». Cette démarche, selon l’analyste, vise à permettre aux Forces armées ukrainiennes d’attendre l’hiver et de renforcer leurs
forces pour la reprise des hostilités au printemps : «En fait, Minsk-3 nous est imposé. Comment
devons-nous réagir ? Nous nous souvenons de la façon dont les deux accords de Minsk ont été mis en œuvre. Ils nous ont été imposés lors des succès des
troupes des républiques du Donbass près d’Ilovaisk et de Debaltseve. Il n’y a donc aucune raison de croire l’Occident maintenant ».
Pour Alexander Boroday – le vice-président de la Commission de la Douma d’Etat sur les affaires de la CEI, de l’intégration
eurasienne et des relations avec les compatriotes – « la déclaration de Stoltenberg et la publication du Times
montrent que l’Occident augmente les enjeux de la guerre mondiale contre la Russie. Les propos tenus sur la capacité de l’OTAN et de Moscou à
éviter l’escalade ainsi que les affrontements directs indiquent précisément que l’Occident se prépare à de tels événements ». L’expert
poursuit : « Il est difficile d’évaluer la véracité des informations selon lesquelles les États-Unis ont
abandonné les appels aux forces armées ukrainiennes pour qu’elles ne frappent pas la Russie. Mais, en principe, cela est tout à fait conforme à la rhétorique
que l’Occident a récemment menée. L’OTAN est-elle prête pour un conflit direct avec nous ? Probablement pas encore. Par conséquent, ils
délèguent ce rôle à l’Ukraine. Mais il est prévu de frapper directement la Russie depuis le territoire des pays de
l’alliance. Et c’est ainsi qu’il faut lire la déclaration de Stoltenberg ».
L’Occident agite la crainte du conflit avec l’Otan pour inciter l’élite russe à
déstabiliser le régime
Selon le député, l’Occident mise sur la prétendue désunion de l’élite russe. Il compte que certaines forces politiques et autres
forces influentes paniqueront de peur en raison de la menace d’une guerre directe avec l’OTAN et que par conséquent, toujours selon ce calcul, elles saperont
par tous les moyens la stabilité du système en Fédération de Russie, appelleront à la capitulation et essayeront de mettre des bâtons dans les roues.
« Je pense que ce calcul bruxellois est faux, la sociologie et mes observations personnelles montrent que la grande
majorité des citoyens russes, quel que soit leur statut, soutiennent le NWO. Mais Bruxelles n’a nulle part où aller : si l’OTAN perd face à la Russie en
Ukraine, un certain nombre de pays, principalement en Asie du Sud-Est, reconsidéreront leur accord avec les diktats américains, ce qui signifie restructurer
toute l’architecture politique internationale existante », conclut le parlementaire.
Après Angela Merkel, l’aveu de François Hollande Les accords de Minsk, duperie de l’Occident ?
Dans un entretien au Kyiv Independent,
Hollande a revendiqué que les accords de Minsk avaient amené la Russie sur le terrain diplomatique, laissant à l’armée de Kiev le temps de se renforcer. Un aveu contredisant les
déclarations pacifiques d’alors.
« Alors que Vladimir
Poutine avançait dans le Donbass en utilisant les séparatistes pro-russes (…) nous l’avons conduit à accepter le format Normandie et à venir à Minsk pour les
négociations » : huit ans après les accords de Minsk, François Hollande a répondu au Kyiv
Independent pour défendre son bilan.
L’ancien président français s’est aligné sur Angela Merkel qui, le 7 décembre dans un entretien
à Die
Zeit, affirmait que les accords de Minsk avaient été « une tentative de
donner du temps à l’Ukraine » pour se renforcer militairement en vue d’une confrontation future avec Moscou.
Officiellement, ces accords signés le 5 septembre 2014 avaient été conclus avec l’objectif affiché de rétablir la paix entre Kiev et les
Républiques du Donbass. Leur conflit a fait près de 15 000 morts (civils et militaires) entre 2014 et 2022.
À la question de savoir si les négociations de Minsk était destinées à retarder les avancées russes en Ukraine, François Hollande a répondu par
l’affirmative : « oui, Angela Merkel a
raison sur ce point. Les accords de Minsk arrêtèrent l’offensive russe pour un temps. Ce qui était important était de savoir comment l’Occident utiliserait ce répit pour prévenir toute
tentative russe ultérieure ».
Hollande revendique avoir permis le renforcement de l’armée ukrainienne
Un répit que l’Occident et Kiev semblent avoir mis à profit : « Depuis 2014,
l’Ukraine a renforcé ses capacités militaires. En effet, l’armée ukrainienne est complètement différente de celle de 2014. Elle est mieux entrainée et mieux équipée. C’est le mérite des
accords de Minsk d’avoir donné à l’armée ukrainienne cette opportunité ».
Selon lui, ces derniers auraient aussi empêché « la zone contrôlée par
les séparatistes de s’étendre ». À l’hiver 2015, ceux-ci étaient aux portes de Marioupol et venaient de remporter deux batailles décisives, reprenant l’aéroport de Donetsk
et la ville de Debaltsevo.
Regrettant les divisions au sein de l’UE et l’ambiguïté allemande « refusant de
questionner le pipeline Nord Stream 2 », François Hollande rapporte aujourd’hui qu’il était partisan de sanctions maximales, rappelant qu’il avait lui-même annulé la vente
de navires Mistral à la Russie en 2014.
En 2022, la confiance entre Moscou et l’Occident a disparu
Etrangement, François Hollande, qui estime qu’une solution pérenne est nécessaire pour la paix en Ukraine, achève son propos en affirmant que
« les
accords de Minsk peuvent être ressuscités pour établir un cadre légal déjà accepté par toutes les parties ».
L’aveu d’Angela Merkel a pourtant déjà suscité une vive réaction du président russe Vladimir Poutine le 9 décembre. « La confiance est
presque inexistante, mais après de telles déclarations, une question de confiance se pose : Comment négocier, sur quoi, et s’il est possible de négocier avec quelqu’un, quelles sont les
garanties ? », s’est interrogé publiquement le dirigeant russe.
« J’espérais encore que
les autres parties prenantes à ce processus étaient sincères avec nous. Il s’avère qu’ils nous trompaient aussi. Il s’agissait uniquement de renforcer l’Ukraine avec des armes, en la
préparant aux hostilités », a-t-il ajouté. Vladimir Poutine a ensuite estimé qu’au vu de ces nouveaux éléments, Moscou aurait « peut-être »
dû lancer son opération militaire en Ukraine plus tôt, soulignant que la Russie espérait pour sa part être en mesure de résoudre le conflit dans le Donbass par le biais des
Accords de Minsk.
Si peu de gens de gauche de bonne foi peuvent nier désormais le fait que depuis des années l’OTAN a préparé la guerre contre la Russie,
a adopté une stratégie de démantèlement sur le modèle de l’URSS et accumulé à ses frontières un arsenal y compris nucléaire, la question de l’opportunité de l’intervention russe en
Ukraine fait débat. Alors que l’on découvre que les États-Unis mènent une guerre par procuration dont l’Europe fait les frais et à quel point Hollande et Merkel ont accepté de jouer ce
jeu-là, la manière dont ils ont abusé de la bonne foi russe dans l’application des accords de Minsk, continuer à dénoncer « l’agression » russe est une manière de continuer à
renvoyer dos à dos l’OTAN et ses victimes, attitude dans laquelle les pires vendus à l’OTAN excellent. Voici donc les arguments russes face à de telles allégations.
Danielle Bleitrach - Le
30/12/2022.
***
par Igor Karaoulov
En 2022, nous nous trouvons dans une réalité entièrement nouvelle. Aujourd’hui, alors que l’année touche à sa fin, nous pouvons déjà apprécier à une
certaine distance historique l’événement qui a défini cette réalité – le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine le 24 février.
L’histoire, nous assure-t-on, ne s’écrit pas au conditionnel, mais nous voulons quand même tous comprendre : cette décision était-elle inévitable et sans
alternative ? Était-il possible de ne rien faire et de vivre comme avant ? Si seulement c’eût été possible ! Des milliers de vies auraient été sauvées, des dizaines de milliers de
personnes seraient restées dans le pays, les liens internationaux et entre les peuples ne se seraient pas effondrés…
Pour répondre à cette question, il faut revenir un peu en arrière, à ces huit années qui, sous nos yeux, sont devenues neuf. Les événements de cette époque
comportent un certain nombre de tournants, mais nous nous intéresserons avant tout à une journée – le 21 février 2014.
Ce jour-là, un « accord sur le règlement de la crise politique en Ukraine » a été signé entre les dirigeants de l’Euromaïdan et le président
Viktor Ianoukovitch, qui prévoyait notamment des élections présidentielles anticipées au plus tard à la fin de l’année. L’accord permettait de démêler pacifiquement le nœud du conflit
civil, d’assurer un transfert de pouvoir sans heurts (très probablement au même Petro Porochenko), de développer tranquillement des mécanismes de protection des droits de la population et
de maintenir la légitimité de l’État. Dans le même temps, la Crimée et le Donbass seraient restés, sans aucun doute, entre les mains de l’Ukraine.
L’accord n’a duré que quelques heures. Le soir même, l’opposition a organisé un coup d’État, M. Ianoukovitch a pris la fuite et la Verkhovna Rada
« révolutionnaire » a d’abord abrogé la loi sur la langue, qui accordait certains droits à la langue russe.
Les garants de l’accord du 21 février étaient les ambassadeurs allemand et polonais et un haut représentant français. Après le coup d’État, les pays garants
n’ont même pas essayé de faire respecter l’accord. Ils n’en avaient pas besoin. Pour une raison ou une autre, ils étaient intéressés par la manière la plus traumatisante de sortir du
conflit, en brisant la légitimité. De plus, ils avaient un intérêt direct dans un conflit territorial entre la Russie et l’Ukraine. Ils voulaient à tout prix creuser un fossé entre les
nations fraternelles.
L’Ukraine a simultanément 1) perdu sa légitimité et 2) s’est déclarée comme étant une ethnocratie anti-russe. Dans ces conditions, les régions ukrainiennes
qui se sentaient attirées vers la Russie, ne pouvaient que s’indigner et la Russie ne pouvait que réagir. Un échec dans la protection des Russes en Ukraine aurait inévitablement conduit à
une chute de l’autorité du gouvernement russe, voire à la désintégration de l’État. La Russie se serait montrée non pas comme une puissance mais comme un « territoire » qui n’a
aucune base interne pour son existence et qui ne survit donc que tant que certaines de ses terres ne sont pas nécessaires à la communauté occidentale dirigée par les États-Unis. La Russie
devait agir, et force est de constater qu’en 2014, elle a agi dans la mesure minimale nécessaire à son auto-préservation.
Nous avons vu ce que valaient les garanties des États occidentaux à l’époque, le 21 février 2014. Il y a eu le référendum de Crimée, qui a corrigé l’erreur
de Khrouchtchev, et la guerre pour l’indépendance de la DNR et de la LNR, au cours de laquelle la conscience nationale des habitants du Donbass a radicalement changé en quelques mois :
ancienne région ukrainienne, bien qu’ayant ses propres caractéristiques, le Donbass a non seulement lié son destin à la Russie, mais s’est également senti le cœur spirituel de la Russie.
Puis il y a eu les accords de Minsk, dont la non-application chronique a été l’une des raisons du lancement de l’Opération spéciale [SVO selon le sigle russe, NdT].
Maintenant, après la révélation d’Angela Merkel que personne n’avait l’intention de mettre en œuvre les accords de Minsk et qu’ils n’étaient nécessaires que
pour bourrer l’Ukraine d’armes et renforcer son armée, on comprend mieux le comportement des puissances européennes au moment du coup d’État à Kiev. L’objectif était clair : l’Ukraine
devait devenir le pire ennemi de la Russie. Premièrement, afin d’entraîner tôt ou tard l’Ukraine dans l’OTAN, de placer les missiles de l’OTAN à quelques centaines de kilomètres de
Moscou. Deuxièmement, pour combattre la Russie avec les Ukrainiens en cas de besoin : on n’allait pas sacrifier de précieuses vies européennes sur le nouveau front oriental. Pour les
mêmes raisons, apparemment, l’Occident n’était pas intéressé par le développement de l’économie ukrainienne : une population pauvre est plus disposée à devenir de la chair à canon.
La question est la suivante : les Russes n’ont-ils pas compris que les accords de Minsk étaient une fiction que l’autre partie n’allait pas appliquer ? Si,
probablement, mais pendant huit longues années, ils ont retardé et préparé la nouvelle réalité dans laquelle nous vivons maintenant. Et même avant la SVO, l’Ukraine s’est vue offrir une
porte de sortie pacifique et indolore. Premièrement, vous vous engagez à ne pas adhérer à l’OTAN et l’OTAN s’engage à ne pas vous accepter comme membre (bien que nous sachions très bien
ce que valent vos engagements). Deuxièmement, vous commencez – au minimum – à mettre en œuvre les accords de Minsk.
Mais nous pouvons constater que ces deux demandes les plus humbles s’opposaient précisément aux deux aspects du « plan occidental pour l’Ukraine »
mentionnés ci-dessus. Si ce n’avait pas été le cas, le conflit de février 2022 aurait pu être résolu aussi facilement que celui de février 2014.
L’Occident préparait l’Ukraine à un assaut militaire, et nous étions bien conscients que le statu
quo ne serait pas maintenu éternellement. La deuxième guerre du Karabakh l’a très bien montré, qui a donné un tel encouragement aux autorités de Kiev qu’elles ont commencé à
acheter intensivement des « Bayraktars » turcs. Un grand nombre d’autres équipements militaires étaient arrivés en Ukraine avant même le début de la guerre. Tôt ou tard,
l’Ukraine devait envahir le Donbass, puis la Crimée. Cela aurait pu se produire un mois après le 24 février, un an plus tard, ou cinq ans plus tard. Il fallait que cela se produise au
moment où l’Occident et le régime de Kiev y étaient le mieux préparés.
C’est là le point essentiel : en maintenant le statu quo, la
Russie aurait donné à l’ennemi la possibilité de choisir le moment de l’offensive. C’était un luxe que le pays ne pouvait pas se permettre. En reportant les mesures immédiates, le
président de la Russie aurait mis les futurs dirigeants du pays dans une position beaucoup plus difficile. Vladimir Poutine a assumé la lourde responsabilité d’agir alors que l’économie
russe avait acquis la marge de sécurité nécessaire et que ses forces armées avaient pris l’avantage dans toute une série d’armes, notamment stratégiques.
Oui, la SVO a également révélé un certain nombre de lacunes, tant dans l’approvisionnement de l’armée que dans la gestion interne. Mais encore une fois, il
est bon que ces lacunes aient été identifiées maintenant, lorsqu’il est possible de les corriger. L’année prochaine, nous serons certainement capables de nous rassembler, de nous
concentrer et de gagner. Le pays n’a pas d’autre option.
« La guerre en Ukraine n’est pas une fantaisie comme dans Call of Duty.
C’est une conséquence de la tragédie humaine que l’expansion vers l’est de l’OTAN a
créée. Les victimes ne vivent pas en Amérique du Nord. Elles vivent dans une région que la plupart des Américains ne savent pas localiser sur une carte. Washington a exhorté les Ukrainiens à se
battre. Maintenant, Washington doit les exhorter à arrêter« . Colonel Douglas MacGregor, The American Conservative
Volodymyr Zelensky n’a pas traversé l’Atlantique pour pouvoir prononcer un discours devant le Congrès américain. Ce n’était pas le but de son voyage. Le véritable
objectif était de produire un événement galvanisant pour créer l’illusion d’un large soutien public à la guerre. C’est pourquoi le discours a été diffusé sur toutes les chaînes de médias grand
public et c’est pourquoi le Congrès a salué Zelensky à plusieurs reprises par des applaudissements nourris. Une fois de plus, les cadres des élites voraces qui contrôlent les leviers politiques
du pouvoir en Amérique, sont déterminés à entraîner le pays dans la guerre, c’est pourquoi ils dépeignent un « voyou en tenue de sport » en une figure churchillienne aux
principes inébranlables. Tout cela n’est que pure relation publique, pour obtenir un soutien en faveur d’un conflit qui impliquera bientôt de jeunes Américains, hommes et femmes, à qui l’on
demandera de mourir pour que les riches élites puissent maintenir leur emprise sur le pouvoir mondial.
Le voyage de Zelensky au Capitole a été programmé pour coïncider avec l’offensive d’hiver de Poutine, qui devrait écraser les forces armées ukrainiennes et mettre
fin rapidement à la guerre. L’administration Biden comprend la situation mais ne dispose pas des armes ou des effectifs nécessaires pour influer sur un tel résultat. Cela ne signifie pas pour
autant que Washington n’a pas de plan pour prolonger le conflit ou renforcer ses forces de combat. Il en a un, comme en témoigne la façon dont l’administration a systématiquement rejeté toute
raisonnable négociation. Ce que cela nous dit, c’est que Washington est toujours déterminé à vaincre la Russie, quel qu’en soit le prix. En termes pratiques, cela signifie que les États-Unis
doivent créer un incident qui servira de justification à l’escalade. Cet incident pourrait être lié au voyage inattendu de Zelensky à Washington ou, peut-être, à la détonation d’un engin
nucléaire quelque part en Ukraine. Lisez cet extrait d’un article paru sur RT :
Le risque que Kiev tente de fabriquer une « bombe sale » demeure, a déclaré un haut diplomate
russe…
« L’Ukraine a le potentiel nécessaire pour
fabriquer une « bombe sale« , cela ne demande pas beaucoup
d’efforts. D’autant plus que l’Ukraine est une nation avancée en matière de technologie nucléaire depuis l’époque soviétique, [et] possède de nombreuses technologies et
expertises », a déclaré Mikhail Ulyanov aux journalistes mercredi, cité par RIA Novosti….
Le général Igor Kirillov, commandant de la branche militaire russe chargée de protéger les troupes contre les armes de destruction massive, a affirmé en octobre
que Kiev était « au stade
final » de la production d’une bombe sale. (« Radioactive threat
from Kiev persists – Moscow« , RT)
Les moyens par lesquels une attaque sous faux drapeau sera mis en œuvre n’ont absolument aucune importance. Ce qui compte, c’est que – selon l’analyste politique
John Mearsheimer – « Les États-Unis sont dans le coup
pour gagner« , c’est-à-dire que l’establishment de la politique étrangère américaine n’est pas prêt à laisser l’armée russe l’emporter en Ukraine et imposer son propre règlement. Ils
vont trouver un moyen d’intensifier le conflit et d’amener des troupes étrangères sur le théâtre des opérations. Tel est l’objectif, et c’est ce qu’ils feront une fois qu’ils auront trouvé une
excuse pour l’escalade. En résumé : Les États-Unis ne vont pas jeter l’éponge et abandonner le conflit. Il s’agit d’un projet à long terme qui pourrait s’éterniser pendant des années, voire des
décennies.
L’analyste politique Kurt Nimmo pense que l’OTAN pourrait se joindre aux combats. Voici un court extrait du dernier article de Nimmo publié dans Global Research :
Si l’on en croit Olga Lebedeva et Pravda.ru, l’OTAN est sur le point d’entrer en guerre en Ukraine.
« De telles annonces ont été entendues de la
part de responsables du ministère polonais de la Défense, de l’état-major général de l’alliance de l’OTAN, d’officiers de l’armée française et (bien sûr) du ministère ukrainien de la
Défense« , selon Lebedeva.
« La raison principale serait la toute
prochaine offensive générale russe que l’OTAN anticipe et qui, selon elle, décimerait l’armée ukrainienne non seulement dans le Donbass mais aussi du côté de Kiev (de nombreuses unités russes
sont en situation de combat en Biélorussie, aux frontières avec l’Ukraine) », explique le site russe Rusreinfo.ru.
Nimmo pourrait avoir raison, mais peut-être pas. Il me semble que l’OTAN est désespérément divisée sur la question. Un certain nombre de pays de l’OTAN ne se
joindront pas à une guerre contre la Russie, quelles que soient les circonstances ou les pressions exercées par la Maison Blanche. Le scénario le plus probable a été présenté par le colonel
Douglas MacGregor, qui l’a exposé dans un article paru mardi dans The American Conservative. Voici ce qu’il dit :
Le soutien inconditionnel de l’administration Biden au régime de Zelensky à Kiev atteint un point d’inflexion stratégique qui n’est pas sans rappeler celui de
LBJ en 1965… Comme le Sud-Vietnam dans les années 1960, l’Ukraine est en train de perdre sa guerre contre la Russie… Le vrai danger maintenant est que Biden apparaisse bientôt à la télévision
pour répéter la performance de LB Johnson en 1965, en remplaçant le mot « Ukraine » par « Sud-Vietnam » :
« Ce
soir, mes compatriotes américains, je veux vous parler de liberté, de démocratie et de la lutte du peuple ukrainien pour la victoire. Aucune autre question ne préoccupe autant notre peuple.
Aucun autre rêve n’absorbe autant les millions de personnes qui vivent en Ukraine et en Europe de l’Est… Cependant, je ne parle pas d’une attaque de l’OTAN contre la Russie. Je propose plutôt
d’envoyer en Ukraine une coalition de volontaires dirigée par les États-Unis, composée de forces armées américaines, polonaises et roumaines, afin d’établir l’équivalent terrestre d’une
« zone d’exclusion aérienne ». La mission que je propose est pacifique, elle consiste à créer une zone de sécurité dans la partie la plus occidentale de l’Ukraine pour les forces
ukrainiennes et les réfugiés qui luttent pour survivre aux attaques dévastatrices de la Russie…«
Les gouvernements de l’OTAN sont divisés dans leur vision de la guerre en Ukraine. À l’exception de la Pologne et, peut-être, de la Roumanie, aucun des membres
de l’OTAN n’est pressé de mobiliser ses forces pour une longue et épuisante guerre d’usure contre la Russie en Ukraine. Personne à Londres, Paris ou Berlin ne veut courir le risque d’une
guerre nucléaire contre Moscou. Le peuple américain n’est pas favorable à une guerre contre la Russie, et les rares qui le sont sont des idéologues, des opportunistes politiques superficiels
ou des entrepreneurs de défense cupides. » (« Washington is
Prolonging Ukraine’s Suffering« , Colonel Douglas MacGregor, The American Conservative)
Voici, à mon avis, le scénario le plus plausible. L’administration Biden fera appel à une poignée de pays qui accepteront de déployer des troupes dans l’ouest de
l’Ukraine, ostensiblement pour des raisons humanitaires. Dans le même temps, elle permettra aux forces ukrainiennes disparates de poursuivre le bombardement aléatoire des zones contrôlées par la
Russie ainsi que des sites situés sur le sol russe. Il y aura sans aucun doute un effort pour contrôler le ciel de l’Ukraine occidentale (zone d’exclusion aérienne) et pour mener des attaques
contre les formations russes à l’est. Plus important encore, les lignes de ravitaillement vitales en provenance de Pologne resteront ouvertes pour permettre le flux d’hommes, de munitions et
d’armes mortelles vers le front. MacGregor semble anticiper ces développements au vu de ses commentaires au début de l’article. Voici ce qu’il dit :
Lors d’un discours prononcé le 29 novembre, le vice-ministre polonais de la Défense nationale (MON) Marcin Ociepa a déclaré : « La probabilité d’une guerre dans laquelle
nous serons impliqués est très élevée. Trop élevée pour que nous ne traitions ce scénario que de manière hypothétique« . Le MON polonais prévoit de rappeler 200 000 réservistes en
2023 pour un entraînement de quelques semaines, mais les observateurs à Varsovie soupçonnent que cette action pourrait facilement conduire à une mobilisation nationale.
Pendant ce temps, au sein de l’administration Biden, on craint de plus en plus que l’effort de guerre ukrainien ne s’effondre sous le poids d’une offensive
russe. Et alors que le sol du sud de l’Ukraine gèle enfin, les craintes de l’administration sont justifiées. Dans une interview publiée dans The Economist, le chef des forces
armées ukrainiennes, le général Valery Zaluzhny, a admis que la mobilisation et les tactiques russes fonctionnent. Il a même laissé entendre que les forces ukrainiennes pourraient être
incapables de résister à l’assaut russe à venir. » (« Washington is
Prolonging Ukraine’s Suffering « , Colonel Douglas MacGregor, The American Conservative)
Le plan visant à attirer la Russie dans une guerre en Ukraine remonte à au moins une décennie. Et ce que nous savons maintenant, grâce aux commentaires de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, c’est que Washington n’a jamais cherché une résolution pacifique du conflit, mais a travaillé sans relâche
pour installer à Kiev un régime haïssant la Russie qui l’aiderait à poursuivre sa guerre contre elle. Le rassemblement de près de 600 000 troupes de combat russes en Ukraine ou dans les environs
menace de faire dérailler la stratégie de Washington et de terminer la guerre selon les termes de la Russie. Washington ne peut pas permettre que cela se produise. Elle ne peut pas permettre au
monde de voir qu’elle a été battue par la Russie. Washington doit donc poursuivre la seule option qui lui reste, à savoir le déploiement de troupes américaines en Ukraine.
Peut-être que le sang-froid l’emportera et que l’administration se retirera du gouffre, mais nous pensons que c’est très peu probable. Nous pensons que la décision
a déjà été prise : Nous pensons que les États-Unis vont entrer en guerre contre la Russie.
Mike
Whitney
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le début de l’opération militaire spéciale (OMS) russe démarrée le 24 février 2022 marque la contre-offensive de la Russie face au monde atlantiste sous
égide US. Celle-ci est destinée à faire refluer loin de ses frontières, les actifs militaires de l’occident, conformément à l’acte fondateur Russie-OTAN de 1997 et dans le même esprit que
les promesses faites à l’URSS de ne pas étendre l’OTAN vers l’est. Elle ne devrait donc pas s’arrêter à l’Ukraine si les USA s’entêtent à poursuivre leur bras de fer. Aussi, cette guerre
USA-Russie par proxy pourrait-elle entrainer l’effondrement et la disparition de certains états d’Europe en plus de l’Ukraine.
Petit rappel
L’OTAN qui était censé être dissoute à la fin de l’URSS (ce sont les présidents des républiques socialistes de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie qui ont
actés la fin de l’URSS et ont mis les autres devant le fait accompli). Cela ne s’est pas produit car la raison évoquée pour justifier la création de l’OTAN, la menace soviétique, était
complètement bidon. En réalité, l’OTAN qui a été créée en 1949 (et le pacte de Varsovie en 1955) avait pour but dans un premier temps de stopper l’expansion du communisme en Europe de
l’Ouest (voir les réseaux stay beyind) et servir ensuite de tremplin au démantèlement de la Russie en plusieurs petits états faciles à dominer et piller. Le premier objectif a été atteint
en 1991 avec le démantèlement de l’URSS. Le second objectif est poursuivi depuis lors par la subversion interne (Tchétchénie, révolution colorée) et par un encerclement progressif,
prélude à une invasion (guerre de Syrie, invasion avortée de l’Iran, guerre en Ukraine, révolution colorée avortée en Biélorussie et eu Kazakhstan). Comprendre cet objectif final des USA
est primordial pour saisir la réponse inévitable de la Russie, par sa portée mais aussi par sa violence.
Objectif de l’OMS
De tous les conflits suscités par les anglosaxons dans le cadre de leur guerre contre la Russie, l’Ukraine est celui qui présentait le plus haut niveau de
risque :
l’Ukraine fait frontière avec la Russie et pourrait servir de base à une guérilla contre le territoire de la Fédération de Russie. C’est d’ailleurs qui
risquent fort de devenir réalité à la fin des opérations en Ukraine ;
il y avait un risque d’épuration ethnique de la population russe du Donbass ;
l’existence des laboratoires de guerre biologique, notamment les recherches sur des virus pouvant cibler leur cible suivant des critères génétiques,
ethniques… russes ;
la capacité et la volonté des autorités ukrainiennes de fabriquer une bombe sale à partir des stocks de plutonium.
Pour toutes ces raisons, l’Ukraine a été choisie comme le point de départ de la contre-offensive contre la stratégie d’encerclement de l’empire. C’est
également pourquoi la taille et le format de l’opération ont été calibrés pour économiser les ressources dans l’optique de la confrontation finale avec les USA. On rappelle les objectifs
officiels de la Russie en Ukraine :
Démilitariser l’Ukraine
Dénazifier l’Ukraine
Les réalités du terrain ont fait prendre conscience aux russes que c’est l’occident entier qui doit être démilitarisé et dénazifié. Sa démilitarisation est
en cours depuis près d’un an. Sa dénazification aura lieu une fois le premier objectif réalisé.
Des pays d’Europe qui risquent de
disparaître à la fin du processus…
Soyons francs : les USA n’oseront jamais entrer directement en guerre avec la Russie lorsque l’Ukraine aura été défaite ! Que ce soit en Ukraine ou
ailleurs. Cela signifie qu’ils auront recours à d’autres proxy pour prolonger le conflit. Les candidats ne manquent pas mais les plus probables sont la Pologne, la Lituanie, la Roumanie
et la Finlande. Bien-sûr, tout dépend des russes…
La Pologne
Elle renoue avec ses vieux démons de l’avant seconde guerre mondiale et est très excitée à l’idée d’une guerre avec la Russie. Bien sûr, ses dirigeants ne
sont pas assez fous pour se lancer seuls dans la bataille. L’épisode des MIG-29 à transférer l’Ukraine ou l’interview du président polonais par les deux farceurs russes l’a montré. Mais
l’idée d’une coalition occidentale (comme à chaque siècle) contre la Russie pourrait la tenter. Les USA lanceraient l’idée puis laisseraient seule la Pologne encaisser la violence de
l’armée russe. Nous prédisons qu’il n’y aura pas d’invasion terrestre et d’envoi de troupes russes en Pologne. Les russes se contenteraient de ramener leur belliqueux voisins au XIXe
siècle en détruisant toutes les infrastructures permettant à un pays moderne de fonctionner. Il s’en suivrait une grave crise économique et un exode massif vers l’UE et les USA des
polonais. Ainsi, la Pologne connaitrait le même sort que l’Ukraine, une terre désolée, vidée de sa population et sur laquelle aucun pays ne serait autorisé à s’établir.
La Lituanie
Contrairement à la Pologne qui pourrait être tentée d’affronter militairement la Russie, la Lituanie ne représente pas un défi armé pour la Russie. Mais la
Lituanie a tendance à prendre des décisions provocatrices qui à la longue pourrait excéder l’ours russe et l’amener à écraser cette ancienne possession de l’empire russe. Car si la Lituanie existe, c’est parce que la Russie a bien voulu l’accepter et peut y mettre fin à tout moment. La Lituanie
a été cédée aux russes par les suédois contre de l’or. Elle aurait d’ailleurs pu revenir sur sa reconnaissance de l’état balte en juin dernier lorsque la Lituanie a bloqué le passage des
marchandises vers Kaliningrad. Le message subliminal a d’ailleurs été compris par l’UE qui vivement recommandé à Vilnius de revenir sur sa décision. Mais si elle continue d’aboyer, l’ours
russe fort de se fâcher cette fois et d’un coup de patte, écrasée ce petit état insignifiant.
La Roumanie
Un autre petit pays que les USA comptent utiliser comme bélier contre la Russie : la Roumanie. Cette dernière, membre de l’OTAN on le rappelle, présente
plusieurs dangers pour la Russie. Elle peut être utilisée comme base pour les armées de l’OTAN pour entrer en Ukraine et se déployer à Odessa. Leur objectif serait d’empêcher les russes
de libérer la ville.
La Roumanie représente également un risque pour la Transnistrie que les USA pourraient pousser Bucarest à envahir. La garnison russe de moins de 2000 hommes
n’aurait aucune chance.
Dans l’un ou l’autre de ces scénarios, la Russie appliquerait en représailles, le même format de démilitarisation, avec une destruction de toutes les
infrastructures et un retour au Moyen-âge.
La Finlande
Elle fait partie, tout comme l’Ukraine, des pays qui ne peuvent exister sans l’approbation russe. Ce pays qui a une frontière longue de plus de 1300 Km fait
partie intégrante de la stratégie US d’encerclement de la Russie. Cette dernière pourrait être amenée à faire la même chose qu’en Ukraine. Cela d’autant plus que la reconnaissance de
l’existence de la Finlande est assujettie à sa position neutre. En effet, en 1948, la Finlande et l’URSS ont signé un traité dans lequel la première voyait sa souveraineté et la seconde
son besoin de sécurité consacrés. C’est cet accord que la Finlande s’apprête à violer, remettant en cause même son existence. En fonction de la tournure des évènements (installation de
bases, de lanceurs de missiles), la Russie se réserve le droit de réagir, jusqu’au démantèlement de cet état nordique.
NB1 : Tous ces scénarios dépendent de la Russie et du niveau de menace qu’elle perçoit des états mentionnés.
NB2 : Dans chacun des scénarios, la Russie se considère d’ores et déjà en guerre avec l’OTAN. Elle ne s’imposera donc plus de limites.
NB3 : L’Allemagne est une excellente candidate. Seulement sa destruction ne sera pas militaire mais économique. Et elle découlera d’un suicide. Pas d’une
décision de la Russie qui jusqu’ici manifeste encore de la bienveillance, du moins, ne considère pas encore l’Allemagne comme un ennemi.
Après la fin de l’Ukraine, beaucoup d’Européens ont mal au cœur
L’Europe du Nord,
jusqu’au nord de l’Italie, est actuellement en proie à une vague de froid glacial (sans doute le résultat du réchauffement climatique). En conséquence, les observateurs s’attendent à ce que
l’offensive hivernale russe en Ukraine commence d’autant plus tôt, mais personne ne sait quand. Ce mois-ci ou le mois prochain ? Peut-être une entrée spectaculaire de la Biélorussie, coupant les
approvisionnements de l’OTAN ? Personne ne le sait. Pour l’instant, les forces alliées se contentent d’écraser sur place les conscrits et les mercenaires du régime de Kiev, sous-approvisionnés et
frigorifiés, en espérant qu’ils se rendront peut-être en masse, malgré les armes du régime dans leur dos. Les conditions sont telles que cela pourrait se produire avec très peu de pertes russes.
Il n’y a pas urgence. Plus de 500 000 soldats alliés et 500 chars d’assaut en tenue de camouflage hivernal attendent le moment d’intervenir et de dénazifier l’Ukraine. Ils attendront le bon
moment.
Introduction : La libération de l’Europe
La Russie ne peut plus permettre l’existence d’une Ukraine hostile, contrôlée par les États-Unis, armée par l’OTAN et bientôt nucléaire. C’est pourquoi elle est en
train de la libérer. Cela aurait dû se produire bien avant, mais la Russie était bien trop faible pour le faire auparavant. Lorsque le régime de Zelensky tombera, des milliards de dollars d’armes
et de fournitures occidentales tomberont entre les mains des Russes. La dette du régime de Kiev envers l’Occident pour les armes et les fournitures, contractée au cours des neuf dernières années,
sera annulée. Le territoire du régime de Kiev exploité par les États-Unis, soit 40 % de l’ensemble, sera repris sans compensation. Il s’agira d’une petite mesure de compensation pour les
destructions que les États-Unis et leurs vassaux européens, y compris les menteurs de Minsk I et Minsk II que sont l’Allemagne et la France, ont causées en Ukraine, en particulier dans le Donbass
tant éprouvé.
Outre l’achèvement de la libération des quatre provinces qu’elle a reprises jusqu’à présent, la Russie pourrait également reprendre quatre autres provinces
russophones, celles de Kharkov, Dniepropetrovsk, Nikolaev et Odessa, rejoignant ainsi la Transnistrie russe. Un coup d’État à Kiev pourrait avoir lieu, alors que les restes de l’armée de Kiev
s’effondrent et la nouvelle Ukraine pourrait même devenir un allié russe, comme le Belarus, faisant partie de l’État de l’Union. Reste à savoir si les cinq provinces de l’extrême ouest de
l’Ukraine actuelle resteront dans la nouvelle Ukraine, ou si trois d’entre elles reviendront à la Pologne, une à la Hongrie et une à la Roumanie. Tout dépendra de ce que la Russie autorisera.
Après cela, l’ensemble des fragiles dominos d’Europe occidentale, mis en place à la hâte par l’OTAN dirigée par les États-Unis et son aile politique, l’UE, pourrait commencer à s’effondrer. La
Moldavie, la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie, les trois dernières libérées de l’OTAN et de l’UE, pourraient se voir offrir du gaz bon marché, comme la Serbie, tourmentée par l’OTAN, avec le
Monténégro et la Macédoine. Une fois leurs élites fantoches américaines éliminées par leurs peuples, tous ces pays pourraient devenir des alliés de la Russie, recouvrant leur indépendance après
le servage de l’UE et l’oppression de l’OTAN.
Nous rappelons que l’ancien « bloc de l’Est » soviétique a échoué
précisément parce que, comme l’UE, il a supprimé l’indépendance de ces nations. Toutefois, la camisole de force centralisatrice du monde soviétique a disparu et ne reviendra pas. La même alliance
avec la Russie, mais en conservant l’indépendance, pourrait éventuellement avoir lieu en Grèce et à Chypre, libérées des élites de l’OTAN, de l’UE et des États-Unis. Ensuite, les trois pays
baltes et même la Finlande pourraient également devenir des alliés de la Russie, comme la nouvelle Ukraine, l’énergie étant fournie par la Russie, leurs minorités russes bénéficiant enfin des
droits de l’homme fondamentaux. Après cela, l’Autriche, l’Italie, l’Allemagne et ensuite les autres pays d’Europe occidentale devront prendre des décisions importantes sur leur avenir : survie
par la négociation avec Moscou, ou lent suicide national ? Le choix peut sembler évident, mais il doit être le leur. Examinons les tendances actuelles dans les trois principaux pays d’Europe
occidentale, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, afin d’évaluer la direction dans laquelle nous pourrions bien nous diriger.
L’Allemagne : La lutte pour restaurer son propre pays
Le 7 décembre, les médias allemands ont annoncé l’arrestation de vingt-cinq « extrémistes d’extrême droite » accusés de
comploter pour renverser le gouvernement fédéral. Traduit, cela signifie que le gouvernement allemand dirigé par les États-Unis a arrêté vingt-cinq patriotes qui voulaient rétablir la liberté en
Allemagne. Il est intéressant de noter que parmi ces patriotes figurent un membre de la royauté allemande et un ancien membre du Parlement allemand ou Bundestag. Dans une déclaration, le bureau
du procureur fédéral allemand a indiqué qu’une cinquantaine de personnes étaient soupçonnées de faire partie de manière « violente » d’un vaste mouvement
appelé « Citoyens de
l’Empire » (Reichsbürger), qui compte au total 12 000 membres. Dans tout autre pays, l’existence du patriotisme ne poserait aucun problème. Mais dans l’Allemagne dirigée par les
États-Unis, tout mouvement patriotique est instantanément qualifié de « néonazi », « pro-Hitler » ou « anti-démocratique », ce qui n’est qu’un code de
propagande pour pro-souveraineté, pro-allemand et pro-liberté.
Les personnes arrêtées avaient l’intention de renverser le gouvernement fédéral fantoche qui doit prêter allégeance aux États-Unis, et de le remplacer par un
gouvernement allemand indépendant. Les combattants de la liberté rejettent les institutions imposées par les États-Unis de l’Allemagne fédérale woke-fasciste (il n’y a rien de plus intolérant que
le libéralisme). Les procureurs allemands ont désigné Heinrich XIII, prince Reuss, un descendant de la maison Reuss, anciens souverains de certaines parties de l’Allemagne orientale, comme l’un
des chefs du groupe. Il est intéressant de noter que le prince Heinrich aurait demandé (mais n’aurait pas obtenu) l’implication de représentants russes dans le projet présumé. Un autre suspect
est Birgit Malsack-Winkemann, qui a été membre du Bundestag, représentant le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), de 2017 à 2021. Depuis le début de cette année, elle travaillait en tant que
juge au tribunal de district de Berlin.
En 2017, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) est devenu le premier parti patriotique à remporter des sièges au Parlement allemand depuis près de 60 ans.
Cela a tellement bouleversé les serfs allemands du système pyramidal géré par les escrocs féodaux américains qu’en mars 2021, le parti a été placé sous surveillance par les services secrets
allemands pour avoir tenté de libérer l’Allemagne de la tutelle américaine. Bien que le mouvement de résistance ait été vaincu pour l’instant, nous pensons que si cette bataille est perdue, ce
n’est pas une guerre perdue. D’autres batailles viendront, car les patriotes allemands luttent pour décoloniser leur pays et cherchent à trouver et finalement obtenir la liberté. L’Allemagne est
la nation la plus grande et la plus forte d’Europe occidentale, mais aussi son baromètre. Lorsque tout va bien là-bas, tout va bien ailleurs, tout se met en place. L’Allemagne peut-elle enfin se
libérer du joug américain, expulser les troupes étrangères, commémorer les 500 000 victimes du génocide des civils allemands par les bombes anglo-américaines en 1940-1945 et, peut-être, devenir
une Confédération royale d’États allemands souverains ? Cela doit arriver. La liberté nous appelle.
La France : La révolte du peuple
C’est en France que l’absolutisme a été inventé avec Louis XIV (+ 1715), « le Roi Soleil ». Il aurait dit : « l’État, c’est moi », ce qui a donné naissance à une
révolution sanglante en France. Car les extrêmes engendrent toujours les extrêmes et c’est ainsi que la Révolution française a engendré l’empereur absolutiste Napoléon. Depuis lors, la France a
été gouvernée par des absolutistes, des présidents-rois ou des présidents-empereurs. Leur slogan « l’État, c’est moi », bien qu’il soit toujours
vrai, signifie que chacun d’entre eux n’a eu droit au pouvoir absolu que pendant quelques années (le seul fruit de la Révolution – une période de pouvoir écourtée et non à vie ou héréditaire).
Depuis 1944, après une longue série de gouvernements corrompus d’après-guerre, dont celui de De Gaulle était de loin le moins nocif, parce que De Gaulle aimait réellement la France plus que
l’argent (tout comme Poutine aime la Russie plus que l’argent), c’est maintenant Macron, le candidat Rothschild, qui est l’actuel roi de France. La France est en effet dirigée par un président de
droit divin et Macron est connu comme « le
Pharaon ». Cependant, il n’est pas le premier Pharaon, puisque Mitterrand (1916-1996), qui vivait dans le palais présidentiel, sa femme dans une aile et sa maîtresse préférée dans
l’autre, était le premier. Il a même construit une pyramide maçonnique de 666 vitres, qui constitue l’entrée du temple de la connaissance, le palais du Louvre.
L’année dernière, je me souviens d’une conversation avec un chauffeur de taxi parisien, alors que je devais me rendre rapidement à la vieille cathédrale russe avec
de lourdes valises. Le chauffeur de taxi était un Français africain typique, originaire du Cameroun. Voyant que j’étais prêtre, il m’a dit sans ambages, avec son accent africain-français, que le
détesté Macron était soit un pédé, soit une jolie jeune fille. Après tout, comment un homme normal pourrait-il aller au lit avec une femme qui a vingt-cinq ans de plus que lui ? (Macron a épousé
une de ses institutrices, presque du même âge que sa mère ; certains disent que la dame super-botoxée en question devrait être jugée pour pédophilie féminine, puisque Macron aurait été mineur
lorsqu’ils se sont unis pour la première fois). Les opinions du chauffeur africain sur la Covid-19 et la vaccination obligatoire de l’État français étaient tout aussi directes que ses opinions
sur les gays. Je le cite parce que sa vision du monde montre la très grave déconnexion entre l’élite sophistiquée de style Macron et la base française réelle. En fait, il ressemblait à un
chauffeur de taxi moscovite.
Et justement, Macron est opposé par le peuple, qui manifeste comme les Gilets jaunes, la Résistance française populaire mais brutalisée. L’élite française a peur
parce que le peuple français est enclin à la révolte (frondeurs). C’est pourquoi l’État français dispose d’une force spéciale permanente de police anti-émeute (la C.R.S., fondé en 1944 et
remplaçant directement les SS, qui a longtemps conservé la même direction et le même uniforme) pour réprimer les révoltes des « paysans ». En plus de cela, l’État français a peur
car lors des dernières élections françaises d’avril 2022, un gouvernement nationaliste dirigé par Marine Le Pen aurait pu être élu. Cela aurait remis en cause non seulement l’ensemble de l’État
français, mais aussi la machine bureaucratique de l’UE, qui dépend largement du modèle français. Si le peuple français vainc l’élite française, la bureaucratie de l’UE sait que le peuple français
va arriver au pouvoir et que, puisque les Français sont contre l’UE, alors tout le fantasme de Bruxelles va tomber. (Et les bureaucrates perdront leurs emplois grassement payés, leurs privilèges
et leurs généreuses retraites). C’est toute l’idéologie descendante de l’establishment français et européen qui est remise en question en France. Qui va gagner ? Je ne sais pas, mais il n’y a
qu’une seule phrase pour décrire la situation : Fragile pour l’élite.
Le Royaume-Uni : La désunion avant la liberté
Le Royaume-Uni se trouve dans une position bien plus précaire encore que l’Allemagne et la France. Ces derniers n’ont été contraints de soutenir les États-Unis que
depuis trois générations. Avant cela, ils étaient indépendants. Cependant, l’élite britannique est à l’origine du mal américain et l’a consciemment et énergiquement cultivé à partir de 1914 et le
fait encore. Le fait que la langue américaine et britannique soit fondamentalement la même signifie que les Américains ont un pouvoir immense au Royaume-Uni, même au point que la langue anglaise
moderne est truffée d’américanismes inconscients. Beaucoup de Britanniques sont presque aussi obèses que beaucoup d’Américains, s’habillent comme des Américains et leurs enfants chantent des
chansons américaines avec un accent américain. Les quelque 60 millions de personnes qui vivent dans ce qui reste de la véritable Angleterre sont sur le point de perdre leur identité. Le célèbre
porte-parole de l’Establishment, la BBC, et les tabloïds britanniques, qui soutiennent l’État, manipulent les esprits incultes de dizaines de millions de personnes. Beaucoup d’entre eux ont subi
un tel lavage de cerveau qu’il n’y a pas de mouvement d’opposition à l’Establishment britannique, pas de parallèle avec les « Gilets jaunes » français.
Le problème est qu’une majorité de citoyens britanniques, en particulier en Angleterre, ont été, au fil des siècles, « establishmentisés », c’est-à-dire cooptés au sein de
l’Establishment britannique anti-anglais et amenés à ressentir les avantages ( ?) en termes de finances et de prestige d’être du côté britannique. L’Establishment britannique étant devenu le
caniche de l’élite américaine, les citoyens britanniques sont maintenant américanisés et on leur fait sentir les avantages ( ?) en termes de finances et de prestige d’être du côté américain. Ils
ont été tellement rendus passifs que de nombreux Européens continentaux se demandent si, au lieu de sang, les Britanniques ont du thé dans les veines. Cependant, en 2022, de plus en plus de
personnes ont compris que les « avantages » d’être du côté
britannique/américain sont remarquablement minces. D’autant plus que le Brexit n’a pas apporté la restauration de la souveraineté et le rétablissement des frontières, comme promis par le
New-Yorkais Johnson, mais a plutôt apporté au Royaume-Uni la position féodale honorifique d’être le 51e État des États-Unis. Un large mouvement de résistance nationale n’est pas encore apparu en
Angleterre. Cependant, il y a de l’espoir sur la frange celtique. Il est certain qu’en Écosse, dans le nord du Pays de Galles et dans certaines parties de l’Irlande, il y a une résistance à
travers leurs partis nationaux, le Scottish National et le Welsh National Parties et le Sinn Fein en Irlande, bien qu’ils soient tous sérieusement minés par le Wokisme.
Le Royaume-Uni inventé par l’Establishment britannique est aujourd’hui un Royaume-Uni désuni (DK). Très bientôt, probablement dans une génération, il y aura quatre
pays indépendants dans les îles de l’Atlantique Nord (IONA) : l’Angleterre, l’Irlande (réunifiée), l’Écosse et le Pays de Galles. Car c’est précisément en dénouant le sinistre enchevêtrement de
nœuds qui forme l’actuelle « unité » imposée et l’avènement de la
désunion que la véritable unité pourra se faire. Ce ne sera pas une unité politique, mais une unité d’intérêt. Les quatre futures nations souveraines des îles britanniques et de l’Irlande ont
beaucoup en commun en termes de géographie, d’histoire et de culture. Malheureusement, tout ce qu’elles ont en commun a été éclipsé par l’establishment d’un État oppressif et centralisé. Celui-ci
est fixé dans la capitale normando-britannique de Londres, avec sa ville sioniste toute-puissante, depuis près de mille ans. Cette oppression est symbolisée par la famille royale étrangère. Les
Anglais ont perdu leur propre famille royale et le reste de l’élite nationale après que le dernier roi d’Angleterre, Edmund Ironside, ait été assassiné en 1016. Depuis lors, les monarques ont
tous été des étrangers – danois, normands, français, gallois, écossais, néerlandais, allemands. Aucun n’a eu à cœur les intérêts des Quatre Nations, car tous étaient des étrangers, dont beaucoup
ne parlaient même pas anglais et dont le cœur était ailleurs. Néanmoins, l’espoir d’une recherche sérieuse d’identité puis d’un véritable réveil national en Angleterre et dans les Trois Nations
demeure.
Conclusion : La longue marche vers la liberté
Les batailles pour se libérer de l’oppression dans les trois pays les plus puissants et les plus peuplés d’Europe occidentale, deux en Europe continentale, un
archipel offshore, un peu comme le Japon américanisé de l’autre côté de l’Eurasie du Nord, sont en cours. Pour l’instant, le poids énorme de l’oppression, de la suppression et de la répression
séculaires semble rendre impossible la victoire de leurs peuples zombifiés dans n’importe laquelle de ces batailles. Et pourtant, il nous semble que, ironiquement, c’est précisément ce poids qui
opprime les peuples dans les trois contextes bien différents qui assurera la victoire. Trop, c’est trop – les révoltes des peuples dont les identités nationales ont été si lourdement et si
longtemps opprimées, supprimées et réprimées arrivent. La souveraineté de l’Allemagne, de la France et des Quatre Nations doit être restaurée et les minorités qui l’ont réalisée dans chacune
d’entre elles s’accroissent. De plus en plus de personnes réalisent que la restauration ne peut se faire que lorsqu’elles se seront libérées des élites qui se nourrissent les unes des autres. Et
ces élites dépendent entièrement de l’élite étrangère américaine, qui se tient derrière elles et tire toutes leurs ficelles.
Aujourd’hui, le Royaume-Uni est en grève parce que les salaires ne suivent pas l’inflation record, qui a été presque entièrement causée par les « sanctions » anti-russes et anti-libertés
imposées par l’élite de l’establishment. Certains disent que l’événement britannique de 2022, la mort de la reine Elizabeth II à l’âge de 96 ans, est le résultat de sa rencontre avec Liz Truss
deux jours plus tôt et de sa prise de conscience de ce à quoi son pays était arrivé. (Une blague britannique populaire dit qu’il existe maintenant la preuve que personne n’est sans cervelle – Liz
Truss est l’exception qui confirme la règle). Le fils d’Elizabeth, le roi Charles, s’est vu jeter des œufs. (Vous vous souvenez qu’il a trompé Diana ?). Personne, même le plus dévoué des
républicains, n’aurait jamais envisagé de jeter des œufs sur sa mère. Et puis il y a le scandaleux Harry, duc de Californie, complètement épris et sous la coupe de sa femme actrice américaine,
qui est apparemment « noire ». (Les
wokistes qui qualifient de « noire » cette femme, qui semble être une
femme blanche bronzée, seraient-ils simplement daltoniens ?) Peut-être que, de même que la France déclare une nouvelle République chaque fois qu’elle traverse une crise grave (elle en est à sa
cinquième), le Royaume-Uni, ou plutôt l’Angleterre, puisque c’est de cela qu’il s’agit en réalité, déclarera encore qu’il a une nouvelle dynastie, ce qui se produit là-bas chaque fois qu’il
traverse une crise grave. Quoi qu’il en soit, la reine Elizabeth II a définitivement marqué la fin de quelque chose : Au revoir, Maison de Saxe-Cobourg-Gotha-Windsor ? Bonjour, Maison royale
anglaise – Ironside II ?
Le tandem franco-allemand, qui dirige l’Europe occidentale continentale depuis la déclaration Schumann de 1950, est lui aussi en difficulté. L’Allemagne
souverainiste veut redevenir l’Allemagne et la France souverainiste veut redevenir la France. Ce sont les États-Unis, assoiffés de pouvoir, qui ne permettront ni l’un ni l’autre. Cependant, une
fois que les États-Unis auront été discrédités en perdant leur guerre en Ukraine, tout deviendra possible en Europe, tout comme tout est devenu possible en Asie, une fois que les États-Unis en
ont été chassés. (Là-bas, les États-Unis ne conservent plus que la bande côtière occupée de la Palestine, la pointe sud de la péninsule coréenne et les côtes du Japon, de Taïwan et de Singapour).
Nous nous dirigeons vers une nouvelle Europe occidentale, il est vrai, non pas en ligne droite, mais dans les zigzags tortueux des mensonges de petits-enfants de nazis tels que Ursula von der
Luegen. Ce que l’Allemagne et la France finissent par faire va modeler et déterminer les actions de toute l’Europe occidentale, c’est-à-dire de l’UE des 27 plus le Royaume-Uni, la Suisse, la
Norvège et l’Islande, l’Europe des 31. Nous soutenons qu’un accord avec la Russie, formant l’axe Moscou-Berlin-Paris-Londres, ce qui aurait dû se produire en 1914, est la seule chose qui puisse
sauver les 31 européens du servage au féodalisme américain. Aujourd’hui, le régime de Kiev a un slogan politique : « L’Ukraine est l’Europe ». Cela n’a aucun sens,
car la Russie est aussi l’Europe et il n’y a pas d’Europe non russe sans Europe russophone. Ce sont deux moitiés d’un tout, chacune ayant une superficie similaire de quelque cinq millions de
kilomètres carrés. Les 31 européens ont un choix à faire : Vivre sous le joug transatlantique, écrasant son visage à plus de 5 000 km de distance, ou choisir la libération et la souveraineté. Ce
dernier choix implique de vivre en bon voisinage avec l’Europe locale, russophone et le reste de l’Eurasie, où, géographiquement, historiquement et culturellement, l’Europe est déjà et a toujours
été.
Batiushka
Recteur orthodoxe russe
d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en
politique russes et européennes.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
L’univers se rapproche d’une catastrophe mondiale.
L’horloge de la fin du monde, définie
par le magazine américain Bulletin of the Atomic Scientists, a été déplacée à 90 secondes avant minuit.
C’est ce qui se rapproche le plus d’une catastrophe nucléaire totale, une catastrophe mondiale.
L’horloge était réglée sur 100 secondes depuis 2020. Le Conseil scientifique et de sécurité du journal Bulletin of the Atomic Scientists et un groupe
de sponsors comprenant 10 lauréats du prix Nobel – se sont concentrés sur la « guerre de la Russie contre l’Ukraine » (leur terminologie) et en ont fait leur sujet
principal.
Pourtant, ils n’ont pas pris la peine d’expliquer la rhétorique américaine incessante (les États-Unis sont le seul
pays à adopter la « première frappe » dans une confrontation nucléaire) et le fait qu’il s’agisse d’une guerre par procuration de l’Amérique contre la Russie avec comme
chairs à canon, les Ukrainiens.
Le magazine Bulletin attribue
également des desseins malveillants à la Chine, à l’Iran et à la Corée du Nord, tout en mentionnant, seulement en passant, que « le dernier traité sur
les armes nucléaires entre la Russie et les États-Unis, le New START, est en danger ». « À moins que les deux
parties ne reprennent les négociations et ne trouvent une base pour de nouvelles modifications, le traité expirera en février 2026 ».
Dans l’état actuel des choses, les perspectives d’une négociation américano-russe sur le nouveau START sont inférieures à zéro.
Revenons maintenant au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov qui dit très clairement que la guerre contre la Russie n’est plus hybride,
mais qu’elle est presque réelle.
« Presque » signifie en fait « 90 secondes ».
Pourquoi tout ceci se produit-t-il ?
La mère de tous les échecs
« Intelligence »
L’ancien diplomate britannique Alastair Crooke a expliqué de manière concise comment la résilience russe – tout à fait dans l’esprit de la résilience
iranienne au cours des quatre dernières décennies – a complètement brisé les hypothèses du renseignement anglo-américain.
Il s’agit de la mère de tous les échecs du renseignement – en fait encore plus étonnant que les Armes de destruction massive (ADM) irakiennes inexistantes
(à l’approche de la doctrine « choc et effroi » en 2003, toute personne dotée d’un cerveau savait que Bagdad avait déjà interrompu son programme d’armement dans les années
1990.)
Désormais, l’Occident collectif « a mis tout le poids
de ses ressources financières pour écraser la Russie (…) de toutes les manières imaginables – via une guerre financière, culturelle et psychologique, avec une véritable guerre militaire
en appui ».
Et pourtant, la Russie a tenu bon. Et maintenant, les faits et évolutions basés sur la réalité l’emportent sur la fiction. Le Sud global « se détache dans un
modèle économique distinct, ne dépendant plus du dollar pour ses besoins commerciaux ».
Et l’effondrement accéléré du dollar américain plonge de plus en plus l’Empire dans une véritable crise existentielle. Tout cela plane sur un scénario du
Sud-Vietnam, évoluant en Ukraine après une purge politique et militaire imprudente menée par le gouvernement.
« The Coke comedian » dont le seul rôle est de mendier sans arrêt des sacs d’argent et des tas d’armes est progressivement mis à l’écart par les
Américains (attention aux directeurs itinérants de la CIA).
Le jeu à Kiev, selon des sources russes, semble être que les Américains prennent le contrôle des Britanniques en tant que gestionnaires de toute
l’opération.
Eh bien, c’était déjà le cas – et maintenant, l’Ukraine est le premier membre de facto de l’OTAN au monde (sans quand même en être un membre officiel)
bénéficiant d’une souveraineté nationale inférieure à zéro, avec des soldats nazis de l’OTAN armés de chars américains et allemands, le tout au nom du « principe
démocratique ».
La réunion de la semaine dernière du groupe de contact de défense ukrainien – totalement contrôlé par les États-Unis – à la base de l’US Air Force de
Ramstein a solidifié une sorte de remix sordide de l’opération Barbarossa.
C’est reparti, avec des Panzers allemands envoyés en Ukraine pour combattre la Russie.
Pourtant, la coalition de chars semble s’être effondrée avant même son lancement. L’Allemagne en enverra 14, le Portugal 2, la Belgique 0 (en disant :
« désolé, j’en ai pas ! »). Ensuite, il y a la Lituanie dont le ministre de la Défense a affirmé : « Oui, nous n’avons pas
de chars, mais nous avons une opinion sur les chars ! »
Personne n’a jamais accusé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock d’être plus brillante qu’une ampoule. Elle a finalement donné le
jeu, au Conseil de l’Europe à Strasbourg :
« L’essentiel est que
nous le fassions ensemble et que nous ne fassions pas « le jeu du blâme » en Europe parce que nous menons une guerre contre la Russie ». Donc Baerbock est d’accord
avec Lavrov. Ne lui demandez pas ce que signifie « L’horloge de la fin du monde », ou encore ce qui s’est passé après l’échec de l’opération Barbarossa.
Le « jardin » OTAN-UE
La combinaison UE-OTAN porte les choses à un tout autre niveau. L’UE a essentiellement été réduite au statut de bras moteur de la relation publique de
l’OTAN. Tout est précisé dans leur déclaration commune du 10 janvier.
La mission conjointe OTAN-UE consiste à utiliser tous les moyens économiques, politiques et militaires pour que la « jungle » se comporte toujours
selon « l’ordre international fondé qui lui est basé sur des règles ! » et qu’elle accepte aussi par-là d’être pillée à l’infini par le « jardin fleuri ».
En regardant « The Big
Picture » (film réalisé aux Etats-Unis en 1989), absolument rien n’a changé dans l’appareil militaire/de renseignement américain depuis le 11 septembre : c’est une chose
bipartite, et cela signifie la domination totale des États-Unis et de l’OTAN. Aucune dissidence n’est autorisée. Et pas de sortie des sentiers battus.
Le plan A est subdivisé en deux sections.
1. Intervention militaire dans une coquille d’État évidée (voir Afghanistan et Ukraine).
2. Défaite militaire inévitable et humiliante (voir l’Afghanistan et bientôt l’Ukraine). Les variantes incluent la construction d’un terrain vague, et la
soi-disant « paix » (Libye) sans oublier la guerre par procuration prolongée menant à une future expulsion humiliante (ex. Syrie).
Il n’y a pas de plan B.
Où est-il ? 90 secondes avant minuit ?
Obsédé par Mackinder (fondateur de la géopolitique), l’Empire s’est battu pour le contrôle de la masse continentale eurasienne pendant la Première et la
Seconde Guerre mondiale parce que cela représentait le contrôle du monde.
Plus tard, dans son livre « Le Grand
Échiquier », Zbigniew Brzezinski avait prévenu : « potentiellement le
scénario le plus dangereux serait une grande coalition entre la Russie, la Chine et l’Iran ».
En regardant le livre « Raging
Twenties », on s’aperçoit que les États-Unis ont incité à la fin des exportations de gaz naturel russe vers l’Allemagne.
Une fois de plus, il s’agit de l’opposition de Mackinderian à une grande alliance sur la masse continentale eurasienne composée de l’Allemagne, de la Russie
et de la Chine.
Les néo-conservateurs strassiens et les psychos néolibéraux en charge de la politique étrangère américaine pourraient même absorber une alliance stratégique
entre la Russie et la Chine – aussi douloureuse soit-elle. Mais jamais la Russie, la Chine et l’Allemagne !
Avec l’effondrement du plan global d’action conjointe (PGAC), l’Iran est désormais ciblé avec une hostilité maximale. Pourtant, si Téhéran devait jouer à la
dure, la marine ou l’armée américaine ne pourrait jamais garder le détroit d’Hormuz ouvert – de l’aveu même des chefs d’état-major interarmées américains.
Le prix du pétrole dans ce cas atteindrait peut-être des milliers de dollars le baril selon les experts en produits dérivés pétroliers de Goldman Sachs – et
cela ferait s’effondrer l’ensemble de l’économie mondiale.
C’est sans doute le premier talon d’Achille de l’OTAN. Presque sans coup férir, une alliance russo-iranienne pourrait réduire en pièces l’OTAN et faire
tomber divers gouvernements de l’UE alors que le chaos socio-économique sévit dans l’Occident collectif.
Pendant ce temps, pour citer Dylan, l’obscurité continue de se lever à l’aube. Les néo-conservateurs strassiens et les psychos néolibéraux-conservateurs
continueront de pousser l’horloge de la fin du monde de plus en plus près de minuit.
Conscients que la guerre entre l’OTAN
et la Russie risque de se terminer de manière défavorable, les États-Unis testent une offre de sortie. Mais pourquoi Moscou devrait-il prendre au sérieux les propositions indirectes,
surtout à la veille de sa nouvelle avancée militaire et alors qu’il est dans le siège des vainqueurs ?
Ceux qui sont derrière le Trône ne sont jamais aussi dangereux que lorsqu’ils ont le dos au mur.
Leur pouvoir s’éloigne, rapidement : Militairement, via l’humiliation progressive de l’OTAN en Ukraine ; financièrement, tôt ou tard, la plupart des pays du
Sud mondial ne voudront plus avoir affaire à la monnaie d’un géant voyou en faillite ; politiquement, la majorité mondiale prend des mesures décisives pour cesser d’obéir à une minorité
de facto rapace et discréditée.
Et maintenant, ceux qui sont derrière le Trône complotent pour essayer au moins de retarder le désastre à venir sur le front militaire.
Comme le confirme une source de haut niveau de l’establishment américain, une nouvelle directive sur l’OTAN contre la Russie en Ukraine a été transmise au
secrétaire d’État américain Antony Blinken. Blinken, en termes de pouvoir réel, n’est rien d’autre qu’un messager pour les néocons et les néolibéraux straussiens qui dirigent en fait la
politique étrangère américaine.
Le secrétaire d’État a reçu pour instruction de transmettre la nouvelle directive – une sorte de message au Kremlin – par l’intermédiaire de la presse
écrite grand public, qui a été promptement publiée par le Washington
Post.
Dans la division du travail de l’élite des grands médias américains, le New York
Times est très proche du Département d’État et le Washington
Post de la CIA. Dans ce cas, cependant, la directive était trop importante et devait être relayée par le journal officiel de la capitale impériale. Elle a été publiée sous la
forme d’une Op-Ed (payant).
La nouveauté est que, pour la première fois depuis le début de l’opération militaire spéciale (OMS) menée par la Russie en Ukraine en février 2022, les
Américains proposent une variante de l’offre classique « que vous ne pouvez pas refuser », comprenant certaines concessions qui pourraient satisfaire les impératifs de sécurité
de la Russie.
L’offre américaine contourne totalement Kiev, certifiant une fois de plus qu’il s’agit d’une guerre contre la Russie menée par l’Empire et ses sous-fifres
de l’OTAN, les Ukrainiens n’étant que de simples proxies extensibles.
« Ne passez pas à
l’offensive »
Le correspondant moscovite du Washington Post, John Helmer, a rendu un service important en proposant le texte
intégral de l’offre de Blinken, bien entendu largement édité pour inclure des notions fantaisistes telles que « les armes américaines
aident à pulvériser la force d’invasion de Poutine » et une explication dérisoire : « En d’autres termes,
la Russie ne devrait pas être prête à se reposer, à se regrouper et à attaquer ».
Le message de Washington peut, à première vue, donner l’impression que les États-Unis admettraient le contrôle russe sur la Crimée, le Donbass, Zaporijia et
Kherson – « le pont terrestre qui relie la Crimée et la Russie » – comme un fait accompli.
L’Ukraine aurait un statut démilitarisé, et le déploiement de missiles HIMARS et de chars Leopard et Abrams serait limité à l’ouest de l’Ukraine, gardé
comme « dissuasion contre de
nouvelles attaques russes ».
Ce qui a pu être offert, en des termes assez flous, est en fait une partition de l’Ukraine, zone démilitarisée incluse, en échange de l’annulation par
l’état-major russe de son offensive encore inconnue de 2023, qui pourrait être aussi dévastatrice que de couper l’accès de Kiev à la mer Noire et/ou de couper l’approvisionnement en armes
de l’OTAN à travers la frontière polonaise.
L’offre américaine se définit comme la voie vers une « paix juste et durable
qui respecte l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Eh bien, pas vraiment. Il ne s’agira pas d’une Ukraine croupion, et Kiev pourrait même conserver ces terres occidentales
que la Pologne meurt d’envie de s’approprier.
La possibilité d’un accord direct Washington-Moscou sur « un éventuel équilibre
militaire d’après-guerre » est également évoquée, avec notamment la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Quant à l’Ukraine elle-même, les Américains semblent croire qu’elle sera
une « économie forte, non
corrompue, avec une adhésion à l’Union européenne ».
Tout ce qui restait de valeur en Ukraine a déjà été avalé non seulement par son oligarchie monumentalement corrompue, mais surtout par les investisseurs et
les spéculateurs de la variété BlackRock. Les vautours corporatistes ne peuvent tout simplement pas se permettre de perdre les ports d’exportation de céréales de l’Ukraine, ainsi que les
conditions des accords commerciaux conclus avec l’UE avant la guerre. Et ils sont terrifiés à l’idée que l’offensive russe puisse s’emparer d’Odessa, le principal port maritime et centre
de transport de la mer Noire, ce qui laisserait l’Ukraine sans accès à la mer.
Rien ne prouve que le président russe Vladimir Poutine et l’ensemble du Conseil de sécurité russe – dont son secrétaire Nikolaï Patrouchev et son
vice-président Dmitri Medvedev – aient des raisons de croire ce qui vient de l’establishment américain, surtout par l’intermédiaire de simples sous-fifres comme Blinken et
le Washington Post.
Après tout, la stavka – surnom donné au haut commandement des forces armées russes – considère les Américains comme « incapables de conclure un accord », même lorsqu’une offre
est présentée par écrit.
Tout cela ressemble à une manœuvre désespérée des États-Unis pour gagner du temps et présenter quelques carottes à Moscou dans l’espoir de retarder, voire
d’annuler, l’offensive prévue dans les prochains mois.
Même les agents dissidents de la vieille école de Washington – qui ne sont pas redevables à la galaxie néoconservatrice straussienne – parient que la
manœuvre ne donnera rien : dans le mode classique de « l’ambiguïté stratégique », les Russes poursuivront leur campagne déclarée de démilitarisation, de dénazification et de
désélectrification, et « s’arrêteront » quand et où ils le voudront à l’est du Dniepr. Ou au-delà.
Ce que l’État profond veut
vraiment
Les ambitions de Washington dans cette guerre OTAN contre Russie vont bien au-delà de l’Ukraine. Et nous ne parlons même pas d’empêcher une union eurasienne
Russie-Chine-Allemagne ou un cauchemar de concurrents pairs ; restons-en aux questions prosaïques sur le champ de bataille ukrainien.
Les principales « recommandations » – militaires, économiques, politiques, diplomatiques – ont été détaillées dans un document
stratégique du Conseil de l’Atlantique à la fin de l’année dernière.
Et dans
un autre, sous la rubrique « Scénario de guerre 1 : la guerre se poursuit à son rythme actuel », nous trouvons la politique néoconservatrice de Strauss entièrement
détaillée.
Tout y est : de « la mobilisation d’un
soutien et de transferts d’assistance militaire à Kiev suffisants pour lui permettre de gagner » à « l’augmentation de la
létalité de l’assistance militaire transférée pour inclure des avions de combat qui permettraient à l’Ukraine de contrôler son espace aérien et d’y attaquer les forces russes ; et la
technologie des missiles avec une portée suffisante pour atteindre le territoire russe ».
De la formation de l’armée ukrainienne « à l’utilisation
d’armes occidentales, à la guerre électronique et aux capacités cybernétiques offensives et défensives, et à l’intégration transparente des nouvelles recrues dans le service »
au renforcement des « défenses sur les
lignes de front, près de la région du Donbass », et notamment « une formation au
combat axée sur la guerre irrégulière ».
En plus d’« imposer des sanctions
secondaires à toutes les entités qui font des affaires avec le Kremlin », nous arrivons bien sûr à la mère de tous les pillages : « Confisquer les 300
milliards de dollars que l’État russe détient sur des comptes à l’étranger aux États-Unis et dans l’UE et utiliser les sommes saisies pour financer la reconstruction ».
La réorganisation de l’opération militaire spéciale, avec Poutine, le chef d’état-major général Valery Gerasimov et le général Armageddon dans leurs
nouveaux rôles renforcés, fait dérailler tous ces plans élaborés.
Les Straussiens sont maintenant en pleine panique. Même le numéro deux de Blinken, la belliciste russophobe Victoria « F**k the EU » Nuland, a
admis devant le Sénat américain qu’il n’y aura pas de chars Abrams sur le champ de bataille avant le printemps (de façon réaliste, seulement en 2024). Elle a également promis
d’« alléger les
sanctions » si Moscou « reprend les
négociations ». Ces négociations ont été sabordées par les Américains eux-mêmes à Istanbul au printemps 2022.
Nuland a également appelé les Russes à « retirer leurs
troupes ». Eh bien, cela offre au moins un certain soulagement comique par rapport à la panique qui suinte de « l’offre que vous ne pouvez pas refuser » de Blinken.
Restez à l’écoute pour la réponse de non-réponse de la Russie.